LA DYNAMIQUE DES AFFRONTEMENTS ARMES DANS LA REGION
DES GRANDS LACS ET LES PERSPECTIVES D'UNE PAIX DURABLE EN
RDC
INTRODUCTION
L'Afrique sub-saharienne a été pendant long
temps le théâtre des guerres par procuration qui
découlaient de la rivalité Est-Ouest. Avec la fin de la guerre
froide, tous les espoirs étaient permis de voir l'Afrique, notamment la
région des grands lacs, renouée avec une paix durable. D'autant
plus que l'Organisation des Nations Unies devait commencer à jour
véritablement son rôle de gardienne de la paix internationale,
rôle qui lui a échappé pendant toute la période de
la guerre froide du fait des affrontements idéologiques entre le bloc
capitaliste et le bloc socialiste.
Curieusement, l'Afrique devient le théâtre des
conflits de diverses formes, notamment les conflits frontaliers ; les
conflits inter-ethnique ; les guerres civiles et rebellions
présentées souvent sous le label de guerres de
libération.
En ce qui concerne particulièrement la région
des grands lacs, outre les coups d'Etat et les rebellions qui sont monnaie
courante, cette partie d'Afrique n'a pas connu, pendant une période
relativement longue, les affrontements armés inter-étatiques
grâce, entre autres à la Communauté Economique des Pays des
Grands Lacs (CEPGL). En pratique, cette organisation mettait plus l'accent sur
la sécurité des Chefs d'Etats qui la composaient. Mais comme
cette sécurité dépendait de la sécurité des
Etats respectifs, cela ne pouvait que favoriser la paix entre eux.
Aujourd'hui, cette partie de l'Afrique est en proie à
des conflits armés internes inter-étatiques incessants
compromettent la paix et la stabilité politique.
La RDC se trouve parmi les Etats les
plus affectés par ces conflits. Les
élections qui doivent avoir lieu semblent donner une
lueur d'espoir pour la paix, mais il faut aussi prendre en compte les
interactions avec les autres Etats des grands lacs. Pour ce, notre
préoccupation dans cette étude sera d'analyser la dynamique de
ces conflits armés tout en projetant leur évolution dans le
temps, afin de proposer les solutions qui peuvent amener à une paix
durable dans la région. Pour y arriver, nous allons analyser tour
à tour les points suivants :
- Les facteurs belligènes dans la région des
grands lacs ;
- La configuration et les conséquences des conflits
armés dans la région des grands lacs ;
- Les perspectives des conflits armés dans le pays des
grands lacs.
- les perspectives d'une paix en RDC
I. LES FACTEURS BELLIGENES DANS LA REGION DES GRANDS
LACS :
La région des grands lacs tire son nom de la
présence dans cette contrée du continent africain d'un certain
nombre de lacs à savoir : les lacs Mobutu, Idi Amin, Kivu,
Tanganikaq et Moero. Du point de vue spécial ou spatial, elle englobe
l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda, la Tanganika et la République
Démocratique du Congo. La Tanzanie ne fera pas totalement partie
intégrante de cette analyse parce que, très souvent, elle est en
marge des conflits armés.
Les facteurs de la guerre dans la région des grands
lacs sont de plusieurs ordres. Nous allons nous limiter ici à
présenter les facteurs d'ordre historique ; politique et
économique.
1. Les facteurs d'ordre historique
Pendant la période coloniale, les métropoles
avaient une lecture particulière des réalités
anthropologiques des sociétés exotiques, notamment les colonies,
qui fusaient une idéologie hiérarchisée des rares.
C'est dans ce sens qu'au Rwanda - Urundi, les collons
allemands d'abord et belges ensuite, distinguerons d'une manière nette
trois races à savoir : les Tutsi, les Hutus et Twa. Quoi que
Usumbura (Bujumbura) soit choisie comme capitale, c'est le Rwanda qui semble
avoir de tout temps servi de référence au discours colonial.
C'est le Rwanda qui fournit à l'opinion de la métropole la grille
de lecture pour les deux pays (1(*)).
Fort de cette classification, qu'au sommet du pouvoir soient
situés les hamites, dit d'origine égyptienne en passant par
l'Ethiopie (en référence à de hautes civilisations).
Ensuite vient la race Bantoue (des nègres) à laquelle »
appartiennent les hutus. Et enfin, tout en bas, une sorte de sous
humanités composées des négrilles et constituées
des Twa.
Le mythe de ces trois races n'est exprimé
essentiellement que dans trois facettes : historique, biologique et
socio-culturelle. Sur les trois plans, les auteurs définissent en
premier lieu les Tutsi. Ce n'est qu'en référence à ces
derniers que sont décrits les Hutus et les Twa (2(*)).
Du point de vue historique, les Twas sont
présentés comme les premiers habitants du pays, suivis de bantous
(Hutus) puis par les Tutsi venus du nord, porteurs d'une civilisation
avancée.
Il est clair que cette hiérarchisation est à la
base des conflits armés qui se nourrissent actuellement au Rwanda et au
Burundi.
Par ailleurs, la RDC est liée à la même
histoire que le Rwanda et le Burundi. Mais elle n'a pas connu de dichotomies
raciales grâce à l'homogénéité du peuple
bantou qui la compose. Néanmoins la présence des pygmées
est signalée sur son sol et celui des rwandais et burundais qui sont
venus travailler dans les mines suite à l'orgueil des autochtones. La
présence de ces deux peuples qualifiés de forts au Congo a
engendré un climat de contestation au milieu des autochtones et leur
avait permis de se constitue en un groupe consolidé face aux
importés du Rwanda - Urundi.
En outre, il faut noter aussi les tracés des
frontières effectués lors de la conférence de Berlin qui
constitue aujourd'hui une source des conflits en Afrique en
général et dans la région des grands lacs en particulier.
En effet, après ce partage, certaines populations appartenant aux
mêmes groupes ethniques se sont retrouvés brutalement
séparées les unes des autres et donc appartenant à des
Etats différents (3(*)). Ainsi, des sociétés des civilisations
hétérogènes, qui liaient souvent dans le passé les
rapports conflictuels du type guerrier ou esclavagiste, se sont
retrouvés entrain de coexister au sein d'une même
entité.
Enfin, les migrations sont aussi un facteur à la base
des conflits dans certaines contrés, notamment dans les grands lacs.
Certains colonisateurs en Afrique ont amené des
spectaculaires mouvements des populations, dans la mesure où les atouts
économiques de la région dans laquelle on émigre sont
considérables. Le Kivu a attiré les populations avoisinantes dans
la mesure où l'agriculture occupait une place importante en raison de la
fertilité des terres volcaniques. Cette zone va connaître
plusieurs vagues des immigrations principalement en provenance du Rwanda
surpeuplé (4(*)).
En effet, les causes qui favorisaient l'immigration n'ayant
jamais disparu, nous assistons aujourd'hui à l'instabilité de la
région tout entière. La guerre d'agression,
précédée par l'attentat en 1994 au cours duquel les
présidents rwandais et burundais avaient trouvé la mort, n'a fait
que confirmer cette façon de voir les choses.
En somme, notons que les facteurs historiques ont joué
et continuent à jouer un rôle déterminant dans les conflits
dans la région des grands lacs. Ce rôle n'est pas joué
d'une manière isolée mais plutôt en interaction avec
d'autres facteurs notamment économique.
2. Les facteurs économiques
La faiblesse des ressources économiques dans la
plupart des Etats se trouvant à côté de ceux qui en ont
suffisamment, constitue souvent une source des tensions.
Le Rwanda par exemple a un sol à 45%
quasi-désertique et les 55% représentent les terres arabes sur
lesquelles sont cultivés les haricots, les sorghos, les pommes de terre,
ressources principales du pays (5(*)). Quant à son sous-sol, il ne contient que
trois ressources minières à savoir : la cassitérite,
la chaux et l'argile (6(*)).
De même, le Burundi est un pays exclusivement agricole.
C'est aussi le cas de l'Ouganda qui, en dehors de l'agriculture, pratique aussi
l'élevage. Le pillage orchestré par ces trois pays pendant la
guerre d'agression en RDC ne fait que confirmer ces affirmations.
Par ailleurs, tout gouvernement se doit de répondre
aux demandes qui s'adressent à lui et s'assurer des soutiens dans lequel
il serait impuissant. Ceci renvoie à l'octroi des allocations qui
peuvent se traduire en termes de (sécurité physique,
patrimoniale, professionnelle,...), d'avantage matériels soit
directement sous forme des transfert, des subventions
rémunération, soit indirectement par statut légaux
favorable (législation fiscale, commerciale ou sociale par exemple) des
pus value d'autorité.
Aussi, le gouvernement distribue le pouvoir en nommant
à des fonctions de commandement, de gratifications symboliques. Le
système politique octroie de la satisfaction de prestige
(décoration, honneur....). Cependant la mauvaise répartition peut
engendrer des situations de tension qui, mal gérées
débouchent sur des guerres. Les exclus sociaux constituent une classe
des déçus qui n'ont pour moyen d'expression que la contestation
ou la révolte.
1. 3. Les facteurs politiques
Les facteurs politiques sont liés soit à
l'environnement politique interne, soit à l'environnement politique
externe ou internationale.
Du point de vue de l'environnement interne, le
dénominateur commun dans la région des grands lacs est que de
tout temps l'accession au pouvoir est liée aux armes, soit par le coup
d'Etat, soit par la rébellion, soit encore par les mouvements
sécessionnistes.
Concernant l'environnement politique international, notons
premièrement la lutte pour le leadership sous-régional. Celle-ci
va conduire les Etats à ignorer certains principes des relations
internationales, notamment celui de l'ingérence dans les affaires
intérieures d'un Etat. C'est le cas, par exemple, de Mwalimu Nyerere
qui va changer l'ordre politique en Ouganda en janvier 1975 lorsqu'il
décide de faire partir par les armes le président Idi Amin Dada.
La triade Rwanda, Burundi, Ouganda, qui a attaqué la RDC, s'inscrit
aussi, entre autre, dans cette logique.
Par ailleurs, la compétition des puissances
étrangères a constitué aussi un des facteurs des conflits
dans la région des grands lacs.
En effet, la sous- région des grands lacs ont toujours
constitué une des influences françaises, sa chasse gardée.
Pour rappel, le Rwanda, le Burundi et la RDC sont des pays francophones,
membres de la francophonie. Cependant avec la révolution du FPR de 1994
qui amena Kagamé au pouvoir, une donne géographique venait de
changer. Par ce changement, les USA voulaient désormais marquer de leur
présence le champ politique et économique de la région des
grands lacs. Ainsi, cette compétition entre puissances
étrangères pour le contrôle de l'espace tant politique
qu'économique, a transformé la sous-région en un lieu de
confrontation géographique.
En somme, il est clair qu'il existe une panoplie des facteurs
qui sont à la base des conflits dans la région des grands lacs,
au point qu'il est difficile de tracer un linge de démarcation nette
entre eux. C'est pour dire qu'ils se co-pénètrent et impliquent
la configuration actuelle des conflits dans la région des grands
lacs.
II. LA CONFIGURATION ET LES CONSEQUENCES DES CONFLITS
ARMES DANS LA REGION DES GRANDS LACS
1. La configuration des conflits dans les grands
lacs
Actuellement le conflit le plus nourri dans les grands lacs
est la guerre dite d'agression contre la RDC conduite par l'alliance contre le
Rwanda, le Burundi et l'Ouganda.
Ce conflit armé éclate au début du mois
d'août 1998. Il est considéré comme la ramification de la
guerre de libération déclenchée une année plus
tôt (février 1997) : un rassemblement du départ qui
était sans tête ni cerveau bien défini mais avec un noyau
dur-formé par les Tutsi congolais, mais aussi rwandais et ougandais, qui
ont constitué la fer de lance de la victoire de Laurent
Désiré Kabila (7(*)) qui s'autoproclame Président de la
République le 11 Mai 1997.
Un communiqué du gouvernement du 27 Juillet 1998
annonce au peuple congolais que le chef de l'Etat L.D. Kabila a
décidé de mettre fin à dater du jour même
« à la présence des militaires rwandais qui nous ont
assisté pendant la période de libération de notre
pays » (8(*)).
Le 02 et le 03 Août, la rébellion des soldats
bannis se déclenche simultanément au Bas-congo (Mbanza Ngungu) et
au Kivu ou le mouvement sera appuyé et encadré par les rwandaises
à l'Est et celle de l'Ouganda au Nord.
C'est ainsi que la RDC sera mi à feu, contraignant le
Président L.D. Kabila à mobiliser son énergie et les
ressources de son pays dans un effort de défense qui le
détournera de son objectif avoué : le développement
de la RDC.
Bien que ces pays agresseurs se sentaient victimes de
l'ingratitude du Président L.D. Kabila, ils ont avancé la raison
officielle de sécuriser leur frontière comme sous tendant leur
intervention en RDC9(*).
La mort du Président L.D. Kabila, radical dans ses
positions, succédé par son fils Joseph Kabila,
caractérisé par l'esprit d'ouverture, va apaiser ce conflit en
passant par plusieurs négociations conduites par certaines
personnalités africaines, notamment le Président Tabu Mbeki. A ce
jours les foyers des tensions persistent encore à l'Est de la RDC.
Outre ce conflit inter-frontalier, les pays des grands lacs
sont aussi en proie aux conflits internes. Au Rwanda, nous notons le conflit
constant entre Tutsi et Hutu. Les Tutsi au pouvoir ne cessent de
persécuter les Hutus à qui ont accole, parfois par défaut,
l'étiquette des interhamwe ou des ex. FAR (Force Patriotique
Rwandaise).
Au Burundi, plusieurs mouvements armés se sont
affrontés pendant plus de deux décennies. Les élections
viennent d'avoir lieu au mois d'août 2005 ayant amené au pouvoir
Monsieur Pierre Nkuruziza. Ces élections ont semblé
réunir, apparemment, l'approbation de la majorité des burundais.
Seul le F.N.L. (Front National de Libération) constitue à
être en activité dans la région de Bujumbura rurale et qui
accentue les actions de vandalisme sur la population civile.
En Ouganda, l'armée de résistance du Seigneur
(LRA) n'a pas encore dit son dernier mot malgré les négociations
qui ont eu lieu à Kitgum (Nord de l'Ouganda) entre le Gouvernement de
l'Ouganda et le LRA, la partie septentrionale de l'Ouganda est toujours sous le
poids de la rébellion.
Tous ces conflits internes et inter-étatiques ont eu
plusieurs conséquences sociales, politiques, économiques...
2. Les conséquences des conflits dans le pays des
grands lacs
Les conflits armés dans les grands lacs ont
impliqué plusieurs conséquences notamment sociales, politiques et
économiques.
Du point de vue social, la plus grande conséquence est
la présence des réfugiés de l'un des pays sur le
territoire d'un autre pays membre des grands lacs. La précarité
des conditions sociaux auxquelles sont exposés ces
réfugiés fait qu'ils versent, dans la plupart des cas, dans les
mouvements armés existant ou se transforment dans un nouveau mouvement
de même genre contre leur pays d'origine afin d'attiser le feu qui
brûle déjà depuis longtemps.
Par ailleurs, à côté des
conséquences sociales, il faut ajouter les conséquences
politiques caractérisées par l'instabilité des
institutions politiques. Ceci insinue l'absence d'une volonté politique
d'unification dans la sous-région10(*). Le Burundi, pays le plus instable de la
région, a connu plus de sept présidents depuis
l'indépendance. Hormis les élections fragiles qui viennent
d'avoir lieu et celles qui avaient amené le président Ndadaye au
pouvoir, tous les présidents qui sont arrivés au pouvoir le sont
par armes, et embellissent leurs positions par les simulacres
d'élection. Le Rwanda en est un exemple probant.
Enfin, il y a les conséquences économiques qui
ont impliqué une influence néfaste sur le développement
des pays des grands lacs, car la guerre ne construit jamais mais plutôt
détruit. Ainsi même, le Rwanda et l'Ouganda, qui ont pillé
suffisamment les richesses du sol et du sous sol congolais, n'ont pas
profité totalement de ces richesses car la majeur partie a
été reversé dans les dépenses de la guerre.
Eu égard à ce qui précède,
l'interrogation qui nous passe toute suite en tête est de savoir quelles
peuvent être les perspectives des conflits armés dans la
région des grands lacs ?
III. LES PERSPECTIVES DES CONFLITS ARMES DANS LA REGION
DES GRANDS LACS
La stabilité d'une région est le
résultat de l'entente, de l'unité et de la tolérance qui
existe entre les populations de la région. La mésentente a
été de tout temps une source des conflits et d'instabilité
(11(*)).
Ainsi, les données actuelles démontrent que la
paix dans la région des grands lacs reste fragile et précaire. Il
faut mener un certain nombre d'actions pour espérer résoudre les
problèmes de la constance des conflits armés, notamment la
réintégration de tous les réfugiés et exilés
politiques des grands lacs dans leurs pays respectifs la démocratisation
des institutions politiques des pays de la région des grands lacs et la
réconciliation nationale dans chaque pays.
1. La réintégration des
réfugiés et exilés politiques des grands lacs dans leurs
pays respectifs
Les problèmes des réfugiés, comme nous
l'avons noté plus haut, est à la base des plusieurs conflits
armés dans les grands lacs africains. Les exilés Tutsi rwandais,
basés autre fois en Ouganda, sont ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui
au Rwanda après une guerre contre les ex. FAR (force armées
rwandais) avec le soutien de l'Ouganda. De leur part, les
réfugiés Hutu basés en RDC menaçaient le
régime de Kampala, de Kigali et celui de Bujumbura. Les régimes
du Rwanda et de l'Ouganda vont poursuivre les Hutu en RDC d'abord sous le
régime Mobutu, ensuite sous le régime Kabila (raison officielle
de l'agression).
C'est pourquoi il est nécessaire et utile que ces
réfugiés regagnent leurs pays respectifs pour qu'on espère
un jour une pacification durable dans la région des grands lacs.
Cette réintégration doit inclure les mesures
d'amnistie générale ; la participation de tous à la
gestion de la chose publique et enfin la réinsertion des enfants
orphelins, des hommes et des femmes
« déracinés ».
2. La démocratisation des institutions
politiques des pays des grands lacs
Depuis les indépendances jusqu'à nos jours, les
pays des grands lacs n'ont connu que les régimes dictatoriaux qui se
sont succédés au pouvoir par les armes. Les quelques
élections organisées dans cette région n'ont
été qu'une fausse apparence de la démocratie, notamment au
Rwanda et au Burundi.
Par ailleurs, ces Etats se caractérisent aussi par la
personnalisation, la tribalisation et l'ethnisation outrancières du
pouvoir politique qui, en fait, favorise un enrichissement sans effort
(12(*)).
A ces privilèges s'ajoutent les nominations de
complaisance aux postes dits « juteux » de la
République : dans les ministères qui sont, en
réalité, des véritables sanctuaires de la corruption.
C'est là que s'effectuent les plus importants détournements des
fonds publics. Ces postes sont naturellement réservés aux seuls
ressortissant du groupe ethnique détenant le pouvoir car, en Afrique
noire, le pouvoir politique est d'abord une affaire de famille et d'ethnie, la
nation vient après.
Ce sont là autant des pratiques qui ne peuvent
favoriser ni l'instauration des régimes démocratiques, ni
l'émergence d'une élite nationale, ni un réel
développement économique, social et politique au point de
rassembler toute la population autour d'un idéal commun.
La démocratisation des institutions a comme base les
élections libres et démocratiques appuyées par une
volonté politique réelle de la part des leaders au pouvoir et
ceux de l'opposition. Dans tout ça, l'homme se retrouve au centre des
préoccupations de la nation en amont et en aval. Ce qui revient à
dire que l'homme reste l'élément nécessaire pour le
développement politique qui implique la démocratisation des
institutions politiques.
3. La réconciliation nationale dans les pays des
grands lacs
L'option d'un dialogue dans chaque pays de la région
des grands lacs est d'une importance capitale. Mais il faut que le dialogue en
question s'accompagne d'une volonté politique honnête de la part
des dirigeants politiques au pouvoir et les opposants dans chaque pays pour
espérer une issue heureuse dudit dialogue. Car jusqu'à preuve du
contraire, les quelques dialogues qui ont eu lieu dans les grands lacs l'ont
été sous la pression ou sous l'initiative de la communauté
internationale.
Les données sur terrain démontrent que les
dirigeants actuels dans les pays des grands lacs sont dénoués de
la volonté politique de démocratiser les institutions politiques
de leurs pays respectifs au risque de perdre leur position de force qu'ils
occupent. Voilà pourquoi, entre autres l'avenir de la paix dans la
région des grands lacs reste nuageux.
IV. LES PERSPECTIVES D'UNE PAIX EN RDC
Les élections qui vont avoir
lieu, constituent un facteur prépondérant pour la paix en RDC.
Dans ce sens qu'elles vont amener au pouvoir les autorités
démocratiquement élues qui auront pour tâches la
constitution d'une armée républicaine, relancer
l'économie, repenser la démocratie pour adopter celle de
développement. Ces élections vont ainsi marquer un tournant
décisif dans la dynamique politique de la RDC.
A proprement parler ces
élections ne serons pas immaculées comme d'aucuns le pensent
pour des raisons suivantes : la démocratie c'est une culture qui
s'apprend, en prenant ces élections comme le point de départ, il
faudra un temps relativement long pour que cette culture soit encrée
dans la tête des congolais. Aussi, par le fait qu'elles sont
financées totalement par l'extérieur, il y a lieu que ces
donateurs imposent une ligne de conduite qui peut contraster avec la
démocratie eu sens plein du terme. L'avantage des élections est
qu'on aura commencé à accéder au rez de chaussé de
la démocratie. Aussi, les nouvelles autorités auront, tant bien
que mal, les comptes à rendre à la population. Ce qui les
obligera de travailler dans les sens de rétablir la paix et la
sécurité.
CONCLUSION
Après avoir passé en revue les facteurs, la
configuration, les conséquences et les perspectives de la paix en RDC et
celles des conflits armés dans la région des grands lacs, il
importe de tirer une conclusion finale.
La région des grands lacs est en proie à
des conflits multiformes, (internes, interétatique, rébellions
...) dont les facteurs sont à la fois historiques, politique et
économiques.
Les données actuelles sur terrain démontrent
que la paix durable dans la région des grands lacs n'est pas pour demain
si certaines conditions ne sont pas remplies notamment le retour des
réfugiés dans leurs pays respectifs car plusieurs conflits ont
été occasionnés par la présence des
réfugiés dans l'un ou l'autre pays. Le cas de la prise du pouvoir
par l'A.P.R. et le dossier interhamwe en RDC en sont des exemples probants.
La démocratisation des institutions politiques est
(inscrite) aussi parmi les conditions de la paix dans les grands lacs,
appuyée par une volonté politique, elle peut amener
(démocratie) à éponger certains conflits qui naissent des
frustrations des écarts par le fait de la dictature ou de
l'autoritarisme.
Enfin, une réconciliation nationale dans chaque pays
peut réduire les antagonismes internes qui, souvent, se ramifient
jusqu'à l'extérieur.
A notre avis, il faudra assez du temps pour que ces
conditions soient réunie pour que la paix durable soit installée
dans la région du grands lacs et en RDC en particulier, d'autant plus
que ce sont les intérêts égoïstes des dirigeants mieux
de l'Etat qui priment dans toutes les actions qui sont menées à
l'intérieur comme à l'extérieur des Etats respectifs.
BIBLIOGRAPHIE
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3. Elias, M., « violence et pouvoir »
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7. Mathieu, P., et Williams, J.C. : Conflits et
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locales et escalades régionales, éd. Harmattan, Paris,
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Congo, Afrique édition, Paris, 1998
9. Ngijol, G, Autopsie des génocides rwandais,
burundais et burundais, éd. Présence africaines, Paris,
1998.
* (1) Elias, M.,
« violence et pouvoir » in Politique africaine,
n°42, Juin, 1991, P.66.
* (2) Elias, M., art. cit.,
P.67.
* (3) Ndaywel, E., Histoire
du Zaire.de l'héritage ancien à l'age conteporain, Louvain la
neuve éd. Duculot, , 1997, P.54.
* (4) Mathieu, P., et Williams,
J.C., Conflits et guerres au Kivu et dans la région des grands Lacs,
entre tensions locales et escalades régionales, éd.
Harmattan, Paris, 1999, P.82.
* (5) Lire Gui Chouan, A.,
Les crises politiques du Rwanda - Urundi, éd. Karthala, Paris,
1995.
* (6) Lire Lacoste,Y.,
Géographie du sous développement, géographique d'une
crise, P.U.F., Paris, 1965.
* (7) L.D. Kabila est le leader
qui a conduit cette guerre qui est partie de l'Est de la RDC jusqu'à
Kinshasa. Il a été connu de l'opinion nationale, plusieurs jours
après le déclenchement des hostilités. Ce qui laisse
entrevoir qu'il ne pouvait être qu'une étiquette placée par
les vrais instigateurs de la guerre pour donner une coloration nationale
à ce conflit armé.
* (8) De Villiers, G.,
RDC : Chronique politique d'entre deux guerres, éd.
Harmattan, Paris, 1996, P.6.
* 9 De Villers G., La
république Démocratique du Congo. Guerre et politique.
L'Harmattan, paris, 2001, p. 322
* 10 Kennes E., « La
guerre au Congo » in L'Afrique des grands lacs, L Harmattan, paris,
1998, 262
* (11) Ngijol, G., Autopsie
des génocides, rwandais, et burundais, éd. Présence
africaine, Paris, 1998, P.183.
* (12) Ngijol, G., Op.
Cit, P.185.
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