UNIVERSITE DE MBUJIMAYI
Fondation Cardinal J.A. Malula
B.P.225
MBUJIMAYI
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
Département des Sciences de l'information et de la
communication
Médias de Mbujimayi et le traitement des
informations politiques pendant la campagne électorale
Travail de fin d'étude présenté
et
défendu en vue de l'obtention de grade de
licencié en Sciences de l'information et de la
communication, option Journalisme Politique Extérieure
Présenté par LUABEYA TSHIMANGA
Ronsard
Gradué en SIC
Session de juillet 2019
INTRODUCTION GENERALE
Les Sciences de l'information et de la communication (SIC)
sont une discipline universitaire. Elle s'est développée au cours
de ces dernières décennies. Elle a rapidement
développé une activité de recherche dans ses
différents branchements. Etant interdisciplinaires, les SIC
préparent aux métiers de l'information et de la communication.
Marlene Coulomb-Gully (2009, 129-153) note que
l'interdiscipline s'est constituée en associant
« information » et « communication »,
rencontre indiscutablement productrice de richesse.
Cette relation entre information et communication semble
très complexe pour l'idéaliser. L'intrication entre ces deux
termes peut s'expliquer par le fait que l'un semble contenir l'autre. Bien
plus, les définir ne permettrait pas de saisir la complexité
qu'ont les termes information et communication à
donner naissance à d'autres orientations. C'est pourquoi, nous tenons
à préciser de manière large que le journalisme et le
multimédia sont du ressort de l'information. Tandis que la communication
des organisations, la communication sociale relèvent de la
communication. Cette brève distinction pourrait au fait permettre de
simplifier la nature de l'approche que nous faisons de ces deux concepts.
Ainsi, la présente étude portant sur le
traitement des informations politiques s'inscrit dans le cadre des
études menées en journalisme. En effet, étudier le
traitement des informations politiques par les médias pendant la
période électorale nous semble intéressant. Car, cela nous
permet d'approcher les médiasde Mbujimayi en vue de comprendre le
discours médiatique qu'ils ont développé pendant cette
période de campagne électorale.Après avoir cerné
notre thématique de recherche, nous comptons en donner l'explication
suivante.
En RDC, les élections générales ont eu
lieu le 30 décembre 2018 dans un contexte très particulier.
Initialement prévues en 2016, elles ont été
reportées à maintes reprises pour des raisons politiques.
Finalement organisées en 2018, ces élections ont permis une
passation pacifique du pouvoir entre un président sortant et un
président entrant. Ce qui est un évènement historique
depuis l'accession du pays à l'indépendance. Hormis le fait que
ces élections constituaient un devoir civique pour chaque citoyen, elles
ont été aussi une vraie bataille entre candidats ayant
postulé à différents niveaux. Les élections ont
été un triple scrutin: présidentiel, national et
provincial. En effet, les législatives nationales et provinciales ont
permis le renouvellement des institutions.
Par ailleurs, ce mémoire se focalise sur les
événements politiques qui se sont déroulés pendant
la campagne électorale, à l'échelle nationale. Nous
prenons en compte le contexte dans lequel ils ont été
produits.
A ce niveau, la campagne électorale n'a
été dominée que par trois candidats. Il s'agit d'Emmanuel
Ramazani Shadary, candidat du Front commun pour le Congo, Martin Fayulu,
candidat de la Coalition Lamuka et Felix Tshisekedi, candidat du cap pour le
changement. En tout, cette bataille était entre trois plateformes
électorales. Cette campagne a été fortement marquée
par des déplacements des candidats à l'intérieur du pays,
des meetings drainant des milliers de gens, des points de presse et autres
activités. Elle s'est déroulée dans un contexte de retrait
de certains candidats engagés dans la course pour la
présidentielle. Et donc, ils s'étaient effacés en faveur
d'autres. Plusieurs indépendants sont restés invisibles sur
l'ensemble du territoire national. Theodore Ngoy, Maurice Masheke,
Marie-José Ifoku, Seth Kikuni, Shekomba Alain Daniel ainsi que le
pasteur Mulata et Samy Badibanga ont brillé par leur absence sur
terrain. Vital Kamerhe s'était retiré en faveur de Felix
Tshisekedi. De son côté, le candidat Jean-philibertMabaya avait
désisté en faveur de Martin Fayulu, de même pour Maurice
Masheke. Comme dit ci-haut, ce sont trois candidats suivants qui ont
dominé la campagne électorale.
Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du Front commun pour le
Congo, a réussi à battre sa campagne dans presque toutes les
provinces du pays. Il avait placé sa campagne sous le signe de la
restauration de l'autorité de l'Etat, la diversification de
l'économie, la lutte contre la pauvreté et le renforcement du
rôle géostratégique du pays. Sa campagne se déroule
sans heurts, ni violences.
Martin Fayulu, candidat de la coalition Lamuka, a
bénéficié du soutien de deux opposants Jean-pierre Bemba
et Moise Katumbi, écartés pour des raisons politiques et
judiciaires. Ce qui lui a permis de mobiliser plus de gens à ses
meetings. Sa campagne sera caractérisée par des heurts et des
violences.
De son côté, Felix Tshisekedi avait mené
sa campagne sans heurts, ni violences. Il a fait ses déplacements dans
une dizaine de provinces du pays. Lors de ses différents meetings, il
promettait l'instauration de l'Etat de droit, la gratuité de
l'enseignement primaire et secondaire et des soins de santé, et la
création d'emploi pour les jeunes. Il avait
bénéficié du soutien de son parti, l'Union pour la
démocratie et le progrès social, implanté sur l'ensemble
du territoire national.
Tous ces évènements marqués par ces
candidats ont été couverts par les médias tant nationaux
qu'internationaux. Cependant, les médias de Mbujimayi n'étaient
pas du reste. Ils ont, à leurs manières, couvert ces
évènements en suivant leur déroulement à distance.
Leur environnement immédiat n'a pas été fortement
marqué par les activités de campagne, directement menées
par les candidats en question.
Dans cette optique, ce mémoire se propose
d'étudier le comportement des médias de Mbujimayi, notamment la
Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) et la Radio
Télé Débout Kasai (RTDK), face à tous ces
événements qui ont eu lieu du 21 novembre au 21 décembre
2018. L'objectif est de saisir comment ils ont participé à la
structuration de ces spectacles politiques par la mise scène des
événements. Mis en avant, ces événements ont
trouvé leur place dans la construction de l'actualité sous la
forme discursive. Pendant la campagne électorale, ces deux
médias étaient tenus par l'enjeu de captation. Dans cette
optique, ils ont été à la base de
l'événementialisation de certains événements en
insistant sur des éléments particuliers qui les constituaient en
vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans
le processus de publicisation de certains candidats à la
présidentielle du 30 décembre 2018. Ils ont, par leurs discours,
contribué à la construction d'une certaine opinion autour d'eux.
Virginie Delmas (2012: 103-122) considère que les médias
proposent au discours politique des stratégies particulières pour
toucher l'opinion publique, et aux moments d'intenses débats politiques
que sont les élections.C'est pourquoi, dans ce mémoire, notre
approche est de resituer les discours des médias de Mbujimayi dans leur
contexte électoral pour voir sur quoi ils ont insisté en couvrant
les événements politiques. Pour cela, nous nous posons deux
questions qui sont le fil conducteur de notre étude, l'une principale
et l'autre subsidiaire: Comment les médias de Mbuji-Mayi ont-ils mis en
forme les événements politiques qui se sont
déroulés pendant la campagne électorale ? Quels
mécanismes de spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre
en avant ces événements?
Comme hypothèse à notre première
question, nous estimons que les médias de Mbujimayi ont rapporté
ces événements en satisfaisant au principe de distance et de
neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des
faits. Charaudeau (2014) pense que le discours journalistique ne peut se
contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est
également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin
d'éclairer le citoyen. Le discours explicatif journalistique se
présente sous la modalité de l'affirmation.
À la deuxième question, nous estimons que les
médias de Mbujimayi ont recouru à deux procédés
pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur
des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant
à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des
procédés de focalisation et de
répétition(charaudeau, op.cit). Il s'agit du
procédé de focalisation qui consiste à amener un
événement sur le devant de la scène. Il produit un effet
de grossissement. Et le procédé de répétition ou la
mise en avant qui consiste à passer une même information en boucle
d'un bulletin d'information à l'autre, d'un journal
télévisé à l'autre, d'un journal à l'autre
et d'un jour à l'autre.
Pour mener à bon port cette recherche, nous avons
choisi deux médias : la Radio Télévision Nationale
Congolaise et la Radio Télé Débout Kasai en approchant les
informations produites pendant la campagne électorale. Pour cela, nous
allons utiliser la méthode ethnologique qui va s'appuyer sur deux
techniques : l'observation et la technique documentaire. Pour ce qui est
de l'observation, nous allons, comme tout chercheur, observer les
données recueillies dont nous disposerons en vue de les mettre en
relation pour ressortir le sens. Avec la technique documentaire, nous allons
consulter des ouvrages nécessaires pour étoffer la
présente étude. Nous allons aussi utiliser la méthode
d'analyse de contenu pour recueillir et traiter les données
mentionnées dans les informations politiques dont nous disposerons afin
de les caractériser.
Nous en venons à la revue de littérature.Nous
nous faisons le devoir de recenser quatre articles qui ont abordé la
même thématique que la nôtre sous divers angles. Le premier
est rédigé par Patrick Amey, dont le titre est « Du
traitement journalistique des acteurs politiques dans le Grand
journal ». « Déconstruire le spectacle
politique : quand les médias mettent en scène »
est le second article que nous avons lu. Son auteur est Geoffrey Joris. Le
troisième article s'intitule « Le traitement médiatique
d'une éducation prioritaire : la réputation du Réseau
d'enseignement prioritaire (REP) ». Il est rédigé par
le duo Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis. Le quatrième
article est de Karim Joutet et s'intitule « le rôle du
discours médiatique dans la construction d'une représentation
culturelle de l'immigré interne en catalogne : l'exemple
Avui ».
Dans son article intitulé « Du traitement
journalistique des acteurs politiques dans le Grand
journal », Patrick Amey (2004, 61-79) examine
comment le grand journal met en scène la politique et les acteurs
politiques. L'auteur cherche à rendre compte de la mesure dans laquelle
les dispositifs du grand journal sont porteurs d'une lecture de la politique,
qui se présente comme une alternative légitimante aux formes de
railleries et de déstabilisation qui furent en vigueur. Patrick Amey
part de l'idée que le dispositif du Grand Journal est porteur d'enjeux
symboliques inhérents à la mise en représentation de la
politique. Sa recherche est partie de la question suivante : comment
opère la mise en représentation de la politique en vigueur dans
le Grand Journal et comment cette émission cadre le jeu ?
Son étude a abouti aux résultats selon lesquels
les acteurs politiques sont en situation d'injonction paradoxale dans le Grand
journal, quel que soit leur positionnement sur l'échiquier politique.
Ils ont été sommés à répondre au jeu
directif de questions-réponses et d'interpellations conduites par
l'équipe des journalistes. Les acteurs politiques sont invités
à se fondre dans le registre ludico-parodique qu'imposent les rubriques
structurant le talk show.
Notre étude converge avec l'auteur dans la mesure
où nous abordons aussi la question du traitement journalistique, mais
là pour analyser les informations politiques. Nous cherchons à
comprendre comment les médias arrivent à propulser certains
événements plus que d'autres. Nous mettrons aussi l'emphase sur
les représentations que les médias libèrent dans la
construction des événements.
Nous divergeons avec Patrick Amey, parce que nous n'allons pas
faire une analyse d'un quelconque dispositif pour en comprendre le
positionnement des acteurs, notre analyse va permettre d'approcher les
informations politiques non pas par leur structure, mais par leur sens.
Geoffrey Joris (2012:225-254) est l'auteur de l'article
« Déconstruire le spectacle politique : quand les
médias mettent en scène ». Dans son étude, il
soutient l'idée que la sphère médiatique peut être
comprise comme un spectacle politique, un forum autonome, lui-même
entendu comme un lieu d'intéressement et d'enrôlement des acteurs
sociaux dans des problématiques de facto co-construites. Geoffrey se
pose plusieurs questions autour de la construction du message
médiatique. Le message médiatisé est-il une construction
idéologique ? le problème médiatisé n'est-il
pas la négation d'autres problèmes ? Quelle est la part
d'implication des dirigeants politiques dans la construction du problème
et des usages ? Comment la médiatisation construit-elle, dans
l'imaginaire collectif, l'identité des ennemis ou des
responsables ? Et comment ces derniers participent-ils à construire
la légitimité des solutions proposées ? Ce sont ces
questions qui constituent le fil conducteur de sa recherche.
En y allant par cette liste de questions, l'auteur cherche
à épurer le message médiatique de son emballage
idéologique. Dans son étude, il aboutit aux résultats
selon lesquels le régime informationnel de nos sociétés
contemporaines se traduit par une structuration du spectacle politique sous le
mot d'ordre émotionnel. Le message médiatique s'incarne
dès lors dans une construction artificielle à partir de laquelle
les acteurs sociaux sont intéressés et s'enrôlent face
à un message instrumentalisé. Il estime que le spectacle
politico-médiatique entend mettre en scène des faits au profit
d'une vision particulière de la réalité et des
évènements.
Dans la présente étude, nous pensons converger
avec l'auteur parce que nous imaginons que, pendant cette période
électorale, le traitement des informations politiques a fait l'objet de
beaucoup d'interférences et a, peut-être, participé
à cette construction idéologique dans la mesure où
certains médias de Mbujimayi ont indirectement accompagné
certains candidats pendant la campagne électorale. De notre part, nous
cherchons à saisir la manière dont les médias de Mbujimayi
ont structuré le spectacle politique pendant la campagne
électorale par la mise en forme des événements. Nous
prenons aussi en compte la dimension émotionnelle liée aux
évènements politiques parce qu'il nous semble que, dans cette
logique de captation du public, les médias de Mbujimayi ont construit
leurs événements politiques en mettant l'accent sur certaines
sensibilités du citoyen. Et aussi, nous pensons questionner
l'information politique pendant la période électorale pour
évaluer la crédibilité des médias. Cependant, nous
divergeons avec l'auteur parce que nous ne nous intéressons pas à
l'enrôlement des acteurs politiques dans la construction des
événements.
Dans leur étude sur le traitement médiatique
d'une éducation prioritaire : la réputation du Réseau
d'enseignement prioritaire (REP), Barbara Fouquet-chauprade et
Marion Autrevis (2018:72-102) se penchent, de 2006 à 2007, à
analyser la manière dont la presse locale a rendu compte de la politique
du REP. Leur analyse a permis d'avancer dans la compréhension des
discours produits autour de la labellisation des établissements
scolaires et de la catégorisation qui en est issue Ils
considèrent que la presse est un acteur social qui participe à la
diffusion des projets éducatifs du canton en donnant une certaine image.
Dans cette entreprise, ils ont cherché à investiguer sur les
effets de la labellisation des établissements en termes de production
des catégories. Pour les deux chercheurs, il existe un possible effet de
réputation pour ces écoles.
Ces deux chercheurs ont abouti aux résultats selon
lesquels la presse représente un acteur local important, qui participe
pleinement au débat public. Elle donne à voir l'image du
réseau, de ses écoles mais aussi des stratégies de
valorisation de ceux-ci. La presse est d'autant plus importante dans un
contexte de démocratie directe dans laquelle l'institution scolaire peut
se voir imposer une reforme par voie référendaire. Barbara
Fouquet-chauprade et Marion Autrevis soutiennent que la presse véhicule
une certaine vision du Réseau d'enseignement prioritaire, de son public,
de ses familles, des territoires qu'elle décrit. C'est ainsi qu'elle
participe à diffuser certaines catégories descriptives et
d'attribution de la difficulté scolaire.
La présente étude rejoint l'auteur parce qu'elle
prend en compte la notion d'image véhiculée par les
médias, notamment celle des acteurs politiques. Notion qui a permis
à Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis, par rapport à
leur étude, de dire que la presse véhicule une certaine vision du
REP. De notre côté, nous estimons que l'image des acteurs
politiques est propulsée par les médias pendant la période
électorale pour qu'ils puissent être favorables auprès des
électeurs. Cette image est ainsi recherchée dans les informations
politiques, comprises ici comme les discours des médias que nous
tenterons d'approcher.
Nous plaçant dans le contexte de recherche de ces
auteurs, nous estimons que cela force la divergence entre nous. Notre
étude, s'intéressant au traitement des informations politiques
pendant la période électorale, cherche à
découvrir les effets produits par les médias dans leur traitement
des informations politiques, mais la valeur qu'ils ont accordée aux
informations politiques.
Karim Joutet (2014:1-12) a, de son coté, entrepris une
étude sur le rôle du discours médiatique dans la
construction d'une représentation culturelle de l'immigré interne
en catalogne : l'exemple Avui. Avui est un journal
rédigé entièrement en catalan quarante ans, en Espagne.
L'auteur tente de comprendre comment il crée une représentation
culturelle de l'immigré interne et essaie de la décrire.
Il veut savoir jusqu'à quel point la ligne
éditoriale nationaliste de l'Avui, ainsi que sa volonté
d'affirmation a une influence sur cette représentation etcomment cela se
traduit-il ?
Karim Joutet conçoit que l'Avui recourt souvent
à plusieurs signifiants pour créer cette représentation.
Son étude s'inscrit dans le courant d'histoire culturelle puisque l'on
s'interroge sur le mécanisme de construction des idées. L'auteur
ne s'intéresse pas aux évènements pour légitimer
son discours sur l'immigration, et au-delà, sur l'identité
catalane. La représentation culturelle qui en découle, cette
image qu'on en donne grâce à des mots en situation, sera
examinée, délimitée, expliquée à partir
d'une analyse du discours présent dans le journal.
Notre intérêt à cette étude n'est
pas de partir d'une quelconque démarche historique pour tenter de
restituer une représentation des acteurs politiques auprès du
public. Au contraire, l'approche de Karim Joutet nous est utile dans cette
recherche parce qu'en nous penchant sur les informations politiques, comprises
ici comme les discours des médias, nous tenterons d'approcher sa
conception du discours médiatique pour expliquer et analyser les
informations politiques pendant la campagne électorale.
Nous justifions le choix de ce thème par le fait que
nous voulions comprendre le comportement des médias face aux
événements politiques pendant la campagne électorale.
Contribuant aux recherches antérieures qui ont été
entreprises dans ce sens, nous pensons apporter notre part pour que puisse se
développer une autre appréhension de la question du traitement
des informations politiques.
Comme toute étude qui doit clairement présenter
ses limites, la nôtre s'effectue à Mbujimayi, chef-lieu de la
province du Kasaï-Oriental. Ainsi, il sera question d'approcher deux
médias en vue d'analyser leur comportement face aux
événements qui se sont déroulés pendant la campagne
électorale. Nous avons estimé qu'il était important de
nous intéresser à la manière dont les médias de
Mbuji-Mayi ont traité les informations politiques pour comprendre
comment les différents événements étaient mis en
avant en cette période. Il s'agit de la RTNC et la RTDK. En nous basant
sur la campagne électorale qui est partie du 21 novembre au 21
décembre 2018, nous nous attelons, dans notre recherche, à la
dernière semaine de cette campagne qui va du 09 décembre au 22
décembre.
En effet, les résultats de la présente recherche
permettront à beaucoup de medias de se remettre en question pour qu'ils
puissent offrir à leur public une information beaucoup plus
équilibrée, qui tienne compte de toutes les tendances et toutes
les opinions. Cette recherche permettrait encore d'avancer sur la question du
traitement des informations, surtout en période électorale afin
de mieux identifier les habitudes des médias.
Enfin, notre travail comprendra trois chapitres :
- Le premier sera consacré au cadre théorique.
Il sera question de prendre connaissance des informations déjà
disponibles concernant le problème qu'on se propose d'étudier et
de réfléchir sur le contenu de ces informations.
- Le deuxième portera sur le cadre empirique de deux
chaines de radios : la RTNC et la RTDK. Dans ce chapitre, il sera
question de limiter notre cadre de recherche et de le décrire.
- Le troisième chapitre portera sur l'analyse et le
traitement des données recueillies. Dans ce chapitre, nous allons
confronter nos hypothèses aux données recueillies.
CHAPITRE I : INFORMATIONS ET MEDIAS
Dans ce chapitre, il sera question de recenser
différentes approches sur la question que nous abordons. Nous allons
nous appuyer sur quelques auteurs qui, par leurs recherches, ont permis
d'éclairer la thématique abordée. Pour ce faire, le
présent chapitre est découpé en deux principaux points :
L'état de la question et l'opérationnalisation.
SECTION 1 : ETAT DE LA QUESTION
A ce point, nous avons recensé les auteurs qui ont
traité des thématiques inhérentes à notre
recherche. Nous avons essayé de mettre en relation leurs approches avec
notre étude pour arriver à ressortir les concepts pouvant nous
aider à mieux désigner la réalité approchée.
Ce point est constitué de cinq sous-points.
1 VERS LA DEFINITION L'INFORMATION
Patrick Charaudeau (2011, 27) définit l'information
comme le fait qui consiste, pour quelqu'un qui possède un certain savoir
à transmettre celui-ci, à l'aide d'un certain langage, à
quelqu'un d'autre qui est sensé ne pas posséder ce savoir. Cette
définition met en exergue deux instances, celles de production et de
réception et essaie d'expliquer l'élément qui met les deux
instances en commun. Il s'agit du langage. Il nous parait que le langage, dans
ce contexte, est ce qui permet de rendre une lucidité au partage du
savoir. Nous pensons que cette définition de Charaudeau qui s'inscrit
dans une logique linéaire de transmission de l'information permet de
mieux saisir le rôle des médias.
Benjamin Berut (2010, 5) voit l'information comme un
récit. Par récit, il entend un ensemble du système de
monstration d'un évènement, ses origines, ses valeurs, ses moyens
de vraisemblance. L'auteur conçoit que, face à un récit
d'information, la problématique n'est pas sa construction, mais des sens
qui sont mis en avant ou laissés de côté. L'enjeu devient
donc politique dans une société où l'opinion publique se
façonne avant tout à travers les grands médias. Benjamin
Berut souligne que l'information peut être sous la forme d'un
récit. Ainsi, les études qui font de l'information un
récit ne portent donc pas tant sur l'évènement qui est
montré que sur la façon dont il est montré et comment
celle-ci peut construire des perceptions, voire des engagements collectifs
à travers la construction d'un même point de vue.
De son côté, Marc Lits (2008) estime que la mise
en récit est une donnée essentielle dans la transmission de
l'information, surtout en ce temps de plus grande spectacularisation, il est
important d'en repérer les traits dominants parmi lesquels le
schéma narratif et les actants. Selon lui, toute histoire se construit
selon la logique d'enchaînements de séquences narratives et autour
de quelques figures actantielles qui organisent le récit.
1.2 MISE EN FORME DE L'INFORMATION
L'information des médias est généralement
porteuse d'enjeux qui sont construits pour porter des significations
partagées socialement. C'est ainsi que Bernard Poulet (2009) estime que
le métier des journalistes consiste à identifier les
problèmes, les documenter, vérifier ce qu'ils découvrent
ou ce qu'on leur communique, hiérarchiser les informations (qui ne
peuvent être traitées également en même temps), les
mettre en perspective, les situer dans leur contexte et les exposer clairement
et le plus honnêtement possible. Selon lui, ce travail de mise en forme
raisonnée, de tri, de hiérarchisation donne du sens au fatras des
informations qui arrivent chaque jour, chaque heure et chaque minute.
De son coté, Patrick Charaudeau (2005) tente de mettre
à jour et de répertorier les processus dynamiques et les
opérateurs qui oeuvrent à la construction du sens du discours de
l'information. L'auteur examine les caractéristiques
générales du discours de l'information, défini comme
«une activité langagière qui permet que s'établisse
dans les sociétés le lien social. Il aboutit au fait que les
faits médiatiques sont le produit de l'activité sociale, que leur
sens n'est pas constitué par avance, mais résulte d'une
mécanique de construction et qu'il cristallise dans l'interaction des
acteurs sociaux, à partir d'un certain nombre d'horizons d'attentes et
de représentations qui pèsent leurs manières de
faire. Charaudeau tente également d'examiner les formes de la
matrice : de la nouvelle à l'évènement, de
l'information au commentaire, la mise en récit médiatique, les
modes d'organisation (topographiques), d'ordonnancement
(hiérarchisation) et de contrainte (stratégique et
spatio-temporelle) du discours d'information sont replacés dans le
système social de significations de construction, qui rendent
intelligible le discours, et témoignent des systèmes de valeurs
qui caractérisent les groupes sociaux.
Dans le cadre de ce mémoire, la mise en forme de
l'information est perçue du point de vue de la structure de
l'information. Nous traduisons ce que Patrick Charaudeau appelle les
opérateurs de construction par les six questions de
références essentielles pour la construction d'un
événement afin de lui donner tout son sens. Il s'agit de Qui,
Quoi, Quand, Où, Comment et pourquoi ?
Les réponses à ces courtes questions permettent
de rendre du déroulement d'un événement et proposent une
lecture sectorielle de celui-ci. Ces questions permettent donc de signifier.
Elles nous permettront d'approcher les informations politiques à la RTNC
et la RTDK pour voir si ces deux médias les mobilisent correctement pour
replacer dans le système social les significations sociales de
l'événement rapporté.
1. 3 INFORMATION COMME DISCOURS MEDIATIQUE
1.3.1 Perception de l'information
Dans les années 70 et 80, nombreux ont
été les travaux novateurs consacrés aux médias qui,
participant d'un mouvement plus large affectant l'ensemble des sciences
sociales, ont porté l'attention sur la production de sens, sur
l'élaboration du réel, sur la construction de l'actualité,
et qui ont montré que ces opérations étaient
repérables grâce à l'examen des discours verbaux et non
verbaux véhiculés par les médias étudiés
(Roger Bauthier, 2004).
François Giroud (1979) qui étudiait
déjà l'écriture du journalisme estimait qu'il était
nécessaire de séparer nettement l'information et le commentaire,
cette séparation devant donner au lecteur la possibilité de
former son propre jugement. Pour Roger Bauthier, cette logique de
séparation est aussi remise en cause dans certains travaux, lesquels
soutiennent l'aspect « construit » des discours
médiatiques. Les tenants de cette tendance prennent leurs distances avec
la doctrine libérale de l'information et, notamment, entre le fait et le
commentaire, qu'ils sont souvent amenés à critiquer directement.
(Roger Bauthier, 2004).
L'idée de construction en communication, indique Gilles
Gauthier (2003), est rarement avancée en état théorique
plus large. Le plus souvent, son expression draine de considérations
analogiques et épistémologiques. Elle se transforme en position
philosophique : le constructivisme. Il s'agit donc, d'une part, de la
radicalisation de l'approche consistant à reconnaitre une dimension de
construction dans l'information diffusée qui devient l'affirmation que,
dans sa nature même, l'information est construite, d'autre part, d'une
conception de la communication qui « nie tout à la fois que le
journalisme produise une description de la réalité, que la
transmission de cette description induise une connaissance de la
réalité et que cette description et cette connaissance puissent
être fidèles à la réalité.
Ces deux dimensions en discussion nous paraissent totalement
liées à la notion du traitement de l'information. Car, c'est
à ce niveau que le journaliste essaie soit de prendre distance avec les
faits soit de développer un point de vue personnel. De ce point de vue,
l'information n'est autre que la description de la réalité
(évènement). Une description qui passe par une mise en formeafin
d'être saisie et interprétée par le public.
1.3.2. Claude Jamet et Anne-Marie Jannet: Mise en
scène de l'information
La recherche menée par Claude Jamet et Anne-marie
Jannet (2008) dans Mise en scène de l'information a permis de
comprendre la construction du discours médiatique et le travail qui se
profile en amont et en aval de toute production de l'information et de son
impact sur le récepteur. Leur ouvrage s'attache à étudier
la question des dispositifs entendus comme mis en temps et en espace, en image
et en son attribution. Il passe en revue les situations d'énonciations
des médias et les discours, qui permettent de distinguer les
identités et les formes de régularité dans la prise de
parole et, plus largement dans l'organisation du discours. Cet ouvrage pousse
les auteurs à questionner le rapport du discours médiatique avec
la réalité extralinguistique en vue d'envisager les
différents mécanismes de co-construction.
Les auteurs introduisent leur ouvrage sur les composantes du
discours médiatique, approche de Jean-Francois Tétu. Par leur
volonté de mettre en place les matériaux nécessaires
à l'analyse et à l'appréhension de l'information de
presse, ils conçoivent ce que Tétu considère comme
instrument d'apprentissage et un manuel du discours de l'actualité
« les formes basiques du discours ».
Ainsi, ils mettent en exergue l'approche des
éléments constitutifs du discours médiatique nonobstant
les variations, l'évolution et le devenir de ce discours. Sur base de
l'approche linguistique, les auteurs allient les théories de l'analyse
du discours. Ils s'appuient sur les résultats des travaux de Ducrot pour
l'approche polyphonique du discours et des concepts-clés qu'elle
subsume, à savoir l'intertextualité, la présupposition,
l'ironie et les différentes manifestations du discours
rapporté.
Pour le discours du journal télévisé, les
auteurs transposent l'essentiel des matériaux empruntés à
l'analyse du discours en y ajoutant les ingrédients spécifiques
à l'écran à savoir, la voix, le son, l'image
présentés dans le schéma sur l'énonciation à
l'écran qui reprend l'essentiel de la configuration des intervenants
dans cet outil audiovisuel.
Jamet et Jannet interrogent les indicateurs
représentatifs du dispositif dans une optique informative, assortie d'un
commentaire portant sur le sens et le contenu des discours
appréhendés pour comprendre la préoccupation des
médias en tant que représentation originale d'un microcosme
sensé être reconnaissable par le lecteur et de l'importance de la
compétitivité, la crédibilité et la
fidélisation des lecteurs-récepteurs. Sur ce, les auteurs ont mis
en place une grille d'analyse. Ils conçoivent quatre niveaux
d'analyses.
Au premier niveau, ils parlent de la dichotomie
spatio-temporelle, l'identité visuelle du journal et le contrat
d'interaction, l'organisation discursive du journal. Les auteurs expliquent que
le journal télévisé mobilise, quant à lui, une
terminologie sui generis au traitement de l'image et du son en tant que
supports incontournables de passation des messages de l'écran et la mise
en scène imposée par la matière informative. Cette partie,
indiquent-ils, est conçue comme une plateforme de corrélation
entre le produit et sa transmission par les canaux et les techniques
appropriées que le langage regorge.
Le second niveau d'analyse que proposent les auteurs consacre
la problématique de l'énonciation et l'alternance de points de
vue et le degré de distance entre les instances discursives ainsi que
l'impact recherché à travers la scénographie des jeux de
rôles. L'analyse énonciative préconisée
considère le discours médiatique comme un discours polyphonique
où s'imbriquent plusieurs points de vue avec plus ou moins de
distance.
Concernant la presse écrite, les auteurs
s'arrêtent sur les indices d'énonciation immanents au discours,
à savoir la titraille, la signature et les indices externes du discours
en considérant la mise en scène de l'énonciation ainsi que
la hiérarchie des voix intervenant au sein d'un discours.
Le troisième niveau d'analyse se rapporte aux
indicateurs de l'énonciation face à un évènement
cité. Ce niveau s'arrête sur le rôle des déictiques,
du nom propre et de ses fonctions et de l'usage des verbes et de leur
pertinence et de l'impact de ces instruments dans la construction du sens. Le
choix des formes verbales attire l'attention sur toute la dimension du
dire et du faire, combien pertinente pour l'illustration des
intentions de l'écriture.
En se penchant sur la nomination, les auteurs
rétractent le sens et amoindrissent l'impact: "Le faire est
essentiellement exprimé pour la forme active, l'être pour la
phrase nominale. La forme passive et la nominalisation sont au croisement des
deux effets dans la mesure où elles résultent de l'un pour
construire l'autre.
Le quatrième niveau d'analyse se rapporte à un
aspect sémantique, à savoir l'étude de l'implicite,
concept de la polyphonie qui renvoie à la présupposition et au
sous-entendu. Les variations discursives que regorgent les
énoncés renseignent sur les choix établis pour chaque
situation et les alternatives potentielles de l'énonciateur. Ce
procédé est omniprésent dans toute expression
écrite ou visuelle en tant que composante dans la compréhension
globale d'un énoncé. Il joue les rôles variés pour
conforter les dires d'un locuteur, conserver la bienséance,
insérer des touches ironiques et prendre position.
Pour ce mémoire, cette recherche est
intéressante parce qu'elle nous propose une grille d'analyse très
importante. Notre conception de l'information va dans le sens qu'abordent les
auteurs, c'est-à-dire, considérer l'information comme discours.
Parmi les différents niveaux d'analyse que nous présentent les
auteurs dans leur ouvrage, nous pensons que le troisième niveau
d'analyse serait plus proche de l'idée que nous nous faisons du
présent objet d'étude. Car, il met l'accent sur un certain nombre
d'éléments qui permettent de mieux approcher l'information pour
comprendre le sens que recèle sa construction. On peut reprocher
à Jamet et Jannet de réduire toutes les analyses qu'ils font sur
l'information de presse à la structure linguistique.
1.3.3. Laura Calabrese : Rectifier le discours
d'information médiatique
Dans son article, Laura Calabresse (2014) explique que le
discours d'information n'est pas caractérisé par une
obscurité sémantique. Et si ce discours fait appel à des
discours spécialisés, il n'en produit pas autant lui-même.
Selon l'auteure, le discours d'expert est gage de réalité, de
sérieux, jouant le plus souvent le rôle de preuve ou expliquant un
phénomène de société, un problème public, un
évènement. Elle conçoit que le discours d'expert est
souvent convoqué et fait partie des protocoles de rédaction des
journalistes, mais n'est pas constitutif du discours d'information.
Elle avance que la matière sur laquelle est construit
le discours d'information est constituée de connaissances mondaines (au
sens de phénomènes) auxquelles les citoyens lambda n'ont pas
d'accès direct, c'est effectivement l'inscription socio-professionnelle
des acteurs qui légitime ce discours et qui lui permet d'accéder
au rang de discours spécialisé. Ce n'est donc pas la nature de la
connaissance qui importe ici, mais son mode de donation médiatisé
et asymétrique.
Dans cette optique, nous pensons que le processus de
légitimation du discours médiatique, tel que conçu dans le
cadre de cette étude, se limite à démontrer les
éléments qui ont participé à la construction des
événements politiques et à déterminer leur mise en
forme. Notre intention n'est pas de reprendre la conception de Laura
Calabresse. Ce que nous recherchons, c'est d'approcher la matière sur
laquelle est construit le discours.
1.3.4. Patrick Charaudeau : Ethique du discours
médiatique
Patrick charaudeau (2009, 51-57) analyse la sphère
médiatique par une double logique. Cette sphère fonctionne par la
logique symbolique qui s'inscrit dans une finalité démocratique
en se mettant idéalement au service de l'opinion publique et de la
citoyenneté en l'informant sur des événements qui se
produisent dans l'espace public et en contribuant au débat social et
politique par la mise en scène de la confrontation des idées.
Charaudeau explique que la logique pragmatique cherche
à capter le public, car pour pouvoir survivre, tout organe d'information
doit tenir compte de la concurrence sur le marché de l'information, en
mettant en oeuvre des stratégies de séduction qui entrent en
contradiction avec le souci de bien informer. C'est dans cette contradiction,
selon lui, que se trouve le discours médiatique.
Charaudeau fait une démarcation entre le dispositif
socio-communicationnel et l'acte de mise en scène du discours. Pour
lui, le dispositif fait partie des conditions contractuelles de production de
l'acte langagier, avec les instructions qu'il donne au sujet, mais il n'en
constitue pas la totalité. Dans cette démarcation,
découlent deux actes de communication (englobant) et
d'énonciation (spécifiant).
Ainsi, il nait deux situations de communication et
d'énonciation. Charaudeau soutient que la situation de communication
surdétermine en partie le sujet en lui imposant des instructions
discursives, celui-ci dispose d'une certaine marge de liberté pour
procéder à une mise en scène qui d'ailleurs peut avoir,
à terme, une influence sur le contrat lui-même.
L'auteur explique ce qui différencie le récit
médiatique du récit historique. Le temps de l'histoire n'est pas
celui des médias, écrit-il. Les évènements
rapportés par les médias doivent faire partie de
l'actualité, c'est-à-dire d'un temps encore présent,
considéré nécessairement comme tel, car il est ce qui
définit "la nouvelle". Celle-ci a donc une existence en soi, autonome,
figée dans le présent de son énonciation. Les
événements dont s'occupe l'histoire appartiennent à un
passé qui n'a plus de connexion avec le présent et dont
l'existence dépend d'un réseau évènementiel que
l'historien doit ordonner et rendre cohérent.
Selon l'auteur, la mise en scène du discours
rapporté devrait également satisfaire à un principe de
distance et de neutralité qui oblige le rapporteur journaliste à
s'effacer et dont la marque essentielle est l'emploi des guillemets encadrant
le propos rapporté. C'est là encore se soumettre à l'enjeu
de crédibilité. Charaudeau pense que le discours journalistique
ne peut se contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est
également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin
d'éclairer le citoyen. Le discours explicatif journalistique se
présente sous la modalité de l'affirmation: modaliser serait une
preuve de faiblesse au regard de la visée de crédibilité
de la machine informative. En cela, le discours de commentaire journalistique
s'apparente davantage à un discours de vulgarisation sans avoir la
prétention, car ce serait contreproductif.
Insistant sur le discours journalistique qui rapporte des
évènements et propose des explications, l'auteur estime que
l'objectif de ce discours est de capter le public en se livrant à une
certaine dramatisation qu'il définit comme un processus de
stratégie discursive qui consiste à toucher l'affect du
destinataire. Un affect socialisé, ce pourquoi il est possible d'avoir
recours à des procédés discursifs qui ont des chances
d'avoir un certain impact sur le récepteur. Les médias en usent
et abusent parce qu'il est le meilleur moyen de satisfaire l'enjeu de
captation. Reiffel (2005, 177) considère la dramatisation comme une
sorte de théatralisation qui, selon lui, consiste à assimiler la
politique à un spectacle, à jouer constamment sur les affects aux
dépens des programmes, des propositions et des idéologies.
D'où trois types de discours que développe Charaudeau: de
victimisation, de portrait de l'ennemi, d'héroïsation, le tout
obtenu par un procédé d'amalgame. Ainsi, Charaudeau estime que
ces trois types de discours sont à la base de cette dramatisation, qu'il
appelle aussi une surdramatisation. Il parle du discours de
victimisation, de portrait de l'ennemi et d'héroisation.
L'auteur avance que le discours de victimisation est celui qui
met en scène toutes sortes de victimes: des victimes
présentées en grand nombre (pour compenser leur anonymat), des
victimes singulières différemment qualifiées de
célèbres pour qu'elles soient dignes d'intérêt, des
victimes de la logique de guerre, des victimes du hasard ou de la
fatalité pour l'incompréhension angoissante, des victimes
innocentes. Un tel discours, explique l'auteur, est une invite de la part de
l'énonciateur à partager la souffrance des autres, d'autant plus
que celle-ci est rapportée soit par les victimes elles-mêmes, soit
par des témoins extérieurs mais proches, et l'on sait que paroles
des victimes et paroles de témoins sont indiscutables. Lecteur, auditeur
ou téléspectateur se trouvent alors dans la position de devoir
entrer dans une relation d'empathie.
Pour ce qui est du portrait de l'ennemi, Patrick Charaudeau
considère que ce discours est centré sur la description de
l'agresseur. Il consiste à mettre en scène le portrait de
l'ennemi. Et là, la surdramatisation est encore à l'oeuvre, car
ce n'est que dans la figure du "méchant absolu" que pourrait se produire
un effet de "catharsis" sociale. Le méchant, représentant du mal
absolu, est à la fois objet d'attirance et objet de rejet, autrement dit
de fascination. C'est la cité d'obscur de force, la puissance du diable
que l'on retrouve de façon omniprésente dans les fictions
fantastiques du cinéma moderne.
Pour le discours d'héroisation, l'auteur rappelle que
ce discours met en scène une figure de héros réparateur
d'un désordre social ou du mal qui affecte ces victimes. Cette figure
peut être celle des sauveteurs occasionnels et anonymes qui interviennent
pour porter assistance aux victimes d'un attentat, d'un bombardement ou d'une
catastrophe naturelle. Ce peut être aussi celle d'un grand sauveur
porteur des valeurs symboliques comme fut présenté George W. Bush
après l'attentat du 11 septembre 2001. La recherche d'une figure de
héros est si forte dans ce type de discours que parfois sont
montées en épingle les actions d'une personne ordinaire,
dès lors que celle-ci semble avoir accompli un acte de solidarité
humaine extraordinaire, comme cela est mis en scène dans les
télé-réalités. Mais sont également
glorifiées les actions d'une personnalité lorsque celle-ci se
prévaut d'avoir réussi une entreprise jugée impossible.
Mais, lorsque l'enjeu de captation est dominant et il l'est souvent, indique
l'auteur, la visée informative disparaît au profit d'un jeu de
spectacularisation et de dramatisation. Il finit par produire des
dérives qui ne répondent plus à l'exigence
d'éthique qui est celle de l'information citoyenne.
Deux procédés discursifs transforment
l'actualité événementielle en "suractualité" en
produisant des effets déformants. Le procédé de
focalisation qui consiste à amener un événement sur le
devant de la scène (par les titres de journaux, l'annonce en
début de journal télévisé ou du bulletin
radiophonique). Il produit un effet de grossissement. La nouvelle
sélectionnée est mise en exergue, et du même coup elle
envahit le champ de l'information donnant l'impression qu'elle est la seule
digne d'intérêt. Cela participe d'un phénomène
discursif plus général: toute prise de parole est un acte
d'imposition de sa présence de locuteur sur l'interlocuteur, et donc
celle-ci doit pouvoir être justifiée. Ce qui la justifie est que
le propos qu'elle véhicule est obligatoirement digne
d'intérêt, c'est-à-dire: pertinent. On retrouve là
le principe d'intentionnalité. Dans la communication médiatique,
le sujet qui informe étant légitimé par avance (contrat de
communication), le propos véhiculé prend encore plus d'importance
au point de faire oublier d'autres nouvelles possibles. Il impose une
"thématisation" du monde.
Le procédé de répétition qui
consiste à passer une même information en boucle d'un bulletin
d'information à l'autre, d'un journal télévisé
à l'autre, d'un journal à l'autre et d'un jour à l'autre.
Cette information, répétée de la même façon
ou avec des variantes, produit un effet de réification: la nouvelle
prend une existence en soi, se trouve par là même
authentifiée, se fige et donc s'inscrit de façon
indélébile dans la mémoire. A preuve que ce sont ces
nouvelles qui sont ensuite le plus facilement colportées dans les
conversations ordinaires, se transformant parfois en rumeur. Il s'agit
là encore d'un phénomène discursif général:
la répétition d'un propos dans une configuration identique
à elle-même donne l'impression d'être le gage d'une
vérité.
Par ces deux procédés et les effets qu'ils
produisent l'énonciateur journaliste a beau disparaître
derrière une absence de marques personnelles ou l'emploi de marques
impersonnelles, la prise de parole focalisante et la récurrence
essentialisante imposent au récepteur de la nouvelle une
suractualisation événementielle.
Dans le cadre de ce mémoire, le procédé
de focalisation est compris comme participant à la spectacularisation en
ce sens qu'il devient un outil qui nous permet de voir les
éléments sur lesquels ont insisté les médias
pendant la campagne électorale, la personne (Qui ?), l'objet
(Quoi ?), le lieu (Où ?) que nous retenons comme indicateurs.
Et nous ne ferons pas usage du procédé de
répétition comme le suggère Patrick Charaudeau. Cependant,
nous le privilégierons, dans notre analyse, pour constater les
personnalités politiques, les institutions politiques et autres
à partir desquelles les médias ont reconstruit les
événements dans une logique de médiatisation.
1.4. INFORMATION COMME EVENEMENT
1.4.1. La construction de l'évènement
Envisager l'information comme étant
événement en amont exige qu'on interroge le processus de
construction de l'événement par les médias. Lorella Sini
(2015) pense que pour que le fait se transmute en événement, il
faut qu'une dynamique événementielle soit enclenchée, ce
processus, appelé
« événementialisation », construit une
identité sociale en conférant au singulier des significations
collectives qui le sémiotisent, en quelque sorte, en lui
conférant par là-même le statut de fait institutionnel et
politique.
Dans cette approche sémiotique de
l'événement, Lamizet et alii (2013) considèrent que
l'événement est un constituant identitaire de par sa
médiation. Il se manifeste sur une échelle spatio-temporelle
aussi bien que par sa mise en forme narrative et esthétique. Qu'il soit
réel, symbolique ou imaginaire, l'évènement mis en
scène par les médias se décline sous des formes
sémiotiques multiples qui participent à la construction du sens
et de l'interprétation qu'on pourra lui donner. Aux différents
niveaux de temporalité qui structurent l'événement
« le temps réel » et sa mise en récit
« le temps symbolique », s'ajoute toute une
sémiotique de l'espace qui évoque « la scène
événementielle » des faits d'actualité et de
leurs représentations médiatiques.
Selon ces auteurs, l'événement se
présente comme ayant à la fois des bornes spatiales et
temporelles. « La sémiotique de l'événement se
fonde sur une sémiotique politique de la spatialité ».
L'espace-temps qui s'exprime en rapport avec le sujet de l'énonciation,
est inscrit dans les formes linguistiques :
· Le présent renvoie à l'actualisation
empathique
· Le passé renvoie à la distanciation
· Le futur et le conditionnel renvoient à
l'imagination ou à la volonté.
Dans une dynamique de construction, de constitution, de mise
en forme ou encore de préfiguration, Laura Calebrese (2013 :
114-115) conçoit que l'événement est soumis à un
processus de mise en sens par les médias, parmi d'autres institutions
sociales qui y participent ultérieurement dans une plus ou moins grande
mesure. L'événement médiatique, loin d'être un
produit original du méta-énonciateur, se construit selon des
normes collectives d'un stock social de connaissances et en fonction de scripts
façonnés par les imaginaires professionnels qui anticipent les
attentes du public. Selon l'auteure, l'événement
médiatique, résultant d'une pratique sociale et discursive, est
une représentation dynamique, produite collectivement dans la
cité par un certain consensus, son expression reflète les
habitus linguistiques de tel ou tel organe de presse, des formulations en
partie prévisibles mais que l'auditoire peut toujours à son tour
remodeler.
Pour Pascale Goestshel et Christophe Granger
(2011 :7-23), la question de constitution de l'événement
mérite d'être saisie pour prendre en compte les
procédés rhétoriques ou figuratifs qui, explorant les
ressources de sa mise en récit, lui donnent corps et en façonnent
durablement l'intelligibilité de la dramatisation à la
distanciation didactique, de l'allégorie à la mise en
scène réaliste, sans oublier les stratégies d'occultation
ou d'euphémisation. Ces auteurs estiment que l'événement
produit doit posséder les propriétés requises pour
accéder au marché médiatique sur lequel se
négocient désormais l'existence, la signification et parfois
l'issue des mobilisations collectives. L'événement mobilise les
ressources morales (justice, bon, droit) et affectives (attendrissement,
indignation, révolte) propres à émouvoir le public,
à se sentir concerné ou à prendre comme fait et cause.
Patrick charaudeau (2000) propose que la construction d'un
événement par les médias se fait selon trois
principes : de perception, de saillance et de prégnance. Le
principe de perception implique que l'être humain soit en mesure de voir
ce qui est modifié dans le monde. Ce serait le rôle des
médias de le faire percevoir, mais cela renvoie au problème de la
sélection. Le principe de saillance implique qu'un
évènement serait d'autant plus mieux perçu et aurait
d'autant plus d'intérêt qu'il briserait le continuum des routines
et des normes. Les médias ne se privent pas de la mise en
évidence. Le principe de prégnance implique qu'on saisisse
d'autant mieux la signification d'un évènement dans de
systèmes de référence déjà connus. Les
médias cherchent, à cette fin, à décrire et
commenter les évènements en s'appuyant sur ces systèmes de
références, les plus larges possibles.
1.4.2. Jocelyne Arquembourg : l'événement
et les médias
Son article est une réflexion sur
l'événement médiatique qui, mettant en son centre la
relation entre factualisation et événementialisation, renouvelle
cette problématique qui s'écarte résolument des
perspectives médiacentriques, fréquentes lorsqu'il s'agit
d'étudier la construction médiatique d'une affaire ou des
problèmes sociaux. L'auteur met en évidence la
multiplicité des interactions qui conduisent à une forme de
récit médiatique original, notamment du fait que plusieurs
actions médiatiques visent un évènement et que la
prolifération de ces actions interroge le lien entre l'information et la
solidarité.
L'article de Jocelyne tente de resituer le lien qui fait
l'originalité et la distinction phénoménologique entre
fait et événement d'une part et de l'autre la complexité
des interactions liées à la dimension sociale de
l'événement. Pour mettre cela en évidence, Jocelyne
s'appuie sur une double comparaison de collecte des faits. Ce qui permet de
distinguer les structures sous-jacentes à la mise en intrigue, les
cadres d'interprétation et la disparité des relations.
L'idée d'opposer la réalité à sa
représentation est en revanche heureusement absente des travaux qui se
focalisent sur la construction discursive des événements.
Très souvent, les analystes du discours, indique l'auteur,
intègrent le sujet langagier oubliant le concept
d'événement ou sa composante narrative.
Pendant la période de campagne électorale, il
serait vrai de faire remarquer que les médias de Mbujimayi ont
certainement traité certains sujets de manière massive. Ce qui a
expliqué leur solidarité dans la diffusion des mêmes
informations. Ils se sont donc rués sur les mêmes
événements de manière à forcer le public à
adhérer à leurs représentations. Nous estimons que les
événements politiques diffusés pendant la campagne
électorale sont par nature des faits bruts. Ils ont subi une certaine
influence grandissante des médias qui a fait que l'on tend vers
l'événementialisation de ces derniers.
1.4.3. Gregory Derville : Le pouvoir des
médias
Derville (2013) tente d'apporter des réponses relatives
à la prétendue omnipotence des médias ou à leur
influence néfaste sur la démocratie. Ce livre destiné aux
étudiants et au grand public entend faire preuve de clarté et de
pédagogie. Il est structuré en deux parties respectivement
consacrées à une approche sociologique et historique de la
question du pouvoir des médias. Nous ne pouvons rendre compte de la
totalité des chapitres et ne mettons l'accent que sur le premier
chapitre.Dans son introduction, le chercheur rappelle à juste titre le
rôle que jouent les médias, les instituts de sondage ou les
conseillers en communication. La première partie est consacrée
à un historique du traitement réservé par la sociologie au
pouvoir authentique ou supposé des médias.
Le premier chapitre met l'accent sur l'influence
exercée sur la vie citoyenne et la politique politicienne par la
propagande qui se définit comme un type de discours à
visée persuasive enjoignant explicitement le récepteur de penser
ou d'agir d'une façon précise. L'auteur passe en revue les
premières apparitions de la propagande dans l'histoire politique
occidentale du XX Siècle et s'interroge sur le degré
d'efficacité dans la propagande dans les différentes situations
ou desquelles elle a été mobilisée. Si les premiers
travaux sur la propagande prêtaient à celle-ci un pouvoir sans
limites et une capacité à duper les foules et les manipuler les
esprits, les recherches ultérieures ont largement permis de relativiser
cette conception initiale.
Ce que les sociologues des médias ont appelé le
paradigme des effets puissants qui définit une relation entre le public
et les médias,c'est pensée le point de vue de la
dépendance, du conditionnement ou de la manipulation. C'est ce qu'on a
désigné un peu plus tard par l'expression « seringue
hypodermique » et qui laissait entendre qu'un émetteur pouvait
injecter n'importe quelle idée ou injonction dans l'esprit de n'importe
quel individu.
L'auteur explique que la persuasion dépend
principalement des habitudes de l'individu. En effet, les messages auxquels il
s'expose en priorité sont plutôt ceux qui le confrontent dans ses
opinions, ou qui du moins, le concernent personnellement. Derville clôt
le premier chapitre en affirmant qu'il n'y a pas aucune raison valable de
croire en l'omnipotence des médias, car leur influence est
médiatisée par l'appartenance sociale des individus, par leurs
prédispositions psychologiques et par les codes culturels à
partir desquels ils interprètent les messages reçus.
L'auteur isole trois effets persuasifs de l'information
médiatique. Le premier, l'effet d'agenda, considère les
médias comme capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique,
en orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Le second,
l'effet de cadrage, concerne la capacité de l'information à
cadrer les enjeux publics et orienter le point de vue des individus. Le
troisième, l'effet d'amorçage, concerne l'influence de
l'information sur certaines situations sociales et politiques. Derville
conclut que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les
contenus qu'ils diffusent et influencent sur le long terme et sans
volonté persuasive apparente notre façon de voir le monde :
« les contenus médiatiques (discours, métaphores,
vocabulaires) façonnent nos catégories de perception et de ce
fait ils contribuent à construire la réalité dans laquelle
nous évoluons ».
Dans ce mémoire, nous concevons l'idée que les
médias sont capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique, en
orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Pendant la
campagne électorale, il a été plus facile de voir comment
les médias de Mbujimayi ont pu focaliser leur attention sur certains
sujets ou certaines personnalités politiques. Etant tenus par l'enjeu de
captation qui s'inscrit globalement dans la concurrence médiatique, les
médias de Mbujimayi ont effectivement recouru à de nombreux
procédés pour maintenir l'attention du public sur les situations
politiques au pays.
1.5. MEDIAS PENDANT LA CAMPAGNE ELECTORALE
1.5.1 Arnaud Mercier : Médias et candidats
Arnaud Mercier (2004: 70-76) identifie par exemple les
médias et les acteurs politiques dans un schéma triangulaire qui
intègre le public, les acteurs politiques et les médias. Dans une
perspective médiatique, l'auteur propose qu'il faut étudier le
rôle que peuvent jouer les médias dans la saisie d'un
problème par les pouvoirs publics, en s'écartant du schéma
"tout ou rien" qui ferait des médias des intermédiaires
patentés ou au contraire totalement inefficaces. C'est ainsi qu'il
appelle à adopter un regard interactionniste, en essayant de restituer
les boucles d'interaction qui unissent les protagonistes de ce schéma
triangulaire de la communication. La notion de communication politique telle
qu'on la trouve employée dans le discours politique, journalistique et
scientifique d'aujourd'hui est extrêmement confuse. Faut- il vraiment
s'étonner que le sens de l'expression « communication politique
» soit incertain tant les termes qui la composent sont polysémiques
? La communication est un concept caractérisé par la surcharge de
sens, dans le langage ordinaire et dans des disciplines différentes,
aggravée par un succès de mode qui tend à multiplier les
emplois du terme et lui donne un tour quelque peu magique.
Pour notre part, nous pensons que l'étude de cette
relation entre médias et événements, ou dans une moindre
mesure, et les acteurs politiques, doit permettre de voir dans quelle mesure
où les médias ont surement contribué à attirer
l'attention du public sur certaines personnalités politiques. Nous
concevons cespersonnalités politiques comme étant parmi les
éléments qui participent à la spectacularisation des
événements. Il nous semble que porter un regard interactionniste
peut aider à comprendre comment les médias de Mbujimayi ont pu
participer à la publicisation de ces personnalités politiques qui
ne sont autres que les candidats à la présidentielle du 23
décembre 2018 et comment ils arrivent à construire leur image. En
tout, ce qui va nous intéresser, ce sera d'aborder cette question des
personnalités politiques dans la logique de la construction
médiatique des événements.
1.5.2. Marc Lits: La Médiatisation du
politique
Dans son article, Marc Lits consacre un point au traitement
médiatique de l'information politique. Il considère qu'il existe
aujourd'hui un vrai passage du modèle délibératif à
la mise en spectacle des personnalités politiques. Et de ce fait,
l'analyse du discours politique doit tenir compte de trois paramètres;
le discours politique évolue et s'adapte aux nouveaux supports, le
rapport du citoyen à la chose politique et se transforme, et le
traitement médiatique de la parole publique se modifie aussi, parce que
les conditions techniques permettent d'autres approches et parce que le
média tient compte des mutations sociales.
Cherchant à comprendre le rapport entre le discours
stigmatisant et le multimédia hypernarratif, l'auteur constate que la
médiatisation du politique a transformé les
modèles journalistiques et les
discours utilisés (dialogual, argumentatif ou narratif). Ces
transformations ou ces évolutions sont à interroger sans les
stigmatiser. Leur analyse doit tenir compte, soutient l'auteur, des formes
émergentes de communication politique, comme les blogs de ces
mêmes candidats, qui mettent, eux aussi, en cause le rapport au politique
et les nouvelles organisations de types narratifs et argumentatifs. Dans une
logique discursive, l'auteur appréhende le multimédia par sa
capacité à recomposer les échanges discursifs en mettant
fin au schéma classique émetteur/récepteur au profit d'une
discursivité circulaire, véritablement polyphonique, et d'une
récursivité permanente des transmissions de l'information.
En effet, il est important de démontrer que
l'élection présidentielle mettait bien au centre les candidats
à cette présidentielle. De ce fait, cela rendait possible leur
médiatisation. Mais, dans notre approche, cette médiatisation des
candidats est comprise dans le sens que les médias de Mbujimayi
tentaient de les mettre en avant certains événements qui
impliquaient certaines personnalités politiques pour attirer l'attention
du public sur ces événements rapportés. Certains
médias ont même cherché à s'identifier à
certains candidats qui avaient une bonne notoriété en vue de
s'attirer la sympathie du public. Ainsi, nous n'allons pas considérer
les acteurs politiques comme un objet au centre de notre recherche. Par contre,
ils sont ici définis comme des éléments qui ont permis de
participer à la spectacularisation des événements
politiques rapportés.
1.5.3Guylaine Martel : Incarner la politique
S'interrogeant également sur cette relation, Guylaine
Martel (2018, 2) estime que la prégnance de la médiatisation
contribue à accroitre l'importance de la personne dans l'exercice
politique, et cette personnalisation permet d'établir une sorte de
relation d'intimité avec les électeurs qui se trouvent à
distance. Plus que jamais la vie politique se matérialise à
travers les gestes dans ses représentants, que les médias
diffusent maintenant dans leurs états. A ce sujet, Reiffel y voit une
personnalisation de l'homme politique et la considère comme une
stratégie obligeant les hommes politiques à se construire un
personnage, légitimant une grille de lecture qui les désacralise
et qui, de fait, néglige les enjeux politiques puisqu'elle
décontextualise les problèmes en réduisant les campagnes
électorales à une lutte entre personnalités. Selon
Guylaine Martel(2018,12), dans ces conditions, le journalisme d'information est
supplanté par le journalisme de communication. Le journalisme
d'information, essentiellement fondé sur la fonction
référentielle du discours, c'est-à-dire le rendu factuel
des événements est concurrencé depuis une vingtaine
d'années par un journalisme de communication, lequel se distingue du
précédent par l'explication des composantes discursives qui
contextualisent la nouvelle et personnalisent l'interaction,
explique-t-elle. Elle souligne que le journalisme, en tant pratique de la
parole publique, ne peut exister et se réaliser que si les règles
discursives qui le régissent sont congruentes avec celles qui
régissent le fonctionnement technique, économique,
organisationnel, politique des médias. (Guylaine M., 2018)
Aujourd'hui, il nous parait que la médiatisation du
politique a énormément contribué à façonner
une nouvelle image du politique. Les médias de Mbujimayi ont directement
ou indirectement inscrit leur traitement des informations dans la logique
globale de certains acteurs politiques. Lesquels avaient pour objectif de
créer une forte intimité, dont parle Reiffel, entre eux et les
électeurs. Se laissant tombés dans le filet de ces acteurs
politiques, les médias ont fait de l'information un outil par lequel ils
devaient développer leur nouvelle perception auprès des
électeurs. Comme ces auteurs, nous pensons que les médias ont,
par le traitement de l'information, personnalisé les
événements en mettant sur un accent particulier sur les candidats
par une rhétorique beaucoup mieux élaborée.
1.5.4. Eithan Orkibi: Images des candidats
Il est clair que les candidats savent également se
servir des médias en leur faveur pour promouvoir leur image. Dans cette
optique, EithanOrkibi(2015) conçoit l'image du candidat dans une
campagne électorale comme ayant fait objet d'un domaine d'études
bien établi dans les études électorales et la
communication. L'auteur s'appuie sur la définition que donne Kenneth L.
Hacker. L'image du candidat est une accumulation des perceptions des
électeurs sur les candidats. Selon lui, cette définition souligne
les rapports dynamiques qui se forment entre les messages de la campagne et
l'évaluation du candidat par le public. Les images transmises
stratégiquement par les directeurs de campagne, jointes à celles
diffusées par les médias, s'entrecroisent avec les impressions
préexistantes des électeurs, et se transforment en des
représentations cognitives socialement partagées.
Eithan essaie de comprendre cette notion d'image des candidats
par deux approches. La première est décrite comme constituant
« attributs d'un homme politique », c'est-à-dire les
caractéristiques du candidat associées à la perception
commune d'un homme ou d'une femme politique ou d'un leader. Balmas et shaefer
(2010:206) donnent eux aussi quelques-unes des caractéristiques. Ils
estiment que l'image du candidat doit faire preuve de compétence, des
qualités de dirigeant, de puissance, de l'intelligence, de la
crédibilité et de la moralité.
La deuxième approche est considérée comme
« des attributs personnels ». Elle est liée aux
diverses caractéristiques du candidat en tant personne. Il s'agit de la
perception qu'a l'électeur du candidat en tant que personne
privée, ses traits personnels significations. Ces attributs personnels
peuvent être son tempérament, sa bienveillance, la dévotion
à sa famille et à son conjoint, ou sa conjointe ainsi que son
comportement communication: humour, sensibilité, attitude amicale,
apparence physique. L'auteur donne une distinction entre deux types d'images
qui découlent d'un candidat. D'abord, l'image du candidat
hétéro-attribuée qui est principalement construite par une
tierce partie. Ensuite, l'image du candidat auto-attribuée est celle qui
se construit par l'information qui provient directement du candidat
lui-même.
De son ouvrage, Guylaine Martel (2018,6) tente de saisir la
notion de l'image des politiciens telle qu'eux-mêmes la construisent
à l'intérieur de leur propre production discursive. Sous une
approche goffmanienne, l'auteure définit l'image comme une
représentation, celle qu'on a de soi-même et qu'on cherche
à projeter sur les autres dès lors qu'on est en présence
sociale, « un effet dramatique qui se dégage d'un
spectacle ». Elle n'a qu'un rapport très relatif avec la
personne réelle qui lui sert de support. L'image est donc le
résultat d'une performance entre l'acteur et son public.(Guylaine,
2018)
De son côté, Martin Rosenhaum (1997, 19) souligne
que les hommes politiques utilisent l'image pour représenter leurs
programmes, leurs idées ou leurs actions et soignent leur image de
marque dans l'espoir d'influencer, voire de manipuler l'image mentale que les
électeurs se forgent à leur sujet, c'est-à-dire
« l'ensemble des caractéristiques que le public associe
à un homme politique ».
Nous estimons que cet effort de soigner son image que l'homme
politique consent ne passe pas seulement par ses actions ou ses idées,
comme l'explique Martin Rosenhaum, mais aussi la médiatisation des
actions ou des idées de celui-ci contribue à façonner une
vraie image de lui-même. La campagne électorale a
été donc un moment privilégié pour cet exercice. A
ce sujet, Mulumbati note que la campagne électorale vise d'abord
à faire connaitre aux électeurs un candidat, ses idées et
ses actions, ensuite à le faire aimer lui, ses idées et ses
actions, enfin à le préférer lui, ses idées et ses
actions aux autres candidats, à leurs idées et à leurs
actions. (Mulumbati 2010: 421).
Il nous semble que ces auteurs reconnaissent le pouvoir des
médias dans la construction des images des hommes politiques. Car, nous
pensons que recourir aux médias s'avère la stratégie
ultime pour tout homme politique. Sa popularité ou la popularisation de
ses actions dépendraient du niveau de relation qu'entretiendrait celui
avec les médias. On l'a remarqué pendant la campagne
électorale pour les élections de 2018. Les candidats ont
trouvé une place de choix dans les médias où leurs
publicités pouvaient passer en permanence.
SECTION 2 : OPERATIONALISATION
A ce point, nous allons donner l'explication du concept et
de ses dimensionsretenus dans le cadre de cette étude.
«Information politique » est notre concept de base.
Nous le saisissons selon deux dimensions : la spectacularisation et la
mise en récit.
Dans ce mémoire, nous entendons par
Information politique tout événement
politique rapporté par un média, qui tent de le rapporter en
insistant sur certains éléments particuliers qui les constituent
en vue de leur mise en avant eten recourant aux procédés
discursifs en vue de capter l'attention du public
2.1 SPECTACULARISATION
La spectacularisation est comprise dans le sens de Patrick
Charaudeau (2009). Il parle de la dramatisation. Selon lui, le discours
journalistique qui rapporte des évènements et propose des
explications a pour objectif de capter le public en se livrant à une
certaine dramatisation qu'il définit comme un processus de
stratégie discursive qui consiste à toucher l'affect du
destinataire.
Le procédé de
focalisation est un procédé discursif qui consiste
à amener un événement sur le devant de la scène
(par les titres de journaux, l'annonce en début de journal
télévisé ou du bulletin radiophonique). Il produit un
effet de grossissement. La nouvelle sélectionnée est mise en
exergue, et du même coup elle envahit le champ de l'information donnant
l'impression qu'elle est la seule digne d'intérêt. Cela participe
d'un phénomène discursif plus général: toute prise
de parole est un acte d'imposition de sa présence de locuteur
l'interlocuteur, et donc celle-ci doit pouvoir être justifiée.
Notre approche n'est pas de considérer les
événements dans leur mise en scène liée au
dispositif tels le journal parlé ou le bulletin radiophonique pour la
simple raison que les informations que nous analysons sont amputées de
leur enveloppe vocale. De ce fait, nous ne pouvons les analyser comme le
suggère Patrick Charaudeau. Mais, dans le cadre de ce mémoire, le
procédé de focalisation est compris comme participant à la
spectacularisation en ce sens qu'il devient un outil qui nous permet de voir
les éléments sur lesquels ont insisté les médias
pendant la campagne électorale, la personne (Qui ?), l'objet
(Quoi ?), le lieu (Où ?) que nous retenons comme indicateurs.
Le procédé de
répétition ou la mise en avant qui consiste
à passer une même information en boucle d'un bulletin
d'information à l'autre, d'un journal télévisé
à l'autre, d'un journal à l'autre et d'un jour à l'autre.
Cette information, répétée de la même façon
ou avec des variantes, produit un effet de réification: la nouvelle
prend une existence en soi, se trouve par là même
authentifiée, se fige et donc s'inscrit de façon
indélébile dans la mémoire.
Nous n'allons pas appliquer l'approche que Patrick charaudeau
fait du procédé de répétition. Cependant, nous le
privilégierons, dans notre analyse, pour constater les
personnalités politiques, les institutions politiques et
indépendantes qui ont fait l'objet d'une forte médiatisation.
2.2 MISE EN FORME
Dans le cadre de ce mémoire, la mise en forme de
l'information est perçue du point de vue de la structure de
l'information(attaque, corps, chute). Nous traduisons ce que Patrick
Charaudeau appelle les opérateurs de construction par les six questions
de références essentielles pour la construction d'un
événement afin de lui donner tout son sens. Il s'agit de Qui,
Quoi, Quand, Où, Comment et pourquoi ?
Les réponses à ces courtes questions permettent
de rendre du déroulement d'un événement et proposent une
lecture sectorielle de celui-ci. Ces questions permettent donc de signifier.
Elles nous permettront d'approcher les informations politiques à la RTNC
et la RTDK pour voir si ces deux médias les mobilisent correctement pour
replacer dans le système social les significations sociales de
l'événement rapporté.
2.3 TABLEAU D'OPERATIONNALISATION
TABLEAU N°1
Concept opératoire
|
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Informations politiques
|
Spectacularisation
|
Procédé de focalisation
|
· La Personne (Qui ?)
· L'Objet (Quoi ?)
· Le lieu (Où ?)
|
Mise en avant
|
· Institution politique
· Personnalité politique de l'opposition
· Personnalité politique de la majorité
· Personnalité indépendante
· Organisation indépendante
· Partis politiques
|
Mise en forme
|
structure
|
· Attaque
· Corps
· Chute
|
Rituelle
|
· Qui ?
· Quoi ?
· Quand ?
· Où ?
· Comment ?
· Pourquoi ?
|
SOURCE : NOUS-MEME
CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre, il était question de recenser
différentes approches sur la question que nous abordons. Nous nous
sommes appuyé sur quelques auteurs qui, par leurs recherches, ont permis
d'éclairer la thématique abordée. Le présent
chapitre a été subdivisé en deux principaux points :
L'état de la question et l'opérationnalisation.
Dans l'état de la question, nous sommes revenu sur le
concept « information ». Quatre sous-points ont
été traités :Vers la définition de
l'information, l'information comme discours, l'information comme
événement et enfin, les médias dans la campagne.
Dans l'opérationnalisation, nous avions ressorti
clairement notre concept opératoire qu'est le concept
« information politique » que nous avons compris sur deux
dimensions : la spectacularisation et la mise en récit.
CHAPITRE II : ELECTIONS ET INFORMATIONS DANS LES
MEDIAS DE MBUJIMAYI
Dans ce chapitre, il sera question de présenter notre
corpus dans les deux médias approchés pour cette étude.
Nous allons présenter les informations politiques à la RTNC et
à la RTDK. Ce chapitre s'articule autour de deux points. Il s'agit de
l'aperçu sur les élections en RDC et la présentation de
notre corpus.
SECTION 1: APERCU SUR LES ELECTIONS EN RDC
1. ELECTIONS DE 2006 à 2011
C'est en juillet 2006 qu'ont eu lieu les premières
élections présidentielle et législative libres en
République démocratique du Congo depuis l'indépendance du
pays. Trente-trois (33) candidats prenaient part à l'élection
présidentielle. Trente-un seront écartés dès le
premier tour. En octobre 2006, la commission électorale
indépendante organise un second tour. Joseph Kabila et Jean-pierre
Bemba, les deux candidats restant dans la course, vont s'affronter à
cette élection. Joseph Kabila en sortit gagnant. (
http://www.africanelections.tripod.com
consulté le 13 mai 2019)
En 2011, les élections qui ont été
organisées par la commission électorale nationale
indépendante, remplaçant l'ancienne commission électorale
indépendante, ont constitué la seconde échéance
après le retour de la paix dans le pays. Les élections
législatives vont avoir lieu en même temps que l'élection
présidentielle dominée par onze candidats. Mais, Etienne
Tshisekedi et Joseph Kabila ont été les deux candidats qui
avaient dominé la campagne du fait de leur notoriété. A
l'issue de cette élection, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et
élu en 2006, a été reconduit au poste de président.
(
http://www.jeuneafrique.com
consulté le 13 mai 2019)
Pendant cette période, les médias avaient
joué un rôle remarquable, c'est-à-dire ils ont
participé à la sensibilisation des citoyens sur leur
participation massive aux élections. Dans tout le pays, plus de 400
stations de radio et 150 chaînes de télévision
émettaient et des centaines de journaux étaient présents
sur le marché. Mais, La Radio Télévision Nationale
Congolaise et la Radiookapi étaient les seules à couvrir
l'ensemble du territoire national. Du fait de son statut, la Radiookapi
échappait aux pressions des politiciens locaux. Tandis que la Radio
Télévision Nationale Congolaise était
considérée comme le véritable média de service
public émettant dans le pays et étant au service de la propagande
gouvernementale (Marie-Soleil Frère, 2015).
A cette échéance électorale, "la campagne
électorale s'annonçait très tendue. Les semaines
précédentes avaient été marquées par la
fermeture de plusieurs médias d'opposition et par des attaques
répétées des journalistes", constatait Marie-Soleil
Frère.
2. ELECTIONS DE 2018
L'élection présidentielle s'est tenue le 30
décembre 2018 en même temps que les législatives et les
provinciales. Reportée à plusieurs reprises depuis 2016, cette
élection donnait un successeur à Joseph Kabila, occupant le poste
de président depuis 2001. Le régime de Joseph Kabila a
été accusé de réprimer brutalement les
manifestations politiques d'opposition.
En effet, pour le scrutin, les doutes existaient jusqu'au
dernier moment sur sa tenue. Joseph Kabila aurait dû théoriquement
se retirer en décembre 2016, à la fin de son second mandat, la
constitution congolaise lui interdisant d'en effectuer trois mandats
consécutifs. Mais, les élections ont été
repoussées plusieurs fois, déclenchant des manifestations parfois
violemment réprimées jusqu'à ce que la date soit
fixée au 23 décembre (
http://mobile.francetvinfo.fr,
consulté le 13 mai 2019).
Initialement prévue fin 2016, l'élection
présidentielle n'a finalement eu lieu qu'en décembre 2018
après plusieurs reports. Ces reports ont entraîné une
profonde crise dans le pays. Un premier report intervient après la
signature des accords de saint sylvestre, fixant les élections en
décembre 2017. Dans la foulée, le président de la CENI
déclare impossible de tenir le délai. Il fixe ainsi la date du
scrutin pour le 23 décembre 2018, qui sera finalement reportée au
30 décembre.
Vingt-un candidats participaient à l'élection
présidentielle. Mais, trois candidats d'entre eux sortent du lot et
dominent la campagne électorale. Il s'agit d'Emmanuel Ramazani shadary,
candidat du FCC, Felix Tshisekedi, candidat pour la coalition CACH et Martin
Fayulu, candidat de la coalition Lamuka. La campagne électorale
étant une période clé, ces candidats et leurs partis
politiques sollicitaient les médias pour être visibles sur
terrain. Parfois, le succès qu'ont eu certains candidats, ils semblent
l'accorder aux médias. Les publicités y sont passées.
Certaines émissions de circonstance ont été
présentées en faveur de tel ou tel autre candidat. L'objectif
était d'assurer sa visibilité auprès des électeurs.
On pouvait voir les candidats, pendant leurs tournées dans le pays, se
faire accompagner des journalistes de médias tant nationaux
qu'internationaux.
Certaines organisations indépendantes, telles que
Internews, Search for common ground et Freedoom house, s'étaient
données, à cette période, pour tâche de sensibiliser
les médias à l'équilibre dans le traitement de
l'information pour éviter de verser dans la propagande. Elles
procédaient à la sensibilisation des journalistes sur leur
rôle dans ce processus électoral. Leur objectif était de
voir les médias recueillir toutes les sources émanant de
différents courants socio-politiques pour prétendre promouvoir la
démocratie (
www.digitalcongo.net
consulté le 13 mai 2019).
A l'issue de cette élection, Felix Tshisekedi a
été donné vainqueur avec un peu plus de 38% des suffrages
selon les résultats provisoires. Martin Fayulu en recueille près
de 35%. Emmanuel Ramazani shadary termine sur la troisième marche du
podium avec 23%(
https://www.lecho.beconsulté
le 13 mai 2019). Dès l'annonce de ces résultats, ceux-ci sont
vivement contestés par Martin Fayulu. La conférence
épiscopale du Congo annonça aussi que les résultats ne
correspondent à ceux collectés par ses 40.000 observateurs sur
terrain.
SECTION 2: PRESENTATION DU CORPUS
Notre corpus provient de deux chaînes de radios: la RTNC
et la RTDK. Il couvre la période s'étalant sur le mois
décembre 2018. Il est essentiellement composé de 20 textes qui
sont des informations radio, produites pendant la campagne électorale
par ces deux médias.
2.1 INFORMATIONS POLITIQUES A LA RTNC
La Radio Télévision Nationale Congolaise/
Kasai-oriental est une chaîne publique qui s'inscrit dans la vision des
services publics de la République démocratique du Congo. Sa
mission est d'informer, former et éduquer les masses populaires. La RTNC
promeut également les productions culturelles du pays. C'est à
l'aspect "information" que nous avons choisi de porter notre attention
sur la RTNC afin de voir comment elle s'est comportée pendant la
période électorale. En effet, nous nous intéressons aux
informations, déjà archivées, permettant de nous rendre du
déroulement des évènements politiques pendant la campagne
électorale, à l'échelle nationale. Sur ces informations,
il est ainsi possible de relever les noms des journalistes, la date de
production de l'information, la signature du rédacteur en chef ainsi que
l'heure de l'édition qui a précédé sa production.
Ces textes sont généralement des supports pour
l'oral. Ils ne correspondent pas à la transcription du rendu final.
Mais, nous n'allons pas vérifier la correspondance avec ce qui a
été prononcé en antenne. Autrement dit, nos données
correspondent à une réalité réduite, amputée
de l'enveloppe vocale.
Globalement, les informations que nous avons triées ne
représentent qu'une rubrique du journal de la RTNC. Ce journal est
diffusé quatre fois par jour. Il s'agit des éditions de 6h30, de
9h00, de 12h00 et de 18h30. En dehors de ce dispositif, la RTNC prévoit
aussi un bulletin d'informations qui passe à partir de 15h00. Le journal
parlé de la RTNC est hiérarchisé selon six rubriques:
nation, province, Afrique, monde, sport et culture.
Dans la première rubrique, il s'agit des informations
qui sont en relation avec les institutions publiques ou non publiques du pays,
l'actualité dans d'autres provinces. C'est cette rubrique qui reprend
pratiquement toutes les informations politiques à l'échelle
nationale. Ainsi, les informations sont présentées selon l'ordre
des institutions dans le pays. On part de la présidence au parlement, du
gouvernement aux organisations nationales ou indépendantes sur le
territoire. Enfin, on finit par l'actualité en provinces, s'il en faut.
Dans la seconde rubrique, réservée à
l'actualité en province, la RTNC propose les informations au public
selon un certain ordre. On commence par l'actualité à
l'assemblée provinciale, suivie par l'actualité au gouvernement
provincial, ensuite d'autres institutions et enfin les faits divers. La
troisième rubrique est réservée à
l'actualité africaine où certains événements
politiques africains sont recensés. La quatrième est liée
à l'actualité internationale. Elle est suivie de la rubrique
sportive où les informations sportives sont présentées
selon un certain ordre. La priorité est accordée à
l'actualité sportive en province, à l'échelle nationale et
ensuite internationale. Enfin, le journal se termine par l'actualité
culturelle.
TABLEAU N°2 PRESENTATION DU CORPUS
RTNC
N°
|
Dates et éditions
|
Identification
|
Questions fondamentales repérées
|
Structure de l'information
|
Focalisation
|
Organisations ou personnalités
citées
|
1
|
09/12/2018
18h30'
|
Présidentielles du 23 décembre prochain. Les
candidats poursuivent leur campagne électorale sans désemparer
à travers tout le pays, question de dorloter leur électorat.
|
Six questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Les candidats à la présidentielle
|
Emmanuel Ramazani shadary
Felix Tshisekedi
Martin Fayulu
|
2
|
11/12/2018
6h30'
|
Le candidat du FCC Emmanuel Ramazani Shadari a
été lundi à Buta, dans la province du
Bas-Uélé où il a reçu un accueil chaleureux.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Le candidat du FCC Emmanuel Ramazani
|
Emmanuel Ramazani Shadary
|
3
|
14/12/2018
18h30'
|
Commission électorale nationale indépendante.
Corneille Nanga se veut rassurant quant à la tenue du scrutin du 23
décembre 2018 prochain.
|
Quatre questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, Quand, où ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
L'incendie à l'entrepôt de la CENI
|
Commission électorale nationale indépendante
|
4
|
15/12/2018
18h30'
|
Le ministre des médias et porte-parole du gouvernement
a animé un point de presse à Kinshasa.
|
Six questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
L'incendie de l'entrepôt de la CENI
|
Lambert Mende
|
5
|
17/12/2018
6h30'
|
Le président de la CENI, Corneille Nanga a
consacré un point de presse à l'incendie qui s'est
déclaré récemment dans l'un des entrepôts de son
institution aux heures de nuit.
|
Cinq questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaqueincomplète
Corps
Chute
|
Point de presse consacré à l'incendie de
l'entrepôt de la CENI
|
Corneille Nanga, président de la CENI
|
6
|
19/12/2018
18h30'
|
Clôture de la campagne électorale ce vendredi 21
décembre sur toute l'étendue du pays.
|
Six questions de référence
: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et
pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Clôture de la campagne électorale
|
Emmanuel Ramazani
Félix Tshisekedi
Martin Fayulu
|
7
|
20/12/2018
18h30'
|
Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta
suspend les activités sur toute l'étendue de la capitale
Kinshasa.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Suspension de la campagne électorale à
Kinshasa
|
André Kimbuta
|
8
|
21/12/2018
6h30'
|
Les élections générales auront lieu le 30
décembre. C'est ce qu'indique le président de la CENI, Corneille
Nanga lors d'un point de presse tenu jeudi 20 décembre.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
La tenue des élections le 30 décembre
|
Président de la CENI
|
9
|
22/12/2018
6h30'
|
Le président du CNSA, le conseil national de suivi de
l'accord, Joseph Olenga NKoy a tenu un point de presse ce vendredi au
siège du CNSA sur la tenue des élections dans le pays.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
La tenue des élections présidentielle et
législative
|
Joseph Olenga Nkoy, président du CNSA
|
10
|
22/12/2018
6h30'
|
Le CSAC monte au créneau et invite singulièrement
les journalistes à respecter le calendrier électoral.
|
Cinq questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque incomplète
Corps
Chute
|
Le conseil supérieur de l'audiovisuel et de la
communication
|
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la
communication
|
Source : Nous-même
Commentaires
Ce tableau reprend sept rubriques suivantes : les dates
et les heures d'éditions, l'identification des informations, les
questions fondamentales, la structure de l'information, la focalisation, les
organisations et les personnalités citées, les ressources
mobilisées. Dans ce tableau, nous avons recensé dix informations,
sélectionnées partant de la période allant du 09
décembre au 22 décembre 2018. Nous avons classé les
informations selon l'ordre de leur production. Nous avons
présenté la structure de chaque information en dégageant
les différentes questions essentielles à sa construction pour
voir si elles ont été respectées. Notre lecture est que
certaines informations contenaient les six questions de référence
et d'autres cinq questions de référence. Dans la focalisation,
nous avons relevé les personnes et les thèmes abordés.
2.2INFORMATIONS POLITIQUES A LA RTDK
La Radio Télé Debout Kasai est une chaine
privée communautaire, installée dans la province du
Kasaï-Oriental, précisément à Mbujimayi. Elle s'est
fixée pour objectif d'aider les populations locales à se
développer. Cependant, pendant la période électorale, elle
s'est affichée du côté de l'opposition. Dans le cadre ce
mémoire, nous avons choisi cette chaine parce qu'elle avait
considérablement acquis une forte notoriété dans la
province au cours de cette période.
Dans notre étude, nous avons choisi de nous
intéresser à cette radio dans le but d'analyser la manière
dont elle a traité les informations politiques. En effet, comme ce fut
le cas pour la RTNC, les informations que nous avions repérées
étaient déjà archivées, permettant de nous rendre
du déroulement des événements politiques de la campagne
à l'échelle nationale. Sur ces informations, il est ainsi
possible de relever les noms des journalistes, la date de production de
l'information, la signature du rédacteur en chef ainsi que l'heure de
l'édition qui a précédé sa production. Ces textes
sont généralement des supports pour l'oral. Ils ne correspondent
pas à la transcription du rendu final. Mais, nous n'allons pas
vérifier la correspondance avec ce qui a été
prononcé en antenne. Autrement dit, nos données correspondent
à une réalité réduite, amputée de
l'enveloppe vocale.
Ces informations dont il est question dans ce travail
s'insèrent dans un dispositif qui s'appelle
« journal ». Son format est de quinze minutes. Il
est présenté près de quatre fois par jour, notamment aux
éditions de 6h00, 8h45, 11h00 et 20h45. Ce journal est
découpé en trois rubriques : nation, province,
internationale et sportive. Dans la rubrique nation, ce sont les nouvelles de
l'actualité politique produite à l'échelle nationale. Dans
la seconde province, ce sont les nouvelles liées à
l'actualité provinciale. Dans la rubrique internationale, ce sont les
informations rendant compte de l'actualité en Afrique et dans le monde.
Enfin, la rubrique sportive reprend toutes les nouvelles sportives de
l'actualité à l'échelle provinciale, nationale et
internationale.
TABLEAU N°3 PRESENTATION DU CORPUS
RTDK
N°
|
Dates et éditions
|
Identification
|
Questions fondamentales repérées
|
Structure de l'information
|
Focalisation
|
Organisations ou personnalités
citées
|
1
|
14/12/2018
20h45'
|
Dispersion des militants de l'UDPS qui suivaient le
cortège de Félix Tshisekedi à la place Imokas, dans la
ville de Kananga.
|
Six questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Dispersion des militants de l'UDPS par la police
|
La police
|
2
|
15/12/2018
6h00'
|
Le haut-commissariat des nations-unies aux droits de l'homme
exhorte les autorités congolaises à prendre des mesures
préventives contre les violences à quelques jours des
élections.
|
Six questions de référence : Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Prise des mesures préventives contre les violences lors
des élections.
|
Haut-commissariat
|
3
|
15/12/2018
20h15'
|
Le duo Tshisekedi Tshilombo Félix et Vital Kamerhe est
arrivé ce samedi 15 décembre 2018 à Lubumbashi, dans le
Haut-Katanga.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe
|
Commission électorale nationale indépendante
|
4
|
15/12/2018
20h45'
|
Les Etats-Unis d'Amérique interdisent à ses
ressortissants vivant en RDC de se rendre dans l'Est et au centre de la RDC.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
- L'Est et le centre du pays
- Interdiction de se rendre au centre et à l'est du
pays
|
Les ressortissants des Etats-unis en RDC
|
5
|
16/12/2018
20h15'
|
La plateforme LAMUKA accepte d'aller aux élections du
23 décembre 2018 avec la machine à voter.
|
Cinq questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Plateforme LAMUKA
|
Plateforme LAMUKA
Olivier Kamitatu
|
6
|
16/12/2018
8h45'
|
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement a tenu un point de
presse ce vendredi 14 décembre sur l'incendie de l'entrepôt de la
CENI.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Incendie de l'entrepôt de la CENI
Assurance de la CENI pour la tenue des élections.
|
Lambert Mende
|
7
|
16/12/2018
20h45'
|
Arrivée de deux leaders du CACH ce dimanche à
Tshikapa, dans la province du Kasai.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe
|
Félix Tshisekedi et Vial Kamerhe
|
8
|
18/12/2018
8h45'
|
Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe sont arrivés ce lundi
17 décembre 2018 à Matadi en s'offrant un bain de foule, dans la
province du Kongo central.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe
|
Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe
|
9
|
19/12/2018
20h15'
|
Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta a
suspendu ce mercredi 19 décembre les manifestations publiques
liées à la campagne électorale.
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Suspension de la campagne électorale à
Kinshasa
|
André Kimbuta, gouverneur de la ville-province de
Kinshasa.
|
10
|
21/12/2018
8h45'
|
Le président de la CENI a déclaré ce jeudi
20 décembre l'arrêt de la campagne
|
Six questions de référence: Qui ?,
Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?
|
Attaque
Corps
Chute
|
Arrêt de la campagne électorale sur toute
l'étendue du pays
|
Le président de la CENI
|
Source :Nous-même
Commentaires
Ce tableau reprend sept rubriques suivantes : les dates
et les éditions, l'identification des informations, la structure de
l'information, les questions fondamentales, la focalisation, les organisations
et les personnalités citées, les ressources mobilisées.
Dans ce tableau, nous avons recensé dix informations,
sélectionnées partant de la période allant du 14
décembre au 21 décembre 2018.Nous avons classé les
informations selon l'ordre de leur production. Nous avons
présenté la structure de chaque information en dégageant
les différentes questions essentielles à sa construction pour
voir si elles ont été respectées. Notre lecture est que
certaines informations contenaient les six questions de référence
et d'autres cinq questions de référence. Dans la focalisation,
nous avons relevé les personnes et les thèmes abordés.
Ensuite, nous avons relevé les personnalités et les
organisations citées dans différentes informations.
CONCLUSION PARTIELLE
En somme, dans ce chapitre, il a été question de
présenter notre cadre empirique. Ce présent chapitre est
subdivisé en deux sections. La première a été
consacrée à l'aperçu général des
élections en RDC. La deuxième a porté sur la
présentation du corpus.
Dans la première section, nous avons fait un
aperçu des élections de 2006 et de 2011. Puis, nous avons
tenté d'expliquer le contexte électoral de 2018. Dans la seconde
section, nous avons eu à présenter notre corpus et le cadre dans
lequel il s'insère.
CHAPITRE III: TRAITEMENT DES INFORMATIONS POLITIQUES A
LA RTNC ET A LA RTDK EN CAMPAGNE ELECTORALE
Dans ce chapitre, nous allons vérifier nos
hypothèses que nous nous sommes proposées dans le cadre de cette
étude. Ces hypothèses sont des réponses à nos deux
questions de recherche : principale et subsidiaire. La première met
l'accent sur la manière dont les médias ont mis en forme les
événements politiques qui se sont déroulés pendant
la campagne électorale. La seconde cherche à savoir les
mécanismes de spectacularisation que les médias ont mis en oeuvre
pour mettre en avant ces événements.
A la première question, nous avons proposé que
la RTNC et la RTDK ont rapporté ces événements en
satisfaisant au principe de distance et de neutralité, obligeant les
journalistes à s'effacer au profit des faits.
A la deuxième question, nous avons répondu que
la RTNC et la RTDK ont recouru à deux procédés discursifs
pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur
des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant
à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des
procédés de focalisation et du procédé de
répétition que nous avons choisi d'appeler la miseen
avant.
. En effet, ce chapitre est découpé en trois
points :
- Le protocole méthodologique
- L'analyse des données
- L'interprétation des résultats
SECTION 1 : PROTOCOLE METHODOLOGIQUE
A ce point, nous présentons l'approche
méthodologique qui nous a servi à l'analyse des données.
En effet, notre corpus provient de deux chaînes de radio, la RTNC et la
RTDK. Il est constitué principalement d'informations rendant compte des
événements politiques qui se sont déroulés à
l'échelle nationale pendant la campagne électorale. Elles ont
été produites du 09 décembre au 21 décembre 2018
à la RTNC et du 14 décembre 2018 à la RTDK. Elles
correspondent à la rubrique "nation" de deux chaînes. Nous les
avons triées dans la masse d'informations archivées qui ont
été mises à notre disposition. Nous avons
sélectionné celles qui correspondaient le mieux à notre
limitation. Nous avons mis de côté toutes les informations
politiques liées à l'actualité provinciale.Dans le cadre
de ce mémoire, nous avons choisi d'utiliser la méthode
ethnologique. Elle nous a permis de mettre l'accent sur les comportements qui
ont été développés par les deux médias
pendant cette période de campagne électorale.Nous avons choisi
aussi d'utiliser la méthode d'analyse de contenu pour recueillir et
traiter les données mentionnées dans les informations politiques
dont nous avions disposé afin de les caractériser.
Pour analyser ces informations, nous avons choisi d'utiliser
l'approche de Patrick Charaudeau. Elle s'attache à étudier les
possibles dérives des médias dans le rapportage des
événements. Il propose ainsi deux procédés
discursifs qui sont généralement à la base d'une
surévénementialisation des événements. Terme qu'il
associe aussi à ce qu'il appelle la suractualisation. Il faut dire que
ces deux procédés discursifs ont été
appliqués au journal, au bulletin d'informations et au flash
d'informations.
Cependant, ces deux procédés nous ont servi
à analyser les différentes informations, comprises
isolément comme événements rapportés, afin
d'expliquer le processus de spectacularisation de ces événements
pendant la campagne électorale. Ils ont permis de repérer sur
quoi la RTNC et la RTDK ont insisté pour mettre en avant les
événements politiques. Le procédé de focalisation
nous a aidé à identifier le lieu, la personne ou l'objet à
partir desquels les deux médias ont participé à
l'événementialisation des événements. La mise en
avant comme procédé de spectacularisation a été
privilégiée, dans notre analyse, pour constater les
personnalités politiques ou indépendantes, les institutions
politiques et indépendantes qui ont fait l'objet d'une forte
médiatisation par les deux médias au cours de la période
de campagne électorale.
A l'issue de cette analyse, nous avons ressorti les
similitudes et les différences de chacun des médias dans le
processus de construction des événements qui ont marqué
les deux dernières semaines de la campagne électorale.
SECTION 2 : ANALYSE DES DONNEES
Cette analyse va consister à confronter les
données recueillies aux données hypothétiques. Nous
procédons à leur traitement dans le tableau d'analyse suivant.
TABLEAU N°4
DONNEES HYPOTHETIQUES
|
INFORMATIONS POLITIQUES A LARTNC
|
INFORMATIONS A LA RTDK
|
Concept
|
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Concernant les personnes
1. Les trois candidats à la présidentielle
(1)
2. Le candidat du FCC, Emmanuel Ramazani (1)
Concernant l'objet
1. La tenue des élections par la CENI (3)
2. L'incendie de l'entrepôt de la CENI (2)
Concernant les personnalités
1. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du FCC (3)
2. Felix Tshisekedi (2)
3. Martin Fayulu(2)
4. Corneille Nangaa, président de la CENI (2)
5. André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa (1)
6. Joseph Olenga Nkoy, président du CNSA
Organisation indépendante
1. Commission électorale nationale
indépendante(1)
2. Conseil supérieur de l'audiovisuel et de
communication(1)
Concernant la structure
Huit informations sur dix présentent toutes les trois
parties de l'information. Les deux autres présentent des attaques
incomplètes.
Sur dix informations, deux répondent de manière
incomplète aux questions Cfr. n°5 et n°10.
|
Concernant la personne
1. Félix Tshisekedi (3)
2. Plateforme Lamuka (1)
Concernant l'objet
1. Dispersion des militants par la police à
Kananga(1)
2. Mesures préventives lors des élections(1)
3. Interdiction aux ressortissants américains de se
rendre à l'Est et au centre du pays(1)
4. Incendie de l'entrepôt de la CENI et l'assurance de
la CENI d'organiser les élections(1)
5. Suspension de la campagne électorale
6. Arrêt de la campagne électorale(1)
Concernant les les personnalités
1. Félix Tshisekedi(3)
2. Vital Kamerhe(3)
3. Lambert Mende(1)
4. André Kimbuta(1)
5. Corneille nangaa(1)
Concernant l'organisation politique
1. Lamuka (1)
Concernant l'organisation indépendante
1. Police (1)
Concernant la structure de l'information
Toutes les dix informations présentent les trois
parties de l'information.
Toutes les dix informations ont répondaient
correctement aux questions.
|
Informations politique
|
Spectacularisation
|
Procédé de focalisation
|
La Personne (Qui ?)
L'Objet (Quoi ?)
Le lieu (Où ?)
|
Mise en avant
|
Institution politique
Personnalité politique de l'opposition
Personnalité politique de la majorité
Personnalité indépendante
Organisation indépendante
Partis politiques
|
Mise en forme
|
Structure
|
Attaque
Corps
Chute
|
Rituelle
|
Qui ?
Quoi ?
Quand ?
Où ?
Comment ?
Pourquoi ?
|
Commentaires
Le présent tableau est subdivisé en trois
grandes parties. La première est réservée aux
données hypothétiques. La seconde est consacrée aux
informations politiques à la RTNC et la troisième aux
informations politiques à la RTDK.Dans la première partie, nous
revenons sur notre appareil conceptuel que nous tentons de confronter aux
données empiriques. Nous y avons repris toutes nos dimensions
accompagnées de leurs indicateurs.
Dans la deuxième partie, il se dégage que les
informations politiques à la RTNC ont été plus
centrées sur les objets que sur les autres éléments tels
que définis dans notre appareil conceptuel. Cette observation
découle du procédé de focalisation. Les personnes
(Qui ?) n'ont pas été au centre du traitement des
informations. Par rapport à la mise en avant, il sied de signaler que
certaines personnalités politiques ont figuré plus dans les
informations diffusées que d'autres. On peut aussi voir deux
organisations indépendantes figurer dans les informations.
Dans la troisième partie, il ressort des informations
politiques de la RTDK que les personnalités politiques ont
figuré en bonne place que d'autres éléments prévus
dans notre opérationnalisation.Il s'agit notamment de Félix
Tshisekedi et Vital Kamerhe. Cette observation découle de l'application
de la mise en avant comme procédé dans l`analyse des
informations. Deux organisations, l'une politique et l'autre
indépendante, ont aussi figuré dans les informations
diffusées pendant la période électorale. Le
procédé de focalisationa insisté sur les personnes et
moins sur les objets. Il n'y a pas eu de sujets traitant du même
problème de manière linéaire.
SECTION 3 : INTERPRETATION DES RESULTATS
La présente étude est partie du constat selon
lequel les médias de Mbujimayi, dont la RTNC et la RTDK, ont
participé à la structuration des spectacles politiques par la
mise en scène des événements. Pendant la campagne
électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de
captation. Dans cette perspective, ils ont été à la base
de l'événementialisation de certains événements en
insistant sur des éléments particuliers qui les constituent en
vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans
le processus de publicisation de certains candidats à la
présidentielle du 30 décembre 2018. D'où les deux
questions de départ qui ont constitué le fil conducteur de notre
recherche : comment les médias de Mbujimayi ont-ils mis en forme
les événements politiques qui se sont déroulés
pendant la campagne électorale? Quels sont les mécanismes de
spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces
événements ?
Comme hypothèse à la première question,
nous avons estimé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces
événements en satisfaisant au principe de distance et de
neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des
faits. A la deuxième question, nous avons avancé que la RTNC et
la RTDK ont recouru à deux procédés discursifs pour mettre
en avant les événements politiques en insistant sur des
éléments particuliers qui les constituent et en cherchant
à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des
procédés de focalisation et de répétition.
En effet, la présente étude est partie d'un
appareil conceptuel. Lequel a reposé sur un seul concept
opératoire qu'est « les informations
politiques ».Ce concept était compris sur deux
dimensions : la spectacularisation et la mise en forme. La première
dimension contient deux composantes : le procédé de
focalisation et le procédé de répétition. De ces
deux composantes, sont dégagés les indicateurs. La
deuxième dimension s'est appuyée aussi sur deux composantes
desquelles sont dégagés les indicateurs.
3.1 DIMENSION
« SPECTACULARISATION »
Cette dimension nous a permis d'identifier sur quoi les
médias ont insisté pour mettre en avant les
événements politiques. L'objectif a été de saisir
la manière dont la RTNC et la RTDK ont pu structurer l'espace public par
la mise en scène des événements. Partant des
éléments d'observation que nous a offerts cette dimension, il
nous revient que les similitudes et les différences se dégagent
du traitement des informations politiques dans les deux médias.
A la RTNC, nous avons constaté que le
procédé de focalisation a été utilisé pour
mettre un accent particulier sur certains thèmes pendant cette
période de campagne électorale. Des sujets tels que
« la tenue des élections par la CENI » et
« l'incendie de l'entrepôt de la CENI » ont
été traités de manière particulière. Ainsi
que l'explique Benjamin Berut (2011), lorsqu'un événement
intervient dans notre quotidien, c'est le rôle des médias de le
rendre, le plus rapidement possible, compréhensible. Il s'agit d'en
fixer le sens, les enjeux, la signification et les implications, qu'il doit
avoir sur nos vies et nos sociétés.
Cette focalisation sur ces deux thèmes justifie
l'intention de la RTNC d'attirer l'attention du public sur les
événements rapportés. Ce qui fait qu'elle tentait de
légitimer ces sujets en faisant oublier d'autres. Elle en produisait
l'effet de grossissement. La RTNC a fait de ces thèmes les plus dignes
d'intérêt. Dans cette perspective, Gregory Derville (2013) estime
que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les contenus
qu'ils diffusent influencent, sur le long terme et sans volonté
persuasive apparente, notre façon de voir le monde : ces contenus
façonnent nos catégories de perception, et de ce fait ils
contribuent à construire la réalité dans laquelle nous
évoluons.
A la différence de la RTNC, la RTDK utilise le
procédé de focalisation en mettant l'accent sur des individus,
c'est-à-dire c'est leur notoriété qui est mise en exergue
pour pouvoir attirer l'attention du public sur les événements
rapportés. Nous avons remarqué que cette focalisation sur les
personnes était axée sur Félix Tshisekedi et Vital
Kamerhe. Par contre, la thematisation des événements n'a pas
trouvéde consistance dans le traitement des informations politiques
à la RTDK. Pendant cette période de campagne, ce qui a
importé, c'étaitde traiter les informations qui correspondaient
au mieux aux actions de ces personnalités politiques de l'opposition.
Cela implique que ce procédé a eu comme conséquence la
personnalisation des événements.
Dans cette perspective, il faut préciser que la mise en
avant a permis cette spectacularisation dans l'ordre des occurrences,
c'est-à-dire la manière dont les personnalités politiques
et indépendantes ou les organisations indépendantes ou politiques
telles reprises par les deux médias ont été
présentées. En suivant de près cette
répétition, nous nous rendons compte que les deux médias
créent leurs identités propres en donnant clairement leurs
positions. Nous avons constaté que, pour la RTNC, Emmanuel Ramazani
shadary, personnalité politique de la majorité, se retrouve
cité plusieurs fois dans les informations, contrairement à
d'autres candidats qui n'ont figuré légèrement que deux ou
une information. Par contre, la RTDK a repris plusieurs fois, dans ses
informations politiques, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Il faut
dire que, pendant cette campagne électorale, elle s'était fait
identifier comme un média de l'opposition. Et donc, pour
réaffirmer cette identité, il fallait à tout prix parler
de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe pour croire attirer l'attention du
public sur ce qui est rapporté.
3.2 DIMENSION « MISE EN FORME »
Notre deuxième dimension est la mise en forme. Elle a
deux composantes et des indicateurs. Notre objectif a été de
rendre compte de la construction des événements en nous
référant à la structure des informations et en
repérant les questions de référencequi permettent
d'oeuvrer à cette construction. La mobilisation de ces questions dans la
construction de l'événement permet qu'il soit compris par le
public.
Pour ce qui est de la mise en forme des informations à
la RTNC, il y a lieu de démontrer que les informations sont correctement
présentées en respectant la structure naturelle des informations.
Mais il sied de préciser que sur dix informations analysées, il
se trouve que huit informations répondent à toutes les questions
de référence, alors que les deux autres étaient
présentées de manière incomplète. Leurs attaques
étaient incomplètes. Elles manquaient généralement
de la question temporelle. Or, celle-ci s'avère essentielle dans la
situation de l'événement.Car, tout événement
rapporté devient donc une donnée sociale qui, lorsqu'elle est mal
rapportée peut amener à une interprétation erronée
de l'événement. Etant dans un paysage médiatique
concurrentiel comme celui de Mbujimayi, le public a la possibilité de
contrebalancer la version incomplète avec les informations qui lui
viennent des autres médias. Ce qui peut jouer énormément
sur la crédibilité des informations rapportées par la
RTNC.
A la RTDK, la mise en forme de toutes les dix informations
s'est faite correctement. Cette donne s'explique par le fait de la distance qui
devait être prise par rapport aux faits. Répondre clairement aux
six questions a permis d'élaguer l'ambiguïté sur les
événements rapportés. Charaudeau explique que le discours
journalistique ne peut se contenter de rapporter des faits et des dits, son
rôle est également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin
d'éclairer le citoyen.
Cela veut dire que lorsqu'on s'efforce de prendre en compte
tous les opérateurs de construction d'un événement, le
média favorise la meilleure appréhension de
l'événement rapporté et de lui-même auprès du
public. Car, comme le dit encore Patrick Charaudeau (2005), le discours
d'information constitue une production particulière porteuse d'enjeux
identitaires et cruciaux, à l'intérieur de laquelle les
médias jouent un rôle essentiel de scénarisation et de
représentation des imaginaires sociaux.
De ce qui précède, il sied de préciser
que, nous avons abouti aux résultats suivants. Dans l'analyse des
informations politiques de la RTNC, ilse dégage que la mise en forme des
événements politiques satisfait au principe de distance et non de
neutralité. On en veut pour preuve les personnalités politiques
en faveur desquelles les événements ont été
rapportés. Concernant les mécanismes de spectacularisation, la
RTNC a fait de certains thèmes l'objet de leur spectacularisation des
événements. Cela se justifie par le fait qu'ils étaient
mis en avant dans bon nombre d'informations diffusées. Ces thèmes
ont fait l'objet d'un traitement médiatique important, partant de la
période que nous nous sommes proposée d'étudier.
De l'analyse des informations politiques de la RTDK, il
ressort que la mise en forme des événements s'est faite dans le
respect du principe de distance et non de neutralité. Ce manque de
neutralité se justifie par le fait que la plupart des
événements ont été centrés sur certaines
personnalités politiques. Il y a lieu de souligner que la RTDK avait
adopté une posture de personnalisation des événements.
Cette donne s'explique aussi même dans l'ordre de leur
présentation de différentes informations au public, dans
lesquelles nous remarquons que certaines personnalités politiques de
l'opposition y ont figuré en bonne place.
De ce qui précède, il sied de préciser
que nos hypothèses ont été partiellement confirmées
d'une part et confirmées d'autre part. En premier lieu, notre
premièrehypothèse a été partiellement
confirmée parce que les deux médias ont, certes, rapporté
les événements politiques, se déroulant pendant la
période de campagne, en satisfaisant au principe de distance, mais ils
n'ont pas été neutres dans le traitement des informations. Notre
deuxième hypothèse a été confirmée parce que
nous avons réalisé que les deux médias avaient mis en
place des mécanismes qui leur ont permis de participer à la
spectacularisation des événements. Même si chacun des
médias présente des particularités qui sont
inhérentes à sa façon de voir le monde.
Notre interprétation terminée, nous n'avons
aucune prétention de croire que cet objet d'étude a
été traité dans sa totalité. Nous avons juste mis
en évidence quelques aspects de cet objet. Nous pensons que d'autres
recherches pourrontêtre initiées pour étudier l'impact des
informations politiques sur le public de Mbujimayi. Un accent pourrait
être mis sur ce que le public fait des informations politiques
diffusées par les médias locaux. Cette recherche permettrait de
saisir la perception du public par rapport au travail de construction
médiatique des événements.
CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce troisième chapitre, il a été
question de procéder à l'analyse des données que nous
avons recueillies. Ce chapitre s'est articulé autour de trois
points : le protocole méthodologique, l'analyse des données
et l'interprétation des résultats.
Dans notre premier point, nous sommes revenu sur l'analyse que
nous avons faite des données recueillies et nous avons
présenté comment nous avons procédé à leur
recueil.
Dans notre deuxième point, nous avons
procédé à l'analyse proprement dite des données.
Nous avons ainsi relevé les données empiriques retrouvées
à la RTNC et la RTDK.Notre troisième point nous a servi à
développer des explications par rapport aux résultats
trouvés à l'issue de l'analyse des données.
CONCLUSION GENERALE
En somme, notre étude est partie du constat selon
lequel les médias de Mbujimayi, dont la RTDK et la RTNC, ont
participé à la structuration des spectacles politiques par la
mise en scène des événements. Pendant la campagne
électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de
captation. Dans cette perspective, ils ont été à la base
de l'événementialisation de certains événements en
insistant sur des éléments particuliers qui les constituent en
vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans
le processus de publicisation de certains candidats à la
présidentielle du 30 décembre 2018. D'où les deux
questions de départ qui ont constitué le fil conducteur de notre
recherche : comment les médias de Mbujimayi ont-ils mis en forme
les événements politiques qui se sont déroulés
pendant la campagne électorale? Quels sont les mécanismes de
spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces
événements?
Comme hypothèse à la première question,
nous avons estimé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces
événements en satisfaisant au principe de distance et de
neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des
faits. A la deuxième question, nous avons avancé que la RTNC et
la RTDK ont recouru à deux procédés pour mettre en avant
les événements politiques en insistant sur des
éléments particuliers qui les constituent et en cherchant
à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des
procédés de focalisation et la mise en avant.
Pour mener à bon port cette recherche, nous avons
recouru àdeux méthodes : la méthode ethnologique et
la méthode d'analyse de contenu. La méthode ethnologiques'est
appuyée sur deux techniques : l'observation et la technique
documentaire.Et la méthode d'analyse de contenu nous a permis de
recueillir et traiter les données mentionnées dans les
informations politiques dont nous avions disposé dans le but de les
caractériser.
Ainsi donc, à l'issue de cette étude, nous avons
abouti aux résultats suivants. Dans l'analyse des informations
politiques de la RTNC, il s'est dégagé que la mise en forme des
événements politiques satisfait au principe de distance et non de
neutralité. On en veut pour preuve les personnalités politiques
en faveur desquelles les événements ont été
rapportés. Concernant les mécanismes de spectacularisation, la
RTNC a fait de certains thèmes l'objet de leur spectacularisation des
événements. Cela se justifie par le fait qu'ils étaient
mis en avant dans bon nombre d'informations diffusées. Ces thèmes
ont fait l'objet d'un traitement médiatique important, partant de la
période que nous nous sommes proposée d'étudier.
De l'analyse des informations politiques de la RTDK, il
ressort que la mise en forme des événements s'est faite dans le
respect du principe de distance et non de neutralité. Ce manque de
neutralité se justifie par le fait que la plupart des
événements ont été centrés sur certaines
personnalités politiques. Il y a lieu de souligner que la RTDK avait
adopté une posture de personnalisation des événements.
Cette donne s'explique aussi même dans l'ordre de leur
présentation de différentes informations au public, dans
lesquelles nous remarquons que certaines personnalités politiques de
l'opposition y ont figuré en bonne place.
Enfin, hormis l'introduction et la conclusion, notre travail
s'est articulé autour de trois chapitres :
- Le premier sera consacré au cadre théorique.
Il a été question de prendre connaissance des informations
déjà disponibles concernant le problème qu'on s'est
proposé d'étudier et de réfléchir sur le contenu de
ces informations.
- Le deuxième a porté sur le cadre empirique de
deux chaines de radios : la RTNC et la RDTK. Dans ce chapitre, il a
été question de limiter notre cadre de recherche et de le
décrire.
- Le troisième chapitre a porté sur l'analyse et
le traitement des données recueillies. Dans ce chapitre, nous
avonsconfronté nos hypothèses aux données recueillies.
BIBLIOGRAPHIE
1. OUVRAGES
1 CALABRESE, L., L'événement en discours.
Presse et mémoire sociale, Louvain-la-Neuve, L'harmattan, 2013.
2 CHARAUDEAU, P., Les médias et l'information,
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5 MARTEL, G., Incarner la politique,Québec,
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7 ROSENHOUM, M., From soaphox, in sound bites, party
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3. WEBOGRAPHIE
1 https://www.lecho.be
2 www.digitalcongo.net
3
http://mobile.francetvinfo.fr,
4
http://www.africanelections.tripod.com
5
http://www.jeuneafrique.com
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