CONCLUSION GENERALE
Les activités agricoles restent tributaires des
aléas climatiques au Burkina Faso. Malgré le développement
des aménagements hydro-agricoles et de la culture irriguée ces
dernières années, leurs impacts dans la vie des populations est
sujet à discussion. Cela n'empêche pas l'engouement des
populations rurales sur les périmètres aménagés
considérés comme un facteur de réduction de la
pauvreté en milieu rural.
L'objectif principal de notre étude intitulée
« L'impact socio-économique de l'aménagement hydro-agricole:
le barrage de la Tapoa» était d'analyser les incidences
économiques et les transformations sociales liées à la
réalisation du barrage. Pour atteindre cet objectif principal la
méthodologie adoptée a consisté en la réalisation
d'enquête par questionnaire et guides d'entretien ainsi qu'à des
observations sur le terrain.
La présence de l'aménagement a
généré de nouvelles activités jusque-là
mises au second plan. Elles sont exercées par les exploitants et la
population. L'exercice de ces activités est bénéfique pour
les cultures pratiquées hors du périmètre et assure des
revenus aux différents acteurs. Cela confirme donc la
première hypothèse selon laquelle le barrage de la Tapoa
a créé de nouvelles activités économiques qui
génèrent des revenus aux exploitants et soutiennent leurs
cultures pluviales.
Les revenus acquis par les populations sont
réalisés pendant la vente des spéculations sur le
marché. Ils occasionnent de nouvelles habitudes de consommation,
diversifient l'alimentation des populations (légumes, fruits,
alimentaires, poisson, etc.) et instaurent des modes de vie dans la zone. Le
niveau de vie des exploitants a connu une amélioration et
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profite à l'essor de l'économie locale. Les
localités rurales connaissent un désenclavement et un afflux de
produits manufacturés. Les revenus apportent également une
assistance à la modernisation de l'agriculture et l'élevage. Les
intrants, les boeufs et des ânes de labours pendant l'hivernage, les
charrues sont acquis par les populations grâce aux revenus financiers
issus des cultures irriguées. La deuxième
hypothèse qui stipule que l'aménagement du site de la
Tapoa a entrainé un bouleversement des structures sociales
traditionnelles et accru la pression humaine sur les terres est
vérifiée.
L'arrivée des migrants, les nouvelles formes
d'accès à la terre sur les terres aménagées et
l'essor de l'esprit du profit individuel sur le site ont bouleversé les
structures sociales traditionnelles. La présence du barrage a affaibli
le pouvoir traditionnel en donnant une autorité au pouvoir financier des
individus et des groupes d'individus. En plus, les valeurs sociales telles que
l'entraide, le respect de l'autorité traditionnelle et des personnes
âgées s'affaiblissent de plus en plus dans le milieu. Au niveau de
la cellule familiale, le droit d'aînesse est menacé par
l'influence des idées des membres financièrement nantis.
L'essor des cultures irriguées de contre saison a accru
la ration des exploitants en leur donnant des possibilités de varier les
denrées alimentaires. Les revenus des exploitants leur permettent de
prendre en charge les besoins de santé, d'éducation de leurs
ménages.
La troisième hypothèse qui
postule que les exploitants sont confrontés à un problème
d'eau qui réduit significativement la productivité sur le
périmètre de la Tapoa est également confirmée. La
gestion et la maitrise totale de l'eau sur le périmètre
irrigué demeure une inquiétude majeure pour les exploitants.
L'insuffisance d'eau sur les parcelles, particulièrement dans les blocs
supérieurs, affecte sérieusement les cultures. Elle a
entrainé des abandons de parcelles et une pression foncière sur
les parcelles bien approvisionnées en eau. La réhabilitation de
la retenue d'eau se présente comme incontournable pour résoudre
le problème du périmètre. Les contraintes de production
créées sur le périmètre irrigué sont
au-delà du manque d'eau. Des inondations répétées
ont également rythmé l'histoire du périmètre
irrigué et continuent de porter un coup aux cultures. A chaque saison de
pluies, les périodes de fortes pluviométries sont marquées
par des débordements des eaux du cours d'eau sur les parcelles en aval
du barrage, causant des dégâts énormes sur les cultures. De
toutes les façons, il y a lieux de dire que le périmètre
n'échappe pas aux problèmes liés à l'eau et cela
réduit la productivité.
Au vu des opportunités de développement
économique qu'offre l'aménagement hydro-agricole et des
contraintes qui limitent son impact réel, faut-il s'attendre
nécessairement à une
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action particulière de la part de l'Etat pour
dépasser ces contraintes? L'implication réelle des élus
locaux, dans ce contexte de communalisation doit prendre le dessus pour
l'intérêt des paysans.
DAHANI (D.), 2011,
Décentralisation et mobilisation des ressources hydrauliques
à Diapaga province de la Tapoa, Mémoire de Maitrise,
Université de Ouagadougou, 110 pages.
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