SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
INTRODUCTION
3
CHAPITRE INTRODUCTIF : PANORAMA
ECONOMIQUE DU SECTEUR MINIER MALIEN
9
1-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DE LA
PRODUCTION AURIFERE DEPUIS 1997
9
2-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DU POIDS DU
SECTEUR MINIER DANS L'ECONOMIE MALIENNE
13
Ière PARTIE :
LES OBJECTIFS VISES ET LES MOYENS DE POLITIQUE FISCALE DANS LE DOMAINE MINIER
AU MALI
16
CHAPITRE 1 : LES OBJECTIFS DE
POLITIQUE FISCALE CONTEMPORAINE ET LA PRATIQUE AU MALI
17
SECTION 1 : LES OBJECTIFS DE POLITIQUE
FISCALE CONTEMPORAINE
18
SECTION 2 : LA PRATIQUE DE LA
POLITIQUE FISCALE DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
23
CHAPITRE II : LES MOYENS FISCAUX
UTILISES DANS LE CODE MINIER DU MALI
31
SECTION 1 : ANALYSE THEORIQUE DU ROLE
ECONOMIQUE DES INCITATIONS FISCALES ET CONSIDERATIONS GENERALES SUR CELLES
UTILISEES DANS LE CODE MINIER DU MALI
32
SECTION 2 : LES PRATIQUES FISCALES ET
L'UTILISATION DES DIVERS TYPES D'IMPOT DANS LE SECTEUR MINIER MALIEN
45
IIème PARTIE :
ANALYSE ET EVOLUTION DE L'ORIENTATION DE LA POLITIQUE FISCALE ET DES TECHNIQUES
FISCALES UTILISEES DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
57
CHAPITRE I : ANALYSE DES
TECHNIQUES DECRYPTANT UNE POLITIQUE FISCALE EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT
60
SECTION 1 : ANALYSE DU CADRE GENERAL
DU REGIME FISCAL DEROGATOIRE APPLIQUE AU SECTEUR MINIER AU MALI
61
SECTION 2 : ANALYSE DE QUELQUES
SPECIFICITES FISCALES DU SECTEUR MINIER AU MALI.
67
CHAPITRE 2 : LES PERSPECTIVES
D'EVOLUTION DE LA POLITIQUE FISCALE ET DES TECHNIQUES FISCALES UTILISEES DANS
LE SECTEUR MINIER AU MALI
74
SECTION 1 : L'OPPORTUNITE DES
INCITATIONS FISCALES DANS LE SECTEUR MINIER
75
SECTION 2 : LES ALTERNATIVES AUX
REGIMES D'EXONERATION ET AU TRAITEMENT DES CREDITS DE T.V.A. DU SECTEUR
MINIER.
81
CONCLUSION
90
TABLE DES MATIERES
93
INTRODUCTION
La fiscalité est l'ensemble des règles
établies et exécutées par les pouvoirs publics en vue de
l'acquisition des moyens financiers pour faire face aux missions qui sont les
leurs.
Avec son évolution, la fiscalité est devenue
aussi un des moyens entre les mains de ces mêmes pouvoirs publics qui
leurs permet d'orienter le comportement des acteurs économiques en vue
d'atteindre des objectifs à la fois économiques et sociaux.
Pour ce qui est du Mali, son système fiscal se
caractérise (comme la plupart des pays en voie de développement),
par une pression fiscale relativement forte, soutenue par une certaine
superposition des impôts et taxes.
En la matière, une vaste réforme a
été engagée depuis 1998-1999 qui vise l'allègement
et la simplification du système fiscal, l'élargissement de
l'assiette, la promotion de l'investissement et des exportations,
l'amélioration des services fiscaux, par conséquent celui de la
capacité de financement de l'Etat. La fiscalité minière
n'échappe pas à cette évolution.
En effet la fiscalité minière est une des
branches de ce qu'on appelle « les fiscalités
sectorielles », qui sont des règles très souvent
dérogatoires aux règles fiscales générales d'un
Etat, ceci en vue de faire face aux spécificités de chaque
secteur (mines, pétrole, forêts....).
Ceci est d'autant plus important pour un pays sous
développé comme le Mali, qui à côté du coton,
tire actuellement l'essentiel de ses ressources publiques dans l'exploitation
des ressources minières. En effet, la place des recettes minières
dans le budget d'Etat du Mali dans les deux dernières décennies
est d'une importance sans ambiguïté.
De plus, le métal jaune fait de nouveau rêver les
investisseurs étrangers. Principale filière avantagée par
la conjoncture, l'or a connu, pendant le second semestre de 2004, une
envolée des cours spectaculaires, l'once ayant franchi même le
seuil de 450 dollars en décembre 2004, avant de se stabiliser au milieu
du premier trimestre 2005.
Ceci étant, les pouvoirs politiques n'ayant pas
généralement les moyens d'explorer et d'exploiter les ressources
qu'engorgent leur sous-sol, il s'avère nécessaire pour eux de
créer un climat propice et favorable à l'investissement
étranger dans ce domaine. En contrepartie, ils peuvent exiger des
investisseurs étrangers des retombées à la fois
financières, économiques et sociales. La fiscalité est
donc un véritable levier de cette politique.
Pour cela, le Mali s'est doté de différents
moyens qui ressortent des techniques utilisées dans la
législation applicable au secteur.
Un nouveau code minier est entré en vigueur par
l'ordonnance N° 99-032/P-RM du 19 août 1999, qui abroge les
dispositions des codes précédents résultant de
l'ordonnance N°34/CMLN du 3 septembre 1970 puis par l'ordonnance
N°91-065/P-CTSP du 19 septembre 1991.
Cependant les conventions d'établissement conclues
entre le gouvernement de la République du Mali et les compagnies
minières intervenant à ce jour au Mali, en prospection ou en
production, ont toutes été prises sous l'empire, soit du code de
1970, soit du code de 1991. En vertu du principe de stabilité du
régime juridique et fiscal1(*), prévu dans ces différents
codes, il s'avère qu'il subsiste donc trois régimes au
Mali : celui du code de 1970, celui du code de 1991, et celui du code de
1999, avec la possibilité pour les compagnies minières d'opter
pour le régime adopté dans le nouveau code.
Mais il est d'évidence que la fiscalité n'est
pas la condition unique et suffisante pour constituer un attrait réel
à l'investissement. Il est indispensable d'associer à l'analyse,
les considérations politiques, juridiques et économiques afin de
stimuler l'investissement.
Contrairement à certains Etats d'Afrique sub-sahariens,
dont l'histoire malheureuse de guerres fratricides est liée à
l'existence et à l'exploitation des ressources minières, le Mali
jouit d'une relative stabilité politique et économique. La
croissance de la production d'or dans les mines et celle de la place de leurs
recettes dans la couverture des budgets d'Etat en dénote largement.
Toutefois, la fiscalité sera le cadre de notre
réflexion dans le but de construire la problématique de ce
travail. Cette problématique se situe à divers niveaux :
Quelle est l'orientation de la politique fiscale dans le
secteur minier au Mali ? Répond-elle aux besoins des acteurs du
secteur : Etat, investisseurs ?
Outre des objectifs financiers et budgétaires
visés par les techniques établies dans les textes ci-dessus
visés, comment faire pour une orientation de la politique fiscale pour
mieux atteindre des objectifs économiques et sociaux, socle d'un
développement durable ?
Quels peuvent être les obstacles essentiels à la
participation de ce secteur au développement social et économique
du Mali ? Ils sont fiscaux, économiques ou politiques ?
A cette question, la réforme du code minier tente
d'apporter une réponse. A t-elle pu atteindre les objectifs
escomptés ?
L'application des textes ne cesse de poser des
problèmes tant aux acteurs économiques du secteur qu'à
l'administration fiscale dans son but de pouvoir lever le maximum de recettes
fiscales. Quels en sont les principaux ?
Dans le cadre d'une approche comparative, compte tenu des
expériences mises en oeuvre dans d'autres pays en la matière, des
pistes de réflexion permettent d'aborder des perspectives
d'évolution au regard de la tendance globale dans les pays en
développement. Quelles en sont les principales ?
Ainsi de manière plus globale, la problématique
dont il sera question dans ce travail pourra être résumée
par la question suivante : les techniques fiscales utilisées par le
législateur, sont-elles aptes à attirer l'investissement dans les
mines du Mali afin de pouvoir faire bénéficier au maximum
à la fois les sociétés minières et le peuple malien
dans son ensemble ?
L'objectif visé est une analyse critique d'une
réforme fiscale récente dans le domaine, en vue d'apporter notre
modeste contribution pour son perfectionnement, dans l'intérêt de
tous les acteurs du secteur minier du Mali.
Pour ce faire, nous tenterons d'abord de faire ressortir les
idées forces aux travers des techniques fiscales contenues dans le code
minier et ses différents textes d'application. Il faut relever que dans
le cadre de cette réflexion, nous ne traiterons pas des actes de
procédure.
Deux grandes parties soutiendront donc notre
réflexion :
dans une première partie, nous tenterons de faire
l'état des lieux, à savoir les moyens utilisés par les
pouvoirs publics, les objectifs visés au travers des impositions mises
à la charge des entreprises minières (tant à la phase
d'exploration que d'exploitation) ;
dans une deuxième partie, nous tenterons d'analyser
l'orientation de la politique fiscale et les techniques utilisées dans
le secteur minier et leur éventuelle évolution dans le cadre
d'une économie qui se mondialise.
Avant de dérouler le corps de notre travail, il
convient de présenter un tableau panoramique dressant l'évolution
croissante de la production d'or au Mali, et l'évolution de la
participation des ressources minières dans le budget d'Etat du Mali et
de manière générale dans l'économie malienne.
CHAPITRE INTRODUCTIF : PANORAMA ECONOMIQUE DU SECTEUR
MINIER MALIEN
1-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DE LA PRODUCTION AURIFERE DEPUIS
1997
Après un niveau record en 2002, la production d'or a
reculé de 18% du fait de la baisse de l'extraction dans le gisement de
Morila. L'or continue cependant de constituer le premier produit d'exportation
(en valeur) du Mali. Le pays figure en troisième position parmi les
producteurs africains derrière l'Afrique du sud et le Ghana.
Malgré cette baisse, l'exploitation de nouveaux gisements et les
investissements s'étaient poursuivis. Avec une croissance de 350 % en
cinq ans, la production d'or au Mali connaît un boom vertigineux.
Il faut savoir que cette situation ne vient pas du
néant. Avant de s'ouvrir aux capitaux privés, l'extraction
minière avait longtemps été sous l'influence
soviétique.
Avec la fin du régime militaire de Moussa Traoré
et l'ouverture de l'économie aux capitaux étrangers, les grandes
firmes multinationales ont investi le secteur. A l'époque de la fin de
l'apartheid en Afrique du sud, les grandes sociétés
minières de ce pays s'inquiétaient de l'évolution
politique du pays. Elles ont donc cherché de nouveaux territoires
d'exploitation dont le Mali.
Avec l'arrivée des sociétés
étrangères, la production a donc connu un véritable boom.
En juin 2002, on évaluait le chiffre d'affaires annuel du secteur
à 30 milliards de FCFA (près de 46 millions d'Euros), mais l'Etat
a du abandonner une part de sa souveraineté sur cette manne.
Le programme d'ajustement structurel des institutions de
Breton Woods a conduit en 2000 à la fermeture de la SONAREM (
société nationale de recherche et d'exploitation minière),
une société d'Etat. La part dans le capital des
sociétés minières de l'Etat malien est désormais
fixée aux alentours de 20%.
A cet aspect d'ordre politique, s'ajoute un aspect
économique. En effet, le Mali offre l'avantage d'être
compétitif ; alors que le coût d'exploitation des mines sud
africaines a considérablement augmenté ces dernières
années, notamment du fait de la hausse des frais d'extraction. En effet,
l'importance des réserves dont dispose le Mali et le faible coût
d'exploitation ( du fait du niveau de vie ), constituent entre autres atouts
des mines maliennes.
Production d'or (en tonnes)
Sites miniers
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Syama
|
4,1
|
4,8
|
6,1
|
5,7
|
2,1
|
0
|
0
|
0
|
Diola
|
112,3
|
116,3
|
117,6
|
116,8
|
220,8
|
17
|
14,7
|
16,6
|
Morila
|
|
|
|
4,2
|
223,4
|
40,0
|
23,7
|
18, 8
|
Yatela
|
|
|
|
|
5,0
|
9,8
|
8,6
|
5,4
|
Kodiéran
|
|
|
|
|
|
|
|
3,4(estimation en 2002)
|
Tabakoto
|
|
|
|
|
|
|
4,1
|
4,4(estimation en 2002
|
Segala
|
|
|
|
|
|
|
|
4,0
|
Kalana
|
|
|
|
|
|
|
|
2,0
|
loulo
|
|
|
|
|
|
|
|
3,6
|
Total:
|
16,4
|
21,2
|
23,7
|
26,7
|
51,3
|
66,8
|
51,1
|
58,2 estimation
|
Source : Ministère des mines, de
l'énergie et de l'eau.
En contraste par rapport aux aléas du secteur
agricole2(*), le secteur minier a enregistré une
expansion depuis une décennie.
La mise en exploitation de la mine de Sadiola en 1997, puis
celle de Morila en octobre 2000 et de Yatela en mai 2001 ont permis de
consolider la place du Mali dans la production d'or sur le marché
mondial. En 2002, bien qu'aucun nouveau gisement n'ait été mis en
exploitation, la découverte inopinée d'un filon à teneur
exceptionnelle dans la Mine de Morila a permis une production aurifère
de l'ordre de 63,7 tonnes. En 2003, le retour à la normale explique la
baisse de production aux environs de 53 tonnes. Les perspectives sont positives
en raison du maintien du court de l'or élevé. La mine de Tabakoto
est mise en exploitation en 2004. Les ouvertures des mines de Kodiéran,
de Kalana, de Ségala et de Loulo courant 2005 augure de perspectives
positives dans le secteur.
Conscientes du caractère aléatoire des
découvertes et de la forte volatilité du secteur soumis aux
variations des prix internationaux et aux opportunités d'investissement
des entreprises multinationales, les autorités maliennes ont
développé une stratégie de valorisation des initiatives
locales selon deux axes :
· d'une part, un programme pour le développement
des ressources minérales a été mis en place en vue de
faciliter l'accès des opérateurs maliens à l'exploitation
en offrant notamment des procédures simplifiées pour
l'exploitation des petites mines, des facilités d'accès au
financement et la possibilité de partenariat avec les
multinationales ;
· d'autre part les autorités prévoient en
partenariat avec la Banque mondiale, une mise en valeur de la production
artisanale, avec notamment la promotion des activités connexes des
femmes dans les zones d'orpaillage (maraîchage, petit commerce...).
En outre, les réserves d'or mises en évidence,
à la date du 3 juin 2000 et qui peuvent faire l'objet d'exploitation ou
en exploitation totalisent plus de 600 tonnes.
En dehors du potentiel aurifère, le Mali dispose
d'autres ressources minérales, mais qui sont moins exploitées,
dont le poids économique est moindre par rapport à celui de
l'or.
Les phosphates
Des gisements ont été identifiés dans la
vallée du Tillant. On dénombre près de trois gisements. Le
seul qui a été suffisamment étudié, le gisement de
Tamaguilelt, dispose de réserves d'environ 20 millions de tonnes. Il est
exploité de façon semi-industrielle depuis 1986 et a produit en
moyenne 15000 tonnes par an. Ses activités ont été
interrompues pendant la rébellion et actuellement sont
arrêtées depuis 1996.
Plusieurs études de valorisation ont été
faites, mais leur aboutissement est toujours confronté au
problème de financement. Parmi elles, on peut noter celle menée
par l'autorité du Liptako-Gourma sur financement de la CEDEAO, dont
l'aboutissement est conditionné à la mise en place d'une
unité pilote en vue de produire une quantité suffisante d'engrais
pour des essais en champs. Le coût de cette action est
évalué à environ 850 Millions de FCFA.
Le calcaire
On trouve des gisement à Goundam (Bad el
Héré) et à Bafoulabé (Gangontéry Diamou).
Ils sont exploités pour la production de carreaux et de ciment. Les
réserves sont évaluées à plus de 122 millions de
tonnes reparties dans plusieurs zones. Les potentialités existent, mais
les difficultés sont liées au développement des
infrastructures et aux besoins du Mali dans le secteur du bâtiment et des
travaux publics.
Divers
Marbre (plus de 11 millions de tonnes), granit et
délérite sont exploités par deux entreprises
européennes et quelques artisans maliens. Il y a d'autres
minéraux importants tels que le kaolin, l'argile réfractaire, le
gypse, le sel gemme, le manganèse, le lithium, le fer, la bauxite, les
schistes bitumeux, le lignite, le nickel, l'étain, le zinc, le plomb et
l'uranium.
L'engouement pour la production d'or s'explique par son
importance dans l'économie malienne.
2-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DU POIDS DU SECTEUR MINIER DANS
L'ECONOMIE MALIENNE
Le prestige du secteur minier est le fait qu'il joue un
rôle déterminant dans le développement économique du
pays.
Malgré l'effet dégressif de la crise asiatique
de 1997 sur le marché des métaux de base en matière
d'investissement minier, les dépenses d'exploration et d'exploitation
ont progressé de manière générale en Afrique. Le
cas du Mali est édifiant. Il est caractérisé par trois
grandes périodes :
§ De 1960 à 1969, les investissements dans le
secteur minier se sont élevés à 14 milliards de FCFA, et
ont permis de faire l'inventaire et la reconnaissance géologique de tout
le territoire et de démarrer l'exploitation de certains matériaux
de construction.
§ De 1970 à 1990, le coût total des
investissements s'est élevé à près de 70 milliards
de FCFA et a permis de poursuivre les travaux de recherches géologiques
et minières, travaux qui ont abouti à l'édition d'un
certain nombre de cartes géologiques et au démarrage de
l'exploitation de gisements de phosphates et de gypse.
§ De 1990 aux environs de 1997, plus de 247 milliards de
FCFA ont été investis et ont permis la découverte d'autres
gisements de substances utiles et le démarrage de leur exploitation.
La filière or est de loin la plus importante sinon la
seule activité génératrice dans le secteur minier avec
près de 98 % des revenus d'exportation. La valeur d'exportation d'or a
été de 39,8 milliards de FCFA en 1996, de 117 milliards en 1997
et de 128,3 milliards en 1998 et de 149 milliards en 1999.
En 1997, les exportations d'or représentaient 36 % du
total des exportations du Mali, contre 16 % en 1996.
En 2002, l'or a représenté près de 300
milliards de FCFA soit 67 % des recettes d'exportation. Ainsi les ventes d'or
ont permis la première réduction du déficit de la balance
commerciale du Mali depuis trois ans ; déficit estimé
à 183,5 milliards de FCFA en 2001 contre 204,4 milliards de FCFA en
2000.
Cependant le problème économique qui existe
actuellement dans le secteur, est l'existence des mines de taille
intermédiaire. Ces gisements de 30 à 50 tonnes
n'intéressent pas une multinationale, mais pourront correspondre aux
capacités d'investissement d'un opérateur économique
malien. L'objectif pour les autorités est l'accompagnement technique de
ces opérateurs afin d'assurer la détention de petites mines par
des opérateurs locaux.3(*)
La place des recettes aurifères dans la balance des
paiements du Mali (exportations).
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Transactions courantes
|
-181,2
|
-227,3
|
-103,5
|
-117,0
|
Balance commerciale
|
-33,4
|
-7,0
|
97,6
|
-23,8
|
Exportations FOB
|
388,1
|
531,6
|
617,6
|
543,7
|
Dont
|
|
|
|
|
OR
|
189,4
|
353,8
|
402,6
|
315,9
|
Coton
|
112,2
|
83,2
|
130,9
|
124,1
|
Source : Rapport de la Zone franc 2003 Banque de
France.
Au regard des données économiques qui
précèdent, il convient de savoir quels ont été les
objectifs visés et les moyens utilisés par la politique fiscale
dans le domaine minier au Mali.
Ière PARTIE : LES OBJECTIFS
VISES ET LES MOYENS DE POLITIQUE FISCALE DANS LE DOMAINE MINIER AU
MALI
Durant tout le processus d'évolution, de 1970 à
nos jours, des objectifs ont été fixés à la
fiscalité minière au Mali. A ces objectifs s'attachent des
moyens.
CHAPITRE 1 : LES OBJECTIFS DE POLITIQUE FISCALE
CONTEMPORAINE ET LA PRATIQUE AU MALI
Théoriquement les Etats emploient la fiscalité
dans deux buts : d'une part pour lever des recettes et d'autre part pour
influencer le comportement des contribuables. Nous verrons dans la pratique
quelle est l'option la plus privilégiée au regard des techniques
fiscales utilisées au Mali.
SECTION 1 : LES OBJECTIFS DE POLITIQUE FISCALE
CONTEMPORAINE
Paragraphe 1 : La
levée des recettes fiscales
La question essentielle qui se pose en matière de
politique fiscale, pour ce qui est de l'objectif consistant à lever des
recettes, est de savoir quel doit être le poids de l'impôt ?
Deux options s'imposent aux Etats :
A-) Forte taxation des
mines
C'est la position défendue par un courant de
pensée.
En effet l'importance de l'exploitation des ressources
naturelles des pays en développement a été un thème
majeur dans le débat général sur le développement
durable.
Pour ce courant de pensée, les pays en
développement doivent lourdement taxer les mines pour décourager
une exploitation rapide. La forte taxation des mines freine donc l'exploitation
des ressources naturelles et on aide à préserver ces ressources
pour les générations futures. Pour cela il conviendrait d'avoir
un petit nombre de mines lourdement taxées.
Il faut savoir que l'inconvénient de cette option,
c'est une baisse des recettes fiscales immédiate. Mais à long
terme celle-ci permet de conserver l'exploitation d'une partie des ressources
naturelles au profit des générations futures.
Dans les pays en développement, cette option est
difficilement adaptable, vu les besoins financiers croissants de ces pays, tant
pour faire face sur le plan interne aux missions financières de l'Etat,
mais sur le plan externe, faire face par la majeure partie de leurs recettes,
aux besoins de remboursement de la dette extérieure.
B-) Faible taxation
Imposer le moins possible pour exploiter au maximum les
ressources minières afin de créer les infrastructures
nécessaires pour un développement durable : tel semble
être le credo de ce courant de pensée. En exploitant aujourd'hui
les ressources minières au maximum on peut créer les
infrastructures nécessaires pour un développement plus
diversifié et durable et que par conséquent il faudra taxer les
mines le moins possible. Ainsi pour cette conception, il convient d'avoir de
nombreuses mines ne payant que peu d'impôts.
L'avantage pour cette option pour les pays en
développement c'est la levée immédiate de recette
maximale, mais à long terme les ressources naturelles du sous-sol
étant appelées à s'épuiser, les termes du
développement durable seront remis en cause pour les
générations futures de ces pays.
Cependant ne perdons pas de vue qu'aucune des options ci
dessus développées n'est applicable à cent pour cent dans
un pays en développement.
Ainsi plus l'impôt est lourd, moins le
bénéfice des investisseurs est grand et les gouvernements doivent
donc faire un arbitrage : si les impôts sont trop
élevés, les investisseurs pourraient déserter le pays,
mais s'ils sont trop bas, l'Etat risque de renoncer à des recettes sans
nécessité.
La plupart des gouvernements cherchent à trouver le
juste milieu entre la maximisation des recettes publiques et la promotion de
l'investissement. Malheureusement, jusqu'à présent personne n'a
été capable de déterminer ce qu'est un système
équitable. A défaut, il convient de se demander si le
régime fiscal est compétitif, en considérant que la
compétitivité est une bonne approximation de
l'équité.
Dans une économie mondialisée, les
multinationales ont le choix entre de nombreux pays et préfèrent
généralement les pays dont la fiscalité est
légère. Pour procéder à la comparaison, ces
multinationales font le calcul de l'effet total de l'ensemble des taxes et
impôts prélevés sur une mine type dans les
différents pays qui sont en concurrence pour l'investissement minier.
Elles cherchent donc à s'implanter dans un pays où cet effet
total des impôts et taxes est le moindre possible.
A côté de cet objectif de levée des
recettes, considéré comme un objectif initial à toute
politique fiscale, un objectif secondaire s'est greffé : celui de
l'influence sur le comportement des contribuables.
Paragraphe 2 :
L'orientation du comportement des acteurs du secteur minier
Les politiques fiscales de manière
générale tiennent de plus en plus compte de cet objectif dans
l'élaboration des normes fiscales applicables à tel ou tel
secteur d'activité. Ceci est issu d'une certaine évolution de
l'analyse économique de l'impôt. Des conséquences sont donc
perceptibles du fait des liens étroits entre la fiscalité et
l'environnement économique.
A-) Détermination de
cet objectif à partir d'une certaine analyse économique de
l'impôt
Pendant toute la période libérale classique
(XIXème, début XXème siècle),
l'impôt a été délibérément
écarté des analyses économiques. On estimait alors que la
fiscalité devait demeurer neutre et que le seul objectif qui devait lui
être assigné était un objectif budgétaire.
L'impôt devait avoir pour seule fonction la stricte couverture des
dépenses publiques traditionnelles de l'Etat, celles relatives à
ses missions régaliennes. Telle était la présentation
doctrinale dominante de l'impôt, une représentation qui dans la
réalité n'était pas toujours d'application stricte, tandis
que par ailleurs de nombreux auteurs mettaient en évidence les rapports
existant entre l'impôt et la vie économique.
Ces rapports se sont officialisés dans la
période contemporaine. L'Etat ne peut plus aujourd'hui ignorer que la
santé de l'économie dépend sa capacité à
faire face aux charges qui lui incombent et qu'il ne peut rester dès
lors indifférent à la rentabilité et à
l'efficacité de la fiscalité2(*).
Pour ce qui est du secteur minier, les pouvoirs publics
utilisent généralement l'instrument fiscal soit dans le cadre de
la protection de l'environnement ou dans le cadre d'une certaine impulsion aux
initiatives ou efforts de développement durable des zones
d'exploitation.
Dans le cadre de la protection de l'environnement, l'Etat peut
par exemple accorder un crédit d'impôt pour l'installation de
dispositifs antipollution ou instituer une lourde taxe sur les rejets
d'effluents nocifs.
Vu l'étroitesse des liens fiscalité et
économie, des conséquences significatives sont notables.
B-) Les conséquences
d'une telle option
Comme le disent certains analystes de politique fiscale,
l'objectif psychologique doit tenir la majeure partie dans le cadre de
l'élaboration ou de la réforme d'une politique fiscale. En effet,
compte tenu de la rationalité des individus, toute création ou
tout ajustement d'une imposition trouve ses effets dans le comportement
économique des contribuables. Ces effets sont perceptibles en cas
d'ajustement sur toutes les étapes de l'imposition : assiette,
liquidation et mode de recouvrement.
v Dans le cadre de la matière imposable, lorsqu'un Etat
décide de plus imposer la matière première issue de
l'exploitation des mines que les activités, cela peut conduire à
plus de fraude quant à la commercialisation de cette matière.
Ceci est d'autant plus important dans les pays en développement
où les matières premières issues des exploitations
minières sont pour la plupart destinées à l'exportation.
En décidant d'imposer plus les activités, cela pourrait avoir
comme conséquences une certaine volonté de minimisation des
charges sociales et d'investissement des entreprises. En la matière les
gouvernements cherchent à faire un arbitrage.
v Quant à la liquidation, il faut savoir que
l'élément le plus visible d'une imposition est le taux
applicable. Plus le taux est élevé, plus il y a une certaine
méfiance des investisseurs, ceci en ignorant souvent toute idée
sur le volume de l'assiette de l'impôt.
v Le mode de recouvrement produit lui aussi des effets. Ainsi
un prélèvement à la source accroît la
sensibilité de l'impôt alors que le prélèvement par
voie de rôle et de paiements échelonnés par tiers retarde
les encaissements et les éloigne de l'année d'imposition à
laquelle ils se rapportent.2(*)
Au regard de l'analyse théorique ci-dessus
développée, il ressort une certaine pratique dans la politique
fiscale minière appliquée au Mali.
SECTION 2 : LA PRATIQUE DE LA POLITIQUE FISCALE DANS LE
SECTEUR MINIER AU MALI
A l'analyse de la politique fiscale du Mali dans le secteur
minier, il ressort une certaine prépondérance de l'impact
budgétaire de la fiscalité appliquée à ce secteur,
et une moindre mesure aux dispositions susceptibles d'influencer le
comportement des acteurs économiques du secteur.
Paragraphe 1 : Une
prépondérance de l'impact budgétaire de la politique
fiscale minière au Mali
Comme dans la plupart des pays en développement, les
fiscalités sectorielles sont généralement les plus
pourvoyeuses des finances publiques. Ceci s'explique par des raisons objectives
et se manifeste par un interventionnisme fort de l'Etat dans ces
fiscalités.
A-) Les raisons
objectives
Le tissu économique de ces Etats comme le Mali est
très faible. Le niveau de vie des populations est très bas, ainsi
un tissu fiscal de droit commun très faible.
Les mines dans ces pays sont considérées comme
une propriété de l'Etat. Leur exploitation industrielle requiert
une relation formelle entre l'Etat et les entreprises minières. Ainsi,
pour un secteur aussi productif que les mines (métaux
précieux : or), l'Etat ne peut que profiter au maximum des
retombées financières pour faire face à ses besoins de
financement et d'investissement.
Outre un tissu fiscal de droit commun faible, il faut ajouter
le manque de moyens modernes entre les mains des administrations fiscales pour
procéder à des contrôles fiscaux plus efficaces.
L'exploitation industrielle des mines d'or au Mali est censée
créer une certaine relation de confiance entre l'Etat et les entreprises
d'exploitation. En effet, ces exploitations sont basées sur des
conventions d'établissement3(*) qui définissent les droits et
obligations des acteurs du secteur minier.
Mais les évènements récents ne semblent
pas confirmer cette relation de confiance. De plus en plus se créent des
climats de suspicion entre les pouvoirs publics et les entreprises
exploitatrices. D'où une certaine conviction de ces pouvoirs publics
à effectuer des contrôles circonstanciés dans les mines,
qui sont considérées par certains analystes du secteur comme
« à ciel ouvert ». Mais se pose l'obstacle de
personnel suffisant pour mener à bien ces contrôles. Le manque de
transparence dans la gestion des mines et l'accès restreint à des
données peuvent faire échapper certains produits miniers à
la détermination d'une assiette fiscale assez adéquate.
Ces quelques raisons, non exhaustives, expliquent souvent une
politique interventionniste forte dans la fiscalité applicable à
ce secteur.
B-) Un interventionnisme
fiscal fort
L'utilisation des dispositifs fiscaux à des fins
économiques, financières ou budgétaires n'est pas une
pratique nouvelle des Etats. Ils mettent en oeuvre cette politique pour
atteindre des objectifs divers et variés.
Pour le cas du Mali et concernant le cas spécifique du
secteur minier, l'accent a été mis depuis sur
l'attractivité des investissements étrangers dans le but
d'améliorer les recettes de l'Etat. Cet objectif d'attractivité
se manifeste dans l'évolution de la législation fiscale
applicable au secteur minier depuis 19634(*) à nos jours5(*).
Si les réformes récentes ont pour but de
réduire les avantages fiscaux et une politique allant vers une certaine
application du droit commun au secteur minier (comme c'est le cas dans certains
pays africains)6(*), l'objectif principal reste celui de
l'amélioration des recettes fiscales.
Cet objectif est poursuivi par une politique
d'interventionnisme fiscal assez fort. Contrairement à l'objectif
initial de correction du déséquilibre du marché libre de
la politique d'interventionnisme, celle-ci s'explique dans nos Etats par une
volonté réelle d'attirer le maximum d'investisseurs sur leur
territoire afin d'en tirer le maximum de profit fiscal. Elle se manifeste donc
par l'octroi des avantages fiscaux à des sociétés
minières. Répondant le plus souvent à un souci
d'équité, ces avantages peuvent faire l'objet d'abus quant
à l'appréciation de la matière exonérée. En
effet, les entreprises minières bénéficient des
exonérations pendant la période d'exploration.
L'idée étant que pendant cette phase,
l'entreprise fait des investissements sur la recherche sans recette. L'abus
peut consister à une non-réexportation des biens ainsi
exonérés, ou à leur cession en franchise des droits sur le
territoire. Les moyens de contrôles doivent être
améliorés dans ce domaine.
Mais l'adhésion du Mali à des organisations
économiques, le conduira de plus en plus, vis à vis de ses
partenaires régionaux, au respect de restrictions de politique fiscale
comparable à celles en vigueur au sein de l'Union
Européenne7(*). Ceci en dépit de l'adoption d'un
code communautaire d'investissement, qui n'a d'ailleurs pas eu
l'adhésion de tous les Etats, et qui écarte certains secteurs de
son champ comme les mines.
Les développements qui précèdent mettent
en exergue la prépondérance des objectifs financiers et
budgétaires de la fiscalité minière. Ainsi sont mis en
second plan les objectifs d'influence sur le comportement des acteurs du
secteur dans une optique de développement durable.
Paragraphe 2 : Une moindre
mesure des dispositions susceptibles d'influencer le comportement des acteurs
du secteur minier en faveur des objectifs de développement durable
Une quasi-absence de dispositions fiscales incitatives a eu
pour conséquence une certaine pratique chez les compagnies
minières dans ce domaine.
A-) Quasi absence de
dispositions fiscales incitatives dans ce domaine
Il n'est pas sans savoir que l'exploitation des mines fait
intervenir des produits chimiques qui constituent un très gros risque
pour la santé soit des employés, soit de la population habitant
tout autour des usines. L'une des missions essentielles d'un Etat est d'assurer
le bien être des populations vivant sur son territoire. Il l'effectue
avec plusieurs options.
L'option actuelle des dispositions semble être une
option de répression et de respect des obligations formelles en
matière de protection de l'environnement. Elle est prévue au
titre VIII du code minier de la République du Mali. Option qui consiste
à faire obligation aux compagnies minières d'établir un
rapport annuel de l'impact de l'exploitation minière sur l'environnement
et une obligation au respect de la protection de l'environnement avec des
amendes à la clé. Il faut savoir que les options de ce genre
peuvent comporter des inconvénients : risque de falsification des
rapports annuels ; le contrôle de l'administration s'effectue
après coup, ce qui ne permettra pas de réparer le
dégât déjà constaté sur l'environnement.
La fiscalité, par ses effets psychologiques, peut
être d'un apport important dans ce domaine. Elle intervient de deux
façons pour inciter les acteurs du secteur minier au respect de la
protection de l'environnement :
· Elle peut le faire en octroyant des crédits
d'impôt aux compagnies minières qui effectuent des installations
anti- polluantes. Son avantage, c'est qu'elle est très efficace du fait
pour les compagnies minières de pouvoir reporter le crédit sur le
résultat à déclarer, réduisant donc celui ci et
donc moins d'impôt à payer. Mais il s'adapterait difficilement au
système fiscal des pays en développement, le crédit
d'impôt étant remboursable après son report
inépuisable. En effet ces pays mettent plus l'accent sur la
rentrée financière que sur la sortie.
· Une autre option, celle de la lourde taxation sur les
rejets d'effluents nocifs. A caractère dissuasif, cette option demande
un contrôle permanent à priori dans les installations
d'exploitation minière. Par contre il consacrerait une certaine
monétisation de la protection de l'environnement au détriment de
la santé des populations environnantes.
Outre la protection de l'environnement, la promotion du
développement durable des zones d'exploitation doit aussi rentrer dans
le cadre de l'élaboration du dispositif fiscal.
En effet, il a été constaté que la
gestion macroéconomique pose des problèmes particuliers dans les
pays dépendants de l'exploitation minière. Entre autres ces
problèmes, nous pouvons citer la mauvaise répartition de
l'autorité de régulation et des recettes minières entre
différents niveaux de l'administration et entre les régions, avec
une centralisation des recettes fiscales issues des exploitations
minières, dans le cadre d'un Etat unitaire centralisé.
En la matière, les experts s'accordent de plus en plus
sur la pertinence pour les Etats, de négocier avec les compagnies
minières, les redevances à payer aux communautés locales
comme contribution à leur développement et l'atténuation
de tout dommage à l'environnement. Ceci ne doit pas remettre en cause le
principe d'unicité budgétaire, qui permet d'assurer une
allocation équitable des ressources entre les régions en fonction
de leur priorité de développement, principe appuyé par un
mécanisme de péréquation assez soutenu.
Ceci dit, cette quasi-absence de dispositions fiscales
incitatives de protection de l'environnement et de promotion du
développement durable des zones d'exploitation, crée une certaine
pratique des compagnies minières en la matière.
B-) La pratique des
entreprises minières
Traditionnellement, la mise en valeur des ressources
minérales (extraction, transformation, ...) par des entreprises
internationales était considérée, à juste titre
dans bien des cas, comme une activité d'enclave, c'est à dire que
ses effets se déployaient uniquement à proximité
immédiate de la mine ou de l'usine et que les retombées
positives, essentiellement les recettes fiscales de diverses natures,
revenaient à l'Etat. La population locale, y compris dans certains cas
celle qui vivait à l'intérieur de l'enclave elle-même, n'en
retirait guère d'avantage, voire aucun.
Le but des entreprises minières est avant tout de
gagner de l'argent, pas de développer le pays sur le territoire duquel
elles font leur exploitation. Il convient donc au pays d'avoir des dispositions
légales et réglementaires pouvant promouvoir cet aspect.
En la matière, la contribution des
sociétés minières au développement local est
laissée au bon vouloir des multinationales. La majeure partie des
décisions minières est le fruit de négociations entre les
compagnies et l'Etat, même s'il y a une intervention des populations (par
le biais de leurs représentants), elle n'est pas
prépondérante. Et comme le disent certains analystes du secteur,
l'argent prélevé sur les mines comme impôts et taxes, sert
surtout à payer les salaires des fonctionnaires et autres frais de
fonctionnement du gouvernement.8(*)
Mais des facteurs actuels ne manqueront pas de contribuer
à un changement de politique dans le secteur. Parmi ces facteurs, nous
avons l'apparition d'une série de thèmes nouveaux qui, à
un degré variable selon le pays et le projet, a une incidence sur
l'activité minière. Les plus importants de ces thèmes sont
ceux qui relèvent des traités environnementaux ou commerciaux
mondiaux ou régionaux, et des thèmes connexes comme ceux des
droits des populations autochtones, du développement durable et de
l'équité intergénérationnelle. Aujourd'hui, tous
les pays miniers et l'industrie minière doivent tenir compte de toutes
ces questions dans le cadre des nouvelles réalités de la mise en
valeur des ressources minérales, c'est à dire mieux
intégrer la diversité des préoccupations et des parties
prenantes. Plus particulièrement, cela conduit à élaborer
et à mettre en oeuvre de nouvelles approches du développement
fondées sur l'industrie minière et à modifier la
conception de la gestion des affaires publiques, des obligations
redditionnelles et des effets distributifs des activités extractives, en
particulier par la décentralisation politico-administrative et le
partage de la rente. Tout cela va nécessiter une révision en
profondeur des rôles de l'industrie et des pouvoirs publics, à
tous les échelons, ainsi que de la population dans son ensemble.
A l'appui de cette politique fiscale dans le secteur minier,
le Mali dans sa législation s'est doté des moyens légaux
et réglementaires, moyens qui feront l'objet des développements
qui suivent dans le chapitre 2.
CHAPITRE II : LES MOYENS FISCAUX UTILISES DANS LE CODE
MINIER DU MALI
Il est reconnu que les fondements de la politique fiscale
varient en fonction du temps et de la conjoncture économique, tandis que
les techniques fiscales, elles, demeurent relativement stables et sont en
général reprises dans la plupart des législations.
Les techniques fiscales sont donc apolitiques, c'est le choix
des techniques qui est politique.9(*)Ainsi pour le cas du Mali, dans le but
d'attirer le maximum d'investissements dans le secteur minier, des incitations
fiscales sont utilisées dans le code minier, incitations fiscales qui
feront l'objet d'analyse après une analyse théorique de leur
rôle économique.
Enfin, nous ferons la description du régime
d'imposition applicable aux activités minières au Mali en mettant
en exergue les différents impôts à la charge ou
collectés par le secteur minier.
SECTION 1 : ANALYSE THEORIQUE DU ROLE ECONOMIQUE DES
INCITATIONS FISCALES ET CONSIDERATIONS GENERALES SUR CELLES UTILISEES DANS LE
CODE MINIER DU MALI
Facteur de politique économique d'un Etat, les
incitations fiscales revêtent deux grandes formes.
L'analyse du régime d'imposition du secteur minier du
Mali fait donc transparaître l'utilisation de l'une de ses formes
d'incitations fiscales.
Paragraphe 1 : Analyse
théorique du rôle économique des incitations fiscales
A-) Incitations
fiscales : facteurs de politique économique d'un Etat
En effet, les politiques fiscales s'appuient souvent sur les
vertus et les faiblesses que comportent les divers types d'impôt au
regard de l'environnement économique.
A cet égard, plusieurs attitudes peuvent être
affichées par les gouvernants face à la fiscalité et
à ses rapports avec l'économie.
C'est ainsi qu'ils adopteront un comportement tout à
fait volontariste dans le but de contrôler ou d'encourager le
développement économique en utilisant l'outil fiscal.
Cet outil fiscal peut se présenter soit sous la forme
des incitations fiscales destinées à parer à une
conjoncture donnée, soit sous la forme d'un dispositif permanent.
Dans cet ordre d'idées, on notera que la
fiscalité peut également servir d'élément
stabilisateur automatique des grands équilibres
macroéconomiques.
Les incitations fiscales traduisent quelle que soit la forme
utilisée, l'attitude interventionniste de l'Etat dans le fonctionnement
du marché. Elles font aujourd'hui partie de la batterie des moyens dont
dispose l'Etat pour agir sur l'économie dans un sens ou dans un
autre.
Toutefois, Michel Bouvier10(*) rapporte que selon
les expériences empiriques menées durant des années, il
s'est avéré difficile d'évaluer la pertinence des
incitants fiscaux et leur efficacité dans une société ou
les comportements des citoyens sont souvent imprévisibles.
C'est pourquoi, après divers débats doctrinaux,
les jugements sur le rôle économique de l'impôt, et plus
spécifiquement des incitations fiscales se sont fait nuancer.
Toujours sur ce plan purement théorique, deux grandes
formes d'incitations fiscales existent : l'incitation par l'ajustement de
la pression fiscale et par les dépenses fiscales, la
défiscalisation comprise.
B-) Les grandes formes
d'incitations fiscales
Incitation par l'ajustement de la pression fiscale :
L'ajustement de la pression fiscale peut être
utilisé comme instrument de régulation des comportements des
agents économiques qui agissent soit comme consommateurs, soit comme des
épargnants, soit encore comme des producteurs.
En effet, plusieurs scénarios sont possibles. Nous
citerons en exemple, la variation du taux d'un impôt qui peut avoir pour
effet, de la part du sujet fiscal, le changement de sa structure de
consommation ( nous serons alors en présence de l'effet de substitution)
ou l'arbitrage entre le travail et le loisir dans le sens de maximiser son
revenu ( nous serons en présence de ce qu'il y a lieu de qualifier
d'effet de revenu).
De même, et plus globalement, une augmentation du
prélèvement sur le revenu est susceptible de freiner la demande
globale des consommateurs et par voie de conséquence, de participer
à la politique de lutte contre l'inflation.
-Incitation par les dépenses fiscales et la
défiscalisation
D'origine américaine, le concept de
« dépenses fiscales » concerne les
allègements fiscaux au profit des contribuables. Sont regroupés
sous cette appellation, l'ensemble des exonérations, abattements et
réduction d'impôt.
Ces mesures quoique n'aboutissant pas à des
décaissements, à l'exemple des subventions, représentent
cependant un manque à gagner non négligeable pour le
trésor public d'un Etat.
Actuellement, il est fait de plus en plus usage de ces mesures
à telle enseigne que tous les secteurs de l'économie en
réclament afin de relancer leurs activités respectives sans se
préoccuper nullement de leur impact, positivement aléatoire et
négativement quasi certaine sur le budget de l'Etat. Quel que soit donc
le choix de l'Etat, des critères d'évaluation existent, qui
permettent d'évaluer le rendement de tel ou tel impôt. Dans la
pratique nous observons que certains impôts sont d'un meilleur rendement
que d'autres parce qu'étant plus faciles à recouvrer et ne
comportant pas assez de risque de fraude et d'évasions fiscales.
Il est éprouvé que le rendement de l'impôt
est influencé par certains facteurs dont le nombre de redevables, la
matière imposable et les catégories des assujettis.
Selon la théorie développée par Laffer,
l'assiette de l'impôt est fonction inverse de son taux d'imposition,
c'est à dire que plus le taux d'imposition est faible, plus l'assiette
est large et donc dans certaines limites, un meilleur rendement en terme de
recette.
Ceci étant, il convient de voir maintenant les
incitations fiscales utilisées dans le code minier du Mali.
Paragraphe 2 : Les
incitations fiscales utilisées dans le code minier du Mali
Ces incitations traduisent un interventionnisme fiscal fort de
l'Etat dans le secteur minier au Mali. Nous avons jugé nécessaire
de mettre l'accent sur deux d'entre elles : la stabilité du
régime juridique et fiscal et les différents régimes
d'exonération.
A-) La stabilité du
régime fiscal et douanier des entreprises minières.
Cette stabilité a un champ d'application :
matériel et personnel ; des limites lui sont apportées.
Champ d'application
C'est un des éléments incitateurs
d'investissement dans un secteur. C'est un dispositif qui a existé dans
les différentes conventions d'établissement des compagnies
minières au Mali.
La stabilité du régime fiscal et douanier
consiste, pour les pouvoirs publics, à octroyer aux compagnies
minières, la stabilisation de tout ou partie des impôts et taxes,
pour toute ou partie de la durée de vie de la mine. Ainsi aucun
impôt, droit ou taxe que ceux prévus par le régime fiscal
minier existant et exigible à la date d'entrée en vigueur du
titre minier, ne peut s'appliquer ou être exigible de l'investisseur
pendant la période de validité du titre minier.
Pour l'octroi de ce régime privilégié les
pouvoirs publics peuvent donc employer, à cet effet, différents
mécanismes : législatif ou contractuel. Législatif,
lorsque cette garantie est prévue directement dans les textes
législatifs et donc profite de plein droit à toute compagnie qui
s'implante dans le pays. Contractuel, lorsque l'Etat prend le soin de ne pas
prévoir la garantie dans la loi, mais choisit de la négocier dans
le cadre des conventions d'établissement, en contrepartie de
retombées souvent financières ou économiques assez
importantes.
Dans le cas du Mali, cette garantie est d'origine
législative. Elle est prévue à l'article 102 du code
minier.
Sur le plan matériel, cette garantie s'applique aux
règles d'assiette et de taux.
Sur le plan personnel, le texte prévoit le
bénéfice de la garantie, au titulaire ou
bénéficiaire du titre minier. Il s'agit donc des
sociétés minières proprement dites. Mais qu'en est il des
sous-traitants qui traitent directement avec ces sociétés pendant
toute la période de validité de leur titre ? Le texte ne
donne pas une réponse.
Si cette technique constitue un élément assez
fort d'incitation à l'investissement, par la garantie qu'elle octroie
aux sociétés minières, elle constitue une mesure de
« dépense fiscale ». En effet dans le cadre d'une
adaptation à l'évolution du secteur minier, cela peut constituer
un manque à gagner pour le trésor public malien, en cas de pleine
expansion économique du secteur. En effet, tout changement de
législation fiscale ou douanière n'est opposable aux
sociétés minières qu'avec leur accord écrit.
Généralement propre au secteur minier, cette
garantie répond aux besoins de limitation de risques des compagnies
minières, dans un secteur assez capitalistique que sont les mines. Ces
compagnies ont une certaine lisibilité sur la période
d'exploitation d'une mine, sur la projection de production annuelle sur toute
la période d'exploitation. Elles doivent la partager avec les pouvoirs
publics. Et c'est sur la base de cette lisibilité que doit s'octroyer
cette garantie. Donc l'option de l'octroi de la garantie par voie contractuelle
(dans le cadre des conventions d'établissement) nous semble plus
adaptable au secteur minier au Mali.
A cette garantie, des limites sont portées.
Les limites de la stabilité du régime
fiscal et douanier
La stabilité du régime fiscal et douanier ci
dessus évoqué trouve deux limites prévues par les
alinéas 1 et 2 de l'article 102 du code minier : d'une part les
droits, taxes et redevances minières, d'autre part, toute diminution de
charges fiscales ou leur remplacement par un régime plus favorable doit
être adopté par les compagnies dans sa totalité.
Pour ce qui est des droits, taxes et redevances
minières, il s'agit spécifiquement de manière
générale, de droits fixes. Ces droits sont unilatéralement
fixés par l'Etat sans égard du bénéfice
réalisé par la société. Il s'agit de droits
payés pour l'octroi ou du renouvellement du permis d'exploration ou
d'exploitation. Ils sont proportionnels au mètre carré
exploré ou exploité. Quant à la redevance minière,
elle répond presque aux mêmes critères : elle est
superficiaire et est due en contrepartie de l'exploitation du sous-sol qui est
une propriété de l'Etat.
Ces droits fixes sont liés à l'exploitation du
domaine de l'Etat, et sont perçus sans égard du
bénéfice ou de déficit que pourrait réaliser la
société minière.
En outre, en cas de diminution de charges fiscales ou de
leur remplacement
par un régime plus favorable, celui ci doit être adopté par
les compagnies dans sa totalité pour pouvoir bénéficier
de cette faveur.
En effet, les nouveaux régimes, tendant de plus en plus
vers le droit commun, peuvent comporter quelques mesures de faveur. Pour
bénéficier des dispositions favorables, les compagnies
minières doivent adopter le nouveau régime dans sa
totalité. C'est ce qui ressort de l'alinéa 2 de l'article 102 du
code minier.
Il faut cependant relever, que cette stabilité du
régime fiscal et douanier n'est valable que pendant la période de
validité du titre minier. Ce qui élude, à notre sens, la
période de réhabilitation des mines, période toute aussi
cruciale dans la vie des mines. En effet, les mines sont exploitées pour
une période déterminée dans le temps (selon la
réserve qui existe et la production effectuée par an). Eluder
donc la stabilité du régime fiscal et douanier pendant cette
période, comme tout autre incitant fiscal, découragerait les
compagnies minières à mieux respecter cette obligation de
réhabilitation des mines, tout aussi importante dans le cadre de la
protection de l'environnement et du cadre de vie des populations
environnantes.
Outre la stabilité du régime fiscal et douanier,
il existe d'autres moyens d'incitation fiscale : les régimes
d'exonération.
B-) Les différents
régimes d'exonération ou dérogatoires du code minier du
Mali
Certains pays en développement ont décidé
de traiter le secteur minier de la même façon que tout autre
secteur économique, mais la plupart continuent d'offrir diverses
incitations fiscales spécifiques. Parmi ces incitations fiscales, les
régimes d'exonération ou dérogatoires tiennent une place
prioritaire. Le Mali fait partie des pays du deuxième groupe, c'est
à dire ceux qui accordent des incitations fiscales spécifiques au
secteur minier pour attirer le maximum d'investissement dans ce secteur.
Ces exonérations se regroupent en deux grandes
catégories, selon la classification des droits qui auraient dû
être perçus : en matière de fiscalité
intérieure et en matière de fiscalité de porte.
1-) En ce qui concerne la fiscalité
intérieure :
On entend par fiscalité intérieure les
impôts et taxes perçus du fait des activités et
opérations effectuées à l'intérieur du Mali.
L'exonération concerne les deux phases d'une opération
minière à savoir la phase de recherche ou d'exploration et la
phase d'exploitation ou de production.
-Pendant la phase de recherche, en dehors des taxes et
redevances minières, seuls sont perçus les
prélèvements sur salaires et les cotisations sociales.
Il faut préciser que ces prélèvements ne
concernent pas les rémunérations versées au personnel
expatrié et des sous-traitants ( dans la convention BHP signée
sous l'empire de la loi de 1970), qui sont exonérés de tout
impôt sur le revenu et charges sociales sur les
rémunérations pendant cette phase.
Les autres impôts, à savoir l'impôt BIC,
l'impôt minimum forfaitaire, la TVA, les patentes, les vignettes,
l'impôt sur le revenu foncier, les droits d'enregistrement, l'impôt
sur le revenu des valeurs mobilières, font l'objet
d'exonération.
Ces régimes d'exonération s'expliquent le plus
souvent par le fait que les programmes d'exploration sont longs et
coûteux, et les dépenses sont engagées avant qu'il y ait le
moindre revenu disponible.
-En phase d'exploitation, au moment où la
société sera soumise à un régime de droit commun
dès la première année dans le cadre de la convention BHP,
celle de la convention AGEM continuera à bénéficier d'un
statut fiscal privilégié pendant les trois premières
années de production( les cinq premières années s'agissant
de l'impôt BIC).
Néanmoins, il convient de noter que la convention BHP
offre (en plus de la seule exonération permanente de la convention AGEM
en matière d'impôt sur le revenu des valeurs mobilières)
une exonération permanente en matière de :
§ TVA sur les achats de biens et services à
l'étranger ;
§ contribution des patentes ;
§ taxe sur le logement.
Il faut noter qu'en pratique, certaines sociétés
acquittent la TVA en douane sur leurs importations de biens( SOMISY et
RANDGOLD).
2-) En matière de fiscalité de porte
La fiscalité de porte, c'est l'ensemble des droits et
taxes perçus à l'importation, au cordon douanier.
L'importance des exonérations des entreprises
minières varie selon que l'on est en face de la convention BHP ou de la
convention AGEM et selon que l'on est en phase de recherche ou
d'exploitation.
Pour ce qui est de la convention BHP, le champ
d'exonération couvre en phase de recherche :
· les matériaux, les matières consommables,
pièces de rechanges, équipements, produits chimiques, outillages,
huiles et graisses pour les machines nécessaires à
l'activité.( exonération totale) ;
· les produits pétroliers, huiles et graisses
utilisées pour l'extraction et le transport du minerai à
l'intérieur du périmètre de recherche ;
· le matériel et l'équipement
utilisés en phase de recherche et destinés à être
réexportés.11(*)
Dans le cadre de la convention AGEM, le champ
d'exonération couvre en phase de recherche :
q les matériaux, les matières consommables,
pièces de rechange, équipements, outillages, produits
pétroliers, huiles et graisses nécessaires à la
recherche.12(*) ;
q les machines, matériels, véhicules de terrain
(régime de l'admission temporaire avec suspension des droits et taxes
à la réexportation) ;
q les équipements nécessaires à la
production de l'énergie électrique nécessaire aux
activités de recherche, d'analyses et autres travaux de laboratoire,
ainsi que les bâtiments préfabriqués et les postes de radio
deux voies (régime de l'admission temporaire).
Dans les différentes conventions, ces régimes
privilégiés s'appliquent également aux sous-traitants. Le
personnel expatrié bénéficie, en ce qui le concerne, les
effets personnels de l'exonération des droits et taxes sur une
période de six mois à compter de leur première
installation.
On peut relever que l'extension de l'exonération dans
la convention AGEM répond à un souci d'adaptation à
l'évolution de certains besoins des sociétés
minières.
-En phase d'exploitation, les mesures d'exonération
visent essentiellement un meilleur démarrage des activités
d'exploitation. Elles sont temporaires.
Dans le cadre de la convention BHP, les sociétés
signataires et leurs sous-traitants bénéficient pendant les cinq
premières années en phase d'exploitation :
· de l'exonération totale y compris de la CPS sur
les matériaux, matières consommables, pièces de rechange,
équipements, produits chimiques, outillages, huiles et graisses pour les
machines nécessaires à leurs activités ;
· l'exonération sur les produits
pétroliers, huiles et graisses utilisées pour l'extraction, le
transport du minerai à l'intérieur du périmètre de
recherche ;
· l'exonération de tous droits y compris de la
CPS, en cas de réexportation, sur le matériel et
l'équipement utilisé en phase de recherche.
A partir de la sixième année, le régime
douanier de droit commun s'applique à l'opérateur signataire de
la convention BHP, aux sociétés affiliées et aux
sous-traitants, sur tous les biens, à l'exception des produits
pétroliers, huiles et graisses nécessaires à la production
d'énergie, à l'extraction, au transport et au traitement du
minerai.
Ils bénéficient également, mais seulement
pendant les trois premières années d'exploitation, du
régime de l'admission temporaire gratuit applicable aux
matériaux, machines, appareils, véhicules utilitaires, engins
lourds et autres biens destinés à être
réexportés, avec suspension des droits et taxes à la
réexportation.
Pour ce qui concerne la convention AGEM, les
sociétés signataires, leurs sociétés
affiliées, leurs sous-traitants bénéficient de
l'exonération douanière sur :
-les pièces de rechange des équipements,
outillages ;
-huiles et graisses nécessaires aux
activités ;
-les matériaux et matériels, machines et
appareils destinés à être définitivement
incorporés à la mine.
Ils bénéficient également du
régime de l'admission temporaire applicable aux matériels,
machines, appareils, véhicules utilitaires, engins lourds et groupes
électrogènes, avec suspension des droits et taxes à la
réexportation.
A partir de la quatrième année et durant toute
la durée de la convention, les sociétés signataires, leurs
sociétés affiliées et sous-traitants continueront à
bénéficier de l'exonération des droits et taxes sur les
produits pétroliers pour la production d'énergie, pour
l'extraction, le transport et le traitement du minerai.
On notera que pendant la production, l'exonération des
droits de douane couvre une période plus longue de deux ans dans la
convention BHP par rapport à la convention AGEM. Ceci s'explique par une
volonté de réduction des privilèges fiscaux, la tendance
actuelle dans les pays en développement.
En outre, le volume des exonérations est plus important
en matière de fiscalité de porte qu'en matière de
fiscalité intérieure. La raison principale est que les pays en
développement, avec une très faible industrialisation, sont dans
l'impossibilité presque de fournir à ces entreprises les
matériaux et matériels nécessaires à l'exploration
ou à l'exploitation. Ainsi l'industrie minière est une industrie
capitalistique qui emploie des équipements spéciaux
généralement importés des pays industrialisés.
D'où un coût d'importation assez important pouvant jouer sur les
activités de ces entreprises. En tout état de cause, la tendance
qui se dessine actuellement, est celle de la réduction de ces
exonérations.13(*)
Cette tendance se confirme par un certain élargissement
des obligations fiscales des compagnies, à des impôts ou droits
qui jusqu'ici étaient presque du domaine des exonérations.
SECTION 2 : LES PRATIQUES FISCALES ET L'UTILISATION DES
DIVERS TYPES D'IMPOT DANS LE SECTEUR MINIER MALIEN
La composition du « menu fiscal » est
importante et très variée. A l'analyse on peut la classifier en
deux grandes catégories14(*) :
v les impôts à la charge effective des
entreprises minières ou imposition directe ;
v les impôts collectés par les entreprises
minières au compte du trésor public malien ou imposition
indirecte.
Paragraphe 1 : Les
impôts, droits et taxes à la charge effective des entreprises
minières au Mali
On distingue dans cette catégorie, d'une part les
droits fixes liés à l'attribution, le renouvellement ou la
cession des titres miniers et la redevance superficiaire annuelle, d'autre part
les impôts qui frappent l'activité des entreprises
minières : l'imposition des bénéfices et l'imposition
du chiffre d'affaires, diverses taxes et contribution spécifiques aux
activités minières.
A-) Les droits fixes
Nous avons dans cette catégorie, les droits fixes
liés à l'attribution, le renouvellement ou la cession des titres
miniers d'une part, et d'autre part la redevance superficiaire annuelle.
-Les droits fixes liés aux titres miniers
Par titres miniers, nous entendons en même temps
l'autorisation d'exploration, celle d'exploitation ou le renouvellement de
celles ci.
Pour chacune des opérations ci-dessus
évoquées, ainsi que pour la cession des titres miniers, des
droits sont dus.
Si dans la plupart des pays en développement, ces
droits sont assez modestes, le Mali ne fait pas exception à cette
tendance. Ils sont dus pour la demande et la délivrance de documents
liés à l'exploration et aux activités minières.
Leur augmentation traduit une volonté des pouvoirs publics à
décourager les spéculateurs.
Tandis que sur les autorisations de recherche et
d'exploitation ou leur renouvellement, il est perçu des droits fixes, il
est perçu sur leur transmission un droit proportionnel de
20%.15(*)
-La redevance superficiaire annuelle :
Théoriquement, la redevance minière est
justifiée par une raison de préservation du patrimoine de l'Etat.
En effet, dans la plupart des pays, le sous-sol appartient à l'Etat. Si
une entreprise exploite des ressources de l'Etat, celui-ci peut juger
nécessaire de montrer qu'il a reçu quelque chose en
échange. Les compagnies minières ne réalisent pas toujours
des bénéfices imposables et il n'y a donc pas de garantie que
l'Etat reçoive des impôts fondés sur le
bénéfice en échange des ressources
« perdues ». Il peut exister des mines déficitaires.
La question qui se pose est donc la suivante : faut-il autoriser une
compagnie minière à exploiter les ressources publiques et
à ne rien verser à l'Etat si la mine est
déficitaire ? certains pays y ont répondu par l'affirmative
mais de nombreux pays en développement perçoivent une redevance
si bien que, dès lors qu'une entreprise exploite des ressources
minières publiques, l'Etat reçoit au moins un paiement
symbolique.
Le Mali fait partie du deuxième groupe de pays, ceux
qui ont choisi de percevoir une redevance minière. Elle est annuelle.
Elle est prévue par l'article 104 du code minier. Cette redevance est
proportionnelle au kilomètre carré exploré ou
exploité, et elle varie selon qu'il s'agit d'une première
période de validité, d'un premier renouvellement ou d'un second
renouvellement.
En tout état de cause, lorsqu'un pays décide de
percevoir des redevances minières, il a le choix entre divers
mécanismes. Lorsqu'on fixe le taux de la redevance, il importe de se
demander si cela aura un effet notable sur l'investissement. En outre, on peut
faire une distinction entre l'investissement local et l'investissement
international. Dans le cas des ressources minérales qui sont
susceptibles d'être mises en valeur principalement par les investisseurs
étrangers, lesquels ont de nombreuses possibilités d'investir
ailleurs dans le monde, pour rester compétitif il faut appliquer un
taux de redevance raisonnable par rapport à la moyenne internationale.
Dans le cas des ressources qui seront exploitées essentiellement par des
entrepreneurs locaux et vendus sur le marché intérieur, la
compétitivité internationale est moins importante. Ainsi, pour
des produits tels que les métaux précieux ou communs, il faut
tenir compte de la fiscalité internationale, tandis que dans le cas des
matériaux de construction le régime peut être plus
influencé par les caractéristiques de l'économie
locale.
Pour le cas du Mali, il est indéniable que l'essentiel
des investissements dans le secteur minier, sinon la quasi-totalité est
d'origine étrangère. La prise en compte de la moyenne
internationale de redevance( sinon celle des pays en développement)
paraît donc incontournable pour rester dans la compétition
internationale dans ce domaine.
A côté des droits fixes, ci-dessus
développés, nous avons des impositions liées aux
activités de l'entreprise minière.
· Les impositions liées aux activités
minières
Il s'agit de l'ensemble des droits, taxes et impôts dont
les entreprises minières ne sont pas exonérées, ou dont
l'exonération est temporaire. Ces impositions feront l'objet d'une
énumération, certaines d'entre elles attireront notre attention.
Ces impositions sont soit de droit commun, soit des
impositions spécifiques aux activités minières.
· Les impositions de droit commun
Ces impôts, droits et taxes sont à la charge des
entreprises minières comme tout autre acteur du secteur
économique au Mali. Ils n'ont rien à voir avec la
spécificité du secteur.
En effet, au-delà des exonérations
développées plus haut, les entreprises minières restent
redevables des impôts, droits et taxes, tant pendant la période
d'exploration ou de recherche que pendant la période de production. Ils
sont prévus aux articles 108 et 109 du code minier.
Il s'agit de :
o de la contribution forfaitaire des employeurs (CFE) au taux
en vigueur( l'assiette étant égale au total du montant brut des
rémunérations, traitements, salaires, primes et indemnités
non exonérées par un texte légal et les avantages en
nature alloués aux employés) ;
o des charges et cotisations sociales normalement dues, pour
les employés, telles que prévues par la réglementation en
vigueur ;
o de la vignette sur les véhicules, à
l'exception des engins lourds exclusivement liés à -des
opérations de recherche, de prospection et d'exploitation ;
o de la taxe sur les contrats d'assurance à l'exception
des véhicules liés aux opérations de recherche ou
d'exploitation ;
o de l'impôt sur le revenu des valeurs
mobilières ;
o des droits d'enregistrement ;
o de la taxe de formation professionnelle ;
o de l'impôt sur les revenus fonciers sous
réserve des exonérations prévues au code
général des impôts ;
o des droits de patente et cotisations annexes ;
o de la taxe logement ;
o de la contribution au programme de vérification des
importations ;
o de la redevance statistique ;
o seulement pendant la période de recherche, des droits
et taxes appliqués à l'importation des produits
pétroliers, huiles et graisses.
L'imposition qui attire l'attention, par son importance dans
ce menu fiscal, est l'impôt sur les bénéfices industriels
et commerciaux ou l'impôt sur les sociétés.
En effet, contrairement à la France, où le
bénéfice industriel et commercial constitue un
élément de l'imposition sur le revenu des contribuables
particuliers (donc se globalisant avec les autres revenus du contribuable et
soumis au barème progressif), au Mali, le BIC est imposé au
même taux que l'IS, comme étant un revenu professionnel.
Pour revenir à l'imposition des recettes dans le
secteur minier, deux paramètres essentiels doivent être pris en
compte : l'assiette et le taux.
Dans la plupart des pays en développement, les
autorités agissent davantage sur l'assiette fiscale que sur le taux
d'imposition. Généralement le taux est uniforme pour tous les
contribuables ou pour tous les contribuables réalisant des
bénéfices similaires. De nombreux pays ont un taux unique
applicable à tous les contribuables commerciaux et quelques-uns uns ont
un régime progressif, c'est à dire que le taux d'imposition
augmente en fonction du niveau des bénéfices. La tendance
actuelle dans ces pays est à une réduction des taux avec une
assiette large.
Le Mali se trouve dans la première catégorie,
c'est à dire ceux qui appliquent un taux uniforme aux contribuables
réalisant des bénéfices commerciaux. Ce taux est de 35%.
C'est en même temps le taux du BIC que celui de l'IS. Les
bénéfices des compagnies minières,
considérés comme des bénéfices commerciaux, sont
donc soumis à cet impôt.
A ces impositions de droit commun, les compagnies sont aussi
redevables des impôts que nous avons jugés spécifiques
à leurs activités.
B-) Les impositions spécifiques aux
activités minières
La spécificité des ces impositions est relative
à la nature de l'activité minière des compagnies.
Ces impositions sont prévues par les articles 105 et
106 du code minier. Il s'agit de la taxe ad valorem et de la taxe d'extraction
ou de ramassage de matériaux.
La base de la taxe ad valorem ou l'impôt spécial
sur certains produits est le chiffre d'affaires hors taxes des entreprises
minières. Son taux est de 3%.
Quant à la taxe d'extraction ou de ramassage de
matériaux, elle est proportionnelle au volume de matériau extrait
ou ramassé.
Quoique ayant un taux relativement bas, ces impositions
restent les plus importants prélèvements fiscaux sur la
tête des entreprises minières, notamment la taxe ad valorem et le
CPS.16(*)
Paragraphe 2 : Les
impôts, droits et taxes collectés par les entreprises
minières
Il s'agit essentiellement des impôts, droits et taxes,
dans le mécanisme desquels, les entreprises minières constituent
des intermédiaires entre les redevables réels et le trésor
public du Mali. C'est le cas de la retenue à la source sur les salaires
pour le compte de leurs employés et des prélèvements
faits sur les opérations de sous-traitance, sur les valeurs
mobilières ou sur les opérations internationales.
A-) L'impôt sur les traitements et salaire
collecté sur le salaire des employés par les entreprises
minières
Contrairement à la France, l'imposition des revenus de
traitements et salaires n'est pas déclarative. C'est une retenue
à la source à la charge des employeurs.
En effet, le système fiscal malien est principalement
cédulaire, c'est à dire à chaque nature de revenu
correspondent des techniques de liquidation et d'assiette
différentes.
Ce système a l'avantage d'être facilement
modulable de manière à produire un rendement élevé,
grâce à sa grande flexibilité ; mais cela, dans les
limites de l'assiette répertoriée. Aussi, on estime que ce
système est adapté pour la mise en place du système de
retenue à la source. Cette obligation de retenue à la source
incombe à l'employeur ou à toute personne en charge de payer le
salaire.
Cependant, beaucoup de reproches sont formulés à
l'encontre de l'impôt cédulaire. En effet, le système
cédulaire a la faiblesse de ne pas permettre une personnalisation
aisée de l'impôt aux fins d'atteindre le revenu du contribuable en
fonction de sa capacité contributive. Il paraît donc
inéquitable, parce qu'à revenu identique, le sacrifice à
consentir en terme d'impôt risque d'être différent à
cause de l'impôt cédulaire.
En sus, le système cédulaire porte la faiblesse
de ne pas permettre la saisie de l'ensemble de l'assiette imposable du
contribuable ; ce qui atténue ses possibilités à
produire globalement un bon rendement à cause de l'évasion
fiscale et de la dissimulation des revenus qu'il peut entraîner.
Pour revenir au cas des entreprises minières, si
pendant la période de recherche, la retenue à la source sur les
salaires des employés constitue la principale obligation fiscale (en
raison des exonérations de cette période), elle se dilue dans les
autres impositions à la charge de l'entreprise pendant la phase
d'exploitation. Cela peut comporter d'énormes risques d'évasion
fiscale. La charge fiscale pouvant être plus lourde, les entreprises
pourraient être tentées de faire recours à des
salariés non déclarés pour réduire au maximum la
charge fiscale qui est la leur.
En cas de minoration des retenues à la source, une
amende fiscale égale au double des retenues non versées est
prévue. L'application d'une telle sanction demande des contrôles
ponctuels dans les entreprises minières.
Outre les prélèvements sur salaires,
effectués par les entreprises, pour le compte des salariés, il
existe d'autres prélèvements divers.
B-) Les autres prélèvements
effectués au profit du trésor public du Mali
Il s'agit essentiellement de la TVA et des
prélèvements sur les sommes versées à des personnes
n'ayant pas d'installation permanente au Mali.
-TVA
Instituée au Mali vers la fin de l'année
199017(*), en remplacement de l'IAS (Impôt sur
les Affaires et les Services), la TVA y a subi d'énormes
réformes. L'une des plus importantes, est celle de 1999. Cette
réforme s'est fixée la mission de simplifier le système,
d'élargir l'assiette pour soutenir la dynamique du développement
économique, d'assurer la cohérence avec le système fiscal
de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(U.E.M.O.A).18(*)
Imposition indirecte, le mécanisme de la TVA fait la
distinction entre le redevable légal (l'entreprise) et le redevable
réel (le consommateur) : d'où son caractère
d'impôt collecté par l'entreprise.
La TVA qui serait ainsi perçue sur les
équipements et services importés pourrait être une lourde
pour un projet minier très capitalistique. Lorsque les exportations
(c'est le cas des produits miniers dans les pays en développement comme
le Mali, essentiellement destinés à l'exportation) sont
exemptées de TVA, il est difficile de compenser la TVA sur les
importations.
Le Mali, comme la plupart des pays en développement,
annule la TVA sur les importations de biens et services par un mécanisme
d'exonération.19(*) Cette exonération vaut pendant la
période de recherche et pendant les trois premières années
de production. Les entreprises minières relèvent donc du champ
d'application de la TVA, mais bénéficient des régimes
d'exonération propres au secteur minier. Le mécanisme de la TVA,
de par son application à ce secteur, est à la base
d'énormes difficultés liées au crédit de TVA
récurent des entreprises minières. Lesquelles difficultés
feront l'objet d'analyses dans la deuxième partie de notre travail.
Outre la TVA, nous avons les prélèvements
effectués sur les services fournis par des entreprises
étrangères.
-Prélèvements sur les sommes versées
à des personnes n'ayant pas d'installation permanente au Mali
C'est une référence aux fournisseurs
étrangers des compagnies minières. En effet, celles-ci font le
plus souvent appel à des spécialistes pour diverses tâches,
telles que les analyses, les études de faisabilité ou la
commercialisation. Pour promouvoir et protéger les fournisseurs de
services locaux, il est prévu une imposition à la source sur la
rémunération des services fournis par des sous-traitants
étrangers.
D'autres raisons peuvent aussi expliquer ces
prélèvements : éviter le transfert occulte de
bénéfices à des entreprises d'un même groupe :
le prix de transfert.
En effet, l'article 111 du code minier ne précise pas
la nature des sommes versées. Et généralement ces
transferts sous forme de rémunération de biens et services
cachent le transfert de bénéfices entre entreprises d'un
même groupe sur le plan international.
Généralement organisés en entités
juridiques distinctes, les groupes internationaux sont conduits à fonder
leurs échanges internes de biens et de services sur des contrats de
vente internationale, dans lesquels les prix facturés ne sont pas
naturellement des prix de marché, résultant du jeu de l'offre et
de la demande, mais des prix décidés par l'autorité
compétente au sein du groupe. A priori, la libre fixation de tels
« prix de transfert » pourrait fonder une localisation
artificielle des résultats fiscaux20(*).
En effet, la quasi-totalité des sociétés
minières au Mali sont issues d'investissements étrangers, pouvant
avoir leur source dans des groupes de sociétés. Dans la pratique
internationale, ce phénomène consistera, pour une
société étrangère, membre du même groupe que
la société minière malienne, à facturer à
celle-ci les biens et services à des prix coûtant, pouvant ainsi
fonder « une localisation artificielle des résultats
fiscaux ».
Différentes méthodes ont été
adoptées par la pratique internationale en la matière. Si
l'unanimité semble être maintenue autour du principe de plein
concurrence entre pays membres de l'OCDE (Organisme de Coopération et de
Développement Economique), avec des méthodes fondées sur
les transactions ou celles transactionnelles de bénéfices, celle
qui semble obtenir l'adhésion des pays en développement est la
méthode de la taxation unitaire. Celle-ci consiste en la
répartition entre Etats souverains des bénéfices
imposables d'un groupe international. Son problème est qu'elle n'a
jamais été appliquée entre les Etats.21(*)
En la matière, le Mali pourrait s'imprégner
mieux de la pratique en France, de ce que l'on appelle « les
procédures amiables en matière de prix de
transfert ».
En guise de conclusion à cette première partie,
nous pouvons dire que la fiscalité minière au Mali, de part
l'orientation de la politique fiscale qui s'appuie sur l'utilisation de
diverses techniques fiscales, ne manque pas de poser des problèmes aux
acteurs du secteur : tant à l'administration fiscale qu'aux
compagnies minières. Ces problèmes feront l'objet d'analyse dans
le cadre de la deuxième partie de ce travail, avec à l'appui des
perspectives d'évolution au regard de la tendance qui se dessine en la
matière dans les pays en développement.
IIème PARTIE : ANALYSE ET
EVOLUTION DE L'ORIENTATION DE LA POLITIQUE FISCALE ET DES TECHNIQUES FISCALES
UTILISEES DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
La politique fiscale est, en majeur partie, servante de la
politique budgétaire, mais pas seulement. Ceci est d'autant plus
important dans les pays pauvres, dans lesquels les ressources de l'Etat servent
non seulement aux dépenses publiques courantes mais le plus souvent pour
faire face à des conjonctures économiques non favorables, mais
aussi au remboursement des dettes qu'ils traînent depuis des
décennies.
La politique fiscale prend donc en considération des
impératifs, mais aussi des objectifs sociaux, économiques et
depuis peu, écologiques. Ainsi les politiques de développement,
axées sur la réduction de la pauvreté et des
inégalités ainsi que sur l'atteinte des objectifs du
millénaire, posent de manière cruciale la question du financement
du développement à long terme.
Il apparaît clairement que la fiscalité est au
coeur de cette problématique. Celle-ci doit permettre aux Etats de
renforcer leur indépendance vis-à-vis de l'aide extérieure
et de se réapproprier pleinement leurs politiques de
développement.22(*)
Dans cette perspective, une tendance, suggérée
par les institutions financières internationales, se dessine dans le
cadre de l'élaboration des politiques fiscales dans ces Etats.
D'où une certaine évolution que pourrait connaître
l'orientation de la politique fiscale dans le secteur minier au Mali.
Perspectives qui feront l'objet d'analyse dans le deuxième chapitre de
cette deuxième partie.
Auparavant, tirant une leçon, nous avons jugé
commode, pour éclairer le développement de notre thème de
travail, après une analyse d'ordre général du
régime fiscal appliqué au secteur de nous appesantir sur quelques
spécifiés fiscales du secteur minier.
CHAPITRE I : ANALYSE DES TECHNIQUES DECRYPTANT UNE
POLITIQUE FISCALE EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT
Les techniques fiscales sont un ensemble de règles
générales servant d'outils juridiques de base dans la mise en
oeuvre du droit fiscal, sans lesquelles techniques, l'existence de la politique
fiscale n'aurait pas de cadre juridique solide pour être correctement
appliquée aux contribuables. Elles peuvent nettement se présenter
en terme de choix du type d'impôt à lever que le
législateur estimerait en parfait accord avec les objectifs qu'il s'est
fixé ou encore elles peuvent prendre la forme de régime
dérogatoire. Ce dernier cas concerne spécifiquement le cas de la
fiscalité appliquée au secteur minier au Mali.
En effet, le régime fiscal appliqué au secteur
minier au Mali est un régime dérogatoire, contenu dans le code
minier, ces textes d'application et dans les conventions
d'établissement.
Au titre de plan de développement, nous pensons qu'il
serait plus digeste d'analyser le cadre général de ce
régime dérogatoire appliqué au secteur minier, avant de
mette l'accent sur certaines spécificités fiscales du secteur
minier au Mali.
SECTION 1 : ANALYSE DU CADRE GENERAL DU REGIME FISCAL
DEROGATOIRE APPLIQUE AU SECTEUR MINIER AU MALI
Après une analyse économique des incitations
fiscales utilisées dans le secteur minier, nous mettrons l'accent sur la
lisibilité et la prévisibilité des dispositions fiscales,
bien décriée par les compagnies.
Paragraphe 1 : Analyse
économique des incitations fiscales
A l'analyse, nous constatons une forte présence de
l'Etat à travers la fiscalité dans ce secteur. Ce qui ne manque
pas d'avoir des conséquences remarquables.
En outre, nous constatons une certaine inadéquation
entre les incitations fiscales et les enjeux économiques du secteur
minier.
A-) Une forte
présence de l'Etat à travers la fiscalité
Cette présence est à la fois formelle et de
fond.
Sur le plan formel, cette présence est multiple. Ce qui
ne contribue pas à simplifier les choses.
En effet, les formalités d'octroi du titre minier ou de
son renouvellement s'effectuent auprès de la Direction Nationale de la
Géologie et des Mines (DNGM) ; tandis que la perception des autres
droits et impôts s'effectue auprès des services du
Ministère des finances. Cette multitude d'intervenants constitue
d'énormes risques, au-delà de l'existence de plusieurs
échelles de contrôle que cela comporte.
Au sein même de l'administration financière, une
distinction est faite entre l'administration des impôts et
l'administration douanière.
Sans méconnaître la compétence de chacune
des administrations dans son rôle quant à la perception des droits
spécifiques relatifs à l'octroi et à l'exploitation du
titre minier, l'expérience de la conception « d'interlocuteur
fiscal unique » en France pourrait être
bénéfique. En effet, cette conception permettrait une meilleure
maîtrise des dossiers des entreprises minières implantées
au Mali. Ces services pluridisciplinaires, pourraient comporter les agents des
différentes administrations concernées dans le cadre d'une
synergie d'action.23(*)
Dans le fond, la multiplicité des impôts, droits
et taxes n'augure pas un contrôle adéquat et efficace. Ceci est
d'autant plus important pour les administrations fiscales dans les pays en
développement qui sont en manque de personnel. De plus, chaque
impôt demande une certaine formation spécifique des cadres sur les
règles d'assiette, de contrôle et de recouvrement. Ainsi l'accent
serait mis sur le « moins Etat, mais l'Etat efficace » dans
le secteur minier. Ceci rentre dans le cadre de la nouvelle politique de
gestion des administrations fiscales performantes.
En outre, les analyses nous ont conduit à constater une
inadéquation entre les incitations fiscales et les enjeux
économiques du secteur.
B-) Une inadéquation
entre les incitations fiscales et les enjeux économiques du secteur
minier
Les régimes d'incitation et d'exonération ont
pour objectif de stimuler l'investissement et plus généralement
l'activité économique dans tel ou tel secteur. Ils comprennent
des mesures visant à augmenter la rentabilité du capital des
entreprises : exonération, réduction de droits et taxes
indirectes et d'impôts directs, règles d'amortissement
dérogatoires, accès et coût de financement.... Ils sont
prévus dans des codes des investissements, dans les conventions
d'établissement ou dans des codes spécifiques applicables
à certains secteurs : mines, forêt, pétrole....
Apparu dans les années 1990 dans l'espace UEMOA (Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine), les codes des investissements
sont apparus comme un instrument de compétition entre les pays pour
attirer les investissements.
Ces régimes sont à l'origine de
difficultés majeures en raison de leur impact sur le système de
protection et sur les recettes budgétaires.
Vu la place que joue le secteur minier dans le budget d'Etat
du Mali et de manière générale dans l'économie, ces
avantages fiscaux se révèlent de plus en plus inadéquates.
Du moins, s'impose une certaine rationalisation de ces privilèges
fiscaux, avec des mesures de contrôle assez strict pour éviter
qu'ils soient détournés à d'autres fins. En effet, le
recours aux exonérations entraîne des pertes de recettes qui
peuvent être considérables dans la mesure où l'octroi
d'exonération est rarement maîtrisé : aux pertes
directes de recettes se superposent des pertes de recettes
entraînées par le détournement du dispositif.
Ces pertes de recettes fiscales, qui résultent de ces
stratégies, constituent un obstacle fondamental à la mise en
oeuvre de stratégies de lutte contre la pauvreté. Surtout dans
les pays pauvres où la fiscalité est de plus en plus
considérée comme un instrument fondamental de mobilisation de
ressources publiques.
Conscient de ces enjeux du secteur minier, nous partageons
l'avis de certains analystes qui prônent une certaine rationalisation des
dispositifs de ce genre, mesure de rationalisation que nous verrons plus
tard.
Outre une analyse économique, mettant en cause une
forte présence de l'Etat à travers la fiscalité et une
inadéquation entre les privilèges fiscaux attirant les
investissements et une bonne politique de lutte contre la pauvreté, la
lisibilité et la prévisibilité des dispositions fiscales
appliquées au secteur minier sont aussi en cause.
Paragraphe 2 : La
lisibilité et la prévisibilité des dispositions fiscales
en cause
Un état de fait révélé par la
différence d'interprétation des dispositions entre les compagnies
minières et l'administration fiscale. Ce qui ne manque pas d'avoir des
conséquences dans les relations entre les acteurs du secteur.
A-) Les problèmes
d'interprétation
Les régimes d'incitation et d'exonération ont
contribué à l'opacité du régime fiscal
appliqué au secteur minier.
En effet, les acteurs du secteur minier (compagnies et Etat)
poursuivent chacun des intérêts quelque part antagonistes. Les
premiers (compagnies) poursuivant un intérêt financier de
rentabilisation du capital investi, mettent en oeuvre des instruments pour
éviter de payer plus d'impôt. L'administration fiscale, quant
à elle, dans le but de lever le maximum de recettes fiscales,
interprète les textes dans ce sens. Ce qui paraît tout à
fait légitime.
L'utilisation des avantages fiscaux accordés aux
investisseurs financiers peut accentuer cette divergence. Les compagnies
mettent tout en oeuvre pour en bénéficier, souvent à des
fins étrangères au but fixé par le dispositif en
question.
Bien qu'existent des conventions d'établissement
régissant l'ensemble de leur situation, les compagnies sont
confrontées dans la gestion quotidienne à des divergences
d'interprétation des dispositions conventionnelles, le plus souvent
relatives aux dispositions fiscales ; divergences remettant le plus
souvent en cause les régimes dont elles croyaient
bénéficier.
Ainsi, malgré le principe de stabilité de leurs
régimes juridique et fiscal, elles se trouvent dans l'obligation
d'appliquer par exemple :
o la retenue à la source de 17,5% sur les
rémunérations de leurs partenaires étrangers, alors que
ceux-ci ont négocié avec elles sur la base d'un prix net de tout
prélèvement fiscal ;
o la contribution de 0,80% sur la valeur FOB des marchandises
à importer, alors que les conventions prévoient
l'exonération de droit de timbre sur les intentions
d'importation ;
o le récurent problème de remboursement de
crédit de TVA, que nous verrons plus en détail dans la suite.
Ce manque de lisibilité, issue de ces divergences
d'interprétation, aboutit à un manque de
prévisibilité des dispositions fiscales.
En effet, avec cette instabilité, les compagnies ne se
sentent pas en sécurité quant à la gestion fiscale. Il va
donc leur manquer un instrument important, dans le cadre d'une prévision
à long terme, celui de savoir la charge fiscale exacte qui leur
incombe.
Ce manque de lisibilité et de
prévisibilité des dispositions fiscales ne manque pas d'avoir des
conséquences sur le secteur.
B-) Conséquences
éventuelles sur le secteur minier
Les divergences d'interprétation des dispositions
fiscales entre l'Etat et les compagnies minières ne sont pas propices
à un climat de confiance. Les compagnies se sentiront dans une certaine
insécurité juridique et fiscale. Ce qui pourrait favoriser la
fraude fiscale de celles qui se trouvent déjà dans le secteur, ou
être un frein à l'attraction d'autres investisseurs.
Parmi les facteurs qui freinent l'attraction des investisseurs
dans ces secteurs, dans les pays en développement, c'est cette question
d'insécurité et de non-prévisibilité des
législations juridique et fiscale. Ceci rentre dans le cadre
général de l'insécurité des affaires souvent
décriée par les investisseurs.
Pour faire face à un tel problème, il serait
plus judicieux, à notre avis, de développer la lisibilité
et la prévisibilité des dispositions fiscales.
La lisibilité consistera à une publication
permanente à destination des compagnies, de texte explicatif donnant
souvent une position ferme et exacte de l'administration fiscale face à
un problème fiscal précis. Ce qui constituera un gage de
sécurité pour les investisseurs.
En outre, une concertation permanente entre les acteurs du
secteur minier est aussi à promouvoir.
Une démarche de simplification du système
d'imposition participera aussi à la création de ce climat de
confiance. En effet, avec un guichet unique de formalité administrative
et fiscale des compagnies minières, les cadres de l'administration
fiscale auront une maîtrise quasi parfaite des dossiers des compagnies
minières, en même temps celles-ci n'auront pas à se
débattre plus longtemps dans les tracasseries administratives. Cela
pourrait en même temps participer à la réduction du
coût de gestion des impositions minières de toute nature.
Comme évoqué plus haut, ces services
pluridisciplinaires, pourraient comporter les agents de diverses
administrations impliquées dans la gestion des recettes publiques
provenant des mines. Tout cela dans une certaine synergie d'action, dans le but
de mobiliser le maximum de recettes publiques.
Au-delà de l'analyse d'ordre général du
régime fiscal appliqué au secteur minier au Mali, quelques
spécificités fiscales ne manquent pas non plus de poser des
problèmes majeurs au secteur.
SECTION 2 : ANALYSE DE QUELQUES SPECIFICITES FISCALES DU
SECTEUR MINIER AU MALI.
En matière de fiscalité, comme toute chose
égale par ailleurs, il convient de souligner, dans un ordre de grandeur,
que le traitement fiscal particulier de certains secteurs (dont les mines) est
remis en cause par les analystes de politique fiscale.
A côté nous tenterons d'analyser le
problème relatif au traitement des crédits de TVA des compagnies
minière au Mali.
Paragraphe 1 : Le
traitement fiscal particulier du secteur minier en cause
Cette remise en cause du traitement fiscal particulier du
secteur minier trouve ses bases dans une baisse de niveau des ressources
publiques par rapport au potentiel existant pour ce secteur. Remise en cause
qui n'hésite pas d'avoir des effets éventuels quant à la
détermination future de la politique fiscale dans ce secteur.
A-) Les bases
économiques et fiscales d'une telle remise en cause.
Le traitement fiscal particulier des secteurs comme les mines,
le pétrole, la forêt... se trouve généralement dans
des codes particuliers ou dans des codes des investissements et dans leurs
textes d'application.
Pour le cas du Mali, on trouve ces dispositions dans le code
minier et ses textes d'application, dans les conventions d'établissement
entre l'Etat et les compagnies minières.
Ce traitement fiscal particulier est constitué, dans sa
majeure partie, par des dispositions incitatives, caractérisées
par des mesures d'exonération ou dérogatoire au régime
fiscal de droit commun appliqué au secteur économique de
manière générale au Mali. Ces mesures constituent un
important manque à gagner pour l'Etat.
De manière générale, dans les pays en
développement, les régimes d'exonération et d'incitation
ont plutôt aggravé les distorsions et occasionné des pertes
de recettes qui ont donc incité à augmenter des taux de taxation
de droit commun, appliqués sur une assiette de plus en plus
étroite. L'efficacité des dispositions d'incitation et
d'exonération est mise en doute par des analystes.24(*)
En effet, en dépit de l'importance économique du
secteur minier au Mali, des analystes n'hésitent pas à
dénoncer la disproportion entre l'apport du secteur et son potentiel.
Ces dispositifs semblent plus répondre à des
stratégies de rentes qu'à l'intérêt
général. Des pertes budgétaires considérables ont
été subies pour des avantages collectifs assez douteux.
Cette tendance à la réduction des avantages
fiscaux est même visible dans l'évolution des conventions
d'établissement dans le secteur. Elle se manifeste soit par une
réduction de la période d'exonération :
l'exonération des droits de douane couvre une période plus courte
de deux ans dans la convention AGEM (1991) par rapport à la convention
BHP (1970).25(*)
Sans remettre en cause ce qui précède, on peut
aussi noter que le taux de certaines impositions a baissé : la taxe
ad valorem qui est passée de 6% dans la convention BHP à 3% dans
la convention AGEM.
En tout état de cause, cette tendance se dessine dans
les pays en développement. Le secteur minier ne restera pas en marge.
Elle aura surtout des effets éventuels sur le secteur minier.
B-) Les effets
éventuels sur le secteur minier au Mali
Elle aboutirait à une soumission progressive de ces
secteurs (forêt, mines, pétrole...) à un régime de
droit commun d'imposition, avec des mesures dérogatoires ou
d'exonérations ponctuelles et conjoncturelles liées au
caractère très capitalistique de ces secteurs. Ces mesures
s'adapteraient aux réalités pratiques, économiques et
financières de chaque entreprise minière et non plus un
régime d'exonération préétabli qui s'appliquerait
automatiquement à toute entreprise s'implantant dans le secteur.
Elle n'aboutit pas forcement à une disparition du code
minier, qui contient, outre des dispositions fiscales, des dispositions d'autre
nature.
En outre, les conventions d'établissement ne seraient
plus des dispositions figées, elles s'adapteront aux
réalités économiques des entreprises minières, sans
remettre en cause leur sécurité juridique et fiscale.
La détermination des mesures de politique fiscale dans
ce secteur pourrait aussi prendre en compte le régime fiscal de la
société tête, lorsque l'entreprises minière fait
partie d'un groupe de sociétés.
En effet, par exemple, la France, dans le cadre d'un
encouragement à l'implantation étrangère des
sociétés françaises, pour faire face au chômage
dû à une presque saturation du marché, accordait la
déduction des provisions pour implantation étrangère.
Supposons une hypothèse d'école, qu'une
société minière, filiale d'une société
mère française qui bénéficierait d'une telle
mesure. Le groupe va doublement bénéficier : d'une part le
privilège accordé par la législation fiscale
française, d'autre part les régimes d'exonération et
d'incitation accordés par la législation malienne par le biais de
sa filiale implantée au Mali. Si la France n'est pas perdante (du fait
de l'expatriation de la main d'oeuvre qualifiée), le Mali en perdrait
largement du fait du manque à gagner pour le trésor public par
l'application des mesures d'exonération.
Cette hypothèse d'école constitue un socle de
réflexion en la matière. En effet les entreprises minières
peuvent être membres de groupe dont la société mère
bénéficierait d'avantages fiscaux du fait de leur implantation
à l'étranger.
Ceci étant, un autre problème est posé
par le traitement fiscal particulier du secteur minier : celui du
traitement des crédits de TVA issus de l'application de ce régime
en partie.
Paragraphe 2 : Le
récurent problème du remboursement des crédits de TVA du
secteur minier au Mali
Après avoir développé, de manière
assez mécanique, les termes du problème, nous essayerons
d'analyser les blocages qu'il peut causer au secteur.
A-) Les termes du
problème : les blocages constatés
Le problème se pose essentiellement pour les
sociétés en phase d'exploitation, car en phase d'exploration,
elles sont exonérées de certains droits et taxes dont la
T.V.A..
Le mécanisme de T.V.A. fait en sorte que la T.V.A.
subie en amont lors de l'acquisition de biens et services utilisés pour
des besoins de l'entreprise (en règle générale) est
imputable sur la T.V.A. collectée lors des opérations de vente.
Et l'excédent est versé au trésor public.
En règle générale, l'entreprise
exportatrice qui, pour un trimestre donné n'a pas la possibilité
d'imputer totalement la taxe ouvrant droit à déduction sur la
taxe éventuellement exigible au titre d'opérations imposables,
peut obtenir le remboursement de cet excédent déductible, si elle
n'est redevable d'aucun autre impôt et taxe à l'égard du
trésor public26(*).
Pour le cas du secteur minier, ce problème est
réglementé dans les mêmes termes par la convention BHP
(avenant N°2). Pour la convention AGEM, il faut se référer
au droit commun (le CGI).
Le remboursement est limité à une somme
égale à 60% de la TVA qui aurait grevé les biens dont
l'exportation a été constatée par l'administration des
douanes au cours du trimestre, si ceux ci avaient été vendus
à l'étranger.
Les crédits sont remboursés au terme de l'un
quelconque des quatre trimestres à deux conditions :
q l'entreprise ne doit être redevable d'aucun autre
impôt et taxe à l'égard du trésor public ;
q l'entreprise doit déposer sa demande de remboursement
avec les pièces justificatives (certificats d'exportation) au plus tard
le dernier jour du mois suivant le trimestre considéré.
Passé ce délai, il y a forclusion, mais
l'entreprise conserve le droit de reporter le crédit.
Le produit issu essentiellement de l'exploitation des mines au
Mali (or) est presque exclusivement destiné à l'exportation, donc
imposé à taux 0. Mais il se trouve que les entreprises
réalisent des opérations ayant subi la TVA, soit à
l'importation ou sur le marché local.
Par application du mécanisme de TVA, ces entreprises se
trouvent donc, de manière permanente, en situation créditrice de
TVA. En même temps elles sont sollicitées à payer au
comptant de droits et taxes, pendant que le trésor public n'arrive pas
à admettre en compensation ou rembourser des centaines de millions de
FCFA de crédit de TVA, tel que prévu par la convention
d'établissement.
Pour l'administration, ces crédits consomment beaucoup
de crédits budgétaires et représentent autant
d'impôts et taxes qui ne feront pas l'objet d'entrée d'argent au
trésor public.
Ce qui ne manque pas de créer des difficultés
majeures pour les entreprises minières en exploitation.
B-) Les conséquences
sur le secteur : une accumulation des crédits
Le mécanisme de remboursement du crédit de TVA
fait partie d'un des rôles de stabilisateur du marché de l'Etat
dans une économie de marché. Il lui permet donc d'assurer cette
neutralité, tant attendue, de la TVA.
Le retard ou l'absence de remboursement de ces crédits
par l'Etat constitue dans ce cas une certaine défaillance de l'Etat
à assurer l'équité, la stabilité et
l'équilibre entre les opérateurs économiques et
enlève toute neutralité à la TVA. Ceci donne lieu à
un important effet d'accumulation de crédits en cascade.
Au-delà des effets que cela peut avoir dans la gestion
financière quotidienne des entreprises minières, il ne
crée pas un climat propice à attirer les investisseurs dans le
secteur et réduit du coup les avantages de l'introduction de la TVA dans
un tel secteur.
Le prix de l'or étant fixé par le cours mondial,
les entreprises minières exploitant sur le territoire malien seraient
donc moins bien lotis, car ne pouvant pas introduire cette TVA non
récupérée dans le prix des produits finis destinés
à l'exportation.
La cause principale de ce retard ou de cette absence de
remboursement étant le fait que ces crédits consomment le maximum
de crédits budgétaires, il serait donc propice à notre
avis d'avoir un mécanisme de remboursement en dehors du traitement
budgétaire. Ceci rendrait plus fluide le mécanisme et
améliorait considérablement les rapports administration fiscale
et entreprises minières.
L'expérience mise en oeuvre dans certains pays
d'Afrique centrale est édifiante27(*). En effet, une partie des recettes de TVA
est destinée à alimenter un fond séquestre,
domicilié auprès de la banque centrale des Etats de l'Afrique
centrale. Ce fond, alimenté par 25% des recettes fiscales sert au
remboursement des crédits de TVA.
Ce mécanisme a l'avantage de ne pas être
encadré par les prévisions budgétaires de l'Etat et celui
de rendre plus fluides les remboursements.
Cependant, il réduit les recettes fiscales de TVA par
la ponction de 25%.
En tout état de cause, en terme d'équité,
il participe plus à un traitement plus équitable des entreprises
et à une prévisibilité des recettes à long
terme.
Au terme de notre chapitre, nous constatons que le secteur
minier au Mali est confronté à d'énormes
difficultés sur le plan fiscal. Difficultés dont nous avons
essayé de mettre le doigt sur les plus importantes, sans être
exhaustif.
Cependant des esquisses de solutions ont été
abordées dans le cadre de l'analyse de ces difficultés. Mais
elles trouveront leur place de choix dans les perspectives d'évolution
que le secteur minier malien est appelé à connaître, au
regard de la tendance globale qui se dessine dans les pays en
développement.
CHAPITRE 2 : LES PERSPECTIVES D'EVOLUTION DE LA POLITIQUE
FISCALE ET DES TECHNIQUES FISCALES UTILISEES DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
Dans le chapitre précédent, l'accent a
été mis sur les obstacles quant à une participation
adéquate, et dans la mesure du potentiel existant, du secteur minier au
développement économique et social du Mali.
Ces obstacles connus, nous nous proposons d'aborder les
perspectives d'évolution pouvant constituer des alternatives.
Constituant le socle de l'économie malienne
actuellement, tout changement du traitement fiscal du secteur minier a des
répercussions considérables quant à son apport à
cette économie, participant ainsi à l'effort national, dans le
cadre de la stratégie de lutte contre la pauvreté.
En effet, la fiscalité, comme instrument de
mobilisation des ressources publiques plus adéquate, est au centre des
réflexions contemporaines sur les questions de développement
durable.
Fort de ce constat, nous nous proposons d'aborder dans une
première section l'opportunité des incitations fiscales et dans
une seconde partie les alternatives aux régimes d'exonération et
au traitement des crédits de T.V.A. actuellement en vigueur dans le
secteur.
Il reste bien entendu évident que nous ne pourrons pas
épuiser toute la question en ces quelques lignes, nous en
évoquerons quelques-unes unes, les débats restant ouverts.
SECTION 1 : L'OPPORTUNITE DES INCITATIONS FISCALES DANS
LE SECTEUR MINIER
Cette opportunité s'apprécie quant à une
meilleure adéquation des incitations fiscales accordées au
secteur minier avec ses enjeux économiques et fiscaux d'une part,
d'autre part à la place qu'elles pourraient jouer dans les grands
thèmes du débat sur le développement durable :
protection de l'environnement et développement
socio-économique.
Paragraphe 1 : Une
adéquation des incitations fiscales avec les enjeux économiques
et fiscaux du secteur minier
Cette adéquation passe par une certaine rationalisation
de ces incitations, rationalisation qui ne manque pas d'avoir des
conséquences considérables quant au régime fiscal
applicable au secteur.
A-) La rationalisation des
incitations fiscales
Il s'agit d'un certain encadrement de la politique fiscale
dans les secteurs capitalistiques, qui demandent l'apport de l'investissement
étranger.
En effet, les mines, les forêts, le pétrole...
sont des secteurs dans lesquels la capacité des opérateurs
économiques nationaux dans les pays en voie de développement,
n'est pas suffisante pour pouvoir financer le capital nécessaire
à l'exploitation de ces secteurs.
On est forcement appelé à faire recours à
l'investissement étranger. Les incitations fiscales sont l'instrument
principal pour attirer ces investissements.
Paradoxalement, alors qu'ils entraînent d'important
manque à gagner, les dispositifs d'incitations fiscales sont souvent mis
en oeuvre sans une estimation suivie de ces manques à gagner, notamment
en ce qui concerne la fiscalité intérieure.
Pour le cas du secteur minier au Mali, l'Etat, dans le cadre
de ses consultations, arrive à faire des projections sur les recettes
fiscales à moyen ou long terme, sans chercher à évaluer le
manque à gagner résultant des incitations et des régimes
dérogatoires accordés.28(*)
Dans ces conditions, l'Etat n'est pas en mesure de choisir, de
manière rationnelle, entre les différents instruments à sa
disposition (exonération fiscale, abaissement de la pression fiscale
générale....
Ces manques à gagner constituent donc des
dépenses fiscales.
Les dépenses fiscales sont constituées par des
manques à gagner résultant d'allègements ou
exonérations fiscales par rapport à un régime fiscal de
référence, généralement le régime fiscal de
droit commun. La dépense fiscale peut être assimilée
à une dépense budgétaire effective puisque la suppression
des exonérations entraînerait une augmentation des recettes de
l'Etat. Ces dernières pourraient permettre de réaliser des
dépenses directes additionnelles (financement de dépenses
sociales, d'infrastructures, attribution de subventions.... Les dépenses
fiscales sont donc des instruments de politique économique qui,
théoriquement, ont des effets équivalents à ceux des
subventions directes d'un même montant, accordées aux
contribuables bénéficiaires de la même
mesure.29(*)
L'estimation et le suivi de dépenses fiscales devraient
permettre de déterminer le coût budgétaire des mesures
fiscales dérogatoires, d'analyser leur efficacité par rapport
à leur objectif et enfin d'apprécier leur efficacité
comparée à celle des dépenses budgétaires directes
qui pourraient les remplacer.
Cette évolution de la politique fiscale dans le secteur
minier, dans le cadre de son ré encadrement, ne manquera pas d'avoir des
conséquences quant à l'évolution du régime fiscal
applicable au secteur minier.
B-) Les conséquences
sur l'évolution du régime fiscal applicable au secteur minier
Compte tenu du manque d'efficacité des régimes
d'incitation, un objectif pourrait être la suppression progressive de ces
régimes d'exonération.
Contrairement à l'avis de certains analystes, une telle
suppression ne sera pas facile, et devrait évoluer dans un processus
à long terme, quel que soit le cadre choisi : national ou
communautaire. Elle permettrait ainsi d'améliorer le rendement de
l'impôt et donc de donner à l'Etat les moyens de consacrer plus de
ressources à l'offre de biens publics. La politique d'incitation
pourrait donc reposer sur un régime de droit commun.
o Soit ce régime de droit commun inclurait l'ensemble
des incitations (régime de l'amortissement
accéléré, allègement temporaire de l'impôt
sur les bénéfices et de certains impôts directs comme
l'impôt foncier, la patente), dont le champ d'application et la
durée des exemptions seraient nécessairement limités.
Seuls les impôts directs pourraient faire l'objet d'exemptions. Le code
de douanes ne devrait prévoir aucune exemption particulière
à l'exception des régimes économiques et des pratiques
internationalement connues.
o Soit un régime d'incitation dont le
bénéfice serait conditionné à un agrément.
Les procédures d'octroi et de renouvellement de cet agrément
devraient être bien encadrées pour éviter qu'il ne soit
détourné de ses fins.
Une chose est la suppression progressive des incitations
fiscales pour une amélioration adéquate des recettes fiscales,
une autre chose est leur utilisation ciblée dans le cadre des politiques
de développement économique et social.
Paragraphe 2 : Politique
fiscale minière et les questions de développement
Ignorées au début des programmes de
libéralisation, les questions environnementales et de
développement durable (dans le cadre des stratégies de lutte
contre la pauvreté dans les pays pauvres) y tiennent de plus en plus une
place de choix. Deux questions majeures ont attiré notre
attention : protection de l'environnement et développement
socio-économique des zones d'exploitation.
A-) Politique fiscale
minière et protection de l'environnement
Les impacts environnementaux miniers les plus importants sont
la pollution, l'usage des ressources et la santé et la
sécurité des travailleurs. La prise en compte de ces impacts et
leur minimisation requièrent l'existence et la mise en oeuvre d'une
réglementation appropriée, déterminant le niveau
d'exploitation des ressources, et visant à contrôler les niveaux
de pollution et les conditions de réhabilitation, ainsi qu'à
faire appliquer les dispositions relatives aux conditions de travail.
Ainsi, d'une politique contraignante, voire volontariste dans
ce domaine, il s'agirait d'adopter une politique incitative ou dissuasive par
la fiscalité.
En effet, la fiscalité, par son impact psychologique,
oriente le comportement économique de tel ou tel contribuable.
Ceci étant, la taxation des déchets miniers va
dans le sens d'une certaine dissuasion.
Mais de manière incitative, l'octroi d'un crédit
d'impôt ou de réduction d'impôt pour toute entreprise qui
effectuerait une installation anti-polluante pourrait mieux orienter le
comportement des compagnies minières dans le sens de la protection de
l'environnement.
En matière de fiscalité, toute chose
égale par ailleurs, le refus ou l'admission des charges relatives
à des procédés plus polluants est aussi un instrument
dissuasif. En effet, par exemple, il ressort des études, qu'il existe
des procédés plus modernes et moins polluants de traitement de
l'or que les procédés actuellement utilisés dans les
mines. En refusant l'admission en déduction des charges relatives
à ces procédés et en admettant la déduction totale
des charges relatives aux procédés les moins polluants, les
entreprises pourraient réorienter leur investissement dans ce sens.
En outre, la durée de vie d'un site minier est
très souvent courte : cinq à dix ans. En admettant en
déduction, pour le calcul de l'impôt sur les
bénéfices, des provisions relatives à la
réhabilitation des sites après leur fermeture, le
législateur pourrait donner ainsi un véritable instrument de
protection de l'environnement. L'expérience est vécue dans
certains pays.30(*)
Sans être exhaustif, ces quelques recommandations, dans
le cadre d'une réflexion et d'une concertation, pourraient constituer
une véritable action fiscale envers la protection de l'environnement. Ce
qui rentre dans le cadre global des actions de développement durable
dans les pays en développement. Le développement
socio-économique en est une autre question.
B-) Politique fiscale
minière et développement durable des zones d'exploitation
Il s'agit d'un certain réencadrement de la politique
fiscale minière dans le sens du développement économique
des zones d'exploitation et de l'ensemble du reste du territoire.
En effet, l'arrivée des compagnies minières
constitue le plus souvent la seule opportunité de développement
local. Cependant, les commodités fournies par l'entreprise
minière prennent généralement fin avec le projet
minier.
Par ailleurs, les initiatives développées ne
sont pas toujours concordantes avec les besoins des populations.
Toutes ces difficultés résultent
généralement du manque d'implication des communautés
locales dans le développement et la gestion de ces initiatives
volontaires.
La fiscalité peut être d'un apport. Elle
constituera un instrument d'accompagnement et d'encouragement de ces
initiatives.
L'admission en charge déductible des financements de
micro crédits à destination des populations avec une
exonération de certains droits et taxes pour les entreprises qui
oeuvrent dans ce sens.
La fiscalité locale est aussi un instrument de
développement économique. Celle-ci trouvera une base solide dans
la politique de décentralisation administrative amorcée par les
autorités maliennes depuis l'avènement de la
3ème République. En négociant avec les
compagnies minières les redevances et taxes à verser aux
autorités locales, celles-ci acquièrent des moyens de politique
de développement local.
Pour un bénéfice au profit du reste de
l'ensemble du territoire (non doté de ressources minières), un
système de péréquation doit être obligatoirement mis
en place. Il permettra la mise en place d'un fond de péréquation,
alimenté par une partie des redevances locales et destiné
à financer des projets d'intérêt national.
En outre, il convient d'encourager le réinvestissement
du capital des compagnies minières. En effet, les compagnies
minières dans le cadre de leurs activités, peuvent
réaliser des bénéfices. En décidant
d'exonérer le réinvestissement de ces bénéfices
d'exploitation minière (pour une période relativement
limitée, de manière totale ou partielle), les entreprises
pourraient donc être encouragées à procéder à
des réinvestissement dans divers secteurs. Cela, quelque soit le domaine
où a été effectué le réinvestissement :
placement financier dans les banques, octroi de crédits à des
taux privilégiés, investissement dans le secteur privé
malien....
Ces recommandations s'inspirent d'une nouvelle tendance de
politique fiscale minière dans les pays en développement.
Tendance qui se confirme aussi dans les alternatives aux régimes
d'exonération et au traitement des crédits de TVA dans le secteur
minier au Mali.
SECTION 2 : LES ALTERNATIVES AUX REGIMES D'EXONERATION ET
AU TRAITEMENT DES CREDITS DE T.V.A. DU SECTEUR MINIER.
Face aux problèmes liés à la
non-rentabilité des exonérations et à ceux liés
à la gestion des crédits de T.V.A., des alternatifs s'offrent au
législateur minier au Mali.
Paragraphe 1 : Les
alternatifs aux régimes actuels d'exonération comme
élément incitatif d'investissement dans le secteur minier du
Mali
Ces alternatifs vont d'un ciblage plus pointu des
régimes d'exonération vers des actions prioritaires de
développement d'une part, d'autre part à des régimes
d'octroi de crédits d'impôt ou de déduction pour
investissement.
A-) Des régimes
incitatifs par exonération plus ciblés
Si le recours aux incitations fiscales est une méthode
répandue de promotion de l'investissement dans le monde, surtout chez
les pays en développement, certains faits d'expérience donnent
à conclure que son efficacité pour attirer des investissements
supplémentaires, au-delà de ceux dont les pays auraient
bénéficié de toute façon sans de telles
incitations, est souvent douteuse. Certaines entreprises peuvent abuser de ces
mesures incitatives en se faisant passer pour nouvelles au terme d'une
réorganisation superficielle, ce qui risque d'augmenter
considérablement le manque à gagner potentiel dû à
ces incitations pour l'Etat.
En outre les investisseurs étrangers, cibles
principales de la plupart des incitations fiscales, fondent leurs
décisions d'investissement sur une gamme de facteurs (par exemple, les
ressources naturelles, la stabilité politique, la transparence des
systèmes de réglementation, la présence d'une
main-d'oeuvre qualifiée...) dont les incitations fiscales constituent
rarement les plus importantes. La valeur de l'incitation fiscale risque par
ailleurs d'être toute relative pour un investisseur étranger
puisque c'est le trésor de son pays d'origine qui risque d'en être
le véritable bénéficiaire (dans un cas où, par
exemple, les revenus ou produits exemptés dans les pays hôte sont
imposés par le pays de résidence de l'investisseur).
Cependant les incitations fiscales peuvent être
justifiées lorsqu'elles visent à corriger une forme quelconque de
défaillance du marché, notamment celle due à des effets
exogènes (conséquences économiques sans rapport direct
avec les bénéficiaires particuliers de la mesure fiscale). Par
exemple, les incitations qui visent à promouvoir une industrie
minière de haute technologie dans le cadre d'une protection de
l'environnement ou accroître la rentabilité des entreprises
minières, sont habituellement légitimes. De même que les
incitations fiscales, dans le cadre d'une promotion de l'emploi sont
légitimes. Perdant du côté budgétaire, l'Etat y
gagne sur le plan social et économique.
De manière globale, ce ciblage des régimes
d'incitation par exonération doit se faire en conformité avec les
objectifs prioritaires de développement dans le cadre de la
stratégie de lutte contre la pauvreté.
A ces alternatives, s'ajoutent des instruments fiscaux qui
présentent des avantages quant à leur gestion par
l'administration fiscale : les crédits d'impôt et la
déduction pour investissement.
B-) Les crédits
d'impôt et déductions pour investissement
Comparativement aux exonérations fiscales, les
crédits d'impôt et les déductions pour investissement
présentent de nombreux avantages. Ils sont beaucoup mieux ciblés
que les exonérations pour la promotion de types particuliers
d'investissement, et leurs coûts sont beaucoup plus transparents et plus
faciles à gérer. Un des moyens simples et efficaces à
gérer un système de crédits d'impôt consiste
à déterminer le montant du crédit à accorder
à une entreprise admissible à
« déposer » ce montant dans un compte de taxes
spécial, sous forme d'écriture comptable. L'entreprise est par
ailleurs traitée comme un contribuable ordinaire, assujettie à
tous les règlements fiscaux applicables, y compris l'obligation de
soumettre une déclaration. Cependant, l'impôt auquel elle est
assujettie prend la forme de « retraits » effectués
à partir du compte de taxes. De cette façon, on peut
contrôler à tout moment les recettes budgétaires
cédées et le montant des crédits d'impôt qui restent
disponibles à l'entreprise.
Selon les analystes, les déductions pour
investissements peuvent être administrées d'une manière
très semblable à celle des crédits d'impôt, et
donnent des résultats similaires.
Les crédits d'impôt et déductions pour
investissements présentent toutefois des lacunes dignes de mention. Ils
tendent à favoriser les immobilisations à court terme d'une part,
puisque de nouveaux crédits ou de nouvelles déductions deviennent
disponibles chaque fois qu'un actif est remplacé. D'autre part, les
entreprises admissibles peuvent être tentées d'abuser du
système en vendant et en rachetant les mêmes actifs pour en
réclamer les crédits ou les déductions à
répétition, ou en intervenant à titre d'acheteur
intermédiaire pour des entreprises non admissibles à ce type
d'incitation. Des dispositions doivent être prises pour éviter ces
dérapages.
Dans le cadre toujours des incitations fiscales, la T.V.A. y
joue un rôle important. Cette importance dénote d'une meilleure
gestion des crédits qui résultent de l'application du
mécanisme.
Paragraphe 2 : Une
meilleure gestion des crédits de T.V.A. : pour la
sécurité des investissements et la confiance dans le secteur
minier
Du fait de la nature de leurs activités ou de certains
facteurs, l'usage de l'imputation ou de la compensation31(*) est impossible, sinon
extrêmement pénalisant pour certains redevables. Par
conséquent, pour résorber ces crédits, qui sont pour la
plupart structurels et quelque fois conjoncturels, il est prévu le
remboursement du crédit constitué.
Les entreprises minières sont éligibles à
ce re régime au Mali, du fait de leur assujettissement à la
taxation de la T.V.A. au taux zéro ( exportatrices) ne collectant
pratiquement pas de T.V.A., et ne pouvant déduire celle supportée
en amont (pendant la phase de production)32(*).
Du fait des blocages constatés33(*)quant à la
bonne réalisation de ce mécanisme de remboursement des
alternatifs s'imposent (B) ; il y va de l'évaluation d'un bon
système de T.V.A. (A), suivi et contrôlé par les
institutions financières internationales du fait de son effet sur les
économies modernes dans les pays en développement.
A-) Les fondements d'une
bonne gestion des crédits de T.V.A.
La T.V.A. est qualifiée de système de taxation
des économies modernes, du fait qu'elle frappe en principe et en
définitive les richesses additionnelles créées par les
entreprises. En plus, elle se déploie par un phénomène
d'anesthésie fiscale.... car discret et moins
douloureux34(*), et un impôt général sur
la consommation.
Pour toutes ces raisons, elle est un impôt à
très haut rendement, et le plus pourvoyeur des ressources publiques au
budget de l'Etat, d'où l'importance particulière que lui
accordent les institutions financières internationales (F.M.I, Banque
mondiale). En effet, du remboursement des crédits de T.V.A.
dépendent la sécurité et la qualité de tout
système de T.V.A., caractère longtemps décrié par
les investisseurs étrangers dans les pays en développement.
Pour les bailleurs de fonds, la maîtrise de la T.V.A.,
et partant du système de gestion de crédits de T.V.A. est une
condition sine qua non à la bonne qualité d'un système de
T.V.A. appliquée par une administration fiscale.
Pour cela, les experts de ces institutions veillent
particulièrement à l'effectivité et à la permanence
des crédits de T.V.A..35(*)
Si la pression du F.M.I semble plus marquée dans le
remboursement, c'est parce que celui-ci est le mode le plus exceptionnel de
gestion des crédits de T.V.A.
Comme mode exceptionnel, le remboursement constitue une
réintégration dans le circuit économique, soutient
à la compétitivité des entreprises, à
l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le remboursement rasséréne et fidélise
les redevables ; il crée un contexte de
sérénité et de confiance indispensable au
développement économique. Une entreprise dont le crédit
est compensé ou remboursé, serait enclin à déclarer
permanemment l'entièreté de ses opérations, assurée
de la prise en considération de ses différentes déductions
et de la répercussion de sa T.V.A.. La gestion efficace et bienveillante
des crédits de T.V.A. s'affirme ainsi porteuse de fidélisation
des redevables.
Au vu des blocages constatés dans le mécanisme
de remboursement des crédits de T.V.A. dans le secteur minier malien,
avec les conséquences financières pour les entreprises
minières et économiques pour le système même de
T.V.A. au Mali, celui-ci constitue la difficulté majeure pour le secteur
en matière fiscale. Des alternatives quant aux modalités de mise
en oeuvre du mécanisme de remboursement des crédits de T.V.A.
s'offrent au législateur minier malien.
B-) Les alternatives aux
modalités de remboursement comme technique de gestion des crédits
de T.V.A. du secteur minier au Mali
Les blocages constitués sont dus principalement au fait
que le remboursement des crédits de T.V.A. est tributaire du niveau de
la trésorerie de l'Etat. Ces crédits absorbent donc
énormément des crédits budgétaires, d'où une
réticence des pouvoirs publics. La qualité du système de
T.V.A. dans le secteur minier en paie lourdement.
Les alternatives consistent soit à instaurer des
modalités de remboursement totalement indépendantes de la
trésorerie de l'Etat, soit à réduire la charge de la
T.V.A. supportée en amont par les entreprises minières ou
permettre à celles-ci de pouvoir déduire les charges toutes taxes
comprises. Chacune de ces modalités peut comporter des effets relatifs
de baisse des recettes fiscales, mais elles amélioraient le
système de T.V.A. d'où va sortir une structure économique
bien organisée dans le secteur minier et participera au respect du
principe d'égalité devant l'impôt. C'est cela aussi l'un
des objectifs de la fiscalité.
-Les modalités de remboursement de crédits de
T.V.A. indépendante de la trésorerie de l'Etat :
Il s'agit d'un système de remboursement plus fluide, en
dehors du traitement budgétaire, par la délivrance à la
compagnie minière, après contrôle des crédits de
T.V.A. :
§ d'un titre de paiement, comme en matière de
remboursement de certains droits ;
§ ou d'un certificat, pouvant être utilisé
comme un titre de paiement.
Dans les deux cas, les T.V.A. acquittées en douane
doivent être traitées en comptabilité au moment de leur
paiement, comme les droits acquittés sur les hydrocarbures alors
qu'elles sont en réalité exonérées ou comme des
acomptes de 5 % d'un titre de paiement interentreprises au non de l'entreprise
créditrice. Celle-ci, pourrait, dans le cadre de ses opérations,
céder ce titre à une ou des entreprises débitrices de
créances d'Etat qui pourrait ainsi s'en prévaloir devant le
trésor public comme moyen de paiement. Il s'agit d'une sorte de cumul de
la technique de remboursement et de celle de la compensation. Son
inconvénient est qu'elle aboutit à moins de rentrées
d'argent dans les caisses de l'Etat.36(*)
Le Mali, sur le cadre général de la gestion des
crédits de T.V.A., pourrait s'inspirer du système du Cameroun,
avec comme instrument un compte séquestre approvisionné par une
partie des recettes de T.V.A. et destiné au
remboursement.37(*)
-Les modalités de remboursement par une
réduction de la charge de T.V.A. à supporter en amont.
Les crédits de T.V.A. dont le remboursement est
demandé, représentent, pour une partie seulement, des T.V.A. que
les compagnies ont préalablement acquitté à l'occasion de
leurs acquisitions (achats locaux et importation) des biens et services.
Ces T.V.A. ont été soit directement
payées en douane, soit retenues par les fournisseurs et reversées
au trésor public.
Les restrictions du droit de déductions des T.V.A.
facturées en amont font que les montants dont le remboursement est admis
sont invariablement inférieurs à ceux qui ont été
effectivement acquittés.
Enfin les textes mêmes (Code général des
impôts et convention d'établissement) prévoient la
limitation des T.V.A. remboursables à 60% de la T.V.A. théorique
qu'il y aurait sur les exportations si elles avaient été
taxées sur le territoire malien.
Pour les raisons qui précèdent, la technique
juste pour éviter ainsi le remboursement de crédits de T.V.A. est
d'offrir aux compagnies minières la possibilité d'acquérir
les biens et services en franchise (exonération) de T.V.A. : pas de
paiement de T.V.A. en amont, pas de crédit de T.V.A. à
rembourser : c'est la franchise totale.
La franchise peut être aussi limitée ou
partielle.
Celle-ci consiste, dans le souci de sécuriser les
finances publiques, à limiter la faculté d'acquisition de bien en
franchise de T.V.A. :
· soit aux seules importations, abstraction faite des
achats locaux de biens ;
· soit aux investissements (biens d'équipement),
à l'exclusion des dépenses de fonctionnement.
Si ces restrictions ont l'avantage de minimiser les risques de
perte de recettes pour l'Etat, il faut souligner cependant qu'elles peuvent
conduire les sociétés minières à privilégier
les approvisionnements à l'étranger par rapport aux achats
locaux.
En outre, les compagnies en production investissent
moins ; l'essentiel de leur budget étant absorbé par les
opérations de fonctionnement, aussi la limitation de la franchise aux
seules dépenses d'équipement risque d'avoir des effets
très limités sur les sociétés en production.
Pour dire enfin, que l'adoption d'une des alternatives
ci-dessus évoquées, ferait l'objet d'un encadrement assez strict
de telle sorte qu'elle ne soit détournée de leur but initial.
CONCLUSION
En définitive, il convient de retenir que la
fiscalité minière au Mali est essentiellement
caractérisée par des régimes d'exonération ayant
pour vocation d'attirer les investisseurs dans le secteur.
Ceci étant, la concurrence fiscale constitue un des
défis stratégiques dans un monde caractérisé par la
libéralisation des mouvements de capitaux. L'efficacité des
incitations fiscales en l'absence des autres fondamentaux nécessaires,
est hautement douteuse.
En effet, la fiscalité se trouve au coeur des
débats contemporains sur le développement. La question est de
savoir quelle fiscalité pour le développement dans les pays en
voie de développement ?
A cette question, on s'accorde de plus en plus à
répondre qu'un système fiscal truffé des mesures fiscales
incitatives non ciblées ou mal ciblées, constitue un terreau
fertile pour les activités de recherche de rente.
Ces incitations aboutissent, par expérience pour le
Mali, à un système fiscal minier opaque, non lisible et non
prévisible.
Elles ne répondent pas non plus nécessairement
aux besoins financiers des pays offreurs de ces mesures. Les statistiques des
institutions financières internationales le montrent largement.
Les avis convergent de plus en plus, qu'à défaut
de leur suppression, les incitations fiscales élaborées dans le
cadre des politiques fiscales, doivent l'être de manière
ciblée vers des objectifs prioritaires de développement.
En ciblant les incitations par exonérations, il
conviendra d'établir un système d'évaluation des
dépenses fiscales qu'elles constituent. Ce qui permettra d'avoir une
vision de ce que l'Etat perd et de ce qu'il gagne dans le cadre d'une
fiscalité minière.
Cette étude sur la fiscalité minière peut
constituer un socle de réflexion, dans le cadre de l'élaboration
d'une politique fiscale pour un éventuel secteur pétrolier que le
Male espère tant, et dont les récentes études tendent
à confirmer cet espoir.
Un autre problème du secteur minier au Mali est celui
du remboursement des crédits de T.V.A. constitués par
l'application du mécanisme.
La bonne qualité d'un système de T.V.A.
dépend de la bonne gestion des crédits de T.V.A.
Les blocages constitués dans le secteur minier au Mali
sont essentiellement dus au fait que les remboursements sont liés au
niveau de trésorerie de l'Etat, ne participent donc pas à
créer un climat sécurisé d'investissement, et constituent
une iniquité, ébranlent le caractère neutre de cette taxe
dans le circuit économique constitué par le secteur minier au
Mali.
Les alternatives évoquées, doivent être
étudiées et adaptées aux réalités
économiques et budgétaires de l'Etat. Economique, car elles
aboutissent, à tort ou à raison, à une meilleure structure
économique par une bonne application du mécanisme de
T.V.A. ; budgétaires, car elles peuvent aboutir à une baisse
des recettes fiscales, du coup pourrait porter atteinte au budget de l'Etat
quand on connaît le lien entre niveau de recettes fiscales d'un Etat et
le niveau des dépenses.
Les idées développées dans ce travail,
posent le débat d'une fiscalité sectorielle orientée vers
les objectifs de développement et de lutte contre la pauvreté. Il
y va de l'avenir des systèmes fiscaux des pays en développement
de s'adapter aux réalités socio-économiques de ces
pays.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
1
INTRODUCTION
2
CHAPITRE INTRODUCTIF : PANORAMA
ECONOMIQUE DU SECTEUR MINIER MALIEN
8
1-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DE LA
PRODUCTION AURIFERE DEPUIS 1997
8
2-) L'IMPORTANCE CROISSANTE DU POIDS DU
SECTEUR MINIER DANS L'ECONOMIE MALIENNE
12
Ière PARTIE :
LES OBJECTIFS VISES ET LES MOYENS DE POLITIQUE FISCALE DANS LE DOMAINE MINIER
AU MALI
15
CHAPITRE 1 : LES OBJECTIFS DE
POLITIQUE FISCALE CONTEMPORAINE ET LA PRATIQUE AU MALI
16
SECTION 1 : LES OBJECTIFS DE POLITIQUE
FISCALE CONTEMPORAINE
17
Paragraphe 1 : La levée des recettes
fiscales
17
A-) Forte taxation des mines
17
B-) Faible taxation
18
Paragraphe 2 : L'orientation du comportement
des acteurs du secteur minier
19
A-) Détermination de cet objectif à
partir d'une certaine analyse économique de l'impôt
19
B-) Les conséquences d'une telle option
20
SECTION 2 : LA PRATIQUE DE LA
POLITIQUE FISCALE DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
22
Paragraphe 1 : Une prépondérance
de l'impact budgétaire de la politique fiscale minière au
Mali
22
A-) Les raisons objectives
22
B-) Un interventionnisme fiscal fort
23
Paragraphe 2 : Une moindre mesure des
dispositions susceptibles d'influencer le comportement des acteurs du secteur
minier en faveur des objectifs de développement durable
25
A-) Quasi absence de dispositions fiscales
incitatives dans ce domaine
25
B-) La pratique des entreprises minières
27
CHAPITRE II : LES MOYENS FISCAUX
UTILISES DANS LE CODE MINIER DU MALI
30
SECTION 1 : ANALYSE THEORIQUE DU ROLE
ECONOMIQUE DES INCITATIONS FISCALES ET CONSIDERATIONS GENERALES SUR CELLES
UTILISEES DANS LE CODE MINIER DU MALI
31
Paragraphe 1 : Analyse théorique du
rôle économique des incitations fiscales
31
A-) Incitations fiscales : facteurs de
politique économique d'un Etat
31
B-) Les grandes formes d'incitations fiscales
32
Paragraphe 2 : Les incitations fiscales
utilisées dans le code minier du Mali
34
A-) La stabilité du régime fiscal et
douanier des entreprises minières.
34
B-) Les différents régimes
d'exonération ou dérogatoires du code minier du Mali
38
SECTION 2 : LES PRATIQUES FISCALES ET
L'UTILISATION DES DIVERS TYPES D'IMPOT DANS LE SECTEUR MINIER MALIEN
44
Paragraphe 1 : Les impôts, droits
et taxes à la charge effective des entreprises minières au
Mali
44
Paragraphe 2 : Les impôts, droits et
taxes collectés par les entreprises minières
50
IIème PARTIE :
ANALYSE ET EVOLUTION DE L'ORIENTATION DE LA POLITIQUE FISCALE ET DES TECHNIQUES
FISCALES UTILISEES DANS LE SECTEUR MINIER AU MALI
56
CHAPITRE I : ANALYSE DES
TECHNIQUES DECRYPTANT UNE POLITIQUE FISCALE EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT
59
SECTION 1 : ANALYSE DU CADRE GENERAL
DU REGIME FISCAL DEROGATOIRE APPLIQUE AU SECTEUR MINIER AU MALI
60
Paragraphe 1 : Analyse économique des
incitations fiscales
60
A-) Une forte présence de l'Etat à
travers la fiscalité
60
B-) Une inadéquation entre les incitations
fiscales et les enjeux économiques du secteur minier
61
Paragraphe 2 : La lisibilité et la
prévisibilité des dispositions fiscales en cause
63
A-) Les problèmes
d'interprétation
63
B-) Conséquences éventuelles sur le
secteur minier
64
SECTION 2 : ANALYSE DE QUELQUES
SPECIFICITES FISCALES DU SECTEUR MINIER AU MALI.
66
Paragraphe 1 : Le traitement fiscal
particulier du secteur minier en cause
66
A-) Les bases économiques et fiscales d'une
telle remise en cause.
67
B-) Les effets éventuels sur le secteur
minier au Mali
68
Paragraphe 2 : Le récurent
problème du remboursement des crédits de TVA du secteur minier au
Mali
69
A-) Les termes du problème : les
blocages constatés
69
B-) Les conséquences sur le secteur :
une accumulation des crédits
71
CHAPITRE 2 : LES PERSPECTIVES
D'EVOLUTION DE LA POLITIQUE FISCALE ET DES TECHNIQUES FISCALES UTILISEES DANS
LE SECTEUR MINIER AU MALI
73
SECTION 1 : L'OPPORTUNITE DES
INCITATIONS FISCALES DANS LE SECTEUR MINIER
74
Paragraphe 1 : Une adéquation des
incitations fiscales avec les enjeux économiques et fiscaux du secteur
minier
74
A-) La rationalisation des incitations fiscales
74
B-) Les conséquences sur l'évolution
du régime fiscal applicable au secteur minier
76
Paragraphe 2 : Politique fiscale
minière et les questions de développement
77
A-) Politique fiscale minière et protection
de l'environnement
77
B-) Politique fiscale minière et
développement durable des zones d'exploitation
78
SECTION 2 : LES ALTERNATIVES AUX
REGIMES D'EXONERATION ET AU TRAITEMENT DES CREDITS DE T.V.A. DU SECTEUR
MINIER.
80
Paragraphe 1 : Les alternatifs aux
régimes actuels d'exonération comme élément
incitatif d'investissement dans le secteur minier du Mali
80
A-) Des régimes incitatifs par
exonération plus ciblés
80
B-) Les crédits d'impôt et
déductions pour investissement
82
Paragraphe 2 : Une meilleure gestion des
crédits de T.V.A. : pour la sécurité des
investissements et la confiance dans le secteur minier
83
A-) Les fondements d'une bonne gestion des
crédits de T.V.A.
83
B-) Les alternatives aux modalités de
remboursement comme technique de gestion des crédits de T.V.A. du
secteur minier au Mali
85
CONCLUSION
89
TABLE DES MATIERES
92
* 1 Nous verrons plus en
détail dans la 1ère Partie.
* 2 Faible pluviométrie
ou invasion acridienne.
* 3 Comme au Zimbabwe où
les petites mines sont détenues par des opérateurs locaux.
* 4Michel Bouvier :
Introduction au droit fiscal général et à la
théorie de l'impôt
* 2 Michel Bouvier : op.
* 3 La convention UTAH-BHP
signée le 14 avril 1987, modifiée successivement par l'avenant
(décret N°91-430/P-CTSP du 14 avril 1991) puis par celui du
(décret N°92-145/PM-RM du 14 avril 1992).
La convention AGEM signée le 5 avril 1990 puis
modifiée par l'avenant du 24 mars 1992.
* 4 Loi N°63-51/AN-RM du 31
mai 1963 portant régime des substances minérales au Mali.
* 5 Ordonnance
N°99-032/P-RM du 19 août 1999 portant code minier en
République du Mali.
* 6 Par exemple au
Cameroun : que nous verrons plus tard.
* 7 B. Castagnède :
Précis de fiscalité internationale
* 8 Isabelle Renaud et
André Mora : L'or malien
http://www.novethic.fr/
matières premières.
* 9 Jean Schmidt :
L'impôt, édition Dalloz 1995
* 10 Michel Bouvier : op.
Cit. Avis partagé par certains experts de politique fiscale qui
prônent une rationalisation des incitations fiscales : à voir
dans les perspectives d'évolution dans la 2ème
partie.
* 11 En cas de revente au Mali,
ces machines et matériels seront passibles des droits et taxes
perçus à l'intérieur.
* 12 Cette exonération
des droits de douane ne concerne pas la CPS contrairement à la
convention BHP
* 13 Que nous verrons en
détail dans la 2ème partie, dans les perspectives
d'évolution.
* 14 Etude sur la
fiscalité du secteur minier du Mali : Cabinet ABT conseil fiscal
(projet de mobilisation des ressources intérieures : PAMORI)
* 15 Article 103 du code minier
du Mali
* 16 Etude sur la
fiscalité du secteur minier : op.
* 17 loi n°90-115/AN-RM du
30 Déc. 1990
* 18 Les finances
publiques : de la théorie générale ; des
expériences du Mali : Sékou Sissoko Ed. M'ballou mars
2004
* 19 Articles 108 et 110 du
code minier.
* 20 Précis de
fiscalité internationale : B. Castagnède PUF
* 21 B.
Castagnède : Op.
* 22 Préface de M.
Xavier Darcos : Afrique au sud du sahara : mobiliser les ressources
fiscales pour le développement. Ed. Economica mars 2005
* 23 L'expérience est en
quelque sorte tentée dans certains pays comme le Cameroun avec la
« caisse de sécurisation des recettes
minières »
* 24 « Afrique au sud
du Sahara : mobiliser les ressources fiscales pour le
développement » oeuvre précitée
* 25 Etude sur la
fiscalité du secteur minier au Mali : oeuvre
précitée
* 26 Article 513 du Code
Général des Impôts (CGI) du Mali
* 27 Cameroun
* 28 cf. : étude
sur la fiscalité du secteur minier au Mali : op
* 29 Leurs effets seraient
équivalents si l'on pouvait cibler de manière certaine les
bénéficiaires des régimes dérogatoires, ce qui
n'est pas souvent le cas dans la pratique.
* 30 Au Cameroun
* 31 Des techniques de gestion
des crédits de TVA : cf. : Précis de fiscalité
des entreprises, M. Cozian
* 32 Parmi les
exonérations de la phase d'exploration, la T.V.A en fait partie
* 33 cf. : étude
sur la fiscalité du secteur minier au Mali : op
* 34 Maurice Cozian :
Précis de fiscalité des entreprises
* 35 Afrique au sud du
Sahara : mobilisation des ressources fiscales pour le
développement, Gérard Chambas
* 36 Séminaire T.V.A
dans le cadre du DESS d'administration fiscale : 29 Mai-10 juin
2005 : L'expérience malgache de gestion des crédits de
T.V.A
* 37 Mémoire de l'Ecole
Nationale d'Administration et de la Magistrature (ENAM-Cameroun) de M.
Ngollé V Isaac Richard : Gestion des crédits de T.V.A par
l'administration fiscale et ses incidences, octobre 2000
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