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Le français comme langue véhiculaire chez les étudiants étrangers subsahariens: cas des résidences de l'université Salah Boubnider Constantine Ipar Moustapha Badamassi Sarkin Sada Université frères Mentouri Constantine I - Master 2021 |
V.2 La représentation linguistiqueIl est a noté que l'usage du terme représentation en sociolinguistique est un emprunt aux sciences humaines (géographie, histoire, psychologie sociale) apparu pour la première fois au début du XXème siècle. Les sciences humaines qui d'ailleurs elles-mêmes le tiennent du vocabulaire de la philosophie. Là, il désigne une forme courante (et non savante) de connaissances, socialement partagée, qui contribue à une vision de la réalité commune a des ensembles sociaux et culturels.16 En effet les représentions peuvent être linguistiques, représentation de l'étranger, représentation de la culture étrangère ou même celle des langues en contact. Les jugements sur la langue ou sur les langues appartiennent au domaine des représentations ou des phénomènes épi- linguistiques. Les représentations regroupent les attitudes, les perceptions et les opinions linguistiques. L'origine des représentations en tant que croyances collectives partagées par la communauté linguistique remontent aux années 1950.17 Pour HENRI BOYER la représentation est : « un ensemble de systèmes d'interprétations régissant notre relation au monde et aux autres, donc à la langue, à ses usages et aux usagers de la communauté linguistiques ». Celui-ci conçoit les représentations comme : « l'ensemble des images que les locuteurs associent au monde qu'ils pratiquent, qu'il s'agisse de valeurs, d'esthétique ce sentiment normatif plus largement métalinguistique. Elles permettent de sortir de l'opposition radicale entre le réel, les faits objectifs dégagés par la description linguistique, et l'idéologie ».18 P.BOURDIEU quant à lui considère qu'il faut : « inclure dans le réel la représentation du réel, ou plus exactement la lutte des représentations, au sens d'images mentales, mais aussi de manifestations sociales destinées à manipuler les images mentales ». Pour lui la langue, le dialecte ou l'accent, réalités linguistiques, sont l'objet de représentations mentales, c'est-à-dire d'actes de perception et d'appréciation, de connaissance et de reconnaissance ou les agents montrent leurs intérêts et leurs présupposés.19 16. MOREAU, M-L, 1997, Sociolinguistique concepts de base, MARDAGA, P.246. 17 T.T ; « Le pouvoir des représentations. », (Page consultée le 23/05/2021), Le pouvoir des représentations | art, langage, apprentissage ( hypotheses.org). 18 BOYER H, (p79), dans CHERINGUEN F, les enjeux de la nomination des langues de l'Algérie contemporaine, l'Harmattan, Paris, 2007, (19). 19 BOYER H, 2001, Introduction à la sociolinguistique, Dunod, Paris, P.42. Chapitre I Aspect théorique 30 Nous citons aussi CALVET qui relie la notion de représentation à celle de l'insécurité linguistique. Il affirme donc à ce sujet que : « du côté des représentations se trouve la façon dont les locuteurs pensent les pratiques, comment ils se situent par rapport aux autres locuteurs, et aux autres pratiques, comment ils situent leurs langues par rapport aux autres langues »20. Ce dernier souligne aussi que les représentations déterminent : ? Des jugements sur les langues et la façon de les parler, jugement qui souvent se répandent sous forme de stéréotypes. ? Des attitudes face aux langues, aux accents, c'est-à-dire face aux locuteurs que les stéréotypes discriminent. ? Des conduites linguistiques tendant à mettre la langue du locuteur en accord avec ses jugements et ses attitudes. |
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