Quelle politique industrielle pour le secteur des assurances au Maroc( Télécharger le fichier original )par Zakaria BENJOUID Université Hassan 1er - Licence 2006 |
A- Définition de l'assurance :L'assurance, c'est la mutualité. Cette formule lapidaire tend à démontrer que l'assurance c'est la réunion de nombreuses personnes qui, risquant d'être frappées par un événement similaire, coûteux ou dommageable, s'accordent entre elles à l'avance pour venir en aide à celui ou ceux qui sont frappés par le sort. Chaque assuré-souscripteur verse sa quote-part à l'assurance. L'ensemble des primes ainsi versées finance le remboursement des sinistres dans une même catégorie de risques. Les cotisants, pour eux comme pour les autres, constituent ainsi une mutualité. L'industrie de l'assurance consiste donc à organiser cette réunion de capitaux et leur versement. Il faut donc une organisation rigoureuse et une forte solidarité réciproque. Ainsi, il serait aléatoire d'attendre l'accident pour réunir les fonds nécessaires à ceux qui sont frappés, de même que divers mécanismes doivent prévoir l'aggravation continue ou temporaire d'un risque (augmentation imprévisible de la fréquence des vols par exemple) ou sa diminution. Le système doit se prémunir contre les abus et les " tricheries " et chacun doit être traité avec les mêmes règles. C'est pourquoi, le législateur est intervenu pour définir l'application de règles strictes de souscription et de paiement des sinistres et des primes, règles qui visent en définitive la protection de la mutualité. M. Joseph Hémard a donné de l'assurance la définition suivante : " L'assurance est une opération par laquelle une personne, l'assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération (la prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d'un risque, une prestation par une autre partie, l'assureur, qui prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique ". L'assurance est le seul moyen au monde de faire supporter par autrui (l'assureur) ce que vous ne pouvez pas supporter seul. Cependant, tous les risques ne sont pas assurables. Pour qu'un risque soit assurable, il doit obéir à trois règles : v être futur ; v être aléatoire et incertain dans sa survenance ou dans sa date (Assurance Vie) ; v être indépendant de la volonté de l'assuré. 4(*) B- Mécanisme de l'assurance :
Selon la loi des grands nombres, plus une expérience est répétée, plus les résultats de cette expérience se rapprochent de la probabilité théorique de survenance d'un événement. Ainsi, avec un dé à jouer à 6 faces, la probabilité de sortir le 1 est de 1/6e puisque chaque face a autant de chances de sortir. En jouant un nombre de fois limité, 10 par exemple, la possibilité de sortir le 1 est de 0, 1, 2, 10 fois peut être avec de la chance, soit un résultat très proche ou très éloigné des 1/6e. Mais en jouant beaucoup plus, 10.000, 1.000.000 de fois, le nombre total de sorties du 1, la fréquence observée se rapproche de la probabilité théorique de 1/6e. Si la probabilité c'est la chance de survenance d'un événement, la fréquence c'est l'observation du nombre d'événements réalisés sur le total des éléments d'observation. Le calcul de la fréquence s'obtient par la formule suivante :
Cette fréquence est nécessairement comprise entre 0 (pas d'événements réalisés sur 100 événements observés), et 1 (100%). En assurance, cette fréquence est exprimée le plus souvent en taux pour mille, 0,1%o par exemple.
En ce qui concerne l'assurance, les statistiques ont une importance primordiale pour le calcul des primes en premier lieu, pour une meilleure répartition des risques en second lieu. En effet, on peut maîtriser le hasard avec des études statistiques portant sur un très grand nombre de cas et sur des périodes longues. On peut ainsi prédire la probabilité de survenance d'un événement avec suffisamment de certitude pour en tirer des conclusions chiffrables. Les statistiques pourront par exemple indiquer combien de décès surviennent à tel âge de la vie ou l'âge moyen de décès d'une population masculine ou féminine à une époque donnée (table de mortalité). De même, les statistiques pourront indiquer l'effectif (le nombre) de sinistres Incendie survenus dans une population d'assurés et combien ils ont coûté, globalement et en moyenne.
La prime pure Un risque quelconque peut être caractérisé par un nombre d'apparitions du phénomène appelé fréquence du risque. Le calcul de la prime implique une simple multiplication de la somme assurée par cette fréquence rapportée au nombre de biens assurés. Cependant, la réalisation du risque n'est pas obligatoirement totale.
On peut donc calculer la prime pure à partir du coût moyen. D'une manière simplifiée, la prime technique ou la prime pure est égale à la fréquence du risque multipliée par le coût moyen d'un sinistre. Prime pure = fréquence X coût moyen Ainsi, en vol, si la fréquence est de 1 pour 1000 assurés et le coût moyen de 8.000 Dh, la prime pure sera de (1/1.000) X 8.000 = 8 Dh, payable par chaque assuré en " vol " quel que soit l'effectif des assurés (au-delà de 1.000). La prime nette et la prime totale Pour couvrir ses frais de fonctionnement (frais de gestion, rémunération des intermédiaires ...), l'assureur ajoute à la prime pure des chargements. Le total de la prime pure et des chargements (commissions et frais de gestion) constitue la prime commerciale. Récapitulation
Sélection L'assureur s'efforce de choisir des risques normaux ou homogènes et comparables à ceux observés pour l'établissement des statistiques servant à la détermination des primes. Les méthodes de sélection sont variables selon les branches considérées : v Visite médicale en assurance Vie ; v Vérification du risque en assurance Dommages. Les risques aggravés par rapport à la moyenne sont soit refusés s'ils présentent de trop fortes chances d'occasionner des pertes, soit acceptés moyennant un supplément de prime (une maison en bois est plus exposée au feu qu'une maison en pierre). En tout état de cause, l'assureur s'efforcera, afin de maintenir son équilibre technique, de respecter la règle d'or suivante : S = P où S = Total des sinistres et P = Total des primes de risque (ou prime pure). La sinistralité d'un risque est illustrée par son S/P qui est le rapport entre le total des sinistres et le total des primes de risque. Production d'affaires nouvelles Au-delà de la nécessité de sélection du risque et d'équilibre des risques, une autre manière de compenser les risques consiste à les " noyer " dans une masse considérable d'assurés. C'est pourquoi l'assureur doit s'efforcer de réunir le maximum d'assurés par une production constante d'affaires nouvelles. Par cette production, l'assureur limite les risques et remplace les sorties naturelles de contrats. Dispersion de risques Par ailleurs, pour que l'assurance joue à plein, il convient d'établir une dispersion des risques de manière à éviter qu'un sinistre collectif ne vienne à toucher tous les assurés d'une seule compagnie (imaginons une tempête ou un cyclone ravageant une ville qui serait entièrement assurée par une seule compagnie). En pratique, cette règle n'est pas toujours facile à respecter. C'est pourquoi, les assureurs ont inventé les techniques de la co-assurance et de la réassurance pour limiter ces éventuels cumuls. * 4 Voir Annexe : "LES 100 MOTS CLES DE L'ASSURANCE" |
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