Les échanges transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal et la Mauritanie: Organisation et impacts( Télécharger le fichier original )par M. Souleymane DIALLO Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de Géographie 2004 |
DEUXIEME PARTIE :L'organisation du système des échanges transfrontaliersCHAPITRE I: LES ACTEURS INTERVENANTS DANS LES ECHANGES TRANSFRONTALIERSLe système des échanges transfrontaliers mobilise un nombre impressionnant d'acteurs aux activités diverses et souvent complémentaires. D'emblée, il est possible de faire une différenciation entre ces différents intervenants de par leur statut, leur fonction ainsi que par leur niveau d'implication. Le premier critère de différentiation sera pour nous l'appartenance des acteurs à la sphère public ou au secteur privé. En effet, les espaces transfrontaliers sont les lieux d'interventions de l'Etat qui, par l'intermédiaire de ses agents déconcentrés, participe à la gestion, et à l'encadrement de ses espaces périphériques. Ce qui, du reste, entre en droite ligne dans sa mission régalienne de sauvegarde du territoire national. Les franges frontalières voient aussi évoluer des acteurs appartenant au secteur privé qui trouvent en ces espaces des gisements d'opportunités à saisir et à exploiter. 1. Le rôle de l'Etat, de ses agents déconcentrés et de la collectivité locale.Une partie importante des échanges transfrontaliers qui ont lieux entre les deux Etats voisins se fait par l'intermédiaire du Port Autonome de Dakar (PAD). Le port de Dakar est une infrastructure de grande envergure qui fait partie des plus grandes, des plus modernes et des plus fonctionnels de l'Afrique de l'Ouest. Bénéficiant aussi de la position de finistère du presqu'île du Cap-Vert sur lequel il est bâtie, il fait de Dakar une porte d'entrée et de sortie pour l'ouest africain. L'infrastructure portière de Dakar présente un certain nombre d'avantages parmi lesquels ont peut retenir, la profondeur de ses eaux. Cette caractéristique physique lui autorise à accueillir des bateaux gros porteurs à tirant d'eaux profond. Ces types de navires sont très utilisés dans les échanges internationaux surtout dans le commerce international où l'acheminement des produits pondéreux se fait le plus souvent par la voie maritime. Depuis la période de la colonisation, le Port de Dakar a servi de point de transit pour les pays de l' AOF (Afrique occidentale française). La survenue des indépendances, et l'aménagement d'infrastructures dans les Etats nouvellement indépendants ont considérablement réduis ce rôle mais il est toujours sollicité par des pays de l'intérieur comme le Mali et la Mauritanie pour une bonne partie de leurs échanges extérieurs. La construction du port minier et minéralier de Nouadhibou et l'aménagement du port de Pêche de Nouakchott, n'ont pas empêché la Mauritanie de faire toujours recours au port de Dakar pour une partie de ses importations. Les produits débarqués à Dakar sont convoyés par la voie routière (la route nationale N°2) sur des camion à conteneur verrouillés jusqu' au bac de Rosso. Cette activité participe au maintien et à la densification des relations d'échange. A côté de ce service de transit qu'offre le port de Dakar, la Mauritanie importe aussi des produits du Sénégal et l'essentiel passe par la route. Cette activité commerciale induit une action de gestion et de contrôle des Etat concernés par le truchement des agents déconcentrés appartenants à différents démembrements de l'Etat. Les agents de l'Etat intervenant sur les espaces transfrontaliers sont : la police, la douane, la gendarmerie. Leur mission consiste en la gestion, le contrôle de ces espaces pour la défense des personnes, des biens et des économies mais aussi pour tirer profit des ressources que génèrent ces espaces. Les espaces frontaliers sont pour les Etats des sources précieux de recettes. Aussi adoptent- ils « des attitudes variables qu'on soit dans l'un ou l'autre. Ils sont partagés entre une volonté plus ou moins coercitive et effective de contrôle des flux et un soucis d'ouverture commercial indispensable et encouragé par la conjoncture économique ». BENNAFLA. 56(*). Nous le verrons ici, l'intervention de l'Etat n'est pas seulement circonscrite dans des mesures de limitation ou d'interdiction du trafic frontalier, ni au bouclage des frontières. L'Etat peut être emmené à jouer d'autres rôles. Il intervient même parfois dans le sens de promouvoir ces espaces situés sur les franges frontalières en procédant à la mise sur pied de certains types d'infrastructures. Par exemple la construction de routes d'accès, la création de marchés frontaliers etc. * 56 Karine BENNAFLA, (1999), op. Cit. |
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