SOMMAIRE
SOMMAIRE
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défini.
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES FIGURES
vii
RESUME
1
INTRODUCTION
GENERALE
2
PREMIERE PARTIE :
LA THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
13
CHAPITRE 1 :
CONCEPTS DE LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE
15
SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION
FINANCIERE
16
SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE
ECONOMIQUE
42
CHAPITRE 2 :
LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA
LITTERATURE
50
SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES
THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE
51
SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS
LES FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES
72
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
82
CHAPITRE 3 :
DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR
LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN
84
SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE
L'ETUDE
84
SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION
101
CHAPITRE 4 :
ANALYSE DE L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
112
SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES
VARIABLES ET ESTIMATION DU MODELE
113
SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE
127
CONCLUSION GENERALE
146
BIBLIOGRAPHIE
151
ANNEXES
160
TABLE DES MATIERES
184
DEDICACE
A la mémoire de ma petite soeur DOUII
Angèle!
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail qui marque la fin de mon parcours
universitaire, je tiens à traduire ma gratitude et ma
reconnaissance :
-A l'Eternel Dieu Tout-Puissant pour l'intelligence et la
santé qu'il m'a procurées, depuis mes premiers pas à
l'école jusqu'à ce niveau d'études. Je bénis
particulièrement le Seigneur pour ce parcours universitaire exemplaire,
qui me donne l'occasion de témoigner de son infinie bonté et de
son immense grandeur ;
-A mes parents pour leur soutien multiforme et
inconditionnel ;
-A tout le corps enseignant pour la disponibilité,
l'accessibilité, la grande conscience et l'éthique
professionnelles qui les caractérisent. Je salue au passage
l'administration de la Faculté pour la rigueur et l'efficacité
avec lesquelles la faculté est managée au fil des ans au grand
bénéfice des étudiants ;
-A mon encadreur, le Dr Joseph DJAOWE, pour sa
disponibilité et sa rigueur ;
-A notre coordonnateur et chef de département, le Dr
Charles Alain BITA, pour tous les efforts déployés pour nous
assurer une formation dans les délais et les conditions
appropriées.
-Je ne remercierai jamais assez mon oncle OUMAROU Paul et son
épouse Germaine ASTADJOUMBA pour l'accueil et l'hospitalité
qu'ils m'ont réservés à mon arrivée à
l'Université de N'Gaoundéré, et durant tout le temps
passé chez eux. Que Dieu les bénisse, eux ainsi que leurs
enfants!
-A mon frère et grand ami BONE MBANG SODEA Jean Louis
pour son soutien ;
-A mes grands-parents maternels et à ma
grand-mère paternelle pour le souci et l'inquiétude
manifestés à mon endroit durant tout mon parcours
universitaire.
-Enfin à tous ceux qui de près ou de loin ont
apporté une contribution de quelque nature que ce soit pour le bon
déroulement et la réussite de ma formation.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AREAER : Annual Report on Exchange
Arrangements and Exchange Restrictions
BBC : Boston Bank Cameroon
BCC : Bank of Credit and Commerce
BCCC :Bank of crédit and commerce
Cameroon
BCD : Banque Camerounaise de
Développement
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BIAO : Banque Internationale d'Afrique
de l'Ouest
BICEC :Banque internationale pour le
Commerce et l'Epargne du Cameroun
BICIC : Banque Internationale pour le
Commerce et l'Industrie du Cameroun
BMBC : BIAO-Meridien Bank Cameroon
CAC : Crédit Agricole du
Cameroun
CAMBANK : Cameroon Bank Limited
CBC : Commercial Bank of Cameroon
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale
CNC : Conseil National de Crédit
COBAC : Commission Bancaire d'Afrique
Centrale
EMF : Etablissements de Microfinance
FIB : First Investment Bank
FMI : Fonds Monétaire
International
FOGAPE : Fonds d'aide et de Garantie des
crédits aux PME
FONADER : Fonds National de
Développement Rural
IBAC : International Bank of Africa
Cameroon
IDE : Investissement Direct Etranger
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
NFC : National Financial Credit
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
SCB : Société Camerounaise
des Banques
SCBC : Standard and Chartered Bank
Cameroon
SGBC : Société
Générale de Banque Cameroun
TCM : Taux Créditeur Minimum
TDM : Taux Débiteur Maximum
UBA : United Bank of Africa
VAR : Vector Autoregressive
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Dépôts de l'Administration
centrale dans les banques commerciales
3
Tableau 2 : Créances de
l'Administration centrale dans les banques commerciales (en milliards de
FCFA)
23
Tableau 3: Evolution des crédits bruts
à l'économie et des montants de créances douteuses
24
Tableau 4 : Volume de financement accordé
à la réalisation des projets locaux
25
Tableau 5: Evolution en pourcentage des TCM et TDM
en fin de période
31
Tableau 6: Coefficients des réserves
obligatoires appliqués au Cameroun
35
Tableau 7: Evolution des dépôts dans
les banques commerciales (en milliards FCFA)
38
Tableau 8 : Ratio de liquidité des banques
camerounaises (en %)
40
Tableau 9 : Crédits privés en
pourcentage du PIB, 1980-1991
40
Tableau 10 : Crédits privés en
pourcentage du PIB, 1992-2011
40
Tableau 11 : Récapitulatif des
caractéristiques du modèle
100
Tableau 12: Résultats des tests de
stationnarité des variables
114
Tableau 13: Ordre d'intégration des
différentes variables
114
Tableau 14: Résultats du test de la
trace
116
Tableau 15: Résultats du test de la valeur
propre maximale
117
Tableau 16: Résultats du test de
stationnarité des résidus
118
Tableau 17: Résultats du modèle de
long terme
120
Tableau 18 : Résultats du modèle de
court terme
122
Tableau 19 : Test d'autocorrélation des
résidus de Breusch-Godfrey LM Test
125
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution des crédits bancaires
à l'économie (en millions de FCFA)
3
Figure 2 : Evolution du taux de croissance du PIB,
1980-2015
48
Figure 3 : Les effets de la répression
financière sur l'épargne et l'investissement
57
Figure 4 : Les canaux de transmission de la
libéralisation financière vers la croissance
économique
64
Figure 5 : Asymétrie d'information et
rendement espérée de la banque
68
Figure 6 : Les effets d'une augmentation du taux
réel sur les dépôts à terme
71
Figure 7 : Evolution du PIB par tête au
Cameroun, unité de devises locales constantes, 1990-2015
90
Figure 8 : Evolution du ratio masse
monétaire/PIB (M2), 1990-2015
92
Figure 9 : Evolution du ratio crédits
privés/PIB (CP), 1990-2015
93
Figure 10 : Evolution de l'indicateur KAOPEN de
l'ouverture du compte de capital pour le Cameroun
94
Figure 11 : Evolution de l'ouverture commerciale du
Cameroun (CO)
95
Figure 12 : Evolution des dépenses publiques
en pourcentage du PIB (DPU)
96
Figure 13 : Evolution du taux brut d'inscription
secondaire au Cameroun (SCO)
97
Figure 14 : Evolution du taux d'inflation au
Cameroun selon l'indice des prix à la consommation (TINF)
98
Figure 15 : Evolution du taux de croissance de la
population camerounaise (POP)
99
Figure 16 : Evolution du PIB et de ses variables
explicatives
121
Figure 17 : Représentation du modèle
à correction d'erreur
123
Figure 18 : Test de stabilité de CUSUM
127
Figure 19 : Evolution des composantes de la masse
monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA)
128
RESUME
Ce travail a pour finalité de détecter l'effet
de la libéralisation financière sur la croissance
économique au Cameroun. Théorisée au début des
années 70, la libéralisation financière qui se situe aux
antipodes de la répression financière, était
présentée comme une voie de sortie efficace au
sous-développement des pays sous-développés au secteur
financier particulièrement réprimé.Elle fut
implémentée au Cameroun au début des années 1990.
En utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) en
séries temporelles sur la période 1990-2015, il en ressort que la
libéralisation du secteur bancaire exerce une influence positive et
significative sur la croissance économique, tandis que la
libéralisation du compte de capital a influence négative sur la
croissance économique.
Mots clés : libéralisation
financière, compte de capital, crise bancaire, croissance
économique, répression financière.
ABSTRACT
The aim of this study is to detect the effect of financial
liberalization on economic growth in Cameroon. Financial liberalization which
is the opposite of financial repression, appeared as the adequate way that
could lead under developped countries caracterised by repressed financial
sector, to development. Financial liberalization has been implemented in
Cameroon since 1990. Therefore using the ordinary least squares (OLS) method in
time series on the period 1990-2015, we discovered that banking sector
liberalization positvely contribute to the economic growth, while capital
account liberalization has a negative effect on economic growth in Cameroon.
Keys words : financial liberalization,
capital account, banking crisis, economic growth, financial repression
INTRODUCTION GENERALE
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
Les années 70-80 sont marquées par une vague
impressionnante de crises bancaires et financières. Ces crises trouvent
leur origine dans la dégradation de la situation économique
internationale frappée par les chocs et contre-chocs
énergétiques (Avom et Eyeffa, 2007). Gamra et Plihon (2007)
affirment que la hausse du prix du pétrole a amplifié la hausse
des prix, contraignant la Federal reserve -la banque centrale
américaine- à augmenter les taux d'intérêt
américains en 1979 pour répondre à cette montée des
prix. Ainsi les économies dont le taux de croissance était
inférieur aux taux d'intérêt se trouvèrent dans
l'incapacité d'honorer leurs engagements. Mais ces crises
étaient surtout l'oeuvre de la « répression
financière » que subissait le secteur bancaire. Lindgren et
al. (1996) estiment qu'environ 131 pays membres du Fonds Monétaire
International (F.M.I) avaient connu des problèmes sérieux entre
1980 et 1995. La perte cumulée due à ces crises est
considérable. Une étude du FMI évalue le coût moyen
par pays de chacune de ces crises à environ 12% du Produit
Intérieur Brut (PIB) annuel. Ce chiffre a d'ailleurs été
largement dépassé dans les crises de la fin des années
1990 dans les pays tels que l'Argentine, l'Indonésie, la Corée du
sud et la Malaisie dont le coût est évalué à 40% du
PIB1(*). C'est alors que
ces pays vont engager, dès les années 70, un processus de
libéralisation financière, les pays d'Amérique latine et
d'Asie du sud-Est notamment. La libéralisation financière trouve
sa justification théorique dans les idées de Mc Kinnon (1973) et
Shaw (1973). Pour ces auteurs, elle est un moyen efficace pour les pays en
développement d'atteindre une bonne croissance économique en
passant d'une économie financièrement réprimée
-cause de leur retard économique- à une économie
libéralisée, c'est-à-dire émancipée de
toutes les contraintes étatiques et institutionnelles. Ces idées
séduisent par la simplicité de leur mise en oeuvre et
reçoivent un écho favorable auprès de ces pays et aussi
auprès des organisations internationales comme le FMI et la banque
mondiale. Cette dernière, dans son rapport de 1989 va encourager les
pays en développement à la libéralisation
financière, et l'imposera même comme condition aux pays sous
ajustement structurel.
Au Cameroun, le secteur bancaire est durement atteint au
cours des années 80. Les causes sont presque les mêmes que dans
les autres pays : dégradation de l'environnement
macroéconomique, et répression financière. Ainsi
après une période d'euphorie économique marquée par
l'exploitation des premiers gisements pétroliers et le choix des
politiques agricoles ambitieuses (Tchamanbe et Tamba, 1995), le pays doit faire
face à la dégradation de la situation économique du fait
de la chute du prix du pétrole, la brutale détérioration
des termes de l'échange sur la période 1985-1986 (Nembot et
Ningaye, 2011). Il s'en est suivi une baisse de ses recettes d'exportation qui
ont par la suite asséché ses finances publiques. L'Etat n'a plus
été en mesure de payer ses arriérés au secteur
bancaire ni à ses autres créanciers, eux aussi endettés
auprès du secteur bancaire. Mais cette crise bancaire était
surtout due à une répression financière
« sévère » à l'égard du secteur
bancaire. La répression est un ensemble d'intervention de l'Etat qui
vise à limiter la liberté de mouvement du secteur financier (Avom
et Eyeffa, 2007). L'Etat camerounais s'est donc adonné à un
dirigisme exacerbé, des restrictions institutionnelles
considérables qui auront été fatales pour les banques.
Elles étaient contraintes à la fixation des taux
d'intérêt en dessous du niveau d'équilibre. Plus grave,
l'Etat intervenait dans la gestion des banques à travers la nomination
de certains des responsables, qui conformément aux statuts devaient
être des nationaux. L'ordonnance du 30 août 1973
complétée par celle n° 85/002 du 31 août 1985 relative
àl'exercice de l'activité bancaire, en son article 5,
spécifie clairement que « la structure du capital social des
banques doit faire apparaître la présence des
intérêts publics qui ne peuvent être inférieurs au
tiers des actions souscrites ». Cette obligation faite aux banques
d'accorder une place prépondérante à l'État dans
leur capital social, va se traduire par sa forte représentation dans le
conseil d'administration et un droit de regard sur leur direction. Ces
dirigeants ainsi placés vont se lancer à la prise de risque en
accordant des prêts mal avisés, orientés vers les cadres
de la fonction publique, des prêts en blanc, c'est-à-dire sans
contrepartie. Les créances douteuses et irrécouvrables se sont
accrues, et le tout dans un environnement de faible réglementation
prudentielle (Tchakounte et Bita, 2009). Cette répression trouve son
fondement dans les théories keynésiennes de l'interventionnisme
étatique. Il s'agissait en particulier pour l'Etat camerounais de
compenser la perte du contrôle de la politique monétaire,
notamment la politique de change (Avom et Eyeffa, 2007). C'est pourquoi les
banques devaient financer en priorité les projets gouvernementaux peu
rentables. La crise était donc inéluctable. Celle-ci aura
gravement modifié le paysage bancaire, obligeant l'Etat à
libéraliser le système bancaire fortement atteint.
L'Etat camerounais a donc procédé dans les
années 90 à la libéralisation financière. Cette
libéralisation financière poursuivait du reste deux
objectifs : reconstruire le paysage bancaire gravement paralysé et
bouleversé d'une part, et d'autre part lui permettre ainsi de mieux
contribuer à la croissance économique. Car au moment de la grave
crise bancaire le Cameroun traverse en même temps une situation
économique difficile. Le prix des principaux produits d'exportation
(cacao, café, pétrole...) chute sur le marché
international, dégradant ses termes de l'échange et entrainant la
baisse de ses revenus d'exportation. Le taux de croissance baisse. De 1987
à 1993 il est négatif. Quittant de -2,14% en 1987, le taux de
croissance du PIB va descendra jusqu'à -7,93% en 1993. Pourtant pendant
la décennie 70 et au début des années 80, le Cameroun a
une économie prospère, au taux de croissance élogieux.
Sous l'impulsion du FMI dont le pays était en phase d'ajustement
structurel, le Cameroun va procéder à une restructuration du
système bancaire, par une série de réformes ayant abouti
à la libéralisation du secteur bancaire (libéralisation
financière interne) et à une certaine ouverture du compte de
capital.
Or la vague de libéralisation financière qui
s'est imposée à certains pays dans un contexte de
redémarrer la croissance économique et minimiser les risques
inhérents de la finance s'est souvent accompagnée par d'autres
crises bancaires et des perturbations financières qui se sont
répercutées sur l'économie réelle (Mexique,
Argentine...). Nous nous sommes donc intéressés aux contours de
cette libéralisation financière opérée au Cameroun
en cherchant à détecter ses effets sur la croissance
économique tels qu'exposés par Mc kinnon (1973) et Shaw (1973).
D'où notre thème : libéralisation
financière et croissance économique au Cameroun.
La littérature sur la libéralisation
financière faisant de celle-ci le moyen d'atteindre une croissance
économique stable et durable des pays en développement,
on se demandera si la libéralisation financière
effectuée au Cameron influence positivement la croissance
économique.
De façon plus précise :
- Quel est l'effet de la libéralisation
financière interne sur la croissance économique au
Cameroun ?
- Quel est l'effet de la libéralisation du compte de
capital sur la croissance économique au Cameroun ?
REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Le concept de libéralisation financière
apparait dans les années 70. La libéralisation financière
se situe aux antipodes de la répression financière. Mc kinnon
(1973) et Shaw (1973), les auteurs pionniers, prônent un
développement économique axé sur la libéralisation
financière. Celle-ci consiste à rendre le secteur financier et
notamment bancaire plus libre en l'affranchissant des contraintes
institutionnelles et du dirigisme Etatique. Pour ces auteurs, les
économies financièrement réprimées gagneraient
à être libéralisées. La libéralisation
devrait permettre aux pays en développement d'atteindre une croissance
stable et durable. Le mécanisme est simple. Les taux
d'intérêt créditeur sur les dépôts doivent
être relevés. Ceci incitera les ménages à
épargner. L'épargne va s'accumuler et aura un effet incitatif sur
l'investissement qui va impacter à son tour positivement la croissance
économique. Mc kinnon préconise de laisser le taux
d'intérêt se déterminer librement par le marché,
à travers la loi de l'offre et de la demande. La libéralisation
financière consiste également à supprimer les
réserves obligatoires imposées aux banques, la libre
entrée et la libre concurrence bancaire. Il s'agit donc de mesures
libérales.
Mc kinnon (1973) raisonne en terme d'économie
caractérisée par l'absence de marché financier
organisé, marquée par l'autofinancement, sans qu'il soit
nécessaire de distinguer épargnants (ménages) et
investisseurs (entreprises). Ces derniers ne peuvent se prêter et
s'emprunter entre eux, et tout investissement est autofinancé par une
accumulation préalable de l'épargne. La monnaie est externe. Du
fait de l'absence du financement intermédié, les banques se
bornent à collecter et à rémunérer les
dépôts de leurs clients. Mc kinnon ne nous dit cependant pas
comment les banques font pour rémunérer les dépôts
qu'elles reçoivent en l'absence d'une activité de prêt
(Venet, 1994).
Pour sa part, Shaw (1973) se situe dans le cadre d'une
économie marquée par un certain niveau de développement
financier. Le financement intermédié est avancé. Dans ce
cas, la hausse des taux d'intérêt sur les dépôts
bancaires inciterait les agents à accroitre leur épargne
élargissant par-là la capacité de prêt des banques
avec une action positive sur l'investissement.
A la suite de Mc kinnon et Shaw, de nombreux auteurs ont
développé et étendu leur analyse. Kapur (1976)
préconise l'augmentation du taux d'intérêt sur les
dépôts bancaires, et de maintenir fixe le taux de croissance de la
masse monétaire. Ce qui permet de réduire l'inflation grâce
à une diminution de la demande de monnaie et favorise
l'épargne.
Volger et Buser (1976)voient dans la répression
financière la variabilité croissante des taux
d'intérêt sur les dépôts bancaires et/ou l'inflation.
Ainsi la libéralisation financière peut prendre deux
formes : une augmentation du rendement réel de la monnaie et une
stabilisation du niveau de ces rendements réels qui mèneront
à une baisse du risque attaché à la monnaie.
Galbis (1977)construit quant à lui un modèle
à deux secteurs : un secteur traditionnel et un secteur moderne. Le
rendement du capital est constant et faible dans le premier, et constant et
mais élevé dans le second. La libéralisation
financière aura pour effet d'accroitre la productivité moyenne de
l'investissement dans l'économie en suscitant un déplacement de
l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne.
Des études empiriques ont été
menées pour appuyer la théorie sur la libéralisation
financière. Dans ce sens, Fry (1982)trouve que la baisse de 1% du taux
d'intérêt réel sur les dépôts en dessous du
niveau d'équilibre du marché coute 0.5 point de croissance
économique. A contrario Fry (1978) observe une propension à la
croissance économique du fait de l'augmentation du taux
d'intérêt pour 7 pays asiatiques. Les résultats de
Khatkhate (1982) sur le Sri Lanka font apparaitre un secteur financier peu
développé, une progression chancelante du PIB et une pression
inflationniste élevée. De Melo et Tybout (1986) sur une
étude en Uruguay trouvent un lien positif entre taux
d'intérêt et investissement du fait de la libéralisation
financière. L'étude de Levine (1997) sur 80 pays démontre
une influence positive du développement financier sur le PIB réel
par habitant ainsi que sur le taux de croissance du stock de capital par
habitant et de la productivité. De son côté Athukorola
(1998)constate un effet positif du taux d'intérêt sur toutes les
formes d'épargne sur la période 1955-1995 en Inde. Yin (2014)
trouve un gain économique positif de la libéralisation
financière. L'augmentation de 1% du capital des banques
étrangères installées en Chine accroit le PIB de 3.78%.
Enfin Orji et al. (2015) montrent que la libéralisation
financière et l'investissement privé ont un impact positif et
significatif dur la croissance économique du Nigéria de
1981à 2012.
Tous ces développements aboutissent à la
même conclusion : opter pour la libéralisation
financière, favorable au développement financier, qui
mènera les économies vers une meilleure croissance.
Cependant beaucoup d'auteurs ont critiqué et
rejeté les thèses de Mc kinnon et Shaw. Les contradictions
peuvent être regroupées en trois groupes.
Les postkeynésiens contredisent l'argument selon
lequel l'investissement se ferait par accumulation de l'épargne.Pour eux
l'augmentation du niveau de la demande est un préalable à
l'investissement et la seule façon de relancer la croissance. Il est
donc nécessaire que les taux d'intérêt servis sur les
dépôts soient fixés à la baisse afin d'accroitre la
préférence pour la liquidité des ménages. Cette
préférence pour la liquidité va stimuler la consommation,
c'est-à-dire va augmenter la demande et incitera les entreprises
à investir davantage pour satisfaire cette demande. Le rôle de
l'Etat demeure primordial. D'autre part la théorie de la
libéralisation financière suppose une relation croissante entre
taux d'intérêt et épargne. Or ce n'est que
considérer l'effet de substitution qui implique que l'épargne
s'accroit quand sa rémunération augmente. Il peut y avoir un
effet revenu qui est le contraire du précédent et suppose une
relation décroissante entre taux d'intérêt et
épargne. L'effet total est donc ambigu, sauf à supposer comme le
fait Mc kinnon que l'épargne initiale est tellement faible que
l'augmentation de sa rémunération ne peut qu'avoir un effet
positif sur celle-ci.
La libéralisation financière recommande de
laisser le taux d'intérêt et plus généralement le
marché de crédit se réguler lui-même en se
prêtant au libre jeu de l'offre et de la demande, car c'est un
marché parfait. Les néokeynésiens Stiglitz et Weiss (1981)
puis Cho (1986) prenant cet argument à contre pieds font remarquer que
le marché financier n'est pas aussi parfait. Il y existe des
imperfections en raison de l'asymétrie d'information qui entraine des
situations d'anti sélection et d'aléa moral. Les banques sont
obligées de rationner l'accès au crédit, en augmentant le
taux d'intérêt. Ce qui a pour conséquence de favoriser les
mauvais emprunteurs. Les marchés de crédit ne sont pas ainsi des
marchés ordinaires où l'achat et la livraison du bien
coïncident, mais ils sont caractérisés par un échange
d'actifs contre les promesses de remboursement dans le futur. Le risque y est
donc inhérent. Ce qui empêche l'efficacité des reformes
même sur les marchés les plus compétitifs.
Mc kinnon (1973) et Shaw (1973) voyaient dans la structure
du système financier des pays en développement la cause de leur
sous-développement. Les néo structuralistes mettent en exergue le
dualisme financier existant entre finance formelle et finance informelle. La
non prise en compte de la finance informelle empêcherait toute
réforme d'être efficace. En effet la finance informelle est une
caractéristique essentielle des pays en développement et joue un
rôle déterminant dans l'allocation des ressources. Aussi, Taylor
(1983) et Wijinbergen (1982) estiment que les réserves obligatoires
effectuées par les banques commerciales constituent des fuites du
système financier, et donc les banques ne peuvent pas allouer de
manière aussi efficiente l'épargne que le marché financier
informel, dans la mesure où ce dernier n'est pas soumis à des
contraintes de réserves.
Au plan empirique, Tswamuno et al. (2007), observent que la
libéralisation du compte de capital via la bourse des valeurs et
marché des obligations ne stimule pas la croissance économique en
Afrique du sud, contrairement à la période pré
libéralisation. Qazi et Shahida (2013), sur la période 1971
à 2007, trouvent que l'indice de libéralisation financière
est positivement corrélé avec la croissance économique
à court terme. Mais dans le long terme l'indice de libéralisation
financière est statistiquement insignifiant et l'impact du taux
d'intérêt réel sur l'économie est significativement
négatif.
Les effets de la libéralisation financière sur
la croissance économique sont donc mitigés dans la
littérature empirique.
HYPOTHESES DE RECHERCHE
La libéralisation financière se décline
en trois aspects (Kaminsky et Schmukler, 2002) : libéralisation du
secteur financier interne qui désigne la libéralisation du
secteur bancaire, libéralisation du compte de capital et
libéralisation du marché boursier. Cependant compte tenu du
caractère quasi inexistant du marché boursier camerounais, notre
recherche se résumera à dégager les effets de la
libéralisation financière interne et du compte de capital sur la
croissance économique. A cet effet, ces deux différents aspects
de la libéralisation financière sont censés agir, en
théorie, sur la croissance économique à travers des
canaux.
Ainsi selon Goldsmith (1969), King et Levine (1993), la
libéralisation financière interne peut exercer un effet favorable
sur la croissance économique à travers la stimulation du secteur
financier domestique. En effet, l'implantation des banques
étrangères (généralement des pays
développés) vers les pays en développement et
l'intensification de la concurrence entre elles peuvent exercer un effet
positif sur le développement du secteur financier domestique, et in fine
sur la croissance économique. C'est le fondement de notre
première hypothèse:
H1 : « la libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun»
La libéralisation du compte de capital pourrait
stimuler la croissance directement à travers le partage du risque par la
voie de l'épargne ainsi que la possibilité d'une meilleure
diversification de risque et d'une plus grande harmonisation de la
consommation. De plus, les entrées des Investissements Directs Etrangers
(IDE) peuvent particulièrement fournir des
retombéestechnologiques à travers le transfert de connaissances.
Enfin la libéralisation des mouvements de capitaux constitue un signal
fort pour les investisseurs. L'ouverture du compte de capital signale
généralement l'adoption par les autorités d'une politique
macroéconomique stable, et d'une politique économique future
favorable à l'investissement, qui pourra provoquer la croissance
économique. C'est la base de notre deuxième hypothèse:
H2 : « La libéralisation du
compte de capital influence positivement la croissance
économique au Cameroun»
OBJECTIFS DE RECHERCHE
Notre recherche vise de manière générale
à mettre en relief l'effet de la libéralisation financière
sur la croissance économique au Cameroun. A cet effet notre objectif
général sera réalisé en deux étapes qui
constituent nos objectifs spécifiques :
- Evaluer l'effet de la libéralisation
financière interne sur la croissance économique au Cameroun
- Evaluer l'effet de la libéralisation du compte de
capital sur la croissance économique au Cameroun.
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Notre recherche a pour but de déceler l'effet de
la libéralisation financière sur la croissance économique
au Cameroun sur la période 1990-2015. Pour cela elle adoptera une
démarche hypothético-déductive fondée sur les tests
d'hypothèse. L'estimation se fera à l'aide d'un seul
modèle, par la méthode des moindres carrés ordinaires
(MCO) en séries temporelles. Les données de l'étude seront
principalement collectées des `statistiques du Cameroun' de la Banque
mondiale, annuaire 2016.
INTERET DE LA RECHERCHE
Notre recherche permettra de comprendre le contexte
d'application de la libéralisation financière. En particulier
elle replongera dans une analyse de la crise bancaire des années 80,
conséquence de la répression financière et facteur
d'implémentation de la libéralisation financière au
Cameroun. Elle élucidera clairement les contours de la
libéralisation financière au Cameroun. Cette recherche a
également un autre intérêt, celui d'être un support,
une source supplémentaire face à la rareté des
écrits traitant de la libéralisation financière au
Cameroun, et notamment de son influence sur la croissance économique,
alors même qu'il existe une pléthore de travaux académiques
et d'articles scientifiques et de colloques sur le même thème en
ce qui concerne les pays émergents, et en particulier les pays d'Asie,
du moyen orient, du Maghreb et d'Afrique subsaharienne (Afrique du sud,
Nigéria, Ghana, Côte d'ivoire etc.). la quasi-totalité des
travaux dans ce domaine s'intéressent plus à la restructuration
bancaire. Quand bien même ils se penchent sur la libéralisation
financière, c'est en la mettant en relation avec d'autres concepts
bancaires comme les risques, la réglementation prudentielle, la
performance bancaire etc. Pourtant la libéralisation financière a
été originellement mise en relation avec la croissance
économique. C'est pourquoi 27 ans après son
implémentation, il est peut-être temps de faire une
évaluation de son influence sur la croissance économique.
PLAN DE REDACTION
Ce travail adopte un plan composé de deux
parties, chacune contenant deux chapitres. La première partie
considérée comme théorique tente d'appréhender la
signification des concepts de libéralisation financière et de
croissance économique et la relation théorique qui les lie. Le
chapitre 1 est consacré à l'analyse conceptuelle de la
libéralisation financière et de la croissance économique,
et à une analyse de l'implémentation de la libéralisation
financière au Cameroun. Le chapitre 2 se veut une revue de la
littérature théorique et empirique. Dans la deuxième
partie, il est question d'évaluer empiriquement l'effet de la
libéralisation financière sur la croissance économique au
Cameroun. A cet effet, le chapitre 3 permet d'exposer la méthodologie de
l'étude, notamment le modèle, les variables, les données
et la méthode d'estimation. Au quatrième chapitre nous
interprétons les résultats et formulons les recommandations y
afférentes.
PREMIERE PARTIE : LA THEORIE
DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
La théorie de la libéralisation
financière apparait dans les années 70 en réponse à
la politique de répression financière mise en oeuvre dans la
plupart des pays sous-développés. Elle est pensée et
élaborée par deux auteurs, et de façon parallèle,
Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973). La préoccupation de ces deux auteurs
est de voir muter la finance vers un fonctionnement libéral. En effet
depuis le succès des idées keynésiennes vers les
années 30, idées qui placent l'Etat à la base de
l'impulsion économique et fait de ce dernier le pionnier de la relance
de l'activité économique, la finance est réduite à
un simple instrument d'accompagnement de l'action de l'Etat. Elle est depuis
lors en proie à de multiples règles, contraintes et restrictions
institutionnelles et sectorielles imposées par l'Etat dont la
conséquence est la réduction de la marge de manoeuvre des acteurs
du domaine. Pour Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), cette situation n'est pas de
nature à favoriser l'essor du secteur financier, et explique en partie
le sous-développement des pays du tiers monde. Pour cela
l'émancipation du secteur financier du dirigisme étatique lui
permettra non seulement de fonctionner de manière plus efficace, mais
aussi, et ce faisant, de contribuer significativement à la croissance
économique. Par quel mécanisme théorique ce schéma
est-il possible ? C'est le contenu de cette première partie qui, au
chapitre 1 appréhende le concept de libéralisation
financière et celui de croissance économique, et met en
évidence le lien entre ces deux notions au deuxième chapitre.
CHAPITRE 1 : CONCEPTS DE
LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION
Le rôle de la finance dans l'activité
économique est resté longtemps ignoré dans les
modèles de croissance. En effet, les théoriciens
keynésiens, pour qui les phénomènes monétaires et
financiers sont déterminants dans l'explication du niveau
d'activité, ne s'intéressent traditionnellement pas à la
croissance (phénomène de long terme), mais au
développement de modèles de court terme (modèle
harrod-Domar) (Aka, 2005). C'est dans cet esprit que s'inscrit le constat
décevant de Goldsmith (1969) : « les finances sont les parents
pauvres de l'analyse économique ». L'aspect financier du
développement est parfois négligé parce que, pour Gurley
et Shaw (1955), le développement économique fait souvent
référence aux questions relatives au bien-être, au travail,
à la production et au revenu. Ces auteurs considèrent que la
phase du développement économique se caractérise dans un
premier temps par une augmentation des actifs financiers beaucoup plus rapide
que celle de la richesse ou de la production nationale. De ce fait, le secteur
financier doit être privilégié aux dépens du
bien-être, du travail, de la production et du revenu et de toute autre
variable relevant du secteur réel. Le système financier constitue
donc le poumon même de l'activité économique. Pourtant le
système financier a longtemps été réprimé.
Jusque dans les années 70 la plupart des pays imposaient des
restrictions importantes au secteur bancaire, au marché financier et au
compte de capital. La grande majorité de ces pays étaient des
pays en développement. Ce qui amena Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973)
à voir dans le sous-développement de ces pays la
conséquence de la répression financière. C'est alors
qu'ils vont théoriser la libéralisation financière comme
remède à ce sous-développement.
Dans ce chapitre nous procédons à une analyse
conceptuelle de la libéralisation financière (section1), de la
croissance économique (section 2), et à la mise en
évidence des contours de la libéralisation financière au
Cameroun.
SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION FINANCIERE
Dans cette section il sera question de définir la
libéralisation financière et de fournir les différentes
mesures élaborées (I) et d'analyser son implémentation au
Cameroun (II).
I- Définition et mesure de la
libéralisation financière
A- Définition
D'un point de vue théorique, le concept de
libéralisation financière apparaît au début des
années 70 et trouve son origine dans les écrits de Mc Kinnon
(1973) et Shaw (1973), (Venet, 1994). Il fait suite au constat décevant
fait par ces deux auteurs de la très grande répression à
l'encontre des systèmes financiers des pays en voie de
développement.
Le corpus théorique de l'argumentaire de Mc Kinnon
(1973) et Shaw (1973) peut se résumer ainsi : dans une
économie financièrement réprimée marquée par
la fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur valeur
d'équilibre, la constitution des réserves obligatoires, on
assiste à une réduction de l'épargne, causée par la
baisse des dépôts bancaires ; un niveau d'investissement
sous-optimal et une détérioration de la qualité de
l'investissement réalisé, conséquence du financement
obligatoire par les banques des projets gouvernementaux peu rentables
(production agricole....). Ainsi la libéralisation financière,
à travers le relèvement des taux d'intérêt sur les
dépôts aura pour effet de stimuler l'épargne et favoriser
la croissance de l'investissement. Parallèlement l'intermédiation
bancaire serait meilleure avec un accès facilité des emprunteurs
aux fonds disponibles, une réduction des frais entre prêteurs et
emprunteurs grâce à la réalisation des économies
d'échelle, et une meilleure diversification du risque (Venet, 1994).
La libéralisation financière peut alors
être définie comme « un processus de
démantèlement de toute forme de contrôle
réglementaire quantitatif ou qualitatif à caractère
restrictif imposé par l'État sur les structures
institutionnelles, les instruments et les activités des agents sur
différents segments du secteur financier, non seulement au niveau
interne mais aussi à l'échelle internationale »
(Boyer et al. 2004). Un système financier
libéralisé se caractérise par un triple mouvement de
libéralisation du secteur financier interne, d'ouverture des
marchés financiers et du compte de capital (Kaminsky et Schmukler,
2002).
La libéralisation du secteur interne, qui
concerne essentiellement le secteur bancaire, comprend la libéralisation
des taux d'intérêt débiteurs et créditeurs, et des
crédits, la réduction ou la suppression des réserves
obligatoires, et les mesures destinées à renforcer la
concurrence :
- La libéralisation des taux
d'intérêt englobe l'élimination du contrôle, de la
fixation et du plafonnement des taux d'intérêt débiteurs et
créditeurs.
- La libéralisation des crédits : Elle signifie
l'élimination du contrôle, de l'orientation vers les secteurs
prioritaires, du plafonnement des crédits pour d'autres secteurs et la
réduction ou la suppression des réserves obligatoires.
- La libéralisation du secteur bancaire :
Elle englobe la suppression des limites à l'installation et
à la participation des banques domestiques et étrangères,
des restrictions liées à la spécialisation des banques et
à l'établissement de banques universelles ;
L'ouverture des marchés financiers englobe la
suppression des restrictions sur les titres pour les résidents et les
étrangers, le rapatriement du capital, des intérêts et des
dividendes ;
La libéralisation du compte de capital2(*) :la réduction
ou l'élimination des restrictions ou du contrôle sur les
transactions du compte en capital est définie comme la
libéralisation du compte de capital.Elle comprend l'abandon du
contrôle sur les emprunts étrangers, les flux de capitaux
étrangers et les opérations de change.Le compte de capital est
une composante de la balance des paiements qui enregistre les transactions
d'acquisition de biens entre les résidants et les non résidants
d'unpays donné. Elle garantit une source d'informations sur les
différents flux financiers tels que l'investissement direct
étranger (IDE), le portefeuille des investissements (y compris les
investissements en fonds propres) et les prêts bancaires
B- La mesure de la libéralisation
financière
La libéralisation financière n'est pas une
notion facilement mesurable, car il est difficile de la quantifier. Cependant
Plusieurs index ont été construits pour tenter de la mesurer. Il
serait impossible de tous les recenser. Nous allons nous limiter à
présenter les plus connus.
Gamra et Plihon (2007), puis Gamra et Clévenot (2008)
construisent un index de libéralisation financière qui prend en
compte les trois secteurs (secteur financier interne, marchés financiers
et compte de capital). Pour chaque secteur ils identifient trois
régimes : parfaitement libéralisé, partiellement
libéralisé, et réprimé. Un système financier
est considéré comme parfaitement libéralisé si les
trois secteurs sont parfaitement libéralisés. Et il est
considéré comme partiellement libéralisé, si au
moins un secteur n'est que partiellement libéralisé (voir tableau
1 en annexe). Les variables de la libéralisation financière
prennent la valeur 2 lorsque la libéralisation financière est
totale, 0 en situation de répression financière et une valeur
comprise entre 0 et 2 en situation de libéralisation partielle.
Reprenant la méthodologie de Kaminsky et Schmukler (2002), Gamra et
Clévenot (2008) écrivent l'indice de libéralisation
financière comme une somme pondérée de l'indice de
libéralisation des trois secteurs (libéralisation du secteur
financier interne (LSFI), des marchés financiers (LMF), et du compte de
capital (LCC)). L'indice de libéralisation financière (LF) est
donc :
LF= 1/3*LSFI + 1/3*LMF + 1/3*LCC
Abiad et Mody (2005)ont utilisé six mesures du
caractère répressif du système financier,
agrégées en rythme annuel, afin de saisir les différentes
dimensions de la réforme financière :
· Contrôles sur le crédit, comme la
canalisation du crédit vers les industries ou secteurs
favorisés, et coefficients de réserves obligatoires excessivement
élevés.
· Contrôles sur les taux
d'intérêt, que les taux soient fixés par l'État
ou soumis à des planchers, à des plafonds ou à des marges
de fluctuation.
· Barrières à l'entrée sur le
marché, telles que l'agrément obligatoire, la limitation de la
participation des banques étrangères et les restrictions
relatives à la spécialisation des banques ou à
l'établissement de banques universelles.
· Réglementations régissant les
sociétés financières -comme les restrictions portant sur
l'embauche de personnel, l'ouverture d'agences et la publicité- et
l'établissement de marchés de valeurs.
· Domination de sociétés d'État
dans le secteur financier.
· Restrictions aux transactions financières
internationales, notamment la non-convertibilité de la monnaie et
l'emploi de taux de change multiples.
Dans chacune de ces catégories, ils attribuent une note
les : 0 = répression totale, 1 = répression partielle, 2 = large
libéralisation, et 3 = libéralisation totale.
Concernant la mesure de la libéralisation du compte de
capital, on distingue deux catégories de mesures de l'ouverture du
compte de capital : les mesures formelles ou de jure qui
reflètent l'existence de barrières légales au mouvement
international de capitaux et les mesures en volume ou de facto qui
quantifient les flux actuels et les stocks de capitaux étrangers. Les
indices de jure se basent le plus souvent sur les informations
extraites du rapport annuel sur les régimes et les restrictions de
change « AREAER » publié chaque année par le FMI
(Lajili, 2015).
On distingue, en ce qui concerne les indices de
jure, la variable AREAER (Annual Report on Exchange Arrangements and
Exchange Restrictions) du FMI. C'est une variable binaire indiquant le
degré d'ouverture du compte de capital. Elle comprend six
catégories. Elle prend la valeur 0 si le pays en question a au moins une
restriction sur les transactions en compte de capital, et la valeur1 dans le
cas contraire (aucune restriction). Ensuite la variable SHARE. C'est un ratio
entre le nombre d'années sans contrôle sur les mouvements de
capitaux, divisé par le nombre total d'années dans
l'échantillon. Elle varie entre 0 et 1 et est construite à partir
des données de l'AREAER. Ces deux variables sont de moins en moins
utilisées dans la littérature empirique. Figure aussi dans cette
catégorie de jure l'indice Quinn du nom de son auteur.
Construit aussi à partir des données du « AREAER » sur
les transactions concernant le compte de capital, il est disponible pour 94
pays pour la période 1950- 2004, par période de 5 ans. Il varie
entre 0 et 4 selon un degré de restriction décroissant : 4
représente une économie totalement ouverte. On a aussi l'indice
OPENNESS également basé sur les données de l'AREAER, qui
est un indice allant de 0 à 14, avec une augmentation de 0.5 points.
Enfin, l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) mesure l'ampleur de l'ouverture
du compte de capital. Il se base sur les 4 principales catégories de
restriction sur le compte extérieur contenues dans l'AREAER : la
variable indiquant la présence d'un taux de change multiple; lavariable
indiquant la présence de restrictions sur les transactions courantes
(degré de convertibilité de la monnaie domestique et nature des
restrictions sur l'utilisation d'une monnaie étrangère entre
résidents); lavariable indiquant la présence de restrictions sur
les transactions du compte de capital; et lavariable indiquant la
présence de restrictions lors du rapatriement des
bénéfices par les exportateurs. Cet indice est disponible pour
105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015.
Les mesures de facto font principalement
référence aux flux de capitaux (investissements directs
étrangers et investissements de portefeuille) et aux stocks de capitaux
(actifs et passifs étrangers), (Lajili, 2015). L'indicateurde Lane et
Milesi-Ferretti (2007), principal indicateur de cette
catégorie,résume les actifs et passifs étrangers de 178
pays entre 1970 et 2007. Il se construit comme la somme des actifs
étrangers du pays i à l'instant t additionnée de la somme
des engagements étrangers du pays i à l'instant t, le tout
divisé par le Produit intérieur brut du pays i à l'instant
t exprimé en dollar américain.
Cependant certains auteurs reconnaissent la difficulté
de fournir un critère satisfaisant de mesure de la libéralisation
financière. Celle-ci en effet est difficilement mesurable. C'est
pourquoi dans leurs études ils contournent le problème en
utilisant certainsindicateurs pour cerner la portée de la
libéralisation financière. Ce faisant l'utilisation des
indicateurs comme la masse monétaire M2, les crédits
privés, le taux d'intérêt, etc. tous rapportés au
PIB, et souvent associés à l'utilisation des variables dummy ou
dummies, qui sont des variables binaires prenant la valeur 0 avant
lalibéralisation financière et la valeur 1 après (on
considère ici qu'un système financier est soit
réprimé, soit libéré, sans qu'il soit possible de
donner le degré de libéralisation) est opérée.
II- De la
répression financière a la libéralisation
financière au Cameroun
Tout comme la plupart des pays sous-développés
et des pays d'Afrique subsaharienne, le Cameroun pratiquait une
sévère répression à l'égard de son
système bancaire. Assise sur les idées keynésiennes de
l'impulsion économique par l'action de l'Etat, la répression
financière qui accordait très peu de liberté d'action aux
banques, visait à faire de la finance un outil au service de la
politique économique de l'Etat. Mais très vite cette façon
de faire va montrer ses limites, avec le déclenchement des graves crises
dans le système bancaire. Les crises étaient la
conséquence d'une omniprésence de l'Etat dans le secteur
financier qui s'est finalement révélée fatale,
combinée à un cadre macroéconomique défavorisant.
La nécessité de muter pour une vision libérale de la
finance s'est imposée notamment avec le grand écho reçu
par les exposés de Mc Kinnon et Shaw du début des années
70. C'est ainsi que le Cameroun, atteint par une sévère crise
bancaire dans le milieu des années 80, entreprît sous
l'égide du FMI, une vaste opération de réforme du
système bancaire avec au bout l'émancipation des banques du
dirigisme de l'Etat et le renforcement de la réglementation
prudentielle. Les conditions de banque furent libéralisées, mais
de quelle manière et pour quels résultats pour la
stabilité bancaire ? Il sera question dans cette section de retracer la
répression financière à l'origine de la crise bancaire
(A), et d'analyser les contours de la libéralisation financière
au Cameroun (B).
A- La crise bancaire des années 80
ou la conséquence de la répression financière
1- Les causes de la crise
a- Les causes institutionnelles : le
dirigisme étatique
L'Etat a joué un rôle plus que déterminant
dans la crise bancaire au Cameroun. Sa très forte présence dans
ce secteur aura été asphyxiante et a noyé les
activités des banques. L'Etat détenait des parts importantes de
capital, s'impliquait dans la gestion des banques etc.
L'interventionnisme de l'Etat l'a conduit à
privilégier ses stratégies au détriment des règles
prudentielles.
Concernant sa participation au capital des banques, l'Etat
était l'actionnaire principal. En 1973, l'Etat camerounais va
entreprendre une réforme visant à permettre une plus grande part
des intérêts publics dans le capital social des banques.
L'ordonnance du 30 août 1973 complétée par celle no 85/002
du 31 août 1985 relative à l'exercice de l'activité
bancaire, en son article 5, précise que : « la
structure du capital social des banques doit faire apparaitre la
présence des intérêts publics qui ne peuvent être
inférieurs au tiers des actions souscrites. ». Ainsi en 1980,
la part de l'Etat dans le capital social des banques, en dehors de la Cameroon
Bank Limited (CAMBANK) et de la Banque Unie de Crédit, atteignait les
67%. Jusqu'en juin 1992, sa part dans le capital social des banques
commerciales est encore élevée, bien que plus faible par rapport
aux années antérieures : 33%, contre 37% pour les banques
étrangères. En plus l'Etat détient 75% des actions des
établissements financiers et autres institutions financières.
L'Etat était le principal pourvoyeur de fonds dans les banques
commerciales.
Tableau 1:
Dépôts de l'Administration centrale dans les banques
commerciales
(En milliards de FCFA)
Années
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
Dépôts
|
9,4
|
29,3
|
34.2
|
44.0
|
66.9
|
76.2
|
173.8
|
158.1
|
127.5
|
138.5
|
143.7
|
Source : extrait d'Avom et Eyeffa (2007)
Les banques vont d'autre part concevoir la présence de
l'Etat dans le capital social comme une garantie face à tout risque, ce
qui les amènera à sous évaluer les défauts de
remboursement de leurs débiteurs. En effet elles considéraient
que l'Etat ne ferait pas faillite et donc qu'en cas de difficultés il
interviendrait en tant que prêteur en dernier ressort via la banque
centrale.
Tableau 2 :
Créances de l'Administration centrale dans les banques commerciales (en
milliards de FCFA)
Années
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
Montants
|
8.6
|
11.0
|
15.9
|
21.1
|
21.5
|
29.3
|
35.4
|
49.8
|
61.9
|
69.4
|
82.4
|
Source : extrait d'Avom et Eyeffa (2007)
Bénéficiant de ressources budgétaires
abondantes et appréciant surtout la clientèle des entreprises
publiques et parapubliques, les institutions bancaires se sont
désintéressées de l'épargne privée qui
représentait en moyenne 31 % de l'épargne nationale brute entre
1980 et 1985, alors que celle-ci aurait pu faire contrepoids à la
diminution en volume des dépôts publics intervenue dès
1987.
De plus l'Etat décidait de la nomination des
responsables des banques. Ces responsables, pour la plupart sans
expérience ni connaissance du management bancaire vont se lancer dans
des décisions contreproductives en octroyant des prêts mal
avisés qui représentent en 1987 à peu près le quart
du total des actifs des banques en activité (Tamba et Tchamanbe, 1995).
En réalité il s'agissait des prêts
« politiques » c'est-à-dire accordés à
de personnalités importantes du régime (Avom et Eyeffa, 2007),
à des hauts fonctionnaires et aux membres de la tribu (Nembot Ndeffo et
Ningaye, 2011), et dont la probabilité de remboursement était
quasi nulle. Donc les crédits octroyés n'étaient pas
toujours remboursés. L'octroi des facilités des banques passent
de 323 milliards en 1979 à 1081 milliards en 1989. Les créances
douteuses sont passées de 5.6 milliards en 1980 à 38 milliards au
plus fort de la crise. Au 30 juin 87 elles sont évaluées à
138.2 milliards, et en 1988 elles passent à 189.5 milliards, augmentant
ainsi de 37.1%.
Tableau 3: Evolution des
crédits bruts à l'économie et des montants de
créances douteuses
Indicateurs
|
Structure du crédit brut (1)
|
Montant des créances douteuses des banques
(1)
|
Proportion des créances douteuses
|
1980
|
805.2
|
23.3
|
5.6
|
1981
|
1057.5
|
35.3
|
6.3
|
1982
|
1276.1
|
42.8
|
6.3
|
1983
|
1525.5
|
51
|
6.3
|
1984
|
1780.9
|
69.6
|
8.6
|
1985
|
1984.2
|
123.7
|
14.1
|
1986
|
1986.9
|
107.7
|
10.9
|
1987
|
1993.4
|
154.1
|
15.2
|
1988
|
2048.8
|
212.3
|
20.7
|
1989
|
1611.8
|
333.7
|
30.7
|
1990
|
1428.5
|
256.7
|
34.1
|
(1)En milliards de FCFA
Source : extrait de Bita (2008), p 61
Le dirigisme étatique a donc entrainé la
diminution des marges des banques, l'impossibilité de recouvrir les
crédits octroyés et l'accomplissement des créances
douteuses qui en 86 sont sept fois supérieurs au montant des provisions
constituées.
b- Les carences en matière de
gestion et de surveillance bancaire
Les banques ont pris des risques sans commune mesure, le tout
dans un environnement de faible règlementation prudentielle,
conséquence de la répression financière.
Les banques étaient victimes d'un encadrement de
crédits qui étaient orientés vers les secteurs
jugés prioritaires par l'Etat, beaucoup plus le secteur agricole. En
fait l'Etat se servait du secteur bancaire comme instrument d'une politique
économique interventionniste directement inspiré des
recommandations keynésiennes. Les banques étaient obligées
de réserver 20% de leurs encours de crédits aux petites et
moyennes entreprises, considérés comme la base à la mise
en place d'un tissu industriel important.
L'assujettissement du secteur bancaire aura été
néfaste car l'allocation sectorielle des crédits vers les
secteurs prioritaires n'aura pas donné les effets escomptés. En
effet les crédits étaient accordés sans une étude
sérieuse préalable, les risques étaient mal
appréciés et la clientèle pas suivie, entrainant une
accumulation des créances douteuses et litigieuses. Les projets
financés étaient à rendement très risqué et
à très faible durée d'immobilisation (Tchakounte et Bita,
2009). A cause des projets axés vers les produits de base (coton, cacao,
café, élevage...) et le commerce de distribution, les banques ont
opté pour un financement court au détriment du financement long.
Par ailleurs la politique sélective des crédits visait à
favoriser une élite d'entrepreneurs nationaux. Les crédits leur
étaient octroyés à des taux d'intérêt
administrativement fixés à des niveaux inférieurs à
leur niveau d'équilibre, et parfois sans garanties en contrepartie des
crédits octroyés. C'est ainsi que des projets fictifs s'y sont
insérés, et ont pu bénéficier des financements
bancaires. Le volume de financement accordé aux projets s'est accru
d'environ 374.12% entre 1976 et 1977. La conséquence aura
été la diminution du nombre et du rendement des investissements.
Tableau 4 : volume de
financement accordé à la réalisation des projets
locaux
Exercices
|
Nombre de dossiers
|
Montants des crédits
|
Montants garanties
|
1975/1976
|
3
|
12.500.000
|
10.000.000
|
1976/1977
|
37
|
486.911.110
|
362.404.655
|
1977/1978
|
30
|
433.884.000
|
339.006.600
|
1978/1979
|
49
|
403/741.573
|
309.743.358
|
1979/1980
|
40
|
1.147.649.050
|
684.628.200
|
1980/1981
|
48
|
1.052.437.400
|
366.860.175
|
1981/1982
|
29
|
542.303.819
|
ND
|
Source : rapport FOGAPE, conseil d'administration de
1984
L'accroissement des prêts improductifs a
créé un effet d'éviction en rationnant les entreprises
privées au profit des entreprises publiques, par la limitation de la
marge de prêt que les banques pouvaient accorder aux nouveaux clients.
Ainsi les industries de plus de vingt employés (85%) avaient besoin d'un
crédit pour financer leurs investissement. 70% d'entre elles avaient des
difficultés à l'obtenir. Les crédits à
l'économie ont ainsi diminué de 27% en termes réels entre
1993 et 1994 et de 10% en 1995.
De l'autre côté, la réglementation
prudentielle était peu appliquée, aucune règle
sérieuse pouvant permettre de poursuivre les débiteurs
indélicats n'avait cours car la surveillance et la sanction des banques
dépendaient du ministère de l'économie et des finances
(Tchakounte et Bita, 2009), et malheureusement l'Etat avait des
intérêts dans la plupart des banques. Les banques
spécialisées et les institutions financières non bancaires
étaient sous la tutelle du ministre en charge des finances et de
l'économie, à travers les comités monétaires
nationaux qui en assurent en même temps le contrôle.
La générosité des conditions de banque,
l'absence de garantie fiable en contrepartie des crédits
octroyés, le non respects des ratios prudentiels, l'exacerbation du
dirigisme étatique caractérisée par l'allocation politique
et sectorielle des crédits, combinée à une conjoncture
macroéconomique défavorable ont constitué autant de
facteurs accumulés qui ont rendu la crise bancaire
inéluctable.
c- La dégradation de
l'environnement macroéconomique
Au cours de la décennie 70, le Cameroun connait une
période de prospérité économique qui suscite la
mise en oeuvre des politiques [agricoles] ambitieuses, du fait d'une
amélioration constante des termes de l'échange. L'exploitation
des premiers gisements pétroliers lui rapporte des recettes
appréciables. Si bien que ces bonnes performances enregistrées
par l'économie vont masquer la fragilité des
établissements de crédit, car bien avant la crise de 80, le
système bancaire camerounais était en proie à des
difficultés de toute sorte (Tamba et Tchamanbe, 1995). A la fin des
années 70 le Cameroun entre parmi les pays producteurs de
pétrole. Sa production passe d'un million à sept millions de
tonnes entre 78-85. Cependant un évènement d'envergure mondiale
va survenir au cours de la décennie 80 qui aura des répercussions
dans les économies des pays exportateurs de pétrole : le
contre choc pétrolier. Le contre-choc pétrolier est ainsi
appelé car il fait suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et
1979.
Ainsi la situation économique va progressivement se
dégrader. A partir de 1986, la production pétrolière chute
de sept millions de tonnes à cinq millions de tonnes en 1995. Le
pétrole qui pesait jusqu'à 20% dans le PIB au début de la
décennie 80, ne va peser plus que 5.6% sur la période 98/99. La
chute du prix du pétrole a entrainé une baisse
considérable des recettes d'exportation du Cameroun et un
assèchement des finances de l'Etat. Celui-ci n'a plus été
en mesure de payer ses arriérés au secteur bancaire et à
ses créanciers, eux-mêmes endettés auprès des
banques. L'Etat était le principal actionnaire, le principal
déposant et le principal débiteur des banques. A ce titre, ses
difficultés financières compromettaient les activités du
secteur bancaire. Aussi la tendance des banques à se consacrer
essentiellement au financement des exportations des principaux produits de base
va leur être préjudiciable, car dès 1986 la baisse
intervenue des cours de ces produits, conjuguée à la
détérioration des termes de l'échange, causent
d'énormes préjudices financiers aux établissements
bancaires camerounais ; conséquences d'autant plus lourdes que pendant
trois années successives, le gouvernement maintient des « prix aux
producteurs » élevés, grevant les coûts de revient de
ces produits, largement supérieurs aux cours mondiaux (Tamba et
Tchamanbe, 1995). Les banques se retrouvaient dans une situation
d'illiquidité générale et ne pouvaient plus faire face
à leurs engagements. Pire encore, pour financer ses dépenses
l'Etat fut amené non seulement à contracter ses
dépôts auprès des banques, mais également à
les retirer sans que les banques aient pu reconstituer leurs fonds propres au
début de la phase antérieure. La confiance déjà
très chancelante auprès du système bancaire fut
ébranlée entrainant une course aux guichets de la part de la
clientèle de ces dernières à l'exemple de la panique du 7
juin 1987, amorçant ainsi la fermeture des premières banques.
2- Manifestations de la crise
Pour Tchakounte et Bita (2009), la crise bancaire des
années 80, conséquence de la répression financière,
était une crise au sens des monétaristes
caractérisée par une contraction de l'offre de monnaie sur la
période 1986-1987, alors que la masse monétaire avait connu une
augmentation régulière de 1970 à 1985. La contraction
monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en
circulation et des monnaies divisionnaires. La situation monétaire a
commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992.
Combiné avec les effets de la crise, les crédits bancaires
alloués au secteur privé ont commencé à diminuer
à partir de 1980.
Cette crise bancaire se manifeste au milieu des années
80 à travers plusieurs facteurs : les défauts de paiement,
l'accumulation des créances douteuses, la suspension des
découverts, l'illiquidité des banques entrainant les pertes
financières des agents économiques, les faillites
manifestées par la fermeture des agences ou certaines banques. Cette
dernière a été la manifestation la plus palpable.
En 1985 les banques américaines retirent leurs
succursales. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC), la Boston Bank Cameroon
(BBC), la Bank of America. La fermeture des succursales des banques
américaines fait suite à la crise bancaire, mais surtout aux
difficultés éprouvées par ces banques pour
pénétrer un marché bancaire étroit, dominé
par les filiales des banques européennes notamment françaises. En
1988 la plupart des banques avaient un résultat négatif et une
situation des fonds propres tout aussi négative (Tchakounte et Bita,
2009). Au chapitre des faillites, la Société Camerounaise de
Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) ont été les
toutes premières banques à tomber en faillite en 1988. En 1989
sur douze banques en activité, quatre établissements bancaires
parmi les plus importants ont dû déposer leur bilan. Il s'agit de
la SCB, la CAMBANK, la Banque Camerounaise de Développement (BCD), et la
banque des Pays bas et de Paris (Paribas-Cameroun). En 1991, c'est la Bank of
Credit and Commerce (BCC) qui ferme ses portes. La First Investment Bank (FIB)
créée en juin 91 fera faillite en mai 93, suivie une année
après de l'International Bank of Africa Cameroon (IBAC) en 1994. La
BIAO-Cameroon et la meridien International Bank Limited vont fusionner pour
donner naissance à la BIAO-meridien Bank Cameroon (BMBC) en 1991, qui
elle aussi fermera le 9 septembre 1996, en pleine restructuration (Bita, 2008).
La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du
Cameroun (BICIC) donnera naissance à la Banque internationale pour le
Commerce et l'Epargne du Cameroun (BICEC) le 10 juin 1997. Ce passage provoque
le licenciement de près de 330 employés sur les quelques 800 que
comptait la BICIC (Bita, 2008). La même année le Crédit
Agricole du Cameroun (CAC), victime de la panique de l'année 96 et de la
mauvaise gestion de ses dirigeants, fermera aussi ses portes.
La perte en bilan cumulé, s'élevait en 1989
à près de 700 millions représentant un peu plus de 40% du
total des bilans bancaires estimés à l'époque à
1520 milliards de FCFA. En 1990 la perte s'évalue à 52.884
milliards. Aussi il y a eu une diminution simultanée des
dépôts à terme de 33 % entre1985 et 1987, et des
dépôts à vue de 22 %.
B- La libéralisation
financière dans les réformes
Pour mettre fin à cette crise bancaire, les organismes
internationaux -FMI- vont dans le cadre du programme d'ajustement structurel,
inciter les autorités camerounaises à mettre en place une
série de réformes3(*). Suite aux réformes, le paysage bancaire va
connaitre une profonde mutation sur les aspects monétaire et financier
d'une part dont l'aboutissement sera le désengagement des pouvoirs
publics du capital des banques au profit des intérêts
privés (restructuration bancaire), et juridico-institutionnel d'autre
part ayant conduit à redéfinir les règles de surveillance
et de gestion des établissements de crédit (contrôle
bancaire).
Dans la logique de la restructuration, la première
tâche à laquelle vont s'atteler les experts, afin de mieux
apprécier la situation du secteur et de chaque banque en particulier,
sera de réécrire les bilans des banques dont la plupart
étaient falsifiés, c'est-à-dire minimisaient l'ampleur du
désastre. La deuxième tâche de la restructuration
concernait l'application d'un plan de redressement financier. Les banques en
difficultés mais solvables ont été recapitalisées
et les banques insolvables ont tout simplement été
fermées. Dans un cas comme dans l'autre, les actions ont porté
successivement sur l'actif (l'Etat a entrepris d'absorber tout ou partie des
pertes), et sur le passif (épuration des engagements des banques
à l'égard des déposants. Ces derniers furent
dédommagés et les petits déposants étaient
privilégiés) des banques. Sur le plan des reformes
monétaires, il a été mis en oeuvre la programmation
monétaire (1991) et l'institution du marché monétaire
(1994).
Quant au contrôle bancaire, il vise à assurer
aux banques un environnement juridique plus sûr permettant une meilleure
surveillance de celles-ci tout en leur offrant une plus grande autonomie de
gestion (Tchakounte et Bita, 2009). Il passe donc par une série de
réformes juridico-institutionnelles regroupant l'ensemble des actes
juridiques et législatifs pour assurer une réglementation
prudentielle et une meilleure supervision bancaire. Dans ce sens la
réglementation prudentielle fut renforcée4(*), et la Commission Bancaire
d'Afrique Centrale (COBAC) créée, afin de veiller au bon
déroulement de l'activité bancaire. Le dernier pan des
réformes a consisté à libéraliser le secteur
financier (bancaire).
1- Les contours de la
libéralisation financière au Cameroun
Depuis la réforme du 16 octobre 1990, la
détermination des conditions de banque a été
libéralisée par la Banque d'Afrique centrale.Jusqu'en 1990, le
dispositif d'intervention de la BEAC était composé de trois
arsenaux : plafonds globaux de réescompte, administration des taux
d'intérêt5(*),
et recours aux instruments non permanents6(*)(Ils étaient constitués par le
système de réserves obligatoires non
rémunérées et de réserves libres
rémunérées (dépôts spéciaux), et
l'encadrement du crédit) (Banque de France, 1994).
a- La libéralisation des taux
d'intérêt
En ce qui concerne les taux d'intérêt, ils
constituent avec la programmation monétaire (1991) et l'instauration du
marché monétaire (1994), les grands axes de la réforme du
dispositif d'intervention de la BEAC. La réforme des taux
d'intérêt vise à introduire plus de souplesse et de
rationalité dans la gestion et le loyer de l'argent.
La déréglementation des conditions de banque a
permis la libre fixation des taux d'intérêt par les banques
commerciales. Ainsi, les taux d'intérêt débiteurs et
créditeurs sont fixés librement par négociation entre les
établissements de crédit et leurs clients, en respectant les
bornes constituées par le Taux Créditeur Minimum (TCM) et le Taux
Directeur Maximum (TDM). A partir du premier janvier 1996 le TCM, fixé
par le Gouverneur s'applique aux petits épargnants qui sont
définis comme étant les détenteurs des comptes sur livret
d'un montant inférieur ou égal à 5 millions de FCFA ;
le TDM qui s'applique à tous les établissements de crédit
éligibles aux concours de la BEAC (banques et établissements
financiers) est égal au taux de pénalité
arrêté par le Gouverneur plus une marge fixe arrêtée
par le Conseil d'administration du 24 novembre 1995. Le Conseil
d'Administration de la BEAC du 19 mars 1997 oblige les établissements de
crédit à publier leur taux de base bancaire et à afficher
leur barème des conditions minimales et maximales applicables aux
opérations avec la clientèle. Le but de cette mesure est
d'accroître la concurrence bancaire et l'efficience de
l'intermédiation financière (BEAC, 2004). Il incombe à la
COBAC (sur recommandation du conseil d'administration de la BEAC du 19 mars
1997) de veiller à l'affichage par les banques de leur barème des
conditions minimales et maximales applicables aux opérations avec la
clientèle et d'appliquer les sanctions disciplinaires à
l'égard des établissements de crédit en infraction.
Cependant depuis le 2 juillet 2008, le taux débiteur maximum a
été supprimé, et le TCM a été ramené
de 4,25% à 3,25% (jusqu'en 2015) par le conseil de politique
monétaire7(*) de la
BEAC.
Tableau 5:
évolution en pourcentage des TCM et TDM en fin de période
Année
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
TDM
|
16,00
|
22,00
|
22,00
|
22,00
|
22,00
|
22,00
|
22,00
|
18,00
|
18,00
|
18,00
|
17,00
|
TCM
|
5,50
|
5,50
|
5,00
|
5,00
|
4,75
|
5,00
|
5,00
|
5,00
|
5,00
|
5,00
|
4,75
|
Année
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
TDM
|
17,00
|
15,00
|
15,00
|
Supprimé
|
Supprimé
|
Supp
|
Supp
|
Supp
|
Supp
|
Supp
|
Supp
|
TCM
|
4,75
|
4,25
|
4,25
|
3,25
|
3,25
|
3,25
|
3,25
|
3,25
|
3,25
|
3,25
|
2,75
|
Source : dépouillement des statistiques de la
BEAC
Par ailleurs le 16 octobre 1990 la BEAC a
procédé à l'unification du taux d'escompte en supprimant
le taux privilégié. Il a également été
décidé du relèvement du taux des avances aux
trésors nationaux avec comme objectif de le fixer, à terme au
même niveau que celui des concours aux banques ; et du maintien en
permanence d'un différentiel favorable à la zone par rapport
à la place de Paris, compte tenu de la liberté de transfert et
afin d'atténuer les sortie de capitaux.
Sur le marché monétaire de la CEMAC, les taux du
marché interbancaire (niveau 1 du marché monétaire) sont
totalement libres et déterminés par la loi de l'offre et de la
demande. En clair les intervenants (banques et établissements de
crédit) échangent entre eux des liquidités à des
conditions de taux et de durée et, éventuellement, de garantie,
librement débattues, sans intervention de la BEAC. La Banque centrale
est également susceptible, dans le cadre d'interventions ponctuelles, de
procéder sur ce marché à des injections exceptionnelles de
liquidité au taux et dans les conditions du marché, lorsque la
somme cumulée des concours au titre des appels d'offres et des pensions
(niveau 2) excède l'objectif de refinancement maximum du guichet A. Ces
interventions ponctuelles sont décidées sur la base de la
situation du marché monétaire au niveau sous régional.
b- Les autres aspects de la
libéralisation financière interne au Cameroun
· La suppression des barrières à
l'entrée, de l'allocation sectorielle du crédit et la
privatisation des banques
La libéralisation a aussi concerné la
suppression des barrières à l'entrée. En 1973, l'Etat
opérait une certaine réforme instituant la prise de participation
au capital social des banques par les nationaux. Il s'agissait dans son esprit
de faire ressortir les intérêts publics, par la détention
d'au moins le tiers des actions souscrites8(*). C'est alors que les banques étrangères
furent nationalisées car l'Etat y était l'actionnaire
majoritaire. L'entrée dans le secteur bancaire de toute banque
était dès lors subordonnée à la possession par
l'Etat des parts importantes du capital social (le tiers au minimum). Mais en
1990 on a assisté à une dérégulation ayant
amené l'Etat, du fait des dégâts occasionnés par sa
présence exacerbée, à se détacher du capital social
des banques, en les privatisant. Cette barrière à l'entrée
fut ôtée. Ceci visait, selon Noula (2012) à attirer les
banques privées jouissant d'une collaboration étrangère
dans l'espoir que ces banques apporteraient un maximum de capitaux
étrangers et le savoir-faire technique, transmettraient la
dextérité des banques modernes aux banques domestiques et
élargiraient aussi profondément que possible la structure
financière locale. Bref la privatisation des banques devrait stimuler la
concurrence bancaire.
La libéralisation financière a donc
apporté plus de liberté d'action et de souplesse aux banques,
désormais affranchies du dirigisme étatique. L'Etat s'est
retiré de la gestion des banques -à travers l'abandon des parts
de capital- qui furent privatisées. La privatisation des banques visait
à leur apporter plus d'efficience et d'efficacité dans leur
fonctionnement, le management privé étant considéré
comme plus efficace. Par conséquent, la pratique de l'allocation
sectorielle des crédits, c'est-à-dire leur orientation vers les
secteurs jugés prioritaires ou rentables par le gouvernement fut
abandonnée. Désormais, les banques affranchies du dirigisme
étatique ont la latitude d'octroyer les crédits selon les
conditions propres au secteur.
Ainsi, au 31 décembre 2011, sur treize banques en
activité, l'Etat ne détenait des parts de capital que dans quatre
banques :
§ la BICEC : au capital de 12000 millions, dont
17,5% détenus par l'Etat, 61,5% par BPCE International et outre-mer,
7,25% par PROPARCO et 14,3% par d'autres actionnaires
§ la Société Commerciale de Banques
Cameroun (CA SCB) : avec un capital de 6000 millions, est détenu
par l'Etat à 49% contre 51% par IUB holding
§ la SGBC : où l'Etat est actionnaire
à 25,6% des parts, contre 58,08% pour la Société
Générale et 16,32% pour AGF Cameroun, pour un capital d'un
montant global de 12500 millions
§ la BGFI Bank Cameroun : l'Etat détient
20,00% du capital qui s'élève à 10 milliards de FCFA. Les
autres parts sont reparties entre la BGFI holding (70,69%) et les autres
actionnaires (9,31%).
Force est de constater que l'Etat n'est plus actionnaire
majoritaire dans aucune banque. Les autres banques sont détenues par
divers actionnaires privés camerounais et étrangers. Seule la
Standard and Chartered Bank a un capital entièrement détenu par
elle-même à 100%, et dans une certaine mesure la United Bank of
Africa (UBA) qui possède 99,99% de son capital contre 0,1% par d'autres
actionnaires.
· La politique des réserves
obligatoires
Le 1er Septembre 2001, le gouverneur de la Banque
d'Afrique centrale, agissant par délégation du conseil
d'administration, a décidé de soumettre les banques de la CEMAC
à la constitution des réserves obligatoires
rémunérées. Chose qui semble paradoxale puisque Mc Kinnon
(1973) et Shaw (1973) s'opposent fortement à la constitution des
réserves obligatoires et préconisent leur suppression, sinon leur
diminution significative, puisqu'elles participent à empêcher la
liberté de mouvement des banques en réduisant leur
capacité d'octroi de crédits. Mais en fait, l'introduction des
réserves obligatoires par la BEAC vise à prévenir les
risques d'inflation issus de l'octroi exagéré de crédits
par les banques, celles-ci étant fortement surliquides. Les
réserves dans la CEMAC ne constituent pas un instrument de
répression financière mais sont plutôt un outil de
régulation de la liquidité des banques. C'est ainsi que le taux
des réserves n'est pas statique, fixe. Il est fixé et
modifié par le gouverneur de la BEAC, en fonction de la conjoncture
économique et monétaire interne (le niveau de liquidité
des banques notamment) et externe. Ainsi en 2002, à cause de la trop
forte liquidité des banques dans la CEMAC, du fait de la forte
augmentation des recettes d'exportation des Etats, notamment
pétrolières (BEAC, 2002), le gouverneur a procédé
au relèvement du coefficient des réserves à trois
reprises. Lorsque la BEAC modifie les coefficients de réserves, elle
laisse une période d'adaptation aux banques de deux mois, période
au cours de laquelle aucune sanction ne leur sera appliquée.
L'application du coefficient de réserves varie selon les pays en
fonction de la liquidité des banques.
Ainsi le 1er juillet 2002, le Conseil d'administration de la
BEAC a décidé d'adopter le principe d'une différenciation
des coefficients de réserves obligatoires selon les pays, du fait des
disparités constatées concernant la liquidité bancaire
dans les différents États de la CEMAC. Le gouverneur de la BEAC a
décidé de répartir les pays de la CEMAC en deux
groupes9(*) : pays
à situation de [sur]liquidité satisfaisante (groupe
1) auxquels le coefficient de réserves serait un plus
élevé : Cameroun, Congo, Guinée Equatoriale ; et pays
à situation de liquidité fragile (groupe 2) qui
connaitraient une application modérée des taux de réserve
: Tchad, République centrafricaine (RCA), Gabon. Cette
répartition a pris effet pour compter du 1er août
2002.les réserves obligatoires ne sont pas appliquées dans un
dessein de réprimer les banques, mais la BEAC, investie d'un double
objectif de stabilité monétaire (un taux d'inflation faible et un
taux de couverture extérieure de la monnaie suffisant -le seuil
statutaire minimal étant de 20 %) et de soutien à
l'activité économique (article 1er de ses statuts),
veille à ce qu'il n'y ait pas trop de liquidités, mais aussi
qu'il n'y en ait pas trop peu non plus. A titre d'exemple, Depuis le 22 mai
2003 les réserves obligatoires de la RCA ont été
suspendues à cause de la liquidité trop fragile de ses
banques.
Tableau 6: coefficients
des réserves obligatoires appliqués au Cameroun
De mars 2006 à mars 2007
|
De mars 2007 à juillet 2008
|
De juillet 2008 à mars 2009
|
Depuis mars 2009
|
Depuis mars 2016
|
Sur dépôts à vue
|
Sur dépôts à terme
|
Sur dépôts à vue
|
Sur dépôts à terme
|
Sur dépôts à vue
|
Sur dépôts à terme
|
Sur dépôts à vue
|
Sur dépôts à terme
|
Sur dépôts à vue
|
Sur dépôts à terme
|
7.75
|
5.75
|
10.25
|
8.25
|
11.75
|
9.25
|
11.75
|
9.25
|
5.88
|
4.63
|
Source : BEAC et Banque de France
En somme le recours aux réserves obligatoires vise
à « mettre en banque » le système bancaire,
c'est-à-dire à le contraindre au refinancement lorsque les
facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un
excédent de monnaie centrale pour les établissements de
crédit (BEAC, 2006). C'est donc un instrument servant à contenir
les risques inflationnistes (BEAC, 2002).
c- La libéralisation partielle du
compte de capital
L'Article VIII des Statuts du FMI impose une obligation aux
membres de s'abstenir desrestrictions sur l'exécution des paiements et
des transferts dans le cadre des transactions internationales courantes et
l'Article VI (3) autorise les membres à imposer un contrôle le cas
échéant en vue de réguler les mouvements de capitaux
internationaux mais en se gardant d'adopter des restrictions sur les paiements
des transactions courantes. Le Cameroun va procéder en 2000, dans le
cadre de l'intégration sous régionale, à l'harmonisation
de la réglementation nationale avec celle des autres pays, sur les
devises étrangères (règlement N° 02/00/CEMAC/UMAC/CM
du 29 avril 2000 portant harmonisation des changes dans les Etats membres de la
CEMAC, en vigueur depuis le 02 janvier 2004) et libéraliser les flux de
capitaux à l'intérieur de la CEMAC. Ce texte qui se substitue aux
réglementations nationales se caractérise par : le
désengagement de l'Etat des activités économiques avec
l'extérieur par le transfert aux intermédiaires
agréés des compétences administratives dans la gestion
des opérations de change et de transfert ; l'abolition du
contrôle des mouvements de capitaux à court terme avec la
suppression des autorités des visas administratifs ; la
libéralisation des paiements relatifs aux transactions courantes (biens
et services, visibles, allocations de devises ; une responsabilisation
accrue des banques dans l'exécution et le contrôle des
opérations.
Conditions de réalisation des transferts relatifs
aux transactions
Les transactions courantes qui n'ont pour objet le transfert
des capitaux comprennent tout aussi bien les opérations de commerce
extérieur, les services ainsi que les facilités à court
terme de banque de crédit, les paiements dus au titre
d'intérêts sur prêts ou de revenus des autres
investissements, les paiements modérés pour investissements et
emprunts. On y retrouve également les invisibles et les allocations de
devises aux voyageurs. Concernât ce dernier élément, les
devises allouées sont soumises à des plafonnements. Ainsi, les
plafonnements sont répartis ainsi qu'il suit : Voyages touristiques
(allocation de devises plafonnée à 4millions de FCFA), voyages
d'affaires (plafond de 10millions), missions officielles (plafond de 4
millions), voyages pour raisons médicales (plafond de 5 millions).
Conditions de réalisation des transferts relatifs
aux mouvements de capitaux
Les banques sont les seules habilitées à
vérifier, puis à exécuter les prêts et emprunts qui
ne sont pas soumis à l'autorisation mais à la déclaration
auprès du ministère chargé des finances. Il s'agit de
toutes les transactions dont l'encours ne dépasse pas 100 millions de
FCFA et les opérations propres des banques.
L'investissement direct (IDE) est déclaré
à des fins statistiques si son montant est inférieur à 100
millions de FCFA et les transferts de fonds y relatifs sont librement
exécutés par les intermédiaires agréés. Pour
les montants supérieurs à 100 millions de FCFA, les
Investissements directs doivent être déclarés auprès
du ministère des finances, sauf s'ils prennent la forme d'une
augmentation de capital résultant des réinvestissements de
bénéfices non distribués. En plus, les transferts de fonds
y relatifs sont soumis à l'autorisation du ministère des
finances.
Enfin concernant les valeurs mobilières10(*), l'émission,
l'exploitation, la publicité la mise en vente de valeurs
mobilières étrangères dans la CEMAC, pour les montants
supérieurs à 10 millions de FCFA, sont soumises à
l'autorisation préalable du ministère des finances.
2- Bilan des réformes
a- Le secteur bancaire après les
réformes
La libéralisation financière a été
présentée par Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) comme un moyen
efficace pouvant conduire les pays sous-développés, au secteur
financier particulièrement réprimé, vers une croissance
stable et durable. Cependant les premières expériences de la
libéralisation financière entamée en Amérique
latine ne furent pas de bon augure, et se soldaient par des crises encore plus
fortes du système bancaire. Qu'en est-il du Cameroun ?
La libéralisation financière entamée en
1990 par la libéralisation des taux d'intérêt n'a pas eu de
conséquences fâcheuses sur la stabilité du système
bancaire Camerounais. Malgré leur fragilité au début des
réformes marquée par une baisse des dépôts de la
clientèle, une diminution des crédits, conséquence de la
dégradation de la confiance des clients, les banques ont progressivement
retrouvé leur solidité. Le système bancaire n'a plus connu
de crises majeures. Cela a été possible grâce à un
environnement économique stable caractérisé par une
relative stabilité des prix et un système fiscal plutôt
favorable, un système de surveillance et de réglementation des
institutions financières efficace et un ordonnancement adéquat
des réformes. Une autre raison est que la libéralisation
financière menée au Cameroun comme dans la plupart des pays
d'Afrique subsaharienne s'est faite de façon incomplète et lente
(Gamra et Clévenot, 2006 ; Chouchouagne-verdier, 2004). Les pays
africains n'ont pas attiré autant de capitaux que d'autres
régions malgré la mise en oeuvre des réformes. Ils n'ont
donc pas subi le contre-coût de brusques sorties de capitaux puisqu'ils
n'ont connu d'afflux de capitaux.
De l'autre côté, les dépôts des
clients ont progressivement augmenté et les banques sont en situation de
surliquidité. En effet, les banques connaissent une situation de
surliquidité avec des ratios de liquidité supérieurs
à 100%. La surliquidité bancaire désigne une situation de
déséquilibre profond et permanent entre les ressources et les
emplois d'une banque, c'est-à-dire la trésorerie bancaire est en
permanence largement excédentaire11(*).
Tableau 7:évolution
des dépôts dans les banques commerciales (en milliards
FCFA)
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Dépôts
Etat
Privés
|
841
|
951
|
1144
|
1158,9
|
1238,2
|
1366,4
|
1549,5*
|
1772,7*
|
157
|
190
|
211
|
174,8
|
182,7
|
120.8
|
172,4
|
239,9
|
684
|
761
|
933
|
984,2
|
1055,5
|
1173,7
|
1304,3
|
1442,1
|
Année
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Dépôts
Etat
Privés
|
1971
|
2159,4
|
2407,1
|
2690,7
|
2660,9
|
3069,6
|
3339
|
3537,2
|
252
|
311
|
324,6
|
334,0
|
339
|
380,3
|
413,1
|
482,9
|
1720
|
1849
|
2082,5
|
2356,8
|
2321
|
2690
|
2926,0
|
3054,2
|
*le total des dépôts inclue les
dépôts privés, les dépôts de l'Etat et ceux
des administrations publiques
Source : Dépouillement des statistiques de la
BEAC et de la COBAC
Depuis la crise bancaire le secteur de la microfinance a connu
un essor et un succès considérables, mettant à mal la
bancarisation des ménages. En effet la crise des années 80 qui
s'est manifestée par les faillites a durablement ébranlé
la confiance des populations envers le système bancaire. De plus les
banques ont durci les conditions d'accès à leurs services,
entrainant la marginalisation d'une frange importante de la population. Ceux-ci
se sont alors repliés vers les circuits informels de financement
(tontines). D'autre part les licenciements massifs des hauts cadres des banques
suite à la crise bancaire les ont amenés à
développer les stratégies parallèles de financement en
créant les établissements de microfinance. Progressivement les
structures de microfinance se sont révélées de plus en
plus attractives par leur proximité, la simplicité de leur
approche commerciale et leur forte capacité d'adaptation, dans un
contexte marqué par le succès12(*) international de la microfinance en tant que vecteur
d'octroi de microcrédit et autres services financiers (micro
épargne, micro assurance transfert d'argent) aux populations pauvres
exclues du système bancaire classique, comme en témoigne
l'attribution du prix Nobel de la paix 2006 à Muhammad YUNUS -un
pionnier de la microfinance moderne- et sa « Grameen
Bank. ». Ainsi l'activité de microfinance est implantée
sur tout le territoire national avec un pic dans la province du nord-ouest
où le réseau CAMCCUL était installé à plus
de 40 % en 2005, avec plus de 60 caisses populaires. En 2006, la COBAC a
recensé 445 établissements de microfinance (EMF) agrées,
pour un total de 490 EMF en activité. Le nombre de leurs clients
s'élevait à 84 9030, et les guichets étaient porté
à 1052. En 2011, le nombre d'EMF est passé à 590.
b- Libéralisation financière
et économie réelle
Le bilan de la libéralisation financière induit
un paradoxe : la surliquidité bancaire et le rationnement du
crédit. Le rationnement du crédit est d'autant plus paradoxal que
la libéralisation financière est supposée entrainer une
explosion de crédit. Le boom du crédit encore appelé
« le syndrome de l'excès d'emprunt »
(overborrowingsyndrome) mesuré par le ratio crédit/PIB
résulte du passage d'une économie réprimée à
une économie libéralisée. Ce ratio était
particulièrement élevé pendant les périodes de
répression financière -avec un pic de 31,24 en 1982- du fait de
l'allocation sectorielle et incontrôlée des crédits de la
part des banques.
Tableau 8: Ratio de
liquidité des banques camerounaises (en %)
Année
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Ratio
|
164
|
162
|
128
|
139
|
148
|
Source : COBAC
Tableau 9: crédits
privés en pourcentage du PIB, 1980-1991
Année
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
Ratio
|
29.54
|
31.15
|
31.24
|
30.89
|
25.23
|
22.87
|
24.01
|
25.86
|
24.39
|
25.07
|
26.37
|
26.41
|
Source : annuaire fonds monétaire
international, 2016
Mais le ratio crédits privés/PIB a brutalement
chuté à partir de 1992 en pleine restructuration bancaire pour se
situer à 12,52%. Depuis lors il n'a plus jamais atteint ses niveaux des
années 80, se situant toujours en deçà de 15%, jusqu'en
2013 (14,13 en 2012 et 14, 70 en 2013).
Tableau 10 :
crédits privés en pourcentage du PIB, 1992-2011
Année
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Ratio
|
12,52
|
10,27
|
9,22
|
8,19
|
7,91
|
6,53
|
7,37
|
7,80
|
8,22
|
8,90
|
Année 2002 2003 2004
2005 2006 2007 2008 2009 2010
2011
|
Ratio
|
9,15
|
9,63
|
9,28
|
9,87
|
9,45
|
9,69
|
10,93
|
11,47
|
12,53
|
14,18
|
Source : annuaire fonds monétaire
international, 2016
On observe néanmoins une tendance haussière de
ce ratio ces dernières années : 15,46% en 2014, 16,31% en
2015 et 20, 79% en 2016.
Le rationnement qui pénalise particulièrement
les PME, est d'autant plus préjudiciable que le financement bancaire est
la principale source de financement, le marché financier -dans le cas du
Cameroun- étant encore embryonnaire et mal organisé. Trois
raisons justifient cette situation selon Avom et Eyeffa (2007). D'abord ce
paradoxe est la conséquence des restructurations bancaires ayant
entrainé le rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient
été massivement placés hors de la zone BEAC pour se
protéger contre la dévaluation, ainsi que des recettes
d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les banques.
Ensuite le mauvais climat des affaires crée une incertitude qui accroit
le risque des projets susceptibles d'être éligibles au financement
bancaire, décourageant ainsi les potentiels concours des banques
à l'économie. Avant de prendre leurs décisions d'octroi
de crédit, les banques ont besoin de disposer de données fiables
sur leurs clients, ce qui est rarement le cas (asymétrie d'information).
Enfin les banques sont généralement inaptes à transformer
les ressources courtes en emplois longs. Les crédits accordés
sont majoritairement à échéance courte. De ce fait les
entreprises bénéficiaires n'ont pas assez de temps pour les
rentabiliser. La principale source de rentabilité des banques est
devenue l'ensemble des placements effectués auprès de la banque
centrale (Avom et Eyeffa, 2007).
Figure 1 : évolution des crédits
bancaires à l'économie (en millions de FCFA)
Construit à partir du dépouillement des
statistiques de la BEAC (voir tableau 2 en annexe)
Les crédits accordés à courte
période dominent largement les montants de crédits
octroyés. Les banques n'arrivent pas à opérer une
véritable transformation de maturité
Une autre raison justifiant les difficultés
d'accès au crédit par les PME est aussi la hausse des taux
d'intérêt débiteurs consécutive à la
libéralisation financière. Le relèvement des taux
d'intérêt débiteurs à des niveaux parfois
très élevés suite à leur libéralisation, a
rendu l'accès au crédit encore plus prohibitif pour la plupart
des emprunteurs potentiels. Même si le montant des crédits
octroyés est en constante augmentation, il ne reflète pas les
besoins réels de l'économie. Il se peut également que ce
rationnement du crédit soit la conséquence de la crise bancaire.
En effet certaines banques ont fait faillites suite à la
réalisation des nombreuses créances douteuses. De ce fait celles
en activités aujourd'hui préféraient ne pas prendre trop
de risques, en jouant la carte de la prudence. Ce d'autant plus que le secteur
des entreprises est fortement dominé par les PME, qui présentent
un risque plus élevé. Les banques préfèrent ainsi
financer les grandes entreprises aux garanties meilleures, et ayant fait leurs
preuves. La difficulté d'octroi des crédits peut aussi
résulter de l'aléa moral : les banques sont dans
l'incapacité d'observer les actions menées par les PME ayant
reçus les fonds. Les dirigeants très souvent orientent les fonds
reçus vers des activités autres que celles initialement
convenues. Toute chose qui accroit la réticence du banquier surtout que
les PME demandeuses de crédits n'ont pas souvent d'informations
comptables fiables (asymétrie d'information), ne fournissent pas assez
de garanties...
SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE ECONOMIQUE
La croissance économique n'est pas un fait naturel ;
c'est au contraire un évènement historique exceptionnel, dont le
début est récent. La plupart des manuels de théorie
économique, d'histoire de la pensée économique et
d'histoire des faits économiques, font remonter les origines de la
croissance à la première révolution industrielle. C'est la
révolution industrielle qui a provoqué la croissance
économique. Il sera question dans cette section, des
généralités sur la croissance économique (I), et
d'analyser l'évolution de la croissance économique au
Cameroun(II).
I- Généralités sur la
croissance économique
A- Définition et mesure de la
croissance économique
1- Définition
La croissance économique est l'augmentation soutenue,
sur une longue période, d'un indicateur de création de richesses
ou de production d'un pays. Généralement, les économistes
retiennent le Produit Intérieur Brut (PIB). Il mesure, en valeur, les
quantités produites par l'économie au cours d'une année.
Selon Perroux (1990) : « c'est l'augmentation soutenue pendant une ou
plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une
nation, le produit net en termes réels ». Pour Kuznets,
« La croissance économique d'un pays peut être
définie comme une augmentation à long terme de la capacité
d'offrir une diversité croissante de biens, cette capacité
croissante étant fondée sur le progrès de la technologie
et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'il demande
»13(*).
La croissance économique est l'accroissement durable de
la production globale d'une économie. C'est donc un
phénomène quantitatif que l'on peut mesurer. C'est aussi un
phénomène de longue période. En effet, une augmentation
brutale et sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à
la croissance économique. Il ne faut donc pas confondre croissance et
expansion, l'expansion caractérisant une augmentation de la production
sur une courte période14(*).
Il ne faut pas non plus la confondre avec le
développement. Bien que la croissance soit à l'origine du
développement économique et social, celui-ci est un
phénomène plus large que la croissance. Il se traduit par une
transformation des structures économiques et sociales, par des
progrès de l'espérance de vie, et des taux de scolarisation ou
des réductions de l'inégalité.
2- Mesure de la croissance
économique
a- Le concept du PIB
Mesurer la croissance est une tâche difficile
particulièrement pour les périodes les plus reculées
n'offrant que très peu d'information. Dans beaucoup de pays, les comptes
nationaux ont été créés après la Seconde
Guerre mondiale; ils mesurent le revenu moyen par habitant de
différentes manières: produit intérieur brut, produit
national brut... Mais l'unité généralement retenu pour
cerner la croissance économique ainsi que son évolution reste le
PIB. Ce dernier se décline en diverses variantes permettant de cerner
dans des angles différents le phénomène de croissance.
Le PIB ou Produit intérieur brut mesure la richesse
créée par un pays en une année, c'est-à-dire qu'il
indique la valeur de la production de biens et services d'un pays au cours
d'une période donnée comme l'année. Le mot
intérieur renvoie aux agents économiques sur le territoire qu'ils
soient nationaux ou étrangers, brut en ce sens qu'il ne prend pas en
compte l'usure des biens de production. La richesse créée par les
services publics est comptabilisée dans le PIB non marchand car ils ne
sont pas vendus sur un marché. Le PIB cherche à chiffrer la
participation de ces différents acteurs à la création de
richesses, participation mesurée par la valeur ajoutée de chacun
pour éviter de compter plusieurs fois la même chose.
Croissance =
Le PIB réel permet d'éliminer l'incidence de
l'inflation et de faire des comparaisons dans le temps. Le PIB nominal est la
valeur des biens et services mesurée à prix courants alors que le
PIB réel est mesuré à prix constants. PIB réel =
PIB nominal* 100 / déflateur de PIB. Le PIB en Parité des
Pouvoirs d'Achat permet de faire des comparaisons dans l'espace c'est à
dire entre deux pays. Il est calculé en fonction du pouvoir d'achat d'un
dollar dans chaque pays.
b- Les indicateurs alternatifs au
PIB
A cause des problèmes méthodologiques, parce
qu'il ne rend pas compte de certaines richesses produites, et parce qu'il
mesure mal le niveau de vie des populations, des indicateurs alternatifs au PIB
ont été élaborés. Il s'agit de l'Indice de
développement humain (IDH)15(*), l'épargne nette ajustée (encore
appelée, épargne véritable, pour exprimer la variation du
capital économique, humain et naturel d'un pays à l'issu d'un
cycle de production), l'indice de pauvreté humaine (qui tient compte des
conditions de vie en mesurant le niveau de développement des plus
pauvres (plus l'IPH est élevé, plus le pays est pauvre)), et le
PIB vert ou l'indice de progrès véritable qui est un indicateur
qui mesurerait les richesses d'une économie en soustrayant les effets
négatifs pour le bien-être (pollution,
inégalités...) et en ajoutant tout ce qui participe au
bien-être (travail domestique, travail bénévole).
B- Les théories de la croissance
économique
1- Les théories de la croissance
exogène
a- Le modèle de croissance
Harrod-Domar
Après la seconde guerre mondiale, les
économistes postkeynésiens Harrod et Domar, vont chercher
à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut
être durable. Le modèle Harrod-Domar vise à étendre
sur la longue période la Théorie générale de
Keynes, qui ne portait que sur le court terme. Il permet de faire ressortir le
caractère fortement instable de la croissance. En particulier, il montre
que pour qu'une croissance soit équilibrée (c'est-à-dire
que l'offre de production augmente ni moins (sous-production) ni plus
(surproduction) que la demande), il faut qu'elle respecte un taux
précis, fonction de l'épargne et du coefficient de capital
(quantité de capital utilisée pour produire une unité) de
l'économie. Or, il est très difficile que la croissance respecte
ce taux, puisqu'elle dépend des décisions individuelles (en
particulier des projets d'investissement des entrepreneurs). De plus, si la
croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir tendance non
pas à le rejoindre, mais à s'en éloigner davantage,
diminuant progressivement (en raison du multiplicateur d'investissement). La
croissance est donc toujours « sur le fil du rasoir ».
b- Le modèle de Solow
D'inspiration néoclassique, ce modèle se fonde
sur une fonction de production à deux facteurs : le travail et le
capital. La production résulte donc exclusivement de la mise en
combinaison d'une certaine quantité de capital (moyens de production) et
de travail (main d'oeuvre). Le modèle de Solow (1956) repose sur des
hypothèses de type néoclassique : toute l'épargne est
investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital
au travail (selon les coûts relatifs de l'un à l'autre), la
concurrence empêche l'existence de rentes de monopole et de comportements
price-maker.
2- Les théories de la croissance
endogène
a- Croissance avec
recherche-développement
La croissance économique s'accompagne de l'apparition
d'innovations. Pour Romer (1990), ces innovations prennent la forme de nouveaux
procédés, de nouveaux outils, qui s'ajoutent à ceux
déjà en place. Ces nouveaux biens d'équipement permettent
d'améliorer la division du travail qui est la véritable source de
la croissance (externalités). C'est le partage de l'utilisation du
capital humain entre production de biens et production des nouveaux biens
d'équipement qui explique le rythme de croissance. Tout ce qui permet
d'augmenter la quantité de biens d'équipement nouveaux est
favorable à la croissance. L'activité de recherche est un facteur
décisif de croissance économique.
b- Croissance avec dépenses
publiques.
Barro (1990) fera des dépenses publiques un
déterminant du progrès économique et proposera le concept
de taille optimale de l'Etat pour montrer que ce dernier doit intervenir dans
l'économie pour améliorer la productivité du secteur
privé, tout en réduisant au strict maximum, les distorsions
fiscales qui découleraient de son intervention financière. Il a
souligné l'importance des infrastructures publiques dans la circulation
des informations, des personnes et des biens. L'impôt qui est
appelé à financer ces investissements exerce un effet positif sur
la croissance et non plus seulement un effet dissuasif sur le secteur
privé. On assiste ainsi à une réhabilitation des
dépenses publiques, non pas dans une perspective de stabilisation, mais
dans une perspective structurelle de croissance. En rendant le coût de
l'information moins élevé, ces interventions de l'Etat favorisent
la mise en place des conditions d'une concurrence parfaite.
c- Capital humain et croissance
Une vague de recherche a été ouverte par Lucas
(1988), c'est celle qui fait de l'accumulation du capital humain un
déterminant important du progrès économique des nations.
Le capital humain désigne l'ensemble des capacités apprises par
les individus et qui accroissent leur efficacité productive. Chaque
individu est en effet, propriétaire d'un certain nombre de
compétences, qu'il valorise en les vendant sur le marché du
travail. Le capital humain correspond ainsi à une accumulation
volontaire de connaissances (schooling) de l'apprentissage par la pratique
(learning by doing) qui est une accumulation involontaire de connaissances.
Lucas (1988) montre à cet effet que la productivité privée
du capital humain a un effet externe positif car, en améliorant son
niveau d'éducation et de formation, chaque individu augmente le stock de
capital humain de la nation et par la même contribue à
améliorer la productivité de l'économie nationale.
II- La croissance
économique au Cameroun
A- Généralités sur
l'économie camerounaise
L'économie du Cameroun est la plus diversifiée
d'Afrique centrale.
· Le secteur primaire
Le secteur primaire est largement dominé par
l'agriculture, sur laquelle repose grandement l'économie
camerounaise ; C'est le pilier de l'économie camerounaise. Elle
contribue à près de 60% du PIB. Le secteur primaire connait aussi
des activités telles que la pêche (environ 64 000 tonnes
de produits maritimes sont pêchés chaque année au large des
côtes camerounaises), l'exploitation forestière (le bois,
deuxième produits d'exportation), l'élévage... En 2014, le
secteur primaire occupe 60 % de la population active et contribue pour 21 % au
PIB.
· Le secteur secondaire
Il représente 33 % du PIB en 2014. Il est
caractérisé par les activités comme la production
pétrolière, les activités extractives (bauxite, fer,
cobalt, nickel et manganèse). Le Cameroun fait également dans le
textile, l'aluminium, la cimenterie...
· Le secteur tertiaire
C'est le secteur des services. Le secteur contribue pour
46 % au PIB en 2014. Le secteur est marqué par le tourisme, le
transport (secteur très dynamique malgré l'insuffisance des
infrastructures routières), les télécommunications
dominés par deux grosses multinationales de la téléphonie,
la finance (13 banques commerciales).
B- Comportement de la croissance
économique au Cameroun
La croissance économique au Cameroun a connu trois
périodes (Touna mama, 2008) : une longue période de
croissance remarquable, allant de 1950 à 1986, une période de
crise allant de 1987 à 1995, et une période de reprise
économique timide, allant de 1995 à aujourd'hui.
Figure 2 : évolution du taux de croissance du
PIB, 1980-2015
Construit à partir des `statistique du Cameroun',
banque mondiale annuaire 2016
Au début des années 1980, le Cameroun
était parmi les pays africains les plus prospères du point de vue
économique. En effet, jusqu'en 1985 et pendant deux décennies de
croissance régulière, l'économie camerounaise a
enregistré des taux de croissance élogieux. L'exploitation des
gisements pétroliers, la mise en place des politiques agricoles
ambitieuses booste la production. Le Cameroun atteint l'autosuffisance
alimentaire. Les années suivantes furent marquées par une forte
récession. Une des causes est la chute des cours du café, du
cacao et du pétrole à la faveur du contre-choc pétrolier,
qui ont conduit à une détérioration des termes de
l'échange et la baisse des réserves d'exportation du pays. Il
s'en est suivi une baisse progressive de la production. De 1987 à 1993,
les taux de croissance sont négatifs. Avec la dévaluation du FCFA
en 1994, l'économie se dégrade un peu plus, avec une
montée fulminante de l'inflation qui selon l'indice des prix à la
consommation est allée jusqu'à 35% (voir figure). Mais
l'économie résiste tant bien que mal. La mise du pays sous
ajustement structurel et l'initiative PPTE (pays pauvre très
endetté), va relativement permettre une relance de la croissance
économique, qui peine toutefois jusqu'aujourd'hui à atteindre ses
niveaux élevés d'antan.
CONCLUSION
Ce chapitre nous a permis d'analyser les concepts de
libéralisation financière et de croissance économique. Un
constat se dégage : la libéralisation financière est
supposée influencer positivement la croissance économique. Il
existe donc en théorie, une relation causale entre ces deux
phénomènes. Aussi nous avons montré
l'implémentation de la libéralisation au Cameroun. Celle-ci fait
suite à la grave crise bancaire des années 80, conséquence
directe de la répression financière. La restructuration
engagée va permettre de réorganiser structurellement le
fonctionnement et la surveillance de l'activité bancaire. Même si
elle n'a pas été complète, la libéralisation
financière, opérée dans le but de permettre au
système bancaire de mieux contribuer à la croissance
économique, va permettre une démocratisation des taux
d'intérêt et des conditions de banque, et plus
généralement une stabilité du système bancaire. Par
ailleurs le Cameroun a entamé une transition vers les marchés
financiers avec la création en 2001 de la Douala Stock Exchange. Mais la
bourse, qui n'a commencé à fonctionner qu'en 2006, reste
embryonnaire avec trois entreprises cotées, ce qui la contraint à
un fonctionnement saisonnier. Elle doit en plus faire face à la
concurrence de la bourse de Libreville.
CHAPITRE 2 : LIBERALISATION
FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE
INTRODUCTION
Apres les développements émulant des auteurs
comme Bagehot (1873) et Schumpeter (1911) sur l'importance du secteur financier
pour le développement économique, la théorie
keynésienne, au cours de la seconde moitié du 20e
siècle, a développé une théorie économique
qui réserve peu de place à la finance, et la mise en oeuvre de
politiques inflationnistes incompatibles avec le développement
financier. Il aura fallu attendre le retour en grâce de la théorie
néoclassique dans les années 70 pour voir émerger une
nouvelle conception de la finance dans le processus de croissance
économique et de développement. C'est dans ce contexte que Mc
Kinnon (1973) et Shaw (1973) estiment que le développement financier est
indispensable à la croissance économique, et que la faible
croissance économique des pays sous-développés serait due
à leur faible niveau de développement financier. Par
conséquent, ils préconisent la libéralisation
financière comme solution à la faible croissance
économique et par ce même biais au sous-développement. Ces
exposés théoriques, après avoir reçu un écho
favorable auprès des organisations internationales (FMI et Banque
Mondiale), furent donc expérimentés dans de nombreux pays en
développement. Les résultats furent mitigés, et
déjà dans certains pays le sous-développement
économique et financier laissait place à l'instabilité
économique et aux crises financières (Mexique, Argentine...). Le
titre de l'article deDiaz-Alejandro «Good-Bye Financial Repression, Hello
Financial Crash» (1985) caricature ironiquement bien cette situation.
Face à ces échecs des politiques de libéralisation
financière, de nombreux courants de la littérature ont
élaboré dans les années 80, une analyse critique de la
thèse de Mc Kinnon et Shaw.
Dans ce chapitre, nous passons en revue et de façon
détaillée les fondements et controverses théoriques autour
de la libéralisation financière (section 1), et nous analysons
dans les différents travaux empiriques sur la relation entre la
libéralisation financière et la croissance économique
(section 2).
SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES THEORIQUES DE LA
LIBERALISATION FINANCIERE
La libéralisation financière trouve ses
fondements dans les idées de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) pour qui le
retard économique des pays sous-développés est dû
à la répression financière. Ils vont ainsi
préconiser la libéralisation des systèmes financiers afin
d'atteindre une croissance rapide, stable et durable. Cette section consiste
à exposer les arguments des pionniers de la libéralisation
financière (I), les canaux d'action de la libéralisation
financière sur la croissance économique (II), et les critiques
adressées à l'encontre des idées de Mc Kinnon/Shaw
(III).
I- Les auteurs pionniers de la
libéralisation financière et leur prolongement
Tout d'abord nous mettons en exergue le rôle du
système financier dans la croissance économique, avant d'aborder
les arguments fondateurs de la libéralisation financière.
A- L'importance du secteur financier
pour l'économie réelle
Avant toute chose, le rôle des intermédiaires
financiers, dans l'hypothèse d'une économie primitive, se
justifie par la résolution du problème de la double
coïncidence né des échanges réalisés par le
troc. En absence d'intermédiaire financier, il faudrait que le
prêteur rencontre le demandeur de crédit qui puisse être
d'accord pour emprunter le montant proposé par le prêteur, au taux
d'intérêt et pour la durée qu'il souhaite ; ce qui n'est
pas évident. Les intermédiaires financiers par contre permettent
de régler ce problème, en collectant et en centralisant
l'épargne des agents excédentaires et en octroyant des
crédits aux agents déficitaires.
Le premier rôle dévolu au système
financier se situe donc dans l'allocation optimale des ressources. Le
système financier permet la collecte de l'épargne et son bon
usage. Un système financier fonctionnant efficacement draine les
ressources disponibles vers les projets les plus rentables, susceptibles
d'accroître la productivité et, par conséquent, la
croissance économique.
Ainsi Bagehot (1873) explique que le succès du
développement britannique est dû à la
supériorité de son marché financier de par la
facilité relative à mobiliser l'épargne pour financer les
investissements à long terme. La mise en place des technologies en
Angleterre auraient été facilité par les
opportunités d'accès au financement des entreprises. Le
sous-développement économique serait donc lié à
l'impossible mobilisation des ressources, caractéristique d'un
système financier atrophié ou quasi inexistant. Schumpeter (1911)
renchérit que le développement financier stimule la croissance
économique à travers l'allocation efficace des ressources. Les
banques jouent un rôle important dans le développement de
l'innovation technologique en finançant les projets à forte
chance de succès. Il met plus l'accent sur l'octroi de crédit et
non sur la mobilisation de l'épargne. La banque assure le financement de
l'entrepreneur innovateur par création monétaire sans s'assurer
de l'existence d'une demande face à l'offre d'une part, et sans pouvoir
évaluer le risque lié à l'activité d'innovation de
l'entrepreneur. Dans ce même ordre d'idées, pour De la Fuente et
Martin (1996), les intermédiaires financiers émergent de
manière endogène. Ils offrent une meilleure assurance aux firmes
et les incitent à prendre le risque en recherche-développement.
Les intermédiaires financiers favorisant l'innovation, une
corrélation positive apparaît entre le développement
financier et la croissance économique.
En outre le système financier permet de collecter,
d'analyser et de transmettre l'information à moindre coût ; il
élimine le risque de liquidation prématurée d'actifs
productifs permettant l'accumulation du capital physique et du capital humain
sources de croissance économique. Les intermédiaires financiers
permettent une diversification du risque et rendent plus attractive la
spécialisation des investissements, facilitant ainsi l'accroissement de
la productivité marginale du capital. Ce que confirment King et Levine
(1993 b), pour qui les intermédiaires financiers évaluent les
projets d'investissement, mobilisent l'épargne et financent les
activités innovantes à forte productivité en diversifiant
les risques. Les intermédiaires financiers efficaces accroissent la
probabilité de succès de l'innovation et accélèrent
la croissance économique. A l'inverse, les distorsions subies par le
système financier réduisent le taux d'innovation et par
conséquent la croissance économique. Bencivenga et Smith (1991)
montrent que grâce à la loi du grand nombre, les
intermédiaires financiers (les banques) ont la capacité de mettre
en commun les risques de liquidité des épargnants et d'investir
une part plus importante de leurs fonds dans des projets illiquides, mais plus
productifs. Les banques éliminent ainsi le risque de liquidation
prématurée d'actifs productifs par le désir d'un agent
isolé de disposer de sa liquidité. Les intermédiaires
financiers stimulent ainsi la croissance. Berthelemy et Varoudakis (1995)
promeuvent le développement du système financier en
précisant l'interaction et même l'interdépendance entre le
secteur réel et le secteur financier. Pour eux, les effets
croisés (des secteurs financier et réel) permettent
l'éventuelle existence d'équilibres multiples. Au-dessus d'un
certain seuil, le développement financier s'accompagne d'une croissance
élevée qui, en retour, est favorable au système financier.
Alors qu'au-dessous du seuil critique, le secteur financier aura tendance
à se contracter et, le processus de croissance sera bloqué avec
pour conséquence une atrophie du système financier. Cette
atrophie, en retour, ralentit la croissance.
En bref, le système financier permet le fonctionnement
de l'économie réelle puisqu'il finance : les investissements des
entreprises (formation de capital, achat de machines, construction de
bâtiments industriels et tertiaires) ou d'achats des entreprises
(matières premières, fournitures informatiques...) ; la
construction d'infrastructures (de communication, de fourniture
d'énergie...) ; la consommation et l'achat, notamment d'immobilier,
à crédit pour les particuliers ; les décalages de
trésoreries entre les dépenses et les achats pour les entreprises
comme pour les particuliers; la protection contre des risques de variation de
prix (taux de change, taux d'intérêt, prix de matières
premières...) par le biais d'outils financiers plus sophistiqués.
L'importance du système financier dans
l'économie réelle va connaitre une nouvelle impulsion dans les
années 70, avec les développements marquants de Mc Kinnon (1973)
et Shaw (1973) qui vont, chacun de son côté, s'insurger contre la
répression financière en cours dans beaucoup de pays, et
expliquer l'importance des banques dans la croissance économique. Ils
vont de ce fait fortement préconiser la libéralisation
financière.
B- La théorie de la
libéralisation financière de Mc Kinnon/Shaw
Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) sont les pionniers de la
théorie de la libéralisation financière. Ils
développent leurs idées sur le paradigme de la
répression financière. La libéralisation
financière se situe donc aux antipodes de la répression
financière. Ces deux auteurs construisent un plaidoyer pour
libérer le système financier des contraintes étatiques.
Ils expliquent que le très bas niveau de développement des pays
sous-développés est dû à de fortes contraintes
pesant sur le système financier et notamment bancaire (dans les pays
sous-développés les marchés financiers ne sont que peu ou
pas existant). Ces contraintes caractérisent une situation de
répression financière qui ne permet pas l'essor du
système financier et par conséquent l'évolution de la
croissance économique. Cette répression financière se
manifeste par la fixation des taux d'intérêt réels
au-dessous de leur valeur d'équilibre du marché (ce qui
réduit l'épargne), l'imposition aux banques de constituer des
réserves obligatoires élevées ( cela signifie que la
totalité des dépôts n'est pas transformée en
crédit, nuisant ainsi à l'investissement), qui serviront
à financer le déficit budgétaire à moindre
coût, l'obligation faite aux banques de financer en priorité les
projets gouvernementaux peu rentables, une mainmise de l'Etat sur le
système financier débouchant sur la nationalisation pure et
simple des banques, un niveau d'inflation élevé.
La répression financière trouve son origine dans
la théorie keynésienne de l'interventionnisme Etatique. Elle est
basée sur la théorie de la croissance de la
préférence pour la liquidité développée par
Keynes (1936) : pour assurer le plein emploi, il est nécessaire que
le taux d'intérêt soit inférieur au taux de
préférence pour la liquidité. Aussi les taux
d'intérêt doivent être faibles afin d'éviter la chute
des revenus (Eggoh, 2009). Si Mc Kinnon et Shaw aboutissent aux mêmes
conclusions, ils utilisent des hypothèses et une méthodologie
bien différentes.
L'approche de Mc Kinnon (1973) est basée sur
l'hypothèse d'absence de marchés financiers organisés et
de fragmentation de l'économie. Il se situe dans le cadre d'une
économie primitive, sans développement financier (le
développement financier n'est encore qu'au premier stade,
c'est-à-dire la monnaie est externe.) où les agents sont
contraints à l'autofinancement. La fragmentation désigne le fait
que « les entreprises et les ménages sont tellement
isolés qu'ils doivent faire face à des prix effectifs
différents pour la terre, le capital et les marchandises et qu'ils n'ont
pas accès aux mêmes technologies » (1973, p 5). Il
n'est pas possible dans cette économie de distinguer entre
épargnants (ménages) et investisseurs (entreprises). Il n'y a pas
de relation monétaire entre les agents : les entreprises et les
ménages ne peuvent se prêter ou s'emprunter les uns aux autres.
Du fait de l'autofinancement, les banques n'octroient pas de
crédit. Elles se limitent à collecter les dépôts
qu'elles rémunèrent et restituent. L'emprunt auprès des
banques est impossible. Tout investissement, supposé indivisible, est
donc autofinancé par accumulation préalable (épargne).
Cette épargne peut prendre la forme d'une épargne sous forme
d'actifs réels improductifs, ou d'une épargne sous forme
d'encaisses monétaires réelles (dépôts bancaires).
L'épargne sous forme de dépôts bancaires est une fonction
croissante de sa rémunération réelle. Plus le taux
d'intérêt sur les dépôts augmente, plus l'incitation
à investir est grande. Cependant comment les banques font pour
rémunérer les dépôts qu'elles collectent en
l'absence d'une activité d'octroi de crédit ? Mc Kinnon n'y
apporte pas de réponse, même si dans la suite il redonne aux
banques leur fonction traditionnelle d'intermédiation financière
(collecte de l'épargne et octroi de crédit).
En somme Mc Kinnon ne s'intéresse pas au marché
de crédits mais plutôt à celui des dépôts
bancaires. Il décrit la situation d'une économie peu
monétarisée dans laquelle le faible niveau du taux
d'intérêt décourage l'épargne et donc
l'investissement des ménages, qui préfèrent détenir
leur actif sous forme d'encaisses réelles. Toutefois la
monétarisation d'une telle économie reste possible à
condition d'augmenter le taux d'intérêt réel (augmentation
du taux d'intérêt nominal et/ou diminution de l'inflation). Cette
augmentation du taux d'intérêt crée un marché de
l'épargne. C'est donc maintenant le prix qui crée le
marché et non plus le marché qui détermine le prix.
Dans son modèle d'intermédiation de la
dette, Shaw (1973) se situe dans une économie
monétarisé où les banques assurent déjà
pleinement leur rôle d'intermédiaires financiers. Le
développement financier a atteint le second stade (la monnaie est
interne). La fixation arbitraire des taux d'intérêt réels
au-dessous de leur valeur d'équilibre du marché (augmentation des
taux d'intérêt nominaux) entraine une chaine de
conséquences négatives. En effet la diminution des taux
d'intérêt réels dés-incite les ménages
à l'épargne, réduit les dépôts bancaires et
donc les fonds disponibles pour l'investissement. Il s'en suit également
une modification du comportement des intermédiaires financiers. Ceux-ci
deviennent en effet très prudents vis-à-vis de tout projet
risqué et augmentent leur préférence pour la
liquidité. Ceci se répercute sur la qualité de
l'investissement. Les banques vont préférer financer les projets
peu rentables mais à faible risque. Cette prudence se justifie par
l'incapacité légale des banques à percevoir une prime de
risque pouvant couvrir le financement des projets risqués. Tout ceci
affecte négativement la croissance économique. En agissant sur la
baisse des taux d'intérêt sur les dépôts et les
prêts (réduction du coût de l'emprunt), le gouvernement
cherche à encourager l'investissement dans certains secteurs.
Dans le modèle de Shaw (1973), On suppose que
l'investissement (I) est une fonction décroissante du taux
d'intérêt réel (r) et que l'épargne (S) est une
fonction croissante du taux de croissance du PIB (g) et du taux
d'intérêt réel (r). Le taux de croissance initial de
l'économie est g1. On a : g1< g2 < g3. Les taux
d'intérêt r1 et r2 correspondent à deux situations
d'administration des taux d'intérêt à la baisse telles que
: r1< r2 < r* avec r* : taux d'intérêt réel
d'équilibre tel que I* = S*. Pour r1 (taux d'intérêt
réel servi sur les dépôts bancaires), l'épargne est
égale à I1. Si les banques pouvaient fixer leur taux
créditeur au niveau désiré, alors celui-ci se fixerait en
r3 (pour l'investissement II) et la marge ainsi dégagée (r3 - ri)
par le secteur bancaire régulé mais concurrentiel, pourrait
servir à financer des actions de concurrence non-prix (publicité,
prestation de nouveaux services...).
Figure 3 : Les effets de la répression
financière sur l'épargne et l'investissement
Source : Eggoh (2009)
Pour un taux d'intérêt fixé à
r1, la demande d'investissement correspondant est (AB),
investissement probablement rentable mais non satisfait. En effet, le
plafonnement des taux d'intérêt peut conduire les banques à
adopter un comportement de prudence (préférence des projets peu
risqués et donc peu rentables) compte tenu de l'incapacité
légale de percevoir la prime de risque nécessaire au financement
des projets plus risqués. Le relèvement des taux
d'intérêt (passage de r1 à r2) traduit le
relâchement de la contrainte financière (passage de Fà F')
qui a pour conséquence le rationnement des investissements à
faible rentabilité qui précédemment étaient
financés qui est illustré par la zone hachurée de la
figure 1. En outre, r2 correspond à une situation
d'administration des taux d'intérêt, dont la hausse entraîne
une réduction de la demande d'investissement rationnée qui passe
de (AB) à (CD). Enfin, La demande d'investissement
insatisfaite ne disparaît qu'à la condition que r se fixe à
r*, i.e. que l'administration à la baisse des taux disparaisse.
C- Les prolongements de l'analyse de Mc
Kinnon/Shaw
De nombreux auteurs sont venus enrichir les thèses de
Mc Kinnon et Shaw.
Kapur (1976) fut le premier à compléter
l'analyse de Mc Kinnon et Shaw en intégrant son analyse dans un
modèle dynamique. Si les Autorités décident de maintenir
le taux d'intérêt à son niveau le plus bas et si le taux
d'inflation est trop élevé, les ressources des banques diminuent,
l'investissement stagne et la croissance est tirée à la baisse.
Mais, aussi, en augmentant le montant des réserves bancaires
obligatoires auprès de la banque centrale, le passif des banques diminue
entrainant avec lui l'investissement à la baisse et la croissance
ralentit. Pour Kapur (1976), l'augmentation des taux d'intérêt
nominaux sur les dépôts est préférable à la
réduction du rythme de croissance de la masse monétaire. Le
relèvement des taux d'intérêt nominaux entraine une
diminution de la demande de monnaie, ce qui réduit l'inflation et
accroit directement l'épargne.
Galbis (1977) dans son analyse construit un modèle
à deux secteurs. Le premier secteur est qualifié de traditionnel,
marqué par un rendement constant et faible du capital. Dans ce secteur
les investissements sont autofinancés car il n'y a pas d'accès au
crédit bancaire. Dans le deuxième secteur, le secteur moderne, le
rendement du capital bien que constant est plus élevé. Les
investissements sont financés par l'épargne constituée et
par les prêts bancaires qui dépendent des dépôts
bancaires. Dans ce modèle, du fait du niveau élevé du
rendement du capital dans le secteur moderne, la libéralisation
financière, traduite par la hausse des taux d'intérêt
servis sur les dépôts provoque un déplacement de
l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne. Il s'en suit
un accroissement de la productivité moyenne de l'investissement.
Volger et Buser (1976) développent leur analyse dans
un modèle en termes de risque/rendement. Ils stipulent que la
répression financière est la cause principale de l'augmentation
du risque lié au rendement réel de la monnaie. A la
différence deMcKinnon (1973) qui rattache la répression
financière au fait que le rendement de la monnaie (différence
entre le taux nominal sur les dépôts et l'inflation) soit
réprimé, Volger et Buser (1976) décrivent la
répression financière en termes de risque attaché à
la variabilité croissante du taux nominal servi sur les
dépôts et/ou de l'inflation. Ainsi, pour eux, la
libéralisation financière consiste en l'augmentation du rendement
réel de la monnaie et la baisse du risque attaché à la
détention de monnaie. Par ailleurs, ils introduisent explicitement un
troisième actif sous forme de stocks de biens finis ou semi-finis
considérés comme les valeurs refuges contre l'inflation.
Mathieson (1979) se situe dans le cadre d'une économie
ouverte, pour préconiser de faire suivre la libéralisation
financière d'une dévaluation de la monnaie. Dans son
modèle, l'augmentation des taux d'intérêt réels
induite par la libéralisation financière peut susciter de
très importantes entrées de capitaux. En effet le
renchérissement considérable du coût du crédit
consécutif à la libéralisation financière peut
pousser les entreprises domestiques à emprunter à
l'extérieur, entrainant une possible entrée de capitaux qui
pourront alimenter des pressions inflationnistes. En change fixe, avec une
balance des paiements excédentaires causée par l'entrée
massive des capitaux, et en l'absence des mesures de stabilisation, on assiste
à une augmentation automatique de l'offre de monnaie
génératrice de l'inflation. L'augmentation de l'inflation qui en
résulte aura pour effet de réduire les taux
d'intérêt réels, pouvant entrainer une hausse des taux
nominaux. En conséquence il est indispensable de dévaluer la
monnaie pour combattre les entrées de capitaux provoquées par la
hausse non voulue des taux d'intérêt. La libéralisation
financière doit donc s'accompagner d'une dévaluation importante
de la monnaie.
Roubini et Sala-i-martin (1992) étudient les effets
négatifs de la répression financière (sur les
marchés financiers) sur la croissance de long terme. Le
développement financier, grâce à l'augmentation de la
productivité marginale de l'investissement qu'il induit, améliore
la croissance de long terme. Pourtant le gouvernement peut opter pour une
répression du système financier, car cela augmente la demande de
monnaie et génère des revenus plus élevés pour
l'Etat grâce à l'accès à des ressources bon
marché via la perception d'une taxe de seigneuriage. Une telle politique
affaiblit le système financier et il en résulte une sous
rémunération de l'épargne limitant ainsi les ressources
disponibles et les crédits pour les investissements productifs.
Toutes ces analysent concluent à montrer les effets
néfastes de la répression financière. A contrario la
libéralisation financière en stimulant un développement
financier, serait à même de mener à une croissance
économique stable et durable.
II- Les canaux
d'action de la libéralisation financière sur la croissance
économique
Il existe plusieurs canaux à travers lesquels la
libéralisation financière agit sur la croissance
économique. On les regroupe généralement en deux
catégories : les canaux directs et les canaux indirects.
A- L'impact de la libéralisation
financière à travers les canaux directs
La libéralisation financière stimule la
croissance économique à travers la constitution et l'augmentation
de l'épargne, par une réduction du coût du capital, par le
transfert technologique, et par le développement du système
financier.
v Le canal de l'épargne
Pour réaliser la production, il est indispensable de
disposer d'un certain niveau de capital. Ce capital dépend lui aussi du
niveau de l'épargne. Dans la littérature, la constitution de
l'épargne est, en général, liée au niveau des taux
d'intérêt. Ainsi la libéralisation des taux
d'intérêt va affecter positivement l'épargne sur le long
terme. L'épargne oisive sera également drainée vers le
système bancaire. Ce qui aura pour effet d'exercer un effet positif sur
l'investissement. Par ailleurs la libéralisation des taux
d'intérêt les rend attrayant et attire l'épargne
étrangère, réduisant ainsi la contrainte de
liquidité des firmes locales. L'épargne étrangère
complète l'épargne domestique. Il est à noter que l'effet
à long terme de la libéralisation financière sur
l'épargne peut être différent de l'effet observé
à court terme (lorsque les réformes viennent d'être mises
en place). Ainsi à court terme le niveau de l'épargne peut
être encore embryonnaire, mais va progressivement se constituer de sorte
qu'à long terme il dévient important.
Boumghar (2007) élargit le raisonnement en identifiant
quatre leviers à travers lesquels la libéralisation
financière stimule l'épargne. Premièrement le taux
d'intérêt. Un taux d'intérêt (sur les
dépôts) élevé accroît l'épargne
grâce à son effet substitution. Il fait remarquer que
l'épargne des ménages peut aussi se détenir sous forme
d'actifs corporels ou physiques (logement, terrain ou même actif
boursier). De ce fait il est aussi important de tenir compte du taux de
rentabilité de ces actifs physiques dans la relation
libéralisation financière-épargne. Deuxièmement le
crédit bancaire : la présence d'une contrainte de
financement incite les agents à épargner afin de lisser leur
consommation dans le temps. Le levier de l'innovation financière fait
que l'apparition de nouveaux produits financiers rémunérateurs et
alternatifs incite les ménages à relever leur propension
marginale à épargner. Enfin dans le levier des institutions, la
multiplication des institutions de collecte de l'épargne fournit aux
ménages une offre de service plus diversifiée et moins
coûteuse grâce à la concurrence.
v Le canal de la réduction du coût du
capital par une meilleure gestion durisque
La libéralisation du marché boursier diminue le
coût du capital. Cette diminution s'explique par la baisse de la prime de
risque grâce à une meilleure diversification et une gestion
optimale du risque sur le marché financier, et une baisse des
coûts d'agence expliquée par un monitoring plus efficace des
managers et une supervision plus stricte des investisseurs (Lajili, 2015).
Grâce à la baisse du coût du capital consécutive
à la diminution de la prime de risque, on assiste à une
augmentation considérable de l'investissement domestique. Ainsi la
libéralisation financière entraine une baisse du prix de l'action
qui accroît l'investissement productif, profitable au
développement économique.
v Le canal du transfert du savoir-faire technologique
et managérial
Le transfert technologique joue un rôle important dans
le processus de développement économique, de sorte que la
croissance d'un pays dépend fortement du progrès technologique
dans les autres pays, c'est-à-dire de leur importation et de leur mise
en oeuvre. Dans les pays en développement, la technologie est
généralement rudimentaire. Elle s'importe le plus souvent des
pays développés. Or la diffusion technologique ne peut intervenir
qu'en présence d'une libéralisation du système financier
car les Investissements Directs Etrangers (IDE) sont le meilleur moyen pour les
pays en développement d'accéder aux avancées
technologiques et au savoir-faire managérial. L'augmentation de la
production dans ces pays en développement requiert une technologie que
seules les firmes étrangères peuvent offrir (Toutefois
l'écart technologique ne doit pas être trop grand). Les firmes
locales ne pourront améliorer leur procédé et les
techniques de production qu'à condition d'investir dans les
activités de recherche et développement.
En somme, la libéralisation financière, à
travers le libre mouvement des flux de capitaux, notamment les IDE, joue un
rôle crucial dans la diffusion et le transfert des innovations
technologiques et du savoir-faire managérial. Ces transferts peuvent
augmenter la productivité qui exerce à son tour un effet
favorable sur la croissance économique (Lajili, 2015).
v Le canal de la stimulation du système
financier domestique
Le système financier dans la croissance
économique joue un rôle indubitable. Pour Levine (1996), King et
Levine (1993), le développement économique et la croissance ne se
font qu'à l'aide des services financiers et bancaires de haute
qualité dont les banques étrangères des pays
développés sont le plus souvent les seules capables de fournir.
L'arrivée des banques étrangères ou leur participation
dans le capital des banques domestiques induit de nouveaux services et moyens
de paiement (carte bancaire et paiement électronique), ce qui encourage
les transactions et dynamise le commerce domestique. La concurrence se trouve
également renforcée. Dans ce climat, les banques locales seront
contraintes à diminuer leurs coûts et à innover et
améliorer leurs services. Ce qui pourrait encourager l'épargne
qui va provoquer l'investissement et la productivité, lesquels
permettront la croissance.
D'autre part, les banques étrangères sont
très efficaces dans la collecte de l'information sur les firmes et le
contrôle des dirigeants (promotion de la bonne gouvernance), rendant
ainsi service aux petits épargnants souvent incapables de suivre leurs
placements. Il en résulte une meilleure allocation des ressources de
l'épargne vers les investissements les plus productifs.
C'est à travers ce canal que nous fondons notre
première hypothèse selon laquelle H1 :
« La libéralisation financière interne influence
positivement la croissance économique au
Cameroun »
B- Les canaux indirects d'impact de la
libéralisation financière sur la croissance économique
v La signalisation
L'absence de libéralisation des mouvements de capitaux,
en appliquant des restrictions sur les capitaux sortants, décourage
l'afflux de capitaux extérieurs car les investisseurs internationaux
n'ont pas la certitude de rapatrier leurs capitaux à tout moment. Les
gouvernements se servent souvent des restrictions sur les mouvements de
capitaux pour diminuer l'inflation, qui peut résulter d'un reflux de
capitaux, ou pour limiter l'appréciation du taux de change,
associée à un afflux massif de capitaux. Ceci envoie un signal
négatif aux investisseurs qui présumeront que les meilleures
politiques macroéconomiques ne sont pas adoptées, car en effet la
première option signifie la non application d'une politique saine de
lutte contre l'inflation, et la seconde donne l'impression d'une absence de
politique fiscale optimale (Lajili, 2015).
Le gouvernement doit donc signaler aux investisseurs l'absence
totale de restrictions sur les mouvements de capitaux dans le futur. La
libéralisation des mouvements de capitaux constitue un signal fort pour
les investisseurs. L'ouverture du compte de capital signale
généralement l'adoption par les autorités d'une politique
macroéconomique stable, et d'une politique économique future
favorable à l'investissement, qui pourra provoquer la croissance
économique.
C'est le fondement de notre deuxième
hypothèse : H2 : « la
libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
v L'allègement de la contrainte fiscale et la
discipline macroéconomique
L'ouverture du compte de capital impacte indirectement la
croissance économique à travers l'instauration d'une discipline
fiscale qui encourage l'investissement dans les secteurs productifs.
En effet l'ouverture financière exerce un rôle
disciplinaire capable de changer la dynamique des investissements domestiques,
dans la mesure où elle mène à une réallocation du
capital vers les projets les plus efficients et les plus productifs en
réponse aux changements des politiques macro-économiques.
« En fait, les gouvernements nationaux sont parfois tentés
d'instituer des politiques fiscales sévères sur les
équipements productifs. La perspective de telles politiques tend
à décourager l'investissement et à réduire la
croissance. Par contre, l'ouverture financière peut exercer un effet
favorable sur les décisions des pouvoirs publics et les contraint de ce
fait à s'engager dans de telles politiques restrictives à
l'avenir, puisque les conséquences négatives de telles pratiques
sont plus graves lorsque le pays est libéralisé. »,
(Lajili, 2015, p 46).
v La promotion de la spécialisation
La libéralisation financière, combinée
avec l'existence de systèmes d'assurance interrégionale en cas de
chocs, assurent la viabilité de la spécialisation sectorielle et
géographique de la production dans le processus de croissance
économique (des pays en voie de développement). L'importance de
la spécialisation apparaît dans le sens où, d'après
la théorie du libre-échange, chaque pays, dans un contexte de
commerce international, gagnerait à se spécialiser dans les
secteurs conformes à ses avantages comparatifs pour accroitre ses
richesses et accélérer son développement.
Figure 4 : Les canaux de transmission de la
libéralisation financière vers la croissance
économique
Source : Benhabib et Zenasni (2011), p4
III- Les critiques à l'encontre de la
libéralisation financière
Les exposés théoriques de Mc kinnon et Shaw ont
été attaqués et désapprouvés quelques
années après par différentes écoles de
pensée macro-économiques. Ces critiques avaient toutes pour
finalité de démontrer le caractère dangereux de la
libéralisation financière, et pour certaines, de souligner
l'utilité de la répression financière. Les post
keynésiens mettent en avant le rôle de la demande effective (A),
les néo structuralistes soulignent l'importance du système
financier dualiste dans la structure financière des pays en
développement, dualisme financier qui est une caractéristique
propre à ces pays (B), et les nouveaux keynésiens brandissent les
imperfections du marché et le rôle de l'Etat dans la
régulation de celles-ci (C).
A- De la demande effective chez les
postkeynésiens à une vision alternative destaux
d'intérêt
Pour les postkeynésiens la libéralisation
financière a des effets déformants sur la croissance
économique. La critique s'appuie sur la notion de demande effective.
Burckett et Dutt (1991) rappellent que l'investissement n'est pas une fonction
du taux d'intérêt sur les dépôts, mais dépend
plutôt de la demande effective, la demande anticipée des
entreprises. En effet les entreprises adaptent leur production en fonction de
la demande des ménages qu'elles anticipent. Lorsque le niveau de la
demande augmente, elles accroissent également leurs capacités
productives pour satisfaire ce niveau de la demande. La demande des
ménages est positivement liée à leur consommation. Or une
augmentation des taux d'intérêt créditeurs incite les
ménages à épargner, réduisant ainsi leur
consommation, puisque l'effet substitution l'emporte sur l'effet revenu. En
d'autres termes, si la rémunération de l'épargne est assez
importante, elle incite les ménages à reporter une partie de leur
consommation au profit d'une augmentation de leur épargne. La diminution
de la consommation des ménages et donc de la demande entraine
également la diminution de la production des entreprises, et de
l'investissement. Ce qui ralentit la croissance économique.
L'ensemble de la théorie de la libéralisation
financière suppose une relation croissante entre taux
d'intérêt réel et épargne. Cette dernière
croît lorsque le taux d'intérêt augmente provoquant
cependant et un effet de substitution et un effet de revenu. L'effet de
substitution encourage l'épargne en rendant la consommation courante
onéreuse, et l'effet de revenu décourage l'incitation à
investir suite à la hausse du taux d'intérêt réel.
Ainsi affirmer que la hausse des taux d'intérêt augmente
automatiquement l'épargne c'est ne prendre en compte que l'effet de
substitution qui implique, en effet, un accroissement de l'épargne
lorsque sa rémunération s'accroît. Pourtant, il faut y
ajouter un effet revenu qui, au contraire du précédent, implique
une relation décroissante entre épargne et taux
d'intérêt réel. Au total, l'effet est donc ambigu, sauf
à supposer, comme le fait Mc Kinnon, que l'épargne est
initialement tellement faible dans les pays en voie de développement que
l'augmentation de sa rémunération ne peut avoir qu'un effet
positif sur celle-ci. Toutefois un certain nombre de travaux restent prudents
dans leurs conclusions quant à la domination de l'effet de substitution
sur l'effet de revenu. Pour Morisset (1993), à moins que l'Etat
intervienne pour corriger les effets d'éviction entre les besoins
financiers du secteur public et la quantité de fonds disponible pour le
secteur privé, l'augmentation du taux d'intérêt n'affecte
pas toujours positivement l'investissement.
D'autre part il se pose d'autres problèmes induit par
l'augmentation des taux d'intérêt. Comme l'expose Venet (1994),
tout d'abord, il peut se poser un problème transitoire pour le secteur
bancaire et le gouvernement le temps que ceux-ci s'adaptent au nouveau niveau
des taux d'intérêt. Les banques peuvent subir des pertes
importantes liées à leur activité de transformation des
échéances. La hausse des taux d'intérêt, lorsque les
prêts sont accordés à taux fixe, provoque une diminution
provisoire de la marge bancaire liée à l'impossibilité
pour les banques de répercuter immédiatement l'augmentation du
coût de leurs ressources. Cette situation place le secteur bancaire dans
une situation de fragilité transitoire. De même le déficit
public peut se creuser encore d'avantage, le poids du service de la dette
publique augmentant. Ensuite le taux d'intérêt nominal peut
s'élever au-dessus du taux d'inflation, ce qui peut conduire à
une répression financière supplémentaire.
B- Les néokeynésiens et le
rationnement du crédit
L'approche de Mc Kinnon/Shaw est fondée sur
l'hypothèse implicite que le marché financier est un
marché parfait. Ainsi, lorsque le taux d'intérêt est
à son niveau d'équilibre, il ne peut pas y avoir un rationnement
de crédit. Stiglitz et Weiss (1981) ont montré qu'il y a du
rationnement du crédit même sur les marchés les plus
compétitifs. Les marchés de crédit sont par essence des
marchés imparfaits à cause de la nature des biens
échangés. Sur ces marchés sont échangés non
pas de biens contemporains, mais des fonds attachés à une
promesse de remboursement dans le futur. Le risque est inhérent à
l'activité de crédit. Il y plane un risque de défaut, qui
varie d'un emprunteur à l'autre. En effet dans le cadre de la relation
principal-agent, les préteurs qui sont les banques sont dans
l'incapacité d'observer la qualité des emprunteurs et de
contrôler leurs comportements. Ceci s'explique par les asymétries
d'information dont sont victimes les banques. Les asymétries
d'information traduisent des situations de partage inégal de
l'information ; certains agents (en l'occurrence les emprunteurs dans
notre cas) détiennent une information spécifique qui n'est pas
connue de l'autre partie (les banques). Compte tenu de l'imperfection de
l'information les banques auront recours à divers moyens de filtrage.
Les banques peuvent augmenter les taux d'intérêt puisqu'elles
considèrent que les emprunteurs sont tous identiquement risqués.
Ce comportement entraine deux conséquences négatives :
- Un aspect sélectif adverse : les bons emprunteurs
seront éjectés. Ceux-ci jugeant le taux d'intérêt
très élevé par rapport aux risques qu'ils
représentent vont préférer se retirer du marché du
crédit. La banque va plutôt attirer de mauvais emprunteurs qui,
compte-tenu du niveau élevé des taux d'intérêt,
seront relativement peu sensibles à ne pas honorer leurs charges de
crédit. Ces emprunteurs, du fait de l'asymétrie d'information,
acceptent de payer des taux d'intérêt élevés parce
qu'ils escomptent qu'en entreprenant des projets hasardeux mais rentables, en
cas de réussite ils seront en mesure de rembourser.
- Un aspect incitatif adverse : la modification des conditions
débitrices incite les emprunteurs à préférer les
projets les plus risqués. Car ils se seront endettés pour
supporter le prix du crédit, et seront contraint à investir dans
les projets très risqués, mais à fort rendement afin de
compenser le coût du crédit. Les projets risqués augmentent
les probabilités de faillite des emprunteurs et diminue, ainsi, les
profits attendus par la banque. Ainsi au-delà d'un certain seuil de taux
d'intérêt, les emprunteurs sont conduits à des choix
contraires aux intérêts des prêteurs.
Figure 5 : asymétrie d'information et rendement
espérée de la banque
Source : Lajili (2015), p 25
Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de
rendement de la banque, qui correspond à la moyenne
pondérée des remboursements croît moins vite que le taux
d'intérêt. Il n'y a donc pas d'égalité entre l'offre
des fonds prêtables qui dépend de l'espérance de rendement,
et la demande de fonds qui dépend du taux d'intérêt. Pour
cela le marché de crédit sera toujours en
déséquilibre, ajouté au fait que la banque se soucie plus
du taux d'intérêt et du risque qu'elle encourt. Les taux
d'intérêt affectent le risque des banques à travers l'anti
sélection et l'incitation adverse. Selon les auteurs, la banque parvient
à résoudre ce problème en rationnant chaque jour certains
agents, même si ces derniers sont prêts à payer des taux
d'intérêt élevés.
C- Les néo structuralistes et le
dualisme financier
Les néo structuralistes reprochent aux tenants de la
libéralisation financière de négliger un aspect structurel
des économies des pays en développement : l'existence d'un
secteur financier informel. Mc Kinnon/Shaw considéraient ce secteur
comme un avatar de la répression financière et de la segmentation
de l'économie (Venet, 1994). Pour eux, la segmentation du marché
financier agit négativement sur l'efficacité du système
économique. Dans ce cas, le recours à la libéralisation
financière peut contribuer à réduire la part du secteur
informel et par là, diminuer l'influence du taux d'intérêt
du secteur informel en faveur de celui du secteur formel pour accroitre le
volume de crédit nécessaire pour l'investissement productif. Mais
les néo structuralistes s'opposent à l'idée selon laquelle
le secteur financier informel serait la cause du sous-développement de
ces pays pauvres. Loin d'être un handicap au développement
économique, le secteur informel est le reflet de la structure de la
production et de la richesse de ces pays et serait un facteur de croissance
économique. Ils lui attribuent une grande efficacité en termes
d'allocations des ressources.
Les néo structuralistes considèrent que les
réserves obligatoires constituées par les banques commerciales
auprès de la banque centrale sont un obstacle à
l'intermédiation financière. C'est dans cette mesure que les
préteurs du secteur informel constituent une véritable
alternative aux banques dans le secteur formel d'autant qu'ils ne sont pas
obligés de constituer des réserves obligatoires. Ensuite, dans
l'hypothèse d'une augmentation du taux d'intérêt
réel consécutive à la libéralisation
financière, les néo structuralistes identifient deux
conséquences négatives pour la croissance. D'abord elle
accroît le coût du capital productif, ce qui conduit à une
augmentation du niveau général des prix et à une baisse de
l'investissement qui réduit le taux de croissance de l'économie ;
aussi l'augmentation du taux d'intérêt peut réduire la
demande d'encaisses monétaires, ce qui affecterait alors, à la
baisse l'offre de prêts sur les marchés financiers informels,
provoquant ainsi une augmentation du taux d'intérêt nominal sur le
marché informel (Venet, 1994).
Van Wijnbergen (1983) construit un modèle dans lequel
il suppose que la richesse réelle des agents (w) est composée de
la monnaie (m), des dépôts bancaires à terme (DT) et des
prêts directs au secteur informel (PI). Les trois secteurs sont par
hypothèse substituables et dépendent des mêmes variables
qui sont le taux d'inflation, le taux d'intérêt nominal
d'équilibre du secteur informel (i), le taux d'intérêt
appliqué aux dépôts bancaires à termes et le revenu
(y). Dans ce modèle, les banques constituent des réserves
obligatoires et sont contraintes par les taux d'intérêt
administrés. Les néo structuralistes (Taylor, 1983 ; Van
Wijnbergen, 1983) défendent l'argument selon lequel la mise en oeuvre
d'une politique de libéralisation financière, à travers
l'augmentation des taux d'intérêt sur les dépôts
bancaires, ne contribue en rien au financement de la croissance
économique dans la mesure où l'investissement ne dépend
que du taux d'intérêt réel du secteur informel (i) et du
revenu (y). Mais la hausse de la rémunération des
dépôts à terme des banques peut entrainer deux effets sur
le marché de la monnaie : D'une part, la hausse des taux
créditeurs accroît la demande d'encaisses monétaires et
fait donc déplacer la courbe LM vers le haut (passage en LM'). D'autre
part, il y a un effet de substitution entre la monnaie et les
dépôts à terme: les agents ont tendance à se tourner
vers les dépôts à terme au détriment de la
détention d'encaisses monétaires. Cela provoque une hausse de
l'offre de monnaie.
Pour les Néo-Structuralistes, c'est le premier effet de
substitution qui l'emporte. La libéralisation financière ne
provoquerait que des effets néfastes car les agents substituent
principalement des dépôts à terme aux actifs du
marché informel de sorte que l'offre totale de fonds disponibles pour le
secteur productif diminue car une partie de l'accroissement des
dépôts à terme vient alimenter les réserves
obligatoires, ce qui assèche de surcroit l'offre de fonds
prêtables. Dans ce cas, LM se déplace vers le haut (LM'). La
hausse du taux servi sur les dépôts à terme se traduit par
une hausse du taux nominal sur le marché informel (i passe en i') et par
une baisse du revenu (passage de y à y'). On peut remarquer qu'une
politique monétaire restrictive aura les mêmes effets
néfastes.
Figure 6 : Les effets d'une augmentation du taux
réel sur les dépôts à terme
Source : Lajili (2015), p 23
Cependant L'approche néo structuraliste pose, elle
aussi, un certain nombre de problèmes. Ce modèle suppose une
allocation efficiente des ressources par le secteur informel, et le
côté négatif de la constitution systématique de
réserves obligatoires par le système bancaire. Il est vrai la
finance informelle a un certains nombres d'avantages : bonne implantation
géographique dans des zones où il est difficile au secteur
bancaire officiel de s'implanter compte-tenu des coûts ; absence
d'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs dans la
mesure où les prêts ne sont accordés qu'à des
individus membres de la communauté (village, quartier...) où
l'information circule très vite ; enfin, faiblesse du risque
d'aléa de moralité car le mauvais débiteurs risquent
l'exclusion pure et simple de la communauté.
Pourtant le secteur financier informel n'est pas un secteur
homogène. Comme le souligne Venet (1994), il s'agit plutôt d'une
multitude de micromarchés disséminés
géographiquement et n'ayant que peu de rapports entre eux et prenant des
formes très différentes (tontines, prêteurs
individuels...). Dans ces conditions, il paraît difficile de parler de
taux d'intérêt unique d'équilibre du secteur non-officiel.
Par ailleurs le secteur financier informel n'exerce pas à proprement
parler une activité d'intermédiation. En effet
l'intermédiation consiste en la collecte d'épargne et le
financement des activités par la transformation de maturité. Or
il est difficile de trouver des intervenants sur le marché informel qui
assurent à la fois la mobilisation de l'épargne, l'octroi de
prêts et le financement des investissements. On y observe plutôt
une spécialisation de l'activité : collecte de l'épargne
ou octroi de crédit. Les prêts sont de courte durée et de
faibles montants, d'où des coûts de transaction
élevés.
Aussi les néo structuralistes attribuent le faible
niveau d'intermédiation du système financier formel à la
constitution des réserves obligatoires. Prenant cette réflexion
à contre-pieds, Kapur (1992) affirme que les réserves
détenues par le secteur bancaire officiel sont un gage de
liquidité à court-terme et donc qu'elles accroissent la
sécurité du système. Les réserves sont
indispensables compte tenu de l'activité de transformation de
maturité des ressources bancaires (les banques effectuent des
prêts à long terme à partir des dépôts
à court terme). Le système bancaire formel tire donc son avantage
de sa liquidité. Ainsi si le système financier informel veut
connaitre une aussi bonne sécurité, il lui faut constituer des
réserves. Eggoh (2009) rajoute que les activités financées
par les prêts informels sont souvent des activités
illégales et que dans le meilleur des cas, les projets financés
par la finance informelle sont des projets de faible envergure ; et donc pour
un grand projet d'investissement et de développement le recours au
système bancaire formel est indiscutable. Dans la finance informelle les
prêteurs ne sont pas protégés en cas de faillite des
emprunteurs. Ceci rend le marché financier informel très volatile
par rapport aux rumeurs sur les faillites. Les agents courent un risque de
liquidité important qui explique le niveau élevé des taux
d'intérêt sur les marchés informels.
SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS LES
FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES
De la théorie à la pratique, la
réalité peut s'avérer différente. Ce fut
précisément le cas lors des premières expériences
de la libéralisation financière marquées par des crises
bancaires. Dans cette section il sera question de revenir sur les
premières expériences de la libéralisation
financière (I) et de passer en revue les travaux empiriques sur l'effet
de la libéralisation financière sur la croissance
économique (II).
I- Les leçons tirées des
premières expériences de la libéralisation
financière
Si les recommandations de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) ont
suscité une vive euphorie et une grande adhésion, les auteurs
s'accordent à dire que la réalité de leur application a
été très décevante. Dans la plupart des pays en
développement où la libéralisation financière fut
expérimentée dès les années 70, il s'en est suivi
des épisodes de crises bancaires (Gamra et Clévenot,
2006 ;Miotti et Plihon, 2001 ; Venet, 1994 ; Eggoh, 2009).
Pourtant la libéralisation financière apparaissait comme une voie
de sortie aux nombreuses crises qui secouaient ces pays, et un moyen simple et
efficace de les conduire vers le développement. La
sévérité des crises a été variable en
fonction des pays, selon les modalités d'application et la profondeur de
la libéralisation financière. Dans les pays d'Amérique
latine où la libéralisation financière a été
totale (Mexique, Argentine, Chili), les crises ont été plus
sévères ; par contre elles ont été
modérées dans les pays d'Asie (Corée du Sud, Taiwan)
où la libéralisation a été partielle (Venet, 1994).
Selon Gamra et Clévenot (2008), le nombre de crises a quadruplé
à partir de la fin des années 1970 pour atteindre 18 crises
pendant les années 1980. Et vers la fin des années 90 ce nombre
est passé à 23.
A- La version totale de la
libéralisation financière en Amérique latine
C'est en Amérique latine que le processus de
libéralisation a débuté, au milieu des années 70,
pour les pays émergents. Il a été accompagné par
l'apparition de crises bancaires vers la fin de la décennie et au cours
des années 1980 malgré le ralentissement de la tendance de la
libéralisation en réaction à la crise de la dette pendant
la même période. Nous allons prendre le cas du Mexique et du
Chili.
1- Le cas du chili
Le Chili amorce sa libéralisation financière au
début des années 70. Au plan interne elle a consisté
à l'abandon de la fixation des taux d'intérêt. La
libéralisation des taux d'intérêt s'accompagna d'une
privatisation des banques publiques, de la disparition de toute espèce
de restriction à l'entrée dans le secteur (suppression du capital
social minimum) et, plus généralement, de toutes les formes de
surveillance de l'activité bancaire par les Autorités
Monétaires. Au niveau externe, toutes les restrictions à
l'entrée ou à la sortie de capitaux furent abolies. Les
résultats furent catastrophiques, se matérialisant par des
faillites bancaires en cascade dès les premiers mois. La privatisation
ne permit pas l'émergence de la concurrence dans le secteur bancaire. En
1982, les deux plus grandes entreprises chiliennes contrôlaient les
principales compagnies d'assurance, les principaux fonds mutuels et les deux
plus grandes banques commerciales du pays. Le gouvernement fut contraint de
prendre une série de mesure pour limiter les effets. Ainsi il fut
instauré à nouveau un capital social minimum. Par ailleurs le
gouvernement annonçant qu'aucune banque en situation de faillite latente
ne recevrait l'appui de la banque centrale en tant que prêteur en dernier
ressort, il fut obligé de revenir sur sa position suite à
l'enlisement de la crise dans les années 1977 (Venet, 1994). En effet
l'une des plus grosses banques se trouvant en difficulté, l'Etat a
craint que la faillite d'une banque de telle envergure n'affecte la confiance
des déposants. Ce qui pouvait être terriblement fatal pour le
secteur bancaire chilien. Plus grave, la crise s'est étendue
au-delà du cadre bancaire pour toucher même les entreprises.
D'importantes entreprises ont ainsi fait faillite de 1974 à 1982.
D'après une étude de Burkett et Dutt (1991), le
processus de libéralisation financière entrepris au Chili n'a
permis ni la croissance de l'investissement ni la croissance économique.
L'épargne constituée, conséquence de la hausse des taux
d'intérêt, s'orienta principalement dans des activités non
productives : importation des biens de consommation de luxe, spéculation
sur le marché d'actions.
2- Le cas du Mexique
Le gouvernement mexicain amorce un programme progressif de
libéralisation du système financier domestique sous la
supervision du FMI, à partir de 1988. Enoctobre de la même
année, le gouvernement élimine les restrictions quantitatives sur
l'émission des certificats de dépôts bancaires. En Avril
1989, le contrôle sur les taux d'intérêt créditeurs
et débiteurs appliqués aux banques fut abandonné par les
autorités financières. Il y a eu, aussi, élimination des
quotas appliqués sur les prêts sectoriels. Les réserves
obligatoires sur les dépôts bancaires auprès de la Banque
Centrale mexicaine ont été progressivement diminuées
jusqu'à leur annulation totale en 1991. Le marché
monétaire a connu un ensemble de réformes le rendant plus
dynamique et plus liquide à travers une augmentation de
l'émission des billets de trésorerie à court terme par les
entreprises de telle façon qu'ils ne dépendent plus uniquement du
financement bancaire. Le Mexique retrouve à nouveau les marchés
financiers internationaux en fin 1989. La libéralisation du
système financier Mexicain a aussi concernée la privatisation des
banques commerciales domestiques16(*).
La libéralisationfinancière conjuguée
à des taux d'intérêt élevés liés
à une politique monétaire restrictive aattiré des capitaux
extérieurs, entrainant une surévaluation de la monnaie locale. En
1994, le pays dévalue la monnaie de 15%. C'est ainsi qu'environ 4,6
billions de dollars quittent le Mexique soit presque la moitié de la
réserve étrangère rapatriée ce qui déclencha
une crise de liquidité sévère qui plongea le Mexique dans
une crise économique et sociale d'une grande ampleur marquée par
un effondrement de l'investissement, l'augmentation du chômage et
l'envolée de l'inflation.
B- La version partielle de la
libéralisation financière en Asie du Sud-Est
En Asie, la libéralisation financière a
été mise en oeuvre de façon un peu tardive au début
des années 1980. Elle a été plus graduelle et s'est
étalée sur une longue période de temps.
1- Le cas de la Corée du Sud
Dans la décennie 80, le gouvernement va amorcer la mise
en place d'une politique de libéralisation financière. Concernant
les taux d'intérêt créditeurs leur libéralisation
était progressive et graduelle. A partir de 1984, les banques ont la
liberté de déterminer les taux d'intérêt
débiteurs sur certaines lignes de crédit et en décembre
1988 les taux d'intérêt sur les crédits ont
été totalement libéralisés sauf les
modalités d'octroi qui sont restées partiellement sous le
contrôle de l'Etat jusqu'en 1995.De même, à partir de 1981,
les IDE et la préparation à l'ouverture du marché boursier
furent autorisés, de même que l'ouverture partielle du
marché boursier coréen aux étrangers avec des restrictions
et des limites en termes d'acquisition de titres de participation dans les
entreprises domestiques et de rapatriement des capitaux.
A l'issue de cette libéralisation financière, la
Corée a connu une forte croissance économique. Le taux de
croissance du PIB est passé de 5,876 en 1992 à 10,16 en 1995
Lajili (2015). Cette croissance est expliquée d'une part par une
augmentation de l'investissement boosté par un afflux massif de
capitaux.
Cependant le gouvernement coréen n'a pas veillé
à mettre en place un système de contrôle et de supervision
bancaire. De ce fait, les « Chabelots » -agglomérats- et des
banques domestiques s'endettaient fortement à l'extérieur. En
1997 plusieurs de ces agglomérats ont fait faillite. Les actifs des
banques se sont détériorés car ils étaient
constitués en majorité de prêts destinés à
ces agglomérats. La situation financière des banques
coréennes s'est dégradée davantage avec la
dépréciation du « won », la monnaie locale, et les
attaques spéculatives générées par la perte de
confiance des investisseurs étrangers dans l'économie
coréenne.
2- Le cas de Taiwan
Au début des années 80, le processus de
libéralisation financière se résuma principalement
à une déréglementation du secteur bancaire. Elle se
traduisit par un abandon partiel de la fixation des taux, par une privatisation
d'un certain nombre de grandes banques commerciales et par la création
de nouveaux intermédiaires financiers (Venet, 1994). Cependant, les
marchés monétaires et de capitaux domestiques sont
demeurés fermés aux investisseurs étrangers. La
libéralisation financière s'est traduite par une croissance
rapide du secteur financier.
Seulement depuis le début du processus de
libéralisation, il semble que la part des actifs réels
(improductifs) n'a pas cessé de s'accroître dans le portefeuille
des agents. Par ailleurs, la productivité du capital ne parait pas avoir
été affectée favorablement.
II- Revue des
travaux empiriques
Les différentes études empiriques menées
pour dégager l'influence de la libéralisation financière
sur la croissance économique aboutissent à des résultats
mitigés. Utilisant chacune différentes méthodes elles
aboutissent à la conclusion que la libéralisation
financière, selon les cas, exerce un effet positif (1), négatif
ou nul sur la croissance économique (2).
A- Les études établissant
un lien positif
Roubini et Sala-I-Martin (1992) ont démontré
théoriquement et empiriquement qu'une économie
libéralisée se développe plus rapidement qu'une
économie où la répression financière est
pratiquée. Ils affirment que le faible taux de croissance qu'ont connu
les pays d'Amérique Latine par rapport au reste du monde entre 1960 et
1985 est dû principalement aux politiques de répression
financière mises en place dans ces pays. Ils ajoutent que dans une
économie fortement réprimée, la répression
financière peut être à l'origine du ralentissement de la
croissance du PIBpar habitant de presque 1 % par année.
Benhabib et Zenasni (2011), en étudiant l'impact de la
libéralisation financière sur la croissance économique en
Algérie, utilise l'estimation d'un échantillon de 38 observations
par la méthode de cointégration des séries temporelles
durant la période allant de 1970 à 2007. Les résultats
obtenus de l'estimation, suggèrent que la libéralisation
financière favorise le développement et l'approfondissement du
système bancaire et financier ; elle exerce, ainsi, un effet favorable
sur la croissance économique algérienne. Les résultats
font apparaître qu'il existe une forte relation entre les variables
explicatives (les indicateurs du développement financier et la variable
muette) et la variable expliquée.
De même, Aiboud et al. (2015) ont étudié
l'influence de la libéralisation financière sur la croissance
économique en Algérie durant la période 1980 à 2013
et sont parvenus à établir une relation faiblement significative
et positive entre la libéralisation financière et la croissance
économique et l'existence d'une relation bidirectionnelle entre les deux
variables.
Orji et al. (2015) à travers une régression par
les MCO trouvent que de 1981 à 2012, la libéralisation
financière et l'investissement privés ont un effet positif
significatif sur la croissance économique du Nigéria. Aussi
Sulaiman et al. (2012) trouvent que la libéralisation financière
a un effet stimulant sur la croissance économique du Nigéria sur
la période 1987 à 2009. L'investigation empirique utilise le test
de cointégration de Johansen et la méthode de correction
d'erreur. Les résultats de la cointégration
révèlent l'existence d'une relation d'équilibre de long
terme entre les variables et les équations de cointégration
à un seuil significatif de 5%.
Qazi Muhammad et al. (2013) en se servant du test de racine
unitaire de Philippe Perron trouvent que la libéralisation
financière, de 1971 à 2007, est positivement
corrélée à la croissance économique de l'Iran dans
le court terme. Mais l'indice de libéralisation financière est
statistiquement insignifiant dans le long terme. Par ailleurs l'impact des taux
d'intérêt réels sur la croissance est négatif et
significatif.
Tabi Atemkeng et al (2011) trouvent un effet positif du
développement financier sur la croissance économique au Cameroun
sur la période 1970-2005 à travers la méthode de
cointégration de Johansen. Plus spécifiquement ils trouvent une
relation causale de long terme entre le développement financier et la
croissance économique au Cameroun.
Mouley (2012), sur un échantillon de cinq pays du sud
de la méditerranée, sur la période 1995-2006, et en
utilisant une régression en panel dynamique (GMM), trouve que
l'ouverture du compte de capital agit positivement sur la croissance
économique.
Les travaux de Quinn (1997) sur 64 pays de 1960 à 1989
prouve que la libéralisation du compte de capital a un effet positif et
significatif sur la croissance.
B- Les études établissant
un lien négatif
L'étude de Gamra et Clévenot (2008) sur un
échantillon de 22 pays de la périphérie de 1980 à
2002, met en évidence que lorsqu'elle est partielle, la
libéralisation financière contribue à augmenter la
croissance économique de 0.9% par an en moyenne (la relation est
positive et significative) ; par contre une libéralisation totale
contribue à réduire la croissance économique de 1,7% en
moyenne par an.
Loayza et Rancière (2002) met en évidence le
fait que la libéralisation financière exerce un effet positif en
période de non crises et négatif en période de crises. Son
étude porte sur 74 pays, de 1960 à 1995, selon la méthode
GMM (méthode des moments généralisés). Par ailleurs
en utilisant un modèle autoregressif avec rétard appliqué
à 49 pays de 1960 à 1997, les mêmes auteurs montrent que la
libéralisation financière exerce un effet positif à court
terme, mais négatif à long terme.
Abdullahi (2013) montre que la libéralisation
financière dans 21 pays d'Afrique subsaharienne a un impact
négatif sur la croissance économique.
sur un échantillon de 45 pays, de 1980 à 2002,
Fratzscher et Bussière (2004) concluent que la libéralisation du
compte de capital17(*)
à travers le boom du crédit et l'investissement a un effet
positif à court terme mais négatif à moyen et long
terme.
De même Ben Salha et al (2008) ne trouvent pas d'effet
significatif de l'ouverture du compte de capital sur la croissance
économique des pays au sud de la méditerranée. En
utilisant la méthode GMM sur une période de 1979-2005, ils
concluent que l'ouverture du compte de capital doit avoir des effets
significatifs sur la croissance économique sous certaines conditions,
notamment la stabilité de la situation macroéconomique (fournie
par le taux d'inflation), un bon cadre institutionnel et l'ouverture
commerciale.
Enfin Edison et al (2002) étudient l'impact de la
libéralisation financière dans 57 pays de 1980 à 2000
à travers la régression en coupe transversale et la
régression en panel dynamique. Le résultat est que même en
contrôlant pour des effets conditionnels, la libéralisation
financière n'exerce pas un effet positif sur la croissance
économique.
CONCLUSION
Dans ce chapitre nous avons évoqué les arguments
fondant la libéralisation financière ainsi que le débat
qu'elle a suscité. Apparue dans les années 70, la
libéralisation financière était perçue comme un
remède efficace au sous-développement des pays
sous-développés. Elle consistait au relèvement du niveau
des taux d'intérêt créditeurs, la suppression des
réserves obligatoires, le libre exercice du de la profession bancaire,
la privatisation des banques etc. Il s'agissait des mesures libérales
devant favoriser l'accroissement de l'épargne, l'augmentation de
l'investissement, et par ricochet la croissance économique. Pourtant
à la même époque des courants de pensée commencent
à contester les biens faits de la libéralisation
financière. Expérimentée dès les années 70,
d'abord en Amérique latine, puis en Asie du sud-est plus tard dans les
années 80, la libéralisation financière n'aura pas produit
les attentes espérées. Elle s'est accompagnée par une
série de crises bancaires plus sévères dans les pays
latino-américains (Mexique, Chili) où elle a été
totalement appliquée18(*). En réalité, il est apparu qu'aucun de
ces pays (d'Amérique latine) ne s'est préoccupé
d'améliorer le cadre juridique avant d'introduire les réformes
financières. Par ailleurs elles ont été
opérées dans un environnement macro-économique non
favorable (Venet, 1994). Les réformes ont été
incitées en partie de l'extérieur à travers notamment les
politiques d'ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale. Ces
premiers échecs vont obliger Mc kinnon (1991) à formuler des
conditions préalables au succès de toute politique de
libéralisation financière. Elles tiennent principalement à
la stabilité macroéconomique à travers des déficits
gouvernementaux et extérieurs raisonnables et un faible taux
d'inflation, une discipline budgétaire reposant sur la maitrise des
dépenses gouvernementales et l'ajustement de l'assiette d'imposition
pour la rendre adéquate aux ménages et aux entreprises ;
à la qualité des institutions, et notamment la surveillance du
système bancaire ; et enfin la stabilité politique pour un
bon déroulement des activités économiques.
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE
En résumé, la libéralisation
financière doit pouvoir permettre aux pays au système financier
réprimé de converger à terme vers une croissance
économique stable et durable. La libéralisation financière
qui se décline en trois aspects : libéralisation du secteur
bancaire encore qualifié de secteur financier interne,
libéralisation du marché boursier et libéralisation du
compte de capital, est apparu comme un concept
« séducteur », novateur et prometteur. C'est ainsi
que çà et là des mesures libérales étaient
prises afin d'accorder plus de liberté d'action au secteur financier.
Mais hélas la réalité était bien loin des effets
escomptés. Que ce soit en Amérique Latine ou en Asie, les
premières expériences de la libéralisation
financière ont laissé un goût plutôt amer, se soldant
par des crises bancaires à répétition. C'est certainement
ayant tiré les leçons de l'échec des premières
politiques de libéralisation financière [totale] que le Cameroun
a opté pour une libéralisation partielle du secteur bancaire et
une ouverture modérée du compte de capital. Cette
partialité se justifie également par le souci de protéger
le secteur bancaire, dont la caractéristique principale reste la
surliquidité. En réalité, il n'y a pas de modèle
type de libéralisation financière. Celle- ci se fait en fonction
du contexte bancaire et financier et de la situation macroéconomique
propre à chaque pays.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE
EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
La crise bancaire des années 80 aura été
très néfaste pour le secteur bancaire. L'ampleur du
désastre était tel que certaines banques ont dû être
liquidées. C'est alors qu'on s'est rendu compte du caractère
mauvais de la répression financière, dont cette crise
était la conséquence. Sous l'égide du FMI, le Cameroun
entreprend dès 1989 une série de réformes visant non
seulement à restructurer le secteur bancaire, mais aussi à le
libéraliser. La libéralisation financière effectuée
va offrir une plus grande liberté d'action aux banques. Cependant la
libéralisation financière effectuée au Cameroun s'est
faite de façon progressive et a été partielle. Au niveau
bancaire, la libéralisation a concerné les taux
d'intérêt, les barrières à l'entrée,
l'allocation sectorielle des crédits. Mais les réserves
obligatoires ont été instituées, le capital social minimum
est passé de 300 millions à 1 milliard de FCFA, et depuis 2009 la
COBAC l'a relevé à 10 milliards. Quant au compte de capital, il
reste très peu libéralisé. Si les flux de capitaux en
provenance et en direction de la CEMAC ont été
libéralisés, ceux en provenance du reste du monde sont soumis
à des contrôles, de même que l'émission et la vente
des valeurs mobilières étrangères de plus de 10 millions
de FCFA. Cette deuxième partie cherche à savoir si cette
libéralisation financière, bien que partielle, participe
significativement à la croissance économique. A cet effet les
deux hypothèses qui nous serviront de carnet de route sont :
H1 : « La libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
H2 : « La libéralisation du
compte de capital influence positivement la croissance économique au
Cameroun »
Dans cette partie essentiellement empirique, nous exposons la
méthodologie de réalisation de cette étude au chapitre 3,
puis au quatrième chapitre nous interprétons les résultats
des tests économétriques effectués.
CHAPITRE 3 : DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET
DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN
INTRODUCTION
Notre investigation empirique cherche à dégager
l'effet de la libéralisation du secteur financier interne et du compte
de capital sur la croissance économique au Cameroun. Nous allons
vérifier si la libéralisation financière a
été à l'origine de la stimulation de la croissance
économique. Rappelons que la libéralisation financière
opérée au Cameroun a été graduelle et partielle
(libéralisation des taux d'intérêt et des conditions de
banque, mais introduction des réserves obligatoires, faible ouverture du
compte de capital).
SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE L'ETUDE
Dans cette section, nous spécifions les modèles
(I) présentons les variables (II) et les sources de données
(III).
I- Spécification du
modèle
Dans la logique de détecter l'effet de la
libéralisation financière sur la croissance économique,
les travaux empiriques se basent chacun sur un aspect particulier de la
libéralisation financière. En d'autres termes il s'agit de cerner
l'influence de la libéralisation financière interne, ou de la
libéralisation du compte de capital, ou de la libéralisation du
marché boursier sur la croissance économique. Dans notre
recherche nous nous limitons à l'étude de l'effet de la
libéralisation du secteur bancaire et du compte de capital sur la
croissance économique, étant donné l'inexistence du
marché boursier au moment des différentes reformes
(décennie 1990) et sa création juste récente (la DSX est
créée en 2001, mais ne commence réellement à
fonctionner qu'en 2006. Par ailleurs il reste encore fébrile saisonnier
et mal organisé).
Ainsi dans notre étude nous avons deux
hypothèses. La première hypothèse consiste à
détecter l'effet de la libéralisation financière sur la
croissance économique Camerounaise à travers le canal de la
stimulation du secteur bancaire interne, c'est-à-dire du
développement financier. Ici la libéralisation financière
est supposée avoir permis un développement financier qui aura in
fine impacté positivement la croissance économique. Quant
à la deuxième hypothèse, elle stipule que la
libéralisation financière, à traves l'attrait des IDE, des
investissements de portefeuilles, des transferts etc. influence positivement la
croissance économique du Cameroun. En clair la libéralisation du
compte de capital influe positivement sur la croissance économique.
1- Les différents
modèles
Il existe une pléthore de travaux portant sur les
effets de la libéralisation financière sur la croissance
économique, et presqu'autant de modèles différents, dont
il nous serait clairement impossible d'en faire un inventaire exhaustif. Il
n'existe pas de modèle « type » ou de modèle
« de base », dont les autres modèles suivraient ou
s'inspireraient. Toutefois la plupart des modèles sont linéaires.
Les travaux portant sur l'impact de la libéralisation financière
interne sur la croissance économique utilisent donc différentes
méthodologies.
A cet effet, Benhabib et Zenasni (2011), en étudiant
l'impact de la libéralisation financière sur la croissance
économique en Algérie, ont le modèle suivant :
Yt = á0 + á1
Xt + á2 Zt +
á3rt + á4 D1 +
åt,avec Y le PIB, X la masse monétaire
rapportée au PIB, r le taux d'intérêt et D1 la variable
muette. Afin d'étudier les élasticités, ils introduisent
le logarithme de part et d'autre de l'équation sauf sur le taux
d'intérêt et la variable muette.
Aiboud et al. (2015) ont étudié l'influence de
la libéralisation financière sur la croissance économique
en Algérie. Leur modèle s'inspire de celui de Benhabib et Zenasni
(2011), et est de la forme : PIBHt =
á0 + á1 M2t + á2
QMt + á3 Rt + á4 VMt +
åt, où PIBH est le PIB par
habitant, M2 la masse monétaire en pourcentage du PIB, QM la quasi
monnaie en pourcentage du PIB, R les taux d'intérêt et VM la
variable muette.
Tabi Atemkeng et al (2011) trouvent un effet positif du
développement financier sur la croissance économique au Cameroun.
Leur modèle est Log GDP = â1Log FDt +
â2 Log Xt
+ìt, avec GDP le PIB par habitant, FD un
indicateur de développement financier (crédits privés
rapportés au PIB et taille du secteur financier) et X la matrices des
variables de contrôle (taux d'investissement privé, taille du
gouvernement, degré d'ouverture de l'économie).
L'étude de Gamra et Clévenot (2008) sur un
échantillon de 22 pays de la périphérie a pour
modèle : yi,t = âQi,1980 +
ãXi,t + á Libi,t +
åi,t,
avec Xi,t, représentant les
variables de contrôle pour différents niveaux du PIB par
tête selon les pays, Lib la variable de libéralisation
financière construite selon la méthodologie propre aux auteurs
(cf chapitre 1), Qi,1980représente le
logarithme du PIB réel par tête en 1980, yi,t
Le logarithme de croissance du PIB réel par tête dans
le pays i pour l'année t.
Khalfaoui19(*) (2009) quant à lui adopte le
modèle : Yit = ái +
âi ILF + ìi VC +
åi.
Dans ce modèle la variable à expliquer est la
croissance, mesurée par le PIB par habitant. ILF désigne
l'indicateur du développement financier. Il est saisi à travers
les crédits privés en pourcentage du PIB, la monnaie M2 en
pourcentage du PIB, la capitalisation boursière rapporté au PIB,
et les investissements directs étrangers en pourcentage du PIB. Les
variables de contrôle VC incluent le niveau du PIB initial par tête
-1987- le stock de capital humain donné par le taux d'éducation
en secondaire, le taux de croissance de la population, le degré
d'ouverture commerciale et les investissements privés par rapport au
PIB, estimés par la formation brute de capital fixe plus la variation de
stock. Son étude a débouché sur une relation positive et
significative dans son ensemble entre la libéralisation
financière et la croissance économique.
Khemakhem (2011)20(*)utilise des données annuelles relatives
à la période (1990-2009), pour étudier l'effet de la
libéralisation financière sur la croissance économique des
pays en développement. Son modèle est de la forme :
Yi,t = aXi,t + bZi,t
+ åt + ãt + äi,t +
C
Y c'est la variable endogène du pays i à la
période t. Il s'agit de l'indicateur de croissance, le logarithme du
PIB par tête d'habitant (Log PIB). X la matrice des variables de
contrôle (le capital humain mesuré par le taux de scolarisation
secondaire, le taux d'inflation, les dépenses publiques et l'ouverture
commerciale), Z la matrice caractérisant les intermédiaires
financiers. En clair, c'est l'indicateur de développement financier,
å représente l'effet spécifique permettant de
contrôler les différences non observables qui existent entre les
unités statistiques, ã l'effet temporel permettant de
contrôler les chocs conjoncturels qui frappent les économies,
ä Perturbation aléatoire, identiquement et indépendamment
distribuée dans le temps et parmi les pays et suivant la loi normale (0,
ä2). Comme indicateur de développement financier, il
retient les crédits fournis au secteur privés, la capitalisation
boursière, tous rapportés au PIB.
Dans leur article portant sur la
« libéralisation financière, crises bancaires et
croissance économique : cas des pays du sud de la
méditerranée », Ben Salha et al (2008), pour cerner
l'effet de la libéralisation du compte de capital et du marché
boursier sur la croissance économique de ces pays, se servent du
modèle de la forme : yit =
áyit-1 + âxit +älibit +
çi + vi + åit. Dans ce
modèle, xit est la matrice des variables de contrôle
(dépenses du gouvernement, taux de croissance de la population,
dépenses d'investissement par rapport au PIB), libit est
l'indice de libéralisation financière (compte de capital ou
marché boursier), çi, vi,
åit représentent respectivement l'effet
spécifique individuel, l'effet spécifique temporaire et le terme
d'erreur. yit est le PIB par habitant, et yit-1le
même PIB à la période précédente. Pour
mesurer le degré de libéralisation du compte de capital, ils
utilisent l'indice Kaopen.
2- Modèle adopté
Nous rappelons nos deux hypothèses :
H1 : « La libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
Cette hypothèse consiste à considérer
avec Roubini et Sala-i-martin (1992) que le développement financier est
la conséquence directe de la libéralisation financière
interne (bancaire) ; la libéralisation financière a
débouché sur un développement financier qui a
impacté positivement la croissance économique. A cet effet les
indicateurs que nous retenons, comme la plupart des études,pour saisir
l'effet de la libéralisation financière interne sur la croissance
économique au Cameroun sont les ratios masse monétaire sur PIB,
et crédits privés sur PIB. L'indicateur de la croissance
économique utilisé est plus fréquemment le PIB par
habitant. Nous n'utilisons pas directement un indice de libéralisation
financière interne comme indicateur de la libéralisation
financière, pour cerner son effet sur la croissance économique,
à cause de son indisponibilité pour le Cameroun pour des
périodes récentes de notre étude. Par ailleurs les
indicateurs que nous avons retenus sont de plus en plus
préférés dans la littérature empirique
récente par rapport aux différents index de la
libéralisation interne, car ils rendent mieux compte du niveau et des
effets de la libéralisation financière, qui demeure difficilement
mesurable à un degré précis.
H2 : « La libéralisation du
compte de capital influence positivement la croissance économique au
Cameroun »
La mesure du compte capital que nous allons utiliser, pour
saisir le degré d'ouverture du compte de capital est le KAOPEN.
Ainsi à partir d'un large éventail de la
littérature empirique, et surtout à partir des modèles de
Atemkeng et al (2011), etKhalfaoui (2009), notre modèle aura la forme
générale suivante :
Yt = á + âILFt +
ãICCt + äVct +
åt,
Avec ILF l'indicateur de la
libéralisation financière interne,
ICCl'indicateur de libéralisation du compte de
capital,Vc la matrice des variables de contrôle,
åle terme d'erreur, et Yest la variable
dépendante qui mesure la croissance économique.
Afin de mesurer l'élasticité des variables, on
utilise le logarithme pour les deux parties de l'équation, sauf sur les
taux et la variable Kp. Ainsi, en extension le modèle devient :
logPIBt = â0 +
â1logM2t +
â2logCPt +
â3Kpt +
â4logCOt +
â5logDPUt +
â6SCOt + â7TINFt +
â8POPt + åt
Avec,
logM2 le logarithme du ratio masse monétaire sur PIB
logCP le logarithme du ratio crédits privés sur
PIB
Kp l'indicateur Kaopen de libéralisation du compte de
capital
logCO logarithme de l'ouverture commerciale
logDPU logarithme des dépenses publiques
rapportées au PIB
SCO le taux de scolarisation
TINF le taux d'inflation
POP le taux de croissance de la population.
t c'est le temps
åt c'est la variable
muette
â0 est la constance
II- Les
variables
1- La variable dépendante
La variable dépendante est le PIB par habitant,
utilisé pour mesurer la croissance économique. Le PIB par
habitant est le rapport du PIBréel par l'ensemble de la population.
C'est l'indicateur généralement retenu dans les travaux comme
variable dépendante.
Figure 7 : évolution du PIB par tête au
Cameroun, unité de devises locales constantes, 1990-2015
Construit à partir des statistiques du Cameroun de
la banque mondiale, annuaire 2016
A l'observation de ce graphique, le PIB par habitant a connu
une baisse notable de 1993 à 1995. Ceci peut s'expliquer par la crise
économique qu'a traversée le pays pendant cette période et
notamment suite à la dévaluation du FCFA.
2- Les variables
indépendantes
Elles sont grossièrement au nombre de trois : les
variables traduisant le développement financier, la variable de
libéralisation du compte de capital, et les variables de
contrôle.
Les variables de la libéralisation
financière
Les variables utilisées sont :
-la monnaie au sens large rapportée au PIB
(M2). Qualifié de taux de liquidité, le ratio masse
monétaire sur PIB est constitué des disponibilités
monétaires (circulation fiduciaire et dépôts à vue)
et la quasi monnaie (dépôts à terme en monnaie nationale,
dépôts en devises et les provisions pour paiement des
importations). La monnaie au sens large est la somme de la masse
monétaire M1 (billets et pièces) et de la quasi monnaie. En
effet la masse monétaire m2 est un agrégat intermédiaire
correspondant à une définition plus large de la masse
monétaire constitué de la monnaie au sens étroit (M1)
ainsi que des engagements. On distingue d'une part les engagements
représentatifs de dépôts pouvant être
transformés rapidement et sans coûts en moyens de paiement, et
d'autre part, des engagements à court terme (moins de deux ans) dont la
transformation en moyens de paiement est stipulée à
l'échéance du contrat (dépôt à terme). Ces
engagements sont proches d'une utilisation de la monnaie comme réserve
de valeur.
La variable M2 mesure le niveau du développement du
secteur bancaire, c'est-à-dire le niveau d'intermédiation
financière.Le ratio de la masse monétaire sur le PIB mesure la
taille du secteur financier formel par rapport à la taille de
l'économie. Plus ce ratio augmente, plus il traduit le niveau
élevé d'expansion de la sphère financière formelle,
et l'évolution de l'intermédiation financière. Le signe
attendu est positif.
Figure 8 : évolution du ratio masse
monétaire/PIB (M2), 1990-2015
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
De 1990 à 1996 le ratio masse monétaire sur PIBa
diminué, traduisant une faible profondeur financière. Le
système bancaire était encore fragile et avait du mal à
s'approfondir au lendemain des réformes. La finance formelle ne
représentait qu'un peu plus de 10% de l'économie en 1996. Mais
depuis cette date, la taille de la finance formelle dans l'économie a
augmentée, avoisinant les 25% en 2015.
-les crédits privés rapportés au
PIB (CP). C'est la capacité des banques commerciales dans le
financement de l'économie. Suite à la libéralisation des
taux d'intérêt, les crédits sont supposés
« exploser » (boom du crédit). Le boom du
crédit ou syndrome de l'emprunt est donc mesuré par le ratio
crédits privés/PIB. L'augmentation des crédits doit
entrainer le relèvement du niveau de l'investissement, qui par ricochet
agira positivement sur la croissance économique. Le signe attendu est
positif.
Figure 9 : évolution du ratio crédits
privés/PIB (CP), 1990-2015
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le ratio crédits privés sur PIB qui traduit
l'effet de la libéralisation des taux d'intérêt
était particulièrement élevé pendant les
périodes de répression financière du fait de l'octroi
incontrôlé du crédit. Il s'est mis par la suite à
baisser notamment à partir de 1992 au moment où les taux
d'intérêt venaient d'être libéralisées.
Pourtant la libéralisation des taux d'intérêt est
censée entrainer une augmentation des crédits. Cette baisse de
« CP » traduit le rationnement du crédit par les
banques. Malgré la libéralisation des taux
d'intérêt, les banques ne financent pas assez
l'économie.
La variable de la libéralisation du compte
de capital
Pour mesurer le degré d'ouverture du compte de capital
du Cameroun, nous allons utiliser l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) qui
mesure l'ampleur de l'ouverture du compte de capital. Cet indice est disponible
pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015. Il se base
sur les 4 principales catégories de restriction sur le compte
extérieur contenues dans l'AREAER : la variable indiquant la
présence d'un taux de change multiple; lavariable indiquant la
présence de restrictions sur les transactions courantes (degré de
convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur
l'utilisation d'une monnaie étrangère entre résidents);
lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du
compte de capital; et lavariable indiquant la présence de restrictions
lors du rapatriement des bénéfices par les exportateurs.
L'avantage de cet indicateur est qu'il tient compte de l'intensité des
restrictions et non de son existence ou pas (comme c'est le cas pour la
majorité des indicateurs d'ouverture du compte de capital). Construis
essentiellement par la méthode de l'analyse en composantes principales,
cet indicateur est compris entre -1,7 (le pays est peu
libéralisé) et 2,6 (le pays est financièrement très
libéralisé). Plus sa valeur est importante, plus le compte de
capital du pays concerné est libéralisé. Le signe attendu
est positif.
Figure 10 : évolution de l'indicateur KAOPEN de
l'ouverture du compte de capital pour le Cameroun
Construit à partir de la base de données du
KAOPEN, 2015
L'indice kaopen de libéralisation du compte de capital
est négatif sur toute la période d'étude. Ce qui veut dire
que le Cameroun a très peu libéralisé son compte de
capital. S'il a un score meilleur sur la période 1993-1995, c'est
à cause du rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient
été massivement placés hors de la zone BEAC pour se
protéger contre la dévaluation.
Les variables de contrôle
Quant aux variables de contrôle, elles sont l'ensemble
des variables réelles souvent utilisées afin d'expliquer la
croissance économique. Nous retenons :
- le degré d'ouverture commerciale de
l'économie (CO) :En général, l'effet de
l'ouverture sur la croissance passe par trois voies: la formation du capital
physique (croissance tirée par l'investissement et induite par
l'ouverture), le capital humain (croissance tirée par les
compétences et induite par l'ouverture) et le savoir (croissance
tirée par la technologie et induite par l'ouverture). Pour mesurer le
degré d'ouverture des pays en voie de développement on recourt au
taux d'ouverture de l'économie qui est égal au ratio des
exportations plus les importations divisées par le PIB. L'ouverture
commerciale donne un reflet des transactions du pays avec le reste des
économies. Elle est censée agir positivement sur la croissance
économique.
Figure 11 : évolution de l'ouverture
commerciale du Cameroun (CO)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Au fil du temps le Cameroun s'est commercialement ouvert
à l'extérieur, grâce à l'intégration
économique au niveau de la CEMAC, et à certains accords
commerciaux avec certains pays de l'union européenne.
- les dépenses publiques en pourcentage du PIB
(DPU). Les dépenses publiques sont l'ensemble des
dépenses réalisées par les administrations publiques.Cette
variable représente l'efficacité des politiques
macroéconomiques. Les dépenses du gouvernement peuvent agir
positivement sur la croissance en stimulant la demande de biens et services, ce
qui entraîne l'augmentation de la production et dope la croissance. Les
dépenses publiques peuvent, à travers les dépenses
d'éducation, de santé et d'autres services qui contribuent
à l'accumulation du capital humain, augmenter la productivité
marginale des facteurs de production et la croissance. Mais, ces
dépenses peuvent avoir un effet négatif sur la croissance quand
le scénario suivant se produit: L'augmentation des dépenses
publiques entraîne une augmentation de l'offre de la monnaie, ce qui fait
repartir l'inflation et diminue, par effet de cascade, l'épargne,
l'investissement, la production et la croissance. En tout état de cause
l'effet attendu est positif.
Figure 12 : évolution des dépenses
publiques en pourcentage du PIB (DPU)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
-le capital humain :L'enseignement
principal de ces modèles de croissance est que l'accroissement du
niveau de qualification de la population active est un déterminant
essentiel de la croissance. L'accumulation du capital humain permet
de soutenir la croissance à long terme en agissant directement sur la
productivité de la main-d'oeuvre, mais aussi à travers des
externalités positives que cette amélioration engendre.Le
facteur du capital humain explicatif de la croissance reste le plus souvent le
taux de scolarisation. Le taux de scolarisation est la proportion de jeunes
d'un âge donné scolarisés par rapport à la
population totale du même âge. On distingue à ce niveau
le taux brut de scolarisation, et le taux net de scolarisation. Le taux brut de
scolarisation (TBS) (Gross enrollment ratio en anglais) est défini comme
le total des inscriptions dans un niveau spécifique d'éducation,
sans distinction d'âge, exprimé en pourcentage de la population
officiellement scolarisable au même niveau pour une année scolaire
donnée. Ce taux peut être supérieur à 100 %. Lorsque
l'indicateur a une valeur supérieure à 100, il met en
lumière l'incidence de la scolarisation d'enfants plus jeunes ou plus
âgés que l'âge normal. Le taux net de scolarisation (TNS)
(Net enrollment ratio en anglais) correspond au quotient de la population
scolarisée et ayant l'âge officiel d'une scolarisation par rapport
à la population scolarisable ayant l'âge officiel d'une
scolarisation. Ce taux ne peut pas être supérieur à 100
%.Pour caractériser cette variable, nous retenons la variable
SCO qui correspond au taux brut de scolarisation secondaire,
du fait de l'absence des données sur le TNS. Le signe attendu est
positif.
Figure 13 : évolution du taux brut
d'inscription secondaire au Cameroun (SCO)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
On note qu'à partir de 2006 le taux de scolarisation au
secondaire a connu une hausse significative. Ceci peut s'expliquer par la
multiplication des établissements scolaires jusque dans les zones
rurales, autrefois délaissées.
-le taux d'inflation (TINF): Ce qui
justifie l'introduction du taux d'inflation comme variable explicative de la
croissance est le concept de la répression financière. Un taux
d'inflation élevé caractérise les économies
caractérisées par la répression financière.
L'inflation élevée peut encourager les investissements
spéculatifs et peu productifs. Cela défavorise ainsi les
investissements à long terme et exerce un effet nuisible à la
croissance.Ce sont les prix de consommation finale des ménages qui sont
souvent pris en compte dans la mesure d'inflation. Un indice des prix à
la consommation mesure les variations enregistrées par le panier
observé, traduisant ainsi la variation du coût de la vie pour les
consommateurs, et de la valeur de la monnaie dans ses aspects les plus concrets
pour les ménages. Le signe attendu est négatif.
Figure 14 : évolution du taux d'inflation au
Cameroun selon l'indice des prix à la consommation (TINF)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le taux d'inflation a un pic record de 35% en 1994 à
cause de la dévaluation du FCFA qui entraine une hausse des prix
à la consommation.
-le taux de croissance de la population
(POP) : Selon Barro (2000), Malthus (1798),la croissance
économique est négativement liée au taux de
fertilité. Ainsi, avoir plus d'enfants dans la même famille va
engendrer un taux de croissance de la population plus élevé. Une
augmentation du taux de croissance de la population peut être à
l'origine de la baisse du PIB par habitant. De même dans le cadre des
modèles de croissance exogène comme celui de Solow, une
croissance de la population exerce un effet appauvrissant. Le signe attendu est
négatif.
Figure 15 : Evolution du taux de croissance de la
population camerounaise (POP)
Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de
la banque mondiale, annuaire 2016
Le taux de croissance de la population a un trend descendant.
La population camerounaise croît à un rythme de plus en plus
faible.
III- Sources de données
Les données sont essentiellement
prélevées dans la base de données `statistiquesdu
Cameroun' de la banque mondiale annuaire 2016. Nous avons obtenu l'ouverture
commerciale entendue comme la somme des exportations et des importations le
tout divisé par le PIB, en additionnant les importations de biens et
services en pourcentage du PIB, et les exportations de biens et services en
pourcentage du PIB, déjà présentes dans la base de
données. Seul l'indicateur de l'ouverture du compte de capital est
puisé dans la base de données du KAOPEN, 2015. Toutes nos
données s'étendent de 1990 à 2015, période retenue
pour notre étude.
Tableau 11:
récapitulatif des caractéristiques du modèle
Variables
|
Mesure, (code)
|
Coefficient
|
Signe attendu
|
source
|
Croissance économique (variable dépendante)
|
PIB par habitant, (PIB)
|
/
|
/
|
Banque mondiale (BM)
|
Libéralisation financière
|
-ratio masse monétaire/PIB, (M2)
-Ratio crédits privés/PIB, (CP)
|
â1
â2
|
Positif (+)
Positif (+)
|
BM
|
Libéralisation du compte de capital
|
Indice KAOPEN (Kp)
|
â3
|
Positif (+)
|
Base de données du KAOPEN, 2015
|
Ouverture commerciale
|
(exportations+ importations)/PIB, (CO)
|
â4
|
positif
(+)
|
BM
|
dépenses publiques
|
Dépense des administrations publiques/PIB, (DPU)
|
â5
|
Positif (+)
|
BM
|
Capital humain
|
Taux brut d'inscription en secondaire, (SCO)
|
â6
|
Positif (+)
|
BM
|
Taux d'inflation
|
L'indice des prix à la consommation, (TINF)
|
â7
|
Négatif (-)
|
BM
|
population
|
Taux de croissance de la population (POP)
|
â8
|
Négatif (-)
|
BM
|
Source : auteur
SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION
Pour estimer notre modèle, nous allons recourir
à la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). La
période d'étude retenue va de 1990 à 2015. Nous
utiliserons le logiciel eviews 8. Pour estimer notre modèle
défini, nous utiliserons les données en séries
chronologiques. Des telles données étant rarement des
réalisations de processus stationnaire, il est nécessaire
d'effectuer des analyses préalables des séries avant de choisir
la méthode d'estimation appropriée.
I- Tests
préalables sur les séries
Nous allons procéder d'abord à l''étude
de la stationnarité des séries, ensuite nous allons tester
l'existence d'une relation de cointégration entre les variables eten fin
faire un test à correction d'erreur.
1- Etude de la stationnarité des variables
Avant de tester la relation à long terme entre les
variables, il est nécessaire de vérifier si les séries
sont intégrées du même ordre. Le but de ces tests est
d'identifier la présence de racine unitaire dans une série.Ainsi,
notre analyse empirique a débuté par des tests de racine unitaire
sur l'ensemble des variables de nos différents modèles. Un
processus Xt est dit stationnaire si tous ses moments sont
invariants pour tout changement de l'origine du temps. Il existe deux types de
processus stationnaire : les processus TS (Trend Stationary) qui
présentent une non-stationnarité de type déterministe et
les processus DS (Difference Stationary Process) pour lesquels la
stationnarité est du type aléatoire. Ces processus sont
stationnarisés par écart à la tendance et par un filtre
aux différences. Dans ce dernier cas, le nombre de filtres aux
différences permet de déterminer l'ordre d'intégration.
L'analyse de la stationnarité des séries est
importante dans la modélisation de séries temporelles afin
d'éviter d'obtenir une régression fallacieuse montrant qu'une
régression linéaire avec des variables non-stationnaires n'est
pas valide. Selon Bourbonnais (2007), le non stationnarité a des
conséquences fondamentales sur le plan économétrique,
parmi lesquelles: la perte de la linéarité des paramètres,
les biais observés dans l'estimation du modèle et la perte de la
qualité des paramètres.
Plusieurs tests permettent de vérifier la
stationnarité des séries chronologiques. Le test de
Phillips-Perron (PP), le test Kwiatkowski-Phillips-Schmid et Shin (KPSS) et le
test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF).
Dans cette étude, nous avons employé le test de
Dickey-Fuller augmenté (ADF) afin d'explorer la nature des
séries. Ce test est préféré aux autres en raison sa
simplicité. Les résultats sont obtenus avec le logiciel eviews 8.
Le degré de significativité habituellement accepté est de
5%.
Pour chaque série temporelle de l'équation
à estimer, on part d'un modèle général où la
variable à expliquer est régressée sur la variable
à expliquer décalée d'une période soit :
Yt= âo + äYt-1+
åt
Où Yt est la variable à expliquer,
åt un bruit blanc, âo et ä des paramètres.
Le test ADF va donc consister à tester
l'hypothèse nulle « on est en présence d'une racine unitaire
ou de non stationnarité» contre l'hypothèse alternative
« on est en présence d'un processus stationnaire ». En
formulant ces hypothèses de manière mathématique on aura
:
H0: ä = 1
H1: ä < 1, âo ? 0
La règle de décision (accepter ou rejeter
l'hypothèse nulle) consiste à comparer la valeur absolue
calculée de la statistique Dickey-Fuller augmenté (ADF) à
la valeur absolue de la valeur critique (CV) de McKinnon(1973) lue. Ainsi:
Si ADF < CV en niveau, on accepte
l'hypothèse de la non-stationnarité (H0). La série
considérée est alors non-stationnaire;
Si ADF > CV en niveau, on accepte
l'hypothèse alternative de stationnarité et la série
considérée est stationnaire.
L'intérêt de la condition de stationnarité
est que l'effet produit par un choc sur une série possédant une
tendance ou un facteur dépendant du temps (série non
stationnaire) est transitoire. Ce choc ne peut affecter durablement la tendance
et la série retrouve son mouvement tendanciel. Dans ces conditions, il
est difficile de cerner clairement l'effet d'une autre série sur les
variations d'une série non stationnaire. Cependant, lorsque la variable
n'est pas stationnaire en niveau, l'on peut la rendre stationnaire par
différence première ou seconde.
2- Test de cointégration des
séries
L'objectif du test de cointégration des séries
est de détecter si des variables possédant une racine unitaire
ont une tendance stochastique commune. Si tel est le cas, il existe une
relation d'équilibre de long terme entre les variables; et la
combinaison linéaire de deux variables provenant de séries non
stationnaires est, quant à elle, stationnaire. Dans une telle situation,
la formulation en différence mène à une mauvaise
spécification du modèle et des termes de corrections d'erreurs
doivent être ajoutés. Lorsque toutes les variables sont
stationnaires, le test de cointégration et la méthode à
corrections d'erreurs (estimation à court terme) ne s'imposent pas. Si
toutes les variables ne sont pas stationnaires et ont le même ordre
d'intégration, il faut faire l'estimation de long terme et ensuite faire
le test de cointégration par la méthode d'Engle et Granger (1987)
et terminer par la relation de court terme. Deux ou plusieurs séries
chronologiques sont cointégrées si une combinaison
linéaire de ces deux variables est stationnaire, c'est-à-dire
converge vers l'équilibre au cours du temps. Deux variables
stationnaires ne peuvent pas être cointégrées.
À ce niveau, deux approches sont utilisées pour
la vérification de cette hypothèse. D'une part, nous avons
l'approche d'Engel et Granger (1987) portant sur les tests de racine unitaire
des résidus. Ce test n'est utilisable que si les variables
considérées sont du même ordre d'intégration. Son
principe consiste à comparer la valeur absolue de la statistique
Dickey-Fuller augmenté (ADF) par rapport à la valeur absolue de
la valeur critique de Mac Kinnon (CV). Ainsi:
Si ADF <CV, on accepte l'hypothèse de non
cointégration
Si ADF > CV, on accepte l'hypothèse alternative de
cointégration.
Malgré la facilité de mise en oeuvre de la
méthode d'Engle et Granger, elle ne permet néanmoins pas de
distinguer plusieurs vecteurs de cointégration. Ceci pose alors un
problème lorsqu'on veut étudier simultanément n variables,
avec (n>2). Afin de pallier cette difficulté, Johansen en 1988 a
proposé de tester directement dans le cadre d'un VAR en niveau les
relations de cointégration. Cette approche permet par la méthode
de maximum de vraisemblance, d'obtenir tous les vecteurs de
cointégration contrairement à l'approche d'Engle-Granger qui ne
tient compte que d'une seule relation de cointégration, dans un cadre
multivarié. Et de ce fait, elle apparaît plus attrayante lorsqu'on
veut tester la cointégration dans un système de plusieurs
variables. L'approche de Johansen est basée sur deux tests sur les
valeurs propres du système à n variables. Le premier est
appelé statistique de la trace et teste qu'il existe au moins r vecteurs
de cointégration dans un système comportant n?r variables, le
second dénommé statistique de la valeur propre maximale, teste
qu'il existe exactement r vecteurs de cointégration contre l'alternative
de r+1 vecteurs. Les valeurs critiques de ces deux statistiques ont
été tabulées notamment par Johansen (1988). Si les
variables sont cointégrées, alors nous allons formuler un
Modèle à Correction d'Erreurs (MCE).
3- Mécanisme à correction
d'erreur
En économétrie des séries temporelles,
lorsque nous souhaitons modéliser une variable non stationnaire à
l'aide d'une seule variable explicative elle aussi non stationnaire, nous avons
recours à ce qu'on appelle un modèle à correction
d'erreur. Pour ce faire, nous procédons en plusieurs
étapes :
La première étape consiste à tester la
stationnarité de ces séries temporelles. Pour cela nous disposons
de plusieurs tests de non stationnarité21(*). Si les variables sont non stationnaires, la
régression standard des moindres carrés ordinaires est dite
fallacieuse ou illusoire. Pour éviter ce problème, nous pouvons
estimer un modèle par MCO via une transformation linéaire des
variables (dans la majeure partie des cas, la différence première
rend les variables non stationnaires en niveau exploitable). Cependant, d'un
pont de vue économique, il est fréquent de vouloir travailler
avec ces variables en niveau plutôt qu'en différence
première. La question qui se pose ici est comment faire pour que la
régression ne soit pas fallacieuse? Si les variables sont
cointégrées, il est possible d'estimer une régression
pertinente et statistiquement viable.
La cointégration entredeux variables a
été conceptualisée par Engle et Granger (1987). Cependant,
leur méthode ne permet pas de distinguer plusieurs relations de
cointégration. Ce n'est que quelques années plus tard que
Johansen (1991) met au point une procédure capable de tester l'existence
de (n-1) relations de cointégration entre n variables (n?2). Si deux
séries sont cointgrées (les résidus estimés dans la
relation de long terme sont stationnaires), nous avons recours au modèle
à correction d'erreur (MCE).
II- Méthode d'estimation du modèle
Pour estimer notre modèle, nous allons utiliser la
méthode des moindres carrées ordinaires (MCO). Il s'agit d'une
méthode élaborée par Legendre et Gauss au début du
XIXème siècle pour comparer les données
expérimentales, généralement entachées d'erreurs de
mesure, à un modèle mathématique, censé
décrire ces données. La méthode des moindres
carrées ordinaires permet alors de minimiser l'impact des erreurs
expérimentales en « ajoutant de
l'information » dans le processus de mesure. Cette estimation
se faire l'aide du logiciel Eviews 8. La validation statistique de la
qualité globale du modèle est appréciée par le
coefficient de détermination du modèle (R2) et le
test de Fisher. Le R2 mesure l'adéquation entre un
modèle issu d'une régression linéaire simple ou multiple
et les données qui ont permis de l'établir. Bref, le coefficient
de détermination indique la qualité d'ajustement du
modèle, plus il est proche de 1, plus la qualité du modèle
est bonne. Le R2 se définit alors comme la part de la
variance expliquée dans la variance totale. La formule du R2
donnée par :
R2 = 1- (SCR/SCT) où SCR est la somme des
carrées des résidus et SCT la somme des carrées totaux.
Par ailleurs, il convient de souligner que le principal
défaut du coefficient de détermination est de croitre avec le
nombre des variables explicatives. Or, on sait qu'un excès des variables
produit des modèles non robustes. C'est pourquoi on s'intéresse
davantage sur le coefficient de détermination ajusté. Ce dernier
tient compte du nombre des variables.
La significativité globale du modèle est
appréciée par le test de Fischer à k et (n-k-1)
degré de liberté (k étant le nombre des variables
explicatives) qui indique si les variables explicatives ont une influence sur
la variable à expliquer. Les hypothèses sous-tendant cette
analyse sont : sous l'hypothèse nulle H0 : « tous les
coefficients du modèle sont nuls » contre l'hypothèse
alternative « il existe au moins un coefficient non nul ». La
formulation mathématique de ces hypothèses nous donne :
H0 : â1 = â2 = ....
= âk = 0
H1: âi ? 0
Avec k le nombre de paramètres estimés et i
variant de 1 à k.
L'arbitrage entre le rejet ou l'acceptation de
l'hypothèse nulle se fait par la comparaison de la valeur de la
F-statistique estimée à celle tabulée par Fischer. Le
logiciel Eviews 8fournit automatiquement la probabilité associée
à la F-statistique calculée, ce qui facilite l'analyse. Il
suffira donc de comparer la probabilité associée à la
F-statistique au seuil de 5% retenu. Dans le cas où la
probabilité associée au prob (F-statistique) < 5%, alors H0
sera rejetée au profit de H1 selon laquelle la régression est
globalement significative.
La décision de la significativité globale du
modèle peut se faire par comparaison de la statistique de Fisher
calculée (Fcal) à la statistique de Fisher tabulée (Ftab).
Ø Si Fcal > Fth alors on rejettera
l'hypothèse nulle et on conclut qu'il existe au moins un coefficient
non nul et donc que le modèle est globalement significatif.
Ø si Fcal < Fth alors le modèle n'est pas
globalement significatif.
Pour se prononcer sur la significativité individuelle
des variables, on utilise la statistique de student qui est fournie par le
logiciel. Sous l'hypothèse nulle (H0), on teste l'hypothèse nulle
le coefficient n'est pas significatif contre l'hypothèse alternative le
coefficient est significatif. Mathématiquement, on aura :
H0 : âi = 0 ; le coefficient
n'est pas significatif ;
H1 : âi ? 0 ; le coefficient
est significatif.
La règle de décision consiste à comparer
la statistique calculée de student (tcal) à la
statistique tabulée (ttab). Ainsi, Si la statistique
calculée de Student (tcal) est supérieure à la
statistique théorique t5% (n-k), ou, la probabilité
calculée est inférieure à 5%, on rejette
l'hypothèse nulle et on conclut que la variable est statistiquement
significative au seuil de 5%. Dans le cas contraire, on accepte
l'hypothèse nulle et on conclut que la variable n'est pas significative
au seuil 5%.
Le test de Durbin Watson
Le test de Durbin et Watson (DW) permet de
détecter une autocorrélation des erreurs d'ordre 1.Le test
d'hypothèses est le suivant :
Pour tester l'hypothèse nulle H0, nous calculons la
statistique de Durbin et Watson :
où sont les résidus de l'estimation du modèle.
On peut approximer la statistique de DW de la façon
suivante : avec
Les critères de décisions sont les
suivantes :
- Si, il y a absence de corrélation dans les résidus, alors le
- Si , il y a corrélation positive dans les résidus, alors le
- Si, il y a corrélation négative dans les résidus,
alors le
Le test
d'homoscédasticité
L'application des MCO comme méthode d'estimation
suppose que les variables ont des variances constantes. Dans le cas contraire,
ces variables seront dites hétéroscédastiques. Cependant,
il est difficile d'affirmer avec certitude que les perturbations sont
hétéroscédastiques et de connaitre la forme de
d'hétéroscédasticité. D'où l'utilité
de détecter la présence
l'hétéroscédasticité et de pouvoir le corriger.
Plusieurs tests existent pour la détection de
l'hétéroscédasticité : test de Goldfeld-Quandt ;
test de Gleisjer ; test de White ; test de Breusch-Pagan ; etc. Le test de
White sera utilisé pour la présente étude. Il est
fondé sur une relation significative entre le carré du
résidu et une ou plusieurs variables explicatives en niveau et au
carré dans une équation de régression. Les
hypothèses nulle(H0) et alternative (H1) sont :
H0 : Absence
d'hétéroscédasticité
H1 : Présence
d'hétéroscédasticité
Si n représente le nombre d'observations du
modèle et R2 le coefficient de détermination. Si l'un
de ces coefficients de régression est significativement différent
de 0, alors on accepte l'hypothèse
d'hétéroscédasticité.
Le test de White est fondé sur une relation
significative entre le carré du résidu et une ou plusieurs
variables explicatives en niveau et au carré au sein d'une même
équation de régression.
Soit n le nombre d'observations disponibles pour estimer les
paramètres du modèle et R2 le coefficient de
détermination. Si l'un de ces coefficients de régression est
significativement différent de 0, alors on accepte l'hypothèse
d'hétéroscédasticité. Nous pouvons procéder
à ce test soit à l'aide d'un test de Fisher classique de
nullité de coefficients.
H0 : a1 = b1 = a2 =
b2= . . . = ak = bk = 0
Si on refuse l'hypothèse nulle, alors il existe un
risque d'hétéroscédasticité.
Soit recourir à la statistique LM qui est
distribuée comme un ÷2 à p = 2 k degrés de
liberté (autant que de coefficients que nous estimons, hormis le terme
constant), si n × R2> ÷2(p) lu dans la table au seuil
á, on rejette l'hypothèse d'homoscédasticité des
erreurs.
Le test d'autocorrélation des
résidus : la statistique de Breusch-Godfrey.
L'autocorrélation des erreurs peut être
observée pour plusieurs raisons : l'absence d'une variable explicative
importante dont l'explication résiduelle permettrait de « blanchir
» les erreurs ; une mauvaise spécification du modèle, les
relations entre la variable à expliquer et les variables explicatives ne
sont pas linéaires et s'expriment sous une autre forme que celle du
modèle estimé (logarithmes, différences premières,
etc.) ; un lissage par moyenne mobile ou une interpolation des données
crée une autocorrélation artificielle des erreurs due à
l'usage de ces deux opérateurs. On distingue deux types
d'autocorrélation : celle positive caractérisée par
des successions de résidus de même signe et celle négative
qui est caractérisée par une alternance positive et
négative des résidus.
Le test consiste à tester l'hypothèse nulle les
erreurs sont non corrélées contre l'hypothèse alternative
erreurs corrélées. La statistique est donnée par : BG =
n×R2 qui est comparée au ÷2(p) Avec p le
nombre de retard des résidus, n le nombre d'observations et
R2le coefficient de détermination. Le test consiste à
tester l'hypothèse nulle les erreurs sont non corrélées
contre l'hypothèse alternative erreurs corrélées. Si BG
< ÷2(p) on accepte l'hypothèse nulle d'absence
d'autocorrélation. Dans le cas contraire, on rejette l'hypothèse
nulle et on conclut que les erreurs sont corrélées au seuil de 5
%.
Le test de normalité des
erreurs :
Pour calculer des intervalles de confiance
prévisionnels et aussi pour effectuer les tests de Student sur les
paramètres, il convient de vérifier la normalité des
erreurs. Il existe un paquet de tests de normalité des erreurs (le test
de Shapiro-Wilk, le test de Jarque-Bera, le test d'Anderson-Darling etc.). Dans
le cas de notre étude, nous utilisons le test de Jarque-Bera. Le test de
(Jarque et Bera, 1984) fondé sur la notion de Skewness
(asymétrie) et de Kurtosis (aplatissement). Ce test recherche si les
données suivent une loi normale. La statistique de Jarque et Bera suit,
sous l'hypothèse de normalité, une loi de Khi-deux à deux
degré de liberté. Les hypothèses sont les suivantes :
H0 : les données suivent une loi
normale
H1: les données ne suivent pas une loi
normale.
On accepte au seuil de 5% l'hypothèse de
Normalité si la probabilité critique est supérieure
à 5%. On rejette au seuil de 5% l'hypothèse de Normalité
le cas contraire.
Vérification des hypothèses
Pour vérifier nos deux hypothèses et savoir si
chacune des variables qui y ressort explique ou influence effectivement la
variable à expliquer, nous observerons les signes des coefficients
estimés associés à chacune de variables explicatives.
Ainsi, afin de vérifier l'effet positif de la libéralisation
financière interne sur la croissance économique au Cameroun, nous
observerons le signe du paramètre (â1) de la variable
logM2, et le signe du paramètre (â2) de la variable
logCp. Si leurs signes sont positifs, ce que la libéralisation
financière interne influence effectivement positivement la croissance
économique au Cameroun. De même pour déceler l'effet de la
libéralisation du compte de capital sur la croissance économique
au Cameroun, on considèrera le signe du paramètre
â3 associé à la variable Kp. Si le signe est
positif, on valide la deuxième hypothèse.
CONCLUSION
Ce chapitre était destiné à
présenter la méthodologie de réalisation de notre
étude empirique de détection de l'effet de la
libéralisation financière sur la croissance économique au
Cameroun. L'estimation économétrique de notre modèle se
fera à l'aide de la méthode des moindres carrés
ordinaires, sur la période 1990-2015. Le traitement effectué
à l'aide du logiciel stata nous donnera les résultats que nous
allons présenter et interpréter dans le chapitre suivant
(chapitre 4).
CHAPITRE 4 : ANALYSE DE
L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU
CAMEROUN
INTRODUCTION
Dans l'optique de faire ressortir l'influence de la
libéralisation financière sur la croissance économique,
nous allons élaborer les relations que nous analyserons empiriquement au
moyen de l'estimation économétrique. Il s'agit en fait des
relations de long terme et de court terme qui se dégagerons de notre
modèle global, que nous estimons afin d'établir les liens entre
la variable à expliquer et les variables explicatives. Le point de
départ de ce processus est la mise en application de la
stationnarité et de la technique de la cointégration qui permet
de vérifier l'existence de liaisons entre les variables du modèle
intégrées à un même ordre. C'est partant de cette
analyse que l'on aboutit notamment à une relation de long terme qui sera
estimée. Par ailleurs, lorsque ces liens sont avérés, l'on
peut, à travers le modèle à correction d'erreur,
étudier les dynamiques de long terme et de court terme entre les
différentes variables. Et c'est de là que nous pourrons
déduire l'influence de chacune des variables sur la croissance
économique.
Il est donc question pour nous dans ce chapitre, de
présenter les différents résultats des tests et
d'estimation que nous avons obtenus (section 1), et d'autre part de les
interpréter et de proposer les recommandations (section 2).
SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES VARIABLES ET
ESTIMATION DU MODELE
Nous allons dans cette section, présenter les
résultats relatifs aux tests menés pour étudier la
stationnarité et la cointégration entre les variables de notre
modèle.
I- Résultats des tests de
stationnarité et de cointégration
Nous présentons les résultats des tests de
stationnarité et puis les résultats du test de la
cointégration
A- Les tests de stationnarités
des variables du modèle
Une série chronologique est stationnaire si elle est la
réalisation d'un processus stationnaire. Ceci implique que la
série ne comporte ni tendance ni saisonnalité, et plus
généralement aucun facteur n'évolue avec le temps. Une
variable stationnaire est caractérisée par une moyenne et une
variance constantes, et a tendance à fluctuer autour de sa moyenne
revenant régulièrement vers sa valeur d'équilibre de long
terme.
Pour tester la stationnarité de nos variables nous
utilisons le test de Dickey-Fuller Augmenté. En effet, le test d'ADF
permet de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non
d'une chronique par la détermination d'une tendance déterministe
ou stochastique. Le résultat de test de racine unitaire est donc
résumé dans le tableau ci-dessous. Ainsi, si la valeur
statistique d'ADF est inférieure à la valeur critique (CV),
toutes les deux en valeur absolue, l'hypothèse H1 est acceptée.
Après avoir effectué ce test sur l'ensemble des
variables, les résultats (tableau 8 en annexe) que nous obtenons
montrent que certaines variables sont stationnaires à niveau, d'autres
le sont en différence première et certains en deuxième
différence. Ainsi seules les variables POP et TINF sont stationnaires
à niveau, c'est-à-dire intégrées à l'ordre 0
[I(0)]. Les variables logM2, logCO, logDPU, et Kp22(*) sont stationnaires en
première différence. Elles sont intégrées à
l'ordre 1. Enfin certaines variables ont dû nécessiter la
différenciation jusqu'à la deuxième différence
avant de devenir stationnaires. Il s'agit de logPIB, logCP, SCO.
Tableau 12:
résultats des tests de stationnarité des variables
|
Test ADF en niveau
|
Test ADF en différence
première
|
Test ADF en différence
deuxième
|
Variables
|
Valeur de la statistique
|
Valeur critique (seuil de 5%)
|
Valeur de la statistique
|
Valeur critique (seuil de 5%)
|
Valeur de la statistique
|
Valeur critique (seuil de 5%)
|
LogPIB
|
-1.301374
|
-2.991878
|
-2.583676
|
-2.991878
|
-5.927682
|
-2.998064
|
LogM2
|
-1.111533
|
-2.986225
|
-4.781838
|
-2.991878
|
|
|
LogCP
|
-2.508605
|
-2.986225
|
-2.614975
|
-3.029970
|
-13.43736
|
-2.998064
|
Kp
|
-2.318153
|
-2.986225
|
-4.600613
|
-3.61299
|
|
|
LogCO
|
-2.326211
|
-2.986225
|
-3.937742
|
-3.029970
|
|
|
LogDPU
|
-1.710435
|
-2.986225
|
-3.581124
|
-2.991878
|
|
|
SCO
|
1.343711
|
-2.986225
|
-1.840564
|
-2.998064
|
-10.59022
|
-2.998064
|
TINF
|
-4.718519
|
-2.986225
|
|
|
|
|
POP
|
-5.856640
|
-3.0200686
|
|
|
|
|
Source : Auteur, à partir du logiciel eviews 8
Le tableau suivant montre les différents ordres
d'intégration des variables, qui sont rappelons-le
intégrées à l'ordre 0, à l'ordre 1 et à
l'ordre 2.
Tableau 13: ordre
d'intégration des différentes variables
Variables
|
LogPIB
|
LogM2
|
LogCP
|
Kp
|
LogCO
|
LogDPU
|
SCO
|
TINF
|
POP
|
Ordre d'intégration
|
I(2)
|
I(1)
|
I(2)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(2)
|
I(0)
|
I(0)
|
Source : auteur
Après avoir déterminé l'ordre
d'intégration des variables, nous effectuons le test de
cointégration pour voir si les variables ayant un même ordre
d'intégration en différence première sont
cointégrées.
B- Analyse de la
cointégration
Dans l'optique de vérifier l'existence d'une relation
de cointégration entre les variables du modèle, nous avons
opté pour le test de Johansen qui s'appuie sur une approche en
termes de VAR.
1- Test de cointégration de
Johansen
Le principe de ce test est basé sur la comparaison du
ratio de vraisemblance de Likelihood -(LR) à la valeur critique
notée CV. Pour un seuil de significativité donné,
l'hypothèse nulle situant l'existence de relation de
cointégration est acceptée, si la valeur de la trace (TR) est
supérieure à la valeur critique. Johansen propose deux sous tests
qui nous aident à nous déclarer. Il s'agit du test de la trace et
du test de la valeur propre de Johansen.
a- Le test de la trace de Johansen
Le test de la trace permet de vérifier
l'hypothèse
H0 : r vecteurs cointégrant linéairement
indépendants égaux à l'estimateur du maximum de
vraisemblance,
Contre
H1 : il existe n vecteurs cointégrants
linéairement indépendants égaux à l'estimateur du
maximum de vraisemblance
Sous l'hypothèse H0 ce test a une distribution
particulière tabulée par Johansen. Plus précisement, il
s'agit de vérifier l'hypothèse nulle selon laquelle il n'existe
pas de relation de cointégration entre les variables, contre
l'hypothèse alternative qu'il en existe. Pour une valeur propre obtenue,
si la statistique de la trace qui y est associée est supérieure
à la valeur critique tabulée par Johansen, alors
l'hypothèse nulle est rejetée et celle alternative est
acceptée, à savoir qu'il existe une relation de
cointégration entre les variables non stationnaires. Les
résultats de ce test sont présentés dans le tableau
suivant :
Tableau 14:
résultats du test de la trace
Hypothèse nulle
|
Valeurs propres
|
Statistiques de la trace
|
Valeur critique (5%)
|
Probabilité
|
None *
|
0.707136
|
48.75807
|
29.79707
|
0.0001
|
At most 1 *
|
0.542405
|
19.28499
|
15.49471
|
0.0128
|
At most 2
|
0.021535
|
0.522486
|
3.841466
|
0.4698
|
Source : auteur
Lorsque nous regardons les résultats ci-dessus, on
observe que pour la première valeur propre la statistique de la trace
qui y est associée possède une valeur qui est supérieure
à la valeur critique au seuil de 5%. L'on continue d'observer cette
situation pour la valeur propre qui suit. Le rang de la matrice est donc
différent de zéro, ce qui signifie qu'il existe au moins une
relation de cointégration entre les variables non stationnaires et donc
que l'hypothèse nulle est rejetée.
b- Le test de la valeur propre
maximale
Ce test est quasiment mené de la même
façon que le test de la trace sur les variables. Il consiste ainsi
à tester l'hypothèse nulle de l'inexistence de relation de
cointégration entre les variables, contre l'hypothèse alternative
qu'il en existe. Le principe le procédé de détection reste
le même que précédemment. Les résultats obtenus de
ce test sont présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 15:
résultats du test de la valeur propre maximale
Hypothèse nulle
|
Valeurs propres
|
Statistique de la trace
|
Valeur critique
|
Probabilité
|
None *
|
0.707136
|
29.47309
|
21.13162
|
0.0027
|
At most 1*
|
0.542405
|
18.76250
|
14.26460
|
0.0091
|
At most 2
|
0.021535
|
0.522486
|
3.841466
|
0.4698
|
Source : auteur
Tout comme dans le cas du test de la trace de Johansen, en
comparant ici les statistiques de la trace aux différentes valeurs
critiques au seuil de 5%, on observe que pour la 1ere et la 2e
valeur propre, les différentes statistiques de la trace y
associées sont supérieures aux valeurs critiques. De ce fait, en
rejetant l'hypothèse nulle on accepte l'hypothèse alternative de
l'existence d'au moins une relation de cointégration (plusieurs
relations) entre les variables du modèle.
2- Test de stationnarité des
résidus
Une autre façon de vérifier l'existence d'une
relation de cointégration entre les variables serait d'étudier la
stationnarité des résidus issus du modèle de long terme,
c'est-à-dire du modèle statique. En effet dans l'approche
développée en deux étapes par Engel et Granger,
après avoir effectué le test de cointégration, on peut
utiliser les résidus de la relation statique comme un terme de
correction d'erreur dans une régression dynamique en différence
première. Ainsi, après avoir extrait ces résidus pour en
étudier la stationnarité, les résultats suivants ont
été obtenus :
Tableau 16:
résultats du test de stationnarité des résidus
|
Test ADF en niveau
|
Test ADF en difference première
|
Variables
|
Valeur de la statistique
|
Valeur critique (seuil de 5%)
|
Valeur de la statistique
|
Valeur critique (seuil de 5%)
|
RESID01
|
-3.642481
|
-2.986225
|
|
|
Source : auteur à partir d'eviews 8
Il en découle que les résidus
récupérés sont stationnaires. Le test de Dickey-Fuller
Augmenté nous montre que nos résidus de long terme sont
stationnaires en niveau pour un seuil de significative de 5% (voir annexe 6).
Cette stationnarité des résidus nous permet de conclure que les
variables de notre modèle sont cointégrées. La relation de
cointégration confirmée par ce test de stationnarité des
résidus valide l'utilisation du modèle de court terme. Ce
modèle nous permettra de déterminer la dynamique de court terme.
Ces différents tests préliminaires effectués nous
permettent d'effectuer les estimations de notre modèle
économétrique par la méthode des moindres carrés
ordinaires sans risque des biais d'estimations. Selon Engel et Granger (1987),
l'estimation doit se faire en deux étapes :
- premièrement, faire une estimation de la relation de
long terme par la méthode des moindres carrés ordinaires.
- Deuxièmement, récupérer les résidus
de cette relation de long terme pour estimer le modèle à court
terme.
II-
Résultats d'estimation du modèle d'étude et test de
spécification
Nous présentons les résultats obtenus des
différentes estimations du modèle à court terme et du
modèle à long terme, et mettons en exergue les tests de
spécification.
A- Différents résultats de
spécification des modèles de long terme et de court terme
1- Résultats du modèle de
long terme
L'estimation de notre modèle de long terme est
réalisée sur une période 1990-2015, soit un
échantillon de 26 observations. Nous avons utilisé le logiciel
eviews 8 pour estimer notre modèle. L'estimation de cette relation de
long terme a consisté à mener plusieurs régressions afin
d'en déduire celle dont les variables auraient un pouvoir explicatif
meilleur. Ce faisant après une première régression, nous
avons enlevé au fur et à mesure les variables dont le pouvoir
prédictif était faible, jusqu'à obtenir le modèle
satisfaisant. La première variable retirée était le taux
de scolarisation. Puis nous avons retiré la variable POP. Le nouveau
modèle se ramenait donc à six variables indépendantes au
lieu de huit. Et les six variables étaient toutes significatives.
Seulement par la suite le nouveau modèle ne s'est pas montré
stable à long terme, en plus d'autres entorses. C'est ainsi que nous
nous sommes finalement résolu à utiliser le modèle de
départ.
Tableau 17:
résultats du modèle de long terme
Variables explicatives
|
Coefficients (probabilités)
|
C
|
5.359947
(0.0000)
|
LogM2
|
0.267618**
(0.0179)
|
LogCP
|
0.094930**
(0.0231)
|
Kp
|
-0.027766**
(0.0198)
|
logCO
|
0.114151
(0.1621)
|
logDPU
|
-0.185046
(0.2070)
|
SCO
|
-0.000152
(0.8296)
|
TINF
|
-0.001162**
(0.0375)
|
POP
|
-0.058406
(0.4039)
|
R2
|
0.921067
|
R2 ajusté
|
0.883922
|
F-statistic
|
24.79652
|
Prob (F-statistic)
|
0.000000
|
Durbin-watson stat
|
1.355332
|
Source : auteur
NB : les valeurs entre parenthèses sont les
probabilités, * représente la significativité à
10%, ** signifie la significativité au seuil de 5%, tandis que ***
représente la significativité au seuil de 1%.
L'estimation de notre modèle nous amène à
écrire le modèle suivant :
LogPIB = â0 + â1*logM2 +
â2*logCP + â3*KP + â4*logCO
+ â5*logDPU + â6*SCO â7*TINF
+ â8*POP + åt
Après substitutions des coefficients par leurs valeurs
respectives, le modèle estimé devient :
LogPIB = 5.35994730857 + 0.267617629954*logM2 +
0.0949300408495*logCP - 0.0277660799737*KP + 0.114150865077*logCO -
0.185045956772*logDPU - 0.000151626599424*SCO - 0.00116237615008*TINF -
0.0584062489537*POP
Figure 16 : évolution du PIB et de ses
variables explicatives
Source : auteur
L'analyse des différents coefficients de cette
équation sera faite dans la section consacrée aux
interprétations. Mais en considérant les résidus issus de
cette relation de long terme, lesquels résidus s'étaient
révélés stationnaires en niveau, nous pouvons utiliser le
modèle à correction d'erreur. Cela nous permet d'effectuer la
régression dynamique, objet de cette section.
2- Résultats du modèle de
court terme
L'estimation du modèle de court nous permet d'une part
de retirer la relation commune de cointégration, d'autre part de
rechercher la liaison réelle entre les variables. Ce modèle
permet donc d'intégrer les fluctuations de court terme autour de la
relation de long terme.
Tableau 18:
résultats du modèle de court terme
Variables explicatives
|
Coefficients (probabilités)
|
D(LogM2)
|
0.167742***
(0.0099)
|
D(LogCP)
|
0.087401***
(0.0055)
|
D(Kp)
|
-0.024011***
(0.0010)
|
D(LogCO)
|
0.047670
(0.2562)
|
D(LogDPU)
|
-0.243377**
(0.0215)
|
D(SCO)
|
-0.000441
(0.5396)
|
D(TINF)
|
-0.000787***
(0.0058)
|
D(POP)
|
0.116108*
(0.0614)
|
RESID01(-1)
|
-0.797170***
(0.0022)
|
R2
|
0.834011
|
R2 ajusté
|
0.734417
|
F- statistic
|
8.374133
|
Prob (F-statistic)
|
0.000199
|
Durbin-watson
|
1.130311
|
Source : auteur
NB : les valeurs entre parenthèses sont les
probabilités, * indique la significativité au seuil de 10%, **
indique la significativité au seuil de 5%, et *** indique la
significativité à 1%.
Figure 17 : représentation du modèle
à correction d'erreur
Source : auteur
Comme le principe de la relation de court terme est
d'étudier la force de rappel vers l'équilibre des dynamiques
observées, alors nous devons analyser le signe du coefficient des
résidus et sa significativité au seuil de 5%. Les
résultats contenus dans le tableau nous montrent que le coefficient
associé à ces résidus est de valeur négative
à savoir -0.797170. De même ce coefficient est significatif au
seuil de 5%. Puisque nous arrivons aux conclusions escomptées, nous
pouvons ainsi interpréter les résultats issus de l'estimation du
modèle de court terme.
L'équation du modèle de court terme
estimé est la suivante :
D(LogPIB) = 0.00255421171425 + 0.167741568249 *
D(LogM2) + 0.087401327894 * D(LogCP) - 0.0240114764418 * D(KP) +
0.0476699084731 * D(LogCO) - 0.243376878414 * D(LogDPU) - 0.000440526692995 *
D(SCO) - 0.000786689459989 * D(TINF) + 0.116108083169 * D(POP) - 0.797170148897
* RESID01(-1)
B- Tests de spécification,
validation du modèle
La vérification d'un modèle peut être
faite à partir de trois méthodes. Nous pouvons passer par la
validité au vue de la théorie économique, en
vérifiant la conformité des signes à ceux attendus. La
validité statistique se fait en analysant le coefficient de
détermination pour savoir à quel pourcentage les variables
retenues expliquent la variable dépendante. Enfin nous pouvons recourir
à des tests de spécification de modèle que sont les tests
d'autocorrélation des résidus, le test de normalité, le
test d'hétéroscédasticité et aussi celui de
stabilité.
1- Validation économique du
modèle de long terme
A l'intérieur du modèle que nous avons
considéré, à l'exception de la variable Kaopen de
l'ouverture du compte de capital (Kp), du taux de scolarisation (SCO) et des
dépenses publiques (LogDPU), toutes les autres variables ont le signe
attendu. En effet l'ouverture du compte de capital était censée
avoir une influence positive sur le PIB, de même que les dépenses
publiques. Et donc les signes attendus étaient positifs. Mais les signes
sont plutôt négatifs. Pour les autres variables, elles ont les
signes attendus. Il s'agit notamment du ratio masse monétaire sur PIB en
logarithme (logM2) qui a un signe positif, du ratio crédits
privés sur PIB en logarithme (logCP) qui a un signe positif, de
l'ouverture commerciale en logarithme (logCO) dont le signe est positif, et du
taux d'inflation (TINF) et du taux de croissance de la population (POP) qui ont
les signes négatifs attendus.
En somme, vue la conformité des signes de la
majorité des variables à ceux attendus, on peut conclure à
la validité de notre modèle, validation qui doit toutefois
être appuyée statistiquement et économiquement au moyen des
tests de spécification.
2- Validation statistique du
modèle de long terme
Nous avons obtenus dans notre modèle estimé un
coefficient de détermination qui s'élève à
0.921067, bien supérieur à 0.75. On peut donc présumer
l'existence d'une relation entre les variables explicatives et la variable
à expliquer. Cela veut dire que la croissance économique est
expliquée à 92,10% par les variables qui figurent dans notre
modèle. Cependant le R2 a une limite qui est d'augmenter avec
le nombre de variables dans le modèle. En clair, plus on ajoute de
variables, plus le R2 augmente systématiquement. C'est pour
cela qu'il faut recourir au R2 ajusté. Ainsi même en
recourant au R2 ajusté, notre modèle est significatif.
Car il s'élève à 0.883922. Le modèle peut ainsi
être qualifié de globalement significatif.
Cependant même avec un R2 élevé
le modèle peut ne pas être significatif. Il faut pour cela qu'un
test soit appliqué. Ainsi, un autre moyen de vérifier la
significativité globale c'est d'effectuer le test de
significativité de Fischer. Il s'agit alors, après
régression, de regarder la probabilité de la statistique de
Fischer et de voir si elle est inférieure au seuil critique de 5%.
Après régression cette statistique est de 0.000000 ce qui est
bien largement inférieur à 5%. Ainsi notre modèle est
significatif.
Il s'agira par la suite de vérifier la
significativité individuelle de chaque paramètre du
modèle. La qualité individuelle des coefficients des variables
est appréciée par la statistique de student (t-student). Ceci
étant, en ce qui concerne nos principales variables que sont logM2,
logCP et Kp, elles sont significatives au seuil de 5%.
3- Validation
économétrique du modèle de long terme
· Test d'autocorrélation
Le terme d'erreur à une période est dit
autocorrélé s'il est lié à toutes ou à
certaines de ses valeurs passées. Le test de Durbin Watson permet de
détecter l'autocorrélation d'ordre 1. Il n'est valable que si la
variable dépendante retardée n'est pas incluse dans les variables
explicatives. Pour ce qui est du test de Breusch-Godfrey, il s'agit d'un test
LM.
Nous avons utilisé la statistique de Durbin-Watson pour
le test de détection d'autocorrélation des résidus. Apres
la régression du modèle, nous obtenons cette statistique de
Durbin-Watson DW = d = 1.355332. Cette valeur nous indique qu'il y a doute
quant à l'absence d'autocorrélation entre les résidus.
Nous avons alors effectué le test de Breuch-Godfrey pour lever ce doute.
Le tableau suivant donne les résultats de ce test.
Tableau 19 : Test
d'autocorrélation des résidus de Breusch-Godfrey LM Test
F-statistic
|
1.279120
|
Prob F(2,15)
|
0.3070
|
Obs*R-squared
|
3.788207
|
Prob Chi-square(2)
|
0.1505
|
Source : auteur
La probabilité associée à la F-statistic
qui est de 0.3070 est largement supérieure à la valeur critique
à 5%. Par conséquent nous acceptons l'hypothèse nulle
d'absence d'autocorrélation entre les résidus.
· Test de normalité des
erreurs
Il s'agit de s'assurer que les erreurs suivent une loi
normale. Nous avons appliqué le test de Jarque et Bera. Ce test est
fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de kurtosis
(aplatissement). La statistique de Jarque et Bera nous donne une valeur de
1.205821. Cette valeur est inférieure au chi-deux à deux
degré de liberté qui est de 5,99. L'hypothèse de
normalité des résidus est donc vérifiée. Nos
résidus suivent donc une loi normale.
· Test
d'hétéroscédasticité des erreurs.
Nous avons obtenu de la mise en oeuvre du test de White, la
statistique égale à 8.116841. Celle-ci se révèle
être inférieure à la valeur du chi-deux (p) à 18
degré de liberté qui est de 28.869, avec p = 2(k+1), k
étant le nombre de variables explicatives (huit dans notre cas). Ceci
entraine le rejet de l'hypothèse H1
d'hétéroscédasticité.
De plus la probabilité du F-statistic est égale
à 0.4939, ce qui est largement supérieur à 5%. Ainsi fort
de tous ces résultats nous rejetons l'hypothèse alternative
d'hétéroscédasticité et acceptons
l'hypothèse nulle d'homoscédasticité au seuil de 5%.
· Test de stabilité du
modèle
Pour tester la stabilité des paramètres de notre
modèle, nous avons utilisé le test de Cusum. Le graphique
ci-dessous est le résultat de ce test.
Figure 18 : test de stabilité de CUSUM
Source : auteur
Le test de Cusum révèle que la courbe
associée à ce test, même si elle le frôle, ne coupe
pas le corridor. Le modèle est donc stable au seuil de 5%.
SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE
I- Interprétation des
résultats
A- Interprétation des
résultats du modèle de long terme
Dans notre modèle de long terme, les valeurs R² =
0,921067 et de R² ajusté = 0,883922 montrent que les variables
choisies du modèle théorique ont bien une influence sur la
variable expliquée. Laqualité d'ajustement du modèle est
donc bonne. Cette bonne qualité du modèle est confirmée
par la probabilité de Fisher,Prob (F-statistic) = 0,000000 ;
inférieure à 5%. On peut donc dire que la qualité globale
de la régression est bonne au seuil de 5%. Cette validation du
modèle nous conduit à vérifier la significativité
individuelle des variables.
· Le paramètre du logarithme du ratio masse
monétaire sur PIB, LogM2
Le paramètre de la variable logM2 a un signe positif.
Ce résultat est conforme à celui qui était attendu. Ce
paramètre a une valeur de 0.267618. Ceci veut dire qu'une augmentation
du ratio masse monétaire sur PIB ou taux de liquidité de 1%
entraine une augmentation de la croissance économique de 0.267618%,
toutes choses égales. Par ailleurs l'effet de cette variable sur le PIB
par tête est significatif au seuil de 5%, car sa probabilité est
de 0.0179. La libéralisation financière interne effectuée
au Cameroun a entrainé une augmentation du ratio masse monétaire
sur PIB. Cela traduit un niveau de développement de la sphère
financière camerounaise, car un niveau élevé du ratio
masse monétaire sur PIBest considéré comme une
amélioration de l'intermédiation financière qui permet
à la finance formelle de peser plus dans l'économie
(Chouchouane-verdier, 1994). Par ailleurs l'augmentation de ce ratio n'est pas
la simple résultante d'une hausse de la monnaie en circulation,
c'est-à-dire des pièces et des billets. L'analyse de la
décomposition de la masse monétaire nous montre que celle-ci est
dominée par la monnaie scripturale et la quasi monnaie par rapport
à la monnaie fiduciaire. Cela traduit un niveau de sophistication de la
sphère financière qui permet aux agents de détenir moins
deliquidités. Les transactions se font plus en monnaie scripturale
(BEAC, 2010).
Figure 19 : Evolution des
composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de
FCFA)
Source: construit à partir des statistiques de la
BEAC et de la Banque de France (voir tableau 3 en annexe)
L'abolition de la répression financière
caractérisée par la suppression de l'orientation sectorielle des
crédits, la libéralisation des taux d'intérêt, et
surtout la privatisation des banques a rendu les banques encore plus efficaces
dans la fourniture des services financiers. Pendant la répression
financière, les banques étaient peu efficaces en matière
d'allocation des ressources à cause de l'inexpérience et de la
non qualification des responsables-managers de l'époque qui
étaient imposées aux banques par l'Etat. Ceux-ci sans
connaissance du domaine et du métier bancaires prenaient des
décisions contre-productives, avec une gestion bureaucratique. Du fait
de la distribution généreuse des crédits, la masse
monétaire était dominée par la monnaie fiduciaire. La
privatisation des banques marquée par la prise en main de ces
dernières par des acteurs privés, a eu pour corollaire la
promotion de la compétence (adéquation poste/qualification), et
la promotion de la bonne gouvernance (le management bancaire privé est
très efficace en matière de contrôle des dirigeants),
surtout que la plupart des banques secondaires au Cameroun sont
étrangères et notamment européennes. L'implantation de ces
banques étrangères venues des pays développés fait
que celles-ci fournissent des services financiers de hautes factures (carte
bancaire et paiement électronique), renforçant par-là la
concurrence. Toute chose qui stimule le secteur bancaire, c'est-à-dire
conduit à un développement financier.
· Le paramètre de la variable LogCP
La libéralisation financière interne est
censée entrainer une augmentation notoire du volume des crédits
à l'économie. Cette hausse inconsidérée des
crédits est cernée par le ratio crédits privés sur
PIB. Mais ce ratio était plus fort en période de
répression financière. Depuis 1990, il se fixe à des
niveaux relativement bas. Qu'à cela ne tienne, la part des
crédits que les banques accordent au secteur privé depuis la
libéralisation financière agit positivement sur la croissance
économique puisque le signe du paramètre y associé positif
-Ce qui est conforme à l'effet escompté-. Une augmentation du
ratio crédits privés/PIB de 1% entraine, toutes choses
égales, une augmentation de la croissance économique de
0.094930%. L'effet de cette variable sur la croissance économique est
significatif puisque sa probabilité de 0.0231 est inférieure
à 5%. Le ratio crédits privés sur PIB traduit l'effet de
la libéralisation des taux d'intérêt. La
libéralisation des taux d'intérêt a permis leur libre
fixation par les banques et leurs clients dans la limité
constituée par le taux créditeur minimum. Ce qui a permis leur
relèvement significatif en comparaison du niveau auquel ils
étaient fixés pendant la répression financière. La
hausse des taux d'intérêt a drainé davantage
l'épargne des ménages vers le secteur bancaire. Et les
crédits bancaires qui en résultent, quoi que moindres,
c'est-à-dire le financement bancaire de l'économie exerce ainsi
un effet positif sur la croissance économique.
Etant donné que les deux variables retenues comme
indicateur de la libéralisation financière interne ont chacun un
signe positif et surtout que leur probabilité est significative, on
aboutit à une acceptation de l'hypothèse
H1 selon laquelle « la libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun ».
· Le paramètre de la variable Kp
L'indicateur Kaopen de libéralisation du compte de
capital (Kp) a un signe négatif associé à son
paramètre. Ce qui n'était pas celui attendu. Ce qui veut dire que
la [faible] libéralisation du compte de capital agit négativement
sur la croissance économique au Cameroun. En particulier une diminution
de l'indice Kaopen d'un point détériore la croissance
économique de 0.0227766%, toutes choses restant égales. En
réalité l'indicateur Kaopen n'a pas vraiment évolué
dans le temps. Hormis les années 1993, 1994, 1995 où il a eu des
valeurs plus favorables, il est resté pratiquement stable sur les autres
périodes (cf figure 10). En plus les valeurs prises par cet indicateur
sont négatives tout au long de la période d'étude, se
situant en moyenne autour de -1.07. On rappelle que l'échelle du Kaopen
va de -1,7 à 2,6. Ceci traduit un très faible niveau de
libéralisation du compte de capital par le Cameroun. Excepté pour
les pays de la CEMAC, des contrôles sont encore exercés sur les
flux de capitaux en provenance et en direction du reste du monde. Ce qui n'est
pas de nature à favoriser une action positive de la
libéralisation du compte de capital sur la croissance économique,
par un attrait des IDE. Car les investisseurs n'ont pas la certitude de
rapatrier la totalité de leurs bénéfices. Cette faible
ouverture du compte de capital envoie un signal négatif aux
investisseurs étrangers. C'est pourquoi l'effet de cette variable est
négatif et significatif au seuil de 5%, avec une probabilité de
0.0198.
Compte tenu de cela, nous sommes amené à
rejeter notre deuxième hypothèse
H2 : « la libéralisation du compte de capital
influence positivement la croissance économique ».
· Le paramètre de la variable LogCO
Le paramètre de l'ouverture commerciale a le signe
économique attendu (positif). Mais il n'est pas significatif. Toutes
choses égales, une augmentation de 1% de l'ouverture commerciale,
entraine une augmentation du PIB de 0,114151%. L'ouverture commerciale agit
positivement sur la croissance économique car au fil du temps le
Cameroun s'est commercialement ouvert à l'extérieur, avec une
augmentation du volume des échanges notamment avec ses partenaires de la
CEMAC, la Chine et certains pays de l'union européenne. Cependant
l'ouverture commerciale n'a pas d'effet significatif sur la croissance
économique car sa probabilité est de 0,1621. Cette non
significativité de l'ouverture commerciale est due à la
domination des importations sur les exportations, et donc au déficit de
la balance commerciale. La balance commerciale du Cameroun est en permanence
déficitaire ce qui entraine une détérioration de ses
termes de l'échange, et une sortie de devises. Le Cameroun importe les
biens alimentaires de base comme le riz, le maquereau etc. car le pays n'a pas
encore atteint l'autosuffisance alimentaire. Aussi le Cameroun importe les
produits manufacturés, les biens électroménagers, ... bref
il importe énormément de ses partenaires économiques
européens, chinois et américains. L'économie camerounaise
dépend à 60% de l'agriculture. Celle-ci reste encore
rudimentaire, archaïque, et les produits sont peu compétitifs sur
le marché international. C'est pourquoi la plupart de ses exportations
se fait en direction des pays de la CEMAC à qui le Cameroun vend les
produits de l'agriculture (Plantin, tomates, etc.). Les quelques rares
productions que le Cameroun exporte à l'international sont la banane, le
bois.
· Le paramètre de la variable dépenses
publiques, logDPU
Le coefficient de la variable DPU a un signe négatif.
Ce qui veut dire que les dépenses publiques n'agissent pas positivement
sur la croissance économique. Ce résultat va dans le sens
contraire des théories sur la relance de l'activité par les
dépenses publiques. Selon la théorie keynésienne en effet,
en période de récession il appartient à l'Etat de relancer
l'activité économique par l'engagement des grands travaux, la
réalisation de certaines dépenses qui fourniront des revenus aux
ménages. Ces revenus leur offriront la capacité de `demander'
plus de biens. Et en fonction de ce niveau de demande, la production des
entreprises s'ajustera. Mais dans le cas du Cameroun, on observe qu'une hausse
des dépenses publiques de 1% entraine une diminution de la croissance
économique de 0.185046%, toutes choses égales. Ceci peut
s'expliquer par une absence de politique d'investissement de nature à
permettre une augmentation de la production, à offrir à
l'économie un cadre adéquat (infrastructures...). Les
dépenses publiques n'obéissent pas à une véritable
logique d'impulsion de la production, mais sont plus des réponses
à des situations « d'urgence ». A tout ceci s'ajoute
la mauvaise gouvernance qui entraine les détournements des fonds publics
alloués aux projets gouvernementaux, l'octroi des marchés publics
sur la base des retro commissions et parfois sans appels d'offre. En
conséquence les projets réalisés sont de faible envergure
par rapport à leur ampleur initiale, mettent plus de temps que
prévus avant d'être livrés s'ils ne le sont tout simplement
jamais. Et quand bien même ils sont livrés, ils sont de mauvaises
qualités, se dégradent rapidement à l'image des routes,
ponts, édifices publics... une bonne part des dépenses publiques
est donc orienté vers d'autres fins et ne sert pas à soutenir
l'activité. C'est pour cela que les dépenses publiques ont un
effet négatif sur la croissance, même si cet effet n'est pas
significatif (prob = 0.2070).
· Le paramètre du taux de scolarisation, SCO
Le capital humain représenté ici par le taux de
scolarisation en secondaire agit négativement sur la croissance
économique. Le signe du coefficient de SCO est négatif. Mais son
influence n'est pas prononcée pour au moins deux raisons. D'abord une
augmentation d'un point du taux brut de scolarisation, toutes choses
étant égales, ne diminue la croissance économique que de
0.000152%. Son effet est marginal. Ensuite la probabilité qui y est
associée n'est pas significative au seuil de 5%. Elle
s'élève à 0,8296. Toutefois, si on a pu arriver à
ce résultat contradictoire par rapport à la théorie du
capital humain, c'est en raison du faible taux de scolarisation dans certaines
régions du pays notamment la partie septentrionale où
l'accès à l'éducation scolaire n'est pas poussé,
où le taux de scolarisation de la jeune fille est encore très
faible, où la plupart des élèves abandonnent leurs
études avant la fin du secondaire. Par ailleurs, la transition des
études pour l'emploi n'est pas garantie. Après avoir investi dans
la formation de milliers d'apprenants, l'Etat ne veille pas à un retour
sur investissement. Ainsi après les études, beaucoup de jeunes se
retrouvent au chômage, soit exercent des activités de
débrouillardise dans le secteur informel. Ils ne peuvent donc pas
contribuer de façon palpable et directe à la croissance du PIB.
La précarité des conditions de travail dans le secteur public
-principal employeur- marquée par une faible rémunération
en dessous des qualifications, des difficiles conditions de travail, favorise
chaque jour la fuite des cerveaux vers des endroits plus favorables où
ils y ajoutent de la valeur, au grand dam du Cameroun.
· Le paramètre du taux d'inflation, TINF
Le paramètre ou le coefficient du taux d'inflation a le
signe attendu. Il est négatif, ce qui implique que le taux d'inflation
agit négativement sur la croissance économique au Cameroun. Une
augmentation du taux d'inflation d'un point entraine, toutes choses
égales, une diminution de la croissance économique de 0.001162%.
En théorie l'inflation diminue le pouvoir d'achat des consommateurs, et
aussi la demande de certains biens car les consommateurs effectuent un effet de
substitution. Elle encourage également un excès d'importation,
dépréciant un peu plus la balance commerciale. Tout cela impacte
négativement la croissance économique. Et pour le cas du
Cameroun, son effet est significatif sur la variable à expliquer. La
probabilité que le taux d'inflation puisse nuire significativement
à la croissance économique est de 0.0375, ce qui est significatif
au seuil de 5%.
· Le paramètre de la variable POP
Le taux de croissance de la population a un effet
négatif sur la croissance économique au Cameroun, car son
coefficient a un signe négatif. Ce résultat est conforme à
la théorie puisque depuis Malthus (1796) la croissance de la population
qui se fait de façon exponentielle n'aura que d'effets néfastes
sur les ressources qui n'évoluent que de façon
arithmétique. En conséquence tout le monde n'aura pas droit au
« banquet de la nature ». Il faut limiter les naissances
par le mariage tardif et la chasteté. Malthus préconise en
quelque sorte un équilibre population/ressources. Ainsi pour le
Cameroun, une croissance de la population de 1% entraine une diminution de la
croissance économique de 0.058406%, toutes choses égales.
Toutefois l'effet de la croissance de la population sur la croissance
économique n'est pas significatif. Car la probabilité que la
croissance de la population affecte négativement la croissance
économique est de 0.4039. Ce qui est largement supérieur à
5% et donc non significatif. Ceci se justifie par le fait que durant la
période de notre étude, le taux de croissance de la population a
connu trois grandes évolutions (figure 15). D'abord de 1990 à
1998, le taux de croissance de la population passe d'environ 3% à 2.5%.
Il est donc en baisse : la population camerounaise croît peu ou
moins. Deuxième phase, de 1998 à 2008, il effectue une
remontée pour se situer en 2008 aux environs de 2.7%. Enfin sur la
période 2008 - 2015 le taux de croissance de la population redescend
encore mais légèrement pour se situer en 2015 à 2.6%. On
constatera que le trend de l'évolution du taux de croissance de la
population est descendant sur toute la période 1990-2015. Ce qui veut
dire que la population camerounaise n'a pas connu de progression
« vertigineuse » ou « exponentielle »
pour reprendre les termes de Malthus (1796). La population camerounaise a
plutôt crût de façon arithmétique ou timide. Le
Cameroun n'a pas connu de boom démographique aux effets souvent
dévastateurs sur la croissance économique surtout dans le tiers
monde. C'est pour cette raison que le taux de croissance de la population, bien
qu'agissant négativement sur la croissance économique n'est pas
significatif.
En résumé les variables de la
libéralisation financière que sont logM2 et logCP ont un effet
positif significatif sur la croissance. Kp a un effet négatif et
significatif sur la croissance, logCO a un effet positif mais non significatif
sur la croissance, logDPU, SCO, TINF et POP ont chacun un effet négatif
mais non significatif sur la croissance.
Cependant si la libéralisation financière
interne influence positivement la croissance économique, il n'y a pas
une relation causale claire. Le test de causalité de Granger23(*) (voir tableau 15 en annexe)
sur les indicateurs de la libéralisation financière retenusnous
montre qu'il n'y a pas de causalité entre le ratio masse
monétaire sur PIB (en logarithme), et le PIB par habitant (en
logarithme). La tendance est plutôt inversée : le PIB par
habitant prédit la variable masse monétaire sur PIB. Par contre
les résultats de ce test nous indiquent une causalité
bidirectionnelle entre le ratio crédits privés sur PIB et le PIB
par habitant (il est préférable de prédire logPIB en
connaissant logCP, que sans en connaitre. De même il est
préférable de prédire logCP en connaissant logPIB que sans
en connaitre).
B- Interprétation des
résultats du modèle de court terme
La force de rappel à l'équilibre de notre
modèle de court terme est donnée par le coefficient du
résidu extrait dans le modèle de long terme décalé
d'une période dans celui-ci. Ce coefficient est
négatif,-0,797170, et significatif au seuil de 1%. Cela voudrait dire
que le PIB par habitant s'ajuste à une vitesse de 79,7170% l'an par
rapport à son équilibre de long terme en cas d'un choc provenant
des variables exogènes. La résorption entière d'un tel
choc sera effective au bout d'un an et trois mois (1/ 0,797170 = 1,25).
Par ailleurs, le coefficient de détermination du
modèle de court terme est égal à 0,834011 et le
R²-ajuste = 0,734417. Cela voudrait dire que 83,4011% des fluctuations du
PIBpar habitant du Cameroun sont expliquées par les variables
explicatives prises dans le modèle de court terme. La statistique de
Fischer (F-statistic) a une probabilité nettement inférieure
à 5% (prob = 0.000199). On peut donc dire la qualité de notre
modèle est bonne. Nous interprétons les paramètres de
chaque variable.
Le ratio masse monétaire sur PIB exerce un effet
significatif (probabilité de 0.0099) au seuil de 1%, 5% et même
10% et positif sur la croissance économique à court terme. Une
augmentation de logM2 de 1%, toutes choses égales, entraine une
augmentation de la croissance économique de 0.167742%. Dans le court
terme les banques sont même déjà efficaces dans la
fourniture des services.
Les crédits fournis au secteur privé
rapporté au PIB exercent également, tout comme à long
terme, un effet positif sur la croissance économique (signe du
coefficient positif) et significatif (probabilité de 0.0055). En
augmentant la variable logCP de 1%, toutes choses étant égales,
la croissance économique augmente de 1%. La libéralisation des
taux d'intérêt porte ses fruits même déjà
à court terme.
Des deux éléments qui précèdent
nous concluons que la libéralisation financière interne influence
positivement et de façon significative la croissance économique
à court terme.
La libéralisation du compte de capital n'influe pas
positivement sur la croissance économique à court terme. Une
détérioration de l'indice du Kaopen (Kp) d'un point entraine une
diminution de la croissance économique de 0,024011%. Et l'impact est
significatif (avec une probabilité de 0,0010) au seuil de 1%. Ceci nous
amène à la conclusion qu'à court terme, la
libéralisation du compte de capital n'agit pas positivement sur la
croissance économique.
En ce qui concerne l'ouverture commerciale, elle agit
positivement sur la croissance économique mais de façon non
significative. Le signe du paramètre de logCO est positif à court
terme tout comme celui de long terme. Mais la probabilité
associée à ce paramètre est au-delà de 5%. Elle
s'élève à 0.047670. Ainsi à court terme, une
augmentation de 1% de D(logCO) entraine, toutes choses égales, une
augmentation de la croissance économique de 0.2562%.
Les dépenses publiques ont à court terme, tout
comme à long terme, un effet négatif sur la croissance
économique. Le signe du paramètre de D(logDPU) est en effet
négatif. Une augmentation des dépenses publiques de 1% entraine
de façon contradictoire une diminution de la croissance
économique de -0.243377. Les raisons restent valables que celles
données dans le long terme.
Concernant la variable D(SCO), à court terme, une
augmentation du taux de scolarisation de 1%, provoque une diminution de la
croissance économique de 0.000441%, toutes choses égales (le
signe du paramètre de la variable D(SCO) est négatif). Mais cet
effet négatif du taux de scolarisation sur la croissance
économique n'est pas significatif, car sa probabilité vaut
0.5396, ce qui est supérieur à 0.05. à court terme comme
à long terme, le taux de scolarisation (capital humain) agit
négativement sur la croissance économique au Cameroun.
Concernant le taux d'inflation, TINF, son paramètre est
associé à un signe négatif. Une augmentation de
l'inflation d'un point entraine, toutes choses égales, une diminution de
la croissance économique de 0.000787%. Et l'effet est significatif
étant donné que la probabilité y associée est de
0.0058.
Enfin le taux de croissance de la population, contrairement au
modèle de long terme, exerce un effet positif sur la croissance
économique dans le modèle de court terme. Lorsque la population
augmente de 1%, on enregistre une augmentation de la croissance
économique de 0.116108% en considérant toutes choses
égales. Et la probabilité tend à être significative.
Si à long terme elle ne l'est pas, à court terme cette
probabilité devient significative au seuil de 10% (0.0614).
II- Recommandation
de politiques économiques
Le sort de nos deux hypothèses peut se comprendre
aisément. Le Cameroun a effectué une libéralisation
financière semblable à ceux des pays du sud-est asiatique, en
libéralisant partiellement et progressivement mais de façon un
peu plus poussée le secteur bancaire, mais en gardant un contrôle
sur le compte de capital, c'est-à-dire en le libéralisant que
très partiellement. En effet tirant les leçons de l'échec
des premières expériences de la libéralisation
financière qui ont été implémentées de
façon rapide et totale en Amérique latine et qui se
soldèrent par des crises et faillites bancaires supplémentaires,
le Cameroun tout comme certains pays, a perçu le danger que
représentait une libéralisation financière totale, rapide
et brusque, surtout que les tenants de la libéralisation
financière ont plus tard reconnu le caractère particulier (propre
à chaque pays) de ce phénomène. C'est pourquoi en ce qui
concerne la libéralisation financière interne
(libéralisation du secteur bancaire) il a été
procédé à la démocratisation des conditions de
fixation des taux d'intérêt, à la privatisation des
banques, etc. mais parallèlement les réserves obligatoires ont
été instituées afin de prévenir tout risque de
déclenchement d'un excès de crédits à
l'économie, au vue de la surliquidité des banques. Kapur
(pourtant un tenant de la libéralisation financière)
reconnaissait ainsi en 1992 l'utilité des réserves obligatoires
en tant que gage de liquidité et facteur de sécurité du
système bancaire. Aussi le capital social minimum passé de 300
millions à 1 milliards de FCFA constitue un critère de
sélection à l'entrée qui oblige toute potentielle banque
à la constitution d'une liquidité solide (cette mesure participe
du cadre institutionnel, de la surveillance bancaire, l'une des conditions
« édictées » par Mc Kinnon en 1991 pour une
réussite de la libéralisation financière). Il s'agissait
de donner aux banques les conditions d'un libre exercice, un cadre plus propice
pour leur activité tout en veillant au bon déroulement
(surveillance) de ces activités. Le contrôle est exercé sur
le compte de capital afin sans doute d'éviter les effets négatifs
et souvent dévastateurs des sorties et des entrées massives de
capitaux.
C'est pour cette raison que cette libéralisation
financière partielle agit différemment sur la croissance
économique. Plus poussée, la libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique. Mais la libéralisation du compte de capital
très partielle n'exerce pas un effet positif sur la croissance
économique. Nous formulons quelques recommandations afin que les effets
de la libéralisation financière soient encore plus
significatifs.
A- En ce qui concerne le secteur
financier interne
Ce travail a montré que la libéralisation
financière a participé à la stabilité du
système bancaire, au lendemain de la grave crise bancaire des
années 80, conséquence de la répression financière.
Aussi la libéralisation financière interne contribue de
façon significative, à long terme comme à courte terme
à la croissance économique. Cependant malgré ce
résultat flatteur, des limites sont détectées notamment
dans l'activité des banques secondaires.
1- Les banques doivent gagner en
innovation et en dynamisme
Comme le font remarquer Avom et Eyeffa, (2007), les banques
camerounaises manquent d'innovation financière. Ce faisant les services
financiers sont très souvent de médiocre qualité, les
conditions pour y accéder sont extrêmement difficiles et
l'assurance de financement du fait de la fidélité des relations
est pratiquement nulle (Bekolo Ebe, 1998). Le système bancaire
fonctionne mal et demeure assez élitiste, avec une exclusion des
services financiers bancaires d'une frange importante de la population. Par
ailleurs, le système bancaire manque de souplesse. Les démarches
administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des
comptes ainsi que dans la réalisation des opérations de
dépôts et de demandes de crédits. Les cartes bancaires et
les guichets automatiques de distribution de billets demeurent encore un luxe
alors que dans les pays développés et dans certains pays en
développement ils sont devenus depuis longtemps des services ordinaires.
Quand bien même ces services existent, ils ne fonctionnent pas
permanemment et ne sont pas de bonne qualité. Ainsi Les distributeurs
sont régulièrement en panne et de nombreux
désagréments sont fréquemment signalés par les
clients. Quant au chèque dont les procédures d'obtention sont
assez longues (un à deux mois), il n'est pas encore totalement
accepté comme moyen de paiement. La monnaie demeure donc l'actif
financier le plus utilisé.
Les banques, même en ce qui concerne la
publicité, sont nonchalantes, là où les
établissements de microfinance s'illustrent chaque jour par des
activités marketing d'envergure frappées par l'affichage, les
campagnes de promotion de l'image, la distribution des tracts, l'attraction des
clients par les récompenses... tout ceci pour se rapprocher et attirer
davantage la clientèle. Mais un grand nombre de banques sont encore
grandement inconnues du public. En fait, la banque ne va pas vers le client.
C'est le client qui vient vers la banque. C'est cet ensemble de facteurs qui
expliquent et contribuent au succès de la finance informelle qui offre
des services de proximité, facilement accessibles. C'est pourquoi la
banque reste dans de nombreux esprits comme une affaire lointaine, et parfois
dont on ne voit pas la réelle utilité.
Il est donc crucial que les banques développent des
services de proximité assortis de différentes gammes
adaptées aux différentes couches de la population (jeunes,
adultes, fonctionnaires, étudiants-élèves,
commerçants etc.). Elles doivent faire preuve de dynamisme et
d'ingéniosité pour contrebalancer le poids chaque jour important
de la finance informelle et faire augmenter progressivement le taux de
bancarisation. Car dans les pays développés et dans certains pays
en développement on est même déjà passé
depuis longtemps d'une économie d'endettement à une
économie de marchés financiers ; l'accès à la
banque dans ces pays n'y est plus un « luxe », alors qu'au
Cameroun la banque est encore inaccessible pour un grand nombre.
2- Mesures pour lutter contre le
sous-financement de l'économie
Il y a un important paradoxe au Cameroun tout comme dans les
pays de la CEMAC : surliquidité bancaire et rationnement du
crédit. En effet, les banques rationnent le crédit et
s'intéressent beaucoup plus aux opérations de gestion bancaire
(carte magnétique, opération via internet, ...) qui semblent
être plus rentables que le crédit.Elles perçoivent donc
l'épargne des clients mais ne prêtent que très peu. Le
rôle joué par les banques dans le financement de l'économie
est pourtant indéniable. Elles collectent l'épargne mais doivent
également rétribuer cette épargne à ceux dont le
besoin est réel et donc l'impact pourrait contribuer à
améliorer l'indicateur de croissance économique : le PIB.
Le manque de véritables banques d'investissement dans
le pays pourrait également expliquer cette résistance.
L'environnement est constitué de banques commerciales dont la vocation
première est celle de faire du profit au travers d'actions purement
commerciales. Le Cameroun a connu l'expérience des banques de
développement et d'investissement, mais celles-ci ont toutes fait
faillite pendant la crise bancaire. En effet, la Banque Camerounaise de
Développement (BCD), le Centre d'Assistance aux PME (CAPME), du Fonds
National de Développement Rural (FONADER) et le Crédit Agricole
du Cameroun (CAC) ont tous été déclarés en
cessation d'activité suite au non recouvrement des crédits
accordés.
Les mesures suivantes peuvent être entreprises pour une
amélioration du financement de l'économie par les
établissements financiers au Cameroun :
- La BEAC doit prendre des mesures fortes pour contraindre
les établissements de crédits à jouer leur rôle dans
le développement des économies en limitant par exemple le montant
des réserves libres des banques, principale source de leur
rentabilité.
- Le gouvernement doit encourager la multiplication des
banques d'investissements en agissant par exemple sur le volet fiscal (elles
pourraient être exemptes de certaines taxes pendant 3 années,
sachant que leur activité de financement permettrait aux entreprises de
créer davantage de richesses).
- Les pouvoirs publics pourraient également se porter
garant de certaines entreprises dynamiques auprès des banques et
faciliter l'acquisition du crédit. Les banques réduiront leur
adversité au risque et contribueront efficacement au mieux-être
des économies.
- Les entreprises gagneraient à présenter des
documents authentiques, conformes aux exigences des établissements
bancaires. Les dirigeants devraient également se mettre à
l'école de la gestion financière. Par ailleurs, les Banques
pourraient prendre des parts dans les entreprises afin de s'assurer du retour
des crédits contractés.
- En ce qui concerne les Très Petites Entreprises
(TPE), il serait souhaitable d'envisager de nouveaux modes de financements tels
que le financement participatif qui gagne du terrain depuis quelques
années. Financement issus de la solidarité des agents
économiques dans le monde, le « crowdfunding » (en anglais) ou
« financement participatif » part du principe biblique selon lequel
« demandez et on vous donnera ». Il s'agira pour les porteurs
d'idées entrepreneuriales de proposer leurs projets sur des plateformes
acquises à la cause et les « bailleurs de fonds » sensibles
apporteront de manière collective leur contribution à la
réalisation du projet.
B- En ce qui concerne le compte de
capital
En ce qui concerne l'ouverture du compte de capital, les
résultats n'ont pas été jusque-là encourageants.
Ceci peut être le résultat d'un processus inachevé de
libéralisation de compte de capital. Donc, à nos jours, on ne
peut pas espérer grand-chose en termes de croissance de l'ouverture du
compte de capital, puisque cette dernière n'est pas encore
achevée. À ce propos, l'expérience des pays de
l'Amérique Latine et ceux du sud-Est Asiatique nous enseigne tant de
leçons. Ces deuxgroupes des pays se sont presque engagés à
libéraliser leurs comptes de capital pendant presque la même
période. Pourtant, ni l'approche adoptée ni les effets de cette
politique n'ont été les mêmes. Totale dans des pays
d'Amérique Latine comme le Chili, la libéralisation
financière a été plus `timide ' dans des pays du Sud-Est
asiatique comme la Corée du Sud ou Taiwan. Dans lepremier cas, la
libéralisation financière s'est soldée par un
échec. Dans le second cas, même si elle ne s'est traduite que par
une faible croissance, la libéralisation financière n'a pas
provoqué la faillite de ce secteur (Venet, 1994).
Il s'avère donc très dangereux d'adopter une
approche du bigbang et de lever brusquement toutes les restrictions.
De même, une politique de libéralisation de compte de capital doit
impérativement être précédée par des efforts
de stabilisation des prix et l'achèvement du processus de l'ouverture
commerciale. En fait, l'ouverture du compte de capital figure dans la
dernière position dans une série de suppression des restrictions
(Ben Salha et al, 2008). On exige souvent que l'ouverture externe du compte de
capital ne précède pas la libéralisation du secteur
financier domestique. De même, la libéralisation de ce dernier ne
devrait être mise en place qu'une fois le secteur réel est
fortement stabilisé.
Il est également très important de promouvoir
la bonne gouvernance, le bon climat des affaires, de lutter contre la
corruption, pour lutter contre les fuites de capitaux ou les flux financiers
illicites24(*), le plus
souvent transfrontaliers, phénomène qui gangrène les
économies.
C- Recommandations pour une meilleure
croissance économique
Si la libéralisation financière influence
positivement la croissance économique, elle est très loin, bien
loin des effets prédits en théorie. Car elle n'aura pas permis au
Cameroun d'atteindre une croissance économique forte et soutenue de
nature à le faire sortir du sous-développement, telle que
prévue par les pionniers de la libéralisation financière.
Eh bien c'est que le développement est une notion plus complexe qui va
au-delà de la simple croissance économique. Le
développement est un phénomène qualitatif qui implique le
bien-être social, l'épanouissement intellectuel et culturel, le
respect des droits de l'homme et la garantie des libertés fondamentales,
une croissance économique forte et soutenue, la protection de
l'environnement etc...Le développement ne peut donc se résumer
à la seule croissance économique. De même la croissance
économique ne saurait être la résultante exclusive d'un
secteur financier au fonctionnement optimal. Il est vrai le rôle de la
finance dans l'activité économique est indéniable en tant
que pourvoyeur de fonds, financeur des investissements. Mais la croissance
économique suppose avant tout une augmentation quantitative de la
production, une amélioration des procédés de production
pour rendre l'économie compétitive à l'international, la
production des biens haut de gamme, (industriels, technologiques,
électroménagers) parfois de dernière
génération, compétitifs à l'international... or le
Cameroun n'est pas un si grand producteur. Son économie est basée
principalement sur l'agriculture, qui elle-même reste pratiquée
selon les méthodes dépassées, des techniques rudimentaires
et avec les outils archaïques. En conséquence il lui faut, pour
espérer atteindre une croissance économique forte, susceptible de
le conduire au développement, booster significativement la production.
Dans cet élan il faudrait doter l'économie des technologies de
pointe pour une amélioration des procédés de production,
industrialiser le paysage économique, encourager et accompagner les
investisseurs, les opérateurs économiques locaux en supprimant
les lourdeurs administratives, en allégeant la fiscalité, et
surtout en améliorant le climat des affaires par la lutte contre la
corruption qui gangrène de façon notoire l'activité
économique.
CONCLUSION
Ce chapitre qui s'achève était destiné
à présenter les résultats de l'estimation
effectuée. Il s'agissait de mettre nos deux hypothèses à
l'épreuve des résultats. Nous avons évalué
empiriquement les effets de la libéralisation financière sur la
croissance économique au Cameroun de 1990 à 2015. Si la
première hypothèse a été confirmée par les
résultats obtenus, la deuxième, elle, n'a pas pu se montrer
viable. Ces résultats corroborent la façon dont la
libéralisation financière a été appliquée au
Cameroun. Bien que partielle, la libéralisation financière
interne a été néanmoins plus poussée. Ce qui lui
permet de contribuer significativement à la croissance
économique. Par contre, très partielle et inachevée, la
libéralisation du compte de capital n'influence pas du tout positivement
la croissance économique. Le processus doit donc se poursuivre, mais de
façon progressive tout en veillant à l'application de certaines
préconditions.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
Cette deuxième partie était consacrée
à l'analyse empirique de l'effet de la libéralisation
financière sur la croissance économique au Cameroun.À
partir d'un seul modèle linéaire, l'effet de la
libéralisation financière interne (première
hypothèse) et l'effet de la libéralisation du compte de capital
sur la croissance économique au Cameroun, de 1990 à 2015, ont
été estimé. Saisie par les ratios crédits
privés sur PIB et masse monétaire sur PIB, la
libéralisation financière interne exerce une influence positive
et significative sur la croissance économique. Par contre, la
libéralisation du compte de capital, mesurée par l'indicateur
Kaopen, n'exerce pas trouvé d'effet positif sur la croissance
économique au Cameroun. Cependant, bien que la libéralisation
financière interne contribue significativement à
l'amélioration de la croissance économique au Cameroun, elle est
incapable à elle seule de porter la croissance économique vers le
haut, et par ricochet de faire sortir le pays du sous-développement.
CONCLUSION GENERALE
Dans de nombreux pays en développement, il n'existe que
peu ou pas de marchés financiers d'actifs publics ou privés. En
conséquence, le secteur bancaire est amené à jouer un
rôle considérable dans le processus d'allocation des ressources. A
ce titre, les gouvernements le considèrent, très souvent, comme
un secteur stratégique. Ils cherchent donc à exercer un
contrôle direct ou indirect sur lui. Ces contrôles prennent des
formes diverses et variées : depuis la nationalisation pure et simple du
secteur jusqu'à la mise en place de procédures telles que la
fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur niveau
d'équilibre de marché (pour des secteurs considérés
comme prioritaires) ou la constitution de réserves obligatoires
permettant à l'Etat de financer son déficit budgétaire
à faible coût. Cette «répression
financière», selon Mc Kinnon (1973), Shaw (1973) et leurs
héritiers, conduit à un ralentissement de la croissance
économique. En conséquence il faut libéraliser le
système financier, en relevant le niveau des taux
d'intérêt, en privatisant les banques, en supprimant les
réserves obligatoires... ce qui permettra la constitution d'une plus
grande épargne qui servira à financer les investissements
productifs, lesquels impacteront positivement la croissance économique.
La libéralisation financière est donc un moyen pour permettre
d'atteindre une croissance économique forte, stable et durable.
C'est partant de ce corpus théorique que nous avons
mené cette recherche dans le but de déceler l'effet de la
libéralisation financière opérée au
Cameroun, dès le début des années 90,
sur la croissance économique. Plus
précisément il s'agissait de savoir si, conformément aux
conclusions de Mc Kinnon et Shaw, la libéralisation financière
agit positivement sur la croissance économique, ou si selon les
critiques dressées contre elle, la libéralisation
financière aura plutôt été neutre ou même
néfaste pour la croissance économique. Pour ce faire, nous nous
sommes appuyés sur deux aspects de la libéralisation
financière, à savoir la libéralisation financière
interne ou libéralisation du secteur bancaire et la
libéralisation du compte de capital.
RAPPEL DES OBJECTIFS DE RECHERCHE
Notre principal objectif était de détecter
l'effet de la libéralisation financière sur la croissance
économique. De cet objectif principal ont découlé les deux
objectifs spécifiques suivants :
- Evaluer l'effet de la libéralisation
financière interne sur la croissance économique au Cameroun
- Evaluer l'effet de la libéralisation du compte de
capital sur la croissance économique au Cameroun
RAPPEL DES HYPOTHESES DE RECHERCHE
Les deux objectifs sus évoqués nous ont
amené à formuler les hypothèses suivantes :
H1 : « La libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
H2 : « La libéralisation du
compte de capital influence positivement la croissance
économique »
Afin de vérifier ces hypothèses pour voir si
elles sont viables, nous avons eu recours à l'économétrie,
outil d'analyse économique.
RAPPEL DES RESULTATS D'ESTIMATION
Nous avons procédé à une estimation selon
la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). Notre
étude s'est étalée de la période 1990-2015. Le
processus a consisté à partir de l'étude de la
stationnarité des variables, à étudier l'existence d'une
relation de cointégration entre les variables intégrées du
même ordre, à mener l'estimation du modèle de
l'étude tant à long terme qu'à court terme et enfin
à interpréter les signes des coefficients ou paramètres
associés à chaque variable explicative.
Ainsi, après régression, notre modèle
s'est montré globalement significatif, avec un coefficient de
détermination élevé et la statistique de Fischer
inférieure au seuil critique de 5%. Certaines variables avaient les
paramètres au signe attendu, d'autres avaient le signe contraire. Nous
avons justifié pourquoi. Mais le point focal de l'estimation
était de découvrir le sort réservé à nos
deux hypothèses. Ainsi, la première hypothèse fut
validée. La libéralisation financière interne exerce une
influence positive sur la croissance économique au Cameroun. Par contre
la deuxième hypothèse n'a pas connu le même sort. Elle a
été rejetée. La libéralisation très
partielle du compte de capital fait que celle-ci ne contribue pas à la
croissance économique. Il faudrait donc poursuivre le processus
d'ouverture du compte de capital, mais pas de façon rapide et totale -ce
qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses-. De même bien
que la libéralisation financière interne contribue à la
croissance économique, elle aura échoué à permettre
au Cameroun d'atteindre une croissance économique forte, soutenue et
stable pouvant le conduire au développement. En fait la croissance va
bien au-delà de la seule finance au fonctionnement même optimal.
Elle dépend plus de la production.
LIMITES DE LA RECHERCHE
Les travaux empiriques portant sur la libéralisation
financière et la croissance économique sont presque toujours
attaquées ou critiquées dans la méthodologie
utilisée, et notamment les variables retenues pour mesurer la
libéralisation financière, le modèle
spécifié. Notre recherche n'échappe pas à ces
limites. Ainsi nous n'avons utilisé que deux indicateurs des plus
courants à savoir le ratio masse monétaire sur PIB et le ratio
crédits privés sur PIB, pour mesurer la libéralisation
financière interne. Ce faisant d'autres recherches, en se basant sur
d'autres indicateurs ou sur davantage d'indicateurs, ou en utilisant un indexe
de libéralisation financière pourraient aboutir à des
résultats pas forcement similaires aux nôtres, en termes d'effet
(positif ou négatif) ou de significativité. Aussi avons-nous
préféré utiliser un modèle de régression
linéaire multiple. En utilisant un modèle VAR, ou un
modèle dynamique on pourrait également aboutir à des
résultats différents. En résumé nos
résultats obtenus sont fonction des variables et du modèle
choisis.
AXES FUTURS DE RECHERCHE
Dans ce travail nous avons volontairement
négligé le marché boursier, car non seulement il est de
création récente, mais est très mal organisé,
fonctionne de façon occasionnelle, n'attire pas véritablement les
entreprises. Bref il est quasiment inexistant. D'autres recherches pourraient
se pencher sur la façon dont développer le marché boursier
Camerounais afin qu'il tende vers une organisation et un fonctionnement proches
des grandes places boursières en Afrique et pourquoi pas dans le monde.
Il pourrait alors être la solution la plus appropriée au
rationnement du crédit dont sont victimes les PME, et financerait
davantage l'économie.
Pour revenir à la question du développement, il
apparaît que les structures économiques comme la
spécialisation commerciale, la qualité de la main d'oeuvre, le
niveau de la production semblent plus cruciales que celles touchant à la
libéralisation financière. De ce fait d'autres recherches
pourraient s'intéresser aux leviers économiques à
même d'avoir des effets plus probants sur la croissance économique
au Cameroun, et accélérer le développement du pays.
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ANNEXES
Tableau 1: Les critères d'identification du
degré de libéralisation financière selon Gamra et
Clévenot (2008)
3
Tableau 2 : Evolution des crédits bancaires
à l'économie (en millions de FCFA)
162
Tableau 3 : Evolution des composantes de la masse
monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA)
163
Tableau 4: Synoptique des reformes
financières au Cameroun
164
Tableau 5 : Revue des travaux empiriques portant
sur l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance
économique
166
Tableau 6 : Données de base de
l'étude
168
Tableau 7 : Données de l'étude
169
Tableau 8 : Résultats des tests de
stationnarité des variables
170
Tableau 9: Résultats de la
cointégration
176
Tableau 10 : Test de stationnarité des
résidus
176
Tableau 11 : Résultats de la
régression de long terme
177
Tableau 12 : Résultats du modèle
à correction d'erreur ou modèle de court terme
178
Tableau 13 : Test d'autocorrélation des
erreurs
179
Tableau 14 : Test
d'hétéroscédasticité
180
Tableau 15 : Test de causalité de
Granger
182
Figure 1 : Comportement des variables dans le court
terme
3
Figure 2 : Test de normalité des erreurs
181
Figure 3 : Test de stabilité de CUSUM
182
Tableau 1 : Les
critères d'identification du degré de libéralisation
financière selonGamra et Clévenot (2008)
Secteur financier interne
|
Critère de la libéralisation parfaite
|
Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs
crédits, des réserves et de l'entrée
Critère de la libéralisation partielle
|
Il n'existe pas de contrôle sur les taux
d'intérêt débiteurs et créditeurs.
Et
Il n'existe pas de contrôle sur les crédits, les
réserves et l'entrée des banques.
|
Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs
Crédits, des réserves et de l'entrée
Critère de la répression
|
Il n'existe pas de contrôle sur les taux
d'intérêt débiteurs ou créditeurs.
Ou
Il n'existe pas de contrôle sur les crédits ou sur
les réserves ou sur l'entrée des banques.
|
Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs
Crédits, des réserves et de l'entrée
|
Il existe un contrôle sur les taux d'intérêt
débiteurs et créditeurs
Et
Il existe un contrôle des crédits, des
réserves et de l'entrée des banques.
|
Marchés financiers
|
Critère de la libéralisation parfaite
|
Investissements domestiques et étrangers de portefeuille
Rapatriement du capital, des dividendes et des
intérêts
Critère de la libéralisation
partielle
|
Les investisseurs domestiques et étrangers sont
autorisés à détenir des titres domestiques sans
restrictions.
Et
Le capital, les dividendes et les intérêts sont
librement rapatriés pendant les 2 ans de l'investissement initial.
|
Investissements domestiques et étrangers de portefeuille
Rapatriement du capital, des dividendes et des
intérêts
Critère de la répression
|
Les investisseurs domestiques et étrangers sont
autorisés à détenir plus que 49% des titres de chaque
compagnie. Il existe des restrictions sur la participation dans certains
secteurs et des moyens indirects d'investissement
sur les marchés financiers (country funds).
Ou
Le capital, les dividendes et les intérêts sont
rapatriés mais pas avant 2 ans et après 5 ans de
l'investissement initial.
|
Investissements domestiques et étrangers de portefeuille
Rapatriement du capital, des dividendes et des
intérêts
|
Les investisseurs domestiques et étrangers ne sont pas
autorisés à détenir des titres domestiques
ou
Le capital, les dividendes et les intérêts sont
rapatriés mais pas avant 5 ans de l'investissement initial
|
Compte capital
|
Critère de la libéralisation
parfaite
|
Emprunts étrangers
Taux de change multiples et autres restrictions
Critère de la libéralisation
partielle
|
Les banques et les autres institutions sont autorisées
à emprunter librement de l'étranger. Elles doivent
informer les autorités mais l'autorisation est automatiquement offerte.
Les réserves obligatoires doivent être inférieures à
10%. La maturité minimale exigée est inférieure à 2
ans.
Et
Il n'existe pas de taux de change spéciaux sur les
transactions du compte courant ou du compte capital. Il n'existe pas de
restrictions sur les sorties de capitaux
|
Emprunts étrangers par les banques
Taux de change multiples et autres restrictions
Critère de la répression
|
Les banques et les autres institutions sont autorisées
à emprunter de l'étranger mais elles sont soumettes à
certaines restrictions. Les réserves obligatoires doivent être
comprises entre 10 et 50%. La maturité minimale exigée doit
être supérieure à 5 ans.
Ou
Il existe des taux de change spéciaux sur les transactions
du compte courant et du compte capital. Il existe certaines restrictions sur
les sorties de capitaux.
|
Emprunts étrangers par les banques
Taux de change multiples et autres restrictions
|
Les banques et les autres institutions ne sont pas
autorisées à emprunter de l'étranger.
Les réserves obligatoires doivent être supérieures
à 50%. La maturité minimale exigée doit
être supérieure à 5 ans.
Ou
Il existe des taux de change spéciaux sur les transactions
du compte courant et du compte capital. Il existe des restrictions sur les
sorties de capitaux.
|
Tableau 2 :
évolution des crédits bancaires à l'économie (en
millions de FCFA)
Année
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Court terme
|
444399
|
527931
|
582362
|
620701
|
649493
|
627180
|
643303
|
654283
|
697649
|
Moyen terme
|
128476
|
137487
|
147528
|
183163
|
225241
|
247297
|
298218
|
306548
|
340361
|
Long terme
|
31016
|
35097
|
30189
|
30577
|
33034
|
30412
|
35316
|
38628
|
45050
|
Année 2008 2009
2010 2011 2012 2013 2014
|
|
Court terme
|
810992
|
825814
|
986804
|
1269743
|
1309335
|
1436135
|
1560959
|
Moyen terme
|
414344
|
495723
|
548469
|
635894
|
629015
|
782130
|
851910
|
Long terme
|
57396
|
57434
|
58713
|
37654
|
49606
|
55577
|
64198
|
|
Source : dépouillement des statistiques de la
BEAC
Tableau 3 :
évolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun,
1991-2015 (en millions de FCFA)
années
|
monnaie fiduciaire
|
monnaie scripturale
|
quasi monnaie
|
1991
|
170 429
|
177 934
|
297 866
|
1992
|
149 015
|
162 745
|
286 576
|
1993
|
116 131
|
150 734
|
274 649
|
1994
|
136 331
|
224 685
|
324 201
|
1995
|
104 138
|
185 442
|
242 052
|
1996
|
95 177
|
206 190
|
252 879
|
1997
|
179 758
|
242 958
|
265 900
|
1998
|
205 686
|
281 554
|
258 362
|
1999
|
237 326
|
300 499
|
305 728
|
2000
|
264 890
|
364 215
|
371 968
|
2001
|
296 007
|
400 914
|
440 125
|
2002
|
333 671
|
472 108
|
523 365
|
2003
|
297 949
|
454 061
|
591 264
|
2004
|
324 092
|
484 650
|
619 850
|
2005
|
273 413
|
541 144
|
687 773
|
2006
|
265 597
|
639 573
|
740 497
|
2007
|
355 211
|
773 092
|
759 615
|
2008
|
430 571
|
888 577
|
830 692
|
2009
|
447 429
|
976 757
|
875 486
|
2010
|
500 532
|
1 091 818
|
1 033 061
|
2011
|
525 476
|
1 272 143
|
1 099 619
|
2012
|
555 866
|
1 249 517
|
1 135 193
|
2013
|
559 199
|
1 477 019
|
1 243 594
|
2014
|
635 687
|
1 697 078
|
1 312 389
|
2015
|
798 585
|
1 734 241
|
1 421 817
|
Source : dépouillement des statistiques de la
BEAC et de la Banque de France
Tableau 4 : synoptique des
reformes financières au Cameroun
Années
|
Dates et mesures envisagées ou mises en
application
|
1989
|
- 04 Août : Scission - Liquidation de
la Société Camerounaise de Banque (SCB) avec transfert des
créances douteuses et compromises à la S.R.C. et fusion
des actifs sains avec la Société Commerciale de
Banque-Crédit Lyonnais (SCB-CL); - 10
Août : Liquidation et fermeture du Fonds de
Développement Rural (FONADER) au Cameroun ;
- 25 Août : liquidation et fermeture
de la Banque Camerounaise de Développement (BCD) ; - 25
Août : liquidation et fermeture de la Banque Camerounaise
de Développement
(BCD) ;
- 25 Août : liquidation et fermeture
de la Banque Paribas-Cameroun (PARIBAS) ;
- 01 Septembre : liquidation et fermeture
de Cameroon Bank (CAMBANK) ;
- 04 Septembre : Scission-liquidation de la
Bank of Credit and Commerce
Cameroon (BCCC) ; avec cession des actifs sains à la
Standard Chatered Bank
Cameroon (SCBC)
|
1990
|
- Liquidation du passif de la Banque Internationale pour le
Commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC); transfert des créances
douteuses et compromises à la société de Recouvrement
des Créances (SRC) - 09 novembre :
Décret no 90/ 1470 du chef de l'État Camerounais
relevant le minimum du capital social des banques de 300 millions à 1
milliard de FCFA.
|
1991
|
- 01 Septembre :Mise en oeuvre de la
programmation monétaire au Cameroun ; - 20
Septembre : Scission de la Meridien Cameroon Bank (MCB) et de
la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale auCameroun (BIAOC) pour
créer la BM-BIAOC
|
1992
|
- 17 Janvier : signature d'une convention
portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les
États de CEMAC.
|
1993
|
- Janvier :Entrée en vigueur de la
libéralisation des taux d'intérêt avec plus de souplesse
et de dynamisme dans sa gestion; -
Janvier :Application du décret relatif à
l'augmentation du capital social des banques (le minimum varie d'un pays
à l'autre) - Février : liquidation de
First Investment Bank (F IB) ; - Mars :
Démarrage effectif des activités de contrôle et de
supervision bancaire de la COBAC avec application de nouveaux ratios
prudentiels ; - Mars : Entrée en vigueur de
l'harmonisation de la réglementation bancaire dans la
sous-région ;
- Août : arrêt par la BEAC et
la BCEAO du rachat des billets CFA en provenance de l'Afrique de l'ouest et de
l'Afrique centrale respectivement.
|
1994
|
- 11 Janvier :dévaluation du franc
de la coopération financière en Afrique (fcfa)
- Liquidation de International Bank of Africa (IBAC) ; -
01 Juillet :démarrage des activités du
marché monétaire sous-régional ; -
Août : la Banque Nationale de Paris (BNP) retire
son appui technique de la Banque Internationale pour le Commerce et
l'industrie du Cameroun (BICIC)
|
1996
|
- 21 Septembre :liquidation de la Banque
Meridien- BIAOC (Cameroun) créée de la fusion MCB et BIAOC en
1991 ;
- 12 Octobre :l'Association des Banques
populaires de France pour la Coopération et le Développement
(ABPCD) signe une convention d'assistance technique à la BICIC.
|
1997
|
- 12 juin :Liquidation du Crédit
Agricole du Cameroun créé en 1991 pour remplacer le FONADER
; - 14 mars : fermeture de la BICIC et création
de la Banque Internationale duCameroun pour l'Epargne et le Crédit
(BICEC). Le capital social est réparti entre l'Etat et l'ABPCD
à concurrence de 51% et de 49% respectivement.
|
2000
|
- Janvier : privatisation de la Banque
Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit (BICEC).
|
Source : Nembot-Ndeffo et Ningaye
(2011)Tableau 5 : Revue des travaux
empiriques portant sur l'effet de la libéralisation du compte de capital
sur la croissance
Travaux
|
Périodes
d'étude
|
Nombre de
pays
|
Type de libéralisation
|
Indicateurs de libéralisation
|
Tests effectués
|
Canaux de transmission de
l'effet
|
Conditions d'un effet positif ou d'un effet
positif plus significatif sur la croissance
|
Effet positif et significatif sur la
croissance
|
Quinn (1997)
|
(1960-89)
|
64 ou 58
|
Compte de capital
|
Äquinn entre 1988- 1958.
|
MCO (Coupe transversale)
|
Réduction de la taxation du capital
|
-
|
Fuchs-Schundeln et Funke (2001)
|
(1975-00)
|
27 pays émergents
|
Marchés de titres
|
Dates officielles
|
MCO (Coupe transversale)
|
Accroissement de l'investissement privé
|
Mettre en place des réformes institutionnelles avant de
libéraliser.
|
Bekaert, Harvey et Lundblad (2001a)
|
(1980-97)
|
95, 75, 50 ou 28 pays émergents
|
Marchés de titres
|
Dates officielles
|
GMM (panel, moyennes de 3, 5, 7 et 10 ans)
|
Baisse du coût de capital.
|
- Taux élevé de scolarisation - Taille faible
du gouvernement - Système légal anglo-saxon
|
Bekaert, Harvey et Lundblad (2001b)
|
(1980-97)
|
Taux élevé de scolarisation
|
Bekaert, Harvey et Lundblad (2004)
|
(1980-97)
|
- Le développement financier - Système
légal efficace
|
Arteta, Eichengreen et Wyplosz (2001)
|
(1973-81) (1982-87) (1988-92)
|
51 à 59
|
Compte de capital
|
- Quinn pour la 1ère année - Äquinn
pour les périodes.
|
MCO (Coupe transversale - panel)
|
Amélioration de l'efficience
|
- De bonnes institutions - Respecter la séquence de
la libéralisation financière et commerciale : éliminer
les déséquilibres macroéconomiques et
les distorsions commerciales
|
Edison, Klein, Ricci et Slok (2002b)
|
(1976-95)
|
89
|
Compte de capital
|
- FMI - Share - Quinn - OCDE -
Montiel-Reinhart - Volume
|
- MCO (panel) - DMCO (panel)
|
Diversification des risques. Efficience de l'allocation
des ressources.
|
Les pays en développement et en particulier les pays
d'Asie du sud-est
|
Marchés financiers
|
Dates officielles
|
McLean et Shrestha (2002)
|
(1976-95)
|
40
|
Compte de capital
|
Volume
|
DMCO (panel moyennes de 5 ans)
|
- Développement des marchés financiers. -
Investissements productifs - Transfert technologique.
|
Favoriser la libéralisation des IDE et des flux de
portefeuille plutôt que les flux de crédits bancaire
|
Tornell, Westermann et Martinez (2003)
|
(1980-99)
|
105
|
Compte de capital
|
Les afflux de capitaux dépassent 10% du PIB
|
MCO, MCG (Panel et Coupe transversale)
|
Accroissement du volume et du risque de crédit.
|
-
|
Effet mitigé non robuste sur la
croissance
|
Kraay (1998)
|
(1985-97)
|
64, 94 ou 117
|
Compte de capital
|
- FMI - Quinn - Volume
|
- MCO (Coupe transversale)- DMCO (Coupe transversale)
|
-
|
Le développement institutionnel et politique
|
Klein et Olivei (2000)
|
(1986-95) (1976-95)
|
Plus de 92 67
|
|
Share
|
MCO, DMCO
|
Développement financier
|
Développement économique
|
Klein (2003)
|
(1976-95)
|
85
|
Compte de capital
|
- Share - Quinn
|
(Panel, Coupe transversale)
|
Amélioration de l'efficience de l'allocation du
capital
|
Seulement sur les pays à revenu intermédiaire.
|
Klein (2005)
|
71
|
-
|
Développement institutionnel.
|
Edwards (2001)
|
(1980-89)
|
55 à 62
|
Compte de capital
|
- Quinn en 1988 - ÄQuinn entre 1988- 1973.
|
- MCOP, DMCOP, SURE (Coupe transversale)
|
- Diversification des risques - Spécialisation. -
Amélioration de la rentabilité des projets.
|
Le développement économique
|
Chanda (2001)
|
(1975-95)
|
57 non-OCDE
|
Compte de capital
|
Share
|
MCO (Coupe transversale
|
Accumulation du capital
|
Une faible hétérogénéité
ethnique
|
Edison, Klein, Ricci et Slok (2002a)
|
(1980-00)
|
57
|
Compte de capital
|
- FMI - Quinn - Volume
|
- MCO(panel) - DMCO (panel) - GMM(panel)
|
- Diversification des risques - Spécialisation. -
Amélioration de l'allocation du capital.
|
La stabilité macroéconomique.
|
Loayza et Rancière (2002)
|
(1960-95)
|
74
|
Système financier interne
|
- DEPTH - PRIVY
|
GMM
|
Développement financier.
|
Positif en période de non crises et négatif
en périodes de crises.
|
(1960-97)
|
49
|
Modèle autorégressif avec retard
|
Négatif à court termes et positif à
long termes.
|
Eichengreen et Leblang (2003)
|
(1880-97) Post-1971
|
21
|
Compte de capital
|
FMI
|
GMM (panel)
|
Amélioration de l'efficience de l'allocation des
ressources
|
Contrôler les crises et neutraliser leurs
effets adverses sur la croissance.
|
Fratzscher et Bussière (2004)
|
(1980-02)
|
45
|
Compte de capital
|
Volume
|
GMM (panel, moyennes de 5 ans)
|
Boom de crédit et d'investissement.
|
Positif à court termes et négatif à moyen
et long termes.
|
Calderon, Loayza et
Schmidt-Hebbel (2004
|
(1970-00)
|
76
|
Compte de capital
|
- FMI - Volume
|
GMM (moyennes de 5 ans)
|
|
Seulement sur les pays à revenu intermédiaire.
|
Bonfigoli et Mendicino (2004)
|
(1975-99)
|
90
|
Compte de capital
|
FMI
|
GMM (Coupe transversale)
|
Développement financier.
|
Développement institutionnel (permettant de
réduire les crises bancaires)
|
Marchés financiers
|
Dates officielles
|
Pas d'effet sur la croissance
|
Grilli et Milesi-Ferretti (1995)
|
(1971-94)
|
61 PED
|
Compte de capital
|
Share
|
MCO (Moyennes de 5 ans)
|
-
|
-
|
Rodrik (1998)
|
(1975-89)
|
100
|
Compte de capital
|
Share
|
MCO (Coupe transversale)
|
-
|
-
|
Source : Gamra et Clévenot (2008), pp 21-
22
Tableau 6 : données
de base de l'étude
années
|
PIB
|
M2
|
CP
|
CO
|
DPU
|
1990
|
492585,223
|
21,2336853
|
26,377386
|
37,4964454
|
12,7505372
|
1991
|
460250,685
|
21,628944
|
26,4186572
|
34,6387794
|
13,2746539
|
1992
|
433468,353
|
18,8293121
|
12,5202643
|
38,8625922
|
12,8125681
|
1993
|
388139,26
|
15,2083605
|
10,2704401
|
31,7451774
|
12,4039659
|
1994
|
385548,283
|
17,2562347
|
9,22729805
|
38,0239772
|
9,38062556
|
1995
|
390986,845
|
14,3188104
|
8,19968234
|
41,3690133
|
8,67617421
|
1996
|
399753,967
|
11,9380601
|
7,90138826
|
41,7730433
|
9,17476185
|
1997
|
410507,793
|
12,983642
|
6,53803902
|
39,7880201
|
9,10006649
|
1998
|
419985,066
|
12,8509957
|
7,39600897
|
39,1366516
|
9,0925544
|
1999
|
426236,575
|
13,6804197
|
7,80253813
|
38,6667709
|
9,45869554
|
2000
|
432911,095
|
15,2091106
|
8,22622957
|
42,9145445
|
9,45687438
|
2001
|
440972,343
|
14,4377209
|
8,90765903
|
45,134308
|
10,2364466
|
2002
|
446875,836
|
16,2912493
|
9,15956657
|
40,6501302
|
10,2217956
|
2003
|
452814,166
|
15,9080784
|
9,63733713
|
40,1496532
|
9,97458142
|
2004
|
457247,996
|
16,2382082
|
9,28633334
|
39,2313493
|
10,1642305
|
2005
|
455353,237
|
16,3412555
|
9,87911813
|
41,9258794
|
9,96690034
|
2006
|
457461,649
|
16,4687526
|
9,45333486
|
43,9576273
|
9,60085436
|
2007
|
459623,266
|
18,1359304
|
9,69008833
|
48,5355802
|
10,1456005
|
2008
|
460083,024
|
19,3768397
|
10,9358072
|
52,3421439
|
10,7951021
|
2009
|
456288,3
|
19,8388896
|
11,4752513
|
37,0651765
|
11,2618232
|
2010
|
458509,767
|
21,3056553
|
12,5382735
|
40,3609998
|
11,6108202
|
2011
|
464697,831
|
21,881774
|
14,1824685
|
44,8595613
|
11,615292
|
2012
|
473067,038
|
20,3008102
|
14,1396902
|
45,4027769
|
11,4555245
|
2013
|
486156,601
|
20,9317112
|
14,7809931
|
49,5667714
|
11,573483
|
2014
|
501443,88
|
21,8505838
|
15,5641611
|
52,8864181
|
11,8108808
|
2015
|
516581,867
|
22,4158128
|
16,3858365
|
49,6316923
|
11,7912011
|
Tableau 7 : données
de l'étude
Années
|
logPIB
|
logM2
|
logCP
|
Kp
|
logCO
|
logDPU
|
SCO
|
TINF
|
POP
|
1990
|
5,69248138
|
1,32702538
|
1,42123176
|
-1,19473314
|
1,5739901
|
1,10552848
|
25,4520702
|
1,09938128
|
2,97204171
|
1991
|
5,66299444
|
1,33503532
|
1,42191074
|
-1,19473314
|
1,53956258
|
1,12302321
|
26,9225006
|
0,06005133
|
2,90659568
|
1992
|
5,6369574
|
1,27483445
|
1,0976135
|
-1,19473314
|
1,58953177
|
1,10763619
|
27,8300991
|
-0,01605505
|
2,84618181
|
1993
|
5,58898757
|
1,1820824
|
1,01158905
|
-0,13029587
|
1,50167776
|
1,09356056
|
27,2675143
|
-3,20655457
|
2,78111228
|
1994
|
5,58607877
|
1,23694604
|
0,96507455
|
-0,13029587
|
1,58005754
|
0,9722318
|
26,7049294
|
35,0944618
|
2,71217849
|
1995
|
5,59216215
|
1,15590694
|
0,91379703
|
-0,13029587
|
1,61667516
|
0,93832826
|
25,7289295
|
9,06969072
|
2,64468069
|
1996
|
5,60179278
|
1,07693376
|
0,8977034
|
-1,19473314
|
1,62089612
|
0,9625948
|
24,77771
|
3,92406373
|
2,57757822
|
1997
|
5,61332141
|
1,11339653
|
0,81544751
|
-1,19473314
|
1,59975233
|
0,95904457
|
23,8264904
|
4,78623882
|
2,5232043
|
1998
|
5,62323385
|
1,10893678
|
0,86899743
|
-1,19473314
|
1,59258367
|
0,95868591
|
24,5680408
|
3,17075185
|
2,49688518
|
1999
|
5,62965071
|
1,13609942
|
0,8922359
|
-1,19473314
|
1,58733791
|
0,97583125
|
25,9418697
|
1,87174501
|
2,50439897
|
2000
|
5,63639872
|
1,18210382
|
0,91520083
|
-1,19473314
|
1,63260451
|
0,97574762
|
27,2951202
|
1,22719013
|
2,53505199
|
2001
|
5,64441135
|
1,15949864
|
0,94976358
|
-1,19473314
|
1,65450679
|
1,01014922
|
32,0455017
|
4,41977246
|
2,57036661
|
2002
|
5,65018687
|
1,21195439
|
0,96187492
|
-1,19473314
|
1,60906194
|
1,00952719
|
27,8882504
|
2,8344226
|
2,60090507
|
2003
|
5,65592
|
1,20161772
|
0,98395705
|
-1,19473314
|
1,6036818
|
0,99889468
|
29,4101105
|
0,62316356
|
2,63176539
|
2004
|
5,66015181
|
1,21053811
|
0,96784427
|
-1,19473314
|
1,59363324
|
1,00707451
|
26,1779194
|
0,23364738
|
2,66057154
|
2005
|
5,65834843
|
1,21328542
|
0,99471818
|
-1,19473314
|
1,62248218
|
0,99856012
|
26,6441898
|
2,0135395
|
2,6861165
|
2006
|
5,66035469
|
1,21666071
|
0,97558504
|
-1,19473314
|
1,64303424
|
0,98230988
|
23,1698303
|
5,11757816
|
2,71116357
|
2007
|
5,662402
|
1,25853984
|
0,98632774
|
-1,19473314
|
1,68606023
|
1,00627776
|
31,7637806
|
0,92140225
|
2,73237921
|
2008
|
5,66283621
|
1,28728295
|
1,03885084
|
-1,19473314
|
1,71885151
|
1,03322675
|
35,944191
|
5,33780628
|
2,74326116
|
2009
|
5,65923933
|
1,29751736
|
1,0597622
|
-1,19473314
|
1,56896607
|
1,05160871
|
39,6364403
|
3,04361848
|
2,7416385
|
2010
|
5,66134859
|
1,3284949
|
1,09823774
|
-1,19473314
|
1,60596192
|
1,0648629
|
43,451046
|
1,27538046
|
2,73069023
|
2011
|
5,66717065
|
1,34008253
|
1,15175183
|
-1,19473314
|
1,65185502
|
1,06503013
|
47,2656517
|
2,93969946
|
2,71658694
|
2012
|
5,67492269
|
1,30751337
|
1,1504399
|
-1,19473314
|
1,65708242
|
1,05901498
|
50,4674301
|
2,94251
|
2,70159591
|
2013
|
5,68677619
|
1,32080474
|
1,16970361
|
-1,19473314
|
1,69519063
|
1,06346408
|
52,3021317
|
1,94514528
|
2,68316291
|
2014
|
5,70022234
|
1,33946304
|
1,19212572
|
-1,19473314
|
1,72334415
|
1,07228229
|
56,4307289
|
1,94794827
|
2,66187609
|
2015
|
5,71313916
|
1,35055449
|
1,21446862
|
-1,19473314
|
1,69575908
|
1,07155805
|
58,0781288
|
2,68598277
|
2,63853608
|
Tableau 8 :
Résultats des tests de stationnarité des variables
8.1 Variable logPIB
Null Hypothesis: LOGPIB has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-1.301374
|
0.6118
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.737853
|
|
|
5% level
|
|
-2.991878
|
|
|
10% level
|
|
-2.635542
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGPIB) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.583676
|
0.1100
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.737853
|
|
|
5% level
|
|
-2.991878
|
|
|
10% level
|
|
-2.635542
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGPIB,2) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-5.927682
|
0.0001
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.752946
|
|
|
5% level
|
|
-2.998064
|
|
|
10% level
|
|
-2.638752
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.2 Variable logM2
Null Hypothesis: LOGM2 has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-1.111533
|
0.6948
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGM2) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.781838
|
0.0009
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.737853
|
|
|
5% level
|
|
-2.991878
|
|
|
10% level
|
|
-2.635542
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.3 Variable logCP
Null Hypothesis: LOGCP has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.508605
|
0.1255
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGCP) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.614975
|
0.1074
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.831511
|
|
|
5% level
|
|
-3.029970
|
|
|
10% level
|
|
-2.655194
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Warning: Probabilities and critical values calculated for 20
observations
|
and may not be
accurate for a sample size of 19
|
Null Hypothesis: D(LOGCP,2) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-13.43736
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.752946
|
|
|
5% level
|
|
-2.998064
|
|
|
10% level
|
|
-2.638752
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
|
|
|
|
|
8.4 Variable Kp
Null Hypothesis: KP has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.318153
|
0.1743
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(KP) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.600613
|
0.0064
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.394309
|
|
|
5% level
|
|
-3.612199
|
|
|
10% level
|
|
-3.243079
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.5 Variable logCO
Null Hypothesis: LOGCO has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.326211
|
0.1720
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGCO) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.937742
|
0.0080
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.831511
|
|
|
5% level
|
|
-3.029970
|
|
|
10% level
|
|
-2.655194
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Warning: Probabilities and critical values calculated for 20
observations
|
and may not be
accurate for a sample size of 19
|
8.6 Variable logDPU
Null Hypothesis: LOGDPU has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-1.710435
|
0.4140
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(LOGDPU) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.581124
|
0.0142
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.737853
|
|
|
5% level
|
|
-2.991878
|
|
|
10% level
|
|
-2.635542
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.7 Variable SCO
Null Hypothesis: SCO has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
1.343711
|
0.9981
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(SCO) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-1.840564
|
0.3527
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.752946
|
|
|
5% level
|
|
-2.998064
|
|
|
10% level
|
|
-2.638752
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: D(SCO,2) has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-10.59022
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.752946
|
|
|
5% level
|
|
-2.998064
|
|
|
10% level
|
|
-2.638752
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.8 Variable TINF
Null Hypothesis: TINF has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.718519
|
0.0010
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8.9 Variable POP
Null Hypothesis: POP has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-5.856640
|
0.0001
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Tableau 9 :
Résultats de la cointégration
Date: 11/11/17 Time: 21:58
|
|
|
Sample (adjusted): 1992 2015
|
|
|
Included observations: 24 after adjustments
|
|
Trend assumption: Linear deterministic trend
|
|
Series: LOGCO LOGDPU LOGM2
|
|
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
0.05
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Prob.**
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
None *
|
0.707136
|
48.75807
|
29.79707
|
0.0001
|
At most 1 *
|
0.542405
|
19.28499
|
15.49471
|
0.0128
|
At most 2
|
0.021535
|
0.522486
|
3.841466
|
0.4698
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Trace test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05
level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
0.05
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Prob.**
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
None *
|
0.707136
|
29.47309
|
21.13162
|
0.0027
|
At most 1 *
|
0.542405
|
18.76250
|
14.26460
|
0.0091
|
At most 2
|
0.021535
|
0.522486
|
3.841466
|
0.4698
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Max-eigenvalue test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the
0.05 level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
Tableau 10 : Test de
stationnarité des résidus
Null Hypothesis: RESID01 has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.642481
|
0.0120
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.724070
|
|
|
5% level
|
|
-2.986225
|
|
|
10% level
|
|
-2.632604
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Tableau 11 :
Résultats de la régression de long terme
Dependent Variable: PIB
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 11/09/17 Time: 19:12
|
|
|
Sample: 1990 2015
|
|
|
Included observations: 26
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
5.359947
|
0.164886
|
32.50698
|
0.0000
|
logM2
|
0.267618
|
0.102168
|
2.619391
|
0.0179
|
logCP
|
0.094930
|
0.038026
|
2.496462
|
0.0231
|
KP
|
-0.027766
|
0.010797
|
-2.571700
|
0.0198
|
logCO
|
0.114151
|
0.078094
|
1.461705
|
0.1621
|
logDPU
|
-0.185046
|
0.141046
|
-1.311956
|
0.2070
|
SCO
|
-0.000152
|
0.000694
|
-0.218493
|
0.8296
|
TINF
|
-0.001162
|
0.000515
|
-2.256772
|
0.0375
|
POP
|
-0.058406
|
0.068225
|
-0.856081
|
0.4039
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.921067
|
Mean dependent var
|
5.649288
|
Adjusted R-squared
|
0.883922
|
S.D. dependent var
|
0.033422
|
S.E. of regression
|
0.011387
|
Akaike info criterion
|
-5.845292
|
Sum squared resid
|
0.002204
|
Schwarz criterion
|
-5.409797
|
Log likelihood
|
84.98879
|
Hannan-Quinn criter.
|
-5.719885
|
F-statistic
|
24.79652
|
Durbin-Watson stat
|
1.355332
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 12 :
Résultats du modèle à correction d'erreur ou modèle
de court terme
Dependent Variable: D(PIB)
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 11/09/17 Time: 19:47
|
|
|
Sample (adjusted): 1991 2015
|
|
|
Included observations: 25 after adjustments
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.002554
|
0.001823
|
1.401265
|
0.1815
|
D(logM2)
|
0.167742
|
0.056803
|
2.953036
|
0.0099
|
D(logCP)
|
0.087401
|
0.026944
|
3.243797
|
0.0055
|
D(KP)
|
-0.024011
|
0.005912
|
-4.061141
|
0.0010
|
D(logCO)
|
0.047670
|
0.040379
|
1.180550
|
0.2562
|
D(logDPU)
|
-0.243377
|
0.094848
|
-2.565960
|
0.0215
|
D(SCO)
|
-0.000441
|
0.000702
|
-0.627716
|
0.5396
|
D(TINF)
|
-0.000787
|
0.000245
|
-3.215944
|
0.0058
|
D(POP)
|
0.116108
|
0.057422
|
2.022004
|
0.0614
|
RESID01(-1)
|
-0.797170
|
0.216543
|
-3.681356
|
0.0022
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.834011
|
Mean dependent var
|
0.000826
|
Adjusted R-squared
|
0.734417
|
S.D. dependent var
|
0.014502
|
S.E. of regression
|
0.007473
|
Akaike info criterion
|
-6.665780
|
Sum squared resid
|
0.000838
|
Schwarz criterion
|
-6.178230
|
Log likelihood
|
93.32225
|
Hannan-Quinn criter.
|
-6.530554
|
F-statistic
|
8.374133
|
Durbin-Watson stat
|
1.130311
|
Prob(F-statistic)
|
0.000199
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 13 : Test
d'autocorrélation des erreurs
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
1.279120
|
Prob. F(2,15)
|
0.3070
|
Obs*R-squared
|
3.788207
|
Prob. Chi-Square(2)
|
0.1505
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
|
|
|
Dependent Variable: RESID
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 11/09/17 Time: 19:49
|
|
|
Sample: 1990 2015
|
|
|
Included observations: 26
|
|
|
Presample missing value lagged residuals set to zero.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
-0.044449
|
0.188771
|
-0.235467
|
0.8170
|
logM2
|
-0.131845
|
0.131535
|
-1.002358
|
0.3321
|
logCP
|
-0.020557
|
0.040201
|
-0.511348
|
0.6166
|
KP
|
-0.007086
|
0.011573
|
-0.612252
|
0.5495
|
logCO
|
-0.009986
|
0.085035
|
-0.117437
|
0.9081
|
logDPU
|
0.098128
|
0.156768
|
0.625943
|
0.5408
|
SCO
|
0.000680
|
0.000825
|
0.824379
|
0.4226
|
TINF
|
0.000338
|
0.000565
|
0.598390
|
0.5585
|
POP
|
0.042301
|
0.075803
|
0.558033
|
0.5851
|
RESID(-1)
|
0.607923
|
0.380567
|
1.597415
|
0.1310
|
RESID(-2)
|
-0.001694
|
0.380640
|
-0.004452
|
0.9965
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.145700
|
Mean dependent var
|
-1.72E-15
|
Adjusted R-squared
|
-0.423833
|
S.D. dependent var
|
0.009390
|
S.E. of regression
|
0.011204
|
Akaike info criterion
|
-5.848919
|
Sum squared resid
|
0.001883
|
Schwarz criterion
|
-5.316647
|
Log likelihood
|
87.03595
|
Hannan-Quinn criter.
|
-5.695644
|
F-statistic
|
0.255824
|
Durbin-Watson stat
|
1.951509
|
Prob(F-statistic)
|
0.982574
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 14 : Test
d'hétéroscédasticité
Heteroskedasticity Test: White
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.964499
|
Prob. F(8,17)
|
0.4939
|
Obs*R-squared
|
8.116841
|
Prob. Chi-Square(8)
|
0.4221
|
Scaled explained SS
|
1.704856
|
Prob. Chi-Square(8)
|
0.9888
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
|
|
|
Dependent Variable: RESID^2
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 11/09/17 Time: 19:50
|
|
|
Sample: 1990 2015
|
|
|
Included observations: 26
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.000458
|
0.000588
|
0.779033
|
0.4467
|
logM2^2
|
0.000189
|
0.000314
|
0.601106
|
0.5557
|
logCP^2
|
0.000212
|
0.000119
|
1.785401
|
0.0920
|
KP^2
|
-1.90E-05
|
6.37E-05
|
-0.297848
|
0.7694
|
logCO^2
|
-5.14E-05
|
0.000184
|
-0.279325
|
0.7834
|
logDPU^2
|
-0.000255
|
0.000477
|
-0.534002
|
0.6003
|
SCO^2
|
-4.59E-08
|
6.85E-08
|
-0.670286
|
0.5117
|
TINF^2
|
-9.47E-08
|
1.04E-07
|
-0.907236
|
0.3770
|
POP^2
|
-5.69E-05
|
0.000101
|
-0.561858
|
0.5815
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.312186
|
Mean dependent var
|
8.48E-05
|
Adjusted R-squared
|
-0.011491
|
S.D. dependent var
|
8.57E-05
|
S.E. of regression
|
8.62E-05
|
Akaike info criterion
|
-15.61255
|
Sum squared resid
|
1.26E-07
|
Schwarz criterion
|
-15.17706
|
Log likelihood
|
211.9632
|
Hannan-Quinn criter.
|
-15.48715
|
F-statistic
|
0.964499
|
Durbin-Watson stat
|
2.065337
|
Prob(F-statistic)
|
0.493872
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Figure 1 : comportement
des variables dans le court terme
Source : auteur
Figure 2 : Test de
normalité des erreurs
Figure 3: Test de
stabilité de CUSUM
Source : auteur
Tableau 15 : Test de
causalité de Granger
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 11/15/17 Time: 09:57
|
Sample: 1990 2015
|
|
Lags: 1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
LOGM2 does not Granger Cause LOGPIB
|
25
|
2.62126
|
0.1197
|
LOGPIB does not Granger Cause LOGM2
|
10.1142
|
0.0043
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 11/15/17 Time: 09:58
|
Sample: 1990 2015
|
|
Lags: 1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
LOGCP does not Granger Cause LOGPIB
|
25
|
11.0680
|
0.0031
|
LOGPIB does not Granger Cause LOGCP
|
16.1431
|
0.0006
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pairwise Granger Causality Tests
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Date: 11/15/17 Time: 09:58
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Sample: 1990 2015
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Lags: 1
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Null Hypothesis:
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Obs
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F-Statistic
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Prob.
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KP does not Granger Cause LOGPIB
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25
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0.00028
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0.9868
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LOGPIB does not Granger Cause KP
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0.48223
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0.4947
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
Erreur ! Signet non
défini.
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES FIGURES
vii
RESUME
1
INTRODUCTION
GENERALE
2
PREMIERE PARTIE :
LA THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
13
CHAPITRE 1 :
CONCEPTS DE LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE
15
SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION
FINANCIERE
16
I- Définition et mesure de la
libéralisation financière
16
A- Définition
16
B- La mesure de la libéralisation
financière
18
II- De la répression
financière a la libéralisation financière au Cameroun
21
A- La crise bancaire des années 80 ou
la conséquence de la répression financière
22
1- Les causes de la crise
22
a- Les causes institutionnelles : le
dirigisme étatique
22
b- Les carences en matière de gestion
et de surveillance bancaire
24
c- La dégradation de l'environnement
macroéconomique
26
2- Manifestations de la crise
27
B- La libéralisation
financière dans les réformes
29
1- Les contours de la libéralisation
financière au Cameroun
30
a- La libéralisation des taux
d'intérêt
30
b- Les autres aspects de la
libéralisation financière interne au Cameroun
32
c- La libéralisation partielle du
compte de capital
35
2- Bilan des réformes
37
a- Le secteur bancaire après les
réformes
37
b- Libéralisation financière
et économie réelle
39
SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE
ECONOMIQUE
42
I- Généralités sur la
croissance économique
42
A- Définition et mesure de la
croissance économique
42
1- Définition
42
2- Mesure de la croissance
économique
43
a- Le concept du PIB
43
b- Les indicateurs alternatifs au PIB
44
B- Les théories de la croissance
économique
45
1- Les théories de la croissance
exogène
45
a- Le modèle de croissance
Harrod-Domar
45
b- Le modèle de Solow
45
2- Les théories de la croissance
endogène
45
a- Croissance avec
recherche-développement
45
b- Croissance avec dépenses
publiques.
46
c- Capital humain et croissance
46
II- La croissance économique au
Cameroun
47
A- Généralités sur
l'économie camerounaise
47
B- Comportement de la croissance
économique au Cameroun
47
CHAPITRE 2 :
LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA
LITTERATURE
50
SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES
THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE
51
I- Les auteurs pionniers de la
libéralisation financière et leur prolongement
51
A- L'importance du secteur financier pour
l'économie réelle
51
B- La théorie de la
libéralisation financière de Mc Kinnon/Shaw
54
C- Les prolongements de l'analyse de Mc
Kinnon/Shaw
58
II- Les canaux d'action de la
libéralisation financière sur la croissance économique
60
A- L'impact de la libéralisation
financière à travers les canaux directs
60
B- Les canaux indirects d'impact de la
libéralisation financière sur la croissance économique
63
III- Les critiques à l'encontre de la
libéralisation financière
65
A- De la demande effective chez les
postkeynésiens à une vision alternative des taux
d'intérêt
65
B- Les néokeynésiens et le
rationnement du crédit
67
C- Les néo structuralistes et le
dualisme financier
68
SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS
LES FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES
72
I- Les leçons tirées des
premières expériences de la libéralisation
financière
73
A- La version totale de la
libéralisation financière en Amérique latine
73
1- Le cas du chili
73
2- Le cas du Mexique
74
B- La version partielle de la
libéralisation financière en Asie du Sud-Est
75
1- Le cas de la Corée du Sud
75
2- Le cas de Taiwan
76
II- Revue des travaux empiriques
76
A- Les études établissant un
lien positif
77
B- Les études établissant un
lien négatif
78
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
81
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
82
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
83
CHAPITRE 3 :
DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR
LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN
84
SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE
L'ETUDE
84
I- Spécification du modèle
84
1- Les différents modèles
85
2- Modèle adopté
88
II- Les variables
90
1- La variable dépendante
90
2- Les variables indépendantes
90
III- Sources de données
100
SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION
101
I- Tests préalables sur les
séries
101
1- Etude de la stationnarité des
variables
101
2- Test de cointégration des
séries
103
3- Mécanisme à correction
d'erreur
104
II- Méthode d'estimation du
modèle
105
CHAPITRE 4 :
ANALYSE DE L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
112
SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES
VARIABLES ET ESTIMATION DU MODELE
113
I- Résultats des tests de
stationnarité et de cointégration
113
A- Les tests de stationnarités des
variables du modèle
113
B- Analyse de la cointégration
115
1- Test de cointégration de
Johansen
115
a- Le test de la trace de Johansen
115
b- Le test de la valeur propre maximale
116
2- Test de stationnarité des
résidus
117
II- Résultats d'estimation du
modèle d'étude et test de spécification
119
A- Différents résultats de
spécification des modèles de long terme et de court terme
119
1- Résultats du modèle de long
terme
119
2- Résultats du modèle de
court terme
122
B- Tests de spécification, validation
du modèle
124
1- Validation économique du
modèle de long terme
124
2- Validation statistique du modèle
de long terme
124
3- Validation économétrique du
modèle de long terme
125
SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE
127
I- Interprétation des
résultats
127
A- Interprétation des
résultats du modèle de long terme
127
B- Interprétation des
résultats du modèle de court terme
135
II- Recommandation de politiques
économiques
137
A- En ce qui concerne le secteur financier
interne
138
1- Les banques doivent gagner en innovation
et en dynamisme
139
2- Mesures pour lutter contre le
sous-financement de l'économie
140
B- En ce qui concerne le compte de
capital
141
C- Recommandations pour une meilleure
croissance économique
142
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
145
CONCLUSION GENERALE
146
BIBLIOGRAPHIE
151
ANNEXES
160
TABLE DES MATIERES
184
* 1 GABILLON E. et J.C
ROCHET, « économie de la banque »,
touteconomie.org, consulté le 28 avril 2017
* 2Le contrôle des
capitaux s'illustre par l'imposition de restrictions sur les mouvements de
capitaux internationaux. Ce contrôle peut s'exécuter sous forme de
restrictions quantitatives et qualitatives. L'effectivité du
contrôle dépend du type et de l'acheminement des flux. Le type de
contrôle de capitaux généralement utilisé comprend
les interdictions indirectes, les dispositions du taux de change dualiste ou
multiple, les impôts sur les transactions financières
extérieures, les approbations discrétionnaires et les limites
quantitatives explicites. La limite quantitative pourrait affecter en
particulier les positions des actifs et passifs extérieurs des
institutions financières, notamment les banques. D'une façon
générale, les flux de capitaux peuvent être des
entrées ou des sorties ou les deux simultanément. La rigueur et
l'effectivité des restrictions sur les capitaux peuvent varier d'un pays
à un autre.
* 3 Pour un synoptique des
réformes, se réferer au tableau 3 en annexe
* 4Des ratios ont
été définis : ratio de liquidité (minimum de
100%), ratio de couverture des immobilisations (minimum 100 %), ratio de
transformation à long terme (minimum 50 %). La régulation du
secteur bancaire a conduit à l'instauration de l'obtention d'un
agreement avant tout exercice dans le secteur. De même afin de
protéger les banques grâce à la constitution d'une bonne
assise financière, le décret no 90/1470 du chef de l'Etat
camerounais a relevé le capital social minimum des banques de 300
millions à 1 milliards. Puis le règlement COBAC R-2009/01/
portant fixation du capital social minimum des établissements de
crédit, a fixé le capital social minimum des banques ayant leur
siège dans la CEMAC, à 10 milliards de FCFA.
* 5 L'instrument des taux
d'intérêt était principalement conçu comme un
soutien au développement des initiatives des entrepreneurs nationaux,
tout en tenant compte, mais de manière secondaire, de l'environnement
international
* 6En tant qu'instruments non
permanents, la BEAC n'y avait que très rarement recours. Ainsi
l'encadrement du crédit n'a été mis en oeuvre que dans le
cadre de programmes d'ajustement structurels soutenus par le Fonds
Monétaire International, et concernant l'instrument de réserves
non rémunérées garanti par les statuts (article 25), la
banque ne l'a utilisé qu'une seule fois, au Gabon notamment entre
1977-1979, afin de pénaliser les banques ayant dépassé les
limites de crédit imposées, ainsi que celles qui entretenaient
des avoirs injustifiés auprès de leurs correspondants
étrangers.
* 7 Il constitue avec le
comité ministériel, le conseil d'administration et les
comités monétaires et financiers nationaux, les organes de
décision de la BEAC.
* 8 Cf supra
* 9Le nombre de groupe de
pays est passé de deux à trois le 3 mars 2006. Le groupe 1 se
constitue maintenant de la Guinée Equatoriale dont le niveau de
surliquidité a dépassé le seuil satisfaisant. C'est la
zone rouge en quelque sorte. Le deuxième groupe se constitue du
Cameroun, du Congo et du Gabon, avec des niveaux de [sur]liquidité
jugés acceptables. Et enfin le Tchad, avec une liquidité fragile
forme le troisième groupe.
* 10 D'une manière
générale il s'agit des titres de rente, des obligations, des
actions, des parts des fondations et parts bénéficiaires, de tous
les titres susceptibles, de par leur nature, d'être cotés sur une
bourse des valeurs, ainsi que de tous les certificats représentatifs de
ces titres. Il s'agit également des coupons, des dividendes, des droits
de souscription et autres droits rattachés aux dites valeurs.
* 11 Cela peut provenir
par exemple de la contrainte imposée par la banque centrale aux banques
commerciales de se constituer des réserves obligatoires non
rémunérées, ou bien des variations positives des
opérations extérieures (Avom et Eyeffa, 2007).
* 12 L'année 2005 a
d'ailleurs été désignée comme année
internationale du microcrédit par les Etats Unis
* 13Discours de
réception du Prix Nobel à Stockholm, 11 décembre
1971
* 14Capul J-Y et Garnier O.
(2011), Dictionnaire d'économie et de sciences sociales,
Hatier,
* 15 Cet indicateur, indice
composite, synthétique combine trois critères : le PIB par
habitant, l'espérance de vie à la naissance et le niveau
d'instruction (taux de scolarisation et taux d'alphabétisation). Il
consiste à ramener des grandeurs disparates sur une échelle
allant de 0 à 1 puis à les additionner.
* 16 En 12 mois, de juin 1991
à juillet 1992, le gouvernement vend 18 banques mexicaines.
* 17 Pour une revue plus
profonde des travaux sur l'ouverture du compte de capital, voir tableau 5 en
annexe.
* 18 Pour Venet (1994, p
105), le relatif succès de la libéralisation financière en
Asie est dû au fait que « D'une part, la
libéralisation n'est intervenue que très tardivement, dans un
environnement économique intérieur stable. En fait, il s'agissait
plus de donner à l'économie réelle un secteur financier
digne de son niveau de développement que de permettre la croissance
économique grâce à un développement «ex
nihilo» du secteur financier. D'autre part, les deux pays ont choisi une
libéralisation partielle: ils ont privilégié la
libéralisation financière intérieure en interdisant les
entrées de capitaux étrangers qui auraient pu venir annuler les
effets positifs de la levée d'une partie des contraintes sur le secteur
financier. »
* 19Khalfaoui H.
« Libéralisation financière : impacts et
conditions de réussite. Un essai d'application pour les pays du
Maghreb », document disponible à l'adresse :
http://gdri.dreem.free.fr
* 20Khemakhem M.A (2011),
« Développement des systèmes financiers et croissance
économique: cas des pays en voie de développement »,
document disponible à l'adresse :http://ured-tn.com
* 21Dans la
littérature, il est fréquent de rencontrer le terme de
« test de stationnarité » qui relève
davantage d'un abus de langage car l'hypothèse nulle qui est
testée la plupart du temps est la présence d'une racine unitaire
et dont la non stationnarité de la série temporelle. C'est le cas
des tests Augmented Dickey-Fuller (ADF) et Phillips -Perron (PP). Dans la
catégorie des tests traditionnels, seul le test de Kwiatkowski,
Phillips, Schimdt et Shin (KPSS) a pour hypothèse nulle l'absence de
racine unitaire et donc la stationnarité de la série.
* 22 Après avoir
effectué le test de stationnarité en niveau sur cette variable
dans eviews 8, le logiciel n'a pas pu effectuer les tests en différence.
Pour contourner ce problème, nous y avons inclus le trend et
effectué le test ADF en 1ere différence pour stationnariser la
variable.
* 23 Granger a
proposé le concept de causalité en 1969 : Xt est
la cause de Yt si la prédictibilité de Yt
est améliorée lorsque l'information relative à
Xt est incorporée à l'analyse. Dire que Xt
cause Yt signifie seulement qu'il est préférable dde
prédire Yt en connaissant Xt que sans le
connaitre.
* 24 Le terme a
été forgé dans les années 1990 et a
été initialement associé à la fuite des capitaux.
Il s'agit maintenant de mouvements transfrontaliers de capitaux. Les flux
financiers illicites sont constitués de trois sources : les
transactions commerciales, y compris l'évasion fiscale, et/ou
l'évitement fiscal par le biais de la fixation de transfert abusive et
des pratiques de falsification de prix ; les activités criminelles
telles que la traite et la contrebande de personnes, de drogues et d'armes,
ainsi que la fraude dans le secteur financier, comme les prêts non
autorisés ou non garantis, le blanchiment d'argent, la manipulation du
marché boursier ; la corruption et le vol de fonds publics
impliquant généralement des pots de vin et des abus de fonction
publique
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