Résumé
Ce travail de recherche dont le thème est
« Entrepreneuriat féminin et
participation des femmes au développement socio-économique : Le
cas du CPFF de Bertoua » a pour objet
l'évaluation de la participation au développement des femmes
formées au CPFF de Bertoua.
La question principale qui sous-tend ce travail et ainsi
formulée : Comment améliorer les capacités
entrepreneuriales des femmes en vue de leur pleine participation au
développement ?
En guise de réponse provisoire, nous avons
formulée l'hypothèse selon laquelle, la participation au
développement des femmes passe par la formation et les moyens financiers
mis à leur disposition.
De manière plus spécifique, nous avons
estimé que les activités des femmes relèvent
prioritairement du secteur informel, que ces activités se limitent
à la seule survie et enfin que les femmes éprouvent des
difficultés de financement.
Les données collectées sur le terrain à
travers les entretiens, observations et questionnaire ont confirmé nos
présomptions.
Quelques suggestions ont été émises
à l'endroit des pouvoirs publics, des différents partenaires, des
responsables du CPFF et des femmes.
Le Conseiller de jeunesse, en tant qu'acteur de
développement a également un grand rôle à jouer afin
de permettre aux apprenantes de tirer le maximum de profits de la formation
reçue et de l'activité menée.
Ce travail aidera le CPFF à mieux accomplir ses missions
d'insertion des jeunes filles et de promotion de la femme en
général.
Abstract
This research work which topic is "Women Entrepreneurship
and participation to socioeconomic development: The case study of the CPFF of
Bertoua " has as objective to evaluate the participation to development of
women trained in the CPFF of Bertoua.
The main question which underlies this work is thus
formulated: How to improve the entrepreneurial capacities of women for
their full participation to development?
As hypothesis, we assume that the participation to development
of women passes by the formation and financial means placed at their
disposal.
In a more specific way, we estimated that women activities
firstly raise of the informal sector. These activities are limited only to
survival and finally women have financial difficulties.
The data collected from the field through the talks,
observations and questionnaire confirmed our presumptions.
Some suggestions were emitted to authorities, various
partners, persons in charge of the CPFF and women.
The youth Counselor, as an actor of development, has a great
role to play in order to allow learning to extract the maximum of profits from
the received formation and the undertaken activities.
This work will help the CPFF with better achieving its missions
of insertion of girls and women empowerment.
INTRODUCTION GENERALE
1 Le problème
L'ensemble des maux qui minent la société
camerounaise actuelle se résument en un terme unique, la
pauvreté. En effet, le revenu de chaque ménage est tel qu'il
devient difficile de satisfaire même les besoins essentiels. Cette
situation s'est tellement détériorée au point où
elle touche tous les secteurs de la vie. Les résultats de
l'enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 2000)
mettent bien en exergue un indice de pauvreté non négligeable en
zone rurale et urbaine. Cet état des choses ne laisse pas le
gouvernement Camerounais tout à fait indifférent. Dans la
mouvance des politiques internationales de lutte contre la pauvreté, le
Cameroun ratifie la « déclaration du millénaire
» qui pose les Objectifs de Développement du Millénaire
(ODM) parmi lesquels :
> Eliminer l'extrême pauvreté et la faim en
réduisant de moitié le nombre de camerounais vivant au dessous du
seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim ;
> Assurer une éducation primaire pour tous en
donnant à tous les enfants les moyens d'achever le cycle primaire ;
> Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomie des femmes en éliminant les disparités entre les
sexes dans les enseignements primaire et secondaire et si possible à
tous les niveaux d'enseignement ;
> Mettre en place un partenariat pour le
développement.
La question de la participation des femmes au
développement semble être le gage d'un développement
durable. Car, pour la Commission économique des Nations Unies pour
l'Afrique, sans une participation effective des femmes, le pays a peu de
chances de parvenir à la réalisation des ODM.
Au Cameroun, le gouvernement met un accent particulier sur
l'éducation des filles et environ 3,8% du PIB est investi dans
l'éducation (BAD 2005). La législation camerounaise prône
l'égalité de tous sans distinctions de sexes et un
encadrement spécifique de la femme est manifeste
à travers la création d'un Ministère spécialement
chargé de la promotion de la femme et de la famille. L'appui
incontestable du gouvernement à l'application des mesures
spécifiques à l'égard des femmes en vue de lutter
efficacement contre la pauvreté et par ce fait améliorer le
revenu des familles est une disposition visant la participation des femmes au
processus de développement. Dans le domaine de l'économie, force
est de constater que le secteur informel camerounais est presque investi par
les femmes qui représentent environ 53% de la force de travail. La loi
de 1990 sur les associations donne un souffle nouveau aux efforts des femmes
pour sortir du sous-développement et de la pauvreté à
travers la conjugaison de leurs efforts et surtout les facilités
d'accès aux crédits individuels et/ou collectifs.
Notre recherche se propose d'évaluer
l'effectivité de l'implication des femmes à la création
d'activités génératrices de revenus dans la ville de
Bertoua. En effet, l'encadrement des femmes prôné par le
Ministère de la promotion de la Femme et de la Famille par le biais de
la Délégation Provinciale dudit Ministère s'avère
être un instrument de développement qui favorise
l'épanouissement de l'individu et de la communauté toute
entière. Les services financiers d'épargne, transfert de fonds,
crédits à des taux d'intérêts
préférentiels pour les femmes ont été mis en place
pour répondre au besoin en financement des micros projets. Pourtant, les
bornes de la pauvreté semblent ne pas reculer dans la ville de Bertoua.
Cela laisserait entrevoir que les activités génératrices
de revenus initiées par les populations et les femmes en particulier
manquent d'un encadrement financier et logistique capable de les
pérenniser.
Parmi les objectifs du VIème plan quinquennal du
développement social et culturel du Cameroun (1986-199 1), le
gouvernement, à travers sa politique générale, accorde une
attention particulière aux secteurs dans lesquels les femmes ont un
rôle à jouer.
La femme dans la politique nationale du Cameroun occupe une
place de choix. En effet, la déclaration de politique nationale de la
population (DPNP) adoptée en 1992, par les pouvoirs publics, la
volonté de la promotion de la femme y est explicitement formulée.
Les dispositions contenues dans cette politique font de la femme et la fille
des partenaires à part entière sur qui doivent reposer la
réalisation des objectifs de développement. Ainsi, à
travers la déclaration de politique nationale de la population (1999 :
38), le gouvernement s'engage à :
« Promouvoir et assurer l'amélioration du
statut de la femme au niveau de toutes les couches sociales, notamment par la
mise en place d'un cadre juridique propice à son épanouissement
social, juridique, économique d'une part, et par la sensibilisation de
l'ensemble de la population Camerounaise ( individus de deux sexes,
autorités administratives, religieuses, et politiques ) sur la situation
stratégique de la femme au sein de la famille et de la
société d'autre part. »
Cette politique s'engage par ailleurs à promouvoir et
à assurer davantage l'intégration des femmes dans les
activités économiques autres que l'agriculture, en encourageant
une plus grande diversification de leur formation professionnelle et en
facilitant l'accès des femmes à la propriété
foncière et aux crédits, à titre individuel et par le
biais des coopératives ou autres regroupements et associations
professionnelles.
C'est ainsi que dans le but de consolider son rôle dans
la gestion des affaires de la famille et de la société, de
garantir ses droits et d'assurer sa protection, le Cameroun a ratifié en
1994, la convention des Nations Unies sur l'élimination de toute forme
de discrimination à l'égard des femmes.
De plus l'engagement politique du gouvernement camerounais en
faveur des femmes s'est manifesté par la mise en place d'un cadre
institutionnel. Par décret N° 98 /068 du 04 mai 1998, il a
été créé le ministère de la condition
féminine aujourd'hui devenu Ministère de la Promotion de la Femme
et de la Famille. (MINPROFF) Celui-ci travaille en collaboration avec d'autres
partenaires pour la mise en oeuvre de la politique gouvernementale
d'intégration des femmes au développement.
Depuis plusieurs années, des actions significatives en
faveur des femmes ont été l'oeuvre de ce ministère. C'est
ainsi que dans le cadre de la stratégie sectorielle de promotion de la
femme, des actions visant le renforcement du pouvoir économique des
femmes, l'éducation de la jeune fille et la femme, l'amélioration
de sa santé ont été mises en oeuvre. L'appui des
partenaires bilatéraux et multilatéraux a permis la
réalisation de nombreux projets et programmes. Le programme global pour
l'avancement des femmes et l'égalité de genre avec le PNUD a
favorisé la mise à la disposition des femmes et/ou groupes de
femmes, promotrices des AGR des financements à travers les ONG de
crédits. Le projet d'appui à l'intégration de la femme
dans la micro-entreprise sur fonds propre du gouvernement, le programme
d'éducation de la jeune fille et de la femme, le programme
d'amélioration du revenu familial rural dans les provinces
septentrionales pour ne citer que ces réalisations.
Par ailleurs, la promotion de la femme est l'un des axes
prioritaires de la stratégie de réduction de la pauvreté
au Cameroun. (Communiqué de presse du P.M. de la 30/12/1998 portante
déclaration de la stratégie de réduction de la
pauvreté au Cameroun). En effet, le gouvernement s'engage à
entreprendre des actions spécifiques pour les femmes et les groupes
structurellement vulnérables. Toutes ces actions permettent
d'accroître la participation des femmes au développement.
La ville de Bertoua n'est pas en reste, car il existe une
multitude d'associations et de services spécialisés qui
s'occupent de la promotion et du bien-être de la population en
général, et de la femme en particulier.
Nous pouvons citer :
- Le Ministère de la promotion de la femme et de la
famille (MINPROFF) qui à travers son centre de promotion de la femme et
de la famille, a pour mission l'encadrement de la femme dans toute sa
composante ; issue de différents milieux, ceci par le biais des
formations pratiques, du counseling, de l'octroi des petits crédits aux
femmes dans divers secteurs ou activités.
- Le Ministère du travail et de la formation
professionnelle qui par le biais du PIAASI (Projet Intégré
d'Appui aux Acteurs du Secteur Informel) apporte une aide technique,
financière et organisationnelle aux populations.
- le Ministère de la jeunesse (MINJEUN) qui, à
travers sa division de la promotion économique des jeunes, a pour
mission la formation des jeunes en entrepreneuriat, l'élaboration des
stratégies de financement des projets et des AGR en faveur de ceux-ci,
le développement et de l'évaluation des projets et programmes de
formation et l'insertion socio-économique des jeunes. Par ailleurs,
certains autres acteurs non gouvernementaux à l'instar des ONG, et des
promoteurs privés oeuvrent dans l'encadrement des populations. Nous
pouvons citer :
o CARE Cameroon ; o SAILD ;
o AFEDYQUE ;
o Plan International.
Toutefois, malgré l'existence de toutes ces organisations
dans l'encadrement de la population en général et de la femme en
particulier, on
constate qu'il existe une insuffisance ou du moins un faible taux
de participation des femmes au développement dans la ville de
Bertoua.
Compte tenu de ce qui précède, il y a un certain
nombre de questions que nous nous posons.
2 Questions de recherche
Nos questions, nous les formulerons en question
générale de recherche et questions spécifiques.
2.1 Question générale de
recherche
Comment améliorer les capacités entrepreneuriales
des femmes du CPFF afin de favoriser leur insertion socio-économique
?
2.2 Questions spécifiques de recherche
Question spécifique 1 : Quelles sont les
activités susceptibles de favoriser l'émancipation
économique des adhérentes du CPFF ?
Question spécifique 2 : Comment ces
activités permettent-elles à la clientèle cible de
s'impliquer dans le processus de développement socio- économique
?
Question spécifique 3 : Quelles sont les
difficultés rencontrées par les femmes du CPFF dans l'exercice de
leurs activités respectives ?
Question spécifique 4 : Quelle approche
pédagogique faut-il appliquer pour un meilleur rendement des
adhérentes du CPFF ?
3 Clarification de la question de recherche
En proclamant l'année 1975 Année Internationale
de la femme et en institutionnalisant la journée du 08 mars comme
journée internationale de la femme, les Nations Unies ont
progressivement contribué au renforcement de la prise de conscience de
la situation de la femme. Dès lors, se sont tenus de nombreux sommets
mondiaux ou régionaux et plusieurs conventions ont été
adoptées. On pourrait citer entre autres le
troisième ODM du sommet du millénaire tenu à New York en
2000 relatif à la promotion de l'égalité des sexes et
l'autonomisation de la femme.
A la lumière de cet objectif, l'intégration de
la femme dans le système productif constitue à terme un
élément positif dans la politique de lutte contre la
pauvreté et surtout l'élimination de plusieurs discriminations
dont-elles sont victimes ; un appui financier et technique en leur faveur
serait donc indispensable.
Au Cameroun, et particulièrement dans la ville de
Bertoua, l'environnement de crise économique grave a fortement
augmenté le taux de pauvreté entrainant des transformations
sociales profondes. Ainsi, l'on trouve un nombre croissant de femmes chefs de
ménage tant en zone rurale qu'urbaine. Le tableau ci-dessous en est une
illustration :
Tableau 1 : Evolution des proportions des femmes chef
de ménage selon le milieu de résidence
Enquête/Année
|
Proportion des femmes chef de ménage
|
Cameroun
|
Urbain
|
Rural
|
RGPH/1976
|
14
|
16
|
13
|
RGPH/1987
|
19
|
20
|
17
|
EDSC/1991
|
18
|
20
|
17
|
EDSC/1998
|
22
|
26
|
21
|
EDSC/2004
|
24
|
25
|
23
|
EPC/2006
|
24
|
25
|
23
|
Sources :
- BCR : RGPH (1976), RGPH (1987)
- INS : EDSC I (1991), EDSC II (1998), EDSC III (2004) - BUCREP :
EPC - 3ème RGPH (2006)
Compte tenu des responsabilités des femmes et de la
vulnérabilité à laquelle elles sont exposées, le
gouvernement camerounais encourage les initiatives des femmes afin que
celles-ci puissent contribuer par elles-mêmes à
l'amélioration de leurs conditions de vie et participer
au développement socio- économique. Cependant, l'entreprise
féminine se trouve butée à plusieurs obstacles. Aussi, un
rapport sur l'entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne (Atol
1997) souligne que les bagages dont disposent les femmes pour faire fonctionner
leurs entreprises ou leurs activités sont généralement
très insuffisants. En effet, les femmes ont moins de ressources
économiques notamment financières. Par ailleurs, elles manquent
d'éducation scolaire et de formation professionnelle. Le problème
qui se pose dès lors est celui de savoir comment améliorer la
formation de femmes entreprenantes dans le but de favoriser leur participation
au développement socio-économique.
4 Objet de la recherche
Notre travail de recherche a pour objet l'évaluation
des limites relatives à la participation des femmes de la province de
l'Est au processus de développement.
5 Objectifs de l'étude 5.1 Objectif
général
Ce travail de recherche a pour but d'analyser l'implication
des femmes formées au CPFF de Bertoua au développement
socio-économique de la région. En d'autres termes, nous nous
proposons de mettre en exergue les pratiques d'interventions de l'animateur en
milieu organisationnel.
5.2 Objectifs spécifiques
Il s'agira pour nous de :
Objectif spécifique 1 : Identifier les
initiatives entrepreneuriales individuelles ou collectives de femmes.
Objectif spécifique 2 : Etablir le lien
entre ces activités et le développement
socio-économique.
Objectif spécifique 3 : Déterminer
les obstacles à l'exercice de ces activités.
Objectif spécifique 4 : Développer
une approche visant à renforcer les capacités des femmes.
6 Hypothèses de recherche
Nous présenterons une hypothèse
générale et des hypothèses spécifiques de
recherche.
6.1 Hypothèse générale
L'amélioration des capacités entrepreneuriales des
femmes passe par la formation et les moyens financiers mis à leur
disposition.
6.2 Hypothèses spécifiques
Hypothèse spécifique 1 : Les
femmes s'investissent plus dans les activités du secteur informel telles
que les petits commerces.
Hypothèse spécifique 2 : Les
femmes mènent des activités qui leur permettent juste de
survivre.
Hypothèse spécifique 3 : Les
femmes éprouvent des difficultés financières et de
formation dans l'exercice de leurs activités.
Hypothèse spécifique 4 : Les
programmes de formation et les conditions de financement doivent tenir compte
des réalités et des besoins des femmes.
7 Définition opératoire des
concepts
Une bonne compréhension de notre sujet passe par une
explication des termes qui le composent. En effet, les mots ayant des sens
multiples, il est judicieux pour nous de fixer le sens qui nous permettra de
mieux saisir les contours de la question.
Les concepts qui retiendront notre attention sont les suivants :
participation, développement, et entrepreneuriat féminin.
Le terme entrepreneuriat vient du verbe entreprendre qui,
d'après le dictionnaire Universel (1988 : 421) signifie « se
décider à faire une chose et s'engager dans son exécution
» et du substantif entreprise qui, d'après le même
dictionnaire est « une unité économique de production
à but commercial des biens et services »
Dès lors, l'entrepreneuriat englobe toutes les
activités économiques, y compris celles de production, de
commercialisation.
Selon Y. GASSE et A. d'AMOURS (1995 : 23), l'entrepreneuriat
est « l'appropriation des ressources humaines, matérielles et
financières dans le but de créer, de développer, et
d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des
individus. »
Quant à l'adjectif qualificatif féminin, le
Dictionnaire Universel renvoie à « ce qui est propre à
la femme ou considéré comme tel ».
L'entrepreneuriat féminin est
donc cet esprit d'initiative des femmes qui se manifeste de manière
prépondérante ; les femmes ont tendance à s'organiser
compte tenu des ressources disponibles pour satisfaire leurs besoins. NDONGO et
OUDRAOGO (1991 : 9) le définissent comme : « un ensemble
d'activités mises sur pieds et gérées par les femmes
elles-mêmes indépendamment de la taille de l'entreprise
». L'entrepreneuriat féminin désigne enfin de comptes les
activités des femmes qui se prennent en charge, qui s'organisent pour
créer des activités économiques rentables dans les
secteurs formel et/ou informel. Il s'agit ici, comme le dit E. ZANGA MENGOLO
(2002 : 10), « de la dynamique féminine qui se manifeste par un
esprit de créativité admirable. »
L'entrepreneuriat féminin vise par conséquent
l'amélioration des conditions de vie individuelles et collectives, en un
mot le développement qui de nos jours connaît une diversité
de définitions.
Au sens économique, le
développement est un processus économique,
politique et sociologique cohérent et harmonieux engendrant un
état de vie,
d'être et de pensée favorable à
l'amélioration durable et désirée des conditions de vie B.
YODA (2004).
OAKLEY et GARFORTH (1986) cités par HAMMANI (1997)
estiment que le développement évoque certaines formes d'actions
ou d'interventions propres à influencer le processus
général de transformation sociale. Il s'agit d'un concept
dynamique qui suppose que l'on modifie les données d'une situation
antérieure ou que l'on s'en éloigne. Ainsi, le
développement peut prendre des formes variées en fonction des
objectifs poursuivis.
Jusqu'à la fin des années 1950, certains auteurs
avaient tendance à assimiler le développement à
l'accroissement du revenu par habitant et par tête c'est-à-dire
à la croissance économique.
Mais, le développement ne saurait se réduire
à une augmentation quantitative des revenus. La composante humaine est
un facteur important dans le développement. En effet, le
développement suppose une augmentation quantitative et qualitative des
revenus ; le développement place ainsi l'homme au centre des
préoccupations car, comme le pense Jean Marc ELA (1990), « Que
veut dire le développement d'une région si il n'est pas
centré sur la population qui l'habite ? ».
Dans le contexte de notre étude, le
développement s'entend comme la production des richesses en vue de la
satisfaction des besoins individuels et collectifs par le travail des
femmes.
Toutefois, pour parvenir à un développement
véritable et surtout pour soutenir le développement
socio-économique, la participation de tous et précisément
des femmes est indispensable.
En effet, la participation s'entend
comme la capacité d'influencer ou de déterminer le processus de
prise de décision ou d'évolution des différents processus
économiques et sociaux. Formellement, elle peut se définir
comme
l'engagement mental et affectif d'une personne à fournir
une décision dans le processus de prise de décision.
La participation est définie par la banque mondiale
comme le processus à travers lequel les agents influencent et partagent
le contrôle sur la fixation des priorités, la définition
des politiques, l'allocation des ressources et l'accès aux biens et
services publics. La participation et donc la plaque tournante de la
problématique de mise en oeuvre des initiatives de développement
Banque Mondiale (2000). La participation est un thème récurrent
du développement. Elle a été reprise par de nombreux
intervenants de l'aide au développement à l'instar des ONG et des
établissements de microfinance.
Selon le programme « Femmes et
Développement » GABY VELGHESHERPEREEL et PASCAL VAN DE
WOUWER-LEUNDA (1996), la participation s'assimile à l'autonomie
économique qui est l'égalité d'accès aux moyens de
production et de leur contrôle. La participation de la femme suppose donc
le contrôle de son corps et de sa vie, son épanouissement et son
implication au développement à travers les Activités
Génératrices de Revenus (AGR).
Les problèmes de participation doivent être
analysés à l'intérieur des processus sociaux plus
généraux. En outre, on peut distinguer divers facteurs de
participation ; d'un côté le pôle objectif lié
à la structure sociale et de l'autre le pôle subjectif
(aspirations personnelles, motivations) lié aux femmes.
Comme d'autres notions, la participation est un terme large.
La participation dans le cadre de notre étude est
appréhendée comme l'implication des femmes dans des
activités économiques en vue de l'amélioration de leurs
conditions de vie. Elle n'est donc pas un transfert des fonctions, des charges
matérielles et financières qui découlent d'une
décision prise en dehors de la population concernée.
8 Approche contributoire des différentes
théories
Un certain nombre de théories pourraient servir de
paradigme lorsque l'on veut traiter de la question de la participation des
femmes au développement. Il s'agit entre autres de :
· La théorie des attentes ;
· La théorie du libéralisme
économique.
La description de chacune de ces théories ferra ressortir
sa spécificité. 8.1 La théorie des
attentes
La théorie des motivations fondée sur les
attentes nous permet de mieux cerner le comportement général des
femmes menant des activités dites entrepreneuriales. Elle a
été énoncée par plusieurs auteurs à l'instar
de Victor VROOM. Pour lui, la motivation fondée sur les attentes cherche
à identifier les relations entre les variables dynamiques qui affectent
les comportements individuels. VROOM suggère que les principaux
déterminants des réalisations sont les niveaux de
réalisation, les capacités et les traits de caractère, les
perceptions des rôles.
Dans le cas de notre travail, les femmes doivent
prétendre à des réalisations élevées sinon
leurs réalisations seront médiocres. Le désir au
départ de tous les efforts des femmes doit viser l'atteinte d'une
réussite perceptible. Cependant, le désir seul ne suffit pas
à garantir une production optimale. Encore faut-il que les femmes aient
les capacités et les compétences nécessaires grâce
à la formation professionnelle, l'éducation et
l'expérience.
8.2 La théorie du libéralisme
économique
Cette théorie fut élaborée au XVIIe
siècle par les théoriciens classiques de l'économie
politique. Elle préconise un ajustement spontané des termes de
l'échange selon les lois de l'offre et de la demande. Beaucoup de
penseurs classiques ont trouvé en elle une source de croissance,
condition essentielle du
développement. En effet, pour Adam SMITH, David
RICARDO, John STUART MILL, Milton FREEDMAN, il suffit que le laisser-faire
c'est-à-dire la libre entreprise soit respectée pour que le
développement suive. Ainsi, le libéralisme économique est
une philosophie sociale qui admet la nécessité pour la
liberté individuelle, des marchés libres et un contrôle
décentralisé des moyens de production. Une économie
libéralisée est celle dans laquelle les individus et les groupes
prennent les décisions les plus importantes concernant la production, la
consommation et la répartition des ressources ; ici, le marché
est connu comme un espace de liberté caractérisé par la
propriété privée, la liberté d'entreprendre, la
libre concurrence et la recherche du profit.
Pour notre étude, cette théorie est un appui
à la politique de l'Etat camerounais dans sa logique de
libéralisation économique. Elle est aussi un stimulant en vue de
l'engagement des femmes dans l'exercice des activités
économiques. Ainsi, les femmes de Bertoua doivent comprendre qu'elles
ont la possibilité de créer des richesses par elles-mêmes
en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie et de celles de
leurs familles d'une part, et, d'autres part, de donner leur avis sur les
décisions socio-économiques du fait de leur poids
économique. Car, la nouvelle approche des programmes de
développement exige désormais la participation de tous et
précisément celle des femmes.
9 Revue de la littérature
QUIVY et VAN CAMPENHOUDT (1995 : 43) recommandent «
Qu'un chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs sur des
objets comparables et qu'il soit explicité sur ce qui distingue sont
travail de ces courants de pensées ». Pour mieux
appréhender les questions d'entrepreneuriat féminin et celle de
participation des femmes au développement, nous avons parcouru les
travaux d'économistes en rapport avec notre sujet.
9.1 Le concept femmes et
développement
Dans les années 1970, des économistes à
l'instar d'Esther BOSERUP (1983), ont développé l'approche de
l'«intégration des femmes au développement ».
Cette approche montre le fait que les contributions des femmes au
développement étaient méconnues et mal
évaluées. En outre, elle préconise de rendre le
développement plus efficace, plus pratique et plus réel en
faisant participer directement les femmes à son processus.
Au début de la décennie 1980, le concept de
«femmes et développement » se fonde sur l'argument
selon lequel les femmes participent au processus de développement mais
sur des bases pas très bien définies et inégales. Il
apparaît une marginalisation des femmes qui, sans doute est
préjudiciable à un développement harmonieux, efficace et
durable ; de là naissent les projets d'amélioration de
l'accès des femmes aux ressources ainsi que leur implication au
processus d'élaboration et de prise de décision.
9.2 Evolution de la problématique femmes et
développement : le genre et le développement
L'optique « genre et développement
» intervient au cours des années 1980. Elle marque une étape
importante dans le processus de développement. La problématique
du genre se fonde sur un certain nombre de constats :
- Les femmes dans le monde continuent d'être pour la
plupart désavantagées, privées de la pleine
responsabilité de participer au processus de développement, de
prise de décision ainsi que des avantages qui en découlent ;
- Les femmes constituent jusqu'à présent un
groupe défavorisé sur le plan
du bien être, de l'accès aux moyens de production
et à leur contrôle.
Fort des ces constats, le concept femmes et
développement est passé de la perspective d'amélioration
des conditions de vie « welfare » à la perspective
d'acquisition de pouvoir « women empowerment »
L'évolution conceptuelle et idéologique
observée permet de mieux appréhender le rôle joué
par les femmes dans le système productif et dans le cadre des
initiatives entrepreneuriales tant dans les pays du Nord que dans les pays du
Sud. Tchamanbé (1999) relève une innovation importante
rattachée à cette approche qui tient au fait que les
« femmes s'inquiètent de voir les
problèmes féminins perçus sur le plan du sexe -
différences biologiques par rapport aux hommes - et non sur le plan du
genre - rôles sociaux, relations entre hommes et femmes et les forces qui
perpétuent ces relations tout en les modifiant ».
9.3 Historique de l'intégration du concept «
Femmes et développement » au Cameroun
Dès son accession à l'indépendance en
1960, le Cameroun a inscrit la promotion de la femme dans ses orientations de
politique de développement économique, social et culturel. La
femme camerounaise n'a pas connu les discriminations dans le droit de vote et
le salaire.
Avant 1975, les actions menées pour la promotion de la
femme visaient à développer et à renforcer les
capacités ménagères des femmes tout en les initiant aux
principes de protection maternelle et infantile. Cette période se
caractérise aussi par le développement des professions
féminines : art ménager, économie sociale et familiale,
assistance sociale, soins infirmiers, aides maternelles. La création des
Centres Sociaux-Ménagers, devenus Maisons de la Femme par la suite,
connues aujourd'hui sous l'appellation de « Centre de Promotion de la
Femme et de la Famille », répondait à cette orientation.
Depuis sa création les principales réalisations du
MINCOF (devenu MINPROFF) sont :
- L'élaboration et l'adoption d'un cadre de
référence de promotion de la femme : Déclaration de
Politique Nationale et Plan d'Action Multisectoriel « Femme et
Développement ».
- La construction et l'équipement d'une trentaine de
Centres de Promotion de la Femme et d'un Centre de Technologies
Appropriées, structures publiques d'éducation non formelle et de
formation de la femme et de la fille.
- La mobilisation des ressources internes et externes pour la
mise en oeuvre des projets, programmes et actions d'encadrement des promotrices
des activités génératrices de revenus avec une
priorité sur les femmes rurales.
- La promotion de la santé de reproduction et la lutte
contre les IST/VIH/SIDA. A cet effet, un plan sectoriel de lutte contre le
VIH/SIDA « secteur femme » a été élaboré
et validé en mars 2003.
- La promotion des droits de la femme.
- La production des statistiques sur la situation de la femme. -
La réalisation de plusieurs études sur la femme.
9.4 le cadre institutionnel
Sur le plan institutionnel, la préoccupation
d'encadrement de la femme s'est traduite par des décisions politiques
notamment :
- Le Décret N° 75/725 du 10 novembre
1975 portant organisation du Ministère des Affaires Sociales avec
la création du tout premier service de la promotion de la femme ;
- Le Décret N° 84/95 du 26 mars 1984
portant création du Ministère de la Condition Féminine
marque la manifestation de la volonté politique du Chef de l'Etat S.E.
Monsieur Paul BIYA de promouvoir la femme. A ce titre, ce Département
Ministériel est chargé de l'élaboration et de la mise en
oeuvre de la politique de promotion de la femme.
- La fusion du Ministère de la Condition avec le
Ministère des Affaires Sociales par le Décret 88/1281 du 22
septembre 1988 où une Direction de la Promotion de la Femme a
été créée.
- En 1997, le Cameroun s'est doté de l'outil essentiel
de politique Femme et Développement sous la forme d'une
Déclaration de Politique. Ce document définit les grandes
orientations de l'action gouvernementale en matière de promotion
féminine et en détermine les priorités et les
stratégies à mettre en oeuvre. La Déclaration de Politique
Femme et Développement a été adoptée par le
Gouvernement en juillet 1999.
- Le Décret N° 2002/216 du 21 août
2002 portant réorganisation du Gouvernement a conservé le
Ministère de la Condition Féminine.
9.5 L'entrepreneuriat féminin et le secteur
informel
Le contexte de crise économique des années 1980
explique l'abondante littérature actuelle au sujet du secteur informel.
G. NIHAN, cité par A. SAMBA (1990 : 39) définit ce secteur comme
étant : « un ensemble d'activités de petite
échelle où le salarial est très limité, où
le capital avancé est faible, mais où il y a une circulation
monétaire, vente des biens et services ». On comprend à
travers cette définition que les activités
génératrices de revenus relèvent du secteur informel et
participent au développement socio-économique.
En effet, jusqu'à une époque très
récente, l'économie des pays en développement était
perçue en termes dualistes : d'un côté le secteur
traditionnel ou primaire dominé par l'agriculture et l'élevage ;
de l'autre côté, l'on avait le secteur moderne dominé par
les activités industrielles et le capital étranger. A cette
époque, les problèmes d'emploi et de chômage se posaient
moins. Face à la montée de la crise, ces deux secteurs ont
montré leurs limites en matière d'emplois et de bien être.
D'où la nécessité de nouvelles opportunités. Les
femmes sont alors appelées à prendre des initiatives pour
créer des richesses. Ces activités, bien que relevant du secteur
informel, se présentent de plus en
plus comme une stratégie de développement. A.
SAMBA et C. EBA ont ainsi mis un accent particulier sur cet aspect de
développement surtout en faveur des minorités telles que les
femmes. Pour A. SAMBA (1990 : 47) « le processus de
développement de nos pays ne peut être envisagé
indépendamment des activités informelles ». On comprend
alors que l'équilibre social de nos pays est en grande partie
assuré par le secteur informel. Les petits métiers et les AGR qui
constituent le secteur informel favorisent l'amélioration des conditions
de vie des populations.
Au Cameroun, la dynamique entrepreneuriale de femmes reste
très marquée et est de plus en plus croissante même si les
activités qu'elles créent et dirigent ne sont que
génératrices de revenus. Cette dynamique s'explique aussi par la
présence des femmes dans presque tous les secteurs économiques.
TCHOUASSI (2002) en paraphrasant WEBSTER et FILDER (1996) énonce que les
ONG entrepreneuriales disposent de deux principaux moyens d'action
auprès des populations marginalisées. En outre, faisant allusion
à l'entrepreneuriat féminin, il estime qu'il faut : «
Repenser le développement économique en Afrique par la
formation des femmes à l'entrepreneuriat ».
10 Intérêt de la recherche
Au regard des objectifs poursuivis, nous pensons que notre
travail présente des intérêts multiples.
L'intérêt Etatique résulte dans notre
modeste contribution aux stratégies mises en oeuvre par le gouvernement
pour améliorer la condition de la femme tant en zone urbaine que
rurale.
Au plan socio-économique, le travail mené
pourra mettre en exergue la situation socio-économique réelle de
la femme dans la ville de Bertoua. Il s'agira en clair de mieux
appréhender les difficultés d'encadrement et d'accès au
crédit auxquelles les femmes sont confrontées. Ce travail pourra
permettre de
faire une analyse des conditions de financement et de gestion
des projets des femmes en vue de lutter contre la pauvreté et surtout
l'analphabétisme.
Au plan professionnel, il s'agira de proposer des nouvelles
approches en matière de stratégies d'intervention en milieu
organisationnel pour les professionnels des sciences et techniques de
l'animation.
11 Délimitation de l'étude
Notre étude s'inscrit sous un triple plan
spatial,-temporel et scientifique.
Au plan spatial, notre repère géographique est
la Province de l'Est du Cameroun et précisément la ville de
Bertoua. Ce choix est motivé par plusieurs facteurs : la présence
d'un Centre de Promotion de la Femme et de la Famille, l'intensité des
activités des femmes et la présence de quelques organismes de
financement. Aussi, la collecte de l'information semble aisée du fait de
la proximité de ces structures de financement et d'encadrement des
femmes.
Sur le plan temporel, notre étude couvrira une
période d'un an 2007-2008, période à nous impartie par
l'Institut National de la Jeunesse et des Sports aux fins de notre
recherche.
Au plan scientifique, notre étude s'inscrit dans le
domaine des sciences et techniques de l'animation, précisément
dans le champ de l'entrepreneuriat. Pour cela, nous aurons recours aux
disciplines scientifiques telles que l'économie, la gestion ; le
management, le droit des associations, la sociologie et la psychologie
sociale.
12 Approche méthodologique
Pour mener à terme notre étude, la démarche
adoptée comprendra la pré- enquête, l'observation directe
et l'enquête par questionnaire.
13 Annonce du plan
Le présent travail est structuré en deux parties
principales. La première, intitulée le CPFF de Bertoua : une
structure d'insertion socio-économique de la
femme à travers les micro-activités pendant que la
seconde partie porte un regard critique sur notre structure d'étude.
Première Partie : LE CPFF DE BERTOUA
:
UNE STRUCTURE D'INSERTION SOCIO-
ECONOMIQUE DE LA FEMME A TRAVERS
LES MICRO-ACTIVITES
L
'entrepreneuriat apparaît comme un
phénomène organisationnel qui conduit à l'apparition des
formes organisées à finalité socio- économique et
qui nécessite un pilotage pour arriver au but
recherché. Selon l'Organisation Internationale du
Travail, l'entrepreneuriat féminin contribue à la lutte contre la
pauvreté.
Dans la ville de Bertoua, le CPFF encadre les femmes dans le but
de favoriser leur insertion dans le circuit économique.
Cette première partie nous permettra de
présenter brièvement l'intérêt ainsi que les
obstacles à l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua
avant de donner des généralités sur le CPFF de Bertoua,
cadre de notre étude.
L'ENTREPRENEURIAT FEMININ
CHAPITRE I : L'INTERET DE
Notre objectif, puisqu'il faut le rappeler, est de favoriser
l'acquisition des compétences permettant aux femmes de s'auto employer
et de participer au processus de développement local. En effet, les
femmes semblent connaître des difficultés liées à
l'exercice de l'activité économique ; ce qui réduirait
leur participation au développement.
Ce chapitre présente successivement la situation
socio-économique de la femme, décrit son action dans le cadre de
la micro-entreprise et s'intéresse aux obstacles qu'elle rencontre sur
son chemin dans les activités entrepreneuriales.
1.1 Présentation de la situation
socio-économique de la femme 1.1.1 L'environnement
économique
La femme de Bertoua lutte pour sa survie et celle de sa
famille dans un contexte économique difficile. Le secteur
économique est probablement celui où la femme a le plus
d'autonomie mais également le plus d'obligations. Au stade actuel, ses
domaines de prédilection sont :
- L'agriculture : essentiellement vivrière et
rudimentaire ;
- Les petits commerces ;
- L'artisanat ;
- L'élevage ;
- Les services.
S'agissant des petits commerces, notons que ce secteur
d'activités procure
des revenus à près de 44% des ménages. Les
principaux sous-secteurs sont :
- La vente des produits maraichers (piment, tomate,
légumes frais, etc.) ;
- La vente des produits de l'agriculture (manioc, macabo,
patate, igname) ; - La vente des nourritures cuites ;
- La vente du bois de chauffage.
L'agriculture est pratiquée par presque la
totalité de la population et les principales cultures varient.
Les femmes se livrent aussi à l'élevage des
poulets. On dénombre quelques fermes. Cependant, l'élevage est
surtout fait de façon artisanale avec pour principale
caractéristique la divagation des bêtes.
Pour ce qui est de la pisciculture, il faut relever ici que
la ville de Bertoua regorge de grandes zones marécageuses. Elle est par
conséquent propice aux activités piscicoles. Les femmes se
livrent aussi, bien que de manière moins représentative, à
la construction des étangs.
Dans le domaine des services, les femmes pratiques des
activités telles que la coiffure, la couture, la location des chaises et
tentes.
Les femmes possèdent d'énormes atouts dans le
domaine de la production agricole et dans les activités
économiques. Il s'agit de leur capacité de travail, de leur
dynamisme et de leur aspiration à améliorer leur revenu.
1.1.2 L'environnement socioculturel
L'exercice des activités économiques par les
femmes fait appel à plusieurs indicateurs tels que les us et coutumes et
le niveau d'éducation.
Du point de vue éducationnel, il est à noter
qu'un déséquilibre numérique entre les sexes s'observe et
s'accentue tout au long du système scolaire formel, ce qui explique le
retard des filles. En effet, le taux de scolarisation de la fille et de la
femme demeure très faible dans la province de l'Est. Les raisons en sont
multiples : les grossesses précoces et les obstacles socioculturels
liés à un
environnement de Droit patriarcal. Cependant, il faut noter que
certaines femmes produisent des auto-blocages à leur propre
épanouissement.
1.2 Les femmes et le développement de la
micro-entreprise
L'accès des femmes au marché du travail est
systématiquement difficile du fait de leur manque de qualification. Dans
ce contexte, l'exercice d'une activité indépendante ou la
création d'une micro-entreprise sont les moyens auxquels les femmes ont
recours pour générer un revenu assurant leur subsistance et celle
de leurs enfants. Ainsi, le secteur privé prend une importance accrue.
La raison en est que, les femmes représentent la majorité des
entrepreneurs dans le secteur informel. Toutefois, l'entrepreneuriat
féminin représente un véritable moteur de la croissance
économique. Par conséquent, par souci d'efficacité
économique, il convient de s'assurer que le potentiel
représenté par les femmes n'est pas ignoré. Le taux de
croissance sans précédent du commerce international et
l'accélération du progrès technologique communément
désigné par le terme mondialisation offrent de nouvelles
opportunités pour les femmes. Bien qu'il n'existe aucune
définition universelle des micros et petites entreprises, on s'accorde
cependant sur leurs caractéristiques générales que sont
:
- L'accès limité au crédit ;
- Le manque de capacité de gestion ;
- La technologie rudimentaire.
Les micro-entreprises dirigées par les femmes ne s'en
éloignent pas. 1.2.1 Caractéristiques des
micro-entreprises dirigées par les femmes
Les femmes qui réussissent malgré tout à
créer leurs entreprises le font au plus petit niveau. En raison de la
variété des obstacles et des différents niveaux
socio-économiques en présence, les femmes entrepreneures ne
constituent pas un groupe homogène car elles ont des motivations, des
intérêts et surtout des
potentiels très divers. Au-delà de leurs
différences, les micro-entreprises dirigées par les femmes ont
certaines caractéristiques communes :
- Elles exercent généralement dans des domaines de
compétences qu'elles ont acquises dans la sphère familiale ;
- Elles ont un capital très faible ;
- Les activités ne sont généralement pas
déclarées et opèrent dans le secteur informel de
l'économie ;
- La production se fait généralement à
domicile ;
- Elles se concentrent toutes dans les secteurs les moins
rentables ;
- L'activité économique venant se superposer
aux travaux ménager et à l'éducation des enfants, les
femmes ne peuvent pas accorder une attention soutenue à
l'activité économique ;
- La production est écoulée localement ; -
Les moyens de transport sont pénibles.
Les femmes dans la ville de Bertoua mènent plusieurs
activités économiques dans le but d'améliorer leurs
conditions de vie et participer au développement socio-économique
de la région. Ainsi, l'on observe des femmes qui exercent dans le
secteur informel (petits commerces) et celles qui exercent dans des groupes
formalisés (GIC, GIE, Associations).
Au-delà des différences liées au secteur
d'activités, les activités dirigées par les femmes ont des
caractéristiques communes :
- Les femmes exercent généralement dans le domaine
de compétences qu'elles ont acquises dans la sphère domestique
;
- Les activités entrepreneuriales des femmes
démarrent avec un capital très faible ;
- La production généralement n'est pas
spécifiée et se fait à domicile (écoulement local
de la production) ;
- Le revenu sert plus à la survie de la famille qu'au
financement de l'activité.
1.2.2 Les fournisseurs des services d'appui aux
femmes dans la ville de Bertoua
Etant donné le potentiel entrepreneurial des femmes,
un nombre croissant d'organisations publiques et privées
s'intéresse à promouvoir l'accès de celles-ci aux
activités génératrices de revenus et à
l'entrepreneuriat. Il s'agit entre autres des organisations non
gouvernementales (ONG), des associations de femmes.
1.2.2.1 Les ONG
Locales, nationales ou internationales, elles apportent un appui
financier et surtout une assistance technique aux femmes.
1.2.2.2 Les associations de femmes
Conformément à la loi N° 90/053 du 19
décembre 1990 portant liberté d'association au Cameroun,
plusieurs associations de femmes ont vu le jour. Dans la ville de Bertoua, l'on
observe l'émergence de quelques associations de femmes qui mènent
des activités génératrices de revenus.
Sous les auspices de la loi de 1992 relative aux groupements
d'initiatives communes, les femmes ont mis sur pieds des GIC leur permettant de
générer des revenus et partant de participer au
développement socio-économique de la ville.
1.3 Les principaux obstacles à l'entrepreneuriat
féminin
Les femmes se trouvent confrontées à de
nombreux obstacles relatifs au lancement de leurs activités
économiques. Il s'agit principalement des obstacles d'ordre
psychologique, socioculturel, professionnel, infrastructurel, juridique et
même des obstacles liés au niveau d'instruction des femmes.
1.3.1 Les obstacles d'ordre
psychologique
En effet, il arrive que les femmes manquent de confiance en
elles ou même qu'elles aient une image négative d'elles. Ce
facteur psychologique n'est pas à négliger en ce qui concerne la
femme de Bertoua. En plus, les femmes éprouvent des difficultés
à concilier leurs rôles familiaux et les contraintes de temps
qu'implique l'exercice de l'activité économique.
1.3.2 Les obstacles socioculturels
Au plan socioculturel, des préjugés
défavorables à l'égard des femmes obstruent leurs
activités. Cet ascendant culturel expliquerait aussi la restriction
concernant le choix du secteur d'activité des femmes. A cela, l'on peut
ajouter le niveau d'instruction des femmes qui généralement est
bas. L'éducation de la jeune fille est empreinte de
préjugés. Cet état de choses réduit
considérablement les chances des filles et des femmes de suivre une
formation professionnelle.
1.3.3 Les obstacles d'ordre
infrastructurel
S'agissant des obstacles infrastructurels, l'accès au
crédit, à la technologie, aux services d'appui et à
l'information est difficile pour les femmes. Les structures d'encadrement
existantes dans la ville de Bertoua semblent très insuffisantes pour
l'encadrement de la masse féminine. Il faut aussi signaler ici que le
système des transports et des communications est très
limité.
1.3.4 L'absence d'un environnement
incitatif
Les interventions destinées à promouvoir
l'entrepreneuriat féminin n'obtiennent pas de résultats
satisfaisants car l'environnement économique n'est pas propice. Il
s'agit particulièrement des politiques générales de
développement, des politiques fiscales et monétaires et de la
législation.
1.3.4.1 Les politiques
Les politiques générales de
développement, les politiques fiscales et monétaires sont
importantes lorsqu'il s'agit de développer l'entrepreneuriat
féminin. Les micro-entreprises croupissent sous le poids de la
fiscalité, ce qui décourage généralement les
femmes.
1.3.4.2 La législation
Les règlements et procédures administratives
qui conduisent à l'enregistrement au registre du commerce
représentent un goulot d'étranglement pour les jeunes
entreprises.
1.3.4.3 Les institutions
Les représentations des organisations fournissant des
services financiers sont très faibles dans la ville. Cet état de
choses réduit considérablement les capacités des femmes du
fait de la rareté des capitaux.
Cette dernière articulation qui a mis en exergue les
obstacles à l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua
met un terme au chapitre I. Le second chapitre nous permettra d'explorer la
structure d'encadrement et de promotion de la femme qu'est le CPFF de
Bertoua.
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE
CPFF DE BERTOUA
Ce chapitre met en exergue le domaine de préoccupation
majeure de notre étude. Pour ce faire, nous présenterons le
contexte environnemental de l'étude, l'organisation et le fonctionnement
du CPFF, les modes d'intervention, les approches utilisées en
matière de formation au CPFF, les partenaires puis nous
procèderons à l'évaluation des performances du CPFF en
tant qu'organisation.
2.1 Contexte environnemental de
l'étude
Notre étude a pour cadre géographique la ville
de Bertoua, chef lieu de la province de l'Est Cameroun, du département
du Lom et Djerem et de l'arrondissement de Bertoua.
Sur le plan physique, la ville de Bertoua s'étend sur
une plaine d'une superficie d'environ 100 Km2. Sa
végétation est faite de forêt et de savane arborée.
Elle est arrosée de plusieurs cours d'eau donc les plus importants sont
: la Dja Dombe, Lelengue, Koume, Toungou. Il faut ici signaler que comme la
plupart des viles Camerounaises, Bertoua est divisé en zone urbaine (au
centre) et en zone rurale (dans les périphéries).
Sur le plan démographique, Bertoua est une ville
cosmopolite dans la quelle se côtoie paisiblement les ethnies dites
autochtones ; Gbaya, Kako, Pol, Képéré, et les
allogènes dont les plus représentatifs sont : les
Bamvélés, les Maka'a les Bamilékés, les Bamouns,
les Bororos, etc. Selon une étude menée par le MINPLADAT/Projet
PNUD relevant les données socio-économique de la province de
l'EST en 2002, la population de la ville de Bertoua est estimée
à
155742 habitants avec un taux de croissance annuel de 10.2%. La
population est
répartie ainsi qu'il suit :
|
|
- Moins de 25 ans
|
67%
|
- De 25 à 55 ans
|
29%
|
- Plus de 55 ans
|
4%
|
|
Celle-ci est repartie en classes sociales constituées
de fonctionnaires, des agriculteurs et éleveurs, des commerçants
des transporteurs etc.
Sur le plan socio économique, plusieurs
activités se pratiquent dans la ville. On a ainsi l'agriculture
pratiquée par toutes les classes sociales ; les produits cultivés
sont : le mais, le manioc, les arachides, les ignames le macabo, le plantain,
les cultures de rente comme le cacao et le café et les cultures
maraichères. Cette activité se déroule dans les zones
péri urbaines. On y pratique également l'exploitation
forestière, le commerce, le transport, les services divers.
2.2 Présentation du CPFF de Bertoua 2.2.1
Aperçu historique
Le CPFF de Bertoua découle de la maison de la femme
créée en 1969. En effet, c'est une unité technique
spécialisée de promotion de la femme. Dénommé
Centre socio-ménager de 1969 à 1977 il devient Maison de la femme
de 1977 à 1988 et à partir de 1988, Centre de promotion de la
femme.
Le centre socio-ménager était chargé
d'assurer l'encadrement des femmes et des jeunes filles dans les domaines
social, culturel, sanitaire, économique et politique. Les
activités développées portaient essentiellement sur
l'apprentissage de l'art culinaire, la couture, la broderie et
l'éducation civique.
La « Maison de la Femme », avait pour objectif
principal l'encadrement socio-économique de la femme en vue de son
intégration au développement. Il s'agissait de donner à la
femme les outils lui permettant de jouer avec efficience
et efficacité son rôle de mère,
d'épouse, d'agent économique et de gardienne des valeurs
socioculturelles et traditionnelles positives.
La Maison de la Femme menait des activités dans les
domaines de l'industrie de l'habillement, de l'éducation sanitaire, de
la santé de reproduction, des activités
génératrices de revenus et de l'alphabétisation.
Le Décret N° 98/068 du 4 mai 1998 portant
organisation du Ministère de la Condition Féminine crée
les Centres de Promotion de la Femme (CPF).
Les CPF sont des structures publiques d'éducation non
formelle et de formation de la femme et de la jeune fille. La femme
camerounaise peut y trouver réponse à toutes ses
préoccupations. Depuis 2004, le CPF est devenu CPFF (Centre de Promotion
de la Femme et de la Famille).
2.2.2 Organisation et
fonctionnement
L'organisation et le fonctionnement de ces centres sont
déterminés par le Décret n°2000/001/PM du 4
janvier 2000 qui leur confère les missions suivantes :
2.2.2.1 Missions assignées
· La formation morale, civique et intellectuelle de la
femme en vue de sa promotion économique, sociale et culturelle ;
· L'éducation de la femme à la parenté
responsable et à la protection de la santé maternelle ;
· Le soutien à l'esprit d'entreprise et
l'apprentissage des métiers porteurs, en vue de faciliter l'insertion ou
la réinsertion socioprofessionnelle de la femme ;
· Le suivi, en liaison avec les Centres de Technologies
Appropriées, de la vulgarisation des technologies appropriées, en
vue de
l'amélioration des conditions de vie et de travail de la
femme urbaine et rurale.
2.2.2.2 Fonctionnement
Au CPFF de Bertoua, un conseil de direction est l'organe de
décision de suivi et d'évaluation. La direction est placée
sous l'autorité d'un Directeur qui assure la coordination
générale des services.
On distingue trois unités dirigées par des
chefs d'unités. Il s'agit de l'unité des affaires administratives
et financières, l'unité d'appui pédagogique et de suivi,
l'unité d'orientation et de conseil.
Le personnel du CPFF de Bertoua est constitué du
personnel PPTE, du personnel vacataire, des temporaires, d'une
infirmière et d'un comptable matière.
Deux comités participent aux activités du centre.
Il s'agit du comité d'orientation et du comité de crédit
financé sous ressources PPTE.
2.2.2.3 Localisation et infrastructures
Le centre de promotion de la femme et de la famille de
Bertoua est un grand bâtiment situé au quartier Tigaza à
côté du Complexe sportif. Il dispose de deux salles de
conférence, quatre ateliers de formation, quatre bureaux, une
infirmerie, une cuisine, des toilettes.
Les effectifs au centre vont croissant depuis sa
création. Actuellement, le CPFF de Bertoua accueille environ 150
apprenantes âgées de 20 ans et plus. En effet, les femmes, jeunes
et adultes reçoivent des formations en vue de leur insertion
socio-économique et/ou pour le renforcement de leurs activités.
La figure ci-dessous met en exergue les fréquentations du centre par les
femmes en fonction de l'âge.
Figure 2.1 : Fréquentation du centre par les
femmes en fonction de l'âge 2.3 L'encadrement des apprenantes au CPFF de
Bertoua
Dans le but de favoriser le développement de
l'entrepreneuriat féminin dans la ville de Bertoua, le CPFF offre des
formations professionnelles ainsi que des appuis financiers aux apprenantes.
Le CPFF organise des actions pour faciliter la participation
des femmes à l'activité économique par le financement de
diverses activités de type social (garde d'enfant,
alphabétisation fonctionnelle, discussion en groupe pour sensibiliser
les femmes). Cependant, parmi ces diverses formes d'intervention, les plus
couramment utilisées sont la formation et le crédit.
2.3.1 Les formations
professionnelles
Les modules de formation intègrent les
spécialités suivantes : textile et industrie d'habillement,
informatique, aide maternelle, hôtellerie et restauration. Elles peuvent
être continues ou ponctuelles. Les formations continues s'étalent
sur une ou deux années, dans un cadre fermé avec toutes les
exigences pédagogiques du système scolaire classique. Elles sont
sanctionnées par une attestation de fin de formation ou
d'apprentissage.
Les formations ponctuelles quant à elles sont
organisées à la carte c'est-à- dire en fonction de la
demande de la clientèle cible (groupes de femmes isolées,
associations, ...). La durée varie en fonction des modules
sollicités.
2.3.2 Les appuis financiers
Le souci du CPFF à ce niveau est essentiellement
d'intervenir dans le social en ce sens que compte tenu de ses moyens forts
limités, il engage essentiellement des actions à cours terme afin
de favoriser l'accès immédiat de sa clientèle à une
activité génératrice de revenus. Le CPFF met ainsi
à sa disposition des moyens financiers sous forme de
micro-crédits d'un montant qui varie entre 50 000 francs CFA et 225 000
francs CFA. Les crédits sont destinés au financement de
micro-activités telles les petits commerces (vivres, bois de chauffage,
produits agricoles, ...), les salons de coiffure, les ateliers de couture ou de
broderie, le petit artisanat etc.
Au total, l'efficacité de cette intervention a permis
d'intégrer dans la vie active près de 150 femmes, soit une
moyenne de 15 par an. Ce qui leur a permis de créer quelques
micro-activités génératrices de revenus et partant
d'améliorer leur niveau de vie ainsi que celui de leur famille.
Au regard des analyses qui précèdent, cette
première partie nous aura permis de jeter un regard sur
l'intérêt de l'entrepreneuriat féminin afin de cerner les
besoins et aspirations de la femme dans ce secteur d'activités.
Au-delà, nous avons présenté le cadre de
référence de notre étude en nous fondant sur
l'environnement qui le caractérise, la spécificité de la
clientèle ainsi que les différentes modalités
d'intervention. Ce qui a permis de montrer l'utilité sociale de cette
structure d'encadrement de proximité à travers le choix et la
programmation de ses activités ainsi qu'une idée des performances
réalisées.
La deuxième partie de notre travail nous permettra de
jeter un regard critique sur le fonctionnement de cette structure.
Deuxième Partie : REGARD CRITIQUE SUR
LE
FONCTIONNEMENT DU CPFF DE BERTOUA
P
our que le CPFF de Bertoua puisse impliquer un plus grand
nombre de femmes dans le processus de développement et ce surtout
à travers des activités plus ambitieuses, il nous semble
nécessaire voire indispensable de nous interroger sur
les raisons qui justifient la modestie de ses interventions. La deuxième
partie de notre travail qui jette un regard critique sur cette structure
traitera au chapitre III de la méthodologie de l'enquête
menée sur le terrain, des résultats obtenus, de leur analyse et
de leur interprétation. Le chapitre IV quant à lui
présentera les perspectives d'amélioration des performances de
notre structure d'étude.
CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE L'ENQUETE, ANALYSE
ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Le présent chapitre est consacré à la
présentation des diverses données rassemblées lors de nos
investigations sur le terrain. Il procède également à leur
analyse, à leur interprétation et à la vérification
des hypothèses de recherche. Cependant, avant d'en arriver là, il
nous semble opportun de dire un mot sur la méthodologie qui aura
guidée l'enquête effectuée sur le terrain.
3.1 La méthodologie de l'enquête 3.1.1
L'observation directe
L'observation directe nous a permis de constater que les
femmes de la ville de Bertoua ne travaillent pas en groupes. En effet, pour
mener leurs activités entrepreneuriales, les femmes
préfèrent travailler individuellement même quand elles
appartiennent à des tontines.
En outre, les activités menées par les femmes ne
durent pas dans le temps. Elles finissent toujours par
dépérir.
3.1.2 Les entretiens
Les entretiens réalisés nous ont fourni des
informations sur les secteurs d'activités des femmes et sur les services
qui leur sont offerts. Ces informations ont été recueillies
auprès des leaders locaux des femmes et de certains responsables des
établissements de microfinance tels que FIFFA. Les questions
posées découlaient directement du questionnement soulevé
par l'observation directe.
Il en découle la répartition suivante :
Tableau 3.1 : Répartition de
l'échantillon pour les entretiens
Structure ou institution
|
Nombre de responsables entretenus
|
Délégation Départementale de la Promotion
de la Femme et de la Famille de l'Est
|
02
|
Centre de Promotion de la Femme et de la Famille de Bertoua
|
03
|
Délégation Provinciale des Petites et Moyennes
Entreprises de l'Est
|
01
|
TOTAL
|
06
|
|
3.1.3 La recherche documentaire
Dans le but d'étoffer notre travail de recherche, nous
avons eu recours à des ouvrages, des articles, des journaux et des
mémoires. Les différents documents ont été obtenus
dans :
- La bibliothèque de l'INJS ;
- La bibliothèque de l'IFORD ;
- La bibliothèque du SAILD ;
- Les archives de l'Institut National de la Statistique ;
3.1.4 Le questionnaire
Enfin, l'enquête s'est faite sur la base d'un
questionnaire qui a servi à recueillir les informations de notre
population d'étude.
Bien que MABOUL EBANGA (1996 : 76) citant RUSK pense que le
questionnaire soit : « l'instrument le plus pauvre qui soit introduit
dans le domaine responsable de la science », nous avons choisi
d'utiliser cet instrument car il a l'avantage de toucher un grand groupe
à la fois.
Par contre, certains auteurs tels que CHAUCHAT (1985 : 178) lui
reconnaissent plusieurs avantages. Elle dit à cet effet :
« Cette méthode présente, il est vrai
de nombreux avantages et elle est pratiquement la seule qui soit adaptée
aux enquêtes quantitatives. Les observations y sont
systématiquement standardisées et les opérations de
passation de questionnaire et de dépouillement de réponses
simples rapides et peu couteuses relativement aux autres méthodes de
telle sorte que, les enquêtes par les questionnaires peuvent être
menées sur de gros échantillons et les données obtenues
traitées statistiquement ».
Notre questionnaire était constitué de 22
questions regroupées en quatre items :
· Identification des répondantes ;
· Les activités menées et les formations
suivies ;
· Les sources de financement de la clientèle cible
;
· Le suivi et évaluation des activités.
3.1.5 Rappel et opérationnalisation des
hypothèses de recherche
Une variable est une donnée ou un
élément dont la valeur peut changer prendre des formes diverses.
Une hypothèse est opérationnalisée en variable lorsqu'elle
est décrite en des termes qui la rendent observable et mesurable. Dans
cette étude, deux catégories de variables ont été
utilisées : la variable dépendante et la variable
indépendante.
La variable dépendante ou expliquée est le plus
souvent le sujet de l'enquête, c'est-à-dire le
phénomène que l'on cherche à expliquer. Cette variable est
généralement l'effet présumé de la variable
indépendante qui l'influence.
La variable dépendante inhérente à cette
recherche est la faible participation des femmes formées au CPFF de
Bertoua au développement socio- économique.
La variable indépendante ou explicative est la cause
présumée de la
variable dépendante. Elle correspond au
phénomène manipulé ou observé par
l'observateur. Dans le cas d'espèce, il s'agit de
l'insuffisance de la formation
professionnelle et des moyens financiers mis à la
disposition des apprenantes. Les variables indépendantes de nos
hypothèses spécifiques sont : Hypothèse spécifique
1 : faible promotion de la vie associative.
Hypothèse spécifique 2 : insuffisance du revenu
pour l'amélioration des
conditions de vie.
Hypothèse spécifique 3 : inadéquation des
formations professionnelles. Hypothèse spécifique 4 :
augmentation des capacités entrepreneuriales des femmes
3.1.6 Techniques de collecte et d'exploitation des
données
La démarche adoptée à ce niveau comporte
plusieurs phases :
· La détermination des indicateurs à
évaluer au sein de la structure d'étude ;
· L'exécution de l'enquête sur le terrain ;
· Le dépouillement des informations recueillies ;
· La présentation des résultats ;
· L'analyse et l'interprétation des résultats
3.1.7 Population cible et choix de l'échantillon
3.1.7.1 Présentation de la population cible
La population d'étude selon CHAUCHAT est la population
parente. Elle désigne l'ensemble des individus concernés par une
étude, le groupe dans lequel
l'échantillon est tiré ou encore, l'univers
préalablement défini auquel s'intéresse le chercheur ou le
statisticien pour recueillir les informations dont il a besoin.
Notre population cible est constituée des femmes
exerçant des activités génératrices de revenus,
ayant été formées au CPFF de Bertoua. Nous avons
limité l'étude aux femmes de plus de 18 ans. Car avant 18 ans, la
jeune fille est censée suivre un enseignement formel.
3.1. 7.2 Choix de l'échantillon
Notre échantillon a résulté de la
méthode probabiliste. Pour ce faire, nous avons distribué de
façon aléatoire, 60 questionnaires sur un effectif présent
de 75 femmes soit un taux de représentativité de 80%. Pour
plusieurs raisons, nous n'avons pu récupérer et exploiter que 50
questionnaires.
3.2 Procédé d'analyse des
données
Pour une meilleure analyse de nos données, nous avons
opté pour l'analyse quantitative et qualitative.
S'agissant de l'analyse quantitative, retenons qu'elle repose
sur la quantité des données. Elle a une base statistique et exige
un retour au questionnaire. Notre questionnaire est exploité grâce
à un dépouillement logiciel et un regroupement thématique
des informations recueillies. Dans le cadre de notre étude, nous avons
utilisé la statistique descriptive sur l'indice de pourcentage. Cet
indice permet de contrôler les fréquences observées. Dans
notre travail, le calcul des indices de pourcentage s'est fait sur la base de
la formule suivante :
p
f
= 0 × 100
n
Avec :
p : indice de pourcentage ; f0 :
fréquence observée ;
n : taille de l'échantillon.
Cette opération nous a permis de procéder
à l'interprétation de nos résultats. Ainsi, les
pourcentages inférieurs à 50% infirment les hypothèses
tandis que ceux supérieur à 50% les confirment.
Malgré la pertinence de l'analyse quantitative, nous
avons jugé opportun de procéder à une analyse qualitative.
Selon M. GRAWITZ (1990 : 639), « On quantifie les données, au
départ qualitatives ».
L'analyse qualitative ou analyse des contenus
quant-à-elle ne conduit pas à la quantification des
données. Il s'agit simplement des observations caractérisant des
faits ou qui expliquent une réalité donnée.
Pour M. GRAWITZ (op. cit.), l'analyse qualitative «
permet non seulement d'émettre des hypothèses précises
concernant les rapports de cause à effet, mais aussi de proposer des
explications plus générales, sous forme parfois de
théories limitées ».
L'analyse qualitative s'appui par conséquent sur la
documentation consultée et sur les différents entretiens que nous
avons eu au cours de notre enquête. Nous avons analysé de
façon globale les différentes réponses obtenus
auprès des personnes interviewées.
3.3 Présentation et analyse des
résultats
Dans cette partie, nous présenterons successivement
les résultats de l'observation directe, de la recherche documentaire,
des entretiens et du questionnaire.
3.3.1 Résultats de l'observation
directe
L'observation directe a été
réalisée grâce à nos descentes dans la ville de
Bertoua. Celles-ci nous ont permis de découvrir le vécu quotidien
des femmes c'est-à-dire leurs besoins, leurs conditions de vie ainsi que
leurs rapports avec le CPFF.
Nous avons pu relever que la pauvreté
représente une compagne de vie pour la femme de Bertoua. En effet, bien
que Bertoua soit à la fois une zone urbaine et rurale, les populations
en général et les femmes en particulier vivent un état
d'indigence. De plus, le chômage est accentué par l'attitude
oisive des jeunes qui se livrent à la prostitution. Les mariages et
grossesses précoces sont très fréquents dans la ville.
Toutes ces données montrent que les femmes
éprouvent des difficultés à s'auto-employer et donc
à générer des revenus pour subvenir à leurs besoins
et améliore leurs conditions de vie.
Ces données nous ont aussi permis d'appréhender
les us et coutumes ayant cours dans la ville, toute chose nous ayant
facilité l'analyse de certains aspects de la vie économique.
3.3.2 Résultats de la recherche
documentaire
Dans les bibliothèques du SAILD, de l'IFORD, et de
l'INJS, sans oublier les centres d'information tels que les archives du
MINADER, du MINPROFF, de la Banque Mondiale, nous avons eu recours à des
documents qui nous ont fait remarquer que les problématiques de
l'entrepreneuriat féminin et de la participation des femmes au
développement sont au centre des préoccupations tant nationales
qu'internationales.
Ces lectures nous ont fixés sur les
réalités et surtout la nécessité de
l'intégration de la femme dans le processus de développement
à travers l'entrepreneuriat et les activités
génératrices de revenus. En effet, nous avons enrichi nos
connaissances sur l'entrepreneuriat féminin, le concept de femme et
développement qui est passé de la simple amélioration des
conditions de vie des femmes « Women Welfare » à
l'acquisition du pouvoir par les femmes « Women Empowerment
».
3.3.3 Résultats des
entretiens
Nous avons réalisé des entretiens avec les
responsables de la Délégation provinciale du MINPROFF pour l'Est,
de la Délégation provinciale des PME, de la
Délégation provinciale du Commerce ; nous nous sommes aussi
rapprochés des responsables des structures de financement
présentes dans la ville de Bertoua sans oublier les responsables du CPFF
de Bertoua ; soit au total neuf personnes interviewées.
De ces entretiens, nous avons retenu que le CPFF de Bertoua,
dans sa mission d'encadrement, est conforme aux missions qui lui sont
assignées. En effet, le CPFF de Bertoua s'implique largement dans la
promotion de l'esprit d'initiative à travers les formations et/ou le
financement des activités entrepreneuriales des femmes. Cependant, les
microcrédits accordés aux femmes sont de faible valeur ; de plus,
le CPFF promeut très peu la vie associative. A ce titre, le responsable
des fonds PPTE affirme ne pas accorder de crédits aux groupes (GIC, GIE,
Associations). La principale raison évoquée ici pour justifier la
non assistance aux groupes étant la difficulté de remboursement
du fait de la mauvaise foi.
Pour les responsables de la Délégation du
MINPROFF, nous avons retenu qu'ils estiment que les femmes de Bertoua manquent
d'initiative entrepreneuriale car, les activités de femmes se limitent
aux seules activités génératrices de revenus.
Les associations de femmes répertoriées
à la Délégation provinciale font très peu des
activités économiques. Ainsi, sur seize associations
affiliées au réseau, six seulement ont un caractère
économique.
Pour les délégués du commerce et des
PME, les femmes de Bertoua semblent être réfractaires à
toute activité économique ; ou du moins, les femmes ignorent les
modalités administratives d'exercice de l'activité
économique. Pour mieux étayer leurs positions, il nous a
été rapporté, qu'il n'existe aucune activité
créée ou gérée par une femme et
déclarée au registre de commerce. Ce qui nous emmène
à croire que les activités des femmes sont principalement
destinées à la consommation familiale.
Nous avons relevé des entretiens
réalisés avec les responsables de FIFFA (structure de financement
présente à Bertoua) que le véritable problème ou
mieux la difficulté d'accès au crédit par les femmes
réside dan s la garantie de remboursement. De plus, les femmes, du fait
de leur niveau d'instruction relativement bas, ignorent les modalités
d'accès au crédit. Il en résulte une faible demande des
crédits par les femmes.
A la délégation provinciale de l'agriculture,
les responsables nous ont fait savoir que le véritable problème
d'encadrement qu'ils avaient avec les femmes de la ville de Bertoua
était le fait qu'elles agissent presque toujours individuellement. Le
manque de personnel est alors pour eux un facteur qui ne leur permet pas de
satisfaire la demande pourtant grande des femmes. Un autre problème
qu'ils ont soulevé c'est la destination des activités. En effet,
ils estiment à plus de 70%, les activités des femmes
destinées soit à la consommation familiale, soit au petit
commerce, toutes situations ne pouvant les sortir de la pauvreté.
3.3.4 Résultats du
questionnaire
Destiné aux femmes ayant été
formées au CPFF de Bertoua, notre questionnaire comptait 22 question
réparties en quatre items. Ces items portaient respectivement sur
l'identification des répondantes, le type d'activité
menée, la formation reçue et les sources de financement.
La présentation et l'analyse des résultats du
questionnaire se feront à l'aide de tableaux et de figures
représentant les effectifs et les fréquences des
différentes modalités.
Item 1 : Identification des
répondantes
Cette rubrique nous permet de rassembler des informations
relatives aux femmes menant des activités économiques et surtout
de les classer en fonction de l'âge, de la situation matrimoniale et du
niveau d'instruction.
Pour l'âge des répondantes, nous n'avons pas
obtenu de valeurs manquantes soit 100% de valeurs valides. Les résultats
sont consignés dans le tableau suivant :
Tableau 3.2 : Répartition des
répondantes par tranches d'âge
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
18 - 25 ans
|
0
|
0%
|
26 - 35 ans
|
15
|
30%
|
36 - 40 ans
|
12
|
24%
|
plus de 40 ans
|
23
|
46%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
La question traitant de l'âge montre que
l'échantillon est constitué des femmes adultes et jeunes
c'est-à-dire celles susceptibles de contribuer aux activités
d'auto-emploi et au développement. L'on note une forte
représentation des femmes ayant un âge qui varie entre 26 et 40
ans. Cette tranche d'âge représente l'âge de la
responsabilisation, de la réalisation des rêves de jeunesse. En
effet, portées à cet âge, les femmes ont convolé
à de justes noces et ont eu des maternités. Se pose alors pour
elles la nécessité de pourvoir aux besoins de leurs familles. A
plus de 40 ans, les charges familiales s'alourdissent et la femme est
obligée de produire davantage.
Cette situation nous emmène à nous interroger
sur la situation matrimoniale des répondantes. Les résultats sont
consignés dans le tableau suivant :
Tableau 3.3 : Répartition des répondantes
suivant la situation matrimoniale
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Divorcée
|
0
|
0%
|
Célibataire
|
2
|
4%
|
Mariée
|
46
|
92%
|
Veuve
|
2
|
4%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
La répartition des répondantes suivant le
régime matrimonial révèle que 92% sont mariées
(mariage coutumier, mariage légal ou mariage de fait). Elles ont par
conséquent des foyers et des enfants en charge. Ceci laisserait
comprendre que les responsabilités familiales amènent les femmes
de Bertoua à être plus entreprenantes. Le fait que seulement 8%
des répondantes soient veuves ou célibataires montre le faible
intérêt des femmes non mariées qui, semblent mener des
activités économiques par plaisir personnel. Le travail des
femmes aurait donc pour origine les pressions familiales. Pour affiner notre
questionnement intéressons nous au niveau d'instruction des
répondantes, les résultats sont donnés par la figure
suivante :
Tableau 3.4 : Niveau d'instruction des
répondantes
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Primaire
|
18
|
36%
|
Secondaire
|
15
|
30%
|
Total
|
33
|
66%
|
Abstention
|
17
|
34%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
34,0%
36,0%
30,0%
Primaire
Secondaire
Manquante
Figure 3.1 : Répartition des répondantes
par niveau d'instruction
L'analyse conjointe des résultats donnés par le
tableau 3.3 et la figure 3.1 montrent que 34% des femmes se sont abstenues de
dévoiler leur niveau d'instruction. En outre, 36% des femmes
interrogées déclarent avoir le niveau primaire tandis que 30%
déclarent avoir le niveau secondaire. Les femmes auraient donc une
gêne à exprimer leur niveau d'instruction.
Les 34% de valeurs manquantes enregistré montrent la
difficulté que les responsables du CPFF éprouvent dans
l'élaboration des programmes de formation
Le niveau d'instruction relativement bas des apprenantes
s'explique par le fait qu'elles se recrutent parmi les filles en
déperdition scolaire et les femmes adultes.
En définitive, l'identification des répondantes
pourrait être résumée par la figure suivante qui
récapitule les relevés des valeurs de l'âge, de la
situation matrimoniale et du niveau d'instruction des répondantes.
26 - 35 ans
36 - 40 ans
plus de 40 ans
140,0%
120,0%
100,0%
40,0%
20,0%
80,0%
60,0%
0,0%
33,333%
5,556%
16,667%
6,667%
60,000%
77,778%
Niveau d'instruction
Primaire
Secondaire
Age de la Répondante
Figure 3.2 : Rapport entre âge, situation
matrimoniale et niveau d'instruction des
répondantes
Il ressort de cette figure que les apprenantes sont pour
l'essentiel mariées avec un niveau primaire. 77,778% des femmes
âgées de plus de quarante ans, 16,667% des femmes
âgées de 36 à quarante ans et 5,556% des femmes
âgées de 26 à 35 ans.
Parmi les femmes du niveau d'instruction secondaire, 60% ont
plus de 40 ans, 33,333% ont entre 26 et 35 ans et enfin 6,667% ont entre 36 et
40 ans.
Item 2 : Activités menées et formations
suivies
Cette rubrique nous permet d'identifier les activités
économiques menées par les femmes, les formations qu'elles ont
suivies et leurs demandes en formation.
Les réponses obtenues à la question permettant
l'identification de l'activité menée sont consignées dans
le tableau suivant :
Tableau 3.5 : Activités économiques
menées par les femmes
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Agriculture
|
12
|
24%
|
Commerce
|
16
|
32%
|
Elevage
|
12
|
24%
|
Service
|
10
|
20%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous constatons que l'activité économique la
plus menée est le commerce (34%) suivie de l'élevage et de
l'agriculture (24%) et enfin des services (20%). Les écarts entre les
pourcentages des différentes activités ne sont pas grands
(l'écart type des valeurs observées est 0,04 donc les
écarts à la moyenne sont faibles).
En outre, le commerce est l'activité la plus
pratiquée. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que la majorité
des répondantes ne dispose pas de propriété
foncière c'est-à-dire d'espace cultivable. Ce qui les
éloigne de l'activité agricole.
Pour mieux cerner cette question intéressons-nous aux
raisons ayant motivé le choix de l'activité menées. Les
résultats sont donnés dans le tableau suivant :
Tableau 3.6 : Raisons du choix de l'activité
menée
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Je l'ai apprise
|
2
|
4%
|
Je n'avais rien d'autres à faire
|
10
|
20%
|
Elle est rentable
|
12
|
24%
|
Pour survivre
|
20
|
40%
|
Abstention
|
6
|
12%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
L'analyse de ce tableau montre que 40% des femmes choisissent
l'activité qu'elles mènent pour des raisons de survie. C'est la
raison pour laquelle il n'y aurait pas de séparation entre le revenu de
l'activité et les ressources familiales. Le revenu étant
directement investit pour résoudre les problèmes du
ménage.
24% déclarent avoir choisi l'activité qu'elles
mènent parce qu'elles la trouvent rentable. Ces femmes auraient donc
mené des études de marché pour leur permettre de choisir
l'activité qui leur génèrerait le revenu maximum.
20% déclarent que c'est parce qu'elles n'avaient rien
d'autres à faire qu'elles ont choisi l'activité qu'elles
mènent. Elles souhaitent donc avoir des emplois
rémunérés et pourtant elles manquent de qualification
professionnelle. Le problème ici n'est pas tant la formation car ces
femmes ne considèrent même pas les activités qu'elles
mènent comme des activités génératrices de revenus
qui pourraient évoluer et devenir des entreprises.
Enfin, 4% déclarent avoir choisi l'activité
qu'elles mènent parce qu'elles l'ont apprise. Le fait que ce taux soit
faible démontre que les femmes ignorent encore les services offerts par
le CPFF en matière de formation.
Cette dernière hypothèse nous amène
à déterminer le nombre de femmes qui ont déjà
reçu une formation. Les résultats obtenus sont consignés
dans le tableau suivant :
Tableau 3.7 : Nombre de femmes ayant
déjà reçu une formation pour l'activité
qu'elles mènent
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Non
|
32
|
64%
|
Oui
|
18
|
36%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous constatons que 36% des femmes déclarent avoir
reçu une formation pour l'activité qu'elles mènent tandis
que 64% n'ont pas reçu de formation pour
l'activité. Ceci nous fait remarquer que, bien que des
efforts significatifs soient consentis pour former les femmes, beaucoup reste
encore à faire.
En ce qui concerne l'objet de la formation suivie et le
rapport entre la formation suivie et l'activité menée, les
résultats sont donnés dans le tableau et la figure suivants :
Tableau 3.8 : Objet de la formation suivie pour mener
l'activité
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Montage de projets
|
12
|
24%
|
Recherche de financements
|
4
|
8%
|
Informatique
|
4
|
8%
|
Abstention
|
30
|
60%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
60% des femmes déclarent avoir reçu une
formation en montage de projets. Cette formation s'adapte à toutes les
activités qu'elles pourraient mener. 20% ont reçu une formation
en recherche de financement et 20% ont reçu une formation en
informatique. La majorité des femmes a donc été
formé en montage de projets. Ceci expliquerait les réponses des
raisons du choix de l'activité avancées.
Evaluons maintenant le rapport entre l'activité
menée et l'objet de la formation suivie. Le tableau suivant donne le
récapitulatif du traitement des observations.
Tableau 3.9 : Récapitulatif du traitement des
observations
Variable
|
Observations
|
|
Abstention
|
Total
|
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Activité menée par la répondante
et Objet de la formation suivie
|
20
|
40%
|
30
|
60%
|
50
|
100%
|
|
Ce tableau nous montre que le pourcentage de valeurs
manquantes est de 60%. Cette situation nous amène à dire que les
résultats présentés dans cette section seront de pures
estimations.
Tableau 3.10 : Tableau croisé Activité
menée par la répondante et Objet de la
formation suivie
|
Objet de la formation suivie
|
Total
|
|
Recherche de financements
|
Informatique
|
|
Agriculture
|
0
|
2
|
0
|
2
|
|
8
|
2
|
0
|
10
|
|
4
|
0
|
4
|
8
|
Total
|
12
|
4
|
4
|
20
|
|
Dans ce tableau nous ne traitons qu'avec les valeurs valides
issues des tableaux activité de la répondante et objet de la
formation suivie. La figure ci- dessous récapitule les résultats
en termes de pourcentages
Objet de la formation suivie
Montage de projets
Recherche de financements
Informatique
100,0%
80,0%
60,0%
40,0%
20,0%
0,0%
0,0%
50,0%
0,0%
66,67%
50,0%
0,0%
3,33%
0,0%
100,0%
Agriculture Commerce Service
Activité menée par la
répondante
Figure 3.3 : Rapport entre objet de la formation suivie
et activité menée par les femmes La formation en
recherche de financement a été reçue par 50% de femmes
exerçant dans l'agriculture et 50% de femmes exerçant dans le
commerce.
La formation en montage de projets a été
reçue par 33,33% de femmes exerçant dans les services et par
66,67% des femmes exerçant dans le commerce.
Enfin, la formation en informatique a été
reçue uniquement par les femmes exerçant une activité du
domaine des services.
Dans le domaine agricole, les femmes n'ont suivi aucune
formation en montage de projets ou recherche de financements. Enfin, dans le
domaine des services, l'objet de formation manquant est la recherche de
financements.
Déterminons à présent les besoins des
femmes pour mieux réussir leur activité. Les résultats
obtenus sont regroupés dans le tableau suivant :
Tableau 3.11 : Ce qu'il faut pour réussir
l'activité
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
De l'argent
|
40
|
80%
|
Suivi des activités
|
2
|
4%
|
Abstention
|
8
|
16%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Il ressort de ce tableau que 80% des femmes ont besoin de
financements pour réussir l'activité qu'elles mènent. Ceci
montre la grande difficulté que les femmes éprouvent pour
rassembler les capitaux nécessaires au lancement de leur
activité.
4% de ces femmes éprouvent des besoins de suivi de
leurs activités.
Ces résultats montrent que les femmes souhaitent
déjà se lancer dans l'exercice de leur activité et veulent
être autonomes. Pour vérifier cette assertion, évaluons la
demande en formation des femmes.
Nous leur avons donc demandé si les séminaires
d'information sur les nouvelles techniques de gestion les intéressaient
et elles ont toutes répondu oui. Nous leur avons donc demandé
pourquoi elles les trouvaient intéressants. Les résultats obtenus
sont les suivants :
Tableau 3.12 : Intérêt des
séminaires d'information et de formation sur les nouvelles techniques
de gestion
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Augmenter les revenus
|
21
|
42%
|
Mieux gérer nos activités
|
29
|
58%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous remarquons que certaines (42%) souhaitent augmenter
leurs revenus et donc auraient des problèmes de rendement. D'autres par
contre (58%) souhaitent mieux gérer les activités et elles
n'auraient donc pas beaucoup de
problèmes de gestion. Il apparait donc nécessaire
que toutes ces femmes soient formées pour mener leur activité.
C'est la raison pour laquelle nous leur avons demandé
dans quel domaine elles souhaiteraient être formées. Les
résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant :
Gestion Assistance Comptabilité Evaluation et
Management
financière technique suivi de
l'activité
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
44,0%
8,0%
12,0%
28,0%
8,0%
Figure 3.4 : Domaines de formation demandés par
les répondantes
Nous remarquons que la majorité des femmes
éprouvent des difficultés en en gestion financière. En
effet, 44% d'entre elles souhaitent être formées en gestion
financière. Ceci n'est pas étonnant quand on sait que la
principale raison du choix de l'activité est la survie et que ces femmes
ont pour la plupart des charges familiales. 28% de ces femmes estiment avoir
des problèmes en évaluation et suivi de l'activité et 12%
posent le problème de la comptabilité. Enfin, 8% des femmes ont
des problèmes d'assistance technique et 8% des problèmes de
management.
Ces informations collectées sur les activités
menées par les femmes nous amènent à nous interroger sur
le lien entre l'activité menée et la demande en formation.
Activité menée par la répondante
Agriculture
Commerce
Elevage
Service
200,0%
150,0%
100,0%
50,0%
0,0%
66,67%
33,33%
40,0%
37,5%
33,33%
16,67%
40,0%
16,67%
16,67%
20,0%
50,0%
16,67%
12,5%
Gestion Assistance Comptabilité Evaluation et
Management
financière technique suivi de
l'activité
Domaine de formation demandés par les
femmes
Figure 3.5 : Rapport entre activité menée
et demande en formation des femmes
Nous constatons que :
- Dans le domaine d'activité des services, 40% des
femmes demandent des formations en gestion financière, 40% demandent des
formations en comptabilité et 20% en évaluation et suivi de
l'activité. Ceci montre que les femmes du secteur des services sont
poussées vers la gestion qui est indispensable pour le contrôle de
leur activité. Leur demande en formation est donc bien adaptée au
secteur d'activité qu'elles ont choisi.
- Dans le secteur de l'élevage, nous avons vu que
toutes les femmes exerçant dans ce secteur n'ont reçu aucune
formation. 66,67% de femmes sollicitent des formations en gestion
financière, 16,67% des formations en évaluation et suivi de
l'activité et 16,67% en management.
- Dans le secteur d'activité du commerce, 3 7,5%
demandent des formations en gestion financière, 50% demandent des
formations en évaluation et
suivi de l'activité et enfin 12,5% demandent des
formations en Management. Ceci montre l'intérêt que même les
femmes exerçant dans le secteur commerce ont de structurer leur
activité.
- Enfin dans le secteur agricole, 33,33% des femmes
sollicitent des formations en gestion financière, 33,33% des formations
en assistance technique, 16,67% des formations en comptabilité et enfin
16,67% en évaluation et suivi de l'activité.
Il apparait donc que la demande en formation exprimée par
les femmes est suffisamment forte.
Item 3 : Sources de financements et
regroupements
Cette rubrique nous permet de rassembler des informations
relatives aux sources de financements et aux regroupements des femmes.
S'agissant des sources de financements, déterminons
l'origine du financement pour le lancement de leurs activités. Les
résultats sont consignés dans le tableau suivant :
Tableau 3.13 : Source de financement ayant permis le
lancement de l'activité
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Aide
|
2
|
4%
|
L'Epargne personnelle
|
16
|
32%
|
La tontine
|
24
|
48%
|
Abstention
|
8
|
16%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Il ressort de ce tableau que parmi les valeurs valides, 48%
des femmes tirent leur financement des tontines. 32% tirent leurs ressources de
l'épargne personnelle et 4% des aides. Cette situation traduit le grand
penchant des femmes pour des sources de financements informelles. Ceci
signifierait que les
femmes ne connaissent pas d'autres sources de financements ou
alors qu'elles ont des préjugés sur ces sources de
financements.
Pour étayer notre raisonnement, nous avons
cherché à déterminer les sources de financements connues
des femmes. Les résultats sont consignés dans le tableau et la
figure suivants :
Tableau 3.14 : Statistiques des réponses sur
les autres sources de financements
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Valide
|
20
|
40%
|
Abstention
|
30
|
60%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous constatons que le taux de valeurs manquantes est 60%. La
majorité des femmes ne connaissent donc pas de sources de financements
autres que la tontine, l'aide et l'épargne personnelle alors que 40%
connaissant d'autres sources de financements.
10,0% Microfinances
25,0% PIASSI
50,0%
FNE
15,0% CPFF
Figure 3.6 : Autres sources de financements connues des
femmes
Nous remarquons que parmi les 40% de femmes qui connaissent
d'autres sources de financements, 50% font mention du FNE, 25% du PIASSI, 15%
du CPFF et 10% des microfinances. Ceci laisserait entrevoir que parmi les
autres
sources de financements, le FNE est l'organisme le plus
connu. Ceci peut s'expliquer par la forte publicité du FNE et par son
ancienneté. Une autre raison pourrait aussi être l'apport que les
femmes ont réalisé pour leur activité car, pour celles
disposant des financements, la connaissance des autres sources de financements
pourrait être vue comme superflue. Le tableau suivant donne les apports
des femmes pour l'activité qu'elles mènent :
Tableau 3.15 : Apport personnel pour le lancement de
l'activité
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Industrie
|
2
|
4%
|
Nature
|
14
|
28%
|
Numéraire
|
26
|
52%
|
Abstention
|
8
|
16%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous constatons que, 52% de femmes ont réalisé
un apport en numéraire, 28% ont réalisé un apport en
nature et 4% un apport en industrie. La majorité des apports est donc
faite par les apports en numéraire. Pour se lancer dans leur
activité, la majorité des femmes a eu recours à des
ressources financières.
L'ignorance d'autres sources de financements serait la
résultante des réalités sociologiques
Examinons maintenant le mode d'activité des femmes et
déterminons celles qui exercent en groupe et l'incidence que le groupe a
sur le rendement.
La première interrogation consiste à
déterminer l'appréhension que les femmes ont du crédit
collectif par rapport au crédit individuel. Pour ce fait nous leur avons
demandé le moyen le plus efficace pour obtenir des crédits.
Tableau 3.16 : Moyen le plus facile pour obtenir le
crédit
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Crédit collectif
|
22
|
44%
|
Crédit Individuel
|
24
|
48%
|
Abstention
|
4
|
8%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
48% des femmes estiment qu'il est plus facile d'obtenir les
crédits individuellement tandis que 44% estime plus aisé à
obtenir le crédit collectif. Ces chiffres laissent entrevoir que les
femmes de la ville de Bertoua n'ont pas la volonté de travailler en
groupes. Ce manque de volonté se fait ressentir par la grande proportion
de femmes estimant le crédit individuel plus aisé à
obtenir que le crédit collectif.
Déterminons les femmes qui appartiennent à un
groupe et le type de groupe auquel elles appartiennent.
Tableau 3.17 : Type de groupe auquel appartient la
répondante
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Association
|
Modalité
|
Effectif
|
Abstention
|
Modalité
|
Effectif
|
Total
|
Modalité
|
Effectif
|
|
Nous remarquons que 64% de femmes n'appartiennent pas
à un groupe et les 36% restantes appartiennent toutes à des
associations. Les femmes ne s'investissent donc pas dans les regroupements
à caractère économique.
Tableau 3.18 : Mode dans lequel sont menées les
activités
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
En groupe
|
14
|
28%
|
Individuellement
|
36
|
72%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Nous constatons que 72% des femmes préfèrent
exercer leurs activités individuellement. On comprend alors le
problème de l'encadrement de ces femmes qui exercent individuellement.
L'exercice individuel suscite le désintérêt des partenaires
qui préfèrent travailler avec des groupes organisés.
Item 4 : Suivi et évaluation des
activités
Dans cette rubrique nous évaluons l'offre en suivi et
évaluation des activités menées par les femmes. Ce suivi
évaluation est de trois ordres : Les facilités de regroupements,
le rapport entre revenu de l'activité et revenu quotidien et enfin
l'encadrement après formation.
Tableau 3.19 : Le CPFF offre-t-il des facilités
de regroupements ?
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Non
|
8
|
16%
|
Oui
|
22
|
44%
|
Abstention
|
20
|
40%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
40% de femmes n'ont pas répondu à cette
question ce qui ne nous permet pas de faire les bonnes conjectures. Tout au
moins, parmi celles qui ont répondu, 73,3% déclarent que le CPFF
leur offre des facilités de regroupements.
Tableau 3.20 : Le revenu de l'activité est-il
séparé du revenu quotidien ?
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Non
|
48
|
96%
|
Abstention
|
2
|
4%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
Il apparaît à 96% des réponses que le
revenu de l'activité n'est pas séparé du revenu quotidien.
Les femmes ne mènent donc pas des activités entrepreneuriales
mais plutôt des activités de survie assurant au ménage le
pain quotidien.
Tableau 3.21 : Le CPFF propose-t-il un encadrement
après la formation ?
Modalité
|
Effectif
|
fréquence
|
Non
|
26
|
52%
|
Oui
|
6
|
12%
|
Abstention
|
18
|
36%
|
Total
|
50
|
100%
|
|
64% des femmes ont répondu à cette question et
81,3% d'entre elles ont déclaré que le CPFF ne propose pas
d'encadrement après la formation. Cette situation peut s'expliquer par
le fait que les femmes refusant les groupements, le CPFF a des problèmes
pour encadrer individuellement chaque femme.
3.3.5 Analyse multi-variée (analyse des
correspondances multiples)
Après une étude bi-variée de nos
données, nous allons étudier les associations qui existent entre
nos différentes modalités. Nous ferrons une analyse des
correspondances multiples sur le logiciel SPAD (Cf. listing en annexe).
Nous analyserons les données sur les deux premiers
axes factoriels qui captent 38,64 % de l'inertie totale. Nous
interpréterons les points dont la qualité de
représentation est bonne (ici nous prendrons les cosinus carrés
supérieur à 0,15).
L'analyse du premier axe factoriel présente une
opposition entre deux groupes de variables :
1er Groupe : coordonnées
négatives, cosinus carré supérieur à
0,15
|
2e Groupe :
coordonnées positives, cosinus carré
supérieur à 0,15
|
· Age : Moins de 35 ans ;
|
· Age : Plus de 40 ans ;
|
· Secteur d'activité : Les services ;
|
· Formation : Pas de formation
|
· Formation : A suivie une formation ;
|
particulière reçue ;
|
· Eprouve des difficultés à accroître
le
|
· Activité : Eprouve moins de
|
revenu ;
|
difficultés à accroître le revenu ;
|
· Besoins : Besoins de financement, de
|
· Besoins : Besoins de
|
formation dans les nouvelles techniques de
|
financement ;
|
gestion et de regroupement pour
|
· Revenus : Revenu de l'activité
|
l'obtention de financements ;
|
non séparé du revenu quotidiens.
|
· Revenu : les revenus de l'activité
séparés des revenus quotidiens.
|
|
|
L'analyse du deuxième axe factoriel nous permet
également de dégager de nouvelles oppositions entre groupes de
modalités. On distingue toujours deux groupes :
3e Groupe : coordonnées négatives,
cosinus carré supérieur à 0,15
|
4e Groupe : coordonnées
positives, cosinus carré supérieur à 0,15
|
· Niveau d'instruction : Secondaire ;
|
· Niveau d'instruction : Primaire ;
|
· Secteur d'activité : Élevage ;
|
· Secteur d'activité : Commerce ;
|
· Raison du choix : Rentabilité de
l'activité ;
|
· Raison du choix : Activité de survie ;
|
· Formation : Pas de formation reçue pour
|
· Formation : A reçue une formation
|
l'activité ;
|
pour l'activité ;
|
· Besoins : Besoins de formation en nouvelles
|
· Besoins : Besoins d'encadrement et
|
techniques de gestion pour augmenter le
|
de formation en nouvelles techniques
|
revenu ;
|
de gestion ;
|
· Source de financement : Epargne personnelle
|
· Source de financement : Tontine
|
(ignorance des autres sources de
|
(ignorance des autres sources de
|
financement) ;
|
financement) ;
|
· Perception : Crédit individuel facile ;
|
· Perception : Crédit collectif facile ;
|
· Exerce individuellement.
|
· Exerce en groupe.
|
|
3.4 Vérification des
hypothèses
Dans cette section, nous vérifierons les
hypothèses posées. Cette vérification se ferra sur la base
des données chiffrées obtenues dans les questionnaires, des
orientations de la recherche documentaire et des données obtenues dans
les entretiens. La confirmation sera faite pour les différentes
assertions dont les résultats théoriques seront supérieurs
à 50% et, dans le cas échéant, les hypothèses
seront infirmées.
Nous procèderons d'abord à la vérification
des hypothèses spécifiques puis à la vérification
de l'hypothèse générale.
3.4.1 Vérification des hypothèses
spécifiques
3.4.1.1 Vérification de la première
hypothèse spécifique
La première hypothèse spécifique
puisqu'il faut la rappeler supposait que les femmes s'investissent plus dans
les activités du secteur informel. Le secteur informel ici est pris au
sens économique du terme. Sont dites du secteur informel toutes
activités économiques non immatriculées au Registre du
Commerce.
L'analyse des activités menées par les femmes
montre que 48% des activités des femmes sont du secteur primaire
(agriculture et élevage) et 52% du secteur tertiaire (commerce et
services). En outre, aucune des femmes n'a songé à inscrire son
activité au registre de commerce. Il apparaît donc que 100% des
activités menées sont du secteur informel. La raison principale
de cet état des choses est le faible niveau d'instruction des femmes. En
effet, certaines pensent que le fait de mener leurs activités dans le
cadre d'une association ou d'un GIC permet l'immatriculation de
l'activité. La conséquence est la précarité des
activités et la difficulté d'accès aux financements. Notre
première hypothèse se trouve ainsi confirmée.
3.4.1.2 Vérification de la deuxième
hypothèse spécifique
Notre seconde hypothèse spécifique suppose que les
activités menées par les femmes leur permettent juste de
survivre.
Il ressort de notre enquête que 40% des femmes
mènent leurs activités pour survivre. 60% mènent des
activités pour des raisons autres que la survie.
Nous pouvons donc affirmer que, bien que les activités
menées par les femmes ne répondent pas encore aux critères
de l'entrepreneuriat féminin comme facteur de développement,
celles-ci vont au delà de la survie. Notre seconde hypothèse se
trouve ainsi infirmée.
3.4.1.3 Vérification de la troisième
hypothèse spécifique
En troisième hypothèse spécifique, nous
avons supposé que les femmes éprouvent des difficultés de
formation et des difficultés financières.
Les activités économiques des femmes ne
constituent pas un ensemble homogène. Elles diffèrent par la
taille et le secteur d'activité. Il est donc nécessaire de tenir
compte des caractéristiques de chacune d'elles. Ainsi, dans la ville de
Bertoua, les institutions de financements sont très peu
représentées ce qui manifestement marque une absence de
capitaux.
En plus, les formations offertes aux femmes au CPFF de Bertoua
sont quelque peu en déphasage avec la réalité
socioculturelle et la politique du marché. Le résultat de cet
état de choses fait que les femmes formées au CPFF se trouvent
obligées de mener des activités qui ne cadrent pas avec la
formation reçue.
Au plan infrastructurel, malgré l'aménagement de
la route Nationale N°1, le système des transports et des
communications reste défectueux. Cet état de choses ne facilite
pas l'installation des investisseurs et l'évacuation des produits de
l'entrepreneuriat vers les milieux de commercialisation.
L'analyse de la demande en formation des femmes
révèle que les femmes ont besoin des compétences dans des
domaines comme l'assistance technique, la gestion financière, recherche
de financements, montage des projets.
Les résultats de l'enquête montrent que 80% des
femmes estiment qu'il leur faut de l'argent et 92% de femmes estiment que la
formation est importante pour les activités qu'elles mènent.
Notre troisième hypothèse se trouve ainsi confirmée.
3.4.2 Vérification de l'hypothèse
générale
Notre hypothèse générale était
élaborée en ces termes : L'amélioration des
capacités entrepreneuriales des femmes dépend de la formation et
des moyens financiers dont elles disposent.
Sur la base de nos investigations, il apparaît que la
demande en formation des femmes est très grande. En effet, les femmes
ont compris qu'il leur faut renforcer leurs capacités entrepreneuriales
pour être plus compétitives. En outre, les femmes ne connaissent
pas les sources de financement. Leurs possibilités d'accès aux
crédits se trouvent donc limitées. 95% des femmes estiment qu'il
leur faut plus de financements pour réussir leurs activités. Un
slogan est récurent : « l'argent manque ». Il
apparaît donc que l'augmentation des moyens financiers procure aux femmes
un plein épanouissement économique et donc une participation
effective au développement économique. Mais l'argent seul ne
suffit pas. La formation aussi est un facteur de renforcement des
capacités.
Deux hypothèses sur trois (hypothèse
spécifique 1 et hypothèse spécifique 3) étant
confirmées à une moyenne de 90% alors que l'hypothèse
spécifique 2 se trouve infirmée à 40%, nous pouvons dire
que, l'hypothèse générale qui est la somme de toutes les
hypothèses spécifiques est confirmée au seuil
théorique de 65%.
A l'issue de la présentation et de
l'interprétation des données recueillies, ce chapitre
s'achève sur la confirmation de notre hypothèse
générale.
Au regard de ce qui précède, les
difficultés qui perturbent l'action du CPFF sont liées à
la faible valeur des micro-crédits octroyés d'une part et surtout
à la faible promotion de la vie associative d'autre part. Au demeurant,
il
apparait impérieux pour cette structure d'initier un
certain nombre d'actions stratégiques dans le sens de
l'amélioration de ses performances, pour une insertion
socio-économique durable de sa clientèle.
CHAPITRE IV : ESQUISE D'UNE
STRATEGIE VISANT UNE INSERTION
SOCIO-ECONOMIQUE DURABLE DE LA
CLIENTELE DANS LES CIRCUITS
ECONOMIQUES
Après la confirmation de nos hypothèses, il nous
parait judicieux de faire des suggestions susceptibles d'améliorer la
prestation du CPFF de Bertoua. Nos propositions s'articulent autour de trois
principaux points. Dans un premier temps, nous présenterons les forces
et les faiblesses du CPFF de Bertoua. Puis, nous esquisserons quelques
solutions visant à améliorer les prestations des
différents acteurs. Enfin, nous nous attarderons sur l'apport du CADRE
DE JEUNESSE ET ANIMATION en vue de l'amélioration des capacités
entrepreneuriales des femmes.
4.1 Forces et faiblesses du CPFF de Bertoua
Dans l'optique de renforcer les capacités de femmes,
nous nous proposons de mettre en exergue les facteurs négatifs et
positif relevés au cours de notre enquête.
4.1.1 Inventaire des points forts du CPFF de
Bertoua
Le CPFF de Bertoua intervient d'une manière
générale en faveur de l'épanouissement
socio-économique de la femme. Lorsqu'on parle de développement
socio-économique, l'on entrevoit ici l'amélioration des
conditions de vie de tous. En effet, le CPFF de Bertoua offre
un encadrement social aux femmes par le biais de l'éducation à la
parenté responsable et de la formation morale, civique et
intellectuelle. Le volet économique est soutenu par l'apprentissage des
métiers porteurs tels que la couture, la teinture, la fabrication des
jus naturels. En plus, le CPFF de Bertoua offre des microcredits aux femmes
désireuses en vue du lancement des activités économiques.
Outre ces aspects, il faut noter que la ville de Bertoua regorge de beaucoup de
ressources naturelles qui pourraient être utilisées à des
fins économiques par les femmes. Ce qu'il faut retenir ici est que, en
dépit des aspects positifs pouvant contribuer à
l'amélioration de la condition de la femme, il existe quelques points
négatifs entravant l'exercice de l'activité économique des
femmes.
4.1.2 Les faiblesses du CPFF de
Bertoua
Au terme de nos investigations, il ressort que le CPFF offre
beaucoup de possibilités de développement aux femmes. Seulement,
le processus connaît quelques insuffisances. Il y a d'abord la faiblesse
ou l'insuffisance des regroupements de femmes. En effet, les femmes du CPFF de
Bertoua exercent plus individuellement ; ce qui fragilise leurs
activités. Car, faut-il le rappeler, plusieurs organismes de financement
optent pour le crédit collectif.
Ensuite, les crédits octroyés sur fonds PPTE
sont de très faible valeur et donc inapte à promouvoir
l'entrepreneuriat. Cet état de chose oblige les femmes à exercer
la même activité, hypothéquant par ce fait même leurs
chances de réussite. Il semble découler de ce qui
précède que les femmes manquent de capitaux car les fonds
disponibles sont insuffisants pour la demande.
Enfin, les formations offertes par le CPFF semblent être
en inadéquation avec l'environnement socioculturel des femmes.
4.2 Stratégies de résolution forces
d'inertie
D'une manière générale, une
stratégie s'entend comme l'élaboration d'un ensemble de
procédures et d'orientations globales permettant à un individu ou
un groupe de répondre à une question précise.
Dans cette section, il est question de proposer les grands
axes stratégiques conduisant au renforcement des capacités
entrepreneuriales des femmes afin de permettre à celles-ci de participer
de façon optimale au développement.
Notre stratégie vise un certain nombre d'objectifs tels
que :
· L'adaptation des programmes de formation aux besoins
réels des femmes entrepreneurs ;
· La prise de conscience des femmes de la
nécessité des organisations à caractère
économique ;
En outre, notre stratégie voudrait être un appel
à la mobilisation des pouvoirs publics qui devront jouer un rôle
capital dans l'encadrement des femmes en vue de leur développement
personnel ainsi que celui de leur milieu d'existence. L'atteinte de ces
objectifs passe par une approche pédagogique qui intègre une
collaboration entre les femmes et les différents partenaires. Ils ne
peuvent être atteints que par une approche systémique des grands
axes stratégiques.
4.2.1 Les grands axes
stratégiques
Quatre grands axes stratégiques seront
suggérés dans le cadre de ce travail :
· Le module éducation et formation ;
· Le rôle des pouvoirs publics ;
· Le rôle des partenaires ;
4.2.1.1 Le module éducation et formation
Le constat majeur qui découle de l'opinion publique
laisse penser que le respect et la considération dus à la femme
sont fonction du degré d'élévation de son statut social.
Cette considération est rattachée tantôt à son
niveau d'étude, soit à sa fonction, soit à sa possession
d'importants moyens financiers et matériels. Seulement,
l'éducation et la formation jouent un rôle important dans le
développement des communautés.
Nos investigations ont mis en exergue certaines insuffisances
à savoir :
· La faible capacité d'autofinancement liée
à la faiblesse des revenus des femmes ;
· Une forte concentration des activités des femmes
dans le secteur informel ;
· Le mimétisme dans le choix de l'activité
;
· Un mode de gestion informel ;
· Une main d'oeuvre peu qualifiée ou alors pas du
tout qualifiée ;
· Un faible niveau d'instruction.
Pour réussir une formation qui conduit au renforcement
des capacités entrepreneuriales des femmes c'est-à-dire des
capacités de création et de gestion des entreprises par les
femmes, dans le but de favoriser leur participation au développement
socio-économiques, il convient d'utiliser une méthode
d'alphabétisation fonctionnelle qui met en exergue les principes
andragogiques c'est-à-dire l'acquisition des savoir-faire car, faut-il
le rappeler, les femmes adultes ont une expérience à partager.
· Les méthodes utilisées sont les
méthodes actives et participatives (la méthode magistrale
c'est-à-dire l'exposé, la méthode démonstrative et
la méthode évaluative) ;
· La définition des objectifs de formation qui
tiendra compte des savoirs, savoir-faire et savoir-être à
transmettre ;
· La pérennisation des activités
assurées par les activités de réinvestissement.
Le programme de formation élaboré prendra en
compte le contexte socioculturel et les besoins des femmes ainsi que les
caractéristiques des apprenantes.
- Après l'identification des besoins, l'animateur
organise des réunions avec les groupes de femmes pour établir une
classification des besoins ;
- Les besoins ainsi classifiés seront traduits en
programmes de formation de manière à faire ressortir clairement
les objectifs et les intérêts de la formation et du groupe ;
- Le programme de formation précisera les
stratégies pédagogiques et mécanismes d'évaluation
dans le temps.
4.2.1.2 Le rôle des pouvoirs publics
Pendant le déroulement de notre enquête, nous avons
remarqué des insuffisances dont les plus importantes furent :
· L'absence de promotion d'une vie associative au sein du
CPFF ;
· La faible représentation des institutions de
financement ;
· L'absence des petites et moyennes entreprises et des
petites et moyennes industries crées ou gérées par les
femmes ;
· L'absence d'un environnement incitatif ;
En effet, les femmes du CPFF bénéficient d'un
encadrement et d'un appui financier individuel car les responsables du CPFF
estiment plus facile de recouvrir les finances chez les individus isolés
qu'auprès des groupes (GIC, GIE, associations de femmes).
Très souvent, les femmes bénéficient de
petits crédits d'une valeur très faible ne pouvant servir qu'au
lancement des activités de subsistance.
Nous pensons que les pouvoirs publics et le CPFF devraient
davantage encadrer les femmes en groupes en inscrivant leur dynamique dans le
processus de développement. Le MINPROFF devrait véritablement
veiller sur les activités des femmes en les constituants en groupes par
affinité d'activité.
S'agissant des institutions de financements, l'Etat devrait
veiller à la répartition des établissements de
microfinance sur l'ensemble du territoire national à travers la
promotion d'un environnement incitatif. Cette action faciliterait
l'accès des femmes aux capitaux.
Les Ministères tels que le MINADER, le MINPROFF, le
MINAS et le MINJEUN devraient chacun en ce qui le concerne développer
une politique sectorielle en faveur des femmes entrepreneures.
4.2.1.3 Le rôle des partenaires
Les partenaires sont généralement les individus ou
les institutions associés à une action à laquelle ils
apportent leur expertise, leur soutien ou leur aide.
Dans le cadre de notre étude, les partenaires
potentiels peuvent être principalement les institutions de financement
(banques et coopératives), les ONG et les organisations internationales
(PNUD, OMS, OIT, etc.). Les actions de ces différents partenaires
devraient viser l'intégration des femmes dans le circuit
économique en accordant des facilités d'accompagnement des
projets de femmes.
Pour les institutions de microfinance et les banques, il
s'agira d'investir la province de l'Est en adaptant leurs offres de
crédits aux besoins réels des femmes. Les organisations
internationales ainsi que les ONG devraient s'investir dans la sensibilisation
et la formation afin de permettre aux femmes de devenir de véritables
agents de développement.
4.2.2 Stratégie d'intervention du cadre de
Jeunesse et Animation
Souvent défini comme un processus éducatif qui
consiste à amener les populations à prendre conscience de leurs
problèmes et à y trouver des solutions,
l'animation est ce processus qui vise les changements de
comportements et tend à la responsabilisation des individus en faveur
d'un réel développement. Jean Claude GILLET (1995 : 168)
définit l'animateur comme
« Un facilitateur de relations capable de
comprendre les enjeux sociaux d'une association,
d'un quartier, d'une collectivité locale, et de
faire
en sorte que chaque acteur puisse jouer sur la
scène sociale, dans la dynamique réparable
et
agir sur ces enjeux en fonction de ses
intérêts
(diront les sociologues) et de ses désirs (diront
les
psychologues), et ce dans une perspective de
promotion et de développement social ».
En effet, nous pensons que l'animateur en sa qualité
d'agent de développement devrait mener un certain nombre d'actions
cohérentes auprès des femmes du CPFF de Bertoua. Son action
visant la promotion de l'entrepreneuriat féminin, il pourra par
conséquent mener des actions qui vont au-delà de la MOOFI
(Mobilisation Organisation Orientation Formation Insertion) pour favoriser la
résolution des problèmes.
Dans le souci de répondre à la
préoccupation relative à l'approche pédagogique applicable
pour renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes, nous nous
proposons de faire le point sur les méthodes et les types de formation
existant au CPFF et ailleurs. Puis, au regard des insuffisances
relevées, nous présenterons celles qui se révèlent
plus appropriées au contexte des femmes de Bertoua.
En effet, la formation à l'entrepreneuriat
féminin au Cameroun est conduite par certains ministères tels que
le MINADER, le MINPROFF, le MINTFOP.
La société civile (ONG, associations) n'est pas
en reste en matière de formation. D'autres structures de formation
telles que les écoles offrent des
possibilités d'amélioration des
compétences en création et gestion d'entreprises. Cependant, ces
formations sont de type académique. Or, nous avons remarqué dans
nos investigations que les femmes du CPFF ont un niveau d'instruction
relativement bas.
4.2.2.1 Promotion de la vie
associative
En sa qualité d'agent de développement et de
facilitateur, le cadre de jeunesse et animation est appelé à
aider la population cible c'est-à-dire les femmes à
résoudre leurs problèmes. Il le fait en les amenant à
chercher par elles- mêmes des solutions à la mesure de leurs
possibilités. Pour cela, le cadre de jeunesse et animation suscitera
l'intervention des acteurs indiqués pour la résolution des
problèmes qui ne relèvent pas des compétences des
femmes.
Pour renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes,
le cadre de jeunesse et animation pourra :
- Plaidoyer en faveur de la création de plusieurs CPFF
dans la région ;
- Sensibiliser et orienter les femmes vers les différentes
sources de financement ;
- Plaidoyer en faveur de l'installation des opérateurs
économiques tels que les institutions de microfinance ;
- Favoriser la création des regroupements féminins
tels que les mutuelles et les GIC.
Dans l'impossibilité de passer en revue toutes ces
suggestions, nous allons montrer comment le professionnel de l'animation peut
agir pour organiser les apprenantes du CPFF en GIC représentatifs du
secteur d'activité dans le but de les orienter vers les sources de
financement existantes.
4.2.2.2 Le concours du cadre de jeunesse et
animation à la création d'un GIC
Le CPFF étant une institution, le cadre de jeunesse et
animation devra se rapprocher du responsable des activités
pédagogiques aux fins d'obtenir des plages horaires de sensibilisation
des apprenantes sur les GIC. Il s'agira en effet
pour l'animateur d'informer les apprenantes sur les avantages
des regroupements et des modalités de création des GIC afin de
décider avec elles de la création de leur GIC.
Avant l'assemblée générale constitutive,
le conseiller entretiendra les apprenantes sur les textes légaux
régissant la création et le fonctionnement des GIC. Il s'agit de
la loi N°92/006 du 14 août 1992 relative aux
sociétés coopératives et groupes d'initiative commune.
Une commission sera également désigne pour
élaborer avec l'aide du Conseiller les statuts et le règlement
intérieur. La commission devra examiner les points suivants :
- La dénomination du GIC ;
- Son objet et ses objectifs ;
- Son siège social et sa durée ;
- Les conditions d'adhésion et de retrait des membres ;
- L'organisation et le fonctionnement du GIC ;
- Le type d'activité à mener ;
- Les ressources nécessaires.
La tenue de la réunion de l'assemblée
constitutive du GIC devra être ouverte à toutes personnes
désireuses. Au terme de l'article 49 de la loi de 1992, seules
les personnes physiques peuvent former un GIC, l'effectif minimum étant
limité à cinq personnes.
L'assemblée constitutive a pour but de :
- Constater et évaluer la valeur exacte des apports en
nature ;
- Ouvrir le registre des membres ;
- Expliquer, discuter, modifier et adopter les statuts et le
règlement intérieur ;
- Elire le bureau exécutif composé du
délégué, du vice délégué du
trésorier et de deux commissaires.
La fin des travaux de l'assemblée constitutive marque
le point de départ de la constitution du dossier administratif. Le
procès verbal sera rédigé et signé par tous les
membres fondateurs. Pour la légalisation du GIC, le dossier de
déclaration sera déposé au service du registre des
sociétés coopératives et des GIC de Bertoua.
Le dossier d'inscription contiendra :
- Une demande d'inscription timbrée ;
- Le procès verbal de l'assemblée constitutive ;
- Une copie des statuts signée par les membres
fondateurs.
Après un délai de deux mois à compter de
la date du dépôt du dossier de la création, les femmes
devront être informées de la décision du Préfet. Si
le dossier n'a pas été expressément rejeté, les
femmes seront informées de ce que le silence de l'autorité vaut
acceptation et le récépissé de dépôt
représente l'acte de légalisation.
Les membres du groupe ainsi crée auront besoin, en plus
des formations disponibles au CPFF, des formations supplémentaires en
montage des microprojets et gestion des ressources.
4.2.2.3 L'aide à la diversification des
sources de financements
La difficulté majeure des apprenantes du CPFF
réside dans le manque des moyens financiers. Pour palier ce manque de
capitaux, le conseiller devra organiser des séances d'information en vue
de la sensibilisation et de l'orientation des apprenantes vers de multiples
sources de financements.
En effet, en février 2008, un ensemble de programmes et
projets gouvernementaux ont été initiés dans le but de
lutter contre la pauvreté.
Compte tenu de l'âge des apprenantes, celles ayant un
âge inférieur à 35 ans pourraient bien être
orientées vers le PAJER-U, le PIAASI et le FNE.
Le tableau ci-après met en relief quelques projets
gouvernementaux que le conseiller pourrait recommander aux jeunes filles.
Tableau 4.1 : Liste des programmes et projets
gouvernementaux recommandables aux jeunes apprenantes
|
PROGRAMME /PROJET
|
OBJECTIFS
|
BENEFICIARES
|
DEMARRAGE
|
NATURE DES APPUIS
|
CONDITIONS A REMPLIR
|
Relance de la filière Plantain
|
Appuyer les paysans en vue d'accroître leur
productivité
|
Producteurs
|
|
Formation
des pépiniéristes professionnels
|
Etre producteur
|
Appui à la filière maïs
|
Améliorer la production et
réduire l'importation du maïs
|
|
2005
|
Formation et appui financier en intrants
aux multiplicateurs de semences
|
Etre un petit producteur
|
Relance de la tabaculture à l'Est du Cameroun
|
Amélioration de la production par l'organisation
de la filière
|
Producteur de Tabac à l'Est
|
2005
|
Formation aux techniques de conditionnement,
mise à disposition des séchoirs
|
Etre producteur de Tabac
|
Valorisation des bas- fonds
|
Améliorer la production maraichère
|
Les jeunes
|
|
Allocation du matériel de production
(motopompe), aménagement des bas- fonds
|
Etre jeune producteur
|
|
Projet intégré d'appui aux acteurs du
secteur informel (PIAASI)
|
Faciliter la mutation du secteur informel vers le secteur
formel
|
Chercheurs d'emplois, groupes organisés, acteurs
du secteur informel
|
2005
|
Organisation, formation, financement
|
Présenter un projet qui relève du secteur
informel
|
Programme de parrainage des
micro- entreprises MICROPAR/FNE
|
Promouvoir l'entrepreneuriat par le biais du
parrainage d'autres entreprises plus expérimentées
|
Promoteur des micro-entreprises financées par
le FNE
|
|
Encadrement financement
|
Etre porteur de microprojets d'entreprises, être
inscrit au FNE
|
|
Programme d'appui au développement des emplois
ruraux (PADER/FNE)
|
Lutter contre le chômage et la pauvreté en
milieu rural
|
Groupes organisés
|
|
Formation, financement
|
Etre un groupe organisé
|
|
Appui à la création et au développement
des PME de transformation et de conservation des produits locaux
de consommation de masse (PACD/PME)
|
Promouvoir la création et le développement
des PME de transformation et de conservation des produits locaux
de consommation de masse
|
Promoteurs des PME, consommateurs des produits
locaux
|
2008
|
Formation, structuration, formalisation financement,
suivi
|
Etre porteur d'un projet de PME de production,
de transformation, de conservation ou de commercialisation
des produits locaux
|
|
Programme d'appui à la jeunesse rurale et urbaine
(PAJER-U)
|
Promouvoir l'insertion socio- économique
des jeunes
|
Les jeunes
|
2008
|
Formation au leadership et à la gestion des
AGR, suivi et accompagnement, financement
|
Etre âgé de 15 à 30 ans,
être inscrit au projet
|
Source : Ministère de la Jeunesse, Programmes et
projets gouvernementaux, Document de synthèse, Yaoundé,
février 2008.
En définitive, cette deuxième partie nous a
permis de faire une analyse critique du système d'encadrement du CPFF en
vue du renforcement de la dynamique entrepreneuriale de sa clientèle.
Au-delà, une vision plus futuriste nous a permis d'entrevoir une
perspective d'amélioration du rendement du CPFF. En effet, quelque soit
le secteur d'activité, les femmes de Bertoua ont une
préoccupation récurrente : « l'argent manque
». Ceci montre que le problème de financement est un frein au
développement efficient des activités des femmes.
CONCLUSION GENERALE
Les analyses et les travaux récents sur
l'entrepreneuriat féminin dans les pays en développement et
particulièrement en Afrique subsaharienne soulignent que les
capacités dont disposent les femmes pour mettre en marche leurs
entreprises sont très insuffisantes. Au Cameroun, les années 1990
marquent l'ère de la promotion des libertés individuelles et
collectives, de la promotion de l'esprit d'entreprise, principal atout pour le
développement.
Ce travail a pour thème : « Entrepreneuriat
féminin et participation des femmes au développement
socio-économique : Le cas du CPFF de Bertoua ».
Il nous a permis d'explorer les opportunités de
développement que le CPFF offre aux femmes.
En effet, nous nous sommes posé la question de savoir
comment améliorer les capacités des femmes formées au CPFF
de Bertoua en vue de leur participation au développement
socio-économique ?
Nous avons estimé que l'absence de moyens financiers et
matériels limite considérablement leur insertion dans le circuit
économique. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons
utilisé quatre instruments de collecte de données.
Nous avons alors constaté que les femmes
éprouvent des difficultés dans l'exercice de leurs
activités et ce, du fait de l'ignorance et même de l'inexistence
des structures de financement. Ensuite, les femmes manquent de formations
adéquates.
En somme, si ces problèmes sont résolus
(crédit et formation), on assisterait au renforcement de la contribution
des femmes de Bertoua dans le processus de développement
socio-économique. Mais pour qu'il en soit ainsi, l'action doit
s'accompagner de bonnes perspectives d'évolution. Il s'agit finalement
de préciser qu'une formation appropriée et l'accès au
crédit pourrait permettre d'améliorer les capacités de
développement d'autres facultés et talents. Autrement dit,
développer les attitudes des femmes du CPFF à entreprendre
davantage c'est-à-dire à créer, produire, vendre,
gérer, et à dégager
un meilleur profit de leurs activités. Une telle
démarche aurait pour résultat de favoriser l'acquisition des
compétences permettant aux femmes d'évoluer ou de passer des
activités génératrices de revenus à la petite
entreprise.
BIBLIOGRAPHIE
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Développement, justice, liberté, traduit par M.
Bessières, Paris, Editions Odile Jacob, 2000.
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économique, Paris, Presses Universitaires de France, 1983.
DROY Isabelle, Femmes et développement rural,
Paris, Karthala, 1990. GAUMONT D., Les études de marché
2e édition, Paris, Dunod, 2002. GRAWITZ M.,
Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 2000.
GUIVY R. et VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en
sciences sociales, Paris, Dunod, 1985.
II- ARTICLES
ATOL, « Les femmes entrepreneurs et les ONG d'appui
en Afrique subsaharienne. Un éloge de la diversité et de la
complexité », Rapport final : Recherche-Action sur
l'entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne, 1997.
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statistiques choisies de la BAD », 2005.
Banque Mondiale, « Rapport sur le développement dans
le monde », combattre la pauvreté, Paris, éd. ESKA,
2000.
Le Gouvernement de la République du Cameroun, Document
de stratégie de réduction de la pauvreté, 2003.
TCHAMANBE DJINE L. et TCHOUASSI G., « Renforcement des
capacités entrepreneuriales des femmes par la formation : Une analyse
du
cas du Cameroun », Communication aux VIIèmes
Journées Scientifiques du Réseau Entrepreneuriat de l'A UF, Ile
Maurice, 04, 05 et 06 juillet 2001.
TCHAMANBE DJINE L., (1999), « La femme camerounaise face
aux enjeux économiques du XXIème siècle »,
Communication au Colloque sur : Femmes, Leadership et Développement
: un regard prospectif sur le 21ème siècle, organisé par
le MINCOF, Yaoundé, mai 1999.
TCHOUASSI G., « Femmes entrepreneurs au Cameroun : Une
approche par les récits de vie », Revue Congolaise de Gestion,
Numéro double 02- 03, janvier- décembre 2000.
TCHOUASSI G., « Entreprendre au féminin au
Cameroun : possibilités et limites », Actes du 2ème
Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat sur le thème :
Champs de l'entrepreneuriat et dynamique des sociétés,
Bordeaux, avril, 2002.
VELGHE-SHERPEREEL G. & VAN DE WOUWER-LEUNDA P., Profil
de femmes au Cameroun, édition de l'Ambassade des Pays-Bas à
Yaoundé, avril 1996.
III- MEMOIRES
YODA B., La gestion participative des projets de
développement : outils et méthodes d'intervention,
Mémoire de 3e cycle en Agronomie, EAN, MEKNES, 2004.
EYINGA DIMI E. C., Stratégie
socio-économique de survie des femmes chefs de ménage dans les
villes de Yaoundé et Douala : Recherche des facteurs explicatifs,
Mémoire IFORD 23e Promotion DES S.
ABENA EBOUGA M. N., Etablissements de microfinance et
promotion des AGR en milieu rural : Le cas des mutuelles communautaires de
croissance (MC2), Mémoire de CPJA, 2005, Yaoundé,
INJS.
Table des matières
Dédicace i
Remerciements ii
Sommaire iii
Diagramme de synthèse synthétique
iv
Liste des abréviations, acronymes et sigles
v
Liste des tableaux vii
Liste des figures viii
Résumé ix
Abstract x
INTRODUCTION GENERALE 1
1 Le problème 2
2 Questions de recherche
2.1 Question générale de recherche 7
2.2 Questions spécifiques de recherche 7
3 Clarification de la question de recherche
7
4 Objet de la recherche 9
5 Objectifs de l'étude 9
5.1 Objectif général 9
5.2 Objectifs spécifiques 9
6 Hypothèses de recherche 10
6.1 Hypothèse générale 10
6.2 Hypothèses spécifiques 10
7 Définition opératoire des concepts
10
8 Approche contributoire des différentes
théories 14
8.1 La théorie des attentes 14
8.2 La théorie du libéralisme économique
14
9 Revue de la littérature 15
9.1 Le concept femmes et développement 16
9.2 Evolution de la problématique femmes et
développement : le genre et le développement 16 9.3 Historique
de l'intégration du concept « Femmes et développement »
au Cameroun17
9.4 le cadre institutionnel 18
9.5 L'entrepreneuriat féminin et le secteur informel 19
10 Intérêt de la recherche
20
11 Délimitation de l'étude
21
12 Approche méthodologique 21
13 Annonce du plan 21
Première Partie : LE CPFF DE BERTOUA : UNE
STRUCTURE D'INSERTION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA FEMME A TRAVERS LES
MICRO-ACTIVITES .. 23
CHAPITRE I : L 'INTERET DE L'ENTREPRENEURIAT FEMININ
25
1.1 Présentation de la situation socio-économique
de la femme 25
1.1.1 L'environnement économique 25
1.1.2 L'environnement socioculturel 26
1.2 Les femmes et le développement de la micro-entreprise
27
1.2.1 Caractéristiques des micro-entreprises
dirigées par les femmes 27
1.2.2 Les fournisseurs des services d'appui aux femmes dans la
ville de Bertoua 29
1.2.2.1 Les ONG 29
1.2.2.2 Les associations de femmes 29
1.3 Les principaux obstacles à l'entrepreneuriat
féminin 29
1.3.1 Les obstacles d'ordre psychologique 30
1.3.2 Les obstacles socioculturels 30
1.3.3 Les obstacles d'ordre infrastructurel 30
1.3.4 L'absence d'un environnement incitatif 30
1.3.4.1 Les politiques 31
1.3.4.2 La législation 31
1.3.4.3 Les institutions 31
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LE CPFF DE BER TOUA
32
2.1 Contexte environnemental de l'étude 32
2.2 Présentation du CPFF de Bertoua 33
2.2.1 Aperçu historique 33
2.2.2 Organisation et fonctionnement 34
2.2.2.1 Missions assignées 34
2.2.2.2 Fonctionnement 35
2.2.2.3 Localisation et infrastructures 35
2.3 L'encadrement des apprenantes au CPFF de Bertoua 36
2.3.1 Les formations professionnelles 36
2.3.2 Les appuis financiers 37
Deuxième Partie : REGARD CRITIQUE SUR LE
FONCTIONNEMENT DU CPFF DE BERTOUA 38
|