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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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III- Les critiques à l'encontre de la libéralisation financière

Les exposés théoriques de Mc kinnon et Shaw ont été attaqués et désapprouvés quelques années après par différentes écoles de pensée macro-économiques. Ces critiques avaient toutes pour finalité de démontrer le caractère dangereux de la libéralisation financière, et pour certaines, de souligner l'utilité de la répression financière. Les post keynésiens mettent en avant le rôle de la demande effective (A), les néo structuralistes soulignent l'importance du système financier dualiste dans la structure financière des pays en développement, dualisme financier qui est une caractéristique propre à ces pays (B), et les nouveaux keynésiens brandissent les imperfections du marché et le rôle de l'Etat dans la régulation de celles-ci (C).

A- De la demande effective chez les postkeynésiens à une vision alternative destaux d'intérêt

Pour les postkeynésiens la libéralisation financière a des effets déformants sur la croissance économique. La critique s'appuie sur la notion de demande effective. Burckett et Dutt (1991) rappellent que l'investissement n'est pas une fonction du taux d'intérêt sur les dépôts, mais dépend plutôt de la demande effective, la demande anticipée des entreprises. En effet les entreprises adaptent leur production en fonction de la demande des ménages qu'elles anticipent. Lorsque le niveau de la demande augmente, elles accroissent également leurs capacités productives pour satisfaire ce niveau de la demande. La demande des ménages est positivement liée à leur consommation. Or une augmentation des taux d'intérêt créditeurs incite les ménages à épargner, réduisant ainsi leur consommation, puisque l'effet substitution l'emporte sur l'effet revenu. En d'autres termes, si la rémunération de l'épargne est assez importante, elle incite les ménages à reporter une partie de leur consommation au profit d'une augmentation de leur épargne. La diminution de la consommation des ménages et donc de la demande entraine également la diminution de la production des entreprises, et de l'investissement. Ce qui ralentit la croissance économique.

L'ensemble de la théorie de la libéralisation financière suppose une relation croissante entre taux d'intérêt réel et épargne. Cette dernière croît lorsque le taux d'intérêt augmente provoquant cependant et un effet de substitution et un effet de revenu. L'effet de substitution encourage l'épargne en rendant la consommation courante onéreuse, et l'effet de revenu décourage l'incitation à investir suite à la hausse du taux d'intérêt réel. Ainsi affirmer que la hausse des taux d'intérêt augmente automatiquement l'épargne c'est ne prendre en compte que l'effet de substitution qui implique, en effet, un accroissement de l'épargne lorsque sa rémunération s'accroît. Pourtant, il faut y ajouter un effet revenu qui, au contraire du précédent, implique une relation décroissante entre épargne et taux d'intérêt réel. Au total, l'effet est donc ambigu, sauf à supposer, comme le fait Mc Kinnon, que l'épargne est initialement tellement faible dans les pays en voie de développement que l'augmentation de sa rémunération ne peut avoir qu'un effet positif sur celle-ci. Toutefois un certain nombre de travaux restent prudents dans leurs conclusions quant à la domination de l'effet de substitution sur l'effet de revenu. Pour Morisset (1993), à moins que l'Etat intervienne pour corriger les effets d'éviction entre les besoins financiers du secteur public et la quantité de fonds disponible pour le secteur privé, l'augmentation du taux d'intérêt n'affecte pas toujours positivement l'investissement.

D'autre part il se pose d'autres problèmes induit par l'augmentation des taux d'intérêt. Comme l'expose Venet (1994), tout d'abord, il peut se poser un problème transitoire pour le secteur bancaire et le gouvernement le temps que ceux-ci s'adaptent au nouveau niveau des taux d'intérêt. Les banques peuvent subir des pertes importantes liées à leur activité de transformation des échéances. La hausse des taux d'intérêt, lorsque les prêts sont accordés à taux fixe, provoque une diminution provisoire de la marge bancaire liée à l'impossibilité pour les banques de répercuter immédiatement l'augmentation du coût de leurs ressources. Cette situation place le secteur bancaire dans une situation de fragilité transitoire. De même le déficit public peut se creuser encore d'avantage, le poids du service de la dette publique augmentant. Ensuite le taux d'intérêt nominal peut s'élever au-dessus du taux d'inflation, ce qui peut conduire à une répression financière supplémentaire.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery