2.2.
TECHNIQUES D'ESTIMATION ET RESULTATS
Le modèle de gravité tel que
présenté ci-dessus parait être un instrument efficace de
mesure du commerce. En ce qui concerne les techniques utilisées pour son
estimation, il est généralement fait recours aux panels ou au
model Tobit (Gbetnkom et Avom, 2005).
2.2.1.
Aperçu sur les données de panels
Le modèle Tobit est utilisé lorsque la variable
dépendante est censurée ou tronquée, c'est-à-dire
lorsqu'on lui impose des valeurs à prendre surtout en cas de
données manquante. Mais ici, cette méthode ne parait pas
pertinente, car ce modèle est purement qualitatif et ne saurait donc
appréhender les phénomènes commerciaux, qui eux sont
quantitatifs. En plus, les coefficients issus de ces modèles servent
généralement à donner le sens d'influence de chaque
variable car la codification binaire ou polytomique est arbitraire. Ce qui
complique l`interprétation des coefficients, car ils ne sont pas
considérés comme des élasticités, mais des
probabilités expliquant l'occurrence d'un l'événement.
Pour ces différentes raisons, le modèle de
gravité en panel (ici coupe transversale, car l'effet temporel a
été expurgé) s'impose. Au-delà de ces raisons
techniques, s'ajoute une raison pratique : les données sont
exprimées en millions de dollar US, ce qui est une unité de
compte élevée la présence des zéros dans la
variable dépendante.
Les données de panel offrent ainsi un avantage
incontournable parce qu'elles prennent en compte au moins deux dimensions,
spatiale et temporelle. Ainsi, si on fixe un individu observé, on
obtient la série chronologique, ou coupe longitudinale le concernant. Si
c'est la période examinée qui est fixée, on obtient une
coupe transversale ou instantanée, pour l'ensemble des individus.
Si on prend par exemple une équation
économétrique de type , cette relation prend la forme pour l'observation it, c'est-à-dire l'individu
i à la période t. La modélisation
particulière porte uniquement sur la spécification des
aléas . La forme de base s'écrit simplement :, où ui désigne un terme constant au
cours du temps, ne dépendant que de l'individu i, vt
un terme ne dépendant que de la période t, et
wit un terme aléatoire croisé. La suite qui
résume les techniques d'estimation dépend des hypothèses
retenues quant aux composantes ui, vt et
wit et à leurs relations.
Tout d'abord, une méthode simple peut être
utilisée en appliquant directement les moindres carrées
ordinaires (MCO) sur les données empilées (Pooled Least
Squares), sans se préoccuper de leur nature ni de celle de
l'aléa. Ensuite, le modèle à effets fixes (fixed
effects) suppose que ui et vt sont
des effets constants, non aléatoires, qui viennent donc simplement
modifier la valeur de l'ordonnée de l'équation selon les valeurs
de i et de t. Si on suppose que les perturbations
aléatoires croisées wit satisfont aux
hypothèses classiques des MCO (c'est-à-dire centrées,
homoscédastiques, indépendantes et normales), les estimations
sont optimales. Enfin, il peut être fait appel au modèle
à effets aléatoires, encore appelé modèle
à erreurs composées, qui suppose les ui
et vt aléatoires.
Le cas des modèles de gravité est atypique. De
par leur nature, ces modèles relèvent du domaine de
l'économétrie spatiale. Mais leur spécification en trois
dimensions (transversale, longitudinale et bilatérale) fait d'eux des
modèles complexes à estimer. Des méthodes proposées
consistent soit à fixer i, soit à fixer j, soit
à fixer t dans les cas les plus simples. On peut aussi recourir
à la programmation si l'on veut tenir compte des trois dimensions. Mais
dans la spécification retenue ici, seules les dimensions
bilatérale et transversale seront prises en compte. Il s'agira de tenir
compte des variables en moyenne uniquement et ceci pour au moins deux
raisons : d'abord pour contourner la modélisation tridimensionnelle
qui nécessite une programmation relativement complexe, et ensuite, pour
expurger des variables les effets conjoncturels.
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