UNIVERSITE OMAR BONGO
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT
DE SOCIOLOGIE
Analyse sociologique des politiques Scientifiques au Gabon
: Cas du CENAREST
Mémoire de Master Recherche
Parcours : Sociologie de l'État, du
Pouvoir et des Institutions
Présenté et soutenu par : Sous la
supervision de :
Sandrine Esther MEYO ME NDONG Pr. Jean-Marie Vianney
BOUYOU
Professeur titulaire
Sous la direction de :
Dr. Ignace Mesmin NGOUA NGUEMA Maître
assistant (CAMES)
1
Libreville, Février 2021
2
Dédicace
Nous dédicaçons ce travail à notre
charmante et douce grand-mère Martine Mbie-Nguema qui est pour nous un
exemple de bravoure et de détermination.
3
Remerciements
Nous tenons à remercier pour l'aboutissement de ce
travail de mémoire, notre superviseur Monsieur Jean-Marie Vianney Bouyou
et notre directeur de mémoire Monsieur Ignace Mesmin Ngoua Nguema pour
les orientations données, la patience et la disponibilité.
Aussi, nos remerciements à l'équipe
pédagogique du département de sociologie pour la qualité
de l'enseignement reçu. Nous tenons particulièrement à
adresser notre gratitude à Monsieur Mesmin Soumaho pour ses orientations
méthodologiques, Madame Célestine Koumba pour ses conseils et ses
encouragements et Monsieur Roger Nguema Obame pour ses orientations
théoriques.
Merci à Monsieur Georges Moussavou, Monsieur Sukate de
la DGRSI, Madame Ignanga de la DGRSI, Monsieur Alfred Ngomanda du CENAREST,
Madame Christelle de l'IRT et Monsieur Paterne Ekomie de la DPPB pour la
disponibilité, les encouragements et les orientations données
tout au long de cette étude.
De plus, notre reconnaissance va à l'endroit de nos
camarades avec qui, aujourd'hui, nous formons une famille. Vous avez
été pour nous une source de motivation : Leslie Odinanga, Naelle
Maroundou, Romaric Yeno et Salif Mbarysth
Nous avons le coeur plein de reconnaissance envers notre
famille et nos amis. Merci à nos mères Laetitia ADA et Fanie
Rachel Minko-Mi-Ndong pour l'affection et la confiance. Grang merci à
nos pères Ghyslain Ndong Biyoghe et Tony Serges Minko Mi Ndong pour leur
soutien moral. Tous nos remerciements à Randa Ndong et nos tantes Diane
Aboume, Blandine Melang, Dominique Djoma et Melba Ada qui ont toujours su nous
encourager.
Merci, à nos amis, Fiona Mvomah, Yannice Obame, Prisca
Ndjonot, Orlye Oulabou, Axel Kombila, Marina Richesse, A ·da Mayatchi,
Kignye Mbina, Robine Meloughe, Lo ·c Miame et Jénnifer Bibalou
qui ont de plusieurs manières nous apporter leurs soutiens.
Merci à Monsieur Gaspard Obiang Obame, Madame
Valérie Obiang, Madame Mauricette Afanou, Monsieur Bruno Ada, Alexis
Henry Bibang et à toutes les personnes qui ont su contribuer de
près ou de loin à l'aboutissement de ce travail.
4
Sommaire
Dédicace...........................................................................Erreur
! Signet non défini. Introduction
générale...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
PARTIE PRELIMINAIRE : PREALABLE
EPISTEMOLOGIQUE...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Introduction de la partie
préliminaire...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Section 1 : Objet et champ d'étude
Erreur ! Signet non défini.
Section 2 : Modèle d'analyse et
perspective théorique Erreur ! Signet non
défini.
Section 3 : Conceptualisation Erreur ! Signet non
défini.
Section 4 : Élaboration de la problématique
Erreur ! Signet non défini.
Section 5 : Démarche méthodologique
Erreur ! Signet non défini.
Conclusion de la partie
préliminaire...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
PREMIERE PARTIE : HISTOIRE DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE AU GABON ET STATUT DU CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ
GABONAISE...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Introduction de la première
partie...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au
Gabon Erreur ! Signet non défini.
Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de
chercheur Erreur ! Signet non défini.
Conclusion de la première
partie...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
DEUXIEME PARTIE : RÔLE DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
ET REPRÉSENTATIONS
SOCIALES...........................................................................Erreur
! Signet non défini. Introduction de la deuxième
partie...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Chapitre III : Rôle et impact de la recherche
scientifique dans la société gabonaise . Erreur ! Signet
non défini.
Chapitre IV : Représentations sociales de la
recherche dans la société gabonaise Erreur ! Signet
non défini.
Conclusion de la troisième
partie...........................................................................Erreur
! Signet non défini. Conclusion
générale...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
Bibliographie...........................................................................Erreur
! Signet non défini. Table des
matières...........................................................................Erreur
! Signet non défini.
5
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Récapitulatif des
chercheurs enquêtés
|
.46
|
Tableau n°2 : Distribution de
l'échantillon
|
46
|
Tableau n°3 : Répartition des
enquêtés par âge
|
47
|
Tableau n°4 : Répartition des
enquêtés par niveau d'étude
|
..47
|
Tableau n°5 : Répartition des
enquêtés par sexe
|
48
|
Tableau n°6 : Influence politique
|
68
|
Tableau n°7 : Organigramme de l'IPHAMETRA
selon les textes
|
72
|
Tableau n°8 : Organigramme actuel de
l'IPHAMETRA
|
73
|
Tableau n°9 : Niveau de collaboration entre
les Ministères en cotutelle et les
instituts .74 Tableau n°10 :
Crédits alloués au loi de finance et au loi
rectificative au cours des années
cinq dernières années au titre 2, titre 3 et tire 5
81
Tableau n°11 : Exécution du budget
de l'année 2017 titres 4 et titres 5 87
Tableau n°12 : Exécution du budget
de l'année 2019 aux titres 4 et 5 87
Tableau n°13 : PIB de la recherche
développement .90
Tableaun°14 : Comptabilité
administrative de l'IRT, exercice
2018 ..95 Tableau n°15 :
Exécution des dépenses de fonctionnement de
l'État au cours de l'année
2017 .95
Tableau n°16 : Appréciation sur
l'importance de fiancer la recherche ..95
Tableau n°17 : Appréciation de la
recherche au sein de la classe estudiantine 103
Tableau n°18: Place de la recherche
scientifique .103
Tableau n°19 : Importance de la recherche
104
6
Cigles et abréviations
BOP : Budgétisation par Objectif de
Programme
CENAREST : Centre National de la Recherche
Scientifique et Technologique
CGA : Compte Général
Administratif
DAF : Directeur Administratif et Financier
DCAF : Direction Centrale des Affaires
Administratives et Financières
DGBFP : Direction Générale du
Budget et des Finances Publiques
DGEB : Direction Général de
l'Économie et du Budget
DGRSI : Direction Général de la
Recherche Scientifique et de l'Innovation
DPPB : Direction de la Préparation de
la Programmation Budgétaire
DPPB : Direction de la Préparation des
Programmations Budgétaires
ENS : École Normale
Supérieure
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FMI : Fond Monétaire International
IDH : Indice de Développement
Humain
IPHAMATRA : Institut de Pharmacopée et
de Médecine Traditionnelle
IRET : Institut de Recherche
Écologique et Tropicale
IRSH : Institut de Recherche en Sciences
Humaines
IRT : Institut de Recherche en Technologie
JICA : Japan International Cooperation Agency
(Agence Japonaise de Coopération
Internationale)
LABAN : Laboratoire d'Anthropologie
LAGRAC : Laboratoire de Géomatique de
Recherche Appliquée et de Conseil
7
LUTO : Laboratoire Universitaire de
Traduction Orale
PAP : Programme Annuel de Performance
PIB : Produit Intérieur Brut
PLF : Projet de Loi de Finance
PSGE : Programme Stratégique Gabon
Émergent
SNEC : Syndicat National des Enseignants
Chercheurs
Titre 1 : Titre de dette
Titre 2 : Titre de paiement de personnel
Titre 3 : Titre de biens et de services
Titre 4 : Titre de transfert
Titre 5 : Titre d'investissement
Titre 6 : Autres
UE : Union Européenne
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Éducation, la Science et la Culture
UO : Unité Opérationnelle
UOB : Université Omar Bongo
USS : Université de Science de la
Santé
8
Introduction générale
Le monde social se transforme chaque jour en un espace dans
lequel, les systèmes de relation entre les États ne sont
pratiquement pas figés. Cela s'observe part une mutation de la
société traditionnelle, traduite comme une corporation où
les relations entre deux groupes sociaux pouvaient être fondées
sur des filiations ou des raisons d'intérêts (argent, bien
matériel, statut social...), pour certains, il s'agit des rapports de
domination dans une course pour le développement personnel ou pour le
développement d'un groupe de personnes vivant sur un territoire
donné, et soumis à un même gouvernement
(État)1.
En effet, en prenant fond sur les valeurs de la globalisation,
les sociétés modernes ne connaissent pas de profondes mutations,
aux sociétés traditionnelles. Nous assistons, non pas à un
changement mais plutôt, à une mutation des fondements des
relations entretenues entre les individus, mais aussi entre les groupes
sociaux juridiquement organisés, et envisagés comme sujet de
droit international2, appelés « État
».
Michel Henry Bouchet partage cette conception des nouvelles
dynamiques sociales. Pour lui, la globalisation du monde repose sur la
propriété, « l'accumulation de profit, et la dynamique
du pouvoir. »3 Des cotations engendrées par les
valeurs d'idées , et de démocratie sont prônées par
la mondialisation. Ainsi, tous les pays aspirent-ils aux progrès
sociaux, technologiques, à la croissance économique. En somme, au
développement multiforme. Toutefois, aspirer à un changement
à tous les niveaux et secteurs de la vie sociale et à une
accumulation des capitaux suffirait-il à la réalisation des
objectifs fixés ?
La gouvernance de la cité pourrait renvoyer à
une exploitation optimale et rationnelle des potentialités et atouts
d'une nation. Ce qui suppose une diversification des sources de la croissance.
En effet, « De nombreuses contributions économiques ont
montré les avantages procurés par la diversification en termes de
dilution des risques, de même que les théories de la croissance et
du développement ont mis en évidence l'apport de la
diversification au
1
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat
2 Ph. Braud, Sociologie politique, Paris, L.G.D.J, Ed
8ème ,2006, p.70.
3M. H. Bouchet, La globalisation, introduction
à l'économie d'un nouveau monde, Paris, Pearson
éducation France, 2005, p.53.
9
processus de développement »4.
La diversification économique est un facteur majeur permettant
de soutenir la croissance économique, dans le but de maintenir cet
idéal de progrès multiforme.
Au regard de ce qui précède, nous mettrons en
perspective les mécanismes mis en oeuvre par le Gabon depuis près
d'une décennie pour réaliser la diversification de son
économie, sur la base des préconisations du Plan
Stratégique Gabon Émergent (PSGE). Dans un entretien
accordé au Web Média, « le Bulletin du FMI », afin de
passer en revue les défis auxquels doit faire face l'économie
Gabonaise, Montfort Mlachila, Chef de mission du Fond Monétaire
International (FMI) pour le Gabon, affirme ce qui suit : « La
deuxième priorité est de diversifier l'économie pour la
rendre plus résiliente aux chocs exogènes et donc moins
vulnérable, par exemple, aux baisses des prix du pétrole et
d'autres matières premières5. » En
d'autres termes, la deuxième priorité économique à
laquelle le Gabon devrait faire face, afin de maintenir son économie et
même en vue de l'améliorer, est d'établir une
diversification économique.
Il semble opportun de rappeler que l'économie Gabonaise
est, depuis les années 60, une « économie de rente »,
c'est-à-dire, qu'elle est basée sur la vente de ses
matières premières, à savoir le pétrole, le
manganèse, le bois... Cependant, en raison de la baisse du prix du baril
de pétrole et des crises économiques successives, le Gabon est
dans l'obligation, aujourd'hui, d'élaborer des stratégies en vue
d'améliorer son économie en la diversifiant. Une stratégie
économique abandonnée depuis le « boom pétrolier
» des années 70 est de nouveau mise au coeur de l'économie
gabonaise, avec la promotion du Plan Stratégique Gabon Émergent
(PSGE), mise en place pour rendre meilleur les conditions sociales d'existence
des populations de toutes les classes sociales d'après les
prétentions politiques.
Cependant, nous pouvons constater l'importance accordée
à la recherche scientifique et technologique par les « pays du Nord
»6 de façon générale, contrairement aux
« pays du Sud »7 dans le cadre du développement
multisectoriel.
C'est dans un article intitulé « La recherche
scientifique facteur du développement » qu'Alain Ruellan
stipule que : « Tous les responsables politiques, du Sud comme du
Nord, admettent que les réussites et les échecs du
développement d'un pays découlent pour beaucoup des choix,
politiques, socio-économiques, culturels, techniques qu'il fait, que
fait son
4 J.-C. Barthélemy, « commerce international
et diversification économique », in Revue d'économiques
politiques, Dalloz, vol. 115, 2005, p.610.
5Bulletin du FMI, « Le Gabon cherche
à diversifier son économie face aux replis des recettes
pétrolières », publié le 08 mars 2017.
6 Également nommé pays développés, ce
terme désigne les pays dont le PIB et L'IDH sont
élevés.
7 Cette appellation fait référence aux pays
caractérisés par un Indice de Développement Humaine (IDH)
et un Produit Intérieur Brut (PIB) faible. Ils sont pour la
majorité situé dans les parties sud des continents
émergents.
10
gouvernement (É) ou qu'il se laisse imposer. Mais
tous reconnaissent aussi que les connaissances fournies par la recherche
scientifique facilitent les choix et leur concrétisation.
»8
Sur la base de cette assertion, nous pourrons soutenir que la
rechercher scientifique serait par essence un facteur de développement
social et économique, dans la mesure où elle pourrait contribuer
à l'orientation des choix politiques, en tenant compte de la philosophie
générale de l'État en matière de politiques de
développement, aussi bien sur les plans politiques, économiques
que social et culture.
Par ailleurs, un colloque avait été
organisé à Libreville, du 08 au 10 novembre 2017, par l'Institut
Africaine d'Ingénierie Rurale et de Développement
(affiliée à l'Université de Rouen Normandie),
l'Université Franco-Gabonaise Saint-Exupéry, l'Université
Omar Bongo, en partenariat avec l'Université de Rouen Normandie et
l'Université Rennes 2. Le thème de ce colloque était
« Ingénierie Rurale, Agriculture Familiale et Agro-industrie
». L'objectif était de susciter une réflexion
transversale et transdisciplinaire autour des enjeux liés au
développement d'une agriculture industrielle en Afrique9.
Les principaux thèmes abordés furent :
- Gouvernance locale et développement agricole
;
- Recherche scientifique et technologique et activités
paysannes ; - Agro-industrie et production paysanne ;
- Sécurité alimentaire et
normalisation.
Pour ce qui concerne la sécurité alimentaire,
l'intervention du Directeur Générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), Monsieur Emmanuel
Eyeghe Nze, a été édifiante et digne
d'intérêt. Son exposé dans la quatrième
thématique a mis en lumière le rôle de son administration
et ses diverses attributions. Il a conclu en expliquant les multiples
difficultés auxquelles doivent faire face ses agents dans l'exercice de
leurs fonctions, jusqu'aux frontières du pays, à savoir : le
manque de matériel et de personnel.
8 A. Ruellan, « la recherche scientifique, facteur de
développement », in Le Monde Diplomatique, Août
1988, page 24,
www.monde-diplomatique.fr
,
9 COLLOQUE INTERNATIONAL, « Ingénierie Rurale,
Agriculture Familiale et Agro-Industrie » Université
Franco-Gabonaise Saint-Exupéry Université de Rouen Normandie
Université Rennes 2 Institut Africain d'Ingénierie Rurale et de
Développement Social (Libreville, 8-10 novembre 2017),
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01672637v2/document
11
Le propos du Directeur Général de la DGCCRF a
suscité des questionnements dans l'auditoire. Les chercheurs du Centre
National pour la Recherche Scientifique et Technologique (CENAREST)
présents, avaient particulièrement réagi en mettant en
relief le manque de sollicitation et de collaboration entre la DGCCRF et le
secteur de la recherche scientifique et technologique, afin de renforcer leurs
équipes. Ils conclurent leur intervention en disant que : «
Nous avons parfois l'impression de ne pas pouvoir servir
»10.
Aussi, dans un exposé du 28 juillet 2018 à
l'occasion du deuxième anniversaire de l'Association Imagine-Gabon
Think-Tank, sur le thème de « La place de la recherche
scientifique au centre des échanges », l'ancien Commissaire
Général du Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique, Daniel Franck. Idiata, a conclu que « la
recherche scientifique au Gabon est à la croisée des chemins
entre espoir et et que « l'impact de la recherche sur le produit
intérieur brut (PIB) du pays est de zéro ou presque
».11
Des propos confirmés par les résultats des
tableaux de bord économiques des cinq (5) dernières
années. En effet, les tableaux de bord économiques des
années 2018, 2017, 2016, 2015 et 201412 que nous avons
consultés, présentent un rapport d'activité des
différents secteurs au cours de cinq dernières années. Ils
révèlent une quasi inexistence de la collaboration du secteur de
la recherche scientifique avec les différents secteurs publics de
recherche sur l'activité économique gabonaise.
Ces constats ont attiré notre attention, non sur
l'interdépendance administrative et le caractère transversal de
l'action publique, mais plutôt sur l'importance accordée à
la recherche scientifique au Gabon dans l'ambition d'une quête de
développement et sur sa contribution à tous les niveaux (social,
politique, culturel et économique).
Face à cette situation, Alain Ruellan confirme pourtant
que : « Mais tous reconnaissent aussi que les connaissances fournies
par la recherche scientifique facilitent les choix et leurs
concrétisations 13». Ce moment
d'échange a inspiré la formulation de notre question de
départ : Pourquoi le secteur de la Recherche scientifique ne joue
peu, pas un rôle dans le développement économique et social
du pays au Gabon ?
10 Observation faite le 09/11/17, Colloque portant sur
l'Ingénierie Rurale, l'Agriculture Familiale et l'Agro-industrie
du 08/10/2017.
11F. Eyegue, « La place de la recherche
scientifique et technologique au centre des échanges », Agence
gabonaise de la presse l'information, image- Gabon/stratégie
développement du Gabon, 28 Juillet 2019.
12 Cf. Annexes.
13 A. Ruellan, « la recherche scientifique, facteur de
développement », op.cit. p.24.
12
En d'autres termes, pourquoi la recherche scientifique et
technologique est-elle très peu associée à la formulation
et la mise en oeuvre et à l'évaluation de certains projets de
développement et des politiques publiques ? Ou encore pourquoi le
secteur de la recherche scientifique n'a-t-il pas un rôle dans le
développement économique et social au Gabon ?
Ce travail se subdivisera en deux (2) principales parties
précédées d'une partie préliminaire
intitulée : Préalables épistémologique. Elle
présente le constat, la problématique, le cadre théorique,
les hypothèses de recherche et l'approche méthodologique.
La première partie fait part de l'histoire de la
recherche scientifique dans la société gabonaise. Elle est suivie
d'une partie traitant du rôle de la recherche dans la
société gabonaise, de la gestion financière de la
recherche scientifique et de l'apport économique de celle-ci. Elle
s'achève sur les représentations sociales au sein du secteur de
la recherche.
PREALABLES EPISTEMOLOGIQUES
PARTIE PRELIMINAIRE :
13
14
Introduction de la partie préliminaire
L'étude scientifique d'un objet se fait en plusieurs
étapes dont la première consiste à poser les fondements
épistémologiques permettant au chercheur d'isoler, son objet
d'étude. En effet, « Les discours sociologiques à
visée scientifique sont des interprétations d'un morceau de
réalité sociale construites à partir d'une boîte
à outils conceptuels et méthodologiques. Ces différents
outils permettent au sociologue de construire son regard sociologique et
d'être vigilant quant à ses limites. »14 Dans
le même sens, Max Weber considère que : « Tout travail
scientifique présuppose toujours la validité des règles de
la logique et de la méthodologie qui forment les fondements
généraux de notre orientation dans le monde. »15
Après avoir défini et construit l'objet
d'étude, circonscrit le champ sociologique, l'analyse dans la
présente partie préliminaire, s'attachera à construire le
modèle d'analyse qui est « le prolongement de la
problématique. Il est composé de concepts et d'hypothèses
qui sont étroitement articulés entre eux pour former ensemble un
cadre d'analyse cohérent.»16 Nous allons ensuite
formuler la problématique, avant de démontrer la démarche
méthodologique et présenter les limites de ce travail en
dernière instance.
14, P. Fugier, Les discours sociologiques et les terrains
des sociologues. Quelques préalables à la production de
sociologues non dogmatique », in : Revue pluridisciplinaire de
science humaine et sciences sociales, Interrogation, halshs-01651429,
p.1.
15 M. Weber, le savant et le politique, Paris, Plon,
1957, p.77.
16 R. Quivy et L. Van Campenhoudt, Manuel de recherche en
sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, p. 149.
15
Section 1 : Objet et champ d'étude
Explicitement, cette partie consistera à définir
les notions que nous emploierons, afin d'expliquer notre objet de recherche et
émettre une précision du champ d'étude. La recherche
élaborée en science sociale est un processus méthodique
par lequel le chercheur à accès au réel. Il
s'attèle à suivre une succession d'étape lui permettant
d'analyser le fait de façon objective. A ces étapes est
associée la définition ou encore la délimitation de
l'objet.
Dans cette section, le travail consistera à
élaborer une construction de notre sujet, en partageant l'écart
qui existe entre la réalité et le réel, en d'autres termes
le problème que pose notre objet.
1.1 La gouvernance de la recherche scientifique comme objet
d'étude
Il s'agit ici d'isoler par la pensée, une des
dimensions d'un phénomène qui va faire l'objet d'investigation de
l'étude, c'est-à-dire, sélectionner dans la
réalité un objet, disséquer le réel, qui est le
nôtre afin de briser les « obstacles
épistémologiques » et de nous permettre de saisir
objectivement le terrain car « la difficulté spéciale
des sciences sociales résulte non seulement de ce que nous devons
distinguer entre les opinions des personnes qui sont l'objet de notre
étude et notre opinion sur elles, mais aussi de ce que les personnes qui
sont l'objet de notre étude sont à la fois mues par des
idées et se forment également des idées sur les
résultats non projetés de leur action. »17
Nous avons choisi cet objet, car il nous permet de lire les
mouvements des agents au sein du champ de la recherche et des différents
acteurs internes et externes par lesquelles nous
17 M. Roberto, « La Rupture en sociologie ».
In : L'Homme, 1970, tome 10 n°4, p.115.
16
pouvons comprendre l'impact de la recherche, son organisation,
son institutionnalisation, É La gouvernance inclut une diversité
d'acteur, ceux-ci peuvent être aussi bien institutionnels que sociaux.
La gouvernance peut faire allusion à une gestion en
système. Elle penche plus pour une autonomisation des parties ou
éléments d'un système dans le but de mettre les
différentes parties en relation. Concernant la notion de gouvernement
Ph. Braud souligne que la gouvernance fait allusion à « des
logiques et des contraintes internes et externes qu'on peut analyser comme des
« régulations ». En cela, elle se distingue de la notion de
gouvernement qui met surtout l'accent sur les rôles du gouvernement et
les moyens institutionnels. »18 . La notion de
gouvernance pourrait faire allusion à une « distribution du
pouvoir de décider »19.
Dans cet optique, la gouvernance de la recherche «
comprend la régulation, l'organisation et la gestion du travail
scientifique et défini comment et avec la participation de qui sont
prises les décisions relatives à la recherche, notamment quant
aux priorités et sujets de recherche, à la sélection et
conception des méthodes, à la coopération et aux synergies
entre différentes parties du système de recherche et au
contrôle de qualité des résultats20 ».
En d'autres termes, nous entendons par « gouvernance de la recherche
scientifique », tout acte veillant encadrer et organiser la recherche
scientifique faite en laboratoire ou pas, mais dans le but d'un apport direct
ou indirect au développement économique et social du pays.
Cette étude met un accent particulier sur la
recherche-développement considérée comme jonction de la
recherche fondamentale et recherche appliquée. L'une des questions
nodales de notre travail est bien les enjeux ou incidences sociétales et
économique de la gouvernance la recherche scientifique. Nous nous
proposerons à cet effet, d'analyser le niveau d'articulation entre
recherche fondamentale et recherche appliquée21.
En effet, « Ce qui compte bien davantage est de
pouvoir identifier, sur un même périmètre, les acteurs de
cette recherche qui contribue à une même thématique, et
constitue un
18 Ph. Braud, Sociologie politique,
8ème Edition, L. G. D.J, 2006, p.612.
19Ibid. p.620.
La manière dont le pouvoir est soit partager, soit
accaparer entre les acteurs. Pour ce qui est de notre étude, nous ne
nous pas sur l'aspect « horizontal et vertical » de la gouvernance
qui fait parfois allusion à une implication internationale. Mais
plutôt à l'aspect interétatique et du
supra-étatique. En d'autres termes, à la manière dont la
distribution des pouvoirs se fait au sein des États, plus
précisément de l'État gabonais concernant le secteur de la
recherche.
20 C. Neubauer, « Gouvernance de la
recherche - Régulation, organisation et financement »,
Sciences citoyennes, Mardi 10 janvier 2012.
https://sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/
21 I. Hathie, État des lieux de la Gouvernance de la
Recherche Universitaire en Afrique de l`Ouest et du Centre, Rapport de
synthèse, Décembre 2009, p. 4.
https://www.aau.org/wp-content/uploads/sites/9/2018/04/Etat-des-lieux-de-la-Gouvernance-de-la-Recherche-Universitiaire.pdf
17
pôle de recherche de qualité
22». Il s'agit de mettre en évidence les
acteurs concernés par la gouvernance de la recherche scientifique et
identifier, non seulement le rôle de chacun, mais aussi les
mécanismes de fonctionnement de ladite recherche et de sa gouvernance.
Daniel Franck Idiata présente les conditions de production scientifique
au Gabon en ces termes : « La production scientifique gabonaise, dans
la structure publique, université et centre de recherche reste davantage
liée aux efforts personnels des chercheurs et enseignants, plutôt
qu'à un véritable environnement scientifique propice
résultant de la mise en oeuvre d'une véritable politique
scientifiqueÉ23 »
Notre travail porte sur « la gouvernance de la recherche
scientifique », car vue sur l'angle de gouvernance nous pouvons mieux
tenter d'analyser les mouvements des différents agents dans le champ, et
la synergie autour du champ par les acteurs (agents) collatéraux. Nous
pouvons, aussi mieux tenter de comprendre l'influence des différents
agents du champ de la cherche et des différents acteurs sur le
système de fonctionnement de recherche, les résultats produits et
l'influence social et économique de la recherche.
Cette tentative de construction de notre objet d'étude,
« gouvernance des politiques scientifiques », nous amène
à présenter l'objet et le champ d'étude du travail.
1.2 Un objet à l'intersection de la sociologie
politique et de la sociologie de l'action publique (politiques publiques) et de
la sociologie du développement
Le champ d'étude peut être perçu comme un
espace délimité dans lequel le chercheur conditionne des
éléments de recherche. Mesmin Noël Soumaho définit le
champ d'étude ou cadre de référence comme « le
cadre théorique général dans lequel s'intègre la
problématique de l'étude24 ».
L'étude dans cette perspective « se joue dans
le regard que le savant porte sur le réel ou selon une analogie
chère à pierre Bourdieu ou à Jean-Claude Passeron, elle
est fonction des « lunettes » qu'il prend. Il doit opter
premièrement pour des verres sociologiques, et deuxièmement
choisir, à l'intérieur de ce rayon disciplinaire, telles ou
telles lunettes sociologiques différenciées selon une orientation
théorique, selon une école de pensée. »25
22 K. Charles, Activités de recherche scientifiques
et développement économique des territoires : Les cas des
sciences de la mer en Bretagne Occidentale, Université de Brest,
Thèse de doctorat NR, soutenue le 06 Décembre 2016, p. 80.
23 D.F. Idiata, Quelle recherche scientifique en Afrique ?
Cas Gabon, Paris, L'harmattan, 2014, p.111.
24 M.-N. Soumaho, Éléments de
méthodologie pour une lecture critique, Paris, L'harmattan/CERGEP,
2002, p.123.
25 F. de Singly, Ch. De Girard et O. Martin, Nouveau
Manuel de sociologie, 2ème édition, Paris, Armand
Colin, 2013, p.21.
18
Pour ce qui concerne notre travail, nous nous inscrivons dans
la sociologie politique et le champ de la sociologie de l'action publique.
1.2.1 Sociologie politique
La sociologie politique donne un regard concis de la
réalité sociale, mettant en scène les acteurs et le
pouvoir qu'ils entretiennent. Elle permet d'élucider les rouages du
fonctionnement du système politique. Le pouvoir conçu, non
seulement sur un volet institutionnel mais aussi comme capital. La politique
publique inclut une lisibilité du concept de champ politique, afin de
comprendre la mise en relief des éléments de ladite
théorie.
Jean-Yves Dormagen et Daniel Mouchard considèrent,
à ce titre que la sociologie politique a pour objet « tout ce
qui est relatif au gouvernement des sociétés et tout ce qui est
en rapport avec cette activité de gouvernement. »26
Elle peut être définie dans ce sens comme « science de
l'État ou des comportements politiques »27, courant
ainsi le risque « de glisser vers des analyses normatives et de
légitimer la construction d'un objet politique réduit aux seules
questions légitimes dans l'espace social. »28
Mais depuis quelques années, l'étude de l'action
de l'État connaît, comme le démontre Merrien (nous le
verrons plus loin) « un regain manifeste d'intérêt.
L'analyse en termes de politiques publiques a renouvelé les perspectives
traditionnelles de la recherche (É). La crise politique,
idéologique et intellectuelle des années quatre-vingt marque un
ébranlement de la légitimité de l'action publique, amenant
les chercheurs et les praticiens à se pencher sur les frontières
de l'action publique, sur des modes d'action et sur sa
légitimité. »29
Comme nous le disions au préalable, la sociologie
politique permet, par la notion de pouvoir qu'elle inclut, d'avoir une
dimension globale du concept de champ à savoir : la dimension
substantialiste, la dimension institutionnaliste, la dimension
interactionnisteÉ
Autrement dit, elle inclut la notion de pouvoir entant que
capital financier, entant qu'État ou gouvernants. Enfin, elle l'inclut
entant que ressource mobilisée, dans le but d'obtenir d'un tiers
(É). Le champ de la politique s'exprime en fonction des contextes dans
lesquels se trouvent les individus mais aussi de la rationalité des
agents.
26J.-Y. Dormagen et D. Mouchard, Introduction
à la sociologie politique, Bruxelles, De Boeck, coll. «
Ouvertures politiques », 2008, p. 6.
27 F.-X. Merrien, « Sociologie politique »
in J.-P. Durand et R. Weil, Sociologie contemporaine, Paris,
Vigot, 2006 (1ère édition 1993), p. 563.
28 Idem. 29Ibid. p.561.
19
1.2.2 Politiques publiques ou sociologie de l'action
publique
La sociologie de l'action publique ou politique publique
(entendue comme science de l'action publique) a pour objectif de
s'intéresser à « l'étude des politiques publiques
s'appliquant à l'action des autorités publiques au sein de la
société publique. »30 Les politiques
publiques ont pour ambition de porter une analyse sur l'action des gouvernants
sur la société publique.
Avant que l'analyse des politiques publiques - notion
essentiellement d'origine anglo-saxonne - s'érige en branche
spécifique, et sous-discipline récente des sciences politiques,
rappelle Muller, des études ponctuelles s'étaient
déjà intéressées aux résultats de l'action
politique en France et aux États-Unis.
Aux États-Unis, par exemple, l'analyse des
politiques publiques s'est particulièrement constituée comme
une science de l'action, une contribution des experts aux
décisions des autorités gouvernementales. L'objectif initial
était d'orienter la recherche pour l'action. En France, cet
intérêt se heurtait à une double limite : « le
sous-développement des instruments et des méthodes d'analyse et
de recherche d'une part, l'étroitesse des interventions publiques
d'autre part, qui jusqu'au XIXe siècle, se cantonnent pour l'essentiel
dans les domaines liés à l'imperium de l'État : police,
sécurité interne et externe, diplomatie, défense,
expansion militaire et coloniale. »31
Pour Mény et Thoenig, toute politique publique
témoigne et recouvre une théorie du changement
social.32 Les politiques publiques ont plusieurs paramètres,
notamment : Les objectifs poursuivis par la politique publique
considérée, les ressortissants visés par celle-ci, les
metteurs en oeuvre auxquels sont confiés l'application des mesures
gouvernementales, les types de politiques.33
Nous avons choisi comme champ secondaire d'étude, la
sociologie des politiques publiques car, celles-ci nous permettraient
d'observer, de façon objective les activités des
30 S. Duchesne et P. Muller, Sociologie et analyse de
l'action publique : Représentation croisée de l'Etat et du
citoyen, Presse science po, 2013, p.5.
31Y. Mény et J.-C. Thoenig, Politiques
publiques, Paris, Presses Universitaires de France, " Themis, science
politique", 1989, p.14.
32Ibid. p.140.
Pierre Muller souligne, à cet effet, que les travaux
classiques qui présentent les politiques publiques dans une logique
séquentielle, mettent la question du changement au coeur de leur
approche. La séquence (émergence du problème - formulation
- mise en oeuvre) constitue d'abord une tentative de traitement d'un
problème, en général, issu des transformations de la
société qui débouche sur une modification de l'état
initial du problème (Ç Esquisse d'une théorie du
changement dans l'action publique. Structures, acteurs et cadres cognitifs
», Revue française de sciences politiques, Presse de sciences
po, vol. 55, n°1, février 2005, p.156).
33Ibid. pp. 143-144.
20
autorités dans le secteur de la recherche scientifique.
Les politiques publiques sont « l'activité d'une puissance
investie de puissance publique et de légitimité gouvernementale
»34.
En d'autres termes, elle donne la capacité de percevoir
l'activité des agents politiques en action dans le champ et
évaluer l'influence de cette action, tout en observant les effets
consécutifs aux interactions, entre les agents qui font vivre ces
institutions et une multitude d'acteurs sociaux intéressés par
les décisions publiques. Cette situation est évidente dans la
mesure où, historiquement, l'approche des politiques publique ait permis
d'ôter, de façon progressive, le côté sacré de
l'État, en montrant que les résultats attendus pouvant être
différents des résultats produits.
Ainsi, cela revient-il à comprendre le rapport
dialectique entre le champ des politiques publiques et le champ politique de
façon générale. Pierre Muller parle à cet effet des
« outputs » et des « inputs ». Les « inputs »
sont des facteurs entrants donc interne à la politique et qui mettent en
relief les acteurs du champ. Et les « outputs » comme les
éléments externes au champ ou des éléments
extérieurs35.
1.2.3 Développement et sociologie du
développement
De façon générale, Le
développement est perçu comme un ensemble de changement
sanitaire, technique, géographiques, pour conduire aux progrès
sociaux. Connu dans un espace géographique bien défini. Dans un
premier sens, il peut être défini comme une croissance de revenus.
Dans un second sens, il désigne l'ascension progressive des
populations36, et la capacité
humaines37.
« Le développement social se concentre sur la
nécessité de placer les populations au premier plan des processus
de développement »38, il induit le bien-être
des populations, en mettant tout accent sur l'amélioration de conditions
d'existence de ces dernières. « Le développement
représente plus que l'accumulation du capital et une meilleure
efficience dans l'allocation des ressources ; le développement est un
processus de transformation de la société. Un
développement durable, équitable et démocratique
nécessite des droits fondamentaux pour les travailleurs, y compris la
liberté d'association et la négociation
collective39 ».
34 J.-C. Thoenig, Politiques publiques, in :
Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de sciences Po,
2019, p. 420.
35 P. Muller, Les politiques publiques, Paris, PUF,
2003, p. 5.
36 C. Jessua et al, Dictionnaire des sciences
économiques, Paris, PUF, 2001, p. 305.
37 Idem.
38 Banque mondiale, « Développement social
», Comprendre la pauvreté, mise à jour le 09 Avril
2019.
39 J. Stiglitz, (2001): «Employment, Social Justice,
and Societal Well-being,» Keynote Speech to ILO Global Employment
Forum, 01 au 03 November 2001. Cité par :
21
Rappelons d'abord qu'au moment de l'indépendance au
Gabon comme dans la plupart des pays nouvellement indépendants, le mot
d'ordre était le « développement ». Ce
développement devait être porté par l'État.
Selon Michael Cernea, le développement revêt
« un "contenu social", des postulats sociaux, des acteurs sociaux, des
conséquences sociales, et doit profiter au plus grand nombre. C'est
pourquoi il est très important, voire essentiel de saisir, dès le
début les variables sociales du développement et de les prendre
pleinement en considération dans les politiques et les programmes de
développement menés dans tous les secteurs40
».
Pour lui, les gens eux-mêmes sont les principaux
"acteurs sociaux" de tout processus de développement. « C'est
à eux qu'il faut d'abord penser quand on conçoit les programmes
de développement induit ; ces "acteurs sociaux" doivent être le
point de départ, le coeur, le nerf de toute approche visant à
promouvoir ou à accélérer le
développement41».
Notons avec Marc Lévy que la discussion, longtemps
marquée par le rejet de l'assimilation du développement à
la croissance, doit intégrer les évolutions et les enseignements
de ces quinze dernières années. « Il lui faut
désormais tenir compte de la diversification des situations au sein de
cet ensemble de pays trop facilement groupés dans le terme « sud
» et aussi de la diversification des situations au sein des pays
même42».
La sociologie du développement questionne donc les
processus de développement sociaux et économiques, et les place
dans le cadre de leurs impacts sur la société, communauté,
village, ville, pays, régions. Elle est placée à cheval
entre les oppositions suivantes : établir des remèdes - faire
l'analyse ; critiquer le développement - en faire sa promotion. Elle
aborde notamment en essayant, pas toujours avec succès, de passer
à côté des débats idéologiques entre les pays
du Nord dits industrialisés, voire post-industrialisés et les
pays du Sud dit en voie de développement. Elle met en lumière le
mythe du rattrapage « car le problème du
sous-développement ne se pose que par rapport à la
société occidentale 43». La sociologie du
développement évalue ainsi les conséquences qui
résultent des processus de modernisation -
R. Bazillier. Développement Économique,
Développement Social. Économies et finances.
Université Orléans, 2015, p.2.
· 0M.M. Cernea, La dimension humaine dans
les projets de développement. Les variables sociologiques et
culturelles, Paris, Karthala, 1998, p. 11.
· 1Idem.
· 2M. Lévy, Comment réduire
pauvreté et inégalité. Pour une méthodologie des
politiques publiques, Paris, IRD-Karthala, 2002, p.8.
· 3F-P Nze-Nguéma,
Modernité tiers-mythe et bouc-hémisphère, Paris,
Publisud, 1989, p.71.
22
mondialisation, rationalisation et innovation par exemple, et
en particulier ceux qui créeraient une dépendance des uns (Sud)
par rapport aux autres (Nord).
Dans plusieurs pays, la Recherche scientifique a toujours
contribué au développement national et local. Mais pour l'Ancien
Commissaire Général du CENAREST, Daniel Franck Idiata, la
contribution de la recherche scientifique à la richesse nationale est
presque nulle44. 1.3 Intérêt de la
recherche
L'intérêt de cette étude porte sur la
perception des mécanismes sociaux au sein du champ de la recherche et
les stratégies développées par les différents
agents. Il y a des mécanismes internes entretenus par les acteurs de la
recherche, et des mécanismes externes aux réalités de
l'activité de recherche, entretenus par les acteurs administratifs et
gouvernementaux. Au travers cette étude, nous remettons en question la
notion de gouvernance de la recherche scientifique, dans la mesure où le
but de celle-ci est de comprendre le manque d'impact social de la recherche
scientifique et son apport économique.
La définition de l'objet et du champ d'étude
appelle la détermination des hypothèses, concepts, des cadres
théoriques de l'étude.
Section 2 : Modèle d'analyse et perspective
théorique
Dans cette section, Il s'agit de décliner nos
hypothèses et le choix d'une théorie sociologique en rapport avec
l'objet d'étude. Le cadre théorique ou cadre de
référence théorique constitue une boite à outils
spécifiques que l'on choisira d'utiliser selon le type de
problème à traiter ou l'univers interprétatif à
construire. Une théorie est une manière de concevoir et de
percevoir les faits et d'organiser leur représentation. Elle sert
à conceptualiser et à expliquer un ensemble des observations et
des comportements de la société. Les concepts opératoires
isolés (construits empiriquement suite à notre enquête de
terrain) et les concepts systémiques (rattachés au cadre
théorique de notre choix) sont déjà contenus dans notre
hypothèse de travail.
2.1 Formulation des hypothèses de recherche
44 La Rédaction, (31/07/2018.), «
Stratégie de développement : Quelle place pour la recherche
scientifique et technologique ? », DirectInfogabon.
23
L'hypothèse de recherche a pour fonction de servir de
guide et d'orienter la recherche. Elle est une esquisse de réponse
anticipée sur le fait que le chercheur met en place par le biais de son
cadre théorique. « Elle se présente comme une
réponse provisoire à la question de départ de la
recherche. Et, cette réponse anticipée doit être
nécessairement soumise à l'épreuve des faits et subir la
vérification empirique È45.
Dans notre démarche de recherche, la question qui
engendre notre problématique est celle de savoir : Pourquoi
le secteur de la Recherche scientifique n'est-il pas sollicité par les
décideurs dans la formulation de l'orientation des choix de la
gouvernance ?
En d'autres termes, Pourquoi la recherche scientifique et
technologique est-elle très peu associée à la formulation,
à la mise en oeuvre et à l'évaluation de certains projets
de développement et des politiques publiques ? Cette question de
départ commande deux hypothèses : une hypothèse principale
et une hypothèse secondaire.
2.1.1 Hypothèse principale
L'insubordination du champ politique sur les agents du champ
scientifique par une délégation de pouvoir. Les agents du champ
politique n'établissent pas simplement une accumulation de rôle
dans ce qui devrait être un croisement de champ mais surplombe le champ
scientifique. Ce qui entraine l'intrusion du champ politique dans le champ
scientifique administratif, et crée une reconversion des capitaux du
champ scientifique et de son pouvoir symbolique.
2.1.2 Hypothèse secondaire
Il y a une confusion quant aux rôles et statuts de la
recherche scientifique dans la société gabonaise. Autrement dit,
une difficulté de perception du statut et du rôle précis du
chercheur et de l'activité qu'il entreprend.
Aussi, nous pensons que cela soit fondé sur les
représentations sociales dévalorisantes que la
société à de la recherche scientifique. Nous pensons que
les causes de la difficulté de la recherche scientifique au Gabon se
fondent sur la dévalorisation de la recherche scientifique
référente du statut donné à la recherche, cette
situation est liée aux représentations sociales que les
gouvernants ont du champ de la recherche.
45 P. Rongere, Méthode en science sociales,
Paris, HGEJ, 1979, p.25.
24
2.2 Le fonctionnalisme, la théorie du « champ
» et les représentations sociales comme cadre théorique
Partant des lectures faites préalablement dans la
première sous partie de cette section, au niveau de la relecture des
auteurs, nous faisons une jonction choix théorique, afin de prendre
notre positionnement. Dans cette sous partie, nous montrons que nous allions la
théorie fonctionnaliste et la théorie du « Champ » de
Pierre BOURDIEU, pour créer notre dépassement
théorique.
2.2.1 Le fonctionnalisme
C'est à travers le fonctionnement des organismes de
recherche que nous souhaitons comprendre, non seulement la place que celles-ci
(la recherche scientifique) occupe dans la société gabonaise,
mais aussi la perception qu'en ont les populations (représentations
sociales de la recherche au Gabon).
Aussi, par les concepts de rôle et de statut, nous
apprécierons, de façon parallèle, gouvernance de la
recherche au Gabon, au-delà des engagements du gouvernement. Il s'agira
de prendre en compte le rôle et le statut de chaque acteur
(impliqué dans son organisation, dans l'activité de recherche et
dans son orientation). Nous ne nous figeons pas uniquement sur les dynamiques
internes aux institutions de recherche, mais considérons les statuts
administratifs des chercheurs et des postes politiques. Pour être
plus précis, les statuts sont des « positions occupés
par des individus. Les domaines sociaux étant multiples, les statuts le
sont également... »46 Et les rôles sont la
concrétisation des droits et des devoirs assignés à un
statut. « A chaque statut correspond donc plusieurs rôles qui
répondent chacun aux attentes de différents partenaires
d'individus... »47.
Les concepts de statut et de rôle sont aussi attributifs
aux individus qu'aux institutions, conformément à la
théorie fonctionnaliste. Le concept de rôle social permet
« d'expliquer la relative uniformisation des actions sociales à
partir d'une situation sociale donnée... Pour les fonctionnalistes, les
rôles se les imposent aux individus... »48 Les
rôles sociaux sont révélateurs des conditions sociales et
des hiérarchies sociales « Même s'ils sont très
nombreux et très
46 M.Montousse et G.Renouard, 100 fiches pour comprendre la
sociologie, Paris, Bréal, 2012, p. 80.
47 Idem. 48Ibid. p.75.
25
différents, les rôles sociaux laissent
entrevoir la structure de l'organisation sociale avec des continuités
mais aussi des lignes de partage et des hiérarchies qui émerge
à la fois : de l'interaction des rôles (É) de la permanence
de certains rôles. »49
Dans cette étude, nous aurions pu nous
intéresser au fonctionnalisme de Malinowski dans la mesure où
pour lui les rôles et statuts des individus se mettent en relief pour
atteindre un but. C'est une mise en harmonie dans laquelle le tout contribue au
besoin des parties. Toutefois, à cause de dysfonctionnement (dans la
mesure où le but n'est pas atteint) des statuts et rôles latents
se manifestent. Ainsi, dans cette essaie d'analyser, nous nous alignons au
fonctionnalisme de Robert. K. Merton qui soutient que «
l'activité sociale joue le rôle de « fonction manifeste
» lorsqu'elle apparaît comme la conséquence logique du but
visé. Mais elle peut aussi avoir une « fonction latente » sans
rapport avec l'objectif officiellement recherchéÉ50
»
Nous assistons à des « fonctions latentes »
et des « fonctions manifestes ». Ainsi, le dysfonctionnement au sein
du champ de la recherche met en relief des « fonctions latentes » qui
sont au fondement des représentations que se font les individus et des
rapports que le tout entretien avec les parties et que les parties
entretiennent entre elles.
2.2.2 La théorie du « champ »
Le champ selon Pierre Bourdieu, est « comparable
à des termes comme systèmes ou instances, est destiné,
comme eux à rendre compte d'un monde social différencié ou
existent des régions déterminées, qui ne peuvent
être réduites aux structures globales de la société
dont elles font partie (É) le champ se caractérise par son
autonomie relative »51. Ces agents se définissent
comme les individus reconnus par leurs pairs. Ils sont en mesure de se
soustraire à des intérêts externes, d'apprécier la
valeur des enjeux internes, d'agir selon les normes, se distinguant de la sorte
des profanes52.
49 Idem.
50 M.Giacobbi et J. P. Roux, Initiation à la
sociologie. Les grands thèmes, les méthodes et les grands
sociologues, Paris, Hatier, Octobre 1990, p. 271.
51Encyclopaedia Universalis, Sciences humaines et
sociales,Champ_Sociologie.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/champ-sociologie/
52 P. Bourdieu, Le champ journalistique et la
télévision, Sociologia contemporonea.
Le domaine journalistique et télévisuel est l'un
des deux programmes télévisés ("A la
télévision" et "Le domaine journalistique et
télévision") que Pierre Bourdieu enregistrerait au Collège
de France le 18 mars 1996. Le Collège de France / CNRS Audiovisuel /
Arts et éducation.
https://youtu.be/I7qlfiERLJU?t=1633.
26
La théorie du champ de Pierre Bourdieu met en relief
des inters-agissements des agents comme il les nomme (à cause de la
particularité des individus non seulement à régir d'une
structure et à agir sur celle-ci en mettant en place des
mécanismes qui lui sont propre) dans le champ qui est pour nous dans
notre étude, le secteur recherche scientifique. Dans son explication
portant sur sa théorie du champ, Pierre Bourdieu met en relief la notion
de pouvoir symbolique.
Pierre Bourdieu traduit le pouvoir par le concept de «
pouvoir symbolique ». La théorie des champs de pierre Bourdieu nous
permettra de lire les rapports de force symbolique ambivalents, ambigus que les
gouvernants entretiennent. La théorie du champ et le concept de violence
symbolique nous permettent de comprendre l'intrusion du champ politique dans le
secteur de la recherche en prenant en compte la recherche de capitaux des
agents du champ politique et donc de l'utilisation de la recherche comme
capital de validation53.
2.2.3 La théorie des représentations
sociales
Il faut préciser que nous rentrons dans une
compréhension préfinie de la société par le biais
de structuration interne qui donnent aux personnes une vision du monde qui
l'entoure et leur permettent d'anticiper leurs diverses réactions. La
théorie des représentations sociales est bien différente
de l'idéologie, elle est intemporelle, traverse donc les temps et est
exploitée « pour comprendre la trilogie opinion, attitude,
stéréotype... » 54 Certains la comparent au
système de langue, en d'autres termes, pour eux, c'est un moyen de
communiquer des dialectes, de percevoir des choses. « ...les choses
changent et la communication est en perpétuel mouvement. En cela, la
représentation chez Moscovici est caractéristique de notre
société de masse où les communications sont intenses...
Tandis qu'elle était caractéristique des sociétés
traditionnelles chez Durkheim. Les communications se situent toujours dans un
univers social déterminé et, par conséquent, la production
de la représentation est dépendante de la position
socioéconomique des acteurs, de leurs pratiques, de l'idéologie
qui organise leur représentation et de la mémoire collective qui
la sous-tende... » 55
Section 3 : Conceptualisation
53 P.O Le Galès, J-V. Pfirsch, Pierre Bourdieu, La
noblesse d'Etat, In : Sociologie du travail, 31eme année
n4, octobre-décembre 1989, Univers et pouvoir, Perspectives
internationale. p.534
54 H. Mendras, Éléments de Sociologie,
Paris, Armand Colin, p. 79.
55 Idem.
27
Pour ce qui est de notre étude, les politiques
scientifiques sont perçus comme toutes politiques publiques ou actions
publiques établies en vue d'influencer le secteur de la recherche
scientifique afin d'impacter les conditions sociales (de façon direct ou
indirect).
3.1 Définition des mots clés et construction
des concepts
Pour Weber, « Dans les sciences de la culture
humaine, la construction du concept dépend de la façon de poser
les problèmes, laquelle varie à son tour avec le contenu
même de la civilisation. »56 Nous avons retenu les
concepts systémiques de capital symbolique, pouvoir symbolique
et violence symbolique de la Théorie des champs
de Pierre Bourdieu ; rôles et statuts du
Fonctionnalisme ; médiateurs des de l'Analyse des politiques
publiques. Ils seront complétés par les concepts
opératoires isolés de gouvernance de la recherche
scientifique et de pouvoir politique.
3.1.1 La Gouvernance de la recherche scientifique
La recherche scientifique « désigne en
premier lieu l'ensemble des actions entreprises en vue de produire et de
développer les connaissances scientifiques. Par extension
métonymique, la recherche scientifique désigne
également le cadre social, économique, institutionnel et
juridique de ces actions »57.
D'après Legendre, « la recherche scientifique
est un modèle d'acquisition des connaissances, qui utilise des moyens
structurés et systématiques pour recueillir des données,
c'est-à-dire, des méthodes en vue de mieux comprendre ou
expliquer un phénomène. »58
Il décline la recherche scientifique autour de trois
axes principaux que sont : la recherche fondamentale, la recherche
appliquée et la recherche développement. Notre
regard sera porté sur la recherche développement. Cette
dernière classification que celui-ci élaborée par Daniel
Franck Idiata59.
Le mot « Gouvernance » est ancien. Il date du Moyen
Age, où il désignait selon les historiens anglais, le mode
d'organisation du pouvoir féodal. Si le nom est tombé en
désuétude jusqu'au XXème siècle, le concept, lui
est demeuré. Comme le fait justement remarquer P.
56M. Weber, Essai sur la théorie de la
science, Paris, Plon, « Coll. Pocket », 1992, p. 203.
57 Notamment sur le site web :
http://www.techno-science.net/.
58 D. F. Idiata, Quelle recherche scientifiqueen Afrique ?
Cas Gabon, op.cit, p.27.
59Ibid. p.10.
Certains chercheurs établissent une distinction
radicale entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Cette
distinction entre les deux est difficile à opérationnaliser
lorsqu'il faut l'allier au développement.
28
Bréchon, le terme de gouvernance est un
néologisme de plus en plus employé en occident par les
spécialistes de politiques publiques. Ce terme est à distinguer
de gouvernement (des hommes) qui renvoie à un processus volontaire sur
une politique, une stratégie mise en oeuvre et conduite depuis les
sommets d'une institution. « La gouvernance des
sociétés, c'est désigner un processus complexe de prise de
décisions politiques comme des arrangements négociés entre
différents acteurs, arrangements pragmatiques dans lesquels les sommets
de l'État ne font pas exactement ce qu'ils veulent. »60
Comme nous l'avons signifié au départ, la
gouvernance peut faire allusion à une gestion en système, elle
serait donc « le dépassement des politiques antérieures
qui ont montré leurs limites et leurs insuffisances.
»61. Un gouvernement peut avoir une volonté et une
politique qu'il met en avant notamment en période électorale mais
il est souvent amené à remettre en cause ce qu'il
prévoyait lorsqu'il doit discuter cette politique avec les acteurs
sociaux. Dans cette perspective, parler de gouvernance de la recherche
scientifique au Gabon suppose donc de s'interroger sur le réseau
d'acteurs qui contribuent à définir les modalités d'action
publique dans ce secteur parce que « Les politiques sont en
général des décisions sous contrainte et sous influence de
plusieurs acteurs, défendant eux-mêmes souvent des
intérêts divergents, sinon antagoniques. A tel point que, dans
certains domaines, il est difficile de bien identifier à quel niveau et
selon quel processus une décision a été prise, et qui en
est même responsable. »62 En d'autres termes,
comment l'autorité publique au Gabon, tente-t-elle, au moyen d'un
programme d'action coordonné, de modifier l'environnement culturel,
social ou économique des agents du secteur de la recherche scientifique
au Gabon ?
3.1.2 Champ scientifique gabonais
Selon la conception Bourdieusienne, « Le champ
scientifique comme système de relation objectif entre les positions
acquises ( par les luttes intérieurs) est le lieu (c'est-à-dire
l'espace de jeu ) d'une lutte de concurrence qui a pour enjeu spécifique
le monopole de l'autorité scientifique, c'est-à-dire,
inséparablement défini comme capacité technique et comme
pouvoir social, ou si l'on préfère le monopole de la
compétence scientifique entendu au
60 P. Bréchon, La gouvernance de l'opinion publique,
Paris, L'Harmattan, 2003, p.11.
61 Idem.
62 Idem.
29
sens de légitimité de parler et d'agir
légitimement ( c'est-à-dire de manière autorisée et
avec autorité) en matière de science qui est socialement reconnue
à un agent déterminé. »63
Dans cette étude nous relevons un primat de la
sphère administrative sur le champ de la recherche scientifique
gabonais, à cause, non seulement du statut de fonctionnaire des
chercheurs gabonais, mais aussi du déficit de structures, comme par
exemple les laboratoires de recherche. Le dysfonctionnement est à la
base de la reconversion du champ scientifique dans la société
gabonaise, de l'insubordination politique et de la reconversion des enjeux et
des capitaux dans le champ.
Les enjeux de la recherche sont aussi bien internes
qu'externes. Comme nous l'a dit, le chargé de projet sur la «
tomate cerise » la recherche gabonaise ou encore les chercheurs gabonais
sont de moins en moins considérés par les organismes
internationaux à cause du fait qu'ils n'ont pas, à plusieurs
reprises atteint les objectifs fixés des projets qu'ils leur avaient
confié, après avoir reçu les subventions.
« Pour avoir ce projet, cela a été
difficile. Lorsque nous avons postulé, ils ont apprécié
notre projet mais ont eu du mal à nous intégrer. Ils nous ont
expliqué que les collègues avant nous n'avaient pas
respecté leurs engagements. Nous avons dû revenir au Gabon,
convoquer les collègues qui avaient eu la responsabilité du
projet précédent et être derrière lui pour qu'ils
fassent le rapport. Nous avons pris le rapport de nos collègues et
l'avons envoyé. C'est ainsi que nous avons pu avoir cette subvention.
Mais, aujourd'hui, nous sommes plus surveillés que les autres. Certains
ne savent pas que ce qu'ils font à de grosses répercussions.
»64
Le déficit de lieux de recherche, la
prépondérance de la sphère administrative de la recherche
et la prise en compte majeur du statut de fonctionnaire introduit au sein du
champ de la recherche de nouveaux enjeux et de nouveaux capitaux. Les enjeux et
les stratégies émis par les chercheurs sont à double face
et peuvent avoir une dimension intrinsèque et extrinsèque (aussi
bien que les intérêts dans le champ)65. Les
intérêts intrinsèques et extrinsèques prennent une
dimension plus importante à cause de la position des chercheurs gabonais
dans le champ de la recherche sur le plan international et des
représentations que la société a du secteur de la
recherche.
3.1.3 Rôles et Statuts
63 P. Bourdieu, « La spécificité du
champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison
», in : Sociologie et sociétés,
Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, 1975,
p.92.
64 Ibid. p.94.
65 Idem.
30
Les concepts de rôle et de statuts sont intimement
liés, comme nous venons de le voir. Le rôle est l'ensemble de
statuts donnés à un individu dans le système de
fonctionnement. Ils sont « les droits et devoirs assignés
à un statut se concrétisent des rôles sociaux qui sont des
comportements individuels attendus par un groupe dans une situation social
donnée. A chaque statut correspond donc plusieurs rôles qui
répondent chacun aux attentes des différents partenaires d'un
individu... »66 Les rôles sont un assemblage de
codes construits socialement et faillant à maintenir le fonctionnement
social. Un individu peut, par le statut qui est le sien, jouer plusieurs
rôles. Cette diversité des rôles peut créer un
conflit de rôles. « Merton a montré que ceux-ci naissent
des attentes différentes des partenaires sociaux d'un individu dans le
même de la vie sociale. »67
Les statuts sont constitutifs des rôles des individus.
C'est un « Ensemble des positions occupées par un individu ou
un groupe d'individu dans les différentes hiérarchies sociales
(revenus, prestige, pouvoir) »68. Aussi, il renvoie
à « un jeu des différents rôles sociaux remplis
par un individus... »69 . Il est relatif à la
position sociale d'un individu. Il varie selon la structure sociale. Il permet
dans leur mise en relation de créer une cohésion sociale. Dans le
rapport entre les individus (relation horizontal) le statut défini
l'individu par rapport aux agents avec qui il est en étroite relation,
donc ses égaux. Et la relation verticale comme position
hiérarchique.
Le Directeur Général de la Recherche
scientifique du Gabon, il y a une « accumulation » des rôles et
de statuts de la part des gouvernants. En effet, le budget alloué dans
ce secteur ne tient toujours pas compte de leurs besoins, de leurs
préoccupations. Autrement dit, ils ne sont toujours pas associés,
consultés et sollicités dans la phase d'élaboration du
budget annuel. Or, les dispositions légales, officielles attribuent ce
rôle à la Direction de la Recherche scientifique.70 Les
agents de la Direction de la Programmation du Budget que nous avons pourtant
rencontrés nous ont signifié la Direction de la Recherche
scientifique n'a jamais signalé leurs besoins. Mais ces avaient
été démenti par feu ancien Directeur adjoint de l'Institut
de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) du CENAREST.
3.2 Construction du concept de politiques scientifiques
66 M. Moutoussé et G. Renouard, 100 Fiches pour
comprendre la sociologie, 7ème Edition, Paris,
Bréal, p.80.
67 Idem.
68 G. Giacobbi et J.P. Roux, Initiation à la
sociologie, les grands thèmes, la méthode, les grands
sociologues, Coll. J. Brémond, Paris, Hatier, 1990, p.156.
69 Idem.
70 République Gabonaise, Projet annuel de
performance, Mission ministérielle Enseignement Supérieur et
Recherche scientifique, Cf. Annexes au Projet de loi de finance pour
2016.
31
Cette construction comprendre plusieurs concepts
opératoires isolés, notamment : gouvernances de la recherche
scientifique. Ils ont été construits sur trois (3) dimensions :
économique, politique et sociale.
3.2.1 Gouvernance gabonaise de la recherche
scientifique
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Gouvernance gabonaise de la recherche scientifique
|
Politique
|
- Rapports ambiguë avec le
pouvoir politique
- Violences symboliques
- Accumulations de rôle et de
statut
- Déficits d'organe de
recherche
- Mises sur agenda politique
- Politiques de développement
|
Économique
|
- Financements fonctionnels
de la recherche
- Investissements inexistants
- Apports économiques quasi
inexistants
|
Sociale
|
- Incidences sociales de la
recherche scientifique
- Évaluations régulières de la
recherche face chez les populations
- Efficacités socio-
économique
- Qualités de service rendu
aux usagers
|
Conception et source :
Auteur
32
3.2.2 Rôle
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Rôle
De la recherche
|
Institutionnels
|
- Ensembles des missions
fixées dans les textes officiels
- Orientations idéologiques
des gouvernants
|
Économique
|
- Apports sur le PIB national
|
Sociale
|
- Apports aux
développements sociaux
- Solutions aux difficultés
sociales
|
Conception : Auteur
3.2.3 Statut
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Statut
Du chercheur
|
Politique
|
- Les rapports entre chercheur
et administration
- Positions administratives
- Anciennetés dans le champ
|
Économique
|
- Revenus mensuels
- Subventions par rapport à un
projet
- Montants de subvention donnée
|
Sociale
|
- Missions données à un
institut
- Textes en vigueur sur le statut de chercheur
- Rapports entretenus entre les chercheurs
|
Conception et source :
Auteur
33
3.2.4 Champ scientifique gabonais
Concept
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
|
Capital
|
- Connaissances
administratives,
- Connaissances au sein de la tutelle et des cotutelles,
- Relations entretenues avec
|
Champ scientifique
|
|
les organismes
|
gabonais
|
|
internationaux
|
|
|
- fonds propres du chercheur,
subventions obtenues par le chercheur, contributions de
l'institut, subventions du
|
|
|
CENAREST, cotisations
des chercheurs
|
|
|
- Prises en compte de l'utilité
de la recherche et du chercheur dans la mise en
place de politiques
publiques de
|
|
Enjeux
|
développement
|
|
|
- Considérations des
chercheurs gabonais dans le champ international de la
recherche
|
|
|
- Considérations des
chercheurs dans le champ national de la recherche
|
|
|
- Reconnaissances des pairs,
notoriété
|
|
|
- Permettre à la recherche de
répondre aux normes de
recherche actuelles
|
34
|
- Permettre à la recherche de
répondre à la dynamique sociale du pays
|
Conception et source : Auteur
|
|
Section 4 : Élaboration de la
problématique
Dans cette partie, nous poserons notre problème
après recension et revue critique de la littérature se rapportant
à notre objet d'étude. La problématique serait alors le
dépassement de travaux antérieurs, leur point aveugle,
c'est-à-dire, ce qu'ils n'ont pas traité. C'est aussi une remise
en cause des évidences et des certitudes qui structurent le champ des
représentations, pour parler comme Fidèle Pierre Nze-Nguema.
4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature occidentale
Reprenant les propos de Pierre Bourdieu sur la science et la
politique, Nathalie Heinich estime que, « Dans le rapport entre
science et politique, l'intrusion de la connaissance scientifique dans les
stratégies politiques. Cette lecture du fait politique est pertinente
pour nous dans la nouvelle sphère politique, notamment africaine dans
laquelle le politique n'est pas ignorant des sciences mais parfois en est
spécialiste. Des propos de Heinich, l'inconvénient serait de
demander au chercheur de n'agir qu'en tant que cherche dans l'arène de
la recherche et entant que politicien dans l'arène politique
»71.
Pour N. Heinich la question de l'autonomie de la science ne
saurait se concevoir sans un engagement réel du politique. En d'autres
termes, il est impératif de ne jamais dissocier science et politique.
Cette dualité exprime une situation dans laquelle la science peut servir
de moyen de pression au politique. Elle emprunte à Foucault des notions
de scholarship72 de commitment73 afin
d'expliquer que, dans l'action d'entrée de la connaissance dans le
politique, il peut y avoir une manipulation de celle-ci pour soutenir les
discours de l'autre. Elle soutient qu'une telle scène entre science et
politique pourrait être pour les uns perçu comme un triomphe
du scholarship sur le commitment. Autrement dit, de la
science et ses facultés sur le politique.
71 N. Heinich, Pourquoi Bourdieu,
Paris, Gallimard, Coll. Le débat, 2007, p.69-70.
72 Notion empruntée à Foucault, par Nathalie dans
l'ouvrage Pourquoi Bourdieu ?
73 Idem.
35
Dans son article scientifique pourtant sur le champ
scientifique et champ politique elle souligne que le bien bien-fondé du
champ scientifique c'est la conscience. Une connaissance historique qui fait
office de fonctionnement du champ.
« Il devrait aller sans dire que la recherche vise
avant tout la connaissance. Ce rappel devient indispensable au moment où
tant d'intellectuels, se mettant «au service des luttes
(É), se comportent collectivement vis-à-vis de nouveaux
maîtres, reconnus ou annoncés comme se sont conduits leurs
prédécesseurs « envers leurs supérieurs
ecclésiastiques, puis envers les princes (...), enfin envers leur
maître collectif de complexion bourgeoise» .Cette soumission
volontaire intervient alors que l'autonomie relative du champ intellectuel, qui
est l'acquis historique spécifique de leur groupe, permettrait à
ces intellectuels, sinon de travailler en fonction de déterminations
« pures » et purement intellectuelles, du moins de produire autre
chose qu'un résultat connu d'avance. » 74
Elle montre l'importance et la complexité de la
construction de la connaissance scientifique dans une dialectique entre champ
politique et champ scientifique.
Dans son analyse portant sur la gestion des universités
à vocation de recherche John Taylor expose la pensée de Fox sur
la réalité de la productivité de la recherche
scientifique. Fox formule une relation directe entre productivité
scientifique et conditions de recherche. Les facteurs de condition peuvent
être, à la fois, internes et externes. Toutefois d'après le
point de vue que l'auteur extrait de Fox, celui-ci est décideur de la
pertinence et la régulation de la productivité sociale.
Il semble donc que la recherche ne puisse être
livrée à elle-même. Comme le fait remarquer Fox :
« Ce ne sont pas les établissements qui font de la recherche, ce
sont les individus. Mais les conditions qui règnent dans
l'établissement ont une incidence sur la productivité
»75
Ces conditions peuvent être relatives aux finances.
Toutefois, relativisant sa position, il ajoute que : « La
stabilité financière est un facteur important pour la
réussite scientifique d'une université, mais elle ne peut
être obtenue de nos jours que grâce à un financement
diversifié, dont l'État n'est pas le principal fournisseur.
»76
74 J. Verdès-Leroux, « Champ scientifique et
champ politique ». In: Actes de la recherche en sciences sociales.
Vol. 36-37, février/mars 1981, p. 26.
75 J. Taylor, « Gérer l'ingérable : La
gestion de la recherche dans les universités à vocation
recherché », op.cit. p.14.
76 Ibid.p.3.
36
Il exprime la pensée de Michael Shattock sur la gestion
des universités de recherche. D'après Michael Shattock «
La bonne gouvernance contribue au succès de l'établissement
lorsque les éléments extérieurs qui y participent, les
cadres administratifs et la communauté scientifique travaillent en
étroite collaboration. D'un autre côté, les progrès
seront freinés si l'un de ces éléments prend le dessus.
»77.
Nous pouvons relever la fonction que peut prendre la fonction
(attention au style, à revoir). En effet, ce qui traduit un
fonctionnement normal de la sphère recherche serait l'articulation des
rôles et des statuts de chacun, cela sans pourtant qu'il ait une
accumulation de rôle de l'un sur celui de l'auteur. Cette articulation
permet de créer une harmonie sociale et un espace social linéaire
qui serait, comme le pense l'autre propice à la productivité
scientifique. En clair, dans les pays du nord il apparaît que la gestion
de la recherche n'est pas figée sur l'orientation de la recherche elle
elle-même car elle permet une liberté au chercheur. Mais elle
n'est pas seulement, aussi figée sur la gestion de
l'établissement.
« En réalité, Ce n'était pas que
la recherche sortait de la sphère de la de gestion de
l'établissement. C'était plutôt l'inverse ; la recherche
était un tel enjeu pour ces établissements qu'elle
imprégnait tous les aspects de la gestion. »78
Au-delà de la complexité observée dans
l'orientation, les usages des résultats de recherche dans les pays
occidentaux, il importe d'analyser, dans la section qui suit la question du
statut de la recherche scientifique en Afrique.
4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature africaine
Nous traduisons par littérature africaine tout ouvrage,
article, texte traitant de la question de la gestion de la recherche
scientifique en Afrique, soit de façon générale ou en
spécifiant un pays du continent Africain à l'exception du
Gabon.
Dans leur article scientifique portant sur la prise en compte
de résultats de recherche au Cameroun, Mbock Charly Gabriel, Ngo-Mpeck
Marie-Laure et Kom Dorothée expliquent que l'action publique ne prend en
charge la recherche scientifique et ses résultats que quand celle-ci
présente des résultats non probants à long terme. Pour
eux, les études prises en compte, il ne s'agit pas
d'études stratégiques ou prévisionnelles, mais de celles
qui permettent de réagir à des urgences pratiques.
77 Ibid. p.6.
78 Ibid. p.43.
37
Ils poursuivent en signifiant que « leur manipulation
dans les institutions d'Etat garantit les aménagements conjoncturels
mais constitue un élément de résistance à tout
changement structurel notable ». Par ricochet, nous pouvons noter que
l'implication de la science dans l'action publique devrait permettre un apport
à long terme, selon le domaine dont cette action est
constitutive79.
Dans cette analyse les auteurs, après avoir fait un
historique de la recherche scientifique au Cameroun, donnent les raisons du non
prise en compte des résultats de celle-ci, notamment la
réactivité et l'accessibilité à court terme des
projets de recherche proposés aux instances. Aussi, la plupart des
projets, comme le signifient les auteurs requiert un financement plus lourd
mais avec des résultats plus probants. Dans cet inventaire, le premier
auteur retenu est Jacques Gaillard.
Ce dernier analyse les conditions de recherche au Cameroun en
proposant une analyse historique de la recherche au Cameroun. Il met un accent
particulier sur la crise financière que va connaître
l'économie camerounaise afin de montrer l'étroite relation qui
existe entre les financements et les avancées de la recherche au sein de
la recherche. Une crise financière qui influencera le rendement de la
recherche, les conditions de sa mise en oeuvre, ainsi que l'amélioration
des conditions de vie de la main de la main d'oeuvre80.
Il explique que « entre 1990 et 1996 les seuls
programmes de recherche poursuivis sont ceux qui sont financés par des
programmes étrangers. Alors qu'avant 1987 l'État finance entre 85
et 95 pourcents des activités de recherche (salaire compris), le
pourcentage des financements étrangers atteint presque 40 pourcents dans
les années qui suivent (1987-1996). Aucun programme ne peut se faire
sans la contribution des fond internationaux
»81.
Le second auteur retenu aborde la question de la recherche
scientifique au Gabon. Il fait part de la gestion de la recherche dans le pays
du Maghreb. Il traite de l'impact de la recherche et met en exergue la
présente à l'étranger des chercheurs marocains et souligne
aussi bien l'apport de la recherche que le fait que, l'internationalisation
aide au développement local de la recherche.
En effet, « Pour réussir une véritable
mobilisation des compétences marocaines S&T de l'étranger et
lever l'ensemble des contraintes, il conviendra enfin de rassurer en même
temps
79 C.G. Mbock, M.-L. Ngo-Mpeck et D. Kom, «
Utilisation des résultats de recherche dans l'action publique au
Cameroun », Revue Internationale des sciences sociales
2004/1(n°179), p.49.
80Il relève la progression en dans de
sciences de la recherche scientifique au Cameroun et explique que celle-ci est
primordialement centrée sur l'agriculture et la recherche
médicinale.
81 J. Gaillard, E. Zink avec la collaboration de Anna Furo
Tuilberg, Les capacité de recherche scientifique au Cameroun, une
évaluation de l'impact des activités de l'IFS,
IFS/international fondation sciences, mesia étude d'impact/ rapport No5,
Octobre 2003, p.10.
38
que de convaincre la communauté scientifique
nationale marocaine et ses représentants, sur le fait que la
mobilisation des compétences S&T marocaines de l'étranger
(à distance ou en leur permettant de revenir au Maroc) n'est pas un
risque mais au contraire une opportunité et un facteur puissant
d'internationalisation et de renforcement du système national de
recherche et d'innovation marocain. C'est une des conditions nécessaires
pour que le Maroc s'inscrive de plus en plus et de façon durable sur la
carte de la circulation scientifique mondiale. »82
4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans
la littérature gabonaise
Se penchant sur le bilan de la recherche scientifique au
Gabon, Daniel Franck Idiata établit formule une proposition concernant
la nouvelle dynamique de recherche scientifique selon la
nécessité et l'urgence. Il distingue plusieurs points notamment
les points relevant d'une implication externe (et ceux nécessitant de la
volonté politique du gouvernement) à savoir :
- Adapter les coordinations ;
- Renforcer les structures et équipements ;
- Créer les conditions d'une gestion rigoureuse des
programmes de recherche ;
- Définir et mettre en oeuvre une politique de promotion
de la recherche.83
De ce fait, nous comprenons qu'une gouvernance de la
recherche, d'après la perspective de l'auteur, serait d'établir
une organisation de la recherche en adéquation avec les objectifs
généraux de développement, de mettre en place des moyens
financiers et des structures adaptées. En somme, il recommande de mettre
en place des moyens de coordination rigoureuse de la recherche scientifique.
La gouvernance serait l'orientation de celle-ci,
conformément aux besoins du moment, la confection de structures
adaptées des centres de recherche scientifique et
d'établissements d'enseignement supérieur, tout en stimulant une
coordination84.
Jean-Marc Ella explique que pour faire de la recherche un vrai
moteur de développement en Afrique il faudrait développer quatre
(4) points précisément :
- Intégrer le concept de développement
à la production de connaissant. Cela consisterait, d'après
lui, à mobiliser une pertinence de travaux de recherche
, ·
- Associer étroitement la recherche et le changement
social , ·
82 Idem.
83 Daniel Franck Idiata et al, Le bilan de la
recherche scientifique au Gabon, op. Cit. p.23-24.
84 Ibid. p.24-29.
39
- Créer un espace de travail ouvert à la
réciprocité des questionnements. Il estime que
les savoirs actions sont dépendants de la
théorie et réciproquement, ils sont dans un va et vient de
dépendance , ·
- Repenser le rapport au savoir dans une perspective de
lutte contre le développement85.
D'après lui, dans un contexte social de luttes et de
conflits face à divers problèmes sociaux que doivent faire face
les États du monde et plus particulièrement l'Afrique, la
recherche scientifique ne doit pas servir à un ornement intellectuel
mais à une contextualisation du problème, en vue de trouver des
solutions pratiques.
Il explique le fonctionnement ou l'histoire de la recherche en
Afrique. Les différents laboratoires établis en Afrique du sud du
Sahara sont conçus en se référant à l'exemple des
pays du Nord, que la plupart des résultats sont destinés à
une collaboration Nord-Sud, donc sont retransformés. Aussi, la plupart
des financements de projets sont fait par les organisations internationales et
non par des fonds locaux.
Dans « Les états généraux de la
politique de la recherche au Gabon », nous notons que la gouvernance
de la recherche scientifique relève d'indicateurs internes mais aussi
d'indicateurs externes à la recherche scientifique. Des
éléments externes de gestion, nous pouvons relever l'orientation
de la recherche scientifique au Gabon 86 on peut parler d'une «
réorientation de l'activité de recherche ». Ils
précisent que cela pourrait passer par :
- L'élaboration désormais de programme
national de recherche prenant en compte les priorités du
développement socio-économique et auxquels doit s'intégrer
tout projet financé sur fonds publics , ·
- L'appel à la diversification du financement au
sein des universités et des centres de recherche, par le biais des
partenaires avec le secteur public et privé , ·
- La promotion et la valorisation des chercheurs
, ·
- La mise en place d'un comité National
d'Éthique en matière de recherche scientifique.
Ce sont des logiques de propositions qui traduisent ce qu'est
la gouvernance de la recherche scientifique. Elle serait fondée sur son
orientation, son financement et sa
85 J.-M. Ella, Guide pédagogique de formation
à la recherche pour le développement de l'Afrique, Paris,
L'harmattan, 2001, p. 28.
86Collectif d'auteurs, Les grands choix de la
politique scientifique et universitaire à l'aube du
21ème siècle, tome1, Actes des États
généraux de la recherche et de l'enseignement supérieure,
Libreville-3 au 6 mars 1998, p.34
40
valorisation87. Tout cela sans pour autant
exclure la réhabilitation des structures de recherche dans les
université et centres de recherche88.
Dans son analyse, Georges Moussavou dresse un regard
panoramique sur la gouvernance de la recherche en relevant les aspects
budgétaires, institutionnel, ÉIl examine les stratégies
des acteurs en mettant en relief les acteurs de chaque domaine de recherche
selon la fonction de chacun en clair :
« La problématique soulève
principalement, de façon indirecte, l'épineux sujet de la
responsabilité partagée par les acteurs gouvernementaux et
institutionnels dans l'efficacité interne ou la bonne gouvernance des
institutions. »89
Il relève les actions des acteurs et met une ouverture
sur l'implication politique de la recherche ou encore l'influence des acteurs
politiques sur la recherche en milieu universitaire par une théorie de
l'acteur stratégique.
Parmi les universitaires analysant la recherche scientifique
au Gabon, nous retenons également la contribution de Clotaire
Moukégni Sika. Il analyse le rapport entre la production scientifique et
la politique, au sens de Pierre Bourdieu. Par son ouvrage, il nous permet de
prêter une attention particulière sur la production scientifique.
Il a relevé une centaine d'articles parus entre 1976 et 2003, au sein de
la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines.
Aussi, il explique que la moyenne de publication par chercheur
est d'environ un ouvrage par an. Donc, « Au total, il apparait que les
productions scientifiques si elle n'est pas très faible, est signifiante
»90.
Bien qu'insignifiante, l'influence social et économique
elle est l'impact des productions publications scientifiques sur
l'économie gabonaise. La réponse à cette question n'est
pas simple. Cette question a toutefois l'avantage de mettre en perspective
critique la rationalité politique dans la mise en oeuvre concrète
des progrès scientifique.
Analysant la question de la recherche scientifique et son
rôle pour le développement de l'Afrique, le philosophe Bonaventure
Mve Ondo pose la question de savoir : Comment l'Afrique traite-t-elle la
question des savoirs, comment après plusieurs années
d'indépendance l'Afrique n'arrive pas à s'approprier la Science
et ses technologies ? 91. Il précise qu'il est
87Ibid. p.35.
88 Ibid. p.37.
89G. Moussavou, L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : Contribution à une sociologie des institutions publiques,
Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens,
Soutenue en 2005, p.12.
90 C. Moukégni. Sika, Productions scientifiques et
politique au Gabon, Paris, L'Harmattan, 2011, p.51.
91 B. Mvé Ondo, Quelle science pour quel
développement en Afrique ?, in : Hermès, La Revue 2004/3
(n° 40), p.211.
41
important de souligner que l'intrusion de la recherche
scientifique en Afrique est issue d'un fait qui est la colonisation. De ce
fait, elle peut être perçue comme le « chose du blanc »
et pas comme un instrument au service de leur développement, car les
sciences appliquées.
D'après T. Maganga et G. Moussavou, le système
de recherche scientifique au Gabon est une construction d'acteur, un construit
social. Dans leur ouvrage portant sur la gouvernance des universités
gabonaise, ils étudient la Gouvernance des Universités
Gabonaises. En se focalisant sur les défis à relever pour ces
différentes universités. Les enjeux de l'enseignement
supérieur plus précisément celui des universités
sont évidents par « la formation des personnes hautement
qualifiées, l'insertion des diplômés dans la vie
professionnelle, la recherche scientifique et l'internationalisation de
l'université. »92
Ils se posent la question de savoir « comment
intégrer ces enjeux dans un système miné par plusieurs
maux qui pour la plupart impliquent l'organisation de l'institution et des
acteurs de sa gouvernance ?»93.A cette
préoccupation, les auteurs préconisent une réponse,
à savoir : « (É) contraintes structurelles,
matérielles, et au déficit de communication, ou mieux encore au
manque de régulation des instances de la gouvernance dans les
établissements universitaires. »94
Théophile Maganga et Georges Moussavou pensent que dans
ce contexte universitaire « l'acteur n'est pas une marionnette et n'a
pas les mains liées. Il dispose d'une marge de liberté qui lui
permet de façonner sa propre stratégie de fonctionnement ou son
système d'action concrète... »95
Afin de montrer le dysfonctionnement dans les
universités, les auteurs établissent une lecture des
différentes revendications effectuées, qu'ils enrichissent par
une relecture de textes donnés en réponse par le gouvernement.
Bien que cette analyse soit fondée sur les structures d'enseignement de
la recherche notamment les universités, nous pouvons souligner cette
réflexion met en relief l'aspect stratégique des
différents acteurs ou encore des différentes parties de la
revendication et de la gouvernance de la recherche. En effet, l'utilisation
très révélatrice des réalités d'un secteur
mais aussi de l'applicabilité ou pas des engagements pris par chacun en
vue d'apporter les solutions.
92 T.Maganga et G.Moussavou, Gouvernance des
universités. Quels défis à relever pour leur performance
?, Paris, Publibook, p.21.
93 Ibid. p.22.
Parlant des enjeux actuels des universités, en se basant
sur les normes de globalisation.
94 Ibid. p.23.
95 Ibid. p.27.
42
Dans la revue semestrielle de l'Institut de Recherche en
Science Humaine (IRSH) Georges Moussavou s'intéresse à «
la pauvreté dans des organisations universitaires et de recherche
scientifique au Gabon. »96 Il soutient que faire
référence à la pauvreté dans la gestion
administrative des Universités et Centres de recherche scientifique
c'est en réalité montrer les caractéristiques des
insuffisances rencontrées dans ces différentes structures.
Il analyse la pauvreté à trois (3) niveaux,
notamment : les structures d'accueil et de travail ; l'activité de
recherche et la professionnalisation universitaire. Il conclut que la
pauvreté des organisations universitaires et de recherche,
au-delà des raisons soulignées supra, la relation que
l'État entretient avec ses organisations et les « attitudes de
fuites, de beaucoup de personnels, de l'espace universitaire et scientifique
vers des activités extérieures à celui-ci.
»97. Cette fuite amène les différents
acteurs à s'intéresser aux projets extérieurs qui sont
plus rémunérateurs.
Citant Fidèle Pierre Nze Nguema, G. Moussavou
relève que les vecteurs et acteurs porteurs de la crise sont multiples.
D'après lui, tout se joue dans l'éthique que porte chaque partie
: l'éthique de conviction du politique et l'éthique de conviction
du savant. Une réflexion qui donne à la lire la
réalité de la recherche scientifique au Gabon par le biais de ses
différents acteurs.
L'éthique de la recherche soutenue en effet par les
chercheurs est dépendante de leur réputation, donc de leur
renommée dans le champ de la recherche et même au-delà, et
aussi, à la place que ceux-ci occuperont dans le champ, et que les
agents du champ politique (donc décisionnel) agissent dans le champ de
la recherche afin de maintenir, selon leur perception, leur place dans le champ
politique98.
Et comme l'a dit Munzangala dans son article portant sur la
Pauvreté dans les États Africains, les gouvernements
africains brandissent des promesses qui deviennent des lettres
96 G. Moussavou, « Facteurs et éléments
de pauvreté des organisations universitaires et de recherche
scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards,
territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de
Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.
97 Ibid. p.80.
98 Idem.
F.P.Nze-Nguema, « La recherche pour le
développement : une culture de société », Revue
de géographie, laboratoire d'analyse spatiale et des environnements
tropicaux, 1ère année, Libreville, U.O.B, p.89,
in.cité par, dans son article portant sur « Facteurs et
éléments de pauvreté des organisations universitaires et
de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts,
regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut
de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.
43
mortes afin de plaire aux créanciers étrangers
qu'à destination de l'opinion nationales. Il pense que ce système
favorise une paupérisation qui fragilise le tissu
social99.
Georges Moussavou poursuit en faisant une analyse
organisations et du système universitaire. Il fait une lecture des
organisations de la recherche. Il soutient que la question de la
définition et de la détermination des finalités des
objectifs et statuts de la recherche scientifique au niveau national, telle que
celle-ci est organisée et menée est celle du rapport entre
l'État (puissance publique) et la construction du modèle social
spécifique, à travers les établissements d'enseignement et
de recherche qu'il a créés ou laissés mettre en place,
dans le but d'assurer le développement économique et social de
recherche. Il explique qu'il existe un déficit quantitatif et qualitatif
de chercheur 100
Georges Moussavou traite des problèmes
organisationnels, la répartition des rôles entre le CENAREST et le
Ministère. Il relève un problème majeur du
dysfonctionnement au sein du secteur de la recherche, en s'appuyant sur
l'ancienneté des textes relatifs aux instituts. Il déplore la
mise en place de plusieurs structures administratives de la recherche qui n'ont
pas été rendues effectives101.
Il souligne deux (2) raisons : L'attitude des gouvernants et
les problèmes organisationnels.
Dans sa thèse de doctorat sur L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques,
Georges Moussavou commente une analyse qu'il poursuivra dans ses
ouvrages.
Il fait référence aux difficultés du
système supérieur. En exploitant une théorie actionniste,
il met en exergue le fait que le système de recherche soit un univers
dans lequel les différents acteurs émettent des moyens, afin
d'agir et obtenir ce qui lui est dû. Il fait une lecture du cercle
comptant les enseignants-chercheurs, les étudiants et les gouvernants.
Il effectue une lecture d'interaction entre les parties et non au sein des
parties102.
M. Ibinga et M. Zue Elibiyo font référence aux
résultats de la recherche pour faire une lecture de la gestion de la
recherche au Gabon. Ils expliquent que les différents résultats
de rechercher produit ne sont pas pris en compte par les gouvernants. Ils
pensent qu'il faudrait que
99 D. Munzungala-Munziewu, « De la pauvreté
comme aporie de l'Etat de droit en Afrique », in. Pauvreté
(concepts, regards, territoires, sociétés) Revue
semestrielle de l'institut de recherche en sciences humaines (CENAREST- GABON),
Vol. 9-10, 2006, p. 30.
100 G. Moussavou, Organisation et système
universitaire au Gabon. Sociologie des processus et systèmes
institutionnels, Paris, L'Harmathan, p. 129.
101 Idem.
102 G. Moussavou, L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques,
Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Sous
la direction de Jean Copans, Soutenue en 2005, p. 30.
44
les autorités, qu'ils appellent décideurs,
considèrent la pertinence des travaux de recherche
réalisés par les chercheurs gabonais.
D'après les constats faits par les auteurs, l'une des
difficultés que rencontre la recherche scientifique est la
méconnaissance générale des résultats. Ils
soulignent le fait que cette méconnaissance soit réelle au sein
du corps des chercheurs. Les chercheurs entre eux ignorent les résultats
de recherche des chercheurs d'autres laboratoires. La véritable
problématique que posent les auteurs dans l'étude est celle des
difficultés au niveau de la culture scientifique103.
Marcelle Ibinga fait aussi une analyse sur le financement de
la recherche. Il pose plusieurs problèmes autour de la question du
financement de la recherche. Il explique que la répartition
budgétaire entre les laboratoires de recherche devrait être
équitable.
L'objectif premier de son étude est de montrer
l'importance de financer la recherche de façon équitable et se
fonde sur deux questions : celles de savoir comment les chercheurs peuvent-ils
rendre la recherche visible et comment publier sans fonds de recherche.
Il met un accent particulier sur le fait que les instituts et
laboratoires devraient mettre un accent sur la quête de fond privé
de recherche104 , et poursuit, en expliquant que les
allocations octroyées aux différents laboratoires et centre de
recherche sont insuffisants et reparties de façon inégale.
Alphonse Donald Nze.W donne son point de vue sur la gestion de
la recherche au Gabon, en rappelant le manque de connaissance des publications
des chercheurs, non seulement par leurs collègues, mais aussi par le
grand public.
D'après l'étude menée par l'auteur, cette
méconnaissance existe pour deux raisons : le cloisonnement et la
spécificité des chercheurs et de type de publication.
Établir une relation de ces deux aspects permet de connaître la
réalité sur la méconnaissance. Elle est aussi issue du
statut que les uns donnent aux autres105.
De toutes ces contributions, aucune ne relève la
confusion et l'accumulation de rôles et de statuts dans la gouvernance de
la recherche.
4.4 Notre positionnement
103 M. Ibinga et M. Zue Elibiyo, Production scientifique :
Tentative de réponse aux questionnements sociaux, Paris, Publibook,
2018, p. 278.
104 Idem.
105A-D.Nze-Waghe, « Recherche scientifique :
Enjeux, visibilité et perspectives », Paris, Publibook, 2018,
p.50.
45
Au regard de nos données d'enquête et des
documents officiels, tout se passe au Gabon comme si le responsables politiques
se substituaient aux chercheurs quant à la formulation de leurs besoins,
sans égards à leurs desiderata.
Au sortir de la phase exploratoire, nous notons que la
gouvernance de la recherche scientifique suscite des interrogations quel que
soit le domaine précis abordé dont il fait l'objet. D'ailleurs,
les réflexions qui en ressurgissent à cet effet concernent la
prise en compte de l'enjeu sur la mise en oeuvre des postulations officielles
sur la recherche scientifique (pourtant bien inscrite sur l'agenda politique),
son prolongement dans la société, et de son apport au
développement économique et social. Même les
étudiants interrogés et certains agents du monde de la recherche,
ignorent réellement les vrais enjeux de la recherche scientifiques.
Tous les travaux portant sur la gestion et la gouvernance de
la recherche scientifique qui ont précédé notre travail
ont permis de mettre un accent sur les causes organisationnelles,
fonctionnelles et financières de la difficulté de la gestion et
de la gouvernance de la recherche scientifique. Certains en mettant en relief
les acteurs individuels du secteur de la recherche et d'autres, les acteurs
institutionnels. Ils présentent une vision panoramique des
difficultés dans ce secteur en mettant également l'accent sur la
stratégie tous les acteurs, ceux-ci s'inscrivant ainsi dans une
perspective conflictuelle.
Toutefois, partant d'une dynamique des représentations
sociales dans une société politisée et aux logiques
plurielles, à l'instar de plusieurs sociétés africaines,
cela peut parfois paraître insuffisant comme explications pour comprendre
les logiques à l'oeuvre dans le monde de la recherche scientifique au
Gabon.
En effet, la mise en place de décision pour un secteur
suppose, d'après la notion de « milieu décisionnel
central »106 de Catherine Gremion indicateurs (acteurs
sont des éléments importants pour qu'un secteur quel qu'il ait de
l'importance pour le gouvernement. Car, les gouvernants ne décident pas
seuls mais plutôt en « interaction », avec des partenaires, des
syndicats, des groupes de pressions107 .
Donc, le manque d'implication des chercheurs ou encore leur
difficulté d'insertion dans les projets de développement
multiforme demande, en outre, à comprendre la perception que les groupes
(syndicats), de pression ont des chercheurs. De plus, les politiques publiques
sont l'expression d'une volonté gouvernementale d'action (ou
d'inaction), l'implication du pouvoir
106 Muller, Pierre. « Chapitre II. Les politiques
publiques comme configurations d'acteurs », Pierre Muller éd.,
Les politiques publiques. Presses Universitaires de France, 2015,
p.35.
107 Ph. Braud, Sociologie politique, op.cit,p. 597.
46
pourrait permettre de lire son intention d'apporter des
solutions aux problèmes qui persistent dans de ce secteur.
Le Tableau de bord économique, révèle une
absence de la recherche scientifique pourtant pratiquée sur le
territoire gabonais depuis plus de quarante ans. Aussi, plusieurs articles de
presses, rapports d'évaluation et travaux de recherche (comme nous
l'avons vu), démontrent le faible impact de la recherche scientifique
sur les plans social, politique, économique et culturel. L'une des
difficultés que nous pouvons relever est la représentation, non
seulement que les chercheurs ont de leur activité, mais également
celle des autorités politiques à l'égard de ce secteur.
En effet, les représentations que les individus ont
d'une chose sont très souvent au fondement de leurs actions. Ainsi, les
des chercheurs agissent de la perception qu'ils ont de leur statut dans celle
que les autorités ont de la recherche.
Au regard de ce qui précède, les
représentations que les acteurs ont de la recherche sont à
l'origine des rôles et statut sociaux et institutionnels qu'ils se
donnent et reçoivent.
Section 5 : Démarche méthodologique
L'objectif dans ce chapitre est de présenter les
différentes techniques de collectes et de traitement de données
recueillies sur le terrain.
5.1 Univers d'enquête et échantillon
Dans cette section, nous présenterons les
différents acteurs interrogés, leurs variables d'identification.
Les laboratoires et autres institutions en charge de la recherche scientifique
sont dans cette perspective, notre univers d'enquête
privilégié. Il est en effet constitué d'une population
hétérogène. Nous nous intéressons donc à la
recherche scientifique entreprise dans les institutions publiques, à
savoir, les universités, le CENAREST et ses instituts. A cet effet, nous
avons interrogé les acteurs de ses différentes institutions,
liées par un objectif commun : faire de la recherche scientifique au
Gabon un partenaire au développement.
Il y a également les organes en charge de
l'organisation de la recherche, tels que : la Direction Générale
de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, la Direction Central des
Affaires Administratives et Financières, les Ministères en
cotutelle (Agriculture, Eaux et Forêts), la Direction
générale du Budget du Gabon et l'Université Omar Bongo.
47
5.1.1 Délimitation de l'univers
d'enquête
Le choix de l'univers d'enquête n'est pas fortuit. Il
est dépendant de notre objet d'étude et nous a permis d'avoir des
informations nécessaires afin de vérifier la plausibilité
de nos hypothèses.
Notre univers d'enquête se constitue principalement de
trois catégories d'acteurs institutionnels :
- La première catégorie se sont les organes en
charge de l'orientation et de la gestion financière directe et indirecte
de la recherche ;
- La deuxième catégorie concerne les lieux
d'activité de recherche scientifique tels que : les instituts de
recherche ;
- La troisième renvoie aux lieux de formation des
chercheurs. Nous avons fait le choix de l'université Omar Bongo.
Cette structuration, ce vaste complexe n'est pas synonyme de
division car la production de la recherche et la pertinence de son impact dans
la société gabonaise sont issus de la synergie entre les
différentes institutions.
5.1.2 Échantillon d'enquête
Compte tenu de la diversité des terrains qui ont
été les nôtres, nous utilisons des techniques
appropriées dans notre univers d'enquête. La première
catégorie d'enquêtés a été
sélectionnée selon la disponibilité de chacun.
a. Au sein de la DGRSI
Nous avons interrogé deux (2) agents, à savoir
le Directeur de la recherche Adjoint et la chargée d'étude. Ils
nous ont fait le privilège de renseigner notre guide d'entretien et de
répondre à nos questions concernant l'orientation
générale de la recherche et de ses activités.
b. Au sein du CENAREST
Au CENAREST, suite au courrier adressé à
Monsieur le Commissaire Générale, pour solliciter un entretien,
il nous a recommandé certains agents susceptibles de nous informer sur
l'organisation des activités de recherche et la gestion
financière de l'établissement.
A cet effet, nous avons rencontré le Coordinateur des
activités scientifiques et techniques et le Directeur des affaires
administratives et financières. Donc, un total de 2 agents. Le
48
Commissaire Général nous a également
transmis une autorisation donnant accès aux différents instituts
de recherche. Suite à cela, nous avons déposé les
courriers dans les cinq (5) instituts.
Sur les cinq (5) instituts, quatre (4) ont pu nous donner
l'accès présentielle au sein de leurs structures. Il s'agit : de
l'IRAF, de l'IRT, de l'IPHAMETRA et de l'IRSH). Pour ce qui concerne l'IRET,
compte tenu des différents déplacements des chercheurs et de la
crise sanitaire, nous avons pu rencontrer le Directeur adjoint afin d'organiser
avec lui, les enquêtes par mail. Cela a été le cas.
Au total, la distribution des chercheurs sondés se
présente ainsi qu'il suit :
- 4 chercheurs à l'IRSH, dont le
directeur adjoint et 3 chargés de projet
- 1 chercheur à l'IPHAMETRA directeur de
l'institut - 6 chercheurs, chargés de projet à
l'IRAF,
- 2 chercheurs à l'IRT dont le directeur
et le directeur adjoint
Par ailleurs, nous avons réalisé une
enquête au sein de deux (2) laboratoires à de l'Université
Omar Bongo à savoir : le LUTO et le LAGRAC.
Tableau n°1 : Récapitulatif des
chercheurs enquêtés
Statut / Fonction
|
Effectifs
|
Directeurs instituts
|
2
|
Directeurs adjoints
|
2
|
Chargés de projet
|
11
|
Directeurs de
laboratoire
|
1
|
Directeurs adjoints de laboratoires
|
1
|
Total
|
17
|
Conception : Auteur
Tableau n°2 : Distribution de
l'échantillon
Établissements
|
Nombre d'enquêté
|
Statut/Fonction
|
Moyenne de
Temps
|
IPHAMETRA
|
1
|
Directrice de l'institut (1)
|
01h30min
|
IRAF
|
6
|
Chargés de projet (6)
|
01H45min
|
IRSH
|
4
|
Chargé de projet (3) ; Directeur adjoint de l'institut
(1)
|
45min
|
IRT
|
3
|
Directeur de l'institut (1) ; Directeur adjoint (1) ;
Comptable (1)
|
45min
|
IRET
|
3
|
Directeur adjoint (1) ; Chargés de projet (2)
|
25min
|
49
LABAN
|
1
|
Fondateur et ancien Directeur du Laboratoire
d'Anthropologie (1)
|
02h10min
|
LAGRAC
|
2
|
Enseignante chercheur (1) ; Secrétaire
générale de
laboratoire du LAGRAC (1)
|
01h10min
|
LUTO
|
1
|
Directeur du laboratoire (1)
|
02h15min
|
DGRSI
|
3
|
Directeur Général (1) ; Directeur de la
Recherche (1) ; Chargée d'étude (1)
|
01h32min
|
CENAREST
|
3
|
Commissaire Général ; Coordonnateur des
activités
scientifiques et techniques (1) ; Directeur Administratif et
Financier (1)
|
01h16min
|
Direction de la
statistique, Service de la statistique
nationale
|
1
|
Chef de service (1)
|
27min
|
Ministère de
l'agriculture
|
3
|
Chargés d'étude (3)
|
01h28min
|
Ministère des eaux et
forêts
|
2
|
Chargé d'étude(1) ; Directeur de
l'écosystème (1)
|
55min
|
Direction Générale du Budget et des
Finances Publiques
|
1
|
Administrateur des services économiques et financiers
(Chargé d'étude à la direction de la
préparation et de la programmation du budget, Correspondant
Budgétaire du Ministère chargé de l'enseignement
supérieur (1)
|
20min
|
Bureau du SNEC
|
2
|
Représentant de la section CENAREST (1) ;
Secrétaire général(1)
|
35min
|
TOTAL
|
33
|
|
|
Conception : Auteur
c. Population estudiantine comme enquêté
Notre population d'enquête est choisie de façon
aléatoire en fonction la disponibilité des enquêtés.
Nous interrogé 40 étudiants qui nous ont partagé leurs
opinions sur le statut de chercheur et le rôle de la recherche
scientifique dans la société gabonaise, en s'exprimant
également sur la gestion et la gouvernance de la recherche. Parmi les
variables retenues, il y a le département d'appartenance et le niveau
d'étude des enquêtés.
Nous ne faisons aucune distinction de sexe. Toutefois, nous
avons choisi une tranche d'âge allant de dix-huit (18) ans et plus. Donc
notre population est composée d'étudiants et d'étudiantes
régulièrement inscrits à l'université Omar Bongo
depuis plus de (2) ans, habitant des quartiers divers vivant dans les communes
de Libreville, Owendo et Akanda.
Tableau n°3 : Répartition des
enquêtés par âge
Age
|
Nb. cit.
|
FrÈq.
|
18-22
|
9
|
22,5%
|
23-27
|
19
|
47,5%
|
28-32
|
6
|
15,0%
|
33-37
|
6
|
15,0%
|
38-42
|
0
|
0,0%
|
43-47
|
0
|
0,0%
|
48 et plus
|
0
|
0,0%
|
TOTAL OBS.
|
40
|
100%
|
Conception : Auteur
50
Tableau n°4 : Répartition des
enquêtés par niveau d'étude
Niveau d'Ètude
|
Nb. cit.
|
FrÈq.
|
Licence
|
24
|
60,0%
|
Master
|
14
|
35,0%
|
Doctorat
|
2
|
5,0%
|
TOTAL OBS.
|
40
|
100%
|
Conception : Auteur
Tableau n°5 : Répartition des
enquêtés par sexe
Nb. cit. FrÈq.
Sexe
FÈminin 17 42,5%
Masculin 23 57,5%
TOTAL OBS. 40 100%
Conception : Auteur
Nous avons distribué nos questionnaires à 60
questionnaires. 40 questionnaires nous ont été retournés.
L'échantillon se constitue sur la base de plusieurs variables. Nous
avons questionné 40 étudiants dont les âges varient entre
18 et 37ans. L'échantillon est composé de 17 étudiantes et
de 23 étudiants. Cette répartition est due au fait que plusieurs
jeunes étudiantes que nous avons sollicitées estimaient ne pas
être en mesure de nous répondre, car elles ne connaissaient pas
grands choses sur la question de la gouvernance de façon
générale.
5.2 Choix des outils et technique d'analyse de
donnée
Notre choix de technique de collecte de données s'est
porté vers une méthode mixte. En d'autres termes, nous les
méthodes qualitative (avec l'entretien semi-directif) et quantitative
(par l'utilisation du questionnaire). Ces deux techniques, ont
été complétées par la recherche documentaire et la
webographie.
5.2.1 Techniques de collecte de données
La collecte de donnée est l'aspect pratique du travail
de recherche. Durant cette activité, le chercheur rassemble les
informations nécessaires qui lui permettront d'évaluer les
hypothèses construites dès le début de son questionnement.
Pendant cet effort des procédures méthodologiques, le chercheur
utilise des moyens qui lui permettent de saisir, avec objectivité les
données de terrain. Elles peuvent avoir comme but de saisir soit des
informations - ou encore
51
données - quantitatives et chiffrable ou des
données qualitatives fondées sur les discours des
enquêtés.
a. Entretien semi-directif
L'entretien semi-directif est une technique qualitative de
collecte de données. Elle est utilisée dans le but d'obtenir des
informations subjectives de la part de l'enquêté en lui donnant la
possibilité d'avoir une certaine liberté dans la formulation de
ses réponses. Cette technique permet d'avoir une connaissance des
intentions de l'enquêté. Howard Becker définit le guide
d'entretien comme « un procédé d'investigation
scientifique utilisant un processus de communication verbale. Pour recueillir
les informations en relation avec le but fixé. »108
Aussi, il est conseillé au chercheur qui adopte cette
technique de « rester continuellement en éveil de sorte que ses
propres interventions amènent des éléments d'analyse aussi
fécond que possible... »109
b. Le questionnaire
Nous avons choisi le questionnaire dans le but
d'établir des pourcentages relatifs à la connaissance et aux
perceptions des étudiants de l'activité de recherche entreprise
par les établissements publics. Celui-ci nous permettra d'établir
des informations quantitatives afin d'exposer des sondages sur le rôle et
statut de la recherche scientifique en Afrique, particulièrement au
Gabon. Par le biais de cette technique, nous faisons dans notre travail une
lecture de données chiffrées présentées sous forme
de tableau ou de diagramme.
c. Recherche documentaire
C'est une action menée dès l'amorce de la
recherche. Elle s'effectue le plus souvent avec des balbutiements dus à
une méconnaissance de l'objet abordé. La recherche documentaire a
pour premier objectif de posséder les éléments
théoriques sur le sujet de recherche. Elle est le
108 A. Delphine, A. Guilbaud, et D. Lagrange. «
Chapitre 8 - L'entretien en relations internationales », éd,
Méthodes de recherche en relations internationales », Presses
de Sciences Po, 2016, p. 157.
109M. Chibout, La pédagogie Freinet au
service des élèves à haut potentiel ? Formation primaire
», HEP Bejune, Le chaud-de-fond, Avril 2017, p.36.
52
moyen par lequel la problématique est enrichie. En
effet, par la recherche de documents le chercheur se construit un regard
panoramique sur la question qu'il a choisi de traité.
Elle est aussi exploitée lors des activités sur
le terrain afin d'avoir parfois des données historiques, des
renseignements sur les normes constituants l'univers d'enquête ou autres
questions étroitement liés à son objet.
d. Webographie : corpus d'article de Web média sur
internet
Pour la collecte d'information de notre travail de recherche,
nous avons constitué un corpus d'assemblage d'articles (de presse du web
média et articles scientifiques). Le corpus nous donne la
possibilité d'avoir des informations sur l'état de la recherche
scientifique et des politiques scientifiques conformément au
développement social et économique.
Ce classement a été fait sur la base des
articles les plus anciens datant de 2014 au plus récents, datant de 2020
que nous avons pu collecter, en effectuant une recherche thématique sur
les routeurs internet, afin de lire la place qu'occupe la recherche
scientifique dans la société gabonaise. Nous avons ensuite fait
une sélection des articles qui concernaient directement notre objet
d'étude. Nous faisons cette lecture en tenant compte des termes
employés dans les articles de presse et de les apprécier.
5.2.2 Techniques d'analyse de données
Généralement, la technique d'analyse de
donnée au chercheur la possibilité de structurer les informations
recueillies et de leur donner un sens. L'analyse de donnée est
l'étape qui succède celle de la collecte de donnée. Dans
notre travail, nous avons deux types de données, à savoir les
données quantitatives (chiffrées) et les données
qualitatives (les données textuelles).
a. Analyse de données statistiques
Pour les données statistiques, nous avons
effectué une collecte de donnée partir du logiciel de
données sphinx. Le croisement de données met en relation
des variables distinctes,
53
notamment celles relatives aux variables d'identification des
enquêtés et celles qui concernent le problème
étudié.
Premièrement, nous avons ressorti les données et
établi des classements. Suite à ces classements, nous avons
effectué des regroupements de pourcentage par rapport aux
réponses données par les enquêtés. Pour terminer,
nous avons à la lecture de pourcentage qui ressortait, fait ressortir
les différentes idées, afin de procéder aux analyses.
b. Analyse de contenue
Pour ce qui concerne les données qualitatives, nous
avons fait un regroupement thématique après la collecte de
donnée. Après collecte de données, nous avons transcrit
les discours des enquêtés. Le regroupement ne pouvait pas se faire
par question, car lors de nos entretiens, la plupart des enquêtés
anticipaient parfois les réponses aux questions, et ne
répondaient pas souvent en suivant l'ordre des questions qui leur avait
été données.
Nous avons, après transcription, regroupé les
réponses en thématique. Les réponses faisant allusion
à l'organisation donc au rôle et aux statuts, celles faisant
référence aux financements, celles faisant allusion aux
représentations et aux identifications.
Enfin, nous avons fait ressortir l'idée majeure qui se
dégageait de chaque thématique et avons sélectionné
des verbatim qui ont servi de référent pour l'étude.
5.3 Limites du travail
La première difficulté que nous avons
rencontrée était la rupture épistémologique.
La seconde difficulté était aux acteurs : les
chercheurs et enseignants-chercheurs qui sont, pour certains, des
spécialistes de la question que nous abordions et des ainés. Ils
souhaitaient parfois nous faire prendre position.
La troisième difficulté était la
période choisie pour effectuer notre terrain (période de crise
sanitaire, entre confinement et horaires de couvre-feu). De plus, à
chaque semestre, toutes faisaient des bilans d'activité. Ce qui rendait
parfois improbable et difficile la rencontre avec les enquêtés
potentiels.
La quatrième difficulté a été la
dispersion des lieux d'enquête. Ayant travaillé sur les cinq
instituts, le centre et la DGRSI nous avons dû
régulièrement effectuer les déplacements entre les trois
sites, afin de respecter la disponibilité de chacun.
54
Pour terminer, la difficulté que nous avons
rencontrée a été la disponibilité de certains
enquêtés. En effet, nous avons souhaité, pour cette
étude, rencontrer des bailleurs de fond, afin d'avoir leurs perceptions
du rapport entretenu avec les chercheurs et les autorités
administratives. Mais cela n'a pas pu être le cas. Donc, nous avons
dû compenser ce déficit par une lecture des projets dont ils sont
commanditaires.
Conclusion de la partie préliminaire
Dans cette partie préliminaire, il était
question de présenter l'approche théorique, la
problématique et la démarche méthodologique de notre
travail. Notre recherche est fondée sur le constat selon lequel la
recherche scientifique a une difficulté d'insertion ou encore d'impact
sur la société gabonaise. Ainsi, nous avons décidé
d'élaborer notre recherche sur les politiques publiques
scientifiques.
Sur la base de ce constat cité plus haut, nous avons
défini des champs d'étude (celui de la sociologie politique, la
sociologie des institutions et sociologie des politiques publiques). Afin
d'orienter théoriquement notre travail dans ces différents
champs, nous avons choisi la théorie fonctionnaliste comme
théorie principale, car elle permet de lire la société
conformément aux rôles et statuts. A cette première
théorie, nous avons rajouté la théorie du champ de Pierre
Bourdieu. Elle fait une lecture des agents au sein du champ, donc des secteurs
en mettant en relief la façon dont ils se meuvent et aussi la
manière dont ils agissent sur le fonctionnement du champ. De plus nos
hypothèses de recherche éclairent le choix des concepts
opératoires et systémiques, ainsi que la perspective
théorique retenue.
Pour collecter les données qui nous ont aidés
à évaluer nos hypothèses nous avons adopté une
méthode mixte (méthode quantitative et qualitative
associée à recherche documentaire). Ces données ont
été collecté dans un univers d'enquête
composé de plusieurs établissements, à cause de la
diversité des enquêtés notamment, chercheurs (de plusieurs
établissements de recherche différent), administratifs. Nous
avons terminé par une analyse de contenu et une analyse de donnée
afin de traduire ces différentes données et de leur donner un
sens.
55
PREMIERE PARTIE :
HISTOIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU GABON
ET STATUT DU CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE
56
Introduction de la première partie
La période coloniale, matrice des mutations
multiformes, a vu l'avènement des pr
instituts de recherche au Gabon. Il s'agit principalement de
l'Office de Recherche Scientifique d'Outre-Mer (ORSTOM). Après les
indépendances, nous avons assisté à la nationalisation de
la recherche scientifique.
Dans le premier chapitre de la première partie de ce
travail, intitulé « Histoire de la recherche scientifique au Gabon
et statut du chercheur dans la société gabonaise », nous
proposons un aperçu historique de la recherche au Gabon. Il s'agit,
entre autres, d'apprécier les conditions et le processus historique de
la nationalisation de la recherche au Gabon après la colonisation. Les
racines du présent sont nécessaires à la
compréhension de la gouvernance actuelle.
Dans le second chapitre, nous interrogeons le statut et le
rôle des chercheurs en société gabonaise, en faisant une
analyse des textes en vigueur y relatifs. Il est question d'un croisement entre
les textes expliquant le statut de fonctionnaire et le Décret stipulant
le statut particulier des chercheurs. Ce croisement des textes permet une
lecture des attentes de l'administration à l'égard de ces
derniers, les incidences multidimensionnelles de leur activité et les
stratégies mises en place afin d'organiser, et d'orienter
l'activité de recherche.
57
Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au
Gabon
La recherche scientifique est une activité qui permet
de produire des connaissances nouvelles, de tenter d'apporter des solutions
concrètes aux problèmes bien spécifiques, tout en
contribuant aux progrès sociaux. Pour ce qui est de notre étude,
l'activité qui nous intéresse est celle effectuée au sein
des établissements de recherche publique au Gabon. Dans ce chapitre,
nous parlons de l'histoire de la recherche scientifique au Gabon avant et
après les indépendances, et de son organisation après la
nationalisation de la recherche.
Section 1 : Recherche scientifique au Gabon
C'est environ dix ans après les indépendances
que la recherche scientifique a été nationalisée. Nous
retenons les « priorités » définies par les gouvernants
au cours de la création de nouveaux organes en charge de la recherche.
Nous faisons une analyse du rôle de la recherche et du statut de
chercheur sur la base des textes officiels.
1.1 Histoire de la recherche scientifique dans la
société gabonaise
Pour rappeler le contexte historique, les pays occidentaux
connaissaient une révolution industrielle qui les emmena à avoir
de plus en plus besoin de matières premières. Dans cette
quête des matières premières, ils exploitaient les
colonies.
Au regard de cette course à l'industrialisation, les
pays tels que la France, l'Angleterre, l'Espagne rentrèrent en conflit
et décidèrent de faire une répartition des terres
africaines. Il faut dire que les actes qui suivirent, notamment, le mentorat de
la France pour le Gabon, n'étaient pas issu d'un
bénévolat, mais plutôt d'une volonté d'avoir une
mainmise sur les différentes
58
ressources110. Le partage des terres, comme il a
été fait, avait pour but de permettre à chaque colonie
d'avoir une terre d'exploitation qui lui serait sienne et dont elle
règlementerait l'organisation sociale.
L'insertion des pays d'Afrique dans l'Organisation des Nation
Unies suite à la recommandation des États-Unis, semblait
être l'initiative d'une politique « gagnant-gagnant ». Dans
l'optique d'abaisser les tensions, les anciens colons se proposaient d'aider au
développement et au progrès de leurs différentes colonies.
Ainsi, le Gabon, le Congo, le Cameroun, etc., seront dans une marche pour le
progrès scientifique, en insérant la recherche scientifique dans
ses points de référence, chapotés par la France. La
recherche fut entreprise au Gabon bien avant les indépendances avec
l'Office de la Recherche Scientifiques et Techniques d'Outre-Mer (ORSTOM),
aujourd'hui rebaptisé Institut de Recherche Développement (IRD).
La recherche scientifique, en tant qu'activité conventionnelle est
introduite dans la société gabonaise par la situation coloniale
et sera nationalisée sur la base des transformations sociales,
politiques et économiques que connaissait la société
gabonaise.
1.2 La dynamique de la recherche scientifique au
Gabon111
Pendant la colonisation, il y avait trois (3) structures de
recherche au Gabon : l'ORSTOM, le CTFT et le CNRS.
Selon Paul Posso, l'ORSTOM travaillait sur les productions
végétales (café, cacao, igname, canne à sucre,
banane, coton, palmier à huile, bananier plantain). Le CNRS, quant
à lui, faisait de la recherche fondamentale, surtout dans le domaine de
l'écologie et de la biologie ; l'inventaire des animaux de forêt ;
les parasites ; l'environnement. Au Gabon, l'ORSTOM travaillait sur la
pédologie et avait réalisé la cartographie des sols. Il
n'y avait que des techniciens. Laurent Biffot, Maître de recherche,
était le seul chercheur gabonais. Le CTFT travaillait sur les
forêts. Il faisait des inventaires forestiers, la
régénération forestière, l'étude des
comportements des essences forestières, la dynamique forestière,
la croissance des arbres de la forêt. Il y a eu un échec de la
domestication de l'Okoumé. Le CNRS à Makokou était le
premier laboratoire d'écologie du monde, inauguré par le
président Léon Mba en 1963 et plus
110AJ+ français, Qui a tracé les
frontières en Afrique ?
https://youtu.be/LX42klNcj
w 111 Dynamique, parce qu'il y a avènement et évolution de la
recherche.
59
tard géré par Paul Posso, pendant 22 ans. Il
travaillait sur les vertébrés, les grands et petits singes, les
primates, tous les mammifères112.
Après les indépendances, de nouvelles tutelles
de la recherche se mettent en place afin de promouvoir l'autonomie des
États. L'ORSTOM existait toujours et devait maintenir la
coopération entre les pays occidentaux, notamment la France et ses
différentes colonies en soutenant une recherche scientifique pour le
développement des pays tropicaux113.
Après avoir décliné l'importance de la
mise en place d'un secteur de l'enseignement supérieur et de la
recherche, le Gabon décide de se doter d'un Centre National de la
Recherche. C'est jusqu'à 1975, après la création de l'UNG,
que l'éducation nationale gérait les universités. En 1976,
François Owono Nguema propose de créer un ministère de
l'enseignement supérieur. Le premier ministre de l'enseignement
supérieur fut donc François Owono Nguema et le premier
commissaire du CENAREST, Jean Pierre Nzoghe Nguema114.
C'est au sortir des indépendances que les engagements
pris durant la conférence CASTAFRIQUE mise en oeuvre par l'Organisation
des Nations Unies
« É que la partie gabonaise a exprimé
le souhait de développer la recherche au niveau national durant la
Conférence CASTAFRIQUE, organisée par l'UNESCO en 1974. Au sortir
de cette conférence, le Gabon s'est doté d'un Haut-commissariat
à la recherche scientifique qui sera érigé en
Ministère en 1976, puis confié à un organe
spécialisé, le CENAREST, au cours de la même année
115».
En effet, « À côté de ces
institutions de formation, les mêmes autorités ont jugé
opportun d'accoler à cette mouvance la création
définitive, un peu sous les cendres de l'ORSTOM du CENAREST, par
l'ordonnance n° 6/76 du 22 janvier 1976116 ». Il
regroupe plusieurs instituts de recherche dont certains sont issus de l'ORSTOM,
tels que l'Institut de Recherche Agronomie Forestière (IRAF) issu du
Centre Technique Forestier Tropical (CTFT).
112 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10
novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le
cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la
recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et
perspectives.
113 Site Institut de Recherche Développement France,
Principales étapes de l'histoire de l'Institut, Historique,
http://www.ird.fr/l-ird/Hidtorique.
Consulté le 27/06/2020.
114 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10
novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le
cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la
recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et
perspectives.
115 F.J. Hombahiya, Action publique et gouvernance des
institutions publiques de recherche en Afrique centrale Cas du Centre national
de la recherche scientifique et technologique (CENAREST) au Gabon,
Thèse de Doctorat en administration et évaluation en
éducation, Université de Laval Québec, 2015, p.15.
116 Idem.
60
Le CENAREST a été mis en place afin
d'accompagner l'État dans sa politique de développement. Il est
la réponse de la recherche au gouvernement face aux problèmes qui
lui sont présentés.
La recherche scientifique a pour rôle universel de
servir au développement et à la croissance économique de
la société qui la pratique. Son rôle est fondé sur
sa définition qui lui donne toute la charge de l'innovation. Lors de son
institutionnalisation au Gabon, le rôle assigné à la
recherche scientifique est synonyme des missions qui ont été
attribuées aux instituts du CENAREST. Ainsi, nous pouvons dire que le
rôle social qui est attendu de la recherche est référent
des missions citées dans les textes de la création des
instituts.
Le Gabon n'avait aucun chercheur à cette époque,
seulement des techniciens. L'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH)
a donc été créé, à partir du
département des sciences humaines de l'ORSTOM, et l'Institut de
Recherche et Technologiques (IRT), ayant à sa direction Monsieur Mintsa,
qui travaillait sur le fumage de poisson. Mais aussi, la création par
Monsieur Gassita de L'IPHAMETRA, dans les installations de la
propriété de l'USS. Suite à certaines tensions
permanentes, Owono Nguema remplaça, à la tête du CENAREST,
Monsieur Nzoghe Nguema par Gassita. Puis, à la suite de la nomination de
Joumas au ministère comme ministre de l'enseignement supérieur,
ce dernier nomma Nzoghe Nguema comme recteur de l'Université Omar
Bongo117.
Au Gabon, la confusion entre techniciens et chercheurs
était entretenue par certains responsables de la recherche, bien qu'il y
avait des techniciens qui contribuaient beaucoup et participaient à la
recherche scientifique. Mais le vrai problème, d'après Paul
Posso, était que le Gabon n'avait jamais eu un plan de formation de
chercheurs. De ce fait, il y avait très peu de chercheurs au profil
ciblé au Gabon. En zone de forêt dense, par exemple, les parasites
sont nombreux et il fallait travailler sur leurs vecteurs. Le Gabon a donc
très mal négocié son tournant de nationalisation de la
recherche dans les années 1970. Pour ce qui concerne les profils
ciblés, c'est l'État qui doit savoir ce dont il a besoin comme
profil pour son développement. Il faut, selon P. Posso, des profils
ciblés de haut niveau pour qu'il y ait un véritable
développement. Le tournant de nationalisation de la recherche au Gabon a
été très mal perçu par la France.
117 Entretien avec Paul Posso et Roger Nguema-Obame le 10
novembre 2018 en vue de préparer le colloque international pour le
cinquantenaire de l'Université Omar Bongo : La dynamique de la
recherche scientifique et de l'enseignement au Gabon : trajectoires, enjeux et
perspectives.
61
Section 2 : Nationalisation de la recherche
scientifique
Cette section renseigne sur la manière dont le Gabon
s'est approprié la gestion administrative de la recherche
scientifique.
Nous faisons une présentation explicite de la
création des différents organes de recherche, notamment, des
instituts et de la tutelle en charge de la recherche scientifique. Nous mettons
en exergue les différentes appellations données à ladite
tutelle, et terminons par un regard sur le statut de chercheur au Gabon.
2.1 Le Centre National de la Recherche au Gabon
Le Centre National de la Recherche Scientifique est l'organe
premier ayant en charge la promotion et la gouvernance de l'activité
scientifique.
Sous l'orientation du Parlement et selon la Constitution, le
Gabon met en place un Ministère en charge de l'Enseignement
Supérieure de la Recherche Scientifique. À ce Ministère,
fut assignée la fonction d'orienter la recherche scientifique et
d'appliquer la politique mise place par le gouvernement en termes de recherche
scientifique. Le décret n°1692/PR/MEN du 12 février 1988
portant attributions et organisation du Ministère de l'enseignement
supérieure et de la recherche scientifique, assemble les textes
modificatifs subséquents. Le Centre National de la Recherche
Scientifique et Technologique, héritier de l'ORSTOM par les locaux qui
l'y accueillera, est une unité opérationnelle selon la
nomenclature actuelle. C'est l'ordonnance qui la met en création et le
décret qui l'organise, en constitue, durant les premières
années de sa création de trois instituts de recherche dont le
rôle et les organisations seront dépendantes de leur décret
de création et de la situation économique du pays.
Selon les textes, le CENAREST est placé sous la tutelle
du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique,
plus particulièrement, dirigé par la direction
générale de la recherche scientifique et de l'innovation. Il faut
préciser que les premières recherches
s'axaient sur le domaine agricole et forestier compte tenu de la
conjoncture économique qui prévalait.
2.2 Chronologie des créations des organes en charge
de la recherche118
Nous essayons ici d'établir une chronologie de la
création des différents organes de recherche scientifique au
Gabon, sur la base des données recueillies.
Graphique 1 : Chronologie de texte portant
création et organisation des organes en charge de la recherche
62
118 Organes actuels de la recherche au Gabon.
63
Conception : Auteur
Ce schéma montre les moments de création et
d'organisation de la recherche scientifique, partant du ministère en
charge de la recherche scientifique au Centre National de Recherche
Scientifique et technologique et ses différents instituts. En nous
focalisant sur les datations des textes de décret et d'ordonnance , nous
soulignons un fait réel concernant l'évolution de la cherche qui
est celui de la mise en forme des conditions générales de
chercheurs et la mise en forme du recrutement du personnel de recherche,
établi après la création des 4/6 des organes de base de la
recherche notamment CENAREST, l'IRAF, l'IRSH et l'IPHAMETRA, qui font partis
des premiers instituts de recherche établis au Gabon, auxquels furent
partagés les rôles des établissements de cherche
appartenant à l'ancienne puissance coloniale ( l'ORSTOM ,
CTFTÉ).
Au terme de ce chapitre, nous retenons que l'insertion de la
recherche scientifique sur le territoire gabonais date d'avant les
indépendances. Après sa nationalisation, elle a comme
organe principal de son organisation le CENAREST et ses
différents instituts, qui seront créés au fur et à
mesure selon les orientations que les politiques souhaitaient donnés
à la recherche scientifique. Les instituts ont été mise en
place sur la base de l'héritage légué par l'ancien colon.
A cet héritage, on peut citer les structures de recherche, le
matériel de recherche et même la documentation issue de
l'aboutissement de recherche. L'activité de recherche, après la
nationalisation de la recherche au Gabon, était menée par des
techniciens de recherche, parce que le Gabon n'avait quasiment pas de
chercheurs et ne disposait pas d'un programme de formation des chercheurs.
64
Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de
chercheur
Comme l'a souligné Georges Moussavou :
« Au Gabon, cinq types de cadre identifiés
structurent l'activité de recherche scientifique.
Il s'agit :
- De entreprises multinationales (É)
- Des bureaux et laboratoires d'études des
ministères (É)
- Des établissements parapublics (É)
- Des instituts du Centre national de recherche scientifique
et technologique (É)
65
- Des laboratoires et centre de recherche
(É)119 ».
Les textes en vigueurs nous permettrons de faire une lecture
de l'organisation de la recherche scientifique. Le fonctionnement social d'un
secteur permet de lire l'impact de celui-ci. La définition du cadre
juridique dans ce moment a pour but de clarifier le statut des chercheurs, leur
rôle, en plus de décrire la réalité obsolète
des textes organisationnels.
Section 1 : Statut de fonctionnaire et fonctionnement
administratif
Le statut de chercheur inclut des rôles. Ces rôles
ont une importance aussi bien individuelle (car le chercheur doit se maintenir
dans le champ de recherche) que sur le plan collectif. Il doit permettre au
secteur de la recherche nationale d'avoir une influence sur le
développement social et économique du pays. La mise en oeuvre de
l'effectivité du rôle de la recherche est étroitement
liée à l'activité des chercheurs, au statut qui est le
leur, et à l'importance accordée à leur
activité.
1.1 Le statut de fonctionnaire pour les chercheurs
La position du chercheur au Gabon est une composante du statut
général de la fonction publique, loi n°001/2005 du 4
février 2005, et du statut particulier de chercheur mis en vigueur par
le décret N°000371/PR/MESRS, du 17 décembre 1987. Cette
position est basée sur le statut de fonctionnaire, car il est
employé de l'État exerçant une activité
d'intérêt général ou public, pour ce qui concerne
les établissements de la recherche publique.
Conformément à l'article 3 de la loi
n°001/2005 :
Article 3.- Les activités d'intérêt
général exercées par les agents publics sont
regroupées en emplois. Les emplois sont créés et
gérés conformément aux textes en vigueur. Ils sont
identifiés par référence à la catégorie, au
corps et, le cas échéant, au grade minimum requis pour y
accéder. Un emploi peut comporter un ou plusieurs postes de travail. Un
poste de travail regroupe une ou plusieurs tâches ou activités.
Pour être pourvu, le poste de travail doit préalablement faire
l'objet d'une autorisation budgétaire120.
119 G. Moussavou, Organisation et système
universitaire au Gabon, op.cit.p.122.
120 Loi n°001/2005, Portant statut
général de la fonction publique et du statut particulier des
chercheurs, 24 février 2005, Article 2 et 3.
66
A l'exception des travaux effectués avec les
partenaires, les travaux effectués par les différents chercheurs
des différents établissements de recherche doivent directement
servir au développement social et économique du pays, et sont
sous la responsabilité du ministère en charge de la recherche
scientifique.
Bien que les résultats de recherche effectuée
sous les directives des partenaires aient pour but (dans certains cas) de
soutenir le développement des pays, l'exploitation des résultats
obtenus demande une organisation plus complexe et une participation (souvent
financière) de l'État à qui appartient
l'établissement de la recherche affiliée.
Le statut de fonctionnaire accordé aux chercheurs des
établissements leur assure le paiement de leur salaire mensuel et de
leurs différentes primes, telle que la prime d'incitation à la
recherche (PIR) qui a été pendant plusieurs années source
de revendications. Ce statut de fonctionnaire assure aussi la prise en charge
sanitaire et de retraite. Un statut qui est très souvent traduit comme
source de négligence de certains chercheurs dans la mesure où ce
statut n'a pas de relation étroite sur le rendement de leurs
activités. Cette présence irrégulière de certains
chercheurs à leur poste de travail est plus qu'évidente.
Toutefois, la difficulté en cherchant à régler la
présence en poste des différents agents de recherche serait sur
deux éléments, à savoir : la liberté qu'incombe
l'activité de recherche proprement dite et les conditions données
aux différents chercheurs, afin d'effectuer leurs différentes
recherches.
1.2 Statut particulier des chercheurs
À partir du Décret n°000371/PR/MESRS, nous
faisons une présentation du statut de chercheur que nous mettrons en
perspective.
Le statut particulier attribué au chercheur permet de
situer le « statut » du chercheur au sein de l'administration et au
sein de la société, sans lui extraire sa position d'agent
publique ou de fonctionnaire pour ce qui concerne les employés de la
fonction publique. Leur fonction administrative les distingue par le but de
l'action de recherche comparativement aux autres secteurs d'activité.
67
Article 8.- Les emplois exercés par l'agent public
relèvent de la fonction administrative. La fonction administrative est
distincte par ses buts, ses moyens et ses personnels de la fonction
gouvernementale121.
a. Décret n°000371/PR/MESRS
Le Décret fixant le statut particulier des chercheurs
est constitutif de la position du chercheur dans la société
gabonaise. Ce décret est élaboré dans le but de
repréciser les fonctions du chercheur, les compétences requises
pour pouvoir avoir le statut de chercheur et le mode de recrutement au sein
d'un institut de recherche.
Dès l'amorce du décret la précision sur
les individus pouvant bénéficier du statut de chercheur est
donnée, en sollicitant l'ordonnance portant création du
CENAREST.
- Composition du corps de recherche :
Le corps de la recherche est composé de 2 groupes
distincts qui sont le corps de chercheur et celui de technicien de recherche.
Le corps de chercheur requiert, d'après le décret, l'obtention
d'un Baccalauréat et l'obtention minimum d'une Maitrise. Il faut dire
qu'aujourd'hui, avec la perte de valeur du diplôme de maitrise (Master),
la majorité des recrutements au poste de chercheur se fait après
une obtention d'un doctorat.
Lors de notre entretien avec le Directeur des Affaires
Administratif et Financière du CENAREST, ce dernier précisait que
le Centre avait des projets pour lesquels il se rapprochait des instituts,
notamment, l'IRT. Malheureusement, celui-ci, devant être la
référence en matière de technologie, ne pouvait pas
produire ce que le CENAREST lui demandait. Le DAF se voyait parfois
obligé de faire appel au service des prestataires : « Vous vous
rendez compte que le Centre a un institut spécialisé sur les
questions technologiques, et lorsque nous avons besoin d'un site, je vais
appeler des prestataires ! ».
Le point de vue du DAF sur les capacités des agents de
l'IRT est révélateur de la perception d'une catégorie
d'individus et d'agents administratifs sur les compétences des
chercheurs. Cependant, nous avons trouvé utile de nous rapprocher du
directeur de l'institut concerné, afin d'avoir son opinion sur la
question.
D'après le Directeur de l'IRT, les chercheurs composant
l'institut de recherche dont il a la charge ont les compétences
nécessaires. Cependant, les conditions de travail dans lesquelles ils
évoluent ne leur permettent souvent pas d'effectuer véritablement
un travail quelconque.
121 Loi n001/2005, Statut général de la
fonction publique, du 24 février 2005.
68
C'est là une des raisons pour lesquelles ils n'avaient
pas pu répondre favorablement à la demande du DAF du CENAREST. Le
manque de plateau technique et d'équipements n'est pas seulement source
de dysfonctionnement au sein des instituts, mais aussi de la chaîne
d'éléments de fonctionnement pour l'amélioration du tissu
économique national et du développement social.
- Missions et charges de la recherche :
Le personnel de la recherche scientifique est chargé
des missions de recherche et du développement expérimental (R-D),
selon les grands objectifs du plan national de développement
économique et social. Il assure les tâches de conception, de
programmation et d'exécution des recherches scientifiques et
technologiques. Conformément à la Loi 22/2000, déterminant
les principes fondamentaux de la recherche scientifique en République
Gabonaise, celle-ci stipule en son article 2, à alinéa 1 :
« Au sens de la présente loi, on entend par
:
- Recherche scientifique fondamentale et/ou
appliquée, l'ensemble correspondant aux besoins de l'Homme de
connaître et de comprendre le monde et la société, afin
d'assurer son développement individuel et collectif ...122
».
Elle poursuit dans son article 4 que la recherche scientifique
« a pour mission la maitrise progressive de la science et de la
technologie, en vue d'assurer à la nation les moyens d'exercice de sa
souveraineté, de promotion de l'Homme et de sauvegarde de son
environnement, ainsi que la conquête du bien-être
socialÉ123». Donc, de servir au
développement social et technologique. La recherche scientifique est
érigée en « priorité nationale124 »
d'après l'article 5 de ladite loi, déterminant les principes
fondamentaux de la recherche. Les chercheurs sont les acteurs du secteur de la
recherche, de ce fait, ils permettent à la recherche d'accomplir son
rôle. Il existe une relation étroite entre l'orientation politique
et économique, les chercheurs et le statut particulier qu'ils ont, et le
but de la recherche : le développement social économique du
pays.
122 Loi 22/2000, déterminant les principes
fondamentaux de la recherche scientifiques en République Gabonaise,
Article 3.
123 Ibid. Article 4.
124 Cela est dit d'un secteur qui a pour droit de passer avant
les autres.
https://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/priorit%C3%A9+nationale
69
Le décret fixant le statut particulier du personnel de
la recherche et de la technologie permet de préciser le rôle des
chercheurs, la structure administrative et la mobilité des chercheurs ou
techniciens de recherche, au sein des centres ou instituts de recherche de
l'État. Il précise les charges du personnel de la recherche
entant que chercheur ou technicien, face à la société et
leurs rôles, selon le plan politique du Gouvernement. En effet, le
gouvernement est à la charge de l'orientation générale du
pays. Chaque secteur devrait donc comporter une politique par laquelle ses
différents agents articuleront leurs activités, afin d'accomplir
les charges qui sont les siennes. Lorsque cette concordance d'acteurs, dans le
fonctionnement administratif n'existe pas, nous assistons à un manque
réel du but à atteindre, à savoir le développement
social et économique du pays.
La charge inclue dans le décret fixant le statut
particulier du personnel de la recherche scientifique et technologique en son
article 2 ne peut être concrète que dans la mesure où il
n'existerait, non seulement une politique nationale qui serait
générale, mais aussi une politique sectorielle propre au secteur
de la recherche. Ce qui n'en est pas le cas depuis plusieurs années et
cela malgré les nouvelles orientations idéologiques
prônées par le gouvernement. Car « il n'existe aucune
ligne directrice de la recherche (É) que les instituts s'orientent selon
les objectifs, les rôles de chacun inclus dans les textes de
création125 ». Compenser le manque de ligne
directrice la recherche par les missions donner à un institut,
conformément à son texte de création, ne résout pas
le manque de ligne directrice qui devrait être effective, afin de
soutenir l'orientation nationale que le gouvernement donne à la
recherche par rapport à la dynamique sociale du pays. L'inexistence
d'une ligne directrice de la recherche scientifique remet en cause l'existence
d'une politique nationale et l'ambition du gouvernement à vouloir
réellement mener le pays au développement social et
économique. Elle incite une individualisation ou encore une
personnalisation de la recherche.
b. Canaux d'orientation personnelle de la recherche
- Spécialités du chercheur ;
- Objectifs des partenaires ;
- Missions de l'institut de recherche.
125 Actuel Coordinateur des activités scientifiques et
technologiques du CENAREST, entretien du 01 Juillet 2020, au sein des locaux du
CENAREST situés au Gros Bouquet.
70
Section 2 : Organisation de la recherche
scientifique
Le Gabon a mis en place un système d'organisation de la
recherche structurant les différents organes qui composent ce secteur
depuis les années 70, plus précisément en 1976, en
créant par ordonnance le CENAREST. Antérieurement, la recherche
était gouvernée dans son activité, sur le territoire
national, par l'ORSTOM, et sur le plan administratif, par un fonctionnement
administratif faisant office de ministère de la recherche. De nos jours,
les données ont changé.
2.1 Organisation actuelle de la recherche
Comme nous l'avons souligné précédemment,
depuis la mise en place des différents textes de création des
instituts et du Centre National de la Recherche, il n'a été faite
aucune réforme réelle sur la structure administrative de la
recherche. L'administration de la recherche a plusieurs fois changé de
tutelle. Toutes ces réformes n'ont aucunement été inclues
dans une réorganisation administrative de la recherche, tandis que les
propositions de réforme ont été faites durant plusieurs
années.
« Pour ce qui est du conseil d'administration, c'est
au ministre de convoquer le Conseil d'administration ; deuxièmement, ce
centre a été créé en 1977 et quand il a
été créé, la structure politique était
différente. Donc, au sein de son conseil, il y a des membres qui ne
devraient plus être là. Et comme cela n'a pas été
renouvelé, il y a des textes qui n'ont pas été
renouvelés. Il y a une certaine incongruité à avoir des
membres dans le Conseil d'administration qui n'existent plus légalement.
Donc, il y a nécessité de reformer les textes. Cette
réforme va permettre de donner une nouvelle impulsion au centre...
126»
Ces situations remettent en cause le discours politique
national qui prône un développement économique et social,
dans la mesure où les priorités nationales telles que la
recherche scientifique n'est pas emmenée à concorder avec les
réalités institutionnelles administratives et politiques du
pays.
Actuel Commissaire Général du CENAREST,
Entretiens du 01 Novembre 2020 au sein des locaux du CENAREST situé au
Gros Bouquet.
71
Le manque de réforme administratif de la
recherche127 serait aujourd'hui la conséquence d'un manque de
volonté politique128, en ce sens que la réforme de la
structure de l'État est effectuée sans tenir compte, à
postériori, d'une réforme des composantes du fonctionnement de
l'État chargées de mener celui-ci à un
développement économique et social. Lors de l'entretien avec le
Commissaire Général de la recherche scientifique, celui-ci
souligna qu'il était actuellement nécessaire de revoir les
textes, car certains organes composant l'organisation n'existent plus soit par
manque de personnel (personne n'a été affecté dans ses
postes), soit par manque de financement sur les postes et organes, parce que
toute prise en charge d'un organe d'État requiert une approbation du
Ministère du Budget chargé de décaisser les
fonds129.
Tableau n°6 : Influence politique
Idées
|
Nombres
|
Pourcentages
|
Aucune idée
|
4
|
12,8
|
Tout est politisé
|
19
|
60,8
|
Indépendance de la recherche scientifique face au
politique
|
2
|
6,4
|
Indépendance de la rechercher face à la
question de politique
|
6
|
19,2
|
Total
|
31
|
100
|
Source : Données de
terrain
Au cours de notre enquête, 60,8% des
enquêtés pensent que la recherche scientifique est
étroitement liée à la politique, car « tout est
politisé ». D'après le discours de nos
enquêtés, la gestion administrative et l'évolution
idéologique de l'État, et les textes obsolètes, ne sont
pas le fait d'un manque d'évolution de la sphère administrative
et institutionnelle, mais plutôt d'une volonté des pouvoirs
publics de maintenir le champ de la recherche scientifique au Gabon dans cette
situation.
127 M. Akendengue, « L'organisation de la justice
administrative au Gabon », La Revue administrative Paris, PUF, 19 99,
p.45.
128 G. Sixdenier, Magistrat au TGI de Nanterre, La
médiation présentée par l'ANM : « Une volonté
politique : comment ? » Table ronde Christian LE ROUX, Directeur de
Cabinet du Président du CESE Ghislaine SIXDENIER, Magistrat au TGI de
Nanterre Marcel PAQUIER, Directeur PROTEKTA (Suisse) 16 novembre 2012 Palais
Bourbon sous le haut patronage de Madame Christiane TAUBIRA Garde des sceaux,
Ministre de la justice.
https://youtu.be/Vg89ekU0lNc
La volonté politique « permet de répondre
et de lever les obstacles ».
129 Il est soumis à une étude financière,
s'il ne peut être pris en charge l'approbation ne pourra pas être
donné par le gouvernement et aussi par le parlement. Dans les textes de
création des différents instituts, la place du ministère
du budget est aussi primordiale que pour la mise en place
d'établissements dans d'autres ministères. Établir une
réforme des textes permettra aussi à l'État de repenser le
financement de la recherche et son évaluation.
72
2.2 Organisation des instituts et des ministères en
cotutelles
L'organisation administrative s'effectue de façon
pratique sous deux aspects : sur un plan formel, régi par des textes de
loi et une hiérarchie, et sur un plan moral. Ce plan moral n'est pas
fondé sur un cadre juridique, c'est une loi sociale des habitus sociaux
incitant les agents à anticiper certains faits, et cela sans parfois
tenir compte du cadre juridique en vigueur.
a. Organisation des instituts
L'administration des instituts est faite par les
différents directeurs, et cela sous le contrôle du Commissariat
Général. Le Centre est composé de cinq instituts portant
chacun un rôle qui lui est propre. Toutefois, tout au long de notre
recherche documentaire, nous n'avons trouvé aucun texte signifiant une
collaboration entre les différents instituts, ou encore un décret
signifiant une collaboration directe entre les instituts. Elle s'effectue comme
des collaborations avec des partenaires, c'est-à-dire, par besoins.
Les demandes de collaboration entre instituts se font sur la
base de deux critères : les questions à aborder ou orientations
des projets et les affinités, appelées en langage courant «
connaissances ». En ce qui concerne la collaboration par orientation des
projets, elle se fera par rapport aux orientations que prendra le
problème de recherche à résoudre. L'avantage de cette
méthode est qu'elle peut s'effectuer sans affinités
préalables entre les chercheurs et apporte de nouvelles collaborations.
Les affinités sont le moyen de collaboration le plus répandu. La
particularité est qu'elles entretiennent les relations entre deux
établissements de recherche par le biais de deux personnes. Ces
relations peuvent s'interrompre lorsque ces personnes n'y sont plus. Aussi,
cette méthode de collaboration crée une difficulté de
compétence, car lors d'un projet entre deux établissements, le
choix par affinité incite à intégrer les chercheurs
à un projet sur la base d'une amitié plutôt que de tenir
compte de leurs spécialités, et de leurs
expériences130. Les collaborations permettent d'enrichir les
angles d'observation d'un problème posé.
Cependant, une interrogation nodale s'imposait. Elle
était relative à la formalisation d'une collaboration entre les
instituts du Centre. En d'autres termes, il s'agit d'établir un cadre
juridique qui contraindrait les instituts à travailler ensemble. Car,
bien qu'il n'existe pas un cadre juridique formelle, nous ne pouvons exclure
l'existence d'un cadre moral conduisant les
130 Actuel Coordonnateur des activités scientifiques et
Technologiques (CST) du CENAREST, Entretien tenu le 01 Juillet 2020, à
son bureau, au sein des locaux du CENAREST situé au Gro Bouquet.
73
instituts à créer cette interdépendance
entre eux. Néanmoins, chaque institut contient un article stipulant son
appartenance au CENAREST, dès lors, les différentes
administrations des instituts savent qu'elles appartiennent au CENAREST. Cette
appartenance pourrait donner une impression de relation entre le Centre et
chacun de ses instituts, sans qu'il n'y ait une relation les uns avec les
autres.
L'appartenance au Centre est au fondement du cadre moral qui
leur confère cette légitimité de travailler ensemble, sans
textes juridiques :
« Pourquoi les faire fédérer ? Ils font
partie du Centre. Le seul problème que nous avons est que, pour que les
gens travaillent ensemble, il faut leur donner des ressources , · des
ressources financières. Cela veut dire qu'il faut pousser les gens
à écrire des projets communs et les financer. Il ne me revient
pas de dire ce qu'ils doivent faire ou non. Moi j'écris les propositions
et eux doivent voir ce qu'ils veulent, et là seulement, on finance. Dans
la recherche, on ne force pas les gens à collaborer , · on leur
laisse la liberté. Mais, si vous voulez qu'ils collaborent, il faut
mettre en place un programme qui les oblige à travailler
ensembleÉ131 ».
La collaboration, en termes de la recherche scientifique, ne
s'effectue pas par contrainte, mais par volonté des chercheurs
eux-mêmes. Cependant, il est possible d'élaborer des mesures ou
des conditions qui les contraindraient à collaborer en formant des
groupes interdisciplinaires. Elle inclue, en outre, une prise en compte du
statut et du rôle qui lui a été donné dans le
fonctionnement global du secteur de la recherche.
- Effectivité des rôles et statuts au sein de
l'administration de la recherche
Dans un système de fonctionnement, la prise en compte
du rôle et du statut de chaque agent est importante, dans la mesure
où l'impact de l'action effectué par les uns à une
conséquence sur l'activité effectuée par les autres. Lors
de nos enquêtes, nous avons interrogé le Directeur de la Recherche
de la DGRSI. Nous abordions la question des infrastructures. Celui-ci nous
expliqua la façon dont elle était repartie et aboutie au cas de
l'institut de recherche en écologie tropical :
« L'IRET devait être à l'Ipassa,
à Makokou, mais ils ne sont pas partis. Pourquoi ? Je vous pose la
question puisque vous êtes en train de chercher. Trouvez et dites-moi.
Moi, on m'a dit qu'ils devaient partir. Cherchez. Peut-être que vous
trouverez un document, déjà que je n'ai
131 Actuel Commissaire Général du CENAREST,
entretien tenu le 12 Novembre 2020, à son Bureau, au sein des locaux du
CENAREST situés au Gros Bouquet.
74
jamais eu un document qui autorise le transfert de l'IRET
là-bas. J'ai entendu un discours politique qui n'a jamais
été suivi dans le temps. L'administration est écrite, il
n'y a pas d'arrangement dans l'administration. Si elle n'est pas écrite,
c'est que ça n'existe pas. Vous ne cherchez pas l'IRET à
Libreville, mais si vous allez à Makokou, vous ne trouverez pas l'IRET.
L'IRET est une structure du CENAREST. C'est le CENAREST qui vous dira pourquoi
ils ne sont pas partis132».
D'après le Directeur de la recherche, cet institut
devrait normalement être à Makokou, mais il ignore les raisons de
sa présence sur Libreville. Nous avons, par la suite, rencontré
le CST du CENAREST afin de comprendre la présence de l'IRET à
Libreville, et la difficulté de communication entre les pôles
administratifs. Le Coordinateur des activités scientifiques et
techniques a rétorqué : « Comment ne savent-il pas
pourquoi l'IRET est à Libreville ? Ils ne peuvent pas dire cela. Allez-y
le leur demander... ».
C'est le Directeur Adjoint de l'IRET qui nous a fourni des
informations sur la présence de l'IRET à Libreville. En fait :
« les stations de rechercher existent sauf que, comme les moyens ne
sont pas réunis, les différents chercheurs sont dans l'obligation
de rester sur Libreville. Il n'y a sur Libreville que l'administration de
l'IRET, juste que les chercheurs sont obligés de rester ici et aller sur
les stations quelques foisÉ133 ».
La prise en compte du rôle et du statut règlerait
la difficulté de communication. Il est judicieux de comprendre que la
perception que les chercheurs ont de l'État est issue de
conséquences financières : « Chaque chercheur ou chaque
institut est censé faire parvenir à la direction
financière le type de projet, la nature du projet et la hauteur du
financement du projet. Ils ont du mal à finir des projets parce
qu'à mi-parcours, l'institution demande la contrepartie de
l'État. Hors, l'État n'est même pas informé des
projets, et de la hauteur du financement du projet. En vérité,
cela aurait pu apparaître chez nous ici134 ».
Traitant de la question du financement, la chargée
d'étude de la Direction Générale de la Recherche et de
l'Innovation nous révèle que la trajectoire entre l'État
et le chercheur est énorme. Elle rajoute par la suite qu'ils ne sont
très souvent pas informés de ce qui se passe au niveau du
CENAREST, et que les informations ne leurs parvenaient pas directement :
132 Actuel Directeur de la Recherche de la DGRSI, Entretien
tenu le 14 Juillet 2020, à son bureau, au sein des locaux de la
Direction Générale de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation, situés au centre-ville.
133 Actuel Directeur Adjoint de l'IRET, entretien tenu le 07
Juillet 2020, au sein des locaux de la direction de l'IRET, situés au
Gros Bouquet.
134 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST,
entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux du CENAREST situés
au Gros Bouquet.
75
« Quand on passe par l'État pour atteindre le
chercheur, le circuit est long. La direction est la courroie de transmission
entre l'État et le chercheur. Le CENAREST est un institut autonome, donc
il a le plein droit de gérer ses finances. Mais, la direction ne va pas
non plus aller fouiller dans les tiroirs, car on vous a déjà
donné l'autonomie. On a un droit de regard ; un oeil regardant, mais on
n'ira pas fouiller dans leurs sacs. [...] Maintenant, ce que le CENAREST fait,
nous sommes informés parce qu'on est une famille. On parle de «
bouche à oreille », mais officiellement, on est incapable de dire
quel institut fait quoi en ce moment...135 ».
La négligence du rôle et du statut de chacun
s'effectue réciproquement. Chacun élabore des stratégies
de maintien ou encore d'autonomisation qui lui permettent de tenir, pour les
uns, dans la sphère politico-administrative, et pour les autres, dans le
champ de la recherche (toutes ces stratégies affectent de façon
directe ou indirecte la pertinence de l'activité de recherche). En
effet, afin de permettre à la structure de maintenir son autonomie
financière, les chercheurs et les administratifs ne font pas un retour
d'information. En d'autres termes, ils font un retour irrégulier
d'informations afin de protéger leur accumulation de capitaux.
Aussi, la société évolue et il est
primordial pour la recherche de s'adapter aux réalités sociales
actuelles. Ainsi, les différents instituts contournent le cadre
juridique pour créer une adéquation entre les
réalités actuelles et le secteur de la recherche, parfois, en
insérant de nouvelles disciplines.
Organigramme IPHAMETRA
Tableau n°7 : Organigramme selon les
textes
Direction
|
Départements (services)
|
Centres
|
Laboratoires
|
Directeur
|
Service Herbier
|
Centre de thérapeutique
traditionnel
|
Laboratoire de phytochimie et de pharmacologie
|
Service de Pharmacopée
|
Source : Auteur, tableau
réalisé sur la base du Décret de création de
l'IPHAMETRA
Tableau n°8 : Organigramme actuel
Direction
|
Directeur
Directeur adjoint
|
Départements
|
- Département de phyochimie
- Département de pharmacologie et toxicologie
|
135 Actuelle Chargée d'étude de la DGRSI, entretien
tenu, le 21 Juillet 2020 au sein des locaux de la DGRSI situés au
Centre-Ville.
76
|
- Département de tradithérapie et galinique
- Département de l'herbier national du Gabon
|
Laboratoires de conservation
|
L'Arboretum et l'Ombrière
|
Source : Tableau
réalisé sur la base du prospectus de présentation de
l'IPHAMETRA
Ces tableaux traduisent le changement actuel qui s'effectue au
sein des instituts. À travers l'insertion de nouvelles disciplines et la
réorganisation interne, les chercheurs réorganisent le
fonctionnement de l'activité de recherche indépendamment de
l'État. Nous avons qualifié cela de stratégies
administratives de maintien au sein du champ de la recherche.
b. Organisation des cotutelles
Les articles 3 du Décret n°0291/PR/MEF du 18
février 2011 portant attributions et organisation du Ministère
des Eaux et Forêts, et du Décret n°0294/PR/MAEPDR du 30 juin
2010 portant attributions et réorganisation du Ministère de
l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et du
Développement Rural, stipulent chacun pour sa part que, le
ministère comprend :
- Le Cabinet du Ministre ;
- Le Secrétariat Général ;
- Les directions générales ;
- L'Inspection Générale des Services ;
- Des organismes et établissements sous
tutelle136.
Suite à notre recherche documentaire, nous avons
compris que les différents instituts en cotutelles sont
intégrés dans les ministères respectifs par le biais de
l'article 3 des décrets d'organisation. Une information qui nous a
été confirmée lors de nos entretiens au sein des
ministères (en cotutelle). Toutefois, la préoccupation existante
n'étant pas relative à l'intégration des instituts dans
les tutelles ni l'existence juridiques des cotutelles, mais plutôt
à l'effectivité de la gestion de ces différentes
cotutelles.
La première difficulté posée a
été celle de l'existence d'un budget au sein des autres tutelles
concernant les instituts. Ce budget n'existe pas. Ce qui rend l'implication des
cotutelles face à l'activité des instituts quasiment inexistante.
La deuxième embuche est l'appartenance totale du Centre au
Ministère de la recherche. En d'autres termes, les cotutelles se sont
faites entre les instituts et les tutelles (tels que le ministère de
l'agriculture), sans pourtant avoir donné
136 Décret n°0294/PR/MAEPDR du 30 juin 2010,
portant attribution et réorganisation du Ministère de
l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et du
Développement Rural, Article 3.
77
une autonomie administrative aux instituts. Effectivement, les
instituts bénéficient d'une autonomie, mais celle-ci n'est que
financière. Dans l'ensemble de leurs activités, ils sont sous
l'administration de la coordination du Commissariat Général du
CENAREST. Il faut dire que cela crée un défaut de management
administratif.
Toutefois, les normes administratives voudraient que les
besoins des différentes tutelles concernant la recherche scientifique
soient transmis au Ministère en charge de la recherche, à la
Direction Générale de la Recherche, au Commissariat
Général du CENAREST et à la Direction de l'institut. De ce
fait, mettre les instituts sous double ou triple tutelles, se traduirait comme
leur donner une autonomie administrative, au-delà de l'autonomie
financière qui leur a été conférée. Le
Ministère de l'Agriculture est Co titulaire à l'IRAF et
établit une organisation de la recherche au sein de sa tutelle. Ce qui
crée une concurrence, car certains agents du Ministère de
l'Agriculture soutiennent le fait que la présence de l'IRAF
réduit les finances qui sont décaissés.
Comme souligné au départ, les Ministères
établis en cotutelle ont, pour certains des cabinets d'étude
(dirigé par des chercheurs), des laboratoires, des partenariats
individuels avec des chercheurs, ce qui crée une négligence du
statut de cotutelle.
Tableau n°9 : Niveau de collaboration entre
les ministères en cotutelle et les instituts
Tutelles
|
Intégration
|
Niveau de
partenariat
|
Subvention financière
|
Ministère de la
pêche, de l'élevage et de l'agriculture
|
Prise de poste
et pas nécessaire
pour les chercheurs
|
Irrégulier (Conditionnée par les projets)
|
Aucune subvention financière
|
Ministère des
eaux et forêts
|
Transfert d'agent
|
Irrégulier (Transfert d'agent)
|
Aucune subvention financière
|
Source : Données
collectées sur la base des entretiens tenu au sein des tutelles
Traitant de la question des cotutelles afin d'émettre
une précision sur le statut administratif des instituts et de lire
l'activité scientifique, nous avons interrogé le Directeur
Général de la DGRSI nous expliqua :
« Les doubles tutelles. Mais le principal qui est
autorisé à parler au nom des instituts de recherche, c'est le
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique. C'est lui qui est chargé de la recherche scientifique. Les
autres sont là parce qu'ils travaillent
78
avec nous, parce que ce sont les utilisateurs de la
recherche. (É) Dans cette double tutelle, c'est le ministre en chef de
la recherche scientifique qui gère. Sur le plan horizontal, c'est le
ministre en charge de la recherche qui pilote tout. Si vous allez voir la loi
qui fixe les principes fondamentaux de la recherche scientifique au Gabon, vous
allez voir que tous les instituts sont sous l'autorité du ministre en
charge de la recherche, les autres sont accessoires. C'est-à-dire que le
ministère de l'agriculture, par exemple, ne peut pas vous donner une
autorisation au nom du ministre de la recherche scientifique. Le
ministère de l'Agriculture peut nous dire vouloir faire un plan de
développement rural. Mais, dans l'IRAF, y a-t-il des spécialistes
dans ce domaine ? Et pourtant on parle de données économiques
internationales, parce que vous avez trois chaines de valeur : la production,
la transformation et la commercialisation.
Les Ministères en double tutelles ne font que de la
recherche appliquée, ils n'ont pas de laboratoires. Si nous prenons le
cas de l'agriculture, eux, ils ne peuvent pas faire les semences ? Cela ne peut
être fait que dans les laboratoires de l'IRAF, et c'est l'IRAF qui va
donc mettre à disposition du ministère de l'agriculture les
semences137 ».
La perception de la recherche est variable à cause, non
seulement du rapport que chaque tutelle entretient avec la recherche
scientifique, mais aussi, à cause des responsabilités
administratives que celles- ci ont et qui ne sont pas inclues dans les textes
en vigueur.
« On a créé une structure qu'on leur a
donnée, parce que même si le ministère doit mettre les
moyens, on met les moyens dans quelque chose que vous maitrisez et
contrôlez. Or, lui, est le bébé de quelqu'un d'autre.
[É] Si tu lui donnes quelque chose, il va utiliser les moyens
de l'agriculture pour produire maintenant les chercheurs et des doctorants. Ils
vont prendre nos moyens pour faire leurs travaux de recherche, avoir leurs
thèses, leurs doctorats et bénéficier de leurs PIR, et
dans tout cela, nous aurons quoi ? Rien. »138
Les perceptions de la responsabilité entant que tutelle
varient selon le type de rapport qu'entretiennent les administrations. Et dans
cette coordination, chacun définit le rôle qui est attendu de lui
par rapport aux outils qui lui sont donnés, car aucune précision
de rôle n'est faite dans les textes en vigueurs.
Les textes stipulent la mise en place des tutelles. Il faut
dire que l'existence des cotutelles n'est pas au fondement de la
difficulté administrative qui se crée. La réalité
de cette difficulté est créée par le manque de
définition du rôle de chacune des tutelles. Ainsi, nous nous
137 Actuel Directeur Général de la DGRSI,
entretien tenu le 24 Novembre 2020, à son bureau au sein des locaux de
la DGRSI situés au Centre-Ville.
138 Actuelle Chargé d'étude au Ministère
de l'agriculture, entretien tenu le 21 Juillet 2029, au sein à la
Direction Générale de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation située au centre-ville.
79
retrouvons dans une cotutelle où il n'y a qu'une des
tutelles qui détient le budget prévu à cet
établissement sous tutelle. L'idéal, en incluant la cotutelle,
aurait été de préciser le rôle de chacun dans le
processus de gouvernance des instituts, mais aussi dans la gestion des
résultats des projets. Le rôle de chacun n'a pas été
bien défini, par conséquent dans la pratique, chacun essaie de
donner un sens au contexte de cotutelle et au rôle qui est le sien.
Au terme de ce qui précède, suite à la
nationalisation de la recherche au Gabon, le Politique décide de mettre
en place une organisation administrative au tour de la recherche scientifique
afin de mieux l'orienter. Il établit une tutelle en charge de la
recherche scientifique, un centre national de la recherche et des instituts de
recherche qu'il met en cotutelle, sans préalablement définir le
rôle de chaque tutelle. Cette mise en cotutelle rencontre aujourd'hui des
problèmes de management à cause du problème du vide
juridique qui prédomine la sphère de la recherche, le
problème de financement des cotutelles qui, n'ayant pas une subvention
pour s'occuper des instituts, préfèrent en laisser la cherche au
Ministère chargé de la recherche, et l'existence des structures
de recherche au sein des Ministères en cotutelle.
Aussi soulignons-nous le double statut des chercheurs qui est
au fondement des représentations que se font les individus du chercheur,
et à la base de l'absentéisme des chercheurs. Nous avons
traité de l'organisation au sein du Centre National de la recherche et
la mise en relation des instituts sur la base du statut et du rôle de
chacun.
Conclusion de la première partie
Dans cette première partie, il a s'agit du traitement
de la question en rapport au statut de la recherche au Gabon. Nous avons
parcouru l'histoire de l'activité scientifique au sein de la
société gabonaise de façon générale. Elle a
débuté bien avant les Indépendance, mais s'est
nationalisée après, progressivement, suivant le modèle
colonial. L'IRAF fait partie des premiers instituts de recherche. Il a
plusieurs fois été délocalisé suite aux multiples
décisions politiques. Au préalable, le matériel et le
personnel le composant ont été formés par les
colonisateurs et étaient, pour la grande majorité, des chercheurs
au sein de CTFT et de l'ORSTOM.
Sur la base de cette lecture historique, nous avons fait, en
deuxième chapitres, une étude du statut du chercheur, son
rôle et du secteur de la recherche. Les chercheurs ont, d'une part, un
statut de fonctionnaire assurant leur position administrative et la
régularité de leur
80
paiement mensuel, puis un statut de chercheur. Afin de
maintenir leur position dans le champ de la recherche sur le plan
international, ils mettent en place des stratégies administratives.
Les différents instituts contournent le cadre juridique
dans le but de créer une adéquation entre les
réalités actuelles et le secteur de la recherche, parfois, en
insérant de nouvelles disciplines dans l'organigramme. Dans le but de
sauvegarder leur autonomie financière et protéger leur capital
symbolique, les chercheurs et l'administration établissent une «
non-information ». Ainsi, les réalités juridiques sont
très souvent en contradiction aux réalités de
fonctionnement et influencent directement ou indirectement l'apport de la
recherche.
DEUXIEME PARTIE :
RÔLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET
REPRÉSENTATIONS SOCIALES
|
81
Introduction de la deuxième partie
Dans cette partie, nous essaierons d'abord de comprendre
comment la recherc
elle orientée, dans la formulation des politiques
publiques de développement multise
Nous commençons la partie en montrant la place de la
recherche dans l'économie gabonaise. Pour le dire autrement, les
chercheurs sont-ils de véritables médiateurs dans cette
perspective ? Les résultats de leurs travaux sont-ils
véritablement mis, de façon décisive, sur l'agenda
politique ?
Nous procéderons ensuite à une analyse du
mécanisme et conditions de financement la recherche pour voir si ce
financement est conforme aux attentes à l'égard du secteur de la
recherche. Dans cette perspective, une lecture des représentations que
les agents (dans le champ
de la recherche et hors du champ), les décideurs se
font de la recherche ou encore des chercheurs s'avère alors
opératoire.
82
Chapitre III : Rôle et impact de la recherche
scientifique dans la société gabonaise
Dans ce chapitre, nous traiterons, non seulement des attentes
à l'égard de la recherche dans le processus de
développement économique et social, mais aussi de sa contribution
dans ce même processus à partir des moyens qui lui accordés
pour la réalisation de cette mission. Nous partons d'une lecture du
système de gestion financière de la recherche et terminerons sur
une lecture de contribution réelle de la recherche scientifique à
l'économie de la nation.
Le lien entre le statut accordé et le rôle est
alors très étroit. Le rôle que jouent les acteurs est
lié à leur statut. Toutefois, lorsque que les statuts sont remis
en cause, alors le rôle que doit jouer l'acteur peut devenir socialement
difficile à saisir, ou dysfonctionnel et correspondre à un autre
rôle social.
83
Conformément à la loi 22/2000, l'un des
rôles, aux allures de mission, attribués au statut de chercheur
est de servir au développement individuel et collectif. Elle indique les
conditions d'orientation de la recherche, afin trouver des solutions pratiques
et accompagner le développement social et économique du pays.
Section 1 : Place de la recherche dans
l'économie
La recherche scientifique est une activité dont le
cadre institutionnel a été mise en place au fur et à
mesure que la société évoluait. Dans le but d'orienter et
d'avoir une lecture des différentes activités économiques
menées au sein de son territoire, le Gabon a créé un
Tableau de bord économique qui fait une synthèse des
activités économiques exercées sur le territoire gabonais.
Ce tableau permet d'établir une traçabilité sur l'apport
de chaque secteur sur le PIB national. « Un tableau de bord est un
instrument de communication et de décision qui va mettre en
lumière des indicateurs clés destinés à des
opérateurs ou des responsables. »139
1.1 Lecture du financement de l'activité de
recherche de l'activité de recherche dans l'économie
gabonaise
Le programme annuel de performance (PAP) est une annexe des
lois de finances. Il permet de comprendre de façon
détaillée, les orientations de budget alloué, car il met
en exergue les missions d'orientation du budget, notamment les principaux
postes de dépense
a. Le Programme Annuel de Performance, Programme Recherche
scientifique et Innovation (Ce document sert d'annexe aux Lois de
finance)
Tableau n°10 : Crédits
alloués aux lois de finance et aux Lois rectificatives au cours des
années cinq dernières années au titre 2, titre 3 et tire
5
139 YouTube, Les geeks des chiffres, Tableau de bord
d'entreprise c'est quoi ? Contrôle de gestion- TUTO, 07 Juin 2017.
https://youtu.be/4tiLy1JO5Vc
84
Source : PAP 2015, 2016, 2017, 2018
et 2019
Les crédits de référence de la PAP
affichés dans ce tableau font allusion aux crédits alloués
aux Lois de finance et aux Lois rectificatives, au cours des années cinq
(5) dernières années. Ces crédits sont issus du budget
programmé et voté par le Parlement. C'est le budget
programmé par l'État dans les charges et les dépenses qui
seront occasionnés durant l'année envisagée. Ceux -ci sont
adoptés par le Sénat promulgués par la Présidence
de la République. L'attribution des allocations se fait sous orientation
de mission. Suivant un programme bien précis, ils présentent des
missions ayant des objectifs biens définis dans un cadre mobilisant des
moyens (financements). « Les PAP sont présentés dans des
documents missions par missions. La mission récapitule les
crédits (y compris les fonds de concours et
Années
Titres
|
|
2015
|
|
|
2016
|
|
|
2017
|
2018
|
|
|
|
|
|
2019
|
Titre 2 (Salaires du personnel)
|
2 218 616
|
000
|
2
|
286
|
160
|
000
|
14
|
092
|
101
|
992
|
13
|
764
|
494
|
034
|
12
|
769
|
120
|
327
|
Titre 3
(Dépenses de bien et service)
|
291 781
|
247
|
|
291
|
781
|
247
|
|
100
|
000
|
000
|
|
100
|
000
|
000
|
|
100
|
000
|
000
|
Titre 5
(Investissement)
|
221 840
|
000
|
|
|
|
0
|
|
|
|
0
|
|
|
|
0
|
|
|
|
0
|
Total
|
2 732 237
|
247
|
|
512
|
397
|
247
|
|
321
|
416
|
000
|
13
|
864
|
494
|
034
|
12
|
869
|
120
|
327
|
attributions de produits attendus) et les moyens (emplois)
alloués à une politique publique. »140
Comme nous l'avons dit précédemment, la
présentation de missions ministérielles se fait mission par
mission. Chaque mission est constitutive de programme dont la
présentation s'effectue par l'exposition du cadrage stratégique
et des moyens du programme et des dépenses fiscales. Tout ceci sur la
base d'une justification en francs CFA.
Pour ce qui concerne les moyens du programme et des
dépenses, ils sont :
- Les crédits, constitués d'autorisations
d'engagement (AE) et de crédits de paiement
(CP), sont détaillés selon la nomenclature
par destination (programmes et actions) et par nature (titres)
, ·
- Le cas échéant, les dépenses
fiscales rattachées au programme sont indiquées ainsi que leur
évaluation , ·
140 Projet annuel de performance, Mission
ministérielle de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique, Annexe Projet aux lois de finance 2017, p.2.
85
- Les propositions relatives aux emplois de l'administration
et aux emplois des opérateurs de l'État sont
présentées en effectifs.
Le tableau précédent est issu d'un agencement de
tableaux de Projet Annuel de Performance de 2015 à 2019. Nous avons
exclu les actions et les programmes de la nomenclature inscrite dans le tableau
source pour n'en extraire que les titres, notamment : le titre 2, le titre 3 et
le titre 5. Car, ces trois (3) titres sont incluent pour les
établissements de recherche que nous avons choisis d'enquêter : Le
CENAREST et ses cinq (5) instituts de recherche.
· Le titre 1
Il fait référence à la dette. Elle ne
traite pas de la dette du Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique, mais de la dette de l'État et des
versements injectés à une institution afin de s'acquitter de
celle-ci141.
Ce titre bien qu'inscrit sur le tableau est effectué
à 0Fcfa car, elle ne concerne pas les agents de la recherche mais
plutôt la Direction Générale de la Dette et tous les
secteurs devant payant les dettes.
· Le titre 2
Le financement fait au titre 2, qui représente le
montant mise à part pour le personnel de la recherche
conformément au programme de recherche présenté, et
proposé par la Direction de la recherche scientifique est une
évaluation faite au milliard de francs.
Il est de 2 218 616 000 en 2015 contre 12 769
120 327 et en 2019. Soit un écart de 10 550 504 327
FCFA.
Il y a eu une hausse du budget alloué au titre 2
concernant le salaire du personnel. Cela s'explique par deux (2) indicateurs,
à savoir : l'augmentation de l'effectif des chercheurs et la jonction de
la PIR au salaire. Cependant, l'augmentation de l'effectif des chercheurs reste
l'indicateur le plus pertinent.
· Le Titre 3
- Orientation du titre 3 d'après la PAP :
141 Cf. Annexes.
86
Il est représentatif du budget alloué, non aux
instituts directement, mais au programme, qui est établi par la
direction de la recherche scientifique. C'est par ce programme, fondé
sur les ambitions des gouvernants et sur la politique qu'ils veulent mettre en
place que se construit le programme ou les orientations prioritaires.
Après avoir fixé les priorités, les répartitions
budgétaires se feront en tenant compte de l'implication attendue de
chaque institut de recherche. En effet, la répartition du budget
affecté à la recherche par la Direction et le Centre se fera
selon l'implication souhaitée d'un institut. Ce plan d'action financier
n'est pas dépendant de la Direction ou du Centre.
D'après la PAP, les projets de programme de recherche
sont approuvés par le Conseil d'administration sous la proposition du
Commissaire Général. En effet, le premier alinéa de
l'article 8, du décret n° 322/PR/MRSEPN, portant organisation du
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique, stipule que sur
la proposition du Commissaire Général, le Conseil
d'administration approuve les projets de programme de recherche, ainsi que tous
les projets d'organisation générale et de réforme du
Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique. Le conseil a
pour rôle de donner son avis sur l'exécution des programmes et
leur mise en place142. Aussi, les programmes sont sources des
orientations budgétaires et de la répartition, comme nous l'avons
souligné supra.
- L'orientation budgétaire actuelle :
Bien que le Projet Annuel de Performance, servant d'annexe
à la loi de finance, souligne que les programmes, aidant à
orienter les financements de la recherche, sont sous la responsabilité
de la Direction Générale de la Recherche et de l'Innovation, il
ne nous a pas été expliqué, durant notre enquête sur
le terrain, aucune caractéristique ou indicateurs concernant la
répartition budgétaire des établissements de recherche. La
décision concernant le financement de la recherche est un domaine,
actuellement qui s'effectue indépendamment de la DGRSI, dans la mesure
où il est fixé par les entités institutionnelles
supérieures à celle-ci.
A la question de la répartition du budget, nous
n'avons pu avoir de réponse concrète, sinon des explications sur
le fait que les décisions n'étaient pas totalement relatives
à la DGRSI, car celle-ci a juste le devoir de reverser le budget
envoyé, en d'autres termes d'exécuter.
Ce manque de maîtrise de la Direction
Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation sur le
financement de la recherche traduit, aujourd'hui, la manipulation des
acteurs
142 Décret n°322/PR/MRSEPN, Portant
organisation du Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique, Article 8, Alinéa 2.
87
politiques de ce secteur, dans la mesure où les
directions ayant pour rôle la mise en pratique des ambitions politiques
par l'administration et le financement, sont surplombées par le pouvoir
politique qui remplit de façon contradictoire tous les rôles
administratifs en recevant du pouvoir des différents agents du champ de
la recherche. C'est dans ce système de relation que se joue la relation
entre la politique « politicienne » traduite par polity et la
policy143, la politique faisant allusion à l'action publique
ou administratif, normalement effectué sans ambition
politique144. Pour Jacques Rollet en effet, depuis quelques
années, l'analyse des politiques publiques « est dominée
par la problématique qui insiste sur l'importance de la dimension
cognitive chez les acteurs d'une politique nationale ou locale.
»145 L'analyse cognitive par les
référentiels des politiques publiques, constitue certainement
l'une des manifestations les plus abouties de cette posture
L'intérêt de l'analyse cognitive renvoie donc à la formule
de Thoenig sur le rapport qui existe entre Policy (une politique
publique comme programme d'action) et Politics (politique
générale, idéologie partisane). Pour lui, «
l'analyse des politiques publiques s'effectue (É) dans une perspective
consistant à rechercher quelles relations existent entre la Policy et la
Politics »146. Dans la même perspective,
Bourdieu dit qu'on ne peut parler du champ scientifique et estimer faire une
réelle analyse des mouvements au sein de ce champ sans faire une lecture
politique de la réalité sociale, car celle-ci est aussi
déterminante dans le champ scientifique que les capitaux inclus dans le
champ. La réalité politique est aussi l'une des raisons de la
reconversion des capitaux du champ scientifique147. Cette dotation
est fondée sur une reconnaissance symbolique du politique comme
dominant. Cette position de domination que le gouvernant possède est
transférée dans le secteur administratif du champ de la recherche
par une reconversion des capitaux du champ politique que lui reconnaît
l'agent de la recherche. C'est ce mécanisme que Bourdieu appelle la
« délégation » dans la sphère politique
(politique politicien, lorsqu'il fait allusion à la
légitimité qu'ont les élus d'agir au nom de leur
légataire ou mandataire)148.
143 La notion de policy désigne les politiques
publiques et l'action des pouvoirs publics dans des secteurs particuliers.
C'est l'orientation que nous donnant à la notion de politique dans notre
travail.
144 Y. Dormagen et D. Bouchard, Introduction à la
sociologie politique, 4ème Edition, Deboeck
Supérieur, DEBOECK SUPERIEUR, 2015, p. 13.
145J. Rollet, « L'action publique en
France et en Grande-Bretagne : comparaison de deux référentiels.
», Revue Pouvoirs, n°110, 2004, p.162.
146J.C. Thoenig, « L'analyse des politiques
publiques », dans Traité de Science Politique, Paris,
PUF, 1985, p.14.
147 P. Bourdieu, « La spécificité du
champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison
», in : Sociologie et sociétés, op.cit. p. 95.
148 P. Bourdieu, « Sur le pouvoir symbolique
». In : Annales. Économies, sociétés,
civilisations. 32? année, N. 3, 1977. p. 408.
88
Pour ce qui concerne notre étude, la
délégation (ou accumulation) se fait sur la base d'un croisement
de champ. Ainsi, la légitimité que les agents de la recherche
donnent au politique est fondée sur une reconnaissance du statut
institutionnel de celui-ci, cette dotation n'inclut pas une
légitimité d'agir dans le champ ou de parler en leur nom. Cette
légitimité est construite par un univers symbolique, dans lequel
détenir le pouvoir politique est synonyme de détenir le pouvoir
symbolique supérieur qui permet d'agir sur tous les champs. Il faut
souligner que cette délégation s'effectue sur des schèmes
reconnus par les deux (2) parties149.
Pour revenir sur le titre 3, celui-ci est en baisse de
191 781 247 FCFA) nous prenons en compte l'écart existant entre
le budget alloué au titre 3 en 2015 (291 781 247 FCFA),
comparativement à celui de 2019 (100 000 000FCFA).
Contrairement au budget du titre 2 qui s'accroit, celui du titre 3 diminue.
Aussi, il est stable depuis ces trois (3) dernières années et ne
s'élève qu'à 100 000 000FCFA. Il faut dire que ce
budget est similaire à celui fixé sur la loi de finance. De ce
fait, il fait référence au budget fixé de la recherche et
non au budget exécuté qui peut être soit supérieur
ou inférieur.
Le titre 4
Le titre 4, destiné au transfert, c'est-à-dire,
aux subventions locales et internationales. Il sert à payer des services
qui ne sont pas directement accessibles au niveau national. Ce sont les
allocations versées aux organismes internationaux en termes de
cotisations. Il inclut les collaborations à l'internationale et sont
pris en compte par la demande des unités opérationnelles (les
instituts et centres de recherche).
Les subventions sont prises en compte par l'État,
elles servent parfois de cotisations ou de participations, afin de respecter un
engagement. Par exemple, la participation des enseignants chercheurs aux
différents titres au CAMES est normalement prise en charge par le titre
4, lorsque cela est signalé par la Direction Générale ou
lorsque l'État relève un besoin de maître-assistant,
professeurÉLa subvention du titre 4 est actuellement de 0FCFA, En
d'autres termes, pour ce qui est du CENAREST et de ses différents
instituts, il n'est reversé aucun financement prenant en charge les
subventions. Cependant, dans le budget général de l'État,
le titre 4 est effectif.
149 J. Morgante, « La notion de lutte et de pouvoir
symbolique dans le champ politique selon Bourdieu. L'intérêt d'une
édition », in : Bourdieu. P, Langage et pouvoir
symbolique, Paris, Seuil, 2001, p.210.
· 89
Exécution du Budget général de la
recherche extrait de CGA 2017 et 2019 : Titre 4 et 5
Tableau n°11 : Exécution du budget
de l'année 2017 aux titres 4 et 5
Titres
|
Montants en FCFA
|
Titre 4
|
204
|
352
|
463
|
288
|
Titre 5
|
132
|
704
|
904
|
940
|
|
Source : Compte
Général Administratif 2017
Tableau n°12 : Exécution du budget
de l'année 2019 aux titres 4 et 5
Titres
|
Montants en FCFA
|
Titre 4
|
211
|
620
|
986
|
472
|
Titre 5
|
257
|
777
|
781
|
022
|
|
Source : Extrait du Compte
Général Administratif 2019
Ces tableaux montrent l'existence des titres 4 et 5 dans le
budget. Le solde à 0FCFA des titres 4 et 5 dans le budget des instituts
est conséquence d'une volonté politique et d'un choix
d'orientation des gouvernants.
· Le titre 5
Le cinquième titre fait référence au
titre d'investissement. Il a pour but de servir à la
réhabilitation et à l'amélioration des différents
espaces. Toutefois, ce titre peut, par détournement être
subventionner par le titre 3 qui est celui de « biens et de service »
pour ce qui concerne les structures ne recevant pas de subvention directe au
titre 2.
· Titre 6
Le titre 6 est le titre de référence aux
dépenses autres que celles qui ont été planifiées
dès le départ. Ce titre est nommé « dépense
Autres ».
b. Conférence budgétaire de la
recherche
Pour ce qui concerne les conférences
budgétaires, leur mise en place nous a été
expliquée par le DAF du Centre National, lorsque nous abordions la
question de la répartition du budget par instituts. « Les
budgets sont repartis selon les besoins exposés par chaque
90
responsable d'institut lors de la conférence
budgétaire avec la direction Centrale des Affaires Administratives et
Financières. »150.
Lors de cette dite conférence, les différents
Directeurs d'Institut de recherche établissaient une liste de besoins
sur la base desquelles devront être fait le financement. Afin, de pouvoir
avoir un exemple des besoins qui ont pu servir d'indicateur financier, nous
nous sommes rapprochés du Directeur Adjoint de l'IRSH. Celui-ci nous fit
comprendre que depuis plusieurs années, il ne se tenait pas de
conférence budgétaire.
« De quelle conférence budgétaire
parlez-vous ? Je vous dis, mademoiselle, qu'il n'y a pas de conférence
budgétaire. Le budget est déjà fixé et c'est comme
cela. On n'a pas de conférence budgétaire. On ne sait pas sur
quels critères ils décident. Sauf s'ils font cette
conférence entre eux et nous nous ne le savons pas. »151
La Différence entre la réalité
administrative et la réalité des chercheurs dans le secteur de la
recherche a été un point important dans la mesure où la
réalité administrative du secteur de la recherche introduit la
réalité politique. Dans la relation qui existe entre policy
et polity. Effectivement, dans la pratique il y a une dépense
entre les agents du champ de la recherche et les acteurs des
polity152. L'accumulation des statuts administratifs des agents de
la recherche constitue un des capitaux des agents du champ politique. A
contrario, la relation entretenue avec la sphère politique octroi de
nouveau capitaux pour les agents du champ de la recherche (capital social). Ce
capital social en lui-même constitue permet d'avoir accès à
plusieurs autres capitaux153.
Le secteur de la recherche est composé de la
sphère recherche et de la sphère administrative. Mais dans
l'agrégat de ces deux, le pouvoir politique utilise le pouvoir
administratif afin d'instrumentaliser la recherche, ce qui crée une
situation dichotomique entre ces deux niveaux.
1.2 Part de la recherche sur le PIB national
Cet apport direct de la recherche est à 0%. Effet, la
recherche aboutit très rarement au stade de la commercialisation des
produits de recherche.
150 Actuel Directeur de La Direction Centrale des Affaires
Administratives et Financières de la DGRSI, entretien tenu le 20 Aout
2020, à la DCAF de la DGRSI située à Batterie 4.
151 Actuel Directeur Adjoint de l'IRSH, entretien tenu le 16
Juin 2020, au sein des locaux de l'IRSH, situés à l'UOB.
152 Polity peut se définir comme la sphère
politique, elle renvoie à la notion forgée par Pierre Bourdieu,
et utilisé fréquemment en politique : champ politique.
153 J. Morgante, La notion de lutte et de pouvoir
symbolique dans le champ politique selon Bourdieu. L'intérêt d'une
édition, Langage et pouvoir symbolique, Op.Cit.p.216.
91
Aussi, la commercialisation la plus récurrente des
produits de recherche sont les ouvrages qui sont pour la grande
majorité, édités et imprimés à
l'extérieur. De plus, leurs commercialisations sont dérisoires
sur le marché.
- Apport de la recherche scientifique sur le PIB :
Le Produit intérieur Brut est parfois défini
comme la richesse produite au cours d'une année dans un pays. Il
correspond à l'ensemble des richesses créées par les
différents secteurs. Cette richesse est aussi appelée valeur
ajoutée. Il s'agit ici de voir la contribution de la recherche dans la
richesse nationale.
Et en nous focalisant sur le secteur marchand, regroupant les
activités ayant un apport direct sur l'économie et régi
par un échange financier, soulignons que ce qui intègre d'abord
la recherche dans ce secteur, ce sont les produits de recherche
commercialisés, la commercialisation de brevet, les prestations mais
ceux-ci sont quasiment illisibles.
En somme, le PIB dans une maison, serait la part que chaque
membre de la famille donnerait à contribution après avoir
perçu son salaire et évacué ses dépenses. Afin de
comprendre l'activité économique on examine, on essaie de
repérer les personnes qui contribuent au PIB, c'est cela qu'on appelle :
les agents économiques sont classés en 4 ou 5 catégories.
Et c'est la contribution de chacun qui va permettre de faire le PIB.
- La première catégorie, c'est ce qu'on appelle les
sociétés et quasi sociétés plus
simplement, les entreprises ;
- La deuxième catégorie se sont les ménages
et entrepreneurs individuels ;
- La troisième catégorie c'est l'administration,
l'État. Donc, l'administration sous ses
différentes formes ;
- La quatrième catégorie, dans les SQA il y a les
financières et les non financiers ;
- L'autre agent économique c'est ce qu'on appelle le reste
du monde 154.
La recherche telle qu'elle est traduite sur le PIB est une
recherche effectuée par le secteur du pétrole155. Pour
ce qui est de la recherche, notre centre d'intérêt, à
travers la recherche développement, notamment un partenariat avec le
secteur des entreprises ou dans le cadre d'un partenariat avec une
administration du secteur public, un acteur de la société civile
ou un
154 Actuel Chef de Service de la statistique nationale, de la
Direction Générale de la statistique, entretien tenu le 14
Septembre 2020 au sein des locaux de la Direction Générale de la
Statistique.
155 Tableau de bord 2018 (C.f. Annexes).
92
partenaire au développement de l'État, la
recherche devrait produire de la valeur ajoutée. Les partenariats sont
quasiment inexistants, à quelques exceptions près, pour ce qui
est du Centre National de la Recherche et ses différents instituts.
De ce fait, afin de calculer la part de la recherche sur le
PIB, nous avons sollicité l'administration, les services de
l'État. Toutefois, par cette méthode, il est quasiment impossible
de lire la performance réelle de la recherche. Elle ne permet de
comprendre l'investissement que l'État fait sur la recherche.
Conformément aux propos du Directeur Administratif et
Financier du CENAREST, nous lirons la recherche non pas comme un membre d'une
famille qui effectue des versements de sa valeur ajoutée après
avoir évacué les charges et dépenses de son revenu
initial. Mais comme l'investissement fait sur un enfant en termes, par exemple
d'alimentation, de scolaritéÉAinsi, pour le DAF, plus l'enfant
coûtera cher, plus sa valeur augmentera, à contrario moins
l'enfant aura de l'importance mois il coûtera.
Selon le chef de service de la statistique nationale, de la
Directeur Adjoint de la Statistique, il est difficile d'établir une
évaluation de l'apport de la recherche.
« L'activité que vous voulez se situe dans
l'administration. Cela veut dire que ce que vous voulez va se retrouver dans la
contribution de l'administration dans le PIB. Parce qu'il y a dans le volet
recherche ce qu'on appelle la recherche-développement mais une
recherche-développement qui est d'abord focalisée sur les
entreprises, c'est-à-dire que les gens font de la recherche pour le
développement des entreprises. Malheureusement, la taille et les
caractéristiques de nos entreprises font qu'il n'y a pas de lien entre
la recherche et nos entreprises. Parce que toutes nos grosses entreprises sont
des multi nationales, des filiales des multi nationales et ce qu'elles
utilisent comme outputs c'est le fruit de la recherche faite ailleurs.
Donc, le volet que nous voulons utiliser en parlant du
fruit de la recherche qui va avoir un impact sur le PIB ne sera pas sûr.
Et même ce qui sont en charge de la recherche depuis plusieurs
années auront du mal à te présenter un volet de la
recherche qui a pu être utile dans un domaine d'application, à une
entreprise dans notre pays, pourtant ce ne sont pas les opportunités qui
manquent.
L'administration et qui produit ce qu'on appelle les
services non marchands et c'est à ce niveau que l'on pourrait trouver
l'impact de la recherche et ce n'est pas une contribution qui est totalement
nulle mais une contribution qui est faible parce que le PIB dans cet optique de
la production ce n'est pas la performance de la recherche mais c'est ce que
coûte la recherche du pays et c'est cette contribution qui est dans le
PIB.
93
Mais la performance de la recherche ou de la pratique de
la recherche, il n'y en a pas parce que cette performance elle doit se
répercuter en termes d'incidences sur le marché de production et
en termes d'incidences sur le marché de consommation de biens et de
services.
Vous allez avoir un petit chiffre car je ne pense pas
qu'il fasse plus de 0,001 % parce que le PIB du Gabon se situe à des
milliers de milliards, or les crédits qui sont accordés au
ministère de l'enseignement Supérieur son accordé se situe
autour d'une dizaine de milliards si je fais la production des service non
marchants issu de l'enseignement Supérieur, ensuite il faut
éclater l'enseignement Supérieur pour prendre seulement la
réalité des centres de recherche, je vous assure qu'i n y aura
pas grand-chose . Et cela c'est la traduction de l'incapacité de la
recherche de pouvoir intervenir sur la sphère de la production, elle se
contente simplement des moyens que l'administration lui donne pour être
salarié sans aucune incidence. Et donc, ce pourcentage va varier en
fonction du budget que l'administration accordera à la recherche
scientifique. Or la plus grande aurait pu être l'impact sur la
sphère de la production des biens et services
»156.
Tableau n°13 : PIB de la recherche
développement
Années
|
PIB en %
|
PIB en ä
|
2011
|
0,0092
|
0,92
|
2012
|
0,0085
|
0,85
|
2013
|
0,0048
|
0,48
|
2014
|
0,0057
|
0,57
|
2015
|
0,0060
|
0,60
|
Source : Auteur, service de la
statistique nationale, Direction Générale de la
Statistique
Nous avons, par la suite, construit un tableau sur le
coût de la recherche sur le PIB national. Comme nous l'avait dit le
Directeur général adjoint de la statistique, les chiffres sont
inférieurs à 1. Nous avons fait une jonction du Titre 2 et du
titre 3 de la recherche. Autrement dit, nous avons extrait tout ce qui est
charge du personnel, car cela rentre dans les coûts de la recherche et
les consommations intermédiaires, faisant référence aux
fournitures dont les chercheurs ont besoins dans leurs activités. Dans
la nomenclature les consommations intermédiaires font
référence au titre 3.
Donc, nous avons exclu les titres 1,4 et 5, car ceux-ci ne
sont pas inclus dans les budgets alloués au Centre National de la
recherche et ses instituts. On a pris la ligne charge du
156 Actuel Chef de Service de la Statistique nationale, de la
Direction générale de la statistique, entretien tenu le 14
Septembre 2020 au sein des locaux de la Direction Générale de la
Statistique.
personnel et la ligne biens et services associés
à la recherche développement dans le but d'obtenir le total de la
production de la recherche développement.
Graphique 2 : Processus d'extraction du PIB de
la recherche comme coût
PIB national
PIB de l'enseignement supérieur et de
la recherche scientifique
PIB de la recherche scientifique
Source : Données extraites
du tableau explicatif du PIB de la recherche (c.f. Annexes, Tableaux
financiers)
De ce fait, comme le traduit le tableau
précédent, partant du fait que la recherche scientifique, dite
recherche développement effectuée par le Centre National et ses
différents instituts appartienne à la catégorie «
administration ». D'après le tableau, le PIB de la recherche entre
2011 et 2015 était inférieur à 0,01%. Le coût de la
recherche est dans cette catégorie majoritairement soutenu par le titre
2. En effet, en excluant le titre 2, ces chiffres seraient 100 fois
inférieurs aux chiffres actuels permettant d'obtenir les pourcentages
inscrits sur le tableau ci-dessus. En 2011, le pourcentage était de
0,0092% et baisse de 0,0007% en 2012. Cette baisse régulière et
considérable du PIB de la recherche crée un écart de
0,0032% entre les années 2011 et 2015. En 2013, il s'élève
à 0,0048% un écart de 0,0037% comparativement à
l'année précédente. Il remonte les années 2014 et
2015. Cependant cette croissance ne permet pas d'atteindre les 0,01%.
94
- Rôle des projets de recherche :
Graphique n3: Évaluation de projet
Projet 6 Projet 5 Projet 4 Projet 3 Projet 2 Projet 1
|
|
|
0 1 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau Niveau 5
2 3 4 5
95
Source : Données extraites
des entretiens et de documentation des instituts de recherche
Projet 1 : Projet Tomate Cerise
dirigé par l'IRAF ;
Projet 2 : Projet Rizicole
dirigé par l'IRAF157 ;
Projet 3 : Projet Fumoir
dirigé par l'IRT ;
Projet 4 : Projet INNOPAB
dirigé par l'IRAF158 ;
Projet 5 : Projet Miel
dirigé par l'IRAF ;
Projet 6 : Projet PALMILANT
dirigé par l'IPHAMETRA159.
Le graphique d'évaluation de projet est exclusivement
constitué de projets dont nous avons pu rencontrer les responsables ou
avons eu connaissance lors de nos entretiens. Ces projets sont au nombre de
cinq (6). Ces projets font partie des projets dont les résultats sont
susceptibles d'aboutir à une commercialisation. D'après les
entretiens que nous avons eus avec les différents responsables de
projets que nous avons pu rencontrer, le financement, la gestion et
l'évaluation des différents projets sont fait principalement par
des organismes internationaux, tel que la JICA, car ils en sont
responsables.
Pour ce qui est de la prise en charge des projets par les
Ministères dont les instituts sont sous tutelles, aucune tutelle n'a
réellement pu soutenir les projets lorsqu'il s'agissait de la
contribution de l'État. Les différentes tutelles ont parfois
collaboré lors de l'acquisition de signature. La plupart des partenaires
ou des organismes demandent une approbation de l'État auquel appartient
le chercheur, l'institut de recherche ou le centre de recherche engagé
dans le projet.
157 Projet financé par la Corée du Sud, il a
pour but de mettre sur pied des semences propres au climat et aux terres
gabonaises afin de permettre une exploitation facile et une autosuffisance pour
le Gabon en ce qui concerne le riz.
https://youtu.be/azTyk5NMX8Y
158 GabonNews, « Les recherches sur la banane
plantain dans la sous-région présentées au ministre
gabonais de la recherche scientifique », 30 Avril 2008.
« Le plan INNOBAP est intégré au projet
DURAS portant sur la mise en place d'un réseau régional de
plateformes sur lesquelles des catégories ciblées d'utilisateurs
et de scientifiques se réunissent avec un objectif partagé :
améliorer l'identification des attentes des agriculteurs, le pilotage de
la recherche et la diffusion de nouvelles variétés de bananiers
et plantains. »
159 Pommade pour guérir les grands brûlés.
96
Toutefois, il n'y a pas concrètement une mise sur
agenda politique des projets. Ces projets sont connus des tutelles, mais
l'État attend leurs aboutissements, c'est-à-dire avant d'en faire
un objet de politiques publiques. Pourtant, selon Idiata, le projet sur «
Les grands brûlés » était arrivé à son
terme avec des résultats probants. Mais l'État ne l'a pas
retenu160. Cela pose aussi un problème de
transversalité de politiques publiques. En effet, la cotutelle devait,
s'appliquer dans ce cas précis. Le secteur de la recherche ayant
accompli sa mission, la santé devait prendre le relais, malheureusement,
selon les discours officiels, il y a un déficit de ressources
financières161. Les résultats de projet, permettent
d'évaluer la recherche. Le niveau d'évaluation se fait en
couleur. Les niveaux partent de 0 à 5.
Le niveau 1 fait référence à
l'attribution de partenaire. Le niveau est validé lorsque le projet a
des partenaires fiables capables de prendre en charge le projet
financièrement à court ou long terme. Ce niveau est validé
par les cinq (5) projets. Bien que la précision du statut des
partenaires n'ait été la préoccupation première
lors du classement de ces projets, les différents projets ont
été financés par des organismes tels que la JICA, la FAO
et l'ONU. Le projet sur le fumoir gérer par l'Institut de Recherches
Technologiques (IRT a été subventionné par l'Organisation
des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Il a pu aboutir
à des résultats et à l'obtention d'un brevet. Toutefois,
il faut souligner le changement régulier de partenaire (entre organisme
et investissements personnels des chercheurs en charge du projet).
Le niveau 2 fait référence au financement
injecté dans la mise en oeuvre du projet. Ce financement est
dépendant du partenaire engagé et de la durée
prévue du projet. La durée d'évaluation d'un projet peut
être, soit déterminée au préalable avec une
possibilité de prolonger l'activité autour de projet, ou avoir un
temps bien déterminé du projet, tout en ayant une
évaluation dont les tons sont prévus par les partenaires.
Le niveau 3 fait référence à la mise en
oeuvre du projet, notamment le lieu (pour les projets dont cela est
nécessaire, le personnel ou la main d'oeuvre, l'administration
adéquat...) Ce niveau fait notamment référence à
l'aboutissement de l'activité de recherche appelé
résultats de recherche (sans test antérieurs). Tel fut le cas des
(cinq) 5 projets présentés. Ces projets détiennent des
lieux et une main d'oeuvre qui lui permet de faire évoluer ces
différentes activités sans prise en considération des
locaux appartenant aux instituts respectifs. Ces différents lieux font
offices de laboratoire et d'atelier dans l'évolution des projets et
d'expérimentation, par exemple des semences.
160 D.F.Idiata, Quelle recherche scientifique en Afrique ? Le
cas du Gabon, op.cit. p.80.
161 Idem.
97
Le niveau 4 fait référence à
l'étape d'expérimentation et de validation du produit par les
tutelles à qui ont été donné la charge d'approuver
la validation du produit, afin d'aboutir à l'étape de
commercialisation. A ce niveau de l'évaluation, du 2/5 des projets y
sont classés : le projet 3 et le projet 5. Ces projets ont
été dirigés de façon respective par l'institut de
recherches technologiques.
Le niveau 5 est exclusivement réservé au niveau
de commercialisation. Il est considéré comme le niveau ultime de
la recherche, car c'est à ce niveau qu'il est possible de faire une
lecture de la recherche sur le PIB en activité marchand et en
activité non-marchand comme nous avons pu le faire dans la partie de
notre travail traitant de la question de l'apport économique de la
recherche scientifique.
Section 2 : Budget de fonctionnement
Au cours de nos enquêtes, la notion de budget de
fonctionnement a été au centre du discours des différents
agents enquêtés. Certains y faisaient référence dans
le but de qualifier le système de budgétisation de la recherche.
Partant de leurs représentations du budget de fonctionnement, nous
allons, selon les textes, caractériser le budget de fonctionnement, en
faisant une lecture des titres de la nomenclature. Nous verrons aussi la
réalité de ce système de fonctionnement.
1.1 Le budget de fonctionnement de la recherche
scientifique
« Pour promouvoir des recherches et des projets il
faut des stratégies de mobilisation de fond, ces stratégies de
mobilisation de fond s'élèvent au moins à 13millions alors
que le budget de fonctionnement, budget fonctionnel s'élève
à 8milllions. Si j'investis je perds tout et ne pourrais même pas
acheter de l'encre. Parce qu'il faut rassurer les bailleurs de fond
»162
La notion de budget fonctionnel ou de budget de fonctionnement
a été à plusieurs reprises, mise en exergue et traduite
comme cause première du problème de la recherche par les
chercheurs. D'après eux, le budget de fonctionnement ne permet pas de
financer les projets de recherche. Mais juste de prendre en charge l'achat de
l'encre et du papier.
Tableaun°14 : Comptabilité
administrative de l'IRT, exercice 2018
162 Actuel Directeur adjoint de l'IRT, entretien tenu le 03 Aout
2020, au sein des locaux de la direction de l'IRT situés au Gros
bouquet.
98
Sourcex : 8,427
Service milliards comptabilité
de F.CFA de
d·inWpl'IRT
- Budget de fonctionnement selon la loi de finance :
10,630 millards de F.CFA de pertes de chage
Selon les textes des comptes généraux
administratifs, la définition donnée au budget
a pWp globalemenW rpaispe dans la limite du plafond de la loi de
finances, soi 94% base n
de fonctionnement ou le budget fonctionnement, ne va pas à
l'opposé de celle conçue au sein
ar lleus, impr d rev qXa i\ a rg s l ér
des instituts. Mais elle inclut des éléments que
les acteurs de la recherche ne prennent pas
vers le mhé finnie itenatonal t éginl d mêm
que sur la dtt baai
toujours en compte, notamment le titre 2 et le titre 4.
« Les dépenses de fonctionnement comprennent la solde
permanente, les autres catégories de rémunération, les
biens et services
p
et les transferts163 ».
ctégories de rémun
Tableau n°15 : Exécution des
dépenses de fonctionnement de l'État au cours de
l'année2017
Titres
|
Budget voté LFR 2017 AE=CP
(A)
|
Exécution budget
2017
(B)
|
|
Ecart (A-B)
|
|
Taux
|
Fonctionnement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2:dépenses de personnel
|
|
710
|
000
|
000
|
000
|
|
708
|
854
|
708
|
447
|
1
|
145
|
291
|
553
|
100%
|
3:dépenses de biens et services
|
|
251
|
296
|
000
|
000
|
|
148
|
044
|
635
|
579
|
103
|
251
|
364
|
421
|
59%
|
4:dépenses de transfert
|
|
191
|
212
|
999
|
998
|
|
204
|
352
|
463
|
288
|
- 13
|
139
|
463
|
290
|
107%
|
Sous-total fonctionnement
|
1
|
152
|
508
|
999
|
998
|
1
|
061
|
251
|
807
|
314
|
91
|
257
|
192
|
684
|
92%
|
Source : Compte
Général Administratif
Comme le tableau issu de la CGA 2017, le budget de
fonctionnement est le regroupement du titre 2 représentant les paiements
du personnel, le titre 3 faisant référence aux biens et services
et du titre 4 faisant allusion aux dépenses de transfert. La lecture du
regroupement de ces trois titres permet de comprendre l'investissement direct
fait dans la recherche effectuée par les Unités
Opérationnelles (U.O), ce sont les instituts.
163 Compte Général Administratif 2017,
Présentation générale de l'exécution du budget
2017, p.24.
99
A contrario, la représentation de ce qui est entendu
comme budget de fonctionnement au sein du collège des chercheurs
détient des caractéristiques différentes, dans la
façon dont elles sont constituées. En effet, celle-ci ne fait
référence qu'aux financements reversés pour effectuer des
achats en termes de d'achat d'encre, de papier ou encore de carburant.
Le titre 4 faisant allusion au transfert est de 0Fcfa pour les
U.O (les 5 instituts du CENAREST). Sur la base de ces textes, nous
réalisons que l'investissement fait sur le fonctionnement des instituts
est au 2/3, car le titre 4 s'élève à 0FCFA.
Aussi, le titre 3 n'est parfois pas reversé dans sa
totalité et le titre 2 est maintenu à cause du statut de
fonctionnaire d'État qu'on les différents chercheurs et non
à cause de leur statut particulier.
1.2 Fonctionnement au sein des instituts et du centre
Dans le but de maintenir leurs positions dans le champ de la
recherche, les chercheurs élaborent des stratégies
administratives et aussi financières. Les stratégies
financières de maintien dans le champ de la recherche sont le
détournement. C'est le fait pour le chercheur d'affecter à un but
à d'autres objectifs.
De façon général, un détournement
« est l'appropriation frauduleuse de biens par une personne pour son
propre intérêt à qui l'on avait fait confiance pour
gérer l'argent et les fonds détenus par un autre individu ou par
une organisation tiers164».
Le titre 3 destiné au bien et service est parfois
utilisé en investissement (en remplacement du titre 5) et en cotisations
(en remplacement du titre 4). Cette utilisation est effectuée dans le
but de maintenir les activités au sein des instituts.
Traitant la question de la gestion financière des
instituts à la Direction centrale des affaires administratives et
financières de la recherche scientifique, nous avons abordé la
question du budget qui ne permet que le fonctionnement. Le Directeur souligna
que « Le fonctionnement relève du titre 3 et l'investissement
du titre 5. Eux ils n'ont pas de titre 5. Comment font-ils leurs travaux ? En
fait, il y a un détournement. Ce n'est pas un détournement de
bien public. Mais il détourne l'objectif même c'est-à-dire
que si on leur a donné des fonds au titre 3, eux ils le redirigent
plutôt au titre 5. Mais du fait de la BOP il y a ce qu'on appelle
164
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tournement_de_fonds
100
le principe de fongicide asymétrique. On peut
prendre le titre 5 pour mettre au 3. Ils peuvent vous le dire
165».
Le détournement de titre de nomenclature
effectué par les chercheurs leur permet de répondre aux besoins
appartenant au titre 5 en mobilisant le titre 2 et 3 qui leur sont directement
accessibles.
« Nous avons mis la connexion en fibre optique il y a
2mois, ce sont des supports qui permettent de rendre la recherche visible. Nous
avons financé la réhabilitation parce que la recherche par aussi
de son environnement, donc il a fallu réhabiliter tous les
bâtiments. C'est pour cela que quand vous arrivez, vous voyez maintenant
qu'il y a de la peinture ainsi de suite (É) On a dû financer
justement un forage. Et là maintenant, vous voyez le CENAREST a de l'eau
24h/24h. Aujourd'hui on commence à financer tout ce qui permet à
la recherche d'être visible en arrimant les canaux de communication
»166. Les travaux de différents bâtiments ont
été faits dans le but de promouvoir la recherche.
- Bâtiment IRT réhabilité en 2019
Source : Auteur, Juillet
2020.
- Bâtiment du CENAREST réhabilité entre
2019-2020
Source : Auteur, Juillet
2020
165 Actuel DCAF de la Direction Général de la
Recherche Scientifique et de l'innovation, entretien tenu le 20 Aout 2020.
166 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST,
entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux du CENAREST situés
au quartier Gros Bouquet.
101
- Cotisations personnelles :
Ce sont les moyens qui peuvent être traduit comme l'une
des premières de subsistance de chercheur. Ils permettent au chercheur
de mettre en place le projet auquel il tient et dont il accorde de l'importance
parallèlement à la demande publique. Selon le Coordinateur
Scientifique et technique, le thème de ce travail peut être issu
de thèse de recherche du concerné ou encore du vécu afin
d'apporter une solution à un problème que celui-ci aurait
perçu.
Cette méthode est distincte de cotisation de base
servant à faire une production théorique s'en présage
d'applicabilité des résultats et sans aboutissement à une
quête de partenaire, car dans cette stratégie de subsistance dans
le champ de la recherche le cherche à pour but d'atteindre une recherche
appliquée.
La particularité de cette stratégie est issue du
fait que le chercheur puise dans le salaire, pour investir dans un projet qu'il
estime avoir de l'importance en compensation au versement de l'État pour
les projets de recherche. Elle pourrait être traduite comme un nouveau
moyen d'investissement parallèle de l'État dans la recherche ce
qui exclurait préalablement les salaires dans le but de
rémunérer mais plutôt d'injecter des fonds afin d'attendre
des résultats.
Nous pouvons aussi rappeler que pour l'État, aboutir
à des résultats probants en ce qui concerne la recherche
scientifique est très important, bien que les financements fait sur la
recherche ne soient que « fonctionnel ». Cette perspective est
à considérer dans la mesure où la pratique de ce
mécanisme d'autofinancement pour des résultats probants n'est pas
incluse directement dans les textes. Cet autofinancement peut donc être
défini comme un investissement parallèle dans la recherche.
Toutefois, celui-ci ne résout pas le problème d'infrastructure,
de condition et d'impact de la recherche, car il reste insuffisant.
Dans le champ de recherche au Gabon, le partenariat est
perçu comme moyens le plus sûr de financement d'un projet, car les
partenaires assurent le versement pour le projet et le suivi du projet.
L'octroi d'un investissement est variable et le type d'investissement aussi. Il
peut aussi être issu d'un appel à projet que de la quête
d'un investisseur, dont chacun les conditions qu'ils estimeraient
nécessaire pour l'avancement et la réalisation du projet.
Pour conclure nous dirons que le système de financement
fonctionnel, sur lequel est basée la recherche scientifique, est
fondé sur la perception que le politique a de la recherche, à
l'orientation que les politiques donnent à la l'activité de
recherche national, au travers l'orientation de ses subventions et
l'orientation qu'il a décidé de donner aux politiques
102
publiques de développement. Donc, il existe une
dialectique entre le manque de financement de la recherche et le manque
d'apport économique de la recherche.
103
Chapitre IV : Représentations sociales de la
recherche dans la société gabonaise
Les représentations sociales sont souvent
perçues comme moteurs des actions des individus, d'autres voient en
elles, une conséquence de l'univers social et économique. Comme
le dit Moscovici, « une représentation sociale est un guide pour
l'action » qui oriente l'action des individus aussi bien qu'une
norme167. « Ce qui inspire depuis longtemps
l'intérêt que je porte à l'analyse des
représentations sociales, c'est qu'elle nous oblige à aborder de
front le grand problème du rôle et de la place des idées
à la fois dans la structuration de la société et dans le
changement social. On sait les débats séculaires que cette
question a nourris. Les idées sont-elles le moteur de l'histoire ? Les
idées ne sont-elles pas plutôt le reflet des conditions
économiques et sociales ? La réponse à cette question fut
l'objet d'intenses débats scientifiques, d'affrontements
idéologiques passionnés et servit d'arrière-fond aux
luttes politiques et à de grands conflits armés qui ont
divisé la planète pendant tout le XXe siècle
»168.
Dans ce chapitre, nous faisons une lecture de
représentation de l'activité de la recherche scientifique, au
sein de la société gabonaise (à travers la perception que
les individus ont des acteurs de ce secteur d'activité), dans le but de
comprendre le dysfonctionnement social. Nous partons d'une analyse sur la
représentation estudiantine de la recherche, pour aboutir à une
lecture des perceptions des agents du champ de la recherche.
Section 1 : Représentations de l'activité
de la recherche au sein société
La place de la recherche au sein de la société
gabonaise peut être appréciée sous différents
angles. Toutefois, le rôle qui est le sien reste le même quel que
soit le statut des enquêtés que nous avons pu rencontrer : servir
au développement. Certains, l'on traduit comme « la
crème de la société » car elle est le principal
moteur du développement169.
167 C. Flament, « Représentations sociales et
normatives : Quelques pistes », Penser la vie sociale, la nature,
Mélange en l'honneur de Serges Moscovoci, sous la direction de F.
Buschini et Nikos Kalampalikis, Paris, Edition Maison de Sciences de l'Homme,
2001, p.256.
168 G. Rocher, « Les représentations sociales
: perspectives dialectiques », in : Social Science Information, Vol.
41, p.87.
169 Directeur Administratif et Financier du CENAREST,
entretien tenu le 02 Juillet 2020, à la direction du Commissariat
Général du CENAREST, située au quartier Gros Bouquet.
104
1.1 Représentations sociales de la recherche au sein
de la classe estudiantine
Serges Moscovici pense que la notion de représentations
sociales donne la possibilité de : « Dépasser
l'individualisme et la pure descriptibilité de concept comme celui de
comportement et d'opinion ; réintroduire l'idée d'une
rationalité propre de la pensée sociale dont les forme de
résonnement ne peuvent être comprises qu'à
l'intérieur de telles représentations ; donner un poids
constitutif au système de rapport, réel et symbolique, où
les individus sont insérés et à l'intérieur
desquels ils agissent comme des acteurs sociaux. »170
Au cours de notre étude, nous avons constaté que
la majorité des étudiants que nous avons interrogés (tous
niveaux confondus), avaient des difficultés à donner le nom de la
structure en charge de la recherche scientifique ou encore renseigner sur les
établissements de recherche publique, tel que le CENAREST. Certains
inventaient des noms pour pouvoir avoir des réponses.
Cela révèle deux (2) difficultés : le
problème de culture générale des étudiants et la
méconnaissance des structures de recherche au sein de la
société gabonaise. Nous focalisant sur le second point, nous
soulignons que la plupart des structures situées par les
étudiants faisaient référence, soit à un
laboratoire universitaire (parfois avec le nom mal désigné) ou
à l'IPHAMETRA et CIRMF.
1.2 Appréciation des étudiants sur la
recherche scientifique
L'appréciation que les étudiants ont de la
recherche est aussi bien relative à leur niveau d'étude
qu'à leur sexe. Francesca Emiliani et Augusto Palmonari pense que
« La vie quotidienne et la connaissance qui lui est la plus pertinente
sont structurellement liée à une interdépendance et un
rapport de construction réciproque : on ne peut négliger cette
considération lorsqu'on étudie les formes du raisonnement qui
caractérisent ce type de pensée. »171 . En
d'autres termes, l'expérience quotidienne que nous avons avec
l'environnement qui nous entoure construit la perception que nous avons d'une
chose ou d'une personne. Ainsi, nous pouvons dire que le point de vue que la
classe estudiantine a de la recherche est révélateur de
l'environnement qui est le sien, l'espace universitaire de façon
particulier et de la société
170 Propos de F. Emiliani et A. Palmonari dans l'article :,
« Psychologie sociale et question naturelle», Penser la vie
sociale, la nature, Mélange en l'honneur de Serges Moscovoci, sous
la direction de F. Buschini et Nikos Kalampalikis,. cit., p.142.
171 F. Emiliani et A. Palmonari, « Psychologie
sociale et question naturelle », Penser la vie la social, la nature.
Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici, Op.cit, p.142.
105
gabonaise en général. Il est
révélateur de la méconnaissance que les chercheurs ont du
champ qui est le leur et de l'activité qui est effectuée. En
effet, dans leur analyse portant sur les productions scientifiques, M. Ibinga
et M. Zue Elibiyo, souligne que la méconnaissance des résultats
de recherche est faite par les chercheurs en particulier et la
société en générale. Il souligne en disant que
chacun est plus intéressé au domaine qui est plus ou moins le
sien qu'à l'activité de recherche dans son
ensemble172.
Tableau n°16 : Appréciation de la
recherche au sein de la classe estudiantine
Niveau de la recherche Niveau d'Ètude
|
Non rÈponse
|
Mauvais
|
Pass able
|
Moyen
|
Bon
|
Excel lent
|
TOTAL
|
Licence
|
1
|
12
|
8
|
3
|
0
|
0
|
24
|
Master
|
0
|
6
|
3
|
4
|
1
|
0
|
14
|
Doctorat
|
0
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
TOTAL
|
1
|
20
|
11
|
7
|
1
|
0
|
40
|
Source : Auteur, données de
terrain
Graphique n°4 : Niveau Appréciation
de la sur recherche le niveau de la recherche scientifique au Gabon
20
20
7
1
1
0
0
Non rÈponse
Excellent
Passable
Mauvais
Bon
Moyen
11
Source : Auteur, données de
terrain
Bien que la totalité des étudiants
interrogés pensent qu'il est nécessaire pour le Gabon de fiancer
la recherche, 50% d'entre eux ont une opinion négative de
l'activité de recherche menée au sein de la société
gabonaise. Ils estiment que le niveau de la recherche au Gabon est très
mauvais. La définition positive qu'ils donnent de la recherche est
fondée sur la réalité générale qui est faite
de la recherche sur le plan international (créer de nouvelles
technologies, faire des découvertes...) et non, particulièrement,
de la recherche menée au Gabon.
172 M. Ibinga et M. Zue Elibiyo , Production scientifique :
Tentative de réponse aux questionnements sociaux, Paris, Publibook,
2018, p. 278.
Cette posture est fondée sur une méconnaissance
des établissements de recherche, de l'activité de la recherche,
des résultats de la recherche au Gabon et d'un retour médiatique
traduisant, une situation précaire du secteur de la recherche au
Gabon.
Graphique n°5 : Perception des
étudiants sur l'activité de recherche menée au Gabon
Perceptn de a recherche
0
25
25
9
5
1
Non rÈponse
Mauvais
assable
Moyen
Source : Auteur (Données de
terrain)
0 0
Bon Excellent
106
De plus, 25 enquêtés pensent que
l'activité de recherche menée au sein des établissements
publics de recherche est mauvaise. Cette perception ne fait pas allusion
à la perception qu'ils ont de la recherche de façon
générale, mais sur la recherche scientifique gabonaise. 9
enquêtés pensent que l'activité de la recherche est moyenne
et 9 soutiennent qu'elle est passable.
Tableau n°17 : Place de la recherche
scientifique
Idées
|
Nombres
|
Pourcentages (%)
|
Participe au développement
|
30
|
78
|
Approfondis la connaissance
|
7
|
18,2
|
Éviter les fraudes
|
1
|
2,6
|
Total
|
38
|
100
|
Source : Données de
terrain
De l'avis de nos informateurs, il apparaît de
façon nette qu'il est nécessaire de financer la recherche dans la
société gabonaise. En effet, le tableau relatif à la place
de la recherche montre que 78% des opinions exprimées soutiennent que la
recherche scientifique est un facteur de développement. Cette perception
de la recherche est liée à sa définition. Aussi,
d'après les discours de nos enquêtés, la recherche est
utile et importante. Toutefois, l'image qu'ils ont des chercheurs dans la
société gabonaise est contraire à la perception de la
recherche dans son ensemble173.
173 C. Moukégni Sika, Production scientifiques et
politique au Gabon, op. cit, p.50.
107
Tableau n°18 : Importance de la
recherche
Idées
|
Nombres
|
Pourcentages
|
Aucune justification
|
3
|
8,1
|
Favorise le développement
|
29
|
78,3
|
Aucune lisibilité de la recherche/ domaines
ignorés
|
3
|
8,1
|
Prouver la culpabilité des criminels
|
1
|
2,7
|
Total
|
35
|
100
|
Sources : Données de
terrain
En cohérence avec ce qui précède, 78,3%
confirment la corrélation forte qui existe entre la recherche
scientifique et le développement économique et social d'un
pays.
Les cadres juridiques assignent à la recherche le
statut de priorité nationale. Cependant, son organisation, son
financement et son fonctionnement ne sont pas en phase avec les missions qui
lui sont assignées dans la loi 22/2000. Elle permet de comprendre que le
statut de la recherche dans la société gabonaise existe dans les
textes mais ces derniers ne sont pas appliqués dans la
réalité. Car elle ne joue aucun rôle économique et
social concret. Effectivement, 49,3% des personnes interrogées pensent
que la recherche scientifique au Gabon ne contribue en rien dans la croissance
économique et la richesse nationale.
Section 2 : Représentations sociales au sein du
champ de la recherche scientifique
La perception que les acteurs du secteur de la recherche
(administratifs, chercheurs) en ont, dépend de plusieurs facteurs,
notamment : l'ancienneté, la notoriété, le parcours, la
trajectoire, le capital relationnel ou capital social de chacun et la violence
symbolique qu'il peut exercer dans le champ de la recherche. En effet, nos
enquêtés, nous ont révélé que les projets
étant allés jusqu'à leur terme sont ceux ayant
été appuyés par le réseau relationnel de ceux ou
celui qui les portaient, grâce particulièrement à
l'accès au financement des organisations internationales, au financement
privé ou aux contributions individuelles.
108
2.1 Représentations au sein du champ de la
recherche
Comme nous l'avons précisé plus haut, les
perceptions des agents du champ de la recherche varient selon le rapport qu'ils
entretiennent avec les autres agents du champ et de sa position dans le champ.
Cette position dans le champ et cette relation ne sont pas seulement
dépendantes du grade du chercheur ou de sa fonction au sein de
l'institut de recherche, mais, elles sont aussi dépendantes du capital
accumulé (qui lui donne un pouvoir) et lui permet d'agir dans le champ
et sur le champ.
Au fur et à mesure que les capitaux sont
accumulés, les agents acquièrent de nouvelles positions dans le
champ. Ce qui leur donne une nouvelle représentation des autres agents
du champ de la recherche, les mettent parfois à la
périphérie du champ. Ils les qualifient « de paresseux
», « de fonctionnaires invisibles » et estiment
qu'ils doivent faire des efforts pour élaborer des projets et obtenir un
capital (subvention) comme eux.
A contrario, moins un agent acquiert des capitaux (ou
en perd régulièrement), plus il a une représentation
péjorative du système du champ de la recherche et un regard
pessimiste du champ de la recherche et du rapport entretenu avec la
sphère administrative. Les représentations que certains agents
entretiennent, paraissent plus simplifiées que d'autres. Pour certains,
il faut une volonté des chercheurs, afin de travailler au-delà
des conditions de recherche difficiles et des financements dérisoires.
Cette catégorie est composée d'agents ayant une situation
administrative ou travaillant régulièrement avec les organismes
internationaux et les tutelles (dans la perspective de cotutelle). Ils
sollicitent plus d'efforts des chercheurs en général et
simplifient la question du financement, tout en reconnaissant l'insuffisance du
budget mis à disposition.
« La moitié du budget de l'enseignement
supérieur va dans les bourses, donc si vous faites grèves, les
choses bougent. Mais moi, je n'ai pas besoin de cela. Je n'ai pas besoin de
faire la pression aux décideurs politiques, j'ai besoin de montrer aux
décideurs politique qu'on a du potentiel que l'on peut valoriser
économiquement si on nous soutient un tout petit peu. Un syndicat est
là pour défendre les intérêts de ses
adhérents. Les syndicats, ce sont de questions corporatistes. La
recherche n'est pas une question corporatiste. La recherche est une question
supranationale, une question d'intérêt mondial. Si les
financements ne correspondent, pas je peux aller les chercher ailleurs.
(É) La recherche fondamentale est la base de la recherche, lorsque la
théorie a été faite sur la lumière, c'était
pour comprendre comment l'univers fonctionne.
109
Mais comprendre comment l'univers fonctionne, pour vous et
moi cela n'a pas d'intérêt pratique. Mais derrière cette
théorie, tous les développements qu'il a faits ont permis de
comprendre comment circule la lumière. Et comprendre comment circule la
lumière a permis de comprendre comment la canaliser... Nous fonctionnons
trop à court terme c'est-à-dire à l'année ou au
bout de 5ans hors la recherche c'est des résultats dont les
bénéfices s'observent au bout de 10ans, 15ans, 20ansÉC'est
pourquoi. Il faut mettre en place un mécanisme qui finance cela de
façon désintéressée. »174
Le Directeur Général de la DGRSI quant à
lui pense qu'« Un directeur de recherche est un concepteur. Son
rôle est de prouver que tel projet peut être accepté, les
mène jusqu'aux résultats probants, jusqu'aux brevets. Et
même ces brevets aboutissent à quelque chose auprès d'une
entreprise. Ce n'est pas seulement rester en laboratoire. Vous avez un brevet,
vous devez ouvrir des entreprises mais nous on attend tout de l'État.
L'État vous donne les moyens, quand vous sortez de là vous devez
voler de vos propres ailes mais haut fonctionnaire, on est à la maison
on attend le 25 pour aller toucher son salaire. Certains se battent mais avec
des grèves récurrentes, on ne voit pas les résultats.(...)
Vous savez la recherche est un apostolat, la recherche est un métier, il
faut l'aimer, il faut faire des sacrifices si vous dites, moi je vais faire la
recherche et je vais seulement rester assis, vous passez à
côté, c'est l'échec total (É) Moi je ne sais pas si
les gens comprennent la recherche quand je vois les scientifiques qui se
précipitent pour devenir député, je me dis que c'est
l'argent qui vous intéresse. Pour chercher son pain il faut rendre
service à l'État. Étant fonctionnaire, quel service vous
rendez à l'État ? Vous êtes à la maison vous
attendez le 25 pour aller regarder votre compte bancaire. Moi j'en connais
beaucoup. Le problème c'est que les gabonais attend tout de
l'État. Moi quand j'étais chercheur j'ai fait rentrer de
l'argent. Les partenaires quand vous partez, ils vous voient vous et se disent
que c'est un type sérieux175. »
Abordant la question de l'apport économique de la
recherche scientifique au Gabon et de la répartition budgétaire
avec le DAF du CENAREST, celui-ci nous explique de manière caricaturale
le statut de la recherche dans l'économie gabonaise. D'après lui,
« ce à quoi renvoie l'analyse du tableau de bord sur lequel la
recherche scientifique n'est nullement citée, est que la recherche
scientifique est le parent pauvre. Quelles sont les attentes que les pouvoir
publiques ont de la recherche sans commande publique... vous savez lorsque vous
avez des
174 Actuel Commissaire Général du CENAREST,
entretien tenu le 12 Novembre 2020, au sein des locaux de la direction du
Commissariat Général du CENAREST, situés au quartier gros
Bouquet.
175 Actuel Directeur Général de la DGRSI,
entretien tenu le 24 Novembre 2020, à la Direction
Générale de la Recherche Scientifique et de l'Innovation,
située au Centre-ville.
110
enfants et que vous les envoyez à l'école,
vous vous attendez à ce que chacun travaille et apporte de l'argent. Et
que l'un d'eux n'arrive pas à s'en sortir vous êtes obligés
de prendre chez les autres pour lui donner. A un moment donné tu fais
une répartition et donnes d'abord à celui qui rapporte et tu
réduis pour celui qui n'en rapporte pas c'est un peu cela le
problème de la recherche. 176 » En d'autres termes, ce qui
fait que la recherche soit aussi négligée, c'est le fait qu'elle
ne contribue pas à la richesse nationale. Donc, elle est prise en charge
par les autres secteurs.
La perception que les agents administratifs ont des chercheurs
peut s'apprécier à partir des expressions telles que «
fonctionnaires d'État », « Payés à ne rien faire
». Ces qualificatifs expriment leur rémunération
mensuelle malgré l'absentéisme au travail et le manque de
résultats. Donc, les représentations qu'ils se font de la
recherche sont fondées sur le rendement des chercheurs (entant que
fonctionnaire) et l'absence régulière au poste, des agents de la
recherche. Cette représentation se ne transmet pas par contagion mais
dans une intersubjectivité entre agents du champ appartenant à la
même classe sociale.
Emiliani et Palmonari disent à ce propos que «
Les représentions sociales en tant que connaissance du sens commun
reposent sur les mêmes caractéristiques : il s'agit d'une
connaissance qui tend à rendre familière tout ce qui
n'apparaît pas comme tel (ancrage), elle tend à objectiver,
à se rendre figurativement concrète, elle tend à se
conserver et, par conséquent, à se répéter et elle
est intersubjective. 177 » De façon générale,
l'image émise des chercheurs est pour la plupart traduite comme
« des fonctionnaires inactifs », « Payés
à ne rien faire ».
Aussi, Claude Flament, en reprenant les propos de Moscovici,
explique que le caractère d'une représentation sociale se
manifeste dans une circonstance comme une action objective, une pensée
objective qui n'émane pas de nos expériences comme une norme.
Mais cela n'en est pas le cas178.
« On peut d'abord penser au caractère
évaluatif d'une représentation. Pour Moscovici, l'attitude est
l'une des trois dimensions de la représentation (É) Si je dis
volontiers (Flament 1994-1997) qu'une représentation est composée
de schèmes qui sont à la fois « descriptif » et «
prescriptif », c'est- dire à la fois courant constatif et normatif.
Ce n'est pas
176 Actuel Directeur Administratif et Financier du CENAREST,
entretien tenu le 02 Juillet 2020, au sein des locaux de la direction du
Commissariat Général du CENAREST, situés au quartier Gros
Bouquet.
177 F. Emiliani et A.Palmoni, « Psychologie sociale
et question naturelle », Penser la vie la social, la nature.
Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici, Op.cit.
p.142
178 C.Flament, « Représentations sociales et
normatives : Quelques pistes », Penser la vie la social, la nature.
Mélanges en l'honneur de Serges Moscovici op.cit. p.256.
111
pour confondre ces 2 notions mais pour indiquer que les
deux aspects sont toujours coprésents et se manifestent de façon
variable selon les circonstances. Et c'est sans doute la fluidité du
circonstanciel que le caractère normatif d'une représentation se
manifeste clairement È179.
La recherche est une activité utile, pour ce qui est de
son organisation au Gabon, il est nécessaire de la réformer et de
permettre aux chercheurs d'avoir les moyens nécessaires. C'est une
activité qui est difficile à percevoir et dont les
résultats théoriques peuvent être utiles à long
terme. Le point de vue sur la recherche telle qu'elle est en définition
ne donne aucun problème. Plusieurs estiment qu'elle a pour rôle de
servir au développement. Toutefois, en tant qu'activité au sein
de la société gabonaise, le problème de résultats
lui en donne une image négative. Les perceptions sont
entremêlées entre le jeu des chercheurs, leurs rôles dans le
dysfonctionnement actuel et les préconçus des pouvoirs publics
qui ont établi un système d'organisation de la recherche qui
n'est pas reformé malgré les évolutions sociales.
Cela ne signifie pas que les pouvoirs politiques ignorent le
rôle de la recherche (de façon générale). Mais
d'après nos enquêtés, ils négligent la recherche
scientifique nationale, locale parce qu'ils « sous-estiment les
compétences des chercheurs locaux et pensent que les chercheurs
occidentaux sont plus compétents180 ».
« Moi, je suis consultant dans ce cabinet, vous ne
savez pas le nombre de projet du gouvernement que j'ai traité en tant
que chercheur dans ce cabinet, pourtant, c'est le même chercheur qui est
à l'IRSH que vous voyez ici Je peux vous montrer la liste des travaux
que j'ai effectué entant qu'expert, que consultant. C'est la même
personne qui est consultante qui est chercheur. Et la raison est qu'ils
prennent du temps. Cela est faux. Le seul problème est qu'on ne veut pas
travailler avec la recherche, on ne consulte pas les résultats
nationaux, on préfère faire appel aux consultant internationaux
qui nous coûtent plus chères, et qui ont parfois moins
d'expérience que nous. C'est sûrement un complexe et des moyens
pour détourner des moyens. Si on a besoin de consultant dans un domaine,
la majorité des chercheurs qui viennent sont des consultants comme nous.
Et quand ils arrivent, ils viennent nous chercher pour faire ce travail. Mais,
nous nous avons été formé en Occident, nous
exerçons même là-bas. Mais, imaginez-vous, une fois, ils
ont fait venir des consultants étrangers travailler sur des questions
que nous abordons. Le consultant qu'ils ont appelé été un
chercheur que j'ai enseigné. Qu'est-ce que nous ne pouvons pas faire ?
C'est une question de confiance et de la façon dont nous
percevons
179 Idem.
180 M. Mamboundou, Ancien Directeur Adjoint de l'IRSH (2010),
Chargé de projet, entretien tenu le 19 juin 2020, au Cabinet Consulting
situé à Glass.
112
notre pays. Les chercheurs gabonais sont capables de
répondre à des problèmes précis, avec des
délais précis, dans ce cabinet je le
fais181».
L'aspect financier est très important, il est traduit
comme motivation pour le politique à s'intéresser au secteur de
la recherche. Et comme l'une des raisons pour lesquelles les gouvernants
contournent les chercheurs dans la mise en place de politiques publiques de
développement.
2.2 Perception syndicaliste du champ de la recherche
« Le seul moyen de pression que j'ai c'est de
produire des résultats182 ». Les moyens de pression
au sein de la recherche sont différents et varient selon le statut
institutionnel des individus. Toutefois, le Directeur Général de
la recherche nous expliqua que le moyen de pression qu'il utilise, afin de
parfois obtenir des résultats est « les personnes ».
La recherche ne tient pas une place dans l'économie du pays et
socialement elle a de l'importance à cause du volet enseignement.
De ce fait, les acteurs du système n'ont pas de moyens
de pression comme les enseignants-chercheurs. Le Syndicat National des
Enseignant-chercheurs et Chercheurs (SNEC) regroupe en son sein les
enseignants-chercheurs et les chercheurs. Pendant plusieurs années, les
chercheurs ont été derrière les enseignants-chercheurs,
pour d'obtenir gain de cause.
Les enseignants- chercheurs ont un moyen de pression qui est
« l'étudiant ». Donc, « on se met derrière
eux. Mais dans le SNEC, il y a des sections et la section CENAREST n'a pas
vraiment de moyen de pression entant que tel. Les chercheurs eux-mêmes ne
s'impliquent pas. Personnes ne paie ses cotisations, Ils n'assistent pas aux
réunions. Chacun pense à lui-même
183».
Pour ce qui concerne la question de la politisation, le
responsable de la section CENAREST du SNEC estime « qu'il faut de
l'argent. Il faut que chacun s'implique. Pour qu'on soit sur les médias
et autres. Mais il n Ôy a personne ». Cette perception remet en
cause l'image que le chercheur a du statut qui est le sien et de sa
volonté personnelle à mobiliser des éléments
capables de lui permettre d'avoir une influence sur l'orientation politique
donnée à leur activité. Comme nous le disions, la
réflexion de la difficulté de système de fonctionnement
181 Idem.
182 Actuel Commissaire Général du CENAREST,
entretien tenu le 12 Novembre 2020, à la direction du Commissariat
Général du CENAREST situé au quartier Gros Bouquet.
183 Représentant actuel de la section CENAREST du SNEC,
Chercheur à l'IRSH, entretien tenu le 28 Juillet 2020, au sein des
locaux de l'IRSH situés à l'UOB.
113
de l'activité de la recherche est plutôt
orientée vers les acteurs du système que sur l'utilité de
la recherche. Ainsi, il a mis en exergue une réalité :
l'importance de chaque agent dans le système et du rôle que chacun
joue dans le fonctionnement actuel.
Au terme de cette partie, nous retenons que les
représentations sociales faites au tour de la question de la recherche
scientifique dans la société gabonaise ne sont pas basées
sur la recherche en elle-même. Mais, elles sont fondées sur
l'appréhension qu'ils ont des chercheurs. Ces appréhensions sont
fondées sur le rendement minime de l'activité des chercheurs
entant que fonctionnaire sur le PIB national évalué en coût
et en secteur non-marchand. Ces représentations sont construites par des
termes tels que « fonctionnaire d'État », « payés
à ne rien faire ». Aussi, nous relevons une accumulation du secteur
de la recherche la reconnaissant par les agents de la recherche du pouvoir
d'agir sur le champ de la recherche et sur sa structure engendre une
accumulation de rôle des gouvernants. La difficulté est non
seulement fondée sur la perception que les agents administratifs de la
recherche ont des chercheurs, mais aussi de la perception que les gouvernants
ont de l'activité de recherche (permet de légitimer des
rapports), et du manque d'implication des chercheurs pour les revendications de
leurs droits.
114
Conclusion de la troisième partie
Dans cette partie, nous avons abordé la question
financière, c'est-à-dire les conditions de financement de la
recherche et de la perception de la recherche au Gabon. De façon
générale, il en ressort que le système de financement de
la recherche est fondé sur la perception que les gouvernants ont des
chercheurs. Les chercheurs sont perçus comme des simples «
fonctionnaires d'État ». Ceci explique le fait que la
priorité en qui concerne la recherche soit uniquement mise sur le
salaire des acteurs de la recherche et pas sur l'activité de recherche.
Le système de financement de la recherche est fondé sur le titre
de fonctionnement et orienté selon la volonté politique. Pourtant
les dispositions officielles prévoient, comme nous l'avons
démontré, un financement véritable de la recherche.
Aussi, il en ressort de notre travail que l'impact de la
recherche sur le développement est fondé sur les projets.
Toutefois, l'activité de recherche est maintenue par un financement
fonctionnel subventionné au 2/3, donc le 2/5 du financement global
attendu.
De plus, nous retenons que la perception actuelle de la
recherche scientifique dans la société gabonaise est
fondée sur la réalité médiatique traduisant les
difficultés du champ de la recherche, et sur l'apport à moins de
0,001 % de la recherche développement sur le secteur non-marchand et
inexistant sur le secteur marchand.
115
Conclusion générale
La question de la gouvernance de la recherche met en relation
plusieurs indicateurs et agents, pour reprendre le concept bourdieusien. Dans
ce travail, nous avons mis en perspective et analysé les
mécanismes multidimensionnels, producteurs de dysfonctionnements
multiformes.
Nous partons du constat selon lequel la recherche
scientifique, au Gabon, n'a pas une réelle incidence sur les plans
à la fois économique et social. A travers la théorie
fonctionnaliste, renforcé par une théorie des
champs, nous faisons une lecture sociologie de la dynamique et des
pratiques en cours dans ce secteur, que les interactions avec d'autres secteurs
dans la perspective de cotutelle.
Toutes ces approches théoriques sont mises en
cohérence, reliant sociologie politique et sociologie de l'action
publique, afin de mieux apprécier les interactions entre
différents champs et acteurs. Nous avons également retenu la
théorie des représentations sociales des individus à
l'intérieur et à l'extérieur du champ, input et
output en politiques publiques.
Sur la base de la question qui consistait à comprendre
pourquoi la recherche scientifique n'influence pas le développement
économique et social au Gabon. Nous avons retenu deux
hypothèses de réponse, dont nous avons vérifié la
plausibilité à l'aide des de données de terrains
quantitatives et qualitatives.
Nous avons retenu que les instituts de recherche sont
considérés comme des unités de programme permettant de
mettre en action le programme établi par le RBOP sur la base de la BOP.
Ces unités de recherche ne sont pas concrètement
organisées, mais sont orientés sur la base de la mise en forme de
leurs différents projets et des missions inscrites dans les textes en
vigueurs.
Les différents textes officiels portant création
des instituts, leur confèrent des rôles selon les besoins sociaux
et économiques, mais aussi une organisation interne
considérée aussi comme organigramme interne. Cela a
été le cas. Toutefois, au fil des années ces
différentes organisations ou organigrammes, basées sur les
textes, seront réorientées avec l'insertion de nouvelles
disciplines et de nouvelles rubriques, la reformulation de certaines
disciplines et la conversion de certains départements en laboratoire. Ce
fut le cas de l'IPHAMETRA, de l'IRT et de l'IRSH. Cela est qualifié
comme stratégies administratives de maintien au sein du champ de la
recherche. Nous relevons trois (3) instituts sur cinq (5), notamment le
3/5, donc, bien plus de la moitié. Il faut dire que cette
réalité met en exergue la problématique de la concordance
entre orientation politique, c'est-à-dire la façon dont le
politique se projette la réalité sociale,
116
les besoins sociaux et les solutions qui permettraient de
résoudre les difficultés de chaque groupe social. Les instituts
rendent la recherche effective. Au sortir de notre enquête nous retenons
que la perception que les individus ont de la recherche au Gabon est
diamétralement opposée à la définition
générale de la recherche. La représentation que les
individus se font de la recherche est fondée sur la perception qu'ils
ont des chercheurs plutôt qu'à l'activité. La perception
généralement que les individus, se font de la recherche est celle
de « fonctionnaire d'État » un terme simple et
péjoratif. Il traduit la paresse et l'improductivité qu'ils
observent des chercheurs.
Ce travail a pu mettre en relief de la notion de pouvoir
symbolique dans le champ de la recherche au Gabon. Dans ce champ que nous
avons reparti en deux(2) sphères (celle de l'activité de la
recherche et la sphère administrative) les agents administratifs et les
chercheurs octroient aux gouvernants une liberté à mettre en
oeuvre des actions qui influenceront de façon directeur ou indirect le
champ de la recherche (basé sur une délégation du pouvoir,
une accumulation de rôle des gouvernants et une perception du pouvoir
politique comme pouvoir suprême). Cette situation perpétue le
dysfonctionnement au sein de la recherche et engendre au sein du champ de
nouvelles stratégies, une reconversion des capitaux et des enjeux du
champ de la recherche au Gabon.
Le statut de la recherche et des chercheurs, actuellement au
Gabon est compris entre les stratégies des acteurs de la recherche
à se maintenir dans le champ de la recherche et les stratégies
politiques, c'est-à-dire la volonté politique. Le rôle de
la recherche est inséré dans un système de fonctionnement
fondé sur une volonté politique des gouvernants. Cette
réalité conduit le champ politique à régenter et
même gouverner celui de la recherche.
Comme l'a souligné le Directeur Général
de la DGRSI, les instituts ont été créé et mis en
cotutelle, comme s'ils étaient autonomes administrativement et
financièrement. Hors, ils ont uniquement une autonomie
financière. D'après lui, « il est nécessaire de
réorganiser la recherche en dissolvant le Centre national de la
recherche. Il faudrait intégrer les instituts dans des centres de
recherche, et chaque centre de recherche devrait comprendre un conseil
d'administration, un conseil scientifique, une direction générale
et les services d'appui. Il devrait être prévu un centre de
recherche en santé. Selon les propositions faites, l'IRT par exemple,
deviendrait un institut du Génie, de sciences dures et de technologie,
l'IRAF, en centre de recherches agronomiques et vétérinaires,
l'IRET intègrerait les centres en changement climatique. Tous ces
centres formeraient des centres nationaux, un centre national de la recherche
en santé et un centre national de la recherche en science de l'Homme et
de la société. Ces centres seraient autonomes sur le plan
administratif et financier. Aussi cette organisation
117
prévoirait la mise en place d'une agent de gestion
financière qui aurait pour rôle d'aider à la quête de
financements extérieurs et aux appels d'offre».184
Il faut dire que cette proposition ne permettrait pas de régler la
volonté politique des gouvernants qui ont pour devoir de veiller
à l'organisation et à l'orientation de la recherche sur le plan
administratif, et à la subventionnée de son activité.
Ainsi, deux interrogations nodales taraudent notre esprit.
Elles constituent pour nous des exigences principielles : l'État ne
trouverait-il pas son salut en associant les chercheurs dans
l'élaboration des politiques publiques de développement pour
atteindre cet idéal de progrès sociaux auquel il aspire ? Les
chercheurs ne trouveraient-il pas leur salut en s'inscrivant dans une logique
d'invention, de création, d'innovation multisectorielle afin de
contribuer au développement de la nation ?
184 Actuel Directeur Général de la DGRSI, entretien
tenu le 24 novembre 2020, au sein des locaux de la DGRSI, situés au
centre-ville de Libreville.
118
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création de l'Institut de Recherches en Écologie Tropicale
(IRET)
55- Décret n°00566/PR/MESRS, modifiant le
décret n°000168/PR/MESRS portant attribution et organisation du
ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique.
56- Décret n°01159/PR/MRSEPN, du 11
Décembre 1976, portant création de l'Institut de Recherche
Agronomique et Forestière (IRAF)
57- Décret n°01161/PR/MRSEPN, portant
création de l'Institut de Pharmacopées et de Médecine
Traditionnelle (IPHAMETRA)
58- Décret n°322/PR/MESRS, portant organisation
du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique
59- Le décret n°371/PR/MESRS du 31 mars 1988
abrégeant et remplaçant le décret n°1864 /PR/MESRS du
15 décembre 1987 fixant le statut particulier des personnels de la
recherche scientifique et technologique.
60- Loi n°001/2005, portant statut général
de la fonction publique et du statut particulier des chercheurs, 24
février 2005, Article 2 et 3
61- Loi n°22/2000, déterminant les principes
fondamentaux de la recherche scientifique en République Gabonaise
62- Ordonnance n°06/76, du 22 Janvier 1976,
créant le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique
(CENAREST)
123
6- Thèses
63- Charles Kevin, Activités de recherche
scientifiques et développement économique des territoires : Les
cas des sciences de la mer en Bretagne Occidentale, Université de
Brest, Bretagne, Thèse de doctorat NR, soutenue le 06-12-2016.
64- Moussavou Georges, L'État et le système
d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au Gabon :
contribution à une sociologie des institutions publiques,
Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens,
France, Soutenue en 2005.
65- Hombahiya F.J., Action publique et gouvernance des
institutions publiques de recherche en Afrique centrale Cas du Centre national
de la recherche scientifique et technologique (CENAREST) au Gabon,
Thèse de Doctorat en administration et évaluation en
éducation, Université de Laval, Québec, 2015.
7- Webographie
66- Bourdieu Pierre, « Le champ journalistique et la
télévision », Sociologia contemporonea. Le domaine
journalistique et télévisuel est l'un des deux programmes
télévisés ("A la télévision" et "Le domaine
journalistique et télévision") que Pierre Bourdieu enregistrerait
au Collège de France le 18 mars 1996. Le Collège de France / CNRS
Audiovisuel / Arts et éducation.
https://youtu.be/I7qlfiERLJU?t=1633.
67- Plaine Adrien, Champ scientifique-Pierre Bourdieu,
Article audio "Le champ scientifique" de Pierre Bourdieu Publié
dans la revue "Actes de la Recherche en Sciences Sociales" en 1976 (2-2-3 pp.
88-104), numéro thématique "La production de l'idéologie
dominante», Lecture et montage : Adrien Plaine.
https://youtu.be/tOAMbXO9L9o
68- Champ magnétique, champ de HiggsÉ,
qu'est-ce qu'un champ ?, Palais de la découverte, De la cosmologie
à la physique des particules en passant par la physique des états
de la matière, le concept de champ est devenu indispensable. Pourquoi et
comment la notion de champ s'est imposée comme concept essentiel de
toute la physique moderne ? Gilles Cohen Tannoudji, physicien théoricien
en physique des particules, conseiller scientifique auprès du directeur
des sciences de la matière et chercheur émérite au
laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (Larsim), CEA.
https://youtu.be/51NWtd3jHpU
124
Table des matières
Dédicace Erreur ! Signet non
défini.
Remerciements 3
Sommaire 4
Liste des tableaux 5
Cigles et abréviations 6
Introduction générale Erreur ! Signet
non défini.
PREALABLES EPISTEMOLOGIQUES 13
Introduction de la partie
préliminaire 14Erreur ! Signet non
défini.
Section 1 : Objet et champ
d'étude................Erreur ! Signet non défini.
1.1 La gouvernance de la recherche scientifique comme
objet d'étude 15 1.2 Un objet à l'intersection de la
sociologie politique et de la sociologie de l'action publique
(politiques publiques) et de la sociologie du
développement 17
1.3 Intérêt de la recherche
22
Section 2 : Modèle d'analyse et perspective
théorique................Erreur ! Signet non défini.
2.1 Formulation des hypothèses de recherche
22 2.2 Le fonctionnalisme, la théorie du « champ » et les
représentations sociales comme cadre
théorique 24
Section 3 : Conceptualisation................Erreur !
Signet non défini.
3.2 Construction du concept de politiques scientifiques
30
Section 4 : Élaboration de la
problématique................Erreur ! Signet non défini.
4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature occidentale 34
4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature africaine 36
4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans
la littérature gabonaise 38
4.4 Notre positionnement 44
Section 5 : Démarche
méthodologique................45Erreur ! Signet non défini.
5.1 Univers d'enquête et échantillon
46
5.1.1 Délimitation de l'univers d'enquête
47
5.1.2 Échantillon d'enquête
47
5.2 Choix des outils et technique d'analyse de
donnée 50
5.2.2 Techniques d'analyse de données
52
5.3 Limites du travail 53
Conclusion de la partie préliminaire Erreur !
Signet non défini.
PREMIERE PARTIE : 55
HISTOIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE AU GABON ET
STATUT DU
CHERCHEUR DANS LA SOCIÉTÉ GABONAISE
Erreur ! Signet non défini.
Introduction de la première partie Erreur !
Signet non défini.
Chapitre I : Histoire de la recherche scientifique au
Gabon................Erreur ! Signet non défini.
Section 1 : Recherche scientifique au Gabon
57
Section 2 : Nationalisation de la recherche scientifique
61
125
Chapitre II : Lieux de la recherche et statut de
chercheur Erreur ! Signet non défini.
Section 1 : Statut de fonctionnaire et fonctionnement
administratif 65
Section 2 : Organisation de la recherche scientifique
70
Conclusion de la première partie
Erreur ! Signet non défini.
DEUXIEME PARTIE : 81
RÔLE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Erreur ! Signet non défini.
ET REPRÉSENTATIONS SOCIALES
Erreur ! Signet non défini.
Introduction de la deuxième partie
Erreur ! Signet non défini.
Chapitre III : Rôle et impact de la recherche
scientifique dans la société gabonaise Erreur !
Signet non défini.
Section 1 : Place de la recherche dans l'économie
83
Section 2 : Budget de fonctionnement 97
Chapitre IV : Représentations sociales de la
recherche dans la société gabonaise Erreur ! Signet non
défini.
Section 1 : Représentations de l'activité
de la recherche au sein société 103
Section 2 : Représentations sociales au sein du
champ de la recherche scientifique 107
Conclusion de la troisième partie
Erreur ! Signet non défini.
Conclusion générale
Erreur ! Signet non défini.
Bibliographie Erreur ! Signet non
défini.
Table des matières Erreur !
Signet non défini.
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