![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs1.png)
MEMOIRE
MASTER 2
Politiques Territoriales du Développement Durable
Faculté de Géographie et d'Aménagement
Université du Maine - LE MANS
Septembre
2013
GESTION DE LA POLLUTION AZOTEE DE LA RESSOURCE EN EAU EN
MILIEU AGRICOLE
Influence des dispositifs agri-environnementaux
territorialisés dans le bassin versant de la Seille
Raport réalisé par BOURGUE Roain Rapport
réalisé par BOURGUE Romain
ousSous la la Direction Direction de de . M.
François François LAURENTLAURENT
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs2.png)
« Toute politique a deux faces,
l'une tournée vers la nature, l'autre vers la
société »
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs3.png)
Edgard Morin, sociologue
Un octogénaire plantait Passe encore de bâtir,
mais planter à cet âge !
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs4.png)
Disaient trois jouvenceaux, enfants du voisinage,
Assurément il radotait.
Car au nom des Dieux, je vous prie,
Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ? Autant qu'un
patriarche il vous faudrait vieillir.
A quoi bon charger votre vie Des soins d'un avenir qui n'est
pas fait pour vous ?
... Mes arrières neveux me devront cet
ombrage...
Jean de La Fontaine
« Aucun problème ne peut être résolu
sans changer l'état d'esprit qui l'a engendré »
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs5.png)
Conseil National du Développement Durable
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable Faculté de Géographie et d'Aménagement de
l'Université du Maine - Le Mans
La Seille, gestion de la
ressource en eau et
pollution agricole
Influence des dispositifs agri-environnementaux
territorialisés dans le bassin versant de la Seille
ROMAIN
01/09/2013
Sous la direction de M. François Laurent et de Mme
Jeannine CORBONNOIS
INTRODUCTION 1
PARTIE 1 : ETAT DES LIEUX DE LA RELATION EAU-AGRICULTURE EN
FRANCE 3
1.
|
|
Evolution de l'agriculture en France
|
3
|
|
1.
|
Intensification des pratiques agricoles
|
3
|
|
2.
|
Eléments de contexte de la relation Agriculture -
Pollution de l'eau
|
4
|
2.
|
|
Ampleur de la pollution agricole
|
5
|
|
1.
|
L'azote d'origine agricole
|
5
|
|
2.
|
Le phosphore d'origine agricole
|
8
|
|
3.
|
Les produits phytosanitaires
|
9
|
3.
|
|
Dispositifs d'amélioration de la qualité de
l'eau
|
9
|
|
1.
|
Dispositifs juridiques et économiques
|
9
|
|
|
La législation européenne
|
9
|
|
|
La législation française
|
10
|
|
|
Les réformes successives de la PAC
|
11
|
|
2.
|
Techniques agro-environnementales
|
12
|
|
|
La couverture permanente des sols
|
12
|
|
|
La réimplantation des haies arbustives
|
13
|
|
|
L'implantation de bandes enherbées
|
13
|
|
|
La préservation des zones humides
|
14
|
|
|
La priorisation des prairies
|
14
|
|
|
Les méthodes d'apport des intrants
|
14
|
|
3.
|
Programmes d'action territoriaux
|
15
|
|
|
L'évolution des contrats agri-environnementaux
|
15
|
|
|
Les contrats de maitrise des pollutions agricoles
|
17
|
|
|
Les opérations non-contractuelles
|
17
|
DEUXIEME PARTIE : ETAT DES LIEUX DE LA RELATION EAU - AGRICULTURE
SUR
LE BASSIN VERSANT DE LA SEILLE
1. Présentation du territoire d'étude
|
19
19
|
|
1.
|
Situation géographique
|
19
|
|
2.
|
Patrimoine naturel
|
20
|
|
3.
|
Activités anthropiques
|
21
|
|
|
Démographie
|
21
|
|
|
L'exploitation historique du sel
|
21
|
|
|
Les aménagements hydrauliques
|
22
|
|
|
Industries et autres activités
|
24
|
|
4.
|
Données hydrologiques
|
26
|
|
|
Les extrêmes hydrologiques : les crues
|
26
|
|
|
Les extrêmes hydrologiques : l'étiage
|
27
|
|
5.
|
Observations de terrain et qualité paysagère
|
27
|
2.
|
|
Activité agricole sur le bassin versant de la
Seille
|
29
|
|
1.
|
Caractéristiques et spécificités de
l'agriculture
|
29
|
|
2.
|
Dispositifs agri-environnementaux territoriaux
|
32
|
|
Contrats de maitrise des pollutions agricoles 32
Mesures agri-environnementales territorialisées 34
L'opération Agri-Mieux « AQUAE SEILLE » :
contenus du dispositif 35
L'opération Agri-Mieux « AQUAE SEILLE » :
premiers résultats 36
La renaturation de la Seille 39
3. La zone NATURA 2000 « Vallée de la Seille » :
exemple d'une gestion agri-environnementale
territorialisée 40
Localisation du site 40
Occupation des sols et activités agricoles 41
Dispositifs agri-environnementaux et mesures de conservation
42
Impact sur les prairies Natura 2000 45
PARTIE 3 : EVOLUTION DE LA QUALITE DE L'EAU SUR LE
BASSIN VERSANT DE LA
SEILLE 47
1.
|
|
Prémices de l'étude
|
47
|
|
1.
|
Qualité de la rivière Seille
|
47
|
|
2.
|
Intérêt de l'étude
|
48
|
2.
|
|
Méthodologie
|
48
|
|
1.
|
Choix des stations de prélèvement
|
48
|
|
2.
|
Obtention et traitement des données
|
49
|
|
3.
|
|
Evolution des teneurs en ammonium sur le bassin versant
de la Seille
|
51
|
|
1.
|
Evolution des teneurs en ammonium sur la Seille
|
51
|
|
|
Graphique
|
51
|
|
|
Interprétation
|
53
|
|
2.
|
Evolution des teneurs en ammonium par zone
|
54
|
|
|
Le secteur amont : Mulcey et Haboudange
|
54
|
|
|
La petite Seille : Salonnes et Haboudange
|
55
|
|
|
Le secteur médian : Nomeny et Chambrey
|
56
|
|
|
Le secteur aval : Metz et Cheminot
|
56
|
|
|
La zone Natura 2000 : Mulcey et Salonnes
|
57
|
4.
|
|
Evolution des teneurs en nitrate sur le bassin versant de
la Seille
|
58
|
|
1.
|
Evolution des teneurs en nitrate sur la Seille
|
58
|
|
|
Graphique
|
58
|
|
|
Interprétation
|
60
|
|
2.
|
Evolution des teneurs en nitrate par zone
|
61
|
|
|
Le secteur amont : Mulcey et Haboudange
|
61
|
|
|
La petite Seille : Salonnes et Haboudange
|
62
|
|
|
Le secteur médian : Nomeny et Chambrey
|
62
|
|
|
Le secteur aval : Metz et Cheminot
|
63
|
PARTIE 4 : PERSPECTIVES D'EVOLUTION DES DISPOSITIFS
AGRI-ENVIRONNEMENTAUX : ADAPTATION TERRITORIALE ET GESTION DE LA
POLLUTION AZOTEE. 65
1. Adhésion des agriculteurs aux dispositifs
agri-environnementaux 65
|
1.
2.
|
Facteurs d'échec
La perception des dispositifs agri-environnementaux et des
gestionnaires
La perception des pratiques agricoles et de l'environnement
Facteurs d'adhésion
|
65
66
66
67
|
|
3.
|
Le cas des stratégies d'adaptation
|
68
|
2.
|
|
Perspectives d'évolution des mesures pour une
efficacité accrue
|
68
|
|
1.
|
Amélioration des pratiques agricoles
|
68
|
|
2.
|
Evolution des relations entre acteurs
|
70
|
|
3.
|
Vers la coordination et l'adaptation territoriale
|
70
|
|
|
|
La coordination des mesures agri-environnementales
|
70
|
|
|
L'adaptation des politiques agri-environnementales aux enjeux
territoriaux
|
71
|
3.
|
|
Vers le développement d'une MAEt «
Systèmes de culture économes en intrants » ?
|
72
|
CONCLUSION 75
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ABREVIATIONS TABLES DES FIGURES LISTE DES
TABLEAUX LISTE DES PHOTOGRAPHIES TABLES DES ANNEXES ANNEXES I A III
Introduction La Seille : Gestion de la ressource en eau et
pollution agricole
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 1
Introduction
L'intensification des pratiques agricoles au cours des
dernières décennies n'a pas été sans impact sur
l'environnement. S'inscrivant en premier lieu dans un contexte de
progrès technique, la volonté d'accroitre la production a fait
glisser le secteur agricole dans un contexte dominé par les pratiques
peu favorables à l'environnement. Le travail excessif du sol, la
transformation du couvert végétal, mais surtout la montée
en puissance du recours à l'agrochimie par l'apport d'engrais
azotés d'origine minérale et organique a notamment
dégradé la qualité et la dynamique des cours d'eau en
milieu agricole.
Dès les années 1990, sous la pression
sociétale induite par la prise de conscience générale des
liens qui unissent l'intensification agricole et la dégradation de la
ressource, les pouvoirs publics mettent en place un cadre législatif et
des dispositifs contractuels en faveur de la limitation des impacts
négatifs des pratiques professionnelles sur l'eau.
Les politiques publique risquent cependant de ne pas
être suffisantes pour atteindre les objectifs de bonne qualité des
eaux fixés par la Directive Cadre sur l'Eau à l'horizon 2015, et
ce pour différentes raisons : l'incohérence de la volonté
de normaliser des pratiques agricoles complexes et
hétérogènes par des normes nationales, l'absence de
mesures réellement adaptées aux enjeux et aux
spécificités territoriales et la non-adhésion majoritaire
des exploitants à des mesures agri-environnementales dans lesquelles ils
n'ont pas confiance.
Ces raisons ont été le moteur de l'adaptation
des programmes agri-environnementaux conduite ces dernières
années au sein des bassins versants.
La présente étude met en relief
l'évolution des dispositifs agri-environnementaux proposée par
les gestionnaires d'un territoire du bassin Rhin-Meuse au Nord-Est de la France
: le bassin versant de la Seille. Elle vise à mettre en évidence
les liens qui unissent les caractéristiques des mesures
agri-environnementales proposées avec les pratiques et les composantes
socio-économiques du secteur agricole, ainsi que leur impact sur
l'évolution de la pollution azotée de la Seille depuis les
années 1990.
Dans un premier temps, nous allons dresser la chronologie de
l'intensification des pratiques agricoles et identifier le panel de politiques
publiques mises en oeuvre pour en contrôler les impacts
environnementaux.
Dans la partie suivante, il conviendra de présenter le
bassin versant de la Seille, territoire de notre étude, sur lequel un
processus de zoom permettra d'en appréhender les composantes majeures
ainsi que la démarche mise en oeuvre par les gestionnaires pour
l'adaptation locale des mesures agri-environnementales.
Dans un troisième temps, l'analyse des teneurs en
ammonium et en nitrate dans différents secteurs du bassin versant
permettra de souligner l'influence insuffisante des politiques publiques sur la
réduction de la pollution azotée d'origine agricole.
Enfin, ces données, couplées à
l'enquête de terrain, devraient nous permettre d'envisager les axes de
satisfaction et les facteurs clés de l'échec relatif des mesures
agri-environnementales pour l'amélioration de la qualité de
l'eau. L'objectif étant de présenter des éléments
de réponse : Comment élaborer un programme agri-environnemental
à la fois adapté aux spécificités territoriales et
coordonnable à l'échelle d'un bassin versant dans la recherche
d'une influence optimale sur l'évolution de la
qualité de l'eau ?
Introduction La Seille : Gestion de la ressource en eau et
pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs6.png)
2
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 3
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Partie 1 : Etat des lieux de la relation Eau-
Agriculture en France
1. Evolution de l'agriculture en France
1. Intensification des pratiques agricoles
Portée par la Politique Agricole Commune de 1958,
l'agriculture française a connu une intensification sans
précédent s'inscrivant dans les nouveaux enjeux de la seconde
moitié du XXème siècle. Parfois qualifié
de « révolution agricole », ce processus a profondément
modifié les pratiques agriculturales françaises : rendement,
taille et fonctionnement des exploitations, mais aussi hausse des pressions sur
l'environnement. L'évolution des techniques agriculturales -
appuyée par la mécanisation des exploitations, le
développement de l'irrigation et le recours à des substances
phytosanitaires et intrants de synthèse - a permis d'augmenter la
productivité de manière considérable. Les rendements en
blé ont ainsi été
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs7.png)
Figure N°1 : Evolution des rendements annuels
français moyens (source Agreste)
quintuplés et la surface de travail de chaque
agriculteur décuplée. Cette évolution s'est
accompagnée de deux mutations majeures du
monde agricole : la spécialisation des exploitations et
des territoires ruraux d'une
part, et l'aggravation de la vulnérabilité
des
paysages ruraux aux activités anthropiques. La
spécialisation des exploitations a permis
d'accroitre la productivité et s'est faite au
détriment du système « polyculture-élevage »
plus « traditionnel ». Ce dernier offrait un équilibre entre
le nourrissage du cheptel par le fourrage produit sur l'exploitation et la
fertilisation de ses parcelles par les déjections animales produites. Ce
système rompu, certains espaces ruraux se sont orientés vers
l'élevage intensif avec des densités de cheptel permises par
l'achat de fourrage supplémentaire, mais saturant le sol en
déjections animales soumises au lessivage. D'autres se sont
tournés vers la céréaliculture, consommatrice d'eau et
d'intrants de synthèse à leur tour lessivables.
La vulnérabilité des milieux aquatiques et
terrestres aux perturbations d'origine anthropique trouve son origine dans
l'évolution des systèmes de production dont découle la
modification des paysages ruraux. A titre d'exemple, la spécialisation
des exploitations en grandes cultures entraine des rotations plus courtes qui
favorisent l'invasion par les plantes adventices et incitent à la lutte
chimique par les pesticides. De même, la raréfaction progressive
des prairies au profit des cultures fourragères implique une absence de
couvert végétal en hiver qui favorise l'écoulement, le
lessivage des intrants et l'érosion des sols. A plus grande
échelle, les opérations foncières de remembrement du
parcellaire agricole initiées par les pouvoirs publics
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 4
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
dans les années 1960 et poursuivies jusqu'en 1980 ont
participé à l'intensification de l'agriculture. En favorisant la
mécanisation sur de très grandes parcelles, cette politique a
bouleversé les paysages agricoles par l'arrachage de nombreuses haies,
le recul des prairies et des zones humides, et l'enterrement des cours d'eau
(jusqu'à 30% de perte de linéaire d'un affluent de la Moselle en
40ans par exemple). Ces éléments paysagers constituent autant de
milieux de rétention qui font obstacle aux flux de polluants vers les
cours d'eau. L'imperméabilisation croissante des sols, le curage des
fossés et l'augmentation des taux de drainage dans les bassins versants
constituent à l'inverse des « corridors de transfert des polluants
».
En ce sens, l'évolution de l'agriculture
française est intimement liée à l'évolution de la
qualité de l'eau. Avec 14 % des volumes d'eau douce
prélevés en 2001 et 1,9 millions d'hectares irrigués en
2000, le secteur agricole est un utilisateur peu performant, peu efficace et
hautement subventionné de cette ressource.
2. Eléments de contexte de la relation Agriculture -
Pollution de l'eau
Outre une pression environnementale accrue par le recours
massif aux fertilisants azotés et la facilitation de leur transfert vers
les cours d'eau, l'intensification de l'agriculture n'a pas été
sans conséquences sociales et économiques sur la filière
et les choix stratégiques des agriculteurs pour leurs exploitations.
Une contrainte majeure réside dans le fait que
l'agriculteur doit pouvoir vivre de son activité, c'est-à-dire
optimiser sa production par la gestion d'un ensemble de facteurs complexes et
aléatoires en interaction, tout en diminuant ses charges et ses
coûts d'exploitation. Le contexte économique incite l'agriculteur
à raisonner en termes de marges. Dans ce schéma, le recours aux
intrants trouve une certaine légitimité. Il rend le
système de production moins complexe et moins aléatoire pour
l'exploitant, qui trouve un intérêt à rationaliser ses
achats d'intrants face à la variabilité des prix de vente du
marché. Un système entretenu, d'une certaine façon, par
une forme de lobbying des firmes phytosanitaires.
L'interdépendance entre les consommateurs - urbains
pour la plupart et guidés principalement par le prix des biens de
consommation - et les agriculteurs soucieux de la rentabilité de leur
exploitation, est déséquilibrée par les nombreux
intermédiaires qui s'interposent en effectuant des marges à
l'achat et à la revente des produits. Le pouvoir grandissant de la
grande distribution, mais aussi des consommateurs dans l'orientation du
marché vers l'essor de produits respectueux de l'environnement, n'est
pas encore assez fort pour orienter définitivement et à grande
échelle les agriculteurs dans leurs pratiques.
Les choix des exploitants sont régis par les politiques
publiques et les incitations financières qu'elles induisent. Les
conditions d'attribution des primes dans le cadre de la PAC déterminent
souvent les choix culturaux, comme en témoigne la réforme de la
PAC 1992 : dans certains départements, le montant des primes de l'Etat
pouvait atteindre 200 €/ha pour du maïs irrigué au
détriment du maïs non irrigué. L'association du gain de
productivité et des montants des primes a eu pour conséquence
l'équipement massif des exploitations en matériel d'irrigation.
Jusqu'au verdissement de la PAC en 2003 et la suppression des aides
spécifiques, l'incitation à l'irrigation, et donc indirectement
au transfert des polluants vers les cours d'eau, était financière
et publique.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 5
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
D'autre part, l'exploitant est souvent confronté
à la complexité du système administratif français.
La multiplicité des interlocuteurs rend toute démarche
particulièrement lente. Pour de nombreux agriculteurs, il est ainsi plus
simple d'obtenir les subventions de la PAC que d'obtenir des aides
environnementales dont l'accès manque d'ergonomie administrative. Enfin,
la superposition des politiques nationales et communautaires peut laisser
l'exploitant perplexe dans sa gestion. Ce système constitue un frein
à la mise en place d'actions en faveur de l'amélioration de la
qualité de l'eau en milieu agricole, en particulier pour les mesures
fondées sur le volontariat des agriculteurs.
2. Ampleur de la pollution agricole
La pollution peut-être définie comme « une
altération du milieu naturel liée à l'activité
humaine au travers d'effets directs ou indirects » (Ramade, 1993) ou plus
précisément comme « l'introduction directe ou indirecte, par
l'activité humaine de substances [...] dans l'air, l'eau ou le sol,
susceptibles de porter atteinte à la santé humaine ou à la
qualité de l'environnement, d'entrainer des détériorations
des biens matériels, une détérioration ou une entrave de
l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations
légitimes de ce dernier » (Directive 96/61 de l'UE, 1996)
Suite à l'amélioration des niveaux de pollution
issus des rejets industriels et urbains, la filière agricole est devenue
la première cause de dégradation des eaux en France. Bien que les
pollutions ponctuelles aient pu être solutionnées par les
investissements européens en termes de mise aux normes des
bâtiments d'exploitation, les efforts entrepris pour la maitrise des
pollutions diffuses d'origine agricole sont restés insuffisants. 50
à 75% des eaux de surface et souterraines seraient fortement
dégradées par la pollution du secteur agricole (MNHN, 2005),
faisant courir au territoire français le risque de ne pas atteindre le
bon état écologique des masses d'eau requis par la Directive
Cadre sur l'Eau 2015. Les pollutions diffuses constituent, par
définition, un problème transversal et épineux pour
différentes raisons. Concernant des espaces importants et
imprécis, elles sont difficiles à identifier et donc à
gérer. Les pratiques agricoles de nombreux acteurs à
l'échelle d'un bassin versant peuvent être impliquées dans
ce type de pollution, rendant laborieuse l'identification des causes.
1. L'azote d'origine agricole
L'azote peut provenir de rejets urbains et industriels, mais
sa présence dans les masses d'eau résulte majoritairement de la
généralisation de son usage pour le maintien des rendements
agricoles, sa présence naturelle étant indispensable à la
croissance des végétaux. Toxique pour les organismes aquatiques
et puissant eutrophisant, sa toxicité pour l'homme reste discutée
à ce jour.
L'azote se trouve sous différentes formes dans le sol
:
- D'origine minérale lorsqu'il est en phase aqueuse ou
adsorbée. C'est une forme soluble donc hautement lessivable qui
représente 2 à 4% de l'azote total du sol. On y trouve les
Nitrates (NO3 -), les nitrites (NO2 -) et l'ion ammonium (NTT4 +)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 6
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
- D'origine organique lorsqu'il est intégré aux
organismes vivants et dans la matière organique du sol. Cette forme qui
migre peu dans le milieu constitue l'essentiel de l'azote contenu dans le
sol.
A noter que des échanges s'opèrent entre ces deux
formes de l'azote :
- L'azote minéral peut être adsorbé puis
intégré aux tissus vivants pour se convertir en azote
organique.
- L'azote organique peut être minéralisé
en azote lessivable lors de la décomposition des tissus
végétaux, ou rejoindre la matière organique à
minéralisation lente, dite « stable ». La forme la plus stable
de l'azote minéral étant le nitrate NO3 -.
- Le nitrate peut toutefois être converti en azote
gazeux dans un milieu réducteur dépourvu d'oxygène (zones
humides, fossés...) selon un processus de dénitrification.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs8.png)
Figure N°2 : Cycle de l'Azote en milieu agricole
Les techniques agriculturales employées
conditionnent ces échanges. L'exploitant réalise
des apports d'azote sous forme minérale (engrais minéraux) ou
sous forme organique (lisiers et fumiers) afin de compenser les pertes d'azote
minéral liées au lessivage des sols et d'azote organique
exporté par les récoltes. Les pratiques entrainant la
présence d'un reliquat d'azote facilement lessivable augmentent les
risques de pollution. C'est le cas de la surfertilisation ou d'apports
azotés trop importants pour des rendements qui seront finalement
inférieurs aux prédictions. Un drainage excessif des sols
favorise les flux de nitrates vers les masses d'eau et peut constituer un
court-circuit des zones potentielles de dénitrification (zones humides,
eaux stagnantes sur sol peu perméables, forêts rivulaires, bandes
enherbées...). Les conditions climatiques impactent également le
transfert des polluants. La survenue d'une pluie efficace entre
l'épandage et l'adsorption par les cultures entraine un risque de
lessivage important. Les années humides sont donc des années de
forte pollution azotée. De même, les automnes doux à
pluviométrie moyenne favorisent la minéralisation d'azote
organique en azote minéral lessivable, à une période
où la demande en azote des cultures chute. La pollution nitratée
des masses d'eau y est maximale.
La pollution azotée présente également
une variation spatiale de son ampleur. On observe généralement
des teneurs en nitrates plus fortes en aval qu'en amont du fait de la
réduction de
la capacité auto-épuratoire du cours d'eau vers
l'aval provoquée par la baisse d'oxygénation inhérente au
ralentissement de l'écoulement.
Géographiquement, les secteurs le plus touchés
sont les zones d'élevage intensif surchargées en azote organique
issu des effluents, et les espaces de grandes cultures fortement
fertilisés où les ressources en eau sont majoritairement
superficielles : Bretagne, Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Bassin
Parisien.
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La carte des zones vulnérables établie dans le
cadre de la Directive Européenne 91/676/CEE, dite « Directive
Nitrates » permet d'évaluer la spatialisation de la pollution
azotée sur le territoire français. Le zonage concerne les eaux
superficielles dont la concentration en nitrates dépasse la norme «
eau potable », soit 50 mg/L, et pour lesquelles un programme d'action est
mis en oeuvre. La France vient à ce titre d'être condamnée
par la Cour de Justice de l'Union Européenne pour manquement à la
mise en oeuvre de cette directive.
Rappelons que le milieu aquatique est considéré
comme dégradé dès que la concentration en nitrates
excède 10 mg/L.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs9.png)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 7
Figure N°3 : Carte 2007 des zones Figure
N°4 : Carte de l'évolution des
vulnérables « Directive Nitrates » (source
nitrates dans les cours d'eau 1998-2011 MEEDDAT)
Après une augmentation continue des teneurs en nitrates
depuis les années 1970, il semblerait que les politiques
environnementales mises en oeuvre aient permis de stabiliser la situation.
Selon les données de l'IFEN 2004, la concentration moyenne en nitrates
serait passée de 10 mg/L en 1970, à 19 mg/L en 2000 pour
atteindre 17 mg/L en 2004. La situation reste cependant
hétérogène selon les bassins versants comme le confirment
les données du Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS). Ce
dernier note une amélioration ou une stagnation des teneurs en nitrates
dans les régions les plus touchées (bassins de l'ouest) et une
dégradation lente dans les bassins jusque-là peu affectés
(sud de la France). Par ailleurs, les coûts de l'eutrophisation due aux
nitrates restent élevés. Selon le rapport 2011 du CGDD, la
dépollution des nappes phréatiques françaises couterait
plus de 522 milliards d'euros, tandis que la gestion des excédents
azotés pour l'eau potable représenterait 54 milliards d'euros,
investissement en grande partie assuré par les ménages.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 8
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
2. Le phosphore d'origine agricole
L'analyse territoriale conduite dans ce mémoire
sera focalisée sur la pollution agricole azotée, les phosphates
et les phytosanitaires répondant à des mécanismes de
transferts différents qui ne sauraient être traités au
cours de ce travail.
Longtemps sous-estimé comme polluant, cet
élément est lui aussi à la base de la fertilisation des
sols en tant que facteur limitant de la croissance végétale par
sa faible teneur naturelle dans le milieu. Tout comme les nitrates, les
phosphates sont des eutrophisants puissants, issus des effluents
d'élevage et responsables d'une prolifération algale en
période d'étiage. Ces phénomènes de «
marées vertes » très médiatisées touchent
essentiellement les régions d'élevage intensif comme le Grand
Ouest. Ces substances rapidement adsorbées sont très peu
lessivables et restent stockées dans les premiers centimètres du
sol ou dans les sédiments. Leur transfert vers les masses d'eau
répond à des mécanismes différents de l'azote. La
contamination du cours d'eau n'a lieu qu'en cas de ruissellement important ou
d'érosion de sols vulnérables.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs10.png)
Figure N°5 : Cycle du phosphore en milieu naturel ou
anthropisé (source SOeS, 2009)
Des choix culturaux raisonnés permettent de limiter les
teneurs en phosphore à la source et de stabiliser les sols afin d'en
limiter le transfert vers les masses d'eau.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 9
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Les produits phytosanitaires
Avec plus de 78 000 tonnes consommées chaque
année, dont 95% dans le secteur agricole, la France occupe la
quatrième place européenne des pays utilisateurs de produits
phytosanitaires. Parmi les 900 substances actives recensées par l'UIPP,
42% sont des fongicides, 35% des herbicides, 15% des insecticides et 12%
d'autres produits. La toxicité élevée de ces
molécules en fait des substances extrêmement nocives à
faible dose pour de nombreuses espèces. Des impacts sur les fonctions
respiratoires, génitales, neurologiques, cardio-vasculaires ainsi que
des propriétés mutagènes et cancérigènes ont
été démontrées sur l'Homme. Le danger principal de
ces produits réside dans leur temps de demi-vie élevé : on
retrouve encore des teneurs en Triazine dépassant dix fois le seuil
légal de 0,1 ug/L en Bretagne, malgré l'interdiction du produit
phare contenant la molécule, l'Atrazine, en 2001. D'autre part,
l'association de métabolites issus de la dégradation de ces
substances actives peut provoquer un « effet cocktail »
particulièrement imprévisible et difficilement détectable,
rendant délicates les tentatives de prévision de toxicité
de ces produits sur l'environnement.
3. Dispositifs d'amélioration de la qualité
de l'eau 1. Dispositifs juridiques et économiques
La France a connu une évolution complexe de sa
réglementation nationale vis-à-vis de la pollution agricole des
ressources en eau depuis 1975, essentiellement transcrite depuis la
réglementation européenne. Une trentaine de directives ont
fixé les normes de qualité et les seuils maximum pour chaque
substance en fonction des secteurs d'usage, perfectionnant ainsi le traitement
des eaux. Ces directives ont finalement abouti à une approche globale de
la qualité de l'eau avec la Directive Cadre sur l'Eau d'octobre 2000,
visant la bonne qualité de l'ensemble des eaux dès 2015.
La législation européenne
Les directives européennes en matière de
pollution d'origine agricole sont principalement orientées vers la
maitrise des teneurs en nitrates.
Dès 1975, la Directive 75/440/CEE impose aux
Etats-membres de réduire la teneur en nitrates à 50 mg/L dans un
délai de 10 ans pour la production d'eau alimentaire.
La Directive ERU (Eaux Résiduaires Urbaines) du 21 mai
1991 oblige toute agglomération de l'UE à s'équiper de
systèmes de collecte et de traitement de l'azote et du phosphore des
eaux résiduaires urbaines.
La Directive Nitrate du 12 décembre 1991 est la plus
aboutie en termes de législation de la pollution azotée. Elle
prévoit dans un délai de deux ans la désignation par les
Etats-membres des zones vulnérables où les teneurs en nitrates
sont susceptibles de dépasser 50 mg/L. Le réexamen des zones
vulnérables a lieu tous le quatre ans après des campagnes de
surveillance réglementées de la qualité de l'eau.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 10
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Chaque Etat-membre définit les bonnes pratiques
agricoles qui seront mises en oeuvre par les agriculteurs dans les zones
vulnérables. La Directive Nitrate prévoit l'élaboration de
programmes d'action spécifiques dans un délai de deux ans
à compter de la désignation de la zone et mis en oeuvre dans un
délai de quatre ans après leur élaboration.
La Directive Cadre sur l'Eau du 23 octobre 2000 est la
première législation proposant une approche plus globale de la
qualité des masses d'eau. D'importants moyens techniques,
administratifs, économiques et scientifiques sont mis en oeuvre pour que
chaque Etat-membre soit en mesure de respecter « l'obligation de
résultat » en termes de bonne qualité des eaux à
l'échéance 2015.
La législation française
Essentiellement transposée depuis la
réglementation européenne, la législation française
en matière de qualité de l'eau propose toutefois une approche
plus globale du milieu.
La loi sur les Installations Classées Pour
l'Environnement (ICPE) de 1976 définit un régime de
déclaration auprès des préfectures pour les
infrastructures susceptibles de présenter un danger pour
l'environnement. Les bâtiments d'élevage sont les principaux
concernés dans le domaine agricole, en conséquence directe de la
transposition de la Directive Nitrate. La règlementation concernant le
stockage de lisier et les opérations d'épandage est
renforcée. Une quantité maximale d'azote par hectare et par an
est ainsi définie.
La Loi sur l'Eau de 1992 impose la création de
Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)
pour chaque bassin hydrographique, et de SAGE à l'échelon des
sous-bassins. Cette loi permet d'encadrer les installations agricoles non
classées en ICPE et d'inscrire les zones vulnérables aux nitrates
dans ces schémas d'aménagement.
La Loi sur l'Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006
propose d'encadrer la gouvernance de l'eau pour une gestion plus
intégrée de la pollution de la ressource. Sa tentative de
modernisation de la Directive sur la Prévention et la Réduction
Intégrée de la Pollution aboutit à une
réglementation trop peu contraignante. Le projet de redevance pour
pollution diffuse qui s'avérait prometteur ne concerne au final que les
biocides, et sa portée s'avère très limitée.
La loi Grenelle I adoptée en 2009 prévoit le
développement de l'agriculture biologique, la certification
environnementale des exploitations et la réduction de moitié de
l'usage des pesticides en dix ans. Elle interdit l'utilisation des phosphates
dès 2012 et préconise la recherche et la réorientation du
secteur agricole vers des pratiques économes en intrants. La loi met
l'accent sur quelques pratiques phares : généralisation de la
couverture des sols en hiver, valorisation des effluents organiques
d'élevage, implantation de bandes enherbées et de zones
végétalisées en bordure des masses d'eau.
Rappelons qu'en termes juridiques, le cas des nitrates
relève du principe de précaution, l'impact de la pollution
azoté étant bien connu. A ce titre, suite à la
constitutionnalisation de la charte de l'environnement, une mise en cause de
l'Etat est possible pour mauvaise application des textes, comme ce fut le cas
en mars 2001 et en juin 2002.
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les réformes successives de la PAC
Les différentes réorientations de la PAC depuis
les années 1960 conditionnent les choix agriculturaux et les politiques
d'amélioration de la ressource en eau. La première PAC de 1958
soutenait les prix sans aucune limite quantitative dans le but d'augmenter le
revenu du travail. L'agriculture s'est intensifiée jusqu'à la fin
des années 1980 avec près de 1 mg/L d'accroissement de
concentration en nitrates en moyenne chaque année dans les eaux.
Dès 1992, une première réforme, certes timide, de la PAC
vise à introduire les premières mesures agri-environnementales.
Le règlement CEE2078/92 incite à la baisse des productions afin
de mieux prendre en compte le marché agricole, de résorber les
stocks et de maitriser les pollutions nitratées. Les exploitants prenant
le parti d'adopter des méthodes de production moins polluantes et
d'entretenir les zones rurales se voient attribuer une aide du Fonds
Européen d'Orientation et de Garantie Agricole (FEOGA) qui compense la
baisse de production. L'impact sur la qualité paysagère rurale et
sur la pollution azotée s'est toutefois révélé
insatisfaisant.
La réforme de 1999 et son règlement CEE
1257/1999 reprend les mêmes principes de durabilité des pratiques
agricoles. Encore trop orientée vers les préoccupations
économiques de la filière, cette nouvelle formule n'a pas eu les
effets escomptés. Jusqu'en 2003, il est réaliste de
considérer que les investissements de la PAC contribuent au
productivisme agricole. En effet, 90 % des dépenses définies en
1999 constituent des aides fonction du nombre d'hectares, de bêtes ou en
soutien des prix. La France a bénéficié de 10 milliards
d'euros au titre de la PAC 2003 à répartir entre 600 000
exploitations, soit en moyenne 17 000 euros par exploitation par an. Sur les 12
milliards d'euros réinvestis par le gouvernement français,
seulement 560 millions sont dédiés aux mesures
agri-environnementales.
A partir de 2003, les principes de découplage et
d'écoconditionnalité des aides sont mis en oeuvre. Les
subventions sont de moins en moins liées à la production et
à son niveau. Les agriculteurs touchent un paiement unique par hectare
d'exploitation calculé sur la moyenne des primes perçues sur
trois années de référence, à condition que ceux-ci
respectent les Bonnes Conditions Agricoles et en Environnementales (BCAE).
La réforme de 2009 préconise un
découplage total des aides, politique qui sera encore renforcée
par la réforme fin 2013 pour la période 2014-2019.
Par abandon progressif des subventions favorisant le
productivisme agricole, la PAC a probablement contribué à la
stabilisation des pollutions nitratées observée ces
dernières années.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 11
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 12
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs11.png)
Figure N°6 : Synoptique des principales lois
françaises sur l'eau (source : La France - La ressource en eau,
2009)
2. Techniques agro-environnementales
L'amélioration de la qualité de l'eau
vis-à-vis de la pollution, et plus particulièrement de la
pollution nitratée, nécessite certains choix culturaux qui d'une
part, vont limiter les apports d'intrants nécessaires, et d'autre part,
réduire le transfert des polluants vers les masses d'eau. Un panel de
techniques, maintenant largement répandues en France et dont
l'efficacité est établie, constitue le socle des bonnes pratiques
à mettre en oeuvre. A ce titre, ce panel est souvent repris dans les
programmes d'action territoriaux de réduction de la pollution
agricole.
La couverture permanente des sols
En France, les conditions climatiques entrainent de longues
périodes défavorables à la croissance des cultures : entre
septembre et mai pour les cultures de printemps, et entre juillet et mai pour
le passage d'une culture d'hiver à une culture de printemps. Bon nombre
de rotations de cultures annuelles laissent le sol sans couvert
végétal pendant ces périodes, ce qui favorise les
reliquats d'azote minéral lessivables. La plantation de cultures
intermédiaires ou le maintien de résidus de cultures
protègent les sols de l'érosion. La biomasse produite adsorbe les
nitrates et améliore la porosité du sol, favorisant ainsi
l'infiltration des pluies au détriment de leur ruissellement. Les
couverts végétaux intermédiaires constitueraient le moyen
le plus efficace et bon marché pour la réduction du lessivage de
l'azote (Lacroix et al., in Hellier et al., 2009).
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 13
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Plusieurs études menées en France ont
mesuré une réduction de 30 à 60 % des fuites en nitrates
par cette technique (Beaudoion et al. Et Constantin et al. In Hellier et al,
2009). Les cultures intermédiaires les plus fréquentes sont la
moutarde blanche (Sinapis alba), le seigle (Secale cereale
L.), le sorgho commun (Sorghum bicolor) et la phacélie
à feuilles de tanaisie (Phacelia tanacetifolia) utilisables en
association.
La réimplantation des haies arbustives
Comme pour les cultures intermédiaires, les haies
contribuent à la perméabilisation, à l'activité
biologique et à l'enrichissement du sol au niveau des racines. Des
campagnes de replantation ou de préservation du paysage bocager peuvent
contribuer à réduire de manière remarquable les flux
lessivés vers les masses d'eau. Le transfert de nitrates peut ainsi
être divisé par quatre dans les 120 premiers centimètres du
sol entre l'amont et l'aval de la haie.
L'implantation de bandes enherbées
Les bandes enherbées implantées en bordure de
parcelle ou sur les bords des cours d'eau constituent des zones tampons dont
l'efficacité a souvent pu être démontrée. Simplement
fauchées et non fertilisées, leur largeur optimale se situerait
entre cinq et dix mètres. Leur efficacité dépend de la
nature du sol, du couvert végétal voisin (une bande
enherbée suivie d'une haie offre une efficacité maximale) et de
la saison (efficacité réduite en hiver). Les bandes
enherbées peuvent toutefois être court-circuitées par un
réseau de drainage mal conçu. Une bande de six mètre de
large composée des espèces fréquentes (ray-grass anglais,
fétuque, dactyle...) pourrait ainsi intercepter jusqu'à 99% des
pesticides. Pour la même largeur, une étude privée
d'Arvalis révèle une baisse de 62% du volume d'eau
ruisselé, de 58% des teneurs en nitrates, de 72% des teneurs en produits
phytosanitaires et de 91% en particules solides y compris phosphates(Arvalis).
D'un coût total d'implantation estimé à 100€/ha et
d'un coût d'entretien de 30€/ha, les bandes enherbées
constituent une technique efficiente de protection des cours d'eau.
Exempl
100 90
80 70 60 50 40
30 20 10
0
|
|
6 mètres
12 mètres
18 mètres
|
|
|
|
Volume d'eau
ruisselé
|
Teneurs en
nitrates
|
Teneurs en
produits
phytosanitaires
|
Teneurs
en particules solides,
dont phosphore
|
Figure N°7 : Exemple de l'efficacité de
trois largeurs de bandes enherbées (source Arvalis)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 14
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La préservation des zones humides
Les zones humides abritant des eaux stagnantes peu
oxygénées sont des milieux de dénitrification où
peuvent aussi se fixer les particules érodées sur lesquelles sont
adsorbées du phosphore ou des molécules phytosanitaires. Les
prairies humides de fonds de vallons sont les plus efficientes et les plus
concernées par les campagnes de préservation des entités
paysagères. Leur efficacité est fonction du temps de
séjour des intrants dans la zone humide, d'où une
efficacité moindre en période de forte pluviométrie.
L'efficacité vis-à-vis des nitrates a atteint 75% de
dénitrification pour une zone humide de l'ouest du bassin de la Seine en
période estivale (Curie, 2006). D'autres mesures révèlent
des taux réduits de 35 à 100% (Larson et al., 2000 ; Haag,
Kaupenjohann, 2001 in Hellier et al., 2009)
La priorisation des prairies
Les prairies sont très avantageuses en termes de
préservation de la qualité des eaux. Assurant une couverture
végétale permanente et une perméabilité du sol, le
lessivage hivernal des nitrates est fortement réduit. Sources de
biodiversité et peu traitées en substances polluantes, leur
abandon au profit des cultures fourragères annuelles n'est pas sans
conséquence sur la qualité de l'eau. L'efficacité des
prairies dépend des pratiques, notamment de la densité
d'élevage lorsque celles-ci servent de pâturage. Plus leur gestion
est extensive, moins le risque de transfert de nitrates est important. Les
risques de pollution sont toutefois plus importants sous une prairie
pâturée que sous une praire fauchée (Simon et al, in
Hellier et al., 2009). L'allongement de la durée des prairies est
également favorable à la qualité de l'eau : plus la
prairie se rapproche d'une prairie permanente, plus elle est efficace dans
l'adsorption des nitrates. Cependant, l'intégration ne serait-ce que
d'une prairie temporaire au sein d'une rotation céréalière
s'avère déjà bénéfique pour la
qualité de l'eau.
Les méthodes d'apport des intrants
Les dates d'épandage des substances phytosanitaires en
fonction des conditions météorologiques conditionnent de
manière très significative leur transfert dans le milieu.
En ce qui concerne la fertilisation azotée, celle-ci
doit être équilibrée. Le fractionnement des apports permet
d'adapter la fertilisation aux besoins des cultures et d'éviter les
excédents d'azote lessivable. Un apport annuel d'azote organique
inférieur à 170kg d'azote/ha est à ce titre
conseillé. Un cahier d'épandage et un plan de fumure peuvent
être réalisés par l'exploitant.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 15
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Programmes d'action territoriaux
Au-delà du cadre réglementaire européen
et national, la lutte contre la pollution agricole nécessite des
programmes d'action prenant en compte les spécificités
territoriales : conditions naturelles, activités anthropiques, jeux
d'acteurs... Différentes stratégies sont ainsi
élaborées à des échelles hydrologiques comme les
bassins versants et s'inscrivent le plus souvent dans le cadre d'un SAGE ou
d'un Contrat de rivière. Ce processus de « localisation » et
de contractualisation de la gestion de l'eau renforce la participation des
différents acteurs, y compris des exploitants agricoles, à
l'élaboration des plans d'action. Ces programmes reposent sur
l'incitation financière et le volontariat des agriculteurs : des aspects
plus prometteurs, durables et souvent mieux perçus que la contrainte
réglementaire et unilatérale.
L'évolution des contrats agri-environnementaux
Les premiers contrats de mesures agri-environnementales (MAE)
ont été mis en place de 1992 à 1999 suite à la
réforme de la PAC. Financés par le Fonds Européen
d'Orientation et de Garantie Agricole (FEOGA), ils sont mis en oeuvre par
chaque région à travers un cahier des charges qui prend en compte
les spécificités territoriales. Une des mesures phares des MAE
est l'ancienne Prime à l'herbe qui garantissait 45€/ha pour les
exploitants maintenant un pâturage extensif et des pratiques favorisant
les prairies temporaires ou permanentes. Les Plans de Développement
Durable (PDD), appartenant également au premier dispositif MAE, sont
restés de l'ordre de l'expérimental et leur influence est peu
généralisable. Finalement, le dispositif MAE a été
d'une efficacité très discutable pour plusieurs raisons.
Fondé sur le volontariat des agriculteurs, seuls les exploitants
déjà sensibilisés aux pratiques extensives ont
été concernés par ces mesures. La première Prime
à l'herbe a seulement permis d'encourager les exploitations
déjà respectueuses de l'environnement, sans être d'un
montant suffisamment décisif pour réorienter les exploitations
où le risque lié à l'intensification des activités
était réel. A titre d'exemple, la prime relative au maïs
ensilage pouvait atteindre plus de 300€/ha à la même
période. Les Opérations Locales Agro-Environnementales (OLAE) de
ce dispositif, essentiellement orientées vers l'entretien du paysage
rural, ont également connu un échec relatif. Touchant
majoritairement les secteurs affectés par l'exode rural, l'objectif de
l'UE s'est avéré plus proche du maintien des revenus des
exploitants que de la réduction des pollutions agricoles. A titre
d'exemple, à la fin du dispositif en 1999, seul 0,7 % de la SAU
française était couverte par les opérations locales.
Dès 1999, la loi d'orientation agricole met en place
les Contrats Territoriaux d'exploitation (CTE). Signés pour cinq ans et
reprenant l'ensemble des mesures agri-environnementales des pratiques
précédentes, leur fonctionnement plus global et forfaitaire en
facilite la gestion. Plus efficaces que les MAE et les PDD, les CTE conservent
toutefois le même défaut : celui d'encourager les exploitants aux
pratiques déjà favorables à l'environnement. Des actions
auparavant volontaires se stabilisent par la rémunération, ce qui
procure une véritable « aubaine » pour les exploitants. Le
bilan 2001 révèle qu'une majorité de CTE s'inscrivent dans
une démarche individuelle et dans des régions peu
concernées par l'intensification de l'agriculture, alors que des actions
collectives à plus grande échelle auraient été plus
profitables. A titre d'exemple, en Lorraine comme dans d'autres régions
souffrant de
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Durable 16
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
disparités départementales, les CTE ont
montré leur inefficacité. Dans ces régions, les
départements et territoires les plus dynamiques (comme la Moselle) sont
à même de prendre en considération les deux volets du
contrat (amélioration environnementale et socio-économique) et de
maitriser financièrement les rouages du dispositif. A l'inverse, les
départements en déclin comme les Vosges tentent de
réorienter le dispositif vers l'amélioration
socio-économique de la situation.
En 2003, les Contrats d'Agriculture Durable (CAD) remplacent
finalement les MAE et les CTE. Les évolutions principales du dispositif
reposent sur une meilleure prise en compte des spécificités
territoriales, un recentrage sur les enjeux environnementaux, une refonte
budgétaire et une simplification administrative. Ces contrats sont
également signés pour cinq ans à partir d'un
arrêté préfectoral qui définit les enjeux
prioritaires de chaque territoire et un nombre d'actions limité à
entreprendre pour chaque enjeu. Les mesures agri-environnementales initiales
peuvent toutefois cohabiter avec les CAD. C'est le cas des OLAE et des Primes
Herbagères Agro-Environnementales (PHAE 1 de 2003 et PHAE 2 de 2007) qui
remplacent la Prime à l'herbe. L'arrêt des CTE a cependant
entrainé l'hésitation des agriculteurs vis-à-vis de la
contractualisation et de son caractère aléatoire, d'autant que
les CAD s'avèrent moins avantageux sur le plan financier.
En 2007, le Programme de Développement Rural Hexagonal
(PDRH) propose de nouveaux contrats agri-environnementaux qui induisent
l'impossibilité de signer de nouveaux CAD. Ces nouveaux contrats de cinq
ans engagent l'exploitant à respecter une ou plusieurs Mesures
Agri-Environnementales Territorialisées (MAET), l'objectif étant
de renforcer le pouvoir de l'échelon régional puis local dans la
lutte contre la pollution agricole. Un cahier des charges agro-environnemental
est appliqué à la parcelle et aux éléments
paysagers voisins (haies, ripisylves, zones humides). Ces mesures doivent
permettre de répondre au mieux à des menaces localisées au
sein de territoires prioritaires en lien avec la Directive Cadre sur l'Eau. Un
maximum de deux mesures par enjeu environnemental est proposé afin de
gagner en simplicité et de limiter les dépenses publiques
liées à ces mesures.
De manière générale, les
différents types de contrat s'avèrent critiquables quant à
leur efficacité sur l'amélioration de la qualité de l'eau.
Outre le fait que leur succession n'ait pas permis de gagner la confiance des
exploitants qui continuent de percevoir ces dispositifs comme
aléatoires, ponctuels et favorables qu'à court terme, chacun des
contrats est limité dans ses effets par ses propres
caractéristiques. Leur gestion est coûteuse sur le plan
administratif, tandis que leur suivi et leur évaluation est complexe.
Par principe, ces contrats ne font qu'inciter et conforter les choix
d'agriculteurs déjà volontaires et aux pratiques favorables
à l'environnement. On parle « d'effet d'aubaine » de ces
contrats pour les exploitants dont les bonnes pratiques sont financées
alors que les mauvaises pratiques d'autres exploitants ne sont pas
sanctionnées. Enfin, ces contrats sont localisés dans des zones
éligibles dont la délimitation a tendance à varier dans le
temps et l'espace, rendant leur efficacité à long terme
discutable.
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Durable 17
Première partie :
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Les contrats de maitrise des pollutions agricoles
En 1993, le premier Programme de Maitrise des Pollutions
d'Origine Agricole (PMPOA) est mis en place dans le but de financer la mise aux
normes des bâtiments d'élevage pour le stockage des effluents et
d'inciter à un épandage réfléchi, en accord avec la
réglementation récente sur les installations classées pour
l'environnement. Comme pour les contrats environnementaux, l'adhésion
est contractuelle et fondée sur le volontariat. Ce dispositif trouve son
succès dans le fait que les modifications que les agriculteurs sont
incités financièrement à réaliser leur seront
normalement à terme imposées par la loi. Dans les faits,
plusieurs rapports critiquent la mise en oeuvre de ce programme pour
différentes raisons : le fait qu'il ne concerne essentiellement que des
exploitations d'une certaine taille, supérieures à 70 UGB en
moyenne ; la longueur des procédures et un coût réel de
deux milliards d'euros au lieu d'un milliard planifié.
En 2002, le second Programme de Maitrise des Pollutions
d'Origine Agricole (PMPOA 2), ou Programme de Maitrise des Pollutions
Liées aux Effluents d'Elevage (PMPLEE) corrige quelques limites du
programme précédent. La norme communautaire de 170 kg
d'azote/ha/an devient une obligation. La taille minimale d'élevage pour
accéder aux aides est abrogée. Les zones vulnérables selon
la Directive Nitrates font obligatoirement partie des zones prioritaires. A ce
titre, tout éleveur en zone vulnérable qui ne se serait pas
engagé dans le processus de mise aux normes à partir de 2006 est
exclu du tout programme d'investissement communautaire.
Les opérations non-contractuelles
Ces programmes n'engageant pas juridiquement les exploitants
concernent essentiellement les conseils en fertilisation dans le cadre de la
pollution azotée. Nées en 1980 des constatations du rapport
Hénin qui démontre le lien entre surfertilisation et pollution de
l'eau, les premières mesures visant à diffuser les bonnes
pratiques de fertilisation sont initiées par la Mission Eau-Nitrates et
le Comité d'Orientation pour la Réduction de la Pollution par les
Nitrates (CORPEN). Dès 1990, l'Association Nationale pour le
Développement Agricole (ANDA) lance le programme Ferti-Mieux qui prend
de l'ampleur grâce au volontariat des agriculteurs. Chaque action
Ferti-Mieux est lancée sur un territoire donné et suivie par un
comité de pilotage. Financées par les chambres d'agriculture, les
agences de l'eau et les collectivités territoriales, le coût de
chaque opération est estimé à 100 000 €/an. En 2010,
deux millions d'hectares étaient couverts par un programme, soit 30 000
exploitants répartis en 65 actions Ferti-Mieux. Ces opérations
ont montré de bons résultats en termes d'évolution des
pratiques de fertilisation et de la pollution azotée, bien qu'elles
reposent sur le volontariat des exploitants, au même titre que l'ensemble
des contrats agri-environnementaux. (Cf Annexe)
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs13.png)
L'étude de la relation entre activités agricoles
et dégradation de la ressource en eau révèle la
complexité de la mise en oeuvre de politiques agri-environnementales
intégrées et adaptées aux spécificités
territoriales ; en témoignent les plans successifs et leur
évolution permanente laissant parfois les acteurs dubitatifs quant
à la cohérence des dispositifs publics. La réduction de
l'utilisation des intrants et la remise en cause progressive des techniques qui
ont été à la base de l'intensification agricole de ces
soixante dernières années semble être en cours. Les
pratiques visant à prévenir la vulnérabilité des
milieux se généralisent et permettent de préserver
à la fois la ressource en eau et le paysage agricole.
Comment accélérer la
généralisation de ces bonnes pratiques sans remettre en cause la
rentabilité des exploitations ni créer des effets d'aubaines par
l'opportunité des contrats agri-environnementaux ?
Comment adapter les politiques agri-environnementales aux
spécificités d'un territoire et de son jeu d'acteurs ?
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 18
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 19
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Deuxième partie : Etat des lieux de la relation
Eau -
Agriculture sur le bassin versant de la
Seille
1. Présentation du territoire d'étude
1. Situation géographique
Située dans le bassin frontalier Rhin-Meuse, la
vallée de la Seille s'étend au Sud-Est du département de
la Moselle, au coeur du plateau Lorrain. La Grande Seille prend sa source
à la sortie d'un étang piscicole de 600 ha : l'étang du
Lindre. Elle traverse deux régions naturelles correspondant à
deux ensembles géologiques distincts sur un parcours de 120 km :
- le Saulnois ou « pays des étangs » en
amont. La rivière s'y écoule de manière lente et
linéaire sur les terrains argilo-marneux d'une large vallée
appartenant au Parc Naturel Régional de Lorraine. La Seille y
reçoit l'essentiel de ses affluents au sein d'un réseau
hydrographique très diffus, parmi lesquels la Petite Seille, son
principal affluent en rive droite.
- Sur le plateau liasique du secteur aval où affleurent
les marnes et calcaire à gryphées, au pied des côtes de
Moselle, sa faible pente et son débit modéré donnent
à la Seille un tracé plus sauvage et sinueux entre quelques
communes ayant emprunté leur nom à la rivière. Les
affluents y sont courts et temporaires.
L'exutoire de son bassin versant de 1264 km2 se
situe au niveau de l'agglomération Messine, principal pôle urbain
du territoire avec 120 738 habitants, où la Seille constitue un affluent
rive droite de la Moselle.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs14.png)
Figure N°8 : Localisation du bassin
versant de la Seille
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs15.png)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 20
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Figure N°9 : Réseau hydrographique du bassin
versant de la Seille
2. Patrimoine naturel
Le bassin versant offre un territoire relativement
homogène d'un point de vue topographique, pluviométrique et
nature des sols. Soumis à un climat océanique à tendance
continentale avec 785 mm de précipitations annuelles moyennes
(1971-2004), le bassin connait toutefois une importante variabilité
pluviométrique interannuelle. L'ensemble de la vallée se situe
sur des terrains sédimentaires du Trias et du Jurassique, avec la
présence d'un gîte salifère au sein des sols argileux qui
occasionne des remontées d'eau salée en surface. Ces
caractéristiques font du secteur amont de la vallée de la Seille
l'une des deux vallées halophiles de France continentale, milieu
extrêmement rare en Europe. Ces gisements salifères sont à
l'origine d'une forte teneur en chlorures dans les eaux de la Seille qui
explique en partie l'absence de ripisylve. Une flore halophile exceptionnelle
colonise les prés salés continentaux qui font l'objet d'actions
de conservation avancées : 10 zonages classés en ZNIEFF de type
I, 9 sites en Espaces Naturels Remarquables, acquisitions par le Conservatoire
des Sites Lorrains et le Parc Naturel Régional de Lorraine... Des
mesures sont également prises pour la conservation de la faune
associée à ces sites : oiseaux nicheurs et emblématiques
des prairies inondables, insectes halophiles, brochets, chauves-souris... Un
périmètre NATURA 2000 « Secteur amont et Petite Seille
» de 1477 hectares englobant 20 communes constitue la protection la plus
aboutie du bassin versant.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 21
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Activités anthropiques
La Seille est un cours d'eau de plaine, lent et moyennement
abondant sur lequel les activités
anthropiques peuvent être qualifiées de fortes. Sa
situation singulière entre les activités
piscicoles de l'étang du Lindre en amont et
l'agglomération Messine en aval pose notamment
de nombreux problèmes en termes de contrôle
d'écoulement. Entre ces deux points, la Seille
évolue dans un milieu rural « très
humanisé » dans lequel les caractéristiques du cours
d'eau
sont intimement liées aux activités humaines,
depuis la production historique de sel qui a
forgé l'identité du secteur jusqu'au milieu du
XIXème siècle, aux activités agricoles et
d'élevage qui régissent le bassin actuellement, en
passant par les aménagements plus ou
moins récents du cours d'eau.
Nombre d'habitants
< 1000
1000 <
2000
2000 <
5000
Démographie
Son bassin versant n'héberge que 212 000 habitants
(recensement 2009) dans 180 communes
dont 96% abritent moins de 2000 habitants et deux communes
comprennent plus de 10 000
habitants autour de Metz : Marly et Magny. Trois communes se
distinguent également dans ce
bassin rural : Dieuze et Morhange dans le secteur amont avec plus
de 3800 habitants et
Château-Salins à l'entrée du secteur
médian avec 2500 habitants.
Nombre de communes
160
15
3
% de communes
88,40%
8,29%
1,66%
Tableau I : Taille des communes sur le bassin versant
(INSEE, 2009)
L'exploitation historique du sel
> 10 000
3
1,66%
Depuis l'antiquité et jusqu'au milieu du
XIXème siècle, l'extraction du sel par
évaporation des eaux des sources salées a constitué
l'activité principale du secteur amont du bassin versant. Non seulement
cette activité a forgé l'identité de communes
emblématiques comme Vic-sur-Seille, Château-Salins, Marsal ou
Dieuze, mais elle a également modifié les paramètres
hydrologiques et la naturalité du cours d'eau par les
aménagements hydrauliques qu'elle a induit dans le but de faciliter
l'exploitation et le transport du sel. Les campagnes de curage et de
recalibrage des années 1800, les recoupements de méandres sur la
Vieille Seille à Vic-sur-Seille et Lindre Basse, ainsi que le
redressement de la Seille à Blanche Eglise en 1830 et entre Mulcey et
Chambrey en 1890 constituent les travaux hydrauliques les plus impactant
liés à cette activité.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 22
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les aménagements hydrauliques
De manière plus contemporaine, des opérations
d'aménagement initiées dans les années 1960 ont
contribué à augmenter la vulnérabilité du cours
d'eau à l'intensification de l'agriculture par réduction de son
pouvoir d'autoépuration. Naturellement peu boisées à cause
de la teneur
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs16.png)
Figure N°10 : Nombre d'actions anthropiques
sur la Seille XIIIe siècle - 2010
en chlorures de l'eau, les berges de la Seille ont connu un
déboisement intensif lié au développement de
l'agriculture. Des travaux d'enrochements et de curage
réalisés dans les années 1980 autour de Blanche Eglise,
Mulcey et Marsal sont à l'origine de la faible profondeur et du
débit réduit de la rivière. Plusieurs méandres du
secteur amont ont été abandonnés au profit d'un lit mineur
rectiligne, large mais artificiel. Dans le secteur amont, plusieurs canaux et
drains construits jalonnent le parcours de la Seille tandis que les villages
équipent leurs abords
de digues bétonnées et de remblais pour se
prémunir des inondations. Le secteur aval de Chambrey à Metz a
connu un élargissement de son lit jusqu'à 7m afin de
protéger l'agglomération messine des crues.
Le bassin versant possède un fort taux de drainage,
aggravé par le reprofilage des fossés. Plusieurs zones halophiles
ont été indirectement dégradées par ces
aménagements qui ont conduit à l'assèchement des prairies
et à la disparition, dans les années 1990, de la majeure partie
du réseau de zones humides saumâtres. 33% des habitats halophiles
ont ainsi disparu entre 1967 et 2000 (MONY et MULLER, 2002), tandis que le
drainage a engendré la transformation de 85 hectares de prairies
salées en prairies non salées intensives.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs17.png)
Photo N°1 : Digue de protection à Sillegny
Photo N°2 : Digues au centre à Vic-sur-Seille
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs18.png)
Photo N°3 : Enrochements en aval de Vic-
sur-Seille
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs19.png)
Photo N°4 : Pont, seuil et enrochements à
Cheminot
La pisciculture
La région Lorraine, forte de ses nombreux
étangs, possède une forte tradition piscicole. Le domaine du
Lindre, par sa superficie et ses 13 millions de mètres cubes d'eau, est
l'un des plus grands des 134 étangs de la région. Doté
d'une biodiversité remarquable liée à sa gestion extensive
par le Conseil Général de la Moselle et ses zones humides
préservées, l'activité principale du domaine reste la
pisciculture permise par la bonne qualité de ses eaux. La pêche se
fait par vidange de l'étang chaque année en septembre pendant la
période dite « d'assec ». Toutefois, l'activité
piscicole du Lindre n'est pas sans conséquence sur
l'écosystème naturel de la Seille : contamination piscicole par
libération de souches d'élevage compétitrices aux souches
locales, déversement de flux de matières organiques
constitué de rejets d'élevage (MES, nitrates, phosphore)...
D'autre part, Grisan (1999) a étudié l'influence de l'alternance
des vidanges et remplissages de l'étang sur le fonctionnement
hydrologique de la Seille : bien qu'il en perturbe discrètement le
système d'écoulement, il joue le rôle
d'écrêteur de crue par son remplissage et peut garantir un soutien
du débit du cours d'eau en période d'étiage.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs20.png)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 23
Photo N°5 : Naissance de la Seille au Lindre Photo
N°6 : Mise en assec et dispositif de pêche
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Durable 24
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Industries et autres activités
Avec seulement cinq industries et 2689 PME-PMI
recensées, le secteur industriel quasi inexistant n'exerce pas de
pression particulière sur le milieu aquatique.
Le bassin connait l'émergence récente d'un
tourisme orienté vers le patrimoine culturel, naturel et historique de
la vallée : Musée du Sel à Marsal, Musée Georges de
la Tour, sentiers balisés et pédagogiques du Pays des
Etangs...
Cours d'eau de 2ème catégorie
piscicole, la Seille est très appréciée des pêcheurs
amateurs pour sa variété d'espèces : brochets dans les
vallées inondables, sandres, silures en aval, perches, carpes, tanches,
gardons, chevesnes, barbeaux, ablettes et goujons. De nombreux plans d'eau de
pêche privée ont été créés depuis
1967. Le bassin versant compte neuf A.A.P.P.M.A coordonnées par la
Fédération départementale de Moselle pour la Pêche
et la Protection des Milieux Aquatiques dont les membres sont relativement bien
investis dans la gestion du cours d'eau.
Les activités agricoles
Avec 774 exploitations en 2010 et plus de 78,82% de la
superficie du bassin dédiée aux terrains agricoles formant une
S.A.U de 92 086 hectares, le secteur agricole représente la menace la
plus forte sur le milieu. Les cultures permanentes y occupent une surface non
négligeable en amont mais sont toutefois éloignées du
cours d'eau. La filière céréalière fournit
l'essentiel des revenus des agriculteurs.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs21.png)
Figure N°11 : Taux d'occupation des sols sur le
bassin versant de la Seille (Source CLC 2006)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs22.png)
Figure N°12 : Occupation des sols sur le bassin versant
Det uble 2
de la Seille (Source CLC 2006)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 26
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
4. Données hydrologiques
D'après les données de Mohamed EL GHACHI in La
Seille, un système fluvial anthropisé (2007)
Le contexte climatique sur le bassin versant connait des
écarts intersaisonniers et interannuels spectaculaires qui sont à
l'origine d'un fonctionnement hydrologique très variable de la Seille.
Les actions anthropiques sont également à prendre en compte par
leur influence sur la morphologie du cours d'eau.
Globalement, la Seille connait trois phases hydrologiques au
cours de l'année :
- Un fonctionnement « moyen » cinq mois par an
(mars, avril, mai, octobre et novembre) avec un débit de 10
m3/s
- Un fonctionnement « fort » trois mois par an
(décembre, janvier et février) avec un débit
dépassant 36 m3/s. Selon les secteurs, le lit majeur est
sollicité par les lames d'eau écoulées pendant cette
période des hautes eaux.
- Un fonctionnement « faible » quatre mois par an
(juin, juillet, aout et septembre) avec un débit inférieur
à 3 m3/s.
Les extrêmes hydrologiques : les crues
Le phénomène de crue sur la Seille est un
évènement répétitif, inscrit dans l'histoire du
bassin versant et dans la mémoire des acteurs locaux. Les
aménagements humains limitent les dommages liés à ces
phénomènes dans le secteur amont et médian tandis que le
secteur aval a pu connaitre des débordements spectaculaires.
Quatre grands types de crue ont pu être
identifiés :
- Les crues des basses eaux en été :
résultant d'épisodes pluvieux très courts et intenses sur
le bassin versant imperméable, elles ne durent qu'entre 15 et 24
jours.
- Les crues de la fin des basses eaux en automne :
présentant les mêmes caractéristiques que les crues
d'été, elles mettent en jeu des hauteurs d'eau plus importantes
correspondant à la diminution des lames d'eau évaporées.
Elles sont souvent influencées par la vidange annuelle de l'étang
du Lindre.
- Les crues des hautes eaux hivernales : on y distingue les
crues simples (courte durée, montée et descente d'eau plus
rapide) des crues complexes (longue durée, plusieurs pics de crue,
multifactorielles). Les débordements spectaculaires de 1997 et de 2001
font parties des évènements les plus marquants dans la
mémoire des habitants.
- Les crues de la fin des hautes eaux au printemps : elles
sont la réminiscence des crues hivernales quand la pluviométrie
se maintient.
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Durable 27
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les extrêmes hydrologiques : l'étiage
La Seille peut connaitre des étiages
sévères en période estivale comme ce fut le cas en 1976,
1992 et 2003. Ces étiages ont des conséquences parfois
spectaculaires sur la qualité de l'eau et le développement de la
végétation aquatique. Leur origine est multifactorielle :
- Un déficit pluviométrique qui ne compense plus
l'ETP, malgré les précipitations abondantes qui
caractérisent le bassin versant habituellement
- L'imperméabilité du bassin versant qui ne
permet pas un soutien des débits par les ressources souterraines.
- Les aménagements humains qui participent au
ralentissement des vitesses d'écoulement.
Les lâchers d'eau depuis l'étang du Lindre
permettent toutefois de réguler artificiellement les débits
observés.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs23.png)
Photo N°7 : Crue de la Seille à Marly, avril
Figure N°13 : Nombre de crues débordantes de
2001 (Source DIREN) 1965 à 2013 (Source Banque
Hydro-Nomeny)
5. Observations de terrain et qualité
paysagère
Suivre le parcours de la Seille depuis l'étang du
Lindre jusqu'à sa confluence avec la Moselle révèle
plusieurs aspects du cours d'eau, de son bassin versant et de sa qualité
paysagère.
En premier lieu, c'est la ruralité du territoire qu'il
convient de remarquer. Un paysage de vallée, bordé par les
Côtes de Moselle, fortement influencé par l'empreinte agricole. De
part et d'autre du cours d'eau, les bordures des grandes cultures
céréalières sont ponctuées de pâturages de
taille moyenne abritant bovins et ovins. En amont, l'étang du Lindre
impressionne par sa surface, la simplicité et la linéarité
de son paysage qui contraste avec la naissance bruyante et tumultueuse de la
Seille à l'écluse qui constitue sa source. De nombreux autres
étangs qui jalonnent le parcours de la rivière renforcent cette
impression. Dans le secteur médian se dessinent les premiers villages
« pieds dans l'eau » et leurs aménagements hydrauliques qui
« enterrent » le cours d'eau.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 28
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Enfin en aval, l'agglomération messine donne
l'impression d'une meilleure mise en valeur de la rivière que dans les
villages amont, notamment au niveau des berges aménagées de Marly
et du parc de la Seille à Metz, labellisé Ecojardin.
En second lieu, c'est l'artificialisation et la banalisation
de la rivière qui frappe. D'une incroyable discrétion
paysagère, la Seille ne présente que très peu de
végétation rivulaire. Ni roselière ni ripisylve ne
signalent le cours d'eau dans la vallée à l'exception de quelques
arbres au niveau des ponts et des graminées non fauchées qui
accompagnent le lit mineur, souvent envahi par des algues affleurant la
surface.
D'anciens bras mort et drains construits sèment le
doute sur le tracé réel de la rivière dans le paysage. Sur
les deux tiers de son parcours, le lit est totalement linéaire et ne
présente quasiment aucune variation de profondeur. Seuls les
pêcheurs les plus expérimentés au sein des AAPPMA
connaissent encore les rares trous et les quelques radiers où
pêcher des espèces plus originales. La Seille s'enfonce
inexorablement dans son lit mineur et de nombreuses parcelles agricoles du
secteur amont subissent un effondrement de leurs berges nues lors des crues
saisonnières. Les anciennes marques des crues historiques qui jalonnent
les façades des maisons et les piles de ponts ne semblent plus
d'actualité en amont. La rivière ne s'étale plus dans
toute la largeur des prairies inondables de son lit majeur mais forme des
« crues chasse d'eau » dont les effets sont maximum en aval.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs24.png)
Photo N°8 : Erosion des berges sur une Photo
N°9 : La Seille en aval de Marsal
parcelle de Cheminot
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs25.png)
Photo N°10 : La Seille en amont de Metz Photo
N°11 : Le Vieux Canal de la Seille,
briquetage de Marsal
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Durable 29
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Ha Ha Unité Unité Unité Unité
k€ k€
2. Activité agricole sur le bassin versant de la
Seille
92086 119 1261 1,6 60824 78,6 97462 126
1. Caractéristiques et spécificités de
l'agriculture
D'après l'extrapolation des données communales
du Recensement Agricole 2010.
Nombre d'exploitations et Surface Agricole Utile
SAU Totale SAU moyenne UTA Totale UTA Moyenne UGB
total UGB Moyenne PBS Total PBS Moyenne Le
bassin versant de la Seille comptait 774 exploitations en 2010 (555 en Moselle
et 219 en Meurthe-et-Moselle) réparties sur 1288 km2, soit
une densité de 0,6 exploitation / km2. Ces exploitations
forment une SAU globale de 92 086 hectares.
Tableau II : Données générales de
l'agriculture sur le bassin versant (Source RA 2010) Statut des
exploitations
La grande majorité des exploitations dispose du statut
d'exploitation individuelle. La part de Groupements Agricoles d'Exploitation en
Commun (GAEC) et d'Exploitations Agricoles à Responsabilité
Limitée (EARL) est très réduite.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs26.png)
4% 6% 1%
89%
Exploitations individuelles GAEC
EARL Autres
Figure N°14 : Statut des exploitations sur le
bassin versant (source RA 2010)
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Orientation technico-économique des
exploitations
L'étude de l'Orientation Technico-Economique des
Exploitations agricoles (OTEX) révèle deux filières
prédominantes sur le bassin versant. Les exploitations de type «
polyculture/polyélevage », suivies des exploitations «
Céréales et oléoprotagineux » sont majoritaires selon
les quatre critères retenus : nombre d'exploitations, SAU
associée, UTA et PBS de la filière.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
OTEX
Autres élevages hors sol
|
Nombre d'exploitations
Unités
|
SAU
Ha
|
UTA
Unités
|
|
PBS
k€
Polyculture, polyélevage
Céréales et
oléprotéagineux
Bovins mixte
Fleurs et horticulture diverse
Bovins lait
Autres herbivores
Cultures générales
cult. fruitières et autres cult. permanentes
Bovins viande
Autres OTEX
448
216
75
15
11
3
3
3
2
1
12
51918
29803
8389 713 797 113
40 303 18 578
713
304
157
62
13
3
4
5
3
0
16
56860 26374 10595
1977 989 203 90 313
247 17 871 Tableau III : Orientations
technico-économiques sur le bassin versant (Source RA 2010)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs27.png)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs28.png)
32%
104
1% 1% 1%
9%
56%
Autres OTEX
Céréales et
oléprotéagineux
Bovins mixte
Fleurs et horticulture
diverse
Bovins lait
Polyculture, polyélevage
Figure N°15 : Prédominance des OTEX en
fonction du nombre d'exploitations
Figure N°16 : Prédominance des OTEX en
fonction de la SAU associée
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 30
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 31
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Productions et assolement
Les trois recensements agricoles de 1988, 2000 et 2010
permettent de caractériser l'évolution de l'assolement sur le
bassin versant ces vingt dernières années. Entre 1988 et 2010, on
note une augmentation de l'ordre de 19% de la superficie des terres labourables
contre une baisse de 57% des cultures permanentes et de 34% des superficies
toujours en herbe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Type de surface
Superficie des terres labourables
|
1988
Ha
51567
|
2000
Ha
59453
|
2010
Ha
61522
|
Evolution 1988-2010
Ha
|
Superficie des cultures permanentes
Superficie toujours en herbe
98
36250
71
27499
42
23784
19%
-57%
-34%
Tableau IV : Evolution de l'occupation des sols sur le
bassin versant (Source RA 2010)
Ces mêmes données permettent de hiérarchiser
les productions végétales selon leur superficie.
Les prairies fourragères temporaires, les cultures
céréalières et les prairies permanentes
constituent, à parts homogènes, les productions
prédominantes. Le blé tendre apparait au
second rang, suivi du cortège « colza », «
oléagineux » et « orge ».
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs29.png)
14%
7%
6%
20%
5%
2%
0%
0%
26%
20%
Fourrages et superficies toujours en herbe
Céréales
Superficie toujours en herbe (STH)
Blé tendre
Colza
Oléagineux
Orge
Maïs
Jachères
Autres
Figure N°17: Part des productions
végétales sur le bassin versant (source RA 2010)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 32
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Deux grandes catégories de rotations ont
été recensées par la Chambre d'Agriculture de Lorraine
lors d'une enquête de 2005 : les rotations de cultures d'hiver,
dominées par la succession « Colza, Blé, Orge d'hiver
», et les rotations avec culture de printemps, pour lesquelles l'orge de
printemps et le maïs sont principalement utilisés.
De manière plus synthétique, l'agriculture sur
le bassin versant est dominée par l'élevage bovin et les cultures
céréalières, la grande majorité des exploitants
étant éleveurs. La prédominance des exploitants
individuels sur les socitétés agricoles ne concorde pas
spécialement avec la taille moyenne à grande des structures.
Enfin, l'évolution de l'assolement, caractérisée par une
augmentation des superficies de terres labourables et par une diminution des
cultures permanentes et des surfaces toujours en herbe, correspond à la
dynamique observable à l'échelle départementale. Il
convient toutefois de noter que la perte des surfaces toujours en herbe a
été en partie enrayée ces dix dernières
années : d'une baisse de l'ordre de 24 % entre 1988 et 2000, à
une perte de l'ordre de 13% entre 2000 et 2010.
2. Dispositifs agri-environnementaux territoriaux
Contrats de maitrise des pollutions agricoles
Il convient de rappeler, dans un premier temps, que l'ensemble
du bassin versant est classé zone vulnérable selon la Directive
Nitrate. Les pratiques agricoles y sont, par conséquent,
déjà soumises à gestion raisonnée puisque les
exploitants sont tenus de respecter certaines préconisations
regroupées dans les quatre programmes d'actions du département :
1996-2000, 2000-2004, 2005-2009 et 2010-2014. Les premiers programmes
préconisent l'enregistrement des apports de fertilisants azotés
et des effluents d'élevage, le respect d'une dose maximale de 170 kg
N/ha/an, l'élaboration d'un prévisionnel de fumure azotée
par parcelle et l'objectif de 70% de couverture hivernale des sols. Le
troisième programme prévoit en plus le maintien de la
végétation sur cinq mètres de large de part et d'autre des
rives de la majorité des cours d'eau. Le quatrième programme
propose la couverture hivernale totale des sols dès 2011.
Les contrats agri-environnementaux reposant sur le volontariat
des exploitants complètent les recommandations de la directive : la
Prime à l'Herbe Agro-Environnementale, le PMPOA1 et le PMPLEE
Peu de données ont pu être obtenues sur l'ampleur
réelle de la contractualisation à l'échelle du bassin
versant de la Seille. Toutefois, le croisement de données issues de la
Chambre d'Agriculture de Moselle, de l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse à
l'échelle du département et des zones vulnérables «
nitrate » peut permettre de caractériser l'avancée de la
contractualisation.
La PHAE ne semble pas avoir connu le succès
escompté sur le bassin versant compte tenu de ses critères
d'attribution contraignants (conserver plus de 75% de parcelles en herbe), du
coût peu intéressant de la subvention associée (75
€/ha en moyenne sur le département) et de son
incompatibilité avec les MAET. Seules quelques dizaines d'hectares sont
couvertes par la PHAE à ce jour.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 33
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Le PMPOA1 et le PMPLEE ont connu un succès plus
significatif, notamment parmi les parcelles hors périmètre Natura
2000. On observe également une rupture de la dynamique d'adhésion
dans tous les départements Lorrains suite à l'abandon du PMPOA au
profit du PMPLEE en 2002.
Une étude commandée en 2006 par le PNRL et le
CSL portant sur l'évaluation du PMPLEE en région Lorraine indique
que 20% des exploitations Mosellanes ont déposé une
Déclaration d'Intention d'Engagement (DIE) avant 2002. Cette même
étude met en avant le fort taux d'engagement Mosellan puisque 39 % des
exploitants ont effectivement engagé des travaux de mise aux normes.
Les données concernant l'activité agricole du
bassin versant de la Seille rassemblées jusqu' ici nous permettent de
penser que les parcelles du bassin versant hors zonage Natura 2000 sont
représentatives des caractéristiques de l'agriculture à
l'échelle départementale. En ce sens, il est possible
d'extrapoler, avec prudence, que sur les 700 exploitations de la Seille hors
zonage Natura 2000, 20 % d'entre elles (soit 140 exploitations) aient pu
déposer une DIE et qu'environ 30% (soit entre 40 et 50) de ces
exploitations aient effectivement engagé des travaux de mise aux normes
au titre du PMPLEE.
Les impacts des deux programmes successifs ont pu être
évalués par enquête auprès des exploitants :
- La mise aux normes ne semble pas avoir modifié
profondément les structures d'exploitation
- La traçabilité et la gestion administrative de
la fertilisation azotée ont fortement progressé, notamment par un
recours plus systématique aux cahiers d'épandage et aux plans de
fumure prévisionnels. Une meilleure maitrise des épandages
d'effluents organiques est observable.
- Les résultats en termes de fertilisation
azotée minérale ne sont pas probants
- La problématique liée aux CIPAN et aux sols
sans couvert hivernal reste de mise et n'affiche aucun progrès.
En dépit de résultats relativement
satisfaisants, l'opinion des exploitants sur la succession des deux programmes
reste négative. 40 % ont effectivement l'impression « d'oeuvrer
pour le respect de l'environnement et de la ressource en eau » en
contractualisant. Toutefois, pour respectivement 29 et 16% d'entre eux, la
contractualisation dans le cadre d'un PMPOA ou d'un PMPLEE constitue avant tout
« une aide économique importante » et une possibilité
« d'économiser les fertilisants par la prise en compte de la valeur
fertilisante des effluents d'élevage ». La majorité des
enquêtés déplore l'insuffisance du montant de la
subvention, la lourdeur administrative du dispositif et les incohérences
entre les objectifs, les moyens et les contraintes. (PNRL-CSL, 2006)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 34
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Mesures agri-environnementales
territorialisées
Outre les mesures de conservation spécifiques aux
zonages Natura 2000, la gestion agri-environnementale actuelle du bassin
versant de la Seille repose essentiellement sur les MAET mises en place en
2008, puis en 2012. La contractualisation CTE a connu un certain succès
et une certaine efficacité dans les territoires homogènes qui ont
engagé une action collective autour du dispositif. L'arrêt des CTE
au profit des CAD instaurés, entre autres, pour une meilleure prise en
compte des enjeux territoriaux, a entrainé une rupture de la dynamique
de contractualisation. Des années 2004 à 2006, on peut estimer
que seules une trentaine d'exploitations ont contractualisé en CAD,
contrats qui arrivent à échéance entre 2009 et 2011 et
sont non-renouvelables.
Les MAET ont été initiées tardivement en
raison de la priorité accordée à la contractualisation sur
les sites Natura 2000. Des cahiers des charges MAET basés sur ceux
appliqués dans les périmètres Natura 2000 ont
été proposés aux agriculteurs cette même
année : 10 d'entre eux ont choisi de contractualiser pour une surface
concernée de 66 hectares. Quatre Espaces Naturels Sensibles (ENS) de la
vallée de la Seille ont fait l'objet d'une attention particulière
pour leur flore et leurs espèces faunistiques remarquables : « les
prairies et marais de Chambrey », « les prairies de la Seille »,
« la Seille de Manhoué à Arraye et Han » et « la
Seille en amont d'Haboncourt ».
Tous ces milieux sont essentiellement constitués de
prairies de fauche en partie inondables. A ce jour, les 41 contractualisations
mises en place permettent une gestion plutôt satisfaisante de la
pollution azotée sur le bassin versant hors périmètre
Natura 2000 : 23% des prairies y sont non fertilisées, 24 %
reçoivent une fertilisation inférieure à 30 kgN/ha/an, 19%
reçoivent une fertilisation entre 30 et 60 kgN/ha/an et 34%
reçoivent plus de 60 kgN/ha/an.
|
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Habitat concerné
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Code de la mesure
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Objectifs de la mesure
Absence totale de fertilisation
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Montant
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Financement
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Prairies de fauche
et de pâtures
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LO_SASE_PF1
LO_SASE_PF2
|
Limitation de la fertilisation à 30
kgN/ha/an
Absence totale de fertilisation et mise en
défens de 10% de la parcelle
engagée
|
212 €/ha
228 €/ha
|
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FEADER - CG57
FEADER - CG57
Prairies prioritaires
LO_SASE_PE1
LO_SASE_PE2
Absence totale de fertilisation et retard de
fauche après le 22 juin
269 €/ha
294 €/ha
FEADER - CG57
FEADER - CG57
Tableau V : Types de Mesures Agri-environnementales
Territorialisées
hors périmètre Natura 2000
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
L'opération Agri-Mieux « AQUAE SEILLE » :
contenus du dispositif
Initiées en 1991 par le Ministère de
l'Agriculture et confiées à l'ANDA, les opérations
Ferti-mieux ont rencontré un certain succès, rendu possible par
la mobilisation des exploitants en faveur de la qualité de l'eau. Suite
à la dissolution de l'ANDA en 2003 et à la disparition du
dispositif en dépit de la dynamique qui avait été
créée parmi les agriculteurs, la CRAL proposa la mise en place
d'une instance interrégionale dans le but de conserver
l'intérêt environnemental des mesures initiées au sein d'un
dispositif renommé Agri-Mieux. Les 17 opérations Ferti-Mieux du
bassin Rhin-Meuse sont converties avec succès en programmes Agri-Mieux,
pilotés et financés par les Chambres d'Agriculture
Départementales.
En juillet 2005, l'opération Agri-Mieux « Aquae
Seille » est lancée suite à la récurrence et
l'augmentation des problèmes de qualité de l'eau observés
sur le bassin versant. Concernant 600 exploitants sur les 90 000 hectares de la
SAU du bassin, les pratiques agricoles promues par le groupe agro-environnement
de la Chambre d'Agriculture de Moselle correspondent à quatre grands
axes prédéfinis par concertation :
y' Une gestion raisonnée de l'azote, adaptée aux
cultures en place sur le bassin versant.
y' Une gestion améliorée des effluents
d'élevage, plus particulièrement dans le secteur amont du bassin
versant.
y' Une gestion des risques de pollution par les substances
phytosanitaires y' Une généralisation de la couverture hivernale
des sols, renforcée dans les secteurs d'élevage sur le secteur
médian du bassin versant
Techniquement, le conseil aux agriculteurs prend des formes
diverses mais repose toujours sur l'engagement volontaire des exploitants, la
concertation et des démarches de type « bottom-up » où
les agriculteurs font remonter des solutions techniques locales à «
l'échelon supérieur ». Le dispositif affiche l'ambition de
créer une dynamique locale, agricole et non-agricole, pour que
l'agriculture soit vue et connue comme partenaire de l'eau. Des notes
techniques, comprenant notamment des conseils pratiques relatifs à la
gestion de la fertilisation, sont envoyées plusieurs fois par an aux
exploitants. Des animations sont réalisées en salle et sur le
terrain. Des visites d'exploitation et de plateformes d'essai sont
organisées pour la mutualisation des bonnes pratiques. Un blog internet,
nommé Graines de Seille, est animé plusieurs fois par mois par la
Chambre d'Agriculture 57 (
http://amseille.blogspot.fr/).
Le compte rendu des visites d'exploitations et des études en cours y est
exposé.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 35
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 36
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
L'opération Agri-Mieux « AQUAE SEILLE » :
premiers résultats
L'évaluation de l'efficacité du dispositif est
réalisée par la Chambre d'Agriculture tous les quatre ans depuis
sa mise en place en 2005. A ce titre, une enquête initiale a
été réalisée sur les exploitations
Meurthe-et-Mosellanes du bassin. Un « état initial 2005» des
pratiques de fertilisation azotée du bassin versant a ainsi pu
être extrapolé :
- 86% des exploitants pratiquent une fertilisation
raisonnée en azote minéral en tenant compte du
précédent cultural pour 93% d'entre eux, de la fumure organique
pour 81% d'entre eux, du type de sol pour 56% d'entre eux et de l'exportation
pour 41% d'entre eux.
- Les deux critères majoritaires de
déclenchement de la fertilisation sont le stade de la culture et les
conditions climatiques.
- Pour le blé : l'apport d'azote moyen est de
169,5 kgN/ha/an. 9% des exploitants apportent moins de 140 kgN/ha/an, 57% entre
140 et 180 kgN/ha/an et 23% entre 180 et 200 kgN/ha/an. 97 % des agriculteurs
réalisent des apports fractionnés en azote : en deux fois pour
54% et en trois fois pour 43%.
- Pour le colza : l'apport d'azote moyen est de 183,8
kgN/ha/an. 10% des exploitants apportent moins de 140 N/ha/an, 27% entre 140 et
180 kgN/ha/an et 60% entre 180 et 220 kgN/ha/an. 100 % des agriculteurs
réalisent des apports fractionnés en azote : en deux fois pour
90% et en trois fois pour 10%.
- Pour le maïs : L'apport d'azote moyen lors du
premier apport est de 108 kgN/ha/an. 50% des exploitants dépassent 120
kgN/ha/an dès le premier apport, 27% apportent entre 100 et 120kg
N/ha/an et 23% d'entre eux apportent moins de 100 kgN/ha/an. 18 % des
agriculteurs réalisent deux apports en azote alors que 82% n'en
réalisent qu'un seul.
- 17% des terres labourables restent sans couverture
végétale hivernale. Les CIPAN ne sont mises en oeuvre que sur 10%
de la SAU à même d'en accueillir.
- 20 % du Blé, 20 % du colza, 55 % du maïs et 25%
des prairies permanentes reçoivent de la matière organique. Les
épandages respectent en grande majorité les dates
préconisées par la Directive Nitrate, à l'exception d'un
quart des cultures de maïs.
- L'extrapolation des données indique une dose moyenne
d'azote organique de 116 kgN/ha, bien inférieure à la norme de
l'époque de 210 kgN/ha. 21% des exploitations effectuent cependant des
apports d'azote minéral supérieurs aux recommandations en vigueur
en 2005. (Deville, 2009)
La première évaluation technique du dispositif
Agri-Mieux « Aquae Seille » portant sur 60 exploitants date de 2009
et permet d'apprécier l'évolution des pratiques
agri-environnementales sur le bassin versant :
- 78% des exploitants déterminent leurs apports en
azote en consultant plusieurs références techniques provenant des
coopératives, de la Chambre d'Agriculture ou des fiches Aquae-Seille.
Toutefois, 65% des agriculteurs n'utilisent qu'une seule méthode
technique pour déterminer la quantité d'azote minéral
à épandre.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 37
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
- Les principaux critères hiérarchisés de
raisonnement de la fertilisation azotée sont l'apport de matière
organique pour 92% des exploitants, le précédent cultural pour
85%, le potentiel de la parcelle pour 82%, l'objectif de rendement pour 78%,
l'état de la végétation pour 75%, les conditions
climatiques pour 55%, la fourniture du sol pour 47% et l'arrière-effet
prairie pour 22% d'entre eux.
- Les critères pris en compte pour le
déclenchement de la fertilisation sont les conditions climatiques pour
87% des exploitants, le stade de végétation pour 75%, l'aspect de
la végétation pour 17%, la date pour 15% et les conseils des
organismes agricoles pour 7% d'entre eux.
- Pour le blé : l'apport moyen d'azote
révèle une très faible baisse avec une valeur 2009 de 168
kgN/ha/an. L'écart moyen pondéré entre la quantité
apportée et la quantité recommandée est de +34 kgN/ha/an.
Tous les agriculteurs réalisent désormais des apports
fractionnés : en deux fois pour 36% d'entre eux, en trois fois pour 56%
et en quatre fois pour 8% des exploitants. Toutefois, l'enquête
révèle que sur le bassin versant, la quantité d'intrants
apportée augmente avec le nombre d'apports, les exploitants ayant
tendance à avoir « la main plus lourde » sur chacun des
apports. 71% des surfaces de blé reçoivent un fractionnement
correct tandis que 29 % des surfaces reçoivent un premier apport trop
tôt dans la saison, ou trop chargé en azote. On observe une
surfertilisation des sols limoneux et des sols argileux profonds pour lesquels
les exploitants ont tendance à relativiser l'importance des fournitures
en azote du sol et ne valorisent pas assez leur fumier.
- Pour le colza : l'apport moyen d'azote
révèle une baisse significative avec une valeur 2009 de 172
kgN/ha/an. L'écart moyen pondéré entre la quantité
apportée et la quantité recommandée est de +20 kgN/ha/an.
Comme en 2005, l'ensemble des exploitants réalise des apports
fractionnés avec une nette augmentation des apports triples et
l'apparition des apports quadruples : 14% réalisent leurs apports en
deux fois, 81% en trois fois et 8% en quatre fois. 51% des exploitants
réalisent un fractionnement correct, 43% doivent améliorer la
date et la dose du premier apport, et 6% doivent revoir leurs apports trop
importants. Comme pour le blé, on note une surfertilisation, notamment
sur les sols limoneux et argileux profonds dont la fourniture en azote est peu
ou pas prise en compte.
- Pour le maïs : l'apport moyen d'azote a peu
évolué avec une valeur 2009 de 134 kgN/ha/an. L'écart
moyen pondéré entre la quantité apportée et la
quantité recommandée est de +41 kgN/ha/an. L'opération
Aquae Seille recommande un apport unique pour une dose de moins 100 kgN/ha/an,
et un fractionnement en 50 kgN/ha/an + solde manquant lorsque la dose
nécessaire dépasse 100 kgN/ha/an. A ce titre, on note une
évolution favorable en 2009 puisque plus de 88% des exploitants
réalisent deux apports ou plus par an contre 18% en 2005. 19% des
parcelles de la SAU connaissent un fractionnement correct tandis que 75%
reçoivent un premier apport trop important ou prématuré.
La surfertilisation est plus importante sur le maïs que sur les autres
cultures du bassin versant, quel que soit le type de sol.
- Pour l'orge d'hiver : L'absence de données
concernant cette culture en 2005 ne permet d'apprécier
l'évolution des pratiques. Nous disposons toutefois des
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 38
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
données 2009. L'apport moyen d'azote est de 142
kgN/ha/an. L'écart moyen pondéré entre la quantité
apportée et la quantité recommandée est de +29 kgN/ha/an.
Tous les exploitants fractionnent leurs apports, parmi eux 13% réalisent
leurs apports en trois fois. L'opération Aquae Seille préconise
de ne pas excéder 150 kgN/ha/an en deux apports. 60% des surfaces d'orge
d'hiver connaissent un fractionnement correct alors que 40% d'entre elles
connaissent un premier apport trop important ou prématuré. La
surfertilisation est moins marquée sur l'orge d'hiver que sur les autres
cultures. Une meilleure prise en compte des apports en azote organique et de la
fourniture des sols limoneux et argileux profonds permettrait encore d'affiner
les apports d'azote minéral.
- 85% des exploitants enquêtés utilisent de
l'azote organique sous forme de fumier et de lisier de bovin mais ne prennent
pas essentiellement en compte ces apports pour affiner les doses d'azote
minéral utilisées. Le rapport entre la quantité d'azote
organique totale produite par le cheptel et la surface potentiellement
épandable (SPE) de chaque exploitation permet d'évaluer la
pression d'azote organique subie par les parcelles. Le ratio maximum
observé sur le bassin versant est de 168 kg d'azote organique par
hectare de SPE, pour un rapport moyen sur le bassin versant de 29 kg d'azote
organique par hectare de SPE. Aucune exploitation ne présente donc de
pression excessive en azote organique.
- Le rapport SAMO/SPE (Surface réellement
amandée en azote organique par rapport à la surface
potentiellement épandable) permet d'appréhender plus finement les
pratiques d'épandage des exploitants. Il correspond à la
proportion de la surface épandable effectivement utilisée chaque
année. Plus le rapport est élevée, meilleure est la
valorisation des parcelles par la matière organique. Seuls 13% des
exploitants valorisent leur SPE à au moins 50% en apportant toutefois
des quantités modérées d'azote organique. A l'inverse, 15
% des exploitants ont des apports qui dépassent 200 kgN/ha/an tout en ne
valorisant que 40% et moins de leur SPE. Ces données mettent en avant le
fait qu'une nette amélioration des pratiques de fertilisation organique
est envisageable puisque ces agriculteurs ne sont pas plafonnés dans
leurs pratiques par leur SPE.
- 9% des terres labourables restent nus en hiver contre 17% en
2005. A l'inverse, le taux d'implantation des CIPAN sur les surfaces
potentielles a chuté de 10% en 2005 à 3,4% en 2009. Seuls trois
exploitants en réalisent sur le bassin versant et connaissent
réellement les avantages de l'interculture. Cette technique reste
éloignée des préoccupations des agriculteurs. A titre
d'exemple, seuls 10 d'entre eux ont participé à la journée
d'information et de démonstration des CIPAN organisée par la
Chambre d'Agriculture de Moselle. Le développement de l'interculture
constitue un des axes de progrès majeurs pour l'amélioration de
la pollution azotée sur le bassin versant.
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La renaturation de la Seille
Programmé depuis 1998, un important dispositif de
renaturation de la Seille s'est donné pour objectifs
l'amélioration globale de la qualité de l'eau et du milieu
physique de la rivière. Deux types d'actions composent le programme : la
modification de la végétation rivulaire et les interventions
hydrauliques plus classiques qui concernent le lit de la rivière.
Les interventions portant sur la végétation
rivulaire poursuivent quatre objectifs :
- La consolidation des berges face à l'érosion
par la plantation de végétation basse (technique de bouturage),
de végétation moyenne (bocage) et de végétation
haute (essences de haut jet).
- La limitation de l'ensoleillement du lit mineur par l'apport
d'ombrage dans le but
de réduire la prolifération algale et d'enrayer
la diminution d'oxygène dissous. - L'amélioration de la
qualité paysagère sur le bassin versant par une meilleure
visibilité du parcours de la Seille au sein de sa
vallée
- L'amélioration de la qualité de l'eau par
l'absorption des nitrates au niveau de la zone racinaire de la
végétation rivulaire.
Les interventions sur le lit mineur visent à
améliorer l'hydraulique de la rivière : élimination des
embâcles, curage, création d'épis contre
l'érosion...
D'autres mesures sont mises en oeuvre à plus large
échelle avec pour finalité l'amélioration de la
qualité de l'eau :
- La préservation des zones humides et des
éléments paysagers favorables à la qualité de l'eau
par leur inscription dans les CAD ou les MAET.
- L'achèvement de la mise aux normes des exploitations
agricoles et des infrastructures de traitement des industries et des
communes
- La poursuite de la concertation avec les
propriétaires des étangs majeurs pour la gestion des
étiages
- L'étude globale des ouvrages hydrauliques de la
Seille
Initié par l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse, le programme
de restauration de la Seille a connu de nombreux obstacles, notamment dans
l'élaboration d'un consensus entre les nombreux acteurs locaux et la
redéfinition des rôles après la réforme de
l'intercommunalité. Sa réalisation est en train de trouver une
nouvelle dynamique sous l'impulsion de l'Agence de l'eau et des trois Syndicats
de Rivière.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 39
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 40
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. La zone NATURA 2000 « Vallée de la Seille
» : exemple d'une gestion agri-environnementale territorialisée
Localisation du site
Le site Natura 2000 de la Vallée de la Seille («
secteur amont et petite Seille fr4100232 ») s'étend sur une surface
de 1486 hectares au Sud-Est de la Moselle. Délimité de part et
d'autre de la Seille par les communes de Dieuze et Salonnes, le zonage inclut
le ruisseau du Nard et la Petite Seille. Vingt communes mosellanes et une
commune meurthe-et-mosellane sont concernées.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs30.png)
Figure N°18 : Localisation de la zone Natura 2000 de
la Vallée de la Seille (source PNRL)
Le site présente un intérêt particulier
lié aux résurgences d'eau salée propres au secteur amont
du bassin versant. Les prés salés continentaux, les marais et les
steppes salées constituent des milieux halophiles abritant une faune et
une flore exceptionnelles qui ont fait l'objet de dispositifs de conservation
avancés.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 41
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Occupation des sols et activités agricoles
Sur ce zonage, cinq classes d'habitats ont été
relevées par le Conservatoire des Sites Lorrains,
hiérarchisées selon leur surface.
Marais salants, Prés salés, Steppes
salées
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et
industrielles, Routes, Décharges, Mines)
Prairies semi-naturelles humides, Prairies
mésophiles améliorées
Tableau VI : Couverture des différentes classes
d'habitats
dans la zone Natura 2000 (source CSL 2013)
Couverture
Prairies ameliorées
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux
courantes)
31% 29% 27% 12%
1%
L'agriculture constitue l'activité anthropique majeure
sur le site avec 62 d'exploitations. Sur les 1486 ha de parcelles du site, 1340
sont utilisés par l'agriculture Les orientations
technico-économiques les plus représentées sont la
Polyculture-Polyélevage (57% des exploitations), les Bovins mixtes (23%)
et les Céréales et Oléagineux (17%). Les exploitations
sont de taille importante (77% ont une surface supérieure à 100
hectares) et le statut de société agricole est majoritaire.
(Recensement agricole 2010)
Les cultures du blé, de l'orge et du colza sont
devenues majoritaires au détriment d'une polyculture associant
céréales, plantes sarclées, cultures fourragères,
vignes et fruits. De manière générale, l'activité
agricole dans la zone Natura 2000 s'est adaptée aux politiques publiques
européennes et nationales : les petites structures qui pratiquaient la
polyculture-polyélevage ont certes disparu moins rapidement que sur
d'autres territoires non protégés, mais les exploitations
spécialisées de grande taille sont devenues progressivement
majoritaires. Toutefois, les pratiques néfastes qui découlent
habituellement de ce type de restructuration (augmentation de la fertilisation,
avancement des dates de fauches, retournement des prairies) sont restées
limitées dans la zone pour deux raisons :
- La précocité des mesures de conservation
- L'humidité importante des parcelles qui constituent
la zone Natura 2000 actuelle, dont la nature inondable, argileuse et
difficilement drainable favorise le maintien en herbe plutôt que la mise
en culture.
Le risque principal qui pèse sur la zone Natura 2000
n'est donc plus le retournement des prairies ou le drainage excessif, mais bien
la recherche de valorisation de l'herbe par l'intensification des modes de
gestion des parcelles.
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Dispositifs agri-environnementaux et mesures de
conservation
Les actions de conservation des espaces remarquables du
secteur ont été initiées dès les années
1990. Elles ont évolué avec les dispositifs européens et
nationaux pour assurer une gestion pérenne et adaptée aux
spécificités et aux exigences du territoire. Cette
évolution a mené aux dispositifs agri-environnementaux que l'on
connait aujourd'hui.
Dès 1989, le Conservatoire des Sites Lorrains et le
Parc Naturel Régional de Lorraine engagent une protection de certaines
sources et prés salés de la Vallée de la Seille par
l'intermédiaire d'acquisitions foncières et de conventions
agricoles.
De 1993 à 2000, la collaboration entre le CSL et le
PNRL se poursuit avec le programme européen ACNAT, appliqué aux
prés salés continentaux de la vallée. Avec
l'intermédiaire de la SAFER régionale, le CSL réalise
l'acquisition de 134 hectares de parcelles sur 13 sites salés
remarquables. Les premières mesures agri-environnementales du bassin
versant y sont mises en place à travers cinq types de contrats qui
prévoient déjà le raisonnement de la fertilisation
azotée en complément de la fauche retardée. Fin 2000, 529
hectares de prairies sont ainsi gérés de manière extensive
et contrôlée.
En 2001, le développement des CTE a permis de faire
évoluer les actions de préservation sur le territoire avec la
création du contrat collectif du Saulnois « prairies remarquables
de la Seille ». Le dispositif tient son efficacité de la
qualité des choix de cahiers des charges opérés par les
exploitants sur les conseils du PNRL, du CSL, de la CDA57 et de l'ADASEA 57.
Ces institutions proposent une visite chez l'exploitant, un diagnostic
environnemental et un diagnostic de faisabilité agricole qui permettent
de choisir le cahier des charges le plus adapté aux
spécificités des parcelles et de la structure de l'exploitant.
Une année plus tard, les 23 CTE signés impliquent un raisonnement
de la fertilisation azotée sur 397 hectares et un retard de fauche sur
224 hectares. La suspension des CTE en 2003, malgré les résultats
très encourageants obtenus, stoppe cependant la seconde vague de
contractualisation prévue.
La mise en place du dispositif CAD en 2004 relance timidement
le processus de contractualisation en raison de la perte de confiance des
exploitants dans les politiques agri-environnementales publiques. L'enjeu de
cette nouvelle période réside dans l'implantation de trois types
de CAD en complément du CTE collectif : « Prés salés
continentaux » et « Prairies mésophiles de fauche à
colchique ». Les cahiers des charges sont élaborés
difficilement en raison du manque de dynamisme insufflé à la
concertation autour des mesures minimales et optimales à envisager pour
la fertilisation raisonnée, la limitation du drainage et du
surpâturage, le retard de fauche et la date de retrait des
bêtes.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 42
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 43
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Une évaluation des coûts élaborée
par le COPIL Natura 2000 permet de comprendre « en partie » le manque
d'intérêt des exploitants pour ce nouveau dispositif plutôt
contraignant et peu rémunérateur. Pour le CAD « Prairie
remarquable » :
V' L'application des mesures minimales de fertilisation (trois
apports azotés de 30, 15 et 15 kgN/ha/an sous forme minérale ou
compost) rapporte une indemnité de 125,77 €/ha/an auxquels
s'ajoutent la bonification Natura 2000 de 20%, soit une subvention totale de
150,92 €/ha/an.
V' L'application des mesures optimales de fertilisation
(aucune fertilisation minérale ou organique) rapporte 192,07
€/ha/an.
L'abandon des CTE au profit des CAD constitue un
véritable coup d'arrêt dans le développement des
dispositifs agri-environnementaux sur ce territoire. Ainsi, fin 2006, seuls
huit contrats CAD sont signés pour seulement 138 hectares
supplémentaires de protection. Toutefois, l'apparition du dispositif
MAET va permettre au territoire Natura 2000 de rebondir et de relancer
efficacement ses mesures de conservation à l'aide de ses acteurs
territoriaux. Dès la première année d'ouverture en 2007,
une importante campagne d'information sur le terrain et une promotion de ces
nouveaux contrats est mise en oeuvre. 22 exploitants sont convaincus et
contractualisent pour cinq ans. Parmi eux, quatre ne sont pas issus des
dispositifs CTE ou CAD. 372 hectares sont ainsi couverts par une MAET
dès le lancement du programme.
|
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|
Habitat concerné
Prés salés
|
Code de la mesure
LO_SEIL_PS3
LO_SEIL_PS2
|
Objectifs de la mesure
Abscence de fertilisation
azotée Abscence de fertilisation azotée
et fauche après le 15 juin Limitation de la
fertilisation
Limitation de la fertilisation azotée
|
Montant
228 €/ha
275 €/ha
|
Financement
Etat - FEADER
Etat - FEADER
|
Prairies
remarquables
|
LO_SEIL_PR4
LO_SEIL_PR2
LO_SEIL_RA1
|
azotée à 30 uN
à 30 uN et fauche après le 15 juin
Abscence de fertilisation azotée, fauche
|
212 €/ha
266 €/ha
363 €/ha
|
Etat - FEADER Etat -
FEADER
Etat - FEADER
|
Râle des genêts
|
LO_SEIL_RA2
|
après le 30 juin et 10% mise en
défens
Abscence de fertilisation azotée, fauche
herbacé et limitation de la
|
426 €/ha
|
Etat - FEADER
|
Cultures
|
LO_SEIL_PR3
|
après le 20 juillet et 10% mise en
défens
Création et entretien d'un couvert
|
267 €/ha
|
|
fertilisation azotée
Etat - FEADER
LO_SEIL_HA1
LO_SEIL_HA2
Un entretien tous les cinq ans pour les
haies non mitoyennes
Un entretien tous les cinq ans pour les
haies mitoyennes
0,17 €/ml
0,09 €/ml
Etat - FEADER
Etat - FEADER
Tableau VII : Types de Mesures Agri-environnementales
Territorialisées dans la zone Natura 2000 (source CDA 57)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 44
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les années d'ouverture suivantes témoignent de
la bonne dynamique de contractualisation : 16 contrats (5+11 avenants) en 2008
et 16 contrats (3+13 avenants) en 2010. En 2012, 20 contrats du premier PAE
sont renouvelés et 11 nouveaux contrats sont signés.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs31.png)
1400
1200
1000
400
800
600
200
0
1993 2000 2001 2004 2006 2007 2008 2010
2012
ACNAT CTE CAD
MAET
40
70
50
30
0
60
20
10
Nombre de contrats
Surface contractualisée
Figure N°19 : Evolution de l'adhésion aux
contrats agri-environnementaux dans la zone Natura 2000
d
d ome ctrs
La gestion de la pollution azotée d'origine agricole
par la contractualisation dans la zone Natura 2000 « Vallée de la
Seille » présente des phases représentatives que l'on peut
retrouver dans d'autres territoires, y compris sur le bassin versant de la
Seille. Les premières mesures de gestion sont souvent initiées
relativement tôt par la volonté des acteurs locaux de
protéger des sites remarquables à fort patrimoine naturel et/ou
historique, parfois vecteurs de l'identité du territoire. Le programme
ACNAT, les acquisitions foncières et les zonages de type Natura 2000
constituent, à ce titre, des opportunités intéressantes.
Les CTE, premiers contrat agri-environnementaux mis en place, rencontrent
généralement un certain succès en permettant de prolonger
la volonté de gestion raisonnée des acteurs locaux dans un cadre
plus réglementé et plus intéressant pour les exploitants.
Toutefois, l'abandon des CTE au profit des CAD peut susciter
l'incompréhension des exploitants vis-à-vis des politiques
publiques et entrainer une période de transition pendant laquelle la
concertation peut paraitre plus délicate. Il est alors courant
d'observer une rupture de la dynamique de contractualisation des années
2003 à 2007. La relance des contrats, notamment par la mise en place des
MAET, nécessite un effort de promotion important de de ces mesures par
les gestionnaires du territoire. Cette redynamisation est d'autant plus facile
que le territoire est homogène, que les exploitants sont volontaires et
confiants, et que la concertation est optimale. On regrettera cependant
l'échec de la contractualisation des MAEt en faveur des haies
arbustives. Le cas de la zone Natura 2000 de la Vallée de la Seille
illustre l'effet de rebond possible après une période de
transition et constitue, à ce titre, un exemple de gestion
agri-environnementale par la contractualisation.
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Impact sur les prairies Natura 2000
En croisant les données de MEURISSE (2001) et de la
Chambre d'Agriculture de Moselle, il est possible d'apprécier les
différences entre les pratiques de fertilisation sur les prairies Natura
2000 couvertes par des mesures agri-environnementales et les parcelles «
libres ». L'enquête de type questionnaire porte sur les pratiques de
31 exploitants des prairies de bord de Seille. Parmi les 146 parcelles
enquêtées, 59 sont sous contrat de type MAE ou suivies par le CSL,
87 sont libres de tout contrat.
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Médiane
|
Aucune fertilisation
|
F < 30 kgN
|
30<F<60 kgN
|
|
Fertilisation azotée
kgN/ha/an
% Parcelles
% Parcelles
% Parcelles
Parcelles MAE
Parcelles hors-contrat
25
60
25
24
36
34
25
26
Tableau VIII : Pratiques de fertilisation sur les
prairies MAE
et hors-contrat dans la zone Natura 2000
F>60 kgN
% Parcelles
14
15 L'étude révèle que la
fertilisation azotée présente une valeur médiane de 60
kgN/ha/an sur les parcelles « hors contrat » contre 25 kgN/ha/an pour
les prairies MAE, soit une valeur plus de deux fois plus élevée.
De manière générale, les pratiques de fertilisation sont
raisonnées et correspondent aux objectifs de conservation sur la zone
Natura 2000, avec ou sans MAE.
La signature de contrats MAE encourage cependant des pratiques
significativement plus raisonnées et se rapprochant de la norme de 30
kgN/ha/an favorable à la préservation des prairies
remarquables1. 29 % des parcelles reçoivent une fertilisation
supérieure à 60 kgN/ha/an qui permet une valorisation de l'herbe,
mais reste supérieure aux recommandations du CSL.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 45
1 Il est à noter que la forme des
données extrapolées depuis l'enquête initiale ne permet pas
de révéler au mieux l'écart entre la fertilisation sous
contrat MAE et la fertilisation « hors contrat ». En effet, rappelons
que l'échantillon Parcelles MAE est plus petit que l'échantillon
Parcelles Hors-Contrat. En ce sens, transcrire le nombre de parcelles de chaque
catégorie de fertilisation en pourcentages « écrase les
écarts ». De plus, ne disposant pas des données initiales
pour chacune des parcelles, l'amplitude des différentes
catégories ne reflète pas forcément la
réalité du terrain. Il est fort probable que les 26% de parcelles
hors-contrat de la catégorie 30 à 60 kgN/ha/an se rapprochent
plus de 60 que de 30 kgN/ha/an, comme en témoigne l'écart de
médiane entre les deux séries de données.
Deuxième partie :
Relation Eau-Agriculture sur le bassin versant La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs32.png)
Le bassin versant de la Seille constitue une entité
territoriale particulière sur laquelle l'évolution des
dispositifs agri-environnementaux est toutefois représentative de
l'évolution des politiques publiques de gestion agri-environnementale
nationale et européenne. A l'instar d'autres territoires agricoles
français, la dynamique d'adhésion aux dispositifs connait des
fluctuations induites par la succession des programmes agri-environnementaux.
Cette dynamique peut toutefois être relancée lorsqu'un effort de
promotion et de maitrise du dispositif est fourni par les acteurs territoriaux.
En ce sens, le zonage Natura 2000 de la Vallée de la Seille
témoigne de l'importance de la concertation et de l'adaptation des
programmes agri-environnementaux aux spécificités territoriales.
Il peut, à ce titre, constituer un exemple à suivre.
Quels sont les impacts de l'évolution des dispositifs
agri-environnementaux sur la qualité de l'eau dans le bassin versant de
la Seille ?
Le contraste observé entre la gestion en
périmètre Natura 2000 et hors périmètre Natura 2000
est-elle source de résultats différents en termes de
qualité de l'eau ?
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 46
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Partie 3 : EVOLUTION DE LA QUALITE DE
L'EAU SUR LE BASSIN VERSANT DE LA
SEILLE
1. Prémices de l'étude
1. Qualité de la rivière Seille
De tout temps, la qualité des eaux de la Seille a
été jugée préoccupante par les acteurs territoriaux
qui n'ont pu que difficilement endiguer sa dégradation. Dotée
d'une salinité naturelle peu propice au développement d'une
ripisylve complète, la rivière a également subi l'impact
des rejets urbains et industriels jusqu'à la mise aux normes des
installations. D'énormes progrès ont été
réalisés dans ce domaine, notamment depuis la pollution
accidentelle du 16 mai 1990 encore très présente dans la
mémoire des riverains. L'assainissement est aujourd'hui jugé bon
: huit stations d'épuration jalonnent le cours principal et dix autres
se répartissent sur les affluents. Plusieurs suivis de long terme sont
en cours concernant la pollution agricole et la dégradation physique des
milieux qui restent d'actualité. La Seille présente une
qualité globale « Passable » d'après les données
du Réseau National de Bassin (RNB 1991 & 2000). La qualité
physique est médiocre sur la majeure partie du tracé, le lit
mineur étant le compartiment le plus dégradé. Les teneurs
en nitrate n'ont toutefois jamais dépassé la norme de
potabilisation de 50 mg/L ces vingt dernières années et les trois
quarts du linéaire sont classés en qualité bonne selon le
critère SEQ-Eau « Azote »
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs33.png)
Figure N°20 : Qualité du milieu physique de
la Seille (source AERM & DIREN)
Figure N°21 : Qualité SEQ-Eau Azote de la
Seille (source AERM 2003)
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 47
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 48
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
2. Intérêt de l'étude
L'étude porte sur l'évolution des teneurs en
ammonium (NH4 +) et en nitrate (NO3 -) de 1992 à 2011 dans les eaux de
la Seille et de la petite Seille, son principal affluent du secteur agricole
amont. Les données récoltées sont mises en relation avec
la succession des dispositifs agri-environnementaux afin d'appréhender
l'efficacité de ces derniers sur la pollution azotée dans le
bassin versant. Observe-t-on une réduction des teneurs moyennes en
matières azotées ? Constate-t-on des phases
caractéristiques en fonction de la mise en oeuvre des différentes
mesures agri-environnementales ? Quelle est la part de l'influence des
conditions météorologiques sur les tracés
réalisés ?
L'ammonium et le nitrate sont représentatifs de
l'ampleur de la pollution azotée du cours d'eau. L'ammonium (NH4 +) est
le premier résidu minéral de la dégradation de la
matière organique dans le sol par le processus d'ammonification.
Principalement apporté par les effluents d'élevage, il constitue
un excellent témoin des pollutions ponctuelles et de la pression en
azote organique que subit la rivière. Peu soluble, l'ammonium n'est pas
facilement lessivable et reste adsorbé dans le complexe argilo-humique.
Les concentrations mesurées dans les eaux superficielles et souterraines
sont généralement plus faibles que pour le nitrate.
Le nitrate est le troisième résidu issu de la
dégradation de la matière organique après le nitrite NO2
-. Il peut être apporté naturellement par la fixation biologique
de l'azote aérien (oxydes nitreux) mais constitue, dans notre
étude, un témoin de l'ampleur de la pollution diffuse des eaux
par l'apport d'engrais minéraux et par l'épandage d'effluents
d'élevage sur les parcelles.
2. Méthodologie
1. Choix des stations de prélèvement
Sept stations ont été
sélectionnées sur le bassin versant : cinq le long du cours d'eau
principal, la Seille, et deux stations supplémentaires sur la petite
Seille, selon les critères suivants :
y' Une répartition des stations sur le tracé de
la Seille qui permette de représenter la qualité de l'eau
à l'aide d'au moins deux stations pour chaque secteur : amont,
médian, aval.
y' La présence d'au moins deux stations sur la petite
Seille, principal affluent de la Seille sur le secteur amont très
exposé aux pressions d'origine agricole.
y' La présence d'au moins deux stations
représentatives de la zone Natura 2000 « Vallée de la Seille
».
y' La sélection de stations hors agglomération
afin de limiter la présence d'azote urbain et/ou industriel.
y' L'existence de données de mesures des
paramètres « Ammonium » et « Nitrate » les moins
discontinues possibles sur la période 1992-2011.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 49
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les stations de Mulcey, Haboudange, Salonnes, Chambrey, Nomeny,
Cheminot et Metz ont été retenues.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs34.png)
Figure N°22 : Localisation des stations de
prélèvement
|
Zone représentée
Stations
Secteur amont
Petite Seille
Zone Natura 2000 "Vallée de la Seille"
|
Mulcey Haboudange
|
Secteur médian
Haboudange Salonnes
Mulcey Salonnes
Chambrey Nomeny
Cheminot Metz
Tableau IX : Correspondance entre stations de
prélèvement et secteurs étudiés
Secteur aval
La station METZ a été conservée
malgré le paysage urbain qui l'entoure car elle reste en amont des
principaux rejets urbains de la ville. Elle est également la seule
station en aval à disposer de données continues depuis 1992. Les
données récoltées sur les stations de CHAMBREY, CHEMINOT,
HABOUDANGE et SALONNES présentent des discontinuités sur la
période 1992 - 2011.
2. Obtention et traitement des données
Les données concernant les concentrations en ammonium
et en nitrate (en mg/L) sont issues de la base de données SIERM,
disponible sur le site de l'Agence de l'Eau Rhin Meuse (
http://rhin-meuse.eaufrance.fr/).
Les mesures brutes annuelles ont été compilées par
station. Les valeurs annuelles de chaque station ont été
déterminées par la méthode des percentiles 90.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 50
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Techniquement, les douze valeurs mensuelles de l'année
sont triées par ordre croissant et la onzième valeur la plus
haute sert de valeur annuelle afin de prendre en compte le pouvoir
épurateur de l'eau qui impacte les teneurs en azote observées.
Une rivière à fort pouvoir épurateur aura statistiquement
plus de chances d'avoir une onzième valeur plus faible qu'une
rivière peu propice à l'autoépuration. Cette
méthode plus robuste statistiquement que la moyenne permet
également d'écarter les mesures extrêmes pouvant
résulter d'une erreur de mesure. Une série de graphiques de type
« courbes » par substance et par station a été
élaborée afin d'appréhender l'évolution des
concentrations mensuelles et d'y repérer des variations cycliques ou des
influences saisonnières. Les stations ont été
compilées deux par deux afin d'être représentatives des
différents secteurs du bassin versant :
V' Secteur amont : Mulcey et Haboudange V' La petite Seille :
Salonnes et Haboudange V' Secteur médian : Chambrey et Nomeny V' Secteur
aval : Metz et Cheminot
V' Zone Natura 2000 : Mulcey et Salonnes
Des tableaux d'interprétation ont été
construits pour chaque secteur et regroupent les données suivantes
issues de la lecture du graphique pour chaque station :
V' Valeurs minimales, maximales et amplitude
V' Relation entre les deux stations : tracés
corrélables ou indépendants
V' Présence marquée ou peu marquée de
phases caractéristiques, absence de
phases
V' Réduction des teneurs maximales en azote :
· ++++ (fortement significative
· +++ (significative)
· ++ (relativement significative)
· + (non significative)
V' Réduction des teneurs moyennes en azote :
· ++++ (fortement significative
· +++ (significative)
· ++ (relativement significative)
· + (non significative)
V' Effet des dispositifs agri-environnementaux :
· ++++ (fortement significatif
· +++ (significatif)
· ++ (relativement significatif)
· + (non significatif)
Pour chacune des deux substances, les teneurs P90 annuelles
des stations aux données les plus continues ont été
compilées sur un graphique commun. Des droites de tendance avec
détermination de la pente et du coefficient de détermination
r2 ont été ajoutées par station afin
d'appréhender la significativité de l'évolution des
teneurs observées.
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Evolution des teneurs en ammonium sur le bassin
versant de la Seille
Les teneurs en ammonium relevées dans les stations du
bassin versant présentent une cyclicité marquée. Des pics
pouvant atteindre entre deux et dix fois la valeur moyenne de chaque station
sont observés entre décembre et janvier, mais également de
manière plus spectaculaire en juillet. La variabilité
saisonnière des conditions de température et d'humidité
expliquent la plupart des pics observés. Il convient donc de les
différentier de l'évolution des teneurs en ammonium dues aux
pratiques agricoles.
L'augmentation du lessivage par les pluies d'automne et
d'hiver sur des sols peu couverts ou présentant des reliquats d'azote
non valorisés par les cultures favorise le transfert de l'azote vers le
cours d'eau. Le phénomène est toutefois beaucoup moins important
pour l'ammonium, moins soluble que le nitrate. En période estivale,
l'augmentation de la température et à la diminution de
l'humidité des sols favorisent le processus d'ammonification dont le
produit est l'ammonium, et défavorisent le processus de nitrification
qui en consomme.
1. Evolution des teneurs en ammonium sur la Seille
Graphique
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 51
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs35.png)
Figure N°23 : Evolution des teneurs en ammonium
dans le bassin versant de la Seille
52
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 53
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Interprétation
Les teneurs en ammonium relevées dans la Seille sont
relativement élevées et présentent des fluctuations
importantes. La valeur minimale constatée est de 0,11 mg/L à Metz
en 2002 et la valeur maximale de 1,85 mg/L à Mulcey en 2004. Trois pics
se démarquent et concernent la station Mulcey en amont du bassin versant
: 1,38 mg/L en 1993, 1,41 mg/L en 1996 et 1,85 mg/L en 2004.
Sur l'ensemble des stations, quatre phases se distinguent :
y' De 1992 à 1997 : des fluctuations d'amplitude
importante précèdent la mise en place de mesures
agri-environnementales d'envergure. Les teneurs en ammonium ne semblent pas
maitrisées sur les différentes stations, bien que les
premières parcelles ACNAT soient en place.
y' De 1998 à 2002 : les fluctuations se stabilisent
significativement et les teneurs sont à la baisse sur l'ensemble des
stations. Cette phase peut être imputable aux premiers effets positifs
des mesures ACNAT et MAE, ainsi qu'au développement des CTE de 1999
à 2001.
y' De 2003 à 2004 : toutes les stations connaissent une
recrudescence spectaculaire des teneurs en ammonium. Il est probable qu'elle
soit liée à une synergie de facteurs climatiques et anthropiques.
En effet, l'été 2003 est marqué par la canicule et des
extrêmes de température et de sécheresse favorables
à la persistance de l'ammonium dans le milieu. De même, les hivers
2003 et 2004 ont montré une pluviométrie importance favorable au
lessivage des reliquats d'azote vers le cours d'eau. Enfin, cette
période succède à l'arrêt de la contractualisation
des CTE au profit de la mise en oeuvre des CAD dont le succès n'a pas
été à la hauteur des espérances des gestionnaires.
Il est donc possible que le pic d'ammonium mesuré puisse correspondre
à une période de transition « moins encadrée »
en termes d'élevage et d'épandage.
y' Depuis 2005 : les teneurs en ammonium semblent se
stabiliser à la baisse avec une amplitude réduite et laissent
penser à une meilleure gestion de la pollution par l'ammonium. Cette
amélioration pourrait être le fruit du programme Agri-Mieux Aquae
Seille initié en 2005 et des MAEt développées
progressivement depuis 2007. Un pic à 0,6 mg/L à Metz en 2008 est
à noter, tout en rappelant que la station n'est pas réellement
concernée par les mesures agri-environnementales. Une valeur 2011
à la hausse à Mulcey se démarque également. Il
conviendrait de suivre l'évolution de la station en 2012 et 2013.
De manière générale, la pollution par
l'ammonium sur le bassin versant de la Seille montre une amélioration
peu marquée, comme en témoignent les droites de tendance des
stations Mulcey, Salonnes, Chambrey et Nomeny. La baisse des valeurs maximales
et des fluctuations est relativement significative tandis que la baisse des
teneurs annuelles moyennes est plus limitée. Seule la station Metz ne
suit pas cette tendance, probablement à cause de sa particularité
de station urbaine aval soumise aux rejets urbains et industriels. Il
semblerait toutefois que les dispositifs agri-environnementaux mis en oeuvre
sur le bassin versant de la
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 54
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Seille aient un impact général relativement
significatif sur la pression exercée par les effluents organiques issus
de l'élevage et donc sur la pollution exercée par cette forme
non-stable de l'azote qu'est l'ammonium.
2. Evolution des teneurs en ammonium par zone
Les graphiques par secteur en plus grand format sont
disponibles en annexe.
Le secteur amont : Mulcey et Haboudange
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs36.png)
Figure N°24 : Evolution de la teneur en ammonium
dans le secteur amont
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
Réduction des
teneurs
moyennes
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
MULCEY
HABOUDANGE
|
0,02 10 9,98 Marquée
Corrélation
0,08 0,71 0,63 Absence
|
++ ++ ++
+ + +
|
Le secteur amont, le plus soumis à la pression de
l'élevage, présente les teneurs les plus élevées du
bassin versant avec des valeurs moyennes jusqu'à deux fois plus hautes
que dans les autres secteurs. Les fluctuations sont importantes de 1992
à 1997 avant le dispositif ACNAT et les MAE. De 1998 à 2002, les
teneurs baissent et se stabilisent, peut-être en réponse au
développement du dispositif et à la mise en place des CTE
dès 2001. L'ammonium connait une hausse spectaculaire en 2003 et 2004,
probablement en réponse aux conditions climatiques décrites
précédemment. Une deuxième cause peut être
avancée : l'arrêt de la contractualisation des CTE au profit des
CAD qui a pu occasionner une année de transition en termes de gestion
raisonnée de l'élevage. En 2005 et 2007, le programme Agri-Mieux
Aquae Seille et les MAEt qui concernent essentiellement ce secteur semblent
stabiliser les teneurs et réduire les valeurs maximales. Seuls mai 2006
et avril - octobre 2011 rompent la tendance en raison de conditions climatiques
particulièrement chaudes et sèches (parmi les plus extrêmes
des cinquante dernières années). Les droites de tendance sont
difficilement exploitables en raison de données discontinues à
Haboudange, et de la valeur extrême de 10 mg/L en aout 2010 à
Mulcey qui fausse la tendance générale. En testant l'influence de
cette valeur sur la
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 55
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
droite de tendance - en la remplaçant par exemple par une
valeur moyenne haute de 0,5 mg/L - on obtiendrait une différence
significative de la pente associée :
ü En conservant 10 mg/L : Y =
-0,000004 X + 0,565175 R2 = 0,000146
ü En prenant 0,5 mg/L : Y =
-0,000032 X + 1,570372 R2 = 0,035350
Avec ou sans cette valeur extrême, les dispositifs
agri-environnementaux concernant la pression d'élevage sur le secteur de
la Seille semblent avoir une influence « au moins relativement
significative » sur les teneurs en ammonium.
La petite Seille : Salonnes et Haboudange
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs37.png)
Figure N°25 : Evolution de la teneur en ammonium
sur la petite Seille
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
Réduction des
teneurs
moyennes
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
SALONNES
HABOUDANGE
|
0,02 1,06 1,04 Marquée
Corrélation
0,08 0,71 0,63 Absence
|
++ ++ ++
+ + +
|
La petite Seille subit une pression liée aux effluents
d'élevage moins marquée que les stations en tête de bassin
versant et présente des teneurs en ammonium jusqu'à deux fois
plus faibles qu'à Mulcey. Les quatre phases décrites sur le
secteur amont sont présentes avec des fluctuations moins
marquées. L'allure générale du tracé depuis 2005
permet de penser que les dispositifs agri-environnementaux ont un impact
relativement significatif sur l'évolution des teneurs en ammonium.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 56
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Le secteur médian : Nomeny et Chambrey
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs38.png)
Figure N°26 : Evolution de la teneur en ammonium
dans le secteur médian
|
|
|
|
|
Présence des
|
Réduction des
|
Réduction des
|
Effet des dispositifs agri-
|
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
quatre phases
|
teneurs maximales
|
teneurs
moyennes
|
environnementaux
|
NOMENY
|
0,02 0,756 0,736 Peu marquée
|
++ + ++
|
|
Corrélation
|
|
CHAMBREY
|
0,02 0,76 0,74 Absence
|
+ + +
|
Le secteur médian subit une pression liée
à l'élevage comparable à la petite Seille. Les teneurs en
ammonium du même ordre de grandeur le confirment. Les fluctuations sont
toutefois plus marquées qu'ailleurs et discrétisent les
périodes caractéristiques visibles sur le graphique
compilé. L'allure particulièrement irrégulière du
tracé jusqu'en 2007 laisse penser que les dispositifs
agri-environnementaux ont une influence moins significative que sur la petite
Seille, un secteur pourtant similaire.
Le secteur aval : Metz et Cheminot
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs39.png)
Figure N°27 : Evolution de la teneur en ammonium
dans le secteur aval
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 57
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction
des
teneurs maximales
|
Réduction des
teneurs
moyennes
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
METZ
CHEMINOT
|
0,02 0,97 0,95 Peu marquée
Corrélation
0,05 0,56 0,51 Absence
|
+ - -
+ + +
|
Les deux stations disponibles pour le secteur aval
appartiennent à des paysages différents : Cheminot dans un
paysage agricole où la pression liée à l'élevage
est moins importante qu'en amont, et Metz dans un paysage urbain où la
qualité de l'eau est éventuellement influencée par les
rejets urbains et industriels. Les deux tracés sont corrélables
mais leur irrégularité ne permet pas de mettre en évidence
les phases caractéristiques d'une meilleure gestion de la pression
agricole. Les dispositifs agri-environnementaux n'ont ici pas d'effet
significatif sur l'ammonium. Metz présente même la
particularité de voir ses teneurs augmenter depuis 2002. L'origine
agricole ou industrielle/urbaine des rejets d'azote ne peut être
évaluée ici.
La zone Natura 2000 : Mulcey et Salonnes
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs40.png)
Figure N°28 : Evolution de la teneur en ammonium
dans la zone Natura 2000
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence
des
quatre phases
|
Réduction
des
teneurs maximales
|
Réduction des
teneurs
moyennes
|
Effet
des dispositifs
agri-
environnementaux
|
MULCEY SALONNES
|
0,02 10 9,98
Marquéee
Indépendance
0,02 1,06 1,04
Marquée
|
++ ++ ++
++ ++ ++
|
Les deux stations choisies représentent respectivement
le secteur amont et l'aval de la petite Seille et possèdent les
caractéristiques propres à ces zones. Rassembler ces deux
stations permet de mettre en évidence des caractéristiques propre
à la zone Natura 2000. Les deux tracés sont relativement
indépendants, Salonnes étant plutôt dominée par
l'influence de la zone amont de la petite Seille. On observe également
un effet amont-aval avec des concentrations plus faibles pour Salonnes. Les
quatre phases caractéristiques recherchées sont présentes
et permettent d'apprécier l'influence des mesures ACNAT et MAE dans un
premier temps, du dispositif CTE dans un second temps et du dispositif Aquae
Seille et MAEt dans une troisième période. La zone Natura 2000
est le seul secteur de l'étude où la significativité de
l'influence des dispositifs agri-environnementaux concerne les deux
stations.
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
4. Evolution des teneurs en nitrate sur le bassin
versant de la Seille
L'évolution des teneurs en nitrate présente
également une cyclicité marquée due à la
variabilité saisonnière des conditions thermiques et
pluviométriques. Sur chaque station, on retrouve un pic annuel de
nitrate entre les mois de novembre et février dû au lessivage par
les pluies automnales et hivernales des sols peu couverts ou
surfertilisés. Ces conditions favorisent également le processus
de nitrification dont les produits sont le nitrite, puis le nitrate. A
l'inverse, les teneurs baissent entre juillet et septembre, période
sèche peu favorable au transfert du nitrate vers le cours d'eau. Un
deuxième grand pic apparait régulièrement sur la
période mars-avril et pourrait être lié aux apports
printaniers d'azote réalisés par les exploitants et
non-entièrement valorisés par les cultures.
1. Evolution des teneurs en nitrate sur la Seille
Graphique
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 58
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs41.png)
Figure N°29 : Evolution de la teneur en nitrate dans
le bassin versant de la Seille
59
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 60
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Interprétation
Les teneurs en nitrate dans la Seille sont
élevées sans pour autant atteindre la norme de potabilité
de 50 mg/L. Les fluctuations sont importantes. La valeur minimale
constatée est de 9,6 mg/L à Mulcey en 2000 et la valeur maximale
de 39,87 mg/L à Metz en 1992. On constate que les teneurs en nitrate
augmentent de l'amont vers l'aval. Ce phénomène est notamment
dû à la réduction du pouvoir épurateur au cours du
tracé. Il convient également de prendre en compte le fort taux de
drainage du bassin versant pour expliquer des valeurs si
élevées.
Sur l'ensemble des stations, quatre phases se distinguent :
y' De 1992 à 1999 : les teneurs en nitrate sont fortes
et fluctuent de manière importante. Deux ensembles de courbes sont
visibles : la station Mulcey, isolée par ses valeurs plus faibles, et
les stations Metz et Nomeny dont les valeurs se recoupent. Cette période
correspond à la mise en place des premières mesures ACNAT et MAE.
Une première stabilisation des valeurs apparait dès 1996.
y' En 1999 et 2000, les courbes des différentes
stations se rejoignent à la baisse. Cet épisode semble imputable
à la sécheresse et au déficit pluviométrique de
l'année 2000 qui ont réduit le lessivage des reliquats d'azote et
donc la présence de nitrate dans les eaux de la Seille.
y' De 2001 à 2004, les tendances sont à la
hausse sur toutes les stations malgré une baisse ponctuelle en 2003
imputable aux conditions de température extrêmes de cette
année. L'impact des CTE et des CAD durant cette période ne semble
pas source de résultats significatifs.
y' Depuis 2005 et la mise en oeuvre du dispositif Agri-mieux
Aquae Seille, les teneurs en nitrate sont en baisse. Seule l'année 2008
montre un rebond lié à la pluviométrie
élevée. Les dispositifs Aquae-Seille et MAEt semblent avoir
influencé l'évolution de la teneur en nitrate sur cette
période.
De manière générale, les droites de
tendance confirment que les dispositifs agri-environnementaux, notamment le
programme Agri-Mieux Aquae Seille et les MAEt, ont une influence relativement
significative et positive sur les teneurs en nitrate de certaines stations. Le
nitrate étant un composé stable, il est probable que les actions
menées pour la gestion de l'azote en amont se répercutent
favorablement sur les secteurs aval. Comment réagissent les
différents secteurs aux mesures mises en oeuvre ?
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 61
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
2. Evolution des teneurs en nitrate par zone
Les graphiques par secteur en plus grand format sont
disponibles en annexe.
Le secteur amont : Mulcey et Haboudange
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs42.png)
Figure N°30 : Evolution de la teneur en nitrate
dans le secteur amont
MULCEY
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
teneurs
moyennes
+++ + ++
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
HABOUDANGE
|
0,67 37,2 36,53 Marquée
Corrélation
4 28 24 Absence
|
++ + ++
|
La Station Mulcey est fortement soumise à la pression
agricole mais présente des teneurs en nitrate jusqu'à deux fois
plus faibles que dans les autres secteurs. La dégradation des grandes
quantités d'ammonium mesurées dans ce secteur n'a probablement
pas lieu ici mais plus en aval. Hadoudange possède des teneurs
supérieures pour une pression agricole équivalente qui peuvent
être dues à l'effet de concentration du nitrate dans la petite
Seille dont le pouvoir épurateur est moindre. L'évolution des
teneurs maximales met en évidence les quatre phases
caractéristiques. Une première stabilisation des valeurs
maximales de 1999 à 2001 peut être imputable au
développement des mesures ACNAT, des MAE puis des CTE. Depuis 2008, les
teneurs maximales diminuent de manière régulière sur les
deux stations, en accord avec les objectifs du programme Aquae-Seille et des
MAEt.
Dans ce secteur à forte pression agricole, il
semblerait que les dispositifs agri-environnementaux aient un impact
relativement significatif sur les teneurs en nitrate. Il convient de
vérifier que les efforts fournis en amont pour une meilleure gestion de
la fertilisation azotée portent leurs fruits en aval, lieu de
dégradation de l'ammonium en nitrate.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 62
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La petite Seille : Salonnes et Haboudange
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs43.png)
Figure N°31 : Evolution de la teneur en nitrate sur
la petite Seille
SALONNES
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
1,8 40,7 38,9 Peu marquée
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
teneurs
moyennes
+++ + ++
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
HABOUDANGE
|
Corrélation
4 28 24 Absence
|
++ + ++
|
La petite Seille présente des teneurs deux fois
supérieures à celles observées à Mulcey bien que la
pression agricole soit équivalente. La station Salonnes, située
en aval, ne possède étrangement pas des teneurs
supérieures à la station Haboudange en amont. La fréquence
des fluctuations discrétise les quatre phases caractéristiques,
qui restent perceptibles par l'évolution des valeurs extrêmes. Les
teneurs maximales sont en baisse depuis 2008. Dans ce secteur à forte
pression agricole, il semblerait que les dispositifs agri-environnementaux
aient un impact relativement significatif sur les teneurs en nitrate.
Le secteur médian : Nomeny et Chambrey
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs44.png)
Figure N°32 : Evolution de la teneur en nitrate
dans le secteur médian
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 63
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Réduction des
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
0,11 43,17 43,06 Absence
Corrélation
|
quatre phases
|
teneurs maximales
|
teneurs
moyennes
+ ++ +
|
Effet des dispositifs agri-
|
NOMENY
CHAMBREY
|
3,5 36,9 33,4 Absence
|
+ + +
|
environnementaux
Le secteur médian subit une pression agricole plus
faible que le secteur amont. Les teneurs en nitrate y sont cependant plus
élevées qu'à Mulcey, ce qui semble confirmer que c'est en
aval que l'ammonium produit en secteur amont se dégrade. Les phases
caractéristiques sont pratiquement absentes. Le secteur médian
semble subir l'influence de la pression agricole du secteur amont et constitue
étrangement le seul secteur sur lequel les dispositifs
agri-environnementaux n'ont pas d'impact significatif.
Le secteur aval : Metz et Cheminot
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs45.png)
Figure N°33 : Evolution de la teneur en nitrate
dans le secteur aval
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
Réduction des
teneurs
moyennes
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
METZ
CHEMINOT
|
0,1 47,3 47,2 Marquée
Corrélation
0,05 42,1 42,05 Peu
marquée
|
+++ +++ ++
++ ++ ++
|
Les deux stations du secteur aval appartiennent à des
paysages différents mais présentent des tracés identiques
depuis 2007. Le nitrate mesuré à Cheminot se retrouve à
Metz, sans qu'il n'y ait eu ni dégradation ni production
supplémentaire. Ce secteur possède donc un pouvoir auto
épurateur plus faible qu'en amont. Les teneurs observées à
Metz depuis 2007 proviennent de l'activité agricole puisque les nitrates
proviennent de l'amont et ne sont pas produits sur place. Avant 2007 en
revanche, il est possible qu'une part du nitrate ait une origine industrielle
ou urbaine, plus particulièrement dans la période 1992 -1999. Les
phases caractéristiques sont bien présentes, autant par la
réduction des teneurs maximales que par la réduction des teneurs
moyennes. Le nitrate moyen est en baisse depuis 2008 et les dispositifs
agri-environnementaux semblent avoir une influence relativement significative
sur les teneurs observées, notamment par la gestion
améliorée de la pollution azotée en secteur amont.
Troisième partie :
Evolution de la qualité de l'eau sur le bassin versant
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La zone Natura 2000 : Mulcey et Salonnes
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs46.png)
Figure N°34 : Evolution de la teneur en nitrate
dans la zone Natura 2000
MULCEY
|
Min
|
Max
|
Amplitude
|
Relation
0,67 37,2 36,53 Marquée
|
Présence des
quatre phases
|
Réduction des
teneurs maximales
|
teneurs
moyennes
+++ + ++
|
Effet des dispositifs agri-
environnementaux
|
SALONNES
|
Indépendance
1,8 40,7 38,9 Peu marquée
|
+++ + ++
|
Comme pour l'ammonium, les deux tracés sont
relativement indépendants, Salonnes étant dominée par le
nitrate provenant du secteur amont de la petite Seille et non de la Seille. Les
phases caractéristiques sont marquées sur le profil de Mulcey,
notamment par la réduction des teneurs maximales. On y retrouve
l'influence supposée des mesures ACNAT et MAE dans un premier temps, des
contrats CTE dans un second temps et des dispositifs Aquae-Seille et MAEt
depuis 2005 et 2007. L'influence des dispositifs agri-environnementaux dans le
périmètre Natura 2000 semble relativement significative.
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs47.png)
De manière générale, les courbes de
l'évolution des teneurs en ammonium et en nitrate présentent des
fluctuations inter et intra-annuelles importantes attribuables aux variations
des conditions de température et de pluviométrie. La mise en
relation des teneurs en nitrate et des relevés pluviométriques
serait intéressante pour le confirmer. De même, les valeurs
extrêmes sont liées à des évènements
climatiques marquants, et non à des pollutions azotées
ponctuelles. D'autre part, la majeure partie du bassin versant de la Seille
connait une baisse légère mais confirmée de ses teneurs en
nitrate qui avoisinent tout de même 22 mg/L en moyenne. En ce sens, cette
étude tend à démontrer que les contrats
agri-environnementaux et les nombreuses mesures territoriales de
réduction de la pollution azotée - mises en oeuvre sur le bassin
versant depuis plus de 20 ans par les politiques publiques - ont des effets
relativement significatifs mais encore insuffisants.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 64
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 65
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Partie 4 : Perspectives d'évolution des
dispositifs
agri-environnementaux : adaptation territoriale
et
gestion de la pollution azotée.
L'étude de l'évolution des teneurs en azote
d'origine agricole dans le bassin versant de la Seille a montré
l'insuffisance des dispositifs agri-environnementaux mis en place à ce
jour.. L'analyse des conditions de mise en oeuvre du programme
agri-environnemental, couplée aux retours d'expériences
menées sur d'autres territoires, devrait permettre d'envisager les axes
de satisfaction et de progrès des mesures proposées. A
l'échelle du bassin versant, quels sont les facteurs de réussite
et d'échec de la contractualisation avec les agriculteurs ? Comment
augmenter et garantir techniquement l'efficacité des dispositifs ? Quels
leviers mettre en oeuvre pour l'adaptation d'un programme agri-environnemental
répondant plus précisément aux spécificités
territoriales ?
1. Adhésion des agriculteurs aux dispositifs
agri-
environnementaux
La réponse des agriculteurs et les modalités de
leur insertion dans le processus agri-environnemental proposé
conditionnent de manière prédominante l'efficacité de ce
dernier. L'adaptation des mesures aux enjeux territoriaux dépend
directement de l'appropriation par les agriculteurs de règles
co-construites avec les gestionnaires autour d'une perception partagée
des enjeux.
Les échanges réalisés avec les
gestionnaires et conseillers du monde agricole (Chambre d'agriculture 57 et 54,
Laboratoire de contrôle agricole) permettent d'appréhender les
motifs d'adhésion ou de refus des contrats agri-environnementaux.
1. Facteurs d'échec
La contrainte majeure pour l'exploitant est de pouvoir vivre
de son activité. Les marges étant réduites et l'aspect
financier au coeur de la problématique, les agriculteurs ne montreront
un intérêt qu'envers des mesures déjà
éprouvées et peu risquées pour la production. Aussi, sur
le bassin versant de la Seille où la plupart des agriculteurs montrent
un attachement fort à leur patrimoine, l'adhésion reste toutefois
plus aisée pour des mesures qui en plus de présenter un meilleur
bilan environnemental, allient un maintien voire une progression de la
rentabilité économique et une amélioration des conditions
de travail.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 66
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La perception des dispositifs agri-environnementaux et des
gestionnaires
L'adhésion des exploitants repose sur la confiance
qu'ils portent aux contrats proposés par les acteurs territoriaux. La
perception des agriculteurs et l'image qu'ils se font des processus qui les
entourent est, en ce sens, un aspect primordial de la réussite du
programme agri-environnemental.
Vis-à-vis des gestionnaires, la relation de confiance
reste hétérogène sur le bassin versant comme sur d'autres
territoires. Les professionnels du secteur amont du bassin versant, cibles
d'une gestion prioritaire, font relativement confiance aux techniciens locaux
de la Chambre d'agriculture à force de contacts. Les techniciens
rivière ou les agents des services déconcentrés de l'Etat
(DDT, ONEMA, AERM) ne bénéficient pas majoritairement de cette
relation de confiance. La multiplicité des acteurs, publics ou
privés, à laquelle peut être confronté l'exploitant
peut accroire le sentiment de méfiance au détriment du sentiment
de confort et entrainer un phénomène de repli corporatiste (non
présent sur le bassin versant de la Seille). Plus les agriculteurs sont
regroupés en syndicats puissants, plus il est délicat de faire
évoluer leur pratiques professionnelles.
L'image dont bénéficient les contrats
agri-environnementaux auprès des agriculteurs n'est pas au meilleur
niveau en raison de la lourdeur des aspects administratifs d'une part, et de la
multiplication des dispositifs d'autre part. En effet, le manque d'ergonomie
administrative et la lenteur des démarches sont un critère de
non-adhésion majeur et inhérent au système français
qui multiplie les interlocuteurs au détriment de la clarté du
circuit administratif. Il est ainsi plus facile administrativement parlant de
bénéficier des subventions de la PAC que des aides
environnementales. Auprès des agriculteurs, la saturation des services
administratifs et l'absence de solution contribuent à véhiculer
une image de volonté politique peu marquée et en manque de
moyens.
D'autre part, la succession et la multiplication des contrats
a contribué à discréditer les programmes
agri-environnementaux. Les exploitants, pourtant volontaires, hésitent
à s'investir dans des mesures qui paraissent ponctuelles, garanties sur
un terme trop court ou pour lesquelles la sécurité d'être
financés parait aléatoire. La dispersion des conseils provenant
des acteurs publics, ou des réseaux privés aux techniques plus
commerciales, contribuent à masquer la cohérence des mesures aux
exploitants.
La perception des pratiques agricoles et de
l'environnement
Les campagnes d'information et de sensibilisation ont
fortement réduit la perception erronée de l'environnement par les
agriculteurs. Sur le bassin versant de la Seille, le phénomène
semble relativement minoritaire. Bien souvent, les agriculteurs
réfractaires tendent à minimiser l'impact de leurs pratiques sur
la dégradation de la qualité de l'eau. Sur la Seille, certains
exploitants persistent à nier la pollution nitratée de l'eau
puisqu'elle « ne se voit ni se sent pas ». Le rôle des
effluents d'élevage est parfois remis en cause puisque ces derniers sont
perçus comme des déchets de production au pouvoir fertilisant
moindre qui ne justifie pas d'en faire un apport complémentaire des
engrais minéraux, mais supplémentaire. De même, certains
agriculteurs de la tranche d'âge supérieure privilégient
encore le sens pratique,
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 67
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
la routine et la connaissance empirique du milieu pour
orienter leurs pratiques professionnelles.
Les difficultés rencontrées par les
gestionnaires dans la mise en oeuvre du programme de renaturation de la Seille
montrent à quel point cette mauvaise perception peut être
délicate à résoudre. La « mauvaise foi » ou le
simple manque d'information sur le fonctionnement du milieu naturel favorise le
scepticisme quant à l'intérêt de la restauration, notamment
sur les affluents plus discrets comme la petite Seille, qualifiée de
« fossé » par quelques agriculteurs. Certains exploitants s'y
opposent, d'autres négocient les aspects de la renaturation en leur
faveur ou réclament une visibilité immédiate et une
garantie d'efficacité dès la fin des travaux. Les droits et
devoirs sont parfois mal connus ou rejetés.
2. Facteurs d'adhésion
En dépit de défauts inhérents à
leur conception, plusieurs aspects des contrats agri-environnementaux
constituent un avantage non négligeable pour les agriculteurs qui les
considèrent comme des motifs suffisants pour contractualiser.
Les bénéfices financiers représentent
l'argument principal des agriculteurs lors de l'adhésion. Moins la
mesure est financée, moins elle rencontre de succès, quel que
soit le territoire. Les mesures subventionnées constituent une aubaine
pour les agriculteurs volontaires qui y voient l'occasion de faire financer des
pratiques qu'ils ont, pour beaucoup d'entre eux, déjà
adoptées partiellement. C'est également l'opportunité de
capter des capitaux en vue de moderniser leur outil de travail par des
investissements infrastructuraux.
L'adhésion à un dispositif peut favoriser
l'amélioration des conditions de travail lorsqu'elle est source de
réorganisation fonctionnelle. Elle peut également apporter
à l'exploitant un ensemble d'outils technico-économiques (analyse
des sols, logiciels de fertilisation...) et un encadrement confortable. La
recherche de ce type de relation « donnant - donnant » entre
agriculteurs et gestionnaires est une des raisons du succès des mesures
agri-environnementales dans le secteur amont du bassin versant de la Seille :
une mutualisation des efforts a pu donner aux exploitants l'assurance de
s'insérer dans une démarche construite et collective autour
d'enjeux locaux qui leur sont chers. La tendance de contractualisation s'est
alors propagée, l'enjeu pour les exploitants devenant de ne plus rester
à l'écart de l'encadrement, des conseils et de la
proximité offerte notamment par la chambre d'agriculture.
La contractualisation permet de pallier à la crainte
d'un renforcement de la règlementation et des moyens de contrôle
des pratiques professionnelles par les pouvoirs publics. Les agriculteurs
peuvent avoir tendance à s'engager pour éviter une sanction
future et bénéficier des crédits disponibles par la
même occasion.
De manière générale, tous les facteurs
d'adhésion et les leviers possibles pour les renforcer reposent sur la
qualité et la précocité de la communication
développée par des acteurs comme la Chambre d'agriculture. Plus
tôt les exploitants sont insérés dans le processus
d'implantation des mesures agri-environnementales, plus forte sera la relation
de confiance établie. Les échanges visant à comprendre
l'attachement de l'exploitant à son environnement pour adapter les
démarches d'orientation des pratiques sont alors facilitées.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 68
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Le cas des stratégies d'adaptation
Lorsque qu'un programme agri-environnemental est mis en place
selon une démarche intégrée et dans la recherche d'une
adaptation territoriale, il permet aux agriculteurs de transformer des
contraintes à finalité environnementale en opportunités
pour la conduite de leur exploitation. Néanmoins, il arrive que certains
exploitants, notamment par corporatisme, déploient un comportement
offensif d'adaptation des programmes publics. Une négociation entre les
organisations professionnelles les plus influentes et les préconiseurs
des pouvoirs publics a lieu. Les prescriptions techniques et environnementales
sont alors déviées pour être adaptées aux
réalités économiques et sociales des exploitations. Le
programme agri-environnemental perd donc en partie sa vocation
environnementale. Ce phénomène a pu être observé
dans des départements en déclin socio-économique comme les
Vosges. De manière générale, lorsque les mesures sont trop
standardisées, le jeu d'acteurs tend à les infléchir sur
son territoire, et lorsque les mesures sont réellement flexibles, le
phénomène d'instrumentalisation peut être majoritaire.
L'acceptation sociale de tout programme d'action permet d'éviter la
dégradation de sa finalité environnementale.
Rappelons toutefois que la démarche
intégrée et l'adhésion forte d'une partie des agriculteurs
d'un territoire ne suffisent pas à réduire de manière
significative la pollution azotée sur un bassin versant. En effet, ces
leviers ne permettent pas de faire évoluer les pratiques peu
respectueuses d'une minorité d'agriculteurs ne se sentant pas
concernés par les problématiques environnementales. C'est
là le défaut des mesures volontaires qui possèdent un
succès de contractualisation et pérennisent les bonnes pratiques
déjà en place chez les professionnels sensibilisés, mais
ne permettent pas à ce jour la réduction très
significative de la pollution azotée.
2. Perspectives d'évolution des mesures pour une
efficacité accrue 1. Amélioration des pratiques
agricoles
La recherche d'une meilleure efficacité des programmes
agri-environnementaux laisse envisager des perspectives d'amélioration
des pratiques agricoles proposées. Sur le bassin versant de la Seille,
les agriculteurs respectent, dans leur grande majorité, les normes mises
en place. La réglementation imposée par la Directive nitrate a
permis de réduire les pratiques les moins respectueuses de
l'environnement, particulièrement en ce qui concerne l'épandage
des effluents. Les programmes départementaux successifs se sont
améliorés au cours du temps : le premier programme
départemental (1996-2000) ne prenait pas suffisamment en compte les
spécificités territoriales du bassin versant ; le deuxième
programme intégrait des paramètres supplémentaires
concernant les infrastructures et la mise en place des CIPAN ; le
troisième programme misait sur la pédagogie en faveur d'une
gestion facilitée pour l'exploitant, en plus
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
de prévoir le maintien de bandes de
végétation rivulaires ; enfin, le quatrième programme
prévoit la couverture végétale des sols depuis 2011.
Des marges de progression sont encore possibles sans remettre en
cause la productivité. Elles permettraient de se rapprocher des
objectifs de qualité de l'eau :
y' Mieux valoriser les déjections par la prise en
compte de la complémentarité entre fertilisation minérale
et fertilisation azotée organique. Un contrôle plus
élaboré des pratiques d'épandage et des plans de fumure
pourrait être envisagé.
y' Encourager le maintien ou la réimplantation des
éléments paysagers structuraux qui réduisent le
ruissellement et les flux de nitrates vers le cours d'eau : bandes
enherbées suffisamment larges et haies arbustives. Un effort de
promotion autour des MAEt « Haies » devrait être fourni pour
pallier à l'échec de contractualisation rencontré sur le
bassin versant.
y' Généraliser de manière encore plus
efficace le couvert végétal en hiver.
y' Encourager l'allongement des rotations.
y' Poursuivre les études en cours de drainage sur
filtres végétaux (botte de paille à la sortie des drains
par exemple).
y' Poursuivre les efforts engagés pour la
préservation des zones humides qui constituent des zones de
dénitrification naturelles.
De manière plus générale, il pourrait
être intéressant de réfléchir à une meilleure
adaptation des pratiques professionnelles aux enjeux économiques et
environnementaux :
y' Expérimenter, financer et encourager le partage
d'expériences des nouvelles pratiques agricoles favorables à la
qualité de l'eau : mécanisation, rotations, équipements de
pointe...
y' Mener une réflexion sur les opportunités
d'échanges de parcelles ou d'assolement en commun.
y' Réviser la prime à l'herbe pour une politique
de l'herbe économiquement viable et favorable au maintien des prairies
sur les parcelles hors périmètres MAE et Natura 2000.
y' Envisager la mesure régulière des reliquats
d'azote après récolte sur les parcelles afin d'orienter les
exploitants vers un ajustement des apports.
y' Equilibrer les orientations des MAEt, trop dirigées
vers la préservation de la faune et de la flore remarquables, et faisant
de la qualité de l'eau un objectif secondaire.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 69
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 70
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
2. Evolution des relations entre acteurs
L'interrelation entre acteurs est un aspect primordial de
l'efficacité d'un programme agri-environnemental et de la dynamique
territoriale dans lequel il s'insère. A ce titre, trois structures
principales sont à même d'établir des liens entre les
politiques publiques et les agriculteurs dans un rôle d'impulsion et de
dynamisation : les Chambres d'agriculture, les Agences de l'eau et les
Collectivités.
Par ses atouts de communication et sa proximité avec
les agriculteurs, la Chambre d'agriculture départementale constitue une
interface de choix à même d'assurer la promotion des PAE, comme en
témoigne le programme Agri-Mieux qui connait un fort dynamisme sur le
bassin versant de la Seille grâce à l'effort de ses gestionnaires.
Aucune structure ne pourrait substituer ce type d'interface.
Les collectivités et les Agences de l'eau doivent
également coordonner et articuler leurs actions afin de faire gagner en
efficacité aux dispositifs.
Le cas du programme de renaturation de la Seille illustre
à quel point il peut être laborieux d'établir un consensus
autour d'un projet pourtant essentiel. Trois syndicats se partagent la Seille :
le Syndicat Intercommunal d'Aménagement Hydraulique de la Seille en
aval, le Syndicat Interdépartemental d'Assainissement et de Curage de la
Seille en secteur médian et le Syndicat Intercommunal du Bassin Versant
Amont de la Seille. La sensibilisation autour de la nécessité
d'un programme de renaturation, initiée il y'a plus de 10 ans par
l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse, a eu un impact hétérogène
sur les différents syndicats. Suite à l'absence de soutien des
élus, des représentants des différents syndicats, de la
DDAF et des riverains de longue date des communes concernées, ce sont
finalement les agriculteurs qui ont contribué à débloquer
le projet. Sensibilisés par le chantier de démonstration mis en
place par l'AERM et définitivement convaincus par les effondrements de
berges en bordure des parcelles par l'érosion de la rivière, les
exploitants sont parvenus à faire entendre raison au syndicat de
curage.
Tout projet territorial à finalité
environnementale voit son efficacité conditionnée par la
présence non seulement utile, mais obligatoire de chacune des parties
concernée.
3. Vers la coordination et l'adaptation territoriale
La coordination des mesures agri-environnementales
Les dispositifs agri-environnementaux permettant la lutte
contre la pollution azotée d'origine agricole sont nombreux et
présentent leurs avantages et leurs inconvénients respectifs.
Néanmoins, seules leur coordination et leur généralisation
à l'échelle du territoire mènent à une gestion
pérenne et efficace de la qualité de l'eau.
A titre d'exemple, le succès du dispositif CTE «
Collectif du Saulnois » sur le bassin versant de la Seille est imputable
à l'action collective qui a été menée. Sur bien
d'autres territoires, le CTE fait l'objet d'un bilan mitigé
résultant d'un manque de moyens et d'efforts pour la maitrise
financière du dispositif et la coordination de sa mise en place. En
résulte une implantation fondée sur des démarches
individuelles et privilégiant l'aspect quantitatif à l'aspect
qualitatif.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 71
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Les périmètres Natura 2000, notamment sur la
vallée de la Seille, témoignent dans ce sens. Les
résultats obtenus en termes de réduction de la pollution
azotée d'origine agricole montrent l'intérêt d'une bonne
articulation des dispositifs agricoles. Ils constituent un exemple de gestion
agri-environnementale concertée.
En dépit du zonage de la Directive nitrate qui induit
déjà des restrictions en termes de pratiques agricoles à
l'échelle de bassins versants, l'absence de généralisation
des mesures au sein d'un programme d'action cohérent est à
déplorer sur la majorité des territoires concernés. A ce
titre, la réalisation d'un SAGE permet de prendre en compte un ensemble
d'actions telles que la restauration de cours d'eau et les opérations
d'assainissement. Il peut constituer un outil efficace pour
l'amélioration de la qualité de l'eau. La possibilité pour
les collectivités locales de s'associer en Etablissements Publics
Territoriaux de Bassin permet également d'homogénéiser les
pratiques en surmontant le morcellement administratif et des
compétences. De manière plus générale, la mise en
place des Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales (BCAE) pour la
conditionnalité des aides de la PAC dès 2013 devrait apporter une
certaine généralisation des pratiques favorables à la
qualité de l'eau et resituer l'objectif de bon état des eaux
prévu par la DCE au premier plan.
A l'échelle des parcelles, la forme des contrats
agri-environnementaux rend leur articulation complexe, notamment en ce qui
concerne les MAEt. Ces mesures territorialisées, pourtant efficaces, ne
peuvent être cumulées avec les autres engagements
agri-environnementaux « de base » que sont la PHAE, le CTE, le CAD ou
les MAE de type rotationnelles. De même, la forme des contrats de type
CTE et CAD n'est pas directement négociée à
l'échelon locale mais avec les représentants du secteur agricole
à l'échelon national. Dans ce contexte, comment adapter les
programmes agri-environnementaux aux spécificités territoriales
tout en permettant leur coordination ?
L'adaptation des politiques agri-environnementales aux enjeux
territoriaux
La territorialisation des programmes agri-environnementaux est
une des clés de la gestion de la qualité de l'eau. Elle permet de
répondre au mieux aux enjeux locaux en conciliant politiques publiques
agricoles et politiques de préservation de la ressource en eau.
La mise en place des MAEt est une première étape
dans la volonté de renforcer les échelons régionaux et
locaux avec la mise en place de zonages prioritaires où
l'adéquation entre les mesures proposées et les enjeux
territoriaux de préservation est censée être optimal. Dans
ce cas, comment élaborer un programme agri-environnemental d'ensemble
sachant que chaque zonage possède ses particularités ? Autrement
dit, les zonages proposés par les MAEt sont-ils cohérents avec la
généralisation des mesures recommandée à
l'échelle du bassin versant ? Si non, quel compromis trouver entre des
zonages très spécialisés où sont appliqués
des MAEt à l'échelle de la parcelle, et un programme
agri-environnemental à l'échelle du bassin versant ne pouvant pas
prendre en compte toutes les spécificités territoriales ?
La localisation des MAEt dans des zones éligibles aux
critères de délimitation variables dans le temps et l'espace est
un inconvénient souvent évoqué dans le bilan mitigé
du dispositif. Ces mesures font pourtant parties des dispositifs les plus
efficaces dans les périmètres où elles sont
appliquées en complément d'autres mesures et soutenues par une
gouvernance locale (périmètres Natura 2000 + suivi Agri-mieux par
exemple). Les MAEt ne sont cependant pas
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 72
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
transposables telles quelles à l'ensemble du bassin
versant en raison de leur spécialisation à l'échelle de la
parcelle et de la difficulté qui en résulterait pour leur
coordination.
Ainsi, sur un bassin versant de grande taille relativement
hétérogène, il parait favorable, dans un premier temps,
d'assurer une coordination globale des dispositifs agri-environnementaux, tout
en ciblant des zones spécifiques aux enjeux primordiaux pour lesquelles
sont conçues des mesures adaptées. Ce fonctionnement avec zonages
permet de résoudre les problèmes liés à la
fertilisation azotée dans les secteurs les plus soumis à la
pression agricole, sans suffire à améliorer durablement la
qualité de l'eau de manière significative sur l'ensemble du
bassin versant. En ce sens, ce système peut éventuellement
constituer une première étape, mais ne peut pas être une
finalité en soi vis-à-vis des objectifs de la DCE.
3. Vers le développement d'une MAEt «
Systèmes de culture économes en intrants » ?
Comme de nombreuses politiques publiques, les MAEt sont
élaborées selon un schéma « top-down ». Leur
cahier des charges est construit à partir d'engagements unitaires
élémentaires par concertation au niveau national et doit ensuite
être adapté localement pour répondre de manière
optimale aux enjeux locaux. Cependant, comme évoqué
précédemment, la transition de l'échelon national à
local comporte des risques : stratégies d'appropriation, adaptation
sommaire aux enjeux locaux, non-adhésion des exploitants par manque de
confiance envers leurs interlocuteurs... La mise en place de la gouvernance
locale est rarement sans obstacle. Plus rarement dans les politiques
agri-environnementales, les mesures naissent d'une démarche «
bottom-up ». Une succession d'initiatives locales réussies par les
exploitants est portée jusqu'au niveau national. Dans ce cas,
l'instrumentalisation des mesures ou la réticence des agriculteurs pour
la contractualisation est limitée.
Récemment, un tel procédé a montré
des caractéristiques intéressantes pour près de 1500
agriculteurs de l'ouest de la France : la MAE « Systèmes fourragers
économes en intrants » (SFEI). Construite par les agriculteurs
selon un ensemble cohérent d'engagements, la SFEI s'applique à
l'ensemble de l'exploitation (de l'assolement à l'alimentation du
troupeau en passant par la fertilisation) contrairement aux MAEt qui concernent
le plus souvent les parcelles. L'intérêt d'une telle approche est
de pouvoir reconcevoir le fonctionnement d'une exploitation sans les blocages
occasionnés par les démarches partielles et
monothématiques. Dès lors, l'idée d'élaborer une
seconde MAE généralisable à plusieurs types
d'exploitations a fait son chemin en respectant la même démarche
ascendante. La MAE « Systèmes de culture économes en
intrants » (SCEI), applicable aux exploitations à dominante grandes
cultures (aux céréaliers comme aux éleveurs de
monogastriques), a été testée de 2008 à 2012 dans
56 exploitations volontaires aux conditions pédoclimatiques, aux
orientations technico-économiques et au mode de gestion (intensif
à agriculture biologique) différents. Le cahier des charges
initial, difficile à mettre en oeuvre pour la plupart des exploitants
par son exigence, a été amendé et simplifié en 2012
afin de le rendre performant au niveau environnemental et réalisable sur
le plan technico-économique (Cf. Annexe). L'avantage
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
second de cette MAE est l'utilisation de leviers agronomiques
qui ont une certaine portée pédagogique et modifient
progressivement et « en cascade » les pratiques sources d'azote. A
titre d'exemple : l'interdiction de l'usage d'un raccourcisseur de tiges
implique la réduction de la fertilisation azotée ; l'obligation
de diversification des cultures induit la mise en place de cultures de
printemps ... La réussite d'une telle mesure implique la mise en action
simultanée de tous les leviers. L'accompagnement de l'exploitant, sans
toutefois lui imposer une solution « clés en main », est
indispensable à ce type d'opération.
Les études en cours témoignent toutefois des
difficultés de mise en place de telles mesures à grande
échelle : modifications profondes de l'organisation du travail,
augmentation des déplacements entre parcelles plus petites et
diversifiées ou encore investissements en matériel qui «
devraient » être compensées économiquement par la
réduction des charges liées à l'achat d'intrants. Les SCEI
possèdent le deuxième inconvénient d'être
spécialisées aux régions du grand Ouest dont les
systèmes de production bénéficient d'un atelier
d'élevage. Leur transposition aux exploitations
spécialisées en grandes cultures pourrait poser un
problème de débouché pour les cultures de diversification
(fourrages, légumineuses) pour lesquels il n'existe pas toujours de
filière ou d'atelier d'élevage pour valoriser la production. Ce
type de MAE pourrait cependant convenir aux exploitations présentes sur
le bassin versant de la Seille. La SCEI nécessite également une
adhésion de long terme qui doit être rendue possible par les
politiques nationales.
Comme pour toute politique publique susceptible d'être
implantée à grande échelle, il conviendrait
d'évaluer les conséquences économiques de la
généralisation des SCEI, non seulement sur les agriculteurs, mais
également sur les acteurs économiques en amont et en aval des
exploitations.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Type de MAE
Entrée de gamme
|
Ciblage
|
Echelle d'application
|
Niveau d'exigence
|
Type d'impact attendu
|
PHAE
|
Pratiques ayant des effets
|
A la parcelle, plus
|
Moyen et identique pour
|
Amélioration individuelle d'ampleur
modérée mais
concernant un grand nombre d'exploitations. Permet
la
|
MAE rotationnelle
Territorialisée
|
simultanés sur plusieurs
enjeux
|
rarement à l'ensemble
de l'exploitation
|
tout l'hexagone
|
consolidation de pratiques simples et
respectueuses
dans une majorité de contextes
|
|
Un enjeu prioritaire
|
Parcelles comprises
dans un territoire cible
|
Elevé et adapté au territoire
|
Résolution d'un problème
agri-environnemental
|
MAEt
|
unique et bien identifié
|
défini en fonction de
|
visé
|
|
(eau ou biodiversité)
l'enjeu
prioritaire et spécifique d'un territoire
Ensemble intégré d'enjeux
et de pratiques à l'échelle
de l'exploitation
A l'exploitation, dans
une région donnée ou
un bassin de production
Moyen à élevé s'il implique
un changement de système
Accompagnement intégré de la transition de
certains
systèmes de production communs vers une
agriculture
durable en utilisant des leviers simultanés
Tableau X : Récapitulatif des logiques d'action des
différentes MAE
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 73
Quatrième partie :
Perspectives d'évolution des dispositifs La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
La démarche « bottom-up » apparait comme une
démarche originale et plutôt pertinente pour l'élaboration
de systèmes agricoles économes en fertilisation azotée. La
réussite bretonne des SFEI et des SCEI ne garantit toutefois pas leur
transposabilité à tous les systèmes de culture. En ce
sens, une solution envisageable pourrait être de s'inspirer à la
fois des MAEt et des SFEI. La définition des unités d'engagement
dans les MAEt pourrait se doter d'un processus d'amélioration efficace
et fondé sur les retours d'expérience inspirés de la
démarche « bottom-up » à l'origine des SFEI.
Inversement, la formation et l'animation inhérentes au dispositif MAEt
devrait favoriser la diffusion des SFEI.
Il conviendrait donc, pour les gestionnaires, d'utiliser les
MAE comme une « boite à outils » et non comme une solution
« clé en main », figée. Il s'agit de ne pas
privilégier une approche (biodiversité, eau...) sur une autre
mais de réussir à les équilibrer et à
considérer leur interaction avec les MAE voisines pour apporter de la
cohérence au dispositif agri-environnemental (Par exemple, coordonner
tous les volets « Eau » des MAEt d'un territoire) Dans ce contexte,
la caractéristique principale d'une politique publique
agri-environnementale efficace en termes de réduction de la pollution
azotée devrait être sa possibilité d'allier une
démarche « top-down » qui assurerait la transposition d'un
cadre commun au niveau local, et une démarche « bottom-up »
qui laisserait la possibilité aux exploitants et aux acteurs locaux de
définir eux-mêmes la forme des MAEt les plus à même
de constituer des outils pour répondre aux spécificités de
leur territoire.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 74
Conclusion La Seille : Gestion de la ressource en eau et
pollution agricole
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 75
Conclusion
Bien que les années 2000 aient été
marquées par une prise de conscience de la nécessité de
réorienter les systèmes agricoles pour l'amélioration de
la qualité de l'eau par les politiques publiques, les résultats
ne semblent pas à la hauteur des attentes fixées par la Directive
Cadre sur l'Eau.
L'étude de l'évolution des teneurs en ammonium
et en nitrate ces vingt dernières années sur le bassin versant de
la Seille a permis de mettre en évidence l'efficacité
insuffisante des dispositifs agri-environnementaux proposés
jusqu'à présent, en dépit d'une sensible
amélioration constatée ces cinq dernières
années.
Comme dans d'autres bassins versants, les résultats
mitigés semblent imputables à la forme des contrats
environnementaux proposés qui ne favorisent ni la coordination des
actions à l'échelle du bassin versant, ni leur adaptation aux
spécificités territoriales, ni la généralisation
des pratiques favorables à la qualité de l'eau.
Sous réserves d'études socio-économiques
plus poussées, de bons résultats pourraient provenir de mesures
agri-environnementales issues de l'inspiration croisée d'une
démarche descendante de type MAEt et d'une démarche ascendante de
type « Systèmes de Culture Economes en Intrants » laissant une
marge de manoeuvre plus importante aux exploitants pour l'adaptation du cahier
des charges aux spécificités locales.
La sensibilisation des exploitants à des
systèmes de culture alternatifs, et leur développement
après adaptation aux différents contextes pédo-climatiques
et agricoles des régions, pourraient à terme remplacer les
systèmes intensifs. Sans volonté d'imposer un modèle
unique aux exploitants, il s'agirait de mettre à disposition des
professionnels des modèles adaptables permettant la recherche de
conciliation entre rentabilité et préservation de la ressource en
eau.
A ce titre, les systèmes de rotation de type «
biologique », de type SCV (sous couvert végétal) ou plus
particulièrement de type « intégré »
proposés et testés par l'INRA pourraient constituer
l'étape suivante de l'évolution des systèmes d'agriculture
actuels raisonnés par les contrats agri-environnementaux.
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
agricole
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Master 2 Politiques Territoriales de Développement
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La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
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Références électroniques
V' http://www.chemins-faisant.com/
V' http://amseille.blogspot.fr/
V' http://www.gesteau.eaufrance.fr/
V' http://www.sandre.eaufrance.fr/
V' http://www.eau-rhin-meuse.fr/
V' http://www.hydro.eaufrance.fr/
V'
http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/
V'
http://www.canaux-et-territoire.info/d2/
V' http://www.qgis.org/ (logiciel SIG)
V'
http://www.onema.fr/IMG/pdf/2012_B011.pdf
V'
http://www.fao.org/publications/en/
V'
http://www.oecd.org/agriculture/wateruseinagriculture.htm
V' http://www.draaf.lorraine.agriculture.gouv.fr/
V'
http://acces.agriculture.gouv.fr/disar/faces/
V'
http://www.mnhn.fr/le-museum/
V'
http://www.biostat.envt.fr/spip/
(Enseignements biostatistiques)
V' http://agreste.agriculture.gouv.fr/
V' Important : LIENS VERS LES ARRETES SGAR RELATIFS AU
MAE SUR LE BASSIN VERSANT DE LA SEILLE :
?
http://draaf.lorraine.agriculture.gouv.fr/MAE
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
agricole
LISTE DES ABREVIATIONS
AERM : Agence de l'Eau Rhin-Meuse
BCAE : Bonnes Conditions Agricoles et en
Environnementales
BV : Bassin versant
CAD : Contrat d'Agriculture Durable
CAD57 : Chambre d'Agriculture de la Moselle
CGDD : Commissariat Général au
Développement Durable
CIPAN : Cultures Intermédiaires
Pièges à Nitrates
CLC : Corine Land Cover
CORPEN : Comité d'Orientation pour les
Pratiques agricoles respectueuses
CSL : Conservatoire des Sites Lorrains
CTE : Contrat Territorial d'Exploitation
DCE : Directive Cadre Européenne
DIE : Déclaration d'Intention
d'Engagement
EBE : Excédent Brut d'Exploitation
EDE : Établissement Départemental
de l'Élevage
ERU : Eaux Résiduaires Urbaines
FEOGA : Fonds Européen d'Orientation et
de Garantie
ICPE : Installation Classée pour la
Protection de l'Environnement
IFEN : Institut Français de
l'Environnement
IGN : Institut Géographique National
LEMA : Loi sur l'Eau et les Milieux
Aquatiques
MAEr : Mesures Agri-Environnementales
Rotationnelles
MAEt : Mesures Agri-Environnementales
Territorialisées
OLAE : Opérations Locales
Agri-Environnementales
PAC : Politique Agricole Commune
PDD : Plans de Développement Durable
PDRH : Plan de Développement Rural
Hexagonal
PHAE : Prime Herbagère
Agro-Environnementale
PMPLEE : Programme de Maitrise des Pollutions
Liées aux Effluents d'Elevage PMPOA : Programme de
Maîtrise de la Pollution d'Origine Agricole
PNRL : Parc Naturel Régional de
Lorraine
SAE : Surface Annuelle Epandable
SAGE : Schémas d'Aménagement et de
Gestion des Eaux
SAU : Surface Agricole Utile
SCEI : Systèmes de Culture Economes en
Intrants
SFEI : Systèmes Fourragers Economes en
Intrants
SOeS : Service de l'Observation et des
Statistiques
SPE : Surface Potentiellement
Épandable
UE : Union Européenne
UGB : Unité Gros Bétail
UIPP : Union des Industries de la Protection des
Plantes
UTH : Unité de Travail Humain
ZNIEFF : Zone Naturelle d'Intérêt
Ecologique Faunistique et Floristique
ZV : Zone Vulnérable
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
agricole
TABLES DES FIGURES
Figure N°1 : Evolution des rendements annuels
français moyens 3
Figure N°2 : Cycle de l'Azote en milieu agricole 6
Figure N°3 : Carte 2007 des zones vulnérables
« Directive Nitrates » 7
Figure N°4 : Carte de l'évolution des nitrates
dans les cours d'eau 1998-2011 7
Figure N°5 : Cycle du phosphore en milieu naturel ou
anthropisé 8
Figure N°6 : Synoptique des principales lois
françaises sur l'eau 12
Figure N°7 : Exemple de l'efficacité de trois
largeurs de bandes enherbées 13
Figure N°8 : Localisation du bassin versant de la Seille
19
Figure N°9 : Réseau hydrographique du bassin
versant de la Seille 20
Figure N°10 : Nombre d'actions anthropiques sur la Seille
XIIIe siècle - 2010 22
Figure N°11 : Taux d'occupation des sols sur le bassin
versant de la Seille 24
Figure N°12 : Occupation des sols sur le bassin versant
de la Seille 25
Figure N°13 : Nombre de crues débordantes de 1965
à 2013 27
Figure N°14 : Statut des exploitations sur le bassin
versant 29
Figure N°15 : Prédominance des OTEX en fonction du
nombre d'exploitations 30
Figure N°16 : Prédominance des OTEX en fonction de
la SAU associée 30
Figure N°17: Part des productions végétales
sur le bassin versant 31
Figure N°18 : Localisation de la zone Natura 2000 de la
Vallée de la Seille 40
Figure N°19 : Evolution de l'adhésion aux contrats
agri-environnementaux zone N 2000 44
Figure N°20 : Qualité du milieu physique de la
Seille 47
Figure N°21 : Qualité SEQ-Eau Azote de la Seille
47
Figure N°22 : Localisation des stations de
prélèvement 49
Figure N°23 : Evolution des teneurs en ammonium dans le
bassin versant de la Seille 52
Figure N°24 : Evolution de la teneur en ammonium dans le
secteur amont 54
Figure N°25 : Evolution de la teneur en ammonium sur la
petite Seille 55
Figure N°26 : Evolution de la teneur en ammonium dans le
secteur médian 56
Figure N°27 : Evolution de la teneur en ammonium dans le
secteur aval 56
Figure N°28 : Evolution de la teneur en ammonium dans la
zone Natura 2000 57
Figure N°29 : Evolution de la teneur en nitrate dans le
bassin versant de la Seille 59
Figure N°30 : Evolution de la teneur en nitrate dans le
secteur amont 61
Figure N°31 : Evolution de la teneur en nitrate sur la
petite Seille 62
Figure N°32 : Evolution de la teneur en nitrate dans le
secteur médian 62
Figure N°33 : Evolution de la teneur en nitrate dans le
secteur aval 63
Figure N°34 : Evolution de la teneur en nitrate dans la
zone Natura 2000 64
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
agricole
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Taille des communes sur le bassin versant 21
Tableau II : Données générales de
l'agriculture sur le bassin versant 29
Tableau III : Orientations technico-économiques sur le
bassin versant 30
Tableau IV : Evolution de l'occupation des sols sur le bassin
versant 31
Tableau V : Types de MAEt hors périmètre Natura
2000 34
Tableau VI : Couverture des différentes classes
d'habitats dans la zone Natura 2000 41
Tableau VII : Types de MAET dans la zone Natura 2000 43
Tableau VIII : Pratiques de fertilisation - Prairies MAE et
hors-contrat en zone N2000 45
Tableau IX : Correspondance entre stations de
prélèvement et secteurs étudiés 49
Tableau X : Récapitulatif des logiques d'action des
différentes MAE 73
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photo N°1 : Digue de protection à Sillegny 22
Photo N°2 : Digues au centre à Vic-sur-Seille 22
Photo N°3 : Enrochements en aval de Vic-sur-Seille 23
Photo N°4 : Pont, seuil et enrochements à Cheminot
23
Photo N°5 : Naissance de la Seille au Lindre 23
Photo N°6 : Mise en assec et dispositif de pêche
23
Photo N°7 : Crue de la Seille à Marly, avril 2001
(Source DIREN) 27
Photo N°9 : La Seille en aval de Marsal 28
Photo N°8 : Erosion des berges sur une parcelle de
Cheminot 28
Photo N°9 : La Seille en aval de Marsal 28
Photo N°10 : La Seille en amont de Metz 28
Photo N°11 : Le Vieux Canal de la Seille, briquetage de
Marsal 28
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
La Seille : Gestion de la ressource en eau et pollution
agricole
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE I : EVOLUTION DES TENEURS EN AMMONIUM DANS LE BV SEILLE
I
Secteur Amont II
Secteur Petite Seille III
Secteur Médian IV
Secteur Aval V
Secteur Natura 2000 VI
ANNEXE II : EVOLUTION DES TENEURS EN NITRATE DANS LE BV SEILLE
VII
Secteur Amont II
Secteur Petite Seille III
Secteur Médian IV
Secteur Aval V
Secteur Natura 2000 VI
ANNEXE III : FIGURES COMPLEMENTAIRES VIII
Localisation des MAEt dans le périmètre Natura
2000 IX
Tableau de synthèse des réglementations et
programmes agri-environnementaux X
Tableau de synthèse des programmes collectifs et
interventions publiques en N2000 XI
Cahier des charges initial et amendé des SCEI XII
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable
I
ANNEXE I
EVOLUTION DES TENEURS EN
AMMONIUM DANS LES SECTEURS DU
BASSIN VERSANT
V' Secteur Amont
V' Secteur Petite Seille
V' Secteur Médian
V' Secteur Aval
V' Natura 2000
II
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs48.png)
III
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs49.png)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs50.png)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs51.png)
V
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs52.png)
VI
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs53.png)
VII
ANNEXE II
EVOLUTION DES TENEURS EN NITRATE
DANS LES SECTEURS DU BASSIN
VERSANT
V' Secteur Amont
V' Secteur Petite Seille
V' Secteur Médian
V' Secteur Aval
V' Natura 2000
VIII
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs54.png)
IX
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs55.png)
X
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs56.png)
XI
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs57.png)
XII
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs58.png)
XIII
ANNEXE III
FIGURES COMPLEMENTAIRES
V' Localisation des MAEt dans le périmètre
Natura 2000
V' Tableau de synthèse des réglementations et
programmes agri-environnementaux (adapté de
la Préfecture de Lorraine)
V' Tableau de synthèse des programmes
collectifs et interventions publiques dans le
périmètre Natura 2000
V' Cahier des charges initial et cahier des
charges amendé des SCEI
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs59.png)
Objectifs opérationnels Critères
Indicateurs
XV
|
DIRECTIVE NITRATES
|
Objectifs généraux Critères
Indicateurs
|
|
|
Réduire la pollution des eaux par les
nitrates
d'origine agricole
Teneurs en nitrates
nappes et cours d'eau
Taux nitrates
Taux phosphates
Eutrophisation
|
D.C.E
|
Objectifs généraux Critères
Indicateurs
Substances
prioritaires ou
|
Taux de ces
substances,
|
Atteindre le bon état des eaux en 2015
dangereuses, biologie
et micropolluants
diatomées,
poissons...
|
LOI SUR L'EAU
|
Objectifs spécifiques Critères
Indicateurs
|
|
Assurer la gestion équilibrée de la
ressource
en eau sur le plan quantitatif et qualitatif
Teneurs en nitrates
nappes et cours d'eau
Taux de nitrates
|
PMPOA1
Réaliser des travaux pour améliorer
les
|
Objectifs opérationnels Critères
Indicateurs
Fertilisation, nitrates
|
ration UGB/SPE,
ratio quantité
|
bâtiments d'élevage et la gestion des
et effluents
d'effluent, taux de
|
effluents
|
Mesures & Actions Critères
Indicateurs
|
nitrates
|
Réaliser des travaux pour améliorer
les
bâtiments d'élevage et la gestion des
effluents
Réalisation des
travaux
Nombre
d'exploitations
mises au normes
|
PMPLEE
Améliorer les pratiques agricoles et
|
Objectifs opérationnels Critères
Indicateurs
Fertlisation, nitrates
et viabilité des
|
Densité bovine,
ratio quantité
|
maitriser les coûts
systèmes
d'effluent
Excédent Brut
|
|
économiques
Mesures & Actions Critères
Indicateurs
|
d'Exploitation,
Nombre d'exploitations respectant
le critère
|
Equilibrer les besoins des cultures/apport
azotés
|
Adaptation aux
besoins des cultures
|
Plan de fertilisation et enregistrement des
|
Cahier
|
apports effectués
Limitation des apports à 170kg N/ha/an
|
d'enregistrement
|
Respect de périodes d'interdiction
|
Définition des
|
d'épandage de fertilisants azotés
Restriction d'épandage à proximité des
eaux
de surface et des sols à fort ruissellement
|
périodes
Définir les tyoes de
parcelles
|
Respect des durées réglementaires de
|
Suivi de la réalisation
|
stockage des effluents d'élevage
des travaux
Obligation de couverture des sols
Suivi des parcelles
|
Ferti-Mieux
|
Fertilisation, nitrates
|
Taux de nitrates,
nombre
|
XVI
Nom
|
|
|
|
|
|
|
Nature
|
Maitre d'ouvrage
|
Objectifs
|
Public concerné
|
Date début
|
CTE collectif
|
Contrats
volontaires
|
CC du Saulnois
|
Préservation de la qualité de l'eau
et des prairies remarquables
|
Agriculteurs du BV
Seille
|
2001
|
CAD
|
Contrats
volontaires
|
CC du Saulnois
|
Préservation de la qualité de l'eau
et des prairies remarquables
|
Agriculteurs du BV
Seille
|
2004
|
Directive nitrate
|
Réglementation
|
Etat
|
Préservation de la qualité des
eaux superficielles et souterraines
|
Agriculteurs de la
ZV Seille
|
2001
|
PMPOA -
PMPLEE
|
Réglementation
|
Etat
|
Réduction des risques de pollution
par les effluents d'élevage
|
Agriculteurs de la
ZV Seille
|
2003
|
Agri-Mieux
Renaturation
|
Engagements
volontaires
|
CDA 57
|
Evolution des pratiques agricoles
en faveur de la qualité de l'eau
Amélioration générale de la
|
Agriculteurs du BV
Seille
|
2004
|
|
Engagements
volontaires
|
Syndicats
|
qualité de l'eau et du milieu
Conduire des projets autour de la
|
Riverains de la
Seille
|
|
XVII
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs60.png)
![](Gestion-de-la-pollution-azotee-de-la-ressource-en-eau-en-milieu-agricole-Influence-des-dispositifs61.png)
|