1.2.
CALCUL DU POTENTIEL COMMERCIAL (EXPORTATIONS) DES PAYS DE LA CEMAC
Le potentiel commercial est un indicateur qui permet de juger
le gap qui existe entre le niveau effectif et le niveau potentiel ou
prédit du commerce d'un pays. C'est une mesure de l'intensité
commerciale. Comprendre la problématique du potentiel commercial exige
tout d'abord un détour méthodologique et enfin une application
empirique.
1.2.1.
L'analyse graphique du potentiel des exportations : une approche par
le résidu
L'appréhension du potentiel commercial peut être
faite à travers une analyse graphique du résidu, qui est une
méthode absolue et comparative. Il s'agit ici d'analyser le
résidu de l'estimation du modèle de gravité, qui est un
modèle déterminant le niveau normatif des flux d'échange
bilatéraux. Il convient de rappeler que le modèle de
gravité qui a servi à estimer les déterminants des
échanges des pays de la CEMAC inclus d'autres pays extra-CEMAC. Ce
constat qui est simplement technique ne biaise pas l'analyse. La
méthodologie selon cette première approche consiste à
générer le résidu et à constater sa
déviation par rapport à sa tendance moyenne qui est zéro
par hypothèse. L'une des hypothèses émises lors de
l'estimation est celle de la normalité du résidu, c'est à
dire que ce dernier est iid (individuellement et identiquement
distribué) tout en suivant une loi log-normale. Cette hypothèse
veut aussi dire que les erreurs du modèle de gravité sont
homoscédastiques, c'est-à-dire qu'elles ont une variance
constante quel que soit le pays :
Le résidu représente ainsi l'ensemble des
facteurs qui surviennent ou peuvent survenir de façon aléatoire
et ayant un impact significatif sur la variable dépendante (ici le flux
des exportations). Il capte ainsi les fluctuations inattendues et
imprévues. Ces différents événements peuvent
être l'accident d'un camion transportant des marchandises d'un pays
à l'autre, l'effondrement d'un pont sur un axe reliant deux pays, le
climat et/ou la météorologie, avec un impact positif ou
négatif sur la production d'une denrée exportable dans la
sous-région.
Techniquement, le résidu est la différence entre
la valeur effective d'une variable et sa fitted value ou
valeur potentielle, ou valeur prédite. Il décrit ainsi la
déviation de cette valeur autour de son niveau réel. Ainsi, si le
résidu est positif, la valeur effective est supérieure à
la valeur potentielle ; si le résidu est négatif, la valeur
potentielle est supérieure à la valeur effective ; s'il est
nul, la variable se situe à son niveau potentiel ou attendu.
L'application de cette méthode graphique du résidu est
représentée à l'annexe 4.
L'interprétation ci-dessus peut être facilement
transposée au modèle estimé dans cette étude. Si
pour une observation la courbe se situe au point zéro (moyenne
résiduelle), il y a égalité entre les exportations
potentielles et les exportations effectives. Si la courbe se situe au dessus de
cette moyenne, on déduit que les exportations effectives sont
supérieures aux exportations prédites. Donc le pays commerce au
delà de ses capacités. Si enfin la courbe se situe en
deçà du point zéro, l'interprétation à
donner c'est que le pays se trouve dans une situation de
sous-capacité commerciale avec ses partenaires.
Suite à ce bref aperçu, trois groupes de pays se
distinguent dans la Zone CEMAC, quelle que soit la sous-période. Le
premier groupe est celui des pays dont les points du résidu sont
majoritairement observés au dessus de la moyenne. Cela traduit une
capacité pour ces pays de commercer au-delà de leurs
potentialités. On retrouve dans ce groupe de pays le Cameroun et le
Gabon. Le second groupe, formé du Congo et du Tchad montre que les pays
commercent faiblement au-delà de la moyenne. Le troisième groupe,
formé de la RCA montre globalement une absence de commerce, car la
quasi-totalité des points de la courbe du résidu se trouvent en
deçà de la moyenne.
Mais une question doit être posée en ce qui
concerne l'orientation de ce commerce. Le commerce observé au Cameroun
et au Gabon profite-t-il à ses partenaires de la zone ? Pour
répondre à cette question, une méthodologie plus
rigoureuse qui est le calcul du potentiel commercial (ici des exportations)
doit être adoptée.
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