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Transhumance politique et crédibilité des acteurs politiques en république démocratique du Congo.


par Innocent MWENDAPOLE BAGALWA
Université de Lubumbashi - Licence en sciences politiques et administratives 2017
  

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a. Problème de leadership dans les partis ou structures politiques congolaises

Les structures ou partis politiques de la République Démocratique du Congo comme partout ailleurs, sont dirigés par un leader qui, dans la pluspart de cas est le fondateur. C'est bien lui qui prend la tête, conduit la politique et qui engage la structure. Contrairement à ce qui se passe dans les pays dits développés et démocratiques, en République Démocratique du Congo le chef du parti ou de la structure appelé « autorité morale » exerce son pouvoir sur la structure selon son bon vouloir et d'autres membres ne font que suivre le mouvement du leader, même lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec telle ou telle autre position qu'il a prise.

C'est de cette façon que sont gérés la plupart de partis politiques en République Démocratique du Congo. L'organisation et le fonctionnement interne des partis politiques au Congo est caractérisé par une gestion centrée au niveau supérieur, même-ci certaines compétences sont reconnues aux subalternes ou à d'autres instances inférieures. C'est de là que vient la frustration et le mécontentement dans le fief de ces structures politique et qui par la suite se manifeste par un départ des uns dans d'autres structures politiques.

b. Manque d'une vision commune dans les partis ou structures politiques congolaises

Ce problème est caractérisé par une vision politique troublée des acteurs politiques et membres d'une même structure politique. Nous assistons à ce type de phénomène dans une structure lorsqu'il y a crise de confiance entre les acteurs politiques eux-mêmes, chacun soupçonnant l'autre en l'accusant de trahison et non fidélité au parti. Ce climat aboutit toujours par la division interne qui se fait soit, par la scission interne du parti et la création des ailles, ou soit par le départ des uns et des autres dans d'autres organisations politiques. Il en est de même pour ce qui est des grands regroupements politiques congolais, dans lesquels nous retrouvons des acteurs politiques qui ont du mal à se choisir un représentant lorsqu'ils se trouvent réunis ensemble, car tout le monde voulant être chef, ils finissent par se désolidariser les uns aux autres parce qu'ils souffrent eux même d'une crise de confiance dans leurs organisations.

c. Problème lié à la répartition des avantages politiques

En République Démocratique du Congo les partis politiques restent à nos jours les seules structures politiques par excellence qui favorisent la conquête et l'exercice du pouvoir. Les enjeux politiques électoraux sont les seuls qui arrivent à mettre ensemble les différents partis politiques dans le but de faire un bloc commun en vue d'assurer leur victoire à tous les niveaux.

Les alliances qui se font en politique, ont comme soubassement le partage des avantages une fois le pouvoir conquis. C'est pourquoi il s'observe en République Démocratique du Congo certains regroupements politiques avec des partis politiques périodiques « non viables », et qui disparaissent et apparaissent en cas des opportunités, car, ils n'ont aucune représentation au niveau tant national et même local, et c'est pourquoi ces partis acceptent aveuglement de faire front commun avec ceux qui sont influant sur la scène politique.

Cependant nous voyons ces mêmes alliances se désolidariser lorsque les acteurs politiques réalisent que ce à quoi ils s'étaient engagés dans le parti ou regroupement n'est pas respecté, et par conséquent ils claquent la porte avec armes et bagages et transhume dans un autre parti politique ou regroupement politique.

En effet, c'est de cette façon que nait les divisions internes dans les structures politiques et qui se terminent par les départs des uns ou des autres dans d'autres structures politiques.

1.1.2. Causes exogènes de la transhumance politique en République Démocratique du Congo.

Le pouvoir pour qu'il soit exercé aujourd'hui nécessite une stabilité qui toutefois doit provenir des acteurs tant nationaux qu'internationaux. C'est pour cette raison que les échanges entre différents acteurs sont importants peu-importe leur divergence politique (du gauche, de droite ou encore du centre). Pour briguer la primature ou faire partie du gouvernement il y a une procédure constitutionnelle à suive130(*), mais aujourd'hui, sous l'action de plusieurs facteurs, et surtout dans le souci de calmer et d'assainir le climat politique dans le pays, les acteurs politiques arrivent à se mettre ensemble et trouvent d'autres voies de sortie autres que celles qui sont prévues par les textes légaux. Cette façon de faire les choses nous amène à ce qu'on qualifie de la gouvernance commune.

La gouvernance commune appelée communément « gouvernement d'union nationale » a toujours causée problème lorsqu'il s'agit de sa construction dans les camps des antagonistes congolais (majorité et opposition) dans la mesure où, elle favorise la participation des uns à la gestion et occasionne le départ des autres ou soit leur mis à l'écart. Ce mouvement d'entrer et de sortie, est l'élément qui favorise la transhumance politique dans les partis politiques et contribue au dédoublement des dits partis politiques et leur scission.

Pour les acteurs politiques qui ne participent pas à la gestion, ils sont dans leur majorité caractérisés par un manque des moyens matériel pouvant leur permettre de résister politiquement et assurer la survie politique de leurs structures, et comme le dit Muyumba131(*) Mpyana H., le moyen économique est l'ombre de la politique, par-là les acteurs politiques sont obligés d'en avoir pour se maintenir et atteindre leurs objectifs. Cependant, par manque des moyens de leurs politiques, les acteurs politiques sont exposés à plusieurs tentatives qui viennent d'ailleurs et qui finissent toujours par leur faire changer de position.

La transhumance politique ronge la classe politique congolaise et décrédibilise les politiques congolais, c'est une pratique politique qui trouble les unions qu'on trouve dans les structures politiques. Ce caractère exogène se manifeste lorsqu'un élément qui n'est pas de la structure s'y introduit et provoque des interactions imprévisibles au sein de celle-ci. Souvent ce sont ces acteurs du groupe qui sont en contact permanent avec l'extérieur et qui font des alliances sans toutefois entrer en consultation avec les autres membres internes de leurs structures, et la conséquence est, le départ sans merci des ceux qui estiment ne pas se retrouver.

Cette pratique est interprétée par certains observateurs comme une stratégie politique utilisée par une structure politique, qui consiste à affaiblir et salir davantage l'image de ses adversaires, en les divisant entre eux et les embaucher surtout lorsqu'ils n'ont pas des moyens financiers.

Signalons tout de même que, nous avons observé que, pour las acteurs politiques congolais qui transhument de la mouvance au pouvoir vers l'autre tendance politique qui ne gouverne pas, et ce déplacement est causé par une situation de mésentente dans leurs structures politiques ou encore lorsque certains acteurs veulent sortir pour se positionner de manière individuelle, une façon pour eux de se blanchir de l'autre côté. Le manque d'alternance et l'absence des congrès dans les partis et regroupements politiques dans la majorité au pouvoir pour se choisir démocratiquement un représentant et la mauvaise foi, sont des arguments poussés sur la place publique par les acteurs qui viennent de cette famille132(*).

* 130Constitution de la République Démocratique du Congo, art. 78 et 90.

* 131 Muyumba Mpyana H , cours d'aspects politiques et administratif de développement, UNILU, FSSPA, 2017-2018.

* 132 Entretient avec l'Avocat Joseph TSHANYEMA, le 20 Mars 2018.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery