1.5. Revue de la littérature
La présente étude vise à explorer
l'état et la valorisation des fruitiers sauvages dans la commune de
N'dali, située en zone Afrique tropicale. Les fruitiers sauvages jouent
un rôle crucial dans les écosystèmes et les
économies locales, en particulier dans les zones rurales où ils
constituent une source importante de nutrition et de revenus. Cette section
présente une revue de la littérature visant à
synthétiser les connaissances actuelles sur les fruitiers sauvages en
Afrique tropicale, les recherches antérieures sur leur valorisation dans
diverses régions, et un focus sur la situation spécifique de la
commune de N'dali au Bénin.
Codjia et al. (2003) ont bien raison lorsqu'ils affirment que
les forêts tropicales constituent une source et un réservoir
potentiel d'espèces ligneuses qui sans être productrice de bois
d'oeuvre jouent un rôle socio-économique important en fournissant
des aliments et des plantes médicinales. Ces produits ont aussi une
importance capitale sur les plans religieux et socioculturel.
Les fruitiers sauvages en Afrique tropicale sont des
espèces végétales qui poussent naturellement dans les
forêts, les savanes et les zones montagneuses. Ces plantes sont souvent
bien adaptées aux conditions climatiques locales et jouent un rôle
vital dans la sécurité alimentaire des communautés
rurales. Les fruits sauvages, tels que le tamarin (Tamarindus indica),
le baobab (Adansonia digitata), et le karité (Vitellaria
paradoxa), sont riches en nutriments essentiels et en composés
bioactifs bénéfiques pour la santé humaine (Maundu et al.,
2001)
Les fruitiers sauvages en Afrique tropicale
représentent une richesse écologique considérable et
contribuent à la biodiversité en fournissant un habitat et une
source de nourriture pour la faune. Ils jouent un rôle dans la
stabilisation des sols et la régulation des cycles hydrologiques
(Teklehaimanot, 2004). D'après Assogbadjo et al. (2012), ces fruitiers
offrent une diversité génétique importante, essentielle
pour la résilience des écosystèmes face aux changements
climatiques. Des études menées par Akinnifesi et al. (2008)
montrent que des espèces comme Adansonia digitata (baobab),
Vitellaria paradoxa (karité) et Parkia biglobosa
(néré) sont largement répandues et utilisées par
les populations locales.
Selon (Akinnifesi et al., 2008) ces fruitiers
représentent une source de revenus grâce à la
récolte et à la commercialisation des fruits, ce qui est
particulièrement crucial pour les populations rurales vivant en dessous
du seuil de pauvreté.
Les recherches de Kouyaté et Van Damme (2006) mettent
en évidence l'importance culturelle et nutritionnelle de ces fruitiers.
Par exemple, le baobab est non seulement une source de nourriture mais aussi de
médicaments traditionnels. En outre, une étude de FAO (2019)
rapporte que les fruits sauvages contribuent jusqu'à 40 % de l'apport en
vitamines A et C des populations rurales en Afrique subsaharienne.
La valorisation des fruitiers sauvages passe par plusieurs
axes : la conservation, l'utilisation durable et la commercialisation.
D'après Leakey et al. (2005), la domestication des fruitiers sauvages
est une stratégie efficace pour améliorer leur
productivité et leur qualité. Cette domestication permet de
sélectionner des variétés à haut rendement et
à meilleure valeur nutritive.
En ce qui concerne la commercialisation, Ndoye et Tieguhong
(2004) soulignent que les marchés locaux et internationaux offrent des
opportunités pour les produits dérivés des fruitiers
sauvages. Par exemple, le beurre de karité et la poudre de baobab
connaissent une demande croissante sur les marchés internationaux.
Cependant, le défi reste la standardisation et la certification des
produits pour assurer leur compétitivité.
La commune de N'dali présente un potentiel notable pour
la valorisation des fruitiers sauvages. Une étude de Sinsin et al.
(2011) montre que cette région possède une grande
diversité de fruitiers sauvages, notamment Tamarindus indica
(tamarin), Spondias mombin (mombin) et Irvingia gabonensis
(mangue sauvage). Ces espèces sont intégrées dans les
systèmes agroforestiers locaux, contribuant ainsi à la
sécurité alimentaire et à la résilience
économique des ménages.
Ces espèces sont intégrées dans des
systèmes agroforestiers qui combinent arbres fruitiers, cultures
vivrières et parfois bétail. Cela permet une utilisation
efficiente des ressources et augmente la productivité des terres.
Les fruitiers sauvages, bien qu'initialement non
domestiqués, sont de plus en plus cultivés par les agriculteurs
locaux. Ces derniers sélectionnent les arbres les plus productifs et les
plantent autour de leurs habitations ou dans des parcelles spécifiques.
La culture de ces arbres permet d'assurer une production
régulière de fruits, même pendant les périodes de
pénurie alimentaire
Les fruitiers sauvages sont également
protégés au sein des systèmes agroforestiers. Cette
protection peut se manifester par la conservation des arbres existants lors de
la mise en culture des terres agricoles. Les agriculteurs évitent de
couper ces arbres et peuvent même mettre en place des mesures de
protection contre les animaux et les activités humaines nuisibles.
Adjatin et al. (2013) a réussi à former les
communautés locales à la transformation et à la
commercialisation de produits à base de tamarin et de mombin. Les
résultats montrent une augmentation significative des revenus des
ménages participants, soulignant le potentiel économique de la
valorisation des fruitiers sauvages.
Malgré les avancées, plusieurs défis
subsistent. La déforestation et l'expansion agricole menacent la survie
des fruitiers sauvages. Les recherches de Teklehaimanot (2004) appellent
à des politiques de conservation intégrées, associant les
communautés locales. Par ailleurs, la variabilité climatique pose
un risque pour la reproduction et la production des fruitiers.
Pour répondre à ces défis, des approches
participatives impliquant les communautés locales dans la gestion et la
conservation des ressources fruitières sont essentielles. Des
initiatives comme celles décrites par Garrity (2006), qui promeuvent
l'agroforesterie et les pratiques de gestion durable, montrent des
résultats prometteurs.
L'état et la valorisation des fruitiers sauvages en
zone Afrique tropicale, et particulièrement dans la commune de N'dali,
Bénin, révèlent une richesse sous-exploitée mais
prometteuse. Les études scientifiques soulignent l'importance de ces
fruitiers pour la sécurité alimentaire, la nutrition et
l'économie locale. La domestication, la transformation et la
commercialisation des produits issus de ces fruitiers présentent des
opportunités significatives, bien que des défis persistants
nécessitent des approches intégrées et participatives pour
garantir une valorisation durable et équitable.
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