WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SOMMAIRE

SOMMAIRE Erreur ! Signet non défini.

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

LISTE DES TABLEAUX vi

LISTE DES FIGURES vii

RESUME 1

INTRODUCTION GENERALE 2

PREMIERE PARTIE : LA THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE 13

CHAPITRE 1 : CONCEPTS DE LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE 15

SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION FINANCIERE 16

SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE ECONOMIQUE 42

CHAPITRE 2 : LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE 50

SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE 51

SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS LES FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES 72

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 82

CHAPITRE 3 : DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 84

SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE L'ETUDE 84

SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION 101

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 112

SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES VARIABLES ET ESTIMATION DU MODELE 113

SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE 127

CONCLUSION GENERALE 146

BIBLIOGRAPHIE 151

ANNEXES 160

TABLE DES MATIERES 184

DEDICACE

A la mémoire de ma petite soeur DOUII Angèle!

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail qui marque la fin de mon parcours universitaire, je tiens à traduire ma gratitude et ma reconnaissance :

-A l'Eternel Dieu Tout-Puissant pour l'intelligence et la santé qu'il m'a procurées, depuis mes premiers pas à l'école jusqu'à ce niveau d'études. Je bénis particulièrement le Seigneur pour ce parcours universitaire exemplaire, qui me donne l'occasion de témoigner de son infinie bonté et de son immense grandeur ;

-A mes parents pour leur soutien multiforme et inconditionnel ;

-A tout le corps enseignant pour la disponibilité, l'accessibilité, la grande conscience et l'éthique professionnelles qui les caractérisent. Je salue au passage l'administration de la Faculté pour la rigueur et l'efficacité avec lesquelles la faculté est managée au fil des ans au grand bénéfice des étudiants ;

-A mon encadreur, le Dr Joseph DJAOWE, pour sa disponibilité et sa rigueur ;

-A notre coordonnateur et chef de département, le Dr Charles Alain BITA, pour tous les efforts déployés pour nous assurer une formation dans les délais et les conditions appropriées.

-Je ne remercierai jamais assez mon oncle OUMAROU Paul et son épouse Germaine ASTADJOUMBA pour l'accueil et l'hospitalité qu'ils m'ont réservés à mon arrivée à l'Université de N'Gaoundéré, et durant tout le temps passé chez eux. Que Dieu les bénisse, eux ainsi que leurs enfants!

-A mon frère et grand ami BONE MBANG SODEA Jean Louis pour son soutien ;

-A mes grands-parents maternels et à ma grand-mère paternelle pour le souci et l'inquiétude manifestés à mon endroit durant tout mon parcours universitaire.

-Enfin à tous ceux qui de près ou de loin ont apporté une contribution de quelque nature que ce soit pour le bon déroulement et la réussite de ma formation.

SIGLES ET ABREVIATIONS

AREAER : Annual Report on Exchange Arrangements and Exchange Restrictions

BBC : Boston Bank Cameroon

BCC : Bank of Credit and Commerce

BCCC :Bank of crédit and commerce Cameroon

BCD : Banque Camerounaise de Développement

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BIAO : Banque Internationale d'Afrique de l'Ouest

BICEC :Banque internationale pour le Commerce et l'Epargne du Cameroun

BICIC : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun

BMBC : BIAO-Meridien Bank Cameroon

CAC : Crédit Agricole du Cameroun

CAMBANK : Cameroon Bank Limited

CBC : Commercial Bank of Cameroon

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale

CNC : Conseil National de Crédit

COBAC : Commission Bancaire d'Afrique Centrale

EMF : Etablissements de Microfinance

FIB : First Investment Bank

FMI : Fonds Monétaire International

FOGAPE : Fonds d'aide et de Garantie des crédits aux PME

FONADER : Fonds National de Développement Rural

IBAC : International Bank of Africa Cameroon

IDE : Investissement Direct Etranger

MCO : Moindres Carrés Ordinaires

NFC : National Financial Credit

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et Moyennes Entreprises

SCB : Société Camerounaise des Banques

SCBC : Standard and Chartered Bank Cameroon

SGBC : Société Générale de Banque Cameroun

TCM : Taux Créditeur Minimum

TDM : Taux Débiteur Maximum

UBA : United Bank of Africa

VAR : Vector Autoregressive

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Dépôts de l'Administration centrale dans les banques commerciales 3

Tableau 2 : Créances de l'Administration centrale dans les banques commerciales (en milliards de FCFA) 23

Tableau 3: Evolution des crédits bruts à l'économie et des montants de créances douteuses 24

Tableau 4 : Volume de financement accordé à la réalisation des projets locaux 25

Tableau 5: Evolution en pourcentage des TCM et TDM en fin de période 31

Tableau 6: Coefficients des réserves obligatoires appliqués au Cameroun 35

Tableau 7: Evolution des dépôts dans les banques commerciales (en milliards FCFA) 38

Tableau 8 : Ratio de liquidité des banques camerounaises (en %) 40

Tableau 9 : Crédits privés en pourcentage du PIB, 1980-1991 40

Tableau 10 : Crédits privés en pourcentage du PIB, 1992-2011 40

Tableau 11 : Récapitulatif des caractéristiques du modèle 100

Tableau 12: Résultats des tests de stationnarité des variables 114

Tableau 13: Ordre d'intégration des différentes variables 114

Tableau 14: Résultats du test de la trace 116

Tableau 15: Résultats du test de la valeur propre maximale 117

Tableau 16: Résultats du test de stationnarité des résidus 118

Tableau 17: Résultats du modèle de long terme 120

Tableau 18 : Résultats du modèle de court terme 122

Tableau 19 : Test d'autocorrélation des résidus de Breusch-Godfrey LM Test 125

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Evolution des crédits bancaires à l'économie (en millions de FCFA) 3

Figure 2 : Evolution du taux de croissance du PIB, 1980-2015 48

Figure 3 : Les effets de la répression financière sur l'épargne et l'investissement 57

Figure 4 : Les canaux de transmission de la libéralisation financière vers la croissance économique 64

Figure 5 : Asymétrie d'information et rendement espérée de la banque 68

Figure 6 : Les effets d'une augmentation du taux réel sur les dépôts à terme 71

Figure 7 : Evolution du PIB par tête au Cameroun, unité de devises locales constantes, 1990-2015 90

Figure 8 : Evolution du ratio masse monétaire/PIB (M2), 1990-2015 92

Figure 9 : Evolution du ratio crédits privés/PIB (CP), 1990-2015 93

Figure 10 : Evolution de l'indicateur KAOPEN de l'ouverture du compte de capital pour le Cameroun 94

Figure 11 : Evolution de l'ouverture commerciale du Cameroun (CO) 95

Figure 12 : Evolution des dépenses publiques en pourcentage du PIB (DPU) 96

Figure 13 : Evolution du taux brut d'inscription secondaire au Cameroun (SCO) 97

Figure 14 : Evolution du taux d'inflation au Cameroun selon l'indice des prix à la consommation (TINF) 98

Figure 15 : Evolution du taux de croissance de la population camerounaise (POP) 99

Figure 16 : Evolution du PIB et de ses variables explicatives 121

Figure 17 : Représentation du modèle à correction d'erreur 123

Figure 18 : Test de stabilité de CUSUM 127

Figure 19 : Evolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA) 128

RESUME

Ce travail a pour finalité de détecter l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun. Théorisée au début des années 70, la libéralisation financière qui se situe aux antipodes de la répression financière, était présentée comme une voie de sortie efficace au sous-développement des pays sous-développés au secteur financier particulièrement réprimé.Elle fut implémentée au Cameroun au début des années 1990. En utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) en séries temporelles sur la période 1990-2015, il en ressort que la libéralisation du secteur bancaire exerce une influence positive et significative sur la croissance économique, tandis que la libéralisation du compte de capital a influence négative sur la croissance économique.

Mots clés : libéralisation financière, compte de capital, crise bancaire, croissance économique, répression financière.

ABSTRACT

The aim of this study is to detect the effect of financial liberalization on economic growth in Cameroon. Financial liberalization which is the opposite of financial repression, appeared as the adequate way that could lead under developped countries caracterised by repressed financial sector, to development. Financial liberalization has been implemented in Cameroon since 1990. Therefore using the ordinary least squares (OLS) method in time series on the period 1990-2015, we discovered that banking sector liberalization positvely contribute to the economic growth, while capital account liberalization has a negative effect on economic growth in Cameroon.

Keys words : financial liberalization, capital account, banking crisis, economic growth, financial repression

INTRODUCTION GENERALE

CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

Les années 70-80 sont marquées par une vague impressionnante de crises bancaires et financières. Ces crises trouvent leur origine dans la dégradation de la situation économique internationale frappée par les chocs et contre-chocs énergétiques (Avom et Eyeffa, 2007). Gamra et Plihon (2007) affirment que la hausse du prix du pétrole a amplifié la hausse des prix, contraignant la Federal reserve -la banque centrale américaine- à augmenter les taux d'intérêt américains en 1979 pour répondre à cette montée des prix. Ainsi les économies dont le taux de croissance était inférieur aux taux d'intérêt se trouvèrent dans l'incapacité d'honorer leurs engagements. Mais ces crises étaient surtout l'oeuvre de la « répression financière » que subissait le secteur bancaire. Lindgren et al. (1996) estiment qu'environ 131 pays membres du Fonds Monétaire International (F.M.I) avaient connu des problèmes sérieux entre 1980 et 1995. La perte cumulée due à ces crises est considérable. Une étude du FMI évalue le coût moyen par pays de chacune de ces crises à environ 12% du Produit Intérieur Brut (PIB) annuel. Ce chiffre a d'ailleurs été largement dépassé dans les crises de la fin des années 1990 dans les pays tels que l'Argentine, l'Indonésie, la Corée du sud et la Malaisie dont le coût est évalué à 40% du PIB1(*). C'est alors que ces pays vont engager, dès les années 70, un processus de libéralisation financière, les pays d'Amérique latine et d'Asie du sud-Est notamment. La libéralisation financière trouve sa justification théorique dans les idées de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973). Pour ces auteurs, elle est un moyen efficace pour les pays en développement d'atteindre une bonne croissance économique en passant d'une économie financièrement réprimée -cause de leur retard économique- à une économie libéralisée, c'est-à-dire émancipée de toutes les contraintes étatiques et institutionnelles. Ces idées séduisent par la simplicité de leur mise en oeuvre et reçoivent un écho favorable auprès de ces pays et aussi auprès des organisations internationales comme le FMI et la banque mondiale. Cette dernière, dans son rapport de 1989 va encourager les pays en développement à la libéralisation financière, et l'imposera même comme condition aux pays sous ajustement structurel.

Au Cameroun, le secteur bancaire est durement atteint au cours des années 80. Les causes sont presque les mêmes que dans les autres pays : dégradation de l'environnement macroéconomique, et répression financière. Ainsi après une période d'euphorie économique marquée par l'exploitation des premiers gisements pétroliers et le choix des politiques agricoles ambitieuses (Tchamanbe et Tamba, 1995), le pays doit faire face à la dégradation de la situation économique du fait de la chute du prix du pétrole, la brutale détérioration des termes de l'échange sur la période 1985-1986 (Nembot et Ningaye, 2011). Il s'en est suivi une baisse de ses recettes d'exportation qui ont par la suite asséché ses finances publiques. L'Etat n'a plus été en mesure de payer ses arriérés au secteur bancaire ni à ses autres créanciers, eux aussi endettés auprès du secteur bancaire. Mais cette crise bancaire était surtout due à une répression financière « sévère » à l'égard du secteur bancaire. La répression est un ensemble d'intervention de l'Etat qui vise à limiter la liberté de mouvement du secteur financier (Avom et Eyeffa, 2007). L'Etat camerounais s'est donc adonné à un dirigisme exacerbé, des restrictions institutionnelles considérables qui auront été fatales pour les banques. Elles étaient contraintes à la fixation des taux d'intérêt en dessous du niveau d'équilibre. Plus grave, l'Etat intervenait dans la gestion des banques à travers la nomination de certains des responsables, qui conformément aux statuts devaient être des nationaux. L'ordonnance du 30 août 1973 complétée par celle n° 85/002 du 31 août 1985 relative àl'exercice de l'activité bancaire, en son article 5, spécifie clairement que « la structure du capital social des banques doit faire apparaître la présence des intérêts publics qui ne peuvent être inférieurs au tiers des actions souscrites ». Cette obligation faite aux banques d'accorder une place prépondérante à l'État dans leur capital social, va se traduire par sa forte représentation dans le conseil d'administration et un droit de regard sur leur direction. Ces dirigeants ainsi placés vont se lancer à la prise de risque en accordant des prêts mal avisés, orientés vers les cadres de la fonction publique, des prêts en blanc, c'est-à-dire sans contrepartie. Les créances douteuses et irrécouvrables se sont accrues, et le tout dans un environnement de faible réglementation prudentielle (Tchakounte et Bita, 2009). Cette répression trouve son fondement dans les théories keynésiennes de l'interventionnisme étatique. Il s'agissait en particulier pour l'Etat camerounais de compenser la perte du contrôle de la politique monétaire, notamment la politique de change (Avom et Eyeffa, 2007). C'est pourquoi les banques devaient financer en priorité les projets gouvernementaux peu rentables. La crise était donc inéluctable. Celle-ci aura gravement modifié le paysage bancaire, obligeant l'Etat à libéraliser le système bancaire fortement atteint.

L'Etat camerounais a donc procédé dans les années 90 à la libéralisation financière. Cette libéralisation financière poursuivait du reste deux objectifs : reconstruire le paysage bancaire gravement paralysé et bouleversé d'une part, et d'autre part lui permettre ainsi de mieux contribuer à la croissance économique. Car au moment de la grave crise bancaire le Cameroun traverse en même temps une situation économique difficile. Le prix des principaux produits d'exportation (cacao, café, pétrole...) chute sur le marché international, dégradant ses termes de l'échange et entrainant la baisse de ses revenus d'exportation. Le taux de croissance baisse. De 1987 à 1993 il est négatif. Quittant de -2,14% en 1987, le taux de croissance du PIB va descendra jusqu'à -7,93% en 1993. Pourtant pendant la décennie 70 et au début des années 80, le Cameroun a une économie prospère, au taux de croissance élogieux. Sous l'impulsion du FMI dont le pays était en phase d'ajustement structurel, le Cameroun va procéder à une restructuration du système bancaire, par une série de réformes ayant abouti à la libéralisation du secteur bancaire (libéralisation financière interne) et à une certaine ouverture du compte de capital.

Or la vague de libéralisation financière qui s'est imposée à certains pays dans un contexte de redémarrer la croissance économique et minimiser les risques inhérents de la finance s'est souvent accompagnée par d'autres crises bancaires et des perturbations financières qui se sont répercutées sur l'économie réelle (Mexique, Argentine...). Nous nous sommes donc intéressés aux contours de cette libéralisation financière opérée au Cameroun en cherchant à détecter ses effets sur la croissance économique tels qu'exposés par Mc kinnon (1973) et Shaw (1973). D'où notre thème : libéralisation financière et croissance économique au Cameroun.

La littérature sur la libéralisation financière faisant de celle-ci le moyen d'atteindre une croissance économique stable et durable des pays en développement, on se demandera si la libéralisation financière effectuée au Cameron influence positivement la croissance économique.

De façon plus précise :

- Quel est l'effet de la libéralisation financière interne sur la croissance économique au Cameroun ?

- Quel est l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun ?

REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Le concept de libéralisation financière apparait dans les années 70. La libéralisation financière se situe aux antipodes de la répression financière. Mc kinnon (1973) et Shaw (1973), les auteurs pionniers, prônent un développement économique axé sur la libéralisation financière. Celle-ci consiste à rendre le secteur financier et notamment bancaire plus libre en l'affranchissant des contraintes institutionnelles et du dirigisme Etatique. Pour ces auteurs, les économies financièrement réprimées gagneraient à être libéralisées. La libéralisation devrait permettre aux pays en développement d'atteindre une croissance stable et durable. Le mécanisme est simple. Les taux d'intérêt créditeur sur les dépôts doivent être relevés. Ceci incitera les ménages à épargner. L'épargne va s'accumuler et aura un effet incitatif sur l'investissement qui va impacter à son tour positivement la croissance économique. Mc kinnon préconise de laisser le taux d'intérêt se déterminer librement par le marché, à travers la loi de l'offre et de la demande. La libéralisation financière consiste également à supprimer les réserves obligatoires imposées aux banques, la libre entrée et la libre concurrence bancaire. Il s'agit donc de mesures libérales.

Mc kinnon (1973) raisonne en terme d'économie caractérisée par l'absence de marché financier organisé, marquée par l'autofinancement, sans qu'il soit nécessaire de distinguer épargnants (ménages) et investisseurs (entreprises). Ces derniers ne peuvent se prêter et s'emprunter entre eux, et tout investissement est autofinancé par une accumulation préalable de l'épargne. La monnaie est externe. Du fait de l'absence du financement intermédié, les banques se bornent à collecter et à rémunérer les dépôts de leurs clients. Mc kinnon ne nous dit cependant pas comment les banques font pour rémunérer les dépôts qu'elles reçoivent en l'absence d'une activité de prêt (Venet, 1994).

Pour sa part, Shaw (1973) se situe dans le cadre d'une économie marquée par un certain niveau de développement financier. Le financement intermédié est avancé. Dans ce cas, la hausse des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires inciterait les agents à accroitre leur épargne élargissant par-là la capacité de prêt des banques avec une action positive sur l'investissement.

A la suite de Mc kinnon et Shaw, de nombreux auteurs ont développé et étendu leur analyse. Kapur (1976) préconise l'augmentation du taux d'intérêt sur les dépôts bancaires, et de maintenir fixe le taux de croissance de la masse monétaire. Ce qui permet de réduire l'inflation grâce à une diminution de la demande de monnaie et favorise l'épargne.

Volger et Buser (1976)voient dans la répression financière la variabilité croissante des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires et/ou l'inflation. Ainsi la libéralisation financière peut prendre deux formes : une augmentation du rendement réel de la monnaie et une stabilisation du niveau de ces rendements réels qui mèneront à une baisse du risque attaché à la monnaie.

Galbis (1977)construit quant à lui un modèle à deux secteurs : un secteur traditionnel et un secteur moderne. Le rendement du capital est constant et faible dans le premier, et constant et mais élevé dans le second. La libéralisation financière aura pour effet d'accroitre la productivité moyenne de l'investissement dans l'économie en suscitant un déplacement de l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne.

Des études empiriques ont été menées pour appuyer la théorie sur la libéralisation financière. Dans ce sens, Fry (1982)trouve que la baisse de 1% du taux d'intérêt réel sur les dépôts en dessous du niveau d'équilibre du marché coute 0.5 point de croissance économique. A contrario Fry (1978) observe une propension à la croissance économique du fait de l'augmentation du taux d'intérêt pour 7 pays asiatiques. Les résultats de Khatkhate (1982) sur le Sri Lanka font apparaitre un secteur financier peu développé, une progression chancelante du PIB et une pression inflationniste élevée. De Melo et Tybout (1986) sur une étude en Uruguay trouvent un lien positif entre taux d'intérêt et investissement du fait de la libéralisation financière. L'étude de Levine (1997) sur 80 pays démontre une influence positive du développement financier sur le PIB réel par habitant ainsi que sur le taux de croissance du stock de capital par habitant et de la productivité. De son côté Athukorola (1998)constate un effet positif du taux d'intérêt sur toutes les formes d'épargne sur la période 1955-1995 en Inde. Yin (2014) trouve un gain économique positif de la libéralisation financière. L'augmentation de 1% du capital des banques étrangères installées en Chine accroit le PIB de 3.78%. Enfin Orji et al. (2015) montrent que la libéralisation financière et l'investissement privé ont un impact positif et significatif dur la croissance économique du Nigéria de 1981à 2012.

Tous ces développements aboutissent à la même conclusion : opter pour la libéralisation financière, favorable au développement financier, qui mènera les économies vers une meilleure croissance.

Cependant beaucoup d'auteurs ont critiqué et rejeté les thèses de Mc kinnon et Shaw. Les contradictions peuvent être regroupées en trois groupes.

Les postkeynésiens contredisent l'argument selon lequel l'investissement se ferait par accumulation de l'épargne.Pour eux l'augmentation du niveau de la demande est un préalable à l'investissement et la seule façon de relancer la croissance. Il est donc nécessaire que les taux d'intérêt servis sur les dépôts soient fixés à la baisse afin d'accroitre la préférence pour la liquidité des ménages. Cette préférence pour la liquidité va stimuler la consommation, c'est-à-dire va augmenter la demande et incitera les entreprises à investir davantage pour satisfaire cette demande. Le rôle de l'Etat demeure primordial. D'autre part la théorie de la libéralisation financière suppose une relation croissante entre taux d'intérêt et épargne. Or ce n'est que considérer l'effet de substitution qui implique que l'épargne s'accroit quand sa rémunération augmente. Il peut y avoir un effet revenu qui est le contraire du précédent et suppose une relation décroissante entre taux d'intérêt et épargne. L'effet total est donc ambigu, sauf à supposer comme le fait Mc kinnon que l'épargne initiale est tellement faible que l'augmentation de sa rémunération ne peut qu'avoir un effet positif sur celle-ci.

La libéralisation financière recommande de laisser le taux d'intérêt et plus généralement le marché de crédit se réguler lui-même en se prêtant au libre jeu de l'offre et de la demande, car c'est un marché parfait. Les néokeynésiens Stiglitz et Weiss (1981) puis Cho (1986) prenant cet argument à contre pieds font remarquer que le marché financier n'est pas aussi parfait. Il y existe des imperfections en raison de l'asymétrie d'information qui entraine des situations d'anti sélection et d'aléa moral. Les banques sont obligées de rationner l'accès au crédit, en augmentant le taux d'intérêt. Ce qui a pour conséquence de favoriser les mauvais emprunteurs. Les marchés de crédit ne sont pas ainsi des marchés ordinaires où l'achat et la livraison du bien coïncident, mais ils sont caractérisés par un échange d'actifs contre les promesses de remboursement dans le futur. Le risque y est donc inhérent. Ce qui empêche l'efficacité des reformes même sur les marchés les plus compétitifs.

Mc kinnon (1973) et Shaw (1973) voyaient dans la structure du système financier des pays en développement la cause de leur sous-développement. Les néo structuralistes mettent en exergue le dualisme financier existant entre finance formelle et finance informelle. La non prise en compte de la finance informelle empêcherait toute réforme d'être efficace. En effet la finance informelle est une caractéristique essentielle des pays en développement et joue un rôle déterminant dans l'allocation des ressources. Aussi, Taylor (1983) et Wijinbergen (1982) estiment que les réserves obligatoires effectuées par les banques commerciales constituent des fuites du système financier, et donc les banques ne peuvent pas allouer de manière aussi efficiente l'épargne que le marché financier informel, dans la mesure où ce dernier n'est pas soumis à des contraintes
de réserves.

Au plan empirique, Tswamuno et al. (2007), observent que la libéralisation du compte de capital via la bourse des valeurs et marché des obligations ne stimule pas la croissance économique en Afrique du sud, contrairement à la période pré libéralisation. Qazi et Shahida (2013), sur la période 1971 à 2007, trouvent que l'indice de libéralisation financière est positivement corrélé avec la croissance économique à court terme. Mais dans le long terme l'indice de libéralisation financière est statistiquement insignifiant et l'impact du taux d'intérêt réel sur l'économie est significativement négatif.

Les effets de la libéralisation financière sur la croissance économique sont donc mitigés dans la littérature empirique.

HYPOTHESES DE RECHERCHE

La libéralisation financière se décline en trois aspects (Kaminsky et Schmukler, 2002) : libéralisation du secteur financier interne qui désigne la libéralisation du secteur bancaire, libéralisation du compte de capital et libéralisation du marché boursier. Cependant compte tenu du caractère quasi inexistant du marché boursier camerounais, notre recherche se résumera à dégager les effets de la libéralisation financière interne et du compte de capital sur la croissance économique. A cet effet, ces deux différents aspects de la libéralisation financière sont censés agir, en théorie, sur la croissance économique à travers des canaux.

Ainsi selon Goldsmith (1969), King et Levine (1993), la libéralisation financière interne peut exercer un effet favorable sur la croissance économique à travers la stimulation du secteur financier domestique. En effet, l'implantation des banques étrangères (généralement des pays développés) vers les pays en développement et l'intensification de la concurrence entre elles peuvent exercer un effet positif sur le développement du secteur financier domestique, et in fine sur la croissance économique. C'est le fondement de notre première hypothèse:

H1 : « la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun»

La libéralisation du compte de capital pourrait stimuler la croissance directement à travers le partage du risque par la voie de l'épargne ainsi que la possibilité d'une meilleure diversification de risque et d'une plus grande harmonisation de la consommation. De plus, les entrées des Investissements Directs Etrangers (IDE) peuvent particulièrement fournir des retombéestechnologiques à travers le transfert de connaissances. Enfin la libéralisation des mouvements de capitaux constitue un signal fort pour les investisseurs. L'ouverture du compte de capital signale généralement l'adoption par les autorités d'une politique macroéconomique stable, et d'une politique économique future favorable à l'investissement, qui pourra provoquer la croissance économique. C'est la base de notre deuxième hypothèse:

H2 : « La libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique au Cameroun»

OBJECTIFS DE RECHERCHE

Notre recherche vise de manière générale à mettre en relief l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun. A cet effet notre objectif général sera réalisé en deux étapes qui constituent nos objectifs spécifiques :

- Evaluer l'effet de la libéralisation financière interne sur la croissance économique au Cameroun

- Evaluer l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun.

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Notre recherche a pour but de déceler l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun sur la période 1990-2015. Pour cela elle adoptera une démarche hypothético-déductive fondée sur les tests d'hypothèse. L'estimation se fera à l'aide d'un seul modèle, par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) en séries temporelles. Les données de l'étude seront principalement collectées des `statistiques du Cameroun' de la Banque mondiale, annuaire 2016.

INTERET DE LA RECHERCHE

Notre recherche permettra de comprendre le contexte d'application de la libéralisation financière. En particulier elle replongera dans une analyse de la crise bancaire des années 80, conséquence de la répression financière et facteur d'implémentation de la libéralisation financière au Cameroun. Elle élucidera clairement les contours de la libéralisation financière au Cameroun. Cette recherche a également un autre intérêt, celui d'être un support, une source supplémentaire face à la rareté des écrits traitant de la libéralisation financière au Cameroun, et notamment de son influence sur la croissance économique, alors même qu'il existe une pléthore de travaux académiques et d'articles scientifiques et de colloques sur le même thème en ce qui concerne les pays émergents, et en particulier les pays d'Asie, du moyen orient, du Maghreb et d'Afrique subsaharienne (Afrique du sud, Nigéria, Ghana, Côte d'ivoire etc.). la quasi-totalité des travaux dans ce domaine s'intéressent plus à la restructuration bancaire. Quand bien même ils se penchent sur la libéralisation financière, c'est en la mettant en relation avec d'autres concepts bancaires comme les risques, la réglementation prudentielle, la performance bancaire etc. Pourtant la libéralisation financière a été originellement mise en relation avec la croissance économique. C'est pourquoi 27 ans après son implémentation, il est peut-être temps de faire une évaluation de son influence sur la croissance économique.

PLAN DE REDACTION

Ce travail adopte un plan composé de deux parties, chacune contenant deux chapitres. La première partie considérée comme théorique tente d'appréhender la signification des concepts de libéralisation financière et de croissance économique et la relation théorique qui les lie. Le chapitre 1 est consacré à l'analyse conceptuelle de la libéralisation financière et de la croissance économique, et à une analyse de l'implémentation de la libéralisation financière au Cameroun. Le chapitre 2 se veut une revue de la littérature théorique et empirique. Dans la deuxième partie, il est question d'évaluer empiriquement l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun. A cet effet, le chapitre 3 permet d'exposer la méthodologie de l'étude, notamment le modèle, les variables, les données et la méthode d'estimation. Au quatrième chapitre nous interprétons les résultats et formulons les recommandations y afférentes.

PREMIERE PARTIE : LA THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

La théorie de la libéralisation financière apparait dans les années 70 en réponse à la politique de répression financière mise en oeuvre dans la plupart des pays sous-développés. Elle est pensée et élaborée par deux auteurs, et de façon parallèle, Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973). La préoccupation de ces deux auteurs est de voir muter la finance vers un fonctionnement libéral. En effet depuis le succès des idées keynésiennes vers les années 30, idées qui placent l'Etat à la base de l'impulsion économique et fait de ce dernier le pionnier de la relance de l'activité économique, la finance est réduite à un simple instrument d'accompagnement de l'action de l'Etat. Elle est depuis lors en proie à de multiples règles, contraintes et restrictions institutionnelles et sectorielles imposées par l'Etat dont la conséquence est la réduction de la marge de manoeuvre des acteurs du domaine. Pour Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), cette situation n'est pas de nature à favoriser l'essor du secteur financier, et explique en partie le sous-développement des pays du tiers monde. Pour cela l'émancipation du secteur financier du dirigisme étatique lui permettra non seulement de fonctionner de manière plus efficace, mais aussi, et ce faisant, de contribuer significativement à la croissance économique. Par quel mécanisme théorique ce schéma est-il possible ? C'est le contenu de cette première partie qui, au chapitre 1 appréhende le concept de libéralisation financière et celui de croissance économique, et met en évidence le lien entre ces deux notions au deuxième chapitre.

CHAPITRE 1 : CONCEPTS DE LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

Le rôle de la finance dans l'activité économique est resté longtemps ignoré dans les modèles de croissance. En effet, les théoriciens keynésiens, pour qui les phénomènes monétaires et financiers sont déterminants dans l'explication du niveau d'activité, ne s'intéressent traditionnellement pas à la croissance (phénomène de long terme), mais au développement de modèles de court terme (modèle harrod-Domar) (Aka, 2005). C'est dans cet esprit que s'inscrit le constat décevant de Goldsmith (1969) : « les finances sont les parents pauvres de l'analyse économique ». L'aspect financier du développement est parfois négligé parce que, pour Gurley et Shaw (1955), le développement économique fait souvent référence aux questions relatives au bien-être, au travail, à la production et au revenu. Ces auteurs considèrent que la phase du développement économique se caractérise dans un premier temps par une augmentation des actifs financiers beaucoup plus rapide que celle de la richesse ou de la production nationale. De ce fait, le secteur financier doit être privilégié aux dépens du bien-être, du travail, de la production et du revenu et de toute autre variable relevant du secteur réel. Le système financier constitue donc le poumon même de l'activité économique. Pourtant le système financier a longtemps été réprimé. Jusque dans les années 70 la plupart des pays imposaient des restrictions importantes au secteur bancaire, au marché financier et au compte de capital. La grande majorité de ces pays étaient des pays en développement. Ce qui amena Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) à voir dans le sous-développement de ces pays la conséquence de la répression financière. C'est alors qu'ils vont théoriser la libéralisation financière comme remède à ce sous-développement.

Dans ce chapitre nous procédons à une analyse conceptuelle de la libéralisation financière (section1), de la croissance économique (section 2), et à la mise en évidence des contours de la libéralisation financière au Cameroun.

SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION FINANCIERE

Dans cette section il sera question de définir la libéralisation financière et de fournir les différentes mesures élaborées (I) et d'analyser son implémentation au Cameroun (II).

I- Définition et mesure de la libéralisation financière

A- Définition

D'un point de vue théorique, le concept de libéralisation financière apparaît au début des années 70 et trouve son origine dans les écrits de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), (Venet, 1994). Il fait suite au constat décevant fait par ces deux auteurs de la très grande répression à l'encontre des systèmes financiers des pays en voie de développement.

Le corpus théorique de l'argumentaire de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) peut se résumer ainsi : dans une économie financièrement réprimée marquée par la fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur valeur d'équilibre, la constitution des réserves obligatoires, on assiste à une réduction de l'épargne, causée par la baisse des dépôts bancaires ; un niveau d'investissement sous-optimal et une détérioration de la qualité de l'investissement réalisé, conséquence du financement obligatoire par les banques des projets gouvernementaux peu rentables (production agricole....). Ainsi la libéralisation financière, à travers le relèvement des taux d'intérêt sur les dépôts aura pour effet de stimuler l'épargne et favoriser la croissance de l'investissement. Parallèlement l'intermédiation bancaire serait meilleure avec un accès facilité des emprunteurs aux fonds disponibles, une réduction des frais entre prêteurs et emprunteurs grâce à la réalisation des économies d'échelle, et une meilleure diversification du risque (Venet, 1994).

La libéralisation financière peut alors être définie comme « un processus de démantèlement de toute forme de contrôle réglementaire quantitatif ou qualitatif à caractère restrictif imposé par l'État sur les structures institutionnelles, les instruments et les activités des agents sur différents segments du secteur financier, non seulement au niveau interne mais aussi à l'échelle internationale » (Boyer et al. 2004). Un système financier libéralisé se caractérise par un triple mouvement de libéralisation du secteur financier interne, d'ouverture des marchés financiers et du compte de capital (Kaminsky et Schmukler, 2002).

La libéralisation du secteur interne, qui concerne essentiellement le secteur bancaire, comprend la libéralisation des taux d'intérêt débiteurs et créditeurs, et des crédits, la réduction ou la suppression des réserves obligatoires, et les mesures destinées à renforcer la concurrence :

- La libéralisation des taux d'intérêt englobe l'élimination du contrôle, de la fixation et du plafonnement des taux d'intérêt débiteurs et créditeurs.

- La libéralisation des crédits : Elle signifie l'élimination du contrôle, de l'orientation vers les secteurs prioritaires, du plafonnement des crédits pour d'autres secteurs et la réduction ou la suppression des réserves obligatoires.

- La libéralisation du secteur bancaire : Elle englobe la suppression des limites à
l'installation et à la participation des banques domestiques et étrangères, des restrictions liées à la spécialisation des banques et à l'établissement de banques universelles ;

L'ouverture des marchés financiers englobe la suppression des restrictions sur les titres pour les résidents et les étrangers, le rapatriement du capital, des intérêts et des dividendes ;

La libéralisation du compte de capital2(*) :la réduction ou l'élimination des restrictions ou du contrôle sur les transactions du compte en capital est définie comme la libéralisation du compte de capital.Elle comprend l'abandon du contrôle sur les emprunts étrangers, les flux de capitaux étrangers et les opérations de change.Le compte de capital est une composante de la balance des paiements qui enregistre les transactions d'acquisition de biens entre les résidants et les non résidants d'unpays donné. Elle garantit une source d'informations sur les différents flux financiers tels que l'investissement direct étranger (IDE), le portefeuille des investissements (y compris les investissements en fonds propres) et les prêts bancaires

B- La mesure de la libéralisation financière

La libéralisation financière n'est pas une notion facilement mesurable, car il est difficile de la quantifier. Cependant Plusieurs index ont été construits pour tenter de la mesurer. Il serait impossible de tous les recenser. Nous allons nous limiter à présenter les plus connus.

Gamra et Plihon (2007), puis Gamra et Clévenot (2008) construisent un index de libéralisation financière qui prend en compte les trois secteurs (secteur financier interne, marchés financiers et compte de capital). Pour chaque secteur ils identifient trois régimes : parfaitement libéralisé, partiellement libéralisé, et réprimé. Un système financier est considéré comme parfaitement libéralisé si les trois secteurs sont parfaitement libéralisés. Et il est considéré comme partiellement libéralisé, si au moins un secteur n'est que partiellement libéralisé (voir tableau 1 en annexe). Les variables de la libéralisation financière prennent la valeur 2 lorsque la libéralisation financière est totale, 0 en situation de répression financière et une valeur comprise entre 0 et 2 en situation de libéralisation partielle. Reprenant la méthodologie de Kaminsky et Schmukler (2002), Gamra et Clévenot (2008) écrivent l'indice de libéralisation financière comme une somme pondérée de l'indice de libéralisation des trois secteurs (libéralisation du secteur financier interne (LSFI), des marchés financiers (LMF), et du compte de capital (LCC)). L'indice de libéralisation financière (LF) est donc :

LF= 1/3*LSFI + 1/3*LMF + 1/3*LCC

Abiad et Mody (2005)ont utilisé six mesures du caractère répressif du système financier, agrégées en rythme annuel, afin de saisir les différentes dimensions de la
réforme financière :


· Contrôles sur le crédit, comme la canalisation du crédit vers les
industries ou secteurs favorisés, et coefficients de réserves obligatoires excessivement élevés.


· Contrôles sur les taux d'intérêt, que les taux soient fixés par
l'État ou soumis à des planchers, à des plafonds ou à des marges de fluctuation.


· Barrières à l'entrée sur le marché, telles que l'agrément obligatoire, la limitation de la participation des banques étrangères et les restrictions relatives à la spécialisation des banques ou à l'établissement de banques universelles.


· Réglementations régissant les sociétés financières -comme les restrictions portant sur l'embauche de personnel, l'ouverture d'agences et la publicité- et l'établissement de marchés de valeurs.


· Domination de sociétés d'État dans le secteur financier.


· Restrictions aux transactions financières internationales, notamment la non-convertibilité de la monnaie et l'emploi de taux de change multiples.

Dans chacune de ces catégories, ils attribuent une note les : 0 = répression totale, 1 = répression partielle, 2 = large libéralisation, et 3 = libéralisation totale.

Concernant la mesure de la libéralisation du compte de capital, on distingue deux catégories de mesures de l'ouverture du compte de capital : les mesures formelles ou de jure qui reflètent l'existence de barrières légales au mouvement international de capitaux et les mesures en volume ou de facto qui quantifient les flux actuels et les stocks de capitaux étrangers. Les indices de jure se basent le plus souvent sur les informations extraites du rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change « AREAER » publié chaque année par le FMI (Lajili, 2015).

On distingue, en ce qui concerne les indices de jure, la variable AREAER (Annual Report on Exchange Arrangements and Exchange Restrictions) du FMI. C'est une variable binaire indiquant le degré d'ouverture du compte de capital. Elle comprend six catégories. Elle prend la valeur 0 si le pays en question a au moins une restriction sur les transactions en compte de capital, et la valeur1 dans le cas contraire (aucune restriction). Ensuite la variable SHARE. C'est un ratio entre le nombre d'années sans contrôle sur les mouvements de capitaux, divisé par le nombre total d'années dans l'échantillon. Elle varie entre 0 et 1 et est construite à partir des données de l'AREAER. Ces deux variables sont de moins en moins utilisées dans la littérature empirique. Figure aussi dans cette catégorie de jure l'indice Quinn du nom de son auteur. Construit aussi à partir des données du « AREAER » sur les transactions concernant le compte de capital, il est disponible pour 94 pays pour la période 1950- 2004, par période de 5 ans. Il varie entre 0 et 4 selon un degré de restriction décroissant : 4 représente une économie totalement ouverte. On a aussi l'indice OPENNESS également basé sur les données de l'AREAER, qui est un indice allant de 0 à 14, avec une augmentation de 0.5 points. Enfin, l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) mesure l'ampleur de l'ouverture du compte de capital. Il se base sur les 4 principales catégories de restriction sur le compte extérieur contenues dans l'AREAER : la variable indiquant la présence d'un taux de change multiple; lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions courantes (degré de convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur l'utilisation d'une monnaie étrangère entre résidents); lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du compte de capital; et lavariable indiquant la présence de restrictions lors du rapatriement des bénéfices par les exportateurs. Cet indice est disponible pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015.

Les mesures de facto font principalement référence aux flux de capitaux (investissements directs étrangers et investissements de portefeuille) et aux stocks de capitaux (actifs et passifs étrangers), (Lajili, 2015). L'indicateurde Lane et Milesi-Ferretti (2007), principal indicateur de cette catégorie,résume les actifs et passifs étrangers de 178 pays entre 1970 et 2007. Il se construit comme la somme des actifs étrangers du pays i à l'instant t additionnée de la somme des engagements étrangers du pays i à l'instant t, le tout divisé par le Produit intérieur brut du pays i à l'instant t exprimé en dollar américain.

Cependant certains auteurs reconnaissent la difficulté de fournir un critère satisfaisant de mesure de la libéralisation financière. Celle-ci en effet est difficilement mesurable. C'est pourquoi dans leurs études ils contournent le problème en utilisant certainsindicateurs pour cerner la portée de la libéralisation financière. Ce faisant l'utilisation des  indicateurs comme la masse monétaire M2, les crédits privés, le taux d'intérêt, etc. tous rapportés au PIB, et souvent associés à l'utilisation des variables dummy ou dummies, qui sont des variables binaires prenant la valeur 0 avant lalibéralisation financière et la valeur 1 après (on considère ici qu'un système financier est soit réprimé, soit libéré, sans qu'il soit possible de donner le degré de libéralisation) est opérée.

II- De la répression financière a la libéralisation financière au Cameroun

Tout comme la plupart des pays sous-développés et des pays d'Afrique subsaharienne, le Cameroun pratiquait une sévère répression à l'égard de son système bancaire. Assise sur les idées keynésiennes de l'impulsion économique par l'action de l'Etat, la répression financière qui accordait très peu de liberté d'action aux banques, visait à faire de la finance un outil au service de la politique économique de l'Etat. Mais très vite cette façon de faire va montrer ses limites, avec le déclenchement des graves crises dans le système bancaire. Les crises étaient la conséquence d'une omniprésence de l'Etat dans le secteur financier qui s'est finalement révélée fatale, combinée à un cadre macroéconomique défavorisant. La nécessité de muter pour une vision libérale de la finance s'est imposée notamment avec le grand écho reçu par les exposés de Mc Kinnon et Shaw du début des années 70. C'est ainsi que le Cameroun, atteint par une sévère crise bancaire dans le milieu des années 80, entreprît sous l'égide du FMI, une vaste opération de réforme du système bancaire avec au bout l'émancipation des banques du dirigisme de l'Etat et le renforcement de la réglementation prudentielle. Les conditions de banque furent libéralisées, mais de quelle manière et pour quels résultats pour la stabilité bancaire ? Il sera question dans cette section de retracer la répression financière à l'origine de la crise bancaire (A), et d'analyser les contours de la libéralisation financière au Cameroun (B).

A- La crise bancaire des années 80 ou la conséquence de la répression financière

1- Les causes de la crise
a- Les causes institutionnelles : le dirigisme étatique

L'Etat a joué un rôle plus que déterminant dans la crise bancaire au Cameroun. Sa très forte présence dans ce secteur aura été asphyxiante et a noyé les activités des banques. L'Etat détenait des parts importantes de capital, s'impliquait dans la gestion des banques etc.

L'interventionnisme de l'Etat l'a conduit à privilégier ses stratégies au détriment des règles prudentielles.

Concernant sa participation au capital des banques, l'Etat était l'actionnaire principal. En 1973, l'Etat camerounais va entreprendre une réforme visant à permettre une plus grande part des intérêts publics dans le capital social des banques. L'ordonnance du 30 août 1973 complétée par celle no 85/002 du 31 août 1985 relative à l'exercice de l'activité bancaire, en son article 5, précise que : « la structure du capital social des banques doit faire apparaitre la présence des intérêts publics qui ne peuvent être inférieurs au tiers des actions souscrites. ». Ainsi en 1980, la part de l'Etat dans le capital social des banques, en dehors de la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) et de la Banque Unie de Crédit, atteignait les 67%. Jusqu'en juin 1992, sa part dans le capital social des banques commerciales est encore élevée, bien que plus faible par rapport aux années antérieures : 33%, contre 37% pour les banques étrangères. En plus l'Etat détient 75% des actions des établissements financiers et autres institutions financières. L'Etat était le principal pourvoyeur de fonds dans les banques commerciales.

Tableau 1: Dépôts de l'Administration centrale dans les banques commerciales

(En milliards de FCFA)

Années

1975

1976

1977

1978

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

Dépôts

9,4

29,3

34.2

44.0

66.9

76.2

173.8

158.1

127.5

138.5

143.7

Source : extrait d'Avom et Eyeffa (2007)

Les banques vont d'autre part concevoir la présence de l'Etat dans le capital social comme une garantie face à tout risque, ce qui les amènera à sous évaluer les défauts de remboursement de leurs débiteurs. En effet elles considéraient que l'Etat ne ferait pas faillite et donc qu'en cas de difficultés il interviendrait en tant que prêteur en dernier ressort via la banque centrale.

Tableau 2 : Créances de l'Administration centrale dans les banques commerciales (en milliards de FCFA)

Années

1975

1976

1977

1978

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

Montants

8.6

11.0

15.9

21.1

21.5

29.3

35.4

49.8

61.9

69.4

82.4

Source : extrait d'Avom et Eyeffa (2007)

Bénéficiant de ressources budgétaires abondantes et appréciant surtout la clientèle des entreprises publiques et parapubliques, les institutions bancaires se sont désintéressées de l'épargne privée qui représentait en moyenne 31 % de l'épargne nationale brute entre 1980 et 1985, alors que celle-ci aurait pu faire contrepoids à la diminution en volume des dépôts publics intervenue dès 1987.

De plus l'Etat décidait de la nomination des responsables des banques. Ces responsables, pour la plupart sans expérience ni connaissance du management bancaire vont se lancer dans des décisions contreproductives en octroyant des prêts mal avisés qui représentent en 1987 à peu près le quart du total des actifs des banques en activité (Tamba et Tchamanbe, 1995). En réalité il s'agissait des prêts « politiques » c'est-à-dire accordés à de personnalités importantes du régime (Avom et Eyeffa, 2007), à des hauts fonctionnaires et aux membres de la tribu (Nembot Ndeffo et Ningaye, 2011), et dont la probabilité de remboursement était quasi nulle. Donc les crédits octroyés n'étaient pas toujours remboursés. L'octroi des facilités des banques passent de 323 milliards en 1979 à 1081 milliards en 1989. Les créances douteuses sont passées de 5.6 milliards en 1980 à 38 milliards au plus fort de la crise. Au 30 juin 87 elles sont évaluées à 138.2 milliards, et en 1988 elles passent à 189.5 milliards, augmentant ainsi de 37.1%.

Tableau 3: Evolution des crédits bruts à l'économie et des montants de créances douteuses

Indicateurs

Structure du crédit brut (1)

Montant des créances douteuses des banques (1)

Proportion des créances douteuses

1980

805.2

23.3

5.6

1981

1057.5

35.3

6.3

1982

1276.1

42.8

6.3

1983

1525.5

51

6.3

1984

1780.9

69.6

8.6

1985

1984.2

123.7

14.1

1986

1986.9

107.7

10.9

1987

1993.4

154.1

15.2

1988

2048.8

212.3

20.7

1989

1611.8

333.7

30.7

1990

1428.5

256.7

34.1

(1)En milliards de FCFA

Source : extrait de Bita (2008), p 61

Le dirigisme étatique a donc entrainé la diminution des marges des banques, l'impossibilité de recouvrir les crédits octroyés et l'accomplissement des créances douteuses qui en 86 sont sept fois supérieurs au montant des provisions constituées.

b- Les carences en matière de gestion et de surveillance bancaire

Les banques ont pris des risques sans commune mesure, le tout dans un environnement de faible règlementation prudentielle, conséquence de la répression financière.

Les banques étaient victimes d'un encadrement de crédits qui étaient orientés vers les secteurs jugés prioritaires par l'Etat, beaucoup plus le secteur agricole. En fait l'Etat se servait du secteur bancaire comme instrument d'une politique économique interventionniste directement inspiré des recommandations keynésiennes. Les banques étaient obligées de réserver 20% de leurs encours de crédits aux petites et moyennes entreprises, considérés comme la base à la mise en place d'un tissu industriel important.

L'assujettissement du secteur bancaire aura été néfaste car l'allocation sectorielle des crédits vers les secteurs prioritaires n'aura pas donné les effets escomptés. En effet les crédits étaient accordés sans une étude sérieuse préalable, les risques étaient mal appréciés et la clientèle pas suivie, entrainant une accumulation des créances douteuses et litigieuses. Les projets financés étaient à rendement très risqué et à très faible durée d'immobilisation (Tchakounte et Bita, 2009). A cause des projets axés vers les produits de base (coton, cacao, café, élevage...) et le commerce de distribution, les banques ont opté pour un financement court au détriment du financement long. Par ailleurs la politique sélective des crédits visait à favoriser une élite d'entrepreneurs nationaux. Les crédits leur étaient octroyés à des taux d'intérêt administrativement fixés à des niveaux inférieurs à leur niveau d'équilibre, et parfois sans garanties en contrepartie des crédits octroyés. C'est ainsi que des projets fictifs s'y sont insérés, et ont pu bénéficier des financements bancaires. Le volume de financement accordé aux projets s'est accru d'environ 374.12% entre 1976 et 1977. La conséquence aura été la diminution du nombre et du rendement des investissements.

Tableau 4 : volume de financement accordé à la réalisation des projets locaux

Exercices

Nombre de dossiers

Montants des crédits

Montants garanties

1975/1976

3

12.500.000

10.000.000

1976/1977

37

486.911.110

362.404.655

1977/1978

30

433.884.000

339.006.600

1978/1979

49

403/741.573

309.743.358

1979/1980

40

1.147.649.050

684.628.200

1980/1981

48

1.052.437.400

366.860.175

1981/1982

29

542.303.819

ND

Source : rapport FOGAPE, conseil d'administration de 1984

L'accroissement des prêts improductifs a créé un effet d'éviction en rationnant les entreprises privées au profit des entreprises publiques, par la limitation de la marge de prêt que les banques pouvaient accorder aux nouveaux clients. Ainsi les industries de plus de vingt employés (85%) avaient besoin d'un crédit pour financer leurs investissement. 70% d'entre elles avaient des difficultés à l'obtenir. Les crédits à l'économie ont ainsi diminué de 27% en termes réels entre 1993 et 1994 et de 10% en 1995.

De l'autre côté, la réglementation prudentielle était peu appliquée, aucune règle sérieuse pouvant permettre de poursuivre les débiteurs indélicats n'avait cours car la surveillance et la sanction des banques dépendaient du ministère de l'économie et des finances (Tchakounte et Bita, 2009), et malheureusement l'Etat avait des intérêts dans la plupart des banques. Les banques spécialisées et les institutions financières non bancaires étaient sous la tutelle du ministre en charge des finances et de l'économie, à travers les comités monétaires nationaux qui en assurent en même temps le contrôle.

La générosité des conditions de banque, l'absence de garantie fiable en contrepartie des crédits octroyés, le non respects des ratios prudentiels, l'exacerbation du dirigisme étatique caractérisée par l'allocation politique et sectorielle des crédits, combinée à une conjoncture macroéconomique défavorable ont constitué autant de facteurs accumulés qui ont rendu la crise bancaire inéluctable.

c- La dégradation de l'environnement macroéconomique

Au cours de la décennie 70, le Cameroun connait une période de prospérité économique qui suscite la mise en oeuvre des politiques [agricoles] ambitieuses, du fait d'une amélioration constante des termes de l'échange. L'exploitation des premiers gisements pétroliers lui rapporte des recettes appréciables. Si bien que ces bonnes performances enregistrées par l'économie vont masquer la fragilité des établissements de crédit, car bien avant la crise de 80, le système bancaire camerounais était en proie à des difficultés de toute sorte (Tamba et Tchamanbe, 1995). A la fin des années 70 le Cameroun entre parmi les pays producteurs de pétrole. Sa production passe d'un million à sept millions de tonnes entre 78-85. Cependant un évènement d'envergure mondiale va survenir au cours de la décennie 80 qui aura des répercussions dans les économies des pays exportateurs de pétrole : le contre choc pétrolier. Le contre-choc pétrolier est ainsi appelé car il fait suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979.

Ainsi la situation économique va progressivement se dégrader. A partir de 1986, la production pétrolière chute de sept millions de tonnes à cinq millions de tonnes en 1995. Le pétrole qui pesait jusqu'à 20% dans le PIB au début de la décennie 80, ne va peser plus que 5.6% sur la période 98/99. La chute du prix du pétrole a entrainé une baisse considérable des recettes d'exportation du Cameroun et un assèchement des finances de l'Etat. Celui-ci n'a plus été en mesure de payer ses arriérés au secteur bancaire et à ses créanciers, eux-mêmes endettés auprès des banques. L'Etat était le principal actionnaire, le principal déposant et le principal débiteur des banques. A ce titre, ses difficultés financières compromettaient les activités du secteur bancaire. Aussi la tendance des banques à se consacrer essentiellement au financement des exportations des principaux produits de base va leur être préjudiciable, car dès 1986 la baisse intervenue des cours de ces produits, conjuguée à la détérioration des termes de l'échange, causent d'énormes préjudices financiers aux établissements bancaires camerounais ; conséquences d'autant plus lourdes que pendant trois années successives, le gouvernement maintient des « prix aux producteurs » élevés, grevant les coûts de revient de ces produits, largement supérieurs aux cours mondiaux (Tamba et Tchamanbe, 1995). Les banques se retrouvaient dans une situation d'illiquidité générale et ne pouvaient plus faire face à leurs engagements. Pire encore, pour financer ses dépenses l'Etat fut amené non seulement à contracter ses dépôts auprès des banques, mais également à les retirer sans que les banques aient pu reconstituer leurs fonds propres au début de la phase antérieure. La confiance déjà très chancelante auprès du système bancaire fut ébranlée entrainant une course aux guichets de la part de la clientèle de ces dernières à l'exemple de la panique du 7 juin 1987, amorçant ainsi la fermeture des premières banques.

2- Manifestations de la crise

Pour Tchakounte et Bita (2009), la crise bancaire des années 80, conséquence de la répression financière, était une crise au sens des monétaristes caractérisée par une contraction de l'offre de monnaie sur la période 1986-1987, alors que la masse monétaire avait connu une augmentation régulière de 1970 à 1985. La contraction monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en circulation et des monnaies divisionnaires. La situation monétaire a commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992. Combiné avec les effets de la crise, les crédits bancaires alloués au secteur privé ont commencé à diminuer à partir de 1980.

Cette crise bancaire se manifeste au milieu des années 80 à travers plusieurs facteurs : les défauts de paiement, l'accumulation des créances douteuses, la suspension des découverts, l'illiquidité des banques entrainant les pertes financières des agents économiques, les faillites manifestées par la fermeture des agences ou certaines banques. Cette dernière a été la manifestation la plus palpable.

En 1985 les banques américaines retirent leurs succursales. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC), la Boston Bank Cameroon (BBC), la Bank of America. La fermeture des succursales des banques américaines fait suite à la crise bancaire, mais surtout aux difficultés éprouvées par ces banques pour pénétrer un marché bancaire étroit, dominé par les filiales des banques européennes notamment françaises. En 1988 la plupart des banques avaient un résultat négatif et une situation des fonds propres tout aussi négative (Tchakounte et Bita, 2009). Au chapitre des faillites, la Société Camerounaise de Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) ont été les toutes premières banques à tomber en faillite en 1988. En 1989 sur douze banques en activité, quatre établissements bancaires parmi les plus importants ont dû déposer leur bilan. Il s'agit de la SCB, la CAMBANK, la Banque Camerounaise de Développement (BCD), et la banque des Pays bas et de Paris (Paribas-Cameroun). En 1991, c'est la Bank of Credit and Commerce (BCC) qui ferme ses portes. La First Investment Bank (FIB) créée en juin 91 fera faillite en mai 93, suivie une année après de l'International Bank of Africa Cameroon (IBAC) en 1994. La BIAO-Cameroon et la meridien International Bank Limited vont fusionner pour donner naissance à la BIAO-meridien Bank Cameroon (BMBC) en 1991, qui elle aussi fermera le 9 septembre 1996, en pleine restructuration (Bita, 2008).

La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) donnera naissance à la Banque internationale pour le Commerce et l'Epargne du Cameroun (BICEC) le 10 juin 1997. Ce passage provoque le licenciement de près de 330 employés sur les quelques 800 que comptait la BICIC (Bita, 2008). La même année le Crédit Agricole du Cameroun (CAC), victime de la panique de l'année 96 et de la mauvaise gestion de ses dirigeants, fermera aussi ses portes.

La perte en bilan cumulé, s'élevait en 1989 à près de 700 millions représentant un peu plus de 40% du total des bilans bancaires estimés à l'époque à 1520 milliards de FCFA. En 1990 la perte s'évalue à 52.884 milliards. Aussi il y a eu une diminution simultanée des dépôts à terme de 33 % entre1985 et 1987, et des dépôts à vue de 22 %.

B- La libéralisation financière dans les réformes

Pour mettre fin à cette crise bancaire, les organismes internationaux -FMI- vont dans le cadre du programme d'ajustement structurel, inciter les autorités camerounaises à mettre en place une série de réformes3(*). Suite aux réformes, le paysage bancaire va connaitre une profonde mutation sur les aspects monétaire et financier d'une part dont l'aboutissement sera le désengagement des pouvoirs publics du capital des banques au profit des intérêts privés (restructuration bancaire), et juridico-institutionnel d'autre part ayant conduit à redéfinir les règles de surveillance et de gestion des établissements de crédit (contrôle bancaire).

Dans la logique de la restructuration, la première tâche à laquelle vont s'atteler les experts, afin de mieux apprécier la situation du secteur et de chaque banque en particulier, sera de réécrire les bilans des banques dont la plupart étaient falsifiés, c'est-à-dire minimisaient l'ampleur du désastre. La deuxième tâche de la restructuration concernait l'application d'un plan de redressement financier. Les banques en difficultés mais solvables ont été recapitalisées et les banques insolvables ont tout simplement été fermées. Dans un cas comme dans l'autre, les actions ont porté successivement sur l'actif (l'Etat a entrepris d'absorber tout ou partie des pertes), et sur le passif (épuration des engagements des banques à l'égard des déposants. Ces derniers furent dédommagés et les petits déposants étaient privilégiés) des banques. Sur le plan des reformes monétaires, il a été mis en oeuvre la programmation monétaire (1991) et l'institution du marché monétaire (1994).

Quant au contrôle bancaire, il vise à assurer aux banques un environnement juridique plus sûr permettant une meilleure surveillance de celles-ci tout en leur offrant une plus grande autonomie de gestion (Tchakounte et Bita, 2009). Il passe donc par une série de réformes juridico-institutionnelles regroupant l'ensemble des actes juridiques et législatifs pour assurer une réglementation prudentielle et une meilleure supervision bancaire. Dans ce sens la réglementation prudentielle fut renforcée4(*), et la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) créée, afin de veiller au bon déroulement de l'activité bancaire. Le dernier pan des réformes a consisté à libéraliser le secteur financier (bancaire).

1- Les contours de la libéralisation financière au Cameroun

Depuis la réforme du 16 octobre 1990, la détermination des conditions de banque a été libéralisée par la Banque d'Afrique centrale.Jusqu'en 1990, le dispositif d'intervention de la BEAC était composé de trois arsenaux : plafonds globaux de réescompte, administration des taux d'intérêt5(*), et recours aux instruments non permanents6(*)(Ils étaient constitués par le système de réserves obligatoires non rémunérées et de réserves libres rémunérées (dépôts spéciaux), et l'encadrement du crédit) (Banque de France, 1994).

a- La libéralisation des taux d'intérêt

En ce qui concerne les taux d'intérêt, ils constituent avec la programmation monétaire (1991) et l'instauration du marché monétaire (1994), les grands axes de la réforme du dispositif d'intervention de la BEAC. La réforme des taux d'intérêt vise à introduire plus de souplesse et de rationalité dans la gestion et le loyer de l'argent.

La déréglementation des conditions de banque a permis la libre fixation des taux d'intérêt par les banques commerciales. Ainsi, les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs sont fixés librement par négociation entre les établissements de crédit et leurs clients, en respectant les bornes constituées par le Taux Créditeur Minimum (TCM) et le Taux Directeur Maximum (TDM). A partir du premier janvier 1996 le TCM, fixé par le Gouverneur s'applique aux petits épargnants qui sont définis comme étant les détenteurs des comptes sur livret d'un montant inférieur ou égal à 5 millions de FCFA ; le TDM qui s'applique à tous les établissements de crédit éligibles aux concours de la BEAC (banques et établissements financiers) est égal au taux de pénalité arrêté par le Gouverneur plus une marge fixe arrêtée par le Conseil d'administration du 24 novembre 1995. Le Conseil d'Administration de la BEAC du 19 mars 1997 oblige les établissements de crédit à publier leur taux de base bancaire et à afficher leur barème des conditions minimales et maximales applicables aux opérations avec la clientèle. Le but de cette mesure est d'accroître la concurrence bancaire et l'efficience de l'intermédiation financière (BEAC, 2004). Il incombe à la COBAC (sur recommandation du conseil d'administration de la BEAC du 19 mars 1997) de veiller à l'affichage par les banques de leur barème des conditions minimales et maximales applicables aux opérations avec la clientèle et d'appliquer les sanctions disciplinaires à l'égard des établissements de crédit en infraction. Cependant depuis le 2 juillet 2008, le taux débiteur maximum a été supprimé, et le TCM a été ramené de 4,25% à 3,25% (jusqu'en 2015) par le conseil de politique monétaire7(*) de la BEAC.

Tableau 5: évolution en pourcentage des TCM et TDM en fin de période

Année

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

TDM

16,00

22,00

22,00

22,00

22,00

22,00

22,00

18,00

18,00

18,00

17,00

TCM

5,50

5,50

5,00

5,00

4,75

5,00

5,00

5,00

5,00

5,00

4,75

Année

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

TDM

17,00

15,00

15,00

Supprimé

Supprimé

Supp

Supp

Supp

Supp

Supp

Supp

TCM

4,75

4,25

4,25

3,25

3,25

3,25

3,25

3,25

3,25

3,25

2,75

Source : dépouillement des statistiques de la BEAC

Par ailleurs le 16 octobre 1990 la BEAC a procédé à l'unification du taux d'escompte en supprimant le taux privilégié. Il a également été décidé du relèvement du taux des avances aux trésors nationaux avec comme objectif de le fixer, à terme au même niveau que celui des concours aux banques ; et du maintien en permanence d'un différentiel favorable à la zone par rapport à la place de Paris, compte tenu de la liberté de transfert et afin d'atténuer les sortie de capitaux.

Sur le marché monétaire de la CEMAC, les taux du marché interbancaire (niveau 1 du marché monétaire) sont totalement libres et déterminés par la loi de l'offre et de la demande. En clair les intervenants (banques et établissements de crédit) échangent entre eux des liquidités à des conditions de taux et de durée et, éventuellement, de garantie, librement débattues, sans intervention de la BEAC. La Banque centrale est également susceptible, dans le cadre d'interventions ponctuelles, de procéder sur ce marché à des injections exceptionnelles de liquidité au taux et dans les conditions du marché, lorsque la somme cumulée des concours au titre des appels d'offres et des pensions (niveau 2) excède l'objectif de refinancement maximum du guichet A. Ces interventions ponctuelles sont décidées sur la base de la situation du marché monétaire au niveau sous régional.

b- Les autres aspects de la libéralisation financière interne au Cameroun

· La suppression des barrières à l'entrée, de l'allocation sectorielle du crédit et la privatisation des banques

La libéralisation a aussi concerné la suppression des barrières à l'entrée. En 1973, l'Etat opérait une certaine réforme instituant la prise de participation au capital social des banques par les nationaux. Il s'agissait dans son esprit de faire ressortir les intérêts publics, par la détention d'au moins le tiers des actions souscrites8(*). C'est alors que les banques étrangères furent nationalisées car l'Etat y était l'actionnaire majoritaire. L'entrée dans le secteur bancaire de toute banque était dès lors subordonnée à la possession par l'Etat des parts importantes du capital social (le tiers au minimum). Mais en 1990 on a assisté à une dérégulation ayant amené l'Etat, du fait des dégâts occasionnés par sa présence exacerbée, à se détacher du capital social des banques, en les privatisant. Cette barrière à l'entrée fut ôtée. Ceci visait, selon Noula (2012) à attirer les banques privées jouissant d'une collaboration étrangère dans l'espoir que ces banques apporteraient un maximum de capitaux étrangers et le savoir-faire technique, transmettraient la dextérité des banques modernes aux banques domestiques et élargiraient aussi profondément que possible la structure financière locale. Bref la privatisation des banques devrait stimuler la concurrence bancaire.

La libéralisation financière a donc apporté plus de liberté d'action et de souplesse aux banques, désormais affranchies du dirigisme étatique. L'Etat s'est retiré de la gestion des banques -à travers l'abandon des parts de capital- qui furent privatisées. La privatisation des banques visait à leur apporter plus d'efficience et d'efficacité dans leur fonctionnement, le management privé étant considéré comme plus efficace. Par conséquent, la pratique de l'allocation sectorielle des crédits, c'est-à-dire leur orientation vers les secteurs jugés prioritaires ou rentables par le gouvernement fut abandonnée. Désormais, les banques affranchies du dirigisme étatique ont la latitude d'octroyer les crédits selon les conditions propres au secteur.

Ainsi, au 31 décembre 2011, sur treize banques en activité, l'Etat ne détenait des parts de capital que dans quatre banques :

§ la BICEC : au capital de 12000 millions, dont 17,5% détenus par l'Etat, 61,5% par BPCE International et outre-mer, 7,25% par PROPARCO et 14,3% par d'autres actionnaires

§ la Société Commerciale de Banques Cameroun (CA SCB) : avec un capital de 6000 millions, est détenu par l'Etat à 49% contre 51% par IUB holding

§ la SGBC : où l'Etat est actionnaire à 25,6% des parts, contre 58,08% pour la Société Générale et 16,32% pour AGF Cameroun, pour un capital d'un montant global de 12500 millions

§ la BGFI Bank Cameroun : l'Etat détient 20,00% du capital qui s'élève à 10 milliards de FCFA. Les autres parts sont reparties entre la BGFI holding (70,69%) et les autres actionnaires (9,31%).

Force est de constater que l'Etat n'est plus actionnaire majoritaire dans aucune banque. Les autres banques sont détenues par divers actionnaires privés camerounais et étrangers. Seule la Standard and Chartered Bank a un capital entièrement détenu par elle-même à 100%, et dans une certaine mesure la United Bank of Africa (UBA) qui possède 99,99% de son capital contre 0,1% par d'autres actionnaires.

· La politique des réserves obligatoires

Le 1er Septembre 2001, le gouverneur de la Banque d'Afrique centrale, agissant par délégation du conseil d'administration, a décidé de soumettre les banques de la CEMAC à la constitution des réserves obligatoires rémunérées. Chose qui semble paradoxale puisque Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) s'opposent fortement à la constitution des réserves obligatoires et préconisent leur suppression, sinon leur diminution significative, puisqu'elles participent à empêcher la liberté de mouvement des banques en réduisant leur capacité d'octroi de crédits. Mais en fait, l'introduction des réserves obligatoires par la BEAC vise à prévenir les risques d'inflation issus de l'octroi exagéré de crédits par les banques, celles-ci étant fortement surliquides. Les réserves dans la CEMAC ne constituent pas un instrument de répression financière mais sont plutôt un outil de régulation de la liquidité des banques. C'est ainsi que le taux des réserves n'est pas statique, fixe. Il est fixé et modifié par le gouverneur de la BEAC, en fonction de la conjoncture économique et monétaire interne (le niveau de liquidité des banques notamment) et externe. Ainsi en 2002, à cause de la trop forte liquidité des banques dans la CEMAC, du fait de la forte augmentation des recettes d'exportation des Etats, notamment pétrolières (BEAC, 2002), le gouverneur a procédé au relèvement du coefficient des réserves à trois reprises. Lorsque la BEAC modifie les coefficients de réserves, elle laisse une période d'adaptation aux banques de deux mois, période au cours de laquelle aucune sanction ne leur sera appliquée. L'application du coefficient de réserves varie selon les pays en fonction de la liquidité des banques.

Ainsi le 1er juillet 2002, le Conseil d'administration de la BEAC a décidé d'adopter le principe d'une différenciation des coefficients de réserves obligatoires selon les pays, du fait des disparités constatées concernant la liquidité bancaire dans les différents États de la CEMAC. Le gouverneur de la BEAC a décidé de répartir les pays de la CEMAC en deux groupes9(*) : pays à situation de [sur]liquidité satisfaisante (groupe 1) auxquels le coefficient de réserves serait un plus élevé : Cameroun, Congo, Guinée Equatoriale ; et pays à situation de liquidité fragile (groupe 2) qui connaitraient une application modérée des taux de réserve : Tchad, République centrafricaine (RCA), Gabon. Cette répartition a pris effet pour compter du 1er août 2002.les réserves obligatoires ne sont pas appliquées dans un dessein de réprimer les banques, mais la BEAC, investie d'un double objectif de stabilité monétaire (un taux d'inflation faible et un taux de couverture extérieure de la monnaie suffisant -le seuil statutaire minimal étant de 20 %) et de soutien à l'activité économique (article 1er de ses statuts), veille à ce qu'il n'y ait pas trop de liquidités, mais aussi qu'il n'y en ait pas trop peu non plus. A titre d'exemple, Depuis le 22 mai 2003 les réserves obligatoires de la RCA ont été suspendues à cause de la liquidité trop fragile de ses banques.

Tableau 6: coefficients des réserves obligatoires appliqués au Cameroun

De mars 2006 à mars 2007

De mars 2007 à juillet 2008

De juillet 2008 à mars 2009

Depuis mars 2009

Depuis mars 2016

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

Sur dépôts à vue

Sur dépôts à terme

7.75

5.75

10.25

8.25

11.75

9.25

11.75

9.25

5.88

4.63

Source : BEAC et Banque de France

En somme le recours aux réserves obligatoires vise à « mettre en banque » le système bancaire, c'est-à-dire à le contraindre au refinancement lorsque les facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un excédent de monnaie centrale pour les établissements de crédit (BEAC, 2006). C'est donc un instrument servant à contenir les risques inflationnistes (BEAC, 2002).

c- La libéralisation partielle du compte de capital

L'Article VIII des Statuts du FMI impose une obligation aux membres de s'abstenir desrestrictions sur l'exécution des paiements et des transferts dans le cadre des transactions internationales courantes et l'Article VI (3) autorise les membres à imposer un contrôle le cas échéant en vue de réguler les mouvements de capitaux internationaux mais en se gardant d'adopter des restrictions sur les paiements des transactions courantes. Le Cameroun va procéder en 2000, dans le cadre de l'intégration sous régionale, à l'harmonisation de la réglementation nationale avec celle des autres pays, sur les devises étrangères (règlement N° 02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29 avril 2000 portant harmonisation des changes dans les Etats membres de la CEMAC, en vigueur depuis le 02 janvier 2004) et libéraliser les flux de capitaux à l'intérieur de la CEMAC. Ce texte qui se substitue aux réglementations nationales se caractérise par : le désengagement de l'Etat des activités économiques avec l'extérieur par le transfert aux intermédiaires agréés des compétences administratives dans la gestion des opérations de change et de transfert ; l'abolition du contrôle des mouvements de capitaux à court terme avec la suppression des autorités des visas administratifs ; la libéralisation des paiements relatifs aux transactions courantes (biens et services, visibles, allocations de devises ; une responsabilisation accrue des banques dans l'exécution et le contrôle des opérations.

Conditions de réalisation des transferts relatifs aux transactions

Les transactions courantes qui n'ont pour objet le transfert des capitaux comprennent tout aussi bien les opérations de commerce extérieur, les services ainsi que les facilités à court terme de banque de crédit, les paiements dus au titre d'intérêts sur prêts ou de revenus des autres investissements, les paiements modérés pour investissements et emprunts. On y retrouve également les invisibles et les allocations de devises aux voyageurs. Concernât ce dernier élément, les devises allouées sont soumises à des plafonnements. Ainsi, les plafonnements sont répartis ainsi qu'il suit : Voyages touristiques (allocation de devises plafonnée à 4millions de FCFA), voyages d'affaires (plafond de 10millions), missions officielles (plafond de 4 millions), voyages pour raisons médicales (plafond de 5 millions).

Conditions de réalisation des transferts relatifs aux mouvements de capitaux

Les banques sont les seules habilitées à vérifier, puis à exécuter les prêts et emprunts qui ne sont pas soumis à l'autorisation mais à la déclaration auprès du ministère chargé des finances. Il s'agit de toutes les transactions dont l'encours ne dépasse pas 100 millions de FCFA et les opérations propres des banques.

L'investissement direct (IDE) est déclaré à des fins statistiques si son montant est inférieur à 100 millions de FCFA et les transferts de fonds y relatifs sont librement exécutés par les intermédiaires agréés. Pour les montants supérieurs à 100 millions de FCFA, les Investissements directs doivent être déclarés auprès du ministère des finances, sauf s'ils prennent la forme d'une augmentation de capital résultant des réinvestissements de bénéfices non distribués. En plus, les transferts de fonds y relatifs sont soumis à l'autorisation du ministère des finances.

Enfin concernant les valeurs mobilières10(*), l'émission, l'exploitation, la publicité la mise en vente de valeurs mobilières étrangères dans la CEMAC, pour les montants supérieurs à 10 millions de FCFA, sont soumises à l'autorisation préalable du ministère des finances.

2- Bilan des réformes
a- Le secteur bancaire après les réformes

La libéralisation financière a été présentée par Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) comme un moyen efficace pouvant conduire les pays sous-développés, au secteur financier particulièrement réprimé, vers une croissance stable et durable. Cependant les premières expériences de la libéralisation financière entamée en Amérique latine ne furent pas de bon augure, et se soldaient par des crises encore plus fortes du système bancaire. Qu'en est-il du Cameroun ?

La libéralisation financière entamée en 1990 par la libéralisation des taux d'intérêt n'a pas eu de conséquences fâcheuses sur la stabilité du système bancaire Camerounais. Malgré leur fragilité au début des réformes marquée par une baisse des dépôts de la clientèle, une diminution des crédits, conséquence de la dégradation de la confiance des clients, les banques ont progressivement retrouvé leur solidité. Le système bancaire n'a plus connu de crises majeures. Cela a été possible grâce à un environnement économique stable caractérisé par une relative stabilité des prix et un système fiscal plutôt favorable, un système de surveillance et de réglementation des institutions financières efficace et un ordonnancement adéquat des réformes. Une autre raison est que la libéralisation financière menée au Cameroun comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne s'est faite de façon incomplète et lente (Gamra et Clévenot, 2006 ; Chouchouagne-verdier, 2004). Les pays africains n'ont pas attiré autant de capitaux que d'autres régions malgré la mise en oeuvre des réformes. Ils n'ont donc pas subi le contre-coût de brusques sorties de capitaux puisqu'ils n'ont connu d'afflux de capitaux.

De l'autre côté, les dépôts des clients ont progressivement augmenté et les banques sont en situation de surliquidité. En effet, les banques connaissent une situation de surliquidité avec des ratios de liquidité supérieurs à 100%. La surliquidité bancaire désigne une situation de déséquilibre profond et permanent entre les ressources et les emplois d'une banque, c'est-à-dire la trésorerie bancaire est en permanence largement excédentaire11(*).

Tableau 7:évolution des dépôts dans les banques commerciales (en milliards FCFA)

Année

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Dépôts

Etat

Privés

841

951

1144

1158,9

1238,2

1366,4

1549,5*

1772,7*

157

190

211

174,8

182,7

120.8

172,4

239,9

684

761

933

984,2

1055,5

1173,7

1304,3

1442,1

Année

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Dépôts

Etat

Privés

1971

2159,4

2407,1

2690,7

2660,9

3069,6

3339

3537,2

252

311

324,6

334,0

339

380,3

413,1

482,9

1720

1849

2082,5

2356,8

2321

2690

2926,0

3054,2

*le total des dépôts inclue les dépôts privés, les dépôts de l'Etat et ceux des administrations publiques

Source : Dépouillement des statistiques de la BEAC et de la COBAC

Depuis la crise bancaire le secteur de la microfinance a connu un essor et un succès considérables, mettant à mal la bancarisation des ménages. En effet la crise des années 80 qui s'est manifestée par les faillites a durablement ébranlé la confiance des populations envers le système bancaire. De plus les banques ont durci les conditions d'accès à leurs services, entrainant la marginalisation d'une frange importante de la population. Ceux-ci se sont alors repliés vers les circuits informels de financement (tontines). D'autre part les licenciements massifs des hauts cadres des banques suite à la crise bancaire les ont amenés à développer les stratégies parallèles de financement en créant les établissements de microfinance. Progressivement les structures de microfinance se sont révélées de plus en plus attractives par leur proximité, la simplicité de leur approche commerciale et leur forte capacité d'adaptation, dans un contexte marqué par le succès12(*) international de la microfinance en tant que vecteur d'octroi de microcrédit et autres services financiers (micro épargne, micro assurance transfert d'argent) aux populations pauvres exclues du système bancaire classique, comme en témoigne l'attribution du prix Nobel de la paix 2006 à Muhammad YUNUS -un pionnier de la microfinance moderne- et sa « Grameen Bank. ». Ainsi l'activité de microfinance est implantée sur tout le territoire national avec un pic dans la province du nord-ouest où le réseau CAMCCUL était installé à plus de 40 % en 2005, avec plus de 60 caisses populaires. En 2006, la COBAC a recensé 445 établissements de microfinance (EMF) agrées, pour un total de 490 EMF en activité. Le nombre de leurs clients s'élevait à 84 9030, et les guichets étaient porté à 1052. En 2011, le nombre d'EMF est passé à 590.

b- Libéralisation financière et économie réelle

Le bilan de la libéralisation financière induit un paradoxe : la surliquidité bancaire et le rationnement du crédit. Le rationnement du crédit est d'autant plus paradoxal que la libéralisation financière est supposée entrainer une explosion de crédit. Le boom du crédit encore appelé « le syndrome de l'excès d'emprunt » (overborrowingsyndrome) mesuré par le ratio crédit/PIB résulte du passage d'une économie réprimée à une économie libéralisée. Ce ratio était particulièrement élevé pendant les périodes de répression financière -avec un pic de 31,24 en 1982- du fait de l'allocation sectorielle et incontrôlée des crédits de la part des banques.

Tableau 8: Ratio de liquidité des banques camerounaises (en %)

Année

2011

2012

2013

2014

2015

Ratio

164

162

128

139

148

Source : COBAC

Tableau 9: crédits privés en pourcentage du PIB, 1980-1991

Année

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

Ratio

29.54

31.15

31.24

30.89

25.23

22.87

24.01

25.86

24.39

25.07

26.37

26.41

Source : annuaire fonds monétaire international, 2016

Mais le ratio crédits privés/PIB a brutalement chuté à partir de 1992 en pleine restructuration bancaire pour se situer à 12,52%. Depuis lors il n'a plus jamais atteint ses niveaux des années 80, se situant toujours en deçà de 15%, jusqu'en 2013 (14,13 en 2012 et 14, 70 en 2013).

Tableau 10 : crédits privés en pourcentage du PIB, 1992-2011

Année

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Ratio

12,52

10,27

9,22

8,19

7,91

6,53

7,37

7,80

8,22

8,90

Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Ratio

9,15

9,63

9,28

9,87

9,45

9,69

10,93

11,47

12,53

14,18

Source : annuaire fonds monétaire international, 2016

On observe néanmoins une tendance haussière de ce ratio ces dernières années : 15,46% en 2014, 16,31% en 2015 et 20, 79% en 2016.

Le rationnement qui pénalise particulièrement les PME, est d'autant plus préjudiciable que le financement bancaire est la principale source de financement, le marché financier -dans le cas du Cameroun- étant encore embryonnaire et mal organisé. Trois raisons justifient cette situation selon Avom et Eyeffa (2007). D'abord ce paradoxe est la conséquence des restructurations bancaires ayant entrainé le rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient été massivement placés hors de la zone BEAC pour se protéger contre la dévaluation, ainsi que des recettes d'exportation qui n'étaient plus domiciliées dans les banques. Ensuite le mauvais climat des affaires crée une incertitude qui accroit le risque des projets susceptibles d'être éligibles au financement bancaire, décourageant ainsi les potentiels concours des banques à l'économie. Avant de prendre leurs décisions d'octroi de crédit, les banques ont besoin de disposer de données fiables sur leurs clients, ce qui est rarement le cas (asymétrie d'information). Enfin les banques sont généralement inaptes à transformer les ressources courtes en emplois longs. Les crédits accordés sont majoritairement à échéance courte. De ce fait les entreprises bénéficiaires n'ont pas assez de temps pour les rentabiliser. La principale source de rentabilité des banques est devenue l'ensemble des placements effectués auprès de la banque centrale (Avom et Eyeffa, 2007).

Figure 1 : évolution des crédits bancaires à l'économie (en millions de FCFA)

Construit à partir du dépouillement des statistiques de la BEAC (voir tableau 2 en annexe)

Les crédits accordés à courte période dominent largement les montants de crédits octroyés. Les banques n'arrivent pas à opérer une véritable transformation de maturité

Une autre raison justifiant les difficultés d'accès au crédit par les PME est aussi la hausse des taux d'intérêt débiteurs consécutive à la libéralisation financière. Le relèvement des taux d'intérêt débiteurs à des niveaux parfois très élevés suite à leur libéralisation, a rendu l'accès au crédit encore plus prohibitif pour la plupart des emprunteurs potentiels. Même si le montant des crédits octroyés est en constante augmentation, il ne reflète pas les besoins réels de l'économie. Il se peut également que ce rationnement du crédit soit la conséquence de la crise bancaire. En effet certaines banques ont fait faillites suite à la réalisation des nombreuses créances douteuses. De ce fait celles en activités aujourd'hui préféraient ne pas prendre trop de risques, en jouant la carte de la prudence. Ce d'autant plus que le secteur des entreprises est fortement dominé par les PME, qui présentent un risque plus élevé. Les banques préfèrent ainsi financer les grandes entreprises aux garanties meilleures, et ayant fait leurs preuves. La difficulté d'octroi des crédits peut aussi résulter de l'aléa moral : les banques sont dans l'incapacité d'observer les actions menées par les PME ayant reçus les fonds. Les dirigeants très souvent orientent les fonds reçus vers des activités autres que celles initialement convenues. Toute chose qui accroit la réticence du banquier surtout que les PME demandeuses de crédits n'ont pas souvent d'informations comptables fiables (asymétrie d'information), ne fournissent pas assez de garanties...

SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE ECONOMIQUE

La croissance économique n'est pas un fait naturel ; c'est au contraire un évènement historique exceptionnel, dont le début est récent. La plupart des manuels de théorie économique, d'histoire de la pensée économique et d'histoire des faits économiques, font remonter les origines de la croissance à la première révolution industrielle. C'est la révolution industrielle qui a provoqué la croissance économique. Il sera question dans cette section, des généralités sur la croissance économique (I), et d'analyser l'évolution de la croissance économique au Cameroun(II).

I- Généralités sur la croissance économique

A- Définition et mesure de la croissance économique

1- Définition

La croissance économique est l'augmentation soutenue, sur une longue période, d'un indicateur de création de richesses ou de production d'un pays. Généralement, les économistes retiennent le Produit Intérieur Brut (PIB). Il mesure, en valeur, les quantités produites par l'économie au cours d'une année. Selon Perroux (1990) : « c'est l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit net en termes réels ». Pour Kuznets, « La croissance économique d'un pays peut être définie comme une augmentation à long terme de la capacité d'offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'il demande »13(*).

La croissance économique est l'accroissement durable de la production globale d'une économie. C'est donc un phénomène quantitatif que l'on peut mesurer. C'est aussi un phénomène de longue période. En effet, une augmentation brutale et sans lendemain de la production nationale ne correspond pas à la croissance économique. Il ne faut donc pas confondre croissance et expansion, l'expansion caractérisant une augmentation de la production sur une courte période14(*).

Il ne faut pas non plus la confondre avec le développement. Bien que la croissance soit à l'origine du développement économique et social, celui-ci est un phénomène plus large que la croissance. Il se traduit par une transformation des structures économiques et sociales, par des progrès de l'espérance de vie, et des taux de scolarisation ou des réductions de l'inégalité.

2- Mesure de la croissance économique
a- Le concept du PIB

Mesurer la croissance est une tâche difficile particulièrement pour les périodes les plus reculées n'offrant que très peu d'information. Dans beaucoup de pays, les comptes nationaux ont été créés après la Seconde Guerre mondiale; ils mesurent le revenu moyen par habitant de différentes manières: produit intérieur brut, produit national brut... Mais l'unité généralement retenu pour cerner la croissance économique ainsi que son évolution reste le PIB. Ce dernier se décline en diverses variantes permettant de cerner dans des angles différents le phénomène de croissance.

Le PIB ou Produit intérieur brut mesure la richesse créée par un pays en une année, c'est-à-dire qu'il indique la valeur de la production de biens et services d'un pays au cours d'une période donnée comme l'année. Le mot intérieur renvoie aux agents économiques sur le territoire qu'ils soient nationaux ou étrangers, brut en ce sens qu'il ne prend pas en compte l'usure des biens de production. La richesse créée par les services publics est comptabilisée dans le PIB non marchand car ils ne sont pas vendus sur un marché. Le PIB cherche à chiffrer la participation de ces différents acteurs à la création de richesses, participation mesurée par la valeur ajoutée de chacun pour éviter de compter plusieurs fois la même chose.

Croissance =

Le PIB réel permet d'éliminer l'incidence de l'inflation et de faire des comparaisons dans le temps. Le PIB nominal est la valeur des biens et services mesurée à prix courants alors que le PIB réel est mesuré à prix constants. PIB réel = PIB nominal* 100 / déflateur de PIB. Le PIB en Parité des Pouvoirs d'Achat permet de faire des comparaisons dans l'espace c'est à dire entre deux pays. Il est calculé en fonction du pouvoir d'achat d'un dollar dans chaque pays.

b- Les indicateurs alternatifs au PIB

A cause des problèmes méthodologiques, parce qu'il ne rend pas compte de certaines richesses produites, et parce qu'il mesure mal le niveau de vie des populations, des indicateurs alternatifs au PIB ont été élaborés. Il s'agit de l'Indice de développement humain (IDH)15(*), l'épargne nette ajustée (encore appelée, épargne véritable, pour exprimer la variation du capital économique, humain et naturel d'un pays à l'issu d'un cycle de production), l'indice de pauvreté humaine (qui tient compte des conditions de vie en mesurant le niveau de développement des plus pauvres (plus l'IPH est élevé, plus le pays est pauvre)), et le PIB vert ou l'indice de progrès véritable qui est un indicateur qui mesurerait les richesses d'une économie en soustrayant les effets négatifs pour le bien-être (pollution, inégalités...) et en ajoutant tout ce qui participe au bien-être (travail domestique, travail bénévole).

B- Les théories de la croissance économique

1- Les théories de la croissance exogène
a- Le modèle de croissance Harrod-Domar

Après la seconde guerre mondiale, les économistes postkeynésiens Harrod et Domar, vont chercher à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut être durable. Le modèle Harrod-Domar vise à étendre sur la longue période la Théorie générale de Keynes, qui ne portait que sur le court terme. Il permet de faire ressortir le caractère fortement instable de la croissance. En particulier, il montre que pour qu'une croissance soit équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de production augmente ni moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande), il faut qu'elle respecte un taux précis, fonction de l'épargne et du coefficient de capital (quantité de capital utilisée pour produire une unité) de l'économie. Or, il est très difficile que la croissance respecte ce taux, puisqu'elle dépend des décisions individuelles (en particulier des projets d'investissement des entrepreneurs). De plus, si la croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir tendance non pas à le rejoindre, mais à s'en éloigner davantage, diminuant progressivement (en raison du multiplicateur d'investissement). La croissance est donc toujours « sur le fil du rasoir ».

b- Le modèle de Solow

D'inspiration néoclassique, ce modèle se fonde sur une fonction de production à deux facteurs : le travail et le capital. La production résulte donc exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine quantité de capital (moyens de production) et de travail (main d'oeuvre). Le modèle de Solow (1956) repose sur des hypothèses de type néoclassique : toute l'épargne est investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital au travail (selon les coûts relatifs de l'un à l'autre), la concurrence empêche l'existence de rentes de monopole et de comportements price-maker.

2- Les théories de la croissance endogène
a- Croissance avec recherche-développement

La croissance économique s'accompagne de l'apparition d'innovations. Pour Romer (1990), ces innovations prennent la forme de nouveaux procédés, de nouveaux outils, qui s'ajoutent à ceux déjà en place. Ces nouveaux biens d'équipement permettent d'améliorer la division du travail qui est la véritable source de la croissance (externalités). C'est le partage de l'utilisation du capital humain entre production de biens et production des nouveaux biens d'équipement qui explique le rythme de croissance. Tout ce qui permet d'augmenter la quantité de biens d'équipement nouveaux est favorable à la croissance. L'activité de recherche est un facteur décisif de croissance économique.

b- Croissance avec dépenses publiques.

Barro (1990) fera des dépenses publiques un déterminant du progrès économique et proposera le concept de taille optimale de l'Etat pour montrer que ce dernier doit intervenir dans l'économie pour améliorer la productivité du secteur privé, tout en réduisant au strict maximum, les distorsions fiscales qui découleraient de son intervention financière. Il a souligné l'importance des infrastructures publiques dans la circulation des informations, des personnes et des biens. L'impôt qui est appelé à financer ces investissements exerce un effet positif sur la croissance et non plus seulement un effet dissuasif sur le secteur privé. On assiste ainsi à une réhabilitation des dépenses publiques, non pas dans une perspective de stabilisation, mais dans une perspective structurelle de croissance. En rendant le coût de l'information moins élevé, ces interventions de l'Etat favorisent la mise en place des conditions d'une concurrence parfaite.

c- Capital humain et croissance

Une vague de recherche a été ouverte par Lucas (1988), c'est celle qui fait de l'accumulation du capital humain un déterminant important du progrès économique des nations. Le capital humain désigne l'ensemble des capacités apprises par les individus et qui accroissent leur efficacité productive. Chaque individu est en effet, propriétaire d'un certain nombre de compétences, qu'il valorise en les vendant sur le marché du travail. Le capital humain correspond ainsi à une accumulation volontaire de connaissances (schooling) de l'apprentissage par la pratique (learning by doing) qui est une accumulation involontaire de connaissances. Lucas (1988) montre à cet effet que la productivité privée du capital humain a un effet externe positif car, en améliorant son niveau d'éducation et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain de la nation et par la même contribue à améliorer la productivité de l'économie nationale.

II- La croissance économique au Cameroun

A- Généralités sur l'économie camerounaise

L'économie du Cameroun est la plus diversifiée d'Afrique centrale.

· Le secteur primaire

Le secteur primaire est largement dominé par l'agriculture, sur laquelle repose grandement l'économie camerounaise ; C'est le pilier de l'économie camerounaise. Elle contribue à près de 60% du PIB. Le secteur primaire connait aussi des activités telles que la pêche (environ 64 000 tonnes de produits maritimes sont pêchés chaque année au large des côtes camerounaises), l'exploitation forestière (le bois, deuxième produits d'exportation), l'élévage... En 2014, le secteur primaire occupe 60 % de la population active et contribue pour 21 % au PIB.

· Le secteur secondaire

Il représente 33 % du PIB en 2014. Il est caractérisé par les activités comme la production pétrolière, les activités extractives (bauxite, fer, cobalt, nickel et manganèse). Le Cameroun fait également dans le textile, l'aluminium, la cimenterie...

· Le secteur tertiaire

C'est le secteur des services. Le secteur contribue pour 46 % au PIB en 2014. Le secteur est marqué par le tourisme, le transport (secteur très dynamique malgré l'insuffisance des infrastructures routières), les télécommunications dominés par deux grosses multinationales de la téléphonie, la finance (13 banques commerciales).

B- Comportement de la croissance économique au Cameroun

La croissance économique au Cameroun a connu trois périodes (Touna mama, 2008) : une longue période de croissance remarquable, allant de 1950 à 1986, une période de crise allant de 1987 à 1995, et une période de reprise économique timide, allant de 1995 à aujourd'hui.

Figure 2 : évolution du taux de croissance du PIB, 1980-2015

Construit à partir des `statistique du Cameroun', banque mondiale annuaire 2016

Au début des années 1980, le Cameroun était parmi les pays africains les plus prospères du point de vue économique. En effet, jusqu'en 1985 et pendant deux décennies de croissance régulière, l'économie camerounaise a enregistré des taux de croissance élogieux. L'exploitation des gisements pétroliers, la mise en place des politiques agricoles ambitieuses booste la production. Le Cameroun atteint l'autosuffisance alimentaire. Les années suivantes furent marquées par une forte récession. Une des causes est la chute des cours du café, du cacao et du pétrole à la faveur du contre-choc pétrolier, qui ont conduit à une détérioration des termes de l'échange et la baisse des réserves d'exportation du pays. Il s'en est suivi une baisse progressive de la production. De 1987 à 1993, les taux de croissance sont négatifs. Avec la dévaluation du FCFA en 1994, l'économie se dégrade un peu plus, avec une montée fulminante de l'inflation qui selon l'indice des prix à la consommation est allée jusqu'à 35% (voir figure). Mais l'économie résiste tant bien que mal. La mise du pays sous ajustement structurel et l'initiative PPTE (pays pauvre très endetté), va relativement permettre une relance de la croissance économique, qui peine toutefois jusqu'aujourd'hui à atteindre ses niveaux élevés d'antan.

CONCLUSION

Ce chapitre nous a permis d'analyser les concepts de libéralisation financière et de croissance économique. Un constat se dégage : la libéralisation financière est supposée influencer positivement la croissance économique. Il existe donc en théorie, une relation causale entre ces deux phénomènes. Aussi nous avons montré l'implémentation de la libéralisation au Cameroun. Celle-ci fait suite à la grave crise bancaire des années 80, conséquence directe de la répression financière. La restructuration engagée va permettre de réorganiser structurellement le fonctionnement et la surveillance de l'activité bancaire. Même si elle n'a pas été complète, la libéralisation financière, opérée dans le but de permettre au système bancaire de mieux contribuer à la croissance économique, va permettre une démocratisation des taux d'intérêt et des conditions de banque, et plus généralement une stabilité du système bancaire. Par ailleurs le Cameroun a entamé une transition vers les marchés financiers avec la création en 2001 de la Douala Stock Exchange. Mais la bourse, qui n'a commencé à fonctionner qu'en 2006, reste embryonnaire avec trois entreprises cotées, ce qui la contraint à un fonctionnement saisonnier. Elle doit en plus faire face à la concurrence de la bourse de Libreville.

CHAPITRE 2 : LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE

INTRODUCTION

Apres les développements émulant des auteurs comme Bagehot (1873) et Schumpeter (1911) sur l'importance du secteur financier pour le développement économique, la théorie keynésienne, au cours de la seconde moitié du 20e siècle, a développé une théorie économique qui réserve peu de place à la finance, et la mise en oeuvre de politiques inflationnistes incompatibles avec le développement financier. Il aura fallu attendre le retour en grâce de la théorie néoclassique dans les années 70 pour voir émerger une nouvelle conception de la finance dans le processus de croissance économique et de développement. C'est dans ce contexte que Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) estiment que le développement financier est indispensable à la croissance économique, et que la faible croissance économique des pays sous-développés serait due à leur faible niveau de développement financier. Par conséquent, ils préconisent la libéralisation financière comme solution à la faible croissance économique et par ce même biais au sous-développement. Ces exposés théoriques, après avoir reçu un écho favorable auprès des organisations internationales (FMI et Banque Mondiale), furent donc expérimentés dans de nombreux pays en développement. Les résultats furent mitigés, et déjà dans certains pays le sous-développement économique et financier laissait place à l'instabilité économique et aux crises financières (Mexique, Argentine...). Le titre de l'article deDiaz-Alejandro «Good-Bye Financial Repression, Hello Financial Crash» (1985) caricature ironiquement bien cette situation. Face à ces échecs des politiques de libéralisation financière, de nombreux courants de la littérature ont élaboré dans les années 80, une analyse critique de la thèse de Mc Kinnon et Shaw.

Dans ce chapitre, nous passons en revue et de façon détaillée les fondements et controverses théoriques autour de la libéralisation financière (section 1), et nous analysons dans les différents travaux empiriques sur la relation entre la libéralisation financière et la croissance économique (section 2).

SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE

La libéralisation financière trouve ses fondements dans les idées de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) pour qui le retard économique des pays sous-développés est dû à la répression financière. Ils vont ainsi préconiser la libéralisation des systèmes financiers afin d'atteindre une croissance rapide, stable et durable. Cette section consiste à exposer les arguments des pionniers de la libéralisation financière (I), les canaux d'action de la libéralisation financière sur la croissance économique (II), et les critiques adressées à l'encontre des idées de Mc Kinnon/Shaw (III).

I- Les auteurs pionniers de la libéralisation financière et leur prolongement

Tout d'abord nous mettons en exergue le rôle du système financier dans la croissance économique, avant d'aborder les arguments fondateurs de la libéralisation financière.

A- L'importance du secteur financier pour l'économie réelle

Avant toute chose, le rôle des intermédiaires financiers, dans l'hypothèse d'une économie primitive, se justifie par la résolution du problème de la double coïncidence né des échanges réalisés par le troc. En absence d'intermédiaire financier, il faudrait que le prêteur rencontre le demandeur de crédit qui puisse être d'accord pour emprunter le montant proposé par le prêteur, au taux d'intérêt et pour la durée qu'il souhaite ; ce qui n'est pas évident. Les intermédiaires financiers par contre permettent de régler ce problème, en collectant et en centralisant l'épargne des agents excédentaires et en octroyant des crédits aux agents déficitaires.

Le premier rôle dévolu au système financier se situe donc dans l'allocation optimale des ressources. Le système financier permet la collecte de l'épargne et son bon usage. Un système financier fonctionnant efficacement draine les ressources disponibles vers les projets les plus rentables, susceptibles d'accroître la productivité et, par conséquent, la croissance économique.

Ainsi Bagehot (1873) explique que le succès du développement britannique est dû à la supériorité de son marché financier de par la facilité relative à mobiliser l'épargne pour financer les investissements à long terme. La mise en place des technologies en Angleterre auraient été facilité par les opportunités d'accès au financement des entreprises. Le sous-développement économique serait donc lié à l'impossible mobilisation des ressources, caractéristique d'un système financier atrophié ou quasi inexistant. Schumpeter (1911) renchérit que le développement financier stimule la croissance économique à travers l'allocation efficace des ressources. Les banques jouent un rôle important dans le développement de l'innovation technologique en finançant les projets à forte chance de succès. Il met plus l'accent sur l'octroi de crédit et non sur la mobilisation de l'épargne. La banque assure le financement de l'entrepreneur innovateur par création monétaire sans s'assurer de l'existence d'une demande face à l'offre d'une part, et sans pouvoir évaluer le risque lié à l'activité d'innovation de l'entrepreneur. Dans ce même ordre d'idées, pour De la Fuente et Martin (1996), les intermédiaires financiers émergent de manière endogène. Ils offrent une meilleure assurance aux firmes et les incitent à prendre le risque en recherche-développement. Les intermédiaires financiers favorisant l'innovation, une corrélation positive apparaît entre le développement financier et la croissance économique.

En outre le système financier permet de collecter, d'analyser et de transmettre l'information à moindre coût ; il élimine le risque de liquidation prématurée d'actifs productifs permettant l'accumulation du capital physique et du capital humain sources de croissance économique. Les intermédiaires financiers permettent une diversification du risque et rendent plus attractive la spécialisation des investissements, facilitant ainsi l'accroissement de la productivité marginale du capital. Ce que confirment King et Levine (1993 b), pour qui les intermédiaires financiers évaluent les projets d'investissement, mobilisent l'épargne et financent les activités innovantes à forte productivité en diversifiant les risques. Les intermédiaires financiers efficaces accroissent la probabilité de succès de l'innovation et accélèrent la croissance économique. A l'inverse, les distorsions subies par le système financier réduisent le taux d'innovation et par conséquent la croissance économique. Bencivenga et Smith (1991) montrent que grâce à la loi du grand nombre, les intermédiaires financiers (les banques) ont la capacité de mettre en commun les risques de liquidité des épargnants et d'investir une part plus importante de leurs fonds dans des projets illiquides, mais plus productifs. Les banques éliminent ainsi le risque de liquidation prématurée d'actifs productifs par le désir d'un agent isolé de disposer de sa liquidité. Les intermédiaires financiers stimulent ainsi la croissance. Berthelemy et Varoudakis (1995) promeuvent le développement du système financier en précisant l'interaction et même l'interdépendance entre le secteur réel et le secteur financier. Pour eux, les effets croisés (des secteurs financier et réel) permettent l'éventuelle existence d'équilibres multiples. Au-dessus d'un certain seuil, le développement financier s'accompagne d'une croissance élevée qui, en retour, est favorable au système financier. Alors qu'au-dessous du seuil critique, le secteur financier aura tendance à se contracter et, le processus de croissance sera bloqué avec pour conséquence une atrophie du système financier. Cette atrophie, en retour, ralentit la croissance.

En bref, le système financier permet le fonctionnement de l'économie réelle puisqu'il finance : les investissements des entreprises (formation de capital, achat de machines, construction de bâtiments industriels et tertiaires) ou d'achats des entreprises (matières premières, fournitures informatiques...) ; la construction d'infrastructures (de communication, de fourniture d'énergie...) ; la consommation et l'achat, notamment d'immobilier, à crédit pour les particuliers ; les décalages de trésoreries entre les dépenses et les achats pour les entreprises comme pour les particuliers; la protection contre des risques de variation de prix (taux de change, taux d'intérêt, prix de matières premières...) par le biais d'outils financiers plus sophistiqués.

L'importance du système financier dans l'économie réelle va connaitre une nouvelle impulsion dans les années 70, avec les développements marquants de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) qui vont, chacun de son côté, s'insurger contre la répression financière en cours dans beaucoup de pays, et expliquer l'importance des banques dans la croissance économique. Ils vont de ce fait fortement préconiser la libéralisation financière.

B- La théorie de la libéralisation financière de Mc Kinnon/Shaw

Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) sont les pionniers de la théorie de la libéralisation financière. Ils développent leurs idées sur le paradigme de la répression financière. La libéralisation financière se situe donc aux antipodes de la répression financière. Ces deux auteurs construisent un plaidoyer pour libérer le système financier des contraintes étatiques. Ils expliquent que le très bas niveau de développement des pays sous-développés est dû à de fortes contraintes pesant sur le système financier et notamment bancaire (dans les pays sous-développés les marchés financiers ne sont que peu ou pas existant). Ces contraintes caractérisent une situation de répression financière qui ne permet pas l'essor du système financier et par conséquent l'évolution de la croissance économique. Cette répression financière se manifeste par la fixation des taux d'intérêt réels au-dessous de leur valeur d'équilibre du marché (ce qui réduit l'épargne), l'imposition aux banques de constituer des réserves obligatoires élevées ( cela signifie que la totalité des dépôts n'est pas transformée en crédit, nuisant ainsi à l'investissement), qui serviront à financer le déficit budgétaire à moindre coût, l'obligation faite aux banques de financer en priorité les projets gouvernementaux peu rentables, une mainmise de l'Etat sur le système financier débouchant sur la nationalisation pure et simple des banques, un niveau d'inflation élevé.

La répression financière trouve son origine dans la théorie keynésienne de l'interventionnisme Etatique. Elle est basée sur la théorie de la croissance de la préférence pour la liquidité développée par Keynes (1936) : pour assurer le plein emploi, il est nécessaire que le taux d'intérêt soit inférieur au taux de préférence pour la liquidité. Aussi les taux d'intérêt doivent être faibles afin d'éviter la chute des revenus (Eggoh, 2009). Si Mc Kinnon et Shaw aboutissent aux mêmes conclusions, ils utilisent des hypothèses et une méthodologie bien différentes.

L'approche de Mc Kinnon (1973) est basée sur l'hypothèse d'absence de marchés financiers organisés et de fragmentation de l'économie. Il se situe dans le cadre d'une économie primitive, sans développement financier (le développement financier n'est encore qu'au premier stade, c'est-à-dire la monnaie est externe.) où les agents sont contraints à l'autofinancement. La fragmentation désigne le fait que « les entreprises et les ménages sont tellement isolés qu'ils doivent faire face à des prix effectifs différents pour la terre, le capital et les marchandises et qu'ils n'ont pas accès aux mêmes technologies » (1973, p 5). Il n'est pas possible dans cette économie de distinguer entre épargnants (ménages) et investisseurs (entreprises). Il n'y a pas de relation monétaire entre les agents : les entreprises et les ménages ne peuvent se prêter ou s'emprunter les uns aux autres.

Du fait de l'autofinancement, les banques n'octroient pas de crédit. Elles se limitent à collecter les dépôts qu'elles rémunèrent et restituent. L'emprunt auprès des banques est impossible. Tout investissement, supposé indivisible, est donc autofinancé par accumulation préalable (épargne). Cette épargne peut prendre la forme d'une épargne sous forme d'actifs réels improductifs, ou d'une épargne sous forme d'encaisses monétaires réelles (dépôts bancaires). L'épargne sous forme de dépôts bancaires est une fonction croissante de sa rémunération réelle. Plus le taux d'intérêt sur les dépôts augmente, plus l'incitation à investir est grande. Cependant comment les banques font pour rémunérer les dépôts qu'elles collectent en l'absence d'une activité d'octroi de crédit ? Mc Kinnon n'y apporte pas de réponse, même si dans la suite il redonne aux banques leur fonction traditionnelle d'intermédiation financière (collecte de l'épargne et octroi de crédit).

En somme Mc Kinnon ne s'intéresse pas au marché de crédits mais plutôt à celui des dépôts bancaires. Il décrit la situation d'une économie peu monétarisée dans laquelle le faible niveau du taux d'intérêt décourage l'épargne et donc l'investissement des ménages, qui préfèrent détenir leur actif sous forme d'encaisses réelles. Toutefois la monétarisation d'une telle économie reste possible à condition d'augmenter le taux d'intérêt réel (augmentation du taux d'intérêt nominal et/ou diminution de l'inflation). Cette augmentation du taux d'intérêt crée un marché de l'épargne. C'est donc maintenant le prix qui crée le marché et non plus le marché qui détermine le prix.

Dans son modèle d'intermédiation de la dette, Shaw (1973) se situe dans une économie monétarisé où les banques assurent déjà pleinement leur rôle d'intermédiaires financiers. Le développement financier a atteint le second stade (la monnaie est interne). La fixation arbitraire des taux d'intérêt réels au-dessous de leur valeur d'équilibre du marché (augmentation des taux d'intérêt nominaux) entraine une chaine de conséquences négatives. En effet la diminution des taux d'intérêt réels dés-incite les ménages à l'épargne, réduit les dépôts bancaires et donc les fonds disponibles pour l'investissement. Il s'en suit également une modification du comportement des intermédiaires financiers. Ceux-ci deviennent en effet très prudents vis-à-vis de tout projet risqué et augmentent leur préférence pour la liquidité. Ceci se répercute sur la qualité de l'investissement. Les banques vont préférer financer les projets peu rentables mais à faible risque. Cette prudence se justifie par l'incapacité légale des banques à percevoir une prime de risque pouvant couvrir le financement des projets risqués. Tout ceci affecte négativement la croissance économique. En agissant sur la baisse des taux d'intérêt sur les dépôts et les prêts (réduction du coût de l'emprunt), le gouvernement cherche à encourager l'investissement dans certains secteurs.

Dans le modèle de Shaw (1973), On suppose que l'investissement (I) est une fonction décroissante du taux d'intérêt réel (r) et que l'épargne (S) est une fonction croissante du taux de croissance du PIB (g) et du taux d'intérêt réel (r). Le taux de croissance initial de l'économie est g1. On a : g1< g2 < g3. Les taux d'intérêt r1 et r2 correspondent à deux situations d'administration des taux d'intérêt à la baisse telles que : r1< r2 < r* avec r* : taux d'intérêt réel d'équilibre tel que I* = S*. Pour r1 (taux d'intérêt réel servi sur les dépôts bancaires), l'épargne est égale à I1. Si les banques pouvaient fixer leur taux créditeur au niveau désiré, alors celui-ci se fixerait en r3 (pour l'investissement II) et la marge ainsi dégagée (r3 - ri) par le secteur bancaire régulé mais concurrentiel, pourrait servir à financer des actions de concurrence non-prix (publicité, prestation de nouveaux services...).

Figure 3 : Les effets de la répression financière sur l'épargne et l'investissement

Source : Eggoh (2009)

Pour un taux d'intérêt fixé à r1, la demande d'investissement correspondant est (AB), investissement probablement rentable mais non satisfait. En effet, le plafonnement des taux d'intérêt peut conduire les banques à adopter un comportement de prudence (préférence des projets peu risqués et donc peu rentables) compte tenu de l'incapacité légale de percevoir la prime de risque nécessaire au financement des projets plus risqués. Le relèvement des taux d'intérêt (passage de r1 à r2) traduit le relâchement de la contrainte financière (passage de Fà F') qui a pour conséquence le rationnement des investissements à faible rentabilité qui précédemment étaient financés qui est illustré par la zone hachurée de la figure 1. En outre, r2 correspond à une situation d'administration des taux d'intérêt, dont la hausse entraîne une réduction de la demande d'investissement rationnée qui passe de (AB) à (CD). Enfin, La demande d'investissement insatisfaite ne disparaît qu'à la condition que r se fixe à r*, i.e. que l'administration à la baisse des taux disparaisse.

C- Les prolongements de l'analyse de Mc Kinnon/Shaw

De nombreux auteurs sont venus enrichir les thèses de Mc Kinnon et Shaw.

Kapur (1976) fut le premier à compléter l'analyse de Mc Kinnon et Shaw en intégrant son analyse dans un modèle dynamique. Si les Autorités décident de maintenir le taux d'intérêt à son niveau le plus bas et si le taux d'inflation est trop élevé, les ressources des banques diminuent, l'investissement stagne et la croissance est tirée à la baisse. Mais, aussi, en augmentant le montant des réserves bancaires obligatoires auprès de la banque centrale, le passif des banques diminue entrainant avec lui l'investissement à la baisse et la croissance ralentit. Pour Kapur (1976), l'augmentation des taux d'intérêt nominaux sur les dépôts est préférable à la réduction du rythme de croissance de la masse monétaire. Le relèvement des taux d'intérêt nominaux entraine une diminution de la demande de monnaie, ce qui réduit l'inflation et accroit directement l'épargne.

Galbis (1977) dans son analyse construit un modèle à deux secteurs. Le premier secteur est qualifié de traditionnel, marqué par un rendement constant et faible du capital. Dans ce secteur les investissements sont autofinancés car il n'y a pas d'accès au crédit bancaire. Dans le deuxième secteur, le secteur moderne, le rendement du capital bien que constant est plus élevé. Les investissements sont financés par l'épargne constituée et par les prêts bancaires qui dépendent des dépôts bancaires. Dans ce modèle, du fait du niveau élevé du rendement du capital dans le secteur moderne, la libéralisation financière, traduite par la hausse des taux d'intérêt servis sur les dépôts provoque un déplacement de l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne. Il s'en suit un accroissement de la productivité moyenne de l'investissement.

Volger et Buser (1976) développent leur analyse dans un modèle en termes de risque/rendement. Ils stipulent que la répression financière est la cause principale de l'augmentation du risque lié au rendement réel de la monnaie. A la différence deMcKinnon (1973) qui rattache la répression financière au fait que le rendement de la monnaie (différence entre le taux nominal sur les dépôts et l'inflation) soit réprimé, Volger et Buser (1976) décrivent la répression financière en termes de risque attaché à la variabilité croissante du taux nominal servi sur les dépôts et/ou de l'inflation. Ainsi, pour eux, la libéralisation financière consiste en l'augmentation du rendement réel de la monnaie et la baisse du risque attaché à la détention de monnaie. Par ailleurs, ils introduisent explicitement un troisième actif sous forme de stocks de biens finis ou semi-finis considérés comme les valeurs refuges contre l'inflation.

Mathieson (1979) se situe dans le cadre d'une économie ouverte, pour préconiser de faire suivre la libéralisation financière d'une dévaluation de la monnaie. Dans son modèle, l'augmentation des taux d'intérêt réels induite par la libéralisation financière peut susciter de très importantes entrées de capitaux. En effet le renchérissement considérable du coût du crédit consécutif à la libéralisation financière peut pousser les entreprises domestiques à emprunter à l'extérieur, entrainant une possible entrée de capitaux qui pourront alimenter des pressions inflationnistes. En change fixe, avec une balance des paiements excédentaires causée par l'entrée massive des capitaux, et en l'absence des mesures de stabilisation, on assiste à une augmentation automatique de l'offre de monnaie génératrice de l'inflation. L'augmentation de l'inflation qui en résulte aura pour effet de réduire les taux d'intérêt réels, pouvant entrainer une hausse des taux nominaux. En conséquence il est indispensable de dévaluer la monnaie pour combattre les entrées de capitaux provoquées par la hausse non voulue des taux d'intérêt. La libéralisation financière doit donc s'accompagner d'une dévaluation importante de la monnaie.

Roubini et Sala-i-martin (1992) étudient les effets négatifs de la répression financière (sur les marchés financiers) sur la croissance de long terme. Le développement financier, grâce à l'augmentation de la productivité marginale de l'investissement qu'il induit, améliore la croissance de long terme. Pourtant le gouvernement peut opter pour une répression du système financier, car cela augmente la demande de monnaie et génère des revenus plus élevés pour l'Etat grâce à l'accès à des ressources bon marché via la perception d'une taxe de seigneuriage. Une telle politique affaiblit le système financier et il en résulte une sous rémunération de l'épargne limitant ainsi les ressources disponibles et les crédits pour les investissements productifs.

Toutes ces analysent concluent à montrer les effets néfastes de la répression financière. A contrario la libéralisation financière en stimulant un développement financier, serait à même de mener à une croissance économique stable et durable.

II- Les canaux d'action de la libéralisation financière sur la croissance économique

Il existe plusieurs canaux à travers lesquels la libéralisation financière agit sur la croissance économique. On les regroupe généralement en deux catégories : les canaux directs et les canaux indirects.

A- L'impact de la libéralisation financière à travers les canaux directs

La libéralisation financière stimule la croissance économique à travers la constitution et l'augmentation de l'épargne, par une réduction du coût du capital, par le transfert technologique, et par le développement du système financier.

v Le canal de l'épargne

Pour réaliser la production, il est indispensable de disposer d'un certain niveau de capital. Ce capital dépend lui aussi du niveau de l'épargne. Dans la littérature, la constitution de l'épargne est, en général, liée au niveau des taux d'intérêt. Ainsi la libéralisation des taux d'intérêt va affecter positivement l'épargne sur le long terme. L'épargne oisive sera également drainée vers le système bancaire. Ce qui aura pour effet d'exercer un effet positif sur l'investissement. Par ailleurs la libéralisation des taux d'intérêt les rend attrayant et attire l'épargne étrangère, réduisant ainsi la contrainte de liquidité des firmes locales. L'épargne étrangère complète l'épargne domestique. Il est à noter que l'effet à long terme de la libéralisation financière sur l'épargne peut être différent de l'effet observé à court terme (lorsque les réformes viennent d'être mises en place). Ainsi à court terme le niveau de l'épargne peut être encore embryonnaire, mais va progressivement se constituer de sorte qu'à long terme il dévient important.

Boumghar (2007) élargit le raisonnement en identifiant quatre leviers à travers lesquels la libéralisation financière stimule l'épargne. Premièrement le taux d'intérêt. Un taux d'intérêt (sur les dépôts) élevé accroît l'épargne grâce à son effet substitution. Il fait remarquer que l'épargne des ménages peut aussi se détenir sous forme d'actifs corporels ou physiques (logement, terrain ou même actif boursier). De ce fait il est aussi important de tenir compte du taux de rentabilité de ces actifs physiques dans la relation libéralisation financière-épargne. Deuxièmement le crédit bancaire : la présence d'une contrainte de financement incite les agents à épargner afin de lisser leur consommation dans le temps. Le levier de l'innovation financière fait que l'apparition de nouveaux produits financiers rémunérateurs et alternatifs incite les ménages à relever leur propension marginale à épargner. Enfin dans le levier des institutions, la multiplication des institutions de collecte de l'épargne fournit aux ménages une offre de service plus diversifiée et moins coûteuse grâce à la concurrence.

v Le canal de la réduction du coût du capital par une meilleure gestion durisque

La libéralisation du marché boursier diminue le coût du capital. Cette diminution s'explique par la baisse de la prime de risque grâce à une meilleure diversification et une gestion optimale du risque sur le marché financier, et une baisse des coûts d'agence expliquée par un monitoring plus efficace des managers et une supervision plus stricte des investisseurs (Lajili, 2015). Grâce à la baisse du coût du capital consécutive à la diminution de la prime de risque, on assiste à une augmentation considérable de l'investissement domestique. Ainsi la libéralisation financière entraine une baisse du prix de l'action qui accroît l'investissement productif, profitable au développement économique.

v Le canal du transfert du savoir-faire technologique et managérial

Le transfert technologique joue un rôle important dans le processus de développement économique, de sorte que la croissance d'un pays dépend fortement du progrès technologique dans les autres pays, c'est-à-dire de leur importation et de leur mise en oeuvre. Dans les pays en développement, la technologie est généralement rudimentaire. Elle s'importe le plus souvent des pays développés. Or la diffusion technologique ne peut intervenir qu'en présence d'une libéralisation du système financier car les Investissements Directs Etrangers (IDE) sont le meilleur moyen pour les pays en développement d'accéder aux avancées technologiques et au savoir-faire managérial. L'augmentation de la production dans ces pays en développement requiert une technologie que seules les firmes étrangères peuvent offrir (Toutefois l'écart technologique ne doit pas être trop grand). Les firmes locales ne pourront améliorer leur procédé et les techniques de production qu'à condition d'investir dans les activités de recherche et développement.

En somme, la libéralisation financière, à travers le libre mouvement des flux de capitaux, notamment les IDE, joue un rôle crucial dans la diffusion et le transfert des innovations technologiques et du savoir-faire managérial. Ces transferts peuvent augmenter la productivité qui exerce à son tour un effet favorable sur la croissance économique (Lajili, 2015).

v Le canal de la stimulation du système financier domestique

Le système financier dans la croissance économique joue un rôle indubitable. Pour Levine (1996), King et Levine (1993), le développement économique et la croissance ne se font qu'à l'aide des services financiers et bancaires de haute qualité dont les banques étrangères des pays développés sont le plus souvent les seules capables de fournir. L'arrivée des banques étrangères ou leur participation dans le capital des banques domestiques induit de nouveaux services et moyens de paiement (carte bancaire et paiement électronique), ce qui encourage les transactions et dynamise le commerce domestique. La concurrence se trouve également renforcée. Dans ce climat, les banques locales seront contraintes à diminuer leurs coûts et à innover et améliorer leurs services. Ce qui pourrait encourager l'épargne qui va provoquer l'investissement et la productivité, lesquels permettront la croissance.

D'autre part, les banques étrangères sont très efficaces dans la collecte de l'information sur les firmes et le contrôle des dirigeants (promotion de la bonne gouvernance), rendant ainsi service aux petits épargnants souvent incapables de suivre leurs placements. Il en résulte une meilleure allocation des ressources de l'épargne vers les investissements les plus productifs.

C'est à travers ce canal que nous fondons notre première hypothèse selon laquelle H1 : « La libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun »

B- Les canaux indirects d'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique

v La signalisation

L'absence de libéralisation des mouvements de capitaux, en appliquant des restrictions sur les capitaux sortants, décourage l'afflux de capitaux extérieurs car les investisseurs internationaux n'ont pas la certitude de rapatrier leurs capitaux à tout moment. Les gouvernements se servent souvent des restrictions sur les mouvements de capitaux pour diminuer l'inflation, qui peut résulter d'un reflux de capitaux, ou pour limiter l'appréciation du taux de change, associée à un afflux massif de capitaux. Ceci envoie un signal négatif aux investisseurs qui présumeront que les meilleures politiques macroéconomiques ne sont pas adoptées, car en effet la première option signifie la non application d'une politique saine de lutte contre l'inflation, et la seconde donne l'impression d'une absence de politique fiscale optimale (Lajili, 2015).

Le gouvernement doit donc signaler aux investisseurs l'absence totale de restrictions sur les mouvements de capitaux dans le futur. La libéralisation des mouvements de capitaux constitue un signal fort pour les investisseurs. L'ouverture du compte de capital signale généralement l'adoption par les autorités d'une politique macroéconomique stable, et d'une politique économique future favorable à l'investissement, qui pourra provoquer la croissance économique.

C'est le fondement de notre deuxième hypothèse : H2 : « la libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique au Cameroun »

v L'allègement de la contrainte fiscale et la discipline macroéconomique

L'ouverture du compte de capital impacte indirectement la croissance économique à travers l'instauration d'une discipline fiscale qui encourage l'investissement dans les secteurs productifs.

En effet l'ouverture financière exerce un rôle disciplinaire capable de changer la dynamique des investissements domestiques, dans la mesure où elle mène à une réallocation du capital vers les projets les plus efficients et les plus productifs en réponse aux changements des politiques macro-économiques. « En fait, les gouvernements nationaux sont parfois tentés d'instituer des politiques fiscales sévères sur les équipements productifs. La perspective de telles politiques tend à décourager l'investissement et à réduire la croissance. Par contre, l'ouverture financière peut exercer un effet favorable sur les décisions des pouvoirs publics et les contraint de ce fait à s'engager dans de telles politiques restrictives à l'avenir, puisque les conséquences négatives de telles pratiques sont plus graves lorsque le pays est libéralisé. », (Lajili, 2015, p 46).

v La promotion de la spécialisation

La libéralisation financière, combinée avec l'existence de systèmes d'assurance interrégionale en cas de chocs, assurent la viabilité de la spécialisation sectorielle et géographique de la production dans le processus de croissance économique (des pays en voie de développement). L'importance de la spécialisation apparaît dans le sens où, d'après la théorie du libre-échange, chaque pays, dans un contexte de commerce international, gagnerait à se spécialiser dans les secteurs conformes à ses avantages comparatifs pour accroitre ses richesses et accélérer son développement.

Figure 4 : Les canaux de transmission de la libéralisation financière vers la croissance économique

Source : Benhabib et Zenasni (2011), p4

III- Les critiques à l'encontre de la libéralisation financière

Les exposés théoriques de Mc kinnon et Shaw ont été attaqués et désapprouvés quelques années après par différentes écoles de pensée macro-économiques. Ces critiques avaient toutes pour finalité de démontrer le caractère dangereux de la libéralisation financière, et pour certaines, de souligner l'utilité de la répression financière. Les post keynésiens mettent en avant le rôle de la demande effective (A), les néo structuralistes soulignent l'importance du système financier dualiste dans la structure financière des pays en développement, dualisme financier qui est une caractéristique propre à ces pays (B), et les nouveaux keynésiens brandissent les imperfections du marché et le rôle de l'Etat dans la régulation de celles-ci (C).

A- De la demande effective chez les postkeynésiens à une vision alternative destaux d'intérêt

Pour les postkeynésiens la libéralisation financière a des effets déformants sur la croissance économique. La critique s'appuie sur la notion de demande effective. Burckett et Dutt (1991) rappellent que l'investissement n'est pas une fonction du taux d'intérêt sur les dépôts, mais dépend plutôt de la demande effective, la demande anticipée des entreprises. En effet les entreprises adaptent leur production en fonction de la demande des ménages qu'elles anticipent. Lorsque le niveau de la demande augmente, elles accroissent également leurs capacités productives pour satisfaire ce niveau de la demande. La demande des ménages est positivement liée à leur consommation. Or une augmentation des taux d'intérêt créditeurs incite les ménages à épargner, réduisant ainsi leur consommation, puisque l'effet substitution l'emporte sur l'effet revenu. En d'autres termes, si la rémunération de l'épargne est assez importante, elle incite les ménages à reporter une partie de leur consommation au profit d'une augmentation de leur épargne. La diminution de la consommation des ménages et donc de la demande entraine également la diminution de la production des entreprises, et de l'investissement. Ce qui ralentit la croissance économique.

L'ensemble de la théorie de la libéralisation financière suppose une relation croissante entre taux d'intérêt réel et épargne. Cette dernière croît lorsque le taux d'intérêt augmente provoquant cependant et un effet de substitution et un effet de revenu. L'effet de substitution encourage l'épargne en rendant la consommation courante onéreuse, et l'effet de revenu décourage l'incitation à investir suite à la hausse du taux d'intérêt réel. Ainsi affirmer que la hausse des taux d'intérêt augmente automatiquement l'épargne c'est ne prendre en compte que l'effet de substitution qui implique, en effet, un accroissement de l'épargne lorsque sa rémunération s'accroît. Pourtant, il faut y ajouter un effet revenu qui, au contraire du précédent, implique une relation décroissante entre épargne et taux d'intérêt réel. Au total, l'effet est donc ambigu, sauf à supposer, comme le fait Mc Kinnon, que l'épargne est initialement tellement faible dans les pays en voie de développement que l'augmentation de sa rémunération ne peut avoir qu'un effet positif sur celle-ci. Toutefois un certain nombre de travaux restent prudents dans leurs conclusions quant à la domination de l'effet de substitution sur l'effet de revenu. Pour Morisset (1993), à moins que l'Etat intervienne pour corriger les effets d'éviction entre les besoins financiers du secteur public et la quantité de fonds disponible pour le secteur privé, l'augmentation du taux d'intérêt n'affecte pas toujours positivement l'investissement.

D'autre part il se pose d'autres problèmes induit par l'augmentation des taux d'intérêt. Comme l'expose Venet (1994), tout d'abord, il peut se poser un problème transitoire pour le secteur bancaire et le gouvernement le temps que ceux-ci s'adaptent au nouveau niveau des taux d'intérêt. Les banques peuvent subir des pertes importantes liées à leur activité de transformation des échéances. La hausse des taux d'intérêt, lorsque les prêts sont accordés à taux fixe, provoque une diminution provisoire de la marge bancaire liée à l'impossibilité pour les banques de répercuter immédiatement l'augmentation du coût de leurs ressources. Cette situation place le secteur bancaire dans une situation de fragilité transitoire. De même le déficit public peut se creuser encore d'avantage, le poids du service de la dette publique augmentant. Ensuite le taux d'intérêt nominal peut s'élever au-dessus du taux d'inflation, ce qui peut conduire à une répression financière supplémentaire.

B- Les néokeynésiens et le rationnement du crédit

L'approche de Mc Kinnon/Shaw est fondée sur l'hypothèse implicite que le marché financier est un marché parfait. Ainsi, lorsque le taux d'intérêt est à son niveau d'équilibre, il ne peut pas y avoir un rationnement de crédit. Stiglitz et Weiss (1981) ont montré qu'il y a du rationnement du crédit même sur les marchés les plus compétitifs. Les marchés de crédit sont par essence des marchés imparfaits à cause de la nature des biens échangés. Sur ces marchés sont échangés non pas de biens contemporains, mais des fonds attachés à une promesse de remboursement dans le futur. Le risque est inhérent à l'activité de crédit. Il y plane un risque de défaut, qui varie d'un emprunteur à l'autre. En effet dans le cadre de la relation principal-agent, les préteurs qui sont les banques sont dans l'incapacité d'observer la qualité des emprunteurs et de contrôler leurs comportements. Ceci s'explique par les asymétries d'information dont sont victimes les banques. Les asymétries d'information traduisent des situations de partage inégal de l'information ; certains agents (en l'occurrence les emprunteurs dans notre cas) détiennent une information spécifique qui n'est pas connue de l'autre partie (les banques). Compte tenu de l'imperfection de l'information les banques auront recours à divers moyens de filtrage. Les banques peuvent augmenter les taux d'intérêt puisqu'elles considèrent que les emprunteurs sont tous identiquement risqués. Ce comportement entraine deux conséquences négatives :

- Un aspect sélectif adverse : les bons emprunteurs seront éjectés. Ceux-ci jugeant le taux d'intérêt très élevé par rapport aux risques qu'ils représentent vont préférer se retirer du marché du crédit. La banque va plutôt attirer de mauvais emprunteurs qui, compte-tenu du niveau élevé des taux d'intérêt, seront relativement peu sensibles à ne pas honorer leurs charges de crédit. Ces emprunteurs, du fait de l'asymétrie d'information, acceptent de payer des taux d'intérêt élevés parce qu'ils escomptent qu'en entreprenant des projets hasardeux mais rentables, en cas de réussite ils seront en mesure de rembourser.

- Un aspect incitatif adverse : la modification des conditions débitrices incite les emprunteurs à préférer les projets les plus risqués. Car ils se seront endettés pour supporter le prix du crédit, et seront contraint à investir dans les projets très risqués, mais à fort rendement afin de compenser le coût du crédit. Les projets risqués augmentent les probabilités de faillite des emprunteurs et diminue, ainsi, les profits attendus par la banque. Ainsi au-delà d'un certain seuil de taux d'intérêt, les emprunteurs sont conduits à des choix contraires aux intérêts des prêteurs.

Figure 5 : asymétrie d'information et rendement espérée de la banque

Source : Lajili (2015), p 25

Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de rendement de la banque, qui correspond à la moyenne pondérée des remboursements croît moins vite que le taux d'intérêt. Il n'y a donc pas d'égalité entre l'offre des fonds prêtables qui dépend de l'espérance de rendement, et la demande de fonds qui dépend du taux d'intérêt. Pour cela le marché de crédit sera toujours en déséquilibre, ajouté au fait que la banque se soucie plus du taux d'intérêt et du risque qu'elle encourt. Les taux d'intérêt affectent le risque des banques à travers l'anti sélection et l'incitation adverse. Selon les auteurs, la banque parvient à résoudre ce problème en rationnant chaque jour certains agents, même si ces derniers sont prêts à payer des taux d'intérêt élevés.

C- Les néo structuralistes et le dualisme financier

Les néo structuralistes reprochent aux tenants de la libéralisation financière de négliger un aspect structurel des économies des pays en développement : l'existence d'un secteur financier informel. Mc Kinnon/Shaw considéraient ce secteur comme un avatar de la répression financière et de la segmentation de l'économie (Venet, 1994). Pour eux, la segmentation du marché financier agit négativement sur l'efficacité du système économique. Dans ce cas, le recours à la libéralisation financière peut contribuer à réduire la part du secteur informel et par là, diminuer l'influence du taux d'intérêt du secteur informel en faveur de celui du secteur formel pour accroitre le volume de crédit nécessaire pour l'investissement productif. Mais les néo structuralistes s'opposent à l'idée selon laquelle le secteur financier informel serait la cause du sous-développement de ces pays pauvres. Loin d'être un handicap au développement économique, le secteur informel est le reflet de la structure de la production et de la richesse de ces pays et serait un facteur de croissance économique. Ils lui attribuent une grande efficacité en termes d'allocations des ressources.

Les néo structuralistes considèrent que les réserves obligatoires constituées par les banques commerciales auprès de la banque centrale sont un obstacle à l'intermédiation financière. C'est dans cette mesure que les préteurs du secteur informel constituent une véritable alternative aux banques dans le secteur formel d'autant qu'ils ne sont pas obligés de constituer des réserves obligatoires. Ensuite, dans l'hypothèse d'une augmentation du taux d'intérêt réel consécutive à la libéralisation financière, les néo structuralistes identifient deux conséquences négatives pour la croissance. D'abord elle accroît le coût du capital productif, ce qui conduit à une augmentation du niveau général des prix et à une baisse de l'investissement qui réduit le taux de croissance de l'économie ; aussi l'augmentation du taux d'intérêt peut réduire la demande d'encaisses monétaires, ce qui affecterait alors, à la baisse l'offre de prêts sur les marchés financiers informels, provoquant ainsi une augmentation du taux d'intérêt nominal sur le marché informel (Venet, 1994).

Van Wijnbergen (1983) construit un modèle dans lequel il suppose que la richesse réelle des agents (w) est composée de la monnaie (m), des dépôts bancaires à terme (DT) et des prêts directs au secteur informel (PI). Les trois secteurs sont par hypothèse substituables et dépendent des mêmes variables qui sont le taux d'inflation, le taux d'intérêt nominal d'équilibre du secteur informel (i), le taux d'intérêt appliqué aux dépôts bancaires à termes et le revenu (y). Dans ce modèle, les banques constituent des réserves obligatoires et sont contraintes par les taux d'intérêt administrés. Les néo structuralistes (Taylor, 1983 ; Van Wijnbergen, 1983) défendent l'argument selon lequel la mise en oeuvre d'une politique de libéralisation financière, à travers l'augmentation des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires, ne contribue en rien au financement de la croissance économique dans la mesure où l'investissement ne dépend que du taux d'intérêt réel du secteur informel (i) et du revenu (y). Mais la hausse de la rémunération des dépôts à terme des banques peut entrainer deux effets sur le marché de la monnaie : D'une part, la hausse des taux créditeurs accroît la demande d'encaisses monétaires et fait donc déplacer la courbe LM vers le haut (passage en LM'). D'autre part, il y a un effet de substitution entre la monnaie et les dépôts à terme: les agents ont tendance à se tourner vers les dépôts à terme au détriment de la détention d'encaisses monétaires. Cela provoque une hausse de l'offre de monnaie.

Pour les Néo-Structuralistes, c'est le premier effet de substitution qui l'emporte. La libéralisation financière ne provoquerait que des effets néfastes car les agents substituent principalement des dépôts à terme aux actifs du marché informel de sorte que l'offre totale de fonds disponibles pour le secteur productif diminue car une partie de l'accroissement des dépôts à terme vient alimenter les réserves obligatoires, ce qui assèche de surcroit l'offre de fonds prêtables. Dans ce cas, LM se déplace vers le haut (LM'). La hausse du taux servi sur les dépôts à terme se traduit par une hausse du taux nominal sur le marché informel (i passe en i') et par une baisse du revenu (passage de y à y'). On peut remarquer qu'une politique monétaire restrictive aura les mêmes effets néfastes.

Figure 6 : Les effets d'une augmentation du taux réel sur les dépôts à terme

Source : Lajili (2015), p 23

Cependant L'approche néo structuraliste pose, elle aussi, un certain nombre de problèmes. Ce modèle suppose une allocation efficiente des ressources par le secteur informel, et le côté négatif de la constitution systématique de réserves obligatoires par le système bancaire. Il est vrai la finance informelle a un certains nombres d'avantages : bonne implantation géographique dans des zones où il est difficile au secteur bancaire officiel de s'implanter compte-tenu des coûts ; absence d'asymétrie d'information entre prêteurs et emprunteurs dans la mesure où les prêts ne sont accordés qu'à des individus membres de la communauté (village, quartier...) où l'information circule très vite ; enfin, faiblesse du risque d'aléa de moralité car le mauvais débiteurs risquent l'exclusion pure et simple de la communauté.

Pourtant le secteur financier informel n'est pas un secteur homogène. Comme le souligne Venet (1994), il s'agit plutôt d'une multitude de micromarchés disséminés géographiquement et n'ayant que peu de rapports entre eux et prenant des formes très différentes (tontines, prêteurs individuels...). Dans ces conditions, il paraît difficile de parler de taux d'intérêt unique d'équilibre du secteur non-officiel. Par ailleurs le secteur financier informel n'exerce pas à proprement parler une activité d'intermédiation. En effet l'intermédiation consiste en la collecte d'épargne et le financement des activités par la transformation de maturité. Or il est difficile de trouver des intervenants sur le marché informel qui assurent à la fois la mobilisation de l'épargne, l'octroi de prêts et le financement des investissements. On y observe plutôt une spécialisation de l'activité : collecte de l'épargne ou octroi de crédit. Les prêts sont de courte durée et de faibles montants, d'où des coûts de transaction élevés.

Aussi les néo structuralistes attribuent le faible niveau d'intermédiation du système financier formel à la constitution des réserves obligatoires. Prenant cette réflexion à contre-pieds, Kapur (1992) affirme que les réserves détenues par le secteur bancaire officiel sont un gage de liquidité à court-terme et donc qu'elles accroissent la sécurité du système. Les réserves sont indispensables compte tenu de l'activité de transformation de maturité des ressources bancaires (les banques effectuent des prêts à long terme à partir des dépôts à court terme). Le système bancaire formel tire donc son avantage de sa liquidité. Ainsi si le système financier informel veut connaitre une aussi bonne sécurité, il lui faut constituer des réserves. Eggoh (2009) rajoute que les activités financées par les prêts informels sont souvent des activités illégales et que dans le meilleur des cas, les projets financés par la finance informelle sont des projets de faible envergure ; et donc pour un grand projet d'investissement et de développement le recours au système bancaire formel est indiscutable. Dans la finance informelle les prêteurs ne sont pas protégés en cas de faillite des emprunteurs. Ceci rend le marché financier informel très volatile par rapport aux rumeurs sur les faillites. Les agents courent un risque de liquidité important qui explique le niveau élevé des taux d'intérêt sur les marchés informels.

SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS LES FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES

De la théorie à la pratique, la réalité peut s'avérer différente. Ce fut précisément le cas lors des premières expériences de la libéralisation financière marquées par des crises bancaires. Dans cette section il sera question de revenir sur les premières expériences de la libéralisation financière (I) et de passer en revue les travaux empiriques sur l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique (II).

I- Les leçons tirées des premières expériences de la libéralisation financière

Si les recommandations de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) ont suscité une vive euphorie et une grande adhésion, les auteurs s'accordent à dire que la réalité de leur application a été très décevante. Dans la plupart des pays en développement où la libéralisation financière fut expérimentée dès les années 70, il s'en est suivi des épisodes de crises bancaires (Gamra et Clévenot, 2006 ;Miotti et Plihon, 2001 ; Venet, 1994 ; Eggoh, 2009). Pourtant la libéralisation financière apparaissait comme une voie de sortie aux nombreuses crises qui secouaient ces pays, et un moyen simple et efficace de les conduire vers le développement. La sévérité des crises a été variable en fonction des pays, selon les modalités d'application et la profondeur de la libéralisation financière. Dans les pays d'Amérique latine où la libéralisation financière a été totale (Mexique, Argentine, Chili), les crises ont été plus sévères ; par contre elles ont été modérées dans les pays d'Asie (Corée du Sud, Taiwan) où la libéralisation a été partielle (Venet, 1994). Selon Gamra et Clévenot (2008), le nombre de crises a quadruplé à partir de la fin des années 1970 pour atteindre 18 crises pendant les années 1980. Et vers la fin des années 90 ce nombre est passé à 23.

A- La version totale de la libéralisation financière en Amérique latine

C'est en Amérique latine que le processus de libéralisation a débuté, au milieu des années 70, pour les pays émergents. Il a été accompagné par l'apparition de crises bancaires vers la fin de la décennie et au cours des années 1980 malgré le ralentissement de la tendance de la libéralisation en réaction à la crise de la dette pendant la même période. Nous allons prendre le cas du Mexique et du Chili.

1- Le cas du chili

Le Chili amorce sa libéralisation financière au début des années 70. Au plan interne elle a consisté à l'abandon de la fixation des taux d'intérêt. La libéralisation des taux d'intérêt s'accompagna d'une privatisation des banques publiques, de la disparition de toute espèce de restriction à l'entrée dans le secteur (suppression du capital social minimum) et, plus généralement, de toutes les formes de surveillance de l'activité bancaire par les Autorités Monétaires. Au niveau externe, toutes les restrictions à l'entrée ou à la sortie de capitaux furent abolies. Les résultats furent catastrophiques, se matérialisant par des faillites bancaires en cascade dès les premiers mois. La privatisation ne permit pas l'émergence de la concurrence dans le secteur bancaire. En 1982, les deux plus grandes entreprises chiliennes contrôlaient les principales compagnies d'assurance, les principaux fonds mutuels et les deux plus grandes banques commerciales du pays. Le gouvernement fut contraint de prendre une série de mesure pour limiter les effets. Ainsi il fut instauré à nouveau un capital social minimum. Par ailleurs le gouvernement annonçant qu'aucune banque en situation de faillite latente ne recevrait l'appui de la banque centrale en tant que prêteur en dernier ressort, il fut obligé de revenir sur sa position suite à l'enlisement de la crise dans les années 1977 (Venet, 1994). En effet l'une des plus grosses banques se trouvant en difficulté, l'Etat a craint que la faillite d'une banque de telle envergure n'affecte la confiance des déposants. Ce qui pouvait être terriblement fatal pour le secteur bancaire chilien. Plus grave, la crise s'est étendue au-delà du cadre bancaire pour toucher même les entreprises. D'importantes entreprises ont ainsi fait faillite de 1974 à 1982.

D'après une étude de Burkett et Dutt (1991), le processus de libéralisation financière entrepris au Chili n'a permis ni la croissance de l'investissement ni la croissance économique. L'épargne constituée, conséquence de la hausse des taux d'intérêt, s'orienta principalement dans des activités non productives : importation des biens de consommation de luxe, spéculation sur le marché d'actions.

2- Le cas du Mexique

Le gouvernement mexicain amorce un programme progressif de libéralisation du système financier domestique sous la supervision du FMI, à partir de 1988. Enoctobre de la même année, le gouvernement élimine les restrictions quantitatives sur l'émission des certificats de dépôts bancaires. En Avril 1989, le contrôle sur les taux d'intérêt créditeurs et débiteurs appliqués aux banques fut abandonné par les autorités financières. Il y a eu, aussi, élimination des quotas appliqués sur les prêts sectoriels. Les réserves obligatoires sur les dépôts bancaires auprès de la Banque Centrale mexicaine ont été progressivement diminuées jusqu'à leur annulation totale en 1991. Le marché monétaire a connu un ensemble de réformes le rendant plus dynamique et plus liquide à travers une augmentation de l'émission des billets de trésorerie à court terme par les entreprises de telle façon qu'ils ne dépendent plus uniquement du financement bancaire. Le Mexique retrouve à nouveau les marchés financiers internationaux en fin 1989. La libéralisation du système financier Mexicain a aussi concernée la privatisation des banques commerciales domestiques16(*).

La libéralisationfinancière conjuguée à des taux d'intérêt élevés liés à une politique monétaire restrictive aattiré des capitaux extérieurs, entrainant une surévaluation de la monnaie locale. En 1994, le pays dévalue la monnaie de 15%. C'est ainsi qu'environ 4,6 billions de dollars quittent le Mexique soit presque la moitié de la réserve étrangère rapatriée ce qui déclencha une crise de liquidité sévère qui plongea le Mexique dans une crise économique et sociale d'une grande ampleur marquée par un effondrement de l'investissement, l'augmentation du chômage et l'envolée de l'inflation.

B- La version partielle de la libéralisation financière en Asie du Sud-Est

En Asie, la libéralisation financière a été mise en oeuvre de façon un peu tardive au début des années 1980. Elle a été plus graduelle et s'est étalée sur une longue période de temps.

1- Le cas de la Corée du Sud

Dans la décennie 80, le gouvernement va amorcer la mise en place d'une politique de libéralisation financière. Concernant les taux d'intérêt créditeurs leur libéralisation était progressive et graduelle. A partir de 1984, les banques ont la liberté de déterminer les taux d'intérêt débiteurs sur certaines lignes de crédit et en décembre 1988 les taux d'intérêt sur les crédits ont été totalement libéralisés sauf les modalités d'octroi qui sont restées partiellement sous le contrôle de l'Etat jusqu'en 1995.De même, à partir de 1981, les IDE et la préparation à l'ouverture du marché boursier furent autorisés, de même que l'ouverture partielle du marché boursier coréen aux étrangers avec des restrictions et des limites en termes d'acquisition de titres de participation dans les entreprises domestiques et de rapatriement des capitaux.

A l'issue de cette libéralisation financière, la Corée a connu une forte croissance économique. Le taux de croissance du PIB est passé de 5,876 en 1992 à 10,16 en 1995 Lajili (2015). Cette croissance est expliquée d'une part par une augmentation de l'investissement boosté par un afflux massif de capitaux.

Cependant le gouvernement coréen n'a pas veillé à mettre en place un système de contrôle et de supervision bancaire. De ce fait, les « Chabelots » -agglomérats- et des banques domestiques s'endettaient fortement à l'extérieur. En 1997 plusieurs de ces agglomérats ont fait faillite. Les actifs des banques se sont détériorés car ils étaient constitués en majorité de prêts destinés à ces agglomérats. La situation financière des banques coréennes s'est dégradée davantage avec la dépréciation du « won », la monnaie locale, et les attaques spéculatives générées par la perte de confiance des investisseurs étrangers dans l'économie coréenne.

2- Le cas de Taiwan

Au début des années 80, le processus de libéralisation financière se résuma principalement à une déréglementation du secteur bancaire. Elle se traduisit par un abandon partiel de la fixation des taux, par une privatisation d'un certain nombre de grandes banques commerciales et par la création de nouveaux intermédiaires financiers (Venet, 1994). Cependant, les marchés monétaires et de capitaux domestiques sont demeurés fermés aux investisseurs étrangers. La libéralisation financière s'est traduite par une croissance rapide du secteur financier.

Seulement depuis le début du processus de libéralisation, il semble que la part des actifs réels (improductifs) n'a pas cessé de s'accroître dans le portefeuille des agents. Par ailleurs, la productivité du capital ne parait pas avoir été affectée favorablement.

II- Revue des travaux empiriques

Les différentes études empiriques menées pour dégager l'influence de la libéralisation financière sur la croissance économique aboutissent à des résultats mitigés. Utilisant chacune différentes méthodes elles aboutissent à la conclusion que la libéralisation financière, selon les cas, exerce un effet positif (1), négatif ou nul sur la croissance économique (2).

A- Les études établissant un lien positif

Roubini et Sala-I-Martin (1992) ont démontré théoriquement et empiriquement qu'une économie libéralisée se développe plus rapidement qu'une économie où la répression financière est pratiquée. Ils affirment que le faible taux de croissance qu'ont connu les pays d'Amérique Latine par rapport au reste du monde entre 1960 et 1985 est dû principalement aux politiques de répression financière mises en place dans ces pays. Ils ajoutent que dans une économie fortement réprimée, la répression financière peut être à l'origine du ralentissement de la croissance du PIBpar habitant de presque 1 % par année.

Benhabib et Zenasni (2011), en étudiant l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie, utilise l'estimation d'un échantillon de 38 observations par la méthode de cointégration des séries temporelles durant la période allant de 1970 à 2007. Les résultats obtenus de l'estimation, suggèrent que la libéralisation financière favorise le développement et l'approfondissement du système bancaire et financier ; elle exerce, ainsi, un effet favorable sur la croissance économique algérienne. Les résultats font apparaître qu'il existe une forte relation entre les variables explicatives (les indicateurs du développement financier et la variable muette) et la variable expliquée.

De même, Aiboud et al. (2015) ont étudié l'influence de la libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie durant la période 1980 à 2013 et sont parvenus à établir une relation faiblement significative et positive entre la libéralisation financière et la croissance économique et l'existence d'une relation bidirectionnelle entre les deux variables.

Orji et al. (2015) à travers une régression par les MCO trouvent que de 1981 à 2012, la libéralisation financière et l'investissement privés ont un effet positif significatif sur la croissance économique du Nigéria. Aussi Sulaiman et al. (2012) trouvent que la libéralisation financière a un effet stimulant sur la croissance économique du Nigéria sur la période 1987 à 2009. L'investigation empirique utilise le test de cointégration de Johansen et la méthode de correction d'erreur. Les résultats de la cointégration révèlent l'existence d'une relation d'équilibre de long terme entre les variables et les équations de cointégration à un seuil significatif de 5%.

Qazi Muhammad et al. (2013) en se servant du test de racine unitaire de Philippe Perron trouvent que la libéralisation financière, de 1971 à 2007, est positivement corrélée à la croissance économique de l'Iran dans le court terme. Mais l'indice de libéralisation financière est statistiquement insignifiant dans le long terme. Par ailleurs l'impact des taux d'intérêt réels sur la croissance est négatif et significatif.

Tabi Atemkeng et al (2011) trouvent un effet positif du développement financier sur la croissance économique au Cameroun sur la période 1970-2005 à travers la méthode de cointégration de Johansen. Plus spécifiquement ils trouvent une relation causale de long terme entre le développement financier et la croissance économique au Cameroun.

Mouley (2012), sur un échantillon de cinq pays du sud de la méditerranée, sur la période 1995-2006, et en utilisant une régression en panel dynamique (GMM), trouve que l'ouverture du compte de capital agit positivement sur la croissance économique.

Les travaux de Quinn (1997) sur 64 pays de 1960 à 1989 prouve que la libéralisation du compte de capital a un effet positif et significatif sur la croissance.

B- Les études établissant un lien négatif

L'étude de Gamra et Clévenot (2008) sur un échantillon de 22 pays de la périphérie de 1980 à 2002, met en évidence que lorsqu'elle est partielle, la libéralisation financière contribue à augmenter la croissance économique de 0.9% par an en moyenne (la relation est positive et significative) ; par contre une libéralisation totale contribue à réduire la croissance économique de 1,7% en moyenne par an.

Loayza et Rancière (2002) met en évidence le fait que la libéralisation financière exerce un effet positif en période de non crises et négatif en période de crises. Son étude porte sur 74 pays, de 1960 à 1995, selon la méthode GMM (méthode des moments généralisés). Par ailleurs en utilisant un modèle autoregressif avec rétard appliqué à 49 pays de 1960 à 1997, les mêmes auteurs montrent que la libéralisation financière exerce un effet positif à court terme, mais négatif à long terme.

Abdullahi (2013) montre que la libéralisation financière dans 21 pays d'Afrique subsaharienne a un impact négatif sur la croissance économique.

sur un échantillon de 45 pays, de 1980 à 2002, Fratzscher et Bussière (2004) concluent que la libéralisation du compte de capital17(*) à travers le boom du crédit et l'investissement a un effet positif à court terme mais négatif à moyen et long terme.

De même Ben Salha et al (2008) ne trouvent pas d'effet significatif de l'ouverture du compte de capital sur la croissance économique des pays au sud de la méditerranée. En utilisant la méthode GMM sur une période de 1979-2005, ils concluent que l'ouverture du compte de capital doit avoir des effets significatifs sur la croissance économique sous certaines conditions, notamment la stabilité de la situation macroéconomique (fournie par le taux d'inflation), un bon cadre institutionnel et l'ouverture commerciale.

Enfin Edison et al (2002) étudient l'impact de la libéralisation financière dans 57 pays de 1980 à 2000 à travers la régression en coupe transversale et la régression en panel dynamique. Le résultat est que même en contrôlant pour des effets conditionnels, la libéralisation financière n'exerce pas un effet positif sur la croissance économique.

CONCLUSION

Dans ce chapitre nous avons évoqué les arguments fondant la libéralisation financière ainsi que le débat qu'elle a suscité. Apparue dans les années 70, la libéralisation financière était perçue comme un remède efficace au sous-développement des pays sous-développés. Elle consistait au relèvement du niveau des taux d'intérêt créditeurs, la suppression des réserves obligatoires, le libre exercice du de la profession bancaire, la privatisation des banques etc. Il s'agissait des mesures libérales devant favoriser l'accroissement de l'épargne, l'augmentation de l'investissement, et par ricochet la croissance économique. Pourtant à la même époque des courants de pensée commencent à contester les biens faits de la libéralisation financière. Expérimentée dès les années 70, d'abord en Amérique latine, puis en Asie du sud-est plus tard dans les années 80, la libéralisation financière n'aura pas produit les attentes espérées. Elle s'est accompagnée par une série de crises bancaires plus sévères dans les pays latino-américains (Mexique, Chili) où elle a été totalement appliquée18(*). En réalité, il est apparu qu'aucun de ces pays (d'Amérique latine) ne s'est préoccupé d'améliorer le cadre juridique avant d'introduire les réformes financières. Par ailleurs elles ont été opérées dans un environnement macro-économique non favorable (Venet, 1994). Les réformes ont été incitées en partie de l'extérieur à travers notamment les politiques d'ajustement structurel du FMI et de la Banque Mondiale. Ces premiers échecs vont obliger Mc kinnon (1991) à formuler des conditions préalables au succès de toute politique de libéralisation financière. Elles tiennent principalement à la stabilité macroéconomique à travers des déficits gouvernementaux et extérieurs raisonnables et un faible taux d'inflation, une discipline budgétaire reposant sur la maitrise des dépenses gouvernementales et l'ajustement de l'assiette d'imposition pour la rendre adéquate aux ménages et aux entreprises ; à la qualité des institutions, et notamment la surveillance du système bancaire ; et enfin la stabilité politique pour un bon déroulement des activités économiques.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

En résumé, la libéralisation financière doit pouvoir permettre aux pays au système financier réprimé de converger à terme vers une croissance économique stable et durable. La libéralisation financière qui se décline en trois aspects : libéralisation du secteur bancaire encore qualifié de secteur financier interne, libéralisation du marché boursier et libéralisation du compte de capital, est apparu comme un concept « séducteur », novateur et prometteur. C'est ainsi que çà et là des mesures libérales étaient prises afin d'accorder plus de liberté d'action au secteur financier. Mais hélas la réalité était bien loin des effets escomptés. Que ce soit en Amérique Latine ou en Asie, les premières expériences de la libéralisation financière ont laissé un goût plutôt amer, se soldant par des crises bancaires à répétition. C'est certainement ayant tiré les leçons de l'échec des premières politiques de libéralisation financière [totale] que le Cameroun a opté pour une libéralisation partielle du secteur bancaire et une ouverture modérée du compte de capital. Cette partialité se justifie également par le souci de protéger le secteur bancaire, dont la caractéristique principale reste la surliquidité. En réalité, il n'y a pas de modèle type de libéralisation financière. Celle- ci se fait en fonction du contexte bancaire et financier et de la situation macroéconomique propre à chaque pays.

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

La crise bancaire des années 80 aura été très néfaste pour le secteur bancaire. L'ampleur du désastre était tel que certaines banques ont dû être liquidées. C'est alors qu'on s'est rendu compte du caractère mauvais de la répression financière, dont cette crise était la conséquence. Sous l'égide du FMI, le Cameroun entreprend dès 1989 une série de réformes visant non seulement à restructurer le secteur bancaire, mais aussi à le libéraliser. La libéralisation financière effectuée va offrir une plus grande liberté d'action aux banques. Cependant la libéralisation financière effectuée au Cameroun s'est faite de façon progressive et a été partielle. Au niveau bancaire, la libéralisation a concerné les taux d'intérêt, les barrières à l'entrée, l'allocation sectorielle des crédits. Mais les réserves obligatoires ont été instituées, le capital social minimum est passé de 300 millions à 1 milliard de FCFA, et depuis 2009 la COBAC l'a relevé à 10 milliards. Quant au compte de capital, il reste très peu libéralisé. Si les flux de capitaux en provenance et en direction de la CEMAC ont été libéralisés, ceux en provenance du reste du monde sont soumis à des contrôles, de même que l'émission et la vente des valeurs mobilières étrangères de plus de 10 millions de FCFA. Cette deuxième partie cherche à savoir si cette libéralisation financière, bien que partielle, participe significativement à la croissance économique. A cet effet les deux hypothèses qui nous serviront de carnet de route sont :

H1 : « La libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun »

H2 : « La libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique au Cameroun »

Dans cette partie essentiellement empirique, nous exposons la méthodologie de réalisation de cette étude au chapitre 3, puis au quatrième chapitre nous interprétons les résultats des tests économétriques effectués.

CHAPITRE 3 : DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN

INTRODUCTION

Notre investigation empirique cherche à dégager l'effet de la libéralisation du secteur financier interne et du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun. Nous allons vérifier si la libéralisation financière a été à l'origine de la stimulation de la croissance économique. Rappelons que la libéralisation financière opérée au Cameroun a été graduelle et partielle (libéralisation des taux d'intérêt et des conditions de banque, mais introduction des réserves obligatoires, faible ouverture du compte de capital).

SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE L'ETUDE

Dans cette section, nous spécifions les modèles (I) présentons les variables (II) et les sources de données (III).

I- Spécification du modèle

Dans la logique de détecter l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique, les travaux empiriques se basent chacun sur un aspect particulier de la libéralisation financière. En d'autres termes il s'agit de cerner l'influence de la libéralisation financière interne, ou de la libéralisation du compte de capital, ou de la libéralisation du marché boursier sur la croissance économique. Dans notre recherche nous nous limitons à l'étude de l'effet de la libéralisation du secteur bancaire et du compte de capital sur la croissance économique, étant donné l'inexistence du marché boursier au moment des différentes reformes (décennie 1990) et sa création juste récente (la DSX est créée en 2001, mais ne commence réellement à fonctionner qu'en 2006. Par ailleurs il reste encore fébrile saisonnier et mal organisé).

Ainsi dans notre étude nous avons deux hypothèses. La première hypothèse consiste à détecter l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique Camerounaise à travers le canal de la stimulation du secteur bancaire interne, c'est-à-dire du développement financier. Ici la libéralisation financière est supposée avoir permis un développement financier qui aura in fine impacté positivement la croissance économique. Quant à la deuxième hypothèse, elle stipule que la libéralisation financière, à traves l'attrait des IDE, des investissements de portefeuilles, des transferts etc. influence positivement la croissance économique du Cameroun. En clair la libéralisation du compte de capital influe positivement sur la croissance économique.

1- Les différents modèles

Il existe une pléthore de travaux portant sur les effets de la libéralisation financière sur la croissance économique, et presqu'autant de modèles différents, dont il nous serait clairement impossible d'en faire un inventaire exhaustif. Il n'existe pas de modèle « type » ou de modèle « de base », dont les autres modèles suivraient ou s'inspireraient. Toutefois la plupart des modèles sont linéaires. Les travaux portant sur l'impact de la libéralisation financière interne sur la croissance économique utilisent donc différentes méthodologies.

A cet effet, Benhabib et Zenasni (2011), en étudiant l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie, ont le modèle suivant : Yt = á0 + á1 Xt + á2 Zt + á3rt + á4 D1 + åt,avec Y le PIB, X la masse monétaire rapportée au PIB, r le taux d'intérêt et D1 la variable muette. Afin d'étudier les élasticités, ils introduisent le logarithme de part et d'autre de l'équation sauf sur le taux d'intérêt et la variable muette.

Aiboud et al. (2015) ont étudié l'influence de la libéralisation financière sur la croissance économique en Algérie. Leur modèle s'inspire de celui de Benhabib et Zenasni (2011), et est de la forme : PIBHt = á0 + á1 M2t + á2 QMt + á3 Rt + á4 VMt + åt, où PIBH est le PIB par habitant, M2 la masse monétaire en pourcentage du PIB, QM la quasi monnaie en pourcentage du PIB, R les taux d'intérêt et VM la variable muette.

Tabi Atemkeng et al (2011) trouvent un effet positif du développement financier sur la croissance économique au Cameroun. Leur modèle est Log GDP = â1Log FDt + â2 Log Xtt, avec GDP le PIB par habitant, FD un indicateur de développement financier (crédits privés rapportés au PIB et taille du secteur financier) et X la matrices des variables de contrôle (taux d'investissement privé, taille du gouvernement, degré d'ouverture de l'économie).

L'étude de Gamra et Clévenot (2008) sur un échantillon de 22 pays de la périphérie a pour modèle : yi,t = âQi,1980 + ãXi,t + á Libi,t + åi,t,

avec Xi,t, représentant les variables de contrôle pour différents niveaux du PIB par tête selon les pays, Lib la variable de libéralisation financière construite selon la méthodologie propre aux auteurs (cf chapitre 1), Qi,1980représente le logarithme du PIB réel par tête en 1980, yi,t Le logarithme de croissance du PIB réel par tête dans le pays i pour l'année t.

Khalfaoui19(*) (2009) quant à lui adopte le modèle : Yit = ái + âi ILF + ìi VC + åi.

Dans ce modèle la variable à expliquer est la croissance, mesurée par le PIB par habitant. ILF désigne l'indicateur du développement financier. Il est saisi à travers les crédits privés en pourcentage du PIB, la monnaie M2 en pourcentage du PIB, la capitalisation boursière rapporté au PIB, et les investissements directs étrangers en pourcentage du PIB. Les variables de contrôle VC incluent le niveau du PIB initial par tête -1987- le stock de capital humain donné par le taux d'éducation en secondaire, le taux de croissance de la population, le degré d'ouverture commerciale et les investissements privés par rapport au PIB, estimés par la formation brute de capital fixe plus la variation de stock. Son étude a débouché sur une relation positive et significative dans son ensemble entre la libéralisation financière et la croissance économique.

Khemakhem (2011)20(*)utilise des données annuelles relatives à la période (1990-2009), pour étudier l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique des pays en développement. Son modèle est de la forme :

Yi,t = aXi,t + bZi,t + åt + ãt + äi,t + C

Y c'est la variable endogène du pays i à la période t. Il s'agit de
l'indicateur de croissance, le logarithme du PIB par tête d'habitant (Log PIB). X la matrice des variables de contrôle (le capital humain mesuré par le taux de scolarisation secondaire, le taux d'inflation, les dépenses publiques et l'ouverture commerciale), Z la matrice caractérisant les intermédiaires financiers. En clair, c'est l'indicateur de développement financier, å représente l'effet spécifique permettant de contrôler les différences non observables qui existent entre les unités statistiques, ã l'effet temporel permettant de contrôler les chocs conjoncturels qui frappent les économies, ä Perturbation aléatoire, identiquement et indépendamment distribuée dans le temps et parmi les pays et suivant la loi normale (0, ä2). Comme indicateur de développement financier, il retient les crédits fournis au secteur privés, la capitalisation boursière, tous rapportés au PIB.

Dans leur article portant sur la « libéralisation financière, crises bancaires et croissance économique : cas des pays du sud de la méditerranée », Ben Salha et al (2008), pour cerner l'effet de la libéralisation du compte de capital et du marché boursier sur la croissance économique de ces pays, se servent du modèle de la forme : yit = áyit-1 + âxit +älibit + çi + vi + åit. Dans ce modèle, xit est la matrice des variables de contrôle (dépenses du gouvernement, taux de croissance de la population, dépenses d'investissement par rapport au PIB), libit est l'indice de libéralisation financière (compte de capital ou marché boursier), çi, vi, åit représentent respectivement l'effet spécifique individuel, l'effet spécifique temporaire et le terme d'erreur. yit est le PIB par habitant, et yit-1le même PIB à la période précédente. Pour mesurer le degré de libéralisation du compte de capital, ils utilisent l'indice Kaopen.

2- Modèle adopté

Nous rappelons nos deux hypothèses :

H1 : « La libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun »

Cette hypothèse consiste à considérer avec Roubini et Sala-i-martin (1992) que le développement financier est la conséquence directe de la libéralisation financière interne (bancaire) ; la libéralisation financière a débouché sur un développement financier qui a impacté positivement la croissance économique. A cet effet les indicateurs que nous retenons, comme la plupart des études,pour saisir l'effet de la libéralisation financière interne sur la croissance économique au Cameroun sont les ratios masse monétaire sur PIB, et crédits privés sur PIB. L'indicateur de la croissance économique utilisé est plus fréquemment le PIB par habitant. Nous n'utilisons pas directement un indice de libéralisation financière interne comme indicateur de la libéralisation financière, pour cerner son effet sur la croissance économique, à cause de son indisponibilité pour le Cameroun pour des périodes récentes de notre étude. Par ailleurs les indicateurs que nous avons retenus sont de plus en plus préférés dans la littérature empirique récente par rapport aux différents index de la libéralisation interne, car ils rendent mieux compte du niveau et des effets de la libéralisation financière, qui demeure difficilement mesurable à un degré précis.

H2 : « La libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique au Cameroun »

La mesure du compte capital que nous allons utiliser, pour saisir le degré d'ouverture du compte de capital est le KAOPEN.

Ainsi à partir d'un large éventail de la littérature empirique, et surtout à partir des modèles de Atemkeng et al (2011), etKhalfaoui (2009), notre modèle aura la forme générale suivante :

Yt = á + âILFt + ãICCt + äVct + åt,

Avec ILF l'indicateur de la libéralisation financière interne, ICCl'indicateur de libéralisation du compte de capital,Vc la matrice des variables de contrôle, åle terme d'erreur, et Yest la variable dépendante qui mesure la croissance économique.

Afin de mesurer l'élasticité des variables, on utilise le logarithme pour les deux parties de l'équation, sauf sur les taux et la variable Kp. Ainsi, en extension le modèle devient :

logPIBt = â0 + â1logM2t + â2logCPt + â3Kpt + â4logCOt + â5logDPUt + â6SCOt + â7TINFt + â8POPt + åt

Avec,

logM2 le logarithme du ratio masse monétaire sur PIB

logCP le logarithme du ratio crédits privés sur PIB

Kp l'indicateur Kaopen de libéralisation du compte de capital

logCO logarithme de l'ouverture commerciale

logDPU logarithme des dépenses publiques rapportées au PIB

SCO le taux de scolarisation

TINF le taux d'inflation

POP le taux de croissance de la population.

t c'est le temps

åt c'est la variable muette

â0 est la constance

II- Les variables

1- La variable dépendante

La variable dépendante est le PIB par habitant, utilisé pour mesurer la croissance économique. Le PIB par habitant est le rapport du PIBréel par l'ensemble de la population. C'est l'indicateur généralement retenu dans les travaux comme variable dépendante.

Figure 7 : évolution du PIB par tête au Cameroun, unité de devises locales constantes, 1990-2015

Construit à partir des statistiques du Cameroun de la banque mondiale, annuaire 2016

A l'observation de ce graphique, le PIB par habitant a connu une baisse notable de 1993 à 1995. Ceci peut s'expliquer par la crise économique qu'a traversée le pays pendant cette période et notamment suite à la dévaluation du FCFA.

2- Les variables indépendantes

Elles sont grossièrement au nombre de trois : les variables traduisant le développement financier, la variable de libéralisation du compte de capital, et les variables de contrôle.

Les variables de la libéralisation financière

Les variables utilisées sont :

-la monnaie au sens large rapportée au PIB (M2). Qualifié de taux de liquidité, le ratio masse monétaire sur PIB est constitué des disponibilités monétaires (circulation fiduciaire et dépôts à vue) et la quasi monnaie (dépôts à terme en monnaie nationale, dépôts en devises et les provisions pour paiement des importations).  La monnaie au sens large est la somme de la masse monétaire M1 (billets et pièces) et de la quasi monnaie. En effet la masse monétaire m2 est un agrégat intermédiaire correspondant à une définition plus large de la masse monétaire constitué de la monnaie au sens étroit (M1) ainsi que des engagements. On distingue d'une part les engagements représentatifs de dépôts pouvant être transformés rapidement et sans coûts en moyens de paiement, et d'autre part, des engagements à court terme (moins de deux ans) dont la transformation en moyens de paiement est stipulée à l'échéance du contrat (dépôt à terme). Ces engagements sont proches d'une utilisation de la monnaie comme réserve de valeur.

La variable M2 mesure le niveau du développement du secteur bancaire, c'est-à-dire le niveau d'intermédiation financière.Le ratio de la masse monétaire sur le PIB mesure la taille du secteur financier formel par rapport à la taille de l'économie. Plus ce ratio augmente, plus il traduit le niveau élevé d'expansion de la sphère financière formelle, et l'évolution de l'intermédiation financière. Le signe attendu est positif.

Figure 8 : évolution du ratio masse monétaire/PIB (M2), 1990-2015

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

De 1990 à 1996 le ratio masse monétaire sur PIBa diminué, traduisant une faible profondeur financière. Le système bancaire était encore fragile et avait du mal à s'approfondir au lendemain des réformes. La finance formelle ne représentait qu'un peu plus de 10% de l'économie en 1996. Mais depuis cette date, la taille de la finance formelle dans l'économie a augmentée, avoisinant les 25% en 2015.

-les crédits privés rapportés au PIB (CP). C'est la capacité des banques commerciales dans le financement de l'économie. Suite à la libéralisation des taux d'intérêt, les crédits sont supposés « exploser » (boom du crédit). Le boom du crédit ou syndrome de l'emprunt est donc mesuré par le ratio crédits privés/PIB. L'augmentation des crédits doit entrainer le relèvement du niveau de l'investissement, qui par ricochet agira positivement sur la croissance économique. Le signe attendu est positif.

Figure 9 : évolution du ratio crédits privés/PIB (CP), 1990-2015

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

Le ratio crédits privés sur PIB qui traduit l'effet de la libéralisation des taux d'intérêt était particulièrement élevé pendant les périodes de répression financière du fait de l'octroi incontrôlé du crédit. Il s'est mis par la suite à baisser notamment à partir de 1992 au moment où les taux d'intérêt venaient d'être libéralisées. Pourtant la libéralisation des taux d'intérêt est censée entrainer une augmentation des crédits. Cette baisse de « CP » traduit le rationnement du crédit par les banques. Malgré la libéralisation des taux d'intérêt, les banques ne financent pas assez l'économie.

La variable de la libéralisation du compte de capital

Pour mesurer le degré d'ouverture du compte de capital du Cameroun, nous allons utiliser l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) qui mesure l'ampleur de l'ouverture du compte de capital. Cet indice est disponible pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015. Il se base sur les 4 principales catégories de restriction sur le compte extérieur contenues dans l'AREAER : la variable indiquant la présence d'un taux de change multiple; lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions courantes (degré de convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur l'utilisation d'une monnaie étrangère entre résidents); lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du compte de capital; et lavariable indiquant la présence de restrictions lors du rapatriement des bénéfices par les exportateurs. L'avantage de cet indicateur est qu'il tient compte de l'intensité des restrictions et non de son existence ou pas (comme c'est le cas pour la majorité des indicateurs d'ouverture du compte de capital). Construis essentiellement par la méthode de l'analyse en composantes principales, cet indicateur est compris entre -1,7 (le pays est peu libéralisé) et 2,6 (le pays est financièrement très libéralisé). Plus sa valeur est importante, plus le compte de capital du pays concerné est libéralisé. Le signe attendu est positif.

Figure 10 : évolution de l'indicateur KAOPEN de l'ouverture du compte de capital pour le Cameroun

Construit à partir de la base de données du KAOPEN, 2015

L'indice kaopen de libéralisation du compte de capital est négatif sur toute la période d'étude. Ce qui veut dire que le Cameroun a très peu libéralisé son compte de capital. S'il a un score meilleur sur la période 1993-1995, c'est à cause du rapatriement des capitaux spéculatifs qui avaient été massivement placés hors de la zone BEAC pour se protéger contre la dévaluation.

Les variables de contrôle

Quant aux variables de contrôle, elles sont l'ensemble des variables réelles souvent utilisées afin d'expliquer la croissance économique. Nous retenons :

- le degré d'ouverture commerciale de l'économie (CO) :En général, l'effet de l'ouverture sur la croissance passe par trois voies: la formation du capital physique (croissance tirée par l'investissement et induite par l'ouverture), le capital humain (croissance tirée par les compétences et induite par l'ouverture) et le savoir (croissance tirée par la technologie et induite par l'ouverture). Pour mesurer le degré d'ouverture des pays en voie de développement on recourt au taux d'ouverture de l'économie qui est égal au ratio des exportations plus les importations divisées par le PIB. L'ouverture commerciale donne un reflet des transactions du pays avec le reste des économies. Elle est censée agir positivement sur la croissance économique.

Figure 11 : évolution de l'ouverture commerciale du Cameroun (CO)

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

Au fil du temps le Cameroun s'est commercialement ouvert à l'extérieur, grâce à l'intégration économique au niveau de la CEMAC, et à certains accords commerciaux avec certains pays de l'union européenne.

- les dépenses publiques en pourcentage du PIB (DPU). Les dépenses publiques sont l'ensemble des dépenses réalisées par les administrations publiques.Cette variable représente l'efficacité des politiques macroéconomiques. Les dépenses du gouvernement peuvent agir positivement sur la croissance en stimulant la demande de biens et services, ce qui entraîne l'augmentation de la production et dope la croissance. Les dépenses publiques peuvent, à travers les dépenses d'éducation, de santé et d'autres services qui contribuent à l'accumulation du capital humain, augmenter la productivité marginale des facteurs de production et la croissance. Mais, ces dépenses peuvent avoir un effet négatif sur la croissance quand le scénario suivant se produit: L'augmentation des dépenses publiques entraîne une augmentation de l'offre de la monnaie, ce qui fait repartir l'inflation et diminue, par effet de cascade, l'épargne, l'investissement, la production et la croissance. En tout état de cause l'effet attendu est positif.

Figure 12 : évolution des dépenses publiques en pourcentage du PIB (DPU)

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

-le capital humain :L'enseignement principal de ces modèles de croissance est
que l'accroissement du niveau de qualification de la population active est un
déterminant essentiel de la croissance. L'accumulation du capital humain permet de
soutenir la croissance à long terme en agissant directement sur la productivité de la
main-d'oeuvre, mais aussi à travers des externalités positives que cette amélioration
engendre.Le facteur du capital humain explicatif de la croissance reste le plus souvent le taux de scolarisation. Le taux de scolarisation est la proportion de jeunes d'un âge donné scolarisés par rapport à la population totale du même âge. On distingue à ce niveau le taux brut de scolarisation, et le taux net de scolarisation. Le taux brut de scolarisation (TBS) (Gross enrollment ratio en anglais) est défini comme le total des inscriptions dans un niveau spécifique d'éducation, sans distinction d'âge, exprimé en pourcentage de la population officiellement scolarisable au même niveau pour une année scolaire donnée. Ce taux peut être supérieur à 100 %. Lorsque l'indicateur a une valeur supérieure à 100, il met en lumière l'incidence de la scolarisation d'enfants plus jeunes ou plus âgés que l'âge normal. Le taux net de scolarisation (TNS) (Net enrollment ratio en anglais) correspond au quotient de la population scolarisée et ayant l'âge officiel d'une scolarisation par rapport à la population scolarisable ayant l'âge officiel d'une scolarisation. Ce taux ne peut pas être supérieur à 100 %.Pour caractériser cette variable, nous retenons la variable SCO qui correspond au taux brut de scolarisation secondaire, du fait de l'absence des données sur le TNS. Le signe attendu est positif.

Figure 13 : évolution du taux brut d'inscription secondaire au Cameroun (SCO)

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

On note qu'à partir de 2006 le taux de scolarisation au secondaire a connu une hausse significative. Ceci peut s'expliquer par la multiplication des établissements scolaires jusque dans les zones rurales, autrefois délaissées.

-le taux d'inflation (TINF): Ce qui justifie l'introduction du taux d'inflation comme
variable explicative de la croissance est le concept de la répression financière. Un
taux d'inflation élevé caractérise les économies caractérisées par la répression
financière. L'inflation élevée peut encourager les investissements spéculatifs et peu
productifs. Cela défavorise ainsi les investissements à long terme et exerce un effet
nuisible à la croissance.Ce sont les prix de consommation finale des ménages qui sont souvent pris en compte dans la mesure d'inflation. Un indice des prix à la consommation mesure les variations enregistrées par le panier observé, traduisant ainsi la variation du coût de la vie pour les consommateurs, et de la valeur de la monnaie dans ses aspects les plus concrets pour les ménages. Le signe attendu est négatif.

Figure 14 : évolution du taux d'inflation au Cameroun selon l'indice des prix à la consommation (TINF)

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

Le taux d'inflation a un pic record de 35% en 1994 à cause de la dévaluation du FCFA qui entraine une hausse des prix à la consommation.

-le taux de croissance de la population (POP) : Selon Barro (2000), Malthus (1798),la croissance économique est négativement liée au taux de fertilité. Ainsi, avoir plus d'enfants dans la même famille va engendrer un taux de croissance de la population plus élevé. Une augmentation du taux de croissance de la population peut être à l'origine de la baisse du PIB par habitant. De même dans le cadre des modèles de croissance exogène comme celui de Solow, une croissance de la population exerce un effet appauvrissant. Le signe attendu est négatif.

Figure 15 : Evolution du taux de croissance de la population camerounaise (POP)

Construit à partir des `statistiques du Cameroun' de la banque mondiale, annuaire 2016

Le taux de croissance de la population a un trend descendant. La population camerounaise croît à un rythme de plus en plus faible.

III- Sources de données

Les données sont essentiellement prélevées dans la base de données `statistiquesdu Cameroun' de la banque mondiale annuaire 2016. Nous avons obtenu l'ouverture commerciale entendue comme la somme des exportations et des importations le tout divisé par le PIB, en additionnant les importations de biens et services en pourcentage du PIB, et les exportations de biens et services en pourcentage du PIB, déjà présentes dans la base de données. Seul l'indicateur de l'ouverture du compte de capital est puisé dans la base de données du KAOPEN, 2015. Toutes nos données s'étendent de 1990 à 2015, période retenue pour notre étude.

Tableau 11: récapitulatif des caractéristiques du modèle

Variables

Mesure, (code)

Coefficient

Signe attendu

source

Croissance économique (variable dépendante)

PIB par habitant, (PIB)

/

/

Banque mondiale (BM)

Libéralisation financière

-ratio masse monétaire/PIB, (M2)

-Ratio crédits privés/PIB, (CP)

â1

â2

Positif (+)

Positif (+)

BM

Libéralisation du compte de capital

Indice KAOPEN (Kp)

â3

Positif (+)

Base de données du KAOPEN, 2015

Ouverture commerciale

(exportations+ importations)/PIB, (CO)

â4

positif

(+)

BM

dépenses publiques

Dépense des administrations publiques/PIB, (DPU)

â5

Positif (+)

BM

Capital humain

Taux brut d'inscription en secondaire, (SCO)

â6

Positif (+)

BM

Taux d'inflation

L'indice des prix à la consommation, (TINF)

â7

Négatif (-)

BM

population

Taux de croissance de la population (POP)

â8

Négatif (-)

BM

Source : auteur

SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION

Pour estimer notre modèle, nous allons recourir à la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). La période d'étude retenue va de 1990 à 2015. Nous utiliserons le logiciel eviews 8. Pour estimer notre modèle défini, nous utiliserons les données en séries chronologiques. Des telles données étant rarement des réalisations de processus stationnaire, il est nécessaire d'effectuer des analyses préalables des séries avant de choisir la méthode d'estimation appropriée.

I- Tests préalables sur les séries

Nous allons procéder d'abord à l''étude de la stationnarité des séries, ensuite nous allons tester l'existence d'une relation de cointégration entre les variables eten fin faire un test à correction d'erreur.

1- Etude de la stationnarité des variables

Avant de tester la relation à long terme entre les variables, il est
nécessaire de vérifier si les séries sont intégrées du même ordre. Le but de
ces tests est d'identifier la présence de racine unitaire dans une série.Ainsi, notre analyse empirique a débuté par des tests de racine unitaire sur l'ensemble des variables de nos différents modèles. Un processus Xt est dit stationnaire si tous ses moments sont invariants pour tout changement de l'origine du temps. Il existe deux types de processus stationnaire : les processus TS (Trend Stationary) qui présentent une non-stationnarité de type déterministe et les processus DS (Difference Stationary Process) pour lesquels la stationnarité est du type aléatoire. Ces processus sont stationnarisés par écart à la tendance et par un filtre aux différences. Dans ce dernier cas, le nombre de filtres aux différences permet de déterminer l'ordre d'intégration.

L'analyse de la stationnarité des séries est importante dans la modélisation de séries temporelles afin d'éviter d'obtenir une régression fallacieuse montrant qu'une régression linéaire avec des variables non-stationnaires n'est pas valide. Selon Bourbonnais (2007), le non stationnarité a des conséquences fondamentales sur le plan économétrique, parmi lesquelles: la perte de la linéarité des paramètres, les biais observés dans l'estimation du modèle et la perte de la qualité des paramètres.

Plusieurs tests permettent de vérifier la stationnarité des séries chronologiques. Le test de Phillips-Perron (PP), le test Kwiatkowski-Phillips-Schmid et Shin (KPSS) et le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF).

Dans cette étude, nous avons employé le test de Dickey-Fuller augmenté (ADF) afin d'explorer la nature des séries. Ce test est préféré aux autres en raison sa simplicité. Les résultats sont obtenus avec le logiciel eviews 8. Le degré de significativité habituellement accepté est de 5%.

Pour chaque série temporelle de l'équation à estimer, on part d'un modèle général où la variable à expliquer est régressée sur la variable à expliquer décalée d'une période soit :

Yt= âo + äYt-1+ åt

Où Yt est la variable à expliquer, åt un bruit blanc, âo et ä des paramètres.

Le test ADF va donc consister à tester l'hypothèse nulle « on est en présence d'une racine unitaire ou de non stationnarité» contre l'hypothèse alternative « on est en présence d'un processus stationnaire ». En formulant ces hypothèses de manière mathématique on aura :

H0: ä = 1

H1: ä < 1, âo ? 0

La règle de décision (accepter ou rejeter l'hypothèse nulle) consiste à comparer la valeur absolue calculée de la statistique Dickey-Fuller augmenté (ADF) à la valeur absolue de la valeur critique (CV) de McKinnon(1973) lue. Ainsi:

Si ADF < CV en niveau, on accepte l'hypothèse de la non-stationnarité (H0). La série considérée est alors non-stationnaire;

Si ADF > CV en niveau, on accepte l'hypothèse alternative de stationnarité et la série considérée est stationnaire.

L'intérêt de la condition de stationnarité est que l'effet produit par un choc sur une série possédant une tendance ou un facteur dépendant du temps (série non stationnaire) est transitoire. Ce choc ne peut affecter durablement la tendance et la série retrouve son mouvement tendanciel. Dans ces conditions, il est difficile de cerner clairement l'effet d'une autre série sur les variations d'une série non stationnaire. Cependant, lorsque la variable n'est pas stationnaire en niveau, l'on peut la rendre stationnaire par différence première ou seconde.

2- Test de cointégration des séries

L'objectif du test de cointégration des séries est de détecter si des variables possédant une racine unitaire ont une tendance stochastique commune. Si tel est le cas, il existe une relation d'équilibre de long terme entre les variables; et la combinaison linéaire de deux variables provenant de séries non stationnaires est, quant à elle, stationnaire. Dans une telle situation, la formulation en différence mène à une mauvaise spécification du modèle et des termes de corrections d'erreurs doivent être ajoutés. Lorsque toutes les variables sont stationnaires, le test de cointégration et la méthode à corrections d'erreurs (estimation à court terme) ne s'imposent pas. Si toutes les variables ne sont pas stationnaires et ont le même ordre d'intégration, il faut faire l'estimation de long terme et ensuite faire le test de cointégration par la méthode d'Engle et Granger (1987) et terminer par la relation de court terme. Deux ou plusieurs séries chronologiques sont cointégrées si une combinaison linéaire de ces deux variables est stationnaire, c'est-à-dire converge vers l'équilibre au cours du temps. Deux variables stationnaires ne peuvent pas être cointégrées.

À ce niveau, deux approches sont utilisées pour la vérification de cette hypothèse. D'une part, nous avons l'approche d'Engel et Granger (1987) portant sur les tests de racine unitaire des résidus. Ce test n'est utilisable que si les variables considérées sont du même ordre d'intégration. Son principe consiste à comparer la valeur absolue de la statistique Dickey-Fuller augmenté (ADF) par rapport à la valeur absolue de la valeur critique de Mac Kinnon (CV). Ainsi:

Si ADF <CV, on accepte l'hypothèse de non cointégration

Si ADF > CV, on accepte l'hypothèse alternative de cointégration.

Malgré la facilité de mise en oeuvre de la méthode d'Engle et Granger, elle ne permet néanmoins pas de distinguer plusieurs vecteurs de cointégration. Ceci pose alors un problème lorsqu'on veut étudier simultanément n variables, avec (n>2). Afin de pallier cette difficulté, Johansen en 1988 a proposé de tester directement dans le cadre d'un VAR en niveau les relations de cointégration. Cette approche permet par la méthode de maximum de vraisemblance, d'obtenir tous les vecteurs de cointégration contrairement à l'approche d'Engle-Granger qui ne tient compte que d'une seule relation de cointégration, dans un cadre multivarié. Et de ce fait, elle apparaît plus attrayante lorsqu'on veut tester la cointégration dans un système de plusieurs variables. L'approche de Johansen est basée sur deux tests sur les valeurs propres du système à n variables. Le premier est appelé statistique de la trace et teste qu'il existe au moins r vecteurs de cointégration dans un système comportant n?r variables, le second dénommé statistique de la valeur propre maximale, teste qu'il existe exactement r vecteurs de cointégration contre l'alternative de r+1 vecteurs. Les valeurs critiques de ces deux statistiques ont été tabulées notamment par Johansen (1988). Si les variables sont cointégrées, alors nous allons formuler un Modèle à Correction d'Erreurs (MCE).

3- Mécanisme à correction d'erreur

En économétrie des séries temporelles, lorsque nous souhaitons modéliser une variable non stationnaire à l'aide d'une seule variable explicative elle aussi non stationnaire, nous avons recours à ce qu'on appelle un modèle à correction d'erreur. Pour ce faire, nous procédons en plusieurs étapes :

La première étape consiste à tester la stationnarité de ces séries temporelles. Pour cela nous disposons de plusieurs tests de non stationnarité21(*). Si les variables sont non stationnaires, la régression standard des moindres carrés ordinaires est dite fallacieuse ou illusoire. Pour éviter ce problème, nous pouvons estimer un modèle par MCO via une transformation linéaire des variables (dans la majeure partie des cas, la différence première rend les variables non stationnaires en niveau exploitable). Cependant, d'un pont de vue économique, il est fréquent de vouloir travailler avec ces variables en niveau plutôt qu'en différence première. La question qui se pose ici est comment faire pour que la régression ne soit pas fallacieuse? Si les variables sont cointégrées, il est possible d'estimer une régression pertinente et statistiquement viable.

La cointégration entredeux variables a été conceptualisée par Engle et Granger (1987). Cependant, leur méthode ne permet pas de distinguer plusieurs relations de cointégration. Ce n'est que quelques années plus tard que Johansen (1991) met au point une procédure capable de tester l'existence de (n-1) relations de cointégration entre n variables (n?2). Si deux séries sont cointgrées (les résidus estimés dans la relation de long terme sont stationnaires), nous avons recours au modèle à correction d'erreur (MCE).

II- Méthode d'estimation du modèle

Pour estimer notre modèle, nous allons utiliser la méthode des moindres carrées ordinaires (MCO). Il s'agit d'une méthode élaborée par Legendre et Gauss au début du XIXème siècle pour comparer les données expérimentales, généralement entachées d'erreurs de mesure, à un modèle mathématique, censé décrire ces données. La méthode des moindres carrées ordinaires permet alors de minimiser l'impact des erreurs expérimentales en « ajoutant de l'information »  dans le processus de mesure. Cette estimation se faire l'aide du logiciel Eviews 8. La validation statistique de la qualité globale du modèle est appréciée par le coefficient de détermination du modèle (R2) et le test de Fisher. Le R2 mesure l'adéquation entre un modèle issu d'une régression linéaire simple ou multiple et les données qui ont permis de l'établir. Bref, le coefficient de détermination indique la qualité d'ajustement du modèle, plus il est proche de 1, plus la qualité du modèle est bonne. Le R2 se définit alors comme la part de la variance expliquée dans la variance totale. La formule du R2 donnée par :

R2 = 1- (SCR/SCT) où SCR est la somme des carrées des résidus et SCT la somme des carrées totaux.

Par ailleurs, il convient de souligner que le principal défaut du coefficient de détermination est de croitre avec le nombre des variables explicatives. Or, on sait qu'un excès des variables produit des modèles non robustes. C'est pourquoi on s'intéresse davantage sur le coefficient de détermination ajusté. Ce dernier tient compte du nombre des variables.

La significativité globale du modèle est appréciée par le test de Fischer à k et (n-k-1) degré de liberté (k étant le nombre des variables explicatives) qui indique si les variables explicatives ont une influence sur la variable à expliquer. Les hypothèses sous-tendant cette analyse sont : sous l'hypothèse nulle H0 : « tous les coefficients du modèle sont nuls » contre l'hypothèse alternative « il existe au moins un coefficient non nul ». La formulation mathématique de ces hypothèses nous donne :

H0 : â1 = â2 = .... = âk = 0

H1: âi ? 0

Avec k le nombre de paramètres estimés et i variant de 1 à k.

L'arbitrage entre le rejet ou l'acceptation de l'hypothèse nulle se fait par la comparaison de la valeur de la F-statistique estimée à celle tabulée par Fischer. Le logiciel Eviews 8fournit automatiquement la probabilité associée à la F-statistique calculée, ce qui facilite l'analyse. Il suffira donc de comparer la probabilité associée à la F-statistique au seuil de 5% retenu. Dans le cas où la probabilité associée au prob (F-statistique) < 5%, alors H0 sera rejetée au profit de H1 selon laquelle la régression est globalement significative.

La décision de la significativité globale du modèle peut se faire par comparaison de la statistique de Fisher calculée (Fcal) à la statistique de Fisher tabulée (Ftab).

Ø Si Fcal > Fth alors on rejettera l'hypothèse nulle et on conclut qu'il existe au moins un coefficient non nul et donc que le modèle est globalement significatif.

Ø si Fcal < Fth alors le modèle n'est pas globalement significatif.

Pour se prononcer sur la significativité individuelle des variables, on utilise la statistique de student qui est fournie par le logiciel. Sous l'hypothèse nulle (H0), on teste l'hypothèse nulle le coefficient n'est pas significatif contre l'hypothèse alternative le coefficient est significatif. Mathématiquement, on aura :

H0 : âi = 0 ; le coefficient n'est pas significatif ;

H1 : âi ? 0 ; le coefficient est significatif.

La règle de décision consiste à comparer la statistique calculée de student (tcal) à la statistique tabulée (ttab). Ainsi, Si la statistique calculée de Student (tcal) est supérieure à la statistique théorique t5% (n-k), ou, la probabilité calculée est inférieure à 5%, on rejette l'hypothèse nulle et on conclut que la variable est statistiquement significative au seuil de 5%. Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse nulle et on conclut que la variable n'est pas significative au seuil 5%.

Le test de Durbin Watson

Le test de Durbin et Watson (DW) permet de détecter une autocorrélation des erreurs d'ordre 1.Le test d'hypothèses est le suivant :


Pour tester l'hypothèse nulle H0, nous calculons la statistique de Durbin et Watson :

sont les résidus de l'estimation du modèle.

On peut approximer la statistique de DW de la façon suivante : avec

Les critères de décisions sont les suivantes :

- Si, il y a absence de corrélation dans les résidus, alors le

- Si , il y a corrélation positive dans les résidus, alors le

- Si, il y a corrélation négative dans les résidus, alors le

Le test d'homoscédasticité 

L'application des MCO comme méthode d'estimation suppose que les variables ont des variances constantes. Dans le cas contraire, ces variables seront dites hétéroscédastiques. Cependant, il est difficile d'affirmer avec certitude que les perturbations sont hétéroscédastiques et de connaitre la forme de d'hétéroscédasticité. D'où l'utilité de détecter la présence l'hétéroscédasticité et de pouvoir le corriger. Plusieurs tests existent pour la détection de l'hétéroscédasticité : test de Goldfeld-Quandt ; test de Gleisjer ; test de White ; test de Breusch-Pagan ; etc. Le test de White sera utilisé pour la présente étude. Il est fondé sur une relation significative entre le carré du résidu et une ou plusieurs variables explicatives en niveau et au carré dans une équation de régression. Les hypothèses nulle(H0) et alternative (H1) sont :

H0 : Absence d'hétéroscédasticité

H1 : Présence d'hétéroscédasticité

Si n représente le nombre d'observations du modèle et R2 le coefficient de détermination. Si l'un de ces coefficients de régression est significativement différent de 0, alors on accepte l'hypothèse d'hétéroscédasticité.

Le test de White est fondé sur une relation significative entre le carré du résidu et une ou plusieurs variables explicatives en niveau et au carré au sein d'une même équation de régression.

Soit n le nombre d'observations disponibles pour estimer les paramètres du modèle et R2 le coefficient de détermination. Si l'un de ces coefficients de régression est significativement différent de 0, alors on accepte l'hypothèse d'hétéroscédasticité. Nous pouvons procéder à ce test soit à l'aide d'un test de Fisher classique de nullité de coefficients.

H0 : a1 = b1 = a2 = b2= . . . = ak = bk = 0

Si on refuse l'hypothèse nulle, alors il existe un risque d'hétéroscédasticité.

Soit recourir à la statistique LM qui est distribuée comme un ÷2 à p = 2 k degrés de liberté (autant que de coefficients que nous estimons, hormis le terme constant), si n × R2> ÷2(p) lu dans la table au seuil á, on rejette l'hypothèse d'homoscédasticité des erreurs.

Le test d'autocorrélation des résidus : la statistique de Breusch-Godfrey.

L'autocorrélation des erreurs peut être observée pour plusieurs raisons : l'absence d'une variable explicative importante dont l'explication résiduelle permettrait de « blanchir » les erreurs ; une mauvaise spécification du modèle, les relations entre la variable à expliquer et les variables explicatives ne sont pas linéaires et s'expriment sous une autre forme que celle du modèle estimé (logarithmes, différences premières, etc.) ; un lissage par moyenne mobile ou une interpolation des données crée une autocorrélation artificielle des erreurs due à l'usage de ces deux opérateurs. On distingue deux types d'autocorrélation : celle positive caractérisée par des successions de résidus de même signe et celle négative qui est caractérisée par une alternance positive et négative des résidus.

Le test consiste à tester l'hypothèse nulle les erreurs sont non corrélées contre l'hypothèse alternative erreurs corrélées. La statistique est donnée par : BG = n×R2 qui est comparée au ÷2(p) Avec p le nombre de retard des résidus, n le nombre d'observations et R2le coefficient de détermination. Le test consiste à tester l'hypothèse nulle les erreurs sont non corrélées contre l'hypothèse alternative erreurs corrélées. Si BG < ÷2(p) on accepte l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation. Dans le cas contraire, on rejette l'hypothèse nulle et on conclut que les erreurs sont corrélées au seuil de 5 %.

Le test de normalité des erreurs :

Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et aussi pour effectuer les tests de Student sur les paramètres, il convient de vérifier la normalité des erreurs. Il existe un paquet de tests de normalité des erreurs (le test de Shapiro-Wilk, le test de Jarque-Bera, le test d'Anderson-Darling etc.). Dans le cas de notre étude, nous utilisons le test de Jarque-Bera. Le test de (Jarque et Bera, 1984) fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de Kurtosis (aplatissement). Ce test recherche si les données suivent une loi normale. La statistique de Jarque et Bera suit, sous l'hypothèse de normalité, une loi de Khi-deux à deux degré de liberté. Les hypothèses sont les suivantes :

H0 : les données suivent une loi normale

H1: les données ne suivent pas une loi normale.

On accepte au seuil de 5% l'hypothèse de Normalité si la probabilité critique est supérieure à 5%. On rejette au seuil de 5% l'hypothèse de Normalité le cas contraire.

Vérification des hypothèses

Pour vérifier nos deux hypothèses et savoir si chacune des variables qui y ressort explique ou influence effectivement la variable à expliquer, nous observerons les signes des coefficients estimés associés à chacune de variables explicatives. Ainsi, afin de vérifier l'effet positif de la libéralisation financière interne sur la croissance économique au Cameroun, nous observerons le signe du paramètre (â1) de la variable logM2, et le signe du paramètre (â2) de la variable logCp. Si leurs signes sont positifs, ce que la libéralisation financière interne influence effectivement positivement la croissance économique au Cameroun. De même pour déceler l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun, on considèrera le signe du paramètre â3 associé à la variable Kp. Si le signe est positif, on valide la deuxième hypothèse.

CONCLUSION

Ce chapitre était destiné à présenter la méthodologie de réalisation de notre étude empirique de détection de l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun. L'estimation économétrique de notre modèle se fera à l'aide de la méthode des moindres carrés ordinaires, sur la période 1990-2015. Le traitement effectué à l'aide du logiciel stata nous donnera les résultats que nous allons présenter et interpréter dans le chapitre suivant (chapitre 4).

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN

INTRODUCTION

Dans l'optique de faire ressortir l'influence de la libéralisation financière sur la croissance économique, nous allons élaborer les relations que nous analyserons empiriquement au moyen de l'estimation économétrique. Il s'agit en fait des relations de long terme et de court terme qui se dégagerons de notre modèle global, que nous estimons afin d'établir les liens entre la variable à expliquer et les variables explicatives. Le point de départ de ce processus est la mise en application de la stationnarité et de la technique de la cointégration qui permet de vérifier l'existence de liaisons entre les variables du modèle intégrées à un même ordre. C'est partant de cette analyse que l'on aboutit notamment à une relation de long terme qui sera estimée. Par ailleurs, lorsque ces liens sont avérés, l'on peut, à travers le modèle à correction d'erreur, étudier les dynamiques de long terme et de court terme entre les différentes variables. Et c'est de là que nous pourrons déduire l'influence de chacune des variables sur la croissance économique.

Il est donc question pour nous dans ce chapitre, de présenter les différents résultats des tests et d'estimation que nous avons obtenus (section 1), et d'autre part de les interpréter et de proposer les recommandations (section 2).

SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES VARIABLES ET ESTIMATION DU MODELE

Nous allons dans cette section, présenter les résultats relatifs aux tests menés pour étudier la stationnarité et la cointégration entre les variables de notre modèle.

I- Résultats des tests de stationnarité et de cointégration

Nous présentons les résultats des tests de stationnarité et puis les résultats du test de la cointégration

A- Les tests de stationnarités des variables du modèle

Une série chronologique est stationnaire si elle est la réalisation d'un processus stationnaire. Ceci implique que la série ne comporte ni tendance ni saisonnalité, et plus généralement aucun facteur n'évolue avec le temps. Une variable stationnaire est caractérisée par une moyenne et une variance constantes, et a tendance à fluctuer autour de sa moyenne revenant régulièrement vers sa valeur d'équilibre de long terme.

Pour tester la stationnarité de nos variables nous utilisons le test de Dickey-Fuller Augmenté. En effet, le test d'ADF permet de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non d'une chronique par la détermination d'une tendance déterministe ou stochastique. Le résultat de test de racine unitaire est donc résumé dans le tableau ci-dessous. Ainsi, si la valeur statistique d'ADF est inférieure à la valeur critique (CV), toutes les deux en valeur absolue, l'hypothèse H1 est acceptée.

Après avoir effectué ce test sur l'ensemble des variables, les résultats (tableau 8 en annexe) que nous obtenons montrent que certaines variables sont stationnaires à niveau, d'autres le sont en différence première et certains en deuxième différence. Ainsi seules les variables POP et TINF sont stationnaires à niveau, c'est-à-dire intégrées à l'ordre 0 [I(0)]. Les variables logM2, logCO, logDPU, et Kp22(*) sont stationnaires en première différence. Elles sont intégrées à l'ordre 1. Enfin certaines variables ont dû nécessiter la différenciation jusqu'à la deuxième différence avant de devenir stationnaires. Il s'agit de logPIB, logCP, SCO.

Tableau 12: résultats des tests de stationnarité des variables

 

Test ADF en niveau

Test ADF en différence première

Test ADF en différence deuxième

Variables

Valeur de la statistique

Valeur critique (seuil de 5%)

Valeur de la statistique

Valeur critique (seuil de 5%)

Valeur de la statistique

Valeur critique (seuil de 5%)

LogPIB

-1.301374

-2.991878

-2.583676

-2.991878

-5.927682

-2.998064

LogM2

-1.111533

-2.986225

-4.781838

-2.991878

 
 

LogCP

-2.508605

-2.986225

-2.614975

-3.029970

-13.43736

-2.998064

Kp

-2.318153

-2.986225

-4.600613

-3.61299

 
 

LogCO

-2.326211

-2.986225

-3.937742

-3.029970

 
 

LogDPU

-1.710435

-2.986225

-3.581124

-2.991878

 
 

SCO

1.343711

-2.986225

-1.840564

-2.998064

-10.59022

-2.998064

TINF

-4.718519

-2.986225

 
 
 
 

POP

-5.856640

-3.0200686

 
 
 
 

Source : Auteur, à partir du logiciel eviews 8

Le tableau suivant montre les différents ordres d'intégration des variables, qui sont rappelons-le intégrées à l'ordre 0, à l'ordre 1 et à l'ordre 2.

Tableau 13: ordre d'intégration des différentes variables

Variables

LogPIB

LogM2

LogCP

Kp

LogCO

LogDPU

SCO

TINF

POP

Ordre d'intégration

I(2)

I(1)

I(2)

I(1)

I(1)

I(1)

I(2)

I(0)

I(0)

Source : auteur

Après avoir déterminé l'ordre d'intégration des variables, nous effectuons le test de cointégration pour voir si les variables ayant un même ordre d'intégration en différence première sont cointégrées.

B- Analyse de la cointégration

Dans l'optique de vérifier l'existence d'une relation de cointégration entre les variables du modèle, nous avons opté pour le test de Johansen qui s'appuie sur une approche en termes de VAR.

1- Test de cointégration de Johansen

Le principe de ce test est basé sur la comparaison du ratio de vraisemblance de Likelihood -(LR) à la valeur critique notée CV. Pour un seuil de significativité donné, l'hypothèse nulle situant l'existence de relation de cointégration est acceptée, si la valeur de la trace (TR) est supérieure à la valeur critique. Johansen propose deux sous tests qui nous aident à nous déclarer. Il s'agit du test de la trace et du test de la valeur propre de Johansen.

a- Le test de la trace de Johansen

Le test de la trace permet de vérifier l'hypothèse

H0 : r vecteurs cointégrant linéairement indépendants égaux à l'estimateur du maximum de vraisemblance,

Contre

H1 : il existe n vecteurs cointégrants linéairement indépendants égaux à l'estimateur du maximum de vraisemblance

Sous l'hypothèse H0 ce test a une distribution particulière tabulée par Johansen. Plus précisement, il s'agit de vérifier l'hypothèse nulle selon laquelle il n'existe pas de relation de cointégration entre les variables, contre l'hypothèse alternative qu'il en existe. Pour une valeur propre obtenue, si la statistique de la trace qui y est associée est supérieure à la valeur critique tabulée par Johansen, alors l'hypothèse nulle est rejetée et celle alternative est acceptée, à savoir qu'il existe une relation de cointégration entre les variables non stationnaires. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau 14: résultats du test de la trace

Hypothèse nulle

Valeurs propres

Statistiques de la trace

Valeur critique (5%)

Probabilité

None *

0.707136

48.75807

29.79707

0.0001

At most 1 *

0.542405

19.28499

15.49471

0.0128

At most 2

0.021535

0.522486

3.841466

0.4698

Source : auteur

Lorsque nous regardons les résultats ci-dessus, on observe que pour la première valeur propre la statistique de la trace qui y est associée possède une valeur qui est supérieure à la valeur critique au seuil de 5%. L'on continue d'observer cette situation pour la valeur propre qui suit. Le rang de la matrice est donc différent de zéro, ce qui signifie qu'il existe au moins une relation de cointégration entre les variables non stationnaires et donc que l'hypothèse nulle est rejetée.

b- Le test de la valeur propre maximale

Ce test est quasiment mené de la même façon que le test de la trace sur les variables. Il consiste ainsi à tester l'hypothèse nulle de l'inexistence de relation de cointégration entre les variables, contre l'hypothèse alternative qu'il en existe. Le principe le procédé de détection reste le même que précédemment. Les résultats obtenus de ce test sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 15: résultats du test de la valeur propre maximale

Hypothèse nulle

Valeurs propres

Statistique de la trace

Valeur critique

Probabilité

None *

0.707136

29.47309

21.13162

0.0027

At most 1*

0.542405

18.76250

14.26460

0.0091

At most 2

0.021535

0.522486

3.841466

0.4698

Source : auteur

Tout comme dans le cas du test de la trace de Johansen, en comparant ici les statistiques de la trace aux différentes valeurs critiques au seuil de 5%, on observe que pour la 1ere et la 2e valeur propre, les différentes statistiques de la trace y associées sont supérieures aux valeurs critiques. De ce fait, en rejetant l'hypothèse nulle on accepte l'hypothèse alternative de l'existence d'au moins une relation de cointégration (plusieurs relations) entre les variables du modèle.

2- Test de stationnarité des résidus

Une autre façon de vérifier l'existence d'une relation de cointégration entre les variables serait d'étudier la stationnarité des résidus issus du modèle de long terme, c'est-à-dire du modèle statique. En effet dans l'approche développée en deux étapes par Engel et Granger, après avoir effectué le test de cointégration, on peut utiliser les résidus de la relation statique comme un terme de correction d'erreur dans une régression dynamique en différence première. Ainsi, après avoir extrait ces résidus pour en étudier la stationnarité, les résultats suivants ont été obtenus :

Tableau 16: résultats du test de stationnarité des résidus

 

Test ADF en niveau

Test ADF en difference première

Variables

Valeur de la statistique

Valeur critique (seuil de 5%)

Valeur de la statistique

Valeur critique (seuil de 5%)

RESID01

-3.642481

-2.986225

 
 

Source : auteur à partir d'eviews 8

Il en découle que les résidus récupérés sont stationnaires. Le test de Dickey-Fuller Augmenté nous montre que nos résidus de long terme sont stationnaires en niveau pour un seuil de significative de 5% (voir annexe 6). Cette stationnarité des résidus nous permet de conclure que les variables de notre modèle sont cointégrées. La relation de cointégration confirmée par ce test de stationnarité des résidus valide l'utilisation du modèle de court terme. Ce modèle nous permettra de déterminer la dynamique de court terme. Ces différents tests préliminaires effectués nous permettent d'effectuer les estimations de notre modèle économétrique par la méthode des moindres carrés ordinaires sans risque des biais d'estimations. Selon Engel et Granger (1987), l'estimation doit se faire en deux étapes :

- premièrement, faire une estimation de la relation de long terme par la méthode des moindres carrés ordinaires.

- Deuxièmement, récupérer les résidus de cette relation de long terme pour estimer le modèle à court terme.

II- Résultats d'estimation du modèle d'étude et test de spécification

Nous présentons les résultats obtenus des différentes estimations du modèle à court terme et du modèle à long terme, et mettons en exergue les tests de spécification.

A- Différents résultats de spécification des modèles de long terme et de court terme

1- Résultats du modèle de long terme

L'estimation de notre modèle de long terme est réalisée sur une période 1990-2015, soit un échantillon de 26 observations. Nous avons utilisé le logiciel eviews 8 pour estimer notre modèle. L'estimation de cette relation de long terme a consisté à mener plusieurs régressions afin d'en déduire celle dont les variables auraient un pouvoir explicatif meilleur. Ce faisant après une première régression, nous avons enlevé au fur et à mesure les variables dont le pouvoir prédictif était faible, jusqu'à obtenir le modèle satisfaisant. La première variable retirée était le taux de scolarisation. Puis nous avons retiré la variable POP. Le nouveau modèle se ramenait donc à six variables indépendantes au lieu de huit. Et les six variables étaient toutes significatives. Seulement par la suite le nouveau modèle ne s'est pas montré stable à long terme, en plus d'autres entorses. C'est ainsi que nous nous sommes finalement résolu à utiliser le modèle de départ.

Tableau 17: résultats du modèle de long terme

Variables explicatives

Coefficients (probabilités)

C

5.359947

(0.0000)

LogM2

0.267618**

(0.0179)

LogCP

0.094930**

(0.0231)

Kp

-0.027766**

(0.0198)

logCO

0.114151

(0.1621)

logDPU

-0.185046

(0.2070)

SCO

-0.000152

(0.8296)

TINF

-0.001162**

(0.0375)

POP

-0.058406

(0.4039)

R2

0.921067

R2 ajusté

0.883922

F-statistic

24.79652

Prob (F-statistic)

0.000000

Durbin-watson stat

1.355332

Source : auteur

NB : les valeurs entre parenthèses sont les probabilités, * représente la significativité à 10%, ** signifie la significativité au seuil de 5%, tandis que *** représente la significativité au seuil de 1%.

L'estimation de notre modèle nous amène à écrire le modèle suivant :

LogPIB = â0 + â1*logM2 + â2*logCP + â3*KP + â4*logCO + â5*logDPU + â6*SCO â7*TINF + â8*POP + åt

Après substitutions des coefficients par leurs valeurs respectives, le modèle estimé devient :

LogPIB = 5.35994730857 + 0.267617629954*logM2 + 0.0949300408495*logCP - 0.0277660799737*KP + 0.114150865077*logCO - 0.185045956772*logDPU - 0.000151626599424*SCO - 0.00116237615008*TINF - 0.0584062489537*POP

Figure 16 : évolution du PIB et de ses variables explicatives

Source : auteur

L'analyse des différents coefficients de cette équation sera faite dans la section consacrée aux interprétations. Mais en considérant les résidus issus de cette relation de long terme, lesquels résidus s'étaient révélés stationnaires en niveau, nous pouvons utiliser le modèle à correction d'erreur. Cela nous permet d'effectuer la régression dynamique, objet de cette section.

2- Résultats du modèle de court terme

L'estimation du modèle de court nous permet d'une part de retirer la relation commune de cointégration, d'autre part de rechercher la liaison réelle entre les variables. Ce modèle permet donc d'intégrer les fluctuations de court terme autour de la relation de long terme.

Tableau 18: résultats du modèle de court terme

Variables explicatives

Coefficients (probabilités)

D(LogM2)

0.167742***

(0.0099)

D(LogCP)

0.087401***

(0.0055)

D(Kp)

-0.024011***

(0.0010)

D(LogCO)

0.047670

(0.2562)

D(LogDPU)

-0.243377**

(0.0215)

D(SCO)

-0.000441

(0.5396)

D(TINF)

-0.000787***

(0.0058)

D(POP)

0.116108*

(0.0614)

RESID01(-1)

-0.797170***

(0.0022)

R2

0.834011

R2 ajusté

0.734417

F- statistic

8.374133

Prob (F-statistic)

0.000199

Durbin-watson

1.130311

Source : auteur

NB : les valeurs entre parenthèses sont les probabilités, * indique la significativité au seuil de 10%, ** indique la significativité au seuil de 5%, et *** indique la significativité à 1%.

Figure 17 : représentation du modèle à correction d'erreur

Source : auteur

Comme le principe de la relation de court terme est d'étudier la force de rappel vers l'équilibre des dynamiques observées, alors nous devons analyser le signe du coefficient des résidus et sa significativité au seuil de 5%. Les résultats contenus dans le tableau nous montrent que le coefficient associé à ces résidus est de valeur négative à savoir -0.797170. De même ce coefficient est significatif au seuil de 5%. Puisque nous arrivons aux conclusions escomptées, nous pouvons ainsi interpréter les résultats issus de l'estimation du modèle de court terme.

L'équation du modèle de court terme estimé est la suivante :

D(LogPIB) = 0.00255421171425 + 0.167741568249 * D(LogM2) + 0.087401327894 * D(LogCP) - 0.0240114764418 * D(KP) + 0.0476699084731 * D(LogCO) - 0.243376878414 * D(LogDPU) - 0.000440526692995 * D(SCO) - 0.000786689459989 * D(TINF) + 0.116108083169 * D(POP) - 0.797170148897 * RESID01(-1)

B- Tests de spécification, validation du modèle

La vérification d'un modèle peut être faite à partir de trois méthodes. Nous pouvons passer par la validité au vue de la théorie économique, en vérifiant la conformité des signes à ceux attendus. La validité statistique se fait en analysant le coefficient de détermination pour savoir à quel pourcentage les variables retenues expliquent la variable dépendante. Enfin nous pouvons recourir à des tests de spécification de modèle que sont les tests d'autocorrélation des résidus, le test de normalité, le test d'hétéroscédasticité et aussi celui de stabilité.

1- Validation économique du modèle de long terme

A l'intérieur du modèle que nous avons considéré, à l'exception de la variable Kaopen de l'ouverture du compte de capital (Kp), du taux de scolarisation (SCO) et des dépenses publiques (LogDPU), toutes les autres variables ont le signe attendu. En effet l'ouverture du compte de capital était censée avoir une influence positive sur le PIB, de même que les dépenses publiques. Et donc les signes attendus étaient positifs. Mais les signes sont plutôt négatifs. Pour les autres variables, elles ont les signes attendus. Il s'agit notamment du ratio masse monétaire sur PIB en logarithme (logM2) qui a un signe positif, du ratio crédits privés sur PIB en logarithme (logCP) qui a un signe positif, de l'ouverture commerciale en logarithme (logCO) dont le signe est positif, et du taux d'inflation (TINF) et du taux de croissance de la population (POP) qui ont les signes négatifs attendus.

En somme, vue la conformité des signes de la majorité des variables à ceux attendus, on peut conclure à la validité de notre modèle, validation qui doit toutefois être appuyée statistiquement et économiquement au moyen des tests de spécification.

2- Validation statistique du modèle de long terme

Nous avons obtenus dans notre modèle estimé un coefficient de détermination qui s'élève à 0.921067, bien supérieur à 0.75. On peut donc présumer l'existence d'une relation entre les variables explicatives et la variable à expliquer. Cela veut dire que la croissance économique est expliquée à 92,10% par les variables qui figurent dans notre modèle. Cependant le R2 a une limite qui est d'augmenter avec le nombre de variables dans le modèle. En clair, plus on ajoute de variables, plus le R2 augmente systématiquement. C'est pour cela qu'il faut recourir au R2 ajusté. Ainsi même en recourant au R2 ajusté, notre modèle est significatif. Car il s'élève à 0.883922. Le modèle peut ainsi être qualifié de globalement significatif.

Cependant même avec un R2 élevé le modèle peut ne pas être significatif. Il faut pour cela qu'un test soit appliqué. Ainsi, un autre moyen de vérifier la significativité globale c'est d'effectuer le test de significativité de Fischer. Il s'agit alors, après régression, de regarder la probabilité de la statistique de Fischer et de voir si elle est inférieure au seuil critique de 5%. Après régression cette statistique est de 0.000000 ce qui est bien largement inférieur à 5%. Ainsi notre modèle est significatif.

Il s'agira par la suite de vérifier la significativité individuelle de chaque paramètre du modèle. La qualité individuelle des coefficients des variables est appréciée par la statistique de student (t-student). Ceci étant, en ce qui concerne nos principales variables que sont logM2, logCP et Kp, elles sont significatives au seuil de 5%.

3- Validation économétrique du modèle de long terme

· Test d'autocorrélation

Le terme d'erreur à une période est dit autocorrélé s'il est lié à toutes ou à certaines de ses valeurs passées. Le test de Durbin Watson permet de détecter l'autocorrélation d'ordre 1. Il n'est valable que si la variable dépendante retardée n'est pas incluse dans les variables explicatives. Pour ce qui est du test de Breusch-Godfrey, il s'agit d'un test LM.

Nous avons utilisé la statistique de Durbin-Watson pour le test de détection d'autocorrélation des résidus. Apres la régression du modèle, nous obtenons cette statistique de Durbin-Watson DW = d = 1.355332. Cette valeur nous indique qu'il y a doute quant à l'absence d'autocorrélation entre les résidus. Nous avons alors effectué le test de Breuch-Godfrey pour lever ce doute. Le tableau suivant donne les résultats de ce test.

Tableau 19 : Test d'autocorrélation des résidus de Breusch-Godfrey LM Test

F-statistic

1.279120

Prob F(2,15)

0.3070

Obs*R-squared

3.788207

Prob Chi-square(2)

0.1505

Source : auteur

La probabilité associée à la F-statistic qui est de 0.3070 est largement supérieure à la valeur critique à 5%. Par conséquent nous acceptons l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation entre les résidus.

· Test de normalité des erreurs

Il s'agit de s'assurer que les erreurs suivent une loi normale. Nous avons appliqué le test de Jarque et Bera. Ce test est fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de kurtosis (aplatissement). La statistique de Jarque et Bera nous donne une valeur de 1.205821. Cette valeur est inférieure au chi-deux à deux degré de liberté qui est de 5,99. L'hypothèse de normalité des résidus est donc vérifiée. Nos résidus suivent donc une loi normale.

· Test d'hétéroscédasticité des erreurs.

Nous avons obtenu de la mise en oeuvre du test de White, la statistique égale à 8.116841. Celle-ci se révèle être inférieure à la valeur du chi-deux (p) à 18 degré de liberté qui est de 28.869, avec p = 2(k+1), k étant le nombre de variables explicatives (huit dans notre cas). Ceci entraine le rejet de l'hypothèse H1 d'hétéroscédasticité.

De plus la probabilité du F-statistic est égale à 0.4939, ce qui est largement supérieur à 5%. Ainsi fort de tous ces résultats nous rejetons l'hypothèse alternative d'hétéroscédasticité et acceptons l'hypothèse nulle d'homoscédasticité au seuil de 5%.

· Test de stabilité du modèle

Pour tester la stabilité des paramètres de notre modèle, nous avons utilisé le test de Cusum. Le graphique ci-dessous est le résultat de ce test.

Figure 18 : test de stabilité de CUSUM

Source : auteur

Le test de Cusum révèle que la courbe associée à ce test, même si elle le frôle, ne coupe pas le corridor. Le modèle est donc stable au seuil de 5%.

SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE

I- Interprétation des résultats

A- Interprétation des résultats du modèle de long terme

Dans notre modèle de long terme, les valeurs R² = 0,921067 et de R² ajusté = 0,883922 montrent que les variables choisies du modèle théorique ont bien une influence sur la variable expliquée. Laqualité d'ajustement du modèle est donc bonne. Cette bonne qualité du modèle est confirmée par la probabilité de Fisher,Prob (F-statistic) = 0,000000 ; inférieure à 5%. On peut donc dire que la qualité globale de la régression est bonne au seuil de 5%. Cette validation du modèle nous conduit à vérifier la significativité individuelle des variables.

· Le paramètre du logarithme du ratio masse monétaire sur PIB, LogM2

Le paramètre de la variable logM2 a un signe positif. Ce résultat est conforme à celui qui était attendu. Ce paramètre a une valeur de 0.267618. Ceci veut dire qu'une augmentation du ratio masse monétaire sur PIB ou taux de liquidité de 1% entraine une augmentation de la croissance économique de 0.267618%, toutes choses égales. Par ailleurs l'effet de cette variable sur le PIB par tête est significatif au seuil de 5%, car sa probabilité est de 0.0179. La libéralisation financière interne effectuée au Cameroun a entrainé une augmentation du ratio masse monétaire sur PIB. Cela traduit un niveau de développement de la sphère financière camerounaise, car un niveau élevé du ratio masse monétaire sur PIBest considéré comme une amélioration de l'intermédiation financière qui permet à la finance formelle de peser plus dans l'économie (Chouchouane-verdier, 1994). Par ailleurs l'augmentation de ce ratio n'est pas la simple résultante d'une hausse de la monnaie en circulation, c'est-à-dire des pièces et des billets. L'analyse de la décomposition de la masse monétaire nous montre que celle-ci est dominée par la monnaie scripturale et la quasi monnaie par rapport à la monnaie fiduciaire. Cela traduit un niveau de sophistication de la sphère financière qui permet aux agents de détenir moins deliquidités. Les transactions se font plus en monnaie scripturale (BEAC, 2010).

Figure 19 : Evolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA)

Source: construit à partir des statistiques de la BEAC et de la Banque de France (voir tableau 3 en annexe)

L'abolition de la répression financière caractérisée par la suppression de l'orientation sectorielle des crédits, la libéralisation des taux d'intérêt, et surtout la privatisation des banques a rendu les banques encore plus efficaces dans la fourniture des services financiers. Pendant la répression financière, les banques étaient peu efficaces en matière d'allocation des ressources à cause de l'inexpérience et de la non qualification des responsables-managers de l'époque qui étaient imposées aux banques par l'Etat. Ceux-ci sans connaissance du domaine et du métier bancaires prenaient des décisions contre-productives, avec une gestion bureaucratique. Du fait de la distribution généreuse des crédits, la masse monétaire était dominée par la monnaie fiduciaire. La privatisation des banques marquée par la prise en main de ces dernières par des acteurs privés, a eu pour corollaire la promotion de la compétence (adéquation poste/qualification), et la promotion de la bonne gouvernance (le management bancaire privé est très efficace en matière de contrôle des dirigeants), surtout que la plupart des banques secondaires au Cameroun sont étrangères et notamment européennes. L'implantation de ces banques étrangères venues des pays développés fait que celles-ci fournissent des services financiers de hautes factures (carte bancaire et paiement électronique), renforçant par-là la concurrence. Toute chose qui stimule le secteur bancaire, c'est-à-dire conduit à un développement financier.

· Le paramètre de la variable LogCP

La libéralisation financière interne est censée entrainer une augmentation notoire du volume des crédits à l'économie. Cette hausse inconsidérée des crédits est cernée par le ratio crédits privés sur PIB. Mais ce ratio était plus fort en période de répression financière. Depuis 1990, il se fixe à des niveaux relativement bas. Qu'à cela ne tienne, la part des crédits que les banques accordent au secteur privé depuis la libéralisation financière agit positivement sur la croissance économique puisque le signe du paramètre y associé positif -Ce qui est conforme à l'effet escompté-. Une augmentation du ratio crédits privés/PIB de 1% entraine, toutes choses égales, une augmentation de la croissance économique de 0.094930%. L'effet de cette variable sur la croissance économique est significatif puisque sa probabilité de 0.0231 est inférieure à 5%. Le ratio crédits privés sur PIB traduit l'effet de la libéralisation des taux d'intérêt. La libéralisation des taux d'intérêt a permis leur libre fixation par les banques et leurs clients dans la limité constituée par le taux créditeur minimum. Ce qui a permis leur relèvement significatif en comparaison du niveau auquel ils étaient fixés pendant la répression financière. La hausse des taux d'intérêt a drainé davantage l'épargne des ménages vers le secteur bancaire. Et les crédits bancaires qui en résultent, quoi que moindres, c'est-à-dire le financement bancaire de l'économie exerce ainsi un effet positif sur la croissance économique.

Etant donné que les deux variables retenues comme indicateur de la libéralisation financière interne ont chacun un signe positif et surtout que leur probabilité est significative, on aboutit à une acceptation de l'hypothèse H1 selon laquelle « la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun ».

· Le paramètre de la variable Kp

L'indicateur Kaopen de libéralisation du compte de capital (Kp) a un signe négatif associé à son paramètre. Ce qui n'était pas celui attendu. Ce qui veut dire que la [faible] libéralisation du compte de capital agit négativement sur la croissance économique au Cameroun. En particulier une diminution de l'indice Kaopen d'un point détériore la croissance économique de 0.0227766%, toutes choses restant égales. En réalité l'indicateur Kaopen n'a pas vraiment évolué dans le temps. Hormis les années 1993, 1994, 1995 où il a eu des valeurs plus favorables, il est resté pratiquement stable sur les autres périodes (cf figure 10). En plus les valeurs prises par cet indicateur sont négatives tout au long de la période d'étude, se situant en moyenne autour de -1.07. On rappelle que l'échelle du Kaopen va de -1,7 à 2,6. Ceci traduit un très faible niveau de libéralisation du compte de capital par le Cameroun. Excepté pour les pays de la CEMAC, des contrôles sont encore exercés sur les flux de capitaux en provenance et en direction du reste du monde. Ce qui n'est pas de nature à favoriser une action positive de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique, par un attrait des IDE. Car les investisseurs n'ont pas la certitude de rapatrier la totalité de leurs bénéfices. Cette faible ouverture du compte de capital envoie un signal négatif aux investisseurs étrangers. C'est pourquoi l'effet de cette variable est négatif et significatif au seuil de 5%, avec une probabilité de 0.0198.

Compte tenu de cela, nous sommes amené à rejeter notre deuxième hypothèse H2 : « la libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique ».

· Le paramètre de la variable LogCO

Le paramètre de l'ouverture commerciale a le signe économique attendu (positif). Mais il n'est pas significatif. Toutes choses égales, une augmentation de 1% de l'ouverture commerciale, entraine une augmentation du PIB de 0,114151%. L'ouverture commerciale agit positivement sur la croissance économique car au fil du temps le Cameroun s'est commercialement ouvert à l'extérieur, avec une augmentation du volume des échanges notamment avec ses partenaires de la CEMAC, la Chine et certains pays de l'union européenne. Cependant l'ouverture commerciale n'a pas d'effet significatif sur la croissance économique car sa probabilité est de 0,1621. Cette non significativité de l'ouverture commerciale est due à la domination des importations sur les exportations, et donc au déficit de la balance commerciale. La balance commerciale du Cameroun est en permanence déficitaire ce qui entraine une détérioration de ses termes de l'échange, et une sortie de devises. Le Cameroun importe les biens alimentaires de base comme le riz, le maquereau etc. car le pays n'a pas encore atteint l'autosuffisance alimentaire. Aussi le Cameroun importe les produits manufacturés, les biens électroménagers, ... bref il importe énormément de ses partenaires économiques européens, chinois et américains. L'économie camerounaise dépend à 60% de l'agriculture. Celle-ci reste encore rudimentaire, archaïque, et les produits sont peu compétitifs sur le marché international. C'est pourquoi la plupart de ses exportations se fait en direction des pays de la CEMAC à qui le Cameroun vend les produits de l'agriculture (Plantin, tomates, etc.). Les quelques rares productions que le Cameroun exporte à l'international sont la banane, le bois.

· Le paramètre de la variable dépenses publiques, logDPU

Le coefficient de la variable DPU a un signe négatif. Ce qui veut dire que les dépenses publiques n'agissent pas positivement sur la croissance économique. Ce résultat va dans le sens contraire des théories sur la relance de l'activité par les dépenses publiques. Selon la théorie keynésienne en effet, en période de récession il appartient à l'Etat de relancer l'activité économique par l'engagement des grands travaux, la réalisation de certaines dépenses qui fourniront des revenus aux ménages. Ces revenus leur offriront la capacité de `demander' plus de biens. Et en fonction de ce niveau de demande, la production des entreprises s'ajustera. Mais dans le cas du Cameroun, on observe qu'une hausse des dépenses publiques de 1% entraine une diminution de la croissance économique de 0.185046%, toutes choses égales. Ceci peut s'expliquer par une absence de politique d'investissement de nature à permettre une augmentation de la production, à offrir à l'économie un cadre adéquat (infrastructures...). Les dépenses publiques n'obéissent pas à une véritable logique d'impulsion de la production, mais sont plus des réponses à des situations « d'urgence ». A tout ceci s'ajoute la mauvaise gouvernance qui entraine les détournements des fonds publics alloués aux projets gouvernementaux, l'octroi des marchés publics sur la base des retro commissions et parfois sans appels d'offre. En conséquence les projets réalisés sont de faible envergure par rapport à leur ampleur initiale, mettent plus de temps que prévus avant d'être livrés s'ils ne le sont tout simplement jamais. Et quand bien même ils sont livrés, ils sont de mauvaises qualités, se dégradent rapidement à l'image des routes, ponts, édifices publics... une bonne part des dépenses publiques est donc orienté vers d'autres fins et ne sert pas à soutenir l'activité. C'est pour cela que les dépenses publiques ont un effet négatif sur la croissance, même si cet effet n'est pas significatif (prob = 0.2070).

· Le paramètre du taux de scolarisation, SCO

Le capital humain représenté ici par le taux de scolarisation en secondaire agit négativement sur la croissance économique. Le signe du coefficient de SCO est négatif. Mais son influence n'est pas prononcée pour au moins deux raisons. D'abord une augmentation d'un point du taux brut de scolarisation, toutes choses étant égales, ne diminue la croissance économique que de 0.000152%. Son effet est marginal. Ensuite la probabilité qui y est associée n'est pas significative au seuil de 5%. Elle s'élève à 0,8296. Toutefois, si on a pu arriver à ce résultat contradictoire par rapport à la théorie du capital humain, c'est en raison du faible taux de scolarisation dans certaines régions du pays notamment la partie septentrionale où l'accès à l'éducation scolaire n'est pas poussé, où le taux de scolarisation de la jeune fille est encore très faible, où la plupart des élèves abandonnent leurs études avant la fin du secondaire. Par ailleurs, la transition des études pour l'emploi n'est pas garantie. Après avoir investi dans la formation de milliers d'apprenants, l'Etat ne veille pas à un retour sur investissement. Ainsi après les études, beaucoup de jeunes se retrouvent au chômage, soit exercent des activités de débrouillardise dans le secteur informel. Ils ne peuvent donc pas contribuer de façon palpable et directe à la croissance du PIB. La précarité des conditions de travail dans le secteur public -principal employeur- marquée par une faible rémunération en dessous des qualifications, des difficiles conditions de travail, favorise chaque jour la fuite des cerveaux vers des endroits plus favorables où ils y ajoutent de la valeur, au grand dam du Cameroun.

· Le paramètre du taux d'inflation, TINF

Le paramètre ou le coefficient du taux d'inflation a le signe attendu. Il est négatif, ce qui implique que le taux d'inflation agit négativement sur la croissance économique au Cameroun. Une augmentation du taux d'inflation d'un point entraine, toutes choses égales, une diminution de la croissance économique de 0.001162%. En théorie l'inflation diminue le pouvoir d'achat des consommateurs, et aussi la demande de certains biens car les consommateurs effectuent un effet de substitution. Elle encourage également un excès d'importation, dépréciant un peu plus la balance commerciale. Tout cela impacte négativement la croissance économique. Et pour le cas du Cameroun, son effet est significatif sur la variable à expliquer. La probabilité que le taux d'inflation puisse nuire significativement à la croissance économique est de 0.0375, ce qui est significatif au seuil de 5%.

· Le paramètre de la variable POP

Le taux de croissance de la population a un effet négatif sur la croissance économique au Cameroun, car son coefficient a un signe négatif. Ce résultat est conforme à la théorie puisque depuis Malthus (1796) la croissance de la population qui se fait de façon exponentielle n'aura que d'effets néfastes sur les ressources qui n'évoluent que de façon arithmétique. En conséquence tout le monde n'aura pas droit au « banquet de la nature ». Il faut limiter les naissances par le mariage tardif et la chasteté. Malthus préconise en quelque sorte un équilibre population/ressources. Ainsi pour le Cameroun, une croissance de la population de 1% entraine une diminution de la croissance économique de 0.058406%, toutes choses égales. Toutefois l'effet de la croissance de la population sur la croissance économique n'est pas significatif. Car la probabilité que la croissance de la population affecte négativement la croissance économique est de 0.4039. Ce qui est largement supérieur à 5% et donc non significatif. Ceci se justifie par le fait que durant la période de notre étude, le taux de croissance de la population a connu trois grandes évolutions (figure 15). D'abord de 1990 à 1998, le taux de croissance de la population passe d'environ 3% à 2.5%. Il est donc en baisse : la population camerounaise croît peu ou moins. Deuxième phase, de 1998 à 2008, il effectue une remontée pour se situer en 2008 aux environs de 2.7%. Enfin sur la période 2008 - 2015 le taux de croissance de la population redescend encore mais légèrement pour se situer en 2015 à 2.6%. On constatera que le trend de l'évolution du taux de croissance de la population est descendant sur toute la période 1990-2015. Ce qui veut dire que la population camerounaise n'a pas connu de progression « vertigineuse » ou « exponentielle » pour reprendre les termes de Malthus (1796). La population camerounaise a plutôt crût de façon arithmétique ou timide. Le Cameroun n'a pas connu de boom démographique aux effets souvent dévastateurs sur la croissance économique surtout dans le tiers monde. C'est pour cette raison que le taux de croissance de la population, bien qu'agissant négativement sur la croissance économique n'est pas significatif.

En résumé les variables de la libéralisation financière que sont logM2 et logCP ont un effet positif significatif sur la croissance. Kp a un effet négatif et significatif sur la croissance, logCO a un effet positif mais non significatif sur la croissance, logDPU, SCO, TINF et POP ont chacun un effet négatif mais non significatif sur la croissance.

Cependant si la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique, il n'y a pas une relation causale claire. Le test de causalité de Granger23(*) (voir tableau 15 en annexe) sur les indicateurs de la libéralisation financière retenusnous montre qu'il n'y a pas de causalité entre le ratio masse monétaire sur PIB (en logarithme), et le PIB par habitant (en logarithme). La tendance est plutôt inversée : le PIB par habitant prédit la variable masse monétaire sur PIB. Par contre les résultats de ce test nous indiquent une causalité bidirectionnelle entre le ratio crédits privés sur PIB et le PIB par habitant (il est préférable de prédire logPIB en connaissant logCP, que sans en connaitre. De même il est préférable de prédire logCP en connaissant logPIB que sans en connaitre).

B- Interprétation des résultats du modèle de court terme

La force de rappel à l'équilibre de notre modèle de court terme est donnée par le coefficient du résidu extrait dans le modèle de long terme décalé d'une période dans celui-ci. Ce coefficient est négatif,-0,797170, et significatif au seuil de 1%. Cela voudrait dire que le PIB par habitant s'ajuste à une vitesse de 79,7170% l'an par rapport à son équilibre de long terme en cas d'un choc provenant des variables exogènes. La résorption entière d'un tel choc sera effective au bout d'un an et trois mois (1/ 0,797170 = 1,25).

Par ailleurs, le coefficient de détermination du modèle de court terme est égal à 0,834011 et le R²-ajuste = 0,734417. Cela voudrait dire que 83,4011% des fluctuations du PIBpar habitant du Cameroun sont expliquées par les variables explicatives prises dans le modèle de court terme. La statistique de Fischer (F-statistic) a une probabilité nettement inférieure à 5% (prob = 0.000199). On peut donc dire la qualité de notre modèle est bonne. Nous interprétons les paramètres de chaque variable.

Le ratio masse monétaire sur PIB exerce un effet significatif (probabilité de 0.0099) au seuil de 1%, 5% et même 10% et positif sur la croissance économique à court terme. Une augmentation de logM2 de 1%, toutes choses égales, entraine une augmentation de la croissance économique de 0.167742%. Dans le court terme les banques sont même déjà efficaces dans la fourniture des services.

Les crédits fournis au secteur privé rapporté au PIB exercent également, tout comme à long terme, un effet positif sur la croissance économique (signe du coefficient positif) et significatif (probabilité de 0.0055). En augmentant la variable logCP de 1%, toutes choses étant égales, la croissance économique augmente de 1%. La libéralisation des taux d'intérêt porte ses fruits même déjà à court terme.

Des deux éléments qui précèdent nous concluons que la libéralisation financière interne influence positivement et de façon significative la croissance économique à court terme.

La libéralisation du compte de capital n'influe pas positivement sur la croissance économique à court terme. Une détérioration de l'indice du Kaopen (Kp) d'un point entraine une diminution de la croissance économique de 0,024011%. Et l'impact est significatif (avec une probabilité de 0,0010) au seuil de 1%. Ceci nous amène à la conclusion qu'à court terme, la libéralisation du compte de capital n'agit pas positivement sur la croissance économique.

En ce qui concerne l'ouverture commerciale, elle agit positivement sur la croissance économique mais de façon non significative. Le signe du paramètre de logCO est positif à court terme tout comme celui de long terme. Mais la probabilité associée à ce paramètre est au-delà de 5%. Elle s'élève à 0.047670. Ainsi à court terme, une augmentation de 1% de D(logCO) entraine, toutes choses égales, une augmentation de la croissance économique de 0.2562%.

Les dépenses publiques ont à court terme, tout comme à long terme, un effet négatif sur la croissance économique. Le signe du paramètre de D(logDPU) est en effet négatif. Une augmentation des dépenses publiques de 1% entraine de façon contradictoire une diminution de la croissance économique de -0.243377. Les raisons restent valables que celles données dans le long terme.

Concernant la variable D(SCO), à court terme, une augmentation du taux de scolarisation de 1%, provoque une diminution de la croissance économique de 0.000441%, toutes choses égales (le signe du paramètre de la variable D(SCO) est négatif). Mais cet effet négatif du taux de scolarisation sur la croissance économique n'est pas significatif, car sa probabilité vaut 0.5396, ce qui est supérieur à 0.05. à court terme comme à long terme, le taux de scolarisation (capital humain) agit négativement sur la croissance économique au Cameroun.

Concernant le taux d'inflation, TINF, son paramètre est associé à un signe négatif. Une augmentation de l'inflation d'un point entraine, toutes choses égales, une diminution de la croissance économique de 0.000787%. Et l'effet est significatif étant donné que la probabilité y associée est de 0.0058.

Enfin le taux de croissance de la population, contrairement au modèle de long terme, exerce un effet positif sur la croissance économique dans le modèle de court terme. Lorsque la population augmente de 1%, on enregistre une augmentation de la croissance économique de 0.116108% en considérant toutes choses égales. Et la probabilité tend à être significative. Si à long terme elle ne l'est pas, à court terme cette probabilité devient significative au seuil de 10% (0.0614).

II- Recommandation de politiques économiques

Le sort de nos deux hypothèses peut se comprendre aisément. Le Cameroun a effectué une libéralisation financière semblable à ceux des pays du sud-est asiatique, en libéralisant partiellement et progressivement mais de façon un peu plus poussée le secteur bancaire, mais en gardant un contrôle sur le compte de capital, c'est-à-dire en le libéralisant que très partiellement. En effet tirant les leçons de l'échec des premières expériences de la libéralisation financière qui ont été implémentées de façon rapide et totale en Amérique latine et qui se soldèrent par des crises et faillites bancaires supplémentaires, le Cameroun tout comme certains pays, a perçu le danger que représentait une libéralisation financière totale, rapide et brusque, surtout que les tenants de la libéralisation financière ont plus tard reconnu le caractère particulier (propre à chaque pays) de ce phénomène. C'est pourquoi en ce qui concerne la libéralisation financière interne (libéralisation du secteur bancaire) il a été procédé à la démocratisation des conditions de fixation des taux d'intérêt, à la privatisation des banques, etc. mais parallèlement les réserves obligatoires ont été instituées afin de prévenir tout risque de déclenchement d'un excès de crédits à l'économie, au vue de la surliquidité des banques. Kapur (pourtant un tenant de la libéralisation financière) reconnaissait ainsi en 1992 l'utilité des réserves obligatoires en tant que gage de liquidité et facteur de sécurité du système bancaire. Aussi le capital social minimum passé de 300 millions à 1 milliards de FCFA constitue un critère de sélection à l'entrée qui oblige toute potentielle banque à la constitution d'une liquidité solide (cette mesure participe du cadre institutionnel, de la surveillance bancaire, l'une des conditions « édictées » par Mc Kinnon en 1991 pour une réussite de la libéralisation financière). Il s'agissait de donner aux banques les conditions d'un libre exercice, un cadre plus propice pour leur activité tout en veillant au bon déroulement (surveillance) de ces activités. Le contrôle est exercé sur le compte de capital afin sans doute d'éviter les effets négatifs et souvent dévastateurs des sorties et des entrées massives de capitaux.

C'est pour cette raison que cette libéralisation financière partielle agit différemment sur la croissance économique. Plus poussée, la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique. Mais la libéralisation du compte de capital très partielle n'exerce pas un effet positif sur la croissance économique. Nous formulons quelques recommandations afin que les effets de la libéralisation financière soient encore plus significatifs.

A- En ce qui concerne le secteur financier interne

Ce travail a montré que la libéralisation financière a participé à la stabilité du système bancaire, au lendemain de la grave crise bancaire des années 80, conséquence de la répression financière. Aussi la libéralisation financière interne contribue de façon significative, à long terme comme à courte terme à la croissance économique. Cependant malgré ce résultat flatteur, des limites sont détectées notamment dans l'activité des banques secondaires.

1- Les banques doivent gagner en innovation et en dynamisme

Comme le font remarquer Avom et Eyeffa, (2007), les banques camerounaises manquent d'innovation financière. Ce faisant les services financiers sont très souvent de médiocre qualité, les conditions pour y accéder sont extrêmement difficiles et l'assurance de financement du fait de la fidélité des relations est pratiquement nulle (Bekolo Ebe, 1998). Le système bancaire fonctionne mal et demeure assez élitiste, avec une exclusion des services financiers bancaires d'une frange importante de la population. Par ailleurs, le système bancaire manque de souplesse. Les démarches administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des comptes ainsi que dans la réalisation des opérations de dépôts et de demandes de crédits. Les cartes bancaires et les guichets automatiques de distribution de billets demeurent encore un luxe alors que dans les pays développés et dans certains pays en développement ils sont devenus depuis longtemps des services ordinaires. Quand bien même ces services existent, ils ne fonctionnent pas permanemment et ne sont pas de bonne qualité. Ainsi Les distributeurs sont régulièrement en panne et de nombreux désagréments sont fréquemment signalés par les clients. Quant au chèque dont les procédures d'obtention sont assez longues (un à deux mois), il n'est pas encore totalement accepté comme moyen de paiement. La monnaie demeure donc l'actif financier le plus utilisé.

Les banques, même en ce qui concerne la publicité, sont nonchalantes, là où les établissements de microfinance s'illustrent chaque jour par des activités marketing d'envergure frappées par l'affichage, les campagnes de promotion de l'image, la distribution des tracts, l'attraction des clients par les récompenses... tout ceci pour se rapprocher et attirer davantage la clientèle. Mais un grand nombre de banques sont encore grandement inconnues du public. En fait, la banque ne va pas vers le client. C'est le client qui vient vers la banque. C'est cet ensemble de facteurs qui expliquent et contribuent au succès de la finance informelle qui offre des services de proximité, facilement accessibles. C'est pourquoi la banque reste dans de nombreux esprits comme une affaire lointaine, et parfois dont on ne voit pas la réelle utilité.

Il est donc crucial que les banques développent des services de proximité assortis de différentes gammes adaptées aux différentes couches de la population (jeunes, adultes, fonctionnaires, étudiants-élèves, commerçants etc.). Elles doivent faire preuve de dynamisme et d'ingéniosité pour contrebalancer le poids chaque jour important de la finance informelle et faire augmenter progressivement le taux de bancarisation. Car dans les pays développés et dans certains pays en développement on est même déjà passé depuis longtemps d'une économie d'endettement à une économie de marchés financiers ; l'accès à la banque dans ces pays n'y est plus un « luxe », alors qu'au Cameroun la banque est encore inaccessible pour un grand nombre.

2- Mesures pour lutter contre le sous-financement de l'économie

Il y a un important paradoxe au Cameroun tout comme dans les pays de la CEMAC : surliquidité bancaire et rationnement du crédit. En effet, les banques rationnent le crédit et s'intéressent beaucoup plus aux opérations de gestion bancaire (carte magnétique, opération via internet, ...) qui semblent être plus rentables que le crédit.Elles perçoivent donc l'épargne des clients mais ne prêtent que très peu. Le rôle joué par les banques dans le financement de l'économie est pourtant indéniable. Elles collectent l'épargne mais doivent également rétribuer cette épargne à ceux dont le besoin est réel et donc l'impact pourrait contribuer à améliorer l'indicateur de croissance économique : le PIB.

Le manque de véritables banques d'investissement dans le pays pourrait également expliquer cette résistance. L'environnement est constitué de banques commerciales dont la vocation première est celle de faire du profit au travers d'actions purement commerciales. Le Cameroun a connu l'expérience des banques de développement et d'investissement, mais celles-ci ont toutes fait faillite pendant la crise bancaire. En effet, la Banque Camerounaise de Développement (BCD), le Centre d'Assistance aux PME (CAPME), du Fonds National de Développement Rural (FONADER) et le Crédit Agricole du Cameroun (CAC) ont tous été déclarés en cessation d'activité suite au non recouvrement des crédits accordés.

Les mesures suivantes peuvent être entreprises pour une amélioration du financement de l'économie par les établissements financiers au Cameroun :

- La BEAC doit prendre des mesures fortes pour contraindre les établissements de crédits à jouer leur rôle dans le développement des économies en limitant par exemple le montant des réserves libres des banques, principale source de leur rentabilité.

- Le gouvernement doit encourager la multiplication des banques d'investissements en agissant par exemple sur le volet fiscal (elles pourraient être exemptes de certaines taxes pendant 3 années, sachant que leur activité de financement permettrait aux entreprises de créer davantage de richesses).

- Les pouvoirs publics pourraient également se porter garant de certaines entreprises dynamiques auprès des banques et faciliter l'acquisition du crédit. Les banques réduiront leur adversité au risque et contribueront efficacement au mieux-être des économies.

- Les entreprises gagneraient à présenter des documents authentiques, conformes aux exigences des établissements bancaires. Les dirigeants devraient également se mettre à l'école de la gestion financière. Par ailleurs, les Banques pourraient prendre des parts dans les entreprises afin de s'assurer du retour des crédits contractés.

- En ce qui concerne les Très Petites Entreprises (TPE), il serait souhaitable d'envisager de nouveaux modes de financements tels que le financement participatif qui gagne du terrain depuis quelques années. Financement issus de la solidarité des agents économiques dans le monde, le « crowdfunding » (en anglais) ou « financement participatif » part du principe biblique selon lequel « demandez et on vous donnera ». Il s'agira pour les porteurs d'idées entrepreneuriales de proposer leurs projets sur des plateformes acquises à la cause et les « bailleurs de fonds » sensibles apporteront de manière collective leur contribution à la réalisation du projet.

B- En ce qui concerne le compte de capital

En ce qui concerne l'ouverture du compte de capital, les résultats n'ont pas été jusque-là encourageants. Ceci peut être le résultat d'un processus inachevé de libéralisation de compte de capital. Donc, à nos jours, on ne peut pas espérer grand-chose en termes de croissance de l'ouverture du compte de capital, puisque cette dernière n'est pas encore achevée. À ce propos, l'expérience des pays de l'Amérique Latine et ceux du sud-Est Asiatique nous enseigne tant de leçons. Ces deuxgroupes des pays se sont presque engagés à libéraliser leurs comptes de capital pendant presque la même période. Pourtant, ni l'approche adoptée ni les effets de cette politique n'ont été les mêmes. Totale dans des pays d'Amérique Latine comme le Chili, la libéralisation financière a été plus `timide ' dans des pays du Sud-Est asiatique comme la Corée du Sud ou Taiwan. Dans lepremier cas, la libéralisation financière s'est soldée par un échec. Dans le second cas, même si elle ne s'est traduite que par une faible croissance, la libéralisation financière n'a pas provoqué la faillite de ce secteur (Venet, 1994).

Il s'avère donc très dangereux d'adopter une approche du bigbang et de lever brusquement toutes les restrictions. De même, une politique de libéralisation de compte de capital doit impérativement être précédée par des efforts de stabilisation des prix et l'achèvement du processus de l'ouverture commerciale. En fait, l'ouverture du compte de capital figure dans la dernière position dans une série de suppression des restrictions (Ben Salha et al, 2008). On exige souvent que l'ouverture externe du compte de capital ne précède pas la libéralisation du secteur financier domestique. De même, la libéralisation de ce dernier ne devrait être mise en place qu'une fois le secteur réel est fortement stabilisé.

Il est également très important de promouvoir la bonne gouvernance, le bon climat des affaires, de lutter contre la corruption, pour lutter contre les fuites de capitaux ou les flux financiers illicites24(*), le plus souvent transfrontaliers, phénomène qui gangrène les économies.

C- Recommandations pour une meilleure croissance économique

Si la libéralisation financière influence positivement la croissance économique, elle est très loin, bien loin des effets prédits en théorie. Car elle n'aura pas permis au Cameroun d'atteindre une croissance économique forte et soutenue de nature à le faire sortir du sous-développement, telle que prévue par les pionniers de la libéralisation financière. Eh bien c'est que le développement est une notion plus complexe qui va au-delà de la simple croissance économique. Le développement est un phénomène qualitatif qui implique le bien-être social, l'épanouissement intellectuel et culturel, le respect des droits de l'homme et la garantie des libertés fondamentales, une croissance économique forte et soutenue, la protection de l'environnement etc...Le développement ne peut donc se résumer à la seule croissance économique. De même la croissance économique ne saurait être la résultante exclusive d'un secteur financier au fonctionnement optimal. Il est vrai le rôle de la finance dans l'activité économique est indéniable en tant que pourvoyeur de fonds, financeur des investissements. Mais la croissance économique suppose avant tout une augmentation quantitative de la production, une amélioration des procédés de production pour rendre l'économie compétitive à l'international, la production des biens haut de gamme, (industriels, technologiques, électroménagers) parfois de dernière génération, compétitifs à l'international... or le Cameroun n'est pas un si grand producteur. Son économie est basée principalement sur l'agriculture, qui elle-même reste pratiquée selon les méthodes dépassées, des techniques rudimentaires et avec les outils archaïques. En conséquence il lui faut, pour espérer atteindre une croissance économique forte, susceptible de le conduire au développement, booster significativement la production. Dans cet élan il faudrait doter l'économie des technologies de pointe pour une amélioration des procédés de production, industrialiser le paysage économique, encourager et accompagner les investisseurs, les opérateurs économiques locaux en supprimant les lourdeurs administratives, en allégeant la fiscalité, et surtout en améliorant le climat des affaires par la lutte contre la corruption qui gangrène de façon notoire l'activité économique.

CONCLUSION

Ce chapitre qui s'achève était destiné à présenter les résultats de l'estimation effectuée. Il s'agissait de mettre nos deux hypothèses à l'épreuve des résultats. Nous avons évalué empiriquement les effets de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun de 1990 à 2015. Si la première hypothèse a été confirmée par les résultats obtenus, la deuxième, elle, n'a pas pu se montrer viable. Ces résultats corroborent la façon dont la libéralisation financière a été appliquée au Cameroun. Bien que partielle, la libéralisation financière interne a été néanmoins plus poussée. Ce qui lui permet de contribuer significativement à la croissance économique. Par contre, très partielle et inachevée, la libéralisation du compte de capital n'influence pas du tout positivement la croissance économique. Le processus doit donc se poursuivre, mais de façon progressive tout en veillant à l'application de certaines préconditions.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Cette deuxième partie était consacrée à l'analyse empirique de l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique au Cameroun.À partir d'un seul modèle linéaire, l'effet de la libéralisation financière interne (première hypothèse) et l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun, de 1990 à 2015, ont été estimé. Saisie par les ratios crédits privés sur PIB et masse monétaire sur PIB, la libéralisation financière interne exerce une influence positive et significative sur la croissance économique. Par contre, la libéralisation du compte de capital, mesurée par l'indicateur Kaopen, n'exerce pas trouvé d'effet positif sur la croissance économique au Cameroun. Cependant, bien que la libéralisation financière interne contribue significativement à l'amélioration de la croissance économique au Cameroun, elle est incapable à elle seule de porter la croissance économique vers le haut, et par ricochet de faire sortir le pays du sous-développement.

CONCLUSION GENERALE

Dans de nombreux pays en développement, il n'existe que peu ou pas de marchés financiers d'actifs publics ou privés. En conséquence, le secteur bancaire est amené à jouer un rôle considérable dans le processus d'allocation des ressources. A ce titre, les gouvernements le considèrent, très souvent, comme un secteur stratégique. Ils cherchent donc à exercer un contrôle direct ou indirect sur lui. Ces contrôles prennent des formes diverses et variées : depuis la nationalisation pure et simple du secteur jusqu'à la mise en place de procédures telles que la fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur niveau d'équilibre de marché (pour des secteurs considérés comme prioritaires) ou la constitution de réserves obligatoires permettant à l'Etat de financer son déficit budgétaire à faible coût. Cette «répression financière», selon Mc Kinnon (1973), Shaw (1973) et leurs héritiers, conduit à un ralentissement de la croissance économique. En conséquence il faut libéraliser le système financier, en relevant le niveau des taux d'intérêt, en privatisant les banques, en supprimant les réserves obligatoires... ce qui permettra la constitution d'une plus grande épargne qui servira à financer les investissements productifs, lesquels impacteront positivement la croissance économique. La libéralisation financière est donc un moyen pour permettre d'atteindre une croissance économique forte, stable et durable.

C'est partant de ce corpus théorique que nous avons mené cette recherche dans le but de déceler l'effet de la libéralisation financière opérée au Cameroun, dès le début des années 90, sur la croissance économique. Plus précisément il s'agissait de savoir si, conformément aux conclusions de Mc Kinnon et Shaw, la libéralisation financière agit positivement sur la croissance économique, ou si selon les critiques dressées contre elle, la libéralisation financière aura plutôt été neutre ou même néfaste pour la croissance économique. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur deux aspects de la libéralisation financière, à savoir la libéralisation financière interne ou libéralisation du secteur bancaire et la libéralisation du compte de capital.

RAPPEL DES OBJECTIFS DE RECHERCHE

Notre principal objectif était de détecter l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique. De cet objectif principal ont découlé les deux objectifs spécifiques suivants :

- Evaluer l'effet de la libéralisation financière interne sur la croissance économique au Cameroun

- Evaluer l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique au Cameroun

RAPPEL DES HYPOTHESES DE RECHERCHE

Les deux objectifs sus évoqués nous ont amené à formuler les hypothèses suivantes :

H1 : « La libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun »

H2 : « La libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique »

Afin de vérifier ces hypothèses pour voir si elles sont viables, nous avons eu recours à l'économétrie, outil d'analyse économique.

RAPPEL DES RESULTATS D'ESTIMATION

Nous avons procédé à une estimation selon la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). Notre étude s'est étalée de la période 1990-2015. Le processus a consisté à partir de l'étude de la stationnarité des variables, à étudier l'existence d'une relation de cointégration entre les variables intégrées du même ordre, à mener l'estimation du modèle de l'étude tant à long terme qu'à court terme et enfin à interpréter les signes des coefficients ou paramètres associés à chaque variable explicative.

Ainsi, après régression, notre modèle s'est montré globalement significatif, avec un coefficient de détermination élevé et la statistique de Fischer inférieure au seuil critique de 5%. Certaines variables avaient les paramètres au signe attendu, d'autres avaient le signe contraire. Nous avons justifié pourquoi. Mais le point focal de l'estimation était de découvrir le sort réservé à nos deux hypothèses. Ainsi, la première hypothèse fut validée. La libéralisation financière interne exerce une influence positive sur la croissance économique au Cameroun. Par contre la deuxième hypothèse n'a pas connu le même sort. Elle a été rejetée. La libéralisation très partielle du compte de capital fait que celle-ci ne contribue pas à la croissance économique. Il faudrait donc poursuivre le processus d'ouverture du compte de capital, mais pas de façon rapide et totale -ce qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses-. De même bien que la libéralisation financière interne contribue à la croissance économique, elle aura échoué à permettre au Cameroun d'atteindre une croissance économique forte, soutenue et stable pouvant le conduire au développement. En fait la croissance va bien au-delà de la seule finance au fonctionnement même optimal. Elle dépend plus de la production.

LIMITES DE LA RECHERCHE

Les travaux empiriques portant sur la libéralisation financière et la croissance économique sont presque toujours attaquées ou critiquées dans la méthodologie utilisée, et notamment les variables retenues pour mesurer la libéralisation financière, le modèle spécifié. Notre recherche n'échappe pas à ces limites. Ainsi nous n'avons utilisé que deux indicateurs des plus courants à savoir le ratio masse monétaire sur PIB et le ratio crédits privés sur PIB, pour mesurer la libéralisation financière interne. Ce faisant d'autres recherches, en se basant sur d'autres indicateurs ou sur davantage d'indicateurs, ou en utilisant un indexe de libéralisation financière pourraient aboutir à des résultats pas forcement similaires aux nôtres, en termes d'effet (positif ou négatif) ou de significativité. Aussi avons-nous préféré utiliser un modèle de régression linéaire multiple. En utilisant un modèle VAR, ou un modèle dynamique on pourrait également aboutir à des résultats différents. En résumé nos résultats obtenus sont fonction des variables et du modèle choisis.

AXES FUTURS DE RECHERCHE

Dans ce travail nous avons volontairement négligé le marché boursier, car non seulement il est de création récente, mais est très mal organisé, fonctionne de façon occasionnelle, n'attire pas véritablement les entreprises. Bref il est quasiment inexistant. D'autres recherches pourraient se pencher sur la façon dont développer le marché boursier Camerounais afin qu'il tende vers une organisation et un fonctionnement proches des grandes places boursières en Afrique et pourquoi pas dans le monde. Il pourrait alors être la solution la plus appropriée au rationnement du crédit dont sont victimes les PME, et financerait davantage l'économie.

Pour revenir à la question du développement, il apparaît que les structures économiques comme la spécialisation commerciale, la qualité de la main d'oeuvre, le niveau de la production semblent plus cruciales que celles touchant à la libéralisation financière. De ce fait d'autres recherches pourraient s'intéresser aux leviers économiques à même d'avoir des effets plus probants sur la croissance économique au Cameroun, et accélérer le développement du pays.

BIBLIOGRAPHIE

Abiad A. et Mody A. (2005), « reformes financières, une construction délicate », Fmi, dossiers économiques 35

Aiboud K., Adouka L. et Bayer H. B. (2015), « Libéralisation financière et Croissance Economique : Approche empirique appliquée au cas de l'Algérie », CEREGMIA, Document de travail.

Aka E. B. (2005), « Le Rôle des marchés de capitaux dans la croissance et le développement économique »,Economies et finances. Université d'Auvergne - Clermont-Ferrand I, 2005.

Allen D.S. and Ndikumana L., (1998), «Financial Intermediation and Economic Growth in Southern Africa», Working Paper 1998-004B, Federal Reserve Bank Of ST Louis.

Athukorala, P. (1998). «Interest Rates, Saving and Investment: Evidence fromIndia», Oxford Development Studies, Vol. 26, N°2, pp .153-169

Avom D.et Eyeffa Ekomo S.M.L. (2007), « quinze ans de restructuration bancaire dans la Cemac : qu'avons-nous appris ? », Revue d'économie financière, vol 89, n° 3, PP 183-205

Bagehot, W. (1873), Lombard Street: A Description of the Money Market, Londres, H.S. King.

Banque de France, rapport annuel sur la zone franc, 1994

Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), rapport annuel 2002, 2004, 2006, 2010

Barro R.J (1990), « Government Spending in a simple model of endogenous growth », Journal of Political economy, vol 98, n°5, pp. S103-S125

Beck T., Levine R., and Loayza N., (2000), «Financial intermediation and growth : Causality and causes»,Journal of Monetary Economics, 46(1), pp 31-77.

Bekaert G., and Harvey C. R., (2000), «Foreign speculators and emerging equity markets», Journal of Finance, Vol 55, n° 2, PP 565-613.

Bekolo-Ebe B. (1998), «La Restructuration Bancaire en Zone Franc face au défi de la Mondialisation », in Touna Mama (ed.), La Mondialisation de l'Economie Camerounaise, Edition Sagraaph et Friedrich Ebert Stiffly, Chapitre 7, pp. 215-237, Yaoundé 1998.

Ben Salha O., Bouazizi T. et Aloui C. (2008), « Libéralisation Financière, Crises Bancaires et Croissance Économique : Cas des Pays du Sud de la Méditerranée », COLLOQUE INTERNATIONAL Ouverture et émergence en Méditerranée 17 et 18 Octobre 2008 Rabat, Maroc

Bencivenga, R. et Smith B.D. (1991), « Financial intermediation and endogenous
growth », The Revue of Economic Studies 58, 195-209.

Benhabib A. et Zenasni S. (2011), « les effets de la libéralisation financière sur la croissance économique : analyse empirique sur le cas algérien », Le recueil des communications du deuxième colloque international sur : La bonne performance des organisations et des gouvernementsDeuxième édition: La croissance des entreprises et des économies entre la réalisation de la performancefinancière et les défis de la performance environnementale, organisé les 22 et 23 Novembre 2011

Bera A. K., Jarque C. M. and Lee L. (1984), «Testing the normality Assumption in Limited dependent variable Models', International Economic Review, vol.25, pp563-578.

Berthemely, J.C. et Varoudakis, A. (1995), « Club de convergence et croissance :Le rôle du développement financier et du capital humain. », Revue économique, numéro
2, mars p.217-234.

Bester Helmut(1985), « Screening vs. rationing in credit markets with imperfect information », The American Economic Review, vol. 75, n°4, p. 850-855.

Bita C.A (2008), « libéralisation financière, risque systémique et réglementation prudentielle dans les pays africains de la zone CEMAC », thèse de doctorat sous la direction de Bruno BEKOLO-EBE, université de Yaoundé 2- Soa, août 2008

Boumghar M.Y. (2007), « libéralisation financière et épargne des ménages : quel(s) lien(s) ? », cahiers du CREAD, n 81-82 p171-198

Bourbonnais R., (2007), Econométrie: cours et exercices corrigés, Dunod, 5e édition

Boyer R, Dehove M et Plihon D (2004),  Les crises financières, rapport pour le conseil d'Analyse économique, Paris, La Documentation Française

Burkett P. et Dutt A. K. (1991), « Interest rate policy, effective demand, and growth in ldc's », International Review of Applied Economies, vol. 5, n° 2, p. 127-153.

Cho Y. (1986). "Inefficiencies from Financial Liberalization in the Absence of Well- FunctioningEquityMarkets", Journal of Money, Credit and Banking, Vol. 18, N°2, pp. 191-209

Cho Yoon Je(1986), « Inefficiencies from financial liberalization in the absence of wellfunctioning equity markets », Journal of Money, Credit and Banking, vol. 18, n°2, pp. 191-199.

Chouchane-Verdier A. (2004), « Une analyse empirique de l'impact de la libéralisation financière en Afrique subsaharienne sur la période 1983-1996 ». In: Tiers-Monde, tome 45, n°179. Varia. Démocratie et développement, pauvreté au Liban, emploi domestique en Afrique du Sud, boom du soja au Brésil... pp. 617-641;

Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC), rapport d'activité, 2007, 2009, 2011

De la fuente A. et Martin J.M (1993), innovation, bank monitoring and financial developpment, mimeo

De Melo J. et Tybout J. (1986), «The Effects of Financial Liberalization on Savings and Investmentin Uruguay», EconomicDevelopment and Cultural Change, Vol. 34, N°3, pp. 561-587.

Diaz-Alejandro, C. (1985), «Good-Bye Financial Repression, Hello Financial Crash», Journal of Development Economics, vol 19, n°l-2, pp. 1-24.

Edison H.J., Levine R., Ricci L., et Slok T., (2002),« International Financial Integration and Economic Growth »,National Bureau of Economic Research, Inc,(NBER Working Paper No. 9164).

Eggoh J.C (2009), « développement financier et croissance : une synthèse des contributions pionnières. », Laboratoire d'Economie d'Orléans - UMR CNRS 6221 Faculté de Droit, d'Economie et de Gestion

Engle R.F. and Granger C.W.J. (1987), «Co-Integration and Error Correction: Representation, Estimation, and Testing », Econometrica, vol.55, N°2, pp 251-276.

Fratzscher M. and M.Bussière (2004): «Financial Openness and Growth: Short-run Gain, Long-run Pain?», European Central Bank Working Paper Series, N°348.

Fry M. (1978), «Moneyand Capital or Financial Deepening in EconomicDevelopment?», Journal of Money, CreditandBanking, Vol. 10, N°, pp. 464-475

Fry M. (1982), "Models of Financially Repressed Developing Economies", World Development, Vol. 10, N° 9, pp. 731-750

Fry M. J. (1988), « Money, Interest, and Banking in Economic Development », Baltimore, The Johns Hopkins UniversityPress

Galbis V. (1977), "Financial Intermediation and EconomicGrowth in Less-Developed Countries: A TheoricalApproach", Journal of DevelopmentStudies, Vol. 13, N°2, pp 58-72

Gamra B.S et Clévenot M. (2008), « Les effets ambigus de la libéralisation financière
dans les pays en développement : Croissance économique ou instabilité financière ? » Papier de recherche sur l'impact de la libéralisation sur les pays émergents.https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00323334

Gamra S.B et Plihon D (2007), « Politiques de libéralisation financière et crises bancaires », Economie internationale (n° 112) P 5-28

Golsmith R.W, (1969), «Financial Structure and Development». New Haven, Conn : Yale University Press.

Johansen S. (1991), «Estimation and hypothesis testing of cointegration vectors in Gaussian vector autoregressive models », Journal of Economic Dynamics and Control, Econometrica, vol.59, pp. 1551-158

Johansen S. (1998), «Statistical Analysis of Cointegration Vectors»,Journal of Economic Dynamics and Control,Econometrica, vol.12, pp 231-254.

Kada A., Lakhdar A. et Habib B. B. (2015), « Libéralisation financière et Croissance économique : Approche empirique appliquée au cas de l'Algérie », Document de travail CEREGMIA.

Kaminsky G., et Schmukler S.L., (2002), « Short run pain, long run gain: The effects of financial liberalisation », World Bank Policy Research, Working Paper 2912.

Kapur B. (1976), "Alternative StabilizationPolicies for Less-Developed Economies", Journal of Political Economy, Vol. 84, N°4, pp. 777-795.

Kapur, B. (1992), «Formal and Informal Financial Markets, and the Neo-Structuralist Critique oftheFinancial Liberalization Strategy inLess-Developed Countries», Journal of Development Economics, vol 38, septembre, pp. 63-77.

Khatkhate, D. (1982). "National and International, Aspects of Financial Policies in LIXs: A Prologue", WorldDevelopment, Vol. 10, N° 9, pp. 689-694.

King R. G. et Levine R. (1993), «Finance, entrepreneurship and growth: Theory and
evidence«, Journal of Monetary Economics, Elsevier, Vol. 32(3), pp. 513-42.

King R.G. et Levine R.(1993, b), «  Finance and Growth: Schumpeter Might Be Right. »,The Quarterly Journal of Economics 108, 717-37.

Kuznetz S. (1955), « Economic Growth and Income Inequality », American Economic Review, vol. 45, 1-28.

Lajili O. (2015), « Libéralisation financière, ouverture politique et croissance économique dans les pays en voie de développement. », thèse en cotutelle entre l'université de Toulon et l'université de Sousse, dirigée par Philippe Gilles et Faysal Mansouri

Lane P.R. et Milesi-Ferretti G.M., (2007), « The external wealth of nations mark II: Revised and extended estimates of foreign assets and liabilities », 1970-2004. Journal of International Economics, 73, 223-250. doi:10.1016/j.jinteco.2007.02.003

Levine R(1996),« Foreign Banks, Financial Development, and Economic Growth», International Financial Markets: Harmonization versus Competition. Washington: AEI Press 224-54.

Levine R (1997), « Financial development and economic growth: views and agenda. »,
Journal of Economic Literature,35(2): 688-726.

Levine R.(1999), « Law, Finance, and Economic Growth. » ; Journal of Financial
Intermediation
8, 36-67.

Lindgren J., Garcia G. et Saac M. (1996), « banksoudness and macroeconomicpolicy », imf, washington DC

Loayza N. and R.Rancière (2002), «Financial Development, Financial Fragility and Growth», Central Bank ofChile Working Paper, N°145.

Lucas R.E (1988),  « On the Mechanics of Economix Development », Journal of Monetary Economics, vol 22, pp. 3-42

Malthus T. (1798),An Essay on the Principle of Population, London: Johnson

Mc Kinnon R. I. (1973), Money and Capital in EconomicDevelopment, The Brookings Institution, Washington, D.C

Mc Kinnon, R.I. (1991), « The Order of Economic Liberalization : Financial Control in the Transition to a Market Economy », The Johns Hopkins University Press, Baltimore et Londres.

Morisset J. (1993), « Does financial liberalization really improve private investment in developing countries? », Journal of development economics, vol. 40, n°1, p. 133-150.

Mouley S., (2012),« Challenges Arising from Capital Account Liberalisation in the Countries of the South Mediterranean Region », Social Science Research Network, Rochester, NY (SSRN Scholarly Paper No. ID 2033080). MEDPRO Technical Paper No. 11.

Nembot-Ndeffo L.et Ningaye P. (2011), « Réformes financières et rentabilité du système bancaire des États de la CEMAC », Mondes en développement, n°155 p. 111-124.

Noula A.G. (2012), « Financial liberalisation and household savings in Cameroon: A bound testing approach », Global Advanced Research Journal of Educational Research and Review Vol. 1(2) pp. 015-024

Orji A., Ogbuador J.E. et Onyinyi I. A. (2015), « financial liberalization and economic growth in Nigeria : an empirical evidence », international journal of economics and financial issues, 5(3), 663-672

Perroux F. (1990), Dictionnaire économique et social, Hatier.

Qazi Muhammad A. H., et Shahida W. (2013), « impact of financial liberalization on economic growth : a case study of pakistan », Asian economic and financial review, 3(2), 270-282

Quinn D.P (1997), « The correlates of change in international financial regulation. »,
American Political Science Review 91(3): 531-551.

Romer P. (1990), « Endogenous Technological Change », Journal of Political Economy, vol 95, pp. 71- 102.

Roubini, N. et Sala-i-Martin X(1992), «FinancialRepression and Economic Growth», Journal ofdevelopment Economies, vol 39, pp. 5-30.

Schumpeter J. (1911), The Theory of Economic Development, Cambridge, MA: Harvard University Press.

Shaw E. (1973), « Financial Deepening in EconomicDevelopment », Oxford University Press, New York

Solow R.M (1956), « A Contribution to the Theory of Economic Growth », Journal of Economics, Quarterly, vol 70, février, pp. 65-94.

Stiglitz J. et Weiss A. (1981), "Credit Rationing in Markets with Imperfect Information", American Economic Review, Vol. 71, N°3, pp. 393-410

Sulaiman L.A., Oke M.O and Azeez, B.A (2012), « effect of financial liberalization on economic growth in developing countries: The Nigerian Experience » International Journal of Economics And Management Sciences Vol. 1, No. 12, pp. 16-28

Tamba I. et TchamanbeDjine L. (1995), « De la crise à la réforme des institutions bancaires africaines: le cas du Cameroun », Tiers-Monde, tome 36, n°144, 1995. pp. 813-835;

Taylor L. (1983), Structuralist Macroeconomics: Applicable Models for the Third World, New-York, Basic Books

Tchakounte Njoda M. et Bita C.A (2009), « La réforme du secteur bancaire camerounais », Revue africaine de l'Intégration Vol. 3. No. 2, Octobre 2009

Touna Mama (2008), L'economie Camerounaise : Pour un nouveau départ,éditions Afrédit, Yaoundé,

Tswasumo D.T., Pardee S., et Wunnana P. V. (2007), « financial liberalization and economic growth : lessons from the South Africa experience », international journal of applied economics, 4(2), 75-89

Umann S, Hermes N. et Lensink R (2012) « Financial liberalisation and economic
growth: a meta-analysis. Technical report. », London: EPPI-Centre, Social Science
Research Unit, Institute of Education, University of London.

Van Wijnbergen S. (1983), « Interest rate management in lcd's », Journal of MonetaryEconomics, vol. 12, n° 3, septembre 1983, p. 433-452.

Venet B. (1994), « Libéralisation financière et développement économique : Une revue critique de la littérature ». In: Revue d'économie financière, n°29, Les marchés financiers émergents (I) pp. 87-111.

Vogel R. et Buser S. (1976), "Inflation, Financial Reform, and Capital Formation in Latin America", in Money and Finance in Economic Growth and Development: Essay in Honor of E .S .Shaw, ed. Par R.I. Mac-Kinnon, New-York, Marcel Dekker, pp. 35-70.

World Bank (1989), World Development Report 1989, Oxford University Press, New York.

Yin L. (2014), « Get in or Get out : the impact of financial liberalisation on China's economic growth », honors theses. Paper 56

ANNEXES

Tableau 1: Les critères d'identification du degré de libéralisation financière selon Gamra et Clévenot (2008) 3

Tableau 2 : Evolution des crédits bancaires à l'économie (en millions de FCFA) 162

Tableau 3 : Evolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA) 163

Tableau 4: Synoptique des reformes financières au Cameroun 164

Tableau 5 : Revue des travaux empiriques portant sur l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique 166

Tableau 6 : Données de base de l'étude 168

Tableau 7 : Données de l'étude 169

Tableau 8 : Résultats des tests de stationnarité des variables 170

Tableau 9: Résultats de la cointégration 176

Tableau 10 : Test de stationnarité des résidus 176

Tableau 11 : Résultats de la régression de long terme 177

Tableau 12 : Résultats du modèle à correction d'erreur ou modèle de court terme 178

Tableau 13 : Test d'autocorrélation des erreurs 179

Tableau 14 : Test d'hétéroscédasticité 180

Tableau 15 : Test de causalité de Granger 182

Figure 1 : Comportement des variables dans le court terme 3

Figure 2 : Test de normalité des erreurs 181

Figure 3 : Test de stabilité de CUSUM 182

Tableau 1 : Les critères d'identification du degré de libéralisation financière selonGamra et Clévenot (2008)

Secteur financier interne

Critère de la libéralisation parfaite

Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs

crédits, des réserves et de l'entrée

Critère de la libéralisation partielle

Il n'existe pas de contrôle sur les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs.

Et

Il n'existe pas de contrôle sur les crédits, les réserves et l'entrée des banques.

Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs

Crédits, des réserves et de l'entrée

Critère de la répression

Il n'existe pas de contrôle sur les taux d'intérêt débiteurs ou créditeurs.

Ou

Il n'existe pas de contrôle sur les crédits ou sur les réserves ou sur l'entrée des banques.

Taux d'intérêt débiteurs et créditeurs

Crédits, des réserves et de l'entrée

Il existe un contrôle sur les taux d'intérêt débiteurs et créditeurs

Et

Il existe un contrôle des crédits, des réserves et de l'entrée des banques.

Marchés financiers

Critère de la libéralisation parfaite

Investissements domestiques et étrangers de portefeuille

Rapatriement du capital, des dividendes et des intérêts

Critère de la libéralisation partielle

Les investisseurs domestiques et étrangers sont autorisés à détenir des titres domestiques sans restrictions.

Et

Le capital, les dividendes et les intérêts sont librement rapatriés pendant les 2 ans de l'investissement initial.

Investissements domestiques et étrangers de portefeuille

Rapatriement du capital, des dividendes et des intérêts

Critère de la répression

Les investisseurs domestiques et étrangers sont autorisés à détenir plus que 49% des titres de chaque compagnie. Il existe des restrictions sur la participation dans certains secteurs et
des moyens indirects d'investissement sur les marchés financiers (country funds).

Ou

Le capital, les dividendes et les intérêts sont rapatriés mais pas avant 2 ans et après 5 ans de l'investissement initial.

Investissements domestiques et étrangers de portefeuille

Rapatriement du capital, des dividendes et des intérêts

Les investisseurs domestiques et étrangers ne sont pas autorisés à détenir des titres domestiques

ou

Le capital, les dividendes et les intérêts sont rapatriés mais pas avant 5 ans de l'investissement initial

Compte capital

Critère de la libéralisation parfaite

Emprunts étrangers

Taux de change multiples et autres restrictions

Critère de la libéralisation partielle

Les banques et les autres institutions sont autorisées à emprunter librement de l'étranger. Elles doivent informer les autorités mais l'autorisation est automatiquement offerte. Les réserves obligatoires doivent être inférieures à 10%. La maturité minimale exigée est inférieure à 2 ans.

Et

Il n'existe pas de taux de change spéciaux sur les transactions du compte courant ou du
compte capital. Il n'existe pas de restrictions sur les sorties de capitaux

Emprunts étrangers par les banques

Taux de change multiples et autres restrictions

Critère de la répression

Les banques et les autres institutions sont autorisées à emprunter de l'étranger mais elles sont soumettes à certaines restrictions. Les réserves obligatoires doivent être comprises entre 10 et 50%. La maturité minimale exigée doit être supérieure à 5 ans.

Ou

Il existe des taux de change spéciaux sur les transactions du compte courant et du compte capital. Il existe certaines restrictions sur les sorties de capitaux.

Emprunts étrangers par les banques

Taux de change multiples et autres restrictions

Les banques et les autres institutions ne sont pas autorisées à emprunter de l'étranger. Les
réserves obligatoires doivent être supérieures à 50%. La maturité minimale exigée doit être
supérieure à 5 ans.

Ou

Il existe des taux de change spéciaux sur les transactions du compte courant et du compte
capital. Il existe des restrictions sur les sorties de capitaux.

Tableau 2 : évolution des crédits bancaires à l'économie (en millions de FCFA)

Année

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Court terme

444399

527931

582362

620701

649493

627180

643303

654283

697649

Moyen terme

128476

137487

147528

183163

225241

247297

298218

306548

340361

Long terme

31016

35097

30189

30577

33034

30412

35316

38628

45050

Année 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

 

Court terme

810992

825814

986804

1269743

1309335

1436135

1560959

Moyen terme

414344

495723

548469

635894

629015

782130

851910

Long terme

57396

57434

58713

37654

49606

55577

64198

 

Source : dépouillement des statistiques de la BEAC

Tableau 3 : évolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA)

années

monnaie fiduciaire

monnaie scripturale

quasi monnaie

1991

170 429

177 934

297 866

1992

149 015

162 745

286 576

1993

116 131

150 734

274 649

1994

136 331

224 685

324 201

1995

104 138

185 442

242 052

1996

95 177

206 190

252 879

1997

179 758

242 958

265 900

1998

205 686

281 554

258 362

1999

237 326

300 499

305 728

2000

264 890

364 215

371 968

2001

296 007

400 914

440 125

2002

333 671

472 108

523 365

2003

297 949

454 061

591 264

2004

324 092

484 650

619 850

2005

273 413

541 144

687 773

2006

265 597

639 573

740 497

2007

355 211

773 092

759 615

2008

430 571

888 577

830 692

2009

447 429

976 757

875 486

2010

500 532

1 091 818

1 033 061

2011

525 476

1 272 143

1 099 619

2012

555 866

1 249 517

1 135 193

2013

559 199

1 477 019

1 243 594

2014

635 687

1 697 078

1 312 389

2015

798 585

1 734 241

1 421 817

Source : dépouillement des statistiques de la BEAC et de la Banque de France

Tableau 4 : synoptique des reformes financières au Cameroun

Années

Dates et mesures envisagées ou mises en application

1989

- 04 Août : Scission - Liquidation de la Société Camerounaise de Banque (SCB)
avec transfert des créances douteuses et compromises à la S.R.C. et fusion des
actifs sains avec la Société Commerciale de Banque-Crédit Lyonnais (SCB-CL);
- 10 Août : Liquidation et fermeture du Fonds de Développement Rural
(FONADER) au Cameroun ;

- 25 Août : liquidation et fermeture de la Banque Camerounaise de Développement
(BCD) ;
- 25 Août : liquidation et fermeture de la Banque Camerounaise de Développement

(BCD) ;

- 25 Août : liquidation et fermeture de la Banque Paribas-Cameroun (PARIBAS) ;

- 01 Septembre : liquidation et fermeture de Cameroon Bank (CAMBANK) ;

- 04 Septembre : Scission-liquidation de la Bank of Credit and Commerce

Cameroon (BCCC) ; avec cession des actifs sains à la Standard Chatered Bank

Cameroon (SCBC)

1990

- Liquidation du passif de la Banque Internationale pour le Commerce et l'industrie
du Cameroun (BICIC); transfert des créances douteuses et compromises à la
société de Recouvrement des Créances (SRC)
- 09 novembre : Décret no 90/ 1470 du chef de l'État Camerounais relevant le
minimum du capital social des banques de 300 millions à 1 milliard de FCFA.

1991

- 01 Septembre :Mise en oeuvre de la programmation monétaire
au Cameroun ;
- 20 Septembre : Scission de la Meridien Cameroon Bank (MCB)
et de la Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale auCameroun (BIAOC) pour créer la BM-BIAOC

1992

- 17 Janvier : signature d'une convention portant harmonisation de la
réglementation bancaire dans les États de CEMAC.

1993

- Janvier :Entrée en vigueur de la libéralisation des taux d'intérêt avec plus de
souplesse et de dynamisme dans sa gestion;
- Janvier :Application du décret relatif à l'augmentation du capital social des
banques (le minimum varie d'un pays à l'autre)
- Février : liquidation de First Investment Bank (F IB) ;
- Mars : Démarrage effectif des activités de contrôle et de supervision bancaire de
la COBAC avec application de nouveaux ratios prudentiels ;
- Mars : Entrée en vigueur de l'harmonisation de la réglementation bancaire dans
la sous-région ;

- Août : arrêt par la BEAC et la BCEAO du rachat des billets CFA en provenance de l'Afrique de l'ouest et de l'Afrique centrale respectivement.

1994

- 11 Janvier :dévaluation du franc de la coopération financière en Afrique (fcfa)

- Liquidation de International Bank of Africa (IBAC) ;
- 01 Juillet :démarrage des activités du marché monétaire sous-régional ;
- Août : la Banque Nationale de Paris (BNP) retire son appui technique de la
Banque Internationale pour le Commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC)

1996

- 21 Septembre :liquidation de la Banque Meridien- BIAOC (Cameroun) créée de
la fusion MCB et BIAOC en 1991 ;

- 12 Octobre :l'Association des Banques populaires de France pour la
Coopération et le Développement (ABPCD) signe une convention d'assistance
technique à la BICIC.

1997

- 12 juin :Liquidation du Crédit Agricole du Cameroun créé en 1991 pour
remplacer le FONADER ;
- 14 mars : fermeture de la BICIC et création de la Banque Internationale duCameroun pour l'Epargne et le Crédit (BICEC). Le capital social est réparti entre
l'Etat et l'ABPCD à concurrence de 51% et de 49% respectivement.

2000

- Janvier : privatisation de la Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne
et le Crédit (BICEC).

Source : Nembot-Ndeffo et Ningaye (2011)Tableau 5 : Revue des travaux empiriques portant sur l'effet de la libéralisation du compte de capital sur la croissance

Travaux

Périodes

d'étude

Nombre de

pays

Type de libéralisation

Indicateurs de libéralisation

Tests effectués

Canaux de transmission de

l'effet

Conditions d'un effet positif ou d'un effet

positif plus significatif sur la croissance

Effet positif et significatif sur la croissance

Quinn (1997)

(1960-89)

64 ou 58

Compte de capital

Äquinn entre 1988-
1958.

MCO (Coupe
transversale)

Réduction de la taxation du
capital

-

Fuchs-Schundeln et Funke (2001)

(1975-00)

27 pays
émergents

Marchés de titres

Dates officielles

MCO (Coupe
transversale)

Accroissement de
l'investissement privé

Mettre en place des réformes institutionnelles avant de libéraliser.

Bekaert, Harvey et Lundblad (2001a)

(1980-97)

95, 75, 50 ou
28
pays émergents

Marchés de titres

Dates officielles

GMM (panel,
moyennes de 3, 5,
7 et 10 ans)

Baisse du coût de capital.

- Taux élevé de scolarisation
- Taille faible du gouvernement
- Système légal anglo-saxon

Bekaert, Harvey et Lundblad (2001b)

(1980-97)

Taux élevé de scolarisation

Bekaert, Harvey et Lundblad (2004)

(1980-97)

- Le développement financier
- Système légal efficace

Arteta, Eichengreen et Wyplosz (2001)

(1973-81)
(1982-87)
(1988-92)

51 à 59

Compte de capital

- Quinn pour la 1ère
année
- Äquinn pour les périodes.

MCO (Coupe
transversale -
panel)

Amélioration de l'efficience

- De bonnes institutions
- Respecter la séquence de la libéralisation
financière et commerciale : éliminer les
déséquilibres macroéconomiques et les
distorsions commerciales

Edison, Klein, Ricci et Slok (2002b)

(1976-95)

89

Compte de capital

- FMI
- Share
- Quinn
- OCDE
- Montiel-Reinhart
- Volume

- MCO (panel)
- DMCO (panel)

Diversification des risques.
Efficience de l'allocation des
ressources.

Les pays en développement et en particulier
les pays d'Asie du sud-est

Marchés financiers

Dates officielles

McLean et Shrestha (2002)

(1976-95)

40

Compte de capital

Volume

DMCO (panel
moyennes de 5
ans)

- Développement des marchés
financiers.
- Investissements productifs
- Transfert technologique.

Favoriser la libéralisation des IDE et des
flux de portefeuille plutôt que les flux de
crédits bancaire

Tornell, Westermann et Martinez (2003)

(1980-99)

105

Compte de capital

Les afflux de capitaux
dépassent 10% du PIB

MCO, MCG
(Panel et Coupe
transversale)

Accroissement du volume et
du risque de crédit.

-

Effet mitigé non robuste sur la croissance

Kraay (1998)

(1985-97)

64, 94 ou
117

Compte de capital

- FMI
- Quinn
- Volume

- MCO (Coupe
transversale)- DMCO (Coupe
transversale)

-

Le développement institutionnel et politique

Klein et Olivei (2000)

(1986-95)
(1976-95)

Plus de 92
67

 

Share

MCO, DMCO

Développement financier

Développement économique

Klein (2003)

(1976-95)

85

Compte de capital

- Share
- Quinn

(Panel, Coupe
transversale)

Amélioration de l'efficience
de l'allocation du capital

Seulement sur les pays à revenu intermédiaire.

Klein (2005)

71

-

Développement institutionnel.

Edwards (2001)

(1980-89)

55 à 62

Compte de capital

- Quinn en 1988
- ÄQuinn entre 1988-
1973.

- MCOP,
DMCOP, SURE
(Coupe transversale)

- Diversification des risques
- Spécialisation.
- Amélioration de la rentabilité des projets.

Le développement économique

Chanda (2001)

(1975-95)

57 non-OCDE

Compte de capital

Share

MCO (Coupe
transversale

Accumulation du capital

Une faible hétérogénéité ethnique

Edison, Klein, Ricci et Slok (2002a)

(1980-00)

57

Compte de capital

- FMI
- Quinn
- Volume

- MCO(panel)
- DMCO (panel)
- GMM(panel)

- Diversification des risques
- Spécialisation.
- Amélioration de l'allocation
du capital.

La stabilité macroéconomique.

Loayza et Rancière (2002)

(1960-95)

74

Système financier interne

- DEPTH
- PRIVY

GMM

Développement financier.

Positif en période de non crises et négatif en
périodes de crises.

(1960-97)

49

Modèle autorégressif avec retard

Négatif à court termes et positif à long
termes.

Eichengreen et Leblang (2003)

(1880-97)
Post-1971

21

Compte de capital

FMI

GMM (panel)

Amélioration de l'efficience
de l'allocation des ressources

Contrôler les crises et neutraliser leurs effets
adverses sur la croissance.

Fratzscher et Bussière (2004)

(1980-02)

45

Compte de capital

Volume

GMM (panel,
moyennes de 5
ans)

Boom de crédit et
d'investissement.

Positif à court termes et négatif à moyen et
long termes.

Calderon, Loayza et Schmidt-Hebbel
(2004

(1970-00)

76

Compte de capital

- FMI
- Volume

GMM (moyennes
de 5 ans)

 

Seulement sur les pays à revenu intermédiaire.

Bonfigoli et Mendicino (2004)

(1975-99)

90

Compte de capital

FMI

GMM (Coupe
transversale)

Développement financier.

Développement institutionnel (permettant
de réduire les crises bancaires)

Marchés financiers

Dates officielles

Pas d'effet sur la croissance

Grilli et Milesi-Ferretti (1995)

(1971-94)

61
PED

Compte de capital

Share

MCO (Moyennes
de 5 ans)

-

-

Rodrik (1998)

(1975-89)

100

Compte de capital

Share

MCO (Coupe
transversale)

-

-

Source : Gamra et Clévenot (2008), pp 21- 22

Tableau 6 : données de base de l'étude

années

PIB

M2

CP

CO

DPU

1990

492585,223

21,2336853

26,377386

37,4964454

12,7505372

1991

460250,685

21,628944

26,4186572

34,6387794

13,2746539

1992

433468,353

18,8293121

12,5202643

38,8625922

12,8125681

1993

388139,26

15,2083605

10,2704401

31,7451774

12,4039659

1994

385548,283

17,2562347

9,22729805

38,0239772

9,38062556

1995

390986,845

14,3188104

8,19968234

41,3690133

8,67617421

1996

399753,967

11,9380601

7,90138826

41,7730433

9,17476185

1997

410507,793

12,983642

6,53803902

39,7880201

9,10006649

1998

419985,066

12,8509957

7,39600897

39,1366516

9,0925544

1999

426236,575

13,6804197

7,80253813

38,6667709

9,45869554

2000

432911,095

15,2091106

8,22622957

42,9145445

9,45687438

2001

440972,343

14,4377209

8,90765903

45,134308

10,2364466

2002

446875,836

16,2912493

9,15956657

40,6501302

10,2217956

2003

452814,166

15,9080784

9,63733713

40,1496532

9,97458142

2004

457247,996

16,2382082

9,28633334

39,2313493

10,1642305

2005

455353,237

16,3412555

9,87911813

41,9258794

9,96690034

2006

457461,649

16,4687526

9,45333486

43,9576273

9,60085436

2007

459623,266

18,1359304

9,69008833

48,5355802

10,1456005

2008

460083,024

19,3768397

10,9358072

52,3421439

10,7951021

2009

456288,3

19,8388896

11,4752513

37,0651765

11,2618232

2010

458509,767

21,3056553

12,5382735

40,3609998

11,6108202

2011

464697,831

21,881774

14,1824685

44,8595613

11,615292

2012

473067,038

20,3008102

14,1396902

45,4027769

11,4555245

2013

486156,601

20,9317112

14,7809931

49,5667714

11,573483

2014

501443,88

21,8505838

15,5641611

52,8864181

11,8108808

2015

516581,867

22,4158128

16,3858365

49,6316923

11,7912011

Tableau 7 : données de l'étude

Années

logPIB

logM2

logCP

Kp

logCO

logDPU

SCO

TINF

POP

1990

5,69248138

1,32702538

1,42123176

-1,19473314

1,5739901

1,10552848

25,4520702

1,09938128

2,97204171

1991

5,66299444

1,33503532

1,42191074

-1,19473314

1,53956258

1,12302321

26,9225006

0,06005133

2,90659568

1992

5,6369574

1,27483445

1,0976135

-1,19473314

1,58953177

1,10763619

27,8300991

-0,01605505

2,84618181

1993

5,58898757

1,1820824

1,01158905

-0,13029587

1,50167776

1,09356056

27,2675143

-3,20655457

2,78111228

1994

5,58607877

1,23694604

0,96507455

-0,13029587

1,58005754

0,9722318

26,7049294

35,0944618

2,71217849

1995

5,59216215

1,15590694

0,91379703

-0,13029587

1,61667516

0,93832826

25,7289295

9,06969072

2,64468069

1996

5,60179278

1,07693376

0,8977034

-1,19473314

1,62089612

0,9625948

24,77771

3,92406373

2,57757822

1997

5,61332141

1,11339653

0,81544751

-1,19473314

1,59975233

0,95904457

23,8264904

4,78623882

2,5232043

1998

5,62323385

1,10893678

0,86899743

-1,19473314

1,59258367

0,95868591

24,5680408

3,17075185

2,49688518

1999

5,62965071

1,13609942

0,8922359

-1,19473314

1,58733791

0,97583125

25,9418697

1,87174501

2,50439897

2000

5,63639872

1,18210382

0,91520083

-1,19473314

1,63260451

0,97574762

27,2951202

1,22719013

2,53505199

2001

5,64441135

1,15949864

0,94976358

-1,19473314

1,65450679

1,01014922

32,0455017

4,41977246

2,57036661

2002

5,65018687

1,21195439

0,96187492

-1,19473314

1,60906194

1,00952719

27,8882504

2,8344226

2,60090507

2003

5,65592

1,20161772

0,98395705

-1,19473314

1,6036818

0,99889468

29,4101105

0,62316356

2,63176539

2004

5,66015181

1,21053811

0,96784427

-1,19473314

1,59363324

1,00707451

26,1779194

0,23364738

2,66057154

2005

5,65834843

1,21328542

0,99471818

-1,19473314

1,62248218

0,99856012

26,6441898

2,0135395

2,6861165

2006

5,66035469

1,21666071

0,97558504

-1,19473314

1,64303424

0,98230988

23,1698303

5,11757816

2,71116357

2007

5,662402

1,25853984

0,98632774

-1,19473314

1,68606023

1,00627776

31,7637806

0,92140225

2,73237921

2008

5,66283621

1,28728295

1,03885084

-1,19473314

1,71885151

1,03322675

35,944191

5,33780628

2,74326116

2009

5,65923933

1,29751736

1,0597622

-1,19473314

1,56896607

1,05160871

39,6364403

3,04361848

2,7416385

2010

5,66134859

1,3284949

1,09823774

-1,19473314

1,60596192

1,0648629

43,451046

1,27538046

2,73069023

2011

5,66717065

1,34008253

1,15175183

-1,19473314

1,65185502

1,06503013

47,2656517

2,93969946

2,71658694

2012

5,67492269

1,30751337

1,1504399

-1,19473314

1,65708242

1,05901498

50,4674301

2,94251

2,70159591

2013

5,68677619

1,32080474

1,16970361

-1,19473314

1,69519063

1,06346408

52,3021317

1,94514528

2,68316291

2014

5,70022234

1,33946304

1,19212572

-1,19473314

1,72334415

1,07228229

56,4307289

1,94794827

2,66187609

2015

5,71313916

1,35055449

1,21446862

-1,19473314

1,69575908

1,07155805

58,0781288

2,68598277

2,63853608

Tableau 8 : Résultats des tests de stationnarité des variables

8.1 Variable logPIB

Null Hypothesis: LOGPIB has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.301374

 0.6118

Test critical values:

1% level

 

-3.737853

 
 

5% level

 

-2.991878

 
 

10% level

 

-2.635542

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Null Hypothesis: D(LOGPIB) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-2.583676

 0.1100

Test critical values:

1% level

 

-3.737853

 
 

5% level

 

-2.991878

 
 

10% level

 

-2.635542

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(LOGPIB,2) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-5.927682

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-3.752946

 
 

5% level

 

-2.998064

 
 

10% level

 

-2.638752

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


8.2 Variable logM2

Null Hypothesis: LOGM2 has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.111533

 0.6948

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(LOGM2) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-4.781838

 0.0009

Test critical values:

1% level

 

-3.737853

 
 

5% level

 

-2.991878

 
 

10% level

 

-2.635542

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


8.3 Variable logCP

Null Hypothesis: LOGCP has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-2.508605

 0.1255

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(LOGCP) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-2.614975

 0.1074

Test critical values:

1% level

 

-3.831511

 
 

5% level

 

-3.029970

 
 

10% level

 

-2.655194

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Warning: Probabilities and critical values calculated for 20 observations

        and may not be accurate for a sample size of 19


Null Hypothesis: D(LOGCP,2) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-13.43736

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-3.752946

 
 

5% level

 

-2.998064

 
 

10% level

 

-2.638752

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 
 
 
 
 
 

8.4 Variable Kp

Null Hypothesis: KP has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-2.318153

 0.1743

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(KP) has a unit root

 

Exogenous: Constant, Linear Trend

 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-4.600613

 0.0064

Test critical values:

1% level

 

-4.394309

 
 

5% level

 

-3.612199

 
 

10% level

 

-3.243079

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

8.5 Variable logCO

Null Hypothesis: LOGCO has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-2.326211

 0.1720

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(LOGCO) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-3.937742

 0.0080

Test critical values:

1% level

 

-3.831511

 
 

5% level

 

-3.029970

 
 

10% level

 

-2.655194

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Warning: Probabilities and critical values calculated for 20 observations

        and may not be accurate for a sample size of 19


8.6 Variable logDPU

Null Hypothesis: LOGDPU has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.710435

 0.4140

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 



Null Hypothesis: D(LOGDPU) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-3.581124

 0.0142

Test critical values:

1% level

 

-3.737853

 
 

5% level

 

-2.991878

 
 

10% level

 

-2.635542

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


8.7 Variable SCO

Null Hypothesis: SCO has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

 1.343711

 0.9981

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Null Hypothesis: D(SCO) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.840564

 0.3527

Test critical values:

1% level

 

-3.752946

 
 

5% level

 

-2.998064

 
 

10% level

 

-2.638752

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Null Hypothesis: D(SCO,2) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-10.59022

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-3.752946

 
 

5% level

 

-2.998064

 
 

10% level

 

-2.638752

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 



8.8 Variable TINF

Null Hypothesis: TINF has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-4.718519

 0.0010

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

8.9 Variable POP

Null Hypothesis: POP has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 5 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-5.856640

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-3.808546

 
 

5% level

 

-3.020686

 
 

10% level

 

-2.650413

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Tableau 9 : Résultats de la cointégration

Date: 11/11/17 Time: 21:58

 
 

Sample (adjusted): 1992 2015

 
 

Included observations: 24 after adjustments

 

Trend assumption: Linear deterministic trend

 

Series: LOGCO LOGDPU LOGM2 

 
 

Lags interval (in first differences): 1 to 1

 
 
 
 
 
 

Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Hypothesized

 

Trace

0.05

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Prob.**

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

None *

 0.707136

 48.75807

 29.79707

 0.0001

At most 1 *

 0.542405

 19.28499

 15.49471

 0.0128

At most 2

 0.021535

 0.522486

 3.841466

 0.4698

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Trace test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level

 * denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level

 **MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values

 
 
 
 
 
 

Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Hypothesized

 

Max-Eigen

0.05

 

No. of CE(s)

Eigenvalue

Statistic

Critical Value

Prob.**

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

None *

 0.707136

 29.47309

 21.13162

 0.0027

At most 1 *

 0.542405

 18.76250

 14.26460

 0.0091

At most 2

 0.021535

 0.522486

 3.841466

 0.4698

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Max-eigenvalue test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level

 * denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level

 **MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values

 


Tableau 10 : Test de stationnarité des résidus

Null Hypothesis: RESID01 has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-3.642481

 0.0120

Test critical values:

1% level

 

-3.724070

 
 

5% level

 

-2.986225

 
 

10% level

 

-2.632604

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 


Tableau 11 : Résultats de la régression de long terme

Dependent Variable: PIB

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 11/09/17 Time: 19:12

 
 

Sample: 1990 2015

 
 

Included observations: 26

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

5.359947

0.164886

32.50698

0.0000

logM2

0.267618

0.102168

2.619391

0.0179

logCP

0.094930

0.038026

2.496462

0.0231

KP

-0.027766

0.010797

-2.571700

0.0198

logCO

0.114151

0.078094

1.461705

0.1621

logDPU

-0.185046

0.141046

-1.311956

0.2070

SCO

-0.000152

0.000694

-0.218493

0.8296

TINF

-0.001162

0.000515

-2.256772

0.0375

POP

-0.058406

0.068225

-0.856081

0.4039

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.921067

    Mean dependent var

5.649288

Adjusted R-squared

0.883922

    S.D. dependent var

0.033422

S.E. of regression

0.011387

    Akaike info criterion

-5.845292

Sum squared resid

0.002204

    Schwarz criterion

-5.409797

Log likelihood

84.98879

    Hannan-Quinn criter.

-5.719885

F-statistic

24.79652

    Durbin-Watson stat

1.355332

Prob(F-statistic)

0.000000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tableau 12 : Résultats du modèle à correction d'erreur ou modèle de court terme

Dependent Variable: D(PIB)

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 11/09/17 Time: 19:47

 
 

Sample (adjusted): 1991 2015

 
 

Included observations: 25 after adjustments

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

0.002554

0.001823

1.401265

0.1815

D(logM2)

0.167742

0.056803

2.953036

0.0099

D(logCP)

0.087401

0.026944

3.243797

0.0055

D(KP)

-0.024011

0.005912

-4.061141

0.0010

D(logCO)

0.047670

0.040379

1.180550

0.2562

D(logDPU)

-0.243377

0.094848

-2.565960

0.0215

D(SCO)

-0.000441

0.000702

-0.627716

0.5396

D(TINF)

-0.000787

0.000245

-3.215944

0.0058

D(POP)

0.116108

0.057422

2.022004

0.0614

RESID01(-1)

-0.797170

0.216543

-3.681356

0.0022

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.834011

    Mean dependent var

0.000826

Adjusted R-squared

0.734417

    S.D. dependent var

0.014502

S.E. of regression

0.007473

    Akaike info criterion

-6.665780

Sum squared resid

0.000838

    Schwarz criterion

-6.178230

Log likelihood

93.32225

    Hannan-Quinn criter.

-6.530554

F-statistic

8.374133

    Durbin-Watson stat

1.130311

Prob(F-statistic)

0.000199

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tableau 13 : Test d'autocorrélation des erreurs

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

F-statistic

1.279120

    Prob. F(2,15)

0.3070

Obs*R-squared

3.788207

    Prob. Chi-Square(2)

0.1505

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test Equation:

 
 
 

Dependent Variable: RESID

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 11/09/17 Time: 19:49

 
 

Sample: 1990 2015

 
 

Included observations: 26

 
 

Presample missing value lagged residuals set to zero.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

-0.044449

0.188771

-0.235467

0.8170

logM2

-0.131845

0.131535

-1.002358

0.3321

logCP

-0.020557

0.040201

-0.511348

0.6166

KP

-0.007086

0.011573

-0.612252

0.5495

logCO

-0.009986

0.085035

-0.117437

0.9081

logDPU

0.098128

0.156768

0.625943

0.5408

SCO

0.000680

0.000825

0.824379

0.4226

TINF

0.000338

0.000565

0.598390

0.5585

POP

0.042301

0.075803

0.558033

0.5851

RESID(-1)

0.607923

0.380567

1.597415

0.1310

RESID(-2)

-0.001694

0.380640

-0.004452

0.9965

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.145700

    Mean dependent var

-1.72E-15

Adjusted R-squared

-0.423833

    S.D. dependent var

0.009390

S.E. of regression

0.011204

    Akaike info criterion

-5.848919

Sum squared resid

0.001883

    Schwarz criterion

-5.316647

Log likelihood

87.03595

    Hannan-Quinn criter.

-5.695644

F-statistic

0.255824

    Durbin-Watson stat

1.951509

Prob(F-statistic)

0.982574

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Tableau 14 : Test d'hétéroscédasticité

Heteroskedasticity Test: White

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

F-statistic

0.964499

    Prob. F(8,17)

0.4939

Obs*R-squared

8.116841

    Prob. Chi-Square(8)

0.4221

Scaled explained SS

1.704856

    Prob. Chi-Square(8)

0.9888

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test Equation:

 
 
 

Dependent Variable: RESID^2

 
 

Method: Least Squares

 
 

Date: 11/09/17 Time: 19:50

 
 

Sample: 1990 2015

 
 

Included observations: 26

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

0.000458

0.000588

0.779033

0.4467

logM2^2

0.000189

0.000314

0.601106

0.5557

logCP^2

0.000212

0.000119

1.785401

0.0920

KP^2

-1.90E-05

6.37E-05

-0.297848

0.7694

logCO^2

-5.14E-05

0.000184

-0.279325

0.7834

logDPU^2

-0.000255

0.000477

-0.534002

0.6003

SCO^2

-4.59E-08

6.85E-08

-0.670286

0.5117

TINF^2

-9.47E-08

1.04E-07

-0.907236

0.3770

POP^2

-5.69E-05

0.000101

-0.561858

0.5815

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.312186

    Mean dependent var

8.48E-05

Adjusted R-squared

-0.011491

    S.D. dependent var

8.57E-05

S.E. of regression

8.62E-05

    Akaike info criterion

-15.61255

Sum squared resid

1.26E-07

    Schwarz criterion

-15.17706

Log likelihood

211.9632

    Hannan-Quinn criter.

-15.48715

F-statistic

0.964499

    Durbin-Watson stat

2.065337

Prob(F-statistic)

0.493872

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Figure 1 : comportement des variables dans le court terme

Source : auteur

Figure 2 : Test de normalité des erreurs

Figure 3: Test de stabilité de CUSUM

Source : auteur

Tableau 15 : Test de causalité de Granger

Pairwise Granger Causality Tests

Date: 11/15/17 Time: 09:57

Sample: 1990 2015

 

Lags: 1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Prob. 

 
 
 
 
 
 
 
 

 LOGM2 does not Granger Cause LOGPIB

 25

 2.62126

0.1197

 LOGPIB does not Granger Cause LOGM2

 10.1142

0.0043

 
 
 
 
 
 
 
 

Pairwise Granger Causality Tests

Date: 11/15/17 Time: 09:58

Sample: 1990 2015

 

Lags: 1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Prob. 

 
 
 
 
 
 
 
 

 LOGCP does not Granger Cause LOGPIB

 25

 11.0680

0.0031

 LOGPIB does not Granger Cause LOGCP

 16.1431

0.0006

 
 
 
 
 
 
 
 

Pairwise Granger Causality Tests

Date: 11/15/17 Time: 09:58

Sample: 1990 2015

 

Lags: 1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Prob. 

 
 
 
 
 
 
 
 

 KP does not Granger Cause LOGPIB

 25

 0.00028

0.9868

 LOGPIB does not Granger Cause KP

 0.48223

0.4947

 
 
 
 
 
 
 
 

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE Erreur ! Signet non défini.

REMERCIEMENTS iii

SIGLES ET ABREVIATIONS iv

LISTE DES TABLEAUX vi

LISTE DES FIGURES vii

RESUME 1

INTRODUCTION GENERALE 2

PREMIERE PARTIE : LA THEORIE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE 13

CHAPITRE 1 : CONCEPTS DE LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE 15

SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION FINANCIERE 16

I- Définition et mesure de la libéralisation financière 16

A- Définition 16

B- La mesure de la libéralisation financière 18

II- De la répression financière a la libéralisation financière au Cameroun 21

A- La crise bancaire des années 80 ou la conséquence de la répression financière 22

1- Les causes de la crise 22

a- Les causes institutionnelles : le dirigisme étatique 22

b- Les carences en matière de gestion et de surveillance bancaire 24

c- La dégradation de l'environnement macroéconomique 26

2- Manifestations de la crise 27

B- La libéralisation financière dans les réformes 29

1- Les contours de la libéralisation financière au Cameroun 30

a- La libéralisation des taux d'intérêt 30

b- Les autres aspects de la libéralisation financière interne au Cameroun 32

c- La libéralisation partielle du compte de capital 35

2- Bilan des réformes 37

a- Le secteur bancaire après les réformes 37

b- Libéralisation financière et économie réelle 39

SECTION 2 : CONCEPT DE CROISSANCE ECONOMIQUE 42

I- Généralités sur la croissance économique 42

A- Définition et mesure de la croissance économique 42

1- Définition 42

2- Mesure de la croissance économique 43

a- Le concept du PIB 43

b- Les indicateurs alternatifs au PIB 44

B- Les théories de la croissance économique 45

1- Les théories de la croissance exogène 45

a- Le modèle de croissance Harrod-Domar 45

b- Le modèle de Solow 45

2- Les théories de la croissance endogène 45

a- Croissance avec recherche-développement 45

b- Croissance avec dépenses publiques. 46

c- Capital humain et croissance 46

II- La croissance économique au Cameroun 47

A- Généralités sur l'économie camerounaise 47

B- Comportement de la croissance économique au Cameroun 47

CHAPITRE 2 : LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE 50

SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE 51

I- Les auteurs pionniers de la libéralisation financière et leur prolongement 51

A- L'importance du secteur financier pour l'économie réelle 51

B- La théorie de la libéralisation financière de Mc Kinnon/Shaw 54

C- Les prolongements de l'analyse de Mc Kinnon/Shaw 58

II- Les canaux d'action de la libéralisation financière sur la croissance économique 60

A- L'impact de la libéralisation financière à travers les canaux directs 60

B- Les canaux indirects d'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique 63

III- Les critiques à l'encontre de la libéralisation financière 65

A- De la demande effective chez les postkeynésiens à une vision alternative des taux d'intérêt 65

B- Les néokeynésiens et le rationnement du crédit 67

C- Les néo structuralistes et le dualisme financier 68

SECTION 2 : LA LIBERALISATION FINANCIERE DANS LES FAITS : UNE REVUE DE QUELQUES TRAVAUX EMPIRIQUES 72

I- Les leçons tirées des premières expériences de la libéralisation financière 73

A- La version totale de la libéralisation financière en Amérique latine 73

1- Le cas du chili 73

2- Le cas du Mexique 74

B- La version partielle de la libéralisation financière en Asie du Sud-Est 75

1- Le cas de la Corée du Sud 75

2- Le cas de Taiwan 76

II- Revue des travaux empiriques 76

A- Les études établissant un lien positif 77

B- Les études établissant un lien négatif 78

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 81

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 82

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 83

CHAPITRE 3 : DEMARCHE METHODOLIGIQUE D'ETUDE DE L'EFFET DE LA LIBEARLISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 84

SECTION 1 : CADRE GENERAL ET OBJET DE L'ETUDE 84

I- Spécification du modèle 84

1- Les différents modèles 85

2- Modèle adopté 88

II- Les variables 90

1- La variable dépendante 90

2- Les variables indépendantes 90

III- Sources de données 100

SECTION 2 : METHODOLOGIE D'ESTIMATION 101

I- Tests préalables sur les séries 101

1- Etude de la stationnarité des variables 101

2- Test de cointégration des séries 103

3- Mécanisme à correction d'erreur 104

II- Méthode d'estimation du modèle 105

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE L'INFLUENCE DE LA LIBERALISATION FINANCIERE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU CAMEROUN 112

SECTION 1 : RESULTATS DES TESTS SUR LES VARIABLES ET ESTIMATION DU MODELE 113

I- Résultats des tests de stationnarité et de cointégration 113

A- Les tests de stationnarités des variables du modèle 113

B- Analyse de la cointégration 115

1- Test de cointégration de Johansen 115

a- Le test de la trace de Johansen 115

b- Le test de la valeur propre maximale 116

2- Test de stationnarité des résidus 117

II- Résultats d'estimation du modèle d'étude et test de spécification 119

A- Différents résultats de spécification des modèles de long terme et de court terme 119

1- Résultats du modèle de long terme 119

2- Résultats du modèle de court terme 122

B- Tests de spécification, validation du modèle 124

1- Validation économique du modèle de long terme 124

2- Validation statistique du modèle de long terme 124

3- Validation économétrique du modèle de long terme 125

SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE 127

I- Interprétation des résultats 127

A- Interprétation des résultats du modèle de long terme 127

B- Interprétation des résultats du modèle de court terme 135

II- Recommandation de politiques économiques 137

A- En ce qui concerne le secteur financier interne 138

1- Les banques doivent gagner en innovation et en dynamisme 139

2- Mesures pour lutter contre le sous-financement de l'économie 140

B- En ce qui concerne le compte de capital 141

C- Recommandations pour une meilleure croissance économique 142

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 145

CONCLUSION GENERALE 146

BIBLIOGRAPHIE 151

ANNEXES 160

TABLE DES MATIERES 184

* 1 GABILLON E. et J.C ROCHET, « économie de la banque », touteconomie.org, consulté le 28 avril 2017

* 2Le contrôle des capitaux s'illustre par l'imposition de restrictions sur les mouvements de capitaux internationaux. Ce contrôle peut s'exécuter sous forme de restrictions quantitatives et qualitatives. L'effectivité du contrôle dépend du type et de l'acheminement des flux. Le type de contrôle de capitaux généralement utilisé comprend les interdictions indirectes, les dispositions du taux de change dualiste ou multiple, les impôts sur les transactions financières extérieures, les approbations discrétionnaires et les limites quantitatives explicites. La limite quantitative pourrait affecter en particulier les positions des actifs et passifs extérieurs des institutions financières, notamment les banques. D'une façon générale, les flux de capitaux peuvent être des entrées ou des sorties ou les deux simultanément. La rigueur et l'effectivité des restrictions sur les capitaux peuvent varier d'un pays à un autre.

* 3 Pour un synoptique des réformes, se réferer au tableau 3 en annexe

* 4Des ratios ont été définis : ratio de liquidité (minimum de 100%), ratio de couverture des immobilisations (minimum 100 %), ratio de transformation à long terme (minimum 50 %). La régulation du secteur bancaire a conduit à l'instauration de l'obtention d'un agreement avant tout exercice dans le secteur. De même afin de protéger les banques grâce à la constitution d'une bonne assise financière, le décret no 90/1470 du chef de l'Etat camerounais a relevé le capital social minimum des banques de 300 millions à 1 milliards. Puis le règlement COBAC R-2009/01/ portant fixation du capital social minimum des établissements de crédit, a fixé le capital social minimum des banques ayant leur siège dans la CEMAC, à 10 milliards de FCFA.

* 5 L'instrument des taux d'intérêt était principalement conçu comme un soutien au développement des initiatives des entrepreneurs nationaux, tout en tenant compte, mais de manière secondaire, de l'environnement international

* 6En tant qu'instruments non permanents, la BEAC n'y avait que très rarement recours. Ainsi l'encadrement du crédit n'a été mis en oeuvre que dans le cadre de programmes d'ajustement structurels soutenus par le Fonds Monétaire International, et concernant l'instrument de réserves non rémunérées garanti par les statuts (article 25), la banque ne l'a utilisé qu'une seule fois, au Gabon notamment entre 1977-1979, afin de pénaliser les banques ayant dépassé les limites de crédit imposées, ainsi que celles qui entretenaient des avoirs injustifiés auprès de leurs correspondants étrangers.

* 7 Il constitue avec le comité ministériel, le conseil d'administration et les comités monétaires et financiers nationaux, les organes de décision de la BEAC.

* 8 Cf supra

* 9Le nombre de groupe de pays est passé de deux à trois le 3 mars 2006. Le groupe 1 se constitue maintenant de la Guinée Equatoriale dont le niveau de surliquidité a dépassé le seuil satisfaisant. C'est la zone rouge en quelque sorte. Le deuxième groupe se constitue du Cameroun, du Congo et du Gabon, avec des niveaux de [sur]liquidité jugés acceptables. Et enfin le Tchad, avec une liquidité fragile forme le troisième groupe.

* 10 D'une manière générale il s'agit des titres de rente, des obligations, des actions, des parts des fondations et parts bénéficiaires, de tous les titres susceptibles, de par leur nature, d'être cotés sur une bourse des valeurs, ainsi que de tous les certificats représentatifs de ces titres. Il s'agit également des coupons, des dividendes, des droits de souscription et autres droits rattachés aux dites valeurs.

* 11 Cela peut provenir par exemple de la contrainte imposée par la banque centrale aux banques commerciales de se constituer des réserves obligatoires non rémunérées, ou bien des variations positives des opérations extérieures (Avom et Eyeffa, 2007).

* 12 L'année 2005 a d'ailleurs été désignée comme année internationale du microcrédit par les Etats Unis

* 13Discours de réception du Prix Nobel à Stockholm, 11 décembre 1971

* 14Capul J-Y et Garnier O. (2011), Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Hatier,

* 15 Cet indicateur, indice composite, synthétique combine trois critères : le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance et le niveau d'instruction (taux de scolarisation et taux d'alphabétisation). Il consiste à ramener des grandeurs disparates sur une échelle allant de 0 à 1 puis à les additionner.

* 16 En 12 mois, de juin 1991 à juillet 1992, le gouvernement vend 18 banques mexicaines.

* 17 Pour une revue plus profonde des travaux sur l'ouverture du compte de capital, voir tableau 5 en annexe.

* 18 Pour Venet (1994, p 105), le relatif succès de la libéralisation financière en Asie est dû au fait que « D'une part, la libéralisation n'est intervenue que très tardivement, dans un environnement économique intérieur stable. En fait, il s'agissait plus de donner à l'économie réelle un secteur financier digne de son niveau de développement que de permettre la croissance économique grâce à un développement «ex nihilo» du secteur financier. D'autre part, les deux pays ont choisi une libéralisation partielle: ils ont privilégié la libéralisation financière intérieure en interdisant les entrées de capitaux étrangers qui auraient pu venir annuler les effets positifs de la levée d'une partie des contraintes sur le secteur financier. » 

* 19Khalfaoui H. « Libéralisation financière : impacts et conditions de réussite. Un essai d'application pour les pays du Maghreb », document disponible à l'adresse : http://gdri.dreem.free.fr

* 20Khemakhem M.A (2011), « Développement des systèmes financiers et croissance économique: cas des pays en voie de développement », document disponible à l'adresse :http://ured-tn.com

* 21Dans la littérature, il est fréquent de rencontrer le terme de « test de stationnarité » qui relève davantage d'un abus de langage car l'hypothèse nulle qui est testée la plupart du temps est la présence d'une racine unitaire et dont la non stationnarité de la série temporelle. C'est le cas des tests Augmented Dickey-Fuller (ADF) et Phillips -Perron (PP). Dans la catégorie des tests traditionnels, seul le test de Kwiatkowski, Phillips, Schimdt et Shin (KPSS) a pour hypothèse nulle l'absence de racine unitaire et donc la stationnarité de la série.

* 22 Après avoir effectué le test de stationnarité en niveau sur cette variable dans eviews 8, le logiciel n'a pas pu effectuer les tests en différence. Pour contourner ce problème, nous y avons inclus le trend et effectué le test ADF en 1ere différence pour stationnariser la variable.

* 23 Granger a proposé le concept de causalité en 1969 : Xt est la cause de Yt si la prédictibilité de Yt est améliorée lorsque l'information relative à Xt est incorporée à l'analyse. Dire que Xt cause Yt signifie seulement qu'il est préférable dde prédire Yt en connaissant Xt que sans le connaitre.

* 24 Le terme a été forgé dans les années 1990 et a été initialement associé à la fuite des capitaux. Il s'agit maintenant de mouvements transfrontaliers de capitaux. Les flux financiers illicites sont constitués de trois sources : les transactions commerciales, y compris l'évasion fiscale, et/ou l'évitement fiscal par le biais de la fixation de transfert abusive et des pratiques de falsification de prix ; les activités criminelles telles que la traite et la contrebande de personnes, de drogues et d'armes, ainsi que la fraude dans le secteur financier, comme les prêts non autorisés ou non garantis, le blanchiment d'argent, la manipulation du marché boursier ; la corruption et le vol de fonds publics impliquant généralement des pots de vin et des abus de fonction publique






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius