UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ
I ************ CENTRE DE RECHERCHE DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES « SOCIALES ET ÉDUCATIVES»
|
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
***********
POST-GRADUATE SCHOOL FOR SOCIAL AND EDUCATIONAL
SCIENCES
*******
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UNITÉ DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE
SCIENCES HUMAINES SOCIALES ************
DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS
LE CAMEROUN ET LA CONVENTION-CADRE
DÉPARTEMENT D'HISTOIRE
*************
**********
CLIMATIQUES (1992-2015)
DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR SOCIAL
SCIENCES
*********
DEPARTMENT OF HISTORY
*********
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Master en Histoire Option : Histoire des
relations internationales
Par :
Eric Salomon NGONO Licencié en
Histoire
Sous la direction du :
Dr Cyrille Aymard BEKONO Chargé de
Cours
Juin 2020
À ma mère Gredo Bella.
II
REMERCIEMENTS
Il nous aurait été impossible de mener à
bout ce travail sans le soutien d'un certain nombre de personnes et
d'institutions. C'est ici le lieu de leur témoigner toute notre
gratitude.
Dans cette perspective, nous voulons exprimer notre
reconnaissance au Docteur Cyrille Aymard Bekono, notre directeur de
mémoire qui a pris sur lui la lourde responsabilité d'accompagner
nos premiers pas et de nous assister par ses conseils, ses remarques et
critiques dans cette recherche.
Nous savons également gré au corps enseignant du
Département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I qui a,
à maints égards, a contribué à modeler notre
formation et notre responsabilité scientifique.
Nous ne saurions assez remercier la Sous-Direction du
Monitoring du MINEPDED, la Division de la Coopération et de la
Programmation (DCP) du MINFOF, la COMIFAC, le Secrétariat Technique de
la REDD+, l'ONACC et le CIDE pour de nombreux rapports dont ils ont mis
à notre disposition. Nous pensons en particulier à
Thémothée Kagonbe, Coordonnateur national de la CND, à
Victoire Eheth chef de la DCP et à Armand Batha de l'ONACC, qui ont
répondu à plusieurs de nos sollicitations.
Nous exprimons notre gratitude à tous les membres de
notre famille, en particulier, à ma chère maman Gredo Bella qui
m'a toujours soutenu et accompagné. À nos frères et soeurs
Marie Nicaise Metala, André Foe, Marcien Essimi Bella, Bienvenu Claude
Eloundou, Joseph Désiré Ayissi, Béatrice Ngono, Victorine
Ekomo, Firmin Menye, Xavier Bella, Francine Belomo Eloundou, Emmanuel Atangana
; Biloa Mvogo et Marcien Essimi qui nous ont accordé un appui
multidimensionnel qui ne peut être démenti.
À nos camarades et amis dont les conseils et
encouragements nous ont donné la force d'achever ce travail. À
tous ceux dont les noms n'ont pas été cités, et qui d'une
manière ou d'une autre ont contribué à la
réalisation de ce travail, qu'ils reçoivent l'expression de notre
gratitude.
III
RÉSUMÉ
Notre recherche centrée sur les questions des
changements climatiques est intitulée "Le Cameroun et la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
19922015". Cette étude est une analyse de la politique climatique
du Cameroun à l'échelle nationale et internationale tout en
questionnant l'effectivité de la mise en oeuvre de la Convention Cadre
des Nations Unies sur les Changements Climatiques au Cameroun. Pour ce faire,
nous avons eu recours à une approche chronologique, dans une analyse
systémique imposant inter et transdisciplinarité pour examiner de
manière critique des sources et informations recueillies. Cela a permis
de rendre compte des actions menées par le Cameroun en matière de
lutte et d'atténuation des changements climatiques ainsi qu'aux
capacités du pays à s'adapter aux effets néfastes de ce
phénomène, qui affichent un tableau mitigé. Cela se
manifeste par des réalisations conséquentes observées sur
les plans juridique et institutionnel et des multiples projets et programmes
initiés. Ces illustrations démontrent l'attachement du pays
à la cause climatique. De ce problème s'est dégagé
l'hypothèse suivante : la mise en oeuvre de la CCNUCC est effective au
Cameroun. Toutefois, le pays connaît quelques difficultés
liées à la gouvernance, la corruption, le manque de ressources
techniques et financières qui handicapent et limitent l'action du
Cameroun auxquelles il est nécessaire d'apporter des
améliorations. Cependant, pour pallier à ces obstacles, le
renforcement des capacités des différents acteurs et la prise en
compte les changements climatiques dans les politiques de développement
sont des préalables pour l'atténuation, la résilience et
l'adaptation du Cameroun aux corollaires du changement climatique.
Mots clés : Conscience
écologique ; Convention Cadre sur les Changements Climatique ; Cameroun
; Atténuation ; Adaptation.
iv
ABSTRACT
Our research focused on climate issues in entitled
"Cameroon and the United Nations Framework for Climate Change 1992-2015".
Analysis of Cameroon's climate policy at the national and international level,
while the United Nations considers the effectiveness of climate change.
Implementation of the Framework Convention on climate change. To do this, it
was necessary to resort to a rhetorical approach, in an imposing inter and
transdisciplinarity systemic analysis to critical examine the sources and
information collected. This made it possible to report on Cameroon's efforts in
combating and mitigating climate change and on the country's ability to adapt
to the adverse effects of this phenomenon, which show a mixed picture. This is
the manifested by significant achievements observed in the legal and
institutional plan and the many projects and programs initiated. These
illustrations demonstrate the country's commitment to the climate cause. From
this problem, the following hypothesis was found: the implementation of the
UNFCCC is effective in Cameroon. However, the country knows some difficulties
related to the governance, the corruption, the lake of technical and financial
resources which limit the action of Cameroon to which it is necessary to make
improvements. However, to overcome these obstacles, the capacity building of
the various actors and the consideration of climate change in development
policies are prerequisites for mitigating Cameroon's, resilience and adaptation
to the corollaries of climate change.
Key words: ecological awareness-
United Nations Framework Convention on Climate Change- Cameroon- mitigation-
adaptation.
V
SOMMAIRE
DEDICACE I
REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iii
ABSTRACT iv
SOMMAIRE v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS viii
INTRODUCTION 1
I- Contexte d'étude 1
II- Raisons du choix du sujet 2
III- Intérêt du sujet 3
IV- Cadre spatio-temporel 4
V- Clarification conceptuelle 7
VI- Revue critique de la littérature 9
VII- Problématique 14
VIII- Hypothèses 15
IX- Cadre théorique 15
X- Méthodologie 17
XI- Difficultés rencontrées 19
XII- Plan du travail 19 CHAPITRE I :
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET ÉVOLUTION DU
DÉBAT SUR LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES AVANT LA CCNUCC 21
I- De Stockholm à Rio : prémices d'une prise
de conscience des questions environnementales et
écologiques 21
A- Fondement et généralisation des sommets sur
l'environnement et le climat 22
B- Intensification des rencontres : le climat, un enjeu
international de 1974 à 1990 28
II- La conception camerounaise des notions d'environnement et
d'écologie de 1960 à 1992 34
A- Le nouvel Etat indépendant face aux problèmes
environnementaux : tentative d'élaboration
d'une conscience climatique nationale 35
B- Genèse d'une conscience écologique camerounaise
(1972-1992) 37
III- La Conférence de Rio de Janeiro et élaboration
d'une Convention-Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques 39
A- Négociations sur l'élaboration d'une
Convention-Cadre des Nations Unies des sur les
Changements Climatiques 40
B- La Conférence de Rio de Janeiro : mobilisation
internationale sur la lutte contre les
changements climatiques 44 CHAPITRE II : LA
CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : PRINCIPES,
ENGAGEMENTS, INSTITUTIONS ET
ADHESION DU CAMEROUN 49
I- Engagements globaux pour la préservation du climat
mondial 49
A- Les principes et objectifs directeurs de la CCNUCC 49
B- Engagements des parties à la CCNUCC 52
vi
II- Les différents mécanismes à la CCNUCC
57
A- Les mécanismes institutionnels et financiers 57
B- Les mécanismes de coopération, de
règlement de différends et d'application 61
III- Motivations d'adhésion et spécificités
du Cameroun 68
A- Spécificités géographiques 68
B- Contexte socio-économique et influence
sous-régionale du Cameroun 71 CHAPITRE III : MISE EN
APPLICATION DE LA CCNUCC AU CAMEROUN : ACTEURS
ET GRANDS PROJETS 74
I- Causes et impacts des changements climatiques au Cameroun
74
A- Les secteurs d'émissions des gaz à effet de
serre au Cameroun 74
B- Impact et vulnérabilité du Cameroun face aux
changements climatiques 79
II- Elaboration d'un cadre juridique et institutionnel fiable
à la mise en oeuvre de la CCNUCC au
Cameroun 83
A- Cadre juridique régissant les activités de
lutte contre les changements climatiques au
Cameroun 84
B- Acteurs chargés de lutte contre les changements
climatiques au Cameroun 88
III- Les projets et actions du Cameroun dans la lutte contre les
changements climatiques 95
A- Les efforts du Cameroun sur le plan international et national
dans la mise en application de
la CCNUCC 95
B- Les MDP, l'opération Sahel Vert et la REDD : Trois
projets majeurs dans la lutte contre les
changements climatiques au Cameroun. 101 CHAPITRE
IV : LES ENTRAVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES AU CAMEROUN 108
I- Obstacles exogènes inhérents à la
convention et à la communauté internationale 108
A- Dépendance des institutions chargées de la mise
en oeuvre de la Convention 108
B- L'élaboration d'une multitude d'accords et projets aux
orientations différentes et non-
contraignantes 112
II- Entraves endogènes à la lutte contre les
changements climatiques au Cameroun 115
A- Un cadre juridique et institutionnel balbutiant et
embryonnaire 115
B- Insuffisance des moyens techniques et financiers
nécessaires pour le financement des
projets 118
III- Renforcement de l'action de l'Etat pour une adaptation aux
effets néfastes des changements
climatiques 120
A- Renforcement des capacités de l'Etat pour une
participation inclusive de toutes les parties
prenantes 121
B- Vers une politique d'adaptation aux effets néfastes
des changements climatiques au
Cameroun 124
CONCLUSION GÉNÉRALE 135
ANNEXES 138
SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
160
TABLE DES MATIÈRES 172
VII
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Liste des cartes
Carte 1 : Carte géographique du Cameroun 6
Carte n°2 : Zones agroécologiques du Cameroun 70
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Les substances règlementées par
le Protocole de Montréal 31
Tableau N°2: Récapitulatif des conventions et accords
ratifiés par le Cameroun
dans le domaine environnemental 38
Tableau n° 3: Les gaz à effet de serre à
réduire par les parties à la CCNUCC 53
Tableau n° 4: Liste des Etats figurant à l'annexe I
de la CCNUCC 54
Tableau n° 5: Liste des Parties visées à
l'annexe II de la CCNUCC 55
Tableau n°6 : Liste des Conférences des Parties
de1995 à 2015 97
Tableau n°7 : Les différents secteurs retenus dans la
stratégie d'adaptation 128
Tableau n°8 : Projets transversaux en vue de la mise en
oeuvre du PNACC 131
Tableau n°9 : Projets sectoriels en vue de la mise en oeuvre
du PNACC 132
Liste des schémas
Schéma n°1: Règlement des différends
par négociation 64
Schéma n°2 : Etapes de règlement des
différends par les bons offices de la
médiation 65
Schéma n°3 : Structure institutionnelle de mise en
oeuvre du PNACC 130
Liste de l'histogramme et du graphique
Histogramme n° 1 : Evolution de la population camerounaise
1960-2015 .... 71
Graphique n°1 : Répartition du profit des projets
MDP dans les pays
émergents. 110
VIII
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADD : Alternative Durable pour le
Développement
AFD : Agence française de
développement
AG : Assemblée Générale
ANAFOR : Agence Nationale de l'appui au
développement forestier
BAD : Banque Africaine de
Développement
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques
CDN : Contribution Déterminée au
niveau National
CEE : Communauté Economique
Européenne
CNI : Communication Nationale Initiale
CIUS : Conseil International pour la Science
CFL : Chlorofluocarbone
CMED : Commission Mondiale sur l'Environnement
et le Développement
CNUEH : Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement Humain
CN-REDD+ : Comité national REDD+
CNUED : Conférence des Nations unies sur
l'environnement et le Développement COMIFAC :
Commission des forêts d'Afrique Centrale
COP : Conférence des Parties
CPE : Cellule de la Protection de
l'Environnement
DSCE : Document Stratégique pour la
Croissance et l'Emploi
DSCPRN : Direction du Suivi de la Conservation
et de la Promotion des Ressources
Naturelles
FAO : Programme des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation
FCFA : Franc des Communautés
Financières Africaines
FEM : Fonds pour l'Environnement Mondial
FPBC Gg
|
:
:
|
Fonds de partenariat Carbone Forestier Gigagramme
|
GIEC : Groupe d'Experts Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat
GES : Gaz à effet de serre
GIZ : Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit
ix
GWP : Global Water Partnership
INC : Institut National de la Cartographie
INS : Institut National de la Statistique
MDP : Mécanismes pour un
Développement Propre
MINEF : Ministère de l'Environnement et
des Forêts
MINEP : Ministère de l'Environnement et
de la Protection de la Nature
MINEPDED : Ministère de l'Environnement,
de la Protection de la Nature et du Développement Durable
MINFOF : Ministère des Forêts et de
la Faune
MINFI : Ministère des Finances
MINADER : Ministère de l'Agriculture et
du Développement Rural
MINEPIA : Ministère de l'Elevage,
Pêche et Industries Animales
MINEE : Ministère de l'Eau et de
l'Energie
MINTP : Ministère des Travaux Publics
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OMM : Organisation Météorologique
Mondiale
ONACC : Observatoire National sur les
Changements Climatiques
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PMA : Pays les Moins Avancés
PNACC : Plan National d'Adaptation aux
Changements Climatiques
PND : Pays en Développement
PNIACC : Plan National d'Investissement pour
l'Adaptation aux Changements
Climatiques
PNGE : Programme National de Gestion de
l'Environnement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour
l'Environnement
REDD : Réduction des Emissions issues de
la Déforestation et de la Dégradation des
Forêts
REDD+
RGPH
|
:
:
|
Réduction des émissions issues de la
déforestation et de la dégradation des forêts, gestion
durable des forêts, augmentation de stocks de carbone et conservation des
stocks de carbone
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
X
R-PIN : Readiness Plan Idea
R-PP: : Readiness Preparation
Projet
ST-REDD+ : Secrétariat Technique
REDD+
UE : Union Européenne
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
WWF : World Wide Fund for nature
1
INTRODUCTION
I- Contexte d'étude
Après la guerre froide, les relations internationales
ont subi d'importantes transformations. La destruction du mur de Berlin,
l'effondrement de l'empire soviétique, la dynamique de la mondialisation
et l'émergence de nouveaux pôles économiques ont totalement
modifié la scène internationale. Dans les débats
internationaux, de nouveaux sujets tels que les droits de l'homme, la
gouvernance, la démocratisation, l'environnement et le changement
climatique émergent. La conscience climatique, ses mutations et ses
impacts préoccupent les différents acteurs de l'arène
internationale. Ainsi, de nombreuses études, conférences et
sommets en faveur de la cause climatique sont à l'ordre du jour. De
même, des hypothèses visant l'intelligibilité du
phénomène de changement climatique et des ébauches de
procédure d'atténuation sont établies.
Les modifications régulières de l'environnement
sont tributaires à l'activité humaine. L'homme transforme
particulièrement la composition de l'atmosphère en y rejetant des
substances nocives telles que le dioxyde de carbone, du méthane, de
l'oxyde d'azote, de l'oxyde de soufre et bien d'autres. En effet, depuis les
deux dernières décennies, le taux d'émissions de ces gaz a
atteint son pic avec une croissance exponentielle et spectaculaire. La
concentration desdits gaz dans l'atmosphère est le facteur principal du
réchauffement actuel du climat.
Depuis le début du XIXe siècle marqué par
l'ère industrielle, la température moyenne à la surface de
la terre a augmenté d'environ 0,4 à 0,8 °C1. Les
émissions des gaz à effet de serre ont augmenté de 25%. La
pollution atmosphérique devenait de plus en plus accrue, les pays du
Nord fortement industrialisés en étaient les principaux
pollueurs2. A partir des années 70, les vues internationales
sur la lutte contre les changements climatiques ont connu une nette
amélioration. Le glas est sonné en 1972 avec la convocation par
les Nations Unies à Stockholm de la première conférence
sur l'environnement. Dès lors, la gravité de la situation
écologique
1 J-C. Bergonzini, Changements climatiques,
déforestation, diversité biologique et forêts, Paris,
Silvia et Riat, 2004, p.12.
2 Rapport final du Séminaire de renforcement
des capacités sur les changements climatiques et le développement
durable en Afrique Centrale, Brazzaville, COMPENDIUM, Novembre 2011, p.17.
2
de notre planète a été reconnue de
manière générale3. Les participants se
donnaient pour objectif de "défendre et améliorer l'environnement
pour les générations présentes et à
venir"4. En 1982, un second sommet de la terre fut organisé
à Nairobi au Kenya. En 1992 la Conférence de Rio de Janeiro
organisa la gouvernance climatique mondiale.
La déclaration finale du Sommet de la Terre5
de Rio de Janeiro a adopté une convention appelée la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques. Cette
convention est le texte de base en matière de réduction des
émissions des gaz à effet de serre. Dès lors, les
changements climatiques sont devenus un problème, un problème
urgent. De toute évidence, bien qu'homogène, le
phénomène de changement climatique affecte de manière
différente les régions et pays du monde en fonction du niveau de
développement économique. Représenté par une
délégation à Rio en 1992, le Cameroun va ratifier la
CCNUCC le 19 octobre 1994.
En 2007 à Bali, l'élan créé autour
du changement climatique a été spectaculaire. La Feuille de Route
de Bali reconnaissait le caractère universel du changement climatique et
ses répercussions sur l'écosystème6. Etant
donné que le changement climatique est un fait majeur des relations
internationales depuis les Années 90, cette problématique
pluridisciplinaire devrait être un champ indispensable pour l'histoire et
l'historien actuel.
II- Raisons du choix du sujet
L'homme étant le fruit de son époque, la
volonté de participer au débat sur la problématique de
changements climatiques, qui sur le plan scientifique en réalité,
trouve de nos jours des preuves irréfutables. Et la protection de
l'environnement est un moyen par excellence pour sauver la planète de
cette menace aux conséquences potentiellement désastreuses.
Danger éminent pour la biodiversité et de plusieurs
espèces menacées d'extinction, pour l'agriculture, la
santé et la sécurité alimentaire en Afrique, ces truismes
dus aux effets des mutations climatiques nous ont poussés à
porter un intérêt particulier alimenté par une motivation
sans faille à se pencher sur le Cameroun et la Convention-Cadre des
Nations unies sur les Changements Climatiques. Le caractère dynamique et
évolutif du débat sur les changements climatiques a
suscité notre curiosité et a éveillé notre
sensibilité en tant qu'historien du XXIe
3 P. J. Fensham, "De Stockholm à Tbilissi :
évolution de l'éducation environnementale", in
Perspective, Vol III no 4, 1978, p.491.
4 L. Chiappo, "Tiers monde et
éducation environnementale" in Perspective Vol III no4, 1978,
p.502.
5 Les Sommet de la terre sont des rencontres
décennales entre dirigeants mondiaux organisées depuis 1972 par
l'Organisation des Nations unies. Leur but est de stimuler la protection de
l'environnement et le développement durable à l'échelle
mondiale. Cinq sommets ont été organisés de 1972 à
nos jours à savoir Stockholm 1972, Nairobi 1982, Rio de Janeiro 1992,
Durban 2002 et Rio de Janeiro une fois de plus en 2012.
6 Annuaire du PNUE 2008 : Tour d'horizon d'un
environnement en pleine mutation, p.3.
3
siècle. Cet ennemi commun à l'humanité
ainsi que ses problèmes sous-jacents nous ont interpellé. De
même, dans un contexte international de l'après-guerre froide,
marqué par le triomphe du capitalisme sur le communisme, il nous a paru
judicieux d'analyser l'avènement et l'adhésion massive et unanime
des Etats à un tel compromis à l'échelle
internationale.
De même, l'appréhension du jeu et les enjeux des
différents acteurs de la scène internationale nous a
incité à orienter notre recherche sur cette thématique. En
plus le choix d'un travail de recherche centré sur le Cameroun et les
conventions sur les changements climatiques trouve aussi ses raisons sur des
observations et expériences quotidiennes. En fait, depuis notre jeune
âge, nous avons constaté un dérèglement radical et
évolutif des saisons. De plus en plus, les années sont moins
pluvieuses mais par contre nous assistons à un prolongement des
sècheresses. La vie au quotidien dans les villes camerounaises a
été marquée par des crises de pollution de toute nature.
C'est dans ce contexte que nous avons trouvé pertinent d'interroger la
situation du Cameroun après l'adhésion à la CCNUCC.
Le choix de notre sujet de recherche trouve aussi sa
motivation dans un désir de changement et de diversification des
domaines de recherche et d'investigation en histoire des relations
internationales. Dans un pays où les décideurs éprouvent
une sympathie notable aux questions des changements du climat ainsi qu'aux
moyens liés à leur éradication, cette volonté
nationale est une raison de plus ayant favorisé notre engagement. La
bagatelle d'ouvertures qu'offrent les recherches sur les changements
climatiques et sur la protection de l'environnement sont autant de raisons
ayant motivé le choix de cette étude intitulé "
Le Cameroun et la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques 19922015".
III- Intérêt du sujet
Comme toute recherche scientifique, notre thème
traitant la question du Cameroun et la convention sur les changements
climatiques vise à contribuer dans plusieurs domaines du monde des
idées. Le sujet objet de notre recherche recouvre une pluralité
d'intérêts variés dans les domaines tant scientifique,
politique, économique que socioculturel.
a- Intérêt scientifique
Notre étude s'inscrit dans une perspective pluri et
interdisciplinaire et vise à croiser différents champs
scientifiques des sciences humaines et sociales, des sciences politiques et
juridiques. Nous nous inscrivons dans la perspective de la nouvelle histoire.
Cette étude vise à sa juste valeur à enrichir la
production scientifique camerounaise et internationale dans un domaine
d'étude historique qui ne connait pas encore son essor à savoir
l'Histoire Environnementale. L'Histoire Environnementale est un champ
pluridisciplinaire associant des
4
travaux historiques qui adoptent une approche environnementale
et des études sur des questions environnementales faisant une place
importante à la dimension historique7.
b- Intérêt politique
Cette analyse sur les changements climatiques est une
sonnette d'alarme à l'endroit des décideurs gouvernementaux et
hommes politiques sur la gravité de la situation climatique mondiale qui
conduirait à la destruction totale du milieu humain si des mesures
concrètes ne sont pas prises pour limiter et atténuer les
conséquences des changements climatiques.
c- Intérêt économique
Le développement industriel étant gage d'un
développement certain, notre recherche est un message porté
à l'intention du secteur de l'économie qui dans son vaste projet
d'émergence du Cameroun en 2035 doit prendre en considération les
conséquences néfastes des changements climatiques qui sont dus en
partie à l'activité industrielle. Il est donc question de
sensibiliser les acteurs économiques des risques ainsi que de leur
rôle à la sauvegarde de la planète. De
même, la lutte contre le changement climatique passe par le
développement durable qui est une porte ouverte aux investissements et
au développement d'une économie verte.
d- Intérêt socio-culturel
Notre étude apporte une nouvelle analyse
sociétale et culturelle sur la vision et la politique nationale et
internationale de l'Etat du Cameroun sur la question des changements
climatiques. De même, la présente étude vise une prise de
conscience générale outre passant les réalités tant
sociales que culturelles dans la conservation de l'environnement. Elle vise
à renseigner sur les contributions et actions menées par la
population dans le but d'aider l'Etat dans l'application de la convention sur
le climat ratifié à l'international.
IV- Cadre spatio-temporel
Pour mieux cerner notre étude, il sera judicieux de
clarifier son cadre spatial. Ainsi, l'espace territorial objet de notre
investigation est le Cameroun. Notre étude s'étend
chronologiquement sur deux bornes qui sont 1992 et 2015.
a- Cadre spatial
Pays d'Afrique Centrale, le Cameroun est ouvert sur
l'océan Atlantique avec 350 km de côte. En 2015, sa population
était estimée à 23,344 millions d'habitants et le Produit
Intérieur Brut est de 29,198 milliards de dollars.8 Il est
limité à l'Ouest par le Nigeria, au Nord-Est par le Tchad et le
Lac Tchad, à l'Est par la République Centrafricaine, au Sud par
le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Yaoundé sa capitale
politique est le centre administratif et
7 ESEH Bulletin d'Histoire Environnementale,
Numéro1, Automne 2007, p.2.
8 Atlas du monde 2016.
5
Douala sa capitale économique abrite le plus important
port du golf du Biafra et de la sous-région. Administrativement
divisé en dix régions, les autres villes les plus importantes du
pays sont Maroua, Garoua, Ngaoundéré, Bafoussam, Foumban,
Bamenda, Buea, Bertoua, Ebolowa et Kribi.
Il a un relief varié. Au sud, la plaine
côtière et l'intérieur des terres sont couverts
d'épaisses forêts. Au nord on trouve la savane et la steppe
soudano-sahélienne qui se termine par les marécages en bordure du
lac Tchad. Le trait dominant du relief camerounais est le massif de l'Adamaoua.
Vers le sud, le massif donne naissance à de nombreux fleuves
côtiers nationaux, dont la Sanaga et le Nyong qui se jettent dans
l'Atlantique. Le Cameroun possède un climat tropical humide dans le sud
et sur les côtes, avec des pluies abondantes. Le climat du nord se
rapproche au type sahélien. Le nord-ouest a un climat semi-aride. Les
températures moyennes oscillent entre, au sud 25°C, le plateau
central 21,1°C et au nord 32,2°C9.
Le français et l'anglais sont les langues officielles
fruit d'un héritage colonial. Outre celles-ci, le Cameroun compte
environ 280 langues nationales. La population d'expression française est
plus nombreuse car elle représente 78% de la population, tandis que
celle d'expression anglaise représente 22%.10 Les langues
soudanaises sont parlées dans le nord et les langues bantoues dans le
sud. La cartographie religieuse du Cameroun laisse d'une part apparaître
une différenciation Nord/Sud, avec la domination de l'islam dans le
grand Nord et le Sud du Pays est sous l'influence du
christianisme.11 En effet, au Cameroun on compte 59,4% de
chrétiens, 20,2% de musulmans. Près d'n quart de la population
camerounaise est animiste soit 19,3% de la population nationale. Les autres
pratiques religieuses sont faiblement représentées soit
1,1%.12
L'illustration cartographique ci-dessous renseigne de
façon plus claire sur le Cameroun et ses potentialités.
9 Ibid.
10
www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/cameroun.html
consulté le 08-02-2018 à 10h07mn
11 M Lasseur, "Cameroun : Les
nouveaux territoires de Dieu", dans Afrique Contemporaine, N°215,
2005, p.102.
12
https://www.liberte-religieuse.org/cameroun/
consulté le 08-02-2018 à 19h31mn
6
Carte 1 : Carte géographique du
Cameroun
Source : Division géographique du
Ministère des Affaires Etrangère (en ligne
https://www.izf.net/upload/Documentation/Cartes/Pays/supercartes/Cameroun.html/
Consulté le 13-02-2018 à 22h30
7
b- Délimitation des bornes chronologiques du
sujet
La spécificité d'une recherche historique est le
caractère chronologique des sujets. La présente étude
s'étend sur une période de vingt-trois ans et le choix des dates
n'étant aucunement un fait du hasard, la borne 1992-2015 a une
explication logique.
§ 1992 marque la date de la Conférence des
Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) qui s'est
tenue à Rio de Janeiro au Brésil. Elle établit ainsi la
responsabilité de l'homme sur les émissions des gaz à
effet de serre provoqués par les activités humaines, « sans
changement radical de ses missions, l'humanité devra faire face à
des conséquences climatiques graves »13 . A l'issue de
la Conférence de Rio, trois conventions furent signées parmi
lesquelles la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) objet de notre recherche. Elle entra en vigueur le 21 mars
199414. Le Cameroun a participé à la CNUED et a
signé la CCNUCC le 14 juin 1992 et l'a ratifié le 19 octobre
1994. 1992 marque aussi la date de la création du Ministère de
l'Environnement et des Forêts (MINEF).
§ La deuxième date 2015 quant à elle
marque la 21e Conférence des Parties (COP) à la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui s'est
tenue à Paris en France du 30 novembre au 12 décembre 2015.
Encore appelée la Conférence de Paris sur les changements
climatiques, elle a rassemblé au Bourget les délégations
de 195 pays. Elle s'est soldée par la conclusion d'un accord
international sur le climat appelé Accord de Paris applicable à
tous les pays et validé à l'unanimité et de manière
consensuel par tous les participants au Sommet. L'objectif principal est de
limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C en visant
la barre des 1,5°C. Le phénomène de changement climatique
étant déjà inévitable, les Etats doivent dès
lors adopter des mesures incitant l'adaptation. De même en 2015, l'Etat
du Cameroun a procédé à l'élaboration de sa
stratégie de résilience aux changements climatiques
appelée Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC).
V- Clarification conceptuelle
Pour mieux appréhender l'objet de la présente
étude, il convient sans doute d'apporter certaines précisions
terminologiques. Dans cette étape, deux concepts majeurs ont
attiré notre attention à savoir « convention » et
« changements climatiques ».
13 L. Tubiana & H. Kieken, "Climat : il est urgent
d'agir !" in Problèmes économiques, septembre 2007,
p.3.
14 http://www.treaties.un.org/
Consulté le 13-02-2018 à 22h40mn.
8
· Convention-cadre
D'après le Larousse 2017, une convention est un accord
passé entre des personnes, des groupes, des sujets de droit
international (Etats, organisations), destiné à produire des
effets juridiques et qui revêt en principe un caractère
obligatoire pour ceux qui y adhèrent15.
Dans le domaine juridique, la convention est un accord conclu
entre deux ou plusieurs parties en vue de produire certains effets juridiques
à savoir : créer des obligations, modifier ou éteindre des
obligations préexistantes. En droit civil, elle a un caractère
matrimonial qui est un contrat entre les futurs époux. En droit
international, c'est un accord conclu entre Etats. Elle est aussi
considérée comme l'acte dans lequel un accord est
consigné. Dans une perspective sociale, la convention est la
règle de vie observée par les membres d'un même groupe
social16.
En relations internationales, une convention est un accord
entre deux ou plusieurs Etats ou organisations internationales, comportant
l'octroi réciproque de droits et l'acceptation d'obligations. Un accord
intervenant entre entités qui ne sont pas reconnues comme des Etats sur
le plan international ne constitue pas une convention17. Divers
termes sont employés dans la pratique internationale pour
désigner des conventions internationales : traité, accord,
arrangement, pacte, charte, échange de lettres, protocole etc. L'origine
des conventions remonte au début de la vie internationale. Toutefois,
les caractéristiques des conventions actuelles datent du XIXe
siècle. En 1969, une conférence internationale organisée
par les Nations Unies à vienne en Autriche, a élaboré une
convention pour arrêter les règles relatives à la
conclusion, à la modification et à l'extinction des
conventions18.
Une convention-cadre est donc celle par laquelle les parties
se fixent au préalable les règles qui régiront leurs
contrats à venir sur le marché et sur lesquelles elles
s'appuieront par la suite pour exécuter leurs engagements et permettre
l'accomplissement des modalités.
Ainsi, au terme de la conférence de Rio de Janeiro
tenue au Brésil en 1992, les États participants signaient d'une
part trois textes juridiquement non contraignants pour les Etats signataires
à savoir l'Agenda 21, la Déclaration de Rio et la
Déclaration relative aux forêts. Et d'autre part deux conventions
qui ont force contraignante pour les signataires à savoir la
Convention-cadre sur les changements climatiques et la convention sur la
biodiversité19. La Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques était donc un cadre
15 Dictionnaire Larousse 2017.
16
https://www.cnrtl.fr/definition/convention
Consulté le 14-02-2018 à 08h17mn.
17 Encyclopédie Universalis.
18 Ibid.
19
https://www.dictionnaire-environnement.com/convention-cadre-des_nations-unies...html/
Consulté le 14-022018 à 12h20 mn.
9
établi par les participants qui devait régir la
sauvegarde du climat à l'échelle internationale. Elle regroupe un
ensemble de règlements visant la stabilisation voire la réduction
des émissions des gaz à effet de serre dans le but
d'empêcher une action néfaste de l'homme sur l'environnement et le
climat mondial20.
· Changement climatique
La notion de changement climatique renvoie à la
modification du climat de la terre, caractérisée par un
accroissement de la température moyenne à sa surface. Cependant,
pour le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC),
le terme changement climatique fait référence à tout
changement du climat, qu'il soit à la variabilité naturelle ou
aux activités humaines. Dans son article premier alinéa 2, la
Convention-Cadre de Nations Unies sur les Changements Climatiques telle que
fait à New York le 09 mai 1992, définit les changements
climatiques comme « les changements de climat qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables
»21.
Le changement climatique désigne également de
lentes variations des caractéristiques climatiques en un endroit
donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement.
Certaines formes de pollution de l'air, résultant d'activités
humaines, menacent de modifier sensiblement les climats, dans le sens d'un
réchauffement global. Ce changement climatique peut entraîner des
dommages importants : élévation du niveau des mers, accentuation
des événements climatiques extrêmes (sécheresses,
inondations, cyclones, ...), déstabilisation des forêts, menaces
sur les ressources d'eau douce, difficultés agricoles,
désertification, réduction de la biodiversité, extension
des maladies tropicales22.
VI- Revue critique de la littérature
Notions centrales de notre recherche, la protection de
l'environnement et celle des changements climatiques ont déjà
fait l'objet de plusieurs travaux de recherches scientifiques
antérieures. Ces recherches se sont articulées autour de deux
thèmes à savoir environnement et changement climatique.
20
https://www.cms.unige.ch/isdd/spip?
Consulté le 14-02-2018 à 12h43mn.
21 Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, article1, alinéa2, p.4.
22 Dictionnaire de l'environnement en ligne (
https://www.dictionnaire-environnement.com/changement-climatique-ID2184.html
) consulté le 14-02-2018 à 18h 50mn.
10
Plusieurs auteurs ont centré leur recherche sur la
protection de l'environnement. Parmi ceux-ci nous avons Joseph Jules
Sinang23 qui dans sa thèse présente le rapport entre
l'homme et son milieu qu'il juge inquiétant car ce dernier l'exploite
à ses fins sans tenir compte des conséquences qui en
découlent. Exposant la situation du bassin du Congo dans la gestion des
produits de la chasse, il nous renseigne sur la protection de la faune et les
actions menées par le Cameroun dans sa coopération avec des ONG
de protection de la nature. Bien qu'il évoque la CCNUCC et le rôle
du MINEP information très importante dans le cadre de notre recherche,
mais, l'objet de son étude est restreint à la
cynégétique. Ses bornes chronologiques sont antérieures
à l'avènement de la CCNUCC et étudie un cas plus restreint
et propre à une sous-région, le bassin du Congo.
Dans le même ordre d'idée, Alice
Matcheubou24 présente dans sa thèse les
méthodes d'évaluation et une des sources d'émission des
gaz à effet de serre dans la ville de Yaoundé. Elle en
déduit que les services de transport par leur vétusté et
la mauvaise utilisation de la voirie sont à l'origine de la pollution de
l'air dans la capitale politique du Cameroun. A ce problème, elle
propose des mesures appropriées en vue d'atténuer la pollution.
S'appuyant de temps en temps sur la CCUNCC via les commissions
d'évaluation des émissions des gaz, son étude s'inscrit
dans une approche géographique, sur les méthodes et normes
internationales en matière d'évaluation des gaz à effet de
serre. Spatialement limitée à la ville de Yaoundé, son
étude ne montre pas concrètement la politique globale du Cameroun
dans l'éradication de la pollution et par ricochet celui des changements
du climat.
Par contre Huguette Sandrine Obe Efoua25 fait
état de la protection de l'environnement
dans le cadre de la coopération multilatérale
engageant l'Etat du Cameroun et l'Union Européenne. Elle
présente le bilan de la contribution de l'UE dans le domaine
environnemental. Mais elle se limite à présenter un seul acteur
dans la protection de l'environnement au Cameroun. De même, elle ne
montre pas suffisamment l'implication du Cameroun mais s'attarde plus sur la
politique environnementale de l'UE ainsi qu'au cadre normatif applicable qui
est plus celui de la coopération UE-ACP et celui des Accords de
Partenariat Economique qui ne sont pas nettement favorables aux
intérêts et aspirations de ses membres non européens en
général et pour le Cameroun en particulier.
23 J. J. Sinang, Production
cynégétique et gestion durable des ressources fauniques aux
abords nord du bassin du Congo (XVIIe-XXe siècle), Thèse de
Doctorat PhD, Université de Yaoundé I, 2015.
24 A. Matcheubou, Transport urbain et pollution de
l'air à Yaoundé : Approche méthodologique de
l'évaluation des gaz à effet de serre, Thèse de
Doctorat PhD en Géographie, Université de Yaoundé I,
2009.
25 H.S. Obe Efoua, L'appui de l'Union
Européenne au secteur de l'environnement au Cameroun. Etude historique
1990-2008, Mémoire de Master en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2010.
11
De même, Pierre Francis Mepongo Fouda26 dans
son mémoire fait l'inventaire des activités du Fonds Mondial pour
la Nature (le sigle anglais est WWF) au Cameroun sur une durée de 20
ans. Il montre l'implication du WWF dans la protection est la gestion durable
de la faune et la flore ; la protection et la conservation des aires
protégées. En plus, il donne l'intérêt ainsi que les
retombés de ce partenariat dans le secteur socio-économique du
Cameroun. Mais, son travail se limite à l'analyse des variables
environnementales sans toutefois évoquer le but officiel de la
protection de l'environnement qui a cours actuellement sur la scène
internationale et qui vise l'atténuation du réchauffement de la
terre et la stabilisation du climat mondial.
Gilles Herbert Fotso27 évalue la
contribution et les politiques mises en oeuvre par les collectivités
territoriales décentralisées pour la protection de
l'environnement au Cameroun. Il conclut que les collectivités
territoriales décentralisées assurent pleinement leur rôle
de protection de l'environnement. Mais, elles font face à plusieurs
difficultés émanant d'une part du monopole du pouvoir central sur
les questions environnementales et d'autre part au niveau local concernant des
accrochages de toute nature avec la population, ce qui réduit le
degré d'accomplissement de leur tâche. S'appuyant
particulièrement sur la communauté urbaine de Douala, son
étude renseigne peu à notre sujet et s'est limitée sur
l'aspect juridique car relève sans cesse les normes internationales et
nationales sur la protection de l'environnement.
Par contre, Christelle Fanny-Ange Matchum Kouogue28
fait une étude comparée sur la protection de l'environnement en
France et au Cameroun. Analysant le cas des nuisances sonores, elle constate
que le bruit est un problème pour la santé publique. Dans sa
logique de juriste, elle se rend compte qu'au Cameroun, bien qu'il existe un
dispositif règlementaire encadrant la protection de l'environnement, le
législateur camerounais est encore au stade embryonnaire sur la
prévention du bruit. Mais en France, tout un arsenal juridique est
constitué pour la prévention et la protection du bruit depuis
1992. Son étude centrée sur le droit environnemental se focalise
sur les normes nationales sans évoquer le cadre international
lancé à Rio en 1992 considéré comme creuset de tout
droit national de protection de l'environnement.
Maurice Kamto29 dans son ouvrage Droit
international de l'environnement en Afrique, aborde la
problématique de l'environnement ainsi que les différentes
institutions de protection
26 P.F. Mepongo Fouda, Le WWF et la protection de
la nature au Cameroun : Approche historique (1990-2010), Mémoire de
Master en Histoire, Université de Yaoundé I, 2012.
27 G. H. Fotso, Protection de l'environnement par
les collectivités territoriales décentralisées : Cas de la
communauté urbaine de Douala, Mémoire de Master en droit de
l'environnement, Université de Douala, 2012.
28 C. F-A. Matchum Kouogue, protection juridique
de l'environnement au Cameroun et en France : le Cas des nuisances
sonores, Mémoire de Master 2 en Droit international et
comparé de l'environnement, Université de Limoges, 2009.
29 M. Kamto, Droit de l'environnement en Afrique,
Paris, EDICEF, 1996.
12
et de promotion de l'environnement en Afrique. Compilation et
synthèse du droit international et les droits nationaux de
l'environnement à l'échelle continentale, il démontre que
le droit de l'environnement est profondément humaniste et rappelle le
rôle de pionnière que l'Afrique, consciente de l'importance de
l'environnement pour son avenir, devrait jouer. Cependant, il remarque que les
structures politiques, économiques et traditionnelles du continent ont
du mal à s'adapter à la gestion écologique. Mais au niveau
local la situation du Cameroun n'est pas assez étoffée dans ce
travail.
Le second thème lié aux changements climatiques
au Cameroun est abordé par D F Andriamparany30 dans son
mémoire de master analyse la perspective de la mise en place des REDD+
au Cameroun. Dans le souci de concilier les aspirations de la population
locale, et dans l'urgence de sauvegarder la réserve forestière de
Mbalmayo, elle propose la mise en application de la REDD+ instrument de la
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques pour limiter
la destruction de la faune et la déforestation. Mais son étude
nous renseigne partiellement sur notre sujet car le cadre spatial est
limité et son analyse se focalise sur un instrument de la convention.
Frankline Enongene Ewane,31 montre la
corrélation entre le changement climatique et la géopolitique. Ce
travail pertinent et d'une utilité sans précédent analyse
les conditions d'adaptation de la convention sur le changement climatique aux
politiques et programmes nationaux du Cameroun. Montrant l'implication et
l'adaptation politique de la convention au Cameroun mais dans une approche
beaucoup plus géopolitique que géographique ; il s'est
limité à inventorier point par point les conditions
d'adaptabilité de la convention au Cameroun. De façon
linéaire et événementielle, il a présenté
les avancés du Cameroun en matière de lutte contre les
changements climatiques sans pour autant apporter des critiques profondes sur
le jeu et les enjeux internationaux, sur les raisons de l'avènement
d'une telle convention dans un contexte d'unipolarité des relations
internationales.
Anselme Franck Dany Tiwa32 présente les
changements climatiques dans la production et l'adaptation de l'agriculture
dans l'arrondissement de Batcham. S'appuyant sur la CCNUCC, il analyse
superficiellement l'implication du Cameroun dans la politique globale du
phénomène
30 F.D. Andriamparany, Sauvegarde de la
réserve forestière de Mbalmayo et implication des
populations
locales : perspective de mise en place de la REDD+,
Mémoire de Master en Géographie, Université de
Yaoundé I, 2014.
31 F. Enongene Ewane, Climate Change and
geopilitics : Assessing the translation of the convention on climate change
into vational policies and programmes in Cameroon, Mémoire de
Master en Géographie, Université de Yaoundé I, 2013.
32 A. F. D. Tiwa, Changements climatiques et
agriculture paysanne à l'ouest Cameroun : Cas de l'arrondissement de
Batcham, Mémoire de Master en Sociologie, Université de
Yaoundé I, 2014.
13
de changement climatique. Il traite aussi quelques points des
accords internationaux sur la protection de l'environnement engageant le
Cameroun.
Janvier Ngwanza Owono33 dans son mémoire de
master, rend compte de l'effectivité de la mise en oeuvre du
Mécanisme pour le Développement Propre (MDP) au Cameroun. Il
montre que cette mise en oeuvre est une double manifestation d'une part sur le
plan juridique par la consécration d'un cadre juridique et d'autre part
sur le plan pratique par la mise en oeuvre des initiatives et des projets MDP.
Mais il relève les difficultés liées à
l'insuffisance d'expertise et le manque de sensibilisation et d'information sur
le MDP. Cette riche étude, d'une utilité capitale, s'est
limitée à l'analyse d'un aspect ciblé du protocole de
Kyoto, bras armé de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques.
Enfin, Dieudonné Mevono Mvogo34 aborde la
problématique de l'application des instruments juridiques internationaux
de lutte contre les changements climatiques par le Cameroun. Dans son
mémoire de master, il met en évidence d'une part la
volonté dont manifeste le Cameroun par la diversité des
procédures d'application et par les différentes techniques de
suivi et de contrôle. D'autre part, il présente les
difficultés auxquelles le Cameroun se bute telles que l'insuffisance des
moyens techniques et financiers, et des obstacles structurels et conjoncturels.
Mais il se limite à une analyse juridique du concept d'application.
De cette revue de la littérature émerge deux
principaux thèmes centrés entre autres sur la protection de
l'environnement et sur les changements climatiques au Cameroun. Les auteurs ont
abordé de manière parcellaire le rôle du Cameroun dans ces
domaines. Ils ont ciblé d'une part les thématiques liées
à la gestion de l'environnement par les Collectivités
Territoriales Décentralisées, le cadre légal de la
protection de l'environnement au Cameroun et en Afrique, la gestion des
ressources naturelles, la pollution et la coopération environnementale
entre le Cameroun et les organisations. D'autre part certains chercheurs ont
analysé les problématiques telles que le processus REDD+, les
relations entre l'agriculture et les changements climatiques,
l'implémentation des projets MDP et l'intégration des notions de
changement climatique dans les politiques nationales.
Des pans entiers de ces questions ont été omis
tels que la politique climatique globale du pays, la
vulnérabilité du Cameroun aux changements climatiques, les
mesures prises par le
33 J. Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques au Cameroun
: Cas du mécanisme pour le développement propre,
Mémoire de Master en Droit de l'homme et action humanitaire,
Université Catholique d'Afrique Centrale, 2008.
34 D. Mevono Mvogo, L'application par le Cameroun
des instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements
climatiques, Mémoire de master II en Droit International et
Comparé de l'Environnement (DICE), Université de Limoges,
2016.
14
Cameroun pour atténuer et s'adapter aux effets
néfastes du changement climatique. Car le but de la plupart des
activités liées à la protection de l'environnement est
d'atténuer le réchauffement climatique. Certains projets tels le
PNGE et la relance de l'Opération Sahel Vert ne sont pas abordés
à leur juste valeur. En plus la CCNUCC n'est pas totalement mis en
exergue comme fondement de toute action en faveur de l'environnement. Nous
aborderons d'une part dans une perspective historique la perception des
questions environnementales et écologiques par l'Etat du Cameroun avant
l'émergence de la CCNUCC en 1992. D'autre part nous répertorions
les initiatives implémentées par le Cameroun en faveur de la
cause climatique dans le respect de la Convention de 1992 à 2015.
VII- Problématique
La problématique selon Michel Beaud est un ensemble
construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche
et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet
choisi35. Le régime climatique dans le monde en
général et au Cameroun en particulier connait des
dérèglements et modifications notoires. Le bouleversement des
saisons, l'augmentation de la température de la terre, la fonte des
glaces, l'émergence des accidents climatiques dans plusieurs
régions du monde sont autant de preuves des changements climatiques
actuels. Acteur à part entière des relations internationales
depuis son accession à l'indépendance, le Cameroun dans la
poursuite de son intérêt national s'est engagé dans la
coopération internationale. Membre des Nations Unies et présent
à Rio de Janeiro, le Cameroun a ratifié la Convention-Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques en 1994. Notre travail virevolte
autour d'une composante indispensable, système central qui est la
problématique. A l'image du continent africain, le taux
d'émission des gaz à effet de serre du Cameroun est très
faible. Dans un tel contexte, force est de s'interroger sur la place et le
rôle du Cameroun dans la politique globale des changements climatiques et
sur sa riposte et ses actions locales dans l'atténuation d'une situation
complexe et globale vu ses impératifs socio-économiques et ses
aspirations à l'émergence en 2035.
Le problème fondamental qui se pose dans ce sujet est
la contribution du Cameroun dans la sauvegarde du système climatique
mondial. En d'autres termes, les mécanismes et politiques publiques
mises sur pied par le Cameroun en matière d'environnement sont-elles en
phase avec les principes énoncés dans la Convention Cadre des
Nations Unies sur les Changements climatiques de 1992 ?
35 M. Beaud, L'art de la thèse : Comment
prépare et rédiger un mémoire de master, une thèse
de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du
net, Paris, La Découverte, 2006, p.55.
15
VIII- Hypothèses
Pour proposer des réponses anticipées à
notre problématique, l'énonciation des hypothèses est
nécessaire. Notre hypothèse générale stipule que le
Cameroun de par sa situation géographique est un acteur important du
processus d'atténuation des conséquences des changements
climatiques. A cette hypothèse générale s'agrippent deux
hypothèses spécifiques qui sont énoncées :
Ø L'Etat camerounais à travers la conception et
l'implémentation de ses politiques publiques, respecte les
recommandations disposées dans la CCNUCC.
Ø Cependant, compte tenu du poids de certaines
pesanteurs liées à son processus de
développement marqué par l'industrialisation,
l'amélioration du cadre de vie de populations et fiers d'une
émergence dont le pays aspire à l'horizon 2035, certaines actions
de l'Etat camerounais entravent quelquefois l'effectivité de la CCNUCC
de 1992.
IX- Cadre théorique
La présente étude englobe un cadre
théorique complexe. L'histoire des relations internationales demande une
analyse minutieuse des différentes approches appelées
théorie de relations internationales qui motivent la coopération
entre les Etats. Pour Raymond Aron, une théorie des relations
internationales est « une connaissance contemplative, une saisie des
idées ou de l'ordre essentiel du monde »36. Une
théorie est donc un outil, une grille de lecture ou un instrument
permettant la lecture des réalités et du comportement des acteurs
de la scène internationale. Les questions climatiques et les
négociations sur le climat impliquent différentes approches. Les
théories des relations internationales telles que les approches
libérales, néolibérale et constructiviste,
institutionnaliste permettent d'appréhender les stratégies des
acteurs et des enjeux de la gouvernance climatique.
- L'institutionnalisme intergouvernemental
Développé par Andrew Moravcsik dans The
choice for Europe. Social purpose and state power from Messina to Maastricht,
l'institutionnalisme intergouvernemental s'appuie sur l'économie
politique internationale. D'après son postulat, la coopération
internationale est un cadre d'analyse rationaliste de la coopération
internationale.37 Selon lui, l'intégration et la
coopération entre l'Etats est le résultat d'une série de
choix rationnels arrêtés par des dirigeants nationaux. Ces choix
répondent à des contraintes et opportunités
modelées par les intérêts
36 R. Aron, "Qu'est-ce qu'une théorie des
relations internationales ?" In Revue française des sciences
politiques, 17e année, no 5, 1967, p.838.
37 Ibid.
16
économiques de puissants secteurs des
sociétés nationales, le pouvoir relatif de chacun des
États dans le système international et le rôle joué
par les institutions internationales pour renforcer la
crédibilité des engagements intergouvernementaux38.
- Le réalisme
Faire appel à la théorie réaliste ne
voudrait pas pour autant dire que nous épuiserons sa pensée
globale. Nous avons jugé nécessaire de l'inscrire dans un pan
limité cadré à notre étude pour comprendre les
véritables motifs de la coopération entre les Etats et d'autres
acteurs de la vie internationale. En effet, pour les réalistes, les
Etats n'ont que très rarement des intérêts communs sur
lesquels pourrait se fonder la coopération entre eux. Et même
quand un intérêt commun se fait jour, la méfiance entre les
Etats est telle (chacun craignant que l'autre ne tire plus d'avantages de la
coopération que lui-même), que la coopération n'est pas
durablement possible39.
De même, la coopération à somme positive,
celle où tout le monde enregistre un gain, est dangereuse. Certains
peuvent gagner plus que d'autres, ce qui entraîne un
déséquilibre des puissances. La coopération et les
négociations entre les Etats aboutissent parfois à de nouvelles
rivalités. De même, selon les réalistes, tout est politique
et l'intervention de l'Etat permet d'objectiver les multiples demandes du corps
social. L'exercice des prérogatives de la souveraineté
étant considéré comme moyen exclusif de contrôle de
l'anarchie naturelle tant sur le plan interne que sur le champ des relations
extérieures, l'Etat intervient comme un stabilisateur40.
- Le constructivisme
En relations internationales, la théorie du
constructivisme considère que le champ des relations internationales
n'est pas établi, mais plutôt une construction permanente. Elle
nous ramène à un processus en action et donc dynamique. En effet,
les constructivistes présentent le champ des relations internationales
comme un domaine en mouvement. Ils nous décrivent les relations
internationales comme un domaine en perpétuel mouvement selon les
stratégies interactionnistes. Cependant, il est nécessaire
d'appréhender les mobiles et stratégies favorisant un tel
dynamisme. L'enjeu fondamental de constructivisme dépend de certaines
variables complémentaires à savoir : le rôle des acteurs,
comprendre les réalités sociales et comprendre les interactions
qui existent dans les domaines relations internationales41.
38 Ibid.
39
https://www.forum-scpo.com/relation-internationales-geopolitique-mondialisation/principales-theories-relations-internationales.html/
Consulté le 14-02-2018 à 13h05mn.
40 J-J. Roche, Théories des relations
internationales, Paris, Editions Montchrestien, 4e Edition, 2001, p.30.
41
http://www.baripedia.org/wiki/interactionnisme-et-constructivisme/
Consulté le 15-02-2018 à 9h19mn.
17
- Les théories libérales et
néolibérales
Les théories libérales et
néolibérales sont fondées sur un certain angélisme
dans leur poursuite de la coopération et le processus d'harmonisation
internationale.42 Pour les libéraux, les relations
internationales sont les rapports de toute nature que l'Etat, les organisations
gouvernementales et non-gouvernementales et les individus entretiennent entre
eux dans un cadre bilatéral ou multilatéral. Outre ses
précurseurs historiques, tels Leibniz, Kant, Montesquieu, Locke,
Rousseau, David Ricardo, Adam Smith et bien d'autres, le libéralisme a
été porté au XXe siècle par les présidents
américains, Thomas Wilson et Franklin Delano Roosevelt. Il existe le
libéralisme politique de John Locke et le libéralisme
économique qui a été développé par Adam
Smith dans son ouvrage, An inquiry into the nature and causes of the wealth
of Nations43.
Au début des années 70, Robert O. Keohane et
Josepn Nye dans leur ouvrage Transnational relations and world
politics, s'intéressèrent aux mécanismes
d'interdépendance qui se sont opérés depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale44. L'école néolibérale
conçoit la nature des relations internationales sous l'angle des
interdépendances et de la coopération. Elle s'inspire largement
de la théorie des avantages comparatifs. Le néolibéralisme
postule également l'importance qu'on doit accorder aux
différentes institutions chargées d'entretenir ou de veiller sur
les liens d'interdépendance.45
X- Méthodologie
La connaissance scientifique se caractérise par la
rigueur du raisonnement logique, la précision et la cohésion des
observations empiriques. La méthodologie joue un rôle très
important car elle est le fruit d'une longue tradition de recherche et
définit la manière scientifique d'étudier un
phénomène. Pour la réalisation de ce travail, nous avons
opté pour une méthodologie variée, à savoir une
recherche documentaire focalisée sur les sources de seconde main.
L'utilisation des outils de la recherche participative (enquêtes,
observations directes et entretiens, la collecte des sources orales et le
téléchargement et la consultation en ligne des sources
numériques) a été nécessaire.
42 B. Hamel, "Economie politique et internationales
et considérations théoriques : paradigme libre-échangiste
et structure marchande", UQAM, 1995, p.10.
43 A. Sigouin-Lebel, Le concept de
mondialisation dans les théories des relations internationales :
Perspectives philosophiques, Mémoire de master en Science
Politique, Université du Québec à Montréal, 2016,
p.18.
44 Roche, Théories des relations
internationales...p.112.
45 Hamel, "Economie politique et internationales...",
p-10.
18
La recherche documentaire nous a permis de compiler les
documents écrits et travaux antérieurs traitant l'objet de notre
recherche. Pour y parvenir, la consultation et l'exploitation d'ouvrages
généraux et spécialisés dans les
bibliothèques et centres de recherche nous ont été
indispensables pour la réalisation de cette recherche. De même,
les travaux scientifiques à l'instar des thèses, mémoires
et articles de toute nature ayant trait à notre thème ont
été des sources indispensables.
Les enquêtes réalisées lors des multiples
descentes sur le terrain au Ministère de l'Environnement de la
protection de la nature et du développement durable (MINEPDED), au
Ministère des Forêts et de la Faune et bien d'autres ont
été des sources d'information nécessaires pour la
réalisation de cette étude. En plus, nous avons pu consulter les
bases de données des organismes Nationaux, internationaux, et
organisations non gouvernementales spécialisés sur les questions
des changements climatiques. Parmi ceux-ci nous pouvons citer l'ONACC, le
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), ainsi que des ONG
comme WWF, UICN, etc.
Pour la réussite de la présente étude,
nous avons également collecté des sources primaires (sources
orales). La collecte des sources orales a ciblé des spécialistes
des questions environnementales et des changements climatiques. Munis de
questionnaires, nous avons eu des entretiens et des interviews46
avec des experts desdites questions dans les ministères sus
évoqués, et toute personne dans une perspective
transdisciplinaire qu'elle soit géographe, sociologue, décideur
politique, etc.
Après collecte des données, nous les avons
confronté et analysé en toute objectivité (c'est la
capacité de reconnaître ce qui est réel
indépendamment de tout préjugé et de toute
interprétation personnelle. C'est le contraire de la
subjectivité. Etre objectif c'est resté neutre impartial devant
les faits)47. Dans une approche historique, nous avons mené
une analyse évolutive des faits et des observations empiriques tout en
les critiquant. Nous avons utilisé un raisonnement à la fois
inductif basé sur l'observation ; et déductif qui est
l'émanation d'un raisonnement logique. Notre recherche s'inscrit dans un
courant positiviste, système développé par Auguste Comte
qui considère que toutes les activités philosophiques et
scientifiques ne doivent s'effectuer que dans le cadre de l'analyse des faits
réels vérifiés par l'expérience.48 Notre
recherche vise la compréhensibilité et l'intelligibilité
du phénomène de changement
46 Enquête orale suivie d'une ou de de personnes
par rapport à un sujet donné.
47 R.R. Tremblay & Y. Prerrier,
Méthodes de travail intellectuel, Paris, Les Editions de la
Chenelière 2e Ed, 2006, p.12.
48
http://www.encyclopedieuniversalis.fr/positivisme/
Consulté le 17-02-2018 à 11h03mn.
19
climatique ce qui fait d'elle une recherche qualitative, et la
quantification des données chiffrées et statistiques sur
l'état des lieux de la lutte contre les changements climatiques au
Cameroun.
XI- Difficultés rencontrées
Les difficultés auxquelles nous avons fait face au
cours de cette recherche sont de divers ordres. Le premier problème
auquel nous avons fait face est l'absence d'une véritable
littérature sur les changements climatiques au Cameroun. Les
procédures administratives lentes ne facilitant pas l'accès aux
archives dans certaines institutions ont été l'un des
problèmes qui ont retardé la finalisation de notre recherche.
Dans cet état des choses nous avons eu des autorisations parfois six
mois après le dépôt de la demande.
L'autre problème est lié à la
disponibilité et l'attitude des informateurs, majoritairement
fonctionnaires occupant des postes de responsabilité, d'aucuns se
résolvaient qu'à nous confier à leurs collaborateurs.
L'attitude craintive et passive de certains de nos informateurs qui, en
dépit de nos exploitations sur la signification et l'importance de ce
travail, ont parfois refusé de répondre à nos questions ou
alors, quand ils l'acceptaient, sont restés méfiants et
réservés.
XII- Plan du travail
Schématiquement, notre travail est composé de
quatre chapitres. Le premier chapitre intitulé "Considérations
générales et évolution du débat sur les changements
climatiques avant la CCNUCC", met en exergue l'émergence de la
conscience écologique sur la scène internationale ainsi que des
actions menées de 1972 à 1992. Ce chapitre démontre que la
communauté internationale s'est engagée à la cause
environnementale en général et climatique en particulier
climatique avant l'avènement de la CCNUCC. Il présente la
conception et perception camerounaise des problèmes environnementaux
avant 1992. De même, il détaille entre les lignes, les
négociations ayant conduit à l'élaboration de la CCNUCC
jusqu'à sa signature à la conférence de Rio de Janeiro de
1992.
Le chapitre deux est intitulé "La Convention-Cadre des
Nations Unies sur les Changements Climatiques : objectif, principes,
institutions et adhésion du Cameroun", traite des engagements pris par
les Etats pour la préservation du système climatique mondial. Ce
chapitre présente les objectifs et principes directeurs de la
convention, ainsi que des institutions en charge du financement et du respect
des obligations et des engagements des Etats parties. Il ressort aussi les
motivations et spécificités qui ont favorisé
l'adhésion du Cameroun à la CCNUCC.
Le chapitre trois intitulé "Mise en oeuvre de la CCNUCC
au Cameroun : acteurs et grands projets", analyse l'action du Cameroun dans la
lutte contre les changements climatiques. Il évalue les causes et
l'impact des changements climatiques au Cameroun, présente le cadre
20
juridique et institutionnel mis en place. Il présente
aussi les grands projets initiés par les acteurs oeuvrant pour la lutte
contre les changements climatiques au Cameroun depuis la ratification de la
CCNUCC en 1994 à 1995 partant du Plan National de Gestion de
l'Environnement (PNGE), en passant par les projets MDP et le processus
REDD+.
Le chapitre quatre intitulé " Les entraves à la
lutte contre les changements climatiques au Cameroun" se penche sur les
obstacles rencontrés dans le secteur de la lutte contre les changements
climatiques au Cameroun. Sans se limiter aux obstacles qui sont à la
fois de nature exogène et endogène, ce chapitre propose le
renforcement des capacités de l'Etat et des différents acteurs
comme préalable à l'adaptation et la résilience aux
phénomènes extrêmes des changements climatiques.
21
CHAPITRE I : CONSIDÉRATIONS
GÉNÉRALES ET ÉVOLUTION DU DÉBAT SUR LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES AVANT LA CCNUCC
Si la climatologie a toujours été
considérée comme une branche importante de la
météorologie scientifique et pratique, si les principes de la
physique qui sous-tendent le réchauffement par l'effet de serre
étaient connus depuis le XIXe siècle, le climat devient un enjeu
mondial au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Les progrès
intervenus après le second conflit mondial dans le domaine des sciences
fondamentales de l'atmosphère ont permis une compréhension
optimale du système et des mécanismes de circulation
atmosphérique à l'échelle planétaire1. A
partir des années 60 et 70, une prise de conscience de l'opinion
publique internationale sur les questions écologiques et
environnementales est propulsée par un éveil progressif des
scientifiques. De même, le monde fait face à des catastrophes
naturelles. L'activité humaine est pointée du doigt comme l'une
des causes des dérèglements du climat avec pour
conséquence la dégradation de son milieu vital. Dès lors,
on assiste à la généralisation des conférences sur
l'environnement, jusqu'à l'adoption en 1992 à Rio de Janeiro de
la Convention-Cadre de Nations Unies sur les Changements Climatiques
(CCNUCC)2.
Après son accession à la souveraineté
internationale, le Cameroun aspirait au développement et à
l'amélioration des conditions de vie de la population. Mais soucieux de
protéger son milieu naturel, le pays se lia à la
communauté internationale pour la protection de l'environnement afin de
sauvegarder le climat mondial pour les générations
présentes et futures. Dans ce chapitre, nous présenterons d'abord
l'émergence de la conscience écologique dans le monde. Ensuite,
nous montrerons la perception du Cameroun du concept d'environnement avant
1992. Et enfin, nous présenterons les négociations à
l'élaboration de la CCNUCC.
I- De Stockholm à Rio : prémices d'une
prise de conscience des questions
environnementales et écologiques
Il est difficile de stratifier avec précision les
filiations et les interrelations qui existaient entre les rassemblements
scientifiques, conférences et mouvements qui ont favorisé
à la prise de conscience écologique. Cependant, il est
nécessaire de ressortir les axes majeurs qui ont motivé
l'évolution du débat sur le climat et la protection de
l'environnement des années 70 jusqu'à la conclusion d'un
consensus global sur le climat en 1992.
1 J. W. Zillman, "Historique des activités
climatologiques", Bulletin de l'OMM, No3, juillet 2009,
P.142.
2 J. Merle et al, Changement climatique : Histoire
et enjeux, Nouvelle Aquitaine, L'Harmattan, 2016, P.154.
22
A- Fondement et généralisation des sommets sur
l'environnement et le climat
Plusieurs événements d'ordre scientifique et
technique ont modifié la perception des rapports entre l'homme et son
milieu. Le problème scientifique est relativement ancien et des
chercheurs l'ont identifié depuis la fin du XIXe
siècle3. Ces derniers sont considérés comme
précurseurs scientifiques de la dynamique climatique et de catastrophes
naturelles4. Dès la seconde moitié de XXe
siècle, des concertations sont organisées afin
d'appréhender ces phénomènes.
1- Motivations et émergence de la conscience
écologique des années 50 et 60
Les années 1950 ont été marquées
par des événements considérés comme catalyseurs de
la prise de conscience progressive de l'homme sur les modifications de
l'environnement. La décennie 1960 a connu d'importantes
variabilités naturelles du climat à l'instar de la terrible
sècheresse subie par le Sahel et la série d'hivers extrêmes
et rigoureux observés dans l'hémisphère nord. Dès
lors, les questions écologiques sont devenues une urgence scientifique
et sociale en Occident.
a) Motivations ayant conduit à l'émergence
de la conscience écologique
La Seconde Guerre mondiale et la guerre froide sont ici
porteuses, en sciences du climat et bien dans d'autres domaines. Après
la guerre, la science connait un développement spectaculaire dont
l'objectif principal était de pallier aux besoins d'une population
ruinée par ce conflit. Il était question d'assurer le
bienêtre social et de relever un niveau de vie équivalant à
celui des années d'avant-guerre. On assiste alors à la
transformation radicale des processus de production agricole et industrielle
qui se manifestent par la mécanisation accrue de l'agriculture,
l'utilisation des pesticides, la chimie de synthèse...5 De
même, la réalisation des observations
météorologiques, les satellites en orbite terrestre,
couplées aux progrès de l'informatique favorisent
l'évolution de la physique et la science météorologique.
Le lancement en 1957 de nouvelles observations géophysiques à
l'occasion de l'Année Géophysique Internationale (AGI) en est une
conséquence de cette évolution6.
3 S. C. Aykut & A. Dahan, "La gouvernance du
changement climatique : Anatomie d'un schisme de réalité", In D.
Pestre, Gouverner le progrès de ses dégâts, Paris,
Editions la Découverte, 2014, p.97.
4 Parmi ces scientifiques nous avons Joseph
Fournier(1768-1830) avec sa « Théorie analytique de la chaleur
élaborée en 1822 ; William Herschel ; John Tyndall
démontre que la vapeur d'eau est un puissant gaz à effet de serre
; Louis Agassiz montre l'existence d'une calotte glaciaire ayant recouvert
l'hémisphère nord ; Svante Arhenius ; James Croll ; Thomas
Chrwder Chamberlin ; Milutin Milankovic et Guy Steward Callendar
démontre en 1938 qu'il existe un réchauffement climatique en
cours dont l'humanité est responsable.
5 E. Vieille Blanchard, "Le rapport au Club de Rome :
stopper la croissance mais pourquoi ?", 2015, p.2.
6 Zillman, "Historique des activités...",
p.141.
23
Le contexte de l'époque marqué par la guerre
froide, la mise en place d'une coopération par le biais de regroupements
régionaux et sous-régionaux permet la résolution
d'importants problèmes mondiaux. Cet état des choses a
été déterminant dans l'évolution de la climatologie
et a ouvert la voie à la modélisation des premiers diagnostics et
prédictions du système climatique. En 1961, l'Assemblée
Générale des Nations Unies appelait l'Organisation
Météorologique Mondiale et le Conseil International pour la
Science (CIUS) à l'élaboration de nouvelles percées
scientifiques et technologiques pour surveiller, prévoir afin de
maîtriser le temps et le climat7. Dès la fin des
années 1960, certains scientifiques affichaient déjà des
inquiétudes. Pour ces derniers, les concentrations du dioxyde de carbone
dans l'atmosphère, les activités humaines seraient à
l'origine des perturbations du climat à l'échelle
planétaire. Ces inquiétudes vont favoriser l'émergence
d'une conscience écologique en Occident.
b) Emergence d'une conscience
écologique
Les années 1960 constituent le point de repère
important pour tous ceux qui s'interrogeaient sur les rapports de l'homme et
son environnement. Elles correspondaient à une évolution
déterminante des mentalités stimulées par un contexte
historique particulier au cours duquel des événements mettent en
évidence, les contradictions entre un discours politique optimisant les
bienfaits du progrès technique et les conséquences des pratiques
peu soucieuses de la nocivité de leurs effets sur le patrimoine
naturel8. A la fin de cette décennie, grâce aux
inquiétudes scientifiques, le public prit conscience des dangers qui
menaçaient la biosphère. Un mouvement de fond naissait
graduellement en Europe et en Amérique du Nord pour se
généraliser à l'échelle mondiale. Il avait un fort
contenu philosophique correspondant à une conception du monde, incluant
de nouvelles valeurs sociales et rejetant les idéologies
considérées comme matérialistes9. Le mouvement
écologique s'imprégna tous les groupes et partis politiques,
assurant ainsi un large consensus social. L'implication devenait intense car
les gouvernements nationaux se mêlaient peu à peu.
Les organisations internationales ne tardèrent pas
à se saisir de ce nouveau problème. En 1968, le Conseil de
l'Europe adopta des textes fondamentaux sur le contrôle de la pollution
de l'eau et de l'air. L'émergence du discours écologique de cette
époque est explicitement portée sur l'environnement et sur la
protection de la nature10. En Afrique, l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) élabora la Convention africaine sur la
conservation de la nature et des
7 Ibid.
8 Bergonzini, Changements climatiques,
déforestation...p.112.
9 A. Kiss, Introduction au droit international de
l'environnement, 2ème édition, Genève,
UNITAR, 2006, p.23.
10 A. Grisoni & R. Sierra, "Ecologie ou Umwelt ?
Une revue historiographique des engagements écologistes et
environnementalistes en France et en Allemagne", Revue de l'IFRA,
n°5, 2013, p.7.
24
ressources naturelles, modèle d'approche
intégré des problèmes environnementaux abordant la
conservation et l'utilisation des sols, de l'eau, des plantes et des
animaux11. Entre-temps, la planète est victime des
catastrophes écologiques telles que les "marées
noires" de 1967 causées par le naufrage du pétrolier
Torrey Canyon12. Cette situation frappa l'opinion publique et incita
les gouvernements à une réaction immédiate. En 1970, le
Club de Rome commande le rapport Meadows "Halte à la croissance ?", qui
alertait sur l'épuisement des ressources. On constate dès lors
des avancées dans le domaine de la conservation de la faune et de la
flore sauvages et de leur habitat, d'où la convention de Ramsar
adoptée le 2 février 1971 sur la protection des zones humides
d'importance internationale13. Le tournant dans ce combat est
marqué par la publication par le Club de Rome du rapport Meadows,
The Limits of Growth, en 1972. Dès lors, l'environnement global et
le climat seront perçus comme de plus en plus menacés et
vulnérables14. Cet intérêt accru sur la
protection de la nature aboutira à l'organisation des conférences
sur l'environnement et le climat.
2- Typologie des premières conférences sur
l'environnement
Il n'est pas aisé de typer les différentes
rencontres ayant précédé la grande messe de Rio de Janeiro
de 1992, mais nous pouvons procéder à une catégorisation
arbitraire s'appuyant sur les motivations, les objectifs et les
différents acteurs.
a) Rencontres à tendance écologique et
socio-humanitaire
Après la phase de la prise de conscience à
l'intérieur de la sphère scientifique, ces idées se sont
progressivement diffusées dans la société. A partir des
années 60, les conférences plaidant pour la cause
écologique et socio-humanitaire ont directement
précédé à l'alerte des scientifiques sur les
questions climatiques. Les courants de pensée généralistes
environnementaux, qualifiés d'environnementalistes15,
manifestaient une défiance générale vis-à-vis de la
responsabilité de l'homme sur l'environnement. Ils traduisaient un
courant face aux progrès de la science qui était comparé
au scientisme de la fin du XIXe siècle16. Lors de
l'émergence de la question climatique, ce courant créa un terrain
favorable pour s'inquiéter des
11 Ibid.
12 Le 18 mars 1967, le pétrolier
libérien Torrey Canyon s'échoua entre l'extrême pointe
sud-ouest de l'Angleterre et les îles Scilly. Plus de 77 000 tonnes
d'hydrocarbures se déversèrent dans la Manche et atteignant les
côtes nord de la Bretagne. Ce naufrage inaugurait une longue série
de marée noire.
13 Ibid.p.24.
14 C. Dartiguepeyrou, "Où en sommes-nous de
notre conscience écologique ?", in Vraiment Durable n°4,
2013, p.18.
15 C'est un courant de pensée qui prend en
compte la dimension environnementale. Il est fortement dépendant de
l'histoire de la pensée écologique qui repose sur deux mouvements
à savoir le mouvement idéaliste et le mouvement réaliste
et de plusieurs autres courant et conceptions comme l'holisme,
écocentrisme, biocentrisme, écolocentrisme et
anthropocentrisme.
16 Merle et al, Changement climatique...,
p.245.
25
impacts possibles d'un dérèglement climatique
sur l'humanité, ce qui donna lieu à des manifestations diverses :
rassemblements, conférences et organisations qui eurent un impact sur
les décisions politiques17.
b) Les conférences à caractère
fondamentalement scientifique
Bien que scientifique, ces conférences incluaient aussi
les acteurs nationaux. Elles sont l'oeuvre des agences des Nations Unies que
sont l'OMM et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE)
après 1972, et le soutien de certaines ONG oeuvrant dans la recherche
comme le Conseil International pour la Science (ICSU). Avant la création
du PNUE, c'est l'OMM qui rassemblait les services météorologiques
nationaux dans le but de prévoir le temps, elle traitait aussi des
sujets dépassant les préoccupations purement scientifiques de ses
membres. L'OMM organisait ainsi des conférences internationales qui
débouchaient à la fois sur la participation des scientifiques et
des représentants nationaux18. C'est dans cette perspective
qu'on assista à la multiplication des conférences sur
l'environnement et le climat à la fin des années 70. Ces
conférences jouèrent un rôle important à la
charnière du monde scientifique, du public et des médias qui en
rendaient abondamment compte.
3- Les conférences intergouvernementales et la
création du PNUE
L'organisation des conférences intergouvernementales
sonne le glas de l'implication du politique aux inquiétudes
manifestées par le monde scientifique. Ces rencontres eurent un
écho médiatique sans précédent. Elles sont connues
par des appellations différentes et variées : conférences,
assemblées et sommets. Cette tendance est à la mode depuis les
années 70 et se manifeste par la récupération de la
sphère politique des questions climatiques19. Elles se
traduisaient le plus souvent par la conclusion des traités
intergouvernementaux et internationaux. Elles ont favorisé la
création d'une agence des Nations Unies chargée de protection de
l'environnement.
a) Les deux conférences de Stockholm de juillet
1971 et juin 1972
En juillet 1971, a été organisée par des
scientifiques la première conférence de Stockholm sous le
thème "Climate effects of man's activities". Soucieux des
questions environnementales, au-delà de son aspect scientifique, cette
rencontre a eu un retentissement considérable. Elle peut être
considérée comme la première manifestation tablant sur
l'inquiétude de l'homme sur le climat. Une trentaine de scientifiques
chevronnées appartenant à 14 pays prirent part aux travaux
à l'invitation du Massachusetts Institute of Tectnology et de
l'Académie Royale des
17 Ibid.
18 Aykut & Dahan, "La gouvernance du changement
climatique...", p.102.
19 Merle et al, Changement
climatique...p.246.
26
Sciences de Suède20. Les scientifiques se
focalisèrent sur les impacts des modifications possibles du climat sous
l'effet de l'activité humaine.
Appelée la "Study of Man's Impact on Climate
(SMIC)"21, à l'issue des travaux, il se dégagea
un consensus sur l'ampleur de la perturbation générée par
les activités humaines actuelles et passées, susceptible de
modifier les températures avec pour corollaire d'éventuels
changements climatiques à l'échelle globale ou régionale.
La première conférence de Stockholm dénonça
l'attitude de l'homme vis-à-vis de la nature et elle fut à
l'origine de l'émergence de mouvements et courants de pensées
écologiques. Sur le plan scientifique, les recommandations de cette
conférence, cautionnées par les scientifiques attirèrent
l'attention des organisations internationales sur l'impératif de prendre
au sérieux les problèmes environnementaux22. Ce qui
aboutira l'année suivante à l'organisation par l'ONU de la
conférence internationale sur l'environnement dans la même
ville.
La "Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement Humain" (CNUEH) s'est tenue du 05 au 16 juin 1972 à
Stockholm la capitale suédoise. Elle place pour la première fois
les questions écologiques au rang des préoccupations
internationales. L'examen des liens entre développement
économique et environnement était au centre des
travaux23. Elle a connu la participation des représentants
gouvernementaux qui adoptèrent une déclaration
"déclaration de Stockholm" constituée de 26 principes et
d'un vaste plan d'action de lutte contre la pollution24. La
conférence de Stockholm avait réuni plus de 1 400
délégués représentant 113 pays. Parmi les 113 Etats
représentés ne figuraient pas les pays de l'Europe de l'Est, qui
avaient décidé de boycotter la conférence pour des raisons
politiques liées à la guerre froide. Elle se décida de la
création d'une institution au sein des Nations Unies qui s'occupera des
questions spécifiques à l'environnement sous le nom de Programme
des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), en anglais United Nations
Environment Programme (UNEP)25.
A cette époque, les dirigeants du monde
s'engagèrent pour le bien de l'humanité à éviter et
limiter les dangers qui menacent l'environnement en recourant à la
science et à la technologie26. Elle demandait aux
gouvernements et aux peuples d'unir leurs efforts pour la préservation
et l'amélioration de l'environnement dans l'intérêt des
peuples et générations
20 Ibid.
21 Ibid., p.249.
22 S. Weissenberger, "Historique de la
découverte de l'effet de serre", p.5.
23 Aykut & Dahan, "La gouvernance du changement
climatique...", p.103.
24 https://www.les-sommets-de-la-terre.html/
Consulté le 20-11-2018 à 08h24mn.
25 C. Barthod, "La conférence des Nations Unies
sur l'environnement et le développement et de la forêt",
Courrier de l'Environnement de l'INRA, no20, p.37.
26 Déclaration de Stockholm principe 18,
p.5.
27
futures. Cette rencontre encouragea une recherche scientifique
poussée, la vulgarisation par le biais de l'enseignement sur la
question, la coopération entre les Etats dans le but de remédier
aux problèmes environnementaux. Elle mettait ainsi l'Etat au centre de
toute politique environnementale. Un autre résultat de la
conférence de Stockholm a été le "Plan d'action pour
l'environnement" qui était composé de 109
résolutions. Ce plan d'action était un instrument d'orientation
de la politique environnementale mondiale27.
Le plan d'action appelait les institutions
spécialisées et organismes des Nations Unies à prendre
part à la mise en oeuvre de ces recommandations. Il se décida que
le PNUE sera le premier secrétariat d'un organisme des Nations Unies
à être établi dans un pays en développement. C'est
ainsi que le Kenya fut retenu. En 1973, le PNUE occupe d'abord de modestes
bureaux à Uchumi House. Huit mois plus tard il s'installe au Centre
international de conférence Kenyatta. En décembre 1975 le
gouvernement kenyan met à sa disposition un site à Gigiri
où il bâtira définitivement ses locaux qui seront
inaugurés 08 ans plus tard28.
b) Création et rôle du Programme des
Nations Unies pour
l'Environnement
Conformément aux recommandations de la
conférence de Stockholm, l'Assemblée Générale de
l'ONU, par sa résolution 2997 (XXVII) du 15 décembre 1972,
créa un secrétariat de l'environnement qui centraliserait
l'action en matière d'environnement et réaliserait la
coordination dans le domaine entre les organismes des Nations
Unies29. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement
était créé ainsi que les quatre autres institutions
appelées à constituer la structure du nouveau programme pour
l'environnement. Parmi celles-ci nous avons le Conseil d'administration qui a
pour tâche de promouvoir la coopération internationale dans le
domaine de l'environnement, fournir des directives générales pour
l'orientation et la coordination des programmes relatifs à
l'environnement dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies. Le
Comité de coordination pour l'environnement, la création d'un
petit secrétariat qui avait pour mandat de centraliser l'action en
matière d'environnement et d'assurer la coordination entre les
organismes des Nations Unies. Et enfin un fonds de contribution volontaire
était créé nommé le Fonds pour
l'environnement30.
Le rôle du PNUE au sein du système des Nations
Unies est unique. Il n'est ni agent d'exécution ni un organisme
financier, même s'il lui arrive de remplir l'une ou l'autre de ces
27 Kiss, Introduction au droit...p.25.
28 Rapport annuel du PNUE 1992 : Vingt ans
après Stockholm, Nairobi, 1993, p.4.
29 Rapport annuel du PNUE 1984, Nairobi, 1985,
p.21.
30 Ibid., p.5.
28
tâches. Sa tâche principale consiste à
catalyser, coordonner et stimuler les activités en matière
d'environnement au sein du système des Nations Unies. En outre, le PNUE,
bien qu'il fasse partie lui-même du système, a pour mandat de
s'ouvrir sur l'extérieur, puisque l'une des responsabilités
confiées au Directeur exécutif par l'Assemblée
Générale des Nations Unies est : "d'assurer la
coopération et la participation effective des milieux scientifiques
compétents et d'autres milieux professionnels de toutes les
régions du monde"31. Pour ainsi
protéger et améliorer l'environnement humain, le PNUE devait
avoir pour partenaire non seulement les organismes des Nations Unies, mais
aussi les organisations intergouvernementales importantes comme l'ANASE, le
CAEM, la CEE, la Ligue arabe, l'Organisation de l'unité africaine,
l'OCDE ; des organisations non gouvernementales internationales comme l'IIED,
l'UINC, le comité scientifique des problèmes environnementaux,
les Fonds mondial pour la nature...32
B- Intensification des rencontres : le climat, un enjeu
international de 1974 à 1990
Les conférences ayant posé les jalons des
questions climatiques se focalisaient sur les concepts d'environnement,
d'écologie ainsi que les moyens de leur protection. Mais à partir
de 1974, une tendance centrée sur le climat amena la communauté
scientifique internationale à une analyse profonde des variables qui
sous-tendent le phénomène climatique et ses corollaires.
Dès lors nous assistons à des conférences, la mise sur
pied des projets sur le climat mondial, et à la création des
institutions dédiées au suivi du climat à l'échelle
globale.
1- La première conférence mondiale sur
le climat en 1979
Après 1972, les questions climatiques prenaient une
place majeure dans la vie internationale. En 1974, lors de la sixième
session extraordinaire, l'Assemblé Générale des Nations
Unies invitait l'OMM à entreprendre une étude du changement
climatique. Immédiatement, l'OMM mit en place un Comité d'experts
du changement climatique auprès de son comité
exécutif33. De même, lors de la conférence
internationale qui se tint en juillet 1974 à Stockholm sous le
thème : "la physique du climat et sa modélisation", il
fut question d'émettre des tentatives de structuration de l'étude
des questions climatiques. Cette rencontre regroupant principalement
Américains et Européens qui jetaient ainsi les bases de
l'étude des fondements physiques de la dynamique du climat et mirent sur
pied des programmes centrés sur l'étude et la recherche du
climat34. Elle eut pour conséquence l'organisation en 1979 de
la conférence mondiale sur le climat.
31 Ibid.
32 Ibid.
33 Zilman, "Historique des
activités..."p.143.
34 Merle et al, Changement
climatique...p.254.
29
La conférence mondiale sur le climat se tint du 12 au
23 février 1979 au Centre International de Conférences de
Genève. Elle fut l'initiative de l'OMM en collaboration avec
l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
(UNESCO), l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation
(FAO), Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le PNUE, le CIUS et
d'autres partenaires35. Elle fut organisée par un
comité présidé par l'Américain Robert M. White, et
a réuni 350 spécialistes représentants de 53 pays et
organisation internationales. Après deux semaines de
délibérations, une déclaration fut élaborée
et adoptée en guise d'appel aux nations.
Elle prit ainsi la mesure de l'influence du climat sur les
activités humaines tout en exhortant les nations du monde entier
à s'engager, sans tarder à prévoir et prévenir les
changements climatiques qui seraient dus à l'activité de l'homme
et dont les effets seraient néfastes pour l'humanité. Elle mit en
lumière les problèmes liés aux changements climatiques.
Cette conférence permit de conclure que les émissions
anthropiques de dioxyde de carbone pourraient avoir un effet à long
terme sur le climat36. Les participants adoptèrent une
déclaration commune qui attestait que l'augmentation des concentrations
de CO2, principale cause du changement climatique résulte de
l'utilisation des combustibles fossiles, de la déforestation et des
changements d'affection des terres. Ils demandèrent à tous les
gouvernements du monde de "prévoir et prévenir les changements
climatiques d'origine anthropique qui pourraient nuire au bien-être de
l'humanité"37. Ils demandèrent aussi la
création de trois instances internationales : le Groupe d'Experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), le Programme
Climatologique Mondial de l'OMM et le Programme Mondial de la Recherche sur le
Climat. Ce fut la première fois que presque la totalité des
représentants des Etats membres de l'OMM fut alertée par
l'urgence de la prise en compte du problème climatique. Les
organisateurs appelèrent toutes les nations à coordonner leurs
efforts pour comprendre le changement climatique et établir des plans
d'étude38.
2- Les conférences de Villach et les premiers
instruments internationaux relatifs à la protection de
l'atmosphère
La décennie 80 a été décisive dans
le débat sur les changements climatiques. Les inquiétudes
scientifiques sur la gravité des conséquences d'un changement
possible du climat prenaient de l'ampleur. La recherche sur la question
s'accentua pendant cette période. De 1980
35 Zilman, "Historique des activités..."
p.143.
36
https://www.actualites-news-environnement.com/21729-1979-2009-histoire-trente-ans-de-lutte-changements-climatiques.html/
Consulté le 20-11-2018 à 16h40mn.
37 Ibid.
38 Merles et al, Changement
climatique...p.255.
30
à 1985, deux conférences internationales
d'évaluation du rôle du dioxyde de carbone et d'autres gaz
à effet de serre dans les variabilités climatiques étaient
organisées39. En 1985, la convention de Vienne et le
protocole de Montréal venaient compléter cet engagement
international.
a) Les deux conférences de Villach 1980 et 1985 :
Rapport entre effet de serre, changement climatique et les
écosystèmes
En écho à la prise de conscience scientifique
de la gravité d'un probable changement climatique, le PNUE, l'OMM et le
CIUS organisèrent à Villach en Autriche deux conférences
respectivement en 1980 et en 1985. En 1980, malgré les incertitudes
scientifiques encore plus grandes, les chercheurs conclurent que la menace
climatique était suffisamment éminente. Pour le groupe
réuni en 1980, la priorité était la connaissance et la
nécessité de faire de diagnostics poussés. Ce premier
rassemblement appela à la tenue d'une grande conférence plus
tard40. Cet appel s'est concrétisé en 1985 par
l'organisation de la deuxième conférence de Villach.
En octobre 1985, se tint à l'écart de 5 ans la
deuxième conférence de Villach sous la houlette des organisateurs
de la première. Elle avait pour thème : "effet de serre,
changement climatique et écosystème". Les participants
représentants 29 pays adoptèrent une déclaration
très ambitieuse qui conclut qu'un réchauffement certain
était inévitable dès la première moitié du
XXIe siècle. Le monde connaitrait des augmentations de
températures jamais observées par le passé. Une
série de recommandations a été faite aux gouvernements qui
devaient lancer dans le cas échéant le débat sur le projet
d'élaboration d'une convention mondiale sur les changements
climatiques.
Les conclusions étaient sans appel car : "le
réchauffement climatique apparaît aujourd'hui inévitable du
fait des agissements passés, le taux et le niveau du
réchauffement futur pourraient être profondément
dépendants de politiques gouvernementales appropriées sur la
conservation de l'énergie, l'utilisation des énergies fossiles et
l'émission de gaz à effet de serre"41. La
conférence de Villach de 1985 a le mérite d'avoir placé la
question du changement climatique sur le devant de la scène
internationale et pour la première fois sur les agendas politiques des
Etats.
b) La Convention de Vienne 1985 : essai de
l'élaboration d'un cadre sur la protection de la couche
d'ozone
La Convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone
a été adoptée le 22 mars 1985. Cette convention
détermine la nécessité d'accélérer la
coopération internationale
39 Zilman, "Historique des activités...",
p.144.
40 Merles et al, Changement climatique...,
p.256.
41 Ibid.
31
pour limiter les risques liés aux activités
humaines pour la couche d'ozone. Les Etats membres de l'Organisation des
Nations Unies s'engageaient ainsi à protéger la couche d'ozone et
à coopérer scientifiquement afin d'améliorer la
compréhension des processus atmosphériques. Les parties prenaient
des mesures appropriées conformément aux dispositions de la
convention et des protocoles en vigueur auxquels elles sont parties pour
protéger la santé humaine et l'environnement contre les effets
néfastes résultant ou susceptibles de résulter des
activités humaines qui modifient ou sont susceptibles de modifier la
couche d'ozone42. A son adoption, la Convention de Vienne ne
contenait aucun dispositif contraignant. Mais, elle prévoyait des
protocoles spécifiques qui pourraient être
annexés43.
c) Le Protocole de Montréal 1987 sur les
substances appauvrissant l'atmosphère
Le protocole de Montréal est un traité
international conclu à Montréal le 16 septembre 1987 relatif aux
substances qui appauvrissent la couche d'ozone. Il vise à réduire
et à éliminer progressivement l'utilisation desdites substances.
Avec la découverte du trou dans la couche d'ozone au-dessus de
l'Antarctique, et sur la base de la convention de Vienne, le protocole de
Montréal a été négocié et ratifié par
24 Etats de la Communauté Economique Européenne (CEE)
44. Il impose aux parties signataires, la suppression de
l'utilisation du chlorofluocarbone (CFC), de halons et de tout autre ODC
"ozone depleting chemicals" synthétique selon un calendrier
très précis et de nombreuses contraintes. Les parties devaient
déposer un rapport statistique annuel au secrétariat du
Protocole, sur leur production et leur consommation des substances
réglementées, ainsi que sur leurs importations et exportations de
ces substances. Le tableau suivant présente les substances
règlementées par le protocole de Montréal.
Tableau n°1 : Les substances
règlementées par le Protocole de Montréal
Groupe
|
Substance
|
Potentiel appauvrissement de la couche
d'ozone
|
|
CFCl3 (CFC-11)
|
01,0
|
|
CF2Cl2 (CFC-12)
|
01,0
|
Groupe I
|
C2F3Cl3 (CFC-113)
|
00,8
|
|
C2F4Cl2 (CFC-114)
|
01,0
|
|
C2F5Cl (CFC-115)
|
00,6
|
|
CF2BrCl (halon-1211)
|
03,0
|
Groupe II
|
CF3Br (halon-1301)
|
10,0
|
|
C2F4Br2 (halon-2402)
|
6,0
|
42 Art 1 convention de Vienne, p.2.
43
https://www.actualites-news-environnement.com/21729-1979-2009-histoire-trente-ans-de-lutte-changements-climatiques.html/
Consulté le 20-11-2018 à 21h19mn.
44 Ibid.
32
Source : Protocole de Montréal, annexe 1,
p.14.
3- La Conférence de Toronto et ses implications
dans la structuration internationale du suivi du climat
La dimension politique de la conférence de Villach
déboucha sur d'autres rencontres scientifiques. Ces rencontres se
conclurent par des propositions concrètes visant la structuration
institutionnelle de la question du changement climatique et la convocation de
la deuxième conférence internationale sur le climat.
a) La Conférence de Toronto juin 1988
En 1988, du 27 au 30 juin, se tint à Toronto au Canada
une conférence axée sur le climat. Elle fut organisée par
l'OMM et le PNUE sous le thème : "l'atmosphère en
évolution : implication pour la sécurité du globe". La
conférence de Toronto connu la participation de plus de 300 chercheurs
et décideurs. Les chercheurs invitèrent les gouvernements, l'ONU
et ses institutions, les ONG, le secteur privé, les
établissements d'enseignement à : "prendre des mesures
spécifiques pour réduire la crise qui se profile du fait de la
pollution atmosphérique"45.
A l'issue de la conférence de Toronto, les participants
appelèrent à accorder des ressources accrues à la
recherche et la surveillance dans le cadre du Programme Climatologique Mondial
(PCM), appuyer du futur GIEC et à mettre au point une convention
mondiale de grande portée, qui serve de cadre à des protocoles de
protection de l'atmosphère46. Une nouvelle étape fut
franchie à Toronto en matière de médiatisation et de
politisation de la question du changement climatique. Au-delà de son
atmosphère surchauffée, le principal acquis de Toronto fut
l'engagement des Etats à réduire de 20%, par rapport à
1988, les émissions de CO2 d'ici 2005. L'autre importance de Toronto fut
l'engagement de l'OMM et du PNUE de mettre en place un mécanisme
intergouvernemental pour l'étude du changement climatique, ses impacts
et les mesures d'adaptation. La même année le premier objectif est
atteint par la création du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat (GIEC) en anglais Intergovernmental Panel on Climate
Change (IPCC) 47.
b) Création et rôle du GIEC
Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du
Climat a été créé en 1988 par deux institutions des
Nations Unies que sont l'OMM et le PNUE à la demande du groupe des sept
pays les plus industrialisés du monde de l'époque connu sous le
nom de G7. En 1988, suite au succès de la conférence sur
l'amincissement de la couche d'ozone qui s'était tenue à
45 Zillman, "Historique des activités...",
p.145.
46 Ibid.
47 Merles et al, Changement climatique...,
p.257.
33
Montréal l'année précédente, l'OMM
et le PNUE décident la création de cette instance
singulière d'expertise, chargée d'informer les gouvernements de
l'état des connaissances et de passer en revue les politiques nationales
ou internationales liées aux changements climatiques48.
Organisme intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de ces
institutions onusiennes, le GIEC a pour mandat d'évaluer, sans parti
pris et de manière méthodique et objective, l'information
scientifique, technique et socio-économique disponible en rapport avec
les questions de changement du climat49.
Le GIEC devait rendre les différents points de vue et
des incertitudes. Il devait travailler à dégager clairement les
connaissances qui relèvent d'un consensus de la communauté
scientifique et à identifier les limites d'interprétation des
résultats. La compréhension des fondements scientifiques du
changement climatique provoqué par l'homme doit permettre d'en
établir les conséquences et envisager des stratégies
d'adaptation et d'atténuation50. Le GIEC fonctionne sur la
base d'une assemblée générale qui se réunit une
fois par an et dans laquelle chaque membre dispose d'une voix. Toutes les
décisions sont prises par les représentants des gouvernements,
par consensus, en assemblée plénière. Le bureau est
l'organe exécutif du GIEC. Il est composé de scientifiques
élus par l'assemblée plénière de manière
à représenter les différentes disciplines et
régions du monde. Notons que le bureau est constitué d'un
président, de trois vice-présidents des bureaux de chaque groupe
des trois groupes de travail et deux coprésidents de l'équipe
spéciale sur les inventaires. Ces dirigeants sont élus pour un
mandat de 5 à 7 ans. Le GIEC dispose d'un secrétariat à
Genève, hébergé par l'OMM51.
c) Premier rapport d'évaluation du GIEC et la
Deuxième Conférence Mondiale sur le Climat en 1990
Le GIEC, à sa création, avait pour objectif de
disposer d'un rapport final d'évaluation vers la fin de l'année
1990. Conscient de cet objectif, le rapport de la deuxième session de
juin 1989 avait tracé la voie à suivre pour les douze mois
suivants52. L'accélération de la recherche dans le but
d'appréhender les changements climatiques a porté des fruits avec
l'élaboration du premier rapport du GIEC en 1990 couplé par
l'organisation de la deuxième conférence mondiale sur le climat.
Dans son mandat de mise en oeuvre des procédures d'évaluation et
d'examen sur la question des changements climatiques, le GIEC devait fournir
des rapports aux
48 Aykut & Dahan, "La gouvernance du changement
climatique...", p.108.
49 Mieux Comprendre le GIEC, P.2.
50 Ibid., p.5.
51 Ibid.
52 D. G. Hirst, Negociating climates: The politics
of climate change and the formation of the Intrgovernmental Panel on Climate
Change (IPCC), University of Manchester, 2014, p.160.
34
décideurs afin d'implémenter les politiques
fiables d'atténuation des émissions des gaz à effet de
serre (GES). En août 1990, le premier rapport d'évaluation du GIEC
fut approuvé à la quatrième session de l'institution qui
se tint à Sundsvall en Suède.
Ce rapport a essentiellement produit un diagnostic du
réchauffement climatique et de ses causes parmi lesquelles
l'augmentation de l'effet de serre. L'activité humaine fut reconnue
comme étant probablement l'une des causes principales. Il établit
que "les émissions dues aux activités humaines accroissent
sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet
de serre à savoir le dioxyde de carbone, le méthane, le
chlorofluocarbone et l'oxyde nitreux"53. Le rapport prévoyait
une hausse maximale de 3°C de température moyenne du globe à
la fin du XXIe siècle. Il faisait état de certitude quant au
rôle des activités humaines sur la modification et la composition
de l'atmosphère. Mais ce document rappelait de nombreuses incertitudes
attachées à ces projections basées sur des modèles
numériques et qu'il se gardait d'attribuer le réchauffement de
0,3 à 0,6°C observé au cours des cent dernières
années54.
La deuxième Conférence Mondiale sur le Climat
(CMC-2) s'est tenue sous les auspices de l'OMM, de l'UNESCO, du PNUE, du FAO et
du CIUS à Genève du 29 octobre au 7 novembre 1990. Les travaux
furent divisés en deux partie à savoir six jours de
présentation scientifique et technique ; et de discussions auxquelles
participèrent 747 représentants de 116 pays55.
Après la présentation du premier rapport d'évaluation du
GIEC, les deux parties s'accordèrent à l'unanimité sur la
nécessité de préparer les négociations en vue
d'élaborer une Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques qui devrait débuter à Washington en février
1991. Cet appel général à une action internationale en
matière de changement climatique demandait aux Etats la mise sur pied
d'un Système Mondial d'Observation du Climat.
II- La conception camerounaise des notions
d'environnement et d'écologie de
1960 à 1992
A l'image de la configuration internationale, les questions
environnementales et écologiques n'étaient pas au centre des
préoccupations des gouvernants de Yaoundé jusqu'en 1992.
Dès lors le jeune Etat qui venait juste d'accéder à son
indépendance le 1er janvier 1960 pour la partie orientale et
le 1er octobre 1961 pour la partie occidentale avait d'autres
aspirations. Le pays comptait d'abord assurer le bien-être de la
population et de réaliser son développement
53
https://www.lemonde.fr/article/2014/11/04/climat-5-rapports-du-giec-chiffres
alarmants_4517326_4355770.html Consulté le 21-11-2018 à
22h35mn.
54 J-L. Fellous, "Le Groupe d'Experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat à l'interface entre
science et politique", p.4.
55 Zillman, "Historique des activités...",
p.145.
35
économique. Après la conférence de
Stockholm, le pays implémenta quelques projets et adopta des lois
prônant la protection et la préservation de l'environnement et
l'écosystème.
A- Le nouvel Etat indépendant face aux
problèmes environnementaux : tentative d'élaboration d'une
conscience climatique nationale
Au Cameroun, après l'indépendance, on ne trouve
nulle part une définition du concept environnement. Dans les
écrits politiques, économiques, législatifs, sociaux et
même dans le domaine de la recherche scientifique, la perception des
problèmes écologiques et environnementaux était encore au
stade embryonnaire. Pour le définir au Cameroun à cette
époque, il fallait se référer aux données relevant
de certains secteurs à l'instar de la lutte contre la
désertification. Ce secteur a connu la première démarche
effectuée par le Cameroun en matière de protection de
l'environnement, l'approvisionnement en eau potable et les campagnes
d'hygiène et de salubrité publique56. La notion
d'environnement était admise très lentement par les
décideurs dans les politiques de planification, d'aménagement et,
plus tard, dans la sphère scientifique à travers la recherche.
1- Politiques publiques et protection de l'environnement
au Cameroun de 1960 à 1972
Pendant les premières années qui
succédèrent son accession à l'indépendance, il
existait un vide juridique en matière de protection de l'environnement
au Cameroun. Les politiques camerounaises et les aménagistes se
focalisaient sur le développement du pays et l'acquisition d'un
sentiment patriotique dans un Etat fédéral constitué d'une
diversité ethnique et culturelle. Pour les décideurs, il
était impérieux de bâtir un Etat fort afin de consolider
l'unité nationale.
L'analyse des discours politiques et autres écrits, de
1960 à 1972, ne fait nullement
ressortir des préoccupations spécifiquement
environnementales. Au moment de l'indépendance, l'objectif majeur
était d'assurer le doublement du revenu national sur une période
de 20 ans. Il fallait alors garantir l'augmentation de la production agricole,
l'industrialisation et le désenclavement du pays57. Pour se
faire, il était question de s'entourer des techniciens chargés de
la conception, la mise en oeuvre et le suivi des projets. Ces ingénieurs
des spécialités variées à savoir architectes,
urbanistes, cartographes et autres n'intégraient pas encore des aspects
relatifs à la protection de l'environnement. Pour ces techniciens,
concepteurs du développement, l'environnement n'était pas
perçu comme un tout, mais de façon restrictive58.
56 Environnement au Cameroun : Perspective de
l'environnement au Cameroun, CCCC, Avril 1991, P.2.
57 Ibid., p.4.
58 Ibid., p.5.
36
2- La communauté scientifique camerounaise et la
question environnementale au lendemain des indépendances
Les programmes de recherche et d'étude dans les
grandes écoles, instituts de recherche et à l'Université
Fédérale du Cameroun créée en 1962 ne faisaient pas
ressortir des thèmes ou sujets spécifiques à
l'environnement. L'environnement paraissait par l'entremise des rapports qui
existaient entre ce domaine et des sujets relatifs à l'écologie,
la géographie, la botanique, le droit, la pédagogie,
l'hydrographie, l'économie, l'agronomie etc59.
Dans le domaine de la formation et l'éducation, les
programmes d'enseignement ne comportaient pas des cours sur l'environnement.
Dans les cycles primaire et secondaire, la notion d'environnement pouvait
être perçue à travers les disciplines telles que la
géographie, les sciences de l'observation et naturelles,
l'hygiène. Au supérieur, on notait une quasi absence d'un
programme ou des formations spécialisées dans ce domaine, les
diplômes et cours sur l'environnement étaient rares. Comme cela
l'était dans le primaire et le secondaire, les connaissances sur la
question se limitaient au contenu des programmes des disciplines qui lui sont
apparentées comme l'écologie, la géographie, l'histoire et
les sciences naturelles60. Il apparaît donc que la
première décennie qui a suivi l'indépendance, les hommes
de science camerounais ignoraient pratiquement les préoccupations
liées à l'environnement.
3- L'opinion publique
On entend par opinion publique l'ensemble des convictions et
des valeurs plus ou moins partagées, des jugements, des
préjugés et des croyances de la population d'une
société donnée. C'est aussi la manière de penser la
plus rependue dans une société, celle de la majorité du
corps social61. Avec un niveau d'instruction relativement faible
lié à la rareté des établissements scolaires,
l'opinion publique camerounaise regroupait ici les paysans et les citadins.
Pour les premiers, l'environnement est un espace de production
agro-pastorale, piscicole et de chasse ; ensuite vient la communauté
villageoise et les infrastructures de production. Les espaces sacrés
étaient aussi considérés par les paysans comme partie
prenante de l'environnement62. En ville, le citadin percevait
l'environnement comme un tout complexe enchevêtré de bistrots,
cabines téléphoniques, toilettes publiques, force de l'ordre,
bâtiment administratifs, marchés, voiries, bruits, embouteillages,
encombrements humains mais aussi les
59 Ibid.
60 Ibid.
61
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/lopinion-publique/75042.html
Consulté le 23-11-2018 à 7h50mn.
62 Environnement au Cameroun..., p.6.
37
relations interurbaines. Pour le grand public, l'environnement
était perçu par rapport à l'intérêt
immédiat qu'il représentait.
B- Genèse d'une conscience écologique
camerounaise (1972-1992)
La naissance de la conscience écologique camerounaise
comme dans tous les pays africains, puise son origine de la Conférence
de Stockholm de 1972. Dès lors, le Cameroun ratifia des conventions
à l'internationale en matière de protection de l'environnement.
Au début des années 70, le pays adopta les premières lois
relatives à la préservation de la nature et lança des
projets environnementaux. Les années 80 vont voir la création des
premières institutions chargées des questions
environnementales.
1- Lois et l'adhésion du Cameroun aux conventions,
accords et traités internationaux sur l'environnement
Avant 1992, certaines lois étaient associées
à la notion d'environnement. Par contre, des instruments juridiques
internationaux liés directement ou indirectement étaient
considérables et voyaient successivement l'adhésion du
Cameroun.
a) Les premières lois règlementant la
protection de l'environnement au Cameroun post indépendant
D'un point de vue légal, la question environnementale
connaît un vide juridique pendant la première décennie
après l'indépendance du pays. Le premier acte juridique relatif
à la protection de l'environnement au Cameroun vit le jour en 1972. La
constitution du 02 juin 1972 révisée par la loi constitutionnelle
du 18 janvier 1996, disposait dans son préambule que "toute personne a
droit à un environnement sain. La protection de l'environnement devenait
ainsi un devoir pour tous"63.
b) Conventions, traités, accords et protocoles
internationaux
Depuis la fin des années 70, et dans le souci de
respecter la disposition qui figurait dans la constitution de la
République Unie du Cameroun du 02 juin 1972, le Cameroun a
coopéré avec la communauté internationale. Le pays s'est
associé à presque toutes les initiatives internationales en
matière de l'environnement en général, mais avec un accent
particulier sur la protection de la nature et des ressources de la
biosphère64.
De 1968 à 1992, des conventions, accords et
traités internationaux en matière de conservation de la
biodiversité et des écosystèmes, de pollution, de gestion
des déchets et de changement climatique ont pris le devant de la
scène internationale. La protection de l'environnement devenait ainsi un
impératif pour toutes les nations du monde. Le Cameroun
63 CGES du Projet d'Assainissement Liquide du
Cameroun, révisée par Mendomo Annick, 2013, p.26.
64 Ibid.
65 Ibid., p.53.
38
ratifia, adhéra et accepta ces instruments
internationaux. Sur les 26 conventions, accords, traités et protocoles
qui ont été négociés durant les deux
décennies, le Cameroun adhéra à sept. Le tableau
ci-dessous présente ces instruments ainsi que l'action du Cameroun.
Tableau N°2: Récapitulatif des
conventions et accords ratifiés par le Cameroun dans le domaine
environnemental
Conventions, accords et protocoles
|
Actions du Cameroun
|
Convention africaine sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles. Tenue à Alger le 15 septembre 1968.
|
Ratifié en 1977
|
Convention sur la protection du patrimoine mondial, culturel
et naturel (1972)
|
Ratifié en 1982
|
Convention de Washington sur le commerce international des
espèces de la faune et de la flore sauvage menacées de
distinction (1973)
|
Ratifié en 1981
|
Accord sur les règlements conjoints de la faune et la
flore dans le bassin du lac Tchad visant la protection des espèces
(1977).
|
Ratifié en 1977
|
Convention de Vienne pour la protection de la couche d'ozone
(1985)
|
Adhésion 1989
|
Protocole de Montréal (1987)
|
Adhésion du Cameroun 1989
|
Convention de Bamako sur l'interdiction d'importer des
déchets dangereux et le contrôle de leurs mouvements
transfrontaliers en Afrique (1991).
|
Acceptation du Cameroun 1991
|
Source : Révision/
Opérationnalisation du PNGE vers un Programme Environnement (PE), volume
I : Diagnostic de la situation de l'environnement au Cameroun, 2009,
pp.44-45.
2- Genèse et évolution des institutions en
charge de l'environnement au Cameroun des années 70 à
1992
Après la prise de conscience africaine des questions
environnementales liée à la conférence de Stockholm,
l'Etat camerounais va se doter de modestes institutions de diverses natures en
matière d'environnement dès 1975. Il faut soulever que dès
leur création, elles avaient un rôle très limité car
dépendaient souvent d'un autre ministère. Le premier acte
révélateur fut la création en 1977 de la Cellule de la
Protection de l'Environnement (CPE) au sein du Ministère des Travaux
Publics (MINTP)65. Par la suite, afin de lutter contre la
désertification, le Comité interprovincial de Lutte Contre la
Sécheresse et la Désertification fut créé en 1984.
Un an après, le Comité National de l'Eau voyait le jour en 1985.
Enfin, en prélude à la préparation du
3ème Sommet de la Terre qui devait se tenir à Rio de
Janeiro, à la faveur du décret n°92/069 du 9 avril 1992, fut
créé le Ministère de l'Environnement et des Forêts
(MINEF)
39
au sein duquel fut érigée une Direction de
l'environnement.66 Le pays posait ainsi les jalons d'un combat
auquel il s'engagera quelques mois plus tard à Rio.
3- Quelques projets environnementaux au Cameroun avant
1992
Bien que l'intérêt ne soit pas
considérablement porté aux questions environnementales qui
n'étaient pas la priorité des décideurs, le gouvernement
camerounais initia par contre quelques projets visant indirectement ou
directement l'environnement. La grande sécheresse des années
1972-1973 avait touché la province du Nord. Avec l'aide de la
communauté internationale, le gouvernement camerounais avait entrepris
des actions pour lutter contre la désertification. C'est dans ces
circonstances que l'opération « Sahel Vert » fut lancée
en 1982 malgré son faible taux de réussite67.
L'approvisionnement en eau des populations étant la
priorité du gouvernement camerounais, l'Etat devait alors s'attaquer
à ce secteur pour améliorer le cadre sanitaire de la population.
Entre 1982 et 1983, on assista à l'amélioration du cadre de vie
par les meilleures conditions d'hygiène et à la création
des espaces verts. Cependant, les programmes furent très nombreux et
coûteux en l'occurrence le 6ème plan quinquennal les
prévoyait de l'ordre de 127,1 milliards de FCFA68. De
même, en 1984, la dégradation accentuée du cadre de vie en
milieu urbain a amené le gouvernement à lancer une campagne
d'hygiène et de salubrité publique régie par la circulaire
N°12244/MINAT/SP du 20 décembre 1984. Les actions menées
lors de cette campagne visaient la sensibilisation de la masse populaire afin
de l'inciter à adopter des mesures en faveur de l'hygiène, la
salubrité et la protection de son environnement. En 1986, le 6ème
plan quinquennal présentait la dégradation de l'environnement, la
démographie galopante, l'exode rural comme étant des défis
de l'avenir69.
III- La Conférence de Rio de Janeiro et
élaboration d'une Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques
Pour répondre à l'appel lancé au
début des années 80 sur l'élaboration d'une convention
mondiale sur les changements climatiques, la communauté internationale
se mobilisa à partir de 1991 afin de négocier la convention-cadre
sur les changements climatiques. Elle fut parmi les trois conventions
présentées par les Etats à Rio en 1992.
66 Ibid.
67 Environnement au Cameroun..., p.2.
68 Ibid., p.3.
69 Ibid., p.4.
40
A- Négociations sur l'élaboration d'une
Convention-Cadre des Nations Unies des sur les Changements
Climatiques
En décembre 1990, l'Assemblée
générale des Nations Unies approuva le début des
négociations. Un Comité intergouvernemental pour la
négociation d'une convention-cadre sur les changements climatiques vit
immédiatement le jour. Elle a tenu cinq sessions entre février
1991 et mai 1992 conformément à une date butoir
impérative, celle du sommet de la Terre de Rio en juin
199270. En quinze mois, les négociateurs de 150 pays
élaborèrent le texte de la Convention-Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques.
1- Première session et la composition du
Comité intergouvernemental de négociation d'une convention-cadre
sur les changements climatiques
La Résolution 45/212 relative à la protection du
climat mondial pour les générations présentes et futures,
adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies
lors de sa 71ème séance plénière du 21
décembre 1990 accordait la création, le fonctionnement, le
rôle et le chronogramme du Comité intergouvernemental de
négociation. Elle fixait le début des travaux au mois de
février 1991. Chaque session de négociation ne devait pas durer
plus de deux semaines. La première session se tint du 4 au 14
février 1991 à Washington D.C. Selon l'ordre du jour,
après l'ouverture de la session, le bureau fut élu. Il devait
procéder à l'adoption du règlement intérieur ainsi
qu'à l'organisation des travaux du Comité intergouvernemental de
négociation. Le mandat du comité était
l'élaboration d'une convention-cadre efficace concernant les changements
climatiques et comportant des changements appropriés, et mise au point
de tout autre instrument connexe qui pourrait être
convenu71.
La première session du Comité
intergouvernemental de négociation chargée d'élaborer
une convention-cadre concernant les changements climatiques
avait connu la participation des représentants d'Etats et des
observateurs des institutions spécialisées de l'ONU, des
organisations intergouvernementales et les ONG. Le Cameroun était
représenté à cette séance inaugurale du
Comité intergouvernemental de négociation par H.E.M Paul Pondi
qui était à l'époque Ambassadeur du Cameroun à
Washington et chef de la délégation camerounaise, et
M. Jean Blaise Konn, Conseiller de la mission permanente du
Cameroun auprès des Nations Unies à New York72.
Le Comité était piloté par un chef de
secrétariat spécial nommé par le secrétaire
général des Nations Unies qui suivait les directives du
Comité intergouvernemental de négociation.
70 PNUE et UNFCCC, Changement climatique, Fiche
d'information, octobre 2001, p.36.
71 A/AC.237/1, 18 janvier 1991, p.3.
72 A/AC.237/INF.1 du 12 février 1991, p.6.
41
Pour répondre aux besoins et de demander de conseils
scientifiques et techniques, le secrétariat spécial devait
coopérer étroitement avec le GIEC. A la première session,
un projet de règlement intérieur a été soumis
à l'examen du Comité intergouvernemental de négociation.
Lors de cette session, le bureau du Comité intergouvernemental de
négociation a été établi. Il était
constitué du Français Jean Ripert président, de trois
vice-présidents à savoir Chandrashekhar Dasgupta de l'Inde, Ahmed
Djoghlaf d'Algérie et de Raul Estrada-Oyueta d'Argentine ; et d'un
rapporteur qui était le Roumain Ion Draghici, chacun des cinq groupes
régionaux étant représenté par un
membre73.
Le Comité était aussi constitué des
bureaux de groupe de travail I et II élu à la 2ème session
se composaient de deux coprésidents et d'un vice-président. Pour
le groupe de travail I le Japonais Nobutoshi Akao et le Mexicain Edmundo de
Alba-Alcaraz en étaient coprésidents et le Mauritanien Mohamed
Mahmoud Ould El Ghaouth était vice-président. Le Groupe de
travail II quant à lui était composé de la canadienne
Elizabeth Dowdeswell et de Robert F. Van Liepo de Vanuatu assuraient les
fonctions de coprésidents et le Polonais Maciej Sadowski assurait la
vice-présidence du groupe74. Pour la réussite des
négociations et la production d'une convention consensuelle, le
Comité intergouvernemental de négociation s'est servi du premier
rapport d'évaluation du GIEC, ainsi que la Déclaration
ministérielle de la deuxième Conférence mondiale sur le
climat et d'autres documents pertinents.
2- Négociation des travaux d'élaboration
des éléments relatifs aux
engagements et aux mécanismes
Ces travaux concernent la 2ème et la
3ème session du Comité intergouvernemental de
négociation d'une convention-cadre sur les changements climatiques. La
2ème session se tint à Genève du 19 au 28 juin
1991. Le projet d'établissement d'un texte sur les
éléments relatifs aux engagements fut confié au groupe de
travail I. Le Groupe de travail II quant à lui s'est vu attribuer
l'élaboration du projet de texte relatif aux mécanismes. A la fin
de la 2ème session, le groupe de travail II rendait au
Comité une liste des mots et expressions à éclaircir ou
à définir en ce qui concerne les
mécanismes75.
La 3e session du comité se tint du 9 au 20
septembre 1991 à Nairobi au Kenya. Outre la note des coprésidents
des groupes de travail, les négociations se focalisèrent
initialement sur les éléments relatifs aux mécanismes et
aux termes attachés à ces mécanismes qui se devaient
d'être éventuellement définis. Les coprésidents du
groupe de travail II pensaient que :
73 V. Résolutions adoptées sur le
rapport de la Deuxième Commission, p.161.
74 A/AC.237/18(partie II), 16 octobre 1992, p.3.
75 A/AC.237/WG. II/L.4, 18 septembre 1991, p.1.
42
notre liste se présente dans l'ordre
alphabétique anglais et doit être considérée comme
non exhaustive. Certains termes pourront être insérés dans
le chapitre définition de la convention. D'autres pourront simplement
avoir à être éclaircis pour que toutes les
délégations leur donnent la même interprétation. Au
stade actuel du débat au sein du Groupe de travail II, nous
espérons que la liste ci-jointe contribuera à éclaircir
nos idées quant aux éléments à inclure, ou à
ne pas inclure, dans le chapitre Définition d'une convention sur les
changements climatiques76.
3- Adoption du texte unique de la convention-cadre sur
les changements climatiques
Sur la base des discussions qui ont meublé la
troisième session à Nairobi, le Comité intergouvernemental
de négociation avait affiné le contenu du texte unique afin de
faciliter la tenue d'un débat productif et bien ciblé à la
session de décembre. Durant la quatrième session qui s'est tenue
à Genève du 9 au 20 décembre 1991, les participants se
sont appesantis sur la révision du texte sur les éléments
relatifs aux mécanismes. En élaborant cette version
révisée du texte unique, le Comité s'était
attaché à concevoir des mécanismes qui puissent à
la fois appuyer les objectifs de la convention et à aider à les
atteindre effectivement. Leur démarche a toujours été la
même, soucieux avant tout de parvenir à des résultats. Ils
se demandaient d'abord ce qu'il fallait faire puis, à partir des vues
exprimées par les délégations, les mécanismes
furent conçus pour atteindre le but
désiré77.
Les observations faites de ce texte avaient un
caractère plus général. Premièrement, il en ressort
clairement du texte dans le dispositif envisagé, que la
Conférences des Parties constitue le rouage essentiel pour la prise de
toutes les décisions politiques. Deuxièmement, en ce qui concerne
l'application et l'interprétation de la convention, la définition
des procédures qui facilitent la tâche des parties et qui ne
prêtent pas à contestation, mais qui soient en même temps
efficaces furent adoptées. Une procédure cohérente et
logique fut proposée à l'article 1078.
Troisièmement, sur insistance des délégations, un
mécanisme administratif fut proposé pour mettre en oeuvre les
programmes relatifs au transfert de technologie et aux ressources
financières liées à la convention.
La cinquième et dernière session qui s'est tenue
du 18 au 28 février 1992 à New York était
dédiée à l'étude des avis donnés par le GIEC
et à l'achèvement de la convention-cadre sur les changements
climatiques. L'objectif majeur ici était de produire en fin de session
un texte épuré où ne subsisteraient que quelques passages
entre crochets correspondant aux grands choix
76 Ibid., p.2.
77 A/AC.237/Misc.13. GE.91-6700/6201B, P.1.
78 Ibid.
43
politiques. Les grandes divergences de fond devaient
être ramenées à leurs éléments essentiels,
facilitant ainsi l'intervention politique.
En inaugurant la cinquième session, le
Président, M. Jean Ripert a rappelé que le Comité n'avait
plus beaucoup de temps et qu'il fallait accélérer les
négociations tout en précisant les axes. Le président a
fait ressortir la complexité de la tâche, l'importance des enjeux
et la nécessité d'avoir un grand concept d'ensemble. Il lui
paraissait qu'une convention-cadre ne se devait pas être trop
générale ni trop entrée dans le détail. Il avait
relevé les points fondamentaux qu'avait à résoudre le
Comité, lequel devait notamment obtenir que les pays
développés prennent des engagements au sujet des émissions
et des puits thermiques, que tous les pays s'engagent à adopter des
stratégies nationales et à échanger des informations et
que les pays en développement puissent compter sur des apports de
capitaux et de technologie, et également déterminer une
procédure de présentation et d'analyse des rapports nationaux et
concevoir les institutions qui permettraient d'appliquer efficacement la
convention79.
A sa 2ème séance
plénière, le 20 février, le Comité a entendu un
exposé du professeur Bert Bolin, Président du GIEC sur le
Supplément de 1992 dont l'élaboration avait été
achevée à Genève du 10 au 12 février 1992. Il a
indiqué que le supplément devait être examiné en le
rapprochant des informations figurant dans le premier rapport du GIEC. Le
Supplément devait aider les gouvernements à adopter une
convention-cadre80. Pour l'achèvement de la convention-cadre
sur les changements climatiques, le groupe de travail I a tenu 17
séances officielles et 5 séances officieuses, a examiné
les principaux points suivants : Principes, Objectifs et Engagements. Il a
transmis à la séance plénière les textes pertinents
en vue de leur inclusion dans un "texte de synthèse de
négociation révisé".81 Le Groupe de travail II
avait pour sa part tenu 16 séances et plusieurs séances
officieuses et avait examiné les points sur la coopération pour
la science, la recherche, l'information et l'éducation ; arrangements
institutionnels ; procédures ; clauses finales qu'il a transmis à
la séance plénière. Le texte ainsi achevé, le
projet de rapport tel que modifié fut adopté par le Comité
dans les six langues officielles de travail dans Nations Unies.
Par contre, il y avait eu des points de blocage durant les
négociations. En effet, les difficultés, bien souvent
révélatrices de sensibilités très
différentes entre les pays du Nord et du Sud et d'une forte
méfiance du G77 vis-à-vis des intentions profondes ou
supposées des pays du Nord ont été évoquées.
Elles tournaient autour de cinq thèmes à savoir la
souveraineté
79 A/AC.237/L.12 du 28 février 1992, p.4.
80 Ibid., p.11.
81 Ibid., p.12.
44
nationale, l'équilibre
environnement/développement, l'équilibre des engagements
techniques entre Nord et Sud et la question du financement82. Le 28
février 1992, les négociations sur l'élaboration d'une
convention-cadre sur les changements climatiques prirent fin avec la suspension
de la session par le président du Comité intergouvernemental de
négociation.
B- La Conférence de Rio de Janeiro :
mobilisation internationale sur la lutte contre les changements
climatiques
Vingt ans après la conférence de Stockholm, les
Etats se sont réunis à Rio de Janeiro pour le troisième
"Sommet de la Terre". Après dix jours de travaux, la conférence
de Rio a adopté la Déclaration de Rio, l'Agenda 21, deux
conventions internationales et les principes pour la gestion des
forêts.
1- Aperçu de la Conférence des Nations
Unies sur l'Environnement et le Développement de 1992
Les origines de la Conférence de Rio remontent au
rapport de la Commission mondiale pour l'environnement et le
développement "Commission Brundtland"83. La
résolution de l'Assemblée générale des Nations
Unies adoptant le rapport avait prévu l'organisation d'une
conférence mondiale sur l'environnement et le développement en
199284. Pour atteindre cet objectif, il fut créé un
comité préparatoire ouvert aux Etats membres de l'ONU, de ses
institutions spécialisées et presque à toutes les nations
du monde et à tout autre observateur accrédité. De 1990
à 1992, le comité préparatoire organisa trois rencontres.
Mais les négociations principales eurent lieu dans des réunions
plus restreintes et spécifiques.
La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et
le Développement (CNUED) se tint à Rio de Janeiro capitale du
Brésil du 3 au 14 juin 1992. Elle réunit les représentants
de 178 pays dont 6 ne faisaient pas partie des Nations Unies qui étaient
représentés par près de
10 000 participants, dont 117 chefs d'Etat et gouvernement. Le
Japon a détaché à lui seul 300
délégués. Près de 1 500 ONG étaient
accréditées ainsi que près de 9 000
journalistes85. Elle portait sur l'état de l'environnement
planétaire et sur les rapports entre économie, science et
environnement. Ce sommet de la Terre préparé par deux ans de
travaux préliminaires reste un événement historique majeur
car, il mit en évidence le caractère indissociable de la
protection
82 Barthod, "La conférence des Nations
Unies...", p.40.
83 La Commission mondiale sur l'environnement et le
développement (CMED) doit son nom à une docteure, madame Gro
Harlem Brundtland, la première femme première ministre de la
Norvège, qui a créé cette commission en 1983 et l'a
présidée jusqu'en 1996 en défendant le principe de
développement durable. En avril 1987, la CMED publie son rapport
Notre avenir à tous, appelé aussi Rapport Brundtland.
Les recommandations de la commission ont conduit à la convocation du
Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992.
84 Résolution 44/228 du 22 décembre
1989.
85 Kiss, Introduction au droit..., p.34.
45
de l'environnement et le processus de développement.
Durant cette conférence, la communauté internationale a pris
conscience de la nécessité d'établir un partenariat
à l'échelle globale un engagement politique à un
"développement durable"86 pour la sauvegarde du
climat mondial des générations présentes et futures.
2- Les différents textes adoptés ou
soumis à la signature des Etats
La Conférence a adopté trois grands textes : la
Déclaration de Rio l'Action ou l'Agenda 21 et la déclaration des
principes relatifs aux forêts. Deux conventions ayant force obligatoire,
visant à prévenir les changements climatiques à
l'échelle mondiale et la disposition des espèces biologiquement
diverses, ont été ouvertes à la signature à Rio.
D'abord, nous avons la Déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement qui est un ensemble de 27 principes définissant les
droits et les responsabilités des Etats. Conçue à
l'origine comme une "Charte de la Terre", la Déclaration stipule
notamment que les Etats ont "le droit souverain d'exploiter leurs propres
ressources"87 selon leur politique d'environnement et de
développement, sans toutefois causer de dommages à
l'environnement dans d'autres Etats ou dans des zones au-delà des
limites de leur juridiction. Elle promeut la pleine participation des femmes,
la coopération entre les Etats qui sont de variables essentielles
à la réalisation d'un développement durable. La
Déclaration de Rio évoque sans distinction la
responsabilité des Etats industrialisés qui doivent fortement
financer les initiatives en faveur de la protection de l'environnement et de la
lutte contre la pollution car "c'est le pollueur qui doit, en principe, assumer
le coût de la pollution"88.
La réunion des chefs d'Etat et de gouvernement a
attiré l'attention mondiale sur la nécessité d'un
développement écologiquement rationnel. C'est au cours de
séances de négociation à huis clos que l'Action 21 a
été élaborée. C'est un agenda pour la gestion de
l'environnement au XXIe siècle. Les questions les plus délicates
sur le plan politique concernaient des problématiques variées
telles que le financement et le transfert de technologie qui devaient
être assurés pour l'essentiel par les secteurs public et
privé des différents pays. A Rio, il a été
décidé que les gouvernements encourageraient et financeraient
l'accès des pays en développement à des conditions
avantageuses, y compris l'application d'un régime libéral et
86 C'est un mode de développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs. Le développement durable s'appuie sur une vision à
long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions
environnementale, sociale et économique des activités de
développement.
87 Déclaration de Rio principe 2.
88 Ibid.
46
préférentiel. L'Action 21 abordait aussi des
questions de désertification, d'atmosphère ainsi que la
problématique des océans et les ressources
marines89.
La Déclaration de principes relatifs aux forêts
était l'un des principaux textes de la Conférence de Rio. Premier
consensus mondial sur les forêts, elle a été mise au point
à l'issue de longues négociations en vue d'une gestion
écologiquement viable des forêts mondiales. C'est un texte
constitué de quinze principes ayant essentiellement pour but de
contribuer à la gestion, à la conservation et à
l'exploitation écologiquement viable des forêts tant à
l'échelle nationale qu'internationale. Le principe premier alinéa
(a) stipule que :
Conformément à la Charte des Nations Unies et
aux principes du droit international, les Etats ont le droit souverain
d'exploiter leurs propres ressources selon leur politique d'environnement et
ils ont le devoir de faire en sorte que les activités exercées
dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas
de dommage à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des
régions ne relevant d'aucune juridiction nationale »90.
Car, « les Etats ont le droit souverain et inaliénable d'utiliser,
de gérer et d'exploiter leurs forêts conformément à
leurs besoins en matière de développement et à leur niveau
de développement économique et social, ainsi qu'à des
politiques nationales compatibles avec le développement durable et leur
législation, y compris la conversion de zones forestières
à d'autres usages dans le cadre du plan général de
développement économique et social et sur la base de politiques
rationnelles d'utilisation des terres91.
A l'issue de négociations qui ont duré 15 mois,
une Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques a
été mise au point en mai 1992. Elle a été ouverte
à la signature lors de la Conférence, le 4 juin, et signée
par 153 pays. En signant la Convention, les gouvernements s'engagent à
revenir d'ici à la fin de la décennie aux "niveaux
antérieurs" d'émissions de gaz à effet de serre. Tous les
Etats sont tenus de fournir périodiquement des rapports à jour
sur les niveaux d'émissions et les mesures prises pour atténuer
les changements climatiques. L'objectif consistant à ramener les
émissions de dioxyde de carbone à leurs niveaux de 1990 d'ici
à la fin de la décennie prôné par la
Communauté européenne mais refusé par les Etats-Unis est
énoncé dans la Convention, mais sa mise en oeuvre se fera sur une
base volontaire. Pour permettre aux pays en développement de satisfaire
à leurs obligations au titre de la Convention, les pays
développés s'engagent à fournir une assistance
financière "nouvelle et additionnelle"92. Cette assistance
devrait s'acheminer par l'intermédiaire du Fonds pour l'environnement
mondial.
La Convention sur la diversité biologique a aussi
été ouverte à la signature lors de la Conférence,
le 5 juin. Cette convention est la tentative la plus sérieuse de la
communauté
89
http://www.un.org/french/events/rio92/rioround.html
Consulté le 25-11-2018 à 14h31mn.
90 A/CONF.151/26(Vol. III) 14 Août 1992.
91 Ibid.
92
http://www.un.org/french/events/rio92/aconf15126vol3f.html
Consulté le 25-11-2018 à 15h02mn.
47
internationale pour faire face à l'appauvrissement des
espèces biologiques de la terre.93 Lors de la
Conférence, 153 pays ont signé la Convention, y compris 71 chefs
d'Etat et de gouvernement. Pour son entrée en vigueur, elle doit
être ratifiée par au moins 30 pays. L'objectif de la Convention
est d'assurer une action internationale propre à stopper la destruction
des espèces biologiques, des habitats naturels et des
écosystèmes. Elle a pour objectifs :
la conservation de la diversité biologique,
l'utilisation durable de ses éléments et le partage juste et
équitable des avantages découlant de l'exploitation des
ressources génétiques, notamment grâce à un
accès satisfaisant aux ressources génétiques et à
un transfert approprié des techniques pertinentes, compte tenu de tous
les droits sur ces ressources et aux techniques, et grâce à un
financement adéquat.94
Plusieurs pays ont exprimé des réserves sur
divers aspects de la Convention mais sont convenus par la suite de la signer.
Les Etats-Unis ne l'ont pas signée, arguant du fait que certaines de ses
dispositions limiteraient indûment l'activité biotechnologique du
pays.
3- Impact du sommet de Rio dans la lutte contre les
changements
climatiques
La Conférence de Rio a donné le coup d'envoi
à un programme ambitieux de lutte mondiale contre les changements
climatiques, l'érosion de la biodiversité, la
désertification, et l'élimination des produits toxiques
dangereux. Bien que ces conventions soient perfectibles, elles ont
engagé les Etats dans un effort de mise en oeuvre et, dans certains cas,
dans un processus de négociation en vue de parvenir à l'adoption
des instruments contraignants tel que le protocole de Kyoto. Le sommet de Rio
fut marqué par l'annonce d'un programme ambitieux de lutte mondiale
contre les changements climatiques.
Le troisième Sommet de la Terre a
accéléré la prise de conscience sur les risques
liés à l'augmentation des gaz à effet de serre paraissant
comme une évidence de l'action concertée des Etats. Cette
conférence entérine le principe de précaution, qui
préconise qu'en l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances
scientifiques et techniques de l'époque, il était temps d'adopter
de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir
un risque de dommages graves et irréversibles à
l'environnement.95 Les participants visaient à parvenir
à une entente sur des mesures concrètes tendant à
concilier les activités économiques et la protection de la
planète.
En somme, la conscience écologique née de
l'inquiétude de la pression accrue de l'homme sur l'environnement pour
le redressement économique a mis au-devant de l'arène
internationale les préoccupations environnementales. Initiée dans
les cercles scientifiques, elle va par la suite affecter
93 C. D. Stone, "La Convention de Rio de 1992 sur la
diversité biologique", p.2.
94 Convention sur la diversité biologique,
p.3.
95 L. Scotto d'Apollonia, Les controverses
climatiques : une analyse socioépistémique, Thèse de
Doctorat/ PhD en Sociologie, Université Paul Valery Montpellier III,
2014, p.28.
48
l'opinion publique et intégrée dans les agendas
politiques. On assiste dès lors à la généralisation
des conférences sur les questions environnementales en occurrence celles
de Stockholm marquant la création du PNUE et bien d'autres. A partir de
1979, la préservation du climat devient une urgence internationale. En
1980 on assiste à la structuration légale et institutionnelle en
faveur à la protection de l'atmosphère et de la gestion du
climat. Des instruments tels que la Convention de Vienne et le Protocole de
Montréal voient le jour. De même, la création du GIEC en
1988 prouve la volonté de la communauté internationale à
appréhender et d'asseoir une gouvernance climatique mondiale.
Après la deuxième Conférence Mondiale sur le Climat en
1990, une convention relative à la lutte contre les changements
climatiques est négociée entre 150 pays. La CCNUCC sera
signée à l'unanimité à la Conférence de
Nations Unies sur l'Environnement et le Développement à Rio de
Janeiro en juin 1992.
Après les négociations internationales ayant
conduit à la signature de la CCNUCC en 1992, quel est son objectif
ultime ? Quel en sont les principes et les engagements des Parties ? Et quels
sont les différents organes et les mécanismes chargés
d'assurer la mise en application de la CCNUCC ?
49
CHAPITRE II : LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : PRINCIPES, ENGAGEMENTS, INSTITUTIONS ET
ADHESION DU CAMEROUN
Connue communément sous son vocable anglais :
"United Nations Framework Convention on Climate Change- UNFCCC", la
Convention-Cadre des Nation Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) fut
adoptée par le Comité intergouvernemental de négociation
lors de la deuxième partie de la cinquième session tenue à
New York du 30 avril au 09 mai 1992. Elle a été ouverte à
la signature des Etats participants à la conférence de Rio du 4
au 14 juin 1992. La CCNUCC est un document de base d'un vaste programme
à long terme de lutte contre les changements climatiques. Elle a pour
but initial la stabilisation du système climatique mondial. Elle est
entrée en vigueur le 21 mars 1994. Les Parties signataires doivent
prendre des mesures au niveau national pour réaliser ce but. Les pays
industrialisés, responsables historiques des émissions ont
été mis en avant pour mettre à disposition des ressources
financières importantes pour la lutte contre les changements
climatiques1. Les parties à la convention devaient tenir des
rencontres périodiques pour assurer l'application de ce texte. Ces
rencontres sont dénommées les Conférences des Parties en
anglais Conferences of Parties "COP". A l'occasion de ces sommets, des
instruments découlant de cette convention sont adoptés. Il s'agit
par exemple du Protocole de Kyoto à la CCNUCC adopté le 11
décembre 1997. Cet autre texte a créé des engagements
contraignants à l'endroit des parties2.
I- Engagements globaux pour la préservation du
climat mondial
Consciente des changements du climat de la planète et
leurs effets néfastes, la communauté internationale, pour
répondre à cet impératif, opta pour une réponse
coalisée à l'échelle globale en 1992 afin de lutter contre
les changements climatiques.
A- Les principes et objectifs directeurs de la CCNUCC
Les parties à la CCNUCC poursuivent un objectif unique
et cinq principes directeurs dans la lutte contre les changements climatiques
en vue de préserver le système climatique pour les
générations présentes et futures.
1 L. Hässig, Lutte contre les changements
climatiques en Europe : l'Union Européenne et ONG environnementales,
deux acteurs différents pour un objectif commun, Institut
Européen de l'Université de Genève, Mémoire de DEA
en Etudes européennes, 2008, p.13.
2 Mevono Mvogo, "L'application par le Cameroun des
instruments...", p.4.
50
1- Présentation sommaire de la CCNUCC
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques est un traité international sur la lutte contre le
phénomène de dérèglement du climat. Elle a
été élaborée à New York et soumise à
la signature des Etats à la conférence de Rio en 1992. Ce texte
est constitué de 26 articles traitants chacun un aspect
spécifique des recommandations visées par ladite convention.
Après un préambule remarquable attestant les motivations des
Etats, l'article premier traite des définitions et de la clarification
de neuf mots et expressions aux fins de la convention3.
Outre ces articles traitant des principes, engagements et des
différents mécanismes (institutionnels, financiers et de
coopération), la CCNUCC offrait la possibilité aux parties de
proposer si nécessaire des amendements à la convention. Selon la
responsabilité des parties, la convention est constituée de deux
annexes (Annexe I et Annexe II). Ces annexes concernaient uniquement les pays
industrialisés et les pays en transition vers une économie de
marché.
2- Objectif de la CCNUCC
Un objectif est un but, la cible, le point et l'objet que
l'on vise, qu'on veut atteindre pour la réalisation ou
l'exécution d'une tâche précise ou d'un projet. C'est aussi
l'obligation en vertu de laquelle on doit se déployer pour atteindre un
dessein visé. La CCNUCC est le fondement des efforts
réalisés à l'échelle mondiale pour lutter contre le
réchauffement de la planète. Ouverte à la signature en
1992 lors du troisième Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, elle avait
un objectif unique et ultime. L'article 2 stipule que l'objectif à long
terme de la CCNUCC et de ses instruments juridiques connexes que la
Conférence des Parties pourrait adopter est de :
Stabiliser, conformément aux dispositions pertinentes
de la Convention, les concentrations de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation
anthropique dangereuse du système climatique. Il conviendra d'atteindre
ce niveau dans un délai suffisant pour que les écosystèmes
puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, que la production
alimentaire ne soit pas menacée et que le développement
économique puisse se poursuivre de manière
durable4.
3- Principes de la CCNUCC
Le principe est une proposition fondamentale, loi,
règle définissant un phénomène dans un domaine
d'étude. C'est aussi la base sur laquelle repose l'organisation de
quelque chose ou qui régit son fonctionnement. Dans notre contexte c'est
l'ensemble de propositions fondamentales et rationnelles qui définissent
le mode d'action de la Convention. Dans les mesures qu'elles prendront pour
atteindre l'objectif de la Convention et en appliquer les dispositions, les
parties se laisseront guider par cinq principes. La Convention énonce
cinq principes directeurs qui se déclinent en deux axes à savoir
la préservation du système climatique mondiale et la protection
de
3 CCNUCC..., p.4.
4 Ibid., p.5.
51
l'environnement. Le premier principe est un appel à de
tous les Etats parties sans exception aucune à la protection du climat
dans l'intérêt de tous et engage la responsabilité des pays
industrialisés. L'article 3, paragraphe 1 stipule qu'il revient aux
Parties à la convention de :
préserver le système climatique dans
l'intérêt des générations présentes et
futures, sur la base de l'équité et en fonction de leurs
responsabilités communes mais différenciées et leurs
capacités respectives. Il appartient, en conséquent aux pays
développés parties d'être à l'avant-garde de la
lutte contre les
changements climatiques et leurs effets
néfastes5.
Ce principe impose la majeure partie de la lutte contre les
changements climatiques aux pays développés. Le principe deux se
penche aussi sur la situation des pays en développement, à leurs
besoins spécifiques en particulier ceux vulnérables aux
conséquences du dérèglement climatique. En effet, le
paragraphe 2 de l'article 3 précise que :
il convient de tenir pleinement compte des besoins
spécifiques et de la situation spéciale des pays en
développement parties, notamment de ceux qui sont
particulièrement vulnérables aux effets néfastes des
changements climatiques, ainsi que des Parties, notamment des pays en
développement parties, auxquelles
la Convention imposerait une charge disproportionnée ou
anormale6.
Le troisième principe de la CCNUCC recommande aux Etats
l'implémentation des mesures fortes dans le but de prévenir,
prévoir et d'atténuer les causes des changements climatiques et
d'en limiter ses effets. En vertu du principe de précaution, l'absence
de certitude scientifique absolue dont le phénomène était
confronté à l'époque ne devait pas servir de
prétexte pour différer l'adoption de mesures quand il y a risque
de perturbation grave ou irréversible. Pour l'atteinte de cette
orientation, les politiques et les mesures devaient tenir compte de :
la diversité des contextes socio-économiques,
soient globales, s'étendent à toutes les sources et à tous
les puits et réservoirs de gaz à effet de serre qu'il conviendra,
comprennent des mesures d'adaptation et s'appliquent à tous les secteurs
économiques. Les initiatives visant à faire face aux changements
climatiques pourront faire l'objet d'une action concertée des parties
intéressées7.
La Convention épouse aussi le principe de
développement durable. En effet, dans leur combat pour la protection du
système climatique mondial, les programmes de développement
économique nationaux doivent intégrer la limitation des facteurs
anthropiques pour faire face aux changements climatiques. C'est dans cette
perspective que "les Parties ont le droit d'oeuvrer pour un
développement durable et doivent s'y employer"8.
Pour y parvenir, les Etats doivent coopérer le plus possible, car les
Parties devraient travailler de concert afin d'élaborer un
système économique international qui soit porteur et ouvert et
qui mène à une croissance économique et à un
développement durable de toutes les Parties, en particulier des pays en
développement parties, pour leur permettre de mieux s'attaquer aux
problèmes posés par les changements climatiques. Pour la bonne
marche de cette coopération, "il convient d'éviter que les
mesures prises pour lutter contre les changements
5 Ibid.
6 Ibid.
7 Ibid., p.6.
8 Ibid.
52
climatiques, y compris les mesures unilatérales,
constituent un moyen d'imposer des discriminations arbitraires ou
injustifiables sur le plan du commerce international"9.
B- Engagements des parties à la CCNUCC
Pour une application efficace de la CCNUCC, les parties
doivent respecter un certain nombre d'engagements. Aux termes de la Convention,
et en fonction des différences en les parties, les pays se sont
répartis en trois groupes auxquels sont rattachés des engagements
différents : les Parties visées à l'annexe I, les parties
visées à l'annexe II et les parties non visées à
l'annexe I.
1- Engagements généraux
Toutes les Parties qui ont ratifié, accepté ou
approuvé la Convention ou qui y ont adhéré, sont soumises
à des obligations générales afin de faire face aux
changements climatiques. Selon l'article 4 paragraphe 1, toutes les Parties
"établissent, mettent à jour périodiquement, publient et
mettent à la disposition de la Conférence des Parties des
communications nationales"10. Ces communications devraient
dresser des inventaires nationaux de leurs émissions anthropiques par
leurs sources et de l'absorption par leurs puits de tous les gaz à effet
de serre (GES) non règlementés par le protocole de
Montréal. Elles devraient mettre en oeuvre des programmes nationaux et
régionaux, pour atténuer les changements climatiques. Les Parties
devaient encourager et soutenir, par le biais de la coopération, la mise
au point, l'application et la diffusion d'un transfert de technologie dans les
secteurs de l'énergie, des transports, de l'agriculture, des
forêts et de la gestion des déchets.
De même, toutes les parties devaient encourager la
gestion rationnelle, l'exploitation durable et soutenir par leur
coopération la conservation et le renforcement des puits et des
réservoirs des gaz à effet de serre notamment la biomasse, les
forêts et les océans de même que les autres
écosystèmes terrestres, côtiers et marins. En outre, les
Parties devaient prendre en compte l'évolution du climat dans leurs
politiques sociales, économiques et environnementales. Elles devaient
coopérer aux travaux de recherche dans les domaines des sciences, des
techniques et d'éducation et encourager l'éducation, la
sensibilisation et l'échange d'informations en matière de
changements climatiques11. Elles prenaient l'engagement de tenir
compte "des considérations liées aux changements climatiques dans
leurs politiques et actions sociales, économiques et écologique
et utiliser des méthodes appropriées"12. Les parties
devaient par exemple effectuer des études d'impact, formuler et
définir sur le plan national des projets ou mesures qu'elles
entreprendront en vue de l'atténuation et l'adaptation aux changements
climatiques.
9 Ibid.
10 Ibid.
11 PNUE et UNFCCC, Changement climatique...,
p.38.
12 CCNUCC..., p.7.
53
Tableau n° 3: Les gaz à effet de
serre à réduire par les parties à la CCNUCC
Nom du gaz
|
Formule chimique
|
Le dioxyde de carbone
|
CO2
|
Le méthane
|
CH4
|
L'oxyde nitreux
|
N2O
|
Les hydrofluocarbones
|
HFC
|
Les hydrocarbures perfluorés
|
PFC
|
L'hexafluorure de soufre
|
SF6
|
Source : Adaptation Protocole de Kyoto
Le tableau ci-dessus répertorie les six principaux gaz
à effet de serre. Les dispositions de la Convention concernent tous les
gaz à effet de serre qui ne sont pas visés par le Protocole de
Montréal de 1987 à la Convention des nations Unies pour la
protection de la couche d'ozone. Ces gaz ont été
intégrés au Protocole de Kyoto. Les trois premiers sont à
l'origine respectivement de 50, 18 et 7 pour cent du réchauffement de la
planète imputable aux activités humaines. Les HFC et les PFC sont
utilisés à la place de certaines substances qui appauvrissent la
couche d'ozone.
2- Les pays industrialisés membres de
l'Organisation de Coopération et
de Développement Economiques (OCDE)
Il s'agit ici d'un groupe de pays européens, à
l'exception des Etats-Unis d'Amérique, membres de l'Organisation de la
Coopération et de Développement Economique. A ce groupe, il faut
inclure la Communauté Economique Européenne (CEE). Ces Parties
ont pris des engagements particuliers et figurent aux annexes I et II de la
Convention.
a- Les engagements des Parties visées à
l'annexe I
Les Parties visées à l'annexe I sont les pays
industrialisés qui étaient membres de l'OCDE en 1992, plus les
pays en transition sur le plan économique. Ces pays en transition sont :
la Fédération de Russie, les Etats baltes et plusieurs Etats
d'Europe centrale et orientale13. La Convention accorde aux Parties
en transition vers une économie de marché une certaine
malléabilité dans le respect de leurs engagements de faire face
aux changements climatiques. Il leur est demandé une certaine latitude
dans l'exécution de leurs engagements en raison des
événements liés à la fin de la guerre froide et la
dislocation de l'Union des Républiques Socialiste Soviétique qui
venaient de chambouler leur économie ainsi que leur vie politique. La
plupart de ces pays se sont prévalus de ce privilège pour choisir
une année de référence autre que 1990, compte tenu du net
recul de leurs émissions14.
13 Belarus, Croatie, Bulgarie, Hongrie, Pologne,
République Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et
Ukraine.
14 J. Depledge & R. Lamb, Guide de la
Convention sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto :
Préserver le climat, Bonn, UNFCCC, 2005, p.9.
54
Ces Parties avaient pour obligation d'adopter
immédiatement des politiques et de prendre des mesures pour
atténuer les changements climatiques, en vue de ramener individuellement
ou conjointement d'ici à l'an 2000 leurs émissions anthropiques
du dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre au niveau de
1990. Les Parties visées par l'annexe I avaient un délai de six
mois après l'entrée en vigueur de la Convention pour donner des
informations détaillées sur les politiques et mesures, de
même que sur les projections qui en résultent quant aux
émissions anthropiques par ses sources et à l'absorption par ses
puits des gaz à effet de serre non règlementés par le
protocole de Montréal dans le but d'atténuer les effets des
changements climatiques15. Ces politiques et mesures devaient
être adoptées tant à l'échelle nationale qu'au sein
des organisations d'intégration économique régionale.
Elles devaient aussi montrer leur ferme détermination à lutter
contre les changements climatiques.
Pour la mise en application de ces engagements, une marge de
manoeuvre est accordée aux parties visées. L'article 4 paragraphe
2 alinéa (e) stipule que chacune de ces parties :
i) Coordonne selon les besoins avec les autres parties
visées les instruments économiques et administratifs
appropriés élaborés aux fins des objectifs de la
Convention ;
ii) Recense et examine périodiquement celles de ses
politiques et pratiques qui encouragent des activités ajoutant aux
émissions anthropiques de gaz à effet de serre non
réglementés par le Protocole de Montréal16.
Le tableau ci-dessous présente les Parties visées
à l'annexe I selon leur catégorie et leur situation
économique.
Tableau n° 4: Liste des Etats figurant
à l'annexe I de la CCNUCC
Pays européens membres de l'OCDE
|
Pays en transition économique
|
Pays ajoutés en
199817
|
Autres pays et organisation de l'annexe
I
|
Allemagne, Autriche, Belgique,
|
Belarus, Bulgarie, Croatie,
|
Croatie,
|
Australie, Canada,
|
Danemark, Finlande, France,
|
Estonie, Fédération de
|
Liechtenstein,
|
Communauté économique
|
Grèce, Irlande, Islande, Italie,
|
Russie, Hongrie, Lettonie,
|
Monaco,
|
européenne, Etats-Unis
|
Luxembourg, Norvège, Pays-
|
Lituanie, Pologne,
|
République
|
d'Amérique, Japon, Nouvelle-
|
Bas, Portugal, Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du
Nord, suède, suisse Turquie
|
République Tchèque,
Roumanie, Slovaquie,
Slovénie, Ukraine
|
Tchèque, Slovaquie, Slovénie
|
Zélande
|
Source: CCNUCC, annexe I, p.24.
Ce tableau présente les 41 pays figurant à
l'annexe I. Il tient compte des critères géographiques et
économiques des Parties visées. En effet, il regroupe ces Etats
en quatre catégories. D'abord les pays d'Europe avec les vingt membres
de l'OCDE. De même, nous avons quatorze pays en transition
15 CCNUCC..., p.8.
16 Ibid., p.9.
17 Il s'agit des pays ajoutés à l'annexe
I en vertu d'un amendement entré en vigueur le 13 aout 1998, en
application de la décision 4/CP.3 que la conférence la
Conférence des Parties avaient adoptée à sa
troisième session.
18 Ibid.
19 Ibid.
55
vers une économie de marché qui sont pour la
plupart les Etats de l'Europe centrale et de l'Est. Ensuite nous avons un
groupe de six pays ajoutés lors de la troisième session de la
Conférence des Parties en 1997. Enfin viennent les pays appartenant
à d'autres continents comme l'Amérique, l'Asie et
l'Océanie. À ce groupe il faut inclure la CEE qui dans le
processus de lutte contre les changements climatique s'est engagée en
tant que Partie.
b- Engagements des parties visées à
l'annexe II
Les Parties visées à l'annexe II sont les pays
membres de l'OCDE qui figurent à l'annexe I, sans les pays en transition
économique. Elles doivent procurer des ressources financières,
afin que les pays en développement puissent mener des activités
incitant à la réduction des émissions des GES, et
permettant de s'adapter facilement aux effets des changements climatiques. Les
Parties visées à l'annexe II devaient "aider les pays en
développement Parties particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques à faire face au
coût de leur adaptation auxdits
effets"18.
Par ailleurs, les pays développés parties et les
autres Parties développées figurant à l'annexe
II devaient prendre :"toutes les mesures possibles en vue
d'encourager, de faciliter et de financer,
selon les besoins, le transfert ou l'accès de
technologies et de savoir-faire écologiquement rationnels aux autres
Parties, et plus particulièrement les pays en développement afin
de permettre d'appliquer
les dispositions de la Convention"19.
Dans la même perspective les pays
développés devaient soutenir le développement et le
renforcement des capacités et technologies propres aux pays en
développement. Les autres Parties et organisations en mesure de le faire
peuvent également aider dans la facilitation du transfert de ces
technologies. Le tableau ci-dessous classe les Parties visées à
l'annexe II en fonction de leur appartenance régionale.
Tableau n° 5: Liste des Parties
visées à l'annexe II de la CCNUCC
Europe
|
Amérique
|
Asie
|
Océanie
|
Organisation
|
Allemagne, Autriche, Belgique,
Danemark, Espagne, Finlande, France,
Grèce, Irlande, Islande, Italie,
|
Canada, Etats-Unis d'Amérique
|
Japon
|
Australie, Nouvelle- Zélande
|
Communauté économique européenne
|
Luxembourg, Norvège, Pays-Bas,
|
|
|
|
|
Portugal, Royaume-Uni de Grande
|
|
|
|
|
Bretagne et d'Irlande du Nord, Suède,
|
|
|
|
|
Suisse
|
|
|
|
|
Source : CCNUCC, annexe II, p.25.
56
3- Pour les pays en développement
En tant que pays ne figurant pas à l'annexe I, la
principale obligation des pays en développement dont le Cameroun en fait
partie, est de présenter une communication nationale20. Cet
engagement est conditionné à l'obtention d'un soutien financier
des parties de l'annexe j21. La Convention reconnaît que
certains groupes de pays sont particulièrement vulnérables aux
effets préjudiciables des dérèglements climatiques. Parmi
ces pays nous avons les petits pays insulaires, les pays ayant des zones
côtières de faible élévation, les pays ayant des
zones arides et semi-arides, des zones de forêts et des zones sujettes au
dépérissement des forêts. De même nous avons les pays
ayant des zones sujettes à des catastrophes naturelles, les pays ayant
des zones sujettes à la sècheresse et à la
désertification, les pays ayant des zones de forte pollution de
l'atmosphère urbaine, les pays ayant des écosystèmes
montagneux fragiles, les pays sans littoral et les pays de transit. D'autres
sont davantage menacés par l'impact que pourraient avoir des mesures de
riposte, en occurrence les pays dont l'économie est fortement tributaire
soit des revenus de la production, de la transformation et du commerce des
combustibles fossiles22.
Au terme de la Convention, le degré d'acquittement des
engagements de pays en développement sera tributaire de celui des pays
développés. L'article 4 paragraphe 7 stipule à ce propos
que : "la mesure dans laquelle les pays en développement parties
s'acquitteront effectivement de leurs engagements au titre de la Convention
dépendra de l'exécution efficace par les pays
développés parties de leurs propres
engagements"23. La Convention insiste ainsi sur
les activités qui doivent permettre de répondre aux besoins et
aux préoccupations spécifiques de ces pays vulnérables, en
termes d'investissement, d'assurance et du transfert de technologie. Une
attention particulière est accordée aux pays les moins
avancés (PMA), qui disposent des revenus limités pour
réagir et s'adapter au phénomène de changement climatique.
En conséquence, les Parties doivent tenir compte de la situation
spéciale des PMA, quand elles envisageront des activités de
financement et de transfert de technologie24.
20 La communication nationale comprend
principalement l'inventaire national des émissions des GES et de leur
absorption par des puits, les options d'atténuation des émissions
des GES, des programmes nationaux d'adaptation aux impacts des changements
climatiques, des initiatives nationales en relation avec les dispositions de la
CCNUCC et des besoins nationaux de renforcement des capacités et de
financement de projets.
21 B. Abdelkarim, La Convention des Nations Unies sur
les Changements Climatiques : Etat de la mise en oeuvre au Maroc, Institut
Agronomique et Vétérinaire Hassan II, 2004, p.3.
22 Depledge & Lamb, Guide de la Convention...,
p.9.
23 Ibib., p.10.
24 Ibid.
57
II- Les différents mécanismes à la
CCNUCC
Dans le but de stabiliser le système climatique
mondiale, la Convention s'est dotée d'une kyrielle de mécanismes,
fils conducteurs de l'application et du respect des différents
engagements par les Parties.
A- Les mécanismes institutionnels et financiers
Pour mieux fonctionner, la convention a créé des
institutions à la tête desquelles prône la Conférence
des Parties. Dans l'optique de fournir des ressources financières devant
assurer le fonctionnement des ses institutions et la réalisation des
projets, un mécanisme financier a été créé.
1- La Conférence des Parties
La Conférence des Parties (COP) est l'organe
suprême de la CCNUCC. La COP doit régulièrement faire le
point sur l'application de la Convention et de tous autres instruments
juridiques connexes qu'elle pourrait adapter. Elle doit prendre les
décisions nécessaires pour favoriser l'application effective de
la Convention. Elle comprend tous les Etats qui ont ratifié ou ont
adhéré à la CCNUCC soit 185 en juillet 2001. Elle a tenu
sa première réunion nommée "COP1" à Berlin en
199525.
a- Mission et objectifs de la Conférence des
Parties
La COP doit examiner périodiquement les obligations des
Parties et les arrangements institutionnels qui en découlent en fonction
des objectifs de la convention. Elle doit encourager l'échange
d'informations sur les mesures adoptées par les Parties pour faire face
aux changements climatiques et à leurs effets. De même, elle doit
faciliter à la demande des Parties la coordination des mesures
adoptées pour l'atténuation des conséquences liées
à ce phénomène, doit encourager et diriger,
conformément à l'objectif et aux dispositions de la convention,
l'élaboration périodique de méthodes comparables visant
à inventorier les émissions des gaz à effet de
serre26. La COP doit, évaluer sur la base de toutes les
informations qui sont communiquées conformément aux dispositions
de la convention, examiner et adopter des rapports périodiques sur
l'application de la Convention et en assure la publication, faire des
recommandations sur toutes questions nécessaires, s'efforcer de
mobiliser des ressources financières, créer les organes
subsidiaires jugés nécessaires, arrêter et adopter par
consensus des règlements intérieurs et des règles des
gestions financières les obligations des parties et les arrangements
institutionnels découlant de la convention27.
25 PNUE et UNFCCC, Changement climatique, Fiche...,
p.39.
26 CCNUCC..., p.12.
27 L. Boisson de Chazournes, Convention-Cadre des
Nation Unies sur les Changements Climatiques, United Nations Audiovisual
Library of International Law, 2009, p.4.
58
b- Ses activités
La Conférence des Parties se réunit chaque
année pour faire le point sur l'application de la Convention, adopter
des décisions, fixer et négocier de nouveaux engagements. De
même, conformément à l'article 7 paragraphe 5, la COP
"tient des sessions extraordinaires à tout moment qu'elle juge
nécessaire, ou si une Partie en fait la demande par écrit,
à condition que cette demande soit appuyée par un tiers au moins
des Parties"28.
La convocation de la première session de la
Conférence des Parties fut fixée un an après
l'entrée en vigueur de la convention. Peuvent participer aux sessions de
la COP l'Organisation des Nations Unies, ses institutions
spécialisées et l'Agence internationale de l'énergie
atomique. Tout Etat membre d'une de ces organisations ou observateurs
auprès d'une de ces organisations qui ne sont pas Parties à la
Convention peut être représenté aux sessions de la COP en
tant qu'observateurs. Peut aussi prendre part tout organe ou organisme national
ou international, gouvernemental ou non gouvernemental compétent dans
les domaines visés par la Convention29.
2- Les autres institutions
Outre la Conférence des Parties, la Convention a
créé quatre autres organes à savoir un Secrétariat,
deux organes subsidiaires et un mécanisme financier.
a- Le Secrétariat
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques a établi un secrétariat pour assurer le service de la
Conférence des Parties et de ses organes subsidiaires. Comme le stipule
l'article 8 alinéa 3 "à sa première session, la
Conférence des Parties désignera un Secrétariat permanent
et prendra les dispositions voulues pour son fonctionnement".30 Le
secrétariat de la Convention a un siège permanent à Bonn
en Allemagne depuis 1996. Les fonctionnaires internationaux qui forment son
personnel soutiennent les travaux de toutes les institutions qui
s'intéressent aux changements climatiques en particulier la
Conférence des Parties, les organes subsidiaires et leurs
bureaux31.
Le secrétariat a pour fonction d'organiser les sessions
de la Conférence des Parties et des organes subsidiaires, compiler et
diffuser les rapports à partir des informations reçues. Sur la
demande, le Secrétariat doit aider les Parties, en particulier les pays
en développement, à compiler et diffuser les informations
requises par la Convention. Il doit établir des rapports sur ses
activités et les soumettre à la Conférence des Parties. Il
doit aussi assurer la coordination nécessaire avec
28 CCNUCC..., p.13.
29 Ibid.
30 Ibid.
31 Depledge & Lamb, Guide de la Convention...,
p.11.
59
les autres organes internationaux compétents ; prendre
sous la supervision de la Conférence des Parties, des dispositions
administratives et contractuelles pour requérir l'accomplissement
efficace de ses fonctions. Enfin, il doit exercer les autres fonctions de
secrétariat qui lui sont dévolues par la Convention ou par l'un
quelconque de ses protocoles et de toutes autres fonctions que la
Conférence des Parties peut lui assigner32.
b- Organe subsidiaire de Conseil scientifique et
technologique
L'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique
fournit en temps opportun à la Conférence des Parties des
renseignements et des avis sur les aspects scientifiques et technologiques de
la Convention. Cet organe est ouvert à la participation de toutes les
parties et est multidisciplinaire. Il est composé des
représentants des gouvernements faisant autorité dans leur
domaine de compétence. Il agit sous l'autorité de la
Conférence des Parties à qui il rend régulièrement
compte de tous les aspects de ses travaux. Le mandat ou les fonctions de cet
organe pouvaient être plus clarifiés à la première
Conférence des Parties, l'organe subsidiaire de conseil scientifique et
technologique fut créé lors de la COP-1 à Berlin en
1995.
L'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique
a pour fonctions :
a) De faire le point des connaissances scientifiques sur les
changements climatiques et leurs effets ;
b) De faire le point, sur le plan scientifique, des effets des
mesures prises en application de la Convention ;
c) De recenser les technologies et savoir-faire de pointe,
novateurs et performants, et d'indiquer les moyens d'en encourager le
développement et d'en assurer le transfert ;
d) De fournir des avis sur les programmes scientifiques, sur
la coopération internationale et la recherche-développement en
matière de changements climatiques et sur les moyens d'aider les pays en
développement à se doter d'une capacité propre ;
e) De répondre aux questions scientifiques,
technologiques et méthodologiques que la Conférence des Parties
et ses organes subsidiaires pourront lui poser33.
c- Organe subsidiaire de mise en oeuvre
Comme le précédent, il vit le jour à la
COP-1 en 1995. Mais son acte de création figure dans l'article 10 de la
CCNUCC. Il est chargé d'aider la Conférence des Parties à
assurer l'application et le suivi de la Convention. Il répond aux
mêmes obligations que le premier vis-à-vis de la Conférence
des Parties institution qu'elle rend régulièrement compte. Il a
pour fonction d'examiner les informations communiquées pour
évaluer l'effet global conjugué des mesures prises par les
parties à la lumière des évaluations scientifiques ; aider
la Conférence des Parties à effectuer des examens, et
l'accompagner, selon les besoins, à préparer et exécuter
ses décisions34.
32 CCNUCC..., p.14.
33 Ibid., p.15.
34 Ibid.
60
3- Le mécanisme financier
Un mécanisme financier est créé en vue de
fournir des ressources financières sous forme de dons ou à des
conditions de faveur, notamment pour le transfert de technologie. La Convention
stipule que "ce mécanisme relève de la Conférence des
Parties devant laquelle il est responsable et qui définit ses
politiques, les priorités de son programme et les critères
d'agrément liés à la Convention"35. La
Convention prévoit que le mécanisme financier soit
constitué à la base d'une représentation équitable,
impartiale et équilibrée de toutes les Parties dans le cadre d'un
système de gestion transparent. Son fonctionnement peut être
confié à une ou plusieurs entités internationales
existantes. Depuis 1991, la caisse de Fonds pour l'environnement mondial (FEM)
octroyait 1,3 milliard de dollars américains à la prise de
mesures visant les changements climatiques dans les pays en
développement. Près de 3% de ce montant a servi le financement et
la préparation des communications des Parties de l'annexe I. Par
ailleurs, 6,9 milliards de dollars ont été injectés
grâce à un cofinancement des organismes bilatéraux des
pays. Ce rôle de gestionnaire a été confié
initialement à titre provisoire au FEM36.
En 1999, la Conférence des Parties décida de le
confirmer dans ses fonctions de manière permanente et de faire
elle-même le point sur le fonctionnement du mécanisme tous les
quatre ans. En 2001, aux termes des Accords de Marrakech, la COP a convenu de
la nécessité de créer trois nouveaux fonds en vertu de la
Convention à savoir le Fonds spécial des changements climatiques
et le Fonds des pays les moins avancés destiné à aider les
pays en développement à s'adapter aux effets des changements
climatiques. Le troisième est le Fonds d'adaptation créé
au titre du Protocole de Kyoto. Ces fonds sont gérés dans le
cadre du FEM37. Le Fonds spécial pour les changements
climatiques complète les autres mécanismes mis en place. Il vise
à financer les projets relatifs au renforcement des capacités,
à l'adaptation, au transfert de technologies, à
l'atténuation des changements climatiques et à la diversification
de l'économie des pays qui sont fortement tributaires des revenus
tirés des combustions fossiles. Le Fonds pour les pays les moins
avancés devait appuyer un programme de travail spécial en faveur
des PMA38. Le Fonds d'adaptation qui est opérationnel depuis
l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, est destiné à
financer les projets et programmes concrets d'adaptation dans les pays en
développement et à appuyer le renforcement des
capacités.
35 Ibid., p.16.
36 Depledge & Lamb, Guide de la Convention...,
p.16.
37 PNUE et UNFCCC, Changement climatique, Fiche...,
p.39.
38 Depledge & Lamb, Guide de la Convention...,
p.16.
61
B- Les mécanismes de coopération, de
règlement de différends et d'application
Outre le mécanisme financier, la Convention s'est
dotée, d'une part, d'une batterie de mécanismes relatifs à
la coopération et au règlement des différends entre les
Parties. Et d'autre part elle a élaboré des
procédés régissant son application.
1- Coopération interétatique
Les Parties coopèrent au développement et
à la diffusion des connaissances scientifiques, technologiques,
techniques, socio-économiques et juridiques en matière des
changements climatiques ainsi que des mesures prises pour y faire face. Cette
coopération doit se faire par le biais de la
recherche-développement et de l'observation systématique, de
l'échange d'informations ainsi que l'éducation, la formation et
la sensibilisation du public39. Considérant les écarts
de développement qui existaient entre les Parties, ces derniers doivent
tenir compte des préoccupations et des besoins particuliers des pays en
développement. Les Parties visées par l'annexe II doivent
s'employer à renforcer la capacité de toutes les Parties de
participer à ces efforts de coopération ainsi que les moyens dont
elles disposent à cet effet.
a- Recherche-développement et l'observation
systématique
Les Parties s'engageaient à entreprendre des travaux
de recherche-développement et d'observation relatifs au système
climatique et aux changements climatiques ; ces travaux devaient connaitre une
coopération directe et immédiate tout en associant les
organisations internationales et intergouvernementales compétentes. Les
Parties devaient encourager la coopération dans le domaine de la
recherche-développement et de l'observation systématique, compte
tenu des activités et des lois tant à l'échelle nationale
qu'à l'échelle internationale. Elles devaient appuyer les efforts
menés aux niveaux international et intergouvernemental pour renforcer
les réseaux d'observation et les capacités de collecte de
données et de recherche, notamment dans les pays en
développement40.
b- Echange d'informations
L'échange d'informations entre les Parties est un
élément indispensable du bon fonctionnement de la CCNUCC. Le
texte unique révisé sur les éléments relatifs aux
mécanismes, adopté à la quatrième session du
Comité intergouvernemental de négociation d'une Convention-cadre
sur les changements climatiques de décembre 1991, dans son article 3
stipule que "les Parties facilitent et encouragent, directement ou par
l'intermédiaire des organisations internationales et
39 A/AC.237/Misc.13
GE.91-627000/6201B, p.1.
40 Ibid., p.2.
62
nationales compétentes, l'échange d'informations
scientifiques, technologiques, techniques, socio-économiques et
juridiques pertinentes"41. Ces informations devaient être
échangées dans leur intégralité en toute
liberté et dans les meilleurs délais.
c- Education, formation et sensibilisation du
public
Afin de vulgariser le phénomène de changement
climatique et de faciliter l'adoption de mesures appropriées pour y
faire face, les Parties se sont employées à promouvoir
l'éducation, la formation et la sensibilisation du public. Au niveau
national, et selon les moyens dont elles disposent, elles s'emploient à
promouvoir et à faciliter :
- la mise en application de programmes d'éducation et
de sensibilisation de public, consacrés aux changements climatiques ;
- l'accès du public aux informations concernant les
changements climatiques ;
- la participation du public à l'examen des questions
relatives aux changements climatiques et à la mise au point de mesures
appropriées pour y faire face ;
- la formation appropriée du personnel scientifique,
personnel technique et du personnel de gestion42.
Au niveau international, en recourant, si nécessaire
aux organisations, institutions et mécanismes existants, les Parties
coopèrent à la mise au point et à l'échange de
matériels pour éduquer le public et le sensibiliser au
problème des changements climatiques. Elles doivent aussi
coopérer à la mise au point et l'exécution de programmes
d'éducation et de formation, y compris à des projets
prévoyant l'échange ou le détachement de personnel,
notamment au profit des pays en développement et s'emploient à
promouvoir ces activités43.
2- Mécanismes d'application et de
règlement des différends
Deux mécanismes complémentaires sont
créés pour résoudre les questions relatives à
l'application de la Convention et au règlement des différends.
a- Règlement des problèmes concernant
l'application
Un processus consultatif multilatéral a
été envisagé en vue d'aider les Parties à surmonter
toutes les complexités liées à l'application de la
Convention. L'article 13 stipule que la Conférence des Parties devait
étudier, à sa première session, la mise en place d'un
processus consultatif multilatéral, à la disposition des Parties
sur leur demande pour le règlement des questions relatives à
l'application de la Convention44. Il a aussi pour but de faciliter
la compréhension de la
41 Ibid., p.3.
42 Ibid., p.4.
43 Ibid.
44 CCNUCC..., p.18.
63
Convention et d'empêcher la naissance de
différends. Les décisions relatives au fonctionnement du
processus et la création d'un Comité consultatif permanent
dépendaient de la Conférence des Parties. Le groupe ad hoc
pour l'article 13 a terminé ses travaux en 1998 sans pouvoir se
mettre d'accord sur le nombre de membres du Comité consultatif, sur la
durée du mandat ou sur leur répartition géographique. Le
rapport du groupe ad hoc a été adopté en 1998
à la quatrième réunion de la Conférence des Parties
décrit les procédures pour le processus
consultatif45.
b- Règlement des différends
La convention dispose d'un mécanisme pour
résoudre la question relative au règlement des différends
entre les Parties dans son article 14. Pour régler des différends
entre les Parties, la Convention a opté pour la négociation et la
médiation. En cas de différend entre les Parties au sujet de
l'interprétation ou de l'application de la Convention, ou l'un de ses
Protocoles, les parties concernées s'efforcent de le régler par
voie de négociation. Si les Parties concernées ne parviennent pas
à un accord par voie de négociation, elles peuvent conjointement
solliciter les bons offices ou demander la médiation d'un tiers.
Lorsqu'elle ratifie, accepte ou approuve la Convention ou y adhère, les
Parties en cas de différend devaient le soumettre à la Cour
internationale de justice et l'arbitrage conformément à la
procédure qu'allait adopter dans les brefs délais la
Conférence des Parties dans une annexe consacrée à
l'arbitrage46. De même, une Partie qui est une organisation
régionale d'intégration économique était aussi
autorisée de faire en matière d'arbitrage une déclaration
allant dans le sens des procédures sus évoquées.
Deux autres options à savoir la soumission à une
commission de conciliation et un règlement judiciaire sont ainsi
ouvertes au règlement des différends. En effet, une commission de
conciliation pouvait être créée à la demande de
l'une des parties au différend. Cette commission est composée de
membres désignés en nombre égal par chaque partie
concernée et d'un président choisi conjointement par les membres
désignés par les Parties. La commission rend une décision
définitive, non obligatoire dont les Parties tiennent compte et
examinent de bonne foi47. La Conférence des Parties devait
adopter dès que possible une procédure complémentaire de
conciliation dans une annexe consacrée à cette question.
La deuxième option celle d'un règlement
judiciaire. Il était envisageable à la demande de l'une des
Parties au tribunal arbitraire. Si le différend oppose deux parties, le
tribunal arbitraire devait se composer de trois membres. Chacune des Parties au
différend nomme un arbitre dans les
45 Boisson de Chazournes, Convention-Cadre des Nation
Unies..., p.5.
46 CCNUCC..., p. 18.
47 A/AC.237/Misc.13
GE.91-627000/6201B, p.39.
64
deux mois suivant la notification. Ces deux arbitres
désignaient à leur tour d'un commun accord le troisième
arbitre qui est le président du tribunal. Ce dernier ne doit pas
être ressortissant de l'une des parties au différend ni avoir sa
résidence habituelle sur le territoire de l'une des parties. Si le
différend oppose plus de deux Parties, les Parties dont les
intérêts coïncidents nomment d'un commun accord un membre du
tribunal48. Ces dispositions étaient applicables à
tout instrument juridique connexe que la COP pouvait adopter. Les
schémas ci-dessous présentent deux modèles du processus de
règlement des différends entre les Parties à la
Convention.
Schéma n°1: Règlement des
différends par négociation
DIFFEREND
NEGOCIATIONS
|
|
|
REGLEMENT
|
ABSENCE DE REGLEMENT
|
Si les deux Parties sont d'accord
REGLEMENT
48 Ibid., p.76.
Source : Texte unique révisé sur
les éléments relatifs aux mécanismes, article 10, p.35.
Le schéma ci-dessus présente le modèle
initial de règlement de différends entre les Parties qui est la
négociation. En effet, en cas de différend entre deux Parties,
ces derniers engagent les négociations. En cas d'absence de
règlement ces dernières par consensus peuvent user des bons
offices d'un médiateur qui à son tour facilite de parvenir soit
au règlement du différend, soit à une absence de
règlement.
65
Cour internationale de justice
REGLEMENT
Option 2 : Tribunal arbitraire
Si une Partie en fait la demande
Schéma n°2 : Etapes de
règlement des différends par les bons offices de la
médiation
DIFFEREND
NEGOCIATION
|
|
REGLEMENT
|
ABSENCE DE REGLEMENT
|
Si les deux Parties Sont d'accord
BONS OFFICES,
MEDIATION
|
|
ABSENCE DE REGLEMENT
|
REGLEMENT
|
|
Si les deux Parties sont d'accord
Si les deux Parties ont déclaré accepter de
soumettre le différend à la Cour internationale de
justice
Si après 12 mois le différend n'est pas
toujours réglé
Règlement obligatoire du différend par la
Cour internationale
de justice
|
REGLEMENT
Option 1 :
Commission de conciliation
|
ABSENCE
DE REGLEMENT
|
|
|
REGLEMENT
|
REGLEMENT
|
|
Source : Texte unique révisé sur
les éléments relatifs aux mécanismes, article 10, p.36.
Le modèle deux détaille la procédure
à suivre à la suite d'échec de la négociation et de
bons offices du médiateur. Dans ce cas les Parties peuvent
décider de soumettre leur différend à la Cour
internationale de justice. La cour pour la circonstance constitue une
commission de conciliation. Si après douze mois le différend
n'est pas toujours réglé, une partie peut ainsi saisir le
tribunal arbitraire pour un éventuel règlement du
différend.
66
3- Les amendements et le processus d'entrée en
vigueur de la Convention
La Convention sur les changements climatiques dans son
élaboration s'est dotée d'un système ouvert à tous
les acteurs de la scène internationale. Ce cadre élargi donnait
aux Parties de revoir certaines de ses dispositions à travers des
amendements d'une part, d'autre part elle a su canaliser les parties prenantes
dans l'élaboration d'un cadre fiable régissant son entrée
en vigueur.
a- Une Convention ouverte aux amendements des
Parties
Les questions relatives à l'amendement de la
Convention sont abordées aux articles 15 et 16. Le premier laisse la
possibilité aux Parties de proposer les amendements à la
Convention et le second traite de l'adoption et l'amendement des annexes.
Article 15 explique la procédure à suivre pour la proposition
d'un amendement et stipule que :
les amendements à la convention sont adoptés
à une session ordinaire de la Conférence des Parties. Les textes
de toute proposition d'amendement à la Convention est communiqué
aux Parties par le secrétaire six mois au moins avant la réunion
à laquelle il est proposé pour adoption. Le secrétaire
communique aussi les propositions d'amendement aux signataires de la Convention
et, pour information, au Dépositaire49.
A cet effet, les Parties n'épargnaient aucun effort
pour parvenir à un accord par un consensus. Au cas où tous les
efforts demeuraient vains et qu'un accord n'intervenait, l'amendement est
adopté en dernier recours par un vote à la majorité des
trois quarts des Parties présentes et votantes50.
Après son adoption, l'amendement est communiqué par le
secrétaire au Dépositaire, qui transmet à toutes les
Parties pour acceptation et reçoit en retour les instruments
d'acceptation. Ces derniers entrent en vigueur à l'égard des
Parties ayant accepté le quatre-vingt-dixième jour qui suit la
date de réception par le Dépositaire.
Faisant partie intégrante de la Convention, sauf
disposition contraire expresse, les annexes font aussi office d'amendement et
d'adoption. Toute référence à la Convention constitue une
référence à ses annexes. Les annexes sont proposées
et adoptées selon la procédure sus décrite dans le cadre
des amendements à la Convention51. Si l'adoption d'une annexe
ou d'un amendement à une annexe nécessite un amendement à
la Convention, cette annexe ou cet amendement n'entre en vigueur que lorsque
l'amendement à la Convention entre en vigueur.
b- Les Parties pouvant ratifier, accepter ou
adhérer à la
Convention
La Convention était soumise à la ratification,
à l'acceptation, à l'approbation ou à l'adhésion
des "Etats et des organisations économiques
régionales"52. Elle était aussi ouverte à toute
organisation d'intégration économique régionale qui
devenait Partie à la Convention sans
49 CCNUCC..., p.19.
50 Ce terme s'étend aux Parties qui sont
présentes et qui votent pour ou contre.
51 Les annexes à la Convention se limitent
à des listes, formules et autres documents descriptifs de
caractère scientifique, technique, procédural ou
administratif.
52 CCNUCC..., p.22.
67
qu'aucun de ses Etats membres n'y soit Partie liée par
toutes les obligations de la Convention. Lorsqu'un ou plusieurs Etats membres
de ces organisations devenaient Parties à la Convention, cette
dernière et ses Etats membres convenaient de leurs
responsabilités respectives de l'exécution des obligations
prescrites par la Convention. Dans leurs instruments de ratification,
d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion, les organisations
d'intégration économique régionale indiquaient et
informaient le Dépositaire l'étendue de leur compétence
à l'égard des questions régies par la
Convention53. De 1992 à 2015, la CCNUCC a été
massivement signée, ratifiée, acceptée et a connu
l'approbation et l'adhésion de 196 Etats inclus l'Union
européenne.
c- Les dispositions d'entrée en vigueur de la
Convention
La Convention devait entrer en vigueur le
quatre-vingt-dixième jour qui suivait la date du dépôt d'au
moins cinquante instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou
d'adhésion. Un instrument déposé par une organisation
d'intégration économique régionale n'était pas
compté en sus de ceux déposés par ses Etats
membres54. La CCNUCC fut signée en mai 1992,
conformément au paragraphe 1 de l'article 23 elle entra en vigueur le 21
mars 1994.
Nonobstant l'objectif poursuivi par la Convention, celui de
stabiliser le système climatique mondial et d'empêcher toute
perturbation anthropique dangereuse du système climatique ; et les
principes et mécanismes qu'elle s'est dotée pour son application,
elle n'était pas un texte contraignant pour la limitation des gaz
à effet de serre. Ainsi la Conférence des Parties pouvait
à l'une de ses sessions ordinaires, adopter des protocoles à la
Convention. Dans l'optique de la doter d'un tel instrument, la
Conférence des Parties lors de sa troisième session ordinaire
(COP 3) réunie à Kyoto au Japon en 1997, adopta le Protocole de
Kyoto le 11 décembre 199755. A Kyoto, les Parties
visées à l'annexe I se sont engagées à
réduire les émissions des six principaux gaz à effet de
serre de 5% entre 2008 et 2012.
La mise en place de la CCNUCC est le résultat de la
volonté de la communauté internationale d'établir un cadre
général dans l'optique de préserver le climat pour les
générations présentes et futures. Dès lors, quels
sont les facteurs qui ont motivé l'adhésion du Cameroun ?
53 Ibid.
54 Ibid.
55 Le Protocole de Kyoto à la
Conférence-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques est
un instrument qui vient compléter la réponse de la
communauté internationale face aux changements. Adopté par
consensus à la troisième session de la Conférence des
Parties. Il définit des objectifs chiffrés juridiquement
contraignants de réduction des émissions pour les pays
visés à l'annexe I. en arrêtant et en inversant la tendance
à la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Le
Protocole présente pour la communauté internationale un pas plus
vers la réalisation de l'objectif ultime de la Convention.
68
III- Motivations d'adhésion et
spécificités du Cameroun
Comme le reste des pays africains, le Cameroun s'est
progressivement impliqué avec méfiance dans le courant
écologique mondial. La prise de conscience africaine des questions
environnementales née entre Stockholm (1972) et Rio (1992) a
relativement ramené l'Afrique au coeur du débat climatique. Le
Cameroun acteur de la vie internationale, bien que pollueur moins important
à l'échelle internationale, se trouve néanmoins au centre
d'un dilemme. Les contingences géographiques du Cameroun à savoir
l'appartenance au deuxième poumon vert mondial, le massif forestier du
bassin du Congo ; membre de plusieurs organisations sous-régionales de
conservation de l'environnement, sont autant de facteurs favorisant sa
signature de la CCNUCC le 14 juin 1992 et sa ratification le 19 octobre 1994
ainsi que des protocoles connexes.
A- Spécificités géographiques
Pays d'Afrique centrale, le Cameroun présente un
contexte biophysique et un écosystème riche et varié
couvrant les différentes zones géographiques de son territoire
qui font de lui une "Afrique en miniature".
1- Situation biophysique
Le Cameroun a une superficie de 475 442 km2 et
s'étend sur cinq zones écologiques appelées «
écorégions »56. Au Nord nous avons la zone
soudano-sahélienne de la savane qui est dominée par un climat
aride. Elle occupe une superficie de 100 353 km2, une
pluviométrie relativement faible oscillant entre 400 à 1 200
mm/an. Au Centre (une petite partie) c'est la zone des hautes savanes
soudano-guinéennes et le plateau de l'Adamaoua qui forment le
véritable « château d'eau » du pays car c'est l'endroit
où certains cours d'eau importants prennent leur source. Elle couvre une
superficie de 123 077 km2 et un taux de précipitation moyenne
de 1 500 mm/an, l'équivalence de 150 jours de pluie l'an. A l'Ouest et
au Nord-Ouest se trouve la zone des hauts plateaux au climat équatorial
particulièrement humide. La pluviométrie moyenne ici est de 1500
à 2000 mm/an (180 jours) et couvre 31 192 km2. La zone
littorale a un climat équatorial humide. Encore appelée zone
forestière monomodale, elle couvre une superficie de 45 658
km2 le long des côtes camerounaises avec un taux record de
précipitations variant de 2 500 à 4 000 mm/an. Enfin au Centre,
au Sud et à l'Est se trouve la zone des forêts tropicales humides
au réseau hydrographique notamment dense. Aussi appelée
zone-bi-modale, elle est la plus étendue de toutes et couvre 165 770
km2 avec les précipitations allant de 1 500 à 2 000
mm/an57.
56 D'après la classification de l'Institut
Agronomique pour le Développement (IRAD).
57Comment élaborer la REED+ au Cameroun ?
Contexte, enjeux et options pour une stratégie national, UICN,
2013, p.11.
69
2- Les caractéristiques du climat et de
l'hydrographie
Le Cameroun a une façade maritime longue d'environ 402
km allant de Campo à l'embouchure du fleuve Nyong, du Nyong à
Limbé, puis de Limbé à Idénau et d'Idénau
à la frontière avec le Nigéria58. Le pays est
fortement humide car 10% du territoire reçoit moins de 900 mm d'eau par
an. Il est dominé par le climat équatorial et le climat tropical.
Le climat équatorial caractérisé par des
précipitations abondantes, couvre les plateaux Centre et Sud, la zone
occidentale composée du Littoral, les montagnes du Sud-Ouest et les
hauts plateaux de l'Ouest. Le climat tropical caractérisé par des
températures élevées et des précipitations peu
abondantes couvre le septentrion. Le réseau hydrographique du Cameroun
est réparti en quatre bassins hydrographiques que sont entre autres le
bassin de l'Atlantique avec les fleuves Sanaga, Nyong, Ntem, Dibamba,
Lokoundjé, Lobé, Moungo, Nkam et le Wouri ; le bassin de la
Sangha avec pour fleuves le Dja, la Boumba et Ngoko et la Kadei ; le bassin de
la Bénoué avec les fleuves Bénoué, Katsina Ala,
Cross River, Faro Tchina, Kébi, Donga et Gordi et le bassin du Lac Tchad
dont les principaux fleuves sont le Logone, le Chari, le Sebewel et l'El
Beïd59.
3- Une diversité biologique riche et
variée
Faisant partie du Bassin du Congo dont
l'écosystème forestier constitue la deuxième plus grande
forêt tropicale après le Bassin de l'Amazonie, le Cameroun occupe
une superficie représentant 1,6% des forêts du continent. Dans les
années 90, les forêts couvraient 22 millions d'hectares soit 47%
du territoire national du Cameroun dont 17,5 millions d'hectares de forêt
dense et 4,5 millions de forêt dégradée60. Elles
représentent 10% des forêts du Bassin du Congo. Il s'agit ici des
forêts denses humides sempervirentes, des forêts humides semi
décidues, des forêts caduques, des forêts galeries, des
forêts marécageuses et des plantations forestières. Cette
étendue considérable de la forêt camerounaise abrite 40%
des espèces animales du continent, au moins 54% des espèces
aviaires, 50% des espèces d'amphibiens inconnues dans le continent. Elle
contient aussi entre 30 et 75% des espèces reptiles, 42% de toutes les
espèces de papillons africains répertoriés et 21% des
ressources halieutiques. Ce tableau scintillant met le Cameroun au
cinquième rang des pays africains les plus fournis en diversité
biologique61.
La diversité biologique du Cameroun est un atout majeur
qui permet au pays de regrouper plusieurs types d'écosystème.
Parmi ceux-ci on a l'écosystème côtier et marin,
l'écosystème de la forêt tropicale humide,
l'écosystème de la savane boisée,
l'écosystème semi-aride et l'écosystème
58 Ibid.
59 Ibid., p.12.
60 Mepongo Fouda, Le WWF et la protection de la
nature au Cameroun..., p.57.
61 Ibid.
70
de montagne. Elle est répartie dans l'étendue du
territoire selon les grandes zones agroécologiques. La diversité
et la richesse de l'écosystème tant en ressources fauniques qu'en
ressources floristiques était une motivation de plus qui
conférait un statut naturel au Cameroun d'adhérer la Convention
sur les changements climatiques. La carte ci-dessous présente les
différentes zones agroécologiques du Cameroun et leurs
spécificités.
Carte n°2 : Zones agroécologiques
du Cameroun
Source : Proposition de mesure pour
l'état de préparation (R-PP), janvier 2013, p.35.
71
B- Contexte socio-économique et influence
sous-régionale du Cameroun
Considéré depuis les indépendances comme
la locomotive de l'Afrique centrale. Cette domination sur le plan
économique, politique et démographique du Cameroun dans sa
sous-région était un argument majeur mis en avant par les
décideurs de Yaoundé afin de peser lors des négociations
sur l'élaboration de la Convention d'une part et d'autre part d'y
participer à sa mise en application dès 1994.
1- Une démographique galopante
La population camerounaise était estimée
à 11 715 218 habitants en 1990 avec un taux d'accroissement annuel de
3,02%. La structure par âge révèle qu'il y avait 45% de
personnes de moins de 15 ans et 52% d'hommes et femmes potentiellement actifs.
De 1960 à 1990, le Cameroun a connu un accroissement spectaculaire de sa
population. En effet, elle est passée de 5 285 231 en 1960 à 11
715 218 en 1990. En termes de pourcentage, elle passe de 2,11% en 1961 pour
3,2% en 1990 avec un pic de 3,17% en 198662. En 2015, le pays
comptait plus de 22 millions d'âmes. L'histogramme ci-dessous
présente les différentes variations de l'évolution de la
population camerounaise des indépendances à 2015.
Histogramme n° 1 : Evolution de la
population camerounaise 1960-2015
25000000
20000000 15000000 10000000 5000000
0
|
|
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
|
Série 1 Série 2
Source :
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan.tend/CMR/fr/SP.POP.TOTL.html
consulté le 19-01-2019 à 15h20mn.
62
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan.tend/CMR/fr/SP.POP.TOTL.html
consulté le 19-01-2019 à 15h20mn.
72
La Série 1 en bleue présente l'évolution
quantitative en millions d'habitants de la population après une
période de cinq ans. La Série 2 en orange quant à elle
présente le nombre d'habitants qui s'est ajouté à la
population initiale dans l'intervalle de cinq ans.
Le pays connaissait une urbanisation remarquable. Le taux
d'urbanisation atteignait 47,2% en 1997, contre 37,8 en 1987 et pourrait
dépasser la barre de 50% en 2010. Les deux principales villes les plus
peuplées comptaient respectivement 1 147 900 habitants en 1994 pour la
ville de Douala et 1 013 800 habitants pour Yaoundé63. Cette
évolution fulgurante de la population camerounaise et surtout des villes
tenait des facteurs tels l'accroissement naturel, l'exode rural, la
rationalisation du service public et les opportunités de création
d'activités marchandes dans les grandes villes. L'urbanisation
croissante de l'Afrique en général et du Cameroun en particulier
est l'une des sources de pollution. Cette situation allait susciter à
long terme des demandes énormes en besoins de consommation
d'énergie, de produits alimentaires, les défis liés
à l'industrialisation, l'urbanisation et leurs corolaires.
2- Une économie en plein essor
Sommairement, de 1960 à 1978, la croissance annuelle du
Produit Intérieur Brut (PIB) du Cameroun fut en moyenne de 7%
grâce au secteur primaire porté par l'agriculture. A partir de
1978, les revenus pétroliers sont devenus l'une des ressources de base
de l'économie camerounaise. Bien qu'en améliorant les indicateurs
macro-économiques, ils ont aussi engendré certains
problèmes structurels. La baisse de l'apport des produits
pétroliers liée à la diminution de la production
nationale, la diminution des prix des cultures d'exportation, le renforcement
du Franc CFA avaient diminué la compétitivité à
l'exportation. Dans un contexte de crise économique, le Cameroun a vu
son PIB diminuer de 6,3% entre 1985 et 199364.
Les analyses de la Société Financière
Internationale (SFI) révèlent que, le PIB du Cameroun est
passé de 3 040 milliards en 1983 à 9 922 milliards en 1994. Le
pouvoir d'achat des ménages avait augmenté de 239 000 Fcfa
à 381 388 Fcfa pendant la même période. Au cours de cette
période, tous les secteurs de l'économie ont connu une forte
croissance à l'exception du secteur extractif. Le secteur des transports
occupait le premier rang avec 4,7% de croissance annuelle et le secteur
manufacturé avec 4,55% de la croissance annuelle65. Ayant une
économie tributaire à l'exploitation et à la production
des ressources naturelles, le Cameroun répondait au profil des Parties
visées par l'article 4 paragraphe 8 alinéa (h) au sujet de
certains engagements
63 Première Communication Nationale sur les
changements climatiques, 2000, p.20.
64 Ibid., p.21.
65 Ibid.
73
des pays développés envers "les pays dont
l'économie est fortement tributaire soit des revenus de la production,
la transformation et de l'exportation des combustibles
fossiles"66.
3- Un acteur majeur au sein des organisations
sous-régionales en matière
de protection de l'environnement et la
préservation de la biodiversité
Depuis son accession à la souveraineté
internationale, le Cameroun s'est illustré dans sa sous-région
par la promotion des initiatives en faveur de la protection et la conservation
de la nature. Pays appartenant à la fois au Bassin du Congo et au Lac
Tchad, le Cameroun a ainsi oeuvré pour la mise en place des
organisations environnementales de ces zones. Il est l'un des membres
fondateurs de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT)67 dont le
président Ahmadou Ahidjo était l'un des quatre Pères
fondateurs. Pour l'évolution de la CBLT, le Cameroun a accueilli en 1973
le sommet des chefs d'Etat de la CBLT qui s'est soldé par l'Accord de
Yaoundé portant sur la création du fonds de développement
de la Commission du Bassin du Lac Tchad. De même, le pays a
contribué à l'élaboration des Accords d'Enugu du 03
décembre 1977 sur le règlement conjoint relatif à la faune
et à la flore dans le bassin conventionnel du lac Tchad68.
En outre, le Cameroun a participé à
l'élaboration des Accords de Libreville du 18 avril 1983 sur la
coopération et la concertation entre les Etats de l'Afrique Centrale.
L'article 54, du Traité instituant la Communauté Economique des
Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) met en lumière la question de la
coopération en matière d'énergie et des ressources
naturelles dans le but de rationaliser leur utilisation. Le Cameroun
était représenté par William Aurélien Eteki
Mboumoua qui était Ministre chargé de Mission à la
présidence de la République.
Toutes ces potentialités étaient suffisamment
palpables pour une implication immédiate du Cameroun à la bonne
marche de la CCNUCC. N'étant pas épargné par les effets
néfastes du dérèglement climatique qui se sont
manifestés par le passé à travers des rudes
sécheresses des années 1970 et 1982 qui ont touché sa
partie septentrionale, le Cameroun va initier plusieurs programmes. Dès
lors quelles sont les actions entreprises par le Cameroun en conformité
avec la Convention pour pallier aux problèmes liés aux
changements climatiques ?
66 CCNUCC..., p-10.
67 La CBLT a été créée le
22 mai 1964 par la Convention de Fort-Lamy (actuel N'Djamena qui en est le
siège) par les quatre pays riverains du Lac Tchad à savoir le
Cameroun, le Niger, le Nigeria et la Tchad. La République Centrafricaine
a adhéré l'organisation en 1996 et la Libye et 2008. Elle a pour
mandat de gérer de manière durable et équitable le Lac
Tchad et les ressources en eaux partagées de son bassin, de
préserver les écosystèmes du bassin conventionnel du Lac
Tchad et de promouvoir l'intégration, la paix et la
sécurité dans l'ensemble du bassin. 68
https://www.memoireonline.com/12/15/9327/m_La-protection-de-lenvironnement-par-les-collectivites-territoriales-decentralisees-au-cameroun9.html
Consulté le 25-01-2019 à 08h15mn.
74
CHAPITRE III : MISE EN APPLICATION DE LA CCNUCC AU
CAMEROUN : ACTEURS ET GRANDS PROJETS
Depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, la
problématique du changement climatique et les risques qu'elle
présente pour l'humanité ont poussé les gouvernements
à travers le monde, à des degrés divers, à trouver
les moyens de lutte contre cette menace. Dès lors, les politiques ont
été nouées, les institutions établies et les
programmes conçus à cet effet1. Vulnérables des
effets néfastes du changement climatiques les pays en
développement en général et les pays africains en
particulier dont le Cameroun, ont engagé de vastes chantiers pour
remédier au réchauffement de la planète. Dans ce chapitre,
nous présenterons d'abord les causes, les sources des émissions
des gaz à effet de serre, de même que les impacts et le
degré de vulnérabilité du pays. Ensuite, nous nous
attèlerons sur les cadres juridique et institutionnel
élaborés autour de la question de protection de l'environnement
et de lutte contre les changements climatiques au Cameroun. Enfin, nous
présenterons et évaluerons les projets initiés par le pays
en matière de lutte contre le dérèglement climatique.
I- Causes et impacts des changements climatiques au
Cameroun
Les années 90 ont connu un essor démographique
considérable au Cameroun. Cette population, majoritairement jeune et
active, aspirait aux meilleures conditions de vie qui devaient passer par la
croissance d'une économie diversifiée. Cette utilisation
accélérée de l'environnement pour des besoins de
production sera lourd de conséquences. Des dysfonctionnements
climatiques et la dégradation de l'environnement étaient plus que
jamais le quotidien de la population camerounaise.
A- Les secteurs d'émissions des gaz à effet
de serre au Cameroun
Les gaz à effet de serre (GES) ici sont ceux
répertoriés par le protocole de Kyoto. Au Cameroun les gaz
émis sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde
nitreux (N2O), le monoxyde de carbone (CO), les oxydes azoteux
(NOx), les composés volatiles organiques non méthaneux
(NMVOC) et le dioxyde de soufre (SO2). Une unité a été
créée pour comparer leur impact sur l'effet de serre : le Pouvoir
de Réchauffement Global (PRG). Il
1 Stratégie Africaine sur les Changements
Climatiques, Mai 2014, p.12.
75
combine l'effet de serre "instantané" des gaz et la
durée de leur présence dans l'atmosphère2. Les
émissions des GES sont exprimées en Gg3
équivalent carbone (GgECO2). Sur la base des données de 1990
analysées dans la Communication Initiale sur les changements
climatiques, les émissions du Cameroun étaient estimées
à 55 802 Gg équivalent CO2. Le bilan national des
émissions des GES en 2000 était de 2990 Gg de CO2, 473 Gg de CH4
et 54 Gg de N2O pour les émissions directes et 4 824 Gg de CO, 192 Gg de
COVNM, 109 Gg de NOx et 8 Gg pour les émissions
indirectes4. Les principaux secteurs d'émission des GES sont
les secteurs de l'énergie, de l'industrie, de l'agriculture, de
l'utilisation de terres et celui des déchets.
1- Les émissions provenant des secteurs
énergétiques et industriels
Les secteurs énergie et industrie constituent
respectivement la deuxième et la cinquième source
d'émission des GES au Cameroun. En référence aux
premières études sur les GES en 1994, le Cameroun a rejeté
24 383 Gg de gaz carbonique dans l'atmosphère, soit 89% des
émissions de CO2 la même année. Le principal gaz
émis par le secteur énergie est le dioxyde de carbone. Ces
émissions proviennent de l'utilisation des énergies fossiles. En
1994 le secteur énergétique représentait 2216 Gg, soit 9%
du total des GES émis cette année. 5
Deuxième GES émis au Cameroun, 859 Gg de
méthane (CH4) ont été émis par le secteur
énergie soit 8% des 11149,56 Gg des émissions de méthane
libéré dans l'atmosphère au Cameroun en 1994. D'autres gaz
tels que l'hémioxyde d'azote (N2O), les oxydes d'azote (NOx),
le monoxyde de carbone (CO) et les hydrocarbures non méthaniques (NMVOC)
et le chlorofluocarbone (CFC) ont été émis par ce secteur
mais à des proportions marginales6. Par contre en 2000, le
secteur de l'industrie a émis 4808 et 5948 Gg en 20107.
L'industrie est un secteur incontestable de la pollution
atmosphérique. Les procédés industriels sont des sources
émettrices considérables des GES qui s'associent à une
pollution protéiforme des zones industrielles. L'industrie produit la
quasi-totalité des GES émis par le Cameroun. En 1994, les
procédés industriels ont émis 387,3 Gg de CO2 qui se
répartissaient en 131 Gg pour la production des métaux et 256 Gg
pour les produits minéraux8. La même année, les
émissions de méthane par les affluents industriels étaient
évaluées à 104 Gg. Les procédés industriels
sont une source de production des oxydes d'azote. D'après l'inventaire
des GES de
2
www.fl-residences.com/bilan-carbone.html
consulté le 14-02-2019 à 18h36mn.
3 C'est l'unité de mesure des émissions
des GES exprimé en Gigagrammes. Gigagramme= Kilotonnes= 1000 tonnes
métriques.
4 Seconde Communication Nationale, 2014, p.40.
5 Communication nationale initiale ..., p.36.
6 Ibid.
7 Seconde Communication..., p. 115.
8 Ibid.
76
1994, le NOx était représenté
d'un faible pourcentage n'atteignant pas 2% des émissions totales de
NOx. Les procédés industriels émettent aussi
dans l'atmosphère les NMVOC. Le secteur industriel est aussi une source
d'émission des GES dont la présence est relativement faible dans
l'atmosphère tels que le SO2 et le CFC9.
2- Les émissions dues aux activités
agricoles et à la pression
démographique
Si la démographie et l'agriculture sur brûlis
jouent un rôle significatif dans la déforestation du Cameroun,
l'exploitation de la forêt et des terres défrichées pour le
marché intérieur et extérieur occupe une place centrale
dans la dégradation de l'environnement. Cette pression sur la nature et
ses ressources sont des sources d'émission des GES responsables du
réchauffement du climat à l'échelle nationale. Dans les
pays en développement, plus de la moitié de la population habite
en milieu rural et vit en situation économique précaire
d'où leur dépendance des forêts. Ces dernières sont
des sources de produits alimentaires, de plantes médicinales, de bois de
chauffe et de matériaux de construction. Le prélèvement de
ces produits peut être considéré comme une cause de la
déforestation10.
a- L'agriculture
L'agriculture est l'une des principales causes des
émissions des GES. Elle représente 24% des émissions
mondiales11. Au Cameroun, elle a pour corollaire la
déforestation par des pratiques telles la technique de brûlis.
Bien avant la colonisation européenne, les régions
méridionales du Cameroun, couvertes par la forêt tropicale humide,
étaient déjà habitées par des populations vivant
d'activités de prédation, en l'occurrence les pygmées. On
y trouvait aussi les Bantou dont la pratique traditionnelle principale
était l'agriculture itinérante sur brûlis. Cette pratique
conduit à la perte du couvert végétal et à la
pollution de l'atmosphère. En 2009, près de 80% des
ménages ruraux la pratiquaient.12
L'agriculture de rente ou d'exploitation est l'une des grandes
innovations de la colonisation européenne en Afrique. Elle s'est
manifestée par l'introduction des cultures de rente dans le
système local de production. Certains produits agricoles ne pouvant pas
être cultivés sous les latitudes européennes, entraient au
Cameroun par Douala, porte d'entrée du
9 Ibid., p.39.
10 Ibid.
11
https://reporterre.net/Climat-l-agriculture-est-la-source/
consulté le 15-02-2019 à 12h25mm.
12 L. Bauer, Forêts et réduction
de la pauvreté dans les pays en développement : une relation
à déchiffrer, Essai présenté en vue de
l'obtention du double diplôme de Maîtrise en Environnement et de
Master en Ingénierie et Management de l'Environnement et du
Développement Durable, Université de Sherbrooke, 2010, p.14.
77
pays13. Impulsés, d'une part, par les firmes
anglaises et, plus tard, par les Allemands après la signature du
protectorat le 12 juillet 1884, ces cultures ont été
intégrées aux moeurs de la population camerounaise. Cette
pratique a été pérennisée par les puissances qui
ont successivement occupé le pays ainsi que par les politiques agricoles
élaborées depuis les indépendances. La mise en place des
cultures de rente telles que la cacaoculture et la caféiculture, ont
contribué, de manière significative, à la
déforestation. Ces cultures sont développées sur des
parcelles anciennement couvertes par la forêt14.
Entre 1992 et 1994, et dans des secteurs variés, le CO2
était produit de manière considérable. La riziculture
produisait 62,243 Gg, le maïs 286,365 Gg, le mil et le sorgho 136,637 Gg,
le coton 62,459 Gg et la canne à sucre 392,261 Gg. Le secteur de
l'agriculture émet principalement le méthane15. En
1994, 8 828 Gg équivalent CO2 ont été émis par ce
secteur, soit 79% des émissions de méthane. Dans cette
proportion, les feux de brousse et la digestion entérique des animaux en
sont les principales sources représentent respectivement 73% et
25%16. L'agriculture est la principale source d'émission
d'oxyde nitreux. En 1994, le secteur a émis 7 607 Gg, soit 93% du total
des émissions. L'utilisation des engrais pour la fertilisation du sol
est la principale source des émissions de N2O du secteur soit 88% ;
suivi des feux de brousse avec un pourcentage de 12%.17 De
même, l'agriculture émet les oxydes d'azote. En 1994, 110,80 Gg
d'oxyde d'azote ont été émis. Ces émissions
provenaient des feux de brousse, de l'incinération des résidus
agricoles. Le secteur agricole émet aussi du monoxyde de carbone produit
essentiellement par les feux de brousse.
b- Une pression démographique
galopante
En Afrique, la part de la population rurale oscille entre 65
et 80% avec des pointes de 80 à 94,5% au Soudan et au Niger. Elle
commence à se réduire timidement en Afrique centrale et
occidentale en se situant entre 50 à 65%, puis en Afrique du Sud et au
Maghreb où elle est de l'ordre de 20 à 35%.18 Au
Cameroun, près de 80% de la population et de surcroît les plus
pauvres étaient majoritairement composée des ruraux qui
constituaient environ 40% de la population totale du pays. Ces derniers
dépendent des ressources forestières pour leur subsistance
quotidienne. Cette pression sur la forêt et sur les ressources naturelles
augmente
13 J. Ndih Nke, «Déforestation au
Cameroun : Causes, conséquences et solutions», Alternative
Sud, Vol-15, 2008, p.160.
14 Ibid.
15 Ibid., p.40.
16 Ibid.
17 Ibid., p.38.
18 J.G Elong & D.D Priso, Initiation à
la géographie rurale et urbaine, Yaoundé, Editions CLE,
2011, p.25.
78
graduellement au regard du taux d'accroissement naturel du
pays qui en 2010 était de 2,6% et atteignait parfois 2,8% dans certaines
zones rurales19.
Dans la plupart des pays en développement, la
population a doublé en 20 ou 25 ans20. Cette croissance
démographique a un lien direct avec l'exploitation des ressources
naturelles. Les forêts du Cameroun, dont l'importance en matière
de biodiversité est établie, subissent une pression croissante,
non seulement du fait des besoins de nutrition directe des populations locales,
mais aussi en raison de l'exploitation commerciale de certaines ressources
destinées au marché qui procure des revenus
monétaires21. Cette pression va crescendo sur les ressources
naturelles dans les zones d'approvisionnement des grandes villes, car les
demandes en bois des villes pour la construction sont permanentes. Cette
activité conduit inéluctablement à la déforestation
qui est une source d'émission des GES. Selon les résultats du
3ème Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH) réalisé en 2005, et sous la base du RGPH
réalisé en 1987, la population camerounaise était
estimée au 1er juillet 2014 à 21 657 488
personnes22.
3- Les émissions liées au changement
d'affectation des terres et de
l'utilisation des déchets
Le changement d'affectation des terres et des forêts, et
l'utilisation des déchets font partie des secteurs de l'activité
humaine qui contribue à l'émission des différents gaz
à effet de serre responsables du réchauffement climatique au
Cameroun.
a- Le changement d'affectation des terres et des
forêts
Le changement d'affectation des terres et forêts, en ce
qui concerne le Cameroun, émet dans l'atmosphère trois gaz. Parmi
ces gaz, nous avons le gaz carbonique, le méthane et les oxydes d'azote.
Ce secteur est de loin la première source émettrice de CO2 du
pays. La conversion des terres en pâturage, due à un taux de
déforestation élevé, émet à elle seule 26
795 Gg contre 1 400 Gg pour les changements intervenus sur la biomasse
forestière.23 Compte tenu des faibles superficies
forestières plantées, la contribution des forêts aux
émissions avec une capacité de séquestration de 6 014 Gg
soit 21,34% des émissions de ce secteur en 1994. Par ailleurs,
l'absorption du CO2 par le sol est évaluée à 200 Gg. Le
pourcentage des émissions totales de CO2 dues à l'utilisation des
terres était de 89,41% en 1994 au Cameroun24.
19 Ndih Nke, "Déforestation au Cameroun...",
p.161.
20 N. Sten Sparre," La théorie de la population
d'Adam Smith", Population n°3, 1952, p.480.
21 Ndih Nke «Déforestation au
Cameroun...»p.162.
22 Institut Nationale de la Statistique, Annuaire
Statistique du Cameroun, édition 2015, p.56.
23 Communication nationale initiale..., p.33.
24 Ibid.
79
Les émissions des deux autres gaz à savoir le
méthane et les oxydes d'azote sont d'une représentativité
faible dans ce secteur. En 1994 les émissions de méthane issues
du changement d'affectation des terres et des forêts étaient
marginales. Elles étaient évaluées à 187,74 Gg
équivalent CO2 soit moins de 2% des émissions totales de
méthane. De même, le secteur a émis moins de 1% d'oxyde
d'azote25.
b- Le secteur des déchets
Les déchets, malgré leur faible pourcentage,
émettent des GES qui contribuent à la destruction de la couche
d'ozone qui a pour conséquence immédiate le réchauffement
global de la planète. Au Cameroun, les premières statistiques
détaillées sur les gaz émis par secteur proviennent des
études d'inventaire des GES de 1994. Le principal GES émis par le
secteur des déchets est le méthane. En effet, les
émissions de méthane sont issues des décharges des
déchets solides municipaux et des systèmes de traitement des eaux
usées ménagères qui constituent la seconde source
d'émission de méthane soit 11%, loin derrière le secteur
agricole qui émet 79%. Les émissions de méthane des
décharges des déchets municipaux en équivalent CO2
étaient estimées à 1 100 Gg en 1994, dont 428,4 Gg de CH4
émis par les décharges aménagées et 672,21 Gg par
les décharges non aménagées26.
Les émissions de méthane provenant des
systèmes de traitement des eaux usées ménagères
étaient évaluées à 69,72 Gg en 1994. Cette source
représentait 6,3% des émissions de méthane provenant des
décharges des déchets municipaux. Les émissions de
méthane provenant des affluents industriels et les boues étaient
évaluées à 104,16 Gg la même année. Elles
représentaient uniquement 9,5% des émissions de méthane
provenant de la mise en décharge des déchets
municipaux27. Après le secteur agricole, le secteur des
déchets est la deuxième source d'émission d'oxyde nitreux
(N2O). Ses émissions de GES ne sont pas sans conséquence.
Dès lors, quels sont les impacts des changements climatiques au Cameroun
?
B- Impact et vulnérabilité du Cameroun face
aux changements climatiques
Le Cameroun, comme la plupart des pays, est exposé aux
effets néfastes des changements climatiques. Avec une économie
à faible revenu mais en plein essor, le pays ne dispose pas assez de
moyens, un matériel de pointe pour y faire face d'où sa
vulnérabilité. 1- Manifestations des changements
climatiques au Cameroun
Selon le rapport du PNUD sur les changements climatiques de
2008, la température annuelle moyenne au Cameroun a augmenté de
0,7°C de 1960 à 2007 avec un taux moyen de
25 Ibid.
26 Ndih Nke "Déforestation au Cameroun...",
p.37.
27 Ibid.
80
0,15°C par décennie. La température moyenne
annuelle devrait augmenter de 1 à 2,9°C d'ici les années
2060, et de 1,5 à 4,7°C d'ici les années 2090. En cas
d'atténuation et de limitation des émissions des GES, ces
prévisions d'augmentation de température seraient de 1,5 à
2°C28. Il est à relever que le réchauffement est
plus rapide dans les régions continentales à savoir le Nord et
l'Est mais plus lent dans la zone côtière et à l'Ouest.
Dans le même ordre d'idée, il est à noter
que les précipitations moyennes annuelles du pays ont également
baissé d'environ 2,9 mm par mois soit 2,2% par décennie depuis
1960. En effet, le Cameroun a connu des précipitations
particulièrement faibles entre 2003 et 2005. Toutefois, les projections
des précipitations moyennes annuelles sur le pays indiquent un large
éventail de changements. Ces changements peuvent varier de -12 à
+20 mm par mois soit -8 à +17% d'ici 2090, pour une moyenne de -3 mm par
mois soit 0 à 2%29.
Le bilan des inventaires des GES au Cameroun est dominé
par des absorptions par rapport aux émissions. Le pays est ainsi un
faible émetteur de GES avec 0,24% des émissions
mondiale30. Ce chiffre parait négligeable mais il est lourd
de conséquences car il est à l'origine des modifications
climatiques conséquentes au sein du triangle national.
2- Impact du changement climatique sur le
Cameroun
Les rétroactions du changement climatique sur les
systèmes naturels et l'activité sont nombreuses31. Le
Cameroun n'est pas à l'abri de cette réalité car le
phénomène touche le pays en fonction des
spécificités propres à chaque région et manifeste
à travers les éléments suivants :
· la variation des températures et le
déplacement des saisons ;
· l'augmentation du niveau de la mer et l'érosion
côtière ;
· la régularité des inondations ;
· la sècheresse et la poussée de la
désertification ;
· la réduction de la production agricole et la
baisse des rendements ;
· l'assèchement des cours d'eau qui impacte
négativement sur la production de
l'énergie hydroélectrique ;
· la baisse des précipitations ;
· l'accroissement des maladies et des risques sanitaires
etc.
28 Comment aborder la REED+ au Cameroun...p.19.
29 Ibid.
30 Seconde Communication Nationale, 2014, p.40.
31 A. Nefzi, Evaluation économique de
l'impact du changement climatique sur l'agriculture : Etude théorique et
application au cas de la Tunisie, Thèse de Doctorat en Economie de
l'Environnement et de Ressources Naturelles, Institut des Sciences et
industries vivant et de l'Environnement (AgroParisTech), 2012, p.7.
81
Ces effets néfastes dus au réchauffement
climatique varient en fonction des réalités
socio-économiques mais aussi et surtout en fonction des régions
écologiques.
3- Vulnérabilité du Cameroun face aux
conséquences des changements climatiques
Le GIEC définit la vulnérabilité comme
étant la propension ou la prédisposition à être
affecté de manière négative par les changements
climatiques. C'est le "degré selon lequel un système ou une
communauté est susceptible, ou se révèle incapable, de
faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment
à la variabilité du climat et aux conditions climatiques
extrêmes"32. Elle recouvre plusieurs concepts et
éléments, notamment la sensibilité d'être atteint et
le manque de capacité à agir, à réagir et à
s'adapter. Dans le cas d'espèce, la notion de
vulnérabilité au Cameroun s'associe au groupe d'acteurs qui se
heurtent aux changements climatiques et leur capacité à y faire
face. Au Cameroun, les zones les plus vulnérables sont la zone
soudano-sahélienne du bassin de la Bénoué et la zone
côtière.
Le changement climatique expose le pays à trois
catégories de vulnérabilité. La
vulnérabilité environnementale qui reflète l'impact qu'ont
les climats sur le bien-être des hommes, mais aussi sur l'état de
la biodiversité et sur les ressources forestières. Il s'agit, en
occurrence, de l'impact des phénomènes climatiques intenses comme
les cyclones et les fortes sècheresses. Elle se manifeste de
façon variable par rapport aux différentes zones
écologiques. La vulnérabilité socio-économique
quant à elle implique la nécessité de faire appel aux
indicateurs socioéconomiques afin d'apprécier la fragilité
matérielle ou morale à laquelle sont exposés les
communautés face aux effets néfastes des changements climatiques.
La vulnérabilité sanitaire prend en compte les conditions de
santé des populations face aux effets des changements climatiques.
a- La vulnérabilité des zones
côtières face aux effets des changements climatiques
Le littoral est fortement vulnérable à
l'érosion et aux inondations en raison de l'élévation du
niveau de la mer. Cela aura un impact sur les écosystèmes
côtiers en particulier sur la mangrove33. Les impacts les plus
significatifs observés sur la mangrove au Cameroun sont
l'érosion, la sédimentation, l'inondation, les crues et la
remontée des eaux salées34. Dans cette zone,
l'érosion entraîne le lessivage de la côte par les vagues
qui transportent les sédiments de
32Rapport de synthèse du GIEC 2014, GIEC, 2014,
p.74.
33
https://journals.openedition.org/vertigo/18050
consulté le 5/03/2019 à 21h11mn.
34 Communication nationale initiale ..., p.42.
82
l'amont vers l'aval du bassin à flot qui provoquera la
destruction des plages sablonneuses dans la mangrove35.
Sur la base du modèle d'inondation du GIEC, qui prend
en compte les modifications du niveau de la mer et la microtopographie des
mangroves, la perte des terres est estimée d'environ 4 950 ha soit 4,5%
de la superficie des mangroves du Cameroun, pour une élévation de
20 cm du niveau de la mer36. De même, la baisse des
températures et la hausse de l'amplitude thermique entraineraient la
baisse de la diversité des espèces existantes dans la mangrove
ainsi que la dégradation des forêts. En effet, l'augmentation de
la température de l'ordre de 3,3°C à Douala entrainerait une
élévation d'évapotranspiration avec des
conséquences sur les plantes aquatiques37.
Les effets des changements climatiques se feront aussi sentir
sur le développement socio-économique. En effet,
l'élévation du niveau de la mer n'aura qu'un impact
négligeable sur l'écotourisme au Cameroun. Cependant, une
augmentation de 90 cm du niveau de la mer entraînerait l'inondation
permanente de 38 villages sur les côtes camerounaises. Elles auront pour
conséquence la destruction des habitats et des
infrastructures38. Dans la région du Littoral, et
particulièrement à Douala, les quartiers Akwa, Deido,
Bonamoussadi, Youpwé, Bonabéri et biens d'autres situés
sur des basses terres sont vulnérables. Des zones industrielles de
Bonabéri et Bassa sont vulnérables aux crues tandis que la zone
Bali-Koumassi connait des risques d'infiltration d'eau salée.
Les infrastructures des zones côtières sont
essentiellement vulnérables aux crues et aux inondations39.
En effet, l'aéroport international de Douala, du fait de sa localisation
sur une basse terre est exposé aux crues et aux températures
malgré la présence de la mangrove qui sert d'écran de
protection. De même, le port commercial de Douala, suite aux changements
climatiques est aussi vulnérable aux crues et à la
sédimentation40. En 1995 par exemple, le pont de
Béssengué s'est écroulé, dévoré par
les crues de la rivière Mbopi. De même, lors des
sècheresses de 1982 et 1984, la salinisation du sol provoqua
l'érosion dans les tuyaux de distribution d'eau potable avec pour
conséquence immédiate la propagation des épidémies
de choléra et de fièvre typhoïde41. Par exemple,
si l'élévation du niveau de la mer est de 50 cm en
35 Ibid., p.43.
36 Ibid.
37 Ibid., p.44.
38 Ibid., p.48.
39
https://www.temoignage.re/developpement/changement-climatique/la-vulnérabilite-des-cotes-augmente,10622
consulté le 05-03-2019 à 22h54mn.
40 Communication nationale initiale..., p. 48.
41 Ibid.
83
2050, la ville de Douala perdra 12 km2 des terres
côtières, la destruction de 20 000 habitations et le
déplacement de 294 000 personnes. Des propriétés
industrielles subiront des dommages d'une valeur estimée à 2,740
milliards de Fcfa42.
b- Vulnérabilité de la zone
soudano-sahélienne
Le cycle hydrique étant un facteur déterminant
pour la production agricole, la zone sahélienne, vulnérable par
l'absence de l'eau impacte sur l'agriculture43. Dans le cadre du
Plan National d'Adaptation aux Changements Climatiques (PNACC), il en ressort
que la zone soudano-sahélienne connaît une baisse de
précipitations de 4,07% par décennie au cours des six
dernières décennies44. La biodiversité de la
zone soudano-sahélienne est vulnérable aux changements
climatiques. En effet, l'écoulement des eaux des monts Mandara vers la
plaine d'inondation de Waza-Logone, procure à cette zone une bonne
couverture végétale. Mais, avec la construction de la digue de
Maga en 1979, le cycle des crues est devenu irrégulier dans la plaine
d'inondation, provoquant alors l'assèchement des marres. On a
observé dès lors de forts mouvements de migrations des
populations et des animaux vers la vallée de la Bénoué. La
pression exercée sur cette zone a accéléré le
risque de dégradation de la flore45.
En réaction aux changements climatiques
provoqués une augmentation des précipitations, de nombreux
projets de retenue d'eau seront construits, avec pour conséquence la
prolifération des moustiques, vecteurs de transmission du paludisme.
Ainsi, l'augmentation des précipitations résultant des
changements climatiques va entraîner une diminution des
épidémies de méningite46.
Au regard des différentes sources d'émissions
qui rejettent dans l'atmosphère des GES préjudiciables au climat,
le Cameroun, connaît depuis plusieurs décennies, les
conséquences du réchauffement climatique. Cependant, quel est le
cadre juridique et institutionnel mis sur pied par les pouvoirs publics pour
encadrer les activités de lutte contre les changements climatiques ?
II- Elaboration d'un cadre juridique et institutionnel
fiable à la mise en oeuvre de la CCNUCC au Cameroun
La mise en oeuvre de la CCNUCC nécessite la mise en
place des bases aux compétences diverses. Sur la base des textes
internationaux, le Cameroun s'est doté, d'une part, des instruments
juridiques dans le but de légiférer et règlementer toutes
initiatives dans le domaine
42 Ibid.
43 Nefzi, Evaluation économique de l'impact
du changement climatique..., p-56.
44 F. Saha, "Adaptation aux risques naturels et
incertitudes climatiques en milieu soudano-sahélienne au Cameroun",
NAAJ, Revue africaine sur les changements climatiques et les
énergies renouvelables, Volume 1, numéro 1, 2019, en
ligne.
https://www.revues.scienceafrique.org/naaj/texte/saha2019/
consulté 8-03-2019 à 11h.
45 Communication nationale initiale..., p. 49.
46 Ibid., p.50.
84
de la lutte contre les changements climatiques et, par
ricochet, celui de la protection de l'environnement. D'autre part, le
gouvernement a créé des institutions avec l'appui des acteurs du
secteur public et privé pour l'initiation, la réalisation et le
suivi des projets dudit secteur.
A- Cadre juridique régissant les activités de
lutte contre les changements
climatiques au Cameroun
La signature et la ratification de la CCNUCC, du Protocole de
Kyoto et de l'Accord de Paris par le Cameroun, témoignent à
suffisance l'intérêt qu'il accorde à la lutte contre les
changements climatiques. En effet la législation camerounaise en
matière de lutte contre les changements climatiques est un foisonnement
constitué d'une part par les lois et règlements, et les
conventions internationales auxquelles le Cameroun est Partie. Ces textes
internationaux sont applicables sur le territoire national au même titre
que les lois internes47. D'autre part, par la présence d'un
arsenal de textes nationaux incarnation du droit interne. Dans
l'appréhension du cadre juridique lié à l'application de
la CCNUCC au Cameroun, nous présenterons d'une part les textes
internationaux et d'autre part nous ceux relevant de la législation
nationale.
1- Outils juridiques internationaux : Convention,
Protocole et Accord
En Afrique subsaharienne, comme dans d'autres continents, les
Etats se basent sur les accords, conventions et traités internationaux
pour la protection de l'environnement48. La lutte contre le
réchauffement climatique entre dans le droit international en 1992.
Cette date marque la tenue du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro et
l'engagement de la communauté internationale d'y faire un front commun
contre ce phénomène. C'est dans ce contexte que la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques fut
adoptée. La signature de la CCNUCC et son entrée en vigueur, il
est nécessaire de prendre en compte d'autres protocoles et accords
internationaux signés et ratifiés par le Cameroun qui poursuivent
l'objectif ultime de la CCNUCC. Elle a pour objectif de : "stabiliser
les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère
à un niveau d'empêcher les perturbations dangereuses des humains
dans le système climatique"49. Aujourd'hui, la
CCNUCC a été signée par plus de 190 pays. Le Cameroun pour
sa part l'a signé le 14 juin 1992 et l'a ratifié le 19 octobre
1994. Le caractère non contraignant de ses engagements a mené
à l'adoption des textes additifs.
47 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre..., p.26.
48 S. Bara Poloumbodje, "Droit et
Propriété, Genre et Gestion de l'environnement",
Thèse de Doctorat en Science Economiques, Science de l'Homme et de
la Société, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2013,
p.43.
49 Hässig, "Lutte contre les changements
climatiques en Europe...", p.13.
85
a- Le Protocole de Kyoto
Le Protocole de Kyoto est un texte qui venait
compléter la CCNUCC ainsi que la réponse internationale face aux
changements climatiques. Il a été adopté par consensus
à la troisième session de la Conférence des Parties qui se
tint à Kyoto au Japon en décembre 1997 par les pays
industrialisés. Il définit de manière explicite les
objectifs chiffrés et juridiquement contraignants de réduction
des GES pour les Parties visés à l'annexes I de la CCNUCC. Il
clarifie les moyens de mise en oeuvre de la CCNUCC. Le Protocole de Kyoto
à la CCNUCC a été signé et ratifié par tous
les Etats de l'annexe B dudit protocole sauf les Etats-Unis d'Amérique
et est entré en vigueur en 2005 après la ratification de la
Russie en novembre 2004.
Le Protocole de Kyoto traitait d'une part des questions
relatives aux engagements chiffrés de réduction des GES,
réduction qui est mise sous la barre de 5% de la période allant
de 2008 à 201250. La réduction doit s'opérer
pour les gaz à effet de serre inscrit à l'annexe A du Protocole,
soit le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et oxyde nitreux (N2
O), les hydrofluorocarbures (HFC), les hydrocarbures perfluorés (PFC) et
hexafluorure de soufre (SF6)51. La réduction est
répartie entre les pays de l'annexe I suivant leur situation
économique et leur potentiel de développement ce qui renvoie au
"Burden Sharing" qui signifie "partage du fardeau". D'autre part, il
traite des modalités liées engagements inclus dans les
mécanismes de flexibilité prévus par le Protocole. Parmi
les trois points arrêtés par les mécanismes de
flexibilité, les plus importants sont le Mécanisme de
Développement Propre (MDP) et le Mécanisme de mise en OEuvre
Conjointe (MOC). Signé le 26 juin 1999, le Cameroun a
adhéré au protocole le 23 juillet 2002 et le 03 février
2006 marque la date de son entrée en vigueur52. En
décembre 2013, le pays a adhéré à la convention
révisée du Protocole de Kyoto.
b- L'Accord de Paris
La plateforme de Durban pour une action renforcée
prévoyait l'adoption d'un protocole, d'un autre instrument juridique ou
d'un texte convenu d'un commun accord ayant force juridique,
élaboré au titre de la Convention et applicable à toutes
les Parties53. A la fin du mandat du Protocole de Kyoto en 2012, les
Etats Parties à la CCNUCC, ont signé en 2015 à l'occasion
de la COP 21 un accord universel sur le climat appelé Accord de Paris.
La Conférence de Paris sur les changements climatiques s'est tenue
à Paris en France et a rassemblé au Bourget les
délégations de 195 pays du 30 novembre au 12 décembre
2015. L'Accord de Paris a été validé
50 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre..., p.21.
51 Protocole de Kyoto, p.21.
52 Seconde Communication Nationale sur les Changements
Climatiques, 2014, p.17.
53 Dossier de presse de la cellule de communication du
Cabinet Civil pour la Cop 21, p.14.
86
à l'unanimité et de manière consensuelle
par tous les participants au Sommet le 12 décembre 2015 et est
applicable à tous. Devant entrer en vigueur en 2020, son objectif
principal est de limiter le réchauffement climatique à moins de
2°C54. Pour concrétiser les engagements pris à
Paris, le Cameroun a ratifié cet accord le 12 juillet
201655.
2- La législation nationale et la lutte contre
les changements climatiques
Pour donner effet aux textes internationaux de lutte contre
les changements climatiques auxquels le Cameroun adhère, le
législateur camerounais n'a pas encore élaboré des lois
propres et spécifiques dans ce domaine. Cependant, des textes juridiques
existent dans le cadre de la gestion et la protection de l'environnement qui a
été constitutionalisée, ainsi que des lois
régissant les activités de certains projets. Pour se faire, le
Cameroun a entrepris les réformes conformément à la
législation nationale. Ces réformes visaient l'adoption des lois
qui, touchaient généralement le secteur de l'environnement.
a- Les textes initiaux de la protection de
l'environnement au
Cameroun
Les premiers textes sur la protection de l'environnement au
Cameroun avaient une portée générale ou sectorielle visant
à assurer la protection du milieu naturel, ou consacrés à
des domaines entiers de l'environnement en occurrence des forêts, la
faune, l'air, l'eau et les déchets.56 L'évolution
constitutionnelle de la plupart des pays africains des indépendances
à la fin du XXe siècle, a mis au centre des débats des
notions de démocratie et d'écologie ; le Cameroun
n'échappe pas à cette logique.
Au Cameroun, c'est la constitution du 18 janvier 1996 qui posa
les prémices de la protection de l'environnement. Elle est le fruit de
la loi no96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la
constitution du 02 juin 1972. Son préambule stipule : "toute personne a
droit à un environnement sain. La protection de l'environnement est un
devoir pour tous. L'Etat veille à la défense et à la
protection de l'environnement"57. La constitutionnalisation de la
protection de l'environnement prouve à suffisance l'intérêt
que le Cameroun accorde, depuis 1996, à ses engagements internationaux
dans le combat contre le réchauffement de la planète.
Dans le but d'encadrer toute activité liée
à la gestion du secteur environnement, une loi spécifique
appelée Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement vit le
jour : la loi no96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre
relative à la gestion de l'environnement. Par le biais de cette
54
https://www.apc-paris.com/cop-21
consulté le 15 mars 2019 à 16h 42mn.
55 Loi n°2016/008 du 12 juillet 2016 autorisant
le président de la république à ratifier l'accord de Paris
sur le climat.
56 Fotso, Protection de l'environnement par les
collectivités territoriales..., p.28.
57 Préambule de la constitution du 18 janvier
1996, p.3.
87
loi, le législateur a fixé un cadre juridique de
la gestion de l'environnement au Cameroun. Elle constitue l'instrument
juridique de base en matière de protection, de gestion de
l'environnement et des ressources naturelles au Cameroun. Elle s'inspire des
principes de la CCNUCC qui sont entre autres : le principe de précaution
selon lequel l'absence de certitudes scientifiques, celui du pollueur-payeur,
de responsabilité58.
La loi-cadre règlemente la protection d'un nombre de
secteurs environnementaux limités. Nous avons entre autres la protection
de l'environnement afin d'éviter la pollution atmosphérique dans
toute sa complexité. Elle s'intéresse aussi à la
protection des eaux continentales et des plaines d'inondation ; du littoral et
des eaux maritimes dans le but de limiter la pollution de l'eau et des
espèces qui s'y trouvent. La loi cadre s'engage aussi à la
protection des établissements humains, des sols, du sous-sol et les
richesses qui s'y trouvent59. Elle traite aussi des questions
liées aux activités polluantes affectant le secteur des
déchets, des substances chimiques nocives et dangereuses, des nuisances
sonores et olfactives, de la protection des ressources naturelles et de la
conservation de la diversité biologique. Elle édicte des
principes qui servent de cadre de référence à des textes
d'application plus précis, et comporte des dispositions qui lui
permettent de s'arrimer aux exigences de plusieurs institutions et de traiter
toute question liée à l'environnement60. La loi cadre
relative à la gestion de l'environnement de 1996 était en phase
avec les engagements et principes cardinaux édictés par la CDB,
la CCNUCC et le Protocole de Kyoto61. Elle devait être
complétée par des lois sectorielles.
b- Les autres textes
Plusieurs actes réglementaires et textes juridiques ont
été adoptés pour compléter les textes initiaux ou
pour encadrer les activités et projets dans le secteur et ceux
liés à la création, organisation et réorganisation
des institutions. Ici nous nous limiterons à lister certains :
· décret no2001/718/PM du
1er novembre 2001 portant organisation et fonctionnement du
comité interministériel de l'environnement ;
· décret no2005/0577/PM du 03
février 2005 portant les modalités de réalisation des
études d'impact environnemental ;
· décret no2009/410 du 10
décembre 2009 portant création, organisation et fonctionnement de
l'ONACC ;
58 Loi no 96/12 du 05 août 1996
portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement, article 9,
p.4.
59 Ibid., p.10.
60 Rapport final sur l'Evaluation environnementale
et sociale stratégique er élaboration d'un cadre de gestion
environnementale et sociale pour la REDD+ au Cameroun, juillet 2018, p.10.
61 Fotso, Protection de l'environnement par les
collectivités territoriales..., p.30.
88
· décret no2012/431 du 1er
octobre 2012 portant organisation du Ministère de l'environnement de la
protection de la nature et du développement durable ;
· décret no2013/0171/PM du 14
février 2013 fixant les modalités de réalisation des
études d'impact environnemental et social ;
· arrêté N° 00001/MINEP du 03
février 2007 définissant le contenu général des
termes de référence des Etudes d'Impacts Environnementaux (EIE)
;
· arrêté N° 0070/MINEP du 08 mars 2005
fixant les différentes catégories d'opérations dont la
réalisation est soumise à des études d'impacts et audits
environnementaux ;
· arrêté N° 00004/MINEP du 03 juillet
2007 fixant les conditions d'agrément des bureaux d'étude
à la réalisation des études d'impacts environnementaux.
Ce cadre juridique règlemente les activités de
lutte contre les changements climatiques au Cameroun. Dès lors, quels
sont les différents acteurs mis à contribution ?
B- Acteurs chargés de lutte contre les changements
climatiques au Cameroun
Après la conférence de Rio de Janeiro, les
Etats, acteurs indispensables de la vie internationale devaient passer de la
théorie à la pratique pour atteindre l'objectif ultime de la
CCNUCC. Cela impliquait une réorganisation et une redynamisation
institutionnelle sur le plan national, d'une coopération poussée
entre les Etats parties et une collaboration avec les organisations
internationales et les ONG.
1- L'Etat du Cameroun : acteur central de la lutte
contre les
changements climatiques
La lutte contre les changements climatiques constitue l'une
des priorités du gouvernement camerounais, comme le consigne la
constitution du 18 janvier 1996. Dans son préambule, elle relève
la prédominance de l'Etat dans la protection de l'environnement en ces
termes : « l'Etat veille à la défense et à la
protection de l'environnement »62. Dans le cas précis de
la lutte contre le réchauffement climatique, l'Etat du Cameroun l'assure
à travers la tutelle du Ministère de l'Environnement, de la
Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) et des
ministères associés, ainsi que par les institutions et agences
spécialisées.
a- Le MINEPDED : point focal de la lutte contre le
changement
climatique
D'emblée, c'est l'Etat qui assure la mise en oeuvre de
la CCNUCC. Au sein du gouvernement, le MINEPDED est le Point Focal Politique et
Opérationnel de la CCNUCC63.
62 Préambule de la constitution camerounaise du
18 janvier 1996, p-3.
63 Plan National d'Adaptation aux Changements
Climatiques, juin 2015, p.86.
89
Ce ministère a évolué au fil du temps
depuis 1992. En effet, pour s'arrimer à la mouvance écologique
d'antan, le Cameroun a créé le Ministère de
l'Environnement et des Forêts (MINEF). L'une de ses premières
actions a été l'élaboration d'un rapport national sur
l'état de l'environnement au Cameroun. Ainsi en 1993, le MINEF fut
organisé avec pour implication le lancement du Plan National de Gestion
de l'Environnement (PNGE) finalisé en 1996.64
En 1998, le MINEF est réorganisé par
décret no98/345 du 21 décembre 1998 et modifié
par le décret no99/196 du 10 septembre 1999. L'innovation
principale est, d'une part, la mise en place d'un Secrétariat Permanent
à l'Environnement en lieu et place de la Direction de l'Environnement,
composé de deux divisions à savoir la Division des Programmes et
du Développement Durable et la Division des Normes et Inspections
Environnementales. D'autre part, il est créé un Centre
d'Information et de Documentation sur l'Environnement65. La
cohabitation de ces deux services au sein d'un même ministère
handicape les activités de l'un et de l'autre, d'où la
défaillance de ce département ministériel. Pour pallier
à cet handicap et assurer la bonne gestion des questions
environnementales et climatiques, un ministère spécifiquement
chargé de l'Environnement est créé par le décret
no2004/320 du 8 décembre 2004 : le Ministère de
l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP). La création du
MINEP participe à la contribution du Cameroun dans la
préoccupation mondiale de lutte contre les changements climatiques ainsi
que de ses effets néfastes.
En 2011, dans l'optique de l'atteinte des Objectifs du
Développement Durable (ODD), l'Etat camerounais réorganisa le
MINEP. Il devient ainsi Ministère de l'Environnement, de la Protection
de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED). Dans son
architecture institutionnelle, les activités liées aux questions
des changements climatiques sont la compétence de la Direction du Suivi
de la Conservation et de la Promotion des Ressources Naturelles (DSCPRN). La
DSCPRN comprend deux Sous-Directions, celle de la Conservation et de la
Protection de la Diversité Biologique et celle de la Promotion et de la
Restauration de la Nature, et une Cellule du Monitoring et du Suivi
Ecologique66. Cette cellule est l'organe qui traite des programmes
liés aux changements climatiques.
Placée sous l'autorité d'un Chef de Cellule, la
Cellule du Monitoring et du Suivi Ecologique est chargée :
64
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=36%3Ahistorique-du-minep&catid=2%3Apresentation&Itemid=18&lang=fr
consulté le 09-04-2019 à 17h22 min.
65 Ibid.
66
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=42%3Adirection-du-suivi-de-la-conservation-et-de-la-promotion-des-ressources-naturelles&catid=46%3Aservices-centraux-&lang=fr
consulté le 09-04-2019 à 20h05 min.
90
de l'élaboration et de la mise en oeuvre des programmes
de surveillance de la qualité des composantes de l'environnement, en
liaison avec les administrations concernées ; de l'établissement
des profils écologiques et socio-économiques des
écosystèmes ; des inventaires et de la cartographie des sites
à écologie fragile et/ou à risques; de la conception et de
la mise en place des systèmes de veille et d'alerte écologiques,
en liaison avec les administrations concernées; de la participation
à la prévention et à la gestion des catastrophes
naturelles ou anthropiques, en liaison avec les administrations
concernées; de la mise en oeuvre des programmes dans le cadre des
changements climatiques67.
b- L'Observatoire National sur les Changements
climatiques (ONACC)
Crée en 2009 par le décret
no2009/410 du 10 décembre 2009, l'ONACC est placé sous
la tutelle technique du Ministère chargé de l'environnement et
sous la tutelle financière du Ministère des finances. Il a pour
mission de "suivre et d'évaluer les impacts
socio-économiques et environnementaux, des mesures de prévention,
d'atténuation et/ou d'adaptation aux effets néfastes et risques
liés à ces changements"68. L'ONACC est la
main ouvrière et une structure opérationnelle sur les changements
climatiques au Cameroun. A ce titre, les activités de l'ONACC se
développent en deux axes à savoir le suivi du climat et les
impacts des activités de développement, et le suivi des
émissions de gaz à effet de serre.
Pour le suivi du climat, l'ONACC élabore d'abord les
bulletins saisonniers de prévision climatique et les bulletins d'alerte
décadaire. Il élabore les profils climatiques régionaux et
les calendriers climatiques adaptés au secteur de développement.
Enfin l'ONACC élabore des rapports sur l'impact socio-économique
dans les différents secteurs d'activités69. Pour le
suivi des émissions des GES, l'ONACC fait un suivi des émissions
des GES au niveau national et accompagne l'Etat à l'obtention des
contres parties pour les services rendus par le climat. Pour l'ONACC, "le
climat est un enjeu de développement pour le Cameroun"70. En
novembre 2015 l'ONACC devient opérationnel avec la nomination des
responsables de l'institution71.
c- Les ministères associés
Cette initiative exprime le désir d'ouverture du
MINEPDED de réaliser ses prérogatives dans la lutte contre le
réchauffement climatique. D'autres Ministères dont les
activités impactent l'environnement et le climat ainsi que dans le cadre
formellement administratif ou financier sont associés dans la lutte
contre le changement climatique. L'autre structure jouant un rôle de
second plan dans la lutte contre les changements climatiques est le
Ministère des Forêts et de la Faune (MNFOF). Créé
également en 2004, le MINFOF est hautement stratégique
67 Ibid.
68 Décret n°2009/410 du 10 décembre
2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'ONACC,
article 4, p.3.
69 A. Bahta, géographe expert sur les questions
de changement climatique à l'ONACC entretien du 11 juillet 2019.
70 Ibid.
71 Depuis 2017, l'ONACC a élaboré les
profils climatiques des régions de l'Extrême-Nord et du Sud-Ouest,
en 2018 pour le Centre et l'Est en 2019 pour l'Adamaoua, l'Ouest et le Sud.
91
dans un pays qui possède un important massif forestier
qui couvre 22,5 millions d'hectares, dont 17 millions exploitables, soit 40% du
territoire72.
Outre le MINEPDED et le MINFOF, d'autres administrations
publiques jouent un rôle important. Parmi ceux-ci, nous avons le
Ministère de l'Eau et de l'Energie (MINEE), le Ministère de
l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), le
Ministère de l'Agriculture et du développement Rural (MINADER),
le Ministère des Mines, de l'Industrie et du Développement
Technologique (MINIMIDT), le Ministère des Transports (MINTRANP), le
Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement
du Territoire (MINEPAT), Ministère des Finances (MINFI), le
Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation (MINRESI), le
Ministère des Relations Extérieures (MINREX)... L'Etat
camerounais, dans le respect des engagements de la CCNUCC est aidé par
les collectivités territoriales décentralisés qui sont les
communes et communautés urbaines.
2- Les acteurs relevant de la coopération
internationale : les Etats Parties et les organisations
internationales
Aucun Etat du monde ne saurait faire face au
réchauffement climatique de manière individuelle. C'est dans
cette perspective que l'article 4 (1c) soutient et encourage la
coopération entre les Etats. Dès lors le Cameroun coopère
à la fois avec les Etats et les organisations internationales.
a- Coopération interétatique
Cette coopération dite bilatérale se tisse entre
le Cameroun et les Etats Parties de la CCNUCC dans le combat contre les
changements climatiques. Elle cible les domaines techniques et financiers. La
coopération technique ici passe par des appuis à la
réalisation des études qui sont soldées par la production
des résultats sous forme de rapports dans le domaine des changements
climatiques. L'apport financier se situe dans le financement des recherches et
études sus-évoquées. Ces Etats participent au financement
des grands projets visant la lutte, l'atténuation des effets
néfastes et à l'adaptation aux changements climatiques.
Les Etats en question agissent soit directement soit à
travers leurs instruments de coopération internationale. Parmi ceux-ci
nous avons l'Allemagne qui aide le Cameroun à travers l'organe de la
coopération allemande et la banque allemande pour la coopération
à savoir la Deutsche Gesellschaft für Internationale
Zusammenarbeit (GIZ) et la Kreditanstalt für
72 R. Pismo, Ingénieur d'Etude n°1
à la Sous-Direction du Monitoring Ecologique et du Suivi du Climat.
92
Wiederaufbau (KfW)73. Le gouvernement du
Canada joue un rôle important dans ce domaine. Le Danemark, aide le
Cameroun par des financements à travers la DANIBA (Danish
International development Agency). Nous avons aussi entre autres le
Pays-Bas avec l'apport de la SNV, les Etats- Unis d'Amérique à
travers ses institutions de coopération, la France qui agit par le biais
de son ambassade et de l'Agence Française de Développement (AFD)
qui s'investie dans la lutte contre les changements climatiques et de la
protection de l'environnement74. La Grande Bretagne intervient le
plus souvent à travers la British High Commission, l'exemple le
plus plausible est le renforcement des capacités des journalistes sur
les questions de changement climatique en 2008 et la formation des radios
communautaires, puis l'organisation du « Climate Change Journalism
Awards» en 201075. Nous avons aussi l'apport du Japon qui
le fait à travers l'Agence Japonaise de Coopération
Internationale (JICA) et bien d'autres pays qui s'investissent aux
côtés du Cameroun dans la lutte contre les
dérèglements climatiques.
b- Les organisations internationales
Les organisations internationales sont des acteurs importants
qui appuient le Cameroun dans la lutte contre le changement climatique qui
complètent le rôle joué par les Etats. Ces dernières
interviennent à travers le financement des projets, la
réalisation des études la formation et la sensibilisation des
masses. Parmi ces organisations nous avons le PNUE qui est une institution
spécialisée de l'ONU en charge de l'environnement qui accompagne
le Cameroun dans sa lutte. Nous avons l'UNESCO qui agit à travers le
financement des projets son réseau des radios communautaires qui
s'illustrent majoritairement dans la sensibilisation. De même le PNUD,
partenaire au développement est un acteur indispensable qui accompagne
le Cameroun dans la stabilisation et la préservation du système
climatique pour les générations futures. La Banque Mondiale (BM)
pistonne financièrement presque tous les projets du domaine au
Cameroun.
Outre les institutions du système des Nations Unies,
les organisations spécialisées des questions environnementales et
autres fondations telles que l'Union Internationale pour la Conservation de la
Nature (UICN), la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung... L'UICN est
impliquée dans plusieurs projets notamment par l'appui technique dans la
réalisation des rapports. Sa marque la plus visible est la
création de la Radio environnement au quartier Bastos
73 La Kreditanstalt für Wiederaufbau
est une institution de droit public allemand qui a été
créé le 16 décembre 1948 sur la base de la «
KfW-Gesetz ». Elle fait partie des quinze premières banques de
l'Allemagne et le Ministère fédéral des Finances (BMF)
dispose du droit de regard.
74 R. Pismo, Ingénieur d'Etude n°1
à la Sous-Direction du Monitoring Ecologique et du Suivi du Climat.
75 P. Oumba, «Rappel sur les lois et
institutions encadrant les changements climatiques au Cameroun» Atelier de
formation des organisations de la société civile sur les
changements climatiques et les énergies propres, organisé par la
Friedrich-Ebert-Stiftung du 19 au 20 septembre 2017 à
Yaoundé.
93
à Yaoundé. La Fondation
Friedrich-Ebert-Stiftung s'illustre par la sensibilisation,
l'information et la formation de la société civile sur la lutte
contre les changements climatiques. Les organisations internationales à
caractère identitaire et linguistique telles que le Commonwealth of
Nations et l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) accompagnent
le Cameroun dans la lutte contre les changements climatiques. D'autres acteurs
opèrent dans la réalisation et le financement des projets
à savoir l'Union Européenne, l'Union Africaine, le groupe de la
Banque Africaine de Développement (BAD), la Commission des Forêts
d'Afrique Centrale (COMIFAC)76. Les institutions et centres de
recherche aident à leur manière le Cameroun dans la lutte contre
le changement climatique tels que le FEM, le Centre pour la Recherche
Forestière Internationale (CIFOR), le Centre International pour la
Recherche en Agroforesterie (ICRAF), l'Institut de la Recherche Agricole et
pour le Développement (IRAD) etc.
3- Les acteurs non-étatiques
L'inclusion des acteurs non-étatiques dans la politique
climatique internationale est le fruit de mobilisations, de décisions
politiques et d'une prise de conscience. Dans le but de stabiliser le
système climatique mondial et atteindre ses engagements internationaux,
le Cameroun bénéficie aussi de l'aide des ONG et associations de
la société civile nationale et internationale.
a- Les ONG spécialisées sur les questions
environnementales
Plusieurs ONG s'activent aux côtés du Cameroun
dans son combat contre le réchauffement climatique. Nous avons en
occurrence Green Peace qui soutient le pays dans la lutte contre la
déforestation via les campagnes de sensibilisation. Cet ONG produit
régulièrement les rapports liés au phénomène
de l'exploitation forestière illicite tout en dénonçant le
jeu double des autorités.
76La signature par les chefs d'Etat et de
Gouvernement de dix pays d'Afrique Centrale le 05 février 2005 à
Brazzaville (République du Congo), lors de leur deuxième Sommet
sur la conservation et la gestion durable des écosystèmes
forestiers. Du traité relatif à la conservation et la gestion
durable des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale, instituant
la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC), a marqué la
reconnaissance juridique de la COMIFAC qui passe ainsi de «
Conférence des Ministres en charge des Forêts d'Afrique Centrale,
la Commission des Forêts d'Afrique Centrale ». Organisation
intergouvernementale et unique instance d'orientation, de décision et de
coordination des actions et initiatives sous-régionales en
matière de conservation et de gestion durable des
écosystèmes forestiers. La COMIFAC devient ainsi un cadre
politique et juridique global devant régir la coopération
sous-régionale dans le domaine de la conservation et de la gestion
durable des écosystèmes forestiers dans la sous-région
Afrique centrale. Les pays signataires du Traité instituant la COMIFAC
sont : le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée
Equatoriale, la République Centrafricaine, la République
Démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé et Principe et le
Tchad. Son siège est à Yaoundé au quartier Golf.
94
Le World Wide Fund for Nature (WWF)77 en
français Fonds Mondial pour la Nature, travaille en collaboration avec
le gouvernement dans la gestion durable des forêts communautaires dans la
région de l'Est, c'est le cas du Paiement pour Services Environnementaux
(PSE) en cofinancement avec l'EU mise en oeuvre depuis 2011.78 Nous
pouvons aussi noter l'apport de la Global Water Partnership (GWP), le
Fonds de partenariat Carbone Forestier (FPBC), le FEM79.
Nous notons aussi la présence des ONG locales telles
que : Action pour la Biodiversité et Gestion des Terroirs (ABIOGET) de
Maroua. Depuis 2004, cette ONG conduit des projets de lutte contre les
changements climatiques, pour le développement durable, et de lutte
contre la pauvreté. Ces projets renforcent la résilience des
communautés locales, à travers des actions de gestion durable des
forêts, de lutte contre la déforestation, la dégradation
des forêts et des terres et la maîtrise de l'eau80. Nous
avons aussi l'ONG Action pour un Développement Equitable,
Intégré et Durable (ADEID) créée dans les
années 90 à Bafoussam qui appuie les initiatives locales de
développement durable, d'atténuation et d'adaptation aux
changements climatiques. Enfin, Solidarité Technologie oeuvre dans la
promotion d'un développement technologique durable et s'emploie dans le
soutien à l'organisation des débats dans l'optique de trouver des
solutions concrètes contre le réchauffement
climatique81.
b- Les acteurs de la société
civile
Au Cameroun, en dépit des efforts du gouvernement, une
forte implication des organisations de la société civile telles
que : Alternatives Durables pour le Développement (ADD) est
indispensable pour la réussite de tels projets. ADD intervient notamment
à travers des actions d'informations et d'éducation de la
population locale82. Green Horizon est une association
apolitique à but non lucratif qui promeut la protection de
l'environnement, de
77 Le WWF est une organisation non gouvernementale
fondée en 1961 par le Britannique Julian Huxley. Cette organisation
compte cinq millions de donateurs à travers le monde, et son
réseau s'étend dans cent pays. Initialement, WWF était le
sigle pour World Wide Fund (Fonds mondial pour la vie sauvage) mais
l'organisation a changé de nom en 1986 devenant Word Wide Fund for
Nature (Fonds mondial pour la nature. Il s'est engagé dans la
protection et la conservation de l'environnement. Son travail s'appuie sur une
approche scientifique et une approche humaine pour préserver la
biodiversité.
78 Le PSE est un contrat signé entre le WWF
et quatre villages dont une communauté Baka de l'arrondissement de
Ngoyla et de Mintom dans l'optique de présager un avenir meilleur pour
la contribution de ces communautés à la lutte contre le
changement climatique au Cameroun. Il a été financé par le
WWF-UE à hauteur de 38,5 millions de Fcfa.
79 R. Pismo, Ingénieur d'Etude n°1
à la Sous-Direction du Monitoring Ecologique et du Suivi du Climat.
80
http://www.initiativesclimat.org/Porteurs-d-initiatives/ABIOGeT-Actions-pour-la-biodiversite-et-gestion-des-terroirs
consulté le 12-04-2019 à 13h05 min.
81
https://www.solidarite-technologique.org/?p=552
consulté le 12-04-2019 à 15h02min.
82
http://www.alternativesdurables.org/informations/effets-du-changement-climatique-au-cameroun
consulté le 15-05-2019 à 11h15min.
83
http://www.alternativesdurables.org/informations/effets-du-changement-climatique-au-cameroun
consulté le 15-05-2019 à 14h27min.
95
l'écologie, de la biodiversité, de la nature et
lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons aussi la Plateforme
pour l'Amélioration des Conditions Environnementales au Cameroun
(PRACEC), le Centre pour l'Environnement et le Développement au Cameroun
(CED Cameroun), le Réseau National des Associations de Jeunes
Camerounais Amis de la Nature (RENAJCAN), le Forum National de l'Economie
Verte, la Plateforme Nationale REED & Changements Climatiques etc. Cette
liste non exhaustive présente les acteurs majeurs qui contribuent
à la mise en oeuvre de la CCNUCC au Cameroun.
Après l'élaboration du cadre juridique et
institutionnel et la présentation des acteurs impliqués dans les
activités de lutte contre les changements climatiques, plusieurs
programmes, projets et stratégies ont été initiés
pour la concrétisation des engagements de la CCNUCC.
III- Les projets et actions du Cameroun dans la lutte
contre les changements
climatiques
Malgré son faible taux d'émission des GES,
cependant les effets des changements climatiques sont perceptibles au Cameroun,
le climat y est de plus en plus instable. Cette instabilité s'accompagne
des phénomènes extrêmes tels que les inondations dans
plusieurs régions du pays. Le problème d'accès à
l'eau devient de plus en plus invivable et au Nord du pays, la
sécheresse fait obstruction aux pâturages et on observe au Sud du
pays une baisse de la productivité agricole83. Face à
ces effets observés, le gouvernement camerounais a élaboré
des stratégies et projets pour y remédier à son niveau.
Dans cette partie, nous présenterons d'une part de manière
sommaire les différentes stratégies réalisées dans
le domaine, d'autre part nous insisterons sur les grands projets de lutte
contre les changements climatiques initiés par le pays.
A- Les efforts du Cameroun sur le plan international et
national dans la mise en
application de la CCNUCC
Depuis son engagement à la sauvegarde du système
climatique international le Cameroun participe aux rencontres internationales
se référant aux questions climatiques, environnementales et
écologiques. Dans sa sous-région, il est l'un des pionniers de la
mise en place de plusieurs organisations et institutions de lutte contre le
changement climatique, la protection de l'environnement et de la
biodiversité. Sur le terrain, il se déploie sur plusieurs champs
pour l'atteinte maximale de ces engagements.
1- Participation aux rencontres
internationales
Dans le strict respect des engagements de la CCNUCC, le
Cameroun a pris part à toutes les Conférences des Parties depuis
la COP 1 à Berlin en 1995 jusqu'à la COP 21 en 2015 à
96
Paris. L'intérêt du pouvoir de Yaoundé des
questions climatiques se manifeste par la participation de Paul BIYA
président de la République du Cameroun à plusieurs COP. Ce
fut le cas de sa participation à la COP 15 qui s'est tenue du 7 au 18
décembre 2009 à Copenhague au Danemark. Il était ainsi
à la tête d'une délégation de 18 personnes
constituée de Ministres et spécialistes des questions climatiques
et environnementales84. De même lors de la COP 21 qui s'est
tenue à Paris en France du 30 novembre au 12 décembre 2015, le
président de la République accompagné de son épouse
était à la tête d'une délégation de 216
personnes85.
Le président Paul BIYA du Cameroun a toujours
plaidé pour une mobilisation générale de la
communauté internationale face à la menace pour "la survie de
l'espèce humaine" que constitue le réchauffement climatique. Il
déclarait le 17 septembre 2009 à Copenhague que : "il y a
urgence" car "Déjà certains dommages causés par les
changements climatiques sont irréversibles. Il faut donc à tout
prix arrêter ce processus d'autodestruction"86. Par
la suite, il précisait à Paris :
pour les pays en développement ou sur la route de
l'émergence parmi lesquels le Cameroun, la réduction des gaz
à effet de serre reste conditionnée à un soutien de la
communauté internationale notamment des pays industrialisés sous
forme de financements, de renforcement des capacités et de transfert de
technologie, le Cameroun, faible émetteur de gaz à effet de
serre, qui entend poursuivre sa contribution à la
réduction87.
Le Cameroun par la voix de son Président a
exprimé cette volonté lors de plusieurs rencontres
internationales par exemple pendant ses déclarations aux
60ème sessions le 16 septembre 2005, 63ème
session le 24 septembre 2008 et 67ème sessions le 26 octobre
2012 de l'Assemblée Générale (AG) de l'ONU88.
Il s'inscrit dans la même logique lors des 12ème
(Montreux, Suisse en octobre 2010), 14ème (Kinshasa, RDC en
octobre 2012) et 15ème (Dakar, Sénégal en
septembre 2014) sommet de la Francophonie89. C'est dans ce cadre que
le pays prend part aux différentes rencontres et donne son point de vue
lors des discussions et négociations sur le climat. Depuis le Cameroun a
signé et ratifié tous les textes internationaux sur les
changements climatiques.
Le tableau ci-dessous présente le répertoire de
toutes les COP depuis 1995 respectivement par ville et par pays et auxquels le
Cameroun a participé.
84 Dossier de presse de la cellule de communication du
Cabinet Civil pour la Cop 21, p-6.
85 FCCC/CP/2015/INF.3 (Part 1), List of participants,
pp.44-50.
86 Dossier de presse de la cellule de communication du
Cabinet Civil pour la Cop 21, p.14.
87 Ibid.
88 Ibid., p.6.
89 Ibid., p.7.
97
Tableau n°6 : Liste des Conférences
des Parties de1995 à 2015
Année
|
COP
|
Ville
|
Pays
|
1995
|
COP 1
|
Berlin
|
Allemagne
|
1996
|
COP 2
|
Genève
|
Suisse
|
1997
|
COP 3
|
Kyoto
|
Japon
|
1998
|
COP 4
|
Buenos Aires
|
Argentine
|
1999
|
COP 5
|
Bonn
|
Allemagne
|
2000
|
COP 6
|
La Haye
|
Pays-Bas
|
2001
|
COP 6
|
Bonn
|
Allemagne
|
2001
|
COP 7
|
Marrakech
|
Maroc
|
2002
|
COP 8
|
New Delhi
|
Inde
|
2003
|
COP 9
|
Milan
|
Italie
|
2004
|
COP 10
|
Buenos Aires
|
Argentine
|
2005
|
COP 11
|
Montréal
|
Canada
|
2006
|
COP 12
|
Nairobi
|
Kenya
|
2007
|
COP 13
|
Bali
|
Indonésie
|
2008
|
COP 14
|
Poznañ
|
Pologne
|
2009
|
COP 15
|
Copenhague
|
Danemark
|
2010
|
COP 16
|
Cancun
|
Mexique
|
2011
|
COP 17
|
Durban
|
Afrique du Sud
|
2012
|
COP 18
|
Doha
|
Qatar
|
2013
|
COP 19
|
Varsovie
|
Pologne
|
2014
|
COP 20
|
Lima
|
Pérou
|
2015
|
COP 21
|
Paris
|
France
|
Source :
https://www.compteco2.com/article/historique-cop-conference-des-parties/
consulté le 09-04-2019 à 22h11min.
2- Les différents programmes et études
réalisés
S'agissant des actions visibles visant à lutter contre
les changements climatiques, de milliers d'hectares de forêts
camerounaises sont aujourd'hui classés "Zones protégées",
ce qui permet de les préserver, et, par la même occasion, de
réduire les émissions liées à la
déforestation. Outre la préservation des forêts, le
gouvernement camerounais met un accent particulier sur la
régénération des forêts à travers des
initiatives comme l'Opération Sahel Vert avec apport du MINFOF et
l'Agence Nationale de l'Appui au Développement Forestier
(ANAFOR)90. Des instruments juridiques pour lutter contre la coupe
et l'exploitation illicite du
90
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=2%3Apoint-de-presse-du-ministre-de-lenvironnement-et-de-la-protection-de-la-nature&catid=64%3Aflash-infos&Itemid=21&lang=fr
consulté le 09-04-2019 à 22h11min.
98
bois ont également été mis sur pied. Pour
protéger sa faune ainsi que les espèces en voie de disparition,
le Cameroun mène, avec la participation des ONG la lutte contre le
braconnage91.
Le gouvernement, par l'entremise du MINEPDED, sensibilise les
populations rurales sur les effets néfastes de l'usage abusif du bois de
chauffe. Il a été lancé, en juin 2009, une campagne de
vulgarisation des foyers améliorés qui utilisent moins de bois de
chauffe. En décembre, près de 20 000 fours de ces foyers avaient
été distribués aux populations des régions
septentrionales. Possédant d'énormes potentialités en
matière d'énergies renouvelables, parmi lesquelles
l'hydroélectrique, la biomasse et l'énergie solaire ; le MINEE,
soucieux de la protection de l'environnement a mène des
réflexions à l'éradication progressive afin de passer du
fossile aux énergies renouvelables92.
Le Cameroun a déjà procédé
à l'élaboration de deux communications sur les changements
climatiques dans l'optique de faire l'inventaire des GES. La première
appelée Communication Initiale Nationale (CIN) sur les changements
climatiques a été élaborée en 2005 avec pour
année initiale d'inventaire 1994. Et la seconde communication
élaborée en 2014 a pour année initiale d'inventaire 2000.
La communication permet au gouvernement d'évaluer l'état des
lieux des émissions des GES afin de développer des
stratégies fiables pour leur atténuation93. En 2009,
le pays a adopté sa vision volontariste à long terme, avec comme
l'un des axes stratégiques dont la phase I (2010-2019) vise à
élaborer et engager la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse de
préservation de l'environnement et de lutte contre les effets
néfastes des changements climatiques94.
En 2009, le Cameroun s'est doté du Document de
Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) qui est une feuille de
route détaillée de projets et d'objectifs sectoriels pour
l'atteinte de son émergence. Dans cette entreprise d'industrialisation
poussée, la protection de l'environnement occupe une place de choix dans
ce document95. En octobre 2011, avec l'aide du gouvernement
japonais, le Cameroun a réalisé sa stratégie nationale de
communication sur l'adaptation aux changements climatiques pour la
période 2012-2014. Le 24 octobre 2015, il a élaboré le
Plan National d'Adaptation aux changements climatiques. Le pays a
élaboré sa première Contribution déterminée
au niveau national (CDN) pour la réduction des gaz à effet de
serre en 2015 avant la COP 21. Dans ce document, il prévoit de
réduire ses émissions à 32%
91 Ibid.
92 Ibid.
93 R. Pismo, Ingénieur d'Etude n°1
à la Sous-Direction du Monitoring Ecologique et du Suivi du Climat.
94 Seconde Communication sur les changements
climatiques, 2014, p.17.
95 B. R. Mbodiam in Investir au Cameroun,
no 43, novembre 2015, p.8.
99
à l'horizon 2035 avec 47 actions96. En 2016,
il a révisé sa CDN avec dix programmes et 30 idées de
projet. Il a maintenu les 32%, mais intègre des éléments
pour atteindre son objectif. Dès lors, il décide que 21% de
réduction des GES conditionnée, c'est-à-dire le
financement des activités, sera pris en change par la communauté
internationale et 11% non conditionnée, c'est-à-dire que les
activités de réduction émaneront des fonds
nationaux97.
3- Le Plan National de Gestion de l'Environnement
(PNGE)
Après la conférence de Rio de Janeiro, plusieurs
Etats se sont dotés d'un plan national pour l'environnement. Le Cameroun
en a adopté le sien avec la promulgation de la Loi-Cadre relative
à la gestion de l'environnement en 199698.
a- Contexte et présentation du PNGE
Pour faire suite aux directives politiques émises par
le Chef de l'Etat dans sa lettre du 22 juillet 1992 relative à la mise
sur pied d'un Plan National de Gestion de l`Environnement, le MINEF a
procédé à la mise en place des structures et des
mécanismes pour l'élaboration d'un PNGE. Dans une approche
multidisciplinaire, un premier rapport sur la situation de l'environnement fut
élaboré en octobre 1992. Le processus d'élaboration du
PNGE inclut ses dimensions régionales sectorielles, ainsi que le
programme de sensibilisation pour une gestion rationnelle et durable de
l'environnement et des ressources naturelles99. C'est dans cette
mouvance que le gouvernement camerounais a opté pour le PNGE en 1996.
Son but était d'assurer le développement durable par la promotion
de l'environnement, l'utilisation durable des ressources
naturelles100. Au plan conceptuel, la mise sur pied du PNGE a pris
en compte les orientations de l'Agenda 21 et des conventions internationales
sur la protection du milieu contre la pollution. Ce plan devait être
révisé tous les cinq (05) ans101.
b- Les Objectifs du PNGE pour la gestion durable de
l'environnement
L'objectif principal du PNGE est d'assurer la protection de
l'environnement. Pour se faire il doit réaliser la planification et de
veiller à la gestion rationnelle de l'environnement, mettre en place un
système d'information environnementale comportant une base de
données
96 C. Mokom Chef service Suivi du Climat au MINEPDED,
19-03-2018,14h30mn.
97 R. Pismo, Ingénieur d'Etude n°1
à la Sous-Direction du Monitoring Ecologique et du Suivi du Climat.
98 C. M NGUE BEDGA, Contribution à
l'amélioration de la gestion des ordures ménagères dans
les quartiers Mokolo Elobi à Yaoundé, Mémoire de Master en
géographie, UY1, 2013, p.62.
99 Rapport général, Table ronde
internationale des donateurs sur l'environnement au Cameroun allocution du
Ministre de l'Environnement et des Forêts lors de la présentation
des politiques, projets et programmes du PNGE, 1996, p.42.
100 Commination Initiale Nationale...p.64.
101 Loi no96/12 du 5 août 1996 portant Loi-cadre
à la gestion de l'environnement, art 13.
100
sur différents aspects de l'environnement au niveau
national et international102. A cette fin, elle enregistre toutes
les données scientifiques et technologiques relatives à
l'environnement, et tient un recueil à jour de la législation et
réglementation nationales et des instruments juridiques internationaux
en matière d'environnement auxquels le Cameroun a adhéré.
L'administration doit établir un rapport biannuel sur l'état de
l'environnement au Cameroun et le soumet à l'approbation du
Comité Interministériel de l'Environnement103.
c- Structures de gestion de l'environnement et la mise en
oeuvre du PNGE
Trois structures spécialisées ont
été retenues pour assurer la mise en oeuvre du PNGE. Nous avons
d'abord le Comité Interministériel de l'Environnement qui est
responsable de la définition des grandes orientations, de la conception
de la politique nationale et doit assurer la collaboration de tous les
départements ministériels à la mise en oeuvre de la
politique de gestion de l'environnement et des ressources naturelles. Ensuite
nous avons la Commission Nationale Consultative de l'Environnement et du
Développement Durable (CNCEDD) créée par le décret
no94/259 du Premier Ministre en date du 31 mai 1994104.
Elle prend la relève du Comité de Coordination du PNGE, afin
d'assurer la participation de toutes les parties prenantes, la mise en
application des politiques et stratégies du PNGE et à la
réalisation des projets et programmes environnementaux. Enfin, nous
avons le Secrétariat Permanent à l'Environnement qui était
rattaché au MINEF. Cette structure permettait le suivi efficace de
l'exécution du PNGE et était chargée d'élaboration
de la politique nationale en matière d'environnement ; la coordination
et le suivi de l'exécution des programmes et projets du PGNE ; de la
gestion du Fonds National pour l'Environnement et le Développement
Durable ; de la coopération internationale et sous-régionale en
matière d'environnement etc. Le Secrétariat Permanent à
l'Environnement était constitué de deux divisions à savoir
la Division de la politique environnementale et de la mise en oeuvre du PNGE et
la Division chargée du cadre normatif et d'études d'impact
105.
Certaines structures d'appui assuraient aussi la mise en
oeuvre du PNGE à savoir la Cellule de sensibilisation et de
l'éducation en matière de l'environnement et la cellule de
l'information environnementale. Le PNGE fut financé par le Fonds
National de l'Environnement et de Développement Durable (FONEDD) qui
devait centraliser les contributions financières provenant de l'Etat,
des donateurs bilatéraux et des organismes internationaux. Ce fonds
était
102 Ibid.
103 Ibid., p.16.
104 Plan National de Gestion de l'Environnement, 1996, p.21.
105 Ibid., p.23.
101
géré par le Secrétariat à
l'environnement. En 2010, le programme a été révisé
pour donner le PNGE II dont les axes majeurs sont la gestion des risques et
catastrophes naturel106.
B- Les MDP, l'opération Sahel Vert et la REDD :
Trois projets majeurs dans la lutte contre les changements climatiques au
Cameroun.
En 1997, le Protocole de Kyoto à la CCNUCC
présente un texte contraignant donnant les directives pour la lutte
contre le réchauffement climatique et l'atténuation des
émissions des GES sous forme de projets intégrés. Le
Cameroun dans sa contribution à cette lutte a développé
plusieurs projets dans le cadre de la mise en application de la CCNUCC.
1- Les projets MDP au Cameroun
Pour l'atteinte des engagements des pays de l'Annexe B, trois
mécanismes de flexibilité ont été
développés par le Protocole de Kyoto en 1997. Parmi ceux-ci le
Mécanisme de Développement Propre (MDP). Le MDP est un instrument
de marché qui consiste au financement des projets dans les pays du Sud
par les pays du Nord. En novembre 2001, les Accords de Marrakech ont
établi les modalité et procédures de fonctionnement du
MDP107.
a- Principe et objectif des projets MDP
Le principe directeur du MDP stipule qu'un Etat ou une
entreprise de l'Annexe I investit dans un projet de réduction des
émissions de GES dans un pays en développement (PED) en
échange des réductions constatées, un volume
équivalent d'Unités de Réductions d'Emissions
Certifiées (UREC) lui est délivré108.
Le MDP est défini dans l'article 1er du Protocole de Kyoto de
la manière suivante :
l'objet du mécanisme pour un développement
propre est d'aider les Parties ne figurant pas à l'annexe I à
parvenir à un développement durable ainsi qu'à contribuer
à l'objectif ultime de la Convention et d'aider les Parties
visées à l'annexe I à remplir leurs engagements
chiffrés de limitation et de réduction de leurs émissions
prévues à l'article 3109.
Les secteurs concernés par les projets MDP sont
l'énergie, le traitement des déchets, l'industrie, le secteur
résidentiel et tertiaire, les transports, l'agriculture et le secteur
forestier. Ils peuvent être des projets d'économie
d'énergie, de changement de combustible, d'énergies renouvelables
ou des projets "puits de carbone"110.
106 Présentation du Cameroun à l'Atelier
Régional de Sensibilisation Relative à la Coopération et
la Coordination pour la mise en oeuvre des conventions de Bale, Rotterdam et
Stockholm pour les pays d'Afrique francophones, Sénégal, Dakar du
5 au 9 juillet 2011, p.3.
107 P-M Boulanger et al, le Mécanisme pour un
Développement Propre tiendra-t-il les promesses ? Reflets et
perspectives de la vie économique, Tome XLIV, 2005, p.8.
108
https://unfccc.int/fr/new/le-mdp-de-lonu-davantage-simplifie-et-rationalise
consulté le 03-04- 2019 à 12h28mn.
109 A. Karsenty, "Le Mécanisme de
Développement Propre (MDP)", p.2.
110 H. Yambene Bomono, "Le Mécanisme pour
un Développement Propre (MDP)", p.5.
102
b- Les institutions de gestion des projets MDP au
Cameroun
La Conférence des Parties a adopté au cours de
sa septième session, les modalités et procédures
d'application d'un mécanisme pour un développement propre, tel
que défini à l'article 12 du Protocole de Kyoto, instituant le
Conseil exécutif du MDP lui conférant des pouvoirs étendus
pour assurer la supervision du MDP. Afin de s'assurer de la mise en oeuvre, du
suivi et de l'application du MDP, le Cameroun a créé le
Comité exécutif du MDP qui est aidé dans sa mission par
des ministères de tutelles. Créé par la décision
ministérielle n°0009/MINEP/CAB du 16 Janvier 2006, le Comité
national du MDP est chargé de la mise en oeuvre du MDP111.
Créé au sein du MINEP, le Comité assiste
le Gouvernement dans ses missions d'élaboration et de suivi des
stratégies d'utilisation des technologies propres. Le Comité
national MDP représente l'Autorité Nationale
Désignée (AND) du Cameroun. A ce titre, il a pour missions de
confirmer que la participation des promoteurs privés des projets est
volontaire ; de démontrer que l'activité de projets
proposés contribue au développement durable et de délivrer
des différentes lettres relatives à l'activité de projet
MDP112. Il participe aussi à l'élaboration de la
stratégie nationale de promotion du MDP au Cameroun ; l'information et
la sensibilisation des différentes parties prenantes (autorités
administratives du secteur privé ; ONG, et le public) sur le MDP et ses
opportunités ; la régulation et la promotion des activités
liées au MDP dans tous les secteurs de l'économie nationale ;
l'appui aux promoteurs de projets à travers des activités de
renforcement de capacités en MDP ; la représentation du Cameroun
aux manifestations internationales pour vendre les potentiels de projets MDP du
pays. En outre, il est chargé d'élaborer un rapport annuel sur
les activités MDP du Cameroun qui est adressé au Comité
Exécutif du MDP à Bonn113. Les ressources
nécessaires au fonctionnement et au financement des activités du
Comité national MDP proviennent du budget de l'Etat, du Fonds National
de l'Environnement et du Développement Durable et de dons et legs
d'organismes.
c- Les réalisations des projets MDP
Après la création du Comité National du
MDP par le Cameroun en 2006, 23 projets ont été
réalisés jusqu'au 28 février 2015. Ils étaient
répartis comme suit : 11 projets dans le secteur de l'énergie,
quatre dans le traitement des déchets et huit dans le secteur forestier
et
111 Décision n°0009/MINEP/CAB du 16 Janvier 2006
portant création, organisation et fonctionnement du Comité
national chargé de la mise en oeuvre du Mécanisme pour un
développement propre (MDP) au Cameroun.
112 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la convention-cadre...,
p.36.
113 Décision n°0009/MINEP/CAB du 16 Janvier 2006
portant création, organisation et fonctionnement du Comité
national chargé de la mise en oeuvre du Mécanisme pour un
développement propre (MDP) au Cameroun.
103
agroforestier. Parmi eux le projet de captage et de
destruction du méthane de Nkolfoulou à Yaoundé. Quatre
projets de reboisement ont été initiés par la mairie de
Paris à Tonga, Magba, Mandjou et Ngambe-Tikar114.
2- La relance de l'"Opération Sahel
Vert"
Le Plan National d'Adaptation aux changements climatiques du
Cameroun considère la désertification comme une des
conséquences majeures des changements climatiques. Dans le cadre du Plan
d'Action National de Lutte contre la Désertification au Cameroun, le
projet Opération Sahel-Vert, relancé en 2008 par le gouvernement,
a contribué à la restauration et à la mise en
défens de près de 22.000 ha de terres
dégradées115. L'opération Sahel Vert, est une
synthèse des projets de reboisement, de réhabilitation des terres
et de vulgarisation des foyers améliorés qui font partie des 8
projets relevés dans le Programme d'Action Triennal conçu
à la suite de l'élaboration du Plan d'Action National de Lutte
Contre la Désertification (PAN/LCD) en 2006. Cette opération a
pour objectif de freiner l'avancée du désert à travers le
reboisement (la régénération des espèces locales en
voie de disparition), la réduction de la pression sur les ressources
ligneuses et la vulgarisation des foyers améliorés, sans
toutefois oublier la réduction de la pauvreté par la
création des emplois.
Dans le cadre de cette opération, 6 000 hectares ont
été reboisés entre 2008 et 2009 et plus de 937 500 plants
et plus de 84 000 foyers améliorés ont été
fabriqués et distribués aux populations. L'analyse des premiers
résultats de ladite opération montre que cette action est un
succès fort apprécié par les différentes parties
prenantes, ce qui renforce la nécessité de sa poursuite ;
d'où l'appel à une plus grande implication de tous les acteurs
locaux (autorités administratives, traditionnelles et municipales,
groupes et organismes locaux, administrations partenaires, partenaires au
développement, ONG, OCB, etc.) L'opération Sahel Vert va se
poursuivre en 2010. Le PNGE et l'Opération Sahel Vert font donc partie
des multiples actions développées par le gouvernement camerounais
pour mieux protéger l'environnement et lutter contre les changements
climatiques116.
3- L'implémentation du projet REDD+ au
Cameroun
Le réchauffement de la terre est une
réalité et ses conséquences sont visibles. Le Cameroun,
comme d'autres pays est touché par ce phénomène. Les pays
Parties à la CCNUCC
114 Yambene Bomono, "Mécanisme pour un
Développement...", p.15.
115
http://www.initiativesclimat.org/toutes-les-initiatives/projet-pilote-sahel-vert-HIMO
consulté le 30-05-2019 à 09h48min. 116
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=2%3Apoint-de-presse-du-ministre-de-lenvironnement-et-de-la-protection-de-la-nature&catid=64%3Aflash-infos&Itemid=21&lang=fr
consulté le 09-04-2019 à 22h11min.
104
ont proposé l'atténuation des émissions
des GES qui sont à l'origine de ce dérèglement climatique
à l'échelle planétaire. Il est reconnu d'une part que les
forêts à l'instar des deux grands massifs de forêts
tropicales que sont le bassin de l'Amazonie et le bassin du Congo, stockent de
grandes quantités de carbone qui sont rejetées dans
l'atmosphère. Et d'autre part, la déforestation cause près
de 20% des émissions globales. La réduction des émissions
provenant de la déforestation est considérée comme une
option rentable pour aborder le réchauffement climatique d'où la
mise en place d'un processus visant à réduire les
émissions issues de la perte des forêts « REDD+
»117.
a- Historique et présentation de la
REDD+
Après 1992, la lutte contre les changements climatiques
se matérialise en 1997 par l'adoption du Protocole de Kyoto à
travers les MDP. Ce mécanisme n'intégrait que les forêts
plantées (afforestation ou reforestation) dans les efforts en vue de
l'atténuation des effets du changement climatique. En 2005, lors de la
COP 11 à Montréal, le Costa Rica et la
Papouasie-Nouvelle-Guinée ont introduit une proposition pour que la
réduction des émissions de GES liées à la
déforestation dans les pays en développement soit reconnue comme
moyen de lutte contre les changements climatiques. Elle sera acceptée en
décembre 2007 à la COP 13 à Bali. De-même, un Plan
d'action de lutte contre les changements climatiques visant à limiter la
hausse des températures moyennes à 2°C est adopté
à cette conférence et consacre la Réduction des Emissions
issues de la Déforestation et de la dégradation des Forêts
comme mécanisme pertinent d'atténuation des changements
climatiques118. Le concept REDD+ émerge et est successivement
passé de « RED » Réduction des Emissions issues de la
Déforestation en 2005, à « REDD » Réduction des
Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des
Forêts en 2007 lors des négociations de Bali. Le langage officiel
de REDD+ a été ajouté en 2008 à Poznan avec
l'inclusion de la conservation des stocks de carbone forestier, la gestion
durable des forêts et l'amélioration des stocks de carbone
forestier119.
L'objectif principal du processus REDD+ est de réduire
les émissions de GES issues du secteur forestier pour contribuer
à la lutte contre les changements climatiques. La décision
1/CP.19 de la CCNUCC de l'Accord de Cancún invite les pays en
développement parties à entreprendre la REDD+ dans le cadre de la
mise à la disposition d'un appui financier , un
117 Secrétariat Technique REDD+, Les petites questions
pour comprendre le processus REDD+ au Cameroun, 2016, P.3.
118 P. Bigombe Logo, «Analyse de la cohérence
entre les politiques et lois sectorielles dans la perspective de la mise en
oeuvre efficace du mécanisme REDD+ au Cameroun», 2017, p.2.
119 Stratégie Nationale de Réduction des
Emissions dues à la Déforestation et à la
Dégradation des forêts, Gestion Durable des forêts,
Conservation des forêts et Augmentation des Stocks de Carbone, Version 3,
2018, p.8.
105
soutien technique et technologique, et un renforcement des
capacités pour développer : (i) une stratégie ou un plan
national ; (ii) un niveau national d'émission de référence
et/ou un niveau de référence forestier ou le cas
échéant une mesure provisoire ; (iii) des niveaux
d'émission de référence forestiers infranationaux et/ou
des niveaux de référence forestiers, surveiller, signaler et
vérifier les émissions et (iv) un système sur la
manière dont les informations relatives aux sauvegardes sont
traitées et respectées pendant la mise en oeuvre de la
REDD+120. Le processus REDD+ est construit en trois phases parmi
lesquelles la Phase de préparation, la Phase
Investissement/Démonstration et la Phase de paiement basée sur
les résultats. Il est globalement guidé par le Cadre de Varsovie
sur la REDD+ et a été inclus dans l'Accord de Paris comme une des
mesures pour maintenir la température mondiale à 2°C
au-dessus des niveaux préindustriels et de limiter l'augmentation des
températures à 1,5°C121.
b- Evolution du processus REDD+ au
Cameroun
Conscient des impacts indéniables de la
déforestation et de la dégradation des forêts sur le
climat, le Cameroun a adhéré au processus REDD+. L'architecture
mondiale de la REDD+ influençant l'élaboration et la mise en
oeuvre des programmes nationaux, le Cameroun a intégré dans sa
politique nationale et s'est engagé à le mettre en oeuvre comme
un moyen indispensable de lutte contre les changements climatiques dès
son émergence au niveau international en 2005122. Il a
élaboré une architecture nécessaire pour une coordination
efficace et un suivi technique de la mise en oeuvre des politiques et
stratégies multisectorielles. Au Cameroun, le MINEPDED est le point
focal national désigné par le gouvernement pour la mise en oeuvre
de la CCNUCC. A cet égard, le MINEPDED est responsable de la REDD+. Il
est accompagné dans ce processus par le MINFOF ainsi que par d'autres
Ministères.123 Deux institutions appelées organes
centraux assurent les activités à savoir le Comité de
pilotage national REDD+ créé par le Décret
no103/CAB/PM du 13 juin 2012 portant création, organisation
et fonctionnement du Comité de Pilotage des activités de la REDD+
; et le Secrétariat technique REDD+124. Le Comité de
Pilotage REDD+ est un organe de prise de décision composé de 17
membres. Il a pour président le Ministre en charge de l'Environnement et
pour vice-président le Ministre en charge des Forêts. Parmi les 17
membres, nous avons un représentant de la Présidence de la
République, de l'Assemblée Nationale, des services du Premier
Ministre, de
120 S. Wertz-Kanounnikoff, A. Angelsen, «Architectures
mondiale et nationale de la REDD+ : Lien entre les institutions et le
mesures», in Réaliser la REED+ : Options stratégiques et
politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010, p.15.
121 Ibid.
122 Ibid., p.13.
123 V. Eteth, Chef de la Division de la Coopération et de
la Programmation au MINFOF.
124 Rapport Individuel Final sur le cadre institutionnel et les
outils de gestion de la REDD+, 2017, p.8.
106
10 représentants des administrations telles que le
MINEPDED, le MINFOF, le MINEPAT, le MINADER, le MINFI, le MINEE, le MINAS, le
MINRESI, le MINEPIA, le MINATD ; un représentant de la
société civile ; des peuples autochtones, du secteur privé
; un représentant des Communes et villes Unies du
Cameroun125.
Le Secrétariat Technique REDD+, quant à lui, est
l'organe technique de la mise en oeuvre des activités. Il est
placé sous la coordination du Directeur de la Conservation et de la
Gestion des Ressources Naturelles au MINEPDED. Il comprend à sa
tête le Point Focal CCNUCC, le Coordonnateur National REDD+ et le
Directeur de Forêts au MINFOF. Il est soutenu par des experts techniques
regroupés en cinq cellules, sous la direction de Chefs de cellules
supervisées par un coordonnateur technique. Parmi ces cellules nous
avons la Cellule Information, Education et Communication (IEC), la Cellule
Mesure, Notification et vérification (MNV), la Cellule Evaluation
Environnementale et Sociale Stratégique (EESS), la Cellule Programme et
Projets REDD+ et la Cellule administrative et financière.126
Certains organes décentralisés jouent un rôle majeur dans
la mise en oeuvre du processus REDD+ au niveau local à l'instar des
Comités Régionaux REDD+ (CR-REDD+) et les Unités
Opérationnelles Locales REDD+ (UOL-REDD+). D'autres institutions
accompagnent le Cameroun dans la mise en oeuvre du processus REDD+. Parmi
celles-ci nous avons les ministères sectoriels, les institutions
gouvernementales (ONACC, la Cellule APV FLEGT du MINFOF, l'ANAFOR, l'Institut
National de la Cartographie (INC) et l'Institut National de la Statistique
(INS) ; les partenaires de développement technique, des instituts de
recherche et les établissements d'enseignement, ainsi que les
organisations locales, internationales et ONG.
c- Des réalisations
conséquentes
Les préoccupations relatives au changement climatique
au niveau international se sont traduites par un intérêt
considérable pour la lutte contre les facteurs liés à la
déforestation et de la dégradation. La REDD+ devient aussi
rapidement une réalité en termes de politique nationale et sur le
terrain127. Le Cameroun, pour sa part, présente un tableau
scintillant en termes de réalisations. C'est en février 2008 que
le Cameroun a procédé au lancement du Projet Pilote REDD. Il a
élaboré le 31 juillet 2008 une Note d'Idée de Projets en
anglais Readiness Plan Idea Note (R-PIN). Ce document a mis en
évidence le potentiel forestier du pays et sa volonté de
125 Arrêté N° 103/CAB/PM du 13 juin 2012
portant création, organisation et fonctionnement du Comité de
pilotage des activités des émissions issues de la
déforestation, de la dégradation, de la gestion durable et de la
conservation des forêts "REDD+".
126 Secrétariat Technique REDD+, Les petites questions...,
p.9.
127 L. Peskett, M. Brockhaus, «Quand la REDD+ devient
nationale : Bilan des réalités, des opportunités et de
enjeux», in Réaliser la REED+ : Options stratégiques et
politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010, p.26.
107
participer au processus REDD+ et a été soumis au
Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FCPF) qui l'a validé la
même année128. Depuis 2010, le pays a organisé
des ateliers d'information, de sensibilisation et de consultation des parties
prenantes sur la REDD+. Lancé en juin 2011, c'est en 2012 que le
Cameroun a préparé sa Proposition de mesure pour l'état de
Préparation (R-PP) qui signifie en anglais Readiness Preparation
Projet. Ledit document présente les activités, le plan
d'action et budgétaire pour la préparation de la stratégie
nationale REDD+. Soumis au FCPF le 6 août 2012, pour examen et
approbation, le document a été approuvé par le
Comité des participants du FCPF en février 2013. Suite à
sa validation en 2013, la CN-REDD+ a bénéficié d'un appui
financier de la Banque Mondiale et de la KfW d'une part, et de l'appui des
partenaires au développement d'autre part pour l'élaboration de
sa stratégie129.
Ces appuis ont permis de réaliser de nombreuses
activités avec, entre autres, l'opérationnalisation du ST-REDD+
et la réalisation de nombreuses études préliminaires dans
le cadre de la préparation de la stratégie nationale. Parmi
celles-ci, nous pouvons citer le manuel de procédure et
d'exécution pour les opérations du Secrétariat Technique
REDD+ ; celui des directives nationales pour l'obtention d'un Consentement
Libre, Informé et Préalable (CLIP) qui ont été
validées en février 2014; de l'analyse des causes de la
déforestation et de la dégradation des forêts, du plan
national de consultation des parties prenantes sur la REDD+ ; de l'étude
d'identification des projets pilotes REDD+ ; l'étude sur la gouvernance
dans la REDD+ ; l'étude préalable sur les mécanismes de
partage des bénéfices. En juin 2014 le pays lance
l'élaboration de la stratégie nationale REDD+130. De
même, nous avons l'élaboration du plan d'action du Système
National de Surveillance du Carbone Forestier qui été
validé en juillet 2014. Elle s'étendait sur la période
allant de 2015 à 2019. En mars 2016, les cellules techniques et
fiduciaires du Secrétariat Technique REDD+ sont devenues
opérationnelles ; et en mai, la stratégie Nationale de
communication sur la REDD+131.
Nous venons de présenter les actions du Cameroun dans
la lutte contre les changements climatiques, qui se sont illustrées par
l'élaboration d'un cadre réglementaire et institutionnel et des
réalisations conséquentes observées depuis 1996 par le
PNGE, en passant par les projets MDP, la relance de l'Opération Sahel
Vert et la REDD+. Malgré cette volonté manifestée par le
Cameroun, le pays présente d'énormes difficultés pour la
réalisation de tous les projets visant à limiter les
conséquences des dérèglements climatiques.
128 Transparence dans le secteur de l'environnement au
Cameroun : Analyse du contexte de l'accès à l'information pour
REDD+, 2016, p.7.
129 Plan de consultation des parties prenantes REDD+ au Cameroun,
2016, p.12.
130 Secrétariat Technique REDD+, Les petites questions...,
p.13.
131 Plan d'action pour la mise en oeuvre d'un Système
National de Surveillance du Carbone Forestier au Cameroun, p, 54.
Négociée dans un contexte de fin de guerre
froide, sur fond d'une incertitude scientifique encadrée par le GIEC,
ainsi que du caractère exclusif des PED du Protocole de
108
CHAPITRE IV : LES ENTRAVES À LA LUTTE CONTRE
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU CAMEROUN
Le changement climatique est un processus global et
très complexe. Son émergence sur la scène politique
mondiale a été appréhendée comme un problème
de pollution globale dont la solution allait passer par la réduction des
émissions des GES. La mise en application d'une convention
internationale par les Etats est sujette à plusieurs aléas. Les
complexités liées à l'hégémonie due au
rapport de force entre les parties, et les réalités locales
propres à chaque pays compliquent davantage le respect des engagements
des Etats à l'échelle planétaire. Le Cameroun, acteur
à part entière de la vie internationale n'échappe pas
à cette réalité dans l'atteinte de ses engagements
vis-à-vis de la CCNUCC. Ces facteurs limitent d'une part les
capacités du Cameroun à remplir ses engagements vis-à-vis
de la CCNUCC. D'autre part, il se trouve dans un dilemme à concilier la
lutte contre les changements climatiques et ses impératifs
sociopolitiques entant que pays aspirant à l'émergence à
l'horizon 2035. Dans ce chapitre, nous présenterons de prime abord les
obstacles inhérents à la Convention et du jeu des acteurs
internationaux comme frein à la mise en application de la CCNUCC. Par la
suite, nous analyserons les facteurs endogènes propres au Cameroun qui
obstruent l'atteinte de ses engagements vis-à-vis de la CCNUCC. Et enfin
nous présenterons la vision et l'approche camerounaise de l'adaptation
aux effets irréversibles des changements climatiques.
I- Obstacles exogènes inhérents à la
convention et à la communauté internationale
La CCNUCC, le Protocole de Kyoto, ainsi que les institutions
chargées de leur mise en application présentent des failles qui
handicapent son imposition consensuelle au sein de la communauté
internationale. Dans cette partie, nous présenterons, d'une part, la
dépendance des institutions liées à la mise en application
de la Convention, et, d'autre part, nous nous pencherons sur les
difficultés éprouvées par la communauté
internationale depuis 1992 à trouver un accord consensuel et
contraignant pour toutes les parties.
A- Dépendance des institutions chargées de la
mise en oeuvre de la Convention
109
Kyoto dont le Cameroun fait partie, participent dès
lors au manque d'intérêt de la part de ces derniers.
1- Incertitude scientifique et marginalisation des
pays du Sud au
Protocole de Kyoto
Possédant des moyens limités pour le
développement de la recherche scientifique, les incertitudes
scientifiques énoncées par la CCNUCC étaient un mobile qui
a joué un rôle à la démotivation des Parties.
L'absence de certitude scientifique absolue incertitude a vraisemblablement
affecté les dirigeants des PED qui s'interrogeaient sur la
capacité de la communauté internationale à agir face aux
changements climatiques. Dans les arènes climatiques, les PED
étaient en retrait et peu concernés. Ils manifestaient leur
insatisfaction vis-à-vis du cadrage politique du problème et
disent que les Occidentaux effacent le passé, naturalisent le
présent et globalisent le futur1.
Le texte du Protocole de Kyoto comprenait des
difficultés majeures et défauts dans la gouvernance climatique
globale. D'abord, ses engagements étaient faibles pour peser
réellement sur les parties. Cela se manifestait, entre autres, par un
niveau insuffisant de réductions pour stabiliser le taux de carbone dans
l'atmosphère et les engagements quantifiés mal repartis. Ensuite,
la présence des imprécisions laissant des moyens de contourner
les traités. Enfin l'observation d'un dynamisme fragilisé entre
les pays du Nord indifférencie les pays du Sud2.
Sur la base du principe des responsabilités communes
mais différenciées, l'approche par le haut du Protocole de Kyoto
met en avant les Pays Développés figurant à l'annexe I de
la CCNUCC dans le cadre du Burden sharing des
émissions3. En effet, les PED sont introduit dans les
mécanismes de flexibilité qui créaient les MDP. Il
était question d'accompagner des projets de réduction des
émissions des GES et de développement durable. L'exclusion et la
marginalisation des pays du Sud dans le Protocole de Kyoto ont redessiné
et renforcé les clivages Nord-Sud contraires à la logique de
l'équité Nord-Sud. Cette approche a été un facteur
ayant contribué au désintérêt et à un manque
de motivation dans le respect et l'atteinte de leurs engagements. Par
conséquent, les MDP ont essentiellement profité aux pays en
développement d'Asie et d'Amérique latine (Brésil, Chine,
Corée du Sud, Inde, Indonésie et Mexique) qui
1 A. Dahan & H. Guillemot, «Les relations
entre science et politique dans le régime climatique : à la
recherche d'un nouveau modèle d'expertise ?» Nature Science
Société, No 23, supplément, 2015, p.10.
2 A. Bonduelle, « Dix défauts du
Protocole de Kyoto», Institut d'Evaluation des Stratégies sur
l'Environnement et l'Energie en Europe, p.7.
3 C. Cassen, «Les négociations
internationales sur le climat : Enjeux, structurations et perspectives
(1990-2017)», 2017, p.30.
4 B. Andrianarisoa et al, «Changements
climatiques et transformation des relations Nord-Sud», in Revue
Liaison Energie-Francophonie No 75, 2007, p.11.
110
représentaient plus de 90% des crédits provenant
des projets enregistrés4. Pour les pays africains, les autres
pays les moins avancés (PMA) et les pays insulaires, le bilan a
été médiocre. Le graphique ci-dessous présente les
profits tirés par les pays dans les projets MDP.
Graphique n°1 : Répartition du
profit des projets MDP dans les pays émergents.
Chine Inde Corée du Sud Brésil Mexique Autres
Source : C. Cassen, Les négociations
internationales sur le climat : enjeux, structuration et perspectives
(19902017), CIRED, 2017, p.37.
Le graphique ci-dessus présente proportionnellement
comment les MDP ont essentiellement profité aux pays émergents.
La première catégorie est dominée par les pays de l'Asie
du Sud-Est près de 85% des profits. La Chine hachurée en bleu
représente 60% de profits. L'Inde talonne avec 15%, après la
Corée du sud qui avait enregistré 9% du profit des MDP. Le second
bloc est celui des pays émergents d'Amérique latine
dominés par le Brésil avec 7% du profit suivi du Mexique avec 2%.
Dans les deux premiers groupes, nous avons aussi les pays tels
l'Indonésie et l'Argentine qui se sont investis mais leurs efforts n'ont
pas atteint 1%. Le troisième et dernier groupe est celui composé
des PMA d'Afrique et les pays insulaires qui ont profité de 7% des
projets MDP.
2- La domination des grandes puissances et le
renforcement des clivages Nord-Sud
Comme toutes les conventions et les traités
signés à l'échelle internationale, la CCNUCC connaît
une mainmise des puissances économiques. C'est dans ce contexte que les
autres parties subissent l'influence et le diktat de ces
dernières. Ces puissances, qui sont des
111
grands contributeurs, prennent en otage et handicapent le
fonctionnement des institutions en charge de la mise en oeuvre de la convention
qui dépendent de leurs financements5. Le manque de
mécanismes de sanction, l'absence de règles de
vérification du respect des engagements sont des freins qui favorisent
l'affaiblissement des dispositions de la Convention et mettent en péril
sa mise en application effective. La stabilisation du système climatique
devient ainsi une illusion politique orchestrée par la communauté
internationale. Dès lors, la survie de la Convention est tributaire de
la volonté et le degré d'implication de celle-ci. Le
caractère unilatéral des rapports entre les pays
développés pollueurs historiques et les pays en
développement vulnérables aux effets néfastes des
changements climatiques est un frein considérable qui limite le champ
d'application des pays du Sud6.
L'essentiel de l'effort de réduction des
émissions tel que défini par la CCNUCC et le Protocole de Kyoto
reposait sur les pays développés et les pays d'Europe de l'Est
à économie de transition. Les pays en développement, y
compris les pays dits émergents de l'époque comme la Chine et le
Brésil, étaient dispensés d'engagement contraignant la
réduction. Cette différence de traitement a conduit à une
sorte de bipolarisation avec, d'un côté, les pays
développés appelés à fournir les efforts
nécessaires, et, de l'autre côté, les pays en
développement, appelés à accorder la priorité
à la lutte contre la pauvreté pour sortir du
sous-développement7. Ce renforcement des clivages est en
contradiction avec les principes d'équité énoncés
dans l'article 3 de la Convention.
3- Echec des négociations internationales sur
le climat à l'ère de la course au développement
imposée par la mondialisation
Les difficultés de la gouvernance climatique et son
enlisement sont des effets difficilement contestables, depuis plus de 25 ans,
les négociations piétinent et les émissions globales de
CO2 ne cessent de croitre. L'échec du Protocole de Kyoto, de la
conclusion d'un accord à Copenhague et le retrait récent des
Etats-Unis de l'Accord de Paris attestent à suffisance le fiasco et les
antagonismes qui règnent au sein de la communauté internationale
pour l'atteinte de l'objectif ultime de la CCNUCC. La décennie 1990,
occupée par la préparation du Protocole de Kyoto, investie de
toutes les espérances mais qui concernait seulement les pays
développés devant partager le fardeau des réductions des
émissions, a finalement connu le refus de ratification des
Etats-Unis8.
5 Ibid.
6 Ibid., p.13.
7 M. Tsayem Demaze, «Le Protocole de
Kyoto, le clivage Nord-Sud et le défi du développement
durable», Espace Géographique, Edition Berlin,
2009, p.141.
8 Ibid.
112
En effet, les USA avaient conditionné leur acceptation
à l'engagement des pays développés catégorie
comprenant des Etats aux économies émergentes tels que le
Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde et le Mexique à
réduire leurs émissions des GES9. Ce retrait de la
première puissance économique mondiale et première
émettrice de GES a jeté une suspicion sur le processus de lutte
contre les changements climatiques, en particulier aux yeux des pays du Sud
dont le Cameroun fait partie. En décembre 2009, la COP 15 était
censée préparer la suite du Protocole de Kyoto, a
été sanctionnée par le nouvel ordre géopolitique
mondial dominé par le couple Chine-USA. Elle n'aboutit qu'à un
accord minimaliste préparé par les deux plus grands
émetteurs. Un échec douloureux de trop qui inaugure une phase de
régression des questions environnementales et climatiques à
l'échelle globale10.
Il faut constater une disjonction fondamentale entre, d'une
part, le processus de gouvernance mondiale du climat et son imaginaire de
régulateur central apte à définir et distribuer les droits
d'émissions, et d'autre part, la réalité du monde
complexe, multiforme, en plein crises et mutations liées à la
globalisation, à la concurrence économique des Etats
accrochés à leur souveraineté d'exploitation
effrénée des énergies et ressources fossiles ; une
réalité sur laquelle la CCNUCC n'a pas pris en
compte11. La prise en otage du Protocole de Kyoto par les USA qui a
prolongé les négociations sur l'accord d'où son
entrée en vigueur tardive huit ans après son émergence ;
l'échec de la Conférence de Copenhague sont des signes qui
affaiblissent la convention et handicapent la mise en application effective qui
se manifeste par la fragmentation croissante du processus.
B- L'élaboration d'une multitude d'accords et
projets aux orientations
différentes et non-contraignantes
Le processus lié à la mise en application de la
CCNUCC est aussi complexe que son texte original. La négociation d'une
panoplie d'accords presque à chaque rencontre et des projets qui en
découle embarrassent les Parties. Ces dernières se trouvent dans
l'impasse et submerger à cause des moyens limités mis à
leur disposition.
1- Incapacité à adopter un accord
consensuel et contraignant pour tous
les Etats
En 1992, les Etats participants à la Conférence
des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement signaient la
CCNUCC. Après son entrée en vigueur en octobre 1994, les
9 M. Duby, «Le multilatéralisme onusien
à l'épreuve de la gouvernance climatique», VertigO- le
revue électronique des sciences de l'environnement (En ligne),
Volume 18 Numéro 1.
http://journals.openedition.org/vertigo/19356;DOI:10.4000/vertigo.19356
consulté le 03 juin 2019 à 19h32mn.
10 Ibid.
11 Ibid.
113
Etats parties ont successivement négocié un
nombre considérable d'accords lors des COP. Au cours de ces rencontres
qui ont lieu chaque année, des négociations variaient et
débouchaient sur des déclarations et accords dressant des
feuilles de routes et orientations parfois différentes. Cette
différenciation indécise de résolution complique une
application harmonieuse des pans ciblés par tel ou tel accord. Depuis
l'avènement de la CCNUCC sur la scène internationale, des accords
de cette nature se sont multipliés à l'instar du Protocole de
Kyoto (1997), la feuille de route de Bali (2007), l'accord de Copenhague
(2009), l'amendement de Doha (2012) et l'Accord de Paris (2015).
L'émergence disparate des accords, protocoles, déclarations,
feuilles de route et l'incapacité des Etats à adopter une
position consensuelle et contraignante fragilisent la
Convention12.
Le fossé croissant entre les pays industrialisés
et les pays en développement est un facteur renforçant l'absence
d'un accord contraignant. Mais en 2009 à la Conférence de
Copenhague, les pays émergents se sont imposés comme des acteurs
prépondérants lors des négociations sur le climat alors
qu'ils n'étaient que des spectateurs lors du Protocole de Kyoto, ce qui
avait facilité les négociations à l'avantage des pays
industrialisés. Des lors, la prise de décision devient ainsi
difficile car tous les Etats revendiquent une place dans les
négociations et empêchent l'adoption d'un accord
contraignant13. L'échec de la conclusion d'un accord
consensuel à Copenhague réside dans la présence de trois
blocs aux intérêts divergents.
2- Un enchainement de projets et programmes aux
intervalles de temps réduits sans résultats concrets
La multiplication des projets prônant la
réduction des émissions des GES dans l'atmosphère sans
réalisations et résultats, limite les probabilités de la
stabilisation du système climatique mondial pour les
générations futures. Depuis l'entrée en vigueur du
Protocole de Kyoto en 2005 jusqu'au 12 décembre 2014, 7573 projets
liés à la lutte contre les changements climatiques ont
été enregistrés à travers le monde14.
Cet enchainement de projets et programmes limite le degré d'implication
des Parties.
3- Absence des capitaux pour le financement des projets
climatiques L'atténuation et l'adaptation aux incidences du
changement climatique nécessite d'importantes ressources
financières pour faire en sorte que le développement des PED soit
en mesure de relever le défi du changement climatique tout en
développant leur propre économie
12 S. C. Aykut et A. Dahan, La gouvernance du
changement climatique : Anatomie d'un schisme de réalité,
Gouverner le Progrès et ses Dégâts, Editions la
Découverte, 2014, p.117.
13 M. Duby, «Le multilatéralisme onusien
à l'épreuve...».
14 Cassen, «Les négociations
internationales... p.35.
114
de façon durable. Mais, les financements disponibles
pour les initiatives sont insuffisants, malgré la mise en place de
mécanismes de financement. Il s'agit en occurrence du Fonds pour
l'environnement mondial (FEM)15, le Fonds Spécial pour les
Changements Climatiques (SCCF) créé en 2001, le Fonds pour les
pays les moins avancés (LDCF), le Fonds pour l'adaptation, le Fonds
d'Investissement pour le Climat (CIF), établi en 2008 et le Fonds de
développement communautaire pour le carbone16. Dès
lors, les ressources obtenues par les PED restent limitées. Depuis 2012,
les pays en développement ont reçu seulement 20 à 25% des
sommes dont ils ont besoin pour les mesures d'atténuation et
d'adaptation.
18.
De nos jours, les événements climatiques et
météorologiques extrêmes sèment des destructions en
différents points du globe. En 2017 par exemple, les ouragans dans les
Caraïbes ont engendré des pertes estimées à 130
milliards de dollars. Des violentes inondations de mousson ont touché 43
millions de personnes en Asie du Sud-Est ; la sècheresse a frappé
des millions de personnes en Afrique de l'Est. Les populations des pays pauvres
sont en moyenne cinq fois plus vulnérables que celles des pays riches
des événements météorologiques
extrêmes17. Le coût de l'adaptation des effets du
changement climatique devrait atteindre 140 à 300 milliards de dollars
par an d'ici 2025/2030. D'ici 2050, on estime le coût de changement
climatique à 1 000 milliards de dollars par an pour les pays en
développement de, même si l'augmentation de la température
moyenne de la planète reste inférieure à 2°C
Concernant le financement climat, on constate que l'assistance
nette spécifique destinée au climat est très
inférieure aux financements déclarés. Par exemple, le
montant total déclaré par les bailleurs pour le financement
climat sur la période 2015-2016 s'élevait à 48 milliards
de dollars. Toutefois, les PED ont reçu un montant estimé entre
16 et 21 milliards de dollars ce qui donne un pourcentage oscillant entre 33,33
et 43,75% de contribution. De même la valeur des prêts est
excessivement comptabilisée ainsi que les financements climatiques
bilatéraux. On constate aussi que l'aide sous forme des subventions,
l'aide à l'adaptation au changement climatique reste trop faible et
augmente trop lentement19.
15 Le FEM a été créé
par la CCNUCC pour gérer le système financier dans le cadre de la
Convention sur une base permanente soumis à un examen tous les quatre
ans pour la fourniture de fonds aux PED.
16
https://www.icao.int/environnemental-protection/Pages/FR/financement.aspx
Consulté le 04-05-2019 à 19h23min.
17 Rapport OXFAM, 2018 : Les vrais chiffres des
financements climat, où en est-on de l'engagement des 100 milliards de
dollars ? 2018, p.4.
18 Ibid., p.6.
19 Ibid., p.16.
115
II- Entraves endogènes à la lutte contre
les changements climatiques au Cameroun
Conscient des enjeux de ce phénomène, le
Cameroun s'est résolument engagé à limiter ses effets
néfastes. Mais, cette bataille contre le réchauffement climatique
fait face à une multiplicité de mobiles propres aux
réalités du pays. Dans cette partie, nous insisterons sur les
facteurs internes qui entravent la mise en application effective de la CCNUCC
au Cameroun. Nous présenterons dans un premier temps les handicaps
liés au cadre juridique et institutionnel, et dans un second temps nous
verrons comment le déficit des capitaux et des moyens techniques limite
la réalisation des études et projets se rapportant aux questions
de changement climatique.
A- Un cadre juridique et institutionnel balbutiant et
embryonnaire
La mise en application de la CCNUCC au Cameroun se heurte aux
difficultés à la fois institutionnelles, techniques et
financières. Cela se manifeste clairement par la crise structurelle
générale qui touche le pays. De manière explicite, le
manque d'une volonté politique, l'existence des institutions
bureaucratiques et l'absence d'un cadre légal propre aux questions
climatiques sont autant d'éléments qui freinent le processus.
1- Problèmes liés à la
gouvernance et à la gestion des projets
Le Cameroun fait partie des pays dont les instances
étatiques n'ont pas la capacité et/ou la volonté politique
d'assurer les fonctions essentielles dans de nombreux secteurs où
l'action de l'Etat doit se déployer. En réalité, il y a un
contraste entre les discours officiels et engagement en matière de lutte
contre les changements climatiques et l'inertie qui caractérise la
formulation de politiques, de stratégies et de leur mise en oeuvre.
Cette contradiction fondamentale amène à se demander si la
question du réchauffement climatique constitue un élément
important de l'agenda politique du gouvernement camerounais20.
L'association de plusieurs départements ministériels fragilise la
gouvernance climatique dans le pays. Cette interdépendance des
différents ministères est source de plusieurs blocages. Cette
difficulté institutionnelle fragilise aussi le MINEPDED dans sa mission,
par conséquent considéré dans le cas d'espèce comme
un ministère transversal. Institutionnellement parlant, le MINEPDED n'a
pas de pouvoir sur d'autres ministères ce qui limite l'efficacité
de son action21.
La prédominance du secteur informel, l'amateurisme qui
a cours dans la plupart des pays les moins avancés, en occurrence le
Cameroun, rend difficile la maîtrise et le contrôle et la
déforestation et même de la dégradation des
écosystèmes. L'exploitation illicite du bois et des autres
produits forestiers a pour cause l'absence d'un cadre de concertation entre
les
20 G. P. Dkamela, Le contexte de la REDD+ au
Cameroun : causes, agents et institutions, Papier occasionnel 57 CIFOR,
2011, p.55.
21 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun
au MINEPDED.
116
différentes administrations. Cela entraîne
parfois des superpositions des droits d'exploitation sur un même
espace22. L'incapacité de l'Etat à avoir une mainmise
et un contrôle absolu sur les activités forestières rend
difficile la réussite de certains projets engagés dans le cadre
du processus REDD+ qui, à moyen et à long terme sont
supposés générer des fonds pour l'intérêt du
pays. Une telle gouvernance est un frein dans l'accomplissement des engagements
sur les conventions internationales sur l'environnement et les changements
climatiques.
L'administration camerounaise est insidieusement
infiltrée par la corruption. Dans le rapport de la Commission
Anticorruption (CONAC) de 2010, le secteur des forêts et de
l'environnement était l'un des plus touchés. De ce fait, les
procédures relatives aux efforts d'atténuation des changements
climatiques sont soumises à plusieurs types de menaces de corruption et
à des différents niveaux. Cela peut se manifester par l'influence
de certaines personnalités et entreprises pendant la préparation
et la mise en oeuvre des projets (MDP, REDD+ etc). La corruption s'exprime sous
forme de collusion, notamment par le versement des pots de vins aux agents en
charge de ces projets afin de fermer les yeux sur les infractions ou pour
délivrer des titres frauduleux23.
Les changements climatiques ne font pas partie des principales
préoccupations du pays. Ces questions sont rarement ou quasi absentes
à l'ordre du jour de la gouvernance globale tracée par les
autorités de Yaoundé. Les plans de développement ne
traitent pas en profondeur des incidences et les défis des changements
climatiques. Dans cette perspective, le Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi n'a pas accordé aux questions environnementales
et climatiques une place considérable.
2- Cadrage institutionnel bureaucratique,
centralisé et balbutiant
Les institutions chargées de mener les activités
de lutte contre le dérèglement climatique sont
centralisées et détachées de la réalité du
terrain. En effet, les multiples comités de pilotage créés
dans le cadre de l'élaboration des stratégies et de la
réalisation des projets tels que les MDP, la REDD+ sont pour l'essentiel
situés dans la capitale Yaoundé. Cette approche a souvent pour
conséquence immédiate l'échec desdits projets dû
à un travail mal élaboré à cause de la
précipitation et la logique du retour en ville. Le schisme entre les
structures mise en place pour la coordination et le suivi des actions
liées à la CCNUCC entraîne une faible intégration
des parties prenantes. Cette architecture institutionnelle limite
l'accès à l'information de l'immense majorité de la
population. Par conséquent, le Cameroun faillit dans son engagement de
transfert
22 F. Saha, «les instruments
économiques pour l'atténuation des changements climatiques au
Cameroun», Geo-Eco-Trop, 2019, p.98.
23 Ibid.
117
d'information, la sensibilisation et l'éducation de la
population sur les changements climatiques et leurs corolaires.
De même, le caractère bureaucratique des
institutions conduit au prolongement de la phase de préparation des
projets qui dans certains cas est plus longue que la phase de
réalisation. Cette perte de temps, causée par des
procédures administratives lentes associées aux commissions
interminables est à l'origine du retard légendaire dont souffrent
beaucoup de projets du secteur. De même, des institutions telles que
l'ONACC sont encore en structuration. Créé en 2009, c'est en
novembre 2015 qu'il devient opérationnel avec la nomination des
responsables24.
3- Absence d'un cadre juridique spécifique aux
changements climatiques
La mise en application de la CCNUCC au Cameroun souffre d'un
vide juridique causé par l'absence d'un cadre juridique et des lois
spécifiques sur les changements climatiques. En effet, nous notons
l'existence des textes généraux encadrant dans la plupart des cas
le secteur environnement. Le principal texte relatif à la lutte contre
les changements climatiques est la loi n°96/12 du 05 août 1996 sur
la gestion de l'environnement. Ce texte comporte un extrait sur le climat et
l'atmosphère, sur la lutte contre les pollutions, lequel vise au premier
chef la protection de l'air. Ce qui semble insuffisant dans la mesure où
cet extrait se limite à évoquer dans son article 21 la protection
de l'atmosphère25. Elle devait être
complétée par de lois sectorielles. Mais, depuis 1996, un nombre
considérable de lois a émergé, mais aucune ne traite
spécifiquement des questions de changement climatique.
Entre 2009 et 2014, malgré la volonté du
gouvernement de doter ce secteur d'un cadre juridique digne de ce nom, force
est de constater que les différents textes priorisent l'environnement.
Mis à part le décret N°2009/410 du 10 décembre 2009
dédié juste à la création et à
l'organisation de l'ONACC, les autres traitent uniquement des questions
environnementales. Parmi ces domaines nous avons d'une part, les questions de
nuisance sonore et olfactive, de protection des sols et sous-sol et de la
protection de l'atmosphère. D'autre part ces textes se sont
intéressés à la problématique de la gestion des
déchets. Elles fixent les conditions de collecte, de tri, de stockage,
de récupération, de transport, de recyclage, de traitement et
d'élimination finale des déchets26.
En réalité, l'on a l'impression que les choix
qui guident l'adoption des textes sont influencés par les calendriers
politiques et diplomatiques, et non pas par une véritable
stratégie
24 A. Batha, Géographe expert sur les questions
de changement climatique à l'ONACC.
25 Loi n°96/12 du 5 août 1996 portant
loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
26 Décret n°2012/2809/PM du 26 septembre
2012.
118
de lutte contre les changements climatiques. En effet,
l'adoption des textes règlementaires sus évoqués a
été accélérée à la veille de la COP
21. Mais sur les changements climatiques ça n'existe pas. Il n'y a aucun
texte juridique spécifique à la lutte aux changements climatiques
au Cameroun27. Ce manque de reconnaissance juridique et de
clarté de fonctionnement des structures mise en place pour la
coordination et le suivi des actions liées à la CCNUCC a
entraîné une démobilisation des ressources tant humaines
que financières28.
B- Insuffisance des moyens techniques et financiers
nécessaires pour le
financement des projets
Considérée comme une préoccupation de
trop, la lutte contre les changements climatiques entraîne dès
lors une charge de plus. Dans sa croisade menée contre ce
phénomène, le Cameroun éprouve d'énormes
difficultés pour le financement des différents projets. Ces
différents projets sont aussi à la traine faute des moyens
techniques efficaces.
1- Insuffisance des moyens financiers
Malgré les bonnes intentions qui se seront
énoncées par la délégation camerounaise à la
COP 21, une inquiétude existe. Il s'agit de la capacité du
gouvernement à mobiliser des fonds nécessaires pour le
financement des actions prévues dans les différents secteurs
d'activité, afin de tenir l'engagement de réduire les
émissions des GES de 32% à l'horizon 203529. Le
coût de ces projets s'élève à des dizaines de
milliers de milliards de francs CFA. Dans le CDN, il en ressort que sa
réalisation est conditionnée par l'appui de la Communauté
Internationale. La lutte contre les changements climatiques est très
coûteuse pour les PED30. Au Cameroun, les moyens financiers
consacrés à l'environnement sont insuffisants. Par
conséquent, les ressources financières sont insuffisantes par
rapport au volume d'idées et de projets. Cela est dû aux
priorités nationales du pays qui se veut émergent à
l'horizon 2035. Dès lors, le développement économique
prime sur des enjeux climatiques.
Il convient de relever que consacrer des fonds pour
l'atténuation des émissions de GES pour un pays comme le Cameroun
ne motive pas les bailleurs internationaux. En effet sa part des
émissions à l'échelle internationale est très
nulle. La difficulté réside de nos jours dans les projets
d'adaptation qui nécessitent plus de fonds. Le Cameroun manque des
moyens pour la réalisation des actions, faire fonctionner les
institutions en charge des questions telles que l'ONACC et le
Secrétariat Technique REDD+31.
27 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun
au MINEPDED.
28 Bennani, La convention des Nations Unies sur les
changements climatiques..., p.16.
29 Dkamela, Le contexte de la REDD+...,
p.55.
30 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun...,
p.47.
31 A. Batha, Géographe expert sur les questions
de changement climatique à l'ONACC.
119
2- Des moyens techniques et technologiques
limités
Comme la plupart des PED, le Cameroun accuse un retard
technique et technologique conséquent. La lutte contre les changements
climatiques s'articule autour de plusieurs projets et programmes avec pour
objectif principal la réduction des émissions des GES. Ces
actions nécessitent des moyens techniques et technologiques dont le pays
ne dispose pas toujours32. Cette situation conduit à une
dépendance du pays qui se tourne toujours vers les bailleurs de fonds
internationaux et partenaires au développement. En effet, lutter contre
le réchauffement climatique nécessite la maîtrise des
données météorologiques qui sont indispensables dans le
suivi et l'évolution du climat. L'ONACC a été
créé dans la même perspective en 2009 pour suivre et
évaluer les impacts socio-économiques et environnementaux des
mesures de prévention, t'atténuation des risques liés
à ces changements33. Il convient de rappeler que ces
structures manquent de moyens techniques et matériels adéquats,
insuffisants et limités pour remplir leur mission et s'arrimer aux
institutions internationales oeuvrant dans ce domaine.
De même, les pays en développement, comme le
Cameroun, n'ont pas toujours les moyens nécessaires pour acquérir
les technologies fiables afin d'atténuer les émissions des GES.
Le déficit de connaissances liées aux changements climatiques est
un réel problème pour l'atteinte des engagements du Cameroun
envers la CCNUCC. Il s'agit notamment des technologies susceptibles de suivre
les émissions de GES et celles pouvant suivre l'évolution du
réchauffement climatique ou encore celles relatives à
l'atténuation. Malgré les multiples recherches engagées,
les chercheurs font face à un manque de technologies inadéquates
car elles sont très coûteuses. En effet, le transfert de
technologies tant recommandé par la Convention qui devait être
effectué des PD aux PED est loin d'être une
réalité34. Toutefois, dans l'assistance
octroyée par les pays développés ; l'aide pour le climat
n'est pas très importante
3- Déficit d'une expertise et une ressources
humaines qualifiées
Les préoccupations liées aux changements
climatiques impliquent une osmose entre les sciences. Au Cameroun, l'expertise
dans ce domaine est d'une rareté notable. Les formations dans ce domaine
sont embryonnaires. Malgré leur intégration dans les projets
comme dans le cadre de la préparation de la REDD+, la quantité et
la qualité des spécialistes nationaux est encore marginal. Dans
le même ordre d'idée, on constate une faible
représentativité des travaux
32 Ibid., p.43.
33 Décret n°2009/410 du 10 décembre
2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'ONACC.
34 Mevono Mvogo, Application par le
Cameroun..., p.48.
120
scientifiques qui représentent 10% dans
l'élaboration de certaines études et projets35. De ce
fait, on observe la prédominance des rapports des institutions
internationales à l'instar du PNUD, du PNUE, de l'UICN, de la GIZ et
bien d'autres intéressées aux changements climatiques. Les
différentes institutions et comités en charge de la gestion des
projets ne sont pas toujours dirigés pour la plupart par les
spécialistes en la matière à cause du mode recrutement et
le poids du politique dans leur gestion. Malgré l'appui technique des
partenaires, ce personnel est un obstacle dans l'appréhension des enjeux
liés au réchauffement climatique ainsi que la
nécessité d'y faire face.36
Ce manque de moyens financiers et techniques ne permet pas au
Cameroun de remplir pleinement son rôle de gestion et de suivi des
nombreuses questions liées à la CCNUCC. De même, cela
occasionne un manque de suivi de certaines actions et de concertation entre les
différents intervenants qui provoque beaucoup de retard dans la mise en
oeuvre de certains projets voire leur abandon37. Pour
remédier à ces difficultés, et mieux s'adapter aux
corolaires des mutations du climat plusieurs réformes ont
été lancées.
III- Renforcement de l'action de l'Etat pour une adaptation
aux effets néfastes des
changements climatiques
L'Afrique, malgré ses faibles taux d'émission,
reste le continent le plus exposé aux désastres probables
engendrés par le réchauffement climatique. Au-delà des
conséquences dramatiques des changements climatiques, ce
phénomène ira davantage crescendo. Malgré la
prise de conscience et l'engagement des acteurs, les changements climatiques
poseront et généreront de nouveaux défis globaux au plan
économique, social, environnemental et même
sécuritaire38. Tout au long de leur histoire, les peuples et
les sociétés ont réussi avec plus ou moins de
succès à s'adapter ou à faire face au climat, à ses
variations et aux phénomènes extrêmes39. Le
phénomène des changements climatiques étant
déjà sur le chemin de non-retour, car ils sont
inévitables, il est urgent pour le Cameroun de s'adapter aux effets
néfastes de ce phénomène. Dans cette partie, nous
insisterons sur les solutions pour une lutte efficace contre les changements
climatiques et une adaptation réelle. Nous proposerons, d'une part, le
renforcement des capacités de l'Etat et l'inclusion de toutes les
parties prenantes. D'autre part, nous présenterons la stratégie
camerounaise d'adaptation au changement climatique.
35 SAHA, «les instruments
économiques...», p.99.
36 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre..., p.57.
37 Bennani, La convention des Nations Unies sur les
changements climatiques..., p.16.
38 Réponse au changement climatique en Afrique
: une approche par la gouvernance des territoires, ARGA, 2015, p.13.
39 Ibid.
121
A- Renforcement des capacités de l'Etat pour une
participation inclusive de toutes les parties prenantes
Le renforcement des capacités est une tâche
définie assignée aux gouvernements dans l'Agenda 21. C'est :
L'ensemble des moyens humains, scientifiques, techniques,
administratifs, institutionnels et financiers. Le renforcement des
capacités vise principalement l'aptitude à évaluer et
résoudre les problèmes cruciaux que posent les choix politiques
et les modalités d'application des différentes formules de
développement, en appréciant à leur juste valeur les
possibilités et les limites de leurs répercussions sur
l'environnement selon les circonstances particulières à chacun
des pays40.
La lutte contre le réchauffement climatique se fait
dans un cadre bien déterminé. Ledit cadre est réalisable
grâce à une structuration gouvernementale bien
élaborée. Cela passe par une nomenclature institutionnelle et
normative fiable pour une bonne gouvernance climatique. Pour y parvenir,
l'association des questions de changement climatique et des questions
économiques et le renforcement des partenariats sont
nécessaires.
1- Elaboration d'un arsenal juridique propre à
la lutte contre les
changements climatiques
Le climat est devenu une préoccupation importante. Il
devient nécessaire que des textes de loi y soient
consacrés41. Pour réussir le pari de
l'atténuation et l'adaptation aux événements climatiques
extrêmes, le Cameroun doit se doter des lois propres à ce domaine.
Au même titre que le secteur environnement, le secteur du changement
climatique peut être contrôlé par des lois. En effet, la
lutte contre les changements climatiques fait partie de la protection de
l'environnement. L'adoption des lois soit sur le contrôle des actes
d'application, soit sur les manquements qu'on pourrait observer à
l'application pourrait être indispensable pour ce secteur. Dans le
même ordre d'idées, il est impérieux d'adopter des lois
contraignantes et sanctionnant tout contrevenant.
Avec des conséquences qui impliquent les secteurs
économiques, sociaux, politiques et bien d'autres, il est urgent que des
lois efficaces soient adoptées. En effet, il serait impérieux que
des commissions environnement et changement climatique soient mises sur pied au
parlement. Ces dernières, avec l'appui des ministères et
institutions concernés, mettraient au-devant du parlement les questions
climatiques avec pour conséquence la proposition et l'adoption des lois.
Le travail qui doit être fait que ce soit au niveau de la REDD+ et de la
CDN, est de voir comment faire des propositions de loi par rapport à tel
ou tel domaine. Dans le domaine des énergies renouvelables par exemple,
il faut des textes de loi qui allègent les taxes
40 Agenda 21, chapitre 7.
41 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun...,
p.43.
122
douanières par rapport aux énergies
renouvelables, solaires...42 De même, il est indispensable
d'élaborer des textes de loi taxant les secteurs d'activités les
plus polluants. Des textes de loi par rapport à la taxation des tous les
domaines de l'économie camerounaise de telle manière que quand
vous achetez un timbre de 200 ou 500 Franc CFA qu'on sache que dans cet argent
qu'on puisse prélever 2 ou 10 francs. Les textes proposés
serviront à accompagner le Cameroun dans sa lutte contre les
dérèglements climatiques43.
2- Redynamisation institutionnelle pour une
participation inclusive et le renforcement des capacités de la ressource
humaine
Le renforcement des capacités consiste à
améliorer les compétences techniques et les moyens
institutionnels de l'Etat. Il vise à participer à toutes les
initiatives destinées à favoriser la recherche sur les
changements climatiques, l'atténuation et l'adaptation aux effets des
changements climatiques44. De ce fait, il est impérieux
d'assurer l'amélioration du rôle des différentes
institutions liées à la lutte contre les changements climatiques.
Cela doit passer par l'adoption d'un ensemble de mesures visant à
inciter la sensibilisation, l'éducation des fonctionnaires et
populations sur les enjeux des changements climatiques. Par ailleurs, il est
impératif d'établir une collaboration institutionnelle avec
l'ensemble des acteurs impliqués dans le processus de mise en
application de la CCNUCC.
La définition d'un cadre institutionnel clair et la
mise en place de structures cohérentes, fonctionnelles et efficaces
constituent une démarche primordiale pour le Cameroun. C'est à
cette condition qu'il peut espérer récolter les fruits des
efforts qu'il a consentis depuis 1992. En effet, les dispositions
internationales prises et à prendre, notamment en termes de financement
de projets de développement durable, de transfert de technologie et de
renforcement des capacités, bénéficieront d'abord et avant
tout aux pays qui auront fait un effort d'organisation des structures, pris les
mesures nécessaires pour garantir la visibilité et la
transparence des procédures et donné la preuve de leur
crédibilité45.
Les pouvoirs publics ont non seulement la
responsabilité des accords internationaux et de la mise en oeuvre des
plans nationaux, mais aussi celle de susciter la mise en mouvement de tous les
acteurs sur le terrain. Il revient donc aux pouvoirs publics d'améliorer
le cadre institutionnel à la mise en oeuvre de la CCNUCC46.
L'Etat doit rendre plus accessible les méthodes et moyens à
l'information sur les questions climatiques. Cela contribuera à
l'atteinte
42 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun
au MINEPDED.
43 Ibid.
44 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre..., p.62.
45 Bennani, La convention des Nations Unies sur les
changements climatiques..., p.16.
46 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre..., p.63.
123
optimale de toutes les couches de la société. De
même, l'Etat pourra procéder au reboisement et à la
plantation des arbres dans les zones touchées par la
désertification. Cette activité permettra une adaptation
communautaire47. Dans les projets REDD+, les communautés de
zones boisées doivent recevoir un appui technique, être
formées pour cartographier et faire l'inventaire des forêts. Cela
aurait d'autres avantages pour le programme national REDD+ tels la transparence
et la connaissance de l'utilité de la gestion communautaire des
forêts48.
La nature et l'état des changements climatiques, tout
comme les scénarii prospectifs appellent donc à dépasser
le principe de l'action réaction et la juxtaposition d'initiatives et de
politiques sectorielles pour engager une pensée stratégique et
endogène basée sur les collectivités locales49.
Dans leur structuration, les institutions chargées de ces questions
devraient se rapprocher des populations locales et autochtones qui sont
bénéficiaires des différents projets. La
décentralisation telle que voulue par la constitution du 18 janvier 1996
devrait intégrer les questions de changements climatiques dans les
administrations communales. De ce fait, l'Etat doit soutenir et renforcer les
capacités locales afin de développer l'intérêt
à la gestion de l'environnement.
L'Etat doit développer et renforcer les
capacités des opérateurs politiques, économiques et
sociaux en vue d'intégrer les préoccupations climatiques. Il doit
optimiser les ressources nationales tant humaines que financières lors
de la préparation des études de base autour des
problématiques de changement climatique. Développer et renforcer
les capacités des opérateurs dans les domaines de formulation, de
gestion et de suivi des projets. L'Etat doit organiser des sessions de
formation sur l'évaluation des impacts des changements climatiques sur
les différents secteurs socio-économiques du pays ainsi que sur
les mesures d'adaptation. Renforcer les capacités des institutions de
recherche scientifique et de recherche-développement dans divers
domaines liés aux changements climatiques. Renforcer les
capacités du pays sur les plans systémique, institutionnel et
individuel dans les domaines de la vulnérabilité, l'adaptation,
la limitation des émissions des GES, l'observation systématique
des variations climatiques et la mise sur pied d'une base de données.
47 J. Somba et al, Performances économiques
des actions d'adaptation au changement climatique dans le bassin de la Volta,
UICN, 2013, p.24.
48 M.M. Skutsh et al, «Suivi communautaire dans
le cadre de la REDD+», In Réaliser la REDD+ : Options
stratégiques et politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010, p101.
49 Réponse au changement climatique en
Afrique..., p.15.
124
3- Mise en place d'une approche intégrée
entre développement et
changement climatique
Les dérèglements climatiques sont devenus l'un
des obstacles au développement. Ils sont une menace pour
l'éradication de la pauvreté en Afrique et en Asie du
Sud50. Cela se manifeste au Cameroun à travers la baisse de
la production agricole, la hausse de la fréquence des désastres,
les inondations, la destruction des infrastructures et la dégradation de
l'état de santé dans les zones vulnérables. Dès
lors, il est nécessaire d'apporter des stratégies et
réponses fiables. Ces stratégies doivent analyser et
intégrer les enjeux socio-économiques dans la lutte contre les
changements climatiques. Les politiques de développement
économique doivent s'arrimer aux défis climatiques.
A l'approche de l'échéance pour les 100
milliards de dollars prévu par le FME d'ici 2020, le Cameroun doit
renforcer son partenariat avec les bailleurs51. Le pays doit
procéder à la conception d'un panachage de politique optimal pour
catalyser les capitaux. Déployés dans le domaine climatique, ces
fonds pourront servir pour l'appui et la mise en oeuvre des technologies
propres52. Ces nouvelles sources d'énergie (solaire,
éolienne etc.) catalyseront à leur tour le développement
de l'économie verte par conséquent à la création de
la richesse et des emplois.
La politique climatique contient deux volets qui sont la
réduction des causes du changement climatique en limitant les
émissions des GES l'adaptation aux effets du changement climatique. Le
premier renvoie à une politique globale. Le deuxième volet
renvoie à l'adaptation qui est une politique locale et
territorialisée selon les effets du changement climatique prévus
et les vulnérabilités propres à chaque territoire.
B- Vers une politique d'adaptation aux effets
néfastes des changements
climatiques au Cameroun
Le concept d'adaptation s'est peu à peu imposé
devant celui de réduction des émissions des GES, lors des
négociations de la CCNUCC. Face à l'insuffisance de la riposte
internationale en termes de réduction des émissions et à
l'accélération et à l'intensification des
événements extrêmes, l'adaptation est devenue
indispensable. C'est en 2001 que le troisième rapport du GIEC fait
allusion à l'adaptation en se référant à une
adaptation anticipée53. Au Cameroun, la
50 M. De Talance, « Changement climatique, un
obstacle à l'éradication de la pauvreté», mise en
ligne le 03 décembre 2015, article consulté en ligne
www.bsi.economics.org/555-changement-climatique-un-obstacle-a-l%EF%BDeradication-de-la-pauvrete
consulté le 7 juin 2019 à 22h38mn.
51 PNUD, Catalyser le financement climatique, 2011,
p.48.
52 Ibid.
53 C. Drouin, Adaptation au changement
climatique : Quelle place dans les politiques d'aménagement et
d'urbanisme lyonnaises ? Institut d'urbanisme de Lyon, Master 1 urbanisme
et aménagement, 2012, p.17.
125
fréquence des événements climatiques
extrêmes, les inondations récentes, les sécheresses
récurrentes dont notre pays est de plus en plus victime prouvent que les
changements climatiques ont cessé d'être des questions
scientifiques concernant un avenir lointain pour devenir un problème
réel et prégnant pour notre société54.
Dès lors, l'adaptation de nos sociétés aux changements
climatiques est désormais inévitable. Dans cette partie, nous
présenterons d'abord les généralités sur la notion
d'adaptation, ensuite nous insisterons sur la stratégie d'adaptation du
Cameroun aux changements climatiques et enfin nous déclinerons le plan
d'Action de mise en oeuvre de la stratégie d'adaptation.
1- Généralités et essai de
définition de concept d'adaptation aux
changements climatiques
Le concept d'adaptation est un terme générique
et transdisciplinaire qui touche plusieurs domaines de la science à
savoir la biologie, la psychologie, l'anthropologie, la sociologie et la
géographie. Elle est le résultat de corrélations entre
plusieurs variables. Trouver ainsi une définition spécifique
à l'adaptation aux changements climatiques n'est pas aisé.
a- Généralités sur l'adaptation
de l'homme aux conditions
extrêmes du climat
L'évolution biologique des êtres vivants et
l'évolution climatique sont étroitement liées. Et
l'idée d'inconstance du climat passé remonte aux
découvertes scientifiques du XVIIIe siècle55. Face aux
contraintes climatiques, les individus se sont toujours adaptés. Ainsi
l'adaptation des changements climatiques induits par l'homme à
l'échelle de la planète est sans précédent. De ce
fait, le besoin de s'adapter, d'en comprendre le processus et d'en saisir le
fonctionnement des agents de changement se fait alors pressant. C'est dans
l'article 4 de la CCNUCC qui prévoit "des mesures visant à
faciliter l'adaptation voulue aux changements climatiques"56, que la
notion d'adaptation est évoquée pour la première fois.
Elle refait surface dans le rapport du GIEC de 2001 et émerge dans les
négociations internationales sur le climat à Bali en 2007.
D'après les résultats du GIEC publiés
dans son quatrième rapport de 2007, il est prévu une hausse de
température moyenne d'ici 2100 de 1,1 à 2,9 degrés par
rapport à 1990 selon le scénario le plus optimiste et de 2,4
à 6,4 degrés selon le scénario le plus pessimiste. Ainsi,
un réchauffement d'ici la fin du siècle est inéluctable,
et ce quelle que soit l'ampleur des efforts de
54 PNACC..., p.2.
55 G. Simonet, « Le concept d'adaptation :
polysémie interdisciplinaire et implication pour les changements
climatique», Nature Science Sociétés, Vol. 17,
avril 2009, p.398.
56 CCNUCC..., p.6.
126
réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Cela s'explique par l'inertie du climat57. Selon le GIEC :
"le réchauffement anthropique et l'élévation du niveau de
la mer devraient se poursuivre pendant des siècles en raison des
échelles de temps propres aux processus et aux rétroactions
climatiques, même si l'on parvenait à stabiliser les
concentrations de GES"58. De ce qui précède,
l'adaptation aux changements climatiques est l'ultime condition pour la survie
de l'humanité. Sa finalité passe par la réduction de la
sensibilité de système aux risques naturels et par
l'accroissement de la résilience. Elle vise aussi l'amélioration
ou le maintien de la qualité de vie des êtres humains qui est
basée sur la préservation de la biodiversité et de
l'environnement en général59.
b- Adaptation et capacité d'adaptation aux
changements
climatiques : Quelle définition ?
Etymologiquement, l'adaptation vient du verbe "adapter" qui
lui-même provient du latin "apere" qui signifie lier, attacher
et dont le participe passé est "aptus" en français apte.
Ajouté à la locution ad (à, vers) donne le verbe
adaptare (ajuster à, en vue de). « Adaptation »
dérive du latin médiéval adaptatio,
attesté au XIIIe siècle, mais
généralisé en français puis en anglais au XVe
siècle pour désigner l'action d'adapter au sens
d'ajuster60.
L'adaptation aux changements climatiques est définie
par le GIEC comme "l'ajustement des systèmes naturels humains en
réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou
à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou
d'exploiter des opportunités bénéfiques". Elle est aussi
perçue comme le degré d'ajustement d'un système à
des changements climatiques afin d'atténuer les dommages potentiels, de
tirer parti des opportunités ou de faire face aux
conséquences61. La capacité d'adaptation quant
à elle est un processus dynamique qui est en partie fonction de la base
de production dont dispose une société donnée. Ces
productions sont, entre autres, les ressources naturelles et moyens
économiques, réseaux et programmes sociaux, capital humain et
institutions, mode de gouvernement, revenu national, santé et
technologie. Elle est aussi influencée par de multiples contraintes
climatiques et non climatiques ainsi que par les politiques de
développement62.
57 En effet, les GES ont une durée de vie
longue, les émissions passées et actuelles peuvent persister dans
l'atmosphère au cours du siècle.
58 Rapport GIEC 2007, Bilan des 2007 des changements
climatiques : Rapport de synthèse, p.47.
59 A. Magnan, «Proposition d'une trame de
recherche pour appréhender la capacité d'adaptation aux
changements climatiques» VertigO La revue électronique en
science de l'environnement Vol 9, n°3, décembre 2009, p.2.
60 Simonet, " Le concept d'adaptation...", p.393.
61 S. Zakieldeen, l'Adaptation au titre de la
CCNUCC, Rapport d'orientation de l'Initiative européenne de renforcement
des capacités (ECBI), juin 2010, p.1.
62 Rapport GIEC 2007..., p.56.
127
La capacité d'adaptation tourne autour de quatre axes
majeurs. Parmi ceux-ci, nous avons dans un premier temps les facteurs
d'influences. Ils concernent d'abord les facteurs environnementaux,
économiques, socioculturels politiques... Par la suite ils
intègrent les interactions entre les différents facteurs, les
barrières et les leviers à l'adaptation. Dans un second temps on
a les échelles spatio-temporelles liées à l'adaptation.
Dans un troisième temps nous avons les interactions entre la
vulnérabilité, le cap d'adaptation et de niveau de
développement. Enfin on a les rapports entre adaptation et
soutenabilité.63
2- La stratégie nationale d'adaptation du
Cameroun aux changements climatiques
La COP 13 de Bali en 2007 a établi que face aux
changements climatiques, nous devons combiner deux types d'actions à
savoir la réduction de nos émissions de GES pour contenir la
vitesse du réchauffement de la planète ; l'adaptation de nos
sociétés aux changements désormais inévitables du
climat. Dès ce moment, l'Etat du Cameroun a élaboré des
documents64 dans l'optique de développer une stratégie
d'adaptation aux changements climatiques. La stratégie nationale
d'adaptation aux changements climatiques s'inspire du Plan d'Action National
d'Adaptation aux Changements Climatiques (PNACC) élaboré en 2015.
Il est fondé sur une approche participative prenant en compte les
informations et observations séculaires accumulées par les
communautés locales sur les interactions entre l'homme, son
environnement et les conditions climatiques. L'objectif global du PNACC se base
sur deux piliers à savoir la réduction des émissions des
GES pour contenir la vitesse du réchauffement de la planète et
l'adaptation des sociétés aux changements
climatiques65. Il présente en outre un état des lieux
des changements climatiques au Cameroun ; une stratégie d'adaptation du
Cameroun aux changements climatiques ; un plan de mise en oeuvre de la
stratégie d'adaptation.
a- Les grands axes de la stratégie d'adaptation
aux changements climatiques
La stratégie d'adaptation du Cameroun est
déclinée en quatre axes stratégiques qui constituent les
objectifs spécifiques. Elle vise premièrement à
améliorer les connaissances sur les changements climatiques au Cameroun.
Pour ce faire, des programmes de recherches fondamentales et appliquées
doivent être menés sur la connaissance des aléas
climatiques, le
63 Magnan, «Proposition d'une trame...»,
p.5.
64 Parmi ces documents nous avons : le PACC
(Programme d'Approche Intégrées et Globales de l'Adaptation aux
changements climatiques) ; PANA (Programme d'Action National d'Adaptation aux
Changements Climatiques) et le PNACC (Plan National d'Adaptation aux
Changements Climatiques du Cameroun qui est le document final de cette
stratégie d'adaptation publié le 24 juin 2015.
65 Fomo, «Changements climatiques...»,
p.6.
128
suivi des données hydrométéorologiques,
évaluation des effets directs ou indirects, l'évaluation de la
vulnérabilité aux événements
extrêmes66. Deuxièmement, la stratégie a pour
objectif d'informer, éduquer et mobiliser la population camerounaise
pour s'adapter aux changements climatiques. Il s'agit ici de favoriser non
seulement l'accès à l'information aux populations, mais aussi de
la vulgariser67. Parmi celles-ci, nous avons entre autres les
populations rurales qui sont prioritaires, les élus, les
étudiants, les acteurs publics et privés ainsi que les
enseignants.
Troisièmement, il est question de réduire la
vulnérabilité aux changements climatiques
de la population dans les principaux secteurs et zones
agroécologiques du pays. En effet, s'adapter aux changements climatiques
signifie réduire la vulnérabilité camerounaise à
leurs effets. Enfin, la stratégie projette d'intégrer les
changements climatiques dans les stratégies de politiques publiques de
développement économiques et sociales existantes pour une
cohérence d'ensemble.68 L'intégration doit être
effective au niveau national, sectoriel et des projets. Les recommandations
doivent être cohérentes avec la vision d'émergence en 2035.
Adossé au DSCE, la stratégie doit couvrir une période de
cinq ans. Après cette période, elle doit être revue. La
première période en cours va de 2015 à 2020.
b- Les recommandations stratégiques par
secteur
Pour prévenir la mal-adaptation et assurer la
cohérence des mesures et politiques publiques, le PNACC a fait
émerger des recommandations par secteur. Les différentes
recommandations sont des stratégies de référence qui
servent comme guide aux acteurs de chaque secteur69. Dans ce cadre
de la stratégie, huit (08) secteurs ont été retenus et
quatre (04) thèmes transversaux conformément au DSCE. Pour les
problèmes de genre, les femmes doivent être prises en compte et
mise en avant dans la stratégie dans tous les secteurs.
Tableau n°7 : Les différents
secteurs retenus dans la stratégie d'adaptation
Secteurs
|
Thèmes ajoutés conformément au
DSCE
|
Agriculture
|
Eau, assainissement et santé
|
Éducation, recherche et formation
professionnelle
|
Elevage
|
Énergie, mines et industrie
|
Artisanat et économie sociale
|
Pêche et aquaculture
|
Développement urbain et travaux publics
|
Télécommunications
|
Foresterie,
sylviculture et faune
|
Tourisme
|
Genre, population vulnérable, protection sociale et
solidarité nationale
|
Source : Plan National d'Adaptation aux
Changements Climatiques, p.64.
66 PNACC...p.58.
67 Stratégie Nationale de Communication sur
l'adaptation aux changements climatiques, octobre 2011, p.19.
68 PNACC..., p.62.
69 PNACC, p.63.
129
3- Plan de mise en oeuvre de la stratégie
nationale d'adaptation aux changements climatiques au Cameroun
Dans le but de mettre en oeuvre la stratégie nationale
d'adaptation aux changements climatiques, telle conçue par le PNACC, un
plan d'action visant à concrétiser cette stratégie a
été établi. Ce plan détermine entre autres le
rôle des acteurs, les actions à mettre en oeuvre ainsi qu'un
agenda détaillant les différentes actions, les modes de
financement et les méthodes de suivi et d'évaluation du
plan70.
a- Les acteurs impliqués dans la gouvernance du
plan
d'adaptation
La réalisation du plan de la mise en oeuvre de la
stratégie nationale d'adaptation aux changements climatiques
nécessite la mobilisation de plusieurs acteurs. Parmi ceux-ci
trône le gouvernement constitué de l'Etat central et de ses
services déconcentrés et le parlement. La présidence de la
République et la primature définissent les politiques. Une fois
ces échelons passés, les ministères transversaux à
savoir le MINEPAT et le MINFI sont des acteurs clés en raison de leur
assise multisectorielle et de leur vocation d'expertise reconnue en
matière de planification, programmation et
budgétisation71.
De même, les ministères sectoriels
affectés directement dans leurs missions par les changements climatiques
ou spécialement aux aléas climatiques sont concernés. Dans
le cas d'espèce, le MINEPDED ; ministère chargé des
questions environnementales et les institutions associées telles que
l'ONACC, le Comité de Pilotage de la REDD+ fond partie des principaux
acteurs dans la concrétisation d'adaptation aux changements climatiques.
Chargé de faire les lois et contrôler l'action du
gouvernement72, le parlement est un acteur important dans
l'élaboration des normes dans l'implémentation de la
stratégie nationale d'adaptation aux changements climatiques. La plupart
des ministères ayant des services déconcentrés, dans le
cadre de la mise en oeuvre du PNACC, les délégations
régionales du MINEPDED sont les plus concernées.
En outre, la mise en oeuvre du PNACC impose une participation
inclusive des acteurs non étatiques et toutes les couches de la
société. Les collectivités territoriales
décentralisées, jouissant d'une autonomie certaine doivent
intégrer l'adaptation aux changements climatiques dans les politiques de
développement économique et social de leurs collectivités.
En plus, le secteur privé à travers les grandes entreprises
telles que les multinationales et les entreprises
70 Ibid., p.82.
71 PNACC, p-82.
72 Constitution du 18 janvier 1996, article 14.
73 PNACC..., p.83.
74 PNACC, p.86.
130
parapubliques, les associations de PME-PMI, sont des acteurs
économiques majeurs. Ces derniers ne sont guère
épargnés par les effets des Changements Climatiques qui font
d'eux des acteurs essentiels de l'adaptation aux changements
climatiques73. Comme autres acteurs nécessaires à la
mise en oeuvre du PNACC, nous pouvons citer les acteurs de la
société civile, les autorités traditionnelles et
religieuses et les médias ; les centres de recherche et institutions
académiques (IRAD, IRGM, INS, DMN etc) ; les individus et familles ; et
les partenaires techniques et financiers internationaux. Cette dernière
catégorie d'acteurs est composée des institutions
régionales (CEEAC, COMIFAC, CEMAC, etc.) et les institutions
internationales (PNUD, UICN, CIFOR, WWF, GWP, IRD etc.).
La présence d'une pluralité d'acteurs impose
prioritairement une coordination pour capitaliser les actions de ces derniers.
Ainsi, pour la mise en oeuvre efficace du PNACC, un cadre institutionnel
approprié et opérationnel a été mis en place par le
Cameroun74. La figure ci-dessous présente la structuration
institutionnelle de la mise en oeuvre du PNACC.
Schéma n°3 : Structure
institutionnelle de mise en oeuvre du PNACC
Appui technique Partenariats stratégiques
Coordination nationale de la mise en oeuvre du
PNACC
Structure de Coordination Régionale pour l'adaptation
Comités Techniques Départementaux
pour l'adaptation
COMITE DE PILOTAGE
MINEPDED
Coopération Institutionnelle et politique
ONACC
Source : Plan d'Action National d'Adaptation
aux Changements climatiques
131
b) Les mécanismes de financement, de suivi et
d'évaluation du plan
Le PNACC comprend quatre (04) axes stratégiques
couvrant douze (12) secteurs. Leur réalisation se décline en un
ensemble de 05 projets transversaux et de 15 projets sectoriels pour un montant
total de 68,740 milliards de FCFA, soit l'équivalent de 105,753 millions
d'euros75. Les différents projets couvrent entre autres les
investissements d'adaptation, de prévention et de prise en charge des
victimes des changements climatiques. Les deux tableaux ci-dessous dressent la
liste des projets retenus dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de la
stratégie d'adaptation aux changements climatiques. Premier tableau
donne des informations nécessaires aux cinq (05) projets transversaux
élaborés en vue de la mise en oeuvre de PNACC. Le second quant
à lui présente les quinze (15) projets sectoriels.
Tableau n°8 : Projets transversaux en vue
de la mise en oeuvre du PNACC
N° projet
|
Titre
|
Objectif
|
Budget
|
Durée
|
Projet 1
|
Mise en place d'un système
d'observation, de gestion des informations et d'alerte sur
les risques climatiques au Cameroun
|
Améliorer la collecte des données
climatiques, météorologiques et hydrologiques
et organiser leur diffusion et leur appropriation auprès des acteurs du
pays afin qu'ils puissent s'adapter aux Changements Climatiques
|
2 millions
d'Euros
|
5 ans
(2016-
2020)
|
Projet 2
|
Actualisation du plan
National de contingence au
Cameroun et opérationnalisation du fonds d'urgence
|
Améliorer la résilience aux changements
climatiques du Cameroun en renforçant et
en actualisant la plan National de contingence et par
l'opérationnalisation du fonds d'urgence
|
2 millions
d'Euros
|
4 ans
(2016-
2019)
|
Projet 3
|
Prise en compte des risques
climatiques dans
l'actualisation du Plan d'Affectation des Terres
|
Améliorer la résilience des populations aux
effets du changement climatique en les intégrant dans le Plan
d'Affectation des Terres
|
3 millions
d'Euros
|
5 ans
(2016-
2020)
|
Projet 4
|
Sensibilisation de la
population, des
professionnels, des
administrations et des décideurs sur les effets des
changements climatiques et sur les mesures à prendre
|
Sensibiliser les acteurs (autorités locales
et nationales) et les populations camerounaises en vue
d'améliorer leur
résilience aux effets du changement climatique
|
2 millions
d'Euros
|
4 ans
(2016-
2020)
|
Projet 5
|
Protection du littoral contre les effets des changements
climatiques
|
Prise en compte de l'élévation du niveau de la
mer dans l'aménagement du littoral
|
10 millions d'Euros
|
4 ans
(2016-
2019)
|
Source : Adaptation fiches des projets
détaillées PNACC.
75 Plan National d'Investissement pour l'adaptation au
Changement Climatique (PNIACC), Novembre 2015, p.1.
132
Tableau n°9 : Projets sectoriels en vue de
la mise en oeuvre du PNACC
N° projet
|
Titre
|
Objectif
|
Budget
|
Durée
|
|
Education, formation
professionnelle et
|
Former les apprenants des
établissements scolaires et des
|
|
|
|
renforcement des
|
universités ainsi que les cadres des
|
5 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 1
|
capacités sur le
changement climatique
|
structures publiques et privées sur les
questions relatives au changement climatique
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Adaptation des
référentiels techniques
|
Adapter les référentiels techniques de
construction et d'entretien des
|
|
|
|
de construction des
|
infrastructures aux effets possibles des
|
2 millions
|
3 ans (2016-
|
Projet 2
|
infrastructures aux effets
des changements climatiques
|
changements climatiques
|
d'Euros
|
2019)
|
|
Réduction de la
vulnérabilité des
|
Améliorer la résilience des populations urbaines
aux effets des changements
|
|
|
|
|
|
2 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 3
|
populations urbaines aux effets des changements climatiques
|
climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Amélioration de la
gouvernance foncière
|
Améliorer la gouvernance foncière
locale pour une gestion durable,
|
2 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 4
|
locale en réponse aux changements climatiques
|
participative et équitable des terres
dans un contexte de changement climatique
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Adaptation de la
|
Intégrer la problématique et la
|
|
|
|
politique nationale genre
|
vulnérabilité du genre au changement
|
2 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 5
|
et réduction de leur
vulnérabilité au changement climatique
|
climatique dans la politique nationale
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Changement climatique
|
Améliorer la gestion durable et
|
|
|
|
et gestion intégrée de
|
participative des déchets pour réduire
|
10 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 6
|
déchets
|
les impacts négatifs liés aux
changements climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Diversification de l'offre
|
Diversifier et gérer durablement
|
|
|
|
énergétique dans un
|
l'énergie au Cameroun dans un
|
20 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 7
|
contexte de changement climatique
|
contexte de changement climatique
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Renforcement et
sécurisation de l'accès
|
Augmenter la résilience économique et sociale
aux changements climatiques
|
|
|
|
aux ressources en eau et
|
par la sécurisation et la gestion
|
8 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 8
|
aux services
assainissement dans un contexte de changement climatique
|
rationnelle des ressources en eau
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Renforcement des
capacités d'adaptation
|
Renforcer les capacités du système de
santé nationale pour l'améliorer sa
|
|
|
|
du système de santé
|
résilience aux changements
|
5 millions
|
4 ans (2016-
|
Projet 9
|
nationale face aux
changements climatiques
|
climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
133
Projet 10
|
Prise des changements
climatiques dans le
développement des activités touristiques et
artisanales
|
Améliorer la résilience des activités
touristiques et artisanales aux effets du changement climatique
|
5 millions
d'Euros
|
5 ans (2015-
2020)
|
|
Développement d'une
|
Développer une agriculture intégrée et
|
|
|
|
agriculture intégrée et
|
résiliente face aux effets des
|
8 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 11
|
résiliente face aux effets
des changements climatiques
|
changements climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Réduction de la
|
Améliorer la résilience du secteur de
|
|
|
|
vulnérabilité de
|
l'élevage face aux effets négatifs des
|
5 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 12
|
l'élevage aux effets des
|
changements climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Changement Climatique
|
|
|
|
|
(REVEECC)
|
|
|
|
|
Réduction des effets des
|
Améliorer la résilience du secteur
|
|
|
|
changements
|
halieutique vis-à-vis des impacts
|
3 millions
|
3 ans (2017-
|
Projet 13
|
climatiques sur le secteur halieutique
|
négatifs des changements climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Réduction de la
|
Améliorer la résilience des forêts et des
|
|
|
|
vulnérabilité des forêts
|
activités forestières aux impacts des
|
8 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 14
|
aux changements
climatiques au
|
changements climatiques
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Cameroun
|
|
|
|
|
Prise en compte du
changement climatique
|
Intégrer les changements climatiques
dans la gestion des activités
|
|
|
|
|
|
4 millions
|
5 ans (2015-
|
Projet 15
|
dans le développement
des industries au
|
industrielles au Cameroun
|
d'Euros
|
2020)
|
|
Cameroun
|
|
|
|
Source : Adaptation fiches des projets
détaillées PNACC.
Pour le financement des 20 projets d'un montant total de 108
millions d'Euros soit 70,7 milliards de Francs CFA, trois sources de
financement ont été retenues. Nous avons d'abord le budget
d'investissement public de l'Etat. Il s'agit de l'augmentation de financement
de l'adaptation aux changements climatiques et sa prise en compte dans les
documents et instruments de référence et de planification
généraux et sectoriels76.
Pour le financement des projets du PNACC, le gouvernement
camerounais compte sur la dynamique des différents acteurs
impliqués tant internationaux que régionaux pour obtenir des
financements multilatéraux et bilatéraux. Enfin, le secteur
privé est un grand pourvoyeur capable de mobiliser les fonds dans le
cadre de l'adaptation aux changements climatiques. Cependant, sa faible
capacité de mobiliser des financements lors des MDP, REDD, REDD+ et le
Fonds carbone montre la marginalisation du secteur par rapport à ses
enjeux. Ainsi, le
76 Plan National d'Investissement pour l'adaptation au
Changement Climatique (PNIACC), Novembre 2015, p.16.
134
renforcement des capacités des analystes financiers des
entreprises du secteur bancaire en matière de risques climatiques
associés aux projets privés contribuerait à donner le plus
de visibilité aux fondés de pouvoirs des banques et permettrait
d'augmenter le financement privé des actions d'adaptation au changement
climatique77.
Le suivi et l'évaluation du PNACC est assuré par
la Coordination nationale. Le suivi annuel d'exécution des actions du
plan est réalisé par la Sous-Direction du Monitoring Ecologique
et Suivi du Climat de la Conservation et de la Gestion des Ressources
Naturelles du MINEPDED. Des bilans annuels publics seront
régulièrement rendus avec la contribution de l'ONACC. De
même, un comité d'évaluation est constitué de toutes
les composantes de la société et acteurs.78 Il doit
produire à son tour un rapport annuel comportant le bilan entre autres
un bilan permettant d'apprécier les résultats atteints et des
recommandations pour la suite du plan. Un dispositif de suivi-évaluation
a été prévu pour évaluer les performances des
projets retenus sur la base d'un certain nombre d'indicateurs. Ces indicateurs
touchent précisément le degré d'amélioration des
connaissances des acteurs, le nombre de publications scientifiques sur
l'adaptation aux changements climatiques, les communications visant la
vulgarisation des mesures d'adaptation, l'augmentation des investissements dans
les techniques et mesures d'adaptation et le nombre de lois et décrets
intégrant les changements climatiques79.
Toutes les parties prenantes et bénéficiaires
ont été intégrées dans le processus de
suivi-évaluation grâce à la création de
comités régionaux et départementaux d'adaptation aux
changements climatiques. Pour veiller à la transparence de la mise en
oeuvre du PNACC à l'intervalle de cinq ans, trois phases
dévaluation ont été prévues. La première est
une évaluation à mi-parcours ; la deuxième phase est quant
à elle une évaluation de fin, et enfin la troisième phase
est une évaluation rétrospective permettant de tirer des
enseignements et élaborer de nouvelles politiques de
développement. Les différentes révisions, rapports et
bilans aboutiront à la rédaction d'un nouveau plan d'adaptation
après une période de cinq ans80.
77 Ibid., p.18.
78 Les représentants des ministères
sectoriels, de la société civile, de la communauté
scientifique nationale et des partis politiques.
79 Plan National d'Investissement pour l'adaptation
au Changement Climatique (PNIACC), Novembre 2015, p.94.
80 Ibid.
135
CONCLUSION GÉNÉRALE
La préoccupation centrale de notre réflexion
était de clarifier la problématique de la lutte contre les
changements climatiques au Cameroun. Pour ce faire, nous avons eu recours
à une approche chronologique, dans une analyse systémique
imposant inter et transdisciplinarité pour examiner de manière
critique des sources et informations recueillies. Cela nous a permis de rendre
compte sur les actions menées par le Cameroun en matière de lutte
et d'atténuation des changements climatiques ainsi qu'aux
capacités du pays à s'adapter aux effets néfastes de ce
phénomène, qui affichent un tableau mitigé.
Dans les deux premiers chapitres, il a été
nécessaire de présenter les généralités et
l'émergence de la conscience écologique sur la scène
internationale dans les années 60 et la CCNUCC. A partir des
années 70, des rencontres intergouvernementales à
caractère écologique, socio-humanitaire, scientifique se
généralisent. La conférence de Stockholm de 1972 en faveur
de l'environnement a pour conséquence la création en 1973 du
PNUE. En 1979, le climat est mis en avant avec l'organisation à
Genève de la première Conférence Mondiale sur le Climat.
Dès lors, la communauté internationale va se montrer soucieuse de
la protection de l'environnement. La décennie 80 est marquée par
l'élaboration des premiers instruments juridiques internationaux
relatifs à la protection de l'atmosphère et de la couche d'ozone
à savoir la Convention de Vienne et le Protocole de Montréal.
L'année 1988 marque un tournant décisif dans la construction de
la gouvernance climatique mondiale avec la création du GIEC, institution
chargée de mener les recherches sur les changements climatiques.
Sur le plan national, il est clair que les questions
environnementales n'étaient pas un souci majeur pour le pouvoir de
Yaoundé depuis les indépendances jusqu'en 1992. Mais après
la Conférence de Stockholm de 1972, une conscience écologique
quoiqu'embryonnaire émerge. En 1974, le Cameroun réagit par le
lancement de l'Opération Sahel Vert. Peu à peu le pays
procède à la mise sur pied des organes chargés des
questions d'environnement au sein du gouvernement. On note la création
de la Cellule de la Protection de l'Environnement (CPE) au sein du MINTP en
1977. Le 9 avril 1992, on assiste à la création du
Ministère de l'Environnement et de la Forêt le au sein duquel fut
érigée la Direction de l'Environnement.
Convaincue de l'existence des changements climatiques,
l'Assemble Générale de l'ONU approuva en décembre 1991 le
début des négociations de la CCNUCC. Un Comité
136
Intergouvernemental de négociation de la Convention
constitué des négociateurs de 150 pays élaborèrent
la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Elle fut
signée à l'unanimité à la Conférence de Rio
de Janeiro au Brésil en juin 1992.
La CCNUCC est le document de base d'un vaste programme
à moyen et à long terme sur la lutte contre les
dérèglements climatiques. Son but ultime est de stabiliser les
concentrations des GES dans l'atmosphère. Elle est guidée par des
principes auxquels les parties doivent s'appuyer dans le strict respect de
leurs engagements. Outre les engagements généraux, chaque partie
en fonction de son niveau de développement avait des obligations
particulières.
Pour assurer sa mise en application effective, une batterie de
mécanismes institutionnels et financiers a été mise sur
pied. Sur le plan institutionnel, la Conférence des Parties est l'organe
suprême de la Convention. D'autres organes tels que le Secrétariat
à la Convention, l'organe subsidiaire de conseil scientifique et
technologique et d'autres furent créés. Dans le but de fournir
des ressources financières favorisant sa mise en application, un
mécanisme financier a été créé.
L'institution chargée de les gérer était le FEM
créé en 1991. De même, une coopération
interétatique a été prescrite pour assurer et surveiller
la collaboration entre les parties.
Pays aux spécificités géographiques
particulières, considéré comme une "Afrique en
miniature", pays appartenant au bassin du Congo deuxième poumon
vert mondial, membre de plusieurs organisations à vocation
environnementale, possédant un écosystème riche et
varié, pays littoral menacé par la désertification dans sa
partie septentrionale ; le Cameroun avait ainsi plus d'une raison de signer la
CCNUCC le 14 juin 1992 et de la ratifier le 19 octobre 1994.
Les deux derniers chapitres présentaient d'une part les
réalisations opérées par le Cameroun dans la lutte et
l'adaptation au réchauffement climatique ; d'autre part les entraves et
manquements qui limitent la marge de manoeuvre du Cameroun dans sa croisade
contre les dérèglements climatiques. Avec pour principales
sources d'émission les secteurs de l'énergie, de l'industrie, la
pression démographique avec l'agriculture, les émissions
liées à l'affectation des terres et de forêts et le secteur
des déchets, le pays est vulnérable aux effets du changement
climatique. Pour y faire face, il a initié des actions pour
atténuer ses émissions des GES.
L'Etat du Cameroun s'est illustré à
l'élaboration des cadres juridique et institutionnel chargés de
règlementer et de piloter les activités liées à la
protection de l'environnement et de lutte contre les changements climatiques.
Cette architecture a servi de base au lancement de plusieurs projets. Par le
concours des acteurs du secteur privé et des partenaires au
développement, le Cameroun a lancé en 1996 le PNGE. Après
l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, le pays s'est inscrit dans la
logique des projets MDP avec la création du Comité National MDP
le 16 janvier 2006.
137
Le pays a manifesté sa volonté dans ce combat
contre les changements climatiques en créant l'ONACC en 2009. Il a aussi
adhéré au processus REDD et REDD+ dans l'optique de
réduire les émissions issues de la déforestation et de la
dégradation des forêts. Dès lors, un Comité de
Pilotage et un Secrétariat REDD+ ont été établis en
2012. Des réalisations conséquentes ont été
enregistrées telles que le lancement des projets pilotes REDD en
février 2008, l'élaboration de la R-PIN et la R-PP. D'autres
activités de recherches et documents ont été produits pour
aboutir à l'élaboration de la stratégie nationale REDD+ en
janvier 2018.
Le combat du Cameroun contre les changements climatiques est
freiné par plusieurs facteurs. Ces obstacles sont d'une part
inhérents à la CCNUCC et à la communauté
internationale et d'autre part aux mobiles internes liés à la
gouvernance du pays. L'incertitude scientifique, la marginalisation des pays du
Sud dans le Protocole de Kyoto ont développé un manque de
motivation des parties et renforcé les clivages Nord-Sud. L'échec
de la négociation d'un accord consensuel et contraignant a
favorisé l'apparition d'accords et projets variés ce qui
fragilise l'action internationale en matière de gouvernance
climatique.
En outre, la mal-gouvernance, d'autres facteurs
exogènes plombe l'action du pays contre les dérèglements
climatiques. En effet, la présence d'un cadrage juridique embryonnaire
et balbutiant, la corruption légendaire et les lenteurs administratives
sont à l'origine du retard et de l'échec de plusieurs projets. En
plus, il faut noter l'insuffisance et l'absence des moyens techniques et
financiers alloués aux activités de lutte contre le changement
climatique. Cet état des choses limite l'action du Cameroun dans la mise
en application effective dans la CCNUCC.
Face à ces difficultés, des solutions ont
été proposées pour une mise en oeuvre optimale de la
CCNUCC pour une résilience et une adaptation efficace aux changements
climatiques. La première solution est le renforcement des
capacités des acteurs nationaux, des institutions techniques nationales
et l'implication de toutes les parties prenantes. Il est nécessaire
d'élaborer un cadre juridique spécifique à la lutte contre
les changements climatiques. La mise en place d'une approche
intégrée entre le développement et changement climatique
pour atteindre ses objectifs socio-économiques doit aussi être
prise en compte.
Les changements climatiques étant un chemin de
non-retour, limiter leurs effets étant presque illusoire, l'adaptation
est donc primordiale. C'est dans cette logique que le Cameroun a
élaboré en 2015 le Plan National d'Adaptation aux Changements
Climatiques (PNACC). C'est un vaste programme d'adaptation axé sur 20
projets concernant des secteurs de l'agriculture ; l'élevage ; la
pêche et l'aquaculture ; foresterie, sylviculture et la faune ; l'eau,
assainissement et santé ; énergie, mines et industrie,
développement urbain et travaux public.
138
ANNEXES
Annexe 1 : Loi autorisant au Président de la
République à procéder à l'adhésion du
Cameroun à la Convention de Kyoto révisée
139
140
Annexe 2 : Loi autorisant au Président de la
République à ratifier l'Accord de Paris sur le climat
141
142
Annexe 3 : Arrêté portant création,
organisation et fonctionnement du Comité de pilotage des
activités REDD+
143
144
145
146
ANNEXE 4 : Décret portant création,
organisation et fonctionnement de l'ONACC.
REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
Patrie
MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA PROTECTION DE LA
NATURE
REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work -
Fatherland
MINISTRY OF ENVIRONMENT AND PROTECTION OF
NATURE
CREATION, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE
L'OBSERVATOIRE NATIONAL SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Yaoundé Décembre 2009
DECRET N° 2009/410 du 10 décembre 2009
portant création, organisation et fonctionnement de l'Observatoire
National des Changements Climatiques
147
Le président de la République décrète
:
CHAPITRE PREMIER : DISPOSITIONS
GÉNÉRALES
Article premier- Le présent
décret porte création, organisation et fonctionnement de
l'Observatoire national sur les changements climatiques en abrégé
(ONACC) et ci-après dénommé « l'Observatoire
».
Article 2- (1) L'Observatoire est un
établissement public administratif de particulier, relativement à
ses missions, à ses organes et à son régime financier,
doté de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière.
(2) Son siège est fixé à Yaoundé.
(3) Des structures annexes de l'Observatoire peuvent, en tant
que de besoin, être créées dans d'autres localités
du territoire national sur délibération du Conseil d'orientation
de l'Observatoire, et après approbation du ministre de tutelle
technique.
Article 3- L'Observatoire est placé
sous la tutelle technique du ministère chargé de l'environnement
et sous la tutelle financière du ministère chargé des
finances.
Article 4- (1) L'Observatoire a pour mission
de suivre et d'évaluer les impacts socio-économiques et
environnementaux, des mesures de prévention, d'atténuation et/ou
d'adaptation aux effets néfastes et risques liés à ces
changements.
(2) À ce titre, il est notamment chargé :
- D'établir les indicateurs climatiques pertinents pour
le suivi de la politique environnementale ;
- De mener des analyses prospectives visant à proposer
une vision sur l'évolution du climat, de fournir des données
météorologiques et climatologiques à tous les secteurs de
l'activité humaine concernés et de dresser le bilan climatique
annuel du Cameroun ;
- D'initier et de promouvoir des études sur la mise en
évidence des indicateurs, des impacts et des risques liés aux
changements climatiques ;
- De collecter, analyser et mettre à la disposition des
décideurs publics, privés ainsi que des différents
organismes nationaux et internationaux, les informations de
référence sur les changements climatiques au Cameroun ;
- D'initier toute action de sensibilisation et d'information
préventive sur les changements climatiques ;
- De servir d'instrument opérationnel dans le cadre des
autres activités de réduction des gaz à effet de serre
;
- De proposer au gouvernement des mesures préventives
de réduction d'émission de gaz à effet de serre, ainsi que
des mesures d'atténuation et/ou d'adaptation aux effets néfastes
et risques liés aux changements climatiques ;
- De servir d'instrument de coopération avec les autres
observatoires régionaux ou internationaux opérant dans le secteur
climatique ;
- De faciliter l'obtention des contreparties dues aux services
rendus au climat par les forêts à travers l'aménagement, la
conservation et la restauration des écosystèmes ;
148
- De renforcer les capacités des institutions et
organismes chargés de collecter les données relatives aux
changements climatiques, de manière à créer, à
l'échelle
nationale, un réseau fiable de collecte et de transmission
desdites données.
(3) L'Observatoire exerce ses missions en liaison avec les
administrations publiques, leurs démembrements territoriaux, les
établissements, centres et instituts de recherches basés sur le
territoire national. Il peut, en outre, établir des partenariats avec
des organismes étrangers remplissant des missions similaires.
(4) L'Observatoire effectue toute autre mission à lui
confiée par le gouvernement.
CHAPITRE II ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
Article 5- Les organes de gestions de
l'observatoire sont : - Le conseil d'orientation ;
SECTION I : DU CONSEIL D'ORIENTATION
Article 6 - (1) Le conseil d'orientation est
l'organe d'orientation de la politique générale de
l'observatoire. Il est composé de douze (12) membres, dont
:
Un Président : Une personnalité
désignée par décret du président de la
République.
Membres :
- Un représentant de la présidence de la
République
- Un représentant du Premier ministre
- Un représentant du ministère chargé de
l'environnement
- Un représentant du ministère chargé des
forêts
- Un représentant du ministère des finances ;
- Un représentant du ministère chargé de la
coopération technique ;
- Un représentant du ministère de la recherche
scientifique ;
- Un représentant du ministère chargé de
l'agriculture ;
- Un représentant du ministère chargé de
l'eau et l'énergie ;
- Un représentant du ministère chargé de la
météorologie ;
- Un représentant élu du personnel.
(2) Les membres du conseil d'orientation sont nommés
par décret du président de la République.
Article 7 - (1) Le président et les
membres du conseil d'orientation sont nommés pour un mandat de trois (3)
ans renouvelables une fois.
(2) Le mandat de membre du conseil d'orientation prend fin
à l'expiration normale de sa durée, par décès ou
par démission. Il prend également fin à la suite de la
perte de la qualité qui a motivé la nomination ou encore par
révocation à la suite d'une faute grave ou d'agissements
incompatibles avec la fonction de membre du conseil d'orientation.
149
(3) En cas de décès en cours de mandat dans
toutes les hypothèses où un membre du conseil d'orientation n'est
plus en mesure d'exercer son mandat, le président de la
République désigne un autre administrateur pour la suite du
mandat.
Article 8- (1) Le président et les
membres du conseil d'orientation sont soumis aux mesures restrictives et
incompatibilités prévues par la législation en vigueur.
(2) Les membres du conseil d'orientation sont astreints
à l'obligation de discrétion pour les informations, faits et
actes dont ils ont connaissance dans l'exercice de leurs fonctions.
Article 9- (1) La fonction de membre du conseil d'orientation
est gratuite. Toutefois, les membres bénéficient d'une
indemnité de session et peuvent prétendre au remboursement des
dépenses occasionnées par les sessions, sur présentation
des pièces justificatives.
(2) Le président du conseil d'orientation
bénéficie d'une allocation mensuelle.
(3) Le taux de l'indemnité de session ainsi que
l'allocation mensuelle du président sont fixés par le conseil
d'orientation dans les limites des plafonds prévus par la
réglementation en vigueur.
Article 10- (1) Le conseil d'orientation de
l'observatoire dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de
l'observatoire. A ce titre, il est chargé de définir et
d'orienter la politique générale de l'observatoire et
d'évaluer sa gestion, dans les limites fixées par son objet
social. Son rôle est à la fois administratif et de suivi des
aspects techniques.
Sur le plan administratif, le conseil d'orientation est
chargé :
- de fixer les objectifs et d'approuver le programme d'action
annuel de l'observatoire ; - d'approuver, sur proposition du directeur,
l'organigramme, le règlement intérieur, la grille des
rémunérations et les avantages du personnel ;
- d'adopter le budget de l'observatoire et d'arrêter de
manière définitive les comptes et les états financiers
annuels ;
- de recruter et licencier, sur proposition du directeur, les
experts et le personnel d'encadrement ;
- d'accepter les dons, legs et subventions ;
- d'approuver les conventions et accords de partenariat
négociés par le directeur et ayant une incidence
budgétaire ;
- d'approuver les rapports d'information élaborés
par le directeur ;
- de faire procéder aux contrôles relatifs au
fonctionnement ou à la gestion de l'Observatoire ;
- d'autoriser toute aliénation de bien meuble ou
immeuble, corporel ou incorporel, conformément à la
législation en vigueur et après approbation des ministres de
tutelle ;
- de susciter la collecte des données, les
études et les recherches dans les secteurs ne faisant pas encore l'objet
d'une observation systématique ;
- de suivre, sous l'autorité de son président,
l'activité de la direction ;
Sur le plan technique, le conseil d'orientation est chargé
:
- de valider les indicateurs climatiques retenus et d'assurer
le suivi de l'évolution des travaux conduits par le directeur ;
150
- de valider et suivre les programmes de surveillance de la
qualité des composantes liées aux changements climatiques ;
- de valider le bilan climatique annuel du Cameroun et,
notamment, l'estimation des stocks de carbone au niveau national ;
- de valider les recommandations sur les mesures de
prévention, d'atténuation et/ou d'adaptation aux effets
néfastes et risques liés aux changements climatiques ;
- de valider les instruments de coopération avec la
communauté internationale ainsi que les accords de collaboration entre
l'Observatoire et les organismes partenaires disposant d'une expertise dans les
domaines intéressant l'activité de l'Observatoire ;
- D'approuver le rapport annuel d'activités de
l'Observatoire avant sa transmission aux ministres de tutelle.
(2) Le conseil d'orientation peut déléguer
certains de ses pouvoirs au directeur, à l'exception de ceux
énumérés ci-dessus. Le directeur rend compte, en tant que
de besoin, de l'utilisation de cette délégation.
Article 11- (1) Le président du
Conseil d'orientation convoque et préside les sessions du Conseil
d'orientation. Il veille à l'application de ses résolutions.
(2) Le Président du Conseil d'orientation peut inviter
toute personne en raison de ses compétences sur les points
spécifiques inscrits à l'ordre du jour de la session à
participer aux travaux du conseil à titre consultatif
(3) Les représentants des partenaires au
développement peuvent être invités à prendre part
aux travaux du Conseil d'orientation, avec voix consultative.
Article 12- Le secrétariat du Conseil
d'orientation est assuré par le directeur de l'Observatoire.
Article 13- (1) Le conseil d'orientation se réunit en
session ordinaire deux fois par an, sur convocation de son président,
dont une fois pour le vote du budget et une fois pour arrêter les
états financiers annuels et examiner la marche des activités de
l'observatoire.
(2) Des sessions extraordinaires peuvent être
programmées en cas de besoin pour traiter des points spécifiques
ou urgents, à la demande du président ou d'un tiers au moins des
membres du Conseil d'orientation.
(3) Le président du Conseil d'orientation est
défaillant lorsqu'il ne convoque pas au moins deux séances du
Conseil par an. Dans ce cas, le tiers au moins de ses membres, le ministre
chargé des finances ou le ministre chargé de l'environnement,
selon le cas, peut prendre l'initiative de convoquer le Conseil d'orientation
sur un ordre du jour déterminé.
(4) Le Conseil d'orientation peut constituer des groupes de
travail ou se faire assister par des experts et/ou des cabinets
spécialisés, selon les matières à examiner.
Article 14- (1) Les convocations aux
sessions, comportant la date, l'heure, le lieu et l'ordre du jour,
accompagnées des dossiers à examiner, doivent être
adressées aux membres quinze jours au moins avant la date de la
réunion. En cas d'urgence, ce délai est ramené à
sept jours.
151
(2) Lorsqu'à l'issue de la première convocation
le quorum prévu à l'alinéa ci-dessus n'est pas atteint, le
président convoque à nouveau les membres du Conseil d'orientation
dans un délai de trois jours. Dans ce cas, le Conseil d'orientation
délibère sans conditions du quorum. Tout membre présent ou
représenté a une séance du Conseil d'orientation est
considéré comme ayant été dûment
convoqué.
Article 15- (1) Tout membre du Conseil
d'orientation empêché peut se faire représenter aux
réunions par un autre membre. Toutefois, aucune personne ne peut, au
cours d'une même session, représenter plus d'un membre.
(2) En cas d'empêchement de son président le
Conseil élit en son sein un président de séance à
la majorité simple des membres présents ou
représentés.
Article16- (1) Le Conseil d'orientation ne
peut valablement délibérer qu'en présence des deux tiers
au moins de ses membres.
(2) Les avis et résolutions du Conseil d'orientation
sont adoptés à la majorité simple des membres
présents. En cas d'égalité des voix, celle du
président est prépondérante.
(3) Les procès-verbaux des séances sont
consignés dans un registre spécial tenu au siège de
l'Observatoire.
SECTION II : DE LA DIRECTION
Article 17 - La direction de l'Observatoire
est placée sous l'autorité d'un directeur éventuellement
assisté d'un directeur adjoint, tous nommés par décret du
président de la République, pour un mandat de trois ans
renouvelable une fois.
Article 18- Le directeur de l'Observatoire
est chargé du suivi de toutes les activités techniques,
administratives et financières liées à la gestion de
l'établissement, sous le contrôle du Conseil d'orientation. A ce
titre, il :
- prépare les sessions du Conseil d'orientation en
relation avec le président et rédige les rapports de chaque
session ;
- conserve les archives et la documentation de l'Observatoire
;
- élabore les projets de budget, les programmes d'action
et les rapports d'activité et de
l'Observatoire, à soumettre au Conseil d'orientation, y
compris son rapport annuel ; - exécute les plans d'action et
d'activités arrêtés par le Conseil d'orientation ;
- assure la liaison permanente entre l'Observatoire et les autres
observatoires
sectoriels, les centres, stations ou laboratoires existant au
sein des administrations ou
instituts et dont les missions sont proches ou
complémentaires ;
- assure la veille permanente et donne l'alerte en cas de
risques graves ; suit l'exécution des recommandations et
résolutions du Conseil d'orientation.
- Exécute toute mission à lui confiée par le
Conseil d'orientation.
- Supervise les travaux de collecte et d'analyse des
données sur la base des indicateurs scientifiques
préétablis ;
- Prépare le bilan climatique annuel du Cameroun et,
notamment, l'estimation des stocks de carbone au niveau national ;
152
- Propose des recommandations sur les mesures de
prévention, d'atténuation et/ou d'adaptation aux effets
néfastes et risques liés aux changements climatiques ;
- Propose des instruments de coopération avec la
communauté internationale et des accords de collaboration entre
l'observatoire et les organismes partenaires disposant d'une expérience
ou d'une expertise dans les domaines intéressant l'activité de
l'observatoire.
Article 19- (1) Le directeur de
l'observatoire contresigne tous les rapports d'analyse technique des
données.
(2) Il est responsable devant le Conseil d'orientation qui
peut le sanctionner en cas de faute grave de gestion ou de comportement
susceptible de nuire à la bonne marche ou à la bonne marche ou
à l'image de l'établissement, suivant les modalités
fixées par la législation et la réglementation en
vigueur.
(3) En cas d'empêchement temporaire du directeur pour
une période n'excédant pas deux (2) mois, celui-ci prend toutes
les dispositions pour assurer la bonne marche du service.
(4) En cas de vacance du poste de directeur pour cause de
décès, démission ou d'empêchement définitif,
dûment constaté par le conseil d'orientation, et en attendant la
nomination d'un nouveau directeur par l'autorité compétente, le
conseil d'orientation prend toutes les dispositions nécessaires pour
assurer la bonne marche de l'observatoire.
Article 20- La rémunération et
les avantages du directeur sont fixés par le conseil d'orientation
à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres, suivant les
plafonds prévus par la réglementation en vigueur.
Article 21- (1) L'observatoire dispose de
services administratifs centraux.
(2) Un arrêté du Premier ministre précise
l'organisation et le fonctionnement des services administratifs de
l'observatoire.
CHAPITRE III DISPOSITIONS FINANCIERES SECTION I: DES
RESSOURCES
Article 22- Les ressources financières de
l'observatoire sont des deniers publics. Elles sont
gérées selon les règles prévues par
le régime financier de l'Etat. Ses ressources proviennent :
- des fonds propres, générés par les
activités de l'observatoire ;
- des subventions et de toutes autres ressources allouées
par l'Etat ;
- des dons et legs ;
- des contributions de partenaires internationaux.
SECTION II : DU BUDGET ET DES COMPTES
Article 23- Le budget de l'observatoire est
équilibré en recettes et en dépenses.
Article 24- (1) Le directeur est l'ordonnateur
principal du budget de l'observatoire.
(2) sur proposition du directeur, des ordonnateurs secondaires
peuvent être institués par le conseil d'orientation.
153
Article 25- Le projet de budget annuel et les
plans d'investissement de l'observatoire sont préparés par le
directeur, puis adoptés par le conseil d'orientation et transmis pour
approbation aux ministres de tutelle avant le début de l'exercice
budgétaire.
Article 26- (1) Un agent comptable est
nommé auprès de l'observatoire par arrêté du
ministre chargé des finances.
(2) L'agent comptable est enregistré toutes les
recettes et toutes les dépenses de l'observatoire. Il contrôle la
régularité des autorisations de recettes, des mandatements et des
paiements ordonnés par le directeur.
(3) Le paiement des dépenses autorisées
s'effectue uniquement auprès de l'Agent comptable.
Article 27- (1) Un contrôleur financier
est nommé auprès de l'observatoire par arrêté du
ministre chargé des finances.
(2) Le contrôleur financier est chargé du
contrôle des actes générateurs des recettes et des
dépenses pris, soit par le directeur ou par ses subordonnés. Il
est chargé, d'une manière générale, du
contrôle de l'exécution du budget.
Article 28- (1) Le directeur établit
à la fin de chaque exercice budgétaire tous les états
relatifs à la situation de tous les états relatifs à la
situation de tous les états relatifs à la situation de tous les
comptes bancaires de l'observatoire. Il établit l'état des
créances et des recettes. Il présente au conseil d'orientation
et, selon le cas, aux ministres de tutelle, les situations périodiques
et un rapport annuel d'activités. Il présente également
dans les six (6) mois suivant la clôture de l'exercice
écoulé et un rapport sur l'état du patrimoine de
l'observatoire.
(2) L'agent comptable et le contrôleur financier
présentent au conseil d'orientation leurs rapports respectifs sur
l'exécution du budget de l'observatoire.
(3) Les copies de ces rapports sont transmises aux ministres
de tutelle et au directeur de l'observatoire.
CHAPITRE IV DU PERSONNEL
Article 29- L'observatoire peut employer :
- des experts recrutés ponctuellement en fonction des
projets validés par le conseil
d'orientation ;
- le personnel recruté directement ;
- les fonctionnaires en détachement ;
- les agents de l'Etat relevant du code du travail qui lui sont
affectés à la demande du
directeur.
Article 30- (1) La responsabilité
civile et/ou pénale du personnel et l'observatoire est soumis aux
règles de droit commun.
(2) Les conflits entre le personnel et l'Observatoire
relèvent de la compétence des juridictions de droit commun.
154
Article 31- (1) Les personnels de
l'observatoire ne doivent en aucun cas avoir un intérêt dans les
opérations financées par celui-ci.
(2) L'effectif total des personnels de l'observatoire ne peut
excéder cinquante
personnes.
Article 32- Le statut du personnel, la nature et
les taux des avantages auxquels peuvent prétendre les responsables de
l'observatoire sont fixés par le comité d'orientation.
CHAPITRE V DISPOSITIONS DIVERSES ET FINALES
Article 33- Le patrimoine de l'observatoire
est constitué par les biens meubles et immeubles qui lui sont
affectés par l'Etat.
Article 34- (1) Les biens du domaine public
du domaine national, ainsi que les biens du domaine privé de l'Etat,
transférés en jouissance à L'observatoire
conformément à la législation domaniale, conservent leur
statut d'origine.
(2) Les biens du domaine privé de l'Etat
transférés en propriété sont intégrés
de façon définitive dans le patrimoine de l'observatoire.
(3) Les biens faisant partie du domaine privé de
l'observatoire sont gérés conformément au droit commun.
Article 35- Chaque session du Conseil
d'orientation fait l'objet d'un rapport circonstancié adressé au
Premier ministre, à la diligence du ministre chargé de
l'environnement et retraçant, notamment, le fonctionnement de
l'observatoire et les difficultés éventuelles rencontrées.
Article 36- Un arrêté du Premier ministre
précise les modalités d'application du présent
décret. Article 37- Le présent décret
sera enregistré, publié suivant la procédure d'urgence
puis inséré au journal officiel en français et en
anglais.
Yaoundé, le 10 décembre 2009
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, PAUL BIYA
155
ANNEXE 5 : Bilan des réalisations majeures du
septennat du MINEPDEP 2011-2018
156
157
158
159
160
SOURCES ET RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
I- Ouvrages
1- Ouvrages généraux
Ø Elong J.G, Priso D.D, Initiation à la
géographie rurale et urbaine, Yaoundé, Editions CLE,
2011.
Ø Dussouy G., Les théories
géopolitiques, Traité de relations internationales (I),
Paris, Editions l'Harmattan, 2006.
Ø Kamto M., Droit de l'environnement en
Afrique, Paris, EDICEF, 1996.
Ø Kiss A., Introduction au droit international de
l'environnement, 2ème édition, Genève,
UNITAR, 2006.
Ø Roche J-J., Théories des relations
internationales, Paris, Editions Montchrestien, 4e Edition, 2001.
2- Ouvrages spécifiques
Ø Bergonzini J-C., Changements climatiques,
déforestation, diversité biologique et forêts, Paris,
Silvia et Riat, 2004.
Ø Boisson de Chazournes L., Convention-Cadre des
Nation Unies sur les Changements Climatiques, United Nations Audiovisual
Library of International Law, 2009.
Ø Comment élaborer la REED+ au Cameroun ?
contexte, enjeux et options pour une stratégie national, UICN,
2013.
Ø Depledge J., Lamb R., Guide de la Convention sur
les changements climatiques et du Protocole de Kyoto : Préserver le
climat, Bonn, UNFCCC, 2005.
Ø Dkamela G. P., Le contexte de la REDD+ au
Cameroun : causes, agents et institutions, Papier occasionnel 57 CIFOR,
2011.
Ø Hirst D. G., Negociating climates: The politics
of climate change and the formation of the Intrgovernmental Panel on Climate
Change (IPCC), University of Manchester, 2014.
Ø Merle J. et al, Changement climatique : Histoire
et enjeux, Nouvelle Aquitaine, L'Harmattan, 2016.
Ø PNUE et UNFCCC, Changement climatique, Fiche
d'information, octobre 2001.
161
Ø Secrétariat Technique REDD+, Les petites
questions pour comprendre le processus REDD+ au Cameroun, 2016.
Ø Réaliser la REDD+ : Options
stratégiques et politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010.
Ø Somba J et al, Performances économiques
des actions d'adaptation au changement climatique dans le bassin de la Volta,
UICN, 2013.
3- Ouvrages méthodologiques
Ø Beaud M., L'art de la thèse : Comment
préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse
de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du
net, Paris, La Découverte, 2006.
Ø Commission scientifique consultative FALSH,
Norme de présentation et d'évaluation des mémoires et
thèses, Université de Yaoundé I, 2012.
Ø Guide Méthodologie pour la rédaction
des thèses, mémoires, ouvrages et articles du Département
d'Histoire de l'Université de Yaoundé I, Yaoundé, CEPER,
2006.
Ø N'Da Paul, Méthodologie de la recherche,
de la problématique à la discussion des résultats. Comment
réaliser une thèse, un mémoire d'un bout à
l'autre. Collection pédagogique, Abidjan, Edition universitaires de
Côte-d'Ivoire/ Université de Concody, 2006.
Ø Sauvayre R., Les méthodes de l'entretien
en sciences sociales, Paris, Dunod, 2013.
Ø Tremblay R.R. & Prerrier Y., Méthodes
de travail intellectuel, Paris, Les Editions de la Chenelière
2e Ed, 2006.
II- Articles, journaux et revues
1- Journaux et revues
Ø Annuaire du PNUE 2008 : Tour d'horizon d'un
environnement en pleine mutation.
Ø ESEH Bulletin d'Histoire Environnementale,
Numéro1, Automne 2007.
Ø Mbodiam B. R. in Investir au Cameroun, no 43,
novembre 2015.
2- Articles
Ø Aron R., "Qu'est-ce qu'une théorie des
relations internationales ?" In Revue française des sciences
politiques, 17e année, no 5, 1967, pp.837-861.
Ø Aykut S. C & Dahan A., "La gouvernance du
changement climatique : Anatomie d'un schisme de réalité", In
Pestre D., Gouverner le progrès de ses dégâts,
Paris, Editions la Découverte, 2014, pp.97-132.
162
Ø Barthod C., "La conférence des Nations Unies
sur l'environnement et le développement et de la forêt", La
Revue forestière française, n°1, 1993, pp.37-48.
Ø Berrebeh Jalel., "Méthodologie d'un
mémoire de recherche pour un master de recherche" FSEG Nabeul,
octobre 2014.
Ø Bigombe Logo P., "Analyse de la cohérence
entre les politiques et lois sectorielles dans la perspective de la mise en
oeuvre efficace du mécanisme REDD+ au Cameroun", 2017.
Ø Bobo Andrianarisoa et al, "Changements climatiques
et transformation des relations Nord-Sud", in Revue Liaison
Energie-Francophonie, No 75, 2007, pp.1-17.
Ø Bonduelle A., "Dix défauts du Protocole de
Kyoto", Institut d'Evaluation des Stratégies sur l'Environnement et
l'Energie en Europe, 2000, pp.1-10.
Ø Boulanger P-M et al, le Mécanisme pour un
Développement Propre tiendra-t-il les promesses ? Reflets et
perspectives de la vie économique, Tome XLIV, 2005, pp.5-27.
Ø Cassen C., "Les négociations internationales
sur le climat : Enjeux, structurations et perspectives (1990-2017)" CIRED,
2017, pp.81.
Ø Chiappo L., "Tiers monde et éducation
environnementale", in Perspective, Vol III no4, 1978.
Ø Dahan A & Guillemot H., "Les relations entre
science et politique dans le régime climatique : à la recherche
d'un nouveau modèle d'expertise ?", Nature Science
Société, No 23, supplément, 2015, pp.6-18.
Ø Dartiguepeyrou C., "Où en sommes-nous de
notre conscience écologique ?", in Vraiment Durable n°4,
2013
Ø De Talance M., "Changement climatique, un obstacle
à l'éradication de la pauvreté", mise en ligne le 03
décembre 2015, article consulté en ligne
www.bsi.economics.org/555-changement-climatique-un-obstacle-a-l%EF%BDeradication-de-la-pauvrete
le 7 juin 2019
Ø Duby M., "Le multilatéralisme onusien
à l'épreuve de la gouvernance climatique", VertigO- le revue
électronique des sciences de l'environnement (En ligne), Volume
18,
http://journals.openedition.org/vertigo/19356;DOI:10.4000/vertigo.19356
consulté le 03 juin 2019.
Ø Duterme B., "Déforestation : Ressort d'un
désastre écologique et social".
Ø Fensham P. J., "De Stockholm à Tbilissi :
évolution de l'éducation environnementale", in Perspective,
Vol III no 4, 1978.
163
Ø Grisoni A. & Sierra R., «Ecologie ou Umwelt
? Une revue historiographique des engagements écologistes et
environnementalistes en France et en Allemagne», Revue de l'IFRA,
n°5, 2013, pp.1-16.
Ø Hamel B., "Economie politique et internationales et
considérations théoriques : paradigme libre-échangiste et
structure marchande", Présentation dans le cadre du séminaire du
Groupe de recherche sur la continentalisation des économies canadienne
et mexicaine au UQAM de Montréal, 1995.
Ø Fellous J-L., "Le Groupe d'Experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat à l'interface entre
science et politique".
Ø Karsenty A., "Le Mécanisme de
Développement Propre (MDP)" PowerPoint en ligne.
Ø Lo Ibrahima, "Méthodologie de la recherche en
sciences sociales".
Ø Magnan A., "Proposition d'une trame de recherche
pour appréhender la capacité d'adaptation aux changements
climatiques", VertigO La revue électronique en science de
l'environnement, Vol 9, n°3, décembre 2009.
Ø Mélès B., "Méthodologie du
mémoire de master", septembre 2014.
Ø Ndih Nke J., "Déforestation au Cameroun :
Causes, conséquences et solutions", Alternative Sud, Vol-15,
2008, pp. 155-175.
Ø Oumba P., "Rappel sur les lois et institutions
encadrant les changements climatiques au Cameroun", Atelier de formation des
organisations de la société civile sur les changements
climatiques et les énergies propres, organisé par la
Friedrich-Ebert-Stiftung du 19 au 20 septembre 2017 à Yaoundé.
Ø Peskett L, Brockhaus M., "Quand la REDD+ devient
nationale : Bilan des réalités, des opportunités et de
enjeux", in Réaliser la REED+ : Options stratégiques et
politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010.
Ø Saha F., "Les instruments économiques pour
l'atténuation des changements climatiques au Cameroun",
Geo-Eco-Trop, 2019, pp.89-102.
Ø Saha F., "Adaptation aux risques naturels et
incertitudes climatiques en milieu soudano-sahélienne au Cameroun",
NAAJ, Revue africaine sur les changements climatiques et les
énergies renouvelables, Volume 1, numéro 1, 2019, en ligne.
https://www.revues.scienceafrique.org/naaj/texte/saha2019/
consulté 8-03-2019 à 11h.
Ø Sénéchal J-P., "Projet de recherche
pour le doctorat d'histoire", 2009.
Ø Simonet G., "Le concept d'adaptation :
polysémie interdisciplinaire et implication pour les changements
climatique", Nature Science Sociétés, Vol. 17, avril
2009, pp.392-401.
164
Ø Skutsh M.M. et al, "Suivi communautaire dans le
cadre de la REDD+", In Réaliser la REDD+ : Options
stratégiques et politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010.
Ø Sten Sparre N," La théorie de la population
d'Adam Smith", Population n°3, 1952, pp.477-484
Ø Stone C. D., "La Convention de Rio de 1992 sur la
diversité biologique »".
Ø Tubiana L, Kieken H., "climat : il est urgent d'agir
!" in Problème économiques, septembre 2007.
Ø Tsayem Demaze M., "Le Protocole de Kyoto, le clivage
Nord-Sud et le défi du développement durable", Espace
Géographique, Edition Berlin, 2009, pp.139-156.
Ø Vieille Blanchard E., "Le rapport au Club de Rome :
stopper la croissance mais pourquoi ?", 2015.
Ø Weissenberger S., "Historique de la
découverte de l'effet de serre".
Ø Wertz-Kanounnikoff S, Angelsen A., "Architectures
mondiale et nationale de la REDD+ : Lien entre les institutions et le mesures",
In Réaliser la REED+ : Options stratégiques et politiques
nationales, Bogor, CIFOR, 2010.
Ø Yambene Bomono H., "Le Mécanisme pour un
Développement Propre (MDP)" PowerPoint en ligne.
Ø Zillman J. W., "Historique des activités
climatologiques", Bulletin de l'OMM, No3, juillet 2009, pp.141-150.
III- Thèses et mémoires
1- Thèses
Ø Bara Poloumbodje S., "Droit et
Propriété, Genre et Gestion de l'environnement", Thèse de
Doctorat en Sciences Economiques, Science de l'Homme et de la
Société, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2013.
Ø Matcheubou A., "Transport urbain et pollution de
l'air à Yaoundé : Approche méthodologique de
l'évaluation des gaz à effet de serre", Thèse de Doctorat
PhD en géographie, Université de Yaoundé I, 2009.
Ø Nefzi A., "Evaluation économique de l'impact
du changement climatique sur l'agriculture : Etude théorique et
application au cas de la Tunisie", Thèse de Doctorat en
économie de l'environnement et de ressources naturelles, Institut des
Sciences et industries vivant et de l'Environnement (AgroParisTech), 2012.
165
Ø Sinang J. J., "Production cynégétique
et gestion durable des ressources fauniques aux abords nord du bassin du Congo
(XVIIe-XXe siècle)", Thèse de Doctorat PhD, Université de
Yaoundé I, 2015.
Ø Scotto d'Apollonia L., "Les controverses climatiques
: une analyse socioépistémique", Thèse de Doctorat/ PhD en
Sociologie, Université Paul Valery Montpellier III, 2014.
2- Mémoires
Ø Andriamparany F.D., "Sauvegarde de la réserve
forestière de Mbalmayo et implication des populations locales :
perspective de mise en place de la REDD+", Mémoire de Master en
géographie, Université de Yaoundé I, 2014.
Ø Bauer L, Forêts et réduction de la
pauvreté dans les pays en développement : une relation à
déchiffrer, Essai présenté en vue de l'obtention du
double diplôme de Maîtrise en environnement et de Master en
ingénierie et management de l'environnement et du développement
durable, Université de Sherbrooke, 2010.
Ø Drouin C., "Adaptation au changement climatique :
Quelle place dans les politiques d'aménagement et d'urbanisme lyonnaises
?" Institut d'urbanisme de Lyon, Master 1 urbanisme et aménagement,
2012.
Ø Enongene Ewane F., "Climate Change and geopilitics :
Assessing the translation of the convention on climate change into vational
policies and programmes in Cameroon", mémoire de Master en
géographie, Université de Yaoundé I, 2013.
Ø Fotso G. H., "Protection de l'environnement par les
collectivités territoriales décentralisées : Cas de la
communauté urbaine de Douala", Mémoire de Master en droit de
l'environnement, Université de Douala, 2012.
Ø Hässig L., "Lutte contre les changements
climatiques en Europe : l'Union Européenne et ONG environnementales,
deux acteurs différents pour un objectif commun", Institut
Européen de l'Université de Genève, Mémoire de DEA
en Etudes européennes, 2008.
Ø Matchum Kouogue C. F-A., "Protection juridique de
l'environnement au Cameroun et en France : le Cas des nuisances sonores",
Mémoire de Master 2 en Droit international et comparé de
l'environnement, Université de Limoges, 2009.
Ø Mepongo Fouda P.F., "Le WWF et la protection de la
nature au Cameroun : Approche historique (1990-2010)", Mémoire de Master
en Histoire, Université de Yaoundé I, 2012.
166
Ø Ngue Bedga C. M, "Contribution à
l'amélioration de la gestion des ordures ménagères dans
les quartiers Mokolo Elobi à Yaoundé", Mémoire de Master
en géographie, UY1, 2013.
Ø Ngwanza Owono J., "La mise en oeuvre de la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques au Cameroun
: Cas du mécanisme pour le développement propre", Mémoire
de Master en droit de l'homme et action humanitaire, université
Catholique d'Afrique Centrale, 2008.
Ø Obe Efoua H.S., "L'appui de l'Union
Européenne au secteur de l'environnement au Cameroun. Etude historique
1990-2008", Mémoire de Master en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2010.
Ø Sigouin-Lebel A., "Le concept de mondialisation dans
les théories des relations internationales : Perspectives
philosophiques", Mémoire de Master en Science Politique,
Université du Québec à Montréal, 2016.
Ø Tiwa A. F. D., "Changements climatiques et
agriculture paysanne à l'ouest Cameroun : Cas de l'arrondissement de
Batcham", Mémoire de Master en sociologie, Université de
Yaoundé I, 2014.
IV- Rapports et autres
Ø Abdelkarim B., La Convention des Nations Unies sur
les Changements Climatiques : Etat de la mise en oeuvre au Maroc, Projet Ancre,
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, 2004.
Ø Agenda 21.
Ø CGES du Projet d'Assainissement Liquide du Cameroun,
révisée par Mendomo Annick, 2013.
Ø Communication initiale nationale du Cameroun sur les
changements climatiques, 2000.
Ø Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques 1992.
Ø Convention sur la diversité biologique
1992.
Ø Convention de Vienne 1985.
Ø Déclaration de Rio 1992.
Ø Déclaration de Stockholm 1972.
Ø Dossier de presse de la cellule de communication du
Cabinet Civil lors de la Cop 21.
Ø Environnement au Cameroun : Perspective de
l'environnement au Cameroun, CCCC, Avril 199.
167
Ø Guide méthodologique pour la
réalisation des thèses, mémoires, ouvrages et articles,
Yaoundé, janvier 2006.
Ø Institut Nationale de la Statistique, Annuaire
Statistique du Cameroun, édition 2015, p.56.
Ø Mieux Comprendre le GIEC.
Ø Plan National d'Adaptation aux Changements
Climatiques, juin 2015.
Ø Plan National d'Investissement pour l'adaptation au
Changement Climatique (PNIACC), Novembre 2015.
Ø Plan de consultation des parties prenantes REDD+ au
Cameroun, 2016.
Ø Plan National de Gestion de l'Environnement,
1996.
Ø PNUD, Catalyser le financement climatique, 2011.
Ø Protocole de Kyoto 1997.
Ø Rapport GIEC 2007, Bilan des 2007 des changements
climatiques : Rapport de synthèse.
Ø Rapport annuel du PNUE 1992 : Vingt ans après
Stockholm, Nairobi, 1993.
Ø Rapport annuel du PNUE 1984, Nairobi, 1985.
Ø Rapport final du Séminaire de renforcement
des capacités sur les changements climatiques et le développement
durable en Afrique Centrale, Brazzaville, COMPENDIUM, Novembre 2011.
Ø Rapport de la Deuxième Commission de
négociation de la CCNUCC 1991.
Ø Rapport de synthèse du GIEC 2014, GIEC,
2014.
Ø Rapport final sur l'Evaluation environnementale et
sociale stratégique et élaboration d'un cadre de gestion
environnementale et sociale pour la REDD+ au Cameroun, juillet 2018.
Ø Rapport général, Table ronde
internationale des donateurs sur l'environnement au Cameroun Allocution du
Ministre de l'Environnement et des Forêts lors de la présentation
des politiques, projets et programmes du PNGE, 1996.
Ø Rapport Individuel Final sur le cadre institutionnel
et les outils de gestion de la REDD+, 2017.
Ø Rapport OXFAM, 2018 : Les vrais chiffres des
financements climat, où en est-on de l'engagement des 100 milliards de
dollars ? 2018.
Ø Rapport de l'étude sur la
vulnérabilité des communes de la région de
l'Extrême-Nord aux effets du changement climatique, GIZ, juillet 2013.
Ø Réponse au changement climatique en Afrique :
une approche par la gouvernance des territoires, ARGA, 2015.
168
Ø Seconde Communication sur les changements climatiques,
2014.
Ø Support de cours du Pr Kpwang, méthodologie de
rédaction d'articles, livres, mémoires de Master II et
Thèses en Histoire.
Ø Stratégie Nationale de Réduction des
Emissions dues à la Déforestation et à la
Dégradation des forêts, Gestion Durable des forêts,
Conservation des forêts et Augmentation des Stocks de Carbone, Version 3,
2018.
Ø Stratégie Africaine sur les Changements
Climatiques, Mai 2014.
Ø Stratégie Nationale de Communication sur
l'adaptation aux changements climatiques, octobre 2011.
Ø Transparence dans le secteur de l'environnement au
Cameroun : Analyse du contexte de l'accès à l'information pour
REDD+, 2016.
Ø Zakieldeen S., l'Adaptation au titre de la CCNUCC,
Rapport d'orientation de l'Initiative européenne de renforcement des
capacités (ECBI), juin 2010.
V- Sources webographiques
Ø
https://www.izf.net/upload/Documentation/Cartes/Pays/supercartes/Cameroun.html/
13-022018 à 22h30.
Ø http://www.treaties.un.org/ 13-02-2018.
Ø
https://www.cnrtl.fr/definition/convention
14-02-2018.
Ø
https://www.dictionnaire-environnement.com/convention-cadre_des_nations_unies...html/
1402-2018.
Ø
https://www.cms.unige.ch/isdd/spip?
14-02-2018.
Ø
https://www.forum-scpo.com/relation-internationales-geopolitique-mondialisation/principales-theories-
relations-internationales.html/ 14-02-2018.
Ø
http://www.baripedia.org/wiki/interactionnisme-et-constructivisme/
15-02-2018.
Ø
http://www.encyclopedieuniversalis.fr/positivisme/
17-02-2018.
Ø https://www.les-sommets-de-la-terre.html/
20-11-2018.
Ø
https://www.actualites-news-environnement.com/21729-1979-2009-histoire-trente-ans-de-lutte-changements-climatiques.html/
20-11-2018.
Ø
https://www.actualites-news-environnement.com/21729-1979-2009-histoire-trente-ans-de-lutte-changements-climatiques.html/
21-11-2018.
Ø
https://www.lemonde.fr/article/2014/11/04/climat-5-rapports-du-giec-chiffres-alarmants_4517326_4355770.html
21-11-2018.
Ø
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/lopinion-publique/75042.html
23-11-2018.
Ø
http://www.un.org/french/events/rio92/rioround.html
25-11-2018.
169
Ø
http://www.un.org/french/events/rio92/aconf15126vol3f.html
25-11-2018.
Ø
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan.tend/CMR/fr/SP.POP.TOTL.html
20-01-2019.
Ø
https://www.memoireonline.com/12/15/9327/m_La-protection-de-lenvironnement-par-les-collectivites-territoriales-decentralisees-au-cameroun9.html
25-01-2019.
Ø
https://www.temoignage.re/developpement/changement-climatique/la-vulnérabilite-des-cotes-augmente,10622
05-03-2019.
Ø
https://journals.openedition.org/vertigo/18050
5-03-2019.
Ø
https://www.apc-paris.com/cop-21
15-03-2019.
Ø
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=36%3Ahistoriq
ue-du-minep&catid=2%3Apresentation&Itemid=18&lang=fr
09-04-2019.
Ø
https://unfccc.int/fr/new/le-mdp-de-lonu-davantage-simplifie-et-rationalise
03-04- 2019.
Ø
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=42%3Adirectio
n-du-suivi-de-la-conservation-et-de-la-promotion-des-ressources-naturelles&catid=46%3Aservices-centraux-&lang=fr
09-04-2019.
Ø
http://www.initiativesclimat.org/Porteurs-d-initiatives/ABIOGeT-Actions-pour-la-biodiversite-et-gestion-des-terroirs
12-04-2019.
Ø
https://www.solidarite-technologique.org/?p=552
12-04-2019.
Ø
http://www.alternativesdurables.org/informations/effets-du-changement-climatique-au-cameroun
15-05-2019.
Ø
http://www.alternativesdurables.org/informations/effets-du-changement-climatique-au-cameroun
15-05-2019.
Ø
https://www.compteco2.com/article/historique-cop-conference-des-parties/
28-05-2019.
Ø
http://www.minep.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=2%3Apoint-de-presse-du-ministre-de-lenvironnement-et-de-la-protection-de-la-nature&catid=64%3Aflash-infos&Itemid=21&lang=fr
09-04-2019.
Ø
http://www.initiativesclimat.org/toutes-les-initiatives/projet-pilote-sahel-vert-HIMO
30-052019.
VI- Sources orales
Noms et prénoms
|
Sexe
|
Age
|
Qualité
|
Date d'entretien
|
Lieu
d'entretien
|
Kagonbe Timothée
|
Masculin
|
45 ans
environ
|
Sous- Directeur du Monitoring
Ecologique et Suivi du Climat au MINEPDED et Coordonnateur
national de la CDN
|
17 avril
2019
|
Yaoundé
|
|
170
Eteth Victoire
|
Féminin
|
50 ans
environ
|
Chef de la Division de la Coopération et de la
Programmation au MINFOF
|
9 avril 2019
|
Yaoundé
|
Gjeutchou Rufine
|
Féminin
|
35 ans
environ
|
Secrétariat Technique REED+
|
27
novembre 2018
|
Yaoundé
|
Mokom Clorine
|
Féminin
|
35 ans
environ
|
Chef service du suivi du climat au MINEPDED
|
19
mars 2018
|
Yaoundé
|
Messi
|
Masculin
|
30 ans
environ
|
Ingénieur d'Etude n°1 à la Sous-
Direction du Monitoring
Ecologique suivi du Climat au MINEPDED
|
17 avril
2019
|
Yaoundé
|
Pismo Robert
|
Masculin
|
36 ans
environ
|
Ingénieur d'Etude n°1 à la Sous-
Direction du Monitoring
Ecologique suivi du Climat au MINEPDED
|
11 juillet
2019
|
Yaoundé
|
Batha Armand
|
Masculin
|
40 ans
environ
|
Géographe, Expert des questions de changement climatique
à l'ONACC
|
11 juillet
2019
|
Yaoundé
|
Voundou Eric
|
Masculin
|
32 ans
environ
|
Doctorant en géographie (dynamique de l'environnement et
risques
|
30 janvier
2018
|
Yaoundé
|
Saha Frédéric
|
Masculin
|
32 ans
environ
|
PLEG en hist-géo et doctorant en
géographie (Climatologie de l'environnement et gestion
des risques naturels)
|
29 janvier
2018
|
Yaoundé
|
|
VII- Dictionnaires et encyclopédies
Ø Atlas du monde 2016.
Ø Dictionnaire Larousse 2017.
Ø Encyclopédie Universalis.
Ø Dictionnaire de l'environnement en ligne :
https://www.dictionnaire-environnement.com/changement-climatique-ID2184.html
VIII- Archives
Ø A/AC.237/1, 18 janvier 1991, Comité
Intergouvernemental de négociation chargé d'élaborer une
convention-cadre concernant les changements climatiques, Première
session, 4-14 février 1991.
Ø A/AC.237/INF.1 du 12 février 1991,
Comité Intergouvernemental de négociation chargé
d'élaborer une convention-cadre concernant les changements climatiques,
Première session, liste des participants.
171
Ø A/AC.237/18(partie II), 16 octobre 1992, Rapport du
comité Intergouvernemental de Négociation d'une Convention-Cadre
sur les Changements Climatiques concernant les travaux de sa cinquième
session (Deuxième partie), tenu à New York du 30 avril au 9 mai
1992.
Ø A/AC.237/L.12 du 28 février 1992, Projet de
Rapport du Comité Intergouvernemental de Négociation d'une
Convention-Cadre sur les changements climatiques concernant les travaux de sa
cinquième session (Première partie), tenue à New York du
18 au 28 février 1992.
Ø A/CONF.151/26(Vol. III) 14 Août 1992, Rapport
de la Conférence des Nation Unies sur l'Environnement et le
Développement.
Ø A/AC.237/Misc.13, Négociation d'une
Convention-cadre sur les changements climatiques. Eléments relatifs aux
mécanismes Texte contenant les propositions faites par les
délégations au sujet du texte unique révisé sur les
éléments aux mécanismes.
Ø FCCC/CP/2015/INF.3 (Part 1), List of participants
part one.
GE.91-627000/6201B, Elaboration d'une Convention-Cadre sur les
Changements Climatiques.
IX- Textes réglementaires
Ø Arrêté N° 103/CAB/PM du 13 juin
2012 portant création, organisation et fonctionnement du Comité
de pilotage des activités des émissions issues de la
déforestation, de la dégradation, de la gestion durable et de la
conservation des forêts "REDD+".
Ø Constitution du 18 janvier 1996.
Ø Décision n°0009/MINEP/CAB du 16 Janvier
2006 portant création, organisation et fonctionnement du Comité
national chargé de la mise en oeuvre du Mécanisme pour un
développement propre (MDP) au Cameroun.
Ø Décret n°2009/410 du 10 décembre
2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'ONACC.
Ø Décret n°2005/117 du 14 avril 2005
portant organisation du Ministère de l'Environnement et la Protection de
la Nature, modifié et complété par le décret
n°2005/496 du 31 décembre 2005.
Ø Décret n°2012/431 du 1 octobre 2012
portant organisation du Ministère de l'environnement de la protection de
la nature et du développement durable.
Ø Loi n°96/12 du 05 août 1996 portant
loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
172
TABLE DES MATIÈRES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iii
ABSTRACT iv
SOMMAIRE v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS viii
INTRODUCTION 1
I- Contexte d'étude 1
II- Raisons du choix du sujet 2
III- Intérêt du sujet 3
a- Intérêt scientifique 3
b- Intérêt politique 4
c- Intérêt économique 4
d- Intérêt socio-culturel 4
IV- Cadre spatio-temporel 4
a- Cadre spatial 4
b- Délimitation des bornes chronologiques du sujet 7
V- Clarification conceptuelle 7
VI- Revue critique de la littérature 9
VII- Problématique 14
VIII- Hypothèses 15
IX- Cadre théorique 15
X- Méthodologie 17
XI- Difficultés rencontrées 19
XII- Plan du travail 19 CHAPITRE I :
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET ÉVOLUTION DU
DÉBAT SUR LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES AVANT LA CCNUCC 21
I- De Stockholm à Rio : prémices d'une prise de
conscience des questions environnementales et
écologiques 21
A- Fondement et généralisation des sommets sur
l'environnement et le climat 22
1- Motivations et émergence de la conscience
écologique des années 50 et 60 22
a) Motivations ayant conduit à l'émergence de la
conscience écologique 22
b) Emergence d'une conscience écologique 23
2- Typologie des premières conférences sur
l'environnement 24
a) Rencontres à tendance écologique et
socio-humanitaire 24
b) Les conférences à caractère
fondamentalement scientifique 25
3- Les conférences intergouvernementales et la
création du PNUE 25
a) Les deux conférences de Stockholm de juillet 1971 et
juin 1972 25
b) Création et rôle du Programme des Nations Unies
pour l'Environnement 27
B- Intensification des rencontres : le climat, un enjeu
international de 1974 à 1990 28
1- La première conférence mondiale sur le climat en
1979 28
173
2- Les conférences de Villach et les premiers instruments
internationaux relatifs à la
protection de l'atmosphère 29
a) Les deux conférences de Villach 1980 et 1985 : Rapport
entre effet de serre,
changement climatique et les écosystèmes 30
b) La Convention de Vienne 1985 : essai de l'élaboration
d'un cadre sur la protection de
la couche d'ozone 30
c) Le Protocole de Montréal 1987 sur les substances
appauvrissant l'atmosphère 31
3- La Conférence de Toronto et ses implications dans la
structuration internationale du suivi
du climat 32
a) La Conférence de Toronto juin 1988 32
b) Création et rôle du GIEC 32
c) Premier rapport d'évaluation du GIEC et la
Deuxième Conférence Mondiale sur le
Climat en 1990 33
II- La conception camerounaise des notions d'environnement et
d'écologie de 1960 à 1992 34
A- Le nouvel Etat indépendant face aux problèmes
environnementaux : tentative d'élaboration
d'une conscience climatique nationale 35
1- Politiques publiques et protection de l'environnement au
Cameroun de 1960 à 1972 35
2- La communauté scientifique camerounaise et la question
environnementale au lendemain
des indépendances 36
3- L'opinion publique 36
B- Genèse d'une conscience écologique camerounaise
(1972-1992) 37
1- Lois et l'adhésion du Cameroun aux conventions, accords
et traités internationaux sur
l'environnement 37
a) Les premières lois règlementant la protection
de l'environnement au Cameroun post
indépendant 37
b) Conventions, traités, accords et protocoles
internationaux 37
2- Génèse et évolution des institutions en
charge de l'environnement au Cameroun des
années 70 à 1992 38
3- Quelques projets environnementaux au Cameroun avant 1992 39
III- La Conférence de Rio de Janeiro et élaboration
d'une Convention-Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques 39
A- Négociations sur l'élaboration d'une
Convention-Cadre des Nations Unies des sur les
Changements Climatiques 40
1- Première session et la composition du Comité
intergouvernemental de négociation d'une
convention-cadre sur les changements climatiques 40
2- Négociation des travaux d'élaboration des
éléments relatifs aux engagements et aux
mécanismes 41
3- Adoption du texte unique de la convention-cadre sur les
changements climatiques 42
B- La Conférence de Rio de Janeiro : mobilisation
internationale sur la lutte contre les
changements climatiques 44
1- Aperçu de la Conférence des Nations Unies sur
l'Environnement et le Développement de
1992 44
2- Les différents textes adoptés ou soumis
à la signature des Etats 45
3- Impact du sommet de Rio dans la lutte contre les changements
climatiques 47 CHAPITRE II : LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : PRINCIPES, ENGAGEMENTS, INSTITUTIONS
ET
ADHESION DU CAMEROUN 49
I- Engagements globaux pour la préservation du climat
mondial 49
A- Les principes et objectifs directeurs de la CCNUCC 49
1- Présentation sommaire de la CCNUCC 50
2- Objectif de la CCNUCC 50
174
3- Principes de la CCNUCC 50
B- Engagements des parties à la CCNUCC 52
1- Engagements généraux 52
2- Les pays industrialisés membres de l'Organisation de
Coopération et de Développement
Economiques (OCDE) 53
a- Les engagements des Parties visées à l'annexe I
53
b- Engagements des parties visées à l'annexe II
55
3- Pour les pays en développement 56
II- Les différents mécanismes à la CCNUCC
57
A- Les mécanismes institutionnels et financiers 57
1- La Conférence des Parties 57
a- Mission et objectifs de la Conférence des Parties
57
b- Ses activités 58
2- Les autres institutions 58
a- Le Secrétariat 58
b- Organe subsidiaire de Conseil scientifique et technologique
59
c- Organe subsidiaire de mise en oeuvre 59
3- Le mécanisme financier 60
B- Les mécanismes de coopération, de
règlement de différends et d'application 61
1- Coopération interétatique 61
a- Recherche-développement et l'observation
systématique 61
b- Echange d'informations 61
c- Education, formation et sensibilisation du public 62
2- Mécanismes d'application et de règlement des
différends 62
a- Règlement des problèmes concernant
l'application 62
b- Règlement des différends 63
3- Les amendements et le processus d'entrée en vigueur de
la Convention 66
a- Une Convention ouverte aux amendements des Parties 66
b- Les Parties pouvant ratifier, accepter ou adhérer
à la Convention 66
c- Les dispositions d'entrée en vigueur de la Convention
67
III- Motivations d'adhésion et spécificités
du Cameroun 68
A- Spécificités géographiques 68
1- Situation biophysique 68
2- Les caractéristiques du climat et de l'hydrographie
69
3- Une diversité biologique riche et variée 69
B- Contexte socio-économique et influence
sous-régionale du Cameroun 71
1- Une démographique galopante 71
3- Un acteur majeur au sein des organisations
sous-régionales en matière de protection de
l'environnement et la préservation de la
biodiversité 73 CHAPITRE III : MISE EN APPLICATION DE LA
CCNUCC AU CAMEROUN : ACTEURS
ET GRANDS PROJETS 74
I- Causes et impacts des changements climatiques au Cameroun
74
A- Les secteurs d'émissions des gaz à effet de
serre au Cameroun 74
1- Les émissions provenant des secteurs
énergétiques et industriels 75
2- Les émissions dues aux activités agricoles et
à la pression démographique 76
a- L'agriculture 76
b- Une pression démographique galopante 77
3- Les émissions liées au c hangement d'affectation
des terres et de l'utilisation des
déchets 78
a- Le changement d'affectation des terres et des forêts
78
b- Le secteur des déchets 79
175
B- Impact et vulnérabilité du Cameroun face aux
changements climatiques 79
1- Manifestations des changements climatiques au Cameroun 79
2- Impact du changement climatique sur le Cameroun 80
3- Vulnérabilité du Cameroun face aux
conséquences des changements climatiques 81
a- La vulnérabilité des zones
côtières face aux effets des changements climatiques 81
b- Vulnérabilité de la zone
soudano-sahélienne 83
II- Elaboration d'un cadre juridique et institutionnel fiable
à la mise en oeuvre de la CCNUCC au
Cameroun 83
A- Cadre juridique régissant les activités de
lutte contre les changements climatiques au
Cameroun 84
1- Outils juridiques internationaux : Convention, Protocole et
Accord 84
a- Le Protocole de Kyoto à la Convention-Cadre des
Nations Unies sur les Changements
Climatiques (1997) 85
b- L'Accord de Paris 85
2- La législation nationale et la lutte contre les
changements climatiques 86
a- Les textes initiaux de la protection de l'environnement au
Cameroun 86
b- Les autres textes 87
B- Acteurs chargés de lutte contre les changements
climatiques au Cameroun 88
1- L'Etat du Cameroun : acteur central de la lutte contre les
changements climatiques 88
a- Le MINEPDED : point focal de la lutte contre le changement
climatique 88
b- L'Observatoire National sur les Changements climatiques
(ONACC) 90
c- Les ministères associés 90
2- Les acteurs relevant de la coopération internationale :
les Etats Parties et les organisations
internationales 91
a- Coopération interétatique 91
b- Les organisations internationales 92
3- Les acteurs non-étatiques 93
a- Les ONG spécialisées sur les questions
environnementales 93
b- Les acteurs de la société civile 94
III- Les projets et actions du Cameroun dans la lutte contre les
changements climatiques 95
A- Les efforts du Cameroun sur le plan international et national
dans la mise en application de
la CCNUCC 95
1- Participation aux rencontres internationales 95
2- Les différents programmes et études
réalisés 97
3- Le Plan National de Gestion de l'Environnement (PNGE) 99
a- Contexte et présentation du PNGE 99
b- Les Objectifs du PNGE pour la gestion durable de
l'environnement 99
c- Structures de gestion de l'environnement et la mise en oeuvre
du PNGE 100
B- Les MDP, l'opération Sahel Vert et la REDD : Trois
projets majeurs dans la lutte contre les
changements climatiques au Cameroun. 101
1- Les projets MDP au Cameroun 101
a- Principe et objectif des projets MDP 101
b- Les institutions de gestion des projets MDP au Cameroun
102
c- Les réalisations des projets MDP 102
2- La relance de l'"Opération Sahel Vert" 103
3- L'implémentation du projet REDD+ au Cameroun 103
a- Historique et présentation de la REDD+ 104
b- Evolution du processus REDD+ au Cameroun 105
c- Des réalisations conséquentes
106 CHAPITRE IV : LES ENTRAVES À LA LUTTE CONTRE LES
CHANGEMENTS
CLIMATIQUES AU CAMEROUN 108
176
I- Obstacles exogènes inhérents à la
convention et à la communauté internationale 108
A- Dépendance des institutions chargées de la mise
en oeuvre de la Convention 108
1- Incertitude scientifique et marginalisation des pays du Sud
au Protocole de Kyoto 109
2- La domination des grandes puissances et le renforcement des
clivages Nord-Sud 110
3- Echec des négociations internationales sur le climat
à l'ère de la course au développement
imposée par la mondialisation 111
B- L'élaboration d'une multitude d'accords et projets aux
orientations différentes et non-
contraignantes 112
1- Incapacité à adopter un accord consensuel et
contraignant pour tous les Etats 112
2- Un enchainement de projets et programmes aux intervalles de
temps réduits sans résultats
concrets 113
3- Absence des capitaux pour le financement des projets
climatiques 113
II- Entraves endogènes à la lutte contre les
changements climatiques au Cameroun 115
A- Un cadre juridique et institutionnel balbutiant et
embryonnaire 115
1- Problèmes liés à la gouvernance et
à la gestion des projets 115
2- Cadrage institutionnel bureaucratique, centralisé et
balbutiant 116
3- Absence d'un cadre juridique spécifique aux
changements climatiques 117
B- Insuffisance des moyens techniques et financiers
nécessaires pour le financement des
projets 118
1- Insuffisance des moyens financiers 118
2- Des moyens techniques et technologiques limités
119
3- Déficit d'une expertise et une ressources humaines
qualifiées 119
III- Renforcement de l'action de l'Etat pour une adaptation aux
effets néfastes des changements
climatiques 120
A- Renforcement des capacités de l'Etat pour une
participation inclusive de toutes les parties
prenantes 121
1- Elaboration d'un arsenal juridique propre à la lutte
contre les changements
climatiques 121
2- Redynamisation institutionnelle pour une participation
inclusive et le renforcement des
capacités de la ressource humaine 122
3- Mise en place d'une approche intégrée entre
développement et changement
climatique . 124
B- Vers une politique d'adaptation aux effets néfastes des
changements climatiques au
Cameroun 124
1- Généralités et essai de définition
de concept d'adaptation aux changements
climatiques 125
a- Généralités sur l'adaptation de l'homme
aux conditions extrêmes du climat 125
b- Adaptation et capacité d'adaptation aux changements
climatiques : Quelle
définition ? .126
2- La stratégie nationale d'adaptation du Cameroun aux
changements climatiques 127
a- Les grands axes de la stratégie d'adaptation aux
changements climatiques 127
b- Les recommandations stratégiques par secteur 128
a- Les acteurs impliqués dans la gouvernance du plan
d'adaptation 129
CONCLUSION GÉNÉRALE 135
ANNEXES 138
SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
160
TABLE DES MATIÈRES 172
|