Infrastructures publiques et croissance au cameroun( Télécharger le fichier original )par Rodrigue KUITCHA KWANDJEU Université de Douala - DEA 2004 |
RÉSUMÉDans le contexte actuel d'assainissement des finances dans les Etats, et dans le prolongement des réflexions relatives aux facteurs de la croissance au sein des économies en développement, il convient de s'interroger sur le rôle ou l'impact des infrastructures publiques à la réalisation de la croissance dans un pays comme le Cameroun. En nous appuyant sur les résultats théoriques des modèles de croissance, nous passons en revue les différentes approches du lien entre infrastructures publiques et croissance, et nous cherchons à évaluer son impact sur la croissance au Cameroun. Nous développons ensuite des modèles théoriques qui formalisent ce lien que nous testons empiriquement à l'aide d'un modèle économétrique estimé sur la période 1980-2002. L'utilisation de ces deux modèles permet de mettre en évidence le rôle positif des infrastructures physiques et sociales sur la croissance au Cameroun. L'analyse du rôle productif des infrastructures a connu un développement précoce dans les années 40-50, à la suite des débats autour de la croissance équilibrée initiés par les théoriciens du développement (Rosenstein-Rodan, 1943 ; Knurse, 1952 ; Hirschman, 1958). Ces débats ont néanmoins été rapidement éclipsés à partir des années 60, la réflexion se déplaçant sur le front des questions de court terme et de l'opposition entre effet multiplicateur et effet d'éviction des dépenses publiques. Pendant plus de trente ans, l'investissement public en infrastructures a en fait été plutôt perçu comme un facteur de relance de la demande dans une optique de tradition keynésienne, et son rôle productif occulté.
La perception du rôle des infrastructures comme facteur de croissance économique a remarquablement évolué au cours de ces dernières années. On assiste actuellement à un renouveau de l'analyse des effets des infrastructures publiques sur la croissance, en particulier grâce aux théories de la croissance endogène qui mettent l'accent sur les externalités positives qu'engendrent certains aménagements publics d'infrastructures. Il y a externalités dans la mesure où les investissements publics en infrastructures peuvent affecter la productivité des entreprises sans que celles-ci ne supportent directement le coût. C'est à ce titre que les dépenses publiques productives assimilées au capital public d'infrastructure jouent un rôle moteur dans un processus de croissance auto-entretenue.
La Banque Mondiale (1994), dans son rapport sur le développement dans le monde consacré aux infrastructures et l'adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l'occasion du sommet des Nations Unies en 20031(*) ont fait des infrastructures un défi majeur pour le développement de l'économie et l'amélioration des conditions de vie des populations.
En théorie économique, il n'y a pas d'unanimité sur la définition du concept d'infrastructures (Gramlich, 1994), dans la mesure où elle est susceptible de recouvrir des réalités très différentes : d'une part, la fourniture d'infrastructures de service public peut être assurée par le secteur privé et échappe par là même à la définition comptable retenue, mais il apparaît très délicat de mesurer les infrastructures privés et de les distinguer des autres catégories de capital privé. D'autre part, elle peut être le fait de l'Etat lui-même par le biais des administrations ou des entreprises publiques. Compte tenu de cette difficulté nous choisissons dans cette étude de la faire reposer sur un critère unique celui de « propriété étatique », d'où la confusion des notions de capital d'infrastructure et de capital public. Sur la base de la définition de la Banque Mondiale (1994), nous nous referons aux secteurs intensifs en capital et ayant des caractéristiques de monopoles naturels comme les autoroutes, les autres moyens de transport, l'eau et le traitement des eaux, l'énergie et les télécommunications. En d'autres termes, cela correspond approximativement à la notion « d'utilité publique ».
Au sens large, la notion d'infrastructure associe étroitement les services attachés aux équipements, et elle comprent les routes, les autoroutes, les voies ferrées, les ports et les aéroports, les réseaux de télécommunications, les réseaux nationaux de distribution du gaz, de l'électricité et de l'eau, etc..... tous les investissements qui développent et facilitent la circulation des personnes et des biens (Barro, 1990). En plus des infrastructures physiques citées plus haut, on peut aussi ajouter à cette liste les infrastructures sociales à travers notamment l'éducation et la santé qui améliorent la productivité de la main d'oeuvre et son adaptation aux techniques modernes.
Historiquement, d'autres services ont favorisé, la progression des échanges et participé à la promotion de la croissance économique et du développement de chaque pays : par extension, il est fait référence aux infrastructures commerciales, sportives ou touristiques.
Dans le cadre de notre étude, nous focaliserons notre attention sur les infrastructures en général et de transport en particulier, auxquelles nous ajouterons les infrastructures sociales telles que l'éducation et la santé.
Pour les économistes, les infrastructures sont le plus souvent définies comme des biens collectifs mixtes à la base de l'activité productive. Deux notions sous-tendent cette définition : celle de bien collectif ou de bien public, et celle de facteur productif.
La notion de bien collectif, définie par Samuelson (1954) et Musgrave (1959), repose sur les critères de non rivalité et de non exclusion. Un bien est qualifié de non rival si son utilisation par un agent ne réduit pas la quantité disponible pour les autres agents. La non rivalité s'accompagne, en fait, de l'indivisibilité d'usage, c'est-à-dire d'une consommation en totalité de ce bien qui ne pourra être partagé entre divers utilisateurs. Les exemples traditionnels sont ceux de la justice, de la sécurité ou de l'éclairage public. La non exclusion par les mécanismes de marché caractérise, de son côté, des biens dont aucun agent ne peut être exclu des bénéfices. Celle-ci découle de l'impossibilité de fractionner le service entre divers consommateurs. Ainsi, les caractéristiques intrinsèques de ces biens, justifient l'intervention de l'Etat dans leur production ou leur réglementation. Parallèlement au débat théorique porté par les nouvelles théories de la croissance, s'est développé, au cours de la dernière décennie, une importante littérature empirique visant à examiner les effets des infrastructures publiques sur la croissance des nations mais aussi sur la croissance locale, en particulier à l'échelle des Etats américains. Au-delà des travaux pionnier de Ratner (1983)2(*), sur le caractère productif des infrastructures, se sont les travaux d'Ashauer (1989) qui ont mis en évidence un effet positif du capital public sur la production ou la productivité des entreprises. Bien que récemment confirmée par Munnel (1990), cette proposition continue de susciter diverses critiques principalement d'ordre méthodologique parce que beaucoup d'économistes estiment que la productivité marginale des infrastructures qu'impliquent les estimations est exagérément élevée. L'essentiel des recherches actuelles, cependant, s'intéresse au rôle de l'investissement global entendu explicitement ou implicitement comme l'ensemble de l'infrastructure publique. Bien que cette conception puisse convenir à certains pays industriels comme les Etats-Unis où la participation du secteur public à l'activité commerciale et industrielle est négligeable, elle peut conduire à des erreurs dans le cas d'autres pays y compris la plupart des pays en développement où l'Etat est engagé dans multiples activités : là certains types d'investissements publics sont susceptibles d'avoir des effets différents selon qu'il s'agisse de l'investissement privé ou de la croissance globale. L'investissement public sous la forme de ports, routes et de télécommunication crée l'infrastructure de base nécessaire à la réalisation de projets d'investissement privé rentables et peut donc faciliter énormément la croissance. Ainsi, le rôle des infrastructures dans la croissance est d'une grande importance tant pour la politique économique, que pour l'économie de développement. L'histoire de l'aide publique au développement (APD) est aussi celle d'une relative déception des bailleurs de fonds devant l'impact souvent insuffisant des ambitieux projets d'équipement en infrastructures qu'ils finançaient dans les pays en développement comme le Cameroun et qui ont souvent laissé comme seul héritage que celui d'un excès d'endettement. Les échecs répétés de très grands projets (les fameux « éléphants blancs ») ont laissé entendre que les investissements lourds en capital physique constituaient une approche peu efficace, davantage quantitative que qualitative de l'aide. Déception et contrainte financière expliquent la réelle désaffection qu'ont connue les infrastructures dans les pays pauvres, avec une chute très sensible de leur financement au cours de la dernière décennie. Le déficit en infrastructures des pays pauvres est en effet criant et hypothèque leur décollage économique. A titre d'exemple, en Afrique et surtout celle qui s'étend au sud du Sahara, les besoins d'investissements en infrastructures représentent 5% à 6% du PIB (BAD), le taux d'analphabétisme de la population adulte varie entre 20 et 60% avec des taux même supérieurs en ce qui concerne la population féminine, alors que le coût de transports maritime vers l'Europe ne dépassent de 30 à 70% ceux en provenance d'Asie (Banque Mondiale, 1994). En Chine 20% des villages ruraux ne sont pas connectés au réseau routier et 10% de la demande d'électricité reste en moyenne insatisfaisante (Banque Mondiale, 1997). Au Cameroun, les investissements comptent pour 20,23% du PIB en moyenne pour la période allant de 1979/80 à 2000 et les investissements publics n'en représentent que 3,8%. Le Cameroun offre un marché de taille aux investisseurs potentiels mais la mise en valeur de ses potentialités est incontestablement entravée par les contraintes existantes en matière d'infrastructure. Tant du point de vue de la qualité que de la quantité, le Cameroun est en retard par rapport au reste du monde dans le domaine des infrastructures, par exemple, moins de la moitié des ménages ont accès à l'eau et un tiers seulement d'entre eux ont l'électricité. Au Cameroun il existe en moyenne moins de deux lignes téléphoniques pour cent habitants, on dénombre sur l'ensemble du territoire camerounais un lit d'hôpital pour 1000 habitants (Les Atouts Economiques, 2005).
Dans un tel contexte, et étant donné la place centrale que le gouvernement camerounais accorde aux infrastructures, dans sa stratégie de développement national et d'ouverture à l'économie mondiale, et confirmée dans la DSRP adoptée en 2000, il est important de savoir si les infrastructures publiques (capital public) contribue à la croissance du PIB au Cameroun ? Où encore quel est l'impact de l'infrastructure publique sur la croissance d'un pays comme le Cameroun ? Il nous semble aussi important de nous interroger sur le sens de la relation, si elle existe entre les infrastructures et la croissance économique. Le Cameroun offre un champ d'analyse attrayant dans la mesure où il le pays moteur de la zone CEMAC. Toutefois, lorsqu'on souhaite appréhender l'impact de l'infrastructure publique sur la croissance, il convient au préalable de disposer d'une mesure adéquate de l'infrastructure. Le capital public, le capital privé et le niveau de l'emploi sont les mesures usuelles utilisées par la plupart des travaux empiriques. Au Cameroun, il existe peu d'études concernant cette question, celles existantes ont plus portées sur l'investissement total entendu explicitement ou implicitement comme l'ensemble de l'infrastructure publique. Bien que cette conception puisse convenir à des pays industriels comme les Etats-Unis où la participation du secteur public à l'activité commerciale est négligeable, elle peut conduire à des erreurs dans le cas d'autres pays (y compris la plupart des PVD) ou l'Etat est engagé dans de multiples activités. Néanmoins, Dessus et Herrera (1996), et d'autres auteurs ont abordés un thème semblable en coupes transversales sur un échantillon plus ou moins large de pays comprenant le Cameroun, ou ont eu recours à l'économétrie des données de panel. Cependant, l'utilisation des MCO classique sur le panel ne permet pas de ressortir une relation de long terme entre les différentes variables. Il apparaît que cette procédure d'estimation peut conduire à une relation fallacieuse du fait de l'absence de l'utilisation des techniques de cointégration. L'objet de ce mémoire est d'étudier s'il existe une externalité de capital public, comme le supposent les modèles de croissance endogène et si les investissements en infrastructure (capital public) peuvent être considéré comme un des objectifs des politiques d'aménagement du territoire.
En vue de répondre à cette question, ce travail s'organise de la manière suivante : il comprend deux parties. La première partie intitulée les fondements théoriques de l'infrastructure et de la croissance présente les différentes approches du lien infrastructures et croissance, ainsi que l'explication de la croissance par le modèle le plus traditionnel utilisé par les économistes pour traiter de la question. Elle comprend à ce titre deux chapitres organisé ainsi qu'il suit : le premier chapitre examinera la littérature ayant mis en exergue l'impact de l'infrastructure sur la croissance suivant les différentes approches. Le deuxième chapitre sera consacré à l'analyse des théories de la croissance à partir du modèle néoclassique. La seconde partie intitulée l'évaluation de l'impact de l'infrastructure sur la croissance au Cameroun se divise également en deux chapitres. On évaluera d'abord la contribution de l'infrastructure de transport sur la croissance au Cameroun à travers des tests de cointégrations, afin de mieux appréhender l'impact de celle-ci, cette analyse va constituer notre chapitre trois. Par la suite, une autre modélisation sera effectuée afin de mettre en exergue l'impact de l'infrastructure sociale (à travers les dépenses d'éducation et de santé) sur la croissance au Cameroun. En effet, il permettra de conclure si l'infrastructure sociale est un facteur explicatif de la croissance au Cameroun ou pas, sera l'objet du chapitre quatre. Il viendra enfin une conclusion générale.
Première partie Les fondements théoriques de l'infrastructure et de la croissance Les économistes reconnaissent que l'investissement dans les infrastructures est une importante source de productivité et de croissance économique. Mais, les auteurs n'aboutissent pas tous aux mêmes résultats, certains trouvant excessif l'élasticité du capital public trouvé par Aschauer, contrairement à d'autres qui aboutissent à une élasticité du capital public plutôt moindre.
Pour baliser ce vaste champ théorique, nous avons choisi de présenter tour à tour les différentes approches qui mettent en relation le lien entre infrastructure et croissance et tirer les enseignements qui s'imposent des analyses du modèle de base de Solow.
Cependant, les travaux de recherche sur la croissance ont récemment bifurqué et l'on distingue maintenant les partisans traditionnels ; pour qui l'absence d'une amélioration constante de la technologie, la croissance par tête finit par s'estomper ; et les tenants d'une vision moderne de la croissance. Cette première partie constituée de deux chapitres s'attellera à exposer les différentes approches théoriques mettant en relation le lien entre les infrastructures et la croissance (chapitre 1). Il est question de voir la spécificité de chaque approche et voir elles aboutissent à la même conclusion. Le chapitre 2 quant à lui s'attarde sur les théories néoclassiques de la croissance Chapitre 1 Approches conceptuelles du lien entre infrastructures et croissance Paradoxalement, la prise de conscience par les économistes d'une dimension productive des infrastructures publiques est un phénomène récent, tant a été forte l'influence keynésienne qui réduisait cette variable à un multiplicande, objet privilégié du jeu du multiplicateur et instrument par excellence de contrôle de la demande globale. Face à la nécessité aujourd'hui dans un contexte international de consolidation budgétaire, de mieux mesurer le rendement social des différents types de dépenses publiques, c'est pourtant sur une évaluation de la contribution productive des dépenses d'investissement, et plus spécifiquement d'infrastructure, que doit s'appuyer le débat et se fonder les arbitrages incontournables.
Oxley et Martin (1991), montrent ainsi que l'on peut dégager certains traits communs au niveau des pays de l'OCDE, dans la façon dont se sont effectués dans les années 70-80 les ajustements visant à contrôler l'augmentation des dépenses publiques. Les auteurs observent que certaines dépenses comme les paiements d'intérêts au titre de la dette ou les transferts de sécurité sociale ont fortement augmenté sur la période. Mais dans le même temps, les dépenses d'investissement ont été fortement réduites. On comprend en effet aisément que les infrastructures puissent constituer une variable privilégiée d'ajustements budgétaires. C'est ainsi que plusieurs études ont attribuées à la réduction du rythme des investissements publics une part majeure du ralentissement de la productivité dans les années 70 et 80. Plusieurs voies de recherche empiriques ont été successivement explorées dans le but de valider l'idée selon laquelle les infrastructures contribuent à améliorer l'efficacité du système productif et par là même augmentent la productivité des facteurs privés. Dans ce chapitre, nous allons présenter les différentes approches théoriques du lien entre les infrastructures physiques et croissance (section I), ensuite, nous essayerons de montrer les effets de l'investissement dans l'infrastructure sociale sur la croissance (section II). Section 1 : Les Infrastructures physiques Les systèmes de transport, comme les routes, les autoroutes, les chemins de fer, les ports, les aéroports de même que les rues, les réseaux de distribution d'eau et d'épuration des eaux usées et les barrages etc sont des actifs publics qui sont reconnus depuis longtemps comme partie intégrante et importante de la richesse des nations. Ces infrastructures sont présentées comme des biens qui facilitent les échanges et améliorent la productivité des autres intrants dans la production. Le caractère productif des infrastructures passe également par les externalités qu'elles génèrent entre entreprises, régions ou activités. Plusieurs approches ont été développées pour quantifier le rôle du capital public sur la croissance économique.
A) Le rôle productif des infrastructures
Le caractère productif des infrastructures relève de plusieurs logiques. La production de services publics constitue, une activité économique à part entière. Mais, une caractéristique propre de ces biens réside surtout dans le facteur de potentialité qu'ils constituent. Ce facteur de potentialité est direct, le rôle productif des infrastructures passant par la fourniture de biens et services intermédiaires qui participent au processus de production. Mais surtout, la particularité des infrastructures réside dans la faculté d'améliorer l'utilisation des autres facteurs de production. Il s'agit là d'un effet indirect qui consiste à la diminution des coûts de production et un accroissement de la rentabilité des activités économiques.
1) Infrastructures et processus de production La reconnaissance du rôle spécifique des infrastructures publiques passe par leur introduction dans la liste des facteurs de production. Il en résulte un élargissement du cadre des fonctions de production macroéconomique, similaires à celui constitué dans les années 1970 par la prise en considération de l'énergie, afin de rendre compte des effets d'offre des chocs pétroliers. Ainsi, dès 1952, Meade3(*) identifiait deux principales représentations susceptibles de rendre compte d'une éventuelle contribution productives du capital public. Dans la première, qualifiée de modèle « d'atmosphère », les services induits par les infrastructures publiques sont supposés augmenter la productivité d'un ou plusieurs facteurs privés à la façon d'un facteur «environnemental ». Formellement, ceci revient à faire l'hypothèse que ces services peuvent être assimilés à une externalité productive au sens de Romer (1986).
Dans le cas particulier où le capital public affecte de façon symétrique la productivité de l'ensemble des facteurs privés, il peut être représenté comme une source de progrès technique neutre au sens de Hicks. En nous limitant à une production de valeur ajoutée, notée Y, la technologie de production peut alors être décrite par fonction définie des facteurs d'emploi N, de capital productif privé K et de capital public d'infrastructure dont la contribution sera notée . Y(t) = A (1) où g(.) est de classe c2( R2+), strictement croissante dans chacun de ses arguments quasi-concave et satisfaisant les conditions d'Inada. La seconde représentation proposée par Meade (1952), qualifiée de modèle de « facteur impayé » consiste à supposer que les services d'infrastructures mises à la disposition de l'entreprise privée représentative, direct, mais non rémunéré. On a alors une fonctions de production définitive par : Y(t) = A(t) f (2) De plus, on peut envisager la possibilité que le capital public puise affecter la production des deux manières auquel cas la fonction de production s'écrit comme une combinaison des équations (1) et (2). Dans l'approche de Meade (1952), les services productifs associés aux infrastructures mises à la disposition de l'entreprise privée sont directement identifiés au stock de capital public. On raisonne ainsi sous ces équipements constituent un bien public pur au sens de Samuelson (1954) (op. cité), sans congestion ni éviction possible entre les utilisateurs. Cependant, si les infrastructures sont soumises à des effets de congestion, les services rendus à chaque utilisateur diminuent avec le nombre d'utilisateurs, ou, de manière équivalente avec le volume des facteurs privés utilisés. Formellement, on pose alors que : (3) Où la fonction g(.) de classe C2(R2) est une fonction strictement concave satisfaisant les conditions suivantes :
et où g(.) est homogène de degré 1 en Kg. Comme nous le verrons par la suite, la plupart des études empiriques proposant une estimation de la contribution productive du capital public, adoptent une forme fonctionnelle de type Cobb-Douglas.
Même si la première tentative d'examiner empiriquement l'importance du capital public dans une fonction de production agrégée remonte à Ratner (1983)4(*), ce n'est qu'avec la publication de l'étude d'Aschauer (1989) qu'un vif débat s'est amorcé sur la question parmi les économistes. Aschauer observe un lien très grand et très fort entre le capital d'infrastructure publique et la production du secteur privé, le rendement du capital public est beaucoup plus élevé que celui du capital privé. Aschauer montre qu'une augmentation de 1% du stock de capital se traduit par une augmentation de la production du secteur privé de 0.39%. En effet, Aschauer a amorcé ce mouvement dans une série d'études contreversées mais pénétrantes, soutient que l'infrastructure de base (construction des routes, ponts, rues, aéroports, système de transports en commun,....) a plus grand pouvoir explicatif de la productivité. Selon ce dernier, le ralentissement de la productivité observé dans les années 70 jusqu'au milieu des années 80 dans les pays de l'OCDE serait imputable à l'insuffisance des investissements publics enregistrés. Ces travaux qui font une oeuvre de pionnier dans ce domaine, ont suscité de nombreuses contributions au cours de la dernière décennie confirmant ces résultats, comme le montre le tableau suivant sur données américaines et de l'OCDE. Tableau 1 : Estimations en niveau sur séries agrégées.
BEA : Bureau of Economic App ; FRB : Federal Reserve Bank ; CD : Cobb-Douglas ; RC : Rendements libres ; RL : Rendements Libres ; RCFP : Rendements constant dans les seuls Facteurs Privés. Quant au tableau 2, il montre les résultats des estimations de l'élasticité de la production par rapport aux investissements en infrastructure de transport. Tableau 2 : Estimation de l'élasticité de la production par rapport aux investissements en infrastructure de transport
Source : Banister et Berechman (2000), p. 150 cité par Roy, p. 9 A partir d'une spécification excluant la tendance temporelle de manière à atténuer certains problèmes posés par les données des séries chronologiques Munnel (1990) obtient ainsi une élasticité estimée du capital public comprise entre 31% et 39% suivant la nature des rendements d'échelle5(*). Selon l'auteur, ces résultats illustrent le fait que l'importance de la décélération de la productivité des facteurs privés traditionnellement mesurée ne provient en fait que de l'omission du stock de capital public dans la liste des facteurs de production. Une fois prise en compte les externalités associées aux infrastructures publiques, la diminution de la productivité moyenne du travail sur les périodes 1948-69 et 1969-87 passe en effet de 1,4% à seulement 0,3%. La différence est alors uniquement imputable au ralentissement de la croissance des investissements publics. Ces résultats sont sensiblement identiques à ceux d'Eisner (1994) qui reprenant les spécifications d'Aschauer, obtient notamment une élasticité de 24% par la méthode Cochrane-Orcutt sous l'hypothèse de rendements libre sur la période 1961 -1991.
Une autre illustration du rôle du capital public comme facteur de croissance peut être vue dans le travail de Ford et Foret (1991) sur la productivité globale des facteurs de 12 pays de l'OCDE. Les auteurs ne mettent en évidence l'impact significatif du capital public que pour la Belgique, le Canada et la Suède, et ce de façon très variable selon les pays. Pour la France, c'est seulement le coeur d'infrastructure qui semble jouer.
Parallèlement, plusieurs autres applications empiriques ont été proposées pour différents pays de l'OCDE hors Etats-Unis. Ainsi, Berndt et Hansson (1992) fournissent une première estimation pour la Suède (1960-88) avec une élasticité du capital public de l'ordre de 69%. Sur les données canadiennes, Wylie (1996), obtient sous l'hypothèse de rendements constants une élasticité de 51% proche des résultats obtenus sur données américaines. Enfin, Otto et Voss (1994), privilégiant l'hypothèse de rendements constants par rapport aux seuls facteurs privés estiment sur données australiennes entre 1966 et 1990 une élasticité de 38%. Des résultats controversés pour les pays en développement Des études analytiques récentes ont souligné le rôle différent de l'investissement public et privé dans le processus de croissance. L'investissement public en infrastructure, dans la mesure où il est complémentaire à l'investissement privé, peut augmenter le produit marginal du capital privé, augmentant de ce fait le taux de croissance de l'économie. Ceci est un point particulièrement important pour les pays en développement. Au contraire si les activités de production publiques sont concurrentes des initiatives privées, il peut y avoir des effets de substitution ou d'éviction qui peuvent conduire à des effets négatifs sur la croissance. Cependant, les évidences empiriques de la relation entre les pays en développement demeurent ambiguës.
En utilisant un échantillon de 95 pays en développement sur la période 1970-1990, Kahn et Kumar (1997) ont montré que les effets de l'investissement privé et public sur la croissance étaient significativement différents, l'investissement privé étant de façon consistante plus productif que l'investissement public. Knight, Loayza et Villanueva (1993) et Nelson et Singh (1994) ont aussi mis en évidence le fait que le niveau de l'investissement public en infrastructure avait un effet significatif sur la croissance notamment au cours des années 80.
L'investissement public sous forme de construction des ponts, ports, routes crée l'infrastructure nécessaire à la réalisation des projets d'investissements privés rentables susceptibles de faciliter énormément la croissance contrairement à l'investissement public dans l'industrie et le commerce. Cette intuition a été empiriquement confirmée par Easterly et Rebelo (1993) sur un échantillon de 119 pays. Malgré une information parfois insuffisante, ils constatent que l'investissement du gouvernement central, qui vraisemblablement inclut la majorité des projets d'infrastructures, est positivement corrélé à la croissance. En subdivisant par secteur, ces auteurs constatent que c'est l'investissement public dans les transports et les communications qui exerce un effet plus vigoureux sur la croissance.
De nombreux chercheurs ont réexaminé ou approfondi la relation entre le capital d'infrastructure publique et la croissance économique. Toutefois, comme nombre d'études l'ont montré, il est probable que les estimations par la fonction de production ont surestimé l'incidence des investissements réalisés dans l'infrastructure publique sur la production du secteur privé sur la croissance de la productivité. En outre, il n'est pas logique que les investissements publics aient une incidence beaucoup plus grande sur la production du secteur privé que les investissements privés. Pour atténuer certains problèmes survenus dans les études faites, les économistes utilisent de plus en plus d'autres approches comme celle par la fonction de coût. 2) L'approche duale : fonction de coût et demande des facteurs L'approche duale présente la formalisation microéconomique du lien entre infrastructures et croissance qui passe par l'amélioration de la rentabilité des facteurs de production. Elle est fondée sur la dualité entre fonction de production et fonction de coût, à savoir que la structure de la production peut être entièrement présentée par une fonction de coût restreinte. Elle exploite la propriété selon laquelle le choix d'une combinaison de facteurs optimale associe une valeur unique et minimale du coût de production et un vecteur de coûts des facteurs donnés. A partir d'une fonction de production augmentée au capital public et connaissant le coût des facteurs de production, l'approche duale consiste à déduire du programme de minimisation du coût des entreprises une fonction de coût unitaire. Cette fonction permet d'identifier l'élasticité des infrastructures en terme de réduction des coûts de production et de déduire une fonction de demande de facteurs.
On distingue en général une fonction de coût à court terme, qui dépend notamment du prix des facteurs variables et des quantités de facteurs fixes à savoir le capital public et le capital privé, sachant que les entreprises ne maîtrisent pas ces facteurs fixes à court terme. A long terme, elles ajustent ces quantités à leur niveau optimal. La fonction de coût ne dépend alors plus que du prix des facteurs. L'approche duale fait en outre, souvent apparaître un lien de complémentarité du capital public avec l'investissement privé, et de substituabilité avec le facteur travail. Quant à la productivité du capital, elle est en général inférieure à celle du capital privé. Les études qui mettent en oeuvre l'approche duale prennent des formes relativement variées, elles portent aussi bien sur des données agrégées, que sectorielles et régionales. Elles ne concernent que peu, de pays en développement du fait sûrement d'un manque de données encore plus flagrant que dans autres approches (données de prix des facteurs notamment).
La contribution de Lynde et Richmond (1993) cité par Henin et Hurlin représente une application exemplaire de l'approche duale. Ces auteurs considèrent deux facteurs de production privés. Ils obtiennent un système à trois équations : les parts des salaires et de la rémunération du capital dans le produit et le ratio de profit pur, net de coût d'usage, qu'ils testent économétriquement. Les résultats obtenus sur données agrégées américaines pour la période 1958-1989 concluent à une contribution significative du capital d'infrastructure, tant à la réduction des coûts de production, que sur la productivité du travail. Leurs estimations leur permettent, en outre, de chiffrer à 40% la contribution au ralentissement de la productivité privée entre le milieu des années 1970 et la fin des années 1980 de l'investissement public.
Les applications sectorielles de l'approche duale constituent un autre champ de mise en pratique tout aussi intéressant. Nadiri et Mamuneas (1994) considèrent un panel de 12 industries manufacturières américaines ayant une fonction de production comportant trois facteurs privés (travail, capital et consommations intermédiaires) et deux facteurs publics (infrastructures et recherche-développement). Ils obtiennent un système de trois équations dont une des coûts de production (déflaté par le prix des consommations intermédiaires) et deux respectivement de part du travail et de capital. Les auteurs prennent, en outre, en compte l'hétérogénéité sectorielle par l'introduction des variables indicatrices spécifiques. L'estimation de ce système d'équations leur permet de montrer une contribution significative des infrastructures à la réduction des coûts dans le privé ; l'élasticité des coûts privés par rapport au capital d'infrastructure variant de - 0,11 dans les transports ou la construction mécanique à - 0,21 pour le raffinage du pétrole, tandis que l'impact de la recherche développement s'avère nettement plus faible.
Conrad et Seitz (1992) appliquent une méthode semblable sur les données Allemandes relatives à quatre grands secteurs sur la période 1961-1988. Ils trouvent une élasticité positive du capital privé par rapport au capital public avec des valeurs moyennes de 0,24 dans l'industrie manufacturière, de 0,34 dans la construction de 0,48 dans le transport et le commerce, 0,06 dans les services. L'élasticité de la productivité globale par rapport aux infrastructures est trouvée positive (de 0,62 à 0,30 pour l'industrie manufacturière, de 0,05 à 0,29 pour les branches transport et commerce).
Enfin deux études concernant les pays en développement doivent être mentionnées. Il s'agit de celles de Shah (1992) sur un panel de 36 industries Mexicaines de 1970 à 1987 et de Elhance et Lakohaman (1988) sur l'industrie manufacturière de six Etats de l'Inde. Shah teste particulièrement l'hypothèse l'équilibre, entendue ici comme l'adéquation des facteurs fixes à leur valeur de long terme. A nouveau, les infrastructures contribuent à réduire les coûts privés à court terme. A long terme, elles apparaissent comme faiblement complémentaires à la fois au capital privé et à l'emploi. Les calculs de rendement établissent à la fois le capital privé et le capital public sont disponibles à un niveau inférieur à leur niveau d'équilibre. Ce résultat est néanmoins vraisemblablement dû à la mauvaise qualité des infrastructures mexicaines. Elhance et Lakshaman (1988), de leur côté, mettent en évidence un ajustement de l'investissement privé inférieur au niveau optimal, qui les amène à conclure à un déficit en infrastructures, notamment des Etats les plus pauvres. Ils recommandent en outre, une concentration des investissements publics sur les infrastructures physiques, celles -ci apparaissent plus productives que les infrastructures sociales.
Ainsi, l'approche duale constitue de la sorte la manière la plus rigoureuse de traiter la relation entre le capital public et la croissance. Elle fournie un certain nombre d'outil précis adaptés à la décision politique en matière d'investissement public. Une limite de cette approche se situe, néanmoins dans le type de données nécessaire à son élaboration, notamment pour les pays en développement dans lequel cet outil serait d'une utilité.
B) Les nouvelles approches du lien infrastructures croissance 1) Les effets de la diffusion spatiale des infrastructures Une des caractéristiques des infrastructures réside dans le fait qu'elles sont à l'origine d'externalités spatiales. Il est, en effet, évident qu'un pays ou une région bénéficiera des infrastructures de ses voisins, qui lui permettront notamment d'avoir accès à de nouveaux marchés d'importer de la technologie à moindre frais ou de participer à une certaine division régionale du travail. L'exemple des pays ou régions enclavés est à ce titre tout à fait illustratif de telles situations de dépendance. Malgré une reconnaissance ancienne de la part de l'économie urbaine et régionale, la modélisation des effets de diffusion spatiale n'a pas bénéficié du foisonnement théorique qui a jalonné le renouveau de la macroéconomie de la croissance. Le modèle fondateur de Chua (1993), ne comprend cependant pas de variable d'infrastructures à proprement parler. Chua développe un modèle de croissance exogène à la Solow, dans lequel le revenu d'équilibre d'un pays dépend de la formation du capital physique et humain des pays voisins. Un résultat intéressant de ces estimations réside, en outre, dans le fait que ces effets de la diffusion réduisent beaucoup la significabilité des variables indicatrices pour l'Afrique, l'Asie et l'Amérique Latine. Cette situation met clairement en évidence l'existence, dans la croissance et la convergence des pays, de dynamiques régionales peu développées et mal expliquées jusque là.
Une autre approche indirecte de cet effet de diffusion spatiale a été entreprise par Nagaraj, Varoudakis et Véganzones (1999) sur les Etats de l'Inde. Les auteurs valident sur données de Panel, en suivant un schéma de convergence conditionnelle, le rôle des infrastructures comme facteur de différences de performance économiques des Etats. Ils mettent cependant parallèlement en évidence un effet de diffusion de la croissance entre Etats voisins. Or, cette croissance dépendant du niveau d'équipement en infrastructures de chaque Etat, ce résultat permet de montrer par transitivité, le rôle de ces équipements dans la diffusion spatiale de la croissance.
Holtz-Eakin et Schwartz (1995) se sont attachés, quant à eux, à valider plus directement les externalités spatiales générées par les infrastructures. Contrairement à la quasi-totalité des études empiriques qui touchent au lien entre infrastructures et croissance, l'indicateur testé ici est tout à fait précis, puisqu'il s'agit des routes inter-Etats et des routes principales à l'intérieur des Etats américains. Les routes étant le moyen de transport aux USA, leur impact productif s'avère très significatif bien que de faible ampleur puisque ne constituant qu'une partie des infrastructures totales du pays.
Ainsi, malgré l'attrait que présente cette nouvelle voie de recherche, les implications de politique économique de ce modèle sont tout à fait intéressantes. L'existence de ces phénomènes de diffusion spatiale doit en fait être prise en compte, si l'on veut promouvoir la croissance à la fois domestique et régionale. En effet, l'ignorance de l'externalité positive engendrée par son propre investissement sur la croissance des Etats voisins et donc sur sa propre croissance entraînent automatiquement un investissement inférieur à l'optimum. Une coordination des efforts nationaux d'investissement semble ainsi d'autant plus nécessaire, que l'on se place dans une perspective d'intégration régionale ou de croissance régionale équilibrée.
2) La dynamique transitoire ou l'approche en terme de convergence conditionnelle Les travaux empiriques sur le rôle des infrastructures comme facteur de croissance utilisant l'approche de la convergence conditionnelle sont beaucoup moins nombreux. Sous sa forme élémentaire, cette approche repose sur une régression simple du taux de croissance sur un niveau initial visant à tester une propriété de convergence absolue. Sous une forme plus développée, il s'agit de tester la convergence conditionnellement à des variables explicatives, représentant des conditions initiales ou des politiques. A priori, l'approche en terme de convergence conditionnelle représente un cadre pertinent pour évaluer dans quelle mesure l'effort d'investissement en infrastructure relatif d'un pays contribue à son rythme de croissance comparativement à d'autre pays.
Un certain nombre de travaux ont permis de faire apparaître un impact positif de l'investissement public sur la croissance. On citera ceux de Barro (1991), Khan et Kumar (1997), Knight, Lvayza et Villanueva (1993) sur des échantillons respectivement de 98,95 et 59 pays en développement et 21 pays développés. On mentionnera également les résultats de la Banque Mondiale (1994) concernant les dépenses d'électricité, d'eau, de transports et de communications.
Un nombre de travaux tout aussi important donne, néanmoins, des résultats moins probants notamment ceux de Sala-I-martin (1997) qui teste la robustesse de plusieurs variables explicatives rentrant fréquemment dans les équations de convergence conditionnelle. Alors que Levine et Kenelt (1992) utilisant une méthodologie très restrictive concluent à l'absence de signification des variables testées, les auteurs mettent en évidence la robustesse de 22 d'entre elles (sur un total de 60) dont la variable d'investissement privé en équipements.
Malgré le caractère plus satisfaisant de la méthode, ces tests ne permettent pas de rejeter de façon convaincante l'impact de l'infrastructure sur la croissance. D'une part, l'effet important de l'investissement privé en équipements cache peut être celui des infrastructures. D'autre part comme le soulignent Barro et Sala-I-Martin (1995), l'investissement public englobe toute une série de dépenses en capital, qui ne peuvent pas toujours être considérées comme productives pour le secteur privé. C'est le cas de celui des entreprises d'Etat du secteur concurrentiel ou des dépenses militaires. En outre, l'investissement public en tant que tel n'est pas toujours recensé dans certains pays pour lesquels on substitue parfois les dépenses publiques totales. Se trouverait ainsi mis en cause la capacité d'un certain nombre de pays en développement à maîtriser tant le volume que l'efficacité de leur programme d'investissement public. Une contribution récente se propose d'expliciter ce point en construisant une mesure approximative de l'efficacité d'utilisation du capital d'infrastructures. Après avoir montré théoriquement qu'une telle variable devait figurer dans l'équation de convergence conditionnelle, Hulten (1996) construit une variable synthétique d'utilisation des infrastructures, à partir de quatre séries spécifiques documentées par la Banque mondiale pour 42 pays à revenu faible ou moyen. (le taux de défaillance pour 100 appels téléphoniques, le taux de pertes sur l'électricité produite, le pourcentage du taux disponibilité du parc de locomotives Diesel). Cette variable améliore de manière spectaculaire la qualité d'ajustement des régressions de croissance et cette variable apparaît très significative.
Ainsi, si l'approche par la convergence conditionnelle semble donner des résultats aussi mitigés, des voies de recherche allant d'une part, vers les méthodes économétriques les plus appropriées, d'autres part vers l'utilisation d'indicateurs quantitatifs précis semblent porteuses d'avenir. Les questions de la bonne gestions des infrastructures et de la qualité des équipements sont également une voie à explorer, tant ces critères qui font défaut dans un grand nombre de pays en développement pourraient en partie expliquer les difficultés de validations quantitatives du rôle des infrastructures dans la croissance.
Tous ces développements visant à montrer le rôle productif des infrastructures publiques sur la croissance n'ont tenu compte que des infrastructures physiques. Or, dans les nouvelles études portant sur l'infrastructure, certains auteurs mettent l'accent sur les infrastructures sociales à travers notamment les dépenses d'éducation et de santé. Section II : Les infrastructures sociales Les infrastructures par les services qu'elles rendent aux agents économiques, contribuent à la satisfaction de leurs besoins et constituent un des principaux vecteurs de développements des nations. Le financement et la réalisation d'investissements collectifs sont apparus avec l'unification progressive des nations et le rôle croissant des Etats, à travers la construction des écoles, des centres de santé, équipement des laboratoires, améliorant ainsi les conditions de vie des populations. Dans cette section, nous allons traiter des caractéristiques et de l'influence des investissements publics dans les infrastructures sociales.
A) Caractéristiques et effets des dépenses d'infrastructures sociales sur la croissance
1) Définition et caractéristiques des infrastructures sociales A la suite de Hirschman (1958), on peut définir les infrastructures comme les biens et les services qui rendent possible l'activité économique. Cette définition, particulièrement large, est reprise par Hansen (1965) qui est le premier à proposer une classification précise. Il distingue : les infrastructures économiques, dont la caractéristique est de participer au processus productif et les infrastructures sociales, dont la fonction est d'entretenir et de développer le capital humain (comme l'éducation, les services sociaux et de santé). Les infrastructures sociales se rapportent donc aux services relatifs aux champs sanitaires sociaux et d'éducation.
En matière sanitaire, les infrastructures de santé sont identifiées par le nombre de lits d'hôpitaux, la répartition géographique et la taille de ces derniers, les autres centres de soins, les équipements dont chaque établissement est doté. Leur utilisation par les populations est liée au service qui leur sont associés : spécialisation des actes médicaux, types et qualité des traitements réalisés, accessibilité à certaines formes de soins, compétences du personnel. De manière similaire, les infrastructures éducatives reposent sur les établissements et les équipements scolaires, universitaires (des classes maternelles aux laboratoires scientifiques les plus spécialisés) dans leur diversité.
Ces exemples comme pour les autres infrastructures mettent ainsi en évidence quelques caractéristiques de base : celles-ci se rapportent à des services gratuits ou payants, généralement à l'origine d'une consommation collective, elles disposent d'un statut public ou privé (Thelmann, 1997 ; Debande, 1997). En dépit de leur diversité, les infrastructures qu'elles soient physiques ou sociales, partagent des caractéristiques communes. Elles sont très lourdement capitalistique et nécessitent d'importants investissements.
Dans notre étude, il est admis que le terme infrastructures sociales recouvre en général d'autres notions que la seule scolarisation. Dans la littérature macroéconomique, cependant, il désigne principalement l'éducation (plus rarement la santé), c'est ainsi que nous retiendrons ce terme de manière conventionnelle. 2) Les effets des infrastructures éducatives sur la croissance Pour analyser les effets des infrastructures éducatives sur la croissance, les économistes qui l'ont fait se sont beaucoup plus focalisés sur les dépenses publiques attribuées à l'éducation ou la santé par le gouvernement, dans la mesure où ce sont ces dépenses qui sont nécessaires à la construction des édifices, à l'achat des équipements et divers autres matériels. Les travaux de recherche publiés dans le monde donnent à penser qu'il pourrait bien y avoir un impact des investissements en infrastructures scolaires sur le niveau des élèves mais ils présentent aussi des cas où le résultat est mitigé. En ce qui concerne les aspects qualitatifs, de bons exemples sont donnés sur la façon dont l'amélioration des bâtiments influe sur les résultats des élèves. Les travaux sur les aspects quantitatifs montrent qu'il existe généralement des liens positifs entre l'investissement et la croissance via l'amélioration du niveau des élèves, mais ils ne font pas une distinction entre les différents types d'investissements. C'est ainsi que dans une étude récente menée par Blankenau et alii sur un groupe de 80 pays comprenant 23 pays développés et 57 pays en voie de développement, entre 1960-2000 aboutie à des conclusions prometteuses, puisqu'elles font apparaître l'existence de liens solides entre l'investissement permettant de mieux adapter les locaux aux besoins de l'enseignement et l'amélioration du niveau des élèves. Car ces investissements auront à l'avenir des retombées économiques pour l'ensemble de la collectivité grâce à l'augmentation attendue des gains futurs. De plus, une augmentation de 1% des dépenses en matière d'infrastructures éducatives se traduit par une augmentation de 0,202% du PIB.
Par ailleurs, en déterminant l'effet des dépenses publiques d'éducation sur la croissance sur un vaste échantillon de pays, Barro et Sala-i-Martin parviennent à la conclusion selon laquelle les dépenses d'éducation ont un effet positif sur la croissance : une augmentation de 1,5% du ratio des dépenses publiques d'éducation au PIB durant la période de 1965-1985 aurait augmenté le taux de croissance moyen de cette période de 0,3% par an.
Dans une série de travaux menés par Bose et alii en 2003 sur l'impact des dépenses publiques sur la croissance, les auteurs aboutissent à la conclusion que les investissements et les dépenses totales engagées dans l'éducation sont significativement liés à la croissance, comme les autres investissements et les autres dépenses effectués dans le secteur des de transport, communication et défense.
La Banque Mondiale soutient que investissements concernant les infrastructures scolaires et sociales ont contribués à la réduction des sureffectifs, à l'amélioration de l'hygiène et de la sécurité dans les écoles, à l'accès aux soins de santé primaires, et, à un moindre degré, à l'accès aux ressources de production. Ces investissements ont ainsi crées des conditions propices à un enseignement de qualité et concourus ainsi à la formation du capital humain, élément déterminant de la prospérité économique, du plein emploi et de la cohésion sociale. Pour ce qui est de la remise en état et l'équipement des établissements scolaires hors université, l'élimination des risques matériels pour les occupants des écoles endommagées, la diminution des frais liés aux services collectifs et à l'entretien et la contribution à la réduction de la pauvreté ne sont que quelques unes des retombées spécifiques des investissements liés à la remise en état. Tous ces résultats contrastent cependant avec ceux obtenus dans la plupart des pays en développement. Castro-Leal, Dayton, Demery et Mehra (1999), dans une étude utilisant une approche basée sur l'analyse de l'incidence des avantages pour analyser l'impact des dépenses liées à la construction des écoles et hôpitaux dans un échantillon de sept pays africain, montrent que ces dépenses ne bénéficient pas aux pauvres ; elles favorisent plutôt les plus nantis. Pour ces auteurs, la solution à ce problème ne se limite pas à un simple réajustement des dépenses publiques. Il est important de prendre en compte les contraintes qui empêchent les pauvres de tirer partie de ces dépenses ou investissements. Dans une étude importante consacrée aux dépenses d'éducation, de santé et la réduction de la pauvreté en Afrique, Morrison et alii (2002), montrent que l'Etat devrait investir d'avantage dans la construction des écoles en zone rurale afin d'assurer l'accès de tous aux services d'éducation et de santé, plutôt que d'investir dans des programmes ciblés plus coûteux, qui ne bénéficient pas aux pauvres. Ils soulignent que la cohérence et la coordination doivent être des nécessités absolues, afin d'éviter de construire des écoles qui resteront sans professeurs et des dispensaires qui ne pourront être approvisionnés en médicaments. Bien plus, les études de Easterly et Rebelo (1993) sur différentes spécifications, ainsi que celles de Levine et Renelt (1992) aboutissent à la conclusion que les dépenses de l'Etat en matière d'éducation ne sont pas corrélées à la croissance des nations. De même que Zhang et Casagrande (1998), Landau (1986), ont montrés que les dépenses d'éducation ne sont pas un déterminant significatif pour la croissance dans les pays en développement. Contrairement à ces études qui mettent l'accent sur les infrastructures sociales liées à la construction des édifices sanitaires et solaires, certains auteurs mettent l'accent sur les infrastructures sociales à travers notamment l'éducation et la santé qui améliorent la productivité de la main d'oeuvre et son adaptation aux techniques modernes. B) Incidence des infrastructures sociales sur le capital humain 1) Education et croissance Les économistes ont reconnu l'importance des investissements consacrés aux êtres humains depuis les travaux précurseurs de Mincer (1958) et Becker (1962). Les dépenses consacrées à l'éducation à la formation professionnelle, aux soins de santé contribuent à accroître la qualité de la main d'oeuvre et à hausser la productivité. L'investissement dans la construction des écoles, des universités, l'équipement des laboratoires influence la production d'un pays à travers le capital humain c'est pour cette raison que nous analysons dans cette sous section la relation entre l'éducation et la croissance d'une part et la relation entre santé et croissance d'autre part.
Benhabib et Spiegel postule que l'impact de l'éducation sur la croissance dépend de l'état de développement des infrastructures des pays. Certains chercheurs ont tenté de généraliser ce principe. Sur des échantillons assez petits, il n'est pas aisé de donner beaucoup de flexibilité aux estimations, c'est-à-dire d'estimer plus qu'un effet moyen. Cependant, il semble possible de décliner le principe selon lequel l'effet de l'éducation sur la croissance ne résulte pas d'une règle universelle mais dépend fortement des conditions économiques et institutionnelles propres à chaque pays. Par exemple, Dessus (1998) observe que l'effet de l'éducation est plus important dans les pays dont l'économie est plus ouverte. Pour interpréter cette relation, on peut recourir à l'argument de Maurin et al (2003) qui montrent que l'éducation est particulièrement valorisée dans les entreprises qui font face à la concurrence internationale parce qu'elle améliore la capacité d'adaptation dans un univers fortement concurrentiel En examinant l'ensemble des donnés sur l'éducation Griliches (1997) signale que le nombre d'année d'études pourrait avoir représenté, aux Etats-Unis, le tiers de la composante résiduelle de la productivité depuis la guerre. Durant les années 50 et 60, cela correspondrait à un effet de 0,5 point de pourcentage sur le taux d'accroissement annuel de la production globale durant le ralentissement de la productivité dans les années 70, l'effet de l'amélioration du niveau d'étude aura été plus faible, et pourrait avoir augmenté le taux de croissance de 0,2 ou 0,3 point de pourcentage. Ces effets sont par essence transitoires, induits par une évolution ancienne de la politique de l'éducation qui a instauré une nouvelle stabilité dans la composition de la population active en fonction du niveau d'étude. Denison par son approche, parvint à la conclusion selon laquelle la croissance économique aux Etats-Unis entre 1930 et 1960 incombait à la hauteur de 23% l'accroissement de l'éducation du travail. Ces résultats aboutissent à la conclusion suivante de l'auteur : « En moyenne et la plupart du temps, pour un travail donné, une personne éduquée est vraisemblablement plus performante qu'une personne non éduquée. Non seulement, elle peut effectuer les mêmes tâches plus vite et mieux, mais elles peuvent entreprendre des tâches plus délicates. De plus, l'éducation donne une plus grande ouverture d'esprit et une aptitude à l'innovation. Elle élargit des possibilités de choix ouvertes à un individu et lui permet de mieux apprécier les différentes alternatives, elle le rend apte à tirer profit des opportunités qui se présentent et à s'adapter rapidement aux changements de l'environnement économique ».
2) Santé et croissance Les recherches examinant le lien entre santé et la croissance recouvre en un seul pays un panel de pays et mesurent généralement la santé sous deux angles. Le Programme des Nations Unies pour le Développement, (PNUD, 1994) indique que le développement des infrastructures hospitalières et le niveau de l'éducation de la population fait, a reculé la mortalité infantile entraînant une augmentation de l'espérance de vie des populations. Ils sont rejoint par Anand et Ravillon qui soutiennent que les dépenses du gouvernement en matière des services de santé ne sont pas trop nécessaire à certains niveaux. Ils insistent que l'investissement dans la construction des centres de santé universitaires contribue à développer la recherche afin de soigner d'avantage les populations. En fait, dans les pays en développement, les dépenses allouées aux services de santé ne sont pas accessibles à une large partie de la population. De ce fait, la construction des centres de santé devient un indicateur important dans la relation existant entre la santé et la croissance. Mais, cet indicateur peut être biaisé dans la mesure où les centres universitaires hospitaliers ne sont construit que dans les universités, on pourrait prendre plutôt en compte la construction des centres de santé et hôpitaux dans les zones reculées. D'autre part, il y a d'importantes études qui tendent à montrer que l'état de santé des individus est un facteur déterminant de la productivité. L'un des obstacles au développement de la productivité des adultes en Afrique reste leur état de santé défectueux dû généralement au manque de soins de santé. Selon Fogel cité par Schultz (1998), au moins un tiers des gains de productivité réalisés en Europe occidentale au cours des derniers siècles est imputable à l'amélioration de la santé et de la nutrition qui passe par les services rendus aux individus. Malgré l'importance des externalités liées au développement des infrastructures sociales, ce facteur n'a pas fait d'une grande attention dans la modélisation. Quelques auteurs l'ont fait en utilisant plutôt certains indicateurs comme le nombre moyen d'années d'études de la population ou la mortalité infantile qui sont des variables plus précises du capital humain. Quelle que soit la notion d'infrastructures retenue, les résultats montrent que pour certains secteurs, l'introduction d'effets individuels ne semble pas remettre en cause l'impact du capital public sur l'efficacité des facteurs privés, même si cet impact s'avère être relativement modeste pour certains types d'infrastructures. L'élasticité du capital public est positive et significative, les effets les plus importants étant observés dans le secteur de l'électricité, des transports et télécommunications. Il s'avère important d'étudier maintenant les théories de la croissance.
Les théories de la croissance A la fin de la guerre, dans les années quarante, économistes et gouvernements ayant tous en mémoire la grande crise dont ils voulaient tous éviter le retour ; essayèrent d'en trouver une solution. Aussi deux économistes se réclamant de Keynes, Roy Harrod et Everett Domar proposèrent des modèles de croissance reprenant certaines idées de Keynes. Leur principale contribution fur que, laissé à lui même le système ne peut assurer la croissance avec plein emploi et ceci essentiellement eu raison de la mauvaise coordination des décisions de ceux qui, d'un côté épargnent et de ceux qui, de l'autre investissent. Le message sous jacent à ces modèles est que l'Etat doit intervenir pour corriger le mieux possible ce défaut de coordination des décisions des agents individuels. A la vision pessimiste donnée par les modèles Keynésiens d'après guerre a succédé, au milieu des années 50, la présentation plus optimiste de Solow qui suppose résolu le problème de coordination, et qui postule en particulier le plein emploi permanent. Le modèle de Solow, point de départ de presque toutes les analyses de la croissance, nécessite pour bien appréhender l'impact de l'investissement en infrastructure sur la croissance une connaissance approfondie. L'objet de ce chapitre est consacré à l'analyse du modèle de croissance le plus traditionnel utilisé par les économistes, celui de Solow (section 1) et des enseignements du modèle AK de Rebelo (1991) (section 2). Section I - Le modèle néoclassique de Solow-Swan
Cette section est consacrée à la théorie traditionnelle de la croissance et à son modèle prototype élaboré par Robert Solow (1956) et T.W. Swan (1956). Ce modèle comporte deux sources de croissance : une source « endogène », l'accumulation du capital et une source « exogène », la quantité de travail disponible. L'accumulation du capital (part non consommée de la production) est déterminée par le modèle mais tel n'est pas le cas du travail disponible. De cette approche néoclassique en raison des caractéristiques de la fonction de production macroéconomique qu'elle postule car, même si les fondements microéconomiques du modèle ne sont pas explicités, c'est la parfaite flexibilité des prix des facteurs qui rend possible le mouvement de substitution entre le travail et le capital ; il résulte une croissance de long terme harmonieuse car régulière. L'attrait et la place centrale que le modèle de Solow continue d'occuper dans les théories de la croissance tiennent à la simplicité et à la robustesse des hypothèses qui le fondent et à sa capacité à expliquer « beaucoup » à partir de « peu » d'éléments. La sous-section ci-dessous se propose d'étudier les enseignements du modèle de base et d'en ressortir ses limites. A) Les enseignements du modèle L'approche néoclassique de la croissance basée sur le modèle de Solow repose sur certaines hypothèses fondamentales et l'accumulation du capital. 1) Hypothèses fondamentales et résolution du modèle de Solow
1.1 Hypothèses fondamentales du modèle de Solow
Le modèle de Solow suppose les hypothèses ci-contre : - Les ménages possèdent les actifs et les facteurs de production et ils choisissent la part de leur revenu qui sera consacrée à la consommation. - C'est une économie à un secteur productif dans laquelle un bien homogène peut être soit consommé, soit investi en vue d'accroître le capital physique. - C'est une économie fermée où la production est égale à la demande et l'investissement à l'épargne. L'épargne effectuée ex-ante est égale à l'investissement ex-post. Y (t) = C (t) + I (t) (1). Où Y (t) : fonction de production ; C (t) : fonction de consommation ; I (t) : Fonction d'investissement - Le facteur travail (L) croit dans le temps du fait de la croissance de la population. On suppose que ce facteur croît à un taux exogène constant n qui est le taux de croissance de la population. Soit : - (2) avec n > o I(t) = (3) - La fonction de production est de la forme : Y(t) = F [K(t), L(t)] (4) Elle est dite fonction néoclassique car elle vérifie les propriétés suivantes : · Les productivités marginales sont décroissantes : pour tout K > o ; L > o · Les rendements d'échelle sont constants ; . Ceci signifie que F est homogène de degré I, aussi une augmentation des facteurs de production induit une augmentation dans la même proportion de la production. · Elle vérifie les conditions d'Inada : Lim K Lim K L La constance des rendements d'échelle rend possible l'écriture de la fonction de production sous la forme per capita : Y = F(K, L) = LF(K/L, I) = L f(k) avec y = f(k), f' > o ; f'' < o ; avec k : capital par tête ou intensité capitalistique. Y : revenu par tête. Ces nouvelles connotations impliquent que les conditions d'Inada deviennent : lim f(k) = O ; lim f'(k) = . K k Ces trois conditions définissant la fonction de production néoclassique montrent l'importance des facteurs de production. En effet, F(O, L) = F(K, O) = f(O) = O6(*). - Le capital se déprécie au taux constant étant donné les autres facteurs de production, la variation nette du capital à chaque instant est donné par : It = Kt + K1 (5). - Le taux d'épargne régissant le comportement de consommation et d'investissement des agents est exogène et égal à : S = Avant d'examiner les principales conclusions de ce modèle, il convient de le résoudre au préalable.
On examinera comment l'économie décrite ci-dessus évolue dans le temps. L'économie est gouvernée par l'évolution du seul facteur capital. Celle du travail étant exogène. a) Dynamique du modèle.
Elle repose essentiellement sur la dynamique du facteur capital décrite par l'équation ci-contre : K1 = I1 - or I1/Y1 = s I1 = SY1 L'accumulation du capital provient de l'écart entre l'investissement et la dépréciation du capital. Cette dernière est une fraction constante du capital installé. L'investissement est ce qui resté de la production une fois ôtée la consommation. Puisque le taux d'épargne est constant, c'est une fonction constante de la production. Or celle-ci est telle que le rendement marginal du capital est une fonction décroissante du capital : plus le niveau de capital installé est élevé (relativement à la quantité de la main d'oeuvre), plus sa rentabilité marginale est faible. Ainsi quand il y'a peu de capital dans l'économie, la partie de la production qui est investie permet d'accroître fortement le capital. Plus il y'a de capital, moins c'est le cas. A la limite lorsque la quantité de capital est infinie, sa productivité marginale devient nulle. Ainsi le seul facteur de production qui se modifie étant le capital et son accumulation réduisant son efficacité au cours du temps, la productivité va diminuer. Il existe donc une valeur du stock de capital telle que l'augmentation d'une unité de l'investissement induit un accroissement de la production épargnée (investissement courant) plus fiable que l'investissement du déclassement (investissement de point mort7(*)). A cette valeur limite (capital de long terme), l'accumulation s'arrête. Les équations ci-contre décrivent ces différentes situations : Kt = sY1 - K1 = = soit k1 = sf(k1) - (n + ) k1 (6)8(*) A l'état régulier9(*) (équilibre de long terme) on a: = O K* : valeur du capital par tête d'équilibre constante. A ce niveau de capital, l'investissement permet simplement de renouveler le stock de capital. A un niveau de capital légèrement inférieur, il serait rentable d'investir (puisque l'investissement supplémentaire rapporterait plus que la dépréciation du capital). A un niveau supérieur, ce ne le serait plus. L'équilibre est donc stable : quand l'économie se trouve à ce niveau d'équilibre du capital, elle y reste. Le seul taux de croissance de capital par tête que peut posséder une telle économie est nul. Soit : d'où A cet équilibre, toutes les variables par tête sont constantes et les variables en niveau croissent toutes au même taux exogène (n) égal au taux de croissance de la population. Il en est de même des prix (taux d'intérêt (r) et taux de salaire (w)). r = f `(k) - w = f (k) - kf ` (k) Après avoir exposé une explication littéraire du modèle de Solow, une illustration graphique paraît judicieuse. b) Résolution graphique du modèle de Solow
Le graphique ci-contre montre qua quand le niveau du capital est « petit » c'est à dire situé à gauche duc capital d'équilibre de long terme, l'investissement qui est proportionnel à la production est inférieur au déclassement qui est lui proportionnel au capital. Cela provient du fait que la courbe représentant la production est concave (la productivité marginale du capital est décroissante). En effet, cette propriété entraîne elle aussi que la courbe de l'investissement est concave et donc que les deux courbes se croisent en un point qui est l'équilibre de long terme. Ainsi quant le capital est petit, l'écart entre l'investissement et la dépréciation est positif et donc le capital augmente. Au contraire, quand le capital est grand (situé à droite du capital de long terme). L'investissement est inférieur au délassement et le capital décroît. Il y'a donc convergence vers le niveau du capital de long terme. K0 Invest brut K'>0 K* K Y' Y' Y Graphique 1 : Résolution du modèle de Solow Avec sf(k) : investissement courant ou épargne par tête (n +) k : investissement de point mort. 2) Règle d'or de l'accumulation du capital et inefficience dynamique
Le modèle de Solow montre que le taux de croissance à long terme est indépendant du taux d'épargne. Toutefois, ce dernier joue un rôle fondamental dans le choix d'un sentier de croissance de l'économie : plus le taux d'épargne est élevé, plus la production investie à chaque période est forte et plus le capital de l'économie considérée est important. Le capital est une fonction croissante du taux d'épargne (s). Dès lors si les autorités ont la possibilité de choisir le taux d'épargne national grâce à une politique économique appropriée, elles choisiront celui qui permet en longue période de maximiser la consommation par tête. La solution d'un problème pareil est appelée la règle d'or de l'accumulation du capital et a été proposée par PHELPS (1961) à partir du raisonnement selon lequel une hausse de l'épargne a deux conséquences contradictoires : - d'une part, elle réduit la part consommée de la production - d'autre part, puisque k est une fonction croissante de (s), il accroît le revenu par tête et donc le niveau de la production. A long terme, les deux effets se compensent : K*(s) = c*(s) = (1-s) f(k*(s)) ; La quantité c* atteint son maximum lorsque ; en désignant kg la quantité k* qui maximise c*, on obtient : f(kg) = n + (règle d'or d'accumulation du capital). Cette équation détermine le stock de capital qui permet de maximiser la consommation par tête tout en permettant un développement harmonieux. A ce titre de stock de capital correspond un taux d'intérêt : rg = f((Kg)- on dit donc que rg = n. Si pour une économie, on constate que r > n cette économie n'épargne pas assez. On dit de celle-ci que l'avenir est hypothéqué et les générations futures sacrifiées. Si par contre r < n, l'économie épargne trop sacrifiant le bien-être de la population inutilement. On dit de cette dernière qu'elle est dynamiquement inefficiente. Lorsque r = n, il y'a équité entre les deux générations. Pour Solow, la croissance est naturelle, elle ne dépend pas de la sphère économique. La dynamique développée ci-dessus implique pour une économie donnée deux conséquences : le caractère transitoire de la croissance et l'accélération transitoire de la croissance d'une hausse du taux d'épargne. 2.1) Dynamique de la transition du modèle10(*)
En reprenant l'équation (6) : k = sf(K) - (n + )k ; et en posant le taux de croissance de l'économie, on obtient : (9) Si une économie démarre à gauche du stock de capital d'équilibre (k > O), son stock de capital croîtra avec le temps et une fois à l'équilibre restera constant. A l'inverse, une économie qui aura démarré à droite (c'est-à-dire avec un stock de capital important) verra son stock de capital diminuer à long terme jusqu'au moment où il aura atteint l'équilibre. Aussi quelque soit le point de départ de l'économie, elle va converger vers l'équilibre. On dit que la dynamique du système est globalement stable. avec s'>s Graphique 2 : Effet d'une augmentation de (s) et convergence dans le modèle de Solow.
sont des états stationnaires (où le taux de croissance est nul) Cette accélération transitoire de la croissance résultant d'une hausse du taux d'épargne implique une convergence des économies. 2.2) Convergence des économies.
L'une des principales conséquences du modèle de Solow est la convergence des économies. En effet d'après le résultat précédent, les économies avec un capital par tête plus fiable tendant à croître plus rapidement que les autres ayant un plus élevé (taux de croissance de l'économie plus fort) ; elles finiront par rattraper à terme les plus riches. Cette hypothèse est dite convergence absolue11(*). Face au manque de réalisme de cette hypothèse, on a introduit la notion de convergence conditionnelle selon laquelle l'économie riche en capital, ayant un taux d'épargne plus élevé que l'économie pauvre en capital, peut croître plus rapidement que celle-ci. Cependant à long terme, la croissance des deux économies convergera vers le taux naturel de croissance. Cette hypothèse se réfère à l'idée qu'une économie croit d'autant plus vite qu'elle est éloignée de son propre état régulier : A l'état régulier, = 0 soit : D'où : (10) Ainsi si l'économie est proche de son équilibre, sera proche de L et l'économie ne pourra croître. Un taux de croissance faible signifie qu'on n'est pas éloigné de l'équilibre. C'est dire qu'une économie croit d'autant qu'elle est éloignée de son équilibre. Ce problème de convergence des économies a fait l'objet de nombreuses études empiriques qui ont montré que si l'on observait bien une convergence au sein des pays industrialisés (entre les Etats américains ou les pays de la communauté européenne), il n'y avait pas de convergence entre les pays industrialisés et les PVD12(*). Dans sa version la plus élémentaire, le modèle néoclassique de croissance n'intègre pas la présence de biens publics. De ce fait, la dépense publique n'a qu'un effet d'éviction de l'épargne privée. Un taux de prélèvement obligatoire réduit le taux d'épargne de l'économie et conduit à un sentier moins capitalistique. Le prélèvement public n'est justifié que si l'économie a un taux d'épargne plus élevé que le taux d'épargne de la règle d'or. Dans ce cas, le prélèvement public permet de remédier à une accumulation excessive et inefficace du capital privé. B) Le modèle de croissance néoclassique et ses limites
L'objectif du modèle de base était de présenter un modèle où il était possible d'obtenir un processus de croissance stable, mais, il présente certaines limites qui le rende inapte à expliquer la croissance. 1) Les limites du modèle de base de Solow Le modèle de base de Solow se présente plus comme une représentation de la production et des ajustements de moyen terme que comme une théorie de la croissance. En effet, la croissance est limitée à la dynamique transitoire de l'économie, lorsqu'elle converge vers le rapport capital/travail d'équilibre (k*). La croissance de long terme, une fois que le rapport capital/travail d'équilibre est atteint, n'existe qu'en présence de facteurs exogènes. Ce modèle aboutit à plusieurs autres conclusions paradoxales : premièrement, le niveau du taux d'épargne affecte le niveau de capital par tête, mais pas la croissance. L'équation dynamique fondamentale de Solow montre qu'à l'équilibre, toute l'épargne est utilisée pour doter en capital les travailleurs nouveaux et non pour accroître la dotation de chacun. Au delà d'un effet en niveau, l'augmentation de k*, une politique d'encouragement de l'épargne n'aura pas d'effet sur le taux de croissance à long terme de l'économie. Elle aura aussi un effet transitoire dans la mesure où elle accéléra la convergence de l'économie vers k*.
Par ailleurs, dans un cadre international, ce modèle suppose que tous les pays doivent converger vers un même niveau de capital et de produit par tête, sous les hypothèses d'identité de préférences pour les agents de chaque pays c'est-à-dire avec un même taux d'épargne d'un pays à l'autre, et avec une même croissance démographique. Les pays pauvres vont donc « rattraper » les pays riches. Il semble à première vue assez difficile de raccorder cette prévision du modèle avec les faits observés au cours des quatre dernières décennies, qui tendent plutôt à montrer un accroissement de l'écart entre les niveaux de revenu. En fait, l'obtention d'une croissance non bornée nécessite la prise en compte d'un facteur extérieur qui augmente la productivité des facteurs de production à long terme. Solow, intégrant le progrès technique, propose une solution à ce problème. 2) Le modèle de Solow et le progrès technique
La croissance homothétique de toutes les variables en niveau (production, consommation...) à l'état stationnaire de Solow suppose que le rapport de deux quelconques de ces variables est constant dans le temps (taux de croissance nul). Ainsi dans le Solow, l'économie tend vers un état stationnaire en ce qui concerne la consommation et la production par tête. Par conséquent, il n'a vraiment pas de croissance en dehors de celle de la population ; ce qui est gênant puisque Solow se proposait d'expliquer la croissance observée dans la plupart des pays qui est loin d'être nulle.
L'absence de croissance par tête en longue période dans le modèle de Solow est une conséquence du fait que par hypothèse la fonction de production qui caractérise l'économie est à rendements d'échelle constants et à productivité marginale du capital décroissante. Aussi pour qu'une croissance positive coexiste avec ces hypothèses, il faut ajouter « quelque chose » au modèle. Une explication a été proposée par l'intégration du « progrès technique exogène » qui suppose soit qu'il y'a une « déformation » de la fonction de production qui permet une croissance plus élevée ; soit que le capital ou le travail devient plus productif au fur et à mesure que le temps passe. Pour mieux comprendre le modèle de Solow avec intégration du progrès technique, il convient de cerner au préalable cette variable. a) Le progrès technique
Le progrès technique permet une amélioration continue de la technologie permettant d'éliminer l'effet des rendements décroissants en renforçant la productivité du travail. La prise en compte de cette variable dans la fonction de production est confrontée à deux problèmes : - La manière d'introduire le progrès technique dans le modèle de Solow. Il peut permettre aux producteurs d'obtenir le même niveau de production avec relativement le même niveau de capital ou relativement avec moins de travail. La manière la plus simple de modéliser consiste à supposer que la production change : Yt = F(Kt, Lt, t)13(*) (1) - La manière par laquelle le progrès technique déforme le système productif. On se préoccupe notamment de savoir s'il préserve les parts relatives de la rémunération des facteurs et dans quelle mesure il n'engendre pas de chômage. Il existe trois14(*) définitions courantes du progrès technique neutre cependant, pour qu'une croissance à taux constant soit possible dans le modèle de Solow, le progrès technique doit être neutre au sens de Harrod, soit la fonction de production être de la forme Cobb-Douglas15(*). . b) Modèle de Solow avec progrès technique neutre au sens de Harrod
Ici, on suppose une fonction de production qui augmente le travail et un niveau de technologie A(t) qui croit au taux constant . On a la fonction de production qui suit : Y (t) = F(Kt, At) (2) La dynamique du capital devient : Kt = sF-Kt, LtAt) - K1 (3) Plutôt que d'introduire le stock de capital par tête (modèle de base), on va introduire le stock de capital par unité de travail effectif soit (4) (5) même si rien n'est fait, le progrès technique augmente avec le temps. A l'état régulier, les variables par unité de travail effectif sont constantes. Les variables par tête (k, y, i, c) croissent au taux , les variables en niveau K, Y, C, I au taux (n + ). Dans ce modèle, en l'absence d'un taux de croissance de la population, le taux de croissance de l'économie est mesuré par. Solow attribuant près de 90% de la croissance de la production par habitant au progrès technique exogène, montrait ainsi que la croissance de la productivité totale des facteurs était la principale source de croissance ; laissant de nombreux économistes sur leur appétit. Toutefois, l'explication de la croissance par des facteurs exogènes ne pouvant satisfaire les économistes classiques à la recherche de fondements microéconomiques pour tous les phénomènes auxquels ils s'intéressent ainsi que l'absence de corroboration entre les données internationales et le modèle néoclassique en ce qui a trait aux parts du capital et aux propriétés de convergence, on a vu éclore à la fin des années 80, des modèles dits de croissance endogène plus pertinents dans l'explication de l'influence de l'investissement sur la croissance. Section II : Croissance et rendements d'échelle A) Les enseignements du modèle AK
La dynamique de croissance à la Solow a permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor. Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas, il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se propose de franchir ce travail de recherche dans cette section à travers les travaux de Rebelo pour qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène.
Une manière de concevoir une croissance auto-entretenue consiste à mettre l'accent sur l'accumulation des facteurs en supposant, à l'instar de Rebelo (1991) que « tout est capital ». En effet, en l'absence du progrès technique exogène dans le modèle de Solow, la croissance est bloquée par la décroissance vers zéro du rendement du capital. L'accumulation s'essouffle car la capacité productive du capital s'érode alors que la dépréciation et la croissance démographique absorbent une partie proportionnelle du capital des investissements. C'est cette hypothèse de décroissance des rendements qu'il faut remettre en cause pour modéliser une croissance endogène. Dans un article publié en 1991, Sergio Rebelo pose que la technologie agrégée est décrite par une fonction linéaire avec un seul facteur, le stock de capital : Y (t) = AK (t) (1). Cette spécification permet bien d'avoir une productivité marginale du facteur accumulable, le capital, constante et égale à A : f' = A. Ici le capital apparaît comme le seul facteur de production et le travail est exclu. Rebelo justifie ce choix en assimilant le travail au capital humain, qui est accumulable, et qui, agrégé au capital physique mais aussi aux infrastructures collectives donne le concept de capital élargi. Cette conception élargie du capital permet de justifier l'absence globale des rendements décroissants. C'est un modèle néoclassique susceptible d'être intégré dans le modèle de Solow ou de Ramsay. Dans l'un ou l'autre cas, l'accumulation du capital est égale à : K = Y - C - K (t) (2) 1) Intégration dans le modèle de Solow
En reconduisant les autres hypothèses16(*) de Solow (modèle de base), on obtient l'équation fondamentale suivante : k (t) = sAk(t) - (n + )K(t) (3) ; ce qui donne le taux de croissance du stock de capital par tête (investissement net) : (4). La relation qui lie le taux d'investissement au taux de croissance du produit absente dans le modèle de Solow en régime d'équilibre (où le taux d'investissement détermine le niveau du produit mais pas son évolution) apparaît clairement dans ce modèle simple de croissance endogène. En effet, dans ce modèle l'équation (5) ci-dessous montre que le taux de croissance du produit est directement proportionnel au taux d'investissement (5). Néanmoins pour que la croissance soit auto entretenue, il faut que (5) soit positif. C'est dire que le stock de capital va croître si et seulement si sA15 > (n +). Si ce taux de croissance est strictement positif, ce qui nécessite une productivité du capital et un taux d'épargne suffisamment élevés par rapport aux taux de croissance de la population et de déclassement, on a bien une croissance auto-entretenue, avec un taux de croissance du capital par tête positif et constant. Toute politique économique visant à augmenter le taux d'épargne aura un effet positif permanent sur la croissance. Une implication importante de ce modèle est donc que contrairement au modèle de Solow, une hausse du taux d'épargne augmente de façon permanente le taux de croissance de la production par tête. Par ailleurs, il ne prévoit ni convergence absolue, ni convergence conditionnelle. Même en l'absence d'une croissance démographique, la croissance endogène est possible : il suffit que sA >. Graphique 3 : Absence de convergence dans le modèle AK n + sA K 2) Intégration dans le modèle de Ramsey
La résolution du modèle AK requiert que soit spécifiée l'épargne qui finance l'investissement. On peut comme dans la section ci-dessus retenir l'hypothèse d'un taux d'épargne exogène ou spécifier, comme dans la plupart des modèles de croissance endogène la fonction d'utilité des consommateurs d'où se déduit l'épargne. Ainsi on supposera que la fonction d'utilité de l'agent représentatif est à élasticité de substitution inter temporelle constante : U(c) = (1) Où est le taux de préférence pour le présent L'élasticité de substitution inter temporelle, aussi égale à l'aversion pour le risque. On pose que le produit se partage entre l'investissement d'une part et la consommation d'autre part. La taille de la population est fixe, de telle sorte qu'il n'existe aucune source exogène de croissance. On recherche un équilibre de croissance régulière où le produit, le capital et la consommation croissent au même taux. Le taux de croissance de l'économie est alors : g= (2) L'économie possède un taux de croissance d'autant plus élevé que la valeur de la productivité marginale du capital A, qui est supposée constante, est élevée et que les agents ont une faible préférence pour le présent, ce qui les poussent à épargner plus. Dans le cadre de ce modèle, il est donc possible d'obtenir une croissance de long terme en conservant l'hypothèse de concurrence parfaite et en ayant l'égalité entre le taux de croissance optimal et le taux de croissance de l'équilibre concurrentiel. Il suffit pour cela de supprimer le facteur travail de la fonction de production, ou encore de la transformer en un facteur accumulable incorporable au capital et de porter à 1 la valeur de l'élasticité de production du seul facteur accumulable restant : le capital.
La conclusion générale que Rebelo tire de ce modèle, est que les rendements d'échelle croissants ne sont pas nécessaires pour engendrer un processus de croissance endogène. De fait, on ne trouve de tels rendements d'échelle dans aucun de ses propres modèles. Un examen attentif permet cependant de nuancer cette conclusion. Le point commun à tous ces modèles, ainsi qu'à tous les modèles de croissance endogène, est la présence de rendements au moins constants sur les biens reproductibles dans la production des biens reproductibles. Un accroissement de 1% de toutes les formes de capital doit permettre une augmentation de 1% de la production du capital. Si le capital est homogène au produit final et que la production de celui-ci requiert des facteurs non reproductibles par exemple le travail ou la terre, comme dans les modèles de Solow, alors les rendements globaux croissants sont nécessaire. Mais si le capital est un bien différent du bien de consommation, produit avec une technologie spécifique, ce sont les caractéristiques de cette dernière qui importent et non celles du secteur du bien de consommation. Le coeur de la croissance est la production de capital par du capital et il ne peut y avoir de croissance endogène sans que ce processus se fasse dans le cadre des rendements d'échelle au moins constants. B) Croissance et externalités 1) Externalités liées à l'accumulation d'un facteur Le modèle de Rebelo a l'intérêt théorique de mettre en évidence les conditions les plus simples pour obtenir une croissance par tête auto-entretenue .Mais il est trop fruste dans ses fondements économiques et il se prête mal à un essai de calibrage. Une des façons d'introduire les externalités dans le modèle est de supposer que l'augmentation de la quantité totale de capitale disponible dans l'économie entraîne une hausse de la productivité du travail. Dans les domaines où il y a croissance endogène, cette hypothèse consiste souvent à multiplier la quantité de travail L utilisée par une entreprise par un nombre () où désigne le stock total de capital et où (.) est une fonction strictement croissante ; pour qu'il y ait externalité positive, il suffit alors que ()>1. Ainsi, lorsque le stock du capital de l'économie est la production Q d'une entreprise qui dispose d'un capital K et d'une quantité de travail L est donnée par : Q = F(K, ()L) (1) Comme, par hypothèse, F (.) est homogène de degré 1, on déduit que : (2) Si on note q le produit par tête Q/L et k le capital par tête K/L, alors (2) s'écrit : q = F(k, (3) En dérivant par rapport au temps les deux membres de cette égalité, on obtient : (4) Dans le modèle de Solow, tend vers 0 lorsque t tend vers l'infini, car il n'y a pas d'externalité (donc et et tend vers 0, puisque le capital par tête converge vers sa valeur stationnaire. Par conséquent, le produit et la consommation par tête tendent également vers leur valeur stationnaire : sur la longue période, il n'y a pas de croissance autre que celle qui est due à l'augmentation de la population .Toutefois, la situation est différente dans le cas où il y a externalité, puisque alors le second terme du membre de (4) ne s'annule pas ; si le capital d'ensemble augmente régulièrement et si , alors le produit par tête peut continuer à croître indéfiniment. Le caractère endogène de la croissance provient ici de ce que la fonction a pour argument l'accumulation passée qui est déterminée par le processus lui-même. Cependant, plusieurs études empiriques portant sur la croissance d'un grand nombre de pays après la deuxième guerre mondiale ne rejette pas l'existence d'un effet de taille. Se posent maintenant deux problèmes fondamentaux : Comment expliquer la présence au niveau macroéconomique de rendements d'échelle croissants ? Comment rendre compatibles ces rendements croissant avec l'existence d'un équilibre concurrentiel ? Pour résoudre ces deux problèmes, les modèles de croissance endogène se sont attachés d'une part à identifier les sources possibles de rendements d'échelle croissants au niveau macroéconomique, d'autre part à fonder au niveau microéconomique les conditions nécessaires à l'existence d'un équilibre concurrentiel dans ce cas. Une réponse possible à ces problèmes est celle proposée par Romer (1986), l'un des pères fondateurs des théories de la croissance endogène. Elle consiste à postuler l'existence d'externalités liées à l'investissement en capital physique. Romer prend une fonction de production F(K,L) et pose Selon les valeurs données au coefficient la croissance peut être soit explosive (elle s'accélère), soit tendre vers zéro comme dans le modèle de Solow, soit être constante. 2) L'Etat gérant des externalités L'objectif principal du recours à une intervention publique serait l'amélioration du bien être. Dans les modèles de croissance, la croissance n'est auto entretenue que si le rendement marginal des facteurs accumulables dans la leur propre production est constant. C'est-à-dire que la condition nécessaire à l'existence d'une croissance auto-entretenue est que l'élasticité de la production aux facteurs accumulables soit égale à l'unité. Lorsque les facteurs sont pris individuellement, les rendements sont constants ; d'autres facteurs de production existant cependant, les rendements de l'ensemble des facteurs deviennent croissants. Or dans une entreprise dont les rendements sont croissants, il s'avère impossible d'obtenir un équilibre de concurrence pure et parfaite. Il y a donc une contradiction. Au niveau macro-économique, dès lors que qu'il existe des facteurs de production non accumulables, pour que la croissance soit auto-entretenue, il faut que les rendements soient croissants, alors qu'au niveau micro-économique, la réalisation de l'équilibre n'est possible que par l'existence des rendements non croissants. Pour résoudre cette contradiction tout en conservant néanmoins la conclusion que la croissance est auto-entretenue et l'hypothèse de concurrence pure et parfaite vérifiée, les auteurs font recours à des effets externes. Cependant, l'hypothèse sur la valeur des paramètres pour la réalisation d'une croissance auto-entretenue ébranle la robustesse de ces modèles. En effet, les valeurs des paramètres que l'on pourrait plausiblement retenir conduisent à un écart très élevé entre l'équilibre concurrentiel (où l'externalité n'est pas prise en compte par les entreprises) et l'optimum social (où l'externalité est prise en compte). DE Long et Summers (1992) dans leurs recherches d'une mesure des effets externes de l'investissement à partir d'un échantillon de pays parviennent à la conclusion qu'il existerait une forte relation entre l'investissement et la croissance économique à condition que les droits de propriété soient garantis par les pouvoirs publics. Ils assignent ainsi à l'Etat le rôle de favoriser l'environnement de l'investissement tout en laissant jouer le marché (exclusions des nationalisations). Cependant, la forme d'intervention publique dépend du type d'information dont dispose l'Etat. Il est ainsi légitime que la recherche fondamentale d'une rentabilité lointaine et incertaine soit financée par des fonds publics car comme l'applicabilité des résultats n'est pas immédiate, l'appropriation des gains économiques est difficile (Arrow, 1962). Ceci d'autant plus qu'une part importante de la recherche fondamentale n'a pas de finalité économique directe : ces objectifs peuvent concerner la défense, le prestige, l'honneur de « l'esprit humain ». Pour ce qui est de l'éducation, l'existence d'externalités17(*) ne peut justifier à elle seule un financement entièrement public : une part des gains de la formation est réalisée par les agents qui se forment. Cependant une intervention publique se justifierait par ailleurs même en l'absence d'externalité. L'accès des plus pauvres aux marchés financiers (afin de trouver le financement d'une formation) n'étant sans doute pas ce qu'il serait dans un marché parfait ; il importe de corriger cette imperfection par une intervention publique. Si les nouvelles théories de la croissance réhabilitent le rôle de la politique économique, qui devrait permettre de mieux coordonner les décisions des agents privés, elles ne préjugent pas la forme de cette intervention. En effet, si l'intervention publique est justifiée par le fait qu'il existe une externalité, il demeure que la forme d'intervention publique dépend de l'externalité précise qui est en cause. Outre la prise en compte des effets externes, l'Etat a une influence directe sur l'efficacité du secteur privé : les investissements publics concourent relativement à la productivité privée. Le modèle de Solow et les calculs qu'il autorise ne cadre pas bien avec la forte corrélation observée dans les faits entre la taux d'investissement et de croissance ; des travaux récents ont remis en l'honneur l'investissement en infrastructure comme moteur de la croissance. Bien que reconnaître l'importance de la croissance à long terme soit primordiale, il importe de sortir du Carcan de la croissance néoclassique où la croissance par tête à long terme est indexée au taux de progrès technique exogène. C'est ce à quoi nous allons nous atteler en modélisant l'impact de l'infrastructure sur la croissance. Deuxième partie L'évaluation de l'impact de l'infrastructure sur la croissance au Cameroun
Dans la première partie de ce travail, nous avons fait la synthèse des différentes approches théoriques mettant en exergue l'impact de l'infrastructure publique sur la croissance et les différents enseignements tirés des théories de la croissance. Il ressort que l'investissement dans l'infrastructure est un des facteurs fondamental dans le processus de croissance. Il importe cependant de confronter ces brillantes révélations théoriques aux faits observés dans les différents pays avec les variables à notre disposition.
En effet, la spécificité des pays africains et surtout, de l'Afrique subsaharienne qui jusqu'à nos jours malgré ces illustres développement théoriques ne parviennent pas pour d'autres à amorcer une croissance positive, montre la pertinence d'une évaluation empirique de l'apport des infrastructures dans le processus de croissance d'un pays appartenant à cette catégorie comme le Cameroun.
Pour apprécier empiriquement l'impact de l'infrastructure publique dans la croissance, les auteurs ont procédés par différentes manières (en données de panel, en coupe, et sur série temporelle).
Dans cette partie de mémoire, nous essayerons de débattre sur les procédures afin de choisir l'une pour appréhender l'impact de l'infrastructure sur la croissance. Cette partie s'articule autour de autour de deux chapitres. D'abord elle mesure la relation entre les infrastructures de transport et la croissance au Cameroun (chapitre3), ensuite, elle analyse la relation entre les infrastructures sociales à travers les dépenses publiques de santé et d'éducation et la croissance au Cameroun. Chapitre 3 Relation entre infrastructures de transport et la croissance au Cameroun Les avantages et l'importance que représentent les infrastructures de transport pour la croissance économique sont reconnus depuis longtemps. Il ne fait guère de doute que les investissements réalisés dans les réseaux de transport (routes, chemins de fer, canaux) ont stimulé le développement économique en Amérique au XIXe siècle. L'infrastructure des transports a élargi le territoire sur lequel les produits peuvent être commercialisés et vendues. Elle a rendu le processus de production et de distribution plus efficace, permis des économies d'échelle et une spécialisation accrue, changé les systèmes logistiques et réduits les coûts, autant de facteurs qui font augmenter la productivité économique. Les études analysant les interrelations entre les infrastructures de transports et la croissance économique s'articulent autour de deux grands axes. Le premier est formé par l'analyse coûts à laquelle les investissements routiers et ferroviaires sont systématiquement soumis dans la plupart de pays. La seconde démarche possible étudie les relations économétriques à partir des fonctions de production macroéconomiques. Cette approche est celle des théories de la croissance.
Dans ce chapitre, nous commencerons par présenter les modèles théoriques généralement utilisés (section 1) et nous terminerons par l'évaluation empirique du modèle que nous retiendrons (section 2). Les résultats et l'interprétation sont présentés dans cette dernière section. Section 1 : Présentation des modèles A- Approche par la fonction de coût 1) Le modèle proposé par Bangqiao, J Pour examiner les effets de l'infrastructure publique sur le coût de production dans le secteur privé, une fonction de coût traditionnelle peut être modifiée de manière à inclure le service de l'infrastructure publique. La forme générale de la fonction de coût devient alors : (1) C = C (w, Y, T, H) Où C est le coût total ; w, le vecteur prix des intrants privés (habituellement travail, capital privé, matières premières, etc...) ; Y est la quantité d'extrant ; T, une mesure du changement technique ; et H, le service de l'infrastructure publique (soit la quantité de stock de capital public). La valeur fictive () ou avantages marginaux du capital public peut être obtenue en prenant la négative de la dérivée partielle de la fonction de coût par rapport au capital public H. (2) La valeur fictive est l'équivalent du côté des coûts du produit marginal. Elle reflète la réduction des coûts totaux attribuable à un accroissement du stock d'intrants et, donc, l'apport des investissements réalisés dans l'infrastructure publique à la performance économique et à l'efficacité de l'entreprise. La valeur fictive peut être traduite en une mesure de l'élasticité, comme suit : (3) Du point de vue de l'entreprise, comme les services d'infrastructure public sont fournis de l'extérieur, signifie que les entreprises profitent des hausses du service de l'infrastructure publique. Toutefois, d'un point de vue social, l'investissement dans l'infrastructure n'est clairement pas gratuit. Par conséquent, le taux de rendement social du capital d'infrastructure publique doit être mesuré par soustraction de ce qu'on appelle le coût social d'utilisation du capital public, de la valeur fictive, ce qui donne : (4) Toutefois, la détermination d'un coût social d'utilisation est une question très compliquée. Tous les chercheurs qui ont voulu estimer empiriquement les effets du capital public à l'aide d'une fonction de coût utilisent une forme translog souple d'une fonction de coût, sauf Morrison et Schwartz (1996) et Seitz (1992) qui utilisent plutôt la fonction de coût généralisée de type Leontief. Cette fonction translog est habituellement estimée de concert avec des équations sur le partage des coûts, à l'aide de la méthode de régression apparente de Zellner, qui impose des contraintes théoriques. 2) Avantages et limites de la fonction de coût Le capital des infrastructures publiques est un bien public et, par conséquent, aucune valeur marchande ne peut être attribuée aux services qu'il fournit. Néanmoins, le prix fictif, ou la disposition à payer pour ces services, déterminé comme étant la réduction des coûts privés de production associée à l'utilisation du capital des infrastructures publiques, joue un rôle important dans la prise de décision. Le bénéfice marginal du capital public est quantifié comme étant la réduction des coûts privés associée à l'utilisation d'une unité supplémentaire de capital public. Par exemple, une autoroute bien construite permet à un conducteur de camion d'éviter les routes de campagne et de transporter ses marchandises jusqu au marché en moins de temps. Le gain de temps signifie que le coût subi par le conducteur est plus faible et l'usure du camion est moins importante. L'une des limites de l'approche par une fonction de coût réside au niveau où elle ne fait pas apparaître des externalités. D'autre part, la fonction de coût bien qu'elle permet de tester de nombreuses hypothèses concernant notamment la technologie, le comportement des entreprises ou l'impact de diverses règlementations étatiques, trouve une autre limite dans les types de données nécessaires à son élaboration, notamment pour les pays en développement. Ensuite, elle ne cadre pas avec l'orientation notre étude qui se veut beaucoup plus macroéconomique. B) l'approche en terme de fonction de production 1) Le modèle de Barro Concernant l'analyse théorique des liens entre capital public et croissance, le modèle de (Barro, 1990) constitue aujourd'hui un cadre de référence. La spécificité de ce modèle consiste à faire apparaître le stock de capital public dans le processus de production, et par conséquent à mettre en évidence un lien explicite entre la politique gouvernementale et la croissance économique de long terme dans un cadre de croissance endogène. Les modèles de croissance endogène avec externalité s'appuient sur des fonctions de production à trois facteurs de production. Nous aurons des facteurs privés (travail et le capital privé) et le troisième facteur, les dépenses en infrastructures est à financement public. La forme fonctionnelle, la plus fréquemment utilisée, est la forme Cobb-Douglas. Cette dernière permet une lecture directe des élasticités et des rendements d'échelle et une discussion aisée de la présence ou non d'externalités de capital public. Il y a en effet externalités engendrées par des facteurs si les rendements d'échelle sont décroissants ou constants en facteurs privés et croissants sur l'ensemble des facteurs, privés et public (Barro, 1990). La fonction de production de la firme i est définie par : (1) Les termes N, K désignent respectivement le niveau de l'emploi ou le travail, le stock de capital privé de la firme i ; les paramètres et correspondent respectivement aux élasticités de la production par rapport au stock de capital privé et aux investissements publics. Avec. Le stock de capital public ou la dépense totale de l'Etat en infrastructures, noté G, satisfont les hypothèses de non rivalité et de non exclusion (Samuelson, 1954) (op.cité) ; A le niveau d'avancement technologique constant dans le temps. Les firmes étant toutes identiques (hypothèse simplificatrice), la fonction de production sociale s'écrit sous la forme : (2) Cette fonction est à rendements constants par rapport aux facteurs de production privés. La productivité marginale du capital privé est décroissante () et tend à s'annuler quand K s'accroît. Toutefois l'infrastructure (le capital public) va permettre de maintenir ce niveau de productivité marginale au cours de l'accumulation. Après linéarisation par transformation logarithmique, le modèle prend la forme suivante, qui peut être estimée au moyen des techniques économétriques de modèles linéaires : Log Y = log A + log K + log N + log G (3) où et On cherche à tester le modèle de croissance endogène avec capital public, considère que les rendements d'échelle sont constants en facteurs de production privés et croissants sur l'ensemble des facteurs privés et public.
2) Financement des infrastructures par l'impôt Les dépenses publiques sont financées par un impôt proportionnel au taux d'imposition t constant dans le temps sur tous les revenus : T = tY (4) L'équilibre budgétaire est assuré à chaque instant : T = G (5) La dépense publique est constituée de bien final de sorte que t est la fraction du produit final absorbée par l'Etat. Les ménages consacrent une fraction s du revenu restant à l'épargne de sorte que la dynamique d'accumulation du capital prend la forme : (6) De plus, la fonction de production sociale est déterminée en remplaçant G par tY dans (2), on obtient :
Soit : (7) Puisque A, N et t sont constants, le modèle est ainsi ramené au modèle de AK de Rebelo. Ce résultat dépend crucialement du fait que l'élasticité du produit par rapport à l'infrastructure vaut 1-. En l'absence de croissance démographique, les équations (5) et (6) permettent d'exprimer le taux de croissance du stock de capital : En remplaçant Y par sa valeur ci-dessus, on obtient :
Ce taux étant constant, on aboutit à une situation ou la croissance est auto-entretenue. On remarque que le taux de croissance de l'économie dépend de manière non monotone du taux d'imposition choisi par l'Etat. Ce qui nous permet d'observer les deux effets opposés du taux d'imposition sur le taux de croissance de long terme. L'augmentation des dépenses publiques conduit d'une part à une augmentation de la productivité des facteurs et favorise ainsi l'accumulation du capital privé, mais d'autre part elle induit une hausse des ponctions sur les ressources des agents et donc une éviction des investissements privés. La croissance de long terme sera ainsi le résultat de l'interaction de ces deux forces opposées. L'effet net de l'intervention de l'Etat dépend de la différence entre le taux marginal de prélèvement public t et l'élasticité du produit par rapport aux dépenses publiques 1-. Dès lors si le gouvernement adopte la maximisation de la croissance pour objectif de sa politique fiscale, il choisira un taux d'imposition égal à l'élasticité des dépenses publiques, ou au taux d'investissement public.
L'hypothèse d'une influence des dépenses publiques d'infrastructure sur le taux de croissance du sentier stationnaire de l'économie, peut paraître extrêmement fragile dans la mesure où elle requiert une configuration très particulière des paramètres et notamment des rendements d'échelle par rapport aux stocks de capital privé et public. Ainsi suivant l'origine de la croissance, la maximisation du facteur de croissance de long terme ou du niveau de la consommation par tête en régime permanent, conduit dans ces modèles à l'égalisation du taux d'investissement public et de l'élasticité de la production par rapport à ces dépenses. Les modèles de croissance endogène avec capital public, dont R.Barro est l'investigateur, ont donné lieu à un certain nombre de tests empiriques qui se sont essentiellement focalisés sur les conclusions théoriques de ces modèles et donc porté sur l'estimation de la vitesse de convergence des économies en fonction de leur dépenses publiques. Mais le principal apport de ces modèles est surtout d'avoir relancé le débat, d'un point de vue théorique, sur l'intervention publique et ses effets, à l'échelle nationale et donc en dehors de tout arbitrage concernant l'aménagement du territoire. Le capital public peut être considéré comme un facteur de production à part entière et n'étant pas directement financé par ses utilisateurs, il est source d'externalités. En définitive, les nouvelles théories de la croissance identifient des facteurs structurels et politiques connus qui peuvent affecter le processus de croissance d'état stationnaire par des effets directs provenant des dépenses et des impôts et ceux indirects à travers la stabilité macro-économique. L'infrastructure publique a un effet direct sur la croissance en augmentant le stock de capital de l'économie. Pour faire référence à l'importance de l'infrastructure dans l'amélioration du bien-être social, l'expression : « où la route passe, le développement suit » est très souvent utilisée. Le modèle de Solow étudié précédemment n'explique pas pleinement certains faits de base de la croissance économique dans les pays en particulier ceux de l'Afrique Subsaharienne. Ici en dehors du capital, le seul déterminant du revenu par tête est l'efficacité du travail dont la signification exacte n'est pas spécifiée et dont le comportement est considéré comme exogène. En outre, faire l'hypothèse que le taux de rendement du capital reflète sa contribution à la production et que sa part dans le revenu total est fixée à des niveaux plausibles ne permet d'expliquer ni l'énorme croissance du revenu par tête au cours du temps, ni les différences considérables de revenus par tête entre pays. Ainsi, afin de déterminer exactement l'incidence sur la croissance d'un facteur donnée, il faut intégrer dans l'équation tous les facteurs de la production pertinents. En effet, ce n'est qu'en tenant compte de la quantité et de la qualité de tous les intrants que l'on pourra estimer correctement l'importance marginale de chaque forme d'infrastructure. Aussi, le modèle de Barro (1990) prenant en considération la plupart des infrastructures parait plus pertinent que les autres modèles dans la mesure de l'importance de l'infrastructure publique sur la croissance d'un pays comme le Cameroun. Section II : L'estimation empirique A) Estimation des dynamiques de long terme et de court terme
La méthode couramment utilisée dans l'analyse de l'infrastructure et la croissance est celle basée sur les données de panel ou ne coupe instantanée. Mais à coté de ces méthodes traditionnelles s'est développée une autre fondée sur les séries chronologiques appliquant les tests de stationnarité. Dans cette section, il s'agira de déterminer les caractéristiques des séries utilisées dans le but de les utiliser dans l'estimation de la relation de long terme et dans l'analyse du comportement de court terme des infrastructures. 1) Présentations des variables et caractéristiques Dans cette sous section, il s'agira de déterminer les caractéristiques des séries utilisées dans le but de les utiliser dans l'estimation de la dynamique de longue période et de courte période. Les caractéristiques renvoient ici à la présentation des données et à la stationnarité des variables. a) Présentation des variables et leurs sources Conformément au modèle théorique, notre relation de long terme repose sur quelques fondamentaux que voici : - Les infrastructures de transport Pour permettre la parfaite homogénéité des données, nous allons utiliser comme variable dans ce cas les dépenses allouées aux investissements de transport. Ceci dans la mesure où les données sur la densité du réseau routier ou du stock de capital ne sont pas disponibles dans le cadre du Cameroun. -Le capital privé L'investissement en capital privé est un facteur de croissance, tant pour l'école néoclassique que la théorie keynésienne. De plus, il est susceptible d'engendrer, conformément aux modèles récents des modèles de croissance endogène (Guellec et Ralle, 1997), des effets d'externalités. En effet, l'investissement d'une entreprise permet à cette dernière d'accroître non seulement sa propre production, mais aussi celle des autres entreprises, du fait des externalités technologiques qu'il engendre. Des études empiriques relatives aux économies africaines (Ojo et Oshikoya, 1995 ; Ghura et Hadjimichael, 1996), cités par Nubukpo, ont ainsi mis en évidence l'existence d'une relation positive entre l'investissement en capital privé et la croissance du PIB. -Le niveau de l'emploi Dans une étude fondée sur un panel d'Etats américains, (Evans et Karras, 1994) préconisent d'utiliser le nombre d'heures travaillées, en particulier dans le but de contrôler les effets liés à l'hétérogénéité de la durée légale de travail. D'autres auteurs utilisent le total de la population en âge de travailler ou l'effectif total des différents secteurs du pays pour définir cette variable c'est le cas de Everaert et Canning. Cependant, en l'absence de telles données au Cameroun, nous utiliserons comme proxy du niveau de l'emploi, la force de travail. Ceci se comprend assez aisément dans la mesure où la force de travail est constituée des personnes qui rentrent dans la définition de la population économique active. Les données sont annuelles et sont pour la grande majorité issues des statistiques de la DSCN et de l'INS : nous disposons des séries annuelles des dépenses publiques en investissement dans les transports, et du capital privé. La période considérée va de 1980 à 2002. Les données sur la force de travail proviennent de la base de données de la Banque Mondiale (CD-ROM), qui s'étale de 1980 à 2002 ; ainsi que les données du PIB. b) Les tests de stationnarité Avant de procéder à l'estimation du PIB réel d'équilibre, il convient de s'assurer de la stationnarité des séries utilisées : car lorsque les variables ne sont pas stationnaires, l'estimation des coefficients par les MCO (moindres carrés ordinaires) ne converge pas vers les vraies coefficients et les tests usuels des t-Students et F-Fisher ne sont plus valides, on dira que les régressions sont fallacieuses. Pour procéder à l'estimation des relations, il suffit que la stationnarité soit de forme faible c'est-à-dire plus formellement si on considère une variable celle-ci est faiblement stationnaire si son espérance mathématique et sa variance sont constantes et finies et si la covariance de et (avec h>0) dépend uniquement de h. Autrement dit la variable est stationnaire si elle est intégrée d'ordre zéro, et sera notéeI(0). Plus généralement une variable sera dite intégrée d'ordre p si sa différence d'ordre p est stationnaire ou intégrée d'ordre zéro (et notée. La plupart des données macroéconomiques sont intégrées d'ordre un. Il existe plusieurs manières de tester la stationnarité des séries on peut citer entre autre : le test de Dickey-Fuller (DF), le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF), et le test de Phillips-Perron (PP). Ø Les tests de Dickey-Fuller (1979,1981) Les tests de Dickey-Fuller (1979,1981), permettent de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non d'une chronique par la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique. Les modèles servant de base à la construction de ces tests sont au nombre de trois. Le principe est simple pour les tests de Dickey-Fuller (DF) : Si l'hypothèse : : est retenue dans l'un de ces trois modèles, alors le processus est non stationnaire. Modèle autorégressif d'ordre 1 ou AR(1). Modèle autorégressif avec constance. Modèle autorégressif avec tendance. Avec iid et est un bruit blanc Si l'hypothèse est vérifiée, la chronique n'est pas stationnaire quelque soit le modèle retenu. La procédure du test est séquentielle et part du modèle au modèle : sur le modèle, on teste la significativité du coefficient b à partir des statistiques classiques de student. Si b est significativement différent de zéro, alors on teste pour ce même modèle le coefficient de c'est-à-dire Si l'hypothèse est acceptée, la série est non stationnaire avec tendance ; sinon ( est acceptée) la série est stationnaire. L'hypothèse est acceptée si et seulement si18(*) Si par contre b est significativement nul, on passe directement au test sur le modèle avec le même cheminement que précédemment jusqu'au test sur le modèle. Si n'est pas stationnaire on peut appliquer le test de Dickey-Fuller (DF) sur les variables différenciées en suivant la même procédure que précédemment. Dans les trois modèles précédents utilisés pour les tests de Dickey-Fuller (DF), le processus est par hypothèse un bruit blanc, or il n'y a aucune raison pour qu'à priori, l'erreur soit non corrélée : on appelle test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) celui qui tient compte de cette hypothèse. Les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sont fondés sous l'hypothèse alternative issue de l'estimation par les MCO des trois modèles ci-dessous.
Le test se déroule de manière similaire aux tests de Dickey-Fuller (DF), seules les tables statistiques diffèrent. La valeur p de retard est déterminée à l'aide des critères de Aikaike ou Schwartz. Le test de Phillips-Perron19(*) (1988), lui est construit sur une correction non paramétrique des statistiques de Dickey-Fuller pour prendre en compte les erreurs hétéroscédastiques. Les résultats des tests de stationnarité Dans le besoin de garantir des estimations robustes, les propriétés des séries temporelles du produit intérieur brut et de ses fondamentaux ont été déterminées, en procédant à des tests de racines unitaires. Plus précisément les tests de Dockey-Fuller (DF et ADF) et de Philips-Perron au seuil de 5% ont été utilisés. Les résultats sont présentés dans les tableaux qui suivent en ce qui concerne les variables à niveau, différence première et en différence seconde. Tableau 3 : Tests de racine unité (DF, ADF, PP) à niveau sans tendance ni dérive sur les logarithmes des variables.
D'après le tableau 3, toutes les variables sont non stationnaires en niveau sans la présence d'une dérive ni d'une tendance en niveau lorsqu'on applique les différents tests de stationnarité (DF, ADF, PP) au seuil de 5%. Il convient de passer à la seconde étape qui consiste à appliquer sur les dites variables le test de racine unité en différence première. Tableau 4 : test de racine unité (DF, ADF, PP) en différence première sur les logarithmes des variables.
D'après le tableau 4, toutes les variables sont stationnaire en différence première c'est-à-dire intégrées d'ordre un ou I(1) lorsqu'on applique les différents tests de stationnarité (DF, ADF, PP) au seuil de 5%, à l'exception de la variable N qui mesure l'emploi dont la valeur « Mac Kinnon » demeure supérieure à celle du seuil critique. Afin de stationnariser cette variable, il lui sera appliqué le test de racine unité en différence seconde. Tableau 5 : Tests de racine unité en différence seconde sur le logarithme de N
Le tableau 5 ci-dessus montre que la variable N est enfin stationnaire. Ceci est d'autant vrai dans la mesure où N suit déjà une certaine tendance. Donc, N est intégré d'ordre deux ou I(2). Une fois les variables stationnarisées, il convient d'effectuer l'estimation des différents paramètres. 2) La régression La procédure consiste à utiliser les Moindres Carrés Ordinaires (MCO) pour estimer les paramètres. Celle-ci permettra non seulement de s'assurer de l'éventuelle significativité des différentes variables et par là de juger la pertinence du modèle mais également de vérifier les différentes hypothèses émises. Tableau 6 : Résultats de la régression sur les variables stationnarisées
Parfois l'effet d'une variable explicative sur une variable expliquée n'est pas instantané, la variable expliquée pouvant répondre avec retard. Tableau 7 : Résultats de la régression avec les variables retardées
Le traitement des séries chronologiques étant longue, il convient également d'analyser la dynamique de l'infrastructure avec des modèles faisant appels aux techniques de co-intégration et aux modèles à correction d'erreurs (EMC). a) L'estimation de la relation de long terme La relation obtenue à partir de la régression est nécessaire mais non suffisante pour une conclusion sur la pertinence de ce modèle et sa capacité à prédire l'avenir. En effet, il faut s'assurer que la relation est stable à long terme. La co-intégration est une spécification des modèles entretenant très souvent des idées fallacieuses à propos des mouvements des variables les unes par rapport aux autres à long terme. Elle implique de façon intuitive que dans la relation d'équilibre de long terme entre les différentes variables non stationnaires, celles-ci ne devraient pas s'éloigner l'une de l'autre (Greene, 1997). Ø Présentation du cadre méthodologique de la relation de long terme Selon Engle et Granger (1981), deux séries sont co-intégrées lorsque leur combinaison linéaire est stationnaire. La co-intégration traduit le fait que la combinaison linéaire ne s'éloigne jamais très longtemps de sa moyenne même si les séries présentent des évolutions divergentes. Autrement dit il existe une évolution stable à long terme entre les séries. Deux séries sont co-intégrées d'ordre d,b pour 0<bd si - Xt intégré d'ordre d et Yt intégré d'ordre b - Il existe () tel que zt = soit intégré d'ordre (d-b) ou I(d-b) En pratique on s'en tient généralement à d=b=1 et dans ce cas, zt sera stationnaire ou I(0) et traduira la relation d'équilibre entre Xt et Yt. Dans le cadre de ce travail, nous utiliserons la méthode de Johansen qui propose de tester directement dans le cadre d'un VAR en niveau les relations de co-intégration. Cette approche permet par la méthode du maximum de vraisemblance, d'obtenir tous les vecteurs de co-intégration20(*) dans un cadre multivarié, de ce fait elle apparaît plus attrayante lorsqu'on veut tester la co-intégration dans un système de plusieurs variables. Nous partons de la représentation autorégressive d'ordre p ou VAR(p) sous forme à correction d'erreur.
(7) Ou Xt est un vecteur de dimension nx1 vecteur des innovations de dimension nx1 Si le nombre de relation stationnaire linéairement indépendante entre les variables est r (0r<n), alors la matrice est de rang r<n. selon Johansen, on peut réécrire =ab' ou a et b sont deux matrices (n,r) de rang r. Dans ce cas l'équation (7) devient : t = ab'Xt-1 + Le rang r est le nombre de relation stationnaire linéairement indépendante entre les variables Xt. Si r=0, il n' y a pas de relation de co-intégration et donc pas de relation de long terme entre les variables. L'hypothèse de co-intégration peut être formulée ainsi : H1(r) : =ab' Celle-ci implique que sous certaines conditions notamment la valeur de r, est stationnaire, Xt n'est pas stationnaire mais b' Xt est stationnaire. Les relations b'Xt sont interprétées comme des relations de co-intégration et (a) la matrice de coefficient d'ajustement à son niveau d'équilibre (« feed back matrice »). L'approche de Johansen (1988) est basée sur deux tests sur les valeurs propres du système. Le premier est appelé statistique de la trace : teste qu'il existe au moins r vecteurs de co-intégration dans un système comportant N>r variables et le second dénommé statistique de la valeur propre maximale : teste qu'il existe exactement r vecteur de co-intégration contre l'alternative r+1 vecteurs. Ces deux statistiques ont des distributions non standard et les valeurs critiques ont été tabulées notamment par Johansen (1988) et Johansen et Juseluis (1990). Les tests de co-intégration peuvent être utilisés pour estimer la relation de long terme entre le PIB et ses variables explicatives. Le test de racine unitaire sur le résidu montre que celui-ci est stationnaire en niveau confirmant de ce fait l'existence d'une relation de co-intégration. Tableau 8 : Test de stationnarité sur le résidu
Le résultat du test de co-intégration fait à partir du logiciel Eviews sur les séries de 1980 à 2002 en annexe nous montre à un seuil critique de 5% qu'il existe une relation de co-intégration dont la linéarisation des résultats est la suivante : LogYt = 4,0224 + 0,1928logG + 0,1548logK + 0,197logN (16,1942) (8,4147) (2,3968) (4,1356) Les valeurs entre parenthèses représentent la significativité des variables estimées. b) L'estimation du modèle à correction d'erreur Lorsque les séries sont non stationnaires et co-intégrées, il convient d'estimer leurs relations à travers un modèle à correction d'erreur (ECM) « Error Correction Model ». Engle et Granger (1981) ont démontrés que toutes les séries co-intégrées peuvent être représentées par un ECM (théorème de la représentation de Granger). Après l'estimation de la relation de long terme et le calcul du résidu, le modèle dynamique se présente de la façon suivante. Le coefficient () représente la vitesse d'ajustement vers l'équilibre, il s'agit de la force de rappel vers l'équilibre. Ce coefficient doit être significativement négatif. Le EMC est un modèle qui intègre à la fois les évolutions de court terme autour d'un équilibre de long terme. L'estimation du modèle à correction d'erreur en annexe nous donne la relation de court terme suivante : logYt = -0,5282 + 0,1276logGt - 0,0129logKt - 6,2388logNt (-3,9980) (5,2133) (-0,2151) (-2,5506) + 0,1823 (2,8227) B) L'analyse des résultats 1) Interprétation des résultats L'observation des résultats de notre modèle, nous permet tout d'abord constater que les coefficients de l'estimation du modèle à l'aide des MCO sont tous positifs et sont assez conforme à ceux attendus. Mais, les rendements d'échelle ne sont pas constants ou croissants. Le coefficient du capital public est de l'ordre de 0,19 ce qui est un peu faible par rapport à ce qu'avait obtenu (Aschauer, 1989), et après lui une majorité d'études spécifiées en niveau sur données chronologiques américaines. En revanche, ces résultats s'inscrivent dans la moyenne de ceux obtenus par les auteurs travaillant en panel. Ceci signifie que les infrastructures influencent significativement la croissance du PIB ; une augmentation des investissements publics de 1% contribuera à augmenter le produit de 0,19%.
En ce qui concerne le capital privé, le coefficient est inférieur par rapport à celui du capital public, ce qui confirme d'avantage la théorie. Cette conclusion peut trouver une explication dans le fait que bien que les dépenses d'infrastructures n'ont cessé d'augmenter au Cameroun, l'on devait s'attendre plutôt à un effet d'entraînement21(*). Non seulement, les divers réseaux sont dégradés au cours des années, et le manque d'infrastructure est défini dans la liste des principaux handicaps au développement du secteur privé au Cameroun22(*). Mais également, on peut imputer cela au fait que les investisseurs nationaux sont trop peu nombreux, trop démunis et insuffisamment qualifiés pour suppléer à la carence d'investissements.
Par ailleurs, l'information de la théorie qui découle de cette variable peut être imputée à la qualité et à la nature de la variable. Une autre façon de prendre en compte davantage d'informations, consiste à examiner une série temporelle beaucoup plus longue pour la productivité et le stock de capital. Le coefficient positif du niveau de l'emploi peut également être justifié par le fait qu'avec la crise économique, le secteur informel aurait pris une importance croissante au Cameroun, jusqu'à employé 75% de la main d'oeuvre urbaine et une part non négligeable des travailleurs qualifiés.
L'analyse de la relation de long terme suivant l'observation des résultats de la régression nous donne la valeur de R2 (0,82%) et R2 ajusté (0,79%), ce qui montre que l'ensemble des variables explicatives du modèle théorique a bien une influence sur la variable expliquée. Les investissements en infrastructure de transport ont un rendement positif à long terme. Les équipements lourds qui constituent le capital physique sont amortis au fur et à mesure de leur exploitation.
L'estimation du EMC montre que l'erreur d'équilibre dénommée aussi résidu décalé d'une période est statistiquement significatif et présente le signe attendu. Son coefficient (-0,52) traduit l'effet d'ajustement du PIB à chaque période à l'équilibre. Le PIB s'ajuste donc à son niveau d'équilibre de long terme. Ce qui indique que la représentation à correction d'erreur converge des séries vers la cible de long terme. La vitesse d'ajustement élevée du PIB justifie les écarts entre certains coefficients de court et de long terme. Ainsi des chocs sur le PIB se corrigent à 52.82% par l'effet « feed-back ». En d'autres termes, des chocs ponctuels peuvent écarter la variable de sa cible de façon temporaire : la force de rappel vers le comportement de long terme ne comble l'écart potentiel qu'en plusieurs période, traduisant les rigidités et les délais d'ajustement de l'économie.
Cette étape nous a permis de définir plus précisément la contribution de l'infrastructure de transport à la croissance, que cette variable expliquait la production nationale. Or, il pourrait exister un biais de simultanéité entre la production et les autres variables. Pour y répondre, il est donc nécessaire d'entreprendre un test de causalité. Ø Test et estimation de la causalité au sens de Granger Dans l'analyse précédente, nous avons supposé que les facteurs de production, tant publics que privés, avaient un effet sur la valeur ajoutée, que ces variables expliquaient la production du pays. Une des critiques fondamentales adressées aux études concernant le rôle des infrastructures sur le développement concerne le sens de la causalité de la relation. On peut toutefois penser que, si le capital privé et le capital public déterminent le produit, comme le postule notre cadre théorique utilisant une fonction de production Cobb-Douglas, le produit peut également influencer, en retour, les stocks de capital public et privé. Plusieurs explications peuvent justifier cette relation, comme un effet de type Wagner-Baumol23(*), un effet de demande d'infrastructures supplémentaires à mesure que l'économie croit ou un effet revenu de la dépense du gouvernement. Il convient donc de tester la causalité entre d'une part le PIB et d'autre part le capital public et / ou le capital privé. Nous pouvons également tester la causalité entre stocks de capital public et privé. On peut en effet penser que la disponibilité d'infrastructures publiques est susceptible de favoriser la formation de capital privé, réciproquement, la demande d'investissement public émanant du secteur privé peut croître à mesure que l'on développe ses capacités de production. Les résultats du test de causalité au sens de Granger sont présentés sur le tableau ci-dessous. Tableau 9 : Test de causalité de Granger : retard de 2 périodes Hypothèses nulles
Pour un décalage d'une période, parmi les différentes variables de croissance, on constate que le capital public et le capital privé causent au sens de Granger le produit.
L'examen de la pertinence de la dynamique de long terme, montre que les variables envisagées dans le cadre de ce travail de recherche expliquent la croissance au Cameroun ; une restriction doit cependant être faite sur le signe des coefficients dans la mesure où ils peuvent avoir plus d'effet sur le niveau de vie pour le capital public et positif pour le capital privé. Forts de ces conclusions, quelques propositions de solutions s'avèrent pertinentes pour permettre à l'économie camerounaise de relever les principaux défis auxquels elle est confrontée. 2) Implications de politique économique Si l'infrastructure a effectivement des retombées substantielles, cela implique-t-il que le niveau de capital public est insuffisant et que les hauts niveaux d'investissement sont justifiés ? A ce niveau la fonction de production ne nous aide guère, mais selon d'autres indications, il semble que des opportunités valables existent pour des investissements publics. L'Etat se doit tout d'abord d'accompagner les forces du marché en adoptant une perspective stratégique, un mode de gestion des systèmes d'infrastructures et un cadre réglementaire favorable à la modernisation et au développement des infrastructures. Cela suppose notamment de planifier les besoins en matière d'investissements et identifier les projets rentables auxquels le secteur privé pourrait être associé. Un autre rôle essentiel de l'Etat serait d'adopter une politique de tarification des services d'infrastructure existants et nouveaux qui permette de mobiliser des fonds publics suffisants pour en financer l'entretien et le développement. C'est dans ce domaine concret mais vital des finances publiques, davantage que par des mesures d'incitation à l'investissement privé, qu'ils peuvent raisonnablement espérer être le plus efficace pour remédier à la crise de financement. Par ailleurs, l'Etat se doit de restructurer son secteur productif en corrigeant les options erronées d'industrialisation, en désengageant l'Etat des investissements non productifs et coûteux (l'Etat devrait se consacrer aux investissements infrastructurels capables d'entraîner l'investissement privé), et de doter les tissus productifs des meilleures capacités pour affronter la concurrence interne et externe. Pour atteindre ces objectifs, les gouvernements de l'Afrique Subsaharienne en général et camerounais en particulier doivent mettre en oeuvre une stratégie de désengagement de l'Etat bien conçue et réglementée pour améliorer l'efficience de l'économie, alléger le fardeau qui pèse sur le budget, mettre fin aux ingérences publiques dans les décisions économiques et encourager davantage l'innovation et le dynamisme. D'autres part, l'investissement public étant complémentaire de l'investissement privé lorsqu'il est réalisé dans les infrastructures et l'approvisionnement des biens publics, le problème en général est de savoir si la fourniture de l'infrastructure est capable de générer des externalités propres à provoquer un effet d'entraînement ou crowling in. Ce qui est le cas dans les économies africaines en général et en particulier celle du Cameroun où la carence en infrastructures handicape l'investissement privé. Ici, le peu d'infrastructures existant est réalisé seulement dans les grandes villes ; tout investissement dans un endroit éloigné des grands centres urbains et du port est impossible car non rentable en raison des coûts exorbitants de transport imputables au mauvais état des routes. Aussi, une meilleure allocation des crédits budgétaires conjuguée à l'ouverture de ces secteurs à l'investissement privé est accompagnée des mesures favorisant la croissance, améliorait cette situation et allégerait les charges budgétaires liées à ces infrastructures. D'autre part, Cameroun est appelé à faire évoluer la gestion et le mode de financement de la quasi-totalité de ses infrastructures. Les Partenariats Publics Privés (PPP) seront probablement au coeur des évolutions à venir ; ils méritent donc une extrême attention. Après s'être largement diffusés au sein des sociétés industrielles, les PPP occupent une place croissante dans les approches du développement. Chaque nouvelle conférence internationale les place au coeur de l'actualité et de la réflexion. Ø L'utilité des Partenariats Publics Privés Le principe d'un PPP consiste à réunir les autorités publiques et des agents privés pour concevoir, financer, construire, gérer ou préserver un projet d'intérêt public. De tels partenariats supposent un partage de risque, de responsabilité et de propriété entre le gouvernement et le secteur privé, un partage garanti par contrat de longue durée. Entre les deux extrêmes de la privatisation intégrale et de l'étatisation intégrale, les formules de PPP sont nombreuses et diffèrent par la nature du partage des risques qu'elles sous-tendent. Parmi les secteurs typiquement ou potentiellement concernés nous avons : l'eau potable, les transports, l'énergie, les télécommunications, la santé, l'éducation. Les pays riches ont adopté les PPP. Deux motivations fondamentales expliquent ce choix de la part des gouvernements. D'abord, la recherche d'une plus grande efficacité dans l'utilisation des fonds publics, d'un meilleur rapport qualité/prix de certains services d'intérêt commun. Parfois certaines décisions sont plus facilement et plus rapidement prises lorsqu'un capital privé est en jeu. De là, une réduction des coûts, à qualité constante, dont le contribuable entend bénéficier. En Argentine par exemple, le gain d'efficacité économique globale suscité par la privatisation partielle d'un ensemble de services publics (électricité, gaz, eau, télécommunication) a été estimé à 0,9% du PIB par un modèle d'équilibre général (Chisari, Estache & Romero, 1999), gain tout à fait considérable si l'on en considère les effets cumulatifs de moyen terme. Ensuite, les PPP permettent d'alléger la contrainte budgétaire publique en associant le secteur privé à la prise du risque lié au financement des investissements en infrastructures. Un recours aux capitaux privé réduit le besoin d'endettement public. Certes, les autorités doivent en général garantir à l'opérateur privé une rétribution, ce qui ressemble fort au service d'une dette. Les PPP permettent donc de mieux garantir l'utilité de la dépense réelle à la différence des dettes publiques, remboursées indépendamment des résultats des actions financées. Ces deux familles d'arguments acquièrent une intensité particulière dans le contexte des pays en développement. Le secteur p^rivé local peut lui aussi jouer un grand rôle : il connaît les contraintes les pratiques du terrain ; il est économiquement incité à contourner celles qui nuisent à la viabilité du service contrairement, parfois à un agent public dont les ressources ne sont pas directement en jeu. Les croisades humanistes qu'incarnent les Objectifs du Millénaire pour le Développement supposent l'extension rapide des services publics et des infrastructures de base, une extension hors de portée des fonds publics en dépit de l'actuelle remontée de l'APD mondiale. Associer fonds publics et privés est donc un impératif de bon sens. Déjà, 27% des investissements en infrastructures dans les PED sont aujourd'hui financés par le secteur privé, 3% le sont par l'aide publique mondiale au développement et les 70% restants par les gouvernements. (DFID, 2002). L'implication du secteur et des capitaux privés doit être encore accrue. Or cette implication se produit rarement de façon spontanée. Les investisseurs privés hésitent à s'engager devant les risques de non respect des engagements par les Etats concédants, devant l'étroitesse des marchés, l'instabilité des économies, le risque de change. Les projets d'investissements dans les pays en développement présentent donc souvent de leur point de vue un couple risque/rentabilité insuffisamment attractif. Soulignons enfin la leçon fondamentale est que le succès d'un PPP dépend de façon vitale de la qualité des contrats signés par les partenaires publics privés, comme de la qualité de l'indépendance des instances de régulation en cas de conflit. En Afrique par exemple trop souvent les monopoles publics ont été transformés en monopoles privés en dépit de l'absence de tout régulateur public crédible. Il convient d'en tirer la leçon : pour arbitrer entre intérêts publics et contraintes privées, des régulateurs autonomes sont nécessaires. C'est à ce prix que les investisseurs étrangers seront prêts à s'engager dans des pays encore perçus comme `'risqués''. C'est à ce prix que les Etats en recherche de financement seront crédibles. Il ressort de ce chapitre que l'investissement dans l'infrastructure de transport est un facteur fondamental de la croissance au Cameroun. Il s'avère également intéressant de mesurer l'impact de l'infrastructure sociale sur la croissance au Cameroun. Chapitre 4 Investissements en infrastructures sociales et croissance au Cameroun Au début des années 1990, la théorie de la croissance à progrès technique endogène s'était déjà imposée comme cadre d'analyse privilégié, pour ainsi dire incontournable, en macrodynamique sans toutefois qu'il n'existât de modélisation attribuant de manière explicite aux dépenses d'éducation publique le rôle moteur dans la croissance auto-entretenue24(*). La première singularité de la contribution proposée tient en ceci que la dynamique de croissance est impulsée par l'Etat donc les choix d'allocation des ressources budgétaires commandent le rythme d'accrétion du capital humain contrairement au modèle de Lucas (1988), dont c'est l'agent privé qui relève la décision d'investissement en formation. Dans ce chapitre, nous allons essayer de présenter les modèles qui intègre les dépenses publiques de santé et d'éducation élaborés beaucoup plus dans le cadre des pays développés (section 1) ensuite, nous allons choisir un pour effectuer des tests économétriques et proposer des politiques économiques (section 2). Section 1 : Présentation des modèles théoriques
A) Approches théoriques du lien dépenses publiques-croissance
Selon le courant néo-keynésien, à court terme et en situation de chômage ou de faible croissance économique, les dépenses publiques, quelle qu'en soit leur orientation, contribuent à relancer ou à entretenir l'activité économique par leur effet sur les recettes des entreprises ; selon le courant néoclassique, les dépenses publiques de développement des infrastructures contribuent à favoriser le développement et l'efficacité des investissements privés, et elles sont donc porteuses elles aussi de croissance (Barro, 1990 ; Barro, Sala-i-Martin, 1995) cités par Berthomieu (2004). Plus généralement, dans ces deux courants de pensée, on est conscient de l'existence de situations d'externalités ou de biens économiques de nature particulière, qui revêtent la nature de biens ou de services publics que seule la puissance étatique est à même de gérer ou de produire et de diffuser de façon efficiente et équitable (comme les biens environnementaux, les services de certains monopoles naturels, la défense, les services publics d'éducation et de santé etc.). Il est donc clair que, s'il est indispensable que l'Etat assume un certain volume de dépenses d'infrastructures pour assurer à la fois les missions régaliennes et la production des biens et services publics qui lui incombent, les ressources monétaires et financières qu'il doit mobiliser doivent être d'un montant limité. Il semble donc bien qu'il doit exister un optimum de dépenses publiques pour chaque pays. Une telle analyse a certes été maintes fois évoquée en termes littéraires mais la quantification de ce seuil, a été très rarement entreprise. Parmi les travaux récents sur cette question, nous allons retenir deux approches : l'approche développée pour le cas des USA à la fin des années 90, par R.K. Vedder et L.E. Gallaway (1998) et une approche inspirée du modèle de K.Shubert. 1) L'approche par la `'courbe d'Armey'' (Vedder et Gallaway, 1998) La construction de la courbe d'Armey, (cf. Armey (1995)), repose sur l'idée selon laquelle, lorsque les dépenses publiques sont faibles (ou en tous cas inférieures à un certain niveau), la fourniture d'un certain nombre de biens publics (ou de services publics) considérés normalement comme fournisseurs d'externalités positives favorables au développement du secteur privé n'étant pas assurée, le niveau du produit global ou bien le taux de croissance de l'économie est faible ; réciproquement, lorsque le niveau des dépenses publiques est très élevé, le poids de l'Etat dans l'économie est excessif et celui-ci, détournant une trop grande quantité de richesses à son profit, pénalise le secteur privé qui ne dispose pas de moyens suffisants pour accumuler assez de ressources lui permettant d'assurer une bonne croissance économique. D'où l'idée de l'existence d'un « seuil optimal » de dépenses publiques par rapport au PIB qui déterminerait la proportion (G/PIB) optimale compatible avec l'output (ou le taux de croissance) maximal. L'idée de base de cette vision est que l'on puisse justifier le tracé d'une courbe du type ci-dessous reliant la variable explicative (G/PIB) en abscisse à la variable expliquée (une variable mesurant la croissance, O (output) pour le PIB ou g% son taux de croissance) en ordonnée. Graphique 4: La courbe d'Armey ou La valeur numérique du seuil `'idéal'' doit pouvoir être estimée au moyen des tests économétriques adéquats. Dans la littérature mentionnée ci-dessus, la recherche empirique est menée à l'aide de deux types de tests : soit, on cherche à expliquer directement la grandeur du PIB en fonction (G/PIB) et quelques autres variables, soit c'est le taux de croissance g% du PIB qu'on se propose d'expliquer ; dans les deux cas, on cherche à tester des relations quadratiques en termes de cette variable. Si le coefficient du terme en (G/PIB) est négatif, alors on peut calculer le `'seuil idéal''. Ainsi Vedder et Gallaway (1998) testent une expression de la forme : O = A + b (G/PIB) - c (G/PIB)+ ....(d'autres variables) Dans laquelle O désigne le PIB en niveau, puis une relation de la forme : g%=A + b (G/PIB) - c (G/PIB)+ .... (d'autres variables)
2) Validations statistiques Une idée importante préside à l'élaboration de ces tests est qu'il semble utile de procéder à l'examen des données brutes avant d'effectuer cette analyse empirique, de façon à repérer, si possible, des périodes au cours desquelles une relation linéaire croissante entre (G/PIB) et O ou g% puisse être testée, la variable explicative (G/PIB) étant accompagnée d'autres variables jouant d'habitude un rôle favorable dans le processus de croissance. Le choix de ces variables est ouvert et il dépend de la situation du pays étudié. Ainsi Vedder et Gallaway (1998) ont testé la relation suivante pour les USA, sur la période (1947- 1997) : O = A + b (G/PIB) - c (G/PIB)+ d T - e U Où T et U désignent respectivement le temps et le taux de chômage. Ils obtiennent : O = -566,2 + 121,2 (G/PIB) - 3,47 (G/PIB)+ .... Ce qui donne une estimation de l'ordre de 17,5% pour le seuil `'idéal'' recherché. Ces mêmes auteurs, toujours pour les USA et sur la très longue période 1796-1996, testent une relation du type : g%= A + b (G/PIB) - c (G/PIB)+ d T + f W où T représente encore le temps et W est une variable qui mesure le pourcentage du nombre d'années de guerre pour chaque période de dix années selon lesquelles ils découpent leurs séries chronologiques. Ils obtiennent : g%= 73,7 + 1,52 (G/PIB) - 0,069 (G/PIB) - .... Ce qui donne une estimation de l'ordre de 11,1% pour le seuil `'idéal'' recherché. Vedder et Gallaway (1998) ont aussi testé des relations du même type, pour diverses catégories de dépenses publiques, composantes de G, comme les dépenses de santé publique, d'éducation, de défense, et ils ont trouvé des `'courbes d'Armey'' pour plusieurs catégories de ces dépenses. Mais ils observent que l'on n'obtient pas toujours des résultats confirmant l'existence de ces courbes (donc de tels seuils), selon les catégories de dépenses ou selon les périodes d'observation. B) Un autre modèle d'analyse 1) Le modèle de K. Shubert Nous présenterons un modèle inspiré des travaux de K. Schubert car il permet de répondre à la préoccupation selon laquelle, les dépenses d'éducation et de santé agissent sur le capital humain et par là sur la croissance. Le modèle de Schubert permet de vérifier aisément l'hypothèse selon laquelle les dépenses d'éducation et de santé constituent un input important dans la formation du capital humain, et d'autre part, que compte tenu du fait de l'existence d'une relation entre les dépenses de santé et d'éducation et le capital humain, et l'existence d'une relation entre le capital humain et la production, on peut donc en définitive établir une relation directe entre les dépenses d'éducation et la production. L'équation de la formation du stock agrégé de bien final s'écrit : Y(t) = K(t) (1) qui est une fonction Cobb-Douglas à rendements d'échelle constant avec : Y(t) la production de bien K(t) le stock de capital physique H(t) le stock agrégé de capital humain u est une variable ayant la dimension du temps (0) (1-u) est la proportion de capital humain consacré à la production De ce qui précède, on déduit les équations du modèle : H = f(De, Ds) (2) Ce qui nous donne : H = (3) La comparaison entre et nous permettra de tester l'hypothèse H1 selon laquelle les dépenses en matière d'éducation et de santé constituent un input important dans la formation du capital humain. Selon K. Schubert, la production est fonction du capital physique et d'une proportion de capital humain. Donc, nous aurons : Y = K(t) log Y = log Y = (4) La comparaison entre et permettra de vérifier l'effet des dépenses d'éducation et de santé sur la croissance, ce qui correspond à l'hypothèse H2. 2) Présentation des variables - Les dépenses d'éducation (De) La majeure partie des infrastructures scolaires est supportée par le secteur public, de plus les dépenses des établissements privés sont négligeables par rapport aux dépenses publiques d'éducation. - Les dépenses de santé (Ds) Jusqu'à présent au Cameroun, l'Etat reste le plus grand investisseur dans le domaine de la santé. De plus, les dépenses des établissements privés sont négligeables par rapport aux dépenses publiques de santé, par conséquent les dépenses publiques de santé décrivent mieux l'évolution des investissements dans le domaine de la santé pour notre période d'étude. - Le capital humain (H) Nous utiliserons dans le cadre de notre travail la force de travail déjà défini au chapitre précédent. - Le capital physique (Kp) Ici nous utiliserons la formation brute du capital fixe (FBCF) du secteur secondaire - Y représente la production. Les données proviennent de la Banque Mondiale et de la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale. Section 2 : L'évaluation empirique A) Méthode d'estimation
Les tests de empiriques seront effectués avec le logiciel Eviews. Cependant, le type de modélisation auquel on fait face présente l'inconvénient majeur d'utiliser des séries économiques qui ne sont ni stationnaires ni cointégrées par leur nature. Pour pallier à ces insuffisances, les techniques de cointégration sont utilisées pour effecteur les tests. Ainsi, nous commencerons par le test de stationnarité des variables, ensuite la régression et enfin le test de cointégration. 1) Le test de stationnarité des variables Dans cette première étape, le test de stationnarité permet de déterminer l'ordre d'intégration de toutes les variables du modèle. Pour ce faire, on utilise le test de racine unitaire de Dickey-Fuller Augmenté. Ce test est nécessaire avant l'estimation des paramètres car il permet d'éviter de mettre en relation les variables qui divergent. Par conséquent, après ce test les variables auront chacune un trend soit après le test en niveau, soit après le test en différence première ou après le test en différence seconde. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau ci-après. Tableau 10 : Récapitulatif du test de stationnarité des variables
Les variables De, Ds, H, Kp n'ont pas été stationnaires après le test en niveau et en différence première. Elles l'ont été en différence seconde. C'est en différence seconde que la valeur critique de Mac Kinnon à 5% est inférieure à la valeur du test calculé (t). Seules les variables kh et Y ont été stationnaire en différence première. Cet ordre de stationnarité définit également l'ordre d'intégration des différentes variables dans notre modèle. Ce qui signifie par exemple que la variable Ds sera intégrée d'ordre 2 et la variable Kh intégrée d'ordre 1. La régression
Une fois toutes les variables rendues stationnaires par le test ci-dessus mentionné, la procédure suivante consiste à utiliser la méthode des MCO pour estimer les paramètres. A travers ces coefficients estimés, on s'assure éventuellement que les variables sont individuellement significatives et qu'elles expliquent globalement le modèle. Ces coefficients qui permettront de vérifier les hypothèses. Le test de cointégration La relation entre les variables observées obtenue par la régression est nécessaire mais non suffisante pour une conclusion sur la pertinence de notre modèle et sa capacité à prédire le futur. Il faut s'assurer que la relation établie est une relation stable de long terme. Le test de cointégration fait sur le résidu qui est la combinaison linéaire des variables de l'équation répond à cette préocupation. C'est également ce test qui permettra de justifier le choix de notre modèle pour l'élaboration des politiques économiques. 2) Résultats de la régression
Les résultats de la régression seront donnés conjointement avec la vérification des hypothèses. Hypothèse H1 Après avoir appliqué les MCO à l'équation 1 suivante, des bons résultats n'ont pas été obtenus. Ce qui conduit à réécrire l'équation sous la forme 2 et à retarder la variable capital humain (H). Equation 1 : Equation 2 : Après estimation, on obtient : (-0,41) (2,38) (5,36) (20,13) Le R2 = 0,88 et le DW = 1,74 On constate que les signes des coefficients sont bons pour les variables essentielles de l'équation ; les statiques de student qui sont entre parenthèses sont bons car supérieur à 2 (valeur critique de Mac Kinnon) pour les variables essentielles de l'équation et le modèle est globalement significatif. Le Durbin-Watson étant autour de 2, on peut dire qu'il y a absence d'autocorrélation des erreurs. Hypothèse H2 Après avoir appliqué les MCO à l'équation 3 suivante, qui relie le capital physique et humain à la production, on obtient les résultats suivants : Equation 3 : log Y = Après estimation les bons résultats n'ont pas été obtenus. La variable endogène a été retardée d'une période et l'équation suivante obtenue : log(Y) = (1.26) (3,20) (3,22) R2 = 0,72 DW = 2,19 On constate également que les signes des coefficients de notre équation sont bons pour les variables essentielles de notre équation. Les statisques de student qui sont entre parenthèses sont bon car supérieur à 2 (valeur critique de Mac Kinnon) pour les variables essentielles de notre équation, le modèle est globalement significatif car R2 est supérieur à 0,70, il y a absence d'autocorrélation des erreurs car le Durbin-Watson est autour de la valeur 2 (ici les zones de doute sont introduites dans la région d'acceptation car variable endogène a été retardée). Ce qui signifie que les coefficients estimés sont statistiquement différents de zéro pour ces variables. On peut mettre en relation la formation du capital humain et la production au Cameroun pour notre période d'étude. En effet, l'impact de la formation du capital humain sur la production est significatif. La seconde hypothèse (H2) est vérifiée. Résultat du test cointégration Le résultat de cointégration consiste à prendre le résidu et à vérifier sa stabilité à long terme par le test de Dickey-Fuller. Ce test de cointégration est effectué pour l'équation 1et l'équation 2 qui ont donné de bons résultats sur notre période d'étude. Ce sont ces équations qui permettront également d'élaborer des politiques économiques en matières d'infrastructures éducatives. En effet, la formalisation du test Dickey-Fuller de cointégration s'écrit :
Où désigne le résidu estimé de la relation statique de long terme et la perturbation. Ici on teste : H0 : avec, non cointégration des séries H1 : avec, cointégration des séries Si la valeur calculée ou encore la statistique calculée du coefficient du résidu retardé à une étape est inférieure à la valeur tabulée, on accepte alors l'hypothèse de la cointégration des séries. Le résultat se présente de la manière suivante : Tableau 11 : Résultat des tests de cointégration
Ttab et t et désignent respectivement la distribution limite et la statistique calculée (ADF test statistic). La valeur calculée de la statistique testée du coefficient du résidu retardé à une étape(1,61) étant inférieure à la valeur théorique (3,76) au seuil 5 %, on rejette l'hypothèse nulle et on accepte l'hypothèse alternative de cointégration séries. En d'autres termes, la relation entre les dépenses d'éducation et formation du capital humain d'une part et, formation du capital et croissance d'autre part sont des relations stables à long terme. B) L'analyse des résultats 1) Interprétations des résultats L'observation de la première régression montre que la formation du capital humain au Cameroun dépend essentiellement des investissements en éducation et santé de la même période et du flux du capital humain de la période précédente. Cependant une distinction mérite d'être faite au niveau des degrés de réaction de chaque variable explicative. La contribution des dépenses de santé à la formation du capital humain est moindre que celle des investissements en éducation au regard des coefficients estimés (0,27 inférieure à 0,36).
Cependant, on constate également que les dépenses de santé sont également à introduire comme facteur de capital humain, contrairement au modèle de départ qui définissait la formation du capital humain comme essentiellement fonction des investissements en éducation.
Le modèle théorique enseigne que la croissance est expliquée par le capital physique et le capital humain. Les résultats obtenus sont satisfaisant puisque la production est expliquée par le capital physique et le capital humain. De plus au regard des coefficients estimés, pour les variables déterminantes du modèle, le capital humain joue un rôle déterminant dans l'évolution de la croissance.
2) Implications de politique économique en matière d'infrastructures sociales Au regard des résultats obtenus, le gouvernement camerounais se doit d'améliorer le niveau de croissance et par là celui du niveau de ses habitants. Pour ce faire, il lui importe :
-De redéployer les dépenses publiques vers le secteur des infrastructures sociales et autre services sociaux afin d'accroître le niveau de vie de sa population. Ces investissements développent des externalités qui sont des externalités positives, dans la mesure où la construction d'un centre de santé permet la vaccination d'un patient ou d'un groupe de patients bénéficie à d'autres patients.
-Une autre suggestion consiste à aller vers les populations des zones reculées, afin qu'elles accèdent à la scolarisation et aux soins de santé primaire. Bien plus, l'Etat doit diversifier la construction des établissements scolaires en instaurant des établissements ayant pour but de former des ingénieurs, ce qui devrait permettre aux techniciens camerounais d'intervenir directement en cas de demande des investisseurs secondaire.
-D'autre part, il importe à l'Etat d'appliquer les principes de bonne gouvernance lesquels impliquent tous les domaines d'interventions des gouvernements. Ainsi, la lutte contre la corruption, la transparence dans la prise de décision de toutes natures et dans leur applications notamment dans la gestion des deniers publics, le renforcement de la justice sociale ; bref le renforcement de la démocratie sont des conditions sine qua none sans lesquelles l'on ne saurait aboutir à une grande optimalité économique et à la paix sociale, non une paix de l'oppresseur mais une véritable paix naissant d'un consensus social. En effet, cette situation de paix facteur psychologique très important pour les opérateurs économiques tant nationaux qu'étrangers (il n'y a qu'à voir l'influence des troubles sociaux politiques sur l'investissement) aurait donc une influence sur le financement des infrastructures et donc le recours aux capitaux privés. En, fait l'expérience montre que si les pays africains ne bénéficient pas des retombées de la mondialisation au niveau des mouvements de capitaux, c'est aussi à cause des risques liés à l'insécurité grandissante caractérisée par la naissance généralisée des foyer de conflits. En guise de conclusion à ce chapitre, nous partageons avec la Banque Mondiale et les bailleurs de fonds pour qui la réalisation de la croissance à long terme dans les pays de l'Afrique subsaharienne et en particulier le Cameroun passe par un investissement accrue dans l'infrastructure sociale. Conclusion générale L'entrée retenue ici pour traiter de la question de l'impact du capital public dans la croissance est celle d'une fonction de production à trois facteurs visant à mettre en évidence l'existence d'externalités du capital public à un niveau national d'analyse. Nous avons ainsi présenté une synthèse des différentes approches du lien entre l'infrastructure et croissance, ainsi que ses évidences empiriques. Mise en oeuvre sur des séries camerounaises portant sur la période 1980-2002, une telle démarche nécessitait de recourir à des méthodes d'estimation économétriques. Deux formes fonctionnelles ont été testées.
Nos résultats mettent d'abord tout en évidence le rôle non négligeable joué par les dépenses publiques d'infrastructures dans la croissance. Toutefois, l'investissement dans les transports n'est en aucun cas suffisant à la croissance. Comme les suggèrent les modèles de croissance endogène (Barro, 1990), le capital public serait donc bien à l'origine d'une externalité de production sur le territoire national et sur la période étudiée. Cela signifie-t-il que l'infrastructure est insuffisante et qu'il faut investir plus ? Nous pensons que l'investissement dans l'infrastructure sociale est aussi déterminante pour la croissance au sein d'un pays comme le démontre notre analyse.
On retrouve ici une conclusion proche de celle de Fritsch (1995), pour une période et des séries différentes, mais s'opposant aux résultats obtenus lorsque la même démarche est appliquée aux Etats américains. Cette divergence de résultats peut s'expliquer par des différences de structure du capital public entre un pays comme les USA et un pays comme le Cameroun. Si le capital américain est principalement constitué d'infrastructures routières25(*), celui du Cameroun semble être mieux réparti entre infrastructures éducatives et infrastructures de transport26(*) (DSCN). Même si leurs résultats sont à manier avec précaution, les estimations réalisées à l'aide d'une fonction de production suggèrent un rôle important de ce capital public dans le développement d'un pays. En effet, les pays développés qui connaissent, en outre un fort taux d'urbanisation, semblent bénéficier plus intensément des effets positifs des investissements publics. Les investissements en capital public apparaissent en mesure de favoriser la croissance de la nation, en renforçant le dynamisme des régions ayant atteint le niveau de développement élevé. On a noté le niveau surprenant des élasticités obtenues à partir des séries que nous avons mobilisées : l'élasticité importante pour l'emploi, faible pour le capital privé et élevé pour le capital public. Des investigations complémentaires sont ici nécessaires pour consolider ces résultats. Certaines améliorations peuvent être obtenues en augmentant la longueur des séries. Toutefois, il convient de remarquer que les études macroéconomiques ne visent pas à servir de guide pour les décisions individuelles en matière d'investissement dans l'infrastructure surtout des transports. Les décisions individuelles en matière d'investissement dans l'infrastructure des transports requièrent des outils micro-économiques, par exemple une analyse avantages-coûts sociaux. Il convient de noter que ce travail puise son originalité dans le champ d'application de notre méthodologie théorique. En effet, si les applications aux pays développés des techniques de cointégration en macroéconomie sont nombreuses, leur transposition aux pays en développement est nettement moindre. Malgré l'imperfection des données, nous obtenons des résultats convaincants conformes à nos attentes. Annexes Test de cointegration de johansen
Relation de long terme
Series des differents agrégats
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(1995), Infrastructure and Canadian Economic Growth, Canadian Business Economics, PP40-52 Zipfel, J. (2004), Determinants of economic growth, Florida state University TABLE DES MATIERES Dédicaces .............................................................................................i Remerciements .....................................................................................ii Sommaire............................................................................................iii Liste des abréviations ..........................................................................iv Liste des tableaux et graphiques ............................................................v Résumé...............................................................................................vi Introduction générale............................................................................1 Première partie : Les fondements théoriques de l'infrastructure et de la croissance...........................................................................................8 Chapitre 1 : Approches conceptuelles du lien entre infrastructures et croissance......................................................................10 Section 1 :Les Infrastructures physiques .......................................11 A) Le rôle productif des infrastructures......................................11 1) Infrastructures et processus de production ...................12 2) L'approche duale : fonction de coût et demande des facteurs.....................................................................18 B) Les nouvelles approches du lien infrastructures croissance .......21 1) Les effets de la diffusion spatiale des infrastructures .......21 2) La dynamique transitoire ou l'approche en terme de convergence conditionnelle....................................23 Section II : Les infrastructures sociales .................................................25 A) Caractéristiques et effets des dépenses d'infrastructures sociales sur la croissance..............................................................25 1) Définition et caractéristiques des infrastructures sociales.25 2)Les effets des infrastructures éducatives sur la croissanc.27 B) Incidence des infrastructures sociales sur le capital humain......29 1) Education et croissance.............................................29 2) Santé et croissance..................................................31 Chapitre 2 : Les théories de la croissance.............................................33 Section I - Le modèle néoclassique de Solow-Swan ...............................34 A) Les enseignements du modèle ..........................................34 1) Hypothèses fondamentales et résolution du modèle de Solow..................... .................................................34 1.1 Hypothèses fondamentales du modèle de Solo....34 1.2) Résolution du modèle....................................36 a) Dynamique du modèle..............................36 b) Résolution graphique du modèle de Solow...38 2) Règle d'or de l'accumulation du capital et inefficience dynamique .................................................................39 2.1) Dynamique de la transition du modèle...............40 2.2) Convergence des économies...........................41 B) Le modèle de croissance néoclassique et ses limites...............42 1) Les limites du modèle de base de Solow ......................43 2) Le modèle de Solow et le progrès technique ................44 a) Le progrès technique ...............................44 b) Modèle de Solow avec progrès technique neutre au sens de Harrod.............................45 Section II :Croissance et rendements d'échelle.......................................46 A) Les enseignements du modèle AK........................................46 1) Intégration dans le modèle de Solow...................47 2) Intégration dans le modèle de Ramsey.................48 B) Croissance et externalités...................................................50 1) Externalités liées à l'accumulation d'un facteur......50 2) L'Etat gérant des externalités.............................52 Deuxième partie : Evaluation de l'impact de l'infrastructure sur la croissance au Cameroun......................................................................55 Chapitre 3 : Relation entre infrastructures de transport et la croissance au Cameroun......................................................................57 Section 1 : Présentation des modèles.....................................................58 A- Approche par la fonction de coût..........................................58 1) Le modèle proposé par Bangqiao, J.............................58 2) Avantages et limites de la fonction de coût....................59 B) L'approche en terme de fonction de production......................60 1) Le modèle de Barro..................................................60 2) Financement des infrastructures par l'impôt...................61 Section II : L'estimation empirique.........................................................64 A) Estimation des dynamiques de long terme et de court terme .....64 1) Présentations des variables et caractéristiques...............64 a) Présentation des variables et leurs sources..........65 b) Les tests de stationnarité...................................66 2) La régression...........................................................70 a) L'estimation de la relation de long terme...............72 b) L'estimation du modèle à correction d'erreur..........74 B) L'analyse des résultats......................................................75 1) Interprétation des résultats..........................................75 2) Implications de politique économique...........................78 Chapitre 4 : Investissements en infrastructures sociales et croissance au Cameroun..................................................83 Section 1 : Présentation des modèles théoriques....................................83 A) Approches théoriques du lien dépenses publiques croissance.....................83 1) L'approche par la `'courbe d'Armey''.............................84 2) Validations statistiques..............................................86 B) Un autre modèle d'analyse.................................................87 1) Le modèle de K. Shubert............................................87 2) Présentation des variables..........................................88 Section 2 : L'évaluation empirique.........................................................89 A) Méthode d'estimation ........................................................89 1) Le test de stationnarité des variables...........................89 2) Résultat de la régression............................................91 B) L'analyse des résultats......................................................94 1) Interprétations des résultats........................................94 2) Implications de politique économique en matière d'infrastructures Sociales...............................................95 Conclusion générale............................................................................97 Annexes..............................................................................................99 Références bibliographiques...............................................................103 Table des matières............................................................................................108 * 1 En l'an 2000, près de 150 chefs d'Etats et de gouvernements ont adopté aux Nations Unies à New-York la « déclaration du Millénaire » un ensemble d'objectifs mondiaux de développement à l'horizon 2015, notamment la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la promotion de l'éducation universelle, l'accès à l'eau et à l'assainissement sont autant de thèmes abordés par les OMD. * 2 Si, dans un tout autre contexte, certains auteurs comme Von Furstenberg (1980), Eisner (1980) ou Schultze (1981) avaient déjà émis l'hypothèse que le ralentissement apparent de la productivité américaine pourrait s'expliquer par la diminution de l'effort d'investissement public en matière d'infrastructure, Ratner fut cependant le premier à estimer la contribution productive du capital public. * 3 Cité dans Hulten et Schwab (1991) et Berndt et Hansoon (1992) * 4 Op cité en page 4 * 5 Cette élasticité est comprise entre 21% et 45% pour le coeur d'infrastructures defini de la même façon qu'Aschauer. * 6 Sans facteur de production, il n'y a pas de production. * 7 Investissement de point mort : volume de capital permettant de maintenir le capital par tête à son niveau actuel * 8 Equation différentielle fondamentale de SOLOW. * 9 Situation où toutes les variables en niveau (quantités, prix) croissent à taux constants. * 10 Ils `agit de la comparaison entre 2 équilibres du point de vue intervalle qui les sépare. * 11 Elle n'est valable que pour les économies qui diffèrent par le stock de capital. * 12 Extrait d'un article de P.A. MUET (revue de l'OFCE, N° 45, Juin 1993). * 13 Progrès technique autonome à contrario du progrès technique incorporé où le capital et les investissements nouveaux sont un vecteur de progrès. * 14 PT neutre au sens de HICKS si le rapport de rémunération de facteurs KFt/LFt reste inchangé pour un rapport K/L donné. PT neutre au sens de HARROD si les rémunérations relatives des facteurs restent inchangées pour un rapport K/Y. PT neutre au sens de SOLOW qui laisse les rémunérations relatives des facteurs inchangées pour L/Y. * 15 Dans une fonction COBB-DOUGLAS, les 3 formes suscitées sont équivalentes. * 16 Une des conditions d'Inada est vidée en raison de la constance des productivités marginales et moyenne du capital par tête : ft = A > 0 * 17 Situation ou les activités d'un ou plusieurs agents économiques ont des conséquences sur le bien être d'autres agents sans qu'il y ait des échanges ou des transactions entre eux. Leur présence se traduit généralement par l'apparition d'inefficiences (au sens de pareto) car il n'existe pas à priori de récompense pour ceux qui sont à l'origine d'externalités positives, ni de sanction pour ceux qui engendrent celles négatives. * 18 Dickey-Fuller ont à l'aide de la simulation de Monté Carlo, tabulés les valeurs critiques pour les échantillons de taille différentes. Ces tables sont analogues aux tables de Student (bien que la loi ne soit pas de Student) * 19 Le test de Phillips-Perron (1988) se déroule en deux étapes : -Estimation par les MCO des trois modèles de base du test de Dickey-Fuller et calcul des statistiques associées. -Estimation d'un facteur correctif établi à partir de la structure des covariances des erreurs des modèles précédemment estimés de telle sorte que les transformations réalisées conduisent à des distributions identiques à celles de Dickey-Fuller standard. * 20 Contrairement à l'approche de Engle-Granger(1981) qui ne tient compte que d'une seule relation de co-intégration. * 21 Faini (1994) cité par Dia Kamgnia détermine un effet d'entraînement que l'investissement public a sur l'investissement privé dans le cas des pays ACP pris dans leur ensemble. Toutefois, les élasticités sont inférieures à l'unité. Ce qui signifie que l'accroissement des dépenses publiques n'est pas synonyme d'accumulation dans le secteur privé. * 22 Cela vient en 5e position sur la liste des 16 principales contraintes identifiées par la BM (1996) * 23 En tant que biens supérieurs, les investissements publics augmenteraient « mécaniquement » sans action volontaire des pouvoirs publics avec l'élévation du niveau de développement de l'économie (Mills et Quinet (1992) cité par-dessus et Herrera * 24 L'exception peut être Azam (1993), cité par Herrera qui plaçait l'accent sur le secteur d'exportation * 25 Ainsi, aux Etats-Unis, les routes représentent, en 1991, près du tiers du capital public civil américain, alors que les structures éducatives en mobilisent moins de 15% (Tatom, 1993 ; Gramlich, 1994), cité par Hurlin * 26 Au Cameroun la répartition par principaux secteurs programmes des investissements non militaires de l'Etat, proposé par la DSCN, fait apparaître que l'éducation bénéficie plus de 30% des investissements de l'Etat contre 24% pour les transports. |
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