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La faible participation des femmes dans le projets de développement dans la CRD de Mankoutant en Republique de Guinée

( Télécharger le fichier original )
par Alpha Oumar KEBE
Gamal Abdel Nasser de Conakry - Maà®trise Sociologie (Genre et Développement) 2003
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DE GUINEE
Travail - Justice - Solidarité

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

DIRECTION NATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

UNIVERSITE GAMAL ABDEL NASSER DE CONAKRY

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2002-2003
39ème PROMOTION

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

Option : Sociologie
MEMOIRE DE MAÎTRISE

THEME :

« La Participation des femmes dans les projets de développement dans la
CRD de Mankountan »

CANDIDAT : Kébé Alpha Oumar

Présenté et soutenu Conakry le: 05 Février 2005

REPUBLIQUE DE GUINEE
Travail - Justice - Solidarité
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
DIRECTION NATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

UNIVERSITE GAMAL ABDEL NASSER DE CONAKRY

ANNEE UNIVERSITAIRE 2002-2003

39ème PROMOTION

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

Option : Sociologie
MEMOIRE DE MAÎTRISE

THEME
LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT
DE LA CRD DE MANKOUNTAN

Le Candidat Le Doyen

Alpha Oumar KEBE Dr Ansoumane CAMARA

Le Consultant Le Chef de Département

Mr Raymond Augustin GNIMASSOU Mr Fodé Bangaly KEITA

SOMMAIRE

Depuis les années "70", la femme a été au centre des réflexions. On a vu se multiplier les théories, les études, et les institutions vouées à l'intégration des femmes au développement. Les femmes émergent à divers instances de ces discours et de ces pratiques : on les observe, on les interroge, on mesure leurs comportements et on dirige vers elles de multiples interventions ayant pour nom le développement. Les femmes ont gagné certes, mais dans la réalité effective, les femmes sont alors "oubliées" et elles restent très peu prises en compte dans les différents domaines d'activité de l'homme.

(Jacquet, 1995 : 56)

Aujourd'hui, la volonté d'améliorer le sort de la femme se retrouve dans les projets de développement initiés par les nations Unies en 1975. Mais force est de reconnaître que la participation effective des femmes se heurte encore à des facteurs d'ordre culturel et socio-économique. (Bulletin du Système des Nations Unies - Guinée 1999 : 4)

Ce mémoire est intitulé "la faible participation des femmes dans les projets de développement dans la CRD de "Mankountan". Le but principal est de comprendre le niveau de participation des femmes dans les projets de développement à Mankountan. Pour atteindre cet but, nous sommes parti de l'hypothèse que la participation des femmes dans les projets de développement à Mankountan résulterait de leur position sociale. Pour vérifier cette hypothèse, nous nous sommes rendu sur le terrain en ayant pris soin d'élaborer à l'avance une revue de la littérature des théories expliquant le phénomène et un guide d'entretien.

La méthodologie de recherche appliquée est essentiellement qualitative, avec la recherche documentaire ou bibliographique et l'entretien libre comme principal techniques de collecte de données. L'enquête a concerné 70 personnes de sexes féminins et 15 personnes de sexe masculin.

Les résultats auxquels, nous avons abouti se répartissent dans quatre sections. Dans la première, les personnes enquêtées s'accordent à dire qu'il existe une forte et importante disparité entre hommes et femmes par ra rapport à leurs prises en compte dans les projets de développement, à Mankountan. Les hommes d'après les femmes enquêtées,

sont ceux que les projets font participer aux actions de développement envisagées dans la communauté. Dans la deuxième section, les enquêtées mettent l'accent sur les formes de participation des femmes dans les projets de développement. Les formes de perceptions de la femme par les acteurs du développement selon les enquêtées sont exposées dans la quatrième section. Enfin dans la dernière, certaines femmes enquêtées estiment que les femmes prennent de plus en plus conscience de leurs situations et oeuvrent pour la changer.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

TABLE DES MATIERES Sommaire i

Table des matières iii

Sigles et Abréviations v

Dédicace .vi

Remerciements ..vii

Introduction 1

Première Partie 4

Chapitre I : Problématique 4

Section I : Objectifs 11

Section II : Hypothèse 11

Chapitre II : Cadre Conceptuel et Théorique .12

Section I : Participation 12

Section II : Femme . 15

Section III : Développement Local ..17

Chapitre III : Revue de la Littérature 19

Section I : l'Approche Genre 19

Section II : l'Approche Féministe .22

Section III : l'Approche Culturaliste ..24

Chapitre IV : Démarche de Recherche ..26

Section I : Recherche Documentaire ..26

Section II : L'Entretien .27

Deuxième Partie 31

Chapitre V : Présentation du Milieu d'Etude 31

Chapitre VI : Présentation des Données 33

Section I : Profil des Enquêtés ...33
Section II : Disparité entre Hommes et Femmes dans leur Participation dans

les Projets de Développement à Mankountan 34
Section III : Les Formes de Participation des Femmes dans les Projets de

de Développement 38

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

Section IV :Les Perceptions que Différents Acteurs du développement ont de la

Femme

.41

Section V : Prise de Conscience des Femmes réunies en Groupement

..43

Chapitre VII : Interprétation des Données

46

Section I : Une Faible Participation des Femmes dans les Projets de

 

Développement

.46

Section II : L'Impact de la Socialisation des Femmes par rapport à leur

 

Participation dans les Projets de Développement

50

Section III : Les Groupement Féminins : Cadre d'Emancipation des Femmes

54

Conclusion

56

Bibliographie

.60

Annexe I : Guide d'Entretien

..62

Annexe II : Tableau Indiquant les Statistiques Hommes et Femmes au Crédit Rural 64

Annexe III: Carte Administrative de Mankountan source (PACV) Mankountan 2003). .65

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

SIGLES ET ABREVIATIONS

CRD : Communauté Rurale de Développement

C.C.C.I : Conseil Canadien pour la Coopération internationale CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

DINAFIV : Dynamisation des Filières Vivrières

FAO : Fonds des Nation Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture F.L.S.H : Faculté des Lettres et Sciences Humaines

I.D.H : Indice du Développement Humain

MEPU-EC : Ministère de l'Enseignement Pré universitaire et de l'Education Civique

M.L.F : Mouvement de Libération des Femmes

O.G.M : Observatoire de la Guinée Maritime

O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nation -Unies

O.U.A : Organisation de l'Unité Africaine

P.A.C.V: Projet d'Appui Aux Communautés Villageoises PCGeD : Programme Cadre Genre et Développement

S.A.C.C.O : Service National D'assistance aux coopératives et de coordination des interventions des ONG

SNPRV : Service National de Promotion Rural et de Vulgarisation

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

DEDICACE

je dédie le présent

mémoire à mes

deux chers parents

Elhad~ liamadou

1(ébé et Saran

1(éieta pour tous les

e~~orts et les

sacri~ices qu'ils ont

consentis pour ma

réussite. Qu'ils

voient en ce

travail l'expression

de ma pro~onde

gratitude.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire est le couronnement de nos études de Sociologie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (F.L.S.H) de l'Université de Conakry. Nous profitons de cette occasion solennelle pour remercier le Tout Puissant Allah qui nous a accordé sa grâce et qui nous a permis de finir nos études dans de très bonnes conditions.

C'est aussi l'occasion pour nous de remercier très vivement notre consultant M.Raymond Augustin Gnimassou, pour sa disponibilité et son sens élevé du devoir. Sans ses critiques et suggestions, ce travail n'aurait pas été aussi "comestible". C'est aussi le lieu de remercier M Campel Camara avec qui, on a commencé ce travail. Notre pensée va également à l'endroit de nos Maîtres de l'Ecole Primaire et du secondaire et tous les professeurs de la F.L.S.H en général et ceux du département de Sociologie en particulier pour la formation et les bons conseils qu'on a reçu d'eux. Nous remercions également M Fodé Bangaly Kéïta, chef de département de Sociologie pour sa disponibilité et ses sages conseils.

C'est l'occasion pour nous d'adresser une mention spéciale à toute notre famille pour le soutien inestimable qu'elle n'a cessé de manifester à notre égard. Que mes deux parents, Elhadj Mamadou Kébé et Saran Kéïta soient remerciés pour tous les efforts et tous les sacrifices qu'ils ont consentis pour notre réussite. Nous remercions les membres de notre famille : Sidy Kébé, Fodé Kébé, Bintou Kébé, Mariama Siré Kébé, Elh. Aboubacar Kébé, Alpha Mouctar Sy, Tiguidanké Camara (N'Cissé) pour tout le soutien moral et matériel qu'ils nous ont apporté. Nous remercions également notre frère homonyme Oumar Kébé (S.A.C.C.O) pour son appui et ses conseils. Dans la même lancée, nos pensées vont également à l'endroit de notre oncle M. Sacko pour son soutien moral et matériel, à M Camara Ansoumane pour son amitié et son soutien, et Mr Keïta Mohamed (Fondateur des groupes scolaires Koumadian Kéïta), pour son soutien.

Nous ne saurons terminer ce travail sans remercier nos condisciples de la 39ème promotion de Sociologie. Que nos amis Diallo Aboudoulaye (Chiplo), Barry

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

Mamadou Lamarana (LB), Sylla Aboubacar, Sylvain Paul, Kaba Sonassa Mariama Djouldé Barry, Diallo Fatoumata Dirraye, Sylla Makhissa, Maïmouna Barry, Elisabeth Tchidimbo, B aldé Mamadou Saliou, Djénimory Kéïta, Sandaly Kéïta trouvent ici l'expression de notre sincère amitié. Nous remercions également nos condisciples de la promotion 9 8-99 du Lycée Matam pour leur solidarité et leur sincère amitié

Nous remercions M.Diddier Bazzo Directeur du projet Observatoire de la Guinée Maritime (O.G.M) pour nous avoir permis de faire notre stage de fin d'études universitaires au sein dudit projet. Nous remercions Phillippe Geslin, Mathieu Fribault, Ferdinand Bangoura pour leur encadrement lors des collectes des données sur le terrain, et aussi notre partenaire de terrain Christina Akré (Suisse), pour sa bonne collaboration.

Nous remercions aussi la population de Mankountan et celle de Kalèxè à travers le chef de District Mr Dina Bangoura et sa brave femme, Nènè Bangoura, pour nous avoir bien accueillis et pour leur bonne collaboration lors de nos enquêtes.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

INTRODUCTION

C'est au cours des années "70" et au début de la décennie "80", selon Coche (1995 : 8), que les occidentaux, principaux intervenants dans le développement de l'Afrique procédèrent à un premier bilan, qui s'est révélé négatif. Les projets mis en place jusqu'alors semblaient être calqués sur le model occidental de développement et s'étaient avérés inadéquats et inadaptés, ignorant les particularismes culturels, sociaux économiques, politiques et historiques des pays africains. Ces derniers avaient pour leur part atteint un seuil d'endettement bien supérieur à leurs capacités de remboursement.

Les années "90" correspondent à un changement de stratégie en matière de développement. En effet, les opérateurs semblent opter pour des projets de taille plus réduite, mis en place à partir d'une meilleure connaissance du milieu, avec pour objectif de voir leurs partenaires s'approprier ces actions afin de les entretenir et de les améliorer une fois les intervenants retirés. Coche (1995 : 12)

Dans le cadre des projets mis en place dans les années "70", la question de la participation des femmes au processus de développement n'était que peu soulevée. Les projets étaient globalisants et généraux, axés sur la promotion des produits d'exportation. Ces actions ne prenaient pas en compte les particularismes culturels et sociaux dont font partie les relations hommes et femmes. Coche (1995 : 16)

Après la décennie des femmes (1976-1985) précédée par l'année internationale de la femme, les gouvernements ont fortement réfléchi sur le rôle capital des femmes dans le processus global du développement. C'est à ce sujet que les Nations Unies « ont attiré l'attention du monde sur le rôle capital des femmes dans le développement et donné aux organisations internationales et à de nombreux gouvernements l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes » (FAO, cité par Luc Sindjoun, 2000 : 244).

Depuis lors, des mécanismes étatiques ont été mis en place. Des ONG et des associations féminines ont vu le jour en vue de gérer les programmes et projets

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

visant à faire de la femme l'actrice du développement sur un même pied d'égalité que l'homme. Pourtant comme, le fait remarqué Bisilliat, cité par Coche (1995 : 10) : « l'énorme déploiement de mécanismes, structures, conventions, résolutions, stratégies n'a pas suffit pour que les femmes, partenaires de facto du développement, deviennent des partenaires de jure des projets de développement ».

Alors que de nos jours, selon le bulletin du Système des Nations Unies (1999 :7), la manifestation de la volonté d'aider les femmes se trouve dans les projets de développement initiés par les gouvernements en partenariat avec les Nations Unies.

C'est dans ce contexte que la présente étude se pose la question de savoir, « quelle est la participation des femmes dans les projets de développement dans la CRD de Mankountan ? » Pour rendre opérationnel la présente question, nous sommes parti de l'hypothèse que la participation des femmes dans les projets de développement serait fortement en relation avec leur position sociale. Pour tester notre hypothèse, la méthodologie utilisée, a été essentiellement qualitative axée sur la recherche documentaire et l'entretien libre.

Le choix de la CRD de Mankountan découle du fait qu'elle a été désignée comme CRD pilote du projet OGM1 au sein duquel nous avons effectué notre stage de fin d'études supérieures. Ensuite, c'est une zone de prédilection de nombreux projets de développement et où l'on note une importante présence de la culture. Et enfin, Mankountan a été choisi parce que notre préoccupation est de comprendre les difficultés liées à la participation des femmes dans les projets de développement en milieu rural.

Le présent mémoire est constitué de deux grandes parties. La première partie renferme quatre chapitres. Dans le premier, la problématique, l'hypothèse les l'objectifs sont exposés. Le deuxième chapitre traite des principaux concepts utilisés dans le présent mémoire. La revue de la littérature est exposée dans le

1 Observatoire de la Guinée Maritime

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troisième chapitre. La démarche de recherche qui met fin à cette première partie est présentée dans le quatrième chapitre

La deuxième partie de ce mémoire est composée de trois chapitres. Le premier chapitre présente le milieu d'étude. Le second chapitre comporte les données collectées sur le terrain. Le troisième chapitre porte sur l'interprétation des données. Et enfin la conclusion clôture le présent mémoire.

Les difficultés rencontrées lors des recherches de terrain ont été d'ordre naturel, liées à la saison des pluies. Il n'était effectivement pas toujours possible d'effectuer des déplacements dans certaines zones en raison de l'état des pistes. D'autre part l'hivernage correspond à une saison culturale très intense pour les paysans (riziculture, culture de l'arachide, du manioc, du fonio, du maïs, ...), les femmes et les hommes étaient donc très occupés par les travaux des champs et parfois peu disponibles pour de longs entretiens. En ce qui concerne les femmes, leurs obligations domestiques (préparation des repas, entretien des enfants, ménage, linge à laver, etc,...) font qu'elles disposent d'encore moins de temps libre.

Pour ces raisons, mais aussi parce que les entretiens requièrent une grande concentration et beaucoup d'énergie, ils ont duré en moyenne entre une (1) heure et deux (2) heures. Dans certains cas, nous avons procédé à des entretiens de groupes (Focus Group), cas des groupements de Christiane de Bigory, de Kadiatou Bangoura de Tabangalan. La principale contrainte a été celle créée par les hommes. En effet, nombreux d'entre eux souhaiteraient répondre à la place des femmes (cas du groupement d'Alpha Bah de Toumbéta etc..), qui inversement avaient parfois du mal à s'exprimer en leur présence. De ce fait, il nous est arrivé parfois de demander aux hommes de se retirer de l'assemblée, pour nous permettre de mieux travailler avec les femmes.

Il nous arrivait de prendre rendez-vous avec les femmes, mais dans certains cas, nous venions à l'improviste et dans les deux cas cela allait très bien. Sauf exception d'une femme hors groupement qui s'est senti offensée par nos questions et a fait appel à ses frères pour nous donner une bonne correction. Mais grâce aux différentes interventions nous en sommes sorti.

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

Pour surmonter ces difficultés, nous avons appris la langue du terroir histoire de nous confondre avec la population pour mieux avoir l'information. Pour les difficultés naturelles, nous avons utilisé les imperméables, des bottes pour nos déplacements. Nous avons effectué de nombreux déplacements avec les femmes bagas dans les champs pour les aider à faire les travaux. Ces efforts nous ont permis de mieux nous entendre avec les femmes et surtout ont favorisé la fluidité des réponses.

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

PREMIERE PARTIE

La première partie de ce mémoire est constituée de quatre chapitres. Le premier chapitre expose la problématique, les objectifs et l'hypothèse. Le deuxième chapitre contient le cadre conceptuel et théorique, où sont présentés les principaux concepts utilisés dans ce mémoire. La revue de la littérature est exposée dans le troisième chapitre et la démarche de recherche est traitée dans le quatrième chapitre.

CHAPITRE I: -PROBLEMATIQUE

La communauté internationale a adopté en 1945 la charte des Nations Unies en faveur de l'égalité entre l'homme et la femme. Depuis cette époque, la juste revalorisation de la position et de la condition des femmes dans la société ainsi que leur rôle dans le développement n'a cessé d'être une préoccupation dans les pays d'Afrique et du monde. (PCGeD, 1998 : 16). Dès 1946, pour PCGeD, la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme a été créée. Elle est l'organisme intergouvernemental chargé de suivre l'égalité entre les sexes et la promotion des droits des femmes à travers le monde. En 1960, cette commission a revu son acceptation de l'égalité des sexes qui jusque là était liée aux droits humains pour l'élargir au développement économique et social. C'est sur la demande de cette commission que l'année 1975 a été déclarée "Année Internationale de la Femme". L'assemblée Générale des Nations Unies a ensuite approuvé le plan d'action pour l'application des objectifs de l'Année Internationale de la Femme et proclamer les années 1975-1985, la décennie des Nations Unies pour les femmes avec un triple but d'égalité, de développement et de paix. Ce plan définit des directives à suivre et les jalons pour les pays membres afin d'incorporer les femmes en tant que groupe cible spécifique dans les initiatives de développement. (PCGeD, 1998 : 19).

Depuis le début de la décennie de la femme, les Nations Unies ont parrainé tous les cinq ans ou dix ans, de grandes conférences sur les femmes, qui ont été

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

relayées par des assises régionales dont la troisième Conférence Mondiale sur les femmes tenue à Nairobi en 1985. A Nairobi, on a reconnu que les institutions nationales, les organisations non gouvernementales et les particuliers jouent un rôle actif pour la suppression des obstacles socio-économiques qui empêchent les femmes d'exprimer tous leurs potentiels en tant qu'agentes et bénéficiaires de développement. "Les stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme à l'horizon 2000" définissent des mesures concrètes à prendre par les Etats membres pour garantir la réalisation des objectifs de la décennie des femmes. (PCGeD, 1998 : 21).

Suite aux recommandations de Nairobi, des organismes ont été spécialisés dans l'amélioration du statut social et des conditions de vie des femmes. Les pays africains et les organisations interafricaines (OUA, CEDEAO,...) ont institutionnalisé la question féminine et ont tenté d'y apporter des réponses. Des mécanismes étatiques ou non gouvernementaux ont été consacrés aux femmes. Plusieurs pays industrialisés, les organismes de l'ONU et les autres agences de coopération bilatérale et multilatérale se sont dotés de stratégies visant à mieux intégrer les femmes du tiers monde dans les initiatives de développement. (PCGeD, 1998 : 24).

Pourtant en Afrique, comme ailleurs, dans nombreux des pays en voie de développement, les progrès et les évolutions de la société dans ses différentes composantes (sociales, économiques et politiques) ont parfois pu bénéficier à certaines couches de populations qu'à d'autres. Le développement, malgré les efforts des opérateurs et bailleurs de fonds, et malgré les politiques soucieuses d'égalité et de justice sociale, a parfois engendré des inégalités et accentué des logiques d'exclusion. Les femmes et les jeunes sont alors ceux que les programmes "oublient" et qui exercent le moins leurs droits fondamentaux, bien que participant de façon considérable mais non reconnue à l'économie. Coche (1995 : 7)

Dans tous les domaines de la vie de l'Homme, les disparités de genre sont observées.

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Dans l'éducation, Jacquet (1995 : 87), citant les rapports sur l'Indice de Développement Humain (IDH) de 1993, de la Banque Mondiale et de l'UNICEF, indique qu'en Afrique Sub saharienne, on compte fréquemment deux garçons pour une fille à l'école primaire. En 1990, plus de 20 millions de filles de 6 à 11 ans n'étaient pas scolarisées.

Au Moyen Orient et en Afrique du Nord, 70% des femmes âgées de 25 ans et plus sont analphabètes.

En 1998, le rapport de la Banque Mondiale2 sur le taux d'inscription dans les écoles de certains pays africains, montre que : Au Burkina Faso, 37% des garçons sont scolarisés contre 24% de filles. Au Ghana, il montre que 80% des garçons vont à l'école contre 67% de filles. Au Lesotho, 98% des garçons sont scolarisés contre 11,3% des filles. Au Rwanda, 72% des garçons sont scolarisés contre 68% des filles.

Dans le domaine de la participation dans les projets de développement, à l'occasion de l'Assemblée Générale de l'ONU, de 1989 consacrée au genre, le comité de liaison des ONG (au nombre de 700) à conduit une enquête d'où il ressort qu'il n'y a que 11% de femmes dans les services projets des ONG, contre 89% d'hommes. (Jacquet 1995 : 80).

En matière de taux de fréquentation des genres dans les projets de développements, dans certains pays d'Afrique, le rapport de la Banque mondiale de 1995 cité par ( le Réseau Ouest Africain de la Documentation d'Information et de Communication, 1999 : 20 ), montre que :

· En Ethiopie 63% des hommes sont pris en compte dans les projets et ONG contre 37% de femmes.

· Au Sénégal, le même rapport indique 61% d'hommes contre 39% de femmes.

· Au Maroc, on compte 79% d'hommes contre 21% de femmes.


·

2 Rapport cité par le Réseau Ouest Africain de la Documentation d'Information et de Communication, dans son Dossier Documentaire N°2 intitulé "La Question du Genre et Développement" page 35

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

 

· En Mauritanie, 77% des hommes sont pris en compte contre 23% de femmes.

· En Tanzanie, dans les projets de développement les hommes compte 63% contre 37% des femmes.

· En Afrique du Sud, on compte 64% d'hommes contre 36% de femmes dans les projets de développement.

· Au Rwanda, 90% des hommes sont concernés par les projets et ONG contre 10% des femmes.

En Guinée selon Raphaël Coche (1998 : 6), la situation de la femme reflète le manque de prise en compte de leurs statuts et rôles particuliers. Bien qu'étant impliquées dans l'ensemble des domaines sur lesquels portent les actions de développement, elles n'en restent pas moins des exécutantes silencieuses, jouant davantage le rôle de main d'oeuvre que des participantes effectives.

Mettre fin au développement séparé, initier des projets qui bénéficient à l'ensemble des acteurs de la vie économique, sociale, politique, et rurale et ce, en prenant en compte les besoins et intérêts de chacun sont des priorités des politiques de développement actuelles. De ce fait, la question de l'amélioration et de la reconnaissance de la participation des femmes au développement s'impose comme un préalable à la mise en place et à la pérennisation de nombreux projets de développement.

Le constat selon le (PCGeD, 1998 :32), semble unanime sur l'extrême modestie des conséquences pratiques des stratégies lors des conférences sur les conditions de vie effectives des femmes des milieux ruraux. Les mécanismes, les approches et les stratégies développés, n'ont pas permis de résoudre les problèmes des femmes. Malgré la reconnaissance de la centralité des guinéennes dans les actions de développement, de leurs rôles économiques, familiaux et sociaux, malgré les discours et nombreuses ratifications, elles sont restées marginalisées.

Dans un tel contexte, le fait d'être attentif à la situation des femmes, ne relève point d'une visée humanitaire mais se pose bel et bien comme un impératif

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

 

indispensable du développement. En plus d'être, plus de la moitié de la population, les guinéennes sont aussi les piliers essentiels de la survie des familles. Chargées pour une grande part de l'alimentation familiale mais aussi fortement impliquées dans les cultures de rente, les femmes assument d'importantes responsabilités dans la survie de leurs communautés, dans l'économie régionale et dans l'économie nationale. Cependant dans le cadre de la société patriarcale où la domination masculine est très forte, elles restent maintenues à l'écart des décisions et de la majeure partie des bénéfices issus des programmes de développement.

De la démarche initiée par les théories sur "l'Intégration des Femmes au Développement", à l'approche "genre et développement", c'est-à-dire des années "70" à nos jours, nombre d'évolutions ont eu lieu et de multiples changements se sont produits. Toutefois, les résultats paraissent encore insuffisants et les femmes en milieu rural restent encore fréquemment prises en compte de façon accessoire dans les projets de développement. (Coche, 1995: 58).

C'est par la compréhension des relations de genre et l'analyse de la place des femmes dans les communautés et donc des possibilités qu'elles ont de jouer un rôle dans le processus de développement qu'il sera possible de mener des études en leur faveur.

Notre étude s'inscrit dans cette logique de recherche, centré sur la Guinée Maritime et singulièrement dans la CRD de Mankountan du fait du rôle prépondérant qu'elle joue et des impératifs de développement concernant cette région. Comme le souligne Loquay3 (1999 : 100)

« La Guinée Maritime devra être la première région sollicitée par un développement agricole dans la mesure où, elle dispose des plus importantes potentialités agricoles du pays; d'immenses plaines rizicoles mais aussi des palmerais, des arbres fruitiers des cultures maraîchères et aussi une forte présence de la culture ».

3 Annie CHENAU-LOQUAY : contribution de la Guinée Maritime à la sécurité alimentaire du pays. (OSTROM) vol 1 page 100.

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Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

 

Pour Coche (1995 : 39), « Cinquante (50) année d'études et de tentative de mise en valeur des projets de développement n'ont pas permis d'améliorer les conditions des populations en générale et celle des femmes en particulier ». Pour Droy (1998 : 3) « l' "oubli" des femmes est sans doute l'une des raison de la faillite de certains programmes de développement »

Dans de telle situation, il nous a donc paru pertinent dans le cadre de notre étude, de nous poser la question de savoir, qu'elle est la participation des femmes dans les différents projets de développement, dans la CRD de Mankountan ? Nombreuses et variées sont les approches qui permettent d'expliquer la situation relative aux conditions des femmes. Parmi ces approches nous avons le genre, le féminisme et le culturalisme.

Le genre a maintenant dépassé la signification essentiellement grammaticale qui permettait de classer les substantifs en masculin, féminin ou neutre. On l'utilise désormais comme approche pour cerner les rôles sexuels définis socialement, les attitudes et les valeurs que les communautés ou les sociétés considèrent comme appropriées à un sexe ou à l'autre. L'analyse des rapports sociaux de genre permet de mettre en valeur et d'expliquer le déséquilibre général que l'on peut constater dans les relations entre les hommes et les femmes.

Le féminisme exprime son unité doctrinale autour d'un axe principal, la volonté d'égalité entre les sexes formulée comme identité, ressemblance ou analogie, parfois même complémentarité. Malgré ses insuffisances et son militantisme, l'approche féministe apparaît comme une théorie essentielle pour l'analyse et la compréhension de la situation de la femme dans sa relation avec l'homme. Encyclopédie Unversalis (1996 :68)

Le culturalisme est un courant anthropologique postulant que « la culture est un système de comportements appris et transmis par l'éducation, l'imitation et le conditionnement dans un milieu social donné. Le façonnement de la personnalité s'opère inconsciemment ou consciemment par des institutions ou par le jeux des règles ou pratiques habituelles » Boudon cité par Diaby (2002 : 10)

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

 

Pour Kardiner (1948) cité par (Ansart et al, 1998 : 85) « à chaque culture correspond une personnalité de base, c'est à dire une configuration psychologique particulière se manifestant par un certain style de vie et de penser à partir duquel les individus réalisent leur variance individuelle ». L'approche culturaliste accorde une grande importance aux valeurs culturelles qui sont transmises d'une génération à l'autre. Pour le culturalisme, la femme occupe une position sociale pour laquelle il est tout à fait inimaginable de la changer car cette position est ancrée dans les mémoires depuis très longtemps.

Dans le cadre de cette étude, nous nous inscrivons dans l'approche culturaliste parce qu'elle apparaît comme étant la plus commode pour la saisie correcte des difficultés liées à la faible participation des femmes dans les projets de développement dans la CRD de Mankountan.

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SECTION I: OBJECTIFS

SOUS SECTION I : OBJECTIF PRINCIPAL :

Cette étude se donne comme objectif principal de comprendre le niveau de participation des femmes dans les projets de développement de la CRD de Mankountan.

SOUS SECTION II: OBJECTIFS SPECIFIQUES

· Identifier les obstacles que les femmes rencontrent par rapport à leur participation dans les projets de développement.

· formuler des propositions

SECTION II HYPOTHESE

Certains projets de développement de la CRD de Mankountan ont tenu compte dans leur conception, de la nécessité de la participation effective des femmes à toutes les étapes desdits projets. Mais cet idéal s'est heurté à des difficultés d'application sur le terrain à cause de l'habitude des femmes à être toujours « derrière » les hommes et de l'habitude des hommes à toujours décider pour les femmes. C'est pourquoi, dans le cadre de cette étude, nous présumons que « la participation des femmes dans les projets de développement à Mankountan serait fonction de leur position sociale ».

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CHAPITRE II CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Dans les règles relatives à la constitution des types sociaux, Durkheim cité par Camara (1995 : 8), affirme que :

« la tâche du chercheur doit être la

définition et la classification des

éléments sur lesquels porte sa

recherche. La définition de son objet d'étude permet du coup, de délimiter le champ de la recherche d'une part et de localiser le sens dans lequel chacun des concepts clés est utilisé ».

Dans ce chapitre se trouvent exposés les concepts clés qui servent de fondement thématique de notre recherche. Il comprend trois (3) sections qui traitent respectivement de la notion de Participation dans la première section, celle de la Femme dans la seconde section et la troisième traite de la notion du Développement Local.

SECTION I : PARTICIPATION

Pour le Petit Robert (1995), Participation vient du latin "Participatio" qui voudrait dire « action de participer à quelque chose. »

Aux discours habituels sur le thème de la lutte contre le sous-développement selon, N'Kaloulou (1984), est venu s'ajouter le "mot magique" de participation paysanne. Ce mot pour l'auteur à pris une telle dimension dans le discours des pouvoirs publics et du "développeur" , qu'on y voit déjà la solution aux énormes problèmes qui assaillent et assujettissent l'africain.

« La Participation, c'est donner aux communautés à la base la possibilité de décider elles- mêmes de leur développement, et ne plus les considérer comme des exécutrices des politiques de développement conçues au niveau national. Il faut une évolution des pouvoirs de décision vers les communautés de bases »

Franco cité par N'Kaloulou (1984 : 25).

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Soumaré cité par Baldé (2001 :7), dans le cadre de la participation des populations à la base affirme, que si les membres de l'association ne participent pas activement à la vie du groupement, celui-ci mourra rapidement. D'ailleurs, la non participation des populations rurales aux projets de développement serait, selon l'auteur, considéré comme la cause fondamentale du sous-développement. La participation de chacun et de tous est donc la condition de survie et de développement des communautés à la base et de ses activités. L'urgence des problèmes à résoudre et la lenteur de l'adhésion populaire, voire le rejet pur et simple des projets de développement proposés découragent ainsi les volontés les plus tenaces.

Pour Soumaré cité par Baldé (2001 : 21), le terme participer veut alors dire prendre part et suppose que l'on est élément dans un processus où les éléments sont complémentaires. Pour prendre part, participer, il est essentiel d'avoir conscience de l'objectif visé, de l'importance de cet objectif, et du rôle exact qui lui est assigné. En outre, il faut avoir la conscience que la non participation remettra en cause l'objectif visé.

A cet effet, il illustre en relatant que lors d'un déplacement en Guinée Forestière, entre Kissidougou et Guéckédou, si un tronc d'arbre barre la route, que le chauffeur demande aux passagers de l'aider à déplacer le tronc d'arbre pour pouvoir avancer, et que ces derniers refusent de prendre part au déplacement du tronc d'arbre, tout le monde restera sur place aussi longtemps qu'ils ne se mettront pas à l'oeuvre. La prise de conscience d'une situation où l'on est partie prenante exige donc la participation défendra-t-il.

Soumaré, cité par Baldé (2001 : 8) distingue cinq types de participations et cinq degrés et formes de participations aux projets de développement local participatif :

1. La participation de fait qui tire son origine de la tradition (groupe d'âge, de métier, groupe familial, de religion, etc,..). Cette participation est non volontaire, elle est de fait. Elle renforce les traditions ;

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2. La participation volontaire ou consciente est une création du groupe par les participants eux-mêmes et sans recours à des animateurs extérieurs. Dans ce cas, le groupe se donne lui-mêmes son organisation (syndicat, coopérative, partis politiques, etc.). Cette participation est volontaire, elle satisfait des besoins nouveaux ;

3. La participation spontanée est une création du groupe par les participants eux- mêmes. Ce type de participation se fait à l'intérieur de groupe fluide, fluctuant et sans organisation. Les membres sont entièrement des volontaires et aucun ne possède de fonction sociale apparente ;

4. La participation provoquée résulte d'une création du groupe par des animateurs extérieurs dans le cadre des projets communautaires. Ce type de participation est provoqué et suscité. Les membres adoptent des comportements jugés désirables ;

5. La participation imposée découle de la création du groupe par des animateurs ou des autorités. Habituellement, les membres eux-mêmes s'imposent des normes impératives de comportement. Cette participation est obligatoire et celle-ci est indispensable au fonctionnement du groupe.

Pour Soumaré, cité par Baldé (2001 : 8), en lieu et place de la notion de non participation, il est préférable de parler de degrés de participation en raison du fait que les projets de développement communautaire sont toujours un système ouvert. Il existe donc forcément une certaine forme de participation des populations aux projets de développement, mais à des degrés divers. Dans le cadre des formes de participation, Soumaré distingue la participation lointaine et celle provocatrice. La participation lointaine est le degré le plus bas de la participation. Dans ce cas, les populations voient débarquer une équipe d'experts qui se livrent à des travaux dont elles ignorent l'origine et la finalité. Elles commencent alors à s'interroger : que viennent faire ces gens ? Où veulent-ils en venir ? A ce stade, toutes les spéculations sont permises.

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La participation est dite provocatrice lorsque les projets s'implantent sans l'avis et la participation des membres de la communauté, et provoquent des réactions négatives dans la population. Il s'ensuit des tensions et des conflits. N'ayant reçu aucune observation sur les objectifs du projet, les populations y voient une menace pour leur propre sécurité.

La participation résignée des populations est due à la crainte des sévices politiques et administratifs du pouvoir. Les réactions de la population sont du genre « que m'adviendra t-il si je ne participe pas au projet ? Ne va t-on pas me créer des difficultés aux niveaux politiques et administratifs ? ». Il arrive aussi que des sollicitations de leaders influencent la participation des populations. Dans ce cas, selon Soumaré, cité par Baldé, (2001 : 9), on entend les individus dirent « moi, je participe parce que c'est mon frère, il est de la même ethnie que moi, c'est lui qui est à l'origine du projet ». Parfois, il s'agit aussi pour certains de ne pas être rétrograde, de faire comme les autres d'autant plus que telle ou telle autre a son mari dans le projet.

Dans le cadre de la présente étude, la participation serait la prise en compte des populations sans exception dans les différentes étapes de l'évolution des projets de développement.

SECTION II : FEMMES

Selon le petit Robert (1995), le mot « femme dérive du latin "Fémina" qui voudrait dire que la femme est un être humain appartenant au sexe féminin qui peut, lorsqu'un ovule est fécondé, porter l'enfant jusqu'à sa naissance. »

Les sexes sont déterminés à la naissance par des caractéristiques anatomiques et physiologiques. L'homme est du sexe masculin (il est le mâle) et la femme est du sexe féminin (elle est la femelle).

La femme est plus petite, plus fine, moins forte et résistante que l'homme. Sa voix est plus douce, ses gestes plus gracieux et empreints de moins de brusquerie que ceux de l'homme. La femme, de par sa situation phénoménologique, c'est à dire

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dépendant de sa nature, de sa psychologie et de son caractère propre, est différente de l'homme. Elle est plus douce, patiente, maligne et résignée. Elle a plus souvent que l'homme, le sens du devoir et des responsabilités. La femme a donc une existence qui lui est propre et qui dépend de sa nature. Sindjoun (2000 : 51)

Pendant des siècles on a cru que les caractéristiques présentées par les hommes et les femmes étaient naturelles et inaltérables, déterminées par les différences biologiques ou divinement décrétées. Ces caractéristiques incluent à la fois les idées et les valeurs considérées comme masculines ou féminines (les femmes font la cuisine et le ménage, les hommes travaillent sur les machines et font la guerre...). L'antiquité considère la femme comme un être différent de l'homme. Elle est inférieure et doit s'occuper du foyer, des champs et autres activités non rémunérées. Les hommes quant à eux sont propres aux travaux relatifs à la gestion de la cité. Jean-Jaques Rousseau, cité par L. Sindjoun (2000 : 236), résume la conception antique de la femme à travers ces mots : « Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur »

Ce sont les gens qui déterminent certaines caractéristiques non physiques comme étant masculines ou féminines, certaines activités comme convenant aux hommes ou aux femmes et certaines normes appliquées aux rapports entre les hommes et les femmes. Les conditions de vie quotidienne des hommes et des femmes et leur situation relative dans les sociétés sont enracinés dans les institutions et cadres sociaux, culturels, politiques et économiques.

Il est maintenant reconnu que les femmes constituent un pilier fondamental dans les sociétés et les économies, surtout en Afrique, à travers les rôles importants qu'elles assument dans la sphère domestique ainsi que dans la sphère productive. Elles sont au coeur du développement.

Cependant les femmes ne bénéficient pas d'un statut à la hauteur de leur responsabilité et de l'impact de leurs activités dans la vie économique et sociale. Elles continuent d'être marginalisées, en particulier sur le plan juridique et politique et sont confrontées à des discriminations en terme d'accès aux services,

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aux avoirs et au savoir et d'être écartées des espaces de décision, tant au niveau privé que public.

La femme est le moteur de la cellule familiale, elle joue le triple rôle d'agent économique, d'épouse et de mère. Son travail dans la sphère économique est indispensable à la survie de la famille. Le statut social reconnu à la femme est celui d'épouse et de mère. Et même dans ce cadre, il n'est pas exempt d'habitudes qui portent atteinte à ses droits par rapport à la filiation, à l'héritage...

Traditionnellement, la femme à un rôle fixe et limité : elle trouve son épanouissement dans la maternité qui en fait à la fois le symbole et la gardienne du foyer. Ce rôle peut être sublimé dans une maternité spirituelle. Le rôle de la femme est domestique avant d'être social. (Ansart et al, 2000 : 74). Dans le cadre de cette étude, la femme serait pour nous un complément de l'homme dans ses diverses activités.

SECTION III : DEVELOPPEMENT LOCAL

Au-delà de sa dimension économique, sociale, culturelle, spatiale et durable, le développement est souvent interprété comme un processus de transformation qui accompagne la croissance dans une évolution à long terme Kolosy (1998 : 22). Ce processus est étroitement lié au concept de progrès. Pour cet auteur, le concept de développement local et les pratiques qui s'y rattachent se caractérisent par la multiplicité des discours et des programmes, tour à tour complémentaires et contradictoires.

Pour une certaine opinion, selon cet auteur, le développement local est une démarche volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire à taille humaine pour envisager l'avenir de leur territoire. Cela en perspective avec d'autres niveaux d'administration et d'autres échelons politiques de la nation. C'est une vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système en relation avec d'autres systèmes et d'autres acteurs. Les acteurs oeuvrent à l'amélioration des

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conditions de vie de leur territoire, ce qui passe notamment, par le développement et l'emploi.

Pour Une autre opinion, le développement local est la contribution qu'un petit territoire apporte au mouvement général de développement, en terme de plus- value économique, sociale, culturelle, et spatiale. C'est un produit de nature global instrumenté par le projet de territoire d'une équipe, articulé autour d'initiatives économiques et écologiques.

Enfin pour une troisième opinion selon cet auteur, définie le développement local comme une organisation à construire par de l'information en reliant des acteurs publics et privés, engagés dans une dynamique de projet sur un territoire.

C'est vers la fin des années "50" que prend forme la théorie du développement endogène, (Friedmann et Stöhr, cité par Kolosy 1998: 59). Le développement local possède une référence politique et économique qui prend son essor avec les politiques de décentralisation des années "80". Les profondes modifications de l'économie mondiale et notamment des formes que prend la compétitivité réservent les modes de productions: c'est désormais la demande du marché qui est à l'origine de l'organisation de la chaîne productive. Le maître-mot n'est plus la programmation mais la flexibilité, que les réseaux souples de petites unités de production ou les pôles de développement intégré semblent mieux à même de porter que les macro-unités. Quand la crise touche des régions dont l'économie est caractérisée par la mono-activité, c'est tout le tissu social qui s'effondre.

En réaction à ces données économiques, le développement local, c'est à dire la recherche d'un équilibre local par le biais d'une certaine auto-suffisance qui sur la diversification et l'intégration des activités, peut être vu comme une réponse efficace. La crise amène à privilégier le plan local par rapport au plan national et rencontre sur le terrain des poussées sociales, culturelles et identitaires. Le local s'approprie en quelque sorte le développement pour en faire un concept et une pratique globale, une stratégie territoriale intégrée, solidaire, et durable.

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Le développement local est une approche volontariste axé sur un territoire restreint, qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes. Elle fait appel aux traditions locales et insiste particulièrement sur la prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des modalités coopératives. Kolosy (1998: 95).

En nous inscrivant dans cet ordre d'idée et, dans le cadre de ce mémoire le développement local serait pour nous une démarche qui permettrait à toute les couches sociales de la population en général et celles des femmes en particulier de participer au processus de développement à tous les niveaux.

CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE

Il est et demeure évident que la situation de la femme au cours de ces dernières décennies constitue une préoccupation majeure qui interpelle les Etats, les Organismes Internationales, les Organismes Non Gouvernementaux (ONG), les bailleurs de fonds et partenaires au développement. La femme au centre des réflexions est un thème autour duquel des débats houleux ont engagé différents auteurs. C'est pourquoi cette partie exposera la littérature se rapportant à la situation de la femme. L'approche genre, le féminisme et culturalisme ont été utilisés pour cerner au mieux la question des femmes.

SECTION I : L'APPROCHE GENRE

Le mot genre est la traduction de l'anglo-saxon "GENDER". Il a été introduit dès le début des années 1970 dans le but d'établir une différence avec le mot sexe. Le sexe est référé au déterminisme biologique des hommes et des femmes : c'est un fait de nature, un caractère inné qui n'est pas susceptible au changement. Le genre met l'accent sur le caractère social des distinctions fondées sur le sexe : c'est un fait de culture, un caractère acquis qui est donc susceptible de changement. Le concept de genre peut être considéré comme un outil analytique qui permet de prendre en compte à la fois les rôles, les responsabilités et les chances des femmes et les hommes dans une société donnée, en intégrant leurs différences, leurs complémentarités, leurs synergies et parfois leurs conflits. Coche (1995 : 4)

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L'expression « Genre et développement » selon Coche (1995 : 7) découle, à l'instar de la formulation de « intégration des femmes au développement » d'une traduction de la langue Anglaise. Cette approche a été inaugurée au début des années soixante-dix par Aokley dans son ouvrage : « Gender and society » (1972) et appartient au courant politique que l'on qualifie de « féminisme socialiste ». Toute fois, bien ce concept ait été défini il y a presque trente ans, son utilisation et son expansion dans le domaine du développement sont relativement récentes.

Le terme « Gender » est utilisé afin établir une distinction avec le sens impliqué dans le mot sexe désignant les différences entre hommes et femmes au point de vue biologique, physique chromosomique, etc Coche (1995 : 10)

Le mot « gender » désigne les différences masculin/féminin du point de vue social, c'est à dire en soulignant la variation de statut et de rôle qu'il peut exister entre hommes et femmes dans une société donnée. Le genre selon le CCCI4 cité par Coche (1995 : 12) est un concept social.

Le Genre, ou plutôt l'expression relation de genre, désigne des caractéristiques déterminées par la société dont découlent des caractères propres, des activités et des normes. Ce sont des caractères définis par les institutions et cadres sociaux, culturels politiques et économiques. Des relations de genre découlent des valeurs, des attitudes, des pratiques et des comportements. Il s'agit d'une construction sociale, culturelle, historique et psychologique déterminant les relations hommes- femmes à l'intérieur d'un système social donné, définissant ainsi le rôle et le statut de chacun dans les différents domaines de la vie familiale et domestique, villageoise et sociale, économique, politique, religieuse. Coche (1995 : 15)

Contrairement au sexe, l'expression relation de genre implique la variabilité de ces caractères, attitudes et comportements d'une société à l'autre, d'une époque à une autre. Les relations de genre sont comme l'affirme Bisilliat, cité par Coche (1995 : 21), « essentiellement dynamique, qui renvoie aux catégories sociales et non aux catégories sexuelles ».

4 Conseil Canadien pour la Coopération internationale. Dans leur ouvrage « un autre genre de développement : un guide pratique pour les rapports femmes-hommes dans le développement »

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Le concept genre qui prend en considération les relations hommes-femmes permet d'établir et d'analyser le rôle des femmes dans l'ensemble de la vie sociale, économique et politique et de définir de façon complète et précise, quelles sont véritablement leurs activités et quelle est leur participation effective aux processus de développement découlant directement de leur statut dans le système social. Coche (1995 : 23)

L'approche genre par son caractère globalisant, c'est à dire, considérant le rôle et le statut des femmes et des hommes dans un ensemble socioculturel, économique et politique, fait apparaître pleinement la multitude des domaines dans les quels interviennent les femmes. En matière de développement rural, les questions de genre s'insèrent dans chacun des aspects intéressant les développeurs et sur les quels les actions sont menées.

On peut véritablement parler à l'instar de Munting et Ledroit, cités par Coche (1995 : 31), « d'une problématique transversale ».

Les questions des relations de genre se retrouvent dans des domaines aussi différents et variés que le problème de la propriété foncière, la gestion des espaces ruraux et la protection des ressources naturelles, les différentes filières de production, l'accès au financement, les associations paysannes et le développement participatif, la création des capacités, la gestion cohérente des actions de développement dans le temps et dans l'espace.

Le principe de l'approche genre et développement est avant tout d'abord le rejet du développement séparé c'est à dire qu'elle se fonde sur la volonté de comprendre un ensemble composé d'hommes et de femmes, ayant des rôles et des statuts différents, de développer ce « système » de façon équilibré et cohérente. Cela suppose des actions qui prennent en compte la participation de chacun et qui s'adaptent aux contraintes des différentes catégories de population afin de favoriser la mise en place des actions durables et pertinentes. Coche (1995 : 27)

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Il ne s'agit pas de considérer les femmes d'un côté et les hommes de l'autre, mais au contraire de comprendre les relations dynamiques qui existent entre les deux « genre », leurs rôles respectifs et leurs complémentarités dans l'ensemble du système social , économique, politique, rural.

Beaucoup d'intervenants dans le domaine du développement s'interrogent sur l'utilité des distinctions de Genre : les femmes ne sont elles pas comprises d'office lorsque l'on parle des « paysans ? », des «bénéficiaires du projet ?», des « populations concernées » ? Cela n'est pas simple : car on croit parler en général alors qu'en réalité on parle en masculin. De ce fait, les femmes restent invisibles et leurs besoins et intérêts spécifiques sont souvent oubliés. Coche (1995 : 29)

Ce biais initial a engendré des biais dans la programmation du développement : en reconnaissant aux femmes un rôle majeur essentiellement dans la reproduction sociale, on omet de reconnaître leur rôle productif et économique. La non prise en compte de ces réalités sociales a souvent conduit les décideurs à commettre des erreurs d'analyse et à diminuer l'efficacité des actions programmées. Des « projets de femmes » ou des « volets femmes » ont parfois été initiés. Leur caractère ponctuel et sectoriel a parfois accentué la marginalisation des femmes dans les grands projets, en les maintenant à l'écart des objectifs principaux de l'intervention.

L'approche genre permet de prendre en compte non seulement les rôles spécifiques des femmes, mais aussi la corrélation de leurs rôles avec ceux des hommes, les rôles spécifiques des hommes en soi et leurs corrélations avec ceux des femmes. Elle permet d'intégrer la dynamique sociale qui existe entre eux : l'information au sujet des femmes implique aussi l'information au sujet des hommes, et vice et versa. Coche (1995 : 31)

SECTION II L'APPROCHE FEMINISTE

Le féminisme est un ensemble de théories et de pratiques fondées sur la croyance de l'égalité des sexes dans les domaines politique, économique, social et culturel.

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A la base de la position féministe, il y a le fait que les théories antérieures n'ont pas tenu compte de la division sexuelle du travail dans l'analyse des rapports sociaux. Pour les auteurs féministes (Curie, Beauvoire, Tristan 1949), il importe de tenir compte de la manière dont les pouvoirs sont partagés au sein de la famille et de la société.

Ces théories ont pris naissance à la fin de la seconde guerre mondiale et sont à la base des concepts tels que ; « sexe et développement », «femme et développement », «intégration des femmes au développement »... Le mouvement féministe connaîtra son apogée vers le milieu des années 1970 avec la création de nombreux "mouvements de libération des femmes" (M.L.F.) et l'activisme parfois exagéré de ces mouvements sur le terrain. Cet activisme peut se comprendre si l'on tient compte des discriminations dont les femmes étaient- et sont toujours- l'objet et du désir légitime que les féministes avaient de renverser la domination masculine. De ce point de vue, le féminisme est un militantisme. Universali5 (1996 : 68)

Le féminisme dénonce, met en évidence une absence de droit, une inégalité entre homme et femme que rien ne peut justifier. Le féminisme analyse le monde à partir du statut des femmes, dénonce les injustices qu'elles subissent et propose des solutions pour venir à bout de ce qu'il considère comme un fléau social, une entrave à l'harmonie. C'est un mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits de la femme dans la société. Universali5 (1996 : 72)

Pour les auteurs qui s'inscrivent dans ce courant de pensée, la place des femmes dans la société n'est pas ce qu'elle devrait être. De plus, leur infériorité n'a rien de "naturel", car c'est l'organisation sociale qui en est responsable. C'est pourquoi Simone de Beauvoir affirme dans son célèbre ouvrage "le deuxième sexe", « on ne naît pas femme mais on le devient ». Sur le plan scientifique, le féminisme peut dans une certaine mesure être interprété comme un obstacle épistémologique notamment à travers la simplification unidimensionnelle de l'identité et de la réalité sociale d'une part et de la tentation finaliste d'autre part.

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De plus en plus nombreux sont les chercheurs féministes à prendre conscience des limites d'une politique qui, tout en militant en faveur de l'égalité, exclut les hommes et ne tient pas compte du contexte institutionnel global dans lequel s'inscrit cette démarche. Dans le domaine du développement, la subordination des femmes était reconnue comme un handicap sérieux, au regard de leur contribution non négligeable à la production des richesses. De multiples efforts ont été mis en oeuvre pour aider les femmes à s'émanciper. Le but était de les intégrer au développement pour qu'elles en tirent profit. Universali5 (1996 : 77)

L'hypothèse à la base de ce concept était qu'avec plus de ressources et l'apprentissage de nouvelles technologies, les femmes produiraient plus de biens et de services et qu'elles et leurs familles en tireraient plus de bénéfices. La mise en application de ce projet a montré de sérieuses limites car ces projets marginalisaient les hommes sans régler la question de la subordination des femmes. Universali5 (1996 : 80)

Le féminisme malgré ses limites, est une théorie qui permet de comprendre l'itinéraire de la situation de la femme d'une part et de sa volonté de changer la domination masculine.

SECTION III : L'APPROCHE CULTURALISTE

C'est avec les auteurs comme Benedict, Linton, Kardiner, Mead, selon Michel (1998 : 57), naît dans les années " 30" l'école du culturalisme Américain au sein d'une nouvelle discipline : l'Anthropologie culturelle. Cette école culturaliste, focalise l'attention sur les liens entre culture et personnalité et se préoccupe de montrer comment s'opère inconsciemment ou consciemment le façonnement de la personnalité par la culture à travers ses institutions.

Le culturalisme, est une approche anthropologique visant à expliquer les phénomènes sociaux par le biais de la culture. Cette approche part de l'hypothèse que chaque individu vivant dans une société ne peut être comprit que s'il est

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moulé dans le tissu social auquel il appartient. La culture est l'ensemble des institutions5 qui assurent la cohérence entre les individus dans une société. L'homme, selon Kardiner cité par Michel (1998 : 79), est un être de besoins, mais ses besoins ne sont pas tous fixes. Un grand nombre d'entre eux varient en fonction des conditions extérieures. L'homme se caractérise, en effet, par son adaptabilité ; et chaque culture détermine les conditions dans les quelles se trouvent satisfaits ses besoins aussi fondamentaux que la faim et la sexualité. C'est pourquoi les individus vivant dans une même société et soumis à un même ensemble d'institutions partagent, le même type de personnalité.

Pour Mauss, cité par Michel (1998 : 216), Chaque culture comporte un ensemble systématique de culture du corps, dont l'unité profonde dépend de l'existence des schèmes culturels intériorisés par tous les individus d'un même groupe au cours de leur prime éducation. Rapporté à notre étude, la culture du l'autorité patriarcale, sur les femmes est, la résultante de leur situation face aux projets de développement. En effet, le pouvoir phallocratique est tellement ancré dans la conscience collective que les individus oublient que cela constitue un frein à la participation des femmes au développement.

Les travaux de Mead cité par Michel (1998: 99) sur les rapports entre les sexes dans trois sociétés traditionnelles d'Océanie demeurent encore un témoignage éloquent de l'approche culturaliste. L'enquête selon cet auteur, fût menée entre 1931 et 1935 chez les Arapesh, les Mundugumor et les Chambuli, trois ethnies océaniennes qui offrent chacune un traitement distinct de la différentiation des sexes. Les Arapesh, qui vivent dans les montagnes peu propice à l'agriculture, élèvent des cochons et s'alimentent des ignames et de taros. Dans cette société, malgré un environnement naturel peu favorable, règne une réelle solidarité entre hommes et femmes. La coopération est la règle; l'autorité masculine n'est

5Une institution écrit Kardiner, peut être définie comme tout mode établi de pensée ou de comportement observé par un groupe d'individus (c'est à dire une société) qui peut être communiqué, c'est à dire reconnu par tous, et dont la transgression ou la dérivation crée un trouble chez l'individu ou dans la groupe

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nullement valorisée. L'harmonie entre les sexes, symbolisée par le mariage constitue l'idéal.

Alors que chez les Arapesh la douceur est la norme, les Mundugumor, tribu favorisée par d'excellentes conditions écologiques et un horticulture prospère, se complaisent dans des relations agressives, alimentées dès l'enfance par des frustrations successives; le tempérament des adultes des deux sexes s'exprime dans la violence, la jalousie et la vengeance. Mais les rôles féminins et masculins ne se trouvent pas véritablement différenciés, comme c'est le cas chez les Chambuli. Cette tribu lagunaire dont l'examen clôt l'enquête de Margaret Mead, réserve aux hommes et aux femmes deux univers bien distincts. Pouvoirs, cérémonies et esthétiques sont l'apanage des hommes: ceux-ci vivent une perpétuelle compétition pour obtenir la présence sur la scène sociale et maîtrise la circulation monétaire. Les femmes ne connaissent pas ces relations difficiles et tendues qui sont propre aux maisons des hommes. Elles détiennent le pouvoir de la maisonnée, assurant la subsistance familiale.

A la lumière de cette illustration, le cas de la troisième tribu correspond mieux à la description de la population cible de notre présente étude.

Dans le cadre de cette étude, nous nous inscrivons dans le culturalisme car il constitue à notre avis l'approche qui explique au mieux la subordination et la marginalisation des femmes dans nos sociétés.

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CHAPITRE IV : DEMARCHE DE RECHERCHE

La recherche documentaire repose sur une hiérarchie cybernétique des choix, c'est à dire que les éléments les plus riches en informations conditionnent ceux qui sont plus riches en énergie. Ce principe cybernétique s'applique à toutes les étapes de la recherche. A ce titre, la problématique et l'idée de la recherche, caractérisées par leur structure informationnelle, déterminent la méthode d'enquête, le choix des instruments d'enquête et leur contenu, la population visée, etc et non l'inverse Tremblay (1999 : 55).

Ainsi cette étude se donne l'objectif d'utiliser dans la démarche de recherche deux volets : la recherche documentaire et l'entretien comme techniques de collecte des données.

SECTION I : RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Pour Gauthier (1990 : 250), la recherche documentaire est une méthode qui vise à s'imprégner ou à prendre connaissance de ce qui avant nous à fait l'objet d'une attention particulière et à mener à des conclusions bien établies.

La recherche documentaire pour André Tremblay (1991 : 97), est une des parties essentielles de toutes les recherches. Pour cet auteur, une recherche commence par une revue de la documentation, laquelle est constituée d'ouvrage généraux à caractère théorique, d'articles et de livres qui fournissent les résultats d'enquêtes et d'études sur le sujet de la recherche et des données statistiques officielles.

Dans le cadre de cette étude, nous avons procédé à des lectures d'ouvrages généraux et spécialisés et des mémoires de fin d'études supérieures et d'études approfondies des revues portant sur la question des femmes en général et des femmes rurales en particulier aussi bien en Afrique qu'en Guinée. Ces différentes lectures ont été déterminantes dans la compréhension de l'exclusion des femmes dans certains aspects de la vie de l'homme. C'est pourquoi l'une des étapes primordiales de l'exploration d'un sujet implique la recension de ce qui a été écrit

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précédemment. C'est donc ici que s'inscrit la recherche documentaire ou bibliographique.

SECTION II : L'ENTRETIEN

Au sein des méthodes d'enquêtes, l'entretien s'oppose au questionnaire. Dès qu'il s'agit de recherches qualitatives fines s'impose l'entretien, c'est à dire l'échange, la conversation, moment essentiel de la méthode anthropologique ou ethnologique. Comme son nom l'indique, l'entretien suppose réciprocité entre les interlocuteurs, voire implique déférence de celui qui en prend l'initiative. Au lieu de peser, il doit apporter réconfort et plaisir dans un climat de confiance et d'amitié. Gauthier (1990 : 82)

La technique de l'entretien vise à provoquer une conversation réglée entre un enquêté et un enquêteur minus de consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien. (Durand et weil 1999). Celui-ci se présente sous la forme d'une liste de question ou de thèmes qui doivent obligatoirement être abordés au cours de l'opération, soit spontanément parce que l'enquêté en parle de lui-même au court de la séance, soit sur la demande expresse de l'enquêteur. Le plus souvent ce dernier doit relancer l'entretien en s'aidant d'un guide d'entretien créé auparavant.

L'entretien peut être employé à différentes étapes d'une enquête sociale. Selon les circonstances, il prendra différentes formes et nécessitera l'usage de divers outils. Premièrement, l'entretien structuré (avec guide d'enquête) est un excellent moyen d'obtenir des informations sur un champ que l'on connaît mal, dans un cadre exploratoire. Deuxièmement, l'entretien structuré (avec questionnaire) constitue le meilleur prétexte que l'on peut appliquer à un questionnaire. Enfin, l'entretien non structuré s'avère utile avec des informateurs privilégiés pour construire les outils d'enquête, la problématique et, nous guider dans nos interprétations ultérieures. C'est cette troisième étape qui sera utilisé dans la présente étude. Gauthier (1990 85).

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Par l'entretien, on peut obtenir les informations les plus riches de sens. L'absence ou la dissémination de tout outil d'enquête (questionnaire, guide d'entretien) permet en effet à la conversation de prendre des tournures plus naturelles. La personne, bien souvent sans s'en rendre compte livrera des informations capitales et confidentielles. De plus, l'entretien « contribue à faire sortir les aspects affectifs des réponses des sujets et les principes auxquels ils sont attachés et à préciser la signification personnelle de leurs attitudes ». Selltiz cité par Tremblay 1977 : 313)

On a coutume de distinguer de nombreux types d'entretien selon diverses modalités :

1- Selon le degré de liberté accordé à l'enquêter; dans ce cas nous avons l'entretien libre, directif ou sémi-directif.

2- Selon la place de l'entretien dans la démarche de recherche on distinguera : des entretiens exploratoires destinés à défricher le terrain, les entretiens de contrôles qui ont pour but de contrôler la véracité d'un savoir obtenue par un autre type de recherche et, entre les deux se situent les entretiens qui ont pour but de vérifier des hypothèses ou à approfondir des connaissances.

3- En fin, on pourrait distinguer les entretiens qui visent les séquences particulières des comportements des agents enquêtés : c'est des récits de vie ou biographie provoquée.

En somme, décider de faire usage de l'entretien, c'est primordialement choisir d'entrer en contact direct et personnel avec des sujets pour obtenir des données de recherche. C'est considérer qu'il est plus pertinent d'interpeller les individus eux- même que d'observer leur conduite et leur rendement à certaines tâches ou d'obtenir une auto-évaluation à l'aide de divers questionnaires. C'est privilégier le médium de la relation interpersonnelle.

Dans le cadre de la présente étude, l'entretien s'est déroulé dans la CRD de Mankountan de juin à septembre 2003 et, a concerné soixante-dix (70) femmes

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réparties entre certains groupements et d'autres femmes hors groupement. Pour un besoin de vérification des réponses, nous avons enquêté quinze (15) hommes, cinq (5) sont des travailleurs des projets de développement de la place et les dix (10) autres ont été choisis dans la CRD le critère de choix est principalement axé sur la maturité. Leur âge varie entre 30 et 70 ans.

Les entretiens ont eu lieu dans les différentes langues vernaculaires (soussou, poular, malinké) et aussi en français. Pour mieux avoir la confiance des femmes Bagas, il nous est arrivé d'apprendre la langue pendant le séjour, histoire de nous confondre avec la population pour mieux avoir l'information.

L'entrée par les groupements féminins et la mise en relation avec les projets est un choix délibéré et répond à notre volonté de déterminer quels sont le taux et la forme de participation des femmes dans les projets de développement.

D'un point de vue pratique, cela à permis une prise de contact facile avec les femmes et les hommes. Au delà des entretiens menés dans le cadre des groupements, nous avons procédé à des entretiens libres avec les femmes sur leur condition de vie et de leur participation dans les projets de développement de la place.

Les principales contraintes rencontrées lors des recherches de terrain ont été d'ordre naturel, liées à la saison des pluies. Il n'était effectivement pas toujours possible d'effectuer des déplacements dans certaines zones à cause de l'état de la piste. D'autre part l'hivernage correspond à une saison culturale très intense pour les paysans (riziculture, culture de l'arachide, du manioc, du fonio, du maïs ...), les femmes et les hommes étaient donc très occupés par les travaux champêtres et parfois peu disponibles pour de longs entretiens. En ce qui concerne les femmes, leurs obligations domestiques (préparation des repas, entretien des enfants, ménage, linge à laver etc...) font qu'elles disposent d'encore moins de temps libre.

Pour ces raisons, mais aussi parce que les entretiens requièrent une grande concentration et beaucoup d'énergie, ils ont duré en moyenne entre une (1) heure

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et deux (2) heures. Dans certains cas, nous avons procédé à des focus groupe (entretien de groupe), cas des groupements de Christiane de Bigory, de Kadiatou Bangoura de Tabangalan. La principale contrainte à été celle créée par les hommes. En effet, nombre d'entre eux souhaiteraient répondre à la place des femmes (cas du groupement de Alpha Bah de Toumbéta etc..), qui inversement avaient parfois du mal à s'exprimer en leur présence. De ce fait, il nous est arrivé parfois de demander aux hommes de se retirer de l'assemblée, pour nous permettre de mieux travailler avec les femmes.

Il nous arrivait de prendre rendez-vous avec les femmes, mais dans certains cas, nous venions à l'improviste et dans les deux cas cela allait très bien. Sauf exception d'une femme hors groupement qui s'est senti offensée par nos questions et a fait appel à ses frères pour nous donner une bonne correction. Mais grâce aux différentes explications sur le bien fonder de l'enquête, nous en sommes sorti.

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DEUXIEME PARTIE

La deuxième partie de ce mémoire porte sur la présentation du milieu d'étude, celle des données collectées et de leurs interprétations. Cette partie est ainsi composée de trois chapitres. Le premier présente le milieu d'étude, le deuxième chapitre presente les données de l'enquête et enfin le dernier chapitre expose l'interprétation des données

CHAPITRE V : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

Mankountan est une CRD, située à 85 km de la préfecture de Boffa. Elle est limitée au Nord par la CRD de Bintimodia, au Nord-Ouest par la CRD de Kamsar, à l'Est par la CRD de Colia, au Sud par celle de Tougnifili et à l'Ouest par l'Océan Atlantique. La CRD de Mankountan est créée le 23 janvier 1991, elle couvre une superficie de 900 km2 avec une population de 14055 habitants dont7360 femmes au recensement de 1996 et 922 ménages6. La CRD compte à son sein 11 districts et 37 secteurs ou villages. (Carte PACV, enquête de terrain, CRD Mankountan 2003 voir annexe)

On n'y rencontre un climat du type sub-guinéen et l'alternance de deux saisons : l'une pluvieuse qui commence au mois de juin et se termine au mois de novembre, l'autre sèche qui commence au mois de décembre et se termine au mois de mai. La mousson ou brise marine est un vent frais qui souffle de la mer vers le continent. L'harmattan, vent sec et chaud relativement faible, souffle des hauteurs vers la côte. Dans sa partie Est, la végétation rencontrée est une savane arbustive et herbeuse. Au centre, on n'y rencontre une forêt arbustive dominée par des palmiers à huile, des cocotiers, les orangers et divers autres arbres fruitiers. Sa partie ouest est dominée par la mangrove. Cette végétation riche et variée offre un potentiel inestimable en médecine traditionnelle à la sous-préfecture. Loquay (1999 : 58)

La faune riche et variée, renferme presque toutes les espèces de la faune guinéenne. La principale activité reste la riziculture avec une plaine de 7737

6 (Source, DPDRE de Boké : Monographie des préfectures de Boffa et Boké 2000-2001)

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hectares exploités par les populations. Suivi de la pêche, de l'extraction de l'huile de palme, de la saliculture du fumage de poisson, d'étuvage, de la culture maraîchère et du commerce. La CRD de Mankountan a en outre la particularité d'être une zone de transhumance du cheptel des peuls du Fouta Djallon, ce qui n'est pas sans poser problèmes pour les riziculteurs. La population de Mankoutan est de 95% à vocation agro-pastorale, composée de différentes ethnies qui sont : Les Bagas, les Soussous, les Ballantes et les Mikhiforès. Les Bagas résident dans les villages de Bigori, Kalèxè, Dansi, Matakan, Yampony.

Ils pratiquent la riziculture, la récolte de régimes et l'extraction d'huile de palme et de palmistes, la récolte de vin de palme, la récolte de noix et l'extraction d'huile de cocos, la culture de manioc, de patate, de taro. La saliculture, la pêche saisonnière ainsi que le commerce saisonnier des productions citées plus haut font aussi partie de leurs principales activités. Les Soussous résident dans les villages de Kakala, Kolon, Toumbeta, Madiana, Matè, Mankountan centre, une partie de Dansi, de Matakan, de Yolossi, de Kassali et à Yampony. PACV 7 (2003)

La CRD est aussi le lieu de prédilection de nombreux projets de développement dû au faite qu'elle présente plusieurs atouts dont sa large bande côtière et sa grande ouverture sur la mer avec de potentialités halieutiques considérables. De plus, elle est composée pour une part d'une zone de mangrove favorable à la riziculture.

A cela s'ajoute l'importante présence des Bagas8 dont les traditions de la riziculture inondée sont anciennes et particulièrement adaptées au milieu naturel. La zone est de plus très bien dotée de plantations de palmiers à huile, de cocotiers, de manguiers, d'orangers, de kolatiers, et grâce à la proximité de l'océan, elle offre d'importante possibilité de saliculture.

7 PACV : Projet d'Appui aux Communauté Villageoise

8 Les Bagas constituent une ethnie de la Guinée Maritime qui se subdivise en plusieurs tribus qui malgré les divergences qui les caractérisent ont le sentiment d'appartenir à la même entité ethnique. Ils occupent une aire géographique s'étendant de la rive gauche du Rio Nunez (victoria) jusqu'à la presqu'île du kaloum (Conakry)

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CHAPITRE VI : PRESENTATION DES DONNEES

Ce chapitre présente les données recueillies sur le terrain. Il comprend cinq (5) sections : la première section traite du profil des répondants, la deuxième fait état de la disparité entre hommes et femmes dans leur participation dans les projets de développement, la troisième s'efforce de montrer les formes de participation des femmes dans les projets de développement, dans la quatrième section, se trouve exposé les perceptions que différents acteurs du développement ont de la femme. Et enfin, la dernière section fait état de la prise de conscience des femmes réunies en groupement.

SECTION I : PROFIL DES ENQUETES

Notre enquête s'est déroulée dans la Communauté Rural de Développement (CRD) de Mankountan, dans la préfecture de Boffa. L'entretien a concerné soixante dix (70) femmes réparties entre certains groupements, d'autres femmes hors groupement et quinze (15) hommes soit 82,2% de femmes contre 17,64% d'hommes.

De manière spécifique, 39 femmes (45,88%) interviewées sont reparties dans 10 groupements dont nous avons respectivement: le groupement de "Kadiatou Seth" à Mankountan centre (7 femmes), de "Christiane" à Bigory, (4 femmes) de "Kadiatou Bangoura" à Tabangalan, (3 femmes), de"Madianè" à Madiana (2 femmes), de "Alpha Bah" de Toumbéta (2 femmes), de "Tchotcho" à Sibaly (4 femmes), de "Dondoly" (4 femmes) à Kalexè, de "Taatéma" (5 femmes) à Kalexè, de "Farceur", (3 femmes) à Bantö, et de "Danbélé", (5 femmes) à Bantö.

Les 31 (3 6,47%) autres femmes hors groupement ont été rencontrées entre Mankountan Centre, Sibaly Tabangalan Sibaly, Kalexè et Bantö.

Les femmes interviewées sont toutes des ménagères, exceptée la présidente du groupement "Kadiatou Seth" qui est sage femme. A côté de la fonction de ménagère, elles exercent plusieures petites activités génératrices de revenus

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(Extraction et commercialisation de l'huile de palme, fumage du poisson, étuvage, petit commerce etc..). Leur âge varie entre 21 et 80 ans.

Le niveau d'instruction est généralement très bas, sur les 70 femmes, il n'y a que 7 (10%) qui ont le niveau primaire (2 femmes de Tchotcho, 3 femmes de Alpha Bah et 2 de Kadiatou seth). Les autres sont analphabètes.

La plus part des répondantes sont de la religion musulmane. Seulement 9 (12,85%) femmes du groupement Christiane de Bigory sont des chrétiennes. Parmi les 70 répondantes, seulement 19 (27,14%) ne sont pas mariées.

Dans le souci de vérifier les réponses des femmes, nous avons enquêtés (15) hommes. 5 (33,33%) tous travailleurs dans les projets de développement de la place et les 10 autres (66,66%) ont été choisis dans la population. Leur âge varie entre 30 à 70 ans, 8 parmi eux (53,33%) ont 30 ans, 4 (26,66%) autres ont 42 ans, 2 (13,33%) personnes ont 50 ans et le dernier (6,66%) à 70 ans. Leur niveau d'instruction oscille entre le secondaire et le supérieur. Ils sont tous de la religion musulmane. Parmi eux, 5 personnes seulement sont mariées, soit le tiers d'entre eux ne le sont pas.

SECTION II : DISPARITE ENTRE HOMMES ET FEMMES DANS LEUR PARTICIPATION DANS LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT

Il ressort des enquêtes, que de fortes et importantes disparités existent entre hommes femmes par rapport à leur participation dans les projets de développement à Mankountan. La moitié des enquêtées soit 93,33% de femmes et 80% des hommes, estiment que les femmes restent des acteurs méconnus et secondaires malgré leur rôle primordial, et font les frais d'une domination masculine qui gêne leurs investissements et qui empêche le dialogue avec les projets de développement. Pour illustrer cette situation, les informations fournies par les enquêtés laissent voir deux catégories de réponses :

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> La première catégorie dénonce le pouvoir des hommes. A ce niveau un homme d'âge mûr de niveau d'instruction primaire interrogé à Bigory soutient : « la femme est un être qui inspire de la pitié parce qu'elle n'a pas le même pouvoir de réflexion et d'analyse que l'homme. C'est à l'homme de la canaliser et de prendre la décision pour elle ».

C'est dire que la femme à Mankountan est sous les ordres du mari et c'est lui qui décide de ce que la femme doit ou ne doit pas faire. Une femme analphabète d'environ 40 ans, interrogée affirme :

Nous, nous sommes des femmes au

foyer et nous obéissons à nos

maris. S'ils ne veulent pas que l'on

fasse quelque chose, on ne le fait pas

parce que, si nous le faisons, nous

serons très mal vue par la société ».

Deux femmes enquêtées dans le groupement « Alpha Bah » de Toumbéta affirment : « nous avons le sentiment d'être considérées comme des enfants à la place desquels, les hommes prennent toujours des décisions. »

A Sibaly, 10 femmes hors groupements rencontrées affirment que « les hommes de chez eux, croient qu'elles sont des êtres incapables de réflexions approfondies et par conséquent elles doivent toujours rester derrière les hommes. C'est pourquoi ils sont plus représentés dans les projets de développement ».

Les hommes interrogés confirment cette affirmation. Le président de la CRD lui même soutien que la femme ne peut être que la seconde personnalité du foyer et que c'est l'homme qui doit toujours être au dessus de la femme parce que c'est comme ça. « Depuis le temps de nos ancêtres, c'est l'homme qui décide de la femme ». Il ressort donc que les hommes sont les plus représenté dans les projets.

« Les femmes sont généralement analphabètes, c'est ce qui fait que les projets ne s'intéressent pas beaucoup à elles. Elles sont toujours dans les mêmes activités alors que nous, (les

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hommes) en plus des activités agricoles que nous menons, nous pouvons faire aussi de la maintenance des aménagements, des constructions des projets », nous confie le secrétaire communautaire.

> La deuxième catégorie accuse plutôt certains projets qui ne se dirigent pas vers les femmes. Deux femmes interrogées dans le groupement « Christiane »

de Bigory affirment :

« Nos situations n'intéresse pas beaucoup les projets parce que, quand ils viennent ici (Mankountant), ils se dirigent toujours vers les hommes, et c'est les hommes qui les orientent par rapport aux activités de la localité ».

Les femmes sont faiblement prises en compte dans les projets de développement. Les 4 femmes du groupement "Christiane" de Bigory interrogées, affirment que malgré qu'elles soient en groupement, aucun projet ou ONG ne les a prises en compte. Dans la même lancée, une femme du groupement interrogée à tabanganlan soutien :

« Cela fait déjà trois ans que nous constituons un groupement indépendant, mais jusqu'à présent nous n'avons pas encore eu d'appui concret de la part des projets de développement. D'ailleurs, la majeure partie des projets qui viennent vers nous, ils nous font seulement parler de nos activités mais en réalité, ils ne font rien pour nous aider. Ce sont toujours les hommes qui bénéficient des projets. »

Les femmes hors groupement enquêtées affirment qu'aucun projet, ni aucune structure, ne les a demandée de participer à leur organisation. 3 parmi elles

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estiment : « que les Projets ne font pas suffisamment d'effort pour aider les femmes dans leurs différentes activités ».

2 femmes du groupement "Tchotcho" de Sibaly enquêtées affirment : « A part le SNPRV qui nous a appuyées pour avoir notre agrément, aucun autre projet de développement ne nous a prises en compte. Nous n'avons reçu aucune aide ni des élus locaux, ni des ONG, nous évoluons sur la base de nos maigres ressources (humaines et financières) ».

Pour les groupements (Dambélé, Christiane), les projets ne s'occupent que de
leurs intérêts. La présidente du groupement Tchotcho, abonde dans le même sens :

Les projets ne viennent pas vers nous pour nous demander ce que nous voulons et ce que nous savon faire. Lorsque nous partons vers eux, ils nous imposent des conditions que nous ne pouvons pas remplire. C'est pourquoi, on se décourage et on finit par rester à la maison.

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SECTION III : FORMES DE PARTICIPATION DES FEMMES DANS LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT

Sur la base des données obtenues, les formes de participation des femmes, sauf exception, demeurent très accessoires et sont fonctions des types de projets. Il existe en effet, sur la base de la recherche documentaire et selon les enquêtés, plusieurs types de projets :

y' Les projets d'aménagements rizicoles et d'alimentation ; y' Les projets d'infrastructures sociales, ;

y' Semences et magasins de stockage ;

y' Les projets Hydrauliques ;

y' Les services de vulgarisation ;

y' Les services de crédit.

Les enquêtées s'accordent à dire que la participation des femmes dans les projets

est très limitée. Une femme interrogée hors groupement nous confie : « nous les
femmes, on participe dans les projets en apportant du sable, des pierres, des troncs
d'arbres, préparer à manger pour les travailleurs. » Il arrive souvent que les femmes

ne sachent pas s'il y a des projets dans la communauté, c'est à travers leurs maris

ou les élus local qu'elles participent au rassemblement des agrégats demandés par

le projet. Voici comment une femme rencontrée à Kalèxè lors de nos enquêtes l'a confirmé :

Lorsqu'une école ou un centre de santé doit être construit chez nous, les hommes nous appellent et nous disent voilà, le gouvernement nous a envoyé des hommes pour nous construire soit une école ou un centre de santé. Ils ont donc besoin de nous, vous les femmes c'est ce que vous devez faire et généralement, ce que l'on fait c'est réunir les agrégats de construction et préparer à manger aux travailleurs. On fait donc ce qu'on nous dit de faire, sans poser de question parce qu'il nous a été dit que l'on n'est venu pour nous aider et surtout qu'il ne faut pas contredire ce que disent les maris. Il arrive dès fois qu'on ne rencontre jamais ceux qui sont venus nous aider.

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Projets de développement

Projet de développement de la riziculture inondée (PDRI/GM)

Années

Projets

1997 à nos jours

Lieux d'aménagement

Mankountan : Kalexè, Sibaly, Madiana

Activités

rizicole et d'alimentation Aménagement de la plaine de Kalexè- Sibaly (250ha) construction de

drains et barrages. Amenagement de piste (Mankountan- Kalexè), de

magasins de
stockage, de

banques de soudures Appui aux organisations paysannes

Formes de participations des femmes dans les projets de développement

Participation communautaire : les femmes, payent

la cotisation

(35.000 GNF à l'hectare et 10.000 GNF par mois pour l'entretien des périmètres aménagés)

Apport d'agrégats (sable, gravier, blocs

de pierres) lors de la construction des magasins de stockage des barrages, des pistes.

Préparer à manger.

Dynamisation des filières vivrières (Dynafiv) ancien PASAL (programme d'appui à la sécurité alimentaire

1999 à nos jours

Mankountan centre

Kalexè-Sibaly

Commercialisation des produits vivriers. Innovation

technique,

étuvage et décorticage

Suivi et évaluation SIPAG-système d'information sur les produits

alimentaires.

Formation des femmes aux nouvelles techniques

d'étuvage améliorées. Formation des femmes sur les techniques de construction des foyers améliorés à Kamsar. Appui les femmes dans leurs activités post-récolte (étuvage et décorticage).

Projets d'infrastructures Sociales

Projet d'appui aux communautés villageoises

(PACV)

2001 à nos jours

Mankountan centre

Construction d'infrastructures sociales avec un diagnostic

participatif

Apport d'agrégats pour la construction (sables, gravier pierres, le transport de l'eau), nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter et danser.

Charente Maritime Coopération

1997 à nos jours

Mankoutan (CRD) : Kalexè,

Bigory, Dansi, Madiana, Toumbéta

Construction

d'écoles, de pistes des magasins de stockage. Formation des communautés villageoises,

entretien des pistes (uniquement les hommes)

Apport d'agrégats pour la construction (sables, gravier pierres, le transport de l'eau), nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter et danser.

Aide et Action

Parti

depuis quelques années

CRD de Mankoutan Toumbéta

Construction d'infrastructures sociales, éducation alphabétisation

51

Apport d'agrégats pour la construction (sables, gravier pierres, le transport de l'eau), nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter et danser.

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Semences et Magasins de Stockage

Association Sud, Sud- Ouest de développement industrie agriculture ASSODIA

Arrivé en 1987 et parti

depuis

des années.

Mankoutan (CRD) : Kalexè, Bigory, Dansi, Madiana, Toumbéta

Construction des magasins de

stockages de riz Alphabétisation des groupements en Sousou

Octroie de crédits en natures ( riz paddy)

Apport d'agrégats pour la construction (sables, gravier pierres, le transport de l'eau), nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter et danser.

Projets Hydrauliques

Société Nationale d'Aménagement des Points d'Eau

(SNAPE)

Projet d'approvisionnement rural en eau potable de la guinée Maritime (projet japonais) PAREP/GM

1997 à nos jours

Du 1er avril

2002 au 9 février 2003

CRD de Mankountan: Kolon, Dansy,

KalexèSibaly

Construction de puits améliorés (pompes)

Construction d'un château d'eau avec une canalisation qui alimente sept (7) fontaines (5 à Kalexè et 2 à Sibaly)

Aucune forme de participation si non préparer à manger aux travailleurs et puiser de l'eau

Cotisation communautaire demandée par le projet. Transport de l'eau et préparation à manger pour les travailleurs du château

Service de Vulgarisation

Service National de Promotion Rurale et de Vulgarisation

SNPRV

De 1991 à nos jours

Présent sur toute la CRD de

Mankountan

Vulgarisation des techniques et innovations. Service médiateur entre les projets et les communautés villageoises (tous les projets passent par le SNPRV).

SNPRV/DYNAFIV : Formation de 4 femmes à la technique de construction des foyers améliorés. SNPRV/UNICEF :

Formation de trois femmes du groupement "Kadiatou Seth" sur l'imprégnation des moustiquaires imprégnées. SNPRV/PDRI/GM:

Formation des femmes des périmètres aménagés de

Kalexè et Sibaly sur la technique de repiquage du riz (écartement, nombre de brins..), amélioration du calendrier agricole

SNPRV : Vulgarisation de la technique de repiquage du riz à travers toute la CRD.

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Crédit Rural

Organisation

2000 à nos

Siège à Kataco,

Octroie le crédit à

Aucune forme de participation

Catholique

jours

présente dans Huit

travers le Bagataye

des femmes dans cette

pour la

 

(8) villages du

 

institution. Le crédit n'est

Promotion humaine

 

Bagataye

 

octroyé qu'aux hommes.

(OCPH)

 
 
 
 
 
 
 

Crédit rural et

 

Crédit Rural

2002 à nos

Couvre toute la

épargnes

Simple emprunt, avec un faible

de Guinée

jours

CRD de

volontaires

taux de participation par rapport

(CRG)

 

Mankountan

accordée à la population.

Le crédit octroyé est fondé sur le principe de solidarité (garantie mutuelle).

aux hommes (voir tableau annexe II). Aucune représentation dans les institutions du crédit (comité de gestion, de formation et de surveillance)

Ce tableau présente les principaux projets de développement intervenant dans la CRD de Mankountan, les années et les lieux d'intervention de ces projets les principales activités réalisées par ces projets ainsi que les formes de participation des femmes à ces projets.

SECTION IV : LES PERCEPTIONS QUE DIFFERRENTS ACTEURS DU DEVELOPPEMENT ONT DE LA FEMME

Il demeure évident, sur la foi des réponses obtenues au niveau des différents acteurs du développement, que la participation des femmes aux projets de développement est fortement en relation avec les différentes perceptions qu'ils ont de la femme.

La majeure partie des enquêtés sont unanimes sur le fait que la femme est un être inférieur à l'homme et qu'elle doit se soumettre parce que l'on a trouvé ça comme ça et on doit aussi les considérer comme telles. Les quelques maris que l'on a interrogés abondent tous dans le même sens.

A Mankountan centre, un homme de religion Chrétienne de niveau d'instruction primaire nous confiait ses propos : « La femme est un être qui réfléchit et qui analyse

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moins que l'homme. C'est l'homme qui doit décider de son sort, c'est un fait de culture. Elle est la deuxième personnalité du foyer ». Un autre de Toumbéta marié à 3 femmes avec un niveau d'instruction secondaire pense aussi que :

La femme est comme un animal domestique, elle doit être moulée, dressée, éduquée. C'est à travers cette éducation que l'homme saura si elle est opérationnelle ou pas. A partir de là, elle pourrait faire comme ou même plus que l'homme. La femme, est comme un enfant qui à besoin d'être encadré. Depuis au temps de nos aïeux c'est comme ça, c'est un héritage.

Tous les maris rencontrés pensent qu'aux yeux de la culture, ils sont les maîtres du foyer et que la femme doit toujours se soumettre à leurs décisions. En outre, ils croient aussi que l'homme qui ne prendrait pas ses responsabilités et qui serait « dominé » par sa femme apparaîtrait comme un faible dans la société et par conséquent, il sera la risée de tout le village. C'est pourquoi un monsieur qui a été interrogé à Dansy, dont le niveau d'instruction est aussi du secondaire affirme que « la femme est un mammifère qui fait des enfants, qui s'occupe de ses enfants et de son mari. Elle doit rester toujours derrière les ordres de son mari comme d'habitude. C'est un être de l'intérieur ».

La convergence des réponses sur le facteur culturel se constate aussi chez un mari à Kalèxè âgé de 68 ans ayant aussi un niveau d'instruction primaire, affirme :

Nous les hommes depuis notre naissance, il nous a été enseigné que nous avons le pouvoir sur la femme, et qu'elle doit faire ce que nous voulons qu'elle fasse. La femme est un feu, c'est un mal nécessaire, sans elle, l'homme ne peut rien faire. si je tiens compte de la tradition, la femme doit se plier aux ordres de son mari.

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D'autres enquêtés par contre trouvent que la femme ne doit pas être considérée comme un être inférieur à l'homme, mais la compagne de l'homme. C'est la perception de quelques femmes et des développeurs interviewés. La femme complément de l'homme n'est pas une perception que tout le monde partage. Selon le Chef du service du développement rural SNPRV,

La femme n'est pas un objet ou un instrument,

mais un être sensé qui contribue avec ses

capacités au développement de sa localité, de

sa maison et voire même de la nation tout

entière. Ce dont l'homme est capable de faire,

la femme est capable de le faire, et même

mieux.

La femme, pour cet autre développeur de niveau d'instruction supérieur, est plus capable que l'homme dans certains aspects de la vie. Cet avis est partagé par une femme du groupement "Alpha Bah" de Toumbéta qui affirme :

La tradition a fait que les hommes se croient plus intelligents que les femmes. Mais les femmes sont plus intelligentes que les hommes, s'ils acceptent de considérer la femme comme leurs complément et non leurs esclaves, les femmes aurons plus de considération et cela changera certainement leur condition de vie.

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SECTION V : PRISE DE CONSCIENCE DES FEMMES REUNIES EN GROUPEMENT

D'après les enquêtes, on constate que certaines femmes du milieu rural prennent de plus en plus conscience que leur position n'est pas figée et qu'elles peuvent par le biais des organisations paysanne, faire évoluer leurs situations en créant des groupements féminins à l'intérieur des quels, elles pratiques des activités génératrices de revenus leur permettant de satisfaire leurs besoins et intérêts stratégiques, mais aussi de s'ouvrir aux influences extérieurs.

Dans le groupement « Kadiatou » de Tabanganlan, une femme d'environ 36 ans, et d'un niveau d'instruction primaire, interviewée pense que les femmes ne doivent pas pleurer sur leur sort et peuvent se sortir de leur situation. La présidente de « Tchotcho » à Sibaly aborde dans le même sens, en affirmant :

Pour ne pas toujours subir la domination masculine, nous nous sommes érigées en Groupement pour que les projets de développement s'intéressent à nous également. C'est pourquoi depuis la création de notre groupement en 2001, seul le SNPR V nous a appuyées et conseillées. Pour le moment, nous ne faisons aucune activité parce que nous n'avons pas d'argent dans notre caisse. Les cultures que nous avons effectuées l'année dernière ont été ravagées par les boeufs des éleveurs peulhs. Mais, on ne s'arrêtera pas là parce que pour nous, être en groupement est la seule façon de s'entraider et de décider de ce qui est bien pour nous sans aucune contrainte extérieure.

Ainsi les femmes réunies en groupement pensent dans leur majorité que c'est seulement en étant en groupement qu'elles parviendrons à modifier leur situation.

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Les groupements dans les quels nous avons effectué nos interviewes sont essentiellement des groupements féminins à l'intérieur des quels les femmes prennent leur propre décisions sans associer les hommes. Ecoutons plutôt cette femme rencontrée dans le groupement « Dambélé » de Bantö :

Avant, c'est les hommes qui prenaient les décisions pour nous. Maintenant, grâce à notre union, nous gérons nous-même nos activités. La femme étant dans un groupement, elle devient forte, car elle peut donner son avis et le défendre sans aucune contrainte. Les femmes

qui ne sont pas dans les groupements sont des femmes qui ne sont pas intelligentes et malignes (émouköta) car, c'est en étant dans les groupements que les femmes peuvent avoir des connaissances et des savoir-faire leurs permettant de s'épanouir.

La conscientisation des femmes par rapport à leur position se retrouve aussi dans les idées exprimées par ce développeur (d'un niveau d'instruction supérieur et appartenant à l'ethnie peulh) qui pense que pour aider les femme, il faudrait qu'elles acceptent de se constituées en groupement malgré le poids des traditions et le pouvoir des hommes, dans l'optique de satisfaire leur besoins et faire évoluer leur position.

Dans la même lancée, la constitution des femmes en groupement présente, selon une femme du groupement de « Tatéma » de Kalèxè, beaucoup d'avantages. D'après l'interviewée, « être en groupement est la seule façon de s'entraider. Et mieux, lorsqu'une activité se présentera à l'avenir, étant en groupement, nous aurons plus de force pour y faire, face ».

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La présidente du dit groupement aussi met l'accent sur les avantages liés au groupement des femmes. Pour elle,

D'une part, le groupement permet aux femmes de rassembler des individus pratiquant les mêmes cultures et ayant des intérêts communs. La réunion de personnes exerçant la même activité favorise l'entraide et la solidarité au sein d'un groupement. D'autre part, l'organisation en groupement est un moyen pour les femmes d'être connues et de recevoir un appui technique et financier de l'extérieur.

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CHAPITRE VII INTERPRETATION DES DONNEES

Ce chapitre porte sur l'interprétation des données recueillies sur le terrain. Il comprend trois sections : la première, traite de la faible participation des femmes dans les projets de développement. La deuxième montre l'impact de la socialisation sur les femmes par rapport à leur participation dans les projets de développement et la troisième montre la prise de conscience de certaines femmes réunies dans les groupements.

SECTION I : FAIBLE PARTICIPATION DES FEMMES DANS LES PROJETS

Les données recueillies sur le terrain indiquent que les femmes sont pour la plupart des cas minoritairement représentées dans les projets et sont reléguées au second plant. C'est-à-dire qu'elles sont des exécutantes silencieuses et non des partenaires à part entière. Les données convergent sur le fait que les femmes participent de façons très accessoire dans les projets de développement, leur participation comme l'a fait remarqué Soumaré cité par Baldé (2001 : 9), est lointaine et se fait le plus souvent par personne interposée. C'est en général le plus bas degré de participation précisera t-il.

Les répondants soutiennent que les femmes participent moins dans les projets parce qu'elles ne sont bonnes qu'au foyer. Pour eux, ce sont les hommes qui doivent participer à tous les projets de la communauté. Cette idée se retrouve chez Rousseau (1890) cité par Sindjoun (2000 : 236), lorsqu'il dit : « les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur ». Dans la même lancée, Clastres (1977) cité par Férréol et al (1996 : 82) affirme : « l'arc aux hommes et le panier aux femmes ».

Aux regards des réponses, on comprend que les femmes sont faiblement représentées dans les projets et mieux, s'il arrive qu'elles participent aux projets, leur participation, selon ces réponses, est très aléatoire et foncièrement accessoire. A en croire aux propos de cette dame de Kalexè qui soutient :

« Notre participation dans les projets ne

se limite qu'au assemblage des agrégats,

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c'est à dire on envoie des pierres, du sable, des graviers, nettoyer les locaux et préparer à manger aux travailleurs ».

Il apparaît donc clairement, sur la base des résultats obtenus, que les femmes à Mankountan continuent de se confiner aux tâches quotidiennes (s'occuper des enfants, de la maison, faire la lessive, préparer à manger). Alors que les hommes profitent toujours des opportunités extérieures.

« Les ONG qui viennent ici s'adressent toujours aux hommes ». Au vu de ces propos recueillis au niveau d'une femme du groupement "Christiane" de Bigory, l'on comprend aisément que les hommes, à tous les niveaux, sont favorisés par les actions de développement. Ils sont en contact direct et permanent avec les partenaires au développement avec les quels ils intériorisent les valeurs du projets et bénéficient des formations organisées. Quant aux femmes, jugées "incapable", elles sont obligées de suivre les hommes comme le veut la culture et de jouer le rôle d'exécutantes. C'est dans cette perspective que Avono (1996) cité par Sindjoun (2000 : 234), qualifie ces types de sociétés comme des « sociétés hyper masculinisées ».

Les résultats de cette étude font apparaître de fortes et importantes disparités entre hommes et femmes dans leur participation dans les projets de développement. Les femmes restent des acteurs méconnus et occupant des places qui relèvent du second plan (transport d'agrégats, nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter et danser...).

Les hommes quant à eux, tirent toujours leur épingle du jeu. C'est toujours l'homme qui décide de la femme, qui va au devant de l'étranger et qui oriente les projets par rapport aux activités à entreprendre dans la localité. La femme est beaucoup plus un être de l'intérieur, elle décide de la maisonnée et travaille plusieurs heures par jours et en toute saison.

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Il s'avère donc réel sur la foi des réponses obtenues que la conception traditionnelle de la position sociale des femmes constitue un frein à leur participation aux actions programmées. De par leur position sociale considérée comme "inférieure", les femmes sont souvent victimes de ségrégation au niveau des projets et font les frais d'une marginalisation quotidienne des hommes considérés comme "supérieurs" aux yeux de la culture.

Au niveau de la communauté, les activités publiques et l'ensemble des décisions concernant le village sont sous la responsabilité des hommes. Dans le cadre des réunions auxquelles les femmes sont conviées ou qui nécessitent leur participation, il arrive que ce soit leurs maris qui les représentent. La femme, pour les hommes, peut paraître considérée comme un mineur au point de vue social, comme une personne irresponsable et qui ne s'appartient pas.

Les femmes frappées par la pauvreté ont peu d'outils de travail et manquent de denrées de première nécessité, de nombreux enfants et de charges, car elles assument toute la subsistance de la famille. Les femmes sont victimes de leur position sociale qui les empêchent de participer au même pied-d'égalité que les hommes au développement de la communauté, bien qu'elles demeurent incontournables dans les domaines sur lesquels porte les actions de développement.

Il importe aussi de tenir compte de la nécessité pour les projets d'aller vers les femmes, de favoriser un climat de dialogue sans aucune interférence masculine, car de l'avis des enquêtées, les projets se dirigent toujours vers les hommes. Les réponses fournies par les femmes indiquent que les hommes ont toujours l'avantage sur les femmes, malgré qu'elles constituent les piliers pour un développement à la base.

La plupart des projets rencontrés ignorent les femmes dans leurs principales étapes d'évolution. Elles sont alors considérées comme des exécutantes et non comme des partenaires au développement. « Nous ne participons qu'à la demande de nos maris ou des élus locaux, il n'y a aucun contact entre nous et ce qui sont venus nous aider ». Ces propos recueillis au niveau d'une femme à Mankountan illustre le

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manque de dialogue entre les femmes et certains projets de développement. Alors que pour Coche (1995 : 6),

L'omission du rôle des femmes et de leurs potentialités constitue, il est claire, un frein au développement dans son ensemble. De ce fait, il paraît essentiel pour la réussite des actions de développement et pour la promotion des changements durables et équilibrés de prendre en compte et de valoriser le rôle des femmes.

La plupart des réponses convergent sur le fait que les projets s'adressent toujours en premier lieu aux hommes et cela se comprend lorsque l'on sait que nos sociétés sont profondément patrilinéaires et virilocal.

Cependant, d'autres projets comme le SNPRV9, le DINAFIV10 reconnaissent la

centralité des femmes dans les projets de développement et oeuvrent à ce que les

femmes soient prises en compte, formées, appuyées et encadrées. C'est dans ce

cadre que le représentant du DINAFIV à Mankountan, soutient : « La meilleur manière de faire avancer les projets est d'impliquer les femmes dans les programmes de développement en les formant, en valorisant leurs revenus et surtout en appuyant les activités relevant de leurs compétences ».

Celui du SNPR V pense « que ce qui devrait être constant dans les approches d'animation et de formation qualifiante des bénéficiaires, c'est la prise en compte des femmes comme partenaires indispensables. Cette approche pourrait aider à trouver des formes

9 Service National de Promotion Rurale et de Vulgarisation

10 Dynamisation des FilièresVivrières

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d'organisation appropriées avec lesquelles il sera possible de travailler pour défendre les femmes. Mais force est de reconnaître et de déplorer que ce n'est pas tous les projets qui se soucie des femmes ici à Mankountan ».

Allant dans le même sens, Oakley (1972) cité par Coche (1995 : 15) soutient que pour promouvoir un développement équilibré, les projets de développement devraient impérativement tenir compte des relations entre hommes et femmes. Pour cet auteur, c'est en reconnaissant et en mettant en valeur leur réelle participation dans l'ensemble des domaines d'action du développement qu'il serait possible de faire évoluer leurs positions et situations. Cela impliquerait une connaissance approfondie de leurs différents rôles, des modalités de leurs interventions dans les différentes productions et des relations de complémentarité entre les hommes et les femmes. »

Mettre fin à l'existence d'un développement séparé et promouvoir les femmes au rang de partenaires réelles des opérateurs de développement. Tel est l'objectif de l'approche genre et développement. Elle est une construction théorique dont l'objectif est de faire en sorte que toute initiative, tout projet de développement prenne en considération l'existence du découpage des sociétés et des activités humaines entre deux types d'individus : hommes et femmes.

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SECTION II : IMPACT DE LA SOCIALISATION SUR LES FEMMES PAR RAPPORT A LEUR PARTICIPATION DANS LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT

La construction explicative de la faible participation des femmes dans les projets de développement suit un schéma de construction sociale, de perception, dont le fondement prend l'appellation sociologique de socialisation. Au sens fort selon Aron et al (1993 : 78), socialiser c'est transformer un individu d'un être asocial en un être social, en lui inculquant des modes de penser, d'agir.

Une des conséquences de la socialisation est de rendre stables les dispositions du comportement ainsi acquises. Cette intériorisation des normes et les valeurs a également pour fonction de rendre siennes les règles sociales, qui sont par définition extérieures à l'individu et d'augmenter la solidarité entre les membres du groupe social. La socialisation met en évidence les processus par lesquels un individu acquiert et intériorise les normes, valeurs, attitudes, croyance et d'autres éléments culturels de son milieu, et les intègrent à sa personnalité de manière à s'adapter au groupe dans le quel il vit.

La réponse de la plupart des enquêtés met l'accent sur la socialisation des femmes. En effet, depuis leur tendre enfance, les femmes apprennent qu'elles sont des êtres de l'intérieur, des mères, des épouses qui les prédisposent à se plier aux volontés de leurs maris.

La famille est la cellule de base de la société. Elle est large ou restreinte, composée d'un ou plusieurs hommes, femmes et enfants. Elle est le lieu par excellence ou le rapport construit entre l'homme et la femme s'exprime le mieux. C'est au sein de la famille que le processus de différenciation entre l'homme et la femme prend sa source avant de se poursuivre dans la société globale. La famille est également le lieu par excellence de l'activité économique domestique et le lieu où s'expriment le mieux les rapports de domination basés sur le sexe.

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Cette idée est partagée par Bourdieu (1980) cité par Luc Sindjoun (2001 : 80), lorsqu'il affirme que :

la réalité des relations entre les sexe est également un ensemble de rapports de sens, de représentations construites. Cette dimension symbolique ne peut être intelligible qu'à travers des schèmes de perceptions et d'interprétation.

Dans la même lancée, Berger et Luckman (1986) cité par Sindjoun (2001 : 82) affirme :

L'enfant de sexe masculin, intégré dans la société, va consolider les schèmes mentaux relatifs aux relations entre les sexes, tenus pour acquis au sein de la cellule familiale. Lesquels constituent des matrices formatrices de ses attitudes, perceptions et comportement dans le cadre de son interaction avec sa camarade fille, et permettent de rendre le réel intelligible par l'activité de typification ou de classement des événements et des individus. Car les classifications qui nous permettent de penser, nous sont toujours fournies en même temps que notre vie sociale.

Des données recueillies sur le terrain, il apparaît que la faible participation des femmes trouve sont explication dans les perceptions des différents individus. Ces perceptions sont le fruit d'un long processus de socialisation qui commence dans la cellule familiale et qui se consolide dans la société.

La perception que les hommes ont de la femme découle de l'éducation qu'ils ont reçus depuis leur tendre enfance. Il leurs a été inculqué qu'ils sont supérieurs à la femme et qu'ils doivent leur imposé leurs idées. Aux femmes, il a été enseigné la soumission, la résignation et le respect absolu du mari. Car l'on dit souvent selon

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une femme interviewée à Madiana que « si une femme veut avoir le paradis, elle doit vouée un respect religieux à son mari, et si elle veut aussi que ses enfants aient la baraka11, elle ne doit jamais le désobéir, au risque d'être stigmatisée par la société.

Il n'est donc pas étonnant de retrouver dans la plupart des réponses des enquêtés, l'idée que la femme constitue, de par sa position sociale, un être inférieur à l'homme et qu'elle n'est bonne qu'à l'intérieur de la maison s'occupant du quotidien. C'est une perception que l'on retrouve chez plus de la moitié des enquêtés et qui constitue le fondement d'une croyance ancrée.

Les propos recueillies auprès d'un maris de 68 ans à Kalèxè Précise cette idée :

« nous les hommes, depuis notre naissance, il nous a été enseigné que nous sommes les rois dans la maison et que nos femmes doivent se plier à nos volontés ».

C'est dire que l'éducation constitue un plier qui renforce le rapport de domination entre les sexes. Cette idée d'ailleurs se retrouve chez Bourdieu cité par Sindjoun (200 1 : 89) quand il affirme que :

Les processus de socialisation qui forgent l'habitus social défini comme système de dispositions durables, transportables et ensemble de schèmes de perceptions, de pensée, d'appréciation qui permettent à l'individu de régler d'une manière généralement non consciente, ses actions et décisions quotidiennes rendent possible, tout au long de l'existence, l'intériorisation des savoirs, des croyances et des valeurs relatifs aux rapports de domination entre les sexes.

La plus part des répondantes soutiennent que c'est au sein de la cellule familiale
qu'on les apprend à se soumettre aux hommes, on les enseigne que les hommes sont

11 La baraka signifie la bénédiction

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les maîtres de la maison et les femmes doivent les obéir et se soumettre à eux. Cette réflexion se retrouve dans les idées exprimée par Sindjoun (2000 : 88) lorsqu'il affirme : « La prédisposition des femmes à la soumission est incrustée au sein de la famille ». Cette prédisposition amène les femmes à accepter leur situation et conforte ainsi leur position sociale jugée « inférieur ».

La socialisation des femmes consolide et accentue leur marginalisation, acceptée comme phénomène normal au point où les femmes n'ont pas de problème à occuper cette place. Une femme d'âge mûr interrogée à Mankountan consolide cette idée : « nous, nous sommes des femmes, lorsque nos maris nous disent de faire quelque chose, alors nous le faisons même si cela nous plait pas. Il nous ait interdit de les contredire au risque d'exposer nos enfants à la malédiction et surtout d'être à la risée de tout le village. »

De ce point de vue, il apparaît claire, suite aux données recueillies, que l'on est convaincu de la légitimité de la domination de l'homme sur la femme. Cette perception n'est pas née du néant, elle est la résultante d'un long processus d'éducation à travers lequel, les individus acquièrent une certaine forme de perceptions par lesquelles ils jugent leur prochain.

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SECTION III : GROUPEMENTS FEMININS : CADRE D'EMANCIPATION DES FEMMES

Suite à l'étude du terrain, il ressort que certaines femmes réunies en association trouvent le salut dans les groupements féminins. Si les femmes n'ont pas le droit de décider devant leurs maris, certaines d'entre elles trouvent cela injuste car, pour elles ce dont l'homme est capable de faire, la femme aussi en est capable. Puisqu'elles ne peuvent pas bouleverser tout le système patriarcale assez solide, elles ont optées pour des solutions assez subtiles qui consiste à se réunir en groupement de femmes pour y faire fasse à leur situation.

Il demeure exact, d'après les données recueillies, que les femmes, par le biais des groupements s'expriment, gèrent leur avoir, dirigent leurs activités sans aucunes présence masculine. Il est alors facile d'expliquer la liberté dont les femmes disposent dans ce genre d'organisation, n'ayant pas à se soumettre à l'autorité de leurs maris, ni de leurs aînés masculins. Elles jouissent alors d'une marge de manoeuvre considérable et gèrent elles-mêmes les différents aspects de leurs activités.

Les réponses convergent sur le fait que seules les associations peuvent permettre aux femmes de se battrent pour faire savoir aux autres que leur position n'est pas figée. Cette idée se retrouve d'ailleurs dans la deuxième sexe de Beauvoir, lorsqu'elle affirme : « on ne naît pas femme, on le devient ». A travers les groupements féminins, les femmes apprennent qu'elles peuvent aussi élever le ton et défendre leur position et leurs activités. Cela se retrouve dans les idées de cette femme du groupement « Dambélé » de Bantö :

Avant, c'est les hommes qui prenaient les

décisions pour nous. Maintenant grâce à notre

union, nous gérons nous même nos activités. La

femme étant dans un groupement, elle devient

forte car elle peut donner son avis et le défendre

sans aucune contrainte. Les femmes qui ne sont

pas dans les groupements sont des femmes qui

ne sont pas intelligentes et malignes (hé mou

köta) car, c'est en étant dans les groupements

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que les femmes peuvent avoir des connaissances et des savoir-faire leurs permettant de s'épanouir.

Sur la foi des résultats obtenus, les femmes réunies en groupements trouvent à celles qui ne le sont pas, un esprit fataliste car pour elles, les femmes doivent se lever ensemble et se battre pour leur émancipation afin de faire évoluer leur situation.

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CONCLUSION

Cette étude, réalisée dans le cadre d'une Maîtrise en Sociologie, avec pour thème La participation des femmes dans les projets de développement dans la CRD de Mankountant, avait pour objectif de comprendre le faible niveau de participation des femmes dans les projets de développement. Pour cerner cette problématique, nous avons présumé que la faible participation des femmes dans les projets de développement résulterait de leur position sociale.

Pour tester notre hypothèse, nous avons opté pour une démarche de recherche de type qualitative, avec la recherche documentaire et l'entretien libre comme technique de collecte de données. L'entretien a concernée (70) femmes réparties entre certains groupements, d'autres femmes hors groupement et (15) hommes choisis dans la population et dans les projets de développement.

Les résultats auxquels nous avons abouti se répartissent dans quatre sections : dans la première, les personnes enquêtées s'accordent à dire qu'il existe une forte et importante disparité entre hommes et femmes par rapport à leur prise en compte dans les projets de développement à Mankountan. Les hommes, d'après les femmes enquêtées, sont ceux que les projets font participer aux actions de développement envisagées dans la communauté. Dans la deuxième section, les enquêtées mettent l'accent sur les formes de participation des femmes dans les projets de développement. Les formes de perceptions de la femme par les acteurs du développement selon les enquêtées sont exposées dans la quatrième section. Enfin dans la dernière, certaines femmes enquêtées estiment que les femmes prennent de plus en plus conscience de leur situation et oeuvrent pour la changer par le truchement des groupements féminins.

Au bout du traitement, de l'interprétation et de l'analyse des données, il ressort que les femmes sont pour la plupart des cas minoritairement représentées dans les projets et sont reléguées au second plan. C'est à dire qu'elles sont des exécutantes silencieuses et non des partenaires à part entière. Les données convergent sur le fait

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que les femmes participent de façons très accessoire dans les projets de développement, leur participation comme l'avait fait remarquer Somaré (2002), est très lointaine.

Les résultats de notre étude font également apparaître de fortes et importantes disparités entre hommes et femmes dans leur participation dans les projets de développement. Les femmes restent des acteurs méconnus et occupant des places qui relèvent du second plan (transport d'agrégats, nettoyage des locaux, préparation de la nourriture, chanter danser...).

Les hommes quant à eux, tirent toujours leur épingle du jeu. C'est toujours l'homme qui décide de la femme, qui va au devant de l'étranger et qui oriente les projets par rapport aux activités à entreprendre dans la localité. La femme est beaucoup plus un être de l'intérieur, elle décide de la maisonnée et travaille plusieurs heures par jours et en toute saison. La femme reste au centre des activités domestiques

D'après les données obtenues sur le terrain, il serait logique et pertinent de dire, que La construction explicative de la faible participation des femmes dans les projets de développement, suit un schéma de construction sociale, de perception, dont le fondement prend l'appellation sociologique de socialisation. Il demeure vrai sur la foi des données du terrain, que la faible représentation des femmes dans les projets découle de la perception, de l'éducation (sur les rapports de domination basé sur le sexe), que les individus intériorisent depuis leur tendre enfance et qui fonde leur personnalité sociale. Il apparaît donc que la perception que les individus ont de la femme dépend de sa position sociale jugée « inférieure ».

Il apparaît clairement, suite à l'étude de terrain que la place des femmes dans les projets de développement, est fortement en rapport avec leur position sociale, leur statut et les formes de perceptions qu'ont les différents acteurs du développement sur elles. Cela se ressent dans tous les domaines : sociaux, économiques, politiques et dans les actions de développement, dans lesquels les femmes continuent d'occuper une place secondaire alors qu'elles jouent un rôle primordial.

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La présence de leurs aînés masculins contribue fortement à limiter la marge de liberté et d'expression des femmes. Cette limitation des potentialités féminines est indéniablement un frein, un obstacle au développement agricole, rural de la localité dans la mesure où elles ne peuvent s'investir comme elles le souhaiteraient (limitation foncière, peu de représentation, peu d'alphabétisation et peu d'appui...) et que cela contribuerait à ralentir le processus de développement dans son ensemble

D'après les données recueillies, il est possible d'affirmer que certaines femmes du milieu rural prennent de plus en plus conscience du fait que leurs positions n'est pas figée et qu'elles peuvent par le biais des organisations paysannes, faire évoluer leurs situations en créant des groupements informels féminins à l'intérieur des quels, elles pratiques des activités génératrices de revenus leur permettant de satisfaire leurs besoins et intérêts stratégiques, mais aussi de s'ouvrir aux influences extérieurs. Les intérêts stratégiques sont ce que les femmes réunies en groupement défendent pour transformer l'ordre établit et améliorer leur position sociale. Cette notion désigne ce qui favorise une participation sociale plus égalitaire, tant au niveau des projets de développement qu'au niveau de la nature des relations de genre.

Sur la base de ces résultas obtenus, nous pouvons affirmer que l'hypothèse au départ a été confirmée. Nous avions présumé au début de ce travaille, que la faible participation des femmes dans les projets de développement résulterait de leur position sociale. En cela, nos conclusions adhèrent à ceux de nombreux auteurs.

L'originalité du présent mémoire est d'avoir permis de mettre en exergue d'une part les énormes difficultés liées à la participation effective des femmes dans les projets de développement, des difficultés qui sont la résultante d'un long processus de socialisation des individus et à travers le quel, ils perçoivent leur prochain. D'autres part, la présente recherche à permis de montrer un "ouf" de soulagement de certaines femmes réunies en groupement qui, de part leur activité essai de changer leur situation.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

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Le présent mémoire n'a pas la prétention d'apporter une étude exhaustive aux énormes difficultés liées à la participation des femmes dans les projets de développement. Nous estimons néanmoins, que les insuffisances laissées par la présente étude pourrons être comblées par d'autres études sur divers autres aspects liés à la question des femmes. Si ce travail pouvait s'avérer d'une quelconque utilité, nous souhaiterions alors qu'il permettre aux chercheurs qui s'intéresseront aux femmes de mieux les connaître, qu'ils participe à la réflexion au sujet de l'intégration des femmes aux projets de développement et surtout qu'il contribue à faire de l'approche genre une des priorités des programmes futurs.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGE GENEREAUX

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5. Boudon, Raymond et al "Dictionnaire de la sociologie" Larousse 1993.

6. Coche Raphaël "Participation des femmes au développement rural de la Guinée Maritime" Unité Mixte de Recherches Regards, 1995.

7. Chenau Loquay Annie: "Contribution de la Guinée Maritime à la Sécurité Alimentaire du pays". (OSTROM) (CEGET/CNRS)Talence. 1989.

8. Droy Isabelle "Femmes et développement Rural", Editions Karthala 22-24, boulevard Argo 75013 Paris 1995.

9. Encyclopédie Unversalis5 vol. 9 Paris 1996.

10. Gauthier Benoît "Recherche Sociale De la Problématique" Edition Presse de l'Université de Québec, 1990.

11.

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

12. Férréol Gilles et al "Introduction à la Sociologie", Edition Armand Collin/Masson, Paris 1989-1996.

13. Jacquet Isabelle "Développement au Masculin / Féminin" Editions l'Harmattan, 1995.

14. Kolosy Katalyn "Le développement local : une réflexion pour une définition théorique du concept" 1998.

15. Luc Sindjoun et al "La Biographie sociale du sexe" Editions Karthala et Codesria, 2000.

16. Raymond Thomas et al, "Sociologie Contemporaine", Collection essentielle, Edition, Revue augmentée, Vigot, Paris, 1999

17. de Beavoir Simone "Le deuxième sexe" Editions Gallimards, Paris 1949 MEMOIRES ET RAPPORTS

1. Diaby Mohamed "l'excision en milieu urbain: cas du quartier Manquépas" 2003. Sociologie Université de Conakry

2. Baldé Alpha Oumar " la participation des populations au développement local en Guinée : Cas de la CRD de Sarekély dans la préfecture de Télimélé" 2001. Sociologie Université de Conakry

3. Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l'Enfance : " Programme Cadre Genre et Développement" , Conakry avril 1998

4. Réseau Ouest Africain de la Documentation d'Information et de Communication,"La Question du Genre et Développement", Cotonou, Novembre 1999

5. Service Statistique et Planification/ MEPU - EC Conakry juin 2003

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

ANNEXE I

GUIDE D'ENTRETIEN HOMMES/FEMMES I-Identification

Nom et prénom :

Age :

Ethnie :

Niveau d'instruction : Religion :

District :

1. Combien de projets sont présents dans votre village ?

2. Qu'elles sont les différentes actions de développement qui ont été faites par ces projets ?

3. Avez-vous été de près ou de loin impliquer dans la réalisation de ces actions ? (justifier)

4. Quelles sont les rôles ou/et place confiée aux femmes dans ce ou ces projets ?

5. Pensez-vous que les femmes étaient-elles à mesure d'assumer les rôles ou/et place qu'ont les avaient confiés ? (justifier)

6. Quels sont les rôles que les femmes ont concrètement joués dans ce ou ces projets ?

7. Pensez-vous que les rôles que jouent, ou qui ont été joués par les femmes dans ce ou ces projets étaient ceux qu'elles méritaient réellement ? (justifier)

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

8. Quels rôles ou/et places selon vous, les femmes pourraient-elles jouées ou occupées?

9. Que pensez-vous des méthodes appliquées par les projets pour vous aider ?

10. Ces méthodes vous conviennent-elles ? (justifier)

11. Rencontrez-vous des difficultés pour participer à un programme de développement d'un projet ?

12. Quelles sont les actions concrètes qui ont été menées pour permettre aux femmes d'être prises en compte dans les actions de développement ?

13. Quel apport avez-vous eu de ce ou ces projets de développement ?

14. Que pensez-vous de la femme ?

15. Comment voyez vous les femmes de votre village ?

16. Quelle est la relation entre hommes et femmes dans votre village ? (justifiez)

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

ANNEXE II

Emprunts de crédit hommes et femmes dans la CRD de Mankountan de 1998 à 2003.

Années

Hommes

Femmes

Total

1998

196

133

329

1999

532

416

948

2000

644

437

1081

2001

570

418

988

2002

577

475

1052

2003

644

544

1198

Source Crédit rural de Mankountan, (document de travail) 2003

Kébé Alpha Oumar : 39ème Promotion UGANC/FLSH

Thème : Participation des Femmes dans les Projets de Développement dans la CRD de Mankountan

ANNEXE III

Carte Administrative de Mankountan source (PACV Mankountan 2003)






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery