L'informatique décisionnelle
appliquée à l'agriculture
Outils d'aide à la décision pour les acteurs
agricoles
Abdoulahi Mariko
Mastère Ingénieure d'affaire en solution
technologique complexe Préparé sous la direction de LE FOULGOC
Aurelien
2
Table des matières
Introduction 5
PARTIE 1 : LA SOCIETE DE L'INFORMATION 10
I. Comprendre la société de l'information 11
A. L'origine des réseaux sociaux 14
B. Le poids des réseaux sociaux 15
C. Le Mobile 18
D. L'internet des objets 22
E. Le cloud computing 24
F. L'origine du cloud computing 26
II. Le Big Data 28
A. Hadoop l'outil principal du Big Data 30
III. L'informatique décisionnelle 31
A. La limite de l'informatique décisionnelle 33
IV. Informatique décisionnelle et Big Data, vers un
modèle hybride 34
A. Comprendre la différence fondamentale entre BI et
Big Data 34
B. Les obstacles de la migration vers le Big Data 35
V. L'hybridation entre le Big data et l'informatique
décisionnelle 37
A. Première approche hybride : 37
B. Deuxième approche Hybride : 38
PARTIE 2 : LES DEFIS DE L'AGRICULTURE MODERNE 39
VI. L'Evolution de la population mondiale 40
VII. Le consommateur de demain 42
VIII. L'agriculteur de demain 44
PARTIE 3 : DE NOUVELLES PRATIQUES GRACE AUX DONNEES ET AU
DECISIONNEL 49
I. Impact de la révolution numérique et de la
masse de données dans le domaine agricole 52
II. Le développement de l'économie du partage
52
III. Les réseaux sociaux comme vecteurs de
connaissances 53
IV. Utiliser le big data pour créer de la valeur
partagée 55
V. Développer des services gratuits grâce au Big
Data 57
VI. Et si les machines robots prenaient le contrôle ?
60
3
VII. Une technologie indispensable pour accompagner la
révolution numérique agricole : la
blockchain. 63
A. Qu'est-ce que la blockchain ? 63
B. Comment fonctionne la blockchain ? 64
C. Exemple d'utilisation possible de la blockchain en
agriculture 65
ANALYSE 67
I. La commercialisation des produits agricoles 68
II. L'itinéraire cultural cible de choix des innovations
agricole 71
III. Les couts et le temps, la réelle valeur
ajoutée 73
A. Les couts 75
B. Le temps 75
C. La facilité d'utilisation 76
NOTRE SOLUTION 78
CONCLUSION 83
ANNEXES 88
Annexe 1 : BIBLIOGRAPHIE 89
Annexe 2 : Thème et problématique 91
Annexe 3 : hypothèses de travail 92
Hypothèse 1 : 92
Hypothèse 2 : 92
Hypothèse 3 : 92
Annexe 4 : Fiches de lectures 93
FICHE DE LECTURE N° 1 : Méthodes d'approche des
projets complexes 93
FICHE DE LECTURE N°2 : Big data et informatique
décisionnelle 98
FICHE DE LECTURE N° 3 : Agriculture numérique 102
4
5
Introduction
En 2008, l'un des géants de la technologie mondiale s'est
lancé dans un défi qui n'était pas des moindres. Il
s'agissait de mettre au point un système de prédiction et de
suivi en temps réel de l'évolution de la grippe à
l'échelle mondiale, exactement dans 29 pays dont 9 pays
européens.
En fait, Google utilisant sa notoriété en tant que
moteur de recherche le plus
utilisé, c'est mis en tête d'analyser en temps
réel tous les milliards de requêtes qui ont un lien avec la
maladie de la grippe, plus de cinquante (50) millions de modèles
mathématiques ont été développés pour
permettre la réalisation de cet objectif. La plus-value de ce
système est qu'il vient renforcer le processus traditionnel de
prédiction des centres de contrôle sanitaire qui se base sur les
cas de grippe déjà décelés, puis ils prennent le
temps de la consolidation et d'analyse des données. Avec le
système Google Flu Trend, toutes les étapes en amont de l'analyse
des résultats sont prises en charge par le système de
prédiction.
Par ce projet, Google vient de démontrer la
capacité et la puissance d'exploitation d'un système de Big data.
Malheureusement, le fait de se baser sur les seuls résultats de
recherche sur le moteur de Google n'est pas une source suffisante et fiable de
données sur laquelle faire reposer une question aussi sensible qu'est la
santé mondiale.
|
À travers ce graphe, on constate que l'algorithme de
Google effectue des prédictions exagérées sur le
phénomène de la grippe par rapport aux données des centres
de contrôle (plus fiable).
Source:
Nature.com When Google
got flu wrong.
|
6
Faute de l'améliorer, Google a dû fermer son
système de prédiction de grippe en 2013. En France, les projets
tels que
grippenet.fr sont des héritiers
de cette dynamique lancée par le géant de la Silicon Valley. Par
ailleurs, il n'a pas fallu
longtemps pour qu'en 2014 des chercheurs de Harvard
déclarent avoir mis
au point un système au moins deux fois plus précis
que celui de Google.
Ainsi, la course dans le traitement de données
gigantesques est lancée.
Plusieurs secteurs sont aujourd'hui en pleine croissance et
ont besoin de l'apport de ce type de technologie. Ici nous traiterons le cas du
domaine agricole.
En effet, les défis enregistrés dans le domaine
de l'agriculture évoluent et se complexifient de plus en plus.
D'une part, ces problématiques s'articulent
essentiellement autour de trois (3) points à savoir :
L'environnement : Optimisation des ressources
consommées et la réduction des pollutions dans l'eau, l'air et le
sol.
L'économie : Réduction des coûts des
charges liés aux intrants et aux coûts de mécanisation,
mais aussi l'anticipation et l'adaptation aux fluctuations des prix du
marché.
Le social : Réponse aux tendances de consommation de la
population.
D'autre part, on assiste à une révolution
numérique dans le secteur agricole, ce mouvement a un impact direct sur
les attentes des agriculteurs en termes d'utilisation de biens et de services,
ainsi que sur leurs processus décisionnels. En effet, on constate
aujourd'hui que 9 sur 10 des agriculteurs font leurs démarches en ligne,
79 % des agriculteurs utilisent internet pour des motifs personnels ou
professionnels, plus de 400 applications informatiques existent pour assister
les agriculteurs1.
1. Source : Chiffres tirés du rapport : Les
Défis de l'agriculture connectée dans une société
numérique
www.renaissancenumerique.org
7
Pour permettre à l'agriculteur de mieux s'adapter et de
profiter du potentiel des nouvelles technologies, le numérique doit
répondre aux préoccupations suivantes :
Comment faire pour que l'agriculteur puisse vivre de son
métier ? Comment lui permettre de produire mieux avec moins ?
Comment, quelle méthode pour lui permettre de concilier
vie professionnelle et vie professionnelle ?
Cependant, face à ses questionnements, force est de
constater que l'agriculteur reste sur sa soif.
En effet, les possibilités de décision se trouvent
encore limitées pour permettre un épanouissement aux acteurs
agricoles dans leur tâche.
Une analyse des avantages et inconvénients des ressources
actuelles nous donnent la représentation suivante :
Lettres techniques - Bulletins de Santé
végétale
|
Avantages
|
Inconvénients
|
- Données de terrain
- Rédigés par des techniciens
- Vulgarisation scientifique / Modèles
|
- Fréquence & pertinence
- Format : newsletter
- Trop peu consulté
- Utilisation sur ordinateur
|
Réunions de terrain
|
Avantages
|
Inconvénients
|
- Échanges qualitatifs - «Visuel»
- Aspect social
|
- Fréquence & pertinence
- Coût de l'accès à l'information - Demande
du temps
|
Échanges entre agriculteurs et forum
|
Avantages
|
Inconvénients
|
- Échanges qualitatifs
- Réseau de terrain
- «Maîtrise» des échanges
|
- Fréquence
- Décisions par mimétisme
|
Fournisseurs d'approvisionnement (Vente &
Conseil)
|
Avantages
|
Inconvénients
|
- Expérience
- Comparaison de situation
|
- Subjectivité
|
Au vu de ces faits et des possibilités offertes par
l'évolution du numérique, on peut en déduire que le
secteur agricole manque de solution d'échange pertinent et
instantané.
Notre préoccupation est donc de réfléchir
à la définition d'un outil numérique collaboratif pour
favoriser l'optimisation de la production et le partage d'informations entre
les acteurs agricoles.
Un outil d'aide à la décision innovant pour
booster et simplifier la gestion de cultures.
L'informatique décisionnelle (Business Intelligence)
« est l'ensemble des outils et méthodes visant à transmettre
les informations pertinentes aux manageurs d'entreprise. Son but est de les
aider à comprendre leur environnement et de les accompagner dans leurs
prises de décisions stratégiques. » 1.
Cette discipline informatique est née suite à la
maturité en puissance de calcul des ordinateurs et au
développement d'algorithmes informatique pointues, c'est aussi une
discipline favorisée par le développement du Big data (Masse de
données).
Les méthodes et outils mis à disposition par
cette science, semble aujourd'hui le cadre idéal pour
réfléchir et développer notre concept d'aide à la
décision aux acteurs agricoles tant sur le cadre théorique que
technique.
8
1. www.coheris.com
(éditeur de logiciel CRM et analytique) : article : Qu'est-ce que
l'informatique décisionnelle ?
9
Nous allons dans un premier temps définir la
société d'information pour voir l'origine et les changements
qu'implique le développement numérique dans la
société.
Puis, nous étudierons deux concepts d'analyse et de
traitement de données qui sont le Big data et l'informatique
décisionnelle.
Ensuite, nous allons introduire les enjeux de l'agriculture
moderne pour voir enfin comment les outils étudiés peuvent
contribuer à relever ses enjeux, et quelles sont les perspectives qui
s'offrent au domaine agricole avec ces évolutions technologiques.
PARTIE 1 : LA SOCIETE DE L'INFORMATION
|
I. Comprendre la société de
l'information
Aujourd'hui, à l'ère du numérique nous
assistons à la plus grande révolution jamais survenue dans les
siècles derniers. En effet, avec la démocratisation de l'internet
et la digitalisation des services et ceux dans tous les domaines, nous
assistons à la création d'une masse de données qui ne
cesse de s'accroitre de façon exponentielle. On parle de
société de l'information.
En 2003 à Genève, puis en 2005 à Tunis se
sont rassemblés des représentants de gouvernements et
d'organisations internationales ainsi que des représentants de
sociétés commerciales et civiles pour la tenue du Sommet Mondial
pour la Société de l'information (SMSI)1.
Cette société de l'information a pour objectif
la création et la règlementation d'un environnement technologique
qui permettra à tous d'accéder et de bénéficier
sans aucune distinction des moyens et outils qui permettent de créer, de
partager, de recevoir et d'utiliser de façon libre de l'information et
de la connaissance pour son épanouissement ou pour la création de
valeur sociale, culturelle ou économique.
La société d'information s'articule autour de trois
principaux points : Les réseaux sociaux :
L'avènement de ce nouvel outil de communication plonge
l'homme dans une autre dimension de la vie en société. En effet,
aujourd'hui n'importe qui depuis un point donné, dans sa maison assise
dans son canapé, peut se faire des amis, organiser des rencontres et
assister à des évènements, travailler et gagner de
l'argent, acheter des biens, etc. Sans avoir à sortir de chez lui s'il
le désire.
Nous assistons donc à la naissance d'une conscience
collective qui n'a ni besoin de localisation géographique, ni de nation
homogène pour se coordonner et vivre en société.
11
1.
http://www.itu.int/net/wsis/index-fr.html
Ce constat nous renvoie à la fiction cinéma
« 8th Wonderland » des réalisateurs Nicolas Alberny et Jean
Mach sorti le 12 mai 2010. Cependant, force est de constater que le concept
présenté dans ce film ne relève plus de la fiction,
puisqu'il est de nos jours possible qu'une communauté « virtuelle
» puisse peser sur les décisions d'un gouvernement ou d'une
assemblée physique.
C'est d'ailleurs, un des moyens le plus utilisés par
les organismes de défenses de causes humanitaires pour faire pression
sur des décisions stratégiques sur le plan social et
économique.
Nous avons encore en mémoire la pétition dite
« anti visite d'état de Trump » qui visait à
empêcher la visite au Royaume-Uni du président américain
Donald Trump fraichement élu à la tête de son pays. Cette
pétition signée par les internautes du monde entier, 1,9 million
de signataires, a en effet réussi à faire débattre
l'assemblée britannique sur l'éventualité d'annuler la
visite du président américain1.
La chaine internationale d'information CNN a pris le soin de
postuler sur le réseau social Facebook la vidéo de ce
débat parlementaire. Alors qu'une manifestation était
organisée devant le parlement britannique et enregistrait la
participation de quelques milliers de personnes.
12
1.
http://www.huffingtonpost.fr
La vidéo postulée sur les réseaux sociaux
enregistrait des millions de vue1.
Image du débat à la chambre des communes sur
l'autorisation de Trump au royaume Unis, le débat diffusé en live
par CNN a duré environ 3h - CTRL + clic souris pour visionner cette
vidéo en ligne ou
https://www.facebook.com/cnninternational/videos/10155026317049641/
Nous voyions ici la puissance des réseaux sociaux, comment
ils peuvent transformer de manière radicale nos façons de
vivre.
Cependant, cette influence que les réseaux sociaux ont sur
nous ne résulte pas des données partagées
elles-mêmes, elle dérive plutôt de la technologie qui permet
un traitement simple et rapide de la donnée.
13
1. CNN International: « British parliament is debating
Donald J. Trump's state visit to the UK ».
A. L'origine des réseaux sociaux
En janvier 1978 une tempête de neige historique bloque
pendant deux jours toute circulation extérieure dans la ville de
Chicago. C'est à la suite de cet évènement que deux
informaticiens passionnés Ward Christensen et Randy Suess
décident de créer le « Computerized bulletin bord system
» (CBBS). L'objectif de cette initiative innovante pour l'époque
était de rester en contact et d'échanger avec les membres du club
CACHE (Chicago Area Computer Hobbyists's Change), club dont les deux
informaticiens étaient membres. Le système CBBS permettait aux
personnes de se connecter avec leurs ordinateurs via les lignes
téléphoniques et ainsi chaque personne au bout du
périphérique peut laisser un message texte sur le « Bulletin
board » et attendre une réponse de son
interlocuteur1.
Dès lors, nous avons assisté à une
évolution exponentielle dans la conception des réseaux sociaux.
Les plus récents et connus de tous, sont MySpace et LinkedIn
créent en 2013, Facebook, Viadeo, Google+, YouTube, etc.
Il est important de souligner qu'à l'origine les
réseaux dits sociaux, ou plus précisément les «
réseaux sociétaux », car il s'agit avant tout de faits de
société, ne sont pas destinés à un but humanitaire
ou économique quelconque, ils résultaient de la volonté de
quelques passionnés d'informatique de proposer des alternatives à
des besoins ou des problèmes auxquels eux-mêmes font face.
Cependant, les réseaux sociaux ont franchi un cap
depuis lors, en premier lieu Facebook qui a joué un rôle
considérable dans la diffusion d'informations concernant la catastrophe
nucléaire de Fukushima2.
1.
14
The Internet Audience: Constitution & Measurement, Fernando
Bermejo, Edition Peter Lang
2.
www.facebook.com/CoverFukushima/
Page: A viable Plan for Emergency Containment at Fukushima: Support this
Campaign
15
Facebook perpétue cette pratique notamment lors de
plusieurs attentats qui ont sévi dans le monde.
Par ailleurs, aujourd'hui la puissance des réseaux sociaux
est aussi détournée vers d'autres usages tels que le
markéting ciblé, la publicité et même dans la
validation des stratégies de développement des entreprises.
B. Le poids des réseaux sociaux
L'infographie suivante présente le poids des
réseaux sociaux les plus connus dans le monde.
La pénétration des réseaux sociaux
dans le monde 2017
Europe de l'Ouest
48%
Afrique
11%
Asie du Sud
11%
Amérique du Nord
59%
Fig. 2
Les 10 plus grands réseaux au monde - Nombre
d'utilisateurs par réseau en 2017
Pinterest LinkedIn Vkontakte
Facebook Qzone Tumblr Instagram Twitter Baidu
Tieba
Sina Weibo
1,8
0,653
0,555 0,5
0,317 0,3
0,222
0,15 0,106 0,1
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
(en Milliard).
Fig. 3
Le plus grand réseau social, Facebook, a vu son
bénéfice triplé pour l'année 2016. En effet,
Facebook a enregistré un bénéfice net de plus de 10
milliards de dollars2. Un record jamais atteint.
16
Fig. 2 et 3 : Source des données :
http://www.blogdumoderateur.com
- Chiffres réseaux sociaux 2017 2.
http://www.linformaticien.com -
Facebook dépasse les 10 milliards de dollars de bénéfices
en 2016
17
En effet, l'usage des réseaux sociaux est passé
dans une tout autre sphère, le monde professionnel et économique.
Toutes les entreprises ont adopté les réseaux sociaux et clament
haut et fort leur présence sur ces derniers.
En 2013, du côté des professionnels 93 % des
responsables du markéting confirment l'utilisation des réseaux
sociaux pour leurs campagnes de communication. Les particuliers quant à
eux disent à 60 % être prêts à recommander une marque
et ses produits si cette marque fait partie de leurs
réseaux1.
Comme nous pouvons le constater, la présence des
entreprises sur les réseaux sociaux n'a pas d'autres motifs que le
nombre de plus en plus croissant des utilisateurs présents sur ces
plateformes. Le réseau social devient ainsi une place de marché
grand ouvert qui favorise la vente et la communication de l'entreprise.
Selon le site internet SOCIALBAKERS, qui mesure les audiences
des marques sur les réseaux sociaux, en 2017 les dix premières
entreprises comptabilisent à elles seules et uniquement sur Facebook 537
862 669 Millions de fans (utilisateurs abonnés à la marque) 2.
Au-delà des relations entre l'entreprise et ses
consommateurs, les réseaux sociaux sont aujourd'hui une mine
d'information sur les individus et les entreprises qui les utilisent.
Ces données ne cessent d'attirer la convoitise des
spécialistes du marché de la donnée qui rivalise sur les
méthodes les unes plus innovantes que les autres pour pouvoir de
manière efficiente et qualitative exploiter ses données.
Les réseaux sociaux ont aussi favorisé
l'émergence d'une nouvelle catégorie de COMSOM'ACTEUR. Cette
appellation dérive du mot consommateur et du mot acteur.
1. La révolution du Big Data : les données au
coeur de la transformation de l'entreprise, Cointot Jean-Charles et Eychenne
Yves, Editions Dunod.
2.
www.socialbakers.com/statistics/facebook/pages/total/brands
: Facebook Pages Stats
18
L'utilisateur des réseaux sociaux n'est plus un simple
consommateur, c'est quelqu'un qui peut influencer sur l'image de l'entreprise
en général ou sur un produit en particulier, il suffit d'un seul
message négatif ou positif de sa part, relayé à plusieurs
milliers de consommateurs, pour atteindre de façon mauvaise ou bonne une
marque. L'interaction avec la marque lui permet aussi de façon simple de
communiquer ses attentes vis-à-vis d'un produit développé
ou en cours de conception. Ainsi, plus une marque est attentive à ses
fans, plus elle augmente ses chances de sortir un produit qui les satisfait.
C. Le Mobile
C'est le second point qui caractérise la
société d'information.
À une époque, encore récente
régnait la nostalgie des lettres, lorsqu'un message est envoyé
à un correspondant il faudra attendre selon la distance et selon le
planning de passage du facteur jusqu'à des mois durant pour lire la
réponse à son message.
À une autre époque encore plus récente,
il fallait se rendre dans des endroits spécialisés ou
posséder une grosse boite remplie de technologie chez soi, car l'homme a
inventé le système de téléphonie, le moyen le plus
rapide pour communiquer.
Aujourd'hui, tout cela est de l'ordre des anecdotes et de
l'histoire. Étant donné que, en 1983, la firme américaine
MOTOROLA a eu l'idée de fabriquer et de commercialiser un
téléphone cellulaire mobile, le Motorola DynaTAC
8000X1.
Depuis lors, les téléphones mobiles n'ont pas
cessé d'évoluer et devenir de plus en plus performants. De nos
jours, on parle de SMARTPHONE ou téléphone mobile intelligent. Ce
dernier n'offre pas seulement le confort d'émettre des appels longue
distance ou d'envoyer des messages texte instantanés, il peut être
aussi notre assistant personnel, superviser notre santé, nous
réveiller du sommeil selon une heure définie, nous pouvons lui
programmer des tâches à faire et il les exécutera au moment
voulu sans notre intervention.
1. Antenna design for mobile devices, Second edition, Zhijung
Zhang, IEE Press Juin 2017
La statistique suivante montre le nombre de personnes
possédant un téléphone mobile dans le monde et en
France.
19
Fig 4 :
http://www.journaldunet.com -
Nombre d'abonnés au mobile dans le monde & Nombre de cartes SIM en
France
En 2015, on constate que le nombre d'abonnements mondial atteint
7,2 milliards sur une population de 7,34 milliards soit une
pénétration de 99,7 %.
En France, on constate un nombre d'abonnements de 72,1 millions
en décembre 2015 pour une population de 66,81 habitants soit un taux de
pénétration de 109,2 %.
Il faut noter que le nombre d'abonnés tant au niveau
mondial qu'au niveau national ne fait que croitre de façon
exponentielle.
La maturité des technologies qui facilitent l'accès
à internet et à moindre coût fait du mobile le principal
outil de communication et d'interaction que ce soit à titre personnel ou
professionnel.
20
Fig. 5 :
https://hootsuite.com/fr/newsroom/press-releases/digital-in-2017-report,
HootSuite est la plateforme de gestion de medias sociaux la plus
utilisée au monde avec 15 millions d'utilisateurs.
Dans son rapport intitulé « Digital In 2017 : We
are social », la société HootSuite donne un aperçu
(Fig. 5) de la digitalisation de la population mondiale.
Ainsi, c'est environ 50 % de la population mondiale soit 3 773
milliards de personnes qui ont aujourd'hui un accès et utilisent
internet.
D'autre part, le nombre de personnes utilisant le
téléphone mobile atteint les 66 % de la population mondiale soit
4 917 milliards de personnes.
En tenant compte des populations connectées à
internet et de celles utilisant le mobile, on arrive à environ 71 % de
la population mondiale qui est active sur les réseaux sociaux, 34 % y
accèdent via mobile uniquement.
Dans la même continuité que l'étude
HootSuite, le CREDOC, Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation
des Conditions de vie, publie dans un rapport intitulé « Le
baromètre du NUMÉRIQUE 2016 » réalisé pour
l'ARCEP en 2016. Dans ce rapport, on trouve des statistiques complètes
sur la digitalisation de la population en France.
En effet, 85 % des Français ont un accès
à internet, 74 % d'entre eux sont connectés et tous passent
environ 18 heures par semaine sur internet.
En ce qui concerne l'accès au matériel de
connexion, 95 % des Français possèdent un téléphone
mobile, il s'agit dans 65 % des cas d'un smartphone.
Respectivement, 82% et 40% des Français sont
connectés par ordinateur et tablette.1
Cette vulgarisation de l'internet et du mobile a donné
naissance à des nouvelles approches telles que le mobile commerce qui
consiste à faire des achats avec son smartphone. Mieux encore la
combinaison smartphone et internet a favorisé le phénomène
tout récent de l' « ubérisation de la société
» et permet de trouver des services de qualité à un prix
bas.
Les exemples les plus frappants de l'ubérisation sont
aujourd'hui :
La société Airbnb, un hôtelier sans aucun
hôtel à son actif. Cette start-up met en relation des clients
potentiels avec les propriétaires d'environ 1,5 millions de chambres via
son application mobile et site web.
La société de transport Uber qui est
valorisé à hauteur de 51 milliards de dollars, cependant, Uber ne
compte aucun salarié chauffeur ni aucune voiture de transport à
son actif. Cette entreprise a développé une application mobile
qui met en relation passagers et chauffeurs indépendants.
Les services alignés sur ce nouveau business model ne
cessent de croître et ceux essentiel sur les plateformes mobiles.
Le mobile est devenu un outil stratégique et essentiel
pour le développement des stratégies d'entreprise, mais aussi
pour l'individu en tant qu'acteur de la société de
l'information.
21
1. source :
https://www.arcep.fr/uploads/tx
gspublication/presentation-barometre-du-numerique-291116.pdf
22
D. L'internet des objets
Le concept de l'internet des objets est que tout objet est
capable de se connecter à internet et échanger des informations
avec un autre objet. On parle d'IoT, Internet of Things (internet des objets).
Selon IDATE on estime que 80 milliards d'objets seront connectés
à internet en 20201, ce qui suppose en moyenne 10 objets
connectés par individus en 2020.
Le mobile est au coeur de cette nouvelle évolution
technologique, c'est-à-dire qu'il ne se limite plus à la
communication entre les personnes. Il favorise aussi l'interaction entre hommes
et machines et aussi entre machines et machines on parle alors de
système de systèmes.
Les objets communicants font déjà partie de
notre quotidien, notamment dans le domaine de la domotique, de la finance, la
sécurité, le bienêtre, etc.
L'entreprise américaine Owlet par exemple commerciale
une chaussette intelligente connectée pour enfant et qui permet aux
parents de surveiller les rythmes cardiaques et le niveau d'oxygène de
leur bébé sur un smartphone2.
Beaucoup d'innovations sont aujourd'hui en cours d'apparition
dans le domaine de l'IoT.
Ce qui se veut réellement intéressant est
l'apparition des solutions qui reposent sur le principe de système des
systèmes.
Il est aujourd'hui possible de consulter son poids ou son
activité physique (Rythme cardiaque, calories brulées,
performance, etc.) sur son smartphone, cela n'est pas nécessairement
intéressant comparé à un système qui permet de
combiner les informations de son poids, ses performances et son alimentation,
d'envoyer ses informations à un système de recommandation capable
de nous conseiller un régime adapté, personnalisé à
partir des informations transmises.
1. Samuel Ropert, consultant senior IDATE, cité par
Jean-Charles Cointot et Yves Echenne dans « La révolution Big Data
», édition DUNOD.
2. http://www.owletcare.com/
Nous pouvons aller encore loin, en permettant l'envoi de ses
informations à un médecin traitant qui va suivre
l'évolution de l'utilisateur et lui faire des recommandations de
produits pour son régime. En parallèle un autre système se
charge d'indiquer à l'utilisateur les produits à proximité
et où les trouver au prix le plus bas.
Les systèmes interconnectés sont à la
base d'un nouveau concept au niveau des villes, des régions ou
même des pays. Il s'agit du concept de SMART CITY (ville Intelligente),
on parle également de SMART PLANET pour désigner une
planète connectée.
Beaucoup de villes se sont lancées dans des projets
innovants pour permettre à leurs villes de devenir plus intelligentes.
C'est ainsi que Montpellier a mis en place un système de
détection de fuite, relié à une application mobile, ce
système alerte les habitants en temps réel en cas de fuite d'eau
à leur domicile. Un autre volet de ce système est de permettre
à la ville de surveiller son réseau de canalisation afin
d'éviter ou d'anticiper la surconsommation d'eau. En partenariat avec le
géant informatique IBM, associé aux universités
Montpellier 1 et 2 avec des start-ups locales, la ville de Montpelier est l'un
des grands laboratoires de ville intelligente au monde. Les projets entrepris
concernent la gestion intelligente de l'eau, du trafic routier et du
risque1.
23
1.
https://www.entreprendre-ontpellier.com/sites/default/files/page/fichiers/bd
cap urba cite intelligente avril 2014 0.pdf
24
E. Le cloud computing
Il s'agit de la troisième composante de la
société d'information.
Le cloud computing ou informatique en nuage est un concept qui
consiste à accéder et à manipuler à distance des
services et des données via un navigateur web.
Le cloud touche aujourd'hui tous les domaines : la
collaboration, le partage de données et même de ressources
informatiques, la gestion des ressources humaines et financières. La
gestion de projets, des applications de productivité ; la gestion des
chaines logistiques, etc. Le cloud s'intègre ainsi dans toutes les
chaines de création de la valeur en entreprise. Mais pas que, parce
qu'il offre aussi particuliers des moyens d'améliorer leur productive au
quotidien.
Pour les utilisateurs lambdas, c'est-à-dire le grand
public, le cloud c'est la capacité de stocker des données en
ligne sur internet avec possibilité de les manipuler.
Nous pouvons citer des exemples tels que Google Apps qui est
un espace collaboratif en ligne; Dropbox, un disque dur en ligne ; iTunes,
bibliothèques de musique en ligne.
Lorsque nous suivons nos performances sportives sur une
application mobile en temps réel ou via notre historique, nous utilisons
le cloud. Car ces données ne sont pas stockées sur notre mobile,
mais sur un serveur distant, par exemple en cas de perte d'un mobile, il nous
suffit de télécharger l'application précédemment
utilisée et de nous authentifier pour accéder exactement aux
mêmes données que dans notre ancien smartphone. Il s'agit
là de la « magie» du cloud.
D'autre part, le cloud professionnel ou cloud d'entreprise
aborde une autre notion stratégique du cloud à savoir la
capacité de l'entreprise à pouvoir virtualiser son système
d'information.
Cette visualisation peut s'effectuer entièrement en
interne dans des Datacenter contrôlé par l'entreprise, on parle
alors de cloud privé. L'entreprise peut
également effectuer cette virtualisation à
l'extérieure dans un Datacenter géré par un tiers, on
parle de cloud public.
Ces deux méthodes peuvent bien sûr être
conjuguées, on parle alors de cloud hybride.
La question de l'adoption du cloud est aujourd'hui au centre des
discussions stratégiques dans les entreprises de toute taille
confondue.
25
Fig. 6 : INSEE PREMIERE N° 1643 Paru le 30 mars 2017 -
Cloud computing et Big Data : de nouvelles opportunités pour les
sociétés.
Ce tableau présente la classification des utilisations
du cloud par domaine d'activité et selon deux niveaux de services, moyen
et avancé. Nous pouvons constater que tous les services de l'entreprise
sont concernés par le cloud computing, même les plus
stratégiques telles que la gestion des relations client, la
comptabilité, la puissance de calcul qui est gage de meilleure
productivité et de qualité pour une entreprise.
La comparaison des résultats de 2014 avec ceux de 2016
montre l'avancé en crescendo de l'utilisation du cloud, jusqu'à
environ 9 % de progression par rapport à 2014 pour l'utilisation du
cloud de stockage et environ 3 %
26
d'augmentation par rapport à 2014 pour le cloud offrant
des solutions de comptabilité.
Le cloud computing permet aux sociétés de
disposer des systèmes d'exploitation, du réseau, de la puissance
de calcul et de la mémoire qu'ils désirent pour leur
fonctionnement de façon presque instantanée. Il procure ainsi
à l'entreprise la capacité de s'adapter, d'être agile et
flexible au contexte économique de l'entreprise et tout cela dans un
environnement sécurisé.
F. L'origine du cloud computing
Le concept de cloud computing n'est pas une idée
innovante en soi, c'est un nouveau paradigme qui découle d'une ancienne
technologie connue, le mainframe. Propulsé dans les années 1970
par des entreprises telles qu'IBM, Bull ou EM, le mainframe est un ordinateur
central avec une grande puissance de calcul qui fait tourner plusieurs machines
du système d'information de l'entreprise. Plusieurs architectures se
sont succédé avant d'arriver au cloud computing.
La figure suivante résume l'évolution des
technologies du mainframe jusqu'au cloud.
27
Fig. 7 : « Cloud computing : Décider - Concevoir -
Piloter - Améliorer» de Romain Hennion, Hubert Tournier et Eric
Bourgeois, Eyrolles 2012.
En 1970, on assiste donc à l'éclosion du
mainframe, puis respectivement à intervalle de dix années, on
assiste au développement de l'architecture client-serveur (communication
entre un ordinateur standard et un serveur hébergeant des ressources),
puis c'est l'avènement de l'internet et on découvre ainsi le
monde du web, puis est arrivé le SOA « Service Oriented
Architecture » déjà défini dans les années
1990 par l'entreprise SUN. Le SOA permet le développement de logiciels
qui vont utiliser les mêmes ressources disponibles dans l'entreprise.
Ainsi, le SOA vise à favoriser l'harmonisation des
processus des entreprises et leurs adaptations aux évolutions du
marché et est de surcroît l'ancêtre directe du cloud
computing.
La société d'information dans sa
globalité est en réalité un système de
création de donnée et d'informations personnelles et
privées de tout genre. Qu'il s'agisse des interactions sur les
réseaux sociaux, des informations de navigation sur le web via nos
terminaux (ordinateurs et mobiles) ou encore des données que nous
stockons dans le cloud sur des serveurs distants, nous sommes bien là
face à un géant entrepôt de données dont
l'exploitation peut permettre la création de la
valeur dans le domaine social, culturel, économique et
politique. Ainsi, le concept du Big Data (Masse de données) vient de
prendre forme.
II. Le Big Data
Les chiffres clés du monde numérique en 2017 se
présentent comme suit :
Une population mondiale d'environ 7,5 milliards de personnes,
3,8 milliards de personnes connectées à internet soit 51 %
environ de la population mondiale, 5 milliards de téléphones
mobiles et 2,9 milliards d'utilisateurs des réseaux sociaux.
Ces chiffres sont vertigineux et ne cessent d'augmenter, par
exemple, c'est deux-cent-mille (200 000) vidéos qui sont chaque jour
ajouté sur YouTube et il faut 600 ans soit 6 siècles pour
visionner toutes les vidéos actuellement en ligne sur
YouTube1.
Face à cette masse de données, la
nécessité de développer des outils puissants pour
permettre leur traitement rapide et efficient, c'est vite posée.
Une des difficultés du traitement de ces données
est qu'elles arrivent de tous les horizons, elles ne sont donc pas
structurées de la même façon et elles sont
extrêmement volumineuses.
Il est donc quasi impossible de les passer par le filtre des
bases de données relationnelles qui ne savent que traiter des
données structurées de la même manière et provenant
d'une source identique standard.
Ainsi, nous avons assisté à l'apparition de
nouvelles méthodes de manipulation et de traitement de la donnée
lié au Big data.
Il faut noter que ce n'est pas la masse de la donnée
qui fait le Big data, mais plutôt l'origine diversifiée des
données.
28
1. Laurent Maisonnave, CEO de Seevibes -
http://zelaurent.com « 10
chiffres impressionnants sur YouTube ».
29
Ainsi, une masse de données aussi grandes soit -elle
que nous pouvons traiter sur Excel n'est pas du Big Data (même structure
de données) ; par contre, un volume de donnée que nous ne pouvons
pas stocker et traiter dans des bases de données traditionnelles se
révèlera être du Big Data, par exemple l'analyse des
données transactionnelles d'une entreprise de grande distribution (flux
de données varié : caisses, carte de fidélités,
temps passé, profils des acheteurs, etc.).
Le Big Data repose sur trois piliers ou sur trois « V
», on parle alors de Vélocité, de Volume et de
Variété.
En effet, nous savons aujourd'hui rapidement analyser de
manière instantanée des quantités de données, nous
sommes donc dans la Vélocité.
Ce traitement rapide se fait sur des données
extrêmement variées et de quantité importante, on aborde
alors la question du Volume.
Ces données de provenance variée et en grande
quantité ne sont cependant pas structurées de la même
manière, elles sont inorganisées et répondent à des
standards différents, on parle alors de maitrise de la
Variété des données.
Tous ces traitements font appel à de nouvelles
compétences qui se situent à la frontière des
mathématiques et de l'informatique, avec le Big data nous avons
constaté l'apparition d'un nouveau métier celui de «
data-scientist ». Le rôle du data-scientist est de mettre au point
des algorithmes capables d'analyser la masse de données stockées
en vue de créer de la valeur ajoutée.
Un algorithme est un procédé de calcul
constitué d'une suite d'opérations selon la définition du
Larousse poche 2015. De manière plus claire, l'algorithme est le fait de
décrire dans les moindres détails comment s'y prendre pour faire
quelque chose. Le but ici est d'autonomiser la machine et exclure une
intervention humaine dans le traitement des données.
Cette notion de conception d'algorithme est très
importante à saisir, car elle donne toute son importance au Big data.
Posséder une mine de données, si nous ne savons pas les exploiter
de façons pertinentes ne sert strictement à rien.
30
A. Hadoop l'outil principal du Big Data
Hadoop est un environnement complet installé sur une
seule plateforme capable d'intégrer un volume important et varié
de données, tout en assurant une vitesse de traitement de ces
données1.
En effet, Hadoop est capable de stocker et d'analyser
n'importe quel type de données structurées ou non
structurées afin d'acquérir de la connaissance et de la
compréhension pour mieux répondre aux enjeux stratégiques
de l'entreprise et créer de la valeur.
Le système Hadoop est conçu sur la base de la
gestion des données en mode fichier et non sur un mode de base de
données. Ce système est appelé le HDFS (Hadoop Distributed
File System).
Autour du HDFS sont développés plusieurs outils
qui constituent la base technique de Hadoop :
MapReduce : Permet de rechercher et de traiter les
informations en parallélisant au maximum l'activité, il assure
ainsi une performance et rapidité au niveau du traitement de la
donnée.
HBase : Permets le stockage de grandes tables de
données.
Zookeeper : permets la gestion et la configuration des tables de
donnée.
Hive : Pour analyser les données. D'autres solutions
telles que MongoDB, Pig, GoogleBigTable ou encore Amazon Dynamo existe sur le
marché pour l'analyse des données.
Le potentiel du Big Data est aujourd'hui exploité dans
plusieurs domaines tels que l'analyse prédictive, l'analyse en temps
réel de données et leur visualisation, la gouvernance des
entreprises, etc.
1. Talend sité par le CIGREF dans son rapport «
Valorisation des données des grandes entreprises » Novembre
2016.
III. L'informatique décisionnelle
L'Informatique décisionnelle ou Business Intelligence
(BI) est l'ensemble des méthodes et outil mis en oeuvre dans le
processus de collecte, de consolidation, de modélisation, d'analyse et
de restitution des informations1.
L'Informatique décisionnelle consiste à
récupérer des données brutes de l'entreprise pour les
transformer en informations exploitables sous forme de tableaux de bord, ces
informations transformées ont pour but d'aider à la
décision les responsables exécutifs de l'entreprise.
Le processus de l'informatique décisionnelle est
structuré sur trois niveaux :
La source des données : ce sont des données
internes à l'entreprise provenant des outils tels que l'ERP, le CRM,
SAP, etc.
La collecte et la consolidation des données : il s'agit
ici de collecter et traiter les données recueillies de manière
à pouvoir les présenter lisiblement dans les tableaux de bord
décisionnels.
La création de valeur : les informations
traitées sont affichées de façons structurées et
pertinentes en vue de permettre de la prise de décision rapide et
efficiente.
Le flux informationnel d'un processus BI se présente comme
suit :
1.
31
CIGREF : Rapport Business Intelligence 2009
2. Fig. 8 : CIGREF : Rapport Business Intelligence 2009
32
Le Datawarehouse ou Entrepôt de données : On peut
considérer l'entrepôt de données comme le coeur de la BI,
car il s'agit de la base de données centrale qui stocke et consolide
toutes les informations provenant des autres systèmes de
l'entreprise.
ETL (Extract, Transform, Load) : Extraire, Transformer et
Charger. L'ETL est la technologie qui permet d'effectuer des synchronisations
massives de données des bases de données de l'entreprise vers
l'entrepôt de données.
Le Datamart : un Datamart est un sous-ensemble du
Datawarehouse, il permet de structurer les données de l'entrepôt
selon les besoins des utilisateurs et suivant les axes stratégiques de
l'entreprise. On procède donc ici à une catégorisation de
l'information, ainsi, dans un projet BI il existe autant de Datamart que d'axes
d'analyse (Finance, Markéting, Relation client, etc.). Le Datamart
regroupe des bases de données allégées par rapport au
Datawarehouse pour favoriser une analyse rapide et ciblée des
données.
OLAP (Online Analytical Processecing) : l'OLAP désigne
toutes les technologies permettant de faire une analyse de données
modélisées en multi dimensionnel pour favoriser la prise de
décision rapide et fiable dans un contexte stratégique.
Dataminig : le datamining met en oeuvre des outils
algorithmiques et statistiques en vue extraire des hypothèses à
partir de grandes quantités de données.
Le concept d'informatique décisionnelle est né
en 1958, sa paternité revient à Hans Peter Lun, un analyste d'IBM
et qui a exposé le concept de BI dans un de ses articles
intitulés « A Business Intelligence System ».
Cependant, il faut attendre les années 1970 et 1980,
suite à l'informatisation des systèmes d'information des
entreprises pour sortir l'Informatique décision de l'ombre de simple
concept.
En 1990, l'analyste Howard Dresner reprend les travaux de Luhn
sur la BI pour mettre en place et définir un cadre moderne afin de
normaliser le concept de BI. Il définit ainsi, les méthodes et
concepts pour optimiser l'analyse de données factuelles et
améliorer la prise de décision1.
1. Salesforce : Une brève histoire du business
intelligence - Guillaume Auruine.
33
A. La limite de l'informatique décisionnelle
L'informatique décisionnelle s'intègre parfaitement
dans l'écosystème de l'entreprise, en lui permettant une analyse
rapide et pertinente de ses données.
Avec l'avènement de la société
d'information, nous assistons à la création d'une mine de
données inépuisable et à forte valeur ajoutée pour
celui qui sait l'analyser de manière pertinente.
Il se trouve, qu'aujourd'hui il est impossible
d'intégrer et de traiter des données non structurées dans
un entrepôt de données BI. Il s'agit là d'une perte
énorme pour les sociétés qui utilisent comme coeur de leur
stratégie les outils de l'informatique décisionnelle.
Par ailleurs, le développement des outils du Big Data
offre amplement la possibilité de traiter les données
structurées et non structurées. La question des
bénéfices de faire du Big data pour les entreprises n'est plus
à démontrer vu l'innovation et les possibilités qui en
découlent.
Cependant, un projet de BI coûte très cher, il
peut valoir jusqu'à des millions d'euros pour sa mise en
place1, il faut donc le rentabiliser. En plus, du fait, qu'une fois
la BI lancée en entreprise elle devient le centre de toute la
stratégie de l'entreprise, il est donc impossible de
décommissionner un système BI en place au profit des nouvelles
technologies du Big data.
Cette insuffisance de l'informatique décisionnelle pose
la problématique de l'intégration du traitement des
données non structurée dans sa chaîne actuelle, ou comment
allié Big data et Informatique Décisionnelle ?
1. Third Nature: BI - Comparison of open source and traditional
vendor - mai 2010.
IV. Informatique décisionnelle et Big Data, vers
un modèle hybride
34
A. Comprendre la différence fondamentale entre BI et
Big Data
La première différence réside comme nous
l'avons évoqué précédemment dans la nature des
données, structurée ou non structurée. En effet, en Big
Data comme en BI on sait gérer des volumes conséquents de
données. La différence principale entre ses deux concepts reste
les méthodologies d'analyse des données qu'ils utilisent.
Pour mieux comprendre, considérons les parcours clients
suivants :
Premier cas : un client potentiel regarde une publicité
d'un produit, le lendemain il visite le site web du produit, puis attend deux
jours pour appeler un conseiller et achète le produit le lendemain de
son appel.
Deuxième cas : un client achète un produit, dans
la même journée il visite le site web, puis il attend trois mois
et appel un conseillé et un mois plus tard il regarde la
publicité du produit.
Dans ces deux cas, même si le client achète
à chaque fois le produit, l'enjeu reste de comprendre les
évènements associés à la motivation du client et la
séquence par laquelle ils surviennent.
En Informatique décisionnelle le comportement de ses
deux clients va apparaitre indécis, volatil, spontané, hors des
séquences très précises conformes aux règles
métiers mis en place par le markéting pour capturer et
pré-orienter le client dans son parcours. L'analyse de ses
données ne sera donc pas pertinente au vu des méthodes mises en
place.
Du côté du Big Data, ces données vont
être stockées en leur appliquant des traitements différents
sur la base d'algorithmes mathématiques variés afin de traiter
plusieurs problématiques et hypothèses simultanément.
Face à ces comportements, les technologies Big data
permettent aussi de mettre en place des phases d'observations des
données clients avec des algorithmes d'apprentissage, donc sans à
priori, pour tirer des conclusions
pertinentes et des stratégies potentielles à
déployer. De la valeur est ainsi créée à partir
d'évènements isolés et non pertinents.
B. Les obstacles de la migration vers le Big Data
À l'origine du Big data se trouvent les géants
Google et Yahoo. Le système Big data Hadoop de Yahoo compte environ 40
000 machines et 350 péta octets de données pour leur moteur de
recherche et leur système de gestion de publicité.
Adopter un projet Big data, ce n'est pas que pencher pour une
technologie nouvelle et innovante, cela a aussi un impact direct sur la gestion
et la gouvernance de l'entreprise.
En effet, l'approche de l'organisation en silos de
l'entreprise ne permet pas un croisement de données de l'entreprise
assez suffisant pour favoriser une véritable création de valeur
pour un système Big data1.
Un projet Big data a aussi un cout de mise en oeuvre et long
terme non négligeable. Même s'il existe des solutions open source
telles Hadoop qui permettent aujourd'hui de se détourner des solutions
propriétaires comme oracle, dont rien que les frais de maintenance
annuelle sont de l'ordre de 200 000 euros ; il ne reste pas moins que pour bien
construire un projet Big data il faut recruter de nouvelles compétences
telles que les data-scientists et des data-analysts, ses profils coutent
environ 50 000 euros l'année sans charges comprises2.
1.
35
Dominique Filoppone, article JDN : Big Data : comment se lancer
sans se ruiner.
2. Idem Dominique Filoppone
D'autre part, il y'a aussi la question de la
rentabilité qui se pose, en effet, un projet Big data donnera un retour
d'investissement satisfaisant dans le long terme. Selon une étude
menée par l'Economist Intelligence Unit et ZS auprès de 450
séniors exécutifs, 70 % d'entre eux affirment que les analyses
menées avec le Big data sont « très importantes » ou
« extrêmement importantes ». Cependant, seul 2 % des
exécutifs interrogés disent avoir un impact positif de ses
analyses1.
D'autre part, le manque de données pertinentes, ou
l'absence de sources de ces données peut être un obstacle majeur
à la réalisation d'un projet Big data.
Aujourd'hui, la technologie dans le domaine du Big data a
atteint certes un niveau de maturité fiable, elle reste cependant
à ce jour en cours d'exploration pour la grande majorité des
entreprises.
Les projets cent pour cent Big data sont plus adoptés
par les start-ups qui n'ont pas besoin de centaines de milliers de serveurs ou
de dizaine ou centaine profils d'expert en la matière.
36
1. www.lebigdata.fr :
Pourquoi les investissements Big Data ne payent pas encore ?
V. L'hybridation entre le Big data et l'informatique
décisionnelle
37
Une entreprise disposant déjà d'un
système décisionnel BI sera dans l'impossibilité de
déconstruire son système actuel et migré vers du Big
data.
Par ailleurs, deux approches sont possibles pour utiliser les
technologies BI et Big data et bénéficier des avantages de ces
derniers dans un même système.
A. Première approche hybride :
Le concept serait d'intégrer le Big data comme
système de traitement additionnel en amont de l'entrepôt de
données. Ainsi, le système Big Data pourra traiter des
données structurées ou non structurées provenant de
sources variées telles que les réseaux sociaux, des
données en temps réel ; puis les formater en un format
structuré qu'il envoie ensuite à l'entrepôt de
données pour enrichir la base de données constituée par le
système BI. Ce concept est avantagé d'autant plus qu'il permet
d'utiliser la capacité de capturer des données en temps
réel et des données non structurées du Big Data pour
ensuite les intégrer dans l'entrepôt de données. Cependant,
on constate qu'il n'y a aucune utilisation de la puissance de calcul et du
système d'analyse plus poussé du Big data dans cette
configuration.
En plus, cette approche contribue à faire grimper plus
rapidement la taille de l'entrepôt de données, ce qui va engendrer
l'augmentation des coûts de maintenance et d'évolution du
système BI en place.
38
B. Deuxième approche Hybride :
La plus pertinente, cette approche va consister à faire
collaborer le Big data et l'informatique décisionnelle dans un
même système tout en tirant plein profit des avantages des deux
systèmes.
Dans ce modèle, l'entrepôt de données
continue de recevoir les données essentiellement internes de
l'entreprise des sources habituelles telles que le CRM, l'ERP, etc.
Le système Big data quant à lui va recevoir de
nouveaux flux, tels que les données du site web qu'il va coupler avec
les données des réseaux sociaux, l'analyse des articles internet,
etc.
Il y a ici un partage de données entre les deux
systèmes.
Le système BI fera des analyses sur des données
internes, maitrisables (comptabilité, commerciale) et le Big data
analysera les données plus instables, volatiles, qui peuvent être
soumises à des probabilités.
Cette approche permet à l'entreprise de tirer un double
profil de ses outils d'analyse déjà existants.
Le système décisionnel BI en place ne sera pas
modifié et perturber par d'autres variables jusque-là inconnues
dans le système.
L'augmentation du volume de données dans
l'entrepôt de données est maitrisée et pourra avoir un
impact positif sur la réduction des couts élevés de
maintenance de l'infrastructure BI.
PARTIE 2 : LES DEFIS DE L'AGRICULTURE MODERNE
|
40
VI. L'Evolution de la population mondiale
7,55 milliards c'est le nombre d'êtres humains vivants
actuellement sur la planète. En 2035, c'est-à-dire dans moins de
20 ans nous serons environ 8,5 milliards de personnes, ensuite, la population
mondiale va dépasser le capte des 9 milliards pour atteindre environ 10
milliards d'êtres humains. La démographie mondiale ne cesse
d'augmenter, et ce à un rythme effarant, qui trouve son origine
principalement dans le taux de natalité galopante et l'allongement de
l'espérance de vie des populations.
D'autre part, nous assistons de manière progressive
à une prise de conscience collective sur les habitudes alimentaires des
différents habitants de la terre. En effet, le style de vie des
consommateurs évolue partout dans le monde : prise en compte de la
qualité alimentaire, prise de conscience sur ce qui va se retrouver dans
son assiette, développement de l'agriculture biologique, manifestation
contre l'utilisation des produits chimiques nuisibles à la santé,
l'urbanisation, etc.
D'ici 2030 l'Inde passera devant la Chine en termes de
population, la démographie en Afrique va exploser et atteindra les 2,4
d'habitants d'ici 2050 contre 1,3 milliard d'habitants dans les régions
qui sont aujourd'hui développées. En 2050, 66% de la population
sera localisée dans des villes, ce qui signifie que nous allons assister
à une innovation dans les approches pour assurer l'alimentation des
populations de ces grandes villes. Par ailleurs, les flux d'approvisionnement
en nourriture dans le monde vont s'intensifier de façon
considérable.1
1. « Agroeconomicus », Hervé Pillaud, Editions
France Agricole 2017
Cette évolution exponentielle de la population mondiale
renvoie à la question spontanée de disponibilité des
ressources alimentaires pour satisfaire tous ses futurs habitants de la
planète.
En accord avec cette question, dans leur ouvrage «
Agrimonde : Scénarios et défis pour nourrir le monde en 2050
», Sandrine Paillard, Sébastien Treyer et Bruno Dorin nous confient
sur la base d'un scénario pertinent que jusqu'en 2050 que la
disponibilité moyenne mondiale sera assez suffisante pour
répondre au besoin alimentaire de la planète.
41
Fig. 9 : « Agrimonde : Scénarios et défis pour
nourrir le monde en 2050 », Sandrine Paillard, Sébastien Treyer,
Bruno Dorin - Editions Quae 2011.
Cette étude a été menée selon les
principales régions du monde et se base sur deux scénarios «
Agrimonde 1 » et « Agrimonde GO ». Ainsi nous constatons sur la
base de ses prévisions que la disponibilité alimentaire sera de
l'ordre d'au moins 3000 kcal par habitant et par jour. Cette mesure (en kcal)
désigne l'énergie alimentaire disponible pour chaque habitant par
jour.
De par cette étude, la question qui reste posée
est celle de l'évolution des consommations, les exigences et les
comportements des consommateurs en général, mais aussi, et pas
des moindres, comprendre le profil des agriculteurs de demain.
42
VII. Le consommateur de demain
Aujourd'hui, nous constatons que le contact légendaire
entre le consommateur et les aliments qu'ils consomment s'est purement
dissipé face à l'évolution de notre société.
La société moderne avec son développement de plus en plus
industriel a éloigné la population, surtout urbaine, des espaces
cultivables. Les agriculteurs, producteurs qui tentent de combler ce vide avec
la complicité des grandes enseignes de distribution, se sont vus
enfermés dans leur bulle loin des consommateurs finaux auxquels sont
destinés leurs produits.
Le consommateur de son côté ayant perdu tout
contact avec le producteur, ne cesse de se poser des questions, il
soulève des incompréhensions et des craintes justifiées ou
non. Pire encore, le consommateur se retrouve à la merci des relais
médiatiques, qui l'approfondissent plus dans ses craintes qu'ils ne le
rassurent.
Cependant, l'industrie alimentaire ne lésine pas sur
les moyens de rassurer et satisfaire ses clients. On assiste ainsi, au
développement de commerces de proximité, la mise en place de
circuits courts pour les grandes distributions. Et un des moyens phares mis en
place par l'industrie agroalimentaire est la traçabilité des
aliments, de plus en plus de produits répondent à des cahiers de
charges bien définis. Toutes ses dispositions visent à satisfaire
le consommateur et à mettre en place un contrôle efficace de la
chaine alimentaire.
En effet, l'agroalimentaire est un domaine à forts
enjeux stratégiques sociaux, alimentaires, mais avant tout
économiques. L'agriculture mondiale emploie aujourd'hui 1,3 milliard de
personnes actives, soit environ 40 % de la population mondiale. Ainsi,
l'agriculture est le premier secteur en termes d'emplois au monde. Dans
certains pays, l'activité agricole emploie plus de 50 % de la
population.1
En France, l'agriculture occupe aussi la première place
que ce soit en termes d'emploi ou d'impact économique.
1. FAOStat 2011 et FIDA cité par le Momagri (Mouvement
pour une Organisation Mondiale de l'agriculture)
Fig. 10
43
Fig. 10 : ANIA -
www.ania.net : Nos chiffres
clés.
Cette infographie fournie par l'ANIA (Association Nationale
des Industries Alimentaires) donne un aperçu général du
poids de l'agriculture dans le secteur industriel.
L'agriculture en France est représentée par 17
647 entreprises qui emploient 427 213 personnes actives, ce domaine pèse
172 milliards d'euros au niveau national et environ 44,2 milliards d'euros
à l'internationale où il se positionne à la
quatrième place des exportateurs mondiaux.
44
L'enjeu majeur de l'agriculture aujourd'hui de satisfaire les
besoins des consommateurs en mettant en place des stratégies de
production en quantité et en qualité, tout en suivant
méticuleusement l'évolution comportement de la population.
En effet, le choix du consommateur moderne va plus se porter
sur le rapport qualité-prix des produits, aux considérations
sanitaires et d'hygiène, à la traçabilité, à
l'éthique du producteur notamment le bien-être animal, etc. Le
consommateur va jusqu'à être un acteur du respect et de la
garantie ces critères de ses standards. Nous revenons donc sur la notion
du « Consommateur ».
Cette ère de la société de l'information
place le consommateur au centre de la stratégie de toute entreprise en
lui conférant une force inestimable. C'est donc en toute logique
naturelle et parfois par engagement militant qu'il va s'impliquer sur les
réseaux sociaux et le web pour devenir acteur de la
société de consommation.
Le consommateur à toutes les cartes en main pour lui
permettre de faire passer un message, de donner son avis, de témoigner
en images et en vidéos, de lancer des pétitions et des motions,
etc.
Aujourd'hui, on parle de « Buzz» positif ou
négatif autour d'un sujet lorsque celui-ci suscite beaucoup
d'intérêt sur le web et les réseaux sociaux ; le seul
moteur de ce phénomène sur le web est la foule de personnes
interconnectée via internet.
Le consommateur moderne a donc à sa disposition tous
les outils nécessaires pour influence l'évolution des offres de
l'industrie agroalimentaire en s'appuyant sur la force de l'individu et du
groupe.
VIII. L'agriculteur de demain
Pionnier de l'agronomie française, Olivier de Serre est
un jeune agriculteur ardéchois. Au seizième siècle il
introduit de nouvelles plantes (Maïs, Houblons, Garance) venues du Nouveau
Monde dans sa plantation d'une centaine d'hectares qu'il transforme en ferme
modèle en y installant des moulins du pradel et cultive
45
ses plantes en utilisant des techniques jusque-là
inconnues dans les pratiques courantes. Les Serres viennent d'ouvrir une
ère nouvelle dans l'histoire de l'agriculture. Suivi par d'autres
agriculteurs en quête d'innovation et qui remplaceront les plantes
d'Olivier par de la culture de navets ou des mêmes plantes de la famille
des Papilionacées (plantes sous forme herbacée), tout en gardant
les mêmes techniques de culture.
Olivier de Serre est aujourd'hui considéré comme
le père de l'agronomie française.
Evidemment, ni Olivier de Serre, ni les quelques agriculteurs
qui lui ont emboité le pas, n'avaient le sentiment d'être les
précurseurs de ce qu'est devenu l'agriculture
d'aujourd'hui.1
Ils étaient des curieux voulant tester des
méthodes nouvelles pour enrichir leurs techniques existantes. Ils
étaient loin de s'imaginer cinq siècles plus tard être
considérés comme les pionniers d'une véritable
révolution agricole.
L'agriculteur d'aujourd'hui se retrouve exactement dans le
contexte de ses prédécesseurs.
Ils se retrouvent face à un inconnu incertain dont ils
n'ont aucune, mais duquel ils sont conscients de pouvoir tirer du profit et
améliorer leurs pratiques actuelles. Ainsi, ils sont nombreux
aujourd'hui à suivre et à étudier de près les
solutions proposées par les technologies d'information.
Toutes fois, les solutions numériques dans le domaine
agricole sont bien exposées et cette transparence permet aux
agriculteurs de se projeter dans l'avenir en considérant
l'intégration de ses solutions nouvelles dans l'évolution de leur
activité.
En effet, 46% des agriculteurs considèrent en 2016 que
le numérique sera l'avenir de leur activité2.
1. « Vers un Big bang agricole ? Révolution
numérique en agriculture. », Jean-Marie Séronie, Editions
France Agricoles 2016.
2. Etude IPSO cité par Arthur L. journaliste,
www.objetconnecte.com
46
Il faut par ailleurs noter qu'actuellement le monde agricole a
adopté les technologies liées à l'IoT (Internet of Things)
autrement dit les objets connectés.
Exemple : considérons le cas de Bob, un éleveur
breton. Il s'est trouvé une nouvelle manie, chaque matin pendant son
café il ne quitte pas des yeux l'écran de son smartphone. En
effet, ce mobile qu'il utilise pour faire des appels, envoyer des messages et
gérer son agenda, vient d'acquérir une nouvelle valeur pour Bob
parce qu'il vient de faire installer un tout nouveau système IoT pour
superviser son élevage et le tableau de bord de ce système
complexe tient dans son smartphone.
Ainsi, chaque matin Bob suit en temps réel les
indicateurs de santé de ses animaux grâce à un
thermomètre encapsulé dans le bolus ingéré dans la
panse de chaque animal.
Grâce à ce système et depuis son
téléphone Bob peut suivre la quantité de lait et la
qualité de traite pour chaque quartier de mamelle grâce à
son robot de trait qui lui envoie les données en temps réel.
Cet exemple montre le degré de
pénétration de l'internet des objets dans le secteur agricole.
Ces applications visent à s'améliorer et
à intégrer d'autres systèmes de traitement de
données pour converger vers un système des systèmes.
Cependant, des agriculteurs comme Bob sont à
l'évolution du numérique dans leur domaine ce qu'Olivier de Serre
était la révolution agricole. Ils sont les précurseurs
d'une nouvelle révolution avec « R » de l'agriculture qui va
s'appuyer sur les nouvelles technologies d'informations.
L'agriculteur aujourd'hui reste conscient de l'apport
potentiel de la technologie dans son secteur. C'est donc naturellement qu'il
s'intéresse à cette technologie.
Le ministère de l'Agriculture nous présente les
chiffres clés de l'agriculture connectée comme suit :
Fig. 11
47
Fig. 11 :
agriculture.gouv.fr « Les
chiffres clés de l'agriculture connectée »
48
Nous constatons que l'agriculteur aujourd'hui, s'est
familiarisé avec les technologies de l'internet, démarche PAC
(Politique Agricole Commune) en ligne, utilisation d'applications
professionnelles, un accès à internet et il a un avis positif
quant à l'utilité des nouvelles technologies pour
l'agriculture.
Avec l'évolution de la technologie, les agriculteurs
voient peu à peu leurs habitudes et leur métier
évoluer.
Ces nouvelles méthodes vont les pousser à
changer leur mode de raisonnement pour créer de nouveaux concepts
innovants et créateurs de valeur.
La pertinence des réflexions sur l'application de la
dimension numérique à l'agriculture déterminera
l'amplitude de ce que nous pouvons considérer comme la troisième
révolution industrielle.
PARTIE 3 : DE NOUVELLES PRATIQUES GRACE AUX
DONNEES ET AU DECISIONNEL
|
50
Le développement de la société
d'information a conduit à la modification de nos habitudes et a
favorisé l'apparition de nouveaux services qui simplifient non seulement
la vie des consommateurs, mais aussi s'adaptent à leur pouvoir d'achat
en offrant des services qui sont à moindre cout dans un environnement
plus confortable par rapport aux offres classiques sur le marché.
Beaucoup de systèmes en place se trouvent aujourd'hui
en difficulté face à cette révolution numérique.
L'un des exemples les plus flagrants est celui des transports de personnes.
Les sociétés de taxis ont longtemps gardé
un monopole sur ce secteur grâce à un système de licence
qui leur garantit la maitrise de toute concurrence. Seulement, depuis quelques
années sont d'abord apparues les VTC (véhicule de Tourismes avec
chauffeur), un service plus accessible et plus à l'écoute du
client.
En effet, en alliant la capacité des plateformes web et
la technologie mobile ce nouveau service permet à ses clients de
commander et de choisir un type de véhicule qui correspond à leur
besoin et plus important encore de connaitre le montant exact de la course
avant même la prise en charge ; finis donc le coup d'oeil au compteur des
taxis lorsque son budget est limité. Encore mieux, les payements se font
automatiquement grâce au moyen de paiement que le client a
renseigné dans son espace membre de l'application mobile qui propose le
VTC ; une fois encore fini les détours au guichet de banque pour faire
un retrait d'argent pour payer les frais du taxi, car le chauffeur ne dispose
pas de moyens de prendre les règlements par carte. Ces nouveaux
systèmes de transport, contraire à ce que peut laisser croire le
concept sur lequel ils se basent, brassent une quantité énorme de
données en temps réel, ce sont des algorithmes puissants qui sont
mis en oeuvre pour par exemple déterminer la disponibilité en un
temps donné de tous les véhicules disponibles sans client, ceux
qui sont occupés ou qui ne sont pas en services pour ensuite
géolocaliser le client et le mettre en relation avec les chauffeurs les
plus proches de lui. Et pour offrir au client un service particulier, il est
possible de suivre le trajet en temps réel via son smartphone ce qui est
un gage de sécurité.
51
Nous sommes sans aucun doute face à un cas de
disruption favorisé par la révolution numérique qui
concerne aujourd'hui tous les domaines de la vie
politico-socioéconomique.
Dans l'agriculture, cette transformation se manifeste à
plusieurs échelles et contribue à transformer à petit feu
les métiers des acteurs agricoles.
52
I. Impact de la révolution numérique et
de la masse de données dans le domaine agricole
Les conséquences de ces moyens techniques dans le
secteur agricole peuvent être facilement identifiables dans certains
secteurs agricoles car ayant déjà fait leur apparition dans
d'autres domaines.
II. Le développement de l'économie du
partage
Une plateforme d'échange et de partage met en relation
des agriculteurs pour leur permettre de répondre mutuellement aux
besoins des uns et des autres. Ce concept s'illustre par deux entreprises qui
sont « WeFarme UP » 1 et « VotreMachine » 2 ces start-ups
gèrent respectivement les plateformes
wefarmup.com et
votremachine.com tous deux
spécialisées dans la location de matériels agricoles entre
agriculteurs.
Ce service permet ainsi aux agriculteurs d'amortir
l'investissement du matériel qu'il n'utilise pas pendant une
période déterminée, d'un autre côté,
au-delà du prêt de matériel les deux parties s'enrichissent
de l'expérience de chacun sur l'utilisation de l'outil, agrandissent
leur réseau de contacts. L'offre sur ces deux plateformes est assez
mature, car ils proposent des moyens pour sécuriser l'échange
entre les agriculteurs, il s'agit le plus souvent d'assurance incluse dans la
procédure de location, de moyens de paiement qui passe par les
plateformes sécuriser des banques, un système de recueil de la
satisfaction des deux parties qui s'évalueront entre eux.
1. WeFarm UP :
www.wefarmup.com site de location
de matériel agricole
2.
Votremachine.com : Site de
location de matériel agricole, certaines avec chauffeur, et avec
possibilité de suivi GPS en temps réel.
Par ailleurs,
votremachine.com va jusqu'à
proposer le suivi en temps réel du matériel prêté et
donne aussi le choix de proposer des machines avec chauffeur. Ainsi, il est
possible de louer une machine pour un autre agriculteur qui va l'utiliser dans
son champ, sans pour autant perdre des yeux cette machine ou mieux encore
l'agriculteur qui est consommateur peut devenir prestataire de service.
Ces services apparaissent comme des opportunités pour
les agriculteurs qui bénéficient de revenus
supplémentaires, de flexibilité et de transparence.
Ces services offrent également la
sécurité, cet aspect mérite d'être un plus
approfondi, car il fait intervenir un aspect nouveau dans la relation
d'échange. En effet, ce n'est plus l'entreprise qui est garante de la
fiabilité d'un utilisateur, elle s'appuie sur la force du groupe,
notamment via leur système d'évaluation qui permet aux clients de
la plateforme qui veut prêter ou louer du matériel de se faire une
idée de la personne en face suite aux avis laissés sur elle.
Dans ce cas il devient impossible de prêter une machine
défectueuse par exemple, car l'agriculteur qui loue le matériel a
vite fait de dénoncer la mauvaise qualité du matériel et
ce retour sera accessible à tous les utilisateurs de la plateforme, qui
n'auront donc pas confiance au service de ce préteur. Au contraire, la
personne dont le matériel est performant recueillera des avis positifs
et se construira une notoriété sur la base de ces derniers.
III. Les réseaux sociaux comme vecteurs de
connaissances
Les agriculteurs ont saisi l'opportunité qui leur est
offerte par les moyens de communication simple et rapide. Ainsi, certains
d'entre eux ont décidé de s'aventurer « Par-dessus de la
haie » 1 et apporter leur pierre à l'édifice de la
révolution en marche.
53
1.
pardessusdelahaie.com : réseau social des associations de
développement agricole et rural.
Pardessuslahaie.net est le
premier réseau social cent pour cent agricole. Comme tout réseau
social, l'objectif est de créer un réseau solide d'agriculteurs
afin de favoriser le partage rapide d'informations et les bonnes pratiques. Son
ambition est d'abolir les barrières entre acteurs agricoles liées
à la distance ou à la différence de métiers, la
plateforme vise aussi à capitaliser sur les connaissances pour
créer un espace de référence.
Le site « pardessusdelahaie » est aujourd'hui
utilisé à titre privé par les agriculteurs, son
évolution logique serait surement axée sur une utilisation
professionnelle pour créer un cadre propice à une communication
directe et efficace entre clients, fournisseurs et entre pairs.
Ce type de plateforme montre une réelle plus-value pour
le développement du secteur agricole.
Cependant, force est de constater que la ruée vers ses
réseaux n'est pas aussi satisfaisante au vu des moyens à
disposition. En effet, la plateforme «
Pardessuslahaie.com »
depuis sa création en 2014 ne recense que 868 personnes inscrites et un
total de 2 716 249 visiteurs unique1.
Ce faible intérêt pour les plateformes
spécialisées s'explique, d'une part, par la présence de
géants des réseaux sociaux tels que Facebook qui offre plus de
fonctionnalité et de flexibilité technique que les plateformes
qui se développent souvent avec des moyens limités.
54
55
IV. Utiliser le big data pour créer de la valeur
partagée
Nous restons ici dans l'utilisation courante du
numérique et des réseaux sociaux, d'autres pratiques plus
innovantes sont introduites notamment par le Big Data. Il s'agit d'offrir
gratuitement des services à un client à condition de
récupérer des données via ce client.
La quantité et la qualité des informations
agricoles sur le web et les réseaux sociaux présentent surement
un intérêt stratégique pour les organismes agricoles et ces
dernières vont certainement saisir cette opportunité pour
exploiter cette masse de données.
Aujourd'hui par simple recherche dans un moteur de recherche
nous pouvons accéder à une mine de données agricoles sur
le web (site internet, site d'information spécialisée) et sur les
réseaux sociaux. Il existe sur Instagram des groupes de
coopératives qui postent régulièrement des informations
sur leurs exploitations accessible à tous, certain de ces groupes sont
privés (cas du compte Instagram la coopérative CEREPY).
Les informations postées sur les réseaux sont
des photos qui permettent de s'informer rapidement sur des anomalies
constatées et anticiper éventuellement une attaque parasitaire ou
déterminer si une adventice est bénéfique ou nuisible sur
la base des retours d'expériences de techniciens et d'agriculteurs de
son réseau.
En plus des données sur le web et les réseaux
sociaux, il faut noter que les organismes agricoles disposent
déjà de masse de données sur leurs clients et
adhérents. Ces données s'ils arrivent à les exploiter
correctement vont sans doute conduire à la création de valeur
essentielle au développement des entreprises agricoles.
C'est pourquoi, les entreprises agricoles utiliseront sans
aucun doute les nouveaux outils de traitement de données tels que le Big
data et la BI pour affiner leur connaissance du marché pour adapter de
façons cibler et personnaliser leurs offres.
56
Ainsi, on peut constater aujourd'hui l'engouement du secteur
agricole pour les métiers de responsable markéting, d'animateur
de communauté et on envisage bientôt dans les années
à venir un recrutement en masse de « data scientist »
responsable de l'analyse de données massives1.
D'une part, l'exploitation des données du Big Data
s'orientera vers la création de valeur bénéfique aux
clients de l'entreprise en permettant de lui proposer des services qui sont
mieux adaptés à ses besoins. Cette utilisation des données
récoltées permet aussi à l'entreprise de sortir gagnante
grâce aux économies qu'elle génère.
Par exemple, « une laiterie qui, grâce au
traitement instantané des données de productions de ses
éleveurs, ajuste en temps réel l'organisation de ses
tournées de ramassage de lait, optimise au maximum le remplissage de ses
camions et réalise de substantielles économies » 2.
Dans ce cas de figure, la laiterie grâce à la
connaissance anticipée sur l'état de la production de ses
éleveurs, va optimiser la chaine de production afin de planifier
efficacement la collecte du lait, adapter les traitements en usine et optimiser
le rendement. Ce qui permettra à l'entreprise de maitriser ses couts de
fonctionnement et faire des économies substantielles.
Nous pouvons facilement imaginer la valeur que peut
créer une coopérative agricole, grâce à l'analyse
des habitudes d'achats de ses adhérents en produits de traitement de
cultures (pesticides etc.). Sur la base de cette seule connaissance, la
coopérative est en mesure de déterminer de manière fine
les stratégies de ses adhérents en termes de protection des
cultures.
Imaginons encore que les données
précédentes puissent être croisées avec des
données des cartes pédologiques (données scientifiques sur
la formation des sols), couplées avec les cartes bioclimatiques
(données scientifiques sur la composition de l'atmosphère et le
type de climat).
1. Adventice (accélérateur numérique pour
l'entreprise),
www.adventiel.com :
Carrière / offres d'emploi.
2. « Vers un big bang agricole ? » Jean-Marie
Séronie, Editions France Agricole 2016
Lorsqu'un organisme agricole détient les informations
sur le type de produit acheté par son client, sur quel type de sol et
dans quel type de climat ce produit est utilisé par l'agriculteur ; le
croisement de ses données va accroitre de façon significative la
capacité d'analyse plus précise et permettre à l'organisme
agricole de prodiguer des conseils plus affinés et personnalisés
pour ses clients. Il crée ainsi de la valeur par la personnalisation et
la précision du conseil.
V. Développer des services gratuits grâce
au Big Data
D'autre part, il sera question de valoriser sur le
marché les données collectées grâce au Big Data. Le
modèle qui sera adopté dans ce cas est celui des services contre
les données. C'est ce modèle de fonctionnement que Facebook
utilise aujourd'hui.
On assistera ainsi à la naissance d'entreprises de
services avec des prestations gratuites pour les acteurs agricoles. Ces
entreprises demanderont en contrepartie de disposer des données de
l'agriculteur et ces données seront ensuite anonymisées et
valoriser auprès des acteurs agricoles.
Ce modèle de services en agriculture peut être
difficilement viable à moins d'être appliqué à un
segment où le traitement des données peut mener à une
valorisation très forte des résultats d'analyse.
Un de ces secteurs pourrait être la comptabilité.
En effet, de manière générale, les données de
comptabilité restent isolées au niveau de chaque acteur qui les
garde jalousement vu la valeur qu'elles représentent. Cette
réticence à partager ces données de type comptable
s'explique par le fait que les cabinets comptables sont dans un réseau
très fermé et que ces données représentent leur
coeur de métier, donc stratégique à la survie des
activités des cabinets.1
57
1-
www.lebigdata.fr : Comptable : une
profession menacée par le big data ?
Le domaine de la comptabilité est un eldorado pour
l'informatique décisionnelle, la quantité et la qualité
des données dont regorge ce secteur sont impressionnants.
En effet, dans la comptabilité d'une entreprise on trouve
:
Les données économiques : le chiffre d'affaires,
les investissements, les salaires et les embauches.
Les données financières : les dettes, les
placements et bien sûr la solvabilité de l'entreprise.
Les données sur la gestion des actifs : le parc
informatique, la flotte de véhicules, etc.
Les experts comptables produisent environ 40
millions1 de déclarations par an. Au vu de ces
données, nous pouvons alors imaginer, une entreprise qui proposera une
plateforme dans un environnement sécurisé et qui assure la
confidentialité et l'intégrité des données
comptables de ses clients.
Cette plateforme permettra à chaque client de
gérer sa comptabilité sur la base de procédure
automatisée et de manière autonome.
À partir d'une base de données big data cette
plateforme va consolider, analyser puis croiser ses données comptables
de plusieurs entreprises et en extraire de la valeur.
L'analyse de ses données va profiter aux cabinets
d'experts-comptables qui auront désormais une vision large et fine de
leur marché, mais aussi une vision en temps réel de l'état
des entreprises.
Ils peuvent ainsi apporter des conseils fins à leurs
clients et leur permettre de mieux orienter leur stratégie
d'investissement, d'achat, de ventes, tout en ayant un suivi pertinent de
l'évolution de leur marché.
58
1.
www.expert-comptables.fr : Le conseil supérieur lance
Statexpert.
Nous assistons ici à un phénomène de
disruption du monde des experts comptables, car d'une les procédures de
traitement des données comptables vont être automatisées au
moyen d'algorithmes performants, d'autre part, le client n'aura plus besoin de
l'accompagnement d'un expert-comptable puisque tous ses rapports lui seront
automatiquement générés.
Il ne va donc rester que le rôle de conseiller à
assurer par les experts comptables.
Conscients de ce danger qui guette leur métier, les
experts comptables réagissent en anticipant la métamorphose de
leur secteur en créant des initiatives comme STATEXPERT1, qui
sont une plateforme lancée par le conseil supérieur des experts
comptables et dont l'objectif à terme est d'être une plateforme de
référence dans la prévision statistique et dans l'aide
à la prise de décision pour les experts comptables.
59
I.
www.statexpert.net (plateforme
experte en statistiques prévisionnelles).
VI. Et si les machines robots prenaient le
contrôle ?
L'agriculture est l'un des domaines les plus robotisés,
on parle de machine intelligente.
Aujourd'hui, nous assistons à un bouleversement du
monde de la robotique, on passe des automates industrielles qui
exécutent des tâches préprogrammées aux machines
intelligentes et apprenantes (intelligence artificielle).
Cette évolution a pour but d'aider l'agriculteur dans
l'obtention de meilleurs résultats dans la production de son champ, mais
aussi de permettre à l'agriculteur de se soulager de tâches
quotidiennes et réplétives.
Plusieurs projets innovants proposent aujourd'hui des machines
qui traitent une grande quantité de données dans l'objectif de
répondre ç un besoin précis dans l'exploitation
agricole.
Par exemple, le projet I-LEED1 a pour objectif de
gérer de façon autonome et intelligente les pâturages. Le
robot parcourt ainsi toutes les parcelles afin de mesurer la quantité
d'herbe présente et à partir d'un croisement de ses
résultats avec des informations telles que le poids des animaux, la
quantité de lait produite, le robot va proposer à l'agriculteur
d'ajuster de manière pertinente le déplacement de son troupeau
pour un meilleur rendement.
Dans ce scénario, le robot se contente de faire une
analyse intelligente des données qu'il collecte et les restitue à
l'agriculteur pour une meilleure prise de décision.
60
61
Ainsi, sur la base des informations transmise par le robot,
l'agriculteur fait se mouvoir son troupeau vers la parcelle d'herbe la plus
adaptée. Le mouvement du troupeau et contrôlé via un
portail connecté à l'ordinateur de contrôle de
l'agriculteur et qui va orienter le troupeau vers la parcelle
indiquée.
Nous pouvons imaginer et constater qu'il ne reste qu'un seul
« raccordement» à faire pour automatisèrent tout le
processus d'optimisation du pâturage pour le troupeau, permettre au robot
de collecte d'information de communiquer avec le portail qui est
déjà connecté.
On arrive alors à un niveau où l'agriculteur ne
fera qu'office de surveillant du système de décision. En effet,
dès lors le robot va pouvoir transmettre de manière autonome le
numéro de la parcelle vers laquelle diriger le troupeau pour que
celui-ci s'active automatiquement et diriger le troupeau vers la parcelle
indiquée par le robot.
La figure suivante illustre le mécanisme de
fonctionnement du système de gestion I-LEED.
Fig. 12:
http://www.irstea.fr : Dossier
Agriculture performante et durable - agriculture-robotique
62
L'exemple du projet I-LEED est simple à comprendre, il
nous permet ainsi de projeter ce modèle de fonctionnement sur toute
l'étendue des champs et des fermes. Avec la maturité des
technologies de précision avec des capteurs embarqués et
l'évolution des technologies telles que l'intelligence artificielle,
tout cela couplé avec la puissance de traitement de masse de
données, nous pouvons aisément saisir la possibilité
d'automatisation de bout en bout des tâches agricoles qui nous sont
offertes en faisant communiquer les machines entre elles. Il s'agit donc de
créer un système des systèmes autonomes et
intelligents.
Cette pratique de système autonome n'est pas encore
généralisée, elle est en balbutiement et sera certainement
la phase de la révolution numérique agricole.
63
VII. Une technologie indispensable pour accompagner la
révolution numérique agricole : la blockchain.
En 2008, un inconnu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto
fait parler de lui sur tous les médias du monde. Il vient de
créer une perturbation dans le système monétaire
planétaire avec une technologie de monnaie numérique qu'il
appelle le bitcoin. Avec cette révolution dans le système
monétaire Satoshi Nakamoto a aussi créé la technologie la
plus complète à ce jour en matière de
sécurité et de transparence dans la gestion de transaction
qu'elle soit financière ou appliquée à un autre
domaine.
A. Qu'est-ce que la blockchain ?
L'organisme de référence sur la question de
blockchain en France (Blockchain France) définie la blockchain comme la
« technologie de stockage et de transmission d'informations, transparente,
sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle
» 1.
Littéralement, la blockchain est un géant
registre qui permet d'inscrire numériquement des transactions, les
vérifiées et les conservées.
Ce registre va héberger toutes les données qu'il
contient dans une multitude d'endroits, tout en permettant l'accès aux
données qu'il contient depuis internet.
Ce registre a aussi la capacité de conserver la
traçabilité de toute donnée qui y est inscrite, ainsi, il
permet de retrouver tous les éléments qui se rapportent à
un actif, le changement de propriétaires successifs par exemple, etc.
64
B. Comment fonctionne la blockchain ?
La blockchain a apporté un élément
nouveau dans le processus de transaction entre deux parties, elle supprime le
recours à un tiers de confiance telle que la banque.
Le système de blockchain a misé sur la
transparence comme élément de confiance, en se basant sur la
force du groupe pour générer la confiance autour des transactions
effectuées. En effet, toutes les transactions ajoutées à
la blockchain sont visibles par les utilisateurs de réseau sous forme
anonyme bien sûr.
La blockchain utilise aussi des algorithmes puissants de
contrôle des transactions, ses algorithmes sont appuyés par des
procédés cryptographiques réputés inviolables pour
sécuriser les transactions.
De manière simple, le fonctionnement de la blockchain
peut s'expliquer en cinq points :
Fig. 12 :
www.blockchainfrance.net :
C'est quoi la blockchain ?
65
C. Exemple d'utilisation possible de la blockchain en
agriculture
Inventée initialement pour la gestion de la monnaie
virtuelle qu'est le bitcoin, la blockchain a commencé à susciter
l'intérêt des autres domaines technologiques qui voient un
avantage certain dans l'application de cette dernière dans leurs
activités.
En effet, le concept de blockchain est pertinent pour toute
activité dans laquelle il y'a un besoin d'enregistrement de
données, inscription, conservation et traçabilité, tires
de confiance, etc.
Une des notions qu'introduit la blockchain est celle de «
smart contrat» ou contrat intelligent.
Un contrat intelligent se définie comme « un
contrat numérique qui s'exécute automatiquement dès lors
que les conditions initialement négociées entre les parties se
réalisent. » 1.
Cet aspect de contrat intelligent peut trouver son application
dans le domaine agricole. Dans le cadre d'un contrat de sècheresse par
exemple :
La disponibilité et l'accessibilité des
données sur les conditions climatiques, soit par l'intermédiaire
des données météorologiques ou par des sondes
installées directement dans les champs vont permettre par exemple
l'application de la blockchain au contrat de sècheresse.
Les parcelles qui seront assurées vont être
géolocalisées et selon certains paramètres standards
(Température, taux d'humidité du sol, etc.) et définis
contractuellement (Exemple : pendant telle période de l'année si
la température sue sol est inférieure à x degrés
pendant x durées, etc.) le compte de l'agriculteur sera automatiquement
crédité.
1. « Vers un Big bang agricole ? Révolution
numérique en agriculture. », Jean-Marie Séronie, Editions
France Agricoles 2016.
66
Une autre possibilité d'application de la blockchain
serait par exemple dans la vente de céréales. Dans ce cadre la
blockchain peut permettre la mise en place de contrat intelligent par exemple
dès que le titre ou le prix d'une marchandise passe au-dessus d'une
cotation prédéfinie, ou passe d'un niveau x vers un niveau y
définit à l'avance, x tonnes de céréales
concernées est mis automatiquement en vente sans intervention humaine et
le compte de l'agriculteur est automatiquement crédité du mont de
la transaction.
Ces deux exemples illustrent parfaitement le potentiel de la
blockchain dans les échanges agricoles.
La blockchain dans ses procédures apporte de la
transparence et de la sécurité sur les transactions qu'elle
traite. Elle élimine aussi les intermédiaires tout est
automatiquement géré par le système informatique, ce qui
entraine donc la baisse des couts des échanges et assure la
traçabilité de ses derniers.
68
Nous sommes parties du postulat que l'agriculture peut
être divisée en trois grandes catégories :
La filière culturale
Les coopératives
Le marché/la commercialisation
En effet, chaque agriculture appartient à une
coopérative locale ou agissant sur un périmètre national.
Il produit ses cultures (céréales, vigne, etc.) et les
commercialise soit en passant par la coopérative ou par un gestionnaire
de portefeuille.
Dans cette partie nous prendrons chacune des trois parties et
verrons la plus-value que la technologie Big data et Décisionnelle peut
y apporter.
I. La commercialisation des produits agricoles
Ce secteur reste très fermer dans le domaine agricole,
on y compte seulement quelques acteurs tel que AgriTel avec sa solution
AgriNext et Logaviv avec leur solution d'achat et vente de
céréales AGRIMARKET.
Valentin Raoul, chef de projet AgriNext, nous confie que
« Ces deux solutions AgriNext et AgriMarket sont les leaders du
marché de la commercialisation de céréales en France, s'il
existe un concurrent, ce serait le logiciel Excel de la suite Microsoft
».
Cependant, nos recherches nous ont permis de découvrir
que des entreprises nouvelles sont en train d'émerger dans ce secteur.
Il s'agit notamment de la startup Comparateur agricole (
www.compareteuragricole.com).
Nous pouvons constater que le marché des achats et
ventes de matières agricole est contrôlé par un petit
nombre d'entreprises, qui fondent chacune leur crédibilité sur le
nombre de portefeuilles qu'il gère.
69
Chaque entreprise et bien sûr liée
contractuellement avec ses clients, ce contrat porte notamment sur la
confidentialité des données de l'agriculteur que possède
l'entreprise.
C'est donc de manière légitime que chaque
entité garde jalousement sa base de données client.
« Nous ne pouvons pas communiquer nos données
clients, et d'ailleurs chaque portefeuille porte sur la
spécificité de chaque compte. Par ailleurs, même si nous
voulons partager ces informations sous quelques formes que ce soit, nous ne le
pouvons pas, car nous avons signé un contrat interdisant cela
» M. Valentin Raoul, chef de projet AgriNext.
Ainsi, les acteurs de la commercialisation des produits
agricole ne semblent pas être ouverts, ou ne disposent pas de
l'écosystème favorable, pour une application de la
démarche Big Data dans leur domaine d'activité.
En effet, ici par exemple, l'opportunité est de pouvoir
disposer et analyser une grosse quantité de données réelle
émanant de plusieurs portefeuilles d'achat et vente sur le marché
agricole.
En appliquant des algorithmes mathématiques bien
définis à cette base de données, des occurrences
pertinentes apparaitront. Les experts seront en mesure d'avoir une vision plus
fine du marché, des mouvements de fonds de leurs portefeuilles. Ainsi,
ils seront à même de mieux anticiper le marché et donner
des conseils à plus grande valeur ajoutée dans la
stratégie de vente ou d'achat de leur client.
Partager les données clients ne signifie pas dans le
cadre de la démarche Big data de rompre le contrat de
confidentialité qui lie les deux parties, entreprise et client.
C'est ce que nous explique Michael Sebbah, ingénieur
Dev Opps, Big data à la Société Générale
« Pour assoir un modèle économique basé sur
l'analyse de données de différentes sociétés, il
faut être une entité tierce qui collecte les informations de
plusieurs entreprises, sans divulguer les informations de chacun de ces clients
aux autres. Puis procéder à l'agrégation de ces
données pour
70
retourner des informations que les entreprises acceptent
de partager. C'est ce qui est fait par les grandes surfaces, qui confient leurs
données de carte de fidélité à un tiers de
confiance. Ce tiers analyse les données et partage les résultats
avec les entreprises. »
Certes, il existe une opportunité afférente
à l'analyse de données d'achat et vente dans le domaine agricole.
Cependant, force est de constater que les acteurs sur cette part de
marché sont encore dans un fonctionnement standard. Couplés
à cela, nous constatons que ces tenants du marché voguent dans un
environnement concurrentiel confortable. Ce qui en partie peut justifier, le
non ressenti du besoin d'aller fouiller les opportunités offertes par
les technologies du Big data.
Nonobstant ce constat, le domaine agricole est en pleine
révolution technologique, notamment les usages du Big data se multiplie
de plus en en plus.
II. L'itinéraire cultural cible de choix des
innovations agricole
En considérant toutes les startups agricoles, nous avons
pu dégager un certain nombre dont la notoriété est acquise
et qui sont représentatives des évolutions apportées par
la technologie dans le secteur agricole.
Trois profils d'entreprise se sont dégagés :
Les bureaux d'études
Les sites d'E-commerce/Place de marché
Les entreprises spécialisées dans l'IoT (Internet
des Objets)
Le tableau suivant nous présente la répartition de
ces entités :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nom
|
Type
|
Objets connectés (machine, gadget,
etc.)
Location de matériel (machine) agricole
|
ME Expertise
|
Carbon Bee
|
Bureau d'études
|
Ingénierie (Cartographie, détection de
maladies, R et D) BtoB Spécialisé
|
|
EnerBioFlex
|
Bureau d'études
|
Réduction de consommation d'énergie
|
BtoB Spécialisé
|
TheGreenData
|
Bureau d'études
|
Ingénierie (Analyse de données, Big
data)
|
BtoB Spécialisé
|
AgriAgree
|
E-commerce/Place de marché
|
Achater et vendre des fournitures agricoles
|
BtoB Spécialisé
|
E-Farm
|
E-commerce/Place de marché
|
|
BtoB Spécialisé
|
Agriconomie
|
E-commerce/Place de marché
|
Achat produit agricole
|
BtoB Spécialisé
|
Comparateur agricole
|
E-commerce/Place de marché
|
Répertoire de stocks et vente
|
BtoB Spécialisé
|
Votre Machine
|
E-commerce/Place de marché
|
Mise en relation/location de matériel agricole
|
BtoB Spécialisé
|
ActiWine
|
E-commerce/Place de marché
|
Place démarquée pour Vin
|
BtoC Spécialisé
|
La ruche qui dit oui
|
E-commerce/Place de marché
E-commerce/Place de marché
|
Mise enrelation directe, vente de produits
agricoles
Mise enrelation directe, vente de vin
|
BtoC Spécialisé
|
Troc wine
|
BtoC Spécialisé
|
|
|
IdealWine
|
E-commerce/Place de marché
|
Vente aux enchères de vin
|
BtoC Spécialisé
|
Le carré des vins
|
E-commerce/Place de marché
|
Vente de vin
|
|
Piloter sa ferme
|
E-commerce/Place de marché
|
Commercialisation
|
|
Exotic System
|
IoT
|
Objets connectés (machine, gadget, etc.)
|
|
Naïo
|
IoT
|
Robot agricole
|
|
Sencrop
|
IoT
|
Station agrométéo
|
|
IoT IoT IoT IoT
IoT
Fig. 13 - Liste des startups agricole
BtoC Spécialisé BtoB
Spécialisé BtoB Spécialisé
BtoB Spécialisé BtoB
Spécialisé BtoB Spécialisé
BtoB Spécialisé BtoB
Spécialisé BtoB Spécialisé
BtoB Spécialisé
71
72
Fig. 14 - répartition des startups agricole
50 % de ces startups, représente des sites de
E-commerce, c'est-à-dire qu'ils font de la mise en relation entre
agriculteurs pour un échange commercial de biens et services. Ces
entreprises pour certaines concernent aussi les particuliers comme client final
de leur produit, ce sont des sites d'e-commerce agricole.
Cependant, cette catégorie de société
n'intègre et non pas besoin d'utiliser les technologies du Big data pour
leur essor. Elles sont basées sur un modèle commercial en ligne
déjà maitrisé dans d'autres secteurs.
Les bureaux d'études (12 %) sont des entités
spécialisées qui se proposent d'accompagner les acteurs agricoles
qui le souhaitent et qui le peuvent, dans l'élaboration d'outils sur
mesure d'aide à la décision. À ce niveau, la question qui
se pose est celle de l'accessibilité à ce type de service
expert.
Puis vient les startups ouvrantes dans de l'Internet des
objets (IoT), 36 % de notre échantillon.
L'IoT désigne l'extension de l'internet à des
objets du monde réel, on parle de bracelet connecté, engin
connecté, etc.
Ces entreprises d'IoT sont à la pointe de ce qui est
fait en termes de Big Data appliquer à l'agriculture. En effet, elles
couvrent la majorité des domaines exploitables dans ce secteur.
73
C'est ce que confirme Michel Koutchouk, Directeur
Général INFOTEL, pour lui « les startups aujourd'hui ont
bouché tous les trous d'innovations dans le domaine agricole. La
question n'est plus celle du choix de la technologie, elle réside
ailleurs. ».
En effet, les nouvelles entreprises couvrent quasiment tous
les domaines liés à l'itinéraire cultural, axe de
l'agriculture le plus exposé aux nouvelles technologies.
Capteurs météo et sol, cartographie, machines
connectées, traçabilité agricole et suivi d'intervention,
tous les angles sont couverts.
Tous ces outils sont bien sûr respectivement
accompagnés de plateforme d'aide à la décision.
À ce stade, nous nous posons la question de savoir s'il
est optimal de chercher à « réinventer la roue ».
Notre préoccupation première était de
réfléchir un outil d'aide à la décision pour les
acteurs agricole. Force est de constater que beaucoup de solutions, même
si elles sont isolées et chacune indépendante de l'autre,
existent dans ce sens.
III. Les couts et le temps, la réelle valeur
ajoutée
« Les technologies Big Data sont certes à la
mode, mais ce ne doit pas être un choix automatique pour l'entreprise. Il
s'agit avant tout de s'assurer qu'il existe une plus-value à
déployer cette technologie. J'ai vu des cas où l'entreprise met
en place un environnement Big data, configure des maquettes de ses projets,
puis se rend compte qu'il n'y a aucun avantage à partir sur du Big data
et abandonne ce concept» expliqua Michael Sebbah, ingénieur
Dev Opps, Big data à la Société Générale.
Évoluant dans la gestion de projet, nous avons
l'habitude du triangle d'or d'un projet, qui se délimite en cout,
délai et qualité.
74
Dans le domaine agricole, nous avons identifié
également trois préoccupations à satisfaire. Nous
permettant ainsi de définir le triangle d'or des applications agricoles
comme suit :
Cout
Facilité d'utilisation
Positionnement stratégique
Temps
Fig. 15 - cercle d'or des applications agricole
Le positionnement stratégique est celui qui nous
permettra de définir, le juste prix, avec un temps raisonnable de prise
en main et interface utilisateur facile d'utilisation. Ce serait le produit par
excellence du point de vue des méthodes de gestion de projets classique.
Cependant, l'inconvénient de ce positionnement est qu'il n'est pas
forcement flexible pour aller d'un axe à un autre sans altérer la
valeur ajoutée des autres variables. Par exemple, réduire les
couts tout en conservant les valeurs temps et simplicité
d'utilisation.
75
A. Les couts
Pour Michel Koutchouk, Directeur Général INFOTEL
« la problématique serait d'arriver avec une culture suffisante
à faire évoluer le monde agricole, pour que les agriculteurs
puissent utiliser ces outils et être formé. Pour moi la vraie
ressource elle est là, ce n'est plus un problème de Big
Data. Avant on avait des couts matériels, de machine,
aujourd'hui on a des problématiques de couts software ».
En effet, cela ne s'applique pas seulement au domaine
agricole, tous les secteurs technologiques ont pour objectif de réduire
les couts d'acquisition, d'exploitation et de maintenance pour leurs clients
finaux.
Le cas de l'agriculteur d'aujourd'hui s'intègre
pleinement dans cette démarche, car l'agriculteur n'a pas
nécessaires les moyens financiers lui permettant d'adopter des solutions
technologiques de pointes.
Il faut donc réfléchir et proposer un outil
accessible en termes d'investissement pour les acteurs agricoles. À
défaut, nous constaterons certainement dans un futur proche un
écart technologique entre les agriculteurs à forts moyens
économiques (qui peuvent se doter d'outils Big data et innovants) et
ceux à faible capacité financière (qui ne seront pas en
mesure d'accéder à ces nouveaux outils).
B. Le temps
« L'agriculteur ne dispose pas de temps »
ce l'affirmation qui ressorte à chacun des échanges lors de nos
différentes interviews.
En effet, être agriculteur est plus qu'une profession ou
un simple métier, c'est tout un style de vie. L'agriculteur est
concentré sur ces cultures et veille chaque jour à leur
croissance.
76
Il n'est donc pas à la disposition des créateurs
pour être un acteur actif des innovations apportées. D'ailleurs,
nous pouvons constater que la majorité des startups agricole sont mises
en place par d'anciens agriculteurs, qui apportent dans ce cas, le
savoir-faire d'un agriculteur et applique les technologies innovantes dans ce
domaine. Ils sont donc à la fois précurseurs et garants de la
conformité de leur solution.
L'agriculteur actif dans son domaine quant à lui a
besoin de solutions finalisées qui correspondent à ces attentes.
C'est-à-dire qu'elles apportent de la valeur, tout en lui permettant de
se focaliser sur sa tâche principale, produire plus et mieux.
Le facteur temps est donc à prendre en compte dans
toute initiative qui concerne le monde agricole.
C. La facilité d'utilisation
La technologie numérique et l'agriculture sont deux
mondes diamétralement opposés en termes de compétences et
de savoir-faire. L'agriculteur n'est pas un technicien (dans le sens
technologie) et le technicien n'a pas forcément les connaissances d'un
agriculteur. Nous pouvons aisément parler de choc entre deux domaines,
en constatant que c`est plutôt le domaine agricole qui subit les
modifications apportées par la technologie.
« En effet, il faut prendre en compte le choc
culturel que l'application de l'informatique crée dans le domaine
agricole. C'est bien de mettre à disposition des outils, mais encore
faut-il que l'agriculteur sache les utiliser» nous rapporte Michel
Koutchouk, Directeur Général INFOTEL.
Nous sommes également de cet avis. En effet, comme dans
tout processus de changement, surtout quand il s'agit du numérique, le
dilemme auquel les acteurs doivent faire est celui de l'accompagnement au
changement.
D'abord, il s'agit de faire adopter les innovations
technologiques apportées par les agriculteurs. Ensuite, il faudra mettre
en place des stratégies pour convaincre les personnes qui feront de la
résistance au changement, qui seront retissant à
77
aller vers quelques choses de nouveau, même si elles
sont conscientes que cela pourrait leur être profitable.
Pour ce faire, les outils existent. En effet, il est plus que
nécessaire de s'approprier les méthodes telles que le Design
Thinking (processus de co-créativité impliquant l'utilisateur
final) ou l'UX Design (méthode pour anticiper les attentes de
l'utilisateur final).
Ces deux outils précités peuvent
énormément contribuer à proposer des solutions finies qui
auront l'approbation de leurs clients finaux, les agriculteurs.
En sommes, nous pouvons affirmer que pour qu'une solution soit
à forte valeur ajoutée dans le domaine agricole, elle doit
respecter le triangle d'or cout, temps et simplicité de l'utilisation.
Cela indépendamment du concept technologie qui est derrière, Big
data ou autre.
En observant les différentes startups qui émergent
dans le domaine agricole, nous constatons que chacune d'elle reste
spécialisée dans un domaine bien précis (cf. figure
13).
Prenant en considérant le fait avéré que les
domaines d'innovations possibles sont couverts par les nouvelles entreprises
dans le domaine agricole.
Considérant que le problème ne pas aujourd'hui une
question technologique. Mais concerne essentiellement les variables cout, temps
et facilité d'utilisation.
Nous pensons que la valeur ajoutée de notre
réflexion peut être située ailleurs.
En effet, orientant notre recherche sur la création d'un
outil d'aide à la décision pour les acteurs agricole, nous
courons le risque de reproduire et de proposer des idées
déjà exploitées ou en cours de mise en place.
La solution que nous proposons ici est un concept tout aussi
innovant et qui reste inédit dans ce qui se fait en termes d'utilisation
de la technologie dans le secteur agricole.
L'écosystème des entreprises numérique dans
le domaine agricole peut être représenté comme suit :
Périmètre d'innovation agricole
Entreprise Agricole Innovate (EAI)
EAI -- 1
EAI-4
EAI-2
EAI-5
EAI-3
EAI-6
79
Fig. 16 -- Écosystème agricole
Le périmètre d'innovation étant couvert par
multitudes d'entreprises, chacune spécialisée dans son domaine
d'expertise.
Il n'est pas pertinent pour nous de rechercher à ce faire
une place (niche) dans ce marché.
Qui nous renvoie de facto dans le même modèle
stratégique des entreprises déjà existantes.
Nous avons donc opté pour une approche innovante
d'uberisation des outils d'aide à la décision pour les acteurs
agricole.
Notre solution
Périmètre d'innovation agricole
Applications d'entreprises agricoles innovantes
APP 1
APP 4
APP 2
APP 5
APP 3
APP 6
80
Fig. 17 -- notre solution
Il ne s'agit plus de développer une application
spécifique, il est ici question de mettre un environnement applicatif
permettant à tout un chacun de concevoir son application d'aide à
la décision à destination des acteurs agricoles.
Le premier avantage de cette démarche est d'avoir
toutes les applications dans un même endroit. Les innovations sont ainsi
consolidées et l'agriculteur, client final, n'aura plus besoin de sortir
d'une plateforme pour aller sur une autre. Il sera sur un seul écran et
peut en quelques clics accéder à ses applications
préférées.
La solution en question sera un environnement qui met à
disposition des concepteurs d'applications des outils modulés pour
créer leur idée dans un temps court avec des ressources humaines
limitées et à un cout moindre, voir avec un cout néant.
En effet, aujourd'hui la technique nous permet de créer
ces types d'environnement.
C'est le cas par exemple dans le domaine du web, de la
célèbre application WordPress.
Wordpress permet aux personnes non techniques de construire
leur site web en usant d'une interface intuitive en drag and drop (glisser et
déposer). Les développeurs quand eux, peuvent créer des
modules prêts à l'emploi et les
mettent à disposition des utilisateurs du logiciel soit
gratuitement ou moyennant un paiement.
Avoir une telle application orientée sur le domaine
agricole, favorisera le développement d'outils simple et accessible pour
les agriculteurs et les startups agricoles.
Elle permettra en effet, à tout un chacun de
concrétiser son idée innovante à moindre avec une
qualité exceptionnelle.
Techniquement nous pouvons présenter l'architecture de
notre solution comme
suit :
Outils de support
Compta -- RH -- ERP agricole intégré de base dans
l'application
Outils d'aide à la décision agricole
intégrés dans l'application
Outils d'aide à la décision agricole (gratuites
ou payantes) Développées par des tiers (startup
développeur indépendant
|
Noyau de
|
|
|
|
|
|
l'application /Magasin d'applicatio
|
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|
n
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|
|
|
|
|
|
|
Base de données de l'applicatio n
DB
Tableau de bord de l'agriculteur
Mété o
Stock
Type compatible
Fig. 18 -- architecture
Cluster Hadoop
81
Intégration possible dans une architecture Big Data
par simple connexion des environnements
82
Pour être plus complète, cette application permettra
l'intégration des boitiers de réception des capteurs, afin de
traiter les informations remontées.
Noyau de l'application
|
|
|
|
|
|
Interface physique
API Rest
|
|
Capteur connecté placé dans le champ ou sur
un engin
|
Boitier
connecté/réception des
données
|
Fig. 19 - Intégration capteur
Nous pouvons observer que la solution proposée peut
englober et consolider tout type d'application d'aide à la
décision ou autre. Elle offre de ce fait une réelle
flexibilité et agilité pour le concepteur d'application.
Elle permettra de réduire considérablement le temps
de conception d'une application, d'offrir plus de qualité et
d'accessibilité, et par corolaire amoindrir de manière
considérable les couts de commercialisation.
84
Notre société connait une évolution sans
précédente dans son histoire avec l'avènement du
numérique. On parle aujourd'hui de société d'information,
une société qui pousse la population à l'utilisation des
services et outils numériques.
La numérisation de la société se traduit
par trois principaux axes à savoir :
Les réseaux sociaux, qui sont aujourd'hui des outils
puissants pour le partage de l'information, les interactions humaines se font
de plus en plus sur ces réseaux. Cela crée ensuite une
communauté virtuelle actrice et influenceurs des
évènements réels de la vie courante en s'appuyant non
seulement sur la force de l'individu, mais aussi sur celle du groupe. Cela se
voit aujourd'hui par la multiplication de plateforme revendication
(pétition, forum, etc.) sur internet et sur les réseaux sociaux.
On assiste aussi à la naissance de communauté de partage autour
de centre d'intérêt commun, des groupes qui se coordonnent
ensemble sans se connaitre réellement.
Le mobile, il y'a encore quelques années l'information
même si elle est présentée n'est accessible que sur des
outils spécialisés, l'ordinateur de maison (avec
l'avènement d'internet) par exemple.
Aujourd'hui, le mobile à travers les
téléphones intelligents notamment nous permet un accès
instantané à l'information et nous permet d'interagir avec cette
information en temps réel. Cette possibilité bouleverse le
comportement normal de la population en créant une sphère
virtuelle accessible en permanence et qui a une influence directement sur nos
habitudes quotidiennes. En effet, environ 50 % de la population mondiale
utilise un mobile et est connecté à internet. Ce qui engendre
l'apparition de nouvelles pratiques telles que le mobile commerce, achat et
vente via le téléphone ou encore un fait plus marquant, à
l'uberisation de la société dont l'exemple le plus connu est
celle de la société de transport privée UBER, cette
dernière bien qu'elle propose de conduire des usagers d'un point A vers
un point B, ne dispose en fait d'aucune voiture ni d'aucun chauffeur dans les
actifs de son entreprise. Elle rend tout cela possible grâce à la
force de la technologie et du mobile en mettant simplement en relations usagers
et chauffeurs de voiture privée.
85
Ces interactions numériques sur les réseaux
sociaux et leur intensification par le mobile conduisent à la
création de masse de données non structurée et non
maitrisée.
Ce qui a conduit à la naissance du concept de Big data
ou masse de données dont le principe est de permettre la collecte et le
stockage de cette quantité de données en vue d'en extraire de la
valeur.
Un des moyens de stockage le plus en vogue et le plus innovant
est le cloud, dernier composant de la société de
l'information.
Le cloud, est une technologie dont les origines remontent aux
années 1970, il a été initié par de grandes
entreprises telles qu'IBM, Bull ou EM.
Le principe du cloud est de permettre le stockage de
données dans un environnement virtuel distant et de manipuler ses
données via une interface web (navigateur web).
Le cloud computing a gagné aujourd'hui tous les
domaines : la collaboration, le partage de données et de ressources
informatiques, la gestion des ressources humaines et financières, etc.
Il devient de plus en plus incontournable surtout pour les entreprises. En
effet, il permet aux entreprises de se défaire de la gestion continue
d'infrastructures techniques et de se contrer sur leur coeur de
métier.
Le développement de la technologie cloud vient
renforcer la notion de Big data, il est donc possible pour une entreprise
d'amasser beaucoup de données et de les stocker dans des espaces
dédiés sans avoir la charge d'assurer la construction et la
maintenance de cet espace.
86
Toutes ces données stockées, il faut trouver le
moyen de les exploiter et de sortir de la valeur à partir
d'éléments désorganisés et permettre aux
différents acteurs de disposer d'analyses fines et pertinentes qui les
aideront dans leur prise de décision. On parle d'informatique
décisionnelle.
Nous avons donc étudié les deux systèmes
qui permettent d'atteindre cet objectif : le Big data avec ses outils de
traitement et d'analyses tels que Hadoop (suite de programmes pour traiter les
masses de données non structurer) et le datawarehouse ou entrepôts
de données qui sont l'outil traditionnel de l'informatique
décisionnelle.
La différence entre ses deux technologies est que la
première, le Big data, permet de traiter des données provenant de
n'importe source et structurées de façon
désordonnée, avec la possibilité de faire des analyses
prédictives et créer de nouveaux modèles de
stratégie. La deuxième quant à elle ne peut traiter que
des données déjà connues est structurées qui
viennent le plus souvent de l'intérieure de l'entreprise (données
comptables, foncières, etc.).
Cependant, au vu des contraintes et des couts autour d'un
projet de telle envergure, des entreprises qui dispose déjà d'un
système traditionnel d'informatique décisionnelle peuvent tirer
profit des avantages offerts par le Big data en procédant par
hybridation des deux systèmes.
Le potentiel de ces technologies pouvant s'appliquer à
n'importe quel domaine de la société, nous avons pu voir comment
le Big data et les outils décisionnels peuvent impacter le domaine de
l'agriculture et conduire la révolution numérique dans ce
secteur.
Ainsi, nous avons introduit l'ampleur des enjeux de
l'agriculture aujourd'hui et les challenges auquel elle doit faire face dans un
proche futur.
En effet, dans une trentaine d'années, le nombre de la
population mondiale passera à environ 9 milliards de personnes. Cette
croissance exponentielle pose le problème de la suffisance alimentaire
dans le monde.
87
On attend donc du secteur agricole qu'il apporte les
réponses à cette interrogation.
Il y'a un besoin de gagner en productivité, de produire
vite, en grande quantité et en bonne qualité. Pour cela le
numérique semble proposer des solutions pertinentes.
Ces solutions passent par l'automatisation des processus de
production des agriculteurs et par la mise à disposition des outils
d'aides à la décision pour des actions optimisées et
ciblées.
Nous avons enfin, données des exemples d'impacts
concrets et prévisionnels de l'évolution de la technologie dans
le domaine agricole.
En conclusion, nous avons pu montrer que le concept de Big
data et de l'informatique décisionnelle peuvent être
complémentaires dans le stade actuel de l'évolution de la
technologie, il ressort cependant qu'un système Big data est plus
avantageux et offre des possibilités de traitement de données
supérieures à celles de l'informatique décisionnelle
traditionnelle (datawarehouse).
Nous avons aussi mis en exergue les opportunités et les
contributions pertinentes qu'apportent le Big data et les outils
décisionnels dans l'accompagnement du secteur agricole pour relever ses
défis.
Par des exemples de cas concrets, nous avons su montrer qu'il
est possible de mettre en place un environnement unifié et d'aide
à la décision pour les acteurs agricoles.
Annexe 1 : BIBLIOGRAPHIE
Titre
|
|
Informations
|
Vers un big bang agricole ? : Révolution numérique
en agriculture
|
|
Auteur: Séronie, Jean-Marie
|
Editeur: Editions France Agricole
|
Publication: 2016
|
Conseil privé en agriculture - Acteurs, pratiques et
marché
|
|
Auteur: Compagnone, Claude
|
Editeur: Editions Quae
|
Publication: 2015
|
Recherche d'information - Applications, modèles et
algorithmes données, décisionnel et big data
|
- Fouille de
|
Auteur: Amini Massih-Reza
|
Editeur: Eyrolles
|
Publication: 2013
|
Apprendre à innover dans un monde incertain : Concevoir
l'agriculture et alimentation
|
les futurs de
|
Auteur: Coudel, Émilie
|
Editeur: Editions Quae
|
Publication: 2012
|
La conduite de projets complexes
|
|
Auteur: Roy, Etienne
|
Editeur: Maxima
|
Publication: 2010
|
Stratégies de développement de l'agriculture
numérique
|
|
Auteur: SOFIPROTEOL
|
Publication: 2016
|
30 projets pour une agriculture compétitive &
respectueuse de l'environnement
|
Auteurs : Jean-Marc BOURNIGAL François HOULLIER-
Philippe LECOUVEY Pierre PRINGUET
|
Editeurs : Rapport
|
Publication : 2015
89
|
90
Les défis de l'agriculture de demain
|
|
Auteur: Serge PRÉFONTAINE
|
Editeur: Colloque de l'entrepreneur gestionnaire
|
Publication : 2005
|
LES DÉFIS DE L'AGRICULTURE CONNECTÉE DANS UNE
NUMÉRIQUE
|
SOCIÉTÉ
|
Auteurs: Henri ISAAC, Marine POUYAT
|
Editeur: RENAISSANCE NUMÉRIQUE
|
Publication: -
|
Place de la BI et pilotage des projets décisionnels
dans les grandes entreprises françaises
|
Auteur: CIGREF
|
L'accès aux données pour la Recherche et
l'Innovation en Agriculture
|
|
Auteurs: Christian Huyghe, Hervé Pillaud
|
Editeur: ACTA
|
Publication:2014
|
La révolution Big Data : Les données au coeur de la
transformation de l'entreprise
|
Auteurs : Jean-charles Cointot
|
Editeur : Dunod
|
Publication : 2014
|
Agrimonde : scénarios et défis pour nourrir le
monde en 2050
|
|
Auteurs : Sandrine Paillard
|
Editeur : Editions Quae
|
Publication : 2011
|
Business intelligence avec SQL server 2008 : Mise en oeuvre d'un
projet
décisionnel
|
Auteurs : Bertrand Burquier
|
Editeur : Dunod
|
Publication : 2009
|
91
Annexe 2 : Thème et problématique
Thème du mémoire
Informatique décisionnelle appliquée à
l'agriculture : Réflexion pour une solution d'aide à la
décision aux acteurs agricoles
Problématique
Le domaine de l'agriculture aujourd'hui fait face à des
enjeux de plus en plus complexes. Ces problématiques s'articulent autour
de trois points qui sont l'optimisation des ressources consommées et la
réduction des pollutions, la réduction des couts d'exploitation
et leur anticipation et la réponse au besoin de consommation des
populations grandissantes.
D'autre part, on assiste à une utilisation croissante
des technologies numériques dans le secteur agricole. Ces technologies
sont de plus en plus matures et influencent fortement sur les activités
et les stratégies des acteurs agricoles.
Cependant, force est de constater que malgré le
développement de la technologie, l'agriculture peine à
répondre de manière efficace et efficiente à toutes ses
préoccupations.
C'est pourquoi nous sommes posés la question de savoir
: Avec quels outils construire un système informationnel et
décisionnel pour accompagner de façon efficiente les acteurs
agricoles dans leurs défis de tous les jours ?
92
Annexe 3 : hypothèses de travail
Hypothèse 1 :
La création de la cybernétique (Science de
mécanisme auto gouvernés) par
Norbert Wiener dans les années 1947 a donné au
monde scientifique d'autres méthodes de raisonner les problèmes
auxquels les hommes font face à travers les époques. Ainsi, dans
le domaine des technologies de l'information nous avons assisté à
la naissance de concepts révolutionnaires tels que l'Informatique
Décisionnelle (Business Intelligence ou BI) et le Big Data
(Mégadonnées). Ces deux concepts, même s'ils tendent
à chevaucher l'un sur l'autre dans leurs usages fonctionnels, restent
complémentaires pour la mise en place d'une solution d'aides à la
décision optimale.
Hypothèse 2 :
L'agriculture moderne représente aujourd'hui un des
domaines utilisant le plus
des technologies et systèmes d'information pointus.
Cependant, elle fait face à des multiples défis en premier lieu
le changement climatique, suivi par l'explosion de la démographie
mondiale et le défi nutritionnel et les inégalités
mondiales.
Vu les problématiques ci-dessus et tenant compte de la
maturité technologique dans ce domaine, les acteurs agricoles devront
adopter les nouveaux outils informatiques d'aides à la décision
pour répondre aux enjeux actuels et futurs du secteur agricole.
Hypothèse 3 :
Depuis quelques années on assiste à l'explosion des
solutions informatiques dans
le domaine de la science des données (data science),
ces outils même s'ils sont aujourd'hui en amélioration continue
assurent la démocratisation du traitement de données de grande
échelle et favorise la prise de décisions et la mise en oeuvre de
stratégies gagnantes à court et long terme.
À la lumière de ces avancés
technologique, nous pouvons aujourd'hui proposer un système
unifié d'aide à la décision pertinente pour les acteurs
agricoles.
Annexe 4 : Fiches de lectures
FICHE DE LECTURE N° 1 : Méthodes d'approche des
projets complexes
Auteur(s) : Roy Etienne, Vernerey Guy
Editeur : Maxima
Publication : 2010 -- Pages : 262 ISBN : 978-2-84001-664-9
|
93
Dans leur ouvrage intitulé « Conduite de projet
complexe », Etienne Roy et Guy Vernerey ont proposé une
méthode de conduite de projet complexe dont l'essence est nourrie de
leurs expériences respectives. En effet, le premier est un chef
d'entreprise et accompagne depuis plus de 20 ans des équipes dans la
gestion de projets complexe ; Le deuxième est chef de projet et
capitalise plus de 25 ans
d'expérience de dans le domaine de la gestion de
projet.
Dans ce livre de 262 pages les deux auteurs livres des outils
et des méthodes efficaces pour permettre aux acteurs impliqués
dans la gestion de projet complexe de bien mener les missions complexes dont
ils auront la charge.
Le document peut être scindé en deux parties :
Une première partie (page 15-231) où les deux
ingénieurs livrés le contenu de leur méthode qui couvre
toutes les étapes d'un projet de son initiation à sa
clôture en prenant en compte tous les facteurs d'influences sur le projet
complexe.
Dans cette partie nous pouvons noter la présentation de
la notion de projet et la définition du projet complexe :
Ainsi, Projet, Projectum ou Projicere (préfixe pro +
latin Jicere), est issu de projeter qui veut dire « Jeter vers l'avant
». Etre en projet c'est donc vouloir que ce soit autre chose que c'est qui
est actuellement, c'est donc un processus qui « conduit à une
situation nouvelle, souvent inédite ».
On peut dire qu'un projet est complexe lorsque sa conduite
nécessite l'utilisation de méthodes particulières. En
effet, un projet étant un enchevêtrement d'éléments
mêlés, l'environnement, les acteurs, les technologies etc. On
parle de complexité
94
lorsque « quand un de ces éléments entre en
mouvement, on ne peut que très difficilement en prévoir les
effets sur l'ensemble ».
Une deuxième partie (page 233-257) qui relate les
fondements théoriques de leur approche de la conduite de projets
complexe. Ici, ils mettent en évidence deux approches
méthodologiques pour la conduite de projet.
Il s'agit de l'approche « Analytique » et de l'approche
dite « Systémique ».
Ses deux approches nous permettent de comprendre comment
chacun de nous perçoit les problèmes et comment il cherche les
solutions à ces problèmes.
L'approche Analytique :
La vision du monde ou de l'environnement dans lequel chacun de
nous évolue est influencée très souvent par les savoirs
qui sont propagés dans cet espace. Ainsi, en Occident et plus
particulièrement en France la vision collective est influencée
par des philosophes et mathématiciens. La pensée de DESCARTES est
très dominante en France, il est socialement établi que la vision
consciente ou inconsciente des Français est Cartésienne.
Dans l'un de ses ouvrages phare, « Discours de la
méthode » DESCRATE va nous livrer ce qui sera le fondement de la
démarche Analytique.
Il s'agit des quatre (4) préceptes du Discours de la
Méthode :
L'évidence, « recevoir jamais aucune chose pour
vraie que je ne la connusse évidemment être telle ;
c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la
prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui
se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit,
que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute ». Il s'agit donc de
ne jamais prendre pour vrai que c'est qui est évident pour nous.
L'analyse, « diviser chacune des difficultés que
j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis
pour les mieux résoudre ». Ainsi le fait de fragmenter le tout en
partie est le meilleur moyen de mieux faire une analyse.
95
La synthèse déductive, « de conduire par
ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples
et les plus aisés à connaitre, pour monter peu à peu comme
par degrés jusqu'à la connaissance des plus composées, et
supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent
point naturellement les uns les autres ». Le fait de prioriser l'analyse
des éléments les plus simples à comprendre au plus
difficile à saisir nous permet d'avoir une appréhension du
tout.
Le dénombrement pour percevoir l'ensemble, « de
faire partout des dénombrements si entiers et des revues si
générales, que je fusse assuré de ne rien omettre ».
En fin, il faut recenser et regrouper tous nos éléments d'analyse
fragmentée pour être sûr de ne rien omettre sur l'objet de
notre analyse.
Ces quatre préceptes fondent l'analyse de type
analytique dont l'objectif est de construire un raisonnement final à
partir de ce qui est déjà connu, évident. La
démarche analytique s'appuie donc sur des modèles
prédéfinis pour construire le produit souhaité.
Cependant, Laurent Nottale, Directeur de recherche au C.N.R.S
dans l'ouvrage de Réda Benkirane, La Complexité, vertiges et
promesses, 18 histoires de sciences, Le Pommier, 2002 (Série
d'entretiens avec 18 scientifiques), décrit les limites de la
démarche analytique comme suit : « On a longtemps cru que la
méthode ordinaire de calcul différentiel devait réaliser
en physique l'idée de Descartes. On allait décomposer l'objet
à étudier en des parties très petites pour faire en sorte
que chacune de ces parties tendent vers zéro. L'espoir était de
rendre simple l'objet considéré à partir de ses
éléments extrêmement simples et où rien ne bougeait
; il n'y avait plus ensuite qu'à intégrer sur tout l'objet de
manière à obtenir ses propriétés globales. Dans la
réalité, cela ne marche pas ainsi, car, quand on observe les
sous-parties de plus en plus petites d'un objet, on voit apparaitre des choses
constamment nouvelles ».
Il apparait clairement que « le tout n'est pas une simple
somme des parties, de même que la connaissance du tout n'entraine pas une
connaissance de l'ensemble des parties. »
Il est donc évident que dans une démarche de
conduite de projet complexe, dont l'effet du mouvement d'au moins un des
éléments est imprévisible, nous ne
96
pouvons pas appliquer les étapes clés d'une
approche analytique, car elle privilégie la recherche des causes
plutôt que la recherche de solutions aux difficultés
rencontrées.
L'approche systémique :
Pour définir la systémique, nous pourrions
retenir d'emblée le propos d'Edgar Morin, qui considère que
« La première leçon systémique est que «le tout
est plus que la somme des parties». Cela signi fi e qu'il existe des
qualités émergentes, c'est-à-dire qui naissent de
l'organisation d'un tout, et qui peuvent rétroagir sur les parties.
Par ailleurs, le tout est également moins que la somme
des parties, car les parties peuvent avoir des qualités qui sont
inhibées par l'organisation de l'ensemble ».
L'approche systémique englobe l'ensemble des
éléments du système étudié, ainsi que leurs
interactions et les liaisons du système avec son environnement.
L'analyse ou approche systémique va nous permettre
d'ajouter des cordes à notre arc pour comprendre et agir, en nous
extrayant d'une logique déterministe. Elle va nous aider à
comprendre comment fonctionnent les personnes avec qui nous allons nous
impliquer dans nos projets et comment ils se fixent leurs objectifs, compte
tenu des systèmes sociaux dans lesquels ils évoluent. Elle va
nous conduire à concentrer notre énergie sur l'identi fi cation
des buts à atteindre et des moyens à prendre pour cela
plutôt que nous focaliser sur la recherche et la compréhension des
causes des difficultés.
Différence entre l'approche analytique et l'approche
systémique :
97
98
FICHE DE LECTURE N°2 : Big data et informatique
décisionnelle
Informatique décisionnelle
BI, Business Intelligence Système interprétant
des données complexes permettant aux dirigeants d'entreprise de prendre
des décisions en connaissance de cause. Les données sont
analysées selon plusieurs dimensions (type de produits, régions
et saisons par exemple). De plus en plus, l'informatique décisionnelle
se rapproche de l'intelligence d'affaires, où un système
informatique permet la recherche active et l'exploitation, sur le plan
décisionnel, de l'ensemble des renseignements stratégiques
essentiels qu'une entreprise doit posséder, si elle veut faire face
à la concurrence et occuper la première place, dans son secteur
d'activité.
L'architecture d'un système décisionnel peut
être décomposée en un ensemble de composants. Cette
décomposition permet de répartir les tâches entre
différents responsables du système et de comprendre la synergie
de leurs différents métiers.
1. Les sources de données (ou bases de
production)
C'est l'ensemble des sources de données qui
contiennent les informations qui serviront à alimenter un entrepôt
de données. Ces sources sont dans la grande majorité interne
à l'entreprise (capitalisées dans les bases de données
opérationnelles), mais peuvent également être externes
à l'entreprise (données du marché mondial, audits,
documents diffusés sur le WEB, etc.).
2. Un ensemble d'outils ETTL (ou ETL)
Les sources de données utilisées pour constituer
un entrepôt de données sont hétérogènes et
diffuses. Elles contiennent également des données qui ne seront
pas utilisées par l'entrepôt de données. Il est donc
nécessaire de disposer d'outils performants et rapides permettant
d'extraire (ETTL) les données utiles de ces sources. Ces données
extraites doivent être par la suite transformées (ETTL) pour
99
les rendre globalement homogènes (standards). Si ces
données sont réparties sur différents ordinateurs dans un
réseau diffus, elles doivent initialement être transportées
(ETTL) vers le (ou les) ordinateur gérant l'entrepôt de
données. Pour finir, ces données normalisées sont
chargées (ETTL) dans l'entrepôt de données.
ETL --Extraction, Transformation and Loading
Outil d'extraction Outil informatique destiné à
extraire des données de diverses sources (bases de données de
production, fichiers, Internet, etc.), à les transformer et à les
charger dans un entrepôt de données.
3. Un entrepôt de données
L'entrepôt de données correspond à une
représentation multidimensionnelle de l'ensemble des données
extraites des sources de données initiales, ainsi qu'à un
ensemble de métadonnées contenant les informations relatives
à l'environnent de cet entrepôt. La partie essentielle de
l'entrepôt est constituée d'une ou plusieurs bases de faits qui
traduisent la vie d'une entreprise. Ces bases de faits sont reliées
à la description de plusieurs dimensions intervenant dans la
représentation multidimensionnelle. Un entrepôt peut être
physiquement réparti dans plusieurs magasins métiers (datamarts)
regroupés sur un même ordinateur ou sur plusieurs.
DATA MART --Entrepôt métier
Sous-partie d'un entrepôt de données
orienté vers un métier particulier de l'entreprise
(markéting, finance, gestion de stock, etc.). Le datamart peut
être interne ou élément satellite de l'entrepôt de
données.
4. Des représentations OLAP de l'entrepôt
de données
Ce sont des cubes de données multidimensionnelles
extraits dynamiquement de l'entrepôt de données (ou des
datamarts). Ils sont assujettis aux rapports, requêtes et analyses devant
être fournis aux différents fournisseurs de l'entreprise.
100
5. Des outils de visualisation et d'analyse
Ensemble des outils permettant : d'obtenir les
différents indicateurs et rapports de synthèse sur la vie d'une
entreprise, de réaliser de façon interactive à travers des
interfaces graphiques utilisateurs des requêtes exploratoires dans les
cubes dimensionnels, d'exploiter des techniques de datamining sur ces
données dimensionnelles.
Datamining
Exploration des données Technique d'analyse utilisant
un logiciel (TANAGRA, SIPINA, R-PROJECT, etc.) pour dénicher des
tendances ou des corrélations cachées parmi des masses de
données, ou encore pour détecter des informations
stratégiques ou découvrir de nouvelles connaissances, en
s'appuyant sur des méthodes de traitement statistique.
OLAP --OnLine Analytical Processing
Nous avons vu que la structure en hyper-cube des
données était la façon la plus naturelle pour visualiser
une entreprise comme un tout, car elle est fondée sur les structures
réelles de l'activité d'une entreprise et non sur des
constructions artificielles dictée par l'informatique. L'exploitation
des données d'un entrepôt doit donc correspondre à la
manipulation aisée de l'hyper-cube.
C'est ce que propose l'approche OLAP. L'objectif est de
permettre aux décideurs de naviguer simplement dans les informations,
via la manipulation des diverses dimensions, en vue de dégager plus
rapidement les tendances intéressantes de l'entreprise.
Aujourd'hui, OLAP permet aux décideurs, en entreprise,
d'avoir accès rapidement et de manière interactive à une
information pertinente présentée sous des angles divers et
multiples, selon leurs besoins particuliers.
OLAP désigne les bases de données
multidimensionnelles (appelées aussi cubes ou hypercubes)
destinées à des analyses complexes sur des données.
101
PLATE FORMES ET OUTILS
Dans cette séquence, nous nous intéressons
à la plateforme décisionnelle Hadoop. Cette plateforme à
l'avantage d'aborder tous les éléments de la chaine
décisionnelle.
Le système Hadoop est conçu sur la base de la
gestion des données en mode fichier et non sur un mode de base de
données. Ce système est appelé le HDFS
(Hadoop Distributed File System).
Autour du HDFS sont développés plusieurs outils
qui constituent la base technique de Hadoop :
MapReduce : Permet de rechercher et de
traiter les informations en parallélisant au maximum l'activité,
il assure ainsi une performance et rapidité au niveau du traitement de
la donnée.
HBase : Permets le stockage de grandes tables
de données.
Zookeeper : permets la gestion et la
configuration des tables de donnée.
Hive : Pour analyser les données.
D'autres solutions telles que MongoDB, Pig, GoogleBigTable ou encore Amazon
Dynamo existe sur le marché pour l'analyse des données.
FICHE DE LECTURE N° 3 : Agriculture numérique
Auteur(s) : Jean-Marie Séronie Éditeur :
Éditions France Agricole
|
Publication : 2016 -- Pages : 145 ISBN : 978-2-85557-475-2
|
102
Résumé des différents chapitres du
livre :
Introduction : d'une Renaissance à l'autre
Il est peu probable que les quelques agriculteurs du XVI
siècle aient eu le sentiment d'être des pionniers et de participer
à ce que l'on appelle aujourd'hui la renaissance en introduisant du
maïs et du houblon dans leur rotation abandonnant ainsi la
jachère... de même aujourd'hui un agriculteur utilisant son
téléphone intelligent pour suivre son cheptel ou faisant appel au
financement participatif pour mettre aux normes son laboratoire de
transformation a-t-il le sentiment d'être un précurseur ? Avec le
numérique la société dans son ensemble et bien sûr
les agriculteurs sont engagés dans ce qui est communément
appelé la troisième révolution industrielle.
De nouvelles pratiques, une révolution en cours !
Tu peux facilement tout louer
En trente ans, l'informatique s'est introduite dans tous les
secteurs d'activité : au bureau, à l'usine, à la maison et
à la ferme. Le monde agricole est largement impacté par le
numérique.
Les offres des plateformes de services du type « Uber
», « Blablacar » ou « «AirBnB» se multiplient et
se diversifient à la mesure de l'imagination créatrice des
entrepreneurs fondateurs de ces start-ups.
Vers une économie du partage
L'identification d'un besoin mal satisfait, le repérage
d'une mauvaise qualité de service, l'absence d'offre, une nouvelle
opportunité de baisse des couts ou de simplification initient ces
projets.
Basées sur les technologies numériques :
instantanéité, géolocalisation, paiement en ligne,
mobilité, mais également évaluation de la prestation (du
client vers le
103
prestataire, mais également l'inverse) ces initiatives
s'appuient sur des modèles économiques radicalement nouveaux et
bouleversent en profondeur les modèles établis.
En agriculture, vers une nouvelle vision des
équipements
La transportation de ce puissant mouvement dans le monde
agricole s'imagine aisément telle cette plateforme d'échange
«Wefarmup» qui met en relation des disponibilités en
matériel agricole avec des besoins. Elle apporte un complément de
revenu aux loueurs, une source d'économie et de flexibilité
à ceux qui louent le matériel et procure souplesse,
sécurité et transparence aux deux parties.
Si c'est gratuit, la marchandise c'est toi
I
La gratuité contre tes données personnelles. Il
existe trois logiques économiques différentes derrière les
modèles qui nous permettent de communiquer, d'échanger, de
stocker ou de partager des fichiers gratuitement :
Le service minimum est gratuit puis les services payants
offrent davantage de fonctionnalité.
Le service gratuit pour les utilisateurs est valorisé
auprès d'annonceurs via la vente de fichier d'adresses
qualifiées.
En échange de la gratuité d'utilisation,
l'entreprise valorise la mine d'information (données personnelles) que
nous lui offrons. Ceci permet un markéting personnalisé de la
part de ces firmes à notre égard. En quelque sorte nous sommes
nous-mêmes la marchandise.
Le numérique débouche sur un markéting
précis, il est potentiellement un palliatif à l'isolement et
permet d'acheter et vendre sans intermédiaire
Trois types de conséquences pour l'agriculture :
L'utilisation des réseaux sociaux par les agriculteurs
à des fins personnelles et professionnelles ;
Les organismes agricoles vont certainement utiliser la force
du Web et des réseaux sociaux pour densifier leurs liens avec leurs
clients ou leurs adhérents en
104
inventant des relations numériques intelligentes et
actives au-delà des habituels extranets passifs et administratifs ;
L'utilisation des données pour créer de la
connaissance et de la valeur :
· Bénéficiant aux clients par des services
nouveaux et/ou mieux adaptés,
· Au bénéfice de l'entreprise grâce aux
économies générées. Nous partageons les
mêmes valeurs : une plateforme pour échanger
La symbiose des locavores et du
numérique
Les plateformes numériques ouvrent un créneau
nouveau alliant modernité technologique, sentiment de proximité
et création de liens sociaux.
Des entreprises comme «La Ruche qui dit oui !» ou
«
monpotager.com» associent une
intermédiation, via Internet, centralisée, efficiente, une
organisation humaine de proximité et une communication agréable,
riche d'information et de sens. Une connexion directe et vivante entre
producteurs et consommateurs voit ainsi le jour.
En agriculture, se financer et vendre sans
intermédiaire
La possibilité via des plateformes données aux
agriculteurs de vendre leurs produits (pas seulement de la vente directe aux
consommateurs finaux) et d'acheter leurs approvisionnements se
concrétise peu à peu.
Tes prêteurs deviendront tes premiers
clients
Les plateformes de financement participatif (crowdfunding)
peuvent contribuer à l'essor d'exploitation agricole via un
système de don contre don ou par le recours à un prêt
classique, mais dont les prêteurs sont des particuliers. Dans ce
système c'est «la foule» qui assure la régulation
prêtant ou non à un porteur de projet si elle croit en lui !
En agriculture, se financer grâce à son
image
L'abondance actuelle de liquidité ouvrira
peut-être la porte à des financements directement sur les
marchés financiers ou détenus en fonds propres (Equity). L'aspect
retour sur investissement sera évidemment présent, mais les
dimensions
105
«belles histoires à raconter» et
sociétale joueront sans doute un rôle
prépondérant.
Grâce à tes données, je t'aide
à réussir
Centralisation continue de milliards de données. Des
automates agissant quasiment sans intervention humaine, des capteurs assurant
des mesures en continu, de la géolocalisation permettant un
positionnement précis sont les principales ruptures permettant aux
«ageekculteurs» d'exercer leur métier. Renforcé par la
transmission et le stockage des données permises par le
«cloud» ces mécanismes sont conçus et maitrisés
par les grands constructeurs de matériel agricole en culture comme en
élevage.
En agriculture, la précision est
déjà une réalité
L'informatique permet à la machine de
s'autoréguler en temps réel ; les machines échangent entre
elles des informations et optimisent elles-mêmes leur fonctionnement et
enfin les données de travail enregistrées sont
centralisées par le constructeur.
L'agriculture de précision est déjà une
réalité : elle permet des interventions mieux ciblées dans
le temps et dans l'espace. Elle est complétée par une approche
systémique de l'exploitation agricole appuyant ainsi la transition vers
l'agro écologie.
106
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