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Analyse des déterminants de la sécurité alimentaire en république Centrafricaine.


par Chancel Japhet KPATAGUELE
Université de Yaoundé II-SOA - Master 2 en politique publique et développement durable 2018
  

Disponible en mode multipage

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      UNIVERSITE DE YAOUNDE II-SOA

      UNIVERSITY OF YAOUNDE II-SOA

      FACULTY OF ECONOMICS AND MANAGEMENT

      PO BOX: 1365 YAOUNDÉ-CAMEROON Tel: (+237) 22213441/Fax: (+237) 22237912

      www.fseg.univ-yde2.org

      FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

      BP: 1365 YAOUNDÉ-CAMEROUN

      Tel: (+237) 22 21 41 /Fax: (+237) 22 23 79 12

      www.fseg.univ-yde2.org

      DEPARTEMENT DE L'ECONOMIE PUBLIQUE

      MASTER II EN POLITIQUE PUBLIQUE ET DEVELOPPEMENT DURABLE

      ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

      Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du diplôme de master 2 en politique publique et développement durable

      Option : Economie de l'environnement, de développement rural et de l'agroalimentaire

      Par :

      KPATAGUELE Chancel Japhet

      Titulaire de maitrise en Econométrie

      Sous la direction de :

      Pr. FOUOPI DJIOGAP Constant

      Agrégé de sciences Economiques

      Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

      Université de Yaoundé II-Soa

      ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019

      Sommaire

      AVERTISSEMENT ii

      DEDICACE iii

      REMERCIEMENTS iv

      SIGLES ET ABREVIATION v

      LISTE DES TABLEAUX vii

      LISTE DES FIGURES viii

      RESUME ix

      ABSTRACT x

      INTRODUCTION GENERALE 1

      PREMIERE PARTIE : 12

      CADRE D'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA 12

      CHAPITRE 1: GENERALITE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE 14

      I. EVOLUTION DES INDICATEURS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE 14

      II. LES INDICATEURS ET LES INDICES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE 18

      CHAPITRE 2 : LA RCA ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE 32

      I. ANALYSE DE LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE EN RCA 32

      II. REVUE DES POLITIQUES ET PROGRAMMES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION 43

      DEUXIÈME PARTIE : 53

      IDENTIFICATION DES DÉTERMINANTS DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN RCA 53

      CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE L'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA 55

      I. CADRE ANALYTIQUE DU MODEL LOGIT 55

      II. METHODOLOGIE : ENSEMBLE DES DONNEES ET VARIABLES 62

      CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSION 72

      I. ANALYSE DESCRIPTIVE DES VARIABLES 72

      II. RESULTATS EMPIRIQUES 78

      CONCLUSION GENERALE 81

      ANNEXES 81

      REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81

      TABLES DES MATIERES 81

      Avertissement

      « L'université de Yaounde II-Soa entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire, ils doivent être considéré comme propre à leur auteur. »

      À

      DEDICACE

      Mon père KPATAGUELE Eric et à ma mère NGABA Denise

      REMERCIEMENTS

      Avant tout propos, je tiens à traduire toute ma gratitude à l'endroit de tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont permis à l'aboutissement heureux de ce mémoire. Je pense en particulier à Pr. FOUOPI DJIOGAP Constant qui a eu l'amabilité d'accepter de diriger mon travail durant cette année. J'ai beaucoup apprécié de travailler sous son encadrement empreint de rigueur, de suivi régulier et d'une bienveillance exceptionnelle. Je ne le remercierai jamais assez. J'aimerais qu'il sache que j'ai énormément appris à ses côtés.

      L'expression de ma profonde gratitude s'adresse également aux enseignants de la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de l'université de Yaoundé II-Soa et plus particulièrement à l'endroit de Pr. KAMDEM Cyrille, Coordonnateur de Master en Economie de l'environnement, de Développement rural et de l'Agroalimentaire (EEDRA).

      Je voudrais aussi exprimer ma reconnaissance envers toute ma famille pour leur soutien moral, financier et intellectuel afin que ce travail puisse être mené à bien jusqu'à son terme.

      Mon sincère merci à tous les étudiants de Master EEDRA (2018/2019) et à tous mes compatriotes de Yaoundé et de Douala pour leur soutien moral.

      J'adresse un merci spécial à mes amies NOUBA Evodie et KENGNI Jolivette, qui ont été un appui inconditionnel tout au long de cette année.

      SIGLES ET ABREVIATIONS

      ACDA : Agence Centrafricaine de Développement Agricole

      ANDE : Agence Nationale de Développement de l'Elevage

      BAD  : Banque Africaine de Développement

      BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

      CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

      DRSP2 : Document Stratégique pour Réduction de la Pauvreté de la seconde génération

      DSDI : Direction des Statistiques de la Documentation et de l'Informatique

      FAO  : Food and Agriculture Organization

      FED  : Fonds Européen de Développement

      FIDE   : Fonds Interprofessionnel du Développement de l'Elevage

      FIDA  : Fonds International de Développement Agricole

      FENU   : Fonds d'équipement des Nations Unies

      FMI   : Fonds Monétaire international

      FNEC  : Fédération Nationale des Eleveurs Centrafricains

      ICRA  : L'Institut Centrafricain de la Recherche Agronomique

      ICASSES  : Institut Centrafricain de la Statistique et des Etudes Economiques et Sociales

      IFPRI : International Food Policy Research Institute

      IPC : Integrated Phase Classification

      OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

      ODD : Objectifs de Développement Durable

      OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

      OMS : Organisation Mondiale de la Santé

      PAIA  : Projet d'Appui aux Institutions Agricoles

      PAM  : Programme Alimentaire Mondial

      PED : Pays en Développement

      PDEO  : Projet de Développement de l'Elevage à l'Ouest

      PDEOBK  : Projet de Développement de l'Elevage dans la Ouaka et la Basse-Kotto

      PED  : Pays En Développement

      PNDE  : Projet National de Développement de l'Elevage

      PNUD : Programme des Nations unies pour le développement

      PED  : Pays En Développement

      PIB  : Produit Intérieur Brut

      PIBA : Produit Intérieur Brut Agricole

      PNIASAN : Programme National d'Investissement Agricole de Sécurité Alimentaire et

      Nutritionnel

      RCA  : République centrafricaine

      UNICEF : Fonds des Nations unies pour l'enfance

      USAID  : Agence des Nations unies pour le développement international

      LISTE DES TABLEAUX

      Tableau 1 : Indicateurs par dimension de la sécurité alimentaire et nutritionnelle 23

      Tableau 2 : Indicateurs de l'ISAM 26

      Tableau 3 : Indicateurs bio-marqueurs de micronutriments 30

      Tableau 4 : Productions vivrières de la RCA de 2012 à 2015 en tonnes 34

      Tableau 5 : Importations alimentaires de la RCA de 2012 à 2015 en millions de FCFA 35

      Tableau 6: Régimes alimentaires des différents groupes de consommation en RCA 39

      Tableau 7 : Résultats de l'enquête sur la malnutrition à Bangui et dans l'Ombella-Mpoko 43

      Tableau 8: Allocations budgétaires des départements ministériels en lien avec la SAN 50

      Tableau 9: Définition des variables du modèle 64

      Tableau 10: Explications des variables dummy 66

      Tableau 11: Les variables dummy de l'instabilite politique en RCA 67

      Tableau 12: Statistiques descriptives des variables 76

      Tableau 13: Matrice des corrélations linéaires des variables 77

      Tableau 14: Estimation par le modèle logit 78

      Tableau 15: Calcule des effets marginaux 79

      LISTE DES FIGURES

      Figure 1 : Situation de la sécurité alimentaire par préfecture 37

      Figure 2 : Evolution de l'investissement public (FBCF) en RCA 72

      Figure 3 : Evolution de la production agricole en RCA 73

      Figure 4 : Evolution de l'importation des produits alimentaires en RCA 74

      Figure 5 : Evolution de l'indice des prix à la consommation 74

      Figure 6 : Evolution de PIB par tête en RCA 75

      Figure 7: Croissance de la population Centrafricaine 75


      RESUME

      L'objectif général de ce travail est d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en République Centrafricaine. De manière spécifique, il s'agit d'une part, d'identifier les déterminants économiques de la sécurité alimentaire et d'autre part, d'identifier les déterminants non économiques de la sécurité alimentaire. L'analyse utilise les données secondaires. Un modèle économétrique qui est le modèle logit est utilisé pour identifier les déterminants la sécurité alimentaire. Nos résultats montrent que l'investissement public est le déterminant économique majeur de la sécurité alimentaire et la stabilité politique est le déterminant non économique majeur de la sécurité alimentaire en RCA. A cet égard, une augmentation de l'investissement public de 10% entraine une amélioration de la sécurité alimentaire d'un point et une amélioration de la stabilité politique conduit à une réduction de l'insécurité alimentaire en RCA. Tandis que l'indice des prix à la consommation a un impact négatif sur la sécurité alimentaire en RCA. En termes de l'implication de la politique économique, les décideurs politiques doivent augmenter la part de formation brute du capital fixe (FBCF) dans la richesse crée enfin de renforcer le capital public pour garantir la sécurité alimentaire et des actions économiques qui ont une externalité positive sur la stabilité politique doivent être menées pour permettre la réduction de l'insécurité alimentaire dans le pays.

      Mots clés : Déterminants, sécurité alimentaire, modèle logit, RCA

      ABSTRACT

      The overall objective of this work is to identify the determinants of food security in the Central African Republic. Specifically, this involves identifying the economic determinants of food security and identifying non-economic determinants of food. The analysis uses the secondary data. An econometric model that is the logit is used to identify the determinants of food security. Our results show that public investment is the major economic determinant of food security and political stability is the major non-economic determinant of food security in CAR. In this regard, an increase in public investment of 10% leads to an improvement in food security of one point and an improvement in political stability leads to reduction of food insecurity in CAR. While the consumer price index has a negative impact on food security in CAR. In terms of the involvement of economic policy, policymakers must increase the share of gross fixed capital formation (GFCF) in the wealth finally created to strengthen public capital and guarantee food security and economic actions that have externalities on political stability must be conducted to help reduce food insecurity in the country.

      Keywords: Determinants, food security, logit model, CAR

      INTRODUCTION GENERALE

      1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

      Le concept de sécurité alimentaire est apparu pour la première fois lors de la conférence mondiale sur l'alimentation de 1974,1(*) la définition retenue à cette occasion, est que la sécurité alimentaire consiste à « disposer à chaque instant d'un : Niveau adéquat de produits de base pour satisfaire la progression de la consommation et atténuer les fluctuations de la production et des prix » (Maxwell, 1995, cité par Kako, 2000). A cette conception de la sécurité alimentaire essentiellement basée sur l'offre alimentaire, a succédé à la suite des travaux d'Amartya Sen sur les famines, une approche plus globale basée sur la notion de droit d'accès à l'alimentation (entitlements approach). 2(*)La nouvelle approche accorde une place primordiale à l'accessibilité alimentaire. L'idée étant que même dans le cas où l'offre alimentaire est suffisante, certains ménages peuvent avoir un accès limité à la nourriture du fait de conditions d'échange défavorables ou d'une insuffisance de moyens.

      Depuis lors, la définition de la sécurité alimentaire généralement utilisée est plus large. En effet, dans sa définition reformulée, la sécurité alimentaire est la possibilité pour chaque individu d'accéder en tout temps à une alimentation salubre et nourrissante, lui permettant d'avoir une vie saine et active. Pour Hoskins (1990), la sécurité alimentaire est définie comme la possibilité physique et économique d'accéder pour tous et en tout temps aux produits alimentaires. Cette seconde définition est adoptée lors des travaux du sommet mondial sur l'alimentation en 1996. Ainsi, dans sa définition vulgarisée, « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (FAO, 1996)3(*). Quatre dimensions sont définies dans la sécurité alimentaire : La sécurité alimentaire comporte quatre dimensions: La disponibilité de la nourriture en quantité suffisante; La stabilité de l'approvisionnement ; L'accessibilité physique et économique des denrées et la qualité nutritionnelle.

      L'amélioration de la sécurité alimentaire fait l'objet d'un consensus unanime, des grandes agences internationales la mettent au coeur de leurs préoccupations, tandis que les initiatives régionales de lutte contre la faim gagnent du terrain : en juillet 2014, lors du sommet de l'Union africaine à Malabo (Guinée équatoriale), les chefs d'États africains se sont engagés à mettre un terme à la faim sur le continent d'ici à 2025 et en 2013, lors du premier sommet de la Communauté des États latino-américains et caribéens, les chefs d'État et de gouvernement ont approuvé l'objectif Faim zéro 2025 et réaffirmé l'engagement de la région en faveur de l'initiative Amérique latine et Caraïbes libérées de la faim en 2025 lancée en 2005 (Zidouemba et Gérard. 2015).

      Au cours des 20 dernières années, le nombre de crises alimentaires a augmenté d'une moyenne de 15 par an dans les années 1981 à plus de 30 par an à partir de l'an 2000. Les crises alimentaires les plus graves provoquées par l'intervention humaine qui persistent pendant plusieurs années sont considérées comme des crises prolongées. La plupart des crises prolongées touchent l'Afrique, où le nombre moyen de crise a triplé au cours des 20 dernières années. Ces crises sont essentiellement favorisées par les conflits armés, souvent accompagnés de sécheresses, d'inondations et des effets de la pandémie du sida. L'incidence de ce facteur sur la production alimentaire et la sécurité alimentaire a été catastrophique pour des millions de personnes qui sont obligées de quitter leurs foyers, ont l'impossibilité de travailler leurs terres, coupés des marchés où ils peuvent écouler leurs produits ainsi que des approvisionnements commerciaux de semences, d'engrais et du crédit (FAO, 2006).

      La RCA dont le développement repose sur le secteur agricole ne fait pas exception à la situation d'insécurité alimentaire qui touche le continent africain.

      Cependant, on pense que les conditions climatiques défavorables et les conflits, qui se produisent souvent en même temps, sont des facteurs clés qui expliquent l'augmentation récente de l'insécurité alimentaire dans le pays. Un environnement économique mondial difficile, reflété dans la baisse des prix des produits extractifs et non extractifs et une faible croissance, a également contribué à l'augmentation de l'insécurité alimentaire dans de le pays, la majorité des personnes en insécurité alimentaire en 2016 vit dans des zones touchées par des conflits. Le taux de l'insécurité alimentaire est environ deux fois plus élevé dans les zones touchées par des conflits en situation de crise prolongée que dans les zones qui ne sont pas touchées par des conflits, et généralement, les résultats en matière de nutrition sont plus graves dans ces zones (FAO, 2017).

      Plusieurs travaux, s'interrogeant sur les raisons de la persistance de l'insécurité alimentaire mettent en avant le rôle de la pauvreté (Sen, 1981). La croissance durable de l'agriculture apparaît alors comme une condition essentielle, étant donné la part de la population dans ce secteur et l'importance de la pauvreté rurale (World Bank, 2008).

      Dans les mécanismes décrits, la faiblesse de l'investissement est la variable clé et l'investissement en zone rurale est désigné comme élément essentiel dans la lutte contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire (World Bank, 2008 ; Barett et al., 2010 ; De Janvry, 2010 ; De Janvry et Sadoulet, 2010). Comme les ménages se trouvent pris dans un cercle vicieux, il est nécessaire de trouver des leviers capables de rompre ces enchaînements (Poulton et al., 2006). On attend de la croissance des investissements des impacts positifs sur la sécurité alimentaire non seulement en zone rurale mais aussi en zone urbaine, la baisse des prix consécutive à la croissance de la production permettant de satisfaire à la fois les ruraux et les urbains (Timmer, 2000 ; FAO, 2012). Afin de générer cette croissance des investissements, de nombreux auteurs mettent en avant la nécessité d'infrastructures publiques, essentielles pour créer un environnement plus favorable (Barro et Sala-I-Martin, 1995 ; Aghion et Howitt, 1998). En effet, en l'absence d'investissements publics en zone rurale (ou encore de leur faible efficacité, voire leur détournement), l'offre de biens publics (routes, entrepôts de stockage, irrigation, électricité, accès à la santé et à l'éducation) est insuffisante, accroissant considérablement les coûts et grevant ainsi la rentabilité des activités économiques. La faiblesse de la densité de la population qui rend la construction des infrastructures plus coûteuse explique partiellement cette situation dans de nombreux pays d'Afrique Sub-saharienne (Cour, 2001 ; Fafchamps et al., 2005).

      Selon le rapport de l'organisation mondiale l'alimentation et de l'agriculture (FAO, 2016), 2 million des centrafricains étaient en situation insécurité alimentaire, soit 48% de la population. La RCA se classait parmi les pays qui ont une forte prévalence en sous-alimentation, sur 18 pays en forte insécurité alimentaire, la RCA se classait 13ème. L'un des symptômes de la grande pauvreté des ménages est naturellement l'allocation de la proportion importante voire très importante de leur budget dans l'achat de nourriture. L'analyse de la dimension économique de l'insécurité alimentaire sur la base de l'indice part de la dépense alimentaire au sein des ménages, indique qu'à l'échelle nationale, 31% de la population centrafricaine ont des dépenses alimentaires représentant plus de 75% de leurs dépenses totales, cette situation de l'insécurité alimentaire est très sérieuse et mérite bien l'attention sérieuse étant donné que le pays est en train de se battre pour relancer son activité économique.

      Dans cette même logique, on note que pour 75% des ménages, la dépense alimentaire atteindrait plus de 50% de leurs dépenses totales. Cette situation explique que la préoccupation première des ménages demeure l'accès à l'alimentation et cela au détriment des autres dépenses en lien avec (i) l'investissement agricole, (ii) la santé et (iii) l'éducation.

      Située au coeur de l'Afrique, la République Centrafricaine (RCA) a une superficie de 623.000 Km². Elle est limitée au Nord par le Tchad, au Sud par le Congo et la République Démocratique du Congo (RDC), à l'Est par le Soudan et à l'Ouest par le Cameroun. La RCA a une population estimée à 4.479.444 habitants en 2010, soit une densité de 7,2 hab./Km² (RGPH 2003). Les plus fortes concentrations de populations sont remarquées le long des axes routiers, notamment dans les préfectures de l'Ouham, l'Ouham-Pendé, la Ouaka et la Basse-Kotto et dans la périphérie de la capitale (Bangui). Le relief, très peu accidenté, est dominé par une dorsale centrale qui sépare les deux principaux réseaux hydrographiques du pays: le bassin Tchadien au nord et le bassin Oubanguien au sud. Un pays enclavé dont l'économie est essentiellement basée sur l'agriculture, la RCA est encore classée parmi les Pays les moins avancés malgré ses énormes potentialités qui demeurent faiblement exploitées. En effet, sur près de 15 000 000 d'hectares de terres arables, seulement 700.000 ha sont mis en culture chaque année soit environ 2% de ce potentiel.

      En effet, l'économie centrafricaine repose encore largement sur le secteur agricole (agriculture, pêche, chasse, forêt). Ce secteur emploie environ 70% de la population active du pays et contribue pour 55% au produit intérieur brut (PIB) en 2008, contre 13,1% pour le secteur secondaire et 31,9% pour le secteur tertiaire (Banque des États de l'Afrique centrale, BEAC, 2008). La contribution des différents sous-secteurs (agriculture, élevage, chasse et pêche, et forêts) au PIB agricole (PIB-Agri) est très inégale : en 2008, la part des cultures vivrières dans le PIB-Agri était de 51,40% alors que celle des cultures de rente (coton, café, tabac) n'était que de 1,23%. Les sous-secteurs de l'élevage (bovins, caprins, ovins), de la chasse et pêche et des forêts représentaient respectivement 22,83%, 9,60% et 14,94% du PIB-Agri. Les principales productions de rente se sont généralement repliées. Globalement, les activités rurales, malgré les conditions agro écologiques favorables dont elles bénéficient, présentent des performances très faibles. Pendant trois décennies, les sous-secteurs agriculture et élevage, qui occupent près de 75% de la population active du pays et représentent près de 50% du PIB, ont connu une croissance annuelle moyenne faible de l'ordre de 2%, inférieure de fait au taux de croissance de la population estimé à 2,5% lors du recensement de la population de 2003 (BEAC, 2009).

      Outre la faiblesse structurelle du secteur agricole, de nouveaux facteurs contribuent aujourd'hui à accroître la vulnérabilité des populations. Notamment, ces dernières années la crise économique mondiale, la volatilité des cours des denrées alimentaires et les conflits armés sont venues exacerber les difficultés économiques du pays. Or, selon les résultats de l'Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire en RCA (AGVSA), 64 % des ménages ont recours au marché comme principale source d'approvisionnement des produits alimentaires. Même parmi les ménages ayant pour activité principale l'agriculture, 48 % d'entre eux ont recours au marché comme principale source d'approvisionnement des produits alimentaires, ce qui explique la faiblesse de production agricole. La capacité de l'agriculture a assuré la sécurité alimentaire est alors remise en cause.

      L'investissement dans des biens publics à des effets très positifs sur la croissance agricole, la réduction de la pauvreté et lutte contre la faim, la fourniture de biens publics est une part essentielle de l'environnement porteur à mettre en place pour encourager les investissements agricoles. Les données recueillies dans de nombreux pays, au cours de cinq décennies, montrent que les investissements publics consacrés à la R&D agricole, à l'éducation et aux infrastructures rurales sont plus rentables que d'autres dépenses comme la subvention des intrants. L'investissement dans des biens publics utiles à l'agriculture a des incidences très positives sur la productivité agricole et la réduction de la pauvreté, ce qui montre que ces deux objectifs sont souvent compatibles, et non pas antagonistes. En outre, en milieu rural, les investissements dans les biens publics seront probablement complémentaires, par nature; ainsi, les investissements dans l'éducation et les infrastructures rurales ont tendance à améliorer les investissements agricoles et figurent souvent parmi les principaux facteurs de croissance agricole et, en général, de croissance économique en milieu rural. Les effets relatifs d'autres types d'investissement varient d'un pays à l'autre, d'où la nécessité de définir localement les priorités en matière d'investissement mais il faut bien admettre qu'en milieu rural, les investissements dans des biens publics produisent des résultats qui se renforcent mutuellement (FAO, 2012).

      2. PROBLEMATIQUE

      Les crises alimentaires mondiales au cours des deux dernières décennies et les différentes émeutes de faim qui se sont suivies dans de nombreux Pays en Développement ont remis en cause la capacité du système de production alimentaire actuel à nourrir une population en pleine croissance. En effet, la croissance démographique mondiale cumulée aux effets des changements climatiques sur l'agriculture font peser sur l'humanité le risque d'un piège malthusien qui ne peut être évité que par un système productif plus performant et durable. De plus, l'environnement économique, juridique, institutionnel et réglementaire justifie la forte aversion à entreprendre des activités agricoles (FAO, 2009).

      Malgré les différents investissements dans le secteur agricole en RCA, l'agriculture est dominée par de petites exploitations agricoles familiales pratiquant la culture manuelle sur des surfaces très restreintes (0,5 à 0,75 Ha par actif). La fertilité du système agraire est assurée par l'abatis-brulis. La productivité agricole est très faible et les cultures sont principalement autoconsommées (FIDA, 2017). Les efforts d'investissement dans l'agriculture se résument aux engagements des partenaires du développement de la RCA pour le financement des activités des différents programmes. Dans les années 80 le secteur agricole a bénéficié aux financements des partenaires suivants : le fond européen de développement (FED) ; le fond arabe pour le développement (FAD) ; la banque africaine de développement (BAD), le fond international pour le développement agricole (FIDA), ses partenaires qui financent les différents programmes de développement agricole sont obligé en 1998 de quitter pour manque de mesure de pérennisation des actions menées pendant la période de post-financement. En janvier 2005, les partenaires reviennent avec le financement dans des nouveaux programmes, il s'agit de :

      - Financement de programme d'appui à la mise en place des Pôles régionaux de développement, sous le 9emFED réalisé par l'Union Européenne, en février 2010 ce même partenaire prolonge son intervention sous le 10em FED en déboursant 7 millions de d'euro pour le Projet de micro-réalisation (PMR2) et 8 millions d'euro pour la relance de l'économie rurale et l'intégration des activités.

      - Financement de la BAD du projet de développement communautaire et d'appui aux groupes vulnérables d'un montant de 6,24 milliards de FCFA ; de projet d'appui à la réhabilitation d'infrastructures rurales d'un montant de 3 milliards de FCFA (2 marchés à bétail, 2 abattoirs, 2 marchés communaux, 1 marché rural, 60 km de pistes, équipement de 6 laboratoires d'analyse et de contrôle des produits, réhabilitation et équipement de 2 centres de formation professionnelle) et financement du projet d'alimentation en eau potable et d'assainissement de trois chefs-lieux de préfecture (Bambari ; Sibut ; Bangui), d'un montant de 7,82 milliards de FCFA.

      - Financement de la Banque Mondiale pour instruire un projet d'appui au secteur agricole, spécifiquement d'appui aux infrastructures rurales pour un montant de 24 millions USD qui a été mise en oeuvre novembre 2011.

      - Financement de 9 millions de $US par le FIDA pour le développement des productions agricoles, l'appui à l'accès aux marchés, l'amélioration du cadre de vie, le renforcement des capacités des producteurs et des services techniques d'appui et en fin la coordination, le suivi-évaluation et la gestion.

      Suite à ses différents financements, la production agricole à subit une hausse entre 1980 à 1998, la croissance de la production était de 15%, après le retrait des bailleurs en 1998, production agricole a subi une décroissance de -1,8% et de -0,5% en 2002, une faible augmentation de la production agricole de 1,0% en 2005 pour atteindre 4,9% en 2009 et 3,7% en 2012 (BEAC, 2010 ; WDI, 2018). Malgré une bonne performance de l'agriculture, Les approvisionnements alimentaires du pays sont relativement dépendants des importations, l'importation annuelle des produits alimentaires est stimmée à hauteur de 70 000 000 000 (KAMAYEN, 2017). En dépit de tout ça l'insécurité alimentaire règne toujours dans le pays, la problématique d'accès à l'alimentation et de la disponibilité de la nourriture des ménages est toujours dans les débats en RCA, 29% de la population est en insécurité alimentaire aigue selon l'analyse IPC d'Aout 20194(*).

      3. QUESTION DE RECHERCHE

      De ce problème découle une question de recherche à savoir: Quels sont les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA? De cette interrogation principale de recherche découle deux questions spécifiques.


      · Quels sont les déterminants économiques de la sécurité alimentaire en RCA?


      · Quelle sont les déterminants non économiques de la sécurité alimentaire en RCA ?

      4. OBJECTIF DE RECHERCHE

      Cette étude a pour objectif principale d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA. De manière spécifique il s'agira:


      · D'identifier les déterminants économiques de la sécurité alimentaire en RCA.


      · D'identifier les déterminants non économiques de la sécurité alimentaire en RCA.

      5. HYPOTHESE DE RECHERCHE

      Pour atteindre ses objectifs nous formulons des hypothèses suivantes :

      : L'investissement public est le déterminant économique majeur de la sécurité alimentaire en RCA.

      : La stabilité politique est le déterminant non économique majeur de la sécurité alimentaire en RCA.

      6. METHODOLOGIE

      L'objectif de notre travail est d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire. Pour atteindre cet objectif et vérifier nos hypothèses, nous allons procéder aux méthodes économétriques. Pour analyser la relation entre les déterminants identifier et la sécurité alimentaire, nous allons utiliser le model logit.

      Tout au long de ce travail, nous utiliserons logit comme méthode d'estimation, les données concernant nos variables proviendront de la base de données de la Banque Mondiale et FAO couvrant la période de 1990 à 2017 et seront traitées à base de logiciel STATA 14.

      7. INTÉRÊTS SCIENTIFIQUES ET PRATIQUE DE L'ETUDE

      7.1 INTÉRÊTS SCIENTIFIQUES

      Même si beaucoup de travaux ont mis l'accent sur la globalisation des échanges comme le facteur principale susceptible d'améliorer la sécurité alimentaire pour un pays moins avancé comme la RCA, la stabilité politique et l'investissement public occupent une place prépondérante parmi les facteurs améliorant la sécurité alimentaire.

      Il est nécessaire de faire une analyse empirique des déterminants de la sécurité alimentaire pour une mise en place d'un plan cohérent de réformes économiques. Etant donné qu'aucune étude empirique n'a été fait sur les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, cette étude va contribuer au débat académique sur la modélisation de ce phénomène dans le pays, et va permettre de mettre en évidence des données réelles, quantitative vérifiable pouvant servir a d'autre recherche ultérieures.

      7.2 INTÉRÊTS PRATIQUES

      La sécurité alimentaire est devenue aujourd'hui l'une des questions essentielles en matière de développement durable, elle est un phénomène qui occupe une place importante dans la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement.

      L'agriculture centrafricaine est resté depuis ce temps une agriculture de subsistance, malgré la part de l'investissement dans ce secteur, elle n'est pas toujours capable d'assurer la sécurité alimentaire dans le pays, la faiblesse de capital public est la cause de beaucoup de phénomène qui joue sur l'économie centrafricaine. En outre l'instabilité politique qui règne dans le pays depuis l'indépendance à un impact sur la sécurité alimentaire des ménages.

      Il est donc nécessaire d'analyser cette situation d'une manière concrète, ce qui nous aiderait à mettre en évidence son degré d'importance, d'urgence et les interrelations pour une meilleure élaboration des politique publiques ainsi que la mise en oeuvre, et le succès des objectifs de développement durable définis par les Nations Unis.

      8. Organisation du travail:

      Dans cette étude notre objectif est d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, pour bien mené notre étude, nous allons organiser notre travail en deux parties : la première partie va être consacrée au cadre d'analyse des déterminants de la sécurité alimentaire en RCA et dans seconde partie nous allons essayer d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire.

      PREMIERE PARTIE :

      CADRE D'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA

      INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

      La sécurité alimentaire est devenue une préoccupation majeure des pays en développement, sa corrélation avec la pauvreté lui donne une place importante dans la stratégie de lutte contre la pauvreté, beaucoup de décideurs politiques ainsi que les organisations internationales aujourd'hui mettent en avant la sécurité alimentaire dans leur politique de lutte contre la pauvreté, on peut voir que bon nombre de personne vivant sous le seuil de l'insécurité alimentaire se trouve dans les pays pauvres. Dans cette partie, il sera question de faire une analyse conceptuelle de la sécurité alimentaire (la généralité de la sécurité alimentaire) dans le chapitre 1, dans le chapitre 2 il sera question de faire une analyse de la sécurité alimentaire en RCA.

      CHAPITRE 1: GENERALITE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE

      INTRODUCTION

      A la fin des années 60, l'instabilité de la situation alimentaire est telle que les pays en développement n'ont pas de disponibilité alimentaire suffisante en moyenne pour chaque habitant. Dans les années 70, la situation n'a guère changé, bien au contraire, elle s'est dégradée donnant lieu 35% de la population mondiale, soit 90 millions d'individus, en sous-alimentation. Suite à la persistance de la pauvreté, de la malnutrition mais surtout des problèmes sévères liés à l'autosuffisance alimentaire, c'est ce qui d'ailleurs a poussé les Nations Unies a convoqué en 1974 le premier sommet mondial sur la question de l'alimentation et qui a permis l'adoption de la proclamation solennelle selon laquelle : « chaque homme, femme et enfant a le droit inaliénable d'être libéré de la faim et de la malnutrition afin de développer pleinement ses facultés physiques et mentales. Depuis lors le nombre de conférence sur la sécurité alimentaire ne cesse d'augmenter, ce pendant la part de la population mondiale vivant sous le seuil de la pauvreté et l'insécurité alimentaire s'est accru. Ce chapitre se propose de faire la généralité sur la sécurité alimentaire. Dans la première section, nous allons nous appesantir sur l'évolution des indicateurs de la sécurité alimentaire et dans seconde section nous allons parcourir les différents indicateurs et indices mesuré la sécurité alimentaire

      I. EVOLUTION DES INDICATEURS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

      Mesurer la sécurité alimentaire est une tâche difficile en raison de la complexité du concept (Barrett, 2002). Néanmoins, les décideurs politiques ont besoin de savoir combien de personnes sont à risque, qui ils sont, et la meilleure façon de les atteindre. En conséquence, des investissements importants ont été réalisés dans l'élaboration d'indicateurs utiles et la collecte de données pour servir cet objectif. Même si les indicateurs disponibles sont loin d'être parfaits, ils se révèlent utiles sur le plan opérationnel.

      Les indicateurs de sécurité alimentaire et nutritionnelle, ont évolué avec le concept de la sécurité alimentaire. L'analyse de l'évolution du concept de la sécurité alimentaire a permis de mettre en évidence trois grandes périodes de la vision de la sécurité alimentaire et de ses déterminants. Jusqu'au début des années 1980, une première période assimilant la sécurité alimentaire à la disponibilité alimentaire, a entraîné le recours principalement aux évaluations des récoltes, et aux prévisions des volumes de production. Une seconde période que l'on peut qualifier de post-Sen considère la sécurité alimentaire comme une fonction des revenus, des prix, des filets de sécurité sociale et des droits (entitlements). Elle a conduit à des indicateurs multidimensionnels de plus en plus complexes utilisant des prix, des revenus et des données anthropométriques. Enfin, aujourd'hui, la sécurité alimentaire est considérée dans une perspective de vulnérabilité ou de risque nutritionnel et incorpore de plus en plus des indicateurs relatifs au comportement d'adaptation des individus. Campbell (1991) distingue quatre aspects essentiels de l'insécurité alimentaire à tous les niveaux d'analyse: (i) la disponibilité quantitative, (ii) les aspects qualitatifs concernant les types et la diversité des aliments, (iii) les dimensions psychologiques liées à des sentiments de privation, de choix restreint , ou l'anxiété liée à la qualité ou la quantité de nourriture disponible, et (iv) l'acceptabilité sociale des modes de consommation, en termes de fréquence et de la composition des repas ainsi que des modalités d'acquisition de la nourriture: autoconsommation ou achat, mendicité ou vol.

      Une série d'indicateurs reflétant des informations sur un ou plusieurs des quatre aspects existent, bien que la plupart des données soient principalement recueillies sur l'aspect (i), avec beaucoup moins d'attention sur les aspects (ii) à (iv). Les indicateurs les plus couramment utilisés se fondent sur l'observation directe de l'insuffisance alimentaire : la faim et la malnutrition qui sont des conditions suffisantes de l'insécurité alimentaire. Il s'agit de rechercher des symptômes physiologiques de la privation, le plus souvent manifestes dans les mesures anthropométriques (taille/âge, poids/taille, circonférence du bras, ou indice de masse corporelle), comme dans les évaluations des répondants eux-mêmes sur l'adéquation de leur régime alimentaire, ainsi que dans les données sur les apports en nutriments. Il existe un large éventail de méthodes de collecte de ces données-mesures directes, échantillonnage aléatoire, non-aléatoire ou stratifié-avec des variations considérables dans le coût, la rapidité, l'intrusion et la fiabilité (Babu et Pinstrup-Andersen, 1994; Strauss et Thomas, 1998).

      Les données agrégées disponibles sont généralement celles liées à la disponibilité alimentaire au niveau national et sont donc relatives à la première conceptualisation de la sécurité alimentaire, à savoir la disponibilité. Les estimations des disponibilités énergétiques par tête basées sur les bilans alimentaires (food balance sheets) et des hypothèses sur la répartition de la consommation énergétique alimentaire au sein de la population, ne donnent cependant aucune information sur l'accès des individus à la nourriture. Ces mesures peuvent sous-estimer ou surestimer la prévalence de l'insécurité alimentaire (Smith, 1998).

      La disponibilité de plus en plus grande de données d'enquête ménages comme les dépenses de consommation et l'autoconsommation permet d'avoir par extrapolation des mesures intéressantes des niveaux de consommation, mais la fiabilité de ces estimations varie grandement en fonction de la représentativité de l'échantillon enquêté et des méthodes d'extrapolation. En outre, il existe presque toujours des erreurs de mesures dans les niveaux de consommation soit en raison de déclarations erronées sur les dépenses soit du fait de la non prise en compte (ou des erreurs dans l'estimation) de l'autoconsommation (Srinivasan, 1981; Bouis, 1994) ou de la consommation de membres extérieurs au ménage. Les variations inter et intra individuelles des besoins en macro et micronutriments - basés sur la génétique, les niveaux d'activité, l'état de santé, etc. - compliquent également la définition de seuils appropriés d'apport et donc l'estimation de l'incidence de la faim et de la dénutrition (Payne et Lipton, 1994; Higgins et Alderman, 1997).

      De plus en plus d'économistes utilisent des données anthropométriques qui ont l'avantage d'être moins sujettes à des erreurs de mesure systématiques (Strauss et Thomas, 1998). Mais la grande faiblesse des mesures anthropométriques comme indicateurs de sécurité alimentaire est que la santé est le produit de plusieurs facteurs (et pas nécessairement liée à la consommation alimentaire). Ces mesures peuvent par conséquent surestimer la prévalence de l'insécurité alimentaire.

      Barrett (2002) considère qu'il y existe plusieurs raisons de penser que la plupart des indicateurs sous-estiment la prévalence de l'insécurité alimentaire. Tout d'abord, en dépit de la reconnaissance que les mesures de la consommation au niveau du ménage sont une mauvaise approximation de la consommation au niveau de l'individu, la plupart des enquêtes sur les dépenses de consommation s'intéressent aux ménages et non directement aux individus. Or il est maintenant reconnu que des individus peuvent être en forte insécurité alimentaire dans des ménages en sécurité alimentaire. Ensuite, parce qu'une insécurité alimentaire n'entraîne pas nécessairement une insuffisance alimentaire, la faim ou la malnutrition, elle est probablement plus répandue que ses trois sous-produits. Les mesures de l'insécurité alimentaire demeurent par conséquent imprécises.

      La collecte des données sur la disponibilité (consommation alimentaire et dépenses, données anthropométriques) est évidemment très coûteuse, difficile à réaliser et à analyser. Les politiques et les partenaires techniques et financiers ont besoin d'économiser des ressources limitées et du temps pour d'autres projets. D'autres expérimentations de mesures alternatives de sécurité alimentaire moins coûteuses et conformes à l'évolution du concept ont donc vu le jour. Ces mesures concernent : la pauvreté de revenu et de capital (asset), le nombre d'aliments uniques consommés, les prix alimentaires, les salaires, les ratios de dépendance et la morbidité. Lorsqu'elles sont disponibles, ces données permettent de représenter relativement bien l'état de la sécurité alimentaire (Chung et al., 1997).

      La troisième période de la vision de la sécurité alimentaire introduit le risque et les comportements d'adaptation dans la mesure de la sécurité alimentaire. L'idée est que les individus ne vivent pas passivement l'insécurité alimentaire mais emploient une séquence graduée de réponses au risque et à l'adversité (de Garine, 1972). Compte tenu des difficultés pratiques à estimer des risques inobservables et subjectifs auxquels les individus sont confrontés, leurs comportements observables peuvent révéler beaucoup de choses sur leur bien- être et leur sécurité alimentaire. L'étude des stratégies d'adaptation a l'avantage supplémentaire de permettre de saisir les dimensions psychologiques et sociales de l'acceptabilité de l'insécurité alimentaire (aspects (iii) et (iv) ci-dessus). En outre, non seulement les stratégies permettent de localiser les individus en insécurité alimentaire, mais aussi elles reflètent l'intensité de leur insécurité. Maxwell (1996) montre qu'il est possible d'identifier un éventail de stratégies, et d'établir des échelles de sévérité et de fréquences pour développer un indice cumulatif raisonnablement fiable de la sécurité alimentaire. Les stratégies d'adaptation tout comme leur intensité sont cependant très contextuelles. Par exemple, la migration de détresse peut représenter une réponse plus grave que la vente d'un animal ou la consommation des stocks de semences, mais il est difficile, voire impossible, même dans une zone limitée, de généraliser une hiérarchie de réponses ex ante (Davies, 1996).

      L'évolution des indicateurs de sécurité alimentaire s'est traduite par le passage de mesures objectives et quantitatives à des mesures subjectives ou qualitatives. Les premières s'intéressent généralement à des niveaux cibles de consommation en kilocalories par tête (Siamwalla et Valdés, 1980; Reardon et Matlon, 1989) ou à des normes de consommation en volumes (kilogrammes par tête et par an) de différents produits par pays, basées sur les habitudes alimentaires (CILSS, 2004). Les secondes quant à elles sont relatives à l'appréciation que se font les individus eux-mêmes de leurs problèmes alimentaires : possibilité de choix entre différents régimes alimentaires, la sensation de la privation ou l'acceptabilité sociale de la manière d'acquisition des aliments (Radimer et al., 1992).

      II. LES INDICATEURS ET LES INDICES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

      II.1 Les indicateurs usuels de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN): l'état de l'art

      Un indicateur doit refléter une situation donnée ou une réalité sous-jacente qui est difficile à quantifier directement. Il donne généralement un ordre de grandeur sur une échelle donnée. Plus le phénomène à mesurer est complexe, plus il y a nécessité d'un ensemble d'indicateurs pour le saisir. Cela signifie qu'un simple indicateur ne peut pas résumer la complexité de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN). Par conséquent un ensemble d'indicateurs (qu'ils soient compilés ou non dans un indice) doit être construit en vue de capturer toutes les dimensions de la SAN. Lors de l'analyse de l'impact de différents facteurs sur la SAN, l'évaluation de l'impact peut alors être effectuée sur chaque indicateur unique ou sur l'indice composite de la SAN. Le problème avec la construction d'indice composite à partir des indicateurs de SAN est qu'elle nécessite la pondération des différents indicateurs d'une manière ou d'une autre. Une pondération simple (c'est-à-dire que les indicateurs ont la même pondération) permet une compréhension plus facile tandis qu'une pondération plus complexe peut être justifiée théoriquement ou empiriquement mais accroit la difficulté en termes d'interprétation de l'indice. Enfin le choix de la pondération peut être un jugement de valeur.

      L'indicateur doit être également choisi de manière à ce qu'il réponde à un ensemble de propriétés souhaitables. Certaines de ces propriétés sont basées sur la pertinence politique des indicateurs (l'indicateur devant être crédible, c'est-à-dire dans un cadre conceptuel et théorique solide, rapidement disponible, communicable aux utilisateurs finaux), tandis que d'autres sont basées sur des critères scientifiques (c'est-à-dire, la robustesse aux variations des paramètres et aux erreurs de mesure) (Wiesmann, 2004). Dans les aspects techniques de la collecte des données pertinentes pour un indicateur, en particulier concernant le coût de la collecte, Chambers (1992) propose les principes de «l'ignorance optimale» - ne pas collecter plus de données que nécessaire, et «l'imprécision appropriée» - ne pas mesurer plus précisément que ce qui est nécessaire. En outre, la notion de coût de la collecte par rapport aux coûts de non collecte est discutée dans Haddad et al. (1994). Ce critère relie les coûts directs de la collecte de données et de l'action politique que l'information génère, aux avantages que l'indicateur a en termes d'améliorations apportées par l'action de la politique (par exemple les coûts de la collecte des données sur les ménages pour identifier les ménages en insécurité alimentaire, les coûts de répondre à cette insécurité alimentaire, et les avantages sociaux d'y avoir remédié).

      Il y a une préoccupation croissante pour l'amélioration des mesures de la SAN comme une réponse au besoin urgent d'atteindre une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au niveau mondial. Il est alors nécessaire d'identifier les populations et les individus qui sont dans un état d'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Plusieurs indicateurs existent au niveau mondial, national, familial et individuel. Chaque indicateur reflète un aspect spécifique de la SAN et n'est ainsi pertinent que pour certaines situations. Cette section documente la liste des indicateurs qui ont été les plus utilisés dans la littérature de diverses disciplines. Plusieurs indicateurs énumérés ci-dessous sont des mesures bien connues approuvées par le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) et utilisées pour le suivi des réalisations des OMD. Les indicateurs de sécurité alimentaire présentés dans cette section sont: L'indicateur FAO de la sous-alimentation (FAOSA); l'Indice de la Faim dans le Monde (IFM); l'Indice de Sécurité Alimentaire Mondiale (ISAM); L'indice de la Pauvreté et de la Faim (IPF); L'Indice d'Engagement de Réduction de la Faim, (IERF); Les indicateurs anthropométriques (IA); le Score de Diversité Alimentaire (SDA); les Indicateurs Médicaux et de Bio-marqueurs (IMB).

      II.1.1 Un ensemble d'indicateurs pour couvrir les multiples dimensions de la SAN

      L'édition 2013 du rapport SOFI met l'accent sur la nécessité de considérer de multiples dimensions dans l'analyse de l'insécurité alimentaire. On parle de sécurité alimentaire et nutritionnelle « lorsque tous les individus ont à tout moment accès physiquement, socialement et économiquement à de la nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active» (Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale, 2009). Quatre dimensions de la sécurité alimentaire se dégagent de cette définition : la disponibilité des aliments, l'accès économique et physique à la nourriture, l'utilisation de la nourriture et la stabilité (vulnérabilité et chocs) dans le temps. Chaque dimension est décrite par des indicateurs spécifiques (Tableau 1)

      II.1.1.1 La dimension « disponibilité »

      Cinq indicateurs sont utilisés pour saisir la dimension disponibilité de la SAN. La valeur moyenne de la production alimentaire par tête est calculée comme le rapport entre la valeur totale de la production annuelle alimentaire en dollar international (estimation de la FAO) et la population. Il s'agit d'une mesure transfrontalière comparable de la taille économique du secteur de production alimentaire du pays. La suffisance des apports énergétiques alimentaires moyens mesure l'adéquation de l'apport alimentaire national en calories et permet de comprendre si la malnutrition est principalement due au manque d'approvisionnement alimentaire ou à une mauvaise distribution. Les trois autres indicateurs, à savoir : la part de l'apport énergétique alimentaire provenant des céréales, des racines et des tubercules, l'apport protéique moyen et l'apport moyen en protéine animale permettent de rendre compte de la diversité de l'approvisionnement alimentaire.

      II.1.1.2 La dimension «accès »

      La dimension accès se distingue en accès physique et économique. L'accès physique est mesuré par les infrastructures de transport à savoir le pourcentage des routes bitumées par rapport à l'ensemble des routes, la densité du réseau routier et ferroviaire. L'accès économique est mesuré par six indicateurs :

      · L'indice national du niveau de prix des produits alimentaires : prix des denrées alimentaires dans le pays relativement au prix du panier de consommation générique. Cet indicateur permet de comparer le prix relatif des denrées alimentaires à travers les pays et le temps.

      § La prévalence de la sous-alimentation : proportion de la population estimée à risque par rapport à l'insuffisance de calorie ; ceci est l'un des indicateurs officiels des OMD pour surveiller l'objectif lié à la «faim».

      § Le nombre de personnes sous-alimentées (millions) : c'est l'indicateur phare du sommet mondial de l'alimentation de la FAO en 1996.

      § La part des dépenses alimentaires du pauvre : ratio de la dépense alimentaire sur les dépenses totales liées à la consommation de la classe ayant le plus faible revenu du pays.

      § La gravité du déficit alimentaire : consommation alimentaire moyenne des sous-alimentés multipliée par le nombre de personnes sous-alimentées et divisée par la population totale. Elle indique le besoin en calories nécessaire pour changer la condition du sous-alimenté, toute chose étant égale par ailleurs.

      § La prévalence de l'insuffisance alimentaire : proportion de la population qui risque de ne pas couvrir les besoins alimentaires associés à une activité physique normale. Il s'agit notamment de ceux qui, bien qu'ils ne soient pas considérés comme sous-alimentés chroniques, ont de fortes chances d'être conditionnés, dans leur activité économique, par un accès limité à la nourriture.

      II.1.1.3 La dimension «stabilité »

      Cette dimension regroupe à la fois des indicateurs de chocs et des indicateurs de vulnérabilité.

      Indicateurs de chocs:

      § L'instabilité des prix des denrées alimentaires au niveau national : variabilité de l'Indice du prix intérieur des produits alimentaires dans les pays et le temps.

      § La variabilité de la production alimentaire par habitant : variabilité de la valeur nette de la production alimentaire.

      § La variabilité des disponibilités alimentaires par habitant (Kcal/personne/jour)

      § La stabilité politique/absence de violence/terrorisme : la stabilité politique et l'absence de violence permettent de mesurer les perceptions de la probabilité que le gouvernement soit déstabilisé ou renversé par des moyens non constitutionnels ou violents, y compris par la violence et le terrorisme politique.

      Indicateurs de vulnérabilité :

      · La valeur des importations alimentaires dans les exportations totales de marchandises : pourcentage des importations alimentaires par rapport aux exportations totales de marchandises. Ceci est un indicateur de l'exposition du pays à l'évolution des conditions du commerce international.

      § Le pourcentage des terres arables équipées pour l'irrigation : proportion de terres irriguées par rapport à la superficie totale. Ceci est une approximation pour mesurer l'impact potentiel de la sécheresse dans un pays.

      § Le ratio de dépendance de l'importation de céréales : approximation pour mesurer l'autosuffisance en céréale d'un pays et l'impact potentiel des chocs sur le commerce international

      II.1.1.4 La dimension « utilisation »

      Cette dimension, saisie par 10 indicateurs concerne la façon dont l'organisme optimise les différents nutriments contenus dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et d'alimentation, de préparation des aliments, de diversité du régime alimentaire, et de distribution des aliments à l'intérieur du ménage ont pour résultat un apport adéquat d'énergie et de nutriments. Ceci s'ajoute à une bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine l'état nutritionnel des individus (FAO, 1996b).

      Tableau 1 : Indicateurs par dimension de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

      Disponibilité

      Accessibilité

      stabilité

      Utilisation

      Valeur moyenne de la production
      alimentaire ($I par personne) (moyenne
      sur 3 ans)

      Pourcentage des routes bitumées sur
      l'ensemble du réseau routier (%)

      Variabilité de la production alimentaire
      par habitant ($I par personne constant
      2004-06)

      Accès à des sources d'eau améliorées (%)

      Suffisance des apports énergétiques
      alimentaires moyens (%) (moyenne sur 3ans)

      Prévalence de la sous-alimentation (%)
      (moyenne sur 3 ans)

      Taux de dépendance à l'égard des importations céréalières (%) (moyenne sur 3 ans)

      Accès à des services d'assainissement
      améliorés (%)

      Part des céréales, des racines et des
      tubercules dans les apports énergétiques
      alimentaires (%) (moyenne sur 3 ans)

      Part des dépenses alimentaires chez les
      populations pauvres (%)

      Pourcentage des terres arables aménagées pour l'irrigation (%) (moyenne sur 3 ans)

      Pourcentage des enfants de moins de 5 ans émaciés (%)

      Disponibilités protéiques moyennes
      (g/personne/jour) (moyenne sur 3 ans)

      Prévalence de l'insuffisance alimentaire
      (%) (moyenne sur 3 ans)

      Valeur des importations alimentaires par
      rapport aux exportations totales de
      marchandises (%) (moyenne sur 3 ans)

      Pourcentage des enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance (%)

      Disponibilités protéines moyennes
      d'origine animale (g/personne/jour)
      (moyenne sur 3 ans)

      Indice national des prix des aliments
      (indice)

      Stabilité politique et absence de
      violence/terrorisme (indice)

      Pourcentage des enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale (%)

      Ampleur du déficit alimentaire (Kcal/personne/jour) (moyenne sur 3 ans)

      Instabilité des prix des denrées
      alimentaires au niveau national (indice)

      Pourcentage des adultes présentant une
      insuffisance pondérale (%)

       

      Nombre de personnes sous-alimentées
      (millions) (moyenne sur 3 ans)

      Variabilité des disponibilités alimentaires
      par habitant (Kcal/personne/jour)

      Prévalence de l'anémie chez les enfants de
      moins de 5 ans (%)

       

      Densité du réseau routier (pour 100 km
      carrés de surface totale du pays)

      Variabilité des disponibilités alimentaires par habitant (Kcal/personne/jour)

      Prévalence de l'anémie chez les femmes
      enceintes (%)

       

      Densité du réseau ferroviaire (pour 100
      km carrés de surface totale du pays)

      Prévalence de carence en vitamine A dans la population (%)

       
       

      Prévalence de la carence en iode (%)

       
       
       

      Sources : FAOSTAT

      II.2 L'indicateur de FAO de la sous-alimentation (FAOSA)

      La FAO fournit un indicateur de la sous-alimentation pour la plupart des pays et considère l'approvisionnement en énergie alimentaire comme une approximation de la consommation d'énergie alimentaire. Cet indicateur comprend trois paramètres à savoir la quantité moyenne de calorie disponible pour la consommation humaine, l'inégalité dans l'accès à ces calories parmi la population et la quantité d'énergie minimale requise (De Haen et al., 2011). La FAOSA cherche à estimer la proportion de la population qui est à risque d'une consommation insuffisante de calories. Cette mesure est jugée non satisfaisante à plusieurs égards (Svedberg, 2000). Tout d'abord, la disponibilité en calories est un mauvais prédicteur des résultats nutritionnels. À la lumière de la flambée des prix des denrées alimentaires en 2008 et 2011, il y a eu une nécessité croissante d'aller au-delà des calories et d'analyser le degré de diversité alimentaire (Babatunde et Qaim, 2010). Deuxièmement, l'agrégation des besoins alimentaires minimaux, spécifiques à l'âge et au sexe, est fortement critiquée car pouvant conduire à une sous-estimation importante de la dénutrition (Dasgupta, 1995; Svedberg, 2002).

      Troisièmement, les données sur la disponibilité alimentaire ne sont pas totalement fiables (Svedberg, 2000), la robustesse de l'indicateur est discutable car très sensible aux trois paramètres mentionnés plus haut (De Haen et al., 2011). Dans un effort pour essayer de suggérer des améliorations de la méthodologie actuelle de la FAO, un rapport de l'IFPRI (Smith et al., 2006) propose une méthodologie pour l'estimation de la prévalence de la sous-alimentation entièrement basée sur l'analyse d'enquêtes sur la consommation des ménages. Ce rapport identifie des divergences considérables entre les estimations basées exclusivement sur les enquêtes ménages et les estimations FAO de la prévalence de la sous-alimentation dans les 12 pays d'Afrique subsaharienne étudiés (plus de 20% d'écart dans 6 des 12 pays étudiés), la principale source de divergence résidant dans les différences dans les paramètres utilisés pour produire les estimations de la FAO et ceux de l'IFPRI (disponibilité et besoins énergétiques, distribution entre les ménages) plutôt que dans la méthode elle-même. En outre, le faible niveau des besoins énergétiques minimaux explique pourquoi les estimations de la FAO sont presque uniformément inférieurs à ceux rapportés dans le rapport de l'IFPRI (Smith et al., 2006). Dans ce rapport, les auteurs suggèrent que de meilleures estimations pourraient être obtenues grâce à une méthode conceptuellement beaucoup plus simple basée sur le comptage des ménages considérés comme souffrant d'insécurité alimentaire dans l'échantillon. Le rapport reconnait toutefois que cette méthode est très couteuse si les enquêtes ne sont pas disponibles.

      II.3 L'Indice de la Faim dans le Monde (IFM)

      L'Indice de la Faim dans le Monde (IFM) est conçu pour informer de l'état de la faim à l'échelle mondiale (Wiesmann, 2006). Calculé chaque année, l'IFM met en évidence les réussites et les échecs dans le progrès de la réduction de la faim et fournit des informations sur les facteurs de la faim. Pour capturer la multidimensionnalité de la SAN, l'IFM combine trois indicateurs: la sous-alimentation, l'insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans, et la mortalité infantile. L'IFM est calculé comme suit:

      IFM = (PSA + PEIP + MI)/3

      La proportion des personnes sous-alimentées (PSA) estime la part de la population avec un apport calorique insuffisant. C'est l'indicateur FAO de la sous-alimentation présenté ci-dessus. La proportion d'enfants présentant une insuffisance pondérale (PEIP) est un indicateur de la dénutrition infantile, mesurée par la proportion des enfants de moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale. Enfin, la mortalité infantile (MI) reflète l'interaction d'un apport alimentaire inadéquat et un environnement malsain. Les données sont tirées de rapports publiés par les organismes des Nations Unies5(*). L'IFM est utilisé pour classer les pays en développement. Ceux-ci sont répartis en cinq catégories suivant des seuils choisis arbitrairement: insécurité alimentaire faible (IFM = 4.9), modérée (5,0 = IFM = 9,9), grave

      (10,0 = IFM = 19,9), alarmante (20,0 = IFM = 29,9 ), et extrêmement alarmante (IFM = 30) (Masset, 2011; Von Grebmer et al., 2011). L'IFM fournit ainsi un aperçu unique en combinant trois aspects de la faim. Toutefois, cet indicateur fait l'objet de critiques dans la mesure où les trois éléments entrant dans le calcul sont corrélés, entrainant un problème de double comptage (Masset, 2011).

      II.4 L'Indice de Sécurité Alimentaire Mondiale (ISAM)

      L'ISAM est publié par The Economist Intelligence Unit (2012). Il mesure les risques d'insécurité alimentaire, en particulier à la suite des émeutes de la faim en 2008 et 2011.

      L'ISAM fournit un classement, en termes de sécurité alimentaire, pour les pays aussi bien à revenus faibles qu'à revenus élevés. L'indice est fondé sur un cadre cohérent et évalue la sécurité alimentaire à travers trois dimensions: l'accessibilité, la disponibilité et l'utilisation. Les données nécessaires au calcul de l'ISAM proviennent de plusieurs sources y compris les rapports annuels sur l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI) de la FAO, l'IFM de l'IFPRI, et d'autres documents. Chaque dimension de l'ISAM est mesurée par un ensemble d'indicateurs de sécurité alimentaire et nutritionnelle détaillé dans le tableau 2 ci-après. Les indicateurs sont normalisés puis agrégés, ce qui permet des comparaisons entre pays. Deux types de pondération sont utilisés : une pondération neutre et une pondération d'experts. La pondération neutre suppose que tous les indicateurs sont d'importance égale tandis que la pondération d'experts se fait sur la base de poids proposés par cinq membres d'un groupe d'experts. Contrairement à l'IFM qui se concentre uniquement sur les économies émergentes, les pays à revenu faible et moyen, l'ISAM évalue aussi l'accessibilité, la disponibilité et la qualité des aliments dans les pays développés.

      Tableau 2 : Indicateurs de l'ISAM

      Accessibilité

      Disponibilité

      Qualité et sécurité

      La consommation alimentaire
      en pourcentage des dépenses
      totales des ménages

      approvisionnement
      alimentaire moyen en kcal/
      habitant/jour

      La diversification du régime
      alimentaire

      Proportion de la population
      vivant en dessous du seuil de
      pauvreté mondial

      Dépendance à l'aide
      alimentaire chronique

      Directives alimentaires
      nationales

      Le PIB par tête (PPA)

      Les dépenses publiques en
      recherche et développement
      de l'agriculture

      Plan national de la nutrition
      ou de la stratégie

      Les taxes sur les importations des produits agricoles

      Existence d'installations de stockage adéquates

      système national de contrôle
      nutritionnel

      La présence de programmes
      de filets de sécurité alimentaire

      L'infrastructure routière

      La disponibilité alimentaire en vitamine A, en fer animal et végétal.

      L'accès au financement pour
      les agriculteurs

      L'infrastructure portuaire

      La qualité des protéines

       

      Volatilité de la production
      agricole

      Agence pour assurer la sécurité et la santé des aliments

       

      Risque d'instabilité politique

      Pourcentage de la population
      ayant accès à l'eau potable

       
       

      Présence de secteur formel
      d'épicerie

      Source : The Economist Intelligence Unit (2012)

      L'ISAM couvre la plupart des indicateurs de la SAN. Par exemple les taxes sur les importations des produits agricoles peuvent impacter l'accessibilité, l'investissement dans la recherche agricole améliore la disponibilité, les agences nationales de sécurité nutritionnelle influencent la qualité des aliments consommés.... en tant que tel, l'ISAM est un indicateur assez complet de la SAN. Toutefois, cette exhaustivité est aussi une faiblesse dans la mesure où : i) un score donné d'ISAM est dénué de sens en termes d'action politique sans une compréhension claire des facteurs ayant conduit à ce score (par exemple en cas d'un faible score de l'ISAM, faut-il mettre en place des politiques ciblant les prix des denrées alimentaires, ou celle ciblant les questions d'assainissement?); ii) il n'y a aucun concept théorique clair justifiant pourquoi les différentes variables énumérées dans le tableau 2 ont été sélectionnées parmi d'autres pour représenter les trois dimensions. Par exemple, il n'existe pas d'indicateurs de risques à court terme à l'accessibilité, tels que des mécanismes de transmission des prix internationaux au niveau national.

      II.5 L'indice de la Pauvreté et de la Faim (IPF)

      C'est un indicateur multidimensionnel de la pauvreté et de la faim liée aux indicateurs OMD. L'IPF est l'un des instruments de suivi de la réalisation des OMD. La proportion de la population vivant avec moins d'un dollar par jour, l'écart de pauvreté, la part du quintile le plus pauvre dans le revenu ou la consommation nationale, la prévalence de l'insuffisance pondérale des enfants, et la proportion de la population sous-alimentée calculée par la FAO sont les indicateurs utilisés par Gentilini et Webb (2008) pour le calcul de cet indicateur. Toutefois les auteurs rapportent que la corrélation entre le taux de pauvreté et l'indicateur d'écart de pauvreté est très élevée (proche de 1), ce qui suggère que ces indicateurs sont redondants. En outre, l'IPF souffre de problèmes similaires à ceux de la FAO, dans la mesure où la plupart des données sont tirées des statistiques nationales dont la qualité est une préoccupation majeure (Masset, 2011).

      II.6 L'Indice d'Engagement de Réduction de la Faim, (IERF)

      Alors que les indicateurs précédents soulignent le statut et l'ampleur des problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, une tentative majeure pour évaluer la gouvernance et la volonté politique de réduire la sous-alimentation a été faite à travers l'IERF par Lintelo (2012). L'idée qui sous-tend la construction de cet indice est que les indicateurs de SAN existants sont plus axés sur les résultats et ne permettent pas de rendre compte de la volonté politique. Pour combler cette lacune, l'IERF évalue l'engagement gouvernemental afin d'atteindre de meilleurs résultats en matière de nutrition. Un tel indice pourrait aider les gouvernements et les bailleurs de fonds à suivre et à prioriser leurs efforts dans la lutte contre la faim. Les engagements politiques sont évalués à travers les dimensions de la SAN: la disponibilité, l'accès et l'utilisation. En outre, il y a trois thèmes identifiés dans l'action gouvernementale contre la dénutrition: les politiques et les programmes, les cadres juridiques et les dépenses publiques.

      Ces trois thèmes couvrent quatre secteurs: alimentation et agriculture, autonomisation des femmes, protection sociale et environnement de la santé. L'engagement gouvernemental sur la dimension de la disponibilité est évalué à partir de la dépense publique dans l'agriculture et l'accès des femmes aux terres agricoles. L'inclusion de la dimension genre dans la dimension de la disponibilité alimentaire est basée sur l'idée que si les femmes ont le même accès à la terre et à d'autres intrants agricoles, la production agricole peut être accrue en même temps que l'insécurité alimentaire se réduit (FAO, 2011b). Les indicateurs de l'engagement gouvernemental sur l'accès à la nourriture couvrent des aspects plus larges comprenant la mise en oeuvre des programmes nationaux de la FAO pour la sécurité alimentaire, les dépenses publiques d'éducation et le droit constitutionnel à la sécurité sociale. Ces dimensions multisectorielles de l'accessibilité alimentaire embrassent les aspects critiques pour une réalisation effective des droits civils et juridiques et l'amélioration de l'accès aux services publics, y compris la santé et la protection sociale qui peuvent accélérer la SAN (Lintelo, 2012).

      Sur la dimension utilisation, les dépenses publiques de santé sont utilisées comme proxy de l'engagement du gouvernement à améliorer les systèmes de santé publique pour la prévention de la faim et de la dénutrition. Il y a cependant des inconvénients graves dans l'utilisation de ce proxy, puisqu'il peut ne pas refléter l'engagement effectif du gouvernement. Par exemple, les chiffres des dépenses nationales dans le secteur de la santé comprennent généralement l'appui budgétaire sectoriel, à savoir le soutien des donateurs internationaux ou bilatéraux à ce secteur.

      Dans de nombreux cas, il a été observé que l'appui budgétaire sectoriel de la santé augmente alors que la dépense publique intérieure diminue. Enfin, l'IERF n'est disponible que pour 21 pays, ce qui est en soi une forte limitation par rapport aux autres indices.

      II.7 Les indicateurs anthropométriques (IA)

      Alors que les indicateurs précédents se concentrent sur le niveau macro, les indicateurs anthropométriques tels que le retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l'âge), l'insuffisance pondérale (faible poids pour l'âge) et l'émaciation (faible poids-pour-taille) mesurent les résultats nutritionnels au niveau de l'individu. Le résultat nutritionnel est influencé par des aspects autres que la disponibilité et l'accessibilité, tels que les interactions entre les pertes de produits alimentaires, la distribution alimentaire au sein des ménages, la santé individuelle et les niveaux d'activité et aussi la qualité de l'environnement.... Contrairement aux indices génériques, les indicateurs anthropométriques mesurent directement le point d'intérêt de la politique car ils reflètent la dénutrition et la façon dont celle-ci affecte la santé et le bien-être (De Haen et al., 2011). Svedberg (2011) souligne l'avantage des indicateurs anthropométriques dans la mesure où ils reflètent directement les déséquilibres entre les apports et les dépenses énergétiques. Des résultats anthropométriques faibles sont également associés à une morbidité et une mortalité plus élevée (Deaton et Drèze, 2009). Il est reconnu que le retard de croissance peut refléter les conséquences à long terme de la sous-consommation des micronutriments essentiels tels que les vitamines et les minéraux (Walker et al., 2007; Svedberg, 2011) (Walker et al. 2007, Svedberg 2011). Comme les données anthropométriques sont tirées d'enquêtes sur les ménages, ils ont aussi l'avantage d'être ventilées par groupes et par régions, permettant ainsi une analyse par groupe et par région. Un autre avantage des normes anthropométriques, en particulier pour les enfants de moins de cinq ans est qu'elles sont universelles, ce qui permet des comparaisons internationales (Svedberg, 2011). Néanmoins, les mesures anthropométriques sont sujettes à des erreurs de mesure, y compris des erreurs techniques de mesure et l'âge exact des enfants est parfois peu connu dans les pays en développement

      II.8 Le Score de Diversité Alimentaire (SDA)

      La diversité alimentaire représente le nombre d'aliments différents ou de groupes d'aliments consommés sur une période de référence donnée (Hoddinott et Yohannes, 2002). Il existe plusieurs scores de diversité alimentaire dans la littérature correspondant à des objectifs différents (mesurer la qualité alimentaire individuelle versus l'accès alimentaire du ménage par exemple). Hoddinott et Yohannes (2002) soutiennent que les scores de diversité alimentaire sont des indicateurs pertinents de la SAN pour quatre raisons. Tout d'abord, les scores de diversité alimentaire sont corrélés avec les mesures de la consommation alimentaire et sont une bonne mesure de l'accès alimentaire des ménages et la disponibilité calorique. Deuxièmement, une alimentation variée est un résultat remarquable en soi. Troisièmement, une plus grande variété alimentaire est associée à un certain nombre de meilleurs résultats, en particulier le poids à la naissance (Rao et al., 2001), le statut anthropométrique de l'enfant (Hatluy et al., 2000), l'amélioration de la concentration en hémoglobine (Bhargava et al., 2001), une réduction du risque de mortalité due aux maladies cardiovasculaires (Kant et al., 1995) et l'incidence de l'hypertension (Miller et al., 1992). Quatrièmement, les scores de diversité alimentaires peuvent être recueillis lors des enquêtes auprès des ménages et utilisés pour examiner la SAN aux niveaux individuel et familial.

      II.9 Les Indicateurs Médicaux et de Bio-marqueurs (IMB)

      Les indicateurs biochimiques permettent de mesurer les carences en micronutriments avec précision. Des exemples sont donnés dans le tableau 3 ci-après

      Tableau 3 : Indicateurs bio-marqueurs de micronutriments

      Population concernée

      Indicateur

      Signification

      Enfants

      Hb*<11 g/dL

      Carence en fer

      Les concentrations sanguines
      de rétinol dans le plasma ou le sérum inférieur à 0,70

      umol/l

      Carence en vitamine A

      thyroglobuline

       

      La carence en iode

      Adultes

      Les femmes non enceintes
      (âgées de 15 ans +) avec Hb
      <12g/Dl

      Les femmes enceintes avec
      Hb<11g/dL

      Carence en fer

       
       
       

      *Hémoglobine

      Source : Morón et Viteri (2009)

      Néanmoins, il faut souligner que les indicateurs de bio-marqueurs peuvent ne pas se révéler meilleurs que les indicateurs traditionnels dans la mesure où ils peuvent être affectés par des facteurs non alimentaires et ne sont pas disponibles pour tous les nutriments (Kabagambe et al., 2001). En outre, les séries Lancet sur la dénutrition infantile et maternelle soulignent la nécessité d'une plus grande précision et fiabilité des marqueurs pour une meilleure représentation de l'état nutritionnel (Wasantwisut et Neufeld, 2012). Cependant, cette précision comporte des coûts économiques élevés dans la collecte de données et la valeur ajoutée en termes d'informations sur l'état nutritionnel est encore trop faible pour encourager des efforts de collecte à grande échelle (Grosh et Glewwe, 2000).

      CONCLUSION

      La complexité du concept de la sécurité alimentaire exige des indicateurs appropriés pour la quantifier. Nous avons fait un tour sur l'historique des indicateurs de la sécurité alimentaire dans la première section de ce chapitre, cette section a été breve car le concept de la sécurité alimentaire reste encore ressent et les débats sont encore présents sur la question des indicateurs de la sécurité alimentaire, depuis son apparition, la sécurité alimentaire ne cesse de suscité des débats autour de son concept et les indicateurs qui permettent de la mesuré subissent une parfaite évolution dans le temps. Dans la section 2 de ce chapitre nous avons parcouru les différents indicateurs et indices de la sécurité alimentaire, ces indicateurs se diffèrent selon le type d'analyse. Ce chapitre nous a permis de comprendre le concept de sécurité alimentaire dans son ensemble et c'est ce qui va nous permettre d'aborder avec clarté le chapitre suivant qui est consacré à l'analyse de la sécurité alimentaire en RCA.

      CHAPITRE 2 : LA RCA ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

      INTRODUCTION

      L'agriculture, principal pilier de l'économie centrafricaine, emploie environ 70% de la population active du pays et contribue pour 55% au Produit Intérieur Brut (PIB) en 2008 contre 13,1 % pour le secteur secondaire et 31,9% pour le secteur tertiaire. Les différents sous-secteurs de l'agriculture contribuent également au PIB Agricole (PIBA), la part des cultures vivrières dans le PIBA étant de 51,40 %, celle des cultures de rente (coton, café, tabac) de 1,23 %, l'élevage (bovins, caprins, ovins), la chasse et pêche et des forêts représentaient respectivement 22,83%, 9,60% et 14,94% du PIBA (Ministère de l'Agriculture et Ministère de l'Elevage, 2014). Elle contribue également à la création d'emploi car elle est une activité génératrice de revenus pour plusieurs populations actives. En effet, environ 60% des productions vivrières sont destinées à l'autoconsommation (Aquastat, 2005) et l'agriculture vivrière constitue la principale source de revenu de la population centrafricaine dont elle emploie approximativement 67% de la main d'oeuvre totale du secteur agricole (ENDJIKPENO, 2009) tant dans les zones rurales qu'à Bangui. On a 87% des ménages pratiquant la culture vivrière sur l'ensemble du territoire (PAM Centrafrique, 2011). Cette caractérisation de l'agriculture est en effet, une partie introductive de l'analyse de la sécurité alimentaire en RCA. L'objectif de ce chapitre est de faire une analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle en RCA dans la première section et dans la seconde section nous allons passer en revue les politiques et les programmes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

      I. ANALYSE DE LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE EN RCA

      L'objectif de cette section est de présenter la situation actuelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

      I.1 Analyse de la situation de sécurité alimentaire en RCA

      Selon le rapport de l'indice de la faim en Afrique 2016 publié par le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD), la RCA est le pays qui connait le score d'indice de la faim le plus élevé dans le monde. Le pays enregistre un indice de 46,1 points, un score néanmoins en baisse par rapport aux 48 points de l'année 2008. Il connaît de graves insécurités alimentaires localisées, entrainées par des récoltes précoces déficitaires, de mauvaises récoltes, un faible niveau de stocks alimentaires, la persistance des prix élevés, la crise politico-militaire, des tensions et une situation d'insécurité limitant l'accès aux travaux agricoles et à des sources de nourriture, la situation de déplacés internes etc6(*). La proportion de la population disposant d'un revenu inférieur à 1,25 dollar par jour était de 62,8% en 2008 dont la grande majorité en milieu rural. Avec 37,6% de sa population dénutrie en 2013, la RCA a le taux le plus élevé en Afrique Centrale7(*).

      L'ODD2 donne l'occasion d'analyser la situation de la sécurité alimentaire en RCA en vue d'identifier les opportunités et les défis liés aux différentes composantes de la sécurité alimentaire que sont la disponibilité, l'accessibilité, la stabilité/durabilité et l'utilisation des aliments.

      I.1.1 Disponibilité alimentaire

      La RCA dispose, selon le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, d'énormes potentialités naturelles : 15 millions d'ha de terres arables dont environ 5% seulement sont mis en culture chaque année ; 16 millions d'ha de pâturage et de parcours dont 9 millions d'ha sont exploités ; conditions agro-écologiques favorables ; abondance des ressources en eaux ; importantes potentialités en matière de pêche ; etc. En outre, l'économie est centrée sur un secteur agricole fortement pluvial pouvant contribuer efficacement à sa croissance. En effet, entre 2013 et 2014, les activités agricoles ont connu de sérieuses perturbations : les superficies emblavées à des niveaux nettement inférieurs à ceux d'avant la crise, en raison de l'insécurité persistante et la rareté des intrants essentiels, tels que les semences et les outils. La récolte de 2014, estimée à 759.422 tonnes et accusant une baisse de 58% par rapport à la moyenne pré-crise, a connu une augmentation de 11% par rapport à 2013 grâce à une augmentation de la production de manioc. Cependant, la production céréalière affiche un recul de 54% en 2014 par rapport à 2013. L'effectif du cheptel abaissé jusqu'à 77% par rapport au niveau pré-crise, suite aux pillages et aux abatages. Les captures en poisson étaient en baisse de 40%, à cause d'insécurité dans les zones de pêche et de perte d'équipement (PAM, 2014).

      La production végétale est tirée par les cultures vivrières qui représentent 95% de sa valeur ajoutée contre 5% pour les cultures de rente que représentent les exportations de coton et de café. Les principales cultures vivrières sont le manioc, le maïs, l'arachide, le paddy, le sésame, le mil/sorgho et les courges. Leurs productions sont passées de 1.041.812 tonnes en 2012 à 802.709 tonnes en 2015 après une baisse considérable en 2013.

      Tableau 4 : Productions vivrières de la RCA de 2012 à 2015 en tonnes

      Productions

      2013

      2013

      2014

      2015

      Manioc cossettes

      708 771

      485 216

      488 700

      455 494

      Maïs

      84 365

      67 514

      79 595

      80 455

      Riz Paddy

      14 249

      10 147

      12 822

      10 180

      Mil /sorgho

      54 681

      27 279

      30 723

      30 871

      Arachide

      131 520

      91 727

      101 794

      96 834

      Sésame

      28 923

      17 374

      27 513

      34 466

      Courges graines

      19 305

      14 673

      18 275

      19 020

      Productions totales

      1 041 814

      684 208

      759 422

      757 042

      Source : DSDI

      La production animale reste difficile à estimer puisque la situation actuelle ne permet l'actualisation des données sur le cheptel. Toutefois, les estimations des effectifs du cheptel par espèce en 2012 donnent 3.950.000 bovins, 5.933.000 caprins, 403.000ovins, 1.068.000 porcins et 6.552.000 volailles. Sur la base des estimations théoriques, environ 73.210 tonnes de viandes ont été produites en 2012, dont 90% de viandes bovines (VAM, 2014).

      La production halieutique potentielle peut être estimée entre 20.000 et 50.000 tonnes par an, en fonction de l'ampleur des crues dans les bassins de l'Oubangui et de la Sangha tandis que la production piscicole est estimée à environ 250-300 tonnes par an (VAM, 2014).

      La production cynégétique (produits de la chasse) contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population de même que les produits forestiers non ligneux (gnetum, champignons, écorces, miel, chenilles, termites, escargots...) contribuent à l'alimentation et à la nutrition. Cependant, leurs contributions restent encore à explorer.

      Toutes ces différentes productions nationales vivrières, animales, halieutiques, cynégétiques et forestières non ligneuses concourent à la sécurité alimentaire et à la nutrition et sont complétées par des importations et de l'assistance alimentaires qui étaient relativement réduites jusqu'au déclenchement de la crise en 2012.

      Les importations alimentaires de la RCA sont passées de 28,328 milliards de FCFA en 2012 à 39,127 milliards de FCFA en 2015, soit 10,799 milliards de FCFA en 3 ans.

      Tableau 5 : Importations alimentaires de la RCA de 2012 à 2015 en millions de FCFA

      Année

      Importations alimentaires

      Importations totales

      Part alimentaire

      2012

      28.328

      135.090

      21%

      2013

      21.638

      74.381

      29%

      2014

      33.408

      189.790

      18%

      2015

      39.127

      434.719

      9%

      Source : ICASEES

      L'assistance alimentaire fournie par le PAM est passée de 8.775 tonnes en 2013 à 36.530 tonnes en 2015 après une forte hausse à 45.720 tonnes en 2014 (SPR 200799, 2016). Ces données ne sont pas complètes puisqu'elles n'indiquent que les contributions du PAM et ne peuvent prétendre à l'exhaustivité de l'assistance alimentaire en RCA. Lorsqu'on considère les caractéristiques agro-écologiques du pays, on se rend compte de l'existence d'une potentialité pouvant assurer la disponibilité afin de garantir la sécurité alimentaire à la population. Cependant, le faible niveau de disponibilité alimentaire est dû à deux grands facteurs : une production faible avec un système agricole peu performant, et un système commercial peu efficace avec un faible niveau d'échange.

      I.1.2 Accès à l'alimentation

      La crise politico-militaire déclenchée en 2012 a provoqué la détérioration de la sécurité alimentaire dans un pays où le tiers de la population se trouvait déjà en situation d'insécurité alimentaire (PAM, 2014). Avec la fragilisation des moyens d'existence, les ménages se sont rabattus sur des activités secondaires (cueillette, travaux journaliers, taxi-moto...). Ces mécanismes n'ont pas suffi à assurer la sécurité alimentaire à long terme : une baisse de la fréquence et de la qualité des repas a été observée.

      Le niveau global de l'insécurité alimentaire reste actuellement très préoccupant en RCA. Au bout de quatre années de crise, les ménages ont vu leurs ressources progressivement s'éroder alors que l'insécurité et les déplacements se poursuivent.

      Selon l'ENSA de 2016, 54% des ménages font face à l'insécurité alimentaire dont :

      · 48% des ménages en insécurité alimentaire modérée. Ces ménages ont une consommation alimentaire déficiente donc ne peuvent assurer leurs besoins alimentaires minimum sans avoir recours à des stratégies d'adaptation irréversibles telles que la réduction des dépenses de santé ou d'éducation, le retrait des enfants de l'école ou la mendicité ;

      · 6% des ménages en insécurité alimentaire sévère. Ces ménages dépendent étroitement de l'assistance alimentaire et ont une consommation alimentaire extrêmement pauvre. Ils sont dans une situation de très grande vulnérabilité économique et recourent à des stratégies qui mettent irréversiblement en péril leurs moyens de subsistance futurs (vente de maison, de parcelle de terrain...).

      L'insécurité alimentaire est inégalement répartie dans le pays. Ainsi la situation est plus critique à cause des problèmes sécuritaires dans certaines préfectures où l'insécurité alimentaire touche plus de 60% des ménages. Il s'agit des préfectures du Haut Mbomou avec 66%, de l'Ouham avec 64%, de la Ouaka avec 63%, de la Lobaye avec 61% et de la Basse Kotto avec 60% comme le montre la figure suivante. Par ailleurs, les réfugiés, les retournés et les personnes déplacées en camps/sites/enclaves sont particulièrement touchés par l'insécurité alimentaire avec respectivement 77% et 58% des ménages qui se retrouvent le plus souvent dans une situation de grande vulnérabilité économique.

      Figure 1 : Situation de la sécurité alimentaire par préfecture

      Source : Auteur à partir des données de la FAO (FAOSTAT, 2019)

      L'insécurité alimentaire des ménages est liée à leur pauvreté. Ces ménages sont fortement dépendants des marchés pour s'approvisionner et ont du mal à y accéder financièrement.

      Pour plus de 90% des ménages, les marchés sont la principale source d'approvisionnement et sont donc très vulnérables à la hausse des prix (VAM, 2017). A cela s'ajoutent une forte variabilité des prix des denrées sur le territoire depuis novembre 2016 et la mauvaise intégration au marché due à des difficultés de transport, à l'insécurité et à la baisse de production des principales spéculations du pays les quatre dernières années.

      Les prix du riz, du maïs et de l'huile de palme ont augmenté graduellement surtout entre janvier et mars 2017 (VAM, 2017). Cette situation a entraîné un faible pouvoir d'achat et des difficultés d'accès alimentaires pour les ménages pauvres. En outre, en raison de la recrudescence du conflit, on observe la baisse de la plupart des sources de revenus et d'alimentation ainsi que des circuits de commercialisation traditionnels qui restent perturbés à travers le pays, ce qui va donc continuer d'affecter l'accès à l'alimentation des déplacés, des retournés, des familles hôtes et des ménages pauvres. L'agriculture constitue l'activité principale de la majorité des ménages en RCA. Ces ménages tirent la majeure partie de leurs revenus de la vente de leurs productions agricoles.

      Les ventes de produits agricoles interviennent de façon massive au moment des récoltes (entre août et décembre en fonction des zones agro-écologiques), période où la disponibilité de ces produits est la plus forte et donc les prix les plus bas. Les ménages se trouvent ensuite dans l'obligation d'avoir recours aux marchés pour leur alimentation, aux périodes où les prix remontent (du début de l'année aux premières récoltes vers juillet). Les stratégies commerciales ainsi développées par les ménages, sont finalement peu efficaces et ne leur permettent pas de tirer le meilleur profit de leur production. La dépendance des ménages aux marchés pour leur alimentation et la précarité de leur stratégie commerciale, les rendent particulièrement vulnérables aux chocs.

      L'accès matériel ou financier aux denrées alimentaires a été entravé par le déplacement des populations, l'insécurité et les grandes perturbations du secteur agricole. La baisse de la production agricole a aussi fait largement augmenter le prix des denrées alimentaires. Par ailleurs, les consommateurs ont perdu un tiers de leur pouvoir d'achat par rapport à 2012, ce qui a encore aggravé leur précarité. Les femmes, les populations déplacées, les minorités isolées dans les enclaves, les populations de retour et les réfugiés sont les plus gravement touchés par l'insécurité alimentaire.

      Les systèmes traditionnels de solidarité sociale se sont effondrés et les déplacements ont détruit les réseaux de solidarité communautaire et affaibli la cohésion sociale. Les personnes pauvres et vulnérables ne bénéficient pratiquement d'aucune protection sociale, hormis les programmes financés par les bailleurs de fonds. Les dispositifs nationaux existants sont principalement contributifs et centrés sur les employés de la fonction publique (RCPCA, 2016).

      I.1.3 Utilisation des aliments

      Il existe en réalité une diversité de denrées alimentaires en RCA. Cependant la notion de manger suivant les valeurs nutritionnelles des aliments fait défaut pour bon nombre de centrafricains. Aussi en raison de la crise que le pays a connue, les ménages, les plus pauvres en premier lieu, ont-ils modifié leurs habitudes alimentaires pour s'orienter vers la consommation d'aliments « moins préférés » ou d'aliments issus de la cueillette. Ainsi environ 60% des ménages ont une consommation alimentaire qui n'est pas satisfaisante avec 27% des ménages ayant une consommation alimentaire pauvre et 33% des ménages ayant une consommation alimentaire limitée (ENSA, 2016).

      En effet, les ménages avec une consommation alimentaire pauvre ont un régime très peu diversifié et très insuffisant. Ils consomment principalement des céréales (3 jours par semaine) et des légumes (2 jours par semaine). Les protéines, les légumineuses et les fruits sont consommés moins d'une fois par semaine. Le lait n'est pratiquement pas consommé.

      Pour les ménages avec une consommation alimentaire limite, ils consomment plus fréquemment des céréales (plus de 5 jours par semaine) par rapport au groupe précédent, plus souvent des légumes (5 jours) et moins souvent des légumineuses (1 jour). La consommation de fruits, de légumineuses et de protéines est très faible, celle du lait est pratiquement inexistante.

      Quant aux ménages avec une consommation alimentaire acceptable, ils consomment beaucoup plus souvent des céréales (6 jours), des légumineuses (3 jours), des légumes (5jours), des protéines (4 jours), des fruits (2 jours), du sucre (4 jours) et de l'huile (5 jours). Ils consomment du lait mais peu fréquemment (1 jour par semaine).

      Toutefois, environ 31% des ménages avec une consommation alimentaire pauvre ou limite ne consomment pas d'aliments riches en vitamine A, 45% ne consomment pas d'aliments riches en fer et 41% ne consomment pas d'aliments riches en protéines courant ainsi des risquesde fortes déficiences en micronutriments (ENSA, 2016).

      Tableau 6: Régimes alimentaires des différents groupes de consommation en RCA

      Groupe de
      consommation

      Nombre de jours de consommation des aliments sur une semaine

      Céréales

      Légumineuses

      Légumes

      Fruits

      Protéines

      Lait

      Huile

      Sucre

      Pauvre

      3,2

      0,4

      2,2

      0,7

      0,7

      0,0

      2,2

      1,7

      Limite

      5,7

      1,3

      5,0

      1,4

      0,8

      0,0

      3,1

      3,1

      Acceptable

      6,4

      3,1

      5,6

      2,4

      4,4

      1,1

      5,2

      4,6

      Total

      5,6

      2,1

      4,8

      1,8

      2,6

      0,6

      4,0

      3,6

      Source : ENSA, 2016

      I.1.4 Durabilité alimentaire

      Le concept de durabilité ici se réfère à l'accessibilité alimentaire de manière durable en raison des fluctuations en matière de disponibilité, d'accessibilité physique et économique (infrastructures routières dégradées ne permettant pas une circulation facile des produits alimentaires, pouvoir d'achat limité, fluctuations des prix, insécurité perturbant la production et la commercialisation des denrées alimentaires). Ces situations sont changeantes au point où on ne peut parler de durabilité ou stabilité alimentaire plongeant une partie de la population dans une situation d'insécurité alimentaire. D'après les différentes évaluations successives, le taux des ménages en insécurité alimentaire est passé de 30,5% en 2009 (PAM, 2009) à 50% en 2015 (EFSA, 2015) puis à 54% en 2016 (ENSA, 2016). Entre 40% et 44% des ménages sont dans une situation alimentaire limitée, c'est-à-dire qu'ils peuvent basculer d'un moment à l'autre dans l'insécurité alimentaire ; 6% seulement de la population sont en sécurité alimentaire.

      Vu le résultat de ces évaluations, la question de la durabilité de la sécurité alimentaire reste encore posée dans le contexte centrafricain. En effet, l'accès à l'alimentation est limité principalement par le pouvoir d'achat de la population qui a fortement régressé d'un tiers par rapport à l'année 2012 et 65% de personnes interrogées ont déclaré avoir moins de nourriture que l'année précédente (CFSAM, 2015). Les prix d'arachide et des farines de blé ont grimpé respectivement de 28% et 74% par rapport à leurs niveaux d'avant la crise.

      En octobre 2015, les prix de la viande de boeuf avaient presque doublé alors que le poisson était, en moyenne, 70% plus cher qu'avant la crise. En outre, la dégradation des routes et des pistes rurales a également contribué aux difficultés d'accès à la nourriture. Les routes et les pistes rurales devant permettre la circulation des denrées alimentaires ont atteint un niveau de dégradation trop avancé et devenues presque impraticables. Le transport des vivres d'une localité à une autre se fait pour la plupart du temps en motocyclettes, ce qui limite la quantité échangée. Par ailleurs, la circulation des personnes et des biens est perturbée par l'insécurité. Les producteurs agricoles ne peuvent vaquer librement à leurs activités. Cette situation est un facteur important limitant l'accès à l'alimentation d'une manière durable.

      I.2 Analyse de la situation nutritionnelle

      Le contexte nutritionnel de la RCA présente toutes les formes de malnutrition. Il s'agit notamment de la malnutrition chronique, de la malnutrition aiguë, de l'insuffisance pondérale et des carences en micronutriments (minéraux et vitamines). Ces différentes formes de malnutrition affectent majoritairement les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées, les personnes vivant avec le VIH

      (PVVIH) et les déplacés internes depuis la recrudescence des crises politico-militaires dans le pays. L'analyse de la prévalence de la malnutrition aiguë et du retard de croissance en RCA depuis 2010 montre que les prévalences de malnutrition aigüe modérée et sévère sont relativement basses avec un taux élevé de retard de croissance.

      Depuis 2010, la prévalence de la malnutrition aigüe globale et modérée est restée respectivement inférieure à 8% et 2%8(*). En général, les principales causes de mortalité infantile et infanto juvénile sont : les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aigües et la malnutrition9(*). Il est avéré que pour les enfants, bénéficier d'une bonne alimentation dès le début de leur existence garantira qu'ils puissent atteindre leur plein potentiel de développement. Cependant, une mauvaise alimentation est souvent accompagnée d'autres risques liés au développement neurocognitif, notamment une stimulation insuffisante au cours de la petite enfance10(*).

      I.2.1 Sous-nutrition

      Dans cette catégorie, on considère essentiellement les cas de malnutrition chronique, de malnutrition aiguë, d'insuffisance pondérale et de troubles dues à des carences en micronutriments. La malnutrition chronique se manifeste par un retard de croissance, autrement c'est une petite taille par rapport à l'âge chez le jeune enfant. C'est une situation de carence alimentaire insidieuse laissant, sur la croissance physique et le développement psychomoteur des enfants, une empreinte irréversible impactant sur leurs performances au cours de divers apprentissage (scolaire et socioprofessionnel). En RCA, la malnutrition chronique affecte 40% ou plus des adolescents (SMART, 2014).

      La malnutrition aiguë encore appelée émaciation présente un des symptômes caractéristiques qui est la maigreur. Elle résulte d'une alimentation déficiente en macronutriments (glucides, lipides et protéines) et en micronutriments, et/ou est conséquente d'un épisode de maladie. La prévalence de la malnutrition aiguë globale atteint 6,6% chez les enfants de moins de 5 ans dans le pays. La forme aiguë sévère avec des complications médicales a atteint une prévalence de 1,9%, le seuil d'urgence étant fixé à 2%selon l'Organisation Mondiale de la Santé (SMART, 2014).

      L'insuffisance pondérale est la conséquence visible de la malnutrition chronique et de la malnutrition aiguë. Sa prévalence est de l'ordre de 20,2% dans le pays. Toutes les tranches d'âge sont concernées (SMART, 2014).

      Les données nutritionnelles recueillies au cours de ces différentes enquêtes réalisées en RCA depuis deux décennies ont montré la persistance des trois formes de malnutrition au sein de la population d'enfants de moins de cinq ans. Il importe d'insister sur le caractère alarmant de la malnutrition chronique au sein de cette population et ses conséquences sur la communauté. Les données récentes issues de l'enquête SMART de 2014 indiquent des disparités sur le plan géographique dans le pays tant pour la malnutrition chronique, l'insuffisance pondérale que pour la malnutrition aiguë. Les figures ci-après présentent les prévalences par préfecture avec les niveaux de gravité.

      I.2.2 Surnutrition

      La RCA fait aussi face au double fardeau de la malnutrition avec une population en situation de surnutrition. L'enquête STEPS conduite entre 2010 et 2011 à Bangui et dans la préfecture de l'Ombella-Mpoko a fourni les indications figurant dans le tableau ci-après. Les maladies non transmissibles à savoir le diabète non insulinodépendant, l'infarctus du myocarde, l'hypertension artérielle, l'accident vasculaire cérébral et les maladies rénales surgissent généralement suite à un statut nutritionnel d'obésité lié à une mauvaise alimentation et l'insuffisance d'exercices physiques. Ces maladies sont les principales causes de morbidité et de mortalité qui ont été répertoriées au cours de ces enquêtes en milieu hospitalier. Le surpoids autant que l'obésité affectent la population enquêtée en général avec des particularités entre les femmes et les hommes. Dans la catégorie des obèses, les femmes sont environ quatre fois plus nombreuses que les hommes. Par contre, les hommes sont plus nombreux à souffrir de l'hypertension artérielle et sur l'ensemble des hypertendus environ 90% ne suivent aucun traitement. La malnutrition constitue donc un problème majeur de santé publique en RCA.

      Tableau 7 : Résultats de l'enquête sur la malnutrition à Bangui et dans l'Ombella-Mpoko

      Indicateurs

      Ensemble

      Hommes

      Femmes

      Pourcentage des adultes atteints de surcharge
      pondérale (IMC = 25 kg/m2)

      20,7%(18,4-23,1)

      13,8%(10,8-16,8)

      28,0%(24,9-31,1)

      Pourcentage des adultes obèses (IMC = 30 kg/m2)

      7,2%(5,8-8,5)

      3,0%(2,0-3,9)

      11,6%(9,4-13,8)

      Pourcentage des adultes ayant une tension artérielle élevée ou actuellement sous traitement médical pour tension artérielle élevée

      34,5%(31,8-37,3)

      36,8%(32,5-41,2)

      32,3%(29,4-35,2)

      Pourcentage des adultes ayant une tension artérielle
      élevée qui ne sont pas actuellement sous traitement
      médical pour tension artérielle élevée

      90,7%(88,0-93,3)

      94,3%(92,0-96,6)

      86,6%
      (82,5-90,7)

      Pourcentage des adultes ayant un taux de glycémie
      élevé à jeun défini ci-dessous ou actuellement sous
      traitement médical pour une glycémie élevée

      21,0%(17,8-24,2)

      21,7%(17,3-26,2)

      20,3%(16,6-24,0)

      Source : Enquête STEPS 2010 - 2011.

      II. REVUE DES POLITIQUES ET PROGRAMMES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION

      En RCA, les gouvernements successifs ont toujours envisagé la mise en place, avec le concours des partenaires techniques et financiers, des politiques et programmes de développement agricole et rural dans le but d'assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et le développement socioéconomique du pays. Certains sont restés au stade de projets tandis que d'autres ont connu une mise en oeuvre.

      Les leçons tirées de l'évaluation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1 couvrant la période 2008 - 2010) ont permis de fixer les grandes orientations pour l'élaboration d'un second document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP2 pour la période 2011 - 2015). Ces orientations ont visé une croissance accélérée pro-pauvre axée sur le développement rural et la lutte contre l'insécurité alimentaire, le renforcement des infrastructures de base pour soutenir la croissance, le développement du capital humain et l'accès des populations aux services sociaux de base en vue d'accélérer les progrès vers l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

      La stratégie de réduction de la pauvreté s'articule autour de trois axes dont la relance économique et l'intégration régionale comme axe stratégique 2. Le développement rural et la sécurité alimentaire sont pris en compte dans la promotion des grappes de croissance de cet axe 2. En considérant les résultats de l'analyse de la situation du développement rural et de la sécurité alimentaire dans l'élaboration de ce DSRP 2, le Gouvernement s'est fixé pour objectif d'atteindre jusqu'à 2015 une croissance moyenne de l'activité en termes réels de 8% par an (base line : 2%) et de réduire de moitié le taux d'insécurité alimentaire (base line : 30,2%).

      II.1 Politiques et programmes dans le cadre de la sécurité alimentaire et de la nutrition

      II.1.1 Stratégie de Développement Rural, de l'Agriculture et de la Sécurité Alimentaire

      Les actions du Gouvernement pour la période de 2011 à 2015 devaient être guidées par les orientations de la Stratégie de Développement Rural, de l'Agriculture et de la Sécurité Alimentaire (SDRASA) qui s'articule autour des axes suivants : (i) amélioration du cadre institutionnel et de développement de la production ; (ii) promotion et développement des organisations professionnelles agricoles et rurales ; (iii) amélioration de la production, de la transformation et des flux de commercialisation des produits agricoles à l'intérieur et à l'exportation ; (iv) relance de la pêche et du développement de l'aquaculture ; (v) renforcement de la sécurité alimentaire et promotion du développement local.

      La mise en oeuvre de toutes ces orientations devrait reposer sur : la promotion des pôles de développement pour réaliser des synergies entre les centres urbains et les zones rurales ; et la promotion de l'équité de genre car le développement agricole et la sécurité alimentaire ne peuvent être atteints sans une participation équitable des hommes et des femmes. Ainsi le champ d'action retenu couvre les domaines agrosylvopastoraux et halieutiques, le système de financement du secteur et les infrastructures socioéconomiques, ainsi que les questions émergentes liées à l'environnement, la biodiversité, les énergies renouvelables et le changement climatique. Les besoins de financement pour la mise en oeuvre de la SDRASA pour la période 2011-2015 étaient évalués à environ 151 milliards de FCFA. Cependant les difficultés de mobilisation de ces ressources n'ont pas permis la mise en oeuvre de l'ensemble de cette stratégie.

      II.1.2 Programme National d'Investissement Agricole, de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle

      Les Chefs d'Etat et de Gouvernement africains ont approuvé, à Maputo en 2003, le Programme Détaillé pour le Développement de l'Agriculture en Afrique (PDDAA) qui définit un cadre général présentant les principaux axes d'intervention prioritaires pour restaurer et accélérer la croissance agricole, réduire la pauvreté et la faim et améliorer la sécurité alimentaire en Afrique. Ce programme repose sur quatre piliers, à savoir : (i) extension des superficies bénéficiant d'une gestion durable des sols et de systèmes fiables de maîtrise de l'eau ; (ii) amélioration des infrastructures rurales et des capacités de commercialisation pour un meilleur accès au marché ; (iii) augmentation de l'offre alimentaire et réduction de la faim; (iv) recherche agricole, vulgarisation et adoption de technologies permettant une croissance durable de la production.

      L'objectif général du Programme National d'Investissement Agricole, de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN) est de contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté, ainsi qu' à la réduction des inégalités entre les populations pour la période de 2014 à 2018. Son élaboration a pour base la SDRASA et le DSRP.

      Le PNIASAN s'inscrit dans l'Axe 2 du DSRP 2 (relance économique et intégration régionale) qui est axé sur les OMD, ainsi que sur les quatre piliers du PDDAA. Il est structuré autour de six programmes : (i) le développement des filières végétales ; (ii) le développement des filières animales ; (iii) le développement des produits forestiers non ligneux (PFNL) alimentaires et la promotion des filières pêche et aquaculture ; (iv) le renforcement des collectivités locales, de la gestion des ressources naturelles, des infrastructures communautaires de base, et des services de recherche et d'appui conseil ; (v) la sécurité alimentaire et nutritionnelle, réponses aux urgences et actions transversales ; (vi) le renforcement institutionnel et la coordination sectorielle.

      Ce programme offre un cadre de référence pour les actions à entreprendre dans le secteur agricole, en vue d'atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire d'ici 2018 et devrait induire à l'horizon 2018, une croissance moyenne annuelle de l'activité agricole en termes réels de 6% et une réduction du taux d'insécurité alimentaire à 15%. Les besoins de financement pour la mise en oeuvre du PNIASAN 2014-2018 étaient évalués à environ 358 milliards de FCFA. Toutefois, le gouvernement n'a mobilisé que 6,8 milliards de FCFA auprès du FIDA pour la mise en oeuvre du Projet de relance des cultures

      vivrières et du petit élevage dans les savanes (PREVES) pour la période de 2012 à 2017

      II.1.3 Politique Nationale de Nutrition.

      La vision de la Politique Nationale de Nutrition (PNN) est d'assurer une nutrition optimale à tous les centrafricains. Cette politique s'appuie sur les valeurs d'équité, de solidarité, d'éthique, ainsi que sur la diversité culturelle avec le respect de l'approche du genre, pour un développement harmonieux de la nation. Elle fixe les grandes orientations en matière de nutrition en vue d'améliorer l'état nutritionnel de la population en général et les groupes vulnérables en particulier pour leur participation effective au développement économique et social. L'objectif général de la PNN est de contribuer à la réduction de la malnutrition sous toutes ses formes en RCA à travers la prévention et la prise en charge. De manière spécifique, il s'agit de :(i) réduire la prévalence de l'insuffisance de poids à la naissance ; (ii) augmenter le taux d'allaitement maternel exclusif jusqu'à 6 mois ; (iii) augmenter la proportion des mères qui introduisent des aliments de complément à partir de 6 mois selon les recommandations de l'OMS et de l'UNICEF ; (iv) réduire chez les enfants de moins de 5 ans la prévalence de la malnutrition aiguë globale, l'insuffisance pondérale et le retard de croissance ; (v) réduire toutes les formes de carence en micronutriments chez les femmes en âge de procréer et les enfants ; (vi) améliorer la prise en charge des maladies à déterminisme nutritionnel ; (vii) assurer un accès durable à une alimentation adéquate pour toute la population, en particulier pour les personnes vivant dans les zones d'insécurité alimentaire et nutritionnelle et les groupes à risque (personnes vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et les personnes âgées etc.) ; (viii) renforcer le système national de surveillance nutritionnelle et de sécurité alimentaire ; (ix) développer la recherche opérationnelle sur la nutrition ; (x) assurer la protection sociale des groupes vulnérables et des minorités ; (xi) mettre en place une structure de coordination interministérielle des activités de nutrition. Ainsi, sa mise en oeuvre passe par la promotion d'une alimentation saine et équilibrée et la lutte contre la malnutrition au travers de stratégies préventives, curatives et transversales.

      Les stratégies préventives concernent : (i) la promotion de la sécurité alimentaire au sein des ménages ; (ii) la promotion de l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant pour la prévention de la malnutrition ; (iii) le renforcement du système de surveillance alimentaire et nutritionnelle ; (iv) le renforcement de la lutte contre les carences en micronutriments ; (v) le renforcement de la nutrition chez les jeunes et en milieu scolaire ; et (vi) le suivi nutritionnel des personnes vivant avec le VIH/sida. Les stratégies curatives tiennent : (i) au renforcement de la prise en charge médicale et nutritionnelle des cas de malnutrition ; et (ii) à l'amélioration de la prise en charge diététique des personnes souffrant des maladies à déterminisme nutritionnel. Les stratégies transversales s'organisent autour de : (i) l'engagement politique, le plaidoyer et le partenariat en faveur de la nutrition ; (ii) le renforcement de la communication pour le changement de comportement en matière de nutrition ; (iii) le renforcement des capacités nationales en matière de nutrition ; (iv) le renforcement de la recherche opérationnelle en matière de nutrition ; et (v) le renforcement de la participation communautaire. Toutefois, cette politique n'a pas été mise en oeuvre. Le pays s'est engagé, tout comme ses pairs de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) au repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de développement au travers de la déclaration de Brazzaville12. Un Comité Technique Multisectoriel de Sécurité Alimentaire et de Nutrition (CTMSAN) a été mis en place et travaille à la validation d'une Politique Nationale de Sécurité Alimentaire et de Nutrition.

      II.1.4 Politique Nationale de Promotion de l'Egalité et de l'Equité

      Document phare pour lutter contre les inégalités de genre dans tous les secteurs économique, politique et social, la Politique Nationale de Promotion de l'Egalité et de l'Equité

      (PNPEE), élaborée et adoptée en 2005, s'est fixée comme but de créer un cadre macro- économique, juridique, culturel et politique adéquat, où devront s'inscrire les schémas de planification et programmes sectoriels de développement ainsi que les mécanismes institutionnels, de façon à donner à la fois aux hommes et aux femmes des possibilités d'actions équitables et à mesurer les impacts sur ces deux groupes sociaux.

      Les objectifs concernent : (i) la promotion de la participation des hommes et surtout des femmes au développement durable de leurs sociétés, à titre de décideurs, sur un même pied d'égalité; (ii) la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes quant à l'accès aux ressources et aux bénéfices du développement, et au contrôle de ces mêmes ressources et bénéfices; (iii) le renforcement de l'approche transversale par la prise en compte des situations et des besoins des femmes et des hommes dans l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des politiques nationales; (iv) la mise en place des mesures spécifiques en faveur de certaines catégories de femmes et d'hommes, avec des objectifs bien ciblés afin de réduire les inégalités constatées ; (v) l'éradication de l'intolérance individuelle et collective. Son plan d'Action de 2007 a comme objectifs stratégiques pour le secteur agricole d'améliorer l'accès des hommes et surtout des femmes aux moyens de production (terre, crédits, technologies et information).

      Le Gouvernement affirmait dans ce document sa volonté de redonner aux femmes et aux hommes, la place qui leur revient dans le processus de décision, et son soutien à leur pleine participation à la consolidation de la paix et du développement. Cependant, le gouvernement fait face à des difficultés importantes dans la planification, le suivi et l'évaluation du développement en raison de manque de données désagrégées par sexe et de moyens financiers pour la mise en oeuvre des politiques et programmes de genre ou de discrimination positive en faveur des femmes centrafricaines.

      II.1.5 Politique Nationale de Protection Sociale

      La vision de la Politique nationale de protection sociale (PNPS) est d'assurer une couverture de protection sociale efficace et accessible à tous les centrafricains. Elle est basée sur les principes édictés par la Constitution et par les lois pertinentes en la matière.

      L'objectif de la PNPS est de contribuer au changement qualitatif des conditions de vie des différentes couches sociales par le développement de mécanismes adéquats et pérennes de couverture des risques majeurs et de gestion des chocs, et par l'extension de l'assurance sociale à toutes les catégories de travailleurs et l'élargissement de la gamme des prestations à tous les risques sociaux. Ainsi, la PNPS se fixe comme axes stratégiques : (i) réformer, coordonner et étendre les dispositifs de protection sociale existants ; (ii) promouvoir l'accès de tous, notamment des populations pauvres et des groupes vulnérables, aux services sociaux de base ; et (iii) promouvoir des mécanismes pour garantir une sécurité de l'emploi et un revenu minimal aux populations. Validée par les mandants en 2012, cette stratégie qui a pour vision une couverture de protection sociale, efficace, plus étendue et accessible à tous les centrafricains, s'appuie sur des principes directeurs qui intègrent l'équité et l'égalité de genre. Les orientations et axes stratégiques inclurent les préoccupations du secteur agricole abandonné plusieurs années. Toutefois, sa validation n'est pas encore faite au plan national.

      II.1.6 Feuille de Route du Secteur Agricole

      La crise traversée par la RCA de 2012 à 2015 a occasionné la décapitalisation des exploitations agricoles, le dysfonctionnement des structures d'appui aux producteurs agricoles et la rupture de la vision du développement agricole souhaitée par le Gouvernement.

      C'est dans ce contexte que le PNIASAN a été fondamentalement revu et le Cadre de Programmation Pays (CPP) de la FAO a été actualisé pour prendre en compte les besoins émergents. Cette feuille de route, dont l'appui technique et financier de la FAO a permis son élaboration, s'inscrit dans le cadre de ces deux documents et retient quatre axes stratégiques prioritaires :

      · axe1 résilience, relance durable des activités agropastorales et développement économique ;

      · axe2 agriculture facteur de réconciliation nationale ;

      · axe3 insertion professionnelle et entrepreneuriat des jeunes pour la modernisation de l'agriculture ;

      · axe4 gouvernance agricole et compétitivité de l'agriculture au niveau régional, continental et international.

      La stratégie de mise en oeuvre de la feuille de route pour la période 2016-2018 se fonde sur une approche régionale qui vise d'une part à valoriser les potentialités régionales et d'autre part, à réduire les disparités régionales. Les besoins de financement pour la mise en oeuvre de cette feuille de route 2016 - 2018 sont évalués à 275 milliards de FCFA. Cependant, en dehors de certains TCP mis en oeuvre par la FAO dans le cadre de cette Feuille de route, le gouvernement n'a pas réussi à mobiliser les partenaires pour le financement de cette stratégie.

      II.2 Ressources financières pour la sécurité alimentaire et la nutrition

      Le mécanisme de mobilisation des ressources pour le financement des politiques et programmes de la sécurité alimentaire et de la nutrition est basé sur l'appui des partenaires au développement, la contribution de l'Etat et la participation des bénéficiaires en nature et/ou en temps de travail. Par rapport à l'engagement pris par les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Africaine, réunis à Maputo les 10 et 11 juillet 2003, pour consacrer au moins 10% de leur budget en faveur de l'agriculture et du développement rural, l'Etat centrafricain prévoit allouer 10% du budget national au financement des programmes. Pour ce faire, la contribution de l'Etat devrait provenir de deux sources : (i) le Fonds de développement agropastoral (FDAP) pour le financement des programmes de recherche, de conseil agricole, de l'organisation des producteurs ; (ii) le budget de l'Etat, notamment les lois de finances pour les investissements et le fonctionnement des ministères techniques et les services d'appui au secteur rural. En outre, il se propose de mettre à la disposition des programmes des locaux et du personnel dont il assure les salaires de base.

      Tableau 8: Allocations budgétaires des départements ministériels en lien avec la SAN

      Départements ministériels

      Budget
      alloué

      Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

      2,7%

      Ministère de l'Elevage et de la Santé Animale

      0,3%

      Ministère de l'Environnement, du Développement durable, des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche

      0,6%

      Ministère de la Santé, de l'Hygiène Publique et de la Population

      13,3%

      Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

      14,7%

      Source : Loi de finances 2017.

      Globalement, la contribution du gouvernement pourrait être estimée à environ 20% du coût total des programmes. Toutefois, lorsqu'on considère le budget global de l'Etat centrafricain, il ne ressort pas clairement une ligne concernant l'investissement dans le secteur de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Les ressources prévues pour les ministères en lien avec la sécurité alimentaire et la nutrition au titre de l'exercice 2017 sont consignées dans le tableau qui suit. Ces ressources ne sont pas destinées à la sécurité alimentaire et à la nutrition.

      Les financements obtenus à nos jours dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la nutrition proviennent essentiellement des partenaires techniques et financiers. Le pays ne compte que sur le financement extérieur pour résoudre les problèmes de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Globalement, l'engagement de tous les Gouvernements depuis trois décennies, avec l'appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux, n'a pas permis d'améliorer la situation de la sécurité alimentaire et de la nutrition en RCA.

      CONCLUSION

      Ce chapitre est structuré de façon à ce qu'on comprenne la situation de la sécurité alimentaire en RCA et d'en passer en revue les politiques et programmes de sécurité alimentaire en RCA. Nous avons présenté dans ce chapitre dans la section 1, la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en RCA, nous avons présenté la situation de la sécurité alimentaire en tenant compte des piliers de la sécurité alimentaire qui sont : La disponibilité ; L'accessibilité ; Stabilité et Utilisation, la situation nutritionnelle est présenté sous deux ongles qui sont la surnutrition sous-nutrition. Dans la seconde section nous avons fait une revue de tous les politiques et programmes dans le cadre de la sécurité alimentaire, cette section est divisée en deux, la première sous-section était basée sur les politiques et programmes mises en oeuvre dans le cadre de la sécurité alimentaire et la deuxième sous-section était consacrée aux ressources financières mises à la disposition des programmes de lutte contre l'insécurité alimentaire.

      CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

      Le concept de sécurité alimentaire a connu une évolution depuis les 50 dernières années. Il a été d'abord analysé dans une perspective malthusienne c'est-à-dire en termes de disponibilité jusque dans les années 80. Les conséquences sociales des programmes d'ajustement structurel en termes de baisse des revenus réels, entraînant des difficultés alimentaires ainsi que les travaux d'Amartya Sen sur le rôle des droits d'accès dans les années 80, vont conduire à élargir le concept de sécurité alimentaire pour prendre en compte la dimension économique de l'accès qui implique une attention particulière sur les revenus et les prix. Les années 2000 vont en conséquence connaître un revirement de la politique des grandes institutions financières. Ces dernières vont mettre la lutte contre la pauvreté au centre des préoccupations, avec la mise en place des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Les crises alimentaires provoquées par les hausses de prix alimentaire de ces dernières années (2007-2008) sont venues rappeler la vulnérabilité des populations et ont conduit à introduire la notion de résilience dans l'analyse de la sécurité alimentaire. Aujourd'hui, l'insécurité alimentaire est comprise comme le fruit d'interactions entre plusieurs facteurs (économiques, naturels) à plusieurs niveaux (international, national, régional, familial et individuel). Le consensus qui se dégage est que la pauvreté est la principale cause de l'insécurité alimentaire mais les politiques à mettre en oeuvre restent controversées.

      Nous avons analysé dans cette partie dans le chapitre 2, la situation de la sécurité alimentaire en RCA, les différents politiques et programmes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle que nous avons passé en revue vont nous permettre de comprendre la persistance de l'insécurité alimentaire et d'en identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, c'est ce qui sera l'objet de la deuxième partie de notre travail.

      DEUXIÈME PARTIE :

      IDENTIFICATION DES DÉTERMINANTS DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN RCA

      INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

      Selon Roudart (2008), de 1970 à 2000, la proportion de personnes sous-alimentées est passée de 35 à 17 % dans les PED, malgré la croissance démographique. Ce recul de la sous-alimentation a été plus impressionnant en Asie de l'Est et du Sud-Est, où elle est passée de 40 % à moins de 15 % de la population. Cependant, en Afrique subsaharienne, elle reste assez répandue et reste supérieure à 30 %. La sous-alimentation est aussi présente dans les pays développés puisqu'aux États-Unis, l'insécurité alimentaire touche 11% des ménages en 2003 (U.S.Department of Agriculture). Ainsi quelque soit le pays, des groupes de personnes éprouvent des difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires. Ils sont vulnérables aux risques alimentaires. La vulnérabilité alimentaire est définie comme « l'incapacité pour des acteurs ou des familles à résister à un choc extérieur inévitable, difficile à prévoir. À l'inverse, la résilience désigne la capacité d'une personne à anticiper et à réagir de façon à se dégager d'une menace potentielle ou effective, mais prévisible » (Courade et De Suremain 2001, p.125). Cette perspective microéconomique du problème alimentaire suscite de l'intérêt depuis les années 1980. Ce fut la prise de conscience que l'approche strictement agroalimentaire de la sécurité alimentaire qui se focalise sur les techniques et pratiques agricoles, était trop réductrice. Cette dernière se concentrait sur les systèmes agroalimentaires (SAA), reléguant au second plan la question de l'accès à la nourriture. La notion de sécurité alimentaire a donc beaucoup évoluée au cours des dernières décennies. On est passé d'une conception agroalimentaire avec l'analyse des systèmes de production et de consommation à une approche sociale et humanitaire avec la prise en compte des risques, de la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire et de la résilience, puis à des considérations d'ordre juridique et éthique (droit à l'alimentation). En outre, la démographie joue un rôle important dans la répartition et l'utilisation des ressources alimentaires. Dans cette partie nous allons essayer d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire, pour ce fait, nous allons travailler dans cette partie sur deux chapitres, le premier va s'intéresser à la méthodologie de l'étude et le deuxième, les résultats et discussions de l'étude.

      CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE L'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA

      INTRODUCTION

      À l'échelle globale, les causes structurales de l'insécurité alimentaire sont de nature politique et économique, telles que les politiques en matière de production alimentaire, de prix des aliments, de logement, de transport et d'emploi. Il a été largement documenté que dans les pays développés l'insécurité alimentaire des ménages pourrait être modulée par différents facteurs de l'environnement physique et social, de l'environnement familial et individuels. En premier lieu, les facteurs de l'environnement physique et social comme; le manque de transport, la distribution des ressources alimentaires, les caractéristiques (prix, qualité, variété) de l'offre alimentaire dans les magasins et le soutien social, influencent l'insécurité alimentaire des ménages. En deuxième lieu, certaines caractéristiques du ménage augmentent le risque d'être en insécurité alimentaire, notamment; le revenu, la monoparentalité (spécialement lorsque le chef du ménage est une femme), le nombre de membres dans le ménage, les dépenses du foyer, et le manque d'équipement ménager. Finalement, l'insécurité alimentaire a été associée aux caractéristiques individuelles telles que : un faible niveau de scolarité, le fait d'être une femme, un mauvais état de santé, l'appartenance à une communauté ethnique minoritaire, les connaissances en alimentation et nutrition et la capacité de cuisinier. Dans ce travail, nous cherchons à identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA. Dans la première section, nous présentons le model d'analyse utilisée pour mener notre étude et nous allons présenter ensuite dans la seconde section, les variables et les données utilisées pour l'application empirique.

      I. CADRE ANALYTIQUE DU MODEL LOGIT

      La régression logistique est l'un des modèles d'analyse multivariée les plus couramment utilisées en épidémiologie. Elle permet de mesurer l'association entre la survenue d'un événement (variable expliquée qualitative) et les facteurs susceptibles de l'influencer (variables explicatives).

      I.1 Nature du modèle économétrique

      Historiquement, la régression logistique ou régression binomiale fut la première méthode utilisée, notamment en épidémiologie et en marketing (scoring), pour aborder la modélisation d'une variable binaire binomiale (nombre de succès pour ni essais) ou de Bernoulli (avec ni =1) : décès ou survie d'un patient, absence ou présence d'une pathologie, possession on non d'un produit, bon ou mauvais client... Bien connue dans ces types d'application et largement répandue, la régression logistique conduit à des interprétations pouvant être complexes mais rentrées dans les usages pour quantifier, par exemple, des facteurs de risque liés à une pathologie, une faillite... Cette méthode reste donc celle la plus utilisée car interprétable même si, en terme de qualité prévisionnelle, d'autres approches sont susceptibles, en fonction des données étudiées, de conduire à de meilleures prévisions. Enfin, robuste, cette méthode passe à l'échelle des données massives. Il est donc important de bien maîtriser les différents aspects de la régression logistiques dont l'interprétation des paramètres, la sélection de modèle par sélection de variables ou par régularisation (Lasso).

      I.1.1 Approche descriptive

      On observe un échantillon d'individus dont on connait K de leurs caractéristiques, représentées par les K variables x1, x2, ..., xK. . On suppose que les individus sont répartis en deux catégories C0 et C1. En RCA, une partie de la population (fait partie de la catégorie C1 des personnes en sécurité alimentaire), d'autres pas (catégorie C0 des personnes en insécurité alimentaire). On souhaite analyser et quantifier le lien existant entre les caractéristiques individuelles xk et l'appartenance à C0 ou C1. Il faut un outil - un modèle - spécifique pour pouvoir le faire. C'est dans cette logique qu'on a choisi le model de Régression logistique (logit).

      On part donc du principe que la population que l'on étudie est scindée en deux catégories, C0 et C1. On dispose d'un échantillon de n individus indicés par i, représentatifs de cette population. On connait K caractéristiques de ces individus, mesurées par les variables x1 x2, . . ., xK. Pour l'individu i, les K variables prennent les valeurs x1i, x2i, . . . , xKi. On pose que la probabilité P que l'individu i (compte tenu de ses caractéristiques x1i, x2i, ..., xKi) appartienne à C1 ou à C0 est une fonction des x1i, x2i, ..., xKi. On précise un peu la relation fonctionnelle en supposant que les probabilités d'appartenance dépendent d'une combinaison linéaire des caractéristiques. Formellement, cela s'écrit :

      (1)

      ou G est une fonction qui sera définie ultérieurement et ou les , , . . ., , et les , , . . ., , sont les coefficients des combinaisons linéaires. Ce sont les paramètres du modèle. On notera l'ajout des deux paramètres , et , qui sont appelés parfois paramètres du « terme constant ». Ils sont associés à la variable x0 valant systématiquement 1. A ce stade, on a donc deux séries de paramètres âkJ :


      · la série , ,, . . ., , associée à la catégorie C0 (j = 0) ;


      · la série , . . ., , associée à la catégorie C1 (j = 1).

      La combinaison linéaire des caractéristiques peut s'écrire de manière synthétique, pour j = 0 ou j = 1 :

      (2)

      Ou xi = (1x1i . . . xKi) est le vecteur-ligne des caractéristiques de l'individu
      i et ßj le vecteur-colonne 4 des paramètres du modèle. On peut alors réécrire (1) de
      manière condensée :

      Pour j= 0,1.

      Quelle fonction choisir pour G et étant des probabilités, on doit avoir :

      (3)

      Poser assurerait > 0. Mais les autres contraintes ne seraient pas vérifiées. Pour qu'elles le soient, il suffit de normer les deux quantités et , c'est-`a-dire les diviser par leur somme. On obtient alors :

      C'est cette forme fonctionnelle qui donne au modèle son nom de logit. On peut simplifier en remarquant qu'une seule probabilité suffit pour le représenter, puisque la somme de et de est égale à 1. L'une se déduit de l'autre. On se centre sur la probabilité d'appartenir à C1. Elle s'écrit :

      Finalement, si on pose â = â1 ? â0, on a :

      (4)

      I.2 Spécification théorique du modèle Logit

      Le modèle logit a une double nature. D'une part, c'est un modèle de régression où la variable dépendante est binaire. D'autre part, c'est une méthode alternative à l'analyse discriminante linéaire. Par ailleurs, le modèle logit peut aussi être considéré comme un modèle économique de choix discrets.

      Les modèles Logit depuis très longtemps ont été introduits comme des approximations de modèles probit permettant des calculs plus simples. Si les deux modèles sont sensiblement identiques, il existe cependant des différences. Nous évoquerons ici les principales différences :

      · Les modèles Logit sont construits sur l'hypothèse des distributions cumulatives logistiques permettant un traitement plus adéquat des données aberrantes du fait de leurs extrémités épaissies contrairement aux modèles Probit qui font l'hypothèse d'une distribution cumulative normale centrée réduite ;

      · Dans les modèles complexes, les modèles Logit sont plus adaptés parce que sont de manipulation plus aisée, car le Probit impliquerait la manipulation des intégrales à plusieurs degrés. Les bases théoriques des modèles Logit ont été données par Mc Fadden à travers une théorie de l'utilité.

      I.3 Procédure d'estimation

      La méthodologie empirique utilisée dans cette étude se déroule en quatre étapes et consiste à déterminer le degré de significativité de chacune des variables. Pour vérifier la significativité individuelle des paramètres, le test de Student sera utilisé. L'hypothèse de nullité du vecteur des paramètres quant à elle sera testée par le test du rapport de maximum de vraisemblance. Pour évaluer la qualité des ajustements, nous aurons recours au Psudo R² de McFadden. En outre, le pourcentage de bonne prédiction nous permettra de juger du pouvoir prédictif du modèle. Les valeurs numériques des coefficients du Logit n'ont pas d'interprétation directe c'est pourquoi nous allons nous intéresser aux signes des variables pertinentes et aux réactions proportionnelles de la variable expliquée suite aux changements proportionnels du niveau des variables explicatives c'est à dire aux élasticités. La variable endogène dans notre cas étant une probabilité, le calcul des effets marginaux permet d'apprécier l'impact des variables explicatives sur la probabilité d'être ou non en l'insécurité alimentaire.

      I.3.1 Vraisemblance du modèle

      Pour vérifier la significativité globale du modèle, des tests de vraisemblance sont réalisés. Plus la vraisemblance est élevée, plus le modèle est considéré comme adéquat pour expliquer les variations de la variable dépendante. Le test de vraisemblance d'un modèle consiste à déterminer s'il existe au moins un coefficient non nul parmi ceux des variables explicatives insérées dans le modèle. Si c'est le cas, on peut considérer que le modèle est globalement significatif, et s'intéresser alors aux variables qui influencent effectivement la variable dépendante qu'on cherche prédire. La vraisemblance d'un n-échantillon y1,y2,...,yn est définie comme la probabilité d'observer cet échantillon.

      · Les variables Yi étant indépendantes:

      Avec tel que soient les variances des estimateurs telles que la matrice de variance covariance soit de la forme :

      I.3.2 Intervalles de confiance

      Ce test permet de savoir s'il y a une relation entre la variable Xj et Y.

      v Si 1 n'appartient à IC : pas de relation

      v Si 1 appartient à IC : relation entre Xj et Y

      I.3.3 Test de significativité globale

      Ce teste a pour objectif de voir si les variables explicatives peuvent expliquer le risque de survenue de l'évènement. On va alors faire un test de rapport de vraisemblance.

      On appelle M1: Modèle sans variables et M2: Modèle avec toutes les variables

      On teste :

      v Est-ce que M1 est meilleur que M2 (qualités prédictives)?

      v La statistique de test est:

      ü RV= [-2.ln (vraisemblance au maximum de M1)] - [-2.ln(vraisemblance au maximum deM2)]

      ü Et suit un Khi-deux à p degrés de liberté

      ü Si RV > ÷²(p) On rejette H0, le modèle 2 est meilleur que le 1, les variables explicatives ont simultanément une influence sur la probabilité d'apparition de l'évènement étudié.

      I.3.4 Test de significativité pour une variable

      · M1: Modèle sans la variable testée

      · M2: Modèle avec la variable testée

      · On teste:

      C'est-à-dire :

      · Il y a 2 manières d'écrire la statistique de test :

      ü Sous une loi Normale:

      Sous H0

      ü Sous une loi du Khi-deux:

      Sous H0

      · Sous une loi Normale:

      Si |U| > N(0,1) (=1,96 à 95%)

      · Sous une loi du Khi-deux:

      Si U > ÷²(1)

      On rejette HO, le modèle 2 est meilleur que le 1, le paramètre est significatif, la variable j a une influence sur la probabilité d'apparition de l'évènement, sachant les autres variables du modèle.

      I.3.5 Qualité de l'ajustement du modèle

      Le pseudo R² de Mac Fadden renseigne sur la qualité d'ajustement du modèle, c'est-à- dire sur la capacité des variables explicatives étudiées à prédire les variations de la variable dépendante. Un pseudo R² proche de 0 indique que les variables explicatives n'apportent que peu d'informations tandis qu'un pseudo R² proche de 1 souligne l'importance des variables explicatives. Pour les régressions multinomiales non ordonnées, on considère en général qu'un pseudo R² de 30% indique que le modèle étudié a un bon pouvoir prédictif. Pour les régressions multinomiales ordonnées, les pseudo R² sont plus faibles et des valeurs autour de 10% suffisent pour considérer que les variables explicatives contribuent de façon significative à expliquer les variations observées de la variable à expliquer.

      II. METHODOLOGIE : ENSEMBLE DES DONNEES ET VARIABLES

      Après avoir donné un aperçu théorique sur la représentation d'un modèle logit, nous allons mener une étude empirique, en se basant sur ce modèle dont le but est d'identifier les facteurs susceptibles d'influencer la sécurité alimentaire en RCA.

      II.1 Méthodologie d'étude

      Notre objectif est d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA. Dans les milieux scientifiques, la sécurité alimentaire fait l'objet de modélisation économétrique. Ainsi, Agbodji et Abalo (2005) ont mesuré la pauvreté et modélisé l'état nutritionnel des enfants au Togo. En outre, plusieurs auteurs ont utilisé le modèle Logit dans l'analyse de la sécurité alimentaire. Ainsi, Alderman et Garcia (1993) ont eu recours à ce modèle pour caractériser l'état Madagascar, ont eu recours au modèle Logit pour analyser les déterminants de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages dans les zones rurales au Pakistan. De même, Rasolofo et Anne (2001), dans l'étude des corrélations entre sécurité alimentaire et pauvreté en milieu rural à En nous inspirant des travaux de Alderman et Garcia (op cit), nous utiliserons le modèle Logit pour l'analyse des déterminants de la sécurité alimentaire. Le choix de ce modèle est soutenu par les raisons suivantes:

      · lorsque les variables explicatives ne sont pas normalement distribuées, les estimateurs du modèle Logit sont plus robustes que ceux obtenus par l'analyse discriminante;

      · Les modèles Logit permettent des calculs simples. Par ailleurs, Moimune, cité par (Gourieroux, 1989), par la méthode de Monte-Carlo, montre que les estimations des paramètres et leur précision obtenues par les modèles Probit sont généralement peu différentes des modèles Logit.

      II. 2 Spécification du modèle économétrique

      On cherche donc dans ce cas à expliquer la variable dichotomique " y " désignant l'insécurité alimentaire et définie comme suit :

      On suppose que la probabilité pour un ménage d'appartenir au premier groupe (y = 1) est fonction d'un certain nombre de caractéristiques économiques et non économique. Une estimation de cette probabilité est donnée par la fonction logistique suivante :

      Avec Pi, la probabilité que la population i soit en insécurité alimentaire ;

      Yi désigne le statut de la sécurité alimentaire de la population i ;

      Y*, une fonction des caractéristiques des de la population ;

      Xi ... les variables explicatives ;

      Avec ?(.) la fonction de répartition de la loi logistique. En généralisant, on peut poser que :

      On peut prédire le logarithme du rapport entre la probabilité d'être affectée par l'insécurité alimentaire et la probabilité de ne pas souffrir du phénomène :

      Où les Xij représentent les variables explicatives et les âij les paramètres à estimer.

      Ainsi notre modèle prend la forme suivante :

      Et l'équation sera sous la forme suivante :

      Tableau 9: Définition des variables du modèle

      Variables

      Descriptions de la variable

      Nature de la variable

      Type de la variable

      Yi

      La sécurité alimentaire, elle est la probabilité pour la population d'être ou non en sécurité alimentaire.

      Qualitative

      Variable a expliquée (variable dépendante)

      X1i

      L'investissement public, elle est mesurée par la formation brute de capital fixe (FBCF)

      Quantitative

      Variable explicative (variable indépendante)

      X2i

      Stabilité politique et absence de violence/terrorisme, mesurent les perceptions de la probabilité que le gouvernement soit déstabilisé ou renversé par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris la violence à motivation politique et terrorisme, y compris par la violence et le Terrorisme

      Dummy

      Variable explicative

      X3i

      La production agricole, elle est la part de la production agricole dans le produit intérieur brut (PIB)

      Quantitative

      Variable explicative

      X4i

      Importation des produits alimentaires, elle est, elle est mesurée par le % des marchandises importées.

      Quantitative

      Variable explicative

      X5i

      Indice de prix à la consommation (IPC), mesure l'évolution générale, sur une période donnée, des prix des biens et des services acquis, utilisés ou payés par les ménages pour leur propre consommation. L'indice est obtenu en mesurant les variations du prix d'achat, a qualité constante, d'un assortiment fixe

      Quantitative

      Variable explicative

      X6i

      PIB par habitant basé sur la parité de pouvoir d'achat. Le PIB en PPA est le produit intérieur brut converti en dollars internationaux en utilisant les taux de parité de pouvoir d'achat.

      Quantitative

      Variable explicative

      X7i

      La croissance démographique, elle mesurée par l'accroissement annuel de la population totale en %

      Quantitative

      Variable explicative

      Source : Construit par l'auteur

      II.3 Ensemble de données et variables

      Les données utilisées pour les estimations sont annuelles elles proviennent essentiellement des bases de données de la banque mondiale (WDI). La période d'observation va de 1990 à 2017. Suite aux données manquantes sur la stabilité politique et absence de violence/terrorisme en République centrafricaine, notre variable (instabilité politique) est construite en tenant compte des caractéristiques propres au pays ainsi que l'histoire et le cycle politique.

      Dans cette étude l'instabilité est mesurée en tenant compte de trois facteurs à savoir les coups d'Etats, les mutineries et les élections. La variable instabilité politique a été déjà utilisée par : kant, 2002 ; Khan et Haque 1985 ; Ndiaye et Siri, 2016 ; Ramiandrisoa et Rakotomanana, 2016 et Frantz, 2017.

      Tableau 10: Explications des variables dummy

      Variable dummy

      Explication des variables

      Coup d'Etat

      · 1966 : Coup d'Etat de J B BOKASSA sur D DACKO, intitulé la nuit de saint Sylvestre

      · 1976 : coup de force manqué du 3 février, à l'aéroport de Bangui

      · 1979 : Bokassa est évincé dans un coup d'Etat dirigé par Dacko et soutenu par les troupes françaises après de nombreuses manifestations, arrestations et massacres.

      · 1981 : La présidence de Dacko est renversée par un coup d'Etat dirigé par le commandant de l'armée, André Kolingba.

      · 3 mars 1982 : tentative de coup d'état d'Ange Felix Patassé. A la radio nationale François Bozizé appelle l'armée à se soulever sans succès. C'est le fameux coup d'état radiophonique.

      · 2001 (mai) : tentative manquée de coup d'état par l'ancien Président André Kolingba. Au moins 59 personnes ont été tuées. Le président Patassé réprime la tentative avec l'aide des troupes libyennes et tchadiennes ainsi que des rebelles congolais conduisant au bouleversement politique et une instabilité économique.

      · 25 Octobre 2002 : les hommes du général BOZIZE arrivent aux portes de Bangui. Ange Felix Patassé fait appel aux combattants congolais de Jean -Pierre Bemba qui entament la reconquête du pays et se rendent coupables d'exactions sur la population civile.

      · 2003 Mars : le général Bozizé réussit un coup d'Etat alors que le président Patassé est à l'étranger et se déclare président.

      · 2013 Mars : Le président Bozizé est renversé par la coalition des rebelles de la Séléka, dirigé par Michel djotodja.

      Mutineries

      · Le 18 avril 1996 : une première mutinerie de 200 à 300 soldats a proclamé qu'ils n'avaient pas reçu leur salaire depuis 1992-1993. Les forces françaises sont intervenues en soutien (opération Almandin I) et agissent en tant que négociateurs

      · Le 18 mai 199 : une deuxième mutinerie a été menée par 500 soldats qui ont refusé d'être désarmés et ont contesté l'accord signé en avril. Les forces françaises sont à nouveau appelées par Bangui (c'est l'opération Almandin II).

      · Le 15 novembre 1996 : une troisième mutinerie est intervenue et 1 500 soldats français ont été envoyés pour assurer la sécurité des étrangers présents sur le sol de la République Centrafricaine.

      · En 1997 : une autre mutinerie, Patassé lève le couvre-feu pour mettre fin à la mutinerie afin de permettre aux investisseurs de revenir

      Elections

      · En 1992 : Elections présidentielles et parlementaires multipartismes organisés à la dernière place de Kolingba. Il annule les résultats, sous prétexte d'irrégularités qui ont créé des tensions dans le camp du parti opposé.

      · 1993 : Ange-Félix Patassé, président suite aux élections, mettant ainsi fin à 12 ans de règne militaire.

      · 1999: Patassé est réélu président

      · 2005 : Bozizé qui remporta le deuxième tour de l'élection présidentielle avec 64,6% des voix.

      · 2011 : Bozizé est réélu président

      · 2016 : Le Pr. Touadera élu de la RCA

      Source : construction de l'auteur

      Tableau 11: Les variables dummy de l'instabilite politique en RCA

      Années

      Élections

      Mutineries

      Coups d'états

      Instabilité

      1990

      0

      0

      0

      0

      1991

      0

      0

      0

      0

      1992

      1

      0

      0

      1

      1993

      1

      0

      0

      1

      1994

      0

      0

      0

      0

      1995

      0

      0

      0

      0

      1996

      0

      1

      0

      1

      1997

      0

      1

      0

      1

      1998

      0

      0

      0

      0

      1999

      1

      0

      0

      1

      2000

      0

      0

      0

      0

      2001

      0

      0

      1

      1

      2002

      0

      0

      1

      1

      2003

      0

      0

      1

      1

      2004

      0

      0

      0

      0

      2005

      1

      0

      0

      1

      2006

      0

      0

      0

      0

      2007

      0

      0

      0

      0

      2008

      0

      0

      0

      0

      2009

      0

      0

      0

      0

      2010

      0

      0

      0

      0

      2011

      1

      0

      0

      1

      2012

      0

      0

      0

      0

      2013

      0

      0

      1

      1

      2014

      0

      0

      0

      1

      2015

      0

      0

      0

      1

      2016

      1

      0

      0

      1

      2017

      0

      0

      0

      0

      Source : construction de l'auteur

      II.4 Les autres variables

      Les autres variables retenues pour la modélisation de l'identification des déterminants de la sécurité alimentaire sont au nombre de sept à savoir : Investissement publique (X1), La production agricole (X3), Importation des produits alimentaires (X4), Indice des prix à la consommation (X5), PIB par habitant (X6) et La croissance démographique (X7). Ce choix des variables s'inspire des travaux de la FAO sur les indicateurs de la sécurité alimentaire.

      Investissement publique: c'est les dépenses en formation de brut de capital fixe (FBCF) des administrations publiques (APU). L'investissement public est constitué d'une part des dépenses publiques dites « consommation collective », investissements considérés comme « non productifs » et en tout cas comme relevant d'une production « non marchand » (réseau routier, justice, police, éclairage public, enseignement et recherche etc...) et d'une part l'accumulation du capital technique des entreprises, qu'elles soient publiques ou privées. Le choix de cette variable est le fait de l'importance quand donne aujourd'hui au capital public dans la lutte contre la pauvreté. On suppose que le capital physique déprécie chaque année et l'investissement public chaque année a pour objectif de venir renforcer le capital, cette variable est ici un indicateur de la dimension accessibilité de la sécurité alimentaire. Il est donné ici en pourcentage de PIB. Cette variable est déjà utilisée par Zoudouemba et Gerard, 2015. Et FAO, 2006.

      Production agricole : La production agricole est mesurée ici par la variabilité de production agricole qui a pour l'indicateur l'indice de production des récoltes. Cette variable est déjà utilisé par Turki-abdelhedi , Clément et Ghorbel-zouari, 2013. Et FAO, 2006.

      Importation des produits alimentaires : elle est mesurée ici par la part des produits alimentaires en pourcentage des marchandises importées. Cette est déjà utilisée par Turki-abdelhedi , Clément et Ghorbel-zouari, 2013. Et FAO, 2006.

      Indice des prix à la consommation : l'indice de prix à la consommation (IPC) mesure l'évolution générale, sur une période donnée, des prix des biens et des services acquis, utilisés ou payés par les ménages pour leur propre consommation. L'indice est obtenu en mesurant les variations du prix d'achat, a qualité constante, d'un assortiment fixe de produits de consommation et de services présentant des caractéristique similaires, étant entendu que les éléments du panier sont représentatifs des dépenses d'un ménages pendant une année, ou toute autre durée spécifiée. Il est l'instrument de mesure de l'inflation, c'est une mesure synthétique de l'évolution de prix des produits à qualité constante. Nous utilisons cette variable pour évaluer l'effet de choc de prix sur la sécurité alimentaire. Cette variable est utilisée par FAO, 2006.

      PIB par habitant : PIB par habitant basé sur la parité de pouvoir d'achat. Le PIB en PPA est le produit intérieur brut converti en dollars internationaux en utilisant les taux de parité de pouvoir d'achat. Le dollar international a le même pouvoir sur PIB que le dollar américain aux Etats-Unis. Le PIB aux prix d'acquisition est la somme de la valeur brute ajoutée par tous les producteurs résidents de l'économie, majorée par des taxes sur les produits et diminuée des subventions non comprises dans la valeur des produits. Il est calculé sans déduction des actifs fabriqués ni de l'épuisement et de la dégradation des ressources naturelles. Les données sont en dollars constants de 2011. Cette variable est déjà utilisée par Badolo, 2013. Et FAO, 2006.

      Croissance démographique : la croissance démographique est l'accroissement total de la population, elle est mesurée par le taux d'accroissement annuel de la population. Cette variable est déjà utilisée par Zoudouemba, Gerard, 2015. ; Turki-abdelhedi , Clément, Ghorbel-zouari, 2013. Et FAO, 2006.

      CONCLUSION

      L'objectif principal de ce chapitre était de présenter l'approche méthodologique de l'identification des déterminants de la sécurité alimentaire en République Centrafricaine. Dans notre analyse l'insécurité alimentaire est une variable binaire qui prend le chiffre 1 et 0. Nous avons utilisé beaucoup de variable pour identifier les déterminants économique de la sécurité alimentaire en RCA, tandis qu'au niveau des déterminants non économique par manque de données, nous avons seulement utilisé l'instabilité politique. La variable instabilité politique est construite en tenant compte de trois différents types d'instabilité politique à savoir : les coups d'états, les mutineries et les élections présidentielles. Les autres variables sont choisies en tenant compte des études empiriques précédentes. Toutefois, la méthode utilisée dans notre analyse souffre des limites car elle ne tient pas compte des crises gouvernementales et constitutionnelles en RCA.

      CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSION

      INTRODUCTION

      De nos jours, la plupart des études économiques ne se limitent plus à de simples analyses et conclusions uniquement basées sur les observations théoriques. Elles doivent renforcées par des procédures de vérifications empiriques qui viennent confirmer ou infirmer les hypothèses émises au préalable. L'économie mathématique a donc pour rôle de procéder à des estimations économétriques fondées sur des modèles qui serviront à apporter des preuves concrètes aux hypothèses fixées. Ainsi , l'objectif de ce chapitre est de présenter les résultats des estimations économétriques des variables qui sont susceptibles d'influencer la sécurité alimentaire en interprétant les résultats qui en découlent pour nous permettre de faire des propositions de politiques économiques.

      I. ANALYSE DESCRIPTIVE DES VARIABLES

      Il est question ici de mener une analyse descriptive dans laquelle, on présentera les évolutions des interactions entre nos variables à travers le temps

      I.1 Evolutions de nos variables

      Figure 2 : Evolution de l'investissement public (FBCF) en RCA

      Source : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      L'analyse de l'évolution de la part de la formation brute de capitale fixe (FBCF) dans le PIB montre une croissance assez faible de la part du PIB accordé à l'investissement public allant de 11,81% en 1990 à 13,05% en 1995 ou il a baissé en 1996 à 6,69%.

      Cependant, la figure nous révèle des pics et des creux à partir de 1999 jusqu'à 2017, cette variation de l'investissement public qui va se situer en 2017 à 17,66%, si doit comparer ce chiffre à celui de 1990, on va conclure que l'investissement public a subi une augmentation de 4,15% mais ce chiffre est toujours faible pour un pays en développement comme la RCA.

      Figure 3 : Evolution de la production agricole en RCA

      Source : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      L'analyse de l'évolution de la production agricole nous révèle un faible niveau de la production agricole dans les années 90, dans les années 2002, on constate une évolution constante de la production agricole. Bien sûr que la courbe présente des pics et des creux mais on peut dire que la production agricole à partir de 2010 est plus soutenue que dans les années 90.

      Figure 4 : Evolution de l'importation des produits alimentaires en RCA

      Source : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      La part de l'importation des produits dans le total des marchandises importées varie depuis 1990 à 2017 entre 20,85% à 39,32% des marchandises importées. On constate en 2006 une baisse énorme de l'importation des produits alimentaires (0,47% du total de l'importation des marchandises) et une hausse importante en 2009 (39,32% du total des marchandises importées), qui va chuter en 2017 à 21,07%.

      Figure 5 : Evolution de l'indice des prix à la consommation

      Source : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      L'analyse de l'évolution de l'indice des prix à la consommation nous révèle une évolution constante de 1993 à 2017.

      Figure 6 : Evolution de PIB par tête en RCA

      SouSource : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      Le PIB par tête est la parité de pouvoir de la population Centrafricaine, l'analyse de la figure nous montre un faible pouvoir d'achat en RCA. La parité de pouvoir d'achat ne fait que baisser depuis 1990 jusqu'à 2017.

      Figure 7: Croissance de la population Centrafricaine

      Source : Auteur à partir des données de la Banque mondiale (WDI, 2019)

      L'analyse de la croissance de la population à base de ce graphique nous montre la décroissance depuis 1995, la croissance de la population était à 2,51 en 1991 et 2,72% en 1993 et une baisse consécutive pour atteindre 0,20% en 2013.

      I.2 Statistiques descriptives des variables utilisées

      Les statistiques descriptives de nos variables (la moyenne, la médiane, la valeur maximale, la minimale, l'écart-type) nous permettent d'avoir une idée générale sur le niveau de leurs évolutions. Les statistiques descriptives de toutes les variables étudiées sont présentées dans le tableau ci-dessous :

      Tableau 12: Statistiques descriptives des variables

      Variable

      Obs

      Mean

      Std. Dev

      Min

      Max

      Yi

      28

      0.464

      0.508

      0

      1

      X1

      28

      11.274

      2.754

      6.405

      17.668

      X2

      28

      0.5

      0.509

      0

      1

      X3

      28

      100.456

      13.69

      75.83

      120.7

      X4

      28

      22.203

      7.706

      0.474

      39.328

      X5

      28

      91.536

      40.622

      46.443

      196.861

      X6

      28

      806.204

      95.161

      593.056

      938.824

      X7

      28

      1.727

      0.768

      0.205

      2.722

      Source : Construit par l'auteur à partir de STATA 14

      Le tableau ci-dessus présente les résultats descriptifs des séries annuelles de l'insécurité alimentaire, l'investissement public, la production agricole, l'importation des produits alimentaires, indices des prix à la consommation, produit intérieur brut par tête, la croissance de la population et les séries de l'instabilité politiques. Un examen critique des variables sous notre investigation montre qu'il y'a une diversité observable parmi les variables étudiées. Les valeurs annuelles moyennes de toutes les variables sont positives. Par exemple, la valeur annuelle moyenne de l'indice des prix à la consommation est 91.536, tandis que celle de l'investissement public est 11.274. Les résultats globaux montrent de larges écart-types des variables qui démontrent que les points de données sont loin de la moyenne indiquant ainsi une hétérogénéité possible.

      I.3 Corrélation entre les variables

      La corrélation permet de connaitre l'intensité de la liaison qui peut exister entre deux variables. Autrement dit l'influence qu'une variable exerce sur une autre ainsi que le sens de cette liaison. Le tableau ci-dessus décrit la corrélation entre nos variables.

      Tableau 13: Matrice des corrélations linéaires des variables

       

      Yi

      X1

      X2

      X3

      X4

      X5

      X6

      X7

      Yi(SeAli)

      1.0000

       
       
       
       
       
       
       

      X1(Invpu)

      -0.196

      1.0000

       
       
       
       
       
       

      X2(Instpo)

      -0.358

      0.285

      1.0000

       
       
       
       
       

      X3(ProdAgri)

      -0.072

      0.291

      -0.062

      1.0000

       
       
       
       

      X4(Import)

      -0.256

      0.203

      0.040

      0.348

      1.0000

       
       
       

      X5(IPC)

      -0.047

      0.484

      0.113

      0.749

      0.016

      1.0000

       
       

      X6(PIB/tete)

      -0.278

      0.046

      0.435

      -0.373

      0.042

      -0.681

      1.0000

       

      X7(demo)

      0.021

      -0.331

      0.121

      -0.857

      -0.389

      -0.7014

      0.424

      1.0000

      Source : Construit par l'auteur à partir de STATA 14

      Le résultat ci-dessus nous montre que nos variables ne sont pas toutes corrélées positivement et encore moins fortement liées. En effet nous pouvons constater que les variables X1, X2,  X3, X4, X5 et X6 demeurent négativement corrélées avec un faible degré de liaison à l'insécurité alimentaire respectivement (-19,6%, -35,8%, -0,72%, -25,6% , -0,47% et -27,8%). Par contre la variable X7 est positivement corrélée à l'insécurité alimentaire, mais son degré de liaison (0,21 %) reste très faible.

      II. RESULTATS EMPIRIQUES

      II.1 Maximum de vraisemblance

      Tableau 14: Estimation par le modèle logit

      VARIABLES

      Yi (insa)

       
       

      X1 (Invpub)

      0.667*

       

      (0.371)

      X2 (Instpo)

      -0.676

       

      (1.136)

      X3 (proagri)

      0.194**

       

      (0.0888)

      X4 (Import)

      -0.266**

       

      (0.131)

      X5 (Ipc)

      -0.146**

       

      (0.0569)

      X6 (pib_tete)

      -0.0397**

       

      (0.0156)

      X7 ( demo)

      -0.784

       

      (1.367)

      Constant

      25.89*

       

      (15.70)

       
       

      Observations

      28

      Robust standard errors in parentheses; *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Pseudo R2=36%

      Source: Auteur à partir de STATA 14

      Les résultats d'estimation montrent que les coefficients signalés en étoile sont statistiquement significatifs, on a le coefficient de la variable X11) qui est significatif au seuil de 10%, â3 a un coefficient significatif au seuil de 5%, â4 est significatif au seuil de 5%, â5 est quant à lui significatif au seuil de 5% et â6 est significatif au seuil de 5%. Le Pseudo R2 nous donne la qualité d'ajustement du modèle, la qualité d'ajustement pour ce modèle est de 36%. Selon la théorie le Pseudo R2 de 30% est égal au R2 de 80%, ce qui revient à dire que la sécurité alimentaire peut être déterminée à 36% par les variables sélectionnées.

      II.2 calcule des Effets marginaux

      Tableau 15: Calcule des effets marginaux

      Marginal effects after logit y = Pr(Yi) (predict)

      = 0.4855269

      Variable

      dy/dx

      Std. Err.

      Z

      P>|z|

      [ 95% C.I. ]

      X

      Invpu (X1)

      Instp (X2)*

      Proagri (X3)

      Impor (X4)

      Ipc (X5)

      Pib/t (X6)

      Demo (X7)

      0.1665861

      -0.1672541

      0.0485302

      -0.0664604

      -0.036517

      -0.0099168

      0.195856

      0.09411

      0.27575

      0.02212

      0.03293

      0.01451

      0.00397

      0.3429

      1.77

      -0.61

      2.19

      -2.02

      -2.52

      -2.50

      -0.57

      0.077

      0.544

      0.028

      0.044

      0.012

      0.012

      0.568

      -0.017875 0.351047

      -0.707705 0.373197

      0 .005181 0.091879

      -.130992 -0.001929

      -0.064954 -0.00808

      -0.017698 -0.002135

      -0.867937 0 .476225

      11.273

      0.5

      100.456

      22.2026

      91.5355

      806.204

      1.72706

      (*) dy/dx is for discrete change of dummy variable from 0 to 1

      Source: construit par l'auteur à partir de STATA 14

      La relation à long terme s'écrit de la manière suivante :

      Yi = 0.1665861*X1 - 0.1672541*X2 + 0.0485302*X3 - 0.0664604*X4 - 0.036517*X5 -0.0099168*X6 +0.195856*X7

      II.3 validation du modèle

      La validation du modèle passe par l'analyse de pseudo R2, dans le calcul de maximum de vraisemblance nous avons pu constater le pseudo R2 est égal à 36% ce qui nous confirme la bonne qualité d'ajustement du modèle.

      CONCLUSION

      L'objectif de ce chapitre est d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire à travers la modélisation par le modèle logit. Nous avons sélectionné un certain nombre de variables susceptible d'influencer la sécurité alimentaire en république centrafricaine, parmi ces variables nous avons : l'investissement public ; l'instabilité politique ; la production agricole; l'importation des produits alimentaires ; l'indice des prix à la consommation et la croissance démographique. Le résultat de l'estimation économétrique du modèle de la sécurité alimentaire avec nos variables sélectionnées, il ressort que l'investissement affecte positivement la sécurité alimentaire en RCA, l'analyse nous montre que le niveau de significativité de l'investissement public sur la sécurité alimentaire est de 10% ce qui revient à dire que si on augmente l'investissement public de 10% ca améliore la sécurité alimentaire d'un point, le calcul des effets marginaux nous montre qu'à long terme l'investissement public a toujours un effet positif sur la sécurité alimentaire. La stabilité politique qui est notre déterminant économique clé affecte positivement la sécurité alimentaire en RCA, dans cette analyse nous avons utilisé les séries de l'instabilité politique pour analyser l'effet sur l'insécurité alimentaire bien que son coefficient n'est pas statistiquement significatif, son signe nous montre que l'instabilité politique encourage l'insécurité alimentaire en RCA. Il en résulte donc que l'instabilité politique est un phénomène préjudiciable pour le pays.

      CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

      Cette partie tente d'identifier les déterminants de la sécurité de la sécurité alimentaire en RCA avec les outils économétriques appropriés. Cette partie nous a permis d'affirmer ou infirmer nos hypothèses de bases. La simulation réalisée à l'aide du modèle logit nous a permis d'abord de mettre en lumière la dynamique qui explique la persistance de l'insécurité alimentaire et les faibles progrès dans la lutte contre la pauvreté en RCA. En effet, la formation brute du capital fixe (FBCF) représente en moyenne que 11,3% de PIB ce qui n'est pas significatif d'améliorer la sécurité alimentaire. En outre, la persistance de l'instabilité politique et l'insécurité qui règne dans le pays sont autant de facteurs qui limitent la croissance rapide des revenus et de la consommation alimentaire. Ensuite, le scénario de dégradation de la productivité agricole montre des impacts dévastateurs qui sont plus ressentis par la population en raison, à la fois de la contraction de l'activité économique globale et de la hausse des prix de produits alimentaires. L'utilisation de ce modèle inspiré de plusieurs travaux sur les déterminants de la sécurité alimentaire, certains test de validation des hypothèses n'a pas été fait dans ce travail à cause de la petite taille de notre échantillon ainsi que le test de significativité de nos variables.

      CONCLUSION GENERALE

      L'intérêt pour la sécurité alimentaire date depuis les années 1970 et a connu des hauts et des bas au fil du temps, en partie en réponse à l'évolution de la réflexion sur le développement plus large, et en partie à cause des changements dans la nature même du problème de l'alimentation dans le monde (Maxwell, 2001). Il y a eu des évolutions dans la réflexion sur la sécurité alimentaire elle-même, principalement un abandon progressif de préoccupations d'offre alimentaire au niveau nationale et mondiale, vers des préoccupations d'accès familial et individuel à la nourriture. Plus récemment, le concept de sécurité alimentaire s'est enrichi avec l'introduction du concept de résilience : il s'agit de la capacité des ménages ou des individus à rebondir après un certain nombre de chocs tels que les inondations, la sécheresse, les conflits, l'instabilité des prix des denrées alimentaires, l'effondrement des institutions locales ou des pertes d'emplois. L'introduction de la résilience dans l'analyse de la sécurité alimentaire permet ainsi de comprendre certaines décisions souvent radicales des ménages ou individus suite à un choc. Par exemple, en cas d'une crise de grande ampleur, des agriculteurs sont souvent obligés de prendre des mesures drastiques : retirer leurs enfants de l'école, vendre tout actif en leur possession, ou abandonner l'agriculture et migrer vers les villes. Entre 2002 et 2008, l'indice des prix de denrées alimentaires de la FAO a doublé, après quatre décennies de tendance globale à la baisse (Azoulay, 2012). Cette inflation des prix alimentaires et les troubles sociaux qu'elle a occasionnés signent le retour de l'enjeu agricole et du problème alimentaire dans le débat économique. En effet, avec l'accélération de la globalisation financière, la finance a dominé les débats en économie tandis que la macroéconomie sociale en général, l'économie du développement en particulier, se sont plus concentrées sur la pauvreté et les inégalités. Ainsi, le thème de la sécurité alimentaire a été plus développé par l'économie agroalimentaire. Klatzmann (1988) souligne que le terme « agro-alimentaire » fait référence à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, de la production agricole à la consommation. Les travaux de Malassis (1972, 1973, 1992), Malassis et Padilla (1986), Malassis et Ghersi (1992), Bricas et Raoult-Wack (1997), Rastoin (1996, 2005, 2006), Mc Michael (2002) et Combris (2006) ont montré l'importance grandissante des activités en amont et en aval de l'agriculture. En 2008, le rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale (BM) est consacré à l'agriculture au service du développement. Tout en préconisant une libéralisation totale des échanges agricoles, il incite à accroître les investissements dans le secteur agricole. En effet, la part de l'agriculture dans l'aide publique au développement est passée de 19 à 3% entre 1980 et 2006. Quant aux prêts de la BM destinés au secteur agricole, ils ne représentaient plus que 1,75 milliards USD en 2006, soit 7% de la totalité des prêts octroyés contre 30% en 1982 (OXFAM, 2007).

      L'analyse des déterminants de la sécurité alimentaire est abordée par beaucoup d'auteurs et les variables utilisées se diffèrent selon les pays, la diversité de ses variables s'explique par la diversité des indicateurs de sécurité alimentaire selon le pays analysé.

      Premièrement, il était question de présenter le cadre d'analyse de la sécurité alimentaire, en passant par l'historique de la sécurité alimentaire et sa mesure, nous avons aussi la situation de la sécurité alimentaire en RCA, c'est-à-dire, le niveau de la sécurité alimentaire et les indicateurs de la sécurité alimentaire en RCA. C'est ce qui nous a permis d'ailleurs de bien aborder la partie empirique de notre travail.

      Deuxièmement, il s'agissait d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, suite à cette analyse nous avons pu identifier certains facteurs déterminants de la sécurité alimentaire, nous avons catégorisé ces facteurs en deux, à savoir : les déterminants économiques et les déterminants non économiques. Nous avons sectionné les facteurs suivants comme les déterminants économiques : L'investissement publique ; La production agricole ; importation des produits alimentaires ; PIB par tête et l'indice des prix à la consommation. Les déterminants non économiques retenus sont : La stabilité politique et la croissance démographique.

      A l'issu de cette étude nous pouvons conclure que l'investissement public à un impact positif sur la sécurité alimentaire, la production agricole a aussi un impact positif sur la sécurité alimentaire ; par contre l'indice des prix à la consommation a un impact négatif sur la sécurité alimentaire. Nos déterminants non économiques (stabilité politique et la croissance démographique), n'ont pas tous les deux un impact positif sur la sécurité alimentaire, la stabilité politique a un impact positif sur la sécurité alimentaire tandis que la croissance démographique a un impact négatif sur la sécurité alimentaire, bien que les coefficients de nos déterminants non économiques ne sont pas statistiquement significatifs, on s'intéresse ici à leurs signes.

      Parvenu au terme de notre étude, en termes d'implication de la politique économique, l'augmentation de l'investissement de 10%, augmentation de la production agricole de 5%, baisse de l'indice des prix à la consommation de 5% pourraient améliorer la sécurité alimentaire en RCA.

      En outre, la stabilité politique et la croissance démographique apparaissent comme une condition nécessaire pour la sécurité alimentaire, car ces derniers peuvent changer la situation alimentaire des centrafricains à long terme.

      Les chercheurs, le gouvernement, les organismes internationaux et les donateurs semblent maintenant convenir qu'il est urgent d'augmenter l'investissement public en RCA en augmentant la part de la formation brute de capitale fixe (FCBF) dans la richesse crée (PIB), augmenter la production agricole tout en cherchant la stabilité politique.

      En terme de limite, notre étude souffre de manque de certaines variables défini par la FAO, ce manque est du à son tour au manque de données qui couvrent la période de notre étude. Notre étude est beaucoup plus basée sur la dimension disponibilité, accès et la stabilité de la sécurité alimentaire. La dimension utilisation n'est pas prise en compte dans cette analyse, nous n'avons pas des données sur le changement climatique et l'accès à l'eau potable. Cette étude pourrait encore bien approfondie à la présence de ses facteurs manquants.

      ANNEXES

      Annexe 1 : Evolution de la question alimentaire

      Années

      Contexte

      Stratégies

      1960

      Guerre froide
      Développement autocentré
      Indépendance alimentaire.

      Le concept d'autosuffisance alimentaire lie
      la politique alimentaire à l'identité et la
      sécurité nationales.
      Focalisation sur la production locale vivrière
      et sa protection contre les importations.

      1970

      Mauvaises récoltes dans
      plusieurs grandes régions du
      monde (Risques de famine).
      Approche globale de la
      question alimentaire

      Création de réserves internationales de
      céréales.
      Gestion de la sécurité alimentaire par la
      communauté internationale.

      1980

      Apport des travaux de
      Amartya K. Sen sur la
      pauvreté, l'économie du bien
      être et le développement
      humain.
      Approche microéconomique et
      prise en compte de la demande
      alimentaire

      Les questions liées à l'accessibilité, à la
      répartition des ressources alimentaires et
      aux inégalités sont enfin abordées.
      Des programmes nationaux de sécurité
      alimentaire et de développement agricole
      sont mis en place (Reconnaissance des
      interactions entre stratégies alimentaires et
      stratégies de développement).

      Depuis
      1990

      Les aspects sanitaires
      nutritionnels et socio
      microéconomiques sont mieux
      considérés.
      Promotion de la libéralisation
      du commerce agricole (Accord
      sur l'agriculture).
      Bilan de l'ajustement
      structurel.

      Analyse de la pauvreté en milieu urbain, de
      la vulnérabilité et de la résilience à
      l'insécurité alimentaire.
      La promotion de la sécurité nutritionnelle
      et de la sécurité sanitaire des aliments.
      La gestion des ressources naturelles et une
      agriculture durable sont préconisées
      Le droit à l'alimentation et la
      souveraineté alimentaire est de plus en
      plus revendiquée.

      Source : Auteur

      Annexe 2 : Quelques définitions de la sécurité alimentaire

      Capacité de tout temps d'approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix (ONU, 1975).

      · Capacité d'atteindre des niveaux souhaités de
      consommation sur une base annuelle (SIAMWALLA et VALDES, 1980).

      · Une certaine capacité de financer des besoins
      d'importations pour satisfaire les consommations
      souhaitées (VALDES et KONANDREAS, 1981).

      · La sécurité alimentaire consiste à assurer à toute personne et à tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin (FAO, 1983).

      · L'accès pour tous et en tout temps à une alimentation suffisante pour une vie active et en bonne santé (REUTLINGER, 1985; BANQUE
      MONDIALE, 1986).

      · Un pays et un peuple sont en situation de sécurité alimentaire quand le système alimentaire fonctionne de telle sorte qu'il n'y a aucune crainte
      de ne pas posséder une alimentation suffisante (MAXWELL, 1987).

      · La sécurité alimentaire correspond à la capacité pour toute personne de posséder à tout moment un accès physique et économique aux besoins
      alimentaires de base.

      · Une stratégie nationale de sécurité alimentaire ne peut être envisagée
      sans assurer la sécurité alimentaire au niveau du foyer familial (PAM, 1989).

      · La capacité d'assurer que le système alimentaire fournit à toute la population un approvisionnement alimentaire nutritionnellement adéquat
      sur le long terme (STAATZ, 1990).

      · La sécurité alimentaire est assurée lorsque la viabilité du ménage, défini en tant qu'unité de production et de reproduction, n'est pas menacée par un déficit alimentaire (FRANKENBERGER, 1991).

      Source : Padilla (1997)

      Annexe 3 : Analyse descriptives des variables


      Descriptive Statistics

      Variable

      Obs

      Mean

      Std.Dev.

      Min

      Max

      saeli_y_

      28

      .464

      .508

      0

      1

      invpub_x1_

      28

      11.274

      2.754

      6.405

      17.668

      instpo_x2_

      28

      .5

      .509

      0

      1

      ipr_x9_

      28

      100.456

      13.69

      75.83

      120.7

      import_x4_

      28

      22.203

      7.706

      .474

      39.328

      ipc_x5_

      28

      91.536

      40.622

      46.443

      196.861

      pib_tete_x6_

      28

      806.204

      95.161

      593.056

      938.824

      demo_x7_

      28

      1.727

      .768

      .205

      2.722

       

      Source : Auteur à partir de STATA 14

      Annexe 4 : Matrice de corrélation

      Matrix of correlations

      Variables

      (1)

      (2)

      (3)

      (4)

      (5)

      (6)

      (7)

      (8)

      (1) seal_y_

      1.000

      (2) invpub_x1_

      -0.196

      1.000

      (3) instpo_x2_

      -0.358

      0.285

      1.000

      (4) ipr_x9_

      -0.072

      0.291

      -0.062

      1.000

      (5) import_x4_

      -0.256

      0.203

      0.040

      0.348

      1.000

      (6) ipc_x5_

      -0.047

      0.484

      -0.113

      0.749

      0.016

      1.000

      (7) pib_tete_x6_

      -0.278

      0.046

      0.435

      -0.373

      0.042

      -0.681

      1.000

      (8) demo_x7_

      0.021

      -0.331

      0.121

      -0.857

      -0.389

      -0.701

      0.424

      1.000

       

      Source : Auteur à partir de STATA

      Annexe 5: Résultats de l'estimation par le modèle logit

       

      (1)

      VARIABLES

      seal_y_

       
       

      invpub_x1_

      0.667*

       

      (0.371)

      instpo_x2_

      -0.676

       

      (1.136)

      ipr_x3_

      0.194**

       

      (0.0888)

      import_x4_

      -0.266**

       

      (0.131)

      ipc_x5_

      -0.146**

       

      (0.0569)

      pib_tete_x6_

      -0.0397**

       

      (0.0156)

      demo_x7_

      -0.784

       

      (1.367)

      Constant

      25.89*

       

      (15.70)

       
       

      Observations

      28

      Robust standard errors in parentheses

      *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

      Source : Auteur à partir de STATA 14

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      TABLES DES MATIERES

      SOMMAIRE i

      AVERTISSEMENT ii

      DEDICACE iii

      REMERCIEMENTS iv

      SIGLES ET ABREVIATION v

      LISTE DES TABLEAUX vii

      LISTE DES FIGURES viii

      RESUME ix

      ABSTRACT x

      INTRODUCTION GENERALE 1

      1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION 2

      2. PROBLEMATIQUE 7

      3. QUESTION DE RECHERCHE 9

      4. OBJECTIF DE RECHERCHE 9

      5. HYPOTHESE DE RECHERCHE 9

      6. METHODOLOGIE 9

      7. INTÉRÊTS SCIENTIFIQUES ET PRATIQUE DE L'ETUDE 10

      7.1 INTÉRÊTS SCIENTIFIQUES 10

      7.2 INTÉRÊTS PRATIQUES 10

      8. Organisation du travail: 10

      PREMIERE PARTIE : 12

      CADRE D'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA 12

      INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE 13

      CHAPITRE 1: GENERALITE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE 14

      INTRODUCTION 14

      I. EVOLUTION DES INDICATEURS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE 14

      II. LES INDICATEURS ET LES INDICES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE 18

      II.1 Les indicateurs usuels de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN): l'état de l'art 18

      II.1.1 Un ensemble d'indicateurs pour couvrir les multiples dimensions de la SAN 19

      II.1.1.1 La dimension « disponibilité » 20

      II.1.1.2 La dimension «accès » 20

      II.1.1.3 La dimension «stabilité » 21

      II.1.1.4 La dimension « utilisation » 22

      II.2 L'indicateur de FAO de la sous-alimentation (FAOSA) 24

      II.3 L'Indice de la Faim dans le Monde (IFM) 25

      II.4 L'Indice de Sécurité Alimentaire Mondiale (ISAM) 25

      II.5 L'indice de la Pauvreté et de la Faim (IPF) 27

      II.6 L'Indice d'Engagement de Réduction de la Faim, (IERF) 27

      II.7 Les indicateurs anthropométriques (IA) 28

      II.8 Le Score de Diversité Alimentaire (SDA) 29

      II.9 Les Indicateurs Médicaux et de Bio-marqueurs (IMB) 30

      CONCLUSION 31

      CHAPITRE 2 : LA RCA ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE 32

      INTRODUCTION 32

      I. ANALYSE DE LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE EN RCA 32

      I.1 Analyse la situation de la sécurité alimentaire en RCA 32

      I.1.1 Disponibilité alimentaire 33

      I.1.2 Accès à l'alimentation 35

      I.1.3 Utilisation des aliments 38

      I.1.4 Durabilité alimentaire 39

      I.2 Analyse de la situation nutritionnelle 40

      I.2.1 Sous-nutrition 41

      I.2.2 Surnutrition 42

      II. REVUE DES POLITIQUES ET PROGRAMMES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET DE LA NUTRITION 43

      II.1 Politiques et programmes dans le cadre de la sécurité alimentaire et de la nutrition 44

      II.1.1 Stratégie de Développement Rural, de l'Agriculture et de la Sécurité Alimentaire 44

      II.1.2 Programme National d'Investissement Agricole, de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle 45

      II.1.3 Politique Nationale de Nutrition. 46

      II.1.4 Politique Nationale de Promotion de l'Egalité et de l'Equité 47

      II.1.5 Politique Nationale de Protection Sociale 48

      II.1.6 Feuille de Route du Secteur Agricole 49

      II.2 Ressources financières pour la sécurité alimentaire et la nutrition 49

      CONCLUSION 51

      CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 52

      DEUXIÈME PARTIE : 53

      IDENTIFICATION DES DÉTERMINANTS DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN RCA 53

      INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 54

      CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE L'ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RCA 55

      INTRODUCTION 55

      I. CADRE ANALYTIQUE DU MODEL LOGIT 55

      I.1 Nature du modèle économétrique 56

      I.1.1 Approche descriptive 56

      I.2 Spécification théorique du modèle Logit 58

      I.3 Procédure d'estimation 59

      I.3.1 Vraisemblance du modèle 59

      I.3.2 Intervalles de confiance 60

      I.3.3 Test de significativité globale 60

      I.3.4 Test de significativité pour une variable 61

      I.3.5 Qualité de l'ajustement du modèle 62

      II. METHODOLOGIE : ENSEMBLE DES DONNEES ET VARIABLES 62

      II.1 Méthodologie d'étude 62

      II. 2 Spécification du modèle économétrique 63

      II.3 Ensemble de données et variables 65

      II.4 Les autres variables 69

      CONCLUSION 71

      CHAPITRE IV : RESULTATS ET DISCUSSION 72

      INTRODUCTION 72

      I. ANALYSE DESCRIPTIVE DES VARIABLES 72

      I.1 Evolutions de nos variables 72

      I.2 Statistiques descriptives des variables utilisées 76

      I.3 Corrélation entre les variables 77

      II. RESULTATS EMPIRIQUES 78

      II.1 Maximum de vraisemblance 78

      II.2 calcule des Effets marginaux 79

      CONCLUSION 80

      CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 81

      CONCLUSION GENERALE 81

      ANNEXES 81

      REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81

      TABLES DES MATIERES 81

      * 1 Conférence mondiale de l'alimentation est convoquée par l'Organisation des Nations Unies en 1974 en application d'une résolution de l'Assemblé générale des Nations Unies, cette conférence représente le premier sommet international sur l'alimentation (http://www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1997_num_1_4858).

      * 2 Armatya Sen «The entitlement approach to famine» (http://www.wider.unu.edu)

      * 3 Sommet mondial sur l'alimentation organisé par la FAO du 13 au17 novembre 1996 à Rome avec la participation de 185 pays (http://www.fao.org/about/meeting/global-parliamentary-summit/fr/)

      * 4 IPC est le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire de la FAO

      * 5 Les données sur le pourcentage de personnes sous-alimentées, le pourcentage de l'insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq ans et la mortalité infantile proviennent respectivement de la FAO, de l'OMS et de l'UNICEF

      * 6 Rapport du NEPAD sur la sécurité alimentaire en Afrique, 2016.

      * 7 Rapport de la Commission Economique pour l'Afrique, Nations Unies, 2015.

      * 8 Rapport final du suivi des OMD en RCA, 2015.

      * 9http://www.nationalplanningcycles.org/sites/default/files/planning_cycle_repository/central_african_republic/c
      a_-ptss_v_definitive_1.pdf

      * 10 https://www.jhsph.edu/research/centers-and-institutes/institute-for-international programs/_docs/globalnutritionseries/Nutrition_exec_summary_FR.pdf






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