I.2.3.3. Maîtrise des eaux de ruissellement
La maîtrise des eaux de ruissellement à l'amont
des villes est une autre technique à faible coût et aux usages
multiples utilisée dans certaines villes africaines comme à
Dogondoutchi au Niger qui est une ville de 60 000 habitants située
à 300 km à l'est de Niamey. L'ONG nigérienne RAIL-Niger a
pu diminuer considérablement les problèmes d'eau stagnante en
construisant des systèmes de rétention et d'infiltration sur les
terrains en amont de la ville, à savoir des digues filtrantes et des
terrasses en demi-lunes (rétention collinaire). En plus de
réduire de manière notable le ruissellement de l'eau dans la
ville, ces techniques ont également permis la récupération
de terres cultivables, la reforestation de zones désertiques et la
réduction de l'ensablement d'un étang utilisé pour
l'aquaculture et de l'irrigation (RAIL-Niger, 2009). Outre la diminution
considérable des volumes d'eau à évacuer, elle permet de
dynamiser l'économie locale en favorisant l'agriculture, l'aquaculture
et le reboisement.
On constate à travers ces exemples que les eaux
usées sont progressivement perçues comme une ressource plus que
comme une contrainte, notamment au travers du développement de
techniques alternatives qu'il s'agit de stimuler et de documenter afin de
permettre une réplication des expériences et une diffusion des
leçons apprises.
I.2.3.4. La nécessaire collecte
séparée des eaux pluviales
Les eaux de pluie qui ruissellent sur les surfaces
imperméables (toitures, revêtements imperméables, routes et
parkings, etc.) ne sont pas considérées comme des eaux
usées. Néanmoins, historiquement, les eaux de pluie
étaient collectées avec les réseaux de
tout-à-l'égout. Cette méthode pose toutefois des
difficultés lors des épisodes pluvieux intenses, comme les orages
: la quantité d'eau (mélange d'eaux pluviales et d'eaux
usées) qui arrive à la station peut largement dépasser ses
capacités de traitement. Dans ce cas, de l'eau non traitée est
rejetée dans le milieu par des déversoirs d'orage
implantés sur le réseau (dit « réseau unitaire
»), qui fonctionnent comme des soupapes de sécurité. Mais
chargée en polluants et en déchets, l'eau rejetée risque
d'impacter la qualité des milieux récepteurs. Elle
nécessite donc un traitement avant rejet elle aussi.
Le système de réseau unitaire est
progressivement remplacé par un double réseau qui collecte les
eaux pluviales séparément des eaux usées, les «
réseaux séparatifs ». Avec ces derniers, les eaux de
ruissellement sont collectées indépendamment, ce qui évite
de surcharger la station de traitement. Pour autant, les eaux pluviales se sont
chargées en déchets et en polluants au cours de leur
ruissellement, et ne peuvent donc pas être rejetées aussitôt
dans le milieu. Elles sont donc conduites jusqu'à des bassins
dédiés, qui permettent de stocker l'eau temporairement : la
majorité des déchets et des particules contenues dans l'eau sont
retenus par sédimentation dans le fond du bassin. Ils sont ensuite
éliminés naturellement par autoépuration, ou peuvent
nécessiter un curage régulier de l'installation pour retirer les
boues.
Plus largement, la meilleure manière de lutter contre
les pollutions des milieux liée par fort temps de pluie est de
réduire les volumes d'eau ruisselant.
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