CHAPITRE IV.
DISCUSSION
Durant la période de notre étude (5 ans) nous
avons enregistré 1263 nouveau-nés âgés de 0 à
28 jours nés, admis et hospitalisés dans le service de
néonatologie/pédiatrie de l'Hôpital Général
de référence de Kamina. On a dénombré 535 cas des
urgences néonatales soit une fréquence intra-hospitalière
de 2.36%. Cette fréquence est légèrement inférieure
à celle estimée par l'OMS en 2010 (6%)
(OMS,2010) et à celle trouvée à Abidjan
en 1997 (4,9%) par F CoulibalyZerbo et al (F coulibaly Zerbo et al,
1997). Ceci s'expliquerait par le fait que certains cas n'ont pas
été retenus par défaut d'informations nécessaires
pour notre étude, d'autres malades vus dans les centres hospitaliers
périphériques ne sont pas transférés à
l'HGR/Kamina alors qu'elle est la seule structure provinciale de
référence où nous ayons eu à sélectionner
notre échantillon.
Dans notre série, la tranche
d'âge inférieur ou égal à 19 ans représente
204 cas soit 38,13% et celle d'âge supérieur ou égal
à 35ans avec 134 cas soit 25,05%. L'âge maternel moyen est de
27,75#177;5,345 ans, l'âge minimal étant de 14 ans et l'âge
maximal de 49 ans. Ces résultatssont largement supérieurs
à ceux trouvés parIbrahim Traoré en 2012 à Bamako
(TraoréIbrahim,2012).
Il se dégage de notre étude que, les
mères étaient pour la plupart dans 65,4% ménagères.
Ces résultats diffèrent à ceux trouvés
respectivement dans les recherches de Chiaka (2005) et Ibrahim Traoré
(2012) (Chiaka,2005 ; Traoré Ibrahim,2012). Ceci
pourrait s'expliquer par le fait que la profession des mèresà une
incidence concrète sur le mode de vie et la survenue de manifestations
morbides chez leurs nouveau-nés.
Près de la moitié des femmes soit 48,60%
étaient primipares et 31,03 % des mères primigestes. Cette
situation se rapproche de celle de Francis K et s'éloigne plus de celle
de El Mehdi qui parait de 39%. C'est justement un problème de
maturité et d'expérience qui manquerait à ces jeunes
mères sur la prise en charge et le suivi de leurs nouveau-nés
(FrancisK,2012 ; El Mehdi,2017).
Concernant l'âge des nouveau-nés, notre
sériea montré que la tranche d'âge de 0 à 6
joursreprésente 74,39% des cas. Comparée à d'autres
études Africaines, ce chiffre est supérieur à celui de
Cikomola F (61%) et Ndour O et al (68,8%), réalisés
respectivement à Bukavu (RDC) et Bamako (Mali) (Cikomola
F,2016). Ce phénomène s'explique naturellement par la
vulnérabilité et la sensibilitédes nouveau-nés aux
infections d'une part, et d'autre part, par une insuffisance en personnel,
plateau technique faible et manque des matériels (pas de couveuses
fonctionnelles, ni oxygénateur...)dans le service de
néonatologie/pédiatrie de l'Hôpital Général
de Référence de Kamina.
Les nouveau-nés de sexe masculin étaient les
plus représentés soit 53,07% avec un sexe ratio de 1,12 en leur
faveur. Ces résultats sont presque similaires à ceux de
Traoré Ibrahim en 2012, d'Imane Oussayeh en 2017 et de Ben Moussa en
2014 (Traoré Ibrahim,2012 ; Ben Moussa,
2014 ;ImaneOussayeh,2017 ). Le sexe n'a pas une influence
sur les urgences néonatales.
Nos résultats montrent que 57,01% des patients ont
été reçus au cours des heures allant de 16h à 07h.
Ces résultats corroborent celui d'El Mehdi (2017) qui a montré
que 80,5% des patients ont été admis entre 14h et 23h (El
Mehdi,2017). Certains auteurs pensent que la maladie s'aggrave surtout
le soir.
Le recours à la réanimation néonatale
à la naissance a été noté chez 303
nouveau-nés soit 62,24 % de l'ensemble des nouveau nés admis en
urgence, taux de loin superposable à celui de 27% constaté par
Imane Oussayeh (Imane Oussayeh, 2017). Ceci pourrait
s'expliquer dans notre série par le fait que la plupart de nos
nouveau-nés viennent déjà avec un problème
d'adaptation à la vie extra-utérine.
Dans notre série, la fièvre représente
148 cas soit 27.66% comme motif de consultation. Ces résultats sont
similaires à ceux de Ben Moussa (2014) et de Traoré Ibrahim
(TraoréIbrahim,2012 ; Ben Moussa,2014). Ceci pourrait
s'expliquerpar la présence de l'infection néonatale
précoce qui se manifeste dans la plupart des cas par une fièvre
comme un signe qui inquièterait les mères des nouveau-nés
qui les amènent à l'hôpital. Ce qui se confirme dans le
tableau suivant, montrant que l'infection néonatale a été
retenue comme diagnostic dans 23,03% soit 123 de cas, alors qu'elle a fait
objet de diagnostic dans une proportion de 26,4% des cas dans l'étude de
Mwakumenée aux Cliniques Universitaires de Kinshasa sur la
morbi-mortalité chez les enfants de faible poids de naissance
(Mwaku, 2011).
A ce qui concerne les groupes de pathologies néonatales
rencontrées ; les pathologies thoraciques (33,46%) sont les plus
grandes pourvoyeuses des urgences néonatales dans notre série
suivies des pathologies neurologiques (31,96%) comme dans d'autres
études. En revanche, selon Cikomola F les pathologies les plus
fréquentes sont les urgences digestives à 43, 3% suivies, des
neurologiques à 40%) alors que Ralahy MF et al,a trouvé une
prédominance des urgences digestives chiffrées à 39%
suivies par ordre de fréquence des urgences pariétales
(17%)(Ralahy MF et al,2010 ;Cikomola F,2016). Ceci
s'expliquerait par le fait que la majorité des enfants de notre
étude naissent avec des antécédents de réanimation
à impact tant thoracique que neurologique à l'instar de la
détresse respiratoire, la souffrance foetale et l'hypothermie.
Se basant sur les produits utilisés en urgence, les
résultats de Ben Moussa (2014) montrent que 37,5% des nouveau-nés
ont reçu des antipyrétiques injectables et 12,5% une transfusion
sanguine. Ainsi les nôtres montrent dans 21,87% des cas l'usage des
antipyrétiques injectables et dans 3,55% des cas celui du sang. Ceci
pourrait s'expliquer dans notre série par le fait que la plupart de nos
nouveau-nés étaient venus à l'hôpital dans un
tableau de fièvre et d'anémie.
Se référant à la durée
d'hospitalisation, nos résultats montrent une moyenne de 7,55 #177;2,16
jours et 45,98% des nouveau-nés dont la durée d'hospitalisation
était celle de moins de 7 jours. Comparée à d'autres
données, cette moyenne parait supérieure à celles
trouvées par Imane Oussayeh (6 jours) et Traoré Ibrahim (4
jours)respectivement à Marrakech au Maroc et Bamako au Mali. Elle est
cependant inférieure à celle de Francis K à Kinshasa en
RDC (ImaneOussayeh,2017 ; Traoré Ibrahim ; Francis
K,2012).
Concernant l'évolution 23.93% de nos patients
étaient décédés, ce taux est inférieur
à ceux trouvés par Ndour,Cikomola F à Bukavu en 2016
etDoumbouya N au Mali (Ndour O,2009 ; Cikomola F,2016 ;
Doumbouya N,2015). Ceci s'expliquerait par ; la fragilité
des nouveau-nés, le diagnostic qui n'est pas posé en
période prénatale, par l'absence d'une unité de
réanimation néonatale spécifique, le retard de
consultation, le fait que le nouveau-né est vu pendant qu'il
présente déjà certaines complications, l'approvisionnement
en médicaments qui est laissé à la seule charge des
parents et un mode d'évacuation des nouveau-nés
défectueux.
La cause de mortalité la plus rencontrée soit
73,44% dans notre étude était est le choc septique. Ce qui
rejoint le résultat d'El Mehdi M(El Mehdi M, 2017) qui
dans son étude, confirme 73,80% de décès dus à la
cause précitée. Nos résultats s'éloignent de ceux
d'Imane Oussayeh (Imane Oussayeh, 2017).
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