ORGANISME INTER-ETATIQUE
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
INSTITUT DE FORMATION ET DE
RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
(IFORD)
B.P. 1556 Yaoundé (Rép. du Cameroun) Tél.
(237) 223 29 47 Fax. (237) 222 67 93 E-mail :
iford@iford-cm.org
LES DÉTERMINANTS DE LA MORTALITE INFANTO
JUVENILE AU TCHAD
Mémoire de fin d'études
En vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Supérieures Spécialisées en Démographie
Option Administration et Gestion des
Projets et Programmes de Population
Présenté et soutenu par : VRIDAOU
Tao
Sous la direction de : Dr. BANZA-NSUNGU B.
Antoine
Yaoundé, décembre 2005
DÉDICACE
v A toi ma très chère mère MAIN
Keda, que ce travail soit pour toi un début de
récompense d'amour et de souci pour la réussite de tes
enfants!
v A toi mon père Tao vailia, ton
courage et ta détermination à la réussite de tes enfants
demeurent pour moi un modèle à pérenniser !
v Votre mémoire puisse-t-elle être heureuse,
MOUSSA KEDA Wassi , mon grand-père qui a
été rappelé à Dieu !
v A toi ma très chère bien aimée
Guinéo MOUGNA pour la confiance que tu as
placée en moi !
v A mes frères et soeurs, KOUMAYE,
VAIDJOUA, NDJAIDOUKMY, DISSIEM, KEDAYE, KOIDEBAIN, GUEDAMKOU, MBARMI,
VOUNDANNE et MOUKMI que vous trouviez en ce travail
le fruit d'un amour fraternel !
v A tout ceux dont le Christ habite !
REMERCIEMENTS
Cette référence qui nous permet aujourd'hui
d'être en contact avec le grand public n'aurait pas vu le jour sans le
précieux concours scientifique, financier et spirituel des uns et des
autres. Nous ne saurions, par souci de reconnaissance, remercier tous ceux qui
nous ont témoigné leur gratitude. Nous pensons notamment
à :
ü Mon Dieu, le tout-puissant, qui a su
guider mes pas depuis ma naissance ;
ü Dr. BANZA Antoine, qui a
accepté de guider ce mémoire avec beaucoup d'attention
malgré ses multiples missions ;
ü Mes professeurs de l'université de N'Djamena, en
particulier ceux du département de Géographie pour leur
encadrement de qualité;
ü Pr. AKOTO et Pr. EVINA
respectivement Coordonnateur de recherche et Coordonnateur des
études à l'IFORD, pour leur rigueur scientifique
qui nous ont été d'un grand support ;
ü Dr. RWENGE Mburano et M.
MUDUBU K. Léon qui nous ont familiarisé avec les
analyses statistiques des phénomènes démographiques;
ü GUINEO Gouatao pour ses encouragements
ainsi que son soutien moral et matériel pendant nos études
à l'université de N'Djamena au Tchad ;
ü L'association qui nous ont soutenu moralement pendant
nos séjour, notamment l'association LAME à Yaoundé,
présidée par HAMADJODA Djiré et Mme
MONE Rose comme secrétaire et WARAO
Koumaye l'un de membre de
l'association;
ü La famille KOI NADJI Cooper qui nous a
assuré une affection parentale dans ce pays voisin de mille collines
qu'est le Cameroun ;
ü PAKAGNE Wadjouli pour ta large
collaboration qui nous a été un support;
ü Mes amis
BOYALNGAR Mbatina;Francis TAO;
KENAN Faïgou ;FABA Ignera ; BEGUY Olivier ;INGASSOU
Naoura; KOUCHABE Gong non; DEUZABE St Yves ;
B.DOSSA-KPEDJI ; TEYABE Service;TCHINGDOUBE
Valentin.
ü Tous les condisciples de la 25ème
promotion et amis de l'IFORD, pour les moments de joie et de difficultés
que nous avons vécus ensemble;
ü Monsieur KOI Pierrot GANDA pour ses
conseils édifiants ;
ü Nous ne saurons terminer sans exprimer notre gratitude
à la représentation de l'UNFPA à
N'Djamena (Tchad), en particulier à son Représentant Monsieur,
YACINE M. DIALLO, pour le financement de notre formation et
surtout à la Direction de l'Institut National de la Statistique d'Etudes
Economiques et Démographiques (INSEED) du Tchad, qui a
tout fait pour que ce financement soit possible, alors même que nous n'y
croyions plus.
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX
4
LISTE DE GRAPHIQUES
5
INTRODUCTION
GENERALE......................................................................6
CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE
11
I.1.1 Les variables intermédiaires
12
I.1.1.1 L'âge de la mère à
l'accouchement et le rang de naissance
12
I.1.1.2. Le sexe de l'enfant
14
I.1.1.3. La vaccination des enfants
15
I.1.1.4. L'allaitement et aliments de
complément
16
I.1.1.5. L'intervalle intergénésique
18
I.1.1.6. Les soins prénatals
18
I.1.2. Les facteurs socio-économiques et
culturels
19
I.1.2.1. L'instruction
19
I.1.2.2. La religion
20
I.1.2.3. Le revenu du ménage
21
I.1.2.4. Le milieu de résidence
22
I.1.2.5. L'ethnie
23
I.1.3. Les facteurs contextuels
23
I.1.3.1. Le mode d'approvisionnement en eau de
boisson
24
I.1.3.2. L'accès et l'utilisation des services
sanitaires
25
I.1.3.3. L'accessibilité géographique
25
I.1.3.4. L'accessibilité financière
26
I.1.3.5. L'accessibilité sociale
26
I.2. Les objectifs, les hypothèses et cadre
conceptuel
27
I.2.3.4. Les variables et les indicateurs
utilisés
31
I.2.3.4.4. Le schéma d'analyse
38
CHAPITRE II
CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE ET SOURCES DE DONNEES
UTILISEES POUR LA RECHERCHE
39
2.1. Les caractéristiques du pays
39
2.1.1. Le contexte géographique et historique
39
2.1.2. Le contexte politique et administrative
41
2.1.3. Le contexte démographique
42
2.1.4. Le contexte sanitaire
43
2.1.5. Le contexte socio-économique
48
CHAPITRE III
METHODOLOGIE DE L'ETUDE ET EVALUATION DES DONNEES
UTILISEES
49
3.1. La méthodologie de l'étude
49
3.1.2. Les sources des données
utilisées pour l'étude
49
3.1.2.1. Les objectifs de l'Enquête
Démographique et de Santé au Tchad
50
3.1.2.2. La présentation de
l'échantillon et de la base de sondage
50
3.1.2.3. La présentation de questionnaire
51
3.2. L'évaluation de la qualité des
données utilisées
52
3.2.1. L'évaluation de l'âge
déclaré des mères.
53
3.2.2. L'évaluation des déclarations de
la parité moyenne
55
3.2..3. L'évolution des proportions des
décès de cinq dernières années des enfants de moins
de cinq ans selon l'âge déclaré des mères
57
3.3. Les méthodes d'analyse
59
CHAPITRE IV
NIVEAU ET TENDANCE DE LA MORTALITE INFANTO JUVENILE
63
4.1. Niveau de la mortalité des enfants au
Tchad
63
4.1.1. Variations du niveau de mortalité des
enfants selon les variables culturelles
63
4.1..2. Les facteurs socio-économiques et la
mortalité des enfants
67
4.1.3. Les facteurs contextuels et la
mortalité des enfants
68
4.1.4. Les caractéristiques comportementales et
la mortalité des enfants
70
4.5. Les caractéristiques
biodémographiques de la mère et des enfants et mortalité
des enfants
73
CHAPITRE V
75
ESSAI D'EXPLICATION DE LA MORTALITE DES ENFANTS
75
5.1. Les effets des facteurs culturels sur la
mortalité des enfants
76
5.2. Les effets des facteurs socio-économiques
sur la mortalité des enfants
79
5.3. Les effets des facteurs contextuels sur
mortalité des enfants
81
5.4. Les effets conjugués des facteurs
explicatifs.
83
CONCLUSION GENERALE
92
BIBLIOGRAPHIE
95
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Le taux de mortalité des
enfants de moins de cinq ans (pour 1000) des quelques pays d'Afrique
Subsaharienne
6
Tableau 2 : Quotients de mortalité des
enfants de moins de cinq ans (pour 1000) au Tchad en 1964,1993 et 1997
7
Tableau 3 : Le quotient de mortalité
infantile (en pour mille) pour la période de 10 ans
précédant l'enquête,selon l'âge à
l'accouchement et le rang de naissance.
13
Tableau 4 : La durée moyenne
d'allaitement de quelques pays d'Afrique sub-saharienne
17
Tableau 5 : La répartition (en %) des
ménages par source d'approvisionnement en eau de boisson
24
Tableau 9: Les variables explicatives selon les
modalités
35
Tableau 10: Les déterminants proches de la
mortalité des enfants.
38
Tableau 6: Les indicateurs
démographiques de base cités dans l'EDST, 1998
43
Tableau 7 : La répartition du personnel
de santé par habitant au Tchad en 2000.
46
Tableau 8 : Les principaux indicateurs socio
sanitaires
48
Tableau 11 : La répartition des
effectifs des femmes enquêtées par groupes d'âges
quinquennaux.
54
Tableau 12: La répartition des enfants
nés vivants et la parité atteinte moyenne selon les groupes
d'âges quinquennaux des mères.
56
Tableau 13 : La répartition des enfants
décédés dans les cinq dernières années
précédant l'enquête selon les groupes d'âges
quinquennaux des mères.
57
Tableau 14 : Risques de décès
des enfants selon les facteurs culturels
64
Tableau 15 : Risques de
décès des enfants selon les facteurs socio-économiques (en
%0).
67
Tableau 16 : Risque de
décès des enfants selon les facteurs contextuels (en
%0)
69
Tableau 17: Risques de décès des
enfants selon les comportements des mères en matière de
santé.
71
Tableau 18: Risques de décès des
enfants selon lescaractéristiques biodémographiques de la
mère et des enfants.
73
Tableau 20 : Les effets nets non
contrôlés et contrôlés des facteurs
socio-économiques sur la mortalité des enfants de moins de cinq
ans
80
Tableau 21 : Les effets nets non
contrôlés et contrôlés des facteurs contextuels sur
la mortalité des enfants de moins de cinq ans
82
Tableau 23 : Les effets bruts et nets des
variables indépendantes sur la mortalité
juvénile................................................................................................
87
Tableau 24: Proportions du pouvoir explicatif ® en
pourcentage de groupe de facteurs
explicatifs..............................................................................................90
LISTE DE GRAPHIQUES
Figure 1: La Carte Administrative du Tchad
40
Figure2 : Le cadre conceptuel de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans au Tchad
29
Figure 3: Le cadre d'analyse de la mortalité
des enfants de moins de cinq ans au Tchad
38
Figure 4: La répartition des effectifs des
femmes enquêtées par année d'âge ; Sous Excel
...................................................................................................
54
Figure 5 : La répartition des effectifs
des femmes enquêtées par groupes d'âges quinquennaux ;
Source : EDST, 1998 sous Excel.
55
Figure 6 : La répartition de la
parité atteinte des femmes enquêtées par groupes
d'âges quinquennaux ; Source : EDST, 1998 sous Excel.
56
Figure 7: La répartition de
décès de moins de cinq ans par groupes d'âges
quinquennaux des femmes enquêtées; Source : EDST, 1998
sous Excel.
58
Figure 8: La répartition de
décès de moins de cinq ans par âge en mois; Source :
EDST, 1998 sous Excel.
58
INTRODUCTION
GENERALE
La mortalité des enfants de moins de cinq
ans est l'un des problèmes sociaux cruciaux en Afrique subsaharienne.
Elle a déjà fait l'objet de nombreuses études au cours des
deux dernières décennies. Plusieurs raisons expliquent
l'intérêt des recherches pour la mortalité en
général et pour celle des enfants en particulier. L'Afrique
Subsaharienne est la région où la mortalité infantile et
juvénile est la plus élevée du monde (AKOTO et Hill,
1988). Alors que la moyenne du taux de mortalité est de
8 décès pour 100 000 naissances dans les pays occidentaux et
de 49 en Europe de l'Est et en Asie centrale, ces moyennes atteignent des
niveaux particulièrement élevés en Asie du Sud
(410%0) et en Afrique subsaharienne (571%0)
(UNICEF cité par Banque Mondiale, 2003). Les
disparités régionales entre les pays d'Afrique Subsaharienne
sont énormes. A titre illustratif, les estimations des taux de
mortalité en pour mille chez les moins de cinq ans des quelques pays
pour l'année 1999 sont les suivantes :
Tableau 1 : Le taux de
mortalité des enfants de moins de cinq ans (pour 1000) des quelques pays
d'Afrique Subsaharienne
Afrique de l'Est
|
Afrique de l'Ouest
|
Afrique centrale
|
Afrique Australe
|
Burundi 168
Kenya 100
Rwanda 176
Ethiopie 183
Ouganda 159
|
Bénin 153
Burkina Faso 177
Côte-d'Ivoire 135
Mali 235
Niger 335
|
Cameroun 122
Congo 107
Gabon 90
RCA 148
Tchad 175
|
Afrique du Sud 76
Botswana 98
Mozambique 193
Zambie 169
Zimbabwe 118
|
Source : OMS, 2001
Pour ce qui est du Tchad en particulier, le niveau de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est parmi les plus
élevés du continent, plaçant ce pays au
13ème rang sur 189 en 1998 (UNICEF, 2000).
En Afrique Centrale, le Tchad occupe le premier rang. Les données du
tableau ci-dessous sur les différents niveaux de la mortalité des
enfants et leur tendance entre 1964 et 1997 indiquent une baisse pour la
mortalité aussi bien infantile que juvénile.
Tableau 2 : Quotients de
mortalité des enfants de moins de cinq ans (pour 1000) au Tchad en
1964,1993 et 1997
Indicateurs de la mortalité des enfants
|
Année
|
1964
|
1993
|
1997
|
Mortalité infantile (pour 1000)
Masculin
Féminin
Ensemble
|
175
144
160
|
149
117
132
|
119,7
99,8
102,6
|
Mortalité juvénile (pour 1000)
Masculin
Féminin
Ensemble
|
120
98
110
|
114
83
105
|
106,3
98,5
102,2
|
Mortalité infanto-juvénile
Masculin
Féminin
Ensemble
|
2741(*)
2281
2521
|
246
190
222
|
213,3
188,5
194,3
|
Source Ministère du plan
et de l'Aménagement du territoire : Etat de la population du Tchad,
1997.
Ces données montrent que le niveau de mortalité
est toujours supérieur chez les garçons quelle que soit la
période, et la tendance du phénomène indique une baisse
sensible pour la mortalité aussi bien infantile que juvénile et
infanto-juvénile. Le quotient de mortalité infantile
estimé à 160%0 pour l'ensemble en 1964 est descendu
à 132%0 en 1993, puis à environ 103%0 en
1997. Par ailleurs, sur 1000 naissances enregistrées en 1964, 252
meurent avant d'atteindre leur cinquième anniversaire, contre 222 en
1993 et environ 194 en 1997. Cette baisse pourrait être due en partie aux
améliorations dans le domaine de la santé en
général et de la médecine en particulier notamment la mise
en oeuvre de la réhydratation orale et la vaccination. Mais si les
données du tableau 2 et ces calculs concordent pour
traduire une baisse de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, il
est bien difficile d'en mesurer l'ampleur.
Comme dans beaucoup de pays, la baisse de la
mortalité de moins de cinq ans au Tchad reste l'une des
préoccupations majeures des pouvoirs publics. En dépit d'efforts
déployés par le gouvernement de ce pays, près d'un enfant
sur cinq y meurt avant d'avoir atteint son cinquième anniversaire
(EDST, 1998).
Dans la littérature sur les déterminants de la
mortalité des jeunes enfants africains, la plupart des auteurs insistent
sur le rôle des facteurs socio-économiques, environnementaux,
culturels et biodémographiques qui expliquent le niveau de ce
phénomène. De ce fait, la mortalité est tellement complexe
que son analyse requiert la prise en compte de l'ensemble des facteurs qui
l'influencent. Ces facteurs intègrent aussi bien les politiques de
santé et d'hygiène en vigueur que les comportements des
responsables des enfants.
En conséquence, les aspects différentiels de la
mortalité des enfants et plus précisément les causes
à l'origine du niveau élevé de mortalité des
enfants au Tchad peuvent être le reflet d'une combinaison du contexte
géographique, des facteurs économiques, culturels,
comportementaux et biologiques, de problèmes génétiques
spécifiques à certaines familles, d'inégalités
sociales marquées, etc. Au bout de la chaîne causale de la
mortalité des enfants, on trouve quelques maladies telles que les
maladies diarrhéiques (12,3%), les fièvres2(*) (11,5%), la rougeole (9,2%), les
infections respiratoires aiguës (5,9%), le paludisme (5,5%),
l'accouchement difficile (4,7%) et la toux (4,5%) (EDST,
1998). Il convient de préciser ici que la notion de fièvre et
celle de diarrhée posent problème car il s'agit de
symptômes plutôt que de maladies. On peut ajouter le VIH/SIDA
parmi les causes de décès à tous les âges.
L'éducation des parents tout particulièrement celle de la
mère peut faire baisser le niveau de la mortalité. Car la
fréquentation des services de santé est beaucoup plus liée
à l'éducation des parents.
Ainsi, la survie de l'enfant ne dépend pas seulement
des progrès de la médecine et du niveau de vie économique
du ménage mais aussi des pratiques sociales notamment en matière
d'alimentation, d'hygiène et des soins médicaux pendant la
maladie de l'enfant. Le rôle du contexte n'est pas négligeable
dans l'analyse de la mortalité des enfants en fonction de ses facteurs.
Dans beaucoup de pays, la baisse rapide de la
mortalité en général et celle des enfants de moins de cinq
ans en particulier demeure un objectif prioritaire de la santé publique
commun à tous les gouvernements des pays en développement.
Malgré les progrès enregistrés récemment en
matière de capital humain comme en capital physique et technologique
dans le domaine de la santé au Tchad, les taux de morbidité et
de mortalité infantiles et infanto-juvéniles restent
élevés. Nous estimons que le fait d'investir dans la recherche
pour mieux connaître les causes de la baisse de la mortalité de
moins de cinq ans au Tchad, permettra au Ministère de la santé
publique et aux différents programmes d'intervention d'être mieux
ciblés et d'être ainsi plus aptes à réaliser cet
objectif. BARBIERI (1991, p7) souligne
que : «L'efficacité des programmes de santé
dépend en grande partie de la capacité à comprendre les
processus responsables du niveau élevé de mortalité des
enfants dans le Tiers Monde ». A notre connaissance, il n'y a
pas eu d'étude récente approfondie sur la mortalité des
enfants au Tchad, encore moins sur les déterminants de ce
phénomène qui demeurent mal connus. Ce constat justifie la
réalisation de la présente étude.
Pour pouvoir identifier la chaîne des facteurs qui
expliquent la mortalité des enfants au Tchad, l'étude distingue
deux types de déterminants:
Ø Les déterminants directs ou variables
intermédiaires qui regroupent les facteurs qui ont un impact direct sur
la santé de l'enfant tels que : (1) le statut vaccinal ; (2)
Allaitement ; (3) Sexe de l'enfant
Ø Les déterminants indirects ou lointains
regroupant les facteurs socio-économiques, culturels,
sociodémographiques et contextuels, dont les effets sur le
phénomène étudié transitent par les
déterminants directs.
Beaucoup d'études sur la mortalité des enfants
ont souvent mis l'accent sur les facteurs socio-économiques (Florence
Jusot, 2003) et ont très peu tenu compte des facteurs contextuels ou
culturels qui déterminent les conditions de vie des ménages.
Cette étude voudrait répondre à la question
suivante : Quels sont les facteurs qui expliquent la
mortalité des enfants de moins de cinq ans au Tchad ?
Autrement dit, de quoi meurent beaucoup plus les enfants
Tchadiens?
L'objectif général de cette recherche est de
contribuer à l'amélioration des connaissances sur les
déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq ans au
Tchad, ce qui aidera les pouvoirs publics de ce pays à prendre des
mesures conséquentes. Plus spécifiquement, cette étude
cherche à mettre en évidence les facteurs explicatifs de la
mortalité des enfants et leurs mécanismes d'action.
Ainsi, les objectifs visés pour cette étude
sont :
- mesurer l'influence des facteurs socio-économiques,
culturels et contextuels sur la mortalité des enfants au Tchad, en
tenant compte des effets des variables intermédiaires ;
- évaluer le poids de chaque groupe de facteurs dans la
relation identifiée à l'étape précédente.
- déterminer parmi les variables
biodémographiques et comportementales celles qui concourent davantage
à la mortalité des enfants au Tchad.
Cette étude comporte cinq chapitres.
Le premier chapitre présente la synthèse de la
littérature sur les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile en Afrique Subsaharienne en générale et
au Tchad en particulier. Le deuxième chapitre présente quelques
généralités sur le Tchad. Il aborde notamment
l'environnement contextuels, socio sanitaires et économiques qui
prévalent dans ce pays. Le troisième chapitre traite de la
méthodologie de l'étude et évalue la qualité des
données, en insistant sur les avantages et les limites de la
méthodologie appliquée pour la collecte des informations sur la
mortalité de moins de cinq ans. Il présente en outre les
données utilisées dans cette étude (EDST, 1998).
Le quatrième chapitre décrit le niveau de
mortalité des enfants et ses variations selon les facteurs explicatifs
potentiels retenus dans l'étude. Enfin, le dernier chapitre essaie
d'identifier les déterminants de la mortalité des enfants et d'en
mesurer l'importance relative dans l'explication de ce
phénomène.
CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE
Ce premier chapitre traite essentiellement de la
synthèse de la littérature et abordera les hypothèses et
objectifs de recherche.
I.1. Synthèse de littérature sur les
déterminants de la mortalité des enfants
La littérature sur les déterminants de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est relativement abondante.
La synthèse de celle-ci permet de mieux cerner l'étude, de guider
la définition des hypothèses et le choix des variables
(RAKOTONDRABE, 1996).
L'étude des niveaux et des tendances de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans présente un
intérêt particulier, en ce sens que les décès des
enfants représentent un gâchis considérable pour des
raisons à la fois humanitaires et économiques et parce que les
taux de mortalité des enfants sont en même temps faciles à
mesurer et représentatifs de la mortalité générale
dans les pays faiblement développés. Le niveau de la
mortalité des enfants est considéré aussi comme un
indicateur de développement d'un pays. Le niveau et la tendance de la
mortalité sont fonction des conditions sanitaires, environnementales,
socio-économiques et culturelles qui prévalent dans une
population et dans les différentes couches sociales de cette population.
La mise en lumière des facteurs explicatifs de la mortalité de
moins de cinq ans permettra aux ministères en charge des questions de
population et de partenaires au développement d'orienter les programmes
de santé et de développement socio-économique, ou
d'identifier les types de comportements à favoriser au sein de la
population cible. Pour mener à bien de telles études, il faut des
données de bonne qualité ou une enquête spécifique
telle que l'Enquête sur les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile menée dans certains pays (Niger en 1986) ;
ou les Enquêtes sur la mortalité infantile et juvénile
(EMIJ) réalisées dans certains pays africains par l'Institut de
Formation et de Recherche Démographiques (IFORD), ou l'Institut du Sahel
à savoir : « déterminer le niveau et la structure
de la mortalité infantile et juvénile, ainsi que les facteurs
démographiques, biomédicaux, culturels et
socio-économiques susceptibles d'expliquer le niveau et la structure
observés ». Certaines tendances observées peuvent
être entachées de biais. Les biais méthodologiques
proviennent essentiellement des omissions d'enfants dans les
déclarations qui entraînent le sous enregistrement des
événements, le déplacement des dates de naissance des
enfants, l'imprécision des déclarations d'âge au
décès, et d'une mortalité différentielle selon
l'état de survie de la mère. A l'opposé, lorsque
l'étude est menée à partir de plusieurs sources, le niveau
de la mortalité des enfants n'est plus le même cela est dû
à une différence de qualité de donnée liée
le plus souvent à la technique mise en oeuvre pour collecter les
informations.
Dans la littérature sur les déterminants de la
mortalité des enfants, certains auteurs ont adopté une
approche globalisante qui consiste à identifier tous les
déterminants de la mortalité des enfants (BARBIERI, 1991 ;
CASELLI, VALLIN et WUNSCH, 2002) alors que d'autres ont opté pour une
approche spécifique, qui consiste à étudier les
relations entre la mortalité de moins de cinq ans et un ou deux facteurs
particuliers (RAKOTONDRABE, 1996 ; MUDUBU, 1996 et HAROUNA, 1998). Pour ce
qui est de notre étude, nous disons qu'il est difficile de pouvoir
expliquer un problème de santé publique comme la
mortalité des enfants au Tchad avec un seul facteur.
L'importance de certaines variables a été
démontrée dans les différents contextes proches à
celui du Tchad.
I.1.1 Les variables
intermédiaires
Les variables intermédiaires, encore appelées
déterminants proches sont celles qui ont un impact direct sur la
santé de l'enfant à savoir la vaccination ; les soins
prénatals ; le sexe de l'enfant ; l'allaitement; l'âge
de la mère à l'accouchement et le rang de naissance ; le
sevrage ; les intervalles intergénésiques.
I.1.1.1 L'âge de la mère à
l'accouchement et le rang de naissance
Beaucoup d'études menées dans différents
pays ont montré qu'il y a une forte association entre l'âge de la
mère à la naissance et la mortalité des enfants. Les
risques de décéder les plus élevés sont
observés chez les enfants nés de mères en début et
enfin de vie reproductive (moins de 20 ans et 40-49 ans). Selon le rapport de
l'EDST de 1998, au Tchad, le risque de décéder
avant l'âge d'un an est de 20% plus élevé pour un enfant
né d'une mère âgée de moins de 20 ans (128 pour
mille) que pour un enfant né d'une mère appartenant au groupe
d'âges 20-29 ans (103 pour mille) ou au groupe d'âges 30-39 ans
(105 pour mille). De même, le risque de décéder avant
l'âge d'un an est plus de 25% plus élevé pour un enfant
né d'une mère appartenant au groupe d'âges 40-49 ans (131
pour mille) que pour un enfant né d'une mère âgée de
20-29 ans ou de 30-39 ans. AKOTO et HILL ont constaté ce même
phénomène en 1988 dans six pays d'Afrique Subsaharien à
savoir le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le
Nigeria et le Sénégal sur la période de 1978-1982, chez
les enfants de moins d'un mois de vie. Ces deux auteurs sont parvenus à
la conclusion suivante : « la mortalité des enfants
est liée à leur rang de naissance, ainsi qu'à l'âge
de la fécondité de leurs mères ».
Tableau 3 : Le quotient de
mortalité infantile (en pour mille) pour la période de 10 ans
précédant l'enquête,selon l'âge à
l'accouchement et le rang de naissance.
Caractéristiques
démographiques
|
Mortalité infantile (1q0)
en %0
|
Age de la mère
à la naissance
|
|
Moins de 20 ans
|
127,8
|
20-29 ans
|
102,7
|
30-39 ans
|
105,4
|
40-49 ans
|
131,1
|
Rang de naissance
|
|
1
|
115,6
|
2-3
|
107,1
|
4-6
|
97,6
|
7 ou plus
|
131,9
|
Source3(*) : Ces données sont tirées
de l'EDS du Tchad, 1998.
S'agissant du rang de naissance, les quotients de
mortalité sont pour le rang 1 de 116 pour mille alors qu'ils sont de
107 et 98 pour mille pour les rang 2-3 et 4-6 respectivement, et atteignent 132
pour mille pour le rang 7 ou plus. Les auteurs ayant étudié cette
question notent que l'effet de l'âge de la mère à
l'accouchement se fait sentir davantage durant la période
néonatale. Cette relation a été également
montrée par NZITA (1986) dans son étude sur la
mortalité périnatale à Kinshasa. Ainsi, le risque de
mortalité périnatale des premiers nés passait de 53 pour
mille chez les mères de moins de 20 ans à 44 pour mille chez
celles de 25-35 ans. Pour les enfants de rang 5 ou plus, le risque était
de 20 pour mille, chez les femmes du groupe d'âge 25-34 ans et de 74 pour
mille pour celles du groupe d'âge 35 ans et plus.
Le risque que courent les enfants de décéder
est lié à l'âge de la mère pour des raisons
physiologiques et comportementales. En général, les mères
jeunes n'ont pas encore atteint la maturité biologique (le
système reproductif de la femme n'est pas encore préparé
adéquatement pour la grossesse) (BARBIERI, 1991). Pour les femmes ayant
un âge élevé les risques divers (fausses couches,
malformations congénitales ou autres) sont liés au
vieillissement.
I.1.1.2. Le sexe de l'enfant
En dehors du poids à la naissance, de la durée
de gestation et de l'existence d'anomalies, particulièrement en Afrique
Subsaharienne le sexe de l'enfant s'accompagne systématiquement d'une
surmortalité masculine au moins jusqu'au premier anniversaire.
Contrairement aux nombreux cas des pays asiatiques.
La relation entre mortalité et sexe de l'enfant a
été démontrée dans plusieurs études
effectuées sur les pays au sud du Sahara où cette variable
revêt la même importance. Cela est vrai pour le Tchad, car on
observe une surmortalité masculine durant la petite enfance
c'est-à-dire de (0-1an) dont les raisons sont d'ordre physiologique. Si
les différences de mortalité entre sexe sont en bonne partie une
question biologique, ce scénario dépendrait de la structure
chromosomique particulière des garçons et du développement
plus lent de leurs poumons, dû aux effets de la testostérone
(rapport de la Banque mondiale sur les politique de
développement, 2003) ; elles mettent aussi
d'autres facteurs, y compris le genre (sexe socialement construit) qui engendre
de comportements masculins et féminins spécifiques. AKOTO
(1992) a noté que les garçons sont plus
vulnérables à la naissance, alors qu'une fois les premiers mois
franchis, leur résistance aux agressions extérieures
dépend en grande partie du comportement social à l'égard
des garçons et des filles. Nous soulignons ici qu'une part de la
différence de mortalité selon le sexe tient à la fois aux
différences culturelles qui prévalent entre hommes et femmes
notamment à l'attitude à l'égard du corps et de la
santé de leurs progénitures. NADAJARAH (1983), cité par
VENKATACHARYA en 1986 affirme que cette différence de mortalité
est en faveur des garçons dans certains pays d'Asie du sud (Bangladesh)
où l'on accorde une préférence aux enfants mâles
pour l'allaitement et les soins de santé. La surmortalité
féminine pendant la période 1-4 ans est due à la
discrimination envers les filles. Mais, GBENYON et LOCOH (1989 cités
par RAKOTONDRABE, 1996) ont constaté que : « la
plupart des résultats fournis par les enquêtes mondiales de la
fécondité montrent cependant que les différences ne sont
pas significatives ». Ce constat est fait dans le contexte africain.
I.1.1.3. La vaccination des
enfants
Le Sommet mondial de l'enfance de 1990 a
fixé le but de vacciner 90%4(*) des enfants de moins d'un an du monde entier avant
l'an 2000. A la date des enquêtes les plus récentes, les niveaux
de vaccination complète des enfants de 12 à 23 mois n'ont
cependant atteint ou dépassé ce chiffre qu'en Egypte. La
vaccination complète des enfants n'a pas dépassé 49 % dans
55 pays moins industrialisés ayant fait l'objet d'une enquête
démographique et de santé. Ces faibles niveaux ont affecté
en particulier la survie de l'enfant dans les pays d'Afrique sub-saharienne. Le
programme étendu de vaccination de l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) se concentre sur six maladies infantiles courantes qui
peuvent être prévenues par la vaccination : diphtérie,
coqueluche et tétanos (DPT), rougeole, polio et tuberculose (BCG). La
vaccination complète comprend trois doses de vaccin DPT, trois de vaccin
anti-polio administré par voie orale, une vaccination contre la rougeole
et le BCG. La couverture complète de vaccination des enfants
âgés de 12 à 23 mois varie énormément entre
les 29 pays d'Afrique sub-saharienne ayant fait l'objet d'une enquête,
allant de 11 % seulement au Tchad, à 78 % en Zambie.
Au Tchad, la couverture vaccinale est très faible,
puisqu'un enfant de 12 à 23 mois sur dix (soit 11%) avait reçu
toutes les vaccinations du Programme Elargi de Vaccination (PEV) en 1998. A
l'inverse, 44% des enfants n'avaient reçu aucun des vaccins du PEV
(EDST, 1998). La vaccination permet d'éviter certaines maladies
meurtrières ou décès dûs à ces maladies.
Conformément aux recommandations de l'OMS, un enfant est
complètement vacciné lors qu'il a reçu le BCG (protection
contre la tuberculose), le vaccin contre la rougeole et trois doses de vaccin
contre la polio et le DTCoq (protection contre la diphtérie,
tétanos et coqueluche). Au Tchad, la vaccination antiamarile fait partie
intégrante du PEV. Tous ces vaccins doivent être
administrés avant l'âge d'un an. L'effet de la vaccination
dépend surtout du respect du calendrier (présence permanente
d'anticorps dans l'organisme), de la dose administrée (certains ont des
effets limites), de l'âge de l'enfant au moment de la vaccination (effet
inhibiteur5(*)), et de la
présence d'anticorps maternels dans l'organisme.
I.1.1.4. L'allaitement et
aliments de complément
Les pratiques d'alimentation constituent
l'un des facteurs de l'état de santé de l'enfant et qui à
son tour, affecte la morbidité et la mortalité des enfants. En ce
sens, les chercheurs s'accordent à reconnaître que le lait
maternel constitue à bien des égards un aliment
irremplaçable pour le nouveau-né (de la naissance à 6
mois). En effet, le lait maternel transmet les anticorps de la mère et
tous les éléments nutritifs nécessaires aux enfants
pendant les premiers mois d'existence. En outre, la qualité
hygiénique du lait maternel est une condition préalable. Le lait
maternel permet également d'éviter les déficiences
nutritionnelles et de limiter la prévalence de certaines maladies telles
que la diarrhée et la pneumonie. C'est un facteur crucial pour la
santé des enfants âgés de 0 à 6 mois, surtout dans
les pays pauvres où les aliments pouvant remplacer le lait maternel sont
souvent chers et inappropriés, tant du point de vue hygiénique
que nutritif (AKOTO et HILL, 1988). Au Tchad, la durée moyenne
d'allaitement était de 22 mois en 1998, de 18,2 mois au Cameroun en
1991 alors qu'elle était de 25,9 mois au Rwanda en 1992
(tableau 4). Le calcul de la moyenne arithmétique
simple de la durée moyenne d'allaitement (21.4 mois) sous réserve
d'hypothèse de date de référence, on peut dire que les
mères Tchadiennes allaitent longtemps leurs progénitures que
certaines des pays d'Afrique sub-saharienne (tableau 4).
Dans l'une de leurs recommandations, l'OMS et l'UNICEF
suggèrent que les enfants soient uniquement nourris au sein
jusqu'à 6 mois. Or les statistiques montrent que 2% seulement des
enfants de 0-3 mois sont nourris comme le veulent l'OMS et l'UNICEF ;
alors que 56% reçoivent de l'eau en plus du lait maternel et 41%
d'autres types de liquides ou d'aliments en plus du lait maternel. Ainsi les 1%
des enfants sont non allaités au sein. L'allaitement au sein par son
intensité et par sa fréquence, prolonge
l'infécondité post-partum et par conséquent, affecte
l'intervalle entre naissances, il influe sur le niveau de
fécondité.
La bonne alimentation de l'enfant et l'allaitement maternel en
particulier dépendent en grande partie des facteurs nutritionnels de la
mère.
Tableau 4 : La durée
moyenne6(*) d'allaitement de
quelques pays d'Afrique sub-saharienne
Pays
|
Date de l'enquête
|
Durée moyenne
d'allaitement
(en mois)
|
Cameroun
Zambie
Côte d'Ivoire
Nigeria
Niger
Senegal
Tanzanie
Mali
Ghana
Tchad
Togo
Burundi
Burkina Faso
Rwanda
|
1991
1992
1994
1990
1992
1992-1993
1991-1992
1995-1996
1993
1996-1997
1988
1987
1993
1992
|
18,2
18,3
20,0
20,1
20,4
20,4
21,1
21,4
21,6
22,0
22,6
23,4
25,0
25,9
|
Source : Rapport d'enquête
démographique et de santé au Tchad, 1998
En ce qui concerne l'alimentation de complément, l'OMS
souligne qu'à partir de 6 mois le lait maternel ne suffit plus pour
assurer la bonne croissance possible de l'enfant, d'où la
nécessité d'introduire à cet âge des aliments
solides de complément dans l'alimentation de ce dernier. L'alimentation
de complément des enfants au-delà de six mois doit comprendre
les farines, les légumes, les oeufs, les viandes, les fruits, etc.
Lorsque l'alimentation de complément est pauvre7(*), l'enfant est exposé
à des risques élevés d'infections qui peuvent être
mortelles. Les enfants mal nourris ou sous nourris (selon les indices
anthropométriques8(*)) sont en situation de faiblesse physique qui favorise
les infections qui, à leur tour, influent sur les risques de
décéder. Selon les terminologies internationales (NCHS/CDC/OMS),
40% des enfants Tchadiens sont en dessous de la médiane de la population
de référence (à moins 2 écart type), ils soufrent
de la malnutrition chronique qui est une cause de la mortalité des
enfants.
La malnutrition tue souvent par le canal des maladies telle
que le kwashiorkor9(*) ou le
marasme du fait de l'affaiblissement du système immunitaire qu'elles
provoquent. Il ressort de l'EDST, 1998 que 40% des enfants tchadiens souffrent
de la malnutrition chronique.
Pour pallier ce problème d'alimentation des enfants,
les efforts des autorités doivent être orientés vers le
renforcement des équipements et matériels nécessaires aux
interventions nutritionnelles ; la communication pour le changement de
comportement en matière de nutrition ; le suivi et
évaluation des interventions nutritionnelles.
I.1.1.5. L'intervalle intergénésique
La plupart des études ayant utilisé cette
variable montrent une association entre l'intervalle entre deux enfants
nés vivants et la mortalité de ceux-ci : plus l'intervalle
est court (moins de deux ans) plus élevé est le risque de
décéder de l'un ou de l'autre enfant. Au Tchad, l'intervalle
entre les naissances semble influencer de manière significative les
niveaux de malnutrition chronique et partant la mortalité des enfants.
Les enfants qui suivent leurs aînés âgés de 48 mois
sont moins touchés (34%) que ceux pour lesquels l'intervalle est court
c'est-à-dire moins de 24 mois (49%). L'étude de HOBCRAFT
(1984 cité par BARBIERI, 1989) a montré qu'un enfant
né moins de deux ans après la naissance précédente
court un risque de décéder de 52% plus élevé que
celui né plus de deux ans après la naissance
précédente, si l'enfant issu de cette dernière vit encore.
AKOTO et HILL (1988) soulignent que l'effet d'un intervalle
intergénésique court est le plus important durant la
période néonatale. Ainsi, plus les naissances se rapprochent
moins est de bonne qualité le lait maternel, notamment sous l'effet
d'épuisement physique de la mère. Le rapprochement des naissances
peut entraîner une déficience physiologique de la mère et a
un impact sur le poids du nouveau-né.
I.1.1.6. Les soins
prénatals
Les soins prénatals se composent d'un certain nombre
d'examens médicaux pendant la grossesse. Les soins prénataux
englobent les consultations prénuptiales et les visites
prénatales. Mais les couples se soucient très peu de leur
constitution génétique (contrôle du RH) avant de prendre la
décision de mettre au monde un enfant. Pourtant ces soins sont
conseillés et pratiqués au Pays. Les soins prénatals
permettent la recherche des tares héréditaires susceptibles
d'être transmises à l'enfant. La recherche du taux
d'immunité acquise par la mère (tétanos, rubéole,
toxoplasmose, maladies sexuellement transmissibles,
séropositivité VIH/sida, etc.), contre un certain nombre de
maladies infectieuses ou parasitaires (malaria), ainsi que l'existence de
pathologies maternelles (dont le diabète, cardiopathies, etc.) qui
pourraient mettre la vie de la mère, du foetus ou du nouveau-né
en danger.
Pour une bonne santé de l'enfant, les soins
prénatals doivent être effectués à un stade
précoce de la grossesse et doivent se poursuivre avec une certaine
régularité jusqu'à l'accouchement. L'OMS recommande quatre
visites prénatales, à intervalles réguliers tout au long
de la grossesse. Le rapport de l'EDST, 1998 révèle
malheureusement que plus de six naissances sur dix (63.5%) n'ont
été précédées d'aucune visite
prénatale ; deux naissances sur dix soit 21% ont été
précédées d'une à trois visites prénatales
et seulement moins de deux sur dix naissances (15%) ont fait l'objet de quatre
visites prénatales ou plus, conformément aux recommandations de
l'OMS ; Les 0.5% des naissances n'ont pas déclaré leurs
visites prénatales. La surveillance prénatale a pour objet de
suivre régulièrement la croissance et le développement du
foetus, de laisser prévoir quelles difficultés pourraient surgir
au moment de l'accouchement et de dépister les anomalies qui peuvent
mettre en danger la santé du foetus et/ou de la mère.
I.1.2. Les facteurs
socio-économiques et culturels
Certaines variables retenues
peuvent rendre compte à la fois des caractéristiques
économiques et culturelles selon leur mode d'action. C'est le cas du
niveau d'instruction. Par contre, on a des variables typiquement
économiques telles que le revenu du ménage ; alors que
d'autres variables sont purement culturelles telles que l'ethnie et la
religion.
I.1.2.1. L'instruction
L'un
des premiers moyens possibles de favoriser l'adoption de comportements
favorables à la bonne santé des enfants est sans nul doute le
savoir, surtout celui de la mère. Dans la littérature, on
constate qu'il existe un lien étroit entre la mortalité des
enfants et niveau d'instruction des mères qui se traduit par un effet
positif de cette dernière variable sur la santé des enfants. Non
seulement le niveau d'instruction permet de connaître ce qui,
scientifiquement, est bon pour la santé, mais il est aussi, des
multiples façons, un moyen d'accéder au pouvoir et aux ressources
nécessaires à la mise en oeuvre des actions préservatrices
ou récupératrices de la santé.
Dans les pays en développement, l'instruction des
mères a été reconnue par les démographes comme l'un
des facteurs primordiaux de la baisse de la mortalité infantile (Behm et
Primante, 1978 ; Caldwell, 1979 ; Caldwell et McDonald, 1981
cités par CASELLI et al, 2002). Pour leur part, AKOTO et TABUTIN
(1989, 1992) ont fait remarqué qu'en Afrique au Sud du Sahara,
il existe bien une relation négative entre le niveau d'instruction de la
mère et la mortalité des enfants mais que l'intensité de
la relation varie beaucoup selon les pays et qu'elle est nettement plus forte
pour la mortalité juvénile qu'infantile. L'effet du niveau
d'instruction du père, moins net, s'ajoute à celui de la
mère. Au Tchad, les enfants dont la mère est sans instruction ont
une probabilité de décéder avant un an de 113 pour mille
soit un peu plus élevée que celle des enfants dont la mère
a fréquenté l'école (98 pour mille).
I.1.2.2. La religion
La religion est un facteur de conditionnement social qui peut
influer sur la mortalité. « D'une manière
générale, au sein d'une même population, l'appartenance
à des groupes religieux différents peut entraîner de
différence de mortalité » (AKOTO, 1990). Les parents
pratiquant la religion chrétienne recourent plus volontiers à
l'allopathie10(*) que
d'autres Cela se vérifie à travers les comportements et attitudes
des fidèles vis-à-vis des enfants surtout malades, la rupture ou
non avec les pratiques traditionnelles, les pratiques d'allaitement et de
sevrage. Le christianisme prône l'adoption de nouveaux comportements
vis-à-vis de l'enfant que d'autres. Les parents musulmans recourent
beaucoup plus aux Maraboutages (médecine traditionnelle). Au Tchad, on
distingue trois grandes religions : musulmane, catholique et protestante.
On observe d'une manière générale, que les
chrétiens ont plus la chance de bénéficier de
l'éducation moderne dans le cadre des écoles missionnaires.
Comme le souligne MUDUBU (1996) en Afrique
noire de façon générale, la religion est une variable qui
sert à approcher d'autres variables telles que l'instruction, la
profession. Pour mettre en lumière cette thèse, AKOTO (1991)
a pris l'exemple des études menées au Cameroun et au
Sénégal, ces études ont montré que l'effet de la
religion sur la mortalité a disparu complètement en introduisant
les caractéristiques socio-économiques de leur mère. Il
est confirmé que dans certaines confessions religieuses, tous les
adeptes sont soumis à certaines pratiques véhiculées par
leur idéologie.
I.1.2.3. Le revenu du
ménage
Le niveau de vie du ménage est aussi
un déterminant important de la santé. En particulier,
l'activité génératrice de revenu de la mère est une
variable très importante, car elle a un impact sur la mortalité
des enfants. En effet, avec des revenus permettant d'assurer les besoins de
bases, cela diminue les risques de maladie et partant influe sur la
mortalité. Généralement les enfants des mères
ayant de revenu assez élevé sont souvent bien nourris. AKOTO et
TABUTIN (1988) ; NOUMBISSI (1993);
MOSLEY (1985) notent dans les mêmes ordre d'idée
que : « L'occupation de la mère peut
influencer la mortalité des enfants à travers l'alimentation des
jeunes enfants (allaitement, sevrage) ou l'attention et les soins qui leur sont
accordés ».
Par comparaison, l'effet de revenu en terme de comportement
sanitaire est souvent moins fort que le niveau d'instruction. D'une part, au
niveau individuel, plus le revenu est élevé, plus les besoins
sont nombreux, croissants et diversifiés, et ce n'est pas toujours
nécessairement à l'avantage des dépenses sanitaires, bien
entendu celles-ci croissent avec le revenu. D'autre part, à revenu
égal au niveau collectif, le recours aux soins dépendra beaucoup
plus à l'accessibilité sanitaire.
Les mères travailleuses disposent souvent de
très peu de temps pour bien s'occuper de leurs enfants, surtout lorsque
le lieu de travail est éloigné du foyer ; elles sont
obligées, de laisser ceux-ci sous la surveillance de leurs frères
ou soeurs, dans la plupart des cas une jeune fille non instruite appelée
«Nounou» dans le langage enfantin. Par conséquent, le temps
de téter se trouve affecté et peut donc influencer la survie des
enfants. En conséquence, l'occupation génératrice de
revenu de la mère peut être un avantage ou inconvénient
à la survie de l'enfant.
Les revenus du ménage dans lequel naît l'enfant
sont également constitués par les ressources apportées par
d'autres membres du ménage, notamment les ressources apportées
par le père peuvent pallier l'insuffisance ou l'absence de celles de
la mère. Les enfants des pères modestes sont en situation
défavorisée en ce qui concerne pratiquement tous les facteurs
contribuant à un bon état de santé tels que l'information
sur les questions de santé, la nutrition et surtout l'accès aux
services de santé.
Pour conclure, le risque de décéder de moins de
cinq ans dépend du niveau absolu des ressources du ménage plus
largement de son environnement économique.
I.1.2.4. Le milieu de
résidence
Le milieu de résidence de l'enfant est aussi une
variable étroitement liée à sa mortalité. Dans le
dualisme urbain-rural donnant lieu à une mortalité
différentielle, on observe un niveau de mortalité plus
élevé en milieu rural qu'en milieu urbain. Toutefois, il faut
chercher à contrôler les effets de cette variable par d'autres
facteurs tels que les caractéristiques socio-économiques et
culturelles du ménage. La mortalité de moins de cinq ans est plus
réduite en ville qu'en milieu rural, parce que la ville est favorable
à l'action sanitaire en ce sens que la concentration humaine favorise la
rentabilité sanitaire et la ville est un facteur de modernisation des
comportements. Comme l'affirment CANTRELLE et al. (1986) : «de
tous les facteurs démographiques, socio-économiques, culturels ou
d'environnement, c'est le fait de vivre en milieu urbain qui contribue le plus
à la réduction de la mortalité ». EVINA
(1990) abonde dans le même sens et affirme que :
« dans la plupart des analyses univariées des
phénomènes démographiques tels que la
fécondité et la mortalité, on observe en
général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu'en milieu
rural ».
Au Tchad, en 1998 quel que soit le type de mortalité
des enfants, on ne constate que peu de différence entre les milieux de
résidence : si la mortalité infantile varie de 99 pour
mille en milieu urbain contre 113 pour mille en milieu rural, la
mortalité juvénile ne présente aucune variation (101 pour
mille en milieu urbain contre 103 pour mille en milieu rural). Cela peut
être dû à un taux de prévalence élevé
de certaines maladies diarrhéiques, respiratoires et la
fièvre11(*) qui
touchent un peu plus les enfants du milieu urbain et, en particulier ceux de
N'Djamena que les enfants du milieu rural. En général, quand ces
maladies (diarrhéiques, respiratoires et fièvre) sont les
principales causes de mortalité des enfants, il est possible que les
niveaux de mortalité juvénile du milieu urbain soient proches de
ceux du milieu rural.
I.1.2.5. L'ethnie
La disparité du niveau de la mortalité des
enfants au Tchad peut être expliquée par l'appartenance ethnique.
En effet, l'ethnie agit à travers les croyances, les perceptions, les
attitudes, les valeurs relatives au modèle culturel de
référence. Dans chacune des 12 groupes ethniques
au Tchad, il existe des interdits alimentaires pour les femmes enceintes et
pour les enfants de moins de cinq ans. Les perceptions que les individus ont
vis-à-vis de la maladie en général, et celles relatives
aux enfants en particulier diffèrent d'une culture ethnique à
l'autre et les recours aux soins en dépendent. Au Tchad, comme partout
ailleurs en Afrique noire, le plus souvent il existe deux mondes dans les
croyances étiologiques des individus : le visible ou monde
réel et l'invisible ou monde des esprits. En Afrique, la mort d'un
vieillard est acceptée mais celle d'un tout petit est
considérée comme suspecte. La cause d'une telle mort est soit
Dieu qui l'a rappelé soit un sorcier l'a mangé soit encore c'est
un revenant (ancêtre de la famille) qui est en visite.
Pour AKOTO (1993), l'ethnie est une variable
opérationnelle de la culture. Elle influence la mortalité des
enfants par les modèles culturels (organisation sociale, environnement,
etc.), les normes, les idées, les croyances et attitudes qui sont
véhiculés par les membres de la société. La culture
influence la mortalité à travers la perception de la maladie. La
définition et le symptôme de la maladie des enfants que donnent
les parents conditionnent la rapidité du recours au système de
soin et donc la survie de l'enfant. L'auteur de poursuivre que l'action de la
culture sur la mortalité de moins de cinq ans peut s'exercer par
l'intermédiaire de concept d'étiologie qui influence le choix du
système de soin ainsi que le type d'intervention sur la maladie de
l'enfant.
Pour montrer l'importance des facteurs culturels au Mali, Hill
et Randall (1984) dans leur conclusion ont pris comme exemple les nomades
pasteur Tamasheq et les anciens esclaves avaient un faible taux de
mortalité que les autres (AKOTO et HILL, 1988).
I.1.3. Les facteurs
contextuels
La qualité des eaux de boisson ou la
disponibilité d'eau potable, le raccordement à
l'électricité, l'accès à un réseau
d'égouts, la salubrité du milieu environnant, la qualité
du logement et les conditions climatiques sont des déterminants premiers
de la mortalité dans les pays du sud ; la forte mortalité en
général et des enfants en particulier au Tchad peut être
expliquée par ces facteurs contextuels qui décrivent les services
communautaires disponibles.
I.1.3.1. Le mode
d'approvisionnement en eau de boisson
Il existe un lien entre la qualité de
l'eau consommée et la santé des consommateurs en particulier
celle des enfants, qui est sujette à des affections d'origine
parasitaire et infectieuse fatales12(*). On remarque le plus souvent qu'une mère qui
donne de l'eau saine à son enfant le protège contre certaines
maladies et par conséquent augmente ses chances de survie.
Au Tchad, 42% des ménages s'approvisionnent à
des puits traditionnels publics, 17% consomment l'eau des puits publics
modernes (forages) et 11% des ménages consomment l'eau des puits
traditionnels dans la cour, 12% des ménages consomment l'eau de surface
(fleuve, mare rivière, etc.) beaucoup plus impropre encore (EDST, 1998).
Sous l'hypothèse que l'eau provenant des robinets et des puits modernes
est propre à la consommation, moins d'un tiers de ménage (soient
27%) auraient accès à l'eau potable. La source
d'approvisionnement en eau varie fortement avec le milieu de résidence
Tableau 5).
Tableau 5 : La
répartition (en %) des ménages par source d'approvisionnement en
eau de boisson
Approvisionnement en eau
|
N'Djamena
|
Autres villes
|
Ensemble urbain
|
Rural
|
Total
|
Robinet dans le logement
Fontaine publique
Puits traditionnel dans la cour
Puits moderne dans la cour
Puits traditionnel public
Puits moderne public/forage
Rivière/fleuve/lac/marigot
Eau de pluie
Vendeur d'eau
Autres/ ND
|
21.0
8.4
26.8
0.9
3.7
0.4
0.0
0.0
38.613(*)
0.3
|
4.5
14.2
21.7
2.1
17.7
9.6
3.3
0.0
26.2
0.6
|
11.6
11.7
23.9
1.6
11.7
5.6
1.9
0.0
31.5
0.5
|
0.2
4.2
7.6
0.5
50.6
20.8
14.7
0.7
0.5
0.3
|
2.8
5.9
11.4
0.8
41.5
17.2
11.7
0.5
7.7
0.3
|
Source : Rapport d'EDS du Tchad en
1998
I.1.3.2. L'accès et
l'utilisation des services sanitaires
En Afrique au sud du Sahara, et au Tchad en particulier, on
observe une insuffisance de services sanitaires, en plus d'une très
inégale répartition géographique entre les centres urbains
et les zones rurales. L'accessibilité et l'utilisation des services de
santé sont des éléments qui influencent en grande partie
le suivi médical de la grossesse et les conditions d'accouchement.
Certaines études (AKOTO, 1993 ; AKOTO et TABUTIN,
1987) ont montré que les obstacles liés à l'attachement
aux valeurs traditionnelles peuvent être surmontés grâce aux
effets bénéfiques de la modernisation, de l'urbanisation, de
l'instruction, et de l'amélioration des conditions de vie des
populations. Ces éléments interviennent pour améliorer
l'acceptabilité et par suite l'accessibilité des infrastructures
sanitaires. L'accessibilité dépend aussi de la simple existence
des structures sanitaires. Pour cela il faut ajouter les facteurs tels
que : l'accessibilité géographique, sociale et surtout
financière.
I.1.3.3. L'accessibilité
géographique
L'accessibilité s'appréhende
à travers la disponibilité réelle des services sanitaires
et la distance qu'il faut parcourir pour les atteindre. La disponibilité
d'un centre de santé est généralement saisie en termes de
présence physique mais également en termes de qualité et
de nature des soins apportés. Beaucoup d'auteurs ont montré
qu'après trente années de croissance, la crise économique
qu'on croyait passagère s'est installée et cela a affecté
la part des budgets nationaux allouée aux services de
santé : construction des infrastructures, achat des
médicaments et formation de personnel de santé14(*). Cette crise est venue
augmenter l'inégale répartition spatiale des services de
santé en termes d'infrastructures, de personnel formé et de
médicaments en faveur des villes et au détriment des campagnes.
Au Tchad, en milieu urbain, 97% des femmes vivent à
moins de 5 kilomètres d'un établissement de santé. La
distance varie de 1,3 km pour les centres de santé publics à 6,8
km pour les hôpitaux privés. La moitié des femmes urbaines
résident à proximité d'un centre de santé
privé, d'un hôpital public, d'une clinique ou d'un cabinet
médical. En revanche, dans les zones rurales, la distance médiane
varie de 15,7 km pour les pharmacies ou centre de santé, à 98,3
km pour un hôpital militaire si bien que 27% des femmes vivent à
proximité d'un établissement de santé et 40% en sont
très éloignées (plus de 15km).
I.1.3.4. L'accessibilité
financière
Le recul relatif de l'Etat ou encore
arrêt de progrès en matière de soins de santé a
occasionné l'augmentation du coût des médicaments et une
mauvaise qualité des soins dans les centres de santé publics.
D'après les rapports du Ministère de la santé
publique (1996 à 2001), l'aide extérieure, sous forme de
prêts et de dons, représente une part importante (entre 55% et 65%
pour la période 1996-2000) du financement du secteur de la santé
tchadien. Cette aide finance particulièrement les investissements
(constructions, équipements, formation) et l'assistance technique. En
attendant, les femmes des ménages riches vont se faire soigner dans les
cliniques privées et celles issues des ménages pauvres se
contentent au mieux des soins médiocres du secteur public. Pour pallier
à cette situation, comme tout autre pays en développement,
le Tchad a adhéré à l'initiative de Bamako qui
préconise une participation financière au coût des soins de
santé par l'ensemble des usagers. Cela devait permettre
d'améliorer la qualité des soins du secteur public et d'assurer
l'accès à tous les usagers au service de santé. Mais, en
pratique ce système semble augmenter les inégalités entre
les ménages riches et pauvres. L'accessibilité financière
atteste le niveau de vie du ménage qui se traduit par le pouvoir
d'achat des médicaments et influence de ce fait, le risque de
mortalité des enfants.
I.1.3.5. L'accessibilité
sociale
Le recours aux soins de santé, comme nous l'avons dit
plus haut dépend beaucoup plus de la connaissance et de la
compréhension des parents, des symptômes de la maladie. Souvent
les mères non instruites sont influencées par certains membres
de la famille dans leurs prises de décision, alors que celles qui sont
instruites sont écoutées. L'éducation, plus
spécifiquement la scolarisation permet à la mère surtout,
d'acquérir, à la fois les réflexes favorables et les
moyens nécessaires à l'accession aux services de santé.
HAROUNA (1996) : « les mères instruites sont
matériellement et socialement plus proches des services modernes de
santé que leurs congénères non instruites ». En
outre, la scolarisation permet également à la mère de
mieux communiquer avec les personnels de santé. Le bien fondé de
l'instruction pour l'accessibilité sociale dans les centres de
santé n'est plus à démontrer. Celle-ci permet à la
mère d'avoir la possibilité d'accéder à un emploi
rémunéré, qui lui procure les moyens de prendre en charge
les frais de santé.
Cette revue de la littérature traitant les
déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq ans au
Tchad, est loin d'être exhaustive malgré sa densité, mais
nous a permis d'identifier les variables cruciales que cette étude
pourra sélectionner pour expliquer le lien que chacune d'elles
entretient avec les trois variables dépendantes qui sont la
mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile
et surtout la contribution de chaque facteur sur la mortalité des
enfants.
I.2. Les objectifs, les
hypothèses et cadre conceptuel
I.2.1.Les objectifs
L'objectif global de cette étude que nous
rappelons ici est de contribuer à l'amélioration des
connaissances sur les facteurs déterminants de la mortalité des
enfants au Tchad, pour orienter la politique actuelle de baisse de la
mortalité infanto-juvénile dans le cadre des objectifs du
millénaire de développement définis par l'Organisation des
Nations Unies (ONU).
Le premier objectif
spécifique est de mesurer l'influence des facteurs
socio-économiques, cultuels et contextuels sur la mortalité des
enfants au Tchad, en tenant compte des effets des variables
intermédiaires.
Le second objectif
spécifique cherche à évaluer le poids de
chaque groupe de facteurs dans la relation identifiée à
l'étape précédente.
I.2. 2. Les hypothèses
L'hypothèse principale de cette étude
s'énonce comme suit : les facteurs culturels, contextuels et
socio-économiques influencent la mortalité des enfants de
manière différentielle. Ainsi,
H1 : l'influence des facteurs culturels
est prépondérante sur la mortalité des enfants de moins
de cinq ans. En d'autres termes, la contribution des facteurs culturels est
plus importante que celle des facteurs socio-économiques et contextuels
dans les différences de niveaux de mortalités
observées.
H2 : l'impact des facteurs
socio-économiques, culturels et contextuels sur la mortalité des
enfants de moins de cinq ans se réalise par le canal des
caractéristiques biodémographiques de la mère et des
enfants ; et des caractéristiques comportementales de la
mère.
I.2.3. Le cadre conceptuel
Le cadre conceptuel, qui se définit
comme un ensemble cohérent qui met en relation les différents
concepts utilisés dans l'étude. Pour résumer et comprendre
les mécanismes à la base de la mortalité des enfants au
Tchad nous nous sommes inspirés du modèle de MOSLEY et CHEN
(1984). Il est fondé sur le postulat selon lequel : " La
survie de l'enfant est essentiellement déterminée par les
ressources sociales et économiques de la famille" (MOSLEY, cité
par AKOTO, 1985).
Cette construction par Moseley et Chen présente bien
l'avantage de prendre en compte la plupart des déterminants de la
mortalité des enfants et d'exposer les mécanismes d'action. Ce
qui rapproche les causes médicales à celles des sciences
sociales. Mais l'inconvénient majeur est que le modèle ne
distingue pas la période de l'enfance ; alors qu'on sait qu'au plus
bas âge, le taux de mortalité est beaucoup plus
élevé que d'autres périodes. Mosley et Chen n'ont pas
ténu compte de différence entre les niveaux individuel et
collectif qui peuvent parvenir à des résultats peu fiables.
Le schéma qui suit permet de distinguer les effets
des variables biodémographiques de la mère et des enfants d'une
part et ceux des variables comportementales de la mère d'autre part sur
le risque de mortalité des enfants.
Les conditions sociales et matérielles nationales
influencent les caractéristiques socio-économiques et culturelles
des ménages et les caractéristiques contextuelles (cadre de vie)
dans lesquelles se trouvent les ménages dont naissent et vivent les
enfants. Elles déterminent non seulement la disponibilité des
moyens matériels et financiers permettant d'accéder à une
bonne alimentation et de soins adéquats, mais agissent également
sur les comportements des individus en matière d'utilisation des
services de santé. Le cadre de vie du ménage influence aussi la
survie des enfants, à travers la transmission de l'agent vecteur de
maladie responsable de la détérioration de l'état de
santé de l'enfant.
Les caractéristiques
socio-économiques et culturelles déterminent les
représentations sociales en matière de santé et de la
procréation ainsi que les moyens nécessaires à
l'utilisation des services de santé. Avant d'arriver aux causes de
décès, il y a lieu de relever certains facteurs qui favorisent le
relèvement du niveau de la mortalité de moins de cinq ans en
particulier, l'insuffisance des structures de santé, l'extrême
pauvreté et l'ignorance des mères qui sont des facteurs lointains
d'une part ; et d'autre part, les naissances précoces, tardives ou
trop rapprochées, fécondité élevée,
caractérisée par des intervalles entre les naissances très
courts.
Ce schéma est basé sur le principe selon lequel,
tous les déterminants socio-économiques, culturels,
environnementaux et politiques de la mortalité des enfants agissent
à travers une série commune de mécanismes biologiques ou
déterminants proches (intermédiaires) qui ont un impact direct
sur la mortalité. Il a donc l'avantage d'être un cadre logique
permettant d'étudier la mortalité comme un processus de maladie
chronique avec toutes ses origines multifactorielles. Par souci de
clarté, notre schéma conceptuel se schématise comme
suit :
Conditions sociales et
Matérielles nationales
Facteurs socio-économiques des parents
Facteurs culturels des parents
Mortalité des enfants de moins de cinq
ans
Caractéristiques biodémographiques de la
mère et des enfants
Caractéristiques comportementales de la mère
Facteurs contextuels
Figure2 : Le cadre conceptuel
de la mortalité des enfants de moins de cinq ans au Tchad
I.2.3.1 : Définitions de quelques concepts
Pour permettre une bonne compréhension des termes
utilisés dans cette recherche, nous en définissons quelques
concepts de base.
I.2.3.2. La mortalité infantile et
juvénile
Cette étude porte sur l'analyse des facteurs
explicatifs de la mortalité des enfants âgés de 0-4 ans
révolus. Elle porte sur trois composantes : La mortalité
infantile, la mortalité juvénile et la mortalité
infanto-juvénile. Commençons par définir la
mortalité infanto-juvénile ensuite infantile puis
juvénile
-Mortalité infanto-juvénile : est
la mortalité qui affecte les enfants de la naissance jusqu'au
5ème anniversaire (non inclus) et se rapporte au nombre de
décès d'enfants nés vivants de 0-4 ans révolus sur
le nombre des naissances durant la même période (dans un
même pays).
-Mortalité infantile : est en rapport
avec les décès infantiles de (0 à 11 mois révolus)
autrement dit la mortalité des enfants âgés de moins d'un
an.
-Mortalité juvénile : est celle
qui est en rapport avec les décès entre 1an et 4 ans
révolus. C'est à dire les décès d'enfants d'au
moins 1 an mais qui n'ont pas atteint leur 5ème
anniversaires.
I.2.3.3. Les déterminants de la mortalité
infanto-juvénile
La mortalité infanto-juvénile qui se
définit par le risque pour un enfant né vivant de mourir
avant son cinquième anniversaire est un phénomène
multiforme qu'il convient à notre avis de bien le situer dans son
contexte historique, géographique et social. Cette période
fragile de la vie humaine est aussi vieille que l'humanité. Etre
né vivant suppose déjà d'avoir échappé
à la mort foetale et de s'intéresser à ce qui se passe au
cours des cinq premières années de vie, c'est reconnaître
à cette période un caractère particulier de la fonction de
mortalité qui procède d'abord du risque de décès
très élevé qui s'y observe relativement aux âges
suivants. En Afrique au Sud du Sahara seul les vieillards courent des risques
supérieurs à ceux des enfants.
On se trouve devant un système de mortalité des
enfants qui se distinguent fondamentalement par leur niveau, leur calendrier
(âge au décès) ; par la structure des causes ultimes
qui concourent à l'occurrence d'un décès qui se rapportent
à toutes les caractéristiques individuelles liées aux
parents de l'enfant, celles de l'enfant lui-même et les
caractéristiques liées au ménage où vit l'enfant
qui peuvent influencer son risque de décéder de façon
directe ou indirecte ; leur mode de mesure, la recherche des
déterminants et l'identification des actions prioritaires à
mener.
Les caractéristiques socio-économiques
d'individus peuvent être appréhendées par le revenu
qu'il procure, par sa catégorie socioprofessionnelle, l'offre et le
prix.
Les caractéristiques culturelles dans notre
étude fait référence à la vie des
sociétés humaines, présente et passée, leur
croyance et leur pratique sociale.
Le cadre de vie du ménage ici est
l'environnement immédiat dans lequel vit les membres du ménage.
Bien que la variable région de résidence agisse au niveau
contextuel, elle fait partie du cadre de vie à notre avis quoi que
contextuel.
La littérature sur la mortalité distingue
souvent les variables proches ou intermédiaires celles qui agissent de
façon directe sur la mortalité des enfants sans que cette
influence soit médiatisée ; et d'autres variables
susceptibles d'influencer la survie de l'enfant par l'entremise des variables
intermédiaires. Il s'agit dans cette étude des facteurs indirects
qui peuvent être d'ordre socio-économiques, culturels ou
environnementaux.
I.2.3.4. Les variables et les
indicateurs utilisés
Les variables d'analyse découlent du cadre conceptuel
que nous avons eu à construire plus haut et des questionnaires de l'EDS
du Tchad, 1998. Les variables utilisées sont les suivantes.
I.2.3.4.1.Les variables dépendantes
La question relative à la survie de chaque enfant
né vivant par femme en âge de procréer permet de distinguer
les enfants survivants et les enfants décédés. Pour les
enfants décédés, l'EDST, 1998 a saisi l'âge au
décès en jour, mois ou année selon que l'enfant est
décédé respectivement en moins d'un mois, entre un mois
et deux ans, entre deux ans à quatre ans révolus. Ces
différentes informations relatives à l'âge au
décès en année ont permis de constituer l'indicateur des
nos variables dépendantes. Conçus à partir de l'âge
au décès et de la date de naissance des enfants sur une
période de temps définie moins de cinq ans.
Trois variables dépendantes sont retenues dans cette
étude :
* la mortalité infanto-juvénile mesurée
par la variable Mij, dichotomique et prendra la valeur
1 si l'enfant est décédé entre la
naissance et le cinquième anniversaire (non inclus) et la valeur
0 si non.
* La mortalité infantile mesurée par la variable
Mi qui prend la valeur 1 si l'enfant est
décédé avant son premier anniversaire et prend la valeur
0 si non ;
* La mortalité juvénile mesurée par la
variable Mj qui prend aussi la valeur
1 si l'enfant est décédé entre le premier
anniversaire et le cinquième (non inclus) et 0 si
non ;
I.2.3.4.2. Les variables intermédiaires
Concernant la vaccination, nous avons
retenus le vaccin antitétanique reçu pour protéger
l'enfant contre les maladies, le nombre et types de vaccin reçus,
l'âge à chacune de ces vaccinations. En ce qui concerne les soins
prénataux, les variables relatives aux consultations prénatales
ont été retenues. Il s'agit plus précisément de la
consultation au moment de la grossesse, le nombre de visites prénatales
au cours de la grossesse, la réception d'une injection
antitétanique au moment de la grossesse, le nombre d'injections
antitétaniques reçues.
S'agissant de l'allaitement, seul sa durée qui a
été retenu. C'est-à-dire si l'enfant était
allaité pendant combien de temps. Cette variable est continue, la
durée est égale à 0 si l'enfant n'était pas
allaité au sein. Nous avons également retenu les données
relatives à l'âge auquel les enfants ont commencé à
bénéficier d'aliments autres que le lait maternel.
Pour ce qui est du sexe de l'enfant, c'est bien la
différence biologique masculine, féminine qui a été
retenue.
* L'âge de la mère à
l'accouchement
Pour mettre en exergue la mortalité
différentielle des enfants selon l'âge de la mère à
l'accouchement, nous avons regroupé cette variable selon trois
modalités : âge à la maternité précoce
(moins de 20 ans), âge à la maternité adulte situé
entre 20 et 34ans et âge à la maternité élevé
qui se situe entre 35-49 ans.
I.2.3.4.3. Les variables de
contrôle
* L'âge de la mère à
l'accouchement et La parité atteinte, à notre avis ces
deux variables sont fortement liées à la mortalité de
moins de cinq ans
3.1.3.4. Les variables indépendantes
1) Les facteurs socio-économiques
* Activités de la mère et du
conjoint
Compte tenu de la difficulté de saisir le revenu du
ménage, les activités des deux époux sont
considérées comme des indicateurs de cette variable. Cette
étude mesure l'activité de la mère par son lieu de service
qui joue un rôle très important à notre avis dans la
détermination des soins qu'elle accorde à son enfant et la
fréquence du tété de l'enfant. Pour saisir la variable on
a fait des regroupements des différentes activités de la
mère en : Inactives, travaillent à la maison et qui
travaillent hors foyer.
En revanche, pour l'activité du conjoint, les
modalités sont : Inactifs, travaillent dans le secteur agricole et
travaillent dans le secteur non agricole.
* Le niveau d'instruction de la mère ou du
conjoint
C'est le niveau d'étude atteint par l'individu dans un
système scolaire formel. Le niveau d'instruction peut être
mesuré par diverses manières : Par le nombre d'années
passé à l'école, soit par le plus haut diplôme
obtenu ou encore la dernière classe achevée ou le cycle
d'études achevées. Nous recodons la variable en sans niveau,
niveau primaire et niveau secondaire ou plus.
* Le type d'approvisionnement en eau à boire
Il s'agit de la source d'approvisionnement quotidienne du
ménage en eau de boisson. Ceci permet de saisir la qualité de
l'eau consommée dans le ménage. Par souci de clarté et
avoir de groupes homogènes, nous avons recodé les neuf
modalités saisies en trois par un choix raisonné :
- robinet/ borne fontaine/ puits moderne (forage)/ vendeur
d'eau;
- Puits traditionnel dans la cour et public/ puits
moderne ;
- rivière, fleuve, lac, marigot/ eau de pluie.
* Le milieu de résidence
Cette variable est encore appelée secteur de
résidence, opérationnalisée par les trois
regroupements : grandes villes ; petites villes et le milieu
rural.
* Le type d'aisance et La qualité du
logement
Le type d'aisance associé à la qualité du
logement est l'un des indicateurs du niveau de vie du ménage. Nous
choisissons le type de toilette qui peut expliquer les autres variables comme
le type de toit, de sol, de mur. Généralement, les ménages
pauvres n'ont pas de toilette à la maison ; les riches en ont au
moins une avec chasse eau et les ménages du niveau de vie
intermédiaire utilisent les latrines rudimentaires ou
améliorées. Il en est de même pour les logements en terres
battues pour les pauvres et ciments ou carrelage pour les riches.
2) Les variables socioculturelles
* La religion
Selon l'EDS du Tchad, 1998 la religion musulmane est
prédominante (56%) au Tchad. Les enfants sont classés ici selon
l'appartenance religieuse de sa mère. Les modalités sont :
Musulmane, Catholique, Protestant, Sans religion (animiste+sans religion).
* Le milieu de socialisation
Généralement appelé milieu d'enfance et
est appréhendé ici par le milieu de résidence de
l'enquêtée durant les douze premières années de sa
vie. Le recodage est fait de la manière suivante :
- Grandes villes
- Petites villes + étranger
- Milieu rural.
*l'ethnie
La variable ethnie est appréhendée par
les douze modalités suivantes : Gorane, Arabe,
Ouaddaï, Baguirmi, Kamen-bornou, Fitri-Batha, Hadjaraï, Lac Iro,
Sara, Tandjilé, Peul, Kebbi.
3) les facteurs contextuels
* La région de résidence
Dans cette étude, la région de résidence
désigne la préfecture où se trouve la mère au
moment de l'enquête. Le choix de cette variable se justifie par le fait
que la majorité des préfectures présentent, sur le plan
géographique voire politique des caractéristiques propres et
différentes susceptibles d'influencer la mortalité des
enfants.
*Les services de santé
Cette variable montre souvent le niveau de mortalité
différentiel entre les enfants des mères instruites et ceux des
analphabètes. Les services de santé devait être
opérationnalisés par la disponibilité des infrastructures
sanitaires fonctionnelles (équipements, personnels qualifiés)
dans une préfecture. Mais l'EDS du Tchad n'a saisi tout simplement que
la disponibilité d'infrastructure sanitaire. Les modalités
sont : les localités où il existe au moins une
infrastructure sanitaire dans un rayon de 5 km ; celles de 5 km ou plus et
celles qui n'en disposent pas.
* La salubrité du milieu
environnant
L'absence du système d'évacuation des
déchets expose le ménage à l'insalubrité un tel
environnement d'après les notes de cours sur les relations
population-environnement (NGWE, 2005), est source de prolifération
microbienne et parasitaire, donc influence la survie des enfants et d'autres
membres même du ménage. Cette variable, comme le mode
d'approvisionnement en eau, peut refléter les conditions dans lesquelles
vivent les membres du ménage. L'exemple de l'insalubrité le plus
patent qui peut entraîner une incidence importante de contamination
microbienne et d'aggravation du risque de maladie, est celui de l'état
de toilette ou absence totale de celle-ci. Vu les conditions du type d'aisance
dans lesquelles certains ménages vivent, il est probable que son
insalubrité soit source de contamination des maladies parasitaires et
infectieuses.
* Les conditions climatiques.
Le climat, au Tchad
intervient véritablement dans les déterminants de la
mortalité de moins de cinq ans, en offrant des conditions propices pour
la survie ou la multiplication des agents pathogènes. Comme
l'écrit AKOTO en 1985, les conditions climatiques agissent sur la
mortalité des enfants à travers l'insalubrité de
l'environnement qui favorise la prolifération de certains vecteurs de
germes.
Pour une bonne perception de nos variables exploitées,
en voici un tableau récapitulatif.
Tableau 9: Les variables explicatives
selon les modalités
Type de facteurs
|
Variables
|
Modalités
|
Culturels
|
Milieu de socialisation de la mère
|
N'Djamena et villes moyennes
Autres villes
Rural
|
Religion
|
Musulmane
Catholique
Protestante
Sans religion
|
Ethnie
|
Gorane, Arabe, Ouaddaï,
Baguirmi, Kamen-bornou,
Fitri-Batha, Hadjarai, Lac Iro,
Sara, Tandjilé, Peul, Kebbi.
|
Instruction de la mère
|
Sans instruction
Primaire
Secondaire ou plus
|
Instruction du conjoint
|
Sans instruction
Primaire
Secondaire ou plus
|
Socio-économiques
|
Milieu de résidence
|
Urbain
Rural
|
Occupation de la mère
|
Sans occupation
Occupée dans l'agriculture
Occupée dans autre secteur
|
Type activités selon la mobilité
|
Inoccupée
Occupée à la maison
Occupée ailleurs
|
Electricité
|
Oui
Non
|
Contextuels ou le cadre de vie du
ménage
|
Type d'aisance
|
Pas de toilette/Nature
Toilette avec chasse ou latrines
ou autres
|
Matériau du Sol
|
Matériau moderne
Matériau rudimentaire/naturel
|
Eaux de boisson
|
Eau de robinet
Eau de pompe/puits
Eau de surface
|
Département (région de résidence)
|
Batha, B.E.T15(*), Chari, Guéra, Kanem,
Lac, Logone occidental, Logone oriental, Moyen chari Mayo
kebbi, Ouaddaï Salamat, Tandjilé, N'djamena
|
4) Les variables intermédiaires
* L'âge de la mère à la
maternité
Pour justifier la différence du niveau de
mortalité des enfants selon l'âge de la mère à
l'accouchement, nous avons recodé cette variable qui était de
sept modalités en trois et comprend le groupe d'âge moins de 20
ans ; 20 à 34 ans et 35 ans ou plus.
* Le type d'allaitement et/ou sa
durée
Cette variable permet d'appréhender si l'enfant
était allaité au sein ou non, ainsi que la durée
d'allaitement. Pour la première elle prend la valeur 1 si l'enfant a
était allaité et 0 si non ; pour ce qui est de la
durée d'allaitement, nous avons regroupé les enfants qui n'ont
jamais tété, les enfants ayant tété moins de
11mois, plus de 11mois et ceux qui tètent encore.
* Les intervalles intergénésiques
précédents et suivants
Ils désignent dans l'ordre la période qui s'est
écoulée entre les dates de naissance de l'enfant
précédent et l'enfant index. L'enfant concerné par
l'étude est entre celles de l'enfant index et l'enfant suivant. Dans
l'EDST, 1998, il y a des enfants qui n'ont pas de frères ou soeurs
aînés, nous avons considéré que l'intervalle
intergénésique précédent.
* Le rang de naissance
Il ressort de la revue de littérature, que la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est élevée pour
les enfants de rang 1 et ceux de rang élevé. Pour éviter
l'effet de petits chiffres, nous dégageons trois modalités :
rang 1, rang 2 à 4, 5 à 6 et 7 ou plus.
* Le mode (type) de visites
prénatales
Cette variable mesure la fréquence des consultations
prénatales effectuées par les mères pendant leur
période de grossesse. C'est une variable quantitative. Elle prend la
valeur 0 dans le cas où la mère n'a effectué aucune visite
prénatale et 1 si oui, peu importe le personnel de santé
hautement qualifié ou non.
*Les conditions d'accouchement
Il est question de distinguer, la personne qui a
assisté la mère de l'enfant lors de l'accouchement
(médecin ou sage femme/ infirmière ou autre personne non
médicale ni para médicale) de l'endroit où lieu
d'accouchement de la mère. En effet, les conditions de l'accouchement
selon la littérature varient avec l'endroit où il a eu lieu et
cela peut affecter la mortalité de moins de cinq ans.
* Le statut vaccinal de l'enfant
Comme le nombre de visites prénatales, la vaccination
de l'enfant est une variable quantitative, nous avons construit trois
modalités. Elle prend la valeur 0 si l'enfant n'a reçu aucune
dose de vaccin antitétanique, 1 à 2 et 3 ou plus. Le
résumé de nos variables intermédiaires dans le tableau
n°10
Tableau 10: Les
déterminants proches de la mortalité des enfants.
Type de facteurs
|
Variables
|
Modalités
|
Facteurs comportementaux sanitaires
|
Vaccin anti-tétanique
|
Aucune
1-2 doses
3 et plus
|
Le type de visite prénatale
|
Professionnel de santé
Matrone/Autres/Aucun
|
Assistance à l'accouchement
|
Professionnel de santé
Matrone ou autres
Aucun
|
Lieu d'accouchement
|
Domicile
Unité Publique
Unité Privée
|
Intervalle inter génésique
précédent
|
Moins de deux ans
2 à moins de 3 ans
3 ans ou plus
|
Durée d'allaitement
|
non allaités
allaités -1 an
allait +1 an
|
Facteurs biodémographiques
de la mère et de l'enfant
|
Age la mère
|
15-19
20-34
35 et plus
|
Rang de naissance de l'enfant
|
Rang 1
Rang 2-4
Rang 5-6
Rang 7 ou plus
|
Sexe de l'enfant
|
Masculin
Féminin
|
I.2.3.4.4. Le schéma
d'analyse
Notre schéma d'analyse qui se découle de notre
cadre conceptuel est le suivant.
Décès des
enfants
- Vaccination
- Visite prénatale
- Assistance à l'accouchement
- Lieu d'accouchement
- Durée d'allaitement
-
-
- Intervalle intergénésique
- Age de la mère à accouchement
- Rang de naissance
- Région de résidence
-Source d'eau de boisson
- Type d'aisance
-matériau du sol
- Milieu de résidence
- Occupation de la mère
- Activités selon mobilité de mère
- Occupation du père
- Possession d'électricité
- Milieu de socialisation
- Ethnie
- Religion
- Niveau d'instruction de la mère
- Niveau d'instruction du père
Sexe de l'enfant
Figure 3: Le schéma d'analyse de la mortalité des
enfants de moins de cinq ans au Tchad
CHAPITRE II
CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE ET SOURCES DE DONNEES UTILISEES
POUR LA RECHERCHE
2.1. Les caractéristiques
du pays
2.1.1. Le contexte
géographique et historique
Pays d'Afrique centrale, la République du Tchad est
située entre les 7ème et 24ème
degrés de latitude Nord et les 13ème et
24ème degrés de longitude Est. Avec une superficie de
1 284 000 Km2, le Tchad occupe le cinquième rang des pays les
plus vastes d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, la
République Démocratique du Congo (RDC) et la Libye. Du Nord au
Sud, il s'étend sur 1 700 Km et de l'Est à l'Ouest, sur
1 000 Km.
De par sa position géographique, au sud du tropique du
cancer et au coeur du continent africain, le territoire tchadien est
marqué par une continentalité dont la crise économique
est l'une des conséquences. Limité au Nord par la
Libye à l'Est par le Soudan au Sud par la République
Centrafricaine (RCA) et à l'Ouest par le Cameroun, le Nigeria et le
Niger (confer carte administrative), le pays est dépourvu de toute
façade maritime. Le port le plus proche se trouve au Nigeria (port
Harcourt), à 1 700km de la capitale du Tchad, N'Djamena. Les
communications entre les différentes régions du pays sont
difficiles pendant certaines périodes de l'année à cause
des inondations.
Sur le plan climatique, on note trois grandes zones
dominantes : la zone Saharienne qui s'étend sur environ
780 000km2, avec une pluviométrie très basse de moins de
300mm par an (23 mm à Faya-largeau). La zone Sahélienne qui
couvre une superficie d'environ 374 000km2 est située au sud de la
zone Saharienne. La zone Soudanienne qui couvre une superficie d'environ
130 000km2 et est constituée par les deux bassins des fleuves du
Chari et du Logone. Les pluies y dépassent les 700 mm par an et
atteignent 1 200 à 1 300 mm à Sarh et Moundou.
Figure 1: Carte
Administrative du Tchad
Source :
http : //www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/tchad-carte.htm
2.1.2. Le contexte politique et
administrative
Ancienne colonie Française, le Tchad a
accédé à l'indépendance le 11 août 1960.
Moins de quatre ans après l'indépendance ont commencé plus
de trente ans de troubles politico-militaires sur fond de violence quasi
permanente qui ont empêché le pays d'amorcer un réel
développement économique et social. Depuis une décennie,
le Tchad s'est engagé dans un processus de réformes politiques
visant à créer et à consolider les bases d'un Etat de
droit. La Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1993 a jeté
les jalons d'une démocratie pluraliste. Ainsi l'organisation
d'élections présidentielles (en 1996 et 2001) ;
législatives (en 1997 et 2002) et le référendum du 06 juin
2005 en vue du changement de la constitution Tchadienne ont, d'un point de vue
juridique, consacré l'Etat de droit tchadien même si dans les
faits, beaucoup reste encore à faire. Il s'agit notamment de consolider
la paix et d'appliquer les textes et les lois en vigueur.
Sur le plan de l'organisation administrative, le Tchad est
subdivisé en quatorze préfectures, soixante onze
sous-préfectures, vingt trois postes administratifs, cinquante quatre
communes, onze sultanats et quatre cent quarante six cantons. La nouvelle
constitution a entraîné une forte décentralisation, le
Tchad est découpé en 28 départements et 108
sous-préfectures ; 14 délégations
préfectorales sanitaires, 53 districts sanitaires et 791 zones de
responsabilités ; N'djamena la capitale est subdivisée en 8
arrondissements tout cela en vue de permettre à l'administration de se
rapprocher davantage des administrées et surtout pour permettre la prise
en main du développement par les collectivités locales (les
statistiques proviennent du tableau des circonscriptions administratives mises
au point par la Direction des Affaires Politiques et de l'Etat-civil du
Tchad, 2001) .
Le français et l'arabe tchadien constituent les deux
langues officielles, mais le pays compte plus de deux cent dialectes. Les
principales religions sont l'islam (54%) dont la majeure partie des croyants se
trouvent au nord du pays, le christianisme (34%), l'animisme (7%) ces non
croyant se trouvent un peu partout dans le pays, la différence de 5% est
attribuée à la pratique de la religion traditionnelle et au non
déclarés.
2.1.3. Le contexte
démographique
Après l'indépendance du Tchad le 11 août
1960, la seule source de donnée sur la démographie était
l'état-civil. Or celui-ci est très mal ténu. En 1963, un
recensement de la population a été organisé, trente ans
plus tard c'est-à-dire en 1993 un deuxième recensement a eu lieu.
Ici, les méthodes utilisées sont variées et l'objectif de
l'observation, lui aussi, varie suivant l'objectif de la connaissance. Les
objectifs que poursuivent principalement l'état-civil et le recensement
sont : le contrôle et la gestion politico administratif des
populations ; la planification du développement
socio-économique ; les études et des recherches
scientifiques. Aussi en l'an 2000, une Enquête à Indicateur
Multiple (EIM) a été organisée au Tchad par l'UNICEF dans
le cadre du suivi des indicateurs enfin de décennie 1990. Pour cette
enquête 178 grappes ont été choisies avec une
probabilité proportionnelle à partir des 250 grappes
utilisées par l'Enquête Démographique et de Santé au
Tchad (EDST) réalisée en 1996/1997. Or, l'échantillon de
l'EDST,1998 a été tiré à partir du RGPH du Tchad de
1993, le biais est inévitable et tirer un échantillon à
partir d'un autre accentue le biais. De ce fait l'EDS du Tchad, 1998 qui est la
toute première enquête par sondage réalisée au
niveau national dont l'un des objectifs étaient de fournir des
informations détaillées sur la situation démographique et
sanitaire du pays. C'est la seule source qui permette d'estimer
précisément les niveaux, tendances et déterminants de la
mortalité des enfants au Tchad.
Le dernier Recensement Général de la Population
et de l'Habitat (RGPH) réalisé au Tchad en avril 1993 a
révélé une population de 6 279 931 habitants
dont 48,4% de sexe masculin et 51,6% de sexe féminin. La population est
inégalement répartie sur l'ensemble du territoire. Environ 47% de
la population vit concentrée sur 10% du territoire national dans les
régions méridionales du pays. Toutefois, sur le plan national la
densité moyenne est relativement faible (4,9 habitants/km2). Mais, elle
varie d'un habitant au km2 dans le nord Borkou Ennedi Tibesti (BET) 52
habitants au km2 dans le sud Logone Occidental (EDST, 1998).
Cette forte densité s'explique d'une part, par les conditions
climatiques favorables à l'agriculture, et d'autre part par la
localisation de la capitale économique et industrielle du pays dans
cette région. Le pays présente une population jeune avec 48% de
la population âgée de moins de 15 ans et seulement 3,5% de plus de
65 ans.
Tableau 6: Les
indicateurs démographiques de base cités dans l'EDST,
1998
Indicateurs
|
Enquête démographique
1964
|
RGPH
1993
|
Population totale
Taux brut de natalité (pour 1000)
Indice Synthétique de fécondité (enfants
par femme)
Taux brut de mortalité (pour 1000)
Taux de mortalité infantile (pour 1000)
Espérance de vie à la naissance (en année)
-Femmes
-Hommes
|
3 254 000
45
5,1
31
180
36
-
-
|
6 279 931
41
5,6
16
132
50,3
54,4
47
|
Source : EDST, 1998
On note un taux d'accroissement naturel moyen annuel de la
population de 3,0% sur la période de 1990-2003 (UNICEF,
2005), ce qui signifie que la population tchadienne est appelée à
doubler tous les 23,3 ans et devrait avoir atteint 9 000 00016(*) habitants environ en l'an
2005. Ce taux accroissement moyen annuel élevé est imputable en
grande partie au niveau élevé de la fécondité et
à une baisse relative de la mortalité. Car il était de
2,3% pour la période de 1970-1990 (UNICEF, 2005). Avec
un taux d'urbanisation de 21,4%, en Afrique centrale, le Tchad est l'un des
pays les moins urbanisés de la sous région. En dépit de la
large définition du milieu urbain adoptée lors de l'EDST de 1998,
le Tchad comptait 44 villes de moins de 5 000 habitants et 40 villes de
plus de 5 000 habitants. En 1968, seulement 9 villes avaient plus de
10 000 habitants ; elles étaient 25 en 1993. Enfin, 40% de la
population urbaine est concentrée à N'Djamena la capitale.
2.1.4. Le contexte sanitaire
La volonté gouvernementale de faire du secteur de la
santé une priorité s'est traduite en 1988 par l'adoption d'une
politique de santé avec comme objectif principal « d'assurer
à la population l'accès à des services de base de
qualité » tout en mettant un accent particulier sur les
groupes les plus vulnérables (couples mère-enfant) et sur la
santé de la reproduction. Par cet objectif, le gouvernement entend
donner aux populations les moyens de vivre dans un environnement sain :
eau potable, assainissement, lutte contre les principaux vecteurs de maladies
et épidémies, nutrition, sécurité alimentaire,
libre choix du couple en matière d'espacement de naissances etc. Cette
politique a donné lieu à une réorganisation du
système de santé. Le système ainsi développé
comporte trois niveaux soit le niveau central, intermédiaire et
périphérique.
- Le niveau central composé du cabinet du Ministre, des
directions centrales et des institutions nationales, est chargé de la
conception et de l'orientation de la politique de santé, de
l'évaluation, de la supervision de la mise en oeuvre, ainsi que de la
mobilisation des ressources. Le niveau central assure le bon fonctionnement du
ministère, la distribution du rôle de chacun;
- Le niveau intermédiaire, constitué de
quatorze Délégations Préfectorales Sanitaires (DPS)
correspondant aux préfectures administratives est chargé de la
coordination de la mise en oeuvre de la politique de santé en l'adaptant
aux réalités locales et plus précisément de la
gestion du personnel. Il devra aussi apporter un appui technique aux Districts
Sanitaires (DS) ;
- Le niveau périphérique ou local est
constitué de 52 districts sanitaires correspondants à 52
Médecins Chefs de District (MCD), soit 140 847 habitant par
District ; et de 791 zones de responsabilités correspondant
également à 791 Chefs de Services de Santé de District
(CSSD), soit un centre de santé pour 9 436 habitants. Ce niveau
local a pour rôle la mise en oeuvre de la politique nationale de
santé à travers le Paquet Minimum d'activités (PMA) et le
Paquet Complémentaire d'activités (PCA).
Le district de santé est composé d'une direction
de santé du district, d'un hôpital de district et d'un
réseau de zones de responsabilité censées être
chacune dotée d'un centre de santé. L'équipe cadre de
district est chargée de l'opérationnalité du
district ; elle doit veiller à l'intégration des
activités et assurer la supervision.
Mis à part les services de santé offerts par
l'Etat, l'apport du secteur privé lucratif bien qu'embryonnaire reste
significatif. Un certain nombre d'Organisation non gouvernementales (ONG)
implantées sur le territoire national participent de ce fait au
système national de santé et les églises y ont une place
significative. Par exemple l'Entente des églises et missions
évangéliques au Tchad (EEMET), avec un réseau de 84
centres de santé plus un hôpital ; et l'Union nationale des
associations diocésaines (UNAD), avec 80 centres de santé et 3
hôpitaux de district, assurent à elles deux la couverture
sanitaire de près de 20% de la population du pays17(*).
Un cadre stratégique englobe la promotion et le
développement des districts sanitaires, car il a été
recommandé aux autorités nationales de définir pour les
districts de santé un paquet minimum de santé pour tous à
un coût abordable. Ce Paquet d'activités (PA) comprend trois
groupes d'éléments : Les soins de santé
primaires18(*) ;
Interventions prioritaires de santé19(*) et les Interventions liées à la
santé20(*). Pour y
parvenir, la mise en oeuvre du Paquet Minimum d'activités (PMA) et du
Paquet Complémentaire d'activités (PCA) s'imposent.
Le paquet minimum d'activités (PMA) c'est un certain
nombre d'activités de soin (vaccination ; consultations
prénatales ; etc.) qui est donné au niveau le plus
périphérique ou niveau local par les infirmiers, les agents de
santé et les « hommes »et
« filles » de salle. Il est à remarquer ici
que les « hommes » et « filles » de
salles ne devaient pas donner les soins de santé, mais comme la
formation des cadres coûte très cher, l'Etat est obligé de
composer avec les non professionnelles.
Tandis que le paquet complémentaire
d'activités (PCA) qui est une activité de soin de santé
tel que la transfusion sanguine, l'opération chirurgicale, pour ne citer
que ces deux exemples donnés au niveau intermédiaire par les
médecins généralistes ou les médecins
spécialistes et les infirmiers expérimentés. Cette
stratégie entraînant une nouvelle organisation du système
sanitaire devrait aboutir à l'obtention des meilleurs indicateurs de
santé, en particulier, ceux des enfants et des mères. En effet,
les indicateurs disponibles ne sont pas très satisfaisants. Ils sont le
reflet des conditions socio sanitaires actuelles elles-mêmes
défavorables pour plusieurs raisons ci-après :
-Le manque d'eau potable et les conditions
défavorables d'hygiène. En effet, moins d'un tiers (27%) des
ménages a accès à l'eau potable et une grande
majorité des ménages (73%) ne disposent pas de toilette, surtout
en zone rurale où cette proportion atteint presque 90%.
-Une couverture sanitaire et un personnel de santé
insuffisants et mal répartis. Environ 40% des femmes rurales doivent
parcourir le plus souvent à pied ou avec les moyens de transport les
plus rudimentaires (charrette ou dos d'animal) au moins 15 Kms pour atteindre
le centre de santé le plus proche. Par ailleurs, une baisse sensible du
nombre d'agents de santé toutes catégories confondues est
observée entre 1992 et 1996, passant de 4301 agents à 3846 alors
que le nombre de structures sanitaires s'est accru de plus de 32% durant la
même période. Il en découle que les principaux rapports de
personnel à la population se trouvent en deçà des normes
recommandées par l'OMS, même si le nombre des personnels de
santé est souvent sous-estimé.
Tableau 7 : La
répartition du personnel de santé par habitant au Tchad en
2000.
1 Médecin pour 31 763 Habitants
|
1 Infirmier pour 7 479 habitants
|
1 Sage-femme pour
10 909 femmes de 15-49 ans
|
1 Médecin pour 5 000 à
10 000 Habitants
|
1 Infirmier pour 3 000 Habitants
|
1 Sage-femme pour 3 000 femmes de 15-49
ans
|
Source : Division du système
d'information sanitaire (DSIS). Annuaire des statistiques sanitaire du
Tchad.
La question des personnels de santé au Tchad est
absolument critique, en termes quantitatifs et qualitatifs du moment où
on compte en l'an 2000 un seul anesthésiste et un seul radiologue, pour
ne citer que ces deux exemples qui illustrent la pénurie de
spécialistes au Tchad. D'importants centres de santé de premier
contact sont encore tenus par les manoeuvres. Cela constitue à la fois
un handicap et un défi pour le gouvernement.
Il est à noter, que malgré l'existence d'une
politique en faveur de médicaments, ceux-ci demeurent rares et
coûteux et ne sont donc pas à la portée de la
majorité des nécessiteux.
- La couverture vaccinale des enfants est encore très
faible puisque une proportion très importante d'enfants (44%) de 12
à 23 mois n'ont reçu aucun vaccin du Programme Elargi de
Vaccination (PEV), à savoir la tuberculose, la rougeole, la polio, la
diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la fièvre jaune
et, seulement un enfant sur dix (11%) a reçu tous les vaccins du PEV.
- La prévalence contraceptive est également
très faible, ce qui pose problème tant pour favoriser la
planification familiale que pour préserver les couples des maladies
sexuellement transmissibles : 1% des femmes et 3% des hommes seulement
utilisent une méthode de contraception et 4 femmes sur 5 et 4 hommes sur
5 manifestent leur intention de ne pas utiliser la contraception dans l'avenir
car ils souhaitent avoir des enfants.
Selon le rapport sur la santé dans le monde 2000 de
l'OMS, le Tchad occupe le 161ème rang mondial sur 191 Etats
en terme de niveau de santé. Il occupe le 178ème rang
du classement en matière de performance globale du système de
santé. La probabilité de décès (pour mille) entre
15 et 59 ans est plus élevée chez les hommes (439) que chez les
femmes (386), qui s'expliquent par le tabagisme, l'alcoolisme, les travaux
pénibles et à haut risque. Cet indicateur est important pour le
Tchad, eu égard à la progression du VIH/SIDA et à
l'émergence des maladies non transmissibles, qui ciblent notamment cette
classe d'âge la plus nombreuse et la plus productive. Les
activités de recherche sont embryonnaires, et se résument
à celles effectuées par la Faculté des Sciences de la
Santé (FACSS) dans le cadre des thèses de doctorat et par
certaines institutions appuyées par les partenaires.
Malgré ce système de santé
décentralisé, il se pose un problème majeur de
disponibilité des services de santé au Tchad. Le nombre
d'infrastructures de santé est insuffisant, et surtout ceux fonctionnels
manquent cruellement des équipements. Certaines régions du pays
ne disposent que peu ou pas d'établissements sanitaires. Les rares
centres de santé existant sont inégalement répartis sur
l'ensemble du pays. La distance médiane pour atteindre une formation
sanitaire au Tchad est de 10,4km. Les consultations dans les centres de
santé public même sont payantes en plus de médicaments qui
coûtent très chers. Les services des centres de santé
privés sont encore plus chers. C'est ce qui rend l'accessibilité
aux services sanitaires très problématique pour l'ensemble de la
population. C'est à juste titre, l'une des raisons dont la majeure
partie de la population se tourne vers les pratiques de la médecine
traditionnelle informelle pour ses soins de santé. Mais il y a aussi le
poids culturel qui fait que certaines personnes se soignent à la
médecine traditionnelle pour ne citer que ces raisons là. Le
financement des services sanitaires au Tchad est reparti entre trois bailleurs
qui sont :
- L'Etat
- Les partenaires du développement (aides
extérieures)
- La population à travers le système de
recouvrement des coûts des médicaments et des prestations socio
sanitaires.
Tableau 8 : Les principaux
indicateurs socio sanitaires
1 -Revenu annuel par habitant
.....................................................$ 177 US
|
2-Taux de
natalité......................................................................4,1%
|
3-Taux brut de
mortalité.......................................................
........16%
|
4-Taux de mortalité infantile (0-1
an)............................................132/1000
|
5-Taux de mortalité
juvénile(0-5 ans)................................. ... ...
222/1000
|
6-Taux de mortalité maternelle
................................................ 827 pour 100 000
|
7-Accroissement naturel de la
population................................. ... .... .2,5 %
|
8-Taux de couverture vaccinale des enfants de
12 à 23 mois.................. ... 11%
|
9-taux de couverture vaccinale des femmes de
15 à 45 ans.................. ... ... 4%
|
10-Taux de malnutrition
protéino-calorique des enfants de 0 à 5 ans ...... ........40%
|
11-Taux d'accessibilité à l'eau
potable..................................................26%
|
12- Taux de ménages disposant de
latrines améliorées................................1 %
|
Source : World vision Chad,
(2001)
2.1.5. Le contexte
socio-économique
En attendant les ressources du pétrole, dont les
travaux d'exploitation ont été officiellement lancés en
octobre 2000 et les premiers barils ont coulé en septembre 2004,
l'économie tchadienne est actuellement dominée par le secteur
informel et caractérisée par une faible productivité.
L'agriculture et l'élevage contribuent pour une part importante au
Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, représentant en moyenne 38%
du PIB entre 1990 et 2000. Sur la même période, les parts des
secteurs tertiaire et secondaire se situent respectivement à hauteur de
13% et 49% du PIB. En 1993, le niveau du Produit National Brut (PNB)
était estimé à 190 dollars par habitant (PNUD, 1994).
Le système agricole du Tchad est fortement lié
aux aléas climatiques soumis à des périodes de
sécheresse qui ont pour conséquence des pénuries
alimentaires cycliques et parfois chroniques dans le pays avec des
périodes de soudure inévitables et fatales pour la
majorité des familles tchadiennes. Malgré les multiples
potentialités agro-pastorales, la population du Tchad ne parvient pas
à assurer sa sécurité alimentaire.
Les rares industries embryonnaires connaissent
d'énormes difficultés de fonctionnement du fait d'une mauvaise
gestion. Les produits d'exportations du Tchad sont constitués du coton
et du bétail sur pied vers les pays voisins plus nantis.
CHAPITRE III
METHODOLOGIE DE L'ETUDE ET EVALUATION DES DONNEES
UTILISEES
L'étude des déterminants de la mortalité
des enfants dans les pays sous industrialisés comme le Tchad rencontre
d'énormes problèmes liés à la démarche
conceptuelle à adopter d'une part et d'autre part à la nature et
la qualité des données à utiliser. Ce chapitre a pour
ambition d'exposer la démarche méthodologique de l'étude
et d'évaluer la qualité des données collectées
particulièrement celles relatives à la mortalité des
enfants lors de l'Enquête Démographique et de santé
réalisée au Tchad en 1998 (EDST, 1998).
3.1. La méthodologie de
l'étude
Malgré l'abondance des recherches sur les
déterminants de la mortalité des enfants en général
et en particulier dans les pays sous industrialisés, il y a encore des
manques à combler dans la connaissance de ces facteurs. Dans le chapitre
sur la revue de la littérature, nous avons présenté les
résultats des études portants sur les déterminants de la
mortalité des enfants. La critique majeure est celle qui néglige
les facteurs de confusion qui sont les maladies de la mère et de
l'enfant. De même, la relation entre le niveau d'instruction de la
mère et la mortalité des enfants observée à
Yaoundé remet en cause la relation générale trouvée
dans la plupart des recherches (DACKAM, 1979). Il est à retenir que pour
des contextes d'études différents, l'influence de chaque
déterminant sur la mortalité des enfants peut varier d'un pays
à un autre, même à l'intérieur du pays. Une analyse
spécifique pour chaque contexte s'avère indispensable.
3.1.1. Les sources des
données utilisées pour l'étude
Les données utilisées dans cette étude
proviennent essentiellement de L'enquête Démographique et de
Santé du Tchad (EDST) réalisée en 1998 sous la
responsabilité du Bureau Central du Recensement (BCR) et la
Direction de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques
(DSEED), avec l'assistance technique de Macro International Inc et la
participation de plusieurs organismes comme le cas du bureau régional
du Fond des nations unies pour la population (UNFPA) pour ne citer que cet
exemple.
3.1.1.1. Les objectifs de
l'Enquête Démographique et de Santé au Tchad
L'EDST de 1998 est une première enquête par
sondage, réalisée au niveau national. Ses objectifs
étaient de fournir des informations détaillées
sur :
1- La variation du niveau de fécondité, en
particulier la nuptialité et la contraception ;
2- La planification familiale ;
3- La santé de la mère et de l'enfant, en
particulier l'assistance à l'accouchement des mères et la
vaccination des enfants, en plus de l'étude de la prévalence et
du traitement de certaines maladies de l'enfance (toux, respirations
aiguës, fièvre, paludisme);
4- L'état nutritionnel des enfants de moins de cinq
ans, du point de vue allaitement et la malnutrition aiguë ou
chronique ;
5- La mortalité infanto-juvénile, sur le plan
national et selon différentes variables démographiques et
socio-économiques ;
6- La mortalité maternelle et la disponibilité
des services communautaires, y compris la connaissance des méthodes
contraceptives et le manque de disponibilité de certaines
infrastructures socio-économiques, en plus des difficultés
d'accès à certains établissements.
Nous nous sommes basé essentiellement sur les
données de l'EDST 1998 renseignant sur la santé de la mère
et de l'enfant, sur l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq
ans, et enfin sur les facteurs directs et indirects qui déterminent le
niveau et les tendances de la mortalité infanto-juvénile pour
mener à bien cette étude.
3.1.1.2. La présentation de
l'échantillon et de la base de sondage
L'échantillon a été
sélectionné sur une base stratifiée,
pondérée et représentative au niveau national, et auto
pondéré au niveau de chaque domaine. La taille initialement
prévue pour l'enquête individuelle femme était de
7 705 femmes en âge de procréer (15 à 49 ans
révolus). Pour atteindre cette taille d'échantillon, on a
procédé à un tirage à deux degrés. Au
premier degré, 250 grappes ont été tirées à
partir de la liste des Zones de Dénombrement (ZD) établie lors
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de
1993. C'est un tirage systématique à l'intérieur de chaque
strate (N'Djamena, autres villes et rural) avec la probabilité
proportionnelle à la taille de ZD. Au second degré, 7 345
ménages ont été sélectionnés dans la liste
des ménages établie lors de l'opération de
dénombrement. La taille de l'échantillon ne permet pas d'obtenir
des résultats statistiquement représentatifs au niveau des 14
préfectures. Pour se faire, il aurait fallu la doubler. Au moment de
l'enquête, 6 930 ménages ont été
identifiés parmi lesquels 6 840 ont pu être effectivement
enquêtés avec succès,soit un taux de réponse de
98,7%. Dans les 6 840 ménages ayant répondu au
questionnaire, 7 705 femmes ont été identifiées comme
éligibles pour une enquête individuelle femme. Parmi elles,
7 454 ont pu être interviewées avec succès, soit un
taux de 96,7%. Ce taux est satisfaisant puisqu'il est supérieur
à celui proposé dans le plan de sondage (95%). Le tableau 6 donne
quelques caractéristiques de l'établissement de
l'échantillon et les taux de réponse correspondants.
3.1.1.3. La présentation de
questionnaire
L'Enquête Démographique et de Santé a
utilisé quatre types de questionnaires : Un questionnaire
ménage ; Un questionnaire individuel femme ; Un questionnaire
homme ; et un questionnaire communautaire sur la disponibilité des
services.
Le questionnaire ménage permet d'enregistrer tous les
membres du ménage et les visiteurs ; de collecter un certain nombre
d'informations telles que le nom, le lien de parenté avec le chef de
ménage, la situation de résidence, le sexe, l'âge, le
niveau d'instruction et enfin les caractéristiques
socio-économiques et environnementales dans lesquelles vivent les
interviewés. Le questionnaire ménage permet principalement
d'identifier les femmes éligibles (âgées de 15 à 49
ans) et dans un tiers des ménages, celles des hommes éligibles
(âgés de 15 à 59 ans) et enfin il permet d'obtenir le
dénominateur pour le calcul de certains taux démographiques,
comme le taux de natalité. Il s'adresse particulièrement aux
chefs de ménage.
Le questionnaire individuel femme, s'adresse uniquement aux
femmes en âge de procréer éligibles dans les ménages
enquêtés et constitue le document principal de l'EDST. Le
questionnaire individuel femme recueille des informations relatives à
plusieurs variables sur les caractéristiques sociodémographiques,
la fécondité, la contraception, les grossesses, l'allaitement,
la santé des enfants, les causes de décès des enfants
nés dans les cinq dernières années, la nuptialité,
les préférences en matière de fécondité, les
caractéristiques socioprofessionnelles du conjoint, les activités
économiques de la femme, la connaissance et à la
prévalence des maladies sexuellement transmissibles, la
mortalité maternelle, et enfin la taille et le poids des mères
et des enfants.
Le questionnaire individuel homme s'adresse à un
échantillon d'hommes sélectionnés parmi les maris des
femmes éligibles au questionnaire individuel c'est une forme
allégée du questionnaire individuel femme. Il vise à
collecter les informations sur la connaissance et l'utilisation de la
contraception par les hommes ainsi que sur leurs opinions en matière de
fécondité, de taille de la famille et de planification familiale
ainsi que sur les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et le sida.
Enfin, le questionnaire communautaire permet de recueillir
quelques informations sur l'existence des infrastructures
socio-économiques (école, marché, service de transport,
etc.) et sanitaires (hôpitaux, centre de santé communautaire,
etc.) disponible dans chacune de grappes de l'enquête.
Nous allons utiliser les informations issues du questionnaire
individuel femme et les informations du questionnaire ménage relatives
aux enfants de moins de cinq ans. Pour ce faire nous avons utilisé le
fichier enfant avec les caractéristiques des mères et celles des
enfants à partir du fichier individuel femme d'EDS du Tchad, 1998. Le
fichier d'analyse ainsi crée contenant les informations essentiellement
relatives à l'enfant.
3.2. L'évaluation de la
qualité des données utilisées
D'importantes précautions ont été prises
lors de l'exécution de l'enquête démographique et de
santé réalisée au Tchad en 1998 pour s'assurer de la
représentativité l'échantillon. Cependant, cela ne peut
que minimiser les erreurs de conception, il reste à maîtriser les
erreurs liées à la collecte des données sur le terrain
pour disposer des informations de bonne qualité. Ce second type d'erreur
cité provient souvent de la nature de l'enquête, du comportement
des agents enquêteurs et/ou de la capacité des
enquêtés à fournir des réponses fiables. Dans le
cadre de l'analyse de la mortalité des enfants de moins de cinq ans au
Tchad, il est donc indispensable d'examiner la qualité des
données avant de les analyser. L'évaluation des données
est la principale préoccupation de cette partie. Il s'agit de
présenter la nature et la qualité des données telles
qu'elles ont été collectées. La vérification de
leur concordance interne et externe permettra d'apprécier la
qualité des données. Les notes de cours des Méthodes
indirectes d'analyse démographiques (WAKAM Jean, 2005)
insistent sur le nombre moyen de décès par âge de la
mère, la proportion d'enfants décédés par groupe
d'âge de la mère.
L'évaluation de la qualité des données
utilisées portera sur l'âge déclaré des mères
enquêtées, de la parité moyenne, rapport de
masculinité à la naissance, la structure par âge et par
sexe des enfants décédés, la proportion d'enfants
décédés par groupe d'âge des mères et le
nombre moyen des moins de cinq ans en mois. Les procédures
utilisées sont indiquées sous les figures.
3.2.1. L'évaluation de
l'âge déclaré des mères.
Une distribution par année d'âge des mères
enquêtées permet d'apprécier en partie, la qualité
des recueillies. Comme le dit les notes de cours de l'état de population
(NGWE, 2004), la structure par âge enregistrée lors d'une
enquête est la résultante de l'histoire passée des
générations concernées et des conditions de la collecte.
L'histoire génésique des femmes, la mortalité et la
migratoire permettent d'expliquer l'histoire passée tandis que la nature
de questions sur l'âge, le niveau de formation des agents
enquêteurs, le niveau d'instruction des enquêtés et les
coutumes du milieu de la collecte déterminent les conditions de la
collecte. Il est à remarquer ici, la fécondité, la
mortalité et les migrations présentent des effets moindres sur
les perturbations de la structure par âge que la déclaration
d'âge par les enquêtés.
Certains indices tels que l'indice de Whipple21(*) (Iw) et de Myers
permettent apprécier la qualité de la déclaration de
l'âge des mères au moment de l'enquête. A cet effet, la
procédure SINGAGE du logiciel Population Analysis Spreadsheets (PAS) est
bien élaborée. Contrairement à l'indice de Whipple qui
mesure le degré de préférence pour les âges se
terminant par zéro et cinq, celui de Myers mesure la
régularité de l'âge par la répulsion ou l'attraction
de chacun des chiffres compris entre zéro et neuf.
Les résultats donnent une valeur de 2,17
pour l'indice de Whipple. Ce qui montre qu'il y a une attraction pour
les chiffres ronds (0 et 5) ; L'indice de Myers est de
38,6 cela confirme la préférence des chiffres se
terminant par (0 et 5) ; puis une répulsion pour les autres
chiffres. En considérant les déclarations d'âge des femmes.
0
100
200
300
400
500
600
15
17
19
21
23
25
27
29
31
33
35
37
39
41
43
45
47
49
Ages
Effectifs
Figure 4 : La
répartition des effectifs des femmes enquêtées par
année d'âge ; Sous Excel.
La courbe de la répartition d'effectif des femmes par
année d'âge (Figure 4) vient encore
confirmée la préférence des chiffres ronds. On constate
que les données de l'EDST, 1998 sont entachées de biais. Le
regroupement des effectifs en groupe d'âges quinquennaux permettra a
notre avis de corriger ces biais constatés, car la répartition
d'effectif des mères en année d'âge présente une
irrégularité totale.
Tableau 11 : La
répartition des effectifs des femmes enquêtées par groupes
d'âges quinquennaux.
Groupes d'âges
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
15-19
|
1716
|
23,0
|
20-24
|
1368
|
18,4
|
25-29
|
1349
|
18,1
|
30-34
|
978
|
13,1
|
35-39
|
872
|
11,7
|
40-44
|
595
|
8,0
|
45-49
|
576
|
7,7
|
Total
|
7454
|
100,0
|
Source : Excel, EDST, 1998
0
500
1000
1500
2000
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
Groupes d'âges quinquennaux
Effectifs
Figure 5 : La
répartition des effectifs des femmes enquêtées par groupes
d'âges quinquennaux ; Source : EDST, 1998 sous
Excel.
La courbe ainsi obtenue avec le regroupement des effectifs en
classes d'âges, indique une décroissance régulière
de la proportion des femmes avec l'âge. Cela montre qu'il y a une
proportion élevée des femmes aux âges jeunes (23,0%). La
courbe fléchit au groupe d'âge 25-29 pour décroître
régulièrement et se stagner au groupe d'âge 45-49 ans. La
courbe de la structure par âge des femmes enquêtées semble
régulière. De toute évidence, cette courbe reflète
la structure attendue dans les pays à très faible revenu.
3.2.2. L'évaluation des
déclarations de la parité moyenne
Sous réserve des hypothèses
qui sous tendent la méthode d'évaluation des déclarations
de la parité moyenne, le nombre moyen d'enfants nés vivants par
femme devait croître avec l'âge de la mère. La baisse de la
parité moyenne s'explique le plus souvent par l'omission des enfants
nés vivants, c'est le cas ici du groupe d'âge 45-49, Due d'une
part par l'effet de télescopage (délimitation de la date de
naissance) et surtout l'oubli, l'influence des traditions, us et coutumes, lieu
de résidence de la mère d'autre part. Malgré les
précautions prises lors des opérations de collecte, les omissions
des enfants nés vivants apparaissent toujours. Ces omissions touchent
généralement les enfants nés des mères non
instruites, résidentes en milieu rural ou ayant accouchées dans
un centre qui ne délivre aucune pièce d'identité à
l'enfant. En plus des biais qu'induisent les omissions des enfants nés
vivants dans le calcul des indicateurs de la mortalité
infanto-juvénile, elles rendent, plus délicat l'analyse des
facteurs explicatifs de la mortalité des enfants de moins de cinq
ans.
Tableau 12: La répartition des
enfants nés vivants et la parité atteinte moyenne selon les
groupes d'âges quinquennaux des mères.
Groupes d'âges des mères
|
Effectifs des mères
|
Nombre d'enfants nés vivants
|
Parité atteinte (moyenne)
|
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
|
1716
1368
1349
978
872
595
576
|
666
2474
4756
4786
5424
3980
3653
|
0,39
1,81
3,52
4,89
6,22
6,69
6,34
|
Total
|
7454
|
25739
|
3,45
|
Source : Excel, EDST, 1998
0
2
4
6
8
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
Groupe d'âges
Parité
Figure 6 : La
répartition de la parité atteinte des femmes
enquêtées par groupes d'âges quinquennaux ;
Source : EDST, 1998 sous Excel.
3.2..3. L'évolution des
proportions des décès de cinq dernières années des
enfants de moins de cinq ans selon l'âge déclaré des
mères
L'évolution des décès par rapport
à l'âge de la mère est la résultante des
données collectées. En effet, on s'attend à ce que les
enfants nés des mères aux jeunes âges et ceux nés
des mères aux âges élevés ont un risque de
décès plus élevé que ceux des autres. Cette
mortalité différentielle selon l'âge des mères,
s'explique non seulement de l'immaturité biologique des mères aux
jeunes âges (moins de 22 ans) et de la fatigue biologique des
mères aux âges élevés (plus de 35 ans), mais aussi
et surtout à cause des comportements différentiels relatifs aux
suivis médicaux de la grossesse, de l'accouchement et du
nouveau-né. Cela dit, toute courbe de mortalité d'une population
humaine qui ne s'apparente pas à la situation décrite ci haut,
peut traduire un biais dans la déclaration des décès
infanto-juvénile.
Tableau 13 : La
répartition des enfants décédés dans les cinq
dernières années précédant l'enquête selon
les groupes d'âges quinquennaux des mères.
Groupes d'âges
|
Nombre de décès de moins de cinq ans
|
Nombre de décès entre 1-4 ans
|
Nombre de décès de moins de zéro ans
|
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
|
101
253
286
200
138
52
22
|
18
78
94
68
52
21
7
|
83
175
191
132
86
31
14
|
Total
|
1052
|
338
|
712
|
Source : Excel, EDST, 1998
0
50
100
150
200
250
300
350
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
Groupes d'âges
Effectifs
Moins de 5 ans
Moins d'un an
Entre 1-4 ans
Figure 7: La
répartition de décès de moins de cinq ans par groupes
d'âges quinquennaux des femmes enquêtées; Source :
EDST, 1998 sous Excel.
0
50
100
150
200
250
300
350
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
22
24
36
Age en mois
Effectifs
Figure 8:
Répartition de décès de moins de cinq ans par âge
en mois; Source : EDST, 1998 sous Excel.
La figure 7 qui nous donne la
répartition des décès de moins de cinq ans, entre un et
quatre ans et enfin de moins d'un an met en évidence la forte
mortalité infantile (décès de moins d'un an). La
figure 8 qui donne la répartition des
décès des enfants de moins de cinq ans, dont l'âge est
exprimé en mois imputé, confirme la surmortalité
infantile, avec beaucoup plus de précision l'excédante
mortalité néonatale (décès de moins d'un mois) et
aussi la mauvaise déclaration des âges au décès des
enfants. Il y a une attraction des enfants décédés
à 0 mois, 12 mois, 24 mois, 36 mois et dans certaines mesures à 6
mois, 18 mois. Ce qui fait que dans l'analyse de la mortalité des
enfants de moins de cinq ans, il est mieux de considérer les
décès de moins de cinq ans globalement que d'en distinguer la
mortalité infantile de celle juvénile. Le pourquoi est le
suivant : dans le classement, certains décès infantiles sont
comptés comme juvénile et vice versa.
Dans le cas de notre étude, pour atténuer
l'effet des pics à certains âges au décès, nous
avons adopté le regroupement conventionnel suivant :
décès infantile qui va de 0 à 11 mois
révolus ; juvénile supérieur à 12 mois et
enfin infanto-juvénile de 0 à 59 mois révolus. Une fois de
plus, la mauvaise déclaration des âges au décès des
enfants différentielles est due en grande partie au niveau
d'instruction, l'ethnie et le milieu de socialisation de la mère.
Ainsi, l'application du cours des méthodes indirectes
d'appréciation de la qualité des données montre que l'EDST
de 1998, comme toutes oeuvres humaines, présente quelques
insuffisances. Toutefois, les données ne sont pas de mauvaise
qualité,donc acceptable. Les figures et calculs à partir des
déclarations de l'âge de la mère au moment de
l'enquête ont montré une attraction pour les chiffres zéro
et cinq. L'échantillon des femmes éligibles pour le questionnaire
individuel ne prend en compte que les femmes de 15 à 49 ans
révolus. A ce niveau, nous pouvons affirmer que les données
relatives à la mortalité des enfants de moins de cinq ans sont
incomplètes, car, au Tchad, bien des femmes commencent leur vie
procréative à moins de 15 ans. Cette réalité
sociologique et démographique devait être pris en compte lors des
opérations de collecte pour ne pas sous-estimer la mortalité des
moins de cinq ans.
3.3. Les méthodes
d'analyse
La plupart des données recueillies
lors de l'Enquête Démographique et de Santé du Tchad (1998)
sur la mortalité des enfants portaient sur les événements
survenus au cours des cinq dernières années pendant
l'enquête.
Les informations relatives aux variables intermédiaires
de la mortalité infantile et juvénile telles que l'allaitement,
la vaccination, la consultation prénatale, etc, n'ont été
collectées que pour les enfants nés vivants durant les cinq
dernières années (1992-1996) précédent
l'enquête, ce qui est possible de faire une analyse approfondie sur les
déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq ans.
L'analyse des déterminants de la mortalité des enfants de 0
à 5 ans doit porter sur ces générations. Alors qu'il se
pose un problème de non exposition de tous les enfants au risque de
subir l'événement étudié (décès avant
un an ou avant cinq ans) sur la période. C'est-à-dire que parmi
ces enfants il n' y en a qui n'ont pas encore atteint leur premier anniversaire
au moment de l'enquête et doivent être exclus pour l'analyse des
déterminants de la mortalité infantile. Aucun de ces enfants n'a
encore atteint son cinquième anniversaire, donc aucun n'est
entièrement exposé au risque de mortalité entre 0 et 5
ans.
Pour résoudre ce problème, les analyses
porteront sur les cohortes d'enfants totalement exposés au risque de
décéder (de la naissance jusqu'au cinquième anniversaire).
Ainsi, nous avons, à partir du fichier individuel femme et du fichier
enfant de cinq dernières années avant l'enquête
(1992-1996), constitué notre fichier d'analyse. Nous avons choisi la
période quinquennale qui vient juste avant celle qui
précédait immédiatement l'enquête
(1987-1992)22(*) pour
l'analyse de la mortalité infanto-juvénile et juvénile. En
absence des variables intermédiaires susceptibles de rendre compte des
comportements des mères en matières de santé pour leurs
enfants de la période (1987-1992), nous avons retenu les comportements
des mères au cours de la période (1992-1996) relatif au premier
enfant proche de la période choisie. De ce fait, nous avons posé
comme hypothèse que la mortalité est stationnaire dans la
période choisie et que les comportements des mères en
matières de soins de santé et alimentaire de leur
progéniture n'ont pas connu de changement au cours des dix
dernières années. En ce concerne la mortalité infantile,
c'est bien la cohorte d'enfants de la période 1992-1996 qui a
été retenue.
Cette approche soulève quand même un
problème de valeur manquante (17% au maximum). En effet, il est
impossible de saisir les comportements des mères qui ont eu au moins un
enfant au cours de la période 1987-1992 mais qui n'ont plus eu la chance
de donner naissance au cours de la période 1992-1996. Mais, si nous
perdons les informations d'un enfant sur six au maximum sinon pas du tout,
à notre avis l'analyse ne peut être biaisée. Pour ce faire,
deux méthodes d'analyse statistique ont été
utilisées dans le cadre de cette étude :
- La première est essentiellement descriptive avec
des procédures bivariées. Elles permettent de mettre en
évidence la variation de la mortalité des enfants selon les
variables indépendantes (culturelles, socio-économiques et
contextuelles) et les variables intermédiaires, prenant tous les enfants
en compte. A l'aide de la statistique de khi-deux, nous apprécions
l'existence ou non de la relation entre chacun des facteurs ci haut
cités et le risque de mortalité des enfants de moins de cinq ans.
Après avoir analysé les présomptions de relations, nous
passons au second niveau d'analyse.
- La seconde est purement explicative, ce second niveau
d'analyse permet de mesurer les effets de chaque groupe de facteurs sur la
mortalité des enfants de moins de cinq ans. Elle a consisté
à l'utilisation de la régression logistique binaire pour mettre
en exergue les déterminants de la mortalité infantile et leur
degré de signification. Les variables dépendantes
considérées ici correspondent au fait qu'un enfant en
période infantile (moins d'un an d'âge) ou en période
juvénile (entre un et quatre ans révolus) ou en période
infanto-juvénile (de 0 à 4 ans révolus), meurent ou
survivent, est de nature dichotomique. C'est cette modalité des
variables dépendantes qui explique le choix du modèle de
régression logistique pour l'analyse des données sur la
mortalité. Ce modèle est efficace pour l'étude des
variables dépendantes non continues et souvent qualitatives. Son
avantage réside dans le fait que sa fonction est relativement proche de
la fonction cumulative normale et son application est simple.
L'expression mathématique du modèle logistique
dans cette étude se présente comme suit :
Log [P/ (1-P)]=a+bX+ e
Où a est une
constante ;e est la variation aléatoire ;
b désigne le vecteur des coefficients qui mesurent
l'effet de "X" sur "P" ;
X étant le vecteur des variables
indépendantes ; P étant la
probabilité pour que l'enfant décède et
1-P est la probabilité de l'événement
contraire c'est-à-dire la chance pour que l'enfant survive.
Les paramètres logistiques sont estimés par la
méthode de maximum de vraisemblance. Ils indiquent l'effet net de chaque
variable indépendante et procurent un test d'association entre la
variable indépendante spécifique et le décès
infantile, juvénile ou infanto-juvénile selon le cas, en
maintenant constantes les autres variables.
Ainsi, à partir des paramètres estimés,
l'on peut calculer :
1) Les probabilités pour que l'événement
étudié (décès d'un enfant) se réalise dans
les sous populations considérées. Elles sont données par
la formule :
e(a+bX)/
(1+e(a+bX))) ;
2) Le risque relatif, qui permet de mesurer le risque (la
probabilité) encouru par un enfant de la catégorie "i" d'une
variable par rapport à celui de la catégorie "j"
(catégorie de référence) vis-à-vis de
l'événement étudié (décès d'un
enfant), est donné par le rapport de la probabilité pour que
l'événement survienne (décès d'un enfant) chez les
enfants de la catégorie "i" d'une variable (par exemple, les enfants de
mères sans instruction) à la probabilité de
l'événement pour ceux de la catégorie de
référence pour cette variable (par exemple, les enfants de
mères de niveau secondaire ou plus). Ce risque se présente comme
suit : (P(y=1|x=i)/ (P(y=1) |x=réf)
Pour les interprétations des résultats, nous
avons retenu comme seuil de signification est de 1%, 5% ou 10% du
paramètre relatif à chaque modalité de la variable
considérée.
CHAPITRE IV
NIVEAU ET TENDANCE DE LA MORTALITE INFANTO JUVENILE
Aux trois premiers chapitres, nous avons fait une
littérature sur les déterminants qui peuvent, de manière
directe ou indirecte, entraîner les décès des enfants de
moins de cinq ans. Nous avons en outre présenté le contexte de
l'étude et la démarche méthodologique à suivre pour
appréhender ce phénomène au Tchad. Le présent
chapitre a pour but d'analyser ce phénomène à l'aide des
données de l'enquête démographique et de santé du
Tchad de 1998. Par une approche descriptive.
L'approche consiste à identifier d'éventuelles
associations entre les variables dépendantes et les variables
indépendantes retenues dans cette étude. Dans les
différents cas à analyser, il s'agit de croiser chaque variable
indépendante avec une de nos variables dépendantes et
d'apprécier le degré de leur relation par le test de Khi-deux au
seuil de 5%. Ainsi, on dira que deux variables sont significativement
associées, si la probabilité produite par le test est
inférieure à 0,05.
4.1. Niveau de la mortalité
des enfants au Tchad
Le croisement de chacune des variables indépendantes
représentatives des facteurs culturels, socio-économiques et
contextuels avec les variables dépendantes (mortalité infantile,
mortalité juvénile et mortalité infanto-juvénile)
donne les résultats consignés dans les Tableaux
13, 14, 15, 16 et 17. Il en sort que, toutes choses étant
égales par ailleurs, les proportions de la mortalité infantile,
juvénile et infanto-juvénile sont respectivement de 9,5%, 4,5% et
14,0%. La répartition irrégulière de la mortalité
de moins de cinq ans est vérifiée : deux tiers (0,67) de la
mortalité infanto-juvénile se trouvent chez les moins d'un an et
un tiers (0,33) chez les enfants de 1 à 4 ans révolus.
4.1.1. Variations du niveau de
mortalité des enfants selon les variables culturelles
Il ressort du tableau
n°14 ci-dessous que les facteurs culturels n'entretiennent pas
toujours d'association significative avec les trois composantes de la
mortalité (mortalité infantile, juvénile et
infanto-juvénile).
Tableau
14 : Risques de décès des enfants
selon les facteurs culturels
Facteurs culturels
|
%0 Mi
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mj
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mij
|
Effectifs total
|
Proba de Khi2
|
Milieu social
- grandes villes
- petites villes
- milieu rural
|
97
97
98
|
740
863
5769
|
0,886ns
|
100
89
97
|
740
863
5770
|
0,407ns
|
168
185
208
|
740
863
5769
|
0,008***
|
Religion
- catholique
- protestant
- musulman
- sans religion
|
109
93
90
147
|
1806
1278
3949
270
|
0,024**
|
112
96
89
92
|
1806
1279
3949
269
|
0,056*
|
222
197
189
226
|
1805
1278
3948
269
|
0,046**
|
Ethnie
- gorane
- arabe
- ouaddai
- baguirmi
- kanem
- fitri-ba
- hadjarai
-lac iro
- sara
- tandjilé
- peul
- kebbi
|
69
83
84
81
99
112
95
98
68
147
107
107
|
357
827
857
96
712
419
361
73
2217
500
155
768
|
0,001***
|
119
59
75
74
117
121
83
228
73
133
48
105
|
356
827
857
96
712
419
362
72
2217
500
156
768
|
0,001***
|
185
141
183
139
217
238
193
362
214
263
150
168
|
357
827
858
97
713
419
362
73
2216
501
156
767
|
0,000***
|
Niveau femme
- sans niveau
- primaire
- secondaire +
|
89
83
102
|
5883
1400
213
|
0,128ns
|
99
94
69
|
5883
1400
214
|
0,649ns
|
204
195
111
|
5882
1400
214
|
0,002***
|
Niveau homme
- sans niveau
- primaire
- secondaire +
|
87
98
99
|
4566
1853
885
|
0,173ns
|
100
107
69
|
4566
1853
884
|
0,010***
|
205
214
149
|
4566
1854
885
|
0,001***
|
Ensemble
|
97
|
565
|
|
96
|
585
|
|
199
|
1355
|
|
%0Mi: risque de décès
infantiles ;
%0Mj: risque de décès
juvéniles ;
%0Mij: risque de décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
Sous réserve d'une analyse approfondie, le
milieu de socialisation23(*) de la mère n'entretient pas une
relation significative avec les deux composantes de la mortalité
(mortalité infantile et juvénile). En effet, la non association
entre le milieu d'enfance de la mère et la mortalité des enfants
peut s'expliquer par le fait que le milieu dans lequel la mère s'est
socialisée ne peut influencer directement la mortalité de moins
de cinq ans. Il est vrai que pendant son enfance, la mère a acquis
certains comportements, dont il n'est pas évident que trois à dix
ans plus tard, ces comportements affectent l'état de santé des
enfants qu'elle mettra au monde. La mobilité ou plus
particulièrement les migrations peuvent modifier considérablement
les comportements de la mère lors que la résidence au moment de
l'enquête n'est plus la même. Par contre, cette même variable
est associée positivement à la mortalité
infanto-juvénile. La proportion de décès diminue avec le
milieu de socialisation (du milieu rural aux villes).
En attendant le contrôle des effets des autres facteurs,
il ressort du tableau 14 que la religion de la
mère est une variable discriminante des
enfants face au risque de décès. Elle apparaît davantage
plus discriminante pour la mortalité infantile et
infanto-juvénile (probabilité de Khi deux significative au seuil
de 1%) que pour la mortalité juvénile (probabilité de Khi
non significative). L'appartenance religieuse de la mère est donc un
facteur de différenciation de la mortalité des enfants. On
observe que les enfants dont les mères sont sans religion
présentent un risque relatif de décès infantile et
infanto-juvénile plus d'une fois et demi environ plus que les
mères catholiques ou protestantes, mais près de deux fois plus
que les mères musulmanes. Ce résultat traduit bien le vécu
quotidien du tchadien. En effet, la religion chrétienne est ouverte au
modèle occidental, ce qui peut expliquer en partie cette faible
mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile chez les
mères chrétiennes par rapport à des enfants dont les
mères ne pratiquent aucune religion. Car l'influence des coutumes
et certaines croyances sur les comportements des mères s'avère le
plus souvent dangereuse en matière de santé des enfants. Nous
pouvons encore essayer d'expliquer cet écart de risque relatif entre les
enfants des mères chrétiennes et ceux des mères non
pratiquantes par l'existence de la relation entre la religion
chrétienne et la scolarisation, qui a conduit nombre de chercheurs
à considérer que l'instruction est un déterminant majeur
de rupture avec certaines attitudes et croyances qui ne tiennent plus de nos
jours. La faible proportion de décès infantile, juvénile
ou infanto-juvénile des enfants des mères musulmanes que tout
autre, peut s'expliquer par les caractéristiques plus
socio-économiques que culturelles. Car les musulmans au Tchad,
possèdent plus des biens que les autres et cela peut influer
considérablement sur le niveau de vie et entraîner un faible taux
de mortalité chez leurs progénitures, lorsqu'on sait que pour se
faire soigner, il ne suffit pas seulement de se rendre dans une structure
sanitaire même publique, mais il faut surtout avoir des moyens
financiers.
Tout comme la religion, l'ethnie de la
mère est un facteur de discrimination des en matière de
mortalité. Il apparaît que, ce soit pour la mortalité
infantile, juvénile ou infanto-juvénile, la probabilité de
la statistique de khi deux est significative au moins au seuil de 5%. C'est le
groupe ethnique Tandjilé qui enregistre le plus grand nombre de
décès des enfants de moins d'un an et ceux de 0-4ans
révolus. En revanche, pour la période juvénile, les
enfants des mères Lac Iro sont les plus
désavantagés du point de vue de la survie. Ils courent les
risques de décès les plus élevés 22,8%.
Considérée dans l'ensemble, la mortalité des enfants de
moins de cinq ans ne varie pas sensiblement selon l'ethnie des mères. Il
est possible de trouver dans chacun des groupes ethniques des comportements des
mères en matière de santé des enfants susceptibles
d'expliquer les différentes proportions des décès des
enfants observées.
Le niveau d'instruction de la mère est
lié seulement à la mortalité infanto-juvénile au
seuil de 1%, alors que l'instruction du père est
liée à la mortalité juvénile et
infanto-juvénile au seuil de 5%. Le niveau obtenu ici est celui attendu,
la mortalité baisse avec le niveau d'instruction de la mère. La
tendance d'une forte mortalité infanto-juvénile chez les femmes
ayant un niveau d'instruction secondaire ou plus, s'explique tout simplement
par les faibles effectifs des enfants de ce groupe. En effet, une femme
instruite, du fait de son ouverture à la modernité, rompt plus
facilement avec certaines croyances et pratiques néfastes à la
santé de sa progéniture. En outre, on s'attend à ce
qu'une femme instruite puisse mieux prendre soin de son enfant en
matière d'hygiène domestique appropriée, alimentaire et
vaccination, etc. Au delà de cette liaison entre la mortalité
des enfants et le niveau d'instruction de la mère, les facteurs
endogènes peuvent changer la donne. Le niveau d'instruction du
père de l'enfant, apparaît plus sensible sur la mortalité
infanto-juvénile que celui de la mère (Tableau
14). Dans la littérature, les chercheurs mettent davantage la
relation entre le niveau d'instruction du père et la mortalité de
moins de cinq ans par le biais de son statut social ou professionnel et
à son revenu. Plus précisément, le niveau de vie du
ménage peut influer sur la santé de l'enfant à travers la
quantité et la qualité des ressources alimentaires et
l'accès au système de soins.
En définitive, sans le contrôle des effets des
autres facteurs, nous constatons que la mortalité infantile et
infanto-juvénile n'ont de lien significatif qu'avec la religion,
l'ethnie et le niveau d'instruction de la mère au seuil de 5%. En
absence des autres facteurs socio-économiques, contextuels et les
variables intermédiaires, l'influence des autres variables
socioculturelles telles que le milieu de socialisation et le niveau
d'instruction du père semble inexistante. Pour la mortalité
juvénile, il n' y a que l'ethnie et le niveau d'instruction du
père qui sont associées au seuil de 5%. La variable milieu de
socialisation n'est liée de façon significative à la
mortalité infantile et juvénile, de même le niveau
d'instruction du père n'est associé qu'à la
mortalité juvénile et infanto-juvénile au seuil de 5%.
4.1..2. Les facteurs
socio-économiques et la mortalité des enfants
L'analyse bivariée descriptive entre les facteurs
socio-économiques et les trois variables dépendantes
(mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile) n'a
porté que sur la possession d'électricité, le milieu de
résidence, occupation de la mère, le type d'activités de
la mère selon la mobilité et occupation du père (tableau
15).
Tableau
15 : Risques de décès des
enfants selon les facteurs socio-économiques (en
%0).
Facteurs socio-économiques
|
%0 Mi
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mj
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mij
|
Effectifs total
|
Proba de Khi2
|
Electricité
- non
- oui
|
99
73
|
7303
182
|
0,176ns
|
98
64
|
7304
182
|
0,073*
|
202
126
|
7303
182
|
0,002***
|
Milieu résidence
- urbain
- rural
|
98
96
|
1641
5856
|
0,338ns
|
98
96
|
1641
5856
|
0,043**
|
206
188
|
1640
5856
|
0,084*
|
Occupation mère
- sans occupation
- agricultrice
- autres secteurs
|
96
101
98
|
2909
2106
2462
|
0,461ns
|
100
91
99
|
2909
2107
2462
|
0,881ns
|
194
201
203
|
2909
2107
2461
|
0,405ns
|
Type activités selon la -mobilité
-inoccupée
- occ à la maison
- occ ailleurs
|
96
88
102
|
2909
1137
3443
|
0,167ns
|
100
94
94
|
2909
1137
3443
|
0,936ns
|
194
189
205
|
2909
1137
3442
|
0,200ns
|
Occupation père
- inactif
- agriculteurs
-autres secteurs
|
93
100
95
|
119
5252
1836
|
0,347ns
|
83
95
98
|
120
5252
1836
|
0,475ns
|
170
201
195
|
120
5252
1835
|
0,854ns
|
Ensemble
|
97
|
565
|
|
96
|
585
|
|
199
|
1355
|
|
%0Mi: risque de décès
infantiles ;
%0Mj: risque de décès
juvéniles ;
%0Mij: risque de décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
Mises à part le milieu de résidence de
la mère et la possession
d'électricité les éléments du tableau 15
montrent que, considérées séparément les variables
rendant compte des facteurs socio-économiques n'entretiennent aucune
relation significative avec les trois composantes de la mortalité des
enfants. Ce résultat est à interpréter avec prudence, car
il peut masquer certaines associations susceptibles de se manifester à
la phase de l'analyse explicative.
Comme nous l'avons écrit dans le chapitre premier,
le milieu de résidence est un facteur de discrimination
des enfants en matière de mortalité. Plusieurs études ont
montré cette inégalité de décès soit entre
les grandes villes et les petites villes, soit à l'intérieur
même des grandes villes, des différences entre les couches
sociales, soit encore la différence de mortalité entre le milieu
urbain et le milieu rural. Dans le contexte tchadien, pour la période
infanto-juvénile, les enfants du milieu urbain (20,6%) meurent plus que
ceux du milieu rural (18,8%). C'est qui est contraire aux résultats
attendus. Ces résultats peuvent être expliqués par les
maladies telles que la diarrhée, les maladies respiratoires et la
fièvre qui touchent légèrement plus les enfants du milieu
urbain que rural. Quand on sait que ces maladies sont les principales causes de
décès d'enfants, il est normal qu'on puisse constater que les
niveaux de mortalité soient si proches ou plus élevés dans
le milieu urbain que rural.
En somme, il apparaît que seule la variable
région de résidence parmi les facteurs socio-économique
est associée au seuil de 5% à la mortalité de moins de
cinq ans quel que soit l'âge. En absence d'autres facteurs, l'influence
des facteurs socio-économiques semble inexistante pour certaines
variables.
4.1.3. Les facteurs contextuels et
la mortalité des enfants
Le contexte dans lequel vit l'enfant est très
déterminant pour sa survie. Certains auteurs utilisent le terme
environnement immédiat. Parmi les facteurs contextuels retenues dans
l'étude, seuls la région de résidence et dans une moindre
mesure le type d'aisance sont significativement associés à la
mortalité des enfants.
En ce qui concerne la région de
résidence, on s'aperçoit que les enfants meurent plus
dans la région de Tandjilé que partout ailleurs, quelle
que soit la composante de la mortalité considérée. En
revanche, la région de BET+Biltine détient les plus
faibles risques de décès juvéniles (53%0) et
infanto-juvéniles (159%0). Cet avantage d'être la
région la moins touchée par le phénomène
étudié revient à Batha lorsqu'il s'agit de la
mortalité infantile soit 5% de décès (Tableau 16).
Tableau 16 : Risque de
décès des enfants selon les facteurs contextuels
(en %0)
Facteurs contextuels
|
%0 Mi
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mj
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mij
|
Effectifs total
|
Proba de Khi2
|
Région
- batha
- bet+biltine
-charibaguir
- guera
- kanem
- lac
-logone occ
-logone orien
-mayo kebbi
-moychari
- ouaddai
- salamat
- tandjilé
- ndjamena
|
50
77
113
110
86
69
85
117
64
111
91
74
141
103
|
323
247
923
308
322
315
519
579
853
831
719
260
639
659
|
0,000***
|
88
53
77
107
156
82
85
120
78
103
86
86
126
104
|
324
247
923
308
322
316
519
579
853
832
718
260
638
659
|
0,003***
|
171
159
182
196
259
168
167
251
184
216
190
201
261
186
|
324
248
923
308
322
315
518
579
854
831
718
260
638
658
|
0,000***
|
Eau boisson -surf/puits
-robinet
|
100
90
|
6354
1110
|
0,109ns
|
100
98
|
6354
1110
|
0,879ns
|
204
179
|
6353
1110
|
0,029**
|
Type aisance
- nature
- latrine/autr
|
100
94
|
5376
2092
|
0,026**
|
100
92
|
5376
2092
|
0,064*
|
211
179
|
5377
2092
|
0,003***
|
Matériau sol
- naturel
- moderne
|
89
84
|
7168
321
|
0,283ns
|
99
66
|
7168
321
|
0,026**
|
204
126
|
7168
321
|
0,001***
|
Ind. confort
- très faible
- faible
- moyen
-élevé
|
100
88
85
65
|
5068
1432
744
200
|
0,150ns
|
43
50
54
35
|
5068
1432
744
199
|
0,369ns
|
143
138
137
100
|
5068
1432
743
200
|
0,374ns
|
Ensemble
|
97
|
565
|
|
96
|
585
|
|
199
|
1355
|
|
%0Mi: risque de décès
infantiles ;
%0Mj: risque de décès
juvéniles ;
%0Mij: risque de décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
Cette irrégularité de la mortalité selon
la région de résidence peut résulter des effets
combinés des différences de conditions climatiques dans ces
régions d'une part et des conditions socio-économiques et
sociales d'autres parts. La région de Tandjilé, par
exemple qui est situé dans la zone soudanienne au Sud du pays, avec des
terres moins fertiles, défavorables à la survie des enfants
à cause des disettes et des famines qu'elle connaît tous les
temps, il faut ajouter à cela le faible taux de couverture sanitaire.
Par contre, la région de BET+Biltine, qui est au Nord du pays,
bénéficie des subventions de médicaments et
gratuité de soins de santé par le programme Fonds
Européens de Développement (FED).
Quant au type d'aisance, son association avec
la mortalité des enfants n'est que partielle car elle ne concerne que la
composante infanto-juvénile (au seuil de 5%). A cet effet, il convient
de mentionner que les tout petits enfants (moins d'un an) meurent plus nombreux
lorsqu'il appartiennent à des ménages n'ayant pas des toilettes
(21,1%) plutôt qu'aux ménages qui en ont (17,9%). Cette tendance
laisse penser au problème d'hygiène environnementale, qui traduit
une mortalité juvénile imputable aux maladies intimement
liées au péril fécal en cas de partage des toilettes
familiales avec les enfants. La vérification d'une telle
hypothèse requiert toutefois la réalisation d'une étude
spécifique basée sur des données appropriées.
Le mode d'approvisionnement en eau de boisson
du ménage, n'est associé qu'à la mortalité
infanto-juvénile au seuil de 5%. La proportion de décès
est plus élevée chez les enfants qui consomment l'eau non potable
(20,4%) que ceux qui en consomment (17,9). Le matériau du sol
du ménage qui traduit en partie le niveau de vie du
ménage, est associé partiellement au phénomène
étudié (au seuil de 5%). Pour la période juvénile,
révélés non significative quelle que soit l'âge au
décès des enfants. Alors que ceux-ci sont les conséquences
directes de survie des enfants de moins de cinq ans.
En résumé, mis à part les l'association
des trois variables (eau de boisson, matériau de sol et type d'aisance)
avec la mortalité infanto -juvénile et dans une moindre mesure la
mortalité juvénile, il apparaît que le contexte ainsi
définit par les différentes variables si dessus n'a pas de lien
significatif avec la mortalité des enfants de moins de cinq ans au Tchad
en 1998. Cependant, les différents niveaux de mortalité sont plus
importants sur la mortalité infanto-juvénile que sur la
mortalité infantile. Cela met en évidence que les facteurs
extérieurs aux parents de l'enfant en particulier ceux de la mère
et les facteurs extérieurs à l'enfant lui-même agissent de
façon manifeste sur la santé de l'enfant dés que celui-ci
survienne à un an. Alors qu'avant cet âge, ce sont plutôt
les causes endogènes qui sont responsables de risque de
décès.
4.1.4. Les caractéristiques
comportementales et la mortalité des enfants
De toutes les variables comportementales de l'étude,
seul le lieu d'accouchement semble ne pas être
lié à la mortalité des enfants (tableau 17).
Quand à l'assistance de la mère
à l'accouchement son association au phénomène
étudié n'est que faiblement perçue (au seuil de 10%) et
ne concerne que les décès infanto-juvéniles dans leur
ensemble. La proportion de ces décès est relativement moins
élevée en cas d'un accouchement non assisté par un
personnel médical qualifié (18,7%) qu'en cas d'un accouchement
assisté (19,8%). Cela est contraire aux résultats attendus, mais
peut être expliquer par le fait que parmi les causes de
décès de moins de cinq ans figurent en bonne place les
complications de l'accouchement ; ce sont les sages-femmes et
infirmières qui assurent souvent l'assistance à l'accouchement
des mères. Les médecins n'interviennent que lorsqu'il y a des
complications à l'accouchement des mères et là encore que
dans les grands centres de santé. La visite
prénatale est associée
Tableau
17: Risques de décès des enfants
selon les comportements des mères en matière de
santé.
Variables comportementales
|
%0 Mi
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mj
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mij
|
Effectifs total
|
Proba de Khi2
|
Vaccin
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou plus
|
100
86
92
|
5118
1812
528
|
0,048**
|
99
88
99
|
5118
1812
528
|
0,997ns
|
209
177
177
|
5118
1812
529
|
0,015**
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
87
103
|
2402
5086
|
0,008**
|
94
97
|
2401
5086
|
0,263ns
|
184
204
|
2402
5086
|
0,055*
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
90
99
|
1221
6250
|
0,180ns
|
91
97
|
1221
6249
|
0,371ns
|
187
198
|
1221
6250
|
0,096*
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans structure
|
99
86
|
6569
886
|
0,237ns
|
97
92
|
6569
886
|
0,709ns
|
199
177
|
6569
886
|
0,222ns
|
Durée d'allaitement
- non allaités
- allaités -1 an
- allait +1 an
|
785
530
02
|
325
371
9
|
0,000***
|
95
124
98
|
7
17
311
|
0,639ns
|
239
257
194
|
332
389
319
|
0,094*
|
Intervalle inter génésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
129
97
57
|
1440
2674
1948
|
0,000***
|
130
91
61
|
1440
2674
1949
|
0,002***
|
256
193
115
|
1440
2674
1949
|
0,000***
|
Ensemble
|
97
|
565
|
|
96
|
585
|
|
199
|
1355
|
|
%0Mi: risque de décès
infantiles ;
%0Mj: risque de décès
juvéniles ;
%0Mij: risque de décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
Par ailleurs, le statut
vaccinal de l'enfant entretient la relation qu'avec la
composante infantile la mortalité. De même, la visite
prénatale de la mère est associée à la
mortalité infantile et infanto-juvénile au seuil de 5%. Cette
relation entre ces deux variables et la mortalité infantile est d'autant
plus plausible qu'elle repose sur deux variables spécifiques aux
périodes prénatale et post-natale, par rapport aux quelles les
enfants de 1 à 4 ans sont moins concernés. A cet effet, on en
retient que, le nombre de décès diminue nettement avec
l'augmentation du nombre de doses du vaccin anti-tétanique
administrés à l'enfant. D'autre part, on enregistre moins des
décès des enfants chez les femmes ayant effectuées leur
visite prénatale auprès d'un professionnel de santé
qualifié, comparativement aux femmes ayant été
examinées par la matrone ou par d'autres personnes moins
indiquées en matière de consultation prénatale. Ce
résultat témoigne du bénéfice sanitaire que procure
un bon suivi médical de la femme pendant la grossesse, qui se manifeste
à travers la réduction de la mortalité infantile. Ce
résultat confirme la revue de la littérature en ce sens que, les
visites prénatales permettent d'éviter, sinon de réduire,
le risque de malformation du foetus conduisant le plus souvent au
décès des enfants en bas âge. On remarque ici pour le cas
du Tchad, que le suivi de la grossesse par un personnel de santé diminue
de façon notable le niveau de mortalité de moins de cinq ans.
Enfin, deux variables se distinguent par leur liaison
significative aux trois variables dépendantes de l'étude :
l'allaitement des enfants et l'espacement des
naissances. Les résultats de l'analyse montrent que, d'une
part, un allaitement maternel intensif et prolongé et, d'autre part,
l'allongement de l'intervalle intergénésique correspondant aux
faibles proportions des décès des enfants.
En résumé, la mortalité
différentielle selon les caractéristiques comportementales des
mères (en particulier l'allaitement et l'intervalle
intergénésique) met en évidence les risques importants que
fait courir aux enfants une fécondité élevée,
caractérisée par le non allaitement aux seins des enfants,
naissances précoces et des intervalles intergénésiques
très courts.
4.5. Les caractéristiques
biodémographiques de la mère et des enfants et mortalité
des enfants
Les résultats relatifs au croisement des
caractéristiques biodémographiques des mères et des
enfants avec la mortalité de ces derniers sont présentés
dans le tableau 18.
Tableau 18: Risques de
décès des enfants selon lescaractéristiques
biodémographiques de la mère et des enfants.
Variables biodémographiques de la mère et des
enfants
|
%0 Mi
|
Effectif total
|
Proba de Khi2
|
%0 Mj
|
Effectif total
|
Proba Khi2
|
% Mij
|
Effectifs total
|
Proba Khi2
|
Age de la mère
- 15-19
- 20-34
- 35 ou plus
|
141
96
89
|
646
5365
1485
|
0,009**
|
59
97
96
|
646
5365
1486
|
0,823ns
|
200
201
196
|
646
5365
1485
|
0,409ns
|
Rang de naissance de l'enfant
- rang1
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
112
90
77
110
|
1424
3282
1501
1289
|
0,002**
|
91
89
104
115
|
1424
3283
1501
1289
|
0,279ns
|
193
190
191
239
|
1423
3283
1501
1290
|
0,052**
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
106
84
|
3776
3722
|
0,001***
|
102
92
|
3776
3722
|
0,280ns
|
210
188
|
3775
3721
|
0,041**
|
Ensemble
|
97
|
565
|
|
96
|
585
|
|
199
|
1355
|
|
%0Mi: risque de décès
infantiles ;
%0Mj: risque de décès
juvéniles ;
%0Mij: risque de décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
L'association entre l'âge de la
mère et la mortalité des enfants se manifeste
qu'à travers la composante infantile seulement de ce
phénomène démographique. Cependant, l'évolution de
ce dernier en fonction de l'âge de la mère offre une situation,
selon laquelle la mortalité infantile baisse quand l'âge de la
mère augmente (relation négative) . Ainsi, la baisse des
décès infantiles en fonction de l'âge de la mère
traduirait une attention soutenue que les femmes âgées accordent
aux enfants en raison de leur expérience en matière de
procréation. Cette attention concerne notamment le respect des
règles élémentaires d'hygiène, l'entretien et le
soin dont bénéficient plus les nouveau-nés que les grands
enfants.
Pour ce qui est du rang de naissance des enfants
sa relation avec la mortalité
de ceux-ci ne se manifeste que pour les décès infantiles
et infanto-juvéniles. Dans les deux cas, la surmortalité est plus
préoccupante chez les enfants de rangs extrêmes (soit rang1 et
rang7 ou plus) que chez ceux de rangs intermédiaires, comme le
préconise la littérature. En considérant la
mortalité infantile, on constate tendance vers l'égalité
des décès de rangs extrêmes (10%). Cette situation
évolue dans le sens de la hausse de décès lorsqu'on passe
à la mortalité infanto-juvénile : la proportion de
décès devient alors de 19% chez les premiers-nés mais
plutôt d'environ 24% chez les enfants de rang supérieur ou
égal à 7.
La mortalité différentielle selon le
sexe de l'enfant se limite à la composante infantile et se
répercute au niveau infanto-juvénile. Les éléments
du tableau 18 confirment la surmortalité masculine à bas
âge (11% de décès contre 8% chez les filles) que la
littérature attribue souvent aux causes endogènes (biologiques)
et au delà ce sont les filles qui meurent plus que les garçons
à cause des discriminations faites aux filles en matière de soins
de santé ou d'alimentation.
4.6. Synthèse
Le croisement des variables indépendantes avec les
trois variables dépendantes laisse apercevoir que les variables proches
telles que le statut vaccinal, la visite prénatale, l'allaitement,
l'espacement des naissances et le rang de naissance des enfants semblent
être les médiateurs par lesquels s'effectuent les effets
conjugués des facteurs culturels, socio-économiques et
contextuels.
Retenons que l'association entre certaines variables et les
trois composantes de la mortalité au cours de l'analyse descriptive ne
sont que des présomptions qui peuvent ne pas se vérifier
absolument quand on contrôle les effets de celles-ci avec d'autres
variables qui concourent à la réalisation à la
réalisation ou non des décès infantiles, juvéniles
ou infanto-juvénile. Les conclusions faites pour chacune des variables
significatives précédemment ne représentent que les effets
nets non contrôlés de chacune d'elles sur la mortalité des
moins de cinq ans, toutes choses étant égales par ailleurs. Il
est nécessaire d'examiner l'apport (la contribution) de chaque groupe
de variables en présence des autres dans l'explication de la
mortalité que courent les jeunes enfants tchadiens avant leur
cinquième anniversaire.
CHAPITRE V
ESSAI D'EXPLICATION DE LA MORTALITE DES ENFANTS
Dans la partie précédente, nous avons mis en
évidence l'existence ou non des liens entre les facteurs inscrits dans
notre cadre d'analyse et la mortalité des enfants. Ces relations peuvent
être fallacieuses, car ne tenant pas compte de la présence des
autres variables. L'objectif de ce chapitre est de vérifier la
solidité des associations entre les composantes de la mortalité
et les variables indépendantes. Pour identifier les facteurs explicatifs
de la mortalité des enfants, l'application de la régression
logistique s'est faite en trois étapes. D'abord, chacun des trois
groupes de facteurs a été introduit dans le
modèle24(*).
L'influence différentielle de chaque groupe de facteurs a
été mesurée en absence des variables intermédiaires
(comportements des mères et caractéristiques
biodémographiques des mères et des enfants) puis en
présence de celles-ci. Ensuite, chacune des variables des trois groupes
de facteurs et chacune des variables de comportement de la mères et les
variables des caractéristiques biodémographiques de la
mère et des enfants ont été introduites une à une
(effets nets non contrôlés) avec les composantes de la
mortalité (infantile et juvénile). Enfin, les trois groupes de
facteurs ont été introduits séquentiellement dans le
modèle de régression (pas à pas), jusqu'à
l'obtention du modèle saturé (global)25(*).
L'introduction des facteurs s'est faite suivant les niveaux
définis dans le schéma d'analyse, dans l'ordre suivant : (1)
facteurs culturels ; (2) facteurs socio-économiques ; (3)
facteurs contextuels ; (4) caractéristiques comportementales de la
mères et (5) caractéristiques biodémographiques de la
mères et des enfants. Les effets nets non contrôlés sont
définis comme étant les effets de ces variables
indépendantes lorsqu'on les considèrent individuellement. Les
effets nets contrôlés sont ceux dont les effets des autres
variables indépendantes ont été contrôlés
(comportementales et biodémographique).
5.1. Les effets des facteurs
culturels sur la mortalité des enfants
Le tableau n°19 ci-dessous contient les
résultats relatifs à l'influence des facteurs culturels sur la
mortalité des enfants. Les effets nets non contrôlés
confirment la tendance observée à l'analyse bivariée. On
observe, au niveau net non contrôlé et comme au niveau net
contrôlé que, la plupart des facteurs culturels n'ont pas toujours
un effet significatif sur la mortalité des enfants quel que soit
l'âge au décès.
Les résultats de l'analyse montrent que l'âge de
la mère et la parité atteinte (variables de contrôle)
influent significativement sur la mortalité infantile. Celle-ci baisse
avec l'âge de la mère, mais augmente avec le nombre de ses enfants
nés vivants.
Tableau 19 : Les
effets nets non contrôlés et contrôlés des facteurs
culturels sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans.
facteurs culturels
|
Effets nets non contrôlés
|
Effets nets controles
|
Mortalité des enfants
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Age
Parité
|
0,928***
1,211***
|
0,994ns
1,002ns
|
0,994ns
1,009ns
|
0,961**
1,267***
|
0,976ns
1,003ns
|
0,989ns
1,006ns
|
Milieu de socialisation
- grandes villes
- petites villes
- milieu rural
|
ns
1,192ns
1,137ns
R
|
ns
1,254ns
1,078ns
R
|
ns
0,928ns
1,048ns
R
|
ns
1,357*
1,289ns
R
|
ns
1,136ns
1,082ns
R
|
ns
1,002ns
1,044ns
R
|
Appartenance religieuse mère
- catholique
- protestant
- sans religion
- musulman
|
***
1,600ns
1,486ns
2,771***
R
|
ns
1,79ns
0,970ns
0,827ns
R
|
ns
0,890ns
0,796ns
0,725ns
R
|
**
1,655ns
1,498ns
2,965**
R
|
ns
1,470ns
1,298ns
1,372ns
R
|
ns
1,145ns
1,035ns
0,950ns
R
|
Ethnie de la mère
-gorane
-arabe
-ouaddaï
-baguirmi
-kanem
-fitri-ba
-hadjarai
-lac iro
-kebbi
-tandjilé
-peul
-sara
|
**
1,517ns
1,837*
1,940*
1,536ns
2,253**
2,572**
2,096**
2,028ns
2,103***
2,673***
2,886**
R
|
***
1,874*
0,845ns
1,110ns
1,116ns
1,742ns
1,738ns
1,283ns
4,194**
1,396ns
1,621*
0,500ns
R
|
***
1,234ns
0,887ns
1,029ns
0,931ns
1,472ns
1,553*
1,297ns
1,951ns
1,429**
1,972**
0,830ns
R
|
*
1,607ns
1,762ns
2,296**
1,861ns
2,551**
2,386**
2,154*
2,531ns
2,297**
2,932***
3,059**
R
|
**
1,238ns
0,656ns
0,958ns
1,113ns
1,260ns
1,489ns
1,112ns
2,707*
1,272ns
1,487n.
0,292ns
R
|
**
1,119ns
0,860ns
1,089ns
0,898ns
1,306ns
1,375ns
1,402ns
0,598ns
1,408*
2,033**
0,532ns
R
|
Niveau d'instruction mère
- secondaire ou plus
- primaire
- sans niveau
|
*
1,050ns
0,767ns
R
|
ns
1,034ns
0,954ns
R
|
ns
1,607*
1,509*
R
|
*
0,865ns
0,612ns
R
|
ns
0,903ns
0,875ns
R
|
ns
1,452ns
1,315ns
R
|
Niveau d'instruction du père
- secondaire ou plus
- primaire
- sans niveau
|
ns
1,294ns
1,101ns
R
|
**
1,726**
1,564**
R
|
**
1,450**
1,299**
R
|
ns
1,164ns
0,960ns
R
|
**
1,561*
1,788**
R
|
**
1,630**
1,586**
R
|
Vaccination
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou+
|
|
|
|
ns
0,919ns
0,766ns
R
|
**
1,301ns
0,930ns
R
|
**
1,576**
1,074ns
R
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
|
|
|
ns
0,960ns
R
|
ns
1,297ns
R
|
*
1,325*
R
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
|
|
|
ns
1,103ns
R
|
ns
0,830ns
R
|
ns
1,075ns
R
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans structure
|
|
|
|
ns
0,960ns
R
|
ns
0,917ns
R
|
ns
1,075ns
R
|
Intervalle intergénésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
|
|
|
***
2,077***
1,782***
R
|
***
1,784***
1,148ns
R
|
***
2,461***
1,685***
R
|
Rang de naissance
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
|
|
|
**
0,602*
0,646**
R
|
**
0,559**
0,779ns
R
|
ns
0,785ns
0,920ns
R
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
|
|
|
ns
1,141ns
R
|
ns
1,146ns
R
|
ns
1,132ns
R
|
Contribution (LRoc)
|
0,1656
|
0,1852
|
0,1486
|
0,9614
|
0,2694
|
0,2618
|
Nombre d'observations
|
5258
|
5512
|
6225
|
5801
|
3618
|
4072
|
chi2
|
85,336
|
57,945
|
65,080
|
109,613
|
68,826
|
114,951
|
Log likelihood
|
3227,435
|
3440,645
|
5328,308
|
2466,449
|
2196,629
|
3367,880
|
Pseudo R2
|
0,0258
|
0,016
|
0,0130
|
0,0260
|
0,161
|
0,0347
|
Mi: risque des décès infantiles ;
Mj: risque des décès juvéniles ;
Mij: risque des décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
Il en ressort que le milieu de socialisation de la
mère n'a pas d'effet significatif sur le
phénomène étudié. Ceci peut s'expliquer par le fait
que le milieu dans lequel la mère s'est socialisée ne peut
influencer directement la mortalité de moins de cinq ans. Ce sont les
comportements des mères qui peuvent avoir des effets sur la santé
de l'enfant. En revanche, l'appartenance religieuse de la
mère influence la survenue de cas de décès
particulièrement chez les tout petits enfants (moins d'un an).
Cependant, l'impact de la religion n'est que partiel, en ce sens que cette
variable discrimine uniquement les enfants des femmes musulmanes et ceux de
sans religion : le risque de décès est environ 3 fois plus
élevé chez ces derniers que chez les premiers. La prise en
compte des variables intermédiaires dans l'analyse renforce cet
écart, même si dans l'ensemble l'effet de la religion perd
quelques peu de sa signification statistique. Cela est perceptible à
travers l'accroissement de la marge d'erreur tolérable, qui passe de 1%
à 5%. L'intervalle intergénésique et le
rang de naissance de l'enfant sont les variables
intermédiaires qui contribuent à cette situation.
Ainsi, on constate une forte association entre les naissances
trop rapprochées (intervalle intergénésique de moins de
deux ans) et un risque de décès élevé chez les
nourrissons. Les enfants appartenant aux familles moins nombreuses (moins de
cinq enfants, sont les moins exposés au risque de mortalité.
L'appartenance ethnique de la mère
influence de façon différentielle la survenue des cas de
décès chez les enfants, en fonction de l'âge de ces
derniers. C'est chez les moins d'un an que la mortalité présente
une grande variabilité ethnique. On remarque que, cette
variabilité présente les enfants des mères Sara
comme les moins exposés au risque de mortalité, comparativement
aux enfants des mères appartenant aux autres groupes ethniques.
Toutefois, la différence entre ces enfants et ceux des groupes
Gorane, Baguirmi et Lac Iro n'est pas
statistiquement significative, au regard du risque considéré et
lorsqu'on ne tient pas compte de l'effet des variables intermédiaires.
Les groupes ethniques au sein desquels le risque de
mortalité infantile est le plus élevé sont :
Peul, Tandjilé et Fitri-batha. La prise en compte des
variables intermédiaires (comportements et caractéristiques
biodémographiques) dans l'analyse maintient les deux premiers groupes
à leurs places mais attribue la troisième place au groupe
kanembou. En dépit de ce classement, on observe que le risque de
mortalité dans ces trois groupes est 3 fois plus
élevé que dans le groupe Sara. S'agissant de la
période juvénile, l'effet de l'appartenance ethnique ne se
manifeste qu'à travers le groupe Lac Iro (au seuil de 1%) et
,dans une moindre mesure, les groupes Gorane et
Tandjilé (seuil de 10%). Le risque de la mortalité passe du
simple au quadruple lorsqu'on compare les enfants des Sara à
ceux de Lac Iro, alors que la comparaison de la situation sanitaire
des enfants des Sara à celle des Gorane et des
Tandjilé attribue aux deux derniers groupes un risque de 87% et
62% plus élevé, en l'absence des variables intermédiaires.
La prise en compte de celles-ci annule l'effet de ces deux groupes, tout
ramenant le risque de mortalité juvénile chez les
Tandjilé à environ le triple (2,7) de celui
observé chez les Sara. Ce qui précède conduit au
constat selon lequel les différences de mortalité
infanto-juvénile en général ne s'observent finalement
qu'entre les groupes Tandjilé, Kebbi et
Fitri-Batha d'une part et le groupe Sara d'autres
part, compte non tenu des variables intermédiaires. Cependant, le
contrôle de la relation précédente par l'effet de celles-ci
permet de ne retenir en définitive que les groupes
Tandjilé et Kebbi chez qui les enfants sont plus
exposés au risque de décès que ceux du groupe
Sara.
Tous ces résultats corroborent bien la thèse
selon laquelle les comportements des individus sont régis par le
modèle culturel de référence c'est-à-dire l'ethnie.
Les comportements différentiels peuvent expliquer ces différents
niveaux de mortalité des enfants selon l'ethnie de la mère.
En ce qui concerne le niveau d'instruction des
parents, les résultats du tableau 19 montre que sa relation
avec la mortalité des enfants diffère selon qu'il s'agit de la
mère ou du père. Le niveau d'instruction de la
mère n'agit que sur la mortalité infantile, avec ou sans
l'intervention des variables intermédiaires. Mais, son effet est plus ou
moins mitigé, dans la mesure où il ne manifeste à travers
aucune des modalités de cette variable.
En revanche, le niveau d'instruction du
père n'influence que la mortalité juvénile et par
un effet d'entraînement, la mortalité infanto-juvénile. La
contribution des variables intermédiaires dans cette relation n'est que
marginale. Ainsi, le risque de mortalité juvénile baisse avec
l'augmentation du niveau d'instruction du père. Toutefois, la
présence des variables intermédiaires attribue une
légère surmortalité aux enfants dont les pères ont
atteint le niveau primaire au profit de ceux dont les pères ne sont pas
instruits. En effet, le fait que le père soit instruit diminue le
risque de mortalité significativement. Cela peut s'expliquer, d'une
part, du fait que le père à le pouvoir de décision dans le
ménage, il lui faut un minimum de connaissances pour que les soins
accordés aux enfants, les vaccinations et l'alimentation soient bien
appropriés. D'autre part, du point de vu économique, le niveau
d'instruction du père peut aussi déterminer la qualité de
soin, la qualité et quantité des aliments donnés à
l'enfant
5.2. Les effets des facteurs
socio-économiques sur la mortalité des enfants
De tous les facteurs socio-économiques retenus dans
l'étude, seul le fait pour une mère de résider dans une
maison électrifiée exerce une influence significative sur la
mortalité juvénile et infanto-juvénile (tableau
20). En effet, pour les enfants logés dans les maisons non
électrifiées, le risque de mortalité juvénile est
89% plus élevé que pour les autres. en considérant la
mortalité des enfants en général, ce risque baisse de 14%
(soit 89%-75%). Mais ce résultat ne se confirme qu'au niveau de la
mortalité infanto-juvénile lorsqu'on tient compte des variables
intermédiaires. Dans ce cas précis, le risque de mortalité
infanto-juvénile passe du simple au double, quand on compare les enfants
logés dans les maisons électrifiées à ceux qui ne
jouissent pas de ce confort. La disponibilité électrique traduit
le pouvoir d'achat du ménage, de ce fait, augmente la survie des
enfants.
Tableau 20 :
Les effets nets non contrôlés et contrôlés
des facteurs socio-économiques sur la mortalité des enfants de
moins de cinq ans
facteurs socio-économiques
|
Effets nets non contrôles
|
Effets nets contrôles
|
Mortalité des enfants
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Age
Parité
|
0,925***
1,223***
|
0,998ns
1,004ns
|
0,998*
1,012ns
|
0,957**
1,282***
|
0,980ns
1,007**
|
0,991ns
1,010ns
|
Milieu de résidence
-urbain
- rural
|
ns
0,994ns
R
|
ns
1,034ns
R
|
ns
0,886ns
R
|
ns
1,149ns
R
|
ns
0,980ns
R
|
ns
0,814*
R
|
Occupation de la mère
- sans occupation
- agriculture
- autres secteurs
|
ns
1,118ns
1,077ns
R
|
ns
1,00ns
0,947ns
R
|
ns
0,922ns
0,860ns
R
|
ns
1,628ns
1,130ns
R
|
ns
1,014ns
0,941ns
R
|
ns
1,073ns
0,998ns
R
|
activité selon la mobilité mèr
- inoccupée
- occupée à la maison
-occupée ailleurs
|
ns
1,00ns
0,879ns
R
|
ns
1,027ns
1,017ns
R
|
ns
1,00ns
0,940ns
R
|
ns
1,00ns
0,873ns
R
|
ns
0,513ns
0,952ns
R
|
ns
1,00ns
1,033ns
R
|
Occupation du père
- inactifs
- agriculture
- occupé ailleurs
|
ns
0,999ns
0,961ns
R
|
ns
0,819ns
1,044ns
R
|
ns
0,930ns
0,921ns
R
|
ns
1,969*
0,930ns
R
|
ns
0,513ns
0,861
R
|
ns
1,442ns
0,841ns
R
|
Possession d'électricité
- non
- oui
|
ns
0,763ns
R
|
**
1,887**
R
|
**
1,754**
R
|
ns
0,880ns
R
|
ns
1,903ns
R
|
**
2,090**
R
|
Vaccination
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou+
|
|
|
|
ns
0,870ns
0,769ns
R
|
ns
1,274ns
1,056ns
R
|
**
1,720**
1,277ns
R
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
|
|
|
ns
1,040ns
R
|
ns
1,165ns
R
|
*
1,303*
R
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
|
|
|
ns
1,106ns
R
|
ns
0,830ns
R
|
ns
1,085ns
R
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans structure
|
|
|
|
ns
0,998ns
R
|
ns
1,200ns
R
|
ns
1,045ns
R
|
Intervalle intergénésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
|
|
|
***
2,032***
1,665***
R
|
***
1,817***
1,224ns
R
|
***
2,456***
1,620***
R
|
Rang de naissance
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
|
|
|
**
0,550**
0,616**
R
|
**
0,565**
0,737*
R
|
ns
0,733*
0,846ns
R
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
|
|
|
ns
1,177ns
R
|
ns
0,990ns
R
|
ns
1,080ns
R
|
Contribution (LRoc)
|
0,0602
|
0,0488
|
0,0620
|
0,9578
|
0,2026
|
0,2296
|
Nombre d'observations
|
5441
|
5649
|
6373
|
4320
|
3721
|
4184
|
chi2
|
49,066
|
5,858
|
13,328
|
77,688
|
36,920
|
83,713
|
Log likelihood
|
3448,328
|
3551,775
|
5502,216
|
2653,199
|
2298,303
|
3508,847
|
Pseudo R2
|
0,0140
|
0,0083
|
0,0023
|
0,6987
|
0,0161
|
0,0254
|
Mi: risque des décès infantiles ;
Mj: risque des décès juvéniles ;
Mij: risque des décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ; ***=
relation significative au seuil de 1%.
5.3. Les effets des facteurs
contextuels sur mortalité des enfants
Proche des facteurs socio-économiques, les facteurs
contextuels déterminent la survie de l'enfant soit directement ou
d'effets induits. L'influence des facteurs contextuels sur la mortalité
des enfants dépend de chacune des variables qui composent ces facteurs.
A cet effet, on constate que, la région de
résidence agit partiellement sur ce phénomène
démographique, alors que la source d'approvisionnement en eau de boisson
ne l'influence pas du tout. Si l'on tient compte des variables comportementales
et biodémographiques, on se rend compte que le risque de
mortalité infantile est moins élevé dans les
régions de Batha (66%), Lac (72%), Logone
occidental (42%), Mayo-kebbi (57%) et Salamat (43%)
comparativement à la situation qui prévaut à
N'Djaména. Cette tendance se maintient au niveau de la
mortalité juvénile, mais à des proportions
différentes, dans le Batha, le Lac et le
Mayo-kebbi. On note n'ayant moins une différence significative
entre la situation sanitaire des enfants à N'Djaména
d'une part et ceux de BET+Biltine, Chari Baguirmi et
Ouaddaï. Mais, lorsqu'on la mortalité en
général, seules les régions de Batha et
Moyen Chari se démarquent significativement de
N'Djaména.
La surmortalité des jeunes enfants à
N'Djaména, peut s'expliquer par le fait que les principales causes (les
maladies respiratoires, la diarrhée) de décès d'enfants
touchent légèrement plus les enfants du milieu urbain et, en
particulier ceux de N'Djaména. Toutefois, elle mérite n'ayant une
étude spécifique et approfondie. Par contre les faibles
proportions de mortalité des enfants dans les régions Nord du
Tchad, en particulier la région du BET+Biltine peut être explique
par la gratuité des soins de santé et la subvention de certains
produits pharmaceutiques.
Tableau 21 :
Les effets nets non contrôlés et contrôlés
des facteurs contextuels sur la mortalité des enfants de moins de cinq
ans
Facteurs contextuels (cadre de vie)
|
Effets nets non contrôles
|
Effets nets contrôles
|
Mortalité des enfants
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Mi
|
Mj
|
Mij
|
Age
Parité
|
0,934***
1,190***
|
0,995ns
0, 999ns
|
0,996ns
1,012ns
|
0,996**
1,256***
|
0,977*
0,997ns
|
0,985ns
1,013ns
|
Région de résidence
-Batha
-BET+Biltine
-Chari Baguirmi
-Guera
-Kanem
-Lac
-Logone occidental
-Logone oriental
-Mayo kebbi
-Moyen Chari
-Ouaddaï
-Salamat
-Tandjile
-N'djamena
|
**
0,397*
0,700ns
0,931ns
0,911ns
0,727ns
0,511**
0,747ns
1,012ns
0,519**
0,990ns
0,783ns
0,570ns
1,176ns
R
|
***
0,643*
0,383**
0,573**
1,059ns
1,668**
0,780 ns
0,580*
0,669*
0,772 ns
0,591**
0,855ns
0,649**
0,616*
R
|
***
0,713*
0,651**
0,786*
0,857ns
1,183**
0,678*
0,745*
1,260ns
0,806ns
1,006ns
0,667**
0,655ns
1,257ns
R
|
***
0,338**
0,652ns
0,717ns
0,631ns
0,675ns
0,278**
0,583**
0,978ns
0,433**
1,086ns
0,733ns
0,567*
1,049ns
R
|
*
0,513*
0,295**
0,487**
1,026ns
1,567*
0,816ns
0,972*
1,160ns
0,646*
1,305ns
0,633*
0,640ns
0,858ns
R
|
**
0,611**
0,705ns
0,828ns
1,163ns
0,745ns
0,764ns
1,266ns
0,758ns
1,118ns
0,630*
0,751ns
1,519ns
0,968ns
R
|
Source d'eau de boisson
- surf/puits
- robinet
|
ns
0,899ns
R
|
Ns
1,110ns
R
|
ns
1,030ns
R
|
ns
R
0,928ns
|
ns
1,059ns
R
|
ns
0,968ns
R
|
Type d'aisance
- nature
- latrine/autre
|
ns
0,832ns
R
|
Ns
1,146ns
R
|
*
1,164*
R
|
ns
R
0,767ns
|
ns
1,242ns
R
|
*
1,222*
R
|
Matériaux du sol
- naturel
- moderne
|
ns
0,895ns
R
|
**
1,613**
R
|
***
1,677***
R
|
ns
0,632ns
R
|
ns
1,296ns
R
|
ns
1,320ns
R
|
Vaccination
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou+
|
|
|
|
ns
0,828ns
0,711*
R
|
ns
1,373
0,943ns
R
|
**
1,645**
1,158ns
R
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
|
|
|
ns
0,838ns
R
|
ns
1,321ns
R
|
*
1,313*
R
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
|
|
|
ns
0,934ns
R
|
ns
0,827ns
R
|
ns
1,036ns
R
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans structure
|
|
|
|
ns
1,122ns
R
|
ns
0,911ns
R
|
ns
1,136ns
R
|
Intervalle intergénésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
|
|
|
***
2,168***
1,702***
R
|
***
1,918***
1,287ns
R
|
***
2,557***
1,723***
R
|
Rang de naissance
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
|
|
|
**
0,562**
0,602**
R
|
**
0,565**
0,780ns
R
|
*
0,714**
0,856ns
R
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
|
|
|
ns
1,166ns
R
|
ns
1,073ns
R
|
ns
1,095ns
R
|
Contribution (LRoc)
|
0,1676
|
0,1534
|
0,1244
|
0,9580
|
0,2436
|
0,2502
|
Nombre d'observations
|
5763
|
5005
|
6768
|
4563
|
3923
|
4406
|
chi2
|
76,122
|
40,870
|
55,658
|
1974,55
|
63,022
|
115,551
|
Log likelihood
|
3607,547
|
3785,902
|
5832,843
|
2744,866
|
2426,176
|
3679,464
|
Pseudo R2
|
0,0207
|
0,0088
|
0,0083
|
0,6963
|
0,0222
|
0,0312
|
Mi: risque des décès infantiles ;
Mj: risque des décès juvéniles ;
Mij: risque des décès
infanto-juvéniles ;
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 5% ;
***=relation significative au seuil de 1%.
Quant au type d'aisance, son effet, du reste
faible, n'est significatif que lorsqu'on considère la mortalité
des enfants dans son ensemble. Il ressort des résultats que, les enfants
dont les ménages ne possèdent pas de toilettes sont les plus
exposés au risque de la mortalité que les autres. Par ailleurs,
le matériau du sol n'est significativement
associé qu'à la mortalité juvénile et
infanto-juvénile. Mais son effet disparaît en présence des
variables intermédiaires. On en conclut que cette variable n'influence
pas le phénomène étudié. En fait, avoir son sol en
matériau moderne chez soi permet de réduire la mortalité
des jeunes enfants. Généralement, les enfants bien logés
sont avant tout bien soignés et nourris. Cette variable qui fait partie
intégrante du niveau de vie du ménage est la conséquence
directe de survie des enfants de moins de cinq ans.
5.4. Les effets conjugués
des facteurs explicatifs.
Les tableaux 22 et 23 contiennent les
résultats de l'analyse explicative de la mortalité infantile et
juvénile tenant compte des trois groupes de facteurs explicatifs
à la fois. L'introduction de ces facteurs dans le modèle de
régression se fait progressivement, en vue de permettre une bonne
appréciation des effets individuels des groupes de facteurs et des
variables explicatives sur le phénomène étudié.
C'est le modèle le plus approprié à notre avis dans la
recherche des déterminants de la mortalité des enfants des moins
de cinq ans.
5.4.1. Les effets conjugués sur la
mortalité infantile
Les éléments du tableau 22
ci-dessous montrent que l'effet de l'âge de la
mère sur la mortalité infantile ne se réalise
qu'en présence d'autres facteurs (effets nets). Ceci n'est cependant pas
le cas de la parité atteinte (autre variable de
contrôle), dont la relation avec ce phénomène
démographique reste positive et significative au brut (M0) comme au net
(de M1 à M5). L'augmentation d'une unité de la parité
atteinte, augmente le risque de mortalité infantile de 1.295fois plus.
En ce qui concerne les facteurs culturels,
leur comportement global de départ (effets bruts) se maintient jusqu'au
modèle saturé (M5), mais avec des différences non
négligeables au niveau des risques de la mortalité dont ils sont
responsables.
Ainsi, seules l'appartenance religieuse et l'appartenance
ethnique de la mère demeurent les facteurs culturels pertinents dans
l'explication de la mortalité infantile. Globalement, les effets nets de
ces deux variables se renforcent et s'intensifient à mesure qu'ils sont
contrôlés par les effets des autres groupes de facteurs et de
variables intermédiaires. A ce niveau, notre seconde
hypothèse spécifique selon laquelle l'impact des trois
groupes de facteurs passe par les variables comportementales et
biodémographique est en partie vérifiée pour la
mortalité infantile. Par contre, aucune variable appartenant aux groupes
des facteurs socio-économiques et contextuels n'influence
significativement la mortalité des tout petits enfants. Dans la
catégorie des variables intermédiaires, les plus influentes sont
l'intervalle intergénésique (modèle brut et saturé)
et le rang de naissance de l'enfant (modèle saturé uniquement).
Tableau
22 : Les effets bruts et nets des variables
indépendantes et intermédiaires sur la mortalité
infantile
Variables indépendantes et mortalité
infantile
|
M026(*)
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
Age
Parité
|
0,988*
1,038**
|
0,928***
1,211***
|
0,921***
1,236***
|
0,922***
1,235***
|
0,927***
1,218***
|
0,954**
1,295***
|
Milieu de socialisation
-grandes villes
- petites villes
- milieu rural
|
Ns
0,986ns
0,986ns
R
|
Ns
1,192ns
1,137ns
R
|
ns
1,138ns
1,107ns
R
|
ns
1,145ns
1,118ns
R
|
ns
1,213ns
1,149ns
R
|
ns
1,316ns
1,237ns
R
|
Appartenance religieuse mère
-catholique
- protestant
- sans religion
- musulman
|
**
1,240**
1,039ns
1,748**
R
|
**
1,600ns
1,486ns
2,771***
R
|
**
1,739*
1,590ns
3,147***
R
|
**
1,719*
1,599ns
3,098***
R
|
**
1,743*
1,670ns
3,205***
R
|
**
1,840*
1,643ns
3,421***
R
|
Ethnie de la mère
-gorane
-arabe
-ouaddaï
-baguirmi
-kanem
-fitri-ba
-hadjarai
-lac iro
-kebbi
-tandjilé
-peul
-sara
|
**
1,014ns
1,232ns
1,253ns
1,212ns
1,511*
1,732**
1,430ns
1,487ns
1,634**
2,353***
1,632ns
R
|
**
1,516ns
1,836*
1,536**
1,536ns
2,253**
2,572**
2,096**
2,026ns
2,673***
2,886**
2,103***
R
|
**
1,459ns
1,656ns
1,937*
1,592ns
2,178**
2,551**
1,977*
2,066ns
2,654***
3,000**
2,088***
R
|
**
1,458ns
1,619ns
1,924*
1,593ns
2,168**
2,535**
1,960*
2,015ns
2,665***
2,888**
2,078***
R
|
**
1,415ns
1,475ns
1,875*
1,585ns
2,180**
2,444**
1,910*
1,945ns
2,618***
2,840**
2,042**
R
|
*
1,529ns
1,500ns
2,183*
1,837ns
2,450**
2,375**
1,837ns
2,373ns
2,105**
2,721***
2,764*
R
|
Niveau d'instruction mère
- sans niveau
- primaire
- secondaire ou plus
|
Ns
1,165ns
0,931ns
R
|
*
0,767ns
1,050ns
R
|
**
0,694ns
0,996ns
R
|
**
0,720ns
1,021ns
R
|
**
0,742ns
1,068ns
R
|
**
0,568ns
0,838ns
R
|
Niveau d'instruction du père
- secondaire ou plus
- primaire
- sans niveau
|
Ns
1,147ns
1,138ns
R
|
Ns
1,100ns
1,294ns
R
|
ns
1,179ns
1,387*
R
|
ns
1,176ns
1,385*
R
|
ns
1,145ns
1,333ns
R
|
ns
1,135ns
1,350ns
R
|
Milieu de résidence
- urbain
- rural
|
Ns
0,978ns
R
|
|
ns
1,089ns
R
|
ns
1,102ns
R
|
Ns
1,217ns
R
|
ns
1,276ns
R
|
Occupation de la mère
- sans occupation
- agriculture
- autres secteurs
|
Ns
1,033ns
1,058ns
R
|
|
ns
R
1,078ns
0,996ns
|
ns
R
1,081ns
1,013ns
|
ns
R
1,093ns
1,038ns
|
ns
R
1,185ns
1,044ns
|
activité selon la mobilité mère
- inoccupée
- occupée à la maison
-occupée ailleurs
|
Ns
0,926ns
0,851ns
R
|
|
ns
R
0,938ns
1,00
|
ns
R
0,928ns
1,00
|
ns
R
0,908ns
1,00
|
ns
R
0,960ns
1,00
|
Occupation du père
- inactifs
- agriculture
- occupé ailleurs
|
Ns
0,928ns
0,950ns
R
|
|
ns
1,235ns
1,140ns
R
|
ns
1,235ns
1, 142ns
R
|
ns
1,230ns
1,106ns
R
|
ns
2,065*
1,067ns
R
|
Possession d'électricité
- oui
- non
|
Ns
0,723ns
R
|
|
ns
0,890ns
R
|
ns
0,957ns
R
|
ns
1,004ns
R
|
ns
0,993ns
R
|
Source d'eau de boisson
- robinet
- surf/puits
|
Ns
0,897ns
R
|
|
|
ns
1,111ns
R
|
ns
1,065ns
R
|
ns
1,067ns
R
|
Type d'aisance
- latrine/autre
- nature
|
Ns
0,939ns
R
|
|
|
ns
0,918ns
R
|
ns
0,948ns
R
|
ns
0,869ns
R
|
Matériaux du sol
- naturel
- moderne
|
Ns
0,846ns
R
|
|
|
ns
R
0,852ns
|
ns
R
0,886ns
|
ns
R
0,941ns
|
Vaccination
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou+
|
Ns
R
0,877ns
0,818**
|
|
|
|
ns
R
0,946ns
1,039ns
|
ns
R
0,779ns
0,919ns
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
**
0,831**
R
|
|
|
|
ns
0,822ns
R
|
ns
0,976ns
R
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
Ns
0,902ns
R
|
|
|
|
ns
1,005ns
R
|
ns
1,097ns
R
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans une structure
|
Ns
1,176ns
R
|
|
|
|
ns
0,993ns
R
|
ns
1,022ns
R
|
Intervalle intergénésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
***
2,421***
1,754***
R
|
|
|
|
|
***
1,915***
1,727***
R
|
Rang de naissance
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
*
1,158ns
1,197ns
R
|
|
|
|
|
**
0,590*
0,633**
R
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
**
1,199**
R
|
|
|
|
|
ns
1,137ns
R
|
Likelihood
|
3663,119
|
3227,425
|
3058,156
|
3042,354
|
3001,152
|
2326,983
|
Apport en Chi2
|
0
|
435,694
|
169,269
|
15,798
|
41,202
|
674,305
|
IR2
|
0
|
0,1189
|
0,1651
|
0,1694
|
0,1806
|
0,3646
|
Pseudo R2
|
0
|
0,1189
|
0,0462
|
0,0043
|
0,0112
|
0,1840
|
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%.
On en conclut que l'effet des facteurs culturels sur la
mortalité infantile est direct, car après introduction d'autres
variables dans le modèle, leur seuil de signification n'ont pas
varié. Seule l'influence du niveau d'instruction de la mère passe
par les caractéristiques socio-économiques du ménage. En
effet, dès qu'on introduit les facteurs socio-économiques, le
niveau d'instruction de la mère augmente de signification. Par contre,
l'ethnie de la mère est médiatisée par les
caractéristiques biodémographiques de la mère et des
enfants, en particulier, le rang de naissance et l'intervalle
intergénésique précédent. Donc, l'effet de l'ethnie
sur la mortalité infantile est additif.
Pour les variables intermédiaires, on observe qu'elles
jouent la médiation entre la variable dépendante et les facteurs
culturels, socio-économiques et cadre de vie. En effet, ces variables
intermédiaires conditionnent l'effet des variables indépendantes
sur la mortalité infantile. Car d'une culture à une autre, il y a
beaucoup de chance que les pratiques d'espacement des naissances, de perception
de la maladie et surtout d'allaitement qui conditionne la bonne santé
de l'enfant peuvent différer, donnant lieu à un niveau de
mortalité différent. Nos résultats des
Tableaux n°19, 20 et 21
montrent qu'en absence des variables intermédiaires, les risques de
mortalité selon les différents groupes de facteurs diminuent.
5.4.2. Les effets conjugués sur la
mortalité juvénile
Les résultats de l'analyse indiquent qu'aucune des deux
variables de contrôle (âge de la mère et parité
atteinte) n'influe pas significativement sur la mortalité
juvénile (tableau 23).
Tableau 23 :
Les effets bruts et nets des variables indépendantes sur la
mortalité juvénile
Variables indépendantes et la mortalité
juvénile
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
Age
Parité
|
0,996ns
1,003ns
|
0,994ns
1,002ns
|
0,996ns
1,002ns
|
0,996ns
1,001ns
|
0,993ns
0,995ns
|
0,982ns
1,002ns
|
Milieu de socialisation
- grandes villes
- petites villes
- milieu rural
|
ns
1,035ns
0,912ns
R
|
Ns
1,254ns
1,078ns
R
|
ns
1,115ns
1,086ns
R
|
ns
1,119ns
1,103ns
R
|
ns
1,324ns
1,147ns
R
|
ns
1,033ns
1,062ns
R
|
Appartenance religieuse mère
- catholique
- protestant
- sans religion
- musulman
|
ns
1,300ns
1,089ns
1,040ns
R
|
Ns
1,426ns
1,173ns
R
1,209ns
|
ns
1,240ns
1,116ns
R
1,094ns
|
ns
1,208ns
1,074ns
R
1,034ns
|
ns
0,987ns
0,929ns
R
0,829ns
|
ns
0,940ns
0,890ns
R
0,616ns
|
Ethnie de la mère
-gorane
-arabe
-ouaddaï
-baguirmi
-kanem
-fitri-ba
-hadjarai
-lac iro
-kebbi
-tandjilé
-peul
-sara
|
***
1,727**
0,795ns
1,029ns
1,027ns
1,692**
1,761**
1,153ns
3,770***
1,491**
1,953**
0,645ns
R
|
***
1,343ns
0,606ns
0,796ns
0,836ns
1,248ns
1,246ns
0,920ns
3,005**
1,161ns
0,358*
0,717ns
R
|
***
1,222ns
0,537*
0,727ns
0,850ns
1,082ns
1,071ns
0,934ns
2,827**
1,212ns
0,334*
0,763ns
R
|
***
1,229ns
0,532*
0,714ns
0,853ns
1,086ns
1,052ns
0,925ns
2,638**
1,259ns
0,268**
0,786ns
R
|
**
0,849ns
0,478**
0,637ns
0,938ns
0,867ns
0,854ns
0,838ns
2,534*
1,271ns
0,188**
0,765ns
R
|
**
0,977ns
0,463*
0,653ns
0,968ns
0,868ns
1,016ns
0,898ns
1,924ns
1,339ns
0,139*
0,880ns
R
|
Niveau d'instruction mère
- sans niveau
- primaire
- secondaire ou plus
|
ns
1,478ns
1,407ns
R
|
Ns
0,954ns
1,034ns
R
|
ns
0,945ns
1,017ns
R
|
ns
0,902ns
1,020ns
R
|
ns
0,794ns
0,877ns
R
|
ns
0,916ns
1,436ns
R
|
Niveau d'instruction du père
- sans niveau
- primaire
- secondaire ou plus
|
**
1,511**
1,635**
R
|
**
1,726**
1,564**
R
|
**
1,884**
1,752**
R
|
**
1,787**
1,705**
R
|
**
1,799**
1,693**
R
|
**
2,086**
1,669*
R
|
Milieu de résidence
- urbain
- rural
|
ns
1,019ns
R
|
|
ns
1,020ns
R
|
ns
1,221ns
R
|
ns
1,133ns
R
|
ns
1,143ns
R
|
Occupation de la mère
- sans occupation
- agriculture
- autres secteurs
|
ns
1,009ns
0,914ns
R
|
|
ns
1,139ns
1,052ns
R
|
ns
1,143ns
1,044ns
R
|
ns
1,145ns
1,089ns
R
|
ns
1,205ns
1,145ns
R
|
activité selon la mobilité mère
- inoccupée
- occupée à la maison
-occupée ailleurs
|
ns
1,063ns
1,003ns
R
|
|
ns
1,059ns
1,00ns
R
|
ns
1,061ns
1,00ns
R
|
ns
1,030ns
1,00ns
R
|
ns
0,959ns
1,00ns
R
|
Occupation du père
- inactifs
- agriculture
- occupé ailleurs
|
ns
0,836ns
0,961ns
R
|
|
ns
1,067ns
0,844ns
R
|
ns
0,980ns
0,782*
R
|
ns
0,955ns
0,779ns
R
|
ns
0,590ns
0,662**
R
|
Possession d'électricité
- oui
- non
|
*
1,598*
R
|
|
ns
0,573ns
R
|
ns
0,694ns
R
|
ns
0,653ns
R
|
ns
0,643ns
R
|
Source d'eau de boisson
- robinet
- surf/puits
|
ns
1,136ns
R
|
|
|
n s
0,895ns
R
|
ns
0,972ns
R
|
ns
0,933ns
R
|
Type d'aisance
- nature
- latrine/autre
|
ns
R
1,103ns
|
|
|
**
R
0,757**
|
**
R
0,694**
|
**
1,410*
R
|
Matériaux du sol
- naturel
- moderne
|
**
1,557**
R
|
|
|
ns
R
0,750ns
|
ns
R
0,861ns
|
ns
R
0,847ns
|
Vaccination
- aucune
- 1 à 2 doses
- 3 doses ou+
|
ns
R
1,003ns
0,875ns
|
|
|
|
ns
R
0,830ns
0,957ns
|
ns
R
0,799ns
0,767ns
|
Visite prénatale
- professionnel
- matrone/autres
|
ns
0,966ns
R
|
|
|
|
ns
1,060ns
R
|
ns
1,159ns
R
|
Assistance à l'accouchement
- non assistée
- assistée
|
ns
R
0,935ns
|
|
|
|
ns
R
0,971ns
|
ns
R
0,770ns
|
Lieu d'accouchement
- maison
-dans une structure
|
ns
R
1,060ns
|
|
|
|
ns
R
1,072ns
|
ns
R
1,239ns
|
Intervalle intergénésique
- moins de 2ans
- 2 à 3 ans
- 3 ans ou plus
|
***
2,306***
1,541**
R
|
|
|
|
|
***
1,764**
1,163ns
R
|
Rang de naissance
- rang1-4
- rang5-6
- rang7 ou plus
|
*
17,787ns
21,014ns
R
|
|
|
|
|
**
0,551**
0,733ns
R
|
Sexe de l'enfant
- masculin
- féminin
|
ns
1,115ns
R
|
|
|
|
|
ns
R
0,927ns
|
Likelihood
|
3843,503
|
3440,645
|
3199,213
|
3174,421
|
2611,974
|
2024,200
|
Apport en Chi2
|
0
|
402,858
|
241,432
|
24,792
|
562,447
|
587,774
|
IR2
|
0
|
0,1048
|
0,1676
|
0,1740
|
0,3203
|
0,4732
|
Pseudo R
|
0
|
0,1048
|
0,0628
|
0,0064
|
0,1463
|
0,1529
|
ns = relation non significative ;
* = relation significative au seuil de 10% ;
**= relation significative au seuil de 5% ;
***= relation significative au seuil de 1%..
Parmi les facteurs culturels, l'appartenance ethnique et le
niveau d'instruction du père sont ceux qui discriminent les enfants
quant à leur exposition au risque de décès. Les
résultats contenus dans le tableau 23 montrent que, l'effet des facteurs
culturels en occurrence l'ethnie de la mère sur la mortalité
juvénile passe par les variables intermédiaires, surtout les
comportements des mères. Du au fait qu'après introduction de ces
variables dans le modèle, le seuil de signification de l'ethnie (1%)
des mère à diminuer.
Quant à la variation du risque de mortalité
juvénile selon le niveau d'instruction du père, celle-ci
s'accroît lorsqu'on passe du modèle brut au saturé. Par
rapport aux enfants des pères du niveau secondaire ou plus, ceux des
pères sans niveau ont 51% plus de chance de décéder, alors
que ceux des pères de niveau primaire ont 63% plus de risque de
décéder que d'autres (modèle brut). La tendance attendue
est bien celle-ci, par rapport aux enfants des pères du niveau
secondaire ou plus, ceux des pères sans niveau ont 2 fois plus de chance
de décéder ; ceux des pères de niveau primaire ont
67% plus de risque de décéder que d'autres (modèle
saturé). La mortalité juvénile diminue avec le niveau
d'instruction du père.
Il ressort également de l'analyse qu'aucun facteur
socio-économique n'influence la mortalité juvénile. En ce
qui concerne les facteurs contextuels, on note seulement le type d'aisance
comme facteur explicatif effectif de ce phénomène. Son effet
n'est significatif qu'avec la prise en compte de toutes les variables
explicatives retenues dans cette étude. Par rapport aux enfants
déféquant dans la nature, ceux utilisant de latrine moderne ou
autres ont 41% plus de risque de décéder que d'autres.
Comme pour la mortalité infantile, l'intervalle
intergénésique et le rang de naissance se distinguent des autres
variables intermédiaires par leur pouvoir explicatif significatif.
On en conclut que le modèle est adéquat
lorsqu'on considère dans l'ensemble l'influence des variables
indépendantes sur la variable dépendante (la mortalité
juvénile), la probabilité associée à la statistique
de Khi deux (du dernier modèle) est significative au seuil de 1% (la
statistique du modèle complet).
On observe clairement, qu'une fois survécu à un
an, les enfants sont beaucoup plus exposés aux facteurs externes
qu'internes. En effet, entre 1-4ans révolus, les variables
intermédiaires n'agissent pas plus que les facteurs extérieurs
à l'exemple de la région de résidence qui apparaît
ici comme la toute première variable qui détermine la
mortalité juvénile. Au niveau de la mortalité
infanto-juvénile, l'ordre des déterminants est le même que
celui au niveau de la mortalité infantile.
5.4.3. La part des contributions des groupes de
facteurs
Pour hiérarchiser les variables indépendantes
selon leur pertinence dans l'explication de la mortalité des enfants,
nous avons utilisé la procédure « Lroc » sous
STATA qui consiste à évaluer leur part de contribution au pouvoir
prédictif (PP) des modèles de régression globaux. La
procédure Lroc (ROC qui signifie Receiver Operating Characteristic)
permet de classer les variables selon leur contribution aupouvoir
prédictif. Une valeur de PP égale à 100% signifie qu'on a
affaire à un pouvoir de prédiction parfait. Tandis qu'une valeur
de 50% (seuil de probabilité fixé) renvoie à un pouvoir de
prédiction nul. Ainsi, la part du pouvoir prédictif s'obtient par
rapport à la limite inférieure (50%) et à la limite
supérieure (100%). Donc, une valeur de Lroc équivalant à
0,6594 correspond à un PP de (0,6594 - 0,5)/ 0,5, soit 25,82%.
L'approche adoptée à cet effet consiste à
constituer un modèle de régression contenant toutes les variables
indépendantes (y compris les variables intermédiaires) à
en déterminer le pouvoir prédictif. Pour ce faire, on
enlève tour à tour les groupes de facteurs du modèle
saturé, et à chaque retrait d'un groupe de facteurs un
prélèvement du PP est effectué.
Le tableau 24 ci dessous donne les contributions individuelles
des groupes de facteurs au pouvoir prédictif du modèle global de
régression logistique. Les colonnes PP contiennent les pouvoirs
prédictifs (en %) des modèles de régression ne contenant
pas les groupes de facteurs correspondants. Tandis que la dernière ligne
du tableau comprend les pouvoirs prédictifs des modèles
saturés relatifs à la mortalité infantile, juvénile
et infanto-juvénile. Pour chaque variable dépendante
considérée, la contribution d'un groupe de facteurs donnée
(CTR) s'obtient par la différence entre le pouvoir prédictif du
modèle saturé et le PP correspondant à ce groupe de
facteurs.
Tableau 24 : Proportions du pouvoir explicatif
(R) en pourcentage de groupe de facteurs explicatifs
Groupes de facteurs
|
Mortalité infantile
|
Mortalité juvénile
|
Ensemble (Mij)
|
PP
|
CTR27(*)
|
PP
|
CTR
|
PP
|
CTR
|
Culturels
|
25,82
|
06,12
|
21,18
|
07,78
|
022,82
|
04,72
|
Socio-économiques
|
30,18
|
01,76
|
27,48
|
01,48
|
26,26
|
01,28
|
Contextuels
|
32,00
|
-0,06
|
27,62
|
01,34
|
26,60
|
0,94
|
Ensemble (PP)
|
31,94
|
28,96
|
27,54
|
Source : EDST, 1998 procédures STATA
Il en ressort de ce tableau que, l'influence des facteurs
culturels est prépondérante sur la mortalité
juvénile, infantile tout comme la mortalité
infanto-juvénile. Les facteurs culturels expliquent à environ
8% ; 6% et 5% du pouvoir prédictif des modèles relatif
à l'explication de la mortalité juvénile, infantile et
infanto-juvénile respectivement. Quant à la contribution des
facteurs socio-économiques, celle-ci reste faible, à raison de
2%, 1,5% et 1,3% au PP relatif à l'explication de la mortalité
infantile, juvénile et infanto-juvénile respectivement. Enfin, la
contribution de facteurs contextuels reste très faible. Les facteurs
contextuels sont plutôt frénateurs (inhibiteurs) pour la
mortalité infantile. Toutefois, ils contribuent à environ 1% aux
modèles de régression correspondant à la mortalité
juvénile et infanto-juvénile. Ce constat laisse affirmé
que, la première hypothèse spécifique de cette
étude est entièrement vérifiée.
CONCLUSION GENERALE
L'objectif de ce travail consistait à identifier les
facteurs explicatifs les plus déterminants de la mortalité des
enfants au Tchad, en vue d'éclairer les décideurs politiques et
les partenaires au développement qui interviennent dans le secteur de la
santé dans leurs stratégies de baisse de mortalité
infanto-juvénile.
Pour ce faire, nous nous sommes inspiré du cadre
conceptuel de Mosley et Chen modifié par BARBIERI, qui nous parais plus
adapté aux données disponibles. Plusieurs approches
étaient possibles pour la recherche des déterminants, nous avons
adopté l'approche globale utilisant des informations individuelles.
L'étude a donc consisté à analyser les différents
niveaux de mortalité des enfants selon certaines caractéristiques
des mères, des enfants eux-mêmes (variables intermédiaires)
et des ménages (variables indépendantes). Nous avons
utilisé les recodages des variables selon la littérature et/ou
nos connaissances sur le contexte d'étude. Le modèle d'analyse
choisi est la régression logistique, compte tenu de la nature
dichotomique de nos variables indépendantes (mortalité infantile,
mortalité juvénile et mortalité
infanto-juvénile).
L'analyse bivariée des différentes variables
indépendantes avec chacune des variables dépendantes a
montré qu'il existe une relation non significative avec le milieu de
socialisation, le niveau d'instruction du père (mortalité
infanto-juvénile exclue), le milieu de résidence
(mortalité juvénile exclue) et l'indice du confort de l'habitat.
Pour les variables intermédiaires, on a observé des
inégalités devant la mort (au seuil de 10%).
L'application de la méthode de régression
logistique a montré que les effets nets (contrôlés ou non
par les variables intermédiaires) des facteurs culturels et contextuels
sont significatifs à 1% ; les effets nets non
contrôlés des facteurs socio-économiques, pour la
mortalité juvénile sont significatifs à 5%, et se
renforcent lorsque les variables intermédiaires sont introduites dans le
modèle d'analyse (seuil de 1%). Il en ressort que l'impact des
variables indépendantes presque dans leur totalité est
médiatisé surtout par les caractéristiques
biodémographiques de la mère et de l'enfant. Nous notons ici que
l'intervalle intergénésique est une variable capitale sur la
détermination de la survie des moins d'un an.
Au niveau de la mortalité juvénile, la
région de résidence s'est avérée la variable la
plus déterminante. Cette variable agit sur la mortalité
juvénile par l'intermédiaire du comportement des mères,
car la région ici est fortement et même confondue à
l'ethnie. Enfin, pour la mortalité infanto-juvénile, les
déterminants les plus importants sont ceux relevés chez les moins
d'un an. Il s'agit de la durée d'allaitement et la région de
résidence.
En définitive, l'hypothèse de base qui postulait
que la prédominance des facteurs culturels sur les facteurs
socio-économiques et contextuels a été confirmée
dans chacun des cas. De même, l'hypothèse selon laquelle
l'influence de différents groupes de facteurs sur la mortalité
des enfants se réalise par le biais de comportements sanitaires de la
mère et biodémographiques de la mère et des enfants a
été vérifiée en partie.
Compte tenu des résultats obtenus, les recommandations
programmatiques suivantes peuvent être adressées au gouvernement
tchadien :
1) Il serait nécessaire de sensibiliser les
mères pour les inciter à faire vacciner leurs enfants. Pour ce
faire, il faut associer les autorités religieuses et administratives
dans la mise en oeuvre des programmes qui concourent à une augmentation
du taux de couverture vaccinale.
2) L'amélioration du système scolaire surtout
pour les jeunes filles serait un objectif à atteindre d'ici dix ans,
surtout pour l'enseignement de base. Par rapport à l'instruction il
convient d'impliquer les communautés locales, et en particulier les
chefs coutumiers et traditionnels pour inciter à la scolarisation. Et
surtout d'encourager la scolarisation des jeunes filles.
3) Il en est de même pour la durée d'allaitement,
qui est une variable capitale pour la mortalité infantile. La
sensibilisation de la communauté sur les avantages de l'allaitement au
sein et la scolarisation des filles par les causeries éducatives des
pairs mérite d'être renforcée.
4) L'éducation sanitaire faisant défaut,
l'implantation d'une structure d'assurance sociale s'avère indispensable
pour une baisse soutenue de la mortalité infanto-juvénile au
Tchad.
5) Il ressort des résultats de analyses qu'il y a
discrimination entre les régions en matière de soins de
santé, au regard de la relation étroite existant entre la
région de résidence et la mortalité des enfants, le
fonctionnement et l'équipement de ce système doivent être
déployés sur l'ensemble du territoire national. Pour y arriver,
l'implication des députés et les gouverneurs des régions
pour la réussite de ce programme s'avère incontournable.
6) Par rapport à l'intervalle
intergénésique, il serait utile de songer à faire
impliquer les communautés locales et en particulier les chefs coutumiers
et traditionnels dans les programmes de la santé de la reproduction
(SR). Cette implication devrait se faire par la sensibilisation de ces
communautés sur les avantages que pourraient procurer à long
terme la santé de la reproduction notamment dans l'allongement de
l'intervalle intergénésique qui garantit la bonne santé de
la mère et de l'enfant.
Compte tenu de leur nature qualitative, les données
d'EDST ne peuvent pas tout expliquer en ce qui concerne les effets des facteurs
culturels, socio-économiques et contextuels sur la mortalité des
enfants au Tchad. Le recours aux aspects qualitatifs dans les domaines tels que
l'anthropologie, la sociologie et la médecine permettrait d'aller plus
loin et d'améliorer, par conséquent, les connaissances surtout
relatives aux mécanismes d'action de ces variables. L'utilisation de
centre de santé bien entendu fonctionnel, la salubrité du milieu
environnant et la prise de décision de dépense en matière
de santé en cas de maladie de l'enfant n'ont pas été
saisies par l'EDST de 1998. Il serait intéressant de recueillir les
informations relatives à ces variables lors des enquêtes
ultérieures ou faire une enquête spécifique pour le besoin
de la recherche.
Pour finir, il n'a pas été intéressant
d'avoir attribué les informations sur le comportement des mères
à l'égard de leurs enfants sans distinction d'âge.
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www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/tchad-carte.htm
* 1 Les chiffres en
Astérisque sont des quotients de la mortalité
infanto-juvénile calculés à partir du quotient de
mortalité infantile (1q0) et du quotient de
mortalité juvénile (4q1) obtenu par la
relation suivante :
5Q0 = 1 - [(1-1q0)
× (1-4q1)]
* 2 La notion de fièvre
pose problème puisqu'il s'agit de symptôme plutôt que d'une
maladie. Souvent faisant prise pour le paludisme. La fièvre se manifeste
par une élévation de la température du corps.
* 3Il s'agit du quotient de
la mortalité infantile, autrement dit de la probabilité de
décéder durant les onze premiers mois de vie
* 4 http://
www.infoforhealth.org
* 5 C'est un
phénomène qui bloque le processus physiologique
* 6 La durée moyenne
s'obtient en divisant la prévalence d'un événement par son
incidence. L'événement ici est l'allaitement, la
prévalence est le nombre d'enfants que les mères sont encore en
train d'allaiter et l'incidence est le nombre moyen des nouveaux nés par
mois.
* 7 Les aliments de
complément pauvres sont ceux qui ne contiennent pas de vitamine A, ni le
fer, l'iode et protéino-énergitique.
* 8 Les indices
anthropométriques sont calculés à partir de l'âge,
taille et poids de l'enfant.
* 9 Le kwashiorkor est un mot
d'origine Ghanéen qui signifie une dénutrition grave par
insuffisance en protéines.
* 10 L'allopathie est une
médecine officielle moderne par opposition à
l'homéopathie.
* 11 La fièvre est un
symptôme de maladie, mais utilisé ici comme une maladie comme par
exemple le paludisme.
* 12 Phrase inspirée de
WHO (1996) dans « Démographie : analyse et
synthèse vol III. Les déterminants de la
mortalité » pp 239-242.
* 13 Les chiffres en gras
désignent la proportion du type d'approvisionnement en eau le plus
utilisé.
* 14 Cette phrase est
inspirée de Harouna, 1998. p 22 qui a cité Dumoulin et Kaddar,
1993 ; Brunet-Jailly, 1996.
* 15 Le B.E.T désigne
Borkou Ennedi Tibesti
* 16 Les 9 000 000
d'habitants ont été estimés à partir de la
relation : Pt=P0 (1+r)t . Avec
P0=6 279 931 habitants (RGPH du Tchad de 1993) et t=12
ans
* 17 Ministère du plan
et de la coopération. Analyse de la situation dans le cadre de
l'élaboration du plan stratégique de développement des
ressources humaines pour la santé au Tchad.
* 18 Les soins de santé
primaires comprennent : Les soins médicaux ; les soins de
santé maternelle et infantile ; la lutte contre les maladies.
* 19 Les interventions
prioritaires de santé sont : La vaccination ; la planification
familiale ; l'approvisionnement en médicaments essentiels.
* 20 Les interventions
liées à la santé sont : L'alphabétisation
fonctionnelle des adultes ; la sécurité alimentaire des
ménages ; l'approvisionnement en eau potable et la salubrité
liée à l'environnement.
* 21 Si Iw=0, il y a
répulsion totale du chiffre 0 et 5. Si Iw=5, tous les
âges enregistrés se terminent par 0 ou 5.
Si Iw<1, il y a répulsion pour les
âges se terminant par 0 et 5. Si Iw=1, il n'y a aucune
préférence de 0 et 5.
Si 1< Iw<5, il y a attraction d'autant plus
fort que Iw est voisin de 5.
Les valeurs proposées par les Nations Unies pour
apprécier la qualité des données à partir de cet
indice sont :
Si Iw<1,05, les données sont très
exactes. Si 1,05= Iw=1,099, les données sont relativement de
bonne qualité.
Si 1,10= Iw=1,249, les données sont
approximatives. Si 1,25= Iw=1,749, les données sont
grossières.
Si 1,75= Iw, les données sont très
grossières.
* 22 Programme du fichier
d'analyse sous STATA. Après avoir constitué le fichier historique
de naissance avec les trois variables d'identification (v001, v002 et v003)
d'une part, le fichier contenant les variables relatives aux mères avec
les v001, v002 et v003 d'autre part et enfin le fichier des variables
comportementales des mères lié au premier enfant (toutes les
variables sélectionnées liées au $1) nous faisons un merge
entre temps chaque fichier a été trié par ordre croisant.
drop if année de naissance (b2)<87 ; 1,00 if
b2>92 ; 1,00 if b2 ==88 $ mois de naissance (b1) <7 et enfin
drop if b2==92 $ b1>6.
* 23 Milieu de socialisation
c'est le lieu où la mère a eu à passer au moins ses 12
premières années de vie.
* 24 Toutes les analyses
intègrent l'âge de la mère et la parité atteinte
comme variable de contrôle.
* 25 A cette étape,
l'analyse a porté uniquement sur la mortalité infantile et la
mortalité juvénile.
* 26 M0 : effets
bruts ; M1, M2, M3, M4 et M5 : effets nets.
* 27CTR est la contribution
de groupe de facteurs
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