REPUBLIQUE DU BENIN
**********
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
***********
UNIVERSITE D'ABOMEY - CALAVI
***************
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
(ENAM)
*******************
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
AU CYCLE I
Option : Filière
Administration Générale Diplomatie et
Relations Internationales
Année académique
: 2006-2007
MISE EN OEUVRE PAR LE BENIN DES
RECOMMANDATIONS ISSUES DE LA 4ème
CIDN R : BILAN ET PERSPECTIVES
Réalisé et soutenu par : Karim
Abdou A. MONSIA 97591488 /21383514 Sous la Direction de
: L'Ambassadeur Rogatien BIAOU
Janvier 2008
i
IDENTIFICATION DU JURY
Professeur GODONOU
DOSSOU PRESIDENT
Ambassadeur Benoit
ADEKAMBI VICE-PRESIDENT
|
ii
L'ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE MAGISTRATURE
N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES
DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES COMME PROPRES A
LEUR AUTEUR.
iii
· Daouda MONSIA et Aichatou
ABOUDOU, mes chers parents, recevez ici ma profonde reconnaissance
pour les efforts consentis.
· Seraphin OLIKOYI et
· Saliou ABOUDOU mes chers oncles.
Je dédie cet ouvrage à :
Dédicace
Remerciements
> A ALLAH, pour m'avoir guidé jusqu'à ce jour
;
> A notre maître de mémoire, l'Ambassadeur
Rogatien BIAOU : vous avez
accepté de diriger ce mémoire. Vous nous avez
accompagné dans la patience et la rigueur. Veuillez recevoir notre
infinie reconnaissance ;
> A tout le personnel du Ministère des Affaires
Etrangères qui nous a encadré
lors du stage ;
> A tout le personnel de l'ENAM ;
> Au Professeur Abdoulaye GOUNOU.
Malgré vos occupations, vous nous
avez éclairé, conseillé et soutenu tout au
long de notre cursus à l'ENAM. Nous n'oublierons jamais ce que vous avez
fait pour nous ;
> Au Professeur Nanssirou ADJIBI ;
> Au Professeur Victor HOUENOUKPO ;
> Au couple Akilou et Aichatou
SEIBOU, vous m'avez marqué par la force de
vos convictions. Soyez convaincus que la leçon a
été retenue et l'expérience capitalisée ;
> A Madame Victoire GOVOEYE. Nous ne saurions
vous remercier. Profonde
reconnaissance ;
> A Monsieur Idrissou LAFIA TAKOU, je vous
témoigne ma profonde
gratitude ;
> A Raïma, Zoubérath, Rachidath, Lawal, Carine,
Khaled et Carèle. Ce travail
est aussi le votre ;
> A Hasna, Rafiath, Faridath, Amina, Laraiba, Rouguiatha,
Mame, Anitha et
Modestia;
> A Ibada, Sow, Luc, Jean-Baptiste, Rodrigue et Romain.
Liste des sigles et abréviations
ACP-UE : Afrique Caraïbes Pacifique- Union
Européenne
AJAED : Association des Jeunes pour
l'Amitié, l'Environnement et le
Développement
BM : Banque Mondiale
BRD : Banque Régionale de
Développement
CAO : Centre Africa Obota
CBDIBA : Centre Béninois pour le
Développement des Initiatives à la Base
CCIB : Chambre de Commerce et d'Industrie du
Bénin
CEA : Commission Economique des Nations Unies
pour l'Afrique
CIDNR : Conférence Internationale des
Démocraties Nouvelles ou Rétablies
CNCP : Comité national de suivi et de
coordination de la réforme des marchés
publics
CNPF : Commission Nationale Permanente de la
Francophonie
COAB : Conseil des ONG en Activité au
Bénin
COO : Coalition des ONG de
l'Ouémé
CPMP : Cellule de Passation des Marchés
Publics
DACC : Direction des Affaires Consulaires et des
Communautés
DAJDH : Direction des Affaires Juridiques et des
Droits de l'Homme
DAMO : Direction Afrique et Moyen Orient
DE : Direction Europe
DICODAH : Direction de la Coopération
Décentralisée et de l'Action Humanitaire
DHD Développement Humain Durable
DNR : Démocraties Nouvelles ou
Rétablies
DOI : Direction des Organisations
Internationales
DPP : Direction de la Programmation et de la
Prospective
DSCRP : Document Stratégique de
Croissance et de Réduction de la Pauvreté
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature
FAD : Fonds Africain de Développement
FENAB : Fédération nationale des
artisans du Bénin
FMI : Fonds Monétaire International
FNAFB : Fédération Nationale des
Associations des Femmes Béninoises
FONAC : Front des Organisations Nationales
Contre la Corruption
IDHPD : Institut des Droits de l'Homme et de
Promotion de la Démocratie
IDEA Institut de Développement pour
l'Afrique
MAE : Ministère des Affaires
Etrangères
MAEIAFBE : Ministère des Affaires
Etrangères, de l'Intégration Africaine, de la Francophonie et des
Béninois de l'Extérieur
MAEP : Mécanisme Africain d'Evaluation
par les Pairs
MIDA : Programme de Migration Internationale
pour le Développement en Afrique
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement en Afrique
OCI : Organisation de la Conférence
Islamique
OIF : Organisation Internationale de la
Francophonie
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OSC : Organisations de la Société
Civile
OSCAR : Organisations de la
Société Civile Appuyées et Renforcées
PAF : Plan d'Action Final
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PRPB : Parti de la Révolution Populaire
du Bénin
PRSP : Programme de Relance du Secteur
Privé
ROBEPT : Réseau des ONG Béninoises
pour des élections Pacifiques et Transparentes
ROBGD : Réseau des ONG Béninoises
pour la Gouvernance Démocratique
SDN : Société des Nations Unies
TIB : Transparency International Bénin
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
USAID United States of America Agency for
International Development
VIH/ SIDA Virus de l'Immunodéficience
Humaine /Syndrome d'Immunodéficience Acquise
Résumé
La fin de la Guerre Froide et la Chute du Mur de Berlin au
début des années 90 ont déclenché le mouvement de
généralisation du processus de la Démocratie
libérale dans le monde. En Afrique francophone, le Bénin a
amorcé ce processus par l'organisation de la Conférence des
Forces Vives de la Nation qui s'est tenue à Cotonou du 19 au 28
Février 1990.
Dix ans après cette Conférence, et dans
l'optique de l'approfondissement du processus du Renouveau Démocratique,
le Bénin a abrité, pour la première fois en Afrique, la
Quatrième Conférence Internationale des Démocraties
Nouvelles ou Rétablies qui s'est tenue à Cotonou, du 04 au 06
Décembre 2000. L'objectif de cette Conférence était de
promouvoir une plus grande compréhension des Institutions
démocratiques et de leurs pratiques. A la Cinquième
Conférence qui s'est tenue, à Oulan Bator, en Mongolie, en
Septembre 2003, force était de constater que les recommandations issues
de la Conférence de Cotonou ont été partiellement mises en
oeuvre.
Notre étude a pour objectif de faire le point de la
mise en oeuvre par le Bénin des recommandations issues de la
Quatrième Conférence Internationale des Démocraties
Nouvelles ou Rétablies. Dans cette optique, nous avons retenu comme
hypothèses : la faible représentation de la Société
Civile dans les instances de prise de décision ; la Démocratie
est une quête permanente ; le faible crédit accordé aux
recommandations issues des Conférences.
Pour pouvoir valider ces hypothèses, nous avons
utilisé comme méthodes de recherche l'approche théorique
et l'approche empirique. Elles nous ont permis de faire une analyse et de voir
dans quelles mesures les hypothèses émises sont
vérifiées.
L'analyse de la mise en oeuvre par le Bénin, des
recommandations issues de cette Conférence, montre qu'elles n'ont pas
été suivies en intégralité. Ce fait s'explique par
le non respect des engagements pris par les Etats et les Institutions
Internationales.
Nous avons ensuite proposés des approches de solution et
fait des recommandations.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre
préliminaire: GENERALITES SUR LE
SUJET Section1 : Présentation du lieu et des acquis
du stage
Paragraphe 1 : le Ministère des Affaires
Etrangères, de l'Intégration Africaine, de la Francophonie et des
Béninois de l'Extérieur (MAEIAFBE)
A- La présentation du Ministère
B- Les acquis du stage
Paragraphe 2 : Ciblage, spécification et vision
globale de résolution de la Problématique
A- Ciblage et spécification
B- Vision globale de résolution de la
problématique Section 2 : Objectifs, hypothèses et
méthodologie de l'étude Paragraphe 1 : Objectifs et
hypothèses
A- Objectifs
B- Hypothèses
Paragraphe 2 : Revue de littérature et
méthodologie adoptée
A- Revue de littérature
B- Méthodologie adoptée
Chapitre premier : ACTIONS
MENEES DANS LE CADRE DU RENFORCEMENT DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE AU BENIN :
BILAN
ET ANALYSE
Section 1 : Cadre opératoire de
l'étude
Paragraphe 1 : Mise en oeuvre des recommandations au
Bénin
A- Au niveau national
B- Au niveau international
Paragraphe 2 : Mécanisme de suivi et
d'évaluation des recommandations
A- Les indicateurs
B- Les fonctions du mécanisme de suivi
Section 2 : Vérification des hypothèses et
établissement du diagnostic Paragraphe 1 : Analyse des
données et vérification des hypothèses
A- Analyse des données
B- Vérification des hypothèses
Paragraphe 2 : Diagnostic établi
A- Au niveau national
B- Au niveau des pays de DNR
Chapitre deuxième : APPROCHES DE SOLUTIONS ET
CONDITIONS DE
MISE EN OEUVRE
Section 1 : Approche de solutions
Paragraphe 1 : Pour un meilleur suivi des
résolutions de la Conférence
A- Amélioration de l'organisation et de la direction de
la Conférence
B- Création d'un secrétariat de la
Conférence
Paragraphe 2 : Pour une meilleure participation des
acteurs nationaux et internationaux
A- Mise sur pied d'une structure tripartite au niveau
national
B- Coopération au niveau international
Section 2 : Conditions de mise en oeuvre des solutions
Paragraphe 1 : Recommandations
générales
A- Aux pays des DNR
B- A la Communauté Internationale
Paragraphe 2 : Recommandations spécifiques au
BENIN
A- Pour la promotion d'une culture démocratique
B- Pour des élections libres et transparentes
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
A la faveur des mouvements, des effondrements et des
changements de la fin du vingtième siècle et du début du
troisième millénaire, l'Afrique, à l'instar des autres
continents, s'éveille à la démocratie libérale et
vit son « printemps des peuples »5. Elle s'est
engagée dans une transition démocratique visant à
instaurer l'Etat de droit et à garantir la jouissance des
libertés fondamentales et individuelles.
Au lendemain de son accession à la souveraineté
internationale, le 1er Août 1960, l'histoire politique du
Bénin, de 1960 à 1972, a été
caractérisée par l'instabilité politique. Plusieurs
constitutions ont été adoptées avec pour objectif
l'organisation d'un pouvoir généralement acquis par la force des
armes qu'au fond des urnes.6
Durant cette période d'instabilité politique, il
y eut des coups d'Etat réussis dont, le dernier date du 26 Octobre 1972.
Après l'échec des différents régimes politiques
dont l'idéologie officielle demeurait le libéralisme, une
alliance militaro- marxiste a pris le pouvoir en Octobre 1972 et le conserva
jusqu'en Février 1990.
Rompant avec la tradition libérale des premières
années de l'indépendance, ce régime proclama son
adhésion au marxisme léninisme, le 30 Novembre 1974. Il consacra
le monolithisme dont l'expression politique la plus achevée fut la
création du Parti de la Révolution Populaire du Bénin
(PRPB), le 30 Novembre 1975, qui était investi du monopole de la vie
politique et du contrôle de l'Etat dont les principaux organes
émanent de lui.
En 1989, le système connaissait des dysfonctionnements.
D'abord, le Parti-Etat n'a réalisé ni l'unité nationale,
ni l'intégration sociale ; ensuite, l'idéologie
marxiste-léniniste n'a pas permis la croissance économique,
préalable indispensable à la justice sociale qu'elle se proposait
de réaliser.
Cet échec politique et économique conduira les
masses à exiger le pain et la liberté. Pour satisfaire cette
exigence démocratique, devenue une quête permanente du peuple,
une
5 Professeur Théodore HOLO ; Rapport sur
l'état de la Démocratie au Bénin. Publié en
2000.
6 TOUDONOU Johanès Athanase et KPENONHOUN
Césaire : Constitutions et Textes Constitutionnels de la
République du Bénin, depuis les origines dahoméennes,
éd. Fondation Friedrich NAUMANN, Cotonou, quatrième trimestre
1997, 327p.
Conférence dite "Conférence des Forces Vives de
la Nation" appelée aussi "Conférence Nationale Souveraine" a
été convoquée. Elle a été
caractérisée, essentiellement, par la recherche patiente et
permanente du consensus.
Pour le Bénin, la Conférence Nationale sera le
lieu de reconquête de la démocratie libérale et du
multipartisme intégral. Le nouveau pacte établi à la
Conférence va jeter les fondements juridiques et politiques d'une
réelle vie démocratique.
En effet, conformément aux décisions
exécutoires de ladite Conférence, il a été
élaboré et adopté par référendum, le 11
Décembre 1990, une nouvelle Constitution consacrant les principes
démocratiques suivants : édification d'un Etat de droit ;
Promotion des droits de l'Homme et des libertés fondamentales ;
Multipartisme intégral ; Séparation et équilibre des
pouvoirs.
De 1990 à 2000, l'adhésion du peuple
béninois au processus du renouveau démocratique a progressivement
gagné du terrain en se renforçant sur la scène nationale
et internationale. C'est, en effet, au Bénin que, sous l'impulsion du
peuple Béninois, s'est tenue du 19 au 28 Février 1990, la
Conférence des Forces Vives de la Nation. Première des
Conférences Nationales qui allaient par la suite se
généraliser en Afrique Francophone comme mode pacifique de retour
au pluralisme politique et à la transition démocratique. C'est
donc naturellement que la candidature du Bénin a été
retenue pour abriter la Quatrième Conférence Internationale des
Démocraties Nouvelles ou Rétablies (CIDNR).
C'est dans un contexte d'élan international,
porté vers la démocratisation que, le Bénin a accueilli,
conformément à la résolution 52 /18 du 21 Novembre 1997 de
l'Assemblée Générale des Nations Unies, la
Quatrième Conférence Internationale des Démocraties
Nouvelles ou Rétablies (CIDNR) qui s'est tenue du 04 au 06
décembre 2000 à Cotonou. Ce forum international organisé
pour la première fois en Afrique, sous l'égide des Nations Unies,
a fait de Cotonou, capitale économique du Bénin, un creuset de
discussions et d'échanges d'expériences en matière de
Démocratie.
A l'issue de la Conférence de Cotonou, des
recommandations (voir annexe V) ont été faites à l'endroit
des acteurs et animateurs de la vie nationale et de la scène
internationale notamment, les Organisations de la société civile,
le secteur privé, les pays donateurs, le système des Nations
Unies, les Gouvernements nationaux et la communauté internationale.
Au lendemain de la sixième CIDNR tenue, du 29 octobre au
1er novembre 2006, à Doha, au Qatar, il importe de faire un
bilan rétrospectif et de se demander :
· Quel rôle joue la société civile dans
le renforcement du processus démocratique au Bénin ?
· Quel est l'impact de la Conférence sur les autres
Etats qui ne sont pas classés Démocraties Nouvelles ou
Rétablies (DNR) ?
· Existe t-il une relation entre Paix, Démocratie et
Développement ?
· Quels sont les nouveaux chantiers de la démocratie
au Bénin ?
Telles sont les préoccupations sur lesquelles nous
proposons d'axer notre réflexion à travers le thème :
Mise en oeuvre par le Bénin des recommandations issues de la
Quatrième Conférence Internationale des Démocraties
Nouvelles ou Rétablies (CIDNR) : bilan et perspectives.
Dans le contexte actuel des crises qui ébranlent le
continent africain, cette étude présente d'abord un
intérêt, purement théorique, visant à approfondir
nos connaissances relatives au processus démocratique en cours dans le
monde depuis la fin de la guerre froide provoquée par la chute du mur de
Berlin.
Mais, c'est surtout sous un angle plus pratique que toute la
pertinence de cette étude pourra s'analyser. Elle aborde, en effet,
à travers la quatrième CIDNR qui avait pour thème : PAIX,
SECURITE, DEMOCRATIE et DEVELOPPEMENT, des problèmes qui marquent encore
l'actualité aussi bien au Bénin que sur le reste du continent
africain.
Afin de mener à bien cette étude, il convient
avant tout de spécifier les cadres théorique et structurel dans
lesquels se sont déroulés notre stage et nos investigations, et
d'établir une vision globale de nos intentions (Chapitre
Préliminaire). Ensuite, nous procéderons à une
vérification de nos hypothèses de travail (Chapitre premier).
Enfin, sur la base du diagnostic établi, nous tâcherons de faire
des recommandations et de fournir quelques pistes de réflexion pour
l'enracinement et la poursuite de la Démocratie au Bénin
(Chapitre Deuxième).
CHAPITRE PRELIMINAIRE : GENERALITES SUR LE
SUJET
Dans le présent chapitre, il sera question du cadre
dans lequel s'est déroulé notre stage et des acquis du stage dans
la section 1. Ensuite, nous procèderons au ciblage de la
problématique et parlerons des séquences de sa résolution
dans la section 2.
Section 1 : Présentation du lieu et les acquis
du stage
Paragraphe 1: Le Ministère des Affaires
Etrangères, de l'Intégration Africaine, de la Francophonie et
des Béninois de l'Extérieur (MAEIAFBE)
A- Présentation du Ministère
Le triomphe progressif de la Démocratie dans le monde
entier est une victoire de l'Homme contre l'injustice et la répression.
Les Hommes ont maintenant la conviction que la Démocratie constitue le
fondement de la stabilité, la voie effective vers le
Développement. Cette philosophie qui caractérise le monde actuel
où les préoccupations économiques prennent le pas sur
celles politiques est largement partagée par le Ministère des
Affaires Etrangères (MAE) où nous avons effectué notre
stage de fin de formation au cycle 1 à l'Ecole Nationale
d'Administration et de Magistrature (ENAM). Le MAE est chargé, aux
termes de l'article 5 du décret N° 2006-748 du 31 Décembre
2006 portant attributions, organisation et fonctionnement du MAE :
- de représenter l'Etat béninois dans les
Organisations Internationales, régionales ou sous-régionales dont
le Bénin est membre et celles auprès desquelles il a le statut
d'observateur, si les Statuts desdits Organismes n'en disposent pas autrement
;
- de la préparation de la participation du Bénin
aux réunions des organes de ces institutions, aux Conférences des
Organisations Internationales, Régionales ou Sous- Régionales
;
- de l'élaboration des positions du BENIN sur les
questions examinées au sein de ces Organisations ;
- de l'étude des projets de Conventions, de
Résolutions, de Recommandations ou de Déclarations,
initiés au sein de ces Organismes.
Le MAE est organisé en Directions. Celles ci sont
subdivisées en trois catégories, à savoir :
- Les Directions centrales ;
- Les Directions Générales ;
- Les Directions techniques ; et
- Les Directions géographiques.
Aux termes de l'art.63 du décret N° 200 6-748 du
31 Décembre 2006 portant attributions, organisation et fonctionnement du
MAE, la Direction des Organisations Internationales (DOI) est chargée
:
+ des questions relatives à la coopération
multilatérale à l'échelle mondiale, à l'exception
du dossier relatif à l'Organisation de la Conférence Islamique
(OCI) ;
+ des questions relatives à l'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF) et à ses Institutions, en
concertation avec la Commission Nationale Permanente de la Francophonie (CNPF)
;
+ de l'analyse et du suivi de l'évolution des tendances
politiques au sein des Organisations Internationales dont elle étudie
les aspects institutionnels ;
+ de la préparation des dossiers relatifs à la
participation du Bénin aux Conférences Internationales relevant
de son domaine de compétence ;
+ du suivi de la mise en oeuvre des activités
opérationnelles de développement du Système des Nations
Unies, en collaboration avec les structures nationales concernées ;
+ de représenter le Ministère dans les Commissions
et Comités suivants :
- Commission Nationale Béninoise pour l'Organisation des
Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) ;
- Commission Nationale chargée des Réfugiés,
de concert avec la DACC et la DICODAH ;
- Comité National de Lutte contre la
Désertification ;
- Fonds National pour l'Environnement ;
- Comité National de la Protection Civile, de concert avec
la DACC et la DICODAH ;
- Commission Nationale de l'Endettement ;
- Cellule de suivi et de coordination pour la protection de
l'enfant, de concert avec la
DACC ;
- Commission Nationale des Droits de l'Enfant de concert avec la
DAJDH ;
- Tous autres Commissions, Comités et Organisations dont
les activités relèvent de sa compétence.
De par la diversité et l'importance de ses
activités la DOI a retenu notre attention. Elle est subdivisée en
cinq services, à savoir :
- le Service des Nations Unies ;
- le Service des Activités Opérationnelles ;
- le Service des Organisations à caractère
Economique et Financier ;
- le Service des Organisations à caractère Social
et Culturel ; et
- le Service des Organisations Politiques
Spécialisées.
Ce dernier service a particulièrement retenu notre
attention, parce qu'il est chargé, entre autres dossiers, de celui de la
CIDNR.
B- Acquis du stage
Dans le cadre de la rédaction de notre mémoire
de fin de formation du cycle I de l'Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature (ENAM), nous avons effectué un stage pratique au
Ministère des Affaires Etrangères, de l'Intégration
Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l'Extérieur
(MAEIAFBE).
Pendant notre stage de trois mois (du 12 Septembre au 12
Décembre 2007), nous avons effectué une rotation dans six
directions : la Direction Europe (DE), la Direction des Organisations
Internationales (DOI), la Direction Afrique et Moyen Orient (DAMO), la
Direction de la Programmation et de la Prospective (DPP), la Direction des
Affaires Juridiques et des Droits de l'Homme (DAJDH), la Direction de la
Coopération Décentralisée et de l'Action Humanitaire
(DICODAH) et au niveau du Secrétariat du projet relatif au Programme de
Migration Internationale pour le Développement en Afrique (MIDA).
Nous avons assisté à des entretiens entre les
Directeurs et les Ambassadeurs et autres personnalités de passage au
Ministère. Ceci nous a permis de nous initier à la prise de
notes, à la rédaction de comptes-rendus. Nous avons pris
connaissance des souches, ce qui nous a permis d'avoir une idée des
dossiers que traitent les différentes directions et de savoir comment
les classer. Ce stage nous a offert l'opportunité de mettre en pratique
notre cours de
correspondance diplomatique et de rédaction
administrative. Nous avons participé à des Conférences qui
ont eu pour thèmes :
- "Problématique de l'appui budgétaire et
rôle du MAE ". Cette Conférence nous a permis de savoir que le MAE
est un acteur stratégique dans le processus de mobilisation des
ressources extérieures, et en particulier des aides ou appuis
budgétaires. La Déclaration de Paris, du 02 Mars 2005, sur
l'Efficacité de l'Aide au Développement a été
abordée au cours de la Conférence.
- " Les contraintes du métier de diplomate ". Quelles
sont les contraintes et obligations du diplomate sur le plan professionnel ? ;
quelles sont les contraintes familiales et personnelles ? ; le respect de la
hiérarchie ; l'obligation de réserve ; les écueils du
métier ; les qualités d'un bon diplomate, etc., sont autant de
concepts auxquels nous avons été initié.
- - " L'organisation des services extérieurs du
Bénin ". La composition de nos missions diplomatiques, les
différentes catégories de représentation, le rôle de
l'Inspecteur général, les contraintes auxquelles sont soumises
les Inspections des Ministères, etc. sont les différents sujets
abordés lors de cette causerie.
Nous avons également été initié
à l'élaboration des points de coopération, à la
préparation des dossiers de Grande Commission Mixte entre deux pays qui
comporte : le point de coopération actualisé, l'aide
mémoire des entretiens du Ministre avec un homologue, le toast à
prononcer par le Ministre, l'ordre du jour détaillé, le projet de
discours d'ouverture, le projet de discours de clôture et les projets
d'Accords à signer.
Nous avons aussi été initié à la
préparation d'une visite d'amitié et de travail d'un Chef d'Etat
ou d'un Ministre, ainsi qu'à la présentation d'une lettre de
créances.
Le stage au Ministère des Affaires Etrangères a
été un stage pratique.
Paragraphe 2 : Ciblage, spécification et vision
globale de résolution de la problématique
A- Ciblage et spécification
C'est à cette époque que les africains ont pris
en main la destinée de leur Etat respectif. Dans certains pays, la
tendance était au multipartisme. Dans d'autres, c'était le parti
unique avec des régimes de privation de liberté ou de dictature
révolutionnaire. Ces différents types de pouvoirs ont
montré leur limite avec la fin de la Guerre Froide et la Chute du Mur de
Berlin au début des années 90.
Ces évènements de portée mondiale ont
déclenché le mouvement de généralisation du
processus triomphant de la Démocratie libérale. En Afrique
francophone, le mouvement a été lancé au BENIN par
l'organisation de la Conférence des Forces Vives de la Nation qui s'est
tenue à Cotonou du 19 au 28 Février 1990. Au niveau
international, c'est par le discours de La Baule prononcé par le
Président François Mitterrand au cours du 16ème Sommet
France - Afrique qui s'est déroulé du 19 au 21 Juin 1990 en
France. L'originalité de la Conférence des Forces Vives de la
Nation, la première en Afrique, est d'avoir opéré le
passage pacifique, sans effusion de sang, d'un régime militaro- marxiste
à une démocratie libérale.
C'est dans ce contexte de l'approfondissement du processus du
Renouveau Démocratique à travers la mise en oeuvre des
conclusions et recommandations de la Conférence Nationale de
Février 1990, que le Bénin a accueilli, à Cotonou, du 04
au 06 Décembre 2000, la Quatrième Conférence
Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies. L'objectif
était de promouvoir une plus grande compréhension des
Institutions démocratiques et de leurs pratiques. La participation d'un
grand nombre de délégations à cette Conférence est
un encouragement, non seulement pour le processus du Renouveau
Démocratique au Bénin, mais aussi et surtout un véritable
soutien à tous ceux qui en Afrique et ailleurs servent, contre vents et
marées, la cause de la Démocratie.
L'appui international aux Démocraties Nouvelles ou
Rétablies a progressivement gagné du terrain ces dix
dernières années. Alors que la première CIDNR tenue
à Manille en 1988 n'avait rassemblé que 13 pays, ce sont quelques
106 Etats qui se sont retrouvés lors de celle de Cotonou. Pour la
Conférence de Cotonou, l'accent a été
particulièrement mis sur les aspects opérationnels des
Démocraties, y compris la tenue d'élections libres et
transparentes, ainsi que sur l'institution d'autres mécanismes devant
assurer une bonne gouvernance et l'Etat de droit.
« Après ce rendez-vous du monde, et ce nouveau
carrefour de l'histoire actuelle, il faut dresser un bilan et faire en sorte,
lorsque tous les projecteurs de l'actualité faiblissent et
s'éteignent, que les promesses inscrites dans nos textes finaux, et les
défis repérés et énoncés, restent
marqués du sceau d'une certaine permanence. Nous n'aurons pas la
prétention d'invoquer l'éternité de notre DECLARATION,
mais le devoir et la mission sacrée sont aujourd'hui et demain, de
conserver vivantes nos interrogations et nos exigences sur le renouveau et la
survie de la Démocratie dans l'Histoire et dans le monde.» Ainsi
s'exprimait Guy Landry HAZOUME, Coordonnateur national de la
4ème CIDNR dans son discours à la clôture de la
Conférence.
Sept ans après avoir abrité la Quatrième
CIDNR, la dernière ayant eu lieu, du 29 octobre au 01 novembre 2006, au
Qatar, les projecteurs étant maintenant éteints, l'heure est
venue de faire un bilan de l'exécution des recommandations issues de
cette Conférence et de se projeter dans l'avenir de la Septième.
Nous ferons nôtre, les préoccupations du Coordonnateur national en
essayant de répondre aux questions déjà posées dans
notre introduction générale, à savoir :
- Quelle place occupe aujourd'hui la Société Civile
dans le processus de renforcement des Démocraties ?
- Quels sont les plans d'action nationaux qui sont mis en oeuvre
par les Etats pour la consolidation de la Démocratie ?
- Quelle relation lie Paix, Démocratie et
Développement ?
- Quels sont les nouveaux défis et chantiers de la
Démocratie ?
- Quel est l'impact de la Conférence sur les autres Etats
qui ne sont pas classés DNR ?
B- Vision globale de résolution de la
problématique
La réponse à ces questions nécessiterait,
qu'on fasse le bilan des actions des différents acteurs et animateurs
dans le processus de renforcement de la Démocratie aussi bien au plan
national qu'international, à savoir : la société civile,
le secteur privé, les Organisations Internationales, le système
des Nations Unies et les Gouvernements.
Section 2 : Objectifs, hypothèses et
méthodologie de l'étude
Paragraphe 1 : Objectifs et hypothèses
A - Objectifs
L'objectif de cette étude est d'analyser l'effet de la
Déclaration de Cotonou sur les différentes composantes des
Gouvernements nationaux et de la Communauté Internationale. De
façon spécifique, nous poursuivons les objectifs suivants :
- Analyser le rôle de la société civile dans
le renforcement du processus démocratique ;
- Etablir le lien entre Paix, Démocratie et
Développement ;
- Déterminer les plans d'action nationaux et
internationaux mis en oeuvre pour renforcer le processus démocratique
dans les DNR ;
- Définir les nouveaux défis et chantiers de la
Démocratie dans les DNR.
B- Hypothèses
Pour conduire rationnellement ce travail, nous partirons des
hypothèses ci-dessous qui seront vérifiées au cours de
l'évolution de notre travail.
- La Société Civile est occultée dans les
prises de décision ; - Le chantier de la Démocratie est encore
vaste ;
- Les résolutions issues des Conférences ne sont
pas suivies.
Paragraphe 2 : Revue de littérature et
méthodologie adoptée
A- Revue de littérature
Cette revue de littérature sera essentiellement
consacrée à la clarification des principaux concepts de notre
travail. Cette clarification nous permettra de faire le point de nos
connaissances, et nous servira de base théorique pour ce travail.
1 - LA SOCIETE CIVILE
La notion de société civile est ambiguë.
Elle a connu dans son histoire un renversement complet de sens. De
l'Antiquité au XVII ème siècle, la société
civile est opposée à l'État de nature, elle signifie toute
société politiquement organisée. Venant du latin, les
termes civitas, societas civilis ou encore res publica resteront longtemps
synonymes. Ce n'est qu'après la Révolution française et la
conception unitaire de l'Etat-nation imposée par elle que la notion de
société civile est opposée à l'État, pour
signifier ce qui relève du domaine privé, de la
société sans l'État. Des traces de cette
ambiguïté demeurent dans le vocabulaire. Les adjectifs « civil
» et « civique » ont la même racine. Le concept de
société civile trouve sa formulation systématique en 1821
dans Les Principes de la philosophie du droit de Hegel. En introduisant ce
concept, Hegel prenait acte du changement le plus significatif de la
modernité politique: la séparation de la « vie civile »
et de la « vie politique », de la société et de
l'État; changement concomitant à la révolution
industrielle (montée de la culture bourgeoise, importance et autonomie
accrue de la sphère économique) et politiquement consacré
par l'effondrement de l'Ancien Régime.
Quant au terme « société », du latin
« societas », on peut lire les synonymes ci-après :
civilisation, culturelle, état, humanité. Cette intrusion dans
l'univers sémantique des termes a permis de préciser le sens de
l'expression « société civile ». La
société civile peut vouloir dire l'ensemble des citoyens d'un
Etat qui, pétris de patriotisme, conscients de leur identité
propre, s'unissent sur la base de lois définies et s'emploient à
édifier une Nation développée, libre et prospère
oû chacun s'épanouit et se réalise sans barbarie ni
chauvinisme. Autrement dit, la « société civile »
compte tenu de l'immensité des tâches à accomplir n'est
concevable que
comme : « un rassemblement volontaire de tous les
citoyens conscients, véritables forces patriotiques,
méthodiquement organisés en groupes de pression. Ceux-ci agissant
comme porte-voix des sans voix se détermineront à contenir les
dérapages politico administratifs, à contrer les
excentricités idéologiques et dogmatiques, à combattre les
exactions militaires , à s'opposer enfin à toutes sortes
d'excès, susceptibles de menacer l'ordre, la paix et la cohésion
sociale »3 .
Elle sera également définit comme « une
auto-organisation indépendante de l'Etat dont les éléments
constitutifs s'engagent volontairement dans l'action publique en vue de
poursuivre des intérêts individuels, de groupe ou nationaux, dans
un contexte légalement défini de relations Etat et
société »4. Dans cette pluralité de
définitions, nous adopterons celle- ci qui présente les quatre
caractéristiques principales qui seront utiles dans la mise en oeuvre
des stratégies visant à son renforcement si on veut qu'elle
contribue au processus de consolidation de la démocratie :
a) Le pluralisme: la société civile est faite
d'un vaste complexe d'organisations et d'institutions autonomes, formelles ou
informelles, au-delà de la famille, simple ou étendue, du clan,
de la tribu ou de l'ethnie, mais en deçà de l'Etat. Ces
composantes de la société civile sont de toute nature
(économique, développementale, professionnelle, culturelle,
intellectuelle, civique, sociale, etc.).
b) L'autonomie signifie que les institutions de la
société civile ne doivent pas être confondues avec celles
de l'Etat et avec celles de la société politique (partis
politiques, alliances inter partis, leadership politique et parlements).
c) L'existence d'un cadre légal permettant
l'auto-organisation et définissant les termes des relations Etat et
société et garantissant de ce fait l'autonomie de l'un par
rapport à l'autre et aussi celle des groupes sociaux entre eux, de
même que leur pluralisme, cette base institutionnelle de la
société civile pouvant varier d'un Etat à un autre.
d) L'identité des acteurs sociaux et les buts vers
lesquels leurs activités (collectives et individuelles et qui ont leurs
propres règles), formelles et informelles sont orientées,
définissent le caractère et l'organisation de la
société civile.
3 Jean-Baptiste Elias ; Communication sur
Démocratie, Société Civile et Gouvernance en Afrique
(1998) ; p5.
4 Idem, p8.
La société civile ainsi
caractérisée a des fonctions motrices et développantes
pour la démocratie. En effet, une société civile
vigoureuse et dynamique de par ses caractéristiques intrinsèques
va contribuer de manière déterminante à travers sept (07)
diverses fonctions, au processus d'établissement et de consolidation de
la démocratie :
Une fonction de régulation et de contrôle de
l'Etat ; une fonction de mobilisation multi-sectorielle ; une fonction de
re-socialisation et de réconciliation ; une fonction de
complémentarité par rapport aux partis politiques ; une fonction
éducative ; une fonction de communication et d'information ; une
fonction de recrutement et de formation des leaders.
2 - LA BONNE GOUVERNANCE
Le terme de gouvernance est apparu à la fin des
années 80 dans le vocabulaire de la Banque Mondiale, à l'occasion
de bilans sur la politique d'ajustement structurel menée depuis 1980.
Confrontés aux échecs répétés des programmes
économiques d'inspiration néo-libérale mis en place par
les institutions financières internationales dans un ensemble de pays en
développement, les experts incriminent le cadre politico institutionnel
défaillant de ces pays et recommandent d'agir en amont sur leur mode de
gouvernement. Selon les experts, ce sont ces distorsions d'ordre politique qui
sont à l'origine de la plupart des problèmes économiques
rencontrés en Afrique, en Amérique Latine, en Europe orientale ou
encore dans les pays de l'Est.
Les institutions financières internationales ont en
effet pris conscience qu'il était impossible de tout régler par
des réformes économiques et de continuer à reléguer
les questions politiques et sociales au second plan dans le débat sur le
développement. Peu à peu, il est apparu qu'aucun projet
économique ne pouvait aboutir sans une légitimité
politique et une efficacité minimum des institutions politiques. Le
politique a donc bien vite été perçu comme un obstacle au
bon fonctionnement des marchés et d'une manière
générale à la progression du libéralisme dans ces
pays.
Pour s'occuper de questions d'ordre politique, la Banque
Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI) et les Banques
régionales de développement ont cependant dû contourner un
obstacle de taille, celui de leur statut qui leur interdit expressément
d'intervenir dans le champ politique. Pour pouvoir agir sur des questions hors
de leur compétence, mais ayant des incidences fortes sur le
succès des programmes de prêt, les institutions
financières
internationales ont fait appel à la notion de
gouvernance. Celle-ci présente l'avantage de libeller en termes
techniques des problèmes éminemment politiques et donc
d'éviter de parler de " réforme de l'Etat " ou de " changement
social et politique ". Les organismes de prêt internationaux ont ainsi
trouvé une parade leur permettant d'échapper aux critiques les
accusant d'outrepasser leurs compétences ou condamnant leur
ingérence dans la politique intérieure et l'administration des
pays emprunteurs.
Un volet " bonne gouvernance " a donc été
introduit dans les programmes des organismes internationaux de financement. Des
réformes institutionnelles ont été
préconisées au côté des programmes
économiques néo-libéraux et justifiées par la
poursuite du développement économique ; ces réformes ont
été promues non pas pour que s'affirment les
considérations sociales et politiques sur l'économique mais bien
pour rendre ces programmes plus efficaces. Ceci parce qu'une gestion du secteur
public, efficace et transparente, est un point crucial de l'efficacité,
à la fois des marchés et des interventions gouvernementales, et
partant de là du développement économique.
La gouvernance n'a jamais fait l'objet de définition
précise dans le contexte des politiques de développement. La
Banque Mondiale traduit la gouvernance comme " la manière par laquelle
le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques
et sociales d'un pays au service du développement ". Le Comité
d'aide au développement de l'OCDE, dont les travaux se sont inscrits
dans la mouvance de ceux de la Banque Mondiale, la définit comme "
l'utilisation de l'autorité politique et l'exercice du contrôle en
rapport avec la gestion des ressources d'une société en vue du
développement économique et social ".
La bonne gouvernance, c'est également « la gestion
responsable et transparente des ressources humaines, naturelles,
économiques et financières pour un développement
équitable et durable » (art.9 Convention ACP-UE).
Les participants à la Conférence Economique
Nationale tenue au Bénin du 09 septembre au 14 décembre 1996 ont
défini la bonne gouvernance comme suit : « Intimement liée
à la Démocratie, au développement et aux valeurs
culturelles, la bonne gouvernance est la bonne gestion des ressources de la
société aussi bien matérielles, humaines que
financières, donc un mouvement participatif. Elle permet la rigueur dans
la gestion des biens publics et abouti à la création des
richesses. Elle ne doit pas s'appliquer au seul Etat, mais à la
société dans sa globalité avec tous les acteurs sociaux.
Elle ne doit pas être liée aux seuls problèmes
de corruption et de détournement, mais doit embrasser
tous les acteurs de la vie sociale, en particulier les comportements,
l'éducation et la formation, les structures et l'organisation...
».
Pour le Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs
(MAEP), « la bonne gouvernance implique l'existence de procédures
de prise de décision claires au niveau des pouvoirs publics, des
institutions transparentes et responsables, la primauté du droit dans la
gestion et la répartition des ressources, le renforcement des
capacités pour l'élaboration et la mise en oeuvre des mesures
visant en particulier à prévenir et à combattre la
corruption ». Nous retiendrons dans l'optique de notre travail, cette
définition du MAEP.
3 - LE DEVELOPPEMENT
Le concept de développement n'est pas un mythe, il est
un concept réel aux définitions variées et
évolutives. Selon Castoriadis, philosophe Grec, tentant de cerner la
genèse historique des significations qui s'attaquent au terme
développement, il le définit comme se référant
à un "processus de réalisation du virtuel" qui associe
développement et idée de maturité.
Avec Descartes émerge au 17e siècle
une compréhension moderne du développement. Compréhension
essentiellement liée à la croyance dans les pouvoirs
illimités de la raison humaine qu'il inaugure en démontrant que
le monde physique peut être connu à travers le langage
mathématique. L'idée est transposée par la bourgeoisie au
domaine de la production et crée la croissance illimitée de la
production, but ultime de la vie humaine grâce à l'application de
la science à l'industrie. Ainsi, naît l'idéologie du
progrès. Dès lors, le développement notamment
économique et social est compris comme celui qui consiste à
sortir de tout état défini. La maturité réside ici
dans la capacité à croître sans fin. Depuis
l'avènement des Pays en Développement, la terminologie a
successivement signifiée, industrialisation, urbanisation, croissance
économique, développement politique, modernisation.
Pour David Apter, le développement est compris comme un
" processus très général d'extension universelle. Il
concerne tous les changements, qu'ils tiennent à une modification de la
stratification sociale, ou à une nouvelle répartition des
rôles sociaux. Il résulte aussi de la prolifération et de
l'intégration des rôles fonctionnels d'une communauté".
Aujourd'hui le concept connaît des évolutions, c'est
ainsi que l'on parle d'éco- développement, de
développement durable, de développement humain authentique.
Le concept éco-développement est de Sachs
(1987). Il est compris comme un développement respectueux de
l'environnement et adapté aux ressources de la population.
Le développement durable vise à rendre durable
le développement et ce faisant, à préserver les
générations montantes du chômage ; autrement dit à
préserver d'une génération à l'autre le stock de
capital nécessaire pour assurer le bien être des
générations présentes et futures. (Coméliau,
1990).
Le développement durable est le développement
qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver
les générations futures de la possibilité de satisfaire
leurs propres besoins. (CNUED, Rio de Janeiro 1992).
Le développement durable est la traduction de
l'expression anglaise " sustainable developpement".
L'adjectif "sustainable" est aussi traduit par soutenable,
acceptable, viable, raisonné afin de prendre en compte la dimension
éthique et l'inscription dans le temps de cette notion.
L'expression " développement durable " qualifie, pour
chaque acteur concerné, un développement respectant
simultanément l'efficacité économique,
l'équité sociale et le respect de l'environnement. Le
développement ne peut être durable que s'il est à la fois
économique, social et environnemental.
Il doit s'appuyer sur trois piliers : un pilier
économique, qui vise des objectifs de croissance et d'efficacité
économiques ; un pilier social, qui vise à satisfaire les besoins
humains et à répondre à des objectifs
d'équité et de cohésion sociale. Il englobe notamment les
questions de santé, de logement, de consommation, d'éducation,
d'emploi, de culture et un pilier environnemental, qui vise à
préserver, améliorer et valoriser l'environnement et les
ressources naturelles sur le long terme.
Selon la définition de l'UNESCO, le
développement peut être « considéré comme une
série de transformations plus ou moins linéaires, progressant,
grâce aux évolutions technologiques, des modes de production
primitifs, vers d'autres formes plus sophistiquées,
des dures épreuves de la vie quotidienne vers une vie
plus confortable ». (ABC des Nations Unies, New York : ONU, 1998)
Cette définition semble concilier les deux
écoles « quantitativiste » et « qualitativiste» du
développement et se trouve en harmonie avec celle donnée par
Lahsen ABDELMALKI et Claude COURLET (1988) selon laquelle le
développement est l'ensemble des « changements qualitatifs et
structurels nécessaires pour accompagner la croissance du produit net et
plus largement du bien-être ». C'est aussi l'approche du PNUD avec
l'adoption de l'Indice de Développement Humain Durable.
Le développement est un processus qui met en oeuvre des
dispositions intellectuelles, culturelles de l'homme (facteur qualitatif) et
une certaine organisation matérielle des biens et de la
société (facteur quantitatif). Le processus de transformations
matérielles et structurelles s'opère sous l'effet des
dispositions intellectuelles et culturelles de l'homme dans une
société donnée. Au regard de cela, le facteur
déterminant dans ce processus est le facteur humain, c'est-à-dire
qualitatif et tout développement s'opère à partir de
cela.
La définition de l'UNESCO à savoir : le
développement peut- être « considéré comme une
série de transformations plus ou moins linéaires, progressant,
grâce aux évolutions technologiques, des modes de production
primitifs, vers d'autres formes plus sophistiquées, des dures
épreuves de la vie quotidienne vers une vie plus confortable » sera
retenue pour cette étude.
4 - LA DEMOCRATIE
Le mot démocratie vient de deux racines grecques,"
démos " qui signifie peuple et " kratos " qui veut dire règne ou
pouvoir. La démocratie signifierait alors le pouvoir du peuple. Elle est
conforme à la nature humaine en ce sens qu'elle est un système de
valeur universelle fondé sur la reconnaissance du caractère
inaliénable de la dignité et l'égale valeur de tous les
humains.
Le mot démocratie a des définitions multiples.
Mais, cette surcharge sémantique apparaît à la science
politique comme inhérente à la notion même de
Démocratie. C'est qu'en effet la démocratie n'est pas seulement
une manière d'être des institutions, elle est plus encore
peut-être une exigence morale. Or cette exigence n'est pas
définissable dans l'abstrait, car son
contenu est déterminé à la fois par
l'insatisfaction que procure une situation présente et par l'image de ce
que serait un ordre politico-social meilleur. Il en résulte que le sens
du mot démocratie varie selon le milieu et le moment dans lequel il est
employé et selon le contexte doctrinal dans lequel il se trouve.
Que cette dualité du terme soit
génératrice d'équivoque, c'est incontestable. Mais,
à exclure l'ambiguïté pour élaborer une
définition scientifique, sans bavure, on risquerait de ne pas rendre
compte du dynamisme qui est inclus dans l'idée démocratique et
fait d'elle l'un des facteurs les plus puissants d'évolution des
sociétés. Toute l'histoire prouve que la démocratie
réalisée n'est jamais qu'un moment du mouvement
démocratique. Un mouvement qui jamais ne s'arrête, car pour les
hommes qui le suscitent, la démocratie c'est le Bien. Ainsi, elle n'est
pas seulement une formule d'organisation politique ou une modalité
d'aménagement des rapports sociaux ; elle est une valeur. Et c'est cette
valeur, - l'inaliénable vocation des hommes à prendre en charge
leur destin, tant individuel que collectif- qui constitue l'unité
profonde de ce que, pour la clarté de l'analyse, on appelle les
différentes conceptions de la démocratie.
C'est pourquoi, il n'apparaît pas que ce serait une
bonne méthode que de les isoler pour les décrire en les opposant.
En réalité, elles s'enchaînent les unes aux autres comme
autant d'incarnations de l'idée démocratique qui se fait de plus
en plus exigeante au fur et à mesure que ses impératifs sont
satisfaits. Certes, cet enrichissement du concept ne va pas sans
altération du principe initial ; mais en fait, ce qui diffère
c'est la méthode utilisée par les gouvernants pour
réaliser la démocratie, ce n'est pas l'attente des hommes qui
placent en elle l'espoir d'une vie meilleure.
5 - LA PAIX
Selon le dictionnaire Le Robert, le mot paix traduit les
rapports entre personnes qui ne sont pas en conflit. La paix n'implique pas de
relations positives entre personnes. Elle désigne plutôt des
rapports calmes, qui peuvent d'ailleurs n'être que de pure forme. La paix
désigne également un état de calme, de tranquillité
sociale caractérisée à la fois par l'ordre
intérieur dans chaque groupe, et par l'absence de conflit armé
entre groupe. La paix est également définit comme étant le
commencement de la compréhension mutuelle, du respect et de
l'appréciation de l'autre en tant que différent de nous. La paix
positive, c'est la coexistence des esprits et des coeurs. Cette
définition de la paix positive vaut tout autant pour la paix
entre groupes, nations, blocs, etc., que pour la paix entre
individus. (Bâtir la paix. Dominique Pire. Verviers, Belgique,
Gérard & Cie, Coll. Marabout, 1966, p. 61).
Comme concept voisin, nous avons la paix romaine (PAX ROMANA).
C'est la paix que faisait régner la civilisation romaine, elle
était opposée au chaos menaçant de la barbarie. Maintien
de la paix et règlement pacifique des conflits.
Ses concepts relèvent de la problématique de la
sécurité collective, c'est-à-dire d'un régime
visant à garantir multilatéralement, par un dispositif juridique,
l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de
chacun des Etats de la communauté internationale. Impliquant un sens
à la fois dynamique et statique, le maintien de la paix englobe
l'idée de restauration aussi bien que de préservation de celle-ci
et, de ce fait, peut exiger le recours à des moyens coercitifs autant
que préventifs. A première vue, le règlement pacifique des
différends semble ne devoir être qu'une simple modalité
préventive du maintien de la paix. La réalité est plus
complexe. D'une part la pratique des Organisations internationales de
sécurité collective (ONU, SDN) révèle que les
procédures de règlement pacifique sont souvent utilisées
postérieurement au recours à la force. D'autre part, le
règlement des différents a une finalité curative en
principe, alors que celle du maintien de la paix est normalement
conservatoire.
6 - LA SECURITE
Le concept de sécurité est à l'origine de
la théorie moderne de l'Etat puisque la première mission de
celui-ci est de protéger les membres de la collectivité qui, en
retour, lui prêtent allégeance. La monopolisation de la violence
par l'Etat a pour finalité d'interdire son exercice afin de mettre fin
à l'anarchie et à la loi du plus fort. Chez Hobbes, la
sécurité est l'équivalent de la paix civile à
l'ombre de laquelle les protagonistes du "contrat social" jouissent de leurs
droits naturels. Avec l'émergence de l'Etat-nation, le concept a fait
corps avec l'Etat, incarnation des intérêts collectifs de la
communauté nationale. Le caractère conflictuel des relations
internationales et l'animosité qu'entretiennent les Etats entre eux ont
créé les besoins de la sécurité de l'Etat et de la
sécurité nationale menacée par des Etats étrangers.
Le concept de sécurité est par conséquent devenu
constitutif de la discipline des Relations Internationales qui l'a toujours
rattaché à la notion d'Etat au centre de la problématique
de l'approche "réaliste" construite sur les catégories de
puissance, d'intérêt national, d'ennemis, d'alliances
stratégiques, etc.
Depuis deux ou trois décennies, le monde a
profondément changé au niveau des relations entre les Etats et
les peuples, particulièrement au Nord où la guerre semble
être tombée en désuétude, surtout depuis la chute du
mur de Berlin et l'effondrement de l'exUnion Soviétique. De nombreux
acteurs non-étatiques ont un rôle de plus en plus grand sur la
scène mondiale (firmes transnationales, ONG, opinion internationale...),
contribuant à élargir le concept de sécurité
à toute activité sociale, le libérant de son cadre
strictement militaire pour le relier à la démocratie et à
la bonne gouvernance nationale et internationale.
Malgré la rigueur à laquelle prétendent
les "réalistes", le concept de sécurité est peu
défini par cette école de pensée, ou plutôt
limité à la défense militaire de l'Etat potentiellement
menacé par d'autres Etats, ce qui renvoie au modèle westphalien,
juxtaposition de souverainetés nationales entretenant entre elles des
relations tantôt amicales tantôt agressives. Ce modèle, dont
les deux éléments constitutifs sont le soldat et le diplomate, a
été miné par les flux transnationaux portés par des
forces qui lui ont fait perdre sa cohérence structurelle. Ces forces de
nature économique, religieuse, écologique... se manifestent en
dehors du contrôle des Etats et ignorent la frontière territoriale
(Cf. R.O. Keohane et J. Nye, "Transnational Relations in World Politics ",
Cambridge, Harvard University Press, 1972).
Avec l'approfondissement des rapports transnationaux, la
notion de sécurité semble dépassée dans son
acception traditionnelle. Son intérêt exclusif pour l'Etat, organe
personnifié au nom duquel parle une bureaucratie qui le coupe de la
population, la rend inadaptée aux évolutions des
mentalités et des aspirations des gens. Il y a eu comme une prise de
conscience pour le rejet de l'Etat comme une institution sacrée
au-dessus des hommes, insensible à leurs besoins. La bureaucratie
définissait les critères de sécurité de l'Etat et
désignait des ennemis potentiels, se trouvant aussi à
l'intérieur des frontières. L'obsession de la sûreté
de l'Etat dresse celui-ci contre une partie des membres de la Nation
suspectée d'être infectée par des ennemis, d'où la
répression et la méfiance des gouvernants vis-à-vis des
gouvernés.
Nous retiendrons finalement la définition de Hobbes
à savoir : la sécurité est l'équivalent de la paix
civile à l'ombre de laquelle les protagonistes du "contrat social"
jouissent de leurs droits naturels.
B- Méthodologie adoptée
Dans l'optique de nos recherches, notre méthodologie a
consisté dans un premier temps à rassembler la documentation de
base sur le thème afin de cerner les contours du sujet.
Nous décrirons les techniques de collecte (l'observation,
les entrevues et la revue documentaire) utilisées à cet effet.
L'observation : elle consiste à faire des constats
susceptibles d'aider à la maîtrise des aspects particuliers du
sujet
Les entrevues : elles consistent à avoir des
discussions avec des personnes indiquées dans un domaine donné.
Dans le cas d'espèce, nous avons rencontré les acteurs de la
société civile et des diplomates.
La revue documentaire : elle consiste à explorer des
ouvrages à propos d'un sujet, d'un thème. Dans le cas
d'espèce, nous avons fait un récapitulatif des différents
ouvrages consultés.
Nous nous sommes également référer aux
prises de note de nos cours de Liberté publique et Droits de l'Homme, de
Droit International Public, de Droit International Privé. Notre revue
documentaire nous a amené dans diverses bibliothèques, à
savoir : la bibliothèque du MAE, celle de l'Ecole Nationale
d'Administration et de Magistrature (ENAM), celle du Centre Culturel
Français, etc. afin de recueillir une documentation plus vaste sur la
question. Nous avons également été au siège du
programme pour des Organisations de la Société Civile
Appuyées et Renforcées (OSCAR), et à la Maison de la
Société Civile.
Les Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication étant aujourd'hui présentes dans tous les domaines,
nous y avons également fait recours, notamment à l'Internet. En
outre, nous avons eu à procéder à une fouille des archives
de certains journaux depuis l'An 2000 à nos jours, afin de recueillir
les informations indispensables à cette étude.
Enfin, nous avons sollicité des entretiens avec
certaines personnes ressources dont l'expérience et la capacité
d'analyse nous ont aidé.
Notre méthodologie a donc consisté en une
combinaison des deux approches théorique et empirique.
CHAPITRE PREMIER :
ACTIONS MENEES DANS LE CADRE DU RENFORCEMENT DU
PROCESSUS DEMOCRATIQUE AU BENIN : BILAN ET
ANALYSE
|
L'édification d'un Etat démocratique est un long
et difficile processus qui nécessite aussi bien la volonté
politique et l'engagement des gouvernants et gouvernés que le soutien de
la communauté internationale. Au Bénin, si au plan politique le
citoyen est plus libre aujourd'hui qu'hier, il n'en demeure pas moins vrai que
la voie vers la pérennité du processus démocratique est
encore semée d'embûches, au regard des difficultés
liées à la construction de la démocratie et à sa
gestion au quotidien. Pour relever ce défi, toutes les composantes de la
société doivent bien jouer leur partition.
Nous essaierons dans ce chapitre de voir comment ce
défi est en train d'être relevé, en abordant dans la
section 1, le cadre opératoire de l'étude et l'application des
recommandations issues de la 4eme CIDNR. Dans la section 2, nous
procèderons à la vérification des hypothèses et
à l'établissement du diagnostic.
Section 1 : Cadre opératoire de
l'étude
Dans cette section, il est question de présenter
l'action des différents acteurs (Société civile, secteur
privé, communauté internationale, système des Nations
Unies), conformément aux recommandations de la CIDNR, dans
l'enracinement de la Démocratie dans le monde, en Afrique et
principalement au Bénin dans le Paragraphe 1, ensuite dans le Paragraphe
2 nous parlerons du mécanisme de suivi recommandé à
l'issue de la 4éme Conférence.
Paragraphe 1 : Mise en oeuvre des recommandations au
Bénin
A- Au niveau national
A-1) Au niveau des Organisations de la
Société Civile
A l'issue de la quatrième CIDNR, il a été
recommandé aux Organisations de la Société Civile (OSC) de
prendre toutes les mesures appropriées au niveau national, sous-
régional et régional pour renforcer leur coopération avec
leurs homologues des autres pays. La contribution de la Société
Civile et aussi des Parlements a été reconnue expressément
par la résolution 60/253 paragraphe 3 de l'Assemblée
générale des Nations Unies en date du 2 mai 2006, qui se
félicitait du "caractère intégré et tripartite
(Gouvernements, Parlements, Société Civile) de la Sixième
Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou
Rétablies, qui permettra une interaction et une coopération
accrues dans l'effort commun de promotion de la
démocratie". La Réunion parlementaire de Doha a
également offert l'occasion de tenir des discussions de fond que la
manifestation parlementaire organisée lors de la cinquième CIDNR,
qui a eu lieu à Oulan Bator, en Mongolie, en Septembre 2003, n'avait pas
permis. La sixième CIDNR a donc constituée une nouvelle marque de
reconnaissance du rôle clé joué par les Parlements et la
Société Civile dans le domaine de la démocratie.
Au Bénin, les types d'OSC recensées dans les
douze départements par le Programme Organisations de la
Société Civile Appuyées et Renforcées (OSCAR) dans
le cadre de son programme d'action, sont essentiellement les ONG, les
Associations socioprofessionnelles (fédérations d'artisans,
organisations paysannes), les syndicats, les confessions religieuses, les
médias (associations de journalistes nationale et internationale), la
chefferie traditionnelle, les associations de développement. On note
également la présence de plusieurs regroupements d'OSC ainsi que
des cadres de concertation par endroit. Les actions de ces OSC touchent la
quasi-totalité des secteurs de la vie nationale tels que :
l'éducation, la santé, la promotion agricole, l'épargne,
la réalisation d'infrastructures communautaires, etc.
Nous citerons nommément quelques OSC qui interviennent
au Bénin et qui ont pris part à la Quatrième CIDNR :
Association des Jeunes pour l'Amitié, l'Environnement et le
Développement (AJAED) ; Centre Africa Obota ( CAO) ; Centre
Béninois pour le Développement des Initiatives à la Base (
CBDIBA) ; Coalition des ONG de l'Ouémé (COO) ; Conseil des ONG en
Activité au Bénin ( COAB) ; Fédération Nationale
des Associations des Femmes Béninoises ( FNAFB) ; Front des
Organisations Nationales Contre la Corruption (FONAC) ; Institut des Droits de
l'Homme et de Promotion de la Démocratie (IDHPD) ; Réseau des ONG
Béninoises pour des élections Pacifiques et Transparentes ;
Réseau des ONG Béninoises pour la Gouvernance Démocratique
; Transparency International Bénin (TIB), etc.
Leurs actions dans le domaine du renforcement de la
démocratie ces six dernières années au Bénin ,
s'est traduite par la lutte contre la révision de la Constitution, la
lutte pour la liberté de la presse, les marches contre les fléaux
sociaux tels, la corruption, la chèretée de la vie.
L'appui des institutions internationales telles que l'Union
Européenne et le PNUD aux OSC au Bénin consiste souvent à
encourager des partenariats avec le Gouvernement pour la formulation et
l'exécution des projets. Ainsi, l'Union Européenne, dans le cadre
de sa coopération avec le Bénin a contribué en 2006
à la mise sur pied d'un programme pour l'appui et le renforcement des
OSC, le programme OSCAR. Ce programme matérialise la volonté de
l'Etat béninois, de mieux impliquer désormais les OSC dans le
processus décisionnel. En effet, de par l'importance et la
diversité de leurs interventions au profit de la population et
l'efficience de leurs actions en faveur du renforcement de la
démocratie, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, nul doute que
le rôle des OSC apparaît désormais incontournable.
Il apparaît également que les relations entre les
OSC du Bénin, et leurs homologues des autres pays sont quasi
inexistants, à part les commissions régionales qui impliquent les
OSC dans leurs activités. En collaboration avec des organismes
communautaires africains, la Commission Economique des Nations Unies pour
l'Afrique (CEA) a créé le Centre africain pour la
société civile, qui est un centre de documentation et
d'information sur la participation populaire. A la faveur de certaines
rencontres régionales d'échanges, les OSC des différents
pays arrivent à échanger entre elles. La recherche de subventions
ou d'appuis à la réalisation de leur programme les amène
souvent à la recherche de partenaires extérieurs.
Nous avons cherché à savoir si la
réalisation du programme OSCAR s'inscrit dans la mise en oeuvre des
recommandations issues de la CIDNR. Si pour certains, c'est la première
fois qu'ils en entendent parler, pour d'autres, il n'est point besoin de
spécifier que telle action est faite conformément aux
recommandations de la CIDNR. L'essentiel est que les actes soient posés
et que l'esprit des recommandations s'y retrouve. Une analyse pertinente des
OSC au Bénin permet d'établir le diagnostic ci-après :
a) Faiblesse des OSC : les OSC sont confrontées
à des problèmes qui sont d'ordre organisationnel,
opérationnel, de gouvernance, d'autonomie financière,
d'inadéquation du cadre réglementaire et d'inexistence d'un
système de recensement.
b) Organisation et fonctionnement : les problèmes
d'organisation ne facilitent pas une meilleure implication des Osc dans le
processus décisionnel, la définition et l'élaboration des
politiques. Elles peinent à mettre en place des structures
faîtières représentatives pouvant jouer le rôle
d'interface entre elles et les pouvoirs publics. Il existe plutôt une
multitude de
regroupements qui ne peuvent se targuer de jouir de la
légitimité et de la confiance des organisations de base qu'ils
sont sensés représenter. Ceci s'explique essentiellement par le
problème de leadership. Il faut aussi souligner la méfiance des
organisations de base qui craignent la perte de leur autonomie en
adhérant aux structures faîtières. Il n'est pas rare de
noter parfois des conflits d'intérêt entre structures
faîtières et organisations membres. Bon nombre de ces OSC ont
également de véritables problèmes de fonctionnement. Entre
autres, on peut citer le déficit de circulation d'information
(défaut de compte rendu et de restitution, rétention
d'information), le non renouvellement régulier des organes dirigeants,
le cumul de fonction et le manque de transparence.
c) Professionnalisation et spécialisation : le manque
de professionnalisation et de spécialisation des OSC revêt
plusieurs formes. Certaines OSC, les ONG notamment, embrassent le plus souvent
plusieurs domaines d'intervention de sorte qu'il se pose à elles un
problème de spécialisation. Cette situation se justifie par la
nécessité pour elles de saisir une gamme assez variée
d'opportunités d'activités, y compris celles pour lesquelles
elles n'ont pas l'expertise requise. De même, les OSC, ne disposent pas
des compétences nécessaires pour accomplir les missions qu'elles
se sont assignées. On note ainsi à leur niveau, une faible
capacité technique et opérationnelle d'intervention. Les besoins
exprimés par les OSC justifient cet état de chose.
d) Gouvernance interne et crédibilité : les OSC
sont confrontées au problème de manque de transparence dans la
gestion des ressources, ce qui entache parfois leur crédibilité
auprès des partenaires. Cette situation n'est pas sans
conséquence sur les relations actuelles des partenaires avec les OSC,
relations empreintes de prudence, voire parfois de méfiance. Par
ailleurs, la mauvaise gouvernance interne entraîne souvent des crises au
sein des OSC allant parfois jusqu'à la paralysie ou la dislocation de
ces organisations.
e) Politisation : l'un des maux qui minent les OSC
béninoises est la politisation. Elle se manifeste de deux
manières :on note d'une part des OSC dont les actions sont
récupérées par des Organisations politiques, et d'autre
part, celles dont la création est inspirée par une visée
politique, ce qui entraîne aussi des crises et entache la
crédibilité de ces structures.
f) Faible capacité d'autofinancement : les OSC sont le
plus souvent à la recherche de ressources pour financer leurs actions,
voire même pour leur survie. Même si elles en obtiennent, ces
financements ne couvrent souvent que la réalisation des
activités, ce qui laisse entier leur problème d'appui
institutionnel accentué par le faible taux de recouvrement des
cotisations statutaires prévues. L'appui accordé
par les partenaires aux OSC est à la fois technique et financier. Mais
ceux-ci ne financent que les projets qui cadrent avec leurs objectifs,
notamment dans les domaines du développement communautaire, la bonne
gouvernance, la démocratie, l'environnement, l'éducation et la
formation, le renforcement de capacité, l'appui à la recherche de
financement... .Nous pouvons conclure que les OSC au Bénin sont
dynamiques et engagées. Mais, le manque de moyens fait qu'on ne
perçoit pas bien leurs actions sur le terrain. Une subvention de la part
de l'Etat serait donc indispensable.
A-2) Au niveau du secteur privé
Au nombre des recommandations issues de la quatrième
CIDNR, il a été demandé au secteur privé de prendre
des initiatives au plan régional ou international pour renforcer la
démocratie dans toutes les régions du monde.
Notons que les acteurs privés (banques, entreprises,
prestataires de services urbains) sont devenus, depuis longtemps, des acteurs
incontournables des politiques nationales de développement. Ils ont
régulièrement collaboré avec les pouvoirs publics sous des
formes diverses dans le champ du développement et de l'Etat de droit. La
mondialisation, la montée en puissance des villes et le
développement de la concurrence entre elles à la faveur de la
décentralisation, ont accru le rôle joué par le secteur
privé dans la gestion des affaires publiques. Les partenariats
public-privé se sont multipliés rapidement dans les projets
urbains dans la plupart des pays de la sous-région.
L'enjeu actuel est de parvenir à concilier la logique des
gouvernants et celle des chefs d'entreprises, qui n'ont pas les mêmes
intérêts, ni les mêmes mécanismes d'action et ce
à une époque marquée par l'incertitude et la rareté
des disponibilités financières. Pouvoirs publics et secteur
privé doivent parvenir à s'entendre sur des projets communs
propres à déclencher des dynamiques urbaines sans que la logique
de marché ne prenne le pas sur l'intérêt
général et sans qu'il y ait confusion des rôles. Kofi
ANNAN, ancien secrétaire général de l'ONU, affirmait
à la cérémonie d'ouverture de la Troisième CIDNR,
à Bucarest, en 1997 " au-delà des entreprises " parasites " et
des individus qui cherchent à tirer profit des biens collectifs
produits, il existe des acteurs privés et/ou groupes
d'intérêts professionnels susceptibles de contribuer à la
gouvernance démocratique et d'orienter (du moins partiellement) leurs
stratégies de manière à participer à
l'établissement d'un Etat de droit ".
L'option du libéralisme économique choisie par
le Bénin a consacré la liberté d'initiative. Pour
opérationnaliser les nouvelles orientations en matière de
développement de l'entreprenariat, une vaste initiative a
été lancée par le Gouvernement, appuyée par les
partenaires au développement, pour l'adoption et la mise en oeuvre d'une
politique de développement du secteur privé. Ce programme qui a
couvert la période 2001 à 2005 a conduit à la relance du
secteur privé et faisait suite à l'adoption du Programme de
Relance du Secteur Privé (PRSP) mis en oeuvre à partir de 1996,
avec l'appui de plusieurs bailleurs de fonds dont le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque mondiale.
C'est dans ce contexte que de nombreuses actions et mesures de
réforme ont été prises pour améliorer le climat des
affaires et promouvoir l'investissement privé national et
étranger. On peut citer notamment : la mise en place d'un guichet
unique, dont la gestion relève de la Chambre de Commerce et d'Industrie
du Bénin (CCIB) ; la redynamisation de la CCIB, avec la mise en place
d'un système d'information plus efficace et le renouvellement de sa
structure à travers des élections régulières. La
dernière élection s'étant déroulée en
Novembre 2007. Le renouvellement du Conseil du Patronat en Décembre
2006; la relance des activités de la Fédération nationale
des artisans du Bénin (FENAB) ; la libéralisation des secteurs
économiques et le désengagement de l'Etat des secteurs productifs
; la mise en place d'un cadre légal des télécommunications
et l'assainissement de la gestion des licences qui entraîna un bras de
fer entre le Gouvernement et les prestataires concernés ; l'adoption
d'un nouveau code des marchés publics ; la modification du code des
investissements pour élargir le champ des activités
éligibles et l'amélioration de la gestion portuaire ainsi que la
simplification des procédures fiscales et douanières. C'est
toujours dans l'optique d'une participation plus accrue du secteur privé
à l'économie, qu'un port sec a été mis en service
en Octobre 2007 au quartier Zongo, à Cotonou.
Le Gouvernement a entrepris depuis 2001, la réalisation
d'un programme de zone franche industrielle aménagée à
travers tout le territoire, dans le but de promouvoir les investissements
étrangers dans les branches d'exportation. Ce programme qui se poursuit
aujourd'hui a pour mérite d'avoir suscité des investissements de
divers horizons, aussi bien asiatique qu'européens. Il convient de
souligner la contribution significative apportée par le programme de
relance du secteur privé à l'amélioration de
l'environnement des affaires par l'élaboration de politiques et la
création ou le renforcement d'instruments de promotion des entreprises
privées. Il est à noter également l'émergence des
institutions et structures animées
par les opérateurs économiques privés
(chambres consulaires, organisation professionnelles). Les expériences
des institutions de micro-finance appuyées dans le cadre du PRSP sont
aujourd'hui des exemples de réussites d'approches institutionnelles en
vue de la mise en place d'un secteur privé fort. Le PRSP initié
depuis 1996 a connu un essor remarquable avec l'octroi de crédit
à un intérêt faible aux couches les plus
défavorisées à partir de novembre 2006.
Après une décennie de mise en oeuvre du PRSP, le
Bénin offre certains atouts clés pour le développement du
secteur privé : la stabilité politique, l'existence d'un secteur
bancaire commercial viable, la disponibilité d'une infrastructure
portuaire et aéroportuaire. La position géographique du
Bénin lui permet de jouer le rôle de porte d'entrée et de
transit privilégiée vers les pays de l'hinterland (Niger, Burkina
Faso, Mali, Tchad) et le Nigeria. Le secteur privé béninois a su
très tôt tirer profit de cette opportunité et affirmer
cette vocation de plate forme de l'économie sous régionale. A
titre d'exemple, le Port Autonome de Cotonou est devenu, au fil des ans, le
principal port de transit des véhicules d'occasion en Afrique de
l'Ouest, même si récemment on note plus ou moins une
préférence du Port de Lomé au détriment de celui de
Cotonou.
Toutefois, le développement du secteur privé
continue d'être confronté à la persistance de certaines
contraintes parmi lesquelles on peut citer : la faible capacité
financière et institutionnelle des promoteurs ; le faible niveau de
compétitivité de l'économie ; un environnement des
affaires peu favorable au secteur formel ; l'accès difficile des Petites
et Moyennes Entreprises (PME) au financement bancaire en raison de la
rareté des ressources à long terme et d'un système viable
de garantie des risques ; l'inefficacité du système judiciaire ;
les tracasseries administratives et la corruption dans l'administration ; une
politique fiscale encore contre productive et une économie peu
diversifiée.
Quant à l'informel, il constitue une composante
importante du secteur privé avec une part dans l'économie
nationale estimée à plus de 50% dans l'agriculture, 30% dans le
commerce et les services et 8% dans le secteur manufacturier. Son ampleur
grandissante fait que des pans entiers de l'économie échappent
encore à toutes formes de contrôle et d'obligation de rendre
compte, ce qui contribue à ralentir l'élargissement de l'assiette
fiscale, la lutte contre la fraude et la corruption. En effet, on observe une
attitude de tolérance relative des autorités face à
certaines transgressions à la règle de droit au niveau du secteur
informel (exemple du trafic de carburant) en raison de leur contribution
à la lutte contre la pauvreté et de leur rôle de soupape
aux éventuels problèmes sociaux liés à l'emploi.
Aujourd'hui le secteur privé constitue à n'en
point douter, une force indispensable à
l'établissement d'un Etat démocratique. Nous pouvons conclure
à ce niveau que le secteur privé constitue un maillon essentiel
de l'économie béninoise. Mais, il a besoin d'être
réglementé pour jouer pleinement son rôle.
B- Au niveau International
B-1) Aux pays donateurs et à la communauté
internationale
Il a été recommandé d'accorder une
priorité accrue à l'allocation des ressources pour les programmes
de gouvernance, de démocratie et de participation de la
société civile ; d'alléger de façon substantielle
le fardeau de la dette des pays de DNR comme moyen de renforcer leur processus
de démocratisation et leur développement économique ; de
coordonner leurs travaux sur les relations entre la démocratisation, le
développement et la gouvernance avec les DNR ; d'organiser conjointement
des conférences ou se rencontreraient des représentants des
gouvernements, des parlementaires, des élus locaux et des
représentants d'ONG pour discuter de questions relatives à la
démocratisation ;d'aider, à leur demande, les DNR, avec le
concours des institutions internationales et du monde académique,
à établir des indicateurs permettant d'analyser les
progrès réalisés dans le processus de
démocratisation.
Le Bénin, pays stable et démocratique, a pour
priorité la croissance économique et l'établissement d'un
Etat de droit. Pour être soutenu dans ses ambitions, le Bénin a
besoin du soutien des pays donateurs et de la communauté internationale.
C'est dans ce cadre que s'inscrit le partenariat entre le Bénin et
l'Union Européenne (UE) qui est de longue date le premier partenaire
économique et au développement du Bénin. Cette
coopération se fait à travers le Programme indicatif national qui
fixe les principaux secteurs d'interventions sur lesquels sont
concentrés les efforts pour une période donnée. Pour la
période de 2003-2007 par exemple, l'UE a apporté une aide de 208
millions d'euros dont 12% sont consacrés à l'amélioration
de la gouvernance et de l'Etat de droit et au développement du secteur
privé.
L'Accord de Partenariat Afrique Caraïbe Pacifique-Union
Européenne (ACP-UE), signé à Cotonou le 23 Juin 2000, a
contribué à la redéfinition d'une nouvelle ère de
coopération entre le Bénin et l'Union Européenne. Ainsi,
les différents Etats constitutifs de
l'UE contribuent, chacun en ce qui le concerne au renforcement
du processus de démocratisation et au développement
économique du Bénin. Mais, depuis quelques années, une
nouvelle redéfinition des domaines d'intervention a été
faite, ceci dans le souci d'une efficacité plus accrue et d'une
rationalisation des interventions. Les donateurs insistent de plus en plus dans
leurs directives concernant les programmes d'aide, sur les vertus de la
démocratisation et de la bonne gestion des affaires publiques. La
Conférence de Cotonou est allée dans le même sens en
déclarant que «la gouvernance et la démocratisation
apparaissent de plus en plus comme les piliers du développement durable,
et les donateurs doivent en tenir pleinement compte lorsqu'ils
établissent les priorités de leurs financements». Il a par
ailleurs été réaffirmé que l'aide internationale
à la démocratisation et à la réforme devait
être adaptée à la situation politique, culturelle et
sociale globale de chaque pays. Nous citerons à titre illustratif
quelques pays donateurs et leur domaine d'intervention au Bénin :
La France a axé sa coopération avec le
Bénin sur l'éducation, l'agriculture et la sécurité
alimentaire, ainsi que les infrastructures. Cette coopération comprend
aussi un concours aux réformes des administrations financières,
un appui au renforcement de la sécurité intérieure, des
travaux conjoints dans le domaine de la Santé, et une aide
budgétaire directe. La culture et la francophonie complètent ces
domaines d'intervention.
L'Allemagne appuie le Bénin depuis 1960 et son aide se
concentre désormais depuis sept ans, sur l'Atacora- Donga. Les points
focaux sont : la bonne gouvernance et le développement communal,
l'agriculture et l'environnement, ainsi que la gestion de l'eau. En tant que
partenaire privilégié, le Bénin est soutenu dans ses
efforts de compétitivité dans un monde globalisé,
notamment avec l'initiative coton. Outre la coopération technique
assurée par la GTZ, le DED et la KfW, plusieurs ONG allemandes et les
fondations politiques Konrad Adenauer-, Friedrich Ebert et Hanns Seidel
interviennent au Bénin.
La Belgique intervient dans les départements du
Mono-Couffo et de l'Atacora-Donga. Les secteurs prioritaires sont : la
santé, l'agriculture axée sur la sécurité
alimentaire et la consolidation de la société avec un accent mis
sur la décentralisation. Dans chacun de ses secteurs, une attention
particulière est accordée au genre et aux droits des enfants,
à l'environnement, à l'économie sociale et au renforcement
des capacités à travers les formations. Les actions de
coopération au développement et à la promotion des droits
de l'Homme sont essentiellement mises en oeuvre par la Coopération
Technique Belge, les
différentes ONG belges et une coopération
multilatérale à travers les Organisations Internationales.
Le Danemark soutient la mise en oeuvre des stratégies
de lutte contre la pauvreté et la recherche de la croissance
économique au Bénin. La coopération bénino-danoise
se concentre sur les secteurs suivants : éducation de base et formation
professionnelle, eau et assainissement, les transports et l'agriculture. Par
ailleurs, le Danemark apporte un appui général au budget de
l'Etat et des appuis spécifiques à la promotion de la bonne
gouvernance et des droits de l'Homme. Un accent particulier est mis sur la
décentralisation, la lutte contre la corruption et la promotion des
droits des femmes et des enfants. La lutte contre le VIH /SIDA figure
également parmi les domaines prioritaires.
Les Pays-Bas apportent une aide budgétaire
générale et impulsent des programmes sectoriels pour l'eau,
l'assainissement et l'éducation de base. Ceux-ci comprennent à la
fois des investissements et des appuis institutionnels. Les Pays-Bas financent
également des programmes dans les domaines de la bonne gouvernance et du
développement du secteur privé.
Dans sa lutte contre la pauvreté, le Bénin a
défini sa Stratégie de Croissance pour la Réduction de la
Pauvreté. Le Document de Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (DSCRP) est le résultat d'une
planification stratégique élaborée avec le concours de
toutes les composantes de la société et en concertation avec les
partenaires au développement. Le DSCRP définit les 5 axes
stratégiques et les domaines d'intervention prioritaires qui guideront
l'action du Gouvernement et de ses partenaires.
Notons également que des remises de dettes sont
accordées fréquemment au Bénin par ses partenaires au
développement. Ces remises contribuent à alléger de
façon substantielle le fardeau de la dette des pays de DNR et
constituent un moyen de renforcement du processus de démocratisation et
du développement économique.
B-2) Au Système des Nations Unies
Comme recommandations au Système des Nations Unies, il
est demandé : de promouvoir davantage le dialogue et, dans un esprit de
coopération ; de poursuivre ses efforts pour mieux appréhender
les questions relatives à la démocratie ; de recourir plus
largement à l'expertise des compétences locales des pays en
développement ; de travailler en
collaboration plus étroite avec les acteurs locaux les
plus divers afin de promouvoir et d'enraciner la culture démocratique
dans les pays concernés ; de créer une banque de données
sur le développement démocratique qui recense les informations
sur les problèmes fondamentaux relatifs à la démocratie ;
de créer un fichier d'experts spécialisés dans les
questions fondamentales relatives à la démocratie, notamment des
experts provenant des DNR ; d'élaborer et de développer au sein
du système des Nations Unies des programmes intégrés
d'assistance à la démocratie qui seraient coordonnés au
sein du système des Nations Unies en utilisant des ressources
extra-budgétaires; de mobiliser des ressources pour mettre en oeuvre des
programmes intégrés et des stratégies communes à
plusieurs pays et qui auraient pour objectifs, la promotion et le renforcement
du développement démocratique ;d'apporter s'agissant de la Banque
Mondiale et du FMI, une assistance aux réformes démocratiques
adaptées aux conditions et aux besoins de chaque pays ;de poursuivre, en
ce qui concerne le Système des Nations Unies, l'examen des idées
et suggestions nouvelles concernant la démocratie et la bonne
gouvernance avancées par les Gouvernements et les représentants
du monde académique et de la société civile.
L'ONU a renouvelé son soutien à la CIDNR depuis
1994, et a adopté une série de résolutions à
l'appui de ses activités. La résolution 49/30 du 7
décembre 1994 intitulé «Appui présenté par le
Système de l'ONU sur les Efforts des Gouvernements servant à
Favoriser et Consolider les Démocraties nouvelles ou rétablies
» a été inclue dans l'ordre du jour de la 54eme session de
l'Assemblée générale de l'ONU sur une base semestrielle.
Les résultats de chaque conférence sont transmis par le
Gouvernement hôte à l'Assemblée générale de
l'ONU sous ce point de l'ordre du jour. Le Gouvernement hôte
prépare et soumet un projet de résolution sur le sujet, qui est
normalement sponsorisé par plusieurs Etats participants à la
Conférence. La résolution qui sanctionne la tenue de la
Conférence de Cotonou est la Résolution A /RES/56/96 du 14
Décembre 2001 de l'AG de l'ONU (voir annexe II).
Comme pays hôte, Président de la 4ème
Conférence, le Bénin jouit du soutien du Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD). Il a ainsi mis au point en
collaboration avec le PNUD une série d'activités allant de pair
avec les recommandations de la conférence de 2000. Nous allons en
énumérer quelques unes.
Les axes stratégiques de la coopération du PNUD
portent sur le plaidoyer en faveur du Développement Humain Durable
(DHD), le suivi de la croissance, la décentralisation avec un appui
orienté essentiellement vers l'amélioration de la Gouvernance
locale et le
développement communautaire, la micro finance à
travers la fourniture d'assistance technique et le renforcement institutionnel,
le développement du secteur privé et la préservation de
l'environnement. Le programme d'appui du PNUD à la bonne gouvernance,
d'un montant de 1.683.520 US $ soit 841.760.000 FCFA en 2002 , vise au
renforcement : des institutions démocratiques ;des capacités
nationales en matière de promotion et de respect des droits humains ; de
mécanismes efficaces de participation des citoyens à la gestion
publique ; d'un processus électoral fiable, transparent et serein ;
d'une administration publique, centrale et locale répondant aux
exigences de transparence,de responsabilité et de professionnalisme ; et
d'une gestion économique et financière performante et favorisant
l'initiative privée.
L'USAID, apporte une assistance à la réforme en
matière de bonne Gouvernance, en matière de
décentralisation et dans la lutte contre le VIH-SIDA. La
Coopération Suisse apporte à l'Observatoire du Changement Social
un soutien logistique qui devrait permettre un meilleur suivi-évaluation
de la mise en oeuvre des résolutions de la CIDNR. En outre, elle assure
la coordination du groupe thématique des partenaires au
développement se rapportant à la promotion de la bonne
gouvernance au Bénin. Plusieurs mesures ont été mises en
oeuvre depuis 2001, avec l'appui des partenaires dont la Banque Mondiale et le
FMI, dans le but d'améliorer les procédures de passation des
marchés publics. Il s'agit notamment de l'élaboration d'un manuel
de procédures, de l'établissement d'une base de prix de
référence, d'une meilleure préparation et
dépouillement des appels d'offre ainsi que la publication des
résultats d'adjudication.
Suite à l'évaluation du système de
passation des marchés publics en 2002, le Gouvernement a mis en place le
comité national de suivi et de coordination de la réforme des
marchés publics (CNCP) au Bénin. Ce comité a
préparé le plan d'action détaillé de la mise en
oeuvre de la réforme et a mené une étude sur la mise en
place des Cellules de Passation des Marchés Publics (CPMP) dans les
ministères sectoriels. Malgré les efforts d'amélioration
déjà accomplis, on observe que le système présente
encore des insuffisances qui nécessitent la poursuite et la
consolidation des réformes engagées. En effet, le cadre
législatif et réglementaire ne satisfait pas aux dispositions
établies au niveau des standards internationaux et aux accords
communautaires, notamment celui relatif au code de transparence dans la gestion
des finances publiques de l'UEMOA. Il convient également de noter
l'absence de procédures directrices dans la gestion des finances
publiques pour
permettre une intégration efficace de la planification et
de l'exécution des marchés publics dans les dépenses
publiques.
Dans la perspective de la réalisation des Objectifs de
Développement du Millénaire (OMD) à l'horizon 2015, le
PNUD contribue à la résolution des grands problèmes de
développement auxquels fait face le Bénin. Le programme pour le
cycle 2004-2008 se présente en trois sous-programmes:
1. la lutte contre la pauvreté;
2. la promotion de la bonne gouvernance et consolidation de la
démocratie ;
3. la lutte contre le VIH-SIDA.
Le Gouvernement du Bénin et le (PNUD) ont
procédé les 1er et 2 février 2007 à la revue
à mi-parcours du Plan d'Action du Programme de Pays (CPAP) qui
définit le cadre de coopération entre les deux partenaires pour
la période 2004-2008. La valeur du PNUD réside dans le fait qu'il
est un conseiller et un partenaire auquel plus de 174 pays et territoires en
développement font confiance.
Paragraphe 2 : Mécanisme de suivi des
recommandations A- Les indicateurs
L'une des questions majeures soulevées lors de la 3eme
CIDNR, concerne les méthodes de suivi des progrès de la
démocratisation. Le document adopté à l'issue de la
Conférence propose que l'on établisse des indicateurs qui sont au
nombre de trois :
-- L'autonomie : dimension essentielle, l'autonomie est le
fondement de la dichotomie entre l'Etat et la Société. Elle
permet la différenciation entre les deux entités.
-- Le pluralisme : cette dimension illustre la
diversité et la densité des OSC et de la classe politique. Il se
manifeste à un double niveau : celui de l'existence de plusieurs
sphères autonomes les unes par rapport aux autres par exemple
l'économie, la religion, la culture, la politique, l'enseignement etc.
Ensuite c'est l'existence au sein de ces sphères d'une
multiplicité d'organisations, d'associations autonomes.
-- La capacité : l'autonomie et le pluralisme ne
serviraient à rien si les diverses formes d'organisations ne pouvaient
traduire leurs préférences en action. Ce qui compte ici est leurs
réalisations, leur capacité à intervenir sur le
terrain.
Les participants ont recommandé qu'un mécanisme
spécifique, auquel seraient associés des représentants du
système des Nations Unies, soit mis en place pour suivre les acquis de
la Conférence. Les recommandations adressées au système
des Nations Unies demandaient aussi que les institutions de Bretton Woods et
les autres secteurs des Nations Unies qui s'occupent de gestion des affaires
publiques, de démocratisation et de consolidation de la paix
entretiennent des relations plus suivies et resserrent leurs liens de
coopération.
A la 4eme CIDNR, le Secrétaire Général de
l'ONU a également été invité à
désigner un « point focal » » de coordination au sein du
Système des Nations Unies pour appuyer les efforts des Etats membres,
pour consolider la démocratie et pour assister également le
mécanisme de suivi de la Quatrième CIDNR.
B- Les fonctions du mécanisme de suivi
Le mécanisme de suivi est chargé d'apporter aux
DNR, à leur demande, une assistance
pour :
- établir une liste d'objectifs pour les programmes de
démocratisation, et un calendrier indiquant les repères possibles
pour évaluer leur mise en oeuvre ;
- établir une liste restreinte d'indicateurs acceptables
et utilisables par les Etats participants ;
- identifier les programmes et faire participer les DNR aux
programmes du Système des Nations Unies qui traitent des questions
relatives à la démocratisation et à la bonne gouvernance
;
- promouvoir et renforcer des cadres régionaux et
sous-régionaux pour les programmes de démocratisation ;
- étudier les conditions requises pour attirer les
investissements et encourager les efforts de démocratisation ;
-identifier et exécuter des programmes mettant l'accent
sur la personne humaine et pas uniquement sur les institutions.
Dans sa résolution 56/269 du 27 Mars 2002 (voir annexe
I) , l'Assemblée générale a accueilli avec satisfaction le
rapport du Secrétaire général sur les moyens et les
mécanismes grâce auxquels le système des Nations Unies
pourrait appuyer les efforts déployés par les Gouvernements en
vue de promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou
rétablies (A/50/332 et A/5 1/512) et a félicité le
Secrétaire général pour les activités entreprises
à la demande des Gouvernements en vue d'appuyer leurs efforts de
consolidation de la démocratie, ainsi qu'il ressort de ce rapport.
L'Assemblée a également encouragé le Secrétaire
général à continuer à faire en sorte que
l'Organisation soit à même de répondre efficacement aux
demandes des États Membres dans leurs efforts pour atteindre le but de
la démocratisation. Ces requêtes ainsi que d'autres demandes
allant dans le même sens ont incité le système des Nations
Unies à étendre rapidement ses activités dans le domaine
de la démocratie. En témoigne la contribution que le
Système des Nations Unies a apporté au Bénin dans ce
domaine et dont nous avons fait cas précédemment.
La décision prise à la troisième
Conférence internationale de tenir la prochaine conférence dans
un pays africain, a motivé le système des Nations Unies qui s'est
engagé à contribuer au succès de cette conférence
et à contribuer à son mécanisme de suivi, comme l'ont
demandé des participants à la Conférence de Bucarest. Mais
force est de constater que ce mécanisme de suivi n'a pas
été mis en place, malgré les multiples relances faites par
les Etats. Les points focaux régionaux qui devaient également
être mis en place en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe
n'ont pas connu de suite.
Section 2 : Vérification des hypothèses
et établissement du diagnostic
Nous avions préalablement établi un certain nombre
d'hypothèses sur lesquels nous nous sommes basés pour conduire
notre travail :
- La Société Civile est occultée dans les
prises de décision. - Le chantier de la Démocratie est encore
vaste.
- Les résolutions issues des Conférences ne sont
pas suivies.
A ce stade de notre travail, nous procéderons à
l'analyse des données sur lesquelles portait la 4eme CIDNR à
savoir : Paix, Démocratie et Développement. Nous
établirons les liens qui existent entre eux et procèderons
à la vérification des hypothèses que nous avions
émises, ceci dans le paragraphe 1. Ensuite, nous établirons le
diagnostic de notre étude, ceci en faisant ressortir les contenus et
limites dans le paragraphe 2.
Paragraphe 1 : Analyse des données et
vérification des hypothèses
A- Analyse des données
Pendant très longtemps, dans leurs études sur le
développement beaucoup de spécialistes des sciences sociales se
sont concentrés sur les problèmes économiques et sont
restés ignorants des dimensions politiques essentielles du processus.
Et, justement, il est apparu qu'au moment même où de nombreux pays
du " tiers monde " avaient atteint l'objectif des Nations Unies en terme de
croissance du PNB, les populations d'une grande majorité d'entre eux
continuaient à vivre dans une misère grandissante.
Ainsi les chercheurs, économistes, pouvoirs publics et
éducateurs ont commencé à réaliser qu'il y a
quelque chose de faux dans la définition du développement qui
insistait trop exclusivement sur l'économique. Dès lors, la lutte
pour le développement est inévitablement un combat pour la
conquête de la liberté et des droits ; les droits de l'homme
renvoyant au droit de se développer. Ainsi il apparaît clairement
une corrélation entre démocratie et développement. A cet
effet, la démocratie est une nécessité absolue pour un
développement harmonieux et durable.
La Démocratie et le Développement sont
complémentaires et se renforcent mutuellement. Le lien entre eux est
d'autant plus fort qu'il prend naissance dans les aspirations des individus et
des peuples et les droits qui leur sont reconnus.
L'Histoire montre, d'ailleurs, que les expériences dans
lesquelles la démocratie et le développement ont
été dissociés se sont, le plus souvent, soldées par
des échecs. A l'inverse, l'imbrication de la démocratisation et
du développement contribue à enraciner l'une et l'autre dans la
durée. En effet, si, pour se consolider, la démocratie politique
doit trouver son prolongement dans les mesures économiques et sociales
qui favorisent le développement, de même, toute stratégie
de développement a besoin, pour être mise en oeuvre, d'être
validée et renforcée par la participation démocratique.
L'interdépendance entre démocratie, développement et paix
est mentionnée clairement dans la déclaration de Vienne de
1993.
Rappelons également que la reconnaissance de cette
interdépendance entre démocratie, développement et paix
n'est pas nouvelle. La Charte des Nations Unies, les Pactes internationaux, la
Déclaration de 1986 sur le Droit au développement, la Convention
pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes, en ont tous fait état. Mais, la mise en
oeuvre de ces droits, consacrés par le droit international, implique
tout à la fois une plus grande solidarité de la communauté
internationale et le respect, par les Etats, de leurs obligations
internationales. Nous voyons ainsi, dans l'Etat de droit ou la primauté
du droit le fil qui peut relier la construction et la consolidation de la
démocratie à celle du développement, ainsi que le moyen de
consolider ce qui est leur socle commun : la Paix.
En effet, pour qu'il y ait la paix, et pour que la
démocratie fonctionne, il faut non seulement, que la communauté
et les individus, hommes et femmes, aient accès à la justice,
mais aussi qu'ils puissent, en amont, avoir connaissance des lois et les
comprendre. Dans le même ordre d'idées, l'absence de justice
compromet directement le développement, d'une
part parce que cela favorise les pratiques de mauvaise gestion
et de corruption, et, d'autre part, parce que cela décourage les
investissements et les échanges économiques. Il ne peut, en
effet, avoir des échanges dans un contexte d'arbitraire, en absence de
primauté de droit.
Pour institutionnaliser, il faut un minimum de certitude ; il
faut savoir quelle est la règle applicable, et comment elle s'applique.
Cette primauté du droit, qui est le contraire de l'arbitraire est
basée sur le règne des principes généraux du droit,
sur le concept de justice dans la société, d'où son
importance par rapport à un Gouvernement démocratique. Cette
primauté du droit implique, pour l'exercice du pouvoir, la
légitimité, la transparence, l'obligation de rendre compte.
Ces trois éléments, qui sont à la base de
la primauté du droit, sont essentiels tant pour le processus
démocratique que celui du développement. Mais pour que cette
primauté du droit qui va de pair avec la citoyenneté, s'implante
au sein d'une société, il est nécessaire que ce soit
développé une culture juridique, ce qui implique la mise en place
de stratégies adéquates. Elle implique que tous connaissent le
fonctionnement de la justice. Or, cette connaissance n'est possible que si
l'accès à la justice est égal pour tous, et si elle est la
même pour tous.
La démocratie et le développement peuvent
contribuer aussi, ensemble à la consolidation de la paix. En effet, les
démocraties règlent le plus souvent leurs différends
internes par des moyens pacifiques. Par ailleurs, au delà de ce
rôle préventif, le cadre démocratique s'est souvent
révélé efficace pour le règlement pacifique des
conflits internationaux. Facteur de paix, la démocratie favorise donc le
développement, qui tend lui- même à consolider
l'état de paix intérieure, et partant la paix internationale,
puisqu'un grand nombre de guerres trouvent leur origine dans les conflits
internes. Démocratie, développement et paix constituent une
trilogie, un dessein commun.
Parler aujourd'hui d'un idéal démocratique
relève du rêve ou plutôt de l'utopie, mais l'idéal
sert de pierre de touche et de but auquel on aspire. Les idéaux de la
démocratie ne constituent pas une configuration statique. Toutes les
démocraties sont spécifiques à un pays et à une
culture.
Nous ferons nôtre cette question du professeur Amady Aly
DIENG, tirée des rapports issus de la 4éme CIDNR : «
L'histoire économique n'a-t-elle pas montré que des pays qui ne
sont pas de tradition démocratique comme l'Allemagne, la Corée du
Sud, Taiwan, la Chine, le Chili ont connu un développement prodigieux ?
»
L'expérience béninoise de la démocratie
montre que sa liaison avec le développement, n'est point automatique.
Autrement, le lien entre la démocratie politique et le
développement économique n'est pas spontané. S'il existe,
le lien entre les deux ne peut être que médiat. Ce n'est pas
l'absence de Démocratie qui est la cause du sous-développement et
l'arriération des pays africains, mais c'est la mauvaise gestion des
affaires publiques.
B- Vérification des hypothèses
Au terme de notre analyse, nous avons constaté
qu'à l'issue de la Quatrième CIDNR, le « point focal »
de coordination au sein du Système des Nations Unies pour appuyer les
efforts des Etats membres, pour consolider la démocratie et pour
assister également le mécanisme de suivi de la Quatrième
CIDNR, qui a été préconisé n'a pas
été mis en place.
La demande faite au Président de la Quatrième
CIDNR, de renforcer le mécanisme de suivi créé à la
Troisième Conférence en vue de mettre en oeuvre les
recommandations énoncées n'a pas vu le jour. Ceci nous
amène à dire que les résolutions issues de cette
Conférence n'ont pas été suivies en
intégralité.
Paragraphe 2 : Diagnostic établi
A- Au niveau national
Il ressort de tout ce qui précède que la
participation de la société civile est indispensable pour
mobiliser les énergies et l'intérêt de la population en
faveur d'un développement durable, et pour permettre la
répartition équitable des fruits du développement.
Quand à la stratégie du Gouvernement en
matière de bonne gouvernance, nous avons remarqué que le
Bénin ne dispose pas, à l'instar de certains pays africains comme
le Sénégal et le Mali, d'un programme national de promotion de la
bonne gouvernance. Mais, il existe un certain nombre de documents et de
politiques contenant des mesures relatives à l'amélioration de la
gouvernance. Ainsi, le Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté (DSRP), devenu depuis 2005 Document Stratégique de
Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), adopté
en Décembre 2002, constitue le principal cadre de
référence pour la définition et la mise en oeuvre des
actions relatives à la promotion de la bonne gouvernance. Les quatre
axes stratégiques du DSRP sont : le renforcement du cadre
macro-économique à
moyen terme ; le développement du capital humain et la
gestion de l'environnement ; le renforcement de la gouvernance et des
capacités institutionnelles ; la promotion de l'emploi durable et le
renforcement des capacités des pauvres. La matrice des actions de la
stratégie de lutte contre la pauvreté comprend 135 mesures de
politiques dont 58 sont directement reliées à
l'amélioration de la gouvernance.
Parmi les autres sources comportant des actions
spécifiques d'amélioration de la gouvernance, on citera : la
« Vision stratégique du Bénin à l'horizon 2025 »
dont le plan d'action du Gouvernement pour la période 2001-2006 visait
entre autres : la consolidation de la démocratie et la bonne gouvernance
; l'amélioration de l'économie et des finances publiques et
l'aménagement du territoire et un développement
équilibré. Il convient également de rappeler la
réforme budgétaire axée sur les résultats
engagés depuis 2000, avec l'appui du Fonds Africain de
Développement (FAD), le document-cadre de la réforme
administrative adopté en 2000, le Plan d'Action Final (PAF) de la
réforme des marchés publics, le Programme intégré
de renforcement des systèmes juridique et judiciaire, et le plan
stratégique de lutte contre la corruption. Il est indéniable
qu'il urge de définir une stratégie de bonne gouvernance prenant
en compte des actions retenues à travers tous ces documents et
présentant sous forme cohérente et harmonisée une
stratégie nationale de bonne gouvernance.
Le secteur privé a également un rôle
essentiel à jouer dans la consolidation de la démocratie et la
promotion d'un développement humain durable. Il est en mesure de
répartir les ressources économiques, d'accroître
l'efficacité de l'activité économique et de créer
des emplois, améliorant ainsi le niveau de vie de la population.
Toutefois, lorsque la transition vers la démocratie et l'économie
de marché se traduit par de graves problèmes économiques,
la confiance des citoyens dans la démocratie risque d'être
sérieusement ébranlée.
La capacité du secteur privé d'écarter ce
risque, en créant par exemple des emplois, dépend dans une large
mesure du type de régime politique mais aussi de la mondialisation et de
l'état de l'environnement commercial mondial, tous facteurs susceptibles
d'influer sur la compétitivité du pays. Il faudrait par
conséquent poursuivre les recherches sur d'éventuelles
corrélations entre la mondialisation, notamment le rôle des
marchés financiers, et les menaces qui pèsent sur la
démocratisation.
Le mouvement des démocraties nouvelles ou
rétablies et ses conférences internationales ont imprimé
un vigoureux essor à la démocratisation mondiale et
régionale. Les conférences internationales sur les
Démocraties ont démarré à la fin des années
80 de
manière totalement autonome par rapport à l'ONU,
mais depuis la deuxième conférence internationale de 1994,
l'Organisation y participe plus activement.
B- Au niveau des Pays de Démocraties Nouvelles ou
Rétablies (DNR)
La première conférence internationale,
intitulée Conférence internationale des démocraties
nouvellement restaurées, s'est tenue à Manille du 3 au 6 juin
1988. Treize États y ont participé. La Déclaration de
Manille (A/43/538), adoptée à l'issue de la Conférence,
affirmait que, en s'appuyant mutuellement les jeunes démocraties
pouvaient vaincre les forces intérieures et extérieures qui
risquaient de les mettre en péril. C'est ce sentiment de menace
persistante sur le fragile processus de démocratisation qui a
motivé quelques États à agir ensemble. Mais comme les
conférences ont mobilisé des États beaucoup plus nombreux
(actuellement près de la moitié des États Membres de l'ONU
et d'autres partenaires), le mouvement est devenu plus international et plus
global.
La deuxième Conférence internationale des
démocraties nouvelles ou rétablies, qui réunissait 73
Etats s'est tenue à Managua au Nicaragua du 4 au 6 juillet 1994. La
Déclaration et le Plan d'action de Managua (A/49/7 13) adoptés
à cette occasion priaient expressément le Secrétaire
général d'étudier les moyens par lesquels le
système des Nations Unies pourrait apporter son assistance aux
démocraties nouvelles ou rétablies. Cette demande a
été appuyée par l'Assemblée générale
dans sa première résolution consacrée à ce sujet,
la résolution 49/30 du 7 décembre 1994.
Le Secrétaire général Boutros
Boutros-Ghali a présenté un premier rapport sur les
démocraties nouvelles ou rétablies le 7 août 1995
(A/50/332), puis un deuxième le 18 octobre 1996 (A/51/512). Un
supplément à ces deux rapports a été
présenté le 20 décembre 1996 (A/5 1/761). Les trois
rapports de l'ancien Secrétaire général sur les
démocraties nouvelles ou rétablies sont autant
d'éléments qui étayent solidement le cadre d'action
renouvelé et assoupli que le système des Nations Unies va adopter
en matière de démocratisation et de bonne gestion des affaires
publiques, deux notions essentielles et inséparables. Les fragiles
démocraties de certaines régions restent très
menacées, et la communauté internationale devrait accroître
son assistance pour les aider à mieux lutter contre les périls.
Le renforcement de la société civile s'avère essentiel
dans ces régions. La nécessité de réformer les
structures et les fonctions de l'État est également
primordiale.
CHAPITRE DEUXIEME :
APPROCHES
DE SOLUTIONS ET CONDITIONS DE
MISE EN OEUVRE.
|
Section 1 : Approches de solutions
Dans cette section, nous proposerons au paragraphe 1 des
solutions en vue d'un meilleur suivi des recommandations qui seront issues des
prochaines CIDNR, au paragraphe 2 nous ferons des suggestions pour une
participation plus active des acteurs nationaux et internationaux au processus
démocratique.
Paragraphe 1 : Pour un meilleur suivi des
recommandations de la Conférence
Nous avions préalablement établi comme
diagnostic, que les recommandations issues de la 4eme CIDNR n'ont
généralement pas été mises en oeuvre, ni suivies.
Nous essayerons de proposer des approches de solution à ce
dysfonctionnement pour que la Conférence soit plus efficace.
A- Amélioration de l'Organisation et de la Direction
de la Conférence
Six (06) CIDNR ont été tenues au cours des dix
huit dernières années : à Manille aux Philippines (1988),
à Managua au Nicaragua (1994), à Bucarest en Roumanie (1997),
à Cotonou au Bénin (2000), à Oulan Bator en Mongolie
(2003) et à Doha au Qatar (2006). La Conférence a chaque fois
fait appel à des personnes ressources pour convoquer des
réunions, préparer les dossiers thématiques, structurer
les discussions et obtenir le consensus afin de parvenir aux conclusions et
coopérer avec l'Organisation des Nations Unies (ONU) et les autres
institutions actives dans le domaine de la démocratie. Mais il semble
que les expériences accumulées dans l'organisation d'une
Conférence à une autre ne sont pas prises en compte pour la
préparation de la nouvelle Conférence. En effet, il est difficile
de passer les expériences d'un Gouvernement hôte de la
Conférence à un autre. Les préparatifs pour la tenue de la
Conférence passent par une phase de flottement voire de
dysfonctionnement d'une édition à une autre, faute d'un
mécanisme permanent de coordination et de préparation. Hormis le
Rapport final de la Conférence et les procès-verbaux du pays
désigné pour abriter les séances, qui sont transmis au
pays désigné pour abriter l'édition suivante de la
Conférence, tous les différents aspects de l'organisation de la
Conférence sont laissés à l'initiative du pays
hôte.
B- Création d'un Secrétariat de
Conférence
Nous proposons qu'un Secrétariat de la CIDNR soit mis
en place par les Nations Unies. Ce Secrétariat sera le point focal
chargé, entre autres, du suivi des résolutions, recommandations
et autres conclusions de la Conférence. Il aura pour but, d'assurer la
continuité entre les Conférences, et d'encourager les pays
à se rendre compte de leur progrès.
L'idée de créer un Secrétariat permanent
de Conférence est apparue en 1997 à la Conférence de
Bucarest. La création d'un Secrétariat a été
proposée une deuxième fois, à la Conférence de
Cotonou en 2000. Pour différentes raisons, le Secrétariat
proposé n'a pas été matérialisé, quoiqu'il
ait été fortement et largement soutenu à
l'intérieur et en dehors de la Conférence. Il aura pour but de
mettre en application les décisions de la Conférence et de
fournir des services consultatifs et techniques en réponse aux demandes
des Etats participants. Les stratégies servant à rendre la
Conférence plus efficace et à renforcer ses activités
complémentaires constituaient un thème principal à la
session d'Oulan Bator en 2003. Aujourd'hui, l'occasion de réaliser un
Secrétariat de Conférence semble se concrétiser. En effet,
le Gouvernement du Qatar est sur le point de créer un Institut de
Développement et de Démocratie à Doha.
Les services de cet Institut auront pour but la mise sur pied
du Secrétariat de la CIDNR. En coopération avec le Gouvernement
de Qatar, l'ONU fournirait une base matérielle pour ce
Secrétariat de Conférence. Ce Secrétariat pourrait, en
premier lieu, exécuter et mettre en application les programmes et les
activités complémentaires contenus dans le plan d'action de la
Conférence. Il pourrait favoriser la continuité et la permanence
de la Conférence, en particulier entre les sessions. Il pourrait
communiquer et fonctionner en coopération avec les Etats
intéressés, la société civile et les Parlements. Il
pourrait servir de base de données et de terminal d'un réseau
d'institutions compétentes, éparpillées un peu partout
dans le monde et actives dans le domaine du développement et de la
démocratie. Cette base de données pourrait être un cadre,
un instrument utile auxquelles les parties intéressées peuvent
recourir.
Rien ne permet cependant, de mettre en doute la bonne
volonté dont les Gouvernements sont prêts à faire preuve
pour garantir le suivi des décisions prises lors des Conférences.
C'est plutôt la question de la capacité de la CIDNR, en tant que
mouvement, à encourager la mise en oeuvre et le suivi qu'il convient de
se poser.
Paragraphe 2 : Pour une meilleure participation des
acteurs nationaux et internationaux
A- Mise sur pied d'une structure quadripartite au niveau
national
L'évaluation du processus démocratique doit
être un exercice mené conjointement par toutes les composantes de
la nation : l'exécutif, le législatif, le judiciaire et la
Société Civile. Ce cadre quadripartite constituera une
opportunité pour une réflexion critique sur la qualité de
la démocratie et la performance des institutions démocratiques
dans les DNR.
Le mécanisme de suivi au niveau national sera
composé majoritairement de représentants du pouvoir
exécutif et de ceux de la société civile. La principale
mission de ce mécanisme sera de veiller et d'appuyer la mise en oeuvre
des recommandations. Ce mécanisme pourra également inciter le
Gouvernement à prendre des mesures spéciales pour
l'élaboration, l'adoption et la publication de rapports annuels sur leur
mise en oeuvre effective, contribuant ainsi dans une large mesure au
développement de la démocratie.
B- Coopération au niveau
international
Les DNR et les Organisations Internationales telles que le
PNUD, devront identifier une série d'actions nationales et
internationales telles : la revue à mi-parcours de la mise en oeuvre des
recommandations, l'énumération des obstacles rencontrés,
comment y remédier et d'autres activités complémentaires
qui pourraient aboutir à la réalisation des principaux objectifs
du projet de suivi. Il est envisagé que ces différentes
activités aideront les parties prenantes à établir une
évaluation de base, un mécanisme continu de surveillance et
offrir une ligne de conduite en matière de politique afin de
réaliser les objectifs du mouvement des DNR.
Les DNR devront clairement identifier les objectifs du
mouvement, qui seront par exemple le respect des valeurs universelles, telles
les Droits de l'Homme, la Constitution .etc. Prouver l'avantage comparatif
qu'elles possèdent par rapport à d'autres initiatives
internationales et régionales de promotion de la démocratie. La
CIDNR est une initiative de l'ONU, cela par exemple peut constituer un avantage
par rapport à d'autres initiatives.
Section 2 : Conditions de mise en oeuvre des
solutions
Dans cette section, nous ferons au paragraphe 1 des
recommandations aux DNR et à la Communauté internationale. Au
paragraphe 2, nous aborderons les recommandations adressées
spécifiquement au Bénin.
Paragraphe 1 : Recommandations Générales
aux DNR et à la Communauté Internationale
A- Recommandations aux DNR
Les pays DNR doivent oeuvrer pour la consolidation du lien
d'échanges, d'expériences et de bonnes pratiques qui existe entre
eux. Ils doivent servir de catalyseur et d'incitation à la
démocratie pour les autres pays.
Les DNR peuvent également s'inspirer de
l'expérience acquise par d'autres Organisations telles que la
Communauté des Démocraties, qui disposent de mécanismes
tels les rapports annuels sur l'état de la démocratie dans les
pays de la Communauté, permettant d'oeuvrer dans les périodes
intersessions par le biais de groupes d'experts.
OEuvrer pour une participation plus ouverte au processus
préparatif de la Conférence, qui ne doit plus être
confié à l'exécutif seul.
Développer le travail en réseau entre les sessions
de la Conférence des DNR. La tenue des réunions virtuelles
pourrait être avantageusement envisagée.
Décerner chaque année un prix aux Etats
respectueux des principes démocratiques, et ayant réalisés
le plus grand nombre de projets pouvant servir d'exemples de bonnes pratiques
susceptibles d'être reproduits dans les autres DNR. Les domaines à
retenir pour obtenir un prix pourraient etre : la Bonne Gouvernance, la
Démocratie, la Paix, le Développement et la
Sécurité.
Des efforts devront être entrepris afin de mener
à l'échelon local des campagnes de sensibilisation aux valeurs de
la Démocratie: droits de l'homme, Etat de droit, émancipation des
femmes, etc.
Créer un mécanisme composé d'une
équipe d'experts, chargés de rédiger de courtes
monographies nationales en langues locales décrivant la politique et les
projets nationaux en matière de démocratie.
B- Recommandations à la Communauté
Internationale
L'impulsion démocratique doit partir de
l'échelon national. Elle doit être une réalité
locale, elle ne devrait pas être pilotée de l'extérieur. Le
rôle de la Communauté Internationale doit être d'offrir
soutien et assistance pour la défense des valeurs universellement
reconnues.
Les Institutions et Organisations Régionales pourraient
elles aussi être intégrées au mouvement des DNR en tant
qu'observateurs.
Les réunions d'informations régulières de
New York doivent se poursuivre.
Certaines Organisations spécialisées en
matière de Démocratie, telle que International IDEA (Initiatives
pour le Développement en Afrique), pourraient être incitées
à se rapprocher du mouvement des DNR. Elles pourraient offrir leurs
conseils, leurs expériences et leurs recherches pour une collaboration
judicieuse.
Etudier la faisabilité de la mise sur pied d'un
mécanisme de présentation de rapports, en vertu duquel les Etats
fourniraient des informations concernant les mesures prises ou les politiques
mises en oeuvre pour donner suite aux engagements auxquels ils ont souscrit
dans le cadre de la CIDNR ou, plus généralement, dans le cadre
des initiatives prises par l'Etat pour assurer le respect des normes
internationales des droits de l'homme.
OEuvrer pour inciter le système des Nations Unies dans
son ensemble, et son Secrétaire général, à prendre
davantage d'initiatives, en matière de Démocratie, ceci par de
fréquents rappels par les Etats des engagements pris par le
Système des Nations Unies.
Paragraphe 2 : Recommandations spécifiques au
BENIN
A- Pour la promotion d'une culture
démocratique
Le Bénin doit oeuvrer pour la poursuite et l'enracinement
du processus démocratique. C'est dans cet optique qu'il doit :
Faire participer tous les partis politiques, tant de
l'opposition que de la majorité, à la vie politique nationale,
régionale et locale, conformément à la
légalité, de manière à régler pacifiquement
les conflits d'intérêt;
Favoriser la participation des citoyens à la vie publique
en progressant dans la mise en place de la décentralisation, condition
sine qua non de l'approfondissement de la démocratie ;
Prévenir, et le cas échéant régler
de manière pacifique, les contentieux et les tensions entre groupes
politiques et sociaux, en recherchant tout mécanisme et dispositifs
appropriés ;
Reconnaître la place et faciliter l'implication
constante de la société civile, y compris les ONG, les
médias, les autorités morales traditionnelles, pour leur
permettre d'exercer, dans l'intérêt collectif, leur rôle de
contrepoids ou de contrepouvoirs.
B- Pour des élections libres et
transparentes
Un Etat de droit suppose l'organisation des élections
libres et transparentes. Le Bénin doit donc :
S'attacher au renforcement des capacités nationales de
l'ensemble des acteurs et des structures impliquées dans le processus
électoral, en mettant l'accent sur l'établissement d'un
état civil et d'une liste électorale fiable, c'est-à-dire
une Liste Electorale Permanente Informatisée.
Prendre les mesures nécessaires pour s'orienter vers un
financement national des élections, sans attendre l'aide
extérieure;
CONCLUSION GENERALE
Depuis plus d'une décennie, le continent africain a
amorcé le processus de démocratisation. Depuis lors beaucoup de
responsables africains, quelle que soit leur appartenance politique, n'ont
ménagé aucun effort pour asseoir voire consolider les acquis de
la jeune démocratie africaine dont nous sommes fiers aujourd'hui. C'est
dans ce sillage qu'il convient de placer la 4ième
Conférence sur les démocraties nouvelles ou rétablies qui
s'est tenue, à Cotonou, du 04 au 06 décembre 2000. A cette
occasion le monde entier a réaffirmé son engagement à
soutenir une démocratie plus juste et plus équitable. Cet
engagement prouve qu'il y a un combat à mener, un principe à
renforcer : celui de la primauté de la volonté du peuple.
Cependant, un regard rétrospectif sur l'actualité en Afrique
montre que les efforts qui se font pour l'établissement d'un Etat de
droit, et pour le renforcement du processus démocratique doivent
être poursuivis et renforcés.
Dans le monde entier, les discussions sur la démocratie
portent également sur les institutions et la bonne gouvernance. Ces
questions sont primordiales pour l'établissement d'un Etat de droit. Une
bonne gouvernance impose également de promouvoir des institutions
équitables et responsables, protégeant les droits de l'homme et
les libertés fondamentales.
Les pays ne pourront faire progresser le développement
pour tous que lorsque tous les citoyens pourront prendre part aux
décisions qui les touchent directement, à travers une
véritable décentralisation, gage de la démocratie.
Si l'on veut que les institutions politiques favorisent et
préservent la liberté et la dignité de tous les individus,
la démocratie doit être étendue et ancrée plus
profondément. La démocratie étant un processus, elle n'est
jamais définitive. Oublier ce principe, peut tout remettre en cause.
C'est pourquoi, le BENIN se doit de veiller à la pérennisation
des acquis démocratiques en mettant au point une stratégie de
consolidation et d'éveil politique des
populations tout en oeuvrant pour un changement positif des
comportements afin de permettre une meilleure participation des populations aux
décisions et à la gestion des affaires publiques.
Pour plus de démocratie dans la sphère
politique, il est nécessaire d'élargir les sensibilisations afin
de donner aux individus la possibilité d'y participer plus efficacement.
Il convient également d'encourager le développement des OSC pour
permettre aux institutions démocratiques de mieux représenter
l'opinion publique : c'est ainsi qu'une multiplicité de nouveaux modes
de participation aux débats et aux activités publiques est
apparue au cours des vingt dernières années, c'est le cas de
Green Peace.
Elargir la participation veut aussi dire valoriser le
rôle et la contribution des femmes de nos sociétés aux
décisions publiques qui les concernent tout autant que les hommes. Le
respect des droits de l'Homme ne peut s'affirmer s'il n'y a pas un respect des
femmes et de l'égalité de genre. Ce respect passe par l'ouverture
à leurs idées et revendications. Les femmes méritent
d'être plus présentes dans les instances publiques de
représentation et dans les groupes de décideurs publics et
privés. C'est là une des grandes forces de la
société civile qui fait une révolution silencieuse.
La liberté et l'indépendance des médias
sont elles aussi essentielles pour la démocratie. Cependant, les
médias ne peuvent être pluralistes et indépendants
qu'à condition de ne pas être soumis au contrôle de l'Etat
ou aux pressions des entreprises et des partis politiques. Dans un monde
interdépendant, les principes démocratiques revêtent une
dimension planétaire car les règles et les acteurs internationaux
influent souvent autant sur la vie des individus que sur les dispositions
nationales. Des initiatives telles que le NEPAD témoignent de la
volonté des pays africains à s'engager dans la voie de la
démocratie et du développement durable.
Nous constatons à l'issue de notre travail que la
Déclaration de Cotonou, qui a sanctionné les travaux de la
Quatrième CIDNR, a jeté les bases de nouvelles perspectives pour
l'enracinement et la consolidation des processus démocratiques dans le
monde. En témoignent la continuité et l'écho de plus en
plus grandissant du mouvement des DNR. Au
total, l'histoire retiendra que la Déclaration de
Cotonou est un nouvel acte de foi démocratique. Elle est aussi un
engagement politique solennellement pris à la face du monde
et devant l'histoire par les DNR, d'être, individuellement
et collectivement, les vigiles de la paix, les acteurs de la bonne Gouvernance
et de l'Etat de droit./.
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Démocraties Nouvelles ou Rétablies », (2006), Doha,
Qatar.
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la période du 1er janvier au 31 décembre 2000, New
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Programme des Nations Unies pour le Développement, «
Rapport de la Quatrième Conférence Internationale des
Démocraties Nouvelles ou Rétablies », (2000), imp. CNPMS,
Cotonou, Bénin, 221 p.
QUENTIN, Paul « La difficile consolidation des transitions
démocratiques africaines » (2000), Paris, Karthala, 644 p.
THESING, Joseph et HOFMEISTER, Wilhelin « Pour la
Liberté, la Démocratie et la Justice au Bénin. »
Activités internationales de la Fondation Konrad Adenauer, Cotonou,
1996. éd. Fondation Konrad Adenauer,195 p.
TOUDONOU, Athanase et KPENONHOUN, Césaire, Constitutions
et Textes Constitutionnels de la République du Bénin depuis les
origines dahoméennes, éd. Fondation Friedrich NAUMANN, Cotonou,
quatrième trimestre 1997, 327p.
TOURAINE. Alain « Qu'est ce la démocratie ? »
Paris, 2000, Fayard, 297 p.
Journaux et Revues.
Africa Invest-Arabies ; Numéro spécial de la
Francophonie ; « Visions d'un monde meilleur », Novembre 2004.
THORIN, Valérie, « Les modèles de transition
démocratique en Afrique » Courrier N° 138, Avril 2000.
Sites électroniques
www.transparency.org (La
corruption en Afrique francophone).
www.worldbank.org (La Gouvernance
analysée de 1996 à 2004 par D. Kaufman).
www.Afrique-Gouvernance.net
(Réseau et gouvernance en Afrique).
ANNEXES
ANNEXE n° I : Résolution 56 /269 du 27
Mars
2002 de l'Assemblée Générale des
Nations Unies.
ANNEXE n° II : Résolution 56 / 96 du 14
Décembre 2001 de l'Assemblée
Générale des
Nations Unies.
ANNEXE n° III : Résolution 55 /43 du 27
Novembre 2000 de l'Assemblée
Générale des
Nations Unies.
ANNEXE n° IV : Résolution 54 /36 du 29
Novembre 1999 de l'Assemblée
Générale des
Nations Unies.
ANNEXE n° V : recommandations issues de la
Quatrième CIDNR
Table des matières
IDENTIFICATION DU JURY I
DECLARATION D'ENGAGEMENT DU CHERCHEUR II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS V
RESUME VII
SOMMAIRE VIII
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre préliminaire :
Généralités sur le sujet 4
SECTION 1 : PRESENTATION DU LIEU ET LES ACQUIS DU STAGE
5
PARAGRAPHE 1: LE MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES, DE
L'INTEGRATION AFRICAINE 5
A-Presentation du ministere 5
B- Acquis du stage 7
PARAGRAPHE 2 : CIBLAGE, SPECIFICATION ET VISION GLOBALE DE
RESOLUTION DE LA PROBLEMATIQUE 8
A- Ciblage et specification. 8
B- Vision globale de resolution de la problematique
10
SECTION 2 : OBJECTIFS, HYPOTHESES ET METHODOLOGIE DE
L'ETUDE.11
PARAGRAPHE 1 : OBJECTIFS ET HYPOTHESES. 11
A -Objectifs 11
B- Hypotheses 11
PARAGRAPHE 2 : REVUE DE LITTERATURE ET METHODOLOGIE ADOPTEE.
12
A- Revue de litterature 12
B- Méthodologie adoptee 22
Chapitre premier : actions menees dans le cadre du
renforcement du processus democratique au benin : BILAN et ANALYSE
23
SECTION 1 : CADRE OPERATOIRE DE L'ETUDE. 24
PARAGRAPHE 1 : MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS AU BENIN
24
A- Au niveau national 24
B- Au niveau international 31
PARAGRAPHE 2 : MECANISME DE SUIVI DES RECOMMANDATIONS
37
A- Les indicateurs 37
B- Les fonctions du mécanisme de suivi
38
SECTION 2 : VERIFICATION DES HYPOTHESES ET ETABLISSEMENT
DU DIAGNOSTIC 39 PARAGRAPHE 1 : ANALYSE DES DONNEES ET VERIFICATION
DES
HYPOTHESES 39
A- Analyse des données 39
B- Vérification des hypothèses.
42
PARAGRAPHE 2 : DIAGNOSTIC ETABLI. 42
A- Au niveau national 42
B- Au niveau des pays de democraties nouvelles ou retablies
(DNR) 44
Chapitre deuxieme : approches de solutions et conditions
de mise en oeuvre 45 SECTION 1 : APPROCHES DE SOLUTIONS.
46
PARAGRAPHE 1 : POUR UN MEILLEUR SUIVI DES
RECOMMANDATIONS DE LA
CONFERENCE. 46
A- Amélioration de l'organisation et de la direction de
la conference 486
B- Création d'un secrétariat de conference 487
PARAGRAPHE 2 : POUR UNE MEILLEURE PARTICIPATION DES
ACTEURS
NATIONAUX ET INTERNATIONAUX 48
A- Mise sur pied d'une structure quadripartite au niveau
national 48
B- Cooperation au niveau international 48
SECTION 2 : CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DES SOLUTIONS.
49
PARAGRAPHE 1 : RECOMMANDATIONS GENERALES AUX DNR ET A LA
COMMUNAUTE INTERNATIONALE 49
A- Recommandations aux DNR 49
B- Recommandations a la communaute internationale.
50
PARAGRAPHE 2 : RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES AU BENIN
51
A- Pour la promotion d'une culture democratique
51
B- Pour des élections libres et transparentes.
51
BIBLIOGRAPHIE 55
ANNEXES ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
TABLE DES MATIERES 63
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