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Médias de Mbujimayi et le traitement des informations politiques pendant la campagne électorale de 2018.


par Ronsard Luabeya
Université de Mbujimayi - Licence en journalisme 2018
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE MBUJIMAYI

Fondation Cardinal J.A. Malula

B.P.225

MBUJIMAYI

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département des Sciences de l'information et de la communication

Médias de Mbujimayi et le traitement des informations politiques pendant la campagne électorale

Travail de fin d'étude présenté et

défendu en vue de l'obtention de grade de

licencié en Sciences de l'information et de la communication, option Journalisme Politique Extérieure

Présenté par LUABEYA TSHIMANGA Ronsard

Gradué en SIC

Session de juillet 2019

INTRODUCTION GENERALE

Les Sciences de l'information et de la communication (SIC) sont une discipline universitaire. Elle s'est développée au cours de ces dernières décennies. Elle a rapidement développé une activité de recherche dans ses différents branchements. Etant interdisciplinaires, les SIC préparent aux métiers de l'information et de la communication. Marlene Coulomb-Gully (2009, 129-153) note que l'interdiscipline s'est constituée en associant « information » et « communication », rencontre indiscutablement productrice de richesse.

Cette relation entre information et communication semble très complexe pour l'idéaliser. L'intrication entre ces deux termes peut s'expliquer par le fait que l'un semble contenir l'autre. Bien plus, les définir ne permettrait pas de saisir la complexité qu'ont les termes information et communication à donner naissance à d'autres orientations. C'est pourquoi, nous tenons à préciser de manière large que le journalisme et le multimédia sont du ressort de l'information. Tandis que la communication des organisations, la communication sociale relèvent de la communication. Cette brève distinction pourrait au fait permettre de simplifier la nature de l'approche que nous faisons de ces deux concepts.

Ainsi, la présente étude portant sur le traitement des informations politiques s'inscrit dans le cadre des études menées en journalisme. En effet, étudier le traitement des informations politiques par les médias pendant la période électorale nous semble intéressant. Car, cela nous permet d'approcher les médiasde Mbujimayi en vue de comprendre le discours médiatique qu'ils ont développé pendant cette période de campagne électorale.Après avoir cerné notre thématique de recherche, nous comptons en donner l'explication suivante.

En RDC, les élections générales ont eu lieu le 30 décembre 2018 dans un contexte très particulier. Initialement prévues en 2016, elles ont été reportées à maintes reprises pour des raisons politiques. Finalement organisées en 2018, ces élections ont permis une passation pacifique du pouvoir entre un président sortant et un président entrant. Ce qui est un évènement historique depuis l'accession du pays à l'indépendance. Hormis le fait que ces élections constituaient un devoir civique pour chaque citoyen, elles ont été aussi une vraie bataille entre candidats ayant postulé à différents niveaux. Les élections ont été un triple scrutin: présidentiel, national et provincial. En effet, les législatives nationales et provinciales ont permis le renouvellement des institutions.

Par ailleurs, ce mémoire se focalise sur les événements politiques qui se sont déroulés pendant la campagne électorale, à l'échelle nationale. Nous prenons en compte le contexte dans lequel ils ont été produits.

A ce niveau, la campagne électorale n'a été dominée que par trois candidats. Il s'agit d'Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du Front commun pour le Congo, Martin Fayulu, candidat de la Coalition Lamuka et Felix Tshisekedi, candidat du cap pour le changement. En tout, cette bataille était entre trois plateformes électorales. Cette campagne a été fortement marquée par des déplacements des candidats à l'intérieur du pays, des meetings drainant des milliers de gens, des points de presse et autres activités. Elle s'est déroulée dans un contexte de retrait de certains candidats engagés dans la course pour la présidentielle. Et donc, ils s'étaient effacés en faveur d'autres. Plusieurs indépendants sont restés invisibles sur l'ensemble du territoire national. Theodore Ngoy, Maurice Masheke, Marie-José Ifoku, Seth Kikuni, Shekomba Alain Daniel ainsi que le pasteur Mulata et Samy Badibanga ont brillé par leur absence sur terrain. Vital Kamerhe s'était retiré en faveur de Felix Tshisekedi. De son côté, le candidat Jean-philibertMabaya avait désisté en faveur de Martin Fayulu, de même pour Maurice Masheke. Comme dit ci-haut, ce sont trois candidats suivants qui ont dominé la campagne électorale.

Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du Front commun pour le Congo, a réussi à battre sa campagne dans presque toutes les provinces du pays. Il avait placé sa campagne sous le signe de la restauration de l'autorité de l'Etat, la diversification de l'économie, la lutte contre la pauvreté et le renforcement du rôle géostratégique du pays. Sa campagne se déroule sans heurts, ni violences.

Martin Fayulu, candidat de la coalition Lamuka, a bénéficié du soutien de deux opposants Jean-pierre Bemba et Moise Katumbi, écartés pour des raisons politiques et judiciaires. Ce qui lui a permis de mobiliser plus de gens à ses meetings. Sa campagne sera caractérisée par des heurts et des violences.

De son côté, Felix Tshisekedi avait mené sa campagne sans heurts, ni violences. Il a fait ses déplacements dans une dizaine de provinces du pays. Lors de ses différents meetings, il promettait l'instauration de l'Etat de droit, la gratuité de l'enseignement primaire et secondaire et des soins de santé, et la création d'emploi pour les jeunes. Il avait bénéficié du soutien de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social, implanté sur l'ensemble du territoire national.

Tous ces évènements marqués par ces candidats ont été couverts par les médias tant nationaux qu'internationaux. Cependant, les médias de Mbujimayi n'étaient pas du reste. Ils ont, à leurs manières, couvert ces évènements en suivant leur déroulement à distance. Leur environnement immédiat n'a pas été fortement marqué par les activités de campagne, directement menées par les candidats en question.

Dans cette optique, ce mémoire se propose d'étudier le comportement des médias de Mbujimayi, notamment la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) et la Radio Télé Débout Kasai (RTDK), face à tous ces événements qui ont eu lieu du 21 novembre au 21 décembre 2018. L'objectif est de saisir comment ils ont participé à la structuration de ces spectacles politiques par la mise scène des événements. Mis en avant, ces événements ont trouvé leur place dans la construction de l'actualité sous la forme discursive. Pendant la campagne électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de captation. Dans cette optique, ils ont été à la base de l'événementialisation de certains événements en insistant sur des éléments particuliers qui les constituaient en vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans le processus de publicisation de certains candidats à la présidentielle du 30 décembre 2018. Ils ont, par leurs discours, contribué à la construction d'une certaine opinion autour d'eux. Virginie Delmas (2012: 103-122) considère que les médias proposent au discours politique des stratégies particulières pour toucher l'opinion publique, et aux moments d'intenses débats politiques que sont les élections.C'est pourquoi, dans ce mémoire, notre approche est de resituer les discours des médias de Mbujimayi dans leur contexte électoral pour voir sur quoi ils ont insisté en couvrant les événements politiques. Pour cela, nous nous posons deux questions qui sont le fil conducteur de notre étude, l'une principale et l'autre subsidiaire: Comment les médias de Mbuji-Mayi ont-ils mis en forme les événements politiques qui se sont déroulés pendant la campagne électorale ? Quels mécanismes de spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces événements?

Comme hypothèse à notre première question, nous estimons que les médias de Mbujimayi ont rapporté ces événements en satisfaisant au principe de distance et de neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des faits. Charaudeau (2014) pense que le discours journalistique ne peut se contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin d'éclairer le citoyen. Le discours explicatif journalistique se présente sous la modalité de l'affirmation.

À la deuxième question, nous estimons que les médias de Mbujimayi ont recouru à deux procédés pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des procédés de focalisation et de répétition(charaudeau, op.cit). Il s'agit du procédé de focalisation qui consiste à amener un événement sur le devant de la scène. Il produit un effet de grossissement. Et le procédé de répétition ou la mise en avant qui consiste à passer une même information en boucle d'un bulletin d'information à l'autre, d'un journal télévisé à l'autre, d'un journal à l'autre et d'un jour à l'autre.

Pour mener à bon port cette recherche, nous avons choisi deux médias : la Radio Télévision Nationale Congolaise et la Radio Télé Débout Kasai en approchant les informations produites pendant la campagne électorale. Pour cela, nous allons utiliser la méthode ethnologique qui va s'appuyer sur deux techniques : l'observation et la technique documentaire. Pour ce qui est de l'observation, nous allons, comme tout chercheur, observer les données recueillies dont nous disposerons en vue de les mettre en relation pour ressortir le sens. Avec la technique documentaire, nous allons consulter des ouvrages nécessaires pour étoffer la présente étude. Nous allons aussi utiliser la méthode d'analyse de contenu pour recueillir et traiter les données mentionnées dans les informations politiques dont nous disposerons afin de les caractériser.

Nous en venons à la revue de littérature.Nous nous faisons le devoir de recenser quatre articles qui ont abordé la même thématique que la nôtre sous divers angles. Le premier est rédigé par Patrick Amey, dont le titre est «  Du traitement journalistique des acteurs politiques dans le Grand journal ». « Déconstruire le spectacle politique : quand les médias mettent en scène » est le second article que nous avons lu. Son auteur est Geoffrey Joris. Le troisième article s'intitule « Le traitement médiatique d'une éducation prioritaire : la réputation du Réseau d'enseignement prioritaire (REP) ». Il est rédigé par le duo Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis. Le quatrième article est de Karim Joutet et s'intitule « le rôle du discours médiatique dans la construction d'une représentation culturelle de l'immigré interne en catalogne : l'exemple Avui ».

Dans son article intitulé «  Du traitement journalistique des acteurs politiques dans le Grand journal », Patrick Amey (2004, 61-79) examine comment le grand journal met en scène la politique et les acteurs politiques. L'auteur cherche à rendre compte de la mesure dans laquelle les dispositifs du grand journal sont porteurs d'une lecture de la politique, qui se présente comme une alternative légitimante aux formes de railleries et de déstabilisation qui furent en vigueur. Patrick Amey part de l'idée que le dispositif du Grand Journal est porteur d'enjeux symboliques inhérents à la mise en représentation de la politique. Sa recherche est partie de la question suivante : comment opère la mise en représentation de la politique en vigueur dans le Grand Journal et comment cette émission cadre le jeu ?

Son étude a abouti aux résultats selon lesquels les acteurs politiques sont en situation d'injonction paradoxale dans le Grand journal, quel que soit leur positionnement sur l'échiquier politique. Ils ont été sommés à répondre au jeu directif de questions-réponses et d'interpellations conduites par l'équipe des journalistes. Les acteurs politiques sont invités à se fondre dans le registre ludico-parodique qu'imposent les rubriques structurant le talk show.

Notre étude converge avec l'auteur dans la mesure où nous abordons aussi la question du traitement journalistique, mais là pour analyser les informations politiques. Nous cherchons à comprendre comment les médias arrivent à propulser certains événements plus que d'autres. Nous mettrons aussi l'emphase sur les représentations que les médias libèrent dans la construction des événements.

Nous divergeons avec Patrick Amey, parce que nous n'allons pas faire une analyse d'un quelconque dispositif pour en comprendre le positionnement des acteurs, notre analyse va permettre d'approcher les informations politiques non pas par leur structure, mais par leur sens.

Geoffrey Joris (2012:225-254) est l'auteur de l'article « Déconstruire le spectacle politique : quand les médias mettent en scène ». Dans son étude, il soutient l'idée que la sphère médiatique peut être comprise comme un spectacle politique, un forum autonome, lui-même entendu comme un lieu d'intéressement et d'enrôlement des acteurs sociaux dans des problématiques de facto co-construites. Geoffrey se pose plusieurs questions autour de la construction du message médiatique. Le message médiatisé est-il une construction idéologique ? le problème médiatisé n'est-il pas la négation d'autres problèmes ? Quelle est la part d'implication des dirigeants politiques dans la construction du problème et des usages ? Comment la médiatisation construit-elle, dans l'imaginaire collectif, l'identité des ennemis ou des responsables ? Et comment ces derniers participent-ils à construire la légitimité des solutions proposées ? Ce sont ces questions qui constituent le fil conducteur de sa recherche.

En y allant par cette liste de questions, l'auteur cherche à épurer le message médiatique de son emballage idéologique. Dans son étude, il aboutit aux résultats selon lesquels le régime informationnel de nos sociétés contemporaines se traduit par une structuration du spectacle politique sous le mot d'ordre émotionnel. Le message médiatique s'incarne dès lors dans une construction artificielle à partir de laquelle les acteurs sociaux sont intéressés et s'enrôlent face à un message instrumentalisé. Il estime que le spectacle politico-médiatique entend mettre en scène des faits au profit d'une vision particulière de la réalité et des évènements.

Dans la présente étude, nous pensons converger avec l'auteur parce que nous imaginons que, pendant cette période électorale, le traitement des informations politiques a fait l'objet de beaucoup d'interférences et a, peut-être, participé à cette construction idéologique dans la mesure où certains médias de Mbujimayi ont indirectement accompagné certains candidats pendant la campagne électorale. De notre part, nous cherchons à saisir la manière dont les médias de Mbujimayi ont structuré le spectacle politique pendant la campagne électorale par la mise en forme des événements. Nous prenons aussi en compte la dimension émotionnelle liée aux évènements politiques parce qu'il nous semble que, dans cette logique de captation du public, les médias de Mbujimayi ont construit leurs événements politiques en mettant l'accent sur certaines sensibilités du citoyen. Et aussi, nous pensons questionner l'information politique pendant la période électorale pour évaluer la crédibilité des médias. Cependant, nous divergeons avec l'auteur parce que nous ne nous intéressons pas à l'enrôlement des acteurs politiques dans la construction des événements.

Dans leur étude sur le traitement médiatique d'une éducation prioritaire : la réputation du Réseau d'enseignement prioritaire (REP), Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis (2018:72-102) se penchent, de 2006 à 2007, à analyser la manière dont la presse locale a rendu compte de la politique du REP. Leur analyse a permis d'avancer dans la compréhension des discours produits autour de la labellisation des établissements scolaires et de la catégorisation qui en est issue Ils considèrent que la presse est un acteur social qui participe à la diffusion des projets éducatifs du canton en donnant une certaine image. Dans cette entreprise, ils ont cherché à investiguer sur les effets de la labellisation des établissements en termes de production des catégories. Pour les deux chercheurs, il existe un possible effet de réputation pour ces écoles.

Ces deux chercheurs ont abouti aux résultats selon lesquels la presse représente un acteur local important, qui participe pleinement au débat public. Elle donne à voir l'image du réseau, de ses écoles mais aussi des stratégies de valorisation de ceux-ci. La presse est d'autant plus importante dans un contexte de démocratie directe dans laquelle l'institution scolaire peut se voir imposer une reforme par voie référendaire. Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis soutiennent que la presse véhicule une certaine vision du Réseau d'enseignement prioritaire, de son public, de ses familles, des territoires qu'elle décrit. C'est ainsi qu'elle participe à diffuser certaines catégories descriptives et d'attribution de la difficulté scolaire.

La présente étude rejoint l'auteur parce qu'elle prend en compte la notion d'image véhiculée par les médias, notamment celle des acteurs politiques. Notion qui a permis à Barbara Fouquet-chauprade et Marion Autrevis, par rapport à leur étude, de dire que la presse véhicule une certaine vision du REP. De notre côté, nous estimons que l'image des acteurs politiques est propulsée par les médias pendant la période électorale pour qu'ils puissent être favorables auprès des électeurs. Cette image est ainsi recherchée dans les informations politiques, comprises ici comme les discours des médias que nous tenterons d'approcher.

Nous plaçant dans le contexte de recherche de ces auteurs, nous estimons que cela force la divergence entre nous. Notre étude, s'intéressant au traitement des informations politiques pendant la période électorale, cherche à découvrir les effets produits par les médias dans leur traitement des informations politiques, mais la valeur qu'ils ont accordée aux informations politiques.

Karim Joutet (2014:1-12) a, de son coté, entrepris une étude sur le rôle du discours médiatique dans la construction d'une représentation culturelle de l'immigré interne en catalogne : l'exemple Avui. Avui est un journal rédigé entièrement en catalan quarante ans, en Espagne. L'auteur tente de comprendre comment il crée une représentation culturelle de l'immigré interne et essaie de la décrire.

Il veut savoir jusqu'à quel point la ligne éditoriale nationaliste de l'Avui, ainsi que sa volonté d'affirmation a une influence sur cette représentation etcomment cela se traduit-il ?

Karim Joutet conçoit que l'Avui recourt souvent à plusieurs signifiants pour créer cette représentation. Son étude s'inscrit dans le courant d'histoire culturelle puisque l'on s'interroge sur le mécanisme de construction des idées. L'auteur ne s'intéresse pas aux évènements pour légitimer son discours sur l'immigration, et au-delà, sur l'identité catalane. La représentation culturelle qui en découle, cette image qu'on en donne grâce à des mots en situation, sera examinée, délimitée, expliquée à partir d'une analyse du discours présent dans le journal.

Notre intérêt à cette étude n'est pas de partir d'une quelconque démarche historique pour tenter de restituer une représentation des acteurs politiques auprès du public. Au contraire, l'approche de Karim Joutet nous est utile dans cette recherche parce qu'en nous penchant sur les informations politiques, comprises ici comme les discours des médias, nous tenterons d'approcher sa conception du discours médiatique pour expliquer et analyser les informations politiques pendant la campagne électorale.

Nous justifions le choix de ce thème par le fait que nous voulions comprendre le comportement des médias face aux événements politiques pendant la campagne électorale. Contribuant aux recherches antérieures qui ont été entreprises dans ce sens, nous pensons apporter notre part pour que puisse se développer une autre appréhension de la question du traitement des informations politiques.

Comme toute étude qui doit clairement présenter ses limites, la nôtre s'effectue à Mbujimayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental. Ainsi, il sera question d'approcher deux médias en vue d'analyser leur comportement face aux événements qui se sont déroulés pendant la campagne électorale. Nous avons estimé qu'il était important de nous intéresser à la manière dont les médias de Mbuji-Mayi ont traité les informations politiques pour comprendre comment les différents événements étaient mis en avant en cette période. Il s'agit de la RTNC et la RTDK. En nous basant sur la campagne électorale qui est partie du 21 novembre au 21 décembre 2018, nous nous attelons, dans notre recherche, à la dernière semaine de cette campagne qui va du 09 décembre au 22 décembre.

En effet, les résultats de la présente recherche permettront à beaucoup de medias de se remettre en question pour qu'ils puissent offrir à leur public une information beaucoup plus équilibrée, qui tienne compte de toutes les tendances et toutes les opinions. Cette recherche permettrait encore d'avancer sur la question du traitement des informations, surtout en période électorale afin de mieux identifier les habitudes des médias.

Enfin, notre travail comprendra trois chapitres :

- Le premier sera consacré au cadre théorique. Il sera question de prendre connaissance des informations déjà disponibles concernant le problème qu'on se propose d'étudier et de réfléchir sur le contenu de ces informations.

- Le deuxième portera sur le cadre empirique de deux chaines de radios : la RTNC et la RTDK. Dans ce chapitre, il sera question de limiter notre cadre de recherche et de le décrire.

- Le troisième chapitre portera sur l'analyse et le traitement des données recueillies. Dans ce chapitre, nous allons confronter nos hypothèses aux données recueillies.

CHAPITRE I : INFORMATIONS ET MEDIAS

Dans ce chapitre, il sera question de recenser différentes approches sur la question que nous abordons. Nous allons nous appuyer sur quelques auteurs qui, par leurs recherches, ont permis d'éclairer la thématique abordée. Pour ce faire, le présent chapitre est découpé en deux principaux points : L'état de la question et l'opérationnalisation.

SECTION 1 : ETAT DE LA QUESTION

A ce point, nous avons recensé les auteurs qui ont traité des thématiques inhérentes à notre recherche. Nous avons essayé de mettre en relation leurs approches avec notre étude pour arriver à ressortir les concepts pouvant nous aider à mieux désigner la réalité approchée. Ce point est constitué de cinq sous-points.

1 VERS LA DEFINITION L'INFORMATION

Patrick Charaudeau (2011, 27) définit l'information comme le fait qui consiste, pour quelqu'un qui possède un certain savoir à transmettre celui-ci, à l'aide d'un certain langage, à quelqu'un d'autre qui est sensé ne pas posséder ce savoir. Cette définition met en exergue deux instances, celles de production et de réception et essaie d'expliquer l'élément qui met les deux instances en commun. Il s'agit du langage. Il nous parait que le langage, dans ce contexte, est ce qui permet de rendre une lucidité au partage du savoir. Nous pensons que cette définition de Charaudeau qui s'inscrit dans une logique linéaire de transmission de l'information permet de mieux saisir le rôle des médias.

Benjamin Berut (2010, 5) voit l'information comme un récit. Par récit, il entend un ensemble du système de monstration d'un évènement, ses origines, ses valeurs, ses moyens de vraisemblance. L'auteur conçoit que, face à un récit d'information, la problématique n'est pas sa construction, mais des sens qui sont mis en avant ou laissés de côté. L'enjeu devient donc politique dans une société où l'opinion publique se façonne avant tout à travers les grands médias. Benjamin Berut souligne que l'information peut être sous la forme d'un récit. Ainsi, les études qui font de l'information un récit ne portent donc pas tant sur l'évènement qui est montré que sur la façon dont il est montré et comment celle-ci peut construire des perceptions, voire des engagements collectifs à travers la construction d'un même point de vue.

De son côté, Marc Lits (2008) estime que la mise en récit est une donnée essentielle dans la transmission de l'information, surtout en ce temps de plus grande spectacularisation, il est important d'en repérer les traits dominants parmi lesquels le schéma narratif et les actants. Selon lui, toute histoire se construit selon la logique d'enchaînements de séquences narratives et autour de quelques figures actantielles qui organisent le récit.

1.2 MISE EN FORME DE L'INFORMATION

L'information des médias est généralement porteuse d'enjeux qui sont construits pour porter des significations partagées socialement. C'est ainsi que Bernard Poulet (2009) estime que le métier des journalistes consiste à identifier les problèmes, les documenter, vérifier ce qu'ils découvrent ou ce qu'on leur communique, hiérarchiser les informations (qui ne peuvent être traitées également en même temps), les mettre en perspective, les situer dans leur contexte et les exposer clairement et le plus honnêtement possible. Selon lui, ce travail de mise en forme raisonnée, de tri, de hiérarchisation donne du sens au fatras des informations qui arrivent chaque jour, chaque heure et chaque minute.

De son coté, Patrick Charaudeau (2005) tente de mettre à jour et de répertorier les processus dynamiques et les opérateurs qui oeuvrent à la construction du sens du discours de l'information. L'auteur examine les caractéristiques générales du discours de l'information, défini comme «une activité langagière qui permet que s'établisse dans les sociétés le lien social. Il aboutit au fait que les faits médiatiques sont le produit de l'activité sociale, que leur sens n'est pas constitué par avance, mais résulte d'une mécanique de construction et qu'il cristallise dans l'interaction des acteurs sociaux, à partir d'un certain nombre d'horizons d'attentes et de représentations qui pèsent leurs manières de faire. Charaudeau tente également d'examiner les formes de la matrice : de la nouvelle à l'évènement, de l'information au commentaire, la mise en récit médiatique, les modes d'organisation (topographiques), d'ordonnancement (hiérarchisation) et de contrainte (stratégique et spatio-temporelle) du discours d'information sont replacés dans le système social de significations de construction, qui rendent intelligible le discours, et témoignent des systèmes de valeurs qui caractérisent les groupes sociaux.

Dans le cadre de ce mémoire, la mise en forme de l'information est perçue du point de vue de la structure de l'information. Nous traduisons ce que Patrick Charaudeau appelle les opérateurs de construction par les six questions de références essentielles pour la construction d'un événement afin de lui donner tout son sens. Il s'agit de Qui, Quoi, Quand, Où, Comment et pourquoi ?

Les réponses à ces courtes questions permettent de rendre du déroulement d'un événement et proposent une lecture sectorielle de celui-ci. Ces questions permettent donc de signifier. Elles nous permettront d'approcher les informations politiques à la RTNC et la RTDK pour voir si ces deux médias les mobilisent correctement pour replacer dans le système social les significations sociales de l'événement rapporté.

1. 3 INFORMATION COMME DISCOURS MEDIATIQUE

1.3.1 Perception de l'information

Dans les années 70 et 80, nombreux ont été les travaux novateurs consacrés aux médias qui, participant d'un mouvement plus large affectant l'ensemble des sciences sociales, ont porté l'attention sur la production de sens, sur l'élaboration du réel, sur la construction de l'actualité, et qui ont montré que ces opérations étaient repérables grâce à l'examen des discours verbaux et non verbaux véhiculés par les médias étudiés (Roger Bauthier, 2004).

François Giroud (1979) qui étudiait déjà l'écriture du journalisme estimait qu'il était nécessaire de séparer nettement l'information et le commentaire, cette séparation devant donner au lecteur la possibilité de former son propre jugement. Pour Roger Bauthier, cette logique de séparation est aussi remise en cause dans certains travaux, lesquels soutiennent l'aspect « construit » des discours médiatiques. Les tenants de cette tendance prennent leurs distances avec la doctrine libérale de l'information et, notamment, entre le fait et le commentaire, qu'ils sont souvent amenés à critiquer directement. (Roger Bauthier, 2004).

L'idée de construction en communication, indique Gilles Gauthier (2003), est rarement avancée en état théorique plus large. Le plus souvent, son expression draine de considérations analogiques et épistémologiques. Elle se transforme en position philosophique : le constructivisme. Il s'agit donc, d'une part, de la radicalisation de l'approche consistant à reconnaitre une dimension de construction dans l'information diffusée qui devient l'affirmation que, dans sa nature même, l'information est construite, d'autre part, d'une conception de la communication qui « nie tout à la fois que le journalisme produise une description de la réalité, que la transmission de cette description induise une connaissance de la réalité et que cette description et cette connaissance puissent être fidèles à la réalité.

Ces deux dimensions en discussion nous paraissent totalement liées à la notion du traitement de l'information. Car, c'est à ce niveau que le journaliste essaie soit de prendre distance avec les faits soit de développer un point de vue personnel. De ce point de vue, l'information n'est autre que la description de la réalité (évènement). Une description qui passe par une mise en formeafin d'être saisie et interprétée par le public.

1.3.2. Claude Jamet et Anne-Marie Jannet: Mise en scène de l'information

La recherche menée par Claude Jamet et Anne-marie Jannet (2008) dans Mise en scène de l'information a permis de comprendre la construction du discours médiatique et le travail qui se profile en amont et en aval de toute production de l'information et de son impact sur le récepteur. Leur ouvrage s'attache à étudier la question des dispositifs entendus comme mis en temps et en espace, en image et en son attribution. Il passe en revue les situations d'énonciations des médias et les discours, qui permettent de distinguer les identités et les formes de régularité dans la prise de parole et, plus largement dans l'organisation du discours. Cet ouvrage pousse les auteurs à questionner le rapport du discours médiatique avec la réalité extralinguistique en vue d'envisager les différents mécanismes de co-construction.

Les auteurs introduisent leur ouvrage sur les composantes du discours médiatique, approche de Jean-Francois Tétu. Par leur volonté de mettre en place les matériaux nécessaires à l'analyse et à l'appréhension de l'information de presse, ils conçoivent ce que Tétu considère comme instrument d'apprentissage et un manuel du discours de l'actualité « les formes basiques du discours ».

Ainsi, ils mettent en exergue l'approche des éléments constitutifs du discours médiatique nonobstant les variations, l'évolution et le devenir de ce discours. Sur base de l'approche linguistique, les auteurs allient les théories de l'analyse du discours. Ils s'appuient sur les résultats des travaux de Ducrot pour l'approche polyphonique du discours et des concepts-clés qu'elle subsume, à savoir l'intertextualité, la présupposition, l'ironie et les différentes manifestations du discours rapporté.

Pour le discours du journal télévisé, les auteurs transposent l'essentiel des matériaux empruntés à l'analyse du discours en y ajoutant les ingrédients spécifiques à l'écran à savoir, la voix, le son, l'image présentés dans le schéma sur l'énonciation à l'écran qui reprend l'essentiel de la configuration des intervenants dans cet outil audiovisuel.

Jamet et Jannet interrogent les indicateurs représentatifs du dispositif dans une optique informative, assortie d'un commentaire portant sur le sens et le contenu des discours appréhendés pour comprendre la préoccupation des médias en tant que représentation originale d'un microcosme sensé être reconnaissable par le lecteur et de l'importance de la compétitivité, la crédibilité et la fidélisation des lecteurs-récepteurs. Sur ce, les auteurs ont mis en place une grille d'analyse. Ils conçoivent quatre niveaux d'analyses.

Au premier niveau, ils parlent de la dichotomie spatio-temporelle, l'identité visuelle du journal et le contrat d'interaction, l'organisation discursive du journal. Les auteurs expliquent que le journal télévisé mobilise, quant à lui, une terminologie sui generis au traitement de l'image et du son en tant que supports incontournables de passation des messages de l'écran et la mise en scène imposée par la matière informative. Cette partie, indiquent-ils, est conçue comme une plateforme de corrélation entre le produit et sa transmission par les canaux et les techniques appropriées que le langage regorge.

Le second niveau d'analyse que proposent les auteurs consacre la problématique de l'énonciation et l'alternance de points de vue et le degré de distance entre les instances discursives ainsi que l'impact recherché à travers la scénographie des jeux de rôles. L'analyse énonciative préconisée considère le discours médiatique comme un discours polyphonique où s'imbriquent plusieurs points de vue avec plus ou moins de distance.

Concernant la presse écrite, les auteurs s'arrêtent sur les indices d'énonciation immanents au discours, à savoir la titraille, la signature et les indices externes du discours en considérant la mise en scène de l'énonciation ainsi que la hiérarchie des voix intervenant au sein d'un discours.

Le troisième niveau d'analyse se rapporte aux indicateurs de l'énonciation face à un évènement cité. Ce niveau s'arrête sur le rôle des déictiques, du nom propre et de ses fonctions et de l'usage des verbes et de leur pertinence et de l'impact de ces instruments dans la construction du sens. Le choix des formes verbales attire l'attention sur toute la dimension du dire et du faire, combien pertinente pour l'illustration des intentions de l'écriture.

En se penchant sur la nomination, les auteurs rétractent le sens et amoindrissent l'impact: "Le faire est essentiellement exprimé pour la forme active, l'être pour la phrase nominale. La forme passive et la nominalisation sont au croisement des deux effets dans la mesure où elles résultent de l'un pour construire l'autre.

Le quatrième niveau d'analyse se rapporte à un aspect sémantique, à savoir l'étude de l'implicite, concept de la polyphonie qui renvoie à la présupposition et au sous-entendu. Les variations discursives que regorgent les énoncés renseignent sur les choix établis pour chaque situation et les alternatives potentielles de l'énonciateur. Ce procédé est omniprésent dans toute expression écrite ou visuelle en tant que composante dans la compréhension globale d'un énoncé. Il joue les rôles variés pour conforter les dires d'un locuteur, conserver la bienséance, insérer des touches ironiques et prendre position.

Pour ce mémoire, cette recherche est intéressante parce qu'elle nous propose une grille d'analyse très importante. Notre conception de l'information va dans le sens qu'abordent les auteurs, c'est-à-dire, considérer l'information comme discours. Parmi les différents niveaux d'analyse que nous présentent les auteurs dans leur ouvrage, nous pensons que le troisième niveau d'analyse serait plus proche de l'idée que nous nous faisons du présent objet d'étude. Car, il met l'accent sur un certain nombre d'éléments qui permettent de mieux approcher l'information pour comprendre le sens que recèle sa construction. On peut reprocher à Jamet et Jannet de réduire toutes les analyses qu'ils font sur l'information de presse à la structure linguistique.

1.3.3. Laura Calabrese : Rectifier le discours d'information médiatique

Dans son article, Laura Calabresse (2014) explique que le discours d'information n'est pas caractérisé par une obscurité sémantique. Et si ce discours fait appel à des discours spécialisés, il n'en produit pas autant lui-même. Selon l'auteure, le discours d'expert est gage de réalité, de sérieux, jouant le plus souvent le rôle de preuve ou expliquant un phénomène de société, un problème public, un évènement. Elle conçoit que le discours d'expert est souvent convoqué et fait partie des protocoles de rédaction des journalistes, mais n'est pas constitutif du discours d'information.

Elle avance que la matière sur laquelle est construit le discours d'information est constituée de connaissances mondaines (au sens de phénomènes) auxquelles les citoyens lambda n'ont pas d'accès direct, c'est effectivement l'inscription socio-professionnelle des acteurs qui légitime ce discours et qui lui permet d'accéder au rang de discours spécialisé. Ce n'est donc pas la nature de la connaissance qui importe ici, mais son mode de donation médiatisé et asymétrique.

Dans cette optique, nous pensons que le processus de légitimation du discours médiatique, tel que conçu dans le cadre de cette étude, se limite à démontrer les éléments qui ont participé à la construction des événements politiques et à déterminer leur mise en forme. Notre intention n'est pas de reprendre la conception de Laura Calabresse. Ce que nous recherchons, c'est d'approcher la matière sur laquelle est construit le discours.

1.3.4. Patrick Charaudeau : Ethique du discours médiatique

Patrick charaudeau (2009, 51-57) analyse la sphère médiatique par une double logique. Cette sphère fonctionne par la logique symbolique qui s'inscrit dans une finalité démocratique en se mettant idéalement au service de l'opinion publique et de la citoyenneté en l'informant sur des événements qui se produisent dans l'espace public et en contribuant au débat social et politique par la mise en scène de la confrontation des idées.

Charaudeau explique que la logique pragmatique cherche à capter le public, car pour pouvoir survivre, tout organe d'information doit tenir compte de la concurrence sur le marché de l'information, en mettant en oeuvre des stratégies de séduction qui entrent en contradiction avec le souci de bien informer. C'est dans cette contradiction, selon lui, que se trouve le discours médiatique.

Charaudeau fait une démarcation entre le dispositif socio-communicationnel et l'acte de mise en scène du discours. Pour lui, le dispositif fait partie des conditions contractuelles de production de l'acte langagier, avec les instructions qu'il donne au sujet, mais il n'en constitue pas la totalité. Dans cette démarcation, découlent deux actes de communication (englobant) et d'énonciation (spécifiant).

Ainsi, il nait deux situations de communication et d'énonciation. Charaudeau soutient que la situation de communication surdétermine en partie le sujet en lui imposant des instructions discursives, celui-ci dispose d'une certaine marge de liberté pour procéder à une mise en scène qui d'ailleurs peut avoir, à terme, une influence sur le contrat lui-même.

L'auteur explique ce qui différencie le récit médiatique du récit historique. Le temps de l'histoire n'est pas celui des médias, écrit-il. Les évènements rapportés par les médias doivent faire partie de l'actualité, c'est-à-dire d'un temps encore présent, considéré nécessairement comme tel, car il est ce qui définit "la nouvelle". Celle-ci a donc une existence en soi, autonome, figée dans le présent de son énonciation. Les événements dont s'occupe l'histoire appartiennent à un passé qui n'a plus de connexion avec le présent et dont l'existence dépend d'un réseau évènementiel que l'historien doit ordonner et rendre cohérent.

Selon l'auteur, la mise en scène du discours rapporté devrait également satisfaire à un principe de distance et de neutralité qui oblige le rapporteur journaliste à s'effacer et dont la marque essentielle est l'emploi des guillemets encadrant le propos rapporté. C'est là encore se soumettre à l'enjeu de crédibilité. Charaudeau pense que le discours journalistique ne peut se contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin d'éclairer le citoyen. Le discours explicatif journalistique se présente sous la modalité de l'affirmation: modaliser serait une preuve de faiblesse au regard de la visée de crédibilité de la machine informative. En cela, le discours de commentaire journalistique s'apparente davantage à un discours de vulgarisation sans avoir la prétention, car ce serait contreproductif.

Insistant sur le discours journalistique qui rapporte des évènements et propose des explications, l'auteur estime que l'objectif de ce discours est de capter le public en se livrant à une certaine dramatisation qu'il définit comme un processus de stratégie discursive qui consiste à toucher l'affect du destinataire. Un affect socialisé, ce pourquoi il est possible d'avoir recours à des procédés discursifs qui ont des chances d'avoir un certain impact sur le récepteur. Les médias en usent et abusent parce qu'il est le meilleur moyen de satisfaire l'enjeu de captation. Reiffel (2005, 177) considère la dramatisation comme une sorte de théatralisation qui, selon lui, consiste à assimiler la politique à un spectacle, à jouer constamment sur les affects aux dépens des programmes, des propositions et des idéologies. D'où trois types de discours que développe Charaudeau: de victimisation, de portrait de l'ennemi, d'héroïsation, le tout obtenu par un procédé d'amalgame. Ainsi, Charaudeau estime que ces trois types de discours sont à la base de cette dramatisation, qu'il appelle aussi une surdramatisation. Il parle du discours de victimisation, de portrait de l'ennemi et d'héroisation.

L'auteur avance que le discours de victimisation est celui qui met en scène toutes sortes de victimes: des victimes présentées en grand nombre (pour compenser leur anonymat), des victimes singulières différemment qualifiées de célèbres pour qu'elles soient dignes d'intérêt, des victimes de la logique de guerre, des victimes du hasard ou de la fatalité pour l'incompréhension angoissante, des victimes innocentes. Un tel discours, explique l'auteur, est une invite de la part de l'énonciateur à partager la souffrance des autres, d'autant plus que celle-ci est rapportée soit par les victimes elles-mêmes, soit par des témoins extérieurs mais proches, et l'on sait que paroles des victimes et paroles de témoins sont indiscutables. Lecteur, auditeur ou téléspectateur se trouvent alors dans la position de devoir entrer dans une relation d'empathie.

Pour ce qui est du portrait de l'ennemi, Patrick Charaudeau considère que ce discours est centré sur la description de l'agresseur. Il consiste à mettre en scène le portrait de l'ennemi. Et là, la surdramatisation est encore à l'oeuvre, car ce n'est que dans la figure du "méchant absolu" que pourrait se produire un effet de "catharsis" sociale. Le méchant, représentant du mal absolu, est à la fois objet d'attirance et objet de rejet, autrement dit de fascination. C'est la cité d'obscur de force, la puissance du diable que l'on retrouve de façon omniprésente dans les fictions fantastiques du cinéma moderne.

Pour le discours d'héroisation, l'auteur rappelle que ce discours met en scène une figure de héros réparateur d'un désordre social ou du mal qui affecte ces victimes. Cette figure peut être celle des sauveteurs occasionnels et anonymes qui interviennent pour porter assistance aux victimes d'un attentat, d'un bombardement ou d'une catastrophe naturelle. Ce peut être aussi celle d'un grand sauveur porteur des valeurs symboliques comme fut présenté George W. Bush après l'attentat du 11 septembre 2001. La recherche d'une figure de héros est si forte dans ce type de discours que parfois sont montées en épingle les actions d'une personne ordinaire, dès lors que celle-ci semble avoir accompli un acte de solidarité humaine extraordinaire, comme cela est mis en scène dans les télé-réalités. Mais sont également glorifiées les actions d'une personnalité lorsque celle-ci se prévaut d'avoir réussi une entreprise jugée impossible. Mais, lorsque l'enjeu de captation est dominant et il l'est souvent, indique l'auteur, la visée informative disparaît au profit d'un jeu de spectacularisation et de dramatisation. Il finit par produire des dérives qui ne répondent plus à l'exigence d'éthique qui est celle de l'information citoyenne.

Deux procédés discursifs transforment l'actualité événementielle en "suractualité" en produisant des effets déformants. Le procédé de focalisation qui consiste à amener un événement sur le devant de la scène (par les titres de journaux, l'annonce en début de journal télévisé ou du bulletin radiophonique). Il produit un effet de grossissement. La nouvelle sélectionnée est mise en exergue, et du même coup elle envahit le champ de l'information donnant l'impression qu'elle est la seule digne d'intérêt. Cela participe d'un phénomène discursif plus général: toute prise de parole est un acte d'imposition de sa présence de locuteur sur l'interlocuteur, et donc celle-ci doit pouvoir être justifiée. Ce qui la justifie est que le propos qu'elle véhicule est obligatoirement digne d'intérêt, c'est-à-dire: pertinent. On retrouve là le principe d'intentionnalité. Dans la communication médiatique, le sujet qui informe étant légitimé par avance (contrat de communication), le propos véhiculé prend encore plus d'importance au point de faire oublier d'autres nouvelles possibles. Il impose une "thématisation" du monde.

Le procédé de répétition qui consiste à passer une même information en boucle d'un bulletin d'information à l'autre, d'un journal télévisé à l'autre, d'un journal à l'autre et d'un jour à l'autre. Cette information, répétée de la même façon ou avec des variantes, produit un effet de réification: la nouvelle prend une existence en soi, se trouve par là même authentifiée, se fige et donc s'inscrit de façon indélébile dans la mémoire. A preuve que ce sont ces nouvelles qui sont ensuite le plus facilement colportées dans les conversations ordinaires, se transformant parfois en rumeur. Il s'agit là encore d'un phénomène discursif général: la répétition d'un propos dans une configuration identique à elle-même donne l'impression d'être le gage d'une vérité.

Par ces deux procédés et les effets qu'ils produisent l'énonciateur journaliste a beau disparaître derrière une absence de marques personnelles ou l'emploi de marques impersonnelles, la prise de parole focalisante et la récurrence essentialisante imposent au récepteur de la nouvelle une suractualisation événementielle.

Dans le cadre de ce mémoire, le procédé de focalisation est compris comme participant à la spectacularisation en ce sens qu'il devient un outil qui nous permet de voir les éléments sur lesquels ont insisté les médias pendant la campagne électorale, la personne (Qui ?), l'objet (Quoi ?), le lieu (Où ?) que nous retenons comme indicateurs. Et nous ne ferons pas usage du procédé de répétition comme le suggère Patrick Charaudeau. Cependant, nous le privilégierons, dans notre analyse, pour constater les personnalités politiques, les institutions politiques et autres à partir desquelles les médias ont reconstruit les événements dans une logique de médiatisation.

1.4. INFORMATION COMME EVENEMENT

1.4.1. La construction de l'évènement

Envisager l'information comme étant événement en amont exige qu'on interroge le processus de construction de l'événement par les médias. Lorella Sini (2015) pense que pour que le fait se transmute en événement, il faut qu'une dynamique événementielle soit enclenchée, ce processus, appelé « événementialisation », construit une identité sociale en conférant au singulier des significations collectives qui le sémiotisent, en quelque sorte, en lui conférant par là-même le statut de fait institutionnel et politique.

Dans cette approche sémiotique de l'événement, Lamizet et alii (2013) considèrent que l'événement est un constituant identitaire de par sa médiation. Il se manifeste sur une échelle spatio-temporelle aussi bien que par sa mise en forme narrative et esthétique. Qu'il soit réel, symbolique ou imaginaire, l'évènement mis en scène par les médias se décline sous des formes sémiotiques multiples qui participent à la construction du sens et de l'interprétation qu'on pourra lui donner. Aux différents niveaux de temporalité qui structurent l'événement « le temps réel » et sa mise en récit « le temps symbolique », s'ajoute toute une sémiotique de l'espace qui évoque « la scène événementielle » des faits d'actualité et de leurs représentations médiatiques.

Selon ces auteurs, l'événement se présente comme ayant à la fois des bornes spatiales et temporelles. « La sémiotique de l'événement se fonde sur une sémiotique politique de la spatialité ». L'espace-temps qui s'exprime en rapport avec le sujet de l'énonciation, est inscrit dans les formes linguistiques :

· Le présent renvoie à l'actualisation empathique

· Le passé renvoie à la distanciation

· Le futur et le conditionnel renvoient à l'imagination ou à la volonté.

Dans une dynamique de construction, de constitution, de mise en forme ou encore de préfiguration, Laura Calebrese (2013 : 114-115) conçoit que l'événement est soumis à un processus de mise en sens par les médias, parmi d'autres institutions sociales qui y participent ultérieurement dans une plus ou moins grande mesure. L'événement médiatique, loin d'être un produit original du méta-énonciateur, se construit selon des normes collectives d'un stock social de connaissances et en fonction de scripts façonnés par les imaginaires professionnels qui anticipent les attentes du public. Selon l'auteure, l'événement médiatique, résultant d'une pratique sociale et discursive, est une représentation dynamique, produite collectivement dans la cité par un certain consensus, son expression reflète les habitus linguistiques de tel ou tel organe de presse, des formulations en partie prévisibles mais que l'auditoire peut toujours à son tour remodeler.

Pour Pascale Goestshel et Christophe Granger (2011 :7-23), la question de constitution de l'événement mérite d'être saisie pour prendre en compte les procédés rhétoriques ou figuratifs qui, explorant les ressources de sa mise en récit, lui donnent corps et en façonnent durablement l'intelligibilité de la dramatisation à la distanciation didactique, de l'allégorie à la mise en scène réaliste, sans oublier les stratégies d'occultation ou d'euphémisation. Ces auteurs estiment que l'événement produit doit posséder les propriétés requises pour accéder au marché médiatique sur lequel se négocient désormais l'existence, la signification et parfois l'issue des mobilisations collectives. L'événement mobilise les ressources morales (justice, bon, droit) et affectives (attendrissement, indignation, révolte) propres à émouvoir le public, à se sentir concerné ou à prendre comme fait et cause.

Patrick charaudeau (2000) propose que la construction d'un événement par les médias se fait selon trois principes : de perception, de saillance et de prégnance. Le principe de perception implique que l'être humain soit en mesure de voir ce qui est modifié dans le monde. Ce serait le rôle des médias de le faire percevoir, mais cela renvoie au problème de la sélection. Le principe de saillance implique qu'un évènement serait d'autant plus mieux perçu et aurait d'autant plus d'intérêt qu'il briserait le continuum des routines et des normes. Les médias ne se privent pas de la mise en évidence. Le principe de prégnance implique qu'on saisisse d'autant mieux la signification d'un évènement dans de systèmes de référence déjà connus. Les médias cherchent, à cette fin, à décrire et commenter les évènements en s'appuyant sur ces systèmes de références, les plus larges possibles.

1.4.2. Jocelyne Arquembourg : l'événement et les médias

Son article est une réflexion sur l'événement médiatique qui, mettant en son centre la relation entre factualisation et événementialisation, renouvelle cette problématique qui s'écarte résolument des perspectives médiacentriques, fréquentes lorsqu'il s'agit d'étudier la construction médiatique d'une affaire ou des problèmes sociaux. L'auteur met en évidence la multiplicité des interactions qui conduisent à une forme de récit médiatique original, notamment du fait que plusieurs actions médiatiques visent un évènement et que la prolifération de ces actions interroge le lien entre l'information et la solidarité.

L'article de Jocelyne tente de resituer le lien qui fait l'originalité et la distinction phénoménologique entre fait et événement d'une part et de l'autre la complexité des interactions liées à la dimension sociale de l'événement. Pour mettre cela en évidence, Jocelyne s'appuie sur une double comparaison de collecte des faits. Ce qui permet de distinguer les structures sous-jacentes à la mise en intrigue, les cadres d'interprétation et la disparité des relations.

L'idée d'opposer la réalité à sa représentation est en revanche heureusement absente des travaux qui se focalisent sur la construction discursive des événements. Très souvent, les analystes du discours, indique l'auteur, intègrent le sujet langagier oubliant le concept d'événement ou sa composante narrative.

Pendant la période de campagne électorale, il serait vrai de faire remarquer que les médias de Mbujimayi ont certainement traité certains sujets de manière massive. Ce qui a expliqué leur solidarité dans la diffusion des mêmes informations. Ils se sont donc rués sur les mêmes événements de manière à forcer le public à adhérer à leurs représentations. Nous estimons que les événements politiques diffusés pendant la campagne électorale sont par nature des faits bruts. Ils ont subi une certaine influence grandissante des médias qui a fait que l'on tend vers l'événementialisation de ces derniers.

1.4.3. Gregory Derville : Le pouvoir des médias

Derville (2013) tente d'apporter des réponses relatives à la prétendue omnipotence des médias ou à leur influence néfaste sur la démocratie. Ce livre destiné aux étudiants et au grand public entend faire preuve de clarté et de pédagogie. Il est structuré en deux parties respectivement consacrées à une approche sociologique et historique de la question du pouvoir des médias. Nous ne pouvons rendre compte de la totalité des chapitres et ne mettons l'accent que sur le premier chapitre.Dans son introduction, le chercheur rappelle à juste titre le rôle que jouent les médias, les instituts de sondage ou les conseillers en communication. La première partie est consacrée à un historique du traitement réservé par la sociologie au pouvoir authentique ou supposé des médias.

Le premier chapitre met l'accent sur l'influence exercée sur la vie citoyenne et la politique politicienne par la propagande qui se définit comme un type de discours à visée persuasive enjoignant explicitement le récepteur de penser ou d'agir d'une façon précise. L'auteur passe en revue les premières apparitions de la propagande dans l'histoire politique occidentale du XX Siècle et s'interroge sur le degré d'efficacité dans la propagande dans les différentes situations ou desquelles elle a été mobilisée. Si les premiers travaux sur la propagande prêtaient à celle-ci un pouvoir sans limites et une capacité à duper les foules et les manipuler les esprits, les recherches ultérieures ont largement permis de relativiser cette conception initiale.

Ce que les sociologues des médias ont appelé le paradigme des effets puissants qui définit une relation entre le public et les médias,c'est pensée le point de vue de la dépendance, du conditionnement ou de la manipulation. C'est ce qu'on a désigné un peu plus tard par l'expression «  seringue hypodermique » et qui laissait entendre qu'un émetteur pouvait injecter n'importe quelle idée ou injonction dans l'esprit de n'importe quel individu.

L'auteur explique que la persuasion dépend principalement des habitudes de l'individu. En effet, les messages auxquels il s'expose en priorité sont plutôt ceux qui le confrontent dans ses opinions, ou qui du moins, le concernent personnellement. Derville clôt le premier chapitre en affirmant qu'il n'y a pas aucune raison valable de croire en l'omnipotence des médias, car leur influence est médiatisée par l'appartenance sociale des individus, par leurs prédispositions psychologiques et par les codes culturels à partir desquels ils interprètent les messages reçus.

L'auteur isole trois effets persuasifs de l'information médiatique. Le premier, l'effet d'agenda, considère les médias comme capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique, en orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Le second, l'effet de cadrage, concerne la capacité de l'information à cadrer les enjeux publics et orienter le point de vue des individus. Le troisième, l'effet d'amorçage, concerne l'influence de l'information sur certaines situations sociales et politiques. Derville conclut que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les contenus qu'ils diffusent et influencent sur le long terme et sans volonté persuasive apparente notre façon de voir le monde : «  les contenus médiatiques (discours, métaphores, vocabulaires) façonnent nos catégories de perception et de ce fait ils contribuent à construire la réalité dans laquelle nous évoluons ».

Dans ce mémoire, nous concevons l'idée que les médias sont capables d'exercer un impact fort sur l'opinion publique, en orientant son attention sur un nombre limité d'enjeux. Pendant la campagne électorale, il a été plus facile de voir comment les médias de Mbujimayi ont pu focaliser leur attention sur certains sujets ou certaines personnalités politiques. Etant tenus par l'enjeu de captation qui s'inscrit globalement dans la concurrence médiatique, les médias de Mbujimayi ont effectivement recouru à de nombreux procédés pour maintenir l'attention du public sur les situations politiques au pays.

1.5. MEDIAS PENDANT LA CAMPAGNE ELECTORALE

1.5.1 Arnaud Mercier : Médias et candidats

Arnaud Mercier (2004: 70-76) identifie par exemple les médias et les acteurs politiques dans un schéma triangulaire qui intègre le public, les acteurs politiques et les médias. Dans une perspective médiatique, l'auteur propose qu'il faut étudier le rôle que peuvent jouer les médias dans la saisie d'un problème par les pouvoirs publics, en s'écartant du schéma "tout ou rien" qui ferait des médias des intermédiaires patentés ou au contraire totalement inefficaces. C'est ainsi qu'il appelle à adopter un regard interactionniste, en essayant de restituer les boucles d'interaction qui unissent les protagonistes de ce schéma triangulaire de la communication. La notion de communication politique telle qu'on la trouve employée dans le discours politique, journalistique et scientifique d'aujourd'hui est extrêmement confuse. Faut- il vraiment s'étonner que le sens de l'expression « communication politique » soit incertain tant les termes qui la composent sont polysémiques ? La communication est un concept caractérisé par la surcharge de sens, dans le langage ordinaire et dans des disciplines différentes, aggravée par un succès de mode qui tend à multiplier les emplois du terme et lui donne un tour quelque peu magique.

Pour notre part, nous pensons que l'étude de cette relation entre médias et événements, ou dans une moindre mesure, et les acteurs politiques, doit permettre de voir dans quelle mesure où les médias ont surement contribué à attirer l'attention du public sur certaines personnalités politiques. Nous concevons cespersonnalités politiques comme étant parmi les éléments qui participent à la spectacularisation des événements. Il nous semble que porter un regard interactionniste peut aider à comprendre comment les médias de Mbujimayi ont pu participer à la publicisation de ces personnalités politiques qui ne sont autres que les candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018 et comment ils arrivent à construire leur image. En tout, ce qui va nous intéresser, ce sera d'aborder cette question des personnalités politiques dans la logique de la construction médiatique des événements.

1.5.2. Marc Lits: La Médiatisation du politique

Dans son article, Marc Lits consacre un point au traitement médiatique de l'information politique. Il considère qu'il existe aujourd'hui un vrai passage du modèle délibératif à la mise en spectacle des personnalités politiques. Et de ce fait, l'analyse du discours politique doit tenir compte de trois paramètres; le discours politique évolue et s'adapte aux nouveaux supports, le rapport du citoyen à la chose politique et se transforme, et le traitement médiatique de la parole publique se modifie aussi, parce que les conditions techniques permettent d'autres approches et parce que le média tient compte des mutations sociales.

Cherchant à comprendre le rapport entre le discours stigmatisant et le multimédia hypernarratif, l'auteur constate que la médiatisation du politique a transformé les modèles journalistiques et les discours utilisés (dialogual, argumentatif ou narratif). Ces transformations ou ces évolutions sont à interroger sans les stigmatiser. Leur analyse doit tenir compte, soutient l'auteur, des formes émergentes de communication politique, comme les blogs de ces mêmes candidats, qui mettent, eux aussi, en cause le rapport au politique et les nouvelles organisations de types narratifs et argumentatifs. Dans une logique discursive, l'auteur appréhende le multimédia par sa capacité à recomposer les échanges discursifs en mettant fin au schéma classique émetteur/récepteur au profit d'une discursivité circulaire, véritablement polyphonique, et d'une récursivité permanente des transmissions de l'information.

En effet, il est important de démontrer que l'élection présidentielle mettait bien au centre les candidats à cette présidentielle. De ce fait, cela rendait possible leur médiatisation. Mais, dans notre approche, cette médiatisation des candidats est comprise dans le sens que les médias de Mbujimayi tentaient de les mettre en avant certains événements qui impliquaient certaines personnalités politiques pour attirer l'attention du public sur ces événements rapportés. Certains médias ont même cherché à s'identifier à certains candidats qui avaient une bonne notoriété en vue de s'attirer la sympathie du public. Ainsi, nous n'allons pas considérer les acteurs politiques comme un objet au centre de notre recherche. Par contre, ils sont ici définis comme des éléments qui ont permis de participer à la spectacularisation des événements politiques rapportés.

1.5.3Guylaine Martel : Incarner la politique

S'interrogeant également sur cette relation, Guylaine Martel (2018, 2) estime que la prégnance de la médiatisation contribue à accroitre l'importance de la personne dans l'exercice politique, et cette personnalisation permet d'établir une sorte de relation d'intimité avec les électeurs qui se trouvent à distance. Plus que jamais la vie politique se matérialise à travers les gestes dans ses représentants, que les médias diffusent maintenant dans leurs états. A ce sujet, Reiffel y voit une personnalisation de l'homme politique et la considère comme une stratégie obligeant les hommes politiques à se construire un personnage, légitimant une grille de lecture qui les désacralise et qui, de fait, néglige les enjeux politiques puisqu'elle décontextualise les problèmes en réduisant les campagnes électorales à une lutte entre personnalités. Selon Guylaine Martel(2018,12), dans ces conditions, le journalisme d'information est supplanté par le journalisme de communication. Le journalisme d'information, essentiellement fondé sur la fonction référentielle du discours, c'est-à-dire le rendu factuel des événements est concurrencé depuis une vingtaine d'années par un journalisme de communication, lequel se distingue du précédent par l'explication des composantes discursives qui contextualisent la nouvelle et personnalisent l'interaction, explique-t-elle. Elle souligne que le journalisme, en tant pratique de la parole publique, ne peut exister et se réaliser que si les règles discursives qui le régissent sont congruentes avec celles qui régissent le fonctionnement technique, économique, organisationnel, politique des médias. (Guylaine M., 2018)

Aujourd'hui, il nous parait que la médiatisation du politique a énormément contribué à façonner une nouvelle image du politique. Les médias de Mbujimayi ont directement ou indirectement inscrit leur traitement des informations dans la logique globale de certains acteurs politiques. Lesquels avaient pour objectif de créer une forte intimité, dont parle Reiffel, entre eux et les électeurs. Se laissant tombés dans le filet de ces acteurs politiques, les médias ont fait de l'information un outil par lequel ils devaient développer leur nouvelle perception auprès des électeurs. Comme ces auteurs, nous pensons que les médias ont, par le traitement de l'information, personnalisé les événements en mettant sur un accent particulier sur les candidats par une rhétorique beaucoup mieux élaborée.

1.5.4. Eithan Orkibi: Images des candidats

Il est clair que les candidats savent également se servir des médias en leur faveur pour promouvoir leur image. Dans cette optique, EithanOrkibi(2015) conçoit l'image du candidat dans une campagne électorale comme ayant fait objet d'un domaine d'études bien établi dans les études électorales et la communication. L'auteur s'appuie sur la définition que donne Kenneth L. Hacker. L'image du candidat est une accumulation des perceptions des électeurs sur les candidats. Selon lui, cette définition souligne les rapports dynamiques qui se forment entre les messages de la campagne et l'évaluation du candidat par le public. Les images transmises stratégiquement par les directeurs de campagne, jointes à celles diffusées par les médias, s'entrecroisent avec les impressions préexistantes des électeurs, et se transforment en des représentations cognitives socialement partagées.

Eithan essaie de comprendre cette notion d'image des candidats par deux approches. La première est décrite comme constituant « attributs d'un homme politique », c'est-à-dire les caractéristiques du candidat associées à la perception commune d'un homme ou d'une femme politique ou d'un leader. Balmas et shaefer (2010:206) donnent eux aussi quelques-unes des caractéristiques. Ils estiment que l'image du candidat doit faire preuve de compétence, des qualités de dirigeant, de puissance, de l'intelligence, de la crédibilité et de la moralité.

La deuxième approche est considérée comme « des attributs personnels ». Elle est liée aux diverses caractéristiques du candidat en tant personne. Il s'agit de la perception qu'a l'électeur du candidat en tant que personne privée, ses traits personnels significations. Ces attributs personnels peuvent être son tempérament, sa bienveillance, la dévotion à sa famille et à son conjoint, ou sa conjointe ainsi que son comportement communication: humour, sensibilité, attitude amicale, apparence physique. L'auteur donne une distinction entre deux types d'images qui découlent d'un candidat. D'abord, l'image du candidat hétéro-attribuée qui est principalement construite par une tierce partie. Ensuite, l'image du candidat auto-attribuée est celle qui se construit par l'information qui provient directement du candidat lui-même.

De son ouvrage, Guylaine Martel (2018,6) tente de saisir la notion de l'image des politiciens telle qu'eux-mêmes la construisent à l'intérieur de leur propre production discursive. Sous une approche goffmanienne, l'auteure définit l'image comme une représentation, celle qu'on a de soi-même et qu'on cherche à projeter sur les autres dès lors qu'on est en présence sociale, « un effet dramatique qui se dégage d'un spectacle ». Elle n'a qu'un rapport très relatif avec la personne réelle qui lui sert de support. L'image est donc le résultat d'une performance entre l'acteur et son public.(Guylaine, 2018)

De son côté, Martin Rosenhaum (1997, 19) souligne que les hommes politiques utilisent l'image pour représenter leurs programmes, leurs idées ou leurs actions et soignent leur image de marque dans l'espoir d'influencer, voire de manipuler l'image mentale que les électeurs se forgent à leur sujet, c'est-à-dire «  l'ensemble des caractéristiques que le public associe à un homme politique ».

Nous estimons que cet effort de soigner son image que l'homme politique consent ne passe pas seulement par ses actions ou ses idées, comme l'explique Martin Rosenhaum, mais aussi la médiatisation des actions ou des idées de celui-ci contribue à façonner une vraie image de lui-même. La campagne électorale a été donc un moment privilégié pour cet exercice. A ce sujet, Mulumbati note que la campagne électorale vise d'abord à faire connaitre aux électeurs un candidat, ses idées et ses actions, ensuite à le faire aimer lui, ses idées et ses actions, enfin à le préférer lui, ses idées et ses actions aux autres candidats, à leurs idées et à leurs actions. (Mulumbati 2010: 421).

Il nous semble que ces auteurs reconnaissent le pouvoir des médias dans la construction des images des hommes politiques. Car, nous pensons que recourir aux médias s'avère la stratégie ultime pour tout homme politique. Sa popularité ou la popularisation de ses actions dépendraient du niveau de relation qu'entretiendrait celui avec les médias. On l'a remarqué pendant la campagne électorale pour les élections de 2018. Les candidats ont trouvé une place de choix dans les médias où leurs publicités pouvaient passer en permanence.

SECTION 2 : OPERATIONALISATION

A ce point, nous allons donner l'explication du concept et de ses dimensionsretenus dans le cadre de cette étude. «Information politique » est notre concept de base. Nous le saisissons selon deux dimensions : la spectacularisation et la mise en récit.

Dans ce mémoire, nous entendons par Information politique tout événement politique rapporté par un média, qui tent de le rapporter en insistant sur certains éléments particuliers qui les constituent en vue de leur mise en avant eten recourant aux procédés discursifs en vue de capter l'attention du public

2.1 SPECTACULARISATION

La spectacularisation est comprise dans le sens de Patrick Charaudeau (2009). Il parle de la dramatisation. Selon lui, le discours journalistique qui rapporte des évènements et propose des explications a pour objectif de capter le public en se livrant à une certaine dramatisation qu'il définit comme un processus de stratégie discursive qui consiste à toucher l'affect du destinataire.

Le procédé de focalisation est un procédé discursif qui consiste à amener un événement sur le devant de la scène (par les titres de journaux, l'annonce en début de journal télévisé ou du bulletin radiophonique). Il produit un effet de grossissement. La nouvelle sélectionnée est mise en exergue, et du même coup elle envahit le champ de l'information donnant l'impression qu'elle est la seule digne d'intérêt. Cela participe d'un phénomène discursif plus général: toute prise de parole est un acte d'imposition de sa présence de locuteur l'interlocuteur, et donc celle-ci doit pouvoir être justifiée.

Notre approche n'est pas de considérer les événements dans leur mise en scène liée au dispositif tels le journal parlé ou le bulletin radiophonique pour la simple raison que les informations que nous analysons sont amputées de leur enveloppe vocale. De ce fait, nous ne pouvons les analyser comme le suggère Patrick Charaudeau. Mais, dans le cadre de ce mémoire, le procédé de focalisation est compris comme participant à la spectacularisation en ce sens qu'il devient un outil qui nous permet de voir les éléments sur lesquels ont insisté les médias pendant la campagne électorale, la personne (Qui ?), l'objet (Quoi ?), le lieu (Où ?) que nous retenons comme indicateurs.

Le procédé de répétition ou la mise en avant qui consiste à passer une même information en boucle d'un bulletin d'information à l'autre, d'un journal télévisé à l'autre, d'un journal à l'autre et d'un jour à l'autre. Cette information, répétée de la même façon ou avec des variantes, produit un effet de réification: la nouvelle prend une existence en soi, se trouve par là même authentifiée, se fige et donc s'inscrit de façon indélébile dans la mémoire.

Nous n'allons pas appliquer l'approche que Patrick charaudeau fait du procédé de répétition. Cependant, nous le privilégierons, dans notre analyse, pour constater les personnalités politiques, les institutions politiques et indépendantes qui ont fait l'objet d'une forte médiatisation.

2.2 MISE EN FORME

Dans le cadre de ce mémoire, la mise en forme de l'information est perçue du point de vue de la structure de l'information(attaque, corps, chute). Nous traduisons ce que Patrick Charaudeau appelle les opérateurs de construction par les six questions de références essentielles pour la construction d'un événement afin de lui donner tout son sens. Il s'agit de Qui, Quoi, Quand, Où, Comment et pourquoi ?

Les réponses à ces courtes questions permettent de rendre du déroulement d'un événement et proposent une lecture sectorielle de celui-ci. Ces questions permettent donc de signifier. Elles nous permettront d'approcher les informations politiques à la RTNC et la RTDK pour voir si ces deux médias les mobilisent correctement pour replacer dans le système social les significations sociales de l'événement rapporté.

2.3 TABLEAU D'OPERATIONNALISATION

TABLEAU N°1

Concept opératoire

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Informations politiques

Spectacularisation

Procédé de focalisation

· La Personne (Qui ?)

· L'Objet (Quoi ?)

· Le lieu (Où ?)

Mise en avant

· Institution politique

· Personnalité politique de l'opposition

· Personnalité politique de la majorité

· Personnalité indépendante

· Organisation indépendante

· Partis politiques

Mise en forme

structure

· Attaque

· Corps

· Chute

Rituelle

· Qui ?

· Quoi ?

· Quand ?

· Où ?

· Comment ?

· Pourquoi ?

SOURCE : NOUS-MEME

CONCLUSION PARTIELLE

Dans ce chapitre, il était question de recenser différentes approches sur la question que nous abordons. Nous nous sommes appuyé sur quelques auteurs qui, par leurs recherches, ont permis d'éclairer la thématique abordée. Le présent chapitre a été subdivisé en deux principaux points : L'état de la question et l'opérationnalisation.

Dans l'état de la question, nous sommes revenu sur le concept « information ». Quatre sous-points ont été traités :Vers la définition de l'information, l'information comme discours, l'information comme événement et enfin, les médias dans la campagne.

Dans l'opérationnalisation, nous avions ressorti clairement notre concept opératoire qu'est le concept « information politique » que nous avons compris sur deux dimensions : la spectacularisation et la mise en récit.

CHAPITRE II : ELECTIONS ET INFORMATIONS DANS LES MEDIAS DE MBUJIMAYI

Dans ce chapitre, il sera question de présenter notre corpus dans les deux médias approchés pour cette étude. Nous allons présenter les informations politiques à la RTNC et à la RTDK. Ce chapitre s'articule autour de deux points. Il s'agit de l'aperçu sur les élections en RDC et la présentation de notre corpus.

SECTION 1: APERCU SUR LES ELECTIONS EN RDC

1. ELECTIONS DE 2006 à 2011

C'est en juillet 2006 qu'ont eu lieu les premières élections présidentielle et législative libres en République démocratique du Congo depuis l'indépendance du pays. Trente-trois (33) candidats prenaient part à l'élection présidentielle. Trente-un seront écartés dès le premier tour. En octobre 2006, la commission électorale indépendante organise un second tour. Joseph Kabila et Jean-pierre Bemba, les deux candidats restant dans la course, vont s'affronter à cette élection. Joseph Kabila en sortit gagnant. ( http://www.africanelections.tripod.com consulté le 13 mai 2019)

En 2011, les élections qui ont été organisées par la commission électorale nationale indépendante, remplaçant l'ancienne commission électorale indépendante, ont constitué la seconde échéance après le retour de la paix dans le pays. Les élections législatives vont avoir lieu en même temps que l'élection présidentielle dominée par onze candidats. Mais, Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila ont été les deux candidats qui avaient dominé la campagne du fait de leur notoriété. A l'issue de cette élection, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et élu en 2006, a été reconduit au poste de président. ( http://www.jeuneafrique.com consulté le 13 mai 2019)

Pendant cette période, les médias avaient joué un rôle remarquable, c'est-à-dire ils ont participé à la sensibilisation des citoyens sur leur participation massive aux élections. Dans tout le pays, plus de 400 stations de radio et 150 chaînes de télévision émettaient et des centaines de journaux étaient présents sur le marché. Mais, La Radio Télévision Nationale Congolaise et la Radiookapi étaient les seules à couvrir l'ensemble du territoire national. Du fait de son statut, la Radiookapi échappait aux pressions des politiciens locaux. Tandis que la Radio Télévision Nationale Congolaise était considérée comme le véritable média de service public émettant dans le pays et étant au service de la propagande gouvernementale (Marie-Soleil Frère, 2015).

A cette échéance électorale, "la campagne électorale s'annonçait très tendue. Les semaines précédentes avaient été marquées par la fermeture de plusieurs médias d'opposition et par des attaques répétées des journalistes", constatait Marie-Soleil Frère.

2. ELECTIONS DE 2018

L'élection présidentielle s'est tenue le 30 décembre 2018 en même temps que les législatives et les provinciales. Reportée à plusieurs reprises depuis 2016, cette élection donnait un successeur à Joseph Kabila, occupant le poste de président depuis 2001. Le régime de Joseph Kabila a été accusé de réprimer brutalement les manifestations politiques d'opposition.

En effet, pour le scrutin, les doutes existaient jusqu'au dernier moment sur sa tenue. Joseph Kabila aurait dû théoriquement se retirer en décembre 2016, à la fin de son second mandat, la constitution congolaise lui interdisant d'en effectuer trois mandats consécutifs. Mais, les élections ont été repoussées plusieurs fois, déclenchant des manifestations parfois violemment réprimées jusqu'à ce que la date soit fixée au 23 décembre ( http://mobile.francetvinfo.fr, consulté le 13 mai 2019).

Initialement prévue fin 2016, l'élection présidentielle n'a finalement eu lieu qu'en décembre 2018 après plusieurs reports. Ces reports ont entraîné une profonde crise dans le pays. Un premier report intervient après la signature des accords de saint sylvestre, fixant les élections en décembre 2017. Dans la foulée, le président de la CENI déclare impossible de tenir le délai. Il fixe ainsi la date du scrutin pour le 23 décembre 2018, qui sera finalement reportée au 30 décembre.

Vingt-un candidats participaient à l'élection présidentielle. Mais, trois candidats d'entre eux sortent du lot et dominent la campagne électorale. Il s'agit d'Emmanuel Ramazani shadary, candidat du FCC, Felix Tshisekedi, candidat pour la coalition CACH et Martin Fayulu, candidat de la coalition Lamuka. La campagne électorale étant une période clé, ces candidats et leurs partis politiques sollicitaient les médias pour être visibles sur terrain. Parfois, le succès qu'ont eu certains candidats, ils semblent l'accorder aux médias. Les publicités y sont passées. Certaines émissions de circonstance ont été présentées en faveur de tel ou tel autre candidat. L'objectif était d'assurer sa visibilité auprès des électeurs. On pouvait voir les candidats, pendant leurs tournées dans le pays, se faire accompagner des journalistes de médias tant nationaux qu'internationaux.

Certaines organisations indépendantes, telles que Internews, Search for common ground et Freedoom house, s'étaient données, à cette période, pour tâche de sensibiliser les médias à l'équilibre dans le traitement de l'information pour éviter de verser dans la propagande. Elles procédaient à la sensibilisation des journalistes sur leur rôle dans ce processus électoral. Leur objectif était de voir les médias recueillir toutes les sources émanant de différents courants socio-politiques pour prétendre promouvoir la démocratie ( www.digitalcongo.net consulté le 13 mai 2019).

A l'issue de cette élection, Felix Tshisekedi a été donné vainqueur avec un peu plus de 38% des suffrages selon les résultats provisoires. Martin Fayulu en recueille près de 35%. Emmanuel Ramazani shadary termine sur la troisième marche du podium avec 23%( https://www.lecho.beconsulté le 13 mai 2019). Dès l'annonce de ces résultats, ceux-ci sont vivement contestés par Martin Fayulu. La conférence épiscopale du Congo annonça aussi que les résultats ne correspondent à ceux collectés par ses 40.000 observateurs sur terrain.

SECTION 2: PRESENTATION DU CORPUS

Notre corpus provient de deux chaînes de radios: la RTNC et la RTDK. Il couvre la période s'étalant sur le mois décembre 2018. Il est essentiellement composé de 20 textes qui sont des informations radio, produites pendant la campagne électorale par ces deux médias.

2.1 INFORMATIONS POLITIQUES A LA RTNC

La Radio Télévision Nationale Congolaise/ Kasai-oriental est une chaîne publique qui s'inscrit dans la vision des services publics de la République démocratique du Congo. Sa mission est d'informer, former et éduquer les masses populaires. La RTNC promeut également les productions culturelles du pays. C'est à l'aspect "information" que nous avons choisi de porter notre attention sur la RTNC afin de voir comment elle s'est comportée pendant la période électorale. En effet, nous nous intéressons aux informations, déjà archivées, permettant de nous rendre du déroulement des évènements politiques pendant la campagne électorale, à l'échelle nationale. Sur ces informations, il est ainsi possible de relever les noms des journalistes, la date de production de l'information, la signature du rédacteur en chef ainsi que l'heure de l'édition qui a précédé sa production.

Ces textes sont généralement des supports pour l'oral. Ils ne correspondent pas à la transcription du rendu final. Mais, nous n'allons pas vérifier la correspondance avec ce qui a été prononcé en antenne. Autrement dit, nos données correspondent à une réalité réduite, amputée de l'enveloppe vocale.

Globalement, les informations que nous avons triées ne représentent qu'une rubrique du journal de la RTNC. Ce journal est diffusé quatre fois par jour. Il s'agit des éditions de 6h30, de 9h00, de 12h00 et de 18h30. En dehors de ce dispositif, la RTNC prévoit aussi un bulletin d'informations qui passe à partir de 15h00. Le journal parlé de la RTNC est hiérarchisé selon six rubriques: nation, province, Afrique, monde, sport et culture.

Dans la première rubrique, il s'agit des informations qui sont en relation avec les institutions publiques ou non publiques du pays, l'actualité dans d'autres provinces. C'est cette rubrique qui reprend pratiquement toutes les informations politiques à l'échelle nationale. Ainsi, les informations sont présentées selon l'ordre des institutions dans le pays. On part de la présidence au parlement, du gouvernement aux organisations nationales ou indépendantes sur le territoire. Enfin, on finit par l'actualité en provinces, s'il en faut.

Dans la seconde rubrique, réservée à l'actualité en province, la RTNC propose les informations au public selon un certain ordre. On commence par l'actualité à l'assemblée provinciale, suivie par l'actualité au gouvernement provincial, ensuite d'autres institutions et enfin les faits divers. La troisième rubrique est réservée à l'actualité africaine où certains événements politiques africains sont recensés. La quatrième est liée à l'actualité internationale. Elle est suivie de la rubrique sportive où les informations sportives sont présentées selon un certain ordre. La priorité est accordée à l'actualité sportive en province, à l'échelle nationale et ensuite internationale. Enfin, le journal se termine par l'actualité culturelle.

TABLEAU N°2 PRESENTATION DU CORPUS RTNC

Dates et éditions

Identification

Questions fondamentales repérées

Structure de l'information

Focalisation

Organisations ou personnalités citées

1

09/12/2018

18h30'

Présidentielles du 23 décembre prochain. Les candidats poursuivent leur campagne électorale sans désemparer à travers tout le pays, question de dorloter leur électorat.

Six questions de référence : Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Les candidats à la présidentielle

Emmanuel Ramazani shadary

Felix Tshisekedi

Martin Fayulu

2

11/12/2018

6h30'

Le candidat du FCC Emmanuel Ramazani Shadari a été lundi à Buta, dans la province du Bas-Uélé où il a reçu un accueil chaleureux.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Le candidat du FCC Emmanuel Ramazani

Emmanuel Ramazani Shadary

3

14/12/2018

18h30'

Commission électorale nationale indépendante. Corneille Nanga se veut rassurant quant à la tenue du scrutin du 23 décembre 2018 prochain.

Quatre questions de référence : Qui ?, Quoi ?, Quand, où ?

Attaque

Corps

Chute

L'incendie à l'entrepôt de la CENI

Commission électorale nationale indépendante

4

15/12/2018

18h30'

Le ministre des médias et porte-parole du gouvernement a animé un point de presse à Kinshasa.

Six questions de référence : Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

L'incendie de l'entrepôt de la CENI

Lambert Mende

5

17/12/2018

6h30'

Le président de la CENI, Corneille Nanga a consacré un point de presse à l'incendie qui s'est déclaré récemment dans l'un des entrepôts de son institution aux heures de nuit.

Cinq questions de référence : Qui ?, Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?

Attaqueincomplète

Corps

Chute

Point de presse consacré à l'incendie de l'entrepôt de la CENI

Corneille Nanga, président de la CENI

6

19/12/2018

18h30'

Clôture de la campagne électorale ce vendredi 21 décembre sur toute l'étendue du pays.

Six questions de référence

: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Clôture de la campagne électorale

Emmanuel Ramazani

Félix Tshisekedi

Martin Fayulu

7

20/12/2018

18h30'

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta suspend les activités sur toute l'étendue de la capitale Kinshasa.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Suspension de la campagne électorale à Kinshasa

André Kimbuta

8

21/12/2018

6h30'

Les élections générales auront lieu le 30 décembre. C'est ce qu'indique le président de la CENI, Corneille Nanga lors d'un point de presse tenu jeudi 20 décembre.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

La tenue des élections le 30 décembre

Président de la CENI

9

22/12/2018

6h30'

Le président du CNSA, le conseil national de suivi de l'accord, Joseph Olenga NKoy a tenu un point de presse ce vendredi au siège du CNSA sur la tenue des élections dans le pays.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

La tenue des élections présidentielle et législative

Joseph Olenga Nkoy, président du CNSA

10

22/12/2018

6h30'

Le CSAC monte au créneau et invite singulièrement les journalistes à respecter le calendrier électoral.

Cinq questions de référence: Qui ?, Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque incomplète

Corps

Chute

Le conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication

Source : Nous-même

Commentaires

Ce tableau reprend sept rubriques suivantes : les dates et les heures d'éditions, l'identification des informations, les questions fondamentales, la structure de l'information, la focalisation, les organisations et les personnalités citées, les ressources mobilisées. Dans ce tableau, nous avons recensé dix informations, sélectionnées partant de la période allant du 09 décembre au 22 décembre 2018. Nous avons classé les informations selon l'ordre de leur production. Nous avons présenté la structure de chaque information en dégageant les différentes questions essentielles à sa construction pour voir si elles ont été respectées. Notre lecture est que certaines informations contenaient les six questions de référence et d'autres cinq questions de référence. Dans la focalisation, nous avons relevé les personnes et les thèmes abordés.

2.2INFORMATIONS POLITIQUES A LA RTDK

La Radio Télé Debout Kasai est une chaine privée communautaire, installée dans la province du Kasaï-Oriental, précisément à Mbujimayi. Elle s'est fixée pour objectif d'aider les populations locales à se développer. Cependant, pendant la période électorale, elle s'est affichée du côté de l'opposition. Dans le cadre ce mémoire, nous avons choisi cette chaine parce qu'elle avait considérablement acquis une forte notoriété dans la province au cours de cette période.

Dans notre étude, nous avons choisi de nous intéresser à cette radio dans le but d'analyser la manière dont elle a traité les informations politiques. En effet, comme ce fut le cas pour la RTNC, les informations que nous avions repérées étaient déjà archivées, permettant de nous rendre du déroulement des événements politiques de la campagne à l'échelle nationale. Sur ces informations, il est ainsi possible de relever les noms des journalistes, la date de production de l'information, la signature du rédacteur en chef ainsi que l'heure de l'édition qui a précédé sa production. Ces textes sont généralement des supports pour l'oral. Ils ne correspondent pas à la transcription du rendu final. Mais, nous n'allons pas vérifier la correspondance avec ce qui a été prononcé en antenne. Autrement dit, nos données correspondent à une réalité réduite, amputée de l'enveloppe vocale.

Ces informations dont il est question dans ce travail s'insèrent dans un dispositif qui s'appelle « journal ». Son format est de quinze minutes. Il est présenté près de quatre fois par jour, notamment aux éditions de 6h00, 8h45, 11h00 et 20h45. Ce journal est découpé en trois rubriques : nation, province, internationale et sportive. Dans la rubrique nation, ce sont les nouvelles de l'actualité politique produite à l'échelle nationale. Dans la seconde province, ce sont les nouvelles liées à l'actualité provinciale. Dans la rubrique internationale, ce sont les informations rendant compte de l'actualité en Afrique et dans le monde. Enfin, la rubrique sportive reprend toutes les nouvelles sportives de l'actualité à l'échelle provinciale, nationale et internationale.

TABLEAU N°3 PRESENTATION DU CORPUS RTDK

Dates et éditions

Identification

Questions fondamentales repérées

Structure de l'information

Focalisation

Organisations ou personnalités citées

1

14/12/2018

20h45'

Dispersion des militants de l'UDPS qui suivaient le cortège de Félix Tshisekedi à la place Imokas, dans la ville de Kananga.

Six questions de référence : Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Dispersion des militants de l'UDPS par la police

La police

2

15/12/2018

6h00'

Le haut-commissariat des nations-unies aux droits de l'homme exhorte les autorités congolaises à prendre des mesures préventives contre les violences à quelques jours des élections.

Six questions de référence : Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Prise des mesures préventives contre les violences lors des élections.

Haut-commissariat

3

15/12/2018

20h15'

Le duo Tshisekedi Tshilombo Félix et Vital Kamerhe est arrivé ce samedi 15 décembre 2018 à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe

Commission électorale nationale indépendante

4

15/12/2018

20h45'

Les Etats-Unis d'Amérique interdisent à ses ressortissants vivant en RDC de se rendre dans l'Est et au centre de la RDC.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

- L'Est et le centre du pays

- Interdiction de se rendre au centre et à l'est du pays

Les ressortissants des Etats-unis en RDC

5

16/12/2018

20h15'

La plateforme LAMUKA accepte d'aller aux élections du 23 décembre 2018 avec la machine à voter.

Cinq questions de référence: Qui ?, Quoi ?, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Plateforme LAMUKA

Plateforme LAMUKA

Olivier Kamitatu

6

16/12/2018

8h45'

Lambert Mende, porte-parole du gouvernement a tenu un point de presse ce vendredi 14 décembre sur l'incendie de l'entrepôt de la CENI.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Incendie de l'entrepôt de la CENI

Assurance de la CENI pour la tenue des élections.

Lambert Mende

7

16/12/2018

20h45'

Arrivée de deux leaders du CACH ce dimanche à Tshikapa, dans la province du Kasai.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe

Félix Tshisekedi et Vial Kamerhe

8

18/12/2018

8h45'

Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe sont arrivés ce lundi 17 décembre 2018 à Matadi en s'offrant un bain de foule, dans la province du Kongo central.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe

Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe

9

19/12/2018

20h15'

Le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta a suspendu ce mercredi 19 décembre les manifestations publiques liées à la campagne électorale.

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Suspension de la campagne électorale à Kinshasa

André Kimbuta, gouverneur de la ville-province de Kinshasa.

10

21/12/2018

8h45'

Le président de la CENI a déclaré ce jeudi 20 décembre l'arrêt de la campagne

Six questions de référence: Qui ?, Quoi ?, Quand, où, comment ? et pourquoi ?

Attaque

Corps

Chute

Arrêt de la campagne électorale sur toute l'étendue du pays

Le président de la CENI

Source :Nous-même

Commentaires

Ce tableau reprend sept rubriques suivantes : les dates et les éditions, l'identification des informations, la structure de l'information, les questions fondamentales, la focalisation, les organisations et les personnalités citées, les ressources mobilisées. Dans ce tableau, nous avons recensé dix informations, sélectionnées partant de la période allant du 14 décembre au 21 décembre 2018.Nous avons classé les informations selon l'ordre de leur production. Nous avons présenté la structure de chaque information en dégageant les différentes questions essentielles à sa construction pour voir si elles ont été respectées. Notre lecture est que certaines informations contenaient les six questions de référence et d'autres cinq questions de référence. Dans la focalisation, nous avons relevé les personnes et les thèmes abordés. Ensuite, nous avons relevé  les personnalités et les organisations citées dans différentes informations.

CONCLUSION PARTIELLE

En somme, dans ce chapitre, il a été question de présenter notre cadre empirique. Ce présent chapitre est subdivisé en deux sections. La première a été consacrée à l'aperçu général des élections en RDC. La deuxième a porté sur la présentation du corpus.

Dans la première section, nous avons fait un aperçu des élections de 2006 et de 2011. Puis, nous avons tenté d'expliquer le contexte électoral de 2018. Dans la seconde section, nous avons eu à présenter notre corpus et le cadre dans lequel il s'insère.

CHAPITRE III: TRAITEMENT DES INFORMATIONS POLITIQUES A LA RTNC ET A LA RTDK EN CAMPAGNE ELECTORALE

Dans ce chapitre, nous allons vérifier nos hypothèses que nous nous sommes proposées dans le cadre de cette étude. Ces hypothèses sont des réponses à nos deux questions de recherche : principale et subsidiaire. La première met l'accent sur la manière dont les médias ont mis en forme les événements politiques qui se sont déroulés pendant la campagne électorale. La seconde cherche à savoir les mécanismes de spectacularisation que les médias ont mis en oeuvre pour mettre en avant ces événements.

A la première question, nous avons proposé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces événements en satisfaisant au principe de distance et de neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des faits.

A la deuxième question, nous avons répondu que la RTNC et la RTDK ont recouru à deux procédés discursifs pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des procédés de focalisation et du procédé de répétition que nous avons choisi d'appeler la miseen avant.

. En effet, ce chapitre est découpé en trois points :

- Le protocole méthodologique

- L'analyse des données

- L'interprétation des résultats

SECTION 1 : PROTOCOLE METHODOLOGIQUE

A ce point, nous présentons l'approche méthodologique qui nous a servi à l'analyse des données. En effet, notre corpus provient de deux chaînes de radio, la RTNC et la RTDK. Il est constitué principalement d'informations rendant compte des événements politiques qui se sont déroulés à l'échelle nationale pendant la campagne électorale. Elles ont été produites du 09 décembre au 21 décembre 2018 à la RTNC et du 14 décembre 2018 à la RTDK. Elles correspondent à la rubrique "nation" de deux chaînes. Nous les avons triées dans la masse d'informations archivées qui ont été mises à notre disposition. Nous avons sélectionné celles qui correspondaient le mieux à notre limitation. Nous avons mis de côté toutes les informations politiques liées à l'actualité provinciale.Dans le cadre de ce mémoire, nous avons choisi d'utiliser la méthode ethnologique. Elle nous a permis de mettre l'accent sur les comportements qui ont été développés par les deux médias pendant cette période de campagne électorale.Nous avons choisi aussi d'utiliser la méthode d'analyse de contenu pour recueillir et traiter les données mentionnées dans les informations politiques dont nous avions disposé afin de les caractériser.

Pour analyser ces informations, nous avons choisi d'utiliser l'approche de Patrick Charaudeau. Elle s'attache à étudier les possibles dérives des médias dans le rapportage des événements. Il propose ainsi deux procédés discursifs qui sont généralement à la base d'une surévénementialisation des événements. Terme qu'il associe aussi à ce qu'il appelle la suractualisation. Il faut dire que ces deux procédés discursifs ont été appliqués au journal, au bulletin d'informations et au flash d'informations.

Cependant, ces deux procédés nous ont servi à analyser les différentes informations, comprises isolément comme événements rapportés, afin d'expliquer le processus de spectacularisation de ces événements pendant la campagne électorale. Ils ont permis de repérer sur quoi la RTNC et la RTDK ont insisté pour mettre en avant les événements politiques. Le procédé de focalisation nous a aidé à identifier le lieu, la personne ou l'objet à partir desquels les deux médias ont participé à l'événementialisation des événements. La mise en avant comme procédé de spectacularisation a été privilégiée, dans notre analyse, pour constater les personnalités politiques ou indépendantes, les institutions politiques et indépendantes qui ont fait l'objet d'une forte médiatisation par les deux médias au cours de la période de campagne électorale.

A l'issue de cette analyse, nous avons ressorti les similitudes et les différences de chacun des médias dans le processus de construction des événements qui ont marqué les deux dernières semaines de la campagne électorale.

SECTION 2 : ANALYSE DES DONNEES

Cette analyse va consister à confronter les données recueillies aux données hypothétiques. Nous procédons à leur traitement dans le tableau d'analyse suivant.

TABLEAU N°4

DONNEES HYPOTHETIQUES

INFORMATIONS POLITIQUES A LARTNC

INFORMATIONS A LA RTDK

Concept

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Concernant les personnes

1. Les trois candidats à la présidentielle (1)

2. Le candidat du FCC, Emmanuel Ramazani (1)

Concernant l'objet

1. La tenue des élections par la CENI (3)

2. L'incendie de l'entrepôt de la CENI (2)

Concernant les personnalités

1. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du FCC (3)

2. Felix Tshisekedi (2)

3. Martin Fayulu(2)

4. Corneille Nangaa, président de la CENI (2)

5. André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa (1)

6. Joseph Olenga Nkoy, président du CNSA

Organisation indépendante

1. Commission électorale nationale indépendante(1)

2. Conseil supérieur de l'audiovisuel et de communication(1)

Concernant la structure

Huit informations sur dix présentent toutes les trois parties de l'information. Les deux autres présentent des attaques incomplètes.

Sur dix informations, deux répondent de manière incomplète aux questions Cfr. n°5 et n°10.

Concernant la personne

1. Félix Tshisekedi (3)

2. Plateforme Lamuka (1)

Concernant l'objet

1. Dispersion des militants par la police à Kananga(1)

2. Mesures préventives lors des élections(1)

3. Interdiction aux ressortissants américains de se rendre à l'Est et au centre du pays(1)

4. Incendie de l'entrepôt de la CENI et l'assurance de la CENI d'organiser les élections(1)

5. Suspension de la campagne électorale

6. Arrêt de la campagne électorale(1)

Concernant les les personnalités

1. Félix Tshisekedi(3)

2. Vital Kamerhe(3)

3. Lambert Mende(1)

4. André Kimbuta(1)

5. Corneille nangaa(1)

Concernant l'organisation politique

1. Lamuka (1)

Concernant l'organisation indépendante

1. Police (1)

Concernant la structure de l'information

Toutes les dix informations présentent les trois parties de l'information.

Toutes les dix informations ont répondaient correctement aux questions.

Informations politique

Spectacularisation

Procédé de focalisation

La Personne (Qui ?)

L'Objet (Quoi ?)

Le lieu (Où ?)

Mise en avant

Institution politique

Personnalité politique de l'opposition

Personnalité politique de la majorité

Personnalité indépendante

Organisation indépendante

Partis politiques

Mise en forme

Structure

Attaque

Corps

Chute

Rituelle

Qui ?

Quoi ?

Quand ?

Où ?

Comment ?

Pourquoi ?

Commentaires

Le présent tableau est subdivisé en trois grandes parties. La première est réservée aux données hypothétiques. La seconde est consacrée aux informations politiques à la RTNC et la troisième aux informations politiques à la RTDK.Dans la première partie, nous revenons sur notre appareil conceptuel que nous tentons de confronter aux données empiriques. Nous y avons repris toutes nos dimensions accompagnées de leurs indicateurs.

Dans la deuxième partie, il se dégage que les informations politiques à la RTNC ont été plus centrées sur les objets que sur les autres éléments tels que définis dans notre appareil conceptuel. Cette observation découle du procédé de focalisation. Les personnes (Qui ?) n'ont pas été au centre du traitement des informations. Par rapport à la mise en avant, il sied de signaler que certaines personnalités politiques ont figuré plus dans les informations diffusées que d'autres. On peut aussi voir deux organisations indépendantes figurer dans les informations.

Dans la troisième partie, il ressort des informations politiques de la RTDK que les personnalités politiques ont figuré en bonne place que d'autres éléments prévus dans notre opérationnalisation.Il s'agit notamment de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Cette observation découle de l'application de la mise en avant comme procédé dans l`analyse des informations. Deux organisations, l'une politique et l'autre indépendante, ont aussi figuré dans les informations diffusées pendant la période électorale. Le procédé de focalisationa insisté sur les personnes et moins sur les objets. Il n'y a pas eu de sujets traitant du même problème de manière linéaire.

SECTION 3 : INTERPRETATION DES RESULTATS

La présente étude est partie du constat selon lequel les médias de Mbujimayi, dont la RTNC et la RTDK, ont participé à la structuration des spectacles politiques par la mise en scène des événements. Pendant la campagne électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de captation. Dans cette perspective, ils ont été à la base de l'événementialisation de certains événements en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent en vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans le processus de publicisation de certains candidats à la présidentielle du 30 décembre 2018. D'où les deux questions de départ qui ont constitué le fil conducteur de notre recherche : comment les médias de Mbujimayi ont-ils mis en forme les événements politiques qui se sont déroulés pendant la campagne électorale? Quels sont les mécanismes de spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces événements ?

Comme hypothèse à la première question, nous avons estimé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces événements en satisfaisant au principe de distance et de neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des faits. A la deuxième question, nous avons avancé que la RTNC et la RTDK ont recouru à deux procédés discursifs pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des procédés de focalisation et de répétition.

En effet, la présente étude est partie d'un appareil conceptuel. Lequel a reposé sur un seul concept opératoire qu'est « les informations politiques ».Ce concept était compris sur deux dimensions : la spectacularisation et la mise en forme. La première dimension contient deux composantes : le procédé de focalisation et le procédé de répétition. De ces deux composantes, sont dégagés les indicateurs. La deuxième dimension s'est appuyée aussi sur deux composantes desquelles sont dégagés les indicateurs.

3.1 DIMENSION « SPECTACULARISATION »

Cette dimension nous a permis d'identifier sur quoi les médias ont insisté pour mettre en avant les événements politiques. L'objectif a été de saisir la manière dont la RTNC et la RTDK ont pu structurer l'espace public par la mise en scène des événements. Partant des éléments d'observation que nous a offerts cette dimension, il nous revient que les similitudes et les différences se dégagent du traitement des informations politiques dans les deux médias.

A la RTNC, nous avons constaté que le procédé de focalisation a été utilisé pour mettre un accent particulier sur certains thèmes pendant cette période de campagne électorale. Des sujets tels que « la tenue des élections par la CENI » et « l'incendie de l'entrepôt de la CENI » ont été traités de manière particulière. Ainsi que l'explique Benjamin Berut (2011), lorsqu'un événement intervient dans notre quotidien, c'est le rôle des médias de le rendre, le plus rapidement possible, compréhensible. Il s'agit d'en fixer le sens, les enjeux, la signification et les implications, qu'il doit avoir sur nos vies et nos sociétés.

Cette focalisation sur ces deux thèmes justifie l'intention de la RTNC d'attirer l'attention du public sur les événements rapportés. Ce qui fait qu'elle tentait de légitimer ces sujets en faisant oublier d'autres. Elle en produisait l'effet de grossissement. La RTNC a fait de ces thèmes les plus dignes d'intérêt. Dans cette perspective, Gregory Derville (2013) estime que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les contenus qu'ils diffusent influencent, sur le long terme et sans volonté persuasive apparente, notre façon de voir le monde : ces contenus façonnent nos catégories de perception, et de ce fait ils contribuent à construire la réalité dans laquelle nous évoluons.

A la différence de la RTNC, la RTDK utilise le procédé de focalisation en mettant l'accent sur des individus, c'est-à-dire c'est leur notoriété qui est mise en exergue pour pouvoir attirer l'attention du public sur les événements rapportés. Nous avons remarqué que cette focalisation sur les personnes était axée sur Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Par contre, la thematisation des événements n'a pas trouvéde consistance dans le traitement des informations politiques à la RTDK. Pendant cette période de campagne, ce qui a importé, c'étaitde traiter les informations qui correspondaient au mieux aux actions de ces personnalités politiques de l'opposition. Cela implique que ce procédé a eu comme conséquence la personnalisation des événements.

Dans cette perspective, il faut préciser que la mise en avant a permis cette spectacularisation dans l'ordre des occurrences, c'est-à-dire la manière dont les personnalités politiques et indépendantes ou les organisations indépendantes ou politiques telles reprises par les deux médias ont été présentées. En suivant de près cette répétition, nous nous rendons compte que les deux médias créent leurs identités propres en donnant clairement leurs positions. Nous avons constaté que, pour la RTNC, Emmanuel Ramazani shadary, personnalité politique de la majorité, se retrouve cité plusieurs fois dans les informations, contrairement à d'autres candidats qui n'ont figuré légèrement que deux ou une information. Par contre, la RTDK a repris plusieurs fois, dans ses informations politiques, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Il faut dire que, pendant cette campagne électorale, elle s'était fait identifier comme un média de l'opposition. Et donc, pour réaffirmer cette identité, il fallait à tout prix parler de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe pour croire attirer l'attention du public sur ce qui est rapporté.

3.2 DIMENSION « MISE EN FORME »

Notre deuxième dimension est la mise en forme. Elle a deux composantes et des indicateurs. Notre objectif a été de rendre compte de la construction des événements en nous référant à la structure des informations et en repérant les questions de référencequi permettent d'oeuvrer à cette construction. La mobilisation de ces questions dans la construction de l'événement permet qu'il soit compris par le public.

Pour ce qui est de la mise en forme des informations à la RTNC, il y a lieu de démontrer que les informations sont correctement présentées en respectant la structure naturelle des informations. Mais il sied de préciser que sur dix informations analysées, il se trouve que huit informations répondent à toutes les questions de référence, alors que les deux autres étaient présentées de manière incomplète. Leurs attaques étaient incomplètes. Elles manquaient généralement de la question temporelle. Or, celle-ci s'avère essentielle dans la situation de l'événement.Car, tout événement rapporté devient donc une donnée sociale qui, lorsqu'elle est mal rapportée peut amener à une interprétation erronée de l'événement. Etant dans un paysage médiatique concurrentiel comme celui de Mbujimayi, le public a la possibilité de contrebalancer la version incomplète avec les informations qui lui viennent des autres médias. Ce qui peut jouer énormément sur la crédibilité des informations rapportées par la RTNC.

A la RTDK, la mise en forme de toutes les dix informations s'est faite correctement. Cette donne s'explique par le fait de la distance qui devait être prise par rapport aux faits. Répondre clairement aux six questions a permis d'élaguer l'ambiguïté sur les événements rapportés. Charaudeau explique que le discours journalistique ne peut se contenter de rapporter des faits et des dits, son rôle est également d'en expliquer le pourquoi et le comment afin d'éclairer le citoyen.

Cela veut dire que lorsqu'on s'efforce de prendre en compte tous les opérateurs de construction d'un événement, le média favorise la meilleure appréhension de l'événement rapporté et de lui-même auprès du public. Car, comme le dit encore Patrick Charaudeau (2005), le discours d'information constitue une production particulière porteuse d'enjeux identitaires et cruciaux, à l'intérieur de laquelle les médias jouent un rôle essentiel de scénarisation et de représentation des imaginaires sociaux.

De ce qui précède, il sied de préciser que, nous avons abouti aux résultats suivants. Dans l'analyse des informations politiques de la RTNC, ilse dégage que la mise en forme des événements politiques satisfait au principe de distance et non de neutralité. On en veut pour preuve les personnalités politiques en faveur desquelles les événements ont été rapportés. Concernant les mécanismes de spectacularisation, la RTNC a fait de certains thèmes l'objet de leur spectacularisation des événements. Cela se justifie par le fait qu'ils étaient mis en avant dans bon nombre d'informations diffusées. Ces thèmes ont fait l'objet d'un traitement médiatique important, partant de la période que nous nous sommes proposée d'étudier.

De l'analyse des informations politiques de la RTDK, il ressort que la mise en forme des événements s'est faite dans le respect du principe de distance et non de neutralité. Ce manque de neutralité se justifie par le fait que la plupart des événements ont été centrés sur certaines personnalités politiques. Il y a lieu de souligner que la RTDK avait adopté une posture de personnalisation des événements. Cette donne s'explique aussi même dans l'ordre de leur présentation de différentes informations au public, dans lesquelles nous remarquons que certaines personnalités politiques de l'opposition y ont figuré en bonne place.

De ce qui précède, il sied de préciser que nos hypothèses ont été partiellement confirmées d'une part et confirmées d'autre part. En premier lieu, notre premièrehypothèse a été partiellement confirmée parce que les deux médias ont, certes, rapporté les événements politiques, se déroulant pendant la période de campagne, en satisfaisant au principe de distance, mais ils n'ont pas été neutres dans le traitement des informations. Notre deuxième hypothèse a été confirmée parce que nous avons réalisé que les deux médias avaient mis en place des mécanismes qui leur ont permis de participer à la spectacularisation des événements. Même si chacun des médias présente des particularités qui sont inhérentes à sa façon de voir le monde.

Notre interprétation terminée, nous n'avons aucune prétention de croire que cet objet d'étude a été traité dans sa totalité. Nous avons juste mis en évidence quelques aspects de cet objet. Nous pensons que d'autres recherches pourrontêtre initiées pour étudier l'impact des informations politiques sur le public de Mbujimayi. Un accent pourrait être mis sur ce que le public fait des informations politiques diffusées par les médias locaux. Cette recherche permettrait de saisir la perception du public par rapport au travail de construction médiatique des événements.

CONCLUSION PARTIELLE

Dans ce troisième chapitre, il a été question de procéder à l'analyse des données que nous avons recueillies. Ce chapitre s'est articulé autour de trois points : le protocole méthodologique, l'analyse des données et l'interprétation des résultats.

Dans notre premier point, nous sommes revenu sur l'analyse que nous avons faite des données recueillies et nous avons présenté comment nous avons procédé à leur recueil.

Dans notre deuxième point, nous avons procédé à l'analyse proprement dite des données. Nous avons ainsi relevé les données empiriques retrouvées à la RTNC et la RTDK.Notre troisième point nous a servi à développer des explications par rapport aux résultats trouvés à l'issue de l'analyse des données.

CONCLUSION GENERALE

En somme, notre étude est partie du constat selon lequel les médias de Mbujimayi, dont la RTDK et la RTNC, ont participé à la structuration des spectacles politiques par la mise en scène des événements. Pendant la campagne électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de captation. Dans cette perspective, ils ont été à la base de l'événementialisation de certains événements en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent en vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans le processus de publicisation de certains candidats à la présidentielle du 30 décembre 2018. D'où les deux questions de départ qui ont constitué le fil conducteur de notre recherche : comment les médias de Mbujimayi ont-ils mis en forme les événements politiques qui se sont déroulés pendant la campagne électorale? Quels sont les mécanismes de spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces événements?

Comme hypothèse à la première question, nous avons estimé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces événements en satisfaisant au principe de distance et de neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des faits. A la deuxième question, nous avons avancé que la RTNC et la RTDK ont recouru à deux procédés pour mettre en avant les événements politiques en insistant sur des éléments particuliers qui les constituent et en cherchant à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des procédés de focalisation et la mise en avant.

Pour mener à bon port cette recherche, nous avons recouru àdeux méthodes : la méthode ethnologique et la méthode d'analyse de contenu. La méthode ethnologiques'est appuyée sur deux techniques : l'observation et la technique documentaire.Et la méthode d'analyse de contenu nous a permis de recueillir et traiter les données mentionnées dans les informations politiques dont nous avions disposé dans le but de les caractériser.

Ainsi donc, à l'issue de cette étude, nous avons abouti aux résultats suivants. Dans l'analyse des informations politiques de la RTNC, il s'est dégagé que la mise en forme des événements politiques satisfait au principe de distance et non de neutralité. On en veut pour preuve les personnalités politiques en faveur desquelles les événements ont été rapportés. Concernant les mécanismes de spectacularisation, la RTNC a fait de certains thèmes l'objet de leur spectacularisation des événements. Cela se justifie par le fait qu'ils étaient mis en avant dans bon nombre d'informations diffusées. Ces thèmes ont fait l'objet d'un traitement médiatique important, partant de la période que nous nous sommes proposée d'étudier.

De l'analyse des informations politiques de la RTDK, il ressort que la mise en forme des événements s'est faite dans le respect du principe de distance et non de neutralité. Ce manque de neutralité se justifie par le fait que la plupart des événements ont été centrés sur certaines personnalités politiques. Il y a lieu de souligner que la RTDK avait adopté une posture de personnalisation des événements. Cette donne s'explique aussi même dans l'ordre de leur présentation de différentes informations au public, dans lesquelles nous remarquons que certaines personnalités politiques de l'opposition y ont figuré en bonne place.

Enfin, hormis l'introduction et la conclusion, notre travail s'est articulé autour de trois chapitres :

- Le premier sera consacré au cadre théorique. Il a été question de prendre connaissance des informations déjà disponibles concernant le problème qu'on s'est proposé d'étudier et de réfléchir sur le contenu de ces informations.

- Le deuxième a porté sur le cadre empirique de deux chaines de radios : la RTNC et la RDTK. Dans ce chapitre, il a été question de limiter notre cadre de recherche et de le décrire.

- Le troisième chapitre a porté sur l'analyse et le traitement des données recueillies. Dans ce chapitre, nous avonsconfronté nos hypothèses aux données recueillies.

BIBLIOGRAPHIE

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3. WEBOGRAPHIE

1 https://www.lecho.be

2 www.digitalcongo.net

3 http://mobile.francetvinfo.fr,

4 http://www.africanelections.tripod.com

5 http://www.jeuneafrique.com






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