UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT- LOUIS
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U.F.R. DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
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SECTION DE GEOGRAPHIE
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![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts2.png)
OPTION URBANISME
THEME : DYNAMIQUES TRANSFRONTALIERES ET
DEVELOPPEMENT LOCAL URBAIN
SUJET : Les échanges
transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal et la
Mauritanie :
Organisation et impacts.
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts3.png)
Présenté par :
Sous la direction de :
Souleymane DIALLO M. Cheikh
SARR
Chargé d'enseignements
ANNEE ACADEMIQUE 2004 -2005
DEDICACES
Ce travail est dédié à ma
famille : ma seule vraie raison de lutter.
* A mon Père et à ma
Mère pour nous avoir élevé, mes jeunes
frères et moi, dans la dignité et l'honneur; pour aussi, avoir
toujours été là pour nous soutenir, nous encourager mais
surtout pour avoir cru en nous. Puisse Dieu leur accorder longue vie.
* A mes frères et soeurs, Diaw
Guèye, Ibrahima et son épouse, Dramane, Ndèye
Bineta, Mame Fama, Guédado, Farmata et Cheikh dit Papa. Puisse Dieu
raffermir les liens qui nous unissent.
* A ma grand-mère Guédado Sow
pour nous avoir toujours couvé de tant de tendresse. Puisse Dieu te
laisser encore devant nous encoure des années.
* Au « compagnon de fortune et
d'infortune » pour toutes ces longues années
passées ensemble, Dieu voit tout.
* A mon homonyme, Souleymane Diallo Junior,
Puisse Dieu faire de toi un Homme.
REMERCIeMENTS
Tout d' abord, nous rendons grâce à Allah Le Tout
Puissant pour nous avoir accordé la vie et la vigueur,
prêté la santé et le temps, de nous avoir insufflé
la volonté le courage et de faire ce travail.
En suite, nous rendons hommage à l'ensemble des
enseignants de la section de Géographie de l'Université Gaston
Berger de Saint-Louis pour les sacrifices consentis dans le cadre de notre
formation universitaire et d'avoir partagé leurs savoirs, leurs
expériences et leurs savoir faire avec nous, particulièrement
ceux du Module Urbanisme pour avoir suscité en nous la passion
qui nous a encouragé à suivre cette voie. Mention spéciale
à l'endroit du Pr. Cheikh SARR qui est le directeur de
ce travail de recherche. Sa patience, ses conseils éclairés, ses
remarques et suggestions ont guidé la réalisation de ce travail.
Nous lui exprimons ici notre gratitude et lui témoignons de notre
respect et considération.
A nos amis de toujours : Ibrahima Ndiaye, Mamadou
Diouf dit Diola, Abdoulaye Bâ, Issa Fall, Madické Mbengue,
Abdoul Sy, Demba Diop, Waly Sarr, Mbaye Bathily, Abdou Aziz Ndiaye, Amadou
Dème, Iba Fall, Imam Djiby Diop, Amadou Fall, Mbaye Fall, Amadou Samba
Souna Fall, Aminata Niang , Amy Laye Sène, Fanta Diagne; les camarades
étudiants ressortissants de Dagana à l' Université de
Saint-Louis et à l' UCAD, à tous les membres de l'amicale des
étudiants ressortissants de Dagana, les résidents du G2D, les
camarades de promotion (particulièrement ceux du module urbanisme) nous
disons merci pour leur soutient moral, leurs encouragements ainsi que leurs
exhortations.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tous ceux qui, de prés ou de loin, n'ont cessé de nous encourager
et de nous inciter au travail. Les autorités municipales de Rosso
Sénégal, à savoir : le maire, le secrétaire
municipal et le conseil municipal en général, sont
associées à ces remerciements. Leur collaboration nous a
été d'un apport inestimable.
A tous ceux que nous ne pouvons pas citer ici et qui d'une
manière ou d'une autre nous ont aidé, soutenu, encouragé,
priés pour nous, (ils sont nombreux), nous exprimons ici notre profonde
gratitude.
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
3
INTRODUCTION GENERALE
4
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU
CADRE D'ETUDE ET ETUDE DES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES
TRANSFRONTALIERS
21
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CADRE
REGIONAL ET LOCAL
24
CHAPITRE II: HISTORIQUE DES RELATIONS
SENEGALO-MAURITANIENNES
38
CHAPITRE III: LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT
DES ECHANGES TRANSFRONTALIERS
52
DEUXIEME PARTIE : L'ORGANISATION
DU SYSTEME DES ECHANGES TRANSFRONTALIERS
69
CHAPITRE I: LES ACTEURS INTERVENANTS DANS
LES ECHANGES TRANSFRONTALIERS
70
CHAPITRE II : UNE ECONOMIE URBAINE
SOUTENDUE PAR LES ACTIVITES DU SECTEUR INFORMEL
87
CHAPITRE III : LA RENTE FRONTALIERE
COMME SOURCE DE REVENU POUR LA MUNICIPALITE
97
CONCLUSION GENERALE
104
BIBLIOGRAPHIE
106
TABLE DES MATIERES
111
LISTE
DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AOF:Afrique occidentale française
ARD : Agence Régional de
Développement
CEDEAO: Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CESTI : Centre des Etudes des Sciences et
Techniques de l'Information
CFA : Communauté
Financière Africaine
CIE: Comité Inter Etat
CSS: Compagnie Sucrière
Sénégalaise
FLAM: Front de Libération des
Africains de Mauritanie
OCDE : Organisation de
Coopération et de Développement Economique
OERS: Organisation des Etats Riverains du
Sénégal
OMVS : Organisation pour la mise en
valeur du fleuve Sénégal
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PAD: Port Autonome de Dakar
PASA: Programme d'Ajustement Structurel du
secteur Agricole
PIB: Produit Intérieur Brut
PLB : Produit Local Brut
RGPH: Recensement Général de la
Population et de L'Habitat
SAED: Société
d'Aménagement et d'exploitation des terres du Delta
SOCAS: Société de Conserveries
Alimentaires du Sénégal
UA : Union Africaine
UCAD : Université Cheikh Anta
Diop de Dakar
UEMOA: Union économique et
Monétaire Ouest Africaine
UGB : Université Gaston Berger de
Saint-Louis
UM : Uguya mauritanien
INTRODUCTION GENERALE
L'évolution des réseaux urbains en Afrique de
l'Ouest renferme une double transition : transition morphographique des
armatures urbaines qui s'étoffent, transition fonctionnelle des
systèmes urbains qui d' embryonnaires et entretenus deviennent, dans le
contexte de crise des économies rentières, de véritables
réseaux liés à l' économie marchande
endogène.
L'étude des systèmes urbains montre le
rôle fondamental de l'économie régionale dans la mise en
place et l'évolution des armatures urbaines. On assiste de plus en plus
à une génération de petites villes. Elles sont issues, le
plus souvent, du semi des marchés ruraux. Leur sélection au sein
de ce semi s'opère en fonction des avantages de position étant
donné que la promotion administrative et industrielle n'apparaissent
plus comme les moteurs premiers de l'urbanisation de base. Pour le cas de Rosso
Sénégal la communalisation semble découler tout d'abord du
processus général de la décentralisation en cours au
Sénégal ensuite et plus du constat des dynamiques
économiques locales qui fondent la volonté des pouvoirs
politiques de promouvoir la ville.
Un peu partout en Afrique de l'Ouest, on observe un
renouvellement du semi des villes petites et moyennes. Ce processus correspond
à la diffusion de nouveaux modes de production et d'échanges,
autrement dit, à une mutation dans la diffusion du travail.
Une observation attentive des dynamismes urbains laisse
apparaître le poids de la localisation relative aux grandes
artères routières, et cela, aux différents niveaux de
l'armature urbaine. Les positions privilégiées restent donc
celles d'étape sur une grande artère, ou celle
d'intermédiaire et de contact (contact de milieux écologiques, de
régions agricoles, périphéries de grandes
agglomérations, frontières politiques etc.).
La fin des années quatre vingt a été
profondément marquée par une série de mutations qui ont
fortement affecté les organisations sociales, politiques,
économiques et administratives de la sous région ouest africaine.
Les petites villes ont bien évolué dans ce contexte et se
retrouvent à exercer de nouveaux rôles. Dans le cadre des
politiques de décentralisation, avec un désengagement de plus en
plus accentué des Etats, elles accueillent les instances des nouvelles
collectivités territoriales souvent plus autonomes et moins
dotées en moyens que leurs aînées. On remarque que la
promotion administrative n'est plus forcément génératrice
d'urbanité. Cette dernière viendrait plutôt, comme une
consécration, de la dynamique endogène consécutive d'une
position éminente. De plus en plus, le développement à la
base est entrepris en attribuant une place de choix au gouvernement local et
à ses capacités de mobiliser les ressources propres du milieu.
Les petites villes sont devenues un enjeu politique pour les
pays en développement. Elles ne laissent pas aussi indifférente
la communauté scientifique mondiale. Elles font l'actualité dans
le domaine de la recherche sur les établissements humains. On
perçoit de mieux en mieux l'intérêt qu'elles suscitent
auprès des chercheurs et des politiques. Cette attention portée
en elles trouve bien une explication dans ces contextes majeurs : -
l'échec de nombreux projets de développement et
d'aménagement, - un désengagement des Etats aux prises avec une
grande pénurie de ressources, - la descente du pouvoir au gouvernement
local, - une approche du développement local impliquant d'avantage les
populations à la base, - le développement de la
coopération décentralisée1(*). L'autre explication est à chercher dans le
fait que c'est ici l'émergence de novelles formes d'urbanité qui
ne sont pas les fruits de l'héritage colonial.
Le contexte colonial a été aussi celui de
l'émergence des frontières nationales, de la constitution de
grandes métropoles et du développement du trafic routier, autant
d'éléments géographiques qui offrent
des opportunités à certains établissements humains selon
leur position relative. Les petites et moyennes villes peuvent profiter de
l'existence de routes mais rares sont celles qui peuvent réclamer une
position de ville carrefour.
Le Sénégal s'est fortement encré
dans la poursuite des politiques de décentralisation. La région,
les communes et les communautés rurales voient ainsi leurs
prérogatives plus importantes. Cette orientation poussée vers la
décentralisation offre à la commune de Rosso
Sénégal des perspectives nouvelles.
La ville de Rosso fait partie de la dernière
génération des communes instituées au
Sénégal. Cette communalisation peut être vue comme une
consécration administrative. Elle témoigne d'un
d'intérêt affiché par l'Etat central pour une
collectivité périphérique. Rosso se singularise par le
dynamisme des activités transfrontalières qui sont le ferment
d'une économie locale potentiellement forte. La décision de faire
de Rosso une commune de plein exercice n'est il pas une façon pour
l'Etat de marquer sa présence tout en confiant la gestion de la
localité à un « gouvernement local » qui a la
charge de son développement ? La rente frontalière est elle
suffisamment conséquente pour impulser un développement local
urbain ? Tout au long de ce travail il sera question de replacer la
commune dans le contexte géographique et géopolitique qui est le
sien. Aussi allons nous voir qui sont les parties prenantes dans la gestion de
l'espace frontalier avant de nous intéresser aux effets de la dynamique
frontalière dans le développement économique et social de
la collectivité.
PROBLEMATIQUE
Les relations qu'une ville peut entretenir avec son
environnement lointain ou immédiat sont essentielles dans sa
structuration économique et sociale. Comme le dit J.B. GARNIER
« la ville noue des relations avec d'autres villes qui lui sont
proches ou lointaines, qui entretiennent des relations avec
elle »2(*). La
faiblesse ou la performance de l'économie dans une cité,
détermine les conditions de vie de ses populations donc conditionne leur
épanouissement. La capacité que peut développer une ville
à nouer et à entretenir des relations avec d'autres homologues
contribue beaucoup à la construction d'une économie locale dont
la bonne tenue reste largement dépendante de la qualité et de
l'efficience de ces relations. Ces dernières sont vécues
à tous les niveaux et secteurs de la vie économique et sociale.
Ce sont surtout des relations d'échange dans l'essentiel des domaines
d'activité.
Les échanges qu'un organisme urbain
développe avec ses milieux, aussi bien intérieur
qu'extérieur en font simultanément, un débouché
c'est à dire un marché récepteur lieu de consommation et
producteur de biens et de services c'est à dire un marché
émetteur. Cela rend indispensable son intégration dans les
différents niveaux et compartiments de l'armature urbaine de la
région ou du pays où il se trouve, voire de la sous
région, avec lesquels il est lié par des liens d'
interdépendance.
Dans l'armature urbaine sénégalaise, on
note l'existence de villes bordières comme celles qui longent le fleuve
Sénégal. Ce dernier représente la limite septentrionale du
territoire national et n'en est pas moins la frontière avec la
Mauritanie. Cependant, l'existence d'une frontière ne semble point
être un obstacle encore moins un frein qui empêche les villes du
Delta de se tourner vers celles de la Mauritanie voisine. Cette ouverture vers
ce pays a favorisé l'existence de relations dynamiques dans des domaines
aussi divers que variés. Ils vont des échanges de services, de
biens en passant par les ressources naturelles. Ils sont aussi commerciaux et
socioculturels.
Les échanges commerciaux sont, sans conteste,
les plus prépondérants. Ils concernent essentiellement les
produits et marchandises, les denrées de première
nécessité, des matériels divers: appareils
électroniques et électroménagers. Aucun doute ne persiste
en ce qui concerne l'importance et la diversité des échanges
effectués entre ces deux souverainetés. L'activité
commerciale entre les deux pays s'insère, d' une part, dans un circuit
formel, dans lequel il est contrôlable et contrôlé par les
services compétents, représentants les deux Etats. Cela est
possible parce que l'essentiel des produits échangés transite par
les voies de passage officielles. Cette activité fournit des dividendes
considérables aussi bien pour les Etats que pour les
collectivités locales directement concernées, grâce aux
taxes prélevées sur les biens et les personnes. Cela constitue
par ailleurs un ensemble de contingences que bien des acteurs tentent de
déjouer en choisissant la pratique de leur activité en toute
illégalité.
D' autre part, le commerce transfrontalier, pour une
large part, gît dans l'informel. Leurs succès sont surtout dus
à la surpuissance du franc CFA (devise sénégalaise) sur
l'UGUYA (UM : la monnaie mauritanienne). Cet écart dans la valeur
des monnaies favorable au Sénégal permet aux commerçants
sénégalais de se procurer des produits à des prix
relativement bas comparés à ceux qui sont pratiqués au
Sénégal. Le non paiement de taxes et les quantités souvent
importantes de marchandises échangées, favorisés par la
porosité de la frontière fait que ce secteur ne cesse de
recruter au sein des populations en manque d'activité. C'est devenu pour
beaucoup d'individus un créneau porteur compte tenu du taux de
chômage sans cesse galopant, qui frappe tout le pays mais surtout les
villes de l' intérieur qui souvent n' enregistrent la présence d'
aucune unité industrielle et ont du mal à offrir des emplois
salariés. Pour les villes de la région de Saint-Louis, cette
situation est rendue plus difficile par les écueils sur lesquels bute
le secteur agricole, dont le dynamisme est en perte de vitesse depuis ces
dernières décennies et qui a longtemps été
perçu comme une vocation naturelle de la région. Aujourd'hui, il
occupe une bonne partie de la population des villes de la région sans
distinction aucune ni du sexe ni de l'âge.
Le caractère illégal, qui fait que la
majorité des échanges n'empruntent pas les voies officielles rend
difficile le fait d'en parler. En effet, il est pratiquement impossible de
dresser des statistiques fiables qui puissent rendre compte de manière
fidèle et scientifique l'information sur les
quantités et la qualité, mêmes approximatives, des
échanges effectués. Cela pose naturellement la
problématique des réseaux d'échange. Il serait
intéressant d'étudier leur configuration mais aussi et surtout
leur opérationnalité dans le contexte géographique et
sociologique qui est notre cadre d'étude.
Parler des échanges transfrontaliers entre le
Sénégal et la Mauritanie c'est aussi évoquer le
problème des ressources naturelles. Pour le cas d'espèce il est
surtout question de ressources halieutiques tant il est vrai que les deux pays
ont en commun le fleuve Sénégal et l'océan atlantique.
Les implications économiques et les enjeux stratégiques font que
la gestion et l'exploitation de ces ressources demandent une certaine
coordination entre les deux ensembles. Si pour le cas du fleuve le
problème ne semble point se poser, grâce, d' une part à
l'existence d'un organisme régulateur : l'Organisation pour la Mise en
Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS)3(*) et d'autre part par la timidité du secteur de
la pêche fluviatile, cela est loin d'être le cas pour ce qui est
des ressources maritimes. En effet malgré la signature d'accords dans ce
domaine, il est fréquent de voir la presse faire écho d' heurts
entre les pêcheurs sénégalais et les gardes de côte
mauritaniens. Cette situation installe souvent les populations des deux pays
dans un climat de friction qui n'est jusqu' à présent pas
arrivé à bout des relations de « bon
voisinage » mais qui, à la longue, peut être source de
conflits. La connaissance de l'importance de ces échanges peut aussi
être un indicateur de la situation d'interdépendance qui
prévaut entre les deux entités territoriales.
Outre ceux que nous venons d'évoquer, il y a aussi des
échanges socioculturels. Ils sont fondamentaux dans le cas
présent. En effet le Sénégal et la Mauritanie sont
liés par une histoire commune. Celle ci transparaît dans la
communauté des peuples et des langues. Cette symbiose socioculturelle
prend sa source aussi bien dans l'histoire ancienne que celle récente.
Pendant la période coloniale, la ville de Saint-Louis a
été la capitale de la Mauritanie jusqu' à l'accession de
celle-ci à la souveraineté internationale en 1960.
Si on reconsidère aujourd'hui la situation
économique dans les villes du Delta, compte tenu de la conjoncture
actuelle, on est tenté de se poser cette question simple mais non moins
importante : comment cette population parvient elle à survivre ? En
effet, la région du fleuve est réputée de vocation
agricole et depuis les programmes d'ajustements structurels des années
quatre vingt, le secteur agricole ne cesse de battre de l'aile. La situation
s'aggrave, accentuée par une constante augmentation de la population des
jeunes. Le problème de l'emploi se pose avec acuité. La
recherche de solutions à leurs problèmes de chômage a
favorisé l'émergence d'un secteur intermédiaire autrement
nommé secteur informel. La question est de savoir si est ce que ce
secteur informel n'est pas tributaire des échanges transfrontaliers? Les
réponses à ces différentes questions sont d'une importance
capitale car elles sont posées dans un contexte de promotion et
développement des collectivités locales à partir de leurs
ressources locales propres.
HYPOTHESES
1. L'économie de la Région de Saint-Louis,
particulièrement celui de la ville de Rosso Sénégal,
dépendrait de sa proximité avec la Mauritanie.
2. La ville de Rosso Sénégal n'existerait que
grâce à la rente frontalière, à l'existence du
commerce et des échanges entre le Sénégal et son voisin du
Nord.
3. Elle dépendrait aussi du développement de
plusieurs types d'activités qui sont de prés ou de loin
dépendantes de la situation de ville frontière qui offre des
emplois en dehors des secteurs traditionnels et qui contribuent à la
création de richesses et la formation de revenus pour la
collectivité.
4. La ville de Rosso serait structurée par les
échanges transfrontaliers.
QUESTIONS DE L' ETUDE
La perspective de vérification de cette présente
hypothèse, nous a conduit inéluctablement à essayer de
répondre sinon d'ausculter les questions suivantes:
1. Comment s'organisent ces activités, qui en sont les
principaux acteurs intervenants et quel est leur apport dans le
développent urbain de la commune?
2. Comment se présente l'avenir de ces échanges
dans le contexte économique et social où se situent les villes du
Delta particulièrement ici la ville de Rosso?
3. Quelle place occupent les échanges transfrontaliers
dans l'économie locale domestique ?
4. Le développement de la ville de Rosso
Sénégal n'est il pas intrinsèquement lié à
l'existence des activités attitrées par la frontière et
du ``désordre'' qu'elles causent ?
OBJECTIFS POURSUIVIS
Les villes du Delta sont de tailles petites ou moyennes. Elles
font partie de cette catégorie d'organismes urbains qui suscitent, dans
le contexte africain actuel, un grand intérêt pour la recherche
en milieux urbain. Dans ce travail, les objectifs visés sont
articulés autour des différents axes ci dessous
dégagés :
1. Etudier pour comprendre les dynamiques économiques,
sociales et spatiales des agglomérations de la région Nord du
pays en procédant à l'étude de cas de la commune de Rosso
Sénégal.
2. Voir comment la ville fait face à ses nouvelles
responsabilités. Joue-t-elle un rôle moteur ou se laisse-t-elle
entraîner par sa voisine du Nord?
3. Apprécier la capacité d'adaptation des
populations à faire face à la crise qui affecte les
économies locales de ces structures urbaines émergentes.
4. Déterminer l'impact des échanges
transfrontaliers dans le développement urbain de ville de Rosso
Sénégal.
APPROCHE THEORIQUE
Etudier les échanges transfrontaliers entre les villes
du Delta et la Mauritanie constitue pour nous une nouvelle problématique
dans le contexte de recherche où nous sommes. Tout au long de ce travail
nous serons emmenés à faire recours à certains notions et
concepts, qui constituent les mots clés du sujet que nous abordons.
Ils méritent qu'on y apporte quelques éclaircissements qui nous
permettrons de nous familiariser avec eux car, sans doute, reviendront-ils
souvent tout au long de l'analyse.
Qu'entendons nous par « échanges
transfrontaliers ou frontaliers » ? Quelle
compréhension devons-nous avoir du mot
« échange ». Quelles
réalités entourent la notion de
« frontière » ?
Quelle est l'origine du mot ? Quelle est sa signification dans le contexte
africain ? Quels sont ses différents rôles, où se
situe le débat qui est entretenu autour de la question des
frontières? La frontière est susceptible de créer un
nouveau type d'espace : l'« espace
frontalier ». Qu'en est il de cet espace, et
comment est-il analysé et perçu par les auteurs qui s'y
intéressent comme sujet de réflexion et qui étudient les
nouvelles problématiques qu'il dégage?
La notion de
frontière
Habituellement, la frontière
est entendue comme une limite de la souveraineté et de la
compétence territoriale d'un Etat. Pour DURRUAU. M.4(*), l'espace étatique
est limité par des frontières qui sont des faits
géographiques « par le problème que pose leur
localisation géographique, et par le phénomène humain dont
elles entraînent la création ». NOON. H.5(*) fait l'analyse de la
frontière et finit par la définir comme étant «
une ligne dynamique de part et d'autre d'une limite». Selon lui, la notion
de frontière, dans sa conception, renferme aussi bien le
géographique que l'idéologique.
En effet, la notion de frontière est
omniprésente dans le discours idéologique défendu par les
mouvements de revendication nationalistes qui ont émaillé de leur
présence et parfois même de leur virulence toute la fin du
19ème et le début du 20ème siècle. La question des
frontières a toujours été au centre du débat
politique et idéologique. Les compréhensions des
différents groupes divergeaient assez souvent tant les arguments
utilisés comme termes de référence dans la
définition et la justification des légitimités
étaient distincts. Les frontières mettent en lumière les
intérêts divergents des Etats, surtout quand ils sont voisins. De
ce fait, les disparités se dessinent en fonction des critères de
définition qu'on prend en compte. Si on met en avant la dimension
historique cela peut ne pas être en corrélation avec la dimension
idéologique qui elle se réfère, la plus part du temps, au
caractère naturel. Sous l'angle historique, les frontières sont
tracées en fonction des réalités du passé où
elles sont considérées comme un leg dont devait hériter
les nouvelles communautés. Les réalités
géographiques ont servi, elles aussi, de support pour revendiquer,
exiger ou tout simplement ériger des frontières. Ces
réalités géographiques peuvent correspondre à des
accidents topographiques majeurs, à des tracées hydrographiques
de grande envergure comme les fleuves, les rivières, les grands lacs
etc. Pour autant ; la frontière n'est pas uniquement une ligne
qui sépare des entités territoriales distinctes.
Elle est une réalité qui regroupe plusieurs
dimensions. On peut en ressortir l'économique, le politique, le
social et le culturel. Cet aspect multidimensionnel permet à la
frontière de jouer plusieurs rôles en cela qu'elle est un
catalyseur d'énergies. RATTI cité par NOON, donne cette
définition de la notion de frontière qui a le mérite de
faire un tour d'horizon des différentes
spécialités des frontières. Il voit en la «
frontière » :
« un concept duel à la fois, doté
de fonctions de séparation entre : des systèmes politiques
et institutionnels différents, autour des aspects légaux de
contrôle et de pouvoir, mais aussi un rôle de contact et
d'intermédiation, entre sociétés et collectivités
différentes telles qu' on les observait dans les régions
transfrontalières et doté d' effets selon que la
barrière économique, le rôle de filtre, plus ou moins
perméable ou de celui de zones de contact voire d' intégration
économique, se replient ou ouvrent les horizons et les
relations.»6(*)
Selon BURNET7(*), « les frontières sont des
ruptures stables, ce qui ne les empêche pas, comme d'autres ruptures,
d'être le lieu de dynamismes particuliers » qui sont les
ferments d'autres vocations. Parmi celles-ci, il y a celle créatrice. En
effet, la frontière peut favoriser et même être à
l'origine de l'installation militaire, du développement des
activités douanières etc. Elle a aussi cette capacité de
faire émerger des pôles d'attraction qui ont un effet
magnétique sur les hommes qui, le plus souvent, ont
intérêt à la franchir, ou à profiter du
franchissement par les autres : ouvriers, commerçants
frontaliers8(*).Comme autres
vocations, la frontière divise, désunifie, selon les
idéologies qui courent de part et d'autre. G.WACKERMANN9(*) le dit bien,
« c'est au nom des frontières que les Etats se
protègent politiquement en tentant d'éliminer ou de
réduire au silence intérieur et extérieur.» Ces
différentes analyses rendent compte de la dimension géographique
des frontières. D'autres mettent l'accent sur l'économique.
La notion de frontière renvoie à une
réalité purement économique de l'avis de certains auteurs.
Pour G. WACKERMANN, elle a toujours servi et, sert encore, de base au
protectionnisme. En outre, la frontière ne signifie pas toujours et ne
s'érige pas tout à fait comme une cassure10(*). Elle peut assurer et, dans
bien des cas, assumer un certain nombre de fonctions qui sont souvent
complémentaires et qui s'arriment plus ou moins parfaitement au reste de
l'économie.
Son pouvoir économique se manifeste par la
manière dont elle incite les différents acteurs appartenant
à des localités différentes mais qui la juxtaposent (la
frontière étant une ligne de démarcation), de mettre
à profit les différences observées au niveau des
législations ou des situations contrastées. Grâce aux
opportunités qu'elle ouvre dans ce domaine, la frontière peut
encourager les trafics et les commerces internationaux. Ces derniers sont
considérés par de nombreux auteurs comme étant lucratifs.
D'ailleurs, certaines réalités aux frontières tendent
à confirmer cette hypothèse. En effet, sur les frontières
on note l'existence de différences de prix, de taux de change
inégaux, de pratiques sociales permanentes ou saisonnières. Ces
considérations sont valables pour la réalité
frontière. Cependant en fonction du contexte de leur émergence,
du lieu de leur situation, de leur histoire, les frontières peuvent
avoir des significations différentes.
En Afrique subsaharienne, les frontières telles que
nous les connaissons aujourd'hui, sont une partie intégrante de
l'héritage colonial. Elles ont été tracées par les
puissances impériales occidentales, non pas « pour permettre
un développement des pays africains mais uniquement dans le souci de
créer des espaces dont la signification ne dépasse pas celle d'un
cadre de prélèvement colonial » IGUE. J. O cité
par BENNAFLA11(*). Dans ce
sillage on trouve de nombreuses thèses qui établissent des
liens étroits entre la situation de sous développement du
continent et son émiettement en une multitude d' Etats, ou bien trop
grands, ou bien trop petits, qui ont comme point commun, la lancinante
équation que pose leur viabilisation. Le morcellement politique est un
facteur primordial de différentiation de l'espace et de création
des jeunes Etats nations. L'Etat étant synonyme de frontière, les
lendemains des indépendances ont fini par
« sacraliser » les frontières léguées
par les régimes coloniaux malgré les veux pieux, les
déclarations d'intention et le combat acharné de plusieurs
partisans de l'union africaine. Pape Demba Fall12(*) lit ici une certaine centralité des
frontières dans la genèse des Etats africains. Il donne l'exemple
du Sénégal pour illustrer son propos. En effet, ce pays, aussi
petit qu' il est de par sa superficie qui ne fait même pas 200.000
Km², renferme toute la gamme des frontières identifiées
à l' échelle de la planète : - frontières
naturelles ( cours d'eau comme les fleuves), - frontières artificielles
« allant à travers champs », - frontières
maritimes.
Longtemps soumises aux feux de la critique, les
frontières sont aujourd'hui de mieux en mieux assimilées et les
africains ont fini par s'identifier à elles. Les frontières sont
devenues des réalités intangibles consacrées dans la
charte régissant l'Organisation de l' Unité Africaine (OUA) qui
s'est muée aujourd'hui en Union Africaine (UA). Elles ont
contribué à l'émergence d'autres espaces. Ces espaces
nouvellement créés transcendent les Etats. Ils font qu'en
Afrique, la problématique des frontières est, plus que jamais,
posée. Les acteurs politiques et économiques regardent les
espaces frontaliers de plus en plus comme des territoires économiquement
viables surtout avec les différentes crises économiques qui ont
traversées le continent noir au cours des dernières
décennies du 20ème siècle. La frontière
est vécue comme un support et pas seulement comme un lieu de
déséquilibre.
Les espaces
transfrontaliers
Le tracé des frontières a fondamentalement
contribué à l'apparition d'un nouveau type d'espace qui est le
fruit de son dynamisme. Nombres d'analystes ont essayé de mettre la
lumière sur le phénomène de leur naissance ainsi que sur
les mécanismes de leur fonctionnement. On voit apparaître dans la
littérature une multitude de termes et expressions, qui font souvent
référence à un ou plusieurs de leurs aspects, pour les
nommer. Des auteurs comme IGUE ont consenti des efforts de typification. Pour
IGUE il y' a trois sortes d'espaces transfrontaliers en Afrique de l'Ouest. Il
les distingue en fonction de leur degré de structuration et parvient
à proposer la classification suivante:
· les espaces à faibles dynamismes des franges
septentrionales arides saharro-saharienes,
· les espaces dits alternatifs actifs mais sans
équipements conséquents ni supports d'échanges et qui
fonctionnent comme de simples couloirs de passage et,
· les périphéries nationales qui se
singularisent par leur structuration par de nombreuses petites villes
frontalières, espaces d'échanges et de marchés autour
desquels, s'organisent une véritable vie des relations.
Cette typification insiste beaucoup sur le dynamisme souvent
constaté dans ces espaces situés aux franges des pays. Ces
« espaces périphériques nationaux » qui,
selon STARY13(*), sont des
espaces économiques articulés sur une ou plusieurs nations. Ils
s'appuient sur plusieurs éléments tels que les flux de produits
passant d'un Etat à un autre aux grés des opportunités.
Plusieurs termes sont ainsi utilisés par
différents auteurs qui, pour les spécifier par rapport au reste
des territoires, n'hésitent pas à user d'expressions de type
descriptives :
· « régions
informelles » en prenant en
considération le développement de petites activités de
commerce, d'artisanat, de contrebande, de trafics qui s' y déroulent
...,
· « d'espaces d'échange
réel » eu égard au déploiement
d'une vie des relations très actives qui fait souvent fi des
réglementations qui peuvent subsister. Cette dernière appellation
permet d'avoir la pleine mesure du dynamisme dont peuvent se prévaloir
les espaces transfrontaliers.
Le dynamisme, dont font montre les espaces transfrontaliers,
suscite des réflexions au niveau de la communauté des chercheurs
qui s'intéressent à cette problématique. Au delà de
l'effet frontière, d'autres paramètres sont recherchés
pour rendre compte du bouillonnement des franges périphériques.
Un fait important est à noter, les espaces frontaliers semblent se
détourner des territoires nationaux. On les appréhende souvent
comme des dynamismes locaux et localisés. Tel n'est pourtant toujours
pas le cas. En effet, ces dynamismes que l'on peut abusivement
caractériser de locaux, s'avèrent être, des témoins
importants à l'effort d'intégration par les mouvements
migratoires qui s'y passent sous diverses formes, les mouvements productifs,
les mouvements commerciaux spontanément mis en oeuvre par les
réseaux de solidarité communautaires, plus ou moins commerciales
et religieuses. Elles traduisent un effort d'articulation des territoires
à travers les échanges économiques et sociaux. On parle
dans la littérature, de triangle de développement,
d'espace de proximité, de zone de solidarité et
enfin de pays frontière.
· triangle de
développement renvoie au tropisme économique
soulignant l'importance de la combinaison de facteurs de production dans
l'espace,
· espace de
proximité met l'accent sur l'intégration,
· les zones de
solidarité témoignent d'une certaine
homogénéité des systèmes socioculturels
partagés par des populations éloignées.
· pays frontière
se réfère à l'homogénéité des
systèmes de valeurs mais aussi similitudes des systèmes de
production afférents à un espace transfrontalier qui peut
également être un bassin de peuplement.
Ces concepts ont un dénominateur commun. Ils renvoient
tous, aux dynamiques d'intégration qui peuvent s'opérer au niveau
des espaces transfrontaliers, aux contours que prennent ces formes
d'intégration aux mécanismes complexes et qui favorisent, pour le
moins, les échanges entre différents territoires.
Le concept d'échanges
transfrontaliers
Communément, on parle d'échange lorsque qu'il
se produit une opération de transmission, d'un produit, d'une
propriété, d'une possession moyennant une contre partie. Cette
contrepartie peut se présenter en nature ou en espèce. Dans le
premier cas, il est question d'un système de troc où les
échanges de biens se font sans intervention de la monnaie. Dans le
second cas, l'opération d'échange s'effectue avec le versement
d'une somme d'argent équivalente à la valeur marchande du bien ou
du produit. Une opération d'échange requiert,
nécessairement, l'intervention de plusieurs acteurs dont les rôles
et les influences peuvent différer, respectivement, en fonction de leur
importance. Les acteurs sont soit des personnes physiques, soit des personnes
morales14(*).
Les termes de l'analyse ci-dessus font, pratiquement,
référence au commerce. En effet, échanger peut vouloir
dire simplement commercer tant les propriétés et les
caractéristiques sont valables pour expliquer les deux mots. De ce
point de vue, si on fait référence aux échanges
transfrontaliers, on peut penser, de prime abord, aux activités
commerciales, aux échanges internationaux, qui intègrent la
réalité de « franchissement » des
frontières nationales.
Le franchissement des frontières implique les
échanges transfrontaliers qui n'ont pas laissé les chercheurs
indifférents. Certains d'entre eux ont étudié le
phénomène afin d'en définir les mécanismes et de
déterminer les incidences sur la vie des nations et de leurs
populations. On leur attribue plusieurs qualificatifs qui rendent compte des
nombreuses facettes dont ils répondent. On parle tantôt,
d'informels, de parallèles, de clandestins, voire d'échanges de
contrebande. D. BACH introduit le concept de régionalismes
transétatiques aux fins de mieux rendre compte, d'introduire et de
mettre à jour la nature et l'aspect des nombreuses activités qui
se déroulent au niveau de ces espaces.
METHODOLOGIE
Pour répondre à quelques questions essentielles
posées par l'étude (la définition de certains notions et
concepts, la prospection de l'état des lieux sur la
problématique des espaces transfrontaliers) l'une des voies
méthodologiques privilégiée a été la
recherche documentaire. Elle nous a permis aussi de prendre en
considération plusieurs aspects du phénomène
étudié.
Celle-ci nous a amené à visiter les
bibliothèques centrales des universités Cheikh Anta Diop de Dakar
(UCAD), Gaston Berger de Saint-Louis ainsi que le centre de documentation des
sections de sociologie et de géographie de L' UGB.
v Les ouvrages consulté à la
bibliothèque de l' UCAD :
GONÇALVES J., 2001 : Socio économie des
grands fleuves africains, CODESRIA, 50p.
SINJOUN L., 2002 : Les relations internationales
africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux, Dakar,
CODESRIA, 95p.
WACKERANN G., 2000 : Géographie
humaine, Paris, Ellipse Marketing SA, 352p.
v Les ouvrages consultés à la
bibliothèque de l' UGB
BARRI B., 1985 : Le royaume du
Walo : le Sénégal avant la conquête, Paris,
Karthala, 421 pages. ;
BELVAUDE C., 1998 : La Mauritanie, Paris, Karthala,
205p.
BERTRAND M. et Dubresson A., 1997
Les petites et moyennes villes d'Afrique Noire, Paris, Karthala,
p.p.7-13.
GIRAUT F., 1999 : Villes et Campagnes dans les pays du
Sud, Paris, Karthala.
Nourrir les villes en Afrique subsaharienne, 1985 :
Paris, Altersial, ENSIA-CRET, CRED, CERNEA, MSA, ORSTOM.
LAVERGNE R. (sous la direction de), 1996 :
Intégration et coopération en Afrique de l'Ouest,
Paris, Karthala- CRDI, 406p.
v Les ouvrages et mémoires du centre de
documentation de sociologie et de Géographie :
DIOP M. C. ET DIOUF M., 1990 :
Le Sénégal sous Abdou Diouf, Paris, Karthala, 436p etc.
KANE O., 2000-2001 : Etude d'un
système de transport fluvial en zone frontalière :
stratégie des acteurs et impact socio-économique (l'exemple des
piroguiers de Rosso), Mémoire de maîtrise de sociologie,
Université Gaston Berger de Saint Louis, 130p.
LOUM M. B., 1999-2000 : Dynamique
économique et intégration urbaine des marchés de
Saint-Louis, Mémoire de maîtrise de Géographie
Université Gaston Berger de Saint Louis, 109 p.
SAM K., 1996-1997 : Situation et intégration
des réfugiés mauritaniens au Sénégal : le cas
du département de Matam, Mémoire de maîtrise de
sociologie, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 110 p. etc.
Ces différentes institutions ont été
d'un apport important surtout en ce qui concerne la disponibilité des
ouvrages généraux et des mémoires des étudiants
avancés. Les documents officiels proviennent de l' ARD Saint-Louis
(agence régional de développement) et de la commune Rosso
Sénégal. La recherche sur le net a aussi été d'un
apport considérable.
Nous avons aussi fait recours à d'autres
matériaux comme les guides d'entretien qui ont orienté les
entrevues que nous avons tenues avec certains acteurs et les autorités
locales.
L'élaboration d'un questionnaire a été
aussi nécessaire pour compléter certaines informations en
procédant à une collecte de données sur un
échantillon de la population. Les nombreux séjours que nous
avons effectués dans le lieu d'étude, notre
« immersion » dans les activités nous ont permis de
nous frotter avec la réalité de la frontière.
Voici en résumé les conditions dans lesquelles
nous sommes parvenus aux résultats qui ont guidés la
structuration de ce texte autour de trois axes majeurs. D' abord, dans la
première partie nous procéderons à la définition
de certains termes, notions et concepts qui intègrent l'étude
suivie d'une présentation du cadre régional et local dans lequel
nous agissons. Ensuite, nous ferons une deuxième partie dans laquelle
nous essayerons de déterminer les facteurs du développement des
échanges, de décliner l'identité des acteurs qui
interviennent au sein des espaces transfrontaliers et de préciser le
contenu des échanges. Enfin, la troisième partie sera
consacrée à l'impact des activités
transfrontalières dans la vie de la collectivité de Rosso
Sénégal.
PREMIERE PARTIE :
Présentation du cadre
d'étude et des facteurs de développement des échanges
transfrontaliers
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts4.png)
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts5.png)
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CADRE REGIONAL ET LOCAL
La présentation d'ensemble du cadre dans lequel se
déroule notre étude est d'un intérêt particulier.
Elle permet, de procéder à l'étude du milieu, en portant
notre attention sur les cadres physique, économique, géopolitique
etc. Cette présentation permettra de faire l'état des lieux sur
plan de la région avant de descendre au niveau local sur quelques uns de
ces aspects.
1. Le
cadre régional
Le grand bassin du Sénégal peut être
décomposé d'Est en Ouest en trois grands compartiments. Il
s'agit d'abord, de la Haute vallée qui correspond au cours
supérieur du Sénégal situé au Mali et en
Guinée Konakry. Ensuite, de la Moyenne vallée qui se
présente comme étant une région avec un climat plus
clément et moins extrême. C'est sans doute se qui en fait une
région ou la pratique de l'agriculture sous pluie est
développée notamment dans sa partie qui n'est pas
inondable : le « djiéry ». Le
« djiéry » s'oppose au « walo »
qui est la partie submersible lors des crues du fleuve. C'est la partie la plus
haute et ses étendues larges font que c'est aussi une zone où
se pratique l'élevage. Enfin, la basse vallée : c'est la
partie la plus au Nord du cours du fleuve. Allant de Richard Toll à
Saint-Louis, on peut y distinguer la zone éco-géographique du
Delta.
a) Le
cadre géographique général du Delta
La région du Delta proprement dite est une grande
étendue d'environ 5000km2. Elle va de la nouvelle brèche
artificielle creusée en 2002 jouant le même rôle que
l'embouchure du fleuve Sénégal située à 25km en
aval de la ville de Saint-Louis à l'amont de la ville de Dagana. Elle
est délimitée par les latitudes 16° et 15°30 Nord et
les longitudes 15°30 et 16°30 Ouest. La zone du Delta est
assimilable à une vaste plaine dont l'altitude moyenne est
inférieure à deux mètres (IGN). Elle est bordée au
Nord et au Sud par des massifs dunaires dont la hauteur peut atteindre dix
mètre. Le Delta présente un milieu naturel très
spécifique. La pluviométrie y est dans l'ensemble très
faible et dépasse rarement les 300 mm/an. La présence de grandes
cuvettes argileuses a favorisé l'idée d'un développement
par l'agriculture bien avant les indépendances. C'est pourquoi, il est
vite devenu un « point d'ancrage» pour les grands projets de
développement hydro agricoles et agro industriels. Pourtant, a priori,
le Delta n'était pas destiné à l'agriculture. En
effet l'essentiel de ses terres sont salées. Dans sa partie
appelée « walo », c'est à dire les zones de
crue, les terres les plus fertiles ne représentent qu'un faible
pourcentage (5% pour certains) du total de sa superficie.
La région du Delta présente un profil
climatique presque désertique au Nord devenant de plus en plus
sahélien dans ses parties Sud et Centre. Ces caractéristiques du
climat ne manquent pas d'influencer le régime du fleuve même si
ce dernier dépend aussi largement des cours d'eau du haut. Actuellement,
l'érection des barrages (Diama et Manantali) a modifié le
régime hydrologique du fleuve qui ne suit plus le rythme des saisons.
Le fleuve Sénégal, d'une longueur de 1800 Km
est la résultante de la réunion à Bafoulabé de deux
affluents : le Bafing et le Bakoye. Sa source se situe sur les montagnes
du Fouta Djalon en Guinée. Il se présente aujourd'hui comme une
frontière commune partagée par les Etats du Mali, de la
Mauritanie et du Sénégal. Ainsi, il devient
l'élément central de la réalité géopolitique
de ces trois Etats. Il est aussi le noeud autour duquel se pose un certain
nombre de problèmes afférents à l'eau, la terre, aux flux
migratoires qui sont cruciaux car, renvoyant à l'expression de la
souveraineté nationale de ces pays.
Dans la tradition ancienne, le Delta se situait sur les
marges occidentales des grands empires qui ont marqué l'histoire
politique du Sahel tels que : les empires du Ghana, du Mali et du
Songhaï. Aussi, était-il un point d'aboutissement du commerce
transsaharien. Principale territoire de la pénétration
européenne au 19ème siècle, le Delta a
été le point de départ de l'occupation coloniale au
Sénégal et dans les pays du Soudan. De ce fait il sera la
première entité territoriale à être conquise et de
manière totale par la puissance impériale française en
Afrique de l'Ouest. Cette occupation précoce va rapidement modifier les
systèmes de valeurs, les formes d'organisation sociale et de production
économique. On assistera à une occupation effective qui va se
matérialiser par l'implantation d'une nouvelle économie et qui
va jeter les bases d'une nouvelle forme d'organisation spatiale et de
l'urbanité.
b)
Une région dépositaire d'une vieille tradition urbaine.
Le Delta est décrit aujourd'hui comme étant une
région ancrée dans une ancienne tradition urbaine. Presque
toutes les villes qui y sont rencontrées, sont pour la plus part
d'anciennes escales fluviales qui ont fait la prospérité de leurs
populations aux temps où le commerce de la traite avait pignon sur rue.
Le trafic fluvial qui permettait de faire la jonction entre les
différentes localités a été très
déterminant dans la mise en place des centres urbains dans la
vallée. Dans l'ensemble, la structuration de l'armature urbaine a
fortement été influencée par les mutations fonctionnelles
qu'ont subi ces différents centres urbains. La région
se trouve au coeur et aux premières loges des politiques de
développement initié par les gouvernements du
Sénégal. C'est là, sans doute, une des principales raisons
de l'omniprésence de la Puissance publique dans le secteur où
elle vise un objectif central à savoir une meilleure exploitation et
une mise en valeur plus judicieuse des potentialités locales. Cet
intérêt a eu, par conséquent, des effets plus ou moins
stimulants sur le ou les processus d'urbanisation de l'ensemble de la
vallée et plus particulièrement dans sa région basse.
Au demeurant, les villes du Delta n'ont pas toutes suivi les
mêmes trajectoires, n'ont pas intégré les mêmes
processus, ne présentent pas toujours les mêmes
éléments pour rendre compte de la façon dont s'est fait
leur urbanisation :
-Saint-Louis, une ancienne plaque tournante et ancienne
tête de pont des villes du delta. Elle a joué à la fois le
rôle de capitale de l'Afrique occidentale française (AOF), du
Sénégal et de la Mauritanie.
-Richard Toll, a été propulsée par
l'installation d'une agro-industrie de très grande envergure juste au
début des années 1970. Elle est la deuxième dans la
hiérarchie du point de vue de sa population et premier si on prend le
critère économique15(*).
- Dagana est un petit centre administratif. Elle joue un
rôle très important dans l'encadrement de
son hinterland. Jusqu' à récemment (2002) elle avait sous sa
tutelle administrative Saint- Louis qui n'en était pas moins le chef
lieu de région.
-Rosso Sénégal peut réclamer la
situation de ville carrefour. Elle fait la jonction par la route et par le bac
entre le Sénégal et la Mauritanie. Cette localité vient
d'acquérir le statut de commune de plein exercice en 2002.
Dans l'ensemble on peut dire que les processus d'urbanisation
se singularisent partout par leurs spécificités locales
même si par ailleurs, ils recoupent plusieurs points de similitude. Les
aménagements réalisés pour le développement
agricole ont été déterminants pour chacune d'elles.
Dans le cadre du Delta les aménagements
réalisés ont conduis à un développement
exponentiel du taux de la croissance démographique. Celle ci a longtemps
été freinée par les conditions
« écologiques contraignantes » qui se manifestaient
par une rigidité du milieu naturel qui n'encourageait pas une fixation
encore moins un peuplement massif. Ce vide humain sera progressivement
pallié par la foule des nouveaux arrivants attirés par les
potentialités d'emploi et surtout par les tendances à la
sédentarisation qui sont les corollaires directs des nouveaux
aménagements sur les populations.
c)
L'économie locale du Delta16(*)
Le Delta en tant que zone éco-géographique se
confond aux départements, fruits du découpage administratif et
territorial, de Dagana et de Saint-Louis. La structure de son économie
locale est fortement marquée par la présence des trois secteurs
traditionnels à savoir le primaire, le secondaire et le tertiaire. Dans
ce cas précis, le secteur primaire joue les premiers rôles devant
un secteur moderne (secondaire) bien représenté et une
économie tertiaire très dynamiques.
Le secteur primaire joue un rôle très important
dans la structuration économique du Delta. En 1995 elle contribuait
jusqu'à hauteur de 22% du PLB (Produit Local
Brut)17(*). Ce dernier
était estimé à l'époque à
3,5% du PIB (Produit Intérieur Brut) du
Sénégal. La représentativité du secteur primaire
est perceptible à travers ses sous secteurs que sont l'agriculture,
l'élevage et la pêche. L'agriculture occupe naturellement la
première place. En effet, depuis l'époque coloniale le Delta a
fait l'objet de nombreux projets et programmes d'aménagement dans ce
domaine. Evoquer le secteur agricole du Delta peut renvoyer à la
riziculture. Toutefois, «contrairement à ce que l'on peut
penser, la culture du riz ne représente que 38% de la valeur
ajoutée produite par le sous secteur agricole »18(*). En réalité,
c'est la canne à sucre qui domine dans ce domaine et occupe la place de
première spéculation. Les autres productions sont relativement
importantes mais restent modestes face aux deux précédemment
citées. Tout de même il faut relever l'importance qui est
accordée au secteur de l'agriculture. Pourtant on ne peut pas dire la
même chose pour l'élevage qui est une partie intégrante
de l'économie primaire.
Aussi important soit-il dans la vie économique des
populations du delta, le secteur de l'élevage n'a pas été
considéré comme une priorité lors de la mise en place des
aménagements hydro agricoles. Pour d'aucuns, il serait même le
principal laissé pour compte dans les grands projets hydrauliques. Sa
réalité n'étant pas forcement bien intégrée
dans la planification globale, il se voit obligé, de disputer le
territoire avec une agriculture intensive (irriguée) avec laquelle elle
est presque incompatible. En effet, les aménagements supportent mal
l'empiétement et la transhumance qui faisait qu'une partie de
l'année les éleveurs venaient faire pâturer leurs troupeaux
sur les terres du Walo est devenue impossible. Cette situation est à
l'origine de sa marginalisation. Elle demeure cependant la principale
activité des Peuls une ethnie très représentative de la
région. Le secteur n'affiche plus ce dynamisme qui lui permettrait de
contribuer plus conséquemment à la formation du PLB tant le
contexte a évolué en sa défaveur. Tel n'est pas le cas
pour la pêche. Certes, elle n'a pas été
épargnée par les diverses mutations mais elle affiche, quand
même, une meilleure santé.
En effet, le secteur de la pêche pourrait se
définir comme un poumon de l'économie primaire dans la
région. Ouverts sur l'océan atlantique, traversés par le
fleuve Sénégal sur toute leur longitude et abritant d'autres
cours d'eau de dimensions respectables comme le Lac de Guère et la
Taouey, les département de Dagana et de Saint- Louis se trouvent dans
une situation privilégiée qui donne aux populations la
possibilité de s'adonner aux activités de la pêche aussi
bien continentale que maritime. Seulement il faut souligner que la pêche
continentale a perdu beaucoup de terrain dans le Delta. Cette
réalité est inhérente aux transformations
écologiques, consécutives à l'érection des ouvrages
de Diama et de Manantali qui sont venus perturber le régime hydrologique
du fleuve. A cela s'ajoute, la sur exploitation qui a conduit à une
diminution considérable de la ressource halieutique des eaux
douces19(*). Il ne faut
pas aussi occulter le fait que le secteur de la pêche dans son volet
pêche maritime dépend beaucoup de la coopération entre le
Sénégal et la Mauritanie. Ce sous secteur est très
dynamique surtout à Saint-Louis avec les pêcheurs traditionnels de
Guet Ndar. Elle participe grandement à la constitution du PLB. Il est
cependant difficile de mesurer ou de quantifier sa contribution exacte mais
sans risque de se tromper on peut dire qu'elle est conséquente20(*).
A côté du secteur primaire on note la
présence d'un secteur moderne très dynamique.
Il est caractérisé par la présence et le
développent d'unités agro industrielles. Il génère
à peu prés 20% du PLB local dont presque les
¾ par les seules industries. La Compagnie
Sucrière Sénégalaise fait figure de locomotive dans ce
sous secteur et, à elle seule contribue, pour plus de 15% dans le PLB
des deux départements de Dagana et de Saint-Louis pour l'année
199521(*).
Dan ce sous secteur on note aussi la présence d'un
ensemble de petites et moyennes entreprises dont le chiffre était
estimé en 1995 à prés 800 et qui en dehors des chefs d'
entreprise offraient plus de 5000 emplois. Dans ce domaine le secteur du
bâtiment et des travaux publics se positionne avec une part de
3% au PLB.
Le commerce est très présent. Il tient avec
le secteur informel une place de choix dans la mobilisation du PLB. Selon une
étude commanditée en 1995 par le Club du Sahel sur la relance des
économies locales du Delta, le nombre d'unités de production du
secteur informel urbain était de 29000 dont 13000 dans le secteur du
commerce. Toujours d' après cette étude, le secteur informel
emploierait dans la région une population de plus de 54000
personnes22(*).
Dans l'ensemble, on peut dire que l'économie du Delta
est essentiellement urbaine. En effet, la Zone du Delta fait partie des plus
urbanisées du Sénégal avec une population urbaine qui
frôle les 62% de la population totale et où 82%
du PLB est produit par les citadins23(*). Plusieurs acteurs économiques se
déploient dans la région avec aux premières loges l'Etat.
La présence de ce dernier s'explique par l'enjeu économique
qu'elle comporte et qui le place au coeur « des stratégies
agricoles de l'Etat Sénégalais ». Le Delta a
énormément bénéficié des politiques et
programmes de développement de l'agriculture dans notre pays. La
présence de l'Etat se lit aussi dans le choix d'implanter dans la
région une grande infrastructure agroindustrielle, des infrastructures
aéroportuaires, de grandes structures d'éducation et de
formation.
Les collectivités locales, pour être en phase
avec les nouvelles compétences et prérogatives institutionnelles
doivent se positionner comme de véritables acteurs de
développement. Une vue d'ensemble montre qu'elles peinent à jouer
pleinement ces nouveaux rôles. En attestent les nombreux problèmes
d'ordre structurel auxquels elles sont confrontées. Il est aussi
indispensable de replacer le Delta dans le contexte géopolitique de la
vallée pour avoir une meilleure compréhension de l'organisation
et du fonctionnement global de l'économie. En effet une bonne partie de
l'économie dépend des échanges qui se passent avec les
villes de la Mauritanie voisine et dans lesquels la ville frontalière
de Rosso Sénégal joue un rôle stratégique.
2.
Monographie de la ville de Rosso Sénégal.
a)
Caractéristiques physiques et ethno démographiques de la
population
Les aspects physiques du milieu :
La ville de Rosso n'est pas très présente dans la nombreuse
littérature consacrée à la région de Saint-Louis.
Elle se positionne géographiquement entre le méridien 14°
48 Ouest et le parallèle 16° 30 Nord. La ville est assise sur les
hautes levées de terres qui bordent le fleuve sénégal.
Les propriétés physiques sont pratiquement identiques à
celles que l'on rencontre dans le Delta du sénégal. Ici les sols
sont de type argilo limoneux. Cette caractéristique les rend favorables
à la pratique de l'agriculture. Pour preuve, la ville est
encadrée par les plantations de cannes à sucre de la compagnie
sucrière sénégalaise, les périmètres
irrigués ou se pratique la culture du riz, de la tomate et d'autres
spéculations.
Le climat est de type sahélien, la ville est
située à la marge Sud du désert du Sahara. Les saisons
des pluies dépassent rarement 3 mois, les saisons sèches vont
d'Octobre à Juin. Pendant cette période, la ville est soumise
à l'influence des vents venant du Nord. Des vents chauds et sec plus
connus sous le nom d'harmattan. Il faut dire que cette caractéristique
du climat n'est pas une exclusivité de la ville de Rosso, elle est
à peu prés, la même pour tout le Nord du
Sénégal.
Les aspects ethnographiques :
Traditionnellement, la ville de Rosso était occupée par trois
principaux groupes ethniques que sont : les Wolofs, les Haalpoulars, les
Maures. Ces trois groupes ethniques sont les mêmes que l'on retrouve
presque partout au niveau de la vallée. Jusqu' en 1950, la
localité était un petit village. Elle était opposée
sur l'autre rive à Rosso Mauritanie qui était une escale pour le
trafic fluvial colonial. L'année 1950 est marquée dans
l'histoire des deux localités jumelles. En effet, il s' y produisit une
inondation de la ville de Rosso Mauritanie. Chassées par la
montée des eaux, les populations de cette localité viendront
s'installer dans la ville de Rosso Sénégal contribuant ainsi,
considérablement, à l'augmentation de son poids
démographique.
Rosso Sénégal va gagner en importance avec la
faillite du trafic fluvial, mais aussi avec la construction de la route du
« djéri » en 1964 et la mise en service des bacs. Le
recensement général de la population de 1988, estimait la
population totale à 4825 habitants. En 2002, la population de Rosso est
passée à 9328 habitants24(*). Le sexe ratio y est favorable aux hommes,
contrairement à la tendance nationale qui voit ce paramètre
favorable aux femmes. Ici les chiffres sont éloquents, on recense, 4737
hommes soit 50,8% et 4591 femmes soit 49,2%. Cette disparité entre les
hommes et des femmes trouvent sans doute leur explication dans les
différents processus migratoires en cours dans la cité.
Outre la supériorité numérique que
représentent les hommes, la population de la ville est aussi
majoritairement composée de jeunes. Les moins de trente cinq ans
constituent presque plus de la moitié de la population totale (58,7%).
Autant les jeunes sont nombreux, autant les vieux ne constituent qu'une faible
minorité avec seulement 3,8 %. La sur représentativité des
jeunes n'est pas la conséquence direct d'un accroissement naturel de
la population, les raisons évidentes sont à chercher dans le fait
que la ville est devenue, par ses nouvelles fonctions, un réceptacle
pour toute une population de migrants, de plus en plus importante, en
provenance des localités de vallées, des autres contrées
du Sénégal et même des pays voisins. Le statut de
« ville frontière » et « de couloire
d'échange » en fait une destination finale ou provisoire,
plus que potentielle pour les populations migrantes.
Rosso est une ville multiethnique avec une forte dominance
des Wolofs qui font 73% de la population globale. Cette domination des
populations wolofs est à l'image du peuplement du Delta en
général où ils sont majoritaires25(*). Il sont suivis des
Haalpoulars qui représentent 21%. Les Maures et les Soninkés
sont faiblement représentées avec respectivement 04 et 0,3%. On
note cependant la présence de plusieurs autres nationalités de la
sous région. Toutes ces caractéristiques de la population
déteignent une réalité qui fait de Rosso une ville
d'intégration.
Il faut aussi souligner que la composition ethnique de la
ville était un déterminant majeur pour la vie économique
et social des habitants. En effet, elle régentait les systèmes de
production traditionnels et influençait beaucoup les structures
économiques locales
Tableau 1: Données
démographiques sur la ville de Rosso
Sénégal
Situation des ménages de la ville de Rosso en
2002
Nombre de ménages
|
1051
|
Nombre de concessions
|
753
|
Effectif des Hommes
|
4737
|
Effectif des Femmes
|
4591
|
Effectif total la population
|
9328
|
Nombre de personnes par ménage
|
9
|
Taux de masculinité
|
103,2%
|
Source :
Service régional de la prévision et des statistiques / RGPH
2002
Figure1 :
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts6.png)
Source : Document
provisoire du plan d'investissement
Communal de Rosso Sénégal (2004)
b) Les
systèmes de production
Le système traditionnel :
Traditionnellement, la économique reposait sur une économie de
subsistance. L'agriculture y occupait une place centrale à
côté de l'élevage, de la pêche et du commerce. Tout
d'abord, on pouvait distinguer un système de production wolof
basé l'agriculture de décrue au niveau des terres inondables du
Walo et sur intense activité de pêche fluvial. Ces
systèmes restaient très dépendants du milieu naturel. Les
cultures de décrues permettaient la production de céréales
comme le mil et le sorgho. La pêche se développait surtout dans
les cuvettes de décantation qui constituaient ainsi des endroits
très poissonneux tant les conditions écologiques étaient
favorables au développement et au renouvellement de la ressource.
Ensuite, il y a les systèmes de production maures et
haalpoulars (peuls).Ces deux derniers étaient quasiment, identiques. Ils
étaient aussi fondés sur l'agriculture, l'élevage, et le
commerce. Leur point commun est la mobilité des acteurs. En effet les
activités d'élevage et de commerce imposaient à leurs
pratiquants, des déplacements fréquents à travers la
région. C'est bien entendu la transhumance et le colportage dont il ici
question.
Ces systèmes de production dont nos avons fait ici
état, sont largement dépendantes des conditions naturelles qui
était à la fois leur force mais étaient en même
temps le ventre mou.
Le système moderne :
Aujourd'hui, l'économie de la ville s'articule autours des secteurs
primaires et tertiaires. En effet, pour ce qui concerne la ville de Rosso, il
sera difficile de faire état d'un secteur secondaire qui n'est pas du
tout représenté. Cependant, le secteur primaire joue un
rôle considérable dans la structuration économique de la
ville. L'agriculture, à elle seule, produit 20,8% du produit local
brut26(*). Presque c'est
le seul sous secteur qui affiche un dynamisme palpable. De plus en plus
l'élevage et la pêche diminuent en importance.
L'économie de la ville repose de plus en plus sur le
commerce transfrontalier et sur les nombreuses activités
parallèles engendrés par l'effet de la frontière. Le
secteur informel se distingue de plus en plus par sa présence. Elle est
devenue l'une des principales sources de production de richesse pour la
ville.
c)
L'état des infrastructures.
La ville est devenue commune grâce à la
réforme administrative et territoriale survenue en février 2002.
Ce nouveau statut est confirmé par le décret 171 du 21
février 2002. A première vue, la commune offre le visage d'un
« gros village ». Les infrastructures sont
absentes ou se trouvent dans un état de dégradation
avancé.
Les infrastructures scolaires se résument
ainsi : une école primaire, un collège
d'enseignement moyen de huit salles de classes fonctionnelles et de deux autres
en cours de construction. L'établissement ne dispose pas encore d'un
mure de clôture, n'est pas connecté au réseau
d'électricité et l'eau courante y encore un luxe inaccessible. Il
est aussi à noter la présence de « daara »
(écoles coraniques) dans les quartiers qui participent à
l'éducation religieuse des enfants.
Pour ce qui est du domaine de la santé, la
localité compte deux dispensaires qui s'occupent de la santé de
populations. Ces structures malgré leur présence sont
minées par des maux comme : exiguïté de l'espace,
déficit de personnel qualifié, manque de moyens logistiques. Ces
carences constatées dans les domaines de la santé et de
l'éducation sont les mêmes qu'on retrouve aussi dans les autres
secteurs. Cette situation est d'autant plus compréhensible que la ville
vient juste d'acquérir le cachet officiel d'établissement humain
urbain avec sa récente communalisation même si les
phénomènes d'urbanisation y son pendant longtemps
perceptibles.
La commune est desservie par une bretelle jusqu' à la
route nationale N° 2. Le paradoxe est cependant frappant
entre l'importance de cette bretelle si on considère son rôle
cruciale dans le système des échanges, et l'état de
vétusté dans laquelle elle est. Les multiples crevasses, les
innombrables nids de poules, l'étroitesse de cette route, sont autant
d'aspects qui, combinés à la sur fréquentation dont elle
fait l'objet, en font un danger permanant pour les personnes qui l'empruntent
et leurs biens. L' inexistence d'une gare routière fonctionnelle
entraîne une concentration de véhicules de toute nature et de
toutes dimensions sur un espace étroit , qui sert à la fois de
gare routière, de place de marché, de débarcadère.
Cette concentration se traduit par des embouteillages monstres qui ne manquent
pas de conséquences négatives sur la gestion des flux surtout au
niveau du quai.
Le quai de Rosso est sans doute le lieu le plus connu de la
ville. Il est construit sur à la pointe nord de la commune. Son
aménagement actuel, aussi fonctionnel soit - il, est frappé par
la vieillesse. En effet, il date de 1950 ce qui veut dire qu'il souffre du
poids de l'âge. Ce qui fût à l'origine une simple escale est
aujourd'hui le centre névralgique des échanges transfrontaliers
entre deux Etats voisins.
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts7.png)
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts8.png)
CHAPITRE II: HISTORIQUE DES RELATIONS
SENEGALO-MAURITANIENNES
Les liens qui unissent les villes du Delta et leurs
homologues de la Mauritanie trouvent leurs racines dans l'histoire
récente et ancienne. Les deux territoires ont toujours entretenu des
relations de dépendance et d'interdépendance. Une
complémentarité qui se manifeste, aujourd'hui, dans les
échanges qui existent entre les deux pays. Le Nord du
Sénégal et le Sud mauritanien appartiennent à un
même cadre géographique. Cette proximité
géographique favorise les connexions entre les populations. Il faut le
souligner, les relations entre les deux pays ont traversé des zones de
turbulence qui ont conduit à des déchirements certes, mais aussi
par des moments de stabilité qui ont été
déterminants dans la consolidation des fondements des relations qui
unissent aujourd'hui ces deux entités. Les rapports tumultueux de la
période anté-coloniale jalonnée de guerres et de razzias,
vont être suivies de la colonisation qui en fera, le temps de la
colonisation, un territoire unique sous le joug de l'impérialisme
français. Plus tard, les indépendances et les besoins
d'affirmation de souveraineté combinés aux conséquences
produits par les différentes politiques nationales vont peser de tous
leurs poids dans les relations entre les deux pays.
1.
Evolution des rapports avant et pendant la colonisation
a) Le déclin du royaume du
Walo
Le cadre géographique du Delta se confond avec le
territoire de l'ancien royaume du Walo. Entité politique et historique,
le Walo n'a pas été épargné par les effets du
commerce transatlantique qui a pénétré par le fleuve qui
en a été le véhicule. Ce dernier l'a, d'ailleurs,
grandement bouleversé. Le commerce de la région reposait sur le
trafic des esclaves et de la gomme. Le commerce triangulaire y a
entraîné une crise très profonde aux dimensions sociales,
politiques et économiques qui finiront par mettre un terme au dynamique
trafic transsaharien. Ce trafic était le lien qui unissait le Walo
à l'Afrique du Nord. Du reste, il concernait toute la vallée du
fleuve Sénégal. L'équilibre rompu entre les
différentes institutions du royaume, constituèrent les germes
d'une guerre civile (1830) qui contribuera à le rendre d'avantage
vulnérable. Cet état de faits est aussi consécutif au
renforcement de la présence et de l'influence des royaumes maures sur la
rive droite du fleuve où ils détiennent le monopole du commerce
de la gomme. Bien que l'exportation de ce produit ne fut pas très
importante, dans le commerce atlantique de l'époque, elle occupait,
néanmoins, une place considérable dans le commerce de
l'embouchure,27(*) aussi
bien au Walo que dans les régions côtières mauritaniennes
situées entre le Cap Blanc et le fleuve Sénégal
Les communautés villageoises fortement
islamisées résistèrent aux parties belligérantes de
la guerre civile à savoir : les « bracks », les
« thiédos », et les grands notables. Elles furent
épaulées par les marabouts musulmans dont l'un des principaux
objectifs était d'interdire la traite des noires (l'exportation hors du
continent)28(*). Il faut
noter que l'esclavage domestique continuait toujours d'exister. Pendant la
période qu'a duré la guerre des marabouts (entre 1673 et
167729(*) ) les
pratiques commerciales seront affectées par de profondes mutations
survenues sous l'impulsion des populations maures et du pouvoir
théocratique musulman qui gouvernait les
« Haalpoulars » de la moyenne vallée après
1776. Ils refusent de continuer le commerce des esclaves avec les
négociants traitants européens. Cela ne signifiera pas non plus
la fin de l'esclavage.
b) La vallée lieu
d'affrontement de la caravane et de la caravelle
Le 18ème siècle sera sous le signe
de relations conflictuelles entre les communautés maures
(berbères) et noires dans la région sud de la mauritanie. Le Walo
très affaiblit est obligé d'opérer le transfert de sa
capitale de la rive gauche à la rive droite. En même temps les
dépendants, serviteurs et affranchis exploitaient les terres de la
partie Nord de la vallée au profit de leurs maîtres : les
tributs guerrières des maures blancs. Le 18ème
siècle est aussi très important en cela qu'il voit le fleuve
devenir un axe majeur de la pénétration européenne. La
vallée devient le lieu où vont s'affronter la
« caravane » et la « caravelle ».
Simultanément se développent des escales fluviales qui, à
la longue, sont devenues des villes qui s'échelonnent aujourd'hui le
long du fleuve comme : Rosso, Richard Toll, Dagana, Matam, Podor pour ne
citer que ceux là. Saint-Louis qui était plus en aval jouait un
rôle de commandement qui dépendait beaucoup des axes de
circulation que sont le fleuve et la plaine alluviale.
A la fin du 19ème siècle, la plaine riveraine
de la rive droite était sous le contrôle des émirats du
Brakna et du Trazza. Les maures menaient des activités de plus en plus
manifestes aux points de traite et leur « emprise intéressait
les gommerais du sud mauritanien et du nord Sénégal ».
L'influence des maures est aussi perceptible à travers la religion et
les activités commerciales qui se déroulent dans les
différents royaumes du Sénégal à l'époque.
L'intervention des colons français et la conquête du Nord du
Sénégal vont mettre un terme à cette situation chaotique.
Une ère nouvelle s'annonçait: la colonisation.
c) la pénétration
européenne ou l'ère de la colonisation
« La conquête coloniale a donné un
coup d'arrêt à un siècle de crises internes et
d'instabilité politique et d'affrontement entre les populations
négro-africaines et les maures pour le contrôle des terres en rive
gauche»30(*). Le
Sénégal et la Mauritanie sont devenus des territoires conquis et
font partie de l'empire colonial français. Ces deux territoires sont
désormais séparés par des limites administratives
définies par le gouvernement colonial. Au niveau des zones riveraines on
assiste à de profondes mutations et des relations de toutes natures
prospèrent entre les deux rives du fleuve. Ces dernières peuvent
être lues comme étant les signes d'un brassage admis et
encouragé par l'autorité coloniale.
La colonie de la Mauritanie aura Saint-Louis comme capitale
d'où elle sera administrée. Il en sera ainsi jusqu' à son
accession à la souveraineté internationale en 1960. Que la
capitale de la colonie fût Saint-Louis, c'est sans doute là une
explication de la présence de nombreux sénégalais dan le
corps de l'administration mauritanienne. Ces fonctionnaires étaient
surtout des saint-louisiens ou étaient des ressortissants des autres
localités de la vallée31(*). Aux lendemains de la conquête
déjà, le sud mauritanien est investi par les ressortissants
sénégalais dont la présence sera renforcée.
Les échecs répétés de
l'administration coloniale dans son projet de colonisation agricole dans le
Walo ainsi que le développement amorcé dans le bassin arachidier
sénégalais ont détourné les actions des
colonisateurs vers l'intérieur du pays. La production marchande et le
commerce sont de plus en plus polarisés par la capitale (Dakar). On
assiste ainsi au dépérissement progressif du trafic fluvial.
Saint-Louis dont le rôle a été d'approvisionner la colonie
de la Mauritanie et des villes intérieurs dans la vallée ne joue
plus qu'un rôle secondaire même pour ce qui concerne les villes du
Delta qui lui sont géographiquement plus proches. La Mauritanie,
région désertique, n'intéressait pas. Elle se retrouve
presque délaissée et même marginalisée. Elle s'est
tournée vers sa capitale administrative et vers les escales du fleuve
Sénégal dont les économies ne sont pas mieux loties ;
elles sont soit au ralenti ou tout à fait stagnantes.
La période de la colonisation est aussi marquée
par l'implantation des communautés maures au Sénégal.
«Elles investissent le petit commerce dans les villes et les villages
du Sénégal »32(*).On peu aussi remarquer l'essor des
affinités religieuses sénégalo-mauritaniennes grâce
à la filiation maraboutique « khadres »,
« mourides », «
tijanes »33(*) etc.
Les deux colonies du Sénégal et de la
Mauritanie, étaient aussi reliées par une intense activité
de transport. BONARDEL. R. fait dans son ouvrage référence
l'existence d'une activité aérienne entre les deux territoires
et du dynamisme dont ces activités se prévalaient. Selon elle,
elles assuraient le transport de passagers et surtout assuraient les
approvisionnements urgents dans les villes intérieures mauritaniennes
qui disposaient de pistes d'aviations à l'époque.
Un bref aperçu sur cette analyse montre ce que SAM.
K. avait constaté « les échanges entre les
deux rives du Sénégal datent bien avant l'installation des
frontières issues du jeu colonial »34(*). Dans le même sillage,
DIOP. M .C et DIOUF. M., cités par SAM K. (1996-1997) affirment que
« les populations de la plaines riveraine du fleuve n'ont jamais
pensé et vécu le fleuve comme une
barrière. »35(*) Pour les deux auteurs la colonisation a même
favorisé une fragmentation de l'espace constitué par le bassin
du fleuve Sénégal par des délimitations
frontalières superficielles qui constituent un obstacle à
l'intégration.
2. Des
indépendances nationales au conflit frontalier de 1989
a) La réalité des
frontières nationales
Les années soixante sont témoins en Afrique de
l'émergence et du développement de mouvements nationalistes plus
ou mois exacerbés. Cette aspiration à la souveraineté est
suivie d'un vaste mouvement d'indépendance. Les colonies du
Sénégal et de la Mauritanie accédèrent presque
toutes ensemble à l'indépendance. Pour le Sénégal,
les services centraux de l'Etat sont transférés à Dakar.
En ce qui concerne la Mauritanie, la nouvelle capitale sera Nouakchott au
détriment de Saint-Louis. Les rapports entre les deux Etats nouvellement
indépendants vont se détériorer au cours des ans.
L'approvisionnement à partir de Saint-Louis des villes mauritaniennes
va disparaître petit à petit même si une vie des relations
est entretenue par la voie terrestre jusqu'au début des années
1970 grâce à l'ouverture de la grande route reliant l'ex capitale
du Sénégal et la ville de Nouakchott.
Les frontières commencèrent alors à
peser de tout leurs poids sur les relations entre les deux Etats. En 1966, la
Mauritanie déicide de passer à une nationalisation de son
commerce et de se départir de l'alliance douanière qui le liait
avec le Sénégal. Cette alliance douanière faisait passer
toutes les importations et exportations mauritaniennes par le
Sénégal qui avait hérité de la colonisation d'une
solide infrastructure portière. L'affirmation de son indépendance
vis à vis du Sénégal est sans doute, plus que tout autre
chose, l'expression de la souveraineté nationale. Les mêmes
raisons l'amèneront à quitter la zone du franc de la
Communauté Financière Africaine (f CFA), à créer
sa banque centrale et à émettre sa monnaie: l' UGUYA
Mauritanien (UM).
Dans le cadre géographique de la vallée, il
existait une organisation économique et sociale essentiellement
fondée sur les ethnies et leur statut dans la société en
général. Pour l'individu, l'appartenance à une famille
conférait un rôle et un statut dans l'ensemble social. Les
familles étaient lignagères et « elles
établissaient entre elles des relations de ségrégation par
rapport à leur activités des ordres de prééminence
différemment justifié, de liens de simple contact, des rapports
de souveraineté, et de dominance ou de subordination à
conséquence économique plus ou moins étendues.»
On pouvait donc distinguer une certaine division du travail qui
était le socle sur lequel reposait tout le système social avec
des classes d'hommes libres, des hommes de caste et des esclaves.
Le prestige et la représentativités des
familles dépendaient beaucoup de l'envergure des possessions en terre
surtout celles du Walo, réputés plus fertiles et de loin les plus
convoitées. Contrairement aux terres du
« djiéry », les parties inondables du fleuve
étaient dotées d'un régime foncier coutumier qui
conférait le droit de propriété. Même après
les indépendances et la définition des cadres nationaux qui les
ont suivies, les populations de la vallée continuaient d'exercer ce
droit coutumier sur ces superficies sans tenir compte des nouvelles limites
imposées par la naissance des nouveaux Etats.
Les nouveaux gouvernements, aussi bien celui du
Sénégal que celui de la Mauritanie, à la suite des
gouvernements coloniaux, avaient eux aussi, acquis la conviction que le
développement économique et social ne saurait se faire
sans le développement de l'agriculture dans la zone de la vallée
du fleuve sénégal. Cependant, il était clair que cette
promotion de l'agriculture ne pouvait avoir lieu sans une modernisation du
secteur qui, nécessairement, devait passer par la réalisation
d'aménagements plus conformes à l'air du temps. La
réalisation de ces ambitions étatiques se heurtait à une
forme d'agriculture ancienne, fortement ancrée dans une tradition
millénaire mais aussi et surtout à une nature juridique des
terres, qui ne laissait pas aux Etats la liberté d'action sur le
territoire.
Au Sénégal les autorités vont promulguer
la loi sur le domaine national en 1964 mais en Mauritanie la gestion des
terres est dévolue à l'autorité administrative.
-L'explication du conflit par la loi sur le
domaine national
L'Etat du Sénégal a adopté au mois de
juin 1964 une loi portant sur le domaine national. Cette loi avait comme
objectif principal de permettre à l'Etat de réaliser la politique
de planification et de développement du pays initiés
après son accession à la souveraineté international. Elle
lui a permis d'avoir, au moins, les coudées franches en annihilant les
contraintes relatives au sol. En effet, la loi sur le domaine national fait de
la Nation le propriétaire de plein droit de toutes les terres non
classées et de celles qui n'ont pas été
immatriculées avant l'entrée en vigueur de ladite loi. Elle
aurait ainsi permis à la puissance publique de s'accaparer de presque
45% du territoire du pays.
Cette loi qui venait remettre en cause une coutume de
plusieurs générations aura du mal à s'appliquer puisque
contestée par les classes qui étaient les véritables
détenteurs du pouvoir en milieu rural. L'Etat du Sénégal
essayera de contourner ces difficultés en adoptant la loi sur la
décentralisation de 1972. Il s'agit là d'une
décentralisation administrative et territoriale qui donne le pouvoir
à la communauté rurale par délégation de pouvoirs
parmi lesquels celui de la gestion des terres. Le décret
N° 80-86 /MINT/DCL du 29 janvier 1980 mettra cette loi en
application et permet ainsi, aux conseils ruraux de gérer et de
contrôler les zones de terroirs. Par la même occasion il sera
confié à la SAED (société d'aménagement et
d'exploitation des terres du Delta), la mise en valeur des zones
pionnières dans la vallée36(*). A partir de se moment il à été
plus loisible à l'Etat de mettre en oeuvre ses projets
d'aménagement. En regardant cette loi, on peut dire qu'elle a
été plus respectueuse et moins brutale pour les populations aussi
bien sénégalaises que mauritaniennes. Puisque il faut aussi le
souligner, les mauritaniens, même si c'est à des proportions plus
faibles étaient propriétaires de terres sur la rive gauche. Il
sera difficile de dire la même chose pour la gestion de l'administration
mauritanienne des terres de la vallée.
-La gestion administrative des terres en
Mauritanie
En Mauritanie l'attribution des terres en rive droite est
dévolue à l'administration qui élabore et adopte des
textes législatifs. C'est le cas de l'ordonnance
N°83-127/CSMN du 05 juin 1983, du décret
N°84-009 du 19janvier 1984 et circulaire N°
0005 avril 1984. Comme ont le verra ces textes n'eurent aucun mal a
entrer en vigueur et se verront même appliquer par les
représentants de l'administration mauritanienne dans la région de
la vallée. En effet, « le préfet mauritanien de
Bogué a décidé par arrêt N°
119/DB du 10 mai 1988 d'affecter des terres, neuf (9) lots de
terrains de 20 à 689 ha à de nouveaux arrivants maures
(béydanes) ». C'était là une mesure
d'expropriation, de facto, des anciens propriétaires en l'occurrence les
paysans négros mauritaniens et Haalpoulars. Les mouvements d'humeur ne
se firent point attendre de la part des sénégalais qui
revendiquaient leur droit de propriété coutumière. La
négation de ce droit par la Mauritanie est un élément
important et constitue un facteur essentiel dans la genèse du
conflit.
En réalité, les programmes d'aménagement
entrepris sur les deux rives n'ont pas pris suffisamment en compte le
préoccupations des populations locales et surtout les rapports de celles
ci avec la terre. Les réformes foncières de 1984 en Mauritanie
sont venues mettre un terme sur le droit de propriété que
détenaient les populations sénégalaises sur la rive gauche
alors que, pendant ce temps là, au Sénégal, des
mauritaniens étaient toujours en possession de terres qu'ils
continuaient à exploiter. Les frustrations n'en étaient que plus
exacerbées du coté des sénégalais.
L'attitude du gouvernement mauritanien a l'endroit des
négros mauritaniens et surtout des Haalpoulars n'est pas
étrangère au contrôle plus ou moins total des instances
supérieurs de l'Etat par la composante arabo-bèrebère. En
plus d'être au sommet de l'Etat elle détenait aussi le pouvoir
économique notamment les secteurs du grand commerce et de l'industrie.
Cette position stratégique pourrait expliquer l'utilisation de
l'administration dans la « compétition et la rivalité
ethnique ». Ceci a inévitablement aiguisé les
sentiments de haine et augmenté les frustrations au sein des
communautés marginalisées.
La dégradation des rapports entre les Haalpoulars et
les Maures va s'accentuer surtout avec les crises politiques et
économique du milieu des années 1980. Pour exprimer leur
mécontentement et en guise de protestation il sera publié le
« Manifeste du Negro mauritanien opprimé » par
le FLAM (Front de Libération de Africains
de Mauritanie)37(*).
Le FLAM sera accusé de tentative de coup d'Etat le
22 octobre 1987. Celle-ci conduira à l'arrestation de plusieurs
personnes appartenants au mouvement surtout les Haalpoulars. Ce
précédent sera aussi un argument pour réprimer une
nouvelle fois des Haalpoulars lors du nouveau tentative de putsch survenu en
Août 1988 alors qu' elle était cette fois ci le fait d' opposants
du mouvement bassiste. L'année 1988 précédant
l'année du déclanchement du conflit sera jalonnée de
toute sorte d'incidents d'ampleurs différentes entre agriculteurs et
pasteurs, entre populations noires et populations blanches, elle a
été une année marquée par de fortes tensions dans
les relations diplomatiques entre les deux Etats voisins.
-L'éclatement du conflit ou la mise a
nu de la haine raciale
La superposition de petites querelles dans l'espace
transfrontaliers sénégalo-mauritanien « du fait de
l'organisation territoriale ancienne, des perspectives nouvelles
créées par les nouvelles législations sur le
foncier », s'ajoutant à ces point les arbitrages
exercés sur les zones aménagées ont aboutit à
l'explosion d'un conflit entre deux pays liés par l'histoire et la
géographie et qui s'emblaient être voué au
même destin, un conflit aux relents fratricides
b) Une volonté
d'intégration toujours exprimée
Malgré les différends qui les opposent, les deux
pays n'ont pas cessé d'avoir des relations
« privilégiées » tant au sommet qu'aux niveau
de la base. Ces relations sont visibles à travers les nombreuses
tentatives de mise en musique d'une politique d'intégration
économique, sociale et culturelle. Au cours de l'histoire
récente, les deux pays se sont regroupés dans des organisations
inter étatiques qu'ils ont tous les deux contribué à
mettre en place avec d' autre pays du Bassin pour favoriser l' unités
des Etats et des populations autours de projets de développement
économique et sociale commune. Les organisations mises sur pieds sont
nombreuses mais leurs fortunes seront diverses avec des ambitions qui
étaient presque à chaque fois identiques.
Ces manifestations de la volonté des Etats à
l'intégration sont exprimées à travers la création,
juste après leur accession à l'indépendance en juillet
1963 à Bamako (Mali), du Comité Inter Etat (CIE)
pour l'aménagement du bassin du sénégal. C'est le
CIE qui décidera plus tard du statut du fleuve
Sénégal auquel il confère le statut de fleuve
international. Il tombera vite en désuétude et sera
remplacé, cinq années seulement après sa création,
par l' OERS (l'Organisation des Etats Riverains du
Sénégal) en 1968. L' OERS avait comme objectif
majeur de « favoriser un climat de compréhension
et de stimuler la solidarité entre les
Etats », « de favoriser le
développement et l'indépendance économique des Etats
membres ainsi que leur progrès
social », « de
promouvoir et d'intensifier les échanges commerciaux, la circulation des
personnes et des biens dans les Etats membres »38(*). Cette
organisation, suite aux malentendus survenus entre sénégalais et
guinéens sera contrainte à la disparition. Elle sera finalement
« remplacée » en 1971 par l' OMVS
(l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal). Elle
sera portée sur les fonds baptismaux avec comme
ambitions : « la promotion et la coordination
des études et des travaux de mise en valeur des ressources du Bassin du
fleuve Sénégal sur les territoires des Etats
membres. » (Article premier de la convention
créant l' OMVS)39(*). De toues les organisations qui l'on devancé
dans le champ de l'intégration sous régionale, l'
OMVS est la seule a avoir fait des réalisations
concrètes dont la portée est ressentie par tous ses Etats
membres. L'exemple le plus approprié est la construction des Barrages
de Diama et de Manantali.
Les deux voisins ont aussi cheminé ensemble au sein de
la CEDEAO (communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'ouest) jusqu à ce la Mauritanie décide de la
quitter en 1999. Il faut aussi signaler que la Mauritanie ne fait pas partie
de UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine)40(*).
Malgré les efforts énormes et les
intérêts communs poursuivis à travers ces organisations
internationaux, les deux pays n'ont pas su se prémunir d'un conflit
frontalier dont nous allons tenter de décrypter ici les tenants.
c) Le différend frontalier
de 1989
Le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie n'a
pas seulement comme cause les débordements de 1989 à Diawara. Il
prend racine dans la grande crise politico économique
occasionnée par les politiques discriminatoires des autorités
mauritaniennes à la défaveur des populations noires autochtones
(Wolofs, Haalpoulars, Soninkés). Suite aux désastres
causés par les multiples cycles de sécheresse qui ont
jalonné les premières décennies de l'indépendance.
En effet, l'économie mauritanienne est à dominante pastorale.
Celle-ci se trouvait entre les mains des maures (blancs) qui ont toujours
adopté la vie nomade. Les années 1968 et 1973 ont
été caractérisées par des piques de
sécheresse qui ont laminés les troupeaux des maures blancs. Ces
pasteurs nomades habitués des zones plus au Nord, se retrouvent dans une
situation qui leur impose de migrer vers le sud de la Mauritanie aux fins de
profiter des terres du « walo ». Cette situation va se
traduire par une concurrence accrue entre les populations autochtones et les
nouveaux arrivants. Les cycles de sécheresse ont donné aux maures
blancs des arguments supplémentaires de s'implanter d' autant plus que
leurs modes de vie étaient rudement remis en cause par les aléas
de la nature. La tendance à la sédentarisation devient pour
beaucoup d'entre eux une option pour la survie. La population des nomades en
Mauritanie passera de prés de 80% de la population totale dans les
années 1970 à 23% en 198041(*). Cette sédentarisation n'a pas uniquement
concerné les régions côtières qui enregistrent les
densités les plus fortes. Elle intéresse aussi le Sud-ouest
mauritanien qui est le prolongement naturel de la vallée du fleuve. Ce
vaste mouvement de sédentarisation a beaucoup influencé la
structuration économique et sociale dans l'ensemble de la
vallée.
Les maures blancs (béydanes) vont exercer une pression
de plus en plus grande sur des terres qui, traditionnellement, n'étaient
pas les leurres. Par ailleurs, leur principale activité,
l'élevage, va progressivement être remplacée par
l'agriculture. Naturellement la méfiance allait grandissante chez les
occupants traditionnels des terres de la vallée plus
particulièrement les Haalpoulars et les Wolofs. Ces populations
habitaient la rive gauche mais détenaient des possessions
coutumières sur les terres de la rive droite qu'ils ont pendant
longtemps exploité.
Toute cette situation découle de la
démultiplication des enjeux dans la région. Comme on pouvait
bien s'y attendre, ils n'ont pas laissé les autorités politiques
indifférentes. Un signe évident de leur prise de conscience, est
l'organisation et la tenue de rencontres entre les représentants
déconcentrées des deux gouvernements dans la région. En
effet, le 28 Août 1988, auront lieux à Aleg (Mauritanie) des
assises qui ont regroupés le gouverneur de la région de
Saint-Louis et les gouverneurs d'Aleg, du Gorgol, et de Rosso Mauritanie. Cette
rencontre avait débouché sur la signature d'un accord sur cinq
points saillants :
1) création d'une commission mixe chargée de
recenser les terres exploitées par les ressortissants
sénégalais en terre mauritaniennes et vice versa.
2) intégration des ressortissants
sénégalais en Mauritanie dont les terres ont fait partie des
programmes d'aménagement dans les zones aménagées.
3) maintient du statu quo partout où les
aménagements n'ont pas été effectués, c'est
à dire les occupants conservent leurs terres.
4) Libre circulation des biens et des personnes entre et
sur les deux rives
5) Les gouverneurs ayant participé à cette
rencontre organiseraient des tournées conjointes dans les
localités des départements sénégalais (Matam,
Podor, Dagana) et mauritaniennes (Kaédi, Bogué) pour expliquer
les accords d'Aleg aux populations et calmer les esprits.42(*)
Comme le souligne MAIGA, ces accords auront beaucoup de mal
à être appliqués par les deux parties. Du même coup,
les populations n'étant pas très bien informées et souvent
n'étant même pas au fait des dits accords, il va sans dire que,
les incidents n'ont donc pas cessés d'exister entre les deux parties et
de détériorer l'état de leurs relations.
Un regard sur cette analyse ne faite que confirmer
l'idée que le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie a
aussi comme fondement la question du foncier. Ce dernier en est, sans doute, le
principal élément d'explication.
L'incident qui met le feu aux poudres survient à
Diawara, un village du département de Bakel, suite à une simple
confrontation entre des cultivateurs et des pasteurs au mois d'avril 1989. Ce
qui était au début une simple altercation va
dégénérer en un conflit sanglant où seront
massacrés des dizaines de milliers de citoyens appartenants aux deux
pays43(*) sans compter les
immenses pertes en biens matériels et immatériels. Tout semble
être parti de l'intervention des gardes frontalières
mauritaniennes qui vont abattre deux sénégalais et prendre aussi
de nombreux autres en otage à la préfecture de Silibabi
(Mauritanie). A cette répression musclée des autorités
mauritaniennes sur des sénégalais, va suivre un vaste mouvement
d'humeur qui très vite se transformera en des émeutes qui vont
rapidement gagner les autres localités de la vallée mais surtout
les capitales des deux pays.
Au Sénégal ont s'en prit surtout aux boutiquiers
maures facilement repérables par l'activité. Des
commerçants maures ont été dépouillés de
leurs biens au cours des scènes de pillage. Nombre d'entre eux seront
aussi victime de lynchage par des foules hystériques en soif de
vengeance.
Le mois d'avril aura été aussi très
chaud pour les milliers de ressortissants sénégalais vivants, en
grande partie, dans les quartiers pauvres de Nouakchott. Ils seront victimes de
nombreux sévices. Beaucoup seront tués, des milliers d'autres
blessés et mutilés. A l'époque de nombreuses
témoignages recueillis à chaud par la presse auprès des
premiers réfugies faisait état d'une complicité de l'Etat
mauritanien dans les exactions commises contre les sénégalais.
Pour les plus extrémistes, il aurait même organisé les
massacres. Ce qu'il faut retenir c'est que: au cours des
événements de 1989, de nombreuses personnes seront
déplacées dans les deux sens de la frontière. Des
populations furent expulsées de Mauritanie alors qu'elles pouvaient
attester d'une présence en terre mauritanienne antérieure aux
indépendances nationales. Selon SAM. Kh. (1996-1997)44(*) 60000 négro
mauritaniens se retrouveront sur la rive gauche et 15000 autres au Mali. Se
considérant comme des mauritaniens ils se retrouverons au
Sénégal comme des réfugiés. D'ailleurs il est
difficile de les qualifier d'où cette profusion de
vocabulaire pour les
désigner: « réfugiés »,
« rapatriés », « refoulés »45(*). C'est là toute
l'explication des difficultés qu'ont éprouvé les
autorités à leur donner une nationalité et simplement
à régulariser leur situation. Les deux gouvernements vont mettre
un terme à leurs relations diplomatiques suite ces
événements tragiques.
Le conflit de 1989 ont surviennent dans un contexte
politique et ethnique bien particulier. Ils ont beaucoup affectés les
relations diplomatiques et simplement de voisinage entre les deux nations. Ils
ont aussi permis de prendre la mesure des différances qui les
sépares et ont démontré combien le chemin qu'il restait
à parcourir était long dans la réussite de
l'intégration des deux pays.
Le conflit va remettre au goût du jour la question de la
frontière longtemps éludée par les deux parties. C' set
là une question difficile à laquelle devront répondre les
autorités. Suites aux événements le Sénégal
a évoque la question en en brandissant un décret datant du 08
Décembre 1933 et stipulait que la frontière entre les deux
colonies du Sénégal et de la Mauritanie passait sur la rive
droite du fleuve sénégal. Ainsi, compte tenu des dispositions
régissant les deux Etats de l'Organisation de l' Unité Africaine
(OUA) aujourd'hui transformé en Union Africaine (UA) sur le principe
sacro-saint de l' « intangibilité des
frontières »46(*) le fleuve Sénégal devrait normalement
revenir au Sénégal ainsi qu'une patrie des terres longeant le
fleuve sur sa rive droite. A ce décret, les autorités
mauritaniennes opposeront un autre décret datant de 1905 signé
par l'administration coloniale faisant du fleuve la frontière
naturelle entre les deux pays et qui plus est n'aurait pas été
abrogé. Ce qui rend le problème du tracé des
frontières très complexe pour espérer une
résolution facile.
Quoi qu'il en soit, les deux gouvernements reprendront leurs
relations diplomatiques le 02 mai 1992 sans avoir résolu
« l'équation frontière » de même, la
situation des populations expulsées est toujours à l'ordre du
jour.
Malgré le réchauffement des relations
diplomatiques, la reprise des échanges officiels et le
redéploiement de la coopération, les deux Etats ne sont pas
à l'abri de problèmes dont la source principale ne serait rien
d'autre que les contentieux non encore vidés. Les responsables au sommet
ont sans doute affiché la volonté de surpasser et de transcender
les questions difficiles mais tel n'est certainement pas le cas pour les
milliers de personnes qui ont toujours le sentiment d'avoir été
spoliées de leurs terres, dépossédées de leurs
biens. D'ailleurs si le problème des réfugiés peine
à être solutionné c'est certainement à cause des
multiples écueils sur les quelles buttent les autorités pour la
satisfaction des conditions que posent ces derniers pour leur retour en
terres mauritaniennes.
CHAPITRE III: LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES
TRANSFRONTALIERS
Les échanges transfrontaliers sont essentiels pour le
développement de la ville de Rosso Sénégal. Ils en ont
fait, une ville célèbre, dynamique, active et fluide.
Comme toute activité de développement, leur extension est
lié à un ensemble de facteurs aussi bien endogènes
qu'exogènes qui, finalement, en définissent les aspects et en
orientent l'évolution. Les relations pouvant exister entre les
différents aspects tant géographiques, économiques,
sociales, culturelles, géopolitiques et bien d'autres, ont des impacts
qui peuvent être mitigés, pour dire en d'autres termes qu'elles
peuvent militer, oui ou non, en sa faveur. Nous allons, dans le contexte
précis de notre cadre d'étude, mesurer le poids de chacun de ces
facteurs sur l'essor des échanges transfrontaliers.
1. Les
aspects politiques des échanges transfrontaliers.
Les échanges transfrontaliers
comportent une dimension politique. Ainsi, ils apparaissent comme des
indicateurs qui permettent de prendre conscience et de mieux évaluer
«l'état de dépendance qui peut subsister entre deux
Etats qui partagent une même frontière»47(*). Cette relation
découle du fait que les Etats n'ont pas les mêmes niveaux de
développement et restent forcément liés par un
système d' interdépendance qui résulte de la
différence entre leurs ressources respectives, leurs types de
production, leurs politiques économiques (qui ne sont pas toujours
identiques), la nature de leurs demandes sociales, les exigences que leurs
imposent les options de développement qu'ils ont adoptées et les
exigences de la géopolitique (qui les poussent à nouer et
à maintenir des relations avec d'autres Etats).
a) Une
exigence géopolitique
Comme le dit si bien SINJOUN48(*), « les relations internationales
africaines sont marquées par l'interdépendance entre les Etats et
les acteurs internationaux ». Cette dépendance
interétatique est un phénomène connu de tous. Elle entre
dans le cours normal de la marche des nations. Cependant, tous les lieux du
territoire national ne sont pas, au même niveau, concernés. Elle
devient une réalité vécue, au quotidien au sein des
espaces transfrontaliers et surtout dans les villes
et villages qui les composent. La frontière est une
réalité politique. Elle structure, à la limite, la vie
économique et sociale des cités bordières grâce
à l'installation et au développement d'activités qui
accompagnent les échanges.
C'est dans cette logique politique que s'inscrivent les Etats
du Sénégal et celui de la Mauritanie qui, depuis leurs
indépendances respectives, ont cultivé des relations
diplomatiques et économiques qui ont permis l'existence d'un
environnement propice aux échanges entre leurs deux territoires.
L'une des nombreuses conditions nécessaires à
l'installation d'une activité transfrontalière dense et dynamique
est, de tout évidence, l'existence de relations diplomatiques
« solides », de l'effectivité d'une vie des
relations (voies de communication) favorable aux déplacements, des
conditions de paix qui font qu'une frontière est rigide ou souple
pouvant occasionner une discontinuité ou un prolongement du territoire.
b) La
complémentarité territoriale
En ce qui concerne les Etats du Sénégal et de
la Mauritanie, il a toujours existé des échanges
transfrontaliers. Depuis la période coloniale jusqu'aux premières
décennies de l'indépendances, les deux pays en dépit d'une
certaine distance due à des raisons politiques et culturelles ont
toujours manifesté un certain intérêt au système de
leur échanges. La crise de 1989 a marqué un coup d'arrêt
dans ces échanges. Les rappels des ambassadeurs respectifs consacraient
ainsi la rupture diplomatique entre les deux voisins. Une rupture à la
quelle fera suite, la fermeture des frontières séparant les deux
pays pendant plus de trois ans (de 1989 à 1992). Ces mesures ont
été consécutives au conflit ayant opposé les deux
pays dont nous avons fait état dans les pages précédentes.
Elles vont paralyser l'économie des régions
périphériques du Nord du Sénégal et du Sud de la
Mauritanie. De l'avis de M.D49(*)., habitant Rosso Sénégal et
conseiller à la mairie de la ville :
« Les années de la crise ont
été les plus difficiles que j'ai eu à vivre ici. En effet,
nous avions perdu l'habitude de nous approvisionner au Sénégal en
ce qui concerne l'essentiel de nos besoins aussi bien alimentaire,
d'habillement comme bien d'autres d'autre. En plus de cela, nous ne disposions
plus d'un pouvoir d'achat étant donné que l'essentiel d'entre
nous a une activité qui est soit le commerce ou les affaires qui
dépendent de l'ouverture de la frontière. Beaucoup travaillent
même en Mauritanie. Ajouté à cela les nombreuses personnes
qu'on avait rapatriées de la Mauritanie, Rosso était devenu
très difficile à vivre »50(*).
Ce témoignage vient démontrer
éloquemment comment une crise politique peut influer négativement
sur les échanges transfrontaliers.
Cependant, depuis la restauration des relations
diplomatiques, les échanges ont repris de plus belle et
l'économie des deux villes s'est restructurée sur de nouvelles
bases. Les secteurs d'activité dépendants de la frontière
ont recommencé à s'activer à peine les barrières
enlevées. Ces signaux, viennent confirmer que la définition de
politiques de coopération et d'intégration économique
contribuent à rendre plus souple et plus flexible l'ensemble du
système des échanges.
c) Les
différences des politiques nationales
Le développement des échanges transfrontaliers
dépend des différentes politiques étatiques qui sont
déroulées de part et d'autre des frontières notamment en
matière de la protection des territoires et surtout de gestion
économique. Il s'agit de politiques qui entrent dans la gestion
légitime de ces espaces par les Etats auxquels il revient la tâche
de contrôler et de surveiller leurs territoires nationaux. Les politiques
économiques et commerciales divergentes font partie des raisons du
déploiement des échanges transfrontaliers.
Le fait politique essentiel est simplement l'existence d'une
frontière. C'est un élément politique et
géographique qui rend possible et, est d' ailleurs, la seule condition,
sans laquelle, il n'existerait pas les besoins d'échanger avec
d'autres territoires dans la mesure où elle met en relief les avantages
comparatifs.
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts9.png)
Les
facteurs géographiques des échanges transfrontaliers
Les échanges transfrontaliers dépendent de
facteurs géographiques qui sont très déterminants en
fonction du rôle qu'ils jouent. Certaines particularités
géographiques peuvent se transformer en des conditions susceptibles
d'impulser le dynamisme nécessaire à leur développement.
Aussi, les éléments comme la position géographique, la
situation de la ville de Rosso Sénégal au niveau de l'armature
urbaine régionale, les caractéristiques physiques du milieu, les
avantages de la proximité et de la localisation sont fondamentales dans
les rapports d'échanges entre les deux villes voisines et entre
celles-ci et leur environnement immédiat et/ ou lointain.
a)
Une ville carrefour et un passage obligé
Sur une distance de plus de 650
Km de frontière d'eau, Rosso est l'un des rares points
de passage disposant d'un équipement sous la forme d'un bâtiment
fluvial navigant, à même de faire certains types de transport. Le
bac, pour le citer, est un bâtiment de transport à tirant d'eau
peu profond. Il est spécialisé dans la traversée des
rivières et des fleuves. Au niveau de Rosso il permet de procéder
au transport de camions, de véhicules légers, des personnes et
des biens. La présence sur cette localité de ce moyen de
transport spécifique, fait que Rosso est devenue un lieu de passage
obligé, une plaque tournante où des échanges de toutes
natures se font.
Comme la quasi-totalité des villes et villages
frontaliers, Rosso Sénégal dispose aussi d'une importante flotte
piroguière. Aujourd'hui avec le recul de la pêche fluviale, ces
pirogues participent au transport et assurent le déplacement des
personnes et des biens entre les deux rives. Dans les autres localités
frontalières elles constituent les seuls moyens de transport disponibles
sur le fleuve.
La ville de Rosso garde une place centrale dans l'ensemble du
dispositif des échanges transfrontaliers. Elle tire partie de sa
proximité avec la ville de Rosso Mauritanie dont elle est
« la soeur jumelle ». Cette dernière est de
taille considérable et renferme des responsabilités importantes
dans l'organisation de l'armature urbaine mauritanienne.
b) La
position géographique avantageuse de Rosso Mauritanie
Rosso Mauritanie occupe une position stratégique et
éminente dans le découpage administratif et territorial du pays.
Elle est chef lieu de sa région : le Trazza qui fait partie des
plus peuplés de la Mauritanie. Au lendemain des indépendances
elle faisait partie des villes qui affichaient les poids démographiques
les plus considérables en Mauritanie. C'est en effet la région
du fleuve. Ses terres fertiles sont très convoitées par des
populations d'agriculteurs et d'éleveurs. Elle est aussi l'une des
parties les moins désertiques de la Mauritanie même si elle est
logée au coeur du Sahel. Rosso Mauritanie bénéficie aussi
de conditions de localisation avantageuses. Elle n'est distante de la capitale
administrative, Nouakchott, que de 200 Km, par laquelle elle est
raccordée par une infrastructure routière fonctionnelle. La ville
se trouve ainsi au coeur du système des échanges commerciaux
entre les deux pays mais aussi entre la Mauritanie et d'autres pays à
travers le monde. Une partie importante des importations mauritaniennes
transite par le port de Dakar. De là, elles sont acheminées par
route vers la Mauritanie dont la porte de passage est les deux Rosso.
c)
Rosso Sénégal : Une ville plus tournée vers son
homologue mauritanien
En ce qui concerne le cas de Rosso Sénégal, une
analyse géographique de l'armature urbaine du Delta nous autorise
à dire que la ville, malgré sa position un peu enclavée,
est un maillon fort du système urbain de la vallée du fleuve
sénégal. Rosso Sénégal se démarque des
autres villes qui sont presque toutes positionnées sur la route
nationale à laquelle elle est reliée par une bretelle
vétuste. Rosso Sénégal semble être plus
tournée vers sa soeur jumelle de la rive gauche avec laquelle elle
entretient un ensemble de relations qui sont le soubassement d'une
complémentarité économique structurante.
3. Les
aspects économiques des échanges transfrontaliers.
Pour avoir une meilleure compréhension du
système des échanges transfrontaliers, il est important de parler
des aspects économiques qui les fondent. C'est un ensemble de facteurs
qui rendent compte du comportement du système des échanges.
a)
L'intégration économique «de fait »
Les échanges qui peuvent se dérouler entre deux
localités frontalières sont difficilement mesurables aussi bien
quantitativement que qualitativement. Il est aussi ardu de rendre compte des
composantes des biens et produits qui sont échangés. Toutefois,
une observation objective et pointue de ce qui se passe aux frontières
permet d'affirmer que les échanges transfrontaliers occupent une place
de premier rang et sont déterminants dans la structuration et
l'organisation des économies locales des villes bordières. Il en
est ainsi pour l'économie locale de la ville de Rosso
Sénégal.
Les difficultés rencontrées pour évaluer
et pour déterminer l'impact des échanges transfrontaliers sur les
économies domestiques sont dues au fait que les avantages qui y sont
tirés par les populations fluctuent et se font souvent au profit des uns
aux détriments des autres. Cela dit, pour les Etats, les échanges
transfrontaliers sont, à l'évidence, des sources de production de
richesse, des créneaux générateurs de revenus tant pour
les populations que pour les administrations, aussi bien locales que
centrales, et contribuent indubitablement à l'essor des villes.
Les régions frontalières comme le souligne IGUE
O. J.51(*)
« malgré leur appartenance à des pays distincts, sont
caractérisés par leur intégration économique plus
poussée », articulée autour des échanges
formels, officiels et des échanges non formels voir clandestins. Ces
échanges s'appuient sur des éléments multiples tels
que : -les flux de produits passants d'un Etat à un autre au
grés des opportunités, - les différences de politiques
économiques entre voisins. Plus ces opportunités sont nombreuses
et garanties, plus les échanges sont dynamiques.
b) Le différentiel
économique
Un autre des facteurs du dynamisme des échanges est
aussi l'existence d'un « différentiel
économique». Celui-ci est souvent
« engendré par la présence de politiques
monétaires différentes qui sont à l'origine de la
présence de deux monnaies » selon Kate
MEAHGER.52(*) Dans la
mesure où le commerce transfrontalier se déploie dans l'informel,
IGUE explique que le mouvement des échanges est fonction de la
répartition inégale des zones de monnaie convertibles telle que
la zone CFA. Dans un contexte de rareté des devises, les zones à
monnaies convertibles comme la zone franc attirent les produits venants des
autres pays à monnaie inconvertible. Pour MEAHGER,
« c'est par le biais du taux de change officiel que l'attraction
des monnaies convertibles sur les produits... des pays voisins se traduit en
prix incitatifs ». Par
exemple :
1kg de sucre sénégalais vaut
450f CFA
1Kg de sucre
« mauritanien » est vendu 250 à 300f
CFA.
50kg de riz blanc sénégalais
coûte entre 7500 et 9000 f CFA au
Sénégal
======================= entre 9500 et 11 000f
CFA en Mauritanie
Comme le dit NAUDET cité par
MEHGER, « la valeur des monnaies est primée
grâce à l'avantage transactionnel qu'elles confèrent. Une
prime de même genre s'applique en faveur de la monnaie des Etats aux
politiques d'importation particulièrement
libérales ». La présence d'un
« différentiel
économique » est un paramètre incitatif
dans le choix de la fréquentation d'un marché. Elle
détermine le sens de cette fréquentation ; les marchands et
les clients sont guidés, entre autres raisons, par la
possibilité d'accès à des prix avantageux, par la
quête de produits rares et prisés par les consommateurs
générateurs de valeurs marchandes plus importantes et
créateurs de bénéfices. Plus le
« différentiel
économique » est important plus les
échanges se développent avec ou non la présence des
barrières.
L'essor de la place de Rosso Sénégal est
forcement à lier à l'existence de ce différentiel qu'a
favorisé les présences du Franc de la Communauté
financière Africaine (f CFA) monnaie
pratiquée au Sénégal et de UGUIYA
(UM) monnaie de la République Islamique de Mauritanie.
Cette situation peu aussi avoir un rapport étroit avec la situation
économique globale de la vallée pendant la décennie
1980-1990.
c)
Les effets de la crise économique
Les années 1990 ont coïncidé avec une
augmentation relative des échanges commerciaux entre les pays de
l'Afrique Occidentale. Il s'agit surtout du développement du commerce
des produits agricoles, de fabrication artisanale ou industrielle originaires
de la région. On assiste aussi, pendant cette période, à
une augmentation des échanges qui est le résultat des
politiques de libéralisation économique adoptées dans les
programmes régionaux d'ajustement structurels, de la dévaluation
du f CFA en Janvier 1994, de l'amélioration des procédures
d'importation et d'exportation devenues moins contraignantes. Tous ces facteurs
énumérés ont beaucoup contribué à
l'augmentation du volume des échanges entre les pays de l'Afrique
Occidentale. Une augmentation qui trouve aussi ses racines ailleurs.
Pendant cette période, les Etats de l'Afrique de
l'Ouest affichent des taux de croissance démographique très
élevés. A cela s'ajoute une tendance nouvelle à
l'urbanisation ; phénomène constaté depuis la fin de
le seconde Guerre Mondiale. L'accélération de ces
dernières années est imputable aux crises économiques et
écologiques aigues dont la région a été le
théâtre dernièrement. Ainsi le nombre des citadins ne cesse
d'augmenter créant, dans la foulée, de nouveaux besoins à
satisfaire par des Etats économiquement affaiblis et frappés
d'impécuniosité. Ces crises vont entraîner des changements
dans les modes d'intervention des bailleurs de fonds mais aussi dans les
critères de financement du développement. Les modifications
vont concerner les subventions aux produits nationaux et internationaux.
L'environnement économique africain des années
1990 est très important pour comprendre l'évolution des
économies africaines. Il est presque difficile de traiter des
problématiques actuelles sans jeter un regard sur les importantes
mesures qu'imposèrent les bailleurs de Fond,- les institutions de
Bretton Woods (Fond Monétaire Internationale, Banque Mondiale)- aux
nations du Tiers monde. Le Sénégal faisant partie des pays
concernés n'a pas échappé à cette batterie de
mesures ainsi combinée :
« La dévaluation des
différentes monnaies, l'adoption d'un taux de change plus flexible, la
réduction ou la suppression des taxes à l'exportation, l'
allègement ou la suppression des contrôles à l'importation,
la privatisation ou la réforme des entreprises publiques, la suppression
du contrôle des prix à l'importation, la réduction des
effectifs du secteur publique53(*) ».
L'application de ces injonctions
des institutions financières ont diminué substantiellement les
effectifs de la fonction publique qui, pendant longtemps, à
été la principale pourvoyeuse d'emploies en milieu urbain,
entraînant brutalement au chômage des milliers de citoyens,
conduisant, par la même occasion, une réduction
considérable des revenus dans les ménages tout en accentuant la
pauvreté dans les villes. En plus de la fonction publique, d'autres
secteurs de l'économie sont aussi touchés. L'agriculture n'a pas
dérogé à la règle avec le volet PASA (programme
d'ajustement du secteur Agricole). La vallée du fleuve
Sénégal a été concernée par ce volet qui a
conduit un désengagement presque total de la Puissance publique du
secteur agricole. Les entreprises publiques (SAED) dont la fonction
était de soutenir l'agriculture ont vu une partie de leurs
compétences transférées vers le secteur privé.
Aujourd'hui, le secteur agricole a fini de montrer ses limites quant à
ses capacités de développement sans l'aide de l'Etat. Dans le
contexte précis du Delta, sa finalité reposait aussi au
règlement de la crise de l'emploie. Le constat est claire, ses
aptitudes d'absorption des demandes d'emploie sont faibles. Pierre angulaire du
développement économique et social de la vallée,
l'agriculture, au même titre que l'industrie, n'a pu résoudre les
problèmes du chômage qu'imparfaitement.
L'industrie, est sans doute la principale pourvoyeuse
d'emplois salariés dans le Delta. Avec les programmes
d'aménagement hydro-agricols et agroindustriels initiés dans la
vallée, le gouvernement du Sénégal a montré une
volonté d'accorder la priorité au secteur moderne. Tous les
symptômes d'affaiblissement montrent que ce secteur a atteint ses
limites. L'installation de la Compagnie Sucrière
sénégalaise (CSS) à Richard Toll, ville voisine de Rosso
Sénégal, ne peut répondre à toutes les
sollicitations, qui sont exprimées du fait de l'attractivité
qu'elle exerce.
Voici, un ensemble de facteurs d'ordre économique qui
contribuent à expliquer l'augmentation des échanges
entre les deux Etats mais surtout le recrutement de nouveaux acteurs par les
activités transfrontalières. Ces dernières recèlent
des opportunités manifestes de travail, ce sont aussi des sources
potentiels de revenus pour les milliers de sans emploies en quête du pain
quotidien. Les activités transfrontalières prennent un cachet
officiel, certes, seulement le fait le plus important est perceptible dans la
recrudescence des flux informels. Nous le verrons plus loin, ils constituent le
support de l'essentiel du commerce qui fait intervenir des acteurs qui ont une
perception propre et singulière des relations internationales.
4. Les
aspects humains : une variable centrale dans les échanges
transfrontaliers.
a)
Identité des peuples et des cultures
« Un pays fait son histoire mais subit sa
géographie ». Les populations qui habitent une
frontière sont souvent amenées à vivre en étroite
symbiose de par leurs cultures, leurs langues, leurs cadres de pensée,
leurs valeurs sociales et religieuses qui recoupent des points identiques.
Comme nous avons essayé de le montrer dans l'étude des
composantes de la population des deux pays, il transparaît clairement
que, les communautés vivantes au Nord du Sénégal et au Sud
de la Mauritanie n'ont pas renié leurs appartenances ethniques et
culturelles qu'elles continuent de conserver jusqu' à présent.
Les échanges transfrontaliers sont souvent le fait des populations
riveraines. Ici la notion de nationalité est bien présente mais y
a une autre valeur toute particulière. Les populations changent de
nationalité en fonction des opportunités. Dans certains
écrits on parle de ces citoyens comme étant des
citoyens transnationaux. Ils sont autant
sénégalais que mauritaniens. Pour preuve, au niveau de la
frontière, il n'est pas rare de rencontrer des doubles
nationalités. Elles sont nombreuses, les individus qui sont à
même de présenter aussi bien une carte d'identité
sénégalaise au Sénégal et une autre mauritanienne
sur le territoire de ce pays. Pour ceux qui le font, l'argument principal est
la parade face aux tracasseries qui sont liées aux modalités de
traversée et de séjours.
b) Une
gestion « souple » de la circulation entre les deux
villes voisines
Depuis la fin de la crise
sénégalo-mauritanienne en 1992, l'Etat mauritanien exige aux
étrangers (sénégalais) souhaitant se rendre sur son
territoire de disposer de la somme de 35.000 FCFA
communément appelée « devise » pour pouvoir
disposer d'un droit de séjours. Cependant il faut noter que cette mesure
ne concerne pas les voyageurs qui ont une autorisation de se rendre uniquement
à Rosso Mauritanie. Pour ces derniers il suffit de tout juste
disposer : d'un carnet de vaccination attestant de
l'état de santé normal du voyageur, d'une carte nationale
d'identité et d'une autorisation de circuler
délivrée par la municipalité de Rosso
Sénégal. Cela revient à dire que l'entrée à
Rosso Mauritanie est moins contraignante et n'est pas soumise à cette
conditionnalité de la « devise ». Les liens sociaux
entre les populations des deux rives ont sans doute eu raison des
autorités.
Selon Emmanuel GREGOIRE, dans son analyse des
périphéries du Niger, « les espaces frontaliers sont
aussi caractérisés par les liens familiaux qui peuvent exister
entre citoyens de différents pays et les multiples relations qu'ils
entretiennent sont les bases sociales »54(*) des échanges
transfrontaliers. La densité de ces liens constitue un
élément déterminant. Elle est même une condition de
performance des échanges surtout ceux relatifs au commerce. Au terme
d'une étude sur « les espaces d'échange, et
les territoires en Afrique de l'ouest »,
A. LAMBERT reprit par Karine BENNAFLA, note « l'appartenance des
africains à des espaces multiples (culturel, cultuel, politique,
religieux, marchands, national) et l'usage circonstanciel donc distendu avec le
territoire national ». Pour LAMBERT, « les acteurs
sociaux et économiques ont le sentiment d'être membre de d'une
nation mais ils s'inscrivent en même temps à travers leur groupe
de parent, leurs confréries religieuses, leur communauté
marchandes, leur appartenance ethnique et régionale, dans des espaces
qui dépassent le cadre des Etats »55(*). Selon que la conjoncture leur
soit favorable ou non ils mobilisent l'un ou l'autre de ces modes
d'appartenance.
Comme montré dans la partie historique des relations
entre les deux voisins, les populations de la région que nous
étudions sont les mêmes avec celles du sud mauritanien si on prend
en considération des critères tels que l'ethnie, la langue, les
valeurs sociales, les valeurs culturelles, les modes de production, les
systèmes de valeurs. L'aspect humain des échanges
transfrontaliers ressort plus nettement si nous les appréhendons dans
leur dimension historique. Comme dans beaucoup d'espaces frontaliers, ici aussi
on constate que la proximité socio culturelle, socio linguistiques est
mis à contribution dans les relations qui se déroulent entre les
deux entités. Ils constituent un terreau fertile pour un
développement solide et solidaire des échanges transfrontaliers.
c)
Essai d'identification du contenu des échanges
Le commerce transfrontalier implique l'échange de
produits et de marchandises qui n'ont pas les mêmes valeurs marchandes
selon qu'on est sur l'un ou l'autre des marchés. Les commerçants
et les populations qui s'adonnent à l'activité commerciale,
jouent sur le prix des marchandises mais aussi sur la nature des demandes
exprimées de part et d'autre. Les deux pays n'ont pas les mêmes
ressources, n'ont pas les mêmes politiques d'importation et
d'exportation, n'édictent pas les mêmes lois pour le
contrôle des frontières et les taxes sur les produits ne sont pas
aux mêmes taux selon qu'on est sur la rive gauche ou sur la rive droite.
Ainsi nous assistons à la formation d'un avantage comparatif qui peut
être, une conséquence des spécialités de production
qui sont propres aux pays ou bien qui découle des disparités
notées sur les différentes politiques économiques. La
présence de ces deux situations conduit à une diversité
des produits et marchandises qui sont le contenu des échanges entre les
pays.
Les produits échangés à la
frontière sénégalo-mauritanienne sont très nombreux
et englobent presque toutes les catégories. On y trouve qui d'origines
agricoles, manufacturés, des matières cosmétiques, des
matériels électroniques et électroménagers etc.
Ce qu'ont peut dire d' emblé c'est que les deux pays
n'offrent pas les mêmes types de marchandises. En effet, le
Sénégal présente plus des produits agricoles, plus
précisément des produits vivriers provenant du secteur de
l'agriculture et de ses dérivés. Quand à la Mauritanie,
elle semble se spécialiser dans la fourniture des produits
manufacturés. Pourtant, la Mauritanie n'est pas plus
industrialisée que le Sénégal. Seulement, sa politique
commerciale, favorise les importations ce qui participe à une
libéralisation plus poussée et à une ouverture vers des
marchés d'importations plus diversifiés. Cette ouverture du
marché mauritanien se remarque par la gamme très étendue
des produits qui sont proposés sur le marché de Rosso.
Les populations se souciant plus de la disponibilité
de la marchandise et aux possibilités de son acquisition à des
prix abordables que sur la qualité viennent faire leur marché.
Tableau 2 : Produits qui proviennent de Rosso
Mauritanie.
TYPES DE PRODUIT
|
COMPOSANTES
|
Produits alimentaires
|
-Farine,
-canettes (jus, sirops, boissons gazeuses)
-Lait en poudre, lait concentré,
-Huile de cuisine,
-Tomates concentré,
- Thé, sucre cristallisé,
- Viande (poulet de chaire etc.)
|
Ustensiles de maison
|
- Ustensiles de cuisine,
- Verroteries de maison,
-Matériel de décoration d'intérieur
|
Produits cosmétiques
|
-Crèmes et laits de beauté,
-Tubes de dépigmentation
-Parfums, savons, détergents
|
Matériels
électroniques :
|
-Téléviseurs,
-Magnétophones,
-lecteurs CD, DVD et VCD,
-Téléphones portables et
- Autres gadgets électroniques.
|
Matériels mécaniques :
|
- Voitures, pièces détachées, etc.
|
Produits pétroliers :
|
- Essence, gasoil, etc.
|
Atres types de produits :
|
- Tissus (wax, khartoum, basin, etc.)
- Matelas mousse, moquettes tapis de prière, -
Tapis de décoration, coussins,
- Produits artisanaux en cuire).
- Produits pharmaceutiques (médicaments.)
|
Source :
données de l'enquête 2005
Tableau 3 : Les produits
sénégalais s'exportant en Mauritanie
Produits agricoles :
|
-Riz (paddy ou décortiquée),
-Patate douce,
-Tomates fraîches,
-Produits fruitiers (Mangues)
-Aliments de bétail (« ripasse »,
« rakal »)
|
Matériaux de construction :
|
-Ciment,
-Fer,
-Bois d'oeuvre,
|
Produits énergétiques
|
-Gaz butane,
|
Matières plastiques
|
-Chaises,
-Ustensiles de maisons,
-Divers récipients en plastique
|
Source : Résultats de
l'enquête (2005)
Voici de façon globale le contenu des marchandises
échangées à Rosso. Cependant, pour ce qui concerne les
produits entrants au Sénégal, nous en avons certains dont le
trafic est interdit par la législation en vigueur en la matière.
C'est le cas du sucre cristallisé, de la tomate concentrée, des
médicaments des stupéfiants etc. En effet, le
Sénégal produit du sucre via la Compagnie Sucrière
Sénégalaise qui se situe dans la ville voisine de Rosso
Sénégal : Richard Toll. De même, la SOCAS fabrique le
double concentré de tomate. Une autorisation du trafic de ces deux
produits, menacerait la vie de ces entreprises et mettrait en péril,
l'emploie de milliers de travailleurs dans la région du Delta. C' est
pourquoi les trafiquants de ces produits sont traqués par les agents de
la douane. Cependant, il faut souligner que le sucre qui vient de la
Mauritanie est moins cher que celui produit au Sénégal.
Cette différence sur les prix incite les populations,
conscientes ou non des méfaits de leurs actes sur l'économie du
pays, de s'approvisionner en produit mauritaniens.
Concernant les produits qui partent du Sénégal,
on note qu'ils sont constitués pour une large part des produits de
l'agriculture et des dérivés de celles ci. Rosso Mauritanie est
devenue ainsi un débouché pour la production agricole de sa
voisine. Au delà de la ville de Rosso c'est pratiquement la Mauritanie
qui est un marché d'écoulement des productions agricoles de la
vallée. En effet, comme nous le savons, la Mauritanie est un pays
désertique. C'est aussi un pays à longue tradition pastorale. La
production agricole du pays ne couvre pas les besoins nationaux en terme de
produits alimentaires agricoles. Se pose ainsi le problème de
l'alimentation aussi bien au niveau de la population que du cheptel dans son
ensemble.
A Rosso Sénégal, nous avons une production
agricole locale qui se développe. Cette dernière n'a pas les
problèmes d'écoulement des productions. L'essentiel de la partie
à vendre de la production est fait à Rosso Mauritanie. Outre les
tracasseries de la part des gardes frontières, les commerçants et
commerçantes, en rapport avec les piroguiers, font passer des
quantités de riz énormes de l'autre coté du fleuve. Une
denrée rare sur l'autre rive, le riz est une composante essentielle de
l'alimentation des mauritaniens. Le pays en produit mais à des
proportions faibles.
Conclusion partielle:
Ce rappel historique est pour nous essentiel pour avoir une
plus rapide compréhension des relation qui lient le
Sénégal et la Mauritanie. Nous pouvons voir ici que les liens
qui unissent les deux nations ont des fondements aussi bien dans l'histoire
récente que dans celle ancienne. L'autre constat c'est aussi
l'évolution en dent de scie des relations. En effet, l'évolution
historique démontre que les deux pays sont unis par une proximité
géographique qui imprime sa tyrannie, en imposant un système
d'échange qui a existé quel que soit le contexte et la situation
dans laquelle se trouve les relations entre les deux voisins.
DEUXIEME PARTIE :
L'organisation du système
des échanges transfrontaliers
CHAPITRE I: LES ACTEURS INTERVENANTS DANS LES ECHANGES
TRANSFRONTALIERS
Le système des échanges transfrontaliers
mobilise un nombre impressionnant d'acteurs aux activités diverses et
souvent complémentaires. D'emblée, il est possible de faire une
différenciation entre ces différents intervenants de par leur
statut, leur fonction ainsi que par leur niveau d'implication. Le premier
critère de différentiation sera pour nous l'appartenance des
acteurs à la sphère public ou au secteur privé. En effet,
les espaces transfrontaliers sont les lieux d'interventions de l'Etat qui, par
l'intermédiaire de ses agents déconcentrés, participe
à la gestion, et à l'encadrement de ses espaces
périphériques. Ce qui, du reste, entre en droite ligne dans sa
mission régalienne de sauvegarde du territoire national. Les franges
frontalières voient aussi évoluer des acteurs appartenant au
secteur privé qui trouvent en ces espaces des gisements
d'opportunités à saisir et à exploiter.
1. Le
rôle de l'Etat, de ses agents déconcentrés et de la
collectivité locale.
Une partie importante des échanges transfrontaliers qui
ont lieux entre les deux Etats voisins se fait par l'intermédiaire du
Port Autonome de Dakar (PAD). Le port de Dakar est une infrastructure de grande
envergure qui fait partie des plus grandes, des plus modernes et des plus
fonctionnels de l'Afrique de l'Ouest. Bénéficiant aussi de la
position de finistère du presqu'île du Cap-Vert sur lequel il est
bâtie, il fait de Dakar une porte d'entrée et de sortie pour
l'ouest africain. L'infrastructure portière de Dakar présente un
certain nombre d'avantages parmi lesquels ont peut retenir, la profondeur de
ses eaux. Cette caractéristique physique lui autorise à
accueillir des bateaux gros porteurs à tirant d'eaux profond. Ces types
de navires sont très utilisés dans les échanges
internationaux surtout dans le commerce international où l'acheminement
des produits pondéreux se fait le plus souvent par la voie maritime.
Depuis la période de la colonisation, le Port de Dakar
a servi de point de transit pour les pays de l' AOF (Afrique occidentale
française). La survenue des indépendances, et
l'aménagement d'infrastructures dans les Etats nouvellement
indépendants ont considérablement réduis ce rôle
mais il est toujours sollicité par des pays de l'intérieur comme
le Mali et la Mauritanie pour une bonne partie de leurs échanges
extérieurs.
La construction du port minier et minéralier de
Nouadhibou et l'aménagement du port de Pêche de Nouakchott, n'ont
pas empêché la Mauritanie de faire toujours recours au port de
Dakar pour une partie de ses importations. Les produits débarqués
à Dakar sont convoyés par la voie routière (la route
nationale N°2) sur des camion à conteneur verrouillés jusqu'
au bac de Rosso. Cette activité participe au maintien et à la
densification des relations d'échange. A côté de ce service
de transit qu'offre le port de Dakar, la Mauritanie importe aussi des produits
du Sénégal et l'essentiel passe par la route. Cette
activité commerciale induit une action de gestion et de contrôle
des Etat concernés par le truchement des agents
déconcentrés appartenants à différents
démembrements de l'Etat.
Les agents de l'Etat intervenant sur les espaces
transfrontaliers sont : la police, la douane, la gendarmerie. Leur mission
consiste en la gestion, le contrôle de ces espaces pour la défense
des personnes, des biens et des économies mais aussi pour tirer profit
des ressources que génèrent ces espaces. Les espaces frontaliers
sont pour les Etats des sources précieux de recettes. Aussi adoptent-
ils « des attitudes variables qu'on soit dans l'un ou l'autre.
Ils sont partagés entre une volonté plus ou moins coercitive et
effective de contrôle des flux et un soucis d'ouverture commercial
indispensable et encouragé par la conjoncture
économique ». BENNAFLA. 56(*).
Nous le verrons ici, l'intervention de l'Etat n'est pas
seulement circonscrite dans des mesures de limitation ou d'interdiction du
trafic frontalier, ni au bouclage des frontières. L'Etat peut
être emmené à jouer d'autres rôles. Il intervient
même parfois dans le sens de promouvoir ces espaces situés sur
les franges frontalières en procédant à la mise sur pied
de certains types d'infrastructures. Par exemple la construction de routes
d'accès, la création de marchés frontaliers etc.
a) La
douanes : un rôle d'encadrement, de surveillance et de
contrôle
A Rosso Sénégal on note la présence de
l'administration des douanes. Cette présence peut être lue comme
une volonté manifeste de l'Etat du Sénégal de participer
à la gestion de ce secteur transfrontalier dont le dynamisme est sans
équivoque. La place de Rosso a très tôt attiré
l'attention des autorités étatiques avec l'installation d'un
service de contrôle douanier dans la ville. Cette présence de la
douane témoigne d'un acte de souveraineté exercé par
l'Etat qui montre ainsi sa capacité de veiller sur son territoire. Du
reste, l'intérêt porté sur l'espace frontalier de Rosso
découle du fait que c'est un lieu de collecte de ressources
énormes pour toute la collectivité. En moyenne, le poste de Rosso
fait rentrer dans les caisses du trésor public la somme estimée
à plusieurs millions de Franc CFA annuellement. Elle participe donc
à la collecte de la rente frontalière.
L'érection des barrières douanières cadre
parfaitement avec les politiques initiées par le gouvernement du
Sénégal, dans la protection de l'économie nationale.
Malgré les options économiques libérales, l'importation de
certains produits est formellement interdite pour protéger les
industries du pays. C'est à cet effet que, des produits tels que le
sucre et la tomate sont interdits d'importation de manière
systématique. Par exemple, si on considère le cas de ces deux
produits, leur inondation dans le marché sénégalais
mettrait en péril l'emploie de plusieurs milliers de populations de la
vallée qui travaillent dans les industries fabriquant ces deux produits
à savoir la compagnie sucrière installée à Richard
Toll et la SOCAS sise à Dagana et à Savoigne. Pour ne point
mettre en danger ces emploies, la douane veille à la protection des
frontières pour parer ces types d'importation.
b) La
police et la gendarmerie
L'Etat du Sénégal se manifeste aussi à
Rosso avec la mise sur pied du poste de police au niveau de la
frontière. La police de Rosso est subdivisée en deux
services : la brigade de sûreté de l'Etat et la brigade des
stupéfiants. La brigade de sûreté a pour rôle
principal la gestion et le contrôle des flux de personnes. Elle
procède ainsi à la collecte d'informations sur les voyageurs
comme par exemple leurs identités, leurs nationalités etc. Ces
types d'informations permettent de confectionner de fichiers concernant les
voyageurs. Leur travail participe à garantir la sécurité
et la sûreté du pays. Selon les statistiques de la police de Rosso
Sénégal un nombre important de personnes traverse chaque jour la
frontière et entre sur le territoire sénégalais. Parmi
cette foule nombreuse on note une part non négligeable de touristes.
Tableau 4: Le nombre de touriste de Passage à
Rosso Sénégal
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Nombre
|
1506
|
3443
|
2642
|
2875
|
Source : Police de
Rosso Sénégal
Les registres de la police nous montrent aussi le nombre de
mauritaniens qui entrent et qui sortent du territoire sénégalais.
Il faut tout de suite dire que ce n'est là que ceux qui passent par les
services des polices. A côté de ces chiffres qui n'ont que valeur
d'illustration il faut signaler que nombre de mauritaniens entrent et sortent
du territoire sans passer par ces services de contrôle.
Tableau 5 : Flux de mauritaniens entrés
au Sénégal entre le 1er janvier et 4 Avril 2004
Flux
|
Entrées
|
Sorties
|
Nombre
|
3003
|
2262
|
Source : police de Rosso
Sénégal.
Ces deux tableaux nous permettent d'avoir idée du
volume des flux de personnes que la police de Rosso gère au niveau de la
frontière. Il faut cependant signaler que la surveillance de la
frontière au niveau de Rosso n'est pas rigide. Ils sont de plus en plus
nombreux ceux qui franchissent la frontière sans détenir par
devers eux le moindre papier. De l'autre côté sur la rive gauche,
il suffit de « payer un pot de vin aux
policiers » pour circuler librement.
La brigade des stupéfiants est chargée de
veiller à ce que la frontière au niveau de Rosso ne soit pas un
point de passage des produits illicites et prohibés comme la drogue. En
effet, les échanges transfrontaliers sont aussi marqués par le
transit de la drogue d'Etats en Etats, de produit dont la vente est
répréhensible, des trafics illégaux etc.
c) La
commune : un acteur comme les autres
La municipalité intervient dans la gestion et
participe dans l'exploitation de l'espace transfrontalier. Son rôle
consiste principalement à délivrer des autorisations de
circuler en terre mauritanienne. Selon le document portant le Plan
d'investissement de la commune de Rosso Sénégal, le seul poste
budgétaire qui concerne la vente de ces autorisations de circuler
à Rosso Mauritanie était estimé, dans les
prévisions de 2003, à plus de 25 millions de FCFA. Selon les
autorités de la mairie ce chiffre peut être largement
dépassé dans les années à venir.
La commune intervient aussi dans l'organisation de l'espace
frontalier. Elle se charge de la gestion du marché et de la gare
routière, procède à la location des cantines,
étales etc. Son action est aussi visible à travers la mise sur
pied de certains types d'infrastructures. C'est le cas avec la construction de
la nouvelle gare routière qui attend d'être ouverte au grand
public.
Pour la collectivité de Rosso Sénégal les
échanges transfrontaliers sont des sources de recettes. Ils favorisent
des levées de taxe sur les nombreuses activités qui s'installent
du fait de l'« effet
frontière » et sur les transactions qui s' y
déroulent. La frontière attire pour la commune l'installation
d'une économie informelle qui, avec un minimum d'organisation peut
devenir une source de ressources additionnelles pour l'institution
municipale.
2. Le
rôle du secteur privé
Rosso Sénégal est une plate forme dont le
dynamisme se manifeste à travers l'implantation de
beaucoup d'acteurs économiques. Cet espace frontalier, compte tenu des
possibilités qu'il regorge, a favorisé l'éclosion d'un
ensemble d'activités, impliquant des acteurs qui ne se réclament
pas de la sphère publique. Ce sont les acteurs privés. Ces
derniers sont attirés par les multiples opportunités qui leur
sont ouvertes notamment dans le domaine du commerce, de l'offre de services
marchands etc. L'intervention de ces agents privés a participé
à la structuration de l'économie locale de la ville de Rosso. Il
est très difficile de faire l'inventaire de tous ceux qui gravitent
autours de ces activités. Il sera ici question de relever ceux qui nous
semblent les plus importants et les plus représentatifs mais aussi ceux
qui entrent directement en rapport avec les activités d'échange
comme c' est le cas des transitaires (sociétés ou simples
agents), des assureurs, des transporteurs, des
« trafiquants », des commerçants etc.
a) Les agences de
transit (sociétés et particuliers)
Leur rôle est de faciliter le transit des marchandises
entre les deux Etats, d'alléger les difficultés et
d'atténuer les complications qui peuvent survenir du fait de la
différence existante entre réglementations douanières en
vigueur de part et d'autre. Les agences de transit ne sont pas importantes en
nombre mais de nombreuses personnes se disent être des transitaires. La
plus part du temps, ils usent des relations et accointances qu'ils peuvent
avoir avec les services de l'Etat pour mener cette activité qui est
même devenue pour certains, un travail à temps plein.
La profession de transitaire est très complexe et
requiert des connaissances notamment en ce qui concerne les lois et
réglementations édictées au sein des deux états.
Les acteurs surtout les commerçants ne sont pas toujours au fait de ces
lois. C' est pourquoi ils fonts recours, aux services des transitaires. Pour
s'adonner aux activités d'échanges transfrontaliers,
particulièrement le commerce, il faut disposer de certains types de
documents administratifs qui l'égalisent l'activité. Il s'agit
principalement d'une autorisation d'import/ export. Les commerçants sont
aussi tenus de déclarer systématiquement les marchandises qu'ils
manipulent. Cette opération se fait compte tenu d'un ensemble de
modalités d'ordre administratives et fiscales que ne maîtrisent
pas forcement ceux qui s'adonnent aux activités de commerce. Cette
situation fait intervenir les transitaires qui jouent un rôle
d'intermédiaire mais surtout de facilitateur dans les opérations
d'échanges au niveau de la plate forme de Rosso Sénégal.
Depuis la fin de la crise sénégalo-mauritanienne, elles sont de
plus en plus nombreuses les agences de transit qui s'implantent dans la
ville.
A Rosso les principales sociétés de transit qui
ont élu domicile sont. La SOTRASEN implantée à Rosso
depuis 1986, la CASH INTER venue en 2002, et CAP TRANSIT qui est la
dernière venue de toutes s'y est implantée en 2004. On note
ainsi que les sociétés de transit viennent de plus en plus se
positionner à Rosso. Deux de plus en deux ans cela peut être
interprété comme un signe de bonne santé de la
filière qui apparemment attire de mieux en mieux. C'est aussi un
symptôme du développement plus accru des échanges entre le
Sénégal et la Mauritanie.
b) Les sociétés
d'assurance
Des sociétés d'assurance ont choisit de
s'installer à Rosso sénégal. Leur présence se
justifie par la situation de zone stratégique qu'occupe la ville. Rosso
est comme une porte d'entrée et de sortie, une zone où des flux
convergent. Ici la frontière offre des opportunités qui recoupent
directement les exigences de leur travail. En effet la présence d'un bac
fait de Rosso un point de passage incontournable pour les véhicules qui
sont en provenance de la Mauritanie et voulant continuer de circuler au
Sénégal.
Toutes les voitures entrant dans le territoire
sénégalais par Rosso et immatriculées en Mauritanie ou
bien venant d'Europe par le désert donc ailleurs qu'au
Sénégal, pour des raisons de sécurité, ont pour
obligation de souscrire une police d'assurance. L'obtention de ce document leur
garantis la sécurité le temps de leur séjours dans le
pays. C'est donc là un besoin exprimé et un service à
satisfaire. Rosso étant un lieu de passage très
fréquenté par, les populations mauritaniennes qui se rendent
très souvent au Sénégal soit pour régler des
affaires soit pour passer les week end ou seulement venus rendre visite
à leurs familles, les touristes en transit par le désert. Tant de
sollicitations, font que Rosso est devenu une ville carrefour par où
entrent des centaines de véhicules par mois. Avec la normalisation de
plus en plus avancée des relations entre les deux Etats voisins, les
flux s'accroissent d'année en année.
Aussi, la présence des agences d'assurance à
Rosso Sénégal n'est pas fortuite. Pour la plus part ce sont des
agence de grandes sociétés dont les maisons mères se
situent à Dakar ou dans d'autres villes. On peut en citer quelques unes
avec leurs dates d'installation.
- Nationale d'Assurance 1992,
-Axa 1999,
-Assurco 2002,
-SNAM 2002.
On note ici une arrivé régulière de
sociétés d'assurance. C'est là un signe de l'augmentation
des besoins de service qui montre que, de plus en plus, les relations entre les
deux pays s'intensifient.
c) Les
agents transporteurs
Les activités d'échanges sont étroitement
liées au secteur stratégique des transports. Leur
développement et leur dynamisme sont mesurés à l'aune de
la capacité du secteur des transports à jouer son rôle. Les
échanges transfrontaliers supposent des déplacements massifs de
marchandises, de biens et des personnes effectuant ces transactions. La plus
part des acteurs évoluant dans les échanges sont des allochtones
venus d'autres localités bénéficier des
opportunités offertes et des gains qu'ils peuvent tirer de la
frontière. Les déplacements des populations et des biens ont
entraîné une densification du trafic routier menant à
Rosso, le développement d'un trafic fluvial très dense et bien
structuré faisant intervenir des acteurs qui intègrent ainsi le
système des échanges transfrontaliers.
Selon le Plan d'investissement communal de Rosso, le seul
secteur des transports contribue pour prés de 12,5%
à la formation du PLB. Il occuperait aussi prés de
3,5% de la population active. Au regard de ces chiffres il
n'est plus besoin de démontrer l'importance de ce secteur dans
l'économie locale urbaine. A partir de ses statistiques, ont peut dire
que le secteur des transport outre le fait qu'il produit des ressources
additionnelles à l'économie de la ville prouve aussi sa
capacité de création d'emploi et de réduction du taux de
chaumage. Mieux, ces chiffres sont la preuve de la performance de cette
branche de l'économie dont le dynamisme est perceptible au niveau du
poste de contrôle des flux sis à l'entrée de la ville mais
aussi au niveau du débarcadère.
· Le transport routier
De nombreux véhicules viennent à Rosso. La
ville est très fréquentée par des populations appartenant
à différentes catégories socioprofessionnelles. La majeure
partie ne fait que transiter car la réalité est que cette foule
de visiteur vient profiter du service que rend le bac mais a
généralement pour destination finale Rosso Mauritanie
plutôt que Rosso Sénégal. En moyenne la ville reçoit
la visite de plus de 60 voitures par jour si on ne prend en compte que les
jours ordinaires. Pendant les jours de fête, on peut comptabiliser jusqu'
à plus de 200 véhicules par jours dont la majeure partie ne fait
que transiter. Tout compte fait, la ville jouit, quand même, des effets
induits par les nombreuses sollicitations de sa soeur jumelle et, par
conséquent, en tire bien profit comme nous allons le montrer dans les
paragraphes qui vont suivre.
Malgré son importance dans le système des
échanges, le secteur des transports souffre de certaines tares qui
diminuent son efficacité. Il s'agit d' abord de la vétusté
du parc automobile. Entre Rosso et les localités voisines, autant les
flux sont importants, autant les véhicules qui assurent les
déplacements des populations et des biens sont des « cercueils
roulants ». A cela s'ajoute l'état de dégradation des
routes et la cherté des prix de transports. Ces derniers sont
décriés par les voyageurs que nous avons côtoyés
durant les différents séjours que nous avons effectué sur
les lieux. Les personnes et les marchandises voyagent dans des véhicules
surchargés qui mettent la vie des citoyens en danger.
· Le transport
piroguier
Parler ici du secteur des transports piroguiers c'est surtout
grâce au rôle important qu'il joue et sa place dans l'environnement
des échanges entre les deux villes voisines. On ne peut donc se limiter
au seul transport routier. En effet, la frontière est un cours d'eau,
un obstacle qui pose le problème des moyens de son franchissement.
Aussi, se développe un transport piroguier très florissant qui
assure aux voyageurs la traversée du fleuve, grâce à la
mise sur pied d'une flotte piroguière importante, motorisée ou
non, par les promoteurs privés et par les pécheurs traditionnels.
Selon le président de l'association des piroguiers rencontrés,
« le nombre de pirogues en service sur le quai avoisine la
centaine ». Les pirogues opèrent ainsi des mouvements
pendulaires entre les deux rives. Les promoteurs sont des deux
nationalités.
Le transport piroguier se singularise par les fluctuations des
prix de la traversée en fonction des heures de circulation du bac. Le
bac circule entre 8 heures et 12 heures le matin et l'après midi entre
15 heures et 18 heures. Durant les heures de circulation du Bac le tarif
piroguier se marchande et se situe entre 100 F CFA et 150 C FA. En dehors de
ces heures le tarif piroguier est fixé à 250 F CFA. Un fait est
aussi à noter. C'est que, quel que soit leur nationalité, les
piroguiers acceptent d'être payé avec les deux monnaies. La
circulation des pirogues entre les deux rives ne semble pas être soumise
à des dispositions particulières.
· Le transport par Bac
Les bacs de Rosso sont mis en place durant les années
1950 presque une décennie avant les indépendances au moment
où les deux pays faisaient encore partie du territoire colonial de la
France. Ils furent mis en activité par une société
nommé Lacombe basée en Mauritanie et qui intervenait à
Rosso sénégal. Pour le transport de ses véhicules de 4 et
5 tonnes qui venaient du Sénégal ou des autres pays africains la
société mis sur pied le système de transport par bac qui
se prêtait mieux à ses activités. Ces bacs de la
société Lacombe sont la première
génération. Ils étaient des bâtiments dont la
capacité de transport était : un véhicule de 20
tonnes et 3 autres de 05 tonnes. Les bacs de la deuxième
génération sont affrétés par l'Etat mauritanien.
Leurs capacités de transport dépassent largement ceux de la
première génération. Chaque bac peut, au cours d'une
traversée, embarquer deux camions de 30 tonnes, un autre de 20 et de
trois véhicules légères en plus des voyageurs. L'Etat
mauritanien en a assuré la gestion jusqu' en 1990. Depuis cette Date la
gestion et l'exploitation ont été confiées au secteur
privé. Actuellement c'est la Société des
Bacs, de droit mauritanien qui en assure la gestion. Les bacs
sont actuellement au nombre de deux. Ils se relaient au cours de l'année
pour ne pas interrompre le service de transport qui est le cordon ombilicale
relient les deux Rosso.
Le bac opère des mouvements pendulaires entre les deux
rives à un rythme régulier et à des horaires fixes
calquées sur l'organisation du travail en rive gauche, suivant ainsi les
heures d'ouverture et de fermeture de la frontière. Il faut aussi
signaler que le bac effectue aussi des traversées à la demande
d'opérateurs privés, des Etats ou simplement de particuliers qui
ont des marchandises, du bétail ou d'autres types de produits dont le
franchissement ne peut toujours s'effectuer aux heures normales de
rotation.
Aujourd'hui, le bac constitue le maillon le plus fort de la
chaîne et l'élément régulateur du système si
on considère les échanges transfrontaliers comme étant un
système. La dynamique frontalière repose beaucoup sur ce moyen de
transport qui pour le moment fait office de pont reliant les deux territoires.
· Les transporteurs un rôle qui
dépasse le transport
Les acteurs évoluant dans le secteur des transports
s'impliquent d'avantage dans le système des échanges et en plus
de leurs activités principales, ils se déploient dans d'autres
sous secteurs. Ce dédoublement dans plusieurs rôles fait de ces
derniers les agents les plus dynamiques du système. Ces acteurs ne se
limitent pas seulement au transport des personnes et des marchandises comme le
laisse supposer leur outil de travail. Ils sont à la fois,
transporteurs, passeurs, « trafiquants »,
commerçants etc.
Les transporteurs, surtout les piroguiers sont des pions
efficaces en ce concerne le petit trafic de marchandises. Dans le jargon local
on les nomme « thieup-thieup
man » c'est à dire ceux qui font du
« thieup-thieup » (des petites affaires).
Le terme
« thieup-thieup » désigne
l'ensemble des petites activités et petits trafics, les petites affaires
auxquels s'adonnent les conducteurs de pirogue qui ne sont toujours pas les
propriétaires des pirogues. La plupart du temps ils sont des
conducteurs à la solde de propriétaires. Ainsi au même
titre que les personnes qui n'ont pas de travail fixes et gravitent dans
l'espace frontalier, ils sont à l'affût de la moindre
opportunité « d'affaire ». Ils sont souvent le
relais entre les populations qui ne peuvent pas se rendre sur l'autre rive
pour le règlement de petites détails tels que l'achat de
denrées alimentaires, d'appareils électroniques comme les
téléphones portables, les matériels électroniques
domestiques qu'ils viennent revendre au Sénégal a des prix
abordables.
Nous avons rencontrés M.N. un
conducteur de pirogue. Pour lui il ne peu se limiter au seul métier de
transporter des personnes.
« En plus du fait que je transporte des
passagers si mon tour arrive, mais je travailles aussi comme passeur. En effet
les commerçantes viennent solliciter mes services pour le transport du
riz ou de la tomate souvent aux heures de fermeture de la frontière.
Cette activité la plupart d'entre nous la mène. Seulement il faut
avoir des relations pour pouvoir s'en sortir »57(*).
Les transporteurs piroguiers ont un rôle
prééminent dans le système des échanges. Ils sont
souvent les intermédiaires entre les populations des deux rives. Ils
bénéficient souvent d'un avantage sur le reste de population car
plus au fait des variations qui s'opèrent sur les prix des marchandises
etc. Les populations font aussi recours à leurs services du fait de leur
remarquable capacité à déjouer les obstacles qui, il faut
le souligner, sont imprévisibles et complexes.
Figure 1 : Les flux sortants du territoire
sénégalais
Commerçants, voyageurs, visiteurs simples,
chauffeurs
Habitants de Rosso Sénégal
Agents et sociétés de transit
Agents de change (trafiquants)
Bac ou pirogues
Service des douanes
Police de Rosso Sénégal
Sociétés d'assurance
Source : S. DIALLO
Figure3 : Le circuit officiel des flux entrant
dans le territoire sénégalais par
Rosso- Sénégal :
Agents de change
(Trafiquants)
Brigade de Douane :
Déclaration de la marchandise
Sociétés
d'assurance
Commerçants, transporteurs, visiteurs simples,
voyageurs, touristes etc.
Bac ou Pirogue
(En provenance de Rosso Mauritanie)
Poste de police de Rosso
Sénégal
Agents et sociétés de transit
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts11.png) ![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts12.png)
Source : S. DIALLO
3. Les
commerçants transfrontaliers.
Parmi les composantes du système des échanges
transfrontaliers, les activités commerciales sont, sans nul doute, ceux
qui retiennent le plus l'attention. On confond même parfois
échanges transfrontaliers et commerce transfrontalier. Cela est
dû, certainement, à la place que prennent les
activités commerciales dans les échanges. La plus pars des
activités qui se déroulent dans les espaces transfrontaliers sont
tributaires du secteur du commerce.
a)
Rosso Sénégal : une ville de transit plus qu'un
marché
Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie chevauchent le
fleuve Sénégal qui est aussi la frontière entre l' UM et
le FCFA. Contrairement à la monnaie mauritanienne, le F CFA est
convertible et stable. Elle est échangée à un cours plus
intéressant que celui de UM. Une analyse approfondie sur les types de
produits, leurs natures, et leurs lieux de production, montre qu' en dehors
des produits agricoles, la ville de Rosso Sénégal n'est pas ,
émettrice en ce qui concerne les produits manufacturiers, industriels et
semi industriels. La Mauritanie ayant adopté une politique de
libéralisation de son commerce extérieur, offre des produits
alimentaires, des produits de premières nécessités, des
produits d'origine industrielle qui ne sont pas fabriqués dans son pays
mais qui sont moins chères que quant ils devaient être
achetés sur le marché sénégalais. Il n'est pas
exagéré de dire que c'est effectivement la ville de Rosso
Mauritanie qui polarise le plus les villes du Delta. Ce constat est visible sur
le comportement et l'aspect physique des deux marchés, sur leur
dynamisme et surtout dans le sens de la fréquentation.
Cette situation que nous avons tenté de brosser ici
sommairement nous permet de parler des acteurs particuliers que sont les
commerçants frontaliers qui sont, de tous les intervenants aux
frontières, ceux qui retiennent le plus l'attention. La seule
évocation du terme échanges transfrontaliers revoie aux
activités commerciales qui se déroulent au niveau de ces plates
formes situées aux périphéries des pays.
Parler du commerce transfrontalier n'est pas un exercice
simple. En effet il est très complexe et c'est une réalité
très difficile à toucher du doit car ayant des aspects qui
peuvent aller du simple au plus compliqué, de l'officiel à
l'officieux, du formelle à l'informel, du licite à l'illicite,
du légal à l'illégal. Qui est commerçant
transfrontalier ? Qui ne l'est pas ? Combien sont ils ? Quel est
le volume de leurs activités ? Quel est leur statut ? Voici
une foule de questions qui, loin d'être exhaustives, se sont
posées à l'esprit des apprentis chercheurs que nous sommes. Mais
il faut le dire tout de suite, la réponse à ces questions n'est
pas facile. Dans cette partie nous allons tout au moins essayer de faire une
certaine catégorisation des commerçants transfrontaliers en
fonction de leur mobilité et du lieu d'établissement de leur
travail. Les commerçants exerçants à Rosso se divisent en
deux grandes composantes :
-Ceux qui se sont fixés à Rosso
Sénégal disposant de cantines, d'étales, de tables, qui
résident ou exercent régulièrement dans la ville.
-Ceux qui ne sont pas fixes et qui se distinguent par leur
grande mobilité. Ils peuvent résider dans la ville ou bien venir
d'autres localités proches ou lointaines comme Saint-Louis Dakar etc.
b) Les
commerçants fixés à Rosso Sénégal.
Selon les données du Chambre de commerce de
Saint-Louis, ils seraient plus de 200 les commerçants qui se sont
établit de manière fixe à dans le marché et se sont
inscrits régulièrement sur les registres de commerce. Pour le
vieux O.S58(*) le président de l'une des
associations regroupant les commerçants affiliés au Cambre de
Commerce de Saint-Louis les catégories de commerçants de Rosso se
limitent aux demi-grossistes et aux détaillants. Pourquoi l'absence des
Grossistes, le commerce dans les boutiques est handicapé par la rude
concurrence des grands magasins situés de l'autre côté du
fleuve.
La politique de libéralisation du commerce
appliqué chez le voisin du Nord est en compétition avec la
politique de contrôle exercée sur les produits provenant de la
Mauritanie. Les commerçants sénégalais,
particulièrement les boutiquiers de la ville de Rosso
Sénégal, n'ont pas le droit de s'approvisionner directement de
la ville voisine pour revendre sur le marché local sans avoir
dédouané la marchandise. Selon le vieux O.S ils
seraient même victime de fréquentes opérations de
perquisition de la part des agents de douanes qui opèrent des descentes
intempestives dans leurs boutiques à la recherche de marchandises
frauduleusement acquises. Ils ne gagneraient pas grands chose sur les
marchandises qu'ils accepteraient de prendre directement à Rosso
Mauritanie en s'acquittant des taxes et droits de douanes. Voici les raisons
qui expliquent, en partie, l'absence de commerçants grossistes dans la
ville.
Les commerçants demi-grossistes ont pignons sur rue.
Ils se sont surtout spécialisés dans la vente de produits qui
sont rares sur l'autre rive. Il s'agit de produits et de denrées
alimentaires agricoles, des produits énergétiques tels que le gaz
butane destiné à la consommation domestique, les matériaux
de construction comme le ciment, et le fer. De l'avis du vieux
O.S, ces produits sont les seuls qui peuvent
générer des bénéfices pour les commerçants
locaux en plus des produits manufacturiers comme les matières
plastiques. Pour la vente de ces types de produits, les commerçants de
Rosso Sénégal nouent de rapports discrets avec leurs homologues
mauritaniens auxquels ils revendent leurs stocks de marchandise sans pour
autant que ces transactions se conforment aux règles établies
par les deux pays. Pour cela, M. O.S nous a fait état,
de la grande flexibilité des autorités frontalières
mauritaniennes qui laissent ainsi de nuit des chargements de produits
sénégalais entrer sur leur territoire. On sent bien entendu le
parfum de la corruption dont beaucoup d'acteurs font état.
Les commerçants détaillants s'activent dans
l'écoulement des produits de grande consommation. Il s'agit surtout des
denrées de première nécessité (huile, savons,
thé, sucre, etc.). Pour M. O.S les détaillants
sont les mieux lotis car ils déploient des mécanismes qui leur
permettent de tirer parties des opportunités que confèrent les
différences de prix.
c) Les
commerçants itinérants ou « banas-banas »
Les commerçants qui évoluent dans le secteur de
Rosso et qui n' y sont pas installés sont nombreux. Ils constituent
l'écrasante majorité de ceux qui pratiquent cette
activité. Pour l'essentiel, ont y trouve des femmes
« Baanas Baanas » qui viennent
des localités ou des villes environnantes comme Dagana, Richard Toll.
Nombreuses sont aussi celles qui viennent des villes plus
éloignées comme Saint- Louis, Dakar etc.
Ces types de commerçants et commerçantes
contribuent peu ou prou dans la formation du PLB. Ils n'ont pas de liens
directs avec la ville de Rosso Sénégal. Leur principale
destination demeure Rosso Mauritanie qui est la ville marchée. Ils
viennent pour s'approvisionner en marchandises diverses qu'ils vont
écouler dans les marchés plus éloignés tels que les
marchés hebdomadaires qui se tiennent dans les villages environnants, ou
bien dans les marchés urbains ou ils parviennent à
réaliser des bénéfices
CHAPITRE II : UNE ECONOMIE URBAINE SOUTENDUE PAR LES
ACTIVITES DU SECTEUR INFORMEL
L'économie la ville est fondamentalement liée
à l'existence du secteur informel. Ce constat n'est pas une
particularité propre à la ville. Pour Abdoulaye NIANG (1997),
« le secteur informel serait constitué d'un ensemble
d'activités économiques de production et de distribution de biens
et de services à petite échelle exercées à des
degrés variables en marge de la réglementation instituée
par la puissance publique (code des impôts, code du travail code des
obligations civiles...) mais au vu et au su de l'administration ».
Elle est une variable centrale dans l'explication de la dynamique
économique et sociale des milieux urbains.
1. Un
secteur intermédiaire dynamique
A Rosso, il se développe une économie urbaine
essentiellement basée sur l'accroissement des activités du
secteur informel. Ce dernier fait aujourd'hui partie des secteurs les plus
dynamiques de la ville. C'est d'ailleurs le cas dans la majeure partie des
villes africaines donc des villes de la vallée. La particularité
de l'économie informelle dans la ville de Rosso réside dans le
fait que les biens qui y sont produits et les services qui y sont
proposés sont essentiellement dépendants de la
réalité de la frontière. Chaque acteur de
l'économie informelle vient pour remplir un rôle précis et
profiter des opportunités offertes par la frontière. La
présence de quelques acteurs comme les agents de change informels, les
tailleurs, les mécaniciens, les unités de transformation de riz,
les ateliers de menuiseries métalliques, les dibiteries, les
télecentres, les pousses- pousses sont des preuves du dynamisme de ce
secteur.
a) Les
travailleurs transfrontaliers.
Tableau n° 6: les domaines
d'activité des chefs de ménages :
Domaines d'activité
|
Effectifs
|
Taux en %
|
Chauffeurs
|
9
|
8.5
|
Piroguiers
|
4
|
3.8
|
Commerçants
|
18
|
17.1
|
Boutiquiers
|
3
|
2.8
|
Thieup-thieup
|
23
|
21.9
|
Menuisiers métalliques
|
1
|
0.9
|
Paysans
|
10
|
9.5
|
Maçons
|
2
|
1.9
|
trafiquants
|
4
|
3.8
|
Electriciens
|
2
|
1.9
|
Mécaniciens
|
5
|
4.7
|
Travaillants en Mauritanie
|
22
|
20.9
|
autres
|
2
|
1.9
|
Total
|
105
|
100
|
Source : donné de l'enquête juin
2005
Au regard des résultats issus de l'enquête que
nous avons menés auprès des ménages, nous notons une forte
dépendance de celle-ci à l'endroit des activités
frontalières. Une bonne partie des chefs de ménage est
occupé par une activité dépendante aux échanges.
Il faut remarquer aussi la présence d'une forte
colonie de population de Rosso Sénégal en Mauritanie. Dans la
plus part des ménages interrogés, il y a un ou plusieurs membres
de la famille qui travaillent ou vivent en Mauritanie.
La particularité de la commune est le dynamisme des
femmes. En effet, on remarque une forte présence des femmes qui
s'activent elles au sein de l'espace frontalier. Elles jouent ici un rôle
très important. La plus part du temps il s'agit de jeunes femmes qui
vont se faire employer comme « domestique » au niveau de
Rosso Mauritanie ou dans la capitale Nouakchott. D'autres plus entreprenantes
se déploient dans la prestation de services comme la restauration. La
présence des femmes est surtout remarquable dans le commerce. C'est une
activité dans laquelle elles ravissent la vedette aux hommes.
b) Les
agents de change ou « trafiquants »
Rosso Sénégal correspond à une limite de
deux zones monétaires : La zone de la Communauté
financière Africaine et la zone de l' UGUYA (UM) de la Mauritanie. Ces
deux monnaies n'ont pas le même coure ni la même valeur
d'échange. Des deux, le Franc CFA est la plus convertible. Le quai de
Rosso se singularise par les flux massifs d'argent qui sont brassés
chaque jour. Ici l'argent circule, il est échangé c'est à
dire « acheté » ou
« vendu ».
Cette activité est devenue un créneau pour de
nouveaux acteurs qui proposent ainsi un service de change qui concurrence
rudement le change fait au taux officiel déterminé par les
banques centrales. Ces acteurs sont communément des
« trafiquants » dans le
jargon local. En réalité c'est des agents de change informels.
Ils participent très activement au système des échanges
dont ils constituent un élément important. Le service qu'ils
proposent facilite les transactions et rend plus fluide les flux
transfrontaliers en permettant aux voyageurs et commerçants de faire des
gains de temps substantiels. Comme il s'inscrit dans une informalité
caractérisée, les trafiquants ont une perception de l'argent
qui fait qu'ils le considèrent telle une marchandise comme tout autre.
En effet, l'opération de change fait l'objet de marchandage sur le taux
entre « trafiquants » et clients comme entre
commerçants et clients. Les commerçants et les voyageurs avertis
savent que le taux de change fluctue couramment et de ce fait,
n'hésitent pas à le marchander. Cette situation s'explique
simplement par le coure instable de l' U M tantôt en hausse
tantôt en baisse. Les
« trafiquants » jouent naturellement sur
cette instabilité pour fixer des taux qui leur permettent de faire des
bénéfices énormes au détriment des clients.
Les
« trafiquants » ont
été très difficiles à aborder. Ils sont frileux et
peu loquaces lorsqu'on les questionne sur le travail qu'ils font. Cela n'a pas
été une surprise car leur activité est informelle et son
utilité sociale ne lui enlève pas son caractère
d'activité illégale. L'instinct de survie accroît leur
méfiance à l'endroit de tout individu, inconnu, qui veut en
savoir plus sur leur travail au lieu de demander simplement un service de
change. Ils ne sont pas structurés. On ne trouve trace d'une quelconque
association ou organisation qui les réunit. La municipalité a un
grand mal à les repérer. Ils ne payent pas de taxes ni au
trésor public encore moins à la collectivité locale. Ils
n'ont donc pas de charges administratives ou fiscales. Ainsi ils sont des
concurrents redoutables pour les bureaux de changes officiels qui ont
simplement fermé boutique. Présentement on ne trouve aucun
bureau de change officiel implanté à Rosso.
De l'avis de Y.D59(*) gérant d'un télé centre
(Espace Tel Plus) au Marché de Rosso
Sénégal, « j'ai tout simplement fermé mon
agence ce change qui était agréé par les autorités
locales et qui me faisait payer des taxes énormes aux trésor
public pour la reconvertir à ce télé centre qui est pour
moi de loin plus rentable »60(*).Cet avis démontre que la présence des
trafiquants n'est pas exempte d'effets négatifs pour la
collectivité locale. C'est une activité qui génère
certes des revenus pour ceux qui en font la pratique mais c'est aussi une perte
considérable de recettes pour la commune de Rosso Sénégal
en empêchant le développement d'autres secteurs. En effet la
Compagnie Bancaire Ouest Africaine qui avait ouvert une agence sur place a du
la délocaliser à Richard Toll tant la concurrence des
« trafiquants » était insoutenable pour ces agences
formelles.
Le marché du change semble bien se porter malgré
la réticence affichée par les acteurs à le
reconnaître. L'activité de change est très sensible
à la fluctuation des cours des différentes monnaies en
circulation. Le constat que nous avons fait est que, les
« trafiquants » sont de véritables banques
ambulantes. Ils gardent par devers eux des sommes d'argent énormes en
différentes devises. Il nous à été très
difficile de savoir exactement les montants qu'ils pouvaient détenir sur
eux mais le choc visuel est sans équivoque. En effet, les
attachés cases et les mallettes qu'ils ont débordent de billets
de banque. Du franc CFA à l'Euro ils échangent des devises en
prélevant des commissions. Dans le système des échanges
à Rosso ils jouent un rôle essentiel. Leur activité
s'intègre dans le secteur informel ce qui ne l'empêche pas de
faciliter les échanges, de les rendre plus fluides et plus efficaces.
C'est une activité qui attire de plus en plus de monde et contribue
ainsi à résorber le taux de chômage. Beaucoup de migrants,
surtout les soninkés et les haalpoulars s'activent dans ce sous secteur
dont ils détiennent ici le monopole. Des réseaux très
structurés sont établis. Il y' a les rabatteurs qui accueillent
les clients, leur proposent le service avant des les conduire vers les
véritables « trafiquants » qui sont souvent
détenteurs de cantines où ils tiennent boutique.
c) Les prestations de services
marchands
* Les tailleurs : Leur
présence à Rosso se remarque vite par le visiteur. Ils sont
nombreux à y exercer leur métier. Leur travail s effectue
dans des baraques en taules de zinc souvent rouillé. On peut trouver
parfois plus de quatre machines dans un atelier ou ils sont regroupés.
Pourquoi ont -il choisi de s'installer ici ! La réponse est
presque une évidence. Selon un d'entre eux que nous avons
interrogé il s'est installé ici
« Pour travailler à la sueur de leur
front pour avoir de quoi subvenir à leur besoin mais nous
nous sommes surtout établis ici parce que c'est mieux pour l'exercice
de notre métier de tailleur. Aussi sommes nous là parce qu'il y a
une demande très forte qui vient de Rosso Mauritanie et qu'il faut la
satisfaire. Seulement nous avons choisi de ne pas aller nous installer
là bas puisqu' ici nous pouvons tirer plus de revenus alors que sur la
rive gauche les maures ne sont pas toujours faciles à
vivre. »
Ainsi donc nous pouvons dire que c' est surtout la
présence d' une clientèle qui provient de la ville voisine qui
fait que les tailleurs s' installent de plus en plus à Rosso
Sénégal.
* Les
Pousse -pousse : Sur la place du
débarcadère ; dans la place du marché ; dans les
artères de la ville, on rencontre presque dans tous les coins de rue des
véhicules poussés à deux bras qui sont souvent
lourdement chargés de marchandises, de valises etc. Ce sont les
Pousse -pousses. Pour Rosso, nous pouvons dire qu'ils font partie du
décor. Il sont d'une très grande utilité pour le transport
des marchandises du débarcadère vers ce qui sert de gare
routière. Leur efficacité est aussi à mettre en rapport
avec leur adoption au milieu urbain. En effet Rosso se trouve confronté
à un problème d'espaces. Les pousse- pousse sont ici des
véhicules adaptés pour transporter les marchandises en grande
quantité en évitant le plus les embouteillages. Le travail de
pousseur de pousse -pousse est aussi une occupation qui rapporte pour ceux qui
exercent ce métier. En moyenne un pousseur peu gagner entre 2000 f CFA
et 7500 f CFA par jour. La plus grande partie des pousseurs ne possède
pas l'outil de travail et sont à la solde de propriétaires
moyennant un salaire.
* Les garages de mécaniciens et les
menuiseries métallique et de bois : La
vétusté du parc automobile est sans doute l'une des raisons qui
favorisent l'implantation de garages de mécaniciens. La proximité
d'une ville capitale régionale sur l'autre rive engendre aussi des
demandes à satisfaire dans ce domaine. C'est ainsi qu'on note leur
forte présence dans la localité.
* Les restaurants, gargotes et
dibiteries ; L'une des principales activités qui
marchent ici c'est la restauration. C'est une activité très
florissante vu le nombre impressionnant qu'on y rencontre dans un espace aussi
réduit que la place du marché de Rosso. Sans évoquer de
chiffre nu regard simple promené sur les devantures des bâtiments
ou baraques nous renseigne sur le nombre de restaurants. Elle est une
occupation, principalement, pour les femmes. Elles participent ainsi à
la création de richesses pour la ville.
Les dibiteries aussi ne passent pas inaperçues du fait
de leur nombre important. C'est le domaine des hommes. La situation de ville
d'étape oblige souvent les voyageurs à se restaurer en attendant
les heures de rotation ou simplement en patientant que leur tour arrive de
traverser.
* Les
télé-centres : Les
télé-centres font partie de ce qui marche le mieux à
Rosso. De nombreux jeunes se sont investis dans ce nouveau secteur des
télécommunications. La communication est ici un besoin des
populations de la ville des voyageurs mais aussi des mauritaniens aussi
viennent souvent exprès à Rosso Sénégal pour passer
des appels, surtout les appels internationaux. En effet, le
Sénégal fait partie des pays africains les plus en avance dans ce
domaine. Les tarifs sont plus réduits que ceux qui sont pratiqués
en Mauritanie. Comme partout au Sénégal les télé-
centres jouent ici un rôle important dans la réduction du
chômage des jeunes. En ce qui concerne les échanges
transfrontaliers ils sont d'une utilité reconnue. Ils participent
à rendre les échanges plus fluides en cela qu'ils sont des
véhicules d'informations qui sont indispensables pour asseoir un
environnement des échanges plus facile.
* Les unités de transformation du
riz : Ils sont bien présents dans la ville.
L'importance de leur nombre rend compte de la place qu'occupe le marché
du riz dans la localité. Ces unités de transformation sont de
petites entreprises qui participent à juguler la crise de l'emploi. Ils
occupent des jeunes et des femmes qui sont à tous les niveaux de la
transformation ainsi qu'au niveau de la vente du riz. La particularité
ici c'est que l'essentiel du riz transformé est destiné au
marché mauritanien. C'est par conséquent, la principale raison
de la localisation en grand nombre de ces entreprises est à mettre en
relation avec la proximité avec la ville capitale régionale du
Trarza. La taille de cette localité favorise une demande à
satisfaire. Ces entreprises s'installent à Rosso Sénégal.
Pour eux c'est moins contraignant et ils ne sont pas toujours obligés de
subir les humeurs des autorités frontalières mauritaniennes. A
la question de savoir les avantages qu'ils tirent de rester à Rosso
c'est de pouvoir être payé en franc CFA.
Si nous avons insisté pour parler de ces
activités qui sont des parties intégrantes du secteur informel
c'est pour montrer leur présence remarquable. Elles ont un point commun
au moins outre le fait d'être informels c'est qu'elles tirent leurs
prospérités des échanges frontaliers. Cependant elles
jouent un rôle très important dans la réduction du
chômage, donnent des réponses aux besoins des populations et
participent à rétrécir le cercle de la pauvreté des
ménages corrigeant ainsi les inégalités sociales.
2.
Atténuation de la crise sociale urbaine
Une enquête menée dans les ménages nous a
permis de voir qu elle pouvait être l'impact des
activités transfrontalières dans l'économie locale
domestique mais aussi d'avoir la mesure des effets sur la constitution
des budgets des ménages. Cette enquête s'est
réalisée sur 105 ménages. Les
ménages sont choisis de manière aléatoire sans tenir
compte de leur localisation dans la ville. Il faut souligner que pour nous
ménage ne signifie pas concession. Dans une concession on peut avoir
plusieurs ménages et c'est une situation fréquente pour Rosso.
Tableau 7 : Le revenu mensuel des
ménages dans la commune de Rosso
Montants
|
Effectifs
|
Taux %
|
]- 30 000]
|
04
|
3.8
|
[30 000 - 50 000]
|
24
|
22.8
|
[50 000 - 75 000]
|
34
|
33.3
|
[75 000 - 100 000]
|
18
|
17.1
|
[+ 100 000[
|
24
|
22.8
|
TOTAL
|
105
|
100
|
Source : donnés de l'enquête juin
2005
Le tableau des revenus des ménages montre que 35% de
la population à un niveau de revenus compris entre 50 et75000 francs
CFA, 18% sont entre 75 et 100000 f CFA. Il est important de constater que
prés du quart des ménages enquêtés présente
un niveau de revenus supérieurs à 100 000 francs CFA par
mois.
a) La
participation des femmes aux activités frontalières.
Les raisons de cette implication des femmes dans le commerce
transfrontalier sont liées à plusieurs facteurs :
La crise de l'emploi :
C'est une donne valable pour majeure partie des villes ouest africaine. De plus
en plus les femmes investissent le secteur informel. Pour le cas de Rosso le
commerce transfrontalier a été une solution pour atténuer
les effets de la crise. Grâce à leur petit commerce, les femmes
participent à la formation du revenu des ménages.
La facilité de l'accès au
commerce : L'entrée des femmes dans le commerce
transfrontalier est relativement facile. Elle ne demande pas souvent de
disposer d'un capital énorme pour y accéder. Avec des sommes
relativement faibles, femmes peuvent ouvrir des étales où elles
vendent du sucre, des biscuits, du thé, du savon, des cigarettes, et
biens d'autres articles vendus au détail dans les coins de
rue.
Habileté à contournement de la
répression : Les femmes ont ici la
réputation de pouvoir déjouer le contrôle de la douane
mais aussi d'être plus tolérées par ces derniers. Par
ailleurs les femmes usent de stratagèmes très malignes pour
tromper la vigilance des autorités. Il faut cependant montrer la place
importante des femmes venant d'autres localités qui viennent elles aussi
jouer leur partition.
Les résultats de l'enquête ménage
révèlent que les ménages qui présentent le plus
important revenu sont ceux qui ont plus de membres qui se développent
dans les activités transfrontalières.
Il faut souligner ici le fait des travailleurs
transfrontaliers. De nombreux habitants de la ville se rendent très
fréquemment à Rosso Mauritanie et au-delà pour profiter
des offres de travail qui ne manquent pas dans les villes mauritaniennes. Ces
travailleurs transfrontaliers ont été presque toujours
présents. Un regard sur l'histoire montre que déjà
pendant la période coloniale des sénégalais sont partis en
masse travailler sur la rive gauche. Ce sera le cas aussi au lendemain des
indépendances. Aujourd'hui aussi les travailleurs transfrontaliers
existent. Seulement sous d'autres formes et selon de nouveaux rapports.
b) Les mouvements
pendulaires
Les mouvements pendulaires quotidiens : Chaque
matin, de nombreux habitants de la ville se rendent sur la rive gauche pour y
travailler. Ils sont présents dans le secteur de la construction, des
transports, de la pêche, du mareyage, dans l'artisanat. Les mouvements
pendulaires sont journaliers pour une bonne partie des travailleurs
transfrontaliers. Ils peuvent aussi être hebdomadaires. Le plus souvent
ils dépendent simplement des heures de rotation du bac ou des allers et
retours des pirogues.
Ces transfrontaliers parviennent à subvenir aux besoins
de leurs familles grâce aux emplois exercés dans le pays voisin.
C'est la survie de familles entières qui dépend des
activités transfrontalières surtout celles exercées par
les femmes.
Les grands retours les veilles de
fêtes : Les grandes fêtes
particulièrement celles musulmanes comme les
« tabaski », les « korités »
occasionnent des retours massifs de ressortissants de la ville. C'est dans de
pareilles occasions que beaucoup de travailleurs, souhaitant communier avec
leur famille, préfèrent revenir. Ces flux massifs de population
viennent confirmer le rôle de la proximité dans la recherche de
solutions pour les habitants de ville en terme de recherche d'emplois.
Aujourd'hui 65% des ménages enquêtés
affirment avoir au moins un membre de leur famille qui se trouve en Mauritanie.
Les rapports que la population entretient avec le pays voisin, sont très
complexes et de plusieurs ordres.
Les relations économiques sont les plus visibles. Les
populations vont faire leur marché à Rosso Mauritanie et
semblent ne pas tenir compte de la frontière. La plus part des produits
de consommation domestiques sont directement achetés en Mauritanie.
En plus de ces rapports économiques qui poussent
à la fréquentation viennent les liens sociaux. La plupart des
familles ont des parents proches établis sur l'autre rive. Ces liens
occasionnent des déplacements fréquents de part et d' auutre du
fleuve et dans les deux sens.
Ces deux liens sont difficiles à distinguer car souvent
il est difficile de savoir lequel des deux motive le déplacement. Tous
deux peuvent servir de prétexte pour vaquer à de petits trafics
qui sont plus ou moins tolérés par les autorités.
Seulement il faut souligner que c'est par eux que des quantités
énormes de marchandises entrent dans la ville. On aura aussi compris que
c'est par les réseaux tissés par le biais que la contrebande se
développe et inonde le marché local et les autres
localités environnantes.
CHAPITRE III : LA RENTE FRONTALIERE COMME SOURCE DE
REVENU POUR LA MUNICIPALITE
Selon les textes de la décentralisation, ne peuvent
être constituées en commune que les localités ayant un
développement suffisant pour pouvoir disposer de
ressources propres nécessaires à l'équilibre de leur
budget61(*). La commune de
Rosso répond sans doute à ce critère simple pour avoir
été érigé en 2002 en commune de plein exercice. En
tant ville frontalière, la rente tirée de sa position est d'une
importance dans la mobilisation des ressources. Les échanges
transfrontaliers constituent pour la commune de Rosso Sénégal un
enjeu économique majeur. Ils sont devenus aujourd'hui un facteur
incontournable dans la mise en oeuvre des politiques et des programmes visant
le développement. Pour s'en convaincre il faut regarder la place
occupée par les activités dépendantes directement des
échanges transfrontaliers dans la mise sur pied du budget.
1. Un
budget communal essentiellement dépendant de la rente
frontalière.
La commune dépend pour la constitution de son budget
annuel essentiellement des recettes prélevées sur les
activités qui se déroulent grâce à l'existence de la
frontière. Nous allons a travers une étude
détaillée des secteurs participants au budget voir le poids des
activités frontalières sur ce dernier.
Au regard des chiffres qui indiquent la participation des
différents secteurs à la constitution du budget de la commune il
ressort nettement que les activités qui contribuent le plus sont celles
dont la pratique est majoritairement si non totalement dépendante de
l'ouverture de la frontière. Il est aussi clair que l'existence et la
survie de la commune sont liées à l'existence et à la
florescence des activités et des effets frontaliers induits.
Le tableau de la page suivante nous montre les secteurs qui
font entrer des recettes pour la commune. Les chiffres proviennent du service
départemental de la perception et font l'état des finances de la
commune de l'année 2005 au mois de juillet.
Le tableau nous montre que les prévisions les plus
importantes sont faites sur les chapitres tels que les
« légalisations », « les
produits de droit de places » concernant les
étales des marchands, « les permis de
stationnement ». Ces chapitres dans le budget occupent
respectivement dans les prévisions budgétaire de l'année
2005 : 28.7, 14.9 et 40.1% ; dans
les prévisions de recette. Après six mois d'exercice, le
recouvrement concernant ces trois chapitres s'élève à
89.3% du taux de recouvrement.
Les légalisations sont les droits que toute personne
désireuse de se rendre à Rosso Mauritanie doit payer à la
mairie à hauteur de 500 f CFA. La prévision concernant ce
chapitre du budget était estimé à 25.000.000 f CFA pour
l'année 2005. En fin juillet le taux de recouvrement était de
8.660.000 f CFA.
Les permis de stationnement concernent les véhicules
qui passent par Rosso. Ces véhicules peuvent passer parfois des jours
à attendre leur tour de passage. Pour une prévision de recette
de 35.000.000 f CFA la commune a collecté après d'exercice, une
rentrée de 13.404.900 f CFA.
C' est aussi le cas pour les droits de places qui sont
payés par les marchands, les commerçantes et les
commerçants , les marchands occasionnels , les artisans ,
et tous ceux qui pour exercer leurs activités occupent une place
localisable par les collecteurs de la mairie.
Les ressources que la commune tire des activités qui
se déroulent au sein de son territoire sont d'une importance non
négligeable dans la confection du budget communale. Or, le tableau que
nous avons ici montre de manière nette la part considérable de
secteurs dont l'existence est exclusivement liée à
l'activité transfrontalière.
Il y'a donc une dépendance certaine de la
municipalité vis à vis d'activités qui, même si
elles ne sont pas précaires, ne jouissent pas d'une stabilité
sans faille. On constate ici que la source de revenus de la municipalité
est intrinsèquement attachée aux activités qui se
déroulent au sein de l'espace frontalier. La question qui se pose ici
est naturellement la viabilité de cette nouvelle collectivité de
base. Car si le développement local doit être entre les mains de
la municipalité à partir de ses ressources propres, il est
évident que pour le développement communal de Rosso
Sénégal la rente frontalière est au centre du processus.
Tableau 8: Les prévisions de recette et le
recouvrement effectif des recettes sur le budget 2005
Situation au 31 juillet 2005
Nomenclature
|
Prévisions
|
Taux
|
Recouvrements
|
Taux
|
Taxes sur les ordures ménagères
|
1 000 000
|
1,1
|
55 800
|
0,1
|
Etats civil
|
1 500 000
|
1,7
|
170 000
|
0,5
|
Légalisations
|
2 500 000
|
28,7
|
8 660 000
|
26,6
|
Locations restaurants et gargots
|
500 000
|
0,5
|
500 000
|
1,5
|
Produits droits de place
|
13 000 000
|
14,9
|
6 960 000
|
21,4
|
Permis de stationnement
|
35 000 000
|
40
|
13 404 000
|
41,2
|
Droit d'occupation du domaine public
|
1 500 000
|
1,7
|
57 5000
|
0,1
|
Patentes
|
6 000 000
|
7
|
1 990 000
|
6,1
|
Impôt sur le foncier bâti
|
2 000 000
|
2,2
|
193 975
|
0,5
|
Taxes sur les véhicules hippomobiles
|
1 000 000
|
1,1
|
390 000
|
1,2
|
Taxes sur les spectacles
|
300 000
|
0,3
|
29 000
|
0,08
|
Taxes sur l'électricité
|
300 000
|
0,3
|
70 000
|
0,2
|
TOTAL
|
84 600 000
|
100 %
|
32 482 015
|
100 %
|
Source : Commune de Rosso
Sénégal, juillet 2005
2. Des
obstacles à la collecte des revenus
Malgré l'apport considérable dans la formation
du budget de la commune, d'après les autorités municipales, la
ville ne bénéficie pas au maximum de la rente frontalière.
En effet la municipalité ne disposant pas de suffisamment de moyens pour
titrer partie des potentialités de ressources.
* Moyens institutionnels
insuffisants : La commune n'est pas la seule institution
qui intervient dans la gestion des activités transfrontalières.
Elle partage ce travail avec des organes de l'Etat central qui sont
présents pour saisir les opportunités offertes par la
frontière. La commune n'a donc pas les coudées franches pour
organiser à sa guise les activités. On assiste souvent à
des conflits d'intérêt qui découlent du fait que les enjeux
sont importants.
* Difficultés liées à la
maîtrise des flux. La mairie doit en principe
prélever 500f CFA sur chaque voyageur. Seulement tous
ceux qui franchissent de la frontière à ce niveau ne payent pas
toujours la taxe. Les usagers usent de ruses pour ne point s'acquitter de ce
devoir. Il faut souligner que la mairie ne dispose pas d'instruments de
contrôle des flux sur le débarcadère. Ce problème
est lié à la vétusté de l'infrastructure et au
conflit d'intérêt entre les administrations
déconcentrées (police et douane) et l'administration locale.
* Difficultés de localisation de
certaines activités : Des activités comme
par exemples le change, sont difficilement repérables pour un
prélèvement efficace des taxes malgré leur présence
en grand nombre sur l'espace et leur rôle important dans le processus.
C'est une perte de recette énorme pour la commune.
* Le manque
d'infrastructures : La ville souffre d'un manque
d'infrastructures et d'équipements qui sont la base de tout
développement urbain. L'absence de ces dernières
ne facilite pas pour la collectivité le travail de collecte de revenu
qui est indispensable au financement de son développement.
Une politique de collecte s'impose pour la commune pour
pouvoir titrer le plus de gains de sa situation de ville frontalière.
3. Les défis posés
par les impératifs de développement municipal.
La situation de « ville frontière »
ne présente pas que des opportunités pour la commune de Rosso.
Elle pose aussi de nombreux défis à relever amenant ainsi la
collectivité à devoir répondre à des questions
spécifiques et contextuelles. La réponse à ces questions
est aussi une des voies naturelles pour impulser un développement local
durable. La promotion du développement local urbain, la
réadaptation du commerce local à la réalité
économique du milieu, la sécurité des populations, les
effets néfastes sur les efforts d'éducation etc.., sont quelques
défis majeurs auxquels fait face la municipalité.
La promotion du développement local
urbain : Depuis son érection en commune, la ville
fait face à de nouvelles responsabilités. Ces dernières
doivent être à la hauteur du rôle que doit jouer la ville
dans le contexte géopolitique dans lequel il est placé. C'est
pourquoi depuis 2004, en partenariat avec l'Agence Régional de
Développement, la commune a élaboré un Plan
d'investissement communal dans lequel sont diagnostiqués l'ensemble des
secteurs qui font la ville ; ce document fait l'état des
lieux ; définit, en rapport avec les populations, les
différentes priorités et propose un plan d'investissement qui
à terme donne à la ville un statut plus respectable de commune.
Selon les autorités de la municipalité, seule la promotion du
développement urbain changera la situation actuelle qui fait que
beaucoup de valeur ajoutée est perdue à cause de la
vétusté du cadre urbain et d' une absence notoire de politique
d'aménagement. Celle-ci passe par :
· La réalisation d'infrastructures
urbaines : Elles sont essentielles pour la ville qui en
affiche un réel déficit.
· La mise sur pied de structures
d'accueil : Pour une ville porte d'entrée et qui est
un lieu de transit bien fréquenté, Rosso ne possède pas
de structures d'accueil pouvant répondre aux besoins éventuels
d'hébergement. C'est ici une contrainte qui fait que beaucoup de
voyageurs passent leurs nuits à Richard Toll ou Saint-louis. La
définition d'une bonne politique d'assainissement afin
d'améliorer le cadre de vie. Lutter contre certains fléaux qui
sont des résultantes directes des activités se passant à
la frontière comme :
· Renforcement de la sécurité
sanitaire des populations: Les déplacements quotidiens des
populations et l'enregistrement de nouveaux venus font que la ville est le
lieu de rencontre d'individus venus de tous horizons. Le contact humain est ici
une réalité. Cette situation de carrefour fait de ville une zone
potentiellement à risque pour des maladies pandémiques : les
maladies sexuellement transmissibles (sida), le cholera.
La ville se singularise par la vétusté de ses
infrastructures sanitaires qui ont du mal à prendre en compte cette
réalité. Les populations se trouvent donc dans une situation
d'insécurité sanitaire qui est due à la place qu'occupe la
localité dans les échanges transnationaux entre le
Sénégal et ses voisins. La collectivité qui a la charge de
la santé de la population a ici un rôle important à jouer.
La lutte contre la déperdition
scolaire : Le gouvernement du Sénégal
fournit des efforts considérables pour asseoir une bonne politique
d'éducation. Dans cette politique, la généralisation de
l'éducation, la scolarisation des filles, le maintien à
l'école, figurent en bonne place dans le tableau des objectifs. Dans le
cadre de la décentralisation, l'éducation est devenue une
prérogative des collectivités de base.
La commune de Rosso se trouve confronté à un
défi majeur : celui du maintien des enfants à l'école
surtout des jeunes filles. Ces dernières sont les victimes du
phénomène de la déperdition scolaire qui est une
gangrène de l'école dans la commune.
Frappés par la pauvreté, nombre de jeunes se
lancent dans les activités de contrebande, de trafic, entrent dans le
« tieup-thieup », vont travailler en Mauritanie pour aider
des familles démunies. La commune pourra initier des campagnes de
sensibilisation pour le maintien des jeunes surtouts des jeunes filles à
l'école.
Prévention contre la délinquance
juvénile : De nombreux enfants gravitent au
niveau du débarcadère. Ils sont dans le
« thieup thieup ». La plus pars
sont dans la petite délinquance et font des victimes auprès des
usagers. La ville est aussi un lieu potentiel de passage de drogue et de
produits prohibés créant une situation d'insécurité
auprès des jeunes.
Conclusion partielle
Les défis auxquels se confrontent la
collectivité de Rosso Sénégal montrent bien que loin de
toujours constituer des opportunités de profits pour les populations,
les échanges transfrontaliers ont aussi des effets négatifs sur
quelques aspects du développent local. Toutefois, ces dommages
collatéraux ne remettent pas en question l'utilité
économique et sociale de ces échanges. Seulement ils appellent
de la part des autorités locales une meilleure prise en charge de la
réalité frontière dans l'élaboration et la mise en
place des plans et programmes de développement local. Pour se faire, les
activités qui se déroulent aux frontières doivent non pas
être considérées comme des anomalies à corriger mais
plutôt comme un potentiel à explorer pour la
collectivité.
CONCLUSION GENERALE
La politique de décentralisation qui constitue le
lieu de mise en oeuvre des politiques de développement local, institue
aux collectivités de s'appuyer sur leurs ressources réelles ou
potentielles pour se structurer. De plus en plus les Etats se retirent en
délégants leurs compétences aux gouvernements locaux. La
loi au Sénégal portant transfert des compétences a
été votée en 1996. Presque une décennie
après sa promulgation, les collectivités locales dans leur
majorité peinent à s'acquitter convenablement des nouvelles
responsabilités qui leur sont attribuées.
Pour le cas de la ville de Rosso, les ressources qui
constituent les moteurs du développement local sont tributaires de la
réalité géopolitique et géographique du milieu.
Toute politique visant le développement de cette cité doit
nécessairement intégrer cette réalité, s'appesantir
sur les mécanismes à mettre en place afin de faire profiter la
commune au maximum de l'importante rente engendrée par l'effet
frontière, de considérer les activités se déroulant
au niveau de la frontière non point comme un désordre dont il
faut se désoler mais surtout comme un levier du développement. En
effet, il est impossible de penser l'épanouissement économique
des villes périphériques en ignorant la
réalité géographique et économique qui les
soutiennent.
Au regard des résultats obtenus, il apparaît
clairement que, la ville pour sa survie et son développement
socio-économique doit beaucoup à sa voisine du nord. La
proximité géographique, la situation de ville carrefour : le
seul point de la vallée à disposer d'un bac pour traverser, font
que de nombreuses activités y sont développées,
différents et divers acteurs y exercent leurs activités dont le
but ultime est de tirer le maximum de profit des opportunités que
fournit la localité. Tout ce dynamisme se ressent dans le regain
d'intérêt observé par les populations de la vallée
pour cette nouvelle commune.
Avec l'effet frontière, presque la
quasi-totalité des activités qui soutiennent l'économie
urbaine sont étroitement liées à la nature des relations
entre le Sénégal et la Mauritanie. La nouvelle
municipalité a révélé sa dépendance
vis-à-vis des recettes qu'elle tire de la frontière pour la
constitution de son budget qui, on le sait, est le principal instrument pour
opérer les investissements nécessaires à la
création d'un environnement urbain viable, vivable.
On l'a vu, l'essentiel des acteurs de l'économie
locale gravitent autour des activités transfrontalières. La plus
grande partie du produit local brut est engendrée par des secteurs
directement rattachés aux activités transfrontalières. D'
où la nécessité de prendre en compte cette
réalité dans les politiques de développement de la
localité.
Le développement futur de la ville ne peut se faire
sans que l'on prenne en compte des scénarios qui intègrent des
variables tels que l'évolution des rapports politiques entre le
Sénégal et la Mauritanie, les changements politiques en
Mauritanie etc.
Depuis quelques temps, ces rapports se sont
réchauffés et les cadres de la coopération
bilatérale ne cessent de se consolider par des actes posés par
les autorités de part et d'autre. De grands projets sont annoncés
comme la réalisation d'un pont qui va relier les deux rives à
Rosso. Avec l'avènement du nouveau pouvoir, et compte tenu des voyages
d'affaires les déplacements annoncés des nouvelles
autorités mauritaniennes sur Dakar, on s'achemine vers une consolidation
des relations. Il ne faut pas oublier aussi l'exploitation prochaine des
gisements de pétrole découverts à Keur Massène,
village mauritanien situé dans la zone du bas Delta mauritanien qui
devrait fournir des emplois supplémentaires au profit des
localités de la zone.
Toutes ces mutations annoncées de part et d'autre ne
vont pas laisser la ville indemne. D'une manière ou d'une autre Rosso
doit s'attendre à devoir jouer un rôle plus important que ce
qu'elle a connu jusqu' à présent. C'est pourquoi des projets
comme le plans d'investissement communal doivent se focaliser surtout sur
l'anticipation pour que Rosso puisse intégrer ces nouvelles mutations
sans grands heurts.
BIBLIOGRAPHIE
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26. LOUM M. B.,
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27. MAIGA M., 1995 : Le bassin
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28. MAIGA M., 1995 : Le fleuve
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l'Ouest, Paris, Karthala, pp.197-222.
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régionale en Afrique de l'Ouest, Paris, Karthala-CRDI,
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40. WACKERANN G.,
2000 : Géographie humaine, Paris, Ellipse Marketing SA,
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41. WARR B., 1997 : Relance des
économies locales en Afrique de l'Ouest : cas du département
de Dagana Région de Saint-louis (Sénégal) ; la
pêche dans le département de Dagana, Club du Sahel.
42. YAPI-DIAHOU A., 2003 : La
recherche urbaine à l'épreuve des milieux marginalisés
dans la ville : Réflexion sur les défis
méthodologiques en sciences humaines, EDUCI, (collection Recherche
et Méthodologie), 123 p.
LISTE DES TABLEAUX
N°
|
Pages
|
Titres
|
1
|
32
|
Données démographiques sur la ville de
Rosso Sénégal : Situation des ménages de la ville de
Rosso en 2002
|
2
|
67
|
Produits qui proviennent de Rosso Mauritanie.
|
3
|
68
|
Les produits sénégalais s'exportant en
Mauritanie
|
4
|
72
|
Le nombre de touriste de Passage à Rosso
Sénégal
|
5
|
72
|
Flux de mauritaniens entrés au Sénégal entre
le 1er janvier et 4 Avril 2004
|
6
|
87
|
Les domaines d'activité des chefs de
ménage
|
7
|
93
|
Le revenu mensuel des ménages dans la commune de Rosso
|
8
|
98
|
Les prévisions de recette et le recouvrement
effectif des recettes sur le budget 2005. Situation au 31 juillet 2005
|
LISTE DES FIGURES
N°
|
Pages
|
Titres
|
1
|
33
|
Répartition ethno-démographique de la population
|
2
|
82
|
Les flux sortants du territoire sénégalais
|
3
|
83
|
Le circuit officiel des flux entrant dans le territoire
sénégalais par
Rosso- Sénégal :
|
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
2
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
3
INTRODUCTION GENERALE
4
PROBLEMATIQUE
7
HYPOTHESES
10
QUESTIONS DE L' ETUDE
10
OBJECTIFS POURSUIVIS
11
APPROCHE THEORIQUE
12
METHODOLOGIE
19
PREMIERE PARTIE :
Présentation du cadre d'étude et des
facteurs de développement des échanges transfrontaliers
21
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CADRE REGIONAL
ET LOCAL
24
1. Le cadre régional
24
a) Le cadre géographique
général du Delta
24
b)Une région dépositaire d'une
vieille tradition urbaine.
26
c) L'économie locale du Delta
27
2. Monographie de la ville de Rosso
Sénégal.
30
a) Caractéristiques physiques et ethno
démographiques de la population
30
b)Les systèmes de production
33
c) L'état des infrastructures.
34
CHAPITRE II: HISTORIQUE DES RELATIONS
SENEGALO-MAURITANIENNES
38
1. Evolution des rapports avant et pendant la
colonisation
38
a) Le déclin du royaume du Walo
38
b) La vallée lieu d'affrontement de la
caravane et de la caravelle
39
c) la pénétration
européenne ou l'ère de la colonisation
40
2. Des indépendances nationales au conflit
frontalier de 1989
42
a)La réalité des
frontières nationales
42
b)Une volonté d'intégration
toujours exprimée
46
c)Le différend frontalier de
1989
47
CHAPITRE III: LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT DES
ECHANGES TRANSFRONTALIERS
52
1. Les aspects politiques des échanges
transfrontaliers.
52
a)Une exigence géopolitique
52
b)La complémentarité
territoriale
53
c)Les différences des politiques
nationales
54
2.Les facteurs géographiques des
échanges transfrontaliers
56
a)Une ville carrefour et un passage
obligé
56
b)La position géographique avantageuse
de Rosso Mauritanie
57
c)Rosso Sénégal : Une ville
plus tournée vers son homologue mauritanien
57
3. Les aspects économiques des
échanges transfrontaliers.
58
a)L'intégration économique
«de fait »
58
b)Le différentiel
économique
59
c)Les effets de la crise
économique
60
4. Les aspects humains : une variable centrale
dans les échanges transfrontaliers.
63
a)Identité des peuples et des
cultures
63
b)Une
gestion « souple » de circulation entre les deux
villes voisines
63
c )Essa d'identification du contenu des
échanges
65
DEUXIEME PARTIE :
L'organisation du système des
échanges transfrontaliers
69
CHAPITRE I: LES ACTEURS INTERVENANTS DANS LES
ECHANGES TRANSFRONTALIERS
70
1. Le rôle de l'Etat, de ses agents
déconcentrés et de la collectivité locale.
70
a) La douanes : un rôle
d'encadrement, de surveillance et de contrôle
71
b) La police et la gendarmerie
72
c) La commune : un acteur comme les
autres
73
2. Le rôle du secteur privé
74
a) Les agences de transit
(sociétés et particuliers)
75
b) Les sociétés
d'assurance
76
c) Les agents transporteurs
77
3. Les commerçants transfrontaliers.
83
a) Rosso Sénégal : une ville
de transit plus qu'un marché
83
b) Les commerçants fixés à
Rosso Sénégal.
84
c) Les commerçants itinérants ou
« banas-banas »
85
CHAPITRE II : UNE ECONOMIE URBAINE SOUTENDUE
PAR LES ACTIVITES DU SECTEUR INFORMEL
87
1. Un secteur intermédiaire dynamique
87
a) Les travailleurs transfrontaliers.
88
b) Les agents de change ou
« trafiquants »
89
c) Les prestations de services
marchands
91
2. Atténuation de la crise sociale
urbaine
93
a) La participation des femmes aux
activités frontalières.
94
b) Les mouvements pendulaires
95
CHAPITRE III : LA RENTE FRONTALIERE COMME
SOURCE DE REVENU POUR LA MUNICIPALITE
97
1. Un budget communal essentiellement
dépendant de la rente frontalière.
97
2. Des obstacles à la collecte des
revenus
100
3. Les défis posés par les
impératifs de développement municipal.
101
CONCLUSION GENERALE
104
BIBLIOGRAPHIE
106
LISTE DES TABLEAUX
111
LISTE DES FIGURES
111
TABLE DES MATIERES
112
ANNEXES
113
ANNEXES
QUESTIONNAIRE
L'impact des échanges transfrontaliers dans
l'économie des ménages dans la ville de Rosso
Sénégal.
I. Identification du
ménage :
1.1. Taille du ménage (nombre de personnes) : 2 3
4 5 6 7 8 9 10 +10
1.2. Répartition par âge des membres :
- entre 0 et 10 ans
- entre 11 et 15 ans
- entre 16 et 20 ans
-entre 21 et 25 ans
-entre 26 et 30 ans
- plus de 30 ans
II. Identification du chef de
ménage :
2.1. Age.........
2.2. Sexe...
Masculin Féminin
2.3. Religion
Musulmane Chrétienne Autres
2.4. Ethnie...
Haalpoular wolof maure
soninké autre à préciser......
2.5. Langues parlées...........................
2.6. Origine..............................
III. Situation matrimoniale du chef de
ménage :
3.1. Marié (e)
- Monogame Polygame
3.2. Divorcé (e)
3.3. Célibataire
3.4. Veuf ou Veuve
IV. Situation professionnelle du chef de
ménage :
4.1. Occupé (e) préciser le travail
...........................
4.2. Chômeur
4.3. Retraités
V. Situation économique du
ménage
5.1. Nombre de personnes en activité dans le
ménage:
1 2 3 4 5 6 7
8 9 1 0 +10
5.2. Revenu mensuel moyen du ménage
-moins de 30 000f CFA
-entre 30 000f CFA et 50 000f CFA
-entre 50 000f CFA et 75 000f CFA
- entre 75 000f CFA et 100 000f CFA
- plus de 100 000f CFA
VI Rapports du ménage avec la ville
voisine
6.1 Y a t- il un ou des membres du ménage qui travaille
(ent) en Mauritanie ?
OUI NON
6.2. Si oui, combien sont - ils ?
1 2 3 4 5 6 7 8
9 10 +10
6.3. 1.Quelle profession y exercent t- ils ?
(Préciser la profession)
................................................................................................
................................................................................................
.................................................................................................
6.4. 2. Font t-ils des mouvements pendulaires :
Une fois par jour,
Plusieurs fois par jour
Une fois par semaine,
Plusieurs fois par semaine
6.5 En dehors du travail allez vous à Rosso ?
6.6 Pourquoi ?
.......................................................................................................................................................................................
Guide d'entretien destiné à
l'administration des douanes
1. Quand est ce que la brigade des douanes de Rosso a- t- elle
été, mise en place ?
2. Combien d'éléments sont ils en poste dans
cette brigade ?
3. Quelle est la mission de l'administration douanière
au sein de l'espace frontalier ?
4. Quelles catégories de personnes se
présentent-elles le plus au poste de contrôle douanier ?
(Pouvons avoir des statistiques qui pourront nous le montrer plus
clairement ?)
5. Quelles sont les dispositifs réglementaires qui
régissent actuellement le commerce frontalier dans son ensemble ?
6. Quelles catégories de marchandises sont les plus
déclarées au niveau de la douane ?
7. Y a-t-il des produits dont l'importation est
systématiquement prohibée ?
8. Si oui : les quelles et pourquoi ?
9. Comment s'effectue la taxation des produits
importés ?
10. Les commerçants s'acquittent ils du devoir de
payement des taxes ?
11. Quelle est la destination des droits et taxes
prélevés sur les personnes et les biens sur l'espace
frontalier ?
12. Selon votre appréciation de professionnelle les
populations sont ils au fait des droits qui régissent le commerce
transfrontalier ?
13. Quelles sont les mesures prises pour faire connaître
le rôle de la douane aux acteurs transfrontaliers ?
Guide d'entretien destiné à la
police :
1. En quelle année le poste frontalier de Rosso a t- il
été mis en place ?
2. Combien d'éléments sont ils en poste à
Rosso ?
3. Quelle est la fonction spécifique de la police au
sein de lé espace frontalier ?
4. Quel est l'état de la législation sur les
mouvements de population entre les deux rives ?
5. D' après vous les conditions de traversée
sont elles rigides ou bien au contraire sont elles faciles ?
6. Disposez vous de statistiques qui puissent nous fournir une
idée précise de la densité des flux entrants et
sortants ?
7. Pouvons nous avoir une idée du profil des personnes
qui traversent le fleuve ?
8. Les étrangers payent ils une taxe spéciale
pour fouler le sol sénégalais ?
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts13.png)
Figure 1 :: Scène de débarquement de
voyageurs
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts14.png)
Figure 2 : Piroguiers sur le Quai de Rosso
Sénégal
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts15.png)
Figure 3 : Le Bac s'approchant du
débarcadère
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts16.png)
Figure 4 : File de camion attendant leur tour pour
traverser
|
PLANCHE N° 1
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts17.png)
Figure 5 : Hangar central du marché de Rosso
Sénégal
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts18.png)
Figure 6 : Un restaurant et Un télé
centre à Rosso Sénégal
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts19.png)
Figure 7 : Une unité de transformation de
riz
|
![](echanges-transfrontaliers-rosso-senegal-mauritanie-organisation-impacts20.png)
Figure 8 s Le ciment sénégalais se
vend bien à Rosso Mauritanie
|
PLANCHE N° 2
* 1 Frédéric
GIRAUT, 1997 : Les petites et moyennes villes d'Afrique noire in
Les petites et moyennes villes d'Afrique noire, Paris, Karthala, pp. 17
à 37.
* 2 Jaqueline Beaujeu GARNIER
(1997) « géographie urbaine »,4ème
édition Paris, 349 p.
* 3 OMVS (Organisation pour la
mise en valeur du fleuve Sénégal). Créé
conjointement par les Etats du Sénégal, du Mali, et de la
Mauritanie en 1971. Sa mission consiste à « la
promotion et la coordination des études et des travaux de mise en valeur
des ressources du Bassin du fleuve Sénégal sur les territoires
des Etats membres. »
* 4 Max DURRUAU, (1995,1996)
« Géographie Humaine », ed. Armand COLIN/Masson,
col. U Géographie, Paris, 468 p.
* 5 Henri NOON,
(2001), « Régions et Nations » in
«Les concepts de la géographie Humaine », Armand
COLIN/VUEF, Paris, 333p.
* 6 Henri NOON, (2001), idem.
* 7Roger BURNET, (2001),
« L déchiffrement du monde : théories et pratiques
de la géographie », Belin, Paris,
* 8 Max DURRUAU, (2002),
« Géographie Humaine », Armand COLIN, /VUEF, Paris,
447p.
* 9 Gabriel WACKERMANN, (2000),
« Géographie Humaine », ellipse Marketing SA, Paris,
352p.
* 10 Gabriel WACKERMANN, (2000)
idem.
* 11 Karine BENNAFLA, (1999),
« La fin des territoires nationaux ? Etat et commerce
transfrontalier en Afrique Centrale », Politique africaine N°
73
* 12 Pape Demba FALL, 2004,
Etats-Nations et migrations en Afrique de l' Ouest : le défi de la
mondialisation, UNESCO , 22p.
* 13 Bruno STARY,
(1997), « De la rente agricole à la rente
frontalière : Niablé une petite ville ivoirienne à la
frontière du Ghana » in « petites et moyennes villes
d'Afrique noire », Karthala, Paris, pp.61-85
* 14 D. BRAND et M. DURASSET,
(1999) « Dictionnaire thématique d'histoire et de
géographie », Paris, Dalloz, 444p.
* 15 CLUB DU SAHEL / OCDE,
1998 : L'économie local de Saint- Louis et du Delta du Fleuve
Sénégal : Etude de cas du programme « Relance des
économies locales en Afrique de l'Ouest ».
(Résumé).
* 16 La majeure partie des
chiffres que nous utilisons dans cette partie sont tirées de l'
étude ECOLOC sur le Delta en 1998.
* 17 PLB (produit local Brut)
signifie l'ensemble des richesses produites au cours d'une année dans
une localité donnée : ici dans le Delta. Définition
retenue par les chercheurs du programme Relance des économies locales en
Afrique de l' Ouest. (OCDE/ CLUB DU SAHEL).
* 18 CLUB DU SAHEL / OCDE,
1998 : L'économie local de Saint- Louis et du Delta du Fleuve
Sénégal : Etude de cas du programme « Relance des
économies locales en Afrique de l'Ouest ».
(Résumé).
* 19 Bouna WARR,
1997, « Relance des économies locales en Afrique de
l'ouest : cas du département de Dagana, Région de
Saint-Louis (Sénégal) », CLUB DU SAHEL, OCDE.
* 20 Bouna WARR, 1997, op. cit.
* 21 CLUB DU SAHEL / OCDE,
1998, op.cit
* 22 CLUB DU SAHEL/ OCDE,
1998 : op. cit.
* 23 CLUB DU SAHEL / OCDE,
1998: op. cit.
* 24 Recensement
Général de la population (RGPH 2002). Donnés recueillies
au prés du service régional des statistiques à
Saint-Louis.
* 25 Cheikh SARR, 1997, le
peuplement, l'occupation de l'espace et l'aménagement du territoire du
Delta, CLUB DU SAHEL/ OCDE, 90pages.
* 26 Le produit local brut
renvoie à l'ensemble des richesses produites dans la commune de Rosso
Sénégal au cours de l'année.
* 27 Mahamadou MAIGA, (1995),
« le Bassin du Fleuve Sénégal : de la traite
négrière au développement sous régional
autocentré », Paris, l' Harmattan, 321 pages.
* 28 Boubacar BARRI, 1985,
« Le royaume du Walo : le Sénégal avant la
conquête » Paris, Karthala, 421 pages.
* 29 LERICOLLAIS André,
2002: « L'aménagement de la vallée du
Sénégal : logiques nationales et coopération entre
les Etats riverains ».
* 30 LERICOLLAIS André.
Idem
* 31 BONARDEL Régine,
1992:« Saint Louis du Sénégal : mort ou
renaissance », Paris, l' Harmattan,
* 32Régine BONARDEL,
1992, idem
* 33 Confréries
religieuses que l'on retrouve aussi bien au Sénégal qu'en
Mauritanie.
* 34 Khadissatou SAM,
1996-1997, « Situation et intégration
socioéconomique au Sénégal : le cas des du
département de Matam », Mémoire de maîtrise,
section de sociologie UGB Saint-Louis,
* 35 SAM cite ici l'ouvrage de
ces deux auteurs intitulé : « Le
Sénégal sous Abdou Diouf ».
* 36 Décret cité
par MAIGA, 1995, p 110
* 37En 1984, trois parties de
cadres et d'intellectuels noirs fusionnent pour créer le FLAM.
Mouvement politique clandestin en majorité composé de
Haalpoulars. Ce mouvement fut accusé de plusieurs actions jugés
porter atteinte à l'Etat mauritanien. C'est le cas de la tentative de
Coup d' Etat du 28 octobre1987.
* 38 Mahamadou MAIGA, 1992,
« l'intégration de l'Afrique de l'Ouest en 2011 »,
CODESRIA, Dakar.
* 39 Mahamadou MAIGA., 1995,
idem, p 216
* 40 Union regroupant les pays
ouest africains utilisant le franc CFA.
* 41 Mahamadou MAIGA, (1992),
ibid. p113
* 42 Les termes de l'accord d'
Aleg signé le 28 Août 1988 repris ici pour avoir une ide de
l'esprit dans lequel le conflit a été gr en amont. Cité
par Mahamadou MAIGA, 1995, ibid. p 115.
* 43 120 à 160 000
mauritaniens qui vivaient au Sénégal
76 000sénégalais habitants en Mauritanie, 25 à
45 000 Mauritaniens noirs.
* 44 Khadissatou SAM,
(1996-1997), Mémoire déjà cité.
* 45 Termes désignait
les populations qui ont été victimes du conflit
sénégalo-mauritanien. Jusqu' à présent le statut
d'une partie de ces populations n'est pas clair. L'association des
réfugiés aux Sénégal lutte depuis 1989 pour
régulariser cette situation. La question est aussi délicat pour
les dirigeants des deux pays tant elle est sensible.
* 46 Principe retenu par
l'Organisation de l'unité Africain et reconnu par l'ensemble des Etats
membres pour prévenir les risques de conflits pouvant découler de
la question des frontières. C'est aussi un moyen d'annihiler toutes les
velléités de conquête ou d'invasion d'un pays membre
à un autre. Selon ce principe, les frontières
héritées de la colonisation sont accepté et maintenus.
* 47 Emmanuel GREGOIRE,
1992 : Quelques aspects des échanges transfrontaliers entre le
Niger et le Nigeria in les terrains du développement, approche
disciplinaire des économies du Sud, ORSTOM, pp.153-160.
* 48 Luc SINJOUN,
(2002), « Les relations internationales africaines : entre
Etats en crise et flux transnationaux », CODESRIA, Dakar, 95p.
* 49 M.DIOP, conseiller
municipal à Rosso Sénégal.
* 50 Entretient que nous avons
eu avec un conseiller municipal de Rosso Sénégal que nous avons
trouvé dans le bureau du maire. Nous avons pris en compte ces propos car
nous considérons un conseiller municipal comme pouvant être une
personne ressource. Il y' a aussi l'âge et le lieu de la conversation qui
sont pour nous des gages de crédibilité des propos.
* 51 John. O. IGUE, (1985),
idem
* 52 Kate MEAHGER, 1996,
« Le commerce parallèle en Afrique de l'ouest :
intégration informelle ou subvention économique. » in
Réal LAVERGNE (sous la direction de), 1996, intégration et
coopération régionale en Afrique de l'Ouest. pp. 197-222.
* 53 STRYKER J. D., METZEL J.
C. et SALINGER B., 1996 : «Une stratégie pour les
échanges et la croissance Afrique de l'Ouest : analyse sectorielle
et plan d'action » in Intégration et coopération
régionale en Afrique de l' Ouest., Paris Karthala- CRDI, pp.223-250.
Ces in jonctions sont prises dans le cadre des programmes d'
justement structurels initié en Afrique dans le milieu des années
1980 par la FMI et la Banque mondiale. Elles visaient une stabilisation macro
économique des Etats. Elle aussi permis une amélioration des
échanges entre pays africains.
* 54 Emmanuel GREGOIRE, (1992),
« Quelques aspects des échanges entre le Niger et le
Nigeria » in « les terrains du développement,
approche disciplinaire des économies du Sud », ORSTOM, PARIS,
pp 153-160
* 55 Karine BENNAFLA, (1999),
idem.
* 56 Karine BENNAFLA, (1999),
op. Cit.
* 57 Propos recueillis au cours
des discussions que nous avons eu avec les acteurs sur le quais de
d'embarquement et de débarquement.
* 58Ousmane Sène :
C'est le président de l'association des commerçants de Rosso-
Sénégal affilié à la chambre de commerce de
saint-louis. Nous avons eu un entretien avec lui. L'entretien s'étant
déroulé en wolof, nous avons reformulé les propos en
français en essayant de d'être le plus fidèle possible.
Voir guide d'entretien à la partie annexe du document.
* 59 Y. DIALLO, ancien
étudiant, opérateur économique et gérant du
Complexe Tel Plus à Rosso.
* 60 Nous avons eu un entretien
avec lui dans ses locaux. Les séances se sont tenues lors des heures de
pause du bac qui occasionne la diminution des clients.
* 61 CESTI et FONDATION KONRAD,
2002 : Les cahiers de l'alternance : élection locales 2002,
questions et réponses. Page 31.
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