3.3 SQUAT & COORDINATION :
En biomécanique le mot coordination désigne
« l'organisation temporelle des mouvements des segments corporels. La
coordination peut être représentée comme un continuum, les
extrêmes consistent en des mouvements séquentiels ou
simultanés. » Hudson, 1985.
Selon Bernstein, le principal problème dans
l'étude de la coordination du mouvement multi-articulaires peut
être formulé comme suit : « comment peut-on concevoir une
théorie de l'action humaine qui explique que les humains
exécutent des tâches motrices avec une grande
répétabilité, à la fois inter et
intra-individuelle, malgré le fait que le système d'action humain
contient un nombre de degrés de liberté neuraux, musculaires et
squelettiques très largement supérieur à celui requis par
la tâche à accomplir et son environnement » Soest, 1995.
Il existe de nombreuses controverses à propos de la
meilleure technique à adopter lorsque l'on considère le port de
charges sans que des données objectives soient données sur les
conditions de réalisation d'un exercice de soulevé. Soulever des
objets légers ou lourds implique une coordination particulière
telle que le contrôle de la trajectoire qui permet de minimiser le stress
au niveau des articulations, en mettant en jeu des muscles spécifiques,
dans un ordre précis. En général les études
définissent les techniques utilisées par les sujets en terme de
posture initiale et finale, sans considérer les changements qui peuvent
survenir en fonction des types de soulevés. Si des changements de
coordination se produisent en fonction de la technique employée, est-ce
qu'ils sont attribuables à des différences d'activation des
différents muscles mis en jeu, à des mouvements différents
des segments, à des effets mécaniques purs comme vaincre
l'inertie ? Ou est-ce qu'ils sont attribuables à des décalages
des phases d'activation des muscles ? De plus est-ce que ces changements de
coordination augmentent les contraintes sur le système
musculo-squelettique ?
Les changements de coordination au cours de soulevés
à charge croissante ont été étudiés, de
telles études (Anderson et col.,1986 ; Park et col.) n'ont
généralement pris en compte que la relation entre un seul segment
et la charge. Davis & col.(1965) ont reportés que lorsque la charge
augmente de 0 à 40Kg, il y avait une augmentation de la durée
d'extension du dos au cours du squat. Schipplein (1990) a montré que
chez des sujets qui choisissent leur propre mode d'exécution du squat,
il y avait un transfert de coordination du modèle du squat (ou leg lift)
vers un modèle de flexion du tronc (back lift ou stoop), lors d'une
augmentation de charge de 50 vers 250N. Aucune de ces études n'a
utilisé de mesure spécifique permettant de rendre compte de la
coordination intersegmentaire.
Burgess-Limerick & col. 1993 ont calculé la phase
relative de mouvement entre 2 articulations, en se basant sur la position et la
vitesse instantanée de chaque articulation. Ils ont montré une
augmentation du décalage de phase entre l'extension du genou et de la
hanche au cours de soulevés avec de faibles variations de charge. Dans
cette étude, les sujets choisissaient leur propre style de
soulevé ce qui implique une interprétation difficile des
changements de coordination.
Un des facteurs associé aux blessures localisées
au niveau lombaire, est l'action simultanée de muscles antagonistes
forts et faibles, l'association de muscles ischios-jambiers faibles et d'un
quadriceps puissant peut provoquer une desynchronisation des mouvements des
segments lombaire et pelvien.
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