La géopolitique de la Russie dans la région caspienne: évolution des intérêtspar John Makombo Kibangula Université de Lubumbashi - Licence 2021 |
C. La Caspienne ; une région géostratégique qui suscite toutes sortes de tension :C.1. Les rivalités dans l'accès aux ressources naturelles.La Caspienne représente une zone géographique tellement importante pour son aspect énergétique qu'elle est l'objet de toutes sortes de manoeuvres géopolitiques créant des tensions et des affrontements.73(*) Dès la chute de l'URSS, à la fin des années 1980, l'occident commence à s'arracher les gisements de la zone. L'entreprise américaine Chevron souhaite investir le gisement de Tenguiz, un des plus gros du monde, situé dans l'ouest du Kazakhstan. Elle en acquiert 50 % en 1993. De l'autre côté de la Caspienne, le président azerbaïdjanais Gueïdar Aliev signe, en 1994, le « contrat du siècle » avec des sociétés pétrolières étrangères. Néanmoins Le premier président de l'Azerbaïdjan indépendant, le nationaliste antirusse Aboulfaz Eltchibey, a été renversé par un putsch en juin 1993, quelques jours avant de signer d'importants contrats avec des compagnies pétrolières anglo -saxonnes. Son successeur M. Aliev, ex- général du KGB, a négocié en secret avec les pétroliers russes pour trouver un terrain d'entente avec Moscou qui souhaitait conserver une main mise sur les réserves de l'Azerbaïdjan. Toutes les manoeuvres sont bonnes pour décrocher les contrats d'exploitation. Le Turkménistan lui, appelle à des investissements étrangers dans son secteur énergétique. Le nouveau président Gourbangouly Berdymoukhamedov a publiquement appelé les entreprises étrangères à investir dans le secteur des hydrocarbures au Turkménistan. En marge de l'Assemblée générale de l'ONU de cette année il a affirmé que « la sphère du pétrole et du gaz nécessite des investissements étrangers » pour que son pays triple d'ici 2030 sa production de gaz, et multiplie par 10 celle de pétrole. Comme décrit précédemment, le Turkménistan est le pays de la Caspienne qui possède les plus importantes réserves de gaz naturel et il produit actuellement quelque 80 milliards de m3 de gaz par an et 10 millions de tonnes de brut. Les grandes puissances se disputent actuellement les faveurs turkmènes sur ce sujet notamment par rapport à la construction de nouveaux gazoducs d'exportation,74(*) Au Kazakhstan les investisseurs étrangers au sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays- bas. Pour le Kazakhstan, La Caspienne est à la fois une source de richesses mais aussi de conflits potentiels avec ses voisins, avec en particulier la Russie, ainsi la présence des grandes compagnies étrangères comme Chevron (compagnie américaine),et Exxon mobil, impliquées dans l'exploitation des ressources naturelles représentent une garantie contre les velléités russes d'expansionnisme. L'exploitation de ces ressources est essentielle pour le pays afin d'équilibrer sa balance des paiements et d'accéder aux fonds des marchés financiers internationaux. Le gouvernement Kazakh fonde tous ses espoirs sur le secteur du pétrole et du gaz pour assurer le développement du pays. Ainsi Il suscite également les investissements étrangers dans son secteur énergétique, ce qui accroit la «course aux énergies» menées par l'occident.75(*) De son côté, la Chine ne cesse d'acheter des gisements de pétrole et de gaz en Asie centrale et son investissement se renforce depuis de nombreuses années, principalement à travers l'organisation de coopération de Shanghai. * 73 IDEM * 74 ISABELLE Bigard, « Les énergies renouvelables en Russie : Un potentiel encore inexploité, Ed. Le courrier des pays de l'Est, 200. P. 23-31 * 75 IDEM |
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