3. ORGANISATION DES PRODUCTEURS ET L'INVESTISSEMENT DANS LA
PRODUCTION
L'organisation des producteurs du périmètre date
des premières heures de l'aménagement. Elle a connu une
évolution au cours du temps et s'est inscrite dans une perspective de
perfectionnement.
3.1. Evolution du groupement des exploitants
Dans le souci d'assurer une bonne gestion du
périmètre irrigué, un groupement a été mis
en place après l'aménagement du périmètre de la
Tapoa. Le bureau comportait trois postes dont un président, un
secrétaire et son adjoint et deux conseillers leaders issus du village
de Tapoa Gourma. Un poste de trésorerie fut créé par la
suite en lieu et place de celui de Conseiller. Pour constituer le futur fond du
groupement, une contribution de 500f/an était demandée à
chaque exploitant. Parallèlement, la gestion de l'eau sur le
périmètre constituait une préoccupation pour le
groupement. D'où la mise en place d'un comité regroupant des
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responsables d'exploitants au sein du groupement,
chargé de la gestion du périmètre aménagé.
C'est donc les insuffisances cumulées depuis la mise en place du
groupement qui ont guidé la création du comité.
? Le comité des exploitants
Il est formé essentiellement d'exploitants
installés dans la zone aménagée. Il est dirigé par
des responsables dont un Président, un Secrétaire et un
Trésorier, soutenu par 4 chefs de blocs27 et leurs adjoints.
Au total 13 personnes sont responsabilisées pour conduire et guider les
exploitants membres et assurer la quiétude sur le
périmètre.
Au début de chaque campagne, des séances de
nettoyage des caniveaux sont organisées sous la direction des
responsables de blocs qui sont les représentants du bureau du
comité au sein des blocs. Ces travaux se poursuivent durant toute la
campagne sèche et ont lieu généralement les jeudis. Une
pénalité de 1000 FCFA est instaurée pour les absences sans
motifs valables. En plus, une redevance en eau de 500 FCFA est demandée
à chaque exploitant et par campagne, mais ceux qui payent sont
très peu nombreux. Le comité est chargé également
de gérer les conflits sur le périmètre, de convoquer les
rencontres d'échanges entre exploitants. Mais, la mobilisation des
exploitants reste difficile tant que les agents d'agriculture ne sont pas
impliqués. Mis à part les responsables, les membres du
comité ne sont pas très engagés pour les activités
d'intérêts communs.
3.2. Les efforts d'acquisition des parcelles sur le
périmètre
Les demandeurs utilisent des procédures diverses pour
l'acquisition des parcelles sur le périmètre. Certains
exploitants qui avaient bénéficié des parcelles les ont
cédées à des proches (1,16% des exploitants soumis
à notre enquête).
L'option la plus utilisée par les exploitants est le
prêt. Le nouvel arrivant est dirigé vers les responsables du
comité d'irrigants. Ces derniers le confient aux responsables de blocs
qui contactent les membres de leurs blocs afin de lui trouver une parcelle non
exploitée. Une fois la parcelle trouvée, il doit accepter faire
partie du comité d'irrigants en payant une somme de 2000 FCFA et
s'engager à participer aux différents travaux d'entretiens du
périmètre. Ils représentent 29,07% des exploitants qui ont
obtenu leurs parcelles par ce procédé. D'autres
27 Les chefs de blocs sont des personnes
désignées pour représenter les exploitants de chaque bloc
que constitue le périmètre aménagé
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paysans (60,47%) adoptent une option plus stratégique
qui est semblable à la précédente, mais qui leur donne
plus de chance. Ils passent directement par des personnes influentes sur le
périmètre pour négocier avec les propriétaires des
parcelles. Ce n'est qu'après ces clauses qu'ils se rendent vers les
responsables du comité pour leur tenir au courant afin qu'il prenne acte
de la situation.
A notre connaissance, la vente de parcelles n'existe pas
encore sur le périmètre irrigué de la Tapoa, mais ceux qui
les prêtent affirment que des actes d'allégeance sont par moment
accordés aux propriétaires.
L'acquisition des parcelles sur le périmètre ne
suit pas une procédure clairement prédéfinie. Chaque
prétendant opte pour la voie qui lui semble avantageuse. Ce qui est
fondamental ici c'est que le paysan qui a le désir d'obtenir une
parcelle doit se montrer dévouer et engager. En outre, des
inégalités sont aussi constatées dans l'accès aux
parcelles car les affinités surplombent souvent le rôle des
responsables du comité d'irrigants. On retrouve certains exploitants
dont les parcelles triplent celles des pairs qui se contentent d'exploiter des
parcelles où l'eau a de la peine à parvenir. Ils sont 34,88% des
exploitants enquêtés qui se disent être
marginalisés.
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