Université Peleforo Gon Coulibaly UFR DES SCIENCES
SOCIALES
Département de Géographie
Côte attribuée par la bibliothèque
Korhogo, Octobre 2019
Mémoire de Master de recherche
Option : Géographie Humaine et
Economique
Sujet :
Exploitation aurifère de Sissingué et
développement
de la sous-préfecture de Kanakono
Présenté par :
SORHO Foungotrigué Drissa
Encadreur :
Docteur KOFFI Yeboué Stephane
Koissy Maître-Assistant de Géographie
Sous la supervision de :
Professeur KOFFI Brou Emile Professeur titulaire de
Géographie
i
SOMMAIRE
SOMMAIRE i
DEDICACE iii
AVANT-PROPOS iv
REMERCIEMENTS v
SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES vii
INTRODUCTION GENERALE 1
1. REVUE DE LA LITTERATURE 3
2. PROBLEMATIQUE 17
3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 18
4. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 19
TABLEAU SYNOPTIQUE 32
PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE
SISSINGUE 33
Chapitre 1 : Presentation de la
sous-prefecture de kanakono 34
Chapitre 2 : Enjeux et etapes de la mise en
exploitation de la mine d'or de sissingué 46
PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE
SISSINGUE
SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
58
Chapitre 3 : Impact spatial de la mine d'or de
sissingue dans la sous-prefecture de kanakono
59
Chapitre 4 : Les incidences socio-economiques de
la mine d'or de sissingue dans la sous-
prefecture de kanakono 68
PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR LES
POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A
L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE
75
Chapitre 5 : L'environnement de la
sous-prefecture de kanakono face a l'exploitation de la
mine d'or de sissingue 76
Chapitre 6 : Incidences sanitaires et sociales
de l'exploitation aurifere de sissingue dans la
sous-prefecture de kanakono 81
ii
CONCLLUSION GENERALE 88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90
LISTE DES CARTES 93
LISTE DES TABLEAUX 94
LISTE DES FIGURES 95
LISTE DES PHOTOS 96
TABLE DES MATIERES 97
DEDICACE
iii
À la famille SORHO
iv
AVANT-PROPOS
Conséquemment à l'urbanisation croissante dans
le monde, le secteur de l'industrie minière connait un véritable
développement depuis le début du XXIe siècle.
L'accroissement de la demande mondiale en matière première a
permis à de nombreux pays du Sud d'engranger d'énormes ressources
financières. Mais en dépit des enjeux macroéconomiques,
dans cette ère marquée par la promotion du développement
durable, les industries extractives sont perçues comme des
éléments structurants de leurs hinterlands. De ce fait, il serait
intéressant d'étudier les incidences locales de l'implantation
des unités d'extraction minière. Et c'est ce qui justifie
l'initiation de cette étude.
Elle s'inscrit dans le cadre de la rédaction du
mémoire de recherches qui sanctionne la fin du cycle de Master.
Intitulé « exploitation aurifère de Sissingué et
développement dans la souspréfecture de Kanakono », ce sujet
s'attache à mettre en exergue les incidences spatiales,
environnementales, et socio-économiques de l'exploitation
aurifère de Sissingué dans une zone en proie au
sous-développement et à la pauvreté. Ainsi, la
géographie, dont l'objet d'étude est l'espace, trouve un
intérêt à l'appréhension des interactions entre
population, territoire et développement.
v
REMERCIEMENTS
Nous devons l'achèvement de cette étude au concours
d'une pluralité de personnes à qui nous trouvons judicieux
d'exprimer notre reconnaissance. Ainsi, nous adressons nos mots de remerciement
à :
- Professeur KOFFI BROU EMILE qui a accepté de superviser
cette étude.
-
|
Docteur KOFFI YEBOUE STEPHANE KOISSY Enseignant-Chercheur au
Département de Géographie de l'UPGC, qui a bien voulu diriger
cette étude de son initiation à sa réalisation.
Malgré un emploi du temps assez chargé, il a toujours
trouvé le moyen et le temps de répondre à nos
préoccupations. Veuillez trouver ici cher maître l'expression de
notre profonde gratitude.
|
- Docteur KRA KOUADIO JOSEPH, Enseignant-Chercheur au
département de
Géographie de l'UPGC pour la disponibilité dont
il a toujours fait montre toutefois qu'il a été sollicité,
pour ses conseils et ses encouragements.
- Docteur ASSOUMAN SERGE, Enseignant-Chercheur au
département de Géographie
de l'UPGC et par ailleurs chef dudit département, pour
son abnégation au travail qui a conduit à la bonne tenue de cette
année universitaire 2017-2018.
- Tout l'ensemble du corps enseignant du département
de Géographie de l'université Peleforo Gon Coulibaly de
Korhogo pour le savoir qui nous a été dispensé depuis
notre première inscription dans cette institution académique. Il
nous a été d'une importance capitale dans la réalisation
de ce travail.
- Les autorités administratives qui nous reçues
dans le cadre de notre collecte de données. Ce sont le
sous-préfet de Kanakono Monsieur KOUASSI AYE JEAN BAPTISTE, le
secrétaire général de la préfecture de Tengrela
Monsieur BAH BI IRIE, Monsieur ANOH FIRMIN chef du service socio-culturel de la
mairie de Kanakono, Monsieur DAMANA SIMPLICE chef du service financier de la
mairie de Kanakono pour l'intérêt porté à notre
étude et pour le bon accueil dans leurs différentes structures
administratives,
- tous les leaders communautaires des villages de
Sissingué, Kanakono et Zanikan. Il s'agit des chefs de village, les
présidents de groupement de jeunes et de femmes desdits villages,
- Monsieur DIARRASSOUBA BRAHIMA de la direction de
l'environnement de Perseus Mining pour son implication inconditionnelle dans
notre quête d'information
vi
- Notre père SORHO YAYA, nos mères OUATTARA
FIERLAHA et TUO KOLO pour
leur soutien financier et moral qui nous a toujours
accompagné,
- Notre grand-frère SORO BAKARY et son épouse
COULIBALY NANAN pour avoir
fait montre d'hospitalité à notre égard
durant toutes ses années,
- Notre oncle COULIBALY SIAKA et son épouse COULIBALY
FRANCOISE pour leur soutien financier sans fans failles et leurs
encouragements,
- Tous les membres de la famille SORHO, singulièrement
SORO MOURLAYE, SORHO
OUAYELE MAIMOUNA et SORHO MAGNIGUI KARIDJATOU pour leur
exigence vis-à-vis de nous qui a constitué une force pour nous
durant toutes ses années.
- Nos amis, ou devront nous dire nos frères KOUASSI
KOUAKOU VALERE, COULIBALY TANGA JUNIOR, COULIBALY NEHOUELE PIERRE, FANRAMAN
CRIGNAN ANICET, OUATTARA ALLAHMAN KADOKAN, DIALLO SEYDOU, YEO ABOU, SORO
GNENEWAGNON DJENEBA, SANGARE KOUNADI, SEKONGO SIONNEHIN ISAAC et SILUE TCHAKRA
pour leur disponibilité à toute heure, leurs conseils et leur
confiance.
- Notre condisciple et grand frère ADIGRA MOUSSO pour
l'aide qu'il nous a apporté en tant que devancier.
- Notre amie, grande soeur COULIBALY TCHEWA FLORENCE pour
l'intérêt accordé
à ce travail et à notre personne,
- Notre ami TRAORE BAKARY pour son assistance matérielle
et l'intérêt accordé à
notre personne.
Puissent toutes les personnes que nous aurons
malencontreusement oublié de citer, trouver ici l'expression de notre
reconnaissance.
vii
SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CAF : Coût Assurance Fret
CASM : Communauté des Petites Exploitations
Minières
CCC : Comité de concertation et de consultation
CDLM : Comité de Développement Local Minier
CEA : Commission Economique Africaine
CIE : Compagnie Ivoirienne d'Electricité
CIM : Commission Interministérielle des Mines
CMA : Compagnie Minière Africaine
CNRTL : Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales
CSMO : Comité Sectoriel de Main d'oeuvre de l'Industrie
des Mines
CSR : Centre de Santé Rural
CSU : Centre de Santé Urbain
DD : Développement Durable
DGMG : Direction Générale des Mines et de la
Géologie
DLM : Développement Local Minier
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
EIES : Etude d'Impact Economique et Social
EMAPE : Exploitation Minière Artisanal et à Petite
Echelle FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine FMI :
Fonds Monétaire International
GES : Gaz à Effet de Serre
GIDIS-CI : Groupement Interdisciplinaire en Sciences Sociales de
Côte d'Ivoire
viii
Ha : Hectare
HVA : Hydraulique Villageoise Améliorée INS :
Institut National de la Statistique
IST : Infection Sexuellement Transmissible
ITIE : Initiative pour la Transparence dans l'Industrie
Extractive
Kg : Kilogramme
KST : Koné Siaka Transport
M3 : Mètre cube
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture
MPMB : Ministère auprès du Premier Ministre
Chargé du Budget
MPMEF : Ministère auprès du Premier Ministre
Chargé de l'Economie et des Finances
ODM : Objectifs Du Millénaire
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PIB : Produits Intérieur Brut
PMCI : Perseus Mining Cote d'Ivoire
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PML : Perseus Mining Limited
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
RDC : République Démocratique du Congo
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
RSE : Responsabilité Sociale d'Entreprise
SFI : Société Financière Internationale
SODECI : Société de Distribution d'Eau de la
Côte d'Ivoire
1
INTRODUCTION GENERALE
I. Compréhension du sujet
La fin du XXe siècle est marquée par une
augmentation de la demande mondiale en matières minérales. La
montée en puissance de certains pays alors qualifiés
d'émergents notamment l'Inde, le Brésil et la Chine, a
entrainé la mobilisation de fortes quantités de minerais
(FREDERIC T., 2013). Durant cette période, les importations de minerais
de fer de la Chine a triplé, passant de 16% environ à 48%, soit
32% de la demande mondiale totale d'acier brut (CEA, 2011). Pour
répondre à cette demande, l'Afrique dont le sous-sol concentre
plus de 30% des réserves mondiales de minerais d'envergure
stratégique pour l'économie mondiale dont 40% de l'or mondial
(PNUE, 2006), est ainsi devenue une destination privilégiée des
transnationales minières (DIALLO R., 2014).
Pour plusieurs pays africains dotés d'un sous-sol riche
en minerais et en proie au sous-développement, il fallait mobiliser des
ressources additionnelles pour faire face à la crise économique
des années 1980. Le recours aux institutions financières
internationales (FMI, Banque Mondiale) pour l'obtention de prêt et la
volonté d'accueillir des investissements étrangers décrits
comme facteur d'accroissement de l'emploi, de croissance et de
développement, ont conduit à l'ouverture des économies de
ces pays sur l'extérieur. Ces Etats sont donc entrés en
concurrence pour séduire les transnationales minières (BELEM G.,
2009). Ainsi, 35 pays d'Afrique ont accueilli des transnationales
minières engagées dans une course au rachat des mines publiques
depuis le début des années 1990 (REED D., 2002). La Côte
d'Ivoire, pays d'Afrique occidental, n'est pas resté en marge de cette
tendance.
En effet, depuis les indépendances en 1960, la
Côte d'Ivoire a adossé son développement à une
exploitation extensive des ressources naturelles plus précisément
sur un système extensif des cultures de café et de cacao (COGNEAU
D. et MESPLE-SOMPS S., 2002). Mais avec la volonté de diversifier ses
sources de revenus, l'Etat ivoirien a entrepris la valorisation d'autres
secteurs comme celui des mines (KOUADIO A.C., 2015). De nombreuses mesures ont
donc été prises pour exploiter le potentiel minier de ce pays.
Cela a eu pour conséquence, l'ouverture de plusieurs mines
exploitées par des multinationales minières dans le pays. Au
nombre de celles-ci, il y'a la mine d'or de Sissingué dans la
Région de la Bagoué, au Nord de la Côte d'Ivoire.
2
Cette exploitation minière concoure
indéniablement au développement économique de la
Côte d'Ivoire avec l'apport de devise. Cependant, qu'en est-il de son
impact local pour ce qui concerne la sous-préfecture de Kanakono ?
II. Justification du choix du sujet
La richesse du sous-sol africain n'est plus à
démontrer. Plus de la moitié des pays de ce continent
considèrent l'exploitation minière comme une activité
importante pour leur développement. La production de certains produits
miniers tels que la bauxite, le chrome, le cobalt, le manganèse, le
phosphate, les diamants et l'or sont considérables (CEA, 2011). Mais, la
hausse du prix de l'once d'or qui est passé de 260 dollars en mars 2001
à plus de 1 000 dollars en mars 2008 (ALLOU T., 2015) a entrainé
un penchant des différents Etats pour ce métal.
En Côte d'Ivoire, les études exploratoires
menées ont fait état de la présence de plusieurs gisements
d'or dans le pays. De nombreux efforts sont donc fournis par les politiques
pour développer le secteur de l'exploitation aurifère. Le code
minier mis en place a attiré de nombreuses multinationales. Plusieurs
gisements aurifères sont corolairement aujourd'hui en exploitation et
l'Etat ivoirien prévoit la mise en exploitation de plusieurs autres
mines d'or. Le domaine de l'exploitation minière semble donc bien parti
pour être l'un des piliers de l'économie ivoirienne.
En dehors du rôle déterminant de ce secteur dans
l'économie du pays, il serait judicieux de connaitre ses effets autant
directs qu'indirect sur le développement local dans les
différentes régions qui abritent les mines. Sur le plan
personnel, cette étude a été initiée avec le
désir pour nous de mettre à nu, d'une part, les carences en
matière de développement qu'accuse la zone septentrionale du
pays. D'autre part, nous voudrions faire une analyse des moyens palliatifs afin
de juger de leur capacité à répondre efficacement au
problème et alimenter les pistes de réflexion.
Ainsi, cette étude relative à l'impact de
l'exploitation aurifère de Sissingué sur le développement
de la sous-préfecture de Kanakono, se veut une lucarne d'analyse des
effets d'une mine sur le dynamisme de son arrière-pays.
Particulièrement, elle vise à montrer les incidences spatiales,
sociales et économiques de l'exploitation aurifère de
Sissingué sur la sous-préfecture de Kanakono.
3
1. REVUE DE LA LITTERATURE
Le thème de l'exploitation minière dans une
ère marquée par la promotion du développement durable, a
attiré l'attention de plus d'un. Il a été au centre de
plusieurs écrits, conférences, colloques et séminaires de
réflexion à travers le monde. Les travaux consultés se
focalisent autour de quatre (4) sous-thèmes majeurs que sont :
· Les types d'exploitation minière
· Les formes d'exploitation minière
· Les impacts de l'exploitation minière
· La durabilité de l'exploitation minière
Toutefois, il serait judicieux de définir d'abord les
concepts opératoires de notre sujet.
1.1.Définition de concepts
1.1.1 Exploitations minières
La mine en France est définie dans le code minier comme
tout site où sont exploités un ou plusieurs minerais
listés à l'article premier du dit Code. Dans la pratique, il
s'agit de tous les minéraux à forte valeur ajoutée :
métaux, minéraux énergétiques notamment. Selon
cette définition il peut exister des mines souterraines et des mines
à ciel ouvert (POULARD F. et al.
2017).
En Côte d'Ivoire, une mine est définit selon le
code minier actuel (loi N° 2014-138 du 24 Mars 2014 portant code minier)
comme le complexe abritant les activités d'administration et
d'exploitation minière comprenant entre autres les excavations à
ciel ouvert, les tunnels, les bureaux et habitations, les pistes
d'atterrissage, les meubles ou autres installations de transformation ou de
traitement.
Une mine est un gisement exploité de matériaux.
C'est un siège d'extraction dans une exploitation minérale. Il
s'y attache en général d'un paysage caractéristique que
l'exploitation soit à ciel ouvert ou souterraine (GEORGE et VERGER, 1996
cité par KOUADIO A.C., 2015). C'est donc l'espace doté de
minerais exploitables ainsi que des installations ou ouvrages qui vont avec.
L'exploitation de celui-ci consiste à extraire de la terre, les roches
et les minéraux solides qui ont une valeur économique
(encyclopédie canadienne 8 cité par SOW, 2013).
4
1.1.2. Le développement : une notion
polysémique
Le développement est une notion dont la
définition ne fait pas l'unanimité. En général, sa
définition est dépendante du domaine d'exercice de celui qui la
donne. C'est un concept qu'on retrouve en biologie, en économie, en
géographie etc. Mais, il faut dire que dans le domaine des sciences
sociales, le développement a longtemps été assimilé
à la croissance. Dans la phase de construction de la pensée par
les pionniers du développement, cette notion était
assimilée à l'obtention d'une croissance économique
significative sur une longue période (CONTE, 2003). Il était
ainsi réduit à sa seule dimension économique.
Pour BERGERON (1992) cité par LEGOUTE J.R. (2001), se
développer, c'était avoir 3,7% de croissance économique
une année, puis 4,8% l'année suivante, et ainsi de suite,
indéfiniment. Mais, avec l'échec des politiques basées sur
une vision très économique du développement de nombreux
auteurs se sont opposés à cette approche réductionniste du
concept. La croissance représente certes la dimension
prédominante du concept de développement, mais ne suffit pas pour
définir adéquatement cette notion qui renferme d'autres
dimensions (LEGOUTE J.R., 2001).
Au-delà de l'aspect quantitatif du
développement, il faut noter son aspect qualitatif relatif à
l'amélioration du bien-être social. Il en ressort donc que la
croissance n'est pas le développement mais constitue le préalable
au processus de développement car l'amélioration de la
qualité de vie et du bien-être social passe par un accroissement
des revenus. C'est dans ce contexte que le PNUD avance la notion de
développement humain pour montrer que le développement va
au-delà de l'augmentation des revenus nationaux. En effet, « le
développement ne se limite pas à la progression ou au recul du
revenu national. Il a pour objectif de créer un environnement dans
lequel les individus puissent développer pleinement leur potentiel et
mener une vie productive et créative, en accord avec leurs besoins et
intérêts. » (PNUD, rapport mondial sur le
développement humain, 2001). Le développement représente
donc un processus qui doit avoir pour finalité le bien-vivre des
individus.
Cependant cette amélioration des conditions de vie
implique parfois des mutations spatiales. En effet, le développement est
la modernisation, mieux l'urbanisation des différents corps
géographiques d'un territoire et l'atteinte de certains objectifs du
millénaire (ODM) comme la réduction de moitié de la
pauvreté, l'éducation primaire pour tous et la lutte contre les
maladies (KRA K.J., 2012). Il passe donc par une transformation du cadre de vie
des
5
individus liée à l'apparition de nouveaux
éléments dans l'espace pouvant permettre aux individus
d'améliorer leurs niveaux et leurs conditions de vie.
La croissance est un préalable au développement
sinon en est la quintessence. Toutefois le développement ne doit pas se
limiter à sa seule dimension économique. Il doit avoir pour
finalité le mieux-être social des hommes. Ainsi, dans notre
étude, nous affilierons le développement à la
réalisation d'infrastructure, à l'amélioration des
conditions économiques des individus, choses pouvant permettre aux
populations de vivre dans de meilleures conditions. Somme toute, étudier
la question relative au développement de la sous-préfecture de
Kanakono en rapport avec l'exploitation aurifère de Sissingué,
revient à présenter l'apport des activités d'extraction
minières à l'amélioration du niveau d'équipements
et des conditions de vie des populations de cette zone du Nord de la Cote
d'Ivoire..
1.2.Les types d'exploitation minière
Diverses techniques sont mises en oeuvre pour l'exploitation
des gisements miniers. Sur cette base, l'on distingue deux types d'exploitation
minière. Ce sont les exploitations minières artisanales à
petite échelle (EMAPE) et les exploitations minières
industrielles à grande échelle.
1.2.1. Les EMAPE
La définition des EMAPE diffère d'un pays
à un autre. Cependant, les critères de distinction les plus
récurrents sont le poids de l'investissement et le niveau de
technicité de l'exploitation. Au Mali, les EMAPE sont définies
comme toute opération qui consiste à extraire et concentrer des
substances minérales provenant des gîtes primaires et secondaires,
affleurant ou subaffleurant, et en récupérer les produits
marchands en utilisant des méthodes et procédés manuels et
traditionnels (KEITA S., 2001).
Cette définition est quasiment identique à celle
adoptée en Côte d'Ivoire. La loi n° 2014-138 du 24 mars 2014
portant code minier y définit les exploitations artisanales comme toutes
exploitations minières dont les activités consistent à
extraire et concentrer les substances minérales et à en
récupérer les produits marchands par des méthodes et
procédés simples et peu mécanisés.
Au Ghana en plus des méthodes d'exploitations qui sont
traditionnelles, les EMAPE sont des exploitations minières qui ne
demandent pas un investissement lourd (KEITA S., 2001). Outre ces
caractéristiques, les exploitations minières artisanales se font
parfois dans la clandestinité. C'est pour cela que HENTSCHEL T. et al.
(2002) souligne que l'expression «
6
exploitation minière artisanale et à petite
échelle » fait référence de façon
générale, aux pratiques minières souvent informelles ou
illégales de personnes, de groupe de personnes ou de
collectivités dans les pays en développement. Il soutient qu'en
l'absence d'une définition commune, les exploitations minières
artisanales et à petite échelle sont décrites par
l'utilisation minimale de machines ou de technologies ; l'exploitation en
l'absence de titre minier ou d'un contrat valide avec le détenteur du
titre ; l'absence de mesures de sécurité, de soins de
santé ; des activités saisonnières ou temporelles ;
l'insécurité financière.
Si en 1999, ce type d'exploitation employait directement 13
millions de personnes dont la subsistance en dépendait indirectement
(HENTSCHEL T. et al. 2002), en 2011 le nombre d'emploi direct
généré par cette activité est passé à
25 millions (HRUSCHKA F. et ECHAVARRIA C., 2011) avec pour cause l'augmentation
du prix de l'or Cet afflux massif vers l'extraction minière artisanale
se justifierait par une pléthore de raison. Selon HRUSCHKA F. et
ECHAVARRIA C. (2011), les conflits armés, les désastres naturels,
la pauvreté et les crises économiques poussent de nombreuses
personnes à travailler dans les mines artisanales. En outre, un lien
assez étroit a été établi en Afrique entre la
baisse de la productivité agricole et l'affluence vers ce secteur dans
le dessein de compléter les revenus agricoles (BANCHIRIGAH S.M. et
HILSON G., 2010).
Dans cette veine, le programme des nations unies pour
l'environnement (PNUE) soutient que ce type d'exploitation représente
une importante source de revenu pour les populations des zones rurales ou les
débouchés économiques sont extrêmement
limités. Les EMAPE apparaissent donc comme un secteur qui peut
franchement participer au développement. Et cela par la création
d'emploi, l'augmentation du pouvoir d'achat des populations locales et le
ralentissement des migrations vers les villes (CASM, 2009).
1.2.2. Les exploitations minières à grande
échelle
L'exploitation minière à grande échelle
est toute activité par laquelle une personne physique ou morale extrait
du gisement artificiel des substances afin de les traiter éventuellement
et de les utiliser ou de les commercialiser (N'GOUALESSO F., 2012). En guise de
renchérissement, KUMWIMBA J. (2009), affirme que ce sont des
exploitations qui emploient une quarantaine de personnes et qui se donnent les
moyens d'extraire la presque totalité des ressources
prélevées. Elles nécessitent donc un investissement lourd
et du matériel de pointe pour une exploitation maximale des gisements,
des installations fixes de grandes tailles et l'utilisation de
procédés industriels. Le processus consiste à la mise en
évidence d'un
7
gisement, de son extraction, son traitement, et la
transformation des substances minérales résultantes. C'est dans
ce sens que le code minier de 2014 de la république de Côte
d'Ivoire définit l'exploitation minière industrielle comme une
activité consistant à l'extraction et à la concentration
des substances minérales et à en récupérer des
produits marchands par des techniques modernes et des procédés
fortement mécanisés. Son investissement va donc au-delà de
six cent cinquante-cinq millions (655 000 000) de FCFA et sa durée de
vie dépasse les 5 ans (DIALGA I., 2013).
Conséquemment aux moyens, colossaux mis en oeuvre pour
l'extraction de la matière minérale, ces types d'exploitation
font très souvent de gros chiffres d'affaires et contribuent de
façon considérable à la croissance économique des
pays les abritant. Cette activité se fait généralement sur
de grandes surfaces et implique l'excavation d'énormes mines à
ciel ouvert qui peuvent atteindre jusqu'à 4 km de large et 1,5 km de
profondeur (KUMWIMBA J., 2009).
1.3.Les formes d'exploitation minière
Les caractéristiques d'un gisement, la taille de
l'investissement et le niveau de technicité pour son exploitation lui
confèrent une forme particulière. Ainsi, l'on distingue deux
principales formes d'exploitations minières que sont les mines à
ciel ouvert et les mines souterraines.
1.3.1. Les mines à ciel ouvert
Dans une mine à ciel ouvert, on creuse une fosse en
spirale et on forme des bancs de deux (2) à quinze (15) mètres
qui seront dynamités pour extraire le minerai, lequel sera chargé
par des pelles et transporté jusqu'au concentrateur par d'immenses
camions pouvant contenir des centaines de tonnes de minerais (Comité
sectoriel de main d'oeuvre de l'industrie des Mines Canada, 2016). Elle
implique l'enlèvement des morts-terrains, suivi de l'excavation qui
crée des anneaux concentriques de terrasses et plates-formes pour former
un puits profond. Les terrasses créent une série de gradins qui
augmentent la largeur du puits vers la surface. Selon la taille du corps
minéralisé, les puits des mines peuvent être importants,
atteignant parfois plusieurs kilomètres de largeur et jusqu'à un
kilomètre de profondeur (KOUADIO A.C., 2015). Cette forme d'exploitation
des mines requiert généralement des engins de chantier
surdimensionnés que l'on trouve rarement dans les autres secteurs de
mine (pelles, roue-pelle, draglines, tombereaux, foreuses) (POULARD F. et al,
2017). Ce sont donc des mines à grande échelle qui
nécessitent de lourds investissements financiers dont la
rentabilité exige une exploitation optimale du gisement.
8
C'est dans ce contexte que WESCOTT P. (2010) précise
que l'exploitation se fait de façon continue, sept (7) jours sur sept
(7) et vingt-quatre (24) heures sur vingt-quatre (24). Ce qui demande donc le
recrutement d'une forte main d'oeuvre. Selon le même auteur, cette forme
d'exploitation se fait selon cinq étapes majeures à savoir
l'enlèvement de la couche arabe ; la préparation du sol ;
l'enlèvement des terres recouvrant le gisement ; l'extraction proprement
dite ; la remise en état initial du site par les opérations de
remblayage et de reboisement.
Il faut noter qu'environ 60% des minerais extraits dans le
monde viennent de mines à ciel ouvert recouvrant de grands espaces
(CARRIERE R., 2003).
1.3.2. Les mines souterraines
L'exploitation d'une mine souterraine consiste à
exploiter le minerai depuis une excavation souterraine sans avoir à
enlever l'intégralité des matériaux stériles qui le
surmontent. Une quantité minimale de morts-terrain est donc
enlevée pour accéder au gisement, ce qui correspond aux travaux
d'ossature. Cette forme d'exploitation se fait selon six (6) étapes
principales (POULARD F. et al, 2017) qui sont l'abattage qui peut être
à l'explosif ou mécanique ; l'aération forcée pour
assurer l'évacuation de toutes les fumées liées aux tirs ;
la purge qui consiste à sécuriser le site après les tirs
afin de faciliter les étapes suivantes, via des pinces à purger ;
le chargement ; le transport et le confortement qui consiste à
sécuriser localement les ouvrages souterrains les plus utilisés
ou les plus sensibles.
Visuellement, elle peut ressembler à une
fourmilière. Il s'agit d'un immense réseau de tunnels verticaux
et horizontaux permettant d'atteindre le gisement minier. Une fois extrait le
minerai sera remonté à la surface par le puits et dirigé
vers le concentrateur (CSMO, 2016).
Dans une mine souterraine l'on retrouve
généralement :
a. Des galeries qui sont de longs tunnels qui conduisent au
gisement à extraire ;
b. une rampe d'accès pour permettre aux
véhicules d'accéder rapidement aux galeries des différents
niveaux de la mine ;
c. puits d'accès qui est un passage vertical pour
descendre de l'équipement et de la machinerie sous terre, transporter le
personnel et remonter le minerai à la surface. C'est en gros une sorte
de colonne vertébrale de la mine ;
d. Puits d'aération pour garantir la ventilation, la
filtration ainsi que le contrôle de la température et de la
qualité de l'air dans les galeries.
9
L'exploitation minière souterraine est une méthode
moins destructive de
l'environnement pour accéder à un gisement de
minerai, par contre, elle est souvent plus coûteuse et comporte des
risques de sécurité plus élevés que l'exploitation
à ciel ouvert (ALLOU T., 2015).
Ainsi recourt est fait à cette forme d'exploitation que
dans les situations où les caractéristiques du minerai et la
valeur de la marchandise en font une option économiquement viable (HUND
K. et MAGEVAND C., 2013).
1.4.Les impacts des exploitations minières
L'urbanisation croissante dans le monde doit être
accompagnée par un développement du tissu industriel mondial pour
répondre aux besoins des citadins. Mais le développement de
l'industrie passe par une mobilisation de fortes quantités de
matières minérales. D'où un développement de
l'industrie extractive à travers le monde. En amont, cela crée
des richesses pour les Etats possédant un sous-sol riche. En aval, l'on
retrouve les populations riveraines des exploitations minières qui font
face à des incidences aussi positives que négatives.
1.4.1. Impacts socio-économiques de l'industrie
extractive 1.4.1.1.Au niveau macroéconomique : une incidence
controversée
Les exploitations minières ont un rôle
économique très important. En effets l'extraction des ressources
minières produit de la richesse qui peut être consommée ou
réinvestie (BANQUE MONDIALE, 1992). Elles favorisent donc l'engrangement
de bonnes recettes aux
pouvoirs publics. En Côte d'Ivoire, le chiffre d'affaire
du secteur minier en 2017 fut estimé à 538 milliards de FCFA
et a généré des recettes fiscales estimées à
56,4 milliards de FCFA (BROU P., 2018).
Au Maroc, en 2009, ce secteur représentait 35% de la
valeur des exportations du pays et a contribué à au moins 2,5% au
PIB du pays (BABI K., 2011).
Au Mali, la rente minière a fait rentrer presque 1.200
milliards de FCFA dans les caisses de l'Etat au cours des cinq dernières
années, sous forme d'impôts (62%), droits de douane (18%) et de
dividendes, de taxe ad valorem et de redevances superficiaires (21%) selon
GREGOIRE et al. (2015).
10
Dans la zone UEMOA, la production d'or est passée de
57,6 tonnes en 2007 à 95,7 tonnes en 2011. Sur le plan commercial, les
exportations d'or sont passées de 300 milliards à 2 000 milliards
de 2004 à 2011 (BCEAO, 2013).
Et depuis 2006, la part des ressources minière a
surpassée celle des ressources agricoles au titre de première
source d'exportation dans l'union (BCEAO, 2015). Ce secteur apparait donc comme
l'une des stèles du développement économique de la zone.
Dans ce même contexte un rapport du trésor sud-africain et la
banque monétaire internationale (2014) cité par ALLOU T. (2015),
prétend que le secteur minier représente un atout pour la
prospérité économique de la Guinée. Il a
contribué à 14,57% du PIB sur la période de 2005-2013. Ce
même rapport continu pour dire qu'aux Philippines, le secteur minier
participe à près de 76% du PIB national. Ce qui correspond selon
des statistiques officielles quasiment à la somme nécessaire pour
éradiquer complètement la pauvreté dans ce pays.
Cependant, cette perception n'est pas partagée par
tous. Certains économistes structuralistes associent l'abondance des
ressources minières, à une malédiction des ressources pour
les pays qui en disposent. En effet, « les performances économiques
des pays décroitrait lorsque la dépendance à l'exportation
des minéraux s'accroit, vu l'augmentation du taux de change des monnaies
nationales et la migration du travail et du capital en provenance des autres
secteurs productifs nationaux. Cela provoquerait une baisse des exportations
agricoles et manufacturières, et de ce fait une économie
spécialisée fort dépendante du secteur minier et de ses
fluctuations » (VILLENEUVE C. et al. 2017).
L'expression « syndrome hollandais » utilisée
pour qualifier cette situation, est apparue au cours des années 1970,
pour qualifier la situation étrange à laquelle la Hollande
faisait face.
Dans les faits, l'économie hollandaise s'est
retrouvée confrontée à des difficultés suite
à la mise en exploitation dans les années soixante des
réserves de gaz naturel du gisement Slochteren.
1.4.1.2.Une importante activité pourvoyeuse
d'emplois
Outre les effets directs des exploitations minières sur
l'économie, il faut citer ses effets indirects. En effet, les mines sont
un véritable secteur pourvoyeur d'emploi directs comme indirects.
En Côte d'Ivoire, il a permis la création de plus
de 10 524 emplois directs en 2017. Cela peut permettre à de nombreuses
familles qui stagnaient dans la pauvreté de rehausser leur
11
niveau de vie et donc sur un plan plus large de lutter contre
le chômage dans le pays (BROU P., 2018).
En Guinée, le secteur minier qui contribue à
hauteur de 25 % au moins au PIB national et assure 60% des recettes
budgétaires et 80% des recettes en devises de l'Etat, constitue le plus
gros employeur du pays après la fonction publique avec plus de 10 000
emplois permanents. De plus, il a près de 100 000 travailleurs à
son actif notamment avec l'exploitation artisanale, et une centaine de PME
sous-traitantes nées du développement de l'activité
minière (DIALLO R., 2014).
Selon la CEA (2011) « l'important secteur minier de la
Tanzanie a créé près de 8 000 emplois directs et 45 000
emplois indirects. En 2009, l'industrie extractive à grande
échelle employait directement plus de 17 000 personnes au Ghana.
D'après une étude sur les effets socioéconomiques de
l'industrie, l'entreprise Newmont Ghana Gold Ltd., qui emploie directement
moins de 1800 travailleurs, déclare que ses activités ont permis
de créer plus de 46 000 emplois supplémentaires par le biais de
ses fournisseurs et des effets économiques plus larges ».
Le secteur minier est donc indéniablement un important
générateur de richesses pour les Etats et pour les
populations.
1.4.2. Une activité destructrice de
l'environnement
Les exploitations minières impactent
énormément le milieu naturel car c'est lui qui en est le support.
Selon VILLENEUVE C. et al. (2017), leur installation d'abord implique le
défrichement, le déblaiement, l'excavation et le remblai de
grandes étendues. Et cela a une incidence sur le régime
hydrologique et les conditions climatiques. En effet, les exploitations
minières peuvent être à l'origine
d'irrégularité de précipitation et d'augmentation de
températures (SOW S., 2013). Cela se justifie par la perte d'absorption
du dioxyde de carbone due au défrichement des forêts.
En outre, les activités extractives ont une incidence
négative sur la qualité de l'air. Les machines, les camions de
transport produisent des quantités de gaz à effet de serre (GES)
considérables qui contribuent à l'augmentation de la pollution
atmosphérique (Environnement Canada 2013b cité par MURRAY C.
2014).
En additif, FERRAND et al. (2013) dénote quatre types
de sources de nuisance relatives aux mines. D'abord, il y'a les sources mobiles
qui sont les véhicules poids lourd, les voitures
12
qui transportent le personnel et les camions qui transportent
le matériel minier. Ensuite l'on retrouve les sources fixes qui sont les
principales émissions gazeuses provenant de combustion de carburants
dans les installations de production électrique, des opérations
de séchage, de grillage et de fusion Puis on a les émissions
fugitives dont les sources courantes sont le stockage et la manutention des
travaux, le traitement des mines, la poussière fugitive, l'abattage, les
activités de construction et les galeries associées aux
constructions minières ; et enfin les bruits et vibrations. Ils incluent
les bruits en provenance des moteurs de véhicules, le chargement et le
déchargement de roches dans des tombeaux en acier, les toboggans et la
production électrique.
Les ressources en eau aussi ne sont pas
épargnées par les effets pervers des exploitations
minières. Le déversement régulier des résidus de
minerais dans les eaux à proximité des exploitations
aurifères de Hiré en Côte d'Ivoire a entrainé une
intoxication de ces ressources en eau (ALLOU T., 2015).
Toutefois il faut préciser que les mines n'agissent pas
seulement directement sur l'environnement. En effet, l'installation d'une
industrie minière demande l'ouverture de voies d'accès au site.
Et cela peut mettre à découvert des zones jusque-là mal
connues et donner des possibilités de braconnage (MARADAN D. et al.
2011).
1.4.3. Les mines menaceraient-elles la santé des
populations ?
Les activités d'extraction minière ont
d'énormes répercussions sur la santé des populations. En
effet l'utilisation fréquente de produits chimiques peut conduire
à la contamination de produits consommés par les populations.
L'émission de poussière, de gaz, et l'utilisation de produits
chimiques pourrait contaminer les ressources halieutiques, animales et
végétales ainsi que l'eau de boisson. Elles sont ainsi
exposées aux risques de maladies comme la tuberculose, l'asthme, la
bronchite chronique et les maladies gastro-intestinales (FREDERIC T., 2013).
Dans les unités d'orpaillage, l'utilisation de produits
chimiques sans précautions sécuritaires est aussi la source de
nombreuses maladies pour les orpailleurs. Ainsi, dans les exploitations
artisanales d'or de Wamba en République démocratique du Congo
(RDC), plusieurs problèmes sanitaires ont été
détectés et repartis en risque sanitaires directs et risques
sanitaires indirects. Les problèmes sanitaires directs sont la
sidérose qui est liée à une inhalation de
poussières ou au stockage excessif dans l'organisme de composés
contenant du fer, l'insuffisance rénale suite à l'usage de
mercure, la silicose provoquée par une inhalation de
13
particules de silice dans les mines de carrière, les
hernies et les traumatismes accidentels ainsi que l'éboulement du sol
qui entraine des décès. Quant aux problèmes sanitaires
indirects, ce sont les maladies hydriques comme la fièvre typhoïde
liée à un manque d'hygiène et les infections sexuellement
transmissibles (IST) liées à la proximité dans les
carrières (MONIKUTIDOO A., 2010).
L'on peut aussi joindre aux effets sanitaires indirects de
l'exploitation minière, la malnutrition. En effet l'ELAW
(Environnemental Law Alliance Worldwide, 2010) soutient que les villes
minières improvisées et les camps menacent souvent la
disponibilité et la sécurité alimentaire, augmentant ainsi
les risques de malnutrition.
En outre, l'OMS (2013) soutient que « l'émission
de gaz provenant de la combustion de carburants dans les sources fixes et
mobiles est source de maladies. L'inhalation des substances telles que la
vapeur de l'amalgame de mercure et de cyanure engendre des troubles de
mémoire. »
En revanche, certaines ressources minérales en elles
même constituent des sources de maladie pour les populations. Cela est
typique aux mines d'uranium surtout. En effet, bien que l'activité
radioactive de l'uranium brut soit faible, l'irradiation est non
négligeable. Les risques sanitaires sont dus notamment à
l'irradiation intrinsèque de l'uranium mais aussi aux produits de sa
désintégration comme le radon qui constitue la source radioactive
la plus dangereuse. Il expose les travailleurs des mines d'uranium au cancer et
à la leucémie (CINDYNIQUE A. et al, 2006).
1.4.4. Les incidences sociodémographiques des
exploitations minières
La concentration humaine sur les sites d'exploitation
minière qui sont une source d'enrichissement rapide et facile, y
provoque une certaine dépravation des moeurs qui débouche sur le
développement de la délinquance, la prostitution, l'usage des
stupéfiants et l'escroquerie (HUMAN RIGHT WATCH, 2011).
En outre, ces phénomènes migratoires concourent
à la dégradation des conditions de vie dans les zones
minières. Pour FREDERIC T. (2013), la croissance de la population dans
les environs d'une mine peut générer une forte pression sur les
services sociaux comme la santé, l'éducation, le logement et le
commerce et par contrecoup établir les bases d'une paupérisation
plus aigüe des populations pauvres. La hausse des prix des loyers par
exemple oblige les familles dont un membre ne travaille pas dans la mine
à avoir recours à des logements de
14
fortune. Ce qui peut à la suite avoir un retentissement
sur leur qualité de vie et sur l'apprentissage des enfants.
Une autre conséquence de la croissance de la population
dans les localités abritant des industries minières est la
naissance de conflits. La recherche immodérée du gain qui anime
les ouvriers sur les sites d'orpaillage peut entrainer une rivalité et
semer les germes de conflits.
Les nombreuses crises que la RDC a connues avaient pour motifs
l'accès, le contrôle ainsi que la commercialisation de cinq
ressources minérales de première importance qui sont le
colombotantalite, le diamant, le cuivre, le cobalt et l'or (OGP, 2010
cité par ALLOU T. 2015).
Toutefois, des conflits peuvent aussi naitre entre les
populations autochtones des sites d'industries minières qui
généralement ne bénéficient pas de la richesse de
leur sous-sol et les travailleurs étrangers (FREDERIC T., 2013), qui ont
une bien meilleure qualité de vie. Les populations locales nourrissent
donc le sentiment de frustration qui peut très vite entrainer des
révoltes.
1.4.5 Les mines : facteur de développement local
En vue de se faire accepter dans les communautés, les
exploitants miniers se prêtent souvent à la réalisation
d'infrastructures dans les zones abritant les sites miniers. En effet, «
l'évolution de la responsabilité sociétale d'entreprise
(RSE) a amené l'industrie minière a admettre que mettre en oeuvre
des programmes de développement communautaire et avoir conscience des
responsabilités sociales sont rentables. » (CEA, 2011).
Ainsi les différentes sociétés
minières en exercice dans le département de Bouaflé ont
investi dans la construction ou la réhabilitation d'infrastructures
éducatives, sanitaires, et sportives dans les villages directement
impactés par l'activité minière. Pour ce qui concerne la
Compagnie Minière d'Afrique (CMA,) les villages Allahou Bazi et Angovia,
ont bénéficié d'abord au niveau éducatif à
la réhabilitation de trois (3) classes avec bureau et des logements
d'enseignants. La société a par la suite construit le logement
des directeurs. Au plan sanitaire, la compagnie a doté Allahou-Bazi et
Angovia d'un dispensaire rural avec deux (2) logements du personnel et d'une
Hydraulique Villageoise Amélioré (HVA) plus quatre (4) fontaines
pour l'amélioration des conditions de vie des populations. Au niveau
sportif, un (1) terrain de football a été aménagé
respectivement à Allahou-Bazi et à Angovia (KOUADIO A.C.,
2015).
15
Dans cette même logique, la compagnie Randgold Resources
qui exploite la mine d'or de Tongon dans le Nord Ivoirien a consacré 379
918 200 FCFA aux projets de développement communautaire en 2015. Deux
(2) centres de santé et six (6) salles de classe ont été
construits dans la communauté limitrophe de même qu'un barrage de
faible capacité à Kofiple et des installations de soccer
récréatif au village de Tongon. À Kationron, des rues du
village ont également été ouverte (RANDGOLD RESOURCES,
2015).
A Hiré la situation n'est pas différente. La
société Newcrest qui exploite la mine a investi 520 millions de
FCFA entre 2010 et 2011 dans la construction d'infrastructures de base (eau,
santé, route, éducation, électricité). Petit
Bouaké par exemple a bénéficié d'une école
primaire, Hiré d'un stade et Bouakako de logements pour les enseignants
(ALLOU T., 2015).
L'activité minière apparait comme une source de
développement économique pour les pays qui possèdent un
sous-sol riche. L'impôt prélevé sur les exploitations et
les dividendes économiques des Etats sur les revenus miniers contribuent
à la croissance économique. En outre cette activité
contribue à atténuer le chômage, à la
réalisation d'infrastructures sociales de base et à lutter contre
la pauvreté dans certains pays avec les nombreuses opportunités
d'emploi tant directs qu'indirects qu'elle offre aux populations.
Parallèlement à ces incidences positives sur la vie
économique, il ne faut pas négliger les conséquences
négatives de l'activité extractive qui sont d'ordre
environnemental, sociodémographique et sanitaire. Mais vu que c'est une
activité qui continuera de se développer corollairement à
l'urbanisation croissante dans le monde, il devient impératif de
l'inscrire dans le cadre de la durabilité.
1.5.Pour une industrie extractive durable
Plusieurs mesures sont prises pour amenuiser les effets
néfastes des exploitations minières et faire d'elles un secteur
bénéfique aux Etats, aux firmes industrielles et aux populations.
Ainsi pour le PNUE (2008) il serait important pour les Etats de mettre en place
des textes et lois en vue d'exploiter en réduisant les risques de
contamination des populations liées aux résidus miniers.
Par ailleurs la Commission Economique Africaine (CEA, 2011)
pense que Les gouvernements doivent mettre en place, sinon renforcer les cadres
régissant l'évaluation, la gestion et la règlementation
des impacts négatifs des mines. Ils doivent également renforcer
les capacités et l'efficacité des organismes de régulation
et améliorer la manière dont ces institutions interagissent avec
les nationaux, en particulier ceux affectés par les mines.
16
Pour le programme régional de l'Union Internationale
pour la Conservation de la Nature (UICN, 2008), il faut encourager un
environnement politique, économique, social favorisant une gestion et
une utilisation durable des ressources naturelles, tant terrestre que
maritimes. Ainsi, les exploitations minières se doivent de concevoir des
méthodes pour limiter les impacts sociaux et pour valoriser les
retombées positives.
Cependant, un autre défi des compagnies minières
est de se faire accepter par les communautés locales. Ainsi, elles se
doivent donc faire comprendre aux communautés dans quelles mesures leurs
activités peuvent aussi contribuer au développement local
(DESHAIES M., 2007).
Les activités d'exploitation minière doivent
alors être bénéfique à toutes les parties prenantes
(Pouvoir publics, communautés, entreprises). Pour BOTTIN J. (2009)
cité par BRUNO B. et FRANCIS S. (2016) , les politiques de
développement durable dans le secteur minier doit correspondre à
une « approche de gestion qui intègre efficacement les questions
économique, environnementales et sociales dans les opérations,
visant à créer des avantages à long terme pour les parties
prenantes, y compris les actionnaires, et à assurer le soutien, la
coopération et la confiance des communautés locales dans laquelle
l'entreprise évolue ». Pour cela, la chaire en éco-conseil
(2012) définit trois bases prioritaires en vue d'opérationnaliser
la durabilité dans l'industrie minière. Ce sont le renforcement
de la mise en oeuvre de la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) ;
l'implication des partie prenantes dans la prise des décisions et le
rôle du secteur public.
En somme, nous pouvons dire que les écrits
consultés traitent en essences de l'approche définitionnelle du
développement, des formes et types d'exploitation minière ainsi
que de leurs impacts économiques, environnementaux, sanitaires et
sociodémographiques. Toutefois la question relative à la
contribution de la mine d'or de Sissingué au développement de la
souspréfecture de Kanakono n'a pas encore été
abordée. Cela explique l'importance de mener cette étude en vue
de connaitre les effets de la mine d'or de Sissingué sur le
développement de la sous-préfecture de Kanakono.
17
2. PROBLEMATIQUE
L'économie de plantation fut introduite en Côte
d'Ivoire par la puissance coloniale. Après la pacification de la colonie
en 1880, l'étape suivante consistait pour les colons d'entamer
l'exploitation de celle-ci par la mise en valeur de ses potentialités
naturelles. Ainsi, fut mises en place les économies cacaoyères et
caféières (SOUMAHORO M., 2006). Les colons français ont
ainsi mené plusieurs actions en vue de développer les
économies cacaoyères et caféières qui existaient
déjà dans la Région de Tabou avec une petite production
indigène de café et de cacao intégrée à
l'économie côtière libérienne. À cet effet,
ils ont entrepris la diffusion de l'économie de plantation,
importé certaines variétés de café et de cacao,
créé des stations agricoles et des formes d'encadrement, et
encouragé les migrations de travail (CHAVEAU et DOZON, 1985).
Après les indépendances, le système
économique du pays n'a pas considérablement changé. Au
contraire de nombreux efforts ont été fournis pour élargir
la brèche ouverte par la puissance coloniale, en développant les
spéculations agricoles que sont le café et le cacao (Cogneau D.
et Mesple-Somps S, 2002) mais aussi en introduisant de nouvelles espèces
telles que l'anacarde, le coton etc. La réussite de cette politique
économique a permis à l'Etat ivoirien d'enregistrer une
excellente performance économique dans les deux décennies post
indépendance. Cette performance a occasionné l'initiation d'un
ambitieux programme de développement des infrastructures et
d'équipements sur le plan national (KOFFI Y.S.K, 2012).
Toutefois, la chute des cours des matières
premières agricoles sur le marché international associée
à l'envolée spectaculaire du cours du pétrole (KOFFI
Y.S.K, 2012), précipitera le pays dans une crise économique dans
les années 1980. Une diversification des sources de revenu de l'Etat
s'est ainsi imposée aux autorités. De ce fait, la valorisation
d'autres secteurs d'activité comme celui des mines fut donc
initié. La Cote d'Ivoire dispose en effet d'énormes
potentialités minières. Pour ce qui est de l'or, le
ministère de tutelle estimait en 2014 le potentiel à 600 tonnes.
La volonté des autorités de faire du secteur extractif le second
pilier de l'économie du pays se traduira par une révision de la
législation minière (KOFFI Y.B. et al. 2014). En effet, pour
attirer les transnationales minières, l'Etat ivoirien s'est
engagé dans un processus d'amélioration de la gouvernance
minière afin d'optimiser la production et de la diversifier. Pour la
circonstance, un nouveau code minier (Loi N°2014-138 du 24 Mars 2014) plus
attractif pour les investisseurs et en cohérence avec les principes de
transparence de traçabilité et de responsabilité
sociétaire fut adopté. Corollairement, l'afflux des
transnationales minières vers le pays débouchera sur la
découverte et la mise en exploitation de nombreux
18
gisements miniers tels que celui Sissingué dans le Nord
du pays. Cette mine est située dans la sous-préfecture de
Kanakono et est exploitée par la société australienne
Perseus Mining Limited (PML) depuis le début de l'année 2018.
Cette transnationale y détient une participation de 86%, le gouvernement
ivoirien 10% et 4% pour des entreprises locales (PML, 2018)
Les textes régissant le secteur minier en Côte
d'Ivoire font des exploitants miniers des acteurs du développement de
leurs arrière-pays. Dans un tel contexte, la mine d'or de
Sissingué représente un important motif d'espoir pour les
populations de la sous-préfecture de Kanakono quand le Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2002)
présente cette zone du pays comme l'une des plus pauvres. Par ailleurs
elle est en proie à un sous-équipement. Ainsi, l'on se demande
comment l'exploitation de la mine d'or de Sissingué participe-t-elle au
développement de la sous-préfecture de Kanakono ?
De cette question centrale, découlent trois autres qui
sont :
· Quelles sont les caractéristiques de la mine d'or
de Sissingué ?
· Comment expliquer les incidences socio-économiques
et spatiales issues de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?
· Quelle analyse fait-on des effets résultant de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?
3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
3.1.Objectif général
Déterminer la contribution de la mine d'or de
Sissingué au développement de la sous-préfecture de
Kanakono
3.2.Objectifs spécifiques
Pour l'atteinte de l'objectif général ci-dessus
trois objectifs subsidiaires ont été fixés. Il s'agit de
:
· Présenter les caractéristiques de la mine
d'or de Sissingué ;
· Expliquer les incidences socio-économiques et
spatiales de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué dans la
sous-préfecture de Kanakono ;
· Analyser les effets résultant de l'exploitation de
la mine d'or de Sissingué.
5.
19
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
4.1.Les hypothèses de la recherche
4.1.1. Hypothèse générale de
recherche
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué concourt au
développement de la sous-préfecture de Kanakono..
4.1.2. Hypothèse spécifiques
En abordant cette étude, nous supposons que :
? L'exploitation de la mine d'or de Sissingué permet
d'améliorer le niveau d'équipement de la sous-préfecture
de Kanakono en services sociaux de base ;
? L'exploitation minière de Sissingué a des
incidences négatives sur la santé des populations.
4.2.Les variables d'analyse
Les variables d'analyse sont les caractères qui
permettront de vérifier les hypothèses et d'atteindre les
objectifs fixés. Elles se répartissent en variables quantitatives
ou mesurables et en variables qualitatives ou appréciables. Dans cette
étude, ces variables permettront de caractériser la
sous-préfecture de Kanakono ainsi que d'appréhender la mise en
exploitation de la mine et de la caractériser. En outre, elles
permettront d'apprécier l'apport de cette mine au développement
de la sous-préfecture de Kanakono et de déterminer ses incidences
négatives et les risques liés à son exploitation.
4.2.1. Les variables physiques de la zone
d'étude
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Type de sol
- Type de relief
- Type de végétation
- Niveau de drainage
|
- Niveau de pluviométrie
- Nombre de cours d'eau
- Taille des cours d'eau
|
Ces variables nous permettront de connaitre le rôle des
conditions physiques dans le développement de la sous-préfecture
de Kanakono.
20
4.2.2. Variables humaines de la zone
d'étude
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Structure selon le sexe
- Structure selon la nationalité
- Niveau d'alphabétisation
|
- Nombre d'habitants par sexe
- Nombre d'habitants par nationalité
- Taux d'alphabétisation
|
Ces variables permettront de mettre en évidence les
caractéristiques de la population de la sous-préfecture de
Kanakono. Par ailleurs, elles serviront à monter les
potentialités humaines de la zone.
4.2.3. Variables économiques de la zone
d'étude
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Typologie des activités économiques
- Atouts économiques
- Contraintes de développement économique
|
- Production agricole
- Proportion de populations par activité
économique
- Prix des denrées alimentaires
|
A travers ces variables, les potentialités
économiques de la sous-préfecture de Kanakono seront connues.
Elles serviront aussi à comprendre le niveau de développement
économique de la zone.
4.2.4. Variables liées au niveau d'équipement
de la zone d'étude
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Niveau de dotation en équipements
|
- Nombre de centres de santé par localité
|
éducatifs
|
- Nombre d'établissements scolaires par
|
- Niveau de dotation en équipement
|
localité
|
sanitaires
|
- Nombre de Châteaux d'eau
|
- Niveau d'adduction en eau potable
|
- Nombre de HVA
|
- Niveau d'électrification
|
- Kilométrage de routes revêtues
|
- Etat des équipements éducatifs
|
- Kilométrage de routes non revêtues
|
- Etat des équipements sanitaires
|
|
- Etat des HVA
|
|
- Etat des routes
|
|
- Typologie des services publics
|
|
21
Ces variables permettront de montrer le niveau
d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en qui ce qui
concerne l'éducation, la santé, l'adduction en eau potable,
l'électrification et la voirie.
4.2.5. Variables relatives aux enjeux liés
à l'exploitation de la mine d'or de Sissingué
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Niveau de développement économique
|
- Taux de chômage
|
- Politique économique nationale
|
- Surface totale réquisitionnée
|
- Politique de développement du secteur
|
- Superficie selon le type d'espace
|
minier
|
- Nombre de personnes dépossédées des
|
- Problèmes de développement local
|
terres
|
- Processus de réquisition des terres
|
- Nombre de personnes dédommagées
|
- Typologie des espaces réquisitionnés
|
selon le type d'espace
|
- Termes des indemnisations selon le type
|
- Montant total des indemnisations
|
d'espace
|
- Nombre de conflits
|
- Nature des conflits
|
|
- Mode de règlement des litiges
|
|
Ces variables permettront de comprendre les enjeux et les
motivations qu'il y a autour de l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué ainsi que les actions qui ont mené à cette
exploitation.
4.2.6. Variables relatives aux caractéristiques de
la mine d'or de Sissingué
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Type d'outillage
|
- Nombre d'employés de la mine
|
- Niveau de technicité
|
- Nombre d'employés selon l'origine
|
- Méthodes d'exploitation
|
- Nombre d'employés selon le niveau
|
- Charte RSE
|
d'instruction
|
- Types d'employés de la mine
|
- Nombre d'employés selon la nationalité
|
- Niveau d'instruction des employés
|
- Nombre d'employés selon le type
|
- Nationalité des employés
|
d'emploi
|
- Origine des employés
|
- Reserve minière de l'exploitation
|
- Structure des employés par sexe
|
- Production minière par an
|
|
- Cout de l'exploitation
|
|
- Durée de l'exploitation
|
A travers ses variables, nous présenterons les
caractéristiques de la mine d'or de Sissingué et de sa ressource
humaine.
22
4.2.7. Variables relatives aux incidences
socio-économiques et spatiales de la mine d'or de Sissingué dans
la sous-préfecture de Kanakono
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Typologie des équipements réalisés
|
- Nombre d'emplois directs créés
|
- Planification du développement local
minier
|
- Nombre d'emplois indirects créés
|
|
- Nombre d'équipements générés
|
- Besoins des populations
|
|
- Niveau de subvention aux besoins de la
|
- Nombre d'équipements réalisés par type
|
population
- dynamisme des activités économiques
|
- Nombre d'équipements réalisés par
localité
|
- Types d'activités liés à la mine
|
- Nombre de localités ayant
bénéficié
d'actions communautaires de Perseus
|
- Origine des employés
|
Mining Cote d'Ivoire (PMCI)
|
- Pression sur le logement
|
- Montant alloué aux projets
communautaires par PMCI
|
A travers ses variables, nous pourront mettre en exergue l'apport
de la mine d'or de Sissingué à la sous-préfecture de
Kanakono en termes d'emploi et d'équipement.
4.2.8. Variables relatives aux effets néfastes de
la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de
Kanakono
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Niveau de dégradation du sol
|
- Taille de déchets produits
|
- Niveau de pollution
|
- Surface pédologique dégradée
|
- Niveau de destruction de la végétation
|
- Nombre de malades
|
- Nature des produits chimiques utilisés
|
- Nombre de centres de santé
|
- Maladies fréquentes
|
|
- Causes de maladies
|
|
- Mode de prévention des maladies
|
|
- Niveau de morbidité
|
|
- Localisation des malades
|
|
- Dynamisme de l'activité agricole
|
|
- Evolution des prix des denrées alimentaires
|
|
- Risques indirects liées à la découverte
de
gisements miniers
|
|
- Mesure d'atténuation des effets
environnementaux
|
|
- Mesure de prévention des risques sanitaires
|
|
23
Ces variables aideront à savoir si l'exploitation de la
mine d'or de Sissingué occasionne des effets négatifs sur
l'environnement et la santé des populations de la sous-préfecture
de Kanakono comme cela est le cas dans plusieurs mines. Par ailleurs, elles
serviront à sonner l'alerte quant aux éventuels risques auxquels
est exposée la sous-préfecture de Kanakono.
4.3.Les unités d'observation
Ce sont les grands ensembles sur lesquels nous appesantiront
nos observations et nos analyses afin de déterminer les incidences de
l'exploitation minière de Sissingué dans la
sous-préfecture de Kanakono. Ce sont, les données physiques,
humaines, économiques, infrastructurelles, environnementales et
sanitaires.
4.3.1. Les données humaines, économiques et
infrastructurelles
Comme souligné dans la revue de la littérature,
la notion de développement dans cette étude est assimilée
à la dotation en équipement et à l'amélioration des
conditions économiques qui peuvent jouer un rôle important dans
l'amélioration des conditions de vie des populations. Dans ce contexte,
les données humaines, économique et infrastructurelles nous
permettront de connaitre le rôle que joue la mine d'or de
Sissingué dans le processus de développement de la
sous-préfecture de Kanakono.
4.3.2. Les données environnementales et
sanitaires
Quoique pouvant se positionner comme de véritables
stimulateurs du développement local, les exploitations minières
ont parfois des incidences environnementales puis sanitaires
indésirables. Ainsi, parallèlement au rôle que la mine d'or
de Sissingué pourrait jouer dans le développement de la
sous-préfecture de Kanakono, ces unités d'observation permettront
de connaitre les effets néfastes qui peuvent en résulter.
4.4.Les échelles d'observation
Dans le souci de mieux appréhender les impacts de la
mine d'or de Sissingué sur le développement de la
sous-préfecture de Kanakono, nous avons choisi comme échelles
d'observation le niveau départemental, le niveau sous-préfectoral
et enfin celui des villages.
4.4.1. L'échelle départementale
C'est la macro-échelle de cette étude. Bien que
le sujet soit relatif à une zone sous-préfectorale,
l'échelle départemental a été choisi car certaines
données d'analyse ont étés
24
réalisées uniquement qu'à cette
échelle. Le domaine sous-préfectoral étant inclut dans le
domaine départemental, les données en question pourront
être affectées à l'échelle de l'espace
d'étude.
4.4.2. L'échelle
sous-préfectorale
Cette échelle permet d'appréhender l'importance des
infrastructures réalisées ainsi que leurs portées.
Toutefois, elle sera considérée comme entité en charge de
la gestion, de la régulation des rapports exploitant-population dans
cette étude.
4.4.3. L'échelle des villages
L'étude des villages nous permettra de connaitre la
participation de PMCI au développement de ces localités rurales
qui constituent la sous-préfecture de Kanakono. En outre, ils seront
considérés comme entité en charge de la gestion
foncière et abritant les populations locale, potentielles
bénéficiaires des actions de développement communautaire
de PMCI.
4.5.La collecte des données
Les données ayant servis à élaborer ce
travail ont été collectés de deux manières. D'une
part, une recherche documentaire a été menée. Et d'autre
part, nous avons effectué une enquête de terrain en vue de mieux
appréhender les réalités que revêt notre sujet.
4.5.1. La recherche documentaire
Les fouilles menées sur la toile et à la
bibliothèque de l'UPGC ainsi que notre base données
documentaires, ont permis de consulter une pluralité d'ouvrages. Ce sont
entre autres des articles, des mémoires de fin de cycle, des
thèses de doctorat, des rapports de commission, des rapports
d'activité, des documents administratifs
Les articles consultés ont permis de mieux
appréhender le concept de développement et de connaitre les
incidences possibles de l'exploitation des ressources minières.
Quant aux thèses et aux mémoires, ils ont permis
de recueillir des informations relatives au concept de développement et
aux mesures de durabilité du secteur de l'industrie:
Les rapports de la BCEAO, « Étude monographique
sur le secteur de l'or dans l'UEMOA » présenté en 2013 et
« Impacts économiques du développement du secteur minier
dans l'UEMOA » présenté en 2015 ont permis d'avoir des
informations relatives à l'importance
25
de l'industrie aurifère dans la zone UEMOA et le
rôle de l'industrie extractive dans le développement
économique de ladite zone.
La monographie de la sous-préfecture de Kanakono a
permis de connaitre les atouts et les contraintes au développement de
cette zone en présentant ses caractéristiques physiques,
humaines, économiques et niveau d'équipement.
Certaines informations relatives aux potentiels effets
environnementaux, sanitaires et sociaux ont été obtenues
grâce au rapport de l'étude d'impact environnemental et social
(EIES) de la mine d'or de Sissingué. En outre le rapport 2018 des
activités de Perseus Mining Cote d'Ivoire (PMCI) a fourni des
renseignements sur la production d'or en 2018, les projections en
matière de production et la politiques de développement
communautaire.
Le code minier ivoirien de 2014 a permis d'avoir une
idée de la nouvelle orientation que les politiques veulent donner au
secteur extractif tout en présentant de façon plus
détaillée le cadre législatif en vigueur en ce qui
concerne le domaine minier en Côte d'Ivoire.
4.5.2. L'enquête de terrain
C'est l'étape de l'étude qui a permis d'entrer
dans le vif du sujet. Elle s'est faite par observation direct et par
entretien.
4.5.2.1.L'observation directe
L'enquête de terrain a permis de nous imprégner
des réalités de la localité d'étude et du sujet.
Elle a par ailleurs permis l'observation directe de l'étendue de
l'exploitation minière, le type de végétation, le type de
relief, le type d'activités économiques, le type d'outils
utilisés ainsi que le niveau d'équipement de la zone. A cela il
faut ajouter, les infrastructures générées et leur
état, les activités économiques indirectes
générées, le niveau de dégradation du sol ainsi que
le niveau de pollution. Ces variables ont été importantes dans
l'appréciation des impacts de l'exploitation minière industrielle
dans la sous-préfecture de Kanakono.
4.5.2.2.Les entretiens
L'acquisition des données dites primaires en rapport
avec cette étude a nécessité la consultation d'un certain
nombre de personnes ressources. Celles-ci ont été
réparties en personnes ressources institutionnelles et
communautaires.
a. 26
Les personnes ressources institutionnelles
Ce sont les autorités administratives qui ont pris une
part active dans la mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué et
qui interviennent dans le contrôle des activités d'exploitation.
Il faut joindre à ceux-ci les autorités administratives de la
sous-préfecture de Kanakono. Ce sont la direction départementale
de l'agriculture de Tengrela, le secrétaire général de la
préfecture de Tengrela, le sous-préfet de Kanakono, le chef du
service socioculturel et le directeur du service financier de la mairie de
Kanakono, le gestionnaire des données du district sanitaire de Tengrela.
Ces personnes ressources ont fourni des informatives relatives au processus de
mise en exploitation de la mine, aux mesures règlementaires de
l'indemnisation, à l'impact des activités d'extraction
aurifères sur l'environnement et sur la santé des populations,
aux retombées de l'exploitation minière pour les populations et
à la planification du développement local minier (DLM). Par
ailleurs, particulièrement, les services de la sous-préfecture et
de la mairie de Kanakono ont permis de connaitre le niveau d'équipement
de la zone.
b. Les personnes ressources communautaires
Il s'agit des autorités coutumières et des
présidents de groupement communautaires de la sous-préfecture de
Kanakono. En plus d'avoir été très actifs dans le
processus de mise en exploitation de la mine d'or, ils constituent les
intermédiaires entre la population et PMCI. Ils sont donc très
bien placés pour fournir des informations sur l'acquisition du site
d'exploitation, sur les actions communautaires de PMCI et sur les attentes des
populations vis-à-vis de cette exploitation minière. Ce sont les
chefs des villages de Kanakono, et Zanikan, les présidents de jeune des
villages de Zanikan et de Kanakono, les présidentes des femmes de
Kanakono, Sissingué et Zanikan, le chef de terre de Sissingué. En
outre, un entretien a été fait avec un groupe
représentatif du Comité de Consultation et de Concertation (CCC)
de Sissingué constitué par le chef du village, l'imam du village
et le président. Ces personnes ont également permis de recueillir
des données sur la planification du DLM.
Il faut par ailleurs souligner que des entretiens
étaient prévus avec certains cadres de Perseus Mining Cote
d'Ivoire notamment les directeurs des départements des ressources
humaines, du développement durable et de l'environnement. Mais compte
tenu de l'indisponibilité de ceux-ci, nous avons été
redirigés vers le site internet de la société sur lequel
nous avons pu télécharger certains documents même si
ceux-ci n'ont pas satisfait la totalité de notre besoin en
information.
27
Tableau 1:Synthèse des entretiens
réalisés
Typologie des personnes ressources
|
Personnes ressources
|
Type des entretiens
|
Objets de l'entretien
|
Personnes ressources institutionnelles
|
Secrétaire générale de la
préfecture de Tengrela
|
Individuel
|
- processus de mise en
exploitation de la mine
- mesures règlementaires des
indemnisations
- l'impact des activités
d'extraction aurifères sur l'environnement et sur
la
santé des populaces
- les retombées de
l'exploitation minière pour les populations
- la planification du DLM
- le niveau d'équipement de la
zone
|
La direction départementale de l'agriculture de
Tengrela
|
Individuel
|
Le district sanitaire de Tengrela
|
Individuel
|
Le sous-préfet de Kanakono
|
Individuel
|
Les chefs des services socioculturels et financiers de
la mairie de Kanakono
|
Individuel
|
Personnes ressources communautaires
|
Les chefs des villages de Kanakono et Zanikan
|
Individuel
|
- l'acquisition du site
d'exploitation
- les actions communautaires
de PMCI
- les attentes des populations
- la planification du DLM
|
CCC de Sissingué
|
Collectif
|
Présidents des jeunes de Zanikan, Sissingué et
Kanakono
|
Individuel
|
Chef de Terre de Sissingué
|
Individuel
|
Présidentes des femmes de Kanakono, Zanikan et
la viceprésidente des femmes de Sissingué
|
Individuel
|
4.6.Présentation de la zone d'étude
La région de la Bagoué est située dans le
septentrion ivoirien. Cette région est composée de trois (03)
départements à savoir Boundiali, Kouto et Tengrela. C'est
à la dernière citée qu'appartient la
sous-préfecture de Kanakono. Elle est limitée à l'Ouest
par la sous-préfecture de Tengrela, à l'est par le Mali et au Sud
par les sous-préfectures de Blessegue et de Katogo. Elle est
située à 24 kilomètres de Tengrela qui est le chef-lieu de
département et est composée de 6 villages y compris le chef-lieu
que sont Zanikan, Sissingué, Pourou, Lomara, Kanakono et
Pôpô (carte 1). C'est une sous-préfecture peuplée par
22 901 âmes (RGPH, 2014).
L'agriculture y est pratiquée comme activité
principale. L'élevage de bovins et d'ovins joue le rôle
d'activité secondaire. Mais, fort d'un potentiel minier non
négligeable, la sous-
préfecture de Kanakono est devenue un bastion des
orpailleurs clandestins. La présence de
28
nombreux sites d'orpaillage artisanal clandestin, a
provoqué une ruée de population dans la zone. Cela a
occasionné une pression sur les équipements sociaux de base, une
cherté du cout de la vie et plongé la zone dans une situation de
pauvreté très aigue. Selon le DSRP, la sous-préfecture de
Kanakono connait un taux de pauvreté de 77,33%. Toutefois, les
autorités administratives de cette zone ont entrepris la fermeture de
ces sites d'orpaillage artisanal clandestins.
Parallèlement à cela, cette
sous-préfecture abrite l'une des plus importantes exploitations
minières de la grande zone septentrionale du pays. L'étude du
rapport entre exploitation minière et développement dans la
sous-préfecture de Kanakono se fonde sur le fait pour nous de mettre en
exergue les mesures dans lesquelles cette mine pourrait concourir au
développement d'une zone connaissant une situation sociale à la
limite, critique.
Carte 1 : Localisation de la
sous-préfecture de Kanakono
29
4.7.Approche théorique de l'étude 4.7.1.
Le développement durable
Le développement durable (DD) tel que définie
par la commission mondiale sur l'environnement et le développement est
un développement qui répond aux attentes des
générations actuelles sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs (REDCLIFT,
2005). Inspiré par l'accroissement des incidences négatives des
activités humaines sur l'environnement, les politiques de
développement durables reposent sur la prise en compte de trois
dimensions que sont la dimension environnementale, la dimension sociale et la
dimension économique.
Social
Equitable Viable
DD vivable
Economique
Ecologique
Figure 1:Approche systémique du
développement durable Source : Ducroux (2002) cité par
Bertrand (2005)
Le mieux-être social nécessite une production de
richesse. Ainsi donc, Les entreprises doivent développer la croissance
et l'efficacité économique, à travers des modes de
production et de consommation durables (DURAND M.H. et al. 2010). Cependant
cela doit se faire de façon raisonnable de sorte à garantir
l'accès aux ressources des générations à venir. On
parle donc d'équité. En outre, les entreprises doivent
réduire au maximum leurs impacts sur l'environnement afin de permettre
aux populations de vivre dans un cadre sain. On parlera de viabilité et
de vivabilité.
30
4.7.2. Le développement durable minier
Dans la situation actuelle marquée par une promotion du
développement durable dans tous les secteurs d'activité, le
développement minier repose sur trois conditions. D'abord, toute
exploitation minière doit être écologique, respectueuse de
l'environnement. Si l'extraction de la matière minérale ne peut
se faire sans impacter le milieu naturel, il faudrait que des mesures soient
prises pour amoindrir cet impact. Cela passe par exemple par une exploitation
rationnelle des ressources minérales, des mesures de
régénération du couvert végétal et de
restructuration du sol ainsi que la gestion efficace des produits chimiques.
Ensuite, les exploitations minières doivent être
sociales. En effet il faudrait que l'exploitation des matières
minérales puisse participer au développement des
sociétés qui les abritent. Cela en vue d'éviter une fuite
totale des capitaux, de faire bénéficier les populations de la
richesse de leur sous-sol et de ne pas détériorer la
qualité de vie locale. Ainsi, la construction d'équipements
sociaux de base, l'initiation de projets communautaires par les exploitants par
exemple pourraient socialiser les exploitations minières.
Enfin, il faudrait que les exploitations minières
soient économiquement bénéfiques aux populations locales.
Ainsi, elles doivent être actrices de l'exploitation. C'est-à-dire
que les exploitations minières doivent pouvoir générer des
emplois, directs ou indirects pour les populations locales. Celles-ci pourront
ainsi élever leur niveau de vie, réinvestir leurs gains et
soutenir par ricochet le développement local.
Respectueuse de l'environnement
Contribue au bien - être social
Exploitation minière
Développement
Production de richesse pour les parties prenantes
Figure 2: Modélisation du
développement minier (SORHO F.D.) Source : Modèle
adapté de Jourdren (2010)
31
4.8.Le traitement des données
Les données recueillies sur le terrain ont
été converties en texte, tableaux, graphiques et cartes. Ainsi
recourt a été fait à une diversité de logiciels. Ce
sont :
? Microsoft Word 2013 pour la rédaction des textes,
? Microsoft Excel 2013 pour la réalisation des tableaux
statistiques et des graphiques, ? ArcGis pour la réalisation des
cartes.
4.9.Les difficultés rencontrées
Dans notre quête d'information, nous avons
été confrontés une multitude de difficultés.
Nous avons fait face à une réticence et à
l'indisponibilité de certaines personnes dites ressources qui auraient
pu nous donner des informations plus détaillées en vue de mieux
expliciter certains pans de cette étude. Ce sont les directeurs de
certains services de la mine, le directeur départemental des mines de
Tengrela et le préfet du département de Tengrela. Pour y
remédier nous avons dû faire recours à l'observation,
à des ouvriers de la mine et à des subordonnées de
certaines personnes ressources qui ne disposent peut-être pas des
informations exactes. Les données recueillies pourraient donc être
approximatives. Ensuite, nous avons fait face à une méfiance de
certaines autorités coutumières qui se sont réservé
de s'exprimer sur certaines questions comme celle des indemnisations qui a
été conflictuelle. En plus certaines informations jugées
trop sensibles par les autorités administratives de Kanakono n'ont pas
pu être obtenues. La mauvaise organisation des groupements de jeunesse
dans la sous-préfecture s'est avérée préjudiciable
à notre quête d'information. Enfin, le mauvais état de la
voirie a constitué un obstacle majeur pour notre mobilité dans la
zone. De ce fait une moto, engin que nous avons trouvé plus
adéquat a été emprunté pour effectuer nos
déplacements.
32
TABLEAU SYNOPTIQUE
Problème de recherche
|
Questions de recherche
|
Objectifs de recherche
|
Hypothèse de recherche
|
Méthodologie
|
Résultats
|
L'impact de la mine d'or de Sissingué sur
le développement de la sous- préfecture de
Kanakono
|
Quels sont les caractéristiques de la mine d'or de
Sissingué ?
|
Présenter les
caractéristiques de la mine d'or de Sissingué
|
|
- Recherche
documentaire
- Entretiens
- Observation
directe
|
PARTIE 1
Mise en exploitation de la mine d'or de
Sissingué
|
Comment expliquer les incidences socio-économiques et
spatiales issues de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué
?
|
Expliquer les incidences socio-économiques
et spatiales de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué
dans la sous- préfecture de Kanakono
|
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué
permet d'améliorer le niveau d'équipement de la
sous- préfecture de Kanakono en services sociaux de base
|
- Entretien
- Observation
|
PARTIE 2
Incidences de l'exploitation aurifère de
Sissingué sur le développement de la
sous-préfecture de Kanakono
|
Quelle analyse fait-on des effets résultant de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué ?
|
Analyser les effets résultant de l'exploitation de
la mine d'or de Sissingué
|
L'exploitation minière de Sissingué a des
incidences négatives sur la santé des populations
|
- Observation
- Entretiens
|
PARTIE 3
Impacts négatifs de l'exploitation
minière de Sissingué
|
33
PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE
SISSINGUE
Les cultures du café et du cacao furent introduites en
Côte d'Ivoire par la puissance coloniale qui a alors misé sur une
exploitation extensive des ressources naturelles. Après
l'indépendance, ces cultures ont été mises au centre du
système économique ivoirien. Ainsi, diverses politiques ont
été initiées pour développer le binôme
café-cacao. Le succès de ces cultures a permis de mettre en
marche le train du développement du pays. Mais la chute des couts des
matières premiers agricoles dans les années 1980 a montré
les limites d'une économie basée sur l'exportation des
matières premières agricoles. Des mesures de diversification de
l'économie ivoirienne furent donc promues. C'est dans ce contexte que
s'inscrit la politique de développement du secteur minier dans le pays.
Mais il faut noter que jusqu'à un passé récent, ce secteur
souffrait toujours d'adynamie. Ainsi, le code minier du pays fut revu afin
d'attirer les investisseurs étrangers. Depuis lors plusieurs
transnationales minières ont afflué vers le pays. Cela a conduit
à la découverte et à la mise en exploitation de plusieurs
sites miniers dans le pays dont la mine d'or de Sissingué. La mise en
exploitation de ce gisement minier a impliqué une appropriation
foncière par l'exploitant et ses corollaires. Donc pour étudier
l'impact de la mine d'or de Sissingué sur le développement de la
sous-préfecture de Kanakono, il convient de présenter les enjeux
qu'il y a autour de cette exploitation minière ainsi que ses
caractéristiques. Mais pour mieux cerner ces enjeux,
présentons-nous d'abord les caractéristiques de la
sous-préfecture de Kanakono.
34
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE
KANAKONO
La politique administrative de la Cote d'Ivoire repose sur les
politiques de décentralisation et de déconcentration. La
première consiste à une délégation de pouvoir
à des élus en vue de promouvoir le développement local.
Quant à la seconde, elle consiste à une délégation
de pouvoir à des personnes nommées par l'exécutif en vue
de le représenter dans certaines divisions administratives de sorte
à rapprocher l'administration des administrés. Les divisions
administratives en question sont la région, le département, la
sous-préfecture et le village.
Kanakono a été érigé en
sous-préfecture le 13 novembre 1996. Elle est née de
l'éclatement de l'ancienne et unique Sous-préfecture de Tengrela
en deux (02) circonscriptions administratives par le décret
n°86-1021 du 24 septembre 1986. Aux deux (02) circonscriptions
administratives du Département, il faut aujourd'hui ajouter celles de
Debete, puis de Papara.
Quelles sont les caractéristiques physiques, humaines
et socio-économiques de cette sous-préfecture ?
Quel est son niveau d'équipement ?
1.1. Caractéristiques de la
sous-préfecture de Kanakono
Les caractéristiques physiques de la
sous-préfecture de Kanakono sont relatives au relief, le climat, la
végétation, le sol et l'hydrographie. Quant aux
caractéristiques socioéconomiques, il s'agit de la structure de
la population des localités de la sous-préfecture et des
principales activités économiques qu'elle exerce.
1.1.1. Caractéristiques physiques
La sous-préfecture de Kanakono est située dans
le Nord ivoirien et donc sous l'influence du climat tropical de transition ou
climat soudanais. Ce climat est caractérisé par deux saisons bien
différenciées à savoir une saison de pluie de mi-Avril
à fin Octobre et une saison sèche de Novembre à mi-Avril.
Pendant la saison des pluies les hauteurs maximales de précipitation se
produisent de Juillet à Septembre. La saison sèche est
caractérisée par des écarts thermiques
élevés, la permanence de la brume sèche, la faiblesse de
la nébulosité et l'absence quasi-totale des précipitations
pendant les mois de Décembre, Janvier et Février.
La végétation est composée d'une savane
'arbustive dominée dans les bas-fonds par des forêts galeries et
de hautes herbes en saison des pluies. Cette couverture végétale
précaire
35
pousse sur un sol ferrugineux très poreux et caillouteux,
non appropriée pour l'agriculture intensive. Quant au relief, il est peu
contrasté ; il est constitué d'un ensemble de plateaux et de
buttes cuirassées à leur sommet.
Le réseau hydrographique de la sous-préfecture de
Kanakono est marqué par la présence d'un seul cours d'eau
à savoir la Bagoué et ses affluents qui sont secs en dehors de la
saison des pluies pour certains et à moitié intermittents pour
d'autres.
1.1.2. Caractéristiques humaines et
économiques
1.1.2.1. Une population composite et en croissance
La population de la sous-préfecture de Kanakono a connu
une croissance depuis le recensement général de la population et
de l'habitat de 1998 (figure 3).
Population
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
Kanakono Lomara Popo Pourou Sissingué Zanikan
1998 2014
Localités
Figure 3:La population des localités de
la sous-préfecture de Kanakono en 1998 et en 2014 Source :
Monographie de la sous-préfecture de Kanakono/RGPH 2014
La sous-préfecture de Kanakono a vu sa population plus
que doubler de 1998 à 2014 avec un taux de croissance de 5,36% sur cette
même période. La localité de Kanakono est la plus
peuplée (Carte 2) de la sous-préfecture avec une population qui
est passée de 4387 habitants en 1998 à 10.127 habitants en
2014.
36
Carte 2:Repartition de la population de la
sous-préfecture de Kanakono selon le
RGPH 2014
Cela pourrait s'expliquer par l'érection de cette
localité en chef -lieu de sous-préfecture en 1996. Ce rôle
administratif pourrait être un facteur d'attraction des populations. En
outre cette croissance de la population trouve sa justification dans la
découverte de plusieurs gisements aurifères qui ont ensuite fait
objet d'exploitation artisanale.
Cette même raison explique la croissance
démographique qu'ont connue toutes les autres localités de la
sous-préfecture de Kanakono (figure 3). Avec la découverte
d'autres gisements miniers dans la sous-préfecture et la ratification de
l'exploitation minière semi-industrielle par le code minier du pays, la
population de cette sous-préfecture continuera de croitre. Cela va sans
doute amplifier les mouvements migratoires tant internes qu'externes vers
37
cette zone qui abrite déjà de nombreux
étrangers. En effet, la sous-préfecture de Kanakono abrite 5717
individus non ivoiriens. Cela représente environ 25% de la population de
cette sous-préfecture (figure 4). Ce sont entre autres des
burkinabés, des maliens, des guinéens vénus
essentiellement pour l'exploitation artisanale de l'or et des ghanéens
qui exercent dans la coiffure et les activités de loisir (maquis,
prostitution...).
Ivoiriens
Non ivoiriens
24, 96 %
75, 04 %
Figure 4:La population de la
sous-préfecture de Kanakono selon la nationalité Source :
INS, 2014
1.1.2.2. Caractéristiques économiques
Les principales activités économiques de la
sous-préfecture de Kanakono sont l'agriculture, l'élevage, le
commerce, le transport et l'activité extractive artisanale.
L'activité agricole est orientée vers les
cultures de rente et les cultures industrielles. Les cultures de rentes sont,
l'anacarde, le coton, et la mangue avec une faible production. S'agissant du
coton, la présence de la structure `'Ivoire Coton» dans la zone
permet une meilleure organisation de la filière avec onze (11)
coopératives. Au niveau de l'anacarde, les paysans tentent tant bien que
mal de se regrouper en coopérative. Cependant, les producteurs
individuels restent les plus nombreux. Au niveau du vivrier, les principales
cultures pratiquées dans la sous-préfecture de Kanakono
concernent, par ordre de grandeur, le maïs, l'arachide, le riz, le sorgho,
le mil et les produits maraichers (oignon, chou, aubergine, piment, gombo,
tomate).
38
L'activité pastorale dans la sous-préfecture de
Kanakono est fortement dominée par l'élevage des bovins.
Cependant le cheptel a fortement baissé depuis la crise
politico-militaire qu'a connue le pays. Celle-ci a en effet entrainé
l'abandon de cette activité par un bon nombre d'éleveurs.
Le commerce dans la sous-préfecture de Kanakono est une
activité peu développée. Il est marqué par la vente
des vivriers et de quelques magasins de vente de divers produits. Cela trouve
sa raison dans le faible niveau de vie des populations aggravé par la
crise militaire de 2002. L'état défectueux des voies de
communications explique l'adynamie dont fait face le secteur du transport. Mais
depuis 2016, une ligne permet de relier la localité de Kanakono à
Tengrela, Boundiali puis Korhogo. Si elle était initialement
gérée par la compagnie « KST », depuis 2017 c'est la
compagnie « Pelessi » qui assure cette liaison. Aussi avec le
développement de l'activité d'orpaillage dans la zone, l'on
remarque une présence de plus en plus importante des « taxi-motos
» permettant la mobilité des orpailleurs. Par ailleurs ils assurent
aussi le déplacement de la population entre les différents
villages.
La sous-préfecture de Kanakono enregistre plusieurs
sites d'orpaillage clandestin, notamment à Kanakono, Zanikan et
Sissingué. Après les opérations de déguerpissement
initiées par les autorités administratives, il n'existe plus de
site dortoir, les travailleurs s'étant installés dans les
villages d'où ils partent les matins à la recherche des pitances
quotidiennes. Ces sites d'orpaillage occupent une grande partie de la
population jeune, notamment les jeunes filles qui y trouvent une occasion de
gain facile. Cette situation a entrainé une augmentation de la
population dans la zone et par ricochet une pression sur les équipements
et une cherté de la vie.
Par ailleurs, les autorisations d'exploration accordées
par l'Etat de Côte d'Ivoire à la Société OCCIDENTAL
GOLD en 1998 et 1999 sur une superficie totale de 876 km2 a permis de
circonscrire la minéralisation autour du village de Sissingué (9
km de Kanakono). Les études prospectives ont montré que l'usine
à installer dans ledit village pourra traiter 1,6 millions de tonnes
d'or par an. Ainsi, plusieurs espoirs sont fondés sur l'exploitation
industrielle de ce potentiel minier qui représente le principal atout
économique de cette zone.
1.2. Niveau d'équipement de la
sous-préfecture de Kanakono
Il s'agit d'évaluer le niveau de dotation de cette zone
en équipements sociaux de base d'ordre sanitaire et éducatif, la
connexion au réseau électrique, l'accès à des
sources d'eau potable et l'Etat des routes.
39
1.2.1. Equipements sanitaires
La sous-préfecture de Kanakono compte deux centres de
santé : un Centre de Santé Urbain (CSU) à Kanakono et un
Centre de Santé Rural (CSR) à Lomara (carte 3).
Carte 3: Localisation des équipements
sanitaires de la sous-préfecture de Kanakono
(2019)
Le Centre de Santé Urbain (CSU) de Kanakono couvre la
ville de Kanakono et les villages de Pourou, Sissingue Et Zanikaha. Il a une
capacité d'accueil de 24 lits et comprend un dispensaire et une
maternité avec service de consultations et de soins. Le personnel est
constitué d'un médecin, de trois infirmiers, de deux
sages-femmes, de deux filles de salle et d'un agent
40
d'entretien. La maternité a un taux de
fréquentation d'environ 40 patientes (accouchements) par mois.
Le CSU de Kanakono est actuellement en pleine
réhabilitation grâce au Programme Présidentiel d'Urgence
(PPU) pour mieux répondre aux besoins des populations de plus en plus
nombreuses.
Le Centre de Santé Rural (CSR) de Lomara couvre, outre
Lomara et Popo, les villages de Dougba et Kotou et comprend un dispensaire et
une maternité.
La sous-préfecture souffre donc d'une insuffisance des
établissements hospitaliers. Cela serait dû à une
insuffisance des moyens financiers des collectivités locales, notamment
la mairie de Kanakono. Les deux établissements hospitaliers existants
font l'objet d'une forte pression du fait du volume de population grandissant.
Cela pourrait à la longue favoriser une augmentation du taux de
morbidité de la zone.
1.2.2 Eau et électricité
Kanakono est connecté au réseau
électrique national et compte plus de 250 abonnés. Il en est de
même de Lomara et Pourou. Le village de Sissingué quant à
lui dispose d'un groupe électrogène de la CIE qui alimente tout
le village en électricité (pour des raisons économiques,
le groupe est mis en service uniquement la nuit). Les autres villages ne sont
pas électrifiés. La Compagnie Ivoirienne d'Electricité
(CIE) est représenté à Kanakono par un agent qui a pour
rôle de veiller au bon fonctionnement des installations et de distribuer
les factures émises.
41
42
Carte 4: Niveau d'électrification de la
sous-préfecture de Kanakono (2019)
S'agissant de l'eau, Kanakono dispose d'un château d'une
capacité de 100 mètres cubes. Un service de la SODECI est ouvert
avec un agent pour gérer la centaine d'abonnés au réseau.
Une bonne partie de la population s'approvisionne sur les diverses pompes
transformées en puits. Lomara par contre dispose depuis 2014 de
l'hydraulique villageoise améliorée (HVA) avec un château
d'une capacité de 20 m3 en plus d'une (1) hydraulique villageoise. Le
village de Sissingué bénéficie depuis mars 2016 d'un
château d'eau de 45 m3 réalisé par la Société
Persus Mining Côte d'Ivoire dans le cadre des projets communautaires des
villages impactés par le projet minier. En ce qui concerne les autres
villages, Pourou et Pôpô disposent de deux (2) hydrauliques
villageoises dont une en panne à Pourou. Enfin le village de Zanikan
dispose lui d'une (1) hydraulique villageoise.
Carte 5:Niveau d'accès à l'eau
potable dans la sous-préfecture de Kanakono (2019)
1.2.3. Les équipements éducatifs
Les services de l'éducation concernent l'enseignement
de base à savoir le préscolaire et le primaire. Il faut dire que
c'est le domaine qui connait le meilleur taux de couverture dans la
sous-préfecture de Kanakono. En effet, chaque localité a au moins
un établissement primaire public. Ce qui est la conséquence de la
volonté des autorités locales d'améliorer le taux
d'alphabétisation de cette zone qui reste encore très faible
selon eux. Kanakono dispose de trois écoles primaires quand les autres
localités en enregistrent qu'une chacune. Le fait que Kanakono abrite le
plus grand nombre d'écoles primaires s'explique par l'importance de sa
population par rapport à celles des autres localités (carte 6).
La fausse note se situe au niveau
43
du secondaire et du préscolaire. A ce niveau, il n'y a
que Kanakono qui dispose d'un collège (6émé à la
3ème) privé nommé Collège Nirbekon de Kanakono et
d'une école maternelle publique de trois sections dont une
fonctionnel.
Carte 6:localisation des équipements scolaires dans
la sous-préfecture de Kanakono I.2.4. La voirie
La voirie de la sous-préfecture de Kanakono est
constituée de deux voies principales et de voies secondaires toutes non
bitumées à cause du manque de moyen des collectivités
locales. La première voie principale traverse Zanikan et relie Kanakono
à Tengrela en passant par Pourou. La seconde quant à elle
traverse Zanikan et relie Kanakono à Tengrela en passant par
44
Sissingué. Les voies secondaires permettent de relier
les autres localités de la sous-préfecture entre elles (carte
7).
Cependant, toutes ses voies de communication souffrent d'une
dégradation assez prononcée surtout pendant la saison des pluies.
Cela limite les échanges entre Kanakono et les autres localités.
La réhabilitation régulière voire le bitumage de ces voies
de communications constituerait une bouffée d'oxygène pour cette
zone en proie à une vie chère dans la mesure où cela
permettrait une meilleure mobilité des biens et des personnes, donc un
désenclavement de la zone.
Carte 7:Réseau routier de la
sous-préfecture de Kanakono (2019)
45
A la fin de ce chapitre, il convient de retenir que la
sous-préfecture de Kanakono possèdent des caractéristiques
physiques qui rendent possible la pratique de l'agriculture avec les cultures
de rente telle que le coton et l'anacarde et aussi de l'élevage. Mais la
découverte de plusieurs gisements aurifères a entrainé un
développement de l'activité d'orpaillage faisant de cette
sous-préfecture une zone minière. Le succès de
l'orpaillage a entrainé une pression sur les équipements de la
zone déjà insuffisants. Par ailleurs le mauvais état des
voies de communication freine le développement des activités
commerciales et de transport dans la zone.
46
CHAPITRE 2 : ENJEUX ET ETAPES DE LA MISE EN
EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE
La sous-préfecture de Kanakono suite à la
découverte de plusieurs gisements miniers est perçue comme l'une
des principales zones minières de la Région de la Bagoué,
voire du grand Nord ivoirien même. Si l'activité d'orpaillage
clandestin y est fortement pratiquée, il faut aussi souligner la
présence d'un site minier industriel exploité par la
transnationale minière australienne Perseus Mining. Cette exploitation
est entrée en production depuis le premier semestre de l'année
2018. Située dans une zone sous-équipée et connaissant un
fort taux de chômage juvénile, cette exploitation minière
est au coeur de nombreux enjeux tant sur le plan local que sur le plan
national.
2.1.Enjeux liés à l'exploitation de la
mine d'or de Tongon
2.1.1. Sur le plan national
La mise en exploitation de la mine d'or de Sissingué
s'inscrit dans le contexte général de la mise en valeur du
potentiel minier de la Cote d'Ivoire en vue de la diversification de
l'économie nationale. Cette exploitation occasionnera une rentrée
de devise pour l'Etat à travers la part qu'il détient dans le
projet et les prélèvements de taxes et impôts. Toutefois il
faut préciser que cela a été occasionné par la mise
en place d'un cadre règlementaire et légal favorable au
développement du secteur minier.
2.1.1.1.Le cadre légal du secteur minier en
Côte d'Ivoire
Au lendemain des indépendances, un code minier a
été mis en place pour réglementer le secteur minier en
Côte d'Ivoire. Ce code minier connaitra par ailleurs deux
réformes, d'abord en 1995 puis en 2014 pour diverses raisons.
a. Adoption d'un code minier en phase avec la conjoncture
économique en 1955
L'autorité coloniale avait basé l'exploitation
de la colonie ivoirienne sur l'exploitation des ressources naturelles avec
l'introduction de cultures de rente comme le café et le cacao.
Après les indépendances, le système économique
adopté, comme dans la continuité de celui de la période
coloniale, donnait une place en or au développement de ces cultures de
rentes. Les ressources générées par ces activités
agricoles ont permis de financer le développement du pays.
47
Cependant ces ressources ne permettront pas au pays
d'être épargné par la crise économique des
années 1980. Pour y faire face, les autorités du pays sous
l'impulsion des bailleurs de fonds s'engageront dans une dynamique de
libéralisation des secteurs d'activités. Dans le domaine minier,
cela se traduira par une réforme du code minier en vue de stimuler
l'investissement étranger dans le pays.
La loi n° 95-553 du 17 Juillet 1995 portant code minier,
sera adoptée en 1995 dans le dessein de rendre le secteur de
l'extraction minière plus attractif en Côte d'Ivoire pour les
investisseurs étrangers. Elle innove d'une part en intégrant un
chapitre de définition en vue de lever l'équivoque sur certaines
notions liées à l'industrie minière. D'autre part, elle
accorde des avantages fiscaux aux investisseurs à travers
l'exonération. En effet, à l'importation, les matériels,
matériaux, machines et équipements destinés aux
activités de recherche dont l'importation est nécessaire à
la réalisation du programme agréé sont
exonérés de tous droits et taxes, y compris la taxe sur la valeur
ajoutée.
Sur un autre plan, vu que l'activité minière se
pratique généralement sur des terres qui préalablement
étaient la propriété des populations, le nouveau code
minier a intégré un nombre d'article visant à
réglementer les rapports entre exploitants et propriétaires
terriens. Ces articles au nombre de quatre stipulent d'abord que les
activités de prospection ou d'exploitation sur un site donne droit
à une indemnisation au profit de l'occupant légitime ou du
propriétaire selon le type d'espace et la réglementation en
vigueur.
Ce qu'il convient de dire est que cette réforme du code
minier a attiré une multitude de compagnie minières
transnationales vers le pays et dynamiser le secteur de l'industrie
minière. Avec la demande croissante mondiale en ressources
minérales dans le début des années 2000, les
sociétés minières vont accroitre leurs activités
dans plusieurs endroits de la planète. Cela ne sera pas sans incidence
sur le milieu physique et sur les populations riveraines des projets miniers.
Ainsi, l'intégration du développement durable dans le domaine
minier sera une approche adoptée non seulement par les Etats mais aussi
par les sociétés minières.
b. Un code minier pour une industrie minière durable
Les effets négatifs issus de l'exploitation des
ressources minières ont par endroit été le moteur de
plusieurs contestations sociales qui ont souvent abouti à la fermeture
des sites minier.
Ainsi pour garantir une exploitation des ressources naturelles
bénéfique aux exploitants, à l'Etat et aux populations
riveraines ; l'Etat de Côte d'Ivoire va initier une réforme de son
code
48
minier. La loi N° 2014-138 du 24 Mars 2014 portant code
minier sera ainsi adoptée en 2014. Il intègre un certain nombre
de principe internationaux imposables aux exploitants miniers garantissant la
prise en compte des questions environnementales et social dans le secteur de
l'industrie extractive. Au nombre de ses principes l'on peut citer :
- L'initiative pour la transparence dans l'industrie
extractive (ITIE) qui est une norme internationale fixée par un
collège composé de gouvernements, d'entreprises, de la
société civile, d'investisseurs et d'organisations internationale
dans le but d'améliorer la transparence et la redevabilité dans
le secteur de l'industrie extractive.
- Le principe de l'équateur qui est le
référentiel de principe du secteur financier permettant de
s'assurer que les projets à financer sont réalisés de
manière socialement responsable et respectueuse de l'environnement.
- Le processus de Kimberley qui est une
initiative commune regroupant des gouvernements, l'industrie du diamant et des
entités de la société civile qui s'engagent à
suivre les conditions de contrôle de production et du commerce des
diamants bruts régies par le système de certification du
processus de Kimberley.
En outre, le nouveau code minier ivoirien innove sur le plan
du développement communautaire avec d'une part la mise en place d'un
cadre de gestion de cette question avec les populations et les autorités
locales et d'autre part, la constitution d'un fonds dédié
à la réalisation de projets communautaires alimenté par
0,5 % du chiffre d'affaire de l'exploitation. Sur le plan environnemental, il
impose la réalisation d'EIES et l'ouverture d'un compte séquestre
recevant l'ensemble des sommes nécessaires à la
réhabilitation et à la fermeture de la mine.
2.1.1.2.Le cadre institutionnel du secteur minier en
Côte d'Ivoire
Le secteur minier en Côte d'Ivoire est
géré par une pluralité de structure. Ce sont le conseil
des ministres, le ministère des mines et de la géologie ainsi que
son cabinet, la commission interministérielle des mines (CIM), la
direction générale des mines et de la géologie et enfin la
Société pour le développement minier de la Cote d'Ivoire
(SODEMI).
a. Le conseil des ministres
C'est l'instance suprême qui a le pouvoir de
décision sur toute l'activité minière sur le territoire
national. Il statue sur tout sujet minier d'intérêt national et a
notamment, sur
49
recommandation du Ministre en charge des Mines,
autorité pour accorder ou retirer des titres miniers, et autres
autorisations minières. Les décisions prises par cette instance
sont entérinées par un décret présidentiel.
b. Le ministère des mines et son cabinet
Le Ministre en charge des mines et son cabinet forment le
premier interlocuteur officiel des opérateurs miniers. Il conçoit
et coordonne la mise en place de la politique nationale en matière de
mines. Il a un droit de regard sur toutes les activités minières
sur le territoire national. Il soumet notamment, après avis technique de
la Commission Interministérielle des Mines (CIM), les demandes
d'attribution de titres miniers à l'attention du Conseil des
Ministres.
c. La commission interministérielle des mines
Cette commission joue un rôle de conseiller
auprès du gouvernement en matière de mines. Composée de
représentants de divers ministères et organismes publics, elle se
réunit à chaque fois que cela s'avère nécessaire
sur convocation du Directeur Général des Mines et de la
Géologie, secrétaire de la commission. Elle statue sur des sujets
variés comprenant les demandes d'attribution de titres miniers, les
demandes d'agrément à l'exonération sur les taxes à
l'importation des matériels et équipements miniers, les projets
miniers d'envergure, les propositions de modification de la législation
minière, etc.
d. La direction générale des mines et de
géologie
C'est l'organe administratif du Ministère en charge
des Mines qui est responsable de la gestion courante et de l'application de la
politique nationale en matière de mines. La DGMG s'occupe, entre autres,
de l'instruction des dossiers de demandes d'autorisations diverses et de titres
miniers, du contrôle et du suivi des activités d'exploration et
d'exploitation minières sur l'étendue du territoire national.
Elle est aussi chargée, entre autres, de l'élaboration et la mise
à jour progressive de la cartographie géologique du pays.
e. La SODEMI
Entreprise publique, placée sous la tutelle du
Ministère en charge des Mines, la SODEMI a été
créée depuis 1964, et elle a pour mission, entre autres, de
procéder à l'identification et à la mise en valeur du
potentiel minier national à travers l'acquisition de titres
50
miniers, la signature d'accords de partenariat avec des
sociétés minières crédibles, la prise de
participations dans les projets miniers majeurs du pays, etc.
Des cadres réglementaires et institutionnels ont donc
été mis en place afin de permettre à l'Etat ivoirien de
développer le secteur minier du pays ainsi que de tirer des devises des
exploitations minières en général, et de la mine d'or de
Sissingué en particulier.
2.1.2. Les enjeux locaux liés à
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué
Dans une zone connaissant une situation de
sous-équipement et un taux élevé du chômage, de
nombreux espoirs sont fondés sur l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué.
2.1.2.1.Création d'emploi pour les populations
locales
En l'absence de statistiques sur la zone, la population de la
sous-préfecture de Kanakono en particulier et celle du
département de Tengrela en général connaitrait un fort
taux de chômage ; situation accentuée par la crise militaire
traversée par le pays en 2002. Dans un tel contexte, une exploitation
minière moderne comme celle de Sissingué pourrait permettre
à une frange partie des jeunes de trouver un emploi, qu'il soit
occasionnel ou permanent. Selon l'EIES, la mine pourrait créer
près de 283 emplois directs pour les nationaux. Toutefois l'importance
de l'employabilité de la mine au profit des populations locales sera
fonction en grande partie du niveau académique ou des compétences
des individus.
2.1.2.2.Dotation en équipement
La réussite d'un projet minier est fortement
liée à son adoption par les populations locales. Depuis les
années 1990, plusieurs populations riveraines des projets miniers se
sont opposés au déroulement des travaux d'exploitation (GNAMIEN,
2015). Ainsi pour gagner le coeur des communautés locales, les
exploitants miniers s'adonnent par moment à la réalisation de
projets communautaires et d'équipements sociaux. Ces actions sont
soutenues par les mesures de développement durable imposés par
les codes miniers de certains pays comme la Cote d'Ivoire afin de faire
bénéficier les populations riveraines des projets miniers de
l'exploitation de leurs terres. Ainsi, Perseus Mining pourrait appuyer
considérablement les autorités administratives de la
sous-préfecture de Kanakono dans la réalisation
d'équipement et infrastructures.
51
2.1.2.3.Optimisation de la situation
économique
Le fonctionnement de cette unité industrielle
occasionnera éventuellement un afflux massif de population dans le
département de Tengrela. Mais pour être proche de la zone
d'exploitation elles pourraient loger dans les localités de la
sous-préfecture de Kanakono. Cela représentera donc une aubaine
pour les populations locales qui pourraient faire de bons profits dans les
domaines immobiliers et commerciaux.
2.2.Etapes de la mise en exploitation de la mine d'or
de Sissingué
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué est d'une
importance capitale pour l'économie du pays et pour les populations
locales. Mais la phase d'exploitation fut précédée par
plusieurs étapes visant à acquérir le site d'exploitation,
initialement propriété des populations locales.
2.2.1. Historique de la mine d'or de Sissingué
Le site minier de Sissingué à fait objet
d'intérêt depuis les années 1990. Entre 1998 et 1999 la
compagnie Randgold Resources a effectué les premières recherches
exploratoires. Dans le début des années 2000 Occidental Gold va
lancer un programme de cartographie et d'échantillonnage du sol, des
roches et des puits dans le dessein de circonscrire un certain nombre
d'anomalie. Cependant ces activités exploratoires connaitront un coup
d'arrêt à partir de 2003 suite aux troubles sociaux que le pays a
connu à cette période. C'est en 2004 que la compagnie Perseus
Mining s'intéressera au projet. Depuis, elle a mené une
série d'actions visant à cibler les anomalies significatives. La
zone du Projet était constituée par deux permis d'exploration
contigus, PR145 et PR146 couvrant une superficie totale de 876 km2.
2.2.2. Acquisition du site d'exploitation
La mise en place de la mine d'or de Sissingué a
entrainé une expropriation des certaines populations de leurs espaces
qui sont de plusieurs types. Cependant cela s'est fait en accord avec le code
minier du pays. En effet, il stipule en son article 127, conformément
à certaines exigences des bailleurs de fonds internationaux tel que la
SFI, que l'occupation de tout espace ayant fait objet de prospection, de
recherche ou d'exploitation de substance minérales ou aux industries qui
s'y rattachent donne droit à une juste indemnité au profit de son
occupant ou de son occupant légitime selon des modalités prises
par décret.
52
2.2.2.1.Typologie du périmètre minier
L'espace abritant la mine et ses installations couvre environ
44 600 ha. Il était constitué de surfaces agricoles, de
jachère, de savane arbustive, de savane arborée et de quelques
hameaux. Toutefois cet espace est dominé par la savane arbustive. Les
surfaces agricoles estimées à environ 4 895,18 ha, soit 10,98% de
la surface totale était occupées à 45,15%, soit 1963,15 ha
de cultures vivrières. L'anacarde lui occupait une surface
estimée à 1504,58 ha soit 30,77% de la surface totale. Enfin l'on
y retrouvait également des cultures céréalières
comme le maïs qui occupait 16,45% des surfaces cultivées et aussi
le coton qui occupait 527,02 ha. Et les propriétaires de ces
différentes exploitations agricoles, au nombre de 778 au total, sont
originaires dans leurs majorités de Kanakono (42,54%), Papara (13,88%)
et Sissingué (13,11%).
2.2.2.2.La question de l'indemnisation
a. Les modalités de l'indemnisation
Les normes de l'indemnisation des populations
expropriées de leurs terres pour l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué ont été fonction du type d'espace.
a.1. Les espaces culturaux
Avant 2014, les modalités d'indemnisation des espaces
culturaux en Côte d'Ivoire étaient fixées par
l'arrêté N° 028 du 12 mars 1996 portant fixation de barème
d'indemnisation des cultures détruites. L'indemnisation ou le
dédommagement (D) se faisait selon la formule suivante :
D = R x (1+i) n / i (1+i) n - R / i (1+i) n +
P x S.
i: Le taux d'intérêt
appliqué par le trésor public. Ce taux est de 3,5%, en Côte
d'Ivoire
n : Le nombre d'année d'occupation
R : Le revenu annuel de la parcelle P
: La valeur d'un hectare de terre
S : Superficie de l'exploitation.
53
L'arrêté interministériel n° 247/ MINAGRI/
MPMEF/MPMB du 17 juin 2014 portant fixation de barème d'indemnisation
des cultures détruites viendra par la suite abroger le
précédant. L'indemnisation devient ainsi dépendante des
formules suivantes
:
? Cultures annuelles : M = (1+pi) x S x R x P
Avec,
M : montant de l'indemnisation (FCFA) ;
pi : coefficient de majoration de 10% correspondant à
un montant forfaitaires du préjudice moral (FCFA) ;
S : superficie détruite (ha) ;
R : rendement moyen (Kg/ha) ;
P : prix bord champ (FCFA) en vigueur au
montant de destruction.
Pour ce qui concerne les cultures pérennes, la
maturité devient un critère dans la fixation du montant
d'indemnisation. En effet, pour :
· Les plantations immatures : M = S x [(1+pi) +
(Cm+ Cec)]. Avec,
M : montant de l'indemnisation (FCFA) ;
pi : coefficient de majoration de 10%
correspondant à un montant forfaitaire du préjudice moral (FCFA)
;
S : superficie détruite (ha) ;
Cm : coût de mise en place de l'hectare
(FCFA) ;
Cec : coût d'entretien calculé
à l'hectare jusqu'à l'année de destruction (FCFA),
· Les plantations matures : M = S x [(Cm + CE) + (P
x Rn)]. Avec,
M : montant de l'indemnisation (FCFA) ;
S : superficie détruite (ha) ;
Ce : coût d'entretien cumulé
jusqu'à l'entrée en production d'une parcelle de
même type
P : prix bord champ (FCFA) en vigueur au
montant de destruction,
Cm : coût de mise en place de l'hectare
(FCFA) ;
Rn : rendement à l'année de
destruction (Kg/ha).
54
En outre, cet arrêté inclus en annexe des
données de base des calculs du barème d'indemnisation pour
certaines cultures, à savoir les coûts de mise en place (cm) et
d'entretien (ce) ainsi que les rendements moyens (R) exprimés en (kg/ha)
selon l'année de production. Le tableau ci-dessous présente les
données de certaines de ces cultures pour la première
année d'exploitation.
Tableau 2: Données de base de calcul
du barème d'indemnisation de certaines cultures pour la première
année d'exploitation
Cultures
|
Coton
|
Anacarde
|
Mangue
|
Cout de mise en place (Cm en FCFA)
|
130 000
|
239 000
|
289 000
|
Cout d'entretien (Ce en FCFA)
|
114 000
|
50 000
|
50 000
|
Rendement moyen (R en Kg/ha)
|
1 500
|
0
|
0
|
|
Source : Arrêté interministériel n° 247/
MINAGRI/ MPMEF/ MPMB du 17 juin 2014 portant fixation de barème
d'indemnisation des cultures détruites
L'emprise au sol des différents ouvrages de la mine
est d'environ 560,48ha, y compris les périmètres de
sécurité. Vu les incidences négatives auxquelles sont
sujettes les exploitations agricoles de la zone du projet, une indemnisation
à a été faite au profit des propriétaires de
celleci en conformité avec l'arrêté interministériel
n° 28 MINAGRA/MEF du 12 Mars 1996. Le montant dont a
bénéficié chaque acteur a été calculé
selon la formule suivante :
D= (10 X R) + (PXS)
Avec R=revenu annuel de la parcelle,
P= prix moyen d'acquisition ou d'usufruit d'un hectare et
S= superficie en hectare.
a.2. Les habitations
En plus des espaces culturaux, plusieurs lieux d'habitation
ont été rasés au profit de la mise en place de la mine
d'or de Sissingué. Ce sont des campements qui abritaient quelques
exploitants des surfaces culturales originaires essentiellement de la
localité de Kanakono. Ceuxci y avaient installé ces habitations
dans le dessein de se rapprocher de leurs différentes
55
plantations. Tout comme cela a été le cas pour
les plantations, la destruction de ces lieux d'habitation a donné suite
à une indemnisation. Cette indemnisation a consisté à la
construction de nouveaux logements au profit des personnes dont les hameaux ont
été détruits, dans leurs localités d'origine. Vu
qu'ils étaient tous originaires de Kanakono, c'est là-bas qu'ont
été construits les 15 logements (photo 1) pour dédommager
5 individus au total.
Photo 1:Maisons construites à Kanakono
par PMCI en guise d'indemnisation Crédit photo : Sorho D, Janvier
2019
b. L'indemnisation : sujet de tension
L'indemnisation des populations
dépossédées de leurs terres à Sissingué a
été sujette de tension pour des raisons d'ambigüité
sur l'appartenance des terres. En effet, en pays Senoufo, c'est le chef de
terre qui est garant de la gestion des terres. Il a pouvoir d'attribution.
Ainsi il aurait prêté certaines terres au chef du village pour
exploitation. La difficulté résidait alors dans le fait de savoir
qui devait jouir de l'indemnité. Des délégations de la
sous-préfecture de Kanakono, du ministère des mines et de la
géologie ainsi une équipe interministérielle
(ministère des mines et de la géologie, ministère de
l'agriculture, ministère intérieur et de la
sécurité) se sont précédées dans le dessein
de trouver une issue favorable à ce conflit. Et c'est la dernière
mission qui a réussi à régler la situation en
départageant les parties antagonistes en exploitant et exploitant
légitime.
56
2.3.Caractéristiques de la mine d'or de
Sissingué
La mine d'or de Sissingué est une excavation
conventionnelle de puits à ciel ouvert avec rejet de stérile hors
du puits. Le puits est accessible via une route de transport de 20
mètres de large, inclinée à 10 % et à deux voies.
La technique utilisée pour le traitement des minerais est la lixiviation
en tas. C'est une technique qui consiste à extraire la matière
minérale par des voies chimiques, notamment avec utilisation du cyanure
qui permet d'extraire des minerais de faible teneur et de
récupérer l'or à 90%. Le sable contenant le minerai est
acheminé par des camions (photo 2) vers un espace aménagé
pour son traitement. Là, l'on procède à son broyage et
à son mélange avec du ciment. Ensuite la matière obtenue
est bouletée puis transportée vers l'espace prévu pour la
réaction avec le cyanure afin d'extraire l'or.
Photo 2:Transport du sol contenant le minerai
vers l'espace de bouletage Crédit photo : PMCI, 2019
La mine d'or de Sissingué est d'une importance
capitale pour l'économie nationale car elle vient augmenter le nombre
des exploitations minières du pays et par la même occasion
accroitre la part du secteur minier dans l'économie du pays. Par
ailleurs sur un plan local, elle suscite beaucoup d'espoir pour les populations
de la sous-préfecture de Kanakono quant à l'amélioration
du niveau d'équipement de cette zone, à la réduction du
chômage et à l'optimisation de l'économie locale. Sa phase
d'exploitation fut précédée par une acquisition du
périmètre minier initialement propriété des
populations locales. Cette opération a donné lieu à une
indemnisation au profit des propriétaires des plantations et des maisons
qui se trouvaient sur le domaine d'exploitation. Aujourd'hui cet espace abrite
une exploitation minière à ciel ouvert utilisant des techniques
et un équipement moderne
57
Conclusion
La sous-préfecture de Kanakono est passée de
zone essentiellement agricole a aujourd'hui zone vivant au rythme de
l'activité d'orpaillage. Cette situation a occasionné une
cherté de la vie faisant de cette zone, l'une des plus pauvres du pays.
Parallèlement à cela, elle fait face à une insuffisance
d'équipements sociaux de base (écoles, centre de santé) et
à un délabrement de sa voirie qui freine le développement
du transport.
Mais avec la volonté des politiques de faire du
secteur extractif le second pilier de l'économie ivoirienne et toutes
les mesures d'accompagnement, la sous-préfecture de Kanakono abrite la
seconde mine d'or du Nord de la Cote d'Ivoire qui est exploitée par la
transnationale australienne Perseus mining. Celle-ci est au centre de nombreux
enjeux déjà sur le plan national pour la dynamisation du secteur
minier et par extension pour le développement économique du pays.
Par ailleurs, les populations locales fondent de nombreux espoirs sur la mine
d'or de Sissingué quant à l'amélioration de leurs
conditions de vie et de leur niveau de développement.
La mise en exploitation de cette mine a entrainé la
réquisition d'espaces comprenant des surfaces culturales et des
habitations par Perseus mining. En accord avec le code minier, cela a
donné suite à une indemnisation au profit des occupants et des
occupants légitimes desdits espaces.
Vu tout cela, il convient de dire que l'exploitation de la
mine d'or de Sissingué pourrait avoir de bonnes retombées
positives pour l'Etat et pour les populations locales.
58
PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION AURIFERE DE
SISSINGUE SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
Les exploitations minières participent
indéniablement au développement économique de la Cote
d'Ivoire. Pour preuve, ce secteur a nourri les caisses de l'Etat avec un
montant de 290 milliards de FCFA en 2015. Parallèlement à cela,
les activités d'extraction minière ne sont pas sans incidences
pour les populations des régions abritant ces exploitations
minières.
Aujourd'hui, plusieurs mesures sont prises par les
autorités gouvernementales et les exploitants miniers pour contenir ces
incidences de sorte à rendre l'industrie extractive
bénéfique à chacune des parties prenantes. L'atteinte de
cet objectif repose sur la manière dont est planifié le
développement local minier et des attentes des parties prenantes des
programmes de développement durables. Ceux-ci mettent un accent
particulier sur les questions sociales, environnementales et
économiques. Dans ce contexte, cette seconde partie de l'étude
qui se veut de mettre en exergue la contribution de la mine d'or se
Sissingué au développement de la sous-préfecture de
Kanakono, abordera d'une part la question relative aux incidences spatiales et
d'autre part celle des incidences socioéconomiques de cette exploitation
minière.
59
CHAPITRE 3 : IMPACT SPATIAL DE LA MINE D'OR DE
SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
Comme l'a montré la littérature
consultée dans l'élaboration cette étude, les
exploitations minière ont une incidence mitigée sur les
populations locales. Dans la sous-préfecture de Kanakono qui fait face
à de nombreux maux comme l'insuffisance des équipements,
plusieurs attentes ont été fondées sur l'ouverture de
cette exploitation minière. Aujourd'hui il reste à savoir comment
cette mine qui est officiellement entré en production depuis
Février 2018 influence la vie des populations locales.
3.1. La mise en place du CDLM et son corollaire
Les réformes entreprises par l'Etat dans le cadre
règlementaire du secteur minier donnent une place importante au
développement local. Elles visent en partie à faire
bénéficier les populations des localités abritant des
exploitations minières des retombées de ces exploitations.
Sur le plan infrastructurel, comment la politique de
participation de la mine d'or de Sissingué au développement de la
sous-préfecture de Kanakono est-elle planifiée ?
3.1.1. La mise en place du CDLM
Le nouveau code minier de la République de Côte
d'Ivoire adopté le 24 Mars 2014 stipule dans son article 124,
alinéa 1 que tout titulaire d'un permis d'exploitation minière
doit mettre en place un plan de développement communautaire en
concertation avec les communautés riveraines et les autorités
administratives territoriales et locales avec des objectifs précis et un
plan d'investissement. Ainsi, suite à la mise en exploitation de la mine
d'or de Sissingué, un arrêté interministériel
impliquant le ministère de l'industrie et des mines et le
ministère de l'extérieur et de la sécurité a
ordonné la création du comité de développement
local minier de la mine d'or de Sissingué.
3.1.1.1. Les missions
Le CDLM de Sissingué a pour mission de gérer le
plan de développement local minier. Ce plan est destiné aux
populations des localités identifiées comme impactées par
les travaux d'exploitation de la mine d'or de Sissingué selon l'EIES.
Ces villages sont au nombre de 12 dans le département de Tengrela. Mais
seulement 3 de ces localités sont dans la sous-préfecture
60
de Kanakono. Ce sont Kanakono, Sissingué et Zanikan. La
mise en place de ce comité vise le développement des
infrastructures et équipement de base dans les domaines de la
santé, des affaires sociales, de l'éducation, de l'adduction en
eau potable, de l'énergie et de la télécommunication, de
l'assainissement, de la salubrité et les pistes rurales reliant les
villages. En outre, ses actions concernent le développement des services
sociaux de base et du cadre de vie, la promotion de l'emploi, le
développement de l'économie locale et le développement du
capital humain. Ainsi, le CDLM est chargé de la mise en oeuvre et du
suivi des projets, d'assurer la gestion du fonds de développement local
minier et de l'exécution et du suivi des dépenses. Il
bénéficie de l'assistance technique et du renforcement des
capacités par Perseus mining.
3.1.1.2. Les membres
Tableau 3: Les membres du CDLM
Membres du comité
|
Issus de l'administration
|
Issus de la population
|
Issus de la société exploitant la
mine
|
- Préfet du département
|
- Les présidents de jeune des
|
- Un représentant de
|
de Tengrela (président)
|
12 localités impactées
|
Perseus Mining
|
- Président du conseil
|
|
(Trésorier)
|
régional de la Bagoué
|
- Les présidentes de femme
|
|
(Vice-président)
|
des 12 localités impactées
|
|
- Le directeur
départemental des
|
- Les chefs des villages
|
|
mines de Tengrela
|
impactés
|
|
(Secrétaire)
|
|
|
- Le sous-préfet de
|
|
|
Tengrela
|
|
|
- Le sous-préfet de
|
|
|
Kanakono
|
|
|
- Le député de Tengrela
|
|
|
- Le maire de Tengrela
|
|
|
- Le maire de Kanakono
|
|
|
|
Source : Enquête, 2019
Le CDLM de Sissingué est constitué de
personnalités issues de chacune des parties prenantes. L'on y retrouve
des autorités administratives, des leaders communautaires issus des
villages impactés par les travaux d'exploitation minière et des
personnes issues de Perseus Mining. C'est un cadre d'échange qui permet
aux populations d'émettre leurs doléances qui seront par la suite
examinées par le bureau exécutif du comité » en vue
d'étudier la faisabilité.
61
3.1.2. Les réalisations du CDLM
Plusieurs localités du département de Tengrela
ont déjà vu le démarrage de certains travaux de
construction d'équipements communautaires par le CDLM. Dans la
sous-préfecture de Kanakono, seules deux localités sur les trois
appartenant au comité ont vu leurs travaux démarrer. Ce sont
Zanikan et Sissingué.
3.1.2.1. Au niveau éducatif
A Zanikan les populations ont émis plusieurs besoins
au comité mais priorité a été accordée
à la construction d'un bâtiment scolaire avec des logements de
maître (photo 3). En effet, l'école primaire de ce village de 502
âmes ne comporte que trois classes à savoir le CP1, le CP2 et le
CE1. En outre ces classes peinent à garder leurs tenants car trouver un
logement n'y est pas chose aisée.
Photo 3:Batiment de trois classes en
construction à Zanikan par le CDLM Crédit photo : Sorho D,
Janvier 2019
En outre, plusieurs parents déscolarisent leurs
enfants après la classe de CE1 car ils trouvent trop dangereux le fait
que des enfants avec un âge oscillant entre six (6) et dix (10) ans
parcourent de grandes distances pour suivre les cours. De ce fait, l'on
pourrait dire que l'agrandissement de la capacité d'accueil de
l'école primaire de Zanikan pourrait permettre d'améliorer le
niveau d'alphabétisation dans cette localité de façon
particulière et dans la sous-préfecture de Kanakono de
façon générale.
62
Il faut dire que sur le plan éducatif, le CDLM a
à son actif actuellement dans la sous-préfecture de Kanakono
qu'un bâtiment de trois (3) classes et des logements de maître
(carte 6).
Carte 8:Equipements scolaires issus de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos
enquêtes, 2019
3.1.2.2. Au niveau sanitaire
A Sissingué, compte tenu de la recrudescence des
décès dans le village dû au manque d'infrastructures
sanitaire de proximité, les populations ont plaidé pour la
construction d'un
63
centre de santé dans le village. En outre, les
populations de cette localité craignent une insécurité
routière et un développement des maladies respiratoires
lié à l'augmentation de la poussière dans
l'atmosphère qui peut résulter de l'exploitation et de
l'intensification du trafic. De ce fait, elles trouvent primordial d'avoir un
centre de santé pour la prise en charge des éventuels malades.
Suite au premier versement de 106 Millions de FCFA de PMCI dans la caisse du
CDLM, les populations du village de Sissingué ont pu voir les travaux de
construction du centre de santé débuter (photo 4).
Photo 4:Le centre de santé de
Sissingué en construction grâce au CDLM Crédit photo :
Sorho D, Janvier 2019
Quant à la localité de Kanakono, elle dispose
déjà d'un établissement sanitaire urbain. Mais, celui-ci
est dépourvu de laboratoire d'analyse sanguine. De ce fait, les
populations ont plaidé auprès du CDLM pour la construction d'un
laboratoire pour ne pas toujours avoir à se rendre à Tengrela
pour des consultations approfondies. Avec le mauvais état de la voirie
de la sous-préfecture, plusieurs malades auraient perdu la vie dans
cette localité. Cependant, les fonds du comité n'étant pas
suffisant pour le démarrage de tous les travaux à la fois,
priorité a été accordée aux localités
rurales où il y'avait urgence. C'est ce qui explique la non entame des
travaux de construction du laboratoire. Il faut dire qu'en dehors de ces
travaux, plusieurs autres doléances ont été faites par les
chefs des différentes localités. Mais les demandes sont
traitées par l'ordre d'importance établi par les populations
elles-mêmes. Toutefois, il faut souligner que les demandes des
populations de la sous-préfecture de Kanakono sont majoritairement
liées à la santé, l'éducation, l'adduction en eau
potable, la dotation en électricité et la voirie.
64
Carte 9: Equipements sanitaires issus de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos
enquêtes, Janvier 2019
3.2. Les autres types de réalisation
Parallèlement aux actions communautaires menées
par le CDLM de Sissingué grâce à l'exploitation de la mine
d'or de Sissingué, il faut souligner que plusieurs réalisations
ont été faites par PMCI au profit des populations de la
sous-préfecture de Kanakono. Avant la mise en place du CDLM, plusieurs
doléances avaient été faites par les populations du
village de Sissingué à la structure exploitante. Elles avaient
plaidé pour la réalisation d'un château d'eau enfin d'avoir
accès à une eau de consommation potable. Dans le but de
conquérir le coeur de la population locale, une suite favorable a
été trouvée à cette doléance. Le village est
doté d'un château d'eau de capacité 45 m3 (photo 5) depuis
2016 pour le grand plaisir des populations
65
d'une part qui jusque-là n'utilisaient que des puits
pour s'approvisionner en eau. D'autre part, cela enlève une épine
aux pieds des autorités municipales qui voyaient l'importance de la mise
en place de cet équipement mais qui étaient fauché dans
leur volonté par l'insuffisance de leur budget.
Photo 5:Le château d'eau de
Sissingué construit par Perseus Mining Crédit photo : Sorho
D, Janvier 2019
En outre, dans le passé, la jeunesse du village de
Sissingué ne disposait pas d'endroit pour se réunir et discuter
chaque fois que cela était nécessaire. Ce qui ne lui permettait
pas d'être dynamique et était ainsi un frein à
l'instauration d'un climat de cohésion social à Sissingué.
Dans l'optique d'y remédier, une doléance a été
faite à Perseus Mining pour la construction d'un foyer des jeunes. En
octobre 2018, les jeunes du village ont vu leur voeu se réaliser avec la
remise officielle des clés du bâtiment devant faire office de
foyer des jeunes (photo 6).
Photo 6:Le foyer des jeunes de Sissingué
construit par PMCI Crédit photo : Sorho D, Janvier 2019
66
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a aussi
permis le reprofilage d'un axe routier reliant Tengrela à
Sissingué et Kanakono permettant ainsi une meilleure mobilité du
personnel et des populations locales.
Carte 10:Autres types d'équipements
issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué Source : Nos
enquêtes, Janvier 2019
67
Il faut retenir que l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué a occasionné la mise en place d'un comité local
de développement alimenté financièrement par PMCI et par
le biais duquel la sous-préfecture de Kanakono bénéficie
de la réalisation de plusieurs équipements communautaires.
Parallèlement à cela PMCI a délibérément
investi directement dans la construction de plusieurs autres équipements
dans la zone. L'on note ainsi la réalisation d'école et logement
de maître à Zanikan et la réalisation d'un château
d'eau, d'un dispensaire et un foyer des jeunes à Sissingué. Par
ailleurs certaines localités comme Kanakono devraient voir le
début de la réalisation de certains équipements en leurs
seins avant la fin de l'année 2019. Il est ainsi indéniable que
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué a permis et permettra
à la sous-préfecture de Kanakono de se doter en
infrastructures.
68
CHAPITRE 4 : LES INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA
MINE D'OR DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
L'apport de la mine d'or de Sissingué au
développement de la sous-préfecture de Kanakono se mesure dans
cette étude par les équipements et infrastructures
générées et par les incidences pouvant concourir au
mieux-être social. Dans le chapitre précèdent il a
été démontré qu'elle a occasionné la mise en
place de plusieurs infrastructures dans la sous-préfecture de Kanakono.
Qu'en est-il cependant des incidences socio-économiques de cette
exploitation minière ?
4.1. Une mine d'or pour réduire le
chômage ?
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a fait
naitre de l'espoir chez plusieurs habitants de la sous-préfecture de
Kanakono qui sombrent dans le manque d'emploi. Ils y voient un vecteur de
création d'emploi très important, ceux-ci étant directs ou
indirects.
4.1.1. Les emplois directs générés
par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de
Kanakono
La mine d'or de Sissingué a créé de
nombreux emplois directs dans la sous-préfecture de Kanakono. En effet
l'exploitation de cette mine a été précédée
de la construction d'une industrie. Pour cela un recrutement dans lequel
priorité avait été donnée aux jeunes du
département de Tengrela a été lancé. Cela a permis
de créer plus de 300 emplois directs occasionnels pour les jeunes du
département de Tengrela. Pour ce qui est de la sous-préfecture de
Kanakono, il faut dire que près de 200 jeunes ont pu obtenir un emploi
pour une période de 24 mois.
Pendant la phase de l'exploitation, un autre recrutement a
été lancé pour recruter le personnel de l'exploitation.
Comme ce fut le cas lors du premier recrutement, la priorité a
été accordée aux jeunes du département de Tengrela
mais en tenant compte des aptitudes professionnelles. Cela a permis à
environ 126 jeunes de la sous-préfecture de Kanakono d'obtenir un
travail à la mine.
69
Carte 11:Répartition des employés
de la mine d'or de Sissingué originaire de la sous-préfecture de
Kanakono
Source : Nos enquêtes, Janvier 2019
Les localités de Sissingué et de Kanakono sont
celles qui ont le plus fort taux d'employés à la mine d'or de
Sissingué, loin devant les autres (carte 11). Cela trouverait son
explication dans le fait que d'une part à Sissingué, il a
été créé un comité de recrutement. Celui-ci
enregistre les demandes d'emploi de plusieurs personnes d'origines diverses
puis transmet ces dernières aux autorités de la mine. Ainsi, la
mine emploie plusieurs personnes supposées être originaires de
Sissingué. Ce qui n'est pas vrai dans la plupart des cas. D'autre part,
malgré le taux d'alphabétisation faible en général,
Kanakono qui est une localité urbaine abrite beaucoup plus de personnes
alphabètes que les autres localités selon le leader du groupement
de la jeunesse communale.
70
Toutefois, il faut souligner que la proportion des
employés de la mine originaires du département de Kanakono reste
largement inférieure à celle des autres nationaux. En effet 22%
des employés de la mine d'or de Sissingué sont originaires de la
sous-préfecture de Kanakono. Et cela représente environ 24% des
employés nationaux.
Autres nationaux
69%
Originaires de la
sous- préfecture de Kanakono
22%
Expatriés
9%
Figure 5:Repartition des employés de la
mine d'or de Sissingué selon l'origine Source : Nos enquêtes,
Janvier 2019
La dominance des employés ivoiriens non originaires de
la sous-préfecture de Kanakono (69 % de l'effectif total) se
justifierait par le fort taux d'analphabète dans la
sous-préfecture de Kanakono. Quant aux expatriés qui
représentent 9% des employés, leur présence se justifie
par leurs compétences et leurs expériences acquises dans certains
pays voisins comme le Ghana. Ils occupent des postes de cadre mais jouent des
rôles de formateur en vue de permettre à certains nationaux de
prendre la relève dans les années à venir.
4.1.2. Les emplois indirects générés
par la mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de
Kanakono
En plus des emplois directs crées par l'exploitation
de la mine d'or de Sissingué, celle-ci a généré des
emplois indirects pour les populations de la sous-préfecture de
Kanakono. En effet, l'exploitation de cette mine a permis la mise en place d'un
comité de développement local minier qui actuellement oeuvre
à la réalisation de plusieurs équipements dans la
sous-préfecture de Kanakono comme le bâtiment scolaire et les
logements d'enseignants de Zanikan, le centre de santé de
Sissingué. La réalisation de ces travaux a été
confiée à des entreprises locales en vue de les promouvoir. Ces
dernières recrutent des jeunes des villages bénéficiaires
pour la réalisation des travaux. Ainsi avec le début de la
réalisation des deux équipements cités plus
71
haut, ce sont environ 26 jeunes qui ont obtenu des emplois
occasionnels pour le compte de Zanikan et Sissingué.
4.1.3. Les limites à une forte employabilité
de la mine
Les attentes des populations locales de l'exploitation
minière de Sissingué étaient nombreuses. Ils
étaient fondés entre autres sur l'emploi, le développement
des activités économiques locales. Mais aujourd'hui ces attentes
sont loin d'avoir été satisfaites. En effet, les populations se
plaignent du faible recrutement des jeunes de la sous-préfecture dans la
mine.
Quelles en sont les raisons ?
D'une part il faut savoir que le travail dans les
exploitations minières demande un certain niveau scolaire et une
certaine expertise. Il faut savoir à la rigueur lire et écrire.
Malheureusement la sous-préfecture de Kanakono est une zone qui compte
beaucoup plus d'analphabètes que de lettrés. Dans les faits, la
prise de conscience des populations des différents villages quant
à l'importance de l'école reste récente. Les populations
préféraient initier leurs progénitures dès le bas
âge au travail de la terre. Selon le RGPH de 2014, cette zone compte un
total de 8923 individus âgés de plus de 15 ans. Et seulement 1763
individus de cet effectif ont fréquenté des établissements
scolaires, soit une proportion de 19,8% contre 80,2% pour les
analphabètes qui correspond à 7160 individus (figure 6). Ainsi,
la volonté des exploitants miniers de recruter un maximum de
ressortissant de la zone d'exploitation se retrouve confrontée à
une carence de niveau scolaire de la population locale.
Alphabètes Analphabètes
80, 2 %
19, 8 %
Figure 6:Repartition de la population de la
sous-préfecture de Kanakono selon le niveau d'instruction Source :
INS, 2014
72
D'autre part, les groupements de jeune et de femme font montre
d'un manque d'organisation. En effet aucun groupement ne dispose de liste des
membres exhaustive avec leurs profils. Ce qui rend compliqué la
tâche de Perseus Mining qui n'a aucune donnée pour détecter
les personnes pouvant travailler à la mine. Malgré tout, Perseus
Mining s'attèle à pallier cette situation.
4.2. Perseus Mining et le développement
communautaire
Plusieurs actions sont entreprises par l'exploitant minier
pour permettre aux populations locales de sentir les effets de l'exploitation
de la mine d'or dans leur quotidien. Les conditions n'étant pas
réunies pour permettre aux populations locales de
bénéficier d'une plus grande insertion dans la mine, Perseus
Mining Cote d'Ivoire oeuvre à intensifier les effets indirects positifs
de l'exploitation minière.
Un projet de formation a été initié pour
permettre aux jeunes des localités susceptibles d'être
impactées par les travaux de la mine d'acquérir des connaissances
pouvant leurs permettre d'avoir un travail à la mine ou de s'installer
à leurs propres comptes. Pour la première tranche un groupe de
100 personnes pourront bénéficier de formation dans la conduite
d'engins d'exploitation, la soudure, la menuiserie etc. Mais il faut
préciser que les populations ne trouvent pas grand intérêt
à ces formations. Certains se trouvent déjà assez vieux
pour apprendre un métier quand d'autres refusent catégoriquement
de s'asseoir sur des bancs d'école.
En outre, un projet communautaire est en voie d'initiation au
profit des femmes de la sous-préfecture de Kanakono. En effet, elles
disent disposer des moyens physiques pour le développement du
maraichage. Cependant elles souhaiteraient bénéficier d'un
accompagnement technique et financier en vue d'une part d'optimiser leurs
rendements et d'autre part de protéger les cultures des cheptels de
mouton ou de boeuf. Par ailleurs, elles voudraient obtenir un
débouché sûr pour écouler leurs productions. C'est
pour répondre à ces souhaits que Perseus Mining s'est
attaché à former ces femmes dans la pratique du maraichage et
leur proposer d'acheter leurs cultures pour alimenter le restaurant de la mine
en produits vivriers.
Sur le plan socio-économique la mine d'or de
Sissingué permet aux populations locales de bénéficier
d'emplois directs à la mine et d'emplois indirects par le biais de la
construction des équipements communautaires financé par
l'exploitant. Cependant le faible niveau d'alphabétisation ne permet pas
aux populations locales de bénéficier d'une plus grande
73
insertion à la mine. De nombreux efforts sont par
ailleurs faits par Perseus Mining pour pallier cette situation en investissant
dans la formation des jeunes et des femmes du département de Tengrela en
général et de la sous-préfecture de Kanakono en
particulier.
74
Conclusion
L'exploitation de la mine d'or de Tengrela est à la
base de la création d'un comité de développement locale
minier dans le département de Tengrela dont la caisse est
alimentée par PMCI. Ce comité a entrepris, à la demande
des populations locales la construction de plusieurs équipements
communautaires dans les domaines éducatifs et sanitaires dans la
sous-préfecture de Kanakono. En marge de ce comité, PMCI a
financé la réalisation de plusieurs autres équipements
dans cette zone. La construction de tous ces ouvrages a créé des
emplois indirects pour les jeunes de la sous-préfecture de Kanakono. Par
ailleurs cette exploitation a permis à plusieurs jeunes de quitter le
rang des chômeurs en obtenant des emplois directs à la mine. Mais,
le manque d'organisation des groupements communautaires associé au
faible niveau d'alphabétisation empêche une plus grande
employabilité des populations locales à la mine. Par ailleurs des
formations dans le maraichage et plusieurs autres métiers sont
organisées au profit des jeunes et des femmes en guise de politique
palliative.
L'on peut dire pour finir que notre première
hypothèse spécifique stipulant que « L'exploitation de la
mine d'or de Sissingué permet d'améliorer le niveau
d'équipement de la sous-préfecture de Kanakono en services
sociaux de base » est confirmée.
75
PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR
LES POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A L'EXPLOITATION DE LA
MINE D'OR DE SISSINGUE
L'exploitation minière est un véritable levier
de développement pour les pays disposant d'un sous-sol riche. Elle a le
mérite de générer des revenus et des infrastructures pour
les populations locales. Mais les activités minières ayant pour
support l'environnement et se pratiquant parfois dans des conditions
extrêmes ne sont pas sans incidences néfastes. Dans cette partie
de l'étude il sera question de déterminer les incidences
négatives et les risques liées à l'exploitation de la mine
d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono. Ceux-ci
sont d'ordres environnemental, sanitaire et social.
76
CHAPITRE 5 : L'ENVIRONNEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE
KANAKONO FACE A L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE
Une activité comme l'exploitation minière ayant
pour support l'environnement ne peut s'effectuer sans impacter celui-ci. De la
phase de prospection à la phase d'exploitation, ce sont plusieurs
éléments de l'environnement qui sont touchés.
Subjectivement, qu'en est-il de la mine d'or de Sissingué ? Quels sont
les risques qui planent ? Quelles sont les mesures préventives et/ou
palliative mises en place quant aux incidences environnementales de cette
exploitation minière ?
5.1. Impacts et risques environnementaux de
l'exploitation minière de Sissingué dans la
sous-préfecture de Kanakono
5.1.1. Incidences environnementales
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué a
engendré quelques incidences négatives sur l'environnement de la
sous-préfecture de Kanakono. Toutefois celles qui sont connues restent
beaucoup inférieures à celles qui risquent de survenir.
En effet, la mise en exploitation de cette mine a
entrainé la mise à nu de plusieurs surfaces, exposant celles-ci
à l'érosion pluviale. Cela peut à la longue entrainer une
baisse de la productivité agricole. En outre, le déplacement des
véhicules sur les routes non bitumées est source de pollution
atmosphérique dans cette zone (photo 7).
A cela il faut ajouter plusieurs autres causes de pollution
atmosphériques liées à l'exploitation de la mine. Ce sont
la perforation, le travail à l'explosif et l'excavation du minerai et
des stériles des carrières ; le chargement et le transport du
minerai et des stériles ; le concassage du minerai ; le convoyeur et le
tas de minerai ; l'action des vents sur les surfaces dénudées ;
la combustion des moteurs fonctionnant au diesel. Tout ceci constitue une cause
des maladies pneumoniques dans la sous-préfecture de Kanakono.
77
Photo 7:Poussière occasionnée
par le déplacement d'un véhicule sur la route
Sissingué-Tengrela Crédit photo : Sorho D, Janvier
2019
Il faut aussi ajouter que les carrières subissent
fréquemment des explosions qui peuvent à la longue agir sur la
stabilité des habitations du village de Sissingué qui est assez
proche (plus de 3 kilomètres) des carrières. Toutefois les
populations sont toujours préalablement informées des explosions
pour éviter la panique (photo 8).
Photo 8:Tableau d'information pour les
explosions à Sissingué Crédit photo : Sorho F, Janvier
2019
78
5.1.2. Risques environnementaux
La découverte d'un gisement minier surtout
aurifère en Côte d'Ivoire de façon particulière
donne suite à un développement des activités d'orpaillage.
Dans ce contexte, plusieurs risques planent sur la sous-préfecture de
Kanakono avec l'exploitation minière de Sissingué au niveau
environnemental.
L'exploitation artisanale de l'or repose sur un processus qui
fait apparaitre de nombreuses fosses ou puits dans le paysage. Par ailleurs,
l'utilisation irrationnelle des produits chimiques comme le mercure constitue
un danger de pollution pour les eaux courantes dans la zone (les affluents de
la Bagoué). A Angovia, le Bandama a payé les frais du
développement de l'orpaillage. Ce cours d'eau est pollué par la
poussière issue du broyage des graviers et aussi par son lavage
(KOUADIO, 2015).
En plus, les orpaillages pour se rapprocher de leurs lieux de
travail, construisent des baraques en sachets qui leurs servent de lieux
d'habitation. Ces endroits sont dépourvus de toutes commodités
hygiéniques (Zanikan) et les besoins sont fait à l'air libre. Ce
qui détériore l'esthétique de l'environnement et porte
atteinte au cadre de vie.
Avec la découverte d'autres sites d'exploitation,
cette situation risque de s'empirer dans le futur. Tout ceci pourrait constitue
un danger pour la santé des populations locales.
5.2. Mesures de préservation de
l'environnement et de développement durable
Conscients du fait que leurs activités ne sont pas
sans incidences sur les populations locales, et sur l'environnement de la
sous-préfecture de Kanakono, les exploitants de la mine d'or de Kanakono
ont mis en place une série de mesure et de politique de gestion de
l'environnement et de développement durable.
En phase d'exploitation, plusieurs sources d'eaux
usées seront présentes sur le site. Ce sont les eaux usées
domestiques, les eaux issues du process (ensemble des procédés
intervenants dans l'exploitation), et les eaux de pluies. Une station (photo
10) a été mise en place pour le traitement de celles-ci avant
leur rejet dans la nature pour éviter une éventuelle pollution de
la Bagoué et de ses affluents.
79
Photo 9:Station de traitement des eaux
usées de la mine d'or de Sissingué Source : EIES,
2016
Dans le but de préserver durablement, l'environnement
dans la zone d'exploitation, une politique environnementale a été
mise en place. Perseus Mining s'engage ainsi à :
· Respecter les normes et législations du pays
dans lequel la compagnie opère et exceller au-delà des attentes
que suscitent ses activités ;
· Identifier les impacts sur l'environnement des
activités et mettre en oeuvre les recommandations appropriées
pour réduire au minimum les risques associés ;
· Disposer des ressources suffisantes pour atteindre les
objectifs environnementaux visés, y compris la fermeture effective et
durable de la mine ;
· Développer, mettre en oeuvre et
améliorer de manière continue le système de gestion
environnementale pour s'assurer que les processus environnementaux sont
intégrés dans toutes les activités et même dans
l'organisation de la compagnie ;
· Assurer aux employés et aux sous-traitants une
formation afin que la responsabilité individuelle de gestion
environnementale soit engagée ;
· Contribuer à la protection de la
biodiversité dans tous les secteurs d'opération ;
· Communiquer honnêtement et consulter ouvertement
toutes les parties prenantes pour assurer la transparence en ce qui concerne la
performance environnementale ;
·
80
Maintenir un système de prévention de secours
efficace pour répondre aux effets liés à la santé
et à la sécurité ;
· Mettre en place des mesures efficaces pour
empêcher la pollution d'eau souterraine, des eaux de surface, du sol et
de l'air et réduire au minimum les impacts sur la faune et la
végétation ;
· Assurer que la gestion des déchets
effectuée est appropriée et pratique, et les stratégies
d'élimination des déchets, notamment la réduction, la
réutilisation et le recyclage sont effectives ;
· Présenter les initiatives de réduction
d''eau et de la consommation électrique pour préserver les
ressources naturelles et réduire au minimum les émissions de Gaz
à effet de serre ;
· Mettre en oeuvre des systèmes efficaces pour
réduire ou supprimer les risques environnementaux liés au
transport, stockage, manipulation et la disposition de matières
dangereuses ;
· Contrôler la performance environnementale par
des audits, des inspections de lieu de travail et l'analyse environnementale
pour identifier les impacts potentiels et proposer des mesures correctives.
Il faut donc savoir que l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué s'est accompagnée de plusieurs effets néfastes
sur l'environnement. Elle est à la base de la mise à nu du
couvert végétal, de pollution atmosphérique et de
dégradation du sol. Par ailleurs, elle laisse planer plusieurs autres
risques sur cette zone. Cependant des mesures sont prises pour prévenir
ou faire face aux effets pervers de l'exploitation de cette mine.
81
CHAPITRE 6 : INCIDENCES SANITAIRES ET SOCIALES DE
L'EXPLOITATION AURIFERE DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
Plusieurs maladies qui sévissent dans les zones
riveraines aux exploitations minières sont liées aux
conséquences environnementales résultant de l'exploitation
minière. Le chapitre précédant ayant mis à nu
certaines incidences environnementales de l'exploitation minière de
Sissingué, celui-ci s'attèle à savoir si certaines
conséquences sanitaires peuvent en résulter.
6.1. Incidences et risques sanitaires
6.1.1. Incidences sanitaires
L'usage de produits chimiques dans les procèdes
d'exploitation industrielle est inévitable. A Sissingué, le
cyanure est utilisé pour extraire l'or. Avec la présence du
fleuve Bagoé et ses affluents dans la sous-préfecture, l'on
pourrait s'attendre à une contamination de ce cours d'eau et donc
à une éventuelle intoxication des populations. Mais pour
l'instant le constat est plutôt positif. En effet, selon les
données recueillies au district sanitaire de Tengrela, les maladies
auxquelles ont fait face les populations de la sous-préfecture de
Kanakono en 2018 sont le paludisme simple, les dermatoses, la pneumonie et les
cas d'anémie modérée (figure 7).
Nombre de cas
5000
|
4500 4239
|
4000
|
|
|
3500
|
|
|
3000
|
|
|
2500
|
|
|
2001
|
|
|
2000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1006 861
1000
|
|
659
|
|
|
500
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
Maladies
|
|
|
Anémie Diarrhée Pneumonies Dermatoses Paludisme
Figure 7:Les causes de consultation dans la
sous-préfecture de Kanakono en 2018 Source : District sanitaire de
Tengrela, Janvier 2019
Le paludisme reste de loin la maladie la plus
récurrente dans la sous-préfecture de Kanakono avec 4239 cas en
2018, soit un taux d'incidence de 185,1%o. Les pneumonies sont la
82
seconde cause de morbidité dans la
sous-préfecture de Kanakono pour 2001 cas qui correspondent à un
taux d'incidence de 87,4%o. Les anémies et la diarrhée
représentent également un problème de santé
publique dans la sous-préfecture de Kanakono. Ces maladies ont
enregistré respectivement 1006 et 861 cas, soit des taux d'incidence de
43,9 %o et 37,6 %o. Enfin les dermatoses ne sont pas à négliger.
L'on a enregistré 659 cas de dermatoses dans la sous-préfecture
de Kanakono soit un taux d'incidence de 28,7 %o.
La recrudescence de ces maladies pourrait s'expliquer par
diverses raisons qui seraient plus ou moins liées à
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué. Pour le paludisme,
l'implication de l'exploitation minière reste indirecte. En effet la
découverte du gisement minier de Sissingué et sa mise en
exploitation a entrainé le développement de l'orpaillage dans la
sous-préfecture de Kanakono. Dans ce type d'exploitation, les
procédés d'exploitation favorisent l'apparition de nombreuses
flaques d'eau sur les sites d'orpaillage avec le lavage du minerai. Celles-ci
représentent le lieu de reproduction des anophèles qui sont les
vecteurs de la maladie.
Le manque d'hygiène sur les sites d'orpaillage qui
sont la résultante de la mise en exploitation de la mine d'or de
Sissingué pourrait expliquer le nombre élevé de cas de
diarrhée dans la zone. En effet, les sites d'orpaillage et les dortoirs
des orpailleurs qui sont des baraques faites en bois et sachets, sont
dépourvus de toute commodité d'hygiène. Les
défécations et urines sont faites à l'air libre. Ce qui
expose les aliments et l'eau à des risques de contamination et par
ricochet les populations aux maladies diarrhéiques.
La mine d'or de Sissingué pourrait participer à
la recrudescence des maladies pneumoniques qui sont causées par
l'inhalation de fortes quantités de poussières. En effet, les
opérations d'extraction, comme le concassage des roches associé
au développement du trafic dans la zone avec le déplacement des
véhicules de la mine peuvent conduire à une forte concentration
de particules de poussière dans l'air. L'on peut donc affirmer que
l'exploitation de la mine d'or de Kanakono aurait des incidences
négatives sur la santé des populations de la
sous-préfecture de Kanakono mais avec des réserves. Toutefois
dans le souci de ne pas mettre en danger la santé des populations
locales dans le long comme le court terme, des mesures sont prises par Perseus
Mining.
83
Tableau 4:Causes des maladies
détectées dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018
Maladies
|
Causes
|
Paludisme simple
|
Piqure par les moustiques de type anophèle dont
le développement est provoqué par le faible niveau de
salubrité
dans la sous-préfecture de Kanakono
|
Anémie modérée
|
Carence en fer, vitamine B12 ou d'acide folique ;
la malnutrition
|
Diarrhée aigüe
|
Mauvaise alimentation à cause de la pauvreté ;
la consommation d'eau impure à cause de l'insuffisance de
sources d'eau potable
|
Dermatose
|
Manque d'hygiène corporelle, allergies
|
Pneumonie
|
Elle s'apparente souvent à une grippe ou un rhume et
est causée par l'inhalation de particules de poussières.
|
|
Source : Nos enquêtes, Janvier 2019
6.1.2. Les risques sanitaires liés à
l'exploitation minière de Sissingué
L'utilisation sans précaution des produits chimiques
dans le domaine de l'orpaillage pourrait également polluer les sources
d'eau de la sous-préfecture de Kanakono qui sont utilisées pour
l'arrosage des cultures et par endroit pour la boisson. Cela pourrait
créer des problèmes de santé pour les populations
locales.
Aussi, vu la prolificité de l'orpaillage, la
sous-préfecture de Kanakono est une zone où cette activité
commence à prendre de l'ascendant, pourrait se voir accueillir de
nombreuses personnes à la recherche de profit. Cette affluence pourrait
engendrer une dépravation des moeurs avec le développement de la
prostitution et donc une prolifération des maladies sexuellement
transmissibles.
Cela augmentera la pression sur les équipements
sanitaires existants déjà insuffisants et par ricochet diminuera
la capacité de ceux-ci à répondre valablement aux
problèmes de santé locaux. Ce qui peut augmenter à la
longue le taux de mortalité dans la zone.
6.1.3. Politique sanitaire de PMCI
Les activités d'extraction minière ne sont pas
sans incidence sur la santé des populations de la sous-préfecture
de Kanakono. Et ces incidences pourraient s'amplifier si rien n'est fait. En
plus de son probable concours au développement des maladies pneumoniques
dans la sous-
84
préfecture de Kanakono, Perseus Mining n'écarte
pas les possibilités de développement de certaines maladies comme
les IST avec l'afflux des demandeurs d'emploi. Pour prévenir cela, la
structure envisage :
· Réaliser des campagnes d'éducation et de
sensibilisation des employés et de la communauté,
· Mettre en place des programmes de surveillance
sanitaire et de clinique médicale pour les employés sur le
site,
· Mener des inspections d'hygiène alimentaire
En outre dans le but de garantir la santé de ses
employés, ses sous-traitants et ses partenaires sociaux, l'exploitant
minier a veillé à la mise en place d'une politique sanitaire.
Ainsi, Perseus Mining s'engage à :
· Fournir un lieu de travail contribuant efficacement
à la gestion de la santé et de la sécurité ;
· Accomplir un minimum de santé et de
sécurité incluant d'autres conditions de soin obligatoires ;
· Chercher continuellement à améliorer la
santé au travail et la performance de sécurité en
utilisant la technologie disponible, la connaissance et la gestion pratique
;
· Identifier les risques liés à la
santé et à la sécurité et mettre en oeuvre les
recommandations afin d'éliminer la blessure/maladie au travail à
travers une organisation ;
· Développer, mettre en oeuvre et
améliorer régulièrement les systèmes de gestion de
la santé et de la sécurité et s'assurer que les pratiques
sont intégrées dans toutes les unités de la compagnie ;
· Eduquer et former tous les salariés et les
sous-traitants en leur fournissant une connaissance les obligeant à
être responsable dans leur secteur ;
· Disposer des ressources suffisantes pour atteindre les
objectifs de santé et de sécurité à la mine ;
· Réviser, vérifier et évaluer la
performance de la santé et de la sécurité pendant la
période opérationnelle afin d'apporter des améliorations
;
85
? Communiquer et consulter toutes les parties prenantes sur les
problèmes de sécurité ;
? Maintenir un système de prévention de secours
efficace pour répondre aux effets liés à la santé
et à la sécurité ;
? Mettre en oeuvre des systèmes efficaces pour
réduire ou supprimer les risques de santé et de
sécurité liés au transport, stockage, manipulation et la
disposition de matières dangereuses.
6.2. Risques sociaux liés à
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 6.2.1 Risques liés
à l'éducation
En générale la découverte et la mise en
exploitation d'un gisement minier dans une zone donne suite à un
développement de l'activité d'orpaillage. Cette activité
attire bon nombre de personnes et cela à cause de sa rentabilité
jugée rapide et élevée. Selon les dires de certains
habitants de Kanakono, les personnes qui s'adonnent à cette
activité peuvent aisément gagner 5000 FCFA journellement.
De toute évidence les jeunes et surtout les
élèves ne sont pas insensibles face à une telle
prolificité de l'orpaillage. Si aujourd'hui l'on reconnait que certains
élèves exercent dans ce domaine, mais seulement pendant les
congés et vacances, il n'est pas à écarter que ceux-ci
abandonnent définitivement les cours pour un exercice à plein
temps de l'orpaillage. Dans ce contexte, certains jeunes nous ont laissé
entendre que « ....on va à l'école pour avoir l'argent
demain. A quoi ça sert d'aller donc à l'école si on peut
en avoir dès maintenant l'argent.... ». Cette situation a
prévalu et continu peut-être de prévaloir dans certaines
mines du pays entrée en exploitation avant celle de Sissingué.
A Hiré, les jeunes écoliers désertent les
écoles pour exercer dans l'orpaillage. Certains sont obligés
d'aller aider leurs parents sur les différents sites d'exploitation sous
peine de se voir livrés aux eux-mêmes. Quant à d'autres ils
abandonnent les cours volontairement pour la recherche de l'or qui peut leurs
permettre d'acheter des vélos, des radios ou des téléphone
portables comme leurs amis (ALLOU, 2015).
A Angovia dans le département de Bouaflé
également, certains plusieurs élèves sont attirés
par le caractère économique à court terme de l'orpaillage.
Ce qui les amène à abandonner définitivement les bancs
d'école (KOUADIO, 2015).
86
Si rien n'est fait, l'on devrait s'attendre à une
baisse du taux d'alphabétisation déjà assez bas dans la
sous-préfecture de Kanakono. La mise en place et l'application de
mesures interdisant le travail des enfants et des élèves dans
l'orpaillage, associé à la ratification de cette activité
pourrait constituer une mesure préventive efficace face à cette
situation.
6.2.2. Abandon de l'activité agricole et
insécurité alimentaire
Plusieurs personnes qui ont longtemps pratiqué
l'agriculture comme activité économique se sont vues
dépossédées de leurs terres au profit de l'exploitation de
la mine de Sissingué. Pour une bonne partie de ceux-ci (environ 300
personnes) il faudrait faire une reconversion professionnelle car n'ayant plus
de terres.
Par ailleurs avec le développement de l'orpaillage dans
la zone, aujourd'hui plusieurs agriculteurs surtout dans la localité de
Zanikan et ses environs, préfèrent faire louer leurs terres pour
la recherche de l'or car ils y trouvent un moyen sûr pour engranger de
l'argent contrairement à l'agriculture « où les prix d'achat
des produits sont de plus en plus bas et où rien ne garantit une bonne
production ».
De plus, tout comme les jeunes, les femmes qui sont en
général à la base de la production vivrière sont de
plus en plus attirées par l'orpaillage. L'on risque ainsi de faire face
à une pénurie de produits vivriers dans la sous-préfecture
de Kanakono et donc à une insécurité alimentaire. Par
ailleurs, les opportunités d'emplois stables à la mine pourraient
atténuer l'intérêt des jeunes de la sous-préfecture
aux activités agricoles.
Aussi il faut savoir que pour l'année 2018, les
maladies liées à l'inhalation de fortes quantités de
poussière ont fait de nombreuses victimes dans la sous-préfecture
de Kanakono. Cela trouverait sa source dans la pollution atmosphérique
liée aux activités d'extraction minière et à
l'intensification du trafic sur des routes non bitumées. Toutefois, tout
comme sur le plan environnemental, l'exploitant minier a mis en place un cadre
pour pallier sinon prévenir ses incidences sanitaires.
A côté de cela, le développement de
l'orpaillage qui fait suite à la découverte et à la mise
en exploitation de la mine d'or de Sissingué laisse craindre deux
incidences sociales. Ce sont la baisse du taux de scolarisation dans la zone et
l'abandon de l'activité agricole qui est depuis longtemps
l'activité phare et celle qui permet aux populations locales de se
nourrir. Des mesures préventives doivent être donc prises à
ce niveau.
87
Conclusion
L'exploitation de la mine d'or de Sissingué quoique
bénéfique pour les populations locales sur les plans
infrastructurels et socio-économiques, a des conséquences
négatives ainsi que des risques environnementaux et sanitaires dans la
sous-préfecture de Kanakono. Elle est à l'origine du
déblayage de plusieurs végétaux, de pollution
atmosphérique, de dégradation du sol et de l'instabilité
sur les habitations. Sur le plan sanitaire, elle participe au
développement des maladies pneumoniques dans la sous-préfecture
de Kanakono. Cependant, PMCI s'attèle à prévenir ou faire
face à ces incidences négatives en mettant en place d'une part
des politiques environnementales et sanitaires. D'autre part, cette structure a
mis en place une unité de gestion des déchets issus du site
minier. Par ailleurs comme risques sociaux, l'exploitation de la mine de
Sissingué laisse craindre la baisse du taux de scolarisation dans la
zone ainsi qu'un abandon de l'activité agricole.
Au final, nous pouvons affirmer que notre deuxième
hypothèse spécifique stipulant que «l'exploitation
minière de Sissingué a des incidences négatives sur la
santé des populations» est confirmée.
88
CONCLLUSION GENERALE
La Côte d'Ivoire doit sa place de locomotive de la zone
UEMOA au développement de son système agricole depuis les
indépendances. Mais pour se mettre à l'abri d'éventuelles
crises économiques relativement à l'instabilité des couts
des matières premières agricoles sur le marché
international, une politique de diversification économique a
été initiée. Une place importante a de ce fait
été accordée au secteur extractif vu les
potentialités minières du pays.
Les politiques d'accompagnement ont permis à ce secteur
de se développer avec l'ouverture de plusieurs mines dans le pays.
Celles-ci concourent indéniablement au développement
économique du pays. En effet, le secteur minier a fait rentrer plus de
500 milliards de FCFA dans les caisses de l'Etat en 2017 (
GOUV.CI, 2018). Cependant ces exploitations
pourraient aussi avoir un impact sur le dynamisme des localités les
abritant. Ainsi cette étude, s'est attachée à mettre en
exergue la contribution de la mine d'or de Sissingué au
développement de la sous-préfecture de Kanakono.
Grace à l'observation directe, la recherche
documentaire et les entretiens réalisés, cette étude dans
un premier temps a permis de savoir que la sous-préfecture de Kanakono
est une zone sous-équipée et dont la voirie est essentiellement
dans un état de dégradation assez critique. En outre, le
développement de l'orpaillage dans la zone a entrainé une
cherté de la vie, faisant de cette zone l'une des plus pauvres du pays
avec un taux de pauvreté de 77,33% en 2015. De ce fait politiques et
populations ont reposé plusieurs espoirs sur l'ouverture de cette
exploitation minière dans la sous-préfecture de Kanakono
exploitée par Perseus Mining. Elle est donc au coeur d'enjeux nationaux
et surtout locaux. L'ouverture de cette mine a entrainé la
réquisition d'espaces comprenant des exploitations agricoles, et des
habitations, cela moyennement une indemnisation au profit des occupants et des
occupants légitimes de ces espaces comme l'ordonne le code minier du
pays.
Dans l'optique d'identifier les incidences
socio-économiques et spatiales de l'exploitation minière de
Sissingué dans la sous-préfecture de Kanakono, il est ressorti
que la mine d'or de Sissingué apparait aujourd'hui comme une
bouée de sauvetage pour les populations de la sous-préfecture de
Kanakono. En effet l'exploitation de cette mine a entrainé la mise en
place d'un comité locale de développement minier regroupant des
représentants de chacune des parties prenantes. Il comprend les leaders
de jeunes, de femme, les chefs de village, des autorités administratives
et des chefs de service de Perseus Mining. La ponction de 0,5% sur les
bénéfices de Perseus Mining qui alimente le compte de ce
comité, a permis le démarrage
89
des travaux de construction de certains équipements
sociaux de base à Kanakono, Sissingué et Zanikan. En plus de
ceux-ci plusieurs autres équipements seront construits dans ces
localités à la demande des différentes populations. Par
ailleurs, cette exploitation minière participe à la
réduction du chômage dans la sous-préfecture de Kanakono
avec les possibilités d'emplois directs et indirects qu'elle offre aux
populations locales. Ainsi, notre première hypothèse
spécifique selon laquelle « L'exploitation de la mine d'or de
Sissingué permet d'améliorer le niveau d'équipement de la
sous-préfecture de Kanakono en services sociaux de base » est
confirmée. Mais le manque d'organisation des groupements communautaires
associé au faible niveau d'alphabétisation empêche une plus
grande employabilité des populations locales à la mine. Des
formations ont été ainsi organisées au profit des jeunes
et des femmes pour pallier cette situation.
Cependant les incidences de l'exploitation de la mine d'or de
Sissingué ne sont pas que positives. En effet, cette exploitation
entraine l'émission de quantité non négligeable de
poussière dans l'atmosphère liée à la
mobilité des véhicules et au concassage des roches. Ce qui est
une source de développement des maladies pneumoniques dans la
sous-préfecture de Kanakono. En outre, les actions de cette mine ont une
incidence sur la stabilité des habitations dans certains villages comme
Sissingué. En plus de ces conséquences indésirables,
plusieurs autres risques environnementaux et sanitaires planent sur la
sous-préfecture de Kanakono à cause du développement de
l'orpaillage. Aussi, la baisse du taux de scolarisation et l'abandon de
l'activité agricole ne sont pas à écarter comme risque.
Nous pouvons donc dire que notre hypothèse spécifique selon
laquelle «l'exploitation minière de Sissingué a des
incidences négatives sur la santé des populations » est
confirmée. Cependant, il convient de reconnaitre que des politiques sont
initiées par l'exploitant minier pour rendre cette exploitation
durable.
La mine d'or de Sissingué dans une ère
marquée par la promotion du développement durable, est prolifique
pour l'exploitant minier avec l'engrangement de bénéfice,
à l'Etat ivoirien avec la rentrée de devises dans les caisses et
aux populations locales avec la création d'emploi et la
réalisation d'équipement communautaires. Mais dans le dessein de
prévenir des contestations sociales, il serait intéressant de
traiter avec beaucoup plus de rigueur la question de l'employabilité des
populations locales majoritairement analphabètes et ne voulant pas se
faire former. Cela garantirait les intérêts de chacune des parties
prenantes.
90
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mine d'or de Hiré dans la région de Lôh Djiboua (Divo) et
impact socio-environnemental », Mémoire de master 2,
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BANCHIRIGAH, S.M. et G.
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93
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation de la
sous-préfecture de Kanakono 28
Carte 2:Repartition de la population de la
sous-préfecture de Kanakono en 2014 36
Carte 3: Localisation des équipements
sanitaires de la sous-préfecture de Kanakono 39
Carte 4: Niveau d'électrification de
la sous-préfecture de Kanakono 41
Carte 5:Niveau d'accès à l'eau
potable dans la sous-préfecture de Kanakono 42
Carte 6:localisation des équipements
scolaires dans la sous-préfecture de Kanakono 43
Carte 7:Réseau routier de la
sous-préfecture de Kanakono 44
Carte 8:Equipements scolaires issus de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 62
Carte 9: Equipements sanitaires issus de
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 64
Carte 10:Autres types d'équipements
issus de l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 66
Carte 11:Répartition des
employés de la mine d'or de Sissingué originaire de la
sous-préfecture
de Kanakono 69
94
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1:Synthèse des entretiens
réalisés 27
Tableau 2: Données de base de calcul
du barème d'indemnisation de certaines cultures pour la
première année d'exploitation 54
Tableau 3: Les membres du CDLM 60
Tableau 4:Causes des maladies
détectées dans la sous-préfecture de Kanakono en 2018
83
95
LISTE DES FIGURES
Figure 1:Approche systémique du
développement durable 29
Figure 2: Modélisation du
développement minier . 30
Figure 3:La population des localités
de la sous-préfecture de Kanakono en 1998 et en 2014 35
Figure 4:La population de la
sous-préfecture de Kanakono selon la nationalité 37
Figure 5:Repartition des employés de
la mine d'or de Sissingué selon l'origine 70
Figure 6:Repartition de la population de la
sous-préfecture de Kanakono selon le niveau
d'instruction 71
Figure 7:Les causes de consultation dans la
sous-préfecture de Kanakono en 2018 81
96
LISTE DES PHOTOS
Photo 1:Maisons construites à Kanakono
par PMCI en guise d'indemnisation 55
Photo 2:Transport du sol contenant le minerai
vers l'espace de bouletage 56
Photo 3:Batiment de trois classes en
construction à Zanikan par le CDLM 61
Photo 4:Le centre de santé de
Sissingué en construction grâce au CDLM 63
Photo 5:Le château d'eau de
Sissingué construit par Perseus Mining 65
Photo 6:Le foyer des jeunes de
Sissingué construit par PMCI 65
Photo 7:Poussière occasionnée
par le déplacement d'un véhicule sur la route
Sissingué-
Tengrela 77
Photo 8:Tableau d'information pour les
explosions à Sissingué 77
Photo 9:Station de traitement des eaux
usées de la mine d'or de Sissingué 79
97
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE i
DEDICACE iii
AVANT-PROPOS iv
REMERCIEMENTS v
SIGLES ABREVIATIONS ET ACRONYMES vii
INTRODUCTION GENERALE 1
I. Compréhension du sujet 1
II. Justification du choix du sujet 2
1. REVUE DE LA LITTERATURE 3
1.1. Définition de concepts 3
1.1.1 Exploitations minières 3
1.1.2. Le développement : une notion polysémique
4
1.2. Les types d'exploitation minière 5
1.2.1. Les EMAPE 5
1.2.2. Les exploitations minières à grande
échelle 6
1.3. Les formes d'exploitation minière 7
1.3.1. Les mines à ciel ouvert 7
1.3.2. Les mines souterraines 8
1.4. Les impacts des exploitations minières 9
1.4.1. Impacts socio-économiques de l'industrie extractive
9
1.4.1.1. Au niveau macroéconomique : une incidence
controversée 9
1.4.1.2. Une importante activité pourvoyeuse d'emplois
10
1.4.2. Une activité destructrice de l'environnement 11
1.4.3. Les mines menaceraient-elles la santé des
populations ? 12
1.4.4. Les incidences sociodémographiques des
exploitations minières 13
1.4.5 Les mines : facteur de développement local 14
|
1.5.
|
Pour une industrie extractive durable
|
15
|
2.
|
PROBLEMATIQUE
|
17
|
3.
|
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
|
18
|
|
3.1.
|
Objectif général
|
18
|
|
3.2.
|
Objectifs spécifiques
|
18
|
4.
|
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
|
19
|
|
4.1.
|
Les hypothèses de la recherche
|
19
|
|
4.1.1.
|
Hypothèse générale de recherche
|
19
|
|
4.1.2.
|
Hypothèse spécifiques
|
19
|
|
4.2.
|
Les variables d'analyse
|
19
|
|
4.2.1.
|
Les variables physiques de la zone d'étude
|
19
|
|
4.2.2.
|
Variables humaines de la zone d'étude
|
20
|
|
4.2.3.
|
Variables économiques de la zone d'étude
|
20
|
|
4.2.4.
|
Variables liées au niveau d'équipement de la zone
d'étude
|
20
|
|
4.2.5.
|
Variables relatives aux enjeux liés à
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué
|
|
|
21
|
|
|
4.2.6.
|
Variables relatives aux caractéristiques de la mine d'or
de Sissingué
|
21
|
|
4.2.7.
|
Variables relatives aux incidences socio-économiques et
spatiales de la mine
|
|
|
d'or de Sissingué dans la sous-préfecture de
Kanakono
|
22
|
4.2.8. Variables relatives aux effets néfastes de la
mine d'or de Sissingué dans la sous-
préfecture de Kanakono
|
22
|
4.3.
|
Les unités d'observation
|
23
|
4.3.1.
|
Les données humaines, économiques et
infrastructurelles
|
23
|
4.3.2.
|
Les données environnementales et sanitaires
|
23
|
4.4.
|
Les échelles d'observation
|
23
|
4.4.1.
|
L'échelle départementale
|
23
|
4.4.2.
|
L'échelle sous-préfectorale
|
24
|
4.4.3.
|
L'échelle des villages
|
24
|
|
|
98
|
99
4.5. La collecte des données 24
4.5.1. La recherche documentaire 24
4.5.2. L'enquête de terrain 25
4.5.2.1. L'observation directe 25
4.5.2.2. Les entretiens 25
a. Les personnes ressources institutionnelles 26
b. Les personnes ressources communautaires 26
4.6. Présentation de la zone d'étude 27
4.7. Approche théorique de l'étude 29
4.7.1. Le développement durable 29
4.7.2. Le développement durable minier 30
4.8. Le traitement des données 31
4.9. Les difficultés rencontrées 31
TABLEAU SYNOPTIQUE 32
PARTIE I : MISE EN EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE
33
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 34
1.1. Caractéristiques de la sous-préfecture de
Kanakono 34
1.1.1. Caractéristiques physiques 34
1.1.2. Caractéristiques humaines et économiques
35
1.1.2.1. Une population composite et en croissance 35
1.1.2.2. Caractéristiques économiques 37
1.2. Niveau d'équipement de la sous-préfecture de
Kanakono 38
1.2.1. Equipements sanitaires 39
1.2.2 Eau et électricité 40
1.2.3. Les équipements éducatifs 42
I.2.4. La voirie 43
100
CHAPITRE 2 : ENJEUX ET ETAPES DE LA MISE EN
EXPLOITATION DE LA MINE
D'OR DE SISSINGUE 46
2.1. Enjeux liés à l'exploitation de la mine d'or
de Tongon 46
2.1.1. Sur le plan national 46
2.1.1.1. Le cadre légal du secteur minier en Côte
d'Ivoire 46
a. Adoption d'un code minier en phase avec la conjoncture
économique en
1955 46
b. Un code minier pour une industrie minière durable
47
2.1.1.2. Le cadre institutionnel du secteur minier en Côte
d'Ivoire 48
a. Le conseil des ministres 48
b. Le ministère des mines et son cabinet 49
c. La commission interministérielle des mines 49
d. La direction générale des mines et de
géologie 49
e. La SODEMI 49
2.1.2. Les enjeux locaux liés à l'exploitation de
la mine d'or de Sissingué 50
2.1.2.1. Création d'emploi pour les populations locales
50
2.1.2.2. Dotation en équipement 50
2.1.2.3. Optimisation de la situation économique 51
2.2. Etapes de la mise en exploitation de la mine d'or de
Sissingué 51
2.2.1. Historique de la mine d'or de Sissingué 51
2.2.2. Acquisition du site d'exploitation 51
2.2.2.1. Typologie du périmètre minier 52
2.2.2.2. La question de l'indemnisation 52
a. Les modalités de l'indemnisation 52
a.1. Les espaces culturaux 52
a.2. Les habitations 54
b. L'indemnisation : sujet de tension 55
101
2.3. Caractéristiques de la mine d'or de Sissingué
56
Conclusion 57 PARTIE II : CONTRIBUTION DE L'EXPLOITATION
AURIFERE DE SISSINGUE SUR
LE DEVELOPPEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 58
CHAPITRE 3 : IMPACT SPATIAL DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE DANS
LA
SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 59
3.1. La mise en place du CDLM et son corollaire 59
3.1.1. La mise en place du CDLM 59
3.1.1.1. Les missions 59
3.1.1.2. Les membres 60
3.1.2. Les réalisations du CDLM 61
3.1.2.1. Au niveau éducatif 61
3.1.2.2. Au niveau sanitaire 62
3.2. Les autres types de réalisation 64
CHAPITRE 4 : LES INCIDENCES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA
MINE D'OR DE
SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 68
4.1. Une mine d'or pour réduire le chômage ? 68
4.1.1. Les emplois directs générés par la
mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture
de Kanakono 68
4.1.2. Les emplois indirects générés par la
mine d'or de Sissingué dans la sous-préfecture
de Kanakono 70
4.1.3. Les limites à une forte employabilité de la
mine 71
4.2. Perseus Mining et le développement communautaire
72
Conclusion 74
PARTIE III : IMPACTS NEGATIFS ET RISQUES ENCOURUS PAR LES
POPULATIONS DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO SUITE A L'EXPLOITATION DE LA
MINE D'OR DE SISSINGUE 75
CHAPITRE 5 : L'ENVIRONNEMENT DE LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO
FACE A L'EXPLOITATION DE LA MINE D'OR DE SISSINGUE 76
102
5.1. Impacts et risques environnementaux de l'exploitation
minière de Sissingué dans
la sous-préfecture de Kanakono 76
5.1.1. Incidences environnementales 76
5.1.2. Risques environnementaux 78
5.2. Mesures de préservation de l'environnement et de
développement durable 78
CHAPITRE 6 : INCIDENCES SANITAIRES ET SOCIALES DE
L'EXPLOITATION
AURIFERE DE SISSINGUE DANS LA SOUS-PREFECTURE DE KANAKONO 81
6.1. Incidences et risques sanitaires 81
6.1.1. Incidences sanitaires 81
6.1.2. Les risques sanitaires liés à l'exploitation
minière de Sissingué 83
6.1.3. Politique sanitaire de PMCI 83
6.2. Risques sociaux liés à l'exploitation de la
mine d'or de Sissingué 85
6.2.1 Risques liés à l'éducation 85
6.2.2. Abandon de l'activité agricole et
insécurité alimentaire 86
Conclusion 87
CONCLLUSION GENERALE 88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90
LISTE DES CARTES 93
LISTE DES TABLEAUX 94
LISTE DES FIGURES 95
LISTE DES PHOTOS 96
TABLE DES MATIERES 97
RÉSUMÉ
Avec la volonté des politiques de faire du secteur
extractif le second pilier de l'économie ivoirienne, de nombreux
gisements aurifères comme celui de Sissingué sont entrés
en phase d'exploitation. Si la contribution de celle-ci au développement
économique du pays n'est pas sujette à controverse, la question
relative à son impact local mérite une attention. C'est dans ce
contexte que cette étude a été initiée en vue de
montrer la contribution de l'exploitation aurifère de Sissingué
au développement de la sous-préfecture de Kanakono. L'approche
méthodologique adoptée a porté sur la recherche
documentaire à partir des travaux antérieurs et l'enquêtes
de terrain. Les résultats montrent que les populations locales ont
fondé de nombreux espoirs sur l'exploitation de la seconde mine d'or du
septentrion ivoirien exploitée par Perseus Mining Limited. Cette
exploitation, par le biais du Comité de Développement Local
Minier mis en place, permet à la sous-préfecture de Kanakono de
bénéficier de la réalisation d'infrastructures
éducatives, sanitaires, routières et bien d'autres encore. En
parallèle, elle contribue à l'amélioration des conditions
de vie des populations locales grâce aux nombreux emplois directs et
indirects crées. Cependant, cette exploitation n'est pas sans incidences
sur la santé des populations et l'environnement de la zone.
Mots clés : Kanakono - exploitation
aurifère - Sissingué - développement économique et
social - environnement - santé des populations
ABSTRACT
With the politicians will to make the extractive sector the
second pillar of the ivorian economy, numerous gold deposits like that of
Sissingué in the north of the country have entered the exploitation
phase. If its contribution to the country's economic development is not
controversial, the question about its local impact deserves special attention.
Thus, this study has been initiated to determine the contribution of
Sissingué's gold mine to the development of Kankono's sub-prefecture.
The methodological approach adopted focused on documentary research based on
previous works and on the field survey. The results show that populations have
placed many hopes on the second gold mine in northern Cote d'Ivoire
exploitation, operated by Perseus Mining Limited. This exploitation trhough the
local mining development committee set up, allows Kanakono's sub-prefecture to
benefit from the construction of health, educational infrastructure and many
others. At the same time, it contributes to improve people's living conditions
thanks to the many direct and indirect jobs created. However, this exploitation
is not without affecting population health and the environment of this area.
Key words : Kanakono - gold mining -
Sissingué - economic and social development - environment - population
health
|