Les échanges transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal et la Mauritanie: Organisation et impacts( Télécharger le fichier original )par M. Souleymane DIALLO Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de Géographie 2004 |
CHAPITRE II: HISTORIQUE DES RELATIONS SENEGALO-MAURITANIENNESLes liens qui unissent les villes du Delta et leurs homologues de la Mauritanie trouvent leurs racines dans l'histoire récente et ancienne. Les deux territoires ont toujours entretenu des relations de dépendance et d'interdépendance. Une complémentarité qui se manifeste, aujourd'hui, dans les échanges qui existent entre les deux pays. Le Nord du Sénégal et le Sud mauritanien appartiennent à un même cadre géographique. Cette proximité géographique favorise les connexions entre les populations. Il faut le souligner, les relations entre les deux pays ont traversé des zones de turbulence qui ont conduit à des déchirements certes, mais aussi par des moments de stabilité qui ont été déterminants dans la consolidation des fondements des relations qui unissent aujourd'hui ces deux entités. Les rapports tumultueux de la période anté-coloniale jalonnée de guerres et de razzias, vont être suivies de la colonisation qui en fera, le temps de la colonisation, un territoire unique sous le joug de l'impérialisme français. Plus tard, les indépendances et les besoins d'affirmation de souveraineté combinés aux conséquences produits par les différentes politiques nationales vont peser de tous leurs poids dans les relations entre les deux pays. 1. Evolution des rapports avant et pendant la colonisation
a) Le déclin du royaume du WaloLe cadre géographique du Delta se confond avec le territoire de l'ancien royaume du Walo. Entité politique et historique, le Walo n'a pas été épargné par les effets du commerce transatlantique qui a pénétré par le fleuve qui en a été le véhicule. Ce dernier l'a, d'ailleurs, grandement bouleversé. Le commerce de la région reposait sur le trafic des esclaves et de la gomme. Le commerce triangulaire y a entraîné une crise très profonde aux dimensions sociales, politiques et économiques qui finiront par mettre un terme au dynamique trafic transsaharien. Ce trafic était le lien qui unissait le Walo à l'Afrique du Nord. Du reste, il concernait toute la vallée du fleuve Sénégal. L'équilibre rompu entre les différentes institutions du royaume, constituèrent les germes d'une guerre civile (1830) qui contribuera à le rendre d'avantage vulnérable. Cet état de faits est aussi consécutif au renforcement de la présence et de l'influence des royaumes maures sur la rive droite du fleuve où ils détiennent le monopole du commerce de la gomme. Bien que l'exportation de ce produit ne fut pas très importante, dans le commerce atlantique de l'époque, elle occupait, néanmoins, une place considérable dans le commerce de l'embouchure,27(*) aussi bien au Walo que dans les régions côtières mauritaniennes situées entre le Cap Blanc et le fleuve Sénégal Les communautés villageoises fortement islamisées résistèrent aux parties belligérantes de la guerre civile à savoir : les « bracks », les « thiédos », et les grands notables. Elles furent épaulées par les marabouts musulmans dont l'un des principaux objectifs était d'interdire la traite des noires (l'exportation hors du continent)28(*). Il faut noter que l'esclavage domestique continuait toujours d'exister. Pendant la période qu'a duré la guerre des marabouts (entre 1673 et 167729(*) ) les pratiques commerciales seront affectées par de profondes mutations survenues sous l'impulsion des populations maures et du pouvoir théocratique musulman qui gouvernait les « Haalpoulars » de la moyenne vallée après 1776. Ils refusent de continuer le commerce des esclaves avec les négociants traitants européens. Cela ne signifiera pas non plus la fin de l'esclavage. * 27 Mahamadou MAIGA, (1995), « le Bassin du Fleuve Sénégal : de la traite négrière au développement sous régional autocentré », Paris, l' Harmattan, 321 pages. * 28 Boubacar BARRI, 1985, « Le royaume du Walo : le Sénégal avant la conquête » Paris, Karthala, 421 pages. * 29 LERICOLLAIS André, 2002: « L'aménagement de la vallée du Sénégal : logiques nationales et coopération entre les Etats riverains ». |
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