TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
..........................................................................1
DEDICACES
..................................................................................3
TABLE DES MATIERES
....................................................................5
SIGLES ET ABREVIATIONS
.............................................................7
INTRODUCTION GENERALE
............................................................9
Chapitre 1 : GENESE ET EVOLUTION DES SFD
....................................12
I) Contexte général et
historique............................................................14
1) Contexte social et humain
....................................................14
2) Contexte économique et financier
.............................................16
II) Analyse conceptuelle des SFD
.......................................................18
1) Définition conceptuelle
.............................................................18
2) Vocabulaire
...................................................................18
III) Evolution des SFD et cadre
réglementaire ..........................................19
1) Evolution des SFD
...........................................................19
2) Cadre réglementaire
...........................................................22
Chapitre 2 : PRESENTATION DES SFD
............................................27
I) Typologie
...................................................................................28
1) Les Mutuelles d'Epargne et de Crédits (MEC)
.............................29
2) Les Groupements d'Epargne et de Crédits
(GEC)...........................30
3) Les structures sous convention cadre
...........................................32
II/ Activités et les Produits et les Services de
l'Epargne .............................33
1) Les activités
...................................................................................33
2) Les produits et les services de l'épargne
.......................................34
Chapitre 3 : CONTRIBUTION DES SFD SUR FINANCEMENT
DU DEVELOPPEMENT
.....................................................................39
I) Evolution comparative
.............................................................................40
1) Situation du secteur bancaire classique
.......................................40
2) Situation du secteur de la microfinance
..........................................41
II) Acquis et limites des SFD
.............................................................46
1) Les acquis
...................................................................................46
2) Les limites
..............................................................................47
III) Impact des SFD dans l'économie
sénégalaise ...................................49
1) Méthodologie d'analyse d'impact
...............................................49
2) Des outils d'analyses plus opérationnels
.........................................51
3) L'impact des SFD
....................................................................53
CONCLUSION GENERALE
...........................................................55
BIBLIOGRAPHIE
................................................................................................60
WEBOGRAPHIE
..................................................................................................60
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACDI : Agence Canadienne pour le
Développement International
AT/ CPEC : Assistance Technique aux
Caisses Populaires d'Épargne et de Crédit
ACEP : Alliance de Crédit et
d'Epargne pour la Production
AIMS: Assessing the Impact of Microentreprise
ATOMBS: Assistance Technique aux
Opérations Bancaires Mutualistes du Sénégal
BCEAO : Banque Centrale des États
de l'Afrique de l'Ouest
CAPAF : Programme de renforcement des
Capacités des Institutions de Microfinance en Afrique Francophone
CEC : Caisse d'Épargne et de
Crédit
CEDEAO : Communauté
Économique des États de l'Afrique de l'Ouest
CGAP : Groupe Consultatif d'Assistance
aux Pauvres
CMS : Crédit Mutuel du
Sénégal
COOPEC : Coopérative d'Epargne et
de Crédit
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté
FMI : Fond Monétaire
International
FDEA : Femmes Développement
Entreprises en Afrique
GEC : Groupement d'Épargne et de
Crédit
IDH : Indice de Développement
Humains
IMF : Institutions de Microfinance
MEC : Mutuelle d'Épargne et de
Crédit
MECMU : Mutuelle d'Épargne et de
Crédit de la Municipalité de Dakar
PMA : Pays les Moyens Avancés
PAME : Programme d'Appui à Micro
- Entreprise
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PAMECAS : Union des Mutuelles du
Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit
PARMEC : Réglementation des
Mutuelles d'Epargne et de Crédit
PMI : Petites et Moyennes Industries
PNLP : Programme National de Lutte
contre la Pauvreté
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
ONG : Organisation Non Gouvernemental
REMECU : Réseau de Mutuelles
d'Epargne et de Crédit de l'UNACOIS
SFD : Système Financier
Décentralisés
SMEC : Structure Mutualistes d'Epargne et
de Crédit
UEMOA : Union Economique monétaire
Ouest Africain
UMEC : Union des Mutuelles d'Epargne et
de Crédit
UMECU : Union des Mutuelles d'Epargne et
de Crédit de l'UNACOIS
UNACOIS : Union National des
Commerçants et Industriels du Sénégal
USAID : United State Agency for
International Developpement
INTRODUCTION
GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
D'après le dernier rapport du PNUD plus de 500 millions
de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Mais malgré cela, les pauvres ont toujours mené
des activités génératrices de revenus pour subvenir
à leur besoin , un des problèmes majeurs auxquels ils sont
confrontés est l'accès au financement.
La microfinance en étant au service de ses populations
par l'octroi de service financier s'est donné comme objectif de lutter
contre la pauvreté.
C'est dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et
l'exclusion, donateurs et praticiens ont fait appel à la micro finance
pour insérer les populations dans le développement
économique de leurs pays, à travers la création d'emplois,
de revenus et donc de pouvoir d'achat.
Cette nouvelle approche, qui consacre les coopératives
d'épargne et de crédit (Coopec), au mérite de
partir de l'épargne locale, pour faire du crédit et non des fonds
extérieurs et celui d'être géré par ses membres
(aspect coopératif). Ce modèle inspiré de celui de
Raiffeisen est repris quelques années plus tard par Desjardins
(Taillefer, 1996). L'un et l'autre ont cherché les moyens à la
fois de lutter contre l'usure et d'améliorer les conditions de vie des
pauvres.
C'est ainsi, qu'au Sénégal, depuis quelques
années les agences de développement commencent à repenser
sérieusement certains aspects de leur politique d'aide au
développement.
Le manque d'emploi, la pauvreté grandissante dans la
plupart des pays en développement, et l'absence apparente
d'efficacité des pratiques traditionnelles d'aide au
développement, impose une allocation des budgets disponibles et un
changement important de stratégie et d'attitude des intervenants.
A cet égard la microfinance en tant qu'outil
d'émancipation économique et sociale, représente un champ
d'intervention intéressant.
Ceci en vertu de ses capacités de création
d'emplois, de revenus et de l'ampleur qu'il prend dans les pays en
développement.
Ainsi que par la dimension plus équitable qu'elle
apporte en matière d'aide au développement.
Ce qui nous pousse à étudier l'impact des
Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) sur
l'économie du Sénégal.
Notre étude s'articulera autour de trois (03)
chapitres. Pour une analyse complète de la problématique et dans
le souci d'avoir une approche dynamique, il nous semble opportun
d'étudier dans un premier chapitre la genèse et
l'évolution des SFD. Dans ce chapitre nous aurons à
étudier le contexte général dans lequel s'est
développé les SFD, pour y faire une analyse conceptuelle et enfin
voir leur évolution et leur cadre réglementaire.
Dans un second chapitre la présentation des SFD, pour
cela nous aurons à étudier leur typologie, leurs activités
et les produits et services de l'épargne.
Enfin dans un troisième chapitre la contribution des
SFD sur le financement du développement.
Dans ce chapitre nous ferons une étude comparative de
la situation du secteur bancaire classique et du secteur de la microfinance,
puis les acquis et les limites des SFD et enfin l'impact des SFD sur
l'économie sénégalaise.
Chapitre I :
GENESE ET
EVOLUTION DES SFD
Chapitre 1 : Genèse et Evolution des
SFD
Au Sénégal, la décennie d'après
indépendance a été marquée par une grave crise
économique. Le secteur primaire, principal poste de ressources du pays,
a connu d'importants blocages suite aux sécheresses de 1974 et 1979,
à la non diversification des cultures de rentes (arachide et coton) et
à la détérioration des termes de l'échange. Du fait
de l'instabilité pluviométrique, mais aussi de la concurrence
d'autres pays, les exportations d'arachide ont enregistré une forte
baisse et la population, rurale à plus de 55%, s'est vue fortement
endettée et appauvrie. Conséquence : de grands vagues
migratoires vers le milieu urbain s'observent à partir des années
80.
Comme dans la plupart des pays en développement, les
circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur
rôle de récupération de l'épargne nationale. Outre
un environnement peu favorable, les banques ont connu d'énormes
difficultés financières et structurelles pour avoir permis
à l'Etat, fortement endetté après la dilution de ses
recettes d'exportations d'assurer ses charges (salaires des fonctionnaires,
financement du secteur public), par des prêts rarement remboursés.
En outre, par les effets du clientélisme, des
prêts considérables ont été alloués à
des dignitaires sans qu'ils se soient acquittés des remboursements au
point qu'une société de recouvrement a été
créée en 1989 pour tenter de limiter des pertes.
A ce cadre peu propice à l'expansion bancaire, s'est
ajouté un mode de fonctionnement inapproprié à la
clientèle locale, les banques constituant un prolongement des
établissements des anciennes métropoles coloniales, avec un
calquage de leurs modes de fonctionnement sur le modèle français.
Ce qui a eu pour conséquence d'exclure économiquement,
psychologiquement et géographiquement les populations locales. Sachant
qu'une importante frange de la population vit avec moins d'un dollar par jour,
comment faire face au montant exigé pour la simple ouverture (1.000 FF
pour un compte d'épargne et 5.000 FF pour un compte courant) ? Sans
parler des garanties (nantissements, hypothèques) hors de portée
d'une population qui peine à subvenir à ses besoins !
Sur ce plan psychologique, la localisation des banques en
centre ville a eu pour effet « d'impressionner » les
populations de banlieue et les ruraux. Le luxe dont s'entourent ces
établissements (cadre climatisé, architecture moderne,
ascenseurs) ne correspond pas aux mentalités du pays et en
éloigne une bonne partie de la population, en majorité
analphabète, rebutée par la lourdeur des démarches
administratives. Problèmes d'accès également : en
dehors de la caisse nationale de crédit agricole, aucune banque
classique n'est localisée en milieu rural ou péril urbain.
I/ Contexte général et Historique
1) le contexte social et humain
Selon le dernier rapport sur le développement humain en
(2001) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le
Sénégal se place en 145e position sur 164 pays en
fonction de son indice de développement humain (IDH).
Le pays fait partie de la catégorie des pays les moins
avancés (PMA), membre de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) et du Comité Economique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO).
Le taux d'accroissement (2,9%) de la population est un des
taux les plus élevés du continent. La population, dont 60% vit en
milieu rural, inégalement répartie entre les différentes
régions. La région de Dakar abrite environ 24% de l'ensemble de
la population pour une superficie représentant 0,3% du territoire
national.
La démographie est caractérisée par une
croissance rapide de la population urbaine au rythme de 4% par année, ce
qui engendre des problèmes de promiscuité et
d'insécurité, d'assainissement, d'accroissement du chômage,
de la pollution et de la mobilité.
Par ailleurs 5,8% de la population sénégalaise a
moins de 20 ans. Cette majorité de jeunes entraîne une forte
demande sociale dans les domaines de l'éducation, de la santé et
de l'emploi, demande qui devra être prise en compte dans le choix de
politiques économiques et sociales du Sénégal et de ses
partenaires extérieurs au développement. Prés de 40% de la
population est au chômage. La majorité des demandeurs d'emplois se
trouve dans le secteur informel (1,2 millions de personnes). Les indicateurs
sociaux du pays restent toujours préoccupants. Ainsi, 54% des habitants
vivent sous le seuil de la pauvreté.
La répartition des ménages pauvres à
travers le pays connaît une forte diversité entre les
régions. Outre la région de Dakar, qui se situe sous la moyenne
nationale, aux alentours des 37%, toutes les autres régions affichent
des taux supérieurs à cette moyenne : Ziguinchor (65,5%),
Tambacounda (69,2%), Kaolack (75,5%), Louga (65,3%), Fatick (81,4%), Saint
Louis (65,7%), Thiès (68,7%), Kolda (79,2%) et Matam (89,7%).
2) le contexte économique et financier
La situation macro économique actuelle du
Sénégal paraît saine. En effet au cours des trois
dernières années, la croissance économique fut vigoureuse
de l'ordre de 5% l'an. En 2001, une croissance de 5,7% a été
atteinte, principalement grâce au secteur tertiaire.
Toutefois, l'inflation a grimpé de 0,6% en 2000
à 2,9% en 2001, ce qui reste tout de même sous la barre des 3%
recommandés par l'UEMOA.
Tournée vers l'extérieur, l'économie
sénégalaise souffre d'une détérioration des termes
de l'échange. Dés lors, la balance commerciale du pays est
devenue déficitaire à cause du poids exercé sur le budget
par les importations de pétrole, de biens d'équipement et de riz.
Mieux, depuis l'indépendance, la croissance démographique ne
s'est pas accompagnée d'une progression équivalente de la
production des biens et services.
Par ailleurs, l'économie sénégalaise au
cours de ces dernières décennies, a subi de plein fouet les chocs
pétroliers (1973et 1987) qui ont été lourdement ressentis.
Qui plus est, des cycles de sécheresse ont traversé le pays les
années 70, réduisant la prépondérance de l'arachide
qui a toujours été la principale culture de vente. Aujourd'hui,
les recettes du pays sont assurées par des secteurs non agricoles de
l'économie ; la pêche, le tourisme pour plus de 60 milliards
de Franc CFA. Mais aussi par l'exploitation minière.
La crise du monde rural, les difficultés des
entreprises privées, l'hypertrophie du secteur privé à
l'assistance du FMI et de la Banque mondiale.
Ainsi en 1979 un programme d'ajustement structurel a
été mis en oeuvre par les institutions financières
internationales, lourdement ressenti par les populations au cours des vingt
dernières années.
La tendance s'est poursuivie avec la dévaluation du
Franc CFA intervenue le 11 janvier 1994. Seuls les acteurs de la pêche,
de l'industrie chimique et du tourisme ont bénéficie des effets
positifs de la dépréciation monétaire.
Même si l'inflation qui tourne autour de 33% a
amenuisé les effets positifs de la dévaluation, les populations
ont souffert de la forte baisse du pouvoir d'achat.
Aujourd'hui le problème majeur du Sénégal
demeure les investissements indispensables pour relancer les secteurs
générateurs d'emplois.
Depuis quelques années les agents au
développement commencent à repenser sérieusement certains
aspects de leurs politiques d'aide au développement.
Le manque d'emploi, la pauvreté grandissant dans la
plupart des pays en développement, l'absence apparente
d'efficacité des pratiques traditionnelles d'aide au
développement, imposent une réallocation des budgets disponibles
et un changement important de stratégie et d'attitude des
intervenants.
Face à cette crise, la tendance étant au
désengagement progressif après une longue période
d'interventionnisme, une politique de redressement a été mise en
place en 1989 pour sécuriser les conditions de prêt. Dés
lors, il devenait encore plus difficile pour les populations à faibles
revenus d'accéder à ces services dans ce contexte, la
microfinance trouva donc un terrain favorable à son expansion.
A cet égard le secteur de la micro finance, en tant
qu'outil d'émancipation économique et social, représente
un champ d'intervention intéressant. Ceci, en vertu de ses
capacités de création d'emplois et de revenus, de l'ampleur qu'il
prend dans la plupart des pays en développement, ainsi que par la
nouvelle dimension plus équitable qu'il apporte en matière d'aide
au développement.
II/ Analyse conceptuelle des SFD
1) Définition conceptuelle
La microfinance regroupe une diversité d'acteurs
financiers également appelés Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) qui mettent à la disposition des
populations généralement exclues du système bancaire, des
services d'épargne et/ou de crédit.
Elle consiste à créer et diffuser des services
financiers de proximités en faveur des personnes qui n'ont pas
accès aux services bancaires traditionnels, et ceux, principalement
avec un objectif de renforcement du micro entreprenariat.
La micro finance englobe un large éventail de services
financiers tels que les dépôts, les emprunts/crédits, les
services de paiements, et depuis peu les transferts d'argent, l'offre
d'assurance aux ménages pauvres et à bas revenus ainsi
qu'à leurs micro entreprises.
La micro finance est un outil de développement parmi
d'autre, de lutte contre la pauvreté et l'exclusion de population
défavorisée, elle vise à favoriser la création et
le développement de petites activités économiques
rentables par l'accès au financement extérieur et à la
mobilisation de l'épargne. Ces entités économiques
appartenant au secteur informel sont appelées micro entreprise.
2) Vocabulaire utilisé
Il existe plusieurs termes pour dénommer les
institutions qui font de la micro finance, ainsi la littérature
utilisé indifférent :
Les systèmes d'épargne et de crédit, les
institutions financiers spécialisés (IFS), les institutions de
micro financement (IFM ou MFI en anglais).
Les systèmes financiers décentralisés (SFD, surtout la
littérature française)
Ces différentes appellations se recoupent largement
même si chacune met l'accent particulier sur un aspect spécifique
de la problématique.
Néanmoins, ces différentes institutions quelque
soit leur appellation peuvent avoir des formes juridiques très
distinctes. Certaines ont des statuts temporaires
(Projets), d'autres rentrent dans la loi bancaire en vigueur
au niveau national voir régional (Afrique de l'Ouest), d'autres encore
font l'objet de lois spécifiques.
III/ Evolution des SFD et cadre
réglementaire
1) Evolution des SFD
Initialement destinées à appuyer le financement
du développement à la base dans le milieu rural, les structures
de micro finance vont gagner les villes très tôt à la
faveur d'une grande adhésion de la population.
En effet, la micro finance s'est développée en
tant qu'approche du développement économique qui
s'intéresse spécifiquement aux populations à faible revenu
exerçant un travail indépendant. Elle est née en
réponses aux « interrogations et aux conclusions d'études
concernant l'offre publique de crédits subventionnés
destinés aux paysans pauvres. ». C'est ainsi que dans les
années 1970 le secteur financier a été utilisé
comme instrument de financement de politiques interventionnistes avec la mise
en place des banques de développement, ce qui se traduisait dans les
projets par un crédit considéré avant tout comme un
intrant. Ceci, suite à la décision des gouvernements africains et
de leurs partenaires de lancer des programmes de développement, qui
incluaient la distribution d'intrants et d'équipement, à
crédit et d'appuyer les banques de développement.
Seulement, dans cette première approche d'aide au
développement, on a noté une inexistence d'effet de levier
économique des pratiques traditionnelles de services financiers qui
relevaient plus de petites aides d'urgence et étaient peu
disposées à faciliter l'enrichissement des
bénéficiaires. Leur ciblage technique sur des programmes de
vulgarisation agricole peu soucieux des aléas climatiques ou de la
commercialisation des produits, a condamné ces programmes à subir
de lourds impayés. ». À cela s'ajoute une gestion gabegie
qui a conduit à la fermeture de la majorité des banques de
développement.
Dans sa démarche, ce programme alliait une politique de
diffusion des innovations ou de création d'entreprises. Cependant, il
enregistrait un faible intérêt pour le remboursement de la part
des populations. Dans ce contexte d'aide au développement,
l'intervention d'organisations d'appui et d'ONG a facilité le transfert
à la fois d'innovations et de fonds destinés aux financements. Ce
modèle d'aide supervisé par des « agents de
développement » ne prenait guère en
considération le bénéficiaire et a comporté
beaucoup de dysfonctionnements. Il faut remarquer que la majeure partie de ces
interventions était axée sur le monde rural. La conviction
était faite que la pauvreté était essentiellement rurale.
De nouvelles approches d'épargne et de financement
allaient être fondées sur une implication des
bénéficiaires dans une certaine autogestion et un suivi de
proximité. Ce fut le cas des caisses villageoises, des
coopératives ou mutuelles d'épargne et de crédit qui, avec
l'aide d'ONG, chercheront à affiner leur profil organisationnel et
institutionnel.
C'est en vu de tous cela que la microfinance
s'est développée au Sénégal dés la fin des
années 1990, et compte de nos jours 848 SFD répertoriés
à la cellule AT/CPEC comprenant des Groupements d'Epargne et de
Crédit (GEC) 404, Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC) 426,
Unions 06, Fédérations 01, Confédérations 01,
structures sous convention 10. Le nombre total de
bénéficières touchés au 31/12/2004 estimé
à 718.887, l'encours de crédit au 31/12/2004 est de 68,675
milliards de FCFA, l'encours de l'épargne au 31/12/2004 est de 57,254
milliards de FCFA.
Ces systèmes financiers décentralisés
(SFD) ont été le produit d'un partenariat entre l'Etat, les
opérateurs, certaines banques nationales de développement et les
bailleurs de fonds. Globalement, le rôle de l'État a
été plutôt en retrait, les bailleurs de fonds n'entendant
pas qu'il s'implique dans la gestion ou dans la stratégie des
institutions.
La microfinance s'inscrivait de plus en plus sur la loi du
marché, en se déployant sous diverses formes. Ainsi, en faisant
partie intégrante du système financier, elle rendait caduque le
dualisme secteur financier formel - secteur financier informel, longtemps
présent au Sénégal.
De façon générale, l'émergence des
SFD (Systèmes financiers décentralisés) au
Sénégal, intervient dans un contexte national marqué par
le désengagement de l'État, la responsabilisation des acteurs
privés ruraux et par l'encouragement du financement du
développement par les ressources internes mobilisées par les
associations de base.
Ainsi, la mise en place des SFD entre dans le cadre de la
politique volontariste de l'État, appuyée par l'aide
extérieure. Le développement des SFD est aussi lié
à l'exclusion des banques et à la précarité des
systèmes financiers informels.
Les SFD concernent le secteur dynamique exclu des
systèmes bancaires, le secteur informel et les PME/PME. Ils cherchent la
rentabilité, tout en oeuvrant à la satisfaction de leurs membres,
tant sur le plan économique que social, contribuant ainsi à leur
bien-être. L'apparition des SFD ne s'est pas faite de façon
spontanée, mais découle de la prise en compte d'une
réalité. En effet, leur cible demeure les populations à
revenu modeste, tant rurales qu'urbaines, qui ont un difficile accès aux
services bancaires formalisés.
Aujourd'hui, la réalité du système
financier reflète l'existence d'au moins trois secteurs : bancaire,
intermédiaire et autonome (ou informel). Des hypothèses
politiques, axées sur la diminution du rôle de l'État et la
déréglementation présageaient une unification du
marché financier et la suppression du secteur informel à travers
le rôle central du taux d'intérêt comme facteur
d'équilibre entre l'offre et la demande financière. Ces
représentations ne semblent guère se vérifier.
2) Cadre réglementaire de la microfinance
Nés dans le contexte de la réforme bancaire, les
Systèmes Financiers de Décentralisés (SFD) ont connu un
essor fulgurant, tout d'abord par l'alternative qu'ils représentent pour
les opérateurs économiquement faibles, mais aussi par un appui
constant des autorités monétaires et financières.
En engageant un programme de restauration bancaire, les
autorités monétaires cherchaient, au-delà d'un
assainissement en profondeur des institutions en difficulté, à
améliorer le système d'intermédiation financière
dans son ensemble, en offrant la possibilité d'avoir, à
côté d'un système bancaire plus solide et plus viable, un
mécanisme complémentaire par la promotion du secteur de la micro
finance.
Au Sénégal, le Projet d'Assistance Technique aux
Opérations Bancaires Mutualistes du Sénégal (ATOBMS)
appuyé par l'ACDI et la Banque Mondiale s'inscrivait dans cette
perspective. Le point central des travaux de l' ATOBMS créé en
avril 1990 a été durant deux années le tracé des
contours d'un cadre juridique spécifique à ce secteur.
A la fin du projet ATOMBS, la Cellule d'Assistance Technique
aux Caisses Populaires d'Épargne et de Crédit AT/CPEC fut
créée par arrêté N°13773/MEF, du 05/11/92, pour
assurer la tutelle du ministère de l'Économie et des Finances sur
les Mutuelles d'Épargne et de Crédit (MEC).
Aussi, fut pris l'arrêté N°001702 du 23
février 1993, portant fixation des dispositions transitoires relatives
à l'organisation, aux conditions d'agrément et de fonctionnement
des Structures Mutualistes d'Épargne et de Crédit (SMEC). Il fut
abrogé avec l'avènement de la loi cadre UEMOA qui fut
adoptée au Sénégal sous le no°95-03 du 05 janvier
1995 et complétée par son décret d'application
no°97-1106 du 11 novembre 1997, par les institutions du Gouverneur de la
BCEAO du 10 mars 1998, et par la Convention cadre du 4 juillet 1996. Cette
nouvelle loi vise les objectifs suivants : la protection des épargnants,
la sécurité des opérations et l'autonomie des
réseaux.
Des réflexions ont été engagées
dans le cadre du Programme d'Appui à la Réglementation des
Mutuelles d'Épargne et de Crédit (PARMEC), initiées par la
BCEAO et la coopérative canadienne. La loi PARMEC permettra d'agrandir
le champ des institutions mutualistes en intégrant les
coopératives. Cette loi allait mettre en place des mécanismes
d'intermédiation entre les institutions bancaires et les multiples
formes d'associations d'épargne et de crédit.
Ces SDF constituent une alternative au système bancaire
classique parce qu'adaptées au contexte socio - culturel et aux
aspirations des populations dans la recherche de moyens efficaces de lutte
contre la pauvreté et de financement d'activités productives.
Pour être reconnue par la loi, une institution,
exerçant des activités de collecte d'épargne et d'octroi
de crédit, doit être régie par les principes de la
mutualité ou de la coopération. Cette dernière doit
être préalablement reconnue ou agréée (art. 13, 46).
Les institutions régies par le principe de la mutualité ou de la
coopération sont tenues de respecter les règles d'actions
mutualistes ou coopératives suivantes :
L'adhésion des membres doit être libre et volontaire (art.11) ;
Le
nombre de membre n'est pas limité ;
La
démocratie doit régir le fonctionnement des institutions de base
selon le principe un homme/une voix, et quelque soit le nombre de parts
sociales détenues par chacun ;
Le
vote par procuration doit être exceptionnel ;
Limitation de rémunération des parts sociales ;
Constitution obligatoire d'une réserve, les sommes ainsi
réservées peuvent être partagées par les membres.
Sont privilégiées des actions visant l'éducation des
membres (art. 5).
L'innovation majeure qu'apporte la loi est le primat qu'elle
accorde d'une part à l'intermédiation de proximité et
d'autre part au lien de confiance qui doit exister entre les membres.
Cette confiance se situe aussi au niveau des rapports entre clients et
institutions financières. Celle du créditeur est calculée
et elle s'établit sur des sûretés que le débiteur
doit offrir, qu'elles soient personnelles, réelles ou fondées sur
la propriété réservée.
Le cadre juridique de la micro finance au
Sénégal a fait l'objet d'adaptations successives reflétant
la volonté des autorités de doter ce secteur d'une
réglementation appropriée.
Ainsi de 1993 à ce jour plusieurs textes légaux
et réglementaires ont régi ce secteur : il s'agit de
l'arrêt n° 017032/MEFP du 23 février 1993 portant fixation de
dispositions transitoires relatives à l'organisation, aux conditions
d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes
d'épargne et de crédit, la loi
n° 95-05 du 5 janvier 1995 portant réglementation
des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de
crédit, de la loi n° 98-33 du 17 avril 1998 relative à la
répression des opérations usuraires et aux taux
d'intérêt, du décret d'application n°97-1106 du 11
novembre 1997 de la loi 95-03, de la convention cadre adoptée le 3
juillet 1996 par le conseil de Ministres de l'UEMOA et applicable aux
institutions non constituées de la Banque Centrale et des Actes
Uniformes de l'OHADA.
Les SFD sont nés dans le contexte de la
réforme bancaire, décentralisés ils ont connu un essor
fulgurant, tout d'abord par l'alternative qu'ils représentent pour les
opérateurs économiquement faibles, mais aussi par un appui
constant des autorités monétaires et financières.
En engageant un programme de restauration bancaire, les
autorités monétaires cherchaient, au-delà d'un
assainissement en profondeur des institutions en difficulté, à
améliorer le système d'intermédiation financière
dans son ensemble, en offrant la possibilité d'avoir, à
côté d'un système bancaire plus solide et plus viable, un
mécanisme complémentaire par la promotion du secteur de la
microfinance.
Les SDF constituent une alternative au système
bancaire classique parce qu'adaptées au contexte socio - culturel et aux
aspirations des populations dans la recherche de moyens efficaces de lutte
contre la pauvreté et de financement d'activités productives.
À un niveau sous régional, l'objectif de la loi
PARMEC est, entre autres, d'organiser ces structures, de les
réglementer, afin d'éviter les abus et surtout de protéger
les déposants (art. 7). La loi a aussi pour objectif de faciliter
l'intégration économique avec la mise en place d'un espace
financier régional. C'est ce qui explique son adoption par les
parlements des pays membres de l'UEMOA : Mali, Burkina en 1984,
Sénégal, Bénin, Togo en 1985. La loi a enfin pour objectif
implicite de drainer l'épargne informelle vers les circuits officiels.
Cette épargne une fois recyclée pourrait assurer le financement
du développement que ne peuvent garantir les circuits informels
d'épargne et de crédit.
Chapitre II
PRESENTATION DES SFD
Chapitre 2 : Présentation des
SFD
Depuis son émergence à la fin des années
80, le secteur de la microfinance au Sénégal est en pleine
croissance. Aujourd'hui, on compte plus de 800 structures financières
décentralisées reconnues (mutuelles de base, groupements
d'épargne et de crédit et structures signataires de convention).
Ces structures offrent des services et produits financiers à des
populations actives à divers niveaux et secteurs de l'économie
nationale contribuant ainsi à la croissance économique et
à la lutte contre la pauvreté.
En effet ce secteur connaît une expansion, au cours de
cette phase, l'accent est mis sur le développement des activités
de crédit et d'épargne et sur des démarches des IMF en vue
de la mobilisation des ressources pour financer la croissance. Les octrois de
crédit ont connu une progression notable au cours de ces
dernières années se maintenant à un rythme de plus de 28%
l'an.
Les systèmes de financiers décentralisés
(SFD) ou institutions de microfinance
regroupent une variété d'expériences
d'épargne et/ou de crédit, diverses par la
taille, le degré de structuration et la philosophie.
Dans les Etats membres de
L'UEMOA, les SFD peuvent être classés en trois
grandes catégories : les mutuelles d'épargne et de
crédits, les groupements d'épargne et de crédits, et les
structures sous convention cadre.
I/ Typologie des SFD au Sénégal
La référence aux modèles traditionnels
(le mouvement Desjardins, le modèle Raiffeisen, le modèle de la
Gramen Bank, et les Caisses d'Epargne et de Crédit
Autogérées) et la concertation avec les différents
intervenants a permis de mettre en place un cadre juridique servant de support
à l'activité de microfinance. C'est ainsi que la loi 9503 du 05
janvier 1995 a établi son champ d'application dans les articles 3
à 8, en donnant la typologie des SFD pouvant opérer
régulièrement au Sénégal, à savoir :
les Mutuelle d'Epargne et de Crédit (MEC), les Groupement d'Epargne et
de crédit et crédit et les Organisations et Structures
signataires de la convention cadre (structures mutualistes).
1) Les Mutuelles d'Epargne et de Crédits
(MEC)
Au sens de la loi, une mutuelle d'épargne et de
crédit est un groupement de personne doté de la
personnalité morale, sans but lucratif et à capitale variable,
reposant sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle
et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres
et de leur consentir du crédit (Article 2 de la loi).
Ici l'épargne constituée devient
l'élément essentiel qui sert à alimenter le crédit.
On y trouve les organisations mutualistes et coopératives de
crédit inspiré de modèles de Centre International de
crédit mutuel et du mouvement Desjardins.
Avec l'appui de la cellule AP/CPEC du Ministère des
Finances, et celui de différents partenaires au développement,
beaucoup du MEC ont vu le jour. Les MEC au Sénégal trouvent leur
force à travers leur regroupement en structures faîtières.
Le tableau ci-dessous donne l'évolution des MEC et des
structures faîtières ayant reçu l'agrément du
Ministre des Finances de 1993 à 2005.
Tableau n°1 : nombre de MEC agrées
par année de 1993 à 2005
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
total
|
MEC
|
18
|
56
|
6
|
19
|
21
|
30
|
23
|
43
|
20
|
24
|
53
|
42
|
71
|
426
|
Structures faîtières
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0
|
2
|
1
|
0
|
7
|
Ce tableau met en évidence un dynamisme des acteurs
dans la mise en place des MEC, mais surtout leur volonté dans
l'insertion au cadre juridique et institutionnel. Plusieurs Mec sont
agréées chaque et le nombre total d'institutions mutualistes
agréées s'élève à 426 en 2005.
Ces MEC sont regroupées dans sept structures
faîtières dont les plus importantes sont : le Crédit
Mutuel du Sénégal (CMS), l'Alliance de Crédit et d'Epargne
pour la production (ACEP) et le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne
et du Crédit au Sénégal (PAMECAS).
Cependant, même si beaucoup de MEC renforcent leurs
capacités d'autres en conservent à peine leur
crédibilité vis-à-vis de la Cellule AT/CPEC, soit du fait
d'une mauvaise gestion ou de multiples contraintes compromettant leur survie,
leur viabilité.
2) Les Groupements d'Epargne et de Crédit
(GEC)
Aux terme de la loi, « un groupement
d'épargne et de crédit » ou «
groupement » est un regroupement de personnes qui, sans remplir les
conditions exigées pour être reconnu comme institution de base,
effectue des activités d'épargne et/ou de crédit en
s'inspirant des règles d'action de la mutualité.
L'institution de base est une institution principalement
constituée de personnes physiques et obéissant aux règles
d'actions précitées. Pour ces structures, ayant comme
référence le modèle de la Grameen Bank
développé par le professeur Mohamed YUNUS, l'épargne n'est
pas préalable. Le crédit est alimenté par des capitaux en
provenance, pour la plupart, de l'extérieur. L'évolution des GEC
est donnée par le tableau n°2 ci après.
Tableau n°2. Nombre de GEC reconnus par
année entre 1993 à mai 2004
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Mai 04
|
total
|
Nbre de GEC
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
39
|
109
|
130
|
53
|
53
|
17
|
3
|
404
|
L'agrément des GEC a commencé au
Sénégal en 1998, avec 39 GEC agréés. Mais les deux
(2) années qui suivent sont marquées par une forte progression du
nombre de GEC, avec 109 agréments octroyés en 1999 puis 130 en
2000. Ce bon exprime non seulement l'importance des financements reçus,
principalement de l'extérieur, mais il matérialise aussi les
fortes lancées politiques dans la promotion des couches
défavorisées, et particulièrement celle des femmes.
Toutefois, le nombre de GEC va rapidement se stabiliser, du
fait de la chute du rythme de progression des attributions d'agréments
par la cellule AT/CPEC du Ministère des Finances. En effet, le nombre de
GEC est passé aussitôt à 53 en 2001 et en 2002, puis
à 17 en 2003. Et de 1993 à mai 2004, le nombre total de GEC
agréés s'élève à 404.
Mais ce nombre ne tient pas compte des restructurations
correspondant à l'adaptation des statuts des GEC à leur
environnement et à leur niveau de croissance. En effet, 42 GEC ont connu
des mutations pour passer du statut de GEC à celui de MEC. Ceci
ramène le nombre de GEC le nombre de GEC agrées à 362.
3) Les Structures ou Organisations sous convention Cadre
La structure au terme de la loi est « une
organisation sans but lucratif et a pour objet d'effectuer sur le territoire du
Sénégal, la collecte de l'épargne et /ou des
opérations de crédits ». En outre, la structure
favorise la formation et l'éducation de ses dirigeants ainsi que ses
membres. L'évolution du nombre d'Organisations sous Convention Cadre et
retracé dans le tableau ci-dessous.
Tableau n°3. Nombre d'organisation sous
convention cadre
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Mai 04
|
total
|
Org. Ss conv. cadre
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
2
|
0
|
2
|
0
|
0
|
10
|
A la lumière de ce tableau, les
Organisations sous Convention Cadre ont connu une faible expansion au
Sénégal. C'est seulement en 1999 que les premières
attributions d'agrément sont effectuées au niveau de Cellule
AT/CPEC du Ministère de l'Economie et des Finances. Il n'y a eu par la
suite que quatre (4) autres agréments, en 2000 puis en 2002 avec un
nombre de deux agréments pour chaque année. Ainsi, de 1993 en mai
2004, dix (10) Organisations sous Convention Cadre sont agréées
au Sénégal.
Toutefois ces organisations sous convention n'échappent
pas au contrôle de la cellule AT\CPEC qui a même retire son
agrément à l'une d'entre elle, parce qu'elle ne pouvait plus se
doter d'une situation, financière et organisationnelle, acceptable.
A la lumière de ce qui précède, nous
pouvons noter une bonne insertion des structures de microfinance dans le cadre
juridique et institutionnel. De plus il y a un dynamisme des structures de
suivi et de contrôle, contribuant ainsi à une culture du
perfectionnisme dans le secteur. A ce titre, nous ne manquerons pas de
souligner les efforts notoires déployés par la BCEAO, le
Ministère de tutelle et les cabinets spécialisés dans
l'encadrement des structures de microfinance.
II/ Activités, les Produits et les Services de
l'Epargne
1) Les Activités
L'activité des SFD consiste essentiellement en des
opérations de collecte d'épargne et d'octroi de crédit
à des populations non bancarisées pour des montants modestes,
voire infimes. Cette activité, que l'on appelle usuellement la
microfinance, peut englober des activités annexes : opérations
d'assurance liées au crédit, activités de conseil en
comptabilité ou en gestion, actions d'éducation sanitaire ou
sociale elles aussi liées au crédit.
D'autres produits financiers sont parfois
développés, par les SFD eux-mêmes ou en relation avec des
banques implantées dans l'UEMOA : il s'agit principalement des
opérations de transfert de fonds internationaux, impliquant souvent une
opération de change, et de mise à disposition de chéquiers
en faveur de la clientèle la plus aisée. Ces activités
sont, chacune en ce qui la concerne, soumises à une
réglementation plus ou moins parcellaire, qui a vocation à
régir tout ou partie de l'activité exercée. Elles
demeurent cependant marginales au regard de l'activité centrale, qui est
l'octroi du crédit et, pour une partie des SFD, la collecte de
l'épargne.
2) les Produits et les Services de l'Epargne
La diversité des réseaux de micro finance selon
leur méthodologie et la place qu'ils attribuent à
l'épargne (épargne préalable et exclusive ou concomitante
et secondaire) entraîne une diversité dans les produits et
services d'épargne. Ceux-ci peuvent être appréhendés
sous trois catégories : l'épargne volontaire, l'épargne
obligatoire et l'épargne liée à un service.
a) L'épargne volontaire
L'épargne volontaire est constituée de deux
types de produits :
ü Les dépôts à vue constituent la
catégorie la plus utilisée des produits d'épargne. Ils
sont caractérisés par la souplesse des conditions d'accès
: faible montant exigé pour l'ouverture d'un compte, proximité et
accessibilité des caisses, possibilité d'effectuer de petits
versements et liberté de retraits à tout moment, facilité
d'exécution des opérations. Les dépôts à vue
permettent aux populations de garder leurs économies en lieux
sûrs, à l'abri des pressions familiales. Le livret de compte remis
au déposant lui permet de vérifier les opérations
effectuées et le solde disponible dans le compte ;
ü Les dépôts à terme sont des
dépôts bloqués pendant une période minimum de trois
mois et qui sont rémunérés par un taux
prédéterminé. Les dépôts à vue sont
très peu développés pour au moins deux raisons. D'abord,
les populations ont des revenus très faibles. Ensuite il s'avère
que la motivation essentielle de l'épargne demeure l'accès au
crédit, même si d'autres motivations comme la
sécurité et la précaution existent.
b) L'épargne obligatoire
L'épargne obligatoire est en relation directe avec le
crédit. On trouve deux types d'épargne obligatoire :
ü L'épargne préalable suit le postulat
selon lequel un demandeur de crédit doit fournir un effort financier
minimum consistant à épargner régulièrement une
certaine somme pendant une période d'au moins trois mois. Ce qui devra
prouver qu'il est capable d'apporter au moment de sa demande de crédit
une part des besoins de financement (au minimum 10 %). Cette épargne est
bloquée et parfois non rémunérée ;
ü L'épargne de garantie sert à garantir le
crédit consenti généralement à un individu ou
à un groupe. L'épargne de garantie est parfois utilisée en
combinaison avec d'autres formes de garanties (cautions solidaires de groupe).
La mobilisation de l'épargne de garantie (ou selon les appellations :
fonds de garantie, fonds de groupe, épargne nantie) se fait selon trois
procédés différents :
- Une constitution préalable de l'épargne par
les moyens propres des demandeurs ;
- Un prélèvement sur le montant du crédit
au moment de la mise en place du prêt. Ce montant prélevé
est bloqué comme garantie ;
- Une constitution de l'épargne au fur et à
mesure que l'on rembourse le prêt. Ceci ne constitue plus une garantie
mais suppose une incitation à l'épargne.
c) L'épargne liée à un service
donné
Ce service n'est pas très répandu mais tend de
plus en plus à être intégré par les SFD. On peut en
citer l'épargne investissement ou l'épargne vieillesse. Par
contre, au Sénégal le service le plus répandu est
aujourd'hui l'assurance-maladie. Des produits micro assurance santé sont
de plus en plus offerts par des mutuelles d'épargne et de crédit.
PAMECAS en a fait l'expérience avec la mutuelle d'épargne et de
crédit Icotaf boubess (MECIB) en installant un dispositif contractuel
entre ses clients et des structures sanitaires (Sine 2003, p. 68).
En somme, il faut remarquer que l'incitation à
épargner dépend du type de service offert. Dans certains
réseaux, par exemple les fonctionnaires ne sont pas éligibles
pour avoir des prêts. La structure ne leur offre que des services
d'épargne, faisant une priorité aux populations à faible
revenu. Cependant, dans un souci de rechercher des moyens, les SFD font preuve
d'innovation en matière de services et de produits offerts aux clients.
L'ACEP propose des types de comptes d'épargne en dehors de ceux
classiques : les comptes d'épargne entrepreneur, d'épargne projet
ou spécial mettent un procédé beaucoup plus complexe et
ciblent une clientèle donnée.
L'organisation de l'épargne et sa capitalisation plus
que l'octroi de crédit aux pauvres et aux exclus était un
défi que le Sénégal devait relever. Aussi, la mobilisation
de ressources internes, par l'épargne nationale, est apparue comme la
base indispensable de financement de la croissance et du développement
face aux contraintes et aux limites de l'endettement extérieur. Du coup,
le financement décentralisé, contrairement au système
financier institutionnel (banque centrale, banque de développement,
banque commerciale) touche la majeure partie de la population non
bancarisée. Il est caractérisé par la souplesse de son
organisation et porte l'empreinte de la population pauvre par sa contribution
à son propre financement ou à celui des autres. Il devient
dès lors un réflexe.
Seulement, un niveau d'élaboration de politiques
nationales, reconnaissant leur place dans l'économie, susceptibles de
stimuler leurs actions par des mesures appropriées, des
réglementations bancaires prenant en compte leur
spécificité reste à achever. La petitesse de la taille et
l'impact encore faible de ces systèmes financiers, même s'ils sont
aujourd'hui reconnus, ne leur permet pas encore d'influer sur la
définition des politiques nationales. Cette faiblesse de l'impact est
surtout caractérisée par sa non organisation en union ou en
fédération, mais aussi par une mauvaise capitalisation des
informations au niveau de certaines SFD. Les mutuelles qui sont parvenues
à se créer en union sont devenues les plus performantes, c'est le
cas de l'UNACOIS, du PAMECAS et du CMS.
Les structures financières décentralisées
constituent dès lors une alternative au système bancaire
classique parce que adaptées au contexte socio culturel et aux
aspirations des populations dans la recherche de moyens efficaces de lutte
contre la pauvreté et du financement d'activités productives. La
micro finance constitue ainsi un outil transversal qui peut avoir des impacts
sur différents aspects du développement et pas seulement sur les
activités économiques. En effet, les créations d'emplois
et de revenus, la capacité d'épargner peuvent induire des
changements dans les comportements de ceux qui en bénéficient.
Ces changements peuvent s'opérer dans le sens d'une amélioration
des conditions sanitaires, d'une augmentation du niveau d'éducation,
d'une meilleure gestion de l'environnement, etc.
Ce constat de la micro finance comme pouvant avoir des effets
directs et indirects, s'exerçant à différents niveaux
(individuel, ménager, etc.) et à champs (impacts sociaux,
économiques, etc.) soutenant les réflexions sur sa pertinence
comme outil de développement.
Seulement, tout comme les données de la BCEAO sur le
Sénégal, ceux de l'UEMOA sont à relativiser. Ces
différentes progressions s'accompagnent d'un certain nombre de
dysfonctionnement, notamment au niveau des systèmes d'informations de
gestion et de contrôle interne des SDF. D'abord, parmi les SFD, qui sont
reconnues par la loi, beaucoup ne parviennent pas à fournir
l'information sur leurs états financiers. Ensuite, il existe au
Sénégal des structures qui fonctionnent sans reconnaissances
juridiques et qui ne sont, par conséquent, pas pris en compte.
L'une des recommandations en micro finance consiste à
vérifier la gestion financière d'une institution par des
contrôles internes efficaces avant de lui permettre de mobiliser
l'épargne des populations Elle ne nous semble pas pertinente. Au
Sénégal, on se rend compte qu'une institution peut, dès sa
constitution, commencer à collecter des dépôts. Il revient
à la cellule d'assistance technique de se donner les moyens de les
contrôler. Les dysfonctionnements que pose la collecte de
l'épargne sont de deux ordres :
- Le problème de la sécurisation des
dépôts qui demeure un des handicaps du fait d'un manque de
contrôle à la fois interne et externe ;
- Le coût de l'épargne. Modeste pour les
bénéficiaires, les coûts de l'épargne peuvent
être parfois très élevés, ce qui peut constituer un
frein à la collecte.
Chapitre III :
CONTRIBUTION DES SFD SUR
LE FINANCEMENT DU
DEVELOPPEMENT
Chapitre 3 : Contribution des
SFD sur le financement du
Développement
Le développement rapide de la microfinance, l'espoir
qu'elle suscite comme outil de lutte contre la pauvreté, mais aussi
l'ampleur des ressources investies, ont conduit très tôt à
s'interroger sur l'impact de la microfinance.
Même si l'impact de la microfinance reste globalement
limité, des études et recherches montrent qu'elle
représente un outil important de lutte contre la pauvreté et doit
être considérée comme une des stratégies en vue
d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) notamment la réduction de moitié de la pauvreté
d'ici à 2015.
Par le biais des services financiers durables qu'elle fournit
aux pauvres, la microfinance contribue à l'atteinte de ces objectifs. En
effet, l'accès aux services financiers constitue une base à
partir de laquelle d'autres besoins peuvent être satisfaits :
santé, éducation, conseils de nutrition, autonomisation des
femmes.
I/ Evolution comparative
1) Situation du secteur bancaire
classique
Les mesures de restructuration prises à la fin des
années 80 ont permis d'assainir le secteur financier et
bancaire sénégalais. Ce dernier compte aujourd'hui 12 banques et
2 établissements financiers avec 103 agences et environ
1800 employés.
Depuis 2001, la stabilité du secteur financier s'est
renforcée. Le gouvernement du Sénégal, la
BCEAO et les principaux acteurs institutionnels des banques et
établissements financiers conduisent
régulièrement des réflexions visant le renforcement de
la contribution des institutions financières au
financement de l'économie. Les réflexions
menées dans le cadre du Programme d'Evaluation du Secteur
financier (PESF) ont mis en exergue les atouts suivants du
secteur financier et bancaire :
ü rentabilité structurelle du système
bancaire : les opérations de crédit représentent environ
75% du produit net bancaire ;
ü diminution des créances en souffrance brutes au
cours de ces dernières années ;
ü importance des crédits à
l'économie passant de 486 milliards FCFA en 1999 à 784 milliards
FCFA en décembre 2003 ;
ü bancarisation de la population la plus
élevée de la sous région UEMOA avec un taux de 2,55% et un
ratio dépôts sur masse monétaire de près de 76%
considéré également comme le plus élevé de
la zone UEMOA ;
ü élargissement par les banques commerciales de
leur clientèle par l'ouverture des guichets PME et des réflexions
visant à la constitution des départements ou filiales de
microfinance.
Cependant, le secteur financier et bancaire doit relever un
certain nombre de défis parmi lesquels :
ü le coût élevé des crédits au
PME par rapport aux conditions offertes aux grandes entreprises ;
ü les difficultés à satisfaire certaines
normes prudentielles.
2) Situation du secteur de la Microfinance
Bien que difficile à mesurer avec précision, la
population « pauvre » du Sénégal est estimée
à 9,7 millions ou environ 1 616 667 ménages qui constituent un
marché potentiel pour les services de micro financement. Les chiffres
officiels indiqués par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'ouest (BCEAO) indiquent une croissance du taux de pénétration
du marché qui est passé de 18.2% en 1999 à 25.5% en 2001.
Ces chiffres sont corroborés par ceux communiqués par l'Agence
sénégalaise de la Banque centrale qui indique que le
Sénégal a l'un des secteurs les plus vastes de la micro finance
dans l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'ouest
(UEMOA). Sur la base de ces statistiques sur le taux de
pénétration du marché, on peut indiquer que l'accès
aux services financiers n'affecte pas seulement les pauvres, mais aussi le pays
tout entier.
Un autre trait de la demande locale pour les services
financiers est que la plupart des Sénégalais vivent dans de
petites communautés rurales, ce qui limite la capacité des
institutions micro finance (IMF) et autres organisations à fournir des
services financiers de manière efficiente.
Selon les estimations, le marché de la micro finance au
Sénégal est compris entre 446 000 et 700 000 clients avec un
montant total d'épargne de $56,2 millions et un encours de crédit
de $56,8 millions. Cette variation dans le nombre de clients s'explique par la
manière dont les groupements d'épargne et de crédit sont
comptabilisés, soit comme une unité ou soit par nombre de membres
individuels. Par conséquent, le taux de pénétration varie
entre 26% (si les GEC sont comptés comme une unité) et 42% (si
les membres sont comptés individuellement).
Ainsi, le taux de pénétration du marché
au Sénégal est bien significatif lorsqu'on le compare à
celui des autres pays de la région UEMOA. Les principaux acteurs du
marché de la micro finance au Sénégal sont les grands
réseaux mutualistes qui interviennent étroitement sur le
marché et disposent des plus grandes opérations de prêts
parmi les institutions de micro finance opérant au
Sénégal. Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS)
constitue le réseau le plus important avec 40% de la clientèle et
54% des dépôts. Il est suivi de l'Union des mutuelles du
partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du crédit
(PAMECAS), qui regroupe environ 27% des micros entrepreneurs locaux. Femmes
Développement Entreprise en Afrique (FDEA) représente le
troisième réseau en termes de nombres de clients. Suivent
l'Alliance de crédit et d'épargne pour la production (ACEP),
l'Union des mutuelles d'épargne et de crédit - Sédhiou
(UMEC) et l'Union des mutuelles d'épargne et de crédit d'UNACOIS
(UMECU), qui comptent toutes plus de 10,000 membres chacune.
La plupart des grands réseaux offrent à leur
clientèle, des services d'épargne et de crédit.
Tous offrent des produits de dépôts à
terme et de dépôts à vue. Du coté du crédit,
tous les réseaux proposent essentiellement des produits à court
terme et de plus en plus des crédits de montant plus
élevé, Les plus grands ayant une bonne structuration commencent
à intégrer les innovations technologiques telles l'utilisation
des guichets automatiques de billets (GAB), même si les initiatives sont
bien récentes.
Le tableau suivant présente quelques statistiques
relatives aux grands réseaux au Sénégal.
Elles sont compilées à partir des statistiques
fournies par la BCEAO et l'AT/CPEC. Il présente le tableau de
performances des institutions qui dominent le marché.
|
Nombre
|
%
|
Encours
|
%
|
Encours de
|
%
|
|
de
|
|
d'épargne
|
|
crédit
|
|
|
clients
|
|
|
|
|
|
CMS
|
176.763
|
40%
|
30.114.112
|
54%
|
16. 115.849
|
28
|
ACEP
|
21.653
|
5%
|
2.569.957
|
5%
|
17.216.588
|
30%
|
UM-PAMECAS
|
119.483
|
27%
|
11. 310.532
|
20%
|
9. 001.271
|
16%
|
UMECU
|
37.815
|
8%
|
6. 393.704
|
11%
|
4.318.982
|
8%
|
FDEA
|
63.323
|
14%
|
1, 304.627
|
2%
|
1.604.549
|
3%
|
UMEC
|
13.156
|
3%
|
474.771
|
1%
|
555.846
|
1%
|
S/total
|
432.193
|
97%
|
52. 167.703
|
93%
|
48.813.086
|
86%
|
Total secteur
|
446.023
|
100%
|
56.201.538
|
100%
|
56.787.692
|
100%
|
|
Comme dans d'autres pays de la sous région, les
institutions mutualistes sont prédominantes. Même si leur
début remonte à bien des années au Sénégal,
les institutions mutualistes n'ont réalisé leur véritable
percée que récemment grâce au développement de
nouvelles technologies en matière de prêts. Le nombre de clients
servis a augmenté en moyenne de 21% par an durant la période de
mise de 1999 à 2004. Ce changement dramatique indique qu'il existe une
forte demande pour les services de micro crédit au Sénégal
et que les clients sont désireux et capables de payer des prix
relativement élevés pour accéder à ces
financements.
La plupart des institutions de micro finance appliquent des
taux d'intérêts qui sont au-delà du taux du marché;
selon les calculs, les taux effectifs appliqués localement sont compris
entre 45 et 60% par an, pour le financement du fonds de roulement La
majorité des IMF appuyées devront voir leur taux
s'accroître pour ces types de crédit à court et moyen
terme.
Compte tenu du niveau actuel du taux de
pénétration, il existe d'énormes potentialités pour
une croissance et une consolidation du secteur de la micro finance.
La Loi PARMEC a mis en place un système flexible de
réglementation qui a engendré une participation massive des
groupements d'épargne et de crédit dans le marché de la
microfinance. La loi PARMEC privilégie les institutions mutualistes ou
les coopératives. Les institutions non mutualistes ou de crédit
direct peuvent offrir des services d'intermédiation financière,
mais sous le régime de convention cadre de 5 années au terme
desquelles elles doivent choisir entre devenir une institution mutualiste ou
une institution financière.
Aujourd'hui, l'état de santé
général des Systèmes financiers
décentralisés (SFD) au Sénégal présente un
tableau plutôt reluisant avec un taux d'impayé de 3%. Pendant ce
temps, le montant des dépôts dans le système se monte
à plus de 56.2 millions de dollars US et continue de croître
d'année en année à un taux compris entre 2 et 4%. Bien que
les Systèmes financiers décentralisés opérant dans
le pays semblent être en bonne santé, il existe encore
d'énormes potentialités pour à la fois des consolidations
dans le secteur et aussi une meilleure rentabilité dans la fourniture de
services financiers au marché des micro, petite et moyenne
entreprises.
v Les institutions de microfinance et
l'évolution de leur clientèle de 2000 à 2003
Les différentes IMF au Sénégal servent
une clientèle très variée. Au niveau communautaire, on
observe un spectre de GEC et MEC qui sert une clientèle de base ayant
une expérience limitée en affaires. Ces micros entrepreneurs sont
prédominants dans les milieux ruraux présentant une
densité faible. Au milieu, on retrouve des réseaux en
construction ou en consolidation qui ont tendance à servir les micros
entreprises plus structurées ayant une plus grande expérience en
affaires. De l'autre coté, on retrouve un groupe de réseaux
agrées ayant une clientèle plus diversifiée de micro,
petites et moyenne entreprises qui se focalisent essentiellement sur le
commerce, les services et la production.
A travers leur appui sans cesse croissant, les institutions de
microfinance au Sénégal contribuent au développement des
entreprises à partir des communautés de base en favorisant la
croissance des revenus et la création de nouvelles opportunités
d'emplois.
II) Acquis et limites des SFD
1) Acquis
L'apport majeur de ces vingt ans de développement en
Afrique de l'Ouest est la création d'un tissu d'institution de
microfinance (IMF). En fin 2004, on recensait dans les huit pays de
l'UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, guinée
Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo 303 institutions offrant
2.778 points d'accès et bénéficiant à 4,3 millions
de personnes. Ces institutions mobilisent 116,8 milliards FCFA d'épargne
et avaient un encours de 103,4 FCFA de crédit. Même si les
institutions mutualistes sont largement dominantes, l'effort d'innovation a
permis d'élaborer différents
« modèles » de services financiers adaptés
à une grande variété de contexte et de population.
La structure sectorielle est un acquis important de cette
période. Au Sénégal la microfinance a été
reconnue par un cadre légal spécifique, la loi PARMEC
élaborée par l'UEMOA et appliquée par la BCEAO. Des
associations professionnelles d'IMF se structurent progressivement dans toutes
les régions, des politiques sous sectorielles sont définies et
des programmes nationaux d'appui au développement de la microfinance
commence à être mis en oeuvre.
Par ailleurs, la microfinance réussit à financer
des activités rurales telles que le commerce et la transformation
agroalimentaire qui génèrent des revenus réguliers et des
taux de rentabilité élevés, et qui présentent un
risque limité. Mais elle répond avec plus de difficultés
et de prudence aux besoins de financement de l'agriculture. Or, même si
les ménages ruraux ont souvent plusieurs activités
économiques, l'activité agricole reste la base de
l'économie rurale au Sénégal.
Il est difficile de quantifier la contribution de la
microfinance au financement de l'agriculture : l'information
chiffrée disponible est de faible qualité, les systèmes
d'information des institutions et de leurs tutelles sont encore
défaillants, les concepts utilisés pour collecter l'information
ne sont pas stabilisés et la fongibilité du crédit, une
difficulté méthodologique majeure, rend l'évaluation de
l'utilisation du crédit hasardeuse.
2) Limites
Malgré l'importance et l'adaptabilité au monde
rural ce secteur reste encore marginal et ne finance que très peu les
activités agricoles. On estime à 3% le volume de crédit
distribué par les SFD dans les pays de l'UEMOA. Ce sont toujours les
banques commerciales qui continuent à fournir le gros du
crédit.
Un certain nombre de problèmes limitent les
possibilités d'extension des activités des SFD.
La part des SFD dans le système financier national
reste encore relativement faible en termes de flux financiers
gérés. Toutefois, ces deux types d'institutions ne ciblant pas
les mêmes segments de clientèle, la comparaison ne peut aller
au-delà des flux financiers. En effet, en termes d'impact et
d'accès à des services financiers adaptés pour des
populations non bancarisées, les SFD font preuve d'une bonne
performance.
Le partenariat entre les SFD et les banques est encore
embryonnaire du fait de la méconnaissance du mode de fonctionnement des
SFD, de l'insuffisance de l'information financière et de la faiblesse
des garanties. Les relations entre ces deux types d'acteurs financiers se
limitent dans la majorité des pays à des opérations de
placements des SFD auprès des banques.
Les systèmes de crédit fondés sur la
collecte de l'épargne ont souvent tendance à s'adresser à
un publique qui peut d'abord atteindre un certain niveau d'épargne avant
toute opération d'emprunt.
De ce fait les plus pauvres sont exclut même s'ils sont
porteurs de projets pertinents. Il est vrai que les systèmes
basés sur le principe de caution solidaire permet de contourner cette
difficulté, mais jusque là ils ne permettent pas d'octroyé
des volumes de prêts importants.
Les produits financiers offerts par les SFD dans les pays
sahéliens se limitent dans la plupart des cas au crédit de court
et moyen terme. Il n'y a pas d'autres produits surtout ceux qui peuvent
financer à long terme le secteur agricole.
Lorsque certains SFD atteignent une certaine taille des
problèmes peuvent surgir à cause du fait que le capital social
qui était le ciment de la viabilité du système ne suffit
plus pour garantir son développement.
La gestion peut ne plus être transparente et conduire
à une crise ou à une faillite éventuelle.
Cette situation fait que les SFD qui arrivent à niveau
de croissance appréciable font face à des risques importants du
type aléa moral ou sélection adverse. Ils ont tendance alors
à se comporter avec la même lourdeur que les banques classiques.
Les conditions d'octroient de crédit peuvent devenir difficiles. On
assiste alors à une sur liquidité de certains SFD qui les
contraints de faire des dépôts importants dans les banques
commerciales au lieu du financer le secteur agricole.
A cause de l'analphabétisme de la plupart des clients
des SFD dans le milieu rural, beaucoup ne savent pas formuler ou concevoir des
projets de développement. Ils sont en outre très averses au
risque qui est inhérent à tout projet.
Ils ne peuvent donc pas participer efficacement à la
gestion et au contrôle que nécessite l'action collective au sein
de SFD.
Malgré ces différentes difficultés les
SFD ont fait leur preuve et constituent une alternative crédible pour le
financement du secteur agricole. Il faut donc trouver des moyens pour renforcer
leurs actions.
III) Impact des SFD sur l'économie
sénégalaise
1) Méthodologie d'analyse
d'impact
Les premières études d'impact de la
microfinance, à la fin des années 80, s'attachaient à
essayer de démontrer l'impact (principalement économique) avec
des méthodes, des outils et une rigueur scientifiques.
Réalisées le plus souvent par des équipes universitaires,
ces études nécessitaient des dispositifs d'enquête
importants et se sont avérées longues, coûteuses, et peu
utilisables par les praticiens de la microfinance.
Une nouvelle approche de l'impact, que l'on peut qualifier de
« minimaliste », s'est développée au milieu des
années 90, coïncidant avec un sentiment de réussite de la
microfinance, en partie justifié par les acquis du secteur et sa
croissance rapide. On croyait alors, avec optimisme, en la perspective de
toucher rapidement et en masse les populations n'ayant pas accès aux
services bancaires: le Sommet du Microcrédit de 1997
n'annonçait-il pas 100 millions de bénéficiaires de
services financiers en 2005 ?
Selon cette approche, la meilleure preuve de l'impact
était finalement l'existence d'une institution sur la durée, sa
performance financière : si les IMF s'avéraient
financièrement viables, n'était-ce pas une preuve suffisante de
leur capacité à trouver une clientèle, et à
répondre aux besoins de cette dernière ? La performance
institutionnelle était privilégiée, au détriment
d'une réflexion sur l'adéquation des services financiers
eux-mêmes et leur impact sur les clients. Les grands critères de
succès étaient le nombre de clients atteints, le pourcentage de
couverture des coûts, et la fin de la dépendance envers les
subventions (permettant de maximiser le rapport entre nombre de clients
touchés et apport initial du bailleur). L'idée dominante
était que la standardisation des produits financiers permettrait aux IMF
de passer à une échelle large, d'atteindre l'équilibre
financier, et de se pérenniser. Il semblait implicitement évident
que le client serait satisfait de tels services.
Plusieurs facteurs ont en quelque sorte inversé cette
vision, et remis le client au centre du débat. Parmi ces facteurs, il
faut citer notamment la concurrence croissante entre IMF (notamment en
Amérique Latine, la Bolivie étant un exemple extrême), la
montée des impayés et les premières faillites
d'institutions, les abandons massifs de clients. Face à ces
difficultés, il est apparu évident que le passage à une
échelle large n'est pas simple pour la plupart des IMF et que ces
dernières subissent souvent le contrecoup de leur politique de
standardisation des produits. Les clients abandonnent un service financier qui
ne leur correspond pas (par exemple lorsque l'IMF augmente très
rapidement les montants des crédits), privilégient la souplesse
des produits. En d'autres termes, ils ne sont pas toujours prêts à
tout pour obtenir un prêt. Le succès apparent d'une IMF ayant
atteint l'équilibre financier en touchant un grand nombre de clients
peut donc être très rapidement remis en cause.
Les premiers travaux et études de cas sur l'impact des
IMF ont en parallèle démontré que mesurer l'impact est une
tâche beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Les tenants des
études d'impact "classiques"- critiquées pour être lourdes,
chères, n'offrant que peu de débouchés
opérationnels (les conclusions peu qualitatives ne permettant pas une
analyse débouchant sur des recommandations concrètes pour l'IMF)
- se sont d'abord opposés aux partisans d'études
légères et bon marché -réputées en
général peu rigoureuses. Les difficultés
méthodologiques1 étant difficiles à contourner, il est
rapidement apparu que des compromis entre l'ambition de rigueur scientifique et
les moyens disponibles seraient nécessaires.
2) Des outils d'analyses plus opérationnels
En conséquence de ces difficultés, à la
fois bailleurs de fonds, prescripteurs et opérateurs de microfinance
portent un intérêt croissant à l'analyse de
l'adéquation des services financiers des IMF à leur
clientèle cible. Sous cet angle, la question est moins `combien de
clients atteindrons nous ? Mais quels clients sont ciblés, et les
services offerts ont-ils un sens compte tenu de leurs besoins ?. L'enjeu de
l'analyse d'impact évolue en conséquence : il s'agit moins
maintenant de prouver que le microcrédit est un outil miracle, à
l'échelle micro ou macro-économique, que d'améliorer la
pérennité des IMF en les incitant à adapter leurs produits
et services à leur clientèle et à l'évolution du
marché.
Ces dernières années, la démarche des
études d'impact s'est progressivement orientée vers
l'amélioration des services (« improve ») plus que vers la
volonté de démontrer l'impact (« prove »). L'un des
éléments intéressants mis en évidence lors d'un
séminaire organisé en juin 2002 a été le fait que
l'analyse d'impact est bien souvent réalisée à
l'initiative des praticiens eux-mêmes. Cela montre bien que ce type
d'études est de plus en plus perçu et utilisé par les IMF
non comme un simple élément d'évaluation et de
démonstration vis-à-vis des bailleurs de fonds, mais comme un
outil de pilotage interne.
En somme, les praticiens semblent avoir en majorité
tiré une leçon des limites de l'étude d'impact «
classique », pour s'orienter davantage vers des études plus
légères, plus opérationnelles, qui sont autant des
études d'analyse de la clientèle que d'analyse d'impact.
Ces outils, plus simples à mettre en oeuvre, peuvent
être mis en oeuvre par des équipes locales (personnel de
l'institution ou chercheurs, consultants nationaux), et être beaucoup
plus abordables. Ce qui n'empêche pas, en parallèle,
d'évoluer vers plus de rigueur dans ce type d'analyse (sélection
de l'échantillon, enquête incluant des groupes témoins de
non emprunteurs, analyse plus fine...). Les IMF ressentent un besoin d'outils
opérationnels simples; ces derniers sont encore insuffisamment
développés et vulgarisés.
Cette tendance s'est traduite concrètement par une
série de travaux et de publications. En particulier, le programme AIMS
(Assessing the Impact of Microenterprise Services), mené de 1995
à 2001 par USAID (coopération américaine), a eu pour
ambition de faire avancer le domaine de l'analyse d'impact
microéconomique du microcrédit. Ce programme a choisi d'associer
tous types d'intervenants du secteur de la microfinance (chercheurs,
praticiens, consultants). AIMS partait du constat que les IMF étaient
pour la plupart très orientées vers l'offre, la performance
institutionnelle, mais que finalement elles connaissaient relativement mal
leurs clients. Le point le plus important du programme a été le
travail sur la définition d'outils d'analyse de l'impact et de la
clientèle qui répondent à un double objectif : non
seulement prouver l'impact, mais aussi améliorer les produits et la
capacité des IMF à offrir des services financiers adaptés.
Un manuel regroupant une série d'outils pratiques d'enquêtes a
été publié en 2001, ainsi que plusieurs études de
cas tests.
Des expériences intéressantes ont
été menées en parallèle pour créer des
outils d'analyse des clients à la fois simples, rigoureux et
relativement peu coûteux, et qui s'avèrent complémentaires
des méthodes développées par AIMS. La méthodologie
de MicroSAve Africa repose en particulier sur deux techniques participatives :
une série d'instruments de type MARP3 et des groupes de discussion
orientés par un guide d'entretien préalablement établi.
L'approche permet d'obtenir des informations pertinentes pour analyser des
sujets variés (analyse de trésorerie et des principales
difficultés financières des ménages, satisfaction des
clients...).
3) l'impact des SFD
Au sens strict, l'étude de l'impact d'une action ou
d'une activité consiste à comprendre, à mesurer, à
évaluer ses effets. Dans le cas des institutions de microfinance (IMF),
l'analyse d'impact est l'étude des interactions (relations de cause
à effet) entre l'institution et son milieu environnant. Cette question
est en réalité complexe : les effets d'une IMF sont directs et
indirects, s'exercent à différents niveaux (individus,
ménages, institutions diverses, villages, économie locale,
régionale, voire nationale) et dans différents champs (impact
économique, social, impact sur la santé...) ; les
difficultés méthodologiques sont importantes.
Face à cette complexité, les enjeux et des
méthodes d'analyse ont évolué.
Le secteur de la microfinance entre aujourd'hui dans une phase
de mutation et, ponctuellement, de crises. Alors qu'un certain nombre d'IMF de
la première génération atteignent une taille
significative, les crises qui ébranlent certaines d'entre elles tendent
à fragiliser le consensus large dont la microfinance
bénéficie encore et à réduire
l'intérêt des décideurs pour cette forme d'appui au
développement. La question de l'impact de la microfinance prend dans ce
contexte une acuité particulière. Au-delà des crises
conjoncturelles, la poursuite de l'expansion des IMF dépend notamment de
leur capacité d'adaptation à l'évolution de la demande et
des contextes économiques, ainsi que d'une mise en évidence de
leur impact sur le développement permettant de préserver la
confiance des décideurs et bailleurs de fonds dans la microfinance.
Il nous semble donc particulièrement pertinent,
à ce stade, de faire un point sur les avancées des travaux en
matière d'analyse d'impact et de souligner quelques pistes pour
progresser dans ce domaine.
Cependant, au-delà de leur fonction
d'intermédiation financière, de nombreuses institutions de
microfinance (IMF) jouent un rôle d'intermédiation sociale
à travers notamment les modalités suivantes : groupes de
solidarité, formation des clients, renforcement de la confiance en soi,
participation à la gestion...
Les études d'impact et les expériences
accumulées ont fait évoluer le concept et confirmer un certain
nombre de principes et d'acquis parmi lesquels :
- la microfinance constitue un puissant instrument dans la
lutte pour la réduction de la pauvreté ;
- l'accès, de manière durable, d'un grand nombre
de pauvres à des produits et services financiers, requiert l'atteinte
par les IMF de l'autosuffisance financière ;
- l'intégration de la microfinance dans le secteur
financier global est une condition de développement de sa portée
;
- les pauvres ont besoin, non seulement de crédit, mais
aussi d'une variété d'autres services financiers tels que
l'épargne, les services de paiement, l'assurance... ;
- le crédit n'est pas toujours approprié pour
toutes les situations : des catégories de personnes qui ne disposent
d'aucun revenu, ni de moyens de remboursement de prêts, ont certainement
besoin d'autres formes d'appui avant d'être éligibles au
crédit ;
- le renforcement des capacités (institutionnelles et
humaines) constitue un défi majeur du secteur de la microfinance ;
- les systèmes d'information de gestion constituent des
impératifs pour tous les acteurs dans l'optique de la viabilité
et de la maîtrise des risques ;
- le rôle des gouvernements est important dans la
création d'un environnement favorable au développement du
secteur.
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
Au Sénégal l'apport de l'épargne
intérieure sur le financement du développement demeure une
nécessité. Cette approche d'une mobilisation de l'épargne
intérieure pour le financement du développement constitue une
voie de sortie pour les pays du tiers-monde. Celle-ci devrait permettre le
passage d'un développement à crédit
à un autofinancement du développement du tiers-monde.
Dans la représentation commune, le développement
est synonyme de niveau de vie élevée et d'accès au
bien-être pour tous. Ce développement ne doit pas être
abordé seulement à partir d'une optique quantitative, mais aussi
« comme un processus de transformation de la gestion des ressources
humaines en potentiel de développement ». Il convient alors de
faire la différence entre développement et croissance comme
l'affirme Bairoch repris par Greffe (1992) : « La croissance se limite
à l'augmentation du volume de production par habitant et ce n'est que
lorsque cette croissance est accompagnée des changements structurels en
question que l'on parle de développement... ».
La promotion de la culture de l'épargne constitue une
des portes d'entrée à ce type de développement. Il
convient ainsi une fois qu'elle est mobilisée de l'articuler au
financement d'activités productives.
Seulement dans l'approche des mutuelles d'épargne et de
crédit au Sénégal, il n'est prévu aucun
schéma d'une dynamique de renouvellement et de renforcement de
l'économie locale comme ce fut le cas au Québec. Peut-être
parce ce que, comme le remarque Reifner, on l'appelle microfinance ou micro
crédit, ils partagent au moins deux aspects : l'un explicite et l'autre
implicite. D'abord « la promotion de l'emploi, en favorisant la
création d'auto emploi, (ensuite), de façon implicite, le
développement communautaire. ».
Ce processus de l'insertion par l'économie suit dans
une de ses formes une articulation entre les pratiques de la micro finance en
relation avec l'emploi et le redéploiement des économies locales.
En effet, au-delà des rapports avec sa clientèle, l'institution
financière doit entretenir une relation avec son environnement social,
économique, culturel, politique et même écologique. Elle
doit ainsi imprimer son action dans le développement de la
localité ou elle est implantée. Cette « intervention sociale
» de l'institution financière devrait engendrer « une action
collective planifiée dans le but de s'attaquer à des
problèmes sociaux » de la localité, sur la base d'un
système de valeurs démocratiques. Seulement il faudrait que
l'institution, dès l'entame, se définisse un contexte social en
plus de son rôle économique. Si cela est vrai pour les
coopératives, il demeure un des handicaps des mutuelles d'épargne
et de crédit.
Par ailleurs, une approche de l'économie sociale
s'avère pertinente dans la mesure où elle permet de ne pas se
limiter sur des considérations économiques du crédit et de
l'épargne - ou dans une perspective minimalisante de la microfinance -
mais de prendre en charge des logiques de comportements des promoteurs
individuels ou sociaux. L'approche ainsi « plurielle » de la micro
finance comme outil de développement, sied mieux dans un cadre
particulier d'une économie sociale et solidaire plutôt que dans
celui général du développement.
En effet visant à faire de la microfinance non pas un
secteur en marge du système financier global mais une partie
intégrante de ce système. Il conviendra de faire :
- de la microfinance un levier de développement
- l'accès des pauvres et ménages à
faibles revenus aux services financiers durables ;
- la création d'institutions de microfinance viables et
pérennes ;
- l'accès de la microfinance au marché financier
régional et Africain.
- l'organisation des SFD en réseau afin de les amener
à s'ériger en banque en vu de faciliter leur accès au
marché financier.
- l'innovation et l'adaptation de nouveaux produits et
services financiers.
- des femmes entrepreneurs des acteurs économiques
capables de contribuer à la création de valeur ajoutée.
Ce qui implique le développement des politiques et des
programmes visant à rendre le secteur de la microfinance plus
professionnel et plus attrayant pour les capitaux privés.
La microfinance tout en continuant à participer
activement à lutte contre la pauvreté à accompagner
l'évolution des entreprises privées particulièrement celle
des femmes.
En effet les produits et services de microfinance
entraînent notamment par le crédit, un effet de levier sur
l'activité économique des ménages. De façon
générale, ces services financiers (Crédit, épargne,
assurance...) constituent des outils de gestion, de réduction et de
partage de risques. Ils contribuent également au renforcement des liens
sociaux.
De fait l'accès permanent des populations pauvres
à des services financiers les aide à réduire leur
vulnérabilité. Mais la microfinance n'est pas une panacée.
Il est opportun de souligner que , la microfinance n'est pas
la solution miracle capable à elle seule d'éliminer la
pauvreté. Dans un contexte économique favorable, la microfinance
constitue un outil adapté pour améliorer les conditions de vie
des pauvres qui ne sont pas en mesure d'exploiter les opportunités
économiques faute de moyens financiers.
En contribuant à l'augmentation des revenus, à
la création des revenus et en réduisant les dépendances
vis-à-vis des prêteurs informels, la microfinance contribue
à la réduction de la pauvreté.
Les besoins en services financiers des populations
étant permanents, les institutions de microfinance doivent veiller
à la viabilité et à la pérennité de leurs
opérations ; cet objectif n'étant pas contradictoire avec celui
de la lutte contre la pauvreté.
BIBLIOGRAPHIE
ü Lettre de politique sectorielle :
Stratégie et plan d'action 2005-2010 du
Ministère des Petites et Moyens Entreprises de l'Entreprenariat
Féminin et de la Microfinance (MPMEEF)
ü Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP)
ü Document d'analyse de la portée des SFD du
Sénégal par l'ACDI
ü Document des journées de concertation pour la
promotion et le développement des SFD au Sénégal par
l'ACDI
ü Programme d'appui à la microfinance et à
l'entreprenariat féminin juin 2003 réalisé par le
MPMEEF
ü Etude sur la sécurisation des structures
financières décentralisées avril 2004, rapport provisoire
réalisé par le CEPOD
ü Mission de planification pour un nouveau projet d'appui
à la microfinance en Afrique de l'Ouest rapport final avril 2005
réalisé par le Projet d'Assistance Technique aux
Opérations Bancaires Mutualistes du Sénégal (ATOBMS)
ü Rapport annuel de l'AQUADEV
ü Evolution des activités de Dyna Entreprises au
Sénégal : Rapport d'évaluation final
WEBOGRAPHIE
ü
www.portaildelamicrofinance.sn
ü www.microfinance.org
ü www.minfinances.sn
ü www.aquadev.org
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