UNIVERSITÉ BLAISE PASCAL CLERMONT-FERRAND
I Année universitaire 1999 - 2000
MÉMOIRE DE RECHERCHE
ÉVOLUTION DES PARAMÈTRES
CINÉTIQUES ET CINÉMATIQUES
LORS D'UN EXERCICE DE
FLEXION-EXTENSION
DU MEMBRE INFÉRIEUR
Rédigé par
Sébastien MAITRE
Dans le cadre de l'obtention du DIPLÔME DE
MAITRISE STAPS ENTRAINEMENT & PERFOMANCE
Unité Performance Motrice : Laboratoire de Physiologie
de la Performance Motrice E.A. 994 Unité Biomécanique et
Biomatériaux : Laboratoire d'Anatomie E.A. 2149 Université
Blaise Pascal
Directeur de recherche : Georges POUMARAT
(PU) Responsable Maîtrise E.P. : Christophe HAUTIER
(MCU)
1
- SOMMAIRE -
1 SOMMAIRE p.1
2 INTRODUCTION p.3
3 REVUE DE LITTÉRATURE p.4
3.1 Squat & contraintes articulaires p.5
3.2 Squat & EMG p.6
3.3 Squat & coordination p.6
4 MATÉRIEL & MÉTHODE p.7
4.1 Organisation des différentes étapes de
l'expérimentation p.8
4.2 Population d'étude p.8
4.3 Tâche & situations expérimentales p.8
4.4 Matériel p.8
4.5 La chaîne d'acquisition p.9
4.5.1 Système d'analyse d'images 3D p.9
4.2.3 Plate-forme de forces p.9
4.2.4 EMG p.9
4.6 Traitement des données p.10
4.7 Analyse biomécanique p.11
4.7.1 Calcul de la force développée par les muscles
Erector Spinae p.11
4.7.2 Calcul de la force de réaction sur L5-S1 p.11
4.7.3 Détermination des masses segmentaires p.12
4.7.4 Détermination du centre de gravité des
segments p.12
4.7.5 Détermination des vitesses angulaires p.12
5 RÉSULTATS p.13
5.1 Evolution des variations angulaires p.13
5.2 Evolution des vitesses angulaires p.14
5.3 Evolution du la valeur RMS p.14
5.4 Evolution des contraintes au niveau lombo-sacré
p.15
6 INTERPRÉTATION ET DISCUSSION p.17
6.1 Evolution des variations angulaires p.17
6.2 Evolution du la valeur RMS p.17
6. Evolution des vitesses angulaires p.17
2
6.4 Evolution des contraintes au niveau lombo-sacré
|
p.18
|
7 CONCLUSION & PERSPECTIVES
|
p.19
|
7.1 Conclusion
|
p.19
|
7.2 Perspectives
|
p.19
|
8 ANNEXE
|
p.20
|
RÉSUMÉ
|
p. 23
|
3
2. INTRODUCTION
En 1955 Steindler a défini deux types d'exercices : les
exercices en chaîne cinétique fermée (ECCF) et les
exercices en chaîne cinétique ouverte (ECCO). Lors d'un
ECCF l'articulation distale, subit des « contraintes considérables
» ce qui empêche ou limite son mouvement ; à l'opposé
lors d'un ECCO, le segment distal est libre de bouger sans aucune
résistance externe. Les ECCF impliquent la mise en jeu coordonnée
de plusieurs articulations, ils correspondent de ce fait à des
mouvements complexes, comme le squat, le soulevé de terre, la presse
à cuisse... ; exercices qui sont couramment utilisés par les
sportifs afin d'améliorer leurs performances. Dans ce domaine, les
différentes recherches menées sur le port de charges, se
différencient au niveau des techniques de soulevés, en se basant
sur les postures à adopter pour les réaliser (Whitney, 1958 ;
Toussaint, 1992), elles ont souvent comparé deux techniques le plus
souvent utilisé ; le squat ou leg lift, avec action principale des
muscles des cuisses et une flexion du tronc limitée ; et le stoop ou
back lift avec extension des genoux et action principale des muscles du dos.
Malgré tout, il apparaît difficile de définir la posture
à adopter au début d'un exercice de squat en terme de position
angulaire absolue. En effet, les caractéristiques de la tâche
à réaliser impliquent des différences de placement initial
de la charge, qui sont associées à des changements individuels de
la posture (Burgess-Limerik 1997). Cependant lorsque les sujets choisissent
eux-mêmes et spontanément leur propre technique de soulevé
; la posture la plus couramment adoptée est alors décrite comme
un demi-squat (Burgess-Limerick, 1997).
L'entraînement des capacités musculaires, fait
désormais partie intégrante des techniques d'amélioration
de la condition physique, l'intérêt accordé au
développement de la fonction musculaire est en effet grandissant, non
seulement pour améliorer les performances sportives, mais
également dans le but de maintenir et d'augmenter l'efficience motrice
dans le cadre des activités quotidiennes (marche, monté
d'escaliers...). Les ECCF permettent de développer la force, la
puissance, et de préserver les muscles de l'atrophie liée
à l'immobilisation ou au vieillissement. Par ailleurs, ces exercices
avec ou sans charge additionnelle, permettent de réduire les risques
d'entorses, de déchirures et autres blessures, qui se produisent souvent
au cours de la pratique d'activités physiques à caractère
sportif. Ils possèdent également des caractéristiques
biomécaniques similaires à celles relevées pour de
nombreux gestes sportifs, comme par exemple la course et le saut. (Stone,
1982). Ces exercices sont également préconisés et
utilisés dans le secteur médical et paramédical, ils
constituent une partie importante des programmes de rééducation
de l'articulation du genou et des muscles de la cuisse notamment dans le cadre
des ligamentoplasties (ligament croisé antérieur par exemple).
Les facteurs intervenant dans la genèse des douleurs et
des blessures au niveau lombaire sont : des muscles abdominaux faibles, des
mouvements inappropriés lors de ports de charges ou de soulevés
athlétiques, une amplitude de mouvement restreinte au niveau
articulaire, des disques intervertébraux endommagés, des
contraintes excessives appliquées aux différents segments
corporels au cours du mouvement, une flexibilité lombaire
inadéquate, des muscles ischios-jambiers courts, et une
hypermobilité de la colonne vertébrale (Koutedakis, 1997).
L'objectif de cette étude, conjointement
élaborée par le Laboratoire de la performance Motrice
(Université Blaise Pascal) et par le Laboratoire d'Anatomie
(Université d'Auvergne) de Clermont-Ferrand, est de rendre compte de
l'évolution des différents paramètres cinétiques et
cinématiques, lors d'un exercice de squat.
4
3. REVUE DE LITTÉRATURE
3.1 SQUAT & CONTRAINTES ARTICULAIRES :
En consultant la revue de littérature, il
apparaît difficile de comparer les forces de compression
appliquées au niveau tibio-fémoral au cours d'un mouvement de
squat. En effet, les différentes modélisations utilisées,
ne prennent pas en compte les mêmes éléments
(gravité, inertie, forces de réaction du sol, forces musculaires,
résistances ligamentaire et tendineuse).
Pour Ohkoshi (1991) par exemple, le taux relativement faible
de lésions du ligament croisé antérieur (LCA) induites par
des ECCF, est en partie dû à la co-contraction des muscles
quadriceps et ischios-jambiers lors de la réalisation de ce type de
mouvement. D'autres auteurs comme Lutz (1993), ont montré que les forces
de compression induites au niveau de l'articulation tibio-fémorale
pouvaient prévenir les entorses du LCA. Sahli (1996) a également
décrit l'évolution de la force de cisaillement au niveau de
l'articulation tibio-fémorale pour chaque angle de flexion du genou, en
utilisant un modèle permettant d'assimiler le membre inférieur
à une chaîne de segments rigides articulés entre eux.
Lors de la réalisation d'un exercice de squat,
Panariello et col. (1994), n'ont trouvé aucune augmentation
significative de la translation antéro-postérieure au niveau de
l'articulation tibio-fémorale.
De nombreuses études (Poumarat et col. 1994 ; Scholz et
col. 1995) ont analysé le port de charges, motivées par le fait
que le maniement de charges incluant des portés, est un facteur
étiologique majeur des blessures au niveau lombaire. Beaucoup de
publications sur le port de charges ont examiné l'effet de la technique,
de l'évolution de la charge, de la fréquence des portés,
et de l'influence de l'efficience motrice sur la sécurité et le
respect de l'intégrité physique Anderson et col. (1986).
D'après ces auteurs, la sécurité est définie en
terme de respect des structures musculo-squelettiques au niveau du dos, et de
minimisation des forces de compression et de cisaillement au niveau de la
charnière lombo-sacrée ; cette minimisation étant
résultante d'une limitation de l'inclinaison du tronc.
En dépit de considérables avancées au
niveau de la compréhension des techniques des portés, des
levés et des soulevés athlétiques, l'incidence relative de
ces maniements de charge sur les douleurs et les blessures occasionnées
principalement au niveau lombaire n'a pas encore véritablement
diminuée Anderson et col. (1986).
Des expérimentations sur pièces anatomiques, ont
montré que des disques intervertébraux apparemment normaux
peuvent être endommagés si des forces de cisaillement importantes
s'ajoutent aux forces de compression (Adams & Hutton,1982 ; Brinckmann
& col. 1988 ; Terver, 1975) ; ceci peut se produire au cours d'un seul
soulevé, si la flexion du tronc est d'amplitude telle qu'elle provoque
une hyperflexion. Par contre une répétition du même
soulevé peut être envisageable si la flexion du tronc est
modérée et qu'elle n'excède pas les valeurs physiologiques
proches de 30° (Adams & Hutton 1982, Poumarat 1994, Vanneuville 1992).
Des études épidémiologiques ont montré une forte
corrélation entre des ports de charges lourdes, et les douleurs au
niveau lombaire (Anderson, 1986) surtout si les techniques d'exécution
sont mal maîtrisées. Il est nécessaire de mesurer et de
réguler les forces appliquées sur la colonne au cours de ports de
charges. Poumarat et col. (1989) ont d'ailleurs montré qu'au cours d'un
exercice de squat, les forces résultantes appliquées à
l'articulation du genou et du rachis lombaire, sont fortement
dépendantes des postures utilisées ; tout en restant dans «
les normes » de réalisation communément admises, le sujet
peut doubler les sollicitations imposées à ces articulations. En
effet les forces résultantes calculées varient de 4000 à
plus de 7000N, et représentent globalement 6 à 10 fois le poids
du sujet. De ce fait, une flexion maximale de la cheville de 70°, et un
buste relativement proche de la verticale soit environ 20 à 30°,
sont les impératifs à respecter pour pratiquer en
sécurité des exercices de squat. Malgré
5
une charge utilisée plus importante, l'exercice de 1/2
squat, correctement réalisé semble globalement moins
dangereux.
Poumarat et col (1994) ont également montré
qu'au cours d'un exercice de demi-squat, des mouvements de la colonne
vertébrale au niveau de T7 et S1 (20 à 50°) et au niveau de
L3 et L1 de l'ordre de 5 à 10°, peuvent se produire chez des
débutants. Chez des sujets entraînés le segment
thoraco-lombaire est relativement fixe durant le mouvement.
Il a été montré (Poumarat et col.1994)
que lors d'un port de charge de 50kg sur les épaules, il existe dans le
plan frontal une bonne stabilité du rachis malgré la charge. Les
variations angulaires pour les segments S1-L3 d'une part et S1-T7 d'autre part
n'excèdent pas 4°. Les inflexions latérales (gauche ou
droite) peuvent s'expliquer par la difficulté de centrer exactement la
charge sur les épaules, l'inflexion est globale aucun point d'inflexion
particulier n'a été relevé.
3.2 SQUAT & EMG :
L'augmentation de la force de contraction musculaire
dépend du recrutement de nouvelles unités motrices (recrutement
spatial) et de l'augmentation de la décharge des unités motrices
déjà actives (recrutement temporel). Au cours d'une contraction
volontaire mettant en jeu une seule articulation et sollicitant, pour un muscle
donné, une seule fonction, le recrutement spatial des unités
motrices se fait généralement selon un ordre bien précis
répondant au principe de taille, énoncé et mis en
évidence par Henneman. Tout acte moteur naturel, mouvement ou posture
comme le squat, requiert la participation d'un certain nombre de segments
corporels et des muscles qui les mobilisent. L'étude en est difficile,
du fait notamment que seul l'enregistrement des expressions
périphériques de l'activité motrice est possible chez
l'homme. L'utilisation de l'EMG de surface intervient dans ce contexte, elle
répond à un double objectif, d'une part identifier les muscles
actifs et déterminer l'intensité de leur niveau d'activation,
d'autre part tenter d'évaluer la force exercée par chaque muscle,
que la seule connaissance des variables biomécaniques ne permet pas de
déterminer.
L'allure de la relation entre EMGi et la force externe, va
dépendre du muscle considéré, elle exprime les
mécanismes de gradation de la force, l'augmentation de fréquence
des unités motrices et leur recrutement spatial ; elle va
également dépendre des facteurs techniques, de la position de
départ, de l'amplitude articulaire demandée, mais surtout de la
proportion des différents types de fibres dans le muscle
sollicité (Bouisset 1995). L'électromyographie de surface a
été utilisée pour apprécier l'impact des
changements posturaux sur l'activité musculaire. L'étude en
chaîne cinétique ouverte de Hanten & Schulties (1990) n'a
montré aucun changement significatif de l'activité du vaste
médial lors de la rotation médiale du tibia quand le genou est
positionné à 50° de flexion. Signorile (1995) a
trouvé que le vaste médial et le vaste latéral,
produisaient une activité électromyographique plus grande avec
les pieds tournés vers l'intérieur, qu'avec les pieds
tournés vers l'extérieur.
La charge utilisée dans l'exercice de squat influe
significativement sur les valeurs de l'EMGi (Lecampion 1976) Aucun changement
significatif du pattern d'activité du semimembraneux, du semitendineux
et du biceps fémoral, ne se produit au cours de l'évolution de la
flexion du genou pour un exercice de faible intensité à 25% du
poids corporel (Ninos et col.1997).
Le recrutement musculaire est significativement
différent suivant le degré d'expertise des sujets. Il
apparaît notamment que les sujets entraînés, contractent les
muscles dorso-lombaires pendant tout la durée de l'exercice avec
même une contraction anticipatrice alors que cela n'est pas le cas chez
les débutants (Lecampion 1976).
6
A notre connaissance il n'existe pas un corpus de
connaissances suffisant dans le domaine ; notamment en ce qui concerne la
relation charge à soulever-EMGi pour les différents muscles, ni
d'ailleurs dans la modification des patterns de recrutement.
3.3 SQUAT & COORDINATION :
En biomécanique le mot coordination désigne
« l'organisation temporelle des mouvements des segments corporels. La
coordination peut être représentée comme un continuum, les
extrêmes consistent en des mouvements séquentiels ou
simultanés. » Hudson, 1985.
Selon Bernstein, le principal problème dans
l'étude de la coordination du mouvement multi-articulaires peut
être formulé comme suit : « comment peut-on concevoir une
théorie de l'action humaine qui explique que les humains
exécutent des tâches motrices avec une grande
répétabilité, à la fois inter et
intra-individuelle, malgré le fait que le système d'action humain
contient un nombre de degrés de liberté neuraux, musculaires et
squelettiques très largement supérieur à celui requis par
la tâche à accomplir et son environnement » Soest, 1995.
Il existe de nombreuses controverses à propos de la
meilleure technique à adopter lorsque l'on considère le port de
charges sans que des données objectives soient données sur les
conditions de réalisation d'un exercice de soulevé. Soulever des
objets légers ou lourds implique une coordination particulière
telle que le contrôle de la trajectoire qui permet de minimiser le stress
au niveau des articulations, en mettant en jeu des muscles spécifiques,
dans un ordre précis. En général les études
définissent les techniques utilisées par les sujets en terme de
posture initiale et finale, sans considérer les changements qui peuvent
survenir en fonction des types de soulevés. Si des changements de
coordination se produisent en fonction de la technique employée, est-ce
qu'ils sont attribuables à des différences d'activation des
différents muscles mis en jeu, à des mouvements différents
des segments, à des effets mécaniques purs comme vaincre
l'inertie ? Ou est-ce qu'ils sont attribuables à des décalages
des phases d'activation des muscles ? De plus est-ce que ces changements de
coordination augmentent les contraintes sur le système
musculo-squelettique ?
Les changements de coordination au cours de soulevés
à charge croissante ont été étudiés, de
telles études (Anderson et col.,1986 ; Park et col.) n'ont
généralement pris en compte que la relation entre un seul segment
et la charge. Davis & col.(1965) ont reportés que lorsque la charge
augmente de 0 à 40Kg, il y avait une augmentation de la durée
d'extension du dos au cours du squat. Schipplein (1990) a montré que
chez des sujets qui choisissent leur propre mode d'exécution du squat,
il y avait un transfert de coordination du modèle du squat (ou leg lift)
vers un modèle de flexion du tronc (back lift ou stoop), lors d'une
augmentation de charge de 50 vers 250N. Aucune de ces études n'a
utilisé de mesure spécifique permettant de rendre compte de la
coordination intersegmentaire.
Burgess-Limerick & col. 1993 ont calculé la phase
relative de mouvement entre 2 articulations, en se basant sur la position et la
vitesse instantanée de chaque articulation. Ils ont montré une
augmentation du décalage de phase entre l'extension du genou et de la
hanche au cours de soulevés avec de faibles variations de charge. Dans
cette étude, les sujets choisissaient leur propre style de
soulevé ce qui implique une interprétation difficile des
changements de coordination.
Un des facteurs associé aux blessures localisées
au niveau lombaire, est l'action simultanée de muscles antagonistes
forts et faibles, l'association de muscles ischios-jambiers faibles et d'un
quadriceps puissant peut provoquer une desynchronisation des mouvements des
segments lombaire et pelvien.
7
4. MATÉRIEL & MÉTHODES
situations expérimentales
Conditions de charge
4 séries de 1/2 squat
Mesures
anthropométriques
Sans charge / 3reps
Sujet
100% / 10reps
120% / 10reps
75% / 3reps
50% / 3reps
Données cinématiques fournies par un
système optoélectronique d'analyse d'images 3-D (SAGA-3)
Forces musculaires mises en jeu dans le
mouvement étudié
Activité électromyographique (EMG) des
muscles appropriés, recueillie par un système
portable multivoies
Données cinétiques (torseur des F
externes) fournies par une plate- forme de force (AMTI)
Données
anthropométriques
Contraintes appliquées au rachis.
Exploitation de toutes les séries de données
dans un modèle théorique de calculs du torseur des forces
exercées par un segment corporel sur un segment sus-jacent
Données segmentaires publiées par de Leva (1996)
Paramètres d'inertie des différents segments du
membre inférieur
Forces et moments subies par les
différents segments du membre inférieur calculés
au niveau de la cheville, du genou et de la hanche
Variations angulaires des différents segments
corporels
4.1. ORGANISATION des DIFFERENTES ETAPES de
l'EXPERIMENTATION :
Quantification des contraintes musculaires et mécaniques
subies par les différentes structures ostéo-musculo-articulaires
lors d'un exercice de port de charge (1/2 squat)
|
Conclusion et recommandations pratiques
liées à la musculation avec charge additionnelle
8
4.2. POPULATION d'ETUDE
L'expérimentation porte sur une population de dix sujets
masculins volontaires, informés préalablement de
l'étude, et ne possédant aucun
antécédent pathologique. Les caractéristiques de la
population étudiée sont :
Age : 26,5ans +8,0
Taille : 179,3cm +1,8
Poids : 80,3kg +8,6
4.3. TACHE & SITUATION EXPERIMENTALE :
Il a été demandé de réaliser 5
séries consécutives de flexion de jambes à 90°
(squat). La technique d'exécution de cet exercice consiste dans un
premier temps, à fléchir les membres inférieurs en
abaissant le corps jusqu'à ce l'angle cuisse-jambe soit de 90°.
L'amplitude de la flexion est matérialisée par le contact des
muscles fessiers avec un support réglable en hauteur. Ensuite le sujet
doit revenir à la position verticale initiale par extension
complète des membres inférieurs.
On distingue donc 2 phases consécutives pour chaque cycle
de l'exercice
*Une phase descendante (phase d'abaissement) durant laquelle la
hauteur de la barre diminue. *Une phase ascendante (phase de
soulèvement) durant laquelle la hauteur de la barre augmente.
Afin de déterminer l'influence de la charge et des
répétitions, cinq situations expérimentales ont
été mises en
place :
* 3 répétitions sans charge (bâton
matérialisant la barre et permettant le positionnement des membres
supérieurs).
*3 répétitions avec une charge représentant
50% du poids corporel du sujet (PC).
*3 répétitions avec une charge représentant
70% du PC.
*10 répétitions avec une charge représentant
100% du PC.
*10 répétitions avec une charge représentant
120% du PC.
La cadence d'exécution de l'exercice est identique pour
tous les sujets, quelle que soit la répétition et la charge.
L'ordre d'exécution des séries est tiré au sort pour
chaque sujet.
Pour chaque situation expérimentale explorée le
sujet est placé dans un espace à trois dimensions, en position
debout, les pieds écartés à la largeur du bassin avec le
pied droit posé sur une plate-forme de force.
4.4. MATERIEL :
La détermination de l'évolution des flexions
angulaires au niveau au niveau du tronc et des différentes articulations
du membre inférieur, des forces développées et de
l'activité électrique des muscles mis en jeu lors d'un exercice
de squat à 90°, est réalisée grâce à une
chaîne d'acquisition composée de trois principaux
éléments pilotés et synchronisés à partir du
système SAGA-3.
4.5. CHAINE d'ACQUISITION :
Dans le cadre de ce mémoire nous présenterons
globalement la chaîne d'acquisition complète, sachant que nous
n'exploiterons qu'une partie des données cinématiques et
électromyographique.
4.5.1. Un système d'analyse d'images à 3-D
(SAGA-3) :
C'est un système optoélectronique d'analyse du
mouvement. L'acquisition des données est synchronisée avec celles
provenant de la plate-forme de force et de l'électromyographe. Toutes
les mesures sont effectuées par SAGA Measurement Station
(SAMS). Les images traitées par SAGA-3 sont obtenues à
l'aide de quatre caméras vidéo monochromes 50Hz. Les marqueurs
utilisés sont de forme sphérique, et recouverts d'un
matériau réfléchissant les rayons infrarouges. Ces
marqueurs sont au nombre de quatorze, dont dix d'entre eux sont collés
directement sur la peau, matérialisant les points anatomiques du membre
inférieur droit suivants : 2ème métatarsien,
5ème métatarsien, extrémité
postérieure du talon, malléole tibiale interne, malléole
externe, condyle tibial interne, condyle tibial externe, condyle fémoral
interne, condyle fémoral externe et grand trochanter. Les quatre autres
marqueurs sont placés au niveau de la 7ème
vertèbre cervicale (T7) du sacrum (S1), et des deux crêtes
iliaques.
4.5.2. Une plate-forme de force (AMTI) :
Dans toutes les situations expérimentales
explorées, le sujet est placé sur une plate-forme de force (AMTI)
à six composantes (Fx, Fy, Ez, Mx, My et Mz). Le signal de sortie de la
plate-forme est connecté à un convertisseur 12 bits à une
fréquence d'acquisition de 50Hz.
4.5.3. Une chaîne d'acquisition de
l'activité électromyographique (EMG) :
Afin de quantifier les forces musculaires mises en jeu lors du
mouvement squat à 90°, l'activité électrique des
muscles vastus lateralis (VL), vastus
medialis (VM), gastrocnemius (G)
et gluteus maximus (GM),est recueillie grâce
à des électrodes de surface de type (N-OO-S)
prégélifiées de diamètre 8mm. Pour chaque muscle,
deux électrodes actives (réception bipolaire) sont placées
sur la peau, sur le ventre du muscle, dans le sens des fibres et avec une
distance inter-électrode de 2cm. Une électrode de
référence (de masse) est également placée sur un
point osseux (patella). Pour l'obtention d'une résistance
électrode-tissu minimale la peau est rasée et nettoyée
avec de l'alcool. La fréquence d'échantillonnage est de 2048
Hz.
Les deux paramètres les plus utilisés pour
quantifier l'EMG de surface dans le domaine temporel sont l'EMG
intégré (EMGi) et la valeur RMS (Root Mean Square).
L'EMGi est défini comme la surface délimitée
par les variations de potentiel de l'EMG et la ligne isoélectrique
après redressement du signal. Son expression mathématique est
donc :
?
9
t0
C'est donc une quantité d'électricité,
parfois noté Q, que l'on mesure. L'unité est le mV.s.
L'intégration peut également s'effectuer sur des périodes
de temps T constantes (50 à 200 ms) et consécutives,
avec une remise à zéro entre chaque cycle. Pendant chacune de ces
périodes, on a :
La RMS est égal à la moyenne de la racine
carré du double de la somme des densités
élémentaires sur un seul des spectres de puissance obtenus par
analyse spectrale. La RMS a ainsi pour formule :
=
1/ T (( EMG )2.
dt ) ?
f
/2 J
1/ 2
i représente chaque classe de
fréquences, j et k sont les bornes respectivement
inférieure et supérieure de fréquence choisie, DSPi
est l'énergie contenue dans chaque classe.
Cependant, la valeur RMS est plus généralement
calculée, à un instant t pendant l'intervalle de temps
T écoulé à partir de la relation suivante :
RMS
?
?
?
t+T
/2
10
La RMS représente à peu près la
même entité que l'EMGi. C'est aussi la valeur efficace du signal.
Si l'on se base par exemple sur le modèle mathématique d'EMG de
surface proposé par De Luca (1985), la RMS et l'EMGi dépendent du
nombre et de la fréquence de décharge des unités motrices
ainsi que de la surface des potentiels des unités motrices. La RMS
dépend aussi du degré de synchronisation entre les
décharges, mais n'est pas sensible à certains
phénomènes d'annulation de signaux, dus à la superposition
des potentiels élémentaires ce qui n'est pas le cas de l'EMGi.
4.6. TRAITEMENT des DONNÉES :
Trois types de données sont recueillis à partir de
la chaîne d'acquisition mise en place.
Les signaux EMG bruts des muscles participants au mouvement,
recueillis grâce à l'électromyographie de surface, ont fait
l'objet d'un calcul de EMGi, de la valeur RMS, de FM et de MPF. Ces calculs
sont effectués à l'aide d'un logiciel spécifique
élaboré au laboratoire.
A partir des coordonnées spatiales des marqueurs
placés sur le membre inférieur droit et le tronc du sujet, nous
déterminons l'évolution angulaire et les vitesses angulaires
correspondants aux angles définis par les segments tronc, cuisse et
jambe avec l'horizontale. Ces calculs sont effectués à l'aide
d'un logiciel spécifique élaboré au laboratoire.
Les forces réaction au sol que nous ne présenterons
pas ici
11
4.7. ANALYSE BIOMECANIQUE :
4.7.1.Calcul de la force développée par
les muscles Erector Spinae :
Le système comprenant l'ensemble du corps situé
au-dessus du point articulaire (articulation L5S1) et la barre est en
équilibre (position statique en flexion). La distance entre
l'articulation de la hanche et L5S1 représente 19.2% de la longueur du
tronc, mesurée du grand trochanter à l'articulation
scapulo-humérale.
LA DÉTERMINATION DES MOMENTS DES FORCES RÉSULTANTS
AU NIVEAU DE L'ARTICULATION LOMBO-SACRÉE EN O, EN PHASE STATIQUE
(FLEXION À 90°) NOUS PERMET D'ÉCRIRE :
?M(F) = 0 ? (P x D) + (-M x d) = 0
P= ensemble composé par le poids du sujet situé au
dessus de L5S1 + poids de la barre. Exprimé en Newtons (N).
D= distance du centre d'inertie de l'ensemble
précédemment défini au centre articulaire, exprimé
en mètres (m)
d = distance entre la ligne d'insertion des muscles spinaux et
le centre articulaire de l'articulation lombo-sacrée, estimé
d'après la littérature à 0.05m.
M = force développée par les muscles Erector
Spinae.
En phase dynamique la somme des moments résultants
n'est plus égale à 0, il devient alors nécessaire de
déterminer les moments d'inertie qui entre en jeu.
4.7.2. Calcul de la force de réaction sur L5S1
:
Décomposition du poids P sur (OX, OF)
:
Px = P . Sin a Py = P . Cos a
Décomposition de la force
développée par les muscles Erector Spinae M sur (OX, OF) :
Mx = M . Sin ?
My = M . Cos ?
12
RÉSULTANTE DES FORCES AU NIVEAU DE L'ARTICULATION
LOMBO-SACRÉE (O) EN PHASE STATIQUE (FLEXION À 90°) :
P + M + FR = 0
En phase dynamique la résultante des forces devient
égale à m.F(G) (masse x accélération du centre de
gravité).
Px + Mx + FCi = 0 P.sina + M.cos? + FCi = 0
-Py + My + FCo = 0 -P.cosa + M.sin? + FCo = 0
Décomposition de la force de réaction
FR sur (OX, OY) :
FR résultante = FCo2 +
FCi2
FCi = - (P.sina + M.cos?) FCo = P.cosa -
M.sin?
4.7.3 Détermination des masses segmentaires :
d'après Winter Masse Membres Supérieurs = MMS= masse
sujet x 0.05 x 2
Masse Tronc = MT =masse sujet x 0.578
4.7.4 Détermination du centre de gravité
des segments :
CG tronc = CGT = longueur tronc x 0.66 x cos (f1/180)
CG barre = CGB = longueur tronc x cos (f1/180)
CG total = (MT x CGT + ( MMS +masse barre) x CGB) / (MT +MMS +
masse barre)
4.7.5 Détermination des vitesses angulaires
:
13
5. RÉSULTATS
Suite à notre expérimentation, nous avons obtenu
pour les dix sujets les enregistrements suivants au cours des 29
répétitions :
- coordonnées des marqueurs cutanés
- activité électromyographique de chaque muscle
- paramètres cinétiques
Afin d'affiner nos conclusions nous avons calculé
l'évolution des variations angulaires, de la valeur RMS, au cours de
cinq répétitions (1ère, 4ème,
7ème, 10ème, 20ème),
correspondant à la répétition initiale de chaque
série. Nous avons par ailleurs calculé les contraintes au niveau
lombo-sacré.
5.1 VARIATIONS ANGULAIRES :
Les variations angulaires maximales du tronc par rapport à
la verticale, de la cuisse et de la jambe par rapport à l'horizontale
ont été calculé pour chacune des 5
répétitions pour les dix sujets. Les résultats ont
été reportés sur la figure 1 en fonction de la charge
utilisée, correspondant au pourcentage du poids corporel.
Figure 1
45
40
50
35
30
25
20
0% 50% 75% 100% 120%
Charge (%
PC)
Tronc/Verticale Cuisse-Sol
Jambe-Sol
Afin de déterminer si l'évolution des variations
angulaires de chaque segment en fonction de la charge est significative, un
test d'analyse de variances ANOVA à un facteur a été
réalisé. Les résultats sont résumés dans le
tableau ci dessous :
|
Tronc
|
Cuisse
|
Jambe
|
F
|
0.3751
|
0.3465
|
0.5845
|
Seuil de
significativité
|
ns
|
ns
|
ns
|
14
5.2 EVOLUTION des VITESSES ANGULAIRES :
Les variations des vitesses angulaires instantanées
maximales du tronc, de la cuisse et de la jambe ont été
calculé pour chacune des 5 répétitions pour les dix
sujets. Les résultats ont été reportés sur la
figure 2 en fonction de la charge utilisée, correspondant au pourcentage
du poids corporel.
45
40
65
60
55
50
35
30
25
20
0% 50% 75% 100% 120%
Charge (%
PC)
Tronc Cuisse Jambe
Figure 2
Afin de déterminer si l'évolution des vitesses
angulaires de chaque segment en fonction de la charge est significative, un
test d'analyse de variances ANOVA à un facteur a été
réalisé. Les résultats sont résumés dans le
tableau ci dessous :
|
Tronc
|
Cuisse
|
Jambe
|
F
|
1.782
|
1.227
|
2.8
|
Seuil de
|
ns
|
ns
|
P< 0.05
|
significativité
|
|
|
*
|
5.3 EVOLUTION de la VALEUR RMS :
L'évolution de la valeur RMS a été
calculé pour chacune des 6 répétitions pour les dix
sujets, en fonction de la charge (figure 3).
15
Figure 3
5.4 EVOLUTION des CONTRAINTES au NIVEAU LOMBO-SACRE
:
Evolution des contraintes appliquées sur l'articulation
lombo-sacrée, en fonction de la charge (% du poids corporel) et de la
flexion du tronc (figures 4&5).
4000
9000
8000
7000
6000
5000
3000
2000
1000
0
% PC
F Cisaillement F Compression Flexion
Tronc
s0N.) (
( s
0% 50% 75% 100% 120%
29.5
29
28.5
28
27.5
27
26.5
26
25.5
25
24.5
Figure 4
4000
9000
8000
7000
6000
5000
3000
2000
1000
0
F Réactions max F Muscul. Max Flexion du
Tronc
0% 50% 75% 100% 120%
% PC
29.5
29
28.5
28
27.5
27
26.5
26
25.5
25
24.5
16
Figure 5
A fin de déterminer si l'évolution des
contraintes en fonction de la charge est significative, un test d'analyse de
variances ANOVA à un facteur a été réalisé.
Les résultats sont résumés dans le tableau ci dessous :
|
F compression
|
F cisaillement
|
F musculaire max
|
F
|
16.548
|
10.054
|
16.485
|
Seuil de
|
P< 0.001
|
P< 0.001
|
P< 0.001
|
significativité
|
***
|
***
|
***
|
17
6. INTERPRETATION & DISCUSSION
6.1. VARIATIONS ANGULAIRES :
L'évolution de la flexion du tronc par rapport à
la verticale, pour les dix sujets, au cours de la première
répétition de chaque série, reste proche de 30°, et
diminue en fonction de la charge ; parallèlement on note l'accentuation
de la flexion de la cuisse et de la jambe avec la charge. Cette observation
générale traduit la capacité des sujets à organiser
leur posture avec la charge, ce qui leur permet d'avoir une flexion du tronc
moins prononcée. Donc les sujets accentuent la flexion au niveau de la
cuisse et de la jambe, en sollicitant d'avantage les muscles moteurs des
membres inférieurs. Ceci peut être expliqué par le fait que
50% de la population avaient déjà pratiqué l'exercice de
squat, et que les 50% restants étaient sportifs. Cette observation est
à mettre en relation avec les conclusions tirées par Poumarat
(1994) ; qui a montré que lors d'un exercice de demi-squat les
mouvements de la colonne n'évoluent pas au-dessus de 30° de flexion
et restent relativement stables, pour des individus ayant déjà
pratiqué l'exercice de squat.
6.2. VARIATIONS de la VALEUR RMS :
L'observation faite précédemment est à
mettre en parallèle avec l'augmentation de la valeur RMS (en % de la
force maximale isométrique FMI) au niveau des différents muscles
en fonction de la charge. On peut en effet supposer que l'augmentation quasi
linéaire de l'activation du vaste latéral, du vaste
médial, et du gluteus maximus en fonction de la charge, permet de
stabiliser la posture et ainsi de limiter une flexion du tronc excessive. Cette
théorie est d'ailleurs avancée par Bouisset (1995), et tend
à montrer que l'activité physique, et en particulier celle qui
met en jeu des mouvements pluriarticulaires, engendre une meilleure
synchronisation et une meilleure activation des muscles qui interviennent dans
le mouvement. Pour le gastrocnémien qui permet l'extension de la
cheville, l'activation se stabilise à partir d'une charge
représentant 75% du poids corporel du sujet, ce qui laisse percevoir que
son action n'est pas déterminante lors d'un exercice de squat.
Nous avons noté par ailleurs, que le vaste
latéral et le vaste médial avait au cours de l'exercice de squat
un niveau d'activation élevé, représentant environ 40% de
leur activation maximales pour un exercice réalisé sans charge
additionnelle, ce pourcentage s'élevant aux alentours de 70% pour une
charge de 120% du PC. Cette observation confirme le rôle
prépondérant de ces muscles dans l'exécution d'un tel type
d'exercice. Le muscle gastrocnémien quant à lui, ne semble pas
particulièrement affecté par l'augmentation de charge.
L'activation du glutéus est loin d'être négligeable, elle
représente jusqu'à 50% de la valeur maximale enregistrée
en condition isométrique. Une attention particulière nous semble
devoir être apportée au renforcement de ce muscle car il participe
à l'extension de la cuisse sur le bassin et au positionnement en
rétroversion de ce dernier, de plus il a été montré
que la verticalisation du sacrum diminuait la lordose lombaire, et de ce fait
les contraintes de cisaillement. Dans le cadre d'une étude plus
complète sur les synchronisations musculaires, il serait
intéressant d'enregistrer également l'activité des muscles
érecteurs du rachis au niveau lombaire et thoracique.
6.3. VARIATIONS des VITESSES ANGULAIRES :
L'évolution des vitesses angulaires montre des vitesses
importantes pour la cuisse, qui sont supérieures à celles de la
jambe, elles-mêmes supérieures à celles du tronc ; ce qui
se traduit par une extension rapide de la cuisse, suivie par celle de la jambe
puis du tronc. Ceci peut être imputable à la typologie musculaire
de chacune de ces régions en effet, le tronc est composé de
muscles statiques de posture donc lents, la jambe est composée de
muscles lents et rapides, et la cuisse est composée de muscles rapides
(composée des muscles extenseurs du membre inférieur,
spécifiquement sollicités au cours du squat).
Les résultats bruts obtenus, font
référence aux vitesses angulaires maximales instantanées,
et devront faire l'objet d'observations plus complètes, afin de
déterminer si l'évolution des vitesses angulaires de chaque
segment tout au long du mouvement respecte les résultats obtenus au
niveau des vitesse angulaires maximales ; en particulier si la vitesse
d'extension du tronc reste toujours inférieure à celle des autres
segments corporels. Ces paramètres segmentaires devront également
être comparés à l'évolution de la vitesse angulaire
du centre de masse du sujet et de la barre. Cette approche peut s'avérer
particulièrement intéressante pour discriminer les mouvements
réalisés par des sujets experts et des sujets débutants
(Mc Laughlin et col. 1977). Un contrôle
18
insuffisant de la phase excentrique, s'accompagnant de
l'augmentation de la vitesse peut s'avérer un facteur aggravant des
contraintes, notamment celles de cisaillement pour l'articulation du genou.
6.4. EVOLUTIONS des CONTRAINTES au NIVEAU de
l'ARTICULATION LOMBO-SACREE :
On note une augmentation constante des forces de compression
et de cisaillement en fonction de la charge, ainsi que des forces musculaires
maximales développées par les muscles Erector Spinae pour
stabiliser le tronc, malgré une diminution de la flexion du tronc.
Même si les valeurs de ces forces peuvent paraître très
importantes (9000N), elles restent comparables à celles trouvées
par Poumarat et col en 1989 qui sont de l'ordre de 7000N. Il faut observer
qu'elles pourraient être encore plus élevées dans le cas
d'une flexion du tronc excessive, en particulier pour une charge de 120% du
poids corporel. Malgré tout, même si il faut retenir le rôle
primordial de l'inclinaison du buste, et corollairement du bras de levier des
masses déplacées (tête, cou, tronc, membres
supérieurs, barre), pour expliquer l'augmentation des forces de
compression et de cisaillement au niveau lombaire, il convient cependant de
noter que les forces calculées, peuvent être
surévaluées car il n'est pas tenu compte de la pression
intra-abdominale (Mairiaux et col 1984 ). Inversement, la prise en compte de
l'aspect cinématique lors de l'étude globale du mouvement peut
augmenter les forces en présence (Lander et col 1986).
En tout état de cause l'introduction de ces
paramètres dans le calcul ne modifie pas la hiérarchie des
valeurs. Dans cette étude nous avons considéré le tronc
comme un solide rigide, il serait intéressant de pouvoir
différencier les variations angulaires inter-segmentaires du rachis
lombaire, thoracique et cervicale. L'amplitude des variations des valeurs
angulaires observée au niveau du segment T12-L3 5 (Poumarat et col.
1994) nous incite à penser que ces paramètres peuvent servir
d'indicateur dans la définition du niveau d'expertise des sujets. Ceci
est particulièrement intéressant pour conduire un apprentissage
du mouvement qui n'aurait pas pour seul critère d'évaluer la
performance, mais également le respect des postures garantissant une
intégrité des différents éléments
rachidien.
19
7. CONCLUSION & PERSPECTIVES
7.1 CONCLUSION
Cette étude menée sur 10 sujets masculins, nous a
donc permis de mettre en évidence certains phénomènes :
Une flexion du tronc qui reste proche de 30° malgré
une évolution de la charge de 0 à 120% du poids de corps donc
proche des valeurs physiologiques acceptables rencontrées dans la
littérature, qui nous permet de conclure au respect du rachis
lombo-sacré, pourtant largement sollicité lors de cet exercice,
et source de douleurs chez de nombreux sujets.
Une activité électromyographique croissante, donc
une sollicitation croissante des muscles avec l'augmentation de la charge.
Une évolution des différentes vitesses angulaires
maximales, qui respecte la typologie musculaire.
Une évolution des contraintes au niveau de l'articulation
lombo-sacrée acceptable, si l'on considère que les pressions
intra-abdominales n'ont pas été prises en compte.
Il faut considérer que les charges utilisées, qui
atteignent au maximum 120% du poids corporel, restent malgré tout
insuffisantes pour des sujets sportifs (qui ont une activité musculaire
quotidienne) capables d'organiser leur motricité, et à fortiori
pour des athlètes pratiquant cet exercice. On peut en effet supposer
qu'une charge plus importante engendrerait des changements significatifs dans
le sens d'une augmentation, aussi bien au niveau de la flexion du tronc, que de
l'activité EMG. Par contre les vitesses angulaires pourraient diminuer
de manière concomitante.
7.2 PERSPECTIVES
Les résultats obtenus lors de cette étude, restent
à approfondir avec un nombre de sujets plus important, qui nous
permettra de constater ou non des différences significatives entre des
sujets experts et des sujets non-experts pour une charge allant de 0 à
120% du poids corporel.
Ces résultats, vont nous permettre d'orienter notre
travail vers une étude plus complète du mouvement et ainsi de
déterminer :
La vitesse et l'accélération du centre de masse du
sujet (annexe 1)
La synchronisation musculaire et décalage de phase entre
les segments
Les contraintes articulaires au niveau lombo-sacré et sur
les articulations du membre inférieur, pendant la phase dynamique.
A terme l'objectif sera d'élaborer une certaine expertise
du mouvement, en comparant des sujets experts avec des non-experts, ce qui
permettra de mettre en évidence les paramètres propres à
une réalisation adéquate du mouvement, aussi bien en terme de
coordination motrice, qu'en terme de respect des structures
ostéo-articulaires.
20
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23
EVOLUTION des PARAMETRES CINETIQUES et CINEMATIQUES lors
d'un EXERCICE de FLEXION-EXTENSION du MEMBRE INFERIEUR.
MAITRE S.*, POUMARAT G.*, VANNEUVILLE G.**, CHANDEZON R.*, TERVER
S.**
* Laboratoire de Performance Motrice, Universite Blaise Pasal
** Laboratoire d'Anatomie, Faculté de Médecine, Université
d'Auvergne - Clermont-Ferrand
INTRODUCTION :
Le squat fait partie de la famille des exercices « à
chaîne cinétique ouverte », qui avec ou sans charge
additionnelle, permettent de réduire les risques d'entorses, de
déchirures et autres blessures ; ils sont également
préconisés et utilisés dans le secteur médical et
paramédical, ils constituent une part importante des programmes
de rééducation de l'articulation du genou et des
muscles de la cuisse, notamment dans le cadre des ligamentoplasties (Stone,
1982).
Au cours d'un exercice de squat, les forces résultantes
appliquées à l'articulation du genou et du rachis lombaire, sont
fortement dépendantes des postures utilisées ; tout en restant
dans « les normes » de réalisation communément admises,
le sujet peut doubler les sollicitations imposées à ces
articulations. En effet les forces résultantes calculées varient
de 4000 à plus de 7000N, et représentent globalement 6 à
10 fois le poids du sujet.
De ce fait, une flexion maximale de la cheville de 70°, et
un buste relativement proche de la verticale soit environ 20 à
30°, sont les impératifs à respecter pour pratiquer en
sécurité des exercices de squat Poumarat et
col. (1989).
L'objectif de cette étude, est de rendre compte de
l'évolution des différents paramètres cinétiques et
cinématiques, lors d'un exercice de squat.
MATERIEL & METHODE :
L'étude porte sur 10 sujets masculins sans
antécédent pathologique, préalablement informés de
l'expérimentation (âge : 26,5ans +8,0 taille : 179,3cm +1,8 poids
: 80,3kg +8,6). Chaque sujet préalablement pesé, devait
réaliser 3 séries de 3 répétitions avec
respectivement 0%, 50% et 75% de son poids corporel (PC),suivies de 2
séries de 10 répétitions à 100% et 120% de son PC,
d'un exercice de squat à 90°.
La détermination des différents
paramètres, est réalisée grâce à une
chaîne d'acquisition composée de trois principaux
éléments pilotés et synchronisés à partir du
système SAGA-3. Un système optoélectronique d'analyse du
mouvement en 3 dimensions (SAGA-3) utilisé pour analyser les
données cinématiques, et pour déterminer les variations
angulaires du tronc, de la hanche et de la jambe (système composé
d'un ensemble de 4 caméras CCD 50Hz). Une plate-forme (AMTI / 50Hz).
L'activité éléctromyographique des muscles vastus
latéralis (VL), vaste medialis (VM), Gluteus Maximus (GM), et
gastrocnemius (G) et obtenue à partir d'une chaîne d'acquisition
EMG (2048Hz).
RESULTATS :
Les résultats ont été établis
à partir de la première répétition de chaque
série.
L'évolution des variations angulaires montre une
diminution de la flexion du tronc (de 30 à 27°) par rapport
à la verticale, et une augmentation de la flexion de la cuisse et de la
jambe par rapport à l'horizontale, en fonction de la charge.
L'évolution des vitesses angulaires de ces mêmes
segments, montre des vitesses élevées pour la cuisse, moyenne
pour la jambe et faible pour le tronc.
Les pourcentages de la valeur RMS (en % de la FMVI) augmentent
pour les muscles VL, VM, GM en fonction de la charge ; l'activité du G
n'évolue plus à partir de 75%PC.
Les forces de compression et de cisaillement augmentent en
fonction de la charge et de la flexion du tronc. Le même
phénomène est observé pour la force musculaire maximale
développée par les muscles erector spinae pour stabiliser le
tronc.
CONCLUSION :
L'hyperflexion du tronc est un indicateur d'un manque de
technique, et/ou de coordination neuro-musculaire et/ou d'un manque de force
musculaire au niveau des différents muscles impliqués dans le
mouvement de squat. Ces paramètres affectent l'exécution correcte
du mouvement surtout pour des charges élevées. Les
résultats de notre étude n'ont pas montré d'hyperflexion,
mais une flexion physiologiquement acceptable de 30°.
Les phénomènes observés peuvent
s'expliquer par le fait que la population est constituée de sujets
sportifs, capables d'activer et de synchroniser spécifiquement les
muscles moteurs du membre inférieur, ce qui leur permet de limiter les
la flexion du tronc et ainsi de limiter les contraintes au niveau de
l'articulation lombo-sacrée.
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