ANNEE ACADEMIQUE: 2019-2020
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
B.P. 285/BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES OPTION : CONFLITS
ET MEDIATION
« ROLE DE LA SOCIETE CIVILE ET DE LA
BARZA
INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION
DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES : CAS DES CONFLITS ENTRE LES BABEMBE ET
LES
BANYAMULENGE A FIZI »
Mémoire présenté par KYALANGALILWA NGABILE
Bonheur en vue de l'obtention du diplôme de licencié en Sciences
Sociales Option : Conflits et Médiation.
Promotion : Deuxième année de Licence
Dirigé par : Prof. Paul KADUNDU KARHAMIKIRE
Codirigé par : Ass. MANGO KUBOTA Alliance
1
EPIGRAPHE
« Il faut construire la paix de la base vers le sommet,
du
sommet vers la base et du centre vers la
périphérie »
John Paul LEDERACH, (1955)
« Il ne suffit pas de parler de paix. Il faut croire en
elle.
Et il ne suffit pas d'y croire. Il faut la construire
».
Eleanor ROOSEVELT, (1884-1962)
II
IN MEMORIAM
A mon très aimable regretté Papa NGABILE LUNANGA
Bertin, tu nous as quitté si tôt
à lors qu'on avait encore largement besoin de tes
orientations, de tes conseils, de ton soutien et surtout de ta
préséance.
Que ton âme repose éternellement en paix et que
la terre de nos ancêtres te soit douce et très
légère.
III
DEDICACE
A toutes les personnes victimes des conflits et des violences
intercommunautaires dans le territoire de Fizi.
A tous les artisans de la paix qui oeuvrent jour et nuit pour que
les violences intercommunautaires cessent entre les Banyamulenge et les autres
communautés à Fizi.
A mes très chers parents feu NGABILE LUNANGA
Bertin et MBONE-BUCHE
NSHOMBO Jeannette ; Vous nous apprenez souvent
que « la véritable arme pour faire face
aux réalités de la vie c'est la science ».
Cette étude vous est dédiée pour avoir
façonné son auteur ainsi que ses connaissances.
KYALANGALILWA NGABILE Bonheur
KYALANGALILWA NGABILE Bonheur
IV
REMERCIEMENTS
A l'éternel Dieu Tout Puissant pour nous avoir
protégé pendant toute la période de la réalisation
de cette recherche et de nos études à la Faculté des
Sciences Sociales à l'UCB, que la gloire lui revienne à
jamais!
A tous ceux qui ont participé de près ou de loin
à la réalisation de cette oeuvre scientifique. Plus
particulièrement à nos très chers parents NGABILE
LUNANGA Bertin d'heureuse mémoire et MBONEBUCHE NSHOMBO
Jeannette de nous avoir soutenu sur tous les plans, que le Dieu Tout
Puissant leurs comble de bénédictions financières afin de
faire de même pour nos frères et soeurs qui viennent juste
après nous.
A l'équipe de direction de ce mémoire,
particulièrement à son directeur Monsieur le Professeur
Paul KADUNDU KARHAMIKIRE et à la codirectrice Madame
l'Assistante MANGO KUBOTA Alliance pour tout le travail fait,
pour toutes les orientations, les remarques, les conseils, les sacrifices du
temps, de moyens, de l'énergie, etc. Toujours dans le simple but de nous
amener à produire un travail de qualité; vraiment chers
directeurs, nous ne pouvons pas trouver des mots pour exprimer la satisfaction
que nous avons par rapport au travail que vous nous avait fourni.
A tout le corps scientifique et administratif de
l'Université Catholique de Bukavu en général et de la
faculté des Sciences Sociales en particulier, pour nous avoir
façonné à devenir un outil digne sur le plan scientifique
afin de servir l'humanité en général et la RDC en
particulier en tant qu'un expert en gestion des conflits et
médiation.
Nous ne pouvons pas passer sans dire un mot de remerciement
à tous nos enquêtés qui ont sacrifié leur temps,
leur travail et certaines de leurs obligations pour nous fournir des
informations dont on avait besoin pour réaliser ce travail de
recherche.
A mes très chers frères Salomon NGABILE
et Don MASILYA et soeurs Nathalie NGABILE,
Alice FARAJA, Dorcas FADHILI NGABILE et Merveille NGABILE
et tous mes camarades de la Deuxième année de Licence
à la Faculté des Sciences Sociales en général et
plus particulièrement ceux de l'option conflits et médiation :
Anshuza LUSHULI NIGEL, ASSUMANI KISHIBAGAYA Josué, BACHISHOGA
NABINTU Véronique, BISIMWA BUSHENYULA Christian, CIRHUZA NECI Prisca,
KAMUKINDE Samuel, MUGISHO BURHALIKE Carlos, Christelle MULINGANYA et SHUKURU
LUSUMBA Benjamin pour leurs conseils et la collaboration, que Dieu
vous bénisses et pourvoie à vos besoins.
A nos oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et
nièces, beau-frère et grands-parents, et à tous ceux qui
n'ont pas été cité ici, mais qui ont contribué
d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce
travail ;
Trouvez ici mes remerciements.
V
SIGLES ET ABREVIATIONS
- ADEPAE : Action pour le Développement
et la Paix Endogène
- APC : Action pour la Paix et la Concorde
- APARECO : Alliance des Patriotes pour la
Refondation du Congo
- BCNUDH : Bureau Conjoint des Nations Unies aux
Droits de l'Homme
- CCI : Cadre de Concertation
Intercommunautaire
- CDM : Cadre de Dialogue et de
Médiation
- COMUSKI : Coordination des Mutuelles du
Sud-Kivu
- FARDC : Forces Armées de la
République Démocratique du Congo
- MONUC : Mission d'Observation des Nations
Unies au Congo
- MONUSCO : Mission de l'Organisation des
Nations Unies pour la Stabilisation du Congo
- N° : Numéro
- OCHA : Bureau de Coordination des Affaires
Humanitaires
- ONG : Organisation Non Gouvernementale
- PNC : Police Nationale Congolaise
- RDC : République Démocratique du
Congo
- STAREC : Programme de Stabilisation et de
Reconstruction de l'Est de la RDC
- UCB : Université Catholique de
Bukavu
VI
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Présentation des enquêtés
suivant leurs identités
Tableau 2 : Conception de la population sur les facteurs
des conflits à Fizi
Tableau 3 : Conception de la population sur les
conséquences des conflits inter com-
munautaires à Fizi
Tableau 4 : Conception de l a population sur les acteurs
indirects des conflits intercom-
munautaires à Fizi
Tableau 5 : Conception de la population sur le rôle
du Barza intercommunautaire dans
la transformation des conflits intercommunautaires
à Fizi
Tableau 6 : Conception de la population sur le rôle
du Bureau de coordination de la so- c
été civile sur la transformation des
conflits intercommunautaires à Fizi
Tableau 7 : Conception de la population sur les limites
des approches de transformation
des conflits au Sud-Kivu
VII
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Gamme de traitement des mécanismes
des conflits
Figure 2 : La pyramide de transformation des conflits
de John Paul Lederach
Figure 3 : Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche du Barza
Figure 4 : Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche de la société
civile
Figure 5 : Carte géographique de la province du
Sud-Kivu
Figure 6 : Carte géographique du territoire de
Fizi
VIII
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE I
IN MEMORIAM II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
SIGLES ET ABREVIATIONS V
LISTE DES TABLEAUX VI
LISTE DES FIGURES VII
TABLE DES MATIERES VIII
RESUME X
INTRODUCTION 1
1. CONTEXTE 1
2. PROBLEMATIQUE 2
4. HYPOTHESES DU TRAVAIL 7
5. CHOIX ET INTERET DU SUJET 8
6. DELIMITATION DU SUJET 8
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL 9
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE 10
I.1. REVUE DE LA LITTERATURE 10
I.2. CONCEPTUALISATION 18
2.1. Le conflit 18
2.2. Le conflit intracommunautaire 19
2.3. Le conflit intercommunautaire 20
2.4. La violence 20
2.5. La médiation 21
2.6. La négociation 21
2.7. La société civile et le Bureau de
coordination de la société civile 22
2.8. La Barza 23
I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS 24
I.4. THEORIE 25
La théorie de transformation des conflits de John Paul
LEDRACH 25
CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES 30
2.1. TYPE D'ETUDE 30
2.2. METHODOLOGIE 30
2.2.1. Méthodes 30
IX
2.2.2. Techniques 30
2.3. SITE 32
2.4. ECHANTILLONNAGE 32
a. Taille de l'échantillon 32
b. Critères d'inclusion 33
2.5. VARIABLES A ETUDIER 34
2.6. DIFFICULTES RENCONTREES 34
2.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES 35
CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS 36
Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES A
FIZI 37
Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU SUD-KIVU DANS
LA
TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES 43
Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA SOCIETE CIVILE
DU SUD-
KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
47
Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS
AU SUD-
KIVU 54
CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS 57
Section I. Facteurs des Conflits et acteurs indirects 57
Section II. Analyse comparative du rôle de la
société civile et de la Barza intercommunautaire dans
la transformation des conflits. 58
CONCLUSION 61
BIBLIOGRAPHIE 64
ANNEXES 67
X
RESUME
Les conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu ont été
ancrés il y a des décennies dans le vécu quotidien de la
population de cette zone, au coeur de cette zone s'enregistre des violences
intercommunautaires atroces. C'est dans cette dynamique des conflits que la
présente recherche vient répondre à une question centrale,
celle de comprendre le rôle que jouent le Bureau de coordination de
la société civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
la transformation de ces conflits intercommunautaires. Nous avons
également cherché à savoir quels sont les acteurs
indirects (invisibles) dans l'alimentation des conflits intercommunautaires
à Fizi ?, et aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs solutions
?
Pour ce faire, nous avons eu à mobiliser un arsenal
méthodologique développant une étude à la fois
descriptive et analytique, recourant à une méthodologie mixte,
à la fois qualitative et quantitative, qui a fait recours à des
méthodes historique et comparative et les techniques d'analyse
documentaire, d'entretien, d'enquête par questionnaire et de l'analyse du
contenu. Les recherches empiriques ont conduit aux résultats suivants :
(i) des facteurs comme la transhumance, l'identité, la revendication
territoriale et la manipulation politique, parmi lesquels l'inacceptation
mutuelle constitue un facteur important dans l'alimentation des conflits
à Fizi avec un taux de 27.5%; (ii) Les résultats
démontrent aussi que les acteurs comme : la diaspora, les leaders
coutumiers et religieux, les dirigeants des pays voisins, les leaders
politiques, etc., jouent également un grand rôle comme acteurs
indirects dans la dynamique de ces conflits, avec une participation
prédominante des leaders politiques comme principale classe d'acteurs
indirects avec un taux de 60% à l'issue de nos enquêtes ; (iii) Il
est également ressorti de notre recherche que la Barza
intercommunautaire joue pour sa part, le rôle de lanceur d'alerte, de
conciliateur, de prévention des conflits et de leur résurgence,
au-delà du rôle de partie tierce et d'observateur. Pour sa part,
le Bureau de coordination de la société civile joue directement
(au-delà de son rôle joué indirectement à travers
ses organisations membres : ADEPAE, APC et RIO) le rôle de coordination,
de représentation, de lobbying et de plaidoyer ; (iv) Finalement, comme
limites aux différentes approches précédemment
développées en vue de la transformation de ces conflits à
Fizi, l'on note ici : les limites liées à
l'insécurité, aux finances, à la coordination de ces
approches et de l'incohérence entre les solutions proposées et
les problèmes constatés.
Mots clés : Transformation des conflits,
Conflits, Conflits intercommunautaires.
1
INTRODUCTION
1. CONTEXTE
Les conflits intra et intercommunautaires paraissent à
nos jours étroitement liés au quotidien de la population
Sud-Kivutienne en particulier et de toute la République
Démocratique du Congo en générale.
Il s'observe actuellement dans plusieurs territoires de la
RDC, des conflits intercommunautaires intenses, se manifestant
généralement par des formes de violence de tout genre,
marquées par la volonté des belligérants d'anéantir
l'adversaire en face, comme c'est le cas actuellement à Yumbi dans
l'ancienne province de Bandundu et la nouvelle province de Maindombe où
des violents combats interethniques ont opposé durant plusieurs mois la
communauté Batende et la communauté Banunu suite à la
gestion de cette nouvelle province issue du découpage territorial, avec
comme conséquences des tueries, des déplacements massifs de la
population, des pillages et incendies des villages, la non-organisation des
élections dans ce contrait, etc.; c'est également le cas en Ituri
dans l'ancienne province orientale où des violents conflits
intercommunautaires opposent pendant des années les communautés
Hema et Lendu au tour de l'identité.
Au Sud-Kivu, ces conflits opposent depuis l'époque
coloniale dans la partie Sud-Est de la province les présumés
« non-originaires » (Barundi, Banyamulenge) aux
présumés « originaires » avec toutes les
conséquences humanitaires, sociales, économiques,
sécuritaires, culturelles y relatives, contribuant ainsi au
sous-développement de ces milieux affectés par les conflits.
C'est dans ce contexte que le présent travail vient
analyser le rôle joué par la Société Civile et la
Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi.
2
2. PROBLEMATIQUE
Les conflits intercommunautaires émergent depuis ces
six dernières décennies en République Démocratique
du Congo, géopolitiquement ils vont du Nord (entre les éleveurs
Mbororo et les populations autochtones) au Sud (entre les bantous et les Twa),
et de l'Est (entre les populations autochtones et allochtones au Nord et
Sud-Kivu, entre les Hema et les Lendu en Ituri) à l'Ouest ( entre les
Batende et les Banunu au Bandundu, les Mbundu dia kongo au Kongo central), en
passant par le centre (avec les Kamwina Nsapu). Ces conflits
intercommunautaires se manifestent par des violents combats intercommunautaires
à la suite des quels s'enregistrent des dégâts humains,
culturels et matériels importants.
Dans un contexte un peu plus global, Baptiste (1998) montre
que, « les conflits intercommunautaires violents font partie des
principales caractéristiques de la fin du 20iéme siècle.
De ce fait, il dénombre entre les années 1945 et 1975 plus de 161
conflits communautaires dans le monde dont 65 internationaux parmi lesquels,
les conflits intra-étatiques étaient donc les plus nombreux. Il
poursuit dans ce sens en montrant que les conflits actuels dans le monde sont
d'origine ethnique, se traduisent fréquemment par des violentes guerres
civiles, et ont provoqué le déplacement de près de 100
millions d'êtres humains devenus des réfugiés dans leur
propre pays.»1
Revenant sur la problématique des conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu, l'ONG internationale Search
For Common Ground, montre que « Compte tenu de la fragilité et des
tendances de conflits violents, de l'opportunité et de la
faisabilité de transformer les conflits et de consolider la paix, l'une
des premières zones pertinentes pour l'analyse des conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu est celle des « Hauts
Plateaux de Mwenga - Plaine de la Ruzizi ».2
Les conflits intercommunautaires qui secouent la partie
Sud-Est de la province du Sud-Kivu opposent essentiellement dans (i) la plaine
de la Ruzizi « Les Bafulero/Bafuliru, considérés comme la
communauté « autochtone » représentant environ 80% de
la population de la plaine de la Ruzizi contre les Barundi, d'origine
burundaise, représentant 20%. Les Barundi se sont installés dans
la zone pendant la première moitié du XIXème
siècle, et les Bafulero sont arrivés à la fin du
XIXème siècle. Le conflit le plus récurrent dans cette
chefferie est entre ces deux communautés. » 3, dans (ii)
les hauts plateaux de Fizi et Mwenga la communauté « autochtone
», les Babembe, contre les Banyamulenge qui sont des Tutsis, d'origines
rwandaise et burundaise. Les Banyamulenge se trouvent également dans les
Hauts plateaux d'Uvira et de Fizi et constituent une communauté
relativement petite, estimée entre 50 000 et
1 Jean Baptiste Bonabucya, 1998, «
Ethnicité et conflit ethnique, approche théorique : En
perspective de l'analyse du conflit Rwandais », Genève,
juillet, mémoire de licence
2 Search For Common Ground, « Analyse de
conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de
Mwenga et plaine de la Ruzizi », 2014, p4
3 Ibid, p6
3
400 000 personnes. Les premiers Banyamulenge sont
arrivés dans les Hauts plateaux de Minembwe et d'Itombwe en plusieurs
vagues pendant le XIXème siècle.»4
Revenant sur le bilan de ces conflits dans les hauts plateaux
du Sud-Kivu, le rapport du 10 août 2020 du BCNUDH en RDC donne une
projection du bilan colossal de cette crise en documentant « la
destruction d'au moins 95 villages, 128 décès dû à
des exécutions sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences
sexuelles, et le pillage et l'abattage de milliers de têtes de
bétail. Cette violence a conduit à une situation humanitaire
désastreuse, avec plus de 110000 personnes
déplacées.»5
De la portée des conflits intercommunautaires, B.
Muchukiwa et M. Kasagwe, notent que, « Les conflits intercommunautaires
sont des synonymes des conflits de pouvoir coutumier. Tous deux ont les
mêmes racines qui les escaladent après la colonisation belge. Ils
opposent les ethnies dénommées Babembe, Bavira, Bafuliiru,
Banyindu, Banyamulenge et Batwa sur un fond identitaire dans les moyens et les
hauts plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira dans la Province du
Sud-Kivu. Certains auteurs situent ces conflits identitaires à
l'époque coloniale. D'autres, par contre, réfutent cette version
et s'accordent que les conflits intercommunautaires sont nés avec la
fragilité des Etats en Afrique après la colonisation. »6
Cela étant, la cohabitation entre ces
différentes communautés est toujours traversée par des
luttes de positionnement fondées principalement sur des
faits/événements antérieurs liés à des
enjeux politiques et économiques, se traduisant par des épisodes
cycliques de violences. Ces violences ont généralement pour
soubassement des antagonismes individuels et des problèmes liées
à la gestion de la transhumance.7 En ce qui concerne les
natures et l'enracinement de ces conflits dans le chef des Babembe et de
Banyamulenge, Muchukiwa et M.Kasagwe, reviennent en soulignant que, « ces
conflits trouvent des explications dans les antécédents
historiques et dans la spécialisation économique qui s'accentue
par la compétition entre l'agriculture, l'élevage et
l'exploitation artisanale des minerais. Les populations dites autochtones
pratiquent dans l'ensemble l'agriculture. En revanche, les populations dites
allochtones pratiquent l'élevage de gros bétail. Par ailleurs,
les Banyamulenge dénoncent la discrimination et réclament la
création de nouvelles entités territoriales et administratives
pour corriger les irrégularités créées par les
colonisateurs belges. Cette thèse n'est pas acceptée par les
groupes ethniques autochtones, d'où la persistance des conflits
intercommunautaires dans les territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, dans
4 Ibid, p6
5 Judith Verweijen, « Pourquoi la violence
dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique » (et autres
idées reçues sur la crise) », Kivu Security Tracker,
2020 Disponible en ligne sur
«
https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/
»
6 B. Muchukiwa et M. Kasagwe, « Conflits
dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des
acteurs et crise politique régionale en perspective », Bukavu,
2019, p2 disponible en ligne sur
«
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publication/»
7 Inter-cluster Régional du Sud-Kivu et
OCHA, « Plan de réponses stratégique et
opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit
intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga
», Bukavu, 2019, p2
4
les moyens et les hauts plateaux d'Itombwe.
»8, Ce qui prouve à suffisance que, au-delà de
l'identité, le foncier et la transhumance restent des enjeux de taille
dans la dynamique de ces conflits intercommunautaire, ce qui explique la
complexité de ce conflit.
Préoccupé par la dimension identitaire dans la
dynamique de ces conflits intercommunautaires à Fizi, Pole Institute,
trouve quant à ce que, « la Communauté Bembe quasi
majoritaire en territoire de Fizi, dans sa perception continue à penser
que la communauté Banyamulenge a un plan d'expansion politique, un plan
régional ayant ses racines à partir du Rwanda et de l'Ouganda.
Selon cette perception ce plan pour se matérialiser partirait de
l'érection du territoire de Minembwe, avec comme alliés les
Babuyu et les Babwari. »9 Et selon Pole Institute, cette
perception est soutenue et entretenue par des leaders intellectuels de la
communauté au pays et à l'étranger. Par contre, la
communauté Banyamulenge pense que les attaquer sur l'angle de la
transhumance c'est les affaiblir de manière ciblée, c'est
affecter leur source principale de l'économie des ménages, ce qui
leur parait inacceptable. Cette position est soutenue par des leaders
intellectuels de la communauté au pays et à l'étranger.
Ces conflits revêtent une dimension ethnique car «
la plupart des agriculteurs sont membres des communautés «
autochtones » tandis que les éleveurs sont majoritairement
d'origine rwandaise et burundaise, ce qui constitue une source de tension
très importante dans la zone. Souvent, les conflits de pouvoir ou
fonciers sont envenimés par l'élément ethnique. Ils en
deviennent plus graves, explosifs et la cohabitation pacifique devient aussi de
plus en plus difficile.»10
Inscrits dans le long terme, les conflits opposant les
communautés de Fizi et Uvira constituent des cas exemplaires de
sociétés fragilisées et recourant
régulièrement à la violence comme mode de revendication.
Cette violence s'illustre particulièrement par la persistance de
nombreux « groupes armés » dont certains se présentent
comme « porteurs de revendications communautaires ». C'est en ce sens
que Life and Peace et al. Affirment que, « La présence de ces
milices met en exergue un criant déficit de cohabitation entre les
communautés locales déjà déchirées par des
conflits complexes au tour de l'identité, de la gestion foncière
et de l'exercice des droits politiques. »11
Ainsi donc, suite à cette insécurité
récurrente les passants commencent à éviter le
tronçon Minembwe-Itombwe et préfèrent prendre la voie de
la brousse à cinq heures de marche de Minembwe à Mulima parce que
couverte par cinq barrières payantes de FARDC et de PNC soit 500 FC par
passant.12
Pour OCHA, la crise dans la région de Fizi et Itombwe a
commencé en février 2019. L'événement
déclencheur de la crise semble être des actes de violences ou
d'agression sexuelle perpétrés sur une femme Bafuliru au
début de février 2019 par des présumés miliciens
Banyamulenge. Cet incident a été
8 B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit., p7
9 Pole Institute, « Analyses croisées
de conflits à l'est de la République Démocratique du Congo
», Goma, 2017, p13
10 B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit.,
p13
11 Life and Peace et al., « Au-delà
des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales
: l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd.
Série des Grands lacs, 2011, p13
12 Pole Institute, op. cit., p16
5
à l'origine de la montée des tensions
communautaires qui ont finalement basculé en des affrontements entre les
communautés par milices interposées.13
Cette crise latente non négligeable passe souvent
inédite dans la plupart des concertations locales consacrées
à la recherche de la paix sociale et à l'établissement de
la cohésion intercommunautaire.14 La recherche des solutions
à cet important problème intercommunautaire a été
à la base de plusieurs initiatives, qui jusqu'ici ont manifesté
un déficit important dans la conception, la mise en oeuvre et le suivi,
impliquant souvent les acteurs étatiques, non-étatiques, les
leaders des communautés locales et à un niveau moyen des acteurs
de la société civile, mais ce pendant comme parties prenantes
oubliant le rôle important qu'ils peuvent jouer comme tierce partie dans
la transformation de ces conflits.
Pour ce faire, International Crisis Group trouve que, le
conflit dans la plaine de la Ruzizi n'a pas manqué de « faiseurs de
paix » qui ont été inefficaces pour des raisons diverses,
dont la principale est le manque de connaissance du milieu et des enjeux
locaux. 15
De ce fait, plusieurs processus de dialogue ont
été amorcés pour aborder ces conflits ; c'est le cas : du
dialogue intercommunautaire organisé en février 2010 à
Baraka par la MONUC et l'Association « Lubunga Lwilonji » sous la
participation de plus de 200 représentants des communautés en
conflits (allochtones et autochtones)16 ; du dialogue social entre
les Babembe et les Banyamulenge du Sud-Kivu organisé à Uvira, le
10 novembre 2016 entre les leaders locaux et les chefs coutumiers, les chefs de
secteurs, les acteurs de la société civile, les
députés provinciaux d'Uvira et de Fizi et les autorités
territoriales et administratives, sous la facilitation de la
MONUSCO17;du pré-dialogue intercommunautaire entre les
leaders de Fizi vivant à Bukavu, organisé à Bukavu du 03
au 04 juin 2019 par la Société Civile du Sud-Kivu et la Barza
intercommunautaire sur la cohabitation pacifique entre les communautés
de Fizi18 ; du dialogue intercommunautaire pour la
sécurité et la paix dans les Hauts Plateaux d'Uvira, Fizi et
Mwenga, à Uvira le 25 juin 2019, organisé par l'ONG International
Alert avec les représentants des communautés en conflit, les
autorités locales et Etatiques et la société
civile.19
A côté de ces initiatives, plusieurs autres
approches de transformations de ces conflits peuvent être
répertoriées axées sur les interventions communautaires
des ONG ; pour ce faire, des organisations et associations non
gouvernementales, liées aux sages des communautés initient des
dialogues entre ces communautés pour tenter de pacifier cette zone et
assurer une cohabitation aisée.20
13 Inter-cluster Régional du Sud-Kivu et OCHA,
op. cit., p1
14 B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit.,
p3
15 International Crisis Group, «
Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi
», Brussels, Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23 juillet
2013, p26
16 Bulletin quotidien d'information de l'Organisation
des Nations Unies en RDC, N°265 du 23 Février 2010
17
https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge
18
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/
19
https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/
20 Rémy Murhula, « une idée du
conflit entre les Banyamulenge et les autres populations des territoires
d'Uvira et Fizi », 2019 disponible en ligne sur
www.sociétécivile.cd/node/5014
6
Compte tenu de l'ampleur que prenait cette question tant dans
le chef du pouvoir en place et des théoriciens et praticiens de ce
domaine, des solutions ont émergé de partout pour tenter d'y
faire face : C'est le cas du législateur congolais qui d'après B.
Muchukiwa et M. Kasagwe, propose de les résoudre par la création
d'une commission consultative qui serait installée aux niveaux du
ministère national des affaires coutumières, de la province, de
la chefferie ou du secteur. Le ministre national en charge des affaires
coutumières, le gouverneur de province, le chef de chefferie ou de
secteur y seraient des médiateurs attitrés qui doivront s'appuyer
sur les administrateurs des territoires, les chefs de groupements ou de
villages pour le règlement des conflits de pouvoir
coutumier.21
International Crisis Group, de sa part, trouve que, la
réduction des communautés à leurs représentants
officiels est une des causes de l'échec des initiatives de paix. Les
actions de promotion de la paix et de dialogue intercommunautaire doivent non
seulement viser les notables et autorités coutumières mais aussi
inclure les niveaux inférieurs d'autorité, c'est-à-dire
les leaders d'opinion, dirigeants informels et meneurs locaux. Toute reprise
des discussions intercommunautaires devrait être plus
inclusive.22 Revenant sur la nécessité de la
participation des acteurs de la société civile dans ce processus,
Pole Institute trouve que toute action de stabilisation doit par
définition établir la confiance entre les différents
acteurs et renforcer les capacités des acteurs locaux qui seuls peuvent
assurer la pérennité de l'action. Il s'ensuit que la
stabilisation en RDC ne peut se faire de façon durable et efficace sans
la participation de tous les acteurs-clé, notamment la
société civile basée dans les différentes zones de
stabilisation.23 Ainsi développée, la question des
conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge gravite
autour de 4 facteurs principaux, dont : l'identité, la transhumance, le
foncier et la nationalité controversée. A ceux-ci s'ajoute une
multitude d'autres facteurs qu'il convient d'analyser et d'intégrer dans
une approche holistique de transformation de ces conflits en vue d'aboutir
à une paix durable.
La persistance de ces conflits et l'inefficacité des
mécanismes disponibles pour leur transformation plongent ces
communautés dans un cycle de violence réciproque causant beaucoup
de dégâts de part et d'autres, ce qui constitue un problème
important auquel la présente recherche va se focaliser.
Cela étant, dans le but de comprendre le rôle de
la société civile et de la Barza intercommunautaire dans la
transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge à Fizi, la présente recherche va s'articuler autour
des questions suivantes :
? Quels sont les acteurs indirects (invisibles) qui alimentent
les conflits intercommunautaires à Fizi ? ? Quel rôle joue la
société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans la
résolution de ces conflits ?
? Aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs solutions
?
21 B. Muchukiwa et M. Kasagwe, op. cit.,
p4
22 International Crisis Group, op. cit.,
p21
23 Pole Institute, op. cit., p3
7
3. BUT ET OBJECTIFS
3.1. But de la recherche
Le but de la présente recherche est de comprendre ce
conflit et d'expliquer l'impact de l'intervention de la société
civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la résolution
des conflits intercommunautaires entre Babembe et Banyamulenge à
Fizi.
3.2.Objectifs
Le présent travail de recherche poursuit la
réalisation des trois objectifs particuliers :
y' Celui de dresser un aperçu général sur
les conflits intercommunautaires à Fizi, et sur les facteurs et les
acteurs indirects des conflits intercommunautaires à Fizi ;
y' Celui de comprendre le rôle joué par le bureau
de coordination de la société civile et la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits entre les
Banyamulenge et les Babembe à Fizi ;
y' Celui de comprendre et expliquer les limites des approches
précédentes de transformation des conflits intercommunautaires
entre la communauté Banyamulenge et la communauté Babembe
à Fizi.
4. HYPOTHESES DU TRAVAIL
Etant de manière générale une
réponse provisoire à une question posée,
conformément à la situation problématisée ci-haut,
les hypothèses suivantes peuvent être adaptées à nos
questions :
y' Parmi les acteurs indirects dans ces conflits on trouverait
: certains politiciens, les leaders religieux, les leaders de la diaspora, les
dirigeants de pays voisins, les officiers de la police et des forces
armées de la RDC et des pays voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.
y' Dans la résolution des conflits intercommunautaires
au Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du
Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles participent
comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre, etc.) elles
accompagnent les parties en toute neutralité à trouver des
solutions durables à leurs problèmes en vue de se
réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y participent en tant parties prenantes
aux conflits, elles jouent le rôle de la défense des
intérêts communautaires ; (iii) lorsqu'elles participent en tant
que observateur, elles jouent un rôle très passif se limitant
seulement à des propositions et l'observation de la bonne marche du
processus.
y' Les différentes approches de transformation et de
résolution des conflits développées comme réponse
aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées
à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la
volonté pour mettre en pratique les accords et conventions
signés, la manipulation des membres de la communauté et des
8
leaders communautaires de base par les acteurs politiques
nationaux et de la diaspora, les problèmes récurrents
d'insécurités perpétrées par les groupes
armés dont les intérêts sont menacés par le
rétablissement de la paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et
l'insuffisances des éléments des forces de
sécurité, le manque des moyens financier pour mettre en oeuvre
ces politiques, etc.
5. CHOIX ET INTERET DU SUJET
5.1. Choix du sujet
Le présent travail porte sur : « Le rôle
de la société civile et de la Barza intercommunautaire du
Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : Cas des
conflits entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi»
Ce choix trouve sa justification et sa pertinence dans la
pérennité de la rupture du lien social entre les
communautés dites autochtones à Fizi et la communauté dite
allochtone, à la suite de laquelle les violences intercommunautaires
trouvent leur place, et dont les mécanismes mis en place pour faire face
à cette situation se trouvent dépassés.
5.2.Intérêt du sujet
a. Sur le plan théorique ou
scientifique
Cette étude va apporter un plus sur les supports
d'analyse déjà existants dans le domaine d'étude de paix
et des conflits pouvant servir aux futurs chercheurs de base d'analyse dans le
cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de participer à la
transformation sociale des sociétés en conflit.
b. Sur le plan pratique ou social
Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des
actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la
transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur
relation et de leurs attitudes.
6. DELIMITATION DU SUJET
6.1. Délimitation spatiale
Notre sujet s'est intéressé ici à
l'analyse du rôle joué par le Bureau de coordination de la
société civile et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
les conflits entre les Babembe et les Banyamulenge en se focalisant plus sur le
territoire de Fizi.
6.2. Délimitation temporelle
Notre étude va s'intéresser aux faits ayant
marqué les conflits qui ont opposé la communauté
Banyamulenge à la communauté Babembe depuis 1996 jusqu'à
nos jours.
9
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Ce travail est subdivisé en quatre principaux chapitres
mis à part son introduction et sa
conclusion :
V' Chapitre I : Cadre théorique
V' Chapitre II : Matériels et méthodes
V' Chapitre III : Présentation des résultats
V' Chapitre IV : Discussion des résultats
10
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE
I.1. REVUE DE LA LITTERATURE
La question au tour des conflits intercommunautaires dans la
partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu a été abordée
différemment, mais de manière un peu complémentaire par
les théoriciens et les experts dans le domaine d'étude de paix et
des conflits, la plupart d'entre eux dans leurs analyses reviennent sur les
facteurs (les causes) les plus profonds de ces conflits (Nicaise MUZINGA LOLA ;
International Alert ; APARECO ; International Crisis Group ; ADEPAE, Arche
d'alliance et Life and Peace Institute ; Inter-cluster Régional et OCHA;
Saerch For Common Ground ; Bosco Muchukiwa; etc.), d'autres sur le
mécanismes ayant été développés par les
structures de la société civile pour en faire face (Labana
Lasay'abar ; KAYSER ; Flaubert DJATANG; International Alert ; KAKULE PILIPILI
Didier; etc.) et d'autres encore sur leur histoire
1. L'histoire des confits intercommunautaires à
Fizi
Les auteurs (Life and Peace et Al., Bosco Muchukiwa, Search
For Common Ground, Pool Institute, etc.) sont ici presque unanime que les
conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones à l'Est de
la RDC et plus particulièrement dans les territoires de Fizi et d'Uvira
remontent des mouvements migratoires des populations hutus et tutsi des pays
voisins de l'Est de la RDC (le Rwanda et le Burundi) vers les territoires
voisins de ces deux pays dans le Kivu ;ils soutiennent en plus que ces conflits
ont été amplifiés par les guerres internes, le
génocide Rwandais, et les guerres civiles et politiques au Burundi avec
les poursuites de ces guerres sur les terres congolaises ; ils montrent en fin
que ces conflits se radicalisent historiquement à travers les
différentes décisions et actes administratifs sur la
nationalité, l'accès à la terre et la gestion des
entités administratives par les peuples dit allochtones.
2. Les facteurs ou causes des conflits
Les travaux identifiés précédemment
soulignent un lien de causalité entre les causes des conflits
intercommunautaires tel que vécu dans différentes provinces de la
RDC et dans différents pays de la sous-région des grands lacs.
International Alert (2010)24, revenant sur les sources de la
récurrence des conflits intercommunautaires et communautaires opposant
les Banyamulenge et les autres communautés dans la région de Fizi
et de la plaine de la Ruzizi, montre d'emblée
24 International Alert « La paix à
petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est
de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du
Sud-Kivu », 2010, pp68
11
que les principaux facteurs de conflits dans cette
région sont : l'identité, le foncier et le pouvoir coutumier
prenant de l'ampleur depuis la rébellion du RCD de 1998.
Complétant cette étude Life and Peace Institute et Al.
(2011)25, trouvent qu'au-delà du foncier, de
l'identité et du pouvoir coutumier, les conflits intercommunautaires
à Minembwe et dans la collectivité chefferie de la plaine de la
Ruzizi opposant : pour le premier les Banyamulenge aux Babembe et pour le
second les Bavira, Bafuliru aux Barundi, ont comme racines la gestion de la
transhumance et la question d'érection de Minembwe en territoire.
Surencherant les idées des études précédentes,
International Crisis Group (2013)26,
affirme pour sa part que la conflictualité dans la
région Est de la RDC s'inscrit dans une compétition
foncière et économique locale entre différentes
communautés de cette région ;
Revenant sur les causes des conflits intercommunautaires entre
autochtones et allochtones, Search For Common Ground (2014)27,
trouve dans son rapport réalisé dans les hauts plateaux d'Itombwe
et dans la plaine de la Ruzizi que les causes de ces conflits paraissent
interconnectées et tournent au tour de la mobilisation de
l'identité ethnique, l'accès aux ressources économiques,
le foncier, le pouvoir et la transhumance.
L'APARECO (2019)28, montre pour sa part qu'il est
impossible de comprendre la dynamique au tour des conflits entre les
Banyamulenge et les autres communautés particulièrement les
Babembe à Minembwe sans pour autant mettre en cause la vision
impérialiste de Paul Kagame dans les conflits à l'Est de la RDC,
ainsi qu'une analyse approfondie sur la question de la manipulation de
l'identité des Banyamulenge. Par contre, Inter-cluster Régional
et l'OCHA (2019)29, se focalisant sur l'aspect interactionnel des
conflits intercommunautaires entre allochtones et autochtones, trouvent que la
cohabitation entre ces communautés est marquée par des luttes de
positionnement basées sur les faits passés des enjeux politiques
et économiques, se manifestant par des cycles de violence atroces,
trouvant leur base dans les oppositions individuelles et la gestion de la
transhumance. D'autres facteurs comme : la lutte pour le contrôle des
ressources économiques, les alliances avec les groupes armés
étranger, la
25 Life and Peace Institute et al., «
Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions
sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC)
», Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011, pp160
26 International Crisis Group, «
Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la
Ruzizi, Brussels », Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23
juillet 2013, pp37
27 Search For Common Ground, « Analyse de
conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de
Mwenga et plaine de la Ruziz »i, 2014, pp41
28 APARECO, « Memorandum :
Vérité sur la guerre de Minembwe », Paris, 2019,
pp32
29 Inter-Cluster Régional et OCHA, «
Plan de réponses stratégique et opérationnel face
à l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les
Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga » Bukavu, 2019, pp18
12
faible présence de l'autorité de l'Etat,
l'enclavement de cette région, ainsi que le découpage
élevant Minembwe en statut de commune rurale, sont vus comme
déclencheurs de ces conflits.
En plus, l'étude d'Interpeace
(2013)30 dans leur rapport sur la manipulation des
identités et stéréotypes dans l'alimentation des conflits
intercommunautaires dans la région des grands lacs, confirme la non
exclusivité de la dimension ethnique dans les conflits
intercommunautaires dans les grands lacs, tout en se focalisant sur le
rôle de l'identité comme moteur des conflits dans les grands lacs,
Interpeace trouve en accord avec les études précédentes
que les conflits intercommunautaires sont due à des manipulations des
identités telles que : les identités «allochtones»
versus «autochtones» et les identités linguistiques au
Nord-Kivu, à cela s'ajoute les identités professionnelles entre
agriculteurs et éleveurs au Sud-Kivu ; les identités liées
à la double nationalité et identités ethniques au Rwanda
et finalement les identités d'appartenance politique et les
identités ethniques au Burundi.
Complétant cette étude, Bosco MUCHUKIWA et
Marcellin KASAGWE (2019)31 montrent que les conflits
intercommunautaires au tour des questions identitaires, divisent dans les hauts
et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira les ethnies Bembe, Bavira,
Bafuliru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa se mobilisant au tour du pouvoir
coutumier et connaissant la participation des coalitions de groupes
armés nationaux et extérieurs de la sous-région, ils
notent que la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et
désigne à la fois les antagonismes entre ethnies qui se battent
au sujet de leur identité culturelle, de pâturages, de la
reproduction des activités économiques, du contrôle des
facteurs de production et de gestion des entités modernes crées
par l'administration coloniale. Revenant sur les types et enjeux des conflits
dans leur milieu d'étude, Muchukiwa et Kasagwe soutiennent à la
lumière de ces précédents auteurs, que les enjeux des
conflits intercommunautaires dans ces espaces gravitent autour des
pâturages, du pouvoir, du territoire, de l'argent et de l'aide au
développement, cela étant, la monopolisation de ces enjeux par
une ethnie provoque les conflits intercommunautaires.
C'est dans la suite de ces analyses que Justine Brabant et
Jean Louis K. Nzweve (2013)32 dans leur article: « la houe,
la vache et le fusil ;conflits liés à la transhumance en
territoires de Fizi
30 Interpeace, 2013, « Manipulation des
identités et stéréotypes : enjeux et défis pour la
paix dans la région des Grands-Lacs », Gecko Media,
octobre, 70p
31 Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe «
Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus
operandi des acteurs et crise politique régionale en
perspective» Bukavu, 2019, pp24
32 Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve
«La houe, la vache et le fusil ; Conflits liés à la
transhumance en territoires de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : État des
lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI »
,Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2013, pp167
13
et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : Etat des lieux et leçons
tirées de l'expérience de LPI » partant du cas
où durant les saisons sèches un déplacement
fréquent des vaches et des taureaux guidés par leurs bergers est
constaté dans les hauts et moyens plateaux d'Itombwe vers la plaine et
le littoral du lac Tanganyika à la recherche du pâturage, ce
mouvement cause le ravage par le troupeau des champs des cultivateurs
contribuant ainsi à l'alimentation des conflits au tour de la
transhumance entre les cultivateurs (Babembe et Bavira) d'une part et
éleveurs (Banyamulenge et Fuliro) d'autre part. Ces auteurs montrent par
la suite que la transhumance participe à la mobilisation des dynamiques
locales de la violence ainsi qu'à l'émergence des conflits
intercommunautaires à travers l'accentuation des tensions sur la
perception de droit de pacage, les barrières de mai-mai, les vols des
bétails, l'organisation des banyamulenge en milices
d'autodéfense, etc., ce qui conduit à des attaques de vengeance
des agriculteurs sur les bétails dévastateurs des cultures des
éleveurs conduisant à la manifestation des besoins
d'autoprotection de part et d'autres.
Revenant sur les conflits intercommunautaires qui ravagent la
province du Sud-Kivu en général, Bosco Muchukiwa
(2016)33, montre que dans cette province, durant des années,
des violents conflits intercommunautaires opposent au tour de la terre les
Babambe et les Babuyu à Fizi, au tour du contrôle administratif
les non originaires (Batutsi) et les originaires à Kalehe et aussi dans
le territoire d'Uvira, ces conflits opposent les non originaires (Barundi et
Banyamulenge) aux originaires (Bafuliru et Bavira) au tour de la
nationalité, de la création des nouvelles entités
administratives et de l'identité. Il montre par la suite que cette
répartition de l'espace va aboutir à la production des nouvelles
entités territoriales et administratives et que l'oubli des
écarts entre le territoire ethnique et Etatique d'une part et entre le
peuple autochtones et allochtones d'autre part est un facteur non
négligeable de conflictualité; et propose par la fin quelques
pistes d'orientation des actions en vue de la paix sociale allant à
l'exigence de la reconnaissance réciproque des organisations
territoriales, de l'histoires des peuples, jusqu'à la prise en compte
des règles de droit.
Au-delà des facteurs sus évoqués, le Pool
d'Appui à la Stabilisation des experts de la société
civile congolaise (2017)34, partant de l'analyse des conflits dans
la zone de Fizi, trouve que les conflits intercommunautaires dans cette zone
demeurent encrés dans les facteurs comme l'activisme des groupes
armés, ainsi que dans l'instrumentalisation des acteurs étatiques
pour la défense des intérêts économiques et le
trafic des ressources naturelles. Dans la dynamique
33 Bosco Muchukiwa « Identités
territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en RDC »,
Genève,
éd. Globethics.net, 2016,
pp 62
34 Pole Institute « Analyse croisées
de conflits à l'Est de la RDC », Goma, 2017, pp157
14
des conflits à Fizi, le Pool d'Appui à la
Stabilisation trouve deux types d'acteurs du processus des conflits que sont
les acteurs des conflits incluant les groupes armés, les
manipulateurs politiques, certains leaders religieux, certains chefs coutumiers
et certains jeunes leaders ; par contre, un autre type d'acteurs est
constitué des acteurs de paix comprenant les initiatives
locales de paix, les dialogues intercommunautaires, interreligieux, inter
jeunes. Ainsi donc, ce conflit se trouve renforcé par l'appui
matériel et financier que reçoivent les groupes armés de
ces différentes communautés ; c'est dans ce cadre qu'il confirme
dans cet article que les conflits intercommunautaires à Fizi ont une
certaine connexion sous-régionale à travers l'activisme des
groupes armés étrangers Rwandais et Burundais.
Pour sa part, Nicaise MUZINGA LOLA (2001)35 par
contre oriente ses analyses sur l'origine des conflits intercommunautaires au
tour des l'identité entre les Banyamulenge et les autochtones, il trouve
de ce fait que les causes des conflits au Kivu trouvent leur fondement dans
quatre facteurs dont les facteurs ethniques, parmi lesquels nous trouvons :
l'héritage colonial et les préjugés ethniques ; en suite
il trouve les facteurs politiques dont : la politique «mobutiste»
consistant à créer des conflits ethniques dont il était le
seul capable à résoudre, la guerre civile rwandaise, la loi
congolaise de 1981 sur la nationalité et les conclusions de Vangu ; les
facteurs économiques contenant la dépossession des terres aux
autochtones au Kivu, ainsi que la «zaïrianisation» ; finalement
il trouve les facteurs idéologiques tels que l'apport des
réfugiés Rwandais et les milices hutus. Suite à
l'identification de ces facteurs de conflits au Kivu, il propose quelques
solutions pour sortir de cette crise dont : le dialogue inter congolais,
l'élargissement de la notion de nationalité et de
citoyenneté, la mise en place des lois et institutions
démocratiques et la mise en place des mesures d'encadrement et
d'éducation intellectuelle.
3. La résolution des conflits par les structures de
la société civile
En ce qui concerne les mécanismes de résolution,
de gestion ou de transformations de ces conflits, les théoriciens
exploités dans ce travail insistent sur le rôle et les actions des
structures de la société civile face à des conflits
préoccupant leur société.
C'est en ce sens que les participants au Colloque
Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique
centrale (2007)36soutiennent que la
société civile joue un rôle très important dans
35 Nicaise Muzinga Lola, « Les conflits
ethniques et les problèmes d'identité à l'est de la
république démocratique du congo : cas des Banyamulenge »,
Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke,
2001
36 Colloque Régional sur la paix et la
résolution des conflits en Afrique centrale, « Paix et
Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la
Société Civile ?»,Kinshasa, 2007
15
un processus de transformation des conflits mais à
différents niveaux des conflits, c'est ainsi que dans la
prévention des conflits, elle joue le rôle de veille et d'alerte,
de bons offices et de plaidoyer ; dans la résolution des
conflits par contre, elle joue le rôle de négociateur et de
dénonciateur ; et finalement dans le processus de renforcement
de la paix durable, elle joue le rôle d'appui au renforcement de la
confiance, d'appui à la réhabilitation des communautés et
de la mise en oeuvre des politiques de réconciliation. Pour
être efficace, il nous revient dans ce travail de vérifier sur le
terrain l'application de ces différents rôles de la
société civile dans la transformation des conflits et en
dégager les difficultés d'application, les limites et les
défis en s'appuyant particulièrement sur le cas de la
société civile du Sud-Kivu. Abordant dans un sens presque
similaire du précédent, Berchmans LABANA
LASAY'ABAR(2011)37 dans son article sur : « Le rôle
des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le
maintien de la paix : cas de la société civile congolaise
», part du constat de l'apparition d'un nouveau type d'acteur en
matière de construction de la paix en RDC, qu'est la
société civile, qu'il qualifie à la fois de victime,
actrice et partie prenante dans les conflits. C'est dans cette
suite que LABANA évoque trois arguments pour justifier l'implication de
la société civile dans la résolution des conflits : le
premier se base sur l'hypothèse selon laquelle, accepter le
rôle d'actrice joué par la société civile dans un
conflit, conduit à accepter sa participation au processus de
résolution des conflits ; le deuxième argument est que
la durabilité des solutions dépend de leur acceptation, de
leur intégration et de leurs portées par la population, et
enfin le troisième est que compte tenu du fait que la
majorité des conflits ont pour cause le déficit de la
légitimité de l'Etat, la participation de la
société civile dans un processus politique conduit à
accroitre cette légitimité et pari cochet à participer au
règlement du conflit. Cela étant, sous un angle purement
politique, LABANA, se propose d'étudier le rôle des
sociétés civiles congolaises dans la résolution des
conflits et le maintien de la paix en se focalisant sur les conflits de nature
politique, oubliant le rôle que peut jouer cet acteur dans la
résolution des conflits intercommunautaires compte tenu de la
pluralité identitaire des acteurs qui l'anime. Ce à quoi nous
nous proposons de s'intéresser dans le présent travail.
Mais, loin de là, Christiane KAYSER et Flaubert DJATANG
(2018)38 en citant Catherine BARNES en
contradiction avec les deux premiers ci-haut, montrent que la
société civile joue un double rôle dans les conflits et la
recherche pour la paix, ils appuient que tant cette dernière peut
apporter un soutien de taille aux forces qui font la guerre, tant elle
constitue à la fois une
37 Berchmans Labana LASAY'ABAR « Le
rôle des sociétés civiles dans la résolution des
conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile
congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 2011, 11p
38 C. KAYSER et Flaubert DJATANG, « Les
acteurs civils et la prévention des conflits », Berlin,
éd. Pain pour le monde, 1ière édition, 2018
39 International Alert «La paix à
petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est
de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du
Sud-Kivu »
16
énergie très puissante dans la construction
de la paix et de cela elle joue un rôle très capital à
tous les niveaux de l'évolution de la résolution des conflits en
accord avec le colloque régional sur la paix et la résolution des
conflits en Afrique centrale ; Catherine poursuit en montrant que la
société civile participe à l'émergence d'un conflit
et permet son éclosion de manière non-violente dans un soucis de
susciter un changement nécessaire, il conclut en cela que le conflit
dans une société est un moyen pour aboutir aux objectifs du
changement social. Ainsi donc dans la consolidation de la paix les auteurs
montrent que la société civile joue la fonction de plaidoyer aux
côtés d'autres actions comme l'observation des droits de l'homme
et d'autres activités conjointes faisant le pont entre les
sociétés divisées. Ainsi donc, (Nicaises Muzinga, 2001; la
Commission Justice et Paix Belge, 2010 ; International Alert, 2010; Arche
d'Alliance et All, 2011 ; Search For Comon Ground,2014 et Bosco Muchukiwa,2016)
soutiennent que dans les territoires d'Uvira et de Fizi des structures comme
les Barza communautaires, les CCI (Cadres de Concertation Intercommunautaires),
des structures féminines, des jeunes et coutumières ont
été mis en place par les communautés soutenues par des ONG
et le gouvernement en vue de s'impliquer dans la gestion quotidienne des
conflits dans leurs communautés et discuter de la paix.
A cote de ces auteurs abordant la société civile
comme acteur direct dans les processus de résolution de conflits et de
la construction de la paix, beaucoup d'autres recherches ont été
menées dans ce sens mais abordant la société civile comme
une structure de plusieurs composantes d'acteurs et d'organisation oeuvrant
dans un domaine particulier, mettant au premier plan les causes et les
intérêts sociaux des communautés. Dans le cas
d'espèce, il s'agira des structures de la société civile
qui oeuvrent dans la résolution, la transformation, la gestion des
conflits et la consolidation de la paix.
C'est ainsi que International Alert (2010)39 dans
son article : « La Paix à petits pas ; Inventaire et Analyse
des pratiques locales de paix à l'Est de la République
Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu » se
focalise sur les initiatives locales de paix ayant été mises en
place dans les deux provinces par les acteurs de la société
civile pour gérer les conflits afin de faire face à la crise de
justice et à l'augmentation des conflits. C'est dans ce sens
qu'International Alert explique les initiatives locales de paix en
collaboration avec certaines structures de la société civile dans
la résolution des conflits sociaux et la promotion de la paix.
17
Dans ce même angle d'idée KAKULE PILIPILI Didier
(2012)40 analyse les mécanismes de résolution des
conflits fonciers dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu dans le cadre
informel et extrajudiciaire, et démontre que le niveau de participation
de la population locale à la production du droit réglementant la
résolution des conflits fonciers de leur zone est consistant et assure
que «les associations de structures locales dans la résolution des
conflits fonciers,...sont d'importance capitale» ; analysant les facteurs
qui expliquent la récurrence dans le recours à des
mécanismes extrajudiciaires et de quelle façon la
résolution extrajudiciaire peut agir sur l'issue des conflits fonciers,
Kakule aboutit à des résultats tels que : le recours
récurent à ces méthodes est due à la
création du programme STAREC facilitant la cohabitation pacifique entre
population, l'implication des ONG oeuvrant dans le domaine de la
résolution des conflits, les solutions gagnant-gagnant que proposent ces
mécanismes, les discrédits et l'éloignement des structures
judiciaires ; il démontre en suite que la réussite des
actions de ces structures dépend de deux conditions dont le
crédit accordé aux médiateurs et la
volonté des parties en conflit. Ces résultats de Kakule
prouvent à suffisance combien le recours à des mécanismes
alternatifs de gestion des conflits est important et efficaces dans la
résolution des conflits entre communautés comparativement au
recours à des mécanismes juridiques, ce qui nous pousse à
orienter notre réflexion sur le rôle que peut jouer des tels
mécanismes dans des conflits si délicats que sont les conflits
intercommunautaires.
Dans leur suite, Niagalé BAGAYOKO et Fahiraman Rodrigue
KONE41 rentrent plus loin et cherchent à comprendre
l'implication des « Mécanismes traditionnels dans la gestion
des conflits en Afrique Subsaharienne », ils trouvent en cela que ces
mécanismes sont efficaces et constituent par ce fait des alternatives
importants aux dispositifs nationaux et internationaux faisant face aux
dynamiques conflictuelles en Afrique ; leur analyse parait très capital
en ce sens qu'elle offre les clés de compréhension des principes
de base et des acteurs animant le fonctionnement de ces mécanismes
traditionnels en Afrique de l'Ouest, ils s'intéressent par la suite aux
mécanismes participant à la gestion de cinq types de conflits,
parmi lesquels : les conflits de proximité, les conflits de leadership,
les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires et les conflits
intracommunautaires ; en questionnant sur la neutralité et la
crédibilité des acteurs intervenant dans la régulation de
ces conflits, etc.
40 Kakule Pilipili Didier, « La résolution
extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi :
procédures et valeurs juridiques », Mémoire de licence,
Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur
www.memoiresoneline.com
41 Fahiraman Rodrigue KONE «
Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique
Subsaharienne», 2016
42Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi
dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la
résolution de conflits » p9
18
En ce qui concerne la société civile et la
transformation des conflits, il convient de noter que les auteurs ci-haut
émergés parlent du rôle que jouent plutôt les
structures ou composantes membres de la société civile de
manière générale reprenant les actions entreprises dans ce
sens par différentes ONG membres, laissant un flou sur la
circonscription de la société civile comme acteur pris
singulièrement. C'est dans ce flou conceptuel que la présente
recherche trouve son originalité, en se focalisant sur le bureau de
coordination de la société civile comme acteur de transformation
des conflits, ce qui n'a pas été abordé par les
différents chercheurs exploités.
L'analyse de la littérature exploitée ci-dessous
revient également sur l'histoire des conflits intercommunautaires
à Fizi, dans la province du Sud-Kivu et plus généralement
en RDC en démontrant les facteurs ayant concourus à la dynamique
de ces conflits, les acteurs surtout visibles ou directs de parts et d'autres,
les initiatives entreprises pour apporter une solution à ces conflits et
la manière dont s'est investie la société civile prise de
manière générale, Barza intercommunautaire comprise dans
la recherche de solution à ce conflit. Mais, certaines zones d'ombre
méritent également un éclaircissement notamment : sur les
acteurs indirects et leurs rôles dans l'alimentation de ces conflits
intercommunautaires, sur le rôle que joue le bureau de coordination de la
société civile pris singulièrement et la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits et sur
les limites des initiatives précédentes de transformation des
conflits ayant été entreprises par différents acteurs pour
faire face à ces conflits. Voilà en quelques sortes, des
préoccupations sur lesquelles se fonde notre recherche, et auxquelles
nous porterons notre analyse tout au long de ce processus de recherche.
I.2. CONCEPTUALISATION
2.1.Le conflit
Pour Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi, Le
conflit peut se définir comme la « poursuite des buts incompatibles
par différents groupes »42 Cette définition reste
très limitée en ce sens qu'il ne tient compte que d'un seul
élément de la définition qu'est l'incompatibilité
des buts. Diakonie Katastrophenhille et Brot fur dle
welt trouvent aussi que le terme « conflit » au sens large,
désigne une mésentente entre des individus ou des groupes au
sujet d'objectifs prétendument incompatibles. Ils poursuivent en disant
que le conflit ne signifie pas nécessairement la violence, car dans sa
forme constructive, le conflit est un moteur de changement, inévitable
et créatif. Cependant, lorsque les conflits s'intensifient et les
protagonistes en viennent à faire usage de la violence, c'est le
potentiel destructif des conflits
19
qui se déploie.43 Leur conception de conflit
ne s'écarte pas tellement de la conception de Jean-Luc Marret en ce sens
qu'ils reviennent aussi sur la poursuite par les parties des objectifs
incompatibles, mais ils s'écartent du premier par le fait d'opposer les
conflits à la violence en soulignant leur caractère
constructif.
Jean-Batptiste Durosselle44 dans sa conception des
conflits, revient sur trois définitions complémentaires de ces
derniers, mais sous un angle international, qu'il convient de contextualiser
:
1°) Le conflit désigne : Le choc entre des
volontés opposées quels que soient les moyens envisagés ou
utilisés par les adversaires pour assurer le triomphe de leurs
ambitions.
Cette première définition de Durosselle
s'intéresse beaucoup plus sur les sujets du conflit.
2°) Le conflit désigne : Les situations
successives dans lesquelles deux ou plusieurs partenaires considèrent un
objet comme un enjeu dont la possession (à conquérir ou à
garder) mérite que l'on coure des risques.
Cette deuxième définition du conflit vient
intégrer la notion de l'objet du conflit qui se transforme souvent en
enjeu (qui est l'objet que l'on veut acquérir, ne le possédant
pas et dont celui qui le possède veut par tous les moyens conserver.) ;
cette deuxième définition se trouve aussi limitée en ce
sens qu'elle ne tient pas compte des motifs qui poussent les acteurs à
entrer en conflit. Ce qui donne sens à une troisième
définition.
3°) Le conflit désigne : un ensemble complexe des
tensions où l'action de l'homme d'Etat (d'une partie) qui s'accompagne
des réactions émotionnelles collectives (de l'autre partie,
peuple)
Ces définitions du conflit de Duroselle,
combinées avec les deux précédentes nous permettent
d'envisager le conflit dans la présente recherche comme : une
divergence des points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre
deux ou plusieurs personnes, au sein d'une (conflit intracommunautaire) ou
plusieurs (conflits intercommunautaires) communautés, au tour d'un objet
(enjeu) bien déterminé, dans un espace, et à un moment
donné.
2.2.Le conflit intracommunautaire
Il désigne une divergence de points de vue,
d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes ou
groupes de personnes au sein d'une même communauté, au tour d'un
objet bien précis, dans un espace, et à un moment
donné.
43 Diakonie Katastrophenhilfe et Brot fur dle welt, «
Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre
d'orientation de la Diaconie oecuménique », p7
44 Duroselle Jean-Baptiste, « La nature des conflits
internationaux » . In: Revue française de science politique,
14? année, n°2, 1964.pp.295-308; doi :
https://doi.org/10.3406/rfsp.1964.418407,
https://www.persee.fr/doc/rfsp
0035-2950 1964 num 14 2 418407
20
2.3.Le conflit intercommunautaire
Pour Bosco Muchukiwa, la notion des conflits
intercommunautaires est un fourre-tout et désigne les antagonismes entre
ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, des
pâturages, de la reproduction des activités économiques, du
contrôle des facteurs de production et de la gestion des entités
modernes créées par l'administration coloniale.45
Dans ce travail, ce concept sera employé pour
désigner une divergence de points de vue, d'intérêts,
d'objectifs,... entre deux ou plusieurs communautés, au tour d'un objet
bien précis dans un espace et à un moment donné de
l'histoire et se manifestant sous diverses formes.
2.4. La violence
Diakonie Katastrophenhilfe et Brot fur dle welt montrent dans
leur article sur la transformation des conflits et la construction de la paix
que :
« Au sens large, la violence englobe des actes, des
paroles, mais aussi des structures et des systèmes qui provoquent des
dommages physiques, psychiques, sociaux ou écologiques, et
empêchent les hommes d'atteindre leur potentiel intégral. Ce n'est
pas seulement la violence ouverte des parties en conflit, mais aussi la
violence cachée des structures oppressives qui entraînent beaucoup
de souffrances et des destructions. Vaincre la violence et construire la paix
signifie alors modifier ces structures négatives qui se manifestent par
exemple dans la discrimination, la privation de droits et de libertés,
l'empêchement des chances. »46
Contrairement à cette première définition
de la violence, Herbert cité par Mark Goodale nous donne une autre
définition de la violence, un peu plus incomplète car tenant
compte seulement de sa dimension physique, il montre que la violence
est « l'exercice de la force physique de manière à
causer des blessures à des personnes ou endommager des biens , ·
une action ou une conduite caractérisées par cela , · un
traitement ou un usage qui tend à causer des blessures corporelles ou
à interférer avec la liberté personnelle
»47, en optant pour cette définition, Herbert oubli
que la violence peut aussi être morale ou psychologique, spirituelle,
conjoncturelle, structurelle, etc., ce qui est aussi le cas de la plupart des
violences intercommunautaires, parmi lesquelles on trouve celles entre les
Babembe et les Banyamulenge.
45 Bosco Muchukiwa, «Transforamation des
conflits : orientations théoriques, diversité et
efficacité
d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en
ligne sur
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/
46 Diakonie Katastrophenhilfe et Brot fur dle welt
«Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre
d'orientation de la Diaconie oecuménique » p21
47 Mark Goodale « Traduire la paix et la
violence : l'anthropologie entre la critique et l'engagement »
21
2.5.La médiation
La médiation se définit comme l'action de mettre
en relation, par un tiers appelé médiateur, deux personnes
physiques ou morales appelées médiées, sur base des
règles et des moyens librement acceptés par elles, en vue soit de
la prévention d'un différend ou de sa résolution, soit de
l'établissement ou du rétablissement d'une relation
sociale.48
Cette définition de la médiation permet de
distinguer deux types ou modèles de médiation pratiqués
à travers le monde : la médiation-facilitation et la
médiation-évaluation
Dans la médiation-facilitation, le médiateur
s'efforce de faciliter le dialogue entre les parties et d'aider chacune d'elles
à comprendre le point de vue, la position et les intérêts
de l'autre par rapport au différend.
Dans la médiation-évaluation, le
médiateur émet sur le différend un avis non contraignant
que les parties sont libres d'accepter ou de rejeter. C'est à elles de
choisir le modèle de médiation qui sera suivi.
2.6.La négociation
Josée Latendresse49 définit la
négociation comme étant un mode de résolution des conflits
qui suppose que les personnes impliquées discutent de leurs besoins et
de leurs intérêts en fonction d'atteindre une solution
mutuellement acceptable. Ainsi comprise, elle consiste à traiter les
litiges « sur le fond » plutôt que sur l'argumentation et prend
comme prémisse que la meilleure option de la gestion d'un conflit est de
déterminer l'intérêt commun où chacun est gagnant.
Pour Latendresse, la négociation permet de mettre l'emphase sur les
intérêts et les objectifs communs des parties en conflit
plutôt que de les polariser sur leurs positions initiales, elle permet
aussi de mettre au premier plan la coopération à la place du
compromis et de la compétition.
Ainsi comprise, dans la présente étude, ce terme
sera utilisé pour insinuer un mécanisme de transformation des
conflits auquel fait recours le bureau de coordination de la
société civile et le Barza intercommunautaire sous le rôle
de négociateur pour amener les parties au conflit à trouver une
solution négociée à leurs problèmes.
La figure qui suit met en relation les différentes
techniques du processus de traitement des conflits aux résultats des
différentes approches de résolution des conflits.
48 Aline Zihalirwa, cours de Questions
spéciales des techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu,
2018-2019
49 Josée LATENDRESSE « Faire face aux
conflits », éd. Centre 1,2,3 GO disponible en ligne sur
www.centre123go.ca
50 Reiner FORSTER et Mark MATTNER cités par
Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union
européenne dans la résolution de conflits »,
Mémoire de master, Université de Genève,
Genève, 2007, p8
22
Source : Josée Latendresse : « Faire face aux
conflits »
Figure 1 : Gamme de traitement des mécanismes des
conflits
Se basant sur cette gamme de traitement des conflits, notre
analyse va s'appuyer sur le quatrième niveau de la gamme :
prévention et transformation des conflits, comprenant des
mécanismes proactifs dont la négociation, la médiation et
la réconciliation qui sont aussi réactives face à une
situation de conflit.
2.7.La société civile / Bureau de
coordination de la société civile
Reiner FORSTER et Mark MATTNER soutiennent que la
société civile peut se définir comme un large
éventail d'organisations non gouvernementales et non lucratives qui ont
une présence dans la vie publique et qui expriment les
intérêts et les valeurs de leurs membres ou d'autres basés
sur des considérations ethniques, culturelles, politiques,
scientifiques, religieuses ou philanthropiques.50
La société civile est un concept très
complexe, qui revêt différentes significations selon les auteurs,
le contexte, les approches, l'espace et le temps dans lequel il est
utilisé.
Se basant sur les diverses conceptions de la
société civile par les auteurs comme : Renaud SAINSAULIEU, qui
constate que la société civile postule deux espaces : public et
privé, où au quotidien, les acteurs déploient leurs
actions en vue de concourir à la transformation de leur
société ; Claude Abé, qui d'un survol historique, trouve
que la naissance de la société civile coïnciderait avec
celle de l'Etat vers le XVIIème siècle, sous
l'impulsion des philosophes comme Thomas Hobbes, pour qui la
société civile est une totalité sociale qui inclue l'Etat
avec lequel
23
il se confond pour entrer en opposition avec la
société naturelle, et John Locke, pour qui la
société civile regroupe les personnes vivant ensemble, formant un
même corps, soumises à une loi commune et d'un organe judiciaire
auquel elles font recours.51 Paul Kadundu trouve que, « Ces
diverses conceptions de la société civile illustrent bien la
raison pour laquelle le concept de société civile ne peut pas
mieux se comprendre au travers d'un prisme normatif avec des critères ou
des conditions normatives.»52, conscient de ce constat, nous
avons circonscrit opérationnellement dans la présente
étude ce concept de société civile au Bureau de
coordination de la société civile comme acteur.
Dans cette étude nos analyses s'intéresseront
seulement sur le Bureau de Coordination de la Société civile du
Sud-Kivu, sans pour autant considérer la société civile
dans son angle le plus global comprenant toutes les structures qui la compose :
ONGs, Confessions religieuses, Groupes de pression, etc. y compris la Barza
intercommunautaire.
Ainsi compris, le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu est abordé dans cette recherche
comme étant un ensemble composé des représentants de
différentes organisations membres, regroupés en des composantes
et groupes thématiques, coordonné par un bureau composé
d'un président, d'un vice-président, d'un rapporteur titulaire,
d'un rapporteur adjoint, d'un trésorier et des membres élus par
ses différentes structures pour un mandat de 3 ans.
2.8.La Barza intercommunautaire
Jean Chrisostome Kiyala (2016)53 trouve que le mot
Barza ou Baraza signifie une véranda en langue locale kiswahili de l'Est
de la République Démocratique du Congo, et représente une
structure traditionnelle locale de consolidation de la paix et de
résolution des conflits.
S'appuyant sur le cas des Baraza du Nord-Kivu, il montre que
la Baraza se compose du Baraza local opérant au niveau des villages, des
chefferies et du Baraza intercommunautaire regroupant les anciens au niveau
provincial.
Kiyala poursuit en disant que le Baraza traditionnel
fonctionnait comme une jurisprudence coutumière où les personnes
qui violaient les normes et les coutumes ancestrales étaient
convoquées par les anciens pour faire des réparations et se
réconcilier avec les ancêtres. C'est ainsi qu'il trouve
qu'à l'heure actuelle, la Baraza intercommunautaire du Nord-Kivu sert
51 Renaud SAINSAULIEU, Claude Abé, Thomas
Hobbes et John Locke, cités par Paul Kadundu dans,
Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD.
Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le global,
Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 105
52 Paul Kadundu, Société civile et
pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête du
compromis entre le local et le global, Presses Académiques
Francophones, Paris, 2015, p 107
53 Jean Chrisostome Kiyala, cours de
Sociétés pacifiques et systèmes de paix, L2 CM,
Ucbukavu, 2019-2020
54 Patrice Kreidi, « Le rôle des ONG
et de l'Union européenne dans la résolution de conflits »,
Mémoire de master, Université de Genève,
Genève, 2007, p 17
24
d'organe de consultation entre diverses communautés de
cette province, parmi lesquelles il cite : les Hutu, les Kano, les Kumu, les
Nande, les Nyanga, les Tembo, les Tutsi, etc.
Dans cette étude nous allons essayer de faire une
petite rupture entre la barza intercommunautaire comme structure membre de la
société civile pris de manière générale,
avec le bureau de la coordination de la société civile, pris avec
la barza comme acteurs intervenants dans la transformation des conflits entre
communautés.
Il convient aussi de souligner que le terme « Barza
intercommunautaire » d'après certains ouvrages consultés
revêt le genre féminin, alors que les praticiens des
activités de cette structure montrent que ce terme s'emploi toujours au
masculin, ce qui montre une petite confusion dans l'emploi de ce terme. Dans la
présente étude nous l'utiliserons parfois au masculin, parfois au
féminin selon le contexte.
I.3. APPROCHES DE RESOLUTION DES CONFLITS
Patrice Kreidi note que, l'étude sur les conflits s'est
trouvée abordée par plusieurs approches et écoles de
pensées dans le but de les atténuer, de les gérer ou
encore de les terminer.54 C'est ainsi qu'il note que trois approches
principales de résolution des conflits peuvent être
mobilisées dans les études sur les conflits. Il s'agit entre
autres de :
- L'approche de la gestion des conflits ou de
règlement des conflits : C'est une approche qui se focalise sur
la gestion à court terme d'un conflit armé en identifiant les
parties clés au conflit et en négociant ou en servant de
médiateur aux accords de paix, mais peut aussi fournir une
stabilité à long terme en mettant en place les bases
nécessaires pour effectuer un travail dans la prévention des
conflits.
- L'approche de la résolution des conflits :
C'est une approche qui s'emploie à s'attaquer aux causes du conflit
en réparant le tissu social des communautés affectées par
le conflit en améliorant les communications et les relations
intergroupes.
- L'approche de la transformation des conflits :
s'occupe de combiner la gestion des conflits à court terme avec la
résolution des conflits à long terme et de transformer ainsi les
causes du conflit. Cette dernière se veut plus complète, et prend
en compte une plus grande variété d'acteurs.
25
Dans la présente étude nous nous focaliserons
cependant sur l'approche de la transformation des conflits, une approche sur
laquelle nous allons baser nos analyses tout en s'appuyant sur la
théorie de transformation des conflits de John Paul LEDERACH
appliquée dans le cadre de la résolution des conflits par le
bureau de la coordination provinciale de la société civile du
Sud-Kivu et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu entre les Banyamulenge
et le Babembe.
I.4. THEORIE
La théorie de transformation des conflits de John
Paul LEDRACH
D'entrée de jeu, il convient de noter qu'à
travers cette théorie, John Paul LEDERACH se trouve être le
premier inventeur et utilisateur du concept de transformation des conflits et
cela depuis les années 1980, suite aux études effectuées
par ce dernier en Amérique du nord, centrale et latine, en Afrique et en
Asie. Dans cette théorie l'auteur capitalise son expérience de
plus de vingt ans de recherche sur les conflits, la réconciliation et la
consolidation de la paix.55
Il convient de noter ici que cette théorie de
transformation des conflits a pour but de déclencher le changement
constructif dans un milieu affecté par les conflits, ce qui constitue le
coeur de toute action de transformation des conflits.
Pour Lederach, « la transformation des conflits
consiste à envisager et à répondre aux flux et reflux [le
mouvement des éléments en arrière qui succèdent
à un mouvement en avant] des conflits comme opportunités vitales
pour créer des processus de changement constructifs qui réduisent
la violence, renforcent la justice dans les interactions directes et les
structures sociales, et répondre aux problèmes de la vie
réelle dans les relations humaines.»56
La définition de Lederach touche à la fois
à plusieurs aspects et notions clés de la transformation des
conflits.
Tout d'abord, le conflit est ici envisagé comme un
phénomène naturel, normal, dynamique et continu au sein des
relations humaines ; il apporte avec lui le potentiel de croissance
constructive. Pour un changement positif, l'engagement avec cette
opportunité est nécessaire.
55 Bosco Muchukiwa, «Transforamation des
conflits : orientations théoriques, diversité et
efficacité d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en
ligne sur
https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/
56 Ibid., p17
57 Ibid., p24
26
Deuxièmement, le conflit à un rythme et un
schéma ; il y a escalade et désescalade. Ensuite, les conflits
découlent des relations et y reviennent, faisant des relations le centre
de transformation des conflits.
Dans l'étude de cette théorie nous allons nous
concentrer plus sur son analyse notamment en ce qui concerne son objet, son
champ d'application et les types de capacités à développer
pour induire la transformation des conflits aux niveaux individuel,
relationnel, sociétal et culturel.
En ce qui concerne les spécificités de cette
théorie de transformation des conflits de John Paul Lederach, Bosco
Muchukiwa note que :
« Le développement que John Paul Lederach fait de
sa théorie permet de la considérer à la fois comme une
approche pratique et un cadre analytique. Comme cadre analytique, la
théorie de la transformation des conflits est développée
par l'auteur pour contribuer à comprendre le conflit social, comment ce
dernier émerge et produit le changement aux niveaux personnel,
relationnel, structurel et culturel au cours de l'existence humaine. Pour mieux
expliquer le conflit social, il sied de considérer la théorie de
la transformation des conflits comme une grille de lecture qui adresse à
la fois l'épisode du conflit, l'épicentre du conflit, le pic
du conflit, les ondes du conflit et le dilemme en vue de trouver les
plateformes pour atteindre le changement désiré. »57
Il convient donc dans cette analyse de circonscrire ce que
nous entendons par ces différents concepts constituant les
éléments de cette grille de lecture à la lumière de
John Paul Lederach :
1. L'épicentre du conflit : C'est l'endroit où
l'énergie du conflit est sortie pour la première fois ;
2. L'énergie du conflit : L'énergie du conflit
dans la relation humaine est déclenchée par l'épisode du
conflit et s'étend sur un espace géographique donné ;
3. L'épisode du conflit : C'est donc l'étendue ou
l'espace couvert par le conflit. C'est en d'autres termes la géographie
du conflit ;
4. Le pic du conflit : c'est l'étendue couverte par le
conflit dépendamment de son intensité (qui est le seuil ou le
niveau atteint par le conflit).
A ces quatre on ajoute d'autres concepts également
très importants que sont :
? Le dilemme du conflit : c'est la position opposée au
tour d'un enjeu qui brouille et empêche le conflit d'être
dénoué, de réduire ses dégâts destructeurs et
de trouver une issue constructive ;
58 Ibid. p23
27
? La communauté : elle désigne
la population touchée ou affectée par le conflit dans le but
d'évaluer ses effets destructeurs et constructifs.
Lederach soutient alors ici que le conflit possède
au-delà d'une force de destruction, un potentiel non négligeable
de croissance pour le changement social. C'est ainsi que B. Muchukiwa affirme
que ce « potentiel constructif est un levier sur lequel les intervenants
dans le domaine de la transformation des conflits doivent s'appuyer et ainsi
développer le dialogue, le plaidoyer, les approches non-violentes, les
unités de transformation, l'analyse de contexte, l'analyse et la
compréhension du conflit, la tolérance, le pluralisme, la
médiation et la création des nouvelles pistes de base des
modèles préexistants. »58
Pour Jean-Paul Lederach, le conflit et le changement sont tous
deux la réalité, et les conflits ont un impact sur les situations
et changent les choses dans ces quatre grandes catégories :
? Personnel : minimiser les effets
destructeurs de conflits sociaux et maximiser le potentiel pour la croissance
et le bien-être de l'individu aux niveaux physique, émotionnel,
intellectuel et niveau spirituel;
? Relationnel : minimiser la mauvaise
communication, maximiser la compréhension et travailler avec les
craintes et les espoirs liés aux émotions et à
l'interdépendance dans la relation ;
? Structurel : comprendre et traiter les
causes profondes et les conditions sociales qui donnent lieu à des
violences et autres expressions néfastes de conflits et promouvoir les
mécanismes de la non-violence ; et
? Culturel : Identifier et comprendre les
modèles culturels qui contribuent à l'essor des expressions
violentes des conflits et s'appuyer sur des ressources pour répondre de
manière constructive et gérer les conflits.
Revenant sur la notion de l'identité dans cette
théorie, John Paul LEDERACH montre qu'il convient d'ajouter le concept
d'identité à ceux développés
précédemment, car cette dernière est au coeur de bon
nombre des conflits à la base de l'épicentre et de
l'épisode des conflits ; par la suite, Lederach montre qu'avant de
passer à la transformation des conflits, l'élément
identitaire qui représente le caractère doit être pris en
considération et après avoir identifié le potentiel de
transformation des conflits, il convient de se fixer l'objectif de
l'intervention, préciser en suite son importance ainsi que ses rapports
en vue de réduire le conflit violent.
28
John Paul envisage la consolidation de la paix dans cette
théorie comme un processus intégrant différentes
fonctions, rôles et stratégies employés par
différentes personnes à différentes étapes de la
progression de conflit. Il articule cela sous la forme d'une pyramide (voir
figure 2) sur la base d'où les individus (les parties en conflit et les
bâtisseurs de la paix) se trouvent dans un système et les
approches qui fonctionnent le mieux dans un secteur / niveau particulier de la
société.
Source : Syllabus Cours de
Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix
Figure 2 : La pyramide de Transformation des conflits de
John Paul Lederach
La pyramide donne une idée sur la façon dont une
population entière affectée dans un contexte des conflits
internes est représentée par des dirigeants, d'autres acteurs,
ainsi que par les rôles joués par ceux-ci dans le traitement de la
situation. Le sommet, ou leadership de haut niveau, représente le moins
des personnes, dans certains cas peut-être seulement une poignée
d'acteurs clés. La base de la pyramide représente le plus grand
nombre de personnes, c'est ici que toute la population est
représentée en générale. Sur le côté
gauche de la pyramide se trouvent les types de dirigeants et les secteurs dans
lesquels ils proviennent à chaque niveau. À droite, les
29
activités de transformation que les dirigeants à
chaque niveau peuvent entreprendre. Il est difficile pour le plus haut niveau
d'arriver à des solutions créatives car il est souvent
bloqué quant à la prise de position et subit une pression
énorme pour maintenir une « position de force
»vis-à-vis des adversaires et de ses propres circonscriptions. Le
leadership de niveau intermédiaire est connecté à la fois
à la base et à la direction de haut niveau et c'est sa plus
grande force. Le leadership à ce niveau n'est pas nécessairement
basé sur le pouvoir politique ou militaire et cela donne aux
intermédiaires une plus grande flexibilité et une marge de
manoeuvre. Ainsi, la plage moyenne, si correctement intégrée,
pourrait fournir la clé de la création d'une« infrastructure
» pour maintenir la paix. La pyramide a été l'un des
premiers modèles à traiter la consolidation de la paix et a donc
été considérée comme une contribution importante de
Jean-Paul dans le domaine de la transformation des conflits.59
Cette théorie va nous servir dans la présente
étude, au quatrième chapitre dans la comparaison des rôles
joués par différents acteurs à différents niveaux
et les approches qu'ils utilisent en vue de la construction de la paix.
59 Jean-Chrisostome Kiyala, Cours de
Sociétés Pacifiques et Systèmes de Paix,
(lectures supplémentaires), L2 Conflits et Médiation, UCBukavu,
2019-2020
30
CHAPITRE II. MATERIELS ET METHODES
2.1. TYPE D'ETUDE
Dans cette recherche, nous avons développé une
étude à la fois descriptive et analytique basée sur des
actions qui ont été menées dans le cadre de la
transformation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge par le bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaires du Sud-Kivu
2.2. METHODOLOGIE
Dans cette recherche, nous avons utilisé une
méthodologie mixte faisant recours à la fois à des
méthodes et des techniques qualitatives d'une part, et d'autre part,
à des méthodes et des techniques quantitatives dans la collecte,
l'analyse et l'interprétation des données.
2.2.1. Méthodes
La méthode étant un moyen de parvenir à
un aspect de la vérité, de répondre plus
particulièrement à la question « comment », est
liée au problème de l'explication.60
Dans le cadre d'analyse de ce sujet de recherche, nous avons
fait recours aux méthodes suivantes :
1.1.La méthode historique
Cette méthode nous a facilité dans l'analyse des
faits historiques des conflits intercommunautaires vécus dans la
province du Sud-Kivu et des mécanismes ayant oeuvrés pour tenter
de les maitriser au sein de ces communautés.
1.2.La méthode comparative
Cette méthode, nous a permis de comparer des actions
que la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu et le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu mettent en place pour faire face aux
différents conflits qui surgissent entre communautés.
2.2.2. Techniques
G. Kuyunsa et S. Shomba, montrent que la technique est
l'ensemble des procédés exploités par le chercheur dans la
phase de collecte des données qui intéressent son
étude.61
60 Madeleine Grawitz, méthode des sciences
sociales, 11em Edition Dalloz, paris, 2001, p35
61G. KUYUNSA et S. SHOMBA, Initiation aux
méthodes de recherche en sciences sociales, Ed. Presse
universitaire du Zaïre, Kinshasa 1995, p34
31
G. William de son côté montre que les techniques
sont des outils utilisés dans la collecte des informations
(chiffrées ou non) qui devront plus tard être soumises à
l'interprétation et à l'explication grâce aux
méthodes62
Dans la réalisation de cette étude, nous nous
sommes servis des techniques suivantes :
2.1.La technique de l'interview
L'interview étant selon R. Pinto et M. Grawitz, une
forme de communication établie entre deux personnes qui ne se
connaissent pas, ayant pour but de recueillir certaines informations concernant
un objectif précis. Pour ces auteurs, c'est aussi un
procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de
communication verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le
but fixé.63
Cette technique nous a permis d'entrer en contact direct avec
des individus détenant des informations pouvant nous aider à bien
analyser et comprendre cette thématique.
De ce fait, nous avons eu a réalisé 6 interviews
sur les thèmes : généralités sur les conflits
intercommunautaires à Fizi, rôle de la barza intercommunautaire
dans la transformation des conflits, rôle du bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits et les limites
des approches précédentes de transformation des conflits.
2.2.La Technique d'enquête par questionnaire
Cette technique nous a permis de recueillir des informations
importantes cadrant avec notre sujet de recherche, Elle nous a permis de
vérifier les items reçus lors des entretiens pour les mesurer et
les comparer avec la conception de la population sur certains points à
travers un questionnaire d'enquête à questions fermées.
2.3.La technique de l'analyse documentaire
Cette technique nous a permis d'analyser les différents
documents ayant trait avec notre thématique à fin d'y
dégager des éléments importants pouvant contribuer
à l'explication et à la compréhension du
phénomène que nous avons analysé dans ce travail.
2.4.La technique de l'analyse du contenu
62 Goode WILLIAM, cité par G. KUYUNSA et S.
SHOMBA, in Initiation aux méthodes de recherche en sciences
sociales, Kinshasa, Presses Universitaire du Zaire, 1995, p58
63 R. Pinto et M. Grawitz, cités par P. Lievre,
dans : Manuel d'initiation à la recherche en travail social :
construire un mémoire professionnel, éd. ENSP, p68
32
D'après Berelson, cité par M. Grawitz, l'analyse
du contenu : « C'est une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des
communications, ayant pour but de les interpréter »64
Cette technique nous a permis d'analyser le contenu des
entretiens réalisés dans le cadre de cette étude.
2.3. SITE
Présentation du terrain
Notre terrain de recherche est constitué du bureau de
coordination de la société civile du Sud-Kivu et de la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, que nous présentons brièvement
dans le chapitre 3 du présent travail. On présente
également le territoire de Fizi dans ce travail qui constitue notre
milieu d'étude, bien que nous n'y ayons pas effectué une
descente.
a. Présentation conceptuelle
Le territoire de Fizi est situé dans la province du
Sud-Kivu en RDC, il partage administrativement ses frontières avec le
territoire d'Uvira au nord, le territoire de Mwenga et Shabunda à
l'ouest, le territoire de Kalemie (ex Katanga) au sud et borné à
l'est par le Lac Tanganyika au-delà de la presque ile d'Ubwari. Ce
territoire est divisé en quatre secteurs administratifs dont : les
secteurs de Lulenge, Ngandja, Mutambala et
Tanganyika.65
Ce territoire est habité par six tribus
considérées comme autochtones dont : les Babembe sont
majoritaires et constitue la principale tribu aux cotés des Bajhoba,
Babwari, Babingya, Bagoma et les Bazimba ; ainsi que les Banyamulenge qui est
un peuple d'origine Rwandaise, qui y sont minoritaires et
considérés comme des allochtones.
b. Présentation physique du territoire de Fizi
(voire annexe 3 et 4)
2.4. ECHANTILLONNAGE
a. Taille de l'échantillon
Notre population d'étude était constituée
pour cette recherche de 90 personnes dont : 10 interviewés parmi
lesquels 3 au bureau de coordination, 3 à la barza et 4 des
mutualités de ces communautés, et 80 enquêtés tous
membres des deux communautés d'étude.
64 Berelson cité par M. Grawitz, in
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz
11ème éd., p606
65
www.congo-autrement.com
et www.caid.cd
33
Parmi les 3 interviews prévues au bureau de
coordination de la société civile, une seule a été
organisée avec la présidente de l'organisation, les deux membres
représentant les deux communautés dans cette structure n'ont pas
été interviewés, étant inactif dans le bureau
depuis un temps pour l'un (Bembe) et absent dans la ville pour l'autre
(Munyamulenge).
Toutes les 3 interviews prévues au bureau de la Barza
intercommunautaire dont celles avec deux membres représentant les
communautés concernées et une avec le président de la
Barza ont été réalisées.
Parmi les 4 interviews prévues avec les leaders de ces
communautés vivant à Bukavu dont 2 des Banyamulenge et 2 des
Babembe, deux ont été réalisées.
Ainsi, parmi les dix entretiens prévues, 6 ont
été réalisées et nous ont parmi d'analyser notre
sujet.
En ce qui concerne les enquêtes, 80 jeunes ont
été enquêtés dont 40 Bembe et 40 Banyamulenge.
Ici l'échantillon a été pris
aléatoirement compte tenu du manque des données statistiques
précises sur le nombre exact des membres de ces communautés
à Bukavu et l'impossibilité d'organiser ces enquêtes avec
tous les membres de ces communautés.
Ainsi donc, l'enquête s'est déroulé
à Bukavu du 15/11, au 21/11/2020, compte tenu des problèmes
d'insécurité, d'exigences sanitaires liées à la
Covid-19, du temps et des difficultés financières, nous n'avons
pas opté pour une décente sur terrain à Fizi, notre milieu
d'Etude.
Tous les 80 questionnaires expédiés ont
été remis et bien complétés par les
enquêtés, donc aucun cas de déperdition de questionnaire
n'a été relevé.
b. Critères d'inclusion
En ce qui concerne les interviews, il suffisait sauf pour les
présidents des deux structures d'étude, d'être membre de la
communauté de Babembe ou de Banyamulenge et avoir la volonté de
participer à cette recherche. Pour les leaders communautaires, il
suffisait d'appartenir à la mutualité de ces deux
communautés d'étude.
Pour les enquêtes, il suffisait seulement d'être
membre de ces communautés, d'avoir vécu à Fizi au moins
une année de ces 23 dernières années, et d'avoir la
volonté de participer à notre enquête. La plupart de ces
enquêtés était des étudiants rencontrées dans
les Universités et Instituts Supérieurs de la place, d'autres, on
les rencontrait justement dans la route et dans leurs maisons d'habitation.
34
2.5.VARIABLES A ETUDIER
Dans cette étude nous nous sommes focalisés sur
l'étude de deux variables clés dont : le conflit
intercommunautaire et la transformation des conflits.
a. Variable explicative : C'est celle dont la
variable expliquée dépende. Dans un sujet ou thème de
recherche, c'est celle qui est à la base de. Dans le cas de notre
recherche ici, il s'agit bel et bien du conflit intercommunautaire qui est
notre variable indépendante.
b. Variable expliquée : C'est celle
dépendante de la variable explicative. C'est la conséquence donc
de la variable explicative. Dans ce travail, la variable expliquée c'est
bien la transformation des conflits entre ces communautés par ces deux
structures.
2.6. ANALYSE DES DONNEES
Cette étude étant à la fois quantitative
et qualitative, nous avions recouru en ce qui concerne le traitement des
données qualitatives à une analyse manuelle (papier-crayon) du
contenu des entretiens et des documents que nous avions utilisé, mais en
ce qui concerne les données quantitatives, nous avions recouru à
Excel et Word pour constituer la base des données et le traitement des
données.
2.6.DIFFICULTES RENCONTREES
Dans la réalisation du présent travail de
recherche, nous nous sommes heurtés à un certain nombre des
difficultés et qui ont eu un impact sur le temps de la
réalisation de cette oeuvre. Parmi ces difficultés nous avons
:
V' L'insuffisance de moyens financiers pour faire une
décente dans le territoire à Fizi, pour s'enquérir de la
situation des conflits intercommunautaires sur place ;
V' L'insuffisance des ouvrages, des articles, des rapports,
des travaux de fin de cycle et des mémoires cadrant avec notre
thématique de recherche à la bibliothèque centrale de
l'UCB ;
V' L'indisponibilité et les reports des rendez-vous
d'enquête et d'entretien dans certaines organisations de recherche
ciblées ;
V' La longue période de maladie et le
décès de notre Père biologique a eu un impact
négatif sur le plan moral, financier et sur le temps de la
réalisation de ce travail ;
V' Etc.
35
2.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES
Dans la récolte tout comme dans l'utilisation des
résultats de cette recherche, l'anonymat de nos personnes ressources a
été garantie et respecté tant sur le questionnaire
d'enquête, que sur le guide d'entretien. L'élaboration des outils
de récolte des données a été faite de
manière à ce qu'il y ait une forte sécurité des
identités des enquêtés et des interviewés, car la
question abordée dans cette recherche est aussi sensible de telle sorte
que l'identité de personnes participant à la recherche
méritait une très bonne sécurité.
Nous avons pris le soin de demander aux interviewés
leur autorisation d'enregistrement de l'entretien avant le début de ce
dernier.
2.7.UTILISSATION DES RESULTATS
Comme souligné précédemment les
résultats de cette recherche seront utilisés à deux
niveaux :
a. Sur le plan théorique ou
scientifique
Cette étude va servir aux futurs chercheurs, de base
d'analyse dans le cadre d'action ou de mise en place des actions en vue de
participer à la transformation sociale des sociétés en
conflit.
b. Sur le plan pratique ou social
Ce travail constitue un outil d'appui et d'orientation des
actions des populations et des acteurs sociaux de paix en vue de la
transformation positive de leur milieu, de leur environnement social, de leur
relation et de leurs attitudes.
36
CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS
Le contenu de ce chapitre, est le résultat d'un long
processus de collecte et d'analyse des données qualitatives et
quantitatives, parmi lesquelles nous trouvons les données issues des
sources documentaires, de l'internet, des enquêtes de terrain et des
entretiens.
Tableau n°1 : Présentation des
enquêtés suivant leurs identités
Paramètres Effectifs Pourcentages
Communauté d'appartenance
Babembe 40 50
Banyamulenge 40 50
Age des enquêtés
De 18 à 3O ans 59 73.75
De 31 à 45 ans 18 22.5
De 46 à plus 3 3.75
Sexe des enquêtés
Masculin 64 80
Féminin 16 20
Etat civil des enquêtés
Célibataire 59 73.75
Marié 19 23.75
Veuf (ve) 2 2.5
Niveau d'étude des
enquêtés
Certificat 3 3.75
Diplôme d'Etat 34 42.5
Grade 29 36.25
Licence 13 16.25
Autre 1 1.25
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : il ressort de ce tableau en ce
qui concerne la participation des deux communautés d'étude que,
sur un total de 80 enquêteurs, 40 soit 50 % des enquêtés
sont de la communauté Bembe et les 40 autres, soit 50% sont issus de la
communauté Banyamulenge, ce qui montre un équilibre dans les
informations recueillies ; En ce qui concerne la tranche d'âge, il
ressort de ce tableau que, notre enquête a connu la participation en
majorité de la population dont l'âge varie entre 18 et 30, soit
73.75%, ce qui est dit au fait que la majorité de nos
enquêtés été des étudiants ; Concernant le
sexe, 64 enquêtés du sexe masculin soit 80% ont eu à
participer aux enquêtes contre 16 de sexe féminin, soit 20% ; A
noter aussi que 59 de nos enquêtés étaient des
célibataires soit 73.75% le score le plus élevé de la
variable état civil ; En fin, il ressort de ce tableau que 42.5% soit 34
de nos enquêtés ont un niveau d'étude de
diplômé d'Etat, soit la majorité de nos
enquêtés.
37
Section I. GENERALITES SUR LES CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES A FIZI
I.1. Bref aperçu sur le conflit entre les Babembe et
le Banyamulenge à Fizi
Les conflits intercommunautaires opposent dans les territoires
de Fizi, Uvira et Mwenga, respectivement dans leurs hauts et moyens plateaux,
depuis des années les communautés dites autochtones (Babembe,
Bavira, Bafuliru, Balega, Banyindu, etc.), contre les communautés dites
allochtones (Banyamulenge et Barundi).
D'après Bosco Muchukiwa et M. Kasagwe66,
certains auteurs les situent à l'époque coloniale, d'autres par
contre s'y opposent et s'accordent plutôt sur le fait que ces conflits
intercommunautaires sont apparus suite à la fragilité des Etats
en Afrique après la colonisation. Mais il convient de noter que ces deux
versions historiques sur l'origine des conflits intercommunautaires dans les
hauts et moyens plateaux de Fizi, ne suffisent pas à elles seules pour
expliquer cette réalité aussi complexe et dynamique du
phénomène conflictuel dans cette zone.
Faisant une rétroprojection dans l'histoire, B.
Muchukiwa trouve que les conflits foncier et de territoire qui opposent ces
deux communautés depuis 1979 sont alimentés par des
éléments comme : les tributs sur les pâturages, le
désir du pouvoir traditionnel et moderne pour la gestion des
entités administratives et le contrôle des recettes issues des
marchés locaux.67
Les banyamulenge dénoncent la discrimination dans la
délimitation des territoires administratifs par les colonisateurs belges
et réclament la création des nouvelles entités
administratives rectifiant les irrégularités discriminatoires et
sans fondement entretenues par les colonisateurs belges. Ce à quoi les
autochtones parmi lesquels les Babembe s'opposent catégoriquement,
soutenant que le processus de délimitation territoriale et
administrative a été totalement achevé par les colons
belges et ne nécessite aucune révision68. Cela
constitue un véritable point d'opposition, si pas le principal entre les
deux communautés en conflit à Fizi. En ce qui concerne ces
conflits intercommunautaires à Fizi, le représentant de la
communauté Banyamulenge dans le Barza note que, «Les Babembe et les
Banyamulenge, sont deux communauté voisines ; qui ont cohabités
dans l'harmonie et dans la cohésion depuis des longues
années,...mais avec le temps, il y a eu des conflits qui sont
nés, et qui étaient au départ sociaux, qui vont
dégénérés et créer des conflits qui vont
devenir aujourd'hui politiques, engendrant des
66 Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe: « Conflits dans
les moyens et les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : facteurs
d'escalade, modus operandi des acteurs et crise politique régionale en
perspective », 2019, p3 67Ibid, p11
68 Ibid., p7
38
affrontements entre les deux communauté et dont l'objet
principal reste l'inacceptation mutuelle entre les membres des
communautés en question,... »69
De ces propos, on retient que le principal facteur des
conflits intercommunautaires entre les Babembe et les Banyamulenge c'est tout
d'abord l'inacceptation mutuelle intercommunautaire utilisée par les
politiques pour alimenter les conflits en vue de leur positionnement. Ce qui
est totalement différent, mais complémentaire de l'avis du
représentant de la mutualité de Babembe qui estime que, «
les conflits qui opposent les Babembe, qui sont majoritairement agriculteurs et
les Banyamulenge, qui sont majoritairement éleveurs, surgissent pendant
la transhumance,... au cours de ce déplacement, leurs vaches entrent
dans les champs de Babembe et ravagent les produits. D'où les Babembe en
réaction tuent les vaches, et après ces actes, les Banyamulenge
réagissent et ça provoque les morts d'hommes de deux cotés
»70
De ces propos, on retient que, pour les Babembe,
au-delà d'autres facteurs, la transhumance reste l'un des principaux
facteurs du conflit les opposant aux Ba nyamulenge, contrairement aux
Banyamulenge qui estiment que ça serait l'inacceptation mutuelle.
I.2. Facteurs (causes) et conséquences
2.1.Facteurs des conflits intercommunautaires à
Fizi
a. La transhumance
La transhumance c'est le déplacement du bétail
d'un lieu vers un autre à la recherche du pâturage. Ce mouvement
constitue cependant un problème dans le territoire de Fizi où,
deux communautés qui sont dans le même territoire et dans le
même pays, mais qui se trouvent différemment adaptées du
point de vue mode de vie. La survie de Babembe dépendant de leurs
activités agricoles entreprises, contrairement aux Banyamulenge dont la
survie dépend de l'élevage qu'ils développent.
Le noeud du problème réside au niveau du
déplacement du bétail par les Banyamulenge à la recherche
du pâturage. Les Bembe étant sédentairement des
agriculteurs, alors que les Banyamulenge sont naturellement des
éleveurs, souvent envahisseurs d'espaces et nomades. Ce
déplacement du bétail des banyamulenge conduit leurs vaches
à ravager et détruire les champs des agriculteurs Bembe, ce qui
conduit ces derniers à développer des mécanismes de
réponse conduisant l'extermination du bétail des Banyamulenge, et
c'est là le début d'un cycle de violence entre ces
communautés.
69 Entretien organisé avec un membre
représentant la mutualité Banyamulenge dans le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu, le 13/11/2020
70 Propos du représentant de la
mutualité de Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu,
recueillis lors d'un entretien organisé à Bukavu, le
13/11/2020
39
b. La revendication territoriale
Ce facteur est parmi les principaux facteurs
évoqués dans l'alimentation des conflits intercommunautaires
à Fizi, a en croire une source de la mutualité Babembe
interviewé lors nos recherches qui a requis l'anonymat, estimant que
« les banyamulenge cherchent un espace car ils ont cette tendance de dire
qu'ils voulaient avoir une partie du sol leur appartenant, en oubliant que les
propriétaires foncier du territoire de Fizi ce sont les Babembe dans la
majorité des groupements »71
L'érection de Minembwe en commune rurale (en 2016), la
récente installation des animateurs de cette commune (en 2020) et les
réactions qui s'en est suivi d'abord au conseil des ministres,
conduisant à la suspension par le président de la
république du procès-verbal de l'installation des animateurs de
cette nouvelle commune rurale ; en suite à l'assemblée nationale,
avec l'interpellation du Ministre de la décentralisation et des affaires
coutumières fils de la commune à problème et membre de la
communauté Banyamulenge, et en fin à l'assemblée
provinciale du Sud-Kivu, avec l'interpellation du ministre provincial de
l'intérieur, montre toute la pertinence de cette question dans la
dynamique de ce conflit.
c. L'identité
Autant que la transhumance, la revendication territoriale ou
le foncier, l'identité constitue également un facteur très
capital dans la dynamique des conflits intercommunautaires entre les
banyamulenge et le Babembe à Fizi. Au tour de leurs identités les
milices se créent, les violences et les massacres se font de part et
d'autres.
Ici, les Babembe ont du mal à accepter les banyamulenge
comme étant des congolais parlant la langue rwandaise, plusieurs d'entre
les Babembe conçoivent les Banyamulenge comme étant des
réfugiés Rwandais vivant au Congo. Dans un entretien
organisé à ce sujet, un membre de la mutualité de Babembe
souligne que : « chez nous à Fizi, il n'y a pas des
Banyamulenge,...le kinyamulenge (Banyamulenge) n'existe pas à Fizi, il
n'y a que le Kinyarwanda (Banyarwanda),...il y a plutôt des
réfugiés rwandais qui sont utilisés par le pouvoir du
Rwanda pour nous déstabiliser »72, ces propos prouvent
à suffisance la considération qu'a le problème de
l'identité dans la dynamique de ces conflits, ce qui pousse les
Banyamulenge à dire que l'un des principaux facteurs de ce conflits,
c'est l'inacceptation mutuelle, comme nous le verrons ici-bas.
71 Propos recueillis lors d'un entretien
organisé avec un membre du mutuel des Babembe à Bukavu, le
13/11/2020
72 Ibidem
40
d. L'inacceptation mutuelle
Tout comme le foncier, la transhumance, l'identité,
l'inacceptation mutuelle constitue également un facteur capital dans la
dynamique des conflits entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi, ce
qui constitue une menace terrible à la cohabitation entre ces
communautés qui sont désormais appelées à vivre
ensemble pour toujours.
Dans un entretien organisé avec un membre de la
communauté banyamulenge, l'interviewé postule à ce sujet
que : « le principal facteur c'est d'abord l'inacceptation mutuelle,
c'est-à-dire, ils ne s'acceptent pas et vous pouvez même en guise
d'exemple, voir sur les réseaux sociaux comment les Babembe
déclarent, ils n'acceptent pas aussi la cohabitation et c'est de cette
façon que ça crée la violence.»73
e. La manipulation politicienne
En quête du positionnement politique au niveau
provincial, national et international, les leaders politiques de tout bord
utilisent abusivement leurs moyens, leurs pouvoir et leur position pour
manipuler certains jeunes et les leaders communautaires et coutumiers de ces
communautés dans le but de tirer profit dans ces conflits et de
déstabiliser la zone pour des raisons qu'eux-mêmes connaissent.
Toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes
entretenus, soutiennent que les politiciens jouent un rôle très
important dans le financement des milices tribales au travers desquelles ils
tirent des avantages fiscaux et politiques d'une façon directe ou
indirecte.
Tableau n°2 : Conception des
enquêtés sur les facteurs des conflits intercommunautaires
à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Identité
|
20
|
25
|
Inacceptation mutuelle
|
22
|
27.5
|
Foncier
|
17
|
21.25
|
Transhumance
|
21
|
26.25
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : il ressort de ce tableau que le
facteur principal qui alimente les conflits intercommunautaires entre les
Banyamulenge et les Babembe à Fizi, c'est l'inacceptation
73 Entretien organisé avec un membre de la
communauté Banyamulenge à Bukavu
41
mutuelle entre les membres de ces deux communautés
soeurs avec un score de 27.5% ; mais il faut noter aussi le rôle
important joué par ces autres facteurs comme la transhumance 26.25%,
l'identité 25% et le foncier 21.25%.
2.2.Conséquences et manifestation des conflits
intercommunautaires à Fizi
Les conflits intercommunautaires à Fizi se manifestent
souvent dans les conséquences humaines, matérielles,
environnementales, sociales et économiques que ces conflits posent.
Sur le plan social, l'on constate une rupture totale de la
cohésion sociale entre les deux communautés se manifestant par la
haine, les violences entre les membres des deux communautés, les guerres
entre les milices elles-mêmes, et entre les milices et l'armée
régulière, les stéréotypes développés
de part et d'autres, l'absence des mariages interethniques, etc. ;
Sur le plan environnemental, l'on constate la destruction et
les incendies provoquées des villages entiers, la destruction des forets
et l'exploitation irrationnelle de leurs ressources, etc. ;
Sur le plan économique, l'on retient les pillages des
villages, la perception des taxes illégales, la destruction des champs,
de bétail quasiment rasié, etc. ;
Sur le plan humanitaire, on note les déplacements des
populations causant des sérieux problèmes de santé suite
au manque des structures sanitaires dans le milieu d'arrivé, les tueries
et les massacres de la population civile, la violation des droits de l'homme,
etc.
Dans son rapport du 10 août 2020, le Bureau Conjoint des
Nations Unies aux Droits de l'Homme en RDC, revenant sur les
conséquences de ces conflits, « documente la destruction d'au moins
95 villages, 128 décès dû à des exécutions
sommaires et extrajudiciaires, 47 victimes de violences sexuelles, et le
pillage et l'abatage des milliers de têtes de bétail. Cette
violence a conduit à une situation humanitaire désastreuse, avec
plus de 110000 personnes déplacées.»74
74 Judith Verweijen : « Pourquoi la
violence dans les hauts plateaux du Sud-Kivu n'est pas « ethnique »
(et autres idées reçues sur la crise) » Kivu Security
Tracker, 2020 Disponible en ligne
sur
https://blog.kivusecurity.org/fr/pourquoi-la-violence-dans-les-hauts-plateaux-du-sud-kivu-nest-pas-ethnique-et-autres-idees-recues-sur-la-crise/
42
Tableau n°3: Conception des enquêtés
sur les conséquences/manifestations des conflits intercommunautaires
à Fizi.
Paramètres Effectif Pourcentage
Violences intercommunautaire 46 57.5
Guerres entre milices 25 31.25
Pillages et incendies 9 11.25
Autre 0 0
Total 80 100
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : Il ressort de ce tableau que la
majorité de nos enquêtés soit 57% notent que ces conflits
se manifestent principalement sous forme de violences réciproques entre
les deux communautés, 31.25% pensent par contre qu'ils se manifestent
sous forme des guerres entre les milices, et les 11.25% restants pensent quant
à eux qu'ils se manifestent sous forme de pillages et incendies.
I.3. Acteurs indirects dans les conflits
intercommunautaires à Fizi
Plusieurs types d'acteurs apparaissent indirectement dans
l'alimentation des conflits intercommunautaires entre les Babembe et les
Banyamulenge à Fizi. Parmi ces acteurs invisibles dans ces conflits, on
peut identifier sur base des résultats d'entretiens organisés
avec les acteurs de ces communautés, les membres du Barza
intercommunautaire et du Bureau de coordination de la Société
Civile : les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces
communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des
pays voisins, la diaspora,... qui dans l'ombre participent indirectement et
d'une manière invisible au financement des groupes armés de leurs
communautés respectives, à la mobilisation au tour de
l'identité et de l'autodéfense pour convaincre les jeunes
à rejoindre leurs groupes armés en leurs fournissant des moyens
matériels important ; il y a aussi dans cette catégorie les
militaires hauts-gradés de l'armée nationale congolaise membres
de ces communautés, qui apportent un soutien stratégique
important aux groupes armés de leur obédience identitaire ;
etc.
75 Conseil pour la Paix et la
Réconciliation, « Les mutuelles tribales et la construction de
la paix à Bukavu», 2016, p36
43
Tableau n°4 : Conception des
enquêtés sur les acteurs invisibles ou indirects dans la dynamique
des conflits intercommunautaires à Fizi.
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Leaders religieux
|
2
|
2.5
|
Diaspora
|
3
|
3.75
|
Leaders politiques
|
48
|
60
|
Leaders coutumiers
|
27
|
33.75
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : Il ressort de ce tableau que
60% des enquêtés pensent que les leaders politiques sont les
acteurs indirects principaux participant à l'alimentation des conflits
entre les Babembe et les Banyamulenge d'une manière non directive.
Section II. ROLE DE LA BARZA INTERCOMMUNAUTAIRE DU
SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS INTERCOMMUNAUTAIRES
Dans cette section, nous allons analyser les trois niveaux de
l'approche de transformation des conflits utilisée par le barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, en suite nous allons voir les stratégies
d'intervention qu'utilise le Barza intercommunautaire dans la transformation
des conflits, et en fin nous allons analyser les rôles que joue le barza
intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires.
II.1. Approche de transformation des conflits du Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu
Le barza intercommunautaire du Sud-Kivu est une structure
intercommunautaire de la province du Sud-Kivu regroupant en son sein les
représentants des mutualités tribales non seulement de la
province du Sud-Kivu, mais aussi ceux des mutualités des ressortissants
d'autres provinces de la RDC. Au départ COMUSKI75
(Coordination des Mutuelles du Sud-Kivu), cette structure avait comme objectif
de paix, celui de régler les différends entre les membres des
différentes communautés ou mutualités conformément
à la coutume.
44
Actuellement la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu est
composée de plus de 26 associations tribalo-ethniques vivant au
Sud-Kivu, elle est dirigée par un comité de coordination
composé d'un président-coordinateur, de trois vices
présidents-coordinateurs, de trois secrétaires, de deux
trésoriers, de trois commissaires aux comptes et de plusieurs
conseillers.
A en croire le représentant de la communauté
Banyamulenge dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu, « Le barza a
pour mission, le rassemblement des représentants des mutuelles, en vue
de rapprocher les communautés les unes des autres, en vue d'intervenir
ensemble en cas de contentieux pour essayer de transformer les conflits qu'ils
soient intra ou intercommunautaire ».76 Il ressort clairement
de cette définition de la composition, des missions et objectifs de
cette structure que la Barza intercommunautaire est un acteur approprié,
habileté à transformer et à gérer les conflits
entre les différentes communautés vu sa composition et son
contexte de création qu'est le constat de la résurgence des
conflits entre les communautés tribales du Sud-Kivu ; d'où
l'importance d'analyser les approches qu'elle utilise dans la transformation
des conflits au Sud-Kivu.
En ce qui concerne l'approche utilisée par la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires, « il convient de souligner que les conflits
intercommunautaires dans la province du Sud-Kivu ont leurs champs dans les
territoires et tirent souvent leurs sources ou sont amplifiés par
d'autres acteurs au niveau provincial, national, régional et même
international par la diaspora.».77De ce fait, le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu développe une approche de transformation
des conflits à trois principaux niveaux d'intervention :
a. Le Niveau local ou territorial (CCI)
Au niveau local, de base ou territorial, le barza
intercommunautaire du Sud-Kivu travail avec des structures locales de base
appelées des Cadres de Concertation Intercommunautaires (CCI). Ces
structures regroupent des représentants des communautés
tribalo-ethniques au niveau des territoires sous la même configuration du
Barza intercommunautaire provincial dans le but de prévenir, de
résoudre et de transformer les conflits intra et intercommunautaires
identifiés localement, grâce aux différentes
activités qu'ils organisent comme les dialogues intercommunautaires, les
médiations, les réconciliations, les sensibilisations, etc.
76 Propos du représentant de la
mutualité banyamulenge dans le barza intercommunautaire du Sud-Kivu,
recueillis dans un entretien organisé à Bukavu le 13/11/202
à 12h°°
77 Entretien avec le président du Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu, organisé à Bukavu le 18/11/2020
de 11h 12' à 12h 5'
45
Au cas où il y a un problème qui essaie de
dégénérer au niveau local, les membres des CCI peuvent
faire appel au Barza provincial, qui avec leur association, effectue une
mission au niveau local qui peut être selon le cas de médiation,
de sensibilisation ou de dialogue.78
b. Le Niveau Provincial (Barza Intercommunautaire du
Sud-Kivu)
A ce niveau, en cas de manifestation ou d'information sur une
situation de conflit qui essaie d'embraser une ou plusieurs communautés
originaire(s) ou non de la province du Sud-Kivu, le barza intervient et joue le
pont pour essayer de réconcilier les ou la communauté(s) en
conflit. Ici le barza intervient principalement en interpellant les leaders
communautaires politiques, religieux, etc., il analyse la question avec les
représentants des mutualités des toutes les communautés,
convoque les assises, examine la question, écoute les parties en
conflit, propose des solutions à présenter aux communautés
dans la neutralité et signe les accords.
c. Le Niveau National (Barza Intercommunautaire
National)
Au niveau national intervient le Barza intercommunautaire
national, qui regroupe les représentants des mutualités et des
communautés de chaque province du pays et parfois les
représentants des barza intercommunautaires provinciaux. Il a les
mêmes responsabilités que les barza provinciaux, mais ce pendant
au niveau national où il participe activement aux différents
processus de recherche de la paix, de la cohésion sociale entre les
communautés et les leaders communautaires au niveau national ; de la
prévention, de la résolution et la transformation des conflits
intercommunautaires.
II.2. Stratégies d'intervention
Dans l'exercice de sa mission et la poursuite de ses
objectifs, le barza intercommunautaire du Sud-Kivu a adopté une
stratégie d'intervention complexe dans la réalisation de ses
activités.
Parmi ses stratégies, il y a d'abord la sensibilisation
que le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu oriente vers les autorités
politiques, administratives et coutumières au niveau local et
provincial, dans le but de prévenir les conflits et les violences
communautaires, et surtout à caractère tribal et ethnique, et
ainsi faire participer toutes les couches de la population à la gestion
de la province.79
Ainsi fait, cette stratégie contribue à
l'apaisement des tensions et à susciter la cohabitation pacifique entre
les différentes communautés représentées à
tous les niveaux de prise des décisions.
78 Entretien avec le représentant de la
mutualité de Babembe dans le Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
79 COPARE « Les mutuelles tribales et la
construction de la paix à Bukavu », 2006, p40
46
Une autre stratégie d'intervention qu'utilise le Barza
intercommunautaire en vue de la promotion du vivre ensemble et de la paix
intercommunautaire, c'est l'organisation des dialogues intercommunautaires,
autour desquels les communautés en conflit sont invitées a
exposer leurs problèmes pour une résolution durable et amiable en
vue de maintenir la cohésion sociale.
La dernière stratégie d'intervention consiste
à utiliser les leaders communautaires qui collaborent avec la Barza pour
résoudre et transformer les conflits dans leurs communautés et si
ça dégénère, la Barza peut alors intervenir.
II.3. Rôle direct de la Barza intercommunautaire dans
la transformation des conflits
Dans la transformation des conflits intercommunautaires
à Fizi, la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu a eu, et continue
à jouer directement différents rôles, parmi ces rôles
on peut citer :80
a. Le rôle de lanceur d'alerte :
Ici, lorsqu'il reçoit une information sur un probable
cas de conflit en gestation, il tire la sonnette d'alarme auprès des
autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses
à tous les niveaux, des leaders communautaires, des acteurs intervenants
dans le cadre humanitaire et les services de sécurité pour
éviter que le conflit qui se trouvait à un niveau latent ne
puisse éclater.
b. Le rôle de conciliateur
Ici, la Barza intercommunautaire organise des missions de
conciliation dans les zones des communautés affectées par les
conflits, à travers une délégation composée des
membres représentants des différentes communautés et
surtout des communautés en conflit.
c. Le rôle de médiateur
Dans certains conflits intercommunautaires, la Barza joue le
rôle de médiateur pour amener les différentes parties au
conflit à promouvoir un échange constructif pour voir comment
résoudre les conflits qui opposent leurs communautés
respectives.
d. Le rôle dans la prévention des conflits
et de la résurgence des violences
80 Entretiens organisés avec trois membres du
barza intercommunautaire du Sud-Kivu à Bukavu
47
Tableau n°5 : Conception des
enquêtés sur le rôle joué par le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi.
Paramètres Effectif Pourcentage
Tiers 62 77.5
Observateur 18 22.5
Partie défenderesse 0 0
Autre 0 0
Total 80 100
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : A partir de ce tableau, nous
dégageons le constat suivant : la conception des membres de ces
communautés sur le rôle joué par le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, se présente de la manière
suivante d'après nos enquêtes : rôle de tiers
(médiateur, conciliateur, facilitateur, etc.) 77.5%, rôle
d'observateur 22.5%; et selon cette source, ce dernier ne joue que ces deux
rôles car les autres paramètres sont nullement cotés.
Section III. ROLE DU BUREAU DE COORDINATION DE LA
SOCIETE CIVILE DU SUD-KIVU DANS LA TRANSFORMATION DES CONFLITS
INTERCOMMUNAUTAIRES
Dans cette section nous allons beaucoup plus nous atteler
d'abord sur les stratégies et les approches que développent les
trois structures membres effectif du bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu oeuvrant dans le domaine de la paix et
de la transformation des conflits telles que citées par la
présidente du bureau de coordination dans un entretien organisé
à son bureau, en suite nous essaierons de voir quel rôle joue
réellement ou directement la société civile du Sud-Kivu
à travers son bureau de coordination dans la transformation de ces
conflits intercommunautaires à Fizi.
III.1. Approche de transformation des conflits et
stratégies d'intervention du Bureau Coordination de la
société civile du Sud-Kivu
La société civile du Sud-Kivu a vu le jour
à la veille de la Conférence Nationale Souveraine sous
l'initiative des ONGs déjà constituées dans un collectif
depuis 1989. Le Bureau de coordination de la société civile du
Sud-Kivu, est l'organe coordonnant les activités des
48
associations de la société civile du Sud-Kivu.
Il est élu par l'assemblée générale des
associations membres pour un mandat de trois ans, et a coordonné
à sa création plus de 200 associations, réparties en 8
composantes dont : La composante des confessions religieuses ; la composante
des associations à caractère économique ; les associations
savantes (groupes de pression, groupes de réflexion, associations de
défense des droits de l'homme, etc.) ; les corporations ; la composantes
des associations féminines, les syndicats ; la composante des
associations philanthropiques ; les associations culturelles.
A nos jours, le bureau de coordination de la
société civile compte 14 composantes et plusieurs groupes
thématiques.
La société civile du Sud-Kivu, étant une
structure regroupant plusieurs composantes (organisations) oeuvrant dans
différentes domaines de la vie socioéconomique et culturelle, ne
dispose pas au sein de son bureau de coordination d'une structure
spécialisée de gestion des conflits intercommunautaires ou
d'autres types des conflits, mais cependant dans l'exercice de sa mission, le
bureau de coordination agit indirectement à travers la composante des
ONGs oeuvrant dans le domaine de la paix et de la transformation des conflits
en accompagnant leurs actions dans le cadre de porter plus haut les
résolutions et résultats des actions de paix menées par
ces organisation en vue de leur exécution par les différents
acteurs à tous les niveaux, et dans ce sens il joue principalement le
rôle d'acteur de plaidoyer et de lobbying auprès des
différents acteurs.
A ce sujet, dans un entretien organisé avec la
présidente du Bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu sur le rôle de cette structure dans la transformation des
conflits intercommunautaire, elle souligne que : « la
société civile c'est l'ensemble des structures qui oeuvrent dans
différents domaines, qui est structurée au sein du bureau par des
composantes et des groupes thématiques, et de cela, lorsque nous avons
un problème qui porte sur les conflits, nous orientons le dossier aux
organisations qui travaillent dans la transformation des conflits. Et
actuellement nous en avons trois qui sont membres effectifs du bureau dont :
l'APC, le RIO et l'ADEPAE.»81. Il convient de retenir ici que
le Bureau de coordination joue rarement un rôle direct dans la
transformation des conflits.
Pour ce faire, le bureau de coordination dans sa composante de
paix et conflit, intervient dans ce domaine par l'entremise de trois
organisations membres qu'elle compte dans cette
81 Interview organisée avec la
présidente du bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu à Bukavu en 2020
49
composante, oeuvrant dans le groupe thématique traitant
des conflits et de la paix, que sont : ADEPAE, APC et RIO.
Ainsi donc, le bureau de coordination intervient de deux
manières dans la transformation des conflits à Fizi, il
intervient directement par lui-même à travers la coordination des
actions de ses membres, la représentation, les actions de lobbying et de
plaidoyer ; il intervient aussi indirectement à travers ses membres
(ADEPAE, APC et RIO).
Cela étant, comprendre l'approche utilisée par
le bureau de coordination de la société civile, revient à
comprendre également les approches de ces trois organisations dans la
transformation des conflits intercommunautaires à Fizi.
a. L'approche de l'ONG Action pour le
Développement et la Paix Endogène dans la transformation des
conflits.
L'ONG Action pour le Développement et la Paix
Endogène est une organisation non gouvernementale du droit congolais
située sur l'Avenue de la Montagne N° 28, Quartier Nyalukemba,
Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a
été créée en 1997 en réaction au climat de
méfiance et de suspicion entre les communautés tribales au
Sud-Kivu, en RDC, et en particulier dans la ville de Bukavu.82 C'est
une structure affiliée régulièrement au Bureau de
coordination de la Société Civile du Sud-Kivu et a pour mission
d'accompagner la population dans la transformation positive des conflits et la
promotion de la bonne gouvernance en vue de contribuer à la construction
d'une paix durable à l'Est de la RDC. Dans l'exercice de cette mission
l'ADEPAE poursuit l'idéal de voir la communauté congolaise vivre
en harmonie et dans une cohésion parfaite où les droits et
devoirs des citoyens sont respectés.
Dans le cadre de la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, ADEPAE intervient à travers ses
différentes structures communautaires se trouvant dans
différentes zones dans la province du Sud-Kivu, notamment, dans les
territoires de Kalehe, d'Uvira, de Fizi et dans la ville de Bukavu ; ces
structures sont entre autres : Les Cadres de Concertation Intercommunautaires
(CCI), implantées dans les territoires d'Uvira et de Fizi, à
travers lesquelles elle s'investi beaucoup avec d'autres organisations dans la
transformation des conflits par des séances d'analyse du contexte, des
médiations, des ateliers de renforcement des capacités des
acteurs de ces structures, des dialogues intercommunautaires, etc., à
côté de ces CCI, ADEPAE utilise aussi des comités mixtes
des groupes des éleveurs et agriculteurs pour
82
https://www.peaceinsight.org/fr/conflicts/dr.congo/peacebuilding-organisations/adepae/
50
prévenir et transformer les conflits liés
à la transhumance, des comités de négociateurs, des
structures de femmes et des jeunes artisans de la paix.
En ce qui concerne leurs mise en oeuvre, il est important de
noter que ces structures sont issues des communautés et leurs membres
sont élus par les membres de la communauté, elles sont mises en
place en fonction de besoins manifestés par ces communautés.
Avec la participation de ces structures, ADEPAE utilise deux
stratégies dont : (i) la stratégie de recherche dans le but de
comprendre les enjeux et les intérêts des parties au tour des
conflits, de l'identité des acteurs, du point de vue des victimes sur
les mécanismes de résilience, etc. ; (ii) Après la
recherche, il passe à la validation des résultats et des
données à travers l'implication des victimes et des
représentants des parties en conflits, des politiques, des services de
sécurité et des parties influentes.83
b. Approche de l'ONG Action pour la Paix et la Concorde
dans la transformation des conflits.
L'Action pour la Paix et la Concorde est une organisation non
gouvernementale dont le bureau national est situé sur avenue Kibombo
N° 13, dans le Quartier Ndendere, Commune d'Ibanda, Ville de Bukavu,
Province du Sud-Kivu en RDC. Elle a vu le jour en 2009, dans un contexte social
et politique émaillé des conflits. Cette organisation est venue
d'une part pour renforcer et relayer les efforts déjà fournis et
/ou en cours par les autres acteurs dans la recherche de la paix, et d'autres
part, pour s'engager résolument dans la transformation positive des
conflits au sein des communautés vivant au Sud-Kivu, dans la simple
mission d'inciter et d'accompagner les acteurs dans la transformation positive
de leurs conflits.
Dans le cadre de la transformation des conflits, l'ONG APC
utilise une approche à deux niveaux d'intervention : (i) Au premier
niveau : l'APC utilise une approche d'intervention indirecte, sollicitant le
concours des actions mises en oeuvre par des structures communautaires
notamment : les Cadres de Dialogue et de Médiation(CDM) et les Noyaux
Jeunesse Tujenge Amani (NJTA) ; qui sont des structures regroupant les acteurs
au niveau local, ces acteurs sont issus des communautés vivant dans les
villages concernés, ces structures sont composées de toutes les
couches socio-économiques des différents villages où APC
intervient à savoir : les autorités coutumières, les
femmes, les jeunes, les enseignants, etc.
83 Kyalangalilwa Ngabile, Groupes armés,
mécanismes étatiques et non-étatiques dans la
constructions de la paix au Sud-Kivu, 2018, TFC Inédit, UCBukavu,
p36
51
Ces structures font partie intégrante d'une approche
d'intervention visant la résilience communautaire, conformément
à sa mission, celle d'accompagner les acteurs dans la résolution
de leurs conflits, et dans cet angle, APC intervient en assurant un
accompagnement technique, en assurant le renforcement des capacités et
en subvenant aux besoins d'opérationnalisation des aspects logistiques
en vue d'appuyer leurs activités quotidiennes de sensibilisation, de
médiation et de plaidoyer au niveau local.
Au second niveau : APC utilise une approche directe
d'intervention pour des questions qui touchent le niveau provincial, national
et même régional, pour des dialogues qui nécessitent une
forte intervention des autorités politiques au niveau provincial ou
national en les mettant toujours en interaction avec les acteurs du niveau
local.
Il convient de noter ici, qu'en ce qui concerne les conflits
intercommunautaires à Fizi, l'ONG APC intervient de moins à
moins, mais se concentre beaucoup plus sur la transformation de ces conflits
intercommunautaires dans la partie nord-est de la province, notamment dans les
territoires de Kabare, Kalehe et Shabunda.
c. Approches de l'ONG Réseau d'Innovation
Organisationnelle dans la transformation des conflits.
Le Réseau d'Innovation Organisationnelle est une
organisation non gouvernementale dont le siège social est situé
en République Démocratique du Congo, dans la Province du
Sud-Kivu, Ville de Bukavu, dans la Commune d'Ibanda, au quartier Nyalukemba,
Avenue de la montagne, au N°30. Il est un réseau des personnes et
d'organisations qui sont actives dans le développement de leurs
sociétés et de leurs organisations. RIO organise des
activités de différentes formes pour permettre aux leaders, aux
institutions ecclésiastiques et aux organisations de la
société civile de se connaître. Il poursuit l'objectif
d'appuyer et de conseiller un ensemble d'organisations pour qu'elles deviennent
plus pertinentes et plus performantes. Ainsi, dans le cadre de sa contribution
à la réalisation des objectifs de développement, le RIO
contribue au développement des compétences individuelles,
organisationnelles et à la construction de la paix principalement dans
la province du Sud-Kivu à travers les activités qu'il mène
sur le terrain.84
Dans le cadre de la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi, RIO intervient sous une approche à la
fois directe et indirecte, à travers les Cadres de Concertation
84
www.peaceworkafrica.net/reseau-dinnovatio-organisationnellerio/
des organisations des différentes composantes et groupes
thématiques du bureau de
52
Intercommunautaire et d'autres structures communautaires de
transformation des conflits à la base, tout comme le Barza
Intercommunautaire et l'ADEPAE à travers les CCI.
Ainsi donc, dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi entre la communauté des Babembe et
celle des Banyamulenge, le Réseau d'Innovations Organisationnelles
organise à travers ses structures pilote des séances de
médiation des conflits, des dialogues intercommunautaires, des
séances d'analyse du contexte pour identifier avec les leaders locaux
des communautés en conflit les problèmes qui fragilisent la paix
et la cohabitation sociale entre les communautés lorsque la situation
essaye de dégénérer, il organise également des
rencontres intercommunautaires qui ont même aboutit avec le concours de
l'ADEPAE et d'autres structures à la création des CCI et des
Comités des Négociateurs ; au-delà de ces
activités, il organise aussi des ateliers de réflexion et de
renforcement des capacités des acteurs oeuvrant dans ces structures.
III.2. Rôle direct du Bureau Coordination de la
société civile du Sud-Kivu dans la transformation des
conflits
En ce qui concerne le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu, il convient de noter que celle-ci
joue directement quatre principaux rôles en ce qui concerne la
transformation des conflits :
V' Le plaidoyer
A travers ce rôle, le bureau de coordination de la
société civile, analyse ensemble avec ses organisations
partenaires ou membres les résultats de leurs actions, notamment en ce
qui concerne la gestion et la transformations des conflits dans
différentes zones d'intervention de ces dernières dans la
province, et après cette analyse ils ciblent ensemble les acteurs
à différents niveaux auprès de qui orienter le plaidoyer
en fonction du degré d'implication que peut avoir cet acteur dans la
prise de décision.
V' Le lobbying
A travers cette attribution, le bureau de coordination de la
société civile, engage des activités consistant à
faire pression aux différents décideurs politiques à fin
d'influencer les décisions que le bureau de coordination estime avoir un
impact négatif sur la population ou la gestion de la chose publique.
V' La coordination
Ici le bureau de coordination de la société civile
du Sud-Kivu essaie de rassembler les efforts
53
coordination de la société civile du Sud-Kivu
pour voir comment ces efforts, une fois réunis peuvent participer
à l'émergence et au développement des actions de ces
dernières sur la vie des citoyens.
? La représentation
Ici le bureau de coordination de la société
civile du Sud-Kivu représente les citoyens démunis et ses
organisations membres dans les assises de différentes formes
organisées au niveau local, provincial, national et parfois
régional pour porter haut la voix et les désirs de la population.
Ainsi note à ce sujet, la présidente du bureau de coordination de
la société civile du Sud-Kivu : « Dans le cadre des conflits
et de la paix, le bureau de coordination de la société civile du
Sud-Kivu a eu à participer à plusieurs assises, à
plusieurs dialogues, concertations, etc. dont les résultats ont
été bénéfiques pour les citoyens et ont permis le
retour progressif de la paix sans la violence »85affirme la
présidente du bureau de coordination dans un entretien organisé
à son bureau dans le cadre de cette recherche.
A côté de ce rôle, il convient de noter
aussi que le bureau de coordination de la société civile du
Sud-Kivu a joué un rôle important lors de la Conférence
Nationale Souveraine, où il a eu a participé pour défendre
la cause de la population ; et a participé également comme
observateur à plusieurs processus de paix organisés par les ONGs
Nationales comme internationales, par le gouvernement tant au niveau national
que provincial, et a participé aussi en tant que tierce partie
directement dans le pré-dialogue organisé le 4 juin 2018, en
collaboration avec le Barza intercommunautaire sous l'appui de la MONUSCO,
entre les leaders de Fizi à Bukavu86
Tableau n°6 : Conception des
enquêtés sur le rôle du Bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits
intercommunautaire à Fizi.
Paramètres Effectif Pourcentage
Tiers 47 58.75
Observateur 30 37.5
Partie défenderesse 3 3.75
Autre 0 0
Total 80 100
85 Entretien avec la présidente du bureau de
coordination de la société civile du Sud-Kivu,
réalisé à Bukavu le 18/11/2020 à 15h 20'
86
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-prochain/
54
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : A partir de ce tableau, nous
dégageons le constat que la conception des membres de ces
communautés sur le rôle joué par la Société
Civile dans la transformation des conflits intercommunautaires à Fizi,
se présente de la manière suivante d'après nos
enquêtes : 58.75% des enquêtés estiment que le bureau de
coordination joue le rôle de tiers (médiateur, conciliateur,
facilitateur, etc.); pat contre 37.5% d'entre eux estiment que ce dernier joue
le rôle d'observateur et contre 3.75% qui montrent qu'il joue le
rôle de partie pour défendre les causes de la population.
Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES
CONFLITS AU SUD-KIVU
Plusieurs facteurs ont limité les différentes
approches de transformation des conflits développées dans le
cadre de la construction de la paix en RDC et dans la province du Sud-Kivu en
général, et plus particulièrement dans le territoire de
Fizi. Parmi ces facteurs, on peut citer d'après nos sources de terrain
dans l'optique de ce travail :
a. Le manque de la coordination
»88
Les approches de construction de la paix
développées dans la province du Sud-Kivu par différents
acteurs (ONGs locales, nationales et internationales ; Société
Civile ; Barza Intercommunautaire et les structures Etatiques), souffrent d'un
manque d'une structure de coordination des efforts développées. A
ce titre, dans une interview organisée dans le cadre de cette recherche,
un membre représentant la communauté Babembe dans le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu note : « la principale limite à
l'endroit de ces approches est le manque d'une coordination de toutes ces
structures pour canaliser et orienter les actions de ces dernières dans
la recherche de la paix,...»87, cela a conduit à une
multiplication des actions avec les mêmes objectifs, les mêmes
missions, implémentées dans les mêmes zones d'action, avec
les mêmes résultats au préalable mais à zéro
impact sur le terrain. C'est dans cet angle qu'un représentant de la
communauté Banyamulenge note aussi que, «..., malgré
l'accroissement en nombre des organisations qui implémentent les projets
de conflits dans cette zone, il n'y a pas d'impact sur le terrain,...
b. Les limites liées aux moyens
financiers
87 Entretien avec un membre de la communauté
Bembe organisé à Bukavu
88 Entretien avec un membre de la communauté
Banyamulenge
55
Les moyens financiers constituent, ici un blocage à
plusieurs initiatives et approches développées par les acteurs
dans le but de transformer les conflits intercommunautaires, qui sont
obligés de recourir aux acteurs étrangers pour trouver des moyens
à fin de mettre en oeuvre leurs solutions, cela les conduit à une
dépendance face à ces bailleurs et à
l'implémentation des solutions préconçues et
inadaptées aux problèmes locaux.
c. L'insécurité
Cet élément constitue l'un de facteurs
principaux d'âpres nos investigations de terrain, car selon la
majorité des interviewés, la zone de Fizi parait être l'une
des zones les plus insécurisées de la province, les agents et
acteurs humanitaires, et de développement, ont du mal a orienté
leurs actions dans ce contrait, étant donné que le personnel et
le matériels mobiliers et immobiliers de ceux qui exercent
déjà leurs activités à Fizi font objet des attaques
ciblées, des enlèvement et d'autres actes de vandalisme. Ce qui
limite significativement les actions de ces organisations dans ce
territoire.
d. L'incohérence entre les problèmes
constatés sur terrain et les solutions proposées
Cet élément constitue également un
facteur très capital limitant les impacts des actions
développées par différents acteurs dans le cadre de la
transformation des conflits à Fizi.
Un membre de la communauté banyamulenge note quand
à ce que : « ces acteurs ne s'intéressent plus au
problème constaté, ni aux résultats mais plutôt
à la justification des fonds et la conformité de leurs actions
aux critères des pourvoyeurs des fonds et non aux problèmes de la
population.»89
Tableau n°7 : Conception des
enquêtés sur les limites des approches de transformation des
conflits au Sud-Kivu
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Manque de cohérence
|
30
|
37.5
|
Volonté d'appliquer les accords
|
22
|
27.5
|
Moyens financiers
|
10
|
12.5
|
Insécurité
|
18
|
22.5
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
89 Idem.
56
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : il se dégage de ce
tableau que la majorité des enquêtés soit 37.5% admettent
que le manque de cohérence entre les problèmes constatés
et les solutions proposées par les différents acteurs intervenant
dans la pacification de Fizi, en constitue la limite principale ;
associé au manque de volonté de la part des parties en conflit
d'appliquer les accords précédemment signés, soit 27.5%
d'enquêtés le relevant ; ensuite le facteur comme
l'insécurité dans la zone, constitue aussi une limite
considérable aux actions de ces acteur avec 22.5% ; et en fin l'on note
la limite financière avec 12.5%.
57
CHAPITRE IV. DISCUSSION DES RESULTATS
Section I. Facteurs des Conflits et acteurs
indirects
En ce qui concerne les facteurs des conflits
intercommunautaires entre les populations allochtones et les populations
autochtones à Fizi, il convient de noter que les études
précédentes consultées dans la partie théoriques de
ce travail, montrent complémentairement que les facteurs comme
l'identité, le pouvoir coutumier, la transhumance, la compétition
économique et foncière, l'implication sous régionale,
l'absence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de la zone, la gestion
des entités modernes, la course aux aides au développement, la
manipulation politique, la guerre civile rwandaise, les facteurs
idéologiques ; mis ensemble, constituent les facteurs principaux des
conflits intercommunautaires entre les banyamulenge et le Babembe à
Fizi.
Cependant, ces facteurs tels que mentionnés ci-haut, ne
sont pas exhaustifs, ni exclusifs dans la dynamique des conflits
intercommunautaires à Fizi, c'est dans cet aspect de non
exclusivité et de non exhaustivité des facteurs de conflits
à Fizi, que la présente recherche à travers ses
résultats de terrain est parvenu à identifier un autre type de
facteur dans la dynamique de ces conflits, et cela par rapport aux auteurs
exploités dans notre état de la question. Ce facteur est le non
acceptation ou l'inacceptation mutuelle entre les membres des deux
communautés en conflit à Fizi, ce facteur est intimement
lié au facteur identitaire et à beaucoup d'autres facteurs dans
la dynamique de ces conflits.
En ce qui concerne, les facteurs indirects des conflits
intercommunautaires à Fizi, que sont, au vu des résultats de la
section I.3 : les leaders politiques nationaux et provinciaux de ces
communautés, les autorités coutumières, les dirigeants des
pays voisins, la diaspora, certains militaires hauts-gradés des FARDC ;
ces résultats sont quelque peu semblables et complémentaires aux
résultats trouvés par Pool Institute, à la seule
différence que les nôtres ne prouvent pas une implication
suffisante des acteurs comme les leaders religieux, qui font beaucoup plus
parti d'après nos investigations des acteurs de paix.
Se basant sur les résultats de nos enquêtes sur
le terrain avec les membres de ces deux communautés, tels que
présentés ci-haut, notamment en ce qui concerne la conception de
la population sur le principal facteur de conflits intercommunautaires à
Fizi, l'on note à la différence d'(International Alert, 2010 ;
Life and peace Institute et al.,2011; Interpeace,2013 ; SFCG,2014 ; Muchukiwa
B.,20016 ; APARECO,2019 ; et Muchukiwa B. et Kasagwe M.,2019 qui montrent que
l'identité est le facteur principal alimentant les conflits
intercommunautaires à Fizi.) d'après les résultats de nos
enquêtes que l'inacceptation mutuelle
Cela se confirme aussi par les résultats de nos
enquêtes à la suite des quels 58.75% des enquêtés
montrent que la Société civile joue le rôle de tiers
(médiateur, conciliateurs, etc.), contre77.5 %
58
est le facteur principal de ces conflits avec un score de
27.5%, suivi de la transhumance avec 26.25%, en suite vient alors
l'identité avec 25%, et enfin le foncier ou la revendication
territoriale avec 21.25%.
Section II. Analyse comparative du rôle de la
société civile et de la Barza intercommunautaire dans la
transformation des conflits.
En se basant sur l'analyse des facteurs de ce que B. Muchukiwa
appel dans la théorie de la transformation des conflits de J-P. Lederach
: «potentiel constructif», qui est un levier sur lequel les
intervenants dans le domaine de la transformation des conflits doivent
s'appuyer dans leurs actions ; nous constatons que les approches
développées par la société civile du Sud-Kivu et la
Barza intercommunautaire, s'inscrivent bien dans cette logique en
développant des actions de dialogue, de plaidoyer, des approches
non-violentes, des unités de transformation, l'analyse de contexte,
l'analyse et la compréhension du conflit, la tolérance, le
pluralisme, la médiation et la création des nouvelles pistes de
base des modèles préexistants comme le veut la théorie de
la transformation des conflit.
En ce qui concerne le rôle de la société
civile dans la construction de la paix, nous avons trouvé qu'à un
certain égard, nos résultats dans ce sens sont un peu corollaire
à ceux de Christiane Kayser et Flaubert Djatan, 2018, montrant que dans
les situations de conflit, la société civile joue le rôle
de plaidoyer, ce qui fait parties aussi des rôles directs joué par
le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu tel
que démontré dans la présentation de nos
résultats.
Nos résultats sont aussi conformes à ceux
trouvés à l'issue du Colloque régional sur la paix (2007),
qui démontrent que dans la prévention des conflits la
société civile joue le rôle de veille et d'alerte (Ce qui
est conforme au rôle joué par le Barza), de bons offices et de
plaidoyer ( rôles joués à la fois par le Barza
intercommunautaire et le Bureau de coordination de la société
civile et les Trois ONGs avec lesquelles il collabore dans la transformation
des conflits) ; dans la résolution des conflits, il poursuit en disant
qu'elle joue le rôle de tiers (négociateur, dénonciateur et
réconciliateur) ce que font également nos deux institutions
d'application d'après les résultats tels que
présentés ci-haut ; et finalement dans le processus de
renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui à la
réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des
politiques de réconciliation, ce que font également directement
le barza intercommunautaire et indirectement la société civile
à travers APC, RIO et ADEPAE.
59
pour le Barza ; par contre 37.5 % de nos enquêtés
montrent que la société civile joue le rôle d'observateur
dans les conflits, contre 22.5% pour le Barza ; et enfin 3.75% des
enquêtés montrent que la société civile joue le
rôle de défense de la population, contre 0% pour le Barza, ce qui
ne contredit pas totalement les résultats du Colloque Régional
sur la Paix en Afrique Centrale de Kinshasa 2007.
II.1. Application de la pyramide de transformation des
conflits de Lederach à la lumières de l'approche de
transformation des conflits de la barza intercommunautaire
Niveau 2: Leadership moyen
Membres du barza provincial et leaders communautaires au
niveau provincial
- Missions de Médiation et de
réconciliation à la base
- Dialogues avec les leaders communautaires
Dialogues intercommunautaires à la base
Médiation des conflits et réconciliation Sensibilisations et
analyse du contexte Capacitation des acteurs des cci
Types d'acteurs
Niveau 1: Top leadership
Membres du Barza national et leaders au
niveau national
Approches pour la construction
Approches pour la construction
de a paix
de la paix
Dialogue national intercommunautaires
Négociations
Médiation
Niveau 3 : Local LS
Membres des CCI et leaders locaux
Affected
Figure 3 : Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche Barza Intercommunautaire
Source : Nos analyses
Commentaires : Dans cette figure nous
présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des
conflits tirée dans la théorie de la transformation des conflits
de John Paul Lederach où dans sa partie gauche nous reprenons les types
d'acteurs et les différents niveaux de leadership utilisés dans
la construction de la paix selon l'approche de transformation des conflits de
la Barza intercommunautaire ; à droite, nous reprenons les
différentes approches de consolidation de la paix utilisées
à chaque niveau de la pyramide, et en conclusion, nous voyons que, au
niveau 2, le leadership moyen joue un rôle important de pont entre le
haut niveau et le niveau local pour centraliser et légitimer les
résolutions prises à tous les niveaux dans le chef de la
population.
60
II.2. Application de la pyramide de transformation des
conflits de Lederach à la lumières de l'approche de
transformation des conflits de la société civile.
Types d'acteurs Approches pour la
construction
de la paix
Niveau 1: Top leadership
Membres de la société Civile au Niveau
national et les structures nationales membres de la sociv
- Plaidoyers
- Négociations et représentation -
Lobbying
Niveau 3 : Local LS
Membres des CCI, CDM et Représentants locaux de la
Société civile
Niveau 2: Leadership moyen
Membres du Bureau de coordination de la
Société civile et les représentants des ses Structures
membres
- Dialogues intercommunautaires à la
base
- Représentation au processus de paix - Lobbying
et plaidoyer au niveau provincial - Renforcement des capacités des
acteurs
Affected
-Dialogues intercommunautaires à la base
-Médiation des conflits et réconciliation
- Sensibilisations et analyse du contexte
- Capacitation acteurs sur la trans. des
cofl.
Figure 4 : Pyramide de transformation des conflits
appliquée à l'approche de la Société
Civile
Source : Nos analyses
Commentaire : Dans cette figure nous
présentons sur base d'une analyse de la pyramide de transformation des
conflits tirée de la théorie de transformation des conflits de
John Paul Lederach. Dans la partie gauche de la pyramide d'application nous
reprenons les types d'acteurs et les différents niveaux de leadership
utilisés dans la construction de la paix selon l'approche de
transformation des conflits du bureau de coordination de la
Société civile du Sud-Kivu comprenant au niveau le plus haut les
acteurs du cadre de concertation de la société civile au niveau
national et les représentants au niveau national des organisations
membres de la société civile, au niveau moyen nous trouvons les
acteurs du bureau de coordination provinciale de la société
civile et les ONGs membres et au niveau local nous trouvons les structures
communautaires ; à droite, nous reprenons les différentes
approches de consolidation de la paix utilisées à chaque niveau
de la pyramide ; et en conclusion, nous notons que, au niveau 2, le leadership
moyen joue un rôle important de pont entre le haut niveau et le niveau
local pour centraliser et légitimer les résolutions prises
à tous les niveaux dans le chef de la population.
61
CONCLUSION
Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le
sujet a porté sur « Le rôle de la Société
Civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des
conflits intercommunautaires : Cas des conflits entre les Babembe et les
Banyamulenge à Fizi». L'intérêt de ce travail a
été motivé par le souci de savoir comment se
déploient ces deux structures dans le territoire de Fizi à fin
d'apporter des solutions aux problèmes de cohabitation pacifique entre
ces deux communautés et d'identifier les différents acteurs qui
agissent dans l'ombre pour pérenniser ces conflits.
De ce fait, trois questions principales ont constitué
la problématique qui a soutenu l'analyse de ce travail dont :
y' Quels sont les acteurs indirects (invisibles) dans
l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi ?
y' Quel rôle joue le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu et la Barza
intercommunautaire dans la résolution des conflits
intercommunautaires à Fizi ? y' Aux quelles limites se sont
heurtées les stratégies (approches) de transformation des
conflits précédentes dans la mise en oeuvre et
le suivi de leurs solutions ?
En réponse à ces questions, trois hypothèses
ont été également émises.
Ainsi, parmi les acteurs indirects participant à
l'alimentation de ces conflits on trouverait : les politiciens, les leaders
religieux, les leaders de la diaspora, les dirigeants de pays voisins, les
officiers de la police et des forces armées de la RDC et des pays
voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.
Dans la résolution des conflits intercommunautaires au
Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du
Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles participent
comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre, etc.) elles
accompagnent les parties en toute neutralité a trouver des solutions
durables a leurs problèmes en vue de se réconcilier ; (ii)
lorsqu'elles y participent en tant parties prenantes au conflits, elles jouent
le rôle de la défense des intérêts communautaires ;
(iii) lorsqu'elles participent en tant que observateur et jouent un rôle
très passif se militants seulement à des propositions et
l'observation de la bonne marche du processus.
Les différentes approches de transformations et de
résolution des conflits développée comme réponse
aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées
à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la
volonté pour mettre en pratique les accords et
62
conventions signés, la manipulation des membres de la
communauté et des leaders communautaires de base par les acteurs
politiques nationaux et de la diaspora, les problèmes récurrents
d'insécurités perpétrés par les groupes
armés dont les intérêts sont menacés par le
rétablissement de la paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et
l'insuffisances des éléments de forces de sécurité,
le manque des moyens financiers pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.
Pour ce faire, un arsenal méthodologique mixte a
été mis en place développant une étude à la
fois descriptive et analytique, recourant à la méthode historique
et comparative, mobilisant les techniques d'entretien, d'enquête par
questionnaire et de l'analyse documentaire dans la collecte des données,
et celle de l'analyse du contenu dans le traitement des données
qualitatives et quantitatives recueillis.
Du point de vue théorique, ce travail a mobilisé
la théorie de la transformation des conflits de John Paul Lederach, et
est ainsi subdivisé en quatre chapitres mis à part sa partie
introductive et sa conclusion.
A l'issu de nos données recueillies sur terrain et de
nos analyses, il est ressorti que les acteurs indirects intervenants dans
l'alimentation de ces conflits sont entre autres : les leaders politiques, les
autorités coutumières, les leaders religieux, les dirigeants des
pays voisins, la diaspora et les militaires haut gradés des FARDC, avec
comme principal acteur les leaders politiques avec un score de 60% à
l'issue de nos enquêtes.
Ces résultats nous ont permis de confirmer notre
première hypothèse.
En ce qui concerne rôle joué par la
société civile et la barza intercommunautaire du Sud-Kivu, il
ressort de notre recherche que, à part ceux d'intervenir dans le
processus de transformation des conflits comme tiers (médiateur,
réconciliateur, négociateur, etc.), comme observateur et comme
partie défendant les causes de la population ; ces deux organisations
jouent d'autres rôles comme ceux de : lanceur d'alerte, de plaidoyer, de
lobbying, de représentation, etc., dans le processus de recherche de la
paix et de la transformation des conflits entre les Babembe et le Banyamulenge
à Fizi.
Cela permet de nuancer notre deuxième hypothèse.
Comme limite des approches des construction de la paix
développées dans le cadre des conflits entre les Babembe et le
Banyamulenge à Fizi, on s'est aperçu à l'issue de nos
investigations de terrain que les facteurs comme l'incohérence des
solutions proposées par ces acteurs aux problèmes réels
existants, le manque de moyen financier et de la volonté pour la
population
63
d'appliquer les accords de paix signés, avec le facteur
comme l'insécurité dans cette zone en constituent des
véritables obstacles.
Cela permet également de nuancer notre dernière
hypothèse.
Ainsi donc, le présent travail a comme limite le fait
de s'appliquer plus sur les originaires de Fizi habitant à Bukavu, ne
tenant pas ainsi compte de la conception des personnes qui vivent les conflits
; il traite également avec égard la question de l'implication de
certains acteurs : leaders religieux, coutumières et politiques dans le
processus de recherche de la paix ; et n'aborde pas avec précision le
bilan réel des approches de ces deux structures sur le terrain.
Comme apport, la présente étude s'inscrit dans
une multitude d'autres études de ce genre, à la seule
différence que cette dernière met l'accent sur le rôle du
Bureau de coordination de la société civile et de la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu comme acteurs directs dans la transformation des
conflits à Fizi. Un autre apport de taille par rapport aux
résultats trouvés par d'autres chercheurs, est celui d'identifier
un nouveau facteur dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et les
Babembe, qui est celui de l'inacceptation mutuelle.
En fin, nous n'estimons pas avoir épuisé toutes
les questions relatives à la présente problématique, c'est
ainsi que nous encourageons les futurs chercheurs à continuer leurs
études sur l'apport des leaders religieux comme acteurs du processus de
paix et de la transformation sociale de cette crise.
64
BIBLIOGRAPHIE
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66
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- Patrice K., « Le rôle des
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IV. Notes de Cours
- Zihalirwa A., cours de Questions
spéciales des techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu,
2018-2019
- Kiyala J-C., cours de
Sociétés pacifiques et systèmes de paix, L2 CM,
Ucbukavu, 2019-2020
V. Webographie
-
https://www.memoireonline.com
-
https://monusco.unmissions.org/la-monusco-facilite-la-cohabitation-pacifique-et-le-dialogue-social-entre-babembe-et-banyamulenge
-
https://lessentielrdc.info/sud-kivu-le-pre-dialogue-inter-communautaire-entre-les-leaders-de-fizi-fixe-au-03-juin-procain/
-
https://www.politico.cd/actualité/2019/06/25/sud-kivu-le-dialogue-intercommunautaire-pour-la-securite-et-la-paix-dans-les-hauts-plateaux-duvira-fizi-et-mwenga-a-ouvert-ses-portes-ce-mardi.html/44070/
ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN
Cher (e) Monsieur/ Madame
Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre
travail de mémoire portant sur « le rôle de la
société civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
la transformation des conflits intercommunautaires : cas du conflit entre les
Banyamulenge et les Babembe à Fizi » nous sollicitons
votre collaboration et votre participation pour cette étude qui vise
à mieux comprendre l'impact des actions de ces deux institutions dans
les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous vous promettons que vos
renseignements ne seront utilisés que pour des fins académiques
et nous garantissons votre anonymat et la confidentialité de vos
réponses. Veuillez donc répondre objectivement aux questions
ci-dessous.
I. Identité de l'Organisation
Organisation :
Adresse : Province :
Ville/Territoire :
Commune :
Nombre des représentants des communautés
Banyamulenge et Babembe dans
l'organisation : (a) communauté Babembe (b)
communauté Banyamulenge
II. Identité de
l'enquêté
Poste occupé dans l'organisation :
Communauté d'appartenance :
Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De
46 ans et plus
Sexe : (1) Masculin (2) Féminin
Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf
(ve)
Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3)
Grade (4) Licence (5) autre : à préciser
III. Questions d'entretien
N°
1
2
3
4
Questions Observation
Entretien avec un responsable (membre) du bureau de
coordination de la société civile
Généralités sur les conflits intercommunautaires à
Fizi
|
Parlez-nous des conflits entre la communauté Banyamulenge
et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs
|
|
Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation
sociale
|
|
Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?
|
|
Bureau de coordination de la société civile
et transformation des conflits
|
Parlez-nous de la société civile du Sud-Kivu, de
son bureau de coordination et leurs rôles dans la transformation des
conflits intercommunautaires
|
|
Quels sont les stratégies d'intervention du bureau de
coordination de la société civile dans la transformation des
conflits intercommunautaires à Fizi
|
|
Quelle approche utilise le bureau de coordination de la
société civile pour transformer les conflits
|
|
Quelle importance accordez-vous à l'implication des
leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des
solutions et leur mise en oeuvre
|
|
Limites des approches de résolution et de
transformation des conflits
|
Limites de l'approche de la société civile du
Sud-Kivu et de son bureau de coordination dans la transformation des
conflits
|
|
Limite des approches développées par d'autres
structures de la société civile (ONG), des approches
communautaires et Etatiques
|
|
Rôle du bureau de coordination de la
société civile dans la transformation des conflits à
Fizi
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe au processus (de
transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur,
conciliateur, arbitre)
|
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il participe comme partie au
conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)
|
|
Quel rôle joue-t-il lorsqu'il y participe comme
observateur
|
|
5
1
2
3
4
5
Parlez-nous des actions concrètes que le bureau de
coordination entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit ne
puisse dégénérer
|
|
Acteurs indirects de ces conflits
|
Parlez nous des acteurs indirects participant à
l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi
Entretien avec un responsable (membre) du bureau de la
barza intercommunautaire Généralités sur les conflits
à Fizi
|
Parlez nous des conflits entre la communauté Banyamulenge
et Babembe à Fizi et de ses principaux acteurs
|
|
Quels en sont les facteurs principaux (causes, sources)
|
|
Quelles conséquences ont ces conflits sur la cohabitation
sociale
|
|
Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?
|
|
La barza intercommunautaire du Sud-Kivu et la
transformation des conflits
|
Parlez-nous de la barza intercommunautaire du Sud-Kivu et son
rôle dans la transformation des conflits intercommunautaires
|
|
Quels sont les stratégies d'intervention de la barza
intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflits
intercommunautaires à Fizi
|
|
Quelle approche utilise la barza intercommunautaire du Sud-Kivu
pour transformer les conflits
|
|
Quelle importance accordez-vous à l'implication des
leaders locaux, provinciaux et nationaux dans l'élaboration des
solutions et leur mise en oeuvre
|
|
Limites des approches de résolution et de
transformation des conflits
|
Limites de l'approche de la Barza Intracommunautaire dans la
transformation des conflits
|
|
Limites des approches développées par d'autres
structures de la société civile (ONG), des approches
communautaires et Etatiques
|
|
Rôle de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
dans la transformation des conflits à Fizi
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle participe au processus
(de transformation des conflits) comme tierce partie (médiateur,
conciliateur, arbitre)
|
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'il participe comme partie au
conflit (plaidoyer, partie défenderesse ou plaignante)
|
|
Quel rôle joue-t-elle lorsqu'elle y participe comme
observateur
|
|
Parlez-nous des actions concrètes que la barza
intercommunautaire entrevoit mettre en place pour éviter que le conflit
ne puisse dégénérer
|
|
Acteurs indirects de ces conflits
|
Parlez-nous des acteurs indirects participant à
l'alimentation du conflit entre le Babembe et le Banyamulenge à Fizi
Entretien avec les leaders communautaires et d'opinion
membres de ces communautés Que pensez-vous du rôle du
bureau de coordination de la société civile et de la barza
intercommunautaire dans la transformation des conflits intercommunautaires
à Fizi
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Quels sont vos attentes vis-à-vis de l'implication de ces
deux organisations dans la crise intercommunautaire entre les Banyamulenge et
les Babembe à Fizi
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Quelles sont les limites des interventions et approches
précédentes dans la transformation des conflits à Fizi
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Quelles sont les opportunités à saisir en vue de
l'aboutissement d'un processus de transformation de cette crise par le bureau
de coordination de la société civile, la barza intercommunautaire
et d'autres acteurs intervenant dans ce secteur
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Quelle légitimité accordez-vous à
l'intervention de ces deux acteurs dans la transformation de ce conflit
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Qui sont, d'après votre analyse les acteurs indirects
participants à l'alimentation de ces conflits?
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QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
Cher (e) Monsieur/ Madame
Bonjour, dans le cadre de la réalisation de notre travail
de mémoire portant sur « le rôle de la
société
civile et de la Barza intercommunautaire du
Sud-Kivu dans la transformation des conflits intercommunautaires : cas du
conflit entre les Banyamulenge et les Babembe à Fizi »
nous sollicitons votre collaboration et votre participation pour cette
étude qui vise à mieux comprendre l'impact des actions de ces
deux institutions dans les conflits intercommunautaires à Fizi. Nous
vous promettons que vos renseignements ne seront utilisés que pour des
fins académiques et nous garantissons votre anonymat et la
confidentialité de vos réponses. Veuillez donc répondre
objectivement aux questions ci-dessous.
IV. Identité de
l'enquêté
Communauté d'appartenance : (1) Babembe (2) Banyamulenge
Age : (1) De 18 à 30 ans (2) De 31 à 45 ans (3) De 46 ans et plus
Sexe : (1) Masculin (2) Féminin
Etat civil :(1) Célibataire(2) Marié (3) Veuf
(ve)
Niveau d'étude : (1) Certificat (2) Diplôme (3)
Grade (4) Licence (5) autre : à préciser
Modalités de remplissage : veillez donc
cocher au stylo la case qui contient la réponse que vous estimez
convenir a la question.
V. QUESTIONS PROPREMENT DITES
1. Quel est selon vous le facteur (cause) principal des
conflits intercommunautaires entre les babembe et les banyamulenge à
Fizi :
L'identité
L'acceptation mutuelle
Le foncier
La transhumance
Autre, à préciser
2. Parmi les classes des acteurs ci-dessous, la quelle
constitue la principale classe des acteurs indirects (tireurs des ficelles)
dans les conflits entre les banyamulenge et babembe à Fizi :
Les leaders religieux des deux communautés
La diaspora
La classe politique (leaders politiques) Les leaders
coutumiers
Autre, à préciser
3. Sous quelle forme ces conflits se manifestent-t-ils ?
Violences intercommunautaires
Guerre entre milices
Pillages et incendies des villages
Autre, à préciser
4. Quelle est d'après vous la principale limite
des différentes approches développées
antérieurement par la société
civile et les ONG dans la transformation des conflits à
Fizi :
Le manque de cohérence entre les solutions
proposées et les réalités du terrain
Le manque de volonté des parties au conflit d'appliquer
les solutions proposées
Les moyens financiers limités
L'insécurité dans les zones d'intervention
Autre, à préciser
5. Etes- vous satisfait de la représentation de
votre communauté dans le bureau du Barza intercommunautaire du Sud-Kivu
?
Très satisfait satisfait Impeut satisfait pas
satisfait
6. Etes- vous satisfait de la représentation de
votre communauté dans le bureau de bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu ?
Très satisfait Satisfait Impeut satisfait pas
satisfait
7. Pensez-vous que ces deux institutions sont
légitimes dans le chef de membres de votre communauté pour
gérer les conflits intercommunautaires impliquant la votre
8. Quel rôle joue le barza intercommunautaire
actuellement dans la transformation des conflits intercommunautaire à
Fizi ?
Partie tiers (médiateur, Conciliateur) Partie au
conflit
Observateur Autre à préciser
9. Quel rôle joue le bureau de coordination de la
société civile actuellement dans la transformation des conflits
intercommunautaire à Fizi ?
Partie tiers (médiateur, Conciliateur) Partie au
conflit
Observateur Autre à préciser
CARTES GEOGRAPHIQUES
Carte géographique de la province du Sud-Kivu et
ses territoires
Source :
www.congo-autrement.com
Carte géographique de la province du
Nord-KivuCarte géographique du territoire deFizi
Source :
fizi-itombwe.org
Figure 6 : Carte géographique du territoire de
Fizi
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