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Goupes armés et mobilisation politique à  Fizi


par Assumani Christ Demafe
Université Officielle de Bukavu - Graduat 2018
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU

BP : 570 BUKAVU

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

DEPARTEMENT DES SCIENCES POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

GROUPES ARMES ET MOBILISATION POLITIQUE A FIZI

Travail de fin de cycle présenté en vue de l'obtention de diplôme de gradué en Sciences Politiques et Administratives.

Par : DEMAFE ASSUMANI Christ

Directeur :Auguste MWILO-MWIHI WATUTA

Chef de Travaux

ANNEE ACADEMIQUE: 2018-2019

I

EPIGRAPHE

« Si vous connaissez les fans de l'ennemi, agissez en conséquences et la victoire sera certaine ».

MAHATMA GANDHI (une citatioin)

II

DEDICACE

Au peuple congolais, victime de pires exactions et des crimes les plus graves commis par les groupes armés;

Aux gouvernants congolais ;

A la population du Territoire de Fizi ;

Aux hommes de bonne foi qui ont milité pour la paix en République Démocratique du Congo ;

A tous les scientifiques de la République Démocratique du Congo qui se préoccupent de la manipulation des groupes armés pour le compte des autorités politiques.

DEMAFE ASSUMANI Christ

III

REMERCIEMENTS

Pour un coeur vaillant, rien n'est impossible dit- on, avec du courage, de la patience et de la volonté, on vient à bout de toute chose.

Ce travail qui sanctionne la fin du travail de fin du premier cycle de nos études universitaires à la faculté des sciences sociales, politiques et administratives, plus précisément en sciences politiques et administratives, est le fruit d'un long processus amorcé depuis trois années à l'université officielle de Bukavu.

Le moment nous est venu d'exprimer nos vifs remerciements à tous les services et toutes les gentillesses dont nous avons été bénéficiaires durant notre parcours scientifique.

Nos remerciements s'adressent en premier lieu à tous les professeurs, les chefs de travaux et assistants de la faculté des sciences sociales, politiques et administratives en général et en particulier ceux du département des sciences politiques et administratives dont les enseignants nous ont été utiles pour notre formation universitaire dans ce domaine spécifique.

A vous directeur du présent travail le chef de travaux Auguste MWILO- MWIHI WATUTA qui a accepté de guider nos pas souvent lourds set hésitants dans cette démarche vers la demeure scientifique. Vos sages conseils, encouragements et ses remarques pertinentes dont le prix est le fond et la forme actuel de ce travail nous ont edifiés. Que le bon Dieu vous prête une longue vie !

A toi cher père ALOMBWE ASSUMANI Madison et sa femme Jolie pour les sacrifices et qui malgré les moyens limités, vous avez joué valablement le rôle de parents. Les mots me manquent pour exprimer fidèlement mon émotion, mais pour quoi pas ma joie Que cette oeuvre, preuve de ta progéniture qui nous caractérise, renforce à jamais ta dignité et ton honneur sur cette terre des hommes. Oui, le monde appartient à ceux qui luttent !

A toi, ma chère mèreJEANNE BANDE'ELE, nous disons merci pour nous avoir mis au monde ! Reçois cet humble cadeau en récompense des souffrances dont tu as été objet.

Nos remerciements vont ainsi tout droit envers nos oncles paternels Kashindi Mafson et Bikye'ombe Assumani. Le mot nous manque pour témoigner nos sincères gratitudes, ce travail de fin de cycle est votre fierté.

A mon beau-frère EBENGO MUNGA et sa femme JOSEPHINE TOSHA, que Dieu soit avec vous dans vos activités pour toute assistance materielle que financiere.

A nos très chers frères et soeurs MAFSON, SABIMANA, USIKOSE, ERICK, MASAMBA, MERCI, SHABANI, ASSUMANI ; TOSHA, FATUMA, JOLIE, MAPENDO, AMIE... que ce travail soit pour vous une lueur d'espoir et un exemple à suivre.

Nos splendeurs remerciements à tous nos amis et amies, compagnons de lutte avec qui nous passions de moment crucial tant à l'auditoire que partout ailleurs entre autres :SHAURI RUSOMBEKA,MKANGYA ALELANO Jeff, AHONGO ZAKARIA OPULENT, SADAM ANTOINE, ARISTIDE LOMEKA RECTEUR, DIDIER AKYOMBA, BAHATI, JACKSON, JOHN, ARDU, SYLVANO, DIEUDONNE, SAMUEL, LAZARO, RAYMOND MUSIWA, EKYOCI, MANGA , MUKANDAMA, FELICITE, CLAUDE. Voici notre façon d'exprimer notre reconnaissance envers vous que Dieu vous assiste en tout.

En fin, que tous ceux qui n'ont pas été cités dans ce travail tout en ayant contribué de près ou de loin àl'élaboration de cette oeuvre trouvent à travers celle-ci l'éclat de leurs fiertés et qu'ils sachent que nous leur restons très reconnaissants.

DEMAFE ASSUMANI Christ

V

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFDL : Alliances des Forces Démocratiques pour la libérationdo Congo

ARE : Appareil Répressif de l'Etat

CENI : Commission Electorale Nationale Indépendante

CEPAC : Communauté des Eglises de Pentecôte au Congo

CNL : Conseil National de la Libération

CS : Centre de Santé

CSR : Centre Hospitalier de Référence

DDR : Désarmement, Démobilisation et Réintégration

DDRRR : Désarmement, Démobilisation, Rapatriement, Réintégration, et Réinsertion

EP : Ecole Primaire

FAAL : Forces Armés Alléluia

FARDC : Forces Armées de la République Démocratique du Congo

FSSPA : Faculté des Sciences Sociales Politiques et Administratives

HGR : Hôpital Général de Référence

MSF : Médecins Sans frontières

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PALU : Parti Lumumbiste Unifié

RDC : République Démocratique du Congo

PARC : Parti pour l'Action et la Reconstruction du Congo

SPA : Sciences Politiques et Administratives

U.O.B : Université Officielle de Bukavu

VI

IN MEMORIAM

« Que le Dieu de paix, qui a ramené d'entre les morts le grand berger des brebis, par le sang d'une alliance éternelle notre seigneur jésus , vous rende capables de toute bonne oeuvre pour l'accomplissement de sa volonté, et fasse en vous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ, auquel soit la gloire aux siècles! Amen! »

Hébreux : 13-20

A vous mes regrettées : Grand père MTE'E ASSUMANI Felix, père MWENEBATOASSUMANI, petit frère AIMABLE ABWE, mes oncles paternels ABWE ASSUMANI, ELEKAMO ASSUMANI, BAUNDANE, malgré votre affections incomparables, le monde a été jaloux de vous, vous avez semées ce que vous n'avez pas récolté alors que vous m'encouragiezque j'aille plus loin que possible dans mes études mais de qui le sort m'a séparé prématurément de vous avant même mon premier couronnement universitaire et en fin vous avez disparus dans ce monde ingrat d'amour.

Oh Jésus de Nazareth, vous qui avez promis la résurrection des morts, nous croyons se retrouver un jour avec tous ces êtres qui nous sont chers dans votre royaume Seigneur.

Que la terre de nos ancêtres vous soie douce et que le miséricordieux vous accordent , toute la joie dans la vie céleste.

DEMAFE ASSUMANI Christ

INTRODUCTION

1. CHOIX ET INTERET DE L'ETUDE

a) Choix de l'étude

Le présent travail a pour objet l'étude des groupes armés et la mobilisation politique à Fizi. Le fait qui nous a poussés le plus à aborder ce sujet découle de notre curiosité entant que chercheur et cela pour des raisons que les populations se préoccupent de connaitre pourquoi les groupes armés persistent malgré tous les accords et toutes les opérations (Kimia I, II, sokola, etc.).

b) Intérêt de l'étude

Un travail scientifique s'inscrit dans la perspective de la compréhension d'un fait ou de la résolution d'un problème donné.

C'est ainsi que Lévy LEBOYER affirmait : « la motivation est ce qui déclenche l'activité, la dirige vers certains buts, la prolonge tant que ces buts ne sont pas atteints »1(*). A cet effet, l'intérêt de notre sujet d'étude est justifié par des raisons d'ordre personnel et scientifique et social.

· Les raisons personnelles : cette étude nous aide à enrichir tant soit peu, les acquis scientifiques en nous procurant des données relatives à tous les moyens que les autorités politiques allouent dans la recherche du pouvoir en Territoire de Fizi en s'appuyant sur les groupes armés.

· Les raisons scientifiques : par ce travail, il s'agit d'une contribution modeste qui nous permet de donner les résultats empiriques sur les groupes arméset la mobilisation politique à Fizi.De ce fait, il intègre les réflexions profondes sur les groupes armés en se proposant d'étudier la question de la mobilisation politique.

· Les raisons sociales : La question sécuritaire a des conséquences multiples sur la vie quotidienne de la population et contribue à la redéfinition des orientations en rapport avec la restauration de la sécurité des personnes et de leurs biens en RDC en général et au Sud-Kivu en particulier, notamment dans d'autres territoires qui souffrent de ce mêmeproblème.

Notre intérêt apparait dès lors, dans le souci d'élucider les causes de la persistance de groupes armés ; les défaillances de l'État en termes de maintien de la paix et la sécurité durable au sein de ce Territoire, et les facteurs à la base de crises et violences.

2. ETAT DE LA QUESTION

Au menu de cette réflexion se cristallise la question du rapport entre les groupes armés et la mobilisation politique à Fizi comme un défi majeur pour l'éclosion de la paix dans ce territoire.

Ainsi, nombreux sont les travaux qui ont traité la question relative aux groupes armés et cela dans le monde en général, et en RDC en particulier. Tout en n'étant pas le premier à y avoir réfléchi, les études ci-après, à titre exemplatif, avaient déjà été faites :

Dans sa thèse de doctorat, Jérôme LAFARGUE2(*)a analysé les mobilisations collectives et les actions protestataires dans un contexte de démocratisation. Grace à l'approche comparative, il a étudié les exemples du Kenya et de la Zambie. Il a essentiellement focalisé son attention sur les motivations qui animent les acteurs du système d'action protestataire ainsi que les représentations qui les traversent.En plus, il a démontré comment dans les deux cas, les logiques factuelles et patrimoniales l'auraient emporté sous couvert d'un multipartisme en trompe l'oeil.

Abordant la question de la motivation de l'activisme de groupes armés en RDC, Berghezan Georges3(*)démontre que tout en prétendant protéger son ethnie, un groupe armé évolue vers des comportements de plus en plus prédateurs, s'en prenant d'abord aux communautés ethniques voisines, puis à sa propre communauté.

Epinglant les fins et les moyens pouvant servir d'agir pour les droits de L'homme auprès des groupes armés, International Council on Human Right4(*)précise qu'une organisation souhaitant faire évoluer le comportement d'un groupe armé peut faire appel à la honte et à la persuasion, afin que le groupe armé mette fin à des pratiques contraires aux droits de L'homme ; ou engager un travail auprès du groupe armé afin de lui donner des moyens d'agir différemment ; ou encore chercher à punir les membres du groupe.

De son côté, Jason STEARNS et Alli5(*)disent que la naissance de Maï-Maï Yakutumba est due aux pourparlers de Sun city en 2002, lesquels conduisirent à la signature d'un accord de partage des pouvoirs, à l'installation d'un gouvernement de transition qui unit le pays. Ces événements entrainèrent une rude concurrence autour du pouvoir, certains anciens belligérants espérant obtenir un poste au sein des institutions de l'Etat nouvellement constitué. Un facteur clé de ces tensions fut l'intégration des groupés armés dans l'armée nationale, dit l'auteur.

Des nombreux groupes armés Maï-Maï de Fizi constatèrent que leurs doléances et leurs revendications ne furent pas prises en compte et leurs officiers militaires furent retraités sans ménagement dans le processus d'intégration militaire par le gouvernement de Kinshasa.

De sa part, Jean-Baptiste MASEMO KASAZA6(*) analyse la crise que connait l'Etat congolais dans la réalisation de ses missions en présence des conflits armés considérés comme facteur d'étatisation et de désétatisation en RDC. Il démontre comment le développement politique des sociétés du tiers monde en général, et de la RDC en particulier, conditionnent la situation dans laquelle cette dernière se trouve encore au sein d'un système international façonné, contrôlé et dominé par le monde occidental. Il souligne comment les acteurs politiques ne parviennent pas à jouer leurs rôles conformément à leurs statuts.

KAIMANA TSHIBENGABO7(*)cherche à comprendre la nouvelle autodéfense pour la RD. Congo. L'auteur aboutit aux résultats selon lesquels, il faut un recrutement ad hoc, c'est-à dire le recrutement au sein de l'armée qui ne sera pas un dépotoir des indisciplinés, délinquants, carriéristes ou affairistes. A part le recrutement des militaires ad hoc, il faut une armée respectable, c'est-à- dire qui tient compte de la dignité de la vie de la population pour laquelle elle assure la défense. La légitimation des groupes d'autodéfense de la RDC garantirait la protection du pays contre les groupes armés terroristes qui ne cessent d'apparaitre. Ces groupes terroristes mettent en danger la vie des paisibles citoyens et ne favorisent pas le développement socio-économique du pays.

Philippe Kaganda8(*) met l'accent sur les idéologies qui guident les actions prolétaires de mouvements de résistances. Il montre que le phénomène Maï-Maï s'est imposé comme objet de sciences sociales au point qu'il a mobilisé nombreux chercheurs. Sa permanence dans l'environnement politique depuis plus d'une décennie en fait une réalité sociale complexe.

De sa part, BAWILI LUKELE Tango9(*) montre que le groupe armé est un acteur non étatique qui poursuit généralement ou prétend poursuivre des objectifs politiques contre un gouvernement ou pouvoir en recourant à la violence, il finit par dire que la plupart des groupes armés combattent le pouvoir en place mais il arrive aussi qu'ils se battent entre eux.Il montre que certains groupes armés sont affiliés à des mouvements politiques tandis que d'autres opèrent indépendamment des partis politiques.Il finit par dire que le Territoire de Fizi connait particulièrement une histoire politique tumultueuse marquée par des guerres, des crises politiques multiformes, des rébellions et insurrections, des dissidences, bref, la violence.

Dès lors, des foyers des tensions y ont été régulièrement localisés depuis la rébellion «Muleliste » des années 60 dans le secteur de Lulenge, « Hewabora », en passant par les tensions intercommunautaires dans le moyen et haut plateau et la guerre du RCD dont l'élan a été fortement bloqué par la résistance de Maï-Maï Maï-Maï dans le Secteur de Tanganyika et Mutambala jusqu'au mouvement actuel des Maï-Maï Yakutumba localisé dans le Secteur de Ngandja dans la partie littorale. L'auteur voulait justement montrer que ce mouvement de résistance se propose comme objectif de lutter contre la domination extérieure.

Charles NasibuBilali10(*) considère le phénomène Maï-Maï comme une originalité congolaise. Selon lui, la RDC traverse depuis plus d'une décennie une période de crise aiguë. Cette crise est à la fois économique, sociale et, surtout militaire.

La crise congolaise a entrainé un grand trafic d'arme légère et une prolifération des milices dans la partie du pays occupée par des groupes non étatiques armés, soutenus par des pays voisins. C'est à cette présence ? implication militaire étrangère qu'est due la résurgence spontanée d'une forme particulière de résistance populaire, c'est le phénomène Maï-Maï.

L'auteur conclut finalement que, si l'armement des Maï-Maï a permis de résister aux forces d'agression et d'éloigner le spectre de la partition du pays, il a aussi grandement contribué à donner à la RD Congo des allures apocalyptiques, où défilent des images des pillages, des crimes de guerre, des violences sexuelles, des cannibalismes, d'enfants soldats ayant la violence et la mort comme seules perspectives, des haines tribales qui se propagent tel un cancer.

En fin, Loïc Avery11(*)montre en quoi l'étude des représentations des acteurs peut-elle être une aide à la compréhension et donc à la décision lors de conflits de territoire, le problème géographique dont il est question, les acteurs impliqués dans des conflits de territoire sont de plus en plus efficaces et rendent ainsi les conflits de plus en plus violents alors que les besoins en infrastructure dans certains domaines sont indiscutables

Contrairement à tous ces travaux ci-haut décrits, qui ont traités des aspects divers en relation étroite avec la thématique de l'étude sous examen, ce dernier s'en démarque par le fait qu'il met singulièrement l'accent sur les groupes armés et la mobilisation politique ; ceci dans l'optique de dégager les relations qui existent entre ces groupes armés et la mobilisation politique, mais aussi d'analyser l'impact sociopolitique des groupes armés opérant à Fizi sur la stabilité nationale en RDC.

3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES

a) PROBLEMATIQUE

La problématique est d'abord une construction théorique qui gravite autour d'une question principale et conduit à l'aboutissement de cette question, mais elle-même est conditionnée par les lectures et les entretiens exploratoires.

C'est depuis les années 1980 que le monde s'est retrouvé embourbé dans une inextinguible atrocité des groupes armés, tendant à le diriger vers un paroxysme d'une violence dont on ne saurait atténuer, voire même stopper l'ampleur.

La république démocratique du Congo constitue, depuis plus d'une décennie un bastion incontestable des groupes armés étrangers et nationaux qui y commettent des pires exactions et des crimes les plus graves que la république démocratique du Congo n'avait jamais connus jusque-là depuis son existence.L'est du Congo est le théâtre d'un conflit violent depuis plus de deux décennies. Les hostilités entre l'armée congolaise et une multitude de groupes armés sont les principales causes de cette violence. Plusieurs dizaines de factions des milices villageoises désorganisées jusqu'aux groupes rebelles professionnels s'affrontent entre elles ainsi qu'avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Cette situation a perduré et perdure encore de nos jours non sans conséquences mais surtout avec des méfaits sans précèdent, allant jusqu'à offrir l'opportunité à certains pays limitrophes d'agresser la république démocratique du Congo prétexte de la poursuite de leurs ennemis très actifs en république démocratique du Congo.

Ainsi, les groupes armés interviennent dans de nombreux conflits civils. Considérés par certains comme des « terroristes » et par d'autres comme des « combattants de la libération », ils ont été responsables de violations graves des droit de l'homme.

La plupart des conflits violents et meurtriers qui se déroulent dans le monde ont eu lieu à l'intérieur des Etats. Des groupes armés qui ne sont pas sous le contrôle des gouvernements y participent et se rendent responsables de nombreuses violations des droits de l'homme, ayant souvent un caractère d'extrême gravité.

Bien que le soutien populaire et une idéologie de la mobilisation aient été importants pour la création et le fonctionnement des groupes armés, la décision de créer une coalition des groupes rebelles aurait été appuyée par certains leaders communautaires Bembé.

Parmi eux, plusieurs chefs coutumiers influents en Territoire de Fizi sont connus pour être des partisans des groupes armés. Au niveau des villages, un soutien important provient des membres des comités de base que les groupes armés ont mis en place, notamment à Mukera, Lubondja, Ubwari et sur la bande littorale allant de Kazimia à Wimbi.

Il a été remarqué que pendant la période électorale en 2011, certains candidats aux élections soutenaient financièrement les rebelles lorsque le gouvernement tentait de les convaincre de s'intégrer dans l'armée régulière.

D'après un activiste de la société civile qui assistait à l'un des meetings électoraux à Fizi, un candidat élu se prononça contre la réinstauration d'une unité administrative pour les Banyamulenge, le territoire de Minembwe, qui avait précédemment existé sous l'occupation du Sud-Kivu par le RCD. Il y a d'autres qui demandaient la protection des certains chefs rebelles pendant leur campagne.

Les manipulations politiciennes de toute sorte sont au profit des opérateurs politiques pour se légitimer auprès de la base. Les révocations sans motifs fondés, les mutations ciblées dans l'administration locale des agents ne partageant pas les mêmes principes idéologiques avec les ténors politiques au niveau provincial ou national se font remarquer.

L'occupation d'un poste par les citoyens à la base dépend de leur appartenance et parrainage politique au niveau plus supérieur de la République.

Ainsi, la problématique de la présente étude est centrée sur les deux questions ci-dessous:

v Comment les groupes armés sont-ils manipulés en Territoire de Fizi par les autorités politiques?

v Quels sont les mécanismes de restauration de l'autorité de l'Etat en Territoire de Fizi?

Telles sont les questions à partir desquelles nous tâcherons d'apporter une lumière dans notre démarche scientifique.

b) HYPOTHESES DU TRAVAIL

Les hypothèses peuvent être définies comme des propositions de réponses provisoires aux questions soulevées dans la problématique. Il est très impérieux de faire remarquer qu'un travail ne peut réellement accéder au statut d'une véritable recherche que dans la mesure où elle est structurée d'une et mieux encore des plusieurs hypothèses tout simplement par le fait que l'hypothèse traduit en elle- même l'idée de la découverte.

A ce sujet, nous avançons anticipativement les idées suivantes en guise d'hypothèses :

La manipulation politicienne des groupes armés en Territoire de Fizi serait due au dialogue entre gouvernement et Maï-Maï ; à l'application du programme du DDRRR et processus de DDRRR de la Monusco et à la conscientisation et effort populaire.

Les mécanismes de restauration de l'autorité de l'Etat serait en la réforme de son appareil répressif (la Police Nationale Congolaise, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et l'Administration), la sensibilisation des groupes armés au respect des droits de l'homme et la collaboration entre la population et les autorités militaires.

4. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

a) Méthodes

Pour R. PINTO et M. GRAWITZ12(*)définissent la méthode comme l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie.

Pour BENOIT VERHAEGEN13(*), la méthode est l'ensemble des règles et des principes qui organisent les mouvements d'ensemble de la connaissance, c'est-à-dire la relation entre l'objet de la recherche et le chercheur, entre informations rassemblées à l'aide des techniques et le niveau de la théorie et des concepts.

Robert King Merton, représentant éminent du fonctionnalisme et défenseur de l'approche ou la conception relativisée, propose quatre concepts fonctionnels dans son analyse : la dysfonction, l'équivalent ou substitut fonctionnel, la fonction manifeste et celle latente.

v La dysfonction : alors que les fonctions sont, parmi les conséquencesobservés, celle qui contribuent àl'adaptation ou àl'ajustementd'un système donné ; les dysfonctions par contre sont celle qui gênentl'adaptation et l'ajustementd'un système.

Ramenant cette réflexion à la réalité congolaise, nous pouvons dire que l'état de guerre que le pays a connu, gène et empêchel'État de remplir ces missions dont celle de la garantie de la protection et la promotion de droit de l'homme ainsi que l'assurance de la sécurité des citoyens. Raison pour laquelle on assiste en territoire de Fizi à des violations croissantes et massives des droits individuels.

v L'équivalent ou substitut fonctionnel : un élément culturel ou social peut jouer un rôled'équivalent ou substitut fonctionnel à un autre pour exercer une activité à sa place. La réalité ne montre-t-elle pas des besoins humains et sociaux, qui peuvent être satisfaits de façondifférentes : un seul élément pouvant remplir plusieurs fonctions, de même une seule fonction peut être remplisse par les éléments interchangeable.

En effet, depuis le déclenchement de la seconde guerre dite « ratification » en RDC, on assiste à une participation des faits du territoire national. Une partie est contrôlée par le gouvernement centrale et une autre est partagée entre les diverses factions rebelles et des bandes armés. Cela implique que les missions de l'Etat jadis remplis par le seul gouvernement central sur tout le territoire national se trouvant ainsi partagé entre eux en vue d'assurer la continuité de l'Etat. Dans ce cas, bien que ce belligérant ne soit pas reconnu comme gouvernement d'Etat, ils ont l'obligation de promouvoir et de respecter les droits de l'homme et d'assurer la sécurité des citoyens congolais et étrangers au même titre que l'Etat. Ces belligérants remplissent donc le rôle de substitut de l'Etat.

v Les fonctions manifestes : résultent des conséquences objectivement observables dans la structure ou dans le système. La restauration de l'autorité de l'Etat dans le territoire de Fizi, répondrait à un besoin fondamental à savoir : celui d'ordreéconomique et financier d'une population vivant dans la pauvreté, le chômage, qui a connu l'exode rural et l'insécurité. Dans le cas d'espèce, disons que les acteurs politiques émanent la guerre dite « ratification », ont pour objectif principal et officiellement défendu ; le remplacement des institutions existantes considérées selon eux comme autoritaires et inefficaces ; donc de les remplacer par celle qui garantiraient le respect des droits de l'homme, la justice et le bien-être social ainsi que ladémocratie en RDC. Telle a été la fonction manifeste de la guerre dans les conditions normales.

v Les fonctions latentes : sont essentiellement celles qui sont ni comprises ni voulues mais qui n'en existent pas moins. Les fonctions latentes sont parfois remplisse par des rites anciens qui, ne jouant plus leurs rôles, substitué leurs but initiales à une autre fonction.

Cependant, l'évolution de conflit a démontré une toute autre réalité qui se distancie presque totalement de mouvements rebelle alléluia, au lieu de garantir la justice sociale et le bien-êtredes peuples congolais pour qu'ils prétendent se battre, se complaisaient en violant les droits et libertés le plus fondamentaux. C'est une situation, certes, non voulue mais qui déforme voire modifie le sens même de l'intérêt de la guerre. Cette violation des droits humains constitue donc la fonction latente parmi tant d'autres, de l'état de guerre.

b) TECHNIQUES

Selon Raymond Boudon14(*), la technique est un instrument de collecte des données sur le terrain de recherche. Pour l'élaboration de ce travail et pour vérifier nos hypothèses, nous appuyons notre méthode par quelques techniques de collecte des données ci-après :

ü La documentation, qui nous permet de faire la lecture des différents ouvrages, documents officiels des FARDC, rapports et autres qui traitent des groupes armés;

ü L'observation : est une recherches qualitatives qui implique le chercheur dans l'activité de la recherche et qui combine plusieurs démarches pour recueillir les informations. Il faut noter que cette technique nous permet d'observer, de nous-mêmes, s'il y a ou non la manipulation des groupes armés par les autorités politiques au Sud-Kivu.

ü L'interview libre, cette technique nous permettra de collecter toutes les informations non écrites mais nécessaires pour cette étude auprès des ex-combattants, des démobilisés et quelques actuels militants actifs dans ces groupes armés au niveau territorial, les autorités politiques, la société civile, les jeunes.

c) THEORIES

Selon la conception formelle, la théorie est un ensemble hypothético-déductif caractérisé par les proportions dont les termes sont vigoureusement définis. Ces systèmes sont élaborés à partir d'une conceptualisation de la réalité observée15(*).

La théorie des conflits a acquis une fonction empirique car c'est une théorie qui s'appuie exclusivement sur l'expérience et sur l'observation. Dès que le conflit a été établi comme une réalité dans la société, on a eu recours à une tradition intellectuelle pour pouvoir l'interpréter.

Durkheim a donné une image harmonieuse de l'organisation sociale. Ce qu'il privilégie, c'est la stabilité qu'entraîne la solidarité. La source des conflits vient de la nature des liens sociaux. Le conflit est le résultat d'un manque : ce qu'il appelle l'anomie.

K. Marx, R. Dahrendorf et A. Touraine16(*) ont, quant à eux, insisté sur le rôle du conflit en tant que moteur du changement social. Le point de départ de cette analyse est bien sûr l'analyse marxiste. On peut alors se demander si l'analyse marxiste du conflit est toujours d'actualité.

Il est établi aujourd'hui que les conflits sont normaux au sens sociologique, c'est-à-dire qu'ils sont inhérents à la vie en société : ils sont des éléments structurels des sociétés modernes.

Tout d'abord, en interne, le conflit génère l'existence d'une identité commune au groupe contestataire; ensuite, le mouvement social s'appuie souvent sur un principe de totalité, s'inspirant d'une pensée générique (par exemple, l'intérêt national, la justice sociale, etc.).

Ceci a pour résultat de constituer l'essence du groupe et de le transformer une fois les buts initiaux atteints.

L'image d'une société essentiellement harmonieuse et paisible dont ses parties composantes s'adapteraient parfaitement les unes aux autres a été brisée par des bouleversements divers et des conflits multiples vécus à travers les sociétés, comme les affrontements raciaux, professionnels ou d'intérêts.Les travaux d'Adam FERGUSON17(*)ont montré notamment que « bien que l'homme soit né dans la société, certaines de ses importantes institutions sont formées par la force. Le conflit dans les sociétés humaines est très bénéfique et très nécessaire pour le progrès ; sans rivalités entre les nations, ni pratique de guerre, la société civile n'aurait jamais aucun objectif ni forme».Nous ne pouvons pas comprendre les autres si nous n'avons pas encore lutté nous-mêmes. Les formes les plus diverses des luttes et des conflits apparaissent surtout dans des compétitions économiques et politiques, dans les guerres et les relations internationales. La prospérité économique est basée sur la lutte politique et militaire. Ferguson lui-même doute que la paix soit l'objectif d'une société.Il ressort ainsi que l'interprétation sociologique des conflits confère à ces derniers une fonction positive dans la société, malgré les effets négatifs qu'ils comportent parfois. L'évolution normale d'une société peut être vue comme un mouvement constant de ce qui est appelé conflit, ajustement, stabilité ou équilibre et fin de conflit18(*).

Le conflit peut être aménagé mais pas éliminé ; cet aménagement du concept est appelé intégration, ajustement, stabilité ou équilibre ». La société en général est bicéphale. Ce que Ralf Dahrendorf appelle « janus-headed » : elle a deux natures : coexistence et changement, intégration et conflits.L'étude des fonctions des conflits présente ceux-ci comme inhérents à toute vie sociale. Les conflits constituent aussi une variable de la vie en société et ils prennent des formes variées et se distinguent par la nature de leurs enjeux.

Dans le même ordre d'idée, Lewis A. COSER a démontré le rôle dynamique des conflits au sein des organisations et en a souligné l'utilité. Il estime que les conflits surgissent à la suite de certaines défaillances de l'organisation, en l'occurrence, l'indifférence ou l'incapacité de celle-ci à résoudre certains problèmes considérés comme fondamentaux par un ou plusieurs de ses membres.

En ce qui concerne les fonctions des conflits, COSER en énumère huit qui ont particulièrement retenu son attention, à savoir que19(*):

- Les conflits sociaux renforcent la conscience du groupe et marque la séparation

- Les conflits préservent la cohésion du groupe et la signification des institutions qui servent de soupape de sûreté,

- Les conflits conduisent à la stabilité des systèmes sociaux,

- Les conflits poussent les gens à la prudence,

- Les conflits externes renforcent les pouvoirs attribués aux chefs,

- Les conflits idéologiques sont difficiles à résoudre,

- Les conflits créent un investissement émotionnel,

- Les conflits assurent l'intégration mobilisée du groupe face aux dangers extérieurs.

Bien évidemment, certains auteurs comme Guy Rocher20(*) ont critiqué les vertus qu'on accorderait au conflit. Pour lui, la valorisation des conflits constitue une aberration dans la mesure où ceux-ci constituent d'abord un élément déstabilisateur et destructeur du système social, quelles que soient leur forme, intensité, durée et ampleur.

Pour ce qui est de notre étude, nous disons que les conflits qui apparaissent dans le Territoire de Fizi sont souvent fonction de la qualité des relations qui se tissent entre les acteurs de la sécurité/insécurité et la population.

Ces relations sont comprises pour les uns en termes de violence ou d'injustice, pour les autres elles sont vécues comme une forme de privation qu'elles n'acceptent pas. A cause de cela, les appareils de sécurité de l'Etat deviennent pour beaucoup de ces populations des instruments d'administration des souffrances insupportables. Cette théorie est liée à la décomposition de l'ordre politique et la faiblesse des institutions de l'Etat car les mécanismes pour générer le pouvoir et l'autorité nécessaire à tout régime pour gouverner cessent de fonctionner.

L'Etat effondré, pour son retour au centre de la vie politique et sociale, il doit passer par une formation pour sa reconstitution en passant par de réforme en vue de renforcer la capacité des élues politiques à établir un cadre réglementaire d'exercice du pouvoir qui soit en mesure de résister aux chocs et aux crises.

d) LES CONCEPTS

Avant d'aborder le vif de notre présente étude, il nous est loisible de procéder par la clarification des sens de certains concepts qui vont intervenir dans notre étude, afin de lever l'équivoque et préciser le contexte dans lequel ils seront utilisés à savoir :

Le groupe armé, la mobilisation, et politique.

Comme le précise E.DURKEIM : « En réalité, les mots de la langue usuelle, comme les concepts qu'ils expriment, sont toujours ambigus, et les savant qui les emploierait, qu'ils les reçoivent de l'usage et sans leurs faire subir d'autres élaborations, s'exposerait avec plus grave confusion ».

· LE GROUPE ARME

Le concept « groupe » se définit selon Joseph FITCH, comme étant une collectivité structurée, identifiable, continue des personnes sociales qui remplissent de rôles réciproques conformément à des normes sociales, à des intérêts et à des valeurs dans la poursuite des buts communs.

Pour J. Stearns, J. Verweijen et M. Eriksson BAAZ21(*), le groupe armé est souvent considéré comme des voyous qui s'en prennent aux innocents et sans défense. Certains sont toutefois des prédateurs plus avides que d'autres, et certains bénéficient du large soutien des communautés locales dans lesquelles ils sont recrutés.

Quant à International Council on Human Right,22(*) le concept groupe armé désigne un groupe d'individus qui sont armé, faisant usage de la force pour atteindre leurs objectifs tout en échappant au contrôle de l'Etat. En général, il fait allusion à des groupes qui s'opposent au pouvoir en place, mais il est parfois difficile de distinguer clairement les groupes ayant des visées politiques de ceux ayant des objectifs criminels.

· LA MOBILISATION

La mobilisation, au sens large, est «l'action de mettre en jeu des forces (ressources), y faire appel, les réunir en vue d'une action commune »23(*).

Ainsi, fondamentalement, le processus de mobilisation d'une communauté locale se définit comme une démarche continue regroupant plusieurs partenaires et résidents de la communauté autour d'enjeux sociaux qu'ils auront identifiés ensemble24(*).Cette démarche vise à élaborer collectivement des stratégies axées sur l'amélioration de la qualité de vie des citoyens.

En d'autres termes, le processus de mobilisation est en soi une stratégie de développement des communautés locales, à travers laquelle tous les acteurs concernés sont invités à devenir des agents de changement solidaires25(*).La force motrice de la mobilisation est le regroupement de personnes qui croient qu'ensemble elles ont le pouvoir de changer les choses. Elles peuvent élaborer des solutions pour faire face aux problèmes et aux occasions qui se présentent.

· POLITIQUE

La politique a entamée depuis longtemps sa séparation de la morale26(*). Mais elle semble ne pas être en mesure d'achever ce processus. De toute façon, la rupture s'approfonditirréversiblement entre ces deux notions. Parallèlement, la politique est appréhendéeà travers des repèresméthodologiquesrationnels. « La science » ou « La sociologie » constitue en effet un ensemble d'outilsd'observation et d'étude des faits politiques. Mais le caractèrepolysémique de la locution « politique » pose une problématique fondamentale liéeà la définition du terme lui-même et égalementàl'objet de la discipline notamment« la science politique » ou « sociologie politique »27(*).

Le terme « politique » comporte plusieurs définitions et significations. Etymologiquement, il est issu du mot « polis », c'est-à-dire« cité »28(*) dans la Grèce antique, voire même du terme « politeia »c'est-à-dire la manière dont la cité est organisée et le pouvoir en son sein est structuré.

Une autre difficulté se dégage de l'usage du terme politique, de nature androgyne, c'est-à-dire qui peut être fait au masculin ou au féminin.

Au masculin, le politique signifie tout d'abord l'homme politique. Mais ce n'est pas cette acception du terme qui l'opposeà l'expressionconsidérée au féminin.

Le politique signifie aussi l'imageque la société avait d'elle-même29(*), notamment la « totalité, le lieu de la totalité du lien social de la cité ou de la communauté »30(*) . Plusprécisément« L'ensemble de structure induites des relationsd'autorité et d'obéissanceétablie en vue d'une fin commune : au moins que le groupe n'éclate pas »31(*).

Au féminin, « La politique » signifie en premier lieu l'ensemble des actions que les gouvernants ou les autres acteurs sociaux entreprennent en vue de prendre de décisions, d'influencer les processus de prise de décisions ou d'occuper des postes de responsabilité, c'est-à-dire«  traduction dynamique de tous les phénomèneimpliqués par la conquête ou l'exercice du pouvoir »32(*).La politique peut prendre un sens neutre, celui de gestion, c'est-à-dire un ensemble des mesures techniques, juridiques et financières en vue d'agir sur un secteur déterminé ou de traiter un problèmeprécis.

5. LA DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE

Cette étude bien qu'elle est orientée en Territoire de Fizi, prendra des limites spatiales dans deux secteurs dans lesquels les mouvements de résistance Maï-Maï prennent de l'ampleur. Il s'agit du Secteur de Tanganyika où le Groupe armé Bwasakala opère depuis sa création après l'appel du gouvernement national obligeant tous les groupes armés de l'Est du pays d'aller au brassage en 2006; et le Secteur de Ngandja qui comprend le Groupe Maï-Maï ALLELUA dit Maï-Maï YAKUTUMBA qui a vu jour en 2007 à Baraka après son détachement à l'armée régulière.

Notre étude se limite temporellement entre les années 2007 année de la création de groupe Maï-Maï YAKUTUMBA et 2019 année pendant laquelle le plus grand groupe armé en territoire de Fizi a été neutralisé par les forces armées de la république démocratique du Congo.

6. BREFHISTORIQUE

Le Territoire de Fizi a été créé par l'ordonnance-loi coloniale belge du 8 août 1935, le chef-lieu fut à KALEMBELEMBE, puis transféré à un autre endroit nommé « FISHI », nom d'un animal que les blancs ont rencontré à cet endroit. Le nom « FISHI » est issu de la langue Kibembeet fut transformé par les blancs en « FIZI ».

Le territoire fut directement appelé FIZI avec comme chef-lieu FIZI sous l'administration coloniale. L'administrateur colonial du territoire fut Wilirmart.

7. SUBDIVISION ADMINISTRATIVE

Le territoire de Fizi est l'un des huit Territoires du Sud-Kivu ; il est composé de 4 secteurs « Lulenge, Mutambala, Ngandja, et Tanganyika », 18 Groupements et 132 Villages.

Tableau 1 : La subdivision administrative du territoire de Fizi.

Secteurs

Groupements

Villages

Populations

Activités de base

Lulenge

Basimimbi

6

 

Agriculture

 

Basimunyaka-sud

5

 

Agriculture

 

Basikasingo

4

 

Agriculture

 

Basombo

5

 
 
 

Obekulu

3

 
 

Total

5

23

991117

 

Mutambala

Basimukindje

19

 

Pèche et élevage

 

Balala-sud

7

 

Agriculture

 

Basimukuma-sud

17

 

Agriculture

 

Batombwe

5

 

Agriculture et pèche

 

Babwari

16

 

Pèche

Total

5

64

316842

 

Ngandja

Basikalangwa

11

 

Agriculture

 

Basikasilu

5

 

Mine

 

Babungwe

7

 

Agriculture et Mine

Total

3

23

18072

 

Tanganyika

Babungwe-nord

4

 

Agriculture

 

Balala-nord

6

 

Agriculture

 

Basilocha

4

 

Agriculture

 

Basimukuma-nord

4

 

Agriculture

 
 
 
 
 

Total

5

22

304391

 

Total général

18

132

1793422

 

Source : Bureau administratif du Territoire de Fizi.

Interprétation du tableau : De ceci, on retient que le territoire de Fizi est subdivisé en 4 secteurs lesquels comprennent 18 Groupements qui, à leur tour, se décomposent en 132 villages sur lesquels habitent 1793422 habitants. De même, l'on note que l'agriculture, la pèche, l'élevage et l'extraction artisanale de minerais constituent les activités principales des habitants de ce milieu.

Tableau : 2 Subdivision administrative, superficie et population

Secteur

Chef-lieu

Superficie

Populations

Total

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Lulenge

Kilembwe

5530

207369

222463

259941

301344

991117

Mutambala

Baraka

776

61490

66991

85741

102620

316842

Ngandja

Lubondja

7380

42879

43132

47574

47487

181072

Tanganyika

Mboko

2100

59945

65275

76372

102799

304391

Totaux

 

15786

371683

397628

469628

554250

1793422

Source : Bureau de l'état-civil du Territoire de Fizi, rapport annuel de recensement 2014.

Interprétation du tableau:Le tableau ci-haut renseigne sur les chefs-lieux de 4 secteurs que comprend le territoire ainsi que les caractéristiques de leurs populations. Ainsi, on trouve une population évaluée à 1793422 habitants dont 371683 hommes, 397628 femmes, 469628 Garçons, et 554250 filles tous établis sur une superficie 15786 kilomètres carrés.

8. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail se développe sur deux chapitres :

§ Le Chapitre premier se rapporte à la manipulation des groupes armés par les autorités politiques;

§ Le second chapitre traite, des mécanismes de la restauration de l'autorité de l'Etat.

9. DIFFICULTES RENCONTREES

Dans la réalisation de cette étude, nous avons connu plusieurs difficultés. Les plus importantes résultent de l'objet même de l'étude, à savoir la question des groupes armés, se présentait comme sensible au bon nombre des personnes contactées dans la mesure quelles craignaient pour leur sécurité en donnant des informations ; ensuite, du fait que notre champ d'étude était trop vaste et se situait très loin. En fin, nous n'avions pas eu les moyens suffisants pour effectuer la recherche tels que souhaitée.

CHAPITRE PREMIER : DE LA MANUPILATION DES GROUPES ARMES

SECTION 1. FONCTIONNEMENT DES GROUPES ARMES

c) I.1.1 Aperçu général sur la situation des groupes armés (Maï-Maï)

d) I.1.1.1 Historique du phénomène33(*)

Le phénomène Maï-Maï date des années 1960, après l'assassinat du premier ministre congolais P EMERY LUMUMBA et l'instabilité politique qui s'en suivit, certains de ses proches décidèrent, avec appuis extérieurs, de faire la guerre contre le gouvernement dirigé par JOSEPH KASAVUBU et restaurer l'idéal nationaliste de LUMUMBA.

Le plus célèbre d'entre eux a été, sans nul doute, Pierre MULELE, ex Ministre de la jeunesse de LUMUMBA et nationaliste convaincu. MULELE, avec d'autres proches comme Gaston SOUMIALOT, Christophe GBENYE, Albert GIZENGA et Laurent Désiré KABILA, avait levé une armée qui s'est rapidement emparé, au début de 1964, du Kivu, d'une bonne partie du Kasaï oriental et de la province orientale avant d'être défaite par les forces régulières sous le commandement du colonel Mobutu.

Les hommes de Mulele avaient des moyens militaires souvent rudimentaires, insuffisants et de loin inefficaces pour mener une guerre aussi ambitieuse.

Ils utilisaient pour leur majorité des armes blanches « machettes, couteaux, flèches, lances, etc. » Ils croyaient en des forces surnaturelles incarnées dans l'eau « d'où le mot » « Maï-Maï » qui veut dire « l'eau » en swahili du Congo et dans des amulettes et tatouages. Ils pensaient que cette eau est « bénie » et ces amulettes avaient les vertus de vérifier et de rendre invulnérables les personnes initiées.

Toutefois, cette invulnérabilité était assortie de plusieurs conditions prescriptions qu'il ne fallait aucunement transgresser.

Après la rébellion« muleliste », des mouvements de résistance et d'autodéfense populaire se sont constitués au fil des années dans différents coins de l'est de la RDC sur bases tribales en affichant des revendications foncières et relatives aux droits civiques.

Ils ont pris différentes appellations suivant les milieux ; c'est dans le nord Kivu où l'on en a trouvé une plus grande diversité : Katuku à Walike, des Ngilima à Masisi et des Batiti à Rutshuru, Lubero et Beni, on trouvera les Simba de Laurent-Désiré Kabila que les Basikalangwa de Charles Simba dans le Fizi, le Mudundu 40 dans le Walungu, etc.

Le phénomène le plus récent des Maï-Maï date des années 1980. Il n'y a pas de politique entre ces groupes et ceux des années 1960.

Les points se situent au niveau du recrutement dans la population et de la croyance aux forces surnaturelles, la résurgence du phénomène Maï-Maï a été constatée dans le Masisi au Nord-Kivu, où les autochtones s'opposent à l'occupation des terres fertiles par les Hutu et les Tutsi rwandais qui y étaient installés depuis plusieurs années. Pour que les autochtones ne se trouvent pas en situation d'expropriation, les jeunes Hunde et Nyanga se sont vite mobilisés pour chasser cette population rwandaise, le mouvement s'est alors étendu dans plusieurs contrées où des guerres tribales ont éclaté peu après.

Les Maï-Maï se sont opposés à tous les régimes qui se sont succédé après Lumumba jusqu'au déclanchement de la guerre de 1998. Ils se sont plusieurs fois insurgés contre Mobutu dans le Ruwenzori, dans la région de Beni et Butembo et dans le Fizi. Ils se sont vigoureusement opposés à la campagne militaire de Laurent Désiré KABILA en 1996-1997.

Ce dernier justifiant alors la présence de l'ex armée patriotique rwandaise (APR) sur le sol congolais par le fait de l'existence des Maï-Maï des miliciens Interahamwe et des soldats des anciennes forces armées rwandaises (Ex-FAR) qui seraient à l'origine de l'insécurité aux frontières entre la RDC et ses voisins de l'est.

Ainsi, selon Laurent Désiré Kabila, le Gouvernement congolais et les pays voisins devaient composer pour détruire des foyers de tensions, car les Maï-Maï étaient considérés comme boulders pour les miliciens Interahamwe, les ex- militaires des forces armées rwandaises et les rebelles burundais des FDD et FNL, qui menaient des actions en territoires rwandais et burundais.

Pour cette raison, des contingents militaires étaient envoyés chaque fois dans les zones dites de tension afin de mater les insurrections Maï-Maï des militaires de l'AFDL, de l'APR, et de l'armée burundaise en profitaient pour s'adonner aux pillages, aux exactions et aux violations des libertés fondamentales.

D'une manière assez brève, au SUD-KIVU, les Maï-Maï sont disséminés un peu partout à travers la province mais leurs principaux foyers sont à Uvira (dans les moyens plateaux des Mitumba et la plaine de la Ruzizi), à Fizi (principalement dans les hauts et moyens plateaux des Mitumba), dans la Presqu'ile d'Ubwari et la plaine lacustre de Dine, Nemba et Kazimia ; à Walungu et Kabare, ainsi que les territoires de Walikale et Kalehe (à Bunyakiri)34(*).

e) I.1.1.2 Contexte d'émergence des groupes armés dans le Territoire de Fizi

Après avoir donné un aperçu général de la situation des groupes armés en RD. Congo, il nous a semblé impérieux d'expliquer l'émergence des groupes armés dans le Territoire de Fizi.

A ce niveau, il faut absolument préciser le contexte selon qu'il s'agit des groupes armés nationaux et étrangers opérant dans ce Territoire35(*).

On distingue la présence d'un seul mouvement Maï-Maï subdivisé en plusieurs groupes armés congolais dans le Territoire de Fizi.

Il s'agit de Maï-Maï ALELUYA (YAKUTUMBA), Maï-Maï BWASAKALA, Maï-Maï EBUELA (dissident de YAKUTUMBA depuis quelques mois) etc. On peut affirmer que la division entre ces chefs Maï-Maï se fonde sur la lutte de pouvoir et la concurrence autour des ressources... le contexte d'émergence de ces groupes armés relève des facteurs multiples.

Comme le note KAGANDA MULUME-HODERWA «De l'héritage historique, la formation des groupes guerriers tribaux qui prirent un essor considérable dans le Territoire de Fizi, autour des années 1993, constituent une autre variante historique influente.

Les populations rurales, principalement les Babembé et les Babuyu ont construit des idéologies de xénophobie les unes contre les autres. Ce qui a conduit à la formation des milices populaires utilisant les méthodes traditionnelles, superstitieuses de protection.

Des conflits fonciers ont opposé des populations autochtones du territoire. Le but initial d'entraide et de promotion économique s'était transformé en une démarche protectionniste et violente.

Ces mouvements armés étaient de forces ethniques d'autodéfense locale. L'auteur continue à expliquer que les mouvements de résistance Maï-Maï au Sud-Kivu sont nés dans le contexte de crise sociopolitique caractérisée essentiellement par des rébellions et d'instabilité des institutions politiques avec leurs conséquences sociales et économiques désastreuses.

Ces nouveaux mouvements de résistance Maï-Maï s'inscrivent dans une continuité historique du point de vue de leur nature et leur philosophie. L'émergence des mouvements des résistances Maï-Maï est fort dispersée selon les périodes et leurs contextes. Ainsi, selon les périodes, on distingue deux catégories des Maï-Maï :

- Les Maï-Maï de Fizi qui sont liés aux mouvements de résistance nés des rébellions de 1996 et 1998 d'une part et les Maï-Maï YAKUTUMBA.

- Et d'autres parts,qui sont liés aux mouvements de résistance pendant la transition et la période postélectorale de 2006.

Plusieurs facteurs expliquent le recyclage et/ou l'émergence des groupes armés pendant et après la transition. Il s'agit, principalement, des frustrations issues de la logique de répartition de pouvoirs entre les belligérants ou seigneurs de guerre.

Ceci incitant à la mobilisation armée, comme moyen d'accéder à des postes au sein de l'appareil étatique ou d'autres fonctions influentes dans les domaines politiques, économiques.

f) I.1.1.3 CONTEXTE D'EMERGENCE DES GROUPES ARMES ETRANGERS36(*)

Dans tout le Sud-Kivu en général et le Territoire de Fizi en particulier, le phénomène d'émergence des groupes armés étrangers est lié à des facteurs politiques, économiques, ethniques, etc...

Les facteurs ethniques renseignent sur les ramifications identitaires des problèmes touchant les intérêts des groupes ethniques se trouvant entre deux ou plusieurs Etats. Tel est le cas d'une collaboration soupçonnée entre les Barundi de la Plaine de la Ruzizi et les FNL, divers groupes armés burundais en RDC, des refugiés armés et non armés burundais et rwandais depuis les années 1993 et 1994. Les facteurs économiques se résument dans le pillage des ressources naturelles de ce territoire37(*).

SECTION 2. CAUSES D'EMERGENCES ET CONSEQUENCES DES GROUPES ARMES SUR LE DEVELOPPEMENT DE FIZI

g) I.2.1 LES CAUSES DE L'EMERGENCE DES GROUPES ARMES

Nous allons épingler les causes générales liées à la prolifération des groupes armés en RDC, surtout dans sa partie Est et particulièrement les causes spécifiques liées à ces groupes selon qu'elles sont internes ou externes.

h) I.2.1.1 LES CAUSES INTERNES

A l'origine, on peut situer la première cause dans la faiblesse de l'Etat dans ses missions tant traditionnelles que moderne, notamment son rôle de la défense du territoire, de la sécurité des personnes et de leurs biens, le rôle régulateur des conflits sociaux.

Lorsque l'Etat n'affirme pas son pouvoir sur le plan interne et international, il y a d'autres causes ou facteurs qui se développent favorisant la prolifération des groupes armés.

L'objectif global des Maï-Maï qui n'était autre que la protection de l'intégrité territoriale de leurs espaces traditionnels contre les envahisseurs qu'ils appellent les Banyarwanda communément connus sous le nom de Banyamulenge, les groupes armés du Territoire de Fizi se sont constitués en coalition pour faire la guerre contre le régime de Joseph Kabila kabange.

Ces groupes armés dénouent :

Ø Le plan de balkanisation de la République démocratique du Congo ;

Ø La me-gestion de la chose publique par le régime en place qui renvoie :

- Au manque d'emplois aux jeunes

- Manque de politique d'investissement ; pas d'usines, industries, etc.

- Précarité des soins médicaux dans le secteur de santé publique qui cause la mort de gens dans leurs maisons suite au manque des moyens financiers ;

Ø La corruption dans le domaine judiciaire ;

Ø Le non payement des fonctionnaires de l'Etat ;

Ø La baisse du niveau d'étude suite à la corruption très exagérée ;

Ø Pillage systématique des richesses par les tenants du pouvoir et leurs collaborateurs ;

Ø Les vols, viol et tueries perpétrés par-ci par-là sur toute l'étendue du pays ;

Ø Manque d'encadrement de la population qui est abandonnée à elle-même ;

Ø La détérioration de l'infrastructure routière38(*).

Le nouveau regroupement des groupes armés, Coalition Nationale du Peuple pour la Souveraineté du Congo, CNPSC, s'appuie sur l'idée de Martin Luther KING qui disait que : « accepter passivement un système injuste, c'est enfin collaborer avec ce système ».

C'est pourquoi il fait appel aux pays voisins de respecter la souveraineté de la RDC entant qu'un Etat indépendant, libre et qui n'a aucun compte à rendre à ses voisins, a dit W. AMURI YAKUTUMBA.

Il avait même fait appel aux Nations-Unies et à la Communauté internationale à préserver leur caractère et mandat de neutralité dans des affaires internes de la RDC car leur présence au Congo a comme mission de sauvegarder et sécuriser la population congolaise, de soutenir les congolais à accéder à la démocratie, mission qui a échoué suite au manque de volonté des dirigeants actuels de la République Démocratique du Congo, a-t-il ajouté.

C'est dans cette optique qu'ils ont décidé de prendre les armes pour libérer la population qui est dans l'emprise d'un dictateur a conclu le Secrétaire exécutif de la CNPSC39(*).

En résumé, la cause centrale réside dans la faillite de l'Etat congolais qu'il faut reconstruire.

i) I.2.1.2. LES CAUSES EXTERNES

Elles peuvent se résumer à trois, à savoir : les ressources naturelles, la faiblesse de la réaction de la communauté internationale face aux crimes graves commis à grande échelle dans cette contrée et enfin, la prolifération des milices due au retrait des armées étrangères autre fois présentes en RDC.

Ainsi, pour ce qui est des causes liées à la course aux matières premières, on peut citer les enjeux économiques, fondés essentiellement sur le désir des Etats voisins et mêmes les grandes puissances occidentales, ainsi que les multinationales d'avoir un contrôle sur les ressources naturelles que regorge le pays en général et le Territoire de Fizi en particulier.

C'est ce désir-là qui les pousse à soutenir et au besoin à créer de toutes pièces, certains groupes armés en RDC, ou des prétendues rébellions qui vont chercher à exploiter quelques causes internes pour avancer leurs revendications politiques, et pourront même être dirigées par un homme de paille pour donner une apparence interne au conflit, mais le vrai but c'est l'accès aux ressources existantes.

Une des illustrations de cette réalité c'est notamment le rapport du groupe d'experts de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles de la RDC (2002). Dans ce rapport, en effet, un lien est établi entre ce pillage des ressources naturelles et la poursuite de la guerre en RDC.

Et dans sa résolution S/RES/1457 du 24 janvier 2003 le conseil de sécurité a noté avec préoccupation que « le pillage des ressources naturelles et d'autres richesses de la RDC se poursuit et constitue l'un des principaux éléments qui entretiennent l'émergence des groupes et conflits armés dans la région et exige donc que tous les Etats concernés prennent immédiatement des mesures pour mettre fin à ces activités illégales qui perpétuent le conflit et l'émergence des groupes armés, entravent le développement économique de la RDC, et exacerbent les souffrances de sa population »40(*).

Dans ce rapport précité, les experts de l'ONU avaient établi une liste des personnalités tant congolaises (issues tant du gouvernement que des rébellions et milices) qu'étrangères notamment les Rwandais, les Ougandais et les Burundais occupant des fonctions tant politiques que militaires, qui étaient impliqués dans le trafic d'armes violant ainsi l'embargo sur les armes en RDC.

Pour ce qui est de la faiblesse de la réaction de la communauté internationale face aux crimes graves qui se commettent et continuent à se commettre en RDC, les moyens utilisés pour ce pillage sont eux-mêmes hautement criminels.

Ainsi pour faciliter le pillage des ressources naturelles en RDC, des meurtres à grande échelle sont commis causant ainsi des déplacements des populations réduites à des conditions de vie pouvant entrainer leur destruction.

Face à cette horreur, on constate la faiblesse de la communauté internationale, tant le conseil de sécurité que les autres Etats qui se montrent retissant à déclencher des poursuites sur la base de la compétence universelle. On constate, en outre que, ce sont les mêmes auteurs de la tragédie de l'est de la RDC qui définissent les grandes lignes de la politique sous régionale en Afrique des Grands Lacs.

Une autre cause qui nous semble intermédiaire est celle liée à la prolifération des milices à la suite de retrait des armées étrangères en RDC en vertu des accords de paix, notamment l'accord dit global et inclusif, comme le dénonce un des nombreux rapports du secrétaire général des nations unies : « le vide du pouvoir qui a succédé au retrait des forces de défense rwandaises puis les forces de défense du peuple ougandais et burundais ont entrainé la prolifération des milices. Ces milices ont lutté pour s'assurer le contrôle des zones stratégiques où se trouvent les ressources lucratives et qui étaient précédemment détenues par les forces étrangères ».

j) I.2.2. LES CONSEQUENCES DE GROUPES ARMES

Le développement de toute entité administrative, grande ou petite soit-elle, repose sur la paix. Il n'y a donc pas de progrès sans la sécurité que Spinoza41(*) perçoit comme un premier besoin d'un Etat.

C'est pourquoi les pouvoirs publics doivent être capables de créer et de maintenir un environnement stable. La logique d'instabilité que le Territoire de Fizi a connue est continue de connaitre explique, dans une large mesure, son sous-développement. A ce point, il importe de présenter les conséquences dans les lignes qui suivent.

k) I.2.2.1 SUR LE PLAN POLITICO-ADMINISTRATIF

Les fragilités infrastructurelles et politico administratives. L'instabilité du Territoire de Fizi est si généralisée et si sévère qu'aucun secteur de la vie nationale n'est épargnée commençant par les infrastructures de base et les instances politico administratives. D'un côté, la fragilité infrastructurelle du Territoire est très visible dans le mode d'organisation et fonctionnement des services de base. Les divers infrastructures publiques ont été livrées à la merci des groupes armés, ces derniers détruisant certains d'entre eux, et d'autres furent déguisés en leurs habitations.

De l'autre côté, la fragilité politico-administrative qui tient à l'insuffisance de nombreux facteurs nécessaires à l'édification d'une administration performante et compétitive entant qu'une épine dorsale du déploiement de la puissance publique dans la conduite du destin national.

Les actions des groupes armés ont conduit à une sous administration du Territoire si non à une administration détruite. Sur le marché, la taxe est payée à la fois au Territoire et aux groupes armés. Aussi, à cause de multiples conflits armés en répétition, la plupart des autorités administratives légalement investies ont déplacé ou abandonné leurs postes. Tels est le cas actuel du secteur de Ngandjaoù le bureau du secteur est déplacé à Lulimba et celui de Lulenge qui est abandonné par son chef ; même cas pour le secteur de Tanganyika.

La plupart des biens meubles de l'administration ont servi de bois de chauffage et les documents administratifs ont été déchirés et volés si bien que le Territoire de Fizi n'a plus d'archives nécessaires. D'où le territoire perd sa mémoire de plus en plusieurs années de son existence.

La perte de la souveraineté sur l'étendue du territoire occupée par les groupes armés suite à un gouvernement de façade et de complaisance.

Une partie de la population est soumise à l'esclavage dans les milieux ou les zones occupées par les groupes armés, et celles sous contrôle gouvernemental est abandonnée à elle-même.

Méfiance presque totale de la population vis-à-vis de la politique et des politiciens. Les crises internes, sur fonds d'instabilité territoire, ont sérieusement dégradé la situation sécuritaire à travers plusieurs types de menaces qui ont pesé et continue à peser actuellement sur cette entité. Les groupes armés s'attaquent aux populations en les dépossédant de leurs biens.

En définitif, la situation sécuritaire du Territoire de Fizi demeure précaire et mérite d'être assainie en vue de la reprise des activités socio-économiques dans un climat social plus ou moins apaisé et viable, gage de tout développement.

l) I.2.2.2 SUR LE PLAN HUMANITAIRE

Ø Recrudescence de la violence, de la haine tribale, des conflits interethniques, de la xénophobie.

Ø Traumatisme de la population et spécialement des femmes et des jeunes filles, victimes de diverses violences.

Ø Difficultés d'accès aux services sociaux : éducation, soins de santé primaires, eau potable,...

Ø Propagation des MST et du VIH/SIDA ; des grossesses indésirées à la suite des viols issus des conflits armés.

Ø Augmentation des groupes armés et nombre de personnes vulnérables dont les veuves, les orphelins, les femmes violées et dont les maris, les parents ont été tués pendant les conflits armés.

En somme, les pertes en vies humaines ne sont pas faciles à évaluer. Des familles entières ont été exterminées. D'autres ont été déportées ou emportées dans la brousse, les couches vulnérables de la population à savoir les enfants, les personnes âgées, les filles et les femmes sont encore plus touchées que quiconque.

Des filles et femmes continuent d'être victimes des viols et violences. Des foules immenses sont contraintes à des déplacements sans destination précise et sure, errant loin de leurs villages. Contraints de refuge et/ou à l'exil, des ménages entiers vivent dans le dénouement et la précarité sur le plan alimentaire, sanitaire et économique.

m) I.2.2.3 SUR LE PLAN ECONOMIQUE

Depuis plus d'une décennie, Fizi fait face à des conflits armés. Les conséquences énormes ne sont pas uniquement d'ordre sécuritaire, politique et social, elles sont aussi d'ordre économique parmi lesquelles on peut citer :

ü La destruction des infrastructures de base : marchés, champs,... ayant pour conséquences la baisse de la production, de la commercialisation, de la circulation des personnes et de leurs biens.

ü Le tissu économique a été lamentablement détruit. Autrefois, Fizi, grâce à l'agriculture et l'élevage, était classé parmi les greniers du Sud-Kivu. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, les populations de Fizioù sévit l'insécurité sont devenues presque dépendantes des territoires et pays voisins, surtout sur le plan alimentaire. On peut cependant noter qu'à présent, une relance se fait observer notamment à travers les investissements privés dans les secteurs agricole et minier et dans le petit commerce.

ü Baisse du niveau des revenus de la population avec toutes les conséquences y afférentes et la pauvreté de masse surtout dans les villages sous contrôle des bandes et groupes armés où les gens n'ont pas accès aux facteurs de production, notamment le crédit, la sécurité, etc.

n) I.2.2.4. SUR LE PLAN ENVIRONNEMENTAL

La destruction des forêts et la fuite ou la disparition de certaines espèces animales. Les groupes armés ont détruit et pillé considérablement la faune et la flore du milieu. Les forêts ont été dépouillées de tous les animaux qui faisaient la fierté de ce Territoire tels que les éléphants, les gorilles, les buffles...

SECTION 3. LES ACTEURS DE LA MANIPULATION DES GROUPES ARMES A FIZI

o) I.3.1. LE GOUVERNEMENT DE KINSHASA

Le gouvernement de Kinshasa est le principal allié des Maï-Maï depuis septembre 1998. Quelques mois plus tôt, ce même gouvernement traitait les Maï-Maï de « bandits à mains armées »42(*).

Mais, à l'éclatement de la rébellion du RCD parrainée par le Rwanda, les Maï-Maï ont réussi à susciter l'engouement populaire de tout le Kivu et l'intérêt obligé du gouvernement congolais grâce à leur seule revendication du départ des Tutsi et le Congo aux Congolais.

Depuis septembre 1998, le gouvernement de LD Kabila a donc multiplié les contacts avec les résistants de l'Est que désormais tous les discours officiels s'accordaient à appeler « Forces d'Autodéfense Populaire (FAP) ».

Tous les émissaires de L. D. Kabila aux Maï-Maï étaient porteurs d'argent et de « messages personnels du Mzee » aux chefs Maï-Maï.

L'appui militaire de Kinshasa aux Maï-Maï a quelque peu tari entre janvier et décembre 2001.

Après la mort du père, le fils Kabila s'est investi dans une dynamique de paix en promettant la paix à l'intérieur du pays, le jeune Kabila avait d'autres préoccupations, notamment consolider son pouvoir encore fragile. C'est au début 2002 qu'il a renoué les contacts avec les Maï-Maï de l'est du pays43(*).

En février 2002, Joseph Kabila a envoyé deux officiers des FAC avec grade de colonel LUKOLE Madowadowa et Luecha dans l'est du pays. Au Sud-Kivu, il envoie clandestinement le colonel LukoleMadowadowa et, au Nord-Kivu, son propre conseiller militaire, le colonel Raphaël Mpungu.

Officier discret et presque anonyme, LukoleMadowadowa a sillonné le Fizi et les Moyens Plateaux des Mitumba durant plusieurs semaines avant que les rumeurs sur sa présence ne fusent et que les agences de presse internationales en parlent.

La mission confiée à Lukole était triple : entrer en contact avec les chefs Maï-Maï de la contrée et leur réaffirmer le soutien de Kinshasa dans leur lutte, aider à la coordination et à la cohésion des actions des différents groupes Maï-Maï actifs dans cette partie du pays, et asseoir et organiser le Secteur opérationnel de l'Est (SOE).

Entre mars et octobre 2002, Kinshasa a fourni aux Maï-Maï, en plusieurs vagues, des armes, des munitions, des uniformes, des appareils de communication et de l'argent, le tout sous la supervision technique du colonel LukoleMadowadowa.

Ce soutien militaire de Kinshasa aux Maï-Maï durant toute cette période a été déterminant pour ces derniers, car il leur a permis de s'emparer de la cité d'Uvira et de l'occuper cinq jours durant, du 13 au 18 octobre 2002, et de prendre le contrôle quasi total de Fizi, soumettant ainsi les troupes rwandaises et celle du RCD/Goma à une rude épreuve. D'après divers témoignages recueillis auprès d'«officiers» Maï-Maï à Kindu, Uvira et Fizi, c'est grâce au soutien de Kinshasa que les différents groupes Maï-Maï ont pu se connaître et établir un cadre de communication entre eux44(*).

p) I.3.2. LES POPULATIONS CIVILES

Les alliés traditionnels et incontournables de la résistance populaire Maï-Maï sont, enfin de compte, les populations civiles habitant les zones d'activité Maï-Maï. Dans un entretien que M. Kabaka Masesero avait accordé au chercheur NASIBU, le Chef de cité RCD/Goma de Sange dans la plaine de la Ruzizi, il lui avait affirmé que toute la population de la plaine de la Ruzizi avait soutenu l'effort de guerre des Maï-Maï de Rugeje, Busumu, Kahungwe, Rukobero, Kazimwe, dans les Moyens Plateaux de la chaîne des Mitumba surplombant la Plaine de la Ruzizi.

Pour leur part, des hommes d'affaires et des opérateurs économiques payaient régulièrement une sorte d'impôt aux Maï-Maï. « C'était plus par conviction personnelle et par sentiment patriotique que nous le faisions. Ces enfants ont sauvé le pays et nous ont protégés »45(*).

En 2017, les groupes armés émergeant en Territoire de Fizi ont été soutenu financièrement et en munition par le Président de la République pour la finalité de perturber la situation sécuritaire afin qu'il reste toujours au pouvoir nous dit un des combattants de YAKUTUMBA qui cache son identité :

« C'est tout le monde qui est stupéfait de voir les munitions, tenues et argent que nous recevons, après les guerres elles nous arrivent jours et nuits, et cela pour que nous poussions de très loin les soldats des FARDC qui dans la plupart de combats, meurent à grand nombre. Nous n'avons pas de plus grands financiers comme certaines autorités politico-administratives et particulièrement le Chef de l'Etat de notre pays qui cherche toujours à sauvegarder son pouvoir »46(*).

q) I.3.3. LES ETRANGERS

Les groupes armés du Territoire de Fizi sont aussi appuyés par les Burundais et les Tanzaniens qui, à l'époque, vivaient en franche collaboration avec L.D. Kabila pendant son maquis de Hewa Bora. C'est pour quoi ils ne cessent de venir en aide aux Maï-Maï en cas de besoin47(*).

r) I.3.4. LEURS VOIES ET MOYENS D'APPROVISIONNEMENT EN ARMES

Depuis 1996, le plus important trafic d'armes vers les Maï-Maï a été observé dans le Sud-Kivu et, principalement, dans le Fizi et Uvira où les Maï-Maï ont été plus actifs qu'ailleurs. Ceux-ci ont emprunté et développé, au cours de ces dernières années, plusieurs voies et moyens d'approvisionnement en armes.

Lors de la résurgence du mouvement, au début de la campagne militaire de l'AFDL, alors qu'ils agissaient en groupuscules indépendants et peu coordonnés, les Maï-Maï dépendaient entièrement de la population qui leur fournissait des armes, du petit bétail et de l'argent.

Cela leur permettait de se procurer des armes auprès des Interahamweet des rebelles burundais du CNDD de Léonard Nyangoma qui étaient éparpillés dans la région à l'issue du démantèlement par l'APR des camps de réfugiés où ils vivaient confondus avec des populations civiles. L'échange se faisait sous forme de troc (arme contre chèvre ou poulets) ou sous forme d'achat avec argent liquide.

Plus le conflit s'enlisait, plus les groupuscules Maï-Maï proliféraient, leurs effectifs grossissaient, mais moins la population civile, déjà appauvrie par la guerre, ne pouvait supporter et s'acquitter correctement de cet « effort de guerre ».

Les Maï-Maï étaient alors obligés de rançonner la population. Ils organisaient des descentes dans des villages où ils pillaient des vaches, des chèvres, des vivres et même des objets ménagers.

L'objectif global de la formation des mouvements Maï-Maï n'était que la protection de l'intégrité territoriale de leurs espaces traditionnels contre les envahisseurs ethniques à l'intérieur du pays d'une part et l'arrivée des groupes armés étrangers qui était liée à des facteurs politiques, économiques et tribaux , ont poussé le Territoire de Fizi à devenir le cache armes de troupes d'auto-défense ethnique. Et cela a favorisé des troubles militaires qui ont occasionné les déplacements internes et externes et des voyages clandestins des populations de Fizi vers la Tanzanie, le Burundi, l'Ouganda et vers la Zambie.

CHAPITRE DEUXIEMEME : DE LA RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI

Section 1. Répartition des enquêtés

Tableau n° 1. Répartition des enquêtés selon l'âge

Tranche d'âge

Fréquences

%

01

20-24 ans

42

27,27

02

25-29

56

36,36

03

30-34

10

6,46

04

35-39

28

18,18

05

40 et plus

18

11,68

Total

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : partant des données ci-haut dans le tableau, sur 154 personnes enquêtées dont l'âge varie de 20 à 40 et plus, 27,27% ont l'âge qui varie entre 20 et 24ans, 36,36% ont l'âge qui varie entre 25 et 29ans, 6,46% ont l'âge variant entre 30 et 34 ans, 18,18 ont l'âge qui varie entre 35 et 39 ans, et 11,68 ont l'âge qui varie entre 40ans et plus.

Tableau n° 2. Répartition des enquête selon l'Etat civil

Etat civil

Effectif

%

01

Mariés

94

61,03

02

Célibataires

60

38,96

Total

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : il ressort de ce tableau que 94 enquêtés soient 61,03% étaient des mariés et 60 des enquêtés soient 38,96% sont des célibataires et nous pouvons constater que les mariés sont plus nombreux que les célibataires au sein de notre échantillon.

Tableau n° 3. Répartition des enquêtés selon le sexe

Sexe

Effectif

%

01

Féminin

52

33,76

02

Masculin

102

66,23

Total

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : Il ressort de ce tableau que 52 personnes de nos enquêtées sont du sexe féminin soient 33,76% de l'effectif de 154 et 102 personnes de nos enquêtées sont de personnes du sexe masculin soient 66,23%

Tableau n°4. Réparation des enquêtés selon leur profession

Profession

Effectif

%

01

Cultivateurs

67

43,50

02

Autres

87

56,49

Total

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : Il ressort de ce tableau que 67 personnes étaient des cultivateurs soient 43,50% et 87 étaient issues des professions autres que des cultivateurs soient 56,49%. Ainsi, cet écart est dû au fait que cette populationenquetée de Fizi est majoritairement constituée des jeunes. La population jeune préfère les travaux journaliers qui payent spontanément les travaux comme les briqueteries, creusage des minerais, les petits commercespêche artisanale, etc.

SECTION 2. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

Ce point présente les différentes variables qui caractérisent les enquêtés en vue de mieux interpréter les réponses données lors de la descente sur les terrains.

s) II.2.1 LA CRISE DE L'AUTORITE DE L'ETAT EN TERRITOIRE DE FIZI

Tableau n° 5. Relatif aux réponses sur la crise de non restauration de l'autorité de l'Etat

Question

Réponses recueillies

EFFECTIFS

%

Pouvez-vous admettre qu'il y a crise de non restauration de l'autorité de l'Etat en Territoire de Fizi ?

Elle est due à l'autorité de l'Etat

40

25,27

Causés par des groupes armés

94

61,03

Collaboration entre les groupes rebelles et les Forces en places

20

12,98

Total

 

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : Pour cette question, l'ensemble des enquêtés confirme qu'il y a réellement une crise de l'autorité de l'Etat en Territoire de Fizi dont :

40 personnes soient 25,97% sur 154 personnes affirment que le gouvernement de la RDC avait mal géré les réfugiés lors de leur accueil en RDC.

Le gouvernement de la RDC devrait d'abord procéder au désarmement au niveau de la frontière avec le Rwanda et les cantonner dans les camps des réfugiés pour qu'ils puissent bénéficier de l'aide de la communauté internationale, haut-commissariat pour le réfugiés, 94 personnes soient 61,03% ont soulevé les problèmes des groupes armés qui sont à la base de la crise de l'autorité de l'Etat à Fizi, notamment les Maï-Maï Yakutumba, Bwasakala, le Ngumino dans les hauts plateaux de Fizi et la présence des certains FDLR qui avaient échappés au désarmement et que ces derniers doivent respecter leurs statuts de réfugiés en RDC et laisser le gouvernement congolais faire son travail. Les Yakutumba doivent respecter la démocratie qui donne la liberté à tous les citoyens de passer aux élections pour occuper des postes de grande envergure et laisser à l'Etat de contrôler son espace national.

Enfin, 20 personnes soient 12,98% ont soulevé le problème de collaboration des groupes armés avec les services de l'Etat dans le sens de tracasser se propres citoyens, plutôt que de le protéger contre ces derniers qui viennent déstabiliser son pouvoir et son autorité à Fizi et l'Etat doit faire attention avec une population qui se dit libératrice d'elle-même alors que la mission des FARDC est claire au sujet de la protection de l'intégrité territoriale.

t) II.2.2 CONSEQUENCES DE NON RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETA A FIZI

Tableau n°6. Relatif aux réponses sur les conséquences du non restauration de l'autorité de l'Etat

Question

Réponses recueillies

Effectif

%

Pouvez-vous affirmer que la non restauration de l'autorité de l'Etat à des conséquences sur le plan socioculturel, administratif, politico-sécuritaire en Territoire de Fizi ?

Les contrôles de certaines entités par les groupes armés dont les Yakutumba, les Bwasakala, Ngumino

65

42,20

Le non déplacement de l'autorité dans son entité

40

25,97

La dégradation des moeurs et les meurtres

26

16,68

Pillages systématiques des vaches surtout dans la forêt de NgandjaBilima et des certains commerçants, abandon de champs et l'élevage

23

14,93

Total

 

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : Pour cette question bon nombre des enquêtés confirme que la non restauration de l'autorité de l'Etat à Fizi présente les conséquences sur tous les plans, mais nous nous sommes intéressés à leurs justifications face à leurs affirmation, dont 65 Personnes soient 42,20% ont soulignés que les groupes armés surtout, celui de YAKUTUMBA, crée l'insécurité en Territoire de Fizi. Moyennant les rançons ou les visites armées qui se passent dans tous les villages, les incendies des villages, ils érigent des barrières pour rançonner les passants.

C'est à cause de cette situation que certains villages avaient été abandonnés par la population suite aux incendies enregistrés à Nemba, Kazimiya ou les populations sont devenues moins nombreuses , Egalementà Sebele, Milanga, Misisi, tous les chefs des postes ont fui leurs postes. Conséquence pas d'autorité administrative pour assurer la continuité de service public, la population était abandonnée à son triste sort, de l'inexistence de l'appareil. Toutes les activités étaient paralysées suite au déplacement incontrôlé de la population. 40 personnes soient40, 97 ont souligné que les FDLR créent l'instabilité de la population. En plus les FARDC déployée sur le terrainstendent des embuscades en se transformant en faux Maï-Maï surtout dans les tronçons qui relient Baraka-Fizi et Misisi dans la partie communément appelée dix-sept. Ils obligeaient la population de transporter leurs bagages, même les élèves qui sont en classe, les femmes enceintes étaient obligées de transporter leurs bagages et les YAKUTUMBA après avoir réussi à chasser les FDLR , ils ont à leur tour vos multipliés des exactions. Les chefs de postes d'Encadrement Administratif n'étaient pas respectés en tant que les représentants du gouvernement. Nous pouvons dire que le pouvoir de l'autorité de l'Etat était limité, 26 personnes soient 16,68% ont souligné l'incapacité de l'autorité de l'Etat de se déplacer sur son territoire et les agents Administratifs sont soumis à une double administration ou double commandement notamment par les groupes armés et par gouvernement. Pour 23 personnes soient 14,93% les groupes armés récoltaient làoù ils n'avaient pas semé car pour abattre une chèvre les groupes armés ne demandaient pas la permission aux éleveurs et leurs activités commerciales étaient sous leur contrôle comme les seuls commerçant dans les villages, car la majorité des commerçants dans leurs entités étaient commissionnaires.

u) II.2.3 LES MECANISMES DE RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETAT EN TERRITOIRE DE FIZI

Tableau n°7. Relatif aux mécanismes à prendre par l'Etat par rapport à l'absence de la restauration de l'Etat

Question

Réponses recueillies

EFFECTIFS

%

Quels sont les mécanismes que l'Etat a mis en place pour la restauration de son autorité dans cette entité Territoriale déconcentrée ?

Les opérations militaires effectuées en Territoire de Fizi par le gouvernement central constituent le premier mécanisme que l'Etat a mis en place pour la reconstruction de l'appareil étatique dans cette déconcentrée dans cette entité.

94

61,03

La sensibilisation des groupes armés locaux constituent le deuxième mécanisme que le gouvernement a mis en place pour la restauration de l'autorité de l'Etat dans ce milieu.

50

32,46

Total

 

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau:Pour cette question 94 personnes soient 61,03% ont répondu que l'Etat congolais, en tant que régulateur, ne devait pas commencer par les opérations militaires en territoires de Fizi qui est un mécanisme de la force et de déstabilisation de la population. Le gouvernement pourrait commencer par la sensibilisation des groupes armés pour attirer leur attention au peuple et établir un climat de paix et de collaboration, source de la restauration de l'autorité de l'Etat dans cette entité. Enfin, les responsables des opérations militaires « régiment » sont caractérisés par l'affairisme et la population locale est acculée par les deux forces « FARDC et les groupes armés » parce que les groupes armés menacent la population locale, les FARDC et la Monusco devraient franchir les deux espaces, mais cette ligne de démarcation de la communauté internationale dans le domaine militaire et sa neutralité ne semble plus être objective. Elle favorise la permanence des troupes non gouvernementales pour garantir sa pérennité en RDC48(*). Quand les opérations militaires sont déployées, elles libèrent beaucoup plus, les carrés miniers au détriment des villages habités par la population. La restauration de l'autorité par les opérations militaires nécessite une franche collaboration entre les forces déployées et la population civile en organisant des séances d'information et de sensibilisation de la population, tel fut le cas entre le Général DuniaLwendama qui collaborait bien avec le président Laurent Désiré Kabila. 50 personnes soit 32,46 ont soulevé le faitque la sensibilisation des groupes armés est un mécanisme de la pacification et une mesure préventive pour les groupes armés locaux avant de déployer les opérations militaires. Ces mécanismes doivent partir de la base vers le sommet, établir une consultation entre l'autorité politico-administrative et les leaders locaux qui sont les faiseurs d'opinions.

Cette consultation doit être observée dans le conseil de sécurité qui va associer la société civile et les couches des groupes armés pour convaincre sur un cessez-le feu, à quitter le foret et connaitre leurs revendications pour les étudier pauis les soumettre au gouvernement provincial qui, à son tour, va transmettre au gouvernement national qui va appliquer les mécanismes nationaux de suivi national. La sensibilisation des groupes armés par le gouvernement doit aboutir à l'ouverture de plusieurs centres de DDR en territoire de Fizi, d'où le nombre de centres doit être proportionnel au nombre d'agentsde la Monusco qui vient en appui au gouvernement en proposant quatre centres de DDR et sites de la Monusco en fonction des secteurs qui constituent le Territoire de Fizi. Ceci pourrait être un moyen de rétablir le pouvoir et l'autorité de l'Etat dans cette contrées. L'Etat congolais ne doit pas se limiter au DDR qui est un processus de sensibilisation, il doit aussi procéder par la réforme du secteur de sécurité qui englobe les institutions chargées de protéger l'Etat et ses citoyens contre les actes de violences de toutes sortes.

v) II.2.4 LES DIFFERENTES OPINIONS DE NOS ENQUETES

Il sied de signaler que, l'opinion est l'ensemble des idées partagées par un groupe social sur un fait donné. C'est un ainsi qu'une position sociale et /ou intellectuel d'un individu sur un problème circonstanciel qui se démarque d'une attitude.

Tableau n°8. Les opinions de la population sur la non restauration de l'autorité de l'Etat

Opinions de la population

EFFECTIFS

%

01

Insécurité grandissante à travers tout le Territoire

40

25,97

02

La pauvreté généralisée

65

42,20

03

Le crime contre l'humanité

26

16,88

04

Violence sexuelle

23

14,93

Total

154

100

Source : Notre enquête

Interprétation du tableau : Ce tableaupresente les opinions de nos enquêtés sur l'absence de l'autorité de l'Etat dans le Territoire de Fizi. Ainsi, sur 154 personnes enquêtées, 40 enquêtés, soit 25.97% ont estimé que l'absence de l'autorité de l'Etat est à la base de l'insécurité grandissante à travers tout Territoire car les groupes armés y entrent en pillant les biens des civils et même en tuant des personnes ; 65 enquêtés, soit 42.20% nous ont fait connaitre que l'absence de l'autorité de l'Etat est à l'origine de la pauvreté généralisée car, selon eux, les différents troubles occasionnés par des groupes armés à Fizi ne permettent pas aux habitants de travailler, de vaquer à ou leurs activités quotidiennes. La conséquence observable est la faible production dans plusieurs familles, ce qui occasionne la pauvreté. 26 personnes soient 16,88% ont affirmé que la criminalité est d'origine rwandaise et selon eux l'histoire témoigne que ces groupes rwandais FDLR y compris les Ngumino ont des agendas cachés pour servir les intérêts des certaines personnes vivant au pays ou en dehors du pays mais qui ne veulent pas faire valoir directement lacause,celles-ci est inavouées mais eux-mêmes en connaissant le tenant et l'aboutissement. Le mobile de ces atrocités par ces groupes armés était une sonnette d'alarme signalant qu'ils existent activement et réelement sur le terrain afin que leurs bailleurs et ou commanditaires aient des argument à balancer sur la scène nationale et internationale, ce qui leur permettrait de faire accepter leur cahier des charges. 23 Personnes soient 14,93% ont répondu presquede la même façon. En effet, les atrocités commises par les groupes armés, la grande part de ces atrocités est attribuée aux combattants Ngumino qui sont les planificateurs des toutes ces mauvaises pratiques dont le peuple est victime notamment, viols, tueries, pillages, destruction et incendies des maisons.

Ce chapitre s'occupera aussi des actions des FARDC en territoire de Fizi, de la faillite de l'Etat dans le territoire de Fizi et les stratégies de la mise en oeuvre pour le rétablir de l'autorité de l'Etat dans le milieu.

SECTION III. LES CAUSES DE L'ABSENCE DE L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI

Dans ce Territoire l'autorité de l'Etat est quasi inexistante. Dans ces entités, l'inexistence de l'autorité de l'Etat est liée à l'émergence des mouvements Maï-Maï et leurs retombées d'une part, et la faiblesse de l'Etat congolais qui n'est pas en mesure d'asseoir son autorité non seulement à Ngandja et Tanganyika mais également dans tout le Territoire de Fizi d'autres part.

Il nous parait très nécessaire de signaler ici dans le cadre de cette section que, et dans le Secteur de Ngandja et celui de Tanganyika, tous les groupes armés s'étaient coalisés pour bien mener leur lutte de course au pouvoir. C'est ainsi qu'ils formèrent la CNPSC pour la cause qu'est celle de chasser le régime Kabila. Voilà raison pour laquelle nous nous focalisons sur un groupe armé : « ALLELUIA » conduit par W. AMURI Yakutumba »

II .3.1 LES ACTIONS DES FARDC DANS LE TERRITOIRE DE FIZI

Les Secteurs de Ngandja et celui de Tanganyika sont à moitié contrôlés par les forces armées regulières et l'autre partie est sous occupation des forces rebelles négatives qui s'étaient formées en coalition. Les forces regulière ont difficile à atteindre l'espace occupé par les rebelles, ce qui explique l'insécurité à Ngandja et à Tanganyika. La circulation reste un sérieux problème car la population a du mal à faire le déplacement et même les humanitaires ont du mal à faire le flux dans le Territoire de Fizi en général. L'existence des rebelles à Ngandja reste la question principale de la population de ce Secteur qui ne comprend pas comment les Maï-Maï opèrent-ils en présence de l'armée régulière ? Monsieur TABWE SUNGULA trouve que les FARDC et surtout le pouvoir politique semble avoir des relations avec ces gens étant donné qu'ils continuent à exister et font des dégâts en vies humaines sous les yeux des autorités et officiers de l'Etat sans la réaction de ce dernier.49(*)

Ainsi comparativement au groupe Maï-Maï les FARDC à Ngandja ont une logistique régulièrement approvisionnée en tout. Il Ya l'armement extrêmement lourd, mais quasi inopérant, des véhicules aidant au déplacement des militaires, le personnel tant politique que militaire largement qualifié malgré la déception aux congolais où le mode de recrutement est volontaire et leurs stratégies de formation militaires sont proches à celles de Maï-Maï.

w) II.3.2 LA FAILLITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI

Les éléments qui sont à la base de la faillite de l'Etat dans le Territoire de Fizi sont :

ü Mauvaise gouvernance

ü Insécurité dans le Territoire de Fizi

ü Violation des droits humains

ü Inflation de la monnaie.

Tel que indiqué plus haut dans le Territoire de Fizi, en effet, certains villages dans cette entité sont sous contrôles des groupes armés.

Selon RAYMOND ATUGWA ; deux raisons majeures peuvent expliquer l'existence des rebelles Maï-Maï dans ce milieu:

Sur le plan foncier ; c'est un mouvement sans lequel la terre des Fizi serait déjà en partie ou en totalité occupée par les étrangers. Sur le plan sécuritaire ; ce mouvement joue un rôle assez important dans plusieurs villages de Ngandja et Tanganyika ou l'Etat est quasi inexistant dans la mesure ou on assiste du jour au lendemain au banditisme provoqué par les Banyamulenge ayant les vaches en mission de pâturage (transhumances) et détenant des armes à feu50(*).

Pour sa part AIZURU AMISI habitant du Sebele affirme que le territoire de Fizi est plus protégé par les éléments rebelles et déclare par la suite que le secteur n'a pas besoin de la restauration de l'autorité de l'Etat ; car tout ce qui serait réalisé par lui est fait par les Maï-Maï et donc il ya au sein de ce mouvement toute une structure organisationnelle.

LUMONA Kiza lance un appel vibrant, aux investisseurs étrangers de visiter le territoire de Fizi en général afin de voir de leurs propres yeux si l'insécurité imputée par les autres à Fizi est réellement observée ou non en disant « les investisseurs étrangers nous vous appelons et vous accueillerons à bras ouverts à Fizi la terre d'investissement où règne la paix et le nouveau concept de développement pratique qui estl'oeuvre du Maï-Maï Yakutumba »51(*).

Dans ses études sur les phénomènes Maï-Maï Yakutumba, les FARDC et leurs conséquences à Fizi KAHAMBA héros a trouvé que ce groupe rebelle, est un mouvement d'autodéfense populaire dont l'objectif est de défendre l'intégrité et la souveraineté du territoire menacé par les groupes étrangers52(*). Il a été créé pour réussir la ou les FARDC ont échoué.

SIMONTambwe pour lui ne voit pas la nécessité des rebelles à Fizi, car on reconnait la valeur d'une chose quand on en a besoin, or on n'a pas besoin des groupes armés là où il y a les FARDC. Après avoir observé que la guerre est un phénomène social dont les répercutions se manifestent dans tous les aspects de la vie ; il souligne que le bilan des guerres ou affrontements entre le rebelles et les FARDC à Ngandja crée un déséquilibre, il ya plus des maux que des biens et que les dirigeants rebelles ne cherchent que des intérêts purement privés53(*).

En égard à ce qui précède nous trouvons que le secteur sous étude est contrôlé en grande partie par de Maï-Maï Alléluia et que l'autorité de l'Etat a quasiment disparue dans beaucoup des villages, A ce niveau comme les missions régulières de l'Etat sont assurées par le mouvement rebelle via ses institutions et pas non plus par le responsable ; il ya lieu de mettre en cause la théorie de Max Weber selon laquelle les missions régulières de l'Etat doivent être exclusivement assurées par seul l'Etat, ce qui n'est pas le cas à Fizi.

SECTION IV. LES STRATEGIES A METTRE EN OEUVRE POUR RETABLIR L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZISECTION

L'Etat congolais a en dépit de toutes les manoeuvres posées par les groupes de rébellion en Territoire de Fizi, tenté plusieurs fois de faire sentir à la population qu'il était à même par son pouvoir coercitif et/ou régalien, de contrôler toute l'étendue du territoire national surtout les zones où oeuvrent les différentes forces rebelles.

x) II.4.1 ORGANISATION DU DIALOGUE ENTRE GOUVERNEMENT ET GROUPES ARMES

L'un des moyens les plus rapides pour l'établissement d'un climat de paix et de l'autorité de l'Etat serait sans doute, le dialogue. Le gouvernement de la RDC devrait penser à rassembler tous les éléments semant les troubles et la désolation cause de non établissement de son autorités et leur demander au fond quelles sont les causes et/ou origines de leur existence à Ngandja d'abord, les conséquences en suite et en fin leur recommandation au gouvernement pour qu'ils arrivent à sortir de la forêt, cela serait une méthode trop simple.

y) II.4.2 APPLICATION DU PROGRAMME DU DRRR ET PROCESSUS DE DDR DE LA MONUSCO

Pour asseoir son autorité partout à travers le pays et même dans les milieux ruraux, le pouvoir de Kinshasa devrait imposer à la Monusco de faire en sorte de réussir leurs missions tel qu'assignées dans ses différents programmes précités ci-haut. L'est de la RDC compte a lui-même 62 groupes rebelles pendant que la Monusco existe avec son programme. Il est vrai que dans plusieurs villages de la RDC existent les milices et ces derniers font que les autorités officiellement reconnus forment et refusent de s'installer dans le même endroit qu'eux.

z) II.4. 3 CONSCIENTISATION ET EFFORT POPULAIRE

Nous disons pour cette occasion à toute la population du Territoire de Fizi qu'à partir de nos observations il s'avère que sont nombreux les gens qui gardent, hébergent les rebelles dans leurs maisons. En cela nous lançons un appel plus vibrant de revenir à la raison et vivre avec le FARDC comme des forces régulières voir dénoncer le cas où un Maï-Maï entre clandestinement au village pour troubler l'ordre public.

Les chefs coutumiers en fin doivent multiplier des rencontres avec les populations locales leurs montrer l'importance de l'existence de l'autorité de l'Etat et leurs interdisant d'accepter toute sorte de manipulation venant de rebelles.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce travail, il importe de souligner qu'il est consacré à l'étude de groupes armés et mobilisation politique à Fizi en tant qu'un phénomène social. Le choix des Secteurs de Ngandja et de Tanganyika comme champ d'étude tient dans la mesure où ils sont des systèmes sociaux autonomes et intégrés aux systèmes tant provinciaux que nationaux et cela engendre ainsi des situations conflictuelles entre l'armée régulière et la population d'une part et entre les groupes armés et les FARDC d'autre part.

Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail a gravité autour de deux chapitres dont le premier porte sur la manipulation des groupes armés et le second chapitre traite de la restauration de l'autorité de l'Etat dans le Territoire de Fizi, aperçu sur les Secteurs de Gandja et de Tanganyika.

Nos hypothèses ont été formulées à partir des questions que nous nous sommes posées dans l'introduction de ce travail, et elles sont libellées de la façon dont voici :

Ø Comment les groupes armés sont-ils manipulés en Territoire de Fizi par les autorités politiques?

à Quels sont les mécanismes de la restauration de l'autorité de l'Etat en Territoire de Fizi?

A ces deux questions, nous avons émis des hypothèses selon lesquelles :

Ø La manipulation politicienne des groupes armés en Territoire de Fizi serait dueau dialogue entre gouvernement et Maï-Maï ; à l'application du programme du DDRRR et processus de DDRRR de la Monusco et à la conscientisation et effort populaire.

à Les mécanismes de restauration de l'autorité de l'Etat serait  la réforme de l'appareil répressif (la Police Nationale Congolaise, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et l'Administration), sensibilisation des groupes armés au respect des droits de l'homme et la collaboration entre la population et les autorités militaires.

La méthode qui nous a guidé à bien appréhender les faits pendant notre recherche c'est le fonctionnalisme-relativisé de Robert King Merton au travers ses quatre postulats dont :

Les fonctions manifestes qui nous ont permis de comprendre quelques éléments attendus des autorités politiques locales, provinciales, nationales en Territoire de Fizi, pour le bon fonctionnement du système de sécurité en République Démocratique du Congo.

Les fonctions latentes qui à leur tour nous ont permis à bien comprendre les éléments non voulus dans le système politique congolais en général suite aux conflits qui font que nous observions du jour au jour plusieurs cas des affrontements entre les Forces armés de la RDC et les groupes armés en Territoire de Fizi.

Les équivalents fonctionnels qui nous ont aidé à comprendre comment certains éléments du système ont produit des conséquences diverses liées à la sécurité, à l'économie et à la vie sociopolitique en Territoire de Fizi.

Pour en finir, cette étude a aboutie aux résultats susceptibles d'ouvrir aux recherches ultérieures sous forme des hypothèses sur la manipulation des groupes armés. Sans toutefois penser à l'exhaustivité du présent travail, nous laissons les portes ouvertes à tous les autres chercheurs désireux de mener leur étude dans ce même angle d'idées pour soit nous compléter, soit alors nous corriger là où nous n'avons pas été très perspicace et méticuleux.

BIBLIOGRAPHIE

I. OUVRAGES

1. BOUDON R et al, Dictionnaire de la sociologie, Paris, Armand, colin, 1969

2. GRAWITZ M, Les méthodes des sciences sociales, IIème éd. Paris, Dalloz, 2001.

3. KAIMANA TSHIBENGABO, RDC, La défense nationale, Paris, l'harmattan, 2004.

4. NASIBU BILALI C., Qui arme les Maï-Maï ?, Bruxelles, GRIP, 2004.

5. NICOLE B, Les techniques d'enquêtes, méthodes et exercices corrigés, Paris, Ed. Armand Colin, Série TD, 1998.

6. ROCHER G., Introduction à la sociologie ; organisation sociale, Paris, HMN, 1978

7. ROMKEM H., opportunité et contraintes relatives au désarmement et au rapatriement des groupes armés étrangers en RDC, cas de FDLR, FNL, ADF NALU, Washington DC, 2007.

8. SREARNS et al « Résistance et racket à Fizi, Sud-Kivu, cas les Maï-Maï Yakutumba » Usalama, IVR, Royaume-Uni, 2003.

9. BOUDON R, Les méthodes en société, Paris, PUF, 1961.

10. VERHAEGEN B, Méthodes et techniques de recherche en sciences sociales, analyses sociales, Kinshasa vol n°2, 1986.

II. TRAVAUX SCIENTIFIQUES ET COURS

1. BASIMINE J, Notes de cours de Méthodes de recherche en Sciences Sociales, G2 SPA /UOB 2013-2014.

2. MUDIMBI KAPILU J., cité par O. YAMONEA KAMENGELE, De l'émergence des structures de soutien personnel au sein des partis politiques au Sud-Kivu. Cas des CNPD et FONDALMU en territoire de Fizi, UOB, FSSPA, Mémoire Inédit, SPO. 2016-2017

3. MUDIMBI KAPILU J., Notes de cours de Méthodologie et Epistémologie de Science Politique, L2 SPO/UOB 2016-2017.

4. LAFARGUE J., Mobilisations collectives, démocratisation et système des exemples de kenyan et zambien, thèse de doctorat en science politique, faculté de droit, D'économie et de Gestion, université de Pau et des pays de l'Adour, 1996.

5. LEMBA M., la problématique de sécurisation de la population et du développement du territoire de Shabunda de 2006-2011, TFC inédit, USK-Bukavu, 2011-2012.

6. KAGANDA MULUME-ODERWA P., Mouvement de de résistance et culture politique au Sud-Kivu, mise en évidence des fondements idéologiques et des actions revendicatrices, Mémoire de DES en sociologie, FSSPA/UOB, 2009.

III. RAPPORTS ET REVUES

1. Discours de Yakutumba prononcé à Fizi, le 26 septembre 2018.

2. BAWILI LUKELE T., Groupes armés et problématique de développement du territoire de FIZI (RDC) Cahier du CERUKI, Nouvelle série, éd. Ceruki, 2017.

3. STEARNS J et al, Comprendre les groupes armés congolais in Les Maï-Maï YAKUTUMBA résistance et racket au Fizi, Sud-Kivu, rapport de l'Institut de la vallée du rift, Londres, 2013.

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE

REMERCIEMENT iii

SIGLES ET ABREVIATIONS v

IN MEMORIAM vi

INTRODUCTION - 1 -

1. CHOIX ET INTERET DE L'ETUDE - 1 -

2. ETAT DE LA QUESTION - 2 -

3. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES - 5 -

a) PROBLEMATIQUE - 5 -

b) HYPOTHESES DU TRAVAIL - 7 -

4. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL - 8 -

a) Méthodes - 8 -

b) TECHNIQUES - 9 -

c) THEORIES - 10 -

d) LES CONCEPTS - 13 -

5. LA DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE - 15 -

6. BREF HISTORIQUE - 16 -

7. SUBDIVISION ADMINISTRATIVE - 16 -

8. SUBDIVISION DU TRAVAIL - 17 -

9. DIFFICULTES RENCONTREES - 18 -

CHAPITRE PREMIER : DE LA MANUPILATION DES GROUPES ARMES - 19 -

SECTION 1. FONCTIONNEMENT DES GROUPES ARMES - 19 -

SECTION 2. CAUSES D'EMERGENCES ET CONSEQUENCES DES GROUPES ARMES SUR LE DEVELOPPEMENT DE FIZI - 23 -

I.2.1 LES CAUSES DE L'EMERGENCE DES GROUPES ARMES - 23 -

SECTION 3. LES ACTEURS DE LA MANIPULATION DES GROUPES ARMES A FIZI - 29 -

CHAPITRE DEUXIEMEME : DE LA RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI - 33 -

Section 1. Répartition des enquêtés - 33 -

SECTION 2. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS - 35 -

II.2.1 LA CRISE DE L'AUTORITE DE L'ETAT EN TERRITOIRE DE FIZI - 35 -

II.2.2 CONSEQUENCES DE NON RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETA A FIZI - 36 -

II.2.3 LES MECANISMES DE RESTAURATION DE L'AUTORITE DE L'ETAT EN TERRITOIRE DE FIZI - 37 -

II.2.4 LES DIFFERENTES OPINIONS DE NOS ENQUETES - 39 -

SECTION III. LES CAUSES DE L'ABSENCE DE L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI - 40 -

II .3.1 LES ACTIONS DES FARDC DANS LE TERRITOIRE DE FIZI - 40 -

II.3.2 LA FAILLITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZI - 41 -

SECTION IV. LES STRATEGIES A METTRE EN OEUVRE POUR RETABLIR L'AUTORITE DE L'ETAT DANS LE TERRITOIRE DE FIZISECTION - 43 -

II.4.1 ORGANISATION DU DIALOGUE ENTRE GOUVERNEMENT ET GROUPES ARMES - 43 -

II.4.2 APPLICATION DU PROGRAMME DU DRRR ET PROCESSUS DE DDR DE LA MONUSCO - 43 -

II.4. 3 CONSCIENTISATION ET EFFORT POPULAIRE - 43 -

CONCLUSION GENERALE - 45 -

BIBLIOGRAPHIE - 47 -

TABLE DES MATIERES - 49 -

* 1 Lévy LEBOYER cité par Nicole BERTHIER, Les techniques d'enquêtes, méthodes et exercices corrigés, Paris, Ed. Armand Colin, Série TD, 1998, p.48.

* 2J. LAFARGUE, collectives, démocratisation et système et système des exemples de kenyan et zambien, thèse de doctorat en science politique, faculté de droit, D'économie et de Gestion, université de Pau et des pays de l'Adour, 1996, p.11

* 3 Georges BERGHEZAN, Groupes armés actifs en RDC : Situation dans le Grand Kivu au 2ème semestre 2013, Rapport du GRIP, 2013.

* 4 International Council on Human Right, les fins et les moyens : agir pour les droits de l'homme auprès des groupes armés, in « Conseil International pour l'étude des droits de l'homme », 2000, p.15.

* 5 J. SREARNS et Alli« Résistance et racket au Fizi, Sud-Kivu, cas les Maï-Maï Yakutumba » usa lama, IVR, Royaume-Uni, 2003, p24-26.

* 6 J.B MASEMO KASANZA, Les conflits armés comme facteurs de désétatisation en RDC de 1896-2003, Mémoire, inédit, SPA, CUB, 2003.

* 7 KAIMANA TSHIBENGABO, RDC, La défense nationale, Paris, Harmattan, 2004, pp. 104-115.

* 8P. KAGANDA MULUME-ODERWA, Mouvement de résistance et culture politique au Sud-Kivu, mise en évidence des fondements idéologiques et des actions revendicatrices, Mémoire de DES en sociologie, FSSPA/UOB, 2009.

* 9 T. BAWILI LUKELE, Groupes armés et problématique de développement du territoire de FIZI (RDC) Cahier du CERUKI, Nouvelle série, éd. Ceruki, 2017, P.71.

* 10 C. NASIBU BILALI, Qui arme les Maï-Maï ? Enquête sur une situation originale, Bruxelles, GRIP, 2005, pp. 5 et 25.

* 11 L. AVRY, Analyser les conflits territoriaux par les représentations spatiales : une méthode cognitive par carte, thèse de l'Université de Haute-Bretagne, Renes2

* 12R. PINTO et M. GRAWITZ, Méthode de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001, P.138.

* 13B. VERHAEGEN, La rébellion au Congo, É, ÉÉ, Bruxelles, CRIPS, 1965, P.75.

* 14R. BOUDON, les méthodes en société, Paris, PUF, 1961, P.13.

* 15K. KIMBU cité par G. BASIMINE, Cours de méthodes de recherche en sciences sociales, U.O.B, G2 SPA, Inédit, 2015-2016 , P.35.

* 16 A. Touraine « Les conflits sociaux », in Encyclopédie Universalis, Paris, 1988, p.301.

* 17A. FERGUSON, Essaie sur l'histoire de la société civile. Trad. De C. Gautier, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p.380

* 18 J. FREUD, Sociologie des conflits, Paris, PUF, 1933, p.65.

* 19 Lewis A. COSER, The functions of social conflict, fee press of Glencoe, London, 1956, pp.22-23.G.

* 20 G. ROCHER, Sociologie. Tome 2 : Le changement social, Ed. Du Seuil, Paris, 1968, p.29.

* 21J. STEARNS, J. VERWEIJEN, M. ERIKSSON, Armée nationale et groupes armés dans l'Est du Congo : Trancher le noeud gordien de l'insécurité, RVI Projet Usalama, 2014, p.14.

* 22 International Council on Human Right,les fins et les moyens, agir pour les droits de l'homme auprès des groupes armés, in ICHR, juin 2014, p.14.

* 23 Le Petit Larousse illustré, version 2000, page 659.

* 24 GRANDCHAMP, HARRIS ET POITRAS, Les processus de mobilisation d'une communauté locale : des initiatives de communauté visant l'amélioration de la qualité de vie, Centraide du Grand Montréal, Février 2003

* 25 Ibid.

* 26Prelot, P.100.

* 27 BONFILS- MABILON B., ETIENNE B., op.cit., P.19.

* 28 DEBBACSH ch., PONTIER J.M., introduction à la politique, Dalloz, Paris, P.2. « La cité est un ensemble des relations organisés entre les personnes disposant d'un certain statut », P.3.

* 29 G. Burdeau estime que le politique « investie un certain arrangement ordonné de donnés matérielles d'une collectivité et des éléments spirituels qui constituent sa culture ». Il résume encore plus le concept : « Le politique est l'expression de l'être du groupe ». cf. la politique au pays des merveilles, cité par DEBBACSH ch., PONTIER J.M, introduction à la politique, idem, P.18.

* 30 BONFILS- MABILON B., ETIENNE B., la science politique est-elle une science ? Collection « Dominos », Flammarion, Paris, 1998, P.18.

* 31 BONFILS- MABILON B., ETIENNE B., op.cit. P18.

* 32 BONFILS- MABILON B., ETIENNE B., op.cit., P.19.

* 33 C. NasibuBilali, Qui arme les Maï-Maï ?, Bruxelles, GRIP, 2004, p.9.

* 34 C. NasibuBilali, op. cit. p.10.

* 35 T. Bawili, Op.cit, P.74

* 36T.Bawiliop cit. p.74.

* 37 T. Bawili, Op. Cit. p.71.

* 38 Discours du 26 septembre 2017 prononcé par Secrétaire exécutif de la CNPSC, William Amuri YAKUTUMBA

* 39 Discours de Yakutumba prononcé à Apa na pale, le 26 septembre 2018

* 40 T. Bawili, Op. Cit. p.75.

* 41 SPINOZA cité par T. Bawili, Op.cit. p.76.

* 42 C. NasibuBilali, Op. Cit. p.15.

* 43Idem, p. 16.

* 44 C. NasibuBilali, Op.cit., p. 17.

* 45 Déclaration d'un commerçant originaire d'Uvira qui réside à Bukavu et qui a requis l'anonymat.

* 46 Entretien réalisé avec un combattant du groupe armé alléluia, à SEBELE le 29 avril. 2019 à 17h.

* 47 Entretien réalisé avec, le Général DUNIA LWENDAMA le 10/02/2019 à sa résidence à Bukavu, vers 11h.

* 48 LEMBA MOKE, la problématique de sécurisation de la population et du développement du territoire de Shabunda de 2006-2011, TFC inédit, USK-Bukavu, 2011-2012, p.18.

* 49 Entretien réalisé par TabweSungula à Lubondja ; le 05.04.2019 à 12h

* 50 Entretien réalisé par Raymond Atungwa à Kikonde ; le 06.04.2019 à 12h

* 51Entretien réalisé par LomonaKiza à Fizi centre le 10 .05.2019 à 12h

* 52 Entretien réalisé par Kahamba Héros interview à Misisi le 11.04.2019 à 16h

* 53 Entretien réalisé par Simon Tabwe à Lulimba le 18.01.2019 à 14h






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