CONCLUSION
Nous venons de faire un tour d'horizon des différents
types d'arts vivants autochtones au Canada. Nous avions choisi de voir ceux qui
utilisent la parole afin d'estimer le degré d'utilisation des langues
d'autochtones dans ces arts : chant, contes, théâtre.
Il ressort de nos observations qu'au fur et à mesure du
temps, depuis les années 1950, le nombre d'artistes autochtones ne fait
qu'augmenter. Dans le domaine de la musique notamment, les jeunes investissent
de plus en plus cet espace42, grâce à leur
maîtrise et leur habitude des technologies informatiques.
Corollairement, la variété et le nombre de
langues utilisées pour leurs performances artistiques augmentent
également, menant à une plus large représentation de cette
frange de la population canadienne, à la fois dans le domaine des arts
mais aussi dans leurs revendications politiques43.
Conclusion générale
Cette analyse documentaire a expliqué les concepts de
langues en danger, de leur nécessaire sauvegarde, et des moyens à
employer pour y parvenir. Les premiers à se pencher sur la question
furent les linguistes, qui tirèrent la sonnette d'alarme, pour que
puissent intervenir des entités ayant le pouvoir de modifier la
situation : c'est ainsi que la liste des 9 critères de vitalité
d'une langue de l'UNESCO est parue en 2003, et son Atlas des langues en danger
en 2009. L'importance de cet organisme pèse suffisamment pour que les
États soient contraints à l'action, sous peine d'être
pointés du doigt par la communauté internationale.
Nous avons ensuite précisé notre zone
géographique en se concentrant sur le territoire de l'actuel Canada,
où de nombreux langages risquent de disparaître. Cela est dû
aux politiques coloniales d'assimilation de la part des Européens, qui
ont voulu "tuer l'Indien" en le forçant à abandonner ses coutumes
traditionnelles, ses langues, ses pratiques, ses vêtements, ses lieux.
Les premiers colons avaient débarqués en 1497, et ce n'est
qu'à partir des années 1970 que le gouvernement canadien a
commencé à redonner un peu de droits aux Peuples Premiers.
Depuis, la tendance
42 Et la population autochtone est
plus jeune que le reste de la population canadienne, en raison de ses taux de
fécondité supérieurs et de son espérance de vie
plus courte : presque 50% de la population autochtone totale est
âgée de 24 ans ou moins, contre 30% pour les non-Autochtones
(source : Statistique Canada).
43 Des pièces de
théâtre comme nous avons vu, et des chanteur.ses comme le jeune
rappeur Tarrak qui
dénonce le mal-être de la jeunesse
groënlandaise, ou la star de la pop Buffy Sainte-Marie, très
engagée
pour les droits des Amérindien.nes.
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est ascendante et les textes de lois vont vers plus
d'acceptation, de reconnaissance des torts, de respect. Beaucoup reste
cependant à faire, les populations autochtones souffrant de tous les
maux touchant les minorités ethniques méprisées (taux de
chômage important, taux de suicide important, décrochage scolaire,
logements insalubres, difficultés de mobilité, racisme,
discrimination, etc.). Elles font néanmoins preuve d'une grande force et
d'une grande résilience, en multipliant les initiatives locales,
dénonçant pacifiquement les torts qui leur sont faits, et
revitalisant leurs cultures.
C'est ce que la troisième partie de ce mémoire a
montré : les cultures autochtones sont très vivaces. Un grand
travail de mémoire est fait, à la fois pour que le passé
récent des deux derniers siècles où l'assimilation a
été extrêmement dure avec les pensionnats (1831-1996), et
à la fois pour que les traditions perdues soient retrouvées -
notamment les instruments de musique, les chants et les danses traditionnelles,
longtemps interdites.
Par les grands rassemblements, ouverts à tous, comme
les pow wows ou les festivals, les communautés autochtones de tout le
pays arrivent à se faire une place. Leurs langues trouvent des voix de
plus en plus entendues par le biais de la musique, depuis les années
1950, et la croissance du nombre d'artistes étant exponentielle
depuis.
Et les spectacles vivants en langue autochtone, comme des
pièces de théâtre, de marionnettes, d'humour même,
sont encore très rares dans la large sphère publique, si nous
n'avons pas pu prouver avec ce travail qu'ils encouragent plus la population
à apprendre ces langues, et bien contribuent à leur maintien et
à la continuité des cultures dans le temps et dans l'espace.
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