UNIVERSITE DE PROVENCE UFR AIX MARSEILLE I MASTER 1
PSYCHOLOGIE CLINIQUE ET PSYCHOPATHOLOGIE
Schémas Précoces
Inadaptés chez les patients
Fibromyalgiques
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Mémoire de recherche
Présenté et soutenu par Nadia TIPEL Le 15 juin
2011
Sous la direction de Madame Valérie AGHABABIAN
JURY
Madame V.AGHABABIAN Monsieur G .GIMENEZ
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout particulièrement ma
famille pour les encouragements et leurs soutiens accordés tout au long
de ce travail.
Ce mémoire a été réalisé
sous la direction de Madame Valérie AGHABABIAN à qui j'adresse
tout mes remerciements. J'ai pu ainsi bénéficier de ses
compétences, de ses connaissances et de ses conseils avisés.
Je teins également à remercier a Monsieur Guy
GIMENEZ pour avoir accepté d'examiner ce
travail.
Je tiens également à remercier le Docteur Philippe
ROUSSEL, qui nous a autorisées à mener cette recherche
auprès de ses patients du Centre de la Douleur de l'Hôpital Timone
à Marseille dans les Bouches du Rhône.
J'exprime également toute ma gratitude au Psychologue
Clinicienne Madame Nathalie DOSSETTO qui m'a fait découvrir le travail
auprès de patients douloureux chroniques et fibromyalgiques avec
l'approche de thérapies cognitive-comportementales.
Mes remerciements vont également vers les patientes qui
ont bien voulu participer à ce travail de recherche clinique.
3
I INTRODUCTION 5
II CADRE CONCEPTUEL 6
1 LA DOULEUR 6
1.1. Définition 6
1.2 Syndrome douloureux chronique à composante
organique 7
1.3 Syndrome douloureux chronique à composante
psychique 7
1.4 Le syndrome Fibromyalgique 8
1.5 Différentes approches de la douleur 9
· 1.5.1 Approche anthropologique de la douleur 9
· 1.5.2 Approche psychanalytique de la douleur 10
· 1.5.3 Approche des thérapies
cognitivo-comportementale (T.C.C.) 11
2 LES SCHEMAS PRECOCES INADAPTES 16
2.1 Définition 16
2.2 Présentation des schémas 17
2.3Caracteristiques des schémas 17
2.4 Les besoins fondamentaux 18
2.5 Les domaines de schémas 19
3 LES STRATEGIES D'ADAPTATION 22
Résumé 23
III PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES 24
1 PROBLEMATIQUE 24
2 HYPOTHESES 24
IV METHODOLOGIE 25
1. Sujets 25
2. Méthode 25
2.1Données sociodémographiques 25
2.2 Le Questionnaire de schémas précoces
inadaptés 25
4
2.3 Le questionnaire d'attitudes d'évitements 26
2.4 Le questionnaire d'attitudes de compensation 26
V RESULTATS 27
1 Caractéristiques des patientes 27
2 Données sociodémographiques et
évaluation clinique 27
3 Analyse cas par cas 28
4 Tableaux récapitulatifs 32
VI DISCUSSION 35
VII CONCLUSION 38
BIBLIOGRAPHIE 39
Résume en français et mot clé 40
Résume en anglais et mots clé 41
ANNEXES
5
I-INTRODUCTION
« Les douleurs légères s'expriment, les
grandes douleurs sont muettes »
Sénèque
Pour diagnostiquer et travailler sur la souffrance qui
engendre la douleur , le psychothérapeute a besoin de repères
aussi précis que possible qui lui serviront à guider et
tempérer sa propre appréciation subjective. Est-ce possible dans
le cas de la douleur chronique ? Cela nous semble délicat. Si on utilise
seulement « l'objet technique », on est conduit à
méconnaitre gravement la réalité de la souffrance physique
et psychique de celui qui l'exprime , à l'inverse, ce serait une erreur
d'affirmer qu'il n'y ait pas lieu de l'objectiver, car c'est
précisément cette évaluation qui permet la prise en charge
du patient tout en l' aidant à mieux suivre l'évolution de ses
douleurs.
Il faut comprendre que la douleur appartient en propre au
malade qui l'éprouve, la ressent, la vit et l'exprime à sa
manière. Il peut en faire ce qu'il veut : la taire, l'entravertir, la
sublimer, la dire à certains mais pas à d'autres, la
surévaluer, la sous-estimer, la nier, voir l'inventer de toutes
pièces.
Chez la personne atteinte de douleur chronique, en
l'occurrence la fibromyalgie, la douleur est diffuse, la fatigue et autres
symptômes n'entrainent pas de complication grave. Mais la douleur et la
souffrance sont bien là, très éprouvantes, elles
empêchent souvent la personne qui en souffre d'accomplir ses
activités quotidiennes, de répondre de manière
adéquate à ses responsabilités.
La douleur est bien là, mais pourquoi ?
L'étiologie de la fibromyalgie n'est pas encore trouvé, en
attendant que les recherches avancent sur ce syndrome, la fibromyalgie
décrite par les patients est : une perpétuelle insomnie de
bien-être, désespère, dévalorise, handicape ; et
envahit tout l'être, son discours, ses émotions, son imaginaire et
ainsi colore l'histoire du patient, déteint sur ses proches, sculpte son
empreinte physique, psychique, culturelle et spirituelle.
Dans le domaine de la recherche en psychologie, concernant ce
syndrome la plupart des auteurs ont relevé l'existence des troubles
anxieux et dépressifs pour la majorité des patients
fibromyalgiques.
Mais l'impact de la douleur est différent pour chaque
personne, car le sens de la douleur à travers l'histoire de vie est
unique pour chacun. Comprendre le sens, des nuances que la personne donne
à la douleur, par le reflet de ses pensées c'est essentiel en
psychologie.
La fibromyalgie pourrait donc également être
liée à des systèmes de pensées et de croyances trop
rigides appelés schémas dysfonctionnels, qui pousseraient les
personnes souffrantes de douleurs chroniques à des plaintes incessantes
de leurs souffrances.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous proposons donc,
après avoir rappelé brièvement les principaux
éléments sur la douleur, les différentes approches
relatives à la douleur, d'étudier la spécificité
des schémas précoces inadaptés chez les patients
fibromyalgiques, ainsi que leurs styles d'adaptation aux schémas. Ces
aspects seront analysés chez 6 patientes fibromyalgiques et les
résultats seront enfin discutés tout en laissant une ouverture
pour de nouveaux travaux dans ce domaine.
6
I - CADRE CONCEPTUEL
1.1 LA DOULEUR
L'étymologie des verbes dont sont issus les
substantives : douleur et souffrance, peut nous éclairer sur le sens que
nous attribuons aujourd'hui à ces deux termes. D'une part, Douleur, du
latin doles était une construction impersonnelle ou qui avait
pour sujet la partie douloureuse et qui a donné en ancien
français le verbe pronominal se douloir. D'autre part,
Souffrir, du latin suffere est un composé de ferre
«porter», «soutenir», « endurer ».
Il en découle un usage particulier que nous faisons de
ces deux termes aujourd'hui : le mot «souffrance» qui renvoie
à l'expérience d'un sujet, tandis que le mot «douleur»
est une sorte d'objectivation de cette souffrance.
Nous pourrons dire que la prise en charge médicale
cherche à soulager la douleur, alors que le psychologue
travaille sur la souffrance qui accompagne cette douleur.
Les difficultés à définir la douleur sont
dues à la complexité du phénomène. Pour rendre
compte des différentes dimensions de la douleur de nombreuses
définitions ce sont succédées.
Ø «Sensation physique pénible à
endurer»
Ø «Situation traumatique génératrice
d'angoisse»
Ø «Détresse issue du corps et de
l'esprit»
En 1979, la I.A.S.P. (International Association for Study of
Pain) a donné une définition de la douleur qui est actuellement
la référence :
«Expérience sensorielle et
émotionnelle désagréable, associé à un
dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes
d'un tel dommage ».
Un des intérêts de cette définition est
de limiter le lien entre douleur et stimulus périphérique .Elle
rend légitime les douleurs sans lésion, alors que, dans un
modèle périphérique, ces douleurs sont assimilées
à des douleurs imaginaires, inauthentiques, simulées.
Un autre intérêt de cette définition est
de mettre sur un même plan les dimensions sensorielles et affectives.
La prise en charge d'une douleur chronique diffère de
celle d'une douleur aigue dans la mesure où il est impossible de
privilégier un facteur étiologique unique dans une
causalité linéaire. Il convient de prendre en
considération un ensemble de facteurs s'influençant
réciproquement .Mais cela ne signifie pas qu'on doit amalgamer tout le
SDC (Syndrome Douloureux Chronique) en une entité unique dont la prise
en charge serait univoque. Du point de vue psychopathologique l'impact de la
douleur est différent pour chaque patient, car le sens de la douleur
à travers l'histoire de vie est unique pour chaque individu.
Dans un souci didactique, on distingue les SDC à
composante organique prédominante des SDC à composante psychique
dominante.
Ø 1.2 SYNDROME DOULOUREUX CHRONIQUE A COMPOSANTE
ORGANIQUE DOMINANTE
Quel que soit le mécanisme en cause, qu'il s'agisse
d'un accident ou d'une maladie douloureuse, les conséquences d'une
douleur qui dure et parfois qui s'accompagne de mutilation sont doubles.
Sans que l'on puisse véritablement établir de
succession chronologique, on peut décrire une première
période où l'attitude du sujet témoigne de
stratégies pour faire face à la douleur. Il réduit son
activité motrice, se fige dans des attitudes antalgiques.
Parallèlement, il diminue ses intérêts, devient sensible
à l'environnement, toute l'attention étant focalisée sur
la zone douleur. Le temps se fige dans un présent douloureux qui n'en
finit pas. A ce stade, on est souvent tenté d'évoquer la
présence d'un syndrome dépressif, mais il est très
compliqué de faire la part de la douleur et celle de la
dépression.
Au cour d'une douleur chronique c'est la globalité du
sujet qui est transformée. Transformation du corps avec perte
d'identité corporelle, perte de capacités physiques, perte de
l'autonomie, fragilisation de la position familiale, professionnelle, sociale
qui rend vacillante l'identité psychique. L'adaptation à ce
nouveau corps aux possibilités amoindries nécessite un travail de
deuil des anciens investissements et l'acquisition à nouveaux. La prise
en charge psychologique est ici essentielle. Si ce travail rate, survient une
seconde période à composante psychique dominante.
Ø 1.3 SYNDROME DOULOUREUX CHRONIQUE A COMPOSANTE
PSYCHIQUE DOMINANTE
Au cours de ces syndromes, les symptômes organiques sont
mis en premier plan par les patients. Les troubles psychiques son
déniés, souvent avec une certaine hostilité.
L'allusion à d'éventuels troubles psychiques est
interprétée par le patient comme douleurs imaginaires, voir
simulées. L'examen somatique met souvent en évidence une
«épine irritative» que le patient utilise comme écran
pour masquer sa psychopathologie et comme alibi pour justifier la consultation
itérative.
Le système de classification américain des
troubles mentaux DSM IV classe le SDC à composante psychique dominante
parmi «Les troubles somatoformes douloureux» à moins
qu'il ne s'accompagne d'autres symptômes psychiques permettant de le
ranger dans une rubrique plus précise.
En fait, si la quête taxinomique est louable, elle ne
devra pas précéder le décodage du langage du patient, en
partant le plus souvent de ce qu'il présente, sa plainte douloureuse,
pour déchiffrer le sens qu'elle prend dans l'histoire de vie du sujet et
son rôle dans ses relations interindividuelles .
On dénombre quatre grands types de langage qui
permettent au sujet souffrant d'encoder une souffrance psychologique en
souffrance physique. Nous distinguerons, l'histrionique, l'anxieux,
l'hypocondriaque, le psychosomatique. Chez ces quatre types de sujets, la
dépression est un de point commun.
· 7
1.5 LE SYNDROME FIBROMYALGIQUE
8
Le terme fibromyalgique vient de « fibro », pour
fibrose, de « myo » qui signifie muscles et d' « algie »
qui signifie douleur.
Le syndrome fibromyalgique est défini comme un
syndrome chronique (évoluant depuis plus de trois mois)
caractérisé par de douleurs musculo-squelettiques diffuses dans
tout le corps souvent associé à une grande fatigue et à
des troubles de sommeil.
La symptomatologie est assez univoque, n'entraine pas de
complications graves, mais qui est très éprouvant et
empêche souvent la personne qui en souffre d'accomplir ses
activités quotidiennes.
L'existence de ce syndrome est reconnue depuis 1992 par
l'Organisation Mondiale de la Santé. Cependant, la fibromyalgie est
encore mal connue et mal comprise. Bien que les douleurs soient réelles
et très pénibles, les médecins ne parviennent pas à
détecter de lésions, ni d'inflammations permettant d'expliquer
ces symptômes. Pour cette raison, la fibromyalgie a suscité des
polémiques dans les milieux scientifiques. Aujourd'hui il semble que
certains facteurs physiologiques (anomalie du système nerveux) et
génétiques soient en cause. Des événements
extérieurs (traumatiques, infections) pourraient aussi être
impliqués. Les causes exactes demeurent toutefois incertaines.
· Prévalence
Les statistiques révèlent que, dans les pays
industrialisés, la fibromyalgie touche 2% à 6% de la population.
Environ 80% des personnes atteintes sont des femmes. La maladie apparait
souvent entre 30 ans à 60 ans. Quelques rares cas de fibromyalgie ont
toutefois été décrits chez des enfants, sans qu'on soit
certain qu'il s'agit de la même maladie.
Symptômes
La douleur, toujours étendue et diffuse, peut
débuter au cou et aux épaules, pour s'étendre ensuite au
reste du corps. Elle est permanente mais aggravée par l'effort, le
froid, l'humidité, les émotions et la manque de sommeil.
Une fatigue chronique, prédominante le matin,
peu sensible au repos et en apparence inexpliquée.
Le trouble de sommeil, sont également
quasi-constants: dans plus de 90% des cas le sommeil est perçu comme
léger et non réparateur quelle que soit la durée.
D'autres symptômes peuvent compléter
cette triade fondamentale : céphalée à type de migraine ou
de céphalée de tension, douleur pelviennes,
anxiété, dépression, troubles cognitifs, etc.
Une augmentation de l'acuité des sens, soit une
sensibilité accrue à la douleur, odeur, lumière, de
changement de température etc.
La fibromyalgie figure donc à la classification
internationale des maladies (CIM) de l'OMS, à la fois au titre des
maladies de l'appareil locomoteur et au titre des affections psychiatriques
(troubles somatoformes).
Globalement, la fibromyalgie correspond à une
entité clinique. Le diagnostique de fibromyalgie ne peut être
retenu qu'après avoir éliminé des pathologies organiques
avec lesquelles il peut être confondu ou associé. Le rapport de
l'Académie Nationale de Médicine, en date du 16 janvier 2007
9
précise dans ses recommandations « il n'existe
pas de profil psychologique spécifique, ni de preuve permettant de
rapporter ce syndrome à une origine uniquement psychogène
»1
1.6 DIFFERENTES APPROCHES DE LA DOULEUR 1.6.1 L'approche
anthropologique de la douleur
Plus qu'un fait physiologique, la douleur est un fait
existentiel. Ce n'est pas le corps seul qui souffre, mais l'individu dans son
entier. La douleur montre combien le corps renvoie à des significations
inconscientes, sociales, culturelles et individuelles.
Chaque société, chaque culture a sa propre
conception du corps et de l'esprit. Même les différentes
médecines reposent sur des conceptions personnelles du corps et de la
maladie : l'allopathie, l'homéopathie, l'ostéopathie,
l'acupuncture. Il y a aussi les savoirs populaires : guérisseurs en tout
genres, magnétiseurs, radiesthésistes et autres
tradithérapeutes ou médecines alternatives.
Le corps est une réalité changeante
d'une société à une autre. Plus qu'une collection
d'organes et de fonctions assemblés selon des lois
compréhensibles, le corps est une structure symbolique que nous peinons
à comprendre.
Le savoir biomédical officiel de nos
sociétés occidentales n'étant qu'une représentation
du corps parmi des autres. Aussi légitime et efficace qu'elle soit,
notre conception n'est pas la seule. De multiples réalités du
corps se profilent derrière les innombrables systèmes
thérapeutiques.
Confondre à une souffrance sans nom, le malade consulte
un spécialiste : psychiatre, psychologue , médecin, mais
également guérisseur, leveur de sort, chaman...La tache de ce
dernier étant de donner un sens au symptôme pour rendre acceptable
et restaurer la relation avec l'environnement.
Dans tout le cas, le corps est défini par quatre
composantes inextricables :
Ø La forme (avec ses limites)
Ø Le contenu (l'univers intérieur)
Ø Le savoir (la connaissance partagée que chacun
se fait de son corps et de son fonctionnement)
Ø La valeur (qu'il attribue à ses attributs
physiques)
Tout les sociétés humaines favorise la mise en
place individuelle de cette anthropologique qui permet à chacun
d'habiter familièrement son corps avec ses repères
sécurisantes.
Ø Socialisation et douleur
Ø La douleur est plus supportable si elle peut
être partagée, mais ce partage n'est guère acceptable dans
nos sociétés ou chacun la vit individuellement.
Chez nous, le sentiment communautaire est quasiment absent.
D'autres sociétés ont prévu des maitres de
cérémonie venant orchestrer et donner un sens aux choses. D'un
côté on se bat seul pour sa guérison : c'est la
démarche individuelle, le «moi-je» Ailleurs, c'est
une démarche communautaire, le «nous-
10
autres». Pourtant, l'accompagnement,
l'écoute, la capacité à contenir l'anxiété
et l'accueil exercent toujours un effet d'apaisement sur la douleur. A
l'inverse, l'abandon et la solitude attisent la douleur.
Ø Spiritualité et douleur
Tout les systèmes religieux ont cherché
à intégrer la souffrance humaine dans leurs explications de
l'univers en le justifiant au regard des dieux et du cosmos. De manière
générale, il est admis que tout malheur est châtiment pour
des fautes commises envers Dieu ou des hommes. La douleur est donc
«juste». Reste à trouver la faute et à expier.
1.6.2 L'approche psychanalytique de la douleur
La psychanalyse c'est intéressée aussi
très tôt à la douleur, cette dernière apparaissant
dans les premiers modelés freudiens du psychisme. Dans la
continuité certains auteurs comme D. Anzieu nous proposent une
première lecture de la douleur comme étant différent du
déplaisir. L'expérience de la douleur de son point de vue,
s'inscrirait dans une rupture du rythme marqué par l'alternance du
plaisir-déplaisir Mais alors de quelle manière
interviendrait-elle comme rupture ? Toujours selon Anzieu « La douleur
provoque une perturbation topique et par une réaction circulaire,
la conscience d'un effacement des distinction fondatrices et structurantes
entre Moi corporel, entre ça, moi, surmoi, rend l'état plus
douloureux encore » Anzieu met ici l'accent sur un ensemble de
processus en boucle qui vont concourir à aggraver le vécu
douloureux.
La topique que Anzieu précise dans cette phrase fait
référence à la deuxième topique de Freud .Le
rapport entre les trois instances qui sont le ça (pole pulsionnel), le
Moi (intérêt de la totalité de la personne, raison et
narcissisme), et le surmoi (agent critique, intériorisation des
interdits et des exigences) Cette topique révèle mieux la
façon dont le sujet se construit et se perçoit.
Une psychothérapie psychanalytique tentera de
réintroduire la dimension psychologique, en rassemblant ce qui
était clivé : l'expression du corps et du psychisme.
Dans cette approche on cherchera à repérer le
fonctionnement psycho-dynamique et les défenses, à évaluer
la place et le rôle de la douleur, ainsi que le décodage et la
recherche du sens.
Toute tentative d'agir sur le symptôme trop brutalement
est vouée à l'échec car l'organisation psychique dans
laquelle s'inscrit la douleur est protégée par des
mécanismes de défenses. La théorie psychanalytique en
dénombre plusieurs : la dénégation, la projection,
l'évitement, le clivage, le refoulement, la rationalisation et
autres.
La clinique psychosomatique 2
considère la banalisation comme un mécanisme de
décence important. Les affects sont exprimés à minima, le
langage est réduit à un énoncé fonctionnel dont la
subjectivité est exclue. Cette situation est liée à la
répression de la fonction imaginaire. La somatisation devient un
recours, une porte de sortie. La banalisation s'accompagne d'une
hyperactivité, dans laquelle le sujet agit pour éviter la
pensée, éviter la confrontation à la dépression
sous-jacente.
2 Farragut, E. (2000) La dimension de la souffrance
psychosomatique. Paris : Maisson
11
Les questions de la perte et du deuil sont aussi
centrales dans la problématique psychosomatique. Certains patients
douloureux chroniques, semblent porter des souffrances liées à
des deuils non faits.
D'un point de vue psychanalytique, la douleur
représente alors une réaction à la perte de l'objet
et s'associé à l'angoisse liée au danger que
représente ce vide pour Moi. On assiste alors à un repli,
à une transformation d'un investissement objectal en investissement
narcissiques.
1.6.3 L'approche des thérapies
cognitivo-comportementales (T.C.C.)
Les théories cognitives se sont
développées essentiellement à partir des travaux de
Beck(1959) qui portaient initialement sur la dépression. Beck,
initialement psychanalyste étudia à travers le rêve, les
cognitions conscientes, puis préconscientes des dépressifs. Il en
arriva à la conclusion que les rêves reflétaient les
visions et cognitions que le sujet avait, à l'état de veille. A
partir de la il fonda la thérapie cognitive.
Quelques définitions préalables
Les cognitions représentent les
pensées, les images, les représentations présentes
à l'esprit du sujet, de manière consciente ou subconsciente (et
donc accessible à l'introspection)
On appelle schémas cognitifs à
la fois les connaissances et l'ensemble des croyances, des convictions qu'un
sujet entretient sur lui-même et sur le monde. Ces schémas, ou
représentations, stockés en mémoire à long terme,
sont organisés par l'expérience antérieure et
correspondant à l'intériorisation précoce de règles
familiales et sociales, de comportements parentaux ou encore à l'impact
d'événements de vie marquants. Le plus souvent ces schémas
fonctionnent automatiquement, hors de la volonté de sujet. Ils peuvent
être activés par des émotions qui sont analogues à
celles du moment où ils ont été imprimés.
Ce sont également ces schémas qui
régulent les comportements : Quand le comportement confirme les
schémas on dit qu'il y a assimilation de la
réalité aux schémas, quand le comportement modifie les
schémas on dit qu'il y a accommodation du schéma
à la réalité.
L'approche cognitive-comportementale envisage la douleur
selon un modèle bio-psycho-social. Cette approche passe par une
restructuration cognitive, dans la mesure où elle cherche à
modifier les contenus et les processus mentaux mal adaptés, facteurs de
majoration de la perception de la douleur et de ses concomitants affectifs et
émotionnels (anxiété et dépression).
Ces représentations peuvent reposer sur des choses
« légitimes », mais c'est leur caractère excessif,
disproportionné par rapport à la situation réelle et/ ou
leur application rigide et systématique à des situations
habituellement « neutres » qui entraine une souffrance
pathologique.
Certains schémas cognitifs sont relativement
spécifiques de certains troubles. Selon les théories
cognitives. Par exemple, dans la dépression, le discours négatif
du patient sur lui-même « je ne veux
12
rien, donc à quoi bon continuer à vivre
»peut être sous tendu par un schéma cognitif
dépressogène : « je dois réussir parfaitement tout ce
que j'entreprends »
On parle alors de distorsions cognitives,
c'est -à- dire de mécanismes de pensée privilégiant
l'hypothèse négative (par rapport à une évaluation
neutre ou positivé) et conduisant à une lecture biaisée de
la réalité. Ces distorsions se retrouvent aussi chez le sujet
« normal » mais elles se caractérisent dans
l'anxiété par leur intensité, leur fréquence et
leur caractère catégorique.
Les trois principales postulats des thérapies
cognitivo-comportementale
Des manières très schématique, on peut
considérer que les T.C.C. reposent sur trois grands postulats suivants
:
Premier postulat : «
L'activité cognitive influence les émotions et les comportement
»
On considère, de manière simplifie, que
l'information entrante dans l'organisme (stimulus) va venir activer les
schémas cognitifs à l'origine d'un comportement et d'une
émotion.
Second postulat : « Une
activité cognitive « anormale » peut être responsable
d'émotions et des comportements pathologiques »
Ce postulat suppose qu'il existe sinon des mauvaises
façons de penser ou des pensées pathologiques, du moins, des
modes des pensées qui sont à l'origine d'une souffrance pour le
sujet.
Troisième postulat « Une
activité cognitive « anormale » peut être
modifiée sciemment et directement, et ce dans le but d'obtenir une
modification thérapeutique des émotions et des comportements
pathologiques »
Ce postulat suppose que l'activité cognitive est non
seulement repérable, observable et accessible (donc conscience), mais
également modifiable directement
La thérapie cognitivo-comportementale et la douleur
Dans tout le cas, elle part de l'hypothèse que les
comportements douloureux chroniques peuvent varier en fonction de facteurs
psychiques, comportementaux ou environnementaux, indépendants de seuls
facteurs somatiques, présents ou non. Cette approche est aussi
comportementale au sens où elle va se centrer principalement sur les
manifestations observables de la douleur et utiliser des techniques de
relaxation, de biofeedback, de désensibilisation systémique,
gestion de stress, et de modification des contingences de renforcement.
La restructuration cognitive
La psychologie cognitive s'occupe des processus de
pensée. Les méthodes thérapeutiques qui en dérivent
cherchent à modifier les sentiments et les actes en influençant
les structures de la pensée des patients.
Ø 13
la perception, l'attention, la mémoire sont des
phénomènes qui participent à cette acquisition.
La T.C.C. favorisent un processus d'accommodation en
assouplissant les schémas dysfonctionnels, trop rigides. La
restructuration cognitive permet de repérer et de corriger les
cognitions négatives en rapport avec la douleur. Elle s'appuie sur le
constat que les émotions découlent de l'interprétation de
la situation et non de la situation elle-même, et que le système
de croyances influence largement cette interprétation.
Les capacités et les connaissances du patient jouent
un rôle secondaire .L'important reste que la personne doit croire en ses
capacités.
Bandura appelle ceci l'auto-efficacité
(self-efficacy). La croyance du patient en son auto-efficacité
déterminera son comportement face à une situation qu'il juge
au-delà de ses capacités L'augmentation du contrôle de la
douleur par la restructuration cognitive (au niveau de la rationalisation des
pensée) permet d'atténuer les états anxieux et
dépressifs ainsi que la douleur.
L'approche comportementale
L'approche comportementale envisage le comportement
douloureux comme n'importe quel autre comportement, répondant aux
mêmes principes d'apprentissage. Si son déclanchement et sa
probabilité d'occurrence dépendent de variables
antécédentes à son apparition, la douleur est de type
répondant (ou pavlovien). Si, par contre, elle est amplifiée par
des variables conséquentes (sollicitudes de l'entourage,
évitement d'une situation génératrice de stress, attente
d'une indemnisation), la douleur est de type opérant.
La stratégie comportementale va tenter de
réduire voir même de supprimer le comportement douloureux excessif
en l'ignorant systématiquement. Si le patient évite toute
activité par crainte anxieuse de déclencher la douleur, on lui
propose un programme de reprise d'activités progressives. En effet, une
augmentation du niveau d'activité conduit à une diminution des
sentiments d'incapacités et à une amélioration de l'estime
de soi, et par la une amélioration thymique et une diminution de
l'anxiété.
Parfois, c'est le traitement que le patient applique à
sa douleur qui n'est plus adapté (surconsommation des
médicaments, par exemple) Le thérapeute et le personnel soignant
devront renforcer des comportements « sains » par la relaxation par
exemple et proposer des comportements incompatibles avec la douleur (moment de
détente en alternance avec des exercices physiques.
Ø La relaxation
La douleur constitue un des grands champs d'application de la
relaxation en médecine.
Bien que le terme relaxation soit souvent synonyme de
Training Autogène 3 ou de méthode de Jacobson, les techniques
sont nombreuses et variées. Les bénéfices fonctionnels de
la relaxation sont
3
14
maintenant bien connus : anxiolyse, amortissement de la
résonance émotionnelle des affects, meilleurs adaptation au
stress, augmentation de seuil de la douleur et diminution des tensions.
La technique du Training Autogène de Schultze consiste
en une concentration mentale du patient qui localise ses pensées sur la
perception de divers types de sensations corporelles et déclenche ainsi
par auto-entrainement, des modifications de conscience de type hypnotique.
La technique de Jacobson consiste en une focalisation de
l'attention sur des sensations provoquées par des contractions et des
décontractions de groupe musculaire. Cette méthode dite de «
relaxation progressive »induit une détente graduelle
L'apprentissage de la relaxation permet d'interrompre le
cercle vicieux « peur=tension musculaire=augmentation de la douleur
=intensification de la peur. »
Globalement, la relaxation va permettre au patient de
repérer certaines situations génératrices de stress ou
anxiogènes qui amènent une tension musculaire importante,
déclenchant et /ou aggravant la douleur.
En T.C.C. l'utilisation de méthodes de relaxation
cherche à :
Ø Mieux gérer les réactions
émotionnelles.
Ø Diminuer le niveau général de stress
Ø Se détendre rapidement
Ø Faciliter un sommeil réparateur
Ø Faire des expériences de
sérénité
L'hypnose
L'hypnose est une méthode intéressante dans le
contrôle de la douleur. Il s'agit d'un état de conscience
modifié caractérise par une réceptivité nettement
amplifiée par la suggestion. Des modifications de fonctionnement
cognitif sont recherchées : la capacité d'altérer les
perceptions, l'actualisation de la mémoire des sensations ainsi que la
possibilité de contrôler certaine fonction physiologique
involontaire.
Beaucoup des gens considèrent l'hypnose comme en
traitement « magique », mais l'utilisation de l'hypnose pour le
traitement de la douleur chronique demande plus qu'une simple induction
hypnotique suivie d'une suggestion pour contrôler la douleur. Pour
être efficace, face à de problématiques aussi complexes que
la douleur chronique, l'hypnose doit être incorporée à une
stratégie psychothérapique globale.
FACTEURS CONTRIBUANT A LA DOULEUR
Les facteurs généraux sont d'ordre biologique,
psychologique, sociale, environnemental, vue dans les approches
mentionné.
En regardant de plus près, certains facteurs peuvent
modifier le seuil de perception de la douleur.
15
Facteurs de diminution du seuil
Facteurs d'augmentation du seuil
|
inconfort
|
Soulagement symptomatique, analgésiques
|
fatigue
|
Sommeil, repos, tranquillisantes
|
Anxiété, peur, incompréhension
|
Sympathie, compréhension
|
Colère, isolement
|
diversions
|
Tristesse, dépression, introversion
|
Meilleur moral, antidépresseurs
|
Expérience antérieure, appréhension
|
Elaboration psychique, psychothérapie
|
|
Pour comprendre le rapport entre psychologie et douleur, les
aspects émotionnels, cognitifs et environnementaux doive être
prise en compte.
Ø -Les aspects émotionnels
Le désarroi qu'éprouve l'individu face à
l'afflux de messages douloureux appartient au registre de l'émotion et
non à la douleur comme phénomène physiologique. Ceci
explique pourquoi la douleur est difficilement communicable. Les
émotions le plus, fréquemment observées autour de la
douleur sont l'anxiété et la dépression.
Ø Les aspects cognitifs
La cognition correspond à notre système de
pensée et plus particulièrement au système qui traite les
informations. Elle comprend donc les mécanismes de l'attention, de
jugement, de la mémoire, des représentations et des croyances.
Ø Les aspects environnementaux
La dimension relationnelle de la douleur prend en compte le
rapport de l'individu avec son environnement social.
16
II- LES SCHEMAS PRECOCES INADAPTES
2- 1 Définition
Le terme de schémas décrit un concept provenant
de la psychologie cognitive se basant essentiellement sur l'approche de Beck.
Selon Young et Kolsko (1995), c'est une structure inconsciente stockée
en mémoire à long terme qui se forme dès notre enfance par
nos expériences de vie et par les interactions avec notre
environnement.
2.2 Présentation des Schémas Précoces
Inadapté (S.P.I.)
Ø Une approche intégrée
C'est Jeffrey E. Young qui, avec le concours de ses
collaborateurs, à élaboré et continue d'élaborer
cette approche dite Centrée sur les schémas. Jeffrey Young
enseigne au département de psychiatrie de l'Université de
Columbia. Il est le fondateur et le directeur des Centres de thérapie
cognitive de New York. Il publiait en 1993 un livre grand public « Je
réinvente ma vie » traduit en français en 1995 par Pierre
Cousineau. Il publiait en 2003 « La thérapie des schémas
-Approche cognitive des troubles de la personnalité » Ce
deuxième ouvrage s'adresse plus spécifiquement aux
intervenants.
La thérapie centre sur les schémas est un
modèle intégratif, qui est issu des concepts et des traitements
cognitifs -comportementaux habituel (J .Young a étudié avec A.
Beck, qui a signé la préface de la première édition
de son livre « Je réinvente ma vie »)
Son apport majeur a été l'identification des
Schémas Précoces Inadapté (S.P.I.) des modes et des
stratégies d'adaptation (processus de perpétuation) De plus,
cette approche intègre des façons de concevoir et de faire,
provenant des trois courants théoriques majeurs, soit :
Ø le courant cognitif comportemental
Ø le courant psycho-dynamique
Ø le courant existentiel-humaniste
Cette approche aide le thérapeute et le patient
à clarifier les problèmes et à les organiser de
façon compréhensible.
Cette approche intégrative combine une théorie
de traitement à long terme et des techniques de traitement à
court terme.
Elle travaille sur des problématiques dites chroniques
et présume que les problèmes sont d'origine de l'enfance et/ou de
l'adolescence.
L'approche centrée sur les schémas vise
à aider les patients à combler leurs besoins de base, d'une
façon adaptée en changeant et /ou en gérant les
schémas inadaptés, les stratégies d'adaptations et les
modes inadéquats.
17
2.3 LES SCHEMAS PRECOCES INADAPTES
Les S.P.I., qui s'élaborent en cours de l'enfance
et/ou de l'adolescence, continuent à s'enrichir tout au long des
expériences de la vie, même s'ils sont inappropriés, s'ils
ne servent plus à rien ou sont même nuisibles. En fait, la
personne adulte qui fait l'expérience de l'activation de ses
schémas, vit cela d'une façon semblable à ce qu'elle a
vécu lors d'élaboration de ses schémas. Il est question
ici de continuité cognitive de vision stable de soi-même et du
monde, même si celle-ci est en fait imprécise et
erronée.
Ø Notons que les schémas peuvent être
positifs ou négatifs, adaptes ou inadaptés.
Ø Il est donc question d'interprétation qui
amène une distorsion de la réalité.
2.4 Caractéristiques des Schémas
Précoces Inadaptés Voici les 5 principales
caractéristiques de S.P.I.
1. Les S.P.I. ne sont pas tous d'origine traumatique (exemple
surprotéger l'enfant) mais ils sont tous destructifs et sont
principalement causés par des expériences nocives qui se sont
répétées régulièrement aux cours de
l'enfance et de l'adolescence.
2. Les schémas sont élaborés pour se
nourrir et perdurer tout au long de la vie de l'individu. On dit que les
schémas se battent pour survivre.
3. Les schémas apparaissent au cours de l'enfance en
tant que représentation de l'environnement de l'enfant et sont
basés sur la réalité.
4. La nature des schémas se manifeste plus tard au
cours de la vie, au moment où les personnes commencent à
perpétuer leurs schémas dans leurs interactions avec les autres,
avec des perceptions qui ne sont plus exactes, ni adaptées.
5. Les schémas sont dimensionnels, ce qui signifie
qu'ils peuvent avoir différents niveaux d'envahissement et de
gravité.
Evénements menant aux S.P.I.
Les expériences nocives de l'enfance sont à
l'origine des SPI. Les schémas qui se développent le plus
tôt et qui sont les plus forts trouvent leur origines dans la cellule
familiale. Dans une certains mesure, la dynamique de la famille d'un enfant
correspond, pour lui, à celle du vaste monde. Lorsque les patients se
trouvent en tant qu'adultes dans des situations qui activent leurs
schémas, ce qu'ils sont en train de vivre, correspond à un drame
de leur enfance, mettant habituellement en jeu un parent.
Les schémas développés plus tard dans la
vie sont généralement moins envahissants ou moins puissants.
18
Young a observé quatre types d'expériences de
vie précoces qui concourent à la constitution des schémas
inadaptés.
Ø La frustration de besoins Par
exemple la frustration des besoins de stabilité, de
compréhension, ou d'amour contribue à la formation des
schémas tels que le manque affectif ou
l'abandon-instabilité.
Ø La traumatisation ou la
victimisation. L'enfant victimisé ou maltraité pourra
développer des schémas de méfiance /abus,
d'imperfection/honte ou de peur de danger ou de la maladie.
Ø L'excès de satisfaction des besoins.
La formation d'un schéma inadapté ne provient pas
nécessairement d'un traumatisme ou des frustrations des besoins .Elle
peut provenir d'un excès de bonnes choses qu'il serait sain de recevoir
de façon modérée. Par exemple, l'enfant gâté,
choyé, pour qui les parents font tout ne verra pas ses besoins
d'autonomie et de limites comblé et pourra développer des
schémas de dépendance/incompétence ou de
droits personnels exagérés/grandeur.
Ø L'internalisation ou l'identification
sélective à des personnes importantes. Le
tempérament détermine en partie la façon dont un individu
va procéder à l'identification et l'internalisation des
caractéristiques d'une personne proche. Young donne l'exemple d'un
enfant au tempérament dysthymique qui ne va pas probablement
internaliser le style optimiste d'un de ses parents. Le comportement du parent
étant tellement contraire à la prédisposition de l'enfant,
que l'enfant ne pourra pas l'assimiler.
2.5 Les besoins affectifs fondamentaux
Les schémas sont la conséquence de besoins
affectifs fondamentaux qui n'ont pas été comblés pendent
l'enfance.
Voici le 5 besoins affectifs et les différents
schémas associés.
Conditions nécessaires à
l'épanouissement
|
Les différents schémas
|
Sécurité liée à l'attachement aux
autres
|
Abandon/méfiance et abus
|
Autonomie
|
Dépendance fonctionnelle,
incompétence /vulnérabilité à la
menace ou à la souffrance, fusion
|
Liberté d'exprimer ses besoins et ses émotions
|
Déficience, honte /échec dans les
réalisations/inhibition
émotionnelle/dérivations
|
Spontanéité et jeu
|
Assujettissement/idéaux exigeants /sacrifice de soi/
isolement social
|
Limites et autocontrôle
|
Droits personnels exagérés/ contrôle et
autodisciplines insuffisants
|
Tableau 1: Schémas dysfonctionnels et besoins
affectifs fondamentaux.
Ces besoins sont universels et un individu sain sur le plan
psychologique, est une personne qui parvient à combler de façon
adaptée ses besoins affectifs fondamentaux.
19
Globalement, la personne « en bonne santé »
utilise certains de ces schémas. La personne présentant un
trouble de personnalité, les sur utilise de façon rigide
même lorsqu'ils sont clairement désavantageux : ce sont les
schémas dysfonctionnels.
2.6 Les domaines des Schémas et les Schémas
Précoces inadaptés
Dans le modèle de Young 18 schémas sont
regroupés à l'intérieur de 5 grandes catégories de
besoins affectifs non comblés appelés domaines de
schémas.
Domaine I : Séparation et
rejet
Les patients ayant des schémas dans ce domaine sont
incapables de former des liens surs et satisfaisants avec les autres.
1 « Schémas d'Abandon/Instabilité
» : C'est la perception de manque de stabilité ou de
fiabilité dans le lien relationnel qui existe entre le sujet et les
personnes importantes de son entourage. Il
s'accompagne du sentiment que ces personnes importantes ne
continueront pas à donner appui
2 « Schéma de Méfiance /Abus
» Le patient s'attend à ce que les autres le fassent
souffrir, le maltraitent, l'humilient, lui mentent, trichent et profitent de
lui. En général la souffrance infligée est perçue
comme intentionnelle ou résultant d'une négligence extrême
et injustifiable. Ceci peut aussi inclure le sentiment d'être constamment
défavorisé par rapport aux autres.
3« Schéma de Manque Affectif
» : le patient a la certitude que les autres ne lui donneront pas
le soutien affectif dont il a besoin : manque d'apports affectifs, manque
d'empathie, manque de protection.
4 « Schéma
d'Imperfection/Honte » : le patient se juge imparfait,
mauvais, inferieur ou incapable. Ceci peut inclure : l'hypersensibilité
aux critiques, au rejet et aux réprimandes. Il peut existe un
gène à se comparer aux autres et un manque de confiance en
soi.
5 « Schéma d'Isolement Social
» : C'est le sentiment d'être isolé, coupé du
reste de monde, différent des autres et/ ou de ne faire partie d'aucun
groupe ou communauté en dehors de la famille.
Domaine II : manque d'autonomie et de
performance
Les patients ayant des schémas dans ce domaine ont des
attentes d'eux même et du monde qui ne correspond pas à leurs
capacités (perçues) à survivre, à agir
indépendamment et à parvenir à une réussite
suffisante.
6 « Dépendance
/Incompétence » Ces patients se croient incapables de
faire face aux responsabilités journalières sans l'aide des
autres. (par exemple : gérer son argent, résoudre les
problèmes de tout les jours, aborder de nouvelles taches) Ils disent
souvent « je suis incapable de... »
20
7 « Peur de danger ou de la maladie
» C'est la peur exagérée d'une catastrophe qui peut survenir
à tout moment et à laquelle on ne pourra pas faire face. Ces
craintes se portent sur une des catastrophes suivantes : santé,
émotions, catastrophe naturelle ou phobie.
8 « Fusionnement/Personnalité
Atrophiée » Il s'agit d'un attachement
émotionnel excessif à une ou plusieurs personnes, souvent les
parents, au détriment d'une adaptation sociale normale et d'une
individualisation accomplie. C'est très souvent la croyance qu'au moins
l'un des individus liés ne peut pas survivre à l'autre ou ne peut
pas vivre heureux sans l'autre.
9 « Echec » Ce schémas
correspond à la croyance selon laquelle on a échoué, on
échouera inévitablement, on est incapable de réussir aussi
bien que les autres (études, carrière, sport, etc.).Souvent, le
patient se juge stupide, inapte, sans talent, inferieur aux autres, etc.
Domaine III : manque de limites
Les patients qui ont des schémas dans ce domaine n'ont
pas développé des limites adéquates en matière de
réciprocité et d'autocontrôle. Il peut s'agir de manques de
limites internes, du manque de responsabilité envers les autres ou de
l'incapacité à soutenir des buts à long terme.
10 « Droits Personnels
Exagérés/Grandeur » Ce schéma correspond
à l'affirmation que l'on est supérieur aux autres, et que l'on a,
de ce fait, des droits spéciaux et des privilèges. Ils sont
préoccupés de façon excessive par leur
supériorité (succès, célébrité,
valeur) dans le but de parvenir au pouvoir et non pas dans le but de rechercher
l'approbation ou l'attention.
11 « Contrôle de Soi/Autodiscipline
Insuffisants » Le problème central est l'incapacité
ou le refus d'un autocontrôle suffisant, ainsi que l'incapacité ou
le refus de la frustration. Le patient ne peut supporter d'être
frustré dans ses désirs et il est incapable de modérer
l'expression de ses émotions et impulsions.
Domaine IV : orientation vers les
autres
Les patients ayant des schémas dans ce domaine
accordent une importance excessive aux besoins des autres, au détriment
de leurs propres besoins. Ils agissent ainsi dans le but d'obtenir leur
approbation, de maintenir un lien affectif, ou d'éviter des
représailles ou un abandon. Lorsqu'ils interagissent avec les autres,
ils ont tendance à se concentrer presque exclusivement sur les
réponses des autres personnes plutôt que sur leurs propres
besoins.
12 « Assujettissement » Celle-ci
correspond à une soumission excessive au contrôle des autres,
parce qu'on se sent forcé d'agir ainsi, en général pour
éviter la colère, représailles ou abandon .Il existe deux
formes majeures :
-l'assujettissement des besoins (suppression de ses propres
désirs et préférences) -l'assujettissement des
émotions (suppression de ses propres réponses
émotionnelles, particulièrement la colère)
21
Les schémas se manifestent souvent par une
docilité excessive et par un empressement de faire plaisir ; mais le
patient présente une hypersensibilité aux situations dans
laquelle il ressent qu'il se « fait avoir ».
13 « Abnégation ou sacrifice de
soi» Le patient, présente un intérêt excessif
à satisfaire les besoins des autres au détriment de ses besoins.
L'abnégation implique
Souvent un sentiment de responsabilité très fort
vis-à-vis des autres. Ces patients souffrent habituellement de
symptômes psychosomatiques tels que maux de tète, problèmes
gastro-intestinaux, douleurs chronique, fatigue chronique. Ces symptômes
physiques constituent, pour ces sujets, un moyen inconscient d'attirer
l'attention sur eux, sans forme directement la demande .Il se sent
autorisé à recevoir de l'attention ou à réduire
l'attention qu'il accorde aux autres quand ils sont « vraiment malades
»
14 « Recherche d'Approbation et de Reconnaissance
» Le problème central est un besoin excessif de
l'attention, de l'estime et de l'approbation des autres, au détriment du
développement d'une personnalité forte et authentique. Chez ces
patients, l'estime de soi est formée à partir des
réactions des autres et non à partir d'opinions et de valeurs
personnelles.
Domaine V : sur-vigilance et inhibition
Dans ce domaine, les patients répriment l'expression
spontanée de leurs sentiments et leurs impulsions. Le problème
principal est le contrôle exagéré des réactions, des
sentiments et des choix, pour éviter les erreurs ou pour maintenir des
règles personnelles rigides concernant la conduite et la performance,
souvent aux dépens d'autres aspects de la vie : plaisirs, loisirs, amis,
ou au détriment de la santé. L'origine typique est une enfance
sans joie, retenue et stricte, dans laquelle le contrôle de soi et le
déni de soi-même l'emportaient sur la spontanéité et
le plaisir. Ces patients sont souvent pessimistes et préoccupés,
ils considèrent que tout dans leur vie pourrait se
désagréger s'ils ne se montraient pas toujours vigilants et
attentifs.
15 « Négativité/Pessimisme
» Ce schémas envahissant est centré sur les
aspects négatifs de la vie (par exemple, la douleur, la mort, la perte,
la déception, le conflit, la trahison, la culpabilité, le
ressentiment, les problèmes non résolus, les erreurs possibles)
et il en minimise les aspects positifs. Comme ils amplifient les
événements potentiellement négatifs, ces patients sont
fréquemment soucieux, anxieux, pessimistes, mécontents et
indécis.
16 « Surcontrole Emotionnel »
Ces patients exercent un contrôle excessif sur leurs réactions
spontanées (actions, sentiments, paroles), leur but étant
d'éviter la perte du contrôle de leurs impulsions ou la
désapprobation d'autrui. Les secteurs les plus concernés par ce
surcontrole sont : l'inhibition de la colère et de l'agressivité,
le contrôle d'impulsions positives, la difficulté à
reconnaitre ses propres faiblesses ou à exprimer facilement ses propres
besoin ou sentiments.
22
17 « Idéaux Exigeantes/Critique
Excessive » Ce schémas implique la conviction que l'on
doit s'efforcer d'atteindre et de maintenir un niveau de perfection très
élevé, habituellement dans le but d'éviter la
désapprobation ou la honte. Cette exigence amène à une
tension constante et à une critique permanente de soi-même et des
autres. Les patients souffrent d'altérations importantes dans le secteur
de la santé, de l'estime de soi, des relations interpersonnelles, du
plaisir et de la détente.
Ce schémas se manifeste typiquement par : du
perfectionnisme, des règles rigides, une préoccupation constante
du temps et de l'efficacité.
18 « Punition » Le sujet a tendance
à ce montrer intolérant, très critique, impatient et
à « punir » les autres et lui-même, s'ils n'atteignent
pas le niveau de perfection qu'il exige. Il lui est difficile de pardonner les
erreurs ou les imperfections -chez lui-même ou chez les autres, parce
qu'il est incapable de prendre en compte les circonstances atténuantes,
qu'il manque d'empathie et de flexibilité ou qu'il est incapable
d'admettre un autre point de vue.
2.6 LES STRATEGIES D'ADAPTATION DYSFONCTIONNELLES
Les trois styles d'adaptation sont l'équivalent de la
réaction de tout organisme devant une menace soit : la bataille, la
fuite ou la capitulation. En termes de style d'adaptation, on parle de
compensation (la bataille), d'évitement (la fuite), et de soumission
(capitulation).
Le mode de la soumission, se traduit par «
l'abdicataire conciliant ». Dans ce mode, la personne se soumet au
schéma, se positionne dans la passivité, l'impuissance et la
soumission. Elle accepte le schéma et ce qu'il porte comme vrais. Par
exemple la personne qui a un schéma de carence affective et qui s'y
soumet pourra une fois adulte, choisir un conjoint qui donne peu d'affection et
ne comblera pas ses besoins. Dans cette relation, la personne sera passive et
accommodante.
La stratégie de soumission va s'opérationnaliser
par de comportements de soumission, de dépendance, de recherche
d'affiliation, de passivité, de subordination, d'évitement des
conflits et des tentatives incessantes de faire plaisir à l'autrui.
Le mode d'évitement est le « protecteur
détaché » : la personne qui utilise l'évitement de
schémas comme style d'adaptation tente d'arranger sa vie de façon
à ne jamais activer le schéma. Elle essaie de vivre sans avoir
conscience du schéma, comme si celle-ci n'existait pas. Elle
évite d'y penser. Elle évite de la ressentir. Par exemple la
même personne qui a un schéma de carence affective pourra une fois
adulte, éviter les relations intimes : pas de conjoint (e), pas ou peu
d'amis. Elle n'a pas de difficultés relationnelles puisqu'elle n'est pas
en relation. L'évitement permet de ne pas ressentir les schémas
et par le fait même, en permet le maintien.
Le mode de la contre-attaque ou compensation se traduit
par le « sur compensateur » : la personne qui compense son
schéma combat par des pensées, des émotions, des
comportements et des styles relationnels qui correspondent à l' opposer
du schéma. Ainsi la personne se bat contre ses schémas, agit sur
son schéma comme pour prouver et se prouver le contraire des croyances
et prévision de son schéma. Mais fait cela d'une façon qui
peut être inadapté .Par exemple, la personne qui a un
schéma de carence affective pourra, une fois adulte, avoir un conjoint
et deux amants, un grand réseau social, être président de
sa compagnie, avoir une immense maison, etc. Elle pourra être
affectivement exigeante avec ses proches et ses partenaires. Cette compensation
ou cette contre-attaque permet à la personne de ne pas être en
contact avec ses croyances personnelles, avec ses schémas, ce qui permet
le maintien de ces croyances et schémas.
23
Plus spécifiquement, la stratégie d'adaptation
de contre-attaque, pourra s'opérationnaliser par des comportements
d'agressivité, d'hostilité, de domination, d'affirmation de soi
excessive, par la recherche de reconnaissance, par la recherche de statut par
la manipulation, par de l'exploitation des gens par de comportement
passifs-agressifs, des attitudes rebelles et par des comportements
obsessifs.
Une personne peut n'utiliser qu'une stratégie pour
composer avec ses schémas. Mais très souvent, la personne
développera différentes stratégies pour les
différents schémas réactivés dans
différentes situations.
RESUME
Le SPI sont donc des thèmes envahissants qui sont issus
du scenario de la personne, de son enfance et/ ou adolescence. Ils sont des
représentations de soi en relation avec les autres. Ils n'ont pas
à être symbolisés, verbalisés ou conscients. Les
schémas sont très souvent très primitifs,
préverbaux (catégorisé avant d'être
conscientisés) .Ces schémas ont tendance à ce
perpétuer (besoin de cohérence de soi) et sont très
difficiles à modifier. Plus ils seront élaborés tôt
et plus ils seront difficiles à modifier. Les schémas du premier
domaine, « séparation et rejet » sont aussi
généralement le plus difficiles à modifier.
On pourra modifier certains SPI et on pourra gérer
certains autres. Lorsqu'ils sont réactivés, les SPI sont
déclenchés avec l'univers émotionnel du patient, avec la
structure cognitive de stade de développement dans lesquels ils ont
été crées. Les SPI structurent et anticipent la situation.
Il est ici question des types d'interprétations de la
réalité qu'a la personne et des prévisions que ses
schémas l'amèneront à faire des événement de
sa vie.
24
III- PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
Les apports de la psychologie dans la prise en charge de
fibromyalgiques sont nombreux. Des multiples recherches ont
démontré des troubles anxieux et dépressifs accompagnant
fréquemment la fibromyalgie. Cela nous à apporté une
meilleure compréhension des rapports entre psychopathologie et douleur.
Il existe donc une littérature abondante sur le sujet.
En ce qui concerne l'identification des schémas
précoces inadaptés chez les fibromyalgiques aucune recherche n'a
été faite, à notre connaissance. Cela nous a conduits
à questionner les Schémas Précoces Inadaptés (SPI)
chez ces patients ainsi que les styles d'adaptation. La référence
de base concerne les théories cognitivo-comportementales qui affirment
que « certains schémas sont relativement spécifiques de
certains troubles » et plus précisément sur la
spécificité des schémas (Young et al, 2003). Cependant,
ces explications ne permettent pas à elle seules de rendre compte de la
complexité de la phénoménologie du symptôme.
Donc en référence à Young, nous formulons
deux hypothèses sur les relations entre les schémas et le style
d'adaptation dysfonctionnel chez les fibromyalgiques.
Hypothèses
Selon notre première hypothèse, les
plaintes douloureuses chez les fibromyalgiques sont l'expression directe des
schémas tels que Sacrifice de soi, Imperfection et Manque affectif.
Celle-ci amène les patients à sacrifier ses besoins
afin de plaire aux autres, ils expriment des jugements
d'infériorité, ainsi qu'un manque d'apports affectifs.
L'activation de schémas sera évaluée
quantitativement et qualitativement, par Young Schéma Questionnaire
(YSQ-S1. Short form) Questionnaire abrégé des
schémas
Selon notre deuxième hypothèse, les
facteurs menant à la plainte douloureuse régulière sont
des styles d'adaptation dysfonctionnels pour éviter et/ou compenser les
schémas Recherche d'approbation et de reconnaissance,
Dépendance, Autocontrôle insuffisant.
Les modes d'attitude seront évalués par
Questionnaire des attitudes d'évitement- Young et
Questionnaire des attitudes de compensation-Young (1995) IV
La question générale à laquelle
ce travail tentera de répondre est la suivante : Quels sont les
schémas les plus identifies chez les patients fibromyalgiques et quel
style d'attitude utilisent-t-ils ?
25
IV- METHODOLOGIE
1. SUJETS
Sont inclus dans l'étude les patientes consentantes,
répondant au diagnostic de Fibromyalgie, établi sur la base
d'échelles d'évaluations et d'entretiens diagnostics conduit par
le médecin algologue et la psychologue clinicienne, de centre de la
douleur chronique du C.H.U. Timone du Marseille .Ne peuvent pas participer
à l'étude les patients qui ne sont pas diagnostiqués
fibromyalgiques.
2. METHODE
2.1. Données sociodémographiques
Pour chaque patiente sont recueillies des données
sociodémographiques (âge, sex, mode de prise en charge, situation
familiale, situation professionnelle et quelques caractéristiques de
sujet)
2.2 Les Schémas Précoces Inadaptés
Principe : Les PSI sont évalués
à l'aide du Questionnaire des schémas de Young. Une étude
de validation a été menée sur ce questionnaire par
Mihaiescu (1997) Ce questionnaire est disponible sur une forme longue
(205items) et sur une forme courte (75 items), qui est la plus utilisée
pour les études car son administration est plus rapide (Schmidt et al,
1995)
Dans le cadre de cette recherche, nous avons utilisé la
forme courte. Cette dernière distingue 5 domaines de schéma
suivant le modèle de Young et al, (2003,2005)
A - Domaine de séparation et de rejet
1. Abandon
2. Méfiance et abus
3. Dérivation émotionnelle
4. Déficience, honte
5. Isolement social
B - Domaine de manque d'autonomie et de performance
1. Dépendance fonctionnelle, incompétence
2. Vulnérabilité à la menace ou à la
souffrance
3. Fusion et interdépendance émotionnelle
4. Echec dans les réalisations
C - Domaine de manque de limites
5. Droits personnels exagérés
6. Contrôle et autodisciplines insuffisants
D - Domaine d'orientation vers les autres
1 Assujettissement
2 Sacrifice de soi
26
E- Domaine de survigilence et inhibition
1. Inhibition émotionnelle
2. Idéaux exigeants
Le questionnaire comporte 75 items affirmatifs. Les patientes
attribuent un score à l'affirmation selon qu'elle le décrive plus
au moins bien (annexe1) Cette attribution peut varier du chiffre 1 (si
l'affirmation ne correspond pas au sujet) à 6 (si l'affirmation le
décrit parfaitement) .Les items du questionnaire sont regroupe par 5, en
fonction de schémas.
Consigne : Il est demandé au sujet de lire les
affirmations et de décider à quel point elles donnent une bonne
description de lui-même en attribuant un chiffre de 1 à 6 selon
l'échelle suivante :
1 Complètement faux
2 Faux dans l'ensemble
3 Plutôt vrais que faux
4 Moyennement vrai
5 Vrai dans l'ensemble
6 Me décrit parfaitement
Cotation Les items du questionnaire sont regroupés par
schéma. Un code à deux lettres apparait après chaque
série des 5 items, pour indiquer au thérapeute les schémas
qui est mesuré. Pour interpréter les résultats, le
thérapeute encercle pour chaque schéma les items fortement
cotés (5 et 6) Trois items ou plus dans un schéma cotés 5
ou 6 sont considérés comme un schéma précoces
suractivé (moyenne max 6 par schéma) Il peut aussi utiliser la
méthode traditionnelle de score total et d'analyse statistiques.
2.3. Le questionnaire d'attitudes d'évitement
Ce questionnaire, comporte les mêmes consignes que le
questionnaire SPI. Ce questionnaire comprend 40 items, qui déterminent
l'évitement ou non du schéma.
Cotation : Un score total des items
élevé indique une tendance générale à
l'évitement. 2.4 Le questionnaire d'attitudes de compensation
Comporte les mêmes consignes que le questionnaire SPI.
Ce questionnaire comprend 48 items, permettant de déterminer la
compensation de schéma.
Cotation : On compte les nombre des items
coté 5 ou 6 et on compare les affirmations trouve avec les
schémas présumé activer.
27
V- RESULTATS
1 Caractéristiques des
patientes
Les six patientes ont été suivies (et sont
encore suivies) en thérapie cognitive-comportementale au centre de la
douleur chronique CHU Timone, depuis environ un an. Les patientes ont
été informées de l'objectif de cette étude et elles
ont donné leur consentement. L'histoire de vie et les informations
concernant chaque patiente à été recueillie au sain d'une
thérapie de groupe et en entretiens semi - directif en individuel.
Les patientes ont remplis les trois questionnaires à
leur domicile .Une reprise sur certains items des questionnaires à
été éclaircie avec certaines patientes qui ont
éprouvé des petites difficultés à leur cotation.
2. Données sociodémographiques et
évaluation clinique des patientes
Maria ,43 ans, divorcé, 2 enfants .Elle est prise en
charge en thérapie T.C.C. Elle a travaillé comme ouvrière
dans une fabrique, actuellement sans activité professionnelle. Elle a
été diagnostiquée fibromyalgique en 2009. Sa
présentation générale est soignée. Elle collabore
activement. Son discours est spontané. Elle évoque des signes de
perte de confiance dans plusieurs domaines, sans projection dans l'avenir sur
aucun plan (professionnel, personnelle) Elle présente une grande
fatigabilité, des douleurs constantes, des troubles de sommeil .Elle a
été suivie par plusieurs psychiatres pour des dépressions.
Son type de personnalité est relevé comme histrionique.
Dora, 52 ans, mariée, pas d'enfant. Elle est prise en
charge en thérapie T.C.C. Elle a travaillé comme hôtesse de
l'air, actuellement sans activité professionnelle. Elle a
été diagnostiquée fibromyalgique, ainsi que de
spondylarthrite. Sa présentation générale est très
soignée. Son discours est réfléchi, elle cherche les mots
exacts, débit lent, sa voix est basse et monocorde. Elle parle souvent
en employant des impératifs « il faut, je dois ». Elle se fait
des petits projets personnels .Elle présente beaucoup de douleur et de
fatigue physique et psychique. Son type de personnalité est
relevé comme obsessionnel.
Clara, 43 ans, mariée ,2 enfants. Elle est prise en
charge en thérapie T.C.C. Elle a travaillé comme ouvrière,
actuellement sans activité professionnelle. Elle a été
diagnostiquée fibromyalgique en 2009. Sa présentation
générale est soignée. Elle est d'un tempérament
calme. Son discours est spontané, franche et humoristique. Elle
évoque de troubles de la concentration, une perte de confiance dans les
autres .Elle présente un état de fatigabilité et de
douleurs constantes.
Laura, 30 ans, divorcée, un enfant. Elle est prise en
charge en thérapie T.C.C. Elle est sans activité professionnelle.
Elle a été diagnostiquée fibromyalgique en 2009. Sa
présentation générale est soignée. Elle est d'un
tempérament calme. Son discours a un débit normal. Elle
évoque une faible confiance en soi, un retrait social, un état de
fatigabilité modère. Elle accorde une grande importance au
soutien et au regard des autres.
Sara 56ans, divorcée, 2 enfants. Elle est prise en
cherche en thérapie T.C.C. Elle a travaillé comme
éducateur spécialisé, actuellement sans activité
professionnelle. Elle est diagnostique fibromyalgique. Sa présentation
générale est soignée. Son discours est cohérant et
réfléchi. A présent
28
elle fait des projets professionnels et personnels. Elle
évoque des états de fatigabilité et de douleur en
général.
Eva 63 ans mariée, mère de famille nombreuse.
Elle est suivie en thérapie T.C.C. Actuellement sans activité
professionnelle Elle est diagnostiquée fibromialgique. Sa
présentation générale est soignée. Son discours est
cohérant et réfléchi. Elle évoque un état de
fatigue et de douleurs modéré. Elle est plus à
l'écoute des autres, que d'elle-même.
3- ANALYSE CAS PAR CAS
1. Premier cas Maria
Au questionnaire d'évaluation des SPI peu des items ont
été évalué à l'aide d'un score significatif
(5ou 6) Toutefois, le schéma cognitif problématique, le plus
coté en 5 et 6 est, Peur de danger ou de la maladie. Par l'activation de
ce schémas la patiente est persuade que quelque chose de terrible va lui
arriver. Qu'elle soit brusquement frappée par une maladie, ou toute
autre catastrophe naturelle, et elle se sentira victime de celle-ci.
Au questionnaire d'évaluation des évitements,
les réponses de Maria montrent une tendance générale
à l'évitement.
Au questionnaire d'évaluation des attitudes de
compensation, le score total obtenu est 95. Les affirmations coté 5 qui
sont intéressantes sur l'ensemble des 48 items sont :
-Item 15 « Je me ronge les sangs lorsque j'ai une
décision à prendre, par peur de faire une
erreur »
-Item 35 « J'essaie de me montrer forte aux yeux des
autres même si je me sens vulnérable (fragile) ou peu sur de moi
»
Ces deux items sont intéressants parce qu'ils mettent
en avant l'attitude d'évitement en réponse a l'activation de
schéma en cause.
La vulnérabilité installe la patiente dans un
contexte de l'évitement pour s'adapter à son schémas, ce
qui créé une boucle sans fin. Une telle
vulnérabilité peut déclencher des douleurs et de la
fatigue. L `émotion principale, c'est l'anxiété, qui peut
aller d'une crainte de faible intensité à la panique
Le problème principal est qu'elle a très peur de
stopper les évitements et les compensations. Elle résiste
à abandonner ces protections contre l'angoisse de son schéma Peur
de danger ou de la maladie.
Maria évite aussi les relations intimes parce qu'elle
n'en attend rien. Elle affirme aussi qu'elle à été
dépressive pendant 3 ans après son divorce et qu'elle a des
difficultés à surmonter cela. Cela confirme bien sa tendance au
catastrophisme pour un événement de vie, sert difficile mais
surmontable dans le temps.
Elle se considère comme quelqu'un du vulnérable,
mais elle se montre forte devant les autres, tout cela pour éviter la
peur de la perte si on est faible selon son croyance et son schéma
activé.
29
2 Deuxième cas Dora
Au questionnaire d'évaluation des SPI, beaucoup des
items ont été coté 6. Les schémas précoces
problématiques activés sont répartis comme suit :
Sacrifice de soi, Idéaux exigeants (tous les items coté 6) et
Isolement social (5 et 6).
Au questionnaire d'évaluation d'évitement, le score
total obtenu par Dora est de 141/240.
Au questionnaire des attitudes de compensation, les
affirmations intéressantes sont en nombre de 17 sur l'ensemble de 48
items. Notamment :
« Je travaille dur pour être parmi les meilleurs
ou pour réussir encore plus » (item 8)
« Je suis souvent exigeante avec les autres, j'aime
que tout soit fait parfaitement » (item 26) «
J'éprouve de plaisir à être non conformiste même
si c'est impopulaire et que cela me singularise » (item 31)
« J'ai toujours fait bande à part » (item
33)
« Je pense qu'il est important de me montrer heureuse
quel que soit ce que je ressens » (item 44)
Ces items sont intéressants parce qu'ils permettent de
comprendre comment elle réagit à l'activation des ses
schémas Idéaux Exigeantes et Isolement Social et par la aussi est
activé son troisième schéma Sacrifice de soi.
Alors pour Dora, le problème majeur concerne la
perfection par des pressions qu'elle se met. En effet le schéma
Idéaux Exigeants est actif au maximum, celle-ci entraine aussi
l'activation de deux autres schémas chez elle. Comme elle a des
idéaux très élevés, cela implique des sacrifices
à faire, ainsi que le fait de se considérer différent des
autres, d'une manière exagérée.
Pour Dora, le style d'adaptation concernant les schémas
Sacrifice de soi et Idéaux exigeants est l'attitude de compensation.
Pour le schéma Isolement social c'est l'attitude d'évitement.
Celle-ci le maintient dans un contexte des souffrances physiques et psychiques,
de ou la cause ou l'effet de la fibromyalgie. Elle souffre des douleurs
chroniques, fatigue chronique. Ces symptômes physiques constituant, un
moyen inconscient d'attirer l'attention sur elle, sans qu'elle formule
directement la demande. Elle se sent autorisée à recevoir de
l'attention ou à réduire l'attention qu'elle accorde aux autres
quand elle est « vraiment malade ».
3Troisième cas Clara
Au questionnaire des SPI, on observe que Clara à
coté presque la totalité des affirmations avec 1. Les seuls 3
affirmations qui sont coté 6, ne se trouvent pas dans le même
schéma. On pourra dire que, on ne pourra pas voir directement
activé des schémas chez Clara mais plutôt d'une
façon indirecte par les cotations des questionnaires des attitudes.
Au questionnaire des attitudes d'évitement, elle a
obtenu un score total de 132/240. Sur l'ensemble de 40 items il y a 12 items
coté 6.
Au questionnaire d'attitudes de compensation 13 affirmations
sont coté 6 sur l'ensemble de 48 items. Ces items sont très
intéressants dans ce cas parce qu'ils pourront nous donner des
éclaircissements sur le(s) schéma(s) que Clara par l'attitude
d'évitement n'a pas activé.
30
« Je dépense beaucoup d'efforts à
éviter que les choses tournent mal » (item14)
« Je me mets sur la défensive lorsque je suis
critiquée » (item 5)
« La colère ne me quitte pas tant que je n'ai pas
pris ma revanche » (item 4)
« Je montre de la colère quand les gens me font
faux bon ou me trahissent » (item 3).
Pour Clara, le style d'adaptation concernant le schéma
Manque affectif est d'éviter son activation. La neutralité et la
distance face au questionnaire de SPI le protège d'une situation
déclenchant un certain ressentiment.
Sur le plan des comportements compensation, lorsque elle se
sent auto sacrifiée durant suffisamment longtemps, elle arrive à
basculer dans un comportement « coléreux excessif » .Elle
deviens furieuse et cesse totalement de donner à l'autre, lorsque elle
ne se sent pas appréciée. Avec ce style de comportement
d'état de fatigue et de douleurs sont susceptibles d'être
maintenus et de devenir chroniques.
Les séances de suivi thérapeutique elle dit
souvent « je ne suis qu'une douleur », « je souffre de plus
en plus et je crois qu'on est beaucoup livré à nous même
» Ses croyances amplifient sa douleur et la maintienne dans son
schéma de manque.
4 Quatrième cas Laura
Au questionnaire de SPI, les schémas les plus
cotés à l'aide de scores significatifs sont : Echec et
Imperfection. Ceux là apparaissent comme les deux schémas
précoces problématiques chez Laura.
Le score à l'échelle des évaluations
d'attitude d'évitement est de (110/240).
Au questionnaire des attitudes de compensations montrent une
tendance à la compensation et aussi à l'évitement chez
Laura.
Les phrases cotées en 5ou 6 sont en nombre de 10 sur 48
items. Notamment
« Je dépense beaucoup d'efforts à
éviter que les choses tournent mal » (item 14)
« Je suis très tendue lorsque je dois
satisfaire mes exigences ou faire face à mes responsabilités
» (item 41)
« Je m'exprime souvent sans tact ou de façon
indélicate » (item 42)
« Je pense qu'il est important de me montrer heureuse
quel que soit ce que je ressens » (item
44)
Pour Laura les schémas Echec et le schéma
Imperfection sont activé. C'est la croyance que l'on a d'avoir
échoué dans sa vie en général et de sentir
fondamentalement incompétent, par rapport au autres. C'est exactement ce
que ressent Laura en compensant ou en évitant les schémas.
Malgré ses capacités et ses efforts qu'elle dépense
à faire face à la douleur et a la fatigue due a la fibromyalgie
elle ne croit pas qu'elle arrive à y faire face. Ses douleurs sont
entretenues par les croyances qu'elle a de ne pas « être si forte et
capable à gérer ses douleurs, comme les autres » Une autre
croyance qu'elle a affirmé en thérapie est « J'ai pris
soins de moi, cela n'a servi à rien »
31
Le problème central pour elle concerne surtout une
faible estime de soi et cela l'amène entre autre à être
plus vulnérable aux douleurs physiques et psychiques.
5 Cinquième cas Sarah
Au questionnaire SPI l'ensemble des affirmations, coté
5 ou 6 font référence au schéma Sacrifice de soi, c'est le
schéma identifié chez Sara.
Le score total à l'échelle d'évitement est
de 147
Au questionnaire des attitudes de compensation 19 phrases sont
coté 5 ou 6 sur les 48 items. Ces items sont intéressants car ils
mettent en avant l'attitude de compensation en réponse à
l'activation du schéma Sacrifice de soi. Notamment
« Je travaille dur pour être parmi les
meilleurs ou pour réussir encore plus » (item 8) «
J'aime contrôle ou avoir autorité sur les gens qui m'entourent
» (item 17)
« Je dépense beaucoup d'efforts à
éviter que les choses tournent mal » (item 14) « Je
n'apprécie pas que les gens disent quoi que ce soi sur ma vie »
(item 18)
Sarah se soucie pour les autres et elle éprouve de la
difficulté à agir pour elle. Elle concentre son attention sur les
autres (item 17) et elle se sent mal à l'aise lorsque l'attention se
porte sur elle (item 18) Elle agit de manière indirecte lorsque elle
veut quelque chose, comme si elle n'a pas le droit de demande. Cela
découle de la croyance qu'elle a de toujours se montrer forte et la
meilleure.
L'attitude d'évitement représente une
réponse d'ajustement à l'activation de schéma Sacrifice de
soi. Des symptômes psychosomatiques tels que maux de tète, douleur
chronique, fatigue chronique pourront faire donc leur apparition.
Ce schéma peut aussi présenter des avantages
secondaires: il a un coté positif, et il n'est pathologique que
lorsqu'il est poussé à l'extrême, comme tout les autres
schémas par ailleurs.
6 Sixième cas Eva
Au questionnaire de SPI les schémas les plus
coté sont : Sacrifice de soi et l'Abandon .Donc c'est sont les deux
schémas problématiques chez Eva.
Au questionnaire d'évitement le score total est de 115 sur
240.
Au questionnaire des attitudes de compensation les
affirmations cotées en 5 ou 6 sont en nombre de 9 sur les 48 items.
Notamment
« Je n'aime pas être dépendante de
quelqu'un » (item 20)
« Il est crucial pour moi de prendre mes propres
décisions et de faire face seule » (item 21)
« J'aimerais être un travailleur
indépendant pour avoir la liberté de faire ce que je veux »
(item
23)
« Je me considère comme une rebelle, je vais
souvent à l'encontre de l'autorité » (item 29)
32
Le schéma d'Abandon est fréquemment lié
à des autres schémas, notamment au schéma Sacrifice de
soi. Eva estime que si elle ne fait pas ce que les autres veulent, elle se
retrouve délaissée. L'anxiété chronique de se
retrouver abandonnée fait qu'elle doit faire constamment des sacrifices
pour se trouver dans la proximité de ses proches.
La croyance d'Eva est « si je fais tout ce que l'autre
désire sans jamais me mettre en colère, alors cette personne
restera avec moi »
Habituellement il est donc impossible de satisfaire en
permanence les exigences des ces croyances. Il est difficile, par exemple, de
se soumettre complètement et de ne jamais se mettre en colère. Si
la personne arrive plus au moins à le faire le mécontentement
qu'elle éprouve se manifeste souvent dans ce cas la par des douleurs
physiques et psychiques que la personne va commencer à exprimer quand
elle serait « vraiment malade ».
TABLEAU RECAPITULATIF
SUJET
|
SPI IDENTIFIE
|
LES ATTITUDES
|
DOMAINE DE SPI
|
Maria
|
Peur de danger ou de
la maladie (pas significatif)
|
Evitement
|
Manque d'autonomie et de performance
|
Dora
|
Sacrifice de soi.
Idéaux exigeants et Isolement social
|
Compensation et
évitement
|
Orientation vers les autres .Sur-vigilance
et inhibition. Séparation et rejet.
|
Clara
|
Manque affectif (pas significatif)
|
Evitement
|
Séparation et rejet
|
Laura
|
Echec, Imperfection
|
Evitement, Compensation
|
Manque d'autonomie et de performance. Séparation et
rejet
|
Sarah
|
Sacrifice de soi
|
Compensation
|
Orientation vers les autres
|
Eva
|
Sacrifice de soi
|
Compensation
|
Orientation vers les autres.
|
Patientes
|
Moyenne de SPI (min.0-max.6)
|
Score total évitement (max -
|
Score total compensation (max-
|
|
|
240)
|
288)
|
Maria
|
2,2*
|
113
|
95
|
Dora
|
6.0
|
141
|
173
|
|
6.0
|
|
|
|
4,2
|
|
|
Clara
|
1,2*
|
132
|
122
|
Laura
|
6.0
|
145
|
110
|
|
4,6
|
|
|
Sarah
|
5,6
|
147
|
156
|
Eva
|
4.0
|
115
|
143
|
Tableau : 3 Scores obtenus des patientes en fonction de la
moyenne de SPI et en fonction score total de leur style d'adaptation.
33
patients
|
Moyenne. Générale de SPI
|
Moyenne générale évitement
|
Moyenne générale
compensation
|
Score total
|
Maria
|
1,80
|
2,82
|
1,97
|
6,56
|
Dora
|
2,98
|
3,52
|
3,60
|
10,10
|
Clara
|
1,20
|
3,36
|
2,54
|
7,10
|
Laura
|
2,80
|
3,62
|
2,29
|
8,71
|
Sarah
|
2,18
|
3,67
|
3,25
|
9,10
|
Eva
|
2,12
|
2,87
|
3,57
|
8.56
|
TOTAL
|
13,08
|
16,24
|
17,22
|
|
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
|
|
|
|
|
moy SPI MOY.EVT MOY COMP
|
Maria Dora Clara Lora Sara Eva
Tableau 4 Les moyennes générales des 3
questionnaires en fonctions des patientes étudié.
Histogramme : 1 Comparaison des 3 moyennes
générales obtenu pour les 6 sujets
Les données descriptives nous donnent une vue
d'ensemble des principaux résultats. Car la taille de notre
échantillon, ainsi que les outils pour une analyse statistique plus
complexe ont limité ce travail, néanmoins certains
résultats ont pu être dégagés
La patiente Clara , se montre psychologiquement «
forte » car on n'a pas identifié un schéma
inadapté (la moyenne 1,2 du schéma est non significative)
même dans des conditions très hostiles dont elle décrit ses
souffrances lors des séances. Alors qu'à l'autre
extrémité, pour la patiente Dora on a identifié trois
schémas parmi lequel Sacrifice de soi (les moyennes sont max 6
donc très significatif) on peut dire qu'elle est psychologiquement plus
« vulnérable » et active des schémas
malgré un niveau de souffrance relativement plus faible relaté
lors des séances.
34
L'écart obtenu pour ces deux patientes, entre leur
façon d'exprimer leurs souffrances et les réponses données
aux questionnaires pourra aussi être interprété
autrement.
La patiente Clara, vu que son style d'attitude est
l'évitement, a évité probablement l'activation de
schémas en cotant presque tous les items avec 1.
La patiente Dora son style d'attitude est de compensation,
elle à cote la majorité des items avec
5 ou 6.
On peut en effet attribuer ces résultats à cette
observation. N'est pas en effet que l'une et l'autre avait répondu par
des voies différentes qui semble fonctionner en « tout ou rien?
Pour les deux patientes Sarah et Eva, on a identifié le
même schéma avec des scores semblables. Leur schéma est
Sacrifice de soi. Ces deux patientes semblent mieux gérer leur
douleur et entre autres leur vie. Cet effet est peut- être du au fait que
les deux patientes sont suivies en thérapie depuis plus longtemps que
les autres patientes ?
Pour les deux derniers Maria et Laura on a identifié
des schémas différents mais compatibles entre elles. Les
schémas Imperfection, Echec, Peur du danger et de la maladie
On peut donc dire que l'on retrouve dans l'ensemble des
résultats 3 patientes qui ont le schéma Sacrifice de soi
et 3 autres patientes des schémas différentes comme
Imperfection, Peur du danger et de la maladie, Manque affectif .Vue
que le pourcentage n'est pas égal on ne peut pas attribuer ces
résultats complètement au fait de l'hasard.
En ce qui concerne les facteurs qui sont utilisés pour
éviter ou compenser l'activation des schémas Recherche
d'approbation et de reconnaissance, Dépendance, Autocontrôle
insuffisant .Vue que le schéma Sacrifice de soi est la
plus identifié, on peut la considéré aussi comme une
réponse d'évitement pour un autre schéma et non un
schéma proprement dit.
Ainsi nous prendrons la précaution de
n'interpréter les résultats des analyses fait que comme des
indicateurs d'identification des schémas.
Cependant ces résultats doivent être
nuancés. Une analyse supplémentaire de type de
personnalité, aurait été peut être plus pertinente.
Nos hypothèses n'ont pas été de ce fait concluantes,
cependant nous avions un léger éclairage des schémas
existants chez les fibromyalgiques.
Il aurait été intéressant dans cette
recherche de faire passer les questionnaires aux mêmes patientes une
deuxième fois dans un laps de temps afin de vérifier si les
réponses données sont semblables pour valider leur pertinence.
Il aurait été également
intéressant dans cette recherche de contrôler les patientes
fibromyalgiques avec un groupe controle pour vérifier si il y a des
schémas inadaptés qui sont spécifiques aux
fibromyalgiques.
35
VI DISCUSSION
Le premier but de cette recherche concernait l'identification
des schémas précoces inadaptés chez des patients
fibromyalgiques centrée spécifiquement sur les schémas
décrits par Young et d'autres auteurs. Le choix de cette approche
centrée sur les schémas on l'explique par le fait que celle-ci
prétend être un modèle intégratif (T.C.C.,
psycho-dynamique et existentiel humaniste) La référence à
ces schémas inadaptés de personnalité
considérés comme précoces, c'est -à-dire pouvant
s'installer très tôt dans la vie.
Par contre Young ne connecte pas ces schémas
inadaptés avec chaque trouble de la personnalité du DSM : il
s'agit de véritables schémas qui isolés ou en association
sont présents chez les personnes ayant des troubles de la
personnalité.
Néanmoins les schémas de Young,
représentent à nos yeux le meilleur modèle pour
l'identification de schémas chez les patients douloureux chroniques. Il
serait donc intéressant d'introduire la « Schémas
thérapie » selon l'approche de Young dans les Centres de Douleurs
qui compléteraient les pratiques déjà existantes de la TCC
classiques.
Certainement il nous semble être enrichissant de savoir
quel type de schéma est identifié chez les douloureux chroniques,
en occurrence les fibromyalgiques mais pour aller plus loin, une
thérapie cognitive focalisée à la fois sur les
schémas inadaptés et sur les styles d'adaptation, pourrait
montrer l'intérêt de cette méthode dans la
prévention, l'amélioration des douleurs chroniques. Cette
approche centrée sur les schémas vise donc à aider les
patients à combler, entre autres leur besoins de base, d'une
façon adaptée en changeant et /ou en gérant les
schémas inadaptés les stratégies d'adaptation et les modes
inadéquats.
En absence des études publiées sur les
schémas précoces inadaptés chez les fibromialgiques, on
peut rapprocher nos résultats de ceux obtenus spécifiquement dans
le cadre des recherches sur « L'évolution des schémas
inadaptés durant et après une cure TCC chez les patients
alcooliques qui rechutent ou ne rechutent pas » réalise par
Hautekeete M .& Rusinek S. et al. (2006) cette étude nous semble
pertinente sur plusieurs aspects, mais ce qui nous intéresse de plus
c'est le fait que le schémas « Sacrifice de soi » reste pour
ces auteurs un cas spécifique dans leur étude. Ils se sont
aperçu qu'il est significativement impliqué dans l'issue «
rechute /non rechute » chez les alcooliques dans son évolution
postcure mais aussi qu'il est le seul intervenant au niveau direct de son
activation avant et après la cure. Un haut niveau d'activation de ce
schéma diminue les risques de rechute et sa désactivation en
postcure produit un effet identique !
Il se peut donc que l'effet observé pour ce seul
schéma soit un artefact et qu'il y ait la possibilité que des
autres facteurs non vérifiés pouvant intervenir, comme des
facteurs culturels et sociaux.
Dans notre étude le même schéma est
observé comme le plus présent cela nous amène à
nous questionner sur des autres facteurs, qui nous ont amène a ce
résultat.
Sur les items du schéma Sacrifice de soi, où on a
les affirmations suivantes :
« Je suis celui (celle) qui finit habituellement par
prendre soin des gens qui me sont proches » (item 51)
36
« Je suis une personne « bonne » parce que je
pense aux autres plus qu'à moi-même » (item 52)
« Je suis tellement occupé(e) à faire
des choses pour les gens dont je me soucie que j'ai peu de temps pour moi
» (item 53)
« J'ai toujours été celui (celle) qui
écoutait les problèmes de tout le monde » (item 54)
« Les gens me voient comme celui (celle) qui en fait
trop pour les autres et pas assez pour lui-même (elle-même) »
(item 55)
Toutes ces affirmations font également
référence selon nous à « l'image de soi »
donc
peut être qu'un biais de désirabilité sociale
à pu intervenir à l'activation de ce schéma.
Ce biais de désirabilité sociale est aussi en
lien avec l'éducation et la culture des patients de plus dans notre
recherche l'analyse des caractéristiques sociodémographiques
démontre que toutes nous patientes sont des femmes, qui n'exercent plus
d'activité professionnelle et certaines sont divorcées.
L'épanouissement personnel, ainsi que professionnel
qu'exige les sociétés modernes, font que les femmes doivent
être performantes et épanouies sur tout les plans de leurs vie et
parfois ces exigences ne peuvent pas être accomplies, d'où des
conséquences sur leurs bien être peuvent apparaitre. Le
degré d'épanouissement ressenti serait donc peut être,
révélateur de leur capacité à gérer leur
trouble.
Nous pourrions donc, émettre l'hypothèse que les
femmes qui vivent dans des sociétés modernes sont plus
sensibilisés aux douleurs que les femmes qui vivent dans des
sociétés traditionnelles.
Pour vérifier cela, dans les futurs travaux il serait
nécessaire de prendre en compte une population de
référence avec des femmes fibromyalgiques qui vivent dans des
sociétés et cultures différentes.
Mais l'étude des facteurs socioculturels
nécessite des moyens particulièrement lourds car les variables
censées être étudiées pouvant être en
très grand nombre, les techniques d'enregistrement pouvant être
mal adaptées ainsi qu'une nécessité d'analyse statistique
complexe.
Selon notre première hypothèse, les
plaintes douloureuses chez les fibromyalgiques sont l'expression
directe des schémas tels que Sacrifice de soi, Imperfection,
Manque affectif.
En effet, d'après Young et al. (2003) les sujets ayant
un schéma Sacrifice de soi sont décrits comme
présentant un intérêt excessif à satisfaire les
besoins des autres au détriment de leurs besoins. Ces sujets ont un sens
aigu de la souffrance des autres. Certains personnes ressentent si
intensément la souffrance psychique des autres qu'ils sont fortement
motivés pour la soulager.
Ces patients souffrent habituellement de symptômes
psychosomatiques tel que maux de tête, problèmes
gastro-intestinaux, douleurs chroniques, fatigue chronique. Ces symptômes
peuvent aussi être la conséquence directe du stress
provoqué par le comportement de don de soi, chez quelqu'un qui
reçoit très peu en retour. En apparence, ils semblent satisfaits
de cette abnégation, mais au fond d'eux-mêmes, ils ressentent un
manque affectif intense. Habituellement, les patients ayant ce schéma
donnent tellement aux autres qu'ils finissent par se faire souffrir d'où
ressort des ressentiments et diverses pathologies.
37
Mais l'approche de Young à toutefois ses limites qui
nécessite des connaissances et une maitrise de ces outils. L'importance
réside dans l'identification précise des schémas et des
styles d'adaptation. Pour établir une bonne conceptualisation du
patient, le thérapeute doit faire un diagnostic précis des
schémas précoces inadaptés et des styles d'adaptation.
Il est important de ne pas se précipiter dans ces
conclusions concernant les schémas en se basant sur le diagnostique,
l'histoire de vie, ou sur les réponses fournis aux questionnaires.
Ce que nous avions remarqué dans cette étude est
le fait qu'avec le même diagnostique, on trouve des
schémas différents activés. Un autre constat c'est que,
presque tous les schémas peuvent aboutir à la dépression,
l'anxiété, à des symptômes psychosomatiques ou
autres, mais avec des nuances d'un schéma à un autre.
Dans le cas d'un diagnostic spécifique tel que la
fibromyalgie, certains patients peuvent avoir des schémas en commun et
d'autres non. Dans nos résultats on a trouvé le schéma le
plus commun Sacrifice de soi suivi des
schémas : Manque Affectif, Imperfection, Echec, Peur du danger et de la
maladie.
De plus on ne peut pas affirmer la présence d'un
schéma sur la seule base d'analyse simpliste. Les patientes peuvent
partager des circonstances douloureuses identiques selon leurs dires, bien
qu'elles se retrouvent finalement avec des schémas différents.
Cela nous amène à la nécessite de prendre en compte des
autres facteurs qui influencent également les schémas
(l'entourage familial, l'environnement social et culturel etc....)
Une autre explication de l'identification des
différents schémas, chez les patientes fibromyalgiques pourra
consister dans le fait que, la souffrance renvoie à l'expérience
subjective des patients. Autrement dit, même si les patientes souffrent
de la même pathologie elle se démarque par leur vécu. Donc
l'hypothèse pourra être confirmé que partiellement au vue
des nous résultats.
Selon notre deuxième hypothèse, les
facteurs menant à la plainte douloureuse répétitive sont
des styles d'adaptation dysfonctionnels pour éviter et/ou compense les
autres schémas.
Il est aussi très important d'identifier le style
d'adaptation (ou le mélangé de style d'adaptation) Car lorsque le
patient a développe un style d'adaptation, il y avait une raison valable
a cela. Il s'agissait de s'adapter à une situation difficile dans son
enfance. Cependant, le style d'adaptation peut devenir inadapté dans le
monde d'adultes.
Dans notre étude cette hypothèse n'est pas
concluante car des autres analyses complémentaires comme celles du type
de personnalité auraient pu être plus satisfaisantes et
pertinentes.
Les personnes atteintes de fibromyalgie étudiées
dans notre recherche, ont un profil particulier qui tente d'être,
défini par un caractère propice au « catastrophisme
» ou à la « dramatisation » en
général, ainsi que devant la douleur. Cette attitude a tendance
à amplifier l'intensité de la douleur, le sentiment d'impuissance
et de détresse.
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VII-CONCLUSION
Cette étude a révélé que le
schéma la plus identifié pour nos patientes est Sacrifice
de soi, suivi des autres schémas : Imperfection, Manque
Affectif et Peur du danger et de la maladie, ainsi que les deux styles
d'attitudes l'évitement et la compensation. Mais les résultats ne
pourraient pas expliquer à eux seuls cela, vu les multitudes des
facteurs qui ont interféré dans les résultats.
Nous pensons avoir mis en évidence, qu'un travail
orienté spécifiquement sur la « thérapie des
schémas » proposée par Young avec les patients douloureux
chroniques, en occurrence avec les fibromyalgiques, serait intéressant
car avec ce modèle intégratif, le travail ne reste pas seulement
axé sur les schémas inadaptés, mais aussi sur tout ce qui
avec eux contribue à l'élaboration des schémas
dysfonctionnels induisant directement les plaintes douloureuses de ces
patients.
Néanmoins nous pouvons confirmer le postulat d'Young
qu'en effet chacun de nous développerait l'ensemble des schémas
décrits, par nécessité, durant l'enfance, seulement
certains continueraient à les utiliser de manière
préférentielle et excessive, alors qu'ils ne sont plus
adaptés dans certaines situations pour l'adulte. Cette manière
rigide de fonctionner, avec le temps, amène à des troubles et
symptômes divers.
En définitive par un raisonnement analogique on peut
dire que, notre corps est une réalité changeante de la naissance
jusqu'à la mort, il en va de même pour les schémas, sinon
ils risquent de devenir rigides et donc inadaptés.
39
BIBLIOGRAPHIE
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RESUME
Jeffrey E. Young a eu le grand mérite d'identifier et
de proposer une nomenclature de 18 schémas que l'on observe
régulièrement chez les être humains. Les schémas
sont appelé inadapté lorsque la personne les activé d'une
façon excessive, rigide même lorsqu'elles sont clairement
désavantageuses et nuisibles pour la personne.
L'objectif de cette recherche est d'identifier les
schémas précoces inadaptés et les styles d'adaptation de
Jeffrey Young chez six patientes fibromyalgiques, suivi en thérapie
cognitivo-comportementale (T.C.C.) au Centre de la Douleur CHU Timone.
Les sujets ont complèté trois questionnaires de
Young, permettant d'estimer les schémas, ainsi que les attitudes
d'évitement et de compensation.
Les résultats montrent, l'activation majeure du
schéma « Sacrifice de soi », révélant que ces
patientes souffrent habituellement de symptômes psychosomatiques tel que
maux de tète, douleur chronique, fatigue chronique.
Selon Young ces symptômes physiques constituant pour les
patients, un noyau inconscient d'attirer l'attention sur eux, sans formuler
directement la demande. Ils se sentent autorisés à recevoir de
l'attention ou à réduire l'attention qu'il accorde aux autres
quand ils sont « vraiment malades »
Ces symptomes peuvent aussi être la conséquence
directe de leur style d'adaptation qu'est la compensation et/ou
l'évitement. On peut voir cela comme une attitude saine pour combattre
le schéma, mais malheureusement cela dépasse le but, contribuant
à maintenir le schéma, plutôt que à la
gérer.
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Mots-clés : fibromyalgie, douleur chronique,
thérapie comportementale et cognitive (T.C.C.), schémas
inadaptés, style d'adaptation.
SUMMARY
Jeffrey E. Young had the big credit to identify and propose a
nomenclature of 18 patterns, which are regularly observed at the human beings.
The patterns are considered as unsuitable, ill adapted and inappropriate when a
person activates them excessively or even rigid, when they are clearly
unfavorable and/or harmful the person.
The purpose of their research is to identify the Inappropriate
Precocious Patterns and the Adaptation styles described by Jeffrey E. Young at
6 patients having fibromyalgia, fallowed-up using the Cognitive Behavioral
Therapy, at the Pain Management Center of C.H.U. Timone .
The target patients have filled-in 3 questionnaires (from
Young), allowing to estimate the inappropriate precocious patterns, the
avoidance attitudes and those oh compensation.The results show a high
activation of the cognitive pattern «Self Sacrifice» displaying also
that the patients usually have psychosomatic symptoms such as headaches,
chronic pain and chronic fatigue.
These physical symptoms are, for these patients, au
unconscious manner to attract attention to them, without directly asking for
it. They full themselves authorized to receive attention or to reduce the
attention granted to others when they are really ill.
The nome symptoms can also be the direct consequence of their
adaptation style which is, in most cases, the «compensation». We can
see this compensation as a relatively healthy attempt to fight against the
pattern, but unfortunately it goes beyond this objective and tends to maintain
the pattern rather than heal it.
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Key Words: fibromyalgia, chronic pain, cognitive and behavior
therapy (CBT) maladaptive patterns, adaptation style.
ANNEXE
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