UNIVERSITE DE YAOUNDE
II
Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion
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THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
Faculty of Economics
And Management
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PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE
(PTCI)
12ième PROMOTION
REFORMES MACROECONOMIQUES ET INTEGRATION PAR LE MARCHE
DANS LA CEMAC
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Sciences
Economiques
Option : Macroéconomie Appliquée
Spécialité : Economie
Internationale
Par MIGNAMISSI Dieudonné
Titulaire d'une Maîtrise en Sciences
Economiques
Sous la direction de Professeur AVOM
Désiré
Agrégé de Sciences
Economiques
Avril 2008
SOMMAIRE
SOMMAIRE
2
AVERTISSEMENT
3
DEDICACE
4
REMERICIEMENTS
5
RESUME
6
ABSTRACT
6
LISTE DES SIGLES
7
LISTE DES GRAPHIQUES
9
LISTE DES TABLEAUX
9
LISTE DES ANNEXES
9
INTRODUCTION GENERALE
10
PREMIERE PARTIE. DE L'UDEAC A LA CEMAC : LES
MUTATIONS DE L'INTEGRATION SOUS-REGIONALE
19
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
20
CHAPITRE 1. LE CONTENU DES REFORMES
MACROECONOMIQUES ET INSTITUTIONNELLES APPLIQUEES EN ZONE CEMAC
21
SECTION 1. DES DIFFICULTES DE L'INTEGRATION
ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE ...
21
SECTION 2. ... A LA NECESSITE DES REFORMES EN
ZONE CEMAC
27
CHAPITRE 2. LE BILAN DES REFORMES SUR L'INTEGRATION
EN ZONE CEMAC
39
SECTION 1. LE BILAN DES REFORMES DE LA PREMIERE
GENERATION
39
SECTION 2. LES RECENTS REAMENAGEMENTS DANS LA
CEMAC : LA POURSUITE DES REFORMES DE LA DEUXIEME GENERATION
46
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
56
DEUXIEME PARTIE. LA CEMAC, UNE UNION MONETAIRE
ATYPIQUE : LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE MONETAIRE
57
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
58
CHAPITRE 3. LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE
MONETAIRE ENCOURAGE-T-ELLE LE COMMERCE DANS LA CEMAC ?
59
SECTION 1. JUSTIFICATION THEORIQUE DU LIEN ENTRE
MONNAIE ET COMMERCE
59
SECTION 2. VERIFICATIONS EMPIRIQUES EN ZONE
CEMAC
67
CHAPITRE 4. LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE
MONETAIRE INFLUENCE-T-ELLE LA SPECIALISATION DANS LA CEMAC ?
79
SECTION 1. LE POTENTIEL COMMERCIAL DES PAYS DE LA
CEMAC
79
SECTION 2. LE DEGRE ET LA NATURE DE LA
SPECIALISATION DANS LA CEMAC, UN FREIN POUR LES ECHANGES INTRA-REGIONAUX
89
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
99
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
100
ANNEXES
104
BIBLIOGRAPHIE
109
RESSOURCES INTERNET (WEBLIOGRAPHIE)
114
TABLE DES MATIERES
115
AVERTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
propres à l'auteur ».
DEDICACE
A la mémoire de mon père, Monsieur
BILITIK BELOMBE Luc, décédé l'année où je
faisais mes premiers pas à l'école,
et
A toute la famille BELOMBE.
REMERICIEMENTS
Je vais commencer par remercier le Professeur AVOM
Désiré, qui a accepté la direction de ce mémoire.
Sa rigueur, son suivi méticuleux, ses conseils et sa
disponibilité m'ont beaucoup marqués.
Je remercie aussi tous les Professeurs de l'Université
de Yaoundé II-Soa, et tous ceux qui ont assuré ma formation
pendant ma spécialisation au Campus Commun des Cours à Option
(CCCO) du PTCI à Niamey (Niger). Je remercie particulièrement le
Dr. Daniel GBTENKOM pour ses orientations et ses conseils.
Je ne vais pas oublier la Direction du Programme de
Troisième Cycle Interuniversitaire (PTCI), pour m'avoir
sélectionné dans son programme d'excellence africaine.
J'envoie de grandes amitiés à tous les
aînés de la Faculté, ainsi qu'à tous les camarades
de la 12ème promotion du PTCI du campus de Yaoundé
II-Soa. Je joins également tous les camarades des autres campus du
PTCI.
Je remercie également M. MBOMPIEZE Jean René,
Chargé d'Etudes à la BEAC pour ses conseils et sa
générosité. Je n'oublie pas la Bureau Sous-Régional
de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) pour
l'accès qu'elle m'a accordé dans sa documentation.
Grand merci à toute ma famille, qui a été
d'un grand apport dans ma formation et dans la réalisation de ce
mémoire.
Je remercie enfin tous ceux qui, de près ou de loin,
ont contribué à mon édification et à la
réalisation de ce document, et dont les noms ne figurent pas dans cette
page, mais qui se reconnaîtront. Qu'ils trouvent dans ce travail un signe
de ma reconnaissance.
RESUME
Deux conclusions sont admises de nos jours en ce qui
concerne la problématique de l'optimalité monétaire d'une
zone. Il s'agit de l'endogénéité et de la
spécialisation des zones monétaires optimales. L'objectif de la
présente étude est d'examiner cette problématique dans la
CEMAC. Elle intègre pour cela le rôle des réformes
macroéconomiques et institutionnelles de la décennie 90 sur la
dynamique d'intégration dans cette Communauté. Après avoir
dressé le bilan des réformes, l'estimation d'un modèle de
gravité dans sa version augmentée et le calcul des indices de
Herfindhal et de Grubel et Lloyd (1975) ont abouti à trois
résultats. Le premier montre que les réformes ont eu un impact
mitigé dans la Communauté. En effet, si elles ont permis des
avancées significatives sur les plans macro-financier et institutionnel,
notamment en confortant la suppression de l'effet frontière
monétaire, elles n'ont pas eu un impact positif sur l'intégration
par le marché. Le second dévoile que la suppression de l'effet
frontière monétaire dans la CEMAC n'a pas joué le
rôle attendu dans l'augmentation des flux commerciaux
intra-régionaux. Le troisième résultat montre que les pays
de la Zone CEMAC, en dehors du Cameroun, sont spécialisés dans un
petit nombre de produits. Ainsi, Ces résultats appellent à
plusieurs recommandations qui débouchent au renforcement de
l'indépendance de la BEAC et au développement de
véritables politiques nationales d'ouverture à vocation
sous-régionale.
Mots clés : effet
frontière monétaire, endogénéité,
équation de gravité, intégration par le marché,
potentiel commercial, spécialisation, zone monétaire
optimale.
ABSTRACT
Nowadays, it is admitted two issues about Optimum Currency
Area (OCA), in relation with market integration. These issues are OCA
endogeneity and specialisation. The present study, which is dealing with these
issues, include the 90 decade macroeconomic and institutional reforms and try
to explain the dynamic of market integration in the CEMAC Zone. After a balance
sheet concerning reforms, an augmented gravity model was estimated, and
Herfindhal and Grubel and Lloyd indexes were computed. They revealed three
major results. First, the 90 decade reforms have a mixed impact. In fact, if
they have permitted the reestablishment of macro-monetary and financial
equilibriums and boosted the institutional sector, particularly in confirming
the suppression of monetary border effect, their impact was insignificant in
the market integration process. Secondly, the currency union variable or the
suppression of monetary border effect is dealing with market destruction in the
Community. The last result shows that, apart of Cameroon, the other countries
of the CEMAC Zone are specialized in few products. These results indicate at
the end that, to boost market integration in this Zone, the independence of
BEAC is necessary in order to follow reforms, and countries must develop real
sub-regional openness policies.
Key words: monetary border
effect, endogeneity, gravity equation, market integration, commercial
potential, specialization, optimum currency area.
LISTE DES SIGLES
AEF : Afrique Equatoriale
Française
ALENA : Alliance de Libre Echange Nord
Américain
ANIF : Agence Nationale d'Investigation
Financière
APE : Accords de Partenariat Economiques
APER : Accords de Partenariat Economiques
Régionaux
ASEAN : Association Economique des Nations
d'Asie du Sud Est
ASS : Afrique Sub-saharienne
BC : Banque Centrale
BCE : Banque Centrale Européenne
BCEAO : Banque Centrale des Etats Ouest
Africains
BDEAC : Banque de Développement des
Etats de l'Afrique Centrale
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BVMAC : Bourse des Valeurs
Mobilières D'Afrique Centrale
CEA : Commission Economique des Nation
Unies pour l'Afrique
CEEAC : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CIDT : Compagnie Ivoirienne de
Développement des Textiles
CJCE : Cour de Justice des
Communautés Européennes
CMDT : Compagnie Malienne pour le
Développement des Textiles.
CO : Compte d'Opération
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
COMESA : Marché Commun de l'Afrique
Orientale et Australe
COPAX : Conseil de Paix, de
Sécurité et de stabilité de l'Afrique centrale
COTONTCHAD : Société
Cotonnière du Tchad
FECOM : Fond Européen de
Coopération Monétaire
FMI : Fonds Monétaire
International
FODEC : Fonds de Développement de la
Communauté
FCFA : Franc de la Coopération
Financière d'Afrique
GABAC : Groupe d'Action contre le
Blanchiment d'Argent en Afrique Centrale
ICC : Indice de
Complémentarité Commerciale
ICP : Indice de
Complémentarité Productive
IDE : Investissements Directs Etrangers
IEC : Intégration Economique
Complète
IPPTE : Initiative Pays Pauvre Très
Endettés
MC : Marché Commun
MERCOSUR : Marché Commun du Sud
OCA: Optimum Currency Area
OCAM : Organisation Commune Africaine et
Malgache
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OUA : Organisation pour l'Unité
Africaine
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PAZF : Pays Africains de la Zone Franc
PEAC : Pool Energétique de l'Afrique
centrale
RCA : République Centrafricaine
RO : Règle d'Origine
SADC : Communauté du
Développement de l'Afrique Australe
SEBC : Système Européen des
Banques Centrales
SODECOTON : Société de
Développement du Coton
SODEFITEX : Société de
Développement des Fibres Textiles
SOFITEX : Société
Burkinabé des Fibres Textiles
TCI : Taxe Communautaire
d'Intégration
TEC : Tarif Extérieur Commun
UA : Union Africaine
UD : Union Douanière
UDE : Union Douanière Equatoriale
UDEAC : Union Douanière et
Economique de l'Afrique Centrale
UDE-Cam : Union Douanière
Equatoriale et du Cameroun
UEAC : Union Economique d'Afrique
Centrale
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine.
UM : Union Monétaire
UMA : Union du Maghreb Arabe,
UMAC : Union Monétaire d'Afrique
Centrale
ZEP : Zone d'Echange Partielle
ZF : Zone Franc
ZLE : Zone de Libre Echange
ZMO : Zones Monétaires Optimales
ZPLE : Zone Partielle de Libre Echange
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution des
dépôts et des créances de l'administration centrale de
la
CEMAC
dans les banques
commerciales........................................................26
Graphique 2 : Niveau de
liquidité des banques des pays de la
CEMAC.............................30
Graphique 3 : Evolution du
carré magique de la surveillance
multilatérale...................34
Graphique 4 : Evolution de
l'inflation annuelle moyenne des pays de la CEMAC............40
Graphique 5 :
évolution des exportations intra-régionales de la
CEMAC.........................42
Graphique 6 : Evolution du
total et moyenne (%) par pays des exportations intra-CEMAC
(1994-2003).............................................................................................60
Graphique 7 : Niveau de
diversification des économies de l'Afrique
2002.......................80
Graphique 8 : Ventilation
sectorielle du PIB dans la Zone CEMAC en 2005......................81
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Quelques
décisions importantes non appliquées ou projets en
retard.........52
Tableau 2 : Orientation
géographique des échanges du
Cameroun..................................60
Tableau 3:
Résultats des estimations du modèle de
gravité.............................................75
Tableau 4 : Dotation en
principales ressources des pays de la
CEMAC..............................82
Tableau 5 : Excédents des
produits exportables au sein des pays africains.....................83
Tableau 6: Résultats du
potentiel des exportations des pays de la CEMAC......................87
Tableau 7 :
Résultats de l'indice de Herfindhal
.....................................................................94
Tableau 8 : Résultat
de l'indice de GL appliqué aux pays de la
CEMAC............................96
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 :
Répartition de la population en zone CEMAC EN
2003....................................104
Annexe 2 : Evolution de la
surveillance multilatérale en Zone
CEMAC...........................104
Annexe 3 a: La dynamique de
la convergence en Zone CEMAC de 1985 à 2006............105
Annexe 3 b : Vue synoptique des résultats
prévisionnels de la Surveillance Multilatérale dans la CEMAC au
31 décembre
2006........................................................................................106
Annexe 4 : Analyse
graphique du résidu des pays de la
CEMAC..........................................107
Annexe 5 : Liste des 25
pays et capitales de
l'échantillon................................................107
Annexe 6 : Tableaux des
estimations extraits du logiciel EViews
3.0..............................108
INTRODUCTION GENERALE
La décennie 90 a été marquée par
des mutations macroéconomiques et institutionnelles importantes dans le
monde, et à l'actif de ces mutations, le renforcement du
régionalisme. L'Afrique en général et la Zone Franc (ZF)
en particulier n'ont pas été épargnées. En effet,
c'est depuis la Conférence de Lagos en 1980 qu'il est entrepris un
découpage de l'Afrique en cinq pôles sous-régionaux
(Afrique du Nord, Afrique Australe, Afrique Occidentale, Afrique Orientale et
Afrique Centrale)1(*). L'un
des objectifs assignés était le renforcement du commerce
intra-zone, visant à terme la formation d'un Marché Commun (MC)
africain.
Contrastant avec la montée de la mondialisation,
l'intégration régionale (ou régionalisme) s'est
imposée de nos jours comme un projet sérieux dans presque toutes
les régions du monde. Cette initiative est entreprise en fonction des
objectifs visés et des motivations spécifiques (paix, politique,
commerce), mais s'est enfin avérée comme un puissant outil
économique et notamment commercial.
La théorie économique a développé
plusieurs facettes du régionalisme (réelle, monétaire,
politique, etc.) et a privilégié deux principaux aspects dans sa
définition : statique (Marshall, 1936 ; Myrdal, 1970) et
dynamique (Viner, 1951 ; Bye, 1965). Mais une définition qui semble
consensuelle est celle donnée par Balassa (1961) qui considère
l'intégration régionale à la fois comme un processus et un
état (ou une situation). En tant que processus, elle se
« réfère à l'introduction des mesures telles
qu'elles tendent à l'élimination de toute discrimination entre
les unités économiques appartenant aux différents Etats
nationaux ». Comme situation, « elle signifie
l'absence de discrimination entre les économies
nationales » (Gbetnkom, 1996).
En outre, son implémentation peut prendre plusieurs
formes : l'intégration par la production, la thèse du
« protectionnisme minimum », la théorie de
l'intégration par des règles d'harmonisation2(*), et enfin l'intégration
par le marché.
En effet, l'intégration par le marché se
définit comme l'abolition des barrières nationales dans les
transactions économiques entre les Etats membres d'un bloc, afin que les
facteurs de production puissent circuler librement au sein de la zone.
Ainsi défini, le concept d'intégration
régionale n'est pas nouveau, mais a connu de nos jours un regain
d'intérêt suite à la création de la monnaie unique
européenne en 1999, aux projets entrepris en Afrique (UA), en
Amérique latine (MERCOSUR), en Amérique du Nord (ALENA) et en
Asie (ASEAN)3(*). En plus
sur un plan empirique, il convient à travers des outils
récemment développés (modèles qualitatifs,
modèles de gravité, modèles calculables d'équilibre
général), de tester la pertinence de cette théorie.
Il convient tout de même de situer les premières
idées de régionalisation en Afrique dans les années 60,
notamment avec la volonté des jeunes Etats de s'insérer dans le
sillage du panafricanisme. Mais très vite, une léthargie
s'installe au courant des décennies 70 et 80, suite à la crise
économique qui a frappé les pays, qui ont
préféré des solutions nationales dans la recherche des
grands équilibres économiques. Et c'est finalement au courant des
années 90, suite aux faits cités ci-dessus et à la
globalisation croissante (création de l'Organisation Mondiale du
Commerce - OMC - en 1994), que ce processus prend une ampleur sérieuse.
Au sein de la Zone Franc africaine, deux Unions Monétaires (UM) se
sont formées : la Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale (CEMAC) et l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africain (UEMOA). Ainsi pour comprendre les différentes motivations, il
convient de s'attarder sur le processus d'intégration économique
en Zone CEMAC4(*). Un
intérêt particulier sera porté à
l'intégration par le marché engendrée par
l'intégration monétaire et en intégrant le rôle des
réformes macroéconomiques (monétaires, financières
et réelles) et institutionnelles de la décennie 90.
Le caractère atypique de cette zone, dû
au fait qu'elle n'a obéit à aucune logique théorique dans
sa formation, a diversifié les études qui ont un tant soit peu
facilité sa compréhension. Elles sont de nature historique,
commerciale et enfin monétaire. Les études historiques ont
surtout concerné le processus évolutif ou séquentiel de
l'intégration et montrent que trois grands temps marquent le
processus : le renforcement de l'économie coloniale (1910-1958)
sous l'Afrique Equatoriale Française (AEF) ; la période
panafricaniste (1963-1990) ; et enfin l'étape qui va de
l'Ajustement Structurel à l'insertion à l'économie
mondiale (depuis la décennie 90) (CEMAC, 2004). Les études ayant
trait aux aspects commerciaux tentent de capter, et ce depuis la période
de l'UDEAC, l'évolution du commerce intra-zone. Les résultats
montrent que ce commerce est resté non significatif5(*). Des études empiriques
confirment cette tendance et montrent que la part intra-régionale du
commerce total fluctue entre 4% et 6%, et parfois moins (Yondo, 1970 ; Ndo
Ndong, 2000 ; Ondo Ossa, 2000). Enfin, les aspects monétaires ont
surtout concerné la mesure de l'optimalité
monétaire6(*) ou le
rôle de la monnaie commune (le franc CFA) sur l'augmentation des flux
commerciaux. Une conclusion revient le plus souvent, à savoir la non
optimalité monétaire, combinée au rôle insignifiant
joué par la monnaie dans l'augmentation du commerce
intra-régional (Mbompieze, 1997 ; Ondo Ossa, 2000 ;
Carrere, 2002 ; Eboué, 2004 ; Avom, 2005).
Il convient tout de même de noter que dans toutes ces
études, l'aspect des réformes7(*) (macroéconomiques et institutionnelles) a
été plus ou moins négligé. C'est en impliquant
celles-ci que la présente étude se penche sur le volet
monétaire de la Zone CEMAC en relation avec le commerce.
Ainsi, les réformes entreprises en Zone CEMAC sont
consécutives à la crise économique qui a
sévèrement frappé les différents pays et
accentué le développement de nombreux « effets
frontière8(*) », surtout au niveau infrastructurel.
Cette crise a affecté les secteurs monétaire, bancaire et surtout
institutionnel. Ainsi, des solutions exogènes de sortie de crise ont
été proposées (Programme d'Ajustement Structurel - PAS)
par les bailleurs de fonds multilatéraux (FMI et Banque Mondiale), mais
sans suite concluante. C'est ainsi que les réformes de la
décennie 909(*) sont
apparues comme une alternative, l'une des voies suivies étant le
renforcement de l'intégration par le marché. Mais quelques
années après les premières réformes, le Cameroun
présente toujours une propension à échanger plus
élevée avec le Nigeria qu'avec tous ses partenaires de la
CEMAC10(*). En outre, le
taux d'ouverture intra-zone est resté négligeable, le ratio des
exportations intra-zone au PIB passant de 0,73% en 1995 à 0,71% en 1996.
Pendant la même période, le ratio du commerce extérieur au
PIB est passé de 61,24% à 65,71% (Ondo Ossa, 2000).
Ainsi, il convient de partir du postulat selon lequel des
institutions sous-régionales adaptées aux évolutions
internationales renforcent le régionalisme. C'est cette idée qui
justifie les réformes, car les institutions sont appelées
à vieillir. Ce constat place au centre du débat les questions des
réformes macro-monétaires et institutionnelles entreprises en
Zone CEMAC au début des années 90, du degré
d'optimalité monétaire de cette zone, et enfin, de son
intégration monétaire et commerciale, mais surtout des liens
existants.
Dans la littérature économique,
l'intégration monétaire, étape de l'intégration
économique, est analysée à partir de la théorie des
Zones Monétaires Optimales (ZMO), domaine privilégié de
l'Economie Monétaire Internationale. C'est une théorie
qui a été initiée pour la première fois au courant
des années 60 par Mundell (1961), secondé par McKinnon (1963) et
Kenen (1969). Ils cherchent à déterminer les critères
d'optimalité monétaire d'une zone, engendrant un débat sur
la nature du régime de change. Très vite, cette théorie
manque de consensus, vu la multiplicité des critères11(*). Tout ce débat a
finalement débouché sur une conclusion majeure, à savoir
le statisme des critères et donc, leur caractère
exogène.
En outre, des auteurs tels que Ishiyama (1975), Bean (1992) et
Tavlas (1994), tout en restant dans la problématique sur le
régime de change, adoptent une approche
coûts/bénéfices d'adhésion à une UM12(*).
Mais au courant des années 90, de nouvelles
études viennent dépasser cette conclusion
d'exogénéité et de statisme, pour justifier le
caractère endogène des critères des ZMO. Cette nouvelle
caractéristique des critères implique que l'optimalité
monétaire peut devenir une réalité ex post,
même si ex ante, elle n'est pas respectée (Frankel et
Rose, 1998). Trois ans avant et de façon controversée, une autre
conclusion s'est développée, à savoir la
spécialisation des ZMO (Krugman, 1993). Ce point de vue s'explique par
le fait que l'UM entraîne des phénomènes
d'agglomération, ce qui conduit à une spécialisation en
fonction des avantages comparatifs. Cette divergence de vues, combinée
à la récente expérience européenne et aux
« futures » échéances africaine (UA)
et asiatique (ASEAN), remet au goût du jour la problématique des
UM.
En plus, Rose (2000) a obtenu un résultat important qui
a clos le débat sur la similitude entre le régime de change et
les conditions d'optimalité. Il montre que la réduction de la
volatilité du taux de change même à zéro conduit
à un effet moindre que l'adoption d'une monnaie unique. Il est ainsi le
premier à intégrer les effets macroéconomiques des UM,
notamment le commerce, les autres étant les investissements directs
étrangers (IDE) et la croissance (De Sousa et Lochard, 2004 ;
Lochard, 2005).
Cette multiplicité de problématiques autour des
UM ne saurait constituer une limite, mais plutôt un atout en ce qui
concerne la littérature et les pistes de recherche. Elles ont
évoluées au cours du temps en changeant parfois de nature. Comme
le souligne d'ailleurs Kenen (2003), les premières approches relatives
aux UM ne développent pas suffisamment la manière dont celles-ci
influencent le commerce. Ainsi il s'agit à la lumière de ces
propos, de s'inscrire dans cette nouvelle logique pour capter l'effet du Franc
CFA sur le potentiel commercial des pays de la Zone CEMAC, tout en mettant un
accent particulier sur les réformes macro-monétaires et
institutionnelles de la décennie 90. Quelques résultats existants
convergent généralement et montrent que le commerce des pays
membres d'une même UM qui ont un niveau de développement
comparable augmente considérablement (Rose, 2000 ; Rose et van
Wincoop, 2001 ; Nitsch, 2002). Mais en Afrique, si l'effet n'est pas
significatif et substantiel, il existe quand même un potentiel productif
et commercial relativement élevé (Carrere, 2002 ; Avom,
2005 ; Gbetnkom et Avom, 2005 ; Gbetnkom, 2006 ; Achy,
2006 ; Agbodji, 2007).
Ainsi, pour lever les différents « effets
frontière » qui freinent considérablement le
processus d'intégration dans les pays de la Zone Franc, un
réaménagement des institutions a été entrepris.
C'est ainsi qu'à partir de 1990, la BEAC, sous l'initiative des chefs
d'Etat de la zone, a initié d'importantes réformes sur les plans
macro-monétaire et institutionnel. L'objectif de ces dernières
était de préserver et de consolider l'UM existante mise à
mal par la crise des années 80, et les soupçons
spéculatifs d'éclatement qui planaient. Les raisons des
réformes et les conséquences de la crise sont nombreuses
(Bekolo-Ebe, 2001a ; COBAC, 2002 ; BEAC, 2005 ; Avom et
Eyeffa, 2007).
Mais au regard des développements et des
différentes problématiques ci-dessus, le questionnement à
se poser dans le cadre de cette étude est le suivant :
l'utilisation d'une monnaie unique (le Franc CFA)
par les pays de la CEMAC a-t-elle considérablement augmenté les
flux commerciaux entre eux ? En d'autres termes, la monnaie unique
renforce-t-elle l'intégration par le marché ou contribue-t-elle
à la spécialisation des pays de la CEMAC, surtout lorsqu'on prend
en compte les réformes macroéconomiques et institutionnelles de
la décennie 90 ?
Cette problématique posée revêt pour la
Zone CEMAC un intérêt à trois niveaux :
v sur le plan théorique, il
s'agit de porter l'analyse au-delà de la pensée
traditionnelle des ZMO. La présente étude, comme celle
de Rose (2000) cherche plutôt à capter l'effet de l'UM sur le
commerce. L'apport qui est fondamental ici est d'abord l'approche inverse du
lien entre monnaie et commerce, et ensuite l'explication du commerce
régional par de nouveaux facteurs (monnaie, frontière, distance,
etc.) ;
v sur le plan méthodologique, il s'agit
à partir d'une approche économétrique (modèle de
gravité) et statistique (analyse graphique et indiciaire), de tester les
hypothèses ci-dessous. Il convient de noter que les modèles de
gravité sont parmi les meilleurs outils empiriques, vu la robustesse de
leurs résultats. L'originalité à ce niveau est
l'utilisation de ce modèle dans sa version augmentée de variables
sociologiques, historiques et géographiques ;
v sur le plan pratique, il s'agira de prodiguer des
recommandations pouvant aider à combler le gap entre les flux
commerciaux potentiels et les flux observés. Ceci pourrait aider les
autorités à mieux axer la politique commerciale. En plus, il
s'agira d'insister davantage sur le rôle des institutions dans le
renforcement des acquis en matière d'intégration et surtout de
surveillance multilatérale, gage d'une convergence. Il s'agira enfin de
pouvoir évaluer le potentiel productif et commercial des pays de la
sous-région, afin de mieux piloter le dossier des Accords de Partenariat
Economiques.
Ainsi, à l'heure où le projet de création
d'une monnaie unique pour l'Afrique (à l'horizon 2021)13(*) est plus que jamais à
l'ordre du jour, la présente étude se charge de
tester, à travers les réformes
macro-monétaires et institutionnelles de la décennie 9014(*), la pertinence des deux
conclusions majeures de la théorie des ZMO en Zone CEMAC
(endogénéité et spécialisation des ZMO).
Plus spécifiquement, il s'agit de :
(1) dresser un bilan des réformes
de la décennie 90 sur l'intégration en Zone CEMAC,
(2) capter l'effet de l'Union Monétaire sur le
commerce en Zone CEMAC ;
(3) vérifier si l'utilisation du Franc CFA a
plutôt spécialisée la Zone CEMAC.
Pour atteindre l'objectif ci-dessus, une hypothèse
principale a été émise : depuis la mise en
oeuvre des réformes, la monnaie unique (le FCFA) a eu un impact positif
sur le commerce intra-régional dans la CEMAC.
Cette hypothèse principale est éclatée en trois
hypothèses spécifiques à savoir :
H1 : les
réformes macro-institutionnelles ont favorisé
l'intégration en Zone CEMAC ;
H2 : l'utilisation du Franc CFA a
significativement amélioré le commerce intra-CEMAC;
H3 : la structure de production des pays de la
CEMAC détermine leur spécialisation.
Toutes ces hypothèses seront testées par une
méthodologie qui prendra deux formes et utilisera principalement deux
outils empiriques (statistique et économétrique).
Tout d'abord, en ce qui concerne le bilan des réformes,
il sera fait recours à l'analyse documentaire des publications de la
CEMAC, de la BEAC, de la COBAC, de la CEA et d'autres organismes connexes. Il
sera aussi fait recours à l'outil statistique (graphiques) et aux
articles qui ont trait aux développements des réformes.
La mesure de l'effet de l'UM sur le commerce se fera à
partir de l'estimation d'une « équation de gravité
», augmentée de variables historiques, sociologiques et
géographiques. Il s'agit d'une équation inspirée de la
physique newtonienne qui stipule que « deux corps sont
attirés en raison proportionnelle de leur masse et en raison inverse du
carré de la distance qui les sépare » (Combes et
al, 2005). Les premiers à l'avoir transposé en économie
sont Tinbergen (1961), Pöyhönen (1963) et Linnemann, (1966).
L'estimation du modèle se fera selon une technique de panel (coupe
transversale) et en deux sous-périodes (pré-réformes et
post-réformes) pour cerner l'hypothèse
d'endogénéité. Ensuite, il faudra confirmer ou infirmer
cette hypothèse par celle de spécialisation. Pour cela, la
méthodologie fera recours au calcul de l'indice de Herfindhal
pour capter le degré de la spécialisation, et de
l'indice de Grubel et Lloyd pour cerner la nature de la
spécialisation.
Pour mener à bien cette étude, deux parties
seront développées.
La première va exposer la relance de
l'intégration en Afrique centrale à la lumière des
réformes macro-monétaires et institutionnelles de la
décennie 90. Elle sera intitulée : De l'UDEAC
à la CEMAC : les mutations de l'intégration
sous-régionale, et comprendra deux
chapitres : le premier chapitre va présenter le contenu des
réformes, et le second va dresser leur bilan sur l'intégration en
Zone CEMAC.
La deuxième partie quant à elle va tester les
deux conclusions majeures des ZMO (à savoir
l'endogénéité et la spécialisation). Elle se
justifie par le fait que les réformes (et ce depuis la création
de la Zone Franc en 193915(*)) ayant abouti à la suppression de l'effet
frontière monétaire, cette suppression peut avoir pris deux
directions à savoir l'augmentation du commerce intra-zone et la
spécialisation des pays. Cette partie sera intitulée :
La CEMAC, une union monétaire
atypique : la suppression de l'effet frontière
monétaire. Pour cela, elle va
intégrer la dynamique des réformes sur l'intégration
par le marché en Zone CEMAC et sera aussi articulée autour de
deux chapitres : le premier va porter sur l'ampleur de l'effet
frontière monétaire sur l'accroissement du commerce, et le second
s'interrogera si la suppression de l'effet frontière monétaire
n'a pas plutôt influencé la structure la spécialisation des
pays.
PREMIERE PARTIE
DE L'UDEAC A LA CEMAC : LES MUTATIONS DE L'INTEGRATION
SOUS-REGIONALE
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
Le constat général qui peut être fait ici
est que des institutions bien solides, une population mue par l'esprit
communautaire, une rigueur dans la prise et l'exécution des
différentes résolutions communautaires, sont des arguments
favorables à l`intégration. Ce constat en Zone CEMAC est à
première vue mitigé.
La période UDEAC, période faste, a toujours
été considérée comme celle pendant laquelle les
pays de la sous-région ont connus des performances économiques
élevées. Mais la myopie face à une crise qui planait n'a
pas empêché les chefs d'Etat à entreprendre des initiatives
dépensières telles que les tournois de football,
accompagnés de plusieurs festivités. Cette période a
été marquée d'un manque de discipline financière,
car aucune institution véritablement supranationale et contraignante
n'existe. Cette situation a profondément retardé le processus
d'intégration en Afrique centrale, retard conforté par la
récession des décennies 80 et 90.
La crise ayant débouché sur un enlisement
économique, les bailleurs de fonds multilatéraux proposent les
PAS comme solution de sortie de crise. Ces programmes visaient le redressement
des équilibres macroéconomiques intérieurs et
extérieurs, mais ont sévèrement sacrifié le secteur
social, car elles prônaient le désengagement de l'Etat.
Ces solutions, qui ont été inspirées de
l'extérieur, n'ont pas significativement redressé la structure
macroéconomique et ont négligé la relance de
l'intégration sous-régionale. C'est dans cette optique qu'un
vaste programme de réformes a été initié par les
chefs d'Etat de la sous-région depuis le début de la
décennie 90. Ces réformes avaient pour objectif de retrouver les
grands équilibres macro-financiers et la redynamisation des institutions
de la sous-région.
Plusieurs secteurs de l'économie ont été
concernés par les réformes, d'où leur caractère
multidimensionnel. Cette partie se donne ainsi pour objectif de dresser le
bilan de ces réformes (chapitre 2) tout en présentant au
préalable leur contenu (chapitre 1).
CHAPITRE 1. LE CONTENU DES REFORMES MACROECONOMIQUES ET
INSTITUTIONNELLES APPLIQUEES EN ZONE CEMAC
Dès la signature du Traité de l'UDEAC en 1964,
les Etats membres optent pour la constitution d'un Marché Commun (MC).
Cette option implique une série de réformes commerciales et
notamment l'adoption d'un Tarif Extérieur Commun (TEC),
l'élimination des barrières tarifaires et non tarifaires aux
échanges communautaires, l'instauration du libre jeu de la concurrence
entre les entreprises des Etats membres et la libre circulation des facteurs de
production. Mais un peu plus de quatre décennies après, il
apparaît intéressant d'examiner la réalisation de ces
différents objectifs assignés. L'on pourrait penser au rôle
joué par la monnaie commune tout en s'appesantissant sur le vaste
chantier des réformes entamées depuis la décennie 90. Ces
réformes visaient la restructuration des institutions usées par
quatre décennies de fonctionnement et le redressement des
déséquilibres commerciaux et économiques.
Ce chapitre propose à travers une lecture
synthétique des réformes, leur contenu. Il justifie la
nécessité des réformes (section 2) tout en rappelant au
préalable l'état de l'intégration avant la création
de la CEMAC (section 1).
SECTION
1. DES DIFFICULTES DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE EN AFRIQUE
CENTRALE ...
La Zone CEMAC est l'une des régions au monde qui a
expérimenté et qui continue d'expérimenter
l'intégration économique. Mais avant sa création en 1994,
l'intégration en Afrique centrale est considérée comme un
échec. La présente section présente un bref historique du
processus d'intégration en Afrique Centrale et s'attellera ensuite
à faire une présentation de l'architecture économique de
la CEMAC avant les réformes.
1.1.
BREVE HISTOIRE DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
A dominante monétaire et verticale16(*), l'intégration en
Afrique Centrale apparaît originale en ceci qu'elle est le fruit d'une
politique de gestion des chocs économiques extérieurs auxquels
fait face la métropole. En outre, cette zone ne s'est pas inscrite dans
une logique théorique de l'intégration telle que
présentée par Balassa (1961), mais surtout a subi une
intégration imposée de l'extérieur. Malgré
cette caractéristique, des études montrent que la séquence
suivie par les pays de la Zone CEMAC a finalement débouché sur un
échec, contrairement à la séquence théorique suivie
par les pays de l'UE Avom (2003). Mais qu'est ce qui a réellement
amené les pays à s'intégrer ?
1.1.1.
Les grandes motivations de l'intégration en Afrique centrale
Si en Europe l'idée d'intégration naît du
souci de préservation des idéaux de paix après la
période belliqueuse des années 40, en Afrique et en
Amérique latine, cette idée naît de la
nécessité de substituer les importations. Les pays choisissent
ainsi de fédérer les potentialités productives
sous-régionales (Gbetnkom, 1996).
Sur le plan théorique, Balassa (1961) est
incontestablement considéré comme le père de
l'intégration économique. A la suite des travaux pionniers de
Viner (1951), il admet qu'en fonction du degré de réduction et
d'élimination des barrières commerciales, d'harmonisation et
d'unification des politiques, le processus d'intégration passe par cinq
principales phases: la Zone de Libre-échange (ZLE) ;
l'Union Douanière (UD) ; le Marché Commun
(MC) ; l'Union Monétaire (UM) et
l'Intégration Economique Complète (IEC).
Cet examen des étapes de l'intégration
économique révèle l'intervention de la variable
monétaire dans le processus d'intégration, notamment à
l'étape de l'UM. La théorie économique s'est
également développée dans une direction qui examine
l'opportunité et l'intérêt des progrès de
l'intégration monétaire. Cela est le cas en Zone CEMAC. En plus,
le processus de déstructuration - restructuration a eu un impact
significatif sur les pays de la zone. On assiste fondamentalement à une
structuration commerciale et monétaire. Sur le plan réel, les
pays sont structurés comme des fournisseurs des matières
premières. Sur le plan monétaire, il s'agit pour la colonie de
former un coussin de sécurité pouvant faire face aux
chocs externes (déséquilibre de la balance des paiements) de la
métropole. C'est ainsi que dans les années 30 et 40, la France
avait créé dans chacune de ses colonies une monnaie
rattachée au franc français. À la fin de la seconde guerre
mondiale, les monnaies de ces colonies ont été réunies
dans le franc des Colonies Françaises d'Afrique (FCFA), sa parité
ayant été fixée en octobre 1948 à 50 FCFA pour 1
franc français17(*).
Ainsi, l'intégration économique en Afrique
centrale a un caractère externe à sa dynamique,
c'est-à-dire suscité de l'extérieur par les
métropoles. Dans cette logique, les canons d'intégration risquent
d'échapper au contrôle des acteurs concernés. Ce processus
pourrait ainsi être contraire aux idéaux des pays qui sont
sensés être intégrés. Mais peu à peu, les
pays se sentent responsables et ambitionnent de se déconnecter de la
métropole.
Les différentes motivations ayant
débouché sur la spécialisation des pays de la Zone CEMAC
et un renforcement de l'intégration verticale (Nord-Sud), il convient
à présent de s'intéresser à la face de cette
intégration avant les réformes.
1.1.2.
La nature de l'intégration avant les réformes
L'UDEAC avait permis quelques avancées dans la marche
vers l'intégration. Avant les indépendances18(*), la Zone CEMAC est globalement
regroupée au sein de l'Afrique Equatoriale Française (AEF) avec
pour capitale Brazzaville, et ce depuis 1910 jusqu'en 1958. En 1959, une Union
Douanière Equatoriale (UDE) est instaurée entre la RCA, le Congo
et le Tchad. Deux ans plus tard, c'est le Traité de l'Union
Douanière Equatoriale et du Cameroun (UDE-Cam) qui est signé,
matérialisant ainsi une Zone d'Echange Partielle (ZEP). En 1961, on
assiste à la signature d'une Convention réglementant les
relations entre le Cameroun et l'UDE, instaurant une Zone Partielle de Libre
Echange (ZLE), en l'occurrence l'UDE-Cameroun (Oussouman, 2004).
Cette phase dite d'« intégration
négative » est généralement
caractérisée par la manipulation d'instruments fiscaux et
tarifaires, ne nécessitant pas des institutions et des organes solides
et supranationaux. C'est ainsi que plusieurs dispositions fiscales ont
été harmonisées : l'impôt sur le chiffre d'affaires
intérieur en 1969, l'impôt sur les sociétés en
1972, l'impôt sur le revenu des personnes physiques en 1977, l'assiette
et le champ d'application de l'impôt sur les revenus de capitaux et
valeurs mobilières en 1977, etc. (CEMAC, 2006b). En plus, c'est une
période pendant laquelle la France détient une exclusivité
commerciale et monétaire. Mais après les indépendances et
ce jusqu'avant les réformes, les pays émettent des signaux
endogènes de régionalisme avec notamment l'idée du
Panafricanisme et de l'insertion à l'économie mondiale
(notification à l'OMC en 1999).
Sur le plan monétaire, les changes sont
libéralisés et contractuels. Ceci se justifie surtout par la
situation de la France qui connaît une nette amélioration
économique, avec pour conséquence le relâchement de la
protection de la zone19(*). Il y a une liberté totale de change à
l'intérieur de la zone et une liberté partielle à
l'extérieur. Au centre de cette coopération monétaire, on
rencontre le principe du Compte d'Opération (CO), qui garantit ainsi le
CFA quant à sa convertibilité libre et illimitée. Si ce
principe est fondé sur un jeu où toutes les parties gagnent, au
moins un revers est à noter : la perte de souveraineté
monétaire des pays20(*). Toujours en cette période après les
indépendances, on constate déjà une coordination
« administrée » des politiques
monétaire et financière. Dans cet élan de
coopération, la France effectue des consultations périodiques sur
des questions financières et monétaires ; mais surtout la
Zone CEMAC en particulier et la Zone Franc en général constitue
un cadre de financement préférentiel.
Malgré tous ces dispositifs, l'intégration
sous-régionale n'est pas encore véritablement effective. Certains
auteurs ont déterminé les causes de cet échec. Ainsi, pour
Fouda (2003), l'échec s'explique par le fait que les pays n'observaient
pas les conditions préalables sine qua non. Ces conditions sont
l'existence d'importantes économies d'échelle, la non
exploitation à fond des spécialisations nationales, l'existence
d'effets de masse critique intéressants (formation, recherche, services
d'étude). Bien avant lui, Snirivasan (1993) énumérait
quatre conditions qui concourent à la réussite de
l'intégration : un niveau élevé des droits de douanes,
l'existence d'un commerce régional substantiel avant
l'intégration et d'une complémentarité dans la demande des
pays, et enfin, les dotations en facteurs de production significativement
différentes.
Aucune de ces conditions n'est vraiment respectée en
Zone Franc. C'est pourquoi la zone se retrouve dans une situation de
coopération plutôt que d'intégration. Cet échec ne
saurait être exclusivement imputable au processus lui-même, mais
peut aussi trouver quelques justificatifs dans l'organisation économique
et financière de l'époque.
1.2.
L'ARCHITECTURE ECONOMIQUE DES PAYS AVANT LES REFORMES
Cette présentation se fera d'abord sur les fronts
monétaire et bancaire et ensuite sur les fronts réel et
institutionnel.
1.2.1.
L'organisation monétaire et bancaire
L'influence de la métropole avant les
indépendances et l'intervention de l'Etat après les
indépendances sont les traits principaux des économies de la
CEMAC à cette époque.
Sur le plan monétaire, la structuration est celle d'une
coopération Nord-Sud. C'est ainsi qu'en 1972, est signé à
Brazzaville une Convention de coopération monétaire entre le
Cameroun, la RCA, le Congo, le Gabon et le Tchad qui prévoit la
création d'un Institut d'Emission commun (la BEAC). La monnaie
émise par la nouvelle BC est le Franc de la Coopération
Financière en Afrique Centrale (FCFA). Les pays signent également
une autre Convention qui instaure la Zone Franc.
Toutefois c'est une période où les clauses ne
sont pas clairement définies. Ainsi dans les textes de 1972 de la BEAC,
l'objectif final de la politique monétaire n'est pas explicitement
énoncé. Mais compte tenu des facilités de financement
accordées aux Trésors nationaux et aux PME nationales, il ressort
que l'objectif final de la BEAC était le financement du
développement. En plus, la politique monétaire était
généralement définie avec l'accord de la France, les
instruments étant les taux d'intérêt, les plafonds de
réescompte, les réserves obligatoires et surtout le
contrôle qualitatif ou sélectif du crédit21(*).
Cet état de choses a sûrement
intéressé les chercheurs. Bekolo-Ebe (2001b), partant d'un
contexte de crise d'ajustement et dans une analyse critique, décrie
« le statisme de la politique
monétaire » qui a sévi dans la zone :
crédits de campagne, fixation des côtes globales de crédit
comme seul instrument quantitatif de la politique monétaire. Les
plafonds globaux étaient déterminés exclusivement à
partir du déficit de trésorerie communiqué par les banques
et faisaient l'objet de relèvement quasi automatique par les organes de
décision de la BEAC. C'est ainsi qu'ils sont passés, entre juin
1973 et juin 1987, de 59,9 milliards à 443,6 milliards de FCFA pour le
court terme et de 15 à 286,3 milliards pour le moyen terme. En
dépit de l'unique baisse opérée en 1988, ces plafonds ont
été toujours revus à la hausse. En plus, le Compte
d'Opérations qui totalisait 305,8 milliards au 31 janvier 1986, est
devenu débiteur de 58,4 milliards au 30 novembre 1987. Cette
évolution a eu un impact sur le taux de couverture extérieure de
la monnaie qui est passé de 63,7% à 13,6%, pour un seuil minimum
de 20%22(*).
Sur le plan bancaire, il n'existe pas encore d'institutions
fiables de contrôle de l'activité dans ce secteur, et même
lorsque celles-ci existent, elles sont inopérantes et sans pouvoir
coercitif. Le manque de données, un des obstacles majeurs, ne facilite
pas la lisibilité de la réglementation, ne permettant pas ainsi
l'évaluation de la santé du secteur. Les problèmes
rencontrés sont généralement les suivants : non
respect des normes et règles, organisation anarchique des banques,
manque de diversification des services offerts, manque d'innovations
financières et de facilités de traitement de l'information. En
plus, l'Etat est l'acteur majeur du système bancaire (graphique
1). En fait, le haut niveau des recettes de l'Etat, justifié par la
conjoncture favorable de l'époque l'amène à
accroître ses dépôts. Au Cameroun, la loi prévoit que
« La structure du capital social des banques doit faire
apparaître la présence des intérêts publics qui ne
peuvent être inférieurs au tiers des actions
souscrites »23(*). Dans les autres pays et particulièrement la
RCA et le Congo, ce seuil est fixé à un minimum de 51% (Avom et
Eyeffa, 2007). Mais très vite, le brusque retournement de la conjoncture
au milieu des années 80 va conduire à des ponctions
considérables de l'Etat, entraînant ainsi un éventuel
risque systémique. Ainsi, la crise des finances publiques a pour
conséquence la crise du système bancaire.
Graphique 1 : Evolution des
dépôts et des créances de l'Administration Centrale des
pays de la
CEMAC dans les banques
commerciales (milliards de FCFA) de 1975 à 1985.
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Source : Construit par
l'auteur, à partir de Avom et Eyeffa (2007).
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Enfin, les créances de l'économie sont
dominées par des activités d'intermédiation et de
spéculation (import-export, commerce, etc.) au détriment des
activités de production, génératrices de la croissance
(Bekolo-Ebe, 2001b). En outre, la crise des années 80 a encouragé
le désengagement de l'Etat en délaissant le secteur réel.
C'est ainsi que l'on a observé des privatisations et des cessions dans
le secteur des entreprises publiques.
1.2.2.
L'environnement réel et institutionnel
Depuis les indépendances et ce jusqu'au milieu des
années 80, les pays de la CEMAC ont des performances économiques
louables. Malgré la conjoncture défavorable causée par les
chocs pétroliers des années 70 et la détérioration
des termes de l'échange, le taux de croissance se situe en moyenne au
dessus des 4%.
En outre, l'architecture productive est façonnée
par la métropole de façon à favoriser son
approvisionnement. Ce sont des économies peu industrialisées, peu
diversifiées et principalement articulées sur la production et
l'exportation de produits de base. La genèse de cette structuration se
situe dans le fait que ces pays, sous l'emprise coloniale, étaient
régis par le principe de la Division Internationale du Travail (DIT), la
conséquence étant une spécialisation de type vertical.
L'exemple de l'orientation de nombreux pays africains dans la production
cotonnière illustre bien cette spécialisation de type colonial.
En effet, l'organisation de la filière cotonnière en Afrique est
une décision de la Compagnie Française pour le
Développement des Fibres Textiles (CFDT). En 1971, se sont
constituées, sur la base d'anciennes structures existantes, des
sociétés nationales d'économie mixte dans lesquelles
l'Etat africain intervient en partenariat avec la CFDT24(*) (Boungou Bazika, 2002).
Cette configuration du secteur réel devient
structurelle et chronique dans une absence généralisée des
institutions, dont les premières ne voient le jour qu'après le
vent des indépendances des années 60. Il ressort une remarque au
final que la forte main mise de l'Etat et la présence de la
métropole ont détourné les idéaux
d'intégration au profit de la coopération. C'est ainsi que dans
un souci de redynamisation du processus, une refonte
généralisée des politiques et des institutions prend place
au courant la décennie 90.
SECTION 2. ... A LA NECESSITE DES REFORMES EN ZONE CEMAC
Fragilisation généralisée des
institutions, manque d'esprit communautaire, absence d'organes de
contrôle et d'un cadre de concertation macroéconomique,
monétaire, financière et bancaire, telle sont les signaux de
l'échec de l'intégration en Zone CEMAC. Face à ce constat,
une solution s'impose : les réformes initiées par les
bailleurs de fonds multilatéraux.
C'est ainsi qu'en décembre 1991, l'instance
supérieure de l'UDEAC, à savoir le Conseil des Chefs d'Etats,
décida à l'unanimité de donner une nouvelle impulsion au
processus d'intégration sous-régionale. Le Gouverneur de la BEAC
a été chargé de piloter le dossier. Les différentes
expertises ont abouti à la création de la CEMAC, institution
susceptible de transformer la coopération monétaire existante en
une véritable UM et, d'autre part, la mise en cohérence des
politiques macroéconomiques à travers la surveillance
multilatérale des politiques budgétaires nationales (BEAC,
2005)
2.1.
LES REFORMES MONETAIRES, BANCAIRES ET FINANCIERES
L'intégration en Zone CEMAC est d'abord de nature
monétaire et financière. C'est la raison pour laquelle le premier
souci est l'assainissement de ces secteurs. Deux principaux temps forts ont
marqué le processus des réformes.
2.1.1.
La première vague des réformes
Elle a pour but principal le recentrage du rôle de la
BEAC sur l'objectif de la politique monétaire, la modernisation du cadre
et des procédures d'interventions de la BEAC. Cette vague met aussi
l'accent sur la réforme du dispositif de supervision bancaire et la mise
en oeuvre d'un programme de restructuration bancaire et enfin, l'adoption
d'une réglementation commune des changes (BEAC, 2005).
Avant les réformes, l'environnement monétaire de
la CEMAC n'est certes pas parmi les meilleurs, car les grands principaux
équilibres macro-monétaires ont du mal à être
respectés. C'est ainsi que l'indicateur de couverture
extérieure de la monnaie passe drastiquement de 57% en 1985 à 15%
en 1993 (BEAC, 2002 ; Avom et Eyeffa, op. cit.). Ces
déviances constatées appellent automatiquement la réforme
de la politique monétaire qui prend une optique d'inspiration
libérale. C'est ainsi qu'en juillet 1991, la programmation
monétaire (nationale)25(*) est adoptée dans chaque Etat membre comme
cadre de définition de la politique monétaire. Sept ans plus tard
(1998), les missions de la BEAC sont clairement définies. Cette
première génération de réformes a aussi
été ponctuée en juillet 1994 par la création d'un
marché monétaire sous-régional26(*).
Après ces réformes successives, la
stratégie de politique monétaire est plus complète et
lisible. Il existe désormais un cadre de formulation à travers la
programmation monétaire, un objectif final de politique monétaire
clairement défini dans les statuts de 1998 (stabilité
monétaire). En plus, deux objectifs intermédiaires ont
été retenus (crédits à l'économie et masse
monétaire - M2). En outre, la BEAC dispose de trois instruments
indirects pour ses interventions (refinancement à travers le
marché monétaire, taux d'intérêt et réserves
obligatoires).
Le système bancaire de la CEMAC quant à lui est
chaotique jusqu'au début des années 90. En effet, sur une
quarantaine de banques que comptait la zone, neuf avaient cessé leurs
activités et sur celles restant en activité, une seule respectait
l'ensemble des normes réglementaires en vigueur ; quatorze avaient des
équilibres précaires et seize étaient totalement
insolvables. Ce constat a rapidement appelé les pays de la CEMAC
à l'assainissement de leurs systèmes bancaires et à se
doter d'un dispositif de contrôle.
La restructuration s'est opérée en deux
phases : la première concerne des mesures isolées au sein du
système bancaire et a généralement abouti à un
résultat peu concluant. La seconde phase implique toute la structure
macroéconomique dans le processus, car une véritable
restructuration ne doit plus être une action parcellaire ou isolée
(COBAC, 2002). Elle vise globalement l'arrimage aux nouvelles règles
mondiales définies (Bâle II), l'homogénéisation des
règlementations bancaires des différents pays, la minimisation du
poids des Etats, la facilitation de la sous-régionalisation des banques,
le regain des activités de la microfinance (BEAC, 2005).
Ainsi, après ces réformes, la sphère
bancaire bénéficie globalement d'une instance de
contrôle : la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC). Elle
va ainsi permette à la BEAC d'entamer une marche vers son
indépendance tout en crédibilisant sa politique monétaire
vis-à-vis du marché et de la communauté internationale.
Des améliorations sont sensibles. Prenant un cas simple de comparaison
statutaire entre 1972 et 1998, on note une évolution remarquable en ce
qui concerne la marge d'autonomie des Autorités monétaires dans
la mise en oeuvre de la politique monétaire (Avom, 2006). Par
délégation du Conseil d'Administration, le Gouverneur a le
pouvoir de manipuler les taux d'intérêt pour répondre
à l'objectif de stabilité monétaire. En contrepartie, la
BEAC a l'obligation de rendre compte de son activité et des
décisions de politique monétaire. En outre, ces réformes
ont permis de définir des normes de gestion conformes aux
standards internationaux, d'instituer un agrément unique pour les
établissements de crédit désirant s'implanter dans
plusieurs pays. Enfin, elles ont facilité une réglementation
sous-régionale adaptée aux institutions de microfinance et
permis de mener à bien les restructurations. Après ces
réformes, tous les pays ont connu une embellie significative en ce qui
concerne leur tissu bancaire (BEAC, 2005)27(*), avec des améliorations des bilans
(graphique 2). C'est ainsi que l'indicateur de liquidité dans
tous les pays est en moyenne supérieure à 100%
(surliquidité)28(*)
sur la période 1993-2003 (CEA, 2006 ; Avom et Eyeffa, op.
cit.).
Graphique 2 : Niveau de
liquidité des banques des pays de la CEMAC (moyenne 1993-2003).
|
|
Source : Construit par
l'auteur à partir de Avom et Eyeffa (2007).
|
En ce qui concerne l'harmonisation de la réglementation
des changes de la CEMAC, elle a été adoptée le 29 avril
2002 par le Comité Ministériel de l'UMAC. Elle vient renforcer le
dispositif de la monnaie commune et concourt au développement des
transactions financières des Etats membres avec l'extérieur. Le
but visé par cette réglementation est de lever toutes les
restrictions aux paiements courants, conformément aux dispositions des
Statuts du FMI et aux engagements auxquels les Etats de la CEMAC ont tous
adhéré. Bien que la Réglementation Harmonisée des
Changes relève de la tutelle du Ministère chargé des
Finances dans chaque pays, le rôle de la BEAC a été
renforcé en ce qui concerne certaines dispositions, notamment le
rapatriement des recettes d'exportation. Pour préparer et/ou favoriser
davantage l'intégration, les pays envisagent des mécanismes sains
et concurrentiels de financement des économies. Et c'est sous la
deuxième génération des réformes que ce chantier
est entrepris.
2.1.2.
La deuxième vague des réformes
Elle concerne principalement l'émission de titres
publics à souscription libre, la création d'un marché
financier régional (projet BVMAC), la modernisation des
systèmes de paiement et de règlement, la programmation
monétaire sous-régionale, la mise en place d'une centrale de
bilans et la lutte contre le blanchiment d'argent.
L'émission de titres publics à souscription
libre vise à favoriser l'établissement d'un marché
monétaire sous régional et surtout à limiter le
financement des déficits par la BEAC. Ceci permettra une relative
flexibilité de la politique monétaire. Ainsi, les Etats pourront
faire recours aux épargnants nationaux et étrangers pour le
financement du développement (BEAC, 2005). Dans la même optique,
le projet de création de la Bourse des Valeurs Mobilière
d'Afrique Centrale (BVMAC) vise à faciliter le financement des
économies à long terme à travers les actions et les
obligations, c'est-à-dire la transformation de ressources en emplois
longs. Ceci pourrait renforcer le rôle traditionnel des banques, qui
préfèrent assurer des financements à court terme. La mise
en place des deux structures de base du marché financier
régional, à savoir la Commission de Surveillance du Marché
Financier de l'Afrique Centrale (COSUMAF) relevant de l'UMAC et la Bourse des
Valeurs Mobilières de l'Afrique Centrale (BVMAC-SA), suit son cours.
La modernisation des systèmes de payement et de
règlement vise une harmonisation entre les pays afin de les arrimer
à la donne internationale. Le projet recouvre quatre modules, à
savoir : le Système de Règlement Brut en temps réel
ou système de paiement de gros montants, la
Télé-compensation ou système de paiement de masse, le
Système Monétique Interbancaire ou système de paiement par
cartes et enfin la Centrale des Incidents de Paiement. Cette réforme qui
s'inscrit en droite ligne des missions fondamentales assignées à
la BEAC (articles 1er, 9 et 20 des statuts) fut lancée en
2002 et prévue pour prendre fin en 2006. Il vise principalement un
développement de la base clientèle des banques avec le
renforcement des paiements scripturaux, un accroissement du taux de
bancarisation de 3% à 10% d'ici 200929(*), un renforcement de l'intégration
financière des économies de la CEMAC et des mécanismes de
transmission de la politique monétaire.
Le projet de la programmation monétaire
sous-régionale30(*)
est apparu comme une continuation et une harmonisation de cette programmation
déjà implémentée sur le plan national. Ainsi, les
évolutions macroéconomiques régionales doivent être
incorporées dans les anticipations de la BEAC en matière de
politique monétaire31(*).
La mise en place d'une centrale de bilans constituera un outil
d'informations économiques à la disposition des agents
économiques et des investisseurs. Cette réforme ne pourra
être bénéfique que dans un contexte de lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Dans cette optique,
le Groupe d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique Centrale (GABAC) a
été créé par un Acte additionnel au Traité
de la CEMAC en 2000. Un Règlement, portant prévention et
répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme a
été adopté le 4 avril 2003 et mis en vigueur. Il ne reste
plus qu'à créer dans chaque Etat membre une unité de
renseignement financier, dénommée Agence Nationale
d'Investigation Financière (ANIF) qui sera rattachée au
Ministère en charge des Finances.
L'intégration étant un tout, et donc impliquant
certains aspects réels et structurels de l'économie, il convient
à présent de voir le volet macro-institutionnel des
réformes.
2.2.
LES REFORMES REELLES ET INSTITUTIONNELLES
Il convient dans un premier temps de présenter les
réformes réelles et dans un second temps, les réformes
institutionnelles.
2.2.1.
Les réformes réelles
Elles comprendront un volet macroéconomique et un volet
fiscalo-douanier.
Les réformes macroéconomiques visent
principalement la coordination des politiques et leur mise en cohérence
avec la politique monétaire commune, en vue de tendre vers un bon
« policy-mix »32(*) des pays de la CEMAC. Ces réformes sont
pilotées à travers la mise en place du dispositif de surveillance
multilatérale et l'adoption des critères de convergence.
Les indicateurs de la surveillance multilatérale
permettent de porter un diagnostic plus complet sur l'évolution
économique et financière d'un Etat membre. Il s'agit de
critères indicatifs devant faire l'objet d'un suivi rigoureux du fait du
rôle déterminant qu'ils jouent dans la réalisation de
l'objectif de viabilité interne et externe des économies. On
distingue trois types d'indicateurs : les indicateurs
généraux de performance (taux de croissance du PIB
réel, taux de couverture extérieure de la monnaie, ratio du
compte courant, avoirs extérieurs bruts, taux de
pression fiscale) ; les indicateurs analytiques (ratio du taux
d'investissement au PIB, ratio de la masse salariale et des
recettes budgétaires totales hors dons, suivi de la
compétitivité et des performances extérieures) ;
les indicateurs de politique économique (suivi de la
politique budgétaire et de la politique monétaire)
(extrait de :
www.beac.int).
La définition de ces critères montre encore des
limites du fait de leur nombre élevé et du manque de normes
coercitives. Pour corriger ces lacunes, le Comité
Interministériel de la Zone Franc, réuni à Douala en 2001
a défini ce que l'on appelle les critères de
convergence. Sans trop s'écarter de la logique
européenne33(*),
quatre critères sont définis à savoir :
§ le ratio du solde budgétaire de base hors
dons au PIB nominal (positif ou nul) : ce critère mesure la
capacité de l'Etat à couvrir avec ses ressources propres
l'ensemble de ses dépenses courantes, financées sur ressources
internes ;
§ le taux d'inflation annuel
moyen (inférieur ou égal à 3%) : ce
critère vise essentiellement à minimiser les écarts
d'inflation entre les pays en vue d'éviter un désalignement des
taux de change réel ;
§ le ratio de l'encours de la dette intérieure
et extérieure au PIB nominal (inférieur ou égal
à 70%) : ce ratio permet de contrôler le problème
d'endettement excessif des Etats, aux conséquences
macroéconomiques néfastes (perte de crédibilité de
la politique budgétaire et défiance des marchés, poids
exorbitant des intérêts, monétisation des déficits,
impact sur les réserves de change, etc.) ;
§ les arriérés de paiement
intérieurs et extérieurs (non accumulation) : le
respect de ce critère exige la non accumulation d'arriérés
sur la gestion de la période courante. Ce critère est
guidé par le souci d'assainir le circuit de financement des
économies, de préserver la viabilité des systèmes
bancaires et de restaurer la crédibilité des Etats auprès
de la Communauté financière internationale.
Le non respect de ces critères expose à des
sanctions, notamment le critère du ratio budgétaire hors dons au
PIB nominal.
Les évolutions récentes de ces critères
sous forme de carré magique sont résumées dans le
graphique ci-dessous. Ainsi, la convergence du point de vue globale est
appréciable en Zone CEMAC. Il convient de noter, au delà du
critère monétaire (taux d'inflation) régi par la politique
monétaire commune, des évolutions sensibles au niveau des autres
indicateurs de dépenses, qui sont majoritairement guidé par la
seule volonté des Etats.
Graphique 3 : Evolution du
carré magique de la surveillance multilatérale
(2002-2006).
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Source : Extrait de CEMAC
(2006a).
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Dans une perspective dynamique, il est prévu que cet
exercice soit apprécié dans le cadre des Programmes Triennaux de
Convergence qui doivent être mis en place dans les Etats membres. Mais la
caractéristique de ces réformes est l'existence d'une batterie
d'indicateurs multilatéraux de surveillance, critères de second
ordre34(*).
Afin de lisser le sentier conjoncturel en Zone CEMAC qui a
connu une embellie en 1994-1997 suite à la dévaluation, et un
ralentissement en 1998-1999 dû aux politiques des institutions de Betton
Woods, les chefs d'Etat réunis à Malabo en juin 1999
élaborent un Programme de Redressement Economique et Financier (PSR). Ce
programme, confié à la BEAC, vise principalement à
restaurer les grands équilibres et à renforcer les structures
économiques et financières des pays membres afin de promouvoir
une croissance saine et soutenue. A cet effet, il met l'accent sur les axes de
politique économique jugés essentiels à la
réalisation de ces objectifs, tout en privilégiant les actions de
portée régionale, dans une matrice de 20 mesures35(*). Cela nécessite
l'implication de toutes les parties à savoir les Etats, la CEMAC, la
BEAC, la COBAC, notamment à travers un rapport régulier de la
Banque Centrale au Comité Ministériel de l'UMAC.
L'évaluation du PSR en 2006 a fait ressortir des avancées
significatives36(*).
En ce qui concerne le secteur fiscalo-douanier, les
réformes ont été entreprises depuis le lancement de
l'UDEAC, car l'une des missions assignées était l'instauration
d'une zone de libre échange, première étape
théorique du processus d'intégration économique. Tout
commence en 1959 avec l'instauration d'une union douanière,
dénommée Union Douanière Equatoriale (UDE). Elle a
été suivie deux ans plus tard du Traité de l'Union
Douanière Equatoriale et du Cameroun (UDE-Cam), marquant ainsi
l'insertion de ce dernier dans la zone. Ce Traité matérialise
dans un premier temps une zone d'échange partielle, visant à
terme une zone de libre échange, l'objectif étant la suppression
progressive des barrières douanières.
Tous ces mécanismes fiscalo-douaniers n'ont pas
montré des résultats satisfaisants, et c'est l'une des causes de
l'échec de l'intégration dans cette sous-région. Ainsi,
les réformes de la décennie 90 n'ont pas épargné le
renforcement de ces mesures. En 1991, les pays adoptent une Plate Forme
Régionale de Réformes sur le cordon douanier et le régime
de transit inter-Etats. Trois ans plus tard, la réforme
fiscalo-douanière entre en vigueur. Elle avait pour but de
définir une plate-forme minimale de mesures fiscales et
douanières communes à prendre par les Etats membres pour parvenir
à la suppression progressive des barrières tarifaires et des
restrictions quantitatives aux échanges. Ce programme s'articulait
autour de trois volets : les transports, le secteur financier et la
fiscalité (CEMAC, 2006b). En 1997, les règles d'origine37(*) sont redéfinies suivi
de l'adoption d'une charte communautaire de l'investissement. L'année
1998 marque la libéralisation totale du Commerce des Produits
Originaires et l'élimination du Tarif Préférentiel
Généralisé.
2.2.2.
Les réformes institutionnelles
Le diagnostic montre que les réformes dans le secteur
des institutions en Afrique centrale ont été nécessaires.
Elles concernent essentiellement la transformation de l'UDEAC en CEMAC,
c'est-à-dire le passage d'une situation de coopération à
celle de l'unification des politiques économiques des pays de la
Zone.
Ainsi, le 6 décembre 1991, les chefs d'Etat de l'UDEAC
chargèrent la BEAC, le Secrétariat Général de
l'UDEAC, la BDEAC, les Etats membres et la France de piloter le dossier de
l'intégration de la Zone. Ces différentes parties ont
proposé la consolidation des acquis, la création de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
prévue en 1994. Elle est articulée sur l'harmonisation des
règles et des normes dans certains domaines clés de la politique
économique. En outre, les Conventions régissant l'UMAC et l'UEAC
qui sont annexées au Traité ainsi que l'Additif au Traité
relatif au système institutionnel et juridique de la Communauté,
sont à leur tour signés le 5 juillet 1996 à
Libreville. Enfin, le 25 juin 1999 à Malabo, les Chefs
d'Etat proclamèrent l'entrée en vigueur de la CEMAC (BEAC,
2005).
Mais aujourd'hui, la priorité doit être
accordée au renforcement des institutions déjà existantes.
C'est dans ce sens que le Programme de Réformes Institutionnelles (PRI)
qui doit couvrir l'échéance 2006-2008 a été
défini par la Conférence des Chefs d'Etat. L'objectif visé
est un réaménagement institutionnel renforçant la
cohérence et le poids du dispositif communautaire : le rôle et les
pouvoirs des instances communautaires doivent être renforcés, leur
indépendance mieux assurée et de véritables
mécanismes d'injonction et de sanction mis en place. Ainsi, au niveau de
la CEMAC, il paraît plus opportun de se doter d'une Commission en lieu et
place du Secrétariat Exécutif. Selon le Cabinet d'audit
Performances Management Consulting - ECDPM, il serait souhaitable que
la décision de transformation du Secrétariat Exécutif en
Commission soit prise dès que possible avec une phase de transition de
deux ans permettant de réaliser quelques réformes essentielles
requises pour assurer le bon fonctionnement de la future Commission (CEMAC,
2006b).
Enfin, les Etats décident de créer le Programme
de Réformes Institutionnelles (PRI) de la CEMAC pour la période
2006-2008 comportant cinq (05) axes et une feuille de route : des
initiatives fortes des Etats Membres pour marquer leur engagement ;
l'instauration de nouveaux modes de fonctionnement générateurs de
confiance ; un réaménagement institutionnel
renforçant la cohérence et le poids du dispositif
communautaire ; le renforcement des capacités du Secrétariat
Exécutif ; le renforcement des dispositifs nationaux liés
aux questions communautaires (CEMAC, 2006b). Ainsi, la mise en oeuvre du PRI
suppose le rééquilibrage de l'exécutif des institutions
communautaires, le plan de renforcement des capacités du
Secrétariat Exécutif (ou création de la Commission). En
plus, il est prévu l'élaboration conjointe par le
Secrétariat Exécutif de la CEMAC, la BEAC et la BDEAC, d'un
programme économique régional et un plan d'autonomisation des
institutions spécialisées. En outre, il est prévu un plan
de renforcement des autres institutions communautaires (Cours de Justice,
Parlement), la mise à jour des textes de la CEMAC et enfin la mise en
place de la Commission de la CEMAC.
Tel est le vaste programme des réformes
institutionnelles qui attend les organes de la CEMAC. L'urgence est donc
signalée, vu le calendrier et les échéances qui
menacent.
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
Les réformes entreprises en Zone CEMAC depuis la fin
des années 80 sont considérées comme une solution à
l'étranglement du processus d'intégration dans ladite zone.
Depuis le lancement du processus de l'intégration avec la
création de l'UDEAC en 1964, aucune mission principale assignée
n'a été atteinte, du moins totalement. Dans ce chapitre, il a
été question de présenter les réformes entreprises
aux plans économique et institutionnel. Deux enseignements se sont tout
de même dégagés : tout d'abord, l'environnement
économique et institutionnel en Afrique centrale avant la
décennie 90 n'émet aucun signal favorisant
l'intégration ; ensuite, l'antidote à cette situation a
été le chantier des réformes, majoritairement
orientées dans les secteurs monétaire, bancaire,
macroéconomique et institutionnel.
Mais très vite, ces réformes s'avèrent
limitées, ce qui a appelé la deuxième
génération des réformes (Programmation monétaire
sous-régional, marché monétaire sous-régional,
renforcement de l'indépendance de la BEAC, avec la création de
trois nouvelles Directions et du Comité de politique monétaire)
majoritairement appliquées pendant la décennie 2000. Ces
réformes ont conduit à assurer la stabilité
monétaire, à assainir le tissu bancaire et à redresser
certains équilibres macroéconomiques. Il ressort au final que le
renforcement de l'intégration nécessite la poursuite de ces
réformes. Le chapitre qui suit s'atèle à dresser de
façon plus complète le bilan des réformes sur la dynamique
de l'intégration par le marché en zone CEMAC.
CHAPITRE 2. LE BILAN DES REFORMES SUR L'INTEGRATION EN ZONE
CEMAC
Une simple présentation des réformes
appliquées en Zone CEMAC à première vue ne montre en rien
leurs retombées et n'épuise pas totalement la question quant
à leur pertinence. Mais une observation analytique et même
l'option de ces réformes38(*) pourrait déceler quelques informations en ce
qui concerne l'intégration.
Il convient de rappeler que la deuxième
génération des réformes qui a été
exposée dans le chapitre 1 ci-dessus naît des contestations de
certains pays de la Communauté tels que la Guinée Equatoriale.
Cette dernière réclame notamment la rotation dans l'attribution
des postes exécutifs dans les institutions sous-régionales,
surtout au niveau de la BEAC et de la CEMAC, depuis lors occupées par le
Gabon et le Cameroun respectivement.
Loin d'une justification des fondements théoriques des
réformes, ce chapitre présente dans une approche bilan l'impact
des réformes de première et de deuxième
génération sur le processus d'intégration en Zone CEMAC.
Il s'agira ensuite de souligner la nécessité de la poursuite des
réformes de la deuxième génération à travers
les récentes mutations opérées au sein de la
Communauté.
SECTION 1. LE BILAN DES REFORMES DE LA PREMIERE GENERATION
Les réformes de la première
génération ont surtout ciblés les secteurs
monétaires et bancaires et n'ont par conséquent pas
influencé significativement la problématique de
l'intégration.
1.1.
UN BILAN MITIGE
Le bilan des réformes peut être qualifié
de mitigé, car les résultats sont différents selon
qu'elles concernent les équilibres macro-financiers et les aspects de
l'intégration.
1.1.1.
Une stabilité monétaire et un renforcement du dispositif
financier et bancaire
Hormis la dévaluation de 1994, la Zone CEMAC a fait
preuve de stabilité sur le plan monétaire. En outre, les taux
d'inflation ont été parmi les plus faibles comparativement aux
autres régions en développement. Ces deux éléments
constituent une preuve de crédibilité de la politique
monétaire. Cette crédibilité repose à son tour sur
trois éléments essentiels du cadre institutionnel : la
fixité de la parité du taux de change, la convertibilité
du FCFA et l'existence d'une UM (BEAC, 2005). La convertibilité
illimitée du FCFA en franc français et maintenant en euro est une
fois de plus l'un des arguments de la stabilité monétaire en Zone
CEMAC. La stratégie adoptée ici est l'ancrage sur une monnaie
internationale crédible et donc épargnée de la
décote.
En plus la politique de change en Zone CEMAC est la
fixité de la parité par rapport au franc français et
depuis 1999, à l'euro. Cette politique se justifie par le fait que
certains pays peuvent vouloir maintenir à un bas niveau la valeur du
taux de change pendant que d'autres préfèrent la fixer à
un niveau haut. Cette politique dépend au final des objectifs dans les
relations commerciales des pays. Ainsi, pour une zone comme la CEMAC
caractérisée par un poids commercial négligeable, l'option
optimale aurait été la première, c'est-à-dire le
maintien de la valeur de la monnaie à un niveau faible. Mais cette
situation n'est profitable que si les pays possèdent une base
consistante de produits exportables.
Graphique 4 : Evolution de
l'inflation annuelle moyenne des pays de la CEMAC (1985-2006).
|
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Source : Construit par
l'auteur à partir de Administrations Nationales, BEAC, FMI
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La stabilité monétaire se justifie une fois de
plus à travers la création d'une UM en Zone CEMAC. Ce processus
prend ses racines depuis l'époque coloniale à travers la
création de la ZF et s'est renforcé tout récemment avec la
création de la CEMAC. Cette situation se justifie
généralement par le principe du compte d'opération.
L'évolution se justifie ainsi à travers le passage de la Zone
Monétaire à l'Union Monétaire (UMAC), entraînant des
taux d'inflation bas. Malgré le pic moyen de 36,26% observé
en 1994 et justifié par la dévaluation de la même
année (graphique 4), les pays de la CEMAC sont
considérés comme des exemples en matière des taux
d'inflation bas.
Ainsi, le bilan des réformes monétaires ne vient
que donner une embellie au processus d'intégration de ce secteur. En
outre, les autres critères de convergence semblent confirmer
l'élan donné par le critère monétaire (annexe
3-a).
Tout ce dispositif a été appuyé par un
assainissement du dispositif bancaire et financier à travers la
création de la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) et de la
Bourse des Valeurs Mobilières d'Afrique Centrale (BVMAC). Mais qu'en
est-il du bilan des réformes sur les échanges
intra-zone ?
1.1.2.
Au niveau des échanges intra-sous-régionaux
Hormis la stabilité monétaire, le bilan de
l'intégration en Afrique centrale est globalement non concluant. Sur le
plan commercial, le volume des échanges intra-régionaux n'est
estimé qu'à environ 5%39(*) du commerce extérieur officiel40(*) (BEAC, 2005). Comparativement
aux autres zones d'intégration, la CEMAC apparaît comme la zone la
moins intégrée sur le plan commercial. D'ailleurs, ce constat a
été souligné lors du dernier Sommet
Interministériel de l'UEAC tenu à Yaoundé en
décembre 2007.
De façon Générale, le degré
d'ouverture des pays de la Zone Franc (PAZF) est élevé41(*). Mais il apparaît
néanmoins que les PAZF commercent très peu entre eux, le ratio
des exportations intra-zone au PIB étant très faible, ce qui
implique une faible explication de la création des richesses par le
commerce intra-zone. Ces pays ne peuvent donc de ce fait constituer une ZMO au
sens de McKinnon. Prenant spécifiquement le cas de la CEMAC, le taux
d'ouverture intra-zone est évalué à 0,73 en 1995 et
à 0,71 en 1996 (Ondo Ossa, 2000).
Sur une perspective de moyen terme, l'évolution de la
part du commerce intra-CEMAC des pays dans leur total mondial montre que le
Cameroun occupe la quasi-totalité des exportations intra-zone
malgré un sentier non régulier (graphique 5). Il
convient tout de même de noter une embellie après la signature du
Traité de la CEMAC de presque tous les pays, l'essoufflement
s'étant ressenti à partir de 1999, date d'entrée en
vigueur de la CEMAC.
Graphique 5 : Evolution des
exportations intra-régionales de la CEMAC en milliers de FCFA.
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Source : Construit par l'auteur
à partir de CEA (2006).
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La lecture du graphique montre un saut quantitatif du Cameroun
en 2003, présomption d'une nouvelle dynamique de l'intégration
par le marché. Le constat est le même pour tous les autres pays,
mais l'évolution est restée négligeable.
Il serait accessoire de limiter le bilan des réformes
à la sphère économique et commerciale seulement. Il faut
aussi tenir compte des institutions et de la population qui peuvent jouer un
rôle important dans le processus d'intégration de la zone.
1.2.
L'INERTIE DES INSTITUTIONS ET LE MANQUE D'ESPRIT COMMUNAUTAIRE
Deux blocages majeurs constituent des entraves au processus
d'intégration en Zone CEMAC : le non respect des mécanismes
de financement et le manque d'esprit communautaire. En effet
l'expérience a montré que la Taxe Communautaire
d'Intégration (TCI)42(*) recouvrée est généralement en
deçà des attentes. Cette situation justifie la faiblesse du
budget du Secrétariat Exécutif, frein au bon fonctionnement des
institutions. A titre d'exemple, seuls 19% de la TCI ont été
reversés en 2002, 41% en 2003 et 37% en 2004. Les arriérés
ont quadruplé en trois ans, passant de 8,2 milliards en 2002 à
32,8 milliards en octobre 200543(*) et 61,7% de ces arriérés seraient
imputables au Cameroun44(*). Au cours des années 2003 et 2004, les
meilleurs élèves ont été le Congo, la RCA, la
Guinée Equatoriale (100% de TCI reversée), le Tchad ayant fait un
faux pas en 2004 avec seulement 14% de TCI reversée. Le Cameroun et le
Gabon, les deux plus gros contributeurs de la zone, se sont
avérés être les mauvais élèves. En 2003, le
Cameroun n'a reversé que 1,5 milliard sur les 6,5 milliards
collectés et le Gabon 1,2 sur les 3,8 milliards, soit respectivement 23%
et 31% ; en 2004, le Cameroun n'a reversé que 2,6 milliards sur les
8,2 milliards collectés et le Gabon, 0,7milliard sur les 3,6 milliards,
soit respectivement 32% et 19% (CEMAC, 2006b).
1.2.1.
Les goulets d'étranglement au niveau des institutions
La faiblesse des institutions en Zone CEMAC peut être
soulignée à cinq niveaux :
v le premier concerne la répartition actuelle des
postes de responsabilités au sein des institutions, débouchant
déjà sur la méfiance et les frustrations. Les principes
considérés comme des facteurs-clés de succès
(indépendance des institutions communautaires,
compétence des responsables, équité voire
égalité entre les Etats membres et rotation dans
les postes de responsabilité) ne sont pas appliqués45(*) ;
v en second lieu, on pourrait noter l'incohérence du
dispositif institutionnel de la CEMAC au regard de l'ambition de construction
d'une véritable Union. Ce manque de cohérence se manifeste
principalement par : un outil institutionnel inadapté aux ambitions
d'une Union ; le poids politique insuffisant des institutions ; la
synergie insuffisante entre les institutions communautaires notamment entre le
Secrétariat Exécutif, la BEAC et la BDEAC dans la mise en oeuvre
des programmes communautaires ; le manque de cohérence des institutions
spécialisées par rapport au dispositif global ;
v le troisième problème est relatif à
l'insuffisance des capacités du Secrétariat Exécutif. Les
dernières réformes plaident en faveur du renforcement du
dispositif communautaire tout en reléguant au second plan les aspects
humains et financiers accompagnant ce renforcement ;
v un quatrième goulot serait le manque d'appropriation
de la Communauté par les Etats membres. Ainsi, les dispositifs nationaux
chargés de suivre l'application des dispositions communautaires sont
parfois inexistants ;
v enfin, on pourrait souligner le déficit de bonne
gouvernance. Ce diagnostic renvoie à la problématique du
nécessaire approfondissement de la gouvernance de la CEMAC, qui doit
reposer sur trois socles à savoir : une meilleure application des
principes de bonne gouvernance qui s'imposent à toute institution
publique ; un accord sur un nombre de règles de bonne gouvernance
spécifiques à une organisation d'intégration
régionale et enfin la légitimité de la CEMAC aux yeux des
citoyens (CEMAC, 2006b).
Il ressort au final que ces différents goulets
entravent considérablement le sentier de l'intégration en Afrique
centrale, qui a pris du retard sur d'autres blocs régionaux.
1.2.2.
L'expérience de quelques sous-régions : l'UE et la CEDEAO /
UEMOA
Ce paragraphe se justifie par le fait que l'UE constitue un
exemple d'intégration sans précédent dans le
monde ayant suivi les étapes théoriques et que l'UEMOA, qui
a presque les mêmes caractéristiques que la CEMAC, évolue
plus vite.
Le modèle européen, modèle
théorique, a suivi les étapes préconisées par
Balassa en 1962. Depuis la signature du traité de Rome en 1957, des
avancées remarquables ont été notées. En ce qui
concerne l'augmentation du commerce intra, il est passé de 30% dans les
années 60 à plus de 60% de nos jours (Boungou Bazika, 2002).
Rappelant les deux principaux débats autour de
l'intégration économique46(*), Avom (2003) dans une étude comparative entre
l'UE et la CEMAC se pose la question de savoir si l'intégration
monétaire doit-elle ou non précéder l'intégration
réelle. Retraçant les itinéraires des deux
sous-régions, il montre que le cas européen a
débouché sur un succès. Ainsi, de la création de la
Communauté Economique du Fer et de l'Acier (CECA) en 1951 à la
signature du Traité de Maastricht en 1992, les pays de cette
sous-région ont eu le souci du respect des étapes
théoriques.
En ce qui concerne la ZF née à la fin des
années 30 des suites de la crise de 1929, la séquence a
été l'inverse. Certains auteurs s'accordent et concluent que le
cas européen, qui a suivi un processus théorique s'oppose au cas
de la ZF par ses résultats. Mais quelque soit l'agencement des
séquences, l'une ou l'autre forme d'intégration doit être
suivie par l'autre pour éviter la statisme du processus (Avom, 2003).
Le dispositif institutionnel de l'UE a fait l'objet d'un zoom
particulier. Il repose sur un savant équilibre entre
intérêts nationaux et intérêt commun. Au nom du
second, les Etats ont accepté de transférer de larges parts de
leur souveraineté à l'Union, dans laquelle des institutions
autonomes jouent un rôle essentiel. En outre, quelques
règles47(*) de
nature coutumière régissent la nomination du Président de
la Commission Européenne. En plus pour un souci de
cohérence, la Présidence du moment est assistée de celle
qui l'a précédée et de la suivante, de façon
à assurer la continuité du traitement des dossiers. Au niveau de
la Banque Centrale Européenne (BCE), le directoire est
composé de six personnes, ce qui fait l'organe le plus
fédéral de l'Union, puisque tous les Etats n'y sont pas «
représentés ». Ils sont nommés pour un mandat de huit
ans non renouvelables, ce qui renforce leur indépendance (CEMAC,
2006b).
Le cas de l'UEMOA (et de CEDEAO) est encore remarquable, car
elle est souvent considérée comme la jumelle de la CEMAC. Le
Secrétaire Exécutif de la CEDEAO48(*) est nommé par compétition ouverte, pour
un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Ainsi, depuis 1975, date de
création de la CEDEAO, quatre nationalités différentes
(Côte-d'Ivoire, Sierra Léone, Guinée et Ghana) sont
déjà passées aux commandes. Au niveau de l'UEMOA, Le
principe de la nomination du Président de la Commission est la rotation
des pays (4 ans renouvelables). Il est choisi par les Chefs d'Etat parmi les
Commissaires désignés par les Etats. La BCEAO n'est pas en reste.
Il suffit de voir son effort de crédibilisation de la politique
monétaire, sans oublier l'indépendance instrumentale et politique
dont jouissent ses membres.
Ainsi, la Zone CEMAC présente encore des faiblesses en
ce qui concerne son organisation institutionnelle et organique. Des efforts
sont recommandés notamment au niveau de la rotation, la concurrence et
l'équilibre par rapport aux pays et au genre dans l'occupation des
postes étant souhaités.
SECTION 2. LES RECENTS REAMENAGEMENTS DANS LA
CEMAC : LA POURSUITE DES REFORMES DE LA DEUXIEME GENERATION
Les constats marquant le frein au bon fonctionnement des
organes de la CEMAC ont été soulignés dans la section
précédente. La présente section justifie le souci des
autorités sous-régionales de relancer véritablement le
processus d'intégration à travers les récents
réaménagements opérés.
2.1.
LA REDYNAMISATION DES PRINCIPALES INSTITUTIONS
Malgré les réformes de la décennie 90,
certaines institutions se doivent d'évoluer dans leur organigramme afin
de répondre aux préoccupations actuelles. Parmi les institutions
les plus importantes, il convient de citer en premier lieu la BEAC et le
Secrétariat Exécutif de la CEMAC.
2.1.1.
La BEAC : comment renforcer son indépendance et réorienter
ses missions ?
Les Banques Centrales ont acquis un rôle de premier plan
parmi les institutions publiques aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en développement. Aux
Etats-Unis par exemple, la Réserve Fédérale est devenue
l'institution la plus puissante pour agir sur la conjoncture et
préserver la croissance, ralentir l'entrée en récession ou
accélérer sa sortie. En Europe, le Système Européen
des Banques Centrales (SEBC) apparaît depuis le Traité de
Maastricht en 1992, comme la seule institution véritablement puissante,
en dépit du Pacte de Stabilité signé en 1997, pour engager
la convergence des politiques économiques à l'intérieur de
l'Union (Eboué, 2006)49(*). Enfin, la Zone UEMOA avec la BCEAO est de nos jours
entrain de se démarquer.
Comme la BCEAO, la BEAC est la principale institution
menant les réformes en ce qui concerne les problèmes de
convergence et d'intégration régionale en Zone CEMAC. Ainsi, son
rôle dans le chantier des réformes aurait été plus
significatif si lors de décennies passées, elle était
exonérée des influences politiques et arrimée à la
donne contemporaine.
Théoriquement, les questions actuelles en ce qui
concerne les BC tournent autour de leur indépendance et la
crédibilité de la politique monétaire50(*). Ainsi, depuis Rogoff (1985)
et Mc Callum (1988, 1995), la question de l'indépendance des BC est l'un
des enjeux de la recherche de l'efficacité de leur action. Kydland et
Prescott (1977), prix Nobel d'économie en 2004, ont porté un
grand intérêt sur la question de l'indépendance des BC.
Cherchant à définir les conditions de réussite d'une bonne
politique monétaire, ils concluent au fait qu'une politique
monétaire ne doit pas être liée à la conjoncture
politique, voire aux échéanciers électoraux : seule
cette condition permet à la BC d'éviter
l' « incohérence temporelle ». A la
suite de Kydland et Prescott (1977), Barro et Gordon (1983) attribuent cette
« incohérence temporelle » au choix (faible
engagement) des autorités monétaires, car elles sont enclines
à l'arbitrage entre l'inflation et le chômage. A court terme,
elles ont le souci de résorber le chômage et à long terme,
elles sont amenées à favoriser la stabilité des prix
(Eboué, 2004).
Au final, une BC devrait, pour conduire une politique
monétaire crédible, être déconnectée de toute
conjoncture politico-monétaire, comme le constate Fouda (1997) dans le
cas de la Zone BEAC. En plus, elle doit avoir une indépendance aussi
bien institutionnelle, opérationnelle que financière (ou
budgétaire)51(*)
(Avom, 2006).
Le cas de la zone monétaire BEAC révèle
toujours des paradoxes. Fouda (1997) montre qu'il existe des cycles
politico-monétaires au sein de la zone bien qu'on souligne une
évolution en ce qui concerne le degré d'autonomie de la BEAC. Ce
degré est cerné à partir d'une étude comparative
entre les statuts de 1972 et ceux de 1998 (Avom, 2006)52(*). Il est clairement
démontré que les réformes au niveau monétaire ont
connu des évolutions sensibles, et les toutes dernières mutations
viennent soutenir cet élan.
En effet, le huitième Sommet des chefs d'Etat de la
CEMAC tenu à N'djamena le 25 avril 2007 a procédé au
changement du Gouverneur de la BEAC. Le nouveau Gouverneur a été
nommé suite à un Acte Additionnel lors de la même
Conférence53(*).
Malgré le statisme dans la rotation (déjà noté),
quelques innovations sont quand même à souligner :
élargissement du gouvernement de la Banque, avec la création de
trois postes de Directeurs Généraux et de trois nouvelles
Direction Centrales. Ceci permet le passage de neuf à douze du nombre de
Directions Centrales54(*).
Lors du même sommet, la Banque de Développement
(BDEAC) par la voie de son Président a présenté à
son tour un bilan. Ce dernier fut axé sur l'expansion des
opérations de financement des projets de développement, l'intense
activité de mobilisation et de drainage des ressources
financières vers la sous-région et enfin la dynamisation de la
coopération avec les partenaires au développement. Suite à
ce bilan élogieux, le Vice-Président de cette institution a
été confirmé.
2.1.2.
La nécessité d'une Commission en Zone CEMAC
L'écart constaté aujourd'hui entre la CEMAC et
l'UEMOA en ce qui concerne le processus d'intégration est dû au
fait que la seconde ait opté pour une institutionnalisation
supranationale et rigoureuse (Commission), dotée de plus de pouvoirs
réels et coercitifs. Cette Commission jouit des prérogatives
suivantes : le processus de nomination du Président, le profil du
Président et des différents Commissaires, l'indépendance
du Président et enfin l'irrévocabilité des Commissaires
pendant la durée de leur mandat (CEMAC, 2006b). De même, le Sommet
des chefs d'Etat de la CEDEAO de janvier 2006 vient d'approuver la
transformation du Secrétariat Exécutif de la CEDEAO en Commission
avec des prérogatives telles que : la représentation de la
Communauté dans les relations internationales, recommandations
adressées au Conseil et à la Conférence, banque
d'informations importantes de toutes les autres Institutions, adoption des
règlements d'exécution des actes édictés par le
Conseil et sur délégation de ce dernier, la
prépondérance du Président55(*). Le cas européen est encore un exemple sur le
rôle de la Commission, car ses interventions ont été
déterminantes pour cette zone.
Ce n'est récemment que la Zone CEMAC s'est inscrite
dans cette logique d'adoption d'une Commission. Ainsi, le dernier Sommet
des chefs d'Etat de la CEMAC tenu à N'djamena en avril 2007 a
décidé de « créer une Commission,
composée d'un Commissaire par Etat membre et dirigé par un
Président, en lieu et place du Secrétariat Exécutif
actuel, ... » (CEMAC, 2007).
La situation actuelle du Secrétariat Exécutif en
ce qui concerne ses missions et son poids est celui d'une institution qui a
besoin d'une nouvelle dynamique (CEMAC, 2006b):
· manque de régularité dans le
fonctionnement et manque de ressources suffisantes fait de lui un instrument
sans aucun pouvoir ;
· les organes juridictionnelles sont à faible
pouvoir de contrainte ;
· les structures de contrôle démocratique
sont embryonnaires.
Il convient tout de même de rappeler que l'article 2O du
Traité de l'UDEAC prévoit certaines prérogatives pour le
Secrétaire Général : « [...] Il est
responsable de l'efficacité générale des services
administratifs et de l'organisation de l'appareil exécutif ; il
assure l'organisation des réunions du Conseil, du Comité de
Direction et des Commissions spécialisées dont il assume le
Secrétariat ; il entretient des relations avec les autorités
nationales et les organismes publics ou privés de l'Union ; il est
chargé de l'application du Traité et des décisions prises
par le Conseil et le Comité de Direction ; en matière
budgétaire, ses attributions sont fixées par le règlement
financier de l'Union ; dans le cadre des décisions du Conseil et du
Comité de Direction, il a la responsabilité de préparer et
de promouvoir les programmes-cadres de développement et des projets
communautaires, éventuellement en liaison avec les Commissions
spécialisées » (CEMAC, 2006b).
Au final, le Secrétariat Général n'assure
que les missions classiques de secrétariat. En outre, le pouvoir de
contrainte de la Cour de Justice (Chambre judiciaire) apparaît
également limité dans la pratique. Son rendement paraît
faible, avec seulement 17 arrêts et 5 avis rendus en 5 ans d'existence.
Ceci s'expliquerait par le manque de vulgarisation du droit communautaire, mais
aussi du faible volume du contentieux communautaire. Quant au futur Parlement
de la CEMAC, son poids politique ne pourra véritablement s'affirmer
qu'avec le temps, car il est fort probable que son fonctionnement se fonde
à celui des autres organes (CEMAC, 2006b).
Mais peut on parler d'avenir dans la CEMAC vu les
différents goulots qui étranglent le processus
d'intégration ?
2.2.
LES NOUVELLES PERSPECTIVES EN ZONE CEMAC
Si la période UDEAC n'a pas montré des
résultats concluants malgré les projets ambitieux, les
réformes doivent prendre le relais et même être
continuelles. C'est ainsi que deux générations ont
été implémentées. Mais la perspective d'une
intégration sérieuse dans la CEMAC ne pourra devenir une
réalité que si des objectifs pertinents de moyen terme sont
fixés et surtout atteints.
2.2.1.
Les objectifs d'intégration de la Communauté à moyen terme
(2006-2011)
Lors de l'entrée en vigueur de la CEMAC en 1999, trois
grandes séquences évolutives de l'intégration ont
été définies par les pays membres sous formes de
« plans quinquennaux », à savoir 1999-2004,
2004-2009 et 2009-2014.
Le « premier plan »
(1999-2004)56(*), qui
s'est fixé pour objectif de permettre une transition de l'UDEAC à
la CEMAC dévoile globalement en matière d'intégration des
avancées significatives, mais avec une nécessité de
consolidation. C'est dire que des faiblesses ont été
observées, et parmi les plus importantes, l'immobilisme (manque de
rotation) dans les nominations aux postes des institutions de la
Communauté, l'esprit conservateur dans la direction de ces institutions,
l'insuffisance des moyens financiers (gap déficitaire énorme
entre la TCI collectée et la TCI versée). En effet, c'est la
manifestation des séquelles de l'échec de l'intégration
qui a longtemps été observé dans cette zone. Dans un souci
de redynamisation, et suite aux difficultés et aux résultats
insuffisants enregistrés durant ces cinq premières années,
les Chefs d'Etat de la Communauté demanderont un audit global57(*) en vue de relancer la
deuxième phase, qui débutera finalement en 2006 (plutôt
qu'en 2004 comme prévu).
Ainsi, l'étape 2006-2011 constitue un tournant
décisif pour donner un nouveau souffle à la CEMAC et inscrire le
processus d'intégration dans une dynamique irréversible. C'est
l'étape de toutes les attentes. Lors du Sommet Malabo de mars 2006, il
est lancé le Programme de Réformes Institutionnelles (PRI)
2006-200858(*) ; en
plus, les chefs d'Etat adoptent des mesures immédiates à prendre
et désignent une Présidence et un Comité de Pilotage. Ces
derniers sont chargés de finaliser les modalités de ce programme
en vue de son lancement officiel en juillet 2006 dans le cadre d'un Sommet
extraordinaire. Lors de cette étape, il est attendu un strict respect
des règles, une définition d'objectifs à la hauteur des
moyens financiers, un versement automatique de la TCI, la mise en place des
mécanismes de solidarité (compensation fiscale en vue de juguler
les chocs budgétaires) et de développement (projets
intégrateurs). Cette étape compte être celle du
véritable saut qualitatif vers l'Union Economique et Sociale (CEMAC,
2006b).
En plus, lors du Sommet de N'djamena d'avril 2007, le rapport
d'étape sur les réformes rendu par le responsable du dossier du
PRI a été adopté par les chefs d'Etat, du moins sur ses
grandes lignes et il a été demandé de poursuivre ces
réformes jusqu'à terme (CEMAC, 2007). Outre ces décisions
spécifiques et immédiates, il est abordé des questions de
paix et de sécurité (situation de la paix au Tchad et en RCA,
recommandation au retour à la normalisation socio-politique entre les
peuples de ces deux pays, création de l'Etat major d'une Brigade
sous-régionale à Libreville). En ce qui concerne les questions de
circulation des biens et des personnes, les chefs d'Etat ont
décidé en faveur de son effectivité dès le premier
juillet 2007. Mission a été donné au Secrétariat
Exécutif de la CEMAC de statuer et de trancher définitivement sur
la question du passeport CEMAC. En plus, les chefs d'Etat ont statué sur
le projet de création d'une compagnie aérienne (Air CEMAC), avec
pour partenaire technique et stratégique SN-Bruxelles. Sur le plan
commercial, il est prévu des négociations avec l'UE, dans
l'optique de signer des Accords de Partenariat Economiques Régionaux
(APER). Cette mission est confiée au Président en exercice, afin
d'initier des actions diplomatiques de haut niveau.
Mais ces réformes ne pourront porter leurs fruits que
si les organes chargés de leur suivi font preuve de dynamisme et de
rigueur.
2.2.2.
Les goulots à l'atteinte des objectifs d'intégration
Les ambitions en Zone CEMAC sont grandes ; les
résolutions adoptées et les réaménagements
apportés lors des dernières Conférences des chefs d'Etat
en sont quelques illustrations. Mais une vision rétrospective
dévoile une conclusion récurrente, à savoir des
réaménagements institutionnels sans résultats probants.
Cela prêterait à croire qu'il s'agit d'un problème
structurel.
Ainsi, en juin 2005, un Conseil Extraordinaire des Ministres a
été réuni pour faire le point sur la non application des
textes par les Etats Membres. Ceci a débouché sur un constat
d'échec. Il en ressort que le champ des décisions non
appliquées couvre un large spectre des instruments d'intégration
dont se sont dotés les Etats. L'extrait suivant (tableau 1) du
rapport-bilan établi par le Secrétariat Exécutif
résume une situation préoccupante (CEMAC, 2006b).
Tableau 1 : Quelques
décisions importantes non appliquées ou projets en retard en
CEMAC.
|
Textes/Décisions
|
Etat d'application
|
Conséquences
|
Règlement N°1/00-CEMAC-042-CM-04
portant institution et conditions d'attribution du
Passeport CEMAC.
|
· Démarches préliminaires
entreprises par le Secrétariat
Exécutif de la CEMAC ;
· Non mise en oeuvre par les
Etats.
Source: Secrétariat
Exécutif de la CEMAC, Février 2004.
|
· Persistance de besoins de visa entre certains Etats
Membres ;
· Difficulté de libre circulation des
ressortissants de la
communauté dans la Zone ;
· Retard dans la construction du marché
commun.
|
Acte Additionnel N°3/00-CEMAC-046-CM 05
instituant un mécanisme autonome de financement de la
Communauté et
Acte Additionnel N°01/01-CEMAC-046-CE-03
portant modification de l'Acte Additionnel
N°3/00/CEMAC-
046-CE-03 du 14 Décembre 2000 instituant
un Mécanisme Autonome de Financement.
|
· Mise en oeuvre tardive au niveau des Etats
(2002) ;
· Respect partiel des
engagements et exécution très
différenciée dans le reversement de la Taxe Communautaire
d'Intégration (TCI).
|
· Difficultés de fonctionnement du
Secrétariat Exécutif de la CEMAC ;
· Difficulté de financement des projets
communautaires due à la faiblesse du FODEC.
|
Retard dans la mise en oeuvre de projets communautaires
d'intégration
|
AIR CEMAC
Acte Additionnel N°02/01-CEMAC-066-CE-03
portant création d'une Compagnie Communautaire
de Transports Aériens en Zone CEMAC.
|
· De nombreuses démarches
entreprises ;
· Projet presqu'en panne par
manque d'engagement des Etats et du secteur privé.
Source: Secrétariat
Exécutif de la CEMAC, Février 2004
|
· Difficultés de transport entre les Etats ;
freine les relations
commerciales intra -communautaires ;
· Situation aggravée par les mauvaises
performances des
compagnies nationales, le manque de réseau ferroviaire
inter-Etats, de routes bitumées inter-Etats et d'interconnexion de
réseau des télécoms.
|
Règlement N°7/00/CEMAC-062-CM-04
adoptant l'Accord
Intergouvernemental portant création du Centre
Sous-Régional de Maintenance des Télécommunications des
pays de la CEEAC.
|
· Non encore opérationnel.
|
· Coût de maintenance des équipements de
Télécommunications ;
· Difficulté de formation du personnel à
la maintenance.
|
Source : Extrait de CEMAC
(2006b).
|
Le statisme observé pendant la période l'UDEAC
semble porter un effet
d'« hystérèse »59(*) dans le processus
d'intégration en Zone CEMAC : en plus du manque ou du retard dans
l'application des décisions, s'ajoutent la multitude d'accords auxquels
font face les pays. On pourrait prioritairement citer la coexistence de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC)60(*) qui se veut non seulement plus
large et plus englobante dans la grande Afrique centrale, mais qui n'est pas
très différente de la CEMAC vue ses missions, ses institutions et
ses projets. La CEEAC ne viendra redynamiser le processus d'intégration
en Afrique centrale que s'il n'existe pas de conflits d'objectifs ou de
projets. Surtout les pays de la CEMAC doivent jouer un véritable
rôle de meneurs et doivent servir d'exemple, vu leur expérience en
matière d'intégration.
Ensuite, il est noté au sein de la Zone CEMAC un
comportement hostile des populations. En effet, certains pays ayant connu des
performances macro-économiques ne cessent d'attirer les populations
voisines souvent à la recherche d'emploi, provoquant de temps en temps
des actes de xénophobie. L'exemple équato-guinéen est
patent sur cet aspect lorsque plusieurs camerounais ont été
expulsés tout récemment. La population devrait plutôt jouer
un rôle intégrateur important dans la zone, car de tels actes
xénophobes pourraient limiter le critère de mobilité des
facteurs, entraîner des réticences pour l'intégration par
le marché et encourager au final le commerce informel.
Reste enfin le problème des infrastructures. La
densité du réseau routier en Zone CEMAC est relativement basse,
comparativement à l'UE et surtout à l'UEMOA ou presque toutes les
capitales sont reliées par des axes lourds. Par exemple, il faut en
moyenne 7 à 10 jours pour rallier Douala à Bangui (1450 km
seulement), avec près d'une vingtaine de points de contrôle
(police, gendarmerie, eaux et forêts, douanes, municipalités). Cet
important « effet frontière infrastructurel » ou
cette faiblesse du « capital spatial » se trouve
être un goulot à la circulation des facteurs. Le capital spatial
ainsi énoncé se définit comme « la somme des
capacités productives localisées qui concourent à
accroître la productivité des autres facteurs de
production ». Il est constitué des facteurs de croissance
(communications, services à la production) localisés dans
l'espace et générateurs d'externalités
d'agglomération (coûts de transaction, effets de taille de
marché, externalités de connaissances). Ainsi le capital spatial
reste à construire au sein de la zone : le réseau routier
principal de la CEMAC a une longueur de 57858 km dont 12% seulement sont des
routes bitumées. Pour l'ensemble de la région, la densité
routière pour les routes bitumées est de 0,24. Sur les
détails, le Cameroun possède à lui tout seul plus de 45%
du réseau routier avec seulement 15% de routes bitumées et 20%
pour le Congo. Les densités des routes bitumées sont de 0,85 pour
le Cameroun, de 0,29 pour le Congo, de 0,23 pour le Gabon, de 0,11 pour la RCA
et de 0,03 pour le Tchad. Les voies ferrées ne sont pas
interconnectées et lorsqu'elles existent, elles ne sont qu'a vocation
national (Transcamerounais, Transgabonais, etc. généralement
vétustes) et datent pour l'essentiel de la période coloniale. Le
transport aérien intra-régional, qui est un indicateur du niveau
de l'intégration reste encore non effectif. Il est
généralement plus facile et rapide de passer par Paris, Bruxelles
ou Johannesburg que de relier deux villes d'Afrique centrale. Mais réuni
à Yaoundé le 21 juin 1993, et toujours dans le but de relancer
l'intégration sous l'ère CEMAC, les pays adoptent un
réseau d'itinéraires de transits dits «axes
structurants», avec pour objectif le renforcement de
l'intégration réelle. Les travaux sur certains projets sont
déjà livrés : c'est le cas de la route Bertoua-Garoua
Boulai (2476 km) qui assurent la liaison du Cameroun au Tchad et de la route
Yaoundé-Ambam qui doit permettre de relier le Cameroun au Gabon et
à la Guinée équatoriale61(*).
Sur le plan téléphonique, le Cameroun disposait
de 16,1 lignes fixes et mobiles pour mille personnes en l'an 2000, la
Guinée équatoriale 24,5, le Congo 31,3 et le Gabon 129 lignes. Il
convient de noter que ces niveaux observés ne sont pas encore en mesure
de faciliter fondamentalement l'intégration sous-régionale. En ce
qui concerne l'utilisation du réseau Internet, le Cameroun en l'an 2000
avec près de 40 000 utilisateurs devance le Gabon (15 000), le Tchad (3
000), la RCA (2 000), le Congo (800) et la Guinée équatoriale
(700). On note à ce niveau des évolutions sensibles :
60 000 en 2002 au Cameroun, 6 000 en 2003 en RCA, 15 000 en 2002 au
Tchad, 15 000 en 2003 au Congo, 1 800 en 2002 en Guinée Equatoriale
et 35 000 en 2003 au Gabon (World Bank Africa Data Base, 2005).
Sur le plan énergétique, il existe encore des
discordes malgré de faibles capacités. C'est ainsi que l'on note
l'absence du Cameroun62(*)
dans le Pool Energétique de l'Afrique centrale créé le 12
avril 2003 et qui regroupe le Gabon, la RCA, la RDC, la Guinée
équatoriale, São Tomé et Principe, le Congo et le
Tchad.
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Ce chapitre examinait le bilan des réformes
macro-monétaires et institutionnelles sur le processus
d'intégration en Zone CEMAC. Les différents résultats
dévoilent un bilan globalement prometteur, des faiblesses étant
notées au niveau des infrastructures. La faiblesse du
« capital spatial » peut ainsi être
considérée comme le principal goulot qui a freiné le
processus d'intégration en Zone CEMAC. Au regard des différentes
évolutions, trois enseignements sous forme de scenarii sont à
prévoir d'ici à 2010 (CEMAC, 2006b) :
· Scénario 1 : « la CEMAC en
panne ». Ce scénario traduit la
persistance des blocages actuels. Elle est en panne et donc menacée
à terme d' « éclatement », voire de
« disparition » ;
· Scénario 2 :
« l'intégration graduelle ».
Dans ce scénario, les Etats membres s'appliquent
résolument à lever les blocages et définissent des
objectifs prioritaires réalistes pour l'étape 2006-2011. Ce
scénario nécessite des acquis solides, visibles et
irréversibles ;
· Scénario 3 : « le bond en
avant ou l'intégration
accélérée ». Dans ce
scénario, les Etats membres lèvent rapidement les obstacles
actuels et se fixent l'objectif d'entreprendre l'ensemble des chantiers menant
vers l'union économique. Il requiert des changements profonds d'attitude
et la mise en place des instances communautaires.
Ainsi, le choix d'un scénario à court et
à moyen terme doit permettre à la CEMAC de faire face aux
défis d'un environnement international en forte mutation et surtout
marqué par la libéralisation du commerce (APE) et
l'avènement des grands blocs régionaux. Enfin, il est
recommandé que le scénario 2 soit privilégié, car
c'est le juste milieu et le plus réaliste, le troisième
paraissant un peu plus enthousiaste et le premier à proscrire.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La lecture des réformes appliquées en Zone CEMAC
a débouché sur la présentation sous forme de bilan, de
leurs résultats sur les plans macro-monétaire et financier et de
leurs effets sur le processus d'intégration par le marché. Des
enseignements issus des analyses documentaires ont été
tirés. Sur le plan financier (monétaire et bancaire), les
réformes ont sans douté été d'un apport important,
car presque tous les équilibres dans ce secteur ont été
retrouvés (stabilité monétaire interne et externe,
amélioration du bilan des banques, création d'un marché
financier sous régional, etc.). Mais il a fallu deux
générations de réformes pour aboutir à ce
résultat, qui a réussi à conforter la suppression de
l'effet frontière monétaire. Mais il persiste des
défaillances telles que la surliquidité du système
bancaire, qui traduit une faiblesse de l'investissement (stagnation de
l'épargne), et des rumeurs « spéculatives »
de dévaluation.
Mais au total, malgré l'impact mitigé des
réformes, elles ont été d'un apport indéniable dans
le processus de restructuration des économies modernes en
général et celles de la CEMAC en particulier. En outre, il
convient de souligner que les réformes ne sont pas en elles-mêmes
une mauvaise initiative, c'est pourquoi il faut encourager leur poursuite comme
c'est le cas actuellement à la CEMAC et à la BEAC, en vue de
redresser durablement la structure des économies de la
sous-région et de tracer le sentier de l'intégration.
Cette intégration passe par un renforcement du
marché commun sous-régional. D'un point de vue intuitif, le bilan
des réformes sur l'intégration par le marché est
négatif, malgré la suppression de l'effet frontière
monétaire. La deuxième partie de ce travail tente de
vérifier si les flux commerciaux intra-régionaux des pays de la
Communauté ont augmenté ou si ces derniers se sont
spécialisés suite à la suppression de cet effet
frontière monétaire et à la redynamisation des
institutions sous-régionales
DEUXIEME PARTIE
LA CEMAC, UNE UNION MONETAIRE ATYPIQUE : LA SUPPRESSION DE
L'EFFET FRONTIERE MONETAIRE
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
La Zone CEMAC comme d'ailleurs toute la Zone Franc africaine
est caractérisée de zone atypique, car elle n'obéit
à aucune logique théorique dans sa formation ou son
évolution. C'est ainsi que l'Union Monétaire a été
lancée depuis la décennie 30, alors que l'UDEAC ne s'est
formée qu'en 1964. Cette caractéristique peut être à
l'origine des résultats paradoxaux rencontrés dans cette
communauté.
Mais en plus, le faible niveau de commerce observé
entre les pays pourrait s'expliquer par la structure productive et donc le
potentiel commercial intra-zone. Ainsi cinq pays sur six de la
sous-région sont spécialisés dans les produits primaires
ou de base et sont essentiellement des mono-producteurs (de pétrole).
Cette caractéristique pose ainsi le problème de la
spécialisation, qui selon la littérature économique est
due soit aux dotations factorielles, soit aux avantages comparatifs.
L'objectif de la deuxième partie de ce travail est de
tester si la suppression de l'effet frontière monétaire,
héritée des réformes, a conduit à une augmentation
des échanges ou plutôt à une spécialisation des
pays. Ce questionnement sera éclaté en deux chapitres qui vont
meubler cette deuxième partie du travail.
CHAPITRE 3. LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE MONETAIRE
ENCOURAGE-T-ELLE LE COMMERCE DANS LA CEMAC ?
Selon la doctrine dichotomique classique du
XVIIème s, l'économie est composée de deux
sphères : la sphère réelle et la sphère
monétaire, la dichotomie ici voulant dire qu'il n'y a pas de lien entre
les deux. Mais l'approche intégrative de Keynes des années 30
viendra radicalement rompre avec cette vision : les deux sphères
s'influencent mutuellement.
Loin de ce débat purement doctrinal, il existe
aujourd'hui d'autres problématiques, mais ce travail privilégie
celle du lien entre la monnaie et les flux commerciaux. C'est dans cette veine
que Rose (2000) s'inscrit en débouchant sur un résultat
important, à savoir l'impact positif et significatif de la monnaie
unique sur le commerce. Plusieurs études ont confirmé ce
résultat dans certaines UM, mais très peu, à la
connaissance actuelle, se sont intéressées au cas de la CEMAC, en
dehors de Carrere (2002) et d'Avom (2005).
Ce chapitre, qui examine la question de l'existence ou non
d'un effet frontière monétaire et de son impact sur le commerce
des pays de la CEMAC, débouche sur quelques résultats empiriques.
Ainsi, dans la compréhension de cette problématique, il convient
au préalable de faire un aperçu sur les théories du
commerce international et des ZMO.
SECTION 1. JUSTIFICATION THEORIQUE DU LIEN ENTRE MONNAIE ET
COMMERCE
L'orientation géographique des exportations des pays de
la CEMAC vers leurs principaux partenaires révèle que ces pays
sont essentiellement extravertis. Prenant le cas du Cameroun, locomotive du
commerce dans la sous-région, il ressort que l'orientation de ses
exportations vers l'Afrique centrale occupe une place négligeable
à son total mondial. Ainsi de 2003 à 2005, la part du commerce
intra-zone, calculée comme le ratio de la somme des importations et des
exportations de l'Afrique centrale au total mondial, dévoile un trend
décroissant : 4,94% en 2003 ; 4,28% en 2004 et 3,87% en
2005.
Cette situation est en majeure partie expliquée par un
détournement des exportations intra-zone qui sont continuellement
décroissantes, plus que proportionnellement à la création
des courants d'importations, qui augmentent. Ces différentes
informations sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.
Tableau 2 : Orientation
géographique des échanges du Cameroun (millions de
FCFA)
|
Zones
Géographiques
|
2003
|
2004
|
2005
|
Exports
|
Imports
|
Exports
|
Imports
|
Exports
|
Imports
|
Europe
|
839 697
|
657 642
|
870 572
|
665 455
|
1 080 101
|
590 149
|
Afrique Centrale
|
111 606
|
15 370
|
82 639
|
29 744
|
69 900
|
47 650
|
Afrique
|
189 373
|
211 604
|
158 425
|
284 881
|
211 113
|
521 558
|
Amérique
|
116 858
|
94 475
|
79 747
|
112 453
|
61 212
|
139 691
|
Asie
|
134 648
|
195 025
|
107 352
|
236 962
|
96 872
|
250 807
|
Océanie
|
197
|
1 301
|
147
|
879
|
322
|
1 548
|
Total général
|
1 318 157
|
1 251 561
|
1 256 789
|
1 365 047
|
1 509 215
|
1 524 464
|
Source : Construit par
l'auteur à partir des données du MINCOM, 2007.
|
Sur un autre plan, l'évolution du total des
exportations intra-communautaires dévoile un trend faiblement croissant
au cours du temps (graphique 6a). Il est en outre pertinent de
constater qu'une large part de ces exportations (environ 70%) revient au
Cameroun (graphique 6b).
Graphique 6 : Evolution du total et
moyenne (%) par pays des exportations intra-CEMAC (1994-2003)
|
|
|
Source : Construit par
l'auteur à partir de CEA, 2006.
|
Après ce bref dialogue intuitif avec les chiffres, il
va s'agir d'adopter une logique empirique beaucoup plus rigoureuse. Mais avant
d'y parvenir, il s'avère opportun de faire un détour
théorique du lien entre monnaie et commerce. Ceci passe tout d'abord par
une revue critique et éclectique des différentes théories
du commerce international et enfin par la présentation de nouveaux
facteurs explicatifs du commerce.
1.1.
APERCU SUR LES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL
Le commerce international a été depuis longtemps
expliqué par de nombreux déterminants, mais le rôle de la
monnaie (unique) a été relégué au second plan ou
oublié. Mais avant de passer à la justification théorique
de la monnaie (unique), il convient au préalable de rappeler
l'évolution théorique de la littérature sur le commerce
international.
1.1.1.
Les explications traditionnelles du commerce international
Les explications traditionnelles du commerce international
recouvrent deux aspects : les aspects statiques et les aspects
dynamiques.
Les aspects statiques sont généralement
regroupés autour de la théorie des avantages comparatifs
et examinent la spécialisation des pays (Smith, 1776 ; Ricardo,
1817). Considérant d'autres facteurs tels que la dotation
factorielle, Ohlin (1933) et Heckscher (1949) ont cherché à
expliquer autrement la motivation des Etats à commercer. Leurs travaux
furent complétés à travers une formulation
mathématique par Samuelson (1949), qui démonte les
prédictions de leurs conclusions.
Entre les deux visions classique et suédoise, une
analyse néoclassique est présentée par Haberler
(1936) et s'articule autour de la théorie des coûts
d'opportunité ou des taux de substitution. D'inspiration
microéconomique, il démontre que l'équilibre en cas
d'ouverture est meilleur que l'équilibre autarcique. Plusieurs autres
contributions telles que celle de Leontief (1956) s'attardent plutôt sur
la spécialisation internationale, surtout avec le cas des
Etats-Unis, où il trouve un résultat paradoxal. En effet, les
Etats-Unis qui sont un pays capitalistique avaient tendance à exporter
les produits à forte concentration en main-d'oeuvre.
Les analyses traditionnelles, vu leur caractère
immuable et statique se sont avérées peu concluantes. En toute
logique, les conditions initiales peuvent changer et la spécialisation
elle-même est vouée au dynamisme. C'est ainsi que Graham (1923) a
proposé le concept de gains et pertes dynamiques dans la
spécialisation internationale, ceux-ci pouvant être liés
aux structures d'offre et de demande63(*).
S'intéressant à la nature des produits
échangés, Lassudrie-Duchêne (1971) avance la notion de
commerce intra-branche, qui peut être défini comme
l'échange croisé des produits similaires entre les pays aux
caractéristiques différentiées64(*).
Mais ces théories ont subi l'érosion du temps et
se sont avérés peu pertinentes.
1.1.2.
Les dépassements des théories traditionnelles
C'est sous la Nouvelle Théorie du Commerce
International (Krugman, 1993) que se sont développés au
courant des années 90 les dépassements des théories
traditionnelles du commerce international. Les arguments explicatifs tournent
autour de la structure imparfaite du marché et la nature croissante des
rendements d'échelle65(*).
La prise en compte des économies externes a des
implications différentes sur la structure du marché.
Répondant à la question `'comment les économies
d'échelle externes influencent-elles le commerce international ?'',
Krugman et Obstfeld (1995) avancent que « de fortes
économies externes tendent à confirmer les structures existantes
des échanges inter-industriels quelle que soit l'origine de celles-ci.
Les pays qui sont au départ gros producteurs de certaines industries
pour quelle que raison que ce soit tendent à le rester ».
Rainelli (1997) pour sa part affirme que « si de telles
économies existent dans la production d'un bien, elles ont pour effet de
favoriser, toute chose égale par ailleurs, les nations qui produisent
des volumes importants de ce bien ».
En ce qui concerne les économies d'échelle
internes, la structure du marché, comme il a été dit, est
généralement imparfaite (Guillochon, 1993 ; Krugman et
Helpman, 1985). Prenant le cas des marchés contestables66(*), Guillochon (1993) et Rainelli
(1997) concluent que les conséquences à l'ouverture
internationale vont conduire à évincer du marché le pays
dont le prix est le plus élevé, l'hypothèse de
départ étant l'existence de deux pays en situation de monopole
contestable. On débouche finalement à l'émergence d'un
monopole sur le plan international, car à long terme, seul un pays
réussira à solder de manière significative la demande
mondiale avec des coûts de production les plus bas.
Les développements ci-dessus qui se limitent à
expliquer le commerce international oublient toujours dans la gamme d'outils,
d'autres facteurs explicatifs qui relèvent du secteur
monétaire : c'est la monnaie elle-même. Depuis les
décennies 90 et 2000, plusieurs travaux empiriques cherchent
plutôt à montrer l'effet de la monnaie sur le commerce. Ce
rôle est souvent conforté par celui d'autres variables telles que
la frontière, la distance et bien d'autres variables
géographiques et socio-historiques.
1.2.
UN NOUVEAU DETERMINANT DU COMMERCE INTERNATIONAL : LA MONNAIE UNIQUE
Le rôle de la monnaie unique sur le commerce est
aujourd'hui indéniable depuis les travaux pionniers de Rose (2000). Il
arrive au résultat selon lequel les pays faisant partie d'une même
UM et ayant des caractéristiques similaires, voient leurs
échanges augmenter de plus de trois (03) fois. Il s'agit en s'inspirant
de ce résultat, de dresser une revue sur les liens qui existent entre
monnaie et commerce à travers la théorie des zones
monétaires optimales.
1.2.1.
La théorie des zones monétaires optimales (ZMO)
Une ZMO est une zone géographique où la
résorption des déséquilibres provoqués par des
chocs asymétriques est assurée par d'autres mécanismes que
la manipulation des taux de change entre les régions ou les pays de
cette zone. Elle est généralement discutée suivant deux
voies : une voie traditionnelle cherchant un consensus sur la nature du
régime de change, et une voie récente qui privilégie la
coordination des politiques nationale. Cette théorie peut être
présentée en plusieurs séquences.
Tout d'abord, la phase pionnière avec Mundell (1961)
qui pense que le coût d'une monnaie commune est qu'elle est un frein
à l'ajustement en cas de chocs asymétriques. Il conclut tout de
même que l'organisation optimale est celle d'une monnaie unique pour des
régions dont les facteurs sont mobiles.
Ensuite, vinrent les prolongements de McKinnon (1963) avec son
critère d'ouverture. Il montre que les petits pays ont davantage
intérêt à miser sur un régime de changes fixes, et
qu'un taux d'ouverture élevé est une condition
d'optimalité monétaire. Kenen (1969) pour sa part examine la
problématique de la diversification des économies,
diversification qui pourrait être à l'origine des demandes
croisées et donc de l'augmentation du commerce.
Mais pendant les années 80-90, la théorie est
soumise à des raffinements, surtout avec des analyse en équilibre
général tout d'abord avec imperfection des marchés
financiers (Helpman et Razin, 1982 ; Neumayer, 1998), et ensuite avec
rigidité des prix et des salaires (Bayoumi, 1994 ; Ricci,
1997 ; Beine et Docquier, 1998). Deux conclusions sont
avancées : la première montre que l'ouverture des
économies, en accroissant l'ampleur des chocs réels,
réduit les bénéfices nets de l'UM ; pour la seconde,
l'adhésion à une UM accroît le bien-être si les gains
issus de l'élimination du risque de change excèdent les
coûts de réduction des divers instruments financiers dans
l'économie (Bamba, 2004).
Les analyses ci-dessus proposent des critères qui sont
qualifiés de statiques, c'est-à-dire exogènes. Cette
phase pionnière de la théorie des ZMO manque cependant un cadre
unifiant dans la mesure où selon la théorie appliquée, les
frontières des ZMO peuvent changer radicalement. Une économie
très ouverte devrait selon la théorie de McKinnon (1963)
favoriser l'intégration monétaire. Or cette même
économie peut être caractérisée par une
mobilité des facteurs de production réduite ; ce qui, selon
Mundell (1961), supposerait un système de change flexible. C'est ainsi
que le débat s'est ensuite orienté vers
l'endogénéité des ZMO, aboutissant à deux issues
dialectiques. Tout d'abord Krugman (1993) qui démontre à partir
d'un cercle vicieux que les pays d'une UM font face à des chocs
asymétriques. Pour lui, l'intégration économique,
financière et monétaire permet aux pays d'exploiter leurs
avantages comparatifs, leurs dotations factorielles, donc de diversifier leur
production par un processus de spécialisation à
l'intérieur de la zone. Chaque pays réagit en effet aux
évolutions spécifiques du secteur dans lequel il se
spécialise. Ensuite, Frankel et Rose (1998)67(*) proposent, contrairement
à Krugman (1993), un cercle vertueux entre la monnaie et le
commerce. Ils sont renchéris par des auteurs tels que Rose (2000),
Alesina et Barro
(2002) et Alesina
et Tenreyro (2003). La conclusion
principale est que deux pays qui passent en changes fixes ou qui adoptent la
même monnaie voient leurs échanges commerciaux s'accroître
et leurs cycles réels se synchroniser, ce qui justifie ex post
l'intégration monétaire.
Il est clair que les analyses ci-dessus n'épuisent pas
le problème de l'optimalité d'une zone monétaire. D'autres
analyses ont privilégiés les aspects tels que l'analyse
coûts - bénéfices avec pour principaux auteurs Ishiyama
(1975), Bean (1992) et Tavlas (1994). Ainsi, les bénéfices
soulignés par Bean (1992) tournent autour des aspects tels que
l'accroissement de la valeur liquide de la monnaie, la transparence des prix,
la baisse de l'incertitude liée au taux de change, la réduction
de la volatilité liée à la spéculation, les gains
de réputation, bref la réduction des coûts de transaction.
En contre partie, les coûts seraient généralement
liés à l'abandon de l'instrument de change, à l'abandon de
l'autonomie monétaire, aux effets externes négatifs. Quel serait
donc l'arbitrage optimal ? Il convient de souligner qu'au final, la
montée du régionalisme dans le monde a donné raison
à la suprématie des avantages sur les coûts.
Au-delà de cet aperçu théorique, des
études empiriques ont été entreprises dans presque tous
les blocs régionaux du monde. Ondo Ossa (2000) s'intéressant
à la Zone Franc (ZF) africaine arrive à la conclusion selon
laquelle cette zone est optimale, non de part sa définition, mais de
part sa finalité, c'est-à-dire la solidarité des
pays.
La coordination des politiques budgétaires a aussi
constitué un noeud dans l'analyse des problématiques des UM. S'il
est interdit toute politique monétaire indépendante en UM, il
n'est pas évident qu'il en aille de même pour la politique
budgétaire. Les résultats montrent que les pays qui forment une
UM doivent automatiquement coordonner leurs politiques budgétaires
nationales. Cela passe par le respect des critères de convergence.
Quelques limites peuvent être décelées au niveau
interne (normes trop restrictives, laxisme dans la mise en oeuvre et dans
l'application des sanctions) et externe (difficultés à
définir un bon policy-mix et la non prise en compte du secteur social)
(Avom, 2007).
Les conclusions tirées des critères
traditionnels, qui se sont avérées peu réalistes, ont
cédé depuis le début des années 90 la place
à des critères plus raisonnables. Tous ces développements
récents ont été regroupés sous l'appellation de
« critères de convergence » (voir chapitre
1). Notion centrale en économie, la convergence signifie que la
différence entre deux grandeurs devient arbitrairement petite (Bamba,
2004). Théoriquement, cette notion a une double acception : la
convergence conditionnelle et la convergence
inconditionnelle68(*).
Ainsi défini, les critères de convergence en
Zone CEMAC peuvent être mis en cause. Leur caractère restrictif
ainsi que leur statisme face à l'évolution conjoncturelle est
discutable dans le cadre de ces économies en quête de croissance,
et donc vouées à plus de dépenses (Avom, 2007). Une autre
critique est que, la poursuite du respect des critères conduit à
mettre en oeuvre des politiques budgétaires de court terme plutôt
que structurelles, à effet succinct plus que curatif (Schor, 2000).
Ainsi, la théorie des ZMO, malgré son
caractère multidimensionnel, explique au final le rôle de la
monnaie sur l'intégration par le marché. Mais dans les nouveaux
modèles empiriques (modèle de gravité par exemple), il est
de plus en plus montré le rôle d'autres facteurs
géographiques, historiques et sociologiques.
1.2.2.
Au-delà de la monnaie unique : l'apport de la frontière et
de la distance
L'effet frontière en général peut avoir
plusieurs connotations : monétaire, infrastructurel et terrestre.
L'effet frontière monétaire est synonyme de coexistence de
monnaies nationales au sein d'une zone et débouche sur des conclusions
déjà connues. L'effet frontière infrastructurel quant
à lui a trait à la faiblesse du capital spatial, ensemble de
facteurs qui facilitent la mobilité et le commerce au sein d'une zone.
Ainsi, Fouda (2003) démontre qu'un faible capital spatial constitue un
frein au développement du commerce en Zone CEMAC. Il convient de
rappeler que les deux effets sus-cités ont plus ou moins
été délaissés ou traité autrement par la
littérature au profit de l'effet frontière terrestre. Ce dernier
peut être appréhendé de façon qualitative à
travers une variable indicatrice, ou encore approché par un indicateur
de droits de douane. En plus, il est facile à décomposer en effet
interne et externe pour les pays qui sont constitués de plusieurs Etats
comme le Canada, le Brésil ou les USA (McCallum, 1995 ; Daumal et
Zignago, 2005 ; Helliwell et Schembri, 2005). En
général et quelle que soit sa nature, l'effet frontière a
un même résultat intuitif sur le commerce, à savoir la
réduction de ce dernier.
L'approche empirique de ces différents effets a
confirmé l'intuition théorique ci-dessus : il existe une
grande réduction des flux commerciaux due à la distance et aux
frontières internationales, mais ceci varie selon le temps et l'espace.
(Anderson, 1999 ; McCallum, 1995 ; Head et
Mayer, 2001 ; Helliwell et Schembri, 2005). Ce
résultat qui rime avec les pays ne faisant pas partie de la même
zone d'intégration a connu une variante avec Lochard (2005). Pour lui,
les Etats qui partagent la même frontière commerceraient davantage
par rapport aux autres, car le facteur
« proximité » entre en jeu, combiné
à la disparition de certaines barrières nocives au commerce. Ceci
peut être la résultante de nombreux accords régionaux
passés entre ces pays. Ce travail fait suite à ceux d'Anderson et
van Wincoop (2003), Combes et al. (2004), De Sousa et Disdier
(2006).
Prenant spécifiquement le cas Africain, Fouda (2003)
pense que « Les frontières exercent un effet
déprimant sur le commerce, même en l'absence de barrières
tarifaires ou non tarifaires, de différences culturelles ou
linguistiques, de l'incertitude liée au taux de change ou encore
d'autres obstacles économiques ».
Un autre facteur qui est au centre des analyses contemporaines
est la distance, et c'est sa mesure dans les travaux empiriques qui est
problématique. Elle peut tout d'abord être cernée comme une
approximation des coûts de transaction, car en toute logique, ceux-ci
sont fortement liés à la distance entre deux points. Ensuite elle
peut être simplement traitée comme l'écart absolu qui
sépare deux pays ; ainsi elle peut être obtenue à
partir des paramètres orthodromiques (longitudes et latitudes des deux
points dont on veut évaluer la distance). Presque toutes les
études empiriques ci-dessus ont également abouti au même
résultat en ce qui concerne l'impact de cette variable sur le commerce,
à savoir un effet déprimant. Ainsi Melitz (2006b)69(*) montre que dans les
modèles de gravité, la distance reflète l'une des
frictions les plus importantes du commerce bilatéral. Même en
Afrique, le résultat de cette variable dans la plupart des études
est toujours le même que celui trouvé précédemment
(Carrere, 2002 ; Avom, 2005 ; Avom et Gbetnkom, 2005 ; Gbetnkom,
2006 ; Agbodji, 2007).
Au total, cette vaste littérature sur la monnaie, la
frontière et la distance ne trouvera de crédibilité que si
elle est robuste après une application en Zone CEMAC.
SECTION 2. VERIFICATIONS EMPIRIQUES EN ZONE CEMAC
Pour comprendre l'ampleur de l'effet frontière
monétaire sur les échanges dans la CEMAC, il convient dans le
cadre de cette section, d'exposer la méthodologie appropriée
(modèle de gravité) et la technique utilisée pour
l'estimation.
2.1.
LE MODELE DE GRAVITE AUGMENTE
Il faut dans un premier temps présenter le
modèle dans ses fondements pour enfin déboucher sur la
justification des variables.
2.1.1.
Présentation du modèle
Le modèle de gravité est l'un des grands
succès historiques de l'analyse économique, car il s'est
imposé comme un sérieux instrument empirique pour explorer les
flux commerciaux entre les partenaires. C'est un modèle normatif qui
détermine le niveau potentiel des échanges entre les partenaires.
Longtemps sevré de fondements théoriques, il est aujourd'hui et
ce depuis les années 90, un creuset de justifications théoriques.
Mais on remonte aux années 70 la première tentative de
justification théorique (Agbodji, 2007). Plusieurs travaux renforcent
cette intuition, mais en ajoutent d'autres fondements tels que la concurrence
imparfaite qui génèrent les économies d'échelle et
les coûts de transport (Bergstrand, 1989 ; Oguledo et MacPhee,
1994 ; Deardorff, 1995 ; Hummels et Levinsohn, 1995 ; Anderson
et Wincoop, 2001 et Evenett et Keller, 2002).
En Afrique, Foroutan et Pritchett (1993) sont les premiers au
courant des années 90 à l'appliquer de façon empirique.
Ces auteurs cherchaient à quantifier le niveau potentiel des flux
intra-Afrique sub-saharienne, en vue de le comparer à son niveau
effectif.
Malgré ce succès, les fondements
théoriques de ce modèle ont toujours fait débat entre les
économistes. Dans un modèle à deux pays (modèle
bilatéral), les prédictions en ce qui concerne les variables
traditionnelles (distance, PIB) cadrent bien avec les théories du
commerce international. Mais dans sa forme multilatérale, les
résultats sont dans la plupart des cas imprécis. Ainsi donc,
l'équation de gravité a pour fondements théoriques le
modèle monopolistique appliqué au commerce international qui
suppose des rendements d'échelle croissants et la différenciation
des produits au niveau de l'entreprise. Le cadre d'analyse est
généralement sous-tendu par trois hypothèses : la
maximisation des profits par les firmes en concurrence monopolistique, la
maximisation de l'utilité par les consommateurs et la
spécialisation de l'offre de biens entre pays (Feenstra, 2004 ;
Helliwell et Schembri, 2005).
Les avantages70(*) de ce modèle sont sa simplicité et son
efficience dans la prédiction des déterminants du commerce
bilatéral, l'évaluation directe des accords régionaux sur
le commerce intra-régional. En plus, il explique environ 80% de la
variation du commerce global et permet de capter indirectement des
régularités empiriques qui échappent aux autres
modèles (De Melo et Grether, 1997 ; Avom, 2005).
Formellement, l'équation de gravité est
inspirée de la physique newtonienne. Selon Combes et al,
(2005), la théorie newtonienne de la gravitation énonce que
«deux corps sont attirés en raison proportionnelle de leur
masse et en raison inverse du carré de la distance qui les
sépare ». La formulation de cette équation donne
l'expression suivante :
F la est la force d'attraction,
Mi(j) la masse des corps, g la
constante de gravitation et D la distance entre les deux corps. Les
pionniers à l'avoir appliqué en économie sont Tinbergen
(1961), Pöyhönen (1963) et Linnemann (1966). Ainsi, la transposition
économique de ce modèle donne l'expression suivante :
Xij est le flux de commerce
bilatéral entre les deux pays, Yi(j) le PIB
réel, Dij la distance entre les deux pays et
A l'ordonnée à l'origine. La disparition du carré
sur la distance est due au fait d'une l'hypothèse implicite qui est la
parfaite proportionnalité, c'est-à-dire que les
élasticités doivent être unitaires. La forme
log-linéaire et déterministe du modèle donne :
.
Mais dans la spécification adoptée dans ce
travail, il sera fait recours à une « équation de
gravité augmentée »,
c'est-à-dire que d'autres variables de contrôle (qualitatives et
quantitatives) seront ajoutées (Rose, 2000 ; Avom 2005 ;
Agbodji, 2007).
La spécification prendra alors la forme ci-dessous
:
est la valeur des exportations du pays i vers le pays
j à la période t, Y est le PIB
réel, Dij est la distance entre i et j,
Pop la population et SA la surface arable. Langcom et
Frocom sont deux variables muettes qui valent 1 si i et
j partagent une frontière commune et une même langue.
Ouv est une variable qui prend en compte l'ouverture du pays
exportateur à la mer, valant 1 si le pays exportateur est ouvert
à la mer. Colcom illustre le fait d'appartenir au même
colonisateur et vaut 1 si les pays partenaires ont été
colonisés par la même métropole. La variable
AC1 est une variable muette qui prend la valeur 1 si le
flux bilatéral est effectué entre deux pays de la CEMAC.
AC2 est une variable muette qui prend la valeur 1 si le
pays i est de la CEMAC et le pays j hors-CEMAC.
AC3 est l'inverse de AC2. MC
est la principale variable d'intérêt qui prend en compte
l'utilisation de la même monnaie. est le terme d'erreur, suivant une loi log-normale.
En regroupant les variables par nature, on
obtient l'expression suivante:
? est le vecteur des variables quantitatives en
logarithme et Dum celui des variables qualitatives.
2.1.2.
Le choix, la justification des variables et la période
d'étude
Le modèle de gravité originel ne comprenait que
quelques variables de contrôle telles que les masses des pays (PIB), les
populations et la distance. De nos jours l'extension peut se justifier par la
recherche d'autres facteurs pertinents qui n'étaient jusqu'alors prises
en compte que dans le terme constant. Ainsi la justification des variables
prises en compte dans un modèle se fait en fonction de la théorie
économique et en fonction de l'environnement.
En ce qui concerne les variables quantitatives, le PIB des
partenaires s'avère comme une variable fondamentale dans l'explication
du commerce. En effet, un pays exporte plus s'il est riche, c'est-à-dire
qu'il a une base productive ou industrielle diversifiée. En même
temps, un niveau élevé du PIB du partenaire induit un courant
d'échange additionnel, car il constitue un élément
déterminant du pouvoir d'achat ou de capacité
d'absorption71(*). La
population joue un rôle ambigu. Pour le pays i, elle peut
encourager le commerce si elle est productrice et créatrice de richesse,
mais en même temps, elle peut être considérée comme
un facteur déterminant de l'absorption, c'est-à-dire principale
consommatrice de la production nationale. L'interprétation est la
même pour le pays j. Ainsi, le signe attendu de son
élasticité est non concluant, pouvant être positif ou
négatif. La surface arable est aussi un facteur jugé explicatif
du commerce, car plus un pays dispose d'une grande surface arable, plus il
produit davantage et plus il commerce. Cette variable s'explique par le fait
que l'échantillon est composé uniquement des pays d'ASS, qui sont
essentiellement agricoles. Mais il convient de lever le voile en ce qui
concerne la taille du pays. Ainsi, cette variable pourrait entraîner un
biais pour les petits pays qui ont généralement des dotations en
surface arable négligeables. On s'attend généralement
à une élasticité positive pour le pays exportateur et
négative pour le pays importateur. Enfin, la distance explique
aussi le commerce entre deux pays, mais de façon négative. Ainsi,
deux pays éloignés commercent moins, même s'ils passent des
accords commerciaux incitatifs. La distance est donc considérée
comme un facteur déprimant le commerce, malgré le débat
sur sa mesure. En général, c'est la capitale politique qui est
prise en compte. Mais dans un certain nombre de cas, quand la capitale
administrative ne représente pas le point le plus important du pays,
elle est remplacée par la capitale économique (Carrere, 2002).
C'est une distance orthodromique, qui tient compte de la
sphéricité de la terre. Ici, la terre est
considérée comme un grand cercle et le calcul de la distance
tient compte de la longitude et de la latitude des deux points.72(*)
Le panel des variables qualitatives montre que le partage
d'une langue commune, d'un colonisateur commun et d'une frontière
commune entre les pays partenaires devrait augmenter le commerce. Il s'agit de
préserver les bonnes relations de voisinage et de ne pas trahir
l'héritage colonial. Ces variables socio-historiques qui parfois sont
difficiles à expliquer, seraient positivement liées au commerce.
La variable Ouv (ouverture) est une dummy qui prend en compte
le fait que l'ouverture à la mer est une facilité de commerce.
Cette variable, qui regroupe ici le rôle du capital spatial doit
positivement expliquer le commerce. Les variables AC prennent en
compte l'effet des accords régionaux en termes de la création de
commerce, de détournement des importations et des exportations à
l'intérieur de d'une zone, ici la CEMAC (Agbodji, 2007 ; Bayoumi et
Eichengreen, 1995 ; Frankel, 1997 ; Soloaga et Winters, 2001). La
nature de leurs signes est ambiguë.
MC est la principale variable d'intérêt
de cette étude. Elle prend en compte l'effet de l'utilisation de la
même monnaie par les pays de l'échantillon et/ou de la CEMAC. Elle
prend la valeur un si les deux pays partagent la même monnaie et
zéro sinon. Le signe attendu a priori est positif. Mais vu le
caractère atypique des échanges au sein de la CEMAC, ce signe
pourrait être dans le cadre de ce travail, positif mais non significatif.
Cette variable peut davantage être affinée pour ne regrouper que
les pays de la CEMAC. Il jouera alors le même rôle que
AC1.
Cette étude qui porte sur l'impact des réformes
macro-monétaires et institutionnelles sur l'intégration par le
marché en Zone CEMAC compte, à l'aide de deux
sous-périodes, tester l'effet de la monnaie commune (CFA) et des autres
variables connexes sur le commerce. Il s'agit donc de voir si après les
réformes, le commerce a augmenté en Zone CEMAC. Cette
méthodologie, inspirée de Gbetnkom et Avom (2005) capte
l'évolution de la significativité des coefficients et surtout
l'évolution de la principale variable d'intérêt
(MC). Ainsi, si ce coefficient augmente, l'on dira qu'il y a eu
évolution substantielle des échanges au travers de la monnaie en
Zone CEMAC, mais il faudra vérifier sa significativité. Pour ce
faire, la période 1993-994 sera considérée comme celle de
rupture, car c'est au cours de celle-ci que les réformes les plus
importantes ont eu lieu en Zone CEMAC, notamment le vaste programme de
réformes fiscalo-douanière, la réforme monétaire
(la dévaluation), sans oublier la création de la CEMAC en 1994.
Pour ce faire, la première sous-période ira de 1990 à
1993, et la seconde de 2000 à 200373(*). L'écart entre les deux peut se justifier par
le fait qu'il faille une durée moyenne (moyen terme) pour pouvoir juger
rationnellement d'un changement sensible, après la mise en ouvre des
réformes, qui ont un effet structurel. En plus, cette durée de 10
ans sert à vérifier l'endogénéité des
critères d'optimalité monétaire de la CEMAC.
Ainsi, la variable dépendante requiert un traitement
qui est dû à sa nature. Les données étant en
millions de dollars US courants, cette variable comporte des zéro et de
données manquantes. Sa spécification en logarithme sera donc
indéterminée, vu le domaine de définition de la fonction
logarithmique. Pour surmonter ce problème, ces valeurs seront
`'censurées'' à 1 pour les petits niveaux de
commerce.
2.2.
TECHNIQUES D'ESTIMATION ET RESULTATS
Le modèle de gravité tel que
présenté ci-dessus parait être un instrument efficace de
mesure du commerce. En ce qui concerne les techniques utilisées pour son
estimation, il est généralement fait recours aux panels ou au
model Tobit (Gbetnkom et Avom, 2005).
2.2.1.
Aperçu sur les données de panels
Le modèle Tobit est utilisé lorsque la variable
dépendante est censurée ou tronquée, c'est-à-dire
lorsqu'on lui impose des valeurs à prendre surtout en cas de
données manquante. Mais ici, cette méthode ne parait pas
pertinente, car ce modèle est purement qualitatif et ne saurait donc
appréhender les phénomènes commerciaux, qui eux sont
quantitatifs. En plus, les coefficients issus de ces modèles servent
généralement à donner le sens d'influence de chaque
variable car la codification binaire ou polytomique est arbitraire. Ce qui
complique l`interprétation des coefficients, car ils ne sont pas
considérés comme des élasticités, mais des
probabilités expliquant l'occurrence d'un l'événement.
Pour ces différentes raisons, le modèle de
gravité en panel (ici coupe transversale, car l'effet temporel a
été expurgé) s'impose. Au-delà de ces raisons
techniques, s'ajoute une raison pratique : les données sont
exprimées en millions de dollar US, ce qui est une unité de
compte élevée la présence des zéros dans la
variable dépendante.
Les données de panel offrent ainsi un avantage
incontournable parce qu'elles prennent en compte au moins deux dimensions,
spatiale et temporelle. Ainsi, si on fixe un individu observé, on
obtient la série chronologique, ou coupe longitudinale le concernant. Si
c'est la période examinée qui est fixée, on obtient une
coupe transversale ou instantanée, pour l'ensemble des individus.
Si on prend par exemple une équation
économétrique de type , cette relation prend la forme pour l'observation it, c'est-à-dire l'individu
i à la période t. La modélisation
particulière porte uniquement sur la spécification des
aléas . La forme de base s'écrit simplement :, où ui désigne un terme constant au
cours du temps, ne dépendant que de l'individu i, vt
un terme ne dépendant que de la période t, et
wit un terme aléatoire croisé. La suite qui
résume les techniques d'estimation dépend des hypothèses
retenues quant aux composantes ui, vt et
wit et à leurs relations.
Tout d'abord, une méthode simple peut être
utilisée en appliquant directement les moindres carrées
ordinaires (MCO) sur les données empilées (Pooled Least
Squares), sans se préoccuper de leur nature ni de celle de
l'aléa. Ensuite, le modèle à effets fixes (fixed
effects) suppose que ui et vt sont
des effets constants, non aléatoires, qui viennent donc simplement
modifier la valeur de l'ordonnée de l'équation selon les valeurs
de i et de t. Si on suppose que les perturbations
aléatoires croisées wit satisfont aux
hypothèses classiques des MCO (c'est-à-dire centrées,
homoscédastiques, indépendantes et normales), les estimations
sont optimales. Enfin, il peut être fait appel au modèle
à effets aléatoires, encore appelé modèle
à erreurs composées, qui suppose les ui
et vt aléatoires.
Le cas des modèles de gravité est atypique. De
par leur nature, ces modèles relèvent du domaine de
l'économétrie spatiale. Mais leur spécification en trois
dimensions (transversale, longitudinale et bilatérale) fait d'eux des
modèles complexes à estimer. Des méthodes proposées
consistent soit à fixer i, soit à fixer j, soit
à fixer t dans les cas les plus simples. On peut aussi recourir
à la programmation si l'on veut tenir compte des trois dimensions. Mais
dans la spécification retenue ici, seules les dimensions
bilatérale et transversale seront prises en compte. Il s'agira de tenir
compte des variables en moyenne uniquement et ceci pour au moins deux
raisons : d'abord pour contourner la modélisation tridimensionnelle
qui nécessite une programmation relativement complexe, et ensuite, pour
expurger des variables les effets conjoncturels.
2.2.2.
Sources de données, résultats et interprétations
Pour mesurer l'effet de la monnaie commune sur le commerce des
pays de la CEMAC, 25 pays d'ASS ont été regroupés dans un
échantillon parmi lesquels 5 pays de la CEMAC à savoir le
Cameroun, le Congo, le Gabon, la RCA et le Tchad (voir en annexe la liste des
pays). Ce choix est important parce que cerner les déterminants des
échanges en Zone CEMAC requiert la prise en compte des autres pays
partenaires, ce qui permet de contourner le problème que pose la
spécification des variables muettes.
Les sources des différentes données quant
à elle sont assez homogènes. Les données sur les
exportations bilatérales des pays sont extraites des annuaires de la
Banque Mondiale (African Data Indicators). Les données sur les
PIB, les populations et les surfaces arables sont obtenues à partir du
CD-Rom de la banque mondiale (World Bank Africa Data Base 2005).
Toutes les variables muettes ont été compilées par
l'auteur. La distance (orthodromique) a été obtenue à
partir du site
www.indo.com/cgi-bin/dist.
Les données étant transformées en leurs
moyennes, aucun test relatif aux séries temporelles n'est
nécessaire, car les données doivent être
considérées comme transversales. Seul le test de White en vue de
corriger l'hétéroscédasticité a été
effectué. Cette spécification des données en moyennes se
justifie par le fait que des phénomènes conjoncturels au fil du
temps peuvent facilement biaiser les résultats. Il peut s'agir d'une
baisse ou d'une augmentation inattendue de la production due aux aléas
climatiques, de l'effondrement d'un pont sur une voie stratégique
d'approvisionnement, etc. En générant les moyennes, ces effets
conjoncturels sont expurgés, ce qui permet un filtrage optimal. Mais la
limite à ce niveau est de ne pas tenir compte de la
spécificité annuelle des données. En effet, la moyenne est
interprétée comme un niveau similaire d'une variable
observé chaque année. Or il peut exister un écart
important entre les observations.
Au final, c'est cette mesure qui a été
adoptée ; la méthode d'estimation étant celle des
moindres carrés sur données empilées (Pooled Least
Squares - PLS), car les pays sont considérés comme
homogènes et les erreurs iid (indépendantes,
centrées et suivant une loi log-normale). Les résultats sont
consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 3: Résultats des
estimations du modèle de gravité
|
Pooled Least Squares
|
Variable dépendante : Log
Xij
|
Sous-période 1990-1993
|
Sous-période 2000-2003
|
Variables explicatives
|
Coefficients
|
t-statistiques
|
Coefficients
|
t-statistiques
|
Log PIBi
|
0,369
|
(1,33)
|
1,604
|
(3,49)*
|
Log PIBj
|
0,759
|
(1,93)***
|
1,138
|
(3,24)*
|
Log Popi
|
0,218
|
(0,50)
|
-1,060
|
(-1,82)***
|
Log Popj
|
0,160
|
(0,33)
|
-0,502
|
(-1,086)
|
Log SAi
|
0,105
|
(1,28)
|
0,097
|
(1,13)
|
Log SAj
|
-0,036
|
(-0,55)
|
-0,0007
|
(-0,01)
|
Log Dist ij
|
-3,774
|
(-9,55)*
|
-4,209
|
(-10,13)*
|
Langcom
|
-0,716
|
(-1,03)
|
-0,059
|
(-0,08)
|
Frocom
|
3,321
|
(3,44)*
|
3,130
|
(3,15)*
|
Ouv
|
2,864
|
(4,78)*
|
3,072
|
(4,56)*
|
Colcom
|
2,729
|
(3,45)*
|
1,322
|
(1,61)
|
MC
|
1,560
|
(1,39)
|
1,980
|
(1,81)***
|
AC1
|
-5,829
|
(-3,49)*
|
-7,409
|
(-4,65)*
|
AC2
|
-2,099
|
(-2,77)*
|
-4,119
|
(-5,51)*
|
AC3
|
-1,786
|
(-2,37)**
|
-1,553
|
(-2,10)**
|
Statistiques sommaires
|
Nombre d'observations
|
575
|
|
575
|
|
|
0,4362
|
0,4686
|
|
0,4211
|
0,4544
|
F-statistic
|
28,83
|
32,87
|
Prob(F-statistic)
|
0,00
|
0,00
|
NB: * implique significativité à 1%; ** implique
significativité à 5%; *** implique significativité
à 10%
|
Source : Construit par
l'auteur
|
Les résultats de cette estimation montrent globalement
une évolution de la significativité des variables qui ont pour la
plupart le signe attendu. En plus, la significativité globale du
modèle est appréciable (F=28,83 et 32,87 significatif à
1%). Enfin, l'ajustement est aussi appréciable pour un modèle en
coupe transversale (=42,11% et 45,44%).
Les variables quantitatives étant exprimées en
logarithme népérien, leurs coefficients sont directement
interprétés comme des élasticités, alors que les
coefficients des variables indicatrices seront interprétés comme
des semi-élasticités74(*).
Ainsi, les variables qui symbolisent la masse des pays
à savoir le PIB sont de signe attendu, avec une significativité
individuelle appréciable, sauf le PIB du pays i à la
sous-période 1990-1993. Cette situation peut s'expliquer par le fait que
la richesse dont dispose un pays n'est pas utilisée pour la production
des biens exportables. Un phénomène économique peut aussi
expliquer ce fait : les pays sont sous ajustement et la priorité
n'est pas le commerce, mais la recherche des équilibres
macro-économiques.
Les populations quant à elles jouent un rôle
ambigu au cours des deux sous-périodes : lors de la
première, elles sont non significatives. Mais à la
deuxième, le coefficient devient significatif pour le pays exportateur,
mais faiblement (10%). Ce comportement des populations traduit un dynamisme
dans la production des produits exportables. Les surfaces arables sont de
signes attendus, mais non significatifs.
La variable distance explique comme attendu
négativement et significativement (à 1%) le commerce
bilatéral. D'abord considérée comme la prise en compte des
coûts de transaction, elle explique le fait que l'augmentation d'un point
de ces coûts diminue respectivement de 3,74 et 4,20 les exportations
bilatérales. Tous les modèles de gravité rencontrés
jusqu'alors confirment cette hypothèse. Il ressort donc pour les pays de
la CEMAC que la diminution du coefficient de cette variable impliquerait
l'augmentation du commerce avec les partenaires les plus
éloignés, mais malheureusement, il augmente.
Avant de passer à l'interprétation des autres
variables muettes, il convient d'analyser le signe de la principale variable,
à savoir la variable d'union monétaire (MC). Tout d'abord, cette
variable a un signe positif, mais sa significativité doit être
examinée. Ainsi, sur la période 1990-1993, le coefficient n'est
pas significatif. Ce résultat corrobore les études
précédentes appliquées en Afrique (Carrere, 2002 et
2004 ; Avom, 2005 ; Agbodji, 2007). Rose (2002) a justifié ce
résultat par la petite taille des observations et a conclu que l'effet
est positif et statistiquement significatif pour de grands échantillons.
Il convient d'ajouter aussi que le temps qui passe peut renforcer les
échanges bilatéraux. Le commerce bilatéral s'inscrivant
dans une logique dynamique, plusieurs facteurs (signature des accords
régionaux, stabilité du taux de change, renforcement de la
convergence et de la surveillance multilatérale) peuvent contribuer
à expliquer l'effet positif quoique non substantiel de la monnaie
commune. La période post-réformes montre une
réalité légèrement différente, à
savoir l'augmentation du coefficient (attendu) malgré sa faible
significativité (10%). Ce résultat inspire un premier
commentaire, celui de confirmation, mais au sens faible de la deuxième
hypothèse de cette étude, à savoir l'impact positif et
significatif des réformes macro-monétaires et institutionnelles
sur l'intégration par le marché dans la CEMAC. On pourrait ainsi
« conclure naïvement » à
l'optimalité monétaire ex post de la Zone
monétaire CEMAC, tel que le prédisent fortement Frankel et Rose
(1998) et Rose (2000). Mais il convient de retenir au final que l'augmentation
du coefficient de la variable MC peut être imputable à l'effet des
réformes et aux aspects techniques d'estimation75(*).
La principale variable historique, le colonisateur commun
(Colcom), explique positivement les exportations entre les pays
partenaires. Mais il reste non significatif dans la seconde
sous-période. Ce résultat montre l'élan de
déconnexion qui prévaut actuellement entre les anciennes
colonies et la métropole (Côte-d'Ivoire et France par exemple). On
remarque aussi la montée des nouveaux partenaires tels que l'Inde, les
Etats-Unis et surtout la Chine, qui déjouent le rôle de la
métropole. Ces nouveaux pays expliquent le détournement de
commerce entre la métropole et les colonies. La langue commune,
fortement corrélée à cette variable génère
un coefficient négatif et non significatif, quelle que soit la
sous-période. Ceci s'explique par le fait que les pays africains en
général et ceux de la CEMAC en particulier utilisent plusieurs
langues, surtout les langues maternelles, reléguant ainsi au second plan
la langue officielle. En plus, la population est majoritairement
illettrée, son seul moyen de communication étant sa langue
maternelle, pourtant incomprise par l'autre. Ainsi, les coûts de
transaction que génèrent les traductions et le risque de se
tromper peuvent expliquer négativement le commerce.
Les autres facteurs géographiques tels que la
frontière commune (Frocom) et l'ouverture à la mer
(Ouv) donnent des effets significativement positifs et
escomptés (1%). Ainsi le partage d'une frontière terrestre par
deux pays est un facteur qui aide à intensifier les échanges, car
les coûts de transaction et de manutention sont considérablement
allégés. En plus, l'ouverture à la mer est un atout
géographique naturel qui dope le commerce d'un pays, lui permettant
ainsi de contourner les coûts liés au dédouanement et au
transit.
Les variables AC, qui captent la création et
le détournement des exportations sont toutes affectées du signe
négatif et sont significatives à 1% pour AC1
et AC2 et à 5% pour AC3. Le
coefficient affecté à AC1 est négatif,
traduisant le fait que l'appartenance des deux partenaires à la Zone
CEMAC diminue significativement leur commerce. Ceci peut se justifier par le
manque de demandes croisées et surtout la non application effective du
bouclier fiscalo-douanier. On note même une augmentation de la
semi-élasticité en valeur absolue de ce coefficient dans le temps
(de 5,82 à 7,4). AC2 est aussi négatif,
augmente dans le temps et est significatif à 1%. Ceci implique que les
pays de la CEMAC ont exporté de moins en moins vers leurs partenaires
extra-zone, ce qui laisse présager paradoxalement une création de
commerce intra-zone. AC3 est aussi négatif,
significatif à 5% mais diminue dans le temps en valeur absolue (de 1,78
à 1,55). Ainsi les pays de la CEMAC ont augmenté leurs
importations en provenance de leurs partenaires extra-zone.
Ce modèle décèle quand même
quelques limites au niveau technique, c'est-à-dire à la
méthode d'estimation (Pooled Least Squares), un estimateur plus
performant tel que celui de Hausman et Taylor (1981) pouvant corriger les
problèmes d'endogénéité ; ensuite, le
caractère statique et transversal du modèle, qui s'est
imposé par la structure des données disponibles. L'introduction
d'un régresseur retardé de l'endogène (Agbodji, 2007)
aurait pris en compte le caractère dynamique du commerce
bilatéral ; en outre la considération en une seule variable
du facteur UM manque aussi de précision en ce qui concerne l'effet net
du Franc CFA sur les échanges des pays de la CEMAC.
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
Le modèle de gravité continue de s'imposer comme
l'un des meilleurs instruments techniques en ce qui concerne l'explication
des flux commerciaux bilatéraux entre les partenaires. Appliqué
dans le cadre de ce travail pour les pays de la CEMAC, il ressort clairement
que les principales variables du modèle (PIB, distance, monnaie commune)
donnent globalement des effets attendus. Il ressort aussi que les
réformes ont eu un impact significatif sur ces variables.
L'évolution du coefficient affecté à la monnaie commune,
loin de confirmer totalement l'hypothèse
d'endogénéité des ZMO de Frankel et Rose (1998) et Rose
(2000) pourrait par contre s'expliquer par des facteurs tels que le
renforcement des critères de convergence (et surtout le critère
monétaire - l'inflation), la stabilité du taux de change. Mais
l'endogénéité de la Zone monétaire CEMAC est une
hypothèse en devenir, qui deviendra une réalité avec
l'application effective du bouclier fiscalo-douanier, la stabilité
renforcée du Franc CFA, la coopération des pays leaders, et
enfin, la consolidation des acquis en matière de convergence des
économies de cette sous-région.
CHAPITRE 4. LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE MONETAIRE
INFLUENCE-T-ELLE LA SPECIALISATION DANS LA CEMAC ?
Il est clairement montré dans la littérature que
l'utilisation de la même monnaie au sein d'une zone débouche soit
à une augmentation du commerce, soit à une spécialisation
des pays. Cette spécialisation peut être issue de la suppression
de l'effet frontière monétaire (adoption d'une monnaie unique par
les pays), ou par les dotations factorielles.
Le cas de la ZF africaine est particulier. Les estimations de
la part du commerce intra-zone dans les deux principaux blocs (CEMAC et
UEMOA) montrent des résultats inférieurs à 10%. Ce
résultat a été fortement confirmé par le
modèle de gravité estimé dans le chapitre
précédent. Paradoxalement la plupart des pays de la zone
dégagent des excédents de production et donc, devraient
être enclins à commercer davantage entre eux (Boungou Bazika,
2004). Ainsi, existe-t-il des excédents des produits exportables au sein
de la Zone CEMAC ? Si oui comment sont-ils gérés ?
Le présent chapitre s'atèle à
répondre à ce questionnement en deux sections : la
première portera sur l'évaluation du potentiel commercial des
pays de la CEMAC, et la deuxième établira le lien qui existe
entre le degré, la nature de la spécialisation et le niveau des
échanges sous l'influence de la monnaie unique.
SECTION 1. LE POTENTIEL COMMERCIAL DES PAYS DE LA CEMAC
Parler de potentiel commercial revient dans un premier temps
à évaluer la sphère productive de la CEMAC et dans un
second temps à estimer son potentiel commercial.
1.1.
EVALUATION DE LA SPHERE PRODUCTIVE DE LA CEMAC
Il est généralement reconnu que les pays de la
Zone CEMAC sont des économies dans lesquelles le secteur primaire
(agricole) prévaut. En plus, l'un des problèmes auxquels font
face les pays africains, c'est le manque de productions complémentaires,
ce qui empêche le développement du commerce intra-régional
(Boungou Bazika, op. cit.).
1.1.1.
La structure de production des pays de la CEMAC
Les pays de la Zone CEMAC sont généralement des
monocultures et donc peu diversifiés. L'indicateur de diversification
des exportations de ces pays se situe à un niveau bas, mais surtout en
deçà de la moyenne du continent africain comme l'illustre le
graphique ci-dessous (CEA, 2006).
Graphique 7 : Niveau de
diversification des économies de l'Afrique en 2002
|
|
Source : construit par
l'auteur à partir de CEA (2006)
|
La justification de ce faible niveau de diversification se
trouve dans l'architecture productive. En effet, la part de l'agriculture dans
la composition du PIB depuis plusieurs décennies occupe environ 18%. Les
récentes performances macroéconomiques, majoritairement
dépendantes des secteurs des hydrocarbures et de l'agriculture montrent
qu'en 2006, la filière des hydrocarbures s'est constituée comme
le principal moteur de la croissance. Le Tchad et le Congo sont les principaux
tireurs dans cette filière, avec respectivement une augmentation de
28,7% et de 15,25% respectivement. En plus, la ventilation sectorielle du PIB
dans la Zone CEMAC en 2005 (graphique 8) montre la prédominance
des secteurs industries extractives et agriculture /
sylviculture. Les deux secteurs à eux seuls ont contribué
à hauteur de 55% dans la formation du PIB de la sous région (CEA,
op. cit).
Cette structure de la production a plusieurs causes à
savoir : les causes exogènes (restructuration des pays par les
métropoles76(*)) et
les causes endogènes (position géographique qui impose aux
pays une certaine catégorie de produits à exporter). Cette
caractéristique leur impose une ouverture naturelle, allant ainsi
à l'encontre des politiques d'ouverture compétitives.
Il ressort que les systèmes productifs des pays de la
CEMAC souffrent d'une adaptation structurelle. Ainsi, la relance de
l'intégration régionale reste fragile et sans impact
significatif, parce que les systèmes productifs n'ont pas
fondamentalement changé. Ils auraient permis l'accroissement de la
production et favoriser l'intégration sectorielle, tant à
l'intérieur de chaque économie qu'entre les économies de
l'union. L'activité productive est toujours articulée autour de
quelques produits primaires, agricoles ou miniers, suivant la logique de la
division internationale du travail.
Graphique 8 : Ventilation
sectorielle du PIB dans la Zone CEMAC (%) en 2005
|
|
Source : construit par
l'auteur à partir de CEA (2006)
|
Ainsi, le problème de l'intégration
réelle n'est pas seulement dû au manque de
complémentarités productives, situation qui pourrait bloquer le
renforcement des échanges intra-communautaires ; mais surtout de
l'existence d'entraves (faible capital spatial) à la valorisation des
complémentarités potentielles (Bongou Bazika, op.
cit).
1.1.2.
Une complémentarité commerciale et productive souhaitable
La complémentarité est une notion qui
délimite la nature du commerce - composition des exportations et des
importations - (complémentarité commerciale) ainsi que la
possibilité d'existence des excédents
(complémentarité productive) d'un pays ou d'une région. En
Zone CEMAC hors Cameroun, tous les pays ont une structure commune dans leur
architecture productive (tableau 5) : la prédominance de
la monoculture et de la faiblesse des dotations, la conséquence
étant la faible diversification des exportations. Zone appartenant au
golfe de Guinée et situé aux confins de tous les autres blocs
régionaux africains, seule la RCA ne dispose pas encore de gisement
pétrolier.
La problématique de la complémentarité au
sein d'une UM a longtemps été mise en veilleuse. Il convient de
noter qu'un examen minutieux de cette notion remonte aux travaux
précurseurs de Meade (1955) où il montre que la meilleure Union
Douanière est celle qui se caractérise par la similitude et la
complémentarité des économies qui la forment. Fouda (2003)
soutient que l'une des conditions de réussite de l'intégration
économique est la disposition, avant le passage des accords, de
potentialités productives qui encouragent la
complémentarité, en créant ainsi des courants additionnels
d'échange.
Tableau 4 : Dotation en
principales ressources naturelles des pays de la CEMAC
|
Pays
|
Ressources naturelles
|
Cameroun
|
Pétrole, cacao, café, coton, huile de palme,
hévéa, bois, cultures
vivrières et élevage.
|
RCA
|
Or, diamant, cobalt et bois.
|
Congo
|
Pétrole et bois.
|
Gabon
|
Pétrole et bois.
|
Guinée Equatoriale
|
Pétrole.
|
Tchad
|
Pétrole, coton et élevage.
|
Source : Construit par
l'auteur, à partir de CEMAC (2006b)
|
Sur un plan empirique, l'analyse de la
complémentarité couvre deux aspects majeurs : la
complémentarité commerciale et la
complémentarité productive.
La complémentarité commerciale se base sur les
échanges internationaux. Il capte les échanges effectués
entre deux pays faisant partie d'un même bloc régional. Mickaeley
(1994) a élaboré un indice pour mesurer cette
complémentarité :
Mik est la part du produit i dans
les importations du pays k et Xij est la part du
produit i dans les exportations du pays j. Ainsi, si
ICC=0, aucun bien exporté par un pays n'est importé par
un autre ; ICC=1 implique que les importations et les
exportations sont structurées de la même façon dans les
deux pays. Plus la valeur de cet indice est élevée, plus
l'intégration régionale a des possibilités de se
consolider77(*). Mais cet
indice se limite au plan commercial et ne permet pas de saisir les productions
qui génèrent les échanges commerciaux. Pour lever cette
équivoque, un indice plus parlant et qui permettrait de comprendre les
causes de la faiblesse des échanges est l'indice de
complémentarité productive (ICP), qui se
réfère à la structure de production des pays membres. Cet
indicateur permet de conclure à la possibilité des
excédents et donc de commerce au sein d'une zone d'intégration.
Son expression technique est la suivante :
pt est la production totale de la zone en
%, pa la production du pays a membre de la zone en
%, dt la demande totale équivalent à la
population totale de la zone, da la demande du pays a
représentée par la population totale du pays,
np le nombre de pays producteurs du bien et n le
nombre de pays faisant partie de la zone. Ainsi si l'ICP < 0,
le produit est non complémentaire ; si l'ICP = 50, la
complémentarité est supposée moyenne ; si l'ICP
< 50, la complémentarité est faible ; si l'ICP
> 50, la complémentarité est supposée forte.
Il convient de noter que les facteurs déterminants de
cette complémentarité productive sont l'absence ou le manque de
concurrence entre les industries de la zone et la taille interne des
marchés (Boungou Bazika, 2004).
La conclusion tirée ci-dessus sur le manque ou
la faible complémenté productive entre les pays de l'Afrique
n'est pas absolue. En effet, les pays africains disposent de
potentialités productives qui méritent d'être
valorisées à travers les infrastructures routières, les
études de marchés des pays partenaires par exemple. Il faut en
plus noter que certains pays de la CEMAC en particulier et ceux de l'Afrique en
général disposent des excédents exportables (tableau
5).
Tableau 5: Excédents des
produits exportables au sein des pays africains
|
Pays
|
Nature des excédents
|
Ethiopie, Mali, Niger, Somalie, Soudan
|
Viande
|
Côte d'Ivoire, Madagascar, Maurice, Mauritanie, Mozambique,
Sénégal, Somalie
|
Poisson
|
Burundi, Cameroun, Kenya,
Zimbabwe
|
Céréales
|
Côte d'Ivoire, Liberia, Nigeria
|
Caoutchouc
|
Kenya, Malawi, Mozambique, Tanzanie
|
Thé
|
Côte d'Ivoire, Ghana, Nigeria
|
Cacao
|
Maurice, Swaziland, Zimbabwe
|
Sucre
|
Congo Démocratique, Mozambique
|
Hydroélectricité
|
Angola, Nigeria, Congo,
Gabon
|
Pétrole
|
Source : Extrait de Boungou
Bazika (2004)
|
Une application empirique de l'ICP par Boungou Bazika
(2004) en Zone CEMAC sur la période 1990-1998 décèle des
résultats intéressants. Il trouve l'existence de quatre niveaux
de complémentarité de produits dans la CEMAC CEMAC.
Ainsi, les produits non complémentaires au sein de la
CEMAC sont le maïs, le café, le bois scié et les boissons
alcoolisées, avec des ICP négatifs. Les produits
à faible complémentarité sont la viande de boeuf et le riz
paddy avec des indices de 47,9 chacun. Parmi les produits à moyenne
complémentarité, on rencontre les produits de la pêche, le
cacao, les tissus, les parties de machines, avec des ICP compris entre
50 et 60. Les produits à forte complémentarité sont
nombreux : manganèse, autres bois, tabac, Okoumé,
cartouches, dioxyde de carbone, azote, cigarette, gasoil, lubrifiants,
diamants, coton tourteaux avec des ICP qui se situent au delà
de 100%.
Il ressort que près de 85,7% des produits
réalisés en CEMAC possèdent un indice de
complémentarité élevé. En plus, la taille du pays
et donc du marché influence la valeur de l'indice. Les produits issus
des pays à petite taille sont plus complémentaires (surtout
lorsqu'ils sont producteurs uniques) que ceux venant des pays à grande
taille de marché, car le phénomène d'absorption entre en
jeu. Il ressort que les produits manufacturés ont un ICP
élevé, ceci s'expliquant par leur forte demande et le fait que
leur offre est assurée en majorité par un seul pays (le Cameroun
et plus ou moins le Gabon). En outre, la non complémentarité du
café et du maïs s'explique par le fait que ce sont les pays
à forte demande qui en sont les premiers producteurs78(*). Un produit tel que le textile
ne présente qu'une complémentarité moyenne, due au fait
que les importations extra-zone sont largement supérieures aux
importations intra-zone, masquant ainsi toute création de courants de
commerce additionnels. Ce dernier cas s'expliquerait par la
compétitivité imposée à travers la faiblesse des
coûts de productions dans les pays producteurs extra-CEMAC, malgré
l'instauration du TEC.
De ce qui précède, il ressort qu'une analyse
profonde de la sphère productive des pays de la CEMAC
révèle des complémentarités (ex ante),
contredisant ainsi l'hypothèse généralement
répandue de productions non complémentaires. En plus, il
convient, pour bénéficier de cette complémentarité
potentielle, de renforcer le capital spatial.
Mais au delà de la complémentarité, qu'en
est-il du potentiel commercial dans la zone ?
1.2.
CALCUL DU POTENTIEL COMMERCIAL (EXPORTATIONS) DES PAYS DE LA CEMAC
Le potentiel commercial est un indicateur qui permet de juger
le gap qui existe entre le niveau effectif et le niveau potentiel ou
prédit du commerce d'un pays. C'est une mesure de l'intensité
commerciale. Comprendre la problématique du potentiel commercial exige
tout d'abord un détour méthodologique et enfin une application
empirique.
1.2.1.
L'analyse graphique du potentiel des exportations : une approche par
le résidu
L'appréhension du potentiel commercial peut être
faite à travers une analyse graphique du résidu, qui est une
méthode absolue et comparative. Il s'agit ici d'analyser le
résidu de l'estimation du modèle de gravité, qui est un
modèle déterminant le niveau normatif des flux d'échange
bilatéraux. Il convient de rappeler que le modèle de
gravité qui a servi à estimer les déterminants des
échanges des pays de la CEMAC inclus d'autres pays extra-CEMAC. Ce
constat qui est simplement technique ne biaise pas l'analyse. La
méthodologie selon cette première approche consiste à
générer le résidu et à constater sa
déviation par rapport à sa tendance moyenne qui est zéro
par hypothèse. L'une des hypothèses émises lors de
l'estimation est celle de la normalité du résidu, c'est à
dire que ce dernier est iid (individuellement et identiquement
distribué) tout en suivant une loi log-normale. Cette hypothèse
veut aussi dire que les erreurs du modèle de gravité sont
homoscédastiques, c'est-à-dire qu'elles ont une variance
constante quel que soit le pays :
Le résidu représente ainsi l'ensemble des
facteurs qui surviennent ou peuvent survenir de façon aléatoire
et ayant un impact significatif sur la variable dépendante (ici le flux
des exportations). Il capte ainsi les fluctuations inattendues et
imprévues. Ces différents événements peuvent
être l'accident d'un camion transportant des marchandises d'un pays
à l'autre, l'effondrement d'un pont sur un axe reliant deux pays, le
climat et/ou la météorologie, avec un impact positif ou
négatif sur la production d'une denrée exportable dans la
sous-région.
Techniquement, le résidu est la différence entre
la valeur effective d'une variable et sa fitted value ou
valeur potentielle, ou valeur prédite. Il décrit ainsi la
déviation de cette valeur autour de son niveau réel. Ainsi, si le
résidu est positif, la valeur effective est supérieure à
la valeur potentielle ; si le résidu est négatif, la valeur
potentielle est supérieure à la valeur effective ; s'il est
nul, la variable se situe à son niveau potentiel ou attendu.
L'application de cette méthode graphique du résidu est
représentée à l'annexe 4.
L'interprétation ci-dessus peut être facilement
transposée au modèle estimé dans cette étude. Si
pour une observation la courbe se situe au point zéro (moyenne
résiduelle), il y a égalité entre les exportations
potentielles et les exportations effectives. Si la courbe se situe au dessus de
cette moyenne, on déduit que les exportations effectives sont
supérieures aux exportations prédites. Donc le pays commerce au
delà de ses capacités. Si enfin la courbe se situe en
deçà du point zéro, l'interprétation à
donner c'est que le pays se trouve dans une situation de
sous-capacité commerciale avec ses partenaires.
Suite à ce bref aperçu, trois groupes de pays se
distinguent dans la Zone CEMAC, quelle que soit la sous-période. Le
premier groupe est celui des pays dont les points du résidu sont
majoritairement observés au dessus de la moyenne. Cela traduit une
capacité pour ces pays de commercer au-delà de leurs
potentialités. On retrouve dans ce groupe de pays le Cameroun et le
Gabon. Le second groupe, formé du Congo et du Tchad montre que les pays
commercent faiblement au-delà de la moyenne. Le troisième groupe,
formé de la RCA montre globalement une absence de commerce, car la
quasi-totalité des points de la courbe du résidu se trouvent en
deçà de la moyenne.
Mais une question doit être posée en ce qui
concerne l'orientation de ce commerce. Le commerce observé au Cameroun
et au Gabon profite-t-il à ses partenaires de la zone ? Pour
répondre à cette question, une méthodologie plus
rigoureuse qui est le calcul du potentiel commercial (ici des exportations)
doit être adoptée.
1.2.2.
Une analyse robuste : le calcul du potentiel des exportations
Le calcul du potentiel commercial apparaît comme une
méthode robuste si l'on veut juger du niveau d'échange entre un
groupe de pays. Techniquement, il s'agit de faire le ratio du commerce
potentiel ou prédit au commerce effectif79(*).
Le commerce effectif est celui que l'on observe dans les
différentes bases de données qui ont servi à effectuer les
différents travaux empiriques. En d'autres termes, c'est l'ensemble des
flux enregistrés par les services compétents d'un pays, le
commerce potentiel reflétant son niveau ajusté, prédit ou
estimé. La variable qui a été étudiée ici
c'est le flux des exportations bilatérales, c'est-à-dire les
exportations qui partent du pays i vers un pays destinataire
j. C'est la raison pour laquelle, seul le potentiel des exportations
sera calculé dans cette section.
Ainsi, pour générer les exportations
potentielles ou prédites, il faut combiner les coefficients
estimés du modèle aux différentes variables explicatives
suivant chaque sous-période. Il s'agit pour cela de multiplier les
différents coefficients obtenus après estimation du modèle
gravitaire aux différentes valeurs observées des variables
explicatives en fonction des deux sous-périodes. On peut aussi obtenir
ce niveau potentiel en retranchant le résidu généré
du niveau effectif de la variable dépendante. Il convient de noter que
c'est la première technique qui a été utilisée.
L'analyse ne sera pas globale, mais ciblera uniquement les
pays de la CEMAC inclus dans l'échantillon, à savoir le Cameroun,
le Congo, le Gabon, la RCA et le Tchad80(*). Il s'agira dans un premier temps d'extraire leurs
flux bilatéraux effectifs et potentiels de ces pays et ensuite
d'effectuer leur ratio respectifs. Les données sont en millions de
dollars US courants, et les résultats sont consignés dans le
tableau ci-dessous, malgré l'indétermination en certains
points.
Tableau 6 : Résultats du
potentiel des exportations des pays de la CEMAC (millions de $ US)
|
Exportations de i vers j
|
1990-1993
|
2000-2003
|
Exports effectives
|
Exports
prédites
|
Potentiel des exports
|
Exports effectives
|
Exports
prédites
|
Potentiel des exports
|
Cam>Con
Cam>Gab
Cam>RCA
Cam>Tch
Con>Cam
Con>Gab
Con>RCA
Con>Tch
Gab>Cam
Gab>Con
Gab>RCA
Gab>Tch
Rca>Cam
Rca>Con
Rca>Gab
Rca>Tch
Tch>Cam
Tch>Con
Tch>Gab
Tch>RCA
|
23,667
27,667
14,333
3,667
0
0
0
0
1
0
0,333
0
0
0
0
0,333
0,333
0
0
0,333
|
0,016
1,089
0,022
0,062
0,003
0,005
8,4.10-6
1,4.10-6
0,255
0,006
7,4.10-4
1,2.10-5
1,1.10-5
2,8.10-5
2,2.10-6
4,3.10-4
0,0017
7.10-6
9,6.10-6
0,0018
|
6,76.10-4
0,039
0,0015
0,017
-
-
-
-
0,255
-
0,022
-
-
-
-
0,0013
0,0051
-
-
0,0054
|
18,667
27,667
12,333
29,333
7
2
0
0
2
9,333
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2,333
|
0,0452
12,122
0,0198
0,0204
0,0125
0,0588
0,00248
1,42.10-5
8,347
0,146
0,00057
0,0003
9,77.10-6
4,4.10-6
4,07.10-7
2,46.10-6
6.10-4
1,51.10-6
1,27.10-5
0,00014
|
0,0024
0,4381
0,0016
0,0006
0,0018
0,0294
-
-
4,1735
0,0156
-
-
-
-
-
-
-
-
-
6.10-05
|
Source : Calcul de
l'auteur
|
L'analyse révèle globalement un faible potentiel
des exportations. Ainsi, lorsque les exportations observées sont
positives, elles sont automatiquement supérieures (largement) aux
exportations prédites. Seul le Gabon fait l'exception dans la seconde
sous-période dans son flux bilatéral vers le Cameroun. Les pays
sont ainsi dans une logique qui reflète la volonté de commercer
au-delà de leurs capacités ou de leur potentiel. Ceci peut
être expliqué par la recherche du renforcement de
intégration par le marché.
Le premier commentaire montre que lorsque les exportations
effectives sont nulles, les exportations prédites (quoique
négligeables) sont positives. Cette configuration rend impossible le
calcul du potentiel de ces exportations, car l'on fait face à une
indétermination. Ces cas sont fréquents pour la RCA, le Congo et
le Tchad.
L'analyse par sous-périodes ne montre en rien
l'évolution substantielle du potentiel. La sous-région CEMAC
serait ainsi dans un état statique et même déprimant en ce
qui concerne ses flux d'exportations intra-zone.
L'analyse par pays révèle aussi des
résultats similaires, à savoir la non augmentation substantielle
des exportations, hormis le seul cas particulier entre le Gabon et le Cameroun
au cours de la seconde sous-période où le potentiel est de 4,17.
En outre, le Congo et la RCA sont les seuls pays n'ayant pas exportés de
façon substantiel vers leurs partenaires sous-régionaux au cours
d'une sous-période (la première sous-période pour le Congo
et le seconde pour la RCA).
Ces résultats viennent une fois de plus contredire
l'hypothèse d'une complémentarité productive entre les
pays de la CEMAC. Mais il convient de rappeler que l'ICP connaît
des limites à ce niveau, car il mesure le potentiel ex ante,
alors que le modèle de gravité mesure le potentiel ex
post. La notion de potentiel ex ante signifie ici que les pays
disposent des dotations en produits exportables, mais ne sont pas
valorisées, les causes étant la faiblesse du capital spatial et
le manque de besoins croisés par exemple. Le potentiel ex post
signifie que malgré la faiblesse du capital spatial, les pays
échangent globalement en deçà du niveau prévu.
L'exception en Zone CEMAC est faite par le Cameroun, qui exporte plus que
proportionnellement à son niveau potentiel. C'est en fait le rôle
que doit jouer le pays pivot dans une UM. Sur les deux sous-périodes par
exemple, ce pays assure la totalité des exportations
sous-régionales vers le Congo et le Gabon.
Ainsi, l'analyse du potentiel des exportations dans la CEMAC
révèle que les pays commercent au-delà de leur niveau
potentiel, ce qui pourrait montrer une réelle volonté
d'intégration. Or la principale variable d'UM comme le
révèle le test effectué au chapitre 3 ne montre pas
significativement cette volonté. La limite à ce niveau peut
être l'extraversion des pays de la CEMAC vers les autres pays de
l'échantillon et qui ne figurent pas dans le calcul du potentiel
commercial. Cette réalité prête donc le flanc à la
spécialisation des pays.
SECTION 2. LE DEGRE ET LA NATURE DE LA SPECIALISATION DANS LA
CEMAC, UN FREIN POUR LES ECHANGES INTRA-REGIONAUX
La deuxième conclusion majeure en ce qui concerne les
ZMO est la spécialisation internationale (Krugman, 1993). Ici
l'utilisation d'une monnaie commune débouche sur la poursuite des
avantages comparatifs, ce qui diversifie davantage les cycles. Cette
spécialisation a plusieurs facettes et la compréhension de cet
aspect s'avère fondamental dans ce travail. C'est pourquoi il convient
tout d'abord d'explorer l'existant tout en faisant un détour sur la
théorie de l'économique géographique.
2.1.
JUSTIFICATION DE LA SPECIALISATION INTERNATIONALE
La spécialisation internationale a longtemps
intéressé les chercheurs. Le débat a évolué
au fil du temps, partant des classiques anglais et de la théorie
suédoise, pour greffer de nos jours la problématique de la
spécialisation à l'utilisation de la monnaie unique.
2.1.1.
La notion de spécialisation dans la littérature
économique
La spécialisation illustre le fait qu'un pays comporte
dans ses exportations une faible variété de produits. C'est un
indicateur de non diversification. Au-delà de sa considération
par les théories classiques, Kenen (1969) est le premier à
proposer le degré de spécialisation comme un critère
d'optimalité monétaire d'une zone. Pour lui, les économies
diversifiées peuvent plus facilement adopter des changes fixes et
s'intégrer en une zone monétaire, car ils gèrent
facilement les chocs asymétriques qui surviennent.
Krugman (1993), l'un des pionniers de l'analyse de cette
notion, montre que lorsque l'intégration est poussée au sein
d'une zone monétaire, les pays se spécialisent en fonction de
leurs avantages comparatifs. Des phénomènes
d'agglomération se forment et débouchent finalement sur une
faible synchronisation des cycles réels et sur une forte
asymétrie des chocs. C'est la théorie du « cercle
vicieux » des ZMO. Busson et Villa (1994) viennent corriger
cette affirmation en apportant le facteur
« dotation ». Pour ces auteurs, si les pays
faisant partie d'une UM se spécialisent en fonction de leurs dotations,
ceci pourrait accroître leurs flux commerciaux, mais à une
condition : la diversification entre les pays ou la spécialisation
inter-branche.
En plus, la nature du secteur de spécialisation, qui
peut être industriel ou agricole a un impact significatif sur le volume
du commerce au sein d'une UM. Ainsi, les pays du Nord, qui sont
généralement spécialisés dans la production des
biens industriels échangent des produits substituables et du coup, ont
un niveau élevé de commerce (du moins en valeur) entre eux, car
ce sont des produits à forte valeur ajoutée.
La nature inter et intra-industrielle de la
spécialisation a également été abordée par
d'autres auteurs. La spécialisation inter-industrielle résultant
de l'intensification du commerce international, se caractérise par une
concentration de l'activité économique dans certains secteurs.
Par ailleurs, la spécialisation intra-industrielle se caractérise
par le fait qu'il peut y avoir, simultanément, dans une industrie
donnée ou dans un pays, des exportations et des importations, et ce, de
façon significative (Lassudrie-Duchêne, 1971 ; Dufort et
al, 2005). Ainsi, la spécialisation inter-industrielle se
caractérise par l'essor de secteurs essentiellement exportateurs ou
importateurs alors que la spécialisation intra-industrielle se
caractérise par l'essor de secteurs qui sont à la fois
d'importants exportateurs et importateurs.
Des variantes dans l'analyse de la spécialisation ont
été apportées. Ces variantes intègrent les facteurs
tels que les flux commerciaux et de capitaux, le chômage et les contrats
salariaux (Osakwe et Shouyong, 1998). D'autres par contre intègrent la
proximité géographique, l'intensité des échanges
commerciaux et du marché potentiel comme facteurs de polarisation des
IDE dans les pays du centre ou meneurs (Dupuch et Mazier, 2002). Le cas
européen pris par Dupuch et Mazier (2002) montre que les investissements
domestiques ont contribué au renforcement de la spécialisation
des pays, alors que les IDE ont favorisé la diversification des
activités et les échanges intra-branche de qualité.
La spécialisation peut aussi être cernée
de façon régionale ou nationale. Il s'agit ici de savoir si tous
les pays d'une sous-région sont spécialisés dans la
production d'un bien spécifique ou alors si chaque pays de la
sous-région est spécialisé en fonction de ses avantages
comparatifs spécifiques. En Europe par exemple, et comme le montre
Gaulier (2003), la spécialisation est plus marquée au niveau
régional que national. Il trouve une augmentation de l'intensité
de la spécialisation sectorielle entre 1980 et 1996, notamment dans les
secteurs de l'agriculture, des industries et des services. En plus, il se
dégage une augmentation nette de la part du commerce intra-branche dans
le commerce européen, dû selon Fontagné et al,
(1997), à une homogénéisation des
spécialisations.
Une autre considération affinée de la
spécialisation internationale réside dans la théorie de
l'économie géographique81(*), aspect formalisé de la géographie
économique, elle-même partie de la géographie urbaine.
Généralement analysée sous le prisme de l'économie
spatiale, les auteurs majeurs à avoir donné une ampleur
déterminante à cette théorie sont Krugman (1991), Venables
(1996) et Fujita et al, (1999). Leurs travaux expliquent les
phénomènes de concentration et d'agglomération
géographique dans un espace régional par le jeu de forces
centrifuges et centripètes. Ainsi, pour Krugman (1992)
« Any interesting model of economic geography must involve a
tension between "centripetal" forces that tend to produce agglomerations and
"centrifugal" forces that tend to pull them apart ».
Dupuch et Mazier (2002) montrent quant à eux que
lorsque les pays sont faiblement intégrés et les barrières
fiscales élevées, les firmes se répartissent entre les
régions pour répondre à la demande des consommateurs. Pour
des coûts de transaction intermédiaires, un mouvement
d'agglomération se produit afin de bénéficier de la
réduction des coûts et de l'accroissement du potentiel de demande.
Mais si la main-d'oeuvre est immobile, des écarts de salaires
persistent. Pour des coûts de transaction très faibles, les
différences de rémunérations agissent comme une force
centrifuge et les firmes se localisent là où les salaires sont
plus faibles.
Au-delà de cet aspect général, quelle est
la réalité de la spécialisation en Zone CEMAC.
2.1.2.
Un état théorique de la spécialisation en Zone CEMAC
La réalité de la spécialisation en Zone
CEMAC nécessite tout d'abord un test intuitif des différents
développements théoriques ci-dessus.
Ainsi, l'hypothèse de Busson et Villa (1994) de
spécialisation inter-branche sous la condition de diversification
productive entre les pays ne se vérifie pas en Zone CEMAC. Tout d'abord
les activités productives dans la zone sont à dominante agricoles
et ensuite les caractéristiques géographiques favorisent le fait
qu'ils soient dotés des potentialités similaires. On pourrait
ainsi se poser la question de savoir si la spécialisation est
plutôt de type inter ou intra-brache.
Une intégration régionale réussie
nécessite que les pays n'aient pas encore exploité à fond
les spécialisations (Fouda, 2003). Ainsi, le fait que les pays n'aient
pas des produits à échanger entre eux peut rendre le processus
d'intégration impossible. Les spécialisations dont il faut
encourager dans ce sens sont celles spécifiques aux différents
pays et sont fortement indexés aux dotations factorielles (Snirivasan,
1993). Cette vision rejoint celle de Boungou Bazika (2002 et 2004) qui montre
que le fait de ne pas posséder des besoins croisés encourage
plutôt au sein des groupements régionaux africains, une
intégration verticale avec les pays à niveau de
développement supérieur. Ceci montre une logique de commerce
inter-branche a priori au détriment des pays membres,
confinés dans la pauvreté et l'instabilité
socio-politique82(*).
Malgré la proximité géographique, la
polarisation des IDE intra-CEMAC n'a pas été accentuée
à cause de la faiblesse de l'intensité commerciale ou encore du
marché potentiel. L'exemple européen est toujours parlant car
selon Dupuch et Mazier (2002), les investissements domestiques et les IDE
expliquent significativement et respectivement la spécialisation et la
diversification des activités. Il convient en plus d'ajouter que les IDE
intra-CEMAC sont quasi nuls, mais pourraient s'améliorer avec la
redynamisation du processus d'intégration et l'amélioration des
principes de bonne gouvernance.
En plus, la Zone CEMAC s'inscrit dans une mouvance de
spécialisation régionale, c'est-à-dire la similitude des
tissus productifs nationaux. Tout les pays de la CEMAC en dehors de la RCA sont
producteurs de pétrole par exemple, secteur qui tire prioritairement la
croissance. D'ailleurs, la ventilation du PIB par secteur montre que les
industries extractives occupent à elles seules 37% du PIB de la CEMAC en
2005 (CEA, 2006). Ce type de spécialisation ne peut qu'encourager
l'intégration verticale, car l'absorption de ces produits par les pays
de la sous-région est nulle.
Il convient tout de même de souligner que la
configuration de la spécialisation régionale est
bénéfique à une région si celle-ci est hautement
industrialisée et fabrique des produits manufacturés facilement
substituables comme en Europe. Seule cette situation est capable de
développer un commerce intra-branche substantiel, car des
phénomènes de « demande de
différence » pour les biens qui bénéficient
de la « qualité de non banalisation »
peuvent se produire (Lassudrie-Duchêne, 1971). En plus, les politiques de
contingentements ou de quotas et un niveau élevé de tarification
doivent être proscrites pour faciliter les transactions. Cette
réalité n'est pas non plus vérifiée en Afrique
centrale.
En outre, la spécialisation nationale, pendant de
la diversification régionale serait salutaire pour les pays de la
CEMAC. Elle non plus n'est pas observée car les pays ont des dotations
factorielles similaires et même unitaires, ce qui renvoie le
problème à la dimension ex ante : les dotations
factorielles expliquent significativement la spécialisation
internationale. L'indice de diversification des exportations des pays de la
CEMAC se trouve en deçà de la moyenne africaine qui est de 7,7%.
Le plus élevé se situe à 4,3% et est à mettre
à l'actif du Cameroun, (CEA, 2006).
Il apparaît au final que cette
hyper-spécialisation est fortement influencée par les dotations
initiales, et les pays sont des mono-producteurs. Ce soubassement intuitif et
théorique mérite d'être approfondi à travers une
analyse rigoureuse et empirique.
2.2.
ANALYSE EMPIRIQUE DE LA SPECIALISATION EN ZONE CEMAC
Les pays de la CEMAC, qui n'ont pas significativement
confirmés l'hypothèse d'endogénéité des ZMO
prônée par Frankel et Rose (1998) et Rose (2000) seraient-ils
finalement spécialisés ? Si oui, quel type de
spécialisation rencontre-t-on dans ces pays ? La
méthodologie pour répondre à ce questionnement consiste
à calculer deux indices : l'indice de Herfindhal et l'indice de
Grubel et Lloyd. Ces indices s'avèrent pertinents ici car ils ne se
limitent pas à vouloir déterminer la possibilité de
l'existence des excédents de production (spécialisation ex
ante) comme l'indice de complémentarité productive, mais
mesurent la spécialisation ex post.
2.2.1.
Le degré de spécialisation en Zone CEMAC
Cerner le degré de spécialisation en Zone CEMAC
requiert que l'on adopte un indice spécifique : l'indice de
Herfindhal (H). Beaucoup plus adapté à l'analyse de la
concentration ou la fragmentation géographique des entreprises, l'indice
H se prête aussi facilement à la mesure de la
spécialisation commerciale internationale d'un pays. Sa formulation
mathématique est la suivante :
.
Il s'interprète comme la mesure de la part des
carrés des exportations de chaque secteur j
(Xijt) dans les exportations totales
(Xit). L'élévation au carré permet
ainsi de donner plus de poids aux plus grands secteurs d'exportation. L'indice
H est le dépassement d'un autre indice qui mesure la concentration
industrielle et qui peut être facilement transposé dans la
spécialisation internationale : le rapport de concentration83(*).
Mais dans le cadre de ce travail, face au manque de
données des autres pays de la CEMAC, seul un indice H pour le
Cameroun sera calculé. Pour cela, la méthodologie consiste
à considérer le Cameroun (locomotive de la CEMAC) comme un
échantillon dans l'espace CEMAC, tout en sachant que les
résultats de ce dernier pourront être facilement extrapolables.
Cette hypothèse est émise dans la meure où le Cameroun est
le pays le plus diversifié de la zone et représente environ 70%
de la part du commerce intra-zone, comme cela a déjà
été montré (voir tableau 4 et graphique
6b). Ainsi, les produits les plus exportées par le Cameroun et en
fonction de la disponibilité des données sont : la banane
fraîche, le café, la pâte de cacao, le cacao en
fèves, les huiles brutes de pétrole, les carburants et
lubrifiants, les bois bruts, les feuilles de placage en bois, le coton brut et
l'aluminium brut. L'indice H est ainsi calculé pour les années
2003, 2004 et 2005 à partir des données issues de la Morasse 2005
du MINCOM (2007).
Tableau 7 : Résultats
de l'indice de Herfindhal appliqué aux données du
Cameroun
|
Années
|
H1
|
H2
|
H3
|
2003
|
0,2225
|
0,2833
|
0,4197
|
2004
|
0,1958
|
0,2378
|
0,4765
|
2005
|
0,2334
|
0,2702
|
0,5124
|
Source : Calcul de
l'auteur
|
Trois indices ont été calculés, à
savoir un indice qui tient compte du total des exportations du Cameroun
(H1), ensuite un indice qui ne tient compte que du total
des exportations des produits évoqués ci-dessus
(H2), et enfin un indice calculé en fonction de
l'orientation des exportations vers les sous-groupes régionaux dans le
monde (H3).
Les deux premiers indices sont faibles, traduisant le fait que
le Cameroun n'est pas un pays spécialisé, c'est-à-dire
qu'il comporte une base productive relativement diversifiée. Ce
résultat doit être sagement interprété ici, car
plusieurs produits ont des exportations non significatives (banane
fraîche, café, pâte de cacao, cacao en fèves, coton
brut et aluminium brut)84(*). Ainsi, seuls les secteurs pétroliers et
forestiers sont significativement représentés dans les
exportations. C'est pourquoi les contributions de chaque produit à
l'élaboration de l'indice s'avèrent importantes pour affiner
davantage l'interprétation. Il ressort ainsi que les secteurs
pétroliers et forestiers contribuent respectivement à plus de 90%
en moyenne dans l'explication de la spécialisation. Ainsi, la faiblesse
des exportations des autres secteurs biaise la valeur de H à la
baisse.
Après cette analyse, on pourrait conclure à une
diversification dans les exportations du Cameroun, mais le calcul des
pondérations montre une spécialisation relative dans les
secteurs forestiers et pétroliers. Ce résultat doit être
nuancé pour tous les autres pays, qui sont
hyper-spécialisés. L'approche innovante ici est celle de la prise
en considération des contributions des secteurs à
l'élaboration de H. Elle paraît fondamentale et permet
ainsi de pallier le biais autour du calcul de l'indice.
En ce qui concerne le troisième indice qui tient compte
de l'orientation géographique (sommation en fonction des
sous-régions), les résultats montrent une spécialisation
moyenne et croissante au fil du temps. Ceci voudrait dire que les pays du Nord
au fil du temps continuent à se montrer comme les principales
destinations des exportations du Cameroun, confirmant ainsi l'hypothèse
de spécialisation verticale. Ainsi, les exportations
intra-Afrique centrale sont résiduelles et même
décroissantes : 8,4% en 2003 ; 6,57% en 2004 et 4,63% en
2005.
Les indices ci-dessus montrant une spécialisation
relative pour le cas du Cameroun, leur application aux autres pays de la CEMAC
ne pourrait révéler qu'une hyperspécialisation.
Mais qu'en est il de la nature de la spécialisation de
ces pays ?
2.2.2.
La nature de la spécialisation en Zone CEMAC
Une autre mesure de la spécialisation est celle qui
consiste à savoir si les pays échangent dans les mêmes
branches ou non. C'est une mesure de la nature de la spécialisation et
l'indice approprié est celui élaboré en 1975 par Grubel et
Lloyd (GL). Cet indice capte généralement la part du
commerce intra-branche dans le commerce total. Sa construction part de la
détermination de la part du commerce inter-branche et du commerce
intra-branche : Le commerce inter-branche se note, et le commerce intra-branche se note. Ainsi, puisque l'indice de GL est la part du commence
intra-branche dans le commerce total, il vient que :
Xi représente les exportations dans
la branche i et Mi les importations dans la
branche i et CT le commerce total. Le numérateur
mesure la part du commerce intra-branche de la branche i dans le
commerce total. Ai est communément
appelé le coefficient de Balassa. L'indice de GL varie entre 0
et 1. Plus il est proche de 1, plus le commerce intra-industriel
représente une fraction importante du commerce total85(*).
Tableau 8 : Résultat de
l'indice de GL des pays de la CEMAC.
|
Années
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée Eq.
|
RCA
|
Tchad
|
M/ses
|
S/ces
|
M/ses
|
S/ces
|
M/ses
|
S/ces
|
M/ses
|
S/ces
|
M/ses
|
S/ces
|
M/ses
|
S/ces
|
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
|
0,8300
0,7871
0,8556
0,8517
0,8929
0,9374
0,8394
0,8634
0,9972
0,9292
|
0,4494
0,5332
0,5283
0,5550
0,6026
0,6235
0,5880
0,5495
0,6616
0,7034
|
0,7798
0,6749
0,5232
0,5628
0,5791
0,5031
0,3914
0,4978
0,4778
0,4831
|
0,2252
0,1140
0,0107
0,1392
0,1679
0,1939
0,1556
0,1989
0,1970
0,2195
|
0,4945
0,5046
0,4659
0,5013
0,6176
0,4995
0,5372
0,4876
0,4857
0,4848
|
0,2948
0,2910
0,2610
0,2509
0,2829
0,2713
0,2629
0,2629
0,2878
0,3004
|
0,9848
0,9398
0,8859
0,8289
0,9709
0,7017
0,5079
0,5467
0,5385
0,5095
|
0,0930
0,0808
0,0350
0,0229
0,0334
0,0206
-
0,0073
0,0080
0,1161
|
0,9648
1
0,9363
0,9667
0,9583
0,9450
0,8556
0,8677
0,9371
0,9594
|
0,5263
0,5071
0,5497
0,5180
0,6896
0,4313
0,3200
0,4444
0,3584
0,5416
|
0,7780
0,9346
0,9896
0,9938
0,9734
0,8805
0,7973
0,5338
0,3480
0,7029
|
0,2592
0,5031
0,3654
0,3552
0,3651
0,3868
0,3696
0,3059
0,2617
0,2017
|
Moyenne
|
0,8784
|
0,5795
|
0,5473
|
0,1621
|
0,5079
|
0,2766
|
0,7415
|
0,0417
|
0,9391
|
0,4886
|
0,7932
|
0,3374
|
Source : Calcul de
l'auteur.
|
A défaut d'une base de données
détaillée en branches, les données disponibles
présentent les exportations et les importations dans les secteurs des
marchandises et des services. L'indice de GL a donc été
appliqué à ces deux secteurs. Il permettra ainsi de savoir si les
pays de la Zone CEMAC sont spécialisés dans les services ou dans
le commerce des marchandises. Les données sont issues de la base de
données de la Banque Mondiale (Africa Data Indicators, 2005) et sont
exprimées en millions de dollars US courants. L'indice a
été calculé pour la période 1994-2003 et des
moyennes par pays et par secteurs ont été calculées, en
vue de faciliter l'interprétation.
L'analyse globale de l'indice de GL
révèle globalement une spécialisation de type
intra-branche dans le secteur des marchandises et inter-branche dans le secteur
des services. Ceci voudrait dire que le commerce de tous les pays de la CEMAC
est en majeure partie occupé par les marchandises. Ainsi, ces pays
vendent et achètent les marchandises en majorité dans leurs
transactions commerciales.
Ce résultat semble conforté par le fait que les
pays d'ASS ont beaucoup plus orienté leurs investissements dans le
secteur des marchandises, car ce n'est récemment que l'idée du
développement du secteur des services (tourisme, voyage et
hôtellerie par exemple) a pris de l'ampleur. En outre, cette
spécialisation confirme bien le niveau de développement de ces
pays qui sont des pays émergents, et donc encore incapables de
développer des services compétitifs à l'échelle
mondiale.
L'analyse par pays est beaucoup plus intéressante, car
deux groupes de pays se distinguent. Ainsi, dans le secteur des marchandises,
tous les pays sont spécialisés mais dans des proportions
différentes. Les pays à forte spécialisation
intra-marchandise sont le Cameroun et la RCA, avec des indices
supérieurs à 70%. Les pays à spécialisation
intermédiaire sont le Gabon, le Congo, la Guinée Equatoriale et
le Tchad (avec des indices compris entre 50 et 70%). L'explication du premier
groupe de pays réside dans le fait que ce sont des pays relativement
diversifiés, c'est-à-dire spécialisés dans un petit
nombre de produits (le Cameroun dans les produits agricoles, forestiers et
pétroliers et la RCA dans les céréales, le bétail
et les minerais). L'explication liée au second groupe réside dans
le fait que les pays sont exclusivement spécialisés dans un
secteur : ce sont des pays hyper-spécialisés,
c'est-à-dire des mono-producteurs.
La conclusion ci-dessus confirme le niveau de l'indice de
GL appliqué dans le secteur des services. Ainsi presque tous
les pays obéissent à une spécialisation inter-services, en
dehors du Cameroun qui présente un indice supérieur à 50%
(à savoir 57,95%). Il convient de souligner que parmi ces pays, la
Guinée Equatoriale est le pays qui obéit le plus à ce type
de spécialisation, avec un indice de spécialisation inter-service
égal à 95,83%. Ceci voudrait dire que la Guinée
Equatoriale produit des services qu'elle n'utilise pas ou qui ne sont pas
substituables avec ceux produits par ses partenaires commerciaux. Le cas du
Cameroun est illustratif, et confirme son juste équilibre en ce qui
concerne sa base productive des services et des marchandises, son niveau de
spécialisation inter-marchandise se situant à 12,16%.
CONCLUSION DU CHAPITRE 4
La deuxième conclusion majeure liée à la
théorie des ZMO est la spécialisation des pays, surtout lorsque
ces derniers suivent la logique des avantages comparatifs. A la question de
savoir si l'utilisation d'une monnaie unique conduit à une forte
spécialisation en Zone CEMAC, la réponse donnée par ce
chapitre n'est pas stricte. Prenant l'exemple du Cameroun, il ressort une
conclusion ambiguë : l'indice de spécialisation internationale
montre que ce pays n'est pas spécialisé au sens absolu, mais
plutôt au sens « relatif », dans les
secteurs forestiers et pétroliers. Ce caractère relatif
s'explique par le fait que ce pays possède une base productive (et donc
exportable) relativement diversifiée, mais dont quelques branches
(pétrole et bois) occupent une grande part. Ce résultat a
été obtenu en calculant le poids de ces secteurs lors
l'élaboration de l'indice de Herfindhal.
En ce qui concerne la nature de la spécialisation,
l'indice de Grubel et Lloyd appliqué à l'ensemble des pays de la
CEMAC montre que ces pays obéissent globalement à une
spécialisation intra-branche dans le secteur des marchandises et
inter-branche dans le secteur des services. Mais des données
désagrégées auraient pu aboutir à des
résultats plus affinés.
Enfin, tous ces résultats sont confirmés par le
faible niveau du potentiel commercial des pays de la CEMAC, et montrent que les
pays sont spécialisés en fonction de leurs dotations
naturelles.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'analyse empirique du marché de la CEMAC a
privilégié un aspect : le rôle de la monnaie unique
sur le processus d'intégration par le marché. Trois enseignements
majeurs issus d'une méthodologie économétrique
(modèle de gravité augmenté) et statistique (indicateur du
potentiel des exportations et indices de Herfindhal et de Grubel et Lloyd)
doivent être tirés :
v le premier montre que la monnaie unique n'a pas joué
le rôle attendu dans le renforcement de l'intégration par le
marché. Mais l'estimation montre que ce rôle s'apprécie au
fil du temps, car il est observé une augmentation du coefficient de la
variable UM ainsi que de sa significativité. Mais lorsque la variable
est construite à partir des seuls pays de la CEMAC, le coefficient
associé est négatif, significatif à 1%, et augmente en
valeur absolue dans les deux sous-périodes ;
v le second enseignement, qui découle du premier montre
que les pays de la CEMAC sont spécialisés dans un petit nombre de
produits. Ainsi, ils obéissent à une spécialisation
intra-branche dans le secteur des marchandises et inter-branche dans celui des
services. Cette spécialisation est imposée non par la suppression
de l'effet frontière monétaire, mais par les dotations naturelles
;
v en ce qui concerne le potentiel commercial des pays, il se
dégage que les pays de la sous-région Afrique centrale
possèdent un faible potentiel commercial qui n'est pas valorisé
à cause de la faiblesse du capital spatial (infrastructures
routières, ferroviaires, connexions Internet et
téléphoniques, etc.).
Au final, il ressort que les pays de la Zone CEMAC, tout en
obéissant à une logique de spécialisation régionale
(car cinq pays sur six sont producteurs de pétrole) montrent quelques
signes d'endogénéité sur le plan monétaire,
hypothèse en devenir. Cette conclusion est confortée à
travers l'augmentation dans le temps de la valeur du coefficient de la variable
d'UM en présence des partenaires. En plus, le Cameroun à lui
tout seul ne saurait déterminer le degré de diversification,
malgré son poids dans la Communauté. Ainsi, la suppression de
l'effet frontière monétaire a conduit d'une part à
l'amélioration du commerce quoique non significative et d'autre part
à la spécialisation des pays, mais cette fois ci en fonction des
dotations naturelles.
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Rendu à l'issue du travail, il convient de
rappeler qu'il s'agissait de répondre à la question de savoir si
l'utilisation du Franc CFA en Zone CEMAC est un atout dans le processus de
l'intégration par le marché ou plutôt un facteur de
spécialisation de cette zone. Cette étude a été
menée en intégrant l'impact des réformes
macroéconomiques et institutionnelles de la décennie 90. Ce
questionnement, qui a débouché sur une issue dialectique au
courant des années 90 en deux principales conclusions
(endogénéité et spécialisation des ZMO), a
été vérifié en la Zone CEMAC. La
méthodologie a consisté à utiliser en deux parties, des
outils à la fois documentaires, statistiques et
économétriques.
La première partie qui a dressé le bilan des
réformes sur le processus d'intégration en Zone CEMAC, a
livré un résultat principal selon lequel les réformes ont
eu un impact mitigé. Cet impact mitigé se justifie par le fait
que sur les plans financier et institutionnel, il y a eu plusieurs
résultats (assainissement et modernisation du système financier,
stabilité monétaire, dispositif de convergence des pays,
création de la CEMAC). Mais, il a fallu une deuxième
génération de réformes pour atteindre significativement
ces résultats. En ce qui concerne le volet de l'intégration par
le marché, les réformes n'ont pas apporté les
résultats probants. Ainsi, la part du commerce intra-zone est largement
restée en deçà des 10% du total du commerce international
jusqu'à nos jours.
La deuxième partie quant à elle visait à
vérifier les deux conclusions de la théorie des ZMO
(endogénéité et spécialisation), théorie qui
étudie le lien entre la monnaie unique et le commerce. Cette partie
s'est imposée car il fallait, après avoir montré la
suppression de l'effet frontière monétaire suite au bilan de
réformes, détecter la direction que cette suppression a prise
(renforcement du marché commun ou spécialisation des pays).
Ainsi, la question de savoir si les pays de la CEMAC commercent davantage entre
eux parce qu'ils utilisent la même monnaie et vice-versa débouche
sur la conclusion selon laquelle le Franc CFA n'a pas joué le rôle
attendu sur le processus d'intégration par le marché. Ce
résultat infirme ainsi quoique faiblement la deuxième
hypothèse de cette étude, à savoir
l'endogénéité. La troisième hypothèse qui
teste la spécialisation des pays est, elle aussi faiblement
confirmée, car elle débouche sur une spécialisation
relative pour le Cameroun et à une spécialisation
absolue (hyperspécialisation) pour les autres pays. En ce qui
concerne la nature de la spécialisation, faute d'avoir des
données désagrégées par branches, les
résultats montrent que les pays obéissent à une
spécialisation intra-branche dans le secteur des marchandises et
inter-branche dans le secteur des services. En plus, un détour sur le
potentiel commercial des pays de la CEMAC montre que ce potentiel se trouve
à un niveau faible, expliqué à son tour par la faiblesse
du capital spatial.
Des deux parties, il ressort toujours des résultats
mitigés, montrant ainsi le caractère atypique de la
Communauté. Mais il serait souhaitable que ces résultats soient
plutôt mis à l'actif d'une transition des pays de la
coopération vers l'union, transition appuyée par les
récentes mutations entreprises lors du Sommet de N'djaména en
avril 2007 et qui doivent se poursuivre.
Ce travail recèle quelques limites notamment sur le
plan empirique : tout d'abord la non prise en compte de la dimension
temporelle lors de l'estimation du modèle de gravité, la
spécification adoptée ne permettant pas d'entreprendre des tests
de diagnostique; la seconde limite a trait au caractère
extrêmement agrégé des données qui ont servi au
calcul de l'indice de Grubel et Lloyd, ce qui ne permet pas de connaître
exactement dans quelles branches ou dans quels secteurs spécifiques de
l'économie les pays sont spécialisé.
Somme de tout ceci, quelques recommandations de politique
économique en guise d conclusion s'avèrent
nécessaires :
1. sur le plan de la politique
monétaire, il faut renforcer l'indépendance de la
BEAC afin qu'elle puisse poursuivre librement et sans pressions politiques les
réformes macro-financières et institutionnelles, dont elle a
été chargée par les chefs d'Etat. Cette
indépendance doit être comprise de façon large, surtout sur
les plans instrumental, institutionnel et budgétaire. Mais il faut au
préalable veiller à consolider les acquis relatifs à
l'implémentation de ces réformes. Cette autonomie aura
nécessairement pour pendant la confortation de la suppression de l'effet
frontière monétaire et le renforcement du rôle de la
monnaie unique dans l'augmentation du commerce sous-régional. Cette
situation pourra enfin favoriser l'optimalité monétaire de cette
sous-région. Pour y parvenir, l'agence de restriction externe (la
France) qui joue le rôle de gendarme au sein des organes de la BEAC doit
être maintenue, car l'existence d'une telle agence a contribué
à plus d'un titre à la réussite de la coopération
monétaire et financière dans la sous-région.
2. sur le plan financier, il faut
militer en faveur de l'assainissement du climat des affaires, facteur d'attrait
des IDE et générateur de commerce. Ensuite, cet assainissement
pourrait restaurer la confiance entre la sphère financière et la
sphère réelle, afin que des crédits soient accordés
en faveur des projets intégrateurs et en capital spatial. Il convient de
souligner que la BDEAC à elle seule ne peut pas financer tous les
projets sous-régionaux, qui requièrent souvent des montants
énormes. Il faut donc à ce niveau impliquer tout le
système bancaire de la zone et surtout miser sur un marché
financier sous-régional performant, qui pourra facilement transformer
des ressources en emplois longs. Dans cette optique, la Bourse des Valeurs
Mobilières d'Afrique Centrale (BVMAC) à un rôle capital
à jouer et son entrée en vigueur s'avère
nécessaire, malgré le conflit d'objectifs et de leadership qui
l'attend face à la Douala Stocks Exchange (DSX), qui a vue le jour
depuis 2003.
3. en ce qui concerne le renforcement de
l'intégration sous-régionale, deux principaux volets
doivent être privilégiés : commerciale et
monétaire. Sur le plan commercial, l'intégration dans la CEMAC ne
sera couronnée d'un succès que s'il se développe en son
sein un véritable Marché. La réussite à ce niveau
passe par une base productive, dont la nature est déterminante. Elle
doit être diversifiée, afin de permettre des demandes
croisées entre les partenaires à l'intégration. Pour y
parvenir, il faut se déconnecter de la logique de la monoculture et
développer au sein des pays membres de véritables politiques
nationales d'ouverture à vocation sous-régionale, plutôt
que de subir une ouverture naturelle qui alimente l'intégration
verticale. En ce qui concerne le volet monétaire, il faut militer pour
le respect des critères traditionnels des ZMO au sens de Mundell (1961).
Pour cela, il est urgent de faciliter la libre circulation des facteurs et
surtout des personnes à travers la mise en vigueur du passeport CEMAC,
bien que ce point connaisse encore quelques écueils dans la
sous-région, avec des expulsions fréquentes en Guinée
Equatoriale. Aussi, il ne faut pas oublier le renforcement des conditions de
convergence, qu'elle soit nominale, réelle ou structurelle. Sur ce
point, la discipline des pays en ce qui concerne le respect du critère
monétaire (inflation) de convergence doit être étendue aux
critères de dépenses, bien que pilotés sur le plan
national. Un contrôle strict du respect des critères de
convergence passerait par l'application et le suivi rigoureux des sanctions, la
mise en place d'un bouclier efficace de compensation en cas de pertes
budgétaires et la coordination des politiques nationales.
4. sur le plan institutionnel, il faut
renforcer les institutions sous-régionales, et la priorité doit
être accordée à la Commission nouvellement
créée lors du dernier sommet des chefs d'Etat en avril 2007
à N'Djaména. Pour une action efficace de cette dernière,
tous ses mécanismes de financement doivent être obligatoires et
restructurés. La proposition à ce niveau est la formation des
agents régionaux chargés du recouvrement de la Taxe Communautaire
d'Intégration (TCI), dotés d'un esprit communautaire et
protégés par des pouvoirs supranationaux. En outre, les
versements doivent être directs dans les comptes de la Commission. Cette
dernière doit marquer une rupture nette avec l'ancien Secrétariat
Exécutif qui s'est avéré être une simple chambre
d'enregistrement. Pour ce faire, la nomination du Président doit
être issue d'un processus concurrentiel en fonction de ses
caractéristiques propres et ce poste doit être rotatif, ce qui
permettrait d'assurer l'égalité des partenaires. Enfin, il faut
éviter des conflits entre les différents organes, les
différentes Institutions et surtout entre la Commission et le Conseil
des chefs d'Etat. Pour y parvenir, il faut clairement définir les
frontières existantes entre ces différents organes à
travers une application rigoureuse des textes. Une situation conflictuelle
à ce niveau illustrerait une fois de plus le manque de volonté
politique des dirigeants, car c'est une partie de leurs pouvoirs qui doit
être transférée à la Commission.
Enfin, concluons avec Eboué (2004) pour dire que ce
n'est qu'à ces conditions que l'Union Monétaire CEMAC pourra
devenir un espace de croissance tirée par le commerce extérieur
et sous-régional.
ANNEXES
Annexe 1
Répartition de la population en zone CEMAC EN
2003.
|
|
Source : Construit par
l'auteur à partir du World Bank Africa Database 2005.
|
Annexe 2
Evolution de la surveillance multilatérale en Zone
CEMAC de 2002 à 2006
|
Couverture extérieure de la monnaie
|
Solde budgétaireprimaire
|
Taux de pession fiscale
|
Masse salariale sur recettes budgétaires
|
Compte courant sur PIB
|
Dette extérieure sur exportations
|
Source : construit par
l'auteur.
|
Annexe 3-a
La dynamique de la convergence en Zone CEMAC de 1985
à 2006
|
Solde budgétaire de base sur PIB nominal
|
Ratio dette extérieures / PIB
|
Arriérés de paiement extérieurs
|
Inflation annuelle moyenne
|
Source : construit par
l'auteur.
|
CRITERES DE CONVERGENCE
|
PAYS
|
Nombre de pays respectant le critère
|
|
Cameroun
|
Centrafrique
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée Equatoriale
|
Tchad
|
CEMAC
|
2006
|
|
2005
|
2004
|
Solde budgétaire de base sur PIB
(norme : >=0)
|
Respecté
|
Non respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
5
|
5
|
5
|
Taux d'inflation annuel moyen
(norme : <3%)
|
Non Respecté
|
Non Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Non respecté
|
Non Respecté
|
Non Respecté
|
2
|
4
|
5
|
Encours de la dette publique totale rapporté au PIB
nominal
(norme : <=70%)
|
Respecté
|
Non respecté
|
Non respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
4
|
4
|
4
|
Arriérés gestion courante
- intérieurs
- extérieurs
(norme : = 0)
|
Respecté
|
Non respecté
|
Non respecté
|
Respecté
|
Respecté
|
Non Respecté
|
Non respecté
|
3
|
3
|
1
|
Nombre de critères respectés par le
pays
|
2006
|
3
|
0
|
2
|
4
|
3
|
2
|
2
|
|
|
2005
|
4
|
1
|
2
|
4
|
3
|
2
|
3
|
2004
|
3
|
1
|
2
|
3
|
3
|
3
|
3
|
Annexe 3-b : Vue synoptique des
résultats prévisionnels de la Surveillance Multilatérale
dans la CEMAC au 31 décembre 2006.
Source : extrait de CEMAC,
2006-b
Annexe 4
Analyse graphique du résidu du modèle de
gravité des pays de la CEMAC
|
1990-1993
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
RCA
|
Tchad
|
2000-2003
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
RCA
|
Tchad
|
Source : Construit par
l'auteur
|
Annexe 5
Liste des 25 pays et capitales de
l'échantillon.
|
CEMAC
|
UEMOA
|
Autres pays d'ASS
|
Pays
|
Capitales
|
Pays
|
Capitales
|
Pays
|
capitales
|
Cameroun
Congo
Gabon
RCA
Tchad
|
Douala
Brazzaville
Libreville
Bangui
N'djaména
|
Bénin
Burkina Faso
Côte-d'Ivoire
Mali
Niger
Sénégal
Togo
|
Porto Novo
Ouagadougou
Yamoussoukro
Tombouctou
Niamey
Dakar
Lomé
|
Burundi
Ethiopie
Ghana
Kenya
Madagascar
Mauritanie
Nigeria
R. D. Congo
Rwanda
Tanzanie
Uganda
Zambie
Zimbabwe
|
Bujumbura
Addis Ababa
Accra
Nairobi
Antananarivo
Nouakchott
Lagos
Kinshasa
Kigali
Dar Es Salam
Entebbe
Lusaka
Harare
|
Source : construit par
l'auteur
|
Annexe 6
Tableaux des estimations extraits du logiciel EViews 3.0
(la variable dépendante est Log Xij)
|
1990-1993
|
|
2000-2003
|
|
Source : Construit par
l'auteur
|
BIBLIOGRAPHIE
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Afrique du Nord : évaluation du potentiel de l'intégration
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Economique pour l'Afrique, Bureau pour l'Afrique du Nord.
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« Intégration monétaire : préalable ou
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
1
AVERTISSEMENT
3
DEDICACE
4
REMERICIEMENTS
5
RESUME
6
ABSTRACT
6
LISTE DES SIGLES
7
LISTE DES GRAPHIQUES
9
LISTE DES TABLEAUX
9
LISTE DES ANNEXES
9
INTRODUCTION GENERALE
10
PREMIERE PARTIE : DE L'UDEAC A LA CEMAC :
LES MUTATIONS DE L'INTEGRATION SOUS-REGIONALE
19
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
20
CHAPITRE 1 : LE CONTENU DES REFORMES
MACROECONOMIQUES ET INSTITUTIONNELLES APPLIQUEES EN ZONE CEMAC
21
SECTION 1. DES DIFFICULTES DE L'INTEGRATION
ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE ...
21
1.1. BREVE HISTOIRE DE L'INTEGRATION ECONOMIQUE EN
AFRIQUE CENTRALE
21
1.1.1. Les grandes motivations de
l'intégration en Afrique centrale
22
1.1.2. La nature de l'intégration avant les
réformes
23
1.2. L'ARCHITECTURE ECONOMIQUE DES PAYS AVANT LES
REFORMES
24
1.2.1. L'organisation monétaire et
bancaire
25
1.2.2. L'environnement réel et
institutionnel
27
SECTION 2. ... A LA NECESSITE DES REFORMES EN ZONE
CEMAC
27
2.1. LES REFORMES MONETAIRES, BANCAIRES ET
FINANCIERES
28
2.1.1. La première vague des
réformes
28
2.1.2. La deuxième vague des
réformes
31
2.2. LES REFORMES REELLES ET
INSTITUTIONNELLES
32
2.2.1. Les réformes
réelles
32
2.2.2. Les réformes
institutionnelles
36
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
38
CHAPITRE 2 : LE BILAN DES REFORMES SUR
L'INTEGRATION EN ZONE CEMAC
39
SECTION 1 : LE BILAN DES REFORMES DE LA
PREMIERE GENERATION
39
1.1. UN BILAN MITIGE
39
1.1.1. Une stabilité monétaire et un
renforcement du dispositif financier et bancaire
39
1.1.2. Au niveau des échanges
intra-sous-régionaux
41
1.2. L'INERTIE DES INSTITUTIONS ET LE MANQUE
D'ESPRIT COMMUNAUTAIRE
42
1.2.1. Les goulets d'étranglement au niveau
des institutions
43
1.2.2. L'expérience de quelques
sous-régions : l'UE et la CEDEAO / UEMOA
44
SECTION 2 : LES RECENTS REAMENAGEMENTS DANS LA
CEMAC : LA POURSUITE DES REFORMES DE LA DEUXIEME GENERATION
46
2.1. LA REDYNAMISATION DES PRINCIPALES
INSTITUTIONS
46
2.1.1. La BEAC : comment renforcer son
indépendance et réorienter ses missions ?
46
2.1.2. La nécessité d'une Commission
en Zone CEMAC
48
2.2. LES NOUVELLES PERSPECTIVES EN ZONE
CEMAC
50
2.2.1. Les objectifs d'intégration de la
Communauté à moyen terme (2006-2011)
50
2.2.2. Les goulots à l'atteinte des
objectifs d'intégration
51
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
55
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
56
DEUXIEME PARTIE : LA CEMAC, UNE UNION
MONETAIRE ATYPIQUE : LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE
MONETAIRE
57
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
58
CHAPITRE 3. LA SUPPRESSION DE L'EFFET FRONTIERE
MONETAIRE ENCOURAGE-T-ELLE LE COMMERCE DANS LA CEMAC ?
59
SECTION 1. JUSTIFICATION THEORIQUE DU LIEN ENTRE
MONNAIE ET COMMERCE
59
1.1. APERCU SUR LES THEORIES DU COMMERCE
INTERNATIONAL
60
1.1.1. Les explications traditionnelles du commerce
international
61
1.1.2. Les dépassements des théories
traditionnelles
62
1.2. UN NOUVEAU DETERMINANT DU COMMERCE
INTERNATIONAL : LA MONNAIE UNIQUE
63
1.2.1. La théorie des zones
monétaires optimales (ZMO)
63
1.2.2. Au-delà de la monnaie unique :
l'apport de la frontière et de la distance
66
SECTION 2. VERIFICATIONS EMPIRIQUES EN ZONE
CEMAC
67
2.1. LE MODELE DE GRAVITE AUGMENTE
67
2.1.1. Présentation du
modèle
67
2.1.2. Le choix, la justification des variables et
la période d'étude
70
2.2. TECHNIQUES D'ESTIMATION ET
RESULTATS
72
2.2.1. Aperçu sur les données de
panels
72
2.2.2. Sources de données, résultats
et interprétations
74
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
78
CHAPITRE 4 : LA SUPPRESSION DE L'EFFET
FRONTIERE MONETAIRE INFLUENCE-T-ELLE LA SPECIALISATION DANS LA CEMAC
?
79
SECTION 1. LE POTENTIEL COMMERCIAL DES PAYS DE LA
CEMAC
79
1.1. EVALUATION DE LA SPHERE PRODUCTIVE DE LA
CEMAC
79
1.1.1. La structure de production des pays de la
CEMAC
79
1.1.2. Une complémentarité
commerciale et productive souhaitable
81
1.2. CALCUL DU POTENTIEL COMMERCIAL (EXPORTATIONS)
DES PAYS DE LA CEMAC
84
1.2.1. L'analyse graphique du potentiel des
exportations : une approche par le résidu
85
1.2.2. Une analyse robuste : le calcul du
potentiel des exportations
86
SECTION 2 : LE DEGRE ET LA NATURE DE LA
SPECIALISATION DANS LA CEMAC, UN FREIN POUR LES ECHANGES
INTRA-REGIONAUX
89
2.1. JUSTIFICATION DE LA SPECIALISATION
INTERNATIONALE
89
2.1.1. La notion de spécialisation dans la
littérature économique
89
2.1.2. Un état théorique de la
spécialisation en Zone CEMAC
91
2.2. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA SPECIALISATION EN ZONE
CEMAC
93
2.2.1. Le degré de spécialisation en
Zone CEMAC
93
2.2.2. La nature de la spécialisation en
Zone CEMAC
95
CONCLUSION DU CHAPITRE 4
98
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
99
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
100
ANNEXES
104
BIBLIOGRAPHIE
109
RESSOURCES INTERNET (WEBLIOGRAPHIE)
114
TABLE DES MATIERES
115
* 1 Les dénominations
de ces regroupements sont respectivement l'Union du Maghreb Arabe (UMA), la
Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC), la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le
Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA), et la
Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC).
Cette stratégie visait à terme la formation de l'Union
Africaine.
* 2 L'intégration
par la production se justifie par le fait qu'en
présence d'inégalités structurelles, des
asymétries spatiales et des inégalités économiques,
il appartient à un ensemble de pays, par une politique
interventionniste, de favoriser la prise d'initiatives et de provoquer la
substitution aux importations. Le protectionnisme minimum quant
à lui traduit l'idée selon laquelle un niveau de
libéralisation des échanges plus poussé dans la
région assure un niveau de protection élevé à
l'intérieur de la zone par rapport à l'extérieur.
L'approche par les règles d'harmonisation s'intéresse
à un ensemble de normes que doivent suivre les pays désirant
s'intégrer afin de faire bénéficier à leur
groupement les gains de l'extension du marché (CEA, 2004).
* 3 Les deux exemples
asiatique et africain posent le problème d'ouverture à
l'économie mondiale. C'est ainsi que les pays asiatiques ont
préférés dans un premier temps s'ouvrir à
l'économie mondiale, et ce n'est que tout récemment qu'ils ont
pensé à la dimension sous-régionale. Cette
logique est tout à fait l'inverse en Afrique, et notamment en Zone
Franc.
* 4 Née en 1994 et
entrée en vigueur cinq ans plus tard, la CEMAC est une relique de
l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC),
créée trois décennies auparavant (1964). C'est une
partition sous-régionale à caractère économique et
surtout monétaire, qui a pour principale mission le renforcement du
processus d'intégration en Afrique centrale. Elle est composée de
six pays : Le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale,
la République Centrafricaine (RCA) et le Tchad. Quatre institutions sont
rattachées à la Communauté, gérées par
quelques organes de décision. Comme institutions, on note l'Union
Économique de l'Afrique centrale (UEAC), l'Union Monétaire de
l'Afrique Centrale (UMAC), le Parlement Communautaire et la Cour de Justice
Communautaire, comprenant une Chambre Judiciaire et une Chambre des Comptes.
Les organes sont : la Conférence des chefs d'État, le
Conseil des Ministres de l'UEAC, le Comité Ministériel de l'UMAC,
le Secrétariat Exécutif (remplacé depuis avril 2007 par
une Commission), le Comité Inter-Etats, la Banque des États de
l'Afrique Centrale (BEAC), la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
(COBAC), l'Institution de Financement du Développement.
* 5 Cette faiblesse du
commerce est montrée par la part des exportations et des importations
intra-zone dans le total mondial. La moyenne de cette part entre 1986 et 2001
est de 3,3% pour les importations et de 2,1% pour les exportations.
Source : calculs de l'auteur à partir des
données de Nations Unies, CEA, CDSR-AC, (2001), « Afrique
centrale en chiffres », CEA.
* 6 Cette notion peut
être comprise à travers là définition de zone
monétaire optimale, qui a deux sens :
traditionnellement, c'est un ensemble de territoires où une
monnaie donnée est acceptée, soit totalement, soit partiellement
en règlement des transactions internes ou externes (ou les deux) ;
en termes de dépendance, une zone monétaire est
constituée d'un groupe de pays définissant leurs monnaies par
rapport à une monnaie dominante. Il faut distinguer entre zone
monétaire et union monétaire. Ainsi, une union monétaire
est une zone monétaire dans laquelle les politiques sont
gérées conjointement en vue d'atteindre des objectifs
macroéconomiques communs.
* 7 Le dictionnaire Dicos
Ecarta 2007 définit la réforme comme un
« changement radical apporté en vue de l'amélioration
de (quelque chose) ». C'est cette connotation qui sera adoptée
dans le cadre de ce travail, qui s'appui sur les réformes
macroéconomiques et institutionnelles appliquées en Zone CEMAC.
* 8 L'« effet
frontière » doit être compris ici comme un ensemble
de facteurs qui freinent le commerce intra-régional. Il peut s'agir de
l'utilisation de monnaies nationales, de la faiblesse des infrastructures,
etc.
* 9 Il s'agit des
réformes fiscalo-douanières de 1993-94, des réformes
institutionnelles de 1994 avec la création de la CEMAC, et enfin des
réformes monétaires, fortement marquées par la
dévaluation de janvier 1994.
* 10 De 1989 à 1998,
les importations en millions de CFA du Cameroun en provenance de ses
partenaires de la CEMAC étaient de 7633 contre 25839,2 pour le Nigeria,
en moyenne sur les dix ans. Source : calcul de
l'auteur à partir des données de la Direction de la Statistique
et de la Comptabilité Nationale (DSCN).
* 11 Mundell (1961) propose
comme critère d'optimalité la mobilité des facteurs de
production, McKinnon (1963) un fort degré d'ouverture commercial, et
Kenen (1969), la diversification des pays.
* 12 Le résultat sur
lequel ils débouchent est consensuel, à savoir la
prédominance des bénéfices sur les coûts. Les
principaux bénéfices sont la stabilité monétaire
interne (inflation) et externe (taux de change) et les externalités
positives dont bénéficient les petits pays. Les principaux
coûts sont tous liés à la perte de souveraineté
monétaire, ce qui limite l'utilisation de l'arme monétaire comme
instrument d'ajustement.
* 13 Ce point a
constitué l'un des noeuds lors du dernier Sommet des chefs d'Etat de
l`UA au mois de juin 2007 à Accra. En plus, le Guide Libyen lors de sa
dernière tournée en Afrique de l'Ouest à l'occasion du
même Sommet, n'a cessé de plaider pour une Banque Centrale commune
et une monnaie commune africaine. Bien avant, l'Association des Gouverneurs des
Banques Centrales Africaines a annoncé en août 2003 qu'elle
chercherait à mettre en place une monnaie unique et une Banque Centrale
commune d'ici à 2021 en Afrique.
* 14 L'héritage des
réformes est la confirmation de la suppression de l'effet
frontière monétaire.
* 15 Voir (Avom, 2003).
* 16
L'intégration horizontale est celle qui est entreprise entre
les pays proches, présentant des caractéristiques communes et qui
dans la plupart des cas, appartiennent à un même continent.
L'intégration verticale est celle qui se passe entre les pays
ayant des structures de développement différentes, par exemple
entre les pays du Nord et ceux du Sud (c'est l'exemple de la Zone Franc et de
l'Union Méditerranéenne).
* 17 Initialement, le Franc
CFA était émis par la Caisse Centrale de la France d'Outre-mer.
Cependant, après l'accession à l'indépendance au
début des années 60, la responsabilité de
l'émission monétaire et de la supervision du fonctionnement de la
Zone a été dévolue à deux Banques Centrales
régionales, à savoir la BEAC et la BCEAO. La première
émet le Franc de la Coopération Financière d'Afrique, et
la seconde émet le Franc de la communauté Financière
d'Afrique. Il convient tout de même de noter que la parité des
deux francs est la même (Hadjimichael et Galy, 1997).
* 18 Ayant acquis leur
indépendance pour la plupart dans les années 60, les six pays ont
connu des histoires coloniales diverses. Le Congo, la RCA, le Gabon, le Tchad
étaient d'anciennes colonies françaises ; le Cameroun
était d'abord sous la tutelle des Nations Unies, avant d'être
simultanément protectorat français et britannique ; la
Guinée Equatoriale a d'abord été une colonie portugaise,
puis espagnole.
* 19 Ce relâchement
est symbolisé par une nouvelle forme de coopération
monétaire prônant la liberté des pays membres. C'est ainsi
que les pays tels que le Mali, la Mauritanie, Madagascar, l'Algérie
n'ont pas fait partie de la ZF (seul le Mali a réintégré
la zone).
* 20 Le principe du CO
confère quelques avantages : stabilité
monétaire ; assise monétaire favorable à
l'intégration ; renforcement de l'influence des banques ;
régularité des ressources d'exportation ; rigueur de la
politique monétaire.
* 21 La BEAC opte pour un
niveau bas de taux d'intérêt, se situant ainsi dans une logique
keynésienne de dopage de l'investissement. C'est donc une banque qui
promeut le développement, in « Mécanismes et
objectifs de la politique monétaire de la BEAC, Complément de la
fiche d'identité de la BEAC ».
Source:
www.izf.net/IZF/FicheIdentite/Complements/Beac1.htm.
* 22
Source :
www.izf.net/IZF/FicheIdentite/Complements/Beac1.htm.
* 23 Ordonnance du 30
août 1973, complétée par celle n° 85/002 du 31
août 1985.
* 24 Les
sociétés nationales avec participation de la CFDT se constituent
en 1971 au Tchad (COTONTCHAD), en 1974 au Sénégal (SODEFTEX), en
Côte-d'Ivoire (CIDT) et au Cameroun (SODECOTON), en 1975 au Mali (CMDT),
et en 1979 au Burkina Faso (SOFITEX).
* 25 Mise en place en
septembre 1991 au Cameroun et en janvier 1992 dans les autres pays de la CEMAC,
elle a pour but de répondre aux critiques formulées à
l'encontre de l'ancien système, en vigueur jusqu'au début des
années 90, des plafonds globaux de refinancement des banques
commerciales. Cette méthode, qui permettait de déterminer le
montant maximum d'intervention de la Banque Centrale à partir des
prévisions de déficits des banques après confrontation de
leurs emplois et ressources s'est en effet avérée limitée
et inopérante, particulièrement dans le contexte de crise. La
démarche de la programmation monétaire est essentiellement
macroéconomique ; l'exercice s'articule généralement
en deux temps, à savoir : tout d'abord l'établissement des
prévisions des agrégats économiques et financiers et,
ensuite la détermination des objectifs monétaires et de
crédit. Source :
www.izf.net/IZF/FicheIdentite/Complements/Beac1.htm.
* 26 Ce marché
comprend un compartiment interbancaire impliquant les banques de réseaux
et de pays différents. En plus il faut ajouter l'abandon du
contrôle direct du crédit au profit d'instruments indirects qui
agissent sur la liquidité bancaire (BEAC, 2005).
* 27 Le bilan est
appréciable. Ainsi lorsque la COBAC entre en activité, 1 seule
banque respectait l'ensemble des nouvelles normes prudentielles et 16
étaient dans une situation critique. Au terme de la première
phase, on ne comptait plus que 28 banques en activité, dont 10 seulement
présentaient une situation financière relativement bonne. La
situation en 2002 montre que sur un peu plus de 30 banques en activité,
20 présentaient une situation relativement saine et 2 seulement
étaient dans une situation critique (COBAC, 2002).
* 28 Cette
surliquidité peut aussi se justifier par la stagnation de
l'épargne, qui n'est pas transformée en investissement ou en
emplois longs.
* 29 En outre, le taux
d'intermédiation bancaire qui est le rapport entre le nombre de guichets
de banques et la population montre que le degré de
pénétration des banques reste faible en Zone CEMAC. Il est de 1
guichet pour 200 000 habitants, expliquant ainsi une forte concentration
bancaire Avom (2007).
* 30 Cet exercice a en effet
permis à l'Institut d'Emission de renforcer la cohérence entre la
politique monétaire et le cadre macroéconomique des pays membres,
et d'instaurer un dialogue permanent entre la Banque Centrale, les
administrations publiques et les établissements de crédit sur la
détermination des objectifs monétaires et de crédit.
* 31 La démarche de
la programmation monétaire repose sur la méthode dite de
projection directe. Celle-ci consiste à déterminer par
étapes successives, les différents agrégats des secteurs
macroéconomiques avant d'assurer la cohérence d'ensemble du cadre
macroéconomique. L'avantage de cette méthode est de laisser une
bonne place au jugement. Elle s'oppose ainsi à la méthode
économétrique qui suppose l'utilisation d'un modèle
complexe (Source :
www.beac.int).
* 32 Le policy mix
est défini de façon simple comme une combinaison optimale des
deux principaux instruments de la politique économique, à savoir
la politique monétaire et la politique budgétaire.
* 33 La signature du
Traité de Maastricht en 1992 par les pays européens fixe comme
critères de convergence la stabilité des
prix (le taux d'inflation du pays candidat ne doit pas
dépasser de plus de 1,5% celui des trois États membres
présentant les meilleurs résultats) ; la
soutenabilité des finances publiques (le solde du
secteur public ne doit pas faire apparaître un déficit excessif.
En situation normale, il ne doit pas excéder 3 % du PIB et la dette
publique accumulée ne doit pas dépasser 60% du même
agrégat) ; la stabilité du change
(les Etats membres doivent respecter les marges normales de
fluctuation prévues par le mécanisme de change du système
monétaire européen), et enfin l'alignement des taux
d'intérêt (les taux d'intérêt à long
terme - moyenne annuelle - ne doivent pas excéder de plus de 2% celui
des trois Etats membres présentant les meilleurs résultats en
matière d'inflation) (Schor, 1999).
* 34 Les indicateurs de la
surveillance multilatérale (couverture extérieure de la
monnaie ; solde budgétaire primaire ; taux de pession
fiscale ; ratio masse salariale sur recettes budgétaires ;
ratio compte courant sur PIB et ratio dette extérieure sur exportations)
sont représentés pour la période 2002-2006 à
l'annexe 2.
* 35 Cette matrice comporte
quatre grands domaines d'action : les PAS ; la consolidation des finances
publiques ; le renforcement de l'intégration
régionale ; la politique monétaire et les réformes
financières. Ces quatre grands domaines sont à leur tour
éclatés en vingt rubriques.
* 36 En mai 2006, le rapport
montre que sur les vingt 20 mesures : i) sept ont
été intégralement exécutées; ii)
sept autres ont enregistré globalement des avancées;
iii) six mesures n'ont pas connu de début d'exécution ou
ont enregistré des retards. Source :
http://www.beac.int/CEMAC/psr310506.htm.
* 37 La règle
d'origine privilégie le taux d'incorporation des matières
premières locales et/ou de la valeur ajoutée dans le produit
final. Ainsi par exemple, un « produit CEMAC » doit
incorporer au moins 40% de matières communautaires dans le total des
intrants qui le composent.
* 38 Les réformes
sont théoriquement analysées sous le prisme de l'Economie
Institutionnelle et sont fondées sur des concepts tels que le
gradualisme et la thérapie des chocs. Les questions
généralement posées sont les suivantes : Quelles
institutions faut-il réformer ? Quel timing (à quel moment) et
quelle séquence pour les réformes ? En ce qui concerne l'approche
gradualiste, ses fondements peuvent se retrouver dans la théorie de la
firme bancaire (Avom et Eyeffa, 2007).
* 39 En prenant l'exemple
européen, les pays échangeaient déjà entre eux
à hauteur de 30% lors de la signature du Traité de Rome en 1957,
et de 60% lors de l'adoption de l'euro en 1999 (Boungou Bazika, 2001).
* 40 Cette part n'a pas
significativement évolué. Mais on note une grande part
occupée par le commerce informel dont l'importance se reflète
dans le volume des billets déplacés. Ce phénomène
s'explique aussi par un laxisme des institutions et l'existence de nombreux
« effets frontière » qui freinent le
commerce.
* 41 Le ratio du commerce
extérieur au PIB est de 55,46 en 1995 et de 59,85 en 1996, alors que le
ratio des exportations intra-zone au PIB est de 1,51 et de 1,67 pendant les
mêmes années (Ondo Ossa, 2000).
* 42 Le mécanisme de
la TCI a démarré en janvier 2002. Son rôle est d'assurer le
fonctionnement des institutions à hauteur de 30%, et les 70% devraient
servir à financer les compensations de pertes de recettes
budgétaires et les projets intégrateurs (autrement dit, la
solidarité et le développement).
* 43 Ces
arriérés s'élevaient à 19,6 milliards en 2003 et
à 20, 6 milliards en 2004 (CEMAC, 2006b).
* 44 Plusieurs manquements
ont été identifiés au niveau des Etats Membres dans le
fonctionnement de la TCI : refus de prélever
séparément la TCI au cordon douanier ; refus de reverser les
prélèvements de TCI effectués et enfin, distraction d'une
partie de la TCI collectée.
* 45 Ainsi, la
répartition des postes dans les trois grandes Institutions
(Secrétariat Exécutif, BEAC, BDEAC) nécessite un
réel souci d'équilibre. Depuis sa création (UDEAC puis
CEMAC), le Secrétariat Exécutif (ancien Secrétariat
Général et depuis la Conférence des chefs de l'Etat
à en avril 2007, Commission) n'a été dirigé que par
des Camerounais - plus de 40 ans) ; la BEAC depuis sa création en
1955 n'a été dirigée que par des Français (de 1955
à 1977), puis par des Gabonais (30 ans, depuis 1978) ; à la
BDEAC, seuls les Centrafricains sont les principaux dirigeants.
* 46 Ces deux débats
concernent la théorie des unions douanières (UD) et celle qui
considère l'intégration comme un processus graduel qui va de
l'intégration réelle à l'intégration
monétaire. Ainsi les UD s'insèrent dans la
conception classique qui préconise que l'intégration par
l'échange doit être régie par les règles de
marché accompagnée d'une conception volontariste au niveau
des politiques nationales. Dans cette optique, la production débouche
finalement sur l'harmonisation des règles.
* 47 D'abord le
Président est issu alternativement d'un « grand » et
d'un « petit » Etat. Bien que cette coutume ne soit pas
inscrite dans les textes, elle marque le souci d'éviter toute forme
d'hégémonie par un ou quelques Etats.
* 48 Au niveau de l'Union
Africaine (UA), la première désignation de Commissaires,
intervenue au cours de l'année 2003, constitue un exemple de
succès en matière de nomination des organisations communautaires.
Ce processus s'est fait sur une triple base de compétence,
d'équilibre entre les régions et d'équilibre entre les
genres (CEMAC, 2006b).
* 49 Notes du cours
« Monnaie-Banque-Finance, Analyse et Politique
Monétaire », PTCI - Campus Commun des Cours à
Option (CCCO), Niamey-Niger.
* 50 Les questions en ce qui
concerne la nouvelle politique monétaire de la BEAC ont
été plus ou moins épongées. Dans les pays
développés, cette politique monétaire pose entre autres
les problèmes liés à « la monnaie
manquante », au « biais
inflationniste » et au « ciblage de
l'inflation ». Le problème de monnaie manquante est
techniquement expliqué par l'instabilité des équations de
demande de monnaie associées aux agrégats faisant l'objet du
contrôle des autorités. La théorie du biais inflationniste
quant à elle a été mise en avant pour expliquer le faible
engagement des BC à vouloir lutter efficacement contre l'inflation, en
raison notamment des coûts déflationnistes qu'une telle politique
entraînerait. Le régime de ciblage du niveau général
des prix revient pour la BC à annoncer un niveau des prix et sa
fourchette de variation, alors que le régime de ciblage de l'inflation
implique que la cible est fixée en fonction d'un taux d'inflation
à long terme dans un sentier qui va en s'agrandissant (Eboué,
2004 et 2006).
* 51 L'indépendance
institutionnelle doit être constatée dans les sphères
organique et juridique, définissant ainsi les conditions de
fonctionnement de la BC. L'autonomie opérationnelle quant à elle
fait référence à l'implication effective de la BC, non
seulement dans la définition des objectifs, mais également dans
la conduite de la politique monétaire (choix et utilisation des
instruments). L'autonomie financière enfin est liée à
l'importance des ressources financières pouvant faciliter le bon
fonctionnement de la Banque.
* 52 En ce qui concerne les
évolutions, il convient de souligner que l'objectif de la politique
monétaire est clairement défini dans les statuts de 1998. Le
Conseil d'Administration est aussi réorganisé (il regroupe les
hauts fonctionnaires, nommés en fonction de leur compétence, et
non les Ministres de l'Economie et des Finances des différents pays). La
présidence de cette instance est assurée par un Gouverneur. Il a
seul, le privilège et l'exclusivité de la manipulation des taux,
contrairement aux anciens textes (Avom, 2006). Mais l'architecture
financière est vétuste, avec un taux de bancarisation de 17%
seulement contre 101% en Afrique du Sud, 106% en Tunisie, 27% dans la Zone
UEMOA par exemple. A l'intérieur de la Zone CEMAC, la bancarisation est
de 23% au Gabon et de 18% au Cameroun. Pour le reste des pays, elle situe entre
7% et 12%. Source :
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=16428.
* 53 Il s'agit de l'Acte
N°19/CEMAC/CCE du 20 juin 2007. Le nouveau Gouverneur a été
officiellement installé dans ses fonctions le 12 juillet 2007 à
Yaoundé. Source :
www.beac.int/beac_int.html.
* 54 Avant cette
réforme, la Banque était dirigée par un Gouverneur,
assisté d'un Vice-Gouverneur et d'un Secrétaire
Général. Cette Administration Centrale était
complétée par neuf Directions centrales, cinq Départements
et une Cellule d'Etudes. Source :
www.beac.int/coorporate/sgodcm.htm.
* 55 Le Président de
la Commission est le principal fonctionnaire de la Communauté et de
toutes ses Institutions. Il est le représentant légal de
l'ensemble des Institutions de la Communauté ; il est
l'élément charnière de la Communauté. Il est
chargé d'entreprendre des actions concernant la mise en oeuvre et le
suivi des Protocoles, Conventions et Décisions de la Communauté.
Il lui revient de veiller à ce que le cours du processus
d'intégration ne soit pas dévié. Il peut conclure des
accords de coopération dès lors que ceux-ci ne font
qu'énoncer les principes de la coopération (CEMAC, 2006b).
* 56 Les objectifs
spécifiques de la première étape concernent :
(1) l'harmonisation des règles du marché commun ;
(2) la coordination et la transformation des politiques nationales
à terme en politique commune dans les secteurs clés ;
(3) la mise en place des instruments de la circulation des biens, des
services, des capitaux et des personnes ; (4) le
développement de la coordination des politiques commerciales et des
relations économiques avec les autres régions, (5)
l'entreprise d'actions communes dans les domaines de l'enseignement, de la
formation professionnelle et de la recherche. (Extrait de la Convention
régissant l'UEAC. Source : Textes
organiques de la CEMAC, 1998).
* 57 Pour réaliser
cet audit, la CEMAC a bénéficié de l'appui du consortium
composé d'un cabinet international de conseil en management,
Performances Management Consulting, et d'une fondation
indépendante, le Centre Européen de Gestion des Politique de
Développement (ECDPM). Cet audit s'est appuyé sur une
analyse documentaire approfondie, complétée par des entretiens
auprès d'une part des institutions communautaires, d'autre part des
responsables gouvernementaux des Etats Membres (CEMAC, 2006b).
* 58 Ce programme
prévoit la création d'une Commission, la décentralisation
des pouvoirs au sein de la BEAC ; une répartition plus
équilibrée des postes de responsabilité au sein des
grandes institutions (CEMAC, 2006b).
* 59 C'est la propagation
persistante des signaux d'un phénomène dans le temps.
* 60 C'est une
Communauté qui découle du Plan d'Action de Lagos d'avril 1980 et
qui regroupe, en plus des six pays de la CEMAC, la République
Démocratique du Congo (RDC), l'Angola, le Rwanda, le Burundi, et
Saõ Tomé et Principe. Instituée par un Traité
signé le 20 octobre 1983 à Libreville et entrée en vigueur
le 18 décembre 1984, la CEEAC a pour principale mission de conduire le
processus de coopération et d'intégration en Afrique Centrale.
Quatre domaines sont privilégiés : l'intégration
humaine ; le développement des capacités d'analyse, d'action,
d'intervention, d'initiatives entrepreunariales, de communication et de
négociations collectives ; le développement de
l'intégration physique, économique et monétaire ; le
développement des capacités de maintien de la paix, de la
sécurité et de la stabilité. Les priorités de
la CEEAC sont la promotion de la paix (Conseil de Paix, de
Sécurité et de stabilité de l'Afrique centrale (COPAX)),
et d'un pool énergétique (Pool Energétique de l'Afrique
centrale (PEAC) créé le 2 Avril 2003 à Brazzaville).
Source : site de la CEEAC.
* 61
Source :
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=16428.
* 62 Ce pays avec la RDC
regorgent un important potentiel énergétique avec près de
800 MW. Malheureusement, ce potentiel est insuffisamment exploité et se
dégrade rapidement.
* 63 Du côté de
l'offre, lorsqu'un pays se spécialise dans une production à
rendements d'échelle croissants et donc à coûts
décroissants, le gain statique de l'échange est remplacé
par un gain dynamique et inversement ; du côté de la demande,
Graham (1923) distingue les biens à demande progressive (biens
industriels) et les biens à demande régressive (produits
primaires). Ainsi lorsqu'un pays se spécialise dans les premiers et
importe les seconds, sa situation se renforce par un gain dynamique.
* 64 Les explications se
retrouvent dans la volonté de certains pays de combler leur
désavantage comparatif, des effets de ``demande de
différence'', c'est-à-dire le snobisme de certains
consommateurs envers certains produits. Les produits en question
bénéficient de la « qualité de non
banalisation ». Une autre explication se retrouve dans la
`'hiérarchie des avantages comparatifs'' : à ce
niveau les pays intermédiaires (niveau de développement
moyen) jouent un rôle important de transit de ces biens.
* 65 En effet, le corollaire
de l'hypothèse de concurrence pure et parfaite rencontrée dans
les théories traditionnelles est celui des rendements d'échelle
constants. L'échange international peut être aussi bien
influencé par les économies d'échelle externes et
internes. Les économies d'échelle externes résultent de la
structure industrielle dans son ensemble (externalités positives) et les
économies d'échelle internes renvoient à l'organisation
interne de l'entreprise.
* 66 Théorie
développée par Baumol, Willig et Panzar au courant des
années 80 avec pour hypothèses fondamentales l'existence
d'entrants potentiels, l'absence de barrières à l'entrée
et à la sortie. Dans cette configuration de marché, les prix sont
fixés par égalisation du coût moyen et de la recette
moyenne, contrairement aux hypothèses de la théorie
microéconomique traditionnelle, pour lesquels le prix se fixe par
égalisation du coût marginal et de la recette marginale.
* 67 « Entry
into a currency union may raise international trade linkages [...]
».
* 68 La convergence absolue,
connue aussi sous le nom de sigma-convergence mesure en un point du
temps la disparité des revenus par tête d'un groupe de pays.
Empiriquement, elle s'appréhende à travers le coefficient de
variation. La convergence conditionnelle ou bêta-convergence a
un sens un peu plus économique : elle signifie qu'à terme,
les pays pauvres rattraperont les pays riches dans le processus de croissance,
surtout si l'écart est important. On peut aussi parler de clubs de
convergence, c'est-à-dire des groupes plus ou moins
homogènes de pays qui partagent les mêmes propriétés
de croissance à long terme. On distingue une autre classification de la
notion de convergence : la convergence nominale (inflation), la
convergence réelle (taux de croissance) et la convergence structurelle
(organisation de la base productive).
* 69 «North, South and
Distance in the Gravity Model».
* 70 La limite principale de
l'équation de gravité est la surestimation du volume des
échanges. Souvent on note une sous-estimation de l'effet de la
distance.
* 71 On s'attend à ce
que le signe affecté à cette variable soit positif.
* 72 Pour Hainry, la
distance séparant un point A d'un point B est mesurée par l'arc
de grand cercle sous-tendu par la corde [AB], in «Jeux
Mathématiques et Logiques - Orthodromie et Loxodromie ».
* 73 Cette
sous-période comprend les années 1990, 1992 et 1993 et la seconde
comprend les années 2000, 2002 et 2003.
* 74 On parle de
semi-élasticité lorsque le coefficient estimé lie une
variable en niveau et une variable en logarithme.
* 75 Ainsi, lorsque la
variable MC est uniquement composée des pays de la CEMAC, le
résultat montre un lien fortement négatif et significatif entre
la monnaie unique et le commerce. En plus, cet effet s'amplifie au cours du
temps, venant ainsi contredire l'hypothèse d'optimalité ex
post ou d'endogénéité. La
semi-élasticité associée à cette variable est de
-4,73 pour la période 1990-1993, et de -6,02 pour la sous-période
2000-2003, significative à 1%.
* 76 Les échanges des
pays africains avec leurs anciennes métropoles se situent à
environ 50% du commerce total. A l'inverse, le commerce entre l'Afrique de
l'Ouest et l'Afrique de l'Est est quasi nul (Boungou Bazika, 2002).
* 77 Les calculs
effectués par Hugon (2001) montrent que cet indice se situe à
0,089 pour les pays de l'Afrique sub-saharienne et à 0,563 pour les pays
de l'ALENA ou de l'UE.
* 78 Ces pays sont le
Cameroun, la RCA et le Tchad, ce qui limite les exportations vers les
autres pays.
* 79 Les expressions
« commerce potentiel » et
« potentiel commercial » peuvent prêter
à confusion. Il convient de souligner que le commerce potentiel
est le niveau prédit ou normatif sur lequel devrait se situer un pays
s'il utilisait pleinement toutes ses capacités commerciales. Le
potentiel commercial est simplement un indicateur statistique qui
mesure la performance ou l'intensité commerciale d'un pays.
* 80 La Guinée
Equatoriale a été exclue de l'échantillon pour une raison
principale, à savoir la rareté des données sur toutes les
sous-périodes considérée dans cette étude.
* 81 En ce qui concerne les
fondements théoriques, on constate une évolution dans le temps.
Ainsi, la première génération de ces modèles
montrent généralement que l'interaction entre économies
d'échelle, coûts de transaction et mobilité du facteur
travail, favorise l'agglomération des activités dans les pays
meneurs au détriment des pays périphériques (Krugman,
1991). Dans des modèles plus récents et sous l'hypothèse
d'immobilité du travail plus conforme avec le cas européen, la
dispersion peut au contraire être favorisée (Puga, 1999).
* 82 Par exemple, le PIB par
tête des pays d'ASS en 2000 était de 1 560 dollars US. Entre 1963
et 1998, la BAD a recensé 26 conflits donc 7 inter-Etats. Le capital
spatial est aussi déplorable : on compte seulement 171 000 km de
routes, ce qui est l'équivalent de la seule Pologne. L'Europe pour une
petite comparaison a un PIB par habitant de 20 000 dollars US et compte
plus de 3 millions de km de routes bitumées. En plus, le commerce
intra-européen est évalué au moins à 60% avant le
processus d'intégration (Fouda, 2003).
* 83 Formellement il se
note : et mesure la part de la production détenue par les n
plus grandes firmes. Sa principale limite est de ne pas tenir de l'information
détenue par les N-n firmes, N étant la
population totale des firmes et n l'échantillon. L'indice
H corrige ce biais, car il incorpore toutes les unités
statistiques. Mais son système de pondération est critiqué
à son tour par la possibilité d'élaboration d'un indice
général (HG) pouvant se noter comme suit
:.
* 84 La base exportatrice
comporte en outre le caoutchouc brut, les légumes, les écorces
des plantes, les bières, le beurre de cacao, les bois prolifiés,
les déchets et débris de fonte, le bois contre-plaqué, les
ouvrages de menuiserie, les niveleuses, les fruits, les tombereaux automoteurs,
les tissus de coton, les lames de bouteurs, les antennes radio et
télé, les peaux épilées d'ovins, les traverses en
bois pour voies ferrées, les tôles en aluminium, les whiskies et
liqueurs, l'alcool et l'eau de vie, les huiles de palme bruts et
raffinées, les préparations pour soupes et potages, les savons de
ménage en morceau, les piles et batteries de piles électriques,
les pâtes alimentaires, les groupes électrogènes, les eaux,
le haricot, le tabac brut, les turbopropulseurs, les autres préparations
alimentaires, les déchets et débris d'aluminium,... (MINCOM,
2007).
* 85 Cet indice ne tient pas
compte de l'importance du commerce total par rapport aux livraisons (Hanson,
1996). En plus, les conclusions fournies par cet indice ne tiennent pas compte
de l'évolution temporelle du commerce intra-industriel. Il ne renseigne
que sur l'importance du commerce intra-industriel à un moment
précis dans le temps. Ainsi pour corriger ce biais, Brülhart (1996)
a élaboré un indice permettant de connaître la nature du
nouveau commerce. Cet indice mesure la part du nouveau commerce qui est de
nature intra-industrielle. Une des limites de cet indice est due au fait qu'il
s'applique à un seul item, la version additive étant plus
robuste. En plus Grubel et Lloyd proposent d'ajuster l'indice par le rapport du
solde global (en valeur absolue) au total du commerce lorsque ce dernier est
fortement déséquilibré. Aquino (1978) pour sa part propose
un indice élaboré qui tient compte des
déséquilibres par postes. Une autre limite est le fait de ne pas
tenir compte des considérations bilatérales. Dans cette optique,
l'indice de GL tient compte des différents pays partenaires et s'obtient
comme une sommation par rapport à ces différentes destinations.
En effet, il est important de savoir si un même produit fait l'objet d'un
commerce intra-branche entre deux pays, ou bien si, au contraire, ce produit
fait l'objet d'exportations du pays A vers le pays B et d'importations du pays
A en provenance d'un pays C (Mucchielli et Mazerolle, 2004).