Chapitre deuxième : Les
caractéristiques de l'agriculture africaine en général et
nigérienne en particulier par rapport au commerce international
Introduction
L'Afrique de l'ouest demeure une région
profondément agricole, en dépit de la baisse du volume de
certaines productions pour lesquelles la région avait occupé une
place de choix sur l'échiquier mondial jusqu'à la fin des
années 1960 (arachide, café, cacao, huile de palme par exemple).
Cependant le constat général qui se dégage est celui d'un
secteur peu performant, en panne d'innovation et surtout incapable de s'adopter
aux mutations de l'économie mondiale et de l'environnement
international.
2.1 L'importance de l'agriculture dans les
économies sous développées (cas de l'Afrique de
l'ouest
L'agriculture ouest africaine est une composante majeure de
l'économie régionale : un produit de 30 milliards de dollars
soit une contribution de plus d'un tiers au produit brut régional, avec
65% des actifs, constitue un facteur essentiel de la stabilité sociale.
A l'exception de la Côte d'Ivoire et du Sénégal, la
transformation industrielle des matières premières demeure
modeste.
L'Afrique de l'ouest totalise une surface cultivée de
55 millions d'ha pour une surface cultivable de 235 millions d'ha. De
même, moins de 10% des surfaces irrigables est effectivement
irrigué aujourd'hui. A ce jour, l'augmentation de la production agricole
régionale résulte globalement de l'accroissement des surfaces
cultivées et non d'une croissance de la productivité. Cette
tendance devrait se poursuivre.
Tableau 1 : Produit brut régional
(84 millions de dollars)
secteur
|
agriculture
|
industrie
|
services
|
% du PIB
|
35%
|
28%
|
37%
|
2.1.1 L'agriculture secteur moteur des
économies sous développés
En dépit du recul sensible qu'elle a connu ces
dernières années, l'agriculture ouest africaine continue d'avoir
un poids essentiel dans le tissu économique et social des
différents Etats. Le secteur emploie la majorité des actifs ouest
africains (60 à 70%). En effet, la proportion rurale (dont l'immense
majorité travaille dans le secteur agricole) reste encore importante
dans l'ensemble des Etats, avec toutefois de grandes disparités d'un
pays à l'autre allant selon le PNUD-RDH 2000 de 41,7% au Cap vert (pays
le plus urbanisé) à 82,6% au Burkina Faso. Une bonne partie des
populations des villes moyennes continuent de travailler dans le secteur
agricole, transformant les périphéries urbaines en des
véritables zones de production. Il s'agit là d'une fonction
essentielle qui prend une importance significative en cette période de
rareté de l'emploi et de pauvreté
généralisée. Mais l'agriculture éprouve de plus en
plus de difficultés à contenir cette population en nette
croissance, et cette situation a tendance à renforcer les migrations
intérieures et extérieures. Le secteur agricole a
été le principal réceptacle des migrations internationales
et continue d'être une des causes des mouvements de population dans la
sous région (colonisation agricole). En même temps qu'il constitue
l'une des causes de la mobilité de la main d'oeuvre dans la sous
région, le secteur agricole apparaît également comme un des
facteurs de restructuration de l'espace.
La contribution du secteur agricole à la formation du
PIB est partout supérieure à 10%. Elle varie selon le PNUD de
17,4% au Sénégal à 62,4% en Guinée Bissau.
Même dans des pays comme le Nigeria qui constitue le premier producteur
africain de pétrole, l'agriculture garde une place très
importante dans la formation de la richesse national(37,7% en 1999), même
si elle ne contribue qu'à concurrence de 1% aux recettes d'exportations
de ce pays. Ailleurs, l'agriculture est la principale source de richesse des
Etats notamment en devises étrangères. En effet les exportations
des produits agricoles participent pour plus de 50% à la formation des
recettes d'exportation de la majorité des Etats (exceptions faites du
Nigeria et du Cap vert). En Guinée Bissau, les exportations de noix de
cajou participent pour 95% aux recettes d'exportation. Au Bénin et au
Mali, le coton fournit certaines années respectivement 80% et 70% des
recettes d'exportations officielles. Le secteur agricole est ainsi la
principale source de devises extérieures de la plupart des Etats de la
sous région.
Le secteur agricole a donné naissance dans certains pays
à une industrie agro-alimentaire dynamique et de rayonnement
régional (au Nigeria, en Côte d'ivoire et dans une certaine mesure
au Ghana) ou à un tissu industriel constitué pour l'essentiel
d'unités de transformation. Il est donc le moteur du
développement de nombreux pays.
Au total, le secteur agricole constitue le poumon de
l'économie des pays ouest africains. Il a permis la mise en place d'une
économie agro exportatrice dans laquelle la sous région s'est
spécialisée au point d'occuper la première place dans la
production et l'exportation de certaines cultures. Cette position constitue
cependant une des faiblesses majeures de l'économie ouest africaine qui
repose sur des secteurs très sensibles à la conjoncture du
marché international (volatilité des prix des matières
premières, forte propension à la substitution des produits),
installant l'agriculture dans un cercle vicieux qui ne favorise pas sa
contribution décisive au développement économique et
social de la région.
Tableau 2 : Poids du secteur
agricole dans l'économie des Etats de L'Afrique de l'Ouest en 1999
|
Population rurale %population totale
|
PIB agricole en % du PIB total
|
Bénin
|
59,3
|
38,6
|
Burkina
|
82,6
|
33,3
|
Côte d'Ivoire
|
54,1
|
26,0
|
Guinée Conakry
|
69,1
|
22,4
|
Guinée Bissau
|
78
|
62,4
|
Mali
|
71,3
|
46,9
|
Niger
|
81,4
|
41,4
|
Nigeria
|
58,2
|
31,7
|
Libéria
|
ND
|
ND
|
Gambie
|
69,9
|
27,4
|
Cap-vert
|
41,7
|
12,2
|
Ghana
|
53,7
|
36
|
Togo
|
67,8
|
42,1
|
Sénégal
|
54,3
|
17,4
|
Sierra Léone
|
64,7
|
44,2
|
Source : PNUD, rapport mondial sur le
développement humain 2000
2.1.2 Contribution à la croissance
économique dans la zone UEMOA
A l'instar des économies des pays
sous-développés de la zone UEMOA, le Niger a une économie
essentiellement agricole car l'agriculture répond aux besoins de
première nécessité. Elle constitue le secteur moteur de
l'économie pour la plupart de ces pays puisqu'elle contribue à
une part importante dans le PIB et représente le premier secteur
générateur de revenu pour la population et pour l'Etat.
Au Mali par exemple, elle contribue pour 45% à la
formation du PIB, emploie 80% de la population et procure à l'Etat 75%
des recettes d'exportation. La faiblesse des échanges à
l'échelle mondiale du Mali (0,02% des importations et moins de 0,01% des
exportations globales) contraste avec leur évolution et la modification
de la structure de ses exportations. Le déficit commercial de
l'année 2001 s'élève à 134,4 millions FCFA contre
204,4 pour 2000. Les perspectives de croissance pour 2002 au sein de l'UEMOA,
évaluées à 4,4% ne favoriseront pas le
développement du commerce intracommunautaire, à l'exception des
hydrocarbures. Seul le renforcement de politique de diversification des
produits agricoles et leur transformation locale contribueront à terme
à diminuer les importations de céréales et de produits
alimentaires et à améliorer les recettes d'exportation et
réduire le déficit commercial.
Au Bénin, le secteur emploie environ 55% de la
population active et contribue pour 36% de la structure du PIB. Principalement
au travers de la filière coton, il participe à hauteur de 15% aux
recettes de l'Etat en lui procurant 88% de ses recettes d'exportation. Le
commerce extérieur du Bénin est en expansion constante depuis
1990 en terme de valeur des échanges (à l'exception de
l'année 2000).
L'année 2002 se caractérise par une tendance
à la hausse des exportations, stimulée par une bonne campagne
coton (2001/2002) et la poursuite de la croissance des importations, la balance
commerciale restant structurellement déficitaire. En 2002, les
échanges du Bénin se sont élevés à 1,08
milliards d'Euro, soit une poursuite dans les mêmes proportions de
l'augmentation de 11% constatée en 2001. La balance commerciale
s'aggrave mais les dégâts sont limités grâce à
une augmentation de 25% des exportations, stimulées par une excellente
campagne cotonnière et de bons niveaux de production de karité et
de cajou en 2001/02.
En outre, en 1997, la part du secteur primaire dans le PIB de
Guinée Bissau (53%) s'est accrue en valeur courante, par rapport
à 1986 (49%) au détriment du secteur secondaire qui participe
pour environ 15% à la constitution du PIB. L'économie agricole
occupe plus de 80% de la population active, le riz constituant la principale
culture vivrière. L'agriculture commerciale représente 20% du PIB
et plus de 90% des recettes d'exportation. La diversification de
l'économie dans le secteur primaire reste encore limitée mais est
amorcée. Le décollage récent de la production
cotonnière (4500 tonnes de coton graine en 1997/1998) devrait se
confirmer au cours des prochaines années mais ses effets sur le PIB ou
sur la balance commerciale (5% en prévision 1998, environ 10% à
terme de 3ans) resteront faible.
Les résultats du secteur primaire sont
déterminants dans l'évolution de l'économie
burkinabé : les années de forte croissance correspondent
toutes à des années de récoltes
céréalières abondantes liées à des
conditions pluviométriques favorables ; le secteur cotonnier qui
connaît un développement important depuis une dizaine
d'années contribuent également à ses résultats. Le
secteur agricole contribue pour près de 40% au PIB, assure 80% des
exportations totales et emploie environ 86% de la population active. Les
perspectives offertes par la filière cotonnière sont prometteuses
compte tenu de l'importance des débouchés internationaux et des
possibilités de transformation de l'industrie textile.
Le secteur représente environ 39% du PIB au Niger.
Après deux années de déclaration, l'activité
économique a été caractérisée en 2001 par
une forte augmentation du PIB dont le taux de croissance passe de -0,2% en 2000
à 5,9% en 2001. Les principaux déterminants de cette croissance
sont d'une part les résultats de la campagne agricole (en terme d'offre)
et d'autre part la consommation des ménages et l'investissement (en
terme de demande).
Le secteur primaire est tiré par la branche agricole
dont la valeur ajoutée a augmenté de 15,6% en 2001 (-4,6% en
2000). La production céréalière estimée à
3,1 milliards de tonnes en 2000 est en grande partie à l'origine de
cette croissance.
S'agissant des échanges extérieurs, les
importations des biens et services se sont accrues de 4,4% en volume alors que
les exportations ont chuté de 4,2%.
Globalement, les contributions à la croissance du PIB
de la consommation finale, de l'investissement et des échanges
extérieurs ont été respectivement de 5,4%, 0,9% et -0,4%.
Sous l'effet de la production nationale, le taux d'épargne
intérieur est passé de 3,4% en 2000 à 8,5% en 2001.
Au Niger, l'agriculture est au centre de la croissance
économique et de la réduction de la pauvreté. Le secteur
agricole représente environ 39% du PIB, 20% des exportations et quelque
85% des emplois. Au cours des trois dernières décennies
(1966-1999), la performance agricole nigérienne a été
faible et le taux de croissance s'élevait à 0,9% en moyenne par
an et en terme réel. Cette situation a provoqué une baisse de 2%
par an du taux agricole du PIB/hbt. La pauvreté est toujours aussi
répandue dans les zones rurales où vivent 80% des 9,6
millions d'habitants peuplant le Niger. Globalement dans la zone UEMOA la
contribution du secteur agricole au PIB est partout significative. Ce qui
dénote l'importance de ce secteur dans les économies ouest
africaines.
2.1.3 L'agriculture problème et perspectives
pour un développement
2.1.3.1 Problème de l'agriculture ouest
africaine
L'analyse des indicateurs de performance montre que les
activités agricoles sont encore loin d'enregistrer les mêmes
succès que ceux des pays développés. L'agriculture ouest
africaine se caractérise par la faible productivité des actifs.
La valeur ajoutée par travailleur agricole a été en
moyenne de 350 dollars des Etats-Unis au cours de la période 1996-1998
(FAO 2000). Elle varie cependant d'un pays à un autre. La valeur
ajoutée par travailleur est de 1074 dollars des Etats-Unis pour la
Côte d'Ivoire, pays le plus performant (avant la crise) alors qu'elle se
chiffre à 195 et 161 respectivement pour le Niger et le Burkina Faso.
Les rendements agricoles sont extrêmement bas dans
l'ensemble. Ceux du maïs par exemple sont dix fois plus
faibles que ceux obtenus dans les pays développés du Nord. Ceux
du mil et du sorgho frôlent à peine la barre des 700 kilogrammes
par hectare. Les rendements de l'igname, tubercule dont l'Afrique de l'ouest
occupe la première place pour le volume de la production mondiale, ne
sont guère meilleurs. Ils varient entre dix et quinze tonnes à
l'hectare selon les variétés, pour un potentiel de
productivité deux fois supérieur.
Les pertes post-récoltes demeurent encore très
élevées. La très faible performance des systèmes de
stockage, de transformation et de conservation se traduit par des pertes post
récoltes particulièrement élevées pour certaines
cultures. Pour les céréales, elles atteignent 30% pour les
systèmes de production traditionnels qui caractérise encore plus
de 70% des exploitations agricoles de la sous région. Elles
dépassent le chiffre de 50% pour certaines spéculations comme la
tomate et les fruits. Il en résulte une faible croissance du secteur
dont le taux se situe globalement autour de 2%, impulsé essentiellement
par certaines productions destinées au marché international,
comme le coton, le café et le cacao. Ce taux de croissance est nettement
en dessous de celui du croît naturel de la population
qui se situe aux environs de 3%. Il est également largement en dessous
du seuil de 7 à 8% du taux de croissance du PIB prescrit par la banque
Africaine de développement pour espérer une réduction
sensible de la pauvreté.
S'il est généralement admis que cette faible
performance est tributaire des carences politiques et institutionnelles des
Etats, il ne faut pas perdre de vue le rôle déterminant que jouent
de nombreux autres facteurs tels ceux liés aux contraintes
écologiques et foncières, au faible recours aux innovations
technologiques et aux effets des conflits politiques et de l'environnement
international. L'agriculture ouest africaine est encore très fortement
dépendante des conditions climatiques. L'irrégularité, la
baisse des précipitations, le déplacement des isohyètes du
nord vers le sud ont accru la vulnérabilité des activités
agricoles qui pour l'essentiel sont calquées sur le rythme des saisons.
La maîtrise des conditions naturelles est faible, moins de 10% des
surfaces cultivées sont irriguées en dépit des
énormes potentialités de la région. La fragilité
des sols et la baisse continue de leur fertilité justifient
largement le fait que l'accroissement de la production soit obtenu en grande
partie par l'extension des superficies emblavées. La durabilité
de l'activité agricole se trouve ainsi compromise par le rythme de
déforestation qui prend des proportions parfois inquiétantes dans
certains pays.
L'introduction et le recours à certains moyens modernes
de production (attelage, tracteurs) demeurent encore peu répandus et
leur développement est souvent lié à la présence
des cultures de rente. L'accès aux moyens modernes de production est
rendu difficile par leur coût élevé et ceci dans un
contexte d'insuffisance et d'inadéquation du marché des intrants
et des crédits. Cependant au delà de toutes autres
considérations, la faiblesse des innovations technologiques dans
l'agriculture ouest africaine résulte principalement d'un manque criant
de volonté politique et d'incohérence des politiques de
développement des Etats. En effet, les politiques scientifiques et
technologiques mises en oeuvre par les Etats incluent rarement des
stratégies consacrées aux innovations technologiques, confinant
l'agriculture dans un archaïsme qui perdure à ce jour ; les
reformes structurelles lancées ces dernières années ont
implicitement réduit les conditions d'accès aux innovations pour
les petites exploitations non formellement tournées vers les cultures de
rente. Même si les agriculteurs de la nouvelle génération
sont de mieux en mieux instruits, le niveau actuel de leur transformation ne
les dispense pas de conseil agricole que l'Etat arrive difficilement à
dispenser.
La faible performance du secteur agricole ouest africaine peut
également être attribuée aux multiples conflits politiques
latents ou ouverts qui minent la sous région. S'ils n'ont pas encore
pris l'ampleur des guerres d'Afrique centrale ou de la région des grands
lacs., il n'en demeure pas moins que les conflits passés ou en cours en
Afrique de L'ouest sont sources d'importants déplacements de population
et des graves dysfonctionnements dans le secteur agricole. Non seulement leur
financement distrait les ressources additionnelles nécessaires au
développement agricole mais ces zones de conflit deviennent aussi des
régions à risque alimentaire.
Au total l'agriculture ouest africaine souffre encore de
graves insuffisances qui l'empêchent d'atteindre un niveau de performance
comparable à ceux d'autres régions du monde. Elle est
confrontée à un défi majeur que les politiques mises en
oeuvre ont peine à intégrer dans leur stratégie :
celui de concilier les mutations en cours avec les exigences de l'environnement
international.
2.1.3.2 Perspectives pour un développement
durable
Le secteur agricole ouest africain est en quête de
stratégies pouvant lui impulser une nouvelle dynamique. Les signes
d'essoufflement de la stratégie agro-exportatrice sont perceptibles
comme en témoigne la situation chaotique dans laquelle se trouve le
marché de coton. En effet l'Afrique de l'ouest qui ne participe
qu'à concurrence de 0,4% au commerce mondial perd constamment des parts
de marché, liées en grande partie à la perte de
compétitivité de
ses produits agricoles. De là découle la
nécessité de déployer une meilleure insertion dans
l'économie régionale.
Quatre axes stratégiques nous apparaissent
indispensables à mettre en place pour relancer le secteur agricole, pour
l'adapter aux exigences du marché régional ou international et
à l'évolution des questions environnementales et
foncières. Ces stratégies doivent également tendre
à préserver les acquis de l'agriculture paysanne. Le premier axe
stratégique doit concourir à la mise en oeuvre d'un ensemble de
mesures visant à minimiser les risques naturels, écologiques et
les dysfonctionnements induits par les problèmes fonciers. Le second axe
est lié à la diversification des exportations, ce qui implique
deux aspects : la diversification des produits agricoles et leur
transformation. Le troisième axe stratégique a trait au
renforcement des capacités des acteurs dans la perspective
d'accroissement de leur professionnalisme. Enfin la question du financement,
qui constitue un des goulots d'étranglement du secteur agricole, peut
constituer un axe stratégique à prospecter.
2.2 Les principales cultures africaines et
nigériennes en particulier
L'agriculture ouest africaine est composée de deux
sortes de cultures. Les cultures vivrières et les cultures commerciales.
Même dans les cultures commerciales, il y a une partie exportée et
l'autre partie consommée localement.
2.2.1 Les cultures vivrières
Les cultures vivrières sont dominées par des
productions céréalières dont entre autres : le mil,
le sorgho, le mais, le riz, le fonio etc....
Au cours des dernières années, le Burkina a pu
dégager un excédent céréalier ; toutefois
celui-ci connaît d'importantes fluctuations : après la
récolte record 2003-04, un repli a été observé lors
de la campagne 2004-2005. La dernière campagne (2005-2006) a de nouveau
été excellente sans toutefois atteindre les niveaux un moment
envisagé.
Tableau 3 : Evolution de la
production céréalière au Burkina Faso (en milliers de
tonnes)
|
2003-2004
|
2004-2005
|
2005-2006
|
mil
|
1184,3
|
937,6
|
1196,3
|
sorgho
|
1610,3
|
1399,3
|
1552,9
|
mais
|
733,5
|
505,6
|
799,6
|
Riz paddy
|
95,5
|
74,5
|
93,5
|
fonio
|
8,7
|
9,1
|
7,8
|
ensemble
|
3632,3
|
2926,1
|
3649,5
|
Au Mali, la production céréalière totale
pour la campagne 2004-2005 est estimée à 2,84 millions de tonnes.
Elle est en baisse de 16,4% par rapport à la campagne exceptionnelle
2003-2004, elle est néanmoins en augmentation de 0,5% par rapport
à la moyenne des 5 dernières années et devrait encore
augmenter pour la campagne 2005-2006. Pour ce pays la production
céréalière est principalement destinée à
l'autoconsommation et n'est commercialisée qu'a hauteur de 20%.
Au Bénin en revanche, les céréales sont
largement dominées par le maïs qui représente 80% de la
production céréalière et occupe 755000 hectares avec un
taux de croissance très dynamique. Il nourrit 80% de la population
méridionale. Le sorgho vient ensuite avec 14% (il occupe 206000 ha),
puis le riz pour lequel le Bénin est déficitaire (50000 tonnes de
brisures de riz sont importées chaque année de Thaïlande),
le petit mil et le fonio. L'essentiel de la production
céréalière est essentiellement tournée vers la
consommation locale, avec une exception notoire pour le maïs, en
tête des céréales pour l'approvisionnement des grandes
villes du sud et depuis quelques années fait figure de culture
d'exportation vers les marchés régionaux.
Le mil et le sorgho sont les cultures vivrières de base
au Niger, 90% des terres cultivées leur sont consacrées. Le Niger
est d'ailleurs le premier producteur en Afrique noire francophone. La
production, de l'ordre de 1millions de tonnes de mil sur 2millions ha et 300000
t de sorgho sur 500000 ha peut varier de 10 à 15% d'une année
à l'autre en fonction de la pluviométrie. Le mil et le sorgho
sont essentiellement autoconsommés. Seule une faible part de la
récolte est commercialisée. Le riz est cultivé le long du
fleuve Niger et la Komadougou. Sa production qui était de 39000t/an
entre 1966 et 26600t en 1977. La production du riz paddy s'est
considérablement accrue (81000t en 1987-88) grâce à la
politique hydro agricole, mais a de nouveau chuté au début des
années 90 (40000t). Le manioc est la 4e culture
vivrière, son rendement est de 8690/ha. La production agricole en 2004 a
été sévèrement affectée par l'invasion
acridienne et la sécheresse dans les régions nord du Niger,
causant une perte totale de la production céréalière
estimée à 26% en moyenne dans les régions affectées
et 7% à l'échelle nationale compte tenu du poids de ces
régions dans la production céréalière totale. Les
pertes de production sont dues pour 2/3 à la sécheresse et pour
un tiers aux criquets pèlerins.
Les résultats des autres régions sont presque
similaires dans la sous région ouest africaine. La différence
provenant des années de bonne ou de mauvaise
pluviométrie
Tableau 4 : Evolution de la
production céréalière (en tonnes) au Niger
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
mil
|
2289686
|
1678631
|
2358741
|
2570401
|
2744908
|
2354260
|
sorgho
|
475956
|
370746
|
663609
|
669709
|
757556
|
686722
|
niébé
|
420084
|
262657
|
509469
|
654232
|
549035
|
364757
|
maïs
|
15284
|
3920
|
2325
|
16900
|
2216
|
4822
|
riz
|
61989
|
60458
|
76400
|
79949
|
56980
|
15099
|
Source : DCV- ministère du
développement agricole
2.2.2 Les cultures commerciales
Le coton constitue la principale culture commerciale dans la
plupart des pays de la sous région. C'est le pilier de l'économie
burkinabé. Au niveau national, la commercialisation du coton graine
constitue le principal revenu monétaire du monde rural. Il est
également le premier produit d'exportation du Burkina
générant 50 à 60% des entrées de devises du pays.
Les perspectives offertes par la production cotonnière sont prometteuse
compte tenu de l'importance des débouchés internationaux et des
possibilités de transformation de l'industrie textile. La production de
fibre est exportée à hauteur de 97% vers les marchés
suivants :
- Asie du sud-est (Inde, Thaïlande, Indonésie,
Vietnam, Taiwan) : 66%
- Europe : (Allemagne, Italie, Portugal, Suisse) :
21%
- Amérique latine (Colombie, Venezuela) : 2%
- Marché intérieur : 3%
50 à 55% de la production mondiale proviennent de pays
où la production est directement subventionnée (USA,
Grèce, Brésil, Espagne, Egypte, Chine, Turquie, Mexique) faussant
complètement le jeu du marché cotonnier et les ajustements entre
l'offre et la demande par les prix. Au Niger, le coton est la 2e
culture commerciale. Sa production a démarré sur une plus forte
échelle après 1960 quand la compagnie française pour le
développement des fibres textiles a été chargée
d'en développer la culture. La production sert à approvisionner
l'usine SONITEXTIL de Niamey. Cette culture a connu une régression
notable depuis 1980. La filière constitue la base de l'économie
rurale et agro-industrielle au Bénin. Sa contribution, en terme de
valeur ajoutée, est estimée à 13% du PIB. Elle
représente entre 70 et 80% de la valeur totale des exportations et 35%
des rentrées fiscales (hors douane).
Le Togo produit aussi et exporte le coton. C'est le
2e produit d'exportation du pays. Ainsi le cours moyen du coton
enregistre au début 2004 une hausse de 27% par rapport au premier
trimestre 2003.
Au Mali, le coton occupe la première place dans les
revenus des producteurs.
L'arachide constitue aussi une culture commerciale. Elle est
la principale culture commerciale au Niger. Le pays est le 3e
producteur d'Afrique occidentale.
Au Niger, les cultures pour les quelles il existe un surplus
significatif sont le niébé et l'oignon avec des surplus
exportables de plus de 10000t pouvant atteindre près de 600000t en 1998
et dans une moindre mesure le sésame, le souchet et l'ail avec des
produits orientés vers l'exportation variant entre 5000 et 10000t par
année. La tomate et le chou représentent également des
potentiels d'exportation mais la période de production est très
réduite. D'autres productions comme le henné » peuvent
aussi constituer un potentiel assez important dans la promotion des
exportations. La filière oléagineuse détient un fort
potentiel de développement au Burkina. Le secteur participe aujourd'hui
à hauteur de 10% dans les exportations globales du pays après le
coton et l'élevage.
Tableau 5 : Principales
productions en milliers de tonnes au Burkina Faso
Produit
|
2003
|
2004
|
2005
|
Arachide coque
|
358,1
|
245,3
|
331,2
|
Noix de cajou
|
3,0
|
3,0
|
ND
|
karité
|
110,8
|
116,8
|
122,1
|
Graines de sésame
|
29
|
29
|
ND
|
Niébé
|
491,8
|
304,2
|
534,2
|
Igname
|
35,5
|
89,7
|
90,10
|
Patate douce
|
28,5
|
40,9
|
51,5
|
Manioc
|
6,6
|
6,9
|
7,3
|
Pour le karité, la production nette demandée est
passée de 64300t en 1995
à 122100t en 2005 avec un potentiel estimé
à 600000t induisant 200000t de beurre. La Suède est le principal
importateur.
Deux tiers des ménages agricoles produisent de
l'arachide ou du sésame qui se trouvent souvent couplés dans la
même exploitation. Les autorités burkinabés estiment la
croissance de la production du sésame à 15% dans les
années à venir et 7% pour l'arachide. L'exportation de
sésame rapporte deux milliards de Fcfa par an à l'économie
burkinabé. L'arachide et le karité contribuent quant à eux
à hauteur de 4,3 milliards de FCFA
Tableau 6 : Evolution des
productions des principales cultures de rente au Niger (1995 à 2004) en
tonnes
|
Souchet
|
Sésame
|
Ail
|
Arachide
|
1995
|
763
|
867
|
|
ND
|
1996
|
2545
|
28925
|
|
ND
|
1997
|
5
|
2821
|
4049
|
ND
|
1998
|
6589
|
5448
|
9781
|
ND
|
1999
|
2373
|
7421
|
5190
|
103760
|
2000
|
1205
|
14073
|
6869
|
113216
|
2001
|
1782
|
9437
|
5582
|
82006
|
2002
|
19442
|
9864
|
2400
|
153729
|
2003
|
26312
|
5709
|
5964
|
209369
|
2004
|
20453
|
4890
|
5201
|
168225
|
Source : SSA/DCV/MDA
Au Bénin trois filières semblent
particulièrement intéressantes pour l'avenir :
- L'anarcade (noix de cajou) : progression annuelle des
exportations de 45% en moyenne. Expédiées en Inde pour y
être traitées et conditionnées, leur exploitation locale
offrirait de fortes opportunités pour le marché
européen ;
- Le palmier à huile : relancée depuis les
années 90, l'objectif serait d'assurer une production annuelle
suffisante pour se substituer aux importations. Pour mémoire, le
Bénin était le premier producteur d'huile de palme d'Afrique
francophone jusqu'au années 60 ;
- L'amande de karité : la demande du nord est en
progression et constitue un débouché non négligeable.
En Côte d'Ivoire, le cacao, l'hévéa et le
palmier à huile sont des filières prometteuses pour le pays. Le
caoutchouc naturel constitue en valeur l'un des tous premiers postes
d'exportation de l'agriculture industrielle du pays. En 2004, les exportations
ivoiriennes se sont chiffrées à près de 88 milliards de
FCFA-137 millions d'Euro soit un peu plus de 7% des exportations de
l'agriculture industrielle. Cette même année, 80% de ces
exportations étaient destinées aux pays de l'union
européenne.
Pour le cacao, la Côte d'Ivoire est le premier
producteur mondial devant le Ghana, avec 40% de la production mondiale. Ce
secteur représente 10% du PIB. Première source de devises du
pays, les exportations de cacao fibres et de cacao transformé
représentaient près de 45% des recettes d'exportation du pays en
2003, soit près de 2,1 milliards d'Euro. Toutefois, seul 25% du cacao
est aujourd'hui transformé localement. Quant à l'huile de palme,
le secteur se place au quatrième rang des exportations de produits de
l'agro alimentaire après le cacao transformé, les conserves de
thon et le café. Les exportations d'huile de palme totalisent en 2003 6%
seulement des exportations totales des produits de l'agro alimentaire et 1%
seulement des exportations totales du pays, pour un volume de 78000t,
principalement à destination de la sous région.
2.2.3 Les autres cultures
Les autres cultures sont les fruits et légumes pour
lesquels, le Sénégal pourrait confirmer sa position d'exportateur
significatif. La filière fruits et légumes contribue à la
croissance économique du pays mais également à
l'investissement et la création d'emploi. La filière constitue un
secteur important dans l'économie agricole, la production globale
étant estimée à 863000t en 2005.
2.3 La structure commerciale des produits agricoles
de la zone UEMOA
Comme la plupart des pays de l'UEMOA, la balance commerciale
du Niger a été constamment déficitaire sur la
période 1991-1998, mais l'évolution de ce déficit ne
dégage pas un trend précis. Son niveau, élevé en
1994 indique que, contrairement à la plupart des pays de l'UEMOA, le
Niger n'a pas su tirer pleinement profit de l'opportunité offerte par la
dévaluation du FCFA. Le taux de couverture dont le niveau était
relativement satisfait en début de période se dégrade
fortement à partir de 1995.
2.3.1 La structure et l'évolution des
importations des produits agricoles
Le volume des importations du Niger en 2001 représente
227 milliards de FCFA contre 195,5 milliards de FCFA en 2000, soit une
augmentation de 16%.
Les importations de la Côte d'Ivoire ont
également augmenté leur part en passant de 18,5% à 29,2%
en 2000 et 28% au 1er semestre 2001.
Les importations maliennes atteignent 725 milliards de FCFA,
elles reprennent le rythme soutenu (20%) qu'elles avaient connu en 1998.
Les importations togolaises en valeur CAF au 1er
semestre 2004 se chiffrent à 66,5 milliards de FCFA, soit une baisse de
0,8% par rapport à la période précédente.
2.3.2 La structure et l'évolution des
exportations des produits agricoles
Le commerce extérieur nigérien
déjà déficitaire en 2000, continue sa progression en 2001,
avec un taux de croissance négatif de 75%.
Les exportations enregistrent une baisse de 16% entre 2000 et
2001 (105,5 milliards de FCFA soit 160 millions Euro) en 2001 contre 126,3
milliards de FCFA (soit 192 millions d'Euro) en 200à. En revanche, la
balance commerciale de la Côte d'Ivoire est structurellement
excédentaire, ce qui est exceptionnel en Afrique. Le commerce
extérieur joue traditionnellement un rôle fondamental avec des
exportations représentant en moyenne 40% du PIB et un degré
d'ouverture de l'économie supérieur à 30%. La
dévaluation du FCFA et la reprise des cours des produits agricoles
d'exportations de la Côte d'Ivoire ont améliorer la
compétitivité des produits ivoiriens et ont eu une influence
très positive sur le commerce extérieur du pays jusqu'en 1998.
Pour le Mali, le déficit commerciale de l'année 2001
s'élève à 183,4 milliards de FCFA contre 204,4 pour 2000.
Au premier trimestre 2004, les exportations togolaises en
valeur enregistrent une croissance de 3,6% par rapport au premier semestre 2003
en s'établissant à 56,7milliards de FCFA en 2001.
Quant aux exportations béninoises, elles se sont
élevées à 255 millions d'Euro.
2.3.3 Les partenaires commerciaux de la
zone
L'UE est le principal partenaire des pays de l'UEMOA et
particulièrement la France. Ce pays contribue pour 14,7% et 48%
respectivement des exportations de la Cote d'Ivoire et du Niger. Les meilleurs
clients du Bénin sont les fabricants de textile fortement importateurs
de coton égrené : l'Inde (44 millions d'Euro),
l'Indonésie (26 millions d'Euro), la Chine (17 millions d'Euro), le
Pakistan (14 millions d'Euro) et la Thaïlande (14 millions d'Euro). La
France participe à hauteur de 7,5 millions d'Euro et demeure un des tous
premiers investisseurs du pays. Les exportations vers les pays africains ne
représentent qu'une part marginale dans le commerce extérieur du
Bénin, 14 millions d'Euro pour le Ghana, 5 millions d'Euro pour le
Niger.
Pour le Mali, l'Italie et la Suisse seraient ses deux premiers
et principaux clients et l'UEMOA représenterait environ 20% des
expéditions de marchandises. La Côte d'Ivoire entretient des
relations privilégiées avec l'UE avec 43,5% des exportations
totales au premier semestre 2001 (soit une baisse de 1,6% par rapport à
l'année 2000 et 42,6% des importations (33% au premier semestre 2000).
La France est le premier client de la Cote d'Ivoire avec 14,7% des exportations
du pays et est le deuxième fournisseur du pays après le Nigeria
avec 20,3% des importations totales en 2000 et 21,6% au premier semestre
2001.
Les pays membres de l'UEMOA sont les premiers clients du Togo.
Au premier trimestre 2004, les exportations du Togo en direction des Etats de
l'UEMOA se chiffrent à 27,9% des exportations togolaises au premier
trimestre 2004.
Parmi les clients du Togo, on citera la Chine, le Ghana,
Taiwan et la France.
Les 5 principaux partenaires du Niger à l'exportation
sont :
- La France (48% avec 54 milliards de FCFA) ;
- Le Nigeria (40% avec 42 milliards de FCFA) ;
- La Grande Bretagne (2,1% avec 2milliards de FCFA) ;
- La Côte d'Ivoire (1,2% avec 1,3 milliards de
FCFA) ;
- Le Ghana (1,1% avec 1,1 milliards de FCFA)
2.4 L'évaluation de la
compétitivité du secteur agricole nigérien
La compétitivité prix de l'agriculture
nigérienne a été mesurée essentiellement à
travers le taux de change réel spécifique au secteur. Cet
indicateur a été calculé de manière à
évaluer la compétitivité du Niger vis-à-vis du
Nigeria, pays vers lequel les opérateurs nigériens exportent une
grande partie de leurs produits agro-pastoraux.
2.4.1 L'évolution de la
compétitivité du secteur agricole : la
compétitivité de l'agriculture nigérienne vis-à-vis
du Nigeria : le taux de
change réel
Le Nigeria est le principal partenaire du Niger au niveau de
la sous région. Une part considérable des échanges entre
les deux pays passe par des circuits informels et porte essentiellement sur les
produits agro-pastoraux. C'est la raison pour laquelle la
compétitivité prix entre ces deux pays a été
mesurée au travers d'un taux de change réel bilatéral qui
prenne comme référence le taux de change parallèle CFA
Naira plutôt que le taux officiel.
De 1990 à 1993, le niveau du taux de change réel
ainsi calculé indique que la concurrence semble avoir joué en
faveur du Nigeria (Cf. graphique 4). La compétitivité prix des
produits du Niger s'est dégradée de 22 points de pourcentage au
cours de la période et cette situation est en partie imputable à
l'appréciation du FCFA par rapport à la Naira (Cf. graphique 3).
En effet, la valeur du FCFA par rapport à la Naira a augmenté
d'environ 240% en trois ans sur le marché parallèle. (Cf. tableau
7)
Cette forte appréciation du FCFA a largement
compensé les effets favorables, sur la compétitivité des
produits nigériens, de la hausse des prix des produits agricoles au
Nigeria (157%). Si bien que lorsqu'on ramène les prix du Nigeria en FCFA
en les combinant avec le taux de change, ceux-ci baissent de 24,5% au cours de
la période, contre - 3,3% pour les prix observés au Niger (Cf.
tableau 7). Il s'en est suivi une dégradation de la
compétitivité du secteur agricole entre 1990 et 1993.
Tableau 7 : Progression des
composantes des taux de change réels Niger-Nigeria
|
1990-1993
|
1993-2000
|
1994-1998
|
1999-2000
|
Déflateur agricole Niger
|
-3,3%
|
65,8%
|
17,2%
|
4,5%
|
Deflateur agricole Nigeria-Naira
|
156,7%
|
287,7%
|
158,8%
|
0,5%
|
Taux de change parallèle du FCFA_Naira
|
239,9%
|
35,9%
|
45,2%
|
-2,8%
|
Déflateur agricole Nigeria_FCFA
|
-24,5%
|
185,4%
|
78,3%
|
3,3%
|
Taux de change réel_ Niger_Nigeria
|
-21,9%
|
72,1%
|
52,1%
|
-1,1%
|
Source : calculs des auteurs
à partir des données de la BCEAO et de la banque mondiale
2. 4.2 Performance extérieure du secteur agricole
nigérien : évaluation ex-post
L'évolution des indicateurs calculés permet de
tirer les principales conclusions ci-après :
- malgré les résultats obtenus en terme de
compétitivité prix, tout au moins entre 1994 et 1998, le
graphique 2 ci-après montre clairement que les importations
nigériennes en produits agricoles ont suivi une tendance à la
hausse tandis que les exportations sont restées relativement stables au
cours de la période post-dévaluation.
Graphique 2 : Importations et
exportations agricoles totales
- Par conséquent, la balance commerciale du secteur
agricole est demeurée structurellement déficitaire entre 1990 et
2003, ce qui traduit un véritable problème de
compétitivité pour le secteur. Malgré un impact favorable,
observé entre 1994 et 1996, la dévaluation de 1994 n'a pas permis
de renverser définitivement la tendance à la dégradation
du déficit commercial (Cf. graphique 6). Du reste, l'indicateur de
contribution de l'agriculture au solde commercial de l'économie
nigérienne a été, pratiquement chaque année,
négatif au cours de la période considérée.
Rapporté au total des échanges globaux ( exportations +
importations), le niveau de cet indicateur est passé en moyenne de -
26,9% en 1990-93 à - 6,9% en 1994-96 puis à - 47,38% en 1997-2003
( Cf. tableau 8). Cette évolution met en évidence le rôle
joué par le secteur agricole dans l'explication de la faible performance
extérieure globale de l'économie nigérienne. Ainsi, les
opérateurs du secteur n'ont pas su tirer profit de la hausse des prix
des produits étrangers résultant de la dévaluation et donc
de la compétitivité prix qui en résulte (Cf. graphique 3
et 4), pour réussir une véritable promotion des exportations et
la substitution des importations des produits agricoles.
Tableau 8 : secteur agricole
global
|
1990-1993
|
1994-1996
|
1997-2000 2001-2003
|
Balance commerciale (en milliards de FCFA)
|
-15,26
|
15,66
|
-37,69 -55,54
|
Taux d'exportation (%)
Part de marché à l'exportation (%)
Par/Monde
Par/Afrique
|
6,60
0,02
0,51
|
15,66
0,02
0,59
|
11,28 8,39
0,02 0,01
0,46 0,45
|
Avantage comparatif révélé à
l'exportation
Par/Monde
Par Afrique
Coefficient de spécialisation de Balassa
Indice des exportations nettes de Balassa (%)
|
231,36
475,13
-0,33
-6,36
|
523,28
337,91
-0,24
-2,81
|
496,86 564,83
305,10 382,41
-0,31 -0,38
-9,70 -10,34
|
Taux de pénétration des importateurs (%)
|
12
|
18
|
19 17
|
Taux de couverture des importations par les exportations
(%)
|
51,04
|
74,75
|
54,76 45,16
|
Taux de structure des importations
Par/Monde
Par/Afrique
|
332,89
191,88
|
461,43
241,45
|
557,87 555,18
268,98 249,65
|
Indicateur global de spécialisation (IGS)
Par/Monde
Par/Afrique
|
-101,53
283,25
|
61,84
96,45
|
-61,41 9,66
36,13 132,77
|
Indicateur de contribution au solde (CSX) en % des
échanges
|
-26,93
|
-6,96
|
-39,26 -58,20
|
Indicateur de contribution au solde/PIB (0/00)
|
-26 ?34
|
-9,27
|
-44,64 -57,02
|
Source : calcul des auteurs
à partir des données de la FAO
Une raison possible de cette contre performance
extérieure du secteur agricole nigérien pourrait provenir des
contraintes climatiques qui pèsent sur sa capacité de
production.
a) La faible performance en matière de substitution aux
importations se reflète dans l`évolution du taux de
pénétration des importations. Ce taux est passé d'une
moyenne de 12% en 1990-93 à entre 1994 et 2003 (Cf. tableau 8)
Ainsi la dévaluation de 1994 ne semble pas avoir permis
au Niger de réduire sa dépendance en matière
d'importations de produits alimentaires. Au delà du fait que la
dépréciation du taux de change effectif réel
consécutive à la dévaluation du FCFA n'a duré que
très peu de temps, cette situation peut également trouver une
explication dans les contraintes qui pèsent sur la capacité de
production agricole du Niger. Le coefficient de spécialisation de
Balassa est resté, sur l'ensemble de la période
étudiée très proche de la borne de -0,33 correspondant au
cas où un pays présente un désavantage comparatif sur un
produit donné (Cf. tableau 8). Ce résultat ne semble pas
conforter l'idée reçue selon laquelle le Niger serait un pays
spécialisé dans la production agricole.
b) Pourtant, au cours de la période
étudiée, le niveau de l'indicateur d'avantage comparatif
révélé est nettement supérieur à la norme de
100 qui traduit l'existence d'un avantage comparatif dans l'exportation d'un
produit donné. En outre la dévaluation a été suivie
par une amélioration de l'avantage comparatif du Niger vis-à-vis
du reste du monde. Toutefois, on n'observe pas la même performance par
rapport aux pays africains et l'avantage comparatif ayant baissé par
rapport aux pays africains en passant d'une moyenne de 475 avant la
dévaluation (1990-93) à environ 338 entre 1994 et 2003 (Cf.
tableau 8). Néanmoins, l'indicateur de part de marché des
produits agricoles nigériens est resté globalement très
faible (inférieur à 1% même lorsqu'on prend comme
référence les pays en voie de développement).
Au total, l'évolution des indicateurs quantitatifs
révèle que la balance commerciale du secteur agricole, tous
produits confondus, a été déficitaire au cours de la
période étudiée, ce qui reflète un problème
global de compétitivité de l'économie. La
dévaluation de 1994 ne semble pas avoir eu d'effet perceptible sur la
performance extérieure de l'agriculture nigérienne prise dans sa
globalité.
Toutefois, on peut dire que le Niger présente un
avantage comparatif dans l'exportation des produits agricoles. L'analyse des
indicateurs de spécialisation (qui tiennent compte aussi de la
performance en terme de substitution à l'importation)
révèle que cet avantage n'est pas exploité. Une des
raisons possibles pourrait provenir des multiples contraintes qui pèsent
sur la capacité de production, l'agriculture étant un secteur
fortement sujet aux aléas climatiques qui caractérisent
l'économie nigérienne.
Il convient cependant de rappeler que ces résultats
concernent le secteur agricole dans son ensemble. Une analyse relativement plus
fine permettra de voir dans quelle mesure une conclusion aussi
générale s'applique aux principales filières agro
pastorales.
Graphique 3: taux de change nominal
parallèle du FCFA/ Naira et déflateur agricole du Nigeria
Graphique 4 :
compétitivité des produits agricoles vis-à-vis du Nigeria
Graphique 5 : composantes du taux
de change réel pour le secteur agricole
Graphique6 : Evolution de la balance
commerciale agricole du Niger
|
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