3. Les
commerçants transfrontaliers.
Parmi les composantes du système des échanges
transfrontaliers, les activités commerciales sont, sans nul doute, ceux
qui retiennent le plus l'attention. On confond même parfois
échanges transfrontaliers et commerce transfrontalier. Cela est
dû, certainement, à la place que prennent les
activités commerciales dans les échanges. La plus pars des
activités qui se déroulent dans les espaces transfrontaliers sont
tributaires du secteur du commerce.
a)
Rosso Sénégal : une ville de transit plus qu'un
marché
Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie chevauchent le
fleuve Sénégal qui est aussi la frontière entre l' UM et
le FCFA. Contrairement à la monnaie mauritanienne, le F CFA est
convertible et stable. Elle est échangée à un cours plus
intéressant que celui de UM. Une analyse approfondie sur les types de
produits, leurs natures, et leurs lieux de production, montre qu' en dehors
des produits agricoles, la ville de Rosso Sénégal n'est pas ,
émettrice en ce qui concerne les produits manufacturiers, industriels et
semi industriels. La Mauritanie ayant adopté une politique de
libéralisation de son commerce extérieur, offre des produits
alimentaires, des produits de premières nécessités, des
produits d'origine industrielle qui ne sont pas fabriqués dans son pays
mais qui sont moins chères que quant ils devaient être
achetés sur le marché sénégalais. Il n'est pas
exagéré de dire que c'est effectivement la ville de Rosso
Mauritanie qui polarise le plus les villes du Delta. Ce constat est visible sur
le comportement et l'aspect physique des deux marchés, sur leur
dynamisme et surtout dans le sens de la fréquentation.
Cette situation que nous avons tenté de brosser ici
sommairement nous permet de parler des acteurs particuliers que sont les
commerçants frontaliers qui sont, de tous les intervenants aux
frontières, ceux qui retiennent le plus l'attention. La seule
évocation du terme échanges transfrontaliers revoie aux
activités commerciales qui se déroulent au niveau de ces plates
formes situées aux périphéries des pays.
Parler du commerce transfrontalier n'est pas un exercice
simple. En effet il est très complexe et c'est une réalité
très difficile à toucher du doit car ayant des aspects qui
peuvent aller du simple au plus compliqué, de l'officiel à
l'officieux, du formelle à l'informel, du licite à l'illicite,
du légal à l'illégal. Qui est commerçant
transfrontalier ? Qui ne l'est pas ? Combien sont ils ? Quel est
le volume de leurs activités ? Quel est leur statut ? Voici
une foule de questions qui, loin d'être exhaustives, se sont
posées à l'esprit des apprentis chercheurs que nous sommes. Mais
il faut le dire tout de suite, la réponse à ces questions n'est
pas facile. Dans cette partie nous allons tout au moins essayer de faire une
certaine catégorisation des commerçants transfrontaliers en
fonction de leur mobilité et du lieu d'établissement de leur
travail. Les commerçants exerçants à Rosso se divisent en
deux grandes composantes :
-Ceux qui se sont fixés à Rosso
Sénégal disposant de cantines, d'étales, de tables, qui
résident ou exercent régulièrement dans la ville.
-Ceux qui ne sont pas fixes et qui se distinguent par leur
grande mobilité. Ils peuvent résider dans la ville ou bien venir
d'autres localités proches ou lointaines comme Saint-Louis Dakar etc.
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