INTRODUCTION GÉNÉRALE
« De nos jours, les questions touchant la gestion des
déchets urbains et, par extension la planification et la gestion de
l'environnement urbain comptent parmi les plus complexes auxquelles doivent
répondre les gestionnaires urbains en raison de leurs effets sur la
santé humaine, le développement durable » (Attahi, 1996).
Aujourd'hui les villes africaines font partie des espaces dans
lesquels la problématique de la gestion de l'environnement est
pertinente. Les atteintes à l'environnement sont
généralisées et croissantes. La collecte des ordures
ménagères et l'élimination des eaux usées
constituent l'une des plus grandes difficultés que rencontrent les
autorités municipales. Ces difficultés se traduisent par une
accumulation de déchets ménagers, l'érection de nombreux
dépôts sauvages et la stagnation des eaux usées et
pluviales dans de nombreux quartiers. Les taux de ramassage des ordures
ménagères atteignent rarement 50% (Nyassogbo, 2005). La faiblesse
du taux de couverture de ce service important a pour conséquence un
environnement insalubre, malsain caractérisé par la pollution de
l'air, du sol, du sous-sol et la dégradation du cadre de vie des
populations. Le rythme de croissance engendre des besoins dans tous les
domaines tels point que la gestion des déchets a toutes les chances de
passer après d'autres priorités. C'est notamment le cas de la
commune d'Abobo qui connaît un développement spectaculaire et en
particulier le village d'AboboBaoulé.
La population du village était de 7 899 habitants en
1988. Aujourd'hui, cette population est estimée à plus de 15 721
habitants, soit un taux de croissance de 3,09%. Cette forte croissance de la
population entraîne une augmentation de volume de déchets
ménagers solides et liquides dont la gestion devient de plus en plus
difficile. Nous avons donc choisi ce village en vue de faire la lumière
sur la gestion des ordures ménagères, des eaux usées et
pluviales. Le village a été choisi d'une part du fait de sa
taille démographique (12289 hbts) qui serait un facteur favorable
à la production d'ordures ménagères et d'eaux
usées. Et
d'autre part par l'inexistence de réseaux
d'égouts pour l'évacuation des eaux usées et pluviales. Le
secteur de l'assainissement est dominé par des ouvrages autonomes,
principales sources de pollutions diffuses difficilement maîtrisables. Il
n'y a pas de système d'assainissement collectif. Les ordures
ménagères sont irrégulièrement enlevées. Ce
dysfonctionnement est perceptible dans le village. Les eaux usées et
pluviales stagnent dans les caniveaux et drains. Les terrains non bâtis
sont enherbés et transformés en dépotoir sauvage. Ce
dysfonctionnement est à la base de la dégradation du cadre de vie
des populations et a une forte incidence de maladies hydriques.
Cette étude se propose de faire le diagnostic de la
gestion des ordures ménagères, des eaux usées et pluviales
à Abobo-Baoulé, de procéder à une analyse
qualitative et quantitative des déchets générés par
le village, d'en faire un portrait de l'organisation de la gestion et de
démontrer la prépondérance des facteurs
géographiques sur l'efficience de cette gestion.
REVUE DE LITTERATURE
De nombreux écrits existent sur la thématique de
la gestion des ordures ménagères et celle des eaux usées
et pluviales. Ils s'organisent autour de deux axes : La gestion des
déchets solides notamment les ordures ménagères et
l'assainissement.
1. La gestion des déchets solides notamment les
ordures ménagères
On appelle ordure ménagère, les déchets
produits quotidiennement par les ménages pour le besoin de la vie. Ce
concept inclut : les ordures ménagères proprement dites, les
débris de verre ou de vaisselle, les feuilles mortes, les balayures, les
cendres, les mâchefers, les carcasses d'animaux, les ordures en
provenance des écoles, etc.(Sané, 1999).
Plusieurs auteurs ont abordé la question de la gestion
des déchets ménagers en Côte d'ivoire comme dans le
monde.
C'est dans cette perspective que Youssouph Sané (1999)
dans son article intitulé « la gestion des déchets à
Abidjan, un problème récurrent et apparemment sans solution
» aborde l'épineuse question des déchets. Selon cette
étude, le problème des ordures est dû à l'influence
des facteurs géographiques notamment les problèmes de croissance
de la population, des sites d'émission et la qualité des
aménagements. Pour KOUAMÉ Annick (2005), il faut une implication
sans faille d'abord des populations elles-mêmes, ensuite de la
municipalité et enfin de l'Etat pour résoudre le problème
des ordures. Cette étude préconise que les populations doivent
être plus actives dans la gestion des ordures et valoriser la
récupération. L'étude menée par AKEKO Bertrand
(1991) mentionne que la mauvaise gestion de la décharge d'Akouédo
entraîne des états de frustration due aux mauvaises odeurs et aux
eaux usées qui modifient la composition du sol. Pour terminer, il a fait
des recommandations dans le sens du traitement des déchets et à
la création d'un centre de recyclage.
Le problème de la gestion des déchets doit
être analysé selon une démarche fondée sur la bonne
gouvernance pour KOFFI Attahi (1996) dans son article « le problème
des déchets et son fondement historique ». Pour lui, il serait donc
peine perdue d'analyser le problème des déchets en se concentrant
sur la description des structures et des moyens. Il faut une analyse politique
des enjeux, des rapports et des stratégies des différents
acteurs.
Dans le même ordre, DOKA Marcelle (1990) fait une
analyse de la situation des ordures à Abidjan. Selon elle, il faut
adapter les moyens matériels et humains des sociétés
gestionnaires (de ramassage) au rythme de croissance de la population. Ensuite,
il faut une organisation de la décharge pour palier au problème
de saturation de celle-ci et enfin, il faut une revalorisation des ordures.
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