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La CEEAC et la problématique des élections présidentielles au Tchad: implication et impact sur le processus d'intégration régionale en Afrique Centrale


par Kissalaye LOPSOU
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC)/Université de Yaoundé 2 - Master en Relations Internationales, Option : Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires  2023
  

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CONCLUSION GENERALE

In fine, ce mémoire intitulé « La CEEAC et la problématique des élections présidentielles au Tchad : implication et impact sur le processus d'intégration régionale en Afrique centrale » a pour but de questionner la portée des actions de la CEEAC sur le processus d'intégration régionale, la crédibilité, l'impartialité et la transparence des scrutins qui ont cours au Tchad à partir du dispositif de l'observation électorale.

Ce travail de recherche pose une préoccupation majeure, celle de savoir pourquoi est-ce que la CEEAC est-elle invitée ou s'invite-t-elle dans les questions électorales au Tchad. Pour tenter de répondre à cette préoccupation, nous sommes partis constat selon lequel, les élections en Afrique en général et au Tchad en particulier, loin d'être des facteurs de stabilisation et de pacification des Etats, posent plutôt avec acuité, une problématique de conflits et deviennent des marqueurs de crises. L'analyse de l'environnement politique au Tchad nous a fait observer que bien que disputées à intervalles réguliers et jouant un rôle capital pour le continent africain qui prétend au développement, celles-ci sont caractérisées par le contentieux d'éligibilité et le contentieux de contestation des résultats et donc, les conflits pré et post-électoraux, posant la problématique des élections à risque.

Notant que crises politiques en Afrique centrale conduisent le plus souvent à la fermeture des frontières et de peur que ces situations ne s'enlisent et ne touchent toute la sous-région, la CEEAC, un espacede construction d'une communauté de valeurs partagées, et ayant pour vocation première, la paix, se voit comme dans une obligation d'intervenir dans les affaires politiques des Etats. Le problème que pose, la présente recherche est celui des logiques qui sous-tendent cette intervention de la CEEAC dans les questions politiques et électorales internes aux Etats membres. L'on ne peut comprendre les difficultés auxquelles fait face l'intégration régionale en Afrique Centrale sans prendre en compte ce problème qui a pour conséquence d'alourdir la dynamique et le processus de l'intégration régionale. Ces questions politiques commandent les faibles performances de l'intégration régionale en Afrique Centrale.

La question centrale de notre recherche est la suivante : Comment l'implication de la CEEAC dans l'observation des élections présidentielles au Tchad peut-elle contribuer à renforcer le processus d'intégration régionale en Afrique centrale ?Cette préoccupation principale nous a emmenés à dégager deux interrogations secondaires que sont : Quels sont le cadre et les modalités d'implication de la CEEAC dans l'observation des élections présidentielles au Tchad ? Quel est l'impact de l'observation des élections présidentielles au Tchad par la CEEAC sur le processus d'intégration régionale en Afrique centrale ?

Pour tenter d'y répondre, nous avons formulé une hypothèse centrale et deux hypothèses subsidiaires. La première postule : L'implication de la CEEAC dans l'observation des élections présidentielles au Tchad a permis de construire le diptyque élections apaisées et stabilité régionale, nécessaire au renforcement de la crédibilité de ces élections et du sentiment d'appartenance communautaire. Quant aux dernières, elles arguent respectivement : Le cadre et les modalités d'implication de la CEEAC dans l'observation électorale en Afrique centrale et au Tchad sont constitués de dispositifs juridiques divers et des mécanismes politiques, institutionnels et diplomatiques propres à la CEEAC ; et l'observation des élections présidentielles au Tchad par la CEEAC ont eu comme impacts, une construction quasi-permanente et consensuelle des élections apaisées et pacifiques, la naissance d'un sentiment d'appartenance conduisant à des effets de débordements (spill over effect).

C'est donc en prenant appui sur le constructivisme et le néofonctionnalisme et à partir des méthodes hypothético-déductive, qualitative et évaluative, que nous avons examiné les données collectées via la recherche documentaire et les entretiens semi-directifs menés. Il nous a alors paru indiqué, dans un souci d'organisation rationnelle des idées, de subdiviser notre démonstration en deux grands moments correspondant à nos deux hypothèses secondaires.

Le premier a consisté à analyser le cadre et les modalités d'implication de la CEEAC dans les processus électoraux au Tchad, notamment les élections présidentielles. Cette partie, structurée autour de deux chapitres, tente de montrer que la question de l'observation électorale en Afrique centrale en général et au Tchad en particulier trouve ses fondements dans un effet-miroir de la démocratisation des autres Etats dont l'Europe centrale, de l'Est et balte et quelques autres Etats africains dont le Bénin et le Sénégal, un effet miroir qui est la conséquence des évènements intervenus au début des années 1990 avec notamment la chute du mur de Berlin, actant la fin de la guerre froide et l'éclatement de l'URSS. Elle s'appesantit aussi sur les fondements universels, des déclarations et mesures clés de l'OUA/UA en la matière. L'établissement d'instruments internationaux en la matière et d'une Charte Africaine spécifique à la Démocratie, aux Elections et à la Gouvernance, vient résoudre le problème de l'encadrement juridique et de la régulation des actions en faveur de la démocratie, des élections et de la gouvernance. La question de l'observation des élections en Afrique centrale par les missions internationales d'observation électorale de la CEEAC peut également se lire à travers sa construction institutionnelle et organique, c'est-à-dire à travers l'ensemble des institutions mises en place tant sur le plan continental, régional que national pour donner des éléments de réponse aux préoccupations relatives aux questions électorales de bonne gouvernance, et présenter de façon hiérarchisée les acteurs qui interviennent dans le processus de prise de décisions.

La seconde partie quant à elle s'est affairée à apprécier l'impact ou du moins, la portée de l'observation des élections présidentielles au Tchad par la CEEAC sur le processus d'intégration régionale en Afrique centrale. À ce niveau, nous nous sommes attelé à réfléchir sur les impacts de ces actions sur la stabilité du Tchad et partant, le processus d'intégration régionale en Afrique centrale. C'est ainsi que nous avons présenté les impacts positifs qui sont : l'inscription du Tchad dans une trajectoire d'élections pacifiques et apaisées, l'acceptation du verdict des urnes comme conséquence des actions de la CEEAC, la construction et la consolidation d'une crédibilité de la CEEAC et l'apparition d'un sentiment d'appartenance/d'allégeance à la CEEAC.

De même, les actions de la CEEAC dans l'observation des élections présidentielles ont généré quelques impacts négatifs que sont : la montée des groupes hégémoniques, la légitimation d'une démocratie de façade, la méfiance des investisseurs étrangers par rapports aux violations des impératifs démocratiques et le recours à la conditionnalité politique dans la coopération et l'octroi de l'aide au développement.

Le dernier chapitre de notre travail nous a conduits à relever quelques difficultés et limites inhérentes à l'intervention de la CEEAC dans l'observation électorale que sont : les conjonctures d'ordre normatif et opératoire et les limites fonctionnelles et organisationnelles des élections présidentielles au Tchad. Les solutions proposées et les recommandations ont donc tourné autour d'une réorientation de l'implication de la CEEAC à travers le renforcement des dispositifs normatifs, logistique et la médiation électorale ; et une meilleure prise en compte des volets opératoires et des conditions sécuritaires des différentes missions d'observation électorale.

Au regard de ce qui précède, la problématique des élections et de la démocratie dans les pays d'Afrique centrale en général, et du Tchad en particulier reste une question majeure et jusqu'ici peu auscultée dans la pensée politique ainsi que la kyrielle de questionnements que suscitent les relations internationales de développement. Cette problématique, qualifiée d'ailleurs de problématique d'élections à risque continue d'ailleurs à donner lieu à de nombreuses interrogations et analyses sur les espoirs qu'elle provoque, mais aussi sur les moyens et mécanismes qui travaillent pour son implantation et sa consolidation.

Eu égard à l'association entre les deux rationalités évoquées tout au long de ce travail à savoir l'observation électorale par les missions internationales de la CEEAC et le processus d'intégration régionale en Afrique centrale, l'inquiétude portée sur le rôle majeur assigné à la première entité d'implanter les pratiques démocratiques à travers la supervision,l'observation électorale reste de mise, car partant de leur financement jusqu'à leurs impacts et leurs rôles en rapport avec les processus électoraux des pays organisant les scrutins en Afrique centrale en passant par les difficultés auxquelles elles font face, les missions d'observation électorale internationales de la CEEAC dans leurs démarches n'en garantissent pas toujours la transparence, l'honnêteté et la crédibilité, bien que des institutions mises sur pied pour la gestion de ces opérations existent. Au final, si elles sont confrontées à une kyrielle d'écueils, force est de constater que les missions d'observation électorale internationale de la CEEAC ont un impact dans l'organisation et la gestion des processus électoraux. Et, à travers leur présence, les processus électoraux qui ont cours dans les pays d'Afrique centrale sont un gage, mieux, une assurance de crédibilité, d'impartialité, d'honnêteté et d'honorabilité, de loyauté.

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