IV. Grille des Besoins Humains selon Marge
Reddington
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V. Grille d'entretien des enquêtes (1)
Présentation
Finalement, j'ai choisi l'entretien semi-directif qui permet aux
interviewés de répondre plus librement aux questions ouvertes
posées. Ainsi tous les thèmes exploités dans mon cadre de
référence (corps, autonomie et consentement) seront
abordés.
L'hypothèse à vérifier est la suivante :
dans le cadre d'un soin, le patient cesse d'être objectivé
dès lors que le consentement est recueilli par le soignant. C'est
pourquoi l'ordre des questions est choisi de manière à ne pas
inciter l'infirmier(e) à aborder la notion de consentement.
J'introduis la notion de consentement seulement à la fin
de mon entretien selon les réponses des interviewés de
manière à ne pas inciter leurs réponses.
Population choisis : Infirmiers.ères
travaillant auprès d'adulte conscient, capable de consentir aux soins
sans tutelle ou curatelle.
Présentation à l'infirmier(e) :
- Dans le cadre de mon mémoire j'ai besoin de
connaître les pratiques des infirmiers dans leur soins et les
représentations qu'ils ont sur différentes notions.
- Il est donc intéressant de me partager votre
expérience, vos ressentis, votre opinion et vos pratiques à
propos des différents thèmes que je vais aborder.
- Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses.
- La retranscription de nos entretiens sera sous anonymat et
selon votre autorisation je vais enregistrer notre entretien et prendre des
notes pour pouvoir retranscrire nos dires dans mon mémoire.
- Durée d'environ 30 minutes pour 5 questions
Grille d'entretien des enquêtes (2)
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Grille d'entretien des enquêtes (3)
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VI. Retranscription de l'entretien n°1 - IDE
Libéral
J'arrive à 11h comme prévu, je rencontre
l'IDE1, je me présente, nous parlons un peu du métier, de nos
parcours et lui présente mes objectifs. Nous sommes dans le cabinet,
assis face à face, lui sur une chaise, moi dans un fauteuil, le lieu est
calme et clôt.
Moi : « Mon mémoire je le fais sur tout ce qui est
à propos de la représentation du corps dans les soins, la
manière dont on perçoit le corps et la façon dont on
humanise le corps dans nos soins. Du coup j'ai 5 questions à propos de
la prise en charge de l'adulte qui se diffère de celle de l'enfant sur
certains points notamment avec la présence des parents. Pour commencer,
je vais juste te demander ton parcours professionnel, tu as toujours fait du
libéral ? »
IDE1 : « J'ai d'abord fait 3 ans de psychiatrie pour
être tout de suite dans les balles et sinon, oui que libéral
»
Moi : « ok et psychiatrie t'étais toujours
auprès d'adulte ? » IDE1 : « Euh ouai... »
Moi : « Ouai ? ok, du coup je te disais je voulais savoir
un peu tes représentations par rapport au corps, je vais te proposer des
questions très ouvertes, tu peux me dire tout ce que tu penses et te
passe par la tête etc. Comment tu vois le corps dans les soins, la
manière dont tu te le représentes ou tu le prends en
considération dans tes soins, le corps humain... »
IDE1 : « A bah au niveau du corps malade ou si je vois un
corps qu'est-ce que je me dis ? »
Moi :« voilà c'est ça, comment tu te le
représentes, que ce soit le corps de ton patient, ce genre de chose....
»
IDE1 : « Je dirais déjà avec beaucoup de
pudeur, tu vois, même si tu regardes un corps handicapé ou
abîmé. (onomatopée avec geste de la main afin de dire
« tout un tas de chose ») Quand t'es face au patient, tu sais,
comme la dame qui est venue, qui a du mal à montrer, tu sais tu fais pas
comme ça (écarquillement des yeux avec regards insistants)
ou fin tu regardes pudiquement en fait même si tu as une chose
à faire sur une partie du corps ou une toilette, c'est notre
métier de regarder tout le reste du corps, c'est pour ça que des
fois que quand on faisait des toilettes et que .... Maintenant on les fait
presque plus à cause des sociétés qui emploient des dames
pas formées... »
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INTERRUPTION DE L'ENTRETIEN CAR 2eme PATIENT ARRIVE EN
AVANCE. Reprise de l'entretien en lui rappelant qu'il parlait de pudeur
du corps.
IDE1 : « ... et que même quand je fais une toilette
ou quoi et que forcément tu regardes tout le corps parceque comme on
nous le rabâche tout le temps faut prendre les trucs dans sa
globalité donc c'est pas parceque tu viens pour un truc que...si tu
remarques un autre truc qui va pas ben de toute façon tu verras au fur
et à mesure, je sais pas même peut être maintenant au bout
d'un moment même quand tu rentres chez quelqu'un ou dans une chambre d'un
patient tu vas tout regarder pour voir s'il y a pas même une fuite d'eau
ou quoi (j'acquiesce) c'est à nous de vérifier qu'il est
dans un bon environnement donc du coup le corps je le regarde toujours avec de
la pudeur, c'est le premier mot qui me vient à l'esprit, ne pas
.....(mimant un regard appuyé)
parfois les gens atrophiés, je sais pas, qui ont plein
de .... Pas beau ou quoi Ben au bout d'un moment t'en vois tellement des
différents que, c'est pas que tu vois plus c'est que t'as un oeil de
professionnel donc t'as pas de jugements. C'est tout le temps cette phrase
qu'on nous disait pendant les études que j'ai retenue, pas de jugements
de valeurs et enfait c'est ça tu regardes sans juger, peut être
que si t'étais pas infirmière et que t'étais pas au boulot
tu vas juger, tu vois quelqu'un dans la rue, tout ça, ben quand t'es au
boulot, je sais pas moi naturellement je regarde et je juge pas .... »
Moi : « ouai tu rentres dans une sphère vraiment
professionnelle et du coup.... »
IDE1 : « ouai exactement et je suis en mode...
après je décide pas de cliquer sur le bouton mais je sais que
quand j'arrive je juge pas. »
Moi : onomatopée en signe d'acquiescement
IDE1 : « Voilà je dirais pudeur et sans jugement
c'est les 2 mots qui me viendraient comme ça »
Moi : « ok... parceque je sais pas du coup si t'as
déjà entendue parler de ces expressions «
instrumentalisation » ou « objectification » du corps, tu sais
dans nos soins... »
IDE1 : « objectification du corps ? »
Moi : « oui objectification du corps, tu sais c'est un
peu comme, par exemple, faire du patient, le corps un objet, le voir comme un
objet parce qu'on s'entraîne dessus, on fait parfois les soins sans
vraiment prendre en compte la personne etc. »
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IDE1 : « ah ouaaii ! (en signe de compréhension).
Ah nan jamais »
Moi : « et du coup juste pour toi ce que ça
t'évoque, pas forcement personnellement, mais ce que ça
t'évoque cette expression un peu, cette notion sachant que toi tu
expliques très bien que tu es sans jugement, que t'as une pudeur donc
ça contredirait un peu justement cette « instrumentalisation »
mais... »
IDE1 : « Alors je vais...je suis.... Même si
parfois je fais des toilettes chez la même personne
pendant 3 ans, matin et soir, faire les trucs j'oublie jamais
ce que je suis entrain de faire, je suis jamais entrain de faire
....là, droite, gauche, comme ça....(mimant des gestes
brusques pour retourner une personne)... peut être sans faire
exprès quand t'es dans un jour où t'es pressé ou t'es pas
bien ou je sais pas quoi, je vais pas dire que ça m'est jamais
arrivé mais je pense pas même en étant pressé tout
ça, quand t'es chez les gens, pour moi c'est ... Inconcevable quoi. J'ai
toujours de respect pour les gens dont je m'occupe que...je me mets toujours
à leur place, j'inverse les rôles... »
Moi : « Et tu penses que du coup.... Ce respect là
...pour pas instrumentaliser la personne, tu
sais ce que tu fais ou pas ? la manière dont tu leurs
parles ou ce genre de chose Tu sais ce que tu fais justement pour pas
instrumentaliser cette personne ou pour pas qu'elle se sente
instrumentalisée ? »
IDE1 : « Ben ouai, ben y a des trucs qu'on nous apprend
déjà, toujours dire ce qu'on va faire, ça c'est le truc
technique qu'on t'apprend, ça va faire froid, ça va faire chaud,
je vais vous attraper comme ci, comme ça machin, après ça
c'est dans les premiers temps après je prends exemple vraiment d'une
toilette au lit c'est là où tu vois le plus le corps et que tu
dois t'en occuper, après la personne quand elle te connait et que tu la
connais, tu vas pas lui redire, tu sais déjà ce que tu vas lui
faire donc ça va être plus machinal mais je vais jamais... moi
j'aime pas faire mal....tous les gens me disent que je vais pas faire mal.....
et je pense que c'est juste parce que je pense et que j'ai pas envie de leur
faire mal, alors que tu vois, la dame a qui j'ai enlevé les fils elle
m'a dit qu'elle avait pas eu mal (j'acquiesce) et pourtant elle est
arrivée elle était stressée, elle aurait pu avoir mal tu
vois, elle avait oublié, machin, t'as vu elle était un
peu .elle s'est dit oulalal .... Et après t'as vu elle
était plus rassurée parce qu'elle avait pas mal et que ....je
pense toujours à pas faire donc je vais....on m'a toujours dit vous
faites pas mal.....que ça soit une piqûre que je fais tous les
jours à un diabétique, les gens me disent : votre collègue
il me fait mal... mais moi je fais même pas exprès c'est juste que
je me dis que
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voilà je .....soit je suis doux par nature sans m'en
rendre compte soit comme j'ai pas envie de
faire mal il y a une photo qui tournait sur les
réseaux sociaux qui montrait un diabétique je sais pas si
...avec sur un mois toutes les seringues (je lui réponds que oui en
effet je l'ai déjà vu et que c'est impressionnant) parce que
nous on se dit un diabétique trois fois par jour .....franchement c'est
le genre de truc qu'on torche entre guillemets parce que ça va vite,
mais tu sais voilà....mais quand tu vois ça tu te dis : ouai
quand même...Les gens ils en ont marre c'est psychologique donc quand ils
en ont marre ils ont mal donc je pense toujours à .....même
quand je vais vite j'essaye donc j'y pense et je fais pas mal
.enfin j'espère en tout cas. Il rit.
Moi : « Ben du coup là t'en as parlé, dans
les toilettes aux lits ce genre de chose.....donc tu t'adaptes au patient tu
disais mais donc pour toi l'autonomie dans ces soins-là, tu la prends de
quelle manière en compte, tu prends de quelle manière en compte
l'autonomie du patient quand c'est un patient que tu as vu plusieurs fois je
suppose que c'est plus simple parce que tu le connais mais quand c'est un
nouveau patient tu disais que tu observais mais est ce que tu fais autre chose
?
IDE1 : « Pour voir ce qu'il peut faire ou ne peut pas faire
? »
Moi : « ouai, par exemple, déjà en quoi c'est
important l'autonomie du patient dans tes soins »
IDE1 : « Alors nous déjà en libéral,
je vais te dire on a un problème, c'est un problème de temps
déjà, alors c'est vrai que des fois, j'avoue hein, j'avoue, on
laisse moins de place à
l'autonomie ça je sais que des fois je
préfère faire à leur place pour que ça aille vite
plutôt que de laisser faire même je sais pas pour une dame qui
pendant une douche elle sait faire, de se laver la tête elle-même,
ou de se frotter, parfois j'avoue je préfère faire moi-même
c'est plus rapide, tac tac tac, tu vois.... »
Moi : « je comprends, je comprends... »
IDE1 : « donc c'est vrai que la place à
l'autonomie dans le libéral... et même en institution ils sont
pressés aussi mais je pense que, ouai nous on veut que ça aille
vite, c'est pas terrible hein,
mais »
Moi : « enfin, tu t'en rends compte donc c'est que tu le
considères quand même, tu te rends compte que c'est le temps qui
influe aussi la dessus donc bon ..... »
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IDE1 : « après, si je suis là pour la
personne à ce qu'elle retrouve son autonomie, ça dépend je
suis là pour quoi enfait...Ça dépend de pleins de
facteurs...ça dépend de la personne, ça dépend du
soin que j'ai à faire, de l'âge, de pleins de choses enfait...on a
un diabétique il a 20 ans et tout, lui il met un peu de temps et tout,
machin mais je le laisse faire, tu vois je veux pas le faire à sa place,
parfois j'arrive tôt le matin il me dit : vas y pique moi.C'est le week
end, je lui dis : nan nan nan, moi je suis là, tu le fais !
C'était convenu avec ses parents qu'on venait pour le forcer parce qu'il
voulait pas faire sa piqure mais qu'on lui montre pour qu'il soit obligé
et qu'on vérifie ce qu'il fait surtout parce que ça rentre dans
les unités, donc là, lui je le stimule, bon après j'ai un
bon rapport avec lui parce qu'il a 20 ans et tout, du coup par contre je lui
dis, il sait que je suis pressé, donc je lui dis : t'as vu tu te
dépêches quoi. Mais là pour le coup je le laisse faire.
Donc tu vois ça dépend, il faut qu'il le fasse toute sa vie
après donc après si c'est un petit vieux je te dis pas que je
vais le laisser faire, parce que peut être il va jamais comprendre, c'est
pas qu'il veut pas mais c'est peut être un autre problème, quand
on vieillit on a pas toute sa tête etc, donc peut-être je vais
moins le laisser faire c'est vrai.... C'est vrai qu'en libéral, faut
avouer, parfois on est tellement dans le speed on prend pas le temps qui faut
ça c'est sur
après on veut que nos patients aillent bien donc quand
la personne est capable de faire sa douche je vais pas lui faire sa toilette
au lit....en plus c'est moins fatiguant pour nous de faire une douche
même parfois si c'est plus long parce qu'il met un quart d'heure à
aller à la salle de bain avec son déambulateur, là tu le
vois ... mais bon autant faire ce qu'il peut.....on
essaye moi je vais jamais faire un truc en me disant : ah
c'est pas bien ce que tu fais. Ou
alors si je le fais un jour je me dis : nan mais demain tu fais
pas ça et tout- »
Moi : « ouai donc tu te réévalues aussi
tout le temps en soit, tu te remets tout le temps en question .... »
IDE1 : « ça c'est pas que dans notre
métier, ça c'est dans la vie faut tout le temps se
réévaluer, c'est autre chose mais oui je suis en perpétuel
remise en question ça c'est sur »
Moi : « Du coup ma dernière question, c'est pour
toi qu'est-ce.... Je sais pas trop comment ça se passe en libéral
le consentement du patient, genre pour faire les soins, ce genre de choses,
mais qu'est-ce que permet le consentement dans les soins de tes patients
»
IDE1 : « Que le patient consente aux soins ? » Moi :
« oui. »
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IDE1 : « Ben déjà comme t'as dit par
rapport en institution il y a une grande différence c'est que les
patients nous ouvrent la porte. Des fois l'hôpital ils y sont parcequ'ils
ont fait un malaise ou je sais pas, un accident, il y sont et ils ont pas le
choix, tu rentres tu fais toc toc et tu rentres donc là ils nous ouvrent
la porte donc ils sont forcément consentant.
Moi : « d'accord je comprends, c'est drôle de voir
ça de cette manière, c'est intéressant ».
IDE1 : « A 95%, sauf le petit jeune, lui il était
pas très consentent, mais bon ses parents nous ouvraient et tout, c'est
rare, mais là les gens ils sont tous consentant et puis quand nous,
notre patientèle ils sont là, quasiment tous, des patients
chroniques comme on dit, ils sont même contents qu'on vienne.
Après une petite dame qui perd la tête et tout, elle veut pas
prendre ses médicaments je lui donne le midi quand je repasse même
si je suis pas censé retourné chez elle, je vais pas
l'embêter, j'y retourne plus tard. Le rapport est complétement
différent en libéral, surtout quand j'étais en psychiatrie
quand ils voulaient pas prendre leur traitement, la bagarre, une injection, je
suis passé d'un truc où les patients voulaient pas se soigner
à un truc où « oueee super on vous adore », ça
m'a fait un super choc, nan parce que là quand on vient chez eux et
qu'ils nous ouvrent la porte c'est qu'ils sont complètement consentant.
»
Moi : « Tu l'as vécue comment de devoir forcer les
traitements en psychiatrie ? »
IDE1 : « Franchement en psy, attraper les gens, devoir se
mettre à 5 sur lui, même les attacher, tu sors d'une chambre
où t'as attaché une personne à son lit, ouai c'est chaud
franchement...C'était un des pires trucs que je faisais ça,
attacher les gens, après si tu te persuades que c'est pour le bien pour
pas qu'il se fasse du mal. J'ai jamais fait un truc où je me suis dit
c'est abusé ce qu'on fait, parfois on entend des truc : ils droguent des
gens etc. Mais j'ai jamais fait un truc où je me suis dit : qu'est-ce
qu'on est entrain de faire : nan ça m'aies jamais arrivé. C'est
vrai qu'en psychiatrie, le psychotique ne se considère pas comme malade,
là le consentement bah....tu te dis que même si tu le forces c'est
pour son bien, ça dédouane un peu mais c'est vraiment pas
évident. Après parfois lors des soins par exemple un pansement,
les trucs délicats, genre vraiment intime comme des fils d'épisio
ou les trucs de cancer du sein des dames même des jeunes, parfois j'ai
pas besoin de mettre de gants mais j'en mets pour faire la barrière, par
exemple j'utilise un set à pansement j'ai juste à me laver les
mains etc. mais je préfère, si je dois soulever un peu comme
ça (mimant comme si il soulevait un sein avec sa main) je
préfère mettre des gants et faire une barrière pour pas
que ça soit ma peau qui la touche. »
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Moi : « ouai je vois, c'est intéressant »
IDE1 : « Ça se sent la gêne parfois, quand
une dame va montrer sa poitrine ou quoi, tu vois, c'est perceptible, ouai j'ai
des petites techniques comme ça mais je préviens toujours si je
dois soulever la poitrine d'une dame, je vais toujours lui dire «
excusez-moi, voilà... ». T'es plus gêné qu'elle de
toute manière, tu vois ce que je veux dire, on est deux
gênés en général. Après je pense que c'est
une question d'attitude générale, quand t'arrives chez les gens,
t'es pas chez toi. C'est aussi en fonction de la personnalité, en
collaborant avec des collègues parfois ça passait pas avec des
gens, à cause de leur attitude ou autre... Il y a un truc aussi, il y
avait 10% d'hommes dans la profession et en vrai, je sais pas quoi, j'ai
déjà travaillé avec des collègues et c'était
pas comme ça, on dirait tout rejahissé sur elles et du coup elles
étaient pas cools avec les gens, alors que les hommes c'est
différents enfin après c'est une question d'attitude. Enfin bref,
les patients après ils préfèreraient ne pas te voir,
déjà ils sont malades... »
Moi : « c'est vrai, écoute j'ai posé toutes
mes questions, merci beaucoup ».
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Retranscription de l'entretien n°2 - Service
Néphrologie
Nous sommes dans une salle de staff, assis face à
face, chacun dans une chaise avec une table entre nous, le lieu est calme et
clôt.
Après les explications sur les modalités de
l'entretien préalablement établie :
Moi : « Je vais d'abord te demander ton expérience
professionnelle, par quels services tu es passé etc. »
IDE2 : « euh...ça fait, ça va faire 8 ans
que je suis diplômé infirmier, j'ai commencé...sur un
service, de l'intérim sur [nom de l'hôpital], il y avait
différent type de spécialité : médecine interne,
gériatrie et il y avait néphrologie. J'ai
préféré ensuite chercher un post en CDI fixe et la
néphrologie était un service qui me plaisait bien donc j'ai
envoyé plusieurs CV sur Paris et [nom de l'hôpital] était
les premiers à me répondre, donc là ça va faire 7
ans que je travaille ici, sur la néphrologie adulte. »
Moi : « D'accord, et tu veux changer ? tu veux voir autre
chose ? ou tu es bien ici. »
IDE2 : « Après ce serait... j'aimerais bien passer
des concours, tout ce qui est IPA, infirmier en pratique avancée qui est
entrain de se mettre en place progressivement, enfin ça a
déjà commencé mais c'est un peu limité au niveau
des postes et sinon passer les concours de cadre, etc. Essayer d'évoluer
quoi..»
Moi : « D'accord, ok, du coup je vais commencer avec les
questions propres au mémoire, ma première question, comme je te
disais c'était à propos du corps, c'est comment est-ce que tu te
représentes le corps de ton patient, pas forcément
abîmé mais le corps en général, dans tes soins. Les
représentations que tu as et la place qu'il occupe. Le corps humain en
tant que tel. »
IDE2 : « C'est quelque chose d'essentiel, quand on soigne
les gens il y a quoi qu'il en soit un contact physique du coup... quotidien
avec le patient, après c'est un peu dans le milieu, dans le contexte de
l'hôpital c'est vrai qu'on désacralise un peu le corps du patient,
c'est quelque chose que voilà ça peut... On a tous cette pudeur,
cette intimité...dans un contexte, si tu veux, en général
dans la vie quotidienne, c'est vrai que le fait d'être hospitalisé
on a un peu ce détachement là sur le corps qui est quand
même malade, altéré, mais après voilà, c'est
la représentation que j'ai au début, c'est quelque chose qui se
fait au début, je sais pas, que je visualisais un peu comme, pas
forcément tabou, mais quand on est dans les premières
années,
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on est étudiant, on a toujours cette réticence
à être en contact avec le corps et c'est quelque chose avec
laquelle on se familiarise un petit plus au fur des années etc. Ce
regard soignant-patient, ici, à différencier ces deux positions
là et à pouvoir avoir un contact un peu plus facil en tant que
soignant et à avoir moins d'apriori ou ce tabou là avec la notion
du corps quoi... »
Moi : « Oui, je comprends... Du coup quand on rentre dans
ce milieu hospitalier etc, je sais pas si t'as déjà entendu
l'expression d'instrumentalisation ou d'objectification du corps dans le soin,
le fait qu'on fasse du corps un objet, toi ça t'évoque quoi ?
»
IDE2 : « Après c'est un terme assez
péjoratif, je vois la nécessité, du coup je vois pourquoi
on dit ça, après pour moi c'est un terme assez péjoratif,
mais c'est vrai comme une sorte de bulle le corps, je sais pas trop comment le
formuler, mais je comprends qu'il puisse devenir autre chose quand il arrive
à l'hôpital et ouai pour y accéder il faut se
détacher de certain principe tout en gardant après... tout en
gardant à l'esprit qu'il faut respecter la pudeur, l'être en
général, il faut toujours faire attention à ça
même si on peut instrumentaliser et même si je trouve ça un
peu péjoratif.. »
Moi : « oui complétement, complétement, donc
t'en es conscient que ça puisse exister... » IDE2 : « oui oui
je suis conscient que..oui oui »
Moi : « du coup je suppose que c'est une remise en
question perpétuelle pour ne pas instrumentaliser le corps mais t'as des
solutions personnelles pour pallier à ça, peut être que tu
ne t'en rends pas compte parce que c'est dans ta pratique mais ... »
IDE2 : « nan après, faut toujours avoir un
contact, expliquer quoi qu'il en soit les soins que ça soit une
toilette, ou des soins un peu plus technique, un pansement, après il y a
toujours ces parties du corps où faut respecter la pudeur, après
si on montre un pied ou un bras c'est pas la même chose que si on voit
les fesses ou du coup les parties sexuelles du patient, c'est chaque partie du
corps, on doit pour chaque partie du corps faire preuve de pudeur, du coup et
après il y a aussi le fait que ça soit des hommes ou des femmes,
selon après les croyances ou les religions ou juste le sexes de la
personne, si c'est un infirmier qui va faire un soin à une femme ou des
trucs un peu plus basique comme un ECG ou quoi, on essaye de voir si ça
dérange pas la patiente que ça soit un homme qui fasse l'EVG ou
pas, peu importe les religions etc, après généralement
c'est formulé quand il y a une gêne, même si essentiellement
il y a beaucoup de filles dans ce métier là, mais du coup
être un gars, ça m'est déjà arrivé de voir la
personne gênée et je
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proposais éventuellement du coup qu'une autre personne
réalise ce type de soin là parce que ça posait
éventuellement une gêne ou un problème pour la patiente,
pas forcément qu'elle me le formule mais je voyais qu'elle était
gênée, je posais la question et c'est elle qui réalisait ce
soin là »
Moi : « ouai je comprends... là j'ai une autre
notion liée au corps et justement en lien avec l'instrumentalisation et
l'objectification qui comme tu l'as dit est très péjoratif, c'est
par rapport à l'autonomie de ton patient, comment est-ce que, tu parlais
de toilette, de soin, comment tu l'évalues ou comment tu te le
représentes et quelle importance ça a l'autonomie du patient, que
ça soit dans tes soins ou... »
IDE2 : « les moyens d'évaluer déjà,
bah dans un premier temps déjà dans la communication, on pose la
question à la personne, des fois, après c'est, quand la personne
va être alitée ou quand il va y avoir un manque de communication,
on va déjà voir en premier temps lors de l'évaluation
pendant une toilette, on voit si elle réussit à se mobiliser avec
des gestes simples, plier les genoux, se mobiliser sur le côté,
tenir la barrière, et après pour voir au niveau de la marche, on
la met tranquillement sur le bord du lit, et la solliciter progressivement pour
savoir si elle réussit à se mobiliser seule, après si on
voit quand il y a un souci au niveau de la motricité, on se
réfère au médecin et on voit avec les kinés si elle
peut passer pour faire de la kiné motrice pour réévaluer
et réajuster et du coup voilà, optimiser la prise en charge...
après c'est quelque chose au niveau de l'autonomie du patient, c'est
quelque chose qu'on fait automatiquement et machinalement pour ne pas brusquer
le patient, si on connait pas le patient on va lui poser la question
directement et on va l'évaluer une première fois au niveau de son
levée etc. Pour savoir comment il se débrouille et s'autonomise
pour savoir s'il est apte à faire le soin. »
Moi : « quand tu dis : lui poser la question directement,
c'est-à-dire ? »
IDE2 : « ses capacités ouai, voilà s'il est
autonome, après on a un recueille de donnée de façon,
à l'admission, c'est des items du coup qui font partie quasiment des
premières questions et après on a un premier regard,
d'observation et c'est la communication qui fait qu'on sait, mais après
la communication on a l'évaluation, faut pas oublier cette
étape-là, même si le patient est autonome et qu'au premier
regard il semble autonome, faut voir s'il l'est réellement et
réajuster »
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Moi : « ok, et ma dernière question, pour toi dans
tes soins, en prenant en compte l'autonomie et la représentation du
corps etc, le consentement il a quelle place ? »
IDE2 : « Après bah, comment dire ça, le
consentement ça fait partie prenante du coup de la démarche de
santé dans le sens où si on a pas le consentement, après
il y a deux types de consentement, s'il y a un consentement claire, libre et
éclairé ou quelqu'un qui peut pas consentir de manière
lucide, après le consentement ça fait partie intégrante du
soin, on peut pas, c'est à partir de ça qu'on pourra
accéder à ce corps, et permettre la réalisation des soins
quoi, la bonne continuité des soins, si on pas ce
consentement-là, de la personne du coup cet accès là pour
communiquer et justifier ses soins, ça va être un frein à
la réalisation de démarche de santé. Voila. »
Moi : « Ok, merci, parfait, »
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Retranscription de l'entretien n°3- Service
Néphrologie
Nous sommes dans une salle de staff, l'IDE est assis de
biais et n'est pas directement face à moi,, chacun dans une chaise avec
une table entre nous, le lieu est calme et clôt.
Après les explications sur les modalités de
l'entretien préalablement établie :
Moi : « Je vais juste te demander ton expérience
professionnelle, ce que tu as fait déjà... »
IDE3 : « Bah déjà, c'est mon premier poste,
ça fait un an et demie que je suis diplômé, juillet 2017..
»
Moi : « Ok et là, ton devenir ? »
IDE3 : « Ben là je vais partir, je vais faire de
l'intérim, je voulais faire du libéral mais bon après
c'est de l'organisation quoi... »
Moi : « Et toujours avec les adultes ? » IDE3 «
ouai les adultes... »
Moi : « Ok, alors, du coup la première question,
par rapport au corps, c'est la façon dont tu te représentes le
corps dans les soins, la place qu'il occupe, tes représentations,
l'importance que tu lui apportes en fait, le corps humain en tant que tel
»
IDE3 « Ah oui euh, c'est très vaste,
représentations du corps dans le soins, bah euh, déjà moi
je regarde un peu partout, même lorsque l'aide-soignant vient, quand on
fait la toilette, je regarde s'il y a pas des rougeurs, tout ce qui est
début d'escarre, les écorchures parce que parfois il y a des
patients qui ont des ongles, après comment te dire, t'as un but
particulier ou pas ??? »
Moi : « C'est juste pour savoir tes représentations,
est ce que c'est très important pour toi ? »
IDE3 : « Ah si bien sur, c'est très important, on
peut pas, enfin le corps c'est pas un objet quoi...»
Moi : « Ok d'accord je vois, ma deuxième question
c'est un peu par rapport à la première, je sais pas si tu sa
déjà entendue parlé de l'expression «
instrumentalisation » et « objectification » du corps dans les
soins mais... »
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IDE3 : « Ca c'est les habitudes ça, le fait
d'être trop longtemps... Je vais pas te mentir parfois ça
m'arrive, dernièrement il y avait une patiente elle rentrait de
permission sauf que je devais lui faire sa glycémie avant que les
aides-soignants servent le repas et euh, j'étais tellement dans mes
affaires, je me dis qu'il faut absolument que je lui fasse sa glycémie,
sauf que la patiente elle est autonome et elle a son appareil et elle me dit
« mais j'ai déjà fait » sauf que moi j'étais
dans mon truc et elle m'a dit « mais vous m'avez piquer » et je me
suis dit « ah mince » mais c'est des automatismes mais c'est pas bien
franchement.. »
Moi : « Est-ce que depuis cette expérience, t'as
mis en place des solutions personnelles pour éviter ça ?
»
IDE3 : « Ben déjà c'est l'écoute
active, franchement l'écoute active, j'essaye d'écouter les
patients, j'agis pas comme le précédent patient j'ai agis et le
suivant... en gros c'est ça, comment dire .... Comment dire, mmmh, les
automatismes, les habitudes, je ne pourrais pas vraiment te dire,
répète un peu la question »
Moi : « Tout à l'heure tu parlais de patient
objet, quelles sont les solutions que tu utilises pour que justement ne pas
rendre le corps comme un objet ? »
IDE3 : « Moi je le regarde, enfin c'est plus comme je te
dis, je l'écoute, c'est l'écoute, après je t'avoue parfois
avec les patients quand ils sont dans le coma ou ... ça sera un peu plus
compliqué, je pense que c'est le fait de parler avec le patient, tout
est dans la communication... ok...je sais pas si je réponds vraiment
»
Moi : « Du coup c'est lié à la
manière dont tu considères le corps, quand tu l'écoutes,
comment est-ce que tu prends en comptes l'autonomie du patient, comme il y a
différents degrés d'autonomie etc ? »
IDE3 : « Moi déjà j'essaye de favoriser au
mieux l'autonomie, ah ouai ouai, les collègues, il y a une patiente qui
dit que en gros faut écraser ses médicaments, mais moi je lui dis
qu'elle peut bien prendre ses médicaments, qu'elle a pas besoin de les
écraser, même aller au fauteuil... »
Moi : « Oui tu stimules.. et comment tu arrives à
te rendre compte qu'un patient est plus autonome qu'un autre ? »
IDE3 : « Déjà les gestes de la vie
quotidienne, après les patients, ils font d'eux-mêmes, parce que
nous parfois on a tendance on arrive on veut faire, par exemple la
glycémie, il me dit « nan
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je sais faire » du coup je vais lui donner l'appareil,
l'aiguille, l'insuline, ils ont l'habitude de faire chez eux donc pourquoi ils
n'auraient pas l'habitude ici, comme pour les stomies, les autonomiser c'est
mieux. »
Moi : « Et donc ma dernière question : quelle
place a le consentement dans tes soins, est ce que c'est important pour toi ?
»
IDE3 : « Si j'utilise tout le temps, après moi
personnellement je n'aurais pas aimé qu'on ne me propose pas donc je
propose tout le temps. »
Moi : « Quand tu dis que tu proposes c'est de quelle
manière ? »
IDE3 : « Est-ce que vous êtres d'accords pour que
je fasse, si vous voulez pas je vais pas vous forcer, des fois parfois dans les
soins si c'est important, je lui dis les enjeux »
Moi : « Ok, oui tu expliques, du coup pour toi, le
consentement, t'expliques parce que toi t'aimerais pas qu'on t'impose quelque
chose comme tu me disais... »
IDE3 : « je pense aussi que c'est dans mon
éducation, c'est comme ça que j'ai été
éduqué, après, comment te dire, c'est aussi ça la
représentation du corps en fait, je pense que justement si on demande
pas le consentement du patient, dans un sens, indirectement, on le
considère comme un objet quoi... »
Moi : « je vois, ok, parfait, ben merci beaucoup »
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Retranscription de l'entretien n°4- Service
Néphrologie
Nous sommes dans une salle d'attente vide, assises
côte à côte, chacune dans une chaise, il n'y a pas de table
entre nous, le lieu est ouvert et parfois bruyant.
Après les explications sur les modalités de
l'entretien préalablement établie :
Moi : « Alors, je vais d'abord te demander ton parcours
professionnel, par où tu es passé, ce que tu as fait etc...
»
IDE4 : « D'accord, alors, au niveau des
expériences professionnels, j'ai commencé jeunes auprès
des enfants tu vois, du babysitting et après j'ai été
embauché, comment on appelle ça déjà, fille au
pair... »
Moi : « ah oui jeune fille au pair »
IDE4 : « jeune fille au pair voilà, où je
m'occupais des enfants, de la maison de l'entretien de la maison, des repas
etc., ensuite j'ai dû faire ça a peu près 3, 4 ans ensuite
j'ai changé de métier j'ai travaillé comme vendeuse dans
une boutique de la famille de la personne pour qui je me suis occupée
des enfants et je suis restée 3 ans à peu près, ensuite
j'ai changé de métier, j'ai travaillé dans une usine de
confection de t-shirt avec les machines tout pendant 3 ans, ça j'ai fait
ça chez moi aux pays, et ensuite, je suis venue ici, en 1998, j'ai
recommencé un petit peu à garder des enfants à domicile
des parents et après 2000 j'ai décidé de passer les
concours d'auxiliaires de puer' pour faire la formation et ensuite travailler
dans les structures et j'ai travaillé ici en tant qu'auxiliaires de
puériculture, ici, en octobre 2001 à la crèche où
je suis restée pendant 3 ans et demie après j'ai demandé
de changer de service pour être un peu plus dans les services actifs
comme on appelle ça, depuis 2005 jusqu'en 2015 où j'étais
auxiliaire de puer' en pédiatrie générale et en 2015 j'ai
passé mes concours pour devenir infirmière et j'ai
été diplômée au mois de décembre,
l'année dernière, j'ai commencé par l'UH
pédiatrique, c'est très dense, c'est pas fait pour tout le monde,
surtout en début de carrière en général, et du coup
je suis arrivée ici, c'est plus calme, après il y a des choses
à faire, ceci-dit c'est pas les mêmes approches, avec les enfants
tu dois négocier avec les enfants, avec les parents, tu dois attendre
que l'enfant soit d'accord, ça prend beaucoup de temps... »
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Moi : « Eh ben justement, moi je vais te poser des
questions sur l'approche des adultes, donc déjà pour savoir
quelle importance t'apportes au corps du patient dans tes soins. »
IDE4 : « ben déjà le corps du patient je le
considère comme un être vivant hein, qui ressent des douleurs, des
désagréments, enfin tu vois même les patients, disons qu'il
est malvoyant, qu'il entend pas ou ...ben tu touches, il a toujours des
sensations, des réponses, parceque la façon de toucher le corps,
il altère pas, ça renvoie des messages, par exemple si tu le
touches avec violence ça renvoie un message que tu veux pas faire le
soin, il pourrait interpréter en lui que t'es pas contente d'être
là, que t'es pas contente de prendre soin de lui, que voilà, le
corps du patient qui pour moi, est pas juste un objet de soin comme on le dit
souvent, mais c'est vraiment un être sensible que l'on doit vraiment
prendre soin, en faisant attention, même ta façon de toucher,
ça renvoie ... »
Moi : « et justement, t'as parlé de l'objet de
soin, ma deuxième question, on entend parler de l'expression «
instrumentalisation » et « objectification » du corps dans les
soins, t'en as plus ou moins parlé mais est-ce que ça
t'évoque quelque chose en particulier. »
IDE4 : « Par rapport à ça, par exemple dans
mon expérience ou... »
Moi : « oui, tu l'as déjà dit, qu'est-ce
que tu fais pour justement limiter cette objectification et pour humaniser
comme tu disais tout à l'heure le patient, en fait »
IDE4 : « En fait par rapport à ça, il faut
toujours garder à l'esprit que même si la personne est malade tu
ne viens pas parce que tu as des soins à faire donc tu vois, tu viens
parce que tu veux prendre soin de la personne, tu demandes à la
personne, comment tu fais d'habitude, tu te présentes par exemple, tu
annonces le soin, tu demandes si c'est le bon moment, s'il veut que tu
reviennes dans 5 minutes ou tout de suite, si la personne est prête, sans
non plus attendre une heure par exemple, le soin que tu dois faire le matin tu
dois le faire l'après-midi, voilà après on ne force pas
mais on essaye toujours d'expliquer, que peut-être on doit faire le soin
maintenant parce que voilà, les raisons, par exemple si tu dois faire un
bilan, tu lui dis on attend les résultats pour que le médecin
adapte le traitement ou que le médecin commence le traitement,
après c'est pour voir, c'est pas juste t'arrives, j'ai un pansement
à faire à la personne, je commence mon truc, tout est dans la
considération de la personne même si c'est vrai que le corps c'est
ton.... C'est sur le corps que tu vas faire le soin mais le corps il a tout
un...Il a l'esprit, il a sa façon de penser, sa façon de voir,
donc voilà il faut englober l'ensemble, obligé »
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Moi : « Et ben du coup, t'es en néphrologie dont
tu es passé d'enfant à adulte, ma troisième question c'est
sur l'autonomie du patient, quelle importance tu lui apportes et comment tu la
considères dans tes soins ? »
IDE4 : « D'accord, alors au niveau de l'autonomie c'est
vrai, il faut, chacun a ses limites, tu vois, par exemple selon l'âge, la
lourdeur de la pathologie, l'envie de la personne, le moment aussi, c'est comme
nous tous aussi, t'as des moments où t'es pas dans ceux là, c'est
pas le bon moment ou ailleurs, donc voilà, il faut toujours
négocier, demander l'avis, accepter que la personne refuse par exemple
en disant « nan c'est pas le moment, voilà... » et
après faut aussi savoir à l'avance que le patient est capable de
faire parce que bon parfois s'il est capable de faire, c'est vrai que ça
prend du temps, parce que parfois quand tu suis le rythme, chez l'enfant ou les
personnes âgées ou même chez les jeunes hein, quand t'es
malade ... Tu peux pas faire les soins au même rythme que tu as fait
avant donc t'es obligé d'adapter les soins au rythme du patient. On
laisse quand même le temps pour que le patient fasse ce qu'il peut faire,
parce qu'il faut pas se substituer à ses capacités sinon il va
régresser, et il va régresser dans ses soins et parfois il peut
même avoir une réaction négative en disant « nan mais
pourquoi on me laisse pas faire, je suis capable » même s'ils le
disent pas, ils peuvent le penser donc toujours donner le temps, qu'il fasse ce
qu'il peut faire et tu complètes ou l'accompagner tu vois, « vous
voulez faire ça et moi pendant ce temps-là je fais le dos »,
c'est s'adapter, voilà, vraiment mettre une valeur sur les
capacités d'opérer du patient et encourager, vraiment encourager,
faut toujours encourager, ça stimule et ça le motive, ça
lui donne de l'importance même s'il est malade et qu'il peut faire
très peu de chose, il peut quand même en faire. »
Moi : « ouai je vois c'est très intéressant
du coup tout à l'heure tu parlais justement de l'information que tu
donnais au patient lors d'un soin, et c'est pour ça que je voulais te
demander, est-ce ça.., enfin est ce que le fait d'être d'accord,
enfin qu'est-ce que ça évoque pour toi de demander son
acceptation, de savoir s'il est d'accord de faire un soin, quelle importance
pour toi en tant qu'infirmière... »
IDE4 : « euhm, l'importance, enfin déjà
demander l'accord du patient fait partie de ses droits, il a le droit de
refuser selon la législation et il a le droit d'accepter, de refuser
enfin.. enfin voilà après s'il y a vraiment des soins
nécessaires à sa santé, à son état de
santé et qu'il faut le faire alors nous on essaye en tant qu'IDE,
d'expliquer tu vois, après s'il refuse toujours alors on passe par le
médecin et le médecin va expliquer un petit plus car le
médecin connait un peu plus
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le but de ce soin et pourquoi ce soin et les médecins
ils ont aussi d'autres arguments derrière, voilà même si on
sait un petit peu les conséquences du refus de soin, le médecin
peut aussi un petit peu...ou sinon si on arrive toujours pas à
désamorcer la situation on peut en parler à la psychologue parce
qu'elle a des connaissances et des mots qu'elle peut utiliser auxquelles on ne
peut pas forcément penser ... »
Moi : « oui une autre approche... »
IDE4 : « voilà une autre approche et surtout elle,
elle sait s'il y a quelque chose d'autre derrière c'est pas vraiment que
la personne refuse ce soin-là, c'est parce qu'il y a peut-être
quelque chose derrière, donc voilà faut travailler en
équipe. Et pour moi, l'accord du patient sur le soin que je fais bah
ça me rassure parce que je suis pas là... je me dis franchement
si je demande même pas l'avis du patient et je fonce faire mon soin et je
sais même pas si en lui-même il accepterait que je fasse le soin ou
pas donc je veux pas entraver sa volonté et pour moi c'est une marque de
respect. Tu sais des fois, on dit de ne pas faire de transfère mais dans
le soin, mais on transfère toujours en se disant « si
c'était moi » ou si c'était quelqu'un de ma famille, est-ce
que pour moi c'est correct. On est obligé hein, on est des humains, on a
un coeur donc voilà, on est sensible quand même, ça rend
humain les soins et il faut considérer le patient comme une personne
respectable, tu dois respecter quelqu'un que tu dois, pas dans le sens
obéir, mais dans le sens où il faut avoir sa coopération
parce qu'un patient qui coopère c'est un soin qui va mieux et sa
santé qui s'améliore.
Moi : « et bien merci, c'est une très belle
conclusion »
Grille analyse des résultats
INFIRMER 1 INFIRMIER 2
|
INFIRMIER 3 INFIRMIER 4
|
Quels sent les différent sersices clans lesquels
VOUS ripez travaillé ?
|
3 ans en psychiatrie Toujcu rs a u prés
d'adulte
|
Diplômé depuis 8 ans D'abord en
intérim
7 ans néphrologie adulte
Concours IPAa venir
|
Diplômé depuis Jan Service de néph ro
agie est son premier post
|
Jeune fille au pair
Auxiliaire pendant 15 ans IDE depuis 2017
Tente la pédiatrie, ne lui convient
pas_
En intégration en service de
néphrologie
|
Comment voyez-vous le corps dans vos somas ?
|
Pudeur
Sans jugement Observation du corps Regarde
partout
|
Quelque chose d'essentiel 'Désacralise un peu le
corps a 'hôpital Pudeur Intimité Regard soignant pour prendre
contact
|
le regarde un peu partout Le corps C'est pas un
objet
|
Étire vivant
Ressent douleurs et
désagréments
Toucher, sensation
Pas seulement un objet de
soin
Etre sensible
|
Le termes
e instrumentalisaticn . eu a objecti£ication ). du
cons vous évoque-t-il quelque chose'
· Si oui, avec vos moi,
Pourri-vms
u dire ce que cela représente pour vous
'
Entant qu'infirmier (e), co=aent POU' 005-nous
pallier a cette
n tessirZrm6Rlai:în-lion du
oorfAr x. ?
|
J'oublie jamais ce que je saâ entrain de
faire
Je vais pas dire que ça m'arrive
jamais
Respect pour les gens Toujcu rs dire ce qu'on va faire,
ça va faire chaud, ça va faire froid...
|
Péjoratif x.3
Toujours avoir un contact Respecter la pudeur
|
Ça C'est les habitudes Parfois ça m'arrive
Automatismes le le regarde{écoute
Ecoute active
|
Tu ne viens pas pour des soins â faire mais pour
prendre soin rue la personne Annonce le soin, ne force pas
Il n'y a pas que le corps, il y a l'esprit, la
façon de voir/penser
|
Qu'évoque pour vous la paire en compte
de
|
Problème de temps Laisse moins faire
On veut que ça aille vite
|
Communication
Eva uation pendant la toi lette
|
Favoriser au mieux Font d'eux même
|
Chacun a ses limites Négocier, demander
l'avis, accepter le refus
|
l'autonomie du patient dans M é-decin et
Ki né
|
Savoir ce qu'est rsapable le
|
les soirs 7
|
Poser la question directement
|
patient
Pas le soin au même rythme
|
|
S'autonomise pour voir ai apte
Observation
|
Laisse le temps
Pas se substituer â ses
capacrtés
|
|
|
S'adapter, encourager, stimuler, motiver, donner de
l'importance
|
Pour vous. qu'est-ce que permet le
consentement
|
Quand le patient ouvre la porte = consentant
|
Partie prenante de le démarche de
santé
|
l'aurais pas aimé qu'on me propose pas
|
Accord du patient, légis'ation, droit
d'accepter
|
dans les soins'
|
Le consentement en
|
2 types de consentement :
|
Ça vient de mon éducation
|
ou de refuser.
|
|
psychiatrie = pas évident
|
claire, Tibre et éclairée ou
|
Si on demande pas on le
|
Expliquer
|
|
|
non lucide.
C'est à partir de ça qu'on pourra
accéder a ce corps Sinon si pas de consentement i frein â
la réalisation de la démarche de la santé
|
considère comme un patient objet
|
Equipe médecin, psychologue Je peux pas entraver
sa volonté
Marque de respect
Si c'était moi
Coopération du patient mais pas
obéissance_
|
Page 84 sur 84
|
|