4. Le traitement des données de
l'enquête
L'enquête a porté sur un échantillon de
300 chefs de ménages. Les informations issues de cette enquête sur
le terrain et de la recherche documentaire ont fait l'objet de traitement
manuel et informatique dans le but de garantir la fiabilité des
résultats. Grâce à ce traitement nous avons dressé
des tableaux et élaborer des figures. Les tableaux ont été
dressés grâce au logiciel Excel. Quant aux figures, elles ont
été élaborées à l'aide du logiciel Adobe
Illustrator 9.0.
Les difficultés de la recherche
Nous avons réalisé que l'autorisation de
recherche ne garantie ni un accès facile aux informations, ni la
collaboration des autorités et des populations. Les
enquêtés étaient pour la plus part réticents.
Certains services nous ont refusé carrément l'accès aux
informations. Nous avons vaincu la réticence des enquêtés
et établi un climat de confiance en leur expliquant que cette
étude est uniquement à vacation académique.
Mais en dépit de toutes ces embûches, nous avons pu
collecter des informations essentielles.
Tableau synoptique
Figure 1 : Localisation de la zone d'étude
PARTIE I $
CADRE DE VIE, POPULATION ET
ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
|
La qualité de la salubrité est liée d'une
part à celle du cadre de vie des habitants, et d'autre part aux
populations et aux activités économiques, principaux producteurs
des différents déchets qui portent atteintes à
l'environnement.
PARTIE I : POPULATION ET CADRE DE VIE Chapitre 1 : cadre de
vie
L'étude du cadre de vie passe par l'étude du
cadre physique à travers le site et les contraintes climatiques, les
espaces verts et d'autre part par le cadre humain à travers
l'organisation de l'habitat, les infrastructures et équipements.
A. le cadre physique
Le cadre physique présentera le site, les contraintes
climatiques, les espaces verts et la transformation du cadre de vie
villageois.
a) le site
Le village d'Abobo-Baoulé est compris entre
3°58'38'' de Longitude Ouest et 5°27'20'' de Latitude Nord (Service
technique Mairie d'Abobo). Le village est limité au Nord par le quartier
Belle-ville, au Sud par les quartiers Abobo-Té et Sans Manquer, à
l'Est par la commune de Cocody et à l'Ouest par le quartier Kennedy.
Au plan topographique, notre site d'étude est sur un
relief de plateau aux faibles dénivellations, ce qui pose à
l'évidence un problème d'écoulement des eaux usées
et pluviales. L'altitude du relief est de 125 mètres environs (Adaman,
1991).
b) les contraintes climatiques
Le village d'Abobo-Baoulé est sous l'influence du
climat tropical humide. À cet effet, le village reçoit en moyenne
2200mm de pluie par an étalé sur 7 mois (PNAE-CI, 1994).
Abobo-Baoulé étant une 2one de dépressions, il se pose le
problème d'écoulement des eaux usées et pluviales. Le
village est difficile d'accès du fait des nombreux nids de poules
à l'entrée du village où stagnent les eaux pluviales
(photo 1).
Photo 1 : Entrée du village fortement
dégradée par une stagnation des eaux pluviales Auteur : D.
Souleymane
c) les espaces verts
L'aménagement a permis de créer un espace vert au
sein du village. C'est un espace de jeux, de danses et de
cérémonies diverses.
B. le cadre humain
Quant au cadre humain, il présente l'organisation de
l'habitat, les infrastructures et équipements qui participent à
la transformation du cadre de vie villageois.
a) L'organisation de l'habitat et l'occupation du sol
Il convient de noter qu'Abobo-Baoulé, les
modèles de construction présentent les premiers
équipements symbolisant la mutation du rural à l'urbain. Dans le
village, l'habitat est varié et construit en dur. Il se
caractérise par la présence de plusieurs bâtiments sur une
même parcelle que l'on appelle communément concession. Il s'agit
très souvent de plusieurs couples ou des enfants adultes d'une
même famille qui construisent auprès du bâtiment paternel.
Ils construisent à ces endroits soit par manque de moyens financiers
pour se procurer un terrain ou simplement par solidarité familiale. Nous
avons constaté que le nombre moyen de bâtiments par concession
à Abobo-Baoulé est de 3.
Le phénomène de la pré-urbanité se
développe dans le village. En fait, villageois ou citadins, les
promoteurs du changement en milieu rural sont autant en ville qu'au village.
Ils tirent leur revenu du travail en ville et investissent une grande partie de
leur épargne dans le village car celui-ci est considéré
comme le lieu de la dernière retraite pour la plupart des citadins
(Kouadio, 1988). C'est pourquoi l'investissement à Abobo-Baoulé
est prioritaire pour les cadres.
Les cadres et notables du village bâtissent des domaines
prestigieux sur les meilleures positions du site (photo 2) (Kouadio, 1988).
Photo 2 : L'habitat moderne est
également présent dans le village Auteur: D. Souleymane
La caractéristique majeure de ce village est
d'être au départ organisé en village- rue (figure 2). Les
maisons étaient ordonnées de part et d'autre d'une rue unique (la
voie d'Alépé).
Figure 2 : Site originel du village
b) les infrastructures et équipements
À Abobo-Baoulé, plusieurs équipements et
infrastructures sont présents. Ces équipements et infrastructures
symbolisent et accélèrent la mutation du rural vers l'urbain. Il
s'agit des :
> équipements de
santé
Le village compte un centre de santé, une formation
urbaine pour les premiers soins. Il existe également au sein du village
deux officines privées et une pharmacie. Malgré une asse2 bonne
organisation de la couverture sanitaire, le village souffre d'une insuffisance
de personnel qualifié. Cette situation couplée à
l'état de pauvreté de la plus part favorise le recours à
l'automédication ou aux soins che2 les tradipraticiens.
> infrastructures routières
et réseau d'assainissement
Certaines rues sont biens tracées et bitumées.
Ces rues possèdent des caniveaux pour l'évacuation des eaux
usées et pluviales. Cependant ces caniveaux ne sont pas très
biens dimensionnés et favorisent donc la stagnation des eaux
usées et pluviales (photo 3). La majorité des rues du village ne
sont pas revêtues et ne comportent pas de caniveaux. Cette situation met
à mal l'assainissement de cette partie du village. Des travaux ont
été effectués pour améliorer l'état de la
voirie dans le village (tableau 1).
Tableau 1 : Travaux de voirie effectuée à
Abobo-Baoulé
|
Types de travaux effectués
|
Voirie
|
Réprofilage et compactage de l'arase de la plate
forme des terrassements
|
Mise en oeuvre de graveleux latéritique
pour accotement, couche de fondation ou de base
|
Stabilisation au supersol ISS 2500 de la couche de base en
graveleux latéritique
|
Pose de bordures arases
|
Fabrication et mise en oeuvre d'un revêtement en
stand asphalté pour couche de roulement et trottoirs
|
Marquage au sol
|
Source : Mairie d'Abobo, 2007
Photo 3 : Caniveau non couvert et mal
dimensionné.
Auteur : D. Souleymane
>
équipements scolaires
On dénombre au sein du village six
établissements scolaires, un établissement d'enseignement
technique et un collège dans le village. L'école a toujours
été une priorité pour les villageois. Il convient de noter
que l'éducation scolaire représente l'un des moyens les plus
efficaces pour faire passer les messages en faveur de l'hygiène et de la
salubrité.
> équipements socioculturels
Comme équipements socioculturels, on note la
présence de trois églises, ce qui démontre que la
population du village est à majorité chrétienne. Il y a
aussi un centre d'action culturelle et un palais dans le village. Ce centre
d'action culturelle est considéré comme un lieu de communication
et d'échanges entre les diverses ethnies du village.
> équipements socioéconomiques Le village
possède 02 marchés, une banque, une station d'essence et un
hôtel.
> équipements de sécurité
Il existe dans le village d'Abobo-Baoulé un commissariat
pour la sécurité des personnes et des biens. C'est le
34ième arrondissement de la ville d'Abidjan.
Tableau 2 : Synthèse des infrastructures et
équipements à Abobo-Baoulé
Equipements et infrastructures
|
Nombre
|
Educatifs
|
08
|
Socioculturels
|
04
|
Economiques
|
04
|
Sanitaires
|
05
|
Sécuritaire
|
01
|
Total
|
22
|
Source : Enquête de terrain, 2007
L'importante évolution de l'occupation de l'espace
s'est traduite par un fort accroissement des espaces habités et
l'accroissement de la population à AboboBaoulé.
Ainsi, avec l'avancée rapide de la ville et la
spéculation foncière, le village s'intègre peu à
peu à la ville. L'obtention des équipements symboles de
l'urbanité (école, adduction d'eau, électricité,
Internet) ou la perspective d'une réalisation prochaine (grands
magasins, voies bitumées), dans la nouvelle aire villageoise
accélère la mutation du rural vers l'urbain.
Figure 3: Infrastructures et équipements à
Abobo-Baoulé
Chapitre 2 : population et activités économiques
Ce chapitre est consacré à l'étude de la
population et des activités économiques exercées par les
populations du village. Il s'agit d'étudier les caractéristiques
de la population et les activités économiques, notamment les
activités génératrices d'ordures ménagères
et d'eaux usées.
A. Population
Nous ferons une brève historique de la localité,
ensuite nous parlerons de l'évolution de la population, de la
composition et enfin nous verrons la dominance de la population et les
différentes catégories socioprofessionnelles.
a) Historique du village
Selon la Chefferie, Abobo-Baoulé fut un campement
d'agriculteurs Atchan (Ébriés) qui a vu le jour avant 1900.
Ceux-ci cultivaient le café, le cacao, le cola, le palmier à
huile. Au départ c'est le nom "abanban" qui fut donné aux
populations de ce campement, vu leur grand nombre.
Ce site fut choisi car proche de la rivière
"clouétcha~' qui permettait aux populations du village d'avoir de l'eau
potable. À cette époque, le village était dirigé
par la génération "tchagban~' . C'est à partir de 1975 que
la génération "gbléssoué~' prend le pouvoir. Cette
génération dirige le village jusqu'en 1996. À cette
même période, les colons donnèrent le nom
d'Abobo-Baoulé au village. Quant à la génération
"gnandô~' elle a dirigé le village de 1996 à 2008.
Actuellement, le village est dirigé par la génération
"dougbô~' .
b) une population en constante évolution
De 1988 à 2006, la population du village
d'Abobo-Baoulé n'a cessé d'augmenter (tableau 3).
Tableau 3 : Évolution de la population
d'Abobo-Baoulé de 1988 à 2006
Années
|
1988
|
1998
|
2002
|
2004
|
2006
|
Population (hbts)
|
7 899
|
12 289
|
13 964
|
14 832
|
15 721
|
Taux d'accroissement
|
4,48%
|
3,25%
|
3,06%
|
2,95%
|
Source : INS, 2007
La population d'Abobo-Baoulé a suivi une croissance
continue de 1988 à 2006 (figure 4). Selon les recensements, la
population est passée de 7899 hbts en 1988 à 12289 habitants en
1998. Aujourd'hui, la population du village est estimée à 15721
hbts soit un taux d'accroissement de 3,09% entre 1988 et 2006.
Dans le même temps, le taux d'accroissement est
passé de 4,48% entre 1988 et 1998 à 2,95% entre 2004 et 2006 soit
une baisse de 1,53%.
Figure 4: Évolution de la population d'Abobo-Baoulé
de 1988 à 2006
Source : INS, 1998
c) une population composite
Les données sur la population indiquent que la
population du village est composite. Le village est donc constitué de
9210 Ivoiriens et de 3079 Non Ivoiriens. La proportion d'Ivoiriens est de deux
tiers (213) tandis que celle des Non Ivoiriens est de un tiers (113) (tableau 4
; figure 5).
Tableau 4 : Répartition de la population
d'Abobo-Baoulé par nationalité en 1998
Composante de la population
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Ivoiriens
|
9210
|
75
|
Non Ivoiriens
|
3079
|
25
|
Total
|
12289
|
100%
|
Source : INS, 1998
La population est constituée de 75% d'Ivoiriens et de 25%
de non Ivoiriens. Le tiers de la population du village est donc d'origine
étrangère (figure 5).
Figure 5: Proportion des Ivoiriens et des Non Ivoiriens à
Abobo-Baoulé en 1998
Source : INS, 1998
d) une population à dominante masculine
En 1998, il y avait sensiblement plus d'hommes que de femmes
au sein du village. L'effectif des hommes s'élevait à 6265 hbts
soit 51% de la population contre 6024 hbts pour l'effectif des femmes. Il en
découle un rapport de masculinité de 1,04% pour l'ensemble du
village, ce qui signifie qu'il y a 104 hommes pour 100 femmes.
D'une manière générale, il naît plus
de garçons que de filles dans le village.
e) les catégories socioprofessionnelles
Notre enquête sur un échantillon de 300 personnes
nous a permis d'établir les catégories socioprofessionnelles
suivantes (tableau 5).
Tableau 5 : Catégories socioprofessionnelles de la
population enquêtée
PROFESSION
|
POURCENTAGE
|
ADMINISTRATION
|
20
|
COMMERCE
|
35
|
AGRICULTEURS
|
17
|
LIBERALE
|
9
|
OUVRIERS
|
10
|
SANS EMPLOI
|
09
|
TOTAL
|
100%
|
Source : Enquête sur 300 personnes
De notre enquête, il ressort que les activités
sont diversifiées dans le village. L'enquête révèle
que 35% de la population exerce le commerce. C'est l'activité la plus
pratiquée dans le village. Ainsi, l'activité principale des
femmes du village reste-t-elle la préparation et la commercialisation de
l' attiéké (mets Ivoirien). 60 habitants soit 20% de notre
échantillon affirme travailler dans l'administration (publique et
privée). Ces personnes exercent pour la plupart leurs activités
hors du village c'est-à-dire dans d'autres communes (Abobo, Plateau,
Yopougon,...).
Quant aux personnes retraitées, elles constituent 9% de
notre échantillon. Pour ces personnes, le village est le lieu
idéal de repos.
Au niveau du village, le système de production est
celui d'une agriculture de subsistance. Les principaux produits de cette
agriculture sont le manioc, la banane, le taro, le maïs. Ces agriculteurs
ainsi que ceux exerçant hors du village représentent 17% de notre
échantillon soit un effectif de 51 personnes.
B. activités économiques
Cette partie met en évidence le recul des
activités agricoles, les activités qui émergent et les
activités économiques génératrices d'ordures
ménagères et d'eaux usées.
a) un recul des activités agricoles
L'activité agricole a été à la
base de la richesse des populations du village. Grâce à ces
activités, le village s'est développé et
étalé. Aujourd'hui, certains habitants possèdent des
plantations de café, de cacao, de palmier à huile mais dans
d'autres villes. C'est dans ces plantations qu'ils tirent leur revenu et c'est
au village (Abobo-Baoulé) qu'ils investissent. Car le village est
considéré comme le lieu de la dernière retraite. Mais,
face à la pression démographique et la quasi-inexistence d'un
couvert végétal herbacé, les sols de la 2one ont perdu
progressivement leur fertilité. En l'absence de moyens financiers, la
solution adoptée par les agriculteurs du village est la valorisation
d'anciens espaces de dépôts d'ordures, qui posent en retour des
problèmes de santé.
La plupart des populations n'ayant plus de terre agricoles se
sont convertis à d'autres activités. Ce qui explique
l'émergence de nouvelles activités au sein du village.
b) l'émergence de nouvelles activités
Vu les influences que subit le village de la part de la ville,
plusieurs personnes se sont converties à d'autres activités
économiques. De nouvelles activités ont donc émergé
dans le village. Ces activités sont reparties dans les trois secteurs
suivants : les services, les commerces et la production (tableau 6).
Tableau 6 : Répartition des activités
économiques à Abobo-Baoulé
Catégories
|
Activités
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Commerce
|
Marché
|
2
|
33%
|
Boutique
|
9
|
Quincaillerie
|
6
|
Bois de chauffe
|
2
|
Manioc, banane
|
17
|
Mercerie
|
7
|
Total
|
43
|
Services
|
Service de santé
|
4
|
57%
|
Cabine cellulaire
|
44
|
Pharmacie
|
1
|
Banque
|
1
|
Hôtel
|
1
|
Couture, blanchisserie
|
11
|
Garage
|
12
|
Total
|
74
|
Production
|
Broyeuse, décortiqueuse
|
3
|
10%
|
Bijouterie
|
2
|
Maquis, restaurant
|
8
|
Total
|
13
|
|
TOTAL
|
130
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2007
Les activités économiques du secteur des
services sont majoritaires avec un taux de 57%. Ensuite, vient celui du
commerce avec 33% des activités dans le village. Quant au secteur de la
production, il ne représente que 10% des activités (figure 6).
Ces activités se localisent surtout aux abords de la voie
d'Alépé, la principale voie du village.
Figure 6: Répartition des activités
économiques à Abobo-Baoulé
Commerce Services Production
33%
10%
57%
Source : Notre enquête, 2007
c) les activités génératrices d'ordures
ménagères et d'effluents urbains
En ce qui concerne les activités
génératrices d'ordures ménagères et d'effluents
urbains, les activités du secteur de la production et du commerce
viennent en tête. Les ménages, les marchés, les maquis et
les restaurants produisent des quantités élevées d'ordures
ménagères et d'effluents urbains. Quant aux activités des
services (Pharmacie, Banque,...) elles produisent moins de déchets tant
bien que ce secteur représente 57% des activités
économiques dans le village.
La population du village est sans cesse croissante. Cette
croissance va de paire avec l'émergence des activités
économiques. Ces activités contribuent au développement
économique et spatial du village.
Aujourd'hui, Abobo-Baoulé apparaît comme une
véritable cité avec ses types d'habitats modernes qui lui
confèrent un paysage de ville.
Conclusion partielle
Depuis 1960, le village n'arrête de s'étendre
spatialement. Cette extension est due à la croissance
démographique et à l'émergence de nouvelles
activités économiques au sein du village.
La croissance démographique et l'émergence de
nouvelles activités sont à l'origine de la mutation vers
l'urbain.
Ces deux facteurs entraînent une production croissante de
déchets ménagers solides et liquides dont la gestion devient de
plus en plus complexe.
PARTIE II $
DIAGNOSTIC DE LA GESTION
DES ORDURES MÉNAGÈRES,
DES EAUX USÉES ET DES EAUX
PLUVIALES
|
La population du village et les différentes
activités économiques génèrent des volumes
importants de déchets solides et liquides qu'il faut gérer.
Cette partie aborde la production et la gestion des
différents déchets du village.
PARTIE II: DIAGNOSTIC DE LA GESTION DES ORDURES
MÉNAGÈRES, DES EAUX USÉES ET PLUVIALES
Chapitre 1 : la production des déchets
Ce chapitre est consacré à la production des
ordures ménagères, des eaux usées et des eaux pluviales
à Abobo-Baoulé.
A. les ordures ménagères
À travers cette étude, nous connaîtrons la
composition des ordures et les quantités produites dans le village.
a) la composition
Les ordures ménagères sont les déchets
produits quotidiennement par les ménages ou les commerces, l'artisanat
et par les petites entreprises. La notion de déchet est relative parce
qu'un objet considéré comme tel en un lieu et à une
période donné peut ne pas l'être sous d'autres cieux
(Sané, 1999).
Les déchets ménagers produits par la ville
d'Abidjan sont composés de 66,43% de matières
biodégradables, 18,04% de matières recyclables et 15,51% de
matières inertes sous forme de sable et de cailloux (Attahi, 1995 ;
Sané, 1999). Nous avons classé les composantes des ordures en 9
éléments essentiels : fermentescibles, végétaux
(bois), plastiques, métaux, verre, textiles, papiers (carton),
particules fines (sables et cendre) et des cailloux. Cependant, il convient de
remarquer que le contenu des poubelles varie en fonction du niveau de vie des
ménages et des activités (tableau 7).
Cela nous a permis de classer l'habitat en trois
catégories :
Les habitats où résident les ménages
à revenu élevé ;
Les habitats où résident des ménages
à revenu intermédiaire;
Et les habitats où résident les ménages
à faible revenu. Il faut ajouter les 2ones d'activités : les
commerces, etc.
Tableau 7 : Composition des déchets ménagers selon
le type d'habitat
Matières
|
Haut niveau de vie
|
Niveau de vie moyen
|
Niveau de vie faible
|
Commerces
|
Fermentescibles
|
52 ,69
|
50,55
|
49,69
|
25,32
|
Végétaux
|
15,34
|
19,18
|
13,89
|
7,47
|
Particules fines
|
8,04
|
12,95
|
25,19
|
11,15
|
Plastiques
|
8,29
|
7,25
|
4,70
|
10,82
|
Papier
|
7,11
|
5,82
|
4,32
|
36,66
|
Textiles
|
5,26
|
2,17
|
0,94
|
4,12
|
Métaux
|
1,49
|
0,95
|
0,55
|
1,61
|
Cailloux
|
0,71
|
0,66
|
0,38
|
0
|
Verre
|
1,07
|
0,48
|
0,33
|
2,84
|
Total
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Sources : Attahi, 1995 ; Sané, 1999
Comme dans les villes des pays en développement, les
déchets ménagers produits à Abobo-Baoulé sont
constitués en majorité de matières fermentescibles (plus
de 50%). Le faible taux de verre, de métaux et de matières
plastiques s'explique par l'existence au sein du village d'une filière
de récupération informelle non organisée. Les produits
récupérés sont vendus aux particuliers. Il en est de
même pour les débris alimentaire qui sont
récupérés par des éleveurs pour servir à la
nutrition de leurs animaux (porcs,...).
b) les quantités produites
De 1998 à 2006, la quantité de déchets
générée par le village a augmenté continuellement
(tableau 8). La production d'ordures ménagères est passée
de 12 tonnes en 1998 à plus de 16 tonnes en 2006 (Mairie d'Abobo, 2007)
soit un taux de croissance annuelle de 3,8%. Pendant le même temps le
taux de
croissance de la population du village a été de
3,13%. L'évaluation des quantités de déchets amène
à considérer des rations par habitant. Ces rations varient. Mais
en absence de données, on peut se fier à des similitudes pour
adopter des valeurs d'étude. La production des déchets est en
effet fonction du développement du village mais aussi du standing de vie
des populations. Les productions diffèrent selon les 2ones. La
production d'ordures ménagères d'Abobo-Baoulé
représente environ 1% de la production de la commune d'Abobo. Le ratio
moyen de la quantité de déchets ménagers par habitant est
de 1,03kg1hbt1j à Abobo-Baoulé (Notre enquête, 2007). Le
ratio élevé à AboboBaoulé s'explique par le fait
que la composition des ordures est en majorité faite de fermentescibles
mais aussi à cause du taux d'humidité élevé de la
2one. En effet, la ville d'Abidjan et particulièrement la commune
d'Abobo est sous l'influence du climat tropical humide. Alors, les poubelles
étant rarement couvertes, cette forte pluviométrie imbibe les
déchets et les rend plus lourds (Sané, 1999).
Tableau 8 : évolution comparée de la population
et la production d'ordures de 1998 à 2006
Années
|
1998
|
2002
|
2004
|
2006
|
Population
|
12289
|
13964
|
14832
|
15721
|
Production d'ordure (t)
|
12
|
14,38
|
15,30
|
16,223
|
Nombre de coffre à ordure
|
2
|
2
|
2
|
2
|
Sources : INS, mairie d'Abobo
B. les eaux usées et les eaux pluviales
Au niveau des effluents urbains, il s'agit d'étudier les
quantités générées et les sources de production.
1. les eaux usées
a) les quantités générées
Dans les villes de l'Afrique au Sud du Sahara, chaque
habitant consomme en moyenne 53 litres d'eau par jour, ce qui entraîne
logiquement une production de déchets liquides équivalente par
personne (La2are, 2007). Il suffit de multiplier ce chiffre par la population
totale pour évaluer la quantité d'eaux usées produite par
jour dans une ville ou dans les localités. Ainsi à Abobo-
Baoulé, les quantités d'eaux usées produites par jour
s'élèvent en moyenne à 651317 litres par jour.
b) les sources de production
Les eaux usées sont produites par les ménages
quotidiennement. Elles sont aussi produites par les diverses activités
de production. On peut y retrouver des éléments nutritifs, des
huiles et des graisses, des agents pathogènes, des matières en
suspension, des polluants organiques persistants et des métaux en
solution. Les sources diffuses d'eaux usées comprennent les
déchets animaux (fumiers) provenant de terres agricoles ou les fuites de
fosses septiques. Ces eaux usées d'origine diffuse contiennent
généralement des éléments nutritifs et des
pathogènes viraux ou bactériens. Toutefois, comme ces eaux
contiennent une plus forte proportion de matières dissoutes que de
matières en suspension, de 85 à 90 % environ de leurs
composés inorganiques sont dissous et de 55 à 60 % environ de
leurs composés organiques sont dissous (La2are, 2007). Les ga2
habituellement dissous dans les eaux usées sont de l'hydrogène
sulfuré, du méthane, de l'ammoniaque, de l'oxygène, du
dioxyde de carbone et de l'a2ote.
Les trois premiers résultent de la décomposition
des matières organiques présentes dans les eaux usées.
2. les eaux pluviales
Il s'agit essentiellement des eaux de ruissellement. Elles
proviennent donc uniquement des pluies. Le village d'Abobo-Baoulé est
sous l'influence du climat tropical humide. Le village reçoit en moyenne
2200 mm de pluies par an (PNAE-CI, 1994). La composition des eaux pluviales
reflète celle des précipitations et des surfaces avec lesquelles
elles viennent en contact. Les eaux pluviales se caractérisent par de
fortes concentrations de matières solides, une teneur
élevée en bactéries d'origine animale et des
concentrations de nutriments qui peuvent être importantes. Il arrive que
les égouts pluviaux reçoivent illicitement des eaux usées
sanitaires, ce qui risque d'augmenter les concentrations de tous ces
éléments.
À Abobo-Baoulé, les ordures ménagères
et les eaux usées sont produites en quantités importantes. Les
sources de production sont diverses et variées.
Il est donc important d'étudier les modes et politiques de
gestion de ces déchets.
Chapitre 2 : la gestion des ordures ménagères, des
eaux usées et pluviales
Nous abordons les politiques et méthodes de gestion des
ordures ménagères, des eaux usées et des eaux pluviales.
Nous traitons aussi des ressources humaines et matérielles des
gestionnaires.
A. les ordures ménagères
a) la politique de gestion des ordures
ménagères
La gestion des ordures ménagères a connu de
nombreux changement au cours de ces dernières années, notamment
en raison de l'instabilité du gouvernement et de la volatilité
des sociétés de ramassage. Depuis 2002, la gestion des ordures
est confiée aux différentes communes qui composent le District.
C'est ainsi que la mairie d'Abobo a signé un contrat d'une durée
de 1 an avec la société Clean Bor pour la collecte et
l'élimination des ordures ménagères de la commune,
notamment à Abobo-Baoulé depuis Novembre 2006.
b) les méthodes de gestion des ordures
ménagères
Avec l'accroissement rapide de la population et l'extension
des espaces, la gestion des déchets devient problématique pour
les élus locaux, mais aussi pour la population. L'élimination des
déchets ménagers est régie par deux grandes
catégories de pratiques : les pratiques populaires ou traditionnelles et
les pratiques modernes.
b.1) les pratiques des populations
À Abobo-Baoulé, l'élimination des ordures
ménagères est l'affaire des femmes et des enfants. Les ordures
ménagères précollectées sont déposées
dans les dépotoirs sauvages, ou les coffres à ordure. Dans le
pire des cas, ces ordures finissent sur des parcelles sommairement ou pas du
tout mises en valeur, dans les rigoles et les caniveaux.
Dans d'autres cas, les déchets ménagers sont
brûlés. Les objets en plastiques produisent des fumées
noires et dégagent des odeurs pestilentielles.
Toutes ces pratiques répondent peu aux normes de
salubrité et ont des conséquences néfastes sur la
santé des populations et l'environnement.
b.2) les pratiques modernes
Les pratiques modernes sont représentées par la
précollecte porte-à-porte et le transfert des déchets
ménagers à la décharge d'Akouédo.
b.2.1) la précollecte porte-à-porte
La précollecte porte-à-porte s'est
généralisée dans le village. Elle est assurée par
une association de jeunes du village. La suppression de nombreux
dépôts sauvages au sein du village, dans le cadre de la lutte pour
la sauvegarde de l'environnement justifie la nécessité pour les
ménages de s'abonner à ce service. Les tarifs vont de 50 F CFA
à 300 F CFA selon la contenance des poubelles. Le passage a lieu tous
les matins. Les ordures sont transportées à l'aide de
pousse-pousse non couverts (photo 4).
Le moindre souffle de vent fait éparpiller les
éléments légers (feuilles, sachets,...). Les ordures ainsi
précollectées sont déposées dans les coffres
à ordures ou au centre de groupage du village.
Sur les 3 609 ménages du village seulement moins de 500
sont abonnés au service de précollecte. Les ménages
enquêtés trouvent que les coûts sont trop
élevés.
Photo 4 : Une vue du matériel de précollecte des
jeunes. Auteur : D. Souleymane
b.2.2) le transport des déchets ménagers à
la décharge
Le transport des ordures à la décharge est
assuré par la société Clean Bor et son sous-traitant
Pronet. Les ordures sont transférées à la décharge
d'Akouédo. C'est l'unique décharge de la ville d'Abidjan. C'est
un espace aménagé pour recevoir les déchets des 10
communes de la ville d'Abidjan. Elle se localise à environ 14
kilomètres d'Abidjan en bordure de l'ancienne route
d'Abidjan-Bingerville. La décharge couvre une superficie de 281735
km2 (Akéko, 1995).
Le transport des ordures à la décharge n'est pas
quotidien et la fréquence des véhicules de collecte est
imprévisible dans le village.
c) les quantités précollectées,
collectées et éliminées
Au niveau des quantités précollectées,
elles varient. Les sociétés de ramassages n'effectuent pas de
précollecte. Ces sociétés se chargent de la collecte
uniquement. La précollecte est assurée par les jeunes du village.
À cet effet, c'est environ 2 tonnes d'ordures qui sont
précollectées chaque jour. Le faible taux de précollecte
s'explique par le manque de matériel adéquat et adapté.
Les quantités précollectées finissent dans
les coffres à ordures, au centre de groupage du village ou dans les
dépôts sauvages.
Sur une production théorique de 16,223 tonnes1j, c'est
environ 14 tonnes d'ordures sont qui collectées et mis en
décharge par le concessionnaire Clean Bor et son sous-traitant Pronet
(Service technique mairie d'Abobo, 2007). Les quantités restantes soit
environ 2 tonnes d'ordures ménagères alimentent les nombreux
dépôts sauvages dans le village et en bordure de la voie
d'Alépé (figure 7) ou sont déversées aux alentours
des coffres à ordure.
Figure 7 : Localisation des dépôts sauvages à
Abobo-Baoulé
d) la méthode de financement et de gestion
La prestation des services relatifs à
l'enlèvement des ordures ménagères à
Abobo-Baoulé est assurée par Clean Bor et les
précollecteurs. Pour 2006-2007, ce contrat prévoit le paiement de
540 000 000 de francs CFA pour la collecte et la mise en décharge de 180
000 tonnes d'ordures ménagères (Budget primitif de la mairie
d'Abobo, 2007). Il convient de noter que les quantités collectées
dépassent les 500t1j car la société est
rémunérée au tonnage.
Au niveau d'Abobo-Baoulé, la collecte de 16,223t1j
(production théorique du village) coûte 48.669 francs soit
1.460.070 francs CFA mensuellement.
Le contrat signé avec la société Clean
Bor s'élève à 794 422 188 francs CFA dont 667 209 044
francs CFA pour la collecte et l'élimination des ordures
ménagères et 127 213 144 francs CFA pour le balayage des voies et
le curage des caniveaux. Cette somme provient du budget de la commune qui
s'élève à environ 2 000 000 000 de francs CFA pour
l'exercice 2006-2007.
La gestion des ordures est financée par le budget
communal. Cependant, cette source de financement connaît des avantages et
des inconvénients (tableau 9).
Tableau 9: Avantages et inconvénients du mode de
financement de la gestion des ordures ménagères et des eaux
usées
Source de financement
|
Avantages
|
Inconvénients
|
|
*la collecte des ordures
|
*la contribution de
|
|
ménagères et la gestion
|
chacun n'est pas
|
|
des eaux usées sont
|
toujours en rapport avec
|
|
alors considérées
|
les frais qu'il
|
|
comme un service public pris par
|
occasionne au service
|
Budget communal
|
l'ensemble de la
|
|
|
collectivité
|
*n'a aucun caractère
|
|
*évite les difficultés susceptibles de
résulter
|
incitatif
|
|
de la mise en place de
|
*ne permet pas de taxer
|
|
taxe ou de redevance
|
tous les producteurs de déchets
|
Cependant, il existe une Taxe d'Enlèvement des Ordures
Ménagères (TEOM) de 2.5f1kWh vendue par le service
d'électricité. Cette taxe sert de compensation à
l'allumage des lampadaires donc n'est pas reversée à la mairie.
Pour les précollecteurs, ils n'ont pas de budget. Ils sont payés
à l'acte et éprouvent d'énormes difficultés.
B. les eaux usées et les eaux pluviales
a) la politique de gestion des déchets liquides
La mairie a adopté à Abobo-Baoulé un plan
de drainage dont la mise en oeuvre se poursuit. Elle a terminé de
nombreux travaux de construction de caniveaux, de dalots pour
l'évacuation des eaux usées et pluviales (tableau 10). Ces
travaux ont été effectués par le Bureau d'Etudes Ivoirien
d'Ingénierie (BEII) en Octobre 1998 et visent à assainir le cadre
de vie des populations du village.
Tableau 10 : Travaux de drainage effectués à
Abobo-Baoulé
Ouvrage de rejet en béton armé
Localité
|
Travaux de drainage effectués
|
Abobo-Baoulé
|
Nettoyage de fosse en terre existant
|
Curage d'ouvrages en béton
|
Pose des caniveaux en béton armé
|
Pose des dalots en béton armé
|
Ouvrage de tête en béton armé
|
Raccordement sur ouvrage existant
|
|
Source : Mairie d'Abobo, 2007
b) les ressources humaines et matérielles des
gestionnaires
b. 1) les ressources humaines et matérielles des
gestionnaires
a) la mairie
Le service environnement et cadre de vie de la mairie d'Abobo
dispose d'un effectif de 6 personnes pour gérer les problèmes de
l'insalubrité et lutter contre toute forme de pollution sur
l'étendue de la commune. Ce service n'a aucun matériel et ne
bénéficie d'aucun budget. Ce service n'existe que
théoriquement car n'étant pas actif sur le terrain.
b) les sociétés de ramassage
La société Clean Bor-CI avait en 2007, un
effectif de plus de 250 employés à son service, dont plus de 50
chauffeurs, 15 mécaniciens, 10 chefs des secteurs de nettoyage, 34
éboueurs et plus de 50 balayeurs et balayeuses. En outre, 200 agents ont
très peu de qualifications. Ces agents peu qualifiés sont donc
affectés au balayage, au curage des caniveaux et à
l'enlèvement des ordures. Le reste du personnel est reparti dans
l'administration (20%).
À cette même période, Clean Bor-CI
comptait au total 75 engins roulants dont au plus 40 étaient en
état de fonctionnement, ce qui représente un taux de panne
d'environ 47%. L'équipement en bon état est
surexploité.
Le village d'Abobo-Baoulé ne dispose que de 2 coffres
à ordure depuis 1998. Alors que la production d'ordures est sans cesse
croissante, le matériel de gestion reste constant. Le matériel ne
suit pas la production.
Il convient de noter que nous n'avions pas pu disposer de
données fiables sur les quantités collectées, le
matériel et les ressources humaines des deux sociétés
à savoir Clean Bor-CI et Pronet. Les données mentionnées
ont été fournies par les chauffeurs après le refus des
responsables.
c) les précollecteurs
Les précollecteurs d'Abobo-Baoulé sont au nombre
de sept personnes à savoir cinq hommes et deux filles. Ils sont
divisés en deux groupes. Les hommes ramassent les ordures tandis que les
filles balaient les espaces publics (Palais, espaces verts,...).
Les hommes possèdent trois pousse-pousse, trois pelles
ainsi que trois fourchettes. Quant aux filles, elles possèdent un
pousse-pousse et deux balaies. Avec l'installation d'un nouveau Chef, le nombre
de filles devrait passer à huit.
b. 2) les acteurs de la gestion des déchets et leurs
responsabilités
La collecte des ordures ménagères et
l'assainissement du milieu constituent une préoccupation dans les Pays
en Voie de Développement. C'est un problème social (Sané,
1999). Pour cela, l'efficacité de leur gestion nécessite une
bonne organisation administrative et technique, une volonté politique et
surtout l'implication de la population (Sané, 1999 ; Dobé, 2007).
Pour se faire, à Abobo-Baoulé, la gestion des ordures et des eaux
usées fait intervenir cinq acteurs qui sont : la Mairie d'Abobo, les
sociétés de ramassage des ordures ménagères (Clean
Bor et Pronet), les ménages, les précollecteurs et les
exploitants privés de camions vidangeurs. Ces 5 acteurs peuvent
être divisés en
deux groupes. D'une part les acteurs ayant une fonction
politico administrative à savoir la Mairie d'Abobo et les acteurs
intervenants directement sur le terrain d'autre part. Il s'agit des
sociétés de ramassage pour le secteur formel et des
ménages, des précollecteurs, des récupérateurs et
des exploitants privés de camions vidangeurs pour le secteur
informel.
Mais nous nous intéresserons seulement au service
technique de la Mairie, aux exploitants privés de camions vidangeurs,
aux ménages et aux récupérateurs.
> le service technique de la mairie d'Abobo
La section environnement et cadre de vie de la mairie d'Abobo
a pour principale mission la gestion des ordures ménagères, la
gestion des espaces verts, la lutte contre toutes formes de pollution,
l'hygiène alimentaire et le curage des caniveaux.
> les exploitants privés de camions vidangeurs
Ils sont les principaux intervenants dans le cadre de la
gestion des eaux vannes et des excréta. Ce secteur est très
sollicité dans le village car il n'y a pas d'égout. Cependant, ce
secteur n'est pas encore structuré ; par conséquent il est
difficile à surveiller. Les exploitants privés de camions
vidangeurs n'ont pas d'influence sur la scène politique (Attahi, 1995)
et leur manque de cohésion nuit à la surveillance de leurs
activités.
> les ménages
Ce sont les principaux générateurs de
déchets ménagers. Ils en disposent de quatre façons. Soit
ils les stockent dans des poubelles en attendant le passage des
véhicules de ramassage (tasseurs), soit ils vident les poubelles dans
les coffres à ordures installés à des endroits
précis par les concessionnaires, soit ils payent les
précollecteurs pour les enlever (tableau 11). Et la dernière
façon de s'en débarrasser est de jeter les ordures où l'on
peut (terrains non bâtis, ravins, caniveaux, dépôts
sauvages).
Tableau 11 : Les différentes modes d'évacuation des
ordures selon les ménages
Mode d'évacuation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Coffre à ordure
|
16
|
5
|
Point d'incinération
|
08
|
3
|
Centre de groupage
|
08
|
3
|
Précollecteurs
|
198
|
66
|
Pas de réponse
|
70
|
23
|
Total
|
300
|
100%
|
Source : Enquête sur 300 ménages
Les populations sont d'avis qu'ils doivent être
associés à la gestion des ordures. En effet, plus de 66% des
ménages sont abonnés au service des précollecteurs. 23% de
la population ne donnent pas d'avis, ce qui laisse supposer que ces personnes
alimentent les dépôts sauvages. 3% de la population
enquêtée incinèrent leurs ordures. Les ménages n'ont
pas d'influence sur le régime de gestion des ordures
ménagères. En effet, malgré leur soutien à
l'initiative des précollecteurs et leurs contributions
financières, les autorités municipales persistent à ne pas
les consulter. Celles-ci sont d'avis qu'elles doivent sensibiliser les
ménages (Attahi, 1995), mais ne les considèrent pas comme des
participants éventuels au régime de gestion.
> les récupérateurs
Ce réseau n'est ni reconnu, ni structuré
(Attahi, 1995). Les récupérateurs sont mal équipés.
De nombreuses études soulignent l'importance économique de la
récupération et du recyclage dans l'industrie des métaux
et du plastique. Par contre, ces études n'insistent pas asse2 sur les
graves risques posés par la revente de produits
récupérés aux consommateurs (Attahi, 1995). Les objets
récupérés à Abobo-Baoulé sont les
bouteilles, les bidons, les objets en plastique et les
métaux. Les précollecteurs récupèrent
également ces objets pour une revente aux particuliers venus d'autres
communes de la ville d'Abidjan.
b. 3) état de l'assainissement
Les problèmes d'assainissement et du drainage des eaux
usées et pluviales se posent avec acuité à
Abobo-Baoulé. Le village ne dispose pas de service d'assainissement.
L'assainissement est essentiellement autonome. Le principal mode
d'évacuation des eaux usées reste à 95% des latrines
à fond perdu. Les systèmes modernes constitués de WC
à chasse eau avec fosses sceptiques sont également
présents. Ces fosses sont sujettes à des odeurs
nauséabondes. D'autres n'ont pas de systèmes définis et
l'on peut conclure simplement qu'ils se soulagent dans la nature (3% de la
population). Plus de 90% des ménages enquêtés pensent
vidanger en cas de remplissage et 5% n'y pensent même pas. Ceci
s'explique par l'insuffisance et la non disponibilité des camions
vidangeurs. Les eaux usées sont directement déversées dans
les caniveaux et drains car le village est dépourvu de réseau
d'égout. Les populations déversent aussi les eaux usées et
les ordures dans les maisons inachevées (photo 5). Ces espaces
dégagent des odeurs insupportables et constituent d'excellents
gîtes de prolifération des agents pathogènes (mouches,
rongeurs,...) vecteurs de nombreuses maladies. À Abobo-Baoulé,
les eaux pluviales sont drainées dans les caniveaux en ce qui concerne
les 2ones viabilisées. Pour les 2ones dépourvues de caniveaux ou
mal dimensionnés, ces eaux stagnent à ces endroits. Cependant,
les caniveaux et drains existants sont des lieux par excellence de
dépôt d'ordures ménagères. Ils sont pour la plupart
bouchés (photo 6). Lors des pluies, les eaux de ruissellement font un
travail érosif le long des voies non bitumées.
Photo 5 : Une maison inachevée transformée en
dépotoirs Auteur : D. Souleymane
Photo 6 : Caniveau bouché par des déchets
divers. Auteur : D. Souleymane
Tableau 12 : Indicateurs économiques de la gestion des
ordures ménagères et des eaux usées à
Abobo-Baoulé en 2007
Année
|
Déchets
|
Coût de la
|
Coût du
|
Coût de la
|
Budget de
|
Pourcentage
|
|
recueillis
|
collecte
|
curage des
|
gestion
|
la gestion
|
du village
|
|
(en
|
(en francs
|
caniveaux
|
des
|
des
|
dans le
|
|
tonnes)
|
CFA)
|
(en francs
|
ordures et
|
ordures de
|
budget de la
|
|
|
|
CFA)
|
eaux usées (en francs
|
la commune (en francs
|
commune
|
|
|
|
|
CFA)
|
CFA)
|
|
2007
|
5 840,28
|
17 520 840
|
6 479 160
|
24 000 000
|
794 422 188
|
3,02%
|
Source : Service technique Mairie d'Abobo, 2007
Pour l'année 2007, la collecte de 5 840,28t d'ordures
et le curage des caniveaux a coûté 24 000 000 Frs CFA, soit 3,02%
du budget alloué à la collecte des ordures et aux curages des
caniveaux dans la commune.
Les ordures ménagères et les eaux usées
produites à Abobo-Baoulé ne font pas l'objet d'une gestion
adéquate. On assiste de plus en plus à la création des
dépôts sauvages. Les eaux usées et pluviales stagnent dans
les caniveaux.
Figure 8 : L'état d'insalubrité à
Abobo-Baoulé
Conclusion partielle
La gestion des déchets ménagers solides et
liquides est un secteur mal structuré. Les intervenants ont des
responsabilités controversées, mal définies et
éprouvent d'énormes difficultés dans le village. Cette
situation explique la mauvaise gestion des déchets dans le village.
La mauvaise gestion de ces déchets entraîne des
problèmes sur la population et le cadre de vie.
PARTIE III $
PROBLÈMES LIÉS AUX
DÉCHETS ET LES STRATÉGIES
DE LUTTE CONTRE
L'INSALUBRITÉ
|
L'augmentation de la population et l'émergence des
activités économiques entraînent une augmentation de
déchets ménagers solides et liquides. Ces déchets sont mal
gérés et cette mauvaise gestion des déchets entraîne
des problèmes sur le cadre de vie des populations.
Ces problèmes pourraient croître si rien n'est
fait.
PARTIE III: PROBLÈMES LIÉS AUX DÉCHETS ET
LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ
Chapitre 1 : les problèmes liés aux
déchets
Les insuffisances identifiées dans le mode de la
gestion des ordures ménagères et des eaux usées ont des
répercussions sur le cadre de vie et la santé de la
population.
1) la dégradation du cadre de vie
Il convient de noter que les ordures ménagères et
les eaux usées mal gérées polluent l'air, le sol et la
nappe phréatique.
a) pollution de l'air
Sous climat tropical, les ordures ménagères se
décomposent rapidement. Ces ordures, majoritairement constituées
de substances putrescibles dégagent donc des odeurs nauséabondes
et pestilentielles dans l'atmosphère. Les eaux usées et pluviales
qui stagnent dans les caniveaux dégagent également des odeurs
insupportables. L'incinération des ordures sur les dépotoirs
sauvages entraîne la pollution de l'air par les ga2 qui se
dégageant des fumées (Alla, 2007). La combustion fait
dégager dans l'air des fumées noires et des ga2 tels que le ga2
Chlorhydrique (HCL), le dioxyde de souffre (S02), le sulfure d'hydrogène
(H2S) et des ga2 délétères qui ont des effets nocifs sur
la santé de ceux qui les inhalent (Nyassogbo, 2005).
Il faut noter aussi que lorsque les ordures traînent
pendant longtemps dans un endroit, cela entraîne d'autres
réactions chimiques telles que la fermentation anaérobie, qui
produit le méthane (CH4) (Nyassogbo, 2005).
b) pollution du sol et de la nappe phréatique
Le climat tropical favorise la décomposition rapide des
ordures. Les eaux usées issues des ménages et les eaux pluviales
se combinent à plusieurs éléments. Le sol se charge de
substances toxiques (Nyassogbo, 2005). Les sels minéraux issus de ces
eaux usées s'infiltrent dans le sol pour atteindre la nappe
phréatique (Nyassogbo, 2005 ; Alla, 2007) qui dévient une source
de maladies diarrhéiques.
2) les atteintes à la population
Les ordures ménagères entassées et la
stagnation des eaux usées attirent les mouches, les moustiques, les
cafards et les rongeurs. Ces bestioles envahissent les maisons et troublent le
sommeil des populations pendant les nuits à travers leur bruit. Les
lieux insalubres favorisent la formation des gîtes de moustiques, agents
vecteurs du paludisme (Alla, 2007). L'obstruction des caniveaux par les ordures
est une préoccupation à Abobo-Baoulé (Service technique,
mairie d'Abobo, 2007). Cette situation rend difficile l'écoulement des
eaux usées et pluviales qui stagnent dans ces endroits. Les mouches
prolifèrent le jour dans les maisons et se déposent sur les
aliments non couverts et à la fin de la journée, elles sont
remplacées par les moustiques. Les rongeurs (rats, souris) envahissent
également les maisons et font leurs trous à travers la maison.
Ces situations créent des désagréments et
portent atteintes à la santé de la population.
3) la santé de la population
Les habitants d'Abobo-Baoulé sont exposés
à des risques sanitaires dus aux ordures ménagères et aux
eaux usées stagnantes (tableau 13). Les populations doivent donc faire
face au double poids des charges de maladies liées aux déchets et
de la pauvreté économique.
Tableau 13 : Les maladies courantes à
Abobo-Baoulé
Maladies
|
Nombres de personnes affectées
|
Pourcentage
|
Paludisme
|
256
|
85
|
Diarrhée
|
29
|
10
|
IRA*
|
10
|
3
|
ND*
|
5
|
2
|
Total
|
300
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2007
IRA*: Infection Respiratoire Aiguë ND * : Non
Défini
Le paludisme et la diarrhée touchent un nombre
élevé de la population avec des taux respectifs de 85% et de 10%
des cas de maladies selon notre enquête. Ces données sont
confirmées par le médecin du centre de santé à base
communautaire du village. Selon le médecin et comme le démontre
notre enquête, le paludisme est la maladie la plus répandue dans
le village (figure 9). Cette maladie est la plus courante avec environ 90% des
cas de consultation, selon les responsables de ce centre de santé. Quant
à la diarrhée, elle affecte 8% de la population. Cette maladie se
contracte parce que la population n'observe pas souvent les règles
élémentaires d'hygiènes. Les enfants sont les plus
touchés avec un taux de plus de 5%. Cela s'explique par le fait que les
enfants traînent dans les lieux malsains et prennent parfois leur repas
sans se laver les mains.
Les infections respiratoires aiguës (IRA) concernent 3%
de la population. Ce qui démontre la nécessité de mieux
comprendre la relation entre l'environnement et la santé des
populations, particulièrement celle des personnes vieillissantes, des
enfants ou des femmes, souvent plus vulnérables à cause d'un
système immunitaire plus fragile ou d'une position particulière
dans les sociétés du monde (Duchemin et al. 2003 ; Alla, 2007).
Il convient de noter aussi que ces
maladies font partie du quotidien des populations, qui pratiquent
très souvent de l'automédication et utilisent la
pharmacopée traditionnelle
Figure 9 : Proportion des maladies courantes à
Abobo-Baoulé
Source : Notre enquête, 2007
Les faiblesses rencontrées dans le mode de gestion des
déchets à Abobo-Baoulé accroissent également le
risque de morbidité (tableau 14).
Le changement de comportement des populations en
matière d'assainissement et de gestion des ordures
ménagères est une nécessité et une urgence absolue
pour réduire les risques de maladies liées à
l'environnement dans le village.
Les solutions qu'ils préconisent vont du ramassage
régulier des ordures ménagères aux stations
d'épurations des eaux usées en passant par l'augmentation du
nombre de coffre à ordure. Pour la population, les stations
d'épurations par voie naturelle représentent une alternative
adaptée. Cependant, le choix de la meilleure station d'épuration
passe par la connaissance des paramètres socioculturels,
économiques, techniques, urbanistiques et environnementaux du contexte
dans lequel elle sera installée (Wéthé et al, 2003).
Tableau 14 : Perception des chefs de ménages sur
l'insalubrité du village
Opinion des enquêtés
|
Nombre d'enquêté
|
Pourcentage
|
Qui pensent que l'insalubrité peut rendre
malade
|
298
|
99,33
|
Qui pensent que l'insalubrité ne rend pas
malade
|
2
|
0,67
|
Total
|
300
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2007
4) les inondations
Lors des pluies, les caniveaux et les 2ones basses du village
sont inondés. Les eaux de ruissellement créent des rigoles et des
crevasses dans le village qui sont par la suite transformées en
dépotoirs sauvages.
Quant aux rues non bitumées, elles sont impraticables en
saison pluvieuse (photo 7)
Photo 7 : Une voie dégradée par les eaux
usées et pluviales Auteur : D. Souleymane
La mauvaise gestion des déchets a entraîné
un environnement malsain, insalubre et source de nombreuses maladies
(Paludisme, Diarrhée, IRA,...). Tous ces problèmes entravent le
processus de développement du village car les maladies liées
à l'environnement sont dangereuses et mortelles.
Il faut donc proposer de meilleures stratégies pour
atténuer la dégradation du cadre de vie des populations et
réduire ainsi le risque de maladies liées à
l'environnement.
Chapitre 2 : les stratégies de lutte contre
l'insalubrité
Nous proposerons des stratégies spécifiques pour
une gestion plus saine des ordures ménagères, des eaux
usées et pluviales à Abobo-Baoulé et des stratégies
générales.
Mais avant, il est important de connaître la perception des
populations sur l'état d'insalubrité du village.
Sur un échantillon de 300 chefs de ménages
enquêtés, à Abobo-Baoulé, 99,33% affirment
être indisposés par les ordures ménagères, les eaux
usées et pluviales ainsi que les bestioles liées à
l'insalubrité (mouches, cafards, souris,...) et veulent un environnement
plus sain, tandis que 0,67% soit deux chefs de ménages pensent que ces
insectes ne transmettent pas de maladies sinon que tous les Africains seraient
malades (figure 10).
Figure 10 : Perception des enquêtés sur
l'état de morbidité lié à l'insalubrité
Source : Notre enquête, 2007
Les populations du village sont conscientes de la situation et
sont prêtes à rechercher des solutions pour améliorer
l'assainissement et la gestion des ordures. Les technologies modernes qui
nécessitent de gros investissements sont hors de portée des
populations. Par exemple, l'installation des services modernes
d'assainissement dans le village nécessiterait
l'ouverture des axes routiers et donc destruction d'habitats. Dans ces
conditions, il conviendrait de trouver des solutions tenant compte du contexte
socioéconomique. À ce propos, des stratégies
spécifiques ont été préconisées au niveau
local.
1) Stratégies spécifiques
Il s'agit de :
> d'appuyer l'initiative de la
Chefferie dans le domaine de la précollecte et encourager les projets
communautaires.
Les populations du village disposent de nombreuses ressources
et beaucoup de créativité qu'il faut exploiter et
améliorer leur cadre de vie. Les chefs de ménages
enquêtés sont prêts à participer
financièrement et1ou matériellement à la mise en place de
tout projet de gestion des ordures et d'eaux usées.
> de former des jeunes gens pour la
précollecte.
Les ordures précollectées seront
acheminées dans des endroits prévus à cet effet. Ce
travail facilitera celui des collecteurs. Pour cela, une certaine motivation
devrait être faite au niveau des jeunes en leur fournissant un salaire
mensuel. Les précollecteurs d'Abobo-Baoulé doivent
bénéficier d'un encadrement, d'une formation et ils doivent
être équipés suffisamment. Car cette activité
réduit le taux de chômage et contribue à améliorer
la santé environnementale (Mpakam et al. ,2006). Les charrettes des
précollecteurs doivent être divisées en compartiment selon
les différents types de déchets. Ces charrettes doivent en outre
être recouvertes pour éviter aux ordures de s'éparpiller au
moindre vent. Tous ces travaux faciliteraient la valorisation par
récupération des objets encore utilisables et le compostage des
ordures pour le développement surtout des cultures
maraîchères pratiquées à la périphérie
d'Abidjan.
> sensibiliser et éduquer
les populations sur les règles d'hygiène et sur les pratiques qui
contribuent à la dégradation de l'environnement.
À travers cette sensibilisation, il faut promouvoir les
bienfaits d'un environnement sain (Kouamé, 2005). Les autorités
municipales et villageoises doivent faire de l'assainissement et la gestion des
ordures une priorité à AboboBaoulé.
Les autorités doivent aussi mener des actions en faveur
de l'assainissement. Ces actions doivent être menées avec
l'implication de la commune d'Abobo, ceci à travers des campagnes de
sensibilisation sur l'hygiène et la propreté. Pour la
réussite de cette action, il faut utiliser des techniques de
proximité telles que les visites à domiciles avec des
explications plus pratiques, des rencontres d'échanges avec les groupes
cibles (hommes, femmes, enfants). Il faut également multiplier les
actions de type « journée village propre ».
> entretenir le centre de groupage
du village
Le centre de groupage du village doit être bien
entretenu et dépollué régulièrement. Ce centre doit
être clôturé entièrement pour empêcher les
animaux d'y accéder. Pour palier au problème de saturation du
centre de groupage, il doit y avoir plusieurs centres de groupages. Le seul
centre du village ne suffit pas.
> former les jeunes du village sur
la production de fumure à partir des déchets.
La mairie peut s'investir avec l'aide du personnel agricole de
l'Etat à une formation des jeunes et des agriculteurs sur la production
d'engrais organique à partir des ordures ménagères (figure
11). Ces engrais pourraient être vendus aux agriculteurs. Les revenus
collectés permettront de bien rémunérer les jeunes et les
encourager.
> inciter les populations à
lutter contre l'enherbement.
Les propriétaires des lots sommairement ou non mis en
valeur doivent tenir ces espaces propres par un nettoyage continu à
travers des journées dénommées « village propre
».
RESERVEE FIGURE PRODUCTION DE
FUMURE
Ces mesures nécessitent une organisation et une
solidarité communautaire pour générer les sources de
financement, l'appui des autorités, des bailleurs de fonds et des
organismes de développement.
Pour parvenir à une gestion adéquate des ordures
ménagères, des eaux usées et pluviales, il convient de
prendre certaines dispositions ou en d'autres termes de mettre en place des
stratégies générales.
2) Stratégies générales
Pour assainir le cadre de vie des populations, l'État
doit suivre les contrats, l'exécution et le contrôle des travaux
d'enlèvement des ordures ménagères et d'évacuation
des eaux usées et pluviales. L'Etat doit être le maître du
jeu des acteurs et définir les responsabilités. Cela va
réduire ou éviter les conflits entre les différents
intervenants dans ce domaine. L'Etat doit être impliqué d'avantage
et impliquer également le secteur privé pour le recyclage des
ordures ménagères. À cet effet, il faut :
une meilleure organisation de la
gestion
Il existe plus de sept prestataires de service relatif
à la gestion des ordures à Abobo. Vu la complexité et
l'ampleur des tâches, les responsabilités doivent être bien
définies et les actions des différents acteurs mieux
coordonnées par la municipalité. Toutes les associations et ONG
qui travaillent dans le domaine de la gestion des ordures et des eaux
usées doivent être réglementées et régies par
des lois dans un cadre juridique et institutionnel approprié (Attahi,
1995). Ces associations doivent disposer d'une reconnaissance officielle, de
statut et règlement intérieur, d'un siège. Ces
associations doivent être formées sur la gestion des
déchets et la gestion financière.
> privilégier la gestion
participative
Dans tous les programmes de développement durable, les
populations cibles doivent être associées depuis la phase de
réflexion jusqu'à l'exécution du projet (Dobé,
2007). Il faut donc mener une étude de faisabilité relative
à la volonté de la population concernée à payer le
coût du service en recherchant sa libre adhésion. Toutes les
composantes de la population, les mouvements associatifs, les syndicats,...
doivent participer aux programmes de gestion de l'environnement et rendre
compte régulièrement. Il faut aussi identifier des
méthodes et techniques adaptées au contexte local et des sites de
transfert adéquats.
En ce qui concerne Abobo-Baoulé, les ménages ont
eu à se prononcer sur leur implication dans la gestion des
déchets. Les désagréments que causent les eaux
usées et les ordures sont tels que 84% des chefs de ménage
interrogés sont d'accord pour acquérir des systèmes
d'évacuation et de traitement des eaux s'il s'avère que ceux-ci
sont adaptés (figure 12).
Figure 12 : Implication des ménages dans la gestion des
ordures et des eaux usées
Source : Notre enquête, 2007
Trois formes de contributions sont préconisées par
ces ménages dans le but d'améliorer la gestion des ordures et
l'état de l'assainissement (figure 16) :
El La contribution financière est
préconisée par 84% de l'échantillon, sans
préciser le montant ;
El La contribution sous forme de
matériels (brouettes, pelles, râteaux, etc.) est citée par
38% des enquêtés ;
El 4,33% des enquêtés acceptent de
participer à l'installation de nouveaux systèmes
d'assainissement.
Pour le stockage des ordures ménagères, les
populations doivent utiliser des contenants à couvercles qui peuvent
être octroyés par la Mairie à moindre coût. Cette
action facilitera le travail des précollecteurs et rendra les
déchets moins lourds. Les ménages devraient
récupérer les déchets ayant un intérêt
économique pour des revenus supplémentaires. Selon les
ménages, plusieurs acteurs doivent s'impliquer dans la gestion des
ordures ménagères, des eaux usées et pluviales (figure
13).
Figure 13 : Acteurs à associer du point de vue des
ménages
Source : Notre enquête, 2007
Les ménages proposent que la gestion et l'exploitation
de nouveaux systèmes soient organisés, soit par l'Etat (53,33%
des questionnés), soit par la commune (20,33% des questionnés),
soit par une Organisation Non Gouvernementale exerçant dans le domaine
de la gestion de l'environnement (16,66% des chefs de ménages), soit par
une Organisation Communautaire de Base (OCB) (évoquées par 70,66%
des chefs de ménage). Cependant, 87,66% des chefs de ménages
enquêtés affirment que la population doit être la tête
de file quelque soit l'organisateur du système à mettre en
place.
Toutes ces solutions préconisées doivent
être explorées par tous les acteurs et les intervenants dans la
gestion des ordures ménagères et des eaux usées à
Abobo- Baoulé. Aussi, pour que ces solutions soient plus efficaces,
il faut une gestion
plus autonome. Alors, la nécessité d'une
décentralisation plus renforcée s'avère importante.
> renforcer la
décentralisation
La décentralisation est définie comme partage et
transfert de pouvoirs et de compétences (Atta, 2006) aux
collectivités locales. Les collectivités locales doivent
bénéficier d'une relative autonomie administrative et
financière et disposer de fonds nécessaire aux services dont
l'assainissement et la collecte des ordures ménagères. La
décentralisation est donc à mettre en pratique afin d'assurer un
transfert de pouvoir aux collectivités locales.
La mairie doit suivre de près les fréquences de
collecte effectuées sur l'ensemble de la commune. Elle doit
également réorganiser et suivre le système de
précollecte des jeunes. Pour palier aux problèmes de la mauvaise
utilisation des contenants et rejets anarchiques, la mairie doit
accroître les actions de sensibilisation à l'endroit des
populations. Elle doit mettre en place une réglementation communale en
matière d'hygiène publique et surtout l'appliquer à la
lettre. À cet effet, la mairie doit créer des bureaux municipaux
d'hygiène et organiser des actions de formations permanentes pour le
personnel municipal et les ménages. Ces formations seront axées
sur les techniques adaptées d'assainissement et de gestion des ordures
ménagères. Cela pourrait accroître l'efficacité des
actions de sensibilisation de la population.
> appliquer le principe du «
Pollueur-Payeur »
Il faut mettre en place des textes et lois pour
réglementer la gestion des ordures ménagères et des eaux
usées au niveau des ménages car la ménagère qui
jette des ordures ou déverse des eaux usées sur la
chaussée ne craint aucune pénalité. Face à cette
impunité, il faut appliquer le principe du "Pollueur-Payeur''. Ce
principe stipule que c'est le pollueur qui doit assumer le coût de la
dépollution, ou en d'autres termes payer les frais de dépollution
(PNUE, 2006).
> Entretenir la voirie
À part quelques voiries bitumées à
Abobo-Baoulé, toutes les voies de communication sont en terre et
très dégradées ce qui rend difficile la circulation des
engins roulants.
La Mairie doit entretenir les voies du village. Cette action
permettra une circulation plus facile des véhicules de ramassage des
ordures ménagères qui pourraient alors desservir tout le
village.
> Augmenter le nombre de coffre
à ordure et installer des caniveaux
Les sociétés de ramassages des ordures
ménagères doivent augmenter le nombre de coffre à ordure
dans les 2ones dont elles ont la charge. Cela permettra aux populations
d'être moins distantes des coffres. Cela permettra d'étendre la
collecte aux 2ones défavorisées et accroître ainsi le taux
de collecte qui reste encore faible.
Quant à la Mairie, elle doit investir dans l'installation
de nouveaux ouvrages d'assainissement (caniveaux, dalots,...) pour mieux
drainer les déchets liquides.
Les solutions proposées font appel à l'adoption
de nouveaux comportements de l'ensemble des acteurs vis-à-vis de
l'environnement. Car la dégradation de l'environnement et ses
conséquences sur la vie des populations génèrent des
coûts élevés. En plus, les maladies liées à
l'environnement (IRA, Diarrhée, Paludisme, Amibiases, etc.)
empêchent une frange importante de la population active de travailler.
Conclusion partielle
La troisième partie de notre étude met en
exergue les problèmes liés aux déchets. Des actions sont
menées aussi bien par la population que par les autorités
municipales. Ces actions sont limitées et ciblées et
l'état de l'environnement reste préoccupant. C'est pourquoi nous
avons jugé opportun proposer des stratégie de lutte afin
d'assainir le cadre de vie et réduire le risque de maladies
environnementales.
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