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Analyse sociologique des politiques scientifiques au Gabon: cas du CENAREST


par Sandrine Esther MEYO ME NDONG
Université Omar Bongo - Master 2021
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE OMAR BONGO

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

Analyse sociologique des politiques
Scientifiques au Gabon :
Cas du CENAREST

Mémoire de Master Recherche

Parcours : Sociologie de l'État, du Pouvoir et des Institutions

Présenté et soutenu par : Sous la supervision de :

Sandrine Esther MEYO ME NDONG Pr. Jean-Marie Vianney BOUYOU

Professeur titulaire

Sous la direction de :

Dr. Ignace Mesmin NGOUA NGUEMA Maître assistant (CAMES)

1

Libreville, Février 2021

2

Dédicace

Nous dédicaçons ce travail à notre charmante et douce grand-mère Martine Mbie-Nguema qui est pour nous un exemple de bravoure et de détermination.

3

Remerciements

Nous tenons à remercier pour l'aboutissement de ce travail de mémoire, notre superviseur Monsieur Jean-Marie Vianney Bouyou et notre directeur de mémoire Monsieur Ignace Mesmin Ngoua Nguema pour les orientations données, la patience et la disponibilité.

Aussi, nos remerciements à l'équipe pédagogique du département de sociologie pour la qualité de l'enseignement reçu. Nous tenons particulièrement à adresser notre gratitude à Monsieur Mesmin Soumaho pour ses orientations méthodologiques, Madame Célestine Koumba pour ses conseils et ses encouragements et Monsieur Roger Nguema Obame pour ses orientations théoriques.

Merci à Monsieur Georges Moussavou, Monsieur Sukate de la DGRSI, Madame Ignanga de la DGRSI, Monsieur Alfred Ngomanda du CENAREST, Madame Christelle de l'IRT et Monsieur Paterne Ekomie de la DPPB pour la disponibilité, les encouragements et les orientations données tout au long de cette étude.

De plus, notre reconnaissance va à l'endroit de nos camarades avec qui, aujourd'hui, nous formons une famille. Vous avez été pour nous une source de motivation : Leslie Odinanga, Naelle Maroundou, Romaric Yeno et Salif Mbarysth

Nous avons le coeur plein de reconnaissance envers notre famille et nos amis. Merci à nos mères Laetitia ADA et Fanie Rachel Minko-Mi-Ndong pour l'affection et la confiance. Grang merci à nos pères Ghyslain Ndong Biyoghe et Tony Serges Minko Mi Ndong pour leur soutien moral. Tous nos remerciements à Randa Ndong et nos tantes Diane Aboume, Blandine Melang, Dominique Djoma et Melba Ada qui ont toujours su nous encourager.

Merci, à nos amis, Fiona Mvomah, Yannice Obame, Prisca Ndjonot, Orlye Oulabou, Axel Kombila, Marina Richesse, A
·da Mayatchi, Kignye Mbina, Robine Meloughe, Lo
·c Miame et Jénnifer Bibalou qui ont de plusieurs manières nous apporter leurs soutiens.

Merci à Monsieur Gaspard Obiang Obame, Madame Valérie Obiang, Madame Mauricette Afanou, Monsieur Bruno Ada, Alexis Henry Bibang et à toutes les personnes qui ont su contribuer de près ou de loin à l'aboutissement de ce travail.

4

Sommaire

Dédicace...........................................................................Erreur ! Signet non défini. Introduction générale...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

PARTIE PRELIMINAIRE : PREALABLE EPISTEMOLOGIQUE...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

Introduction de la partie préliminaire...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

Section 1 : Objet et champ d'étude Erreur ! Signet non défini.

Section 2 : Modèle d'analyse et perspective théorique Erreur ! Signet non défini.

Section 3 : Conceptualisation Erreur ! Signet non défini.

Section 4 : Élaboration de la problématique Erreur ! Signet non défini.

Section 5 : Démarche méthodologique Erreur ! Signet non défini.

Conclusion de la partie préliminaire...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

PREMIERE PARTIE : HISTOIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU GABON ET STATUT DU CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

Introduction de la première partie...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au Gabon Erreur ! Signet non défini.

Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de chercheur Erreur ! Signet non défini.

Conclusion de la première partie...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

DEUXIEME PARTIE : RÔLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

ET REPRÉSENTATIONS SOCIALES...........................................................................Erreur ! Signet non défini. Introduction de la deuxième partie...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

Chapitre III : Rôle et impact de la recherche scientifique dans la société gabonaise . Erreur ! Signet non défini.

Chapitre IV : Représentations sociales de la recherche dans la société gabonaise Erreur ! Signet

non défini.

Conclusion de la troisième partie...........................................................................Erreur ! Signet non défini. Conclusion générale...........................................................................Erreur ! Signet non défini. Bibliographie...........................................................................Erreur ! Signet non défini. Table des matières...........................................................................Erreur ! Signet non défini.

5

Liste des tableaux

Tableau n°1 : Récapitulatif des chercheurs enquêtés

.46

Tableau n°2 : Distribution de l'échantillon

46

Tableau n°3 : Répartition des enquêtés par âge

47

Tableau n°4 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude

..47

Tableau n°5 : Répartition des enquêtés par sexe

48

Tableau n°6 : Influence politique

68

Tableau n°7 : Organigramme de l'IPHAMETRA selon les textes

72

Tableau n°8 : Organigramme actuel de l'IPHAMETRA

73

Tableau n°9 : Niveau de collaboration entre les Ministères en cotutelle et les

instituts .74
Tableau n°10 : Crédits alloués au loi de finance et au loi rectificative au cours des années

cinq dernières années au titre 2, titre 3 et tire 5 81

Tableau n°11 : Exécution du budget de l'année 2017 titres 4 et titres 5 87

Tableau n°12 : Exécution du budget de l'année 2019 aux titres 4 et 5 87

Tableau n°13 : PIB de la recherche développement .90

Tableaun°14 : Comptabilité administrative de l'IRT, exercice

2018 ..95
Tableau n°15 : Exécution des dépenses de fonctionnement de l'État au cours de l'année

2017 .95

Tableau n°16 : Appréciation sur l'importance de fiancer la recherche ..95

Tableau n°17 : Appréciation de la recherche au sein de la classe estudiantine 103

Tableau n°18: Place de la recherche scientifique .103

Tableau n°19 : Importance de la recherche 104

6

Cigles et abréviations

BOP : Budgétisation par Objectif de Programme

CENAREST : Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique

CGA : Compte Général Administratif

DAF : Directeur Administratif et Financier

DCAF : Direction Centrale des Affaires Administratives et Financières

DGBFP : Direction Générale du Budget et des Finances Publiques

DGEB : Direction Général de l'Économie et du Budget

DGRSI : Direction Général de la Recherche Scientifique et de l'Innovation

DPPB : Direction de la Préparation de la Programmation Budgétaire

DPPB : Direction de la Préparation des Programmations Budgétaires

ENS : École Normale Supérieure

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FMI : Fond Monétaire International

IDH : Indice de Développement Humain

IPHAMATRA : Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle

IRET : Institut de Recherche Écologique et Tropicale

IRSH : Institut de Recherche en Sciences Humaines

IRT : Institut de Recherche en Technologie

JICA : Japan International Cooperation Agency (Agence Japonaise de Coopération

Internationale)

LABAN : Laboratoire d'Anthropologie

LAGRAC : Laboratoire de Géomatique de Recherche Appliquée et de Conseil

7

LUTO : Laboratoire Universitaire de Traduction Orale

PAP : Programme Annuel de Performance

PIB : Produit Intérieur Brut

PLF : Projet de Loi de Finance

PSGE : Programme Stratégique Gabon Émergent

SNEC : Syndicat National des Enseignants Chercheurs

Titre 1 : Titre de dette

Titre 2 : Titre de paiement de personnel

Titre 3 : Titre de biens et de services

Titre 4 : Titre de transfert

Titre 5 : Titre d'investissement

Titre 6 : Autres

UE : Union Européenne

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture

UO : Unité Opérationnelle

UOB : Université Omar Bongo

USS : Université de Science de la Santé

8

Introduction générale

Le monde social se transforme chaque jour en un espace dans lequel, les systèmes de relation entre les États ne sont pratiquement pas figés. Cela s'observe part une mutation de la société traditionnelle, traduite comme une corporation où les relations entre deux groupes sociaux pouvaient être fondées sur des filiations ou des raisons d'intérêts (argent, bien matériel, statut social...), pour certains, il s'agit des rapports de domination dans une course pour le développement personnel ou pour le développement d'un groupe de personnes vivant sur un territoire donné, et soumis à un même gouvernement (État)1.

En effet, en prenant fond sur les valeurs de la globalisation, les sociétés modernes ne connaissent pas de profondes mutations, aux sociétés traditionnelles. Nous assistons, non pas à un changement mais plutôt, à une mutation des fondements des relations entretenues entre les individus, mais aussi entre les groupes sociaux juridiquement organisés, et envisagés comme sujet de droit international2, appelés « État ».

Michel Henry Bouchet partage cette conception des nouvelles dynamiques sociales. Pour lui, la globalisation du monde repose sur la propriété, « l'accumulation de profit, et la dynamique du pouvoir. »3 Des cotations engendrées par les valeurs d'idées , et de démocratie sont prônées par la mondialisation. Ainsi, tous les pays aspirent-ils aux progrès sociaux, technologiques, à la croissance économique. En somme, au développement multiforme. Toutefois, aspirer à un changement à tous les niveaux et secteurs de la vie sociale et à une accumulation des capitaux suffirait-il à la réalisation des objectifs fixés ?

La gouvernance de la cité pourrait renvoyer à une exploitation optimale et rationnelle des potentialités et atouts d'une nation. Ce qui suppose une diversification des sources de la croissance. En effet, « De nombreuses contributions économiques ont montré les avantages procurés par la diversification en termes de dilution des risques, de même que les théories de la croissance et du développement ont mis en évidence l'apport de la diversification au

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat

2 Ph. Braud, Sociologie politique, Paris, L.G.D.J, Ed 8ème ,2006, p.70.

3M. H. Bouchet, La globalisation, introduction à l'économie d'un nouveau monde, Paris, Pearson éducation France, 2005, p.53.

9

processus de développement »4. La diversification économique est un facteur majeur permettant de soutenir la croissance économique, dans le but de maintenir cet idéal de progrès multiforme.

Au regard de ce qui précède, nous mettrons en perspective les mécanismes mis en oeuvre par le Gabon depuis près d'une décennie pour réaliser la diversification de son économie, sur la base des préconisations du Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE). Dans un entretien accordé au Web Média, « le Bulletin du FMI », afin de passer en revue les défis auxquels doit faire face l'économie Gabonaise, Montfort Mlachila, Chef de mission du Fond Monétaire International (FMI) pour le Gabon, affirme ce qui suit : « La deuxième priorité est de diversifier l'économie pour la rendre plus résiliente aux chocs exogènes et donc moins vulnérable, par exemple, aux baisses des prix du pétrole et d'autres matières premières5. » En d'autres termes, la deuxième priorité économique à laquelle le Gabon devrait faire face, afin de maintenir son économie et même en vue de l'améliorer, est d'établir une diversification économique.

Il semble opportun de rappeler que l'économie Gabonaise est, depuis les années 60, une « économie de rente », c'est-à-dire, qu'elle est basée sur la vente de ses matières premières, à savoir le pétrole, le manganèse, le bois... Cependant, en raison de la baisse du prix du baril de pétrole et des crises économiques successives, le Gabon est dans l'obligation, aujourd'hui, d'élaborer des stratégies en vue d'améliorer son économie en la diversifiant. Une stratégie économique abandonnée depuis le « boom pétrolier » des années 70 est de nouveau mise au coeur de l'économie gabonaise, avec la promotion du Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE), mise en place pour rendre meilleur les conditions sociales d'existence des populations de toutes les classes sociales d'après les prétentions politiques.

Cependant, nous pouvons constater l'importance accordée à la recherche scientifique et technologique par les « pays du Nord »6 de façon générale, contrairement aux « pays du Sud »7 dans le cadre du développement multisectoriel.

C'est dans un article intitulé « La recherche scientifique facteur du développement » qu'Alain Ruellan stipule que : « Tous les responsables politiques, du Sud comme du Nord, admettent que les réussites et les échecs du développement d'un pays découlent pour beaucoup des choix, politiques, socio-économiques, culturels, techniques qu'il fait, que fait son

4 J.-C. Barthélemy, « commerce international et diversification économique », in Revue d'économiques politiques, Dalloz, vol. 115, 2005, p.610.

5Bulletin du FMI, « Le Gabon cherche à diversifier son économie face aux replis des recettes pétrolières », publié le 08 mars 2017.

6 Également nommé pays développés, ce terme désigne les pays dont le PIB et L'IDH sont élevés.

7 Cette appellation fait référence aux pays caractérisés par un Indice de Développement Humaine (IDH) et un Produit Intérieur Brut (PIB) faible. Ils sont pour la majorité situé dans les parties sud des continents émergents.

10

gouvernement (É) ou qu'il se laisse imposer. Mais tous reconnaissent aussi que les connaissances fournies par la recherche scientifique facilitent les choix et leur concrétisation. »8

Sur la base de cette assertion, nous pourrons soutenir que la rechercher scientifique serait par essence un facteur de développement social et économique, dans la mesure où elle pourrait contribuer à l'orientation des choix politiques, en tenant compte de la philosophie générale de l'État en matière de politiques de développement, aussi bien sur les plans politiques, économiques que social et culture.

Par ailleurs, un colloque avait été organisé à Libreville, du 08 au 10 novembre 2017, par l'Institut Africaine d'Ingénierie Rurale et de Développement (affiliée à l'Université de Rouen Normandie), l'Université Franco-Gabonaise Saint-Exupéry, l'Université Omar Bongo, en partenariat avec l'Université de Rouen Normandie et l'Université Rennes 2. Le thème de ce colloque était « Ingénierie Rurale, Agriculture Familiale et Agro-industrie ». L'objectif était de susciter une réflexion transversale et transdisciplinaire autour des enjeux liés au développement d'une agriculture industrielle en Afrique9.

Les principaux thèmes abordés furent :

- Gouvernance locale et développement agricole ;

- Recherche scientifique et technologique et activités paysannes ; - Agro-industrie et production paysanne ;

- Sécurité alimentaire et normalisation.

Pour ce qui concerne la sécurité alimentaire, l'intervention du Directeur Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), Monsieur Emmanuel Eyeghe Nze, a été édifiante et digne d'intérêt. Son exposé dans la quatrième thématique a mis en lumière le rôle de son administration et ses diverses attributions. Il a conclu en expliquant les multiples difficultés auxquelles doivent faire face ses agents dans l'exercice de leurs fonctions, jusqu'aux frontières du pays, à savoir : le manque de matériel et de personnel.

8 A. Ruellan, « la recherche scientifique, facteur de développement », in Le Monde Diplomatique, Août 1988, page 24, www.monde-diplomatique.fr ,

9 COLLOQUE INTERNATIONAL, « Ingénierie Rurale, Agriculture Familiale et Agro-Industrie » Université Franco-Gabonaise Saint-Exupéry Université de Rouen Normandie Université Rennes 2 Institut Africain d'Ingénierie Rurale et de Développement Social (Libreville, 8-10 novembre 2017), https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01672637v2/document

11

Le propos du Directeur Général de la DGCCRF a suscité des questionnements dans l'auditoire. Les chercheurs du Centre National pour la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST) présents, avaient particulièrement réagi en mettant en relief le manque de sollicitation et de collaboration entre la DGCCRF et le secteur de la recherche scientifique et technologique, afin de renforcer leurs équipes. Ils conclurent leur intervention en disant que : « Nous avons parfois l'impression de ne pas pouvoir servir »10.

Aussi, dans un exposé du 28 juillet 2018 à l'occasion du deuxième anniversaire de l'Association Imagine-Gabon Think-Tank, sur le thème de « La place de la recherche scientifique au centre des échanges », l'ancien Commissaire Général du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique, Daniel Franck. Idiata, a conclu que « la recherche scientifique au Gabon est à la croisée des chemins entre espoir et et que « l'impact de la recherche sur le produit intérieur brut (PIB) du pays est de zéro ou presque ».11

Des propos confirmés par les résultats des tableaux de bord économiques des cinq (5) dernières années. En effet, les tableaux de bord économiques des années 2018, 2017, 2016, 2015 et 201412 que nous avons consultés, présentent un rapport d'activité des différents secteurs au cours de cinq dernières années. Ils révèlent une quasi inexistence de la collaboration du secteur de la recherche scientifique avec les différents secteurs publics de recherche sur l'activité économique gabonaise.

Ces constats ont attiré notre attention, non sur l'interdépendance administrative et le caractère transversal de l'action publique, mais plutôt sur l'importance accordée à la recherche scientifique au Gabon dans l'ambition d'une quête de développement et sur sa contribution à tous les niveaux (social, politique, culturel et économique).

Face à cette situation, Alain Ruellan confirme pourtant que : « Mais tous reconnaissent aussi que les connaissances fournies par la recherche scientifique facilitent les choix et leurs concrétisations 13». Ce moment d'échange a inspiré la formulation de notre question de départ : Pourquoi le secteur de la Recherche scientifique ne joue peu, pas un rôle dans le développement économique et social du pays au Gabon ?

10 Observation faite le 09/11/17, Colloque portant sur l'Ingénierie Rurale, l'Agriculture Familiale et l'Agro-industrie du 08/10/2017.

11F. Eyegue, « La place de la recherche scientifique et technologique au centre des échanges », Agence gabonaise de la presse l'information, image- Gabon/stratégie développement du Gabon, 28 Juillet 2019.

12 Cf. Annexes.

13 A. Ruellan, « la recherche scientifique, facteur de développement », op.cit. p.24.

12

En d'autres termes, pourquoi la recherche scientifique et technologique est-elle très peu associée à la formulation et la mise en oeuvre et à l'évaluation de certains projets de développement et des politiques publiques ? Ou encore pourquoi le secteur de la recherche scientifique n'a-t-il pas un rôle dans le développement économique et social au Gabon ?

Ce travail se subdivisera en deux (2) principales parties précédées d'une partie préliminaire intitulée : Préalables épistémologique. Elle présente le constat, la problématique, le cadre théorique, les hypothèses de recherche et l'approche méthodologique.

La première partie fait part de l'histoire de la recherche scientifique dans la société gabonaise. Elle est suivie d'une partie traitant du rôle de la recherche dans la société gabonaise, de la gestion financière de la recherche scientifique et de l'apport économique de celle-ci. Elle s'achève sur les représentations sociales au sein du secteur de la recherche.

PREALABLES EPISTEMOLOGIQUES

PARTIE PRELIMINAIRE :

13

14

Introduction de la partie préliminaire

L'étude scientifique d'un objet se fait en plusieurs étapes dont la première consiste à poser les fondements épistémologiques permettant au chercheur d'isoler, son objet d'étude. En effet, « Les discours sociologiques à visée scientifique sont des interprétations d'un morceau de réalité sociale construites à partir d'une boîte à outils conceptuels et méthodologiques. Ces différents outils permettent au sociologue de construire son regard sociologique et d'être vigilant quant à ses limites. »14 Dans le même sens, Max Weber considère que : « Tout travail scientifique présuppose toujours la validité des règles de la logique et de la méthodologie qui forment les fondements généraux de notre orientation dans le monde. »15

Après avoir défini et construit l'objet d'étude, circonscrit le champ sociologique, l'analyse dans la présente partie préliminaire, s'attachera à construire le modèle d'analyse qui est « le prolongement de la problématique. Il est composé de concepts et d'hypothèses qui sont étroitement articulés entre eux pour former ensemble un cadre d'analyse cohérent16 Nous allons ensuite formuler la problématique, avant de démontrer la démarche méthodologique et présenter les limites de ce travail en dernière instance.

14, P. Fugier, Les discours sociologiques et les terrains des sociologues. Quelques préalables à la production de sociologues non dogmatique », in : Revue pluridisciplinaire de science humaine et sciences sociales, Interrogation, halshs-01651429, p.1.

15 M. Weber, le savant et le politique, Paris, Plon, 1957, p.77.

16 R. Quivy et L. Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, p. 149.

15

Section 1 : Objet et champ d'étude

Explicitement, cette partie consistera à définir les notions que nous emploierons, afin d'expliquer notre objet de recherche et émettre une précision du champ d'étude. La recherche élaborée en science sociale est un processus méthodique par lequel le chercheur à accès au réel. Il s'attèle à suivre une succession d'étape lui permettant d'analyser le fait de façon objective. A ces étapes est associée la définition ou encore la délimitation de l'objet.

Dans cette section, le travail consistera à élaborer une construction de notre sujet, en partageant l'écart qui existe entre la réalité et le réel, en d'autres termes le problème que pose notre objet.

1.1 La gouvernance de la recherche scientifique comme objet d'étude

Il s'agit ici d'isoler par la pensée, une des dimensions d'un phénomène qui va faire l'objet d'investigation de l'étude, c'est-à-dire, sélectionner dans la réalité un objet, disséquer le réel, qui est le nôtre afin de briser les « obstacles épistémologiques » et de nous permettre de saisir objectivement le terrain car « la difficulté spéciale des sciences sociales résulte non seulement de ce que nous devons distinguer entre les opinions des personnes qui sont l'objet de notre étude et notre opinion sur elles, mais aussi de ce que les personnes qui sont l'objet de notre étude sont à la fois mues par des idées et se forment également des idées sur les résultats non projetés de leur action. »17

Nous avons choisi cet objet, car il nous permet de lire les mouvements des agents au sein du champ de la recherche et des différents acteurs internes et externes par lesquelles nous

17 M. Roberto, « La Rupture en sociologie ». In : L'Homme, 1970, tome 10 n°4, p.115.

16

pouvons comprendre l'impact de la recherche, son organisation, son institutionnalisation, É La gouvernance inclut une diversité d'acteur, ceux-ci peuvent être aussi bien institutionnels que sociaux.

La gouvernance peut faire allusion à une gestion en système. Elle penche plus pour une autonomisation des parties ou éléments d'un système dans le but de mettre les différentes parties en relation. Concernant la notion de gouvernement Ph. Braud souligne que la gouvernance fait allusion à « des logiques et des contraintes internes et externes qu'on peut analyser comme des « régulations ». En cela, elle se distingue de la notion de gouvernement qui met surtout l'accent sur les rôles du gouvernement et les moyens institutionnels. »18 . La notion de gouvernance pourrait faire allusion à une « distribution du pouvoir de décider »19.

Dans cet optique, la gouvernance de la recherche « comprend la régulation, l'organisation et la gestion du travail scientifique et défini comment et avec la participation de qui sont prises les décisions relatives à la recherche, notamment quant aux priorités et sujets de recherche, à la sélection et conception des méthodes, à la coopération et aux synergies entre différentes parties du système de recherche et au contrôle de qualité des résultats20 ». En d'autres termes, nous entendons par « gouvernance de la recherche scientifique », tout acte veillant encadrer et organiser la recherche scientifique faite en laboratoire ou pas, mais dans le but d'un apport direct ou indirect au développement économique et social du pays.

Cette étude met un accent particulier sur la recherche-développement considérée comme jonction de la recherche fondamentale et recherche appliquée. L'une des questions nodales de notre travail est bien les enjeux ou incidences sociétales et économique de la gouvernance la recherche scientifique. Nous nous proposerons à cet effet, d'analyser le niveau d'articulation entre recherche fondamentale et recherche appliquée21.

En effet, « Ce qui compte bien davantage est de pouvoir identifier, sur un même périmètre, les acteurs de cette recherche qui contribue à une même thématique, et constitue un

18 Ph. Braud, Sociologie politique, 8ème Edition, L. G. D.J, 2006, p.612.

19Ibid. p.620.

La manière dont le pouvoir est soit partager, soit accaparer entre les acteurs. Pour ce qui est de notre étude, nous ne nous pas sur l'aspect « horizontal et vertical » de la gouvernance qui fait parfois allusion à une implication internationale. Mais plutôt à l'aspect interétatique et du supra-étatique. En d'autres termes, à la manière dont la distribution des pouvoirs se fait au sein des États, plus précisément de l'État gabonais concernant le secteur de la recherche.

20 C. Neubauer, « Gouvernance de la recherche - Régulation, organisation et financement », Sciences citoyennes, Mardi 10 janvier 2012.

https://sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/

21 I. Hathie, État des lieux de la Gouvernance de la Recherche Universitaire en Afrique de l`Ouest et du Centre, Rapport de synthèse, Décembre 2009, p. 4. https://www.aau.org/wp-content/uploads/sites/9/2018/04/Etat-des-lieux-de-la-Gouvernance-de-la-Recherche-Universitiaire.pdf

17

pôle de recherche de qualité 22». Il s'agit de mettre en évidence les acteurs concernés par la gouvernance de la recherche scientifique et identifier, non seulement le rôle de chacun, mais aussi les mécanismes de fonctionnement de ladite recherche et de sa gouvernance. Daniel Franck Idiata présente les conditions de production scientifique au Gabon en ces termes : « La production scientifique gabonaise, dans la structure publique, université et centre de recherche reste davantage liée aux efforts personnels des chercheurs et enseignants, plutôt qu'à un véritable environnement scientifique propice résultant de la mise en oeuvre d'une véritable politique scientifiqueÉ23 »

Notre travail porte sur « la gouvernance de la recherche scientifique », car vue sur l'angle de gouvernance nous pouvons mieux tenter d'analyser les mouvements des différents agents dans le champ, et la synergie autour du champ par les acteurs (agents) collatéraux. Nous pouvons, aussi mieux tenter de comprendre l'influence des différents agents du champ de la cherche et des différents acteurs sur le système de fonctionnement de recherche, les résultats produits et l'influence social et économique de la recherche.

Cette tentative de construction de notre objet d'étude, « gouvernance des politiques scientifiques », nous amène à présenter l'objet et le champ d'étude du travail.

1.2 Un objet à l'intersection de la sociologie politique et de la sociologie de l'action publique (politiques publiques) et de la sociologie du développement

Le champ d'étude peut être perçu comme un espace délimité dans lequel le chercheur conditionne des éléments de recherche. Mesmin Noël Soumaho définit le champ d'étude ou cadre de référence comme « le cadre théorique général dans lequel s'intègre la problématique de l'étude24 ».

L'étude dans cette perspective « se joue dans le regard que le savant porte sur le réel ou selon une analogie chère à pierre Bourdieu ou à Jean-Claude Passeron, elle est fonction des « lunettes » qu'il prend. Il doit opter premièrement pour des verres sociologiques, et deuxièmement choisir, à l'intérieur de ce rayon disciplinaire, telles ou telles lunettes sociologiques différenciées selon une orientation théorique, selon une école de pensée. »25

22 K. Charles, Activités de recherche scientifiques et développement économique des territoires : Les cas des sciences de la mer en Bretagne Occidentale, Université de Brest, Thèse de doctorat NR, soutenue le 06 Décembre 2016, p. 80.

23 D.F. Idiata, Quelle recherche scientifique en Afrique ? Cas Gabon, Paris, L'harmattan, 2014, p.111.

24 M.-N. Soumaho, Éléments de méthodologie pour une lecture critique, Paris, L'harmattan/CERGEP, 2002, p.123.

25 F. de Singly, Ch. De Girard et O. Martin, Nouveau Manuel de sociologie, 2ème édition, Paris, Armand Colin, 2013, p.21.

18

Pour ce qui concerne notre travail, nous nous inscrivons dans la sociologie politique et le champ de la sociologie de l'action publique.

1.2.1 Sociologie politique

La sociologie politique donne un regard concis de la réalité sociale, mettant en scène les acteurs et le pouvoir qu'ils entretiennent. Elle permet d'élucider les rouages du fonctionnement du système politique. Le pouvoir conçu, non seulement sur un volet institutionnel mais aussi comme capital. La politique publique inclut une lisibilité du concept de champ politique, afin de comprendre la mise en relief des éléments de ladite théorie.

Jean-Yves Dormagen et Daniel Mouchard considèrent, à ce titre que la sociologie politique a pour objet « tout ce qui est relatif au gouvernement des sociétés et tout ce qui est en rapport avec cette activité de gouvernement. »26 Elle peut être définie dans ce sens comme « science de l'État ou des comportements politiques »27, courant ainsi le risque « de glisser vers des analyses normatives et de légitimer la construction d'un objet politique réduit aux seules questions légitimes dans l'espace social. »28

Mais depuis quelques années, l'étude de l'action de l'État connaît, comme le démontre Merrien (nous le verrons plus loin) « un regain manifeste d'intérêt. L'analyse en termes de politiques publiques a renouvelé les perspectives traditionnelles de la recherche (É). La crise politique, idéologique et intellectuelle des années quatre-vingt marque un ébranlement de la légitimité de l'action publique, amenant les chercheurs et les praticiens à se pencher sur les frontières de l'action publique, sur des modes d'action et sur sa légitimité. »29

Comme nous le disions au préalable, la sociologie politique permet, par la notion de pouvoir qu'elle inclut, d'avoir une dimension globale du concept de champ à savoir : la dimension substantialiste, la dimension institutionnaliste, la dimension interactionnisteÉ

Autrement dit, elle inclut la notion de pouvoir entant que capital financier, entant qu'État ou gouvernants. Enfin, elle l'inclut entant que ressource mobilisée, dans le but d'obtenir d'un tiers (É). Le champ de la politique s'exprime en fonction des contextes dans lesquels se trouvent les individus mais aussi de la rationalité des agents.

26J.-Y. Dormagen et D. Mouchard, Introduction à la sociologie politique, Bruxelles, De Boeck, coll. « Ouvertures politiques », 2008, p. 6.

27 F.-X. Merrien, « Sociologie politique » in J.-P. Durand et R. Weil, Sociologie contemporaine, Paris, Vigot, 2006 (1ère édition 1993), p. 563.

28 Idem. 29Ibid. p.561.

19

1.2.2 Politiques publiques ou sociologie de l'action publique

La sociologie de l'action publique ou politique publique (entendue comme science de l'action publique) a pour objectif de s'intéresser à « l'étude des politiques publiques s'appliquant à l'action des autorités publiques au sein de la société publique. »30 Les politiques publiques ont pour ambition de porter une analyse sur l'action des gouvernants sur la société publique.

Avant que l'analyse des politiques publiques - notion essentiellement d'origine anglo-saxonne - s'érige en branche spécifique, et sous-discipline récente des sciences politiques, rappelle Muller, des études ponctuelles s'étaient déjà intéressées aux résultats de l'action politique en France et aux États-Unis.

Aux États-Unis, par exemple, l'analyse des politiques publiques s'est particulièrement constituée comme une science de l'action, une contribution des experts aux décisions des autorités gouvernementales. L'objectif initial était d'orienter la recherche pour l'action. En France, cet intérêt se heurtait à une double limite : « le sous-développement des instruments et des méthodes d'analyse et de recherche d'une part, l'étroitesse des interventions publiques d'autre part, qui jusqu'au XIXe siècle, se cantonnent pour l'essentiel dans les domaines liés à l'imperium de l'État : police, sécurité interne et externe, diplomatie, défense, expansion militaire et coloniale. »31

Pour Mény et Thoenig, toute politique publique témoigne et recouvre une théorie du changement social.32 Les politiques publiques ont plusieurs paramètres, notamment : Les objectifs poursuivis par la politique publique considérée, les ressortissants visés par celle-ci, les metteurs en oeuvre auxquels sont confiés l'application des mesures gouvernementales, les types de politiques.33

Nous avons choisi comme champ secondaire d'étude, la sociologie des politiques publiques car, celles-ci nous permettraient d'observer, de façon objective les activités des

30 S. Duchesne et P. Muller, Sociologie et analyse de l'action publique : Représentation croisée de l'Etat et du citoyen, Presse science po, 2013, p.5.

31Y. Mény et J.-C. Thoenig, Politiques publiques, Paris, Presses Universitaires de France, " Themis, science politique", 1989, p.14.

32Ibid. p.140.

Pierre Muller souligne, à cet effet, que les travaux classiques qui présentent les politiques publiques dans une logique séquentielle, mettent la question du changement au coeur de leur approche. La séquence (émergence du problème - formulation - mise en oeuvre) constitue d'abord une tentative de traitement d'un problème, en général, issu des transformations de la société qui débouche sur une modification de l'état initial du problème (Ç Esquisse d'une théorie du changement dans l'action publique. Structures, acteurs et cadres cognitifs », Revue française de sciences politiques, Presse de sciences po, vol. 55, n°1, février 2005, p.156).

33Ibid. pp. 143-144.

20

autorités dans le secteur de la recherche scientifique. Les politiques publiques sont « l'activité d'une puissance investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale »34.

En d'autres termes, elle donne la capacité de percevoir l'activité des agents politiques en action dans le champ et évaluer l'influence de cette action, tout en observant les effets consécutifs aux interactions, entre les agents qui font vivre ces institutions et une multitude d'acteurs sociaux intéressés par les décisions publiques. Cette situation est évidente dans la mesure où, historiquement, l'approche des politiques publique ait permis d'ôter, de façon progressive, le côté sacré de l'État, en montrant que les résultats attendus pouvant être différents des résultats produits.

Ainsi, cela revient-il à comprendre le rapport dialectique entre le champ des politiques publiques et le champ politique de façon générale. Pierre Muller parle à cet effet des « outputs » et des « inputs ». Les « inputs » sont des facteurs entrants donc interne à la politique et qui mettent en relief les acteurs du champ. Et les « outputs » comme les éléments externes au champ ou des éléments extérieurs35.

1.2.3 Développement et sociologie du développement

De façon générale, Le développement est perçu comme un ensemble de changement sanitaire, technique, géographiques, pour conduire aux progrès sociaux. Connu dans un espace géographique bien défini. Dans un premier sens, il peut être défini comme une croissance de revenus. Dans un second sens, il désigne l'ascension progressive des populations36, et la capacité humaines37.

« Le développement social se concentre sur la nécessité de placer les populations au premier plan des processus de développement »38, il induit le bien-être des populations, en mettant tout accent sur l'amélioration de conditions d'existence de ces dernières. « Le développement représente plus que l'accumulation du capital et une meilleure efficience dans l'allocation des ressources ; le développement est un processus de transformation de la société. Un développement durable, équitable et démocratique nécessite des droits fondamentaux pour les travailleurs, y compris la liberté d'association et la négociation collective39 ».

34 J.-C. Thoenig, Politiques publiques, in : Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de sciences Po, 2019, p. 420.

35 P. Muller, Les politiques publiques, Paris, PUF, 2003, p. 5.

36 C. Jessua et al, Dictionnaire des sciences économiques, Paris, PUF, 2001, p. 305.

37 Idem.

38 Banque mondiale, « Développement social », Comprendre la pauvreté, mise à jour le 09 Avril 2019.

39 J. Stiglitz, (2001): «Employment, Social Justice, and Societal Well-being,» Keynote Speech to ILO Global Employment Forum, 01 au 03 November 2001. Cité par :

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Rappelons d'abord qu'au moment de l'indépendance au Gabon comme dans la plupart des pays nouvellement indépendants, le mot d'ordre était le « développement ». Ce développement devait être porté par l'État.

Selon Michael Cernea, le développement revêt « un "contenu social", des postulats sociaux, des acteurs sociaux, des conséquences sociales, et doit profiter au plus grand nombre. C'est pourquoi il est très important, voire essentiel de saisir, dès le début les variables sociales du développement et de les prendre pleinement en considération dans les politiques et les programmes de développement menés dans tous les secteurs40 ».

Pour lui, les gens eux-mêmes sont les principaux "acteurs sociaux" de tout processus de développement. « C'est à eux qu'il faut d'abord penser quand on conçoit les programmes de développement induit ; ces "acteurs sociaux" doivent être le point de départ, le coeur, le nerf de toute approche visant à promouvoir ou à accélérer le développement41».

Notons avec Marc Lévy que la discussion, longtemps marquée par le rejet de l'assimilation du développement à la croissance, doit intégrer les évolutions et les enseignements de ces quinze dernières années. « Il lui faut désormais tenir compte de la diversification des situations au sein de cet ensemble de pays trop facilement groupés dans le terme « sud » et aussi de la diversification des situations au sein des pays même42».

La sociologie du développement questionne donc les processus de développement sociaux et économiques, et les place dans le cadre de leurs impacts sur la société, communauté, village, ville, pays, régions. Elle est placée à cheval entre les oppositions suivantes : établir des remèdes - faire l'analyse ; critiquer le développement - en faire sa promotion. Elle aborde notamment en essayant, pas toujours avec succès, de passer à côté des débats idéologiques entre les pays du Nord dits industrialisés, voire post-industrialisés et les pays du Sud dit en voie de développement. Elle met en lumière le mythe du rattrapage « car le problème du sous-développement ne se pose que par rapport à la société occidentale 43». La sociologie du développement évalue ainsi les conséquences qui résultent des processus de modernisation -

R. Bazillier. Développement Économique, Développement Social. Économies et finances. Université Orléans, 2015, p.2.

· 0M.M. Cernea, La dimension humaine dans les projets de développement. Les variables sociologiques et culturelles, Paris, Karthala, 1998, p. 11.

· 1Idem.

· 2M. Lévy, Comment réduire pauvreté et inégalité. Pour une méthodologie des politiques publiques, Paris, IRD-Karthala, 2002, p.8.

· 3F-P Nze-Nguéma, Modernité tiers-mythe et bouc-hémisphère, Paris, Publisud, 1989, p.71.

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mondialisation, rationalisation et innovation par exemple, et en particulier ceux qui créeraient une dépendance des uns (Sud) par rapport aux autres (Nord).

Dans plusieurs pays, la Recherche scientifique a toujours contribué au développement national et local. Mais pour l'Ancien Commissaire Général du CENAREST, Daniel Franck Idiata, la contribution de la recherche scientifique à la richesse nationale est presque nulle44. 1.3 Intérêt de la recherche

L'intérêt de cette étude porte sur la perception des mécanismes sociaux au sein du champ de la recherche et les stratégies développées par les différents agents. Il y a des mécanismes internes entretenus par les acteurs de la recherche, et des mécanismes externes aux réalités de l'activité de recherche, entretenus par les acteurs administratifs et gouvernementaux. Au travers cette étude, nous remettons en question la notion de gouvernance de la recherche scientifique, dans la mesure où le but de celle-ci est de comprendre le manque d'impact social de la recherche scientifique et son apport économique.

La définition de l'objet et du champ d'étude appelle la détermination des hypothèses, concepts, des cadres théoriques de l'étude.

Section 2 : Modèle d'analyse et perspective théorique

Dans cette section, Il s'agit de décliner nos hypothèses et le choix d'une théorie sociologique en rapport avec l'objet d'étude. Le cadre théorique ou cadre de référence théorique constitue une boite à outils spécifiques que l'on choisira d'utiliser selon le type de problème à traiter ou l'univers interprétatif à construire. Une théorie est une manière de concevoir et de percevoir les faits et d'organiser leur représentation. Elle sert à conceptualiser et à expliquer un ensemble des observations et des comportements de la société. Les concepts opératoires isolés (construits empiriquement suite à notre enquête de terrain) et les concepts systémiques (rattachés au cadre théorique de notre choix) sont déjà contenus dans notre hypothèse de travail.

2.1 Formulation des hypothèses de recherche

44 La Rédaction, (31/07/2018.), « Stratégie de développement : Quelle place pour la recherche scientifique et technologique ? », DirectInfogabon.

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L'hypothèse de recherche a pour fonction de servir de guide et d'orienter la recherche. Elle est une esquisse de réponse anticipée sur le fait que le chercheur met en place par le biais de son cadre théorique. « Elle se présente comme une réponse provisoire à la question de départ de la recherche. Et, cette réponse anticipée doit être nécessairement soumise à l'épreuve des faits et subir la vérification empirique È45.

Dans notre démarche de recherche, la question qui engendre notre problématique est celle de savoir : Pourquoi le secteur de la Recherche scientifique n'est-il pas sollicité par les décideurs dans la formulation de l'orientation des choix de la gouvernance ?

En d'autres termes, Pourquoi la recherche scientifique et technologique est-elle très peu associée à la formulation, à la mise en oeuvre et à l'évaluation de certains projets de développement et des politiques publiques ? Cette question de départ commande deux hypothèses : une hypothèse principale et une hypothèse secondaire.

2.1.1 Hypothèse principale

L'insubordination du champ politique sur les agents du champ scientifique par une délégation de pouvoir. Les agents du champ politique n'établissent pas simplement une accumulation de rôle dans ce qui devrait être un croisement de champ mais surplombe le champ scientifique. Ce qui entraine l'intrusion du champ politique dans le champ scientifique administratif, et crée une reconversion des capitaux du champ scientifique et de son pouvoir symbolique.

2.1.2 Hypothèse secondaire

Il y a une confusion quant aux rôles et statuts de la recherche scientifique dans la société gabonaise. Autrement dit, une difficulté de perception du statut et du rôle précis du chercheur et de l'activité qu'il entreprend.

Aussi, nous pensons que cela soit fondé sur les représentations sociales dévalorisantes que la société à de la recherche scientifique. Nous pensons que les causes de la difficulté de la recherche scientifique au Gabon se fondent sur la dévalorisation de la recherche scientifique référente du statut donné à la recherche, cette situation est liée aux représentations sociales que les gouvernants ont du champ de la recherche.

45 P. Rongere, Méthode en science sociales, Paris, HGEJ, 1979, p.25.

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2.2 Le fonctionnalisme, la théorie du « champ » et les représentations sociales comme cadre théorique

Partant des lectures faites préalablement dans la première sous partie de cette section, au niveau de la relecture des auteurs, nous faisons une jonction choix théorique, afin de prendre notre positionnement. Dans cette sous partie, nous montrons que nous allions la théorie fonctionnaliste et la théorie du « Champ » de Pierre BOURDIEU, pour créer notre dépassement théorique.

2.2.1 Le fonctionnalisme

C'est à travers le fonctionnement des organismes de recherche que nous souhaitons comprendre, non seulement la place que celles-ci (la recherche scientifique) occupe dans la société gabonaise, mais aussi la perception qu'en ont les populations (représentations sociales de la recherche au Gabon).

Aussi, par les concepts de rôle et de statut, nous apprécierons, de façon parallèle, gouvernance de la recherche au Gabon, au-delà des engagements du gouvernement. Il s'agira de prendre en compte le rôle et le statut de chaque acteur (impliqué dans son organisation, dans l'activité de recherche et dans son orientation). Nous ne nous figeons pas uniquement sur les dynamiques internes aux institutions de recherche, mais considérons les statuts administratifs des chercheurs et des postes politiques. Pour être plus précis, les statuts sont des « positions occupés par des individus. Les domaines sociaux étant multiples, les statuts le sont également... »46 Et les rôles sont la concrétisation des droits et des devoirs assignés à un statut. « A chaque statut correspond donc plusieurs rôles qui répondent chacun aux attentes de différents partenaires d'individus... »47.

Les concepts de statut et de rôle sont aussi attributifs aux individus qu'aux institutions, conformément à la théorie fonctionnaliste. Le concept de rôle social permet « d'expliquer la relative uniformisation des actions sociales à partir d'une situation sociale donnée... Pour les fonctionnalistes, les rôles se les imposent aux individus... »48 Les rôles sociaux sont révélateurs des conditions sociales et des hiérarchies sociales « Même s'ils sont très nombreux et très

46 M.Montousse et G.Renouard, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Paris, Bréal, 2012, p. 80.

47 Idem. 48Ibid. p.75.

25

différents, les rôles sociaux laissent entrevoir la structure de l'organisation sociale avec des continuités mais aussi des lignes de partage et des hiérarchies qui émerge à la fois : de l'interaction des rôles (É) de la permanence de certains rôles. »49

Dans cette étude, nous aurions pu nous intéresser au fonctionnalisme de Malinowski dans la mesure où pour lui les rôles et statuts des individus se mettent en relief pour atteindre un but. C'est une mise en harmonie dans laquelle le tout contribue au besoin des parties. Toutefois, à cause de dysfonctionnement (dans la mesure où le but n'est pas atteint) des statuts et rôles latents se manifestent. Ainsi, dans cette essaie d'analyser, nous nous alignons au fonctionnalisme de Robert. K. Merton qui soutient que « l'activité sociale joue le rôle de « fonction manifeste » lorsqu'elle apparaît comme la conséquence logique du but visé. Mais elle peut aussi avoir une « fonction latente » sans rapport avec l'objectif officiellement recherchéÉ50 »

Nous assistons à des « fonctions latentes » et des « fonctions manifestes ». Ainsi, le dysfonctionnement au sein du champ de la recherche met en relief des « fonctions latentes » qui sont au fondement des représentations que se font les individus et des rapports que le tout entretien avec les parties et que les parties entretiennent entre elles.

2.2.2 La théorie du « champ »

Le champ selon Pierre Bourdieu, est « comparable à des termes comme systèmes ou instances, est destiné, comme eux à rendre compte d'un monde social différencié ou existent des régions déterminées, qui ne peuvent être réduites aux structures globales de la société dont elles font partie (É) le champ se caractérise par son autonomie relative »51. Ces agents se définissent comme les individus reconnus par leurs pairs. Ils sont en mesure de se soustraire à des intérêts externes, d'apprécier la valeur des enjeux internes, d'agir selon les normes, se distinguant de la sorte des profanes52.

49 Idem.

50 M.Giacobbi et J. P. Roux, Initiation à la sociologie. Les grands thèmes, les méthodes et les grands sociologues, Paris, Hatier, Octobre 1990, p. 271.

51Encyclopaedia Universalis, Sciences humaines et sociales,Champ_Sociologie. https://www.universalis.fr/encyclopedie/champ-sociologie/

52 P. Bourdieu, Le champ journalistique et la télévision, Sociologia contemporonea.

Le domaine journalistique et télévisuel est l'un des deux programmes télévisés ("A la télévision" et "Le domaine journalistique et télévision") que Pierre Bourdieu enregistrerait au Collège de France le 18 mars 1996. Le Collège de France / CNRS Audiovisuel / Arts et éducation.

https://youtu.be/I7qlfiERLJU?t=1633.

26

La théorie du champ de Pierre Bourdieu met en relief des inters-agissements des agents comme il les nomme (à cause de la particularité des individus non seulement à régir d'une structure et à agir sur celle-ci en mettant en place des mécanismes qui lui sont propre) dans le champ qui est pour nous dans notre étude, le secteur recherche scientifique. Dans son explication portant sur sa théorie du champ, Pierre Bourdieu met en relief la notion de pouvoir symbolique.

Pierre Bourdieu traduit le pouvoir par le concept de « pouvoir symbolique ». La théorie des champs de pierre Bourdieu nous permettra de lire les rapports de force symbolique ambivalents, ambigus que les gouvernants entretiennent. La théorie du champ et le concept de violence symbolique nous permettent de comprendre l'intrusion du champ politique dans le secteur de la recherche en prenant en compte la recherche de capitaux des agents du champ politique et donc de l'utilisation de la recherche comme capital de validation53.

2.2.3 La théorie des représentations sociales

Il faut préciser que nous rentrons dans une compréhension préfinie de la société par le biais de structuration interne qui donnent aux personnes une vision du monde qui l'entoure et leur permettent d'anticiper leurs diverses réactions. La théorie des représentations sociales est bien différente de l'idéologie, elle est intemporelle, traverse donc les temps et est exploitée « pour comprendre la trilogie opinion, attitude, stéréotype... » 54 Certains la comparent au système de langue, en d'autres termes, pour eux, c'est un moyen de communiquer des dialectes, de percevoir des choses. « ...les choses changent et la communication est en perpétuel mouvement. En cela, la représentation chez Moscovici est caractéristique de notre société de masse où les communications sont intenses... Tandis qu'elle était caractéristique des sociétés traditionnelles chez Durkheim. Les communications se situent toujours dans un univers social déterminé et, par conséquent, la production de la représentation est dépendante de la position socioéconomique des acteurs, de leurs pratiques, de l'idéologie qui organise leur représentation et de la mémoire collective qui la sous-tende... » 55

Section 3 : Conceptualisation

53 P.O Le Galès, J-V. Pfirsch, Pierre Bourdieu, La noblesse d'Etat, In : Sociologie du travail, 31eme année n4, octobre-décembre 1989, Univers et pouvoir, Perspectives internationale. p.534

54 H. Mendras, Éléments de Sociologie, Paris, Armand Colin, p. 79.

55 Idem.

27

Pour ce qui est de notre étude, les politiques scientifiques sont perçus comme toutes politiques publiques ou actions publiques établies en vue d'influencer le secteur de la recherche scientifique afin d'impacter les conditions sociales (de façon direct ou indirect).

3.1 Définition des mots clés et construction des concepts

Pour Weber, « Dans les sciences de la culture humaine, la construction du concept dépend de la façon de poser les problèmes, laquelle varie à son tour avec le contenu même de la civilisation. »56 Nous avons retenu les concepts systémiques de capital symbolique, pouvoir symbolique et violence symbolique de la Théorie des champs de Pierre Bourdieu ; rôles et statuts du Fonctionnalisme ; médiateurs des de l'Analyse des politiques publiques. Ils seront complétés par les concepts opératoires isolés de gouvernance de la recherche scientifique et de pouvoir politique.

3.1.1 La Gouvernance de la recherche scientifique

La recherche scientifique « désigne en premier lieu l'ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances scientifiques. Par extension métonymique, la recherche scientifique désigne également le cadre social, économique, institutionnel et juridique de ces actions »57.

D'après Legendre, « la recherche scientifique est un modèle d'acquisition des connaissances, qui utilise des moyens structurés et systématiques pour recueillir des données, c'est-à-dire, des méthodes en vue de mieux comprendre ou expliquer un phénomène. »58

Il décline la recherche scientifique autour de trois axes principaux que sont : la recherche fondamentale, la recherche appliquée et la recherche développement. Notre regard sera porté sur la recherche développement. Cette dernière classification que celui-ci élaborée par Daniel Franck Idiata59.

Le mot « Gouvernance » est ancien. Il date du Moyen Age, où il désignait selon les historiens anglais, le mode d'organisation du pouvoir féodal. Si le nom est tombé en désuétude jusqu'au XXème siècle, le concept, lui est demeuré. Comme le fait justement remarquer P.

56M. Weber, Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, « Coll. Pocket », 1992, p. 203.

57 Notamment sur le site web : http://www.techno-science.net/.

58 D. F. Idiata, Quelle recherche scientifiqueen Afrique ? Cas Gabon, op.cit, p.27.

59Ibid. p.10.

Certains chercheurs établissent une distinction radicale entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Cette distinction entre les deux est difficile à opérationnaliser lorsqu'il faut l'allier au développement.

28

Bréchon, le terme de gouvernance est un néologisme de plus en plus employé en occident par les spécialistes de politiques publiques. Ce terme est à distinguer de gouvernement (des hommes) qui renvoie à un processus volontaire sur une politique, une stratégie mise en oeuvre et conduite depuis les sommets d'une institution. « La gouvernance des sociétés, c'est désigner un processus complexe de prise de décisions politiques comme des arrangements négociés entre différents acteurs, arrangements pragmatiques dans lesquels les sommets de l'État ne font pas exactement ce qu'ils veulent. »60

Comme nous l'avons signifié au départ, la gouvernance peut faire allusion à une gestion en système, elle serait donc « le dépassement des politiques antérieures qui ont montré leurs limites et leurs insuffisances. »61. Un gouvernement peut avoir une volonté et une politique qu'il met en avant notamment en période électorale mais il est souvent amené à remettre en cause ce qu'il prévoyait lorsqu'il doit discuter cette politique avec les acteurs sociaux. Dans cette perspective, parler de gouvernance de la recherche scientifique au Gabon suppose donc de s'interroger sur le réseau d'acteurs qui contribuent à définir les modalités d'action publique dans ce secteur parce que « Les politiques sont en général des décisions sous contrainte et sous influence de plusieurs acteurs, défendant eux-mêmes souvent des intérêts divergents, sinon antagoniques. A tel point que, dans certains domaines, il est difficile de bien identifier à quel niveau et selon quel processus une décision a été prise, et qui en est même responsable. »62 En d'autres termes, comment l'autorité publique au Gabon, tente-t-elle, au moyen d'un programme d'action coordonné, de modifier l'environnement culturel, social ou économique des agents du secteur de la recherche scientifique au Gabon ?

3.1.2 Champ scientifique gabonais

Selon la conception Bourdieusienne, « Le champ scientifique comme système de relation objectif entre les positions acquises ( par les luttes intérieurs) est le lieu (c'est-à-dire l'espace de jeu ) d'une lutte de concurrence qui a pour enjeu spécifique le monopole de l'autorité scientifique, c'est-à-dire, inséparablement défini comme capacité technique et comme pouvoir social, ou si l'on préfère le monopole de la compétence scientifique entendu au

60 P. Bréchon, La gouvernance de l'opinion publique, Paris, L'Harmattan, 2003, p.11.

61 Idem.

62 Idem.

29

sens de légitimité de parler et d'agir légitimement ( c'est-à-dire de manière autorisée et avec autorité) en matière de science qui est socialement reconnue à un agent déterminé. »63

Dans cette étude nous relevons un primat de la sphère administrative sur le champ de la recherche scientifique gabonais, à cause, non seulement du statut de fonctionnaire des chercheurs gabonais, mais aussi du déficit de structures, comme par exemple les laboratoires de recherche. Le dysfonctionnement est à la base de la reconversion du champ scientifique dans la société gabonaise, de l'insubordination politique et de la reconversion des enjeux et des capitaux dans le champ.

Les enjeux de la recherche sont aussi bien internes qu'externes. Comme nous l'a dit, le chargé de projet sur la « tomate cerise » la recherche gabonaise ou encore les chercheurs gabonais sont de moins en moins considérés par les organismes internationaux à cause du fait qu'ils n'ont pas, à plusieurs reprises atteint les objectifs fixés des projets qu'ils leur avaient confié, après avoir reçu les subventions.

« Pour avoir ce projet, cela a été difficile. Lorsque nous avons postulé, ils ont apprécié notre projet mais ont eu du mal à nous intégrer. Ils nous ont expliqué que les collègues avant nous n'avaient pas respecté leurs engagements. Nous avons dû revenir au Gabon, convoquer les collègues qui avaient eu la responsabilité du projet précédent et être derrière lui pour qu'ils fassent le rapport. Nous avons pris le rapport de nos collègues et l'avons envoyé. C'est ainsi que nous avons pu avoir cette subvention. Mais, aujourd'hui, nous sommes plus surveillés que les autres. Certains ne savent pas que ce qu'ils font à de grosses répercussions. »64

Le déficit de lieux de recherche, la prépondérance de la sphère administrative de la recherche et la prise en compte majeur du statut de fonctionnaire introduit au sein du champ de la recherche de nouveaux enjeux et de nouveaux capitaux. Les enjeux et les stratégies émis par les chercheurs sont à double face et peuvent avoir une dimension intrinsèque et extrinsèque (aussi bien que les intérêts dans le champ)65. Les intérêts intrinsèques et extrinsèques prennent une dimension plus importante à cause de la position des chercheurs gabonais dans le champ de la recherche sur le plan international et des représentations que la société a du secteur de la recherche.

3.1.3 Rôles et Statuts

63 P. Bourdieu, « La spécificité du champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison », in : Sociologie et sociétés, Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, 1975, p.92.

64 Ibid. p.94.

65 Idem.

30

Les concepts de rôle et de statuts sont intimement liés, comme nous venons de le voir. Le rôle est l'ensemble de statuts donnés à un individu dans le système de fonctionnement. Ils sont « les droits et devoirs assignés à un statut se concrétisent des rôles sociaux qui sont des comportements individuels attendus par un groupe dans une situation social donnée. A chaque statut correspond donc plusieurs rôles qui répondent chacun aux attentes des différents partenaires d'un individu... »66 Les rôles sont un assemblage de codes construits socialement et faillant à maintenir le fonctionnement social. Un individu peut, par le statut qui est le sien, jouer plusieurs rôles. Cette diversité des rôles peut créer un conflit de rôles. « Merton a montré que ceux-ci naissent des attentes différentes des partenaires sociaux d'un individu dans le même de la vie sociale. »67

Les statuts sont constitutifs des rôles des individus. C'est un « Ensemble des positions occupées par un individu ou un groupe d'individu dans les différentes hiérarchies sociales (revenus, prestige, pouvoir) »68. Aussi, il renvoie à « un jeu des différents rôles sociaux remplis par un individus... »69 . Il est relatif à la position sociale d'un individu. Il varie selon la structure sociale. Il permet dans leur mise en relation de créer une cohésion sociale. Dans le rapport entre les individus (relation horizontal) le statut défini l'individu par rapport aux agents avec qui il est en étroite relation, donc ses égaux. Et la relation verticale comme position hiérarchique.

Le Directeur Général de la Recherche scientifique du Gabon, il y a une « accumulation » des rôles et de statuts de la part des gouvernants. En effet, le budget alloué dans ce secteur ne tient toujours pas compte de leurs besoins, de leurs préoccupations. Autrement dit, ils ne sont toujours pas associés, consultés et sollicités dans la phase d'élaboration du budget annuel. Or, les dispositions légales, officielles attribuent ce rôle à la Direction de la Recherche scientifique.70 Les agents de la Direction de la Programmation du Budget que nous avons pourtant rencontrés nous ont signifié la Direction de la Recherche scientifique n'a jamais signalé leurs besoins. Mais ces avaient été démenti par feu ancien Directeur adjoint de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) du CENAREST.

3.2 Construction du concept de politiques scientifiques

66 M. Moutoussé et G. Renouard, 100 Fiches pour comprendre la sociologie, 7ème Edition, Paris, Bréal, p.80.

67 Idem.

68 G. Giacobbi et J.P. Roux, Initiation à la sociologie, les grands thèmes, la méthode, les grands sociologues, Coll. J. Brémond, Paris, Hatier, 1990, p.156.

69 Idem.

70 République Gabonaise, Projet annuel de performance, Mission ministérielle Enseignement Supérieur et Recherche scientifique, Cf. Annexes au Projet de loi de finance pour 2016.

31

Cette construction comprendre plusieurs concepts opératoires isolés, notamment : gouvernances de la recherche scientifique. Ils ont été construits sur trois (3) dimensions : économique, politique et sociale.

3.2.1 Gouvernance gabonaise de la recherche scientifique

Concept

Dimensions

Indicateurs

Gouvernance gabonaise de la
recherche scientifique

Politique

- Rapports ambiguë avec le

pouvoir politique

- Violences symboliques

- Accumulations de rôle et de

statut

- Déficits d'organe de

recherche

- Mises sur agenda politique

- Politiques de développement

Économique

- Financements fonctionnels

de la recherche

- Investissements inexistants

- Apports économiques quasi

inexistants

Sociale

- Incidences sociales de la

recherche scientifique

- Évaluations régulières de la

recherche face chez les
populations

- Efficacités socio-

économique

- Qualités de service rendu

aux usagers

Conception et source : Auteur

32

3.2.2 Rôle

Concept

Dimensions

Indicateurs

Rôle

De la recherche

Institutionnels

- Ensembles des missions

fixées dans les textes officiels

- Orientations idéologiques

des gouvernants

Économique

- Apports sur le PIB national

Sociale

- Apports aux

développements sociaux

- Solutions aux difficultés

sociales

Conception : Auteur

3.2.3 Statut

Concept

Dimensions

Indicateurs

Statut

Du chercheur

Politique

- Les rapports entre chercheur

et administration

- Positions administratives

- Anciennetés dans le champ

Économique

- Revenus mensuels

- Subventions par rapport à un

projet

- Montants de subvention
donnée

Sociale

- Missions données à un

institut

- Textes en vigueur sur le
statut de chercheur

- Rapports entretenus entre
les chercheurs

Conception et source : Auteur

33

3.2.4 Champ scientifique gabonais

Concept

Dimensions

Indicateurs

 

Capital

- Connaissances

administratives,

- Connaissances au sein de la
tutelle et des cotutelles,

- Relations entretenues avec

Champ scientifique

 

les organismes

gabonais

 

internationaux

 
 

- fonds propres du chercheur,

subventions obtenues par le chercheur, contributions de

l'institut, subventions du

 
 

CENAREST, cotisations

des chercheurs

 
 

- Prises en compte de l'utilité

de la recherche et du
chercheur dans la mise en

place de politiques

publiques de

 

Enjeux

développement

 
 

- Considérations des

chercheurs gabonais dans le champ international de la recherche

 
 

- Considérations des

chercheurs dans le champ national de la recherche

 
 

- Reconnaissances des pairs,

notoriété

 
 

- Permettre à la recherche de

répondre aux normes de

recherche actuelles

34

 

- Permettre à la recherche de

répondre à la dynamique sociale du pays

Conception et source : Auteur

 

Section 4 : Élaboration de la problématique

Dans cette partie, nous poserons notre problème après recension et revue critique de la littérature se rapportant à notre objet d'étude. La problématique serait alors le dépassement de travaux antérieurs, leur point aveugle, c'est-à-dire, ce qu'ils n'ont pas traité. C'est aussi une remise en cause des évidences et des certitudes qui structurent le champ des représentations, pour parler comme Fidèle Pierre Nze-Nguema.

4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature occidentale

Reprenant les propos de Pierre Bourdieu sur la science et la politique, Nathalie Heinich estime que, « Dans le rapport entre science et politique, l'intrusion de la connaissance scientifique dans les stratégies politiques. Cette lecture du fait politique est pertinente pour nous dans la nouvelle sphère politique, notamment africaine dans laquelle le politique n'est pas ignorant des sciences mais parfois en est spécialiste. Des propos de Heinich, l'inconvénient serait de demander au chercheur de n'agir qu'en tant que cherche dans l'arène de la recherche et entant que politicien dans l'arène politique »71.

Pour N. Heinich la question de l'autonomie de la science ne saurait se concevoir sans un engagement réel du politique. En d'autres termes, il est impératif de ne jamais dissocier science et politique. Cette dualité exprime une situation dans laquelle la science peut servir de moyen de pression au politique. Elle emprunte à Foucault des notions de scholarship72 de commitment73 afin d'expliquer que, dans l'action d'entrée de la connaissance dans le politique, il peut y avoir une manipulation de celle-ci pour soutenir les discours de l'autre. Elle soutient qu'une telle scène entre science et politique pourrait être pour les uns perçu comme un triomphe du scholarship sur le commitment. Autrement dit, de la science et ses facultés sur le politique.

71 N. Heinich, Pourquoi Bourdieu, Paris, Gallimard, Coll. Le débat, 2007, p.69-70.

72 Notion empruntée à Foucault, par Nathalie dans l'ouvrage Pourquoi Bourdieu ?

73 Idem.

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Dans son article scientifique pourtant sur le champ scientifique et champ politique elle souligne que le bien bien-fondé du champ scientifique c'est la conscience. Une connaissance historique qui fait office de fonctionnement du champ.

« Il devrait aller sans dire que la recherche vise avant tout la connaissance. Ce rappel devient indispensable au moment où tant d'intellectuels, se mettant «au service des luttes (É), se comportent collectivement vis-à-vis de nouveaux maîtres, reconnus ou annoncés comme se sont conduits leurs prédécesseurs « envers leurs supérieurs ecclésiastiques, puis envers les princes (...), enfin envers leur maître collectif de complexion bourgeoise» .Cette soumission volontaire intervient alors que l'autonomie relative du champ intellectuel, qui est l'acquis historique spécifique de leur groupe, permettrait à ces intellectuels, sinon de travailler en fonction de déterminations « pures » et purement intellectuelles, du moins de produire autre chose qu'un résultat connu d'avance. » 74

Elle montre l'importance et la complexité de la construction de la connaissance scientifique dans une dialectique entre champ politique et champ scientifique.

Dans son analyse portant sur la gestion des universités à vocation de recherche John Taylor expose la pensée de Fox sur la réalité de la productivité de la recherche scientifique. Fox formule une relation directe entre productivité scientifique et conditions de recherche. Les facteurs de condition peuvent être, à la fois, internes et externes. Toutefois d'après le point de vue que l'auteur extrait de Fox, celui-ci est décideur de la pertinence et la régulation de la productivité sociale.

Il semble donc que la recherche ne puisse être livrée à elle-même. Comme le fait remarquer Fox : « Ce ne sont pas les établissements qui font de la recherche, ce sont les individus. Mais les conditions qui règnent dans l'établissement ont une incidence sur la productivité »75

Ces conditions peuvent être relatives aux finances. Toutefois, relativisant sa position, il ajoute que : « La stabilité financière est un facteur important pour la réussite scientifique d'une université, mais elle ne peut être obtenue de nos jours que grâce à un financement diversifié, dont l'État n'est pas le principal fournisseur. »76

74 J. Verdès-Leroux, « Champ scientifique et champ politique ». In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 36-37, février/mars 1981, p. 26.

75 J. Taylor, « Gérer l'ingérable : La gestion de la recherche dans les universités à vocation recherché », op.cit. p.14.

76 Ibid.p.3.

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Il exprime la pensée de Michael Shattock sur la gestion des universités de recherche. D'après Michael Shattock « La bonne gouvernance contribue au succès de l'établissement lorsque les éléments extérieurs qui y participent, les cadres administratifs et la communauté scientifique travaillent en étroite collaboration. D'un autre côté, les progrès seront freinés si l'un de ces éléments prend le dessus. »77.

Nous pouvons relever la fonction que peut prendre la fonction (attention au style, à revoir). En effet, ce qui traduit un fonctionnement normal de la sphère recherche serait l'articulation des rôles et des statuts de chacun, cela sans pourtant qu'il ait une accumulation de rôle de l'un sur celui de l'auteur. Cette articulation permet de créer une harmonie sociale et un espace social linéaire qui serait, comme le pense l'autre propice à la productivité scientifique. En clair, dans les pays du nord il apparaît que la gestion de la recherche n'est pas figée sur l'orientation de la recherche elle elle-même car elle permet une liberté au chercheur. Mais elle n'est pas seulement, aussi figée sur la gestion de l'établissement.

« En réalité, Ce n'était pas que la recherche sortait de la sphère de la de gestion de l'établissement. C'était plutôt l'inverse ; la recherche était un tel enjeu pour ces établissements qu'elle imprégnait tous les aspects de la gestion. »78

Au-delà de la complexité observée dans l'orientation, les usages des résultats de recherche dans les pays occidentaux, il importe d'analyser, dans la section qui suit la question du statut de la recherche scientifique en Afrique.

4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature africaine

Nous traduisons par littérature africaine tout ouvrage, article, texte traitant de la question de la gestion de la recherche scientifique en Afrique, soit de façon générale ou en spécifiant un pays du continent Africain à l'exception du Gabon.

Dans leur article scientifique portant sur la prise en compte de résultats de recherche au Cameroun, Mbock Charly Gabriel, Ngo-Mpeck Marie-Laure et Kom Dorothée expliquent que l'action publique ne prend en charge la recherche scientifique et ses résultats que quand celle-ci présente des résultats non probants à long terme. Pour eux, les études prises en compte, il ne s'agit pas d'études stratégiques ou prévisionnelles, mais de celles qui permettent de réagir à des urgences pratiques.

77 Ibid. p.6.

78 Ibid. p.43.

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Ils poursuivent en signifiant que « leur manipulation dans les institutions d'Etat garantit les aménagements conjoncturels mais constitue un élément de résistance à tout changement structurel notable ». Par ricochet, nous pouvons noter que l'implication de la science dans l'action publique devrait permettre un apport à long terme, selon le domaine dont cette action est constitutive79.

Dans cette analyse les auteurs, après avoir fait un historique de la recherche scientifique au Cameroun, donnent les raisons du non prise en compte des résultats de celle-ci, notamment la réactivité et l'accessibilité à court terme des projets de recherche proposés aux instances. Aussi, la plupart des projets, comme le signifient les auteurs requiert un financement plus lourd mais avec des résultats plus probants. Dans cet inventaire, le premier auteur retenu est Jacques Gaillard.

Ce dernier analyse les conditions de recherche au Cameroun en proposant une analyse historique de la recherche au Cameroun. Il met un accent particulier sur la crise financière que va connaître l'économie camerounaise afin de montrer l'étroite relation qui existe entre les financements et les avancées de la recherche au sein de la recherche. Une crise financière qui influencera le rendement de la recherche, les conditions de sa mise en oeuvre, ainsi que l'amélioration des conditions de vie de la main de la main d'oeuvre80.

Il explique que « entre 1990 et 1996 les seuls programmes de recherche poursuivis sont ceux qui sont financés par des programmes étrangers. Alors qu'avant 1987 l'État finance entre 85 et 95 pourcents des activités de recherche (salaire compris), le pourcentage des financements étrangers atteint presque 40 pourcents dans les années qui suivent (1987-1996). Aucun programme ne peut se faire sans la contribution des fond internationaux »81.

Le second auteur retenu aborde la question de la recherche scientifique au Gabon. Il fait part de la gestion de la recherche dans le pays du Maghreb. Il traite de l'impact de la recherche et met en exergue la présente à l'étranger des chercheurs marocains et souligne aussi bien l'apport de la recherche que le fait que, l'internationalisation aide au développement local de la recherche.

En effet, « Pour réussir une véritable mobilisation des compétences marocaines S&T de l'étranger et lever l'ensemble des contraintes, il conviendra enfin de rassurer en même temps

79 C.G. Mbock, M.-L. Ngo-Mpeck et D. Kom, « Utilisation des résultats de recherche dans l'action publique au Cameroun », Revue Internationale des sciences sociales 2004/1(n°179), p.49.

80Il relève la progression en dans de sciences de la recherche scientifique au Cameroun et explique que celle-ci est primordialement centrée sur l'agriculture et la recherche médicinale.

81 J. Gaillard, E. Zink avec la collaboration de Anna Furo Tuilberg, Les capacité de recherche scientifique au Cameroun, une évaluation de l'impact des activités de l'IFS, IFS/international fondation sciences, mesia étude d'impact/ rapport No5, Octobre 2003, p.10.

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que de convaincre la communauté scientifique nationale marocaine et ses représentants, sur le fait que la mobilisation des compétences S&T marocaines de l'étranger (à distance ou en leur permettant de revenir au Maroc) n'est pas un risque mais au contraire une opportunité et un facteur puissant d'internationalisation et de renforcement du système national de recherche et d'innovation marocain. C'est une des conditions nécessaires pour que le Maroc s'inscrive de plus en plus et de façon durable sur la carte de la circulation scientifique mondiale. »82

4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature gabonaise

Se penchant sur le bilan de la recherche scientifique au Gabon, Daniel Franck Idiata établit formule une proposition concernant la nouvelle dynamique de recherche scientifique selon la nécessité et l'urgence. Il distingue plusieurs points notamment les points relevant d'une implication externe (et ceux nécessitant de la volonté politique du gouvernement) à savoir :

- Adapter les coordinations ;

- Renforcer les structures et équipements ;

- Créer les conditions d'une gestion rigoureuse des programmes de recherche ;

- Définir et mettre en oeuvre une politique de promotion de la recherche.83

De ce fait, nous comprenons qu'une gouvernance de la recherche, d'après la perspective de l'auteur, serait d'établir une organisation de la recherche en adéquation avec les objectifs généraux de développement, de mettre en place des moyens financiers et des structures adaptées. En somme, il recommande de mettre en place des moyens de coordination rigoureuse de la recherche scientifique.

La gouvernance serait l'orientation de celle-ci, conformément aux besoins du moment, la confection de structures adaptées des centres de recherche scientifique et d'établissements d'enseignement supérieur, tout en stimulant une coordination84.

Jean-Marc Ella explique que pour faire de la recherche un vrai moteur de développement en Afrique il faudrait développer quatre (4) points précisément :

- Intégrer le concept de développement à la production de connaissant. Cela consisterait,
d'après lui, à mobiliser une pertinence de travaux de recherche ,
·

- Associer étroitement la recherche et le changement social ,
·

82 Idem.

83 Daniel Franck Idiata et al, Le bilan de la recherche scientifique au Gabon, op. Cit. p.23-24.

84 Ibid. p.24-29.

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- Créer un espace de travail ouvert à la réciprocité des questionnements. Il estime que

les savoirs actions sont dépendants de la théorie et réciproquement, ils sont dans un va et vient de dépendance ,
·

- Repenser le rapport au savoir dans une perspective de lutte contre le développement85.

D'après lui, dans un contexte social de luttes et de conflits face à divers problèmes sociaux que doivent faire face les États du monde et plus particulièrement l'Afrique, la recherche scientifique ne doit pas servir à un ornement intellectuel mais à une contextualisation du problème, en vue de trouver des solutions pratiques.

Il explique le fonctionnement ou l'histoire de la recherche en Afrique. Les différents laboratoires établis en Afrique du sud du Sahara sont conçus en se référant à l'exemple des pays du Nord, que la plupart des résultats sont destinés à une collaboration Nord-Sud, donc sont retransformés. Aussi, la plupart des financements de projets sont fait par les organisations internationales et non par des fonds locaux.

Dans « Les états généraux de la politique de la recherche au Gabon », nous notons que la gouvernance de la recherche scientifique relève d'indicateurs internes mais aussi d'indicateurs externes à la recherche scientifique. Des éléments externes de gestion, nous pouvons relever l'orientation de la recherche scientifique au Gabon 86 on peut parler d'une « réorientation de l'activité de recherche ». Ils précisent que cela pourrait passer par :

- L'élaboration désormais de programme national de recherche prenant en compte les
priorités du développement socio-économique et auxquels doit s'intégrer tout projet financé sur fonds publics ,
·

- L'appel à la diversification du financement au sein des universités et des centres de
recherche, par le biais des partenaires avec le secteur public et privé ,
·

- La promotion et la valorisation des chercheurs ,
·

- La mise en place d'un comité National d'Éthique en matière de recherche scientifique.

Ce sont des logiques de propositions qui traduisent ce qu'est la gouvernance de la recherche scientifique. Elle serait fondée sur son orientation, son financement et sa

85 J.-M. Ella, Guide pédagogique de formation à la recherche pour le développement de l'Afrique, Paris, L'harmattan, 2001, p. 28.

86Collectif d'auteurs, Les grands choix de la politique scientifique et universitaire à l'aube du 21ème siècle, tome1, Actes des États généraux de la recherche et de l'enseignement supérieure, Libreville-3 au 6 mars 1998, p.34

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valorisation87. Tout cela sans pour autant exclure la réhabilitation des structures de recherche dans les université et centres de recherche88.

Dans son analyse, Georges Moussavou dresse un regard panoramique sur la gouvernance de la recherche en relevant les aspects budgétaires, institutionnel, ÉIl examine les stratégies des acteurs en mettant en relief les acteurs de chaque domaine de recherche selon la fonction de chacun en clair :

« La problématique soulève principalement, de façon indirecte, l'épineux sujet de la responsabilité partagée par les acteurs gouvernementaux et institutionnels dans l'efficacité interne ou la bonne gouvernance des institutions. »89

Il relève les actions des acteurs et met une ouverture sur l'implication politique de la recherche ou encore l'influence des acteurs politiques sur la recherche en milieu universitaire par une théorie de l'acteur stratégique.

Parmi les universitaires analysant la recherche scientifique au Gabon, nous retenons également la contribution de Clotaire Moukégni Sika. Il analyse le rapport entre la production scientifique et la politique, au sens de Pierre Bourdieu. Par son ouvrage, il nous permet de prêter une attention particulière sur la production scientifique. Il a relevé une centaine d'articles parus entre 1976 et 2003, au sein de la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines.

Aussi, il explique que la moyenne de publication par chercheur est d'environ un ouvrage par an. Donc, « Au total, il apparait que les productions scientifiques si elle n'est pas très faible, est signifiante »90.

Bien qu'insignifiante, l'influence social et économique elle est l'impact des productions publications scientifiques sur l'économie gabonaise. La réponse à cette question n'est pas simple. Cette question a toutefois l'avantage de mettre en perspective critique la rationalité politique dans la mise en oeuvre concrète des progrès scientifique.

Analysant la question de la recherche scientifique et son rôle pour le développement de l'Afrique, le philosophe Bonaventure Mve Ondo pose la question de savoir : Comment l'Afrique traite-t-elle la question des savoirs, comment après plusieurs années d'indépendance l'Afrique n'arrive pas à s'approprier la Science et ses technologies ? 91. Il précise qu'il est

87Ibid. p.35.

88 Ibid. p.37.

89G. Moussavou, L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : Contribution à une sociologie des institutions publiques, Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Soutenue en 2005, p.12.

90 C. Moukégni. Sika, Productions scientifiques et politique au Gabon, Paris, L'Harmattan, 2011, p.51.

91 B. Mvé Ondo, Quelle science pour quel développement en Afrique ?, in : Hermès, La Revue 2004/3 (n° 40), p.211.

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important de souligner que l'intrusion de la recherche scientifique en Afrique est issue d'un fait qui est la colonisation. De ce fait, elle peut être perçue comme le « chose du blanc » et pas comme un instrument au service de leur développement, car les sciences appliquées.

D'après T. Maganga et G. Moussavou, le système de recherche scientifique au Gabon est une construction d'acteur, un construit social. Dans leur ouvrage portant sur la gouvernance des universités gabonaise, ils étudient la Gouvernance des Universités Gabonaises. En se focalisant sur les défis à relever pour ces différentes universités. Les enjeux de l'enseignement supérieur plus précisément celui des universités sont évidents par « la formation des personnes hautement qualifiées, l'insertion des diplômés dans la vie professionnelle, la recherche scientifique et l'internationalisation de l'université. »92

Ils se posent la question de savoir « comment intégrer ces enjeux dans un système miné par plusieurs maux qui pour la plupart impliquent l'organisation de l'institution et des acteurs de sa gouvernance ?»93.A cette préoccupation, les auteurs préconisent une réponse, à savoir : « (É) contraintes structurelles, matérielles, et au déficit de communication, ou mieux encore au manque de régulation des instances de la gouvernance dans les établissements universitaires. »94

Théophile Maganga et Georges Moussavou pensent que dans ce contexte universitaire « l'acteur n'est pas une marionnette et n'a pas les mains liées. Il dispose d'une marge de liberté qui lui permet de façonner sa propre stratégie de fonctionnement ou son système d'action concrète... »95

Afin de montrer le dysfonctionnement dans les universités, les auteurs établissent une lecture des différentes revendications effectuées, qu'ils enrichissent par une relecture de textes donnés en réponse par le gouvernement. Bien que cette analyse soit fondée sur les structures d'enseignement de la recherche notamment les universités, nous pouvons souligner cette réflexion met en relief l'aspect stratégique des différents acteurs ou encore des différentes parties de la revendication et de la gouvernance de la recherche. En effet, l'utilisation très révélatrice des réalités d'un secteur mais aussi de l'applicabilité ou pas des engagements pris par chacun en vue d'apporter les solutions.

92 T.Maganga et G.Moussavou, Gouvernance des universités. Quels défis à relever pour leur performance ?, Paris, Publibook, p.21.

93 Ibid. p.22.

Parlant des enjeux actuels des universités, en se basant sur les normes de globalisation.

94 Ibid. p.23.

95 Ibid. p.27.

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Dans la revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Science Humaine (IRSH) Georges Moussavou s'intéresse à « la pauvreté dans des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon. »96 Il soutient que faire référence à la pauvreté dans la gestion administrative des Universités et Centres de recherche scientifique c'est en réalité montrer les caractéristiques des insuffisances rencontrées dans ces différentes structures.

Il analyse la pauvreté à trois (3) niveaux, notamment : les structures d'accueil et de travail ; l'activité de recherche et la professionnalisation universitaire. Il conclut que la pauvreté des organisations universitaires et de recherche, au-delà des raisons soulignées supra, la relation que l'État entretient avec ses organisations et les « attitudes de fuites, de beaucoup de personnels, de l'espace universitaire et scientifique vers des activités extérieures à celui-ci. »97. Cette fuite amène les différents acteurs à s'intéresser aux projets extérieurs qui sont plus rémunérateurs.

Citant Fidèle Pierre Nze Nguema, G. Moussavou relève que les vecteurs et acteurs porteurs de la crise sont multiples. D'après lui, tout se joue dans l'éthique que porte chaque partie : l'éthique de conviction du politique et l'éthique de conviction du savant. Une réflexion qui donne à la lire la réalité de la recherche scientifique au Gabon par le biais de ses différents acteurs.

L'éthique de la recherche soutenue en effet par les chercheurs est dépendante de leur réputation, donc de leur renommée dans le champ de la recherche et même au-delà, et aussi, à la place que ceux-ci occuperont dans le champ, et que les agents du champ politique (donc décisionnel) agissent dans le champ de la recherche afin de maintenir, selon leur perception, leur place dans le champ politique98.

Et comme l'a dit Munzangala dans son article portant sur la Pauvreté dans les États Africains, les gouvernements africains brandissent des promesses qui deviennent des lettres

96 G. Moussavou, « Facteurs et éléments de pauvreté des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.

97 Ibid. p.80.

98 Idem.

F.P.Nze-Nguema, « La recherche pour le développement : une culture de société », Revue de géographie, laboratoire d'analyse spatiale et des environnements tropicaux, 1ère année, Libreville, U.O.B, p.89, in.cité par, dans son article portant sur « Facteurs et éléments de pauvreté des organisations universitaires et de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.

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mortes afin de plaire aux créanciers étrangers qu'à destination de l'opinion nationales. Il pense que ce système favorise une paupérisation qui fragilise le tissu social99.

Georges Moussavou poursuit en faisant une analyse organisations et du système universitaire. Il fait une lecture des organisations de la recherche. Il soutient que la question de la définition et de la détermination des finalités des objectifs et statuts de la recherche scientifique au niveau national, telle que celle-ci est organisée et menée est celle du rapport entre l'État (puissance publique) et la construction du modèle social spécifique, à travers les établissements d'enseignement et de recherche qu'il a créés ou laissés mettre en place, dans le but d'assurer le développement économique et social de recherche. Il explique qu'il existe un déficit quantitatif et qualitatif de chercheur 100

Georges Moussavou traite des problèmes organisationnels, la répartition des rôles entre le CENAREST et le Ministère. Il relève un problème majeur du dysfonctionnement au sein du secteur de la recherche, en s'appuyant sur l'ancienneté des textes relatifs aux instituts. Il déplore la mise en place de plusieurs structures administratives de la recherche qui n'ont pas été rendues effectives101.

Il souligne deux (2) raisons : L'attitude des gouvernants et les problèmes organisationnels.

Dans sa thèse de doctorat sur L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques, Georges Moussavou commente une analyse qu'il poursuivra dans ses ouvrages.

Il fait référence aux difficultés du système supérieur. En exploitant une théorie actionniste, il met en exergue le fait que le système de recherche soit un univers dans lequel les différents acteurs émettent des moyens, afin d'agir et obtenir ce qui lui est dû. Il fait une lecture du cercle comptant les enseignants-chercheurs, les étudiants et les gouvernants. Il effectue une lecture d'interaction entre les parties et non au sein des parties102.

M. Ibinga et M. Zue Elibiyo font référence aux résultats de la recherche pour faire une lecture de la gestion de la recherche au Gabon. Ils expliquent que les différents résultats de rechercher produit ne sont pas pris en compte par les gouvernants. Ils pensent qu'il faudrait que

99 D. Munzungala-Munziewu, « De la pauvreté comme aporie de l'Etat de droit en Afrique », in. Pauvreté (concepts, regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'institut de recherche en sciences humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 30.

100 G. Moussavou, Organisation et système universitaire au Gabon. Sociologie des processus et systèmes institutionnels, Paris, L'Harmathan, p. 129.

101 Idem.

102 G. Moussavou, L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques, Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Sous la direction de Jean Copans, Soutenue en 2005, p. 30.

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les autorités, qu'ils appellent décideurs, considèrent la pertinence des travaux de recherche réalisés par les chercheurs gabonais.

D'après les constats faits par les auteurs, l'une des difficultés que rencontre la recherche scientifique est la méconnaissance générale des résultats. Ils soulignent le fait que cette méconnaissance soit réelle au sein du corps des chercheurs. Les chercheurs entre eux ignorent les résultats de recherche des chercheurs d'autres laboratoires. La véritable problématique que posent les auteurs dans l'étude est celle des difficultés au niveau de la culture scientifique103.

Marcelle Ibinga fait aussi une analyse sur le financement de la recherche. Il pose plusieurs problèmes autour de la question du financement de la recherche. Il explique que la répartition budgétaire entre les laboratoires de recherche devrait être équitable.

L'objectif premier de son étude est de montrer l'importance de financer la recherche de façon équitable et se fonde sur deux questions : celles de savoir comment les chercheurs peuvent-ils rendre la recherche visible et comment publier sans fonds de recherche.

Il met un accent particulier sur le fait que les instituts et laboratoires devraient mettre un accent sur la quête de fond privé de recherche104 , et poursuit, en expliquant que les allocations octroyées aux différents laboratoires et centre de recherche sont insuffisants et reparties de façon inégale.

Alphonse Donald Nze.W donne son point de vue sur la gestion de la recherche au Gabon, en rappelant le manque de connaissance des publications des chercheurs, non seulement par leurs collègues, mais aussi par le grand public.

D'après l'étude menée par l'auteur, cette méconnaissance existe pour deux raisons : le cloisonnement et la spécificité des chercheurs et de type de publication. Établir une relation de ces deux aspects permet de connaître la réalité sur la méconnaissance. Elle est aussi issue du statut que les uns donnent aux autres105.

De toutes ces contributions, aucune ne relève la confusion et l'accumulation de rôles et de statuts dans la gouvernance de la recherche.

4.4 Notre positionnement

103 M. Ibinga et M. Zue Elibiyo, Production scientifique : Tentative de réponse aux questionnements sociaux, Paris, Publibook, 2018, p. 278.

104 Idem.

105A-D.Nze-Waghe, « Recherche scientifique : Enjeux, visibilité et perspectives », Paris, Publibook, 2018, p.50.

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Au regard de nos données d'enquête et des documents officiels, tout se passe au Gabon comme si le responsables politiques se substituaient aux chercheurs quant à la formulation de leurs besoins, sans égards à leurs desiderata.

Au sortir de la phase exploratoire, nous notons que la gouvernance de la recherche scientifique suscite des interrogations quel que soit le domaine précis abordé dont il fait l'objet. D'ailleurs, les réflexions qui en ressurgissent à cet effet concernent la prise en compte de l'enjeu sur la mise en oeuvre des postulations officielles sur la recherche scientifique (pourtant bien inscrite sur l'agenda politique), son prolongement dans la société, et de son apport au développement économique et social. Même les étudiants interrogés et certains agents du monde de la recherche, ignorent réellement les vrais enjeux de la recherche scientifiques.

Tous les travaux portant sur la gestion et la gouvernance de la recherche scientifique qui ont précédé notre travail ont permis de mettre un accent sur les causes organisationnelles, fonctionnelles et financières de la difficulté de la gestion et de la gouvernance de la recherche scientifique. Certains en mettant en relief les acteurs individuels du secteur de la recherche et d'autres, les acteurs institutionnels. Ils présentent une vision panoramique des difficultés dans ce secteur en mettant également l'accent sur la stratégie tous les acteurs, ceux-ci s'inscrivant ainsi dans une perspective conflictuelle.

Toutefois, partant d'une dynamique des représentations sociales dans une société politisée et aux logiques plurielles, à l'instar de plusieurs sociétés africaines, cela peut parfois paraître insuffisant comme explications pour comprendre les logiques à l'oeuvre dans le monde de la recherche scientifique au Gabon.

En effet, la mise en place de décision pour un secteur suppose, d'après la notion de « milieu décisionnel central »106 de Catherine Gremion indicateurs (acteurs sont des éléments importants pour qu'un secteur quel qu'il ait de l'importance pour le gouvernement. Car, les gouvernants ne décident pas seuls mais plutôt en « interaction », avec des partenaires, des syndicats, des groupes de pressions107 .

Donc, le manque d'implication des chercheurs ou encore leur difficulté d'insertion dans les projets de développement multiforme demande, en outre, à comprendre la perception que les groupes (syndicats), de pression ont des chercheurs. De plus, les politiques publiques sont l'expression d'une volonté gouvernementale d'action (ou d'inaction), l'implication du pouvoir

106 Muller, Pierre. « Chapitre II. Les politiques publiques comme configurations d'acteurs », Pierre Muller éd., Les politiques publiques. Presses Universitaires de France, 2015, p.35.

107 Ph. Braud, Sociologie politique, op.cit,p. 597.

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pourrait permettre de lire son intention d'apporter des solutions aux problèmes qui persistent dans de ce secteur.

Le Tableau de bord économique, révèle une absence de la recherche scientifique pourtant pratiquée sur le territoire gabonais depuis plus de quarante ans. Aussi, plusieurs articles de presses, rapports d'évaluation et travaux de recherche (comme nous l'avons vu), démontrent le faible impact de la recherche scientifique sur les plans social, politique, économique et culturel. L'une des difficultés que nous pouvons relever est la représentation, non seulement que les chercheurs ont de leur activité, mais également celle des autorités politiques à l'égard de ce secteur.

En effet, les représentations que les individus ont d'une chose sont très souvent au fondement de leurs actions. Ainsi, les des chercheurs agissent de la perception qu'ils ont de leur statut dans celle que les autorités ont de la recherche.

Au regard de ce qui précède, les représentations que les acteurs ont de la recherche sont à l'origine des rôles et statut sociaux et institutionnels qu'ils se donnent et reçoivent.

Section 5 : Démarche méthodologique

L'objectif dans ce chapitre est de présenter les différentes techniques de collectes et de traitement de données recueillies sur le terrain.

5.1 Univers d'enquête et échantillon

Dans cette section, nous présenterons les différents acteurs interrogés, leurs variables d'identification. Les laboratoires et autres institutions en charge de la recherche scientifique sont dans cette perspective, notre univers d'enquête privilégié. Il est en effet constitué d'une population hétérogène. Nous nous intéressons donc à la recherche scientifique entreprise dans les institutions publiques, à savoir, les universités, le CENAREST et ses instituts. A cet effet, nous avons interrogé les acteurs de ses différentes institutions, liées par un objectif commun : faire de la recherche scientifique au Gabon un partenaire au développement.

Il y a également les organes en charge de l'organisation de la recherche, tels que : la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, la Direction Central des Affaires Administratives et Financières, les Ministères en cotutelle (Agriculture, Eaux et Forêts), la Direction générale du Budget du Gabon et l'Université Omar Bongo.

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5.1.1 Délimitation de l'univers d'enquête

Le choix de l'univers d'enquête n'est pas fortuit. Il est dépendant de notre objet d'étude et nous a permis d'avoir des informations nécessaires afin de vérifier la plausibilité de nos hypothèses.

Notre univers d'enquête se constitue principalement de trois catégories d'acteurs institutionnels :

- La première catégorie se sont les organes en charge de l'orientation et de la gestion financière directe et indirecte de la recherche ;

- La deuxième catégorie concerne les lieux d'activité de recherche scientifique tels que : les instituts de recherche ;

- La troisième renvoie aux lieux de formation des chercheurs. Nous avons fait le choix de l'université Omar Bongo.

Cette structuration, ce vaste complexe n'est pas synonyme de division car la production de la recherche et la pertinence de son impact dans la société gabonaise sont issus de la synergie entre les différentes institutions.

5.1.2 Échantillon d'enquête

Compte tenu de la diversité des terrains qui ont été les nôtres, nous utilisons des techniques appropriées dans notre univers d'enquête. La première catégorie d'enquêtés a été sélectionnée selon la disponibilité de chacun.

a. Au sein de la DGRSI

Nous avons interrogé deux (2) agents, à savoir le Directeur de la recherche Adjoint et la chargée d'étude. Ils nous ont fait le privilège de renseigner notre guide d'entretien et de répondre à nos questions concernant l'orientation générale de la recherche et de ses activités.

b. Au sein du CENAREST

Au CENAREST, suite au courrier adressé à Monsieur le Commissaire Générale, pour solliciter un entretien, il nous a recommandé certains agents susceptibles de nous informer sur l'organisation des activités de recherche et la gestion financière de l'établissement.

A cet effet, nous avons rencontré le Coordinateur des activités scientifiques et techniques et le Directeur des affaires administratives et financières. Donc, un total de 2 agents. Le

48

Commissaire Général nous a également transmis une autorisation donnant accès aux différents instituts de recherche. Suite à cela, nous avons déposé les courriers dans les cinq (5) instituts.

Sur les cinq (5) instituts, quatre (4) ont pu nous donner l'accès présentielle au sein de leurs structures. Il s'agit : de l'IRAF, de l'IRT, de l'IPHAMETRA et de l'IRSH). Pour ce qui concerne l'IRET, compte tenu des différents déplacements des chercheurs et de la crise sanitaire, nous avons pu rencontrer le Directeur adjoint afin d'organiser avec lui, les enquêtes par mail. Cela a été le cas.

Au total, la distribution des chercheurs sondés se présente ainsi qu'il suit :

- 4 chercheurs à l'IRSH, dont le directeur adjoint et 3 chargés de projet

- 1 chercheur à l'IPHAMETRA directeur de l'institut - 6 chercheurs, chargés de projet à l'IRAF,

- 2 chercheurs à l'IRT dont le directeur et le directeur adjoint

Par ailleurs, nous avons réalisé une enquête au sein de deux (2) laboratoires à de l'Université Omar Bongo à savoir : le LUTO et le LAGRAC.

Tableau n°1 : Récapitulatif des chercheurs enquêtés

Statut / Fonction

Effectifs

Directeurs instituts

2

Directeurs adjoints

2

Chargés de projet

11

Directeurs de

laboratoire

1

Directeurs adjoints de laboratoires

1

Total

17

Conception : Auteur

Tableau n°2 : Distribution de l'échantillon

Établissements

Nombre d'enquêté

Statut/Fonction

Moyenne de

Temps

IPHAMETRA

1

Directrice de l'institut (1)

01h30min

IRAF

6

Chargés de projet (6)

01H45min

IRSH

4

Chargé de projet (3) ; Directeur adjoint de l'institut (1)

45min

IRT

3

Directeur de l'institut (1) ; Directeur adjoint (1) ; Comptable (1)

45min

IRET

3

Directeur adjoint (1) ; Chargés de projet (2)

25min

49

LABAN

 

1

Fondateur et ancien Directeur du Laboratoire

d'Anthropologie (1)

02h10min

LAGRAC

2

Enseignante chercheur (1) ; Secrétaire générale de

laboratoire du LAGRAC (1)

01h10min

LUTO

1

Directeur du laboratoire (1)

02h15min

DGRSI

3

Directeur Général (1) ; Directeur de la Recherche (1) ; Chargée d'étude (1)

01h32min

CENAREST

3

Commissaire Général ; Coordonnateur des activités

scientifiques et techniques (1) ; Directeur Administratif et Financier (1)

01h16min

Direction de la

statistique, Service de la statistique nationale

1

Chef de service (1)

27min

Ministère de

l'agriculture

3

Chargés d'étude (3)

01h28min

Ministère des eaux et forêts

2

Chargé d'étude(1) ; Directeur de l'écosystème (1)

55min

Direction Générale du Budget et des Finances Publiques

1

Administrateur des services économiques et financiers

(Chargé d'étude à la direction de la préparation et de la programmation du budget, Correspondant Budgétaire du Ministère chargé de l'enseignement supérieur (1)

20min

Bureau du SNEC

2

Représentant de la section CENAREST (1) ; Secrétaire général(1)

35min

TOTAL

33

 
 

Conception : Auteur

c. Population estudiantine comme enquêté

Notre population d'enquête est choisie de façon aléatoire en fonction la disponibilité des enquêtés. Nous interrogé 40 étudiants qui nous ont partagé leurs opinions sur le statut de chercheur et le rôle de la recherche scientifique dans la société gabonaise, en s'exprimant également sur la gestion et la gouvernance de la recherche. Parmi les variables retenues, il y a le département d'appartenance et le niveau d'étude des enquêtés.

Nous ne faisons aucune distinction de sexe. Toutefois, nous avons choisi une tranche d'âge allant de dix-huit (18) ans et plus. Donc notre population est composée d'étudiants et d'étudiantes régulièrement inscrits à l'université Omar Bongo depuis plus de (2) ans, habitant des quartiers divers vivant dans les communes de Libreville, Owendo et Akanda.

Tableau n°3 : Répartition des enquêtés par âge

Age

Nb. cit.

FrÈq.

18-22

9

22,5%

23-27

19

47,5%

28-32

6

15,0%

33-37

6

15,0%

38-42

0

0,0%

43-47

0

0,0%

48 et plus

0

0,0%

TOTAL OBS.

40

100%

Conception : Auteur

50

Tableau n°4 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude

Niveau d'Ètude

Nb. cit.

FrÈq.

Licence

24

60,0%

Master

14

35,0%

Doctorat

2

5,0%

TOTAL OBS.

40

100%

Conception : Auteur

Tableau n°5 : Répartition des enquêtés par sexe

Nb. cit. FrÈq.

Sexe

FÈminin 17 42,5%

Masculin 23 57,5%

TOTAL OBS. 40 100%

Conception : Auteur

Nous avons distribué nos questionnaires à 60 questionnaires. 40 questionnaires nous ont été retournés. L'échantillon se constitue sur la base de plusieurs variables. Nous avons questionné 40 étudiants dont les âges varient entre 18 et 37ans. L'échantillon est composé de 17 étudiantes et de 23 étudiants. Cette répartition est due au fait que plusieurs jeunes étudiantes que nous avons sollicitées estimaient ne pas être en mesure de nous répondre, car elles ne connaissaient pas grands choses sur la question de la gouvernance de façon générale.

5.2 Choix des outils et technique d'analyse de donnée

Notre choix de technique de collecte de données s'est porté vers une méthode mixte. En d'autres termes, nous les méthodes qualitative (avec l'entretien semi-directif) et quantitative (par l'utilisation du questionnaire). Ces deux techniques, ont été complétées par la recherche documentaire et la webographie.

5.2.1 Techniques de collecte de données

La collecte de donnée est l'aspect pratique du travail de recherche. Durant cette activité, le chercheur rassemble les informations nécessaires qui lui permettront d'évaluer les hypothèses construites dès le début de son questionnement. Pendant cet effort des procédures méthodologiques, le chercheur utilise des moyens qui lui permettent de saisir, avec objectivité les données de terrain. Elles peuvent avoir comme but de saisir soit des informations - ou encore

51

données - quantitatives et chiffrable ou des données qualitatives fondées sur les discours des enquêtés.

a. Entretien semi-directif

L'entretien semi-directif est une technique qualitative de collecte de données. Elle est utilisée dans le but d'obtenir des informations subjectives de la part de l'enquêté en lui donnant la possibilité d'avoir une certaine liberté dans la formulation de ses réponses. Cette technique permet d'avoir une connaissance des intentions de l'enquêté. Howard Becker définit le guide d'entretien comme « un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale. Pour recueillir les informations en relation avec le but fixé. »108

Aussi, il est conseillé au chercheur qui adopte cette technique de « rester continuellement en éveil de sorte que ses propres interventions amènent des éléments d'analyse aussi fécond que possible... »109

b. Le questionnaire

Nous avons choisi le questionnaire dans le but d'établir des pourcentages relatifs à la connaissance et aux perceptions des étudiants de l'activité de recherche entreprise par les établissements publics. Celui-ci nous permettra d'établir des informations quantitatives afin d'exposer des sondages sur le rôle et statut de la recherche scientifique en Afrique, particulièrement au Gabon. Par le biais de cette technique, nous faisons dans notre travail une lecture de données chiffrées présentées sous forme de tableau ou de diagramme.

c. Recherche documentaire

C'est une action menée dès l'amorce de la recherche. Elle s'effectue le plus souvent avec des balbutiements dus à une méconnaissance de l'objet abordé. La recherche documentaire a pour premier objectif de posséder les éléments théoriques sur le sujet de recherche. Elle est le

108 A. Delphine, A. Guilbaud, et D. Lagrange. « Chapitre 8 - L'entretien en relations internationales », éd, Méthodes de recherche en relations internationales », Presses de Sciences Po, 2016, p. 157.

109M. Chibout, La pédagogie Freinet au service des élèves à haut potentiel ? Formation primaire », HEP Bejune, Le chaud-de-fond, Avril 2017, p.36.

52

moyen par lequel la problématique est enrichie. En effet, par la recherche de documents le chercheur se construit un regard panoramique sur la question qu'il a choisi de traité.

Elle est aussi exploitée lors des activités sur le terrain afin d'avoir parfois des données historiques, des renseignements sur les normes constituants l'univers d'enquête ou autres questions étroitement liés à son objet.

d. Webographie : corpus d'article de Web média sur internet

Pour la collecte d'information de notre travail de recherche, nous avons constitué un corpus d'assemblage d'articles (de presse du web média et articles scientifiques). Le corpus nous donne la possibilité d'avoir des informations sur l'état de la recherche scientifique et des politiques scientifiques conformément au développement social et économique.

Ce classement a été fait sur la base des articles les plus anciens datant de 2014 au plus récents, datant de 2020 que nous avons pu collecter, en effectuant une recherche thématique sur les routeurs internet, afin de lire la place qu'occupe la recherche scientifique dans la société gabonaise. Nous avons ensuite fait une sélection des articles qui concernaient directement notre objet d'étude. Nous faisons cette lecture en tenant compte des termes employés dans les articles de presse et de les apprécier.

5.2.2 Techniques d'analyse de données

Généralement, la technique d'analyse de donnée au chercheur la possibilité de structurer les informations recueillies et de leur donner un sens. L'analyse de donnée est l'étape qui succède celle de la collecte de donnée. Dans notre travail, nous avons deux types de données, à savoir les données quantitatives (chiffrées) et les données qualitatives (les données textuelles).

a. Analyse de données statistiques

Pour les données statistiques, nous avons effectué une collecte de donnée partir du logiciel de données sphinx. Le croisement de données met en relation des variables distinctes,

53

notamment celles relatives aux variables d'identification des enquêtés et celles qui concernent le problème étudié.

Premièrement, nous avons ressorti les données et établi des classements. Suite à ces classements, nous avons effectué des regroupements de pourcentage par rapport aux réponses données par les enquêtés. Pour terminer, nous avons à la lecture de pourcentage qui ressortait, fait ressortir les différentes idées, afin de procéder aux analyses.

b. Analyse de contenue

Pour ce qui concerne les données qualitatives, nous avons fait un regroupement thématique après la collecte de donnée. Après collecte de données, nous avons transcrit les discours des enquêtés. Le regroupement ne pouvait pas se faire par question, car lors de nos entretiens, la plupart des enquêtés anticipaient parfois les réponses aux questions, et ne répondaient pas souvent en suivant l'ordre des questions qui leur avait été données.

Nous avons, après transcription, regroupé les réponses en thématique. Les réponses faisant allusion à l'organisation donc au rôle et aux statuts, celles faisant référence aux financements, celles faisant allusion aux représentations et aux identifications.

Enfin, nous avons fait ressortir l'idée majeure qui se dégageait de chaque thématique et avons sélectionné des verbatim qui ont servi de référent pour l'étude.

5.3 Limites du travail

La première difficulté que nous avons rencontrée était la rupture épistémologique.

La seconde difficulté était aux acteurs : les chercheurs et enseignants-chercheurs qui sont, pour certains, des spécialistes de la question que nous abordions et des ainés. Ils souhaitaient parfois nous faire prendre position.

La troisième difficulté était la période choisie pour effectuer notre terrain (période de crise sanitaire, entre confinement et horaires de couvre-feu). De plus, à chaque semestre, toutes faisaient des bilans d'activité. Ce qui rendait parfois improbable et difficile la rencontre avec les enquêtés potentiels.

La quatrième difficulté a été la dispersion des lieux d'enquête. Ayant travaillé sur les cinq instituts, le centre et la DGRSI nous avons dû régulièrement effectuer les déplacements entre les trois sites, afin de respecter la disponibilité de chacun.

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Pour terminer, la difficulté que nous avons rencontrée a été la disponibilité de certains enquêtés. En effet, nous avons souhaité, pour cette étude, rencontrer des bailleurs de fond, afin d'avoir leurs perceptions du rapport entretenu avec les chercheurs et les autorités administratives. Mais cela n'a pas pu être le cas. Donc, nous avons dû compenser ce déficit par une lecture des projets dont ils sont commanditaires.

Conclusion de la partie préliminaire

Dans cette partie préliminaire, il était question de présenter l'approche théorique, la problématique et la démarche méthodologique de notre travail. Notre recherche est fondée sur le constat selon lequel la recherche scientifique a une difficulté d'insertion ou encore d'impact sur la société gabonaise. Ainsi, nous avons décidé d'élaborer notre recherche sur les politiques publiques scientifiques.

Sur la base de ce constat cité plus haut, nous avons défini des champs d'étude (celui de la sociologie politique, la sociologie des institutions et sociologie des politiques publiques). Afin d'orienter théoriquement notre travail dans ces différents champs, nous avons choisi la théorie fonctionnaliste comme théorie principale, car elle permet de lire la société conformément aux rôles et statuts. A cette première théorie, nous avons rajouté la théorie du champ de Pierre Bourdieu. Elle fait une lecture des agents au sein du champ, donc des secteurs en mettant en relief la façon dont ils se meuvent et aussi la manière dont ils agissent sur le fonctionnement du champ. De plus nos hypothèses de recherche éclairent le choix des concepts opératoires et systémiques, ainsi que la perspective théorique retenue.

Pour collecter les données qui nous ont aidés à évaluer nos hypothèses nous avons adopté une méthode mixte (méthode quantitative et qualitative associée à recherche documentaire). Ces données ont été collecté dans un univers d'enquête composé de plusieurs établissements, à cause de la diversité des enquêtés notamment, chercheurs (de plusieurs établissements de recherche différent), administratifs. Nous avons terminé par une analyse de contenu et une analyse de donnée afin de traduire ces différentes données et de leur donner un sens.

55

PREMIERE PARTIE :

HISTOIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU GABON ET
STATUT DU CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE

56

Introduction de la première partie

La période coloniale, matrice des mutations multiformes, a vu l'avènement des pr

instituts de recherche au Gabon. Il s'agit principalement de l'Office de Recherche Scientifique d'Outre-Mer (ORSTOM). Après les indépendances, nous avons assisté à la nationalisation de la recherche scientifique.

Dans le premier chapitre de la première partie de ce travail, intitulé « Histoire de la recherche scientifique au Gabon et statut du chercheur dans la société gabonaise », nous proposons un aperçu historique de la recherche au Gabon. Il s'agit, entre autres, d'apprécier les conditions et le processus historique de la nationalisation de la recherche au Gabon après la colonisation. Les racines du présent sont nécessaires à la compréhension de la gouvernance actuelle.

Dans le second chapitre, nous interrogeons le statut et le rôle des chercheurs en société gabonaise, en faisant une analyse des textes en vigueur y relatifs. Il est question d'un croisement entre les textes expliquant le statut de fonctionnaire et le Décret stipulant le statut particulier des chercheurs. Ce croisement des textes permet une lecture des attentes de l'administration à l'égard de ces derniers, les incidences multidimensionnelles de leur activité et les stratégies mises en place afin d'organiser, et d'orienter l'activité de recherche.

57

Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au Gabon

La recherche scientifique est une activité qui permet de produire des connaissances nouvelles, de tenter d'apporter des solutions concrètes aux problèmes bien spécifiques, tout en contribuant aux progrès sociaux. Pour ce qui est de notre étude, l'activité qui nous intéresse est celle effectuée au sein des établissements de recherche publique au Gabon. Dans ce chapitre, nous parlons de l'histoire de la recherche scientifique au Gabon avant et après les indépendances, et de son organisation après la nationalisation de la recherche.

Section 1 : Recherche scientifique au Gabon

C'est environ dix ans après les indépendances que la recherche scientifique a été nationalisée. Nous retenons les « priorités » définies par les gouvernants au cours de la création de nouveaux organes en charge de la recherche. Nous faisons une analyse du rôle de la recherche et du statut de chercheur sur la base des textes officiels.

1.1 Histoire de la recherche scientifique dans la société gabonaise

Pour rappeler le contexte historique, les pays occidentaux connaissaient une révolution industrielle qui les emmena à avoir de plus en plus besoin de matières premières. Dans cette quête des matières premières, ils exploitaient les colonies.

Au regard de cette course à l'industrialisation, les pays tels que la France, l'Angleterre, l'Espagne rentrèrent en conflit et décidèrent de faire une répartition des terres africaines. Il faut dire que les actes qui suivirent, notamment, le mentorat de la France pour le Gabon, n'étaient pas issu d'un bénévolat, mais plutôt d'une volonté d'avoir une mainmise sur les différentes

58

ressources110. Le partage des terres, comme il a été fait, avait pour but de permettre à chaque colonie d'avoir une terre d'exploitation qui lui serait sienne et dont elle règlementerait l'organisation sociale.

L'insertion des pays d'Afrique dans l'Organisation des Nation Unies suite à la recommandation des États-Unis, semblait être l'initiative d'une politique « gagnant-gagnant ». Dans l'optique d'abaisser les tensions, les anciens colons se proposaient d'aider au développement et au progrès de leurs différentes colonies. Ainsi, le Gabon, le Congo, le Cameroun, etc., seront dans une marche pour le progrès scientifique, en insérant la recherche scientifique dans ses points de référence, chapotés par la France. La recherche fut entreprise au Gabon bien avant les indépendances avec l'Office de la Recherche Scientifiques et Techniques d'Outre-Mer (ORSTOM), aujourd'hui rebaptisé Institut de Recherche Développement (IRD). La recherche scientifique, en tant qu'activité conventionnelle est introduite dans la société gabonaise par la situation coloniale et sera nationalisée sur la base des transformations sociales, politiques et économiques que connaissait la société gabonaise.

1.2 La dynamique de la recherche scientifique au Gabon111

Pendant la colonisation, il y avait trois (3) structures de recherche au Gabon : l'ORSTOM, le CTFT et le CNRS.

Selon Paul Posso, l'ORSTOM travaillait sur les productions végétales (café, cacao, igname, canne à sucre, banane, coton, palmier à huile, bananier plantain). Le CNRS, quant à lui, faisait de la recherche fondamentale, surtout dans le domaine de l'écologie et de la biologie ; l'inventaire des animaux de forêt ; les parasites ; l'environnement. Au Gabon, l'ORSTOM travaillait sur la pédologie et avait réalisé la cartographie des sols. Il n'y avait que des techniciens. Laurent Biffot, Maître de recherche, était le seul chercheur gabonais. Le CTFT travaillait sur les forêts. Il faisait des inventaires forestiers, la régénération forestière, l'étude des comportements des essences forestières, la dynamique forestière, la croissance des arbres de la forêt. Il y a eu un échec de la domestication de l'Okoumé. Le CNRS à Makokou était le premier laboratoire d'écologie du monde, inauguré par le président Léon Mba en 1963 et plus

110AJ+ français, Qui a tracé les frontières en Afrique ? https://youtu.be/LX42klNcj w 111 Dynamique, parce qu'il y a avènement et évolution de la recherche.

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tard géré par Paul Posso, pendant 22 ans. Il travaillait sur les vertébrés, les grands et petits singes, les primates, tous les mammifères112.

Après les indépendances, de nouvelles tutelles de la recherche se mettent en place afin de promouvoir l'autonomie des États. L'ORSTOM existait toujours et devait maintenir la coopération entre les pays occidentaux, notamment la France et ses différentes colonies en soutenant une recherche scientifique pour le développement des pays tropicaux113.

Après avoir décliné l'importance de la mise en place d'un secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, le Gabon décide de se doter d'un Centre National de la Recherche. C'est jusqu'à 1975, après la création de l'UNG, que l'éducation nationale gérait les universités. En 1976, François Owono Nguema propose de créer un ministère de l'enseignement supérieur. Le premier ministre de l'enseignement supérieur fut donc François Owono Nguema et le premier commissaire du CENAREST, Jean Pierre Nzoghe Nguema114.

C'est au sortir des indépendances que les engagements pris durant la conférence CASTAFRIQUE mise en oeuvre par l'Organisation des Nations Unies

« É que la partie gabonaise a exprimé le souhait de développer la recherche au niveau national durant la Conférence CASTAFRIQUE, organisée par l'UNESCO en 1974. Au sortir de cette conférence, le Gabon s'est doté d'un Haut-commissariat à la recherche scientifique qui sera érigé en Ministère en 1976, puis confié à un organe spécialisé, le CENAREST, au cours de la même année 115».

En effet, « À côté de ces institutions de formation, les mêmes autorités ont jugé opportun d'accoler à cette mouvance la création définitive, un peu sous les cendres de l'ORSTOM du CENAREST, par l'ordonnance n° 6/76 du 22 janvier 1976116 ». Il regroupe plusieurs instituts de recherche dont certains sont issus de l'ORSTOM, tels que l'Institut de Recherche Agronomie Forestière (IRAF) issu du Centre Technique Forestier Tropical (CTFT).

112 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10 novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et perspectives.

113 Site Institut de Recherche Développement France, Principales étapes de l'histoire de l'Institut, Historique, http://www.ird.fr/l-ird/Hidtorique.

Consulté le 27/06/2020.

114 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10 novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et perspectives.

115 F.J. Hombahiya, Action publique et gouvernance des institutions publiques de recherche en Afrique centrale Cas du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CENAREST) au Gabon, Thèse de Doctorat en administration et évaluation en éducation, Université de Laval Québec, 2015, p.15.

116 Idem.

60

Le CENAREST a été mis en place afin d'accompagner l'État dans sa politique de développement. Il est la réponse de la recherche au gouvernement face aux problèmes qui lui sont présentés.

La recherche scientifique a pour rôle universel de servir au développement et à la croissance économique de la société qui la pratique. Son rôle est fondé sur sa définition qui lui donne toute la charge de l'innovation. Lors de son institutionnalisation au Gabon, le rôle assigné à la recherche scientifique est synonyme des missions qui ont été attribuées aux instituts du CENAREST. Ainsi, nous pouvons dire que le rôle social qui est attendu de la recherche est référent des missions citées dans les textes de la création des instituts.

Le Gabon n'avait aucun chercheur à cette époque, seulement des techniciens. L'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) a donc été créé, à partir du département des sciences humaines de l'ORSTOM, et l'Institut de Recherche et Technologiques (IRT), ayant à sa direction Monsieur Mintsa, qui travaillait sur le fumage de poisson. Mais aussi, la création par Monsieur Gassita de L'IPHAMETRA, dans les installations de la propriété de l'USS. Suite à certaines tensions permanentes, Owono Nguema remplaça, à la tête du CENAREST, Monsieur Nzoghe Nguema par Gassita. Puis, à la suite de la nomination de Joumas au ministère comme ministre de l'enseignement supérieur, ce dernier nomma Nzoghe Nguema comme recteur de l'Université Omar Bongo117.

Au Gabon, la confusion entre techniciens et chercheurs était entretenue par certains responsables de la recherche, bien qu'il y avait des techniciens qui contribuaient beaucoup et participaient à la recherche scientifique. Mais le vrai problème, d'après Paul Posso, était que le Gabon n'avait jamais eu un plan de formation de chercheurs. De ce fait, il y avait très peu de chercheurs au profil ciblé au Gabon. En zone de forêt dense, par exemple, les parasites sont nombreux et il fallait travailler sur leurs vecteurs. Le Gabon a donc très mal négocié son tournant de nationalisation de la recherche dans les années 1970. Pour ce qui concerne les profils ciblés, c'est l'État qui doit savoir ce dont il a besoin comme profil pour son développement. Il faut, selon P. Posso, des profils ciblés de haut niveau pour qu'il y ait un véritable développement. Le tournant de nationalisation de la recherche au Gabon a été très mal perçu par la France.

117 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10 novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et perspectives.

61

Section 2 : Nationalisation de la recherche scientifique

Cette section renseigne sur la manière dont le Gabon s'est approprié la gestion administrative de la recherche scientifique.

Nous faisons une présentation explicite de la création des différents organes de recherche, notamment, des instituts et de la tutelle en charge de la recherche scientifique. Nous mettons en exergue les différentes appellations données à ladite tutelle, et terminons par un regard sur le statut de chercheur au Gabon.

2.1 Le Centre National de la Recherche au Gabon

Le Centre National de la Recherche Scientifique est l'organe premier ayant en charge la promotion et la gouvernance de l'activité scientifique.

Sous l'orientation du Parlement et selon la Constitution, le Gabon met en place un Ministère en charge de l'Enseignement Supérieure de la Recherche Scientifique. À ce Ministère, fut assignée la fonction d'orienter la recherche scientifique et d'appliquer la politique mise place par le gouvernement en termes de recherche scientifique. Le décret n°1692/PR/MEN du 12 février 1988 portant attributions et organisation du Ministère de l'enseignement supérieure et de la recherche scientifique, assemble les textes modificatifs subséquents. Le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique, héritier de l'ORSTOM par les locaux qui l'y accueillera, est une unité opérationnelle selon la nomenclature actuelle. C'est l'ordonnance qui la met en création et le décret qui l'organise, en constitue, durant les premières années de sa création de trois instituts de recherche dont le rôle et les organisations seront dépendantes de leur décret de création et de la situation économique du pays.

Selon les textes, le CENAREST est placé sous la tutelle du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, plus particulièrement, dirigé par la direction générale de la recherche scientifique et de l'innovation. Il faut préciser que les premières recherches

s'axaient sur le domaine agricole et forestier compte tenu de la conjoncture économique qui prévalait.

2.2 Chronologie des créations des organes en charge de la recherche118

Nous essayons ici d'établir une chronologie de la création des différents organes de recherche scientifique au Gabon, sur la base des données recueillies.

Graphique 1 : Chronologie de texte portant création et organisation des organes en charge de la recherche

62

118 Organes actuels de la recherche au Gabon.

63

Conception : Auteur

Ce schéma montre les moments de création et d'organisation de la recherche scientifique, partant du ministère en charge de la recherche scientifique au Centre National de Recherche Scientifique et technologique et ses différents instituts. En nous focalisant sur les datations des textes de décret et d'ordonnance , nous soulignons un fait réel concernant l'évolution de la cherche qui est celui de la mise en forme des conditions générales de chercheurs et la mise en forme du recrutement du personnel de recherche, établi après la création des 4/6 des organes de base de la recherche notamment CENAREST, l'IRAF, l'IRSH et l'IPHAMETRA, qui font partis des premiers instituts de recherche établis au Gabon, auxquels furent partagés les rôles des établissements de cherche appartenant à l'ancienne puissance coloniale ( l'ORSTOM , CTFTÉ).

Au terme de ce chapitre, nous retenons que l'insertion de la recherche scientifique sur le territoire gabonais date d'avant les indépendances. Après sa nationalisation, elle a comme

organe principal de son organisation le CENAREST et ses différents instituts, qui seront créés au fur et à mesure selon les orientations que les politiques souhaitaient donnés à la recherche scientifique. Les instituts ont été mise en place sur la base de l'héritage légué par l'ancien colon. A cet héritage, on peut citer les structures de recherche, le matériel de recherche et même la documentation issue de l'aboutissement de recherche. L'activité de recherche, après la nationalisation de la recherche au Gabon, était menée par des techniciens de recherche, parce que le Gabon n'avait quasiment pas de chercheurs et ne disposait pas d'un programme de formation des chercheurs.

64

Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de chercheur

Comme l'a souligné Georges Moussavou :

« Au Gabon, cinq types de cadre identifiés structurent l'activité de recherche scientifique.

Il s'agit :

- De entreprises multinationales (É)

- Des bureaux et laboratoires d'études des ministères (É)

- Des établissements parapublics (É)

- Des instituts du Centre national de recherche scientifique et technologique (É)

65

- Des laboratoires et centre de recherche (É)119 ».

Les textes en vigueurs nous permettrons de faire une lecture de l'organisation de la recherche scientifique. Le fonctionnement social d'un secteur permet de lire l'impact de celui-ci. La définition du cadre juridique dans ce moment a pour but de clarifier le statut des chercheurs, leur rôle, en plus de décrire la réalité obsolète des textes organisationnels.

Section 1 : Statut de fonctionnaire et fonctionnement administratif

Le statut de chercheur inclut des rôles. Ces rôles ont une importance aussi bien individuelle (car le chercheur doit se maintenir dans le champ de recherche) que sur le plan collectif. Il doit permettre au secteur de la recherche nationale d'avoir une influence sur le développement social et économique du pays. La mise en oeuvre de l'effectivité du rôle de la recherche est étroitement liée à l'activité des chercheurs, au statut qui est le leur, et à l'importance accordée à leur activité.

1.1 Le statut de fonctionnaire pour les chercheurs

La position du chercheur au Gabon est une composante du statut général de la fonction publique, loi n°001/2005 du 4 février 2005, et du statut particulier de chercheur mis en vigueur par le décret N°000371/PR/MESRS, du 17 décembre 1987. Cette position est basée sur le statut de fonctionnaire, car il est employé de l'État exerçant une activité d'intérêt général ou public, pour ce qui concerne les établissements de la recherche publique.

Conformément à l'article 3 de la loi n°001/2005 :

Article 3.- Les activités d'intérêt général exercées par les agents publics sont regroupées en emplois. Les emplois sont créés et gérés conformément aux textes en vigueur. Ils sont identifiés par référence à la catégorie, au corps et, le cas échéant, au grade minimum requis pour y accéder. Un emploi peut comporter un ou plusieurs postes de travail. Un poste de travail regroupe une ou plusieurs tâches ou activités. Pour être pourvu, le poste de travail doit préalablement faire l'objet d'une autorisation budgétaire120.

119 G. Moussavou, Organisation et système universitaire au Gabon, op.cit.p.122.

120 Loi n°001/2005, Portant statut général de la fonction publique et du statut particulier des chercheurs, 24 février 2005, Article 2 et 3.

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A l'exception des travaux effectués avec les partenaires, les travaux effectués par les différents chercheurs des différents établissements de recherche doivent directement servir au développement social et économique du pays, et sont sous la responsabilité du ministère en charge de la recherche scientifique.

Bien que les résultats de recherche effectuée sous les directives des partenaires aient pour but (dans certains cas) de soutenir le développement des pays, l'exploitation des résultats obtenus demande une organisation plus complexe et une participation (souvent financière) de l'État à qui appartient l'établissement de la recherche affiliée.

Le statut de fonctionnaire accordé aux chercheurs des établissements leur assure le paiement de leur salaire mensuel et de leurs différentes primes, telle que la prime d'incitation à la recherche (PIR) qui a été pendant plusieurs années source de revendications. Ce statut de fonctionnaire assure aussi la prise en charge sanitaire et de retraite. Un statut qui est très souvent traduit comme source de négligence de certains chercheurs dans la mesure où ce statut n'a pas de relation étroite sur le rendement de leurs activités. Cette présence irrégulière de certains chercheurs à leur poste de travail est plus qu'évidente. Toutefois, la difficulté en cherchant à régler la présence en poste des différents agents de recherche serait sur deux éléments, à savoir : la liberté qu'incombe l'activité de recherche proprement dite et les conditions données aux différents chercheurs, afin d'effectuer leurs différentes recherches.

1.2 Statut particulier des chercheurs

À partir du Décret n°000371/PR/MESRS, nous faisons une présentation du statut de chercheur que nous mettrons en perspective.

Le statut particulier attribué au chercheur permet de situer le « statut » du chercheur au sein de l'administration et au sein de la société, sans lui extraire sa position d'agent publique ou de fonctionnaire pour ce qui concerne les employés de la fonction publique. Leur fonction administrative les distingue par le but de l'action de recherche comparativement aux autres secteurs d'activité.

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Article 8.- Les emplois exercés par l'agent public relèvent de la fonction administrative. La fonction administrative est distincte par ses buts, ses moyens et ses personnels de la fonction gouvernementale121.

a. Décret n°000371/PR/MESRS

Le Décret fixant le statut particulier des chercheurs est constitutif de la position du chercheur dans la société gabonaise. Ce décret est élaboré dans le but de repréciser les fonctions du chercheur, les compétences requises pour pouvoir avoir le statut de chercheur et le mode de recrutement au sein d'un institut de recherche.

Dès l'amorce du décret la précision sur les individus pouvant bénéficier du statut de chercheur est donnée, en sollicitant l'ordonnance portant création du CENAREST.

- Composition du corps de recherche :

Le corps de la recherche est composé de 2 groupes distincts qui sont le corps de chercheur et celui de technicien de recherche. Le corps de chercheur requiert, d'après le décret, l'obtention d'un Baccalauréat et l'obtention minimum d'une Maitrise. Il faut dire qu'aujourd'hui, avec la perte de valeur du diplôme de maitrise (Master), la majorité des recrutements au poste de chercheur se fait après une obtention d'un doctorat.

Lors de notre entretien avec le Directeur des Affaires Administratif et Financière du CENAREST, ce dernier précisait que le Centre avait des projets pour lesquels il se rapprochait des instituts, notamment, l'IRT. Malheureusement, celui-ci, devant être la référence en matière de technologie, ne pouvait pas produire ce que le CENAREST lui demandait. Le DAF se voyait parfois obligé de faire appel au service des prestataires : « Vous vous rendez compte que le Centre a un institut spécialisé sur les questions technologiques, et lorsque nous avons besoin d'un site, je vais appeler des prestataires ! ».

Le point de vue du DAF sur les capacités des agents de l'IRT est révélateur de la perception d'une catégorie d'individus et d'agents administratifs sur les compétences des chercheurs. Cependant, nous avons trouvé utile de nous rapprocher du directeur de l'institut concerné, afin d'avoir son opinion sur la question.

D'après le Directeur de l'IRT, les chercheurs composant l'institut de recherche dont il a la charge ont les compétences nécessaires. Cependant, les conditions de travail dans lesquelles ils évoluent ne leur permettent souvent pas d'effectuer véritablement un travail quelconque.

121 Loi n001/2005, Statut général de la fonction publique, du 24 février 2005.

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C'est là une des raisons pour lesquelles ils n'avaient pas pu répondre favorablement à la demande du DAF du CENAREST. Le manque de plateau technique et d'équipements n'est pas seulement source de dysfonctionnement au sein des instituts, mais aussi de la chaîne d'éléments de fonctionnement pour l'amélioration du tissu économique national et du développement social.

- Missions et charges de la recherche :

Le personnel de la recherche scientifique est chargé des missions de recherche et du développement expérimental (R-D), selon les grands objectifs du plan national de développement économique et social. Il assure les tâches de conception, de programmation et d'exécution des recherches scientifiques et technologiques. Conformément à la Loi 22/2000, déterminant les principes fondamentaux de la recherche scientifique en République Gabonaise, celle-ci stipule en son article 2, à alinéa 1 :

« Au sens de la présente loi, on entend par :

- Recherche scientifique fondamentale et/ou appliquée, l'ensemble correspondant aux besoins de l'Homme de connaître et de comprendre le monde et la société, afin d'assurer son développement individuel et collectif ...122 ».

Elle poursuit dans son article 4 que la recherche scientifique « a pour mission la maitrise progressive de la science et de la technologie, en vue d'assurer à la nation les moyens d'exercice de sa souveraineté, de promotion de l'Homme et de sauvegarde de son environnement, ainsi que la conquête du bien-être socialÉ123». Donc, de servir au développement social et technologique. La recherche scientifique est érigée en « priorité nationale124 » d'après l'article 5 de ladite loi, déterminant les principes fondamentaux de la recherche. Les chercheurs sont les acteurs du secteur de la recherche, de ce fait, ils permettent à la recherche d'accomplir son rôle. Il existe une relation étroite entre l'orientation politique et économique, les chercheurs et le statut particulier qu'ils ont, et le but de la recherche : le développement social économique du pays.

122 Loi 22/2000, déterminant les principes fondamentaux de la recherche scientifiques en République Gabonaise, Article 3.

123 Ibid. Article 4.

124 Cela est dit d'un secteur qui a pour droit de passer avant les autres. https://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/priorit%C3%A9+nationale

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Le décret fixant le statut particulier du personnel de la recherche et de la technologie permet de préciser le rôle des chercheurs, la structure administrative et la mobilité des chercheurs ou techniciens de recherche, au sein des centres ou instituts de recherche de l'État. Il précise les charges du personnel de la recherche entant que chercheur ou technicien, face à la société et leurs rôles, selon le plan politique du Gouvernement. En effet, le gouvernement est à la charge de l'orientation générale du pays. Chaque secteur devrait donc comporter une politique par laquelle ses différents agents articuleront leurs activités, afin d'accomplir les charges qui sont les siennes. Lorsque cette concordance d'acteurs, dans le fonctionnement administratif n'existe pas, nous assistons à un manque réel du but à atteindre, à savoir le développement social et économique du pays.

La charge inclue dans le décret fixant le statut particulier du personnel de la recherche scientifique et technologique en son article 2 ne peut être concrète que dans la mesure où il n'existerait, non seulement une politique nationale qui serait générale, mais aussi une politique sectorielle propre au secteur de la recherche. Ce qui n'en est pas le cas depuis plusieurs années et cela malgré les nouvelles orientations idéologiques prônées par le gouvernement. Car « il n'existe aucune ligne directrice de la recherche (É) que les instituts s'orientent selon les objectifs, les rôles de chacun inclus dans les textes de création125 ». Compenser le manque de ligne directrice la recherche par les missions donner à un institut, conformément à son texte de création, ne résout pas le manque de ligne directrice qui devrait être effective, afin de soutenir l'orientation nationale que le gouvernement donne à la recherche par rapport à la dynamique sociale du pays. L'inexistence d'une ligne directrice de la recherche scientifique remet en cause l'existence d'une politique nationale et l'ambition du gouvernement à vouloir réellement mener le pays au développement social et économique. Elle incite une individualisation ou encore une personnalisation de la recherche.

b. Canaux d'orientation personnelle de la recherche

- Spécialités du chercheur ;

- Objectifs des partenaires ;

- Missions de l'institut de recherche.

125 Actuel Coordinateur des activités scientifiques et technologiques du CENAREST, entretien du 01 Juillet 2020, au sein des locaux du CENAREST situés au Gros Bouquet.

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Section 2 : Organisation de la recherche scientifique

Le Gabon a mis en place un système d'organisation de la recherche structurant les différents organes qui composent ce secteur depuis les années 70, plus précisément en 1976, en créant par ordonnance le CENAREST. Antérieurement, la recherche était gouvernée dans son activité, sur le territoire national, par l'ORSTOM, et sur le plan administratif, par un fonctionnement administratif faisant office de ministère de la recherche. De nos jours, les données ont changé.

2.1 Organisation actuelle de la recherche

Comme nous l'avons souligné précédemment, depuis la mise en place des différents textes de création des instituts et du Centre National de la Recherche, il n'a été faite aucune réforme réelle sur la structure administrative de la recherche. L'administration de la recherche a plusieurs fois changé de tutelle. Toutes ces réformes n'ont aucunement été inclues dans une réorganisation administrative de la recherche, tandis que les propositions de réforme ont été faites durant plusieurs années.

« Pour ce qui est du conseil d'administration, c'est au ministre de convoquer le Conseil d'administration ; deuxièmement, ce centre a été créé en 1977 et quand il a été créé, la structure politique était différente. Donc, au sein de son conseil, il y a des membres qui ne devraient plus être là. Et comme cela n'a pas été renouvelé, il y a des textes qui n'ont pas été renouvelés. Il y a une certaine incongruité à avoir des membres dans le Conseil d'administration qui n'existent plus légalement. Donc, il y a nécessité de reformer les textes. Cette réforme va permettre de donner une nouvelle impulsion au centre... 126»

Ces situations remettent en cause le discours politique national qui prône un développement économique et social, dans la mesure où les priorités nationales telles que la recherche scientifique n'est pas emmenée à concorder avec les réalités institutionnelles administratives et politiques du pays.

Actuel Commissaire Général du CENAREST, Entretiens du 01 Novembre 2020 au sein des locaux du CENAREST situé au Gros Bouquet.

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Le manque de réforme administratif de la recherche127 serait aujourd'hui la conséquence d'un manque de volonté politique128, en ce sens que la réforme de la structure de l'État est effectuée sans tenir compte, à postériori, d'une réforme des composantes du fonctionnement de l'État chargées de mener celui-ci à un développement économique et social. Lors de l'entretien avec le Commissaire Général de la recherche scientifique, celui-ci souligna qu'il était actuellement nécessaire de revoir les textes, car certains organes composant l'organisation n'existent plus soit par manque de personnel (personne n'a été affecté dans ses postes), soit par manque de financement sur les postes et organes, parce que toute prise en charge d'un organe d'État requiert une approbation du Ministère du Budget chargé de décaisser les fonds129.

Tableau n°6 : Influence politique

Idées

Nombres

Pourcentages

Aucune idée

4

12,8

Tout est politisé

19

60,8

Indépendance de la recherche scientifique face au politique

2

6,4

Indépendance de la rechercher face à la question de politique

6

19,2

Total

31

100

Source : Données de terrain

Au cours de notre enquête, 60,8% des enquêtés pensent que la recherche scientifique est étroitement liée à la politique, car « tout est politisé ». D'après le discours de nos enquêtés, la gestion administrative et l'évolution idéologique de l'État, et les textes obsolètes, ne sont pas le fait d'un manque d'évolution de la sphère administrative et institutionnelle, mais plutôt d'une volonté des pouvoirs publics de maintenir le champ de la recherche scientifique au Gabon dans cette situation.

127 M. Akendengue, « L'organisation de la justice administrative au Gabon », La Revue administrative Paris, PUF, 19 99, p.45.

128 G. Sixdenier, Magistrat au TGI de Nanterre, La médiation présentée par l'ANM : « Une volonté politique : comment ? » Table ronde Christian LE ROUX, Directeur de Cabinet du Président du CESE Ghislaine SIXDENIER, Magistrat au TGI de Nanterre Marcel PAQUIER, Directeur PROTEKTA (Suisse) 16 novembre 2012 Palais Bourbon sous le haut patronage de Madame Christiane TAUBIRA Garde des sceaux, Ministre de la justice.

https://youtu.be/Vg89ekU0lNc

La volonté politique « permet de répondre et de lever les obstacles ».

129 Il est soumis à une étude financière, s'il ne peut être pris en charge l'approbation ne pourra pas être donné par le gouvernement et aussi par le parlement. Dans les textes de création des différents instituts, la place du ministère du budget est aussi primordiale que pour la mise en place d'établissements dans d'autres ministères. Établir une réforme des textes permettra aussi à l'État de repenser le financement de la recherche et son évaluation.

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2.2 Organisation des instituts et des ministères en cotutelles

L'organisation administrative s'effectue de façon pratique sous deux aspects : sur un plan formel, régi par des textes de loi et une hiérarchie, et sur un plan moral. Ce plan moral n'est pas fondé sur un cadre juridique, c'est une loi sociale des habitus sociaux incitant les agents à anticiper certains faits, et cela sans parfois tenir compte du cadre juridique en vigueur.

a. Organisation des instituts

L'administration des instituts est faite par les différents directeurs, et cela sous le contrôle du Commissariat Général. Le Centre est composé de cinq instituts portant chacun un rôle qui lui est propre. Toutefois, tout au long de notre recherche documentaire, nous n'avons trouvé aucun texte signifiant une collaboration entre les différents instituts, ou encore un décret signifiant une collaboration directe entre les instituts. Elle s'effectue comme des collaborations avec des partenaires, c'est-à-dire, par besoins.

Les demandes de collaboration entre instituts se font sur la base de deux critères : les questions à aborder ou orientations des projets et les affinités, appelées en langage courant « connaissances ». En ce qui concerne la collaboration par orientation des projets, elle se fera par rapport aux orientations que prendra le problème de recherche à résoudre. L'avantage de cette méthode est qu'elle peut s'effectuer sans affinités préalables entre les chercheurs et apporte de nouvelles collaborations. Les affinités sont le moyen de collaboration le plus répandu. La particularité est qu'elles entretiennent les relations entre deux établissements de recherche par le biais de deux personnes. Ces relations peuvent s'interrompre lorsque ces personnes n'y sont plus. Aussi, cette méthode de collaboration crée une difficulté de compétence, car lors d'un projet entre deux établissements, le choix par affinité incite à intégrer les chercheurs à un projet sur la base d'une amitié plutôt que de tenir compte de leurs spécialités, et de leurs expériences130. Les collaborations permettent d'enrichir les angles d'observation d'un problème posé.

Cependant, une interrogation nodale s'imposait. Elle était relative à la formalisation d'une collaboration entre les instituts du Centre. En d'autres termes, il s'agit d'établir un cadre juridique qui contraindrait les instituts à travailler ensemble. Car, bien qu'il n'existe pas un cadre juridique formelle, nous ne pouvons exclure l'existence d'un cadre moral conduisant les

130 Actuel Coordonnateur des activités scientifiques et Technologiques (CST) du CENAREST, Entretien tenu le 01 Juillet 2020, à son bureau, au sein des locaux du CENAREST situé au Gro Bouquet.

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instituts à créer cette interdépendance entre eux. Néanmoins, chaque institut contient un article stipulant son appartenance au CENAREST, dès lors, les différentes administrations des instituts savent qu'elles appartiennent au CENAREST. Cette appartenance pourrait donner une impression de relation entre le Centre et chacun de ses instituts, sans qu'il n'y ait une relation les uns avec les autres.

L'appartenance au Centre est au fondement du cadre moral qui leur confère cette légitimité de travailler ensemble, sans textes juridiques :

« Pourquoi les faire fédérer ? Ils font partie du Centre. Le seul problème que nous avons est que, pour que les gens travaillent ensemble, il faut leur donner des ressources ,
· des ressources financières. Cela veut dire qu'il faut pousser les gens à écrire des projets communs et les financer. Il ne me revient pas de dire ce qu'ils doivent faire ou non. Moi j'écris les propositions et eux doivent voir ce qu'ils veulent, et là seulement, on finance. Dans la recherche, on ne force pas les gens à collaborer ,
· on leur laisse la liberté. Mais, si vous voulez qu'ils collaborent, il faut mettre en place un programme qui les oblige à travailler ensembleÉ131 ».

La collaboration, en termes de la recherche scientifique, ne s'effectue pas par contrainte, mais par volonté des chercheurs eux-mêmes. Cependant, il est possible d'élaborer des mesures ou des conditions qui les contraindraient à collaborer en formant des groupes interdisciplinaires. Elle inclue, en outre, une prise en compte du statut et du rôle qui lui a été donné dans le fonctionnement global du secteur de la recherche.

- Effectivité des rôles et statuts au sein de l'administration de la recherche

Dans un système de fonctionnement, la prise en compte du rôle et du statut de chaque agent est importante, dans la mesure où l'impact de l'action effectué par les uns à une conséquence sur l'activité effectuée par les autres. Lors de nos enquêtes, nous avons interrogé le Directeur de la Recherche de la DGRSI. Nous abordions la question des infrastructures. Celui-ci nous expliqua la façon dont elle était repartie et aboutie au cas de l'institut de recherche en écologie tropical :

« L'IRET devait être à l'Ipassa, à Makokou, mais ils ne sont pas partis. Pourquoi ? Je vous pose la question puisque vous êtes en train de chercher. Trouvez et dites-moi. Moi, on m'a dit qu'ils devaient partir. Cherchez. Peut-être que vous trouverez un document, déjà que je n'ai

131 Actuel Commissaire Général du CENAREST, entretien tenu le 12 Novembre 2020, à son Bureau, au sein des locaux du CENAREST situés au Gros Bouquet.

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jamais eu un document qui autorise le transfert de l'IRET là-bas. J'ai entendu un discours politique qui n'a jamais été suivi dans le temps. L'administration est écrite, il n'y a pas d'arrangement dans l'administration. Si elle n'est pas écrite, c'est que ça n'existe pas. Vous ne cherchez pas l'IRET à Libreville, mais si vous allez à Makokou, vous ne trouverez pas l'IRET. L'IRET est une structure du CENAREST. C'est le CENAREST qui vous dira pourquoi ils ne sont pas partis132».

D'après le Directeur de la recherche, cet institut devrait normalement être à Makokou, mais il ignore les raisons de sa présence sur Libreville. Nous avons, par la suite, rencontré le CST du CENAREST afin de comprendre la présence de l'IRET à Libreville, et la difficulté de communication entre les pôles administratifs. Le Coordinateur des activités scientifiques et techniques a rétorqué : « Comment ne savent-il pas pourquoi l'IRET est à Libreville ? Ils ne peuvent pas dire cela. Allez-y le leur demander... ».

C'est le Directeur Adjoint de l'IRET qui nous a fourni des informations sur la présence de l'IRET à Libreville. En fait : « les stations de rechercher existent sauf que, comme les moyens ne sont pas réunis, les différents chercheurs sont dans l'obligation de rester sur Libreville. Il n'y a sur Libreville que l'administration de l'IRET, juste que les chercheurs sont obligés de rester ici et aller sur les stations quelques foisÉ133 ».

La prise en compte du rôle et du statut règlerait la difficulté de communication. Il est judicieux de comprendre que la perception que les chercheurs ont de l'État est issue de conséquences financières : « Chaque chercheur ou chaque institut est censé faire parvenir à la direction financière le type de projet, la nature du projet et la hauteur du financement du projet. Ils ont du mal à finir des projets parce qu'à mi-parcours, l'institution demande la contrepartie de l'État. Hors, l'État n'est même pas informé des projets, et de la hauteur du financement du projet. En vérité, cela aurait pu apparaître chez nous ici134 ».

Traitant de la question du financement, la chargée d'étude de la Direction Générale de la Recherche et de l'Innovation nous révèle que la trajectoire entre l'État et le chercheur est énorme. Elle rajoute par la suite qu'ils ne sont très souvent pas informés de ce qui se passe au niveau du CENAREST, et que les informations ne leurs parvenaient pas directement :

132 Actuel Directeur de la Recherche de la DGRSI, Entretien tenu le 14 Juillet 2020, à son bureau, au sein des locaux de la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, situés au centre-ville.

133 Actuel Directeur Adjoint de l'IRET, entretien tenu le 07 Juillet 2020, au sein des locaux de la direction de l'IRET, situés au Gros Bouquet.

134 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST, entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux du CENAREST situés au Gros Bouquet.

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« Quand on passe par l'État pour atteindre le chercheur, le circuit est long. La direction est la courroie de transmission entre l'État et le chercheur. Le CENAREST est un institut autonome, donc il a le plein droit de gérer ses finances. Mais, la direction ne va pas non plus aller fouiller dans les tiroirs, car on vous a déjà donné l'autonomie. On a un droit de regard ; un oeil regardant, mais on n'ira pas fouiller dans leurs sacs. [...] Maintenant, ce que le CENAREST fait, nous sommes informés parce qu'on est une famille. On parle de « bouche à oreille », mais officiellement, on est incapable de dire quel institut fait quoi en ce moment...135 ».

La négligence du rôle et du statut de chacun s'effectue réciproquement. Chacun élabore des stratégies de maintien ou encore d'autonomisation qui lui permettent de tenir, pour les uns, dans la sphère politico-administrative, et pour les autres, dans le champ de la recherche (toutes ces stratégies affectent de façon directe ou indirecte la pertinence de l'activité de recherche). En effet, afin de permettre à la structure de maintenir son autonomie financière, les chercheurs et les administratifs ne font pas un retour d'information. En d'autres termes, ils font un retour irrégulier d'informations afin de protéger leur accumulation de capitaux.

Aussi, la société évolue et il est primordial pour la recherche de s'adapter aux réalités sociales actuelles. Ainsi, les différents instituts contournent le cadre juridique pour créer une adéquation entre les réalités actuelles et le secteur de la recherche, parfois, en insérant de nouvelles disciplines.

Organigramme IPHAMETRA

Tableau n°7 : Organigramme selon les textes

Direction

Départements (services)

Centres

Laboratoires

Directeur

Service Herbier

Centre de thérapeutique

traditionnel

Laboratoire de phytochimie et de pharmacologie

Service de Pharmacopée

Source : Auteur, tableau réalisé sur la base du Décret de création de l'IPHAMETRA

Tableau n°8 : Organigramme actuel

Direction

Directeur

Directeur adjoint

Départements

- Département de phyochimie

- Département de pharmacologie et toxicologie

135 Actuelle Chargée d'étude de la DGRSI, entretien tenu, le 21 Juillet 2020 au sein des locaux de la DGRSI situés au Centre-Ville.

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- Département de tradithérapie et galinique

- Département de l'herbier national du Gabon

Laboratoires de conservation

L'Arboretum et l'Ombrière

Source : Tableau réalisé sur la base du prospectus de présentation de l'IPHAMETRA

Ces tableaux traduisent le changement actuel qui s'effectue au sein des instituts. À travers l'insertion de nouvelles disciplines et la réorganisation interne, les chercheurs réorganisent le fonctionnement de l'activité de recherche indépendamment de l'État. Nous avons qualifié cela de stratégies administratives de maintien au sein du champ de la recherche.

b. Organisation des cotutelles

Les articles 3 du Décret n°0291/PR/MEF du 18 février 2011 portant attributions et organisation du Ministère des Eaux et Forêts, et du Décret n°0294/PR/MAEPDR du 30 juin 2010 portant attributions et réorganisation du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et du Développement Rural, stipulent chacun pour sa part que, le ministère comprend :

- Le Cabinet du Ministre ;

- Le Secrétariat Général ;

- Les directions générales ;

- L'Inspection Générale des Services ;

- Des organismes et établissements sous tutelle136.

Suite à notre recherche documentaire, nous avons compris que les différents instituts en cotutelles sont intégrés dans les ministères respectifs par le biais de l'article 3 des décrets d'organisation. Une information qui nous a été confirmée lors de nos entretiens au sein des ministères (en cotutelle). Toutefois, la préoccupation existante n'étant pas relative à l'intégration des instituts dans les tutelles ni l'existence juridiques des cotutelles, mais plutôt à l'effectivité de la gestion de ces différentes cotutelles.

La première difficulté posée a été celle de l'existence d'un budget au sein des autres tutelles concernant les instituts. Ce budget n'existe pas. Ce qui rend l'implication des cotutelles face à l'activité des instituts quasiment inexistante. La deuxième embuche est l'appartenance totale du Centre au Ministère de la recherche. En d'autres termes, les cotutelles se sont faites entre les instituts et les tutelles (tels que le ministère de l'agriculture), sans pourtant avoir donné

136 Décret n°0294/PR/MAEPDR du 30 juin 2010, portant attribution et réorganisation du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et du Développement Rural, Article 3.

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une autonomie administrative aux instituts. Effectivement, les instituts bénéficient d'une autonomie, mais celle-ci n'est que financière. Dans l'ensemble de leurs activités, ils sont sous l'administration de la coordination du Commissariat Général du CENAREST. Il faut dire que cela crée un défaut de management administratif.

Toutefois, les normes administratives voudraient que les besoins des différentes tutelles concernant la recherche scientifique soient transmis au Ministère en charge de la recherche, à la Direction Générale de la Recherche, au Commissariat Général du CENAREST et à la Direction de l'institut. De ce fait, mettre les instituts sous double ou triple tutelles, se traduirait comme leur donner une autonomie administrative, au-delà de l'autonomie financière qui leur a été conférée. Le Ministère de l'Agriculture est Co titulaire à l'IRAF et établit une organisation de la recherche au sein de sa tutelle. Ce qui crée une concurrence, car certains agents du Ministère de l'Agriculture soutiennent le fait que la présence de l'IRAF réduit les finances qui sont décaissés.

Comme souligné au départ, les Ministères établis en cotutelle ont, pour certains des cabinets d'étude (dirigé par des chercheurs), des laboratoires, des partenariats individuels avec des chercheurs, ce qui crée une négligence du statut de cotutelle.

Tableau n°9 : Niveau de collaboration entre les ministères en cotutelle et les instituts

Tutelles

Intégration

Niveau de

partenariat

Subvention financière

Ministère de la

pêche, de
l'élevage et de l'agriculture

Prise de poste

et pas
nécessaire

pour les
chercheurs

Irrégulier (Conditionnée par les projets)

Aucune subvention financière

Ministère des

eaux et forêts

Transfert d'agent

Irrégulier (Transfert d'agent)

Aucune subvention financière

Source : Données collectées sur la base des entretiens tenu au sein des tutelles

Traitant de la question des cotutelles afin d'émettre une précision sur le statut administratif des instituts et de lire l'activité scientifique, nous avons interrogé le Directeur Général de la DGRSI nous expliqua :

« Les doubles tutelles. Mais le principal qui est autorisé à parler au nom des instituts de recherche, c'est le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. C'est lui qui est chargé de la recherche scientifique. Les autres sont là parce qu'ils travaillent

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avec nous, parce que ce sont les utilisateurs de la recherche. (É) Dans cette double tutelle, c'est le ministre en chef de la recherche scientifique qui gère. Sur le plan horizontal, c'est le ministre en charge de la recherche qui pilote tout. Si vous allez voir la loi qui fixe les principes fondamentaux de la recherche scientifique au Gabon, vous allez voir que tous les instituts sont sous l'autorité du ministre en charge de la recherche, les autres sont accessoires. C'est-à-dire que le ministère de l'agriculture, par exemple, ne peut pas vous donner une autorisation au nom du ministre de la recherche scientifique. Le ministère de l'Agriculture peut nous dire vouloir faire un plan de développement rural. Mais, dans l'IRAF, y a-t-il des spécialistes dans ce domaine ? Et pourtant on parle de données économiques internationales, parce que vous avez trois chaines de valeur : la production, la transformation et la commercialisation.

Les Ministères en double tutelles ne font que de la recherche appliquée, ils n'ont pas de laboratoires. Si nous prenons le cas de l'agriculture, eux, ils ne peuvent pas faire les semences ? Cela ne peut être fait que dans les laboratoires de l'IRAF, et c'est l'IRAF qui va donc mettre à disposition du ministère de l'agriculture les semences137 ».

La perception de la recherche est variable à cause, non seulement du rapport que chaque tutelle entretient avec la recherche scientifique, mais aussi, à cause des responsabilités administratives que celles- ci ont et qui ne sont pas inclues dans les textes en vigueur.

« On a créé une structure qu'on leur a donnée, parce que même si le ministère doit mettre les moyens, on met les moyens dans quelque chose que vous maitrisez et contrôlez. Or, lui, est le bébé de quelqu'un d'autre. [É] Si tu lui donnes quelque chose, il va utiliser les moyens de l'agriculture pour produire maintenant les chercheurs et des doctorants. Ils vont prendre nos moyens pour faire leurs travaux de recherche, avoir leurs thèses, leurs doctorats et bénéficier de leurs PIR, et dans tout cela, nous aurons quoi ? Rien. »138

Les perceptions de la responsabilité entant que tutelle varient selon le type de rapport qu'entretiennent les administrations. Et dans cette coordination, chacun définit le rôle qui est attendu de lui par rapport aux outils qui lui sont donnés, car aucune précision de rôle n'est faite dans les textes en vigueurs.

Les textes stipulent la mise en place des tutelles. Il faut dire que l'existence des cotutelles n'est pas au fondement de la difficulté administrative qui se crée. La réalité de cette difficulté est créée par le manque de définition du rôle de chacune des tutelles. Ainsi, nous nous

137 Actuel Directeur Général de la DGRSI, entretien tenu le 24 Novembre 2020, à son bureau au sein des locaux de la DGRSI situés au Centre-Ville.

138 Actuelle Chargé d'étude au Ministère de l'agriculture, entretien tenu le 21 Juillet 2029, au sein à la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation située au centre-ville.

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retrouvons dans une cotutelle où il n'y a qu'une des tutelles qui détient le budget prévu à cet établissement sous tutelle. L'idéal, en incluant la cotutelle, aurait été de préciser le rôle de chacun dans le processus de gouvernance des instituts, mais aussi dans la gestion des résultats des projets. Le rôle de chacun n'a pas été bien défini, par conséquent dans la pratique, chacun essaie de donner un sens au contexte de cotutelle et au rôle qui est le sien.

Au terme de ce qui précède, suite à la nationalisation de la recherche au Gabon, le Politique décide de mettre en place une organisation administrative au tour de la recherche scientifique afin de mieux l'orienter. Il établit une tutelle en charge de la recherche scientifique, un centre national de la recherche et des instituts de recherche qu'il met en cotutelle, sans préalablement définir le rôle de chaque tutelle. Cette mise en cotutelle rencontre aujourd'hui des problèmes de management à cause du problème du vide juridique qui prédomine la sphère de la recherche, le problème de financement des cotutelles qui, n'ayant pas une subvention pour s'occuper des instituts, préfèrent en laisser la cherche au Ministère chargé de la recherche, et l'existence des structures de recherche au sein des Ministères en cotutelle.

Aussi soulignons-nous le double statut des chercheurs qui est au fondement des représentations que se font les individus du chercheur, et à la base de l'absentéisme des chercheurs. Nous avons traité de l'organisation au sein du Centre National de la recherche et la mise en relation des instituts sur la base du statut et du rôle de chacun.

Conclusion de la première partie

Dans cette première partie, il a s'agit du traitement de la question en rapport au statut de la recherche au Gabon. Nous avons parcouru l'histoire de l'activité scientifique au sein de la société gabonaise de façon générale. Elle a débuté bien avant les Indépendance, mais s'est nationalisée après, progressivement, suivant le modèle colonial. L'IRAF fait partie des premiers instituts de recherche. Il a plusieurs fois été délocalisé suite aux multiples décisions politiques. Au préalable, le matériel et le personnel le composant ont été formés par les colonisateurs et étaient, pour la grande majorité, des chercheurs au sein de CTFT et de l'ORSTOM.

Sur la base de cette lecture historique, nous avons fait, en deuxième chapitres, une étude du statut du chercheur, son rôle et du secteur de la recherche. Les chercheurs ont, d'une part, un statut de fonctionnaire assurant leur position administrative et la régularité de leur

80

paiement mensuel, puis un statut de chercheur. Afin de maintenir leur position dans le champ de la recherche sur le plan international, ils mettent en place des stratégies administratives.

Les différents instituts contournent le cadre juridique dans le but de créer une adéquation entre les réalités actuelles et le secteur de la recherche, parfois, en insérant de nouvelles disciplines dans l'organigramme. Dans le but de sauvegarder leur autonomie financière et protéger leur capital symbolique, les chercheurs et l'administration établissent une « non-information ». Ainsi, les réalités juridiques sont très souvent en contradiction aux réalités de fonctionnement et influencent directement ou indirectement l'apport de la recherche.

DEUXIEME PARTIE :

RÔLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ET REPRÉSENTATIONS SOCIALES

81

Introduction de la deuxième partie

Dans cette partie, nous essaierons d'abord de comprendre comment la recherc

elle orientée, dans la formulation des politiques publiques de développement multise

Nous commençons la partie en montrant la place de la recherche dans l'économie gabonaise. Pour le dire autrement, les chercheurs sont-ils de véritables médiateurs dans cette perspective ? Les résultats de leurs travaux sont-ils véritablement mis, de façon décisive, sur l'agenda politique ?

Nous procéderons ensuite à une analyse du mécanisme et conditions de financement la recherche pour voir si ce financement est conforme aux attentes à l'égard du secteur de la recherche. Dans cette perspective, une lecture des représentations que les agents (dans le champ

de la recherche et hors du champ), les décideurs se font de la recherche ou encore des chercheurs s'avère alors opératoire.

82

Chapitre III : Rôle et impact de la recherche scientifique dans la société gabonaise

Dans ce chapitre, nous traiterons, non seulement des attentes à l'égard de la recherche dans le processus de développement économique et social, mais aussi de sa contribution dans ce même processus à partir des moyens qui lui accordés pour la réalisation de cette mission. Nous partons d'une lecture du système de gestion financière de la recherche et terminerons sur une lecture de contribution réelle de la recherche scientifique à l'économie de la nation.

Le lien entre le statut accordé et le rôle est alors très étroit. Le rôle que jouent les acteurs est lié à leur statut. Toutefois, lorsque que les statuts sont remis en cause, alors le rôle que doit jouer l'acteur peut devenir socialement difficile à saisir, ou dysfonctionnel et correspondre à un autre rôle social.

83

Conformément à la loi 22/2000, l'un des rôles, aux allures de mission, attribués au statut de chercheur est de servir au développement individuel et collectif. Elle indique les conditions d'orientation de la recherche, afin trouver des solutions pratiques et accompagner le développement social et économique du pays.

Section 1 : Place de la recherche dans l'économie

La recherche scientifique est une activité dont le cadre institutionnel a été mise en place au fur et à mesure que la société évoluait. Dans le but d'orienter et d'avoir une lecture des différentes activités économiques menées au sein de son territoire, le Gabon a créé un Tableau de bord économique qui fait une synthèse des activités économiques exercées sur le territoire gabonais. Ce tableau permet d'établir une traçabilité sur l'apport de chaque secteur sur le PIB national. « Un tableau de bord est un instrument de communication et de décision qui va mettre en lumière des indicateurs clés destinés à des opérateurs ou des responsables. »139

1.1 Lecture du financement de l'activité de recherche de l'activité de recherche dans l'économie gabonaise

Le programme annuel de performance (PAP) est une annexe des lois de finances. Il permet de comprendre de façon détaillée, les orientations de budget alloué, car il met en exergue les missions d'orientation du budget, notamment les principaux postes de dépense

a. Le Programme Annuel de Performance, Programme Recherche scientifique et Innovation (Ce document sert d'annexe aux Lois de finance)

Tableau n°10 : Crédits alloués aux lois de finance et aux Lois rectificatives au cours des années cinq dernières années au titre 2, titre 3 et tire 5

139 YouTube, Les geeks des chiffres, Tableau de bord d'entreprise c'est quoi ? Contrôle de gestion- TUTO, 07 Juin 2017.

https://youtu.be/4tiLy1JO5Vc

84

Source : PAP 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019

Les crédits de référence de la PAP affichés dans ce tableau font allusion aux crédits alloués aux Lois de finance et aux Lois rectificatives, au cours des années cinq (5) dernières années. Ces crédits sont issus du budget programmé et voté par le Parlement. C'est le budget programmé par l'État dans les charges et les dépenses qui seront occasionnés durant l'année envisagée. Ceux -ci sont adoptés par le Sénat promulgués par la Présidence de la République. L'attribution des allocations se fait sous orientation de mission. Suivant un programme bien précis, ils présentent des missions ayant des objectifs biens définis dans un cadre mobilisant des moyens (financements). « Les PAP sont présentés dans des documents missions par missions. La mission récapitule les crédits (y compris les fonds de concours et

Années

Titres

 

2015

 
 

2016

 
 

2017

2018

 
 
 
 
 

2019

Titre 2 (Salaires du personnel)

2 218 616

000

2

286

160

000

14

092

101

992

13

764

494

034

12

769

120

327

Titre 3

(Dépenses de bien et service)

291 781

247

 

291

781

247

 

100

000

000

 

100

000

000

 

100

000

000

Titre 5

(Investissement)

221 840

000

 
 
 

0

 
 
 

0

 
 
 

0

 
 
 

0

Total

2 732 237

247

 

512

397

247

 

321

416

000

13

864

494

034

12

869

120

327

attributions de produits attendus) et les moyens (emplois) alloués à une politique publique. »140

Comme nous l'avons dit précédemment, la présentation de missions ministérielles se fait mission par mission. Chaque mission est constitutive de programme dont la présentation s'effectue par l'exposition du cadrage stratégique et des moyens du programme et des dépenses fiscales. Tout ceci sur la base d'une justification en francs CFA.

Pour ce qui concerne les moyens du programme et des dépenses, ils sont :

- Les crédits, constitués d'autorisations d'engagement (AE) et de crédits de paiement

(CP), sont détaillés selon la nomenclature par destination (programmes et actions) et par nature (titres) ,
·

- Le cas échéant, les dépenses fiscales rattachées au programme sont indiquées ainsi que leur évaluation ,
·

140 Projet annuel de performance, Mission ministérielle de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Annexe Projet aux lois de finance 2017, p.2.

85

- Les propositions relatives aux emplois de l'administration et aux emplois des opérateurs de l'État sont présentées en effectifs.

Le tableau précédent est issu d'un agencement de tableaux de Projet Annuel de Performance de 2015 à 2019. Nous avons exclu les actions et les programmes de la nomenclature inscrite dans le tableau source pour n'en extraire que les titres, notamment : le titre 2, le titre 3 et le titre 5. Car, ces trois (3) titres sont incluent pour les établissements de recherche que nous avons choisis d'enquêter : Le CENAREST et ses cinq (5) instituts de recherche.

· Le titre 1

Il fait référence à la dette. Elle ne traite pas de la dette du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, mais de la dette de l'État et des versements injectés à une institution afin de s'acquitter de celle-ci141.

Ce titre bien qu'inscrit sur le tableau est effectué à 0Fcfa car, elle ne concerne pas les agents de la recherche mais plutôt la Direction Générale de la Dette et tous les secteurs devant payant les dettes.

· Le titre 2

Le financement fait au titre 2, qui représente le montant mise à part pour le personnel de la recherche conformément au programme de recherche présenté, et proposé par la Direction de la recherche scientifique est une évaluation faite au milliard de francs.

Il est de 2 218 616 000 en 2015 contre 12 769 120 327 et en 2019. Soit un écart de 10 550 504 327 FCFA.

Il y a eu une hausse du budget alloué au titre 2 concernant le salaire du personnel. Cela s'explique par deux (2) indicateurs, à savoir : l'augmentation de l'effectif des chercheurs et la jonction de la PIR au salaire. Cependant, l'augmentation de l'effectif des chercheurs reste l'indicateur le plus pertinent.

· Le Titre 3

- Orientation du titre 3 d'après la PAP :

141 Cf. Annexes.

86

Il est représentatif du budget alloué, non aux instituts directement, mais au programme, qui est établi par la direction de la recherche scientifique. C'est par ce programme, fondé sur les ambitions des gouvernants et sur la politique qu'ils veulent mettre en place que se construit le programme ou les orientations prioritaires. Après avoir fixé les priorités, les répartitions budgétaires se feront en tenant compte de l'implication attendue de chaque institut de recherche. En effet, la répartition du budget affecté à la recherche par la Direction et le Centre se fera selon l'implication souhaitée d'un institut. Ce plan d'action financier n'est pas dépendant de la Direction ou du Centre.

D'après la PAP, les projets de programme de recherche sont approuvés par le Conseil d'administration sous la proposition du Commissaire Général. En effet, le premier alinéa de l'article 8, du décret n° 322/PR/MRSEPN, portant organisation du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique, stipule que sur la proposition du Commissaire Général, le Conseil d'administration approuve les projets de programme de recherche, ainsi que tous les projets d'organisation générale et de réforme du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique. Le conseil a pour rôle de donner son avis sur l'exécution des programmes et leur mise en place142. Aussi, les programmes sont sources des orientations budgétaires et de la répartition, comme nous l'avons souligné supra.

- L'orientation budgétaire actuelle :

Bien que le Projet Annuel de Performance, servant d'annexe à la loi de finance, souligne que les programmes, aidant à orienter les financements de la recherche, sont sous la responsabilité de la Direction Générale de la Recherche et de l'Innovation, il ne nous a pas été expliqué, durant notre enquête sur le terrain, aucune caractéristique ou indicateurs concernant la répartition budgétaire des établissements de recherche. La décision concernant le financement de la recherche est un domaine, actuellement qui s'effectue indépendamment de la DGRSI, dans la mesure où il est fixé par les entités institutionnelles supérieures à celle-ci.

A la question de la répartition du budget, nous n'avons pu avoir de réponse concrète, sinon des explications sur le fait que les décisions n'étaient pas totalement relatives à la DGRSI, car celle-ci a juste le devoir de reverser le budget envoyé, en d'autres termes d'exécuter.

Ce manque de maîtrise de la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation sur le financement de la recherche traduit, aujourd'hui, la manipulation des acteurs

142 Décret n°322/PR/MRSEPN, Portant organisation du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique, Article 8, Alinéa 2.

87

politiques de ce secteur, dans la mesure où les directions ayant pour rôle la mise en pratique des ambitions politiques par l'administration et le financement, sont surplombées par le pouvoir politique qui remplit de façon contradictoire tous les rôles administratifs en recevant du pouvoir des différents agents du champ de la recherche. C'est dans ce système de relation que se joue la relation entre la politique « politicienne » traduite par polity et la policy143, la politique faisant allusion à l'action publique ou administratif, normalement effectué sans ambition politique144. Pour Jacques Rollet en effet, depuis quelques années, l'analyse des politiques publiques « est dominée par la problématique qui insiste sur l'importance de la dimension cognitive chez les acteurs d'une politique nationale ou locale. »145 L'analyse cognitive par les référentiels des politiques publiques, constitue certainement l'une des manifestations les plus abouties de cette posture L'intérêt de l'analyse cognitive renvoie donc à la formule de Thoenig sur le rapport qui existe entre Policy (une politique publique comme programme d'action) et Politics (politique générale, idéologie partisane). Pour lui, « l'analyse des politiques publiques s'effectue (É) dans une perspective consistant à rechercher quelles relations existent entre la Policy et la Politics »146. Dans la même perspective, Bourdieu dit qu'on ne peut parler du champ scientifique et estimer faire une réelle analyse des mouvements au sein de ce champ sans faire une lecture politique de la réalité sociale, car celle-ci est aussi déterminante dans le champ scientifique que les capitaux inclus dans le champ. La réalité politique est aussi l'une des raisons de la reconversion des capitaux du champ scientifique147. Cette dotation est fondée sur une reconnaissance symbolique du politique comme dominant. Cette position de domination que le gouvernant possède est transférée dans le secteur administratif du champ de la recherche par une reconversion des capitaux du champ politique que lui reconnaît l'agent de la recherche. C'est ce mécanisme que Bourdieu appelle la « délégation » dans la sphère politique (politique politicien, lorsqu'il fait allusion à la légitimité qu'ont les élus d'agir au nom de leur légataire ou mandataire)148.

143 La notion de policy désigne les politiques publiques et l'action des pouvoirs publics dans des secteurs particuliers. C'est l'orientation que nous donnant à la notion de politique dans notre travail.

144 Y. Dormagen et D. Bouchard, Introduction à la sociologie politique, 4ème Edition, Deboeck Supérieur, DEBOECK SUPERIEUR, 2015, p. 13.

145J. Rollet, « L'action publique en France et en Grande-Bretagne : comparaison de deux référentiels. », Revue Pouvoirs, n°110, 2004, p.162.

146J.C. Thoenig, « L'analyse des politiques publiques », dans Traité de Science Politique, Paris, PUF, 1985, p.14.

147 P. Bourdieu, « La spécificité du champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison », in : Sociologie et sociétés, op.cit. p. 95.

148 P. Bourdieu, « Sur le pouvoir symbolique ». In : Annales. Économies, sociétés, civilisations. 32? année, N. 3, 1977. p. 408.

88

Pour ce qui concerne notre étude, la délégation (ou accumulation) se fait sur la base d'un croisement de champ. Ainsi, la légitimité que les agents de la recherche donnent au politique est fondée sur une reconnaissance du statut institutionnel de celui-ci, cette dotation n'inclut pas une légitimité d'agir dans le champ ou de parler en leur nom. Cette légitimité est construite par un univers symbolique, dans lequel détenir le pouvoir politique est synonyme de détenir le pouvoir symbolique supérieur qui permet d'agir sur tous les champs. Il faut souligner que cette délégation s'effectue sur des schèmes reconnus par les deux (2) parties149.

Pour revenir sur le titre 3, celui-ci est en baisse de 191 781 247 FCFA) nous prenons en compte l'écart existant entre le budget alloué au titre 3 en 2015 (291 781 247 FCFA), comparativement à celui de 2019 (100 000 000FCFA). Contrairement au budget du titre 2 qui s'accroit, celui du titre 3 diminue. Aussi, il est stable depuis ces trois (3) dernières années et ne s'élève qu'à 100 000 000FCFA. Il faut dire que ce budget est similaire à celui fixé sur la loi de finance. De ce fait, il fait référence au budget fixé de la recherche et non au budget exécuté qui peut être soit supérieur ou inférieur.

Le titre 4

Le titre 4, destiné au transfert, c'est-à-dire, aux subventions locales et internationales. Il sert à payer des services qui ne sont pas directement accessibles au niveau national. Ce sont les allocations versées aux organismes internationaux en termes de cotisations. Il inclut les collaborations à l'internationale et sont pris en compte par la demande des unités opérationnelles (les instituts et centres de recherche).

Les subventions sont prises en compte par l'État, elles servent parfois de cotisations ou de participations, afin de respecter un engagement. Par exemple, la participation des enseignants chercheurs aux différents titres au CAMES est normalement prise en charge par le titre 4, lorsque cela est signalé par la Direction Générale ou lorsque l'État relève un besoin de maître-assistant, professeurÉLa subvention du titre 4 est actuellement de 0FCFA, En d'autres termes, pour ce qui est du CENAREST et de ses différents instituts, il n'est reversé aucun financement prenant en charge les subventions. Cependant, dans le budget général de l'État, le titre 4 est effectif.

149 J. Morgante, « La notion de lutte et de pouvoir symbolique dans le champ politique selon Bourdieu. L'intérêt d'une édition », in : Bourdieu. P, Langage et pouvoir symbolique, Paris, Seuil, 2001, p.210.

· 89

Exécution du Budget général de la recherche extrait de CGA 2017 et 2019 : Titre 4 et 5

Tableau n°11 : Exécution du budget de l'année 2017 aux titres 4 et 5

Titres

Montants en FCFA

Titre 4

204

352

463

288

Titre 5

132

704

904

940

 

Source : Compte Général Administratif 2017

Tableau n°12 : Exécution du budget de l'année 2019 aux titres 4 et 5

Titres

Montants en FCFA

Titre 4

211

620

986

472

Titre 5

257

777

781

022

 

Source : Extrait du Compte Général Administratif 2019

Ces tableaux montrent l'existence des titres 4 et 5 dans le budget. Le solde à 0FCFA des titres 4 et 5 dans le budget des instituts est conséquence d'une volonté politique et d'un choix d'orientation des gouvernants.

· Le titre 5

Le cinquième titre fait référence au titre d'investissement. Il a pour but de servir à la réhabilitation et à l'amélioration des différents espaces. Toutefois, ce titre peut, par détournement être subventionner par le titre 3 qui est celui de « biens et de service » pour ce qui concerne les structures ne recevant pas de subvention directe au titre 2.

· Titre 6

Le titre 6 est le titre de référence aux dépenses autres que celles qui ont été planifiées dès le départ. Ce titre est nommé « dépense Autres ».

b. Conférence budgétaire de la recherche

Pour ce qui concerne les conférences budgétaires, leur mise en place nous a été expliquée par le DAF du Centre National, lorsque nous abordions la question de la répartition du budget par instituts. « Les budgets sont repartis selon les besoins exposés par chaque

90

responsable d'institut lors de la conférence budgétaire avec la direction Centrale des Affaires Administratives et Financières. »150.

Lors de cette dite conférence, les différents Directeurs d'Institut de recherche établissaient une liste de besoins sur la base desquelles devront être fait le financement. Afin, de pouvoir avoir un exemple des besoins qui ont pu servir d'indicateur financier, nous nous sommes rapprochés du Directeur Adjoint de l'IRSH. Celui-ci nous fit comprendre que depuis plusieurs années, il ne se tenait pas de conférence budgétaire.

« De quelle conférence budgétaire parlez-vous ? Je vous dis, mademoiselle, qu'il n'y a pas de conférence budgétaire. Le budget est déjà fixé et c'est comme cela. On n'a pas de conférence budgétaire. On ne sait pas sur quels critères ils décident. Sauf s'ils font cette conférence entre eux et nous nous ne le savons pas. »151

La Différence entre la réalité administrative et la réalité des chercheurs dans le secteur de la recherche a été un point important dans la mesure où la réalité administrative du secteur de la recherche introduit la réalité politique. Dans la relation qui existe entre policy et polity. Effectivement, dans la pratique il y a une dépense entre les agents du champ de la recherche et les acteurs des polity152. L'accumulation des statuts administratifs des agents de la recherche constitue un des capitaux des agents du champ politique. A contrario, la relation entretenue avec la sphère politique octroi de nouveau capitaux pour les agents du champ de la recherche (capital social). Ce capital social en lui-même constitue permet d'avoir accès à plusieurs autres capitaux153.

Le secteur de la recherche est composé de la sphère recherche et de la sphère administrative. Mais dans l'agrégat de ces deux, le pouvoir politique utilise le pouvoir administratif afin d'instrumentaliser la recherche, ce qui crée une situation dichotomique entre ces deux niveaux.

1.2 Part de la recherche sur le PIB national

Cet apport direct de la recherche est à 0%. Effet, la recherche aboutit très rarement au stade de la commercialisation des produits de recherche.

150 Actuel Directeur de La Direction Centrale des Affaires Administratives et Financières de la DGRSI, entretien tenu le 20 Aout 2020, à la DCAF de la DGRSI située à Batterie 4.

151 Actuel Directeur Adjoint de l'IRSH, entretien tenu le 16 Juin 2020, au sein des locaux de l'IRSH, situés à l'UOB.

152 Polity peut se définir comme la sphère politique, elle renvoie à la notion forgée par Pierre Bourdieu, et utilisé fréquemment en politique : champ politique.

153 J. Morgante, La notion de lutte et de pouvoir symbolique dans le champ politique selon Bourdieu. L'intérêt d'une édition, Langage et pouvoir symbolique, Op.Cit.p.216.

91

Aussi, la commercialisation la plus récurrente des produits de recherche sont les ouvrages qui sont pour la grande majorité, édités et imprimés à l'extérieur. De plus, leurs commercialisations sont dérisoires sur le marché.

- Apport de la recherche scientifique sur le PIB :

Le Produit intérieur Brut est parfois défini comme la richesse produite au cours d'une année dans un pays. Il correspond à l'ensemble des richesses créées par les différents secteurs. Cette richesse est aussi appelée valeur ajoutée. Il s'agit ici de voir la contribution de la recherche dans la richesse nationale.

Et en nous focalisant sur le secteur marchand, regroupant les activités ayant un apport direct sur l'économie et régi par un échange financier, soulignons que ce qui intègre d'abord la recherche dans ce secteur, ce sont les produits de recherche commercialisés, la commercialisation de brevet, les prestations mais ceux-ci sont quasiment illisibles.

En somme, le PIB dans une maison, serait la part que chaque membre de la famille donnerait à contribution après avoir perçu son salaire et évacué ses dépenses. Afin de comprendre l'activité économique on examine, on essaie de repérer les personnes qui contribuent au PIB, c'est cela qu'on appelle : les agents économiques sont classés en 4 ou 5 catégories. Et c'est la contribution de chacun qui va permettre de faire le PIB.

- La première catégorie, c'est ce qu'on appelle les sociétés et quasi sociétés plus

simplement, les entreprises ;

- La deuxième catégorie se sont les ménages et entrepreneurs individuels ;

- La troisième catégorie c'est l'administration, l'État. Donc, l'administration sous ses

différentes formes ;

- La quatrième catégorie, dans les SQA il y a les financières et les non financiers ;

- L'autre agent économique c'est ce qu'on appelle le reste du monde 154.

La recherche telle qu'elle est traduite sur le PIB est une recherche effectuée par le secteur du pétrole155. Pour ce qui est de la recherche, notre centre d'intérêt, à travers la recherche développement, notamment un partenariat avec le secteur des entreprises ou dans le cadre d'un partenariat avec une administration du secteur public, un acteur de la société civile ou un

154 Actuel Chef de Service de la statistique nationale, de la Direction Générale de la statistique, entretien tenu le 14 Septembre 2020 au sein des locaux de la Direction Générale de la Statistique.

155 Tableau de bord 2018 (C.f. Annexes).

92

partenaire au développement de l'État, la recherche devrait produire de la valeur ajoutée. Les partenariats sont quasiment inexistants, à quelques exceptions près, pour ce qui est du Centre National de la Recherche et ses différents instituts.

De ce fait, afin de calculer la part de la recherche sur le PIB, nous avons sollicité l'administration, les services de l'État. Toutefois, par cette méthode, il est quasiment impossible de lire la performance réelle de la recherche. Elle ne permet de comprendre l'investissement que l'État fait sur la recherche.

Conformément aux propos du Directeur Administratif et Financier du CENAREST, nous lirons la recherche non pas comme un membre d'une famille qui effectue des versements de sa valeur ajoutée après avoir évacué les charges et dépenses de son revenu initial. Mais comme l'investissement fait sur un enfant en termes, par exemple d'alimentation, de scolaritéÉAinsi, pour le DAF, plus l'enfant coûtera cher, plus sa valeur augmentera, à contrario moins l'enfant aura de l'importance mois il coûtera.

Selon le chef de service de la statistique nationale, de la Directeur Adjoint de la Statistique, il est difficile d'établir une évaluation de l'apport de la recherche.

« L'activité que vous voulez se situe dans l'administration. Cela veut dire que ce que vous voulez va se retrouver dans la contribution de l'administration dans le PIB. Parce qu'il y a dans le volet recherche ce qu'on appelle la recherche-développement mais une recherche-développement qui est d'abord focalisée sur les entreprises, c'est-à-dire que les gens font de la recherche pour le développement des entreprises. Malheureusement, la taille et les caractéristiques de nos entreprises font qu'il n'y a pas de lien entre la recherche et nos entreprises. Parce que toutes nos grosses entreprises sont des multi nationales, des filiales des multi nationales et ce qu'elles utilisent comme outputs c'est le fruit de la recherche faite ailleurs.

Donc, le volet que nous voulons utiliser en parlant du fruit de la recherche qui va avoir un impact sur le PIB ne sera pas sûr. Et même ce qui sont en charge de la recherche depuis plusieurs années auront du mal à te présenter un volet de la recherche qui a pu être utile dans un domaine d'application, à une entreprise dans notre pays, pourtant ce ne sont pas les opportunités qui manquent.

L'administration et qui produit ce qu'on appelle les services non marchands et c'est à ce niveau que l'on pourrait trouver l'impact de la recherche et ce n'est pas une contribution qui est totalement nulle mais une contribution qui est faible parce que le PIB dans cet optique de la production ce n'est pas la performance de la recherche mais c'est ce que coûte la recherche du pays et c'est cette contribution qui est dans le PIB.

93

Mais la performance de la recherche ou de la pratique de la recherche, il n'y en a pas parce que cette performance elle doit se répercuter en termes d'incidences sur le marché de production et en termes d'incidences sur le marché de consommation de biens et de services.

Vous allez avoir un petit chiffre car je ne pense pas qu'il fasse plus de 0,001 % parce que le PIB du Gabon se situe à des milliers de milliards, or les crédits qui sont accordés au ministère de l'enseignement Supérieur son accordé se situe autour d'une dizaine de milliards si je fais la production des service non marchants issu de l'enseignement Supérieur, ensuite il faut éclater l'enseignement Supérieur pour prendre seulement la réalité des centres de recherche, je vous assure qu'i n y aura pas grand-chose . Et cela c'est la traduction de l'incapacité de la recherche de pouvoir intervenir sur la sphère de la production, elle se contente simplement des moyens que l'administration lui donne pour être salarié sans aucune incidence. Et donc, ce pourcentage va varier en fonction du budget que l'administration accordera à la recherche scientifique. Or la plus grande aurait pu être l'impact sur la sphère de la production des biens et services »156.

Tableau n°13 : PIB de la recherche développement

Années

PIB en %

PIB en ä

2011

0,0092

0,92

2012

0,0085

0,85

2013

0,0048

0,48

2014

0,0057

0,57

2015

0,0060

0,60

Source : Auteur, service de la statistique nationale, Direction Générale de la Statistique

Nous avons, par la suite, construit un tableau sur le coût de la recherche sur le PIB national. Comme nous l'avait dit le Directeur général adjoint de la statistique, les chiffres sont inférieurs à 1. Nous avons fait une jonction du Titre 2 et du titre 3 de la recherche. Autrement dit, nous avons extrait tout ce qui est charge du personnel, car cela rentre dans les coûts de la recherche et les consommations intermédiaires, faisant référence aux fournitures dont les chercheurs ont besoins dans leurs activités. Dans la nomenclature les consommations intermédiaires font référence au titre 3.

Donc, nous avons exclu les titres 1,4 et 5, car ceux-ci ne sont pas inclus dans les budgets alloués au Centre National de la recherche et ses instituts. On a pris la ligne charge du

156 Actuel Chef de Service de la Statistique nationale, de la Direction générale de la statistique, entretien tenu le 14 Septembre 2020 au sein des locaux de la Direction Générale de la Statistique.

personnel et la ligne biens et services associés à la recherche développement dans le but d'obtenir le total de la production de la recherche développement.

Graphique 2 : Processus d'extraction du PIB de la recherche comme coût

PIB national

PIB de
l'enseignement
supérieur et de la
recherche
scientifique

PIB de la recherche scientifique

Source : Données extraites du tableau explicatif du PIB de la recherche (c.f. Annexes, Tableaux financiers)

De ce fait, comme le traduit le tableau précédent, partant du fait que la recherche scientifique, dite recherche développement effectuée par le Centre National et ses différents instituts appartienne à la catégorie « administration ». D'après le tableau, le PIB de la recherche entre 2011 et 2015 était inférieur à 0,01%. Le coût de la recherche est dans cette catégorie majoritairement soutenu par le titre 2. En effet, en excluant le titre 2, ces chiffres seraient 100 fois inférieurs aux chiffres actuels permettant d'obtenir les pourcentages inscrits sur le tableau ci-dessus. En 2011, le pourcentage était de 0,0092% et baisse de 0,0007% en 2012. Cette baisse régulière et considérable du PIB de la recherche crée un écart de 0,0032% entre les années 2011 et 2015. En 2013, il s'élève à 0,0048% un écart de 0,0037% comparativement à l'année précédente. Il remonte les années 2014 et 2015. Cependant cette croissance ne permet pas d'atteindre les 0,01%.

94

- Rôle des projets de recherche :

Graphique n3: Évaluation de projet

Projet 6 Projet 5 Projet 4 Projet 3 Projet 2 Projet 1

 
 

0 1 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau Niveau 5

2 3 4 5

95

Source : Données extraites des entretiens et de documentation des instituts de recherche

Projet 1 : Projet Tomate Cerise dirigé par l'IRAF ;

Projet 2 : Projet Rizicole dirigé par l'IRAF157 ;

Projet 3 : Projet Fumoir dirigé par l'IRT ;

Projet 4 : Projet INNOPAB dirigé par l'IRAF158 ;

Projet 5 : Projet Miel dirigé par l'IRAF ;

Projet 6 : Projet PALMILANT dirigé par l'IPHAMETRA159.

Le graphique d'évaluation de projet est exclusivement constitué de projets dont nous avons pu rencontrer les responsables ou avons eu connaissance lors de nos entretiens. Ces projets sont au nombre de cinq (6). Ces projets font partie des projets dont les résultats sont susceptibles d'aboutir à une commercialisation. D'après les entretiens que nous avons eus avec les différents responsables de projets que nous avons pu rencontrer, le financement, la gestion et l'évaluation des différents projets sont fait principalement par des organismes internationaux, tel que la JICA, car ils en sont responsables.

Pour ce qui est de la prise en charge des projets par les Ministères dont les instituts sont sous tutelles, aucune tutelle n'a réellement pu soutenir les projets lorsqu'il s'agissait de la contribution de l'État. Les différentes tutelles ont parfois collaboré lors de l'acquisition de signature. La plupart des partenaires ou des organismes demandent une approbation de l'État auquel appartient le chercheur, l'institut de recherche ou le centre de recherche engagé dans le projet.

157 Projet financé par la Corée du Sud, il a pour but de mettre sur pied des semences propres au climat et aux terres gabonaises afin de permettre une exploitation facile et une autosuffisance pour le Gabon en ce qui concerne le riz. https://youtu.be/azTyk5NMX8Y

158 GabonNews, « Les recherches sur la banane plantain dans la sous-région présentées au ministre gabonais de la recherche scientifique », 30 Avril 2008.

« Le plan INNOBAP est intégré au projet DURAS portant sur la mise en place d'un réseau régional de plateformes sur lesquelles des catégories ciblées d'utilisateurs et de scientifiques se réunissent avec un objectif partagé : améliorer l'identification des attentes des agriculteurs, le pilotage de la recherche et la diffusion de nouvelles variétés de bananiers et plantains. »

159 Pommade pour guérir les grands brûlés.

96

Toutefois, il n'y a pas concrètement une mise sur agenda politique des projets. Ces projets sont connus des tutelles, mais l'État attend leurs aboutissements, c'est-à-dire avant d'en faire un objet de politiques publiques. Pourtant, selon Idiata, le projet sur « Les grands brûlés » était arrivé à son terme avec des résultats probants. Mais l'État ne l'a pas retenu160. Cela pose aussi un problème de transversalité de politiques publiques. En effet, la cotutelle devait, s'appliquer dans ce cas précis. Le secteur de la recherche ayant accompli sa mission, la santé devait prendre le relais, malheureusement, selon les discours officiels, il y a un déficit de ressources financières161. Les résultats de projet, permettent d'évaluer la recherche. Le niveau d'évaluation se fait en couleur. Les niveaux partent de 0 à 5.

Le niveau 1 fait référence à l'attribution de partenaire. Le niveau est validé lorsque le projet a des partenaires fiables capables de prendre en charge le projet financièrement à court ou long terme. Ce niveau est validé par les cinq (5) projets. Bien que la précision du statut des partenaires n'ait été la préoccupation première lors du classement de ces projets, les différents projets ont été financés par des organismes tels que la JICA, la FAO et l'ONU. Le projet sur le fumoir gérer par l'Institut de Recherches Technologiques (IRT a été subventionné par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Il a pu aboutir à des résultats et à l'obtention d'un brevet. Toutefois, il faut souligner le changement régulier de partenaire (entre organisme et investissements personnels des chercheurs en charge du projet).

Le niveau 2 fait référence au financement injecté dans la mise en oeuvre du projet. Ce financement est dépendant du partenaire engagé et de la durée prévue du projet. La durée d'évaluation d'un projet peut être, soit déterminée au préalable avec une possibilité de prolonger l'activité autour de projet, ou avoir un temps bien déterminé du projet, tout en ayant une évaluation dont les tons sont prévus par les partenaires.

Le niveau 3 fait référence à la mise en oeuvre du projet, notamment le lieu (pour les projets dont cela est nécessaire, le personnel ou la main d'oeuvre, l'administration adéquat...) Ce niveau fait notamment référence à l'aboutissement de l'activité de recherche appelé résultats de recherche (sans test antérieurs). Tel fut le cas des (cinq) 5 projets présentés. Ces projets détiennent des lieux et une main d'oeuvre qui lui permet de faire évoluer ces différentes activités sans prise en considération des locaux appartenant aux instituts respectifs. Ces différents lieux font offices de laboratoire et d'atelier dans l'évolution des projets et d'expérimentation, par exemple des semences.

160 D.F.Idiata, Quelle recherche scientifique en Afrique ? Le cas du Gabon, op.cit. p.80.

161 Idem.

97

Le niveau 4 fait référence à l'étape d'expérimentation et de validation du produit par les tutelles à qui ont été donné la charge d'approuver la validation du produit, afin d'aboutir à l'étape de commercialisation. A ce niveau de l'évaluation, du 2/5 des projets y sont classés : le projet 3 et le projet 5. Ces projets ont été dirigés de façon respective par l'institut de recherches technologiques.

Le niveau 5 est exclusivement réservé au niveau de commercialisation. Il est considéré comme le niveau ultime de la recherche, car c'est à ce niveau qu'il est possible de faire une lecture de la recherche sur le PIB en activité marchand et en activité non-marchand comme nous avons pu le faire dans la partie de notre travail traitant de la question de l'apport économique de la recherche scientifique.

Section 2 : Budget de fonctionnement

Au cours de nos enquêtes, la notion de budget de fonctionnement a été au centre du discours des différents agents enquêtés. Certains y faisaient référence dans le but de qualifier le système de budgétisation de la recherche. Partant de leurs représentations du budget de fonctionnement, nous allons, selon les textes, caractériser le budget de fonctionnement, en faisant une lecture des titres de la nomenclature. Nous verrons aussi la réalité de ce système de fonctionnement.

1.1 Le budget de fonctionnement de la recherche scientifique

« Pour promouvoir des recherches et des projets il faut des stratégies de mobilisation de fond, ces stratégies de mobilisation de fond s'élèvent au moins à 13millions alors que le budget de fonctionnement, budget fonctionnel s'élève à 8milllions. Si j'investis je perds tout et ne pourrais même pas acheter de l'encre. Parce qu'il faut rassurer les bailleurs de fond »162

La notion de budget fonctionnel ou de budget de fonctionnement a été à plusieurs reprises, mise en exergue et traduite comme cause première du problème de la recherche par les chercheurs. D'après eux, le budget de fonctionnement ne permet pas de financer les projets de recherche. Mais juste de prendre en charge l'achat de l'encre et du papier.

Tableaun°14 : Comptabilité administrative de l'IRT, exercice 2018

162 Actuel Directeur adjoint de l'IRT, entretien tenu le 03 Aout 2020, au sein des locaux de la direction de l'IRT situés au Gros bouquet.

98

Sourcex : 8,427 Service milliards comptabilité de F.CFA de d·inWpl'IRT

- Budget de fonctionnement selon la loi de finance :

10,630 millards de F.CFA de pertes de chage

Selon les textes des comptes généraux administratifs, la définition donnée au budget

a pWp globalemenW rpaispe dans la limite du plafond de la loi de finances, soi 94% base n

de fonctionnement ou le budget fonctionnement, ne va pas à l'opposé de celle conçue au sein

ar lleus, impr d rev qXa i\ a rg s l ér

des instituts. Mais elle inclut des éléments que les acteurs de la recherche ne prennent pas

vers le mhé finnie itenatonal t éginl d mêm que sur la dtt baai

toujours en compte, notamment le titre 2 et le titre 4. « Les dépenses de fonctionnement comprennent la solde permanente, les autres catégories de rémunération, les biens et services

p

et les transferts163 ».

ctégories de rémun

Tableau n°15 : Exécution des dépenses de fonctionnement de l'État au cours de l'année2017

Titres

Budget voté LFR 2017
AE=CP

(A)

Exécution budget

2017

(B)

 

Ecart (A-B)

 

Taux

Fonctionnement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2:dépenses de personnel

 

710

000

000

000

 

708

854

708

447

1

145

291

553

100%

3:dépenses de biens et services

 

251

296

000

000

 

148

044

635

579

103

251

364

421

59%

4:dépenses de transfert

 

191

212

999

998

 

204

352

463

288

- 13

139

463

290

107%

Sous-total fonctionnement

1

152

508

999

998

1

061

251

807

314

91

257

192

684

92%

Source : Compte Général Administratif

Comme le tableau issu de la CGA 2017, le budget de fonctionnement est le regroupement du titre 2 représentant les paiements du personnel, le titre 3 faisant référence aux biens et services et du titre 4 faisant allusion aux dépenses de transfert. La lecture du regroupement de ces trois titres permet de comprendre l'investissement direct fait dans la recherche effectuée par les Unités Opérationnelles (U.O), ce sont les instituts.

163 Compte Général Administratif 2017, Présentation générale de l'exécution du budget 2017, p.24.

99

A contrario, la représentation de ce qui est entendu comme budget de fonctionnement au sein du collège des chercheurs détient des caractéristiques différentes, dans la façon dont elles sont constituées. En effet, celle-ci ne fait référence qu'aux financements reversés pour effectuer des achats en termes de d'achat d'encre, de papier ou encore de carburant.

Le titre 4 faisant allusion au transfert est de 0Fcfa pour les U.O (les 5 instituts du CENAREST). Sur la base de ces textes, nous réalisons que l'investissement fait sur le fonctionnement des instituts est au 2/3, car le titre 4 s'élève à 0FCFA.

Aussi, le titre 3 n'est parfois pas reversé dans sa totalité et le titre 2 est maintenu à cause du statut de fonctionnaire d'État qu'on les différents chercheurs et non à cause de leur statut particulier.

1.2 Fonctionnement au sein des instituts et du centre

Dans le but de maintenir leurs positions dans le champ de la recherche, les chercheurs élaborent des stratégies administratives et aussi financières. Les stratégies financières de maintien dans le champ de la recherche sont le détournement. C'est le fait pour le chercheur d'affecter à un but à d'autres objectifs.

De façon général, un détournement « est l'appropriation frauduleuse de biens par une personne pour son propre intérêt à qui l'on avait fait confiance pour gérer l'argent et les fonds détenus par un autre individu ou par une organisation tiers164».

Le titre 3 destiné au bien et service est parfois utilisé en investissement (en remplacement du titre 5) et en cotisations (en remplacement du titre 4). Cette utilisation est effectuée dans le but de maintenir les activités au sein des instituts.

Traitant la question de la gestion financière des instituts à la Direction centrale des affaires administratives et financières de la recherche scientifique, nous avons abordé la question du budget qui ne permet que le fonctionnement. Le Directeur souligna que « Le fonctionnement relève du titre 3 et l'investissement du titre 5. Eux ils n'ont pas de titre 5. Comment font-ils leurs travaux ? En fait, il y a un détournement. Ce n'est pas un détournement de bien public. Mais il détourne l'objectif même c'est-à-dire que si on leur a donné des fonds au titre 3, eux ils le redirigent plutôt au titre 5. Mais du fait de la BOP il y a ce qu'on appelle

164 https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tournement_de_fonds

100

le principe de fongicide asymétrique. On peut prendre le titre 5 pour mettre au 3. Ils peuvent vous le dire 165».

Le détournement de titre de nomenclature effectué par les chercheurs leur permet de répondre aux besoins appartenant au titre 5 en mobilisant le titre 2 et 3 qui leur sont directement accessibles.

« Nous avons mis la connexion en fibre optique il y a 2mois, ce sont des supports qui permettent de rendre la recherche visible. Nous avons financé la réhabilitation parce que la recherche par aussi de son environnement, donc il a fallu réhabiliter tous les bâtiments. C'est pour cela que quand vous arrivez, vous voyez maintenant qu'il y a de la peinture ainsi de suite (É) On a dû financer justement un forage. Et là maintenant, vous voyez le CENAREST a de l'eau 24h/24h. Aujourd'hui on commence à financer tout ce qui permet à la recherche d'être visible en arrimant les canaux de communication »166. Les travaux de différents bâtiments ont été faits dans le but de promouvoir la recherche.

- Bâtiment IRT réhabilité en 2019

Source : Auteur, Juillet 2020.

- Bâtiment du CENAREST réhabilité entre 2019-2020

Source : Auteur, Juillet 2020

165 Actuel DCAF de la Direction Général de la Recherche Scientifique et de l'innovation, entretien tenu le 20 Aout 2020.

166 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST, entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux du CENAREST situés au quartier Gros Bouquet.

101

- Cotisations personnelles :

Ce sont les moyens qui peuvent être traduit comme l'une des premières de subsistance de chercheur. Ils permettent au chercheur de mettre en place le projet auquel il tient et dont il accorde de l'importance parallèlement à la demande publique. Selon le Coordinateur Scientifique et technique, le thème de ce travail peut être issu de thèse de recherche du concerné ou encore du vécu afin d'apporter une solution à un problème que celui-ci aurait perçu.

Cette méthode est distincte de cotisation de base servant à faire une production théorique s'en présage d'applicabilité des résultats et sans aboutissement à une quête de partenaire, car dans cette stratégie de subsistance dans le champ de la recherche le cherche à pour but d'atteindre une recherche appliquée.

La particularité de cette stratégie est issue du fait que le chercheur puise dans le salaire, pour investir dans un projet qu'il estime avoir de l'importance en compensation au versement de l'État pour les projets de recherche. Elle pourrait être traduite comme un nouveau moyen d'investissement parallèle de l'État dans la recherche ce qui exclurait préalablement les salaires dans le but de rémunérer mais plutôt d'injecter des fonds afin d'attendre des résultats.

Nous pouvons aussi rappeler que pour l'État, aboutir à des résultats probants en ce qui concerne la recherche scientifique est très important, bien que les financements fait sur la recherche ne soient que « fonctionnel ». Cette perspective est à considérer dans la mesure où la pratique de ce mécanisme d'autofinancement pour des résultats probants n'est pas incluse directement dans les textes. Cet autofinancement peut donc être défini comme un investissement parallèle dans la recherche. Toutefois, celui-ci ne résout pas le problème d'infrastructure, de condition et d'impact de la recherche, car il reste insuffisant.

Dans le champ de recherche au Gabon, le partenariat est perçu comme moyens le plus sûr de financement d'un projet, car les partenaires assurent le versement pour le projet et le suivi du projet. L'octroi d'un investissement est variable et le type d'investissement aussi. Il peut aussi être issu d'un appel à projet que de la quête d'un investisseur, dont chacun les conditions qu'ils estimeraient nécessaire pour l'avancement et la réalisation du projet.

Pour conclure nous dirons que le système de financement fonctionnel, sur lequel est basée la recherche scientifique, est fondé sur la perception que le politique a de la recherche, à l'orientation que les politiques donnent à la l'activité de recherche national, au travers l'orientation de ses subventions et l'orientation qu'il a décidé de donner aux politiques

102

publiques de développement. Donc, il existe une dialectique entre le manque de financement de la recherche et le manque d'apport économique de la recherche.

103

Chapitre IV : Représentations sociales de la recherche dans la société gabonaise

Les représentations sociales sont souvent perçues comme moteurs des actions des individus, d'autres voient en elles, une conséquence de l'univers social et économique. Comme le dit Moscovici, « une représentation sociale est un guide pour l'action » qui oriente l'action des individus aussi bien qu'une norme167. « Ce qui inspire depuis longtemps l'intérêt que je porte à l'analyse des représentations sociales, c'est qu'elle nous oblige à aborder de front le grand problème du rôle et de la place des idées à la fois dans la structuration de la société et dans le changement social. On sait les débats séculaires que cette question a nourris. Les idées sont-elles le moteur de l'histoire ? Les idées ne sont-elles pas plutôt le reflet des conditions économiques et sociales ? La réponse à cette question fut l'objet d'intenses débats scientifiques, d'affrontements idéologiques passionnés et servit d'arrière-fond aux luttes politiques et à de grands conflits armés qui ont divisé la planète pendant tout le XXe siècle »168.

Dans ce chapitre, nous faisons une lecture de représentation de l'activité de la recherche scientifique, au sein de la société gabonaise (à travers la perception que les individus ont des acteurs de ce secteur d'activité), dans le but de comprendre le dysfonctionnement social. Nous partons d'une analyse sur la représentation estudiantine de la recherche, pour aboutir à une lecture des perceptions des agents du champ de la recherche.

Section 1 : Représentations de l'activité de la recherche au sein société

La place de la recherche au sein de la société gabonaise peut être appréciée sous différents angles. Toutefois, le rôle qui est le sien reste le même quel que soit le statut des enquêtés que nous avons pu rencontrer : servir au développement. Certains, l'on traduit comme « la crème de la société » car elle est le principal moteur du développement169.

167 C. Flament, « Représentations sociales et normatives : Quelques pistes », Penser la vie sociale, la nature, Mélange en l'honneur de Serges Moscovoci, sous la direction de F. Buschini et Nikos Kalampalikis, Paris, Edition Maison de Sciences de l'Homme, 2001, p.256.

168 G. Rocher, « Les représentations sociales : perspectives dialectiques », in : Social Science Information, Vol. 41, p.87.

169 Directeur Administratif et Financier du CENAREST, entretien tenu le 02 Juillet 2020, à la direction du Commissariat Général du CENAREST, située au quartier Gros Bouquet.

104

1.1 Représentations sociales de la recherche au sein de la classe estudiantine

Serges Moscovici pense que la notion de représentations sociales donne la possibilité de : « Dépasser l'individualisme et la pure descriptibilité de concept comme celui de comportement et d'opinion ; réintroduire l'idée d'une rationalité propre de la pensée sociale dont les forme de résonnement ne peuvent être comprises qu'à l'intérieur de telles représentations ; donner un poids constitutif au système de rapport, réel et symbolique, où les individus sont insérés et à l'intérieur desquels ils agissent comme des acteurs sociaux. »170

Au cours de notre étude, nous avons constaté que la majorité des étudiants que nous avons interrogés (tous niveaux confondus), avaient des difficultés à donner le nom de la structure en charge de la recherche scientifique ou encore renseigner sur les établissements de recherche publique, tel que le CENAREST. Certains inventaient des noms pour pouvoir avoir des réponses.

Cela révèle deux (2) difficultés : le problème de culture générale des étudiants et la méconnaissance des structures de recherche au sein de la société gabonaise. Nous focalisant sur le second point, nous soulignons que la plupart des structures situées par les étudiants faisaient référence, soit à un laboratoire universitaire (parfois avec le nom mal désigné) ou à l'IPHAMETRA et CIRMF.

1.2 Appréciation des étudiants sur la recherche scientifique

L'appréciation que les étudiants ont de la recherche est aussi bien relative à leur niveau d'étude qu'à leur sexe. Francesca Emiliani et Augusto Palmonari pense que « La vie quotidienne et la connaissance qui lui est la plus pertinente sont structurellement liée à une interdépendance et un rapport de construction réciproque : on ne peut négliger cette considération lorsqu'on étudie les formes du raisonnement qui caractérisent ce type de pensée. »171 . En d'autres termes, l'expérience quotidienne que nous avons avec l'environnement qui nous entoure construit la perception que nous avons d'une chose ou d'une personne. Ainsi, nous pouvons dire que le point de vue que la classe estudiantine a de la recherche est révélateur de l'environnement qui est le sien, l'espace universitaire de façon particulier et de la société

170 Propos de F. Emiliani et A. Palmonari dans l'article :, « Psychologie sociale et question naturelle», Penser la vie sociale, la nature, Mélange en l'honneur de Serges Moscovoci, sous la direction de F. Buschini et Nikos Kalampalikis,. cit., p.142.

171 F. Emiliani et A. Palmonari, « Psychologie sociale et question naturelle », Penser la vie la social, la nature. Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici, Op.cit, p.142.

105

gabonaise en général. Il est révélateur de la méconnaissance que les chercheurs ont du champ qui est le leur et de l'activité qui est effectuée. En effet, dans leur analyse portant sur les productions scientifiques, M. Ibinga et M. Zue Elibiyo, souligne que la méconnaissance des résultats de recherche est faite par les chercheurs en particulier et la société en générale. Il souligne en disant que chacun est plus intéressé au domaine qui est plus ou moins le sien qu'à l'activité de recherche dans son ensemble172.

Tableau n°16 : Appréciation de la recherche au sein de la classe estudiantine

Niveau de la recherche Niveau d'Ètude

Non
rÈponse

Mauvais

Pass
able

Moyen

Bon

Excel
lent

TOTAL

Licence

1

12

8

3

0

0

24

Master

0

6

3

4

1

0

14

Doctorat

0

2

0

0

0

0

2

TOTAL

1

20

11

7

1

0

40

Source : Auteur, données de terrain

Graphique n°4 : Niveau Appréciation de la sur recherche le niveau de la recherche scientifique au Gabon

20

20

7

1

1

0

0

Non rÈponse

Excellent

Passable

Mauvais

Bon

Moyen

11

Source : Auteur, données de terrain

Bien que la totalité des étudiants interrogés pensent qu'il est nécessaire pour le Gabon de fiancer la recherche, 50% d'entre eux ont une opinion négative de l'activité de recherche menée au sein de la société gabonaise. Ils estiment que le niveau de la recherche au Gabon est très mauvais. La définition positive qu'ils donnent de la recherche est fondée sur la réalité générale qui est faite de la recherche sur le plan international (créer de nouvelles technologies, faire des découvertes...) et non, particulièrement, de la recherche menée au Gabon.

172 M. Ibinga et M. Zue Elibiyo , Production scientifique : Tentative de réponse aux questionnements sociaux, Paris, Publibook, 2018, p. 278.

Cette posture est fondée sur une méconnaissance des établissements de recherche, de l'activité de la recherche, des résultats de la recherche au Gabon et d'un retour médiatique traduisant, une situation précaire du secteur de la recherche au Gabon.

Graphique n°5 : Perception des étudiants sur l'activité de recherche menée au Gabon

Perceptn de a recherche

0

25

25

9

5

1

Non rÈponse

Mauvais

assable

Moyen

Source : Auteur (Données de terrain)

0 0

Bon Excellent

106

De plus, 25 enquêtés pensent que l'activité de recherche menée au sein des établissements publics de recherche est mauvaise. Cette perception ne fait pas allusion à la perception qu'ils ont de la recherche de façon générale, mais sur la recherche scientifique gabonaise. 9 enquêtés pensent que l'activité de la recherche est moyenne et 9 soutiennent qu'elle est passable.

Tableau n°17 : Place de la recherche scientifique

Idées

Nombres

Pourcentages (%)

Participe au développement

30

78

Approfondis la connaissance

7

18,2

Éviter les fraudes

1

2,6

Total

38

100

Source : Données de terrain

De l'avis de nos informateurs, il apparaît de façon nette qu'il est nécessaire de financer la recherche dans la société gabonaise. En effet, le tableau relatif à la place de la recherche montre que 78% des opinions exprimées soutiennent que la recherche scientifique est un facteur de développement. Cette perception de la recherche est liée à sa définition. Aussi, d'après les discours de nos enquêtés, la recherche est utile et importante. Toutefois, l'image qu'ils ont des chercheurs dans la société gabonaise est contraire à la perception de la recherche dans son ensemble173.

173 C. Moukégni Sika, Production scientifiques et politique au Gabon, op. cit, p.50.

107

Tableau n°18 : Importance de la recherche

Idées

Nombres

Pourcentages

Aucune justification

3

8,1

Favorise le développement

29

78,3

Aucune lisibilité de la recherche/ domaines ignorés

3

8,1

Prouver la culpabilité des criminels

1

2,7

Total

35

100

Sources : Données de terrain

En cohérence avec ce qui précède, 78,3% confirment la corrélation forte qui existe entre la recherche scientifique et le développement économique et social d'un pays.

Les cadres juridiques assignent à la recherche le statut de priorité nationale. Cependant, son organisation, son financement et son fonctionnement ne sont pas en phase avec les missions qui lui sont assignées dans la loi 22/2000. Elle permet de comprendre que le statut de la recherche dans la société gabonaise existe dans les textes mais ces derniers ne sont pas appliqués dans la réalité. Car elle ne joue aucun rôle économique et social concret. Effectivement, 49,3% des personnes interrogées pensent que la recherche scientifique au Gabon ne contribue en rien dans la croissance économique et la richesse nationale.

Section 2 : Représentations sociales au sein du champ de la recherche scientifique

La perception que les acteurs du secteur de la recherche (administratifs, chercheurs) en ont, dépend de plusieurs facteurs, notamment : l'ancienneté, la notoriété, le parcours, la trajectoire, le capital relationnel ou capital social de chacun et la violence symbolique qu'il peut exercer dans le champ de la recherche. En effet, nos enquêtés, nous ont révélé que les projets étant allés jusqu'à leur terme sont ceux ayant été appuyés par le réseau relationnel de ceux ou celui qui les portaient, grâce particulièrement à l'accès au financement des organisations internationales, au financement privé ou aux contributions individuelles.

108

2.1 Représentations au sein du champ de la recherche

Comme nous l'avons précisé plus haut, les perceptions des agents du champ de la recherche varient selon le rapport qu'ils entretiennent avec les autres agents du champ et de sa position dans le champ. Cette position dans le champ et cette relation ne sont pas seulement dépendantes du grade du chercheur ou de sa fonction au sein de l'institut de recherche, mais, elles sont aussi dépendantes du capital accumulé (qui lui donne un pouvoir) et lui permet d'agir dans le champ et sur le champ.

Au fur et à mesure que les capitaux sont accumulés, les agents acquièrent de nouvelles positions dans le champ. Ce qui leur donne une nouvelle représentation des autres agents du champ de la recherche, les mettent parfois à la périphérie du champ. Ils les qualifient « de paresseux », « de fonctionnaires invisibles » et estiment qu'ils doivent faire des efforts pour élaborer des projets et obtenir un capital (subvention) comme eux.

A contrario, moins un agent acquiert des capitaux (ou en perd régulièrement), plus il a une représentation péjorative du système du champ de la recherche et un regard pessimiste du champ de la recherche et du rapport entretenu avec la sphère administrative. Les représentations que certains agents entretiennent, paraissent plus simplifiées que d'autres. Pour certains, il faut une volonté des chercheurs, afin de travailler au-delà des conditions de recherche difficiles et des financements dérisoires. Cette catégorie est composée d'agents ayant une situation administrative ou travaillant régulièrement avec les organismes internationaux et les tutelles (dans la perspective de cotutelle). Ils sollicitent plus d'efforts des chercheurs en général et simplifient la question du financement, tout en reconnaissant l'insuffisance du budget mis à disposition.

« La moitié du budget de l'enseignement supérieur va dans les bourses, donc si vous faites grèves, les choses bougent. Mais moi, je n'ai pas besoin de cela. Je n'ai pas besoin de faire la pression aux décideurs politiques, j'ai besoin de montrer aux décideurs politique qu'on a du potentiel que l'on peut valoriser économiquement si on nous soutient un tout petit peu. Un syndicat est là pour défendre les intérêts de ses adhérents. Les syndicats, ce sont de questions corporatistes. La recherche n'est pas une question corporatiste. La recherche est une question supranationale, une question d'intérêt mondial. Si les financements ne correspondent, pas je peux aller les chercher ailleurs. (É) La recherche fondamentale est la base de la recherche, lorsque la théorie a été faite sur la lumière, c'était pour comprendre comment l'univers fonctionne.

109

Mais comprendre comment l'univers fonctionne, pour vous et moi cela n'a pas d'intérêt pratique. Mais derrière cette théorie, tous les développements qu'il a faits ont permis de comprendre comment circule la lumière. Et comprendre comment circule la lumière a permis de comprendre comment la canaliser... Nous fonctionnons trop à court terme c'est-à-dire à l'année ou au bout de 5ans hors la recherche c'est des résultats dont les bénéfices s'observent au bout de 10ans, 15ans, 20ansÉC'est pourquoi. Il faut mettre en place un mécanisme qui finance cela de façon désintéressée. »174

Le Directeur Général de la DGRSI quant à lui pense qu'« Un directeur de recherche est un concepteur. Son rôle est de prouver que tel projet peut être accepté, les mène jusqu'aux résultats probants, jusqu'aux brevets. Et même ces brevets aboutissent à quelque chose auprès d'une entreprise. Ce n'est pas seulement rester en laboratoire. Vous avez un brevet, vous devez ouvrir des entreprises mais nous on attend tout de l'État. L'État vous donne les moyens, quand vous sortez de là vous devez voler de vos propres ailes mais haut fonctionnaire, on est à la maison on attend le 25 pour aller toucher son salaire. Certains se battent mais avec des grèves récurrentes, on ne voit pas les résultats.(...) Vous savez la recherche est un apostolat, la recherche est un métier, il faut l'aimer, il faut faire des sacrifices si vous dites, moi je vais faire la recherche et je vais seulement rester assis, vous passez à côté, c'est l'échec total (É) Moi je ne sais pas si les gens comprennent la recherche quand je vois les scientifiques qui se précipitent pour devenir député, je me dis que c'est l'argent qui vous intéresse. Pour chercher son pain il faut rendre service à l'État. Étant fonctionnaire, quel service vous rendez à l'État ? Vous êtes à la maison vous attendez le 25 pour aller regarder votre compte bancaire. Moi j'en connais beaucoup. Le problème c'est que les gabonais attend tout de l'État. Moi quand j'étais chercheur j'ai fait rentrer de l'argent. Les partenaires quand vous partez, ils vous voient vous et se disent que c'est un type sérieux175. »

Abordant la question de l'apport économique de la recherche scientifique au Gabon et de la répartition budgétaire avec le DAF du CENAREST, celui-ci nous explique de manière caricaturale le statut de la recherche dans l'économie gabonaise. D'après lui, « ce à quoi renvoie l'analyse du tableau de bord sur lequel la recherche scientifique n'est nullement citée, est que la recherche scientifique est le parent pauvre. Quelles sont les attentes que les pouvoir publiques ont de la recherche sans commande publique... vous savez lorsque vous avez des

174 Actuel Commissaire Général du CENAREST, entretien tenu le 12 Novembre 2020, au sein des locaux de la direction du Commissariat Général du CENAREST, situés au quartier gros Bouquet.

175 Actuel Directeur Général de la DGRSI, entretien tenu le 24 Novembre 2020, à la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, située au Centre-ville.

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enfants et que vous les envoyez à l'école, vous vous attendez à ce que chacun travaille et apporte de l'argent. Et que l'un d'eux n'arrive pas à s'en sortir vous êtes obligés de prendre chez les autres pour lui donner. A un moment donné tu fais une répartition et donnes d'abord à celui qui rapporte et tu réduis pour celui qui n'en rapporte pas c'est un peu cela le problème de la recherche. 176 » En d'autres termes, ce qui fait que la recherche soit aussi négligée, c'est le fait qu'elle ne contribue pas à la richesse nationale. Donc, elle est prise en charge par les autres secteurs.

La perception que les agents administratifs ont des chercheurs peut s'apprécier à partir des expressions telles que « fonctionnaires d'État », « Payés à ne rien faire ». Ces qualificatifs expriment leur rémunération mensuelle malgré l'absentéisme au travail et le manque de résultats. Donc, les représentations qu'ils se font de la recherche sont fondées sur le rendement des chercheurs (entant que fonctionnaire) et l'absence régulière au poste, des agents de la recherche. Cette représentation se ne transmet pas par contagion mais dans une intersubjectivité entre agents du champ appartenant à la même classe sociale.

Emiliani et Palmonari disent à ce propos que « Les représentions sociales en tant que connaissance du sens commun reposent sur les mêmes caractéristiques : il s'agit d'une connaissance qui tend à rendre familière tout ce qui n'apparaît pas comme tel (ancrage), elle tend à objectiver, à se rendre figurativement concrète, elle tend à se conserver et, par conséquent, à se répéter et elle est intersubjective. 177 » De façon générale, l'image émise des chercheurs est pour la plupart traduite comme « des fonctionnaires inactifs », « Payés à ne rien faire ».

Aussi, Claude Flament, en reprenant les propos de Moscovici, explique que le caractère d'une représentation sociale se manifeste dans une circonstance comme une action objective, une pensée objective qui n'émane pas de nos expériences comme une norme. Mais cela n'en est pas le cas178.

« On peut d'abord penser au caractère évaluatif d'une représentation. Pour Moscovici, l'attitude est l'une des trois dimensions de la représentation (É) Si je dis volontiers (Flament 1994-1997) qu'une représentation est composée de schèmes qui sont à la fois « descriptif » et « prescriptif », c'est- dire à la fois courant constatif et normatif. Ce n'est pas

176 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST, entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux de la direction du Commissariat Général du CENAREST, situés au quartier Gros Bouquet.

177 F. Emiliani et A.Palmoni, « Psychologie sociale et question naturelle », Penser la vie la social, la nature. Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici, Op.cit. p.142

178 C.Flament, « Représentations sociales et normatives : Quelques pistes », Penser la vie la social, la nature. Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici op.cit. p.256.

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pour confondre ces 2 notions mais pour indiquer que les deux aspects sont toujours coprésents et se manifestent de façon variable selon les circonstances. Et c'est sans doute la fluidité du circonstanciel que le caractère normatif d'une représentation se manifeste clairement È179.

La recherche est une activité utile, pour ce qui est de son organisation au Gabon, il est nécessaire de la réformer et de permettre aux chercheurs d'avoir les moyens nécessaires. C'est une activité qui est difficile à percevoir et dont les résultats théoriques peuvent être utiles à long terme. Le point de vue sur la recherche telle qu'elle est en définition ne donne aucun problème. Plusieurs estiment qu'elle a pour rôle de servir au développement. Toutefois, en tant qu'activité au sein de la société gabonaise, le problème de résultats lui en donne une image négative. Les perceptions sont entremêlées entre le jeu des chercheurs, leurs rôles dans le dysfonctionnement actuel et les préconçus des pouvoirs publics qui ont établi un système d'organisation de la recherche qui n'est pas reformé malgré les évolutions sociales.

Cela ne signifie pas que les pouvoirs politiques ignorent le rôle de la recherche (de façon générale). Mais d'après nos enquêtés, ils négligent la recherche scientifique nationale, locale parce qu'ils « sous-estiment les compétences des chercheurs locaux et pensent que les chercheurs occidentaux sont plus compétents180 ».

« Moi, je suis consultant dans ce cabinet, vous ne savez pas le nombre de projet du gouvernement que j'ai traité en tant que chercheur dans ce cabinet, pourtant, c'est le même chercheur qui est à l'IRSH que vous voyez ici Je peux vous montrer la liste des travaux que j'ai effectué entant qu'expert, que consultant. C'est la même personne qui est consultante qui est chercheur. Et la raison est qu'ils prennent du temps. Cela est faux. Le seul problème est qu'on ne veut pas travailler avec la recherche, on ne consulte pas les résultats nationaux, on préfère faire appel aux consultant internationaux qui nous coûtent plus chères, et qui ont parfois moins d'expérience que nous. C'est sûrement un complexe et des moyens pour détourner des moyens. Si on a besoin de consultant dans un domaine, la majorité des chercheurs qui viennent sont des consultants comme nous. Et quand ils arrivent, ils viennent nous chercher pour faire ce travail. Mais, nous nous avons été formé en Occident, nous exerçons même là-bas. Mais, imaginez-vous, une fois, ils ont fait venir des consultants étrangers travailler sur des questions que nous abordons. Le consultant qu'ils ont appelé été un chercheur que j'ai enseigné. Qu'est-ce que nous ne pouvons pas faire ? C'est une question de confiance et de la façon dont nous percevons

179 Idem.

180 M. Mamboundou, Ancien Directeur Adjoint de l'IRSH (2010), Chargé de projet, entretien tenu le 19 juin 2020, au Cabinet Consulting situé à Glass.

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notre pays. Les chercheurs gabonais sont capables de répondre à des problèmes précis, avec des délais précis, dans ce cabinet je le fais181».

L'aspect financier est très important, il est traduit comme motivation pour le politique à s'intéresser au secteur de la recherche. Et comme l'une des raisons pour lesquelles les gouvernants contournent les chercheurs dans la mise en place de politiques publiques de développement.

2.2 Perception syndicaliste du champ de la recherche

« Le seul moyen de pression que j'ai c'est de produire des résultats182 ». Les moyens de pression au sein de la recherche sont différents et varient selon le statut institutionnel des individus. Toutefois, le Directeur Général de la recherche nous expliqua que le moyen de pression qu'il utilise, afin de parfois obtenir des résultats est « les personnes ». La recherche ne tient pas une place dans l'économie du pays et socialement elle a de l'importance à cause du volet enseignement.

De ce fait, les acteurs du système n'ont pas de moyens de pression comme les enseignants-chercheurs. Le Syndicat National des Enseignant-chercheurs et Chercheurs (SNEC) regroupe en son sein les enseignants-chercheurs et les chercheurs. Pendant plusieurs années, les chercheurs ont été derrière les enseignants-chercheurs, pour d'obtenir gain de cause.

Les enseignants- chercheurs ont un moyen de pression qui est « l'étudiant ». Donc, « on se met derrière eux. Mais dans le SNEC, il y a des sections et la section CENAREST n'a pas vraiment de moyen de pression entant que tel. Les chercheurs eux-mêmes ne s'impliquent pas. Personnes ne paie ses cotisations, Ils n'assistent pas aux réunions. Chacun pense à lui-même 183».

Pour ce qui concerne la question de la politisation, le responsable de la section CENAREST du SNEC estime « qu'il faut de l'argent. Il faut que chacun s'implique. Pour qu'on soit sur les médias et autres. Mais il n Ôy a personne ». Cette perception remet en cause l'image que le chercheur a du statut qui est le sien et de sa volonté personnelle à mobiliser des éléments capables de lui permettre d'avoir une influence sur l'orientation politique donnée à leur activité. Comme nous le disions, la réflexion de la difficulté de système de fonctionnement

181 Idem.

182 Actuel Commissaire Général du CENAREST, entretien tenu le 12 Novembre 2020, à la direction du Commissariat Général du CENAREST situé au quartier Gros Bouquet.

183 Représentant actuel de la section CENAREST du SNEC, Chercheur à l'IRSH, entretien tenu le 28 Juillet 2020, au sein des locaux de l'IRSH situés à l'UOB.

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de l'activité de la recherche est plutôt orientée vers les acteurs du système que sur l'utilité de la recherche. Ainsi, il a mis en exergue une réalité : l'importance de chaque agent dans le système et du rôle que chacun joue dans le fonctionnement actuel.

Au terme de cette partie, nous retenons que les représentations sociales faites au tour de la question de la recherche scientifique dans la société gabonaise ne sont pas basées sur la recherche en elle-même. Mais, elles sont fondées sur l'appréhension qu'ils ont des chercheurs. Ces appréhensions sont fondées sur le rendement minime de l'activité des chercheurs entant que fonctionnaire sur le PIB national évalué en coût et en secteur non-marchand. Ces représentations sont construites par des termes tels que « fonctionnaire d'État », « payés à ne rien faire ». Aussi, nous relevons une accumulation du secteur de la recherche la reconnaissant par les agents de la recherche du pouvoir d'agir sur le champ de la recherche et sur sa structure engendre une accumulation de rôle des gouvernants. La difficulté est non seulement fondée sur la perception que les agents administratifs de la recherche ont des chercheurs, mais aussi de la perception que les gouvernants ont de l'activité de recherche (permet de légitimer des rapports), et du manque d'implication des chercheurs pour les revendications de leurs droits.

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Conclusion de la troisième partie

Dans cette partie, nous avons abordé la question financière, c'est-à-dire les conditions de financement de la recherche et de la perception de la recherche au Gabon. De façon générale, il en ressort que le système de financement de la recherche est fondé sur la perception que les gouvernants ont des chercheurs. Les chercheurs sont perçus comme des simples « fonctionnaires d'État ». Ceci explique le fait que la priorité en qui concerne la recherche soit uniquement mise sur le salaire des acteurs de la recherche et pas sur l'activité de recherche. Le système de financement de la recherche est fondé sur le titre de fonctionnement et orienté selon la volonté politique. Pourtant les dispositions officielles prévoient, comme nous l'avons démontré, un financement véritable de la recherche.

Aussi, il en ressort de notre travail que l'impact de la recherche sur le développement est fondé sur les projets. Toutefois, l'activité de recherche est maintenue par un financement fonctionnel subventionné au 2/3, donc le 2/5 du financement global attendu.

De plus, nous retenons que la perception actuelle de la recherche scientifique dans la société gabonaise est fondée sur la réalité médiatique traduisant les difficultés du champ de la recherche, et sur l'apport à moins de 0,001 % de la recherche développement sur le secteur non-marchand et inexistant sur le secteur marchand.

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Conclusion générale

La question de la gouvernance de la recherche met en relation plusieurs indicateurs et agents, pour reprendre le concept bourdieusien. Dans ce travail, nous avons mis en perspective et analysé les mécanismes multidimensionnels, producteurs de dysfonctionnements multiformes.

Nous partons du constat selon lequel la recherche scientifique, au Gabon, n'a pas une réelle incidence sur les plans à la fois économique et social. A travers la théorie fonctionnaliste, renforcé par une théorie des champs, nous faisons une lecture sociologie de la dynamique et des pratiques en cours dans ce secteur, que les interactions avec d'autres secteurs dans la perspective de cotutelle.

Toutes ces approches théoriques sont mises en cohérence, reliant sociologie politique et sociologie de l'action publique, afin de mieux apprécier les interactions entre différents champs et acteurs. Nous avons également retenu la théorie des représentations sociales des individus à l'intérieur et à l'extérieur du champ, input et output en politiques publiques.

Sur la base de la question qui consistait à comprendre pourquoi la recherche scientifique n'influence pas le développement économique et social au Gabon. Nous avons retenu deux hypothèses de réponse, dont nous avons vérifié la plausibilité à l'aide des de données de terrains quantitatives et qualitatives.

Nous avons retenu que les instituts de recherche sont considérés comme des unités de programme permettant de mettre en action le programme établi par le RBOP sur la base de la BOP. Ces unités de recherche ne sont pas concrètement organisées, mais sont orientés sur la base de la mise en forme de leurs différents projets et des missions inscrites dans les textes en vigueurs.

Les différents textes officiels portant création des instituts, leur confèrent des rôles selon les besoins sociaux et économiques, mais aussi une organisation interne considérée aussi comme organigramme interne. Cela a été le cas. Toutefois, au fil des années ces différentes organisations ou organigrammes, basées sur les textes, seront réorientées avec l'insertion de nouvelles disciplines et de nouvelles rubriques, la reformulation de certaines disciplines et la conversion de certains départements en laboratoire. Ce fut le cas de l'IPHAMETRA, de l'IRT et de l'IRSH. Cela est qualifié comme stratégies administratives de maintien au sein du champ de la recherche. Nous relevons trois (3) instituts sur cinq (5), notamment le 3/5, donc, bien plus de la moitié. Il faut dire que cette réalité met en exergue la problématique de la concordance entre orientation politique, c'est-à-dire la façon dont le politique se projette la réalité sociale,

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les besoins sociaux et les solutions qui permettraient de résoudre les difficultés de chaque groupe social. Les instituts rendent la recherche effective. Au sortir de notre enquête nous retenons que la perception que les individus ont de la recherche au Gabon est diamétralement opposée à la définition générale de la recherche. La représentation que les individus se font de la recherche est fondée sur la perception qu'ils ont des chercheurs plutôt qu'à l'activité. La perception généralement que les individus, se font de la recherche est celle de « fonctionnaire d'État » un terme simple et péjoratif. Il traduit la paresse et l'improductivité qu'ils observent des chercheurs.

Ce travail a pu mettre en relief de la notion de pouvoir symbolique dans le champ de la recherche au Gabon. Dans ce champ que nous avons reparti en deux(2) sphères (celle de l'activité de la recherche et la sphère administrative) les agents administratifs et les chercheurs octroient aux gouvernants une liberté à mettre en oeuvre des actions qui influenceront de façon directeur ou indirect le champ de la recherche (basé sur une délégation du pouvoir, une accumulation de rôle des gouvernants et une perception du pouvoir politique comme pouvoir suprême). Cette situation perpétue le dysfonctionnement au sein de la recherche et engendre au sein du champ de nouvelles stratégies, une reconversion des capitaux et des enjeux du champ de la recherche au Gabon.

Le statut de la recherche et des chercheurs, actuellement au Gabon est compris entre les stratégies des acteurs de la recherche à se maintenir dans le champ de la recherche et les stratégies politiques, c'est-à-dire la volonté politique. Le rôle de la recherche est inséré dans un système de fonctionnement fondé sur une volonté politique des gouvernants. Cette réalité conduit le champ politique à régenter et même gouverner celui de la recherche.

Comme l'a souligné le Directeur Général de la DGRSI, les instituts ont été créé et mis en cotutelle, comme s'ils étaient autonomes administrativement et financièrement. Hors, ils ont uniquement une autonomie financière. D'après lui, « il est nécessaire de réorganiser la recherche en dissolvant le Centre national de la recherche. Il faudrait intégrer les instituts dans des centres de recherche, et chaque centre de recherche devrait comprendre un conseil d'administration, un conseil scientifique, une direction générale et les services d'appui. Il devrait être prévu un centre de recherche en santé. Selon les propositions faites, l'IRT par exemple, deviendrait un institut du Génie, de sciences dures et de technologie, l'IRAF, en centre de recherches agronomiques et vétérinaires, l'IRET intègrerait les centres en changement climatique. Tous ces centres formeraient des centres nationaux, un centre national de la recherche en santé et un centre national de la recherche en science de l'Homme et de la société. Ces centres seraient autonomes sur le plan administratif et financier. Aussi cette organisation

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prévoirait la mise en place d'une agent de gestion financière qui aurait pour rôle d'aider à la quête de financements extérieurs et aux appels d'offre».184 Il faut dire que cette proposition ne permettrait pas de régler la volonté politique des gouvernants qui ont pour devoir de veiller à l'organisation et à l'orientation de la recherche sur le plan administratif, et à la subventionnée de son activité.

Ainsi, deux interrogations nodales taraudent notre esprit. Elles constituent pour nous des exigences principielles : l'État ne trouverait-il pas son salut en associant les chercheurs dans l'élaboration des politiques publiques de développement pour atteindre cet idéal de progrès sociaux auquel il aspire ? Les chercheurs ne trouveraient-il pas leur salut en s'inscrivant dans une logique d'invention, de création, d'innovation multisectorielle afin de contribuer au développement de la nation ?

184 Actuel Directeur Général de la DGRSI, entretien tenu le 24 novembre 2020, au sein des locaux de la DGRSI, situés au centre-ville de Libreville.

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52- Wacquant Loïc et Akçaoðlu Aksu, « Pratique et pouvoir symbolique chez Bourdieu vu de Berkeley », Revue de l'Institut de Sociologie [En ligne], 86 | 2016, mis en ligne le 23 juillet 2019, (consulté le 24 juillet 2019).

53- Merrien François Xavier, « Sociologie politique » in J.-P. Durand et R. Weil, Sociologie contemporaine, Paris, Vigot, 2006 (1ère édition 1993), p.563.

5- Documents officiels

54- Décret n°001867/PR/MESR, portant création de l'Institut de Recherches en Écologie Tropicale (IRET)

55- Décret n°00566/PR/MESRS, modifiant le décret n°000168/PR/MESRS portant attribution et organisation du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

56- Décret n°01159/PR/MRSEPN, du 11 Décembre 1976, portant création de l'Institut de Recherche Agronomique et Forestière (IRAF)

57- Décret n°01161/PR/MRSEPN, portant création de l'Institut de Pharmacopées et de Médecine Traditionnelle (IPHAMETRA)

58- Décret n°322/PR/MESRS, portant organisation du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique

59- Le décret n°371/PR/MESRS du 31 mars 1988 abrégeant et remplaçant le décret n°1864 /PR/MESRS du 15 décembre 1987 fixant le statut particulier des personnels de la recherche scientifique et technologique.

60- Loi n°001/2005, portant statut général de la fonction publique et du statut particulier des chercheurs, 24 février 2005, Article 2 et 3

61- Loi n°22/2000, déterminant les principes fondamentaux de la recherche scientifique en République Gabonaise

62- Ordonnance n°06/76, du 22 Janvier 1976, créant le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST)

123

6- Thèses

63- Charles Kevin, Activités de recherche scientifiques et développement économique des territoires : Les cas des sciences de la mer en Bretagne Occidentale, Université de Brest, Bretagne, Thèse de doctorat NR, soutenue le 06-12-2016.

64- Moussavou Georges, L'État et le système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques, Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, France, Soutenue en 2005.

65- Hombahiya F.J., Action publique et gouvernance des institutions publiques de recherche en Afrique centrale Cas du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CENAREST) au Gabon, Thèse de Doctorat en administration et évaluation en éducation, Université de Laval, Québec, 2015.

7- Webographie

66- Bourdieu Pierre, « Le champ journalistique et la télévision », Sociologia contemporonea. Le domaine journalistique et télévisuel est l'un des deux programmes télévisés ("A la télévision" et "Le domaine journalistique et télévision") que Pierre Bourdieu enregistrerait au Collège de France le 18 mars 1996. Le Collège de France / CNRS Audiovisuel / Arts et éducation. https://youtu.be/I7qlfiERLJU?t=1633.

67- Plaine Adrien, Champ scientifique-Pierre Bourdieu, Article audio "Le champ scientifique" de Pierre Bourdieu Publié dans la revue "Actes de la Recherche en Sciences Sociales" en 1976 (2-2-3 pp. 88-104), numéro thématique "La production de l'idéologie dominante», Lecture et montage : Adrien Plaine. https://youtu.be/tOAMbXO9L9o

68- Champ magnétique, champ de HiggsÉ, qu'est-ce qu'un champ ?, Palais de la découverte, De la cosmologie à la physique des particules en passant par la physique des états de la matière, le concept de champ est devenu indispensable. Pourquoi et comment la notion de champ s'est imposée comme concept essentiel de toute la physique moderne ? Gilles Cohen Tannoudji, physicien théoricien en physique des particules, conseiller scientifique auprès du directeur des sciences de la matière et chercheur émérite au laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (Larsim), CEA. https://youtu.be/51NWtd3jHpU

124

Table des matières

Dédicace Erreur ! Signet non défini.

Remerciements 3

Sommaire 4

Liste des tableaux 5

Cigles et abréviations 6

Introduction générale Erreur ! Signet non défini.

PREALABLES EPISTEMOLOGIQUES 13

Introduction de la partie

préliminaire 14Erreur ! Signet non défini.

Section 1 : Objet et champ d'étude................Erreur ! Signet non défini.

1.1 La gouvernance de la recherche scientifique comme objet d'étude 15
1.2 Un objet à l'intersection de la sociologie politique et de la sociologie de l'action publique

(politiques publiques) et de la sociologie du développement 17

1.3 Intérêt de la recherche 22

Section 2 : Modèle d'analyse et perspective théorique................Erreur ! Signet non défini.

2.1 Formulation des hypothèses de recherche 22
2.2 Le fonctionnalisme, la théorie du « champ » et les représentations sociales comme cadre

théorique 24

Section 3 : Conceptualisation................Erreur ! Signet non défini.

3.2 Construction du concept de politiques scientifiques 30

Section 4 : Élaboration de la problématique................Erreur ! Signet non défini.

4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature occidentale 34

4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature africaine 36

4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans la littérature gabonaise 38

4.4 Notre positionnement 44

Section 5 : Démarche méthodologique................45Erreur ! Signet non défini.

5.1 Univers d'enquête et échantillon 46

5.1.1 Délimitation de l'univers d'enquête 47

5.1.2 Échantillon d'enquête 47

5.2 Choix des outils et technique d'analyse de donnée 50

5.2.2 Techniques d'analyse de données 52

5.3 Limites du travail 53

Conclusion de la partie préliminaire Erreur ! Signet non défini.

PREMIERE PARTIE : 55

HISTOIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU GABON ET STATUT DU

CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE Erreur ! Signet non défini.

Introduction de la première partie Erreur ! Signet non défini.

Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au Gabon................Erreur ! Signet non défini.

Section 1 : Recherche scientifique au Gabon 57

Section 2 : Nationalisation de la recherche scientifique 61

125

Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de chercheur Erreur ! Signet non défini.

Section 1 : Statut de fonctionnaire et fonctionnement administratif 65

Section 2 : Organisation de la recherche scientifique 70

Conclusion de la première partie Erreur ! Signet non défini.

DEUXIEME PARTIE : 81

RÔLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Erreur ! Signet non défini.

ET REPRÉSENTATIONS SOCIALES Erreur ! Signet non défini.

Introduction de la deuxième partie Erreur ! Signet non défini.

Chapitre III : Rôle et impact de la recherche scientifique dans la société gabonaise Erreur !

Signet non défini.

Section 1 : Place de la recherche dans l'économie 83

Section 2 : Budget de fonctionnement 97

Chapitre IV : Représentations sociales de la recherche dans la société gabonaise Erreur ! Signet non défini.

Section 1 : Représentations de l'activité de la recherche au sein société 103

Section 2 : Représentations sociales au sein du champ de la recherche scientifique 107

Conclusion de la troisième partie Erreur ! Signet non défini.

Conclusion générale Erreur ! Signet non défini.

Bibliographie Erreur ! Signet non défini.

Table des matières Erreur ! Signet non défini.






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand