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Impact des subventions à l'exportation des produits agricoles sur la croissance economique des pays en voie de développement: Cas du Niger

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par Fatchima MAHAMAN
Université Abdou Moumouni de Niamey-Niger - Maitrise 2006
  

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1.2. Les positions de négociation à l'OMC vis-à-vis des subventions et les solutions préconisées.

Les pays d'Afrique caraïbes pacifiques (ACP) sont engagés dans deux processus de négociations parallèles d'une importance cruciale pour leurs échanges et leurs politiques agricoles. D'un côté, les négociations multilatérales sous l'égide de l'OMC et de l'autre, les négociations bilatérales avec l'UE sur les accords de partenariat économique.

1.2.1 Aperçu sur l'OMC

C'est avec la révolution industrielle que naissent les bases du développement du commerce international. Des économistes comme les anglais Adam Smith et David Ricardo furent les premiers pionniers au 19e siècle à explorer les fondements du commerce international dans le cadre de leur plaidoyer en faveur du libre échange. A travers les concepts « d'avantages absolus » et « d'avantages comparatifs », les (2) économistes anglais démontrent respectivement que le commerce international soutenu par le libre échange est un jeu à somme nulle et bénéfique pour tous les échangistes. Ils sont appuyés dans leur conception par J S Mill qui précise que la répartition de gain total de l'échange est basée sur les relations de demande. Suite à toutes ces démonstrations, en 1947 fut signé l'Accord Général sur les Tarifs et le Commerce (GATT) par les pays industrialisés capitalistes de l'époque. Comme dans tout mouvement humain, les libre-échangistes sont contrés à l'époque par des économistes anti-libéraux. Ceux-ci soutiennent par la thèse de l'échange inégal et celle de l'impérialisme l'iniquité du libre-échange. Les travaux d'Hobson et d'Hilferding au 19e siècle furent les premières critiques qui démontrent que le commerce international n'est pas source de gain pour tous les co-échangistes mais au contraire celle de « l'exploitation » de certaines nations par d'autres. Ainsi, Lénine développe la thèse de l'impérialisme dans « l'impérialisme, stade suprême du capitalisme ». Par la suite, la deuxième vague de critique basée sur les théories de « l'échange inégal » stipule que le commerce international n'est qu'une forme de pillage des tiers-nations par les nations industrialisées capitalistes. Il ressort de cette assertion qu'il n'existe pas d'avantages comparatifs pour de nombreux petits pays engagés dans une « croissance  appauvrissante ». Dans les années 50, la critique se poursuit avec l'analyse de « l'échange inégal » développé par le brésilien Raoul PREBISH. Il avance la thèse de la détérioration des termes de l'échange entre les « développés » et les « non développés » à partir d'une étude sur l'Amérique Latine de 1876 à 1938. Aujourd'hui, nous assistons au triomphe du capitalisme avec une mondialisation de l'économie fondée sur l'éloge de l'économie de marché et de libre-échange. C'est ainsi que sous l'incitation des institutions de Brettons Wood à l'époque soutenue au plan politique par le président Ronald REAGAN des Etats Unis et le premier Ministre anglais Margaret TEACHER que se développent les trois principes fondamentaux du commerce international que sont :

- la libéralisation de l'économie ;

- la non discrimination ;

- le refus d'un encouragement inéquitable des exportations.

L'objectif principal de ces principes est de rendre l'économie mondiale encore plus intégrative au marché dans un souci de mondialisation. Dans l'ensemble, les interventions du GATT ont réussi mais partiellement. Elles ont pu réduire les droits de douane sans pour autant enregistrer le même succès quant à la suppression des obstacles non tarifaires. Ainsi la protection de l'agriculture à travers les mesures des normes et les subventions sont demeurées. Ces insuffisances donnent naissance à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en remplacement du GATT en 1994. Cette nouvelle organisation vise sur le plan agriculture et selon l'accord agricole (mise en application le 1er juillet 1995), les objectifs suivants :

- faciliter l'accès au marché ;

- réduire le soutien interne à la production ;

- améliorer la concurrence à l'exportation.

1.2.2 Les positions de négociations à l'OMC et les solutions préconisées

Les enjeux de la négociation multilatérale agricole portent en particulier sur les trois piliers de l'accord sur l'agriculture : (i) l'amélioration de l'accès au marché par la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires ; (ii) les disciplines concernant l'utilisation de soutiens internes afin que les aides attribuées aux agriculteurs n'entraînent pas d'effets de distorsion sur les marchés ; (iii) les disciplines relatives aux soutiens à l'exportation. Quant aux enjeux de la négociation des APE, ils portent principalement sur les produits qui peuvent être exclus des APE, sur le calendrier de mise en oeuvre,mais aussi sur le volet développement qui est censé distinguer un APE d'un accord de libre échange (ALE) classique.

Ainsi lors de la réunion ministérielle de l'OMC de juillet 2004, les solutions suivantes ont été préconisées :

- sur l'agriculture, secteur d'activité de l'essentiel des populations de l'Afrique subsaharienne, malgré les déclarations d'intention des pays développés de supprimer les subventions à l'exportation des produits agricoles qui causent de graves préjudices aux pays pauvres, aucune décision concrète n'a été prise pour fixer un calendrier d'élimination de ces subventions de façon à renforcer la compétitivité de l'agriculture africaine.

- S'agissant du coton, le conseil général avait décidé de son traitement rapide ambitieux et spécifique. Le traitement n'a été ni rapide ni ambitieux encore moins spécifique. Entre juillet 2004 et juillet 2005 les subventions distorsives aux cotonculteurs des pays développés (quelques dizaines de milliers) ont continué à sévir dépassant le milliard de dollars des Etats-Unis tandis que les producteurs de coton d'Afrique au Sud du Sahara ont perdu dans le même temps 450 millions de dollars. Les 15 millions de personnes concernées sont devenues encore plus pauvres, non pas parce qu'ils ont travaillé moins ni qu'ils ont été moins performants au plan de la qualité de leur travail, mais simplement parce que la loi du plus fort continue de prévaloir dans le système des échanges internationaux.

- Sur l'accès aux marchés : une étude d'Oxfam de mars 2002 - la situation n'a guère évolué depuis- montrait que « si l'Afrique accroissait de 1% sa part des exportations mondiales, les 70 milliards de dollars générés représenteraient approximativement le quintuple du montant consenti à la région au titre de l'aide et de la réduction de la dette ». Les programmes de lutte contre la pauvreté s'en trouveraient assurément mieux soutenus. Mais l'accès aux marchés des produits agricoles, de l'Afrique au sud du Sahara notamment, se heurte à des barrières commerciales quasi insurmontables. L'image invoquée par cette étude d'Oxfam est tout à fait parlante à cet égard car elle renvoie à une course d'obstacles où les sportifs les plus faibles doivent sauter les obstacles les plus hauts. « Lorsque les petits agriculteurs ou les ouvriers de l'industrie textile les plus pauvres pénètrent les marché mondiaux, ils se voient opposer des obstacles à l'importation quatre fois plus élevés que ceux auxquels les producteurs des pays riches sont confrontés ». A ce jeu, l'Afrique perd deux milliards de dollars l'an si l'on en croit Oxfam.

- Concernant les tarifs industriels, les membres de l'OMC n'ont pas encore trouvé de consensus sur la formule de réductions tarifaires à appliquer alors que les pays du sud exportateurs de produits de base (sucre, banane, etc) sont de plus en plus inquiets de l'effet de l'érosion des marques préférentielles sur leurs économies.

- Sur les questions de développement non plus, il n'y a pas eu, à proprement parler d'avancée. Si nous pouvons nous féliciter d'initiatives tels que le cadre intégré ou le JITAP qui ont pour objet de renforcer les capacités de production et d'offre des PMA et des pays en développement, nous devons malheureusement déplorer que les engagements des pays développés pour appuyer ces programmes n'ont pas été jusqu'ici respectés. Il n'y a pas de mobilisation effective de ressources financières pour permettre de financer les projets et programmes des pays éligibles afin de leur permettre de mieux intégrer le système commercial multilatéral et de vaincre la pauvreté.

1.3 Les accords bilatéraux avec l'union européenne

L'agriculture est un secteur vital pour les pays ACP. Il représente la principale source de devises pour la plupart des pays ACP et la majorité de la population en dépend directement pour sa subsistance. D'une part, l'UE constitue le principal partenaire commercial pour la plupart des pays ACP, particulièrement en Afrique. C'est pourquoi les réformes des politiques agricoles en cours, comme le processus d'intégration régionale et à présent les négociations APE et agricoles à l'OMC, sont d'une importance cruciale pour les pays ACP.

1.3.1 Les accords UE/ACP

Selon l'UE, les APE serviront de leviers pour le développement, en permettant l'établissement de marchés régionaux efficients et attractifs pour l'investissement. Pour les ACP, les réformes de politique des APE doivent correspondre à leurs propres objectifs de développement et comprendre des mesures visant à renforcer la compétitivité et à atténuer les coûts d'ajustement à la libéralisation des échanges et à l'érosion des préférences, afin qu'ils soient en mesure de réaliser le potentiel du marché dans le cadre des APE. L'UE en convient et déclare que l'accord de partenariat de Cotonou fournit le cadre de développement et de soutien pour les APE. Les négociations visant des engagements contraignants sont actuellement accélérées en vue de la conclusion des APE en 2008, mais il n'y a toujours pas, entre les ACP et l'UE, d'entente mutuelle sur les voies et moyens de garantir, en termes pratiques et opérationnels, que la commission européenne met effectivement en oeuvre sa politique de développement et les engagements découlant de l'accord de partenariat de Cotonou, dans les délais fixés. Les pays ACP se font de plus en plus entendre pour manifester leur mécontentement en ce qui concerne la capacité de la commission européenne à répondre à leurs préoccupations relatives aux questions de développement dans les APE. A la suite de la réunion des négociateurs en chef des régions ACP dans les APE, en octobre, pour l'évaluation des négociations, le président a adressé une lettre au président de la commission européenne pour chercher à rationaliser la situation. Les ACP souhaitent la mise en place des mécanismes opérationnels pour garantir que tous les départements de la commission travaillent de manière cohérente à la réalisation du potentiel de développement des APE.

1 .3.2 Les accords UE/CEDEAO

Réunis les 22 et 23 juillet derniers à Bamako, les ministres du commerce et des finances de la communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), ont bouclé leur concertation sur les futures négociations ACP-UE. Au cours de cette réunion, ils se sont penchés sur un certain nombre de points dont la substance suit :

- Libéralisation effective des politiques agricoles des pays du Nord : dans une déclaration commune publiée à l'issue de deux jours de travaux, les ministres ouest africains réclament le libre accès de tous les produits des pays les moins avancés aux marchés des pays développés. Ils exigent l'élimination de toutes les formes de subvention aux producteurs dans les pays développés, pour les produits destinés à l'exportation qui contribuent à entretenir des flux d'échanges artificiellement compétitifs sur nos marchés et l'instauration d'une discipline sur les crédits à l'exportation. Réclamant l'augmentation du niveau de « minima » d'au moins 10% pour les pays en développement, les ministres de l'espace CEDEAO demandent aussi le maintien et l'assouplissement des conditions de recours à la clause de sauvegarde spéciale dans l'accord sur l'agriculture renégocié.

- Sur le coton : pour le cas spécifique du coton, les ministres du commerce et des finances de la CEDEAO demandent que l'or blanc soit érigé en produit spécial lors de la 5e conférence de l'OMC, prévue en septembre prochain à Cancun. Les ministres exigent la mise en place d'un système de réduction des soutiens à la production cotonnière en vue de leur élimination totale et la prise de mesures transitoires en faveur des pays en développement producteurs de coton, notamment une indemnisation financière pour les pertes de recettes liées aux pratiques de subventions des pays développés.

- Accès aux marchés des produits non agricoles : sur la question de l'accès aux marchés pour les produits non agricoles, les ministres de la CEDEAO soutiennent toute initiative visant à garantir un meilleur accès aux marchés pour les produits non agricoles des pays en développement. Il s'agit plus particulièrement d'un accès en franchise totale des droits, sur une base consolidée, de tous les produits non agricoles en provenance des pays les moins avancés.

- Accords commerciaux régionaux : s'agissant des accords commerciaux régionaux, en prévision de l'APE entre la région Afrique de l'Ouest et l'UE, les ministres réaffirment la nécessité d'assurer une flexibilité suffisante aux pays en développement, partie prenantes à des accords de libre échange ou à des unions douanières comprenant à la fois des pays du Nord et du sud.

Les ministres lancent enfin un appel pressant aux pays développés et aux organisations internationales multilatérales afin que soient mis en place des mécanismes et des instruments financiers de développement appropriés capables d'aider leurs pays à s'adapter et à s'ajuster au processus de libéralisation des marchés.

En 2001 déjà, à Bamako, les ministres du commerce, des finances, de l'intégration et les gouverneurs des banques centrales de la CEDEAO et de l'UEMOA étaient arrivés à un consensus sur la stratégie de l'Afrique de l'ouest dans la conduite des négociations APE avec l'union européenne. L'APE, pour cette sous région, est un instrument de développement économique, de renforcement du processus d'intégration, d'amélioration de la compétitivité des économies et d'ouverture des marchés à l'union européenne. Les Etats membres de la CEDEAO ont ainsi accepté de négocier collectivement un APE avec l'UE. Une attitude qui leur impose de rendre effective leur zone de libre-échange au plutard en fin 2004 et l'union douanière pour fin 2007.

Dans cette logique, une session extraordinaire du conseil des ministres de la CEDEAO se tiendra à Cotonou en fin août 2003 pour accélérer cette évolution en tenant compte des conséquences de l'ouverture des marchés et en mettant en place des programmes de mise à niveau.

La communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui regroupe quinze pays est devenue depuis le premier janvier 2000 une zone de libre-échange, statut qui permet, entre autres, la libre circulation des personnes, des services et des capitaux ainsi que la liberté des activités commerciales et industrielles partout sur le territoire de la communauté.

1.4 Les décisions rendues par l'organe de règlement des différends sur les subventions américaines de coton

Entre 1999 et 2003, 25000 producteurs de coton américains ont reçu un total 12,47 milliards de dollars de subventions au coton. Dans le même temps, plus de 10 millions de producteurs d'Afrique de l'Ouest et du Centre (AOC) faisaient face à la baisse de leurs revenus suite à l'effondrement le plus important des cours mondiaux en prix constant depuis 1973.

Si la question des subventions au coton occupe aujourd'hui une place spécifique sur l'agenda de l'OMC, elle le doit à une combinaison de facteurs qui ont permis d'en faire un exemple des enjeux au coeur du cycle de négociations actuel. Le cas du coton démontre qu'en l'état actuel des choses, certains programmes de soutien à l'agriculture au Nord ont un impact important sur le commerce des produits agricoles au dépend des producteurs des pays en développement.

Si bien d'autres produits agricoles sont concernés, le cas du coton est de plus limpide : les montants versés au bénéfice d'une minorité de producteurs américains donnent le vertige et leur impact sur les prix et les échanges internationaux a été légalement confirmé par l'organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC. Il est également essentiel de rappeler que les pays qui pourraient bénéficier de règles plus équitables sur le marché du coton font partie des pays les moins avancés. La bataille sur le coton présente la particularité d'être menée en parallèle par le Brésil et un groupe de pays d'Afrique de l'ouest et du centre. Alors que le Brésil a opté pour la voie juridique en déposant une plainte auprès de l'OMC, les pays africains ont adopté une approche politique en imposant la question du coton à l'agenda du cycle de négociations en cours à l'OMC. Toutefois, il semble clair que ces deux approches se complètent parce que permettant de maintenir une pression politique constante sur les Etats-Unis.

1.4.1 La portée de la décision

Une fois le principe de l'illégalité des subventions américaines au coton reconnu, il reste à déterminer quel serait l'impact d'une élimination de ces programmes. Si les conséquences exactes d'un tel retrait varient selon les simulations réalisées, la plupart s'accordent néanmoins pour reconnaître que l'impact sur les prix mondiaux ainsi que sur les exportations américaines serait significatif.

Les estimations présentées par le Brésil devant le groupe spécial ont souligné qu'en l'absence de subventions sur la période 1999-2002, la production de coton américaine aurait été en moyenne moins élevée d'environ 29% tandis que les exportations auraient également diminuées de 41%. De plus, sur la même période, les prix mondiaux du coton auraient été en moyenne plus élevés d'environ 12,6%. Si le Brésil a estimé avoir subi des pertes d'environ 478 millions de dollars en raison des subventions américaines sur la période 1999-2002, les pays d'Afrique producteurs de coton restent les plus durement touchés. En Afrique de l'Ouest uniquement, 10 millions de personnes dépendent du coton pour leur subsistance. Oxfam a ainsi estimé que l'Afrique dans son ensemble perd plus de 400 millions de dollars par an en raison des distorsions sur le marché du coton.

De même, l'élimination des subventions américaines au coton sur la période 2003-2007 permettrait une hausse des prix mondiaux d'environ 10,8%. Cette même étude démontre que les programmes qui ont le plus d'impact sur les prix mondiaux sont le « Step 2 », les prêts à la commercialisation et les paiements anticycliques. Sur cette période, les exportations américaines chuteraient d'environ 44%, créant ainsi de nouvelles opportunités en terme de parts de marché pour les producteurs africains.

Si ces chiffres illustrent le besoin de réformes profondes aux Etats-Unis, et si la décision de l'OMC offre une opportunité à l'administration américaine de revoir ses programmes de soutien sur le coton, le processus de mise en oeuvre de cette décision implique un processus législatif qui risque de retarder l'élimination des programmes mis en cause. Il faut également préciser que même si certains pays africains ont participé à la plainte brésilienne en tant que Tierce partie, ils ne seront pas impliqués lors de la phase de mise en oeuvre de la décision. Cet état de fait souligne les limites de ce statut.

Si le statut du Bénin et du Tchad de participer à la plainte brésilienne en tant que Tierce partie est à remettre dans le contexte plus large de leur stratégie sur le coton, elle illustre également les limites du système de règlements des différends de l'OMC dans sa forme actuelle.

En effet, si la question d'une participation africaine aux côtés du Brésil en tant que partie plaignante s'est effectivement posée en 2002, les obstacles techniques, financiers et surtout politiques inhérents à la participation à un tel processus juridique ont clairement agi comme des barrières à l'engagement des pays d'Afrique de l'ouest et du centre.

Alors que l'ORD en est à sa dixième année d'existence en 2005, et qu'il est régulièrement célébré comme une avancée majeure pour le système commercial multilatéral, il reste important de rappeler qu'aucun PMA n'a encore pris part à une plainte en tant que partie plaignante. Le constat n'est guère différent sur la participation entre 1995 et 2003. Si ces statistiques interrogent et remettent en cause le système de règlement des différents dans sa forme actuelle, elles soulignent également l'importance de la participation du Bénin et du Tchad en tant que Tierce partie dans le cas de la plainte brésilienne.

La participation des pays d'Afrique de l'ouest et du centre à la plainte sur le coton était essentielle pour permettre au groupe spécial de considérer l'impact des subventions américaines au coton au delà du Brésil. Le « mémorandum d'Accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends définit dans son article 10 le statut de Tierce partie. Il y est stipulé que « tout membre qui aura un intérêt substantiel dans une affaire portée devant un groupe spécial aura la possibilité de se faire entendre par ce groupe spécial et de lui présenter des communications écrites. Ces communications seront également remises aux parties au différend et il en sera fait état dans le rapport du groupe spécial ».

1.4.2 Les effets sur les producteurs africains

L'article 13 de l'accord sur l'agriculture, mieux connu sous le nom de « clause de paix » ou de modération, est une disposition qui protège la plupart des subventions agricoles contre des plaintes aux fins de l'accord sur les subventions et les mesures compensatoires pour une période de 9 ans. Si cette clause est désormais échue, elle impose à la partie plaignante de démontrer que les montants des subventions mises en cause sont supérieurs à ceux observés durant l'année de référence (1992).

Dans le cas du coton, le groupe spécial de l'OMC a observé que les niveaux de subventions observées pendant quatre années consécutives (de 1999 à 2002) dépassaient ceux de 1992, et que la plainte brésilienne était par conséquent recevable. Il était des lors possible de considérer la subsistance des arguments du Brésil sur le préjudice sérieux. Cette réclamation du Brésil concerne l'impact des subventions américaines sur les échanges internationaux. Le lien entre la baisse des cours de coton et les subventions américaines est au centre de la plainte brésilienne. Selon les documents soumis par le Brésil, les subventions américaines au coton rehaussent artificiellement les exportations. Par extension, elles mènent à une réduction des prix mondiaux et à une perte des parts de marché pour les autres producteurs. Entre 1998 et 2003, la part des Etats-Unis dans les exportations mondiales de coton est passée de 17% à 42%. Néanmoins ; cette réussite commerciale découle davantage de la générosité du gouvernement que de la compétitivité des producteurs locaux.

En effet, en sus des subventions à l'exportation mises en exergue ci-dessus, les producteurs américains ont également accès à toute une série de programmes de soutien interne :

- Les prêts à la commercialisation : un programme de financement à court terme qui alloue aux producteurs des fonds pour régler leurs dépenses, tout en stockant leur récolte en gage comme caution. Ce programme garantit un revenu de 0,52 dollars par livre de coton produit. Si les prix mondiaux sont inférieurs à ce niveau, le gouvernement américain couvre la différence.

- Les paiements anticycliques, versés sur la base d'un prix indicatif 0,72 dollars par livre. Ces versements permettent de maintenir les niveaux de production indépendamment du niveau des prix mondiaux.

- Enfin, le gouvernement américain propose également aux producteurs de coton des programmes d'assurance subventionnés (contre les mauvaises conditions climatiques, les maladies ou baisse de prix).

Le groupe spécial de l'OMC, confirmé par l'organe d'appel, n'a mis en évidence que trois des programmes évoqués ci-dessus Step 2, paiements anticycliques et prêts à la commercialisation représentant un total de 2,6 milliards de dollars en 2002/03, causaient un préjudice sérieux aux autres pays exportateurs de coton en empêchant une hausse des prix mondiaux dans une mesure notable.

Ni le groupe spécial, ni l'organe d'appel n'ont fixé de date de mise en oeuvre précise pour l'élimination des effets défavorables de ces subventions. Toutefois, l'article 7.9 de l'accord sur les subventions stipule que la partie concernée dispose d'un délai de six mois à compter de la date à laquelle l'ORD adopte le rapport de l'organe d'appel, pour prendre les mesures appropriées pour éliminer les effets défavorables des subventions ou les éliminer. L'ORD ayant adopté les rapports du groupe spécial et de l'organe d'appel sur les subventions des Etats-Unis concernant le coton le 21 mars 2005, les Etats-Unis doivent donc prendre les mesures nécessaires d'ici au 21 septembre 2005.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci