UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LILLE
INSTITUT CATHOLIQUE DE LILLE
CENTRE D'ETHIQUE MEDICALE (CEM)
L'IMPACT DES RAVAGES DU VIH-SIDA CHEZ LES
JEUNES
DE 15 A 35 ANS DE POINTE NOIRE AU
CONGO-BRAZZAVILLE :
APPROCHE D'ANALYSE ÉTHIQUE DE LA
PANDÉMIE
MEMOIRE DU DIPLOME UNIVERSITAIRE EN SOINS
INFIRMIERS ET ETHIQUE MEDICALE
Sous la Direction de :
Mme BARREA MIECKE de VLEESCHOUWER, Infirmière Cadre.
Licenciée en Sciences de la famille et de la sexualité.
Enseignante au centre d'éthique médicale de l'université
catholique de Lille.
Présenté et soutenu par Gislène Ursula
MAKOSSO, Infirmière diplômée d'Etat (IDE)de l'institut
Catholique Sacré coeur du Congo- Brazzaville
Année Universitaire 2006 - 2007
SOMMAIRE :
A - PRESENTATION DU CONGO-BRAZZAVILLE
I - INTRODUCTION
II -LE SUJET DANS SON ENSEMBLE
II.1 - La méthodologie de recherche.
B - PRESENTATION DE LA SITUATION SOCIO-SANITAIRE DU
CONGO-BRAZZAVILLE
C -LE VIH-SIDA AU CONGO-BRAZZAVILLE
III - LE SIDA : PREMIÈRE CAUSE DE
DÉCÈS DES JEUNES À POINTE-NOIRE
IV - LES CAUSES DE CETTE PANDÉMIE CHEZ LES JEUNES
DE 15 ANS :
a) Banalisation de l'activité sexuelle très
précoce des jeunes
b) Le poids des traditions rétrogrades
c) L'ignorance ou la méconnaissance des ravages du Sida
d) La misère des ménages
e) L'insalubrité et le manque d'hygiène.
f) Les conflits armés que le Congo a connus.
V - LES CONSÉQUENCES DE L'INFECTION VIH-SIDA AU
CONGO SUR LE PLAN :
HUMAIN
SOCIAL
ECONOMIQUE.
VI - LES SOLUTIONS ET L'ACTION DES ASSOCIATIONS DE
LUTTE CONTRE LE SIDA
VII - QUELLE APPROCHE ETHIQUE DE L'IMPACT DU VIH-Sida
A POINTE NOIRE ?
D - CONCLUSION
A - PRESENTATION DU CONGO BRAZZAVILLE
Capitale : Brazzaville
Population : 3 039 126 (2005)
Langue officielle : français
Groupe majoritaire : Munukutuba (50,
3%)
Groupes minoritaires : kikongo (36,5 %),
lingala (13 %), mbochi (8,5%), langues tékés (8 %), etc.,
Et plus d'une quarantaine d'autres langues
Système politique:
république
-Situation Géographique :
La République du Congo couvre une superficie de
342 000 km2. Elle est située en Afrique centrale
à cheval sur l'équateur entre les latitudes 3°30' nord et
5° sud, et les longitudes 11° et 18° est. Le pays est
limité à l'ouest par le Gabon, au nord-est par le Cameroun, au
nord par la République centrafricaine, à l'est et au sud-est par
la République démocratique du Congo et, enfin, au sud par
l'enclave angolaise du Cabinda. La façade maritime ouverte sur
l'océan Atlantique qui borde le territoire congolais au sud-ouest
s'étend sur 120 km. La superficie cultivée (terres arables et
cultures permanentes) est de 240 000 ha, soit 0.7 pour cent du territoire
national. Les forêts occupent environ 58 pour cent du territoire national
et les savanes près de 42 pour cent.
Les principaux ensembles naturels qui composent le territoire
congolais sont: la plaine côtière, la chaîne du Mayombe, la
plaine du Niari-Nyanga, le massif du Chaillu, les plateaux
Batéké, la cuvette congolaise et les plateaux du nord-ouest. Le
territoire congolais est dominé par des sols acides qui se
répartissent en deux classes principales: les sols ferralitiques et les
sols hydromorphes.
La superficie du Congo étant de 342 000 KM2.
Comparativement au Congo-Kinshasa ( 2 345 000 km2), à la
République centrafricaine (622 436km2), au Cameroun (475 442 km2) et
à l'Angola (1 246 000 km2), la France (543 965km2) le Congo Brazzaville
semble un petit pays (France: 543 965km2).
Le Congo possède une façade maritime, longue de
169 Km, ouverte sur l'océan Atlantique. Sa capitale est Brazzaville.
Il y a deux grands fleuves importants :
. Le Congo, long de 4614 Km. C'est le fleuve le plus puissant
après l'Amazonie .Il joue un grand rôle économique.
. Le Kouilou-Niari
De par ce positionnement stratégique et avec son port
en eau profonde, unique dans la sous- région, le Congo est un pays de
transit. C'est le point de passage idéal des marchandises
destinées à d'autres pays de l'Afrique Centrale comme le
Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine.
Arrosé fréquemment par les pluies tropicales, le
Congo a de nombreux et puissants cours d'eau. Outre le fleuve Congo (qui a
donné son nom au pays), le plus important au monde après
l'Amazonie (avec un débit dépassant 70 000 m3/seconde), l'un des
plus larges au monde, on compte une trentaine d'autres fleuves et
rivières navigables tels que : le Kouilou, le Niari, la Bouenza,
l'Alima, la Ngoko, la Sangha, la Likouala-mossaka, la Likouala aux Herbes, qui
répandent leurs eaux sur l'ensemble du pays.
De par leur faune et leur flore, les forêts congolaises
figurent parmi les On y trouve diverses essences de bois rares et très
recherchées (limba, okoumé, acajou, sapelli, sipo, bahia,
doussié ...) ainsi que des espèces animales en voie de
disparition dans le monde, comme les gorilles
La population :
La population du Congo Brazzaville (un peu plus de 3 millions
d'habitants) est composée très majoritairement de Bantous et de
quelques minorités parmi lesquelles on compte des Pygmées (1,4
%). Parmi la soixantaine d'ethnies, les Kongos sont les plus nombreux (51,5 %),
suivis par les Tékés (17,3 %) et les Mbochis (11,5 %). Les autres
ethnies représentent 19,7 % de la population. La population reste
inégalement répartie, car 70 % des Congolais sont
concentrés dans le sud du pays, sur le littoral, sur la rive du Congo
moyen et près de la voie ferrée Congo Océan qui relie ces
deux zones. Soulignons également que les trois quarts de la population
habitent les villes,ce qui fait que le Congo Brazzaville reste l'un des pays
les plus urbanisés d'Afrique. À elles seules, les
agglomérations de Brazzaville (990 000habitants) et de Pointe-Noire (576
000 habitants) concentrent plus de 60 % de la population; les autres villes
importantes sont Dolisie (83 000 habitants) et Nkayi (42 000 habitants).
La densité est de 11 habitants/km2 et le
taux de croissance démographique de 2.9 pour cent Environ 46 pour cent
de la population ont accès aux services d'approvisionnement en eau: 72
pour cent en milieu urbain et 17 pour cent en milieu rural.
Les langues les plus importantes du pays appartiennent
à la famille bantoue: il s'agit du Munukutuba (50,3 %), du kikongo
(36,5 %), du lingala (13 %), du mbochi(8,5 %) et des langues
tékés (8 %), ainsi que quelques autres langues. Le lingala,
la «langue du fleuve», est parlé dans le Nord et à
l'est, tout le long des cours d'eau; le Munukutuba (ou kituba), la «langue
du chemin de fer», est parlé dans le Sud.
Le nombre des locuteurs du Munukutuba, du kikongo et du
lingala comprend ceux qui les parlent comme langue seconde. Ces trois langues
sont considérées comme des langues véhiculaires avec le
français (officiel). Ainsi, le Munukutuba, le kikongo et le lingala
rejoignent toute la population congolaise. Ces deux langues ont connu une
grande expansion depuis la colonisation française, mais le lingala a
connu la plus grande extension. Quant à la langue française, elle
demeure une langue-refuge et la langue du pouvoir en raison de son statut de
langue officielle. Au Congo Brazzaville, le français a acquis une
coloration locale très prononcée dont l'ampleur reste encore
à déterminer.
Le Relief :
Trois types dominent ce relief Les montagnes plus ou moins
anciennes. Elles ne dépassent pas en général 1200
mètres d'altitude, ce sont les chaînes du Mayombe qui se trouve
à environ 80 kilomètres de la côte. Cette chaîne de
montagne se prolonge dans la région du Niari par le massif du Chaillu.
Et la chaîne du nord par le Mont Nabemba. Les plateaux et collines, elles
entourent la grande cuvette et s'étendent du Nord-ouest au Sud-ouest de
Brazzaville. Les vallées ou plaines, se situent dans la grande cuvette,
dans les pays du Niari, et la région de Pointe-Noire celle de la plaine
côtière.
La végétation :
Il existe plusieurs formes de végétation dans ce
pays, dont les principales formes qui sont la forêt (60 %) et la savane
(40 %). La savane est souvent entourée des forêts galeries le long
des rivières.
Hydrographie :
Le Congo possède un vaste réseau de cours d'eau,
qui constitue la cuvette congolaise. Le réseau compte une dizaine de
grands fleuves, une trentaine de cours d'eau d'importance appréciable et
des nombreux petits cours d'eau secondaires.
Climat :
On distingue trois types de climat:
- le climat équatorial dans le nord du pays,
caractérisé par une forte humidité et une
pluviosité supérieure à 1 700 mm avec une
température moyenne comprise entre 24°C et 26°C;
- le climat tropical humide dans le sud-ouest, où les
précipitations moyennes annuelles varient entre 1 200 mm dans le
sud et 1 700 mm sur les reliefs proches du Gabon; la température
moyenne mensuelle est comprise entre 21°C et 27°C;
- le climat subéquatorial, connu dans les
régions des plateaux et de la cuvette, est intermédiaire entre
ces deux précédents; les précipitations moyennes annuelles
y sont de l'ordre de 1 600 mm.
Sur le plan climatique, le Congo connaît, sur presque
toute son étendue, un régime pluviométrique de type
équatorial : températures et pluies maximales entrecoupées
de saisons sèches aux températures plus douces.
Sur une année, quatre types de saisons se relaient
- la grande saison des pluies d'octobre à
décembre, avec des températures allant de 25° à
35° et des pluies fréquentes ;
- la petite saison sèche, de janvier à
février, avec des températures élevées ;
- la petite saison des pluies, de mars à avril, avec
des températures élevées et orages violents ;
- la grande saison sèche, de mai à septembre,
avec une quasi absence de pluies et des températures qui peuvent
descendre jusqu'à 15/16°.
En termes de répartition spatiale, l'ensemble du
territoire congolais est bien arrosé avec des précipitations
moyennes annuelles nationales de 1 600 mm. Les valeurs moyennes annuelles
de l'évapotranspiration potentielle oscillent autour de 1 300 mm.
Cette homogénéité s'explique par la constance de la
couverture nuageuse et, partant, par la part du rayonnement diffus dans le
rayonnement global. Les conditions climatiques sont un atout majeur pour le
développement de l'agriculture. Globalement elles ne présentent
pas de limites pour la culture des plantes tropicales, bien que les fortes
précipitations gênent le développement de certaines
cultures maraîchères telles que la laitue, l'oseille, la morelle
blanche et le chou. En période pluvieuse, ces cultures sont produites
sous serre (en plastique dans les exploitations modernes et en branchages dans
les exploitations paysannes).
Dans le nord du pays, le climat est équatorial, chaud
et humide, avec deux saisons sèches et deux saisons de pluies. La
température moyenne annuelle est de 25 °C. Dans le Sud-ouest, le
climat est tropical humide avec une saison de pluie (8 mois) et une grande
saison sèche (3 à 4 mois). Dans le Centre, le climat est
subéquatorial avec une saison sèche très marquée
B - LA SITUATION SOCIO SANITAIRE DU CONGO
BRAZZAVILLE
Récemment l'Union Européenne a injecté
près de 10 milliards de francs1(*) CFA dans les structures sanitaires
périphériques (Circonscriptions Socio Sanitaires) pour tenter de
combler une partie du déficit de santé du pays.
Malgré cet effort, la dégradation croissante de
la carte sanitaire congolaise a atteint son paroxysme durant les guerres
récurrentes que le pays a connues. Au sortir de cette période
tumultueuse le rapport national sur le développement humain 2002,
réalisé par le PNUD (Programme de Nations Unies pour le
Développement), dégage un constat alarmant. L'urgence est la mise
en place d'un programme national de développement sanitaire (PNDS)
à moyen et à long terme amorcé par le 7ème FED
(Fond Européen de Développement). Le cadre de cette mission est
la construction d'un filet socio sanitaire aux fins d'endiguer la
paupérisation croissante des congolais mise en relief par la destruction
du tissu économique et des structures de santé. C'est donc
à dessein que les centres de santé intégrés,
à travers les circonscriptions socio sanitaires, actuellement
appelés districts sanitaires, tentent de répondre aux attentes
des personnes privées d'accès aux soins.
Si ce projet n'a rien d'avant-gardiste, il n'en demeure pas
moins que les structures existant avant les troubles que le pays a subis ont
disparu durant cette période. Il est donc indispensable de restaurer un
système qui a fait ses preuves et qui permet aux plus démunis de
bénéficier d'un minimum de soins médicaux. Actuellement,
pour exemple, le CSI (Centre de Santé Intégré) de Mpaka 2,
dit du 15 août 97, en périphérie de la ville de
Pointe-Noire doit assurer les soins d'une population de 24 300 habitants dont
une population cible de 81 enfants.
Le 9ème FED, en cours, vient aujourd'hui d'aider
à la mise en place de structures de proximité à hauteur de
10 milliards de francs CFA environ, entièrement financés par
l'Union Européenne, à travers le projet PASCOB (Programme d'Appui
Sanitaire du Congo Brazzaville) au long de la période 2006 - 2010.
Après Brazzaville, où deux districts sanitaires
ont été implantés, respectivement à l'Hôpital
de Base de Talangaï et à Makélékélé, la
caravane PASCOB a marqué un arrêt à Owando dans la Cuvette
Est et à Kinkala dans le Pool. On peut constater que le choix de l'UE
vise des secteurs équilibrant les actions gouvernementales plus
volontiers orientées vers des secteurs lui étant politiquement
plus favorables.
Quelle est la situation à Pointe Noire dans le
Kouilou ?
Le Kouilou a été mis à l'honneur le 30
novembre 2005, à hôpital de base de Tié-Tié, dans la
troisième circonscription socio sanitaire, qui compte 9 aires de
santé périphériques sous la direction du Dr Mahounga. Le
prologue de l'action du PASCOB à Pointe-Noire a été
l'intronisation du Dr Loussambou Serge Antoine en qualité d'assistant
technique national au Kouilou. Le Dr Loussambou est le lauréat d'un
appel national à candidature. Pour l'Union Européenne, le Dr Paul
Hubert, chef de mission PROGECO, chargé de la réalisation du
projet PASCOB, et M. Van Den Breede, économiste de la santé,
chargé de la composante mutuelle de santé, témoignent de
l'intérêt porté par l'Union Européenne dans
l'application des accords FED Congo Brazzaville. Pour le Congo, le briefing du
Directeur Général de la Santé Dr Damase Bodzongo et la
présence du responsable national du projet PASCOB, le Dr Ibouanga
Antoine, marquent le sérieux de cette intronisation.
Le lendemain la délégation du FED a fait
l'état des lieux de l'hôpital de base de Tié-Tié.
Ses conclusions sont claires et sans appel, les besoins de la structure sont
impérieux :
Le bloc opératoire doit être
réhabilité
Les besoins en équipement sont évidents
Les conditions de travail sont déplorables
Le plateau technique est obsolète
Le laboratoire manque de l'instrumentation indispensable
S'étalant sur 15 mois au cours duquel les cibles
suivantes devront être atteintes :
Réhabilitation sur appel d'offres
Construction de nouveaux pavillons
Fourniture d'équipements et de produits
génériques
Branchement à Internet en vue de l'atteinte des
objectifs IEC (Information, Education, Communication) sur plusieurs
pathologies, notamment VIH-SIDA et autres infections sexuellement
transmissibles (IST).
Par ailleurs M. Van Den Breede, a stigmatisé les
errements sanitaires au Congo, automédications, achat de produits
frelatées, tradi pratiques auprès de charlatans ou
d'églises de réveil... Une évolution est envisageable par
l'intermédiaire de mutuelles de santé. Le pays regorge de nids de
mutualistes dans les associations civiles, syndicales, confessionnelles... Les
campagnes de sensibilisation et de mobilisation pourront porter leurs premiers
résultats en 2007.
Le PASCOB ne serait-il pas construit sur des sables
mouvants ?
L'éventail des prestations offertes par les structures
sanitaires périphériques est limité. Les cas particuliers
ou délicats provenant des CSS (Circonscriptions Socio Sanitaires)
doivent être transférés sur les hôpitaux de
référence, comme les hôpitaux A. Cissé ou Loandjili
à Pointe-Noire ou le CHU de Brazzaville, hélas ces structures, en
marge de la promotion FED, sensées prendre en charge les malades
provenant des CSS manquent de l'élémentaire.
Panorama de l'Hôpital de Référence
Adolphe Cissé
L'eau
En 1999, l'indicateur de pauvreté humaine (IPH-1/PNUD)
donnait 53,7% de la population congolaise était privée de
l'accès à l'eau potable. La donne s'est d'évidence
empirée à ce jour en raison de l'expansion anarchique des tissus
urbains et des dégradations issues des conflits.
De source sûre, l'hôpital A.Cissé est en
manque récurent d'eau courante. Imaginez une structure
hospitalière de 600 lits privée d'eau potable, pourtant le pays
possède un dense réseau hydrographique et une nappe
phréatique fossile d'excellente qualité à moins de 300
mètres de profondeur (70 m à Pointe-Noire). Comment s'expliquer
que parmi les 44 milliards officiellement dilapidés pour la somptueuse
municipalisation accélérée du 44eme anniversaire de
l'indépendance au Kouilou, on n'ait pas pu dégager une enveloppe
de quelques 30 ou 40 millions pour doter cet hôpital de son propre
forage ?
L'énergie
Le Dr Kala directeur de cette structure était contraint
de s'humilier en passant un communiqué sur les télévisions
locales afin de mendier auprès des opérateurs économiques
un peu de gazole pour faire tourner la centrale énergétique de
l'hôpital.
Un important lot de matériel médical provenant
de l'hôpital de la Timone à Marseille et du Groupe hospitalier du
Havre s'est vu mis hors d'usage en raison de variations de tension
électrique car non protégés par des régulateurs de
courant.
L'équipement
Selon Dr A. Dombi-Mabiala de l'hôpital A.
Cissé, service n'existe que de nom
C'est pour quoi, il lance un cri d'alarme en expliquant que
son service n'effectue qu'un simple tri des malades, les orientant dans les
différents services de l'hôpital en raison du manque total de
matériel et de moyens. Ni oxygène, ni laryngoscope sans lesquels
un service d'urgence est incapable d'assurer son rôle.
La délinquance
De nombreux enlèvements de nourrissons ont eu lieu par
le passé dans l'enceinte de l'hôpital. La mise en place d'un
gardiennage efficace et l'interdiction de la divagation sauvage et dangereuse
des taxis et des véhicules privés dans les allées de
l'hôpital ont mis un terme à ces faits criminels. Autres formes de
délinquance, la vente de produits médicaux, souvent contrefaits,
par du personnel mal intentionné et la pratique des pots de vin pour
éviter les queues a cessé suite à la mise en place d'un
nouveau système d'accueil auquel les habitués du désordre
antérieur ont quelque mal à se faire mais qui fait preuve de son
efficacité.
Les perspectives
Le Dr Kala impulse une nouvelle dynamique à
l'hôpital, par le recyclage du personnel qualifié, l'acquisition
de matériel et surtout en gérant la structure comme une
entreprise. En très peu de temps les recettes sont passées de
quelques centaines de milliers de francs journaliers à plus de deux
millions, permettant d'envisager de l'investissement à brève
échéance.
L'Hôpital de Référence de
Loandjili
Afin de redorer l'image du pouvoir auprès de l'opinion
publique qui lui faisait reproche de ne pas s'occuper des problèmes de
santé, le pouvoir de Brazzaville à mis en oeuvre en 2002 la
construction de l'Hôpital de Référence de Loandjili. Cette
structure était sensée rehausser et désengorger
l'unité de soins héritée de la colonisation :
l'Hôpital de Référence Adolphe Cissé.
Le Dr Firmin Bossali, chef de service de
gastro-entérologie et médecine interne, directeur des affaires
médicales, évoque les problèmes extra fonctionnels de
cet Hôpital i.
206 lits, un indicateur hospitalier trimestriel (Avril, mai,
juin 2005) de 631 malades, un taux d'occupation moyen variant entre 22 et
26 % et un séjour moyen de 5 jours. Voilà les vues
synoptiques de la capacité d'accueil et du mouvement des malades dans
les 12 services médico-, techniques animé par 43 médecins
dont 7 prestataires.
En revanche il manque 9 services à l'Hôpital de
Loandjili pour répondre aux critères d'un CHU (Centre Hospitalier
Universitaire).
Le plateau technique :
Si l'impression générale est plutôt
flatteuse, et permet de répondre aux 2/3 des besoins des services, il
est nécessaire de compléter ce plateau, notamment en :
Radiologie : Scanner, table
télécommandée, mammographie...
Gastro-entérologie : endoscopie...
Réanimation : lits adaptés,
appareillage...
Chirurgie : boites chirurgicales, service de
réanimation chirurgicale...
Pédiatrie : soins intensifs pédiatriques,
néonatologie...
Gynécologie obstétrique : lits
adaptés, tables de réanimation néonatales...
Urgences : circuits de fluides médicaux,
matériels d'urgence, ambulances médicalisées...
Ophtalmologie : manque d'équipement moderne...
Stomatologie : radiographie panoramique, laboratoire de
prothésiste...
ORL : chambre acoustique, endoscopie...
Service de bio maintenance : manque patent de
personnel...
Médecine du travail : manque de
spécialistes...
Laboratoires : sur 6 unités 2 sont en manque
d'équipement...
On peut donc comprendre que les nantis, s'envolent pour aller
se faire soigner dans des pays mieux dotés en structures de soins,
laissant au peuple congolais le service minimal offert..
Au delà de ces manques technico - médicaux
s'ajoutent des problèmes structurels, énergétiques,
d'adduction d'eau et d'épuration des effluents. Pourtant la structure
dispose de son forage, d'une station d'épuration d'eau, mais faute d'une
mission d'expertise susceptible de connecter et de garantir la qualité
de l'eau, ce dispositif demeure inopérant. Les eaux usées
déversées dans l'environnement sont donc polluées et
véhiculent des effluents pathogènes. La chaîne de
responsabilités est complexe, elle revient en premier lieu à
l'Etat, qui décide de la mise en service d'une structure
hospitalière incomplète et dangereuse, aux services
ministériels qui entérinent, à la direction de
l'hôpital qui accepte de travailler dans des conditions non
satisfaisantes, à la mairie de Pointe-Noire qui ne se substitue pas aux
services ad hoc, carentiels, pour assurer la santé de la population.
S'il semble absurde de nier l'utilité de la
construction de l'Hôpital de Loandjili, à l'analyse on voit que sa
mise en service relève de l'inconscience la plus flagrante. La structure
est probablement à ce jour plus dangereuse qu'utile. Un audit de l'OMS
entraînerait très probablement sa fermeture dans l'attente de sa
mise en conformité. Pourquoi les raisons politiques prennent elles une
fois de plus le pas sur les besoins en santé des populations ?
Par contre Pour le Gouvernement
congolais :
Le droit à la santé a toujours
été garanti par les lois fondamentales.
Cependant, si la santé est un droit tel
qu'énoncé ci-dessus, il n'en demeure pas moins vrai que le devoir
de toute personne, à titre individuel ou collectif est de contribuer
à la prise en charge des problèmes de santé dans ses
composantes promotionnelles, préventive, curative et ré
adaptative.
La santé représente un secteur d'investissement
et de ce fait obéit aux règles d'utilisation rationnelle des
ressources.
L'orientation libérale de la société
congolaise fait de la santé un espace privilégié
d'expression des droits humains et d'exercice des libertés
fondamentales.
Dans son ensemble, la population doit avoir un accès
équitable à l'offre de soins de qualité, de telle sorte
que chaque individu et chaque collectivité en bénéficient
selon ses besoins.
La politique nationale de santé adoptée par le
conseil de ministre depuis juillet 2000 vise à améliorer
l'état de santé des populations.
Les axes stratégiques retenus pour la mise en oeuvre de
cette politique sont :
La promotion et la protection de la santé,
l'accessibilité aux soins et aux services, l'intégration des
activités, la promotion du secteur privé, le financement de la
santé, le renforcement des capacités de gestion, la
décentralisation du système de santé, la rationalisation
de la mise en oeuvre des activités et de l'utilisation des ressources de
santé, enfin la participation des individus et des
collectivités.
Les orientations nouvelles redéfinissent le rôle
et les responsabilités de l'Etat dans la gestion du secteur de la
santé.
L'offre des soins relève dorénavant d'une part,
du secteur public représenté par les formations sanitaires de
l'Etat, et du secteur privé à but lucratif ou non lucratif
d'autre part.
Si les confessions religieuses, les associations, les
sociétés mutualistes gèrent le secteur privé
à but non lucratif, et participent ainsi au service public, le secteur
privé à but lucratif comme propriété est
réservé aux personnes physiques ou morales.
Cette redistribution des charges permet à l'Etat de
s'acquitter réellement de ses obligations de service public en
matière d'offre des soins de qualité, et de participation
à la lutte contre la pauvreté.
Le ministère en charge de la santé assure
l'exécution de la politique nationale de santé à travers
ses structures administratives et opérationnelles, ainsi que celles du
secteur privé.
L'Etat garantit les conditions d'une saine concurrence et d'un
développement harmonieux du système national de santé,
grâce à ses fonctions de régulation et d'arbitrage.
A cet effet, les cadres organisationnels de mise en oeuvre
doivent s'adapter à la nouvelle donne, ainsi, la réactualisation
de l'ensemble des textes, juridiques et réglementaire devenant une
tâche urgente et impérieuse.
Le cadre administratif sous-entend la valorisation de la
fonction de gestion des structures et des programmes de santé.
Il intègre les concepts de spécialisation et
d'intégration des programmes et projets, sur l'ensemble du
système de santé.
Le cadre administratif prévoit le renforcement du
rôle normatif des organes centraux et l'amélioration des
capacités opérationnelles des structures intermédiaires et
périphériques.
Il intègre aussi les mécanismes
appropriés pour renforcer la coordination intersectorielle de la
politique nationale de santé.
La mise en oeuvre de la politique nationale de santé
requiert des ressources importantes et des mesures essentielles
d'accompagnement.
Ces mesures au nombre de quatre vont permettre au Congo
l'édification du grand chantier du développement sanitaire au
cours de ce troisième millénaire naissant.
Il s'agit de :
1. la création d'un cadre général
favorable à l'amélioration de la gestion de la santé
2. l'augmentation progressive de l'apport du gouvernement dans
le financement de la santé pour atteindre le seuil minimum de 10 % du
budget de l'Etat ;
3. l'implantation progressive et la dynamisation des ordres
des professions de la santé, compatibles avec l'exercice libéral
des professions médicales et du secteur santé dans leur ensemble
;
4. la création d'un fond de financement de la
santé devant prendre en charge en autres, l'insertion et la
réinsertion des professionnels de la santé dans le secteur
privé.
Plan de lutte contre le sida de 2003- 2007
Capitaliser les acquis enregistrés depuis le
début de sa mise en oeuvre, apprécier à mi-parcours les
performances et les insuffisances de la réponse nationale au VIH/SIDA et
d'en tirer les leçons dans l'optique de mieux concevoir et appliquer les
stratégies en vue d'une meilleure atteinte des objectifs pour les
années à venir ; tels sont les objectifs de la revue à
mi-parcours du CSN 2003-2007.
Dans le cadre de la relance de sa réponse à
l'épidémie du VIH/SIDA, le Gouvernement congolais a initié
un processus de planification stratégique à partir de 2002. Ce
processus a abouti à l'élaboration d'un Cadre Stratégique
National (CSN) de Lutte contre le SIDA pour la période 2003-2007,
assorti d'une réforme du cadre institutionnel de réponse
nationale au VIH/SIDA. En vue de garantir la multisectorialité de la
réponse nationale, un Conseil National de Lutte contre le SIDA (CNLS) a
été mis en place, placée sous la présidence du Chef
de l'Etat. Douze (12) ministères autres que celui de la santé ont
mis en place des unités de lutte contre le SIDA (ULS) et ont
élaboré des plans d'action sectoriels de lutte contre le SIDA.
Le Congo a organisé, en juillet 2003, une table ronde
de ressources pour le financement de son plan d'action multisectoriel 2003-2005
qui opérationnalise le CSN. La Banque Mondiale a apporté un appui
au financement du CSN à travers un don de 19 millions de dollars, dans
le cadre de son Programme Multi pays de Lutte contre le SIDA. Les autres
Agences du Système des Nations Unies ont élaboré un plan
intégré d'appui à la mise en oeuvre du CSN.
Dans le cadre de la mobilisation continue des ressources, le
Congo a introduit une requête de financement au Fonds Mondial de Lutte
contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme. Cette requête, concernant
la composante VIH/SIDA, a été approuvée et devrait
produire ses effets à partir de juin 2006.
La Situation sanitaire du Congo Brazzaville
actuellement selon l' ONG Médecins sans frontières (MSF)
MSF est retourné travailler dans la République
du Congo (Congo-Brazzaville) en 2003 à la fin du conflit pour subvenir
aux besoins de la population dans la région du Pool. Dans le district de
Kindamba MSF effectue plus de 2400 consultations par mois dans des
hôpitaux régionaux de référence et au moyen de
cliniques mobiles. L'équipe assure des soins ambulatoires et
d'hospitalisation, offre des services de chirurgie en urgence, des soins aux
mères et aux enfants, et la vaccination. Dans le district de Mindouli,
MSF voit 2400 patients par mois dans ses cliniques mobiles et son hôpital
régional. Les services de santé mentale sont prodigués par
des conseillers et des assistants sociaux locaux, qui aident les personnes
à surmonter le traumatisme lié au passé violent de la
région.
Situation toujours précaire en République
du Congo suite à l'épidémie de cholera
De novembre 2006 à avril 2007, 6452 cas de cholera et
56 décès avaient été recensé à Pointe
Noire, une ville côtière en République du Congo, tandis
qu'à la capitale Brazzaville, on avait dénombré 564 cas et
quatre décès. Pendant cette période, MSF a traité
près de 4000 personnes et formés 120 personnes du
Ministère de la santé sur la gestion d'un centre de traitement du
cholera (CTC). En avril 2007, le nombre de cas avait considérablement
chuté et le dernier membre de l'équipe d'urgence
constituée par MSF pour gérer cette crise quittait le pays le 29
avril.
Pourtant, malgré l'intervention et l'impact de cette
crise de cholera sur la population du Congo, le gouvernement a très peu
fait pour améliorer l'accès à l'eau potable pour les
habitants de Pointe-Noire et de Brazzaville. Avec un accès limité
aux soins de santé dans ces villes et dans la région du Pool, la
surveillance et la capacité de réponse d'urgence aux
épidémies reste une préoccupation pour MSF en
République du Congo, et ce malgré les campagnes de
sensibilisation organisées avec les médias locaux.
En novembre 2006, le Ministère de la santé de la
République du Congo (connue aussi sous le nom de Congo-Brazzaville)
avait détecté les premiers cas de diarrhée dans la ville
côtière de Pointe-Noire, l'important port pétrolier et
commercial. Mais ce n'est pas avant Janvier 2007 que le Ministère de la
Santé, l'OMS et l'Unicef déclarait l'épidémie.
L'action de MSF à pointe noire
MSF commença son intervention d'urgence à Pointe
Noire le 29 janvier 2007. Une équipe d'urgence fut rapidement mise sur
pied avec des expatriés et du personnel local. Trois centres de
traitement du cholera furent établis et des distributions de kits
cholera organisées. Quelques semaines plus tard, le cholera était
aussi déclaré à Brazzaville. Là aussi, MSF a
soutenu le Ministère de la Santé dans trois hôpitaux en
fournissant deux unités de traitement ainsi que quatre postes de
réhydratation orale. MSF a également établi des CTC dans
deux autres régions, dans la ville de Loudima (province de Bouenza) et
à Pont de Niari (province de Niari) toutes deux situées le long
de la voie ferrée reliant Pointe-Noire à Brazzaville.
MSF gère toujours deux hôpitaux dans la
région du Pool procurant des soins de santé tel que le soutien
psychosocial, les traitements anti-rétroviraux pour les patients
séropositifs et les soins obstétriques. De plus MSF a mis sur
pied des centres de santé appuyés par un système de
cliniques mobiles afin d'atteindre les communautés isolées. MSF
réagit aussi, si besoin est, aux urgences sanitaires dans le reste du
pays
I - INTRODUCTION
Considéré comme une infection redoutable en
Afrique, le Sida est devenu l'une des premières causes de
décès chez les jeunes de 15 à 35 ans au Congo-Brazzaville.
Défini par eux-mêmes comme le « syndrome inventé
pour décourager les amoureux », plus d'un jeune sur 5
interrogé avoue avoir eu un comportement sexuel à risque, tandis
que l'écrasante majorité de ces jeunes ont encore peur de se
faire dépister. D'où la question de l'impact des ravages du
VIH-Sida chez les jeunes de 15 à 35 ans à Pointe-Noire au
Congo-Brazzaville.
Notre étude se fonde sur des entretiens, des
témoignages de jeunes recueillis, sur le VIH-Sida. Ce qui nous permettra
de mesurer cet impact sur le plan éthique, voire bioéthique.
II - LE SUJET DANS SON ENSEMBLE.
Dans le but de mesurer l'impact du VIH-Sida chez les jeunes de
15 à 35 ans, nous avons choisi comme sujet de recherche :
« l'impact du VIH-Sida auprès des jeunes ».
La catégorie qui nous a apparu pertinente est celle des 15 à 35
ans, car dans ce pays d'Afrique Centrale peuplé de près de 3
millions d'habitants, l'activité sexuelle des jeunes commence
très tôt.
II.1 - La méthodologie de
recherche :
Cette étude se veut une recherche action qui s'appuie
sur des témoignages de jeunes, de médecins et de responsables
d'associations de Pointe-Noire ayant en charge des malades du Sida.
C - LE VIH-SIDA AU CONGO BRAZZAVILLE :
III - LE SIDA : PREMIÈRE CAUSE DE
DÉCÈS DES JEUNES À POINTE-NOIRE
Selon les études menées par le Conseil National
de lutte contre le Sida au Congo (CNLS), l'infection VIH est actuellement dans
une « phase d'implosion ». Le taux de prévalence
national est estimé à 4,2 % avec des disparités d'une
ville à l'autre :
Brazzaville : 3,3%
Pointe-Noire : 9,4 %
Ouesso : 5,0 %
Dolisie : 10,3 %2(*)
Faisant ainsi de Pointe-Noire, capitale économique du
Congo, l'un des foyers où l'infection fait des ravages auprès des
jeunes gens. Aujourd'hui le nombre de personnes touchées par l'infection
est comprise entre 80 000 et 110 000, avec une tendance à la
féminisation.
IV - LES CAUSES DE CETTE PANDÉMIE CHEZ LES
JEUNES DE 15 ANS
Parmi les causes de la propagation vertigineuse et
inquiétante du Sida, il y a d'abord :
a) La banalisation de l'activité sexuelle
très précoce des jeunes gens
Les jeunes de Pointe-Noire, comme nous l'avons dit plus haut
définissent l'infection comme un syndrome. Même si beaucoup ne
comprennent toujours pas ce que ce mot veut dire, ils indiquent dans leur
définition que le Sida est « un syndrome inventé pour
décourager les amoureux ». Beaucoup parmi eux, à la
faveur de la fermeture des salles officielles de cinéma, prennent un
malin plaisir d'aller suivre des films pornographiques. Les promoteurs de ces
salles de cinéma de fortune acceptent même des jeunes de 10
à 12 ans.
Ce rapport précoce au sexe banalise l'acte sexuel qui
devient une espèce de jeu d'enfant. Dans ces conditions, le travail de
prévention fait par les Associations de lutte contre le Sida est
sapé par cette course effrénée des jeunes vers les films
pornographiques.
b) Le poids des traditions
rétrogrades :
Beaucoup de jeunes n'hésitent pas d'affirmer que pour
contracter le Sida, l'homme ou la femme doit avoir des lésions lors de
la pénétration sexuelle. Une manière de dire que le port
du préservatif n'est pas obligatoire lors des rapports sexuels. Certains
jeunes ont même des images incroyables, parlant des
préservatifs : « Lorsqu'on achète un bonbon, on le
suce pas avec son emballage ». La multiplication des partenaires dans
certaines ethnies est encouragée pour prouver « la
virilité de l'homme ». A cet effet, Fortuné Franck
MBOUSSOU, du CNLS, estime que outre les traditions, les confessions religieuses
ont également leur part de responsabilité dans le
développement du VIH : « Face à
l'épidémie di VIH, les confessions religieuses sont
restées pour la plupart muettes » au Congo-Brazzaville, une
récente analyse de situation de l'épidémie du VIH-Sida
faite dans le cadre du processus de planification stratégique a
identifié les obstacles à la mise en oeuvre des mesures de
prévention liées aux religions. Plusieurs raisons peuvent
expliquer cette attitude des confessions religieuses : d'abord le fait que
le VIH-Sida était considéré comme un problème de
santé, donc intéressant exclusivement les professionnels de la
santé, ensuite le fait que les principaux acteurs ont fait de Franck la
promotion du préservatif leur cheval de bataille.3(*)
c) L'ignorance ou la méconnaissance des
ravages du Sida :
Pour que les jeunes, qui sont sommés à longueur
de journée par des informations des associations de lutte contre le
Sida, implantées à Pointe-Noire continuent à ignorer les
ravages de l'infection, montre à quel point que l'ignorance devient un
danger pour eux.. Cette ignorance se manifeste par des comportements à
risque tant de la part des jeunes garçons que des jeunes filles.
d) La Misère des
ménages :
La misère demeure une des causes principales de la
propagation de l'infection chez les jeunes. Lorsqu'on observe cette frange de
la population, on se rend bien compte que beaucoup de jeunes filles sont
poussées très tôt vers la prostitution, pour avoir de quoi
manger disent-elles. « Les femmes
« Zaïroises »4(*), le font, pourquoi pas nous, c'est notre corps et le
corps est fait pour bouger »5(*) affirment-elles sans vergogne, lorsqu'on leur pose la
question sur leurs réelles motivations sur la prostitution.
e) L'insalubrité et le manque
d'hygiène :
Vivre dans un environnement sain préserve la
santé des populations. Lorsqu'on observe, une ville
pétrolière comme Pointe-Noire où jonchent des tas
d'immondices dans les marchés, les principales artères de la
ville, on se rend bien compte que l'hygiène n'est pas une
priorité pour les habitants de cette ville et les autorités
locales. Le manque d'hygiène a fait ressurgir la Tuberculose, la
fièvre typhoïde et dans une ville où l'infection n'est pas
encore maîtrisée, le Sida trouve une occasion de se
développer de façon exponentielle.
f) Les conflits armés que le Congo a
connus :
Le Congo a connu plusieurs guerres civiles 1993 - 1997 - 1998.
Ceux-ci ont favorisé un déplacement massif de populations fuyant
les combats à Brazzaville vers Pointe-Noire, l'unique ville à
n'avoir pas été touchée par les conflits armés.
Ce brassage de populations de Brazzaville et Pointe-Noire a
multiplié par deux le taux de prévalence, faisant de
Pointe-Noire, désormais une ville à haut risque en ce qui
concerne l'infection VIH-Sida.
IV - Les conséquences de l'infection VIH Sida
au Congo
Plusieurs conséquences logiques sont provoquées
par les causes que nous venons d'énimérer. Ainsi sur le
plan :
- Humain :
Le Sida destructure l'homme qui devient incapable de se
prendre en charge. Il devient sans défense et vulnérable.
- Social :
Le Sida déchire les familles qui pensent que c'est de
la sorcellerie, l'envoûtement. Le malade du Sida6(*) est perçu comme celui
à qui un sort a été jeté, celui qui a
été frappé par les forces maléfiques.
- -Economique :
Le Sida freine le développement et le progrès
économique de nos pays africains. Le Sida tue les jeunes enseignants qui
ne pourront plus « éduquer, enseigner » les enfants
dans les écoles.
Le Sida tue les intellectuels, les forces vives du pays
(médecins, infirmières, magistrats, avocats, enseignants etc...)
Dans les pays en développement comme le Congo-Brazzaville qui a connu
des guerres civiles, le Sida porte un coup fatal à l'économie du
pays qui pour décoller, a besoin de toutes ses forces vives. Ne dit-on
pas que « la puissance économique d'un pays, c'est sa
population », car un pays sous-peuplé peut vie devenir un pays
sous-développé.
Dans ces conditions, le Congo se voit priver de ses forces
vives dans les domaines de l'économie et de l'éducation. A cet
effet, le sous-développement ne peut que s'intensifier avec le risque
demain de voir la disparition de toute une jeunesse, fer de lance de
l'économie dans le pays.
VI - LES SOLUTIONS ET L'ACTION DES ASSOCIATIONS DE
LUTTE CONTRE LE SIDA
Pointe-Noire compte plusieurs associations de lutte contre le
Sida. Parmi lesquelles :
Alerte SIDA
ARIPS (Agence Régionale d'information et de
prévention du SIDA)
L'Antenne Régionale Thomas Sankara
ASCOSAVIE et autres.
Les associations mettent en place des actions fondées
sur l'I.E.C. (Information, Education, Communication). Ainsi parmi les solutions
pour le cas de Pointe-Noire, il faut à notre avis :
Intensifier ces actions de l'I.E.C. en faveur des jeunes
aussi bien à Pointe- Noire que dans l'ensemble de la Région de
Kouilou.
Impliquer l'Eglise ou les églises locales à
ces campagnes d'information à travers les mouvements et service de
l'église.
Replacer la famille au coeur des campagnes de lutte contre
le VIH-Sida.
Eduquer les femmes, les forces de l'ordre, les jeunes, sur
des conduites à risques, le viol.
Responsabiliser les chefs d'établissement dans
l'éducation sexuelle des jeunes
Prendre toutes les mesures qui s'imposent pour fermer les
salles de cinéma de fortune qui pullulent à Pointe-Noire.
Renforcer les capacités humaines du Conseil National
de Lutte contre le Sida (CNLS)
VII - QUELLE APPROCHE ETHIQUE DE L'IMPACT DU VIH- SIDA
A POINTE-NOIRE ?
Au-delà de ces aspects moraux, la pratique
précoce sexuelle des jeunes à Pointe-Noire devient un
problème de société. C'est à la
société toute entière de s'impliquer dans la lutte contre
la propagation du VIH-Sida.
Il s'agit d'une approche éthique globale et
globalisante qui prend en compte toutes les sphères intellectuelles,
sociales, économiques, politiques et religieuses.
L'Etat en tant que garant de la santé publique doit
jouer son rôle dans l'implication dans les campagnes de lutte contre le
Sida. Il ne s'agit pas seulement de laisser faire les associations.
L'Eglise à travers les fraternités, les
mouvements et services doit sortir de sa réserve pour parler des ravages
de la maladie auprès des jeunes.
La fidélité longtemps prêchée par
l'Eglise comme antidote du Sida ne suffit plus. Il faut aller plus loin,
être proche et adapter son discours pour faire passer les messages
auprès des jeunes.
La Société civile (les associations, les
syndicats, les mutuelles, les ONG) doit être à l'avant-garde des
politiques de santé. Telle une gardienne du temple, elle doit être
vigilante, réactive pour prévenir mais aussi dénoncer la
prostitution enfantine, le tourisme sexuel développés à
Pointe-Noire. Il faut donc une société civile responsable,
crédible qui travaille sur le plan national et international avec des
partenaires comme l'Onu sida, Le Secours Catholique et d'autres ONG
internationale.
L'approche éthique globale que nous proposons prendra
ainsi en compte les enjeux d'une prise en charge globale des malades. Lorsqu'on
regarde les chiffres des malades du Sida dans le monde, on est effrayé
par l'ampleur de cette pandémie. Selon le Secours Catholique dans son
journal mensuel de Juillet Août 2007, à la page 7 :
« En 2006, 39,5 millions de personnes dans le monde vivaient avec le
VIH, 90 % sont contaminées par leur mère. Implacable, le Sida
continue sa course effrénée. En vingt cinq ans, il aura
tué plus de 25 millions de personnes. Malgré les efforts de la
communauté internationale et des associations, seul un malade du Sida
sur sept dans le monde bénéficie en 2007 de traitements
antirétroviraux. Le Secours Catholique poursuit son engagement pris en
1986 »7(*).
D - CONCLUSION
En guise de conclusion, nous pouvons dire que tant que la
communauté internationale, les bailleurs de fonds ne s'engageront pas
à aider l'Afrique à lutter contre le Sida dans la prise en charge
des malades, le Sida aura encore de beaux jours devant lui. Il est vrai que
pour le cas du Congo, l'Union Européenne a débloqué 13
milliards pour la santé au Congo, reste à savoir si ces fonds
serviront réellement pour réfectionner les hôpitaux
moribonds que nous avons hérités depuis la colonisation. Il y va
donc de la conscience des dirigeants congolais face aux dégâts du
Sida, qui devient pour eux un enjeu majeur pour obtenir des fonds de la
Communauté internationale et ne pas se préoccuper des malades qui
meurent chaque jour dans les hôpitaux congolais.
L'Afrique peut vaincre le Sida à quelques
conditions :
- Les pays africains doivent en faire des causes nationales en
intensifiant les campagnes de solidarité mais aussi en impliquant les
populations à ce fléau qui décime des millions de
personnes dans le monde.
Comme le Téléthon, nous suggérons que les
congolais soient les premiers donateurs des fonds destinés à la
lutte contre le Sida.
C'est donc une urgence qui n'aura son aboutissement que
lorsque le Sida sera dédramatisé par la prise en charge
réelle des personnes infectées par ce virus.
Il y a une anecdote qui stipule que : « les
malades se trouvent dans le Sud et les médicaments au Nord ».
Le Nord doit donc se montrer généreux pour plaider au niveau du
G8, la baisse des prix des antiviraux qui demeurent encore hors de
portée des Africains.
Comme on peut le constater plus qu'un défi la question
du Sida est à la croisée des chemins : ou les
autorités congolaises veulent éradiquer la pandémie, ou
elles veulent se servir de cet argument pour remplir leurs caisses et laisser
mourir les malades.
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|
Situation du Sida en République du Congo, enquête
du CNLS réalisé en novembre 2003.
Fortuné M'Boussou, CNLS, Brazzaville -
« Religion et prévention du Sida en Afrique Centrale.
* 1 Information donnée
sur le site Congo Page, article deM. Diboko
* 2 Situation du Sida en
République du Congo, enquête du CNLS réalisée en
novembre 2003. Réalisation : Centre d'étude pour le
développement de la santé publique (CREDES) avec l'appui de la
Banque Mondiale
* 3 Fortuné M'Boussou,
CNLS, Brazzaville Religion et prévention du Sida en Afrique Centrale.
* 4 L'expression
« femmes Zaïroises » est une allusion à ces
femmes originaires de la République Démocratique du Congo,
installées à Brazzaville et Pointe Noire et qui se livrent
à la prostitution en tout impunité.
* 5 « Le corps est
fait pour bouger » est une expression utilisée par le chanteur
de la RDC, Koffi Ollomide pour parler de l'acte sexuel.
* 6 La croyance à la
sorcellerie, phénomène typiquement africaine est une croyance aux
forces du mal, c'est-à-dire que lorsque quelqu'un est gravement malade
on cherche un bouc émissaire soit l'oncle, soit la tante
âgée qui serait à l'origine de la maladie.
* 7 In message du Secours
Catholique - Juillet Août 2007, Sida : les enjeux d'une prise en
charge globale - p. 7