2.7. QUELS BESOINS D'APPUI ?
Nous proposons dans ce chapitre des orientations pour un appui
au secteur. Il faut toutefois rappeler qu'en aucun cas, ces propositions ne
peuvent être assimilées à une étude de
faisabilité. Toute formulation d'un projet d'appui doit être
précédée d'une étude plus en profondeur.
Le Togo souffre aujourd'hui d'une situation politique
bloquée, blocages politiques qui paralysent l'économie et
étouffent la société : face à cette situation, une
grande partie des Togolais semblent résignés. D'autres luttent au
quotidien, par l'action. C'est le cas de certains journalistes de la presse
privée qui se battent pour la professionnalisation et une meilleure
organisation
La société civile togolaise a besoin des
médias indépendants, dans lesquels elle trouve à la fois
un relais, une source d'informations alternative au discours étatique et
une ouverture vers l'extérieur. A l'approche d'élections
importantes le rôle des médias devient crucial. Pour toutes ces
raisons, si la communauté internationale se refuse à appuyer
l'État togolais, elle devrait, sans se compromettre, travailler au
renforcement des médias indépendants.
Face à ces constats, deux types d'appui sont
envisageables, qui visent des résultats à court terme (traitement
de l'information professionnel en période électoral, respect de
l'éthique et de la déontologie) et à moyen/long terme
(développement et viabilité du secteur médiatique). Nous
détaillons ci-dessous le premier type d'appui, qui constitue un besoin
urgent, et devrait à notre sens passer par la maison du journalisme.
Pour ce qui concerne l'appui à plus long terme, une étude
poussée serait nécessaire à l'élaboration de
propositions pour un appui structurel.
2.7.1. Les besoins d'appui prioritaires
2.7.1.1 La maison du journalisme, partenaire pour un
appui immédiat au secteur
La Maison du journalisme présente tout à la fois
une neutralité politique de bon aloi et une implantation reconnue. Tout
en étant agréée par l'État comme centre de
formation et de perfectionnement, elle est gérée par l'UJIT, et
ne risque donc pas de récupération politique gouvernementale.
Elle est en outre pilotée par des acteurs dynamiques et inventifs. Ce
sont tous les journalistes togolais, qu'ils soient issus du secteur
privé ou du secteur public qui ont besoin d'un appui. Accueillant
indifféremment des professionnels du public et du privé, la
Maison du journalisme est le lieu tout indiqué pour organiser les
formations.
2.7.1.2 La professionnalisation
Formation aux techniques de base du
journalisme
Nul besoin d'étudier en profondeur la presse togolaise
(qu'elle soit publique ou privée) pour s'apercevoir que les
journalistes, pour la plupart, ne maîtrisent pas les techniques de base
du journalisme. C'est donc une formation aux techniques de base du journalisme
(de la collecte au traitement de l'information) qui apparaît comme le
besoin prioritaire d'appui au secteur.
Le marché est cependant trop réduit pour
souhaiter former de nouveaux journalistes en nombre : susciter des vocations
dans un marché saturé (et dont les perspectives à moyen
terme ne sont pas à la croissance) serait dommageable au secteur dans
son ensemble. C'est donc la formation continue qui nous semble la plus
pertinente au vu du contexte. L'idéal serait de permettre aux
journalistes en exercice de se former tout en continuant à exercer dans
les rédactions, pour ne pas menacer la survie de leurs journaux et leur
permettre de mettre en pratique les acquis de la formation
Éthique et déontologie
Éthique et déontologie constituent un domaine de
formation à part entière. A fortiori dans un pays comme
le Togo où la majorité des publications ont une vocation
politique, donc plus susceptibles d'entorses à la déontologie et
à l'éthique.
Face à cette forte politisation du secteur, il importe
de responsabiliser les journalistes en leur faisant prendre conscience de leur
rôle en matière éthique et déontologique. Certes des
garde-fous institutionnels ont été mis en place pour veiller au
respect de l'éthique et de la déontologie (on pense surtout
à l'OTM, dans une moindre mesure étant donné son
inactivité à la HAAC). Mais en formant les journalistes on
devrait pouvoir éviter de nombreux dérapages, en amont.
2.7.1.3 Quelques pistes d'appui
Une subvention de fonctionnement
Comme nous l'avons signalé plus haut, la maison du
journalisme a su mettre en place des activités
génératrices de revenus, activités qui lui permettent
aujourd'hui de fonctionner. Mais les ressources générées
sont insuffisantes pour permettre à la structure de fonctionner de
façon optimale, ou même de développer ces
activités.
Il nous semble donc opportun d'apporter une subvention de
fonctionnement à la maison du journalisme qui lui permettrait de
développer les services existants (par exemple : hébergement
de conférences de presse et séminaires,
documentation, restauration, etc.) et de mettre en place de nouveaux
services.
Formation
La maison du journalisme a obtenu un agrément, mais
dans l'état actuel de ses moyens, elle ne peut jouer le rôle de
centre de formation permanent. Son rôle s'est jusqu'alors limité
à l'hébergement de séminaires de formation ponctuels sur
des thématiques diverses et variées, financés au coup par
coup par différents bailleurs de fonds. La mise en place d'un
véritable cursus de formation, si elle nécessite un travail de
conception conséquent, ne demanderait pas de très gros moyens
matériels (les locaux sont disponibles, de même qu'une bonne
partie du matériel informatique). Elle viendrait opportunément
répondre à un besoin des plus pressants.
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