UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
(UCAO)
UNITE UNIVERSITAIRE A BAMAKO (UUBa)
Ecole des Hautes Etudes des Cultures Africaines, des Arts
et des Sciences de l'Education(EHECASE) Hamdallaye Rue 85 Porte 109- BP E 4165
Bamako- Mali- Tel : (223) 20 29 56 31.Fax :+223 20 29 56 28 E-mail
:ucao.uuba@
gmail.com.
Site :
www.uco-uuba.com
Filière : Sciences de
l'éducation
Thème :
Les difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans
le système éducatif malien : cas du groupe scolaire second cycle
de Darsalam, CAP de Koutiala.
Présenté par : DIRECTEUR DE
MEMOIRE
Nicolas TOGO Dr Idrissa Soïba
TRAORE Maitre de conférences
CAMES
Membres du Jury :
Dr TAMBA DOUMBIA : président du Jury.
Dr SEYDOU LOUA : membre du Jury.
Bamako, le 22 Décembre 2018
1
2
SOMMAIRE
DEDICACE p II
REMERCIEMENTS p III
LISTE DES TABLEAUX p IV
LISTE DES GRAPHIQUES p VI
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACCRONYMES p VII
RESUME p VIII
ABSTRACT p IX
Introduction p.1
CHAPITRE I : Méthodologie de recherche p9
1.1- La démarche méthodologique p9
1.1.1-Problématique de la recherche p9
1.1.2-Questions de recherche p18
1.1.3- Objectif de recherche p19
1.1.4-Hypothèses de recherche p20
1.2-La construction de la posture de recherche p20
1.2.1-La recherche documentaire p23
1.2.2-La recherche sur le terrain p24
1.2.3-Les difficultés rencontrées p27
Chapitre II : Présentation des milieux d'études
p29
2.1-Présentation de la commune urbaine de Koutiala
p29
2.1.1-Historique de la commune urbaine de Koutiala p29
2.1.2-Situation géographique de Koutiala p30
2.1.3-Cadre démographique de Koutiala p30
2.2-La population scolaire spécifique de Darsalam
p31
CHAPITRE III : Elucidation conceptuelle et revue critique de
la littérature p36
3.1- Elucidation conceptuelle p36
3.2- Revue critique de la littérature p65
Chapitre IV : Présentation, analyse des données
et interprétation de résultats d'enquête sur le
terrain. p82
4.1- Présentation des données p82
4.2- Analyse des données p124
3
4.3 - Interprétation des résultats
d'enquête sur le terrain p133
Chapitre V- Synthèse de l'analyse des données et
suggestions p136
5.1- Synthèse des analyses p136
5.2- Suggestions p136
Conclusion p139
BIBLIOGRAPHIE p141
WEBBOGRAPHIE p145
TABLE DES MATIERES p147
ANNEXE p150
DEDICACE
4
A la famille TOGO, pour la transmission des
valeurs de sacrifice de soi et du travail bien fait.
5
REMERCIEMENTS
Nous adressons nos sincères remerciements :
> à son Excellence Monseigneur Jean-Baptiste
TIAMA, évêque du Diocèse de Sikasso, pour le choix
porté sur ma personne, pour le soutien moral, matériel et
financier consenti durant toutes ces années d'études;
> à mon directeur de mémoire, Dr.
Idrissa SOIBA TRAORE, Maître de conférences,
CAMES, pour sa disponibilité et pour la qualité
de son encadrement.
> au personnel administratif de l'UCAO-UUBa, pour le suivi
pédagogique soutenu ;
> à tout le corps professoral de l'UCAO-UUBa, pour
la consistance et la qualité des connaissances et compétences
transmises;
> à nos amis : Jean-Luc BOMBA, Chef
de la section énergie de la CMDT ; Erè Rémi ARAMA,
Dr en Pharmacie pour leur soutien sans faille durant les années
d'études;
> à mon épouse Aurélie
DAKOUO, à mes enfants pour leur présence, leur soutien
et leur affection.
6
LA LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : les résultats de l'orthographe :
dictée et questions des candidats admis au DEF(BEPC) de
l'Académie d'Enseignement de Koutiala ; années 2015, 2016, 2017.
Les notes d'orthographe (dictée et questions) sont classées de 00
à 09,99 sur 20 et de 10 à 20 sur 20. p.12
Tableau 2 : les résultats de l'orthographe :
dictée et questions des candidats ayant échoué au
DEF(BEPC) de l'Académie d'Enseignement de Koutiala ; années 2015,
2016,2017. Les notes d'orthographe (dictée et questions) sont
classées de 00 à 09,99 sur 20 et de 10 à 20 sur 20.
p.12
Tableau 3 : résultats des élèves en
orthographe des 1er et 2ème trimestres 2017, du
groupe scolaire second cycle de Darsalam A., B., C. et D. Les notes sont celles
de la dictée ajoutée aux
|
notes des questions.
|
p.15
|
Tableau 4 : Effectifs des classes Darsalam A.
|
p.32
|
Tableau 5 : Effectifs des classes Darsalam B.
|
p.32
|
Tableau 6 : Effectifs des classes Darsalam C.
|
p.32
|
Tableau 7 : Effectifs des classes Darsalam D
|
p.32
|
Tableau 8 : résultats de la première question
|
p.83
|
Tableau 9 : résultats de la deuxième question.
|
p.83
|
Tableau 10 : résultats de la troisième question.
|
p.84
|
Tableau 11 : résultats de la quatrième question.
|
p.84
|
Tableau 12 : résultats de la cinquième question.
|
p.85
|
Tableau 13 : résultats de la sixième question.
|
p.85
|
Tableau 14 : résultats de la septième question.
|
p.85
|
Tableau 15 : résultats de huitième
question.
|
p.86
|
Tableau 16 : résultats de la neuvième question.
|
p.86
|
7
Tableau 17 : Liste des enseignants enquêtés selon
l'âge, le diplôme, le nombre d'heure par
semaine et l'ancienneté dans le service. p.87
Tableau 18 : les erreurs liées au non
maitrise des terminaisons des verbes du 2ème groupe.
p.115
Tableau 19 : les erreurs liées à la confusion
des terminaisons des verbes au conditionnel
présent : -rais et à celles de
l'imparfait -ais. p.116
8
LA LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : résultats de l'épreuve de
dictée des candidats réguliers admis au DEF de
l'académie de Koutiala, années 2015, 2016,2017.
p.13
Graphique 2 : résultats de l'épreuve de
dictée des candidats réguliers ayant échoué au DEF
de
l'académie de Koutiala, années 2015, 2016,2017.
|
p.14
|
Graphique 3 : répartition des élèves
enquêtés selon l'âge
|
p.33
|
Graphique 4 : répartition des élèves
enquêtés selon le statut : régulier-redoublant.
|
p.34
|
Graphique 5 : répartition des élèves
enquêtés par sexe.
|
p.35
|
Graphique 6 : résultats du devoir de grammaire sur les
pronoms possessifs.
|
p.112
|
Graphique 7 : résultats du devoir de grammaire sur
l'imparfait de l'indicatif : les notes sont
classées de 00 sur 20 ; 01 à 09 sur 20 et de 10
à 19. p.114
Graphique 8: résultats du test de
dictée par objectif du premier groupe témoin. p.118
Graphique 9 : résultats du test de dictée par
objectif du premier groupe expérimental. p.120 Graphique 10 :
résultats du test de la dictée par objectif du
deuxième groupe témoin. p.122
Graphique 11 : résultats du pos test de la dictée
par objectif du deuxième groupe expérimental. p.123
Graphique 12 : résultats du test et de
pos test entre les groupes témoins et les groupes
expérimentaux. p.126
Graphique 13 : les résultats de la dictée de
contrôle. Les notes sont classées de 00 à 10 : 00 sur
20, de 01 à 09, 10 sur 20. p.131
9
LA LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET
ABREVIATIONS
AE : Académie d'Enseignement.
ANG : Atelier de Négociation Graphique.
APC : Approche Par Compétences.
BEPC : Brevet d'Etudes
CAMES : Conseil Africain et Malgache de l'Enseignement
Supérieur.
CAP : Centre d'Animation Pédagogique.
CM2 : Cours Moyen 2ème année.
CMDT : Compagnie Malienne de Développement des
Textiles.
DEF : Diplôme d'Etudes Fondamentales.
DRPSIAP : Direction Régionale de la Planification, de
la Statistique, de l'Informatique, de
l'Aménagement du Territoire et de la Population.
ENSEC : Ecole Normale Secondaire.
ENSEc.R. : Ecole Normale Secondaire Rurale.
EOO : Enseignement de l'Orthographe par Objectif.
EPT : Education Pour Tous.
IFM : Institut de Formation des Maîtres.
INRP : Institut National de Recherche Pédagogique.
ONL : Observatoire National de la Lecture.
OPO : Objectif Pédagogique Opérationnel.
PC : Pédagogie Convergente.
PRODEC : Programme Décennal de Développement de
l'Education.
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat.
UCAO : Université Catholique de l'Afrique de
l'Ouest.
UDD : Union pour la Démocratie et le
Développement
UUBa : Unité Universitaire à Bamako.
10
RESUME
La maitrise de l'orthographe d'usage lexical et grammatical a
sans conteste un impact positif sur le succès scolaire des apprenants au
second cycle de l'enseignement fondamental. Elle contribue, dans une large
mesure, à la compréhension des autres disciplines d'enseignement
et favorise l'expression écrite et orale. Or, au regard de nombreuses
fautes commises par les apprenants du groupe scolaire second cycle de Darsalam
dans leurs productions écrites, l'orthographe constitue une entrave
à leur succès scolaire. Les mauvais résultats
enregistrés par les apprenants, notamment en dictée de
contrôle notée, entrainent des échecs scolaires. Si
orthographier sans fautes dans les productions écrites est facteur de
réussite, les erreurs commises par les apprenants au second cycle de
l'enseignement fondamental au Mali constituent des entraves auxquelles, il
convient de proposer des solutions en vue d'améliorer l'enseignement et
l'apprentissage de l'orthographe. Rechercher les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe et proposer des solutions qui contribueront
à améliorer l'enseignement et de l'apprentissage de cette
sous-discipline du français, telle est la démarche, à la
fois critique mais constructive que nous avons adoptée à travers
cette étude.
Le présent travail décrit les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans le système éducatif malien,
analyse les données quantitatives et qualitatives recueillies suite aux
techniques d'enquête et présente les résultats des tests de
la dictée par objectif soumis aux apprenants suite à
l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO).
La démarche méthodologique a consisté
à recueillir des données quantitatives et qualitatives à
travers les techniques du questionnaire, de l'entretien direct, de
l'observation et du test auprès des apprenants, des enseignants de
français, des conseillers pédagogiques et des enseignants de
français à la retraite. Les logiques et représentations de
ces acteurs, les observations et les tests nous ont permis de cerner les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe et d'analyser les facteurs
qui y sont liés.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus, suite aux
différents tests réalisés auprès des groupes
témoins et expérimentaux, nous permettent d'affirmer que le
minimum de temps consacré à la lecture, la non maîtrise de
l'enseignement de la grammaire, et de la conjugaison par les enseignants sont
les raisons de l'échec des élèves en dictée. Cet
échec se manifeste d'abord par des difficultés d'apprentissage
qui conduisent à l'obtention de mauvaises notes. Pour faire face
à une telle situation, l'enseignement de l'Orthographe par Objectif
(EOO) pourrait être une stratégie idoine.
11
ABSTRACT
Proficiency in lexical and grammatical spelling undoubtedly
has a positive impact on the academic success of learners in the second cycle
of basic education. It contributes, to a large extent, to the understanding of
other teaching subjects and promotes written and oral expression. However, in
the light of many mistakes made by learners in the Groupe Scolaire Second
Cycle de Darsalam - Second Cycle of Basic Education, in their written
productions, spelling constitutes a challenge to their academic success. The
poor results recorded by the learners, especially in graded dictation tests,
lead to school failures. If spelling without mistakes in the written
productions is a factor of success, mistakes committed by the learners in the
second cycle of basic education in Mali constitutes challenges to which, it is
advisable to propose solutions with a view to improving the teaching and
learning spelling. Finding difficulties of learning spelling and proposing
solutions that will contribute to improving the teaching and learning of this
minor of French language is the critical but constructive approach that I
adopted for carrying out this study.
This work describes the difficulties of learning spelling in
the Malian educational system, analyzes the quantitative and qualitative data
collected following the survey techniques and presents the results of the
objective dictation tests submitted to the learners following the
Objective-based Teaching Spelling (EOO).
The methodological approach consisted of collecting
quantitative and qualitative data through questionnaire, direct interview,
observation and test techniques from learners, French teachers, educational
advisers and retired French teachers. Rationales and representations of these
actors, observations and tests allowed me to identify challenges of learning
spelling and analyze the related factors.
The results I have achieved, following the various tests
carried out with the control and experimental groups, allow me to affirm that
the minimum time devoted to reading, lack of knowledge about grammar teaching,
and the conjugation by teachers are the reasons for students' failure to
dictation. This failure is reflected first in challenging related to learning
leading to poor grades. To cope with such a situation, Objective-based Teaching
Spelling (EOO) could be an appropriate strategy.
UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST
(UCAO)
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Filière : Sciences de l'éducation
Thème :
Les difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans
le système éducatif malien : cas du groupe scolaire second cycle
de Darsalam, CAP de Koutiala.
Présenté par DIRECTEUR DE
MEMOIRE
Nicolas TOGO Dr. Idrissa Soïba
TRAORE Maitre de conférences
CAMES
Membres du Jury :
Dr TAMBA DOUMBIA : président du Jury
Dr SEYDOU LOUA : membre du Jury
12
Bamako, le 22 Décembre 2018
Les difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans
le système éducatif malien : cas du groupe scolaire
second cycle de Darsalam, CAP de Koutiala.
13
14
Introduction
Michel Richard écrivait, dans l'éditorial du
troisième numéro du journal Le Point, Octobre-Décembre
2010 : « La langue française, ses mots et ses règles,
étant bourrée d'incongruités, de chausse-trappes,
d'ésotériques exceptions et autres saugrenues bizarreries, il
suffirait de ramener à la raison tout ce petit monde anarchique pour
réconcilier les français avec le français ».
(Les Rectifications orthographiques publiées au journal officiel
n°100 du 6 Décembre 1990.) Ces propos résument, la
complexité de la langue française en général et de
son orthographe en particulier. Vingt ans plutôt, c'est-à-dire en
1990, les « rectifications orthographiques. » de la langue
française avaient suscité de nombreux débats entre
puristes et réformistes de l'orthographe française. Les
réformistes et les anti-réformistes s'affrontent. Les
désaccords autour de l'orthographe française, au sein de
l'opinion française comme en dehors d'elle, démontrent son poids
social si longtemps décrié. Ces rectifications, même si
elles touchent dans la grande majorité, l'orthographe d'usage,
permettent à la langue française se débarrasser de ses
« saugrenues bizarreries » et de ses nombreuses et complexes
exceptions. Les profondes controverses autour et sur l'orthographe
française seront tranchées par le vote des académiciens en
Janvier 1991.
Erik Orsenna, écrivain et académicien,
présente un tableau peu reluisant du niveau d'apprentissage de la langue
française par les apprenants français. Il affirme en citant les
statistiques récentes de la France, que plus de 20% des
élèves qui entrent en sixième ne savent ni bien lire, ni
bien écrire ni bien parler. Or la lecture, l'écriture et le
calcul sont les fondamentaux des apprentissages dont les bases sont
lancées au cours des premières années de la scolarisation
et devraient se consolider à mesure que les apprenants rentrent au
collège. En 1987, les chercheurs André Chervel et Danièle
Manesse bouclaient leurs enquêtes sur le niveau orthographique des
élèves de 10 à 16 ans, ce qui correspond approximativement
à l'âge des apprenants de notre étude. Cette étude
comparative du niveau des élèves en orthographe sur un
siècle de distance a permis d'établir, selon André Chervel
et Danièle Manesse 1987 in Charmeux, 2007 : 1; cités par Eveline
Charmeux, 2007, que « la comparaison des résultats entre 1987
et 2005 témoigne d'une chute importante du niveau. Les erreurs ont
considérablement augmenté : là où les
collégiens en faisaient huit en 1987, ils en font treize en 2005.
Là où les élèves de CM2 faisaient douze erreurs,
ils en font dix-huit. En 1987, 50 % des
15
élèves faisaient moins de six fautes. Ils ne
sont plus que 22 % en 2005.1 » En moins de vingt ans, 78%
des élèves font plus de six fautes, soit une augmentation de 28%.
Cette baisse de niveau en orthographe révèle des
difficultés d'apprentissage et de graphie correcte des mots de la part
des élèves au niveau du collège.
Selon Danièle Manesse et Danièle Cogis,
citées par E. Charmeux, 2007, l'écart entre les résultats
des élèves de 1987 et ceux de 2005 est en moyenne de deux niveaux
scolaires. Les élèves de cinquième de 2005 font le
même nombre de fautes que les élèves de CM2 il y a vingt
ans. Les élèves de troisième de 2005, le même nombre
d'erreurs que les élèves de cinquième de 1987. Ce tableau
sombre du niveau de maitrise de la langue française est celui des
apprenants dont le français est, d'une façon
générale, la langue maternelle et qui l'utilise dès leur
tendre enfance. Qu'en est-il du niveau des apprenants maliens dont la plupart
affronte cette langue étrangère à partir de 7 ans ? Quel
degré de maitrise de l'orthographe française doit-on s'attendre
d'eux après 7 à 8 années de leur inscription à
l'école, années qui correspondent au niveau d'étude et
à la tranche d'âge des apprenants de notre étude ?
Toutefois, E. Charmeux, 2007 s'interroge si l'on peut,
« raisonnablement parler de baisse de niveau en orthographe au vu de
ces résultats sur des dictées 2» ou si les
mauvais résultats en sont synonymes de non maîtrise de
l'orthographe de la langue d'enseignement.
Kathy Wilkinson, 2009 : 1, soutient que « si les
élèves apprenaient réellement l'orthographe à coup
de leçons magistrales, de listes de mots à apprendre par coeur,
d'exercices à trous et de dictées traditionnelles, nous n'aurions
pas à nous questionner en ce qui concerne nos stratégies
d'enseignement dans ce domaine. ». Mais le constat est ne fait aucun
doute, d'une façon générale, le niveau des apprenants en
orthographe s'est considérablement détérioré et
l'on se pose l'épineuse question de savoir les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe française.
Qu'elle soit lexicale ou grammaticale, l'orthographe a, de
tout temps, créé des inquiétudes aux usagers de la langue
française. Les enseignants qui s'en servent pour transmettre des
savoirs, sont le plus souvent confrontés au « doute
orthographique 3» autour de tel ou tel mot, de l'accord de
tel ou tel verbe et font recours au dictionnaire ou à la table de
conjugaison. Les maîtres de français, dans leurs pratiques
enseignantes, se rendent compte que la langue française
1 E. Charmeux, 2007, Oui ou non peut-on dire que le
niveau en orthographe baisse chez les élèves ? p.1 à
12.
2
http://dcalin.fr/publications/charmeux5.html#haut
visité le 12-07-2018.
3 Sautot 2002 et Kathy Wilkinson, 2009,
définissent le doute orthographique comme une attitude de vigilance qui
fait que le scripteur décèle les situations « à
risques » et est porté à se vérifier. Kathy
Wilkinson, les effets de la dictée 0 faute sur la compétence
orthographique d'élèves de troisième secondaire, p.23.
16
est un réservoir de règles et de leurs
exceptions qui rendent difficiles, d'une part leur transmission et d'autre part
l'acquisition de celles-ci par les apprenants pour leur production
écrite permanente. Face à cet imbroglio de la langue
française qui tente vainement de « rendre simple et facile
l'ardu et l'abscons », (Michel Richard, 2010), à travers de
« rectifications orthographiques », les enseignants de
français usent de stratégies et de stratagèmes pour
transmettre des savoirs et savoir-faire sur les multiples règles
d'orthographe et de grammaire à travers l'enseignement de la grammaire,
de la lecture et de la conjugaison.
Dans le but de permettre d'assurer une bonne coordination dans
l'enseignement du français, le programme officiel du second cycle de
l'enseignement fondamental au Mali met en garde les enseignants chargés
de l'enseignement du français contre « ...les clivages
stériles entre les différentes disciplines de français :
grammaire, rédaction, lecture expliquée, lecture suivie et
dirigée, dictée préparée, récitation
vocabulaire 4». La connexion des disciplines permettra aux
apprenants de bien maitriser l'orthographe d'usage et de grammaire
indispensables à l'expression orale et écrite de la langue
française. Sans cette conjonction active dans la transmission des
disciplines du français, les apprenants apprendront la grammaire pour la
grammaire, la conjugaison pour la conjugaison et l'orthographe pour
l'orthographe. Selon Marie-Laure Elalouf, Claude Péret et Particia
Gourdet, cités par Ecaterina et Roxane 2017 : 16, l'enseignement du
français fait apparaitre les effets nocifs du cloisonnement de ses
rubriques classiques (grammaire, orthographe, vocabulaire, conjugaison). Face
à cette quadripartition de l'enseignement d'une seule et même
langue, les auteurs, ci-dessus cités, prônent l'instauration d'une
conception intégratrice de l'étude de la langue qui prend en
compte selon le point de vue de l'apprenant, le mot, la phrase et le texte.
Le programme officiel ajoute à juste titre que
« l'épreuve d'orthographe n'est pas une sanction. La
multiplication des dictées de contrôle n'améliore pas
toujours l'orthographe. II faut donc chercher méthodiquement l'origine
des difficultés rencontrées par les élèves afin de
leur trouver des solutions » (Programmes officiels du second
cycle de l'enseignement fondamental, édition 200 : 18.) Comment les
pratiques enseignantes mettent-elles en exergue cette connexion entre les
disciplines de la langue d'enseignement pour une plus grande efficacité
de l'enseignement du français ? Les « clivages »
persistent-ils dans la pratique ? Quelles en sont les conséquences sur
les apprentissages ? Quelles sont les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe liées à ces « clivages » ? Aussi, pour
rendre plus efficace l'enseignement-
4 Programmes officiels du second cycle de
l'enseignement fondamental, édition 2005, p.18.
17
apprentissage en général, le système
éducatif malien a -t- il adopté, depuis quelques années,
les méthodes actives qui placent l'apprenant au centre de son
apprentissage ? Ces méthodes actives qui placent l'apprenant au coeur de
l'apprentissage et de démystifier le savoir enseigné en le
rendant accessible aux apprenants sont-elles pratiquées ? En tout
état de cause, dans le processus d'enseignement/apprentissage, le savoir
à enseigner n'a de la valeur pour l'apprenant que lorsqu'il le conduit
à la maitrise à la pratique orale et écrite de la notion
enseignée. Ce qui est à l'antipode des méthodes
traditionnelles de transmission des savoirs qui établissent une relation
verticale entre maître-élève, émetteur
récepteur. Considérées obsolètes, ces
méthodes sont théoriquement abandonnées au profit des
méthodes dites actives. Les méthodes d'enseignement par Objectifs
Pédagogiques Opérationnels (OPO) ont été
introduites dans le système éducatif malien dans les
années 1990. Avec l'opérationnalisation des curricula, les
méthodes de la Pédagogie Convergente (PC) et de l'Approche Par
Compétences (APC) furent mises en route pour une amélioration
lisible de la qualité des apprentissages. Ces méthodes actives
mettent les formés (les apprenants) au centre de leur formation en vue
d'atteindre un degré de compétences requises pour chaque niveau
d'enseignement.
Les dernières décennies ont été
marquées par de nombreuses recherches menées autour de
l'orthographe française. Pédagogues, linguistes et didacticiens,
ont mené des investigations permettant de mieux comprendre l'orthographe
française, sa complexité, son poids social, et les
méthodes susceptibles d'améliorer son enseignement et son
apprentissage. Les résultats de ces recherches insistent sur la
durée de l'apprentissage, l'intensité et la
répétition comme facteurs indispensables de réussite des
activités orthographiques. Selon Michel Fayol, 2006 : 55 « du
point de vue de la production, le système orthographique français
fait partie avec l'anglais des deux systèmes les plus complexes.
» Et les enjeux sociaux de la maîtrise de l'écrit sont
cruciaux, selon Claudine Garcia-Debanc, 2006, d'où l'impérieuse
nécessité de mener une réflexion sur l'efficacité
de notre enseignement au regard des résultats peu louables auxquels nous
sommes parvenus dans l'enseignement/apprentissage de l'orthographe
française. Le modèle d'apprentissage à l'écrit d'U.
Frith, 1985in Bonnal (2016), présente trois phases successives : la
phase logographique, la phase alphabétique et la phase orthographique,
la médiation phonologique précède la phase orthographique.
Toutefois, des modèles d'apprentissage plus « dynamiques et
interactifs » Ces différentes phases de l'acquisition de
l'orthographe d'une langue s'acquièrent suite à un processus
d'apprentissage long, lent et rigoureux. Selon COGIS 2008 :8, « la
maitrise de l'orthographe n'est pas le simple résultat d'une mise en
application des règles apprises par coeur, mais une affaire de
conceptualisation,
18
autant que de répétition ; les
procédures ne s'automatisent qu'à terme. » Ainsi, cette
auteure, soutient qu' « écrire sans faute est le
résultat d'un long processus d'appropriation des normes de la langue
écrite. » Cela ne va pas sans engendrer des difficultés
lorsque les apprenants appartiennent, en majorité, à une autre
réalité linguistique que celle du français qui est la
langue d'enseignement dans le système éducatif malien. Toutefois,
Evelyne Charmeux, 2007, conçoit l'orthographe comme « un savoir
surtout opératoire (savoir écrire sans erreurs), et non un savoir
conceptuel, même si la connaissance théorique joue un rôle
important.5 » Selon cette auteure, l'orthographe n'est pas
« une connaissance au sens strict du terme, mais la mise en place d'un
comportement intégré où la connaissance a une part
importante, mais ne constitue, ni le départ, ni l'arrivée du
travail d'apprentissage. 6»
Selon Nina Catach, in Michèle LABOURESSE, 2005 : 7,
« C'est en parlant en somme qu'on apprend à parler, en
écrivant qu'on apprend à écrire. Si l'on inhibe l'envie
d'écrire, on inhibe aussi l'envie de lire et de parler. La parole la
plus belle est libre. Faisons que l'écriture soit comprise et
appartienne à tous et vous verrez comme elle sera belle.
7» L'orthographe s'acquiert suite à la conjonction
d'activités de vision, d'audition, de lecture et de graphie. La
meilleure compréhension et le bon usage s'acquièrent et se
renforcent après une série d'exercices personnels de l'apprenant.
Observer, découvrir, comprendre, lire, manipuler, assimiler et produire
sont les maillons indispensables dans le processus d'apprentissage de
l'orthographe. Pour atteindre ces objectifs, une interaction entre l'enseignant
chargé de l'animation de la transmission du savoir et l'apprenant
engagé dans le processus d'apprentissage, est indispensable. Selon B.-M.
Barth, 1993 : 18, la responsabilité de l'enseignant est de le (le
savoir) transmettre de telle manière que cette construction personnelle
soit possible, le produit de ce processus est le savoir acquis par
l'élève. Le même auteur estime que la façon
d'apprendre devient aussi importante que ce qu'on apprend car elle influence de
façon définitive la qualité des connaissances acquises.
Aucun maillon de ce processus ne doit être négligé ou omis
au risque d'hypothéquer l'atteinte des objectifs escomptés chez
l'apprenant.
5
http://dcalin.fr/publications/charmeux5.html#haut,
visité le 12-07-2018, Oui ou non, peut-on dire que le niveau en
orthographe baisse chez les élèves ? Un texte d'Eveline
Charmeux, 2007, A propos de l'ouvrage de Danièle MANESSE et
Danièle COGIS, Orthographe : à qui la faute ?
6
http://dcalin.fr/publications/charmeux5!!!;html#haut,
visité le 12-07-2018, Oui ou non, peut-on dire que le niveau en
orthographe baisse chez les élèves ? Un texte d'Eveline Charmeux,
2007, A propos de l'ouvrage de Danièle MANESSE et Danièle COGIS :
à qui la faute ?
7 Michèle LABOURESSE, 2005, L'orthographe au
collège, témoignage d'une enseignante, académie de
Clermont-Ferrand, p.7.
19
Robertson, J. S. (2004), affirme qu'au croisement des deux
capacités perceptives majeures de l'être humain, l'auditif et le
visuel, les relations oral/écrit sont tributaires de la tension
permanente entre deux modes de représentation, celui de l'objet, ou du
référent, et celui de la forme sonore. Cette stratégie de
l'apprentissage de l'orthographe met en exergue les capacités de vision,
d'intonation et de graphie des mots pour maitriser l'orthographe. Si la bonne
prononciation des mots s'acquiert à travers la lecture, d'une
façon générale, l'acte d'écriture selon
Jaffré (2004), implique une énergie cognitive cumulée. Ces
énergies cognitives sont déployées par les apprenants pour
identifier les mots, comprendre leur graphie, leur lien avec les autres mots de
la phrase, les mémoriser puis les orthographier correctement dans leurs
productions écrites.
A. Chervel, 2008 : 154, affirmait qu'au
17ème siècle, on avait appris à écrire
en copiant, on apprendra l'orthographe en copiant. La méthode consistait
d'une part à apprendre à copier des mots, à les reproduire
avec exactitude et à savoir les épeler, et d'autre part, de
savoir bien prononcer et bien. Il s'agissait là aussi pour l'apprenant
de mettre en synergie les activités de bonne prononciation et de bonne
graphie des mots en vue d'une bonne acquisition des compétences
orthographiques.
L'orthographe représente l'un des plus importants
moyens pour la consolidation des connaissances phonologiques, lexicales et
grammaticales qui se trouvent à la base du mot écrit.
L'enseignement-apprentissage de l'orthographe française implique
d'énormes difficultés, d'une part, pour les enseignants
chargés de l'exécution de cette tâche, d'autre part, pour
des apprenants qui rentrent en contact avec le français, pour la
première fois, à partir de 7 ans. Selon Jaffré &
Bessonant, 1993, l'enseignement de l'orthographe implique une
multitude de tâches complexes à exécuter par l'enseignant,
telles que : « repérer la zone
sensible, catégoriser les mots, identifier leur relation, connaitre les
règles d'accord et les marques morphologiques associées, poser
enfin les marques adéquates. ». Cette approche favorise une
acquisition cohérente des compétences de l'orthographe des mots
dans leurs relations de subordination et de complémentarité dans
un texte donné.
La baisse constatée de niveaux des apprenants par les
autorités, les enseignants et les parents dans l'apprentissage de
l'orthographe française dans le système éducatif malien ne
fait aucun doute. Les productions écrites des apprenants, notamment en
dictée de contrôle et en rédaction regorgent de nombreuses
fautes d'orthographe et de grammaire. Le phénomène est si
inquiétant que certains n'hésitent pas à comparer le
niveau en français des élèves de la 9ème
année (BEPC)
20
à celui des élèves de la
6ème année des premières heures de
l'indépendance. Toutefois, l'absence de recherche dans ce domaine ne
permet pas de corroborer cette affirmation qui reste au stade d'une
hypothèse.
Les méthodes actives de transmission de connaissances
mises en application dans les années 1990, jugées plus efficaces,
n'ont pas permis de constater des améliorations dans l'apprentissage de
l'orthographe par les apprenants au niveau du second cycle de l'enseignement
fondamental au Mali et le fossé se creuse entre les élèves
qui savent orthographier et ceux qui commettent de nombreuses erreurs. Des
règles de grammaire et d'orthographe peu, mal ou pas comprises sont
appliquées avec des fautes par les apprenants dans leurs productions
écrites. Selon le Programme Décennal de Développement de
l'Education (PRODEC), 1999, le taux de redoublement et le taux d'abandon, au
second cycle de l'enseignement sont respectivement 17% et 14% en 1996. Ces taux
élevés de redoublement et d'abandon ne sont que des parties
visibles de l'iceberg, tant de « graves problèmes liés
à la formation des enseignants, aux contenus et aux méthodes
d'enseignement8» sont nombreux et entravent l'atteinte des
objectifs de la qualité de l'enseignement de l'orthographe du
français. Cette situation entraine inexorablement la baisse des niveaux
des apprentissages de l'orthographe d'année en année. De
profondes disparités existent quant à la qualité interne
des enseignements des principales matières telles le français
dont la maitrise de l'orthographe constitue un tremplin non seulement pour une
meilleure appropriation par les apprenants de la langue d'enseignement mais
aussi de tous les autres enseignements dont elle est le médium. Le Mali,
à l'instar de nombreux pays, a signé des engagements
internationaux en vue d'améliorer la qualité de l'enseignement et
de l'apprentissage de la langue d'enseignement. Il s'est engagé à
« améliorer sous tous ses aspects la qualité et garantir
son excellence de façon à obtenir pour tous les résultats
d'apprentissage reconnus et quantifiables notamment en ce qui concerne la
lecture, l'écriture, le calcul et les compétences indispensables
dans la vie courante »9. Cette amélioration de la
qualité de l'apprentissage ne saurait être atteinte si les
apprenants ne maitrisent pas l'orthographe de la langue d'enseignement qui est
le français.
La baisse du niveau des apprenants en orthographe d'usage et
de grammaire suscite de nombreuses interrogations au nombre desquelles : le
temps accordé à la lecture est-il suffisant
8 Programme Décennal de Développement de
l'Education (PRODEC), les grandes orientations de la politique
éducative, Janvier 2000, p.11.
9 Objectif VI du cadre d'action de Dakar :
l'éducation pour tous, tenir nos engagements collectifs (Avril 2000).
Revue : Education des adultes et développement, p.22.
21
au regard des effectifs élevés dans les classes
e 7ème, 8ème et 9ème années ?
Permet-il aux élèves d'acquérir des compétences
orthographiques ? Les méthodes d'enseignement de l'orthographe d'usage
et de grammaire permettent-elles aux apprenants d'acquérir des
compétences orthographiques correspondant à leur niveau
d'étude ? Quelles sont les conséquences de ces difficultés
dans l'apprentissage l'orthographe du français ? Quelles sont les
solutions susceptibles d'améliorer l'apprentissage de l'orthographe
lexicale et grammaticale dans le système éducatif malien ? Ces
multiples interrogations nous ont conduits à mener
notre recherche sur le thème : les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe dans le système éducatif malien, cas du groupe
scolaire second cycle de Darsalam, CAP de Koutiala ?
Notre recherche sera guidée par la question principale
et des questions spécifiques en vue d'atteindre l'objectif
général et des objectifs spécifiques. Les données
recueillies à l'issue de notre enquête permettront de confirmer ou
d'infirmer nos hypothèses. Nous présenterons la
problématique de notre thème de recherche en explicitant tous les
problèmes qu'il soulève et notre motivation à faire des
investigations pour comprendre les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe dans le système éducatif malien et proposer des
solutions susceptibles d'améliorer l'enseignement/apprentissage de
l'orthographe française.
Le présent Mémoire de Master s'articule en cinq
chapitres. Le chapitre I explique la méthodologie de recherche : la
démarche méthodologique, la problématique, la question de
recherche, les objectifs et les hypothèses, la posture de la recherche
et les difficultés rencontrées. Le chapitre II présente le
milieu d'étude tans disque le chapitre III traite de
l'élucidation des concepts et de la revue critique de la
littérature. Le chapitre IV présente les données brutes de
l'enquête, leurs analyses et leurs interprétations. Quant au
chapitre V, il présente la synthèse des analyses et les
suggestions susceptibles d'améliorer l'enseignement et l'apprentissage
de l'orthographe dans le système éducatif malien.
Le chapitre suivant qui porte sur la méthodologie de
recherche donnera des détails sur les stratégies que nous
comptons mettre en oeuvre pour atteindre nos objectifs de recherche.
22
CHAPITRE I : Méthodologie de recherche
1.1 -La démarche
méthodologique
1.1. 1-Problématique de la
recherche
Les niveaux des apprenants en orthographe au second cycle de
l'enseignement fondamental au Mali sont catastrophiques. L'affirmer
relève du truisme, chercher à découvrir les
difficultés réelles d'apprentissage de l'orthographe est une
démarche salutaire, proposer des solutions viables est un acte
d'initiative heureuse qui permettra d'améliorer non seulement la
qualité de l'enseignement en général mais aussi et surtout
celle de l'orthographe en particulier pour une meilleure acquisition des
compétences orthographiques par les apprenants. En tant que praticien de
l'enseignement du français depuis plus d'un quart de siècle, nous
voulons, à travers cette étude de cas du groupe scolaire de
Darsalam second cycle, contribuer, tant soi peu, à l'amélioration
de la qualité de l'enseignement de l'orthographe en vue de favoriser une
meilleure acquisition des compétences orthographiques des apprenants
dans le système éducatif malien et améliorer les
résultats académiques. Durant les vingt-sept années
passées dans l'enseignement du français en général
et de son orthographe en particulier, les difficultés de maitrise des
compétences orthographiques par les apprenants se sont accrues
entrainant des résultats qui frôlent la catastrophe lors des
épreuves de Dictée. Les difficultés de lecture, d'accord
des verbes en fonction du sujet, des adjectifs qualificatifs ou du pluriel des
substantifs étaient récurrentes, entrainant des mauvais
résultats des apprenants en orthographe. Toutes les tentatives
d'amélioration de l'apprentissage de l'orthographe par les apprenants se
sont avérées inefficaces et les épreuves de dictées
étaient soldées par des nombreux zéros, constituant ainsi,
la bête noire des élèves du second cycle. Malgré
l'adoption des méthodes actives reconnues plus efficaces et qui placent
l'apprenant au coeur de son apprentissage, l'apprentissage de l'orthographe du
français enregistre de piètres résultats et les
enseignants, les parents d'élèves, les autorités scolaires
et les élèves se rejettent mutuellement la responsabilité
de cette baisse de niveau, particulièrement en orthographe Ce
phénomène nous amène à nous poser des questions au
nombre desquelles : pourquoi les élèves font autant d'erreurs
d'orthographe d'usage grammatical et d'usage lexical dans un devoir de
dictée de contrôle? Pourquoi ne parviennent-ils pas à
mettre en application les règles de grammaire que les enseignants leur
transmettent ? Quelles sont les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe par les apprenants au second cycle de l'enseignement fondamental
au Mali ?
Le niveau des élèves en orthographe s'est
considérablement détérioré ces dernières
années faut-il le rappeler. Les productions écrites des
apprenants sont cousues de fautes lexicales et
23
grammaticales à telle enseigne que de nombreux
observateurs n'hésitent pas comparer le niveau des apprenants de la
9ème année (collège) d'aujourd'hui à
celui des élèves de 6ème année du
premier cycle d'il y'a une trentaine d'années. Cette baisse de niveau en
orthographe se manifeste par les mauvaises notes obtenues par les
élèves en dictée de contrôle et des échecs
scolaires. La Dictée demeure, en effet, l'épreuve incontournable
pour des élèves des classes de 7ème,
8ème et 9ème années. Elle est le
seul moyen d'évaluation de l'orthographe dans des contrôles
hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles et lors des épreuves du DEF
(BEPC) où elle est passée du coefficient 3 (Dictée : 1,5
et Questions : 1,5) au coefficient 2 à partir de l'année 2010.
Les enseignants la pratiquent, selon des rythmes variés, pour obtenir
des notes mensuelles, trimestrielles et annuelles. La pratique consiste, pour
le maitre à choisir un texte de dictée, de
préférence, en lien avec un thème de lecture ou un centre
d'intérêt qui retient son attention et qu'il soumet aux
élèves. Le maître dicte, puis les élèves
orthographient tous les mots en appliquant, s'ils le peuvent, les règles
d'orthographe d'usage et de grammaire. Puis le travail de correction consiste
à souligner toutes les fautes, d'usage ou de grammaire, commises par les
apprenants sur des notions déjà apprises ou non et attribuer une
note.
Le barème de notation de l'orthographe a connu une
réduction progressive ces dernières années. Une faute de
grammaire ; c'est-à-dire un verbe mal accordé avec son ou ses
sujets, un participe passé non accordé ou le non-respect du
pluriel d'un nom, commise par un élève en dictée de
contrôle était sanctionnée par un retrait de 4 points, puis
2 points, enfin 1 point sur 20. Une faute d'orthographe d'usage est
sanctionnée par le retrait d'un demi ou quart de point, selon le
correcteur qui appréciera la gravité de l'erreur commise. Face
à l'absence de grille de compétences à faire
acquérir aux apprenants et de critères d'évaluation
définis, le seul critère de correction est que les apprenants ne
commettent ni de faute de grammaire ni d'orthographe. Cette méthode
d'évaluation de l'orthographe conduit à une notation abstraite,
aléatoire et très peu efficace, entrainant, par la même
occasion, l'attribution de mauvaises notes qui contribuent à
l'échec des élèves en orthographe. Nous tirons de cette
méthode d'évaluation de l'orthographe trois enseignements :
primo, elle n'est fondée sur aucun objectif préalable
permettant aux apprenants de tirer un meilleur profit d'acquisition de
compétences orthographiques, secundo, les mauvais
résultats obtenus créent chez les apprenants un sentiment de
« mésestime » face à l'orthographe qui devient de
facto, leur bête noire, tertio, ils contribuent
inéluctablement à l'échec scolaire.
24
Aussi, malgré l'allègement de cette sanction,
les apprenants continuent- ils à faire de nombreuses fautes en
dictée de contrôle et à enregistrer de «
piètres résultats10» en orthographe. Ni
le changement du coefficient ni l'allègement du barème de
correction n'a permis d'améliorer les résultats des apprenants en
orthographe. L'orthographe continue à attirer « des
zéros comme des mouches » et contribue, dans une large mesure,
à l'échec scolaire des élèves. La réduction
du coefficient et l'allègement du barème de correction de
l'orthographe relèvent, de notre point de vue, de l'accessoire face
à ce qui est essentiel, celui de découvrir les difficultés
réelles d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien.
Pour nous imprégner davantage des mauvaises notes
obtenues par les apprenants en orthographe, nous nous sommes
intéressé aux résultats de l'épreuve de
Dictée au DEF(BEPC) des années 2015, 2016, 2017, de
l'académie d'enseignement de Koutiala11. Ils nous permettent
de jauger la capacité des candidats au BEPC à orthographier
correctement les mots dans l'épreuve de dictée de contrôle
notée.
En effet, sur 4041 candidats réguliers
présentés12 au DEF, en 20015, 46% des admis à
cet examen national ont obtenu des notes comprises entre 00 et 09,99 sur 20 en
orthographe : dictée et questions13. Nous fournissons un
détail important, c'est que faute de disposer des notes de dictée
séparées de celles des questions, nous nous sommes
contentés de retenir le cumul des deux notes. Au regard de ces
résultats, le système a versé dans le circuit de
l'enseignement secondaire général, technique et professionnel,
plus de 46% des candidats admis qui ne savent pas écrire correctement
l'orthographe de la langue d'enseignement. La même année, 92% des
candidats ayant échoué au DEF ont obtenu une note comprise entre
00 et 09,99 sur 20. Ce pourcentage très élevé des
apprenants ayant raté la moyenne en orthographe permet de mesurer la
place de la non maitrise de l'orthographe dans l'échec scolaire de nos
apprenants.
Par ailleurs, les pourcentages des candidats admis au DEF mais
ayant obtenu des notes inferieures à 10 sur 20, en 2016 et 2017, sont
respectivement 45% et 52%. Tandis que, 84% en 2016 et 88% en 2017 des candidats
ayant échoué à l'examen, ont obtenu des notes comprises
entre 00 à 09,99%. Nous constatons que des deux côtés, la
non maitrise de l'orthographe est
10Wilkinson, Kathy (2009), les effets de la
dictée 0 faute sur la compétence en orthographe
d'élèves de troisième secondaire, Montréal
(Québec, Canada), Université du Québec à
Montréal, Maîtrise en linguistique, p.4.
11Source Centre d'Animation Pédagogique
(CAP) de Koutiala : résultats de l'orthographe : Dictée et
Questions, des candidats réguliers au DEF de l'académie
d'enseignement de Koutiala pour les années 2015,2016 et 2017.
12 Les candidats réguliers
présentés et ayant effectivement composé.
13 Faute de résultats séparés
de Dictée et de Questions, nous avons établi ces statistiques en
prenant en compte des résultats cumulés de la dictée et
des questions.
25
pernicieuse et constitue la cause de l'échec des
apprenants. Près de la moitié des candidats admis rate la moyenne
et plus de 80% des élèves ayant échoué au DEF le
sont par la faute de l'orthographe. Ces résultats
révèlent, de notre point de vue, que neuf années
d'étude sur l'orthographe du français n'ont pas permis à
140% des candidats de faire moins de 10 fautes dans une épreuve
d'orthographe à un examen national.
Tableau 1 : les résultats de
l'orthographe : dictée et questions des candidats admis au DEF(BEPC) de
l'Académie d'Enseignement de Koutiala ; années 2015, 2016, 2017.
Les notes d'orthographe (dictée et questions) sont classées de 00
à 09,99 sur 20 et de 10 à 20 sur 20.
Années
|
Candidats réguliers présentés
|
Admis
|
Pourcentage
|
Ont obtenu de 00 à 09,99
|
Pourcentage
|
Ont obtenu de 10 à 20
|
Pourcentage
|
2015
|
4041
|
1000
|
25%
|
464
|
46%
|
536
|
54%
|
2016
|
6228
|
1576
|
25%
|
716
|
45%
|
860
|
55%
|
2017
|
5983
|
2112
|
35%
|
1092
|
52%
|
1020
|
48%
|
Source : données du Centre d'Animation
Pédagogique de Koutiala.
Tableau 2 : les résultats de
l'orthographe : dictée et questions des candidats ayant
échoué au DEF(BEPC) de l'Académie d'Enseignement de
Koutiala ; années 2015, 2016,2017. Les notes d'orthographe
(dictée et questions) sont classées de 00 à 09,99 sur 20
et de 10 à 20 sur 20.
Années
|
Candidats réguliers présentés
|
Echec
|
Pourcentage
|
Ont obtenu de 00 à 09,99
|
Pourcentage
|
Ont obtenu de 10 à 20
|
Pourcentage
|
2015
|
4041
|
3041
|
75%
|
2791
|
92%
|
250
|
8%
|
2016
|
6228
|
4652
|
75%
|
3915
|
84%
|
737
|
16%
|
2017
|
5983
|
3871
|
65%
|
3416
|
88%
|
455
|
12%
|
Source : données du Centre d'Animation
Pédagogique de Koutiala.
Au regard des résultats de l'épreuve
d'orthographe (Dictée et questions) des candidats à l'examen du
DEF, présentés dans les des tableaux 1 et 2, nous constatons que
cette épreuve constitue un facteur déterminant de l'échec
des élèves. Avec plus des pourcentages allant de 45 à 52%
chez les candidats admis au DEF et ceux allant de 84 à 92 % chez les
candidats ayant
26
échoué, nous pouvons sans conteste conclure
qu'il existe des difficultés persistantes d'apprentissage de
l'orthographe dans le système éducatif malien au second cycle de
l'enseignement fondamental. Il est, aujourd'hui, une priorité
d'améliorer l'enseignement de l'orthographe française afin de
relever la qualité même de l'enseignement en
général. Car la maîtrise de l'orthographe de la langue
d'enseignement est la condition sine qua non pour favoriser un
apprentissage efficace des disciplines enseignées.
Graphique 1 : résultats de
l'épreuve de dictée des candidats réguliers admis au DEF
de l'académie de Koutiala, années 2015, 2016,2017.
4000
8000
6000
2000
0
Résultats de dictée et questions des
candidats réguliers admis au DEF, années 20015,2016,2017,
Académie de Koutiala.
présnetés admis Pourcentage Ont 01 à 9,99
Pourcentage2
Ont 10 à 20 Pourcentage Pourcentage
2015 2016 2017
Source : données du Centre d'Animation
Pédagogique de Koutiala.
Avec 46 à 52% des candidats admis au DEF ayant
manqué la moyenne à l'épreuve de dictée-questions
qui évalue le niveau des apprenants en orthographe, l'apprentissage de
cette discipline constitue un défi pour les enseignants du
français au second cycle de l'enseignement fondamental.
27
Graphique 2 : résultats de
l'épreuve de dictée des candidats réguliers ayant
échoué au DEF de l'académie de Koutiala, années
2015, 2016,2017.
4000
7000
6000
5000
3000
2000
1000
0
Présentés Echecs Pourcentage Ont 01 à 9,99
Pourcentage2 Ont 10 à 20 Pourcentage3
Résultats de dictée et questions des
candidats réguliers ayant échoué au DEF,
années 2015,2016,2017, Académie de Koutiala.
2015 2016 2017
Source : données du Centre d'Animation
Pédagogique de Koutiala.
Les données de ce graphique révèlent que
l'épreuve de dictée et questions demeure une des causes de
l'échec des apprenants à l'examen du DEF (BEPC). En effet, plus
de 80% des candidats ayant échoué à l'examen ont
raté la moyenne en orthographe tandis que seulement 8 à 16% des
candidats ayant échoué à cet examen ont obtenu une note
supérieure à 10/20. Pour les besoins de notre enquête en
cette année 2018, nous n'avons pas pu obtenir des données
séparées de dictée (orthographe) et de questions
composées des questions compréhension, de vocabulaire, d'analyse
grammaticale et logique. Dans la pratique de la dictée, les
élèves obtiennent plus de point en questions qu'en orthographe.
De toute évidence, les résultats en orthographe devraient se
révéler plus catastrophiques si nous disposions de données
séparées de dictée et questions. Ces résultats
démontrent l'impérieuse nécessité d'adopter des
stratégies innovantes pour rendre plus efficace l'enseignement de
l'orthographe afin de favoriser une acquisition optimale des compétences
orthographiques de la part des apprenants. L'analyse de COGIS, (2005 :7)
« si l'orthographe n'est pas responsable à
elle seule de l'échec scolaire, on ne peut la tenir totalement pour
innocente, tant elle pèse dans les jugements dès le début
des apprentissages, et alors que les critères manquent de
rigueur, est pertinente dans une
très grande mesure. ». Pour LOUBARESSE,
2005 : 6, « mal maitriser sa langue écrite entraine
immanquablement malaise, repli sur soi ou leur corollaire, agressivité
et contestation stérile,
28
voire violence dans et hors les murs de l'école
», auxquels il faut adjoindre des échecs scolaires
en masse.
Au regard des résultats obtenus par des candidats au
DEF 2017 de l'académie de Koutiala, nous constatons que 140% des
candidats ont obtenu une note inférieure à 10 sur 20 en
orthographe. Les mauvais résultats obtenus par les candidats à
cet examen national qui ouvre les portes des établissements
d'enseignement secondaire général, technique et professionnel,
démontrent un phénomène d'une très grande ampleur
chez les apprenants du collège. Ils révèlent le poids de
l'orthographe dans l'échec scolaire de nos apprenants. Pour
Danièle COGIS, 2005 : 9, nous devons cesser « de jeter dans
l'échec et la mésestime de soi des quantités
d'élèves au nom d'idées fausses. Pour trop de jeune sans
formation, en effet, l'orthographe est le symbole de leur rejet de
l'école, au double sens du terme : l'école les a rejetés
dans une spirale négative : mauvais en orthographe, mauvais en
français, mauvais élèves-, et ils ont rejeté
l'école et les savoirs » Si ce « Chaos orthographique
sans autre forme de procès 14» ne nous
révèle pas la typologie des fautes commises par les apprenants,
il corrobore, sans nul doute, l'existence des difficultés persistantes
d'apprentissage de l'orthographe par les élèves des classes de
7ème , 8ème et 9ème années
dans le système éducatif malien.
Le rapport d'évaluation nationale de l'Education Pour
Tous (EPT), 2015, présente une chute du pourcentage d'enseignants
qualifiés au second de 50,70% en 2001 à 39,2% en
201415. Cet effritement de la qualité du niveau des
enseignants, en cette fin de l'enseignement de fond (enseignement fondamental),
va indubitablement avoir des impacts négatifs sur la qualité des
enseignements et des apprentissages en général et sur celle de
l'orthographe en particulier.
Les résultats des élèves du groupe
scolaire second cycle de Darsalam, dans le Centre d'Animation
Pédagogique de Koutiala, en orthographe16 au cours de cette
année 2017/2018, pour les deux premiers trimestres, se présentent
selon le tableau ci-dessus
Tableau 3 : résultats des
élèves en orthographe des 1er et
2ème trimestres 2017, du groupe scolaire second cycle de
Darsalam A., B., C. et D. Les notes sont celles de la dictée
ajoutée aux notes des questions.
14 Chaos orthographique sans
autre forme de procès : Introduction du livre de Danièle COGIS
; `'Pour enseigner et apprendre l'orthographe, p7.
15 - Rapport d'évaluation de l'Education Pour
Tous (EPT), 2015, novembre 2014, Page 16
16 Les notes sont exclusivement celles de
l'orthographe.
29
Ecole
|
Trimestre
|
Classe
|
Effectif
|
Ont
10 et plus
|
Pourcentage
|
Ont moins de 10
|
Pourcentage
|
Darsalam
A
|
1er
trimestre
|
7ème A.
|
109
|
08
|
7%
|
97
|
93%
|
8ème A.
|
60
|
11
|
18%
|
49
|
82%
|
9ème A.
|
102
|
32
|
31%
|
67
|
69%
|
2ème
Trimestre
|
7ème A.
|
109
|
15
|
14%
|
94
|
86%
|
8ème A.
|
60
|
13
|
22%
|
46
|
78%
|
9ème A.
|
102
|
25
|
25%
|
75
|
74%
|
Darsalam
B
|
1er
Trimestre
|
7ème A.
|
118
|
38
|
32%
|
80
|
68%
|
8ème A.
|
73
|
10
|
14%
|
63
|
86%
|
9ème A.
|
87
|
05
|
6%
|
82
|
94%
|
2ème
Trimestre
|
7ème A.
|
118
|
57
|
48%
|
61
|
52%
|
8ème A.
|
73
|
15
|
21%
|
58
|
79%
|
9ème A.
|
87
|
27
|
31%
|
60
|
69%
|
Darsalam
C
|
1er
Trimestre
|
7ème A.
|
110
|
52
|
47%
|
58
|
53%
|
8ème A.
|
69
|
2
|
3%
|
67
|
97%
|
9ème A.
|
83
|
20
|
24%
|
63
|
76%
|
2ème
Trimestre
|
7ème A.
|
110
|
57
|
52%
|
53
|
48%
|
8ème A.
|
69
|
29
|
42%
|
40
|
58%
|
9ème A.
|
83
|
31
|
37%
|
71
|
63%
|
Darsalam
D
|
1er
Trimestre
|
7ème A.
|
112
|
03
|
3%
|
109
|
97%
|
8ème A.
|
55
|
00
|
00%
|
55
|
100%
|
9ème A.
|
107
|
13
|
12%
|
94
|
88%
|
2ème
Trimestre
|
7ème A.
|
112
|
06
|
5%
|
106
|
95%
|
8ème A.
|
55
|
03
|
5%
|
52
|
95%
|
9ème A.
|
107
|
06
|
6%
|
101
|
94%
|
Source : Rapport annuel des résultats,
année 2017/2018 du Groupe scolaire Darsalam second cycle A., B, C,
D.
A la lecture de ce tableau, les résultats de
l'orthographe des deux premiers trimestres de l'année 2017 du second
cycle du groupe scolaire de Darsalam révèlent l'ampleur des
difficultés des
30
élèves à orthographier sans fautes les
mots, ce qui les conduit à faire de nombreuses erreurs conduisant
à des piètres notes. En effet, sur les douze classes, seuls 52%
des élèves de la classe de 7ème année A.
de Darsalam C ont obtenu une note supérieure à 10 au
deuxième trimestre. Sur un effectif global de 1085 élèves
ayant pris part aux évaluations des deux trimestres, 884 ont une note
inférieure à 10 sur 20, ce qui représente 81% de
l'effectif global de tout le groupe scolaire. Le plus bas pourcentage des
élèves ayant obtenu une note inférieure à 10 sur 20
est 48% pour atteindre un pourcentage dramatique de 100 % dans la classe de
8ème année A. de Darsalam D. Là encore, si les
résultats ne révèlent pas les caractéristiques des
fautes commises par les élèves, ils permettent d'évaluer
le niveau des apprenants en orthographe au regard des mauvaises notes qu'ils
ont obtenues.
En plus des données statistiques de l'orthographe
concernant les résultats des candidats au DEF de l'Académie, et
celles des élèves du groupe scolaire second cycle de Darsalam de
Koutiala, nous avons pris connaissance des productions écrites des
élèves de quatre classes de 8ème année, soit un
total de 257 élèves. La production écrite portait sur une
dictée de contrôle de 98 mots dont 8 verbes, 44
déterminants (article, adjectifs, prépositions), 29 substantifs,
8 adjectifs qualificatifs, des prépositions. Les résultats de ces
productions nous ont permis d'inventorier un ensemble de fautes commises par
les élèves. Les (fautes) plus fréquentes sont relatives
à la terminaison des verbes conjugués, dans le texte de
dictée à l'imparfait de l'indicatif. Il est important de
souligner que l'imparfait de l'indicatif a été
étudié en 4ème année : l'imparfait des
verbes du 2ème groupe, en 5ème
année, en 6ème année puis en
8ème année. Sur un cycle de neuf années que
dure l'enseignement fondamental au Mali. L'imparfait de l'indicatif a
été étudié quatre fois. Les fautes relatives
à l'accord du pluriel des mots sont nombreuses. Les erreurs commises sur
les homophones grammaticaux et d'autres fautes d'orthographes d'usage bouclent
cette liste.
Les difficultés d'accord des verbes avec un ou
plusieurs sujets portaient sur les désinences : dans l'expression «
Les flamboyants décoraient la nature ». Un premier groupe
d'élèves écrivait « Les flamboyants décorait
», un autre « Les flamboyants décorai » et un
troisième groupe « Les flamboyants décorais », sans
respecter les désinences -aient qui s'imposaient avec le sujet
« flamboyants » qui est au pluriel.
Les erreurs commises par la grande majorité des
d'élèves ont retenu notre attention. En effet deux tiers de la
classe avaient transcrit des graphies erronées du verbe «
décoraient » dont nous avons retenu quelques-unes : « Les
flamboyants décorè », « décorès »,
« décoret », « décoirer », «
décorain », « decorest » ou encore « dékorait
».
31
Dans l'expression « La lourde chaleur se transformait en
une douce fraîcheur. », les erreurs commises par les apprenants sont
diverses ; elles sont « La lourde chaleur se transformaient », «
...se transformèt », « ... se transformè », «
...se transformais », « ...se trensformè », «. se
transfrome », « ... se transformmais ». Un groupe, non moins
important, confond la terminaison -ais de l'imparfait à la terminaison-e
du présent et écrit « La lourde chaleur se transforme »
ou « ...se transformes » ou « ... se transforment ». Les
déformations « ...se trasifoment », « ... se traspormait
», « ... se trasformais », « ... se tramsformun »
« ... se transfornain », « ...se traforme » ou « ...
ce transformin » relèvent soit d'une méconnaissance totale
de la forme du verbe, soit d'une mauvaise audition de la part des
élèves, tandis que « La chaleur se transforme » au
présent de l'indicatif au lieu de « ...se transformait »
relève d'une confusion née de la méconnaissance des
terminaisons des verbes à ces temps.
Les erreurs d'accord du pluriel des mots sont aussi
importantes. Ainsi, dans l'expression « les grandes chaleurs », 187
élèves sur 257 n'ont pas placé la marque du pluriel
-s. au nom chaleur. Un nombre important
d'élèves n'a pas respecté l'accord du féminin
pluriel de l'adjectif « grandes ».
Les fautes d'orthographe d'usage sont les plus nombreuses
à telle enseigne que les copies sont truffées de traces de Bic
rouge. Sur les 257 élèves qui ont subi cette épreuve, 251
élèves, soit 98% ont obtenu une note comprise entre 00 et 06 sur
20 ; 2% ont obtenu une note supérieure à 10 sur 20.
Face à ce constat d'échec de l'apprentissage de
l'orthographe par les apprenants, nous pensons qu'il est important de
s'interroger sur les difficultés réelles d'apprentissage de
l'orthographe au groupe scolaire second cycle de Darsalam.
1.1.2-Les questions de recherche
- La question principale
Elle nous aide à centrer notre étude sur les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien. Elle est formulée comme suite : quelles sont les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le groupe scolaire
second cycle de Darsalam, Centre d'Animation Pédagogique (CAP) de
Koutiala ?
La question principale est éclatée en questions
spécifiques qui précisent les difficultés
spécifiques.
32
-Les questions spécifiques de
recherche
Elles découlent de la question de départ et
donnent des détails permettant d'orienter la recherche sur les
difficultés spécifiques d'apprentissage de l'orthographe au
groupe scolaire second de Darsalam, CAP de Koutiala.
Les questions spécifiques de recherche sont :
? En quoi l'insuffisance du temps accordé aux
élèves pour la lecture en classe, la transmission des
règles de grammaire, de conjugaison sont les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe au groupe scolaire second cycle de Darsalam,
CAP de Koutiala ?
? Quelles sont les conséquences des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe au niveau de ce groupe scolaire ?
? Quelles sont les solutions susceptibles d'améliorer
l'apprentissage de l'orthographe dans cet établissement ?
Les données recueillies suite aux questions
spécifiques permettent de comprendre les difficultés
spécifiques d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien à travers le cas du groupe scolaire second cycle
de Darsalam, CAP de Koutiala et d'atteindre notre objectif de recherche.
1.1.3- Les objectifs de la recherche - L'objectif
général
Notre objectif général est : étudier les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le groupe scolaire
second cycle de Darsalam, CAP de Koutiala.
Pour atteindre l'objectif général, nous nous
appuyons sur des objectifs spécifiques de recherche. -Les
objectifs spécifiques de recherche
Ils sont élaborés à partir des questions
spécifiques de recherche et visent à atteindre les objectifs
spécifiques de recherche.
1. Analyser l'insuffisance du temps accordé aux
élèves pour la lecture en classe, la transmission des
règles de grammaire, de conjugaison comme difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans le groupe scolaire second cycle de
Darsalam, CAP de Koutiala.
2.
33
Evaluer les mauvais résultats des élèves
en dictée de contrôle comme conséquence des
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans cet
établissement.
3. Etudier l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif
(EOO) comme solution aux difficultés d'apprentissage de
l'orthographe dans le groupe scolaire de Darsalam, CAP de Koutiala.
Pour atteindre les objectifs spécifiques de recherche, des
hypothèses ont été élaborées.
1.1.4-Les hypothèses de recherche
Elles découlent des objectifs spécifiques de
recherche. -L'hypothèse principale
Elle se formule ainsi : l'insuffisance du temps accordé
aux élèves pour la lecture en classe, la transmission des
règles de grammaire, de conjugaison constituent des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe qui conduisent à des mauvais
résultats dans le groupe scolaire second cycle de Darsalam, CAP de
Koutiala
-Les hypothèses de recherche spécifiques
sont :
1. L'insuffisance du temps accordé aux
élèves pour la lecture en classe, la mauvaise transmission des
règles de grammaire, de conjugaison sont des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans le groupe scolaire second cycle de
Darsalam, CAP de Koutiala.
2. Les mauvaises notes obtenues par les élèves
en dictée de contrôle sont des conséquences des
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans ce groupe scolaire.
3. L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO)
est une solution aux difficultés d'apprentissage de
l'orthographe dans le groupe scolaire second cycle de Darsalam, Centre
d'animation Pédagogique (CAP) de Koutiala.
1.2-La construction de la posture de
recherche
La méthode d'investigation que nous avons choisie pour
recueillir des données quantitatives et qualitatives auprès des
enquêtés en vue d'atteindre nos objectifs. Nous avons choisi
l'approche mixte qui prend en compte la recherche quantitative et qualitative
dont les données permettront de confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses.
34
Les données quantitatives ou quantifiables, c'est
à dire les chiffres et les pourcentages recueillis auprès des
participants seront soumises à une analyse quantitative. Quant aux
données qualitatives, c'est à dire les discours, elles seront
soumises à une analyse qualitative.
Pour parvenir à notre objectif, nous avons choisi la
technique d'investigation du questionnaire à questions
fermées que nous avons administrées aux
élèves afin de recueillir des données quantitatives : des
chiffres et des pourcentages, tandis que la technique de l'entrevue non
directive, adressée aux enseignants de français, aux
enseignants de français à la retraite, aux conseillers
pédagogiques et au responsable chargé de la formation à
l'académie de Koutiala nous a permis de collecter des données
qualitatives approfondies sur les questions de recherche. Des questions
ouvertes ont été également adressées aux
élèves afin de recueillir des données qualitatives.
La recherche documentaire est une des phases
préliminaires de notre étude. Elle nous permet de nous
imprégner des écrits pertinents des auteurs afin de mieux cerner
les difficultés d'apprentissage de l'orthographe à travers le
monde.
Il est évident d'ajouter que notre démarche
s'inscrit dans la technique de l'entretien compréhensif, une
méthode particulière utilisée par Jean Claude Kauffmann
qui s'inspire d'autres méthodes et diverses techniques de recherche
qualitative et empirique.
Notre approche s'identifie à cette démarche pour
cause :
-«... les données qualitatives recueillies in
situ sont concentrées dans la parole recueillie sur bande
magnétique qui va devenir l'élément central du dispositif.
Elle emprunte donc aussi à la technique habituelle de l'entretien semi-
directif. »17
Même si nous n'avons pas eu l'opportunité de tout
prendre sur le magnétophone à cause souvent des réticences
de certains enquêtés, nous avons pu enregistrer beaucoup de
discours qui furent transcrits et analysés par la suite.
-« ... les principes de l'entretien
compréhensif ne sont rien d'autre que la formalisation d'un savoir-faire
concret issu du terrain, qui est savoir-faire personnel. »18
Nos investigations de terrain ont abouti à une
déconstruction de l'armature de nos premières réflexions
car nous nous sommes plongés dans une intropathie comme le dit l'auteur
qui se
17 Kauffmann, opcit, Page 8
18 Idem Page 9
35
fonde sur la compréhension. Il est vrai que l'entretien
compréhensif associe la technique : « le terrain n'est plus une
instance de vérification d'une problématique
préétablie mais le point de départ de cette
problématisation. »19 C'est du reste ce qui fonde
en dernière analyse l'objectif principal de la méthode qui est...
« ... la production de théorie.... une articulation aussi fine
que possible entre les données et hypothèses, une formulation
d'hypothèses d'autant plus créatrice qu'elle est enracinée
dans les faits. Mais une formulation partant du « bas » du
terrain.... particulièrement apte à saisir les processus sociaux.
»20
-« La démarche compréhensive s'appuie
sur la conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de
structures mais des producteurs actifs du social, donc des dépositaires
d'un savoir important qu'il s'agit de saisir de l'intérieur, par le
biais du système de valeurs des individus ; elle commence donc
l'intropathie. »21
-« ...les hypothèses sont tirées de
l'observation, ce qui est une bonne garantie de départ... »
22
Mais l'auteur ajoute que cela n'est pas une garantie à
l'arrivée car le chercheur a la latitude de se livrer à d'autres
interprétations à partir de données statistiques ou
d'études se rapprochant du sujet ou de la connaissance du terrain
d'enquêtes.
Pour réussir tout cela, Kauffmann recommande au
chercheur de se placer sous la posture de l'artisan intellectuel qu'il
définit comme : « ... celui qui sait maîtriser et
personnaliser les instruments que sont la méthode et la théorie,
dans un projet concret de recherche. Il est tout à la fois un homme de
terrain, méthodologue et théoricien et refuse de se laisser
dominer ni par le terrain ni par la méthode ni par la théorie.
»23
En fait si cette méthode est d'une certaine
efficacité dans la conduite des entretiens et le développement
des explications méthodologiques, il n'en demeure pas moins qu'il soit
tributaire de limites: « La pratique habituelle et l'entretien
compréhensif doit être plutôt vue comme une tentative de
s'en rapprocher. Les règles qui ont été définies
plus haut doivent donc être considérées davantage comme un
modèle guidant l'action que comme une contrainte absolue à chaque
instant. »24
19 - Idem Page 20
20 - Idem, Page 9
21 - Idem, Page 23
22 - Idem, Page 26
23 - Idem, Page 12
24 - Idem Page 75
36
Ainsi tout en nous inscrivant dans l'invitation de l'auteur
mais surtout après les cours explicatif du Professeur Rochex sur cette
forme d'entretien, nous avions vu sa pertinence dans notre démarche qui
tout en l'intégrant s'est constituée de façon à
comprendre et étudier les péripéties de l'appropriation
des rôles par les acteurs locaux. En cela, notre posture de recherche
interprétative et compréhensive s'inspire essentiellement des
travaux de Bautier et Rochex dans l'expérience scolaire des nouveaux
lycéens, démocratisation ou massification ? Les deux auteurs
consacrent ce livre à l'étude des composantes de
l'expérience scolaire qui repose sur les logiques complexes et
hétérogènes. Au coeur de leur étude de
l'accès au savoir et l'appropriation des techniques intellectuelles des
lycéens, la posture utilisée (interprétative et
compréhensive) édifie sur les logiques qui sous-tendent
l'activité de l'élève. En adoptant cette démarche
qui tire sa source d'une culture du milieu à partir de nombreuses
rencontres et observations des établissements de «
différentes approches conjuguant des entrées multiples et
diverses procédures d'investigations allant de la monographie à
l'enquête statistique... auxquelles, il faut donc ajouter des
observations de classe et des recueils de données écrites et
produites. »25 Tout en gardant un regard distancié,
ces deux auteurs montrent que leur démarche « .... ne repose
pas pour autant sur la vérification d'hypothèses
préconstruites. Il s'agit au contraire de les construire peu à
peu, au fur et à mesure que les données sont recueillies et
analysées.... »26 C'est dire donc que c'est sur une
telle démarche, à titre de rappel que se construit notre posture
de recherche. Nous avons collecté les informations grâce à
l'entretien semi directif.
1.2.1- La recherche
documentaire
La recherche documentaire s'est effectuée entre Mars et
Juillet 2018 au Centre Joliba de Bamako, aux bibliothèques de l'Institut
français, de l'Unité Universitaire (UUBa) à Bamako et du
Centre municipal de lecture de Koutiala. Elle est fondamentale car elle nous a
permis d'avoir une vision d'ensemble sur notre thème de recherche en
exploitant des ouvrages, des articles, des rapports nationaux sur
l'éducation, des revues scientifiques, des mémoires et des
thèses écrites sur les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe de la langue française. La recherche documentaire nous a
conduit à l'exploitation des bibliothèques virtuelles à
travers des sites
25 - Bautier Elisabeth, Rochex Jean Yves :
L'expérience scolaire des nouveaux lycéens,
démocratisation ou massification ? Armand colin, Paris, 1998, Page
101- 102
26 - Idem, Page 101
37
INTERNET qui disposent des banques de données
scientifiquement certifiées telles que : les
Archives-ouvertes.fr, Google
scolaire.
1.2.2 -La Recherche sur le terrain
Après l'élaboration des instruments de collecte des
données, nous avons débuté les investigations sur le
terrain par la distribution de questionnaire aux élèves de
7ème, 8ème et 9ème années qui comptent
parmi notre échantillon.
1.2.2.1-Le Choix des instruments d'enquête et leur
justification
? Le questionnaire
Pour atteindre les objectifs assignés à cette
recherche, nous avons choisi le questionnaire à entrevue non
directive que nous avons adressé aux élèves en
vue de collecter des données quantitatives : chiffres et pourcentage. Le
questionnaire à questions fermées a été
administré à 120 élèves de 7ème,
8ème et 9ème années. A cause du
faible niveau de compréhension des questions par les
enquêtés, dans la grande majorité, des explications leur
ont été données pour leur permettre de mieux comprendre et
répondre aux questions posées. Un temps d'une semaine leur a
été donné pour leur permettre de répondre aux
questions. Le questionnaire à questions fermées permet de
collecter des données chiffrées que nous soumettrons à une
analyse quantitative. Au terme d'une semaine, la plupart des
enquêtés avaient remis les réponses que nous avons
intégralement recueillies grâce au dynamisme des directeurs
d'écoles du groupe scolaire de Darsalam second cycle et de leurs
personnels enseignants. Nous avons procédé au
dépouillement manuel des données recueillies auprès des
élèves.
Si le choix du questionnaire à questions fermées
nous permet de recueillir des données quantitatives et qualitatives, le
choix du guide d'entretien favorise la collecte des discours sur les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe au groupe scolaire second
cycle de Darsalam, CAP de Koutiala.
? Le Guide d'entretien
Le guide d'entretien est un instrument d'investigation qui
nous introduit dans la recherche qualitative ou interprétative. Son
choix se justifie par notre quête de vérité sur nos
hypothèses de recherche. A travers une série de questions
ouvertes adressées aux enseignants de français, aux conseillers
pédagogiques de français et aux enseignants de français
à la retraite nous souhaitons recueillir des données approfondies
sur les difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le
système éducatif malien à travers le cas de groupe
scolaire de Darsalam
38
second cycle. Le guide d'entretien s'adresse certes à
un échantillon restreint, il permet, toutefois, d'approfondir les
informations à travers des discours de praticiens du domaine de
l'éducation. Le choix intentionnel des enquêtés est
guidé par les critères d'expériences accumulées
dans le domaine de l'enseignement de l'orthographe du français, dans la
formation et dans le suivi-pédagogique des enseignants. Après le
choix théorique de notre échantillon, nous avons pris contact
avec chaque participant afin de nous rassurer de leur adhésion à
notre projet de recherche. Nous avons eu un avis favorable de la part de toutes
les personnes choisies. L'entretien s'est déroulé selon la
disponibilité de chaque participant à l'enquête. Les
discours ont été enregistrés à l'aide d'un
dictaphone puis réécoutés pour être transcrits au
moment du dépouillement des données. Les données
recueillies auprès de cet échantillon sont d'une importance
capitale pour nous aider à comprendre les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe et à confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses de recherche. L'entretien a porté sur les
thématiques de l'insuffisance du temps didactique de lecture, les
mauvaises transmissions des règles de grammaire et de conjugaison comme
difficultés d'apprentissage de l'orthographe au groupe scolaire second
cycle de Darsalam, CAP de Koutiala. Cette technique de collecte de
données qualitatives permet de recueillir des discours qui seront soumis
à une analyse qualitative.
? La Grille d'observation
Nous utiliserons l'observation directe comme
technique d'investigation. Son choix se justifie par le fait qu'elle permet
d'observer directement des faits, comportements et gestes qui corroborent ou
non les hypothèses de recherche. Elle nous permet d'observer des
pratiques enseignantes, des comportements et des gestes qui permettent de
comprendre les difficultés liées à l'apprentissage de
l'orthographe dans le système éducatif malien à travers le
cas du groupe scolaire second cycle de Darsalam, dans le CAP de Koutiala. Notre
choix se justifie par le souci de nous imprégner des situations
empiriques, in situ, susceptibles de confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses de recherche. Selon Arborio Anne Marie et Fournier Pierre,
1999, cités par Idrissa SOIBA TRAORE 2013 : 37, « l'observation
directe permet d'accéder à ce qui se joue derrière les
discours 27». Pour les besoins de notre enquête,
nous observé durant trois semaines, l'exécution des leçons
de lecture expliquée, de lecture suivie-dirigée, de grammaire et
de conjugaison pour vérifier nos hypothèses de recherche.
27TRAORE Idrissa Soïba, Ecole et
décentralisation au Mali ; Des logiques d'appropriations locales aux
dynamiques de conquête de l'espace scolaire, l'Harmattan, Paris, 2011,
p.37.
39
? La technique du Test
Dans le cadre de notre étude, nous avons
réalisé deux tests : un test et un pos test. Les deux tests
seront réalisés par des groupes témoins et par deux
groupes expérimentaux. Nous avons choisi cette
technique d'investigation afin de vérifier l'efficacité de notre
hypothèse à savoir : « l'Enseignement de l'Orthographe
par Objectif (EOO) comme solution aux difficultés d'apprentissage de
l'orthographe dans le système éducatif malien. ».
L'outil de recueil de données est la dictée par objectif. Les
tests ont été précédés de transmission
théorique des connaissances dans les groupes témoins et sur la
base de l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) pour les groupes
expérimentaux. Nous avons réalisé deux tests avant la fin
de l'année 2017/2018 si le temps nous le permet.
La leçon porte sur l'imparfait de l'indicatif pour le
groupe témoin et savoir accorder les verbes à l'imparfait de
l'indicatif. Cette différence dans la formulation du titre de la
leçon est importante. En effet, la première repose sur
l'enseignement du temps tandis que la deuxième porte sur l'accord
même des verbes qui, de notre point de vue, est plus important pour faire
acquérir aux apprenants des compétences grammaticales. Si selon
la première formulation, les enseignants perdent leur temps à
définir l'imparfait, ses valeurs temporelles, la deuxième
formulation plonge les apprenants au coeur des variations des verbes à
l'imparfait de l'indicatif. La dictée par objectif a porté sur
des textes correspondant au niveau des deux groupes. Si le premier test a
été réalisé le 24 Mai 2018, le pos test a
été réalisé en Octobre 2018 trois mois
après. Cet écart de temps entre le premier et le deuxième
test est consécutif aux mouvements de grèves qui ont
marqué la fin de l'année académique 2017/2018. Le post
test a été réalisé sur un nouvel échantillon
147 élèves, dont 71 du groupe
témoin et 76 du groupe expérimental, choisi sur
la base de la technique de hasard simple. Les résultats du test et du
post test nous permettront de jauger l'efficacité de l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) à travers la leçon de grammaire
et de conjugaison. Les données recueillies suite à ces tests
seront soumises à une analyse quantitative. Pour mener notre
investigation, le choix d'un échantillon est fondamental. A travers la
section suivante, nous présentons notre échantillon et la
technique de choix.
1.2.2.2-Echantillonnage
Le choix d'un bon échantillon représentatif nous
donne l'avantage de cibler des personnes capables de fournir des informations
à nos questions de recherche. Pour conduire objectivement
40
notre recherche et atteindre les objectifs escomptés,
nous avons procédé au choix d'un échantillon 133
personnes, réparties comme suit :
? 120 élèves choisis selon la
technique du hasard simple, dont 40 pour les classes de
7ème année, 40 pour les classes de
8ème année et 40 pour les classes de
9ème année.
? 8 maitres de français du même
groupe scolaire dont deux par groupe ;
? 4 enseignants de français à la
retraite ;
? 1 conseiller pédagogique de
français.
Les enseignants de français, les enseignants de
français à la retraite et le conseiller pédagogique ont
été choisis selon la technique d'échantillonnage à
choix raisonné. Le choix de cet échantillon a été
orienté par les critères d'expériences professionnelles
acquises dans le domaine de l'enseignement de l'orthographe,
d'ancienneté dans le suivi-pédagogique des enseignants et dans la
formation des enseignants. Ces spécialistes du domaine de
l'éducation ont contribué, de façon objective, au recueil
des données.
1.2.3-Les difficultés
rencontrées
Au cours de notre enquête, nous avons rencontré
des difficultés qui nous ont, certes, inquiétés, mais qui
n'ont pas empêché l'atteinte de nos objectifs de recherche.
En effet, pendant la phase de l'observation directe des
classes, nous avons été confrontés à
l'indisponibilité de certains enseignants de français, notamment,
dans une classe de septième année et dans une autre de
huitième années. La classe de la huitième année
avait été programmée, de commun accord avec
l'enquêté, toutefois, l'observation n'a pas eu lieu à cause
de l'enseignante qui a, maintes fois, retardé l'exécution de la
leçon pour renoncer. L'observation directe, sur la même
leçon de grammaire, s'est faite dans une autre classe de huitième
année.
L'enquêté chargé de la classe de
septième année déclare n'avoir pas eu le temps de
préparer la leçon suite à un cas social. La tentative de
programmer la leçon pour un autre moment ayant échoué,
nous avons confié la leçon à un autre enseignant de
français.
Par ailleurs, lors du recueil des données, une
enseignante, (celle dont nous avons évoqué
l'indisponibilité, un peu plus haut), n'a pas voulu participer à
notre entretien. Le Directeur de l'école évoque sa faiblesse
notoire dans l'expression orale. Elle a été remplacée par
un enseignant suppléant de français.
En outre, les grèves syndicales, en cette fin de
l'année scolaire 2017/2018, nous ont conduits à adopter, de
façon partielle, le calendrier de l'observation directe dans certaines
classes et de l'exécution de certaines leçons au cours de la
phase expérimentale.
Les difficultés que nous avons rencontrées lors
de notre enquête sont des facteurs susceptibles d'entraver son bon
déroulement, toutefois, les solutions trouvées grâce au
dynamisme des Directeurs et à la bonne volonté des certains
enquêtés nous ont permis de poursuivre notre travail.
41
A travers le chapitre suivant, nous présentons les
milieux d'étude.
42
Chapitre II-Présentation des milieux
d'étude
2.1- présentation de la commune urbaine de
Koutiala
Notre milieu d'étude est la ville de Koutiala. A
travers ce chapitre, nous présenterons de façon succincte
l'historique de la ville de Koutiala, sa situation géographique, sa
démographie. Nous présenterons de façon
particulière la population spécifique de notre
établissement d'enquête, à savoir le groupe scolaire second
cycle de Darsalam. L'étude monographique de la ville de Koutiala et les
documents administratifs nous aiderons à enrichir nos données.
2.1.1- Historique de la commune urbaine de
Koutiala
Koutiala est la déformation de « Koulé
Dia Kan » en Mamara (langue Minianka), qui signifie
« village des fils de bucherons ».
Selon la tradition, la ville de Koutiala serait fondée
par les Sanogo entre le XVIème et le XVII siècle. Ils seraient
venus du petit village de Sanga situé à 5km au Sud-ouest de
Koutiala, où ils exploitaient les terres fertiles, regroupés en
hameaux de cultures.
Les Sanogo furent rejoints par des bucherons ou
Koulé en Bambara, originaires de Ouolosso situé
à 5 Km au Nord-est de Koutiala. Les bucherons travaillaient le bois en
abattant de grands arbres. Ce qui explique les armoiries de la ville : un
Baobab, tombant sous les coups des haches du bucheron, encadré par le
Ciwara, objet d'art.
Plus tard, les Coulibaly, venus de l'actuel arrondissement de
Zangasso, s'installèrent auprès des deux clans pour travailler la
terre. Un quatrième groupe, celui des Ouattara originaire de la ville de
Kong en République de Côte-d'Ivoire, vint s'installer à son
tour à Koulé Dia kan. La ville vécut longtemps
repliée sur elle-même avant d'être, tour à tour, une
province du royaume du Kénédougou au Sud et du royaume Bamanan de
Ségou au Nord.
En 1903, le colonisateur français y crée un
poste administratif. Koutiala fut érigée en commune de moyen
exercice suivant l'arrêté territorial n° 446D.I-3 du 10Avril
1958. Le 02 Mars 1966, Koutiala devient une commune en plein-exercice,
conformément à la loi n°009-66 AN-RM.
La ville connut une expansion territoriale, dans la
décennie 1960-1970, avec la création de nouveaux quartiers tels
que Médina-Coura, Hamdallaye, Bolibana et Darsalam I et II. De vastes
extensions, commencées dans les années 2003 se poursuivent.
43
2.1.2 - Situation géographique de
Koutiala
La commune urbaine de Koutiala est située au Nord-ouest
de Sikasso, la capitale régionale et 3ème région
administrative du Mali. Elle couvre une superficie de 170 020 Km2. Elle compte
12 quartiers et huit villages, administrés par un conseil communal de 41
membres issus des élections municipales de Novembre 2016. Le Maire,
Oumar Dembélé (UDD) et ses six adjoints forment le bureau
communal. Ils sont appuyés dans leurs tâches par neuf (9)
commissions de travail et des agents communaux, relevant de l'administration
communale.
Ville cosmopolite, Koutiala est située au carrefour des
villes de San, à 138 Km au Nord-est ; de Ségou, à 157 Km
au Nord-Ouest, de Sikasso, à 137 Km au Sud-est, de Bobo-Dioulasso (BF)
à 209 km à l'Est. Cette position géographique
privilégiée, fait de la ville une plaque tournante d'intenses
activités agro-industrielles et commerciales avec les centres de
l'intérieur et des états voisins.
Le climat y est de type soudanien ; caractérisé
par une saison de pluie allant de Mai à Octobre et une saison
sèche qui couvre la période Novembre-Avril. Les pluies varient de
900 à 1000 mm par an.
l'Harmattan, un vent chaud, sec et provenant du Sahara, souffle
de Novembre à Mai.
La végétation est la savane arborée,
composée de Karité, de Néré, de Raisin sauvage, de
Kapokier et Baobab.
Située dans une dépression, la ville devient un
véritable réceptacle d'eaux de pluies pendant l'hivernage,
provoquant des inondations dévastatrices. Les principales
rivières telles le Pimpédogo, le Farako et le
Soro restent à sec pendant tout le reste de l'année.
2.1.3- Cadre démographique de Koutiala
La population de la commune de Koutiala est estimée
à 154 545 habitants en 2012, soit 50,20% de femmes et 49,8% d'hommes
avec un taux d'accroissement de 2,7%. (Source : Résultats provisoires du
RGPH 2009. (Estimation de DRPSIAP/Sikasso). Koutiala est la troisième
ville la plus peuplée du Mali après Bamako et Sikasso. Avec,
52,5% de moins de 15 ans, la population est très jeune. Ce qui pose
d'importants défis à relever en matière
d'éducation. Elle est cosmopolite, composée de Minianka, l'ethnie
majoritaire, de Bambara, de Sénoufo, de Peulhs, de Bwa, de Dogons. Ces
groupes humains pratiquent les activités agro-pastorales, l'artisanat et
le commerce. L'animisme, l'Islam et le Christianisme sont pratiqués.
44
La principale culture commerciale est celle du coton.
L'importante production cotonnière a valu à la ville de Koutiala
l'appellation « capitale de l'or blanc ». La vie économique de
la ville de Koutiala est basée sur l'importante production
cotonnière assurée par les paysans sous l'encadrement de la CMDT.
Elle a favorisé la création et le développement de
nombreuses usines de transformations dont la matière principale est le
coton. Il s'agit notamment des huileries, des usines d'aliments-bétail
et de fabrique d'emballage qui ont permis de créer des emplois. Le
commerce est dynamique. Il se fait avec les villes de l'intérieur et
avec les pays voisins. Il porte sur des produits agro-pastoraux et
industriels.
2.2-Population scolaire spécifique de
Darsalam
Notre milieu d'étude est le quartier de Darsalam
situé dans la ville de Koutiala. Le quartier est divisé en deux
parties : Darsalam 1 et Darsalam 2. Il est situé au Nord-est de la
ville, sur la route de San. Il compte une population de 32 660
habitants28.
Le quartier compte de nombreuses structures éducatives
préscolaires ; des établissements d'enseignement fondamental
public et privé, les établissements d'enseignement secondaire,
technique et professionnel.
La présente étude s'effectue au groupe scolaire
second cycle de Darsalam, situé dans le quartier dont il porte le nom.
Communément appelée « Ecole du sahel » à cause
du caractère sec et rocailleux du terrain sur lequel il a
été bâti, quelques années plus tôt, le groupe
scolaire Darsalam second cycle est un ensemble composé de 12 classes
réparties en quatre groupes, à savoir, Darsalam A, Darsalam B,
Darsalam C et Darsalam D. Chaque groupe scolaire compte les trois niveaux
d'enseignement du second cycle : 7ème, 8ème et
9ème années. Il est placé sous la
responsabilité d'un Directeur d'école, aidé dans ses
tâches par le personnel enseignant. Le groupe scolaire Darsalam second
cycle compte un effectif de 1085 élèves. Notre
enquête porte sur un échantillon 134 personnes
dont 120 élèves choisis selon la technique
d'échantillonnage probabiliste de hasard simple ; de 9
enseignants de français et des acteurs externes
constitués d'un conseiller pédagogique, de
4 enseignants de français à la retraite retenus
sur la base de la technique d'échantillonnage non probabiliste de choix
intentionnel. Le choix des enseignants de français à la retraite,
du conseiller pédagogique de français se justifie, d'une part,
par leur statut d'anciens praticiens de la fonction enseignante, d'autre part,
par leur responsabilité dans la formation et le sui-pédagogique
des enseignants.
28 . Source :
résultats provisoires du RGPH 2009. Estimation DRPSIAP/SIKASSO
45
La répartition des effectifs par classe et par groupe
scolaire se présente suivants les tableaux ci-après :
Tableau 4 : Effectifs des classes Darsalam A.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 50
|
46%
|
109
|
|
|
F : 59
|
54%
|
|
|
8ème Année
|
G : 29
|
48%
|
|
|
|
F : 31
|
52%
|
60
|
271
|
9ème Année
|
G : 45
|
44%
|
102
|
|
|
F : 57
|
56%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 5 : Effectifs des classes Darsalam B.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 45
|
38%
|
118
|
|
|
F : 73
|
62%
|
|
|
8ème Année
|
G : 37
|
51%
|
73
|
|
|
F : 36
|
49%
|
|
278
|
9ème Année
|
G : 30
|
34%
|
87
|
|
|
F : 57
|
66%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 6 : Effectifs des classes Darsalam C.
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 52
|
48%
|
110
|
|
|
F : 58
|
52%
|
|
|
8ème Année
|
G : 34
|
49%
|
69
|
|
|
F : 35
|
51%
|
|
262
|
9ème Année
|
G : 40
|
48%
|
83
|
|
|
F : 43
|
52%
|
|
|
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018 Tableau 7 : Effectifs des classes Darsalam D
Classes
|
Effectifs
|
Pourcentage par sexe
|
Total
|
Total général
|
7ème Année
|
G : 50
|
45%
|
112
|
|
|
F : 62
|
55%
|
|
|
8ème Année
|
G : 31
|
56%
|
55
|
|
|
|
274
|
F : 24
|
44%
|
9ème Année
|
G : 44
|
41%
|
107
|
|
46
F : 63
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Les tableaux 4, 5, 6 et
7 présentent des effectifs élevés dans
toutes les classes. Seule la classe de la 8ème année de
l'école Darsalam D compte un effectif de 55 élèves. Les
effectifs pléthoriques rendent difficile l'acte d'enseignement avec des
classes bruyantes, des surcharges sur les table-bancs, insuffisances de livres
de lecture.
Par ailleurs, les élèves qui passent de la
sixième à la septième année sans être soumis
à un examen ont besoin d'une formation de base solide afin de
réussir cette étape de leur apprentissage. Or, un effectif
élevé est un facteur qui réduit considérablement
non seulement le temps de lecture des apprenants mais aussi de leur
familiarisation avec le texte et partant de leur faible appropriation de
l'orthographe. Ce qui constitue une entrave de l'apprentissage de l'orthographe
par la lecture. Les effectifs des apprenants qui vont crescendo dans les
écoles depuis quelques années constituent, certes, un facteur
favorable à l'augmentation du taux de scolarisation suite à la
demande d'éducation élevée mais représentent un
poids pédagogique pour les enseignants qui assurent l'acte
d'enseignement. Cette situation est consécutive à l'offre qui n'a
pas suivi la demande d'éducation et les salles de classes sont
insuffisantes par rapport au nombre d'inscrits malgré le
développement du secteur privé dans le domaine de
l'éducation.
Au-delà des difficultés ci-dessus citées,
les effectifs élevés rendent difficiles les évaluations
régulières en orthographe, en conjugaison, contribuant ainsi
à l'échec des apprenants en Dictée de contrôle.
Elles recommandent l'adoption d'une pédagogie dite des grands groupes
qui a montré malheureusement ses limites. Toutefois, un
élément encourageant qui ressort de ces effectifs
élevés est la parité fille/garçon,
évocatrice d'une prise de conscience des parents de l'importance de la
scolarisation des filles
Graphique 3 : répartition des
élèves enquêtés selon l'âge
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Elèves enquêtés par âge
12 ans - 0,83% 17 ans- 13%
13 ans - 12% 18 ans- 12%
14 ans - 24% 19 ans - 2%
15 ans - 22% 20 ans - 0%
16 ans - 12% 21 ans - 2%
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018.
Ce graphique présente des enquêtés de la
tranche d'âge de 12 à 21 ans. Une analyse faite sur la base de
l'âge d'inscription à l'école à sept ans, la tranche
d'âge 13, 14 et 15 ans correspond à l'âge des apprenants au
collège. Au-delà de cette tranche d'âge, la présence
au second cycle des apprenants âgés de 16 à 21 ans nous
permet de dégager deux hypothèses : primo, tous les
apprenants âgés de 16 ans au collège ont soit accusé
un retard dans leur inscription à l'école soit redoublé
une classe ; secundo, tous les apprenants de 16 ans à 21 ans,
inscrits à l'âge de 7 ans, ont redoublé une à six
fois durant le bloc unique de neuf ans de l'enseignement fondamental.
Par ailleurs, 37% des enquêtés devraient être dans le
circuit de l'enseignement secondaire général tandis que 4%
devraient être dans l'enseignement supérieur niveau Licence 1,
Licence 2 et Licence 3. Au total, 41% des enquêtés ne devraient
pas être dans l'enseignement fondamental. Ce qui permet de supposer que
les apprenants ont redoublé plusieurs classes pour faiblesse de
niveau.
47
Graphique 4 : répartition des
élèves enquêtés selon le statut :
régulier-redoublant.
Répartition des élèves
enquêtés selon leur statut: passant-redoublant.
Rédoublants
36%
Passants
64%
Passants Rédoublants
48
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Ce graphique présente 36% de redoublant, soit plus de
trois quart des enquêtés contre 64% de d'élèves
réguliers repartis dans les classes de 7ème, 8ème et
9ème années de Darsalam A, B, C et D. Si le pourcentage de
passant est plus élevé, celui des redoublants, 36%, permet
d'affirmer que le taux de redoublement reste très
élevé.
Graphique 5 : répartition des
élèves enquêtés par sexe.
Féminin
58%
Masculin
42%
Masculin
Féminin
Source : Enquête personnelle, Koutiala avril
à octobre 2018
Ce graphique laisse comprendre que plus de la moitié des
élèves enquêtés sont des filles. Ce qui
représente un espoir pour la scolarisation des filles.
Le chapitre suivant porte sur l'élucidation des concepts
et la revue critique de la littérature.
49
CHAPITRE III: Elucidation conceptuelle et revue critique
de la littérature
3.1- Elucidation conceptuelle
Avant d'aborder toute recherche, il est fondamental
d'élucider les concepts contenus dans la question de recherche. Cette
clarification des concepts permet d'avoir des idées précises des
notions sur lesquelles nous portons notre attention au cours de notre
recherche. Elle prend en compte, au-delà des concepts utilisés
dans la question de recherche, tout le champ conceptuel des notions qui
permettront une meilleure compréhension et traitement des
données.
Pour notre recherche, nous avons retenu les concepts de :
apprenant, apprentissage, conjugaison, dictée, difficultés,
enseignement, orthographe, pédagogie par objectifs, temps didactique.
3.1.1-Apprenant.
Selon Jacques Tardif, rapporté par Pascale
Sauvé, 2001, l'apprenant engagé dans un processus d'apprentissage
passe « du récepteur passif placé en situation
d'interlocuteur, il se transforme en un constructeur actif de connaissances, un
collaborateur et, quelques fois, en un expert. » Dans ce processus de
l'apprentissage, l'apprenant n'est pas un récepteur passif, mais un
acteur de sa propre formation et acquiert plus rapidement les
compétences par des méthodes d'apprentissage par essai-erreurs,
par la répétition, mise en relation des éléments,
la conceptualisation et la mémorisation. Dans le cadre de
l'apprentissage de l'orthographe, l'apprenant renforce ses capacités par
des activités de lecture, par l'enseignement reçu et surtout le
maniement de la graphie des mots. A ce titre, Danièle COGIS, 2005 : 289,
affirme que « c'est donc bien l'enseignant qui détient la
clé pour amener ses élèves à s'engager dans
l'activité, en ne faisant pas de la norme et du rappel des règles
des arguments d'autorité, dont l'invocation suffit à clore la
discussion, mais, au contraire en permettant au débat de s'instaurer
autour des conceptions orthographiques de chacun. ». Une approche qui
consiste, pour l'enseignant, à placer les apprenants au centre de leurs
apprentissages car ils doivent se sentir impliqués dans le processus
d'apprentissage de l'orthographe en leur donnant la parole afin qu'ils
s'affirment « sur leurs difficultés dans l'acquisition des
compétences orthographiques 29».
L. Pelletier et E. Le Deun, cités par TALPIN Elise,
2006 : 7, aborde dans le même sens en affirmant : « c'est en
conférant à tous les élèves cette capacité
à agir et à réfléchir ensemble
29 Danièle Cogis, 2005, pour enseigner et
apprendre l'orthographe. Nouveaux enjeux. Nouvelles pratiques. Edition
DELAGRAVE, p .289.
50
sur les problèmes d'orthographe que les enseignants
pourront les aider à repérer leurs erreurs et en analyser les
causes, à développer leur écoute et leur attention,
à acquérir des représentations sur les mots et les textes,
à intégrer des informations nouvelles et à les
réinvestir, à mémoriser les formes rencontrées sur
le long terme, à raisonner, à accroître le nombre et
l'efficacité de leurs stratégies. »30.
Dans le cadre de l'apprentissage de l'orthographique par les
apprenants du second cycle de l'enseignement fondamental, il est important pour
le maître d'impliquer les élèves au centre de leur
apprentissage pour une meilleure acquisition des compétences
orthographiques à travers les activités de lecture, de grammaire
et de conjugaison en vue de leur permettre d'orthographier avec moins d'erreurs
les mots qu'ils rencontrent dans les productions écrites. Un apprenant
est donc un individu, enfant, adolescent ou adulte, engagé dans un
processus d'acquisition de connaissance, de compétence et/ou
d'habilité sous la conduite ou non d'une personne, par
l'intermédiaire des moyens et outils capables de lui permettre
d'atteindre ses objectifs. Il se place dans un contexte de récepteur
mais aussi et surtout de premier acteur placé au coeur de son
apprentissage.
Si l'apprenant se définit comme la personne
engagée dans un processus d'apprentissage, comment devons-nous percevoir
l'apprentissage ? Quelles sont les différentes théories
conçues autour du concept d'apprentissage ? La section suivante de notre
mémoire donnera quelques élucidations sur le concept
d'apprentissage.
3.1.2-Apprentissage.
Selon un collectif de conseillers pédagogiques de
collèges situés géographiquement dans la partie est du
Québec, « L'apprentissage est un processus actif, constructif,
cumulatif qui se produit lorsque l'apprenant traite activement l'information
nouvelle, modifiant ainsi sa structure cognitive. »31
C'est un processus qui met en interaction, dans le cadre scolaire, celui qui
donne un enseignement et celui qui le reçoit afin d'en conserver les
savoirs et les savoir-faire dont il s'en sert en cas de besoin. Selon ce
même collectif de conseillers pédagogiques, «
L'apprentissage ne dépend [...] pas uniquement de l'enseignement
[...] Entre l'enseignement et l'apprentissage s'interposent les comportements
d'étude de l'élève, aussi bien dans la salle de classe
qu'à l'extérieur de la salle de classe. »32
Dans tout processus d'apprentissage, il existe un apprenant et un savoir, un
savoir-faire ou un savoir-faire à acquérir, un émetteur
humain
30 -(Comment enseigner l'orthographe dans une
démarche d'observation et de réflexion sur la langue et ses
usages ?, Numéro de dossier : 0401372Z)
31 - Le Pôle
de l'Est, 1992 :57, L'enseignement et l'apprentissage : un cadre
conceptuel, [s. l.] : Délégation collégiale du
comité mixte de PERFORMA, janvier 1992, Page 57
32 - Idem 55
51
physique ou virtuel qui transmet le savoir selon une approche
adaptée aux apprenants, objectif visé par l'apprentissage qui
constitue le point de conjonction des activités d'enseignement,
d'apprentissage et de mise en application des nouvelles acquisitions par les
apprenants. Dans le paradigme de l'apprentissage, l'enseignement du savoir est
important mais ce n'est pas suffisant pour faire acquérir à
l'apprenant des connaissances ou des compétences qu'il désire
acquérir. Selon Gary Fenstermacher, 1986 : 55, cité par le
collectif de conseillers pédagogiques, « il faut se garder
d'établir une relation causale directe entre l'enseignement et
l'apprentissage», ce sont « non seulement des
phénomènes différents, mais des réalités non
complémentaires. » Si l'interaction entre les deux
protagonistes du processus d'apprentissage, à savoir : enseignant et
apprenant est capitale, « L'influence de l'enseignement sur
l'apprentissage est indirecte en ce sens qu'elle est médiatisée
par l'activité mentale de l'élève. Sans la participation
d'une activité mentale adéquate de la part de
l'élève [...], il ne saurait y avoir d'apprentissage, quelle que
soit la nature de l'enseignement. »33. Ils soutiennent que
«Le rôle de l'enseignant est de guider l'élève
dans ses comportements d'étude. »34. Dans le cadre
de l'enseignement/apprentissage de l'orthographe du français, le
rôle de l'enseignant est très important dans la mesure où
il aide les apprenants à mieux comprendre pour mieux apprendre. Sa
méthode de transmission des savoirs compréhensible et efficace
oriente les apprenants vers un apprentissage sûr par l'accumulation et la
mémorisation des connaissances et des compétences.
L'apprentissage s'appuie, de ce fait, sur la capacité cognitive des
apprenants qui doivent mettre en exergue leur volonté d'apprendre,
tremplin indispensable mais pas suffisant pour acquérir des
compétences.
Dans le cadre de l'apprentissage de l'orthographe
française, l'apprenant découvre, mémorise, consolide de
nouvelles compétences en orthographe par essais-erreurs, avec ses
contradictions personnelles, en interaction avec ses pairs et avec l'aide de
l'enseignant. Les nouvelles compétences orthographiques ainsi acquises
en interaction avec les autres acteurs du processus enseignement/apprentissage
doivent permettre aux apprenants d'orthographier sans erreurs les mots qu'ils
rencontrent dans des productions écrites.
Kalai Lassaad, 2011 : 101, rapporte deux grandes
catégories d'approches didactiques pour l'apprentissage de l'orthographe
en situation de classe. Dans la première approche, « on vise un
apprentissage spécifique de l'orthographe. Tout en admettant que des
questions d'orthographe surgissent et se traitent, de manière plus ou
moins approfondie, dans toutes les situations de lecture et d'écriture
en classe ». Dans une deuxième approche, «
l'apprentissage de
33 Idem 56
34 Idem 55
52
l'orthographe est lié à des activités
de production écrite. », (Kalai Lassaad, 2011 : 101) telles
que la dictée. Entre les deux catégories, nous nous
intéressons à la première, celle qui consiste à
transmettre des compétences orthographiques à travers un
enseignement spécifique donné en lecture, en grammaire et en
conjugaison avec l'aide du maître de français. Cet enseignement
spécifique donné sur la base d'un constat sur des erreurs
commises par les apprenants dans leurs productions écrites est plus
productif.
Nous nous alignons derrière la théorie de
Marie-Françoise Legendre, (2001 : 54) qui résume notre conception
de l'apprentissage lorsqu'elle affirme que « dans un paradigme
d'enseignement, l'apprentissage est subordonné à l'enseignement.
Autrement dit, c'est parce qu'on enseigne que les élèves
apprennent et c'est essentiellement la qualité de l'enseignement qui
détermine la qualité des apprentissages. Dans cette perspective,
l'accent est mis sur les procédés d'enseignement plus que sur les
processus d'apprentissage, et sur les produits ou manifestations observables de
l'apprentissage plus que sur les démarches de pensée ou les
processus de raisonnement qui leur sont sous-jacents. Cette conception,
héritée en grande partie des théories béhavioristes
de l'apprentissage et, notamment, de la pédagogie de la maîtrise,
met l'accent sur la détermination a priori d'objectifs correspondant
à l'ensemble des savoirs qu'il s'agisse d'attitudes, d'habiletés
ou de connaissances qu'on se propose d'enseigner aux élèves
ainsi que sur l'élaboration de procédés
d'évaluation permettant de déterminer avec précision si ce
qui a été enseigné a effectivement été
appris. » Cette « correspondance univoque entre ce qui est
évalué et ce qui est appris, entre ce qui est appris et ce qui
est enseigné.» (Legendre, 2001 :15) doit être le point
de mire du processus enseignement/apprentissage/évaluation des
compétences orthographiques par les élèves du second cycle
de l'enseignement fondamental au Mali. « L'élève ne
pouvant apprendre que s'il a été soumis à un enseignement
et l'évaluation ne devant porter que sur ce qui a été
appris et, par conséquent, enseigné » (Legendre, 2001
:19), l'élaboration des « programmes par objectifs,
caractérisés par l'établissement d'une liste d'objectifs
nombreux et morcelés correspondant aux connaissances et habiletés
qui doivent être enseignées, apprises, puis évaluées
» (Legendre, 2001 :15) est une priorité. Cette approche de
l'apprentissage nous intéresse par le fait qu'elle met en exergue un
processus linéaire qui prend en compte le savoir à enseigner, le
savoir effectivement enseigné, le savoir réellement acquis et
l'évaluation du savoir acquis par les apprenants. Cette indispensable
conjonction entre les activités d'enseignement, d'apprentissage et
d'évaluation d'un savoir, et d'un savoir-faire, doit être
assurée par tous les acteurs engagés dans le processus
d'enseignement/apprentissage. La phase de l'évaluation permet de
corroborer l'efficacité de l'enseignement donné par l'enseignant
qui analysera les résultats et prendra les
53
décisions qui s'imposent pour de futurs enseignements.
A ce titre, nous nous alignons sur la théorie de Danièle COGIS,
2005 : 150 qui affirme que « l'acquisition/apprentissage de
l'orthographe est un travail exigeant, un processus continu, non
linéaire et dynamique. Enseigner sera accompagné
l'élève dans son trajet, trajet souvent labyrinthique »
Il revient à l'enseignant, à travers une approche
constructive, d'aider les apprenants à traverser ce labyrinthe de
l'orthographe française et à éviter le maximum d'erreurs
dans leurs productions et partant échapper à un échec
scolaire. Car, selon J-P. Astolfi et Develay, 1989, cités par Kalai
Lassaad, 2001 : 22, « un véritable apprentissage se
définit au moins autant par les transformations conceptuelles qu'il
produit chez l'individu que par le produit de connaissance qui lui est
dispensé. ». Ainsi l'on peut jauger l'efficacité d'une
transmission de compétences, en ce qui concerne l'orthographe, à
travers ce que les apprenants ont acquis qu'à travers l'enseignement
donné. A ce titre, la maitrise de la conjugaison des verbes aux
différents temps et modes de la langue française revêt un
double intérêt dans l'apprentissage de l'orthographe lexicale et
grammaticale. Nous tenterons d'élucider ce concept dans la section qui
suit.
3.1.3-Conjugaison
La conjugaison, ce « noyau dur mal traité et
maltraité de la grammaire » est une discipline capitale dans
la maitrise des changements des désinences des verbes aux temps et modes
du français. Elle contribue à un meilleur usage du langage
parlé et écrit. Selon Eveline Charmeux, « Depuis
toujours, on sait que le domaine du verbe est, et de loin, le domaine le plus
mal maîtrisé par les élèves, qu'il s'agisse de ses
aspects orthographiques ou de ses emplois. Toutes les recherches sur les
difficultés rencontrées par les élèves, en
matière de maîtrise de la langue, débouchent sur ce domaine
du verbe, qui, de plus, et pour diverses raisons, est toujours, dans toutes les
langues, le domaine le plus difficile et le plus compliqué.
»35 Cette auteure retient que « pour presque tous
les élèves, ce mot signifie d'abord récitation de formes
verbales, rangées dans un certain ordre, à l'intérieur
d'autres ensembles appelés "temps" et "modes ", dont les
élèves ne savent guère à quoi ils correspondent, et
dont a peine à voir le lien éventuel avec les
nécessités de la communication orale et écrite.
»36 En effet, la conjugaison que l'on peut définir
comme regroupement des changements subis : radical, désinences, par un
verbe à un temps et à un mode du français,
s'intéresse au « "noyau dur" » qui « est à la
fois mal traité (puisqu'objet de mémorisation là où
une démarche tout autre s'impose) et maltraité, car, comme nous
allons le voir, c'est un domaine truffé d'erreurs, qui rendent encore
plus difficile son appropriation
35 -Eveline Charmeux-
Enseigner le français avec Eveline Charmeux-, Enseigner la
conjugaison,
https://www.charmeux.fr/conjugaison.html
Visité le 17 Juillet 2018.
36 Idem.
54
par les élèves. » 37 comme le
soutient Eveline Charmeux. Le verbe reste le noyau central de la phrase
verbale. Il subit de nombreux changements dans ses relations avec les autres
mots de la phrase, notamment le sujet et permet d'exprimer l'état dans
lequel se trouve un ou plusieurs sujets ou l'action exprimée par un ou
plusieurs sujets. Le verbe donne un sens à la phrase verbale. La
maitrise de la conjugaison des verbes aux temps et modes du français est
un enjeu crucial pour les apprenants et facilite la communication orale et
écrite. C'est pourquoi le verbe est appelé, à juste titre,
le noyau dur de la phrase. Le maniement correct des verbes aux temps et modes
du français s'acquiert suite à un long processus d'apprentissage.
La conjugaison favorise l'acquisition des compétences d'orthographe
lexicale mais surtout grammaticale, notamment la variation des
désinences des verbes aux temps, aux modes, en fonction du genre, du
nombre, du temps et/ou de la personne. L'accord des verbes pose de
sérieux problèmes aux élèves qui se trouvent en
face à la complexité des règles de grammaire et de
conjugaison mal expliquées, mal comprises et de ce fait mal
appliquées avec des erreurs dans les productions écrites. Le
domaine de la conjugaison est, certes, le plus difficile et le plus
compliqué, toutefois, la meilleure transmission des règles de
conjugaison basée sur les difficultés des apprenants facilitera
l'apprendre progressif des terminaisons des verbes aux temps les plus
couramment utilisés dans les productions écrites et leur
permettra d'éviter des erreurs d'accord des verbes. Selon Abderrezak,
AMARA, 2001, « l'expression des temps verbaux en français
constitue une des plus grandes difficultés pour les élèves
algériens dans l'apprentissage de cette langue. »38
Il soutient que les apprenants algériens sont influencés
par la langue maternelle et commettent beaucoup d'erreurs de temps verbaux :
tantôt ils confondent le présent avec le passé, l'imparfait
avec le passé composé ; tantôt ils utilisent l'infinitif au
lieu de conjuguer le verbe. Les erreurs commises par les apprenants du groupe
scolaire du second cycle de Darsalam sont généralement relatives
aux terminaisons des verbes à un temps bien déterminé.
Elles relèvent d'une mauvaise transmission et d'une mauvaise
compréhension des règles de grammaire et de conjugaison de la
part des apprenants. Nous n'avons pas établi une influence de la langue
des apprenants sur l'orthographe française, mais, notre constat est
qu'ils ne parviennent pas à orthographier correctement les terminaisons
des verbes en fonction du sujet. Les erreurs qui a retenu notre attention, dans
le cadre de notre étude, sont celles commises sur les terminaisons des
verbes à l'imparfait de l'indicatif : -ais, -ais, -ait, -ions,
-iez, -aient pour
37- Idem.
38 Abderrezak Amara, « Analyse
des difficultés rencontrées par des élèves
Algériens de 1ère A. S. dans l'expression des temps verbaux en
français », Insaniyat /
ÅäÓÇäíÇÊ [En ligne], 14-15 |
2001, consulté le 27 juillet 2018. URL :
http://journals.openedition.org/insaniyat/9658
; DOI : 10.4000/insaniyat.9658.
55
les verbes du premier et du troisième groupes et
-issais, -issais, -issait, -issions, -issiez,-issaient pour les verbes
du deuxième groupe. L'imparfait de l'indicatif a, pourtant, fait l'objet
d'étude en 4ème, 5ème, 6ème
et 8ème années au cours du bloc unique de
l'enseignement fondamental au Mali. La question qui s'impose est pourquoi les
erreurs relatives aux désinences des verbes à l'imparfait
persistent quand bien même ce temps a été
étudié plusieurs fois et de façon presque continue pendant
quatre années du même cycle ? Quelles sont les difficultés
qui amènent les apprenants à commettre autant de fautes à
l'accord des verbes à un temps étudié plusieurs fois ? La
non maitrise de la conjugaison des verbes à l'imparfait de l'indicatif
est une difficulté majeure de l'apprentissage de l'orthographe
grammaticale pour les apprenants du groupe scolaire de Darsalam second cycle.
Cette difficulté les amène à commettre de nombreuses
erreurs dans les désinences des verbes. Or dans le contexte malien, ces
erreurs des apprenants sur les terminaisons des verbes à l'imparfait de
l'indicatif sont sanctionnées dans l'épreuve très
controversée de la dictée. Nous tenterons, dans la section
suivante, d'élucider le concept de dictée à travers ses
multiples formes.
3.1.4-Dictée
De sa forme primitive aux nouvelles formes proposées
par des pédagogues, des chercheurs, la dictée reste
l'épreuve phare dans l'évaluation du niveau des apprenants en
orthographe. Elle a résisté à toutes les reformes et elle
a évolué malgré et contre toutes les controverses qu'elle
a subies au fil des générations. En effet, de la
cacographie39, forme primitive d'évaluation de l'orthographe,
née en France dans les années 1803, à la dictée 0
faute, des améliorations significatives ont été
apportées dans la pratique de la dictée.
La cacographie consistait à introduire,
intentionnellement, des fautes d'usage et ou de grammaire que les apprenants
devaient identifier puis corriger. Elle a eu pour avantage de développer
chez les apprenants une capacité de vision, d'analyse et de mise en
application de ce qu'ils ont appris. Toutefois, cette forme d'évaluation
de l'orthographe par la cacographie a eu pour inconvénient d'avoir les
effets contraires. En effet, au lieu de corriger les fautes, les apprenants s'y
familiarisaient et retenaient les formes incorrectes des mots. Ils avaient
cette tendance à augmenter le nombre de fautes plutôt que de
corriger celles sont commises dans le texte. Elle fut abandonnée au
profit d'autres types de dictées.
Aujourd'hui, grâce aux résultats de nombreuses
recherches réalisées dans ce domaine, de nouvelles formes de
dictée sont mises en pratique en vue de mesurer, dans la plupart des
cas,
39
http://legrenierdebibiane.com/trouvailles/dictées/sommaire.html.
Visité le 20/08/2018.
56
l'efficacité d'une nouvelle stratégie
d'apprentissage et d'évaluation de l'orthographe. L'on parle alors de la
dictée 0 faute (Angoujard, 1994; Delprat et Moirot 2001; Cogis 2003;
Brissaud et Bessonnat 2001; Nadeau et Fisher 2006) qui prend chez certains de
ces auteurs des appellations diverses « de dictée
dialoguée », « de dictée-consultation
», « de dictée assistée » ou «
de dictée sans faute » (Wilkinson, 2009 : 11), de
dictée traditionnelle ou à trous pratiquée pour des fins
d'évaluation, de dictée préparée, de dictée
de contrôle, de dictée du jour, de dictée
négociée, de dictée par objectifs ou ciblée ou
encore de l'Atelier de Négociation Graphique (ANG). La profusion des
types de dictée, suite à des recherches, démontre à
quel point cette activité est un sujet de préoccupation des
pédagogues, des chercheurs et des enseignants.
Quand bien même la dictée est devenue un sujet de
prédilection pour des chercheurs et des pédagogues, elle demeure
« un sujet de controverse40», «
décriée par les uns, encensée par les autres
». (LENOBLE-PINSON, 2012) Elle compte de nombreux de
détracteurs qui soutiennent que la dictée n'est ni un instrument
de contrôle, ni un outil d'apprentissage, moins encore un instrument
d'évaluation.
Selon les résultats des recherches des dernières
années, notamment ceux de A. Chervel, Manesse 1989 ; D. Manesse, D.
Cogis 2007, citées par Catherine Brissaud et Clara Mortamet (2015 : 3)
« il apparait clairement que la dictée ne constitue pas un
outil d'évaluation valide, puisque l'instrument de mesure change avec
chaque texte dicté. Il faudrait donner la même dictée pour
pouvoir évaluer le progrès des élèves entre deux
moments et c'est, en effet, une utilisation possible de la dictée
à des fins de recherche ». Cette théorie est
corroborée par la commission Rouchette qui affirme, à la fin des
années 60, que l'exercice de dictée « ne peut être
tenu pour un véritable instrument d'acquisition. » de
compétences orthographiques. Cette commission soutient qu'on «
peut tout au plus le considérer comme un instrument de
contrôle dont il est inutile d'abuser. » 41
Marguerite Chaumont, 1980 :55, va plus loin en soutenant que
« la dictée n'est pas un moyen d'acquisition de l'orthographe
sous quelque forme que ce soit. Elle poursuit en affirmant que par la
complexité de ses difficultés, elle place l'élève
en situation d'échec puisque les moyens ne lui sont pas fournis pour
résoudre les problèmes qu'il rencontre (hasards du texte qui ne
correspondent pas à une progression d'apprentissage). »
40 Idem, p.11.
41 -(Catherine
Brissaud et Clara Mortamet, 2015, La dictée, une pratique sociale
emblématique, GLOTTOPOL Revue de sociolinguistique en ligne n°
26 - juillet 2015, p.70).
57
Pour Simard, 1996 in Kathy Wilkinson, (2009 : 11) la
dictée : « c'est une ineptie relevant de la pensée
magique de croire que faire transcrire tant bien que mal des textes tout-venant
sans travail préalable et ne proposer pour toute aide que d'illusoires
notes accompagnées de marques rouges suffisent pour faire apprendre
l'orthographe. » Le constat, in situ, de la pratique de la
dictée corrobore cette théorie. C'est une utopie de croire que
les élèves orthographieraient sans fautes des mots dans une
dictée faite sur la base des enseignements donnés depuis des
mois, voire des années, enseignements dont la compréhension est
remise en doute au regard au niveau de compréhension très bas de
apprenants et sur lesquels ils n'ont pas le moindre souvenir. Les
piètres résultats des apprenants en orthographe, (épreuve
de dictée) sont les conséquences d'une pratique inadaptée
d'enseignement et d'évaluation de cette discipline qui conduit à
l'échec de plus de trois quart des effectifs d'une classe.
Pour LENOBLE-Pinson Michèle, (2012 : 12), « la
dictée n'aide pas directement à acquérir une bonne
orthographe. Elle sert d'abord de moyen de contrôle des
compétences orthographiques. » Ainsi, la pratique de la
dictée par objectif favoriserait l'acquisition progressive des
compétences.
Pour Simard, 1996 in Kathy Wilkinson, (2011 : 11), «
des tentatives ont été effectuées afin que la
dictée devienne davantage un instrument qui permettrait d'identifier les
difficultés des apprenants et d'en cerner les causes dans le but de
mettre de l'avant des moyens pour y remédier. ». Nous
soutenons cette approche de l'enseignement de l'orthographe par la
dictée qui part des difficultés des apprenants afin de tenter de
les résoudre avec l'implication des apprenants eux-mêmes. La
dictée devient, à ce titre, un outil pédagogique
permettant à l'enseignant de s'enquérir des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe des apprenants en vue d'y apporter des
solutions. Cet auteur admet la dictée comme plus « un outil
d'évaluation que d'apprentissage »
E. Charmeux, 2007, évoque deux arguments avancés
par les praticiens pour justifier la pratique de la dictée.
Le premier argument est que la dictée serait un
exercice de contrôle indispensable, et même le seul sérieux
: la preuve, tous les examens l'utilisent pour connaître le niveau des
candidats en orthographe. Dans le cadre de notre étude, cet argument est
corroboré, car la dictée est l'unique épreuve de
contrôle de niveau de l'orthographe en vue d'obtenir une note en fin du
mois, du trimestre au niveau du second cycle de l'enseignement fondamental.
Elle demeure l'une des principales épreuves à l'examen du
Diplôme d'Etudes Fondamentales (DEF) qui sanctionne la fin du bloc unique
de l'enseignement fondamental.
58
Le deuxième argument soutient qu'elle « serait un
exercice d'apprentissage de l'orthographe, dans la mesure où elle met en
jeu la démarche par tâtonnements et erreurs corrigées : au
moment de la correction, si celle-ci est menée avec rigueur, les
principales caractéristiques de l'orthographe peuvent être
acquises. La dictée, prise sous cet angle, aide les apprenants à
fixer leur attention sur des accords ciblés en vue de leur
mémorisation et de leur graphie les minutes qui suivent la fin de la
préparation. Si cette forme de dictée met en oeuvre
l'intelligence visuelle des apprenants et les implique dans le processus
d'acquisition des compétences orthographiques, elle ne garantit, en
aucune façon, que les notions apprises sous pression et
évaluées pour des fins de notations puissent être
véritablement assimilées pour le court, moyen et long terme.
Selon Evelyne Charmeux, 2007, une dictée notée,
par « une curieuse opération de soustraction, répond
particulièrement mal à l'exigence de mesure : cinq fautes dans
une dictée confèrent la note zéro (donc nulle) à
une performance qui contient au moins 95% de bon... 42»
est incapable de mesurer ce qui est effectivement appris par les apprenants.
Elle émet le doute sur la dictée comme outil d'apprentissage en
affirmant que « si la dictée est un moyen d'apprendre
l'orthographe, c'est certainement le plus mauvais, car on voit mal comment le
fait de devoir écrire une graphie inventée, parce que inconnue ou
oubliée, pourrait aider qui que ce soit à apprendre
l'orthographe. » 43 La dictée serait une «
activité à la fois inutile, dangereuse » et
constitue une « pure perte, un temps précieux, dont on a
terriblement besoin pour apprendre l'orthographe sérieusement.
»44, selon ses propres termes. Elle soutient que la
dictée « n'est ni un moyen d'apprendre l'orthographe, ni un
moyen d'en évaluer la maîtrise. »45Toutefois,
dans le cadre de notre étude, nous soutenons qu'une dictée par
objectif faite sur la base d'un enseignement donné lui aussi par
objectifs et avec des critères bien précis, permettrait, sans nul
doute, à certains apprenants de mieux acquérir progressivement
des compétences en orthographe.
Malgré ses nombreux détracteurs, Évelyne
DELABARRE et Marie-Laure DEVILLERS, 2014, qualifient la dictée de
pratique « emblématique. » 46. Ces
auteures rapportent que la dictée est qualifiée, d' «
incontournable » selon les travaux de Caspard, 2004, et de
Chervel, 2006, et qui a « conservé une forme stable et
ritualisée depuis un siècle et demi. » selon
l'expression de
42 Ibid.p.3.
43 Charmeux Eveline, 2007, Oui ou non peut-on
dire que le niveau en orthographe baisse chez les élèves ? A
propos de l'ouvrage de Danièle Manesse et Danièle Cogis,
Orthographe : à qui la faute ? p.5
44 Idem. p.5
45 Idem.p.6
46
http://glottopol.univ-rouen.fr.
Visité le 15 Octobre 2018.
59
D.Manesse, (2007) Elle est « non seulement
incontournable, mais aussi ritualisée, autant d'éléments
qui nous amèneront à la considérer comme une
activité normée, et faisant norme à l'école.
»47 (Delabarre, Devillers, Mortamet, 2015). Les travaux A.
Chervel (2006), de Caspard 2004, rapportés par C. Brissaud et C.
Mortamet, 2015, qualifient la dictée « d'incontournable
» dans l'enseignement/apprentissage de l'orthographe à telle
enseigne Brissaud et Cogis, 2011, soutiennent qu'« orthographe et
dictée sont devenues synonymes dans la société
française, voire dans tous les pays où le français est
langue de scolarisation » (C. Brissaud et C. Mortamet, 2015). Elle a
occupé et elle continue d'occuper une grande place dans le
contrôle du niveau des apprenants en orthographe, lors des compositions,
trimestres et des examens du DEF qui sanctionnent la fin des études de
l'enseignement fondamental au Mali. Au regard des mauvais résultats
enregistrés par les apprenants dans cet outil d'évaluation et
d'apprentissage de l'orthographe, il est urgent d'adopter de nouvelles
stratégies dans la pratique de cette sous-discipline du français
afin de permettre une acquisition sûre et progressive des
compétences en orthographe.
Selon LENOBLE-PISON Michel, (2012 : 11) « la pratique
de la dictée permet d'évaluer ses compétences
orthographiques, puis de les améliorer à la condition que les
difficultés soient bien expliquées. ». Elle constitue
alors un outil de contrôle qui permet non seulement de mesurer de niveau
d'acquisition des compétences orthographiques des apprenants
conformément aux enseignements donnés mais aussi de prendre des
décisions qui s'imposent en vue d'améliorer les stratégies
de transmission des connaissances et de leur meilleure acquisition par les
apprenants. En dépit de ses nombreux détracteurs, nous nous
adoptons la théorie d'Évelyne DELABARRE et Marie-Laure DEVILLERS
(2015 : 57), pour soutenir que « la dictée n'est, sans doute,
pas uniquement une évaluation, elle est également un moyen
d'appliquer une règle, de stimuler une pratique réflexive
nécessaire à l'apprentissage de l'orthographe, de favoriser la
mémorisation de mots invariables, de vérifier un niveau
d'acquisition d'une notion, etc. Ainsi si la mise en oeuvre reste quasiment
immuable dans sa forme, les objectifs, eux, sont variables. ». Ainsi,
le postulat de la pratique d'une dictée notée est fondé
sur des erreurs commises par les apprenants dans leurs productions
écrites. Les erreurs répertoriées doivent faire l'objet
d'un enseignement spécifique des accords lexicaux ou grammaticaux qui
posent-problèmes. La pratique de la dictée est, dans ce cas de
figure, une sorte de contrôle permettant de jauger l'efficacité de
l'enseignement donné. Si les erreurs
47 Revue d sociolinguistique en ligne
n°26-Juillet 2015 : La dictée, une pratique sociale
emblématique, Numéro dirigée par Catherine Brissaud et
Clara Mortamet.
http://www.glottopol.univ-rouen.fr
visité le 12 Juillet 2018.
60
persistent, il revient à l'enseignant d'adopter une
nouvelle stratégie de transmission afin que le maximum
d'élèves puisse éviter les erreurs.
Une analyse qualitative des théories émises par
les détracteurs et les défenseurs de la dictée permet
d'affirmer que cette épreuve retient l'intérêt de tous :
praticiens, pédagogues et chercheurs. Elle constitue un terrain fertile
de recherches et le compromis entre détracteurs et encenseurs de cette
pratique n'est qu'un rêve tant l'orthographe française est
complexe, ses difficultés d'apprentissages nombreuses selon le milieu,
le temps, les générations et les objectifs à atteindre.
Toutefois, la dictée de contrôle notée, sous sa forme
actuelle, constitue une bête noire des apprenants et représente
une des principales causes de leur échec lors des compositions et de
l'examen du DEF.
Parmi tous les types et formes de dictée
énumérés plus haut, nous nous intéressons, dans le
cadre de notre étude, à la dictée dite de contrôle
pratiquée par les enseignants en vue d'obtenir une note à la fin
de chaque mois ou chaque trimestre et celle pratiquée lors de l'examen
du BEPC. Cette pratique de la dictée sur la base d'un texte soumis aux
apprenants afin qu'ils orthographient sans fautes tous les mots, dans le seul
but de leur attribuer des notes, nous semble très aléatoire,
improductive et contribue, dans une très grande mesure, à
l'échec des apprenants. Il est, de notre point de vue, capitale
d'améliorer cette pratique en adoptant un enseignement et une
évaluation de l'orthographe par objectifs à travers des
activités de lecture, de grammaire et de conjugaison. Cette nouvelle
approche fera de la dictée, nous en sommes convaincus, un outil efficace
d'apprentissage de l'orthographe et permettra de réduire
considérablement le décalage entre les savoirs enseignés
et les savoirs effectivement acquis par les apprenants. Or, au regard des
résultats actuels de l'épreuve de dictée qui évalue
l'orthographe, le décalage se creuse entre les savoirs enseignés
et les savoirs réellement acquis par les apprenants. Et l'enseignement
de l'orthographe et son évaluation par objectif à travers la
dictée par objectif permettrait de réduire les difficultés
d'apprentissage de cette discipline. La section suivante élucidera le
concept de difficultés.
3.1.5-Difficultés
Tout processus d'apprentissage engendre une situation
d'appropriation des connaissances ou de compétences de la part des
apprenants ou une situation d'échec non seulement de ces mêmes
apprenants mais aussi des acteurs chargés de la transmission des
savoirs. Si la première situation entraine un sentiment d'avoir atteint
un objectif où tous les acteurs s'en tirent avec de bons comptes, la
deuxième engendre un sentiment d'échec, de crispation et de
nombreuses interrogations sur les mobiles de cet échec.
61
Les difficultés d'apprentissage de l'orthographe
constituent, à ce titre, un constat d'échec pour les enseignants
de français chargés de transmission des compétences
orthographiques face de la complexité de la langue française.
Dans le cadre de notre étude, nous envisagerons le concept de
difficultés d'apprentissage de l'orthographe sous trois angles :
difficultés d'apprentissage liées à l'orthographe
française elle-même, celles relatives aux méthodes de
transmission des règles de grammaire et conjugaison et celles
émanant des apprenants eux-mêmes.
? Les difficultés d'apprentissage liées
à l'orthographe elle-même :
Les difficultés d'apprentissage liées à
l'orthographe française sont inhérentes à la
complexité de la langue française et de son orthographe «
truffée de pièges48». A cet effet, M.
Fayol, (2006 : 55), écrivait que « le système
orthographique français fait partie avec l'anglais des deux
systèmes les plus complexes au monde. » Selon le même
auteur, les caractéristiques du « système
alphabétique peu consistant en production. »49,
représentent une première difficulté ou en reconnaissant
que « plus les systèmes sont irréguliers, plus long et
difficile est l'apprentissage du système des correspondances
graphèmes-phonèmes. »50 Ce qui permet
d'inférer que l'inconsistance et l'opacité de l'orthographe
française constituent des handicaps majeurs dans sa maitrise de par des
apprenants.
Si pour Angoujard, (1994, p7), « l'orthographe fait
peur », à cause de ses multiples règles et de leurs
exceptions, de ses accords incohérents, au point de provoquer « des
effets de blocage, chez les maitres comme chez les élèves
», Bessonnat, Cordary et Ducard (2002 p.103), identifient «
quatre zones à risque à l'écrit : les correspondances
phonographiques, les chaînes d'accord (soit la gestion des variations qui
s'explique en partie par la morphologie silencieuse), les finales en -é
ainsi que les homophones, grammaticaux en particulier.». Ces zones
à risque ajoutées aux difficultés d'identification des
mots constituent des entraves à la maitrise de l'orthographe
française. Bessonnat, Corday et Ducard, 2002, soutiennent que
l'orthographe grammaticale est « source de conflits chez les
apprenants et c'est au collège (ce qui correspond à notre
secondaire québécois) que ces tensions deviennent de plus en plus
importantes. ». Aussi, pour un meilleur maniement des principes
d'accord des mots (verbes, noms, adjectifs, participes passés...) par
des apprenants, « un enseignement déclaratif est insuffisant et
cela s'explique par le nombre d'erreurs qui perdurent dans les textes.
» (Kathy Wilkinson, 2009 :
48 Fayol M, 2006, l'orthographe française
est une des plus difficiles au monde. Comment les enfants en déjouent
-ils les pièges ?
49 Michel Fayol, apprendre et utiliser
l'orthographe du français du C.P. au C.M.2, compte rendu de
conférence, p .3.
50 Idem.p.3.
62
7). En effet, l'acquisition des compétences en
orthographe est le résultat d'une conjonction d'activités telles
que la lecture qui enrichit l'orthographe, la grammaire et la conjugaison qui
permettent de comprendre les principes d'accord des mots et la graphie
régulière de ceux-ci dans les productions écrites. Les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe par les apprenants
relèvent davantage de l'identification, de la compréhension et du
maniement du fait grammatical ou lexical que de la maitrise théorique
des règles. Ces « difficultés linguistiques »,
nous imposent d'accorder une attention accrue au temps réellement
accordé aux apprenants lors des séances de lecture afin de leur
permettre de se familiariser avec les textes, de comprendre les
subtilités de l'orthographe française à travers une
meilleure transmission des leçons de grammaire et de conjugaison et au
maniement permanent de la langue dans les exercices pratiques. Toutefois, pour
N. Catach in Jean-Pierre JAFFRÉ, 2006 : 15, « L'écriture
idéale n'existe pas et n'existera jamais » et pour favoriser
un enseignement et un apprentissage efficaces de l'orthographe
française, il est important d'élaborer pour chaque notion
d'orthographe d'usage grammatical et lexical à enseigner, un objectif
spécifique d'apprentissage qui prend en compte le niveau des apprenants
et leurs besoins réels des compétences à faire
acquérir. Les difficultés d'apprentissage des compétences
orthographiques par des apprenants qui ont accumulé des tares
requièrent un temps suffisant d'apprentissage et de renforcement de la
lecture. Nous tenterons d'élucider de concept de difficulté
d'apprentissage de l'orthographe liées à l'insuffisance du temps
accordé aux apprenants lors des séances de lecture dans la
section suivante.
? Les difficultés d'apprentissage liées
à l'insuffisance du temps accordé aux élèves pour
la lecture
La lecture est une activité de base pour l'acquisition
des compétences orthographiques. Elle constitue, de notre point de vue,
la première activité qui favorise le développement de
l'intelligence visuelle chez les apprenants et l'acquisition d'un savoir-manier
l'orthographe d'usage et grammatical de la langue d'enseignement. Pour les
apprenants maliens, l'apprentissage de la lecture commence depuis le
préscolaire, pour ceux qui ont la chance de commencer leur cursus par
cette structure éducative. De cette forme de lecture par le jeu, ils
s'approprient progressivement l'alphabet de la langue française durant
tout le premier cycle de l'enseignement fondamental. A leur entrée au
second cycle, les bases d'une lecture expressive et courante devraient
être acquises ou renforcées par des pratiques plus approfondies
lors des séances consacrées à cette activité. Le
français, avec les maths, compte respectivement un temps institutionnel
de six heures par semaine. En ce qui concerne le français, la lecture
à elle seule compte pour trois heures par semaine, dont deux heures de
lecture suivie et dirigée et une heure
63
de lecture expliquée. Dans le cadre de notre
étude, nous nous interrogeons sur le temps réel accordé
aux apprenants afin de leur permettre de renforcer leur savoir et leur
savoir-lire. De toute évidence, disposer de plus de temps pour lire un
texte sous la conduite du maître de français donne plus de chance
de découvrir les mots, de comprendre leurs liens et les variations
qu'ils subissent. La lecture permet d'enrichir le vocabulaire, de
découvrir et de comprendre l'orthographe de nombreux mots inconnus des
apprenants tout en développant leur mémoire visuelle. Aussi, si
pour des apprenants de 12 à 21 ans, il est plus approprié de
parler de renforcement de capacité en matière de lecture que
d'apprentissage, le constat in situ, a révélé que
de nombreux apprenants ne savent ni parler, ni lire, ni écrire au second
cycle de l'enseignement fondamental. Et les enseignants sont plus
préoccupés à achever les activités inscrites au
programme plutôt que de s'assurer si les apprenants savent lire
correctement ou non. Pour la plupart des enseignants du second cycle,
l'apprentissage de la lecture incombe à ceux du 1er cycle. Et
lorsqu'interroger un élève qui ne sait pas lire, sur un effectif
de plus de 60 élèves, devient un fardeau, une bombe à
retardement, la solution de facilité est celle qui consiste à
interroger quelques rares élèves qui parviennent à
balbutier quelques mots du texte. Les leçons de lecture se
résument à d'interminables explications sur la
compréhension du texte qui ne sera jamais acquise, parce que les
apprenants ont eu très peu de temps à s'y familiariser. Ceci nous
amène à déduire que moins les apprenants disposent de
temps de lecture, moins ils découvriront l'orthographe lexicale et
grammaire. Si la lecture est le tremplin dans l'acquisition de l'orthographe
d'usage lexical, la meilleure transmission des règles de grammaire et de
conjugaison aide les apprenants à mieux comprendre et d'apprendre
l'orthographe d'usage grammatical. L'élucidation des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe relatives aux méthodes de transmission
des règles de grammaire et de conjugaison est l'objet de la section
suivante.
? Les difficultés d'apprentissage liées
aux méthodes de transmission des connaissances
La méthode de transmission des savoirs et savoir-faire
en grammaire et en conjugaison doit mettre en exergue le maniement par les
apprenants des mots contenus dans une phrase. Cela leur permettra de comprendre
les liens de subordination ou de complémentarité entre les
différents mots et les changements qu'ils subissent. Il ne s'agit donc
pas d'une transmission théorique de connaissances mais plutôt une
démonstration pratique des faits grammaticaux à partir desquels
les apprenants dégageront des règles. Le processus engage
beaucoup plus l'apprenant qui doit identifier les mots dans la phrase,
comprendre leurs liens avec les autres mots, apprendre à les manier
plutôt que de recevoir des définitions sur des règles
qu'ils ne
64
retiendront pas. Or le constat, in situ,
révèle une transmission théorique des règles de
grammaire et de conjugaison. Si les apprenants assistent à «
des activités d'apprentissage de type réception-consommation
» selon le terme de Marguerite Altet et Al. 2002, lors des cours de
grammaire et de conjugaison, l'acquisition des compétences de
l'orthographe française se résume à une histoire de
transmission-mémorisation-confusion-oubli et erreurs. Il convient
d'adopter une approche plus participative des apprenants dans le processus
d'apprentissage de l'orthographe et plus de temps de pratique permanente de la
lecture. Selon Marguerite Altet et Al., 2001 : 31, « Enseigner, c'est
faire apprendre et, sans sa finalité d'apprentissage, l'enseignement
n'existe pas. [...j » L'approche théorique de transmission des
règles de grammaire et de conjugaison est improductive et ne conduit pas
à l'acquisition du savoir-orthographier correctement les mots par des
apprenants. D'une façon générale, les apprenants se
contentent de suivre les explications théoriques données par les
enseignants et de mémoriser certaines règles qu'ils ne
parviennent souvent pas à mettre en application lors des productions
écrites. Dans le domaine de l'acquisition des compétences en
orthographe, nous nous alignons derrière la théorie de Britt-Mari
BARTH, 2002, qui affirme que le savoir n'existe pas sans réel,
l'intérêt est d'en saisir à la fois l'aspect abstrait et
l'aspect concret par un processus de comparaison des deux. Si l'enseignement
théorique des règles de grammaire et de conjugaison ne favorisent
guère l'acquisition des connaissances en matière de graphie des
mots, la section suivante nous permettra de comprendre que les
difficultés liées aux apprenants ne sont pas les moindres.
? Difficultés d'apprentissage liées aux
apprenants
A la difficulté d'apprentissage du langage parler, qui
est de moins en moins utilisée au sein même des
établissements scolaires, à l'exception de certaines structures
privées, se greffent celles de la lecture et de la graphie correcte des
mots qui exige une multitude d'activités au nombre desquelles la
compréhension et l'application des règles de grammaire et de
conjugaison. Les apprenants ont de plus en plus de difficulté de
comprendre les règles d'accord et surtout de les mettre en pratique dans
les productions écrites tant leur niveau de compréhension s'est
effondré durant ces dernières années. Il ressort que les
apprenants sont de moins en moins motivés à fournir des efforts
pour chercher à comprendre et apprendre. Cette situation est
aggravée par un manque de rigueur dans la transmission des savoirs.
Un autre facteur non moins important est l'augmentation
exponentielle des effectifs dans les classes. Cette situation inhibe l'effort
des enseignants dans la transmission des savoirs tant le défi à
relever est immense, les activités nombreuses et complexes.
65
Anne-Marie BARDI ; Myriem BOUZAHER et Al., 2005 : 66,
soutiennent que « quand on est élève, savoir ce que l'on
va apprendre ou apprendre à faire avant de s'y engager, savoir ce qu'il
convient de retenir ou d'être capable de réaliser à la fin,
c'est avoir les moyens de progresser, non pas en suivant aveuglément le
chemin du professeur mais en étant conscient du but à atteindre
et en appréciant la difficulté des étapes et le
franchissement des obstacles.». Dans le domaine de l'acquisition des
compétences orthographiques, il est fondamental que les apprenants
sachent l'utilité de ce qu'ils vont apprendre, d'où la
nécessité de préciser l'objectif du savoir à
enseigner et du savoir, effectivement, enseigné. Cette situation
implique les apprenants au coeur du processus d'apprentissage. Ces auteurs
concluent que le premier et principal objectif de l'enseignement donné,
est sans nul doute, l'apprentissage des apprenants. Ce qui corrobore qu'un
enseignement est donné pour que le maximum d'apprenants puisse en tirer
des compétences indispensables pour leur mise en pratique efficace dans
les productions écrites à travers lesquelles les
élèves sont évalués. Tout enseignement qui ne prend
pas en compte cet objectif n'est qu'une simple communication dont les
élèves ne tireront aucun profit. C'est à travers cette
approche qu'il donnera un enseignement efficace susceptible de favoriser un
apprentissage soutenu de la part des apprenants. L'enseignement, dans le
contexte scolaire, s'exerce dans une synergie d'actions entre l'enseignant et
l'apprenant autour du savoir à enseigner. La section suivante nous
donnera quelques éclairages sur ce concept.
3.1.6-Enseignement
Les concepts enseignement et apprentissage constituent les
deux faces d'une même monnaie. Ils sont les deux pôles du processus
qui porte leur nom. L'on enseigne à travers la communication verbale qui
s'établit entre un enseignant et un apprenant autour d'un savoir
à enseigner. L'enseignement est donné, selon la théorie de
Marguerite ALTET, 2001, pour provoquer, favoriser, faire réussir
l'apprentissage dans une situation donnée ; c'est une pratique
relationnelle finalisée. Car enseigner, c'est faire apprendre et, sans
sa finalité d'apprentissage, l'enseignement n'existe pas ; mais c'est
faire apprendre par la communication et la mise en situation ; l'enseignant est
un professionnel de l'apprentissage de la gestion des conditions
d'apprentissage de la régulation interactive en classe. Aussi, nous,
nous alignons derrière la théorie de Françoise DARGIROLLE,
2002 : 237, qui soutient que « tant que l'enseignement/apprentissage
[...] ne sera défini que comme une activité présentielle
éparpillée sur une semaine où l'enseignant reste
l'initiateur, l'évaluateur, le décideur, le régulateur, en
un mot l'acteur principal, la passivité et le
désintérêt de la majorité des élèves
ne pourront que se renforcer. » avec tout son corolaire de
désintérêt, d'incompréhension, de
66
non apprentissage des notions enseignées et
d'échec scolaire. L'acquisition des compétences de l'orthographe
reste un vain mot pour des apprenants de 12 à 21 ans qui constituent
l'échantillon de notre enquête. Aussi, pour être efficace
dans l'activité de transmission des connaissances : savoir,
savoir-faire, savoir-être, le « besoin de rationaliser
l'enseignement de l'orthographe, de sélectionner les objectifs
précis à atteindre à chaque étape, de mettre en
oeuvre une approche scientifique dans un domaine miné par les
passions. »51 est un défi majeur. Tout enseignement
de l'orthographe qui ne fonde pas son intérêt sur les
difficultés des apprenants afin de favoriser l'acquisition des
compétences sur des notions à enseigner conduit
inéluctablement à la confusion, au désintérêt
et à l'échec scolaire. L'acquisition des compétences
orthographes par les apprenants se réalise à travers les
activités de lecture, par la transmission des règles de grammaire
et de conjugaison et au maniement de la graphie des mots. Nous tenterons
d'élucider le concept très polysémique de grammaire dans
la prochaine section.
3.1.7-Grammaire
De nombreux auteurs soutiennent que le terme grammaire est
«hautement polysémique. »52, «
souvent synonyme de pensum, de bêtise, d'obsolescence pour bon nombre
de Francophones. »53. C'est cette polysémie qui
explique non seulement la diversité de conceptions
élaborées autour du mot grammaire mais aussi la complexité
la multiplicité des méthodes de transmission de cette discipline.
Pour Bronckart, (2014 :10) la grammaire renvoie à l'étude de la
syntaxe : « qui prend en compte tous les aspects de l'organisation et
de l'interprétation des énoncés : fonctionnement des
textes, du lexique, de l'orthographe et de la conjugaison.
»54 Cette clarification du concept de grammaire prend en
compte la grammaire structurale, lexicale et fonctionnelle. Selon B. Combettes,
2006 : 4, la confusion grammaire/bon usage aboutit à un échec
dans sa visée pratique et soutient que « l'absence d'une
réelle réflexion sur l'apprentissage, l'accent mis sur les
certaines pratiques pédagogiques (mémorisation, analyse...),
l'inadéquation même du contenu grammatical font que les
résultats concrets dans le domaine de l'expression ou de la
compréhension (savoir écrire, savoir lire) demeurent minces.
». De ce fait, l'inadaptation des contenus d'enseignement et des
pratiques pédagogues, l'absence de tout objectif d'enseignement de la
grammaire « ne laisse aucune place à la
51 Catherine Brissaud « Didactique de
l'orthographe : avancées ou piétinements ? Pratiques,
149-150/2011,207226.
52 Elalouf, 2006, cité par Ecaterina, Roxane
Gagnon, 2017, Former à l'enseignement de la grammaire, p.10
53 Chartrand Suzanne, 2012, Quelles
finalités pour l'enseignement grammatical à l'école ? Une
analyse de vue des didacticiens du français depuis 25 ans, p.49.
54 . Ecaterina Bulea Bronckart § Roxane
Gagnon, Former à l'enseignement de la grammaire, p.10.
67
créativité, à la remise en cause,
à la découverte. »55 des apprenants.
L'inadaptation des contenus d'enseignement et l'absence de tout objectif
constituent des difficultés d'apprentissage de l'orthographe
grammaticale dans le système éducatif malien au second cycle de
l'enseignement fondamental. Bernard COMBETTES, (2006 : 43), soutient que «
l'enfant possède sa grammaire personnelle du français, que
l'école tente d'améliorer en lui faisant intérioriser un
système de règles et en s'appuyant sur une description.
». Il revient donc à l'école de remplir sa mission de
continuité et de renforcement des acquis des apprenants grâce
à une méthode de transmission efficace, accessible aux
apprenants.
Selon Suzanne Chartrand (2012 : 49), plusieurs didacticiens du
français préfèrent parler de « l'enseignement de
la langue » ou des « savoirs langagiers »
plutôt que d'enseignement grammatical. Karine Bonnal (2016 : 49),
soutient que « La grammaire et l'orthographe sont ici intimement
liées du fait que la connaissance venant de « l'étude
particulière » de la première conditionne et suffit pour la
maitrise de la deuxième » Cette connexion logique et naturelle
fait de la grammaire un tremplin à la compréhension et à
l'acquisition des compétences orthographiques par des apprenants. Si
l'orthographe est le but qui oriente notre enseignement, la grammaire en est un
moyen pour atteindre ce but. Bernard Combettes, (2006 : 3), va plus loin en
affirmant que la grammaire dépasse le simple objectif orthographique
pour s'étendre à l'art d'écrire correctement. Nous nous
alignons derrière la théorie de Bernard Combettes (2006 : 3), qui
affirme que « enseigner la grammaire, c'est enseigner la langue.
» dans la mesure où une grammaire bien transmise et bien
assimilée favorise l'acquisition des notions permettant le bon usage
oral et écrit de la langue. L'enseignement théorique de la
grammaire est certes important car il permet aux apprenants de comprendre les
subtilités des notions grammaticales mais ce n'est pas suffisant. Il
faudrait donner, aux apprenants, l'opportunité d'un maniement des mots
à travers de des exercices permanents et soutenus. A ce titre, le Plan
Rouchette, 1970, cité par Karine Bonnal (2016 : 53), affirme qu'«
Il ne s'agit donc pas d'enseigner des règles, mais de les faire
pratiquer [...] La démarche de l'enseignement grammatical ne doit pas se
fonder sur la réception passive par l'enfant de connaissances transmises
par le maitre, mais sur la découverte par un élève actif
guidé par un maitre attentif, du fonctionnement de sa langue maternelle
» Cette orientation pratique de l'enseignement grammatical se fonde
sur une claire articulation selon le même auteur entre l'étude de
la langue et l'apprentissage de la production écrite et met en exergue
l'activité de l'apprenant pour atteindre des compétences
orthographiques escomptées. En tout état de cause, la
transmission des règles de grammaire aux
55 Bernard COMBETTES, Grammaire et enseignement du
français, p.4
68
apprenants, c'est très important mais ce n'est pas
suffisant pour leur permettre de comprendre, d'apprendre et de mettre en
pratique les savoirs transmis. Dans le processus d'enseignement/apprentissage,
il est fondamental, de notre point de vue, de se débarrasser du poids
des méthodes traditionnelles qui transmettent de façon
théorique des règles de grammaire et de conjugaison,
méthodes qui sont toujours vivaces dans les établissements, et
placer les apprenants au coeur de leur apprentissage en favorisant la
transposition didactique. A cet effet, « Les compétences
enseignées sont ciblées et adaptées.
»56, aux besoins réels des apprenants à
chaque niveau de l'enseignement fondamental. Car « mieux vaut un
savoir limité, mais durable, qu'un savoir copieux, mais incertain
» (Karine Bonnal, 2016 : 54), et qui plonge les apprenants dans
l'incertitude puis à commettre des erreurs dans leurs productions
écrites.
Sur ce chapitre, nous nous reconnaissons dans la
théorie d'Eveline Charmeux, 2007, qui affirme qu'en matière
d'orthographe, seule la familiarisation avec l'usage, qu'il soit grammatical ou
lexical, permet la certitude, et l'on peut dire que toute graphie
erronée est une entrave à l'acquisition de l'usage. Pour se
familiariser avec l'orthographe des mots, enrichir leur vocabulaire, les
apprenants doivent pratiquer la lecture courante et systématique
à l'école puis que le constat révèle qu'en dehors
des séances de lecture en classe, très peu d'élèves
lisent.
En tout état de cause, la grammaire d'une langue,
qu'elle soit traditionnelle, moderne, intuitive, fonctionnelle, nouvelle ou
active, doit permettre à l'apprenant d'acquérir des
compétences langagières et orthographiques qui lui facilitent
l'expression orale et écrite. Si la grammaire est un moyen d'acquisition
de l'orthographe, la lecture, dont le concept sera élucidé dans
la section suivante, demeure le tremplin dans l'acquisition des
compétences de l'orthographe française, qu'elle soit d'usage ou
de grammaire.
Lecture
Dans le cadre de notre étude, il nous a paru important
d'élucider le concept de lecture qui est une activité dont la
maitrise favorise l'acquisition des compétences orthographiques des
apprenants.
Kalai Lassad, 2011 : 282, rapporte que la lecture, est une
grande « pourvoyeuse de mots » qui « contribue
fortement à l'installation de ces connaissances et permet à
l'élève de stocker en mémoire un lexique susceptible
d'être investi dans des productions ultérieures. » La
pratique permanente de la lecture par les apprenants, à l'école
comme en dehors d'elle, augmente
56 Bonnal, Karine, 2016, L'orthographe telle qu'elle
s'enseigne : pratiques d'enseignement de l'accord sujet-verbe observées
à la fin de l'école primaire, Université Toulouse le
Mirail -Toulouse II, p.54.
69
considérablement la capacité de graphie des
mots. Et il revient à l'école de jouer cette
responsabilité première d'aider les apprenants à aimer la
lecture et de la pratiquer de façon constante pendant les heures
consacrées à cette activité. Selon le rapport
n°2005-123, de
novembre (2005 p.10), « apprendre à lire,
c'est d'abord (mais pas seulement) apprendre à
identifier les mots écrits au point de pouvoir
faire à partir d'un message écrit ce qu'on sait faire à
partir de l'oral. » Le rapport (p.23) constate toutefois que
l'enseignement de l'identification des mots est le plus souvent insuffisant
(temps trop court, entraînement trop rare [...], avant de conclure que
« savoir lire pour comprendre et apprendre, savoir écrire pour
montrer que l'on a compris et appris deviennent des compétences
essentielles » (p.32) à faire acquérir à
l'apprenant engagé dans le processus d'apprentissage de l'orthographe. A
ce titre nous rejoignons Kalai, 2011 : 283, qui soutient que « le bon
apprentissage de la lecture aidera à l'acquisition de l'orthographe
d'usage ; la bonne pratique de la lecture aidera à l'acquisition de
l'orthographe de règles, puisque la bonne compréhension du texte
demande la connaissance des rapports des mots entre eux. ». Pour y
parvenir, il faut établir une corrélation constante entre les
activités de lecture et la production écrite afin de donner aux
apprenants le goût de la lecture et l'art d'écrire correctement
les mots.
La lecture est une activité qui met, certes, en oeuvre
les facultés visuelles, cognitives des apprenants, toutefois, il
faudrait que ceux-ci disposent d'un temps suffisant pour pratiquer «
une lecture lente, courante, mais très
attentive.»57, qui favorise la bonne prononciation et la
meilleure vison des mots nouveaux que les élèves transcriront
dans leur petit carnet afin de les utiliser en cas de besoin.
Michel Fayol, (2006), en réponse à la question
d'un participant aux journées de l'Observatoire Nationale de la Lecture
(ONL) en Mars 2006, affirme que la corrélation entre les performances
relevées en lecture et celles enregistrées en orthographe
lexicale est très élevée.
A ce titre, nous nous alignons sur la théorie de
Danièle Manesse et Danièle Cogis 2007, citées, qui
soutiennent que les apprenants qui lisent, perçoivent visuellement les
mots, mais apprennent aussi à les reproduire dans leur forme
normée. Les images graphiques des mots associées à leur
sens sont stockées en mémoire, dans cette sorte de dictionnaire
interne. Ainsi, selon Kalai, Lassaad, (2011 : 105) « lors de la
production écrite, le scripteur ira puiser d'un dictionnaire interne
pour produire la graphie correcte ». Ainsi, ajoute-t-il, «
l'acquisition de l'orthographe dépend du degré de
fréquentation des textes écrits : plus l'apprenti-scripteur
côtoie des textes
57 Kalai Lassaad, 2011, L'erreur orthographique
dans les productions écrites des élèves tunisiens :
origine du dysfonctionnement et contribution à la maîtrise de la
compétence orthographique, p.283.
70
plus son « stock lexical » sera enrichi. La
rencontre de mots nouveaux en lecture étoffera le stock des
connaissances dont l'apprenti-scripteur aura besoin dans sa tâche de
production écrite. ». (Kalai Lassaad, 2011 : 105). La
fréquence de la lecture par les apprenants et le temps suffisant
accordé à ceux-ci sont facteurs importants qui favorisent
l'acquisition des connaissances sur l'orthographe lexicale et grammaticale.
Aussi les résultats de nombreuses recherches (Philippe et Jesus Alegria,
1999, M. Fayol, 2002, R. Brissiaud, 2006, D. Manesse et D. Cogis, 2007),
certifient que la pratique courante de la lecture permet aux apprenants
d'acquérir des compétences orthographiques grâce à
l'activité visuelle et à la constitution d'un « stock
lexical » dans lequel ils (les apprenants) puisent en cas de besoin
au cours des productions écrites. Sans cette acticité qui, de
notre point de vue, constitue le tremplin de toute acquisition d'un «
savoir-orthographier » lexical ou grammatical, il est très
incertain d'espérer que les apprenants puissent écrire sans
erreurs des mots qu'ils n'ont jamais vus, des accords qu'ils n'ont jamais
compris et appris lors de la transmission des règles de grammaire et de
conjugaison. Si savoir lire un texte n'est pas synonyme de savoir orthographier
correctement les mots, la lecture est sans nul doute le fondement de
l'acquisition de l'orthographe. Il revient donc à l'enseignant de
français d'accorder plus de temps aux apprenants afin qu'ils pratiquent
couramment la lecture dans le but d'enrichir leur dictionnaire intérieur
et favoriser l'acquisition des compétences en orthographe. Pour des
apprenants qui ne consacrent le moindre temps à la lecture en dehors du
cadre scolaire, l'approche qui vaille pour leur permettre d'acquérir des
connaissances et des compétences orthographiques est de consacrer plus
de temps à cette discipline à l'école en cultivant le
goût de la lecture.
L'orthographe est le concept autour duquel s'articule notre
étude ; sa compréhension permettra de savoir sa place dans le
processus enseignement/apprentissage du français mais de son rang
social. La section suivante sera consacrée à l'élucidation
de ce concept.
3.1.8-Orthographe.
Si pour Danièle COGIS, (2005 :
2), « la maitrise de l'orthographe n'est pas
le simple résultat d'une mise en application des règles apprises
par coeur, mais une affaire de conceptualisation, autant que de
répétition ; les procédures ne s'automatisent qu'à
terme », Evelyne Charmeux, 2007, soutient que «
l'orthographe est un savoir surtout opératoire (savoir écrire
sans erreurs), et non un savoir conceptuel, même si la connaissance
théorique joue un rôle important. »58. Il
58 Oui ou non, peut-on dire que le niveau en
orthographe baisse chez les élèves ? À propos de l'ouvrage
de Danièle Manesse et Danièle Cogis, Orthographe : à qui
la faute ?, p.2,
http://www.charmeux.fr ,
visité le 12-06-2018.
71
ne s'agit pas, soutient cette auteure, « d'une
connaissance au sens strict du terme, mais la mise en place d'un comportement
intégré où la connaissance a une part importante, mais ne
constitue, ni le départ, ni l'arrivée du travail
d'apprentissage. ». L'acquisition des compétences en
orthographe lexicale ou grammaticale, nécessite des activités de
découverte à travers la lecture, de mémorisation et de
maniement permanent de la graphie des mots à travers des exercices
collectifs sous la direction de l'enseignants et personnels que les apprenants
doivent réaliser à l'école ou en dehors d'elle. «
Son acquisition nécessite une attention constante, en situation,
à la forme de ce qu'on écrit, même si écrire ne se
réduit pas à orthographier, comme le montrent par exemple les
pratiques de dictée à l'adulte. »59 soutient
Danièle Cogis 2011, lors d'une conférence sur le thème
« Enseigner l'orthographe aujourd'hui » en Novembre 2011.
Selon une théorie pédagogique, rapportée
par Charmeux Evelyne (2007), et dont elle est une des adeptes, l'orthographe
transcrit majoritairement le sens, suivant deux axes : l'axe vertical des
substitutions qui définit un rôle sémantique lexical (le
sens des mots : poids / pois) et l'axe horizontal, celui des relations
entre les mots, qui définit un rôle sémantique grammatical
(un ami sincère / des amis sincères). Et pour cette
auteure, « Apprendre l'orthographe devient dès lors une science
d'observation, qui s'étudie en situation de lecture et d'observation des
écrits qui ont été lus. Sa connaissance se construit par
des situations d'observation réfléchie et de manipulations
aidées de documentations diverses, des textes qui ont été
lus, vers la recherche de constats à ériger en règles
provisoires, non généralisables de fonctionnement »
Charmeux Evelyne, 2007 : 2. Cette théorie met en exergue les
activités visuelles à travers la lecture, cognitives à
travers la mémorisation des faits observés au cours des lectures
et de la transmission des règles de grammaire et de conjugaison, du
maniement de la graphie des mots dans des exercices collectifs
réalisés avec l'aide de l'enseignant et personnels faits par les
apprenants eux-mêmes. Cette connexion des différentes
activités d'apprentissage de l'orthographe met en oeuvre les
facultés intellectuelles de l'apprenant et conduit à un
apprentissage efficace. Il est donc impossible d'imaginer l'un sans l'autre
pour des apprenants engagés dans un processus d'apprentissage de
l'orthographe. La lecture favorise le renforcement des capacités
visuelles et phonologiques des apprenants, capacités qui renforcent
leurs habilités à la meilleure graphie d'un mot ou d'un son.
L'orthographe française étant très immuable dans sa forme
comme dans son fond, son enseignement/apprentissage « est un
travail
59 Cogis Danièle, 2011-enseigner
l'orthographe aujourd'hui. Université Paris IV, IUF de
l'Académie de Paris, MoDyCo UMR7114, CNRS-Université Paris
Ouest-
daniele.cogis@paris.iufm.fr.
Visité le 14 Septembre 2018.
72
exigeant, un processus continu, non linéaire et
dynamique. Enseigner sera accompagné l'élève dans son
trajet, trajet souvent labyrinthique » (Danièle Cogis, 2005 :
150)
L'apprentissage est un processus qui s'étend dans la
durée, il convient donc d'envisager son acquisition sur le long terme
pour des apprenants qui doivent apprendre à parler, à lire,
à comprendre les mécanismes du système d'une langue
complexe comme le français. A cet effet, le soutien d'un enseignant de
français qui met en oeuvre de meilleures stratégies de
transmission de connaissances basées sur des objectifs précis et
adaptés aux apprenants, est indispensable. L'enseignement de
l'orthographe par objectif est le concept que nous tenterons d'élucider
dans la section suivante.
Enseignement Par Objectifs
Il est important, au moment où nous abordons le concept
d'Enseignement de l'Orthographe par Objectifs (EOO), de rappeler, de
façon succincte, le programme officiel de grammaire du second cycle de
l'enseignement fondamental au Mali. Il instruit, selon son édition de
2005, l'exécution d'un ensemble de tâches réparties comme
suit dans les classes de 7ème, 8ème et 9ème
années :
? En 7ème année, le programme
prévoit :
-l'étude du nom, ses genres, ses nombres ;
-les déterminants du nom : articles, adjectifs possessifs,
démonstratifs, numéraux. ;
-l'adjectif qualificatif : genre, nombre et fonction ;
-les substituts du groupe nominal ;
-les fonctions dans le groupe nominal.
? En 8ème année, le programme instruit
l'étude du verbe : les groupes de verbes, la
conjugaison des verbes aux temps simples, aux temps
composés, aux différents modes
du français ;
-les tournures pronominales et impersonnelles ;
-les sens transitifs et intransitifs ;
-les constituants de la phrase : opposition complément
d'objet/complément
circonstanciel ; complément d'objet/attribut ;
complément d'objet direct/complément
d'objet indirect, complément circonstanciel.
? En 9ème année, le programme de la
grammaire instruit l'enseignement des types de
phrases et de la coordination puis de la subordination dans la
phrase. Il plonge les
73
enseignants et les apprenants dans des notions ambigües
de l'analyse logique des propositions indépendantes, des propositions
principales et subordonnées.
Le programme ne prévoit pas, de façon formelle,
l'enseignement de l'orthographe comme une discipline.
En effet, en 7ème année, le programme
n'instruit pas de façon explicite l'enseignement de l'orthographe. De
façon implicite, l'enseignement du genre et du nombre des noms, permet
aux apprenants d'acquérir des notions du féminin et du pluriel
par -s, par -x ou de l'invariabilité de certains noms
masculins terminés par -z, -x. Le verbe n'étant pas au
programme, les apprenants font son accord sur la base des enseignements
reçus dans les classes antérieures. Aussi, les erreurs commises
par les apprenants sur les verbes lors des dictées de contrôle
faites durant les fins de trimestre sont-elles sanctionnées. A ce titre,
nous nous retrouvons dans les propos de KONATE THiény
Ousmane60 qui soutient qu'« il est facile pour tout
élève d'avoir zéro en dictée de contrôle : il
suffit, comme on le fait, de lui donner un texte avec des mots difficiles
à faire ou des accords impossibles à trouver » et au
demeurant sur la base des enseignements donnés une ou deux années
plutôt. Puis, il conclue qu' « à ce jeu, même les
meilleurs professeurs de français pourraient, eux aussi, avoir leur
zéro. »61
Par ailleurs, en 8ème année, le
programme est centré sur le verbe, noyau de la phrase verbale, sa
conjugaison aux temps simples, aux temps composés et aux modes
personnels et impersonnels du français. Les apprenants doivent
accumuler, en une année académique, des compétences sur
les verbes, leur groupe, leurs désinences aux temps et modes du
français. Face à cet imbroglio des terminaisons des
verbes aux temps et modes que compte la langue française, les apprenants
doivent subir une pression cognitive importante pour écrire sans erreurs
les verbes dans les phrases.
Quant au programme de 9ème année, il
est centré sur la structure de la phrase, l'analyse logique de la
phrase. Toute l'année est consacrée à l'analyse logique
des propositions indépendantes, principales ou des propositions
subordonnées conjonctives, relatives, infinitives ou participiales si
complexes, si incohérentes et si inappropriées qu'elles
n'apportent que frustrations, confusions et mauvais résultats. Pour des
apprenants qui peinent à identifier les mots à l'intérieur
d'une phrase, comprendre et réussir l'analyse dite logique d'une
proposition principale, indépendante ou subordonnée n'est qu'une
chimère. L'enseignement de l'analyse
60 - Eminent professeur de Lettres du Mali
aujourd'hui, conseiller à la présidence
61
https://maliactu.net/combien-aviez-vous-en-dictée-de-contrôle
visité le 21/03/2018.
74
logique n'est qu'une perte de temps et au regard du niveau
extrêmement bas des apprenants, en orthographe en particulier, en cette
fin de cycle de l'enseignement fondamental, il serait plus utile de consacrer
ses heures à donner un enseignement efficace de manière à
faire acquérir aux apprenants des compétences en orthographe en
vue de rehausser leur niveau.
En outre, le programme ne prévoit aucun enseignement de
l'orthographe d'usage ou de grammaire. Paradoxalement, il (le programme)
reconnait que « l'épreuve d'orthographe n'est pas une sanction.
La multiplication des dictées de contrôle n'améliore pas
toujours l'orthographe. »62. Le programme conclut qu'
« il faut donc chercher méthodiquement l'origine des
difficultés rencontrées par les élèves afin de leur
trouver une solution. »63. Ces instructions souffrent
d'une ambigüité qui laisse libre court aux interprétations
de la part des enseignants et nous amènent à poser des questions
suivantes : si l'orthographe est une épreuve, comment est-elle
enseignée ? Quelles sont les leçons prévues par les
programmes officiels pour l'enseignement de l'orthographe, qu'elle soit d'usage
lexical ou grammatical au second cycle de l'enseignement fondamental au Mali ?
Quel est le cumul de compétences orthographiques que les apprenants de
7ème, 8ème et 9ème années
doivent acquérir sur la base desquelles ils sont évalués
en dictée de contrôle notée lors des compositions et de
l'examen du DEF ?
Au regard de piètres notes d'orthographe que nous avons
relevées au niveau du groupe scolaire second cycle de Darsalam, nous
sommes en droit de penser que la pratique de la dictée de contrôle
sans objectif préalable que celui d'attribuer des notes en fin du mois
ou du trimestre, reste en vigueur. Prises sous cet angle, les notes
attribuées suite à l'épreuve d'orthographe constituent la
pire sanction que l'on puisse infliger à des apprenants qui ne disposent
pas d'un temps suffisant de lecture et ne bénéficient
guère d'une bonne transmission des règles de grammaire et de
conjugaison. Face à l'absence d'un programme précis
d'enseignement de l'orthographe et partant de vision exacte d'acquisition de
compétences de l'orthographe française par les apprenants du
second cycle de l'enseignement fondamental au Mali, la meilleure solution qui
vaille est la détermination d'un cumul de compétences
orthographiques pour les élèves de 7ème,
8ème et 9ème années,
l'élaboration d'un programme par objectif du français et
l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif 64 (EOO). Cette
approche consiste à
62 Programmes officiels du second cycle de
l'enseignement fondamental, Juillet 2005, p.22
63 Ibid.p.22.
64 L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif
(EOO) est notre nouvelle approche dans l'enseignement de l'orthographe
basée sur des objectifs précis, successifs et cohérents
qui permet une acquisition efficace des compétences orthographiques. Cet
Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) est suivi d'une Evaluation par
Objectif des notions enseignées afin de permettre aux apprenants
d'acquérir des compétences en orthographe lexicale et ou
grammaticale.
75
élaborer un objectif précis de
compétences à faire acquérir aux apprenants et leurs
évaluations à la fin du processus d'apprentissage. Dans le cadre
de notre étude, l'objectif était de jauger les capacités
des élèves à accorder correctement les verbes, contenus
dans un texte de dictée, à l'imparfait de l'indicatif. Les
compétences orthographiques ainsi acquises par les apprenants et
évaluées à travers l'épreuve de dictée de
par objectif doivent correspondre effectivement au savoir enseigné
à travers la lecture, la grammaire ou la conjugaison. Seules les erreurs
commises par les élèves sur la notion enseignée seront
corrigées puis sanctionnées. Les autres erreurs seront
soulignées, classifiées et feront l'objet des enseignements
ultérieurs d'orthographe. Ainsi, il convient de «
définir clairement les objectifs d'apprentissage de la
séquence et les rendre visibles aux élèves. Communiquer
aux élèves les objectifs des évaluations en amont pour
leur permettre de prendre du recul et de s'auto évaluer, de
manière à baliser leur travail et renforcer leur confiance.
»65. Le constat, in situ, est que les enseignants
sont plus préoccupés à achever un programme que de faire
acquérir des compétences orthographiques aux apprenants toujours
nombreux dans les salles de classe à la faveur de la massification et
à la démocratisation de l'éducation au Mali. Si la
tendance à la réduction des effectifs excessivement
élevés au collège (60 à 118 élèves
par classe au collège contre 25 élèves par classe en
France ) n'est pas envisageable face à une augmentation de 138% du
nombre d'enfants de moins de 18 ans à l'horizon 205066,
à la demande exponentielle d'éducation, si la création des
établissements scolaires suffisants pour réguler les effectifs
relève d'une illusion, la seule solution qui vaille pour
améliorer l'apprentissage des compétences orthographiques est
l'Enseignement et l'Evaluation de l'Orthographie par des objectifs
spécifiques.
Les résultats de nombreuses études certifient
que l'acquisition des compétences en orthographe de la part des
apprenants se réalise au terme de plusieurs années
d'étude. Toutefois, aucune structure scolaire ne permet d'atteindre les
compétences escomptées en matière d'apprentissage de
l'orthographe, la compréhension se consolident et les acquis se
renforcent progressivement et au-delà du cursus scolaire. Aussi, le
temps d'apprentissage d'une orthographe aussi complexe que celle du
français doit prendre en compte le niveau des apprenants, des pressions
cognitives que cet apprentissage exige, le tout fondé sur une
transmission efficace des notions enseignées. Dans la section suivante,
nous nous tenterons d'élucider le concept de temps.
3.1.9-Temps
65 Les dossiers pédagogiques de
l'académie de Nantes, 2014, Evaluer pour faire réussir les
élèves, p.13.
66 Afrique Génération 2030, la
démographie enfantine en Afrique, UNICEF, Août 2014, Division des
données, de la recherche, des politiques, ISBN : 978-92-806-4766-2,
p.19.
76
Dans le cadre de notre étude, il est important
d'élucider le concept du temps. Dans son champ conceptuel en didactique,
nous tenterons d'élucider les concepts de temps institutionnel, de temps
didactique, de temps d'apprentissage et de temps insuffisant. Dans le processus
enseignement/apprentissage, l'intention de transmettre des savoirs, des
savoir-faire et des savoir-être de la part de l'enseignant et d'apprendre
de la part des apprenants se réalise dans un temps bien précis.
Si le temps institutionnel est rigide et imposé par l'autorité
éducative, le temps didactique et sa meilleure gestion relève de
la compétence et de la conscience professionnelle dont fait preuve
l'enseignant dans sa classe. Selon Alain Mercier, (2001 : 1) : « Cette
organisation du temps scolaire permet, de synchroniser les activités
sociales et les activités scolaires et se mesure donc en temps
d'horloge. »67. Nous nous intéressons,
dans la prochaine section, au temps institutionnel
? Le temps didactique
Dans l'exécution de l'acte d'enseignement, l'enseignant
est responsable de la gestion du temps qui est lui est attribué. Cette
gestion efficace du temps prend en compte la complexité des savoirs
à enseigner, des compétences à faire acquérir, du
niveau des apprenants et de l'objectif assigné à l'enseignement.
Il produit ainsi « l'espace-temps didactique.
»68, indispensable à la transmission, à la
compréhension des savoirs enseignés par les apprenants.
L'enseignant doit faire preuve d'habilités organisationnelles, de
compétences professionnelles pour « assurer une progression
visible et tonique du temps didactique. »69
Dans le temps qui lui est attribué par l'institution
(temps institutionnel) pour assurer un enseignement, l'enseignant «
doit organiser la progression du temps didactique de manière
à faciliter l'étude du savoir que les élèves auront
à conduire, pour réaliser l'apprentissage c'est-à-dire des
progrès, ce qui est l'enjeu réel de l'enseignement.
»70Le principal et l'unique objectif de l'enseignement
étant l'acquisition des savoirs par les apprenants, il revient au
maître de français d'utiliser le temps didactique de façon
efficiente afin de leur permettre d'acquérir des compétences
orthographiques et d'éviter le maximum d'erreurs dans leurs productions
écrites. Si selon Reuter, 2007, cité par Karine Bonnal, (2016 :
99), « le temps de l'enseignement [n'étant] pas le temps de
l'apprentissage », sa meilleure organisation au
bénéfice des
67 Alain Mercier, 2001, Le temps
didactique,
https://recherche.aix-mrsiufm.fr/publ/voc/n1/mercier3/index.html
visité le 12-09-2018.
68Idem visité le 12-09-2018.
69 Idem. Visité le 12-09-2018, p.7.
70 Idem.p.6.
77
apprenants permet d'asseoir et de consolider les
apprentissages. Puisque l'on prend plus de temps à apprendre qu'à
enseigner, la durée de l'apprentissage est fonction de la notion
à apprendre, de son intérêt pour les apprenants, de la
capacité cognitive et de la volonté de ceux-ci à
apprendre. Dans la section suivante, nous éluciderons le concept de
temps d'apprentissage.
? Le temps d'apprentissage
Selon Karine Bonnal, 2016 : 100, le temps d'apprentissage est
« le temps que les élèves
consacrent réellement à la tâche d'apprentissage
». C'est le temps dont dispose l'apprenant pour
comprendre le savoir enseigné, le mémoriser pour pouvoir le
mettre en pratique lors des productions écrites. Dans le cadre de notre
étude, il est essentiel pour les apprenants de comprendre d'abord les
graphies des mots français rencontrés lors des séances de
lectures faites en classe et/ou en dehors d'elle, ou au cours des leçons
de grammaire et de conjugaison ; de les assimiler et de les mettre en pratique
pour éviter des erreurs dans leurs productions écrites. Le temps
d'apprentissage impose donc « retours, reprises, reconstructions
permettant d'adapter les rapports anciens aux usages nouveaux des objets
pertinents.»71 L'apprentissage est un processus qui
s'appuie sur les compétences déjà acquises par les
apprenants qui puisent perpétuellement dans leur mémoire des
formes orthographiques stockées lors des séances de lecture ou
des leçons de grammaire et de conjugaison, pour ne citer que ces trois
matières. Faut-il encore que la mémoire ait stocké des
formes orthographiques au cours de la pratique de la lecture approfondie des
textes, de la visualisation des mots, des leurs formes et de leur graphie
à travers des exercices de maniement. Selon Danièle Manesse,
(2007), pour bien orthographier, il est nécessaire, non seulement de
connaître toutes les formes d'un mot donné, de connaître les
marques graphiques propres à chaque classe de mots, mais aussi d'avoir
conscience des relations syntaxiques que ce mot entretient avec les autres, de
combinaison ou de dépendance. Le postulat d'une bonne
graphie d'un mot pris dans un ensemble tient à son identification
à travers des activités de lecture, à la
compréhension des relations que ce mot entretien avec les autres mots
puis à son histoire. Ce qui nécessite un temps
d'apprentissage, long, rigoureux et plein d'embuches.
? Le temps insuffisant
Face à la complexité des tâches à
exécuter par les enseignants, à un niveau de compréhension
limité des apprenants, le temps d'enseignement devient plus rigoureux et
celui d'apprentissage
71 Idem.p.7.
78
plus long et plus lent. Nous partons du constat in situ
que le temps accordé, aux apprenants lors des trois heures de
lecture par semaine, est très insuffisant pour leur permettre de se
familiariser avec le texte ; de découvrir de nouveaux mots, de
comprendre leur graphie et de les stocker dans leur mémoire interne en
vue de les exploiter lors des productions écrites. Or cette phase de
l'apprentissage de l'orthographe d'usage lexical par la lecture est
fondamentale. Les apprenants ont besoin de plus temps de visualisation,
d'identification, de bonne prononciation et de maniement correct des mots. Si
ce postulat n'est pas acquis, il est difficile à des apprenants qui
arrivent au collège avec des tares en lecture de pouvoir surmonter leurs
insuffisances et d'apprendre l'orthographe lexicale. Ces difficultés des
apprenants en lecture ont des incidences sur leur capacité de comprendre
les résumés donnés par les maîtres et d'apprendre
les leçons.
De l'incapacité de nombreux apprenants à parler
couramment le français vient se greffer une faiblesse notoire en
lecture, le tout aggravé par des effectifs élevés dans les
classent de 7ème, 8ème et
9ème années. Ces multiples entraves à
l'apprentissage de l'orthographe du français recommandent que les
maîtres de français accordent des heures entières aux
apprenants à la lecture permanente et systématique des textes
afin de leur permettre de découvrir, comprendre, mémoriser et
appliquer les accords de l'orthographe. Or le constat in situ a
révélé que seulement deux ou trois élèves
lisent pendant trois à quatre minutes lors d'une séance de
lecture d'une heure sur un effectif de 60 élèves. Lorsque nous
prenons compte des trois heures de lecture par semaine, il faut environ sept
semaines pour que chaque élève de la classe puisse lire au moins
une partie d'un texte. Et pour des effectifs de 118 élèves, les
apprenants doivent attendre plus d'un trimestre pour avoir la chance de lire
une partie du texte lors des séances de lecture en classe sous la
conduite de l'enseignant. Ce qui crée un désintérêt
des apprenants pour cette activité pourtant indispensable à
l'acquisition des compétences de l'orthographe française. Selon
le Rapport de l'Observatoire national de la lecture, Novembre 2005 : 9, «
Apprendre à lire, c'est d'abord (mais pas seulement) apprendre
à identifier les mots écrits au point de pouvoir faire à
partir d'un message écrit ce qu'on sait faire à partir de
l'oral. » En lisant de façon assidue, on apprend à
lire, à parler une langue, à découvrir son orthographe et
à l'utiliser correctement dans les productions écrites. Pour
atteindre cet objectif de l'apprentissage de l'orthographe par les apprenants
à travers les activités de lecture, il revient aux enseignants de
leur accordé un temps suffisant.
3.2- Revue critique de la littérature
79
L'acquisition des apprentissages fondamentaux tels que la
lecture, l'écriture, le calcul et le langage oral est l'objectif
prioritaire des enseignements donnés dans les classes dès
l'inscription des apprenants dans les établissements d'enseignement. Ces
apprentissages s'acquièrent progressivement dans les premières
années de la scolarité et se consolident à mesure que les
apprenants franchissent les différentes classes du premier cycle puis du
second cycle qui marque la fin du bloc unique de l'enseignement fondamental au
Mali. Cet apprentissage se fait sur le long terme à travers une
conjonction d'activités de lecture, de grammaire, de conjugaison et de
maniement de l'orthographe lexicale et grammaticale.
Dans cet ordre, l'orthographe d'usage lexical et grammatical
occupe une place importante dans l'enseignement du français et des
autres disciplines. Elle aide à la compréhension, au bon usage et
à la graphie correcte des mots.
L'orthographe française a fait couler et fait couler
beaucoup d'encres. De nombreuses recherches ont révélé la
complexité de cette orthographe et les difficultés liées
à son enseignement et à son apprentissage. Les didactiques de
l'orthographe, de la lecture, de la conjugaison et de la grammaire constituent
des champs d'investigations pour de nombreux praticiens, didacticiens et
chercheurs. Malgré les riches et diverses théories
élaborées par ceux-ci pour faciliter l'enseignement et
l'apprentissage de l'orthographe, les niveaux des apprenants connaissent,
depuis quelques années, une baisse inquiétante dans le maniement
de la langue d'enseignement. Le phénomène de la baisse des
niveaux des apprenants en orthographe lexicale et grammaticale dans
l'enseignement fondamental au Mali prend des proportions inquiétantes
à telle enseigne que des observations remettent en cause le niveau des
enseignants, leur manque de rigueur dans la transmission des compétences
et les effectifs pléthoriques des apprenants. A ces difficultés,
les observateurs font le constat de la détérioration de
l'autorité dans l'espace scolaire et de la situation des apprenants
qualifiés de « partisans du moindre effort »
Face à la multiplicité des raisons
avancées pour expliquer la baisse de niveau des apprenants
consécutive aux difficultés d'apprentissage de l'orthographe, il
nous a paru fondamental de mener des investigations pour comprendre les mobiles
du phénomène inquiétant de la baisse des niveaux en
orthographe. Pour mieux cerner les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe, nous avons choisi une structure d'enseignement public : le
groupe scolaire de Darsalam, dans le CAP de Koutiala. Le cadre de notre nous
permettra de mieux mesurer l'ampleur du phénomène et de proposer
des solutions susceptibles d'améliorer l'apprentissage de l'orthographe
d'usage lexical et grammatical par les apprenants maliens au second cycle de
l'enseignement fondamental.
80
La présente revue critique de la littérature
nous permettra de porter un regard plus étendu sur les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe française à
travers quelques écrits pertinents des certains auteurs. Les
difficultés d'apprentissage, ainsi répertoriées et
analysées nous aideront à comprendre les difficultés
spécifiques des apprenants des 12 à 21 ans du groupe scolaire
second cycle de Darsalam.
En 1948, Grevisse, (rapporté par Sony MAYARD, 2007 : 4)
affirmait, en parlant de l'orthographe française, que « Notre
orthographe est donc difficile ; elle est savante, trop savante. Que ne
s'est-elle libérée, comme l'a su faire celle des Italiens, des
Espagnols, et des Portugais de certaines servitudes étymologiques, qui
l'empêchent si fâcheusement de mieux se conformer à la
prononciation. » Ces propos, tout aussi accablants, selon le terme S.
MAYARD, 2007, expriment toute la complexité de l'orthographe du
français et de son enseignement/ apprentissage. Et les études
effectuées durant ces dernières années se sont
penchées sur l'orthographe, les difficultés liées à
son enseignement et surtout à son apprentissage par des apprenants.
En 2005 les chercheures Danièle Manesse et
Danièle Cogis, bouclaient une enquête, débutée en
1987, sur le niveau orthographique des élèves de 10 à 16
ans. Cette étude comparative du niveau des élèves en
orthographe a permis d'aboutir, à des résultats entre 1987 et
2005 qui « témoignent d'une chute importante du niveau. Les
erreurs ont considérablement augmenté : là où les
collégiens en faisaient huit en 1987, ils en font treize en 2005.
Là où les élèves de CM2 faisaient douze erreurs,
ils en font dix-huit. En 1987, 50 % des élèves faisaient moins de
six fautes. Ils ne sont plus que 22 % en 2005. »72. Cette
chute de 28% du nombre d'élèves faisant moins de six fautes en
moins de vingt ans révèle des difficultés persistantes
d'apprentissage de l'orthographe pour cette tranche d'âge. E. Charmeux,
2007, rapporte que « l'écart entre les résultats des
élèves de 1987 et ceux de 2005 est en moyenne de deux niveaux
scolaires. »73
Les heures qui ont suivi la publication de l'ouvrage de
Danièle Manesse et Danièle Cogis en 2005, intitulé :
Orthographe : A qui la faute ?, de nombreux détracteurs ont émis
le doute sur d'une réelle baisse de niveau des apprenants en orthographe
sur base des dictées. D. Manesse et D. Cogis (2007), donnent trois
raisons pour expliquer les résultats obtenus par les apprenants en
orthographe lexicale et grammaticale. La première raison serait
liée au temps réduit pour
72 Eveline Charmeux-oui ou non peut-on dire que le
niveau en orthographe baisse chez les élèves ? à propos de
l'ouvrage de Danièle Manesse et Danièle Cogis, Orthographe :
à qui la faute ?
http://dcalin.fr/publications/charmeux5.html#haut,
visité le 30 Septembre 2018.
73 Idem. Visité le 30 Septembre 2018.
81
l'étude de la langue, principalement dans ses
dimensions formelles de l'écrit, les théories de
l'énonciation ont fait en sorte que le travail grammatical a
porté davantage sur l'analyse du texte et du discours serait la
deuxième raison. Puis la troisième cause, d'ordre institutionnel,
relèverait de la mauvaise articulation école-collège dans
l'enseignement de l'orthographe et la formation des maîtres, ridiculement
courte, pour ce qui concerne l'étude de la langue. Entre les trois
raisons évoquées, les deux premières retiennent notre
attention, pour la simple raison que l'apprentissage des fondamentaux de la
lecture, de l'écriture, du calcul, pour la plupart des enfants maliens,
commence à l'âge de sept ans et se renforce progressivement
à la fin du bloc unique de l'enseignent fondamental. Ce processus
requiert un temps suffisant accordé dans le maniement de l'orthographe
française en vue d'atteindre une acquisition progressive et optimale des
compétences orthographiques permettant aux apprenants d'éviter le
maximum d'erreurs dans leurs productions écrites. Malgré les
nombreux détracteurs, D. Manesse et D. Cogis, 2007, ont eu le
mérite de donner la sonnette d'alarme sur les difficultés
actuelles d'apprentissage de l'orthographe française dans nos
établissements scolaires.
Par ailleurs, les résultats de nombreuses recherches
permettent d'affirmer que l'orthographe française est incohérente
et inconsistante. A cet titre, M. Fayol, 2006, soutient que « la
difficulté de l'orthographe française vient notamment des mots
inconsistants et des pluriels muets. »74. L'inconsistance
de l'orthographe lexicale tient aux multiples formes qu'un seul mot peut
prendre à l'écrit pour le même son. A titre d'exemple, le
mot « descendent » dans la phrase « Les passagers
descendent du car. », est inconsistant dans son graphème
« scen-» dans la mesure où les apprenants peuvent
l'orthographier :-ssen-ssan-çan-çen-cen- ou encore
-san en tenant compte de la prononciation. Rien ne laisse
envisager une graphie en scen- pour des apprenants qui n'ont pas eu la
possibilité de rencontrer et de mémoriser l'orthographe de ce
verbe. Cette inconsistance est très marquée dans de nombreux
homophones grammaticaux tels que : vers, vert, ver, verre, ou air, aire,
ère et erre que seuls l'usage et le sens permettent
d'identifier et d'orthographier sans faute. Les difficultés de
l'orthographe d'usage grammatical, en général, liées des
pluriels muets des noms, des verbes ou des adjectifs, pour ne citer que
ceux-ci, sont multiples et complexes. La phrase : « Les deux grands
adversaires sportifs se rencontrent dans ce stade depuis une dizaine
d'années. » renferme plusieurs pièges des pluriels
muets qui réclament une connaissance approfondie de l'accord du pluriel
au sein de la phrase. A ce titre que Michel Fayol, 2006, soutient que l'«
orthographe française est truffée de
74Michel Fayol, « L'orthographe
française est une des plus difficiles au monde. Comment les enfants en
déjouent-ils les pièges ? Les difficultés de l'orthographe
» -(c) Cerveau &Psycho - N° 3.
82
pièges. »75, et «
l'une des plus grandes difficultés vient du fait que de nombreux
phonèmes (unités sonores) peuvent être transcrits de
différentes manières. ». Les pièges de
l'orthographe française sont relatifs aux désinences muettes des
verbes ou des noms au pluriel, de la graphie imprévisible de certains
mots. Pour M. Fayol, 2006, « du point vue de la production, le
système orthographique français fait partie avec l'anglais des
deux systèmes les plus complexes. »76 Cet auteur avance trois
raisons pour expliquer les difficultés qui amènent les apprenants
à commettre des fautes :
- primo, « l'orthographe du français
est extrêmement difficile et truffée de pièges »,
elle est « difficile car irrégulière
».
-secundo, « l'orthographe mobilise
différents processus », elle « requiert de
l'attention, de la mémoire, et une bonne maîtrise de la langue
».
- tertio, « une école qui voudrait
mettre l'accent sur l'apprentissage de l'orthographe y consacrerait beaucoup de
temps », or « le temps disponible pour l'apprentissage et la
mise en oeuvre de l'orthographe a diminué » (Michel Fayol in
Kalai Lassaad, 2011 : 210). Aussi, lors des journées de l'ONL, sur le
thème Enseigner la langue : orthographe et grammaire, tenues en
Mars 2006, Michel Fayol, 2006 :58, soutient que « du fait du
caractère irrégulier du système orthographique
français, l'enseignement et l'apprentissage explicites des
correspondances phonèmes graphèmes n'assurent pas des
connaissances suffisantes pour écrire correctement les mots et pour
réaliser les accords. » Cette complexité de la langue
française constitue une difficile d'apprentissage de l'orthographe
lexicale et grammaticale, très irrégulière,
imprévisible et parfois incohérente nécessitant plus de
temps, plus de pression cognitive de la part des apprenants et plus de
clarté de la part des enseignants dans la transmission des règles
de grammaire et de conjugaison socle d'une acquisition et d'une consolidation
des compétences à l'écrit. La complexité,
l'inconsistance et parfois l'incohérence de l'orthographe
française sont des obstacles majeurs à la maitrise de
l'orthographe par les apprenants. Ces difficultés ont fait l'objet de
nombreuses recherches.
Selon Nina Catach, 1980, les lettres muettes, en
français, représentent environ 12 à 13% des
graphèmes écrits. Cette théorie est reprise par Kathy
Wilkinson, 2009 :32, qui affirme « l'existence des lettres muettes
constitue un obstacle dans le processus d'apprentissage de l'orthographe
». Pour Brissaud et Besssonat, (2001 p.150), la grande
difficulté, qui rend
75 Michel Fayol- « L'orthographe
française est une des plus difficiles au monde. Comment les enfants en
déjouent-ils les pièges ? Les difficultés de
l'orthographe. » -(c) Cerveau &Psycho - N° 3.
76Michel, Fayol- L'orthographe et son
apprentissage, Les journées de l'ONL, Enseigner la langue :
orthographe et grammaire, mars 2006.
83
l'orthographe du français particulièrement
opaque, réside dans le fait que sa morphologie est largement silencieuse
: les marques ne s'entendent pas. Il s'ensuit que le scripteur privé du
secours de l'oral pour décider de la distinction des lettres
morphologiques le plus souvent muettes (-s, -t, e, notamment) doit recourir
à un calcul nécessairement couteux. Avec l'habitude, l'exposition
à des patrons syntaxiques dominants va le conduire à traiter de
manière automatisée la distribution des marques d'accord conduire
à traiter de manière automatisée la distribution des
marques. Les cas des pluriels muets en -s, -x, ou -z, pour ne retenir
que ceux-ci, constituent des entraves à certains accords grammaticaux.
Certains groupes tels : bisou caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou,
dont la marque du pluriel est en -x recommandent de la part des
apprenants une mémorisation et un usage permanent des mots qui pour
être au pluriel doivent curieusement porter d'autres marques. Selon Nina
Catach, 1989 in LEGROS Georges et MOREAU Marie-Louise, 1990 : 36, «
L'x des sept pluriels en -oux (...) n'est qu'un grigri ridicule, fantaisie
abréviative pour -us au Moyen-âge, dont la conservation depuis dix
siècles tient du miracle de Lourdes. (...) On dresse nos enfants
à adorer ces bêtises, au point qu'ils en demeurent tout
rassotés comme Thomas Diafoirus. Il est temps, grand temps, de ravaler
ces façades, de dégager les lignes élégantes de
l'architecture d'ensemble, de rejeter ces superstitions d'un autre âge
pour une religion plus raisonnable. »
Ces caractères silencieux et imprévisibles des
désinences qui marquent la fin des mots représentent des risques
importants d'erreurs pour des apprenants dans la graphie des mots
inconsistants, et imprévisibles dont la maitrise réclame une
bonne transmission des règles de grammaire et de conjugaison et une
pratique régulière de la lecture source d'acquisition, en
particulier, de l'orthographe lexicale.
Angoujard, 1994 p 7, l'orthographe française provoque
souvent des effets de blocage, chez les maitres comme chez les
élèves à telle enseigne qu'écrire sans faute
constitue un défi majeur pour de nombreux usagers. Ces effets de blocage
résident dans son inconsistance qui conduit de nombreux apprenants
à faire des fautes erronées dans leurs productions
écrites, notamment lors des évaluations. Kathy Wilkinson, 2009 :
7, va plus loin en affirmant que l'orthographe grammaticale est «
source de conflits chez les apprenants et c'est au collège que ces
tensions deviennent de plus en plus importantes. ». Mal orthographier
le pluriel d'un nom, d'un adjectif, ne pas réussir l'accord d'un verbe
et revoir sa copie de dictée remplis de traces de Bic rouge crées
des sentiments d'impuissance, d'insécurité et de
mésestime. C'est au niveau du collège où les apprenants
doivent consolider leurs acquis en orthographe et orienter leur choix pour des
études dans l'enseignement secondaire général, technique
et professionnel. Or, leurs faiblesses
84
notoires, dans l'expression orale et surtout dans la graphie
des mots, créent des sentiments d'impuissance et
d'insécurité.
Christian SURCOUF, (2011), relève qu'à la
difficulté de l'apprentissage de la langue se greffe celle de
l'acquisition de l'orthographe, notamment de sa lecture chez les apprenants du
Français Langue Etrangère (FLE). La dualité de cette
difficulté d'apprentissage de l'orthographe impose aux apprenants une
stratégie d'apprentissage qui prend en compte la maitrise de la lecture
expressive et permanente et la graphie des mots en respectant les accords, le
tout fondé sur un objectif d'apprentissage. Pour des apprenants
engagés dans le processus d'apprentissage de l'orthographe, il est
fondamental qu'il ait un temps suffisant de lecture au cours de laquelle ils
auront l'opportunité de mettre non seulement en oeuvre leur intelligence
visuelle pour enregistrer la graphie des mots mais aussi leur intelligence
cognitive pour comprendre, apprendre et stocker un certain nombre de mots dont
ils se serviront lors des productions écrites. Karine Bonnal, 2016 : 8,
rapporte que dans l'apprentissage de l'orthographe, la «
multiplicité de tâches entraine une surcharge cognitive, avec des
difficultés accrues notamment selon la position des mots et la longueur
de la chaine d'accord. » Par conséquent, l'acquisition des
compétences orthographiques se réalise sur le long terme, dans la
pratique constante des activités de lecture, de grammaire et de
conjugaison. Or, il est difficile pour des apprenants qui ne maitrisent pas la
lecture et qui ne disposent pas d'un temps suffisant consacré à
cette activité ou qui ne bénéficient pas d'une
transmission claire des règles de grammaire et de conjugaison
d'acquérir des compétences orthographiques. Il est d'autant plus
important de consacrer plus de temps à la lecture et d'habituer les
apprenants au maniement de l'orthographe des mots lors des leçons de
grammaire et de conjugaison quand il s'agit des apprenants pour lesquels
l'école est le principal lieu d'acquisition du savoir-orthographier
correctement des mots.
Bara, 2004, soutient que « l'apprentissage de
l'écrit repose sur trois pieds : la connaissance des lettres, la
conscience phonologique et le vocabulaire.»77. Ces
différentes étapes de l'apprentissage de l'orthographe lexicale
et grammaticale s'appuient sur une coordination des activités de
lecture, de grammaire et de conjugaison. Si les séances de lecture
soutenue permettent aux apprenants de visualiser, de prononcer et de
mémoriser l'orthographe d'usage lexicale des mots, la meilleure
transmission des règles de grammaire et de conjugaison permet de
consolider les compétences en orthographe grammaticale. Cette approche
dans l'apprentissage de l'orthographe demande une coordination entre les
différentes activités ci-
77 Michel Fayol-compte-rendu de conférence,
apprendre et utiliser l'orthographe du français du C.P au C.M.2.
85
dessus énumérées. A ce titre, Michel
Fayol, 2006 : 60 soutient que « lorsque la lecture d'un mot permet
à la fois son décodage et le maintien de l'ensemble de ses
constituants (lettres, mêmes celles qui sont muettes) dans une
focalisation unique de l'attention, la forme de ce mot peut être
stockée en mémoire. » Dans la pratique courante de la
lecture, le lecteur apprend l'orthographe d'usage lexical par l'attention qu'il
porte sur la graphie des mots qu'il rencontre. Il apprend par le principe de
décodage et d'encodage des mots. Reuter, 2000, et Routman 2009,
soutiennent qu'il existe une corrélation entre les performances des
élèves en écriture et en lecture et les pratiques
enseignantes gagnantes. Ils considèrent que ces pratiques jouent un
rôle important et peuvent aider les élèves, même en
difficulté, vers un apprentissage réussi du lire-écrire.
Cet auto-apprentissage de l'orthographe lexicale ou grammaticale n'est possible
que lorsque les apprenants disposent d'un temps suffisant de lecture leur
permettant de visualiser les nouveaux mots, d'identifier leur nature, de
comprendre leur graphie avant de les stocker dans la mémoire afin de
s'en servir en cas de besoin. Pour atteindre cet objectif, Rakia Laroui,
Magalie Morel et Stéphanie Leblanc, 2014, rappellent la théorie
socioconstructiviste de l'apprentissage qui soutient que la «
tâche de médiation de l'enseignant qui doit interagir avec
l'élève pour le supporter et l'accompagner dans son apprentissage
[...j » constitue une phase importante dans l'acquisition de
l'orthographe lexicale à travers la pratique de la lecture et de
l'orthographe grammaticale à travers la meilleur transmission des
règles de grammaire et de conjugaison.
Evelyne Charmeux, 2007 : 2, rapporte deux difficultés
majeures dans l'apprentissage de l'orthographe française. La
première difficulté repose sur une « hypothèse
linguistique qui pose que l'orthographe transcrit majoritairement la
prononciation. »78, tandis que la deuxième s'appuie
sur « une hypothèse pédagogique qui pose que
l'orthographe transcrit majoritairement le sens ». Ces
difficultés d'ordre linguistique et pédagogique dans
l'apprentissage de l'orthographe française requièrent non
seulement une attention accrue de la part des apprenants mais aussi une
clarté dans la transmission de règles de de grammaire et de
conjugaison.
Champoux Ménaïc, 2011 : 10, rapporte une
étude menée par Marie-Claude Boivin et Reine Pinsonneault, 2011,
que « 15 % de toutes les erreurs de langue qui peuvent être
attribuées à l'orthographe des homophones. » Dans son
étude, il fait ressortir l'importance des difficultés
orthographiques chez les élèves du secondaire
québécois et mis en relief la proportion de ces erreurs
attribuées à l'orthographe des homophones. L'orthographe
française renferme de
78 Eveline Charmeux-Grammaire, Conjugaison et
Orthographe, Les modèles théoriques,
www.occe.coop/--ad03/spip.php/article49. Visité le 30 Septembre
2018.
86
nombreux homophones grammaticaux dont chacun a une histoire
pour justifier sa graphie. Les maîtres de français usent de
nombreuses astuces pour aider les apprenants à les identifier et
à les orthographier sans erreurs. A titre d'exemple, la phrase : «
Le docteur se dirige vers le verre vert contenant un ver destiné
à l'étude. » contient les homophones grammaticaux :
vers (la direction), verre, (récipient), vert, (la couleur) et ver
(petit animal au cops mou). Cet usage astucieux de ces homophones
grammaticaux dans une même phrase aide les apprenants attentifs à
retenir l'orthographe lexicale sur la base du sens de chaque homophone. Pour le
même son, le scripteur peut transcrire quatre mots dont les graphies sont
différentes. Cette méthode d'enseignement et d'apprentissage de
l'orthographe lexicale une clarification des concepts de la part de
l'enseignant mais nécessite, de la part des apprenants, une conjonction
d'activités de vision, de compréhension, d'indentification, de
mémorisation et de graphie des mots.
Au chapitre de la conjugaison des verbes, Abderrazac AMARA,
2001, soutient que les élèves Algériens de
1ère A.S., « influencés par la langue
maternelle, [nos apprenants] commettent beaucoup d'erreurs de temps verbaux :
tantôt ils confondent le présent avec le passé, l'imparfait
avec le passé composé ; tantôt ils utilisent l'infinitif au
lieu de conjuguer le verbe. Les erreurs de conjugaison ne manquent pas dans
leur production. ». Ces « erreurs d'interférence
» selon sa terminologie conduisent les lycéens de
1ère A.S. à commettre des erreurs telles que : «
Il était voyagé », « Il était
nagé » ou « J'était partir. »
ou encore « J'étais faire. ». Les productions
des élèves a permis à A. AMARA, 2014, de
répertorier des « Erreurs de type intra lingual (certains
emplois erronés à l'imparfait à la place du passé
composé et vice-versa). » et celles « de type
interlingual (emploi du présent à la place de l'un des temps du
passé) ». Cet auteur identifie le facteur linguistique et le
facteur pédagogique pour expliquer les erreurs commises par les
élèves. Cet auteur soutient en premier lieu que l'existence, en
français, de plusieurs temps du passé dont l'imparfait et le
passé composé (et le passé simple) avec des valeurs et des
emplois différents constituent un facteur de perplexité pour les
apprenants algériens. Ceci explique leur tendance, soit à
généraliser, soit à simplifier l'utilisation de ces temps.
Puis l'articulation entre la valeur temporelle des temps verbaux et celle des
indicateurs chronologiques explicites reste souvent implicite. Ceci provoque
une confusion chez nos élèves quant à l'emploi de certains
indicateurs. . Si, dans le cadre de notre étude, nous ne disposons pas
d'indice permettant d'affirmer le degré d'influence des langues
maternelles avec l'orthographe française, (le Mali compte treize langues
nationales mais plus de langues maternelles,), les erreurs commises par les
apprenants dans la graphie des désinences des verbes
révèlent d'une mauvaise transcription des terminaisons des verbes
aux différents temps. Ces erreurs sont consécutives à une
mauvaise transmission des terminaisons des verbes,
87
notamment à l'imparfait de l'indicatif. En effet les
erreurs commises par les apprenants dans leurs productions démontrent
une méconnaissance pour certains et une confusion pour d'autres des
terminaisons des différents groupes de verbes à l'imparfait de
l'indicatif. Ce qui permet de déduire que les terminaisons des verbes
à l'imparfait de l'indicatif ne sont mal transmises par les enseignants
et mal ou pas comprises par les apprenants. Cette mauvaise transmission les
place dans une situation de doute orthographique et les amène à
commettre des erreurs grammaticales dans les terminaisons des verbes à
l'imparfait de l'indicatif. Lorsqu'« un mot sur quatre ou cinq est un
verbe en français. »79, comme le soutient Nina
Catach, 1995, rapportée par Christian SURCOUF, 2011, savoir accorder
correctement les désinences des verbes à un temps et apprendre
l'orthographe grammaticale constitue l'un des défis auquel sont
confrontés les apprenants du groupe scolaire second cycle de
Darsalam.
Si Koughougli, cité par Harzelli Assia, 2010 : 24
soutient que « le principe fondamental de l'écriture arabe est
que la graphie normale d'un mot reflète exactement sa prononciation.
», ce qui n'est pas le cas dans le système français,
J.L.Maume, 1973 : 92 affirme que les déficiences orthographiques, la
confusion de mots entraînent contresens ou, non-sens non pour raison
d'ignorance de la règle, elles proviennent simplement des carences
phonétiques de l'arabe par rapport au système du français.
Cette différence entre les deux systèmes de langue constitue une
entrave à l'apprentissage de l'orthographe française par des
apprenants arabophones.
Dans cet ordre d'idée, Abusharifa, Yousra, 2011,
relève chez les apprenants palestiniens « une incapacité
à développer un système d'associations phonographiques qui
suppose une double opération : associer et dissocier la phonie et la
graphie. » Ces apprenants d'âge disparate de 11 à 45 ans
dont certains au niveau de Licence, font face, selon cet auteur, aux
difficultés d'« identification des phonèmes dans la
mesure où la forme sonore d'un mot en évoque un autre qui n'a
parfois hélas aucun lien avec le premier. ». Ces
difficultés de graphie de l'orthographe lexicale les conduit à
commettre des erreurs telles que : « examin » au lieu de «
examen », ou « painture » au lieu de « peinture ».
Selon cet auteur, les difficultés résident dans la
différenciation entre « le système vocalique du
français » qui a beaucoup de voyelles dont « la
majorité s'articule dans la partie antérieure de la bouche, alors
que le système phonique de la langue arabe est considéré
comme étant postérieur. »80. Les erreurs
telles : « Il est intilligent. »
79 SURCOUF Christian -Travaux neuchâtelois de
linguistique, 2011, 54, 93-112 L'enseignement et l'apprentissage de la
conjugaison en FLE: comment réduire les difficultés
engendrées par l'orthographe? École de français
langue étrangère (EFLE), Université de Lausanne,
Faculté des lettres UNIL.)
80 Abusharifa Yousra, 2016, Les difficultés
spécifiques du français pour les élèves
palestiniens
DOI : 10.13140/RG.2.1.2823.7843.
https://www.researchgate.net/profile/yousra_abusharifa.
Visité le 02 Octobre 2018.
88
au lieu de « Il est intelligent. » ou « Il est
vriment très sympa. » au lieu de « Il est vraiment sympa.
», ou encore « J'ai acheté beaucoup de vitements. » au
lieu de « J'ai acheté beaucoup de vêtement » commises
par les apprenants dans leurs productions et rapportées par Abusharifa,
Yousra, sont caractéristiques de cette incompatibilité entre les
systèmes orthographiques français et arabe. Si pour les enfants
palestiniens de telles erreurs s'expliquent par la différence des
systèmes vocaliques entre le français et l'arabe, celles commises
par les apprenants du groupe scolaire second cycle de Darsalam relèvent,
en grande partie, d'une méconnaissance de l'orthographe d'usage lexical
et grammatical.
Eveline Charmeux, 2007, rapporte les propos de l'équipe
INRP de Nancy, 1981, qui affirme que la performance orthographique constituait
pour l'enfant une épreuve complexe et délicate. L'enfant qui
écrit doit réaliser d'une manière constante et continue
une synergie de fonctions mentales exigeant de sa part une tension psychique
élevée. Jean Pierre Jaffré 1997, évoque cette
complexité de l'orthographe française, en soutenants que la
"mixité" de l'orthographe du français pèse de tout son
poids sur la manière dont les élèves appréhendent
le fonctionnement du système, car elle leur offre un éventail
problématique de possibilités fonctionnelles (notation de
phonèmes, de syllabes, de morphèmes, de lexèmes).
Fondamentalement, les systèmes d'écriture oscillent entre deux
tendances, selon le principe dominant qui les structure, principe
phonographique ou principe sémio graphique. Danièle Cogis, 2001,
ajoute qu'en français, les deux principes sont particulièrement
intriqués, rendant l'ensemble et le détail des plus opaques.
Michel Fayol et Largy, 1992, cités par Danièle Cogis 2001,
soutiennent que c'est cette complexité qui provoque une tension
cognitive chez les apprenants et qui avance qu'une partie des erreurs
s'expliquerait par ce que la psychologie cognitive appelle la surcharge
mentale et qui tient aux capacités limitées de la
mémoire de travail (est aussi La pratique constante de la lecture est
une activité précieuse d'acquisition de l'orthographe lexicale.
Face à la complexité de l'orthographe et à la
multiplicité des notions à retenir, « il leur (les
apprenants) est difficile, en effet, de veiller à tous les aspects du
texte en même temps, de l'inventio au respect des normes
linguistiques, à un âge où tout est en germe : ils n'ont
pas encore eu le temps d'intérioriser la nécessité sociale
des conventions ; ils n'ont pas encore toutes les connaissances orthographiques
; ils n'ont pas encore développé une compétence de
révision des textes.81». Danièle Cogis, 2001. Il
convient d'accorder plus de temps aux apprenants pour parvenir à un
apprentissage, tant soit peu acceptable, du savoir-orthographier les mots dans
une phrase.
81 Op. Cité. Visité le 26 Septembre
2018.
89
Face à une orthographe complexe, incohérente et
imprévisible qui conduit les apprenants à commettre de nombreuses
erreurs dans les productions écrites, hypothéquant ainsi leur
chance de réussir, la première préoccupation du praticien
c'est : comment peut-il rendre son enseignement plus efficace ? A ce titre
Danièle Cogis, 2005 : 144, soutient que « si les fautes
persistent c'est que les conceptions qui en sont l'origine persistent.
L'enseignement traditionnel de l'orthographe ne s'occupe pas des raisonnements
des élèves. La seule technique proposée, c'est
répéter. » La stratégie consiste, ici, à
rechercher avec les apprenants et sur la base de leurs productions leurs
conceptions de la graphie des mots, afin de proposer des solutions qui les
aiderai à mieux maitriser l'orthographe conformément à
leur niveau d'apprentissage. Et selon la théorie de Anne-Marie BARDI ;
Myriem BOUZAHER et Al., 2005 : 66, « quand on est élève,
savoir ce que l'on va apprendre ou apprendre à faire avant de s'y
engager, savoir ce qu'il convient de retenir ou d'être capable de
réaliser à la fin, c'est avoir les moyens de progresser, non pas
en suivant aveuglément le chemin du professeur mais en étant
conscient du but à atteindre et en appréciant la
difficulté des étapes et le franchissement des obstacles.
» Ces auteurs concluent que « l'objet de l'enseignement est
l'apprentissage des élèves. » Aussi, l'enseignement et
l'apprentissage de l'orthographe sera plus efficace si les apprenants «
peuvent découvrir progressivement les principales
caractéristiques. »82 et s'en servir dans leur
« activité de production de textes écrits et dont il
s'agit de s'assurer une maitrise raisonnable. 83». Ce qui
doit nous amener à nous « affranchir du poids des traditions
scolaires et mettre enfin l'orthographe à sa juste place : importante
mais seconde. » selon le terme de Agoujard, 1994 : 7.
Bessonat, Corday et Ducard, 2002, mettent en garde qu'un
enseignement des règles d'orthographe ne suffit pas à
résoudre des difficultés qui relèvent davantage du
maniement que du savoir. Cet « enseignement déclaratif
» est certes important mais insuffisant pour permettre aux apprenants
de rentrer dans l'univers des privilégiés qui savent
orthographier avec moins d'erreurs dans leurs productions écrites. Dans
le cadre de l'acquisition des compétences de l'orthographe du
français par les apprenants, Georges, 1988, rapporté
Danièle Cogis, 2001, rappelle que la psychologie cognitive distingue les
connaissances déclaratives (rattachées aux savoirs) des
connaissances procédurales (rattachées aux savoir-faire). Les
premières énoncent des faits, des propriétés, des
règles d'action ; les secondes se manifestent dans les comportements ;
il n'y a pas de continuité entre ces deux types de connaissances,
même si les
82 Angoujard, 1994, cité par Karine Bonnal,
2016, p.10.
83 Angoujard, 1994, cité par Karine Bonnal,
2016, p.10.
90
secondes peuvent s'appuyer sur les premières.
Danièle Cogis, 2001, conclut que les élèves peuvent donc
être capables d'énoncer une règle, mais ne pas être
capables de l'appliquer. Le postulat de toute bonne application des
règles de grammaire ou de conjugaison est que « la
compréhension précède de beaucoup la production - le
savoir ce qu'il faut faire avant le savoir-faire effectif. Si par contre, les
apprenants ne comprennent pas les règles que les maîtres leur
expliquent à cause de leur mauvaise transmission, il est très
aléatoire de leur demander d'orthographier sans les fautes les mots
qu'ils rencontrent dans leurs productions écrites.
Ce qui laisse comprendre que l'enseignement de l'orthographe
doit reposer sur des activités pratiques, le maniement de la graphie des
mots : verbes, noms ou adjectifs par des apprenants eux-mêmes en vue
d'une maitrise progressive et efficace de la langue orale et surtout de la
langue écrite qui dévoile leur niveau réel dans les
productions écrites. Ces auteurs cités par Kathy Wilkinson, 2009
: 7, soutiennent qu'« Il est nécessaire de changer de
perspective et de partir des productions et des stratégies des
élèves. Cela exige un travail plutôt classique sur le
produit (repérage et classification des erreurs) et une pratique de
l'entretien d'explicitation destinée à éclaircir les
cheminements qui peuvent conduire aux erreurs et aux logiques sous-jacentes.
» Ce changement de stratégie dans la transmission des notions
d'orthographe consiste à met en contribution les apprenants, comme nous
avons précédemment évoqué, car ce sont eux qui
commettent les erreurs et il est très aléatoire de proposer des
solutions sans mettre comprendre les mécanismes de
référence pour écrire avec des erreurs.
C'est ce que soutiennent L. Pelletier et E. Le Deun, 2004,
lorsqu'ils affirment que c'est en conférant à tous les
élèves cette capacité à agir et à
réfléchir ensemble sur les problèmes d'orthographe que les
enseignants pourront les aider à repérer leurs erreurs et en
analyser les causes, à développer leur écoute et leur
attention, à acquérir des représentations sur les mots et
les textes, à intégrer des informations nouvelles et à les
réinvestir, à mémoriser les formes rencontrées sur
le long terme, à raisonner, à accroître le nombre et
l'efficacité de leurs stratégies. C'est travers cette
méthode et à cette seule condition que l'enseignant peut
s'assurer de l'adhésion de l'apprenant dans le processus
d'enseignement/acquisition de l'orthographe à travers un temps suffisant
accordé à la lecture et une transmission efficace des
règles de grammaire et de conjugaison. En matière d'apprentissage
de l'orthographe française, Jaffré, Bessonnat, 1993, soutiennent
que la multiplicité de tâches entraine une surcharge cognitive,
avec des difficultés accrues notamment selon la position des mots et la
longueur de la chaine d'accord. Cette tension cognitive est d'autant plus
grande que pour des apprenants les apprenants qui passent d'une classe à
l'autre avec des tares amènent des nombreux praticiens à se
demander « comment certains élèves sont parvenus
à un niveau d'étude ? »
91
Il revient donc à l'enseignant de comprendre et de
prendre en compte ces différents paramètres pour conduire
efficacement l'apprenant vers une acquisition sûre et progressive des
compétences orthographiques. Cela ne saurait se réaliser sans une
méthode de transmission efficace qui implique les apprenants au coeur de
la graphie des mots.
De toute évidence, les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe inhérentes à la
complexité de la langue française constituent une obsession pour
de nombreux praticiens, élèves et parents. Cette obsession est
résumée par un constat inquiétant de Monsieur Amadou
Sanogo, 2018, ancien conseiller pédagogique au CAP de Koutiala,
lorsqu'il affirme que la sous-discipline du français qu'est
l'orthographe, est devenue un véritable cauchemar pour nos
élèves tant leur contre-performance, fort, inquiétante et
préoccupante semble anormalement se pérenniser. En amont de ces
contre-performances en orthographe se trouve la non maitrise de la lecture
consécutive à l'insuffisance du temps accordé aux
apprenants, la mauvaise transmission des règles de grammaire et de
conjugaison puis en aval les piètres notes obtenues par les apprenants
dans leurs productions écrites, notamment en dictée, la
détérioration de leurs niveaux, l'échec scolaire.
La deuxième difficulté d'apprentissage de
l'orthographe réside dans la mauvaise transmission des règles de
grammaire et de conjugaison. Le constat, in situ, révèle
que les enseignants de français portent le titre de la leçon au
tableau sans en énoncer oralement ou par écrit l'objectif de la
leçon, comme le recommande la méthode de préparation et
d'exécution des leçons selon la pédagogie par objectif.
Nous notons que beaucoup d'enseignants trouvent la méthode de
préparation et d'exécution des leçons par objectif (OPO),
rigoureuse, exigeante et augmente leurs tâches avec ses multiples
objectifs spécifiques et d'objectifs intermédiaires à
chaque étape de la leçon. Il ressort que de nombreux enseignants
n'ont jamais bénéficié d'une formation continue dans ce
domaine. Face à ces difficultés, ils adoptent la méthode
de transmission la moins contraignante, la moins efficace, celle qui consiste
à donner des explications théoriques, sur le modèle
transmission-écoute passive et incompréhension des notions
transmises de la part des apprenants. Il en résulte un
désintérêt total de la part de ceux pour lesquels
l'enseignement est donné, avec son corolaire de mal
compréhension, de retard dans l'apprentissage de l'orthographe toujours
repoussé, sine die.
Ainsi, sur la base de deux ou trois phrases produites par
l'enseignant dans un corpus, le maître explique la notion à
enseigner. Les élèves répondent à quelques
questions sans prendre part véritablement à l'application des
règles à travers la multiplication des exercices pratiques qui
92
les impliquent au coeur de l'apprentissage. Les explications
théoriques sont suivies d'un résumé que les apprenants
transcrivent dans leur cahier avec de nombreuses fautes. La contribution de
l'enseignant dans cet apprentissage à court, moyen ou long doit
être fondée sur sa capacité de transmission des
règles de façon compréhensible quel que soit le niveau des
apprenants. L'absence d'une « évaluation formative »,
« corrective », « nivéllatoire », «
continue » ou « critériée »
selon les termes de Touhami Ladjili, (2009) rend aléatoire la
compréhension des règles qui se fonde beaucoup plus sur le
maniement de la graphie que sur la théorie. Car il s'agit, pour les
apprenants, d'apprendre à apprendre les compétences de
l'orthographe dont il fera bon usage tout au long de son cursus.
Arnaud Hoedt et Jérôme Piron842018,
anciens professeurs de français de Wallonie Bruxelles, affirmaient dans
une tribune du journal Libération que « les règles
d'accord du participe passé actuelles sont obsolètes et
compliquées jusqu'à l'absurde. »85 et que
leur enseignement n'est qu'une perte de temps. Ces auteurs soutiennent qu'il
serait tellement plus riche de le (le temps) consacrer à
développer du vocabulaire, apprendre la syntaxe, goûter la
littérature, comprendre la morphologie ou explorer l'étymologie,
bref, à apprendre à nos enfants tout ce qui permet de
maîtriser la langue plutôt qu'à faire retenir les parties
les plus arbitraires de son code graphique.86 Ces récents
débats autour de la simplification de l'orthographe française en
Wallonie Bruxelles portaient sur l'accord du participe passé
employé avec l'auxiliaire « avoir », ses complexes et
absurdes exceptions de « verbes exclusivement, essentiellement ou
accidentellement pronominaux. »87.
En somme, les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe évoquées dans ce chapitre, relèvent de la
complexité de la langue française qualifiée de «
plurisystème », de « systèmes
intereliés »88 par les uns, d'« opaque »,
« truffée des pièges »89, «
retorse et byzantine. »90, par les autres. A ces
difficultés d'apprentissage inhérentes à la langue
française et à son orthographe viennent se greffer l'inadaptation
des méthodes de transmission théorique des règles de
grammaire et de conjugaison, l'insuffisance du temps accordé aux
apprenants lors des séances de lecture afin de leur permettre, tant soi
peu, de se familiariser avec l'orthographe lexicale et apprendre à
manier
84 Anciens professeurs de français de Wallonie
Bruxelles.
85
www.liberation.fr/debats/2018/09/02/les-repes-que-j-ai-mangé-un-nouvel-accord-pour-le-participe- passe_1676135,
Visité le 25 Septembre 2018.
86 Tribune de Libération « Les
crêpes que j'ai mangé » : un nouvel accord pour le participe
passé, 2 Septembre 2018, 20h46.
87 Bon usage de Grevisse, Info/Tribune de
Libération, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, anciens
professeurs de français, 02 Septembre 2018.
88 Nina Catach, 1990, citée par Karine Bonnal,
2016, p.7.
89 Michel Fayol- L'orthographe française est
une des plus difficiles au monde. Comment les enfants en déjouent-ils
les pièges ? (c) Cerveau & Psycho - N° 3, p.1.
90 Danièle Manesse, 2007, citée par
Karine Bonnal, 2016, p.7.
93
la graphie des mots dans des productions écrites. Si la
maitrise de l'orthographe est un facteur de réussite scolaire, faire de
nombreuses erreurs d'orthographe lexicale et grammaticale dans les productions
écrites, notamment la dictée notée, révèle
des difficultés d'apprentissage qui entrainent des sentiments de
mésestime et d'impuissance de la part de nombreux apprenants, sentiments
qui se résument à travers un de leurs témoignages
recueillis lors de nos investigations, « Moi, je suis abonné
aux zéros en dictée. (Rire) »
Pour la plupart des apprenants du groupe scolaire second cycle
de Darsalam, la première difficulté réside de la non
maitrise de la lecture consécutive à l'insuffisance du temps qui
leur est accordé. La majeure partie de ces élèves
prononcent difficilement les mots ce qui rend difficile leur identification,
leur mémorisation et leur graphie dans les productions écrites.
De nombreux apprenants ont accusé des insuffisances en lecture dans les
classes antérieures à telle enseigne que certains ont de la peine
à lire correctement une phrase dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème
années. Face à une telle situation, il apparait difficile pour
les apprenants qui ne disposent que de très peu de temps de lecture
puissent orthographier sans erreurs les mots qu'ils ont à peine vus lors
des heures consacrées à cette activité. Il ressort qu'une
grande majorité des apprenants qui ne savent ni lire, ni parler ni
orthographier sans erreurs des mots. L'activité de lecture : lecture
expliquée et suivie dirigée91, qui devrait être
une opportunité pour les apprenants de corriger des insuffisances
accumulées pendant des années et maitriser l'orthographe d'usage
lexical, est exécutée à la sauvette par les maîtres
de français au nom de l'achèvement d'un programme, laissant ainsi
très peu de chance à ceux qui devraient visualiser, comprendre et
apprendre à orthographier certains mots qu'ils garderaient dans leur
mémoire et ferrait usage en cas de besoin..
De nombreuses études permettent d'affirmer que la
pratique régulière et consistante de la lecture permet d'enrichir
le stock de l'orthographe lexical des praticiens. Les séances de lecture
faites en classe ont pour objectif, non seulement, de renforcer les
capacités des apprenants en expression orale par la découverte et
l'emploi de nouveaux mots dont les sens sont donnés dans la partie
vocabulaire et exploités dans le volet grammaire et orthographe, mais
surtout l'apprentissage des compétences en orthographe à travers
la section orthographe et conjugaison des textes proposés. Même si
certaines études, notamment, celles de Morin M.-F, 2005, cités
par Kalai Lassaad, 2011 : 102, ont montré que « lire c'est
bien, c'est nécessaire, mais ce n'est pas suffisant. »
92, pour permettre d'acquérir une bonne orthographe, les
avantages que les
91La lecture à elle seule compte trois
heures par semaine, dont une heure de lecture expliquée et deux heures
de lecture suivie dirigée, soit la moitié de la masse horaire du
français.
92 Morin M.-F, 2005, cité par Kalai Lassaad,
2011, p.102.
94
apprenants peuvent tirer d'une pratique consistante de la
lecture en classe pour apprendre, l'orthographe lexicale n'est plus à
démontrer. Cet auto-apprentissage de l'orthographe par la lecture
intervient dans la seule condition que les apprenants disposent d'un temps
suffisant de pratique de la lecture à l'école, car, de toute
évidence, de nombreuses observations affirment qu'ils ne lisent pas en
dehors du domaine scolaire.
Ces difficultés d'apprentissage l'orthographe
auxquelles sont confrontées les apprenants du groupe scolaire second
cycle de Darsalam, dans le CAP de Koutiala, imposent l'adoption de nouvelles
stratégies d'enseignement fondées sur l'élaboration des
objectifs précis d'acquisition de compétences orthographiques sur
la base d'un socle de connaissances et de compétences à chaque
niveau d'enseignement. Pour ce faire, il convient d'accorder aux apprenants de
heures entières de lecture systématique pour leur permettre de
découvrir, de visualiser et de mémoriser l'orthographe de
certains mots qu'ils rencontrent dans les textes et d'adopter une
stratégie participative des apprenants dans la graphie des accords
grammaticaux au cours des leçons de grammaire et de conjugaison.
Nous nous joignons à Nina Catach, 1978, qui affirme que
l'orthographe du français est une orthographe difficile, et le restera,
et que « bien orthographier nécessite de connaitre toutes les
formes d'un mot, de connaitre les marques grammaticales propres à chaque
classe de mots, mais aussi d'avoir conscience des relations syntaxiques que ce
mot entretient avec les autres (de combinaison ou de dépendance)
», selon la théorie de D. Manesse et D. Cogis, 2007, p.101. La
complexité, l'incohérence et l'inconsistance de l'orthographe
sont indéniables, le dire relève du truisme, tant les
résultats des recherches, dans ce domaine, ces dernières
années, ont été concluants ! Aucune réforme ne peut
simplifier cette orthographe. Le seul défi qui s'impose aux praticiens
et aux didacticiens est l'adoption de stratégies innovantes de
transmission des savoirs pour une meilleure acquisition des compétences
orthographiques par les apprenants. Des stratégies innovantes qui
prennent en compte le niveau des apprenants ; les notions à transmettre,
leurs objectifs spécifiques, les fautes commises par les
élèves et le cumul de compétences que cet enseignement
peut faire acquérir.
Cette investigation menée sur les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans une structure scolaire d'enseignement
public : le groupe scolaire second cycle de Darsalam, dans le Centre
d'Animation Pédagogique (CAP) de Koutiala, auprès des
enseignants, des élèves, qui constituent une partie de notre
échantillon mais aussi auprès des enseignants de français
à la retraite, du conseiller pédagogique nous permet de
comprendre un pan important du cas typique du Mali.
95
A travers le chapitre suivant, nous présenterons,
analyserons les données de recherche et interpréterons les
résultats d'enquête sur le terrain.
Chapitre IV : Présentation, analyse des
données et interprétation des résultats d'enquête
sur le terrain.
Dans les chapitres précédents, nous avons
évoqué les difficultés d'apprentissage de l'orthographe ;
difficultés liées, à sa nature et considérée
comme l'une des plus difficiles au monde, du fait de son opacité aux
méthodes de transmissions théoriques des règles de
grammaire et de conjugaison et un temps de lecture insuffisant accordé
aux apprenants qui ne leur permet pas d'acquérir des compétences
en orthographe d'usage lexical ou grammatical (Jaffré, 1999).
Dans ce chapitre, nous présenterons les
résultats bruts des données recueillies sur le terrain
d'enquête. Il s'agit notamment des données recueillies suite au
questionnaire adressé aux élèves, celles de l'entretien
réalisé auprès des maitres de français du groupe
scolaire second cycle de Darsalam, du conseiller pédagogique de
français, des enseignants de français à la retraite. Nous
présentons les données de l'observation directe des leçons
assurées par des maîtres de français en lecture, en
grammaire, en conjugaison et ceux du test et du post test soumis aux
élèves lors de la phase d'expérimentation. Nous avons
soumis les données chiffrées, les pourcentages obtenus suite au
questionnaire et aux différents tests à une analyse quantitative,
tandis que les discours recueillis suite à l'entretien
réalisé auprès des enseignants de français, du
conseiller pédagogique de français et des enseignants de
français à la retraite ont fait l'objet d'une analyse
qualitative.
Nous interpréterons les résultats de notre
étude afin de déterminer s'ils confirment ou infirment nos
hypothèses. Nous ferons ensuite nos suggestions en vue
d'améliorer l'enseignement/apprentissage de l'orthographe dans la
perspective de faciliter sa maitrise par les apprenants dans le système
éducatif au Mali.
4.1- Présentation des données
Dans ce chapitre, nous présentons les données
quantitatives recueillies suite à la passation du questionnaire soumis
aux élèves enquêtés.
96
4.1.1-Les données du questionnaire
Cette technique de collecte des données quantitatives a
été soumise à 120 élèves du groupe scolaire
second cycle de Darsalam second. La tranche d'âge des
enquêtés est de 12 à 21 ans repartie dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années.
Les enquêtés comptaient 64% de réguliers, 36% de
redoublants, dont 42% de garçons et 58% de filles, 71% des
enquêtés ont 12 à 16 ans, ce qui correspond
approximativement à l'âge des apprenants au second cycle tandis
que 29% des enquêtés sont âgés de 17 à 20
ans.
Le questionnaire leur a été distribué et
un temps (une semaine) leur a été donné pour
répondre aux questions. Au regard d'un niveau de compréhension
très faible des enquêtés, des explications leur ont
été fourni en français mais aussi en langue
Bamanan. La collecte des données fut plus tôt que
prévu, car au bout de quatre jours, la plupart des enquêtés
avait remis les réponses aux questions. Nous présentons les
réponses quantitatives
A la question 1 : Combien d'heure de lecture
disposez-vous en classe par semaine ? Les réponses données par
les enquêtés se présentent selon le tableau ci-après
:
Tableau 8 : résultats de la
première question
Effectif des enquêtés
|
Type de réponse
|
Pourcentage
|
2
|
30mn
|
2%
|
67
|
1h
|
56%
|
1
|
1h30 mn
|
1%
|
48
|
2h
|
40%
|
2
|
Autre, à préciser/ 3h
|
2%
|
Total : 120
|
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018
Au regard des données quantitatives du tableau
ci-dessus, 56% des enquêtés soutiennent qu'ils disposent d'une
heure de lecture par semaine contre 40% de ceux qui affirment disposer de deux
heures. Seulement 2 % des enquêtés soutiennent qu'ils disposent de
trois heures par semaine. La différence des réponses
révèle soit une méconnaissance du temps réel de
lecture par semaine en classe, ce qui, à ce niveau d'étude, nous
parait curieux, soit le temps réellement consacré à la
pratique de cette activité.
A la question 2, Combien
d'élèves, sur l'effectif de la classe, sont interrogés
pour lire au moins une partie du texte au cours d'une séance d'une heure
de lecture ? Les enquêteurs répondent :
Tableau 9 : résultats de la
deuxième question.
Effectif des enquêtés
|
Types de réponse
|
Pourcentage
|
2
|
3
|
2%
|
1
|
4
|
1%
|
62
|
5
|
52%
|
97
11
|
6
|
9%
|
1
|
9
|
1%
|
35
|
10
|
29%
|
2
|
15
|
2%
|
6
|
20
|
5%
|
Total : 120
|
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018
Au regard des résultats de ce tableau, 56% des
enquêtés, c'est-à-dire plus de la moitié, affirment
que seulement cinq élèves lisent au moins une partie du texte
lors d'une séance de lecture tandis que, 29 % soutiennent que dix
élèves lisent lors d'une séance de lecture. Avec des
effectifs élevés, faire lire seulement cinq élèves
ne profite pas aux nombreux autres qui ne savent pas lire. Ce qui confirme les
tares accumulées par les apprenants dans ce domaine indispensable
à l'acquisition des compétences en orthographe.
A la question 3 : Le temps accordé aux
apprenants lors des séances de lecture est-il suffisant ? Insuffisant ?
Très insuffisant ?
Tableau 10 : résultats de la
troisième question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Suffisant
|
47
|
39%
|
Insuffisant
|
58
|
48%
|
Très insuffisant
|
15
|
13%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Si 39% des enquêtés soutiennent que le temps
accordé aux apprenants à la lecture est suffisant, 48% des
enquêtés le trouvent insuffisant et 13% le trouve très
insuffisant. Ce qui permet d'affirmer que pour plus de la moitié des
enquêtés le temps accordé aux apprenants est soit
insuffisant soit très insuffisant pour leur permettre de visualiser les
mots et apprendre l'orthographe. De toute évidence, l'activité de
lecture qui devrait leur permettre de consolider leurs acquis en orthographe
n'est guère assurée de façon rigoureuse.
A la Question 4 : comprenez-vous les
règles de grammaire transmises par le maître dans votre classe
lors des leçons de grammaire ?
Tableau 11 : résultats de la
quatrième question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
14
|
12%
|
Non
|
103
|
86%
|
Sans réponse
|
3
|
2%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018
Avec 86% des enquêtés qui ne comprennent pas les
règles théoriques de grammaire transmises par les maîtres
de français, une de nos hypothèses sur les difficultés
d'apprentissage de
98
l'orthographe se confirme. Ce qui permet d'affirmer que les
méthodes de transmission théorique des règles de grammaire
ne favorise pas l'acquisition des compétences en orthographe et il
convient d'adopter de nouvelles stratégies efficaces d'enseignement des
règles grammaticales.
A la Question 5 : Vous permettent-elles
d'accorder correctement les mots lors des évaluations, notamment en
dictée de contrôle notée ?
Tableau 12 : résultats de la
cinquième question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
54
|
45%
|
Non
|
62
|
52%
|
Sans réponse
|
4
|
3%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Si 45% des participants à notre enquête
soutiennent que les règles de grammaire leur permettent d'accorder
correctement les mots lors des évaluations de dictées de
contrôle, 52%, soit plus de la moitié des enquêtés
affirment le contraire. Les résultats in situ des épreuves de
dictées de contrôle permettent de confirmer que les règles
de grammaire ne sont pas comprises par la plus part des apprenants.
A la question 6 : l'incompréhension
des règles de grammaire dans votre classe est-elle une difficulté
d'apprentissage de l'orthographe ?
Tableau 13 : résultats de la
sixième question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
101
|
84%
|
Non
|
17
|
14%
|
Sans réponse
|
2
|
2%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Avec 84% des participants qui affirment que
l'incompréhension des règles de grammaire est une
difficulté d'apprentissage de l'orthographe, cette méthode
théorique a montré ses limites. Il nous revient de
l'améliorer pour une meilleure acquisition des compétences
orthographiques par les apprenants.
A la question 7 : comprenez-vous les
règles de conjugaison transmises par le maître dans votre classe
lors des leçons de conjugaison ? Les enquêtés
répondent :
Tableau 14 : résultats de la
septième question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
31
|
26%
|
Non
|
88
|
73%
|
Sans réponse
|
1
|
1%
|
99
Total
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
La maitrise de la conjugaison des verbes est essentielle pour
un apprenant à ce niveau d'étude. Toutefois, au regard des
résultats de ce tableau, 73% des participants soutiennent que les
règles de conjugaison ne sont pas comprises. Cette
incompréhension des règles de conjugaison constitue, sans nul
doute, une entrave à la graphie correcte de cet élément
essentiel qu'est le verbe dans la phrase.
A la question 8 : Vous permettent-elles
d'accorder correctement les terminaisons des verbes lors des évaluations
notamment en dictée de contrôle notée ? Les
enquêtés répondent :
Tableau 15 : résultats de huitième
question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
27
|
22%
|
Non
|
90
|
75%
|
Sans réponse
|
3
|
2%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Pour 75% de nos enquêtés, la transmission
théorique des règles de conjugaison ne permettent pas d'accorder
correctement les verbes lors des productions écrites de dictées
de contrôle notée. Les fautes commises par les apprenants sur les
verbes sont, en effet, nombreuses et constituent une difficulté de
maîtrise de la graphie du verbe.
A la question 9 : l'incompréhension
des règles de conjugaison dans votre classe est-elle une
difficulté d'apprentissage de l'orthographe ?
Tableau 16 : résultats de la neuvième
question.
Type de réponse
|
Effectif des enquêtés
|
Pourcentage
|
Oui
|
89
|
74%
|
Non
|
25
|
21%
|
Sans réponse
|
6
|
5%
|
Total
|
120
|
100%
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Avec 74% des participants qui soutiennent que
l'incompréhension des règles de conjugaison est une
difficulté d'apprentissage de l'orthographe, une de nos
hypothèses de recherche, à savoir ; les mauvaises méthodes
de transmission des règles de grammaire et de conjugaison, se confirme.
Les fautes d'accord grammatical et de conjugaison commises lors des
épreuves de dictée sont consécutives à cet
enseignement théorique qui ne tient compte ni du niveau des apprenants
ni des besoins réels des apprenants en matière en matière
d'apprentissage de l'orthographe.
En somme, avec 84% et 74% des participants qui soutiennent que
l'incompréhension des règles de grammaire et celle des
règles de conjugaison est une difficulté d'apprentissage de
100
l'orthographe, les méthodes
théoriques in situ de transmission de règles de grammaire et de
conjugaison sont inefficaces dans l'acquisition des compétences en
orthographe de la part des apprenants. Cette situation est aggravée par
le manque de rigueur dans la pratique de la lecture, activité
indispensable à l'acquisition de l'orthographe d'usage lexical et
grammatical de la part des apprenants. Il revient alors de revaloriser la
pratique systématique et constante de la lecture afin de donner aux
apprenants le goût de cette activité et apprendre l'orthographe.
Dans la section suivante, nous présenterons les données
recueillies suite aux différents entretiens.
4.1.2-Les données de l'entretien
L'entretien est une technique de collecte de données
qualitatives. Elle permet le recueil des discours qui valident ou invalident
nos hypothèses de recherche. Cette technique a été
attribuée aux enseignants de français, aux enseignants de
français à la retraite, aux conseillers pédagogiques de
français et au responsable chargé de la formation et des
curricula au niveau de l'académie d'enseignement de Koutiala. Les
discours ont été enregistrés à l'aide d'un
dictaphone puis transcrits et traités manuellement. Certains entretiens
ont été apportés sous forme de verbatim. L'entretien
portait sur les thématiques suivantes :
-l'insuffisance du temps accordé aux
élèves pour la lecture en classe comme difficulté
d'apprentissage de l'orthographe dans le système éducatif malien,
cas du groupe scolaire de Darsalam.
-la mauvaise transmission des règles de grammaire, de
conjugaison comme difficulté d'apprentissage de l'orthographe dans le
système éducatif malien, cas du groupe scolaire de Darsalam.
-l'enseignement et l'évaluation de l'orthographe par
objectif comme solution aux difficultés d'apprentissage de l'orthographe
dans le système éducatif malien.
Les enseignants ayant participé à la
présente enquête sont présentés dans le tableau
ci-dessous. Les participants sont identifiés par la voyelle E. pour
désigner l'enquêté : suivie d'un numéro.
L'élaboration de ce tableau répond à une question de
visibilité de l'âge, de l'ancienneté et du nombre d'heure
assuré par les enseignants.
Tableau 17 : Liste des enseignants
enquêtés selon l'âge, le diplôme, le nombre d'heure
par semaine et l'ancienneté dans le service.
Enquêtés
|
Age
|
Diplôme
|
Nombre d'heure par semaine
|
Ancienneté dans le service
|
E.1
|
36
|
BAC/SARPE
|
12h
|
11 ans
|
E.2
|
29
|
IFM/Maitrise
|
Détaché
|
4 ans
|
E.3
|
33
|
IFM/Maitrise
|
15h
|
3 ans
|
E.4
|
32
|
IFM/BT2
|
9h
|
7ans
|
E.5
|
42
|
IFM
|
9h
|
14 ans
|
101
E.6
|
39
|
IFM
|
9h
|
13 ans
|
E.7
|
34
|
IFM
|
15h
|
9ans
|
E. 8 M.C
|
34
|
IFM
|
12h
|
8ans
|
E. 9
|
33
|
IFM
|
15h
|
8 ans
|
Source : Enquête Personnelle, Koutiala, Mai
2018
Au regard de ce tableau, à l'exception de
l'enquêté n°1 qui est recruté dans le cadre de la
Stratégie Alternative pour le Recrutement du Personnel Enseignant
(SARPE), après le BAC, tous les autres enseignants de français
enquêtés sont issus de l'Institut de Formation des Maitres (IFM)
où Ils ont reçu une formation initiale pour exercer la fonction
d'enseignement. Ces praticiens âgés de 29 à 42 ans ont
exercé la fonction enseignante de trois à quatorze ans. Seuls
trois enseignants de français ont dépassé le cap des dix
années de service. Par ailleurs, trois enseignants ont une masse horaire
de 15 h, deux assurent 12 h et trois ont une masse horaire de 9 h. contre 24
heures par semaine prévues par la législation scolaire pour les
enseignants du second cycle de l'enseignement fondamental.
L'enquêté n° 7 était initialement maître du 1er
cycle, mais suite à sa demande de reconversion, il est
déployé au second où il enseigne le français.
Les autres enquêtés se présentent comme
suit : un conseiller pédagogique Naya DAO, 53 ans,
diplômé de l'Ecole Normale Secondaire Rurale (ENSec R.),
25 ans de pratique enseignante dont trois années de
responsabilité de conseiller pédagogique et les quatre
enseignants de français à la retraite : Norbert DEMBELE,
66 ans, 40 ans de service dont 11 ans de
responsabilité de Directeur d'école, Bougounon COULIBALY,
65 ans, diplômé de l'Ecole Normale
Supérieure (ENSup), 35 ans dans l'enseignement du
français ; Botigui MALET, 61ans, diplômé de l'ENSec,
33 années de service dont 24 années dans
l'enseignement du français et 9 années au poste de conseiller
pédagogique au CAP de Koutiala ; Amadou SANOGO, 70 ans,
Diplômé de l'ENSec, 36 années de service dont 8
années dans l'enseignement du français, 9 années à
la direction d'un cycle complet, 19 années au poste de conseiller
pédagogique au CAP de Koutiala.
Les entretiens nous ont permis de recueillir les
données qualitatives que nous soumettrons à une analyse
qualitative.
? Insuffisance du temps de lecture en classe.
« Avec les effectifs qui dépassent largement
les soixante élèves, beaucoup n'ont pas la chance de lire, une
partie du texte lors d'une séance de lecture. Le français compte
six heures dont une heure de lecture expliquée et deux heures de lecture
suivie et dirigée. Mais avec des classes de 60 à plus de 100
élèves, je fais lire un nombre réduit
d'élèves puis je passe aux questions de compréhension, au
vocabulaire, à la grammaire et à l'expression écrite. Avec
les effectifs élevés, il est très difficile voire
impossible d'avoir le calme des élèves. Pendant qu'un
élève lit, les autres bavardent. Dans ce climat j'ai de la peine
à imposer le calme, donc je fais lire deux ou trois, parfois cinq
élèves puis je leur dicte le résumé. Et puis
à la fin de l'année, ton responsable te demande si tu as fini le
programme, il ne te demande pas si les élèves ont lu ou s'ils ont
compris les textes lus. » S. S., 39 ans, DEF/IFM, 13 ans de
service.
102
Les effectifs pléthoriques dans les classes sont
régulièrement évoqués comme difficulté de
maintien d'un climat de sérénité indispensable à la
concentration et à l'apprentissage. Les classes sont surchargées,
les bavardages sont fréquents. Face à ce climat de trouble et
d'absence de toute sérénité, le maître de
français doit faire preuve de rigueur pour imposer le calme afin que les
élèves puissent lire à tour de rôle dans le calme.
Sans cette rigueur, aucun égard n'est porté sur le maître,
moins encore sur l'objet de l'apprentissage. Lorsque le maître adopte une
solution de facilité en faisant lire deux ou trois élèves
et procède à des explications oiseuses, il en résulte une
banalisation de la matière à enseigner et un
désintérêt pour les apprenants. Le premier objectif pour
l'enseignant ce n'est de faire lire le maximum d'élèves afin de
favoriser l'acquisition des compétences orthographes mais d'adopter une
politique de l'autruche face à une responsabilité qui lui incombe
d'instaurer un climat qui facilite l'apprentissage. C'est à l'enseignant
que revient la lourde tâche d'instaurer un climat de travail dans la
classe afin de retenir l'attention des apprenants pour leur permettre de
comprendre, mémoriser et mettre en application leurs connaissances
transmises. Les bavardages et autres formes de troubles non maitrisées
par les apprenants sont de nature à entamer l'efficacité le
travail de l'enseignant.
« La lecture est une discipline
très importante dont la pratique régulière permet aux
élèves d'avoir un bon niveau en français. Mais les
élèves d'aujourd'hui n'aiment pas lire et lors des heures de
lecture, ils ne font que bavarder. Tu as beau leur dire de se taire, ils ne
respectent pas les menaces des enseignants et nous n'avons plus le droit de
frapper un élève, ils se moquent des punitions. De ce fait,
après une lecture magistrale du texte, je donne un temps deux à
cinq minutes, souvent moins aux élèves pour faire la lecture
silencieuse du texte, deux ou trois élèves lisent le texte et je
passe aux questions de compréhension puis au résumé. Je ne
dépasse pas le temps dont j'ai parlé tantôt, parce que de
toute façon, ils ne lisent pas ou ils ne font que bavarder pendant qu'un
camarade lit. Le temps que nous leur donnons est vraiment très
insuffisant et les élèves qui nous viennent du premier cycle ne
savent ni lire ni écrire. Donc, avec ce niveau, nous pouvons passer des
heures à leur faire lire mais on n'avancera pas, c'est une perte de
temps. » C. R., 36 ans, BAC, SARPE, 11 ans de
service.
Le temps accordé aux apprenants pour pratiquer une
lecture bénéfique pour tous les élèves est
très insuffisant. Aussi, est-il courant d'entendre certains enseignants
de français dire : « les élèves n'aiment pas
lire. ». Ce faux procès conduit par ceux-là mêmes
qui doivent créer le goût de la lecture chez apprenants
relève d'une méconnaissance de leur rôle. Ce
désintérêt pour la lecture de la part des apprenants doit,
au contraire, conduire les enseignants à leur accorder plus de temps
à pratiquer cette discipline indispensable à l'acquisition de
l'orthographe d'usage grammatical et lexical.
« Je pense que le temps que nous
accordons aux élèves est suffisant parce qu'au de-là, ils
ne font que bavarder et faire du bruit. Ils sont nombreux et on ne peut pas les
canaliser. Ils n'aiment pas la lecture et ils ont un temps de concentration
très limité. Leur accorder plus de temps que ce que je fais c'est
une perte de temps. » F. S., 32 ans, BT2/IFM, 7 ans de
service.
103
Le maître prend pour prétexte le bavardage des
apprenants pour leur accorder un minimum de temps pour pratiquer la lecture. Or
la pratique efficace de la lecture requiert plus de temps et de concentration
de la part des apprenants.
« Le temps accordé aux
élèves pour la lecture est largement suffisant. Mais ce sont les
élèves qui ne s'intéressent à rien. Pendant qu'un
élève lit les autres se mettent à bavarder ou à
jouer avec leur téléphone en cachette. Cela signifie que la
lecture ne les intéresse pas. Or, à quelques exceptions, les
élèves sont assez grands pour comprendre ce pour quoi ils sont
là. Dans cette situation même si l'enseignant leur donne plusieurs
heures pour lire c'est une perte de temps. C'est pour cela, après la
lecture silencieuse, je fais la lecture magistrale puis je demande à
deux ou trois élèves de lire et je leur donne quelques
explications puis le résumé. Si les
élèves ne savent pas lire au niveau du second cycle c'est de leur
faute parce que lorsqu'ils viennent à l'école c'est pour
apprendre à lire et à écrire. » C. T.,
29 ans, IFM/Maitrise en Géographie du développement, 4 ans de
service.
Si pour ce participant à notre enquête, le temps
accordé aux apprenants, lors des séances de lecture, est
suffisant, il revient sur le désintérêt manifesté
par ceux-ci pour la lecture. Il indexe les tares avec lesquelles ils sont
arrivés au second cycle où ils ne savent ni lire ni
écrire. Dans ce jeu d'accusation, les apprenants sont les seuls victimes
d'un système qui les condamne sur la base des enseignements qu'ils
devraient recevoir mais qu'ils n'ont jamais obtenu par la faute des
enseignants. L'école qui est chargée de leur donner des
compétences dont ils ont besoin à un moment donné de leur
croissance sous la responsabilité des enseignants se résume
à jeter l'accusation sur les mêmes apprenants qui ont pour tort de
n'avoir pas été bien enseigné par des certains
enseignants. De notre point de vue, un début de solution réside
dans la prise de conscience des enseignants de français des tâches
qui leur incombent afin d'accorder aux apprenants plus de temps de lecture
à l'école et favoriser l'intérêt pour cette
activité puis apprendre.
« Le temps que nous accordons aux
élèves pour pratiquer la lecture est suffisant. Mais avec le
niveau actuel des élèves en lecture, on peut passer des jours
entiers à leur apprendre à lire ils ne sauront pas lire
correctement. Lors d'une séance de lecture, lorsque deux ou trois
élèves lisent, je pense que c'est largement suffisant. S'ils ne
savent pas lire, ils doivent faire des efforts pour apprendre à lire
à la maison. (Un peu nerveux). Et puis avec des effectifs
élevés, un niveau médiocre, c'est une perte de temps que
de vouloir faire lire aux apprenants pour qu'ils découvrent
l'orthographe des mots. Ils ne s'intéressent même pas à la
lecture. Alors, on ne peut pas perdre le temps à faire lire à
certains élèves de 8ème année qui n'ont
même pas le niveau de la troisième année.
» A. T. M., 34 ans, IFM, 9 ans de service.
Cet enseignant affirme que lorsque deux ou trois
élèves lisent au cours d'une séance de lecture c'est
largement suffisant. Toutefois, il évoque l'immensité des
tâches à accomplir pour relever le niveau des apprenants dans
cette discipline et leur permettre d'apprendre l'orthographe. Nous notons une
prise de conscience des tâches à accomplir, mais un manque de
volonté à faire face à cette réalité,
accomplir des tâches qui sont les siennes et qui ne demandent qu'une
organisation et une planification efficaces. Ce n'est pas la lecture faite par
deux ou trois élèves qui va cultiver un intérêt des
apprenants pour cette activité, bien au contraire, le
désintérêt est aminé par le peu de rigueur
appliqué par de nombreux enseignants de français.
104
« Le temps que les enfants
consacrent à la lecture est, bien sûr insuffisant, car ils ne
savent pas lire. On n'a beau accordé plus de temps aux
élèves qui arrivent du premier cycle sans pouvoir lire la moindre
phrase, c'est du temps perdu. Le problème c'est au niveau du premier
cycle, il faut que les enfants maitrisent le B.a.ba de la lecture avant
d'arriver au second cycle. Le plus souvent, en constatant niveau
extrêmement bas des enfants, je suis totalement découragé
et je préfère achever ma leçon de lecture après
avoir interrogé deux ou trois élèves. »
D. I., 33ans, IFM/Maitrise en Anthropologie, 3 ans de service.
Cet enquêté évoque la situation dramatique
des apprenants qui arrivent au second cycle sans savoir lire la moindre phrase.
Pour lui leur accorder plus de temps de lecture n'est qu'une perte de temps. Or
sans apprendre le B.a.ba de lecture, il est difficile d'acquérir des
compétences en orthographe, d'où le niveau extrêmement bas
des apprenants. Toutefois, c'est à l'enseignant de la classe que revient
la tâche de donner un niveau aux enfants grâce à une
pédagogie qu'il adaptera aux apprenants. En ce qui concerne la lecture,
cette approche consiste à faire lire tous les apprenants à tour
de rôle lors des heures consacrées pour cette discipline. Par
cette approche, il pourra acquérir l'adhésion des apprenants pour
la lecture et faire comprendre son intérêt pour apprendre dans
l'acquisition des compétences lexicales et grammaticales.
« Le temps accordé aux
élèves pour la lecture est très insuffisant. Les
élèves ne savent pas lire, donc nous perdons beaucoup de temps
à leur faire lire des textes entiers mais on ne constate aucune
amélioration. C'est au premier cycle qu'ils doivent apprendre à
lire correctement mais ce n'est pas le cas. Au niveau du second cycle, ils
doivent savoir lire couramment ! C'est ce que disent les anciens livres de
lecture : Mamadou et Binéta lisent et écrivent couramment. Ils
font six ans au premier cycle et ils ne savent même pas lire correctement
une bonne phrase. Dans cette situation même si vous leur accordez trois
heures continues par semaine, ils ne sauront pas lire et nous perdons du temps.
C'est ce qu'il faut corriger, il faut leur apprendre à lire correctement
depuis le premier cycle. C'est à cause de cette situation que beaucoup
d'enseignants ne perdent pas leur temps à faire lire à des
élèves qui ne savent pas lire. Nous sommes tenus à
terminer les programmes en fin d'année c'est cela l'objectif. Mais
donner plus de temps pour que les élèves lisent correctement et
découvrir par cette pratique l'orthographe des mots, ce n'est pas le
souci de beaucoup d'enseignants. » S. S. 42
ans, IFM, 14 ans de service.
Accorder plus de temps aux apprenants pour leur permettre de
renforcer leurs capacités en lecture et apprendre l'orthographe
grammaticale et lexicale est, selon cet enquêté, une perte de
temps. Il préfère achever le programme même si les
apprenants, grâce à ces efforts et de nouvelles stratégies
de renforcement de capacités en lecture pouvaient améliorer
certaines insuffisances et apprendre l'orthographe. Ainsi, chaque année
les compétences qui devraient être acquises à chaque niveau
sont retardées, sine die. C'est sur la base de ce cumul de
retard dans l'apprentissage que de nombreux observateurs n'hésitent pas
à comparer le niveau de certains apprenants de la neuvième
année à ceux de la quatrième année du premier cycle
d'il y'a une trentaine d'années.
« Au contraire, j'accorde plus de
temps aux élèves pour lire les textes au cours des séances
de lecture expliquée et de lecture suivie-dirigée. Les
séances de lecture sont d'ailleurs des pertes de temps parce que les
enfants ne savent pas lire. Je passe tout mon temps à les corriger.
Certains élèves ne savent lire
105
aucun mot dans une phrase et les camarades se moquent
d'eux. On se demande comment certains sont arrivés au second
cycle. » C., M., 34 ans, IFM, 12 ans de
service.
Le faible niveau des apprenants constitue, selon cette
enquêtée, un poids à la pratique efficace de la lecture. Ce
qui constitue plus une perte de temps lors des séances de lecture.
Toutefois, il faut accepter de perdre du temps pour aller à ce qui
constitue l'essentiel dans l'enseignement/apprentissage de l'orthographe
plutôt de hâter la fin d'un programme duquel les apprenants ne
tireront aucun profit.
Verbatim 1 : Vision d'un professionnel sur la
détérioration de la pratique de la lettre
« Au moment où j'enseignais,
j'accordais au moins 45 minutes sur une heure de lecture aux
élèves pour lire le texte proposé. Ils lisaient à
tour de rôle, par rangée et je m'assurais que la majorité
lisait le texte. Au cas contraire, ceux qui ne lisaient pas une partie du
texte, cette fois-ci, étaient prioritaires à la lecture du
prochain texte. Avant de finir l'explication d'un texte, la majorité des
élèves le lisaient en classe. Il fallait plus d'autorité
et de fermeté face à ceux qui profitaient pour créer le
trouble mais lorsque je me montrais ferme, ils suivaient. Par contre ce
à quoi j'ai assisté durant mes années de direction, les
maîtres accordent maintenant très peu de temps aux
élèves pour leur permettre de lire, découvrir les mots,
comprendre leur orthographe et apprendre à les écrire. Ils font
lire deux ou trois élèves qui savent lire
généralement et la grande majorité est ignorée.
Ceux qui ne savent pas lire sont découragés parce qu'on ne leur
accorde pas d'importance, donc ils font du bruit, c'est pour eux une
façon de réclamer leur droit. En leur accordant plus de temps
à la lecture, ils sauront mieux lire et aimer la lecture, leur niveau va
s'améliorer considérablement en français. C'est reconnu
que les élèves ne lisent pas à la maison, or si aux heures
de lecture le maître ne leur donne même pas 10 minutes de lecture
systématique des textes, je ne vois pas comment, ils vont apprendre
à lire correctement et surtout à apprendre l'orthographe des mots
à travers cette activité. Je constate que les
enseignants de maintenant n'ont pas la patience de conduire les apprenants vers
la connaissance, ils sont très pressés et se découragent
très vite. Or plus les apprenants ont un niveau bas, plus il leur faut
du temps pour comprendre et apprendre. Lorsque nous disons que l'enseignement
est un sacerdoce, ce n'est pas un vain mot. » D, N. 66 ans,
ENSec, 40 ans de service dont 11 ans de responsabilité de Directeur
d'école.
|
Durant 29 années passées dans l'enseignement du
français, cet enseignant de la première heure explique sa
stratégie de gestion des heures de lecture au cours desquelles il
combine rigueur, discipline, ordre et cohésion en accordant plus de
temps de lecture aux apprenants. Cette stratégie ne laisse pas de place
au bavardage des apprenants. Les apprenants suivent avec intérêt
les séances de lecture, renforcent leurs capacités et apprennent
progressivement l'orthographe des mots. En accordant quarante-cinq minutes de
lecture sur une heure, le maître offre aux apprenants plusieurs avantages
:
-primo, il accorde une
opportunité au maximum d'élèves de lire au moins une
partie du texte, -secundo, il s'assure de leur
adhésion à la pratique de cette discipline,
106
-tertio, il
crée ainsi chez eux un intérêt particulier pour cette
activité indispensable à leur formation.
-et quarto, il
donne aux apprenants l'opportunité de découvrir l'orthographe de
certains mots qu'ils vont stocker dans leur mémoire intérieure
afin de les exploiter en cas de besoin. Toutefois, la pratique actuelle de la
lecture qu'il présente, laisse entrevoir un
désintérêt des enseignants pour la lecture. Ce qui
crée, de facto, le même désintérêt
chez les apprenants.
Verbatim 2 : Détérioration de la lecture :
une responsabilité partagée
« En réalité, le temps d'apprentissage
pour la lecture est insuffisant. Les enfants d'ailleurs
n'aiment pas la lecture, ils n'aiment pas lire. Et quand on leur demande de
lire, ils ne font que regarder la graphie des mots. En réalité,
c'est une matière que les maîtres mêmes n'aiment pas, raison
pour laquelle on ne peut pas obliger les enfants à la lecture. Les
maîtres sont paresseux. Avec la nouvelle méthodologie, certains
ont de la peine même. Quand vous prenez la nouvelle méthode, il
y'a trois niveaux. Le maitre est obligé de se « décarcasser
», c'est-à-dire fournir assez d'efforts supplémentaires qui
demandent des recherches, or les maîtres n'aiment plus fournir d'efforts.
Par exemple en lecture expliquée, quand vous prenez le niveau 1 qu'on
appelle Approche globale on se base sur l'observation du texte et le
maître pose de petites questions. Et à chaque étape de la
lecture, le maître pose des questions et les enfants ne font que
s'amuser. » N. D., 53 ans ENSEC. R. De San, Conseiller
Pédagogique, CAP de Koutiala.
|
Ce conseiller pédagogique évoque la paresse des
enseignants à faire des recherches pour améliorer leur
méthode d'exécution des activités de lecture or, la
nouvelle démarche méthodologique est rigoureuse, exigeante. Face
à la complexité de cette tâche, les enseignants optent
généralement pour une solution de facilité, celle qui
consiste à faire lire pendant cinq à dix minutes puis achever la
leçon de lecture. Avec cette démarche, il est très facile
d'installer un désintérêt pour la lecture chez les
apprenants qui ne tireront aucun avantage de cette activité
indispensable à l'acquisition de l'orthographe grammaticale et
lexicale.
.
Verbatim 3 : La défaillance du système
et des acteurs clés
« Au second cycle, les maîtres de
français disposent de trois heures de lecture dont deux heures de
lecture suivie et dirigée et une heure de lecture expliquée par
semaine. Mais concrètement combien de temps les maîtres accordent
aux élèves pour qu'ils apprennent à lire ou qu'ils
renforcent leur maîtrise de cette activité dans les classes ?
Très peu ! très peu ! Les nouvelles approches de la lecture
exigent que les élèves consacrent plus de temps à la
visualisation, à la prononciation des mots et à leur orthographe.
Or si dans la pratique, les enseignants accordent très peu de temps aux
élèves, il va de soi qu'ils ne savent ni lire ni parler ni
écrire dans la langue d'enseignement. D'ailleurs beaucoup d'enseignants
ne savent pas lire, voilà pour quoi, ils ne perdent pas leur temps
à lire ou à faire lire des textes. Et l'enseignement actuel,
c'est un gagne-pain, ce n'est plus un bon résultat qu'on
|
107
cherche mais un temps que l'on cherche à passer.
» B. C. , 64 ans dont 35 ans de
service, enseignant de français à la retraite.
Les trois approches de la lecture évoquées par
cet enquêté, à savoir : visualisation, prononciation et
graphie des mots, rigoureusement exploitées par les enseignants,
permettent aux apprenants une acquisition progressive et efficace de
l'orthographe française. Aussi, le désintérêt des
apprenants pour la lecture résulte-t-il de la banalisation de cette
activité par certains enseignants de français, qui, par manque
d'initiatives, tombent dans une exécution routinière des
leçons auxquelles les élèves assistent, parfois, sans rien
comprendre. Par cette manière de procéder, la lecture ne peut pas
être un outil d'apprentissage de l'orthographe lexicale ni
grammaticale.
Verbatim 4 : La lecture prise à
contre-courant
« Le temps accordé aux élèves
pour qu'ils apprennent à bien lire ou renforcer leurs capacités
dans cette activité et découvrir l'orthographe des mots est
très insuffisant. Trois heures de lecture au second cycle c'est
très bien mais la plupart du temps est consacré pour faire autres
choses, notamment pour achever le programme de la grammaire qui est très
vaste. Prenons, par exemple, le programme de 9ème
année qui prévoit de nombreuses leçons d'analyse logique
pour une heure par semaine. Certains enseignants préfèrent donc
utiliser les heures de lecture pour achever les leçons de grammaire
plutôt que de se soucier de savoir si les élèves lisent
bien ou pas. D'autres utilisent une partie de ce temps pour porter un texte au
tableau dans le but de le soumettre aux élèves sous forme de
dictée. Concernant la lecture, nous les maîtres de
français, nous avons trop de problèmes face à un niveau
extrêmement bas des élèves en français. En effet
beaucoup d'élèves ne savent même pas lire correctement une
phrase, on se demande comment ils ont fait pour arriver en
9ème année. Donc les maîtres sont impuissants
face à ces insuffisances des élèves, ils
préfèrent achever leur programme de grammaire et de conjugaison
plutôt que de perdre leur temps à faire lire des textes entiers
aux élèves. C'est assez triste mais c'est la
réalité. Les élèves ne savent ni lire, ni parler,
ni écrire dans la langue d'enseignement et le premier souci des
enseignants c'est d'achever le programme de grammaire et de non de savoir si
les élèves savent lire ou écrire l'orthographe. D'ailleurs
les directeurs ne cherchent pas à savoir si les élèves
savent bien lire un texte ou écrire correctement l'orthographe des mots
mais de savoir si vous avez achevez ou non le programme. Alors si
l'enseignement du français se résume à achever le
programme sans se soucier du niveau d'apprentissage des élèves,
il va de soi que les élèves n'aient pas le niveau.
»D. J.-M. K., 33 ans, IFM, 8 ans de service.
|
Il ressort des propos de cet enquêté que
très peu de temps est accordé aux apprenants lors des heures de
lecture. Le nouvel indice qui apparait dans son discours pour expliquer le peu
de temps accordé aux apprenants par certains enseignants de
français lors des heures de lecture est que de nombreux enseignants se
servent des heures de lecture pour achever le programme de grammaire,
considéré plus vaste. Nous sommes, de ce fait, en face d'un
enseignement peu
108
productif où les enseignants peuvent, de leur propre
choix, décider d'ignorer l'enseignement d'une matière si
importante au détriment d'une autre dont la compréhension
réside, le plus souvent, dans la réussite de la
première.
Verbatim 5 : La responsabilité des enseignants
dans l'échec en dictée
« Dans l'exercice de mes fonctions
de conseiller pédagogique, Il nous (mes collègues et moi) a
été donné de constater que les enseignants prolongent les
heures de récréation. En les prolongeant, on empiétait sur
les heures de lecture qui viennent immédiatement. Par ce comportement,
les maîtres pensent, le plus souvent, que les heures de lecture c'est des
moments de repos pour eux. Ce qui fait qu'ils manquent un peu de rigueur dans
cet enseignement. Or sans cette rigueur on ne peut rien construire de
sérieux surtout en matière d'instruction. Or, la plupart des
enseignants ignore qu'à travers une séance de lecture, ils
doivent préparer non seulement la rédaction mais également
l'orthographe à travers la dictée. La lecture est un des moments
privilégiés pour fixer la graphie des mots dans la mémoire
des élèves. Donc son heure doit être judicieusement
exploité au profit des élèves. Il y'a donc un
déficit dans l'enseignement de la lecture. Quant aux
élèves, ils ne savent pas lire et ils ne lisent pas. Quand ils ne
lisent pas, ils ne comprendront pas la graphie des mots qui repose sur la
mémoire visuelle. » S. A., 70 ans, ENSec, 36
ans de service.
|
Le peu de rigueur dans l'exécution des leçons de
lecture par les enseignants de français a été, très
souvent, évoqué comme une difficulté d'apprentissage de
l'orthographe par la lecture. Dans la pratique, la lecture est
considérée comme une discipline secondaire par les enseignants de
français. Or elle est une discipline fondamentale qui se situe à
la croisée de chemin entre le langage parlé et le langage
écrit. Elle est le tremplin qui permet d'accéder plus facilement,
à la grammaire, à la conjugaison et à l'orthographe.
Enseigner la grammaire ou la conjugaison sans s'assurer que les apprenants
savent lire correctement, comprennent la nature des mots rencontrés
c'est comme le dit un adage « mettre la charrue avant le boeuf ». Et
le constat, in situ, permet d'affirmer de nombreux enseignants perdent
plus de temps à donner des explications que les apprenants ne
comprennent même pas que de leur donner plus de temps à pratiquer
une lecture courante et systématique, gage d'une bonne acquisition
efficace de l'orthographe grammaticale et lexicale.
Verbatim 6 : Les pratiques de classe en déphasage
avec l'efficacité
« La lecture est le point culminant du
français mais malheureusement avec les innovations les lacunes des
élèves commencent dès le premier cycle où ils
doivent apprendre à lire. Un élève qui n'arrive pas
à lire au premier cycle, ce n'est pas au second cycle qu'il faut lui
apprendre à lire, il ne pourra pas. Et s'il ne peut pas lire, il ne peut
pas apprendre, s'il n'apprend pas il va échouer. D'une façon
générale, les enseignants exploitent très mal les heures
de lecture sinon avec la nouvelle
|
109
méthodologie de la lecture à trois
niveaux93, si les heures sont bien exploitées, il n'y a pas
de raison que les élèves ne sachent pas lire et renforcer leurs
capacités en orthographe. Mais les maîtres sont réticents
à mettre en application cette méthodologie parce qu'elle
nécessite une préparation rigoureuse. » B. M. ,
61 ans, ENSec, 33 ans de service.
Pour cet ancien conseiller pédagogique, la pratique de
la lecture doit être acquise depuis le premier cycle. Ce qui nous
amène à dire que la lecture est le point de départ de la
maitrise même de la langue d'enseignement. Sans cette maitrise, il est
difficile, pour un apprenant de comprendre et d'apprendre l'orthographe de la
langue d'enseignement. Le manque de rigueur dans l'exécution des
leçons, la mauvaise exploitation des heures et la réticence des
enseignants à mettre en application la nouvelle méthodologie de
lecture sont des facteurs qui expliquent le fait que les heures de lecture ne
profitent pas aux apprenants qui savent de moins en moins correctement et de
moins en moins écrire sans fautes d'orthographe. Ce constat doit nous
amener à accorder aux apprenants quarante-cinq minutes de lecture par
heure au second cycle sous la conduite du maître afin de
développer chez eux le goût de la lecture et leur permettre
d'acquérir des compétences en orthographe grammaticale et
lexicale.
Il ressort des discours recueillis auprès des
enquêtés que le temps accordé aux apprenants afin de leur
permettre de renforcer leurs capacités en lecture et apprendre
l'orthographe est insuffisant. La lecture qui est à la base et à
la croisée de l'enseignement des disciplines du français se
trouve bâclée et reléguée au second plan. Elle est
bâclée pour la simple raison que les maîtres accordent
très peu de temps aux apprenants qui devraient être les premiers
bénéficiaires pour en tirer le maximum de profit ; puis
reléguée au second plan parce que ces heures sont mises à
profit pour achever des leçons de grammaire. Dans cette démarche,
l'apprentissage de la lecture qui devrait faciliter l'acquisition des
compétences en orthographe lexicale et grammaticale n'est pas
assurée faute de temps suffisant accordé aux apprenants. Il en
résulte un désintérêt pour cette activité
indispensable à la maitrise de la langue. Nous reprenons la
théorie de Michel Fayol, (2002), qui soutient que toute approche qui
aboutit à faire que les élèves puissent lire, conduit
à l'acquisition d'un lexique orthographique, qui devient lui-même
source d'accroissement du dit lexique. Toutefois, il faudrait que les
apprenants disposent d'un temps suffisant pour leur permettre de visualiser, de
comprendre et de mémoriser l'orthographe de nouveaux mots
rencontrés lors des séances de lecture.
93 L'approche globale, l'approche textuelle et
l'approche linguistique, qui aide les élèves à être
des lecteurs autonomes.
110
? Mauvaise transmission des règles de grammaire et
de conjugaison.
« Les règles de grammaire et de conjugaison
sont bien transmises. Après les explications des leçons de
grammaire et de conjugaison, les élèves me disent qu'ils ont bien
compris, mais quand je fais une évaluation, je trouve que ça n'a
pas marché, moi-même je ne comprends pas ce
phénomène, je ne comprends pas. Quand j'explique, les
élèves montrent qu'ils ont compris mais quand je fais une
évaluation c'est la minorité qui a la moyenne. Je ne comprends
pas, s'ils font semblant de comprendre ou s'ils ne veulent pas travailler. Avec
ces effectifs, je fais un devoir par trimestre pour avoir des notes.
» S. S., 39 ans, DEF/IFM, 13 ans de
service.
La transmission efficace des règles de grammaire
réside dans la compréhension même des apprenants de la
notion enseignée. Le maître ne doit pas se fier à
l'affirmation des apprenants pour conclure qu'ils ont compris ou pas la
leçon. Les moyens de contrôle de niveau de compréhension
des apprenants peuvent être appliqués avant, pendant et
après la leçon. C'est à travers une coordination des
activités de transmission, de contrôle que le maître peut se
rassurer de la bonne compréhension de la leçon
dispensée.
« Les règles de grammaire
sont bien transmises mais les apprenants ont un niveau très bas et
surtout n'ont aucune volonté de chercher à comprendre et
d'apprendre. Lorsque vous expliquez la leçon ils ne suivent même
pas, ils ne s'intéressent pas et lorsque vous les grondez, ils se
mettent à rire. Pour ma part je passe des heures à donner des
leçons de morale face à des actes d'indiscipline que de
transmettre des règles de grammaire ou de conjugaison. Il faut se dire
la vérité, le maître à beau appliquer les meilleures
méthodes de transmission de connaissances, si les apprenants n'ont pas
la volonté d'apprendre, c'est peine perdue. Et avec des effectifs qui
dépassent largement la centaine dans certaines classes, on a beau crier,
les élèves sont pressés que le temps passe. Etre
enseignant maintenant c'est un parcours de combattant ; les
élèves ne sont pas disciplinés, ils ne respectent aucune
autorité et ne font aucun effort pour apprendre, les effectifs sont
extrêmement élevés. » R. C., 36 ans, BAC,
SARPE, 11 ans de service.
La meilleure transmission des règles de grammaire et de
conjugaison tient compte du niveau des apprenants. C'est à l'enseignant
d'adapter un langage qui tienne compte du niveau des apprenants afin de leur
permettre de comprendre et d'apprendre. Aussi, les enseignants doivent-ils
comprendre que la grammaire et la conjugaison s'acquièrent plus dans la
pratique que dans la transmission des règles théoriques, trop
fictives pour les apprenants.
« Les règles de grammaire et
de conjugaison sont bien transmises. Mais pour que les élèves
comprennent, il faut qu'ils aient un niveau de compréhension acceptable.
Or ils ne comprennent rien. Nous perdons des heures à leur expliquer
certaines règles mais ils sont souvent indifférents et n'ont
aucune volonté de faire des efforts pour faire des exercices. Donc tu as
beau expliquer la règle si celui qui doit apprendre n'a pas de niveau ou
ne s'intéresse même pas à ce que vous dites c'est vraiment
décourageant. » S. F., 32 ans, BT2/IFM, 7 ans de
service.
111
Si cette enquêtée affirme que les règles
de grammaire et de conjugaison sont bien transmises, elle remet en cause le
niveau des apprenants. La détérioration du niveau des apprenants
au second cycle de l'enseignement fondamental est un fait incontestable. Les
résultats des évaluations et les faibles pourcentages des
passages apprenants aux examens sont des indices d'appréciations. Et
toute bonne transmission du savoir-faire, surtout en orthographe, se fait en
fonction du niveau réel des apprenants sans lequel, l'enseignement se
résume à une communication stérile, un dialogue de
sourd.
« Il faut reconnaitre que beaucoup
d'enseignants ne se donnent pas la peine d'expliquer correctement les
règles de grammaire et de conjugaison de manière à ce que
cela soit compris par les élèves. Le deuxième
problème c'est qu'ils ne font pas d'exercice à la fin de chaque
leçon. Pour qu'une leçon soit bien comprise, les enseignants
doivent faire des évaluations formatives faites au cours de la
leçon et des évaluations sommatives à la fin. C'est en
analysant les résultats des élèves, qu'ils remettent en
cause sa méthode de transmission mais si tout cela n'est pas pris en
compte et si le maître se contente de donner des explications
théoriques, il va de soi que les élèves ne comprennent pas
grand-chose. Or l'enseignement des règles de la grammaire et de
conjugaison est basé sur des accords concrets qu'il faut démonter
aux élèves. Rien ne sert de répéter que l'adjectif
qualificatif s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il qualifie si
cette règle n'est pas suivie de nombreux exemples concrets donnés
par le maître et par les élèves. Mais, de nombreux
enseignants ne font même pas de devoir à la fin d'une
leçon. Or c'est à travers les résultats de l'exercice que
le maître peut savoir si les élèves ont compris ou non
l'enseignement qu'il a donné. Mais il faut que les élèves
aient la volonté de travailler et fassent des efforts pour retenir les
règles et les apprendre, sinon les efforts fournis par le maître
sont vains. » C., T. 29 ans, IFM/Maitrise en
Géographie du développement, 4 ans de service.
Cet enquêté reconnait que les enseignants ne se
donnent pas la peine d'expliquer correctement les règles, ce qui
résume la solution de facilité dont nous avons parlé un
peu plus haut. Cette insuffisance dans la transmission de règles de
grammaire et de conjugaison est aggravée par le manque d'exercices
pratiques soumis aux apprenants avant, pendant et après l'enseignement
donné, exercices qui sont un moyen de contrôle de la
compréhension ou non des notions enseignées.
« Les règles sont bien
transmises mais le niveau des élèves ne leur pas de comprendre ce
qu'on leur enseigne. L'élève c'est l'élève.
Beaucoup ne s'intéressent pas aux explications que nous leur donnons,
ils préfèrent s'amuser.
(Difficultés d'exprimer ses idées)
» M. A. T., 34 ans, IFM, 9 ans de service.
Pour cet enseignant généraliste converti en
maître de français au second cycle, les règles sont bien
transmises mais il rejette la responsabilité sur les apprenants qui, de
notre point de vue, ne sont pas placés dans une situation
d'apprentissage. Le savoir doit avoir de la saveur, affirme-t-on. Mais s'il
perd de sa saveur, les apprenants ne trouvent aucun intérêt
à suivre un enseignement auquel ils ne croient plus.
« Je pars toujours d'un corpus pour
dégager des règles de grammaire et de conjugaison. Puis je donne
la parole aux élèves pour qu'ils me donnent des exemples.
Beaucoup parviennent à le faire mais dès qu'ils ferment les
cahiers, ils ne révisent plus, donc ils perdent facilement les notions
enseignées. En
112
plus, il faut reconnaitre que beaucoup
d'élèves ne parviennent même pas à comprendre ce que
nous leur expliquons tant le niveau est bas. Donc, tu peux
utiliser les meilleures méthodes de transmission des règles, si
les apprenants ne comprennent même pas ce que vous dites, ça
devient un dialogue de sourd ! Il faut que l'enseignement de base soit solide.
» I. D., 33ans, IFM/Maitrise en Anthropologie, 3 ans de
service.
Le niveau très bas des apprenants, très souvent
remis en cause par les enquêtés, est tenu pour responsable de la
mauvaise compréhension des règles de grammaire ou de conjugaison.
Or en matière d'enseignement des savoir-faire en orthographique, le
maître gagnerait à donner de explications claires en tenant compte
du niveau de compréhension des apprenants que des donner des
explications théories desquelles ils ne retiendront presqu'aucune
notion. En matière de transmission des savoirs, la capacité de
l'enseignant à rendre accessible son langage aux apprenants est une des
qualités fondamentales.
« Les règles de grammaire et de conjugaison
sont bien transmises mais ce sont les élèves qui n'ont pas de
niveau pour comprendre ce que nous leur disons. Oui la meilleure méthode
d'enseignement des connaissances doit tenir compte du niveau de
compréhension des élèves mais si au cours de
l'enseignement les élèves affirment qu'ils ont compris, le
maître donne son résumé puis il passe à la
leçon suivante. Mais nous nous rendons vraiment compte que ce n'est
qu'une minorité qui a compris les explications données lors des
évaluations. Ils font beaucoup de fautes et ramassent de mauvaises
notes. Or avec des effectifs pléthoriques nous ne pouvons pas multiplier
les évaluations pour vérifier si les élèves ont
compris ou non les explications que nous donnons. C'est cela, il y a beaucoup
de choses qui ne favorisent pas la compréhension et l'apprentissage de
ces règles notamment les niveaux très bas, les effectifs
pléthoriques et surtout le manque de volonté des
élèves dans l'apprentissage. » S. S. 42 ans,
IFM, 14 ans de service.
Le niveau de compréhension très bas des
apprenants est régulièrement signalée par les
enquêtés comme difficulté de compréhension des
explications données par les maîtres. Ce qui souligne avec
acuité la détérioration des niveaux des apprenants,
consécutive à un enseignement donné au rabais depuis le
premier cycle d'où ils arrivent sans savoir ni parler ni lire ni
écrire sans faute la langue d'enseignement.
« Les règles sont bien
enseignées mais les élèves ne s'intéressent
à ce qu'on leur enseigne. Et puis, ils ne retiennent pas les
règles que nous leur communiquons pour éviter des fautes dans les
dictées. » M. C., 34 ans, IFM, 12 ans de
service.
Le désintérêt des apprenants face à
l'enseignement donné relève d'un certain manque de rigueur de la
part des enseignants. Le constat, in situ, nous permet de relever un
laxisme de la part de nombreux enseignants face à l'indiscipline des
apprenants. Ceux-ci se donnent lieu à des actes d'indiscipline qui
restent, le plus souvent, impunis.
Verbatim 7 : La responsabilité collective aux
sources des difficultés
« Les niveaux des
élèves se sont détériorés ces
dernières années, c'est un fait réel.
Cette situation est aggravée par la baisse de niveau des
enseignants de tout bord, du manque de rigueur dans
|
113
l'administration, dans les classes. Il n'y a plus de
discipline à l'école. Or sans la rigueur des enseignants dans
leur travail, sans la volonté et la discipline des élèves
dans l'apprentissage, il y aura toujours des difficultés dans
l'apprentissage de l'orthographe. Un enseignant qui n'a pas le niveau, comment
il va bien transmettre les règles de grammaire ou de conjugaison ? Il
transmet mal et les enfants apprennent mal. Et il faut reconnaitre qu'un
enseignant qui n'a pas le niveau, les élèves le savent, il n'a
aucune autorité sur ceux-ci. En retour, ceux-ci ne le respecteront pas.
Les meilleurs maîtres se sont imposés par leurs compétences
et leurs manières de transmettre les connaissances et les
élèves ont du plaisir à suivre leurs cours. Mais ceux qui
sont hésitants, qui commettent beaucoup de fautes sont connus des
enfants qui ne donnent plus du crédit à leur enseignement et
adoptent des attitudes d'indiscipline et des sentiments de mésestime non
seulement pour le maître mais pour la matière qu'il enseigne mal.
(Rires) » N. D., 66 ans, ENSec, 40 ans de
service dont 11 ans de responsabilité de Directeur
d'école.
Ce participant à notre enquête a une opinion plus
étendue sur la question. Il prend en compte plusieurs difficultés
dans la meilleure transmission des règles de grammaire et de
conjugaison, au nombre desquelles, le niveau très bas des apprenants et
celui des enseignants, le manque de rigueur de la part des enseignants et de
volonté de la part des apprenants.
« En réalité les méthodes de
transmission des règles de grammaire et de conjugaison sont efficaces.
Le problème est que les enfants d'aujourd'hui ne cherchent pas à
retenir les règles. Ils n'apprennent le plus souvent que pour les notes.
Dès que les apprenants obtiennent une note, ils ne cherchent plus
à retenir cette connaissance pour les activités futures. Ce qui
fait qu'enseigner est devenu un perpétuel recommencement sur des notions
déjà transmises. Mais pour aider les enfants à retenir les
maîtres doivent prendre du courage. En dehors du cahier de grammaire, les
enseignants doivent faire noter les règles sur des carnets et les faire
répéter par les apprenants. » N. D., 53 ans
ENSEC. R. De San, Conseiller Pédagogique, CAP de Koutiala.
Le manque d'effort de la part des apprenants est remis en
cause par cet enquêté qui soutient que les règles de
grammaire et de conjugaison sont bien transmises par les enseignants. Les
apprenants n'apprennent que pour obtenir une note dans une évaluation.
Toutefois, les mauvaises notes obtenues par les apprenants lors des
évaluations de l'orthographe permettent d'affirmer qu'ils comprennent
très peu les règles transmises par les enseignants.
Verbatim 8 : Méconnaissance des règles
d'enseignement
« Les règles de grammaire ne doivent pas
être apprises par coeur. Elles doivent d'abord être
appliquées et démontrées par l'enseignant par de nombreux
exemples, puis par les élèves parce que c'est eux qui doivent
comprendre et apprendre. C'est l'application qui démontre la
règle. Et l'enseignement de la grammaire, de la conjugaison et de
l'orthographe en général, tel que cela se
|
114
fait actuellement, abruti les enfants avec d'inutiles
règles qu'ils savent souvent citer par coeur mais qu'ils ne comprennent
pas et qu'ils ne pourront jamais appliquer. Certains maîtres partent d'un
exemple ou de deux exemples pour dégager une règle ou une
définition que les élèves mémorisent par coeur sans
rien comprendre des autres facettes de cet accord. La meilleure transmission
des règles d'orthographe lexicale ou de grammaticale réside en
leur application et leur démonstration plus qu'en une communication
théorique de connaissances. En matière de transmission de
compétences en orthographes, c'est l'emploi qui permet de dégager
une règle que les élèves doivent comprendre, savoir
appliquer correctement dans les dictées, dans les rédactions et
dans le langage oral. Toute transmission des compétences de
l'orthographe qui ne tient pas compte de ce paramètre est
médiocre et plutôt nocif comme enseignement. Or nous marchons
aujourd'hui dans cette médiocrité dans l'enseignement fondamental
donc ne soyons surpris du niveau médiocre des élèves en
orthographe. Dans nos écoles, les enseignants viennent avec des
résumés qu'ils dictent aux élèves qui les
apprennent par coeur sans rien comprendre et l'on dit qu'on enseigne, c'est la
catastrophe. (Rire). Les règles de grammaire, d'orthographe et de
conjugaison sont très mal transmises par de nombreux enseignants et
très mal comprises par la majeure partie des élèves. Le
comble c'est qu'on laisse faire, les directeurs n'ont plus d'autorité
pour faire appliquer aux enseignants ce qui relève de la
déontologie même de la profession enseignante, c'est la
permissivité au grand-dame de ceux qui sont venus dans l'enseignement
pour avoir un gagne-pain et faire autre chose. » (Mouvements
négatifs de la tête) B. C., 64 ans dont 35 ans de service,
enseignant de français à la retraite.
Ce praticien de la première heure évoque une
stratégie efficace dans l'enseignement des règles de grammaire et
de conjugaison, stratégie qui consiste à démontrer et
à appliquer les règles de grammaire à travers des
exercices pratiques qui mettent les apprenants au coeur de la pratique. Or le
constat, in situ, permet d'affirmer que sur la base de deux ou trois
phrases, les enseignants tentent de dégager une règle que les
apprenants ne comprendront jamais dans toutes ses facettes et ne pourront
jamais appliquer sans commettre des erreurs. Aussi, soutient-il que la
meilleure transmission des règles de grammaire et de conjugaison se
fonde sur la démonstration et l'application que les apprenants pourront
mieux voir, comprendre puis apprendre
« Chaque enseignant qui dispense un
cours a reçu, je crois, une formation de base pour exercer la fonction
enseignante. Aussi, une leçon bien préparée et bien
dispensée avec l'implication des élèves leur est plus
profitable et parce qu'ils apprennent mieux. Mais, nous savons comment le
travail se fait, beaucoup d'enseignants ne préparent même pas les
leçons a fortiori bien transmettre les règles de grammaire ou de
conjugaison. Le plus souvent, les enseignants ont des préparations
vielles de plus dix ans ou ils improvisent une leçon. Or l'enseignement
ne s'improvise pas, ça se prépare. Donc une leçon pas ou
mal préparée ne peut pas être bien dispensée.
(Rire). Les maîtres passent leur temps à accuser les enfants en
disant qu'ils sont nuls, ils ne connaissent rien ! C'est un faux procès,
comme on dit, pour la simple raison que pour qu'ils aient des connaissances ou
des compétences en orthographe, par exemple, il faut qu'on leur enseigne
bien des notions qu'ils comprennent bien et qu'ils apprennent afin
115
de leur permettre d'éviter le maximum de fautes
dans des évaluations de dictée et de rédaction.
» J.-M. K. D., 33 ans, IFM, 8 ans de service.
Cet enquêté, après 8 ans de service a fait
le constat que de nombreux enseignants ne préparent pas les
leçons. Cette situation conduit à l'improvisation, à un
travail bâclé et dont les seuls perdants sont les apprenants. La
préparation des leçons est une activité très
rigoureuse qui prend beaucoup de temps de lecture, de recherche et de
synthèse. Elle permet à l'enseignant d'adopter des
stratégies dans la conduite de la leçon en fonction des
apprenants. Or si cette activité n'est pas bien exécutée,
il donne lieu à des improvisations, à la
légèreté de la part du maître et à
l'incompréhension des notions transmises de la part des apprenants. Face
à une telle situation, l'on ne peut pas parler de bonne transmission des
règles de grammaire ou de conjugaison.
Verbatim 9 : Des pratiques mal en point conduisant
à des confusions
« C'est regrettable, nous avons
constaté que le niveau des enseignants baisse de plus en plus. Ils ne
font pas de recherche pour se mettre à la hauteur, si bien que par
rapport à la transmission, le plus souvent, il y'a beaucoup de
légèreté, de manque de rigueur dans le travail. Les
règles d'orthographe d'usage ou grammatical sont citées et
sommairement expliquées et on passe. Or il serait bon que les
élèves possèdent des carnets réservés pour
l'orthographe où les règles sont mentionnées, apprises et
contrôlées par le maître. On se contente d'évoquer
hâtivement certaines règles lors des préparations des
dictées ou des leçons de grammaire et de conjugaison puis on
impose une dictée. Sur cette manière de procéder, il va de
soi que les élèves ne profitent véritablement pas de cette
transmission et commettent des fautes dans les dictées. Tout repose sur
la bonne communication entre maître et élèves : que les
maîtres communiquent de façon compréhensible et que les
élèves fournissent des efforts pour apprendre. Sinon, la mauvaise
transmission des règles de grammaire et de conjugaison, pour ne citer
que ces deux matières, engendrera toujours de nombreux échecs en
orthographe. » A. S., 70 ans, ENSec, 36 ans de
service.
|
Après 36 ans de service dont 17 ans dans l'enseignement
du français et 19 ans dans l'appui-conseil des enseignants, en sa
qualité de conseiller pédagogique, ce praticien à la
retraite parle de légèreté et de manque de rigueur dans la
transmission des règles de grammaire et de conjugaison sommairement et
hâtivement expliquées. Pour lui, une bonne transmission de
règles repose sur la qualité de communication entre le maitre et
les apprenants quel que soit leur niveau.
« Nous avons appris tous à
lire et à consolider nos connaissances en lecture grâce à
des méthodes rigoureuses d'enseignement. C'est cette rigueur qui
n'existe plus dans l'enseignement aujourd'hui, c'est ce qui explique les
niveaux très bas et le nombre de plus en plus élevé
d'échec des élèves. Il est vrai que le châtiment
corporel est formellement interdit, mais quand il n'y a pas de rigueur, les
enfants n'apprennent pas. Et la leçon, même si elle est
très bien enseignée par l'enseignant le plus chevronné au
monde, si les leçons ne sont pas apprises par les enfants, c'est un
échec. Nous échouons parce qu'il n'y a plus de rigueur et lorsque
quelqu'un veut appliquer la rigueur, l'on fait face à certains
enseignants ou certains parents qui s'opposent. Or, l'enseignement ne peut pas
réussir sans cette rigueur, la rigueur dans la transmission des
règles, la rigueur dans l'apprentissage sinon même les meilleurs
pédagogues
116
ne peuvent pas réussir sans la rigueur.
Il faut reconnaitre que les jeunes enseignants eux-mêmes ils ne
maitrisent pas ce qu'on doit enseigner, il y'a trop de lacunes, ils n'arrivent
pas à corriger les élèves. Or tout enseignant qui ne
parvient pas à corriger ses élèves n'est pas un enseignant
en réalité. Si j'étais un décideur final, j'allais
écarter beaucoup de ces gens-là ! » B. M., 61
ans.
Cet ancien maître de français et ancien
conseiller pédagogique met en exergue la méconnaissance des
règles de grammaire et de conjugaison par certains enseignants, le
manque de rigueur dans leur transmission et la non implication des
élèves dans l'acquisition des compétences de
l'orthographe. Cette méconnaissance des règles par les
enseignants, aggravée d'un manque de rigueur dans leur transmission et
de la non-implication des apprenants dans l'acquisition du savoir orthographier
sans erreurs des mots dans un texte constituent des entraves à un
enseignement efficace d'un savoir-faire en ce qui concerne l'orthographe.
Au regard des discours recueillis auprès des
enquêtés, il ressort que les règles de grammaire et de
conjugaison sont bien transmises par les enseignants mais mal ou pas comprises
par les apprenants à cause de leur niveau faible. Or, la meilleure
transmission des règles doit tenir compte, en premier lieu, du niveau de
compréhension des apprenants et en second lieu des objectifs à
atteindre. Les résultats des évaluations permettront de confirmer
l'efficacité de l'enseignement donné. En dehors des facteurs
d'appréciation ci-dessus énumérés, l'on ne peut
guère parler de bonne transmission des règles de grammaire et de
conjugaison. Une analyse approfondie des mauvaises notes obtenues par les
apprenants en d'orthographe, l'on peut, sans conteste, affirmer que les
règles de grammaire et de conjugaison ne sont pas bien transmises par
les enseignants de français. Ce constat nous amène à
affirmer que si les apprenants continuent à faire de plus en plus des
fautes d'orthographe lexicale ou grammaticale c'est qu'ils n'ont pas un
enseignement efficace qui leur permette de les éviter.
? L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO)
comme solution aux difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le
système éducatif malien au niveau du second cycle de
l'enseignement fondamental.
« L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif peut
s'avérer une méthode efficace pour trouver une solution aux
difficultés d'apprentissage de l'Orthographe. Le maître doit se
fixer un objectif précis pour enseigner l'orthographe ; par exemple
l'accord des verbes à un temps précis, du participe passé,
celui des adjectifs qualificatifs ou encore le pluriel des noms avec les
changements qu'il engendre sur les verbes. Ainsi, la dictée qui est
l'épreuve d'évaluation de l'orthographe doit porter sur un
objectif précis, elle doit être ciblée sur un accord
précis sur lequel le maître a donné son enseignement.
L'évaluation portera exclusivement sur les erreurs commises par les
apprenants sur la notion enseignée. Si l'enfant arrive à faire
correctement les accords, il a ses points, toutefois, s'il commet des fautes
sur la nation enseignée, le maître tirera la décision qui
s'impose. Mais ce qui se déroule présentement dans les classes,
le maître choisit un texte qu'il impose aux élèves sans
leur enseigner au préalable la notion concernée et sanctionne
toutes les erreurs commises par les élèves. Cette méthode
d'évaluation de la dictée pénalise les enfants. Par cette
méthode nous pouvons améliorer considérablement le niveau
des
117
apprenants en orthographe, mais les choses se
déroulent autrement sur le terrain. » S., S., 39 ans,
DEF/IFM, 13 ans de service.
Cette praticienne reconnait que la méthode actuelle de
contrôle de l'orthographe par la dictée est contre-productive dans
l'apprentissage de l'orthographe et pénalise les élèves.
En effet, souligner toutes les fautes commises par les élèves
dans un texte de dictée n'entraine que des mauvaises notes,
mésestime et échec dans l'apprentissage de l'orthographe.
L'apprentissage de l'orthographe grammaticale et lexicale doit reposer sur
l'enseignement fondé sur un objectif précis.
« Si l'enseignement est
rendu compliqué à cause des situations que j'ai
évoquées un peu plus haut, celui de l'orthographe est encore plus
rude car les élèves arrivent au second sans aucune base. Mais en
faisant un enseignement par objectif, nous pouvons évaluer les
élèves sur la base de ce que nous leur avons enseigné
peut-être nous pouvons améliorer leurs connaissances en
orthographe. L'orthographe pose d'énormes problèmes et les
élèves ne font ramasser que des zéros dans les
dictées. Nous ne pouvons pas tout enseigner aux enfants mais en allant
étape par étape ils peuvent suivre mieux et éviter des
fautes. Mais, il y'a un mais (rire), parce que tout se passe dans la classe
entre les élèves et les enseignants. Si chacun ne joue pas son
rôle nous retombons dans le même cercle de
médiocrité. » R. C., 36 ans, BAC, SARPE, 11 ans
de service.
L'enseignement et l'évaluation de l'orthographe par
objectif pourraient être une solution aux difficultés
d'apprentissage de cette sous-discipline du français, à la seule
condition que chacun : enseignant et apprenant joue son rôle.
L'enseignement de l'orthographe sur la base des objectifs spécifiques et
successifs permet un apprentissage plus cohérent et une
évaluation plus juste.
« C'est possible que l'enseignement
par objectif de l'orthographe puisse aider les élèves à
mieux comprendre et d'apprendre l'orthographe. L'orthographe d'usage et de
grammaire c'est la bête noire des élèves. Ils commettent de
nombreuses fautes dans les dictées et dans les rédactions ce qui
représente en grande partie une cause de leur échec. Donc c'est
à l'enseignant de comprendre les fautes couramment commises par les
élèves dans les devoirs et leur donner un enseignement
fondé sur un objectif précis à partir duquel ils seront
évalués. Ainsi, progressivement, les élèves
pourront maitriser une série d'accord de verbes, de noms, d'adjectifs
qualificatifs ou de participe passé avant la fin du trimestre ou de
l'année. On a beau enseigné la conjugaison si les apprenants ne
maitrisent pas les terminaisons des verbes à tel ou tel temps, notre
enseignement ne sert à rien. » S. F., 32 ans, BT2/IFM,
7 ans de service.
Si orthographe sans faute constitue la bête noire des
apprenants, comme le reconnait cette enquêtée, il est urgent de
notre de point de vue, de rendre plus efficace son enseignement afin de rendre
plus facile son acquisition par les apprenants à travers un enseignement
par objectifs successifs. Cette stratégie permettra aux apprenants
d'acquérir, progressivement et sûrement, un cumul de
compétences requis pour chaque niveau d'apprentissage. Ce cumul de
connaissance et compétences en orthographe doit être
déterminée pour chaque classe par les curricula.
118
« Pour être efficace,
l'enseignement de l'orthographe doit être orienté par un objectif.
Car il s'agit de donner aux élèves des compétences dont
ils vont se servir dans le langage oral comme dans le langage parler. Si
à travers le langage parlé les erreurs commises ne sont pas
visibles, dans le langage écrit, par contre, les fautes sont visibles et
démontrent le niveau d'instruction de la personne qui les a commises.
Les connaissances des élèves en orthographe sont
évaluées à travers la dictée, aussi en donnant un
enseignement sur un accord précis, les apprenants ont plus de chance de
comprendre et d'apprendre cette notion. Aussi une évaluation sur cet
accord à travers une dictée de contrôle permet - elle de
jauger le niveau de compréhension des élèves. Une
évaluation de l'orthographe fondée sur cette base est plus
efficace et plus juste que la vieille formule de dictée de
contrôle où le maître souligne toutes les fautes commises
par les élèves et leur distribue des zéros. On ne peut pas
tout enseigner aux élèves mais en allant étape par
étape, on peut leur permettre d'éviter certaines fautes graves
à ce niveau. Ils vont découvrir le reste dans la vie. »
Ti. C., 29 ans, IFM/Maitrise en Géographie du
développement, 4 ans de service.
« Ça pourrait être une
solution mais tout dépend des élèves parce que c'est
à eux qui doivent apprendre. » M. A. T., 34 ans, IFM,
9 ans de service.
Cet enseignant généraliste du premier cycle a
été reconverti en enseignant du français au niveau du
second cycle. Il met en cause la mauvaise volonté des
élèves. Il a des difficultés d'exprimer ses idées
et ses réponses sortent en dehors du cadre de la question posée.
Il est surtout resté très critique à l'endroit des
élèves qui, selon lui, sont à la base de leur
ignorance.
« L'enseignement du français est rendu
difficile pour nous maîtres du second cycle parce que les
élèves arrivent sans aucun niveau. Concernant l'orthographe que
nous évaluons à travers les dictées
préparées ou de contrôle, nous devons donner un
enseignement plus précis aux élèves par classe et par
niveau. Je le pratique depuis quelques temps parce que je me rends compte que
même dans les dictées préparées, les enfants font
beaucoup de fautes et obtiennent de mauvaises notes. Je fais deux
dictées préparées au cours desquelles j'enseigne aux
élèves des accords précis sur des verbes ou sur des noms,
je rétiens ainsi leur attention sur les notions enseignées. Et en
fin de semaine, je fais une dictée de contrôle sur ce que je leur
ai enseigné. Ils prennent cela au sérieux surtout lorsque je leur
annonce que le prochain devoir de dictée de contrôle portera sur
ces notions. A l'exception de certains qui ratent la moyenne, beaucoup
parviennent à faire correctement les accords et avoir de bonnes notes.
» I. D., 33ans, IFM/Maitrise en Anthropologie, 3 ans de
service.
Les tares accumulées par les apprenants dans les
classes antérieures constituent des raisons suffisamment avancées
pour expliquer les difficultés d'apprentissage de l'orthographe au
second cycle de fondamental. Nous remarquons une prise de conscience de la part
de cet enquêté qui donne un enseignement précis qu'il
soumet à une évaluation. C'est par une série d'objectifs
précis et successifs que l'on peut conduire les apprenants à
acquérir des compétences orthographiques.
« Tout enseignement efficace doit
être fait sur la base d'un objectif. Cela facilite la
compréhension et l'apprentissage de la part des élèves.
L'enseignement de l'orthographe d'usage ou de grammaire doit être fait
sur cette même base. C'est pour cela au premier cycle, le programme
prévoit l'enseignement des noms contenant deux t, deux
p, deux s ou deux c. Vu le niveau très
bas des élèves, le programme doit permettre de poursuivre
l'enseignement de ces notions très utiles qui aident les
élèves à éviter des fautes. Que ce soit
l'orthographe d'usage ou de grammaire, l'enseignement doit porter sur des
objectifs clairs compris par les élèves. Cela permettra de faire
une évaluation objective des élèves au cours des
devoirs. » S. S. 42 ans, IFM, 14 ans de
service.
119
Après 14 ans de service, ce diplômé de
l'Institut de Formation des Maîtres (IFM) reconnait que l'enseignement de
l'orthographe doit se faire selon des objectifs. Cela permettra de
l'évaluer par objectif. Toutefois, il recommande un suivi permanent des
enseignants dans l'exercice de leur profession. Il ne faut pas attendre des
difficultés pour chercher à trouver des solutions mais tenter de
les prévenir à travers des formations pédagogiques.
«Avec les
élèves d'aujourd'hui, on ne peut pas les aider. On fait ce qu'on
peut. » M. C., 34 ans, IFM, 12 ans de
service.
Nous sentons un sentiment d'impuissance de la part de cet
enquêtée face à l'ampleur du travail à accomplir. Ce
qui réduit son acte d'enseignement à rendre un service minimum
quitte aux apprenants de recevoir un enseignement au rabais qui engendre
incompréhension, baisse de niveau et échec scolaire. Face
à ce cul de sac, il convient de notre point de donner un enseignement
progressif et efficace de l'orthographe par objectif qui prend en compte les
erreurs des apprenants afin de les impliquer dans le processus d'apprentissage
dont ils sont les grands bénéficiaires.
« Ce qui rend un enseignement
efficace c'est sa transmission et son évaluation par objectif en plus
des conditions que j'ai ci-dessus évoquées. L'enseignement
surtout celui de l'orthographe d'usage ou de grammaire doit être
basé sur des compétences à faire acquérir aux
élèves, compétences dont ils vont se servir après.
Donc c'est du concret que les élèves sauront appliquer et non des
définitions théoriques. Mais si l'on veut sanctionner toutes les
fautes dans un texte de dictée, ils vont toujours ramasser des mauvaises
notes et nous les poussons à l'échec. L'évaluation de
l'orthographe à travers la dictée a toujours posé des
problèmes et les élèves ont toujours ramassé de
zéros. Nous devons donc changer notre manière d'enseigner
l'orthographe et surtout de l'évaluer. » N. D., 66
ans, ENSec, 40 ans de service dont 11 ans de responsabilité de
Directeur d'école.
Après quarante ans de service, cet enseignant de la
première heure, retraité, évoque les difficultés
d'enseignement et d'apprentissage du français en général
et de son orthographe en particulier. Si l'enseignement de l'orthographe
requiert de la part des enseignants une formation nécessaire pour
transmettre des compétences, l'apprentissage de cette discipline exige
de la part des apprenants de la volonté de la consistance. Il reconnait
que, pour permettre aux apprenants d'apprendre efficacement l'orthographe, il
convient de l'enseigner et de l'évaluer selon des objectifs
précis.
120
Verbatim 10 : Analyse des pratiques de classes des
enseignants à propos des stratégies utilisées
« Bien entendu, l'enseignement par objectif de
l'orthographe peut être une solution aux difficultés
d'apprentissage du français en général et de son
orthographe en particulier. Avec les apprenants d'aujourd'hui, les
maîtres doivent aller étape par étape. Rappelez-vous que
les années 1990 ont été marquées par l'introduction
des nouvelles méthodes pédagogiques ; l'on parlait de
Pédagogie Par Objectifs, (PPO), d'Objectifs Pédagogiques
Opérationnels (OPO). Une application sérieuse des OPO demande,
certes, un travail rigoureux de la part des enseignants mais favorise une
transmission plus efficace des connaissances et une acquisition plus rapide de
ces mêmes connaissances de la part des élèves. En
réalité, ce n'est pas ce qui se passe dans les classes. Lors de
nos suivis pédagogiques, nous faisons l'appui-conseil aux enseignants
sur les bonnes méthodes de transmission de savoirs mais dès que
nous tournons le dos, ils font ce qu'ils veulent. L'enseignement de
l'orthographe, s'il est fondé sur un objectif précis, par exemple
: l'accord du verbe au présent ou à un autre temps, l'accord du
participe passé employé sans auxiliaire, avec l'auxiliaire
être ou avoir, ou encore l'accord du pluriel des noms, permet aux
apprenants de retenir plus facilement les notions enseignées. Et c'est
étape par étape, sur la base des difficultés en
orthographe des enfants qu'un enseignant doit donner ces enseignements. Les
évaluations de l'orthographe doivent porter sur ces notions
enseignées contrairement à ce que les enseignants font dans leurs
classes. Ils choisissent un texte de dictée, sans donner au
préalable aucun enseignement fondé sur un besoin réel des
apprenants, et ils soulignent toutes les fautes. C'est ce qui donne des
résultats catastrophiques en orthographe que nous enregistrons en fin de
chaque trimestre ou de chaque fin d'année. » N. D., 53
ans ENSEC. R. De San, Conseiller Pédagogique, CAP de
Koutiala.
L'enseignement par objectif peut être une solution aux
difficultés d'apprentissage de l'orthographe, selon ce participant. Face
à la complexité de l'orthographe française, seul un
enseignement progressif fondé sur des objectifs précis favorise
une acquisition cohérence de la graphie correcte des mots.
« L'enseignement doit se
faire par objectifs. Celui de l'orthographe du français exige encore
plus de rigueur, plus de pédagogie pour atteindre des résultats
escomptés. L'enseignement de l'orthographe ne doit pas être un
enseignement théorique mais un enseignement pratique car les
élèves doivent s'en servir correctement dans les devoirs ou dans
toute autre production écrite. Donc l'enseignement de l'orthographe doit
être concret fondé sur des compétences orthographiques
à faire acquérir aux élèves. Et chaque
compétence à faire acquérir aux élèves doit
être formulée sous forme d'objectif à atteindre. Et tant
que cet objectif n'est pas atteint, l'enseignement donné est un
enseignement fictif sans aucun intérêt pour les
élèves qui écoutent mais qui ne retiennent rien de ce que
le maître leur enseigne. Comme, je le disais plus haut, les règles
de grammaire ne doivent pas être apprises par coeur mais doivent
être comprises et appliquées. » B., 64 ans dont
35 ans de service, enseignant de français à la
retraite.
Après 35 ans de service cet enquêté
soutient que l'enseignement de l'orthographe doit se faire par objectif. Il
affirme qu'il doit être un enseignement pratique c'est-à-dire qui
implique les apprenants dans le maniement de l'orthographe lexical et
grammaticale des mots à travers des exercices permanents et soutenus,
collectifs et individuels. C'est à ce prix que nous permettrons aux
apprenants d'acquérir, progressivement et surement, des
compétences en orthographe et de réduire considérablement
le nombre d'échec lié au non maitrise de cette discipline.
121
« Avec l'évolution de la didactique et de la
pédagogie, les méthodes évoluent et s'adaptent selon les
enseignements, les circonstances et les élèves. Les enseignements
de l'orthographe doivent viser les compétences que les
élèves doivent avoir pour réussir leurs devoirs. Ils
doivent être donc fondés sur des objectifs précis pour
donner aux élèves des notions très claires. D'ailleurs
c'est sur cette base que les élèves doivent être
évalués. Par contre les maîtres pratiquent la
dictée, aujourd'hui lorsque l'administration leur réclame des
notes de fin de trimestre. Ils imposent alors une épreuve de
dictée de contrôle qui répond à aucun enseignement
donné entièrement. Les élèves font de nombreuses
fautes pour obtenir de mauvais résultats. C'est décourageant pour
les élèves. L'évaluation de l'orthographe se fait à
travers l'épreuve de dictée de contrôle, aussi, en donnant
progressivement un enseignement par objectif, l'on doit évaluer aussi
par objectif et aider les élèves à améliorer
considérablement leur niveau. » J.-M. K. D., 33 ans,
IFM, 8 ans de service.
L'enseignant est un professionnel de l'éducation qui
adapte, de façon constante, ses stratégies d'enseignement en
fonction des objectifs d'enseignement et du niveau des apprenants. Cette
capacité d'adaptation et d'adoption constante de nouvelles
stratégies en fonction des difficultés d'apprentissage doit
être toujours mise en exergue par les enseignants afin de juguler les
entraves à l'apprentissage. C'est dans ce contexte que l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) pourrait être, selon cet
enquêté, une solution aux difficultés d'apprentissage de
cette discipline dont la maîtrise aide, sans nul doute, les apprenants
à acquérir un niveau requis dans l'expression écrite mais
à favoriser leur réussite scolaire.
« L'enseignement pas objectif est
venu dans l'enseignement au Mali, dans les années 1990. Mais, je ne suis
pas partant pour un enseignement de l'orthographe par objectif. Une
dictée réussie c'est écrire sans fautes l'orthographe
d'usage et de grammaire de tous les mots : noms, verbes, adjectifs ou
participes. En matière spécifique de préparation à
la dictée, le maître préparera les élèves sur
l'orthographe des mots commençant par acc-, app, ass-, all- ou encore
att-, les mots ainsi enseignés seront évalués à
travers une dictée de contrôle. Là, je suis pour
l'enseignement de l'orthographe par objectif mais pour ce qui est de la
dictée elle-même, je suis très conservateur parce que la
dictée c'est l'écriture correcte des mots, donc il faut tout
sanctionner mais le maître doit tenter d'améliorer le niveau
à travers la correction de la dictée. Il faut que les
maîtres corrigent avec les élèves. » A.
S., 70 ans, ENSec, 36 ans de service.
Cet enseignant de français, ancien conseiller
pédagogique est sceptique quant à l'efficacité de
l'enseignement de l'orthographe et de son évaluation par objectif. Une
telle réserve de la part des aînés dans la profession
enseignante n'est pas surprenante, tant l'esprit de conservation demeure vivace
et le déphasage avec les défis actuels de l'apprentissage de
l'orthographe par les apprenants restent, méconnu.
« Toutes les matières doivent
être enseignées et évaluées par objectif. Cela
pourrait être une solution aux difficultés d'apprentissage de
l'orthographe en particulier. Mais je reviens sur la rigueur dont j'ai
parlée sans laquelle, la meilleure méthode didactique ne pourrait
jamais réussir. Le meilleur moyen d'évaluer le niveau d'un
élève en orthographe, c'est la dictée, or cette vieille
pratique n'a jamais permis
122
d'améliorer le niveau des apprenants dans cette
discipline, bien au contraire, donc il faut chercher à améliorer
l'enseignement de l'orthographe elle-même. » B. M., 61
ans, ENSec, 33 ans de service.
Pour ce participant, l'enseignement et l'apprentissage de
l'orthographe par des objectifs pourrait être une solution aux
difficultés d'apprentissage de l'orthographe. Toutefois, il met en
exergue la rigueur non seulement dans la transmission des connaissances de la
part des enseignants mais aussi le sérieux et de la volonté de la
part des apprenants.
4.1.3-Les données de l'observation directe de
leçons
La technique de l'observation directe nous a permis d'examiner
in situ des faits, des gestes et des comportements qui corroborent ou
non nos hypothèses de recherche. Au cours de cette étape de notre
enquête, nous avons observé l'exécution des leçons
de lecture expliquée, de lecture suivie dirigée, de grammaire, de
conjugaison afin de déceler si l'insuffisance du temps accordé
aux apprenants à la lecture en classe et les mauvaises méthodes
de transmission des règles sont des difficultés réelles ou
non d'apprentissage de l'orthographe dans le système éducatif
malien à travers l'étude du cas du second cycle de Darsalam. Du
Mercredi 16 Mai au Vendredi 31 Mai 2018, nous avons observé
l'exécution des leçons de lecture, de grammaire et de conjugaison
en vue de mieux comprendre les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe qui expliquent les mauvaises notes obtenues par les
élèves en dictée de contrôle. Nous soumettrons les
données de l'observation directe à une analyse qualitative.
4.1.3.1-Les données de la première
séance d'observation directe de leçon de lecture
La première leçon de lecture expliquée
d'une durée d'une heure que nous avons observée portait sur un
texte intitulé : Vertu du travail tiré du roman Kocoumbo,
l'étudiant noir, de l'écrivain ivoirien Gérard
Aké Loba. Le texte est tiré du livre de Français
8ème année des éditions DONNIYA. Elle s'est
déroulée dans une classe de 8ème année
(4ème année) avec un effectif de 73
élèves. Nous signalons, de passage, l'erreur commise dans le
livre sur la nationalité de l'auteur considéré comme un
auteur gabonais tandis que Gérard Aké Loba est de
nationalité ivoirienne, né en 1927 à Abobo en
République de Côte d'Ivoire. Le texte comptait 253
mots. Les élèves ont procédé à une
lecture silencieuse du texte qui a duré 4 minutes. Puis le maitre
interroge un élève âgé de 16 ans qui lit tout le
texte en 11 minutes. Or, le temps mis par un lecteur lent du
niveau primaire est de 110 à 150 mots à la minute. Avec un temps
de 11 minutes pour lire 253 mots, ce lecteur
adolescent de 16 ans, de la 8ème année
(4ème), est 7 fois plus lent qu'un lecteur lent du primaire.
Puis un deuxième lecteur qui lit une partie du texte de 46
mots en 3 minutes et enfin un troisième
lecteur qui achève le reste du texte composé de 207
mots en
123
3 minutes. L'objet de notre étude
n'est, certes, pas d'établir une performance en lecture, mais, les
difficultés d'identification et de prononciation des mots par les
apprenants à ce niveau d'étude sont des entraves à
l'acquisition des compétences de l'orthographe. Au cours de la lecture
des élèves commettent de nombreuses erreurs de prononciation. Le
maitre corrige certaines erreurs et laisse passer d'autres. L'objectif de la
lecture expliquée n'est pas énoncé ni oralement ni par
écrit aux apprenants. En tout, pour cette séance d'une heure de
lecture expliquée, trois élèves sur un effectif de
73 ont fait la lecture à haute voix pour un total de
17 minutes. Puis le maître consacre 30
longues minutes au chapitre de la compréhension du texte. Nous
avons relevé d'énormes difficultés des
élèves dans les tâches de décodage des mots, ce qui
compromet la compréhension générale du texte. Les autres
chapitres ne sont pas étudiés.
Le livre de lecture en usage au second cycle de Darsalam est
conçu de manière à permettre au maître de faire une
étude textuelle et grammaticale approfondie. Il prévoit, en effet
cinq chapitres comportant la compréhension du texte composé des
sous-chapitres : familiarise-toi et relis attentivement le texte puis
réponds par vrai ou faux, les chapitres du vocabulaire, de la grammaire
et/ou de l'orthographe, de la conjugaison et de l'expression écrite.
Tous les livres de lecture des éditions DONNIYA, en usage au
second cycle de Darsalam, sont l'oeuvre des mêmes auteurs et
élaborés suivant la même structuration. Ils constituent des
outils pédagogiques importants pour donner un enseignement
cohérent du français à travers la lecture. Cette
précision est de taille. Elle prouve que l'élaboration de ce
livre de lecture, répond à un souci de cohésion dans
l'enseignement/apprentissage des différentes disciplines du
français. Il faut, comme le recommande le programme officiel de
français au 2ème cycle fondamental du Mali, «
éviter les clivages stériles entre les différentes
disciplines de français (grammaire-rédaction-lecture
expliquée-lecture suivie et dirigée-dictée
préparée-récitation-vocabulaire) »94
Et « Ces éléments si harmonieusement conjugués
doivent aider l'élève à s'exprimer correctement.
»95 Il s'agit de l'expression orale et écrite de la
langue française. Ainsi, à travers la lecture d'un texte, toutes
notions indispensables à la maitrise du français, à ce
niveau d'étude, sont prises en compte.
Aucun élève n'est interrogé pour
écrire au tableau les mots difficiles, l'accord des verbes ou d'autres
mots tirés du texte. Le maitre a écrit tout au tableau à
mesure qu'il expliquait la leçon.
94 Programme officiel du second cycle de
l'enseignement fondamental du Mali, p. 19.
95 Idem., p. 19.
124
4.1.3.2-Les Données de la deuxième
séance d'observation directe de leçons de lecture
Dans le souci de vérifier si l'insuffisance du temps
accordé aux apprenants à la lecture est une difficulté
d'apprentissage de l'orthographe, nous avons procédé à
l'observation directe d'une deuxième leçon de lecture
expliquée dans une classe de 7ème année avec
une effectif 109 élèves le Jeudi 17 Mai 2018, de 8h45 à
9h45 mn. Elle portait sur le texte intitulé « Gnathon »
comprenant 708 mots, tiré de l'oeuvre « les caractères
» de Jean de La Bruyère (1645-1696). L'objectif de la lecture
n'est pas énoncé.
Après une lecture silencieuse de 5 mn
par les apprenants, le maître fait une lecture magistrale. Puis trois
élèves sont interrogés pour faire une lecture à
haute voix du texte. Le premier élève lit une partie du texte
comprenant 202 mots en 3 mn puis le
deuxième, une partie de 147 mots en 2
minutes, le troisième lecteur, suite à de nombreuses
mauvaises prononciations, sur presque chaque mot, a été
remplacé par un quatrième. Il lit 47 mots en 3
minutes tandis que le quatrième élève achève le
reste du texte, soit 312 mots en 5 minutes.
Notre objectif n'est pas d'établir une performance des apprenants en
lecture, mais prouver que le temps accordé aux apprenants pour se
familiariser avec un texte, découvrir les mots et comprendre leur
graphie à travers la lecture, est insuffisant. Au total, la lecture
à haute voix du texte de la part des élèves dure
13 minutes pour un effectif de 109 élèves. Le
maitre procède par une série de 13 questions de
compréhension auxquelles il a, le plus souvent donné, des
réponses pour « avancer, ajoute-t-il ! ». La
leçon se limite à cette série de questions de
compréhension. Aucune séance de graphie n'est prévue. Les
élèves lisent avec des doigts, les mauvaises prononciations sont
nombreuses mais le maître laisse faire. « Si je dois corriger
toutes ces erreurs de prononciation, je vais passer toute l'année
à lire le même texte ! Ironisa-t-il, le sourire aux
lèvres ! »
La prononciation du verbe « embarrasser »
au lieu de « embrasser », dans le texte, par les trois
lecteurs, a donné une bonne occasion au maître d'envoyer des
élèves au tableau pour leur permettre non seulement de mieux
maitriser leur orthographe mais aussi de savoir leur prononciation, leur sens
pour ne plus les confondre. Toutefois, le maître n'a pas saisi cette
opportunité pour permettre aux apprenants d'identifier les deux verbes,
de les prononcer et de les orthographier correctement.
4.1.3.3 -Les données de l'observation directe de
leçons de grammaire et de conjugaison
La technique d'investigation de l'observation directe nous a
permis comprendre les pratiques de la transmission des règles de
grammaire et de conjugaison au groupe scolaire second cycle
125
de Darsalam. Elle nous a permis de comprendre les
méthodes de transmission des règles de grammaire et de
conjugaison, leur efficacité et surtout leur insuffisance. Les sections
suivantes présentent les résultats des séances
d'observation directe des leçons de grammaire puis de conjugaison.
4.1.3.4-Les données de l'observation directe
d'une leçon de grammaire sur les pronoms possessifs
La leçon de grammaire observée a
été exécutée le Jeudi 17 Mai 2018 dans une classe
de 7ème année. Elle portait sur les pronoms possessifs. Le
maître a porté un corpus de trois phrases au tableau. Il souligne
les pronoms possessifs contenus dans les phrases en fonction des
réponses données par les élèves. L'objectif de la
leçon n'est pas énoncé. Suite à une série de
questions posée par le maître, les élèves citent les
autres pronoms possessifs. Le maître porte au tableau les réponses
données par les élèves. Aucun apprenant n'est
envoyé au tableau pour souligner ni pour écrire les pronoms
possessifs. En l'absence de toute activité de verbalisation96
de la part des apprenants sur la notion enseignée par le maître,
le processus d'acquisition et de consolidation devient, le plus souvent,
difficile et les apprenants se contentent d'assister à leur
enseignement. Ainsi, Kathy Wilkinson, (2009 : 25), dans le cadre de la
dictée 0 faute, soutient que « l'enseignant qui initie un
questionnement pour amener les élèves à verbaliser un
raisonnement en grammaire ou en orthographe suscite ainsi la verbalisation pour
avoir accès à l'activité mentale des
élèves. ».
Aussi, les tentatives vaines des élèves de
donner une définition au pronom possessif relèvent de la non
implication de ceux-ci dans le processus enseignement/acquisition de
compétences orthographiques. Le maître se résume à
donner une définition des pronoms possessifs puis il la porte au
tableau. Aucune évaluation formative n'est donnée pour
vérifier si la notion enseignée est bien comprise et
assimilée par les apprenants. Or tout enseignement doit être suivi
d'une évaluation permettant de vérifier l'efficacité ou
l'inadaptation des méthodes de transmission du savoir en fonction des
apprenants au regard non seulement des objectifs fixés mais aussi des
résultats atteints. Le manque d'évaluation constitue une
insuffisance fondamentale dans le processus d'enseignement-apprentissage.
L'efficacité de l'enseignement d'une et même notion est le
résultat d'une conjonction des facteurs indispensables à sa
réussite. Elle est, le plus
96 Boyer, 1997, cité par Kathy Wilkinson,
2009, conçoit que la verbalisation peut inclure toute forme de
témoignage obtenu, notamment la réponse à des questions
plus ou moins ouvertes portant sur les activités mentales du sujet
durant une tâche donnée.
126
souvent, fonction des apprenants, des circonstances
d'apprentissage, des méthodes et transmission de connaissances, du
milieu et de l'enseignant.
Suite à la leçon de grammaire sur les pronoms
possessifs, le maître ayant renoncé à donner un devoir, et
pour des fins de notre étude, nous avons soumis les apprenants à
un devoir de grammaire sur les pronoms possessifs en vue de vérifier
l'efficacité de l'enseignement. Nous avons soumis deux exercices : le
premier est un exercice à trou dont la consigne était : remplace
les pointillés par un pronom possessif convenable ; le deuxième
avait pour consigne : remplace le nom répété dans la
phrase par le pronom possessif convenable. Les résultats de ce devoir
soumis à 91 apprenants sont classés en ordre décroissant
de 14 à 00 sur 20, aucun élève n'a obtenu une note
supérieure à 14 sur 20.
Graphique 6 : résultats du devoir de
grammaire sur les pronoms possessifs.
00 sur 20 01 à 09 10 à 14
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
Notes sur 20 nombre d'élèves ayant obtenu
la note pourcentage
00 24 26%
01 à 09 64 70%
10 à 14 3 3%
Total 91 99%
Les résultats de ce devoir montrent, à
suffisance, que l'enseignement théorique donné par le
maître n'est ni compris ni assimilé par les élèves.
Ils corroborent, sans nul doute, que 97% des élèves qui ont suivi
le cours sur le pronom possessif ne l'ont pas compris. Ils sont les
résultats
d'une mauvaise transmission où l'enseignant est le seul
maître et donne son enseignement théorique qui n'implique pas les
apprenants engagés dans le processus d'apprentissage.
4.1.3.5 -Les données de l'observation directe
d'une leçon sur la conjugaison des verbes à l'imparfait de
l'indicatif
Nous avons observé l'exécution d'une
leçon de conjugaison sur l'imparfait de l'indicatif dans une classe de
8ème année (4ème année), le
Lundi 21 Mai 2018. Le maître a produit un corpus de trois phrases
contenant des verbes à l'imparfait de l'indicatif. Il a
procédé à une série de questions pour avoir les
terminaisons des verbes à l'imparfait. Les réponses
données par les élèves sont portées au tableau par
le maître : -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient. Puis
après plusieurs tentatives manquées de définition de
l'imparfait par les élèves, le maître donne la
définition. Aucun objectif de la leçon n'est
énoncé. La participation des élèves s'est
limitée à citer les terminaisons des verbes à l'imparfait.
Les élèves n'ont pas été invités à se
familiariser à la graphie des terminaisons des verbes selon leur groupe.
Suite à cette leçon de conjugaison sur l'imparfait de
l'indicatif, un texte de dictée contenant vingt verbes est porté
au tableau avec la consigne : mettez les verbes entre parenthèses
à l'imparfait de l'indicatif.97 Nous avons adopté
cette stratégie afin d'éviter des erreurs de diction de la part
du maître et d'audition de la part les apprenants. L'évaluation a
donné les résultats quantitatifs suivants : sur un effectif de 65
élèves 16 ont obtenu une note de 10 à 19 sur 20, ce qui
représente 25%, 34 élèves ont obtenu une note comprise
entre 01 et 09, soit 52%, tandis que 15 qui ont obtenu une note de 00/20 soit
23%. Trois quart des apprenants ont raté la moyenne.
Graphique 7 : résultats du devoir de
grammaire sur l'imparfait de l'indicatif : les notes sont classées de 00
sur 20 ; 01 à 09 sur 20 et de 10 à 19.
127
97 La copie du devoir en Annexe, p.
0.00
01 à 09 10 à 19
128
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
Notes sur 20 élèves ayant obtenu la note
pourcentage
00
|
15
|
23%
|
01 à 09
|
34
|
52%
|
10 à 19
|
16
|
25%
|
Les résultats du devoir de grammaire nous a permis de
répertorier un ensemble d'erreurs liées aux terminaisons des
verbes conjugués à l'imparfait. Deux confusions de taille dans
l'enseignement de l'imparfait ont induit les apprenants à commettre de
nombreuses fautes de grammaire :
-la première est liée à la globalisation
des terminaisons : ais, ais, ait, ions, iez, aient pour tous les
verbes des différents groupes. Or, une précision des terminaisons
: -issais-issais, -issait,-issions, -issiez,-issaient, des verbes du
2ème groupe ayant pour participe présent issant
était nécessaire. Les erreurs commises suite à cette
mauvaise transmission des terminaisons des verbes à l'imparfait de
l'indicatif se présentent dans les tableaux 21 et
22 suivant deux typologies :
Tableau 18 : les erreurs liées au non
maitrise des terminaisons des verbes du 2ème groupe.
129
Verbes
|
Terminaisons à
l'imparfait des
verbes du texte.
|
Fautes commises
par les élèves
|
Nombre d'élèves
ayant commis la faute
|
Pourcentage
|
Blanchir
|
L'aube
blanchissait l'horizon
|
L'aube blanchait
|
26
|
40%
|
l'horizon.
|
Gravir
|
Tu gravissais la
côte.
|
Tu gravais la côte à
|
29
|
45%
|
pied.
|
retentir
|
La sirène
retentissait.
|
La sirène retentait.
|
32
|
49%
|
|
Remplir
|
Je remplissais la
marmite de viande.
|
Je remplais la
|
33
|
51%
|
marmite de viande
|
Réussir
|
Nous réussissions
notre devoir.
|
Nous réussions
|
37
|
57%
|
notre devoir.
|
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
Au regard de ce tableau, les erreurs commises par les
apprenants sont celles relatives à un manque de précision dans la
transmission des terminaisons de verbes du deuxième groupe. Avec des
pourcentages allant de 40 à 57% des apprenants ayant mal écrit
les terminaisons des verbes du deuxième groupe, l'insuffisance de
l'enseignement théorique et la non implication des apprenants doivent
être remis en cause.
Tableau 19 : les erreurs liées
à la confusion des terminaisons des verbes au conditionnel
présent : -rais et à celles de l'imparfait
-ais.
130
Verbes
|
Terminaison de verbes du texte à l'imparfait
|
Fautes
commises par les élèves
|
Nombre
d'élèves ayant commis la faute
|
Pourcentage
|
Envahir
|
Les herbes
envahissaient la cour.
|
Les herbes
envahiraient la
|
18
|
28%
|
cour.
|
Suspendre
|
Je suspendais
mon
imperméable
|
Je suspendrais
|
21
|
33%
|
mon
imperméable.
|
Défendre
|
Je défendais
mes amis.
|
Je défendrais
|
27
|
42%
|
mes amis.
|
Attendre
|
Il attendait le
train.
|
Il attendrait le
|
27
|
42%
|
train.
|
Mettre
|
La terre se
mettait à trembler.
|
La terre se
mettrait à
|
42
|
65%
|
trembler.
|
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
Les erreurs commises sont consécutives aux confusions
faites, suite à un enseignement qui, loin de démystifier la
pratique de la conjugaison, plonge les apprenants dans un doute orthographique.
Au-delà des erreurs commises, cette mauvaise transmission, des
terminaisons, installe de façon durable la confusion sur ce que les
apprenants auraient pu éviter si l'on se souciait de leurs besoins
réels en orthographe.
4.1.4-Les données du Test et au post Test sur la
dictée par objectif
Ce point de notre recherche présente les données
recueillies suite aux différents tests réalisés afin de
vérifier l'efficacité de l'Enseignement de l'Orthographe par
Objectif (EOO) qui est notre troisième hypothèse. Nous avons
réalisé deux tests entre deux groupes témoins et deux
groupes expérimentaux. L'instrument du test était la
dictée par objectif. La stratégie consistait à fixer un
objectif spécifique de l'enseignement de l'orthographie à travers
la leçon sur l'accord des
131
verbes à l'imparfait de l'indicatif. Le test et le post
test se sont déroulés selon le même protocole décrit
au chapitre du choix des instruments et de leur justificatif.
4.1.4.1-Les résultats du premier test sur
l'évaluation de l'orthographe à travers une dictée par
objectif
Le premier test a été réalisé le
24 Mai 2018 avec un groupe témoin de 76 élèves et un
groupe expérimental de 87 élèves. Avant le test, un
enseignement a été donné par deux enseignants de
français en grammaire/conjugaison sur le thème : l'imparfait de
l'indicatif. Le programme prévoit l'« étude des temps
verbaux et des modes : -le mode indicatif, -le présent, -les futurs : le
futur simple et le futur antérieur, -les temps du passé.
« 98.
Le groupe témoin a suivi leçon de
grammaire/conjugaison sur l'imparfait de l'indicatif selon la méthode
traditionnelle basée sur la transmission théorique des
connaissances tandis que le groupe expérimental suivra une leçon
dont le thème est : Savoir accorder les verbes à l'imparfait de
l'indicatif. La section suivante présente le déroulement des
leçons puis les résultats du test du groupe témoin et du
groupe expérimental.
? Les données du test du groupe
témoin
L'enseignement est donné par un maître de
français d'une classe de 9ème année. Le
programme officiel ne prévient pas l'enseignement de la conjugaison des
verbes dans cette classe, toutefois, les erreurs commises par les apprenants
sur l'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif, suite à un
contrôle en dictée de contrôle, nous ont conduits à
donner un Enseignement sur l'accord des verbes à ce temps simple. Nous
avons suivi avec intérêt la leçon dispensée par le
maître sur l'imparfait de l'indicatif. Après avoir porté le
corpus, le maître a donné des informations sur les valeurs
temporelles de l'imparfait de l'indicatif. Les apprenants ont
énuméré les terminaisons des verbes à l'imparfait
de l'indicatif. L'exercice de définition de l'imparfait a
été pénible pour le maître, tant la notion
enseignée est restée ambiguë pour les apprenants. La
méthode de transmission de connaissances : enseignement/réception
a prévalu. Cet enseignement théorique fait de transmission et de
réception des connaissances conduit à une absorption passive des
règles par des apprenants. Les évaluations formatives qui
devraient intervenir après chaque phase de la leçon de grammaire
n'ont pas été soumises aux apprenants. Aucune
évaluation
98 Centre National de l'Education,
Programmes officiels du second cycle de l'enseignement fondamental, Juillet
2005, p.25.
132
finale n'a été soumise aux apprenants, ce qui
leur permettrait de corriger les lacunes de cet enseignement. Le
résumé de la leçon a été dicté aux
élèves.
Suite à cette leçon de grammaire sur l'imparfait
de l'indicatif, nous avons soumis aux élèves du groupe
témoin un texte de dictée contenant vingt verbes à
écrire correctement à l'imparfait de l'indicatif à mesure
que le maître dicte. Le texte a été lu lentement par le
maître afin de permettre aux apprenants de suivre la diction et
d'écrire sans précipitation les terminaisons. Les
résultats du test du groupe témoin se présentent selon le
graphique suivant :
Graphique n° 8 : résultats du test
de dictée par objectif du premier groupe témoin.
RÉSULATS DU TEST DU GROUPE TEMOIN
10 à 19
25%
01 à 09 sur 20
49%
00 sur 20
26%
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
Les résultats du test du groupe témoin montrent
l'insuffisance des méthodes théoriques de transmission des
règles de conjugaison. Or, dans le domaine de la conjugaison, ce qui
importe c'est le maniement des terminaisons des verbes par les apprenants
eux-mêmes à travers la conjugaison des verbes dans les phrases.
Cela permettrait aux apprenants de corriger leurs erreurs et d'améliorer
leurs graphies. Avec plus de 25 % d'apprenants ayant obtenu la note
éliminatoire de zéro sur 20 et 49% de ceux ayant obtenu une note
allant de 01 à 09, la méthode théorique de transmission
des terminaisons en conjugaison a montré ses limites.
? Les résultats du groupe
expérimental
Pour orienter l'apprentissage de l'orthographe, il est
fondamental de s'appuyer sur les erreurs commises par les apprenants dans leurs
productions en début d'année, du mois, du trimestre ou au
début de tout nouvel apprentissage. Les erreurs commises par les
élèves dans une ou deux productions ne sont, certes, pas
suffisantes pour comprendre toutes les difficultés qu'ils
133
rencontrent dans la bonne graphie des mots et dans l'accord
grammatical, toutefois, elles permettront de faire un diagnostic de la
typologie des erreurs récurrentes et de comprendre les causes qui en
sont à l'origine en vue d'apporter des solutions adéquates.
Tout commence par un contrôle de niveau des apprenants
en orthographe à travers une dictée de contrôle. La
correction systématique des fautes commises lors de cette dictée
de contrôle a permis de répertorier les erreurs d'accord
grammatical commises par les apprenants sur les verbes à l'imparfait de
l'indicatif. Les erreurs sont relatives à la mauvaise graphie des
terminaisons des verbes à l'imparfait de l'indicatif. Cette
stratégie permet de « mieux repérer les obstacles et
à les faire repérer aux élèves. » selon
la théorie de Manesse D. et Cogis D., (2007 : 250). Ces
évaluations diagnostiques constituent un outil pédagogique qui
permet à l'enseignant de français de comprendre non seulement les
difficultés d'apprentissage de l'orthographe mais aussi de proposer des
solutions appropriées pour aider les apprenants à les surmonter
de façon progressive. Ce sous-programme de l'orthographe n'est pas un de
plus mais plutôt un tremplin permettant aux apprenants une acquisition
rapide et soutenue de la même notion qui pourrait être
enseignée en grammaire, lors des séances de lecture et de
conjugaison. Il n'est pas non plus une perte de temps, bien au contraire, une
stratégie efficace pour asseoir plus progressivement et sûrement
les apprentissages des compétences en orthographe du français.
Dans le domaine de l'enseignement-apprentissage de l'orthographe en
particulier, rien ne sert de courir pour achever un programme si les notions
enseignées ne sont ni comprises ni assimilées par les
apprenants.
Pour l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO)
donné au groupe expérimental composé de 87
apprenants, nous avons choisi le thème : accorder
correctement les verbes à l'imparfait de l'indicatif. Cette
formulation de thème est, de notre point de vue, plus active et permet
d'orienter l'attention des apprenants sur la relation sujet-verbe et les
changements que cette relation engendre tandis que le titre : l'imparfait de
l'indicatif retient l'attention des apprenants sur l'enseignement d'un temps.
L'objectif de cet enseignement est libellé comme suit : à la
fin de la leçon les apprenants doivent être capables d'accorder,
sans se tromper, tous les verbes d'un texte à l'imparfait de
l'indicatif.
L'élaboration par le maître d'un
corpus99 composé de treize verbes a permis d'avoir des
éléments de chaque groupe. Les verbes à accorder à
l'imparfait sont recopiés à l'infinitif et mis entre
parenthèses dans le corpus. Les élèves, à tour de
rôle, ont passé au tableau pour accorder
134
le verbe à l'imparfait de l'indicatif après
avoir lu la phrase. A chaque étape de la leçon, une
évaluation formative a été exécutée
permettant aux apprenants de consolider la notion enseignée. Les
apprenants ont classé les verbes du corpus par groupe. Les terminaisons
des verbes à l'imparfait de l'indicatif sont recopiées selon leur
groupe d'appartenance. Ce qui a permis d'avoir deux groupes de terminaisons :
-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient pour les verbes du premier et du
troisième groupe et -issais, -issais, -issait, -issions, -issiez,
-issaient pour les verbes du deuxième groupe. Pour chaque cas, les
apprenants ont donné un exemple qu'ils ont porté au tableau
à tour de rôle, car il fallait impliquer les apprenants dans le
maniement de la conjugaison de verbes aux différents temps. Au terme de
la leçon, une évaluation finale a été soumise aux
apprenants, évaluation à laquelle nous avons constaté une
forte participation des élèves.
Suite à cette leçon de grammaire/conjugaison sur
: savoir accorder les verbes à l'imparfait de l'indicatif, un
devoir de dictée par objectif a été soumis aux apprenants
du groupe expérimental. Le même texte de dictée du groupe
témoin a été soumis aux apprenants du groupe
expérimental. Le texte a été dicté lentement afin
de permettre aux participants d'entendre les mots et de les orthographier sans
précipitation. A la correction des copies, chaque verbe bien
accordé donne droit à un point tandis que chaque verbe dont la
terminaison est mal écrite était sanctionné du retrait
d'un point. Puisque le texte compte vingt verbes, le décompte est plus
aisé. Cette évaluation par objectif porte exclusivement sur les
erreurs commises par les apprenants sur l'accord des verbes conjugués
à l'imparfait de l'indicatif. Les autres fautes d'orthographe lexicale
ou grammaticale sont soulignées mais pas sanctionnées. Elles
feront l'objet d'un nouvel enseignement et d'une autre évaluation de
l'orthographe par objectif. Les résultats de ce test sont
présentés dans le graphique ci-après :
Graphique 9 : résultats du test de
dictée par objectif du premier groupe expérimental.
RÉSULTATS DU TEST DU GROUPE EXPÉRIMENTAL
10 à 20
02 à 09
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
135
Note Nombre d'élève ayant obtenu la note
Pourcentage
02 à 09 19 22%
10 à 20 68 78%
Au regard de ces résultats, plus de trois quart des
apprenants ayant participé au test ont obtenu une note comprise entre 10
et 20 sur 20. Les apprenants ayant obtenu une note inférieure à
10 sur 20, représentent 22%. A l'issue de la correction des copies, nous
avons répertorié des erreurs dont nous présentons
certaines typologies :
Dans la phrase : « la même âme les liait,
les reliait. », 57% des élèves ayant obtenu la moyenne
contre 100% des apprenants ayant manqué la moyenne ont commis l'erreur
d'accorder les deux verbes avec le pronom personnel « les ».
Ils ont écrit : « La même âme les liaient,
les reliaient ». Lors de la correction commune en classe, les
apprenants affirment avoir accordé les deux verbes en fonction du pronom
personnel « les » qui est placé juste devant. Cette
erreur relève de la difficulté des apprenants à identifier
le sujet d'un verbe.
Dans la phrase : « Nous les saluions », 42%
des apprenants ayant obtenu la moyenne ont écrit « Nous les
saluons » contre 100% des apprenants ayant manqué la
moyenne. Cette confusion de désinences entre le présent et
l'imparfait a conduit les apprenants à commettre cette erreur. Dans la
phrase « ...le couscous, brûlant du fait des épices,
disparaissait, s'engouffrait. », 63% des apprenants ayant obtenu la
moyenne contre 100% de ceux ayant manqué la moyenne ont commis les
erreurs « ...le couscous, brûlant du fait des épices,
disparaissaient, s'engouffraient. ». Lors de la correction, les
apprenants affirment avoir accordé les deux verbes avec le nom «
épices » qui pourtant séparé des verbes par une
virgule et non son véritable sujet « couscous » placé
à cinq mots avant. Nous constatons que beaucoup d'apprenants ne se
soucient pas de chercher le sujet du verbe en posant une des questions «
qui est ce qui ?, pour les personnes et qu'est ce qui ?, pour
les choses » posées avant le verbe mais ils accordent les verbes
avec le mot qui est plus proche. Ce qui permet de déduire que le
principe d'accord du verbe en fonction de son sujet n'est pas compris ni
maitrisé. Cette difficulté d'apprentissage de l'accord du verbe
avec son sujet doit faire l'objet d'un enseignement de l'orthographe
grammaticale par objectif. Nous présenterons les données de du
post test dans la section suivante.
136
4.1.4.2-Les données du post test
Après le premier test, il nous ait paru important de
réaliser un post test à un autre groupe témoin et un autre
groupe expérimental. Toutefois, suite aux mouvements de grèves
des enseignants qui ont marqué la fin de l'année 2017-2018 et la
programmation des compositions du troisième trimestre des classes de
9ème année, nous n'avons pu réaliser le post
test que le 06 Novembre 2018. Le post test portait sur les mêmes
leçons et le même texte de dictée du test. Il a
été réalisé sur la base du même protocole que
les tests précédents. Il portait sur un effectif de 140
enquêtés dont 68 du groupe témoin
et 72 du groupe expérimental. La section suivante
présente les résultats du groupe témoin.
? Les résultats du post test du groupe
témoin
Les erreurs commises par les apprenants ont été
systématiquement corrigées. Celles qui concernent l'accord des
verbes à l'imparfait de l'indicatif ont été
répertoriées. Chaque verbe bien orthographié donne droit
à un point tandis que toute erreur d'accord du verbe avec son sujet est
sanctionnée d'un retrait d'un point. Les résultats issus de cette
évaluation se présentent selon le graphique 9
ci-après :
Graphique 10 : résultats du test de la
dictée par objectif du deuxième groupe témoin.
RÉSULTATS DU POS TEST DU GROUPE
TÉMOIN
01 à 09
10 à 19
55%
16%
00 sur 20
29%
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Octobre
2018.
Les résultats du groupe témoin corroborent, sans
nul doute, que la transmission théorique des règles de
conjugaison sans l'implication des apprenants est improductive et ne favorise
pas l'acquisition des compétences orthographiques. Il faut impliquer les
apprenants dans le maniement des terminaisons des verbes des différents
groupes. Avec 83% des apprenants ayant obtenu une note inférieure
à 10 sur 20, l'adoption d'une méthode plus efficace de
transmission
137
des savoir-faire en orthographe s'impose. L'enseignement et
l'évaluation de l'orthographe par objectif pourrait contribuer, de
façon efficace, à l'amélioration de l'acquisition par les
apprenants des compétences en orthographe. Cela pourrait prendre plus de
temps à prendre dans l'enseignement/apprentissage de l'orthographe,
toutefois, les résultats sont encourageants même si les
compétences acquises sur le court, moyen et long terme reste à
vérifier.
? Les résultats du post test du groupe
expérimental
Le post test du groupe expérimental
réalisé sur un effectif de 72
élèves s'est déroulé selon les mêmes
conditions que les tests précédents. Les apprenants du groupe
expérimental ont bénéficié du même
enseignement sur le thème : savoir accorder correctement les verbes
à l'imparfait de l'indicatif. Les apprenants sont envoyés au
tableau à tour de rôle afin d'accorder les verbes du corpus
à l'imparfait de l'indicatif. Les erreurs commises par certains
apprenants sont systématiquement corrigées par les camarades. Les
évaluations formatives ont été exécutées
à chaque étape de l'enseignement.
A la suite de cet enseignement donné sur l'accord des
verbes à l'imparfait de l'indicatif, un test de dictée par
objectif a été soumis aux apprenants, vingt-quatre heures
après. Les copies ont été corrigées. Le
maître a pris de souligner toutes les fautes. Seules les fautes
concernant l'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif ont
été sanctionnées. La correction de l'épreuve de
dictée par objectif a été faite avec les apprenants le
lendemain. Les élèves, à tour de rôle, sont
allés au tableau pour recopier chaque verbe à l'imparfait de
l'indicatif. Les résultats issus de la correction des copies se
présentent selon le graphique 10 ci-après :
Graphique 11 : résultats du post test
de la dictée par objectif du deuxième groupe
expérimental.
Résultats du pos test du groupe deuxième
groupe expérimental
01 à 09
18%
10 à 19
82%
01 à 09
10 à 19
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Octobre
2018.
138
Au regard des résultats très appréciables
du pos test, présentés dans le graphique ci-dessus,
l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) et son évaluation par
le même objectif favorise une meilleure acquisition des
compétences en orthographe. Avec 82% des apprenants ayant obtenu une
note comprise entre 10 et 19 sur 20, cette nouvelle stratégie dans
l'apprentissage progressif de l'orthographe et de son évaluation permet
d'obvier, dans une certaine mesure, aux difficultés d'apprentissage de
cette discipline dont la maitrise est un indice de succès scolaire.
4.2-Analyse des données
4.2.1-Analyse quantitative des données
4.2.1.1-Analyse quantitative des résultats du
questionnaire
Le questionnaire soumis aux élèves
enquêtés a permis de recueillir des données quantitatives :
chiffres et pourcentage.
A la question 1, combien d'heure de lecture
disposez-vous en classe par semaine ?, 56% des apprenants affirment disposer
d'une heure de lecture par semaine contre 40% qui affirment disposer de deux
heures de lecture. Les réponses données par les enquêtes
suscitent une hypothèse qui laisse affirmer qu'il existe une
différence de masse heure de lecture effectivement assurée par
les maitres de français dans les classes.
A la question 2, combien
d'élèves, sur l'effectif de la classe, sont interrogés
pour lire au moins une partie du texte au cours d'une séance d'une heure
de lecture ?, 52% affirment que 5 élèves sont interrogés
pour lire au moins une partie du texte contre 29% qui affirment que 10
élèves sont interrogés.
A la question 3, Le temps accordé aux
apprenants lors des séances de lecture est-il suffisant ? Insuffisant ?
Très insuffisant ?, 39% trouvent que le temps accordé aux
apprenants pour pratiquer la lecture en classe est suffisant tandis que 48% et
13% considèrent les temps respectivement insuffisants et très
insuffisants. Avec 61% d'enquêtés qui reconnaissent que le temps
accordé aux apprenants lors des séances de lecture est
insuffisant et très insuffisant, nous notons un besoin réel de
pratiquer la lecture en classe mais le temps qui est mis à la
disposition des élèves est insuffisant.
A la question 4 : comprenez-vous les
règles de grammaire transmises par le maître dans votre classe
lors des leçons de grammaire ?, seulement 12% des enquêtés
affirment comprendre les
139
règles transmises par les enseignants en classe contre
86% d'élèves qui soutiennent ne pas comprendre les règles
de grammaire transmises par les maîtres lors des leçons de
grammaire et de conjugaison. Ce pourcentage très élevé des
apprenants qui ne comprennent pas les règles transmises par les
enseignants de français est une des sources des difficultés
d'apprentissage de l'orthographe.
A la question 5, vous permettent-elles
d'accorder correctement les mots lors des évaluations, notamment en
dictée de contrôle notée ?, si 45% de affirment pouvoir
accorder correctement les règles de grammaire lors des
évaluations, notamment en dictée de contrôle notée,
52% des élèves soutiennent ne pas pouvoir accorder correctement
les mots lors de ces évaluations d'orthographe. Toutefois, les
résultats des évaluations que nous avons réalisés,
lors de notre enquête, permettent d'affirmer que la transmission
théorique des règles de grammaire et de conjugaison ne permet pas
à de nombreux apprenants d'orthographier sans erreurs les mots dans un
texte.
A la question 6 : l'incompréhension
des règles de grammaire dans votre classe est-elle une difficulté
d'apprentissage de l'orthographe?, 84% des enquêtés affirment que
l'incompréhension des règles de grammaire et de conjugaison est
une difficulté d'apprentissage de l'orthographe d'usage grammatical et
lexical. Ce pourcentage très élevé révèle
que les règles de grammaire théoriquement transmises ne sont pas
comprises par les apprenants et ne leur permettent pas d'écrire sans
erreurs dans les productions écrites.
A la question 7 : comprenez-vous les
règles de conjugaison transmises par le maître dans votre classe
lors des leçons de conjugaison ?, seulement 26% des
enquêtés déclarent comprendre les règles de
conjugaison, contre 73% qui soutiennent qu'ils ne comprennent pas les
règles de conjugaison transmises par les apprenants. Or la
compréhension des règles n'est certes pas suffisante, mais elle
est fondamentale pour des apprenants qui lisent de moins en moins et parlent
très peu la langue d'enseignement. Avec 73% des apprenants qui ne
comprennent point les règles qui leur sont enseignés, accorder
sans erreurs les verbes employés dans une phrase relève d'une
utopie. C'est ce qui explique en grande partie les graphies erronées que
l'on rencontre dans les productions des apprenants au second cycle de
l'enseignement fondamental.
A la question 8 : Vous permettent-elles
d'accorder correctement les terminaisons des verbes lors des évaluations
notamment en dictée de contrôle notée ?, Si seulement 23 %
des apprenants affirment pouvoir accorder sans fautes les verbes dans les
productions écrites, trois quart des enquêtés affirment ne
pas pouvoir accorder correctement les verbes. Ce qui constitue une
140
difficulté majeure des apprenants dans la maitrise de
l'accord des verbes, difficulté qui les amène à commettre
des erreurs dans leurs productions écrites.
A la question 9 : l'incompréhension
des règles de conjugaison dans votre classe est-elle une
difficulté d'apprentissage de l'accord du verbe ?, si 21% trouvent que
l'incompréhension des règles de conjugaison n'est pas une
difficulté d'apprentissage de la graphie des verbes, 74% des
enquêtés soutiennent qu'elle est une difficulté de maitrise
de l'accord des verbes dans les phrases. Si l'on sait que sur trois à
quatre mots, un mot est un verbe, comme nous l'avons annoncé plus haut,
la non maitrise des terminaisons de ce noyau central de la phrase est une
difficulté d'apprentissage de l'orthographe grammaticale.
4.2.1.2-Analyse quantitative des résultats du test
et du post test
Les résultats des tests réalisés dans les
groupes témoins et les groupes expérimentaux et
présentés dans les tableaux 21 et 22 permettent de déduire
qu'un enseignement théorique de l'orthographe d'usage lexical et
grammatical donné par les maîtres de français ne favorise
pas l'acquisition par les apprenants des compétences dans cette
discipline. Cette théorie est corroborée par les mauvais
résultats obtenus par les apprenants et dont nous allons faire allusion
au cours de cette analyse. Par contre un Enseignement de l'Orthographe (EOO)
donné sur la base d'un objectif précis permet d'attirer
l'attention des apprenants sur la notion à enseigner et de les impliquer
plus efficacement dans le processus d'apprentissage pour atteindre des
résultats efficaces. Nous résumons les résultats des deux
tests dans le graphique 11 ci-dessous dont nous analyserons quantitativement
les données chiffrées.
Graphique 12 : résultats du test et de
post test entre les groupes témoins et les groupes
expérimentaux.
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Résultats comparatifs des tests des groupes temoins 1 et 2
et des groupes expérimentaux 1 et 2.
26%
00 SUR 20 01 À 09 SUR 20 10 À 19 SUR 20
29%
0%
0%
GT1 GT2 GE1 GE
55%
49%
22%
18%
25%
16%
78%
82%
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Octobre
2018.
141
Ce graphique permet d'établir une comparaison des
résultats des tests des groupes témoins et des groupes
expérimentaux. Si 26 et 29% des apprenants des groupes témoins 1
et 2 ont obtenu des notes de zéros sur 20 lors des tests, les notes des
apprenants des groupes expérimentaux commencent à partir de 01
sur 20. Ces pourcentages représentent plus du tiers des apprenants ayant
fait le test. De 75 à 84% des apprenants des groupes témoins 1 et
2 ont mal orthographié les verbes à l'imparfait de l'indicatif et
obtenu des notes inférieures à 10 sur 20 tandis que dans les
groupes expérimentaux 1 et 2 seulement 18 à 22% des apprenants
ont manqué la moyenne.
Par ailleurs, seulement 19 à 25% des apprenants des
groupes témoins 1 et 2 ont obtenu une note supérieure à 10
sur 20 contre 78 à 82% respectivement pour les apprenants des groupes
expérimentaux 1 et 2. Ces résultats très
appréciables sont le fruit d'un enseignement de l'orthographe qui part
des erreurs commises par les apprenants pour élaborer un
spécifique qui place l'apprenant au centre de l'acquisition de la
graphie des mots. Car si c'est aux apprenants d'apprendre à manier
l'orthographe, il convient donc de les impliquer au coeur de cet apprentissage.
Une évaluation faite sur cette base est plus productive et plus juste,
le critère de notation étant déterminé et
expliqué aux apprenants.
4.2.2- Analyse qualitative
4.2.2.1- Analyse qualitative de l'observation directe des
leçons de lecture
L'observation directe des deux leçons de lecture
expliquée nous a permis de relever de nombreuses difficultés qui
entravent l'apprentissage de l'orthographe. Il s'agit notamment de :
? L'absence d'objectif précis de lecture. En effet,
lorsque l'objectif d'une leçon n'est pas énoncé, le
maître exécute sa tâche sans impliquer les apprenants dans
le processus de réception et d'acquisition de connaissances et de
compétences. Ils demeurent passifs, prêts à répondre
par l'affirmatif dès que le maître leur pose la question : «
avez-vous compris ? » Les apprenants pourraient répliquer
par la question : « ...compris quoi ? ». En
n'énonçant pas l'objectif de la leçon, les apprenants sont
embarqués vers une destination qu'ils ignorent, l'enseignant demeure le
seul maître de ce qu'il transmet théoriquement.
Par contre, lorsque l'objectif d'une leçon est
clairement énoncé et expliqué aux apprenants, il y'a une
forte chance de les voir impliqués dans le processus d'apprentissage,
ils apprennent.
142
? L'indifférence des apprenants face à
l'importante activité de la lecture. En effet, au cours de cette
séance de lecture, les apprenants ont affiché un
désintérêt pour la lecture. De nombreux apprenants ont mis
à profit cette heure de lecture pour bavarder et faire autre chose que
suivre dans le texte. La preuve est que certains élèves ont
été interrogés mais ils ne suivaient pas le fil de la
lecture. Ce laxisme dans la conduite d'une leçon porte préjudice
sur sa compréhension par les apprenants, qui à ce niveau ont
besoin d'un peu de sérieux et de rigueur de la part du maître.
? Le temps accordé aux apprenants pour pratiquer la
lecture au cours de cette séance est insuffisant. Pour une
activité de lecture, il est important que la majorité des
apprenants lisent, ce qui donne plus de chance à chaque apprenant de
s'intéresser à la lecture, de lire au moins une partie du texte
et d'apprendre par cette même occasion l'orthographe de certains mots
rencontrés. Or, au cours de cette séance de lecture, seulement
trois élèves, sur un effectif de 73 ont lu au moins une partie du
texte pour un temps variant entre 3 à 11 minutes. Le temps mis pour la
lecture est de dix-sept (17) minutes, les quarante-trois autres sont
consacrées aux questions de compréhension, à la vie et aux
oeuvres de l'auteur puis le résumé. Les difficultés
rencontrées par les apprenants pour répondre aux questions de
compréhension sont consécutives à l'insuffisance du temps
qui ne leur a pas permis de comprendre et de s'approprier le contenu du
texte.
L'observation directe de deux leçons de lecture a
révélé que le temps attribué aux apprenants par les
enseignants pour une pratique sérieuse de la lecture est très
insuffisant. En moyenne, trois à quatre élèves sur des
effectifs de plus de 60 élèves ont la chance de lire au moins une
partie du texte durant trois à quatre minutes chacun. Ce temps ne permet
pas de corriger les graves insuffisances des apprenants en matière de
lecture à fortiori favoriser l'acquisition des compétences sur
l'orthographe des mots qu'ils ont, à peine, bien prononcés. Il
leur faut plus de temps pour apprendre à bien prononcer les mots,
à comprendre leur nature, leur lien avec les autres mots de la phrase et
les changements qu'ils subissent. Le processus d'apprentissage de l'orthographe
par la lecture requiert des activités soutenues d'indentification du
mot, de prononciation et de graphie de la part des apprenants sous la conduite
de l'enseignant mais aussi et surtout un temps plus long de pratique
systématique de cette activité qui est, de notre point de vue, le
tremplin pour acquérir des compétences orthographiques. Il est
courant d'entendre dire que : « Les élèves ne lisent
plus, ils n'aiment pas la lecture ! ». Ce douloureux constat pourrait
trouver sa solution à l'école si les heures programmées
à cet effet sont réellement mises à profit pour que les
apprenants lisent couramment et découvrent la graphie des mots
rencontrés.
143
En accordant, cependant, deux à trois minutes aux
apprenants pour faire lire trois à quatre élèves par
heure, que l'on ne soit point surpris qu'à la fin du bloc unique de
l'enseignement fondamental qui dure neuf ans, que de nombreux apprenants ne
savent ni lire, ni parler moins encore écrire l'orthographe de la langue
d'enseignement. Il est important de consacrer des heures entières
à la lecture systématique des textes par les apprenants afin de
leur permettre de comprendre et de découvrir l'orthographe des mots
plutôt que de remplir leurs cahiers d'inutiles résumés sur
la vie et l'oeuvre des auteurs ou de la compréhension du texte, ou
encore de la structure du texte qu'ils ne liront jamais et qui ne leur seront
d'aucune importance pour acquérir des compétences
orthographiques.
4.2.2.2-Analyse qualitative de l'observation directe
de la leçon de grammaire sur les pronoms possessifs
L'observation directe de la leçon de grammaire sur les
pronoms possessifs a démontré que l'élaboration et
l'énonciation d'un objectif précis opérationnel avant
toute transmission de connaissance n'est pas la préoccupation de
nombreux enseignants. Il ne suffit de porter le titre de la leçon et de
donner quelques explications à la volée suivies d'un
résumé pour que des élèves apprennent comment
orthographier tel ou tel mot ou assurer sans erreurs l'accord de tel ou tel
verbe, d'un tour de baguettes magiques. Il faut énoncer et expliquer
l'objectif précis de l'enseignement et de l'apprentissage qui place les
apprenants au coeur de l'apprentissage. Les difficultés d'apprentissage
de l'orthographe sont encore plus importantes lorsque de nombreux
élèves rentrent au second cycle avec « beaucoup de
tares. »100, consécutives à une formation de
base « incomplète, insuffisance, et
incontrôlée»101, en lecture, en conjugaison
et en grammaire ; « des insuffisants, prédisposés
à échouer. »102, dans leur grande
majorité. Un enseignement qui ne repose sur aucun objectif connu des
apprenants n'est qu'une simple communication, un « enseignement au
rabais. »103, qui conduit à
l'incompréhension et/ou à la déformation de la notion
enseignée, au retard pris par les élèves dans le processus
d'apprentissage. Les piètres résultats obtenus par les apprenants
suite à l'exécution de la leçon de grammaire corroborent
l'hypothèse selon laquelle la mauvaise transmission des règles de
grammaire est une difficulté d'apprentissage de l'orthographe. Tandis
que l'énonce d'un
100 TRAORE, Idrissa S., La pré-exclusion et l'exclusion
des élèves et étudiants au Mali, les paradigmes d'une
disqualification par le bas, Juin 2018, ISSN : 1991-8666, Lettres d'Ivoire
n°027. 377-389.
101 Idem. p.379.
102 Idem. p.379.
103 Idem.p.381
144
objectif opérationnel d'un enseignement lui donne un
cachet particulier et un tonus pour les apprenants engagés dans le
processus d'apprentissage.
A la suite de l'observation directe de la leçon
grammaire sur les pronoms possessifs et afin de vérifier
l'efficacité de l'enseignement donné, deux exercices
d'évaluation ont été soumis aux apprenants. Le premier est
un exercice à trou dont la consigne était : remplace les
pointillés par un pronom possessif convenable ; le deuxième
avait pour consigne : remplace le nom répété dans la
phrase par le pronom possessif convenable. Les résultats de ces
exercices de grammaire soumis à 91 apprenants sont classés en
ordre décroissant de 14 à 0 sur 20, aucun élève n'a
obtenu une note supérieure à 14 sur 20.
Les résultats de cette évaluation sont
révélateurs d'une méthode de transmission, des
connaissances et compétences, qui ne se préoccupe point de
l'acquisition de celles-ci par les apprenants. Plus de 96% des apprenants n'ont
ni compris ni appris la notion que le maître leur a transmise.
Au-delà du nombre élevé des apprenants qui ont raté
la moyenne, les mauvais usages qu'ils font des pronoms possessifs
démontrent une mauvaise compréhension de la notion
communiquée. Nous avons retenu quelques-unes des fautes d'orthographe
lexicale et de grammaire commises par les apprenants sur les pronoms
possessifs. Elles sont textuellement transcrites et soulignées : les
notres, la tien, les tiennent, nos leur, nos siens, leurs votres, leur sien, la
tien, la siene, le tienne, la miene, leurs tiens, nos miens, ma tien, le mient,
nos tiennes, leur tient, ma mien, nos miennes. Ces graphies erronées
du pronom possessif sont le résultat d'un enseignement théorique
qui ne se préoccupe pas des acquisitions des apprenants. Elles n'ont
rien de surprenant car elles sont consécutives à une mauvaise
compréhension des pronoms possessifs, de la non maitrise de leur
orthographe suite à une mauvaise transmission de la notion
enseignée. L'incompréhension de la formation des pronoms
possessifs les amène à faire la confusion avec les verbes :
les tiennent, leur tient ou à écrire des graphies
erronées telles que : leur sien, nos tiennes, nos leur, nos
siens, ou encore leurs votres. Les fautes d'orthographe d'usage
telles que : la miene, la siene, ou l'absence des accents circonflexes
sur les pronoms : le notre ou le votre démontrent que les
apprenants ne se sont pas familiarisés avec la graphie des pronoms
possessifs. La relation traditionnelle maître-élève,
c'est-à-dire, transmetteur-récepteur a prévalue au cours
de cette transmission. Les résultats obtenus par les apprenants sont
révélateurs de trois « situations inadéquats
d'apprentissages » : primo, la leçon ne portait sur aucun
objectif précis d'enseignement, secondo, les apprenants
n'étaient pas mis au centre de leur apprentissage, tercio,
aucun exercice d'évaluation ni formative, ni finale permettant de
vérifier le niveau d'appropriation de la notion enseignée n'est
soumis aux apprenants.
145
A la fin de la semaine, le maître donne un devoir de
dictée de contrôle aux élèves de
8ème année. La dictée de contrôle ne
portait sur aucune évaluation spécifique de l'orthographique
d'usage lexical ou grammatical. La pratique de la dictée dite
traditionnelle est en vigueur dans l'enseignement fondamental au Mali. Ce qui
explique, en grande partie, les mauvaises notes enregistrées par les
apprenants à ce niveau d'étude. Cinquante-sept
élèves sur un effectif de soixante avaient effectué le
devoir de dictée. Le texte de la dictée comportait 98 mots. Le
texte a été lu une fois par le maître puis dicté aux
élèves. Des questions de compréhension et de grammaire et
de conjugaison ont été posées. A la fin de la diction,
quarante-cinq minutes ont été accordé aux apprenants pour
leur permettre de répondre aux questions de grammaire comme le
recommande les instructions officielles de la pratique de la dictée.
Toutes les fautes ont été systématiquement
soulignées : les fautes de grammaire sont sanctionnées par le
retrait d'un point tandis que les fautes d'orthographe lexicale sont
sanctionnées par retrait d'un demi-point.
Les résultats de la dictée de contrôle se
présentent comme ils suivent dans le graphique ci-après :
Graphique 13 : les résultats de la
dictée de contrôle. Les notes sont classées de 00 à
10 : 00 sur 20, de 01 à 09, 10 sur 20.
01 à 09
3%
00 sur 20
95%
10 sur 20
2%
00 sur 20 01 à 09 10 sur 20
Source : Enquête Personnelle : Koutiala, Mai
2018.
A la lecture de ce graphique, nous constatons que la grande
majorité des élèves a fait plus de 20 fautes et obtenu la
note 0 sur 20. Seul un élève est parvenu à faire 10 fautes
et obtenir 10 sur 20. En parlant de la dictée, Simard, 1996, cité
par Kathy Wilkinson, (2009 : 11), affirme que c'est « une ineptie
relevant de la pensée magique de croire que faire transcrire tant bien
que
146
mal des textes tout-venant sans travail préalable
et ne proposer pour toute aide que d'illusoires notes accompagnées de
marques rouges suffisent pour faire apprendre l'orthographe. »
4.2.2.3-Analyse qualitative de l'observation directe
d'une leçon de conjugaison sur l'imparfait de l'indicatif
L'observation directe des leçons de conjugaison nous a
permis de nous en quérir des pratiques in situ des méthodes de
transmission théorique des connaissances sur la conjugaison des verbes.
L'exécution de cette leçon sur l'imparfait de l'indicatif a
révélé de nombreuses insuffisances de la part de
l'enseignant. Elle souffrait d'un manque d'objectif précis
d'enseignement, d'une transmission théorique des connaissances et d'un
manque d'implication des apprenants dans l'apprentissage de l'orthographe. La
présence passive des apprenants est caractéristique d'une telle
transmission où le maître est le seul détenteur du savoir.
Or dans le domaine de l'enseignement de l'orthographe, il est capitale
d'apprendre les apprenants à faire plutôt qu'à leur
transmettre des théories et des règles plus fictives. Cette
transmission sur la conjugaison des verbes à l'imparfait de l'indicatif
n'a pas permis aux apprenants d'acquérir le savoir sur les terminaisons
des verbes. Le savoir a été transmis, certes, mais le savoir n'a
pas été acquis par ceux pour qui l'enseignement a
été donné : les apprenants. Les résultats du devoir
de grammaire sur l'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif
confirment ce constat.
L'observation directe in situ des leçons de
lecture, de grammaire et de conjugaison, réalisées dans cadre de
notre étude, nous ont permis de découvrir une méthode
théorique de transmission des connaissances et des compétences en
matières de la graphie des mots. « La relation traditionnelle
maître-élève. »104,
c'est-à-dire « transmetteur-récepteur.
»105, a prévalu durant l'exécution des
leçons observées. L'observation des deux leçons lectures
expliquées nous a permis de comprendre que deux objectifs fondamentaux
de la lecture ne sont pas atteints. Il s'agit de la maitrise d'une bonne
prononciation des mots et de leur graphie correcte. La lecture est exercice qui
consiste à en l'identification et en la prononciation des mots contenus
dans un texte. Trois fonctions essentielles de la lecture sont mises à
l'épreuve : la fonction visuelle des mots à lire, la fonction
cognitive qui aide l'apprenant à combiner les phonèmes et
graphèmes et la fonction phonologique, celle qui consiste à la
produire le son correct. La traditionnelle méthode de transmission des
connaissances où le maître est le seul détenteur du savoir,
persiste, demeure, malgré l'évolution des méthodes actives
qui placent l'apprenant au centre de son
104 Contribution à l'élaboration d'un curriculum
dans l'enseignement secondaire en Afrique subsaharienne. Schéma
conceptuel et processus de mise en oeuvre, Souleymane N'Diaye, Dakar, Juin
2004, p.21.
105 Idem.
147
apprentissage. Elle s'est révélée
inefficace eu égard aux mauvais résultats enregistrés par
les apprenants lors des évaluations qui ont suivi ces enseignements.
Face à cette situation, il convient de mettre en place une approche qui
favorise « la restitution à l'élève sa place
centrale dans les activités d'apprentissage. »106,
des compétences orthographiques.
4.3- Interprétation des résultats
d'enquête sur le terrain
Dans le chapitre précédent, nous avons
présenté les données brutes recueillies suite aux
différentes techniques d'enquête. Dans les sections qui ont suivi,
nous avons soumis les données quantitatives recueillies suite au
questionnaire et aux tests à une analyse quantitative, tandis que les
discours recueillis auprès des enseignants de français du groupe
scolaire second cycle de Darsalam, des enseignants de français à
la retraite et du conseiller pédagogique au CAP de Koutiala à une
analyse qualitative.
Notre hypothèse « l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif est une solution aux difficultés
d'apprentissage de cette discipline dans le système éducatif
malien » nous a conduits à exécuter, dans la phase
expérimentale, une leçon sur le thème : « Savoir
accorder les verbes à l'imparfait de l'indicatif.
L'évaluation de cet enseignement à travers la pratique d'une
dictée par objectif a eu un impact positif sur la réussite des
apprenants dans l'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif.
Dans le processus d'acquisition des compétences
orthographiques, il était important de comprendre les fréquentes
erreurs d'orthographes lexicales et grammaticales commises par les apprenants
dans leurs productions écrites. Les résultats de ces productions
ont révélé des difficultés des apprenants
d'accorder les verbes à l'imparfait de l'indicatif en fonction du ou des
sujets. Ces erreurs grammaticales nécessitent une appropriation des
mécanismes d'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif de la
part des apprenants. Une enseignante et un enseignant ont exécuté
la leçon de conjugaison sur le thème : savoir orthographier
correctement les verbes à l'imparfait de l'indicatif selon la
stratégie de l'enseignement de l'orthographe par Objectif, tandis que
deux autres enseignants ont exécuté la même leçon
selon la méthode de transmission théorique des connaissances.
Nous sommes partis du constat que lorsqu'un enseignement est donné sur
la base des erreurs faites par les apprenants, il se fixe un objectif
précis, celui d'aider les mêmes apprenants à les
éviter. Le maître s'assure, de de ce fait, de l'implication des
apprenants dans le processus d'apprentissage afin de maximiser
106 Curriculum de l'enseignement fondamental au Mali,
considérations générales, juin 2004, p.6.
148
l'efficacité de son enseignement. La méthode
d'intervention des apprenants à tour de rôle les valorise et les
invite à participer activement au processus d'apprentissage de l'accord
des verbes à l'imparfait de l'indicatif. Car il convient de tenir en
haleine tous les apprenants et de les faire participer à leur propre
apprentissage. Une telle implication des apprenants dans leur propre
apprentissage conduit à des résultats
Dans la section suivante nous interprèterons les
résultats des deux tests réalisés suite à
l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) donné sur le
thème : savoir accorder correctement les verbes à l'imparfait
de l'indicatif.
? L'interprétation des résultats des
groupes témoins dans l'accord des verbes à l'imparfait de
l'indicatif
La correction des copies des groupes témoins a
révélé de nombreuses difficultés des apprenants
à écrire correctement les terminaisons des verbes à
l'imparfait de l'indicatif. Ainsi, selon nos constats sur de nombreuses copies,
l'accord du verbe en fonction du sujet n'est pas un principe maitrisé
par de nombreux apprenants de ce groupe.
Dans la phrase « Lorsque midi approchait...
» 47 élèves sur 144 élèves des deux
groupes témoins ayant subi le test, soit 33% avaient écrit «
Lorsque midi approchais », tandis que 39 élèves soit 27%
avaient orthographié « Lorsque midi approchaient... ». Ce qui
fait un total de 74% de l'effectif du groupe qui ignorent la règle
d'accord du verbe, ce qui les conduit à faire des fautes de
grammaire.
Les erreurs commises sur les verbes apercevoir,
saluer et prendre sont relatives à l'absence du -i
de la première personne du pluriel à l'imparfait de
l'indicatif. La graphie retenue par les apprenants est celui de la
première personne du pluriel au présent de l'indicatif. Ainsi, 60
élèves sur 144 ont commis l'erreur sur le verbe apercevoir, 102
élèves sur le verbe saluer et 97 élèves sur le
verbe prendre. Ce qui permet de constater que, respectivement, 42%, 71% et 67%
des élèves ont retenu les graphies « apercevons
», « saluons » et « prenons »
du présent de l'indicatif au lieu de « apercevions »,
« saluions », et « prenions ». Cette
confusion entre les terminaisons du présent et de l'imparfait de
l'indicatif relève, de notre point de vue, d'une mauvaise assimilation
des règles.
Dans la phrase : « Les femmes quittaient le village
et se dirigeaient en file indienne », 99 élèves sur
144, soit 69% ont écrit « se dirigaient », ignorant la
présence du -e avant la terminaison - aient, 56 autres
soit, 39% ont écrit « se dirigeais ».
149
Dans les deux cas, les erreurs commises sur l'accord des
verbes « approcher » et « tenir »
relèvent, d'une part, de la méconnaissance totale de la
règle d'accord du verbe, d'autre part du manque de maniement des verbes
lors des exercices pratiques de la part des apprenants. Danièle Cogis,
(2005), rapportée par Kathy Wilkinson, (2009 : 158), résume cette
situation en affirmant que «Les graphies semblent flotter en
apesanteur, sans relations entre elles, uniquement rattachées à
l'idée du verbe.» Tout se présente pour ces apprenants
comme si écrire une terminaison à la fin d'un verbe à un
temps relève d'un fait de hasard.
? L'interprétation des résultats des
groupes expérimentaux dans l'accord des verbes à l'imparfait de
l'indicatif
L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) a permis
aux apprenants des groupes expérimentaux d'acquérir des
performances remarquables constatées suite à la pratique de la
dictée par objectif. Cette nouvelle approche a placé les
apprenants au centre de l'apprentissage de la conjugaison des verbes à
l'imparfait de l'indicatif.
Les résultats des dictées par objectif ont
permis de constater une réduction considérable de nombres de
fautes commises dans l'accord des verbes à l'imparfait de
l'indicatif.
Sur le verbe s'engouffrer, seulement 12% des apprenants des
deux groupes expérimentaux ont commis la faute en écrivant «
le couscous du fait des épices, [...] s'engouffraient ». Si 74% des
apprenants des groupes témoins ont commis la faute en écrivant
« Lorsque midi approchaient », ils sont 6% seulement des groupes
expérimentaux à commettre la même erreur. Les
résultats ont révélé que 55% des apprenants des
groupes témoins ont obtenu la note éliminatoire de 00 sur 20
pendant qu'aucun apprenant des groupes expérimentaux n'a
enregistré cette note. Ce qui nous permet d'inférer que
l'Enseignement de l'orthographe par l4objectif et son évaluation
à travers la pratique d'une dictée par objectif contribuent de
façon efficace à l'apprentissage de l'orthographe
française et améliore le niveau des apprenants dans les classes
de 7ème, 8ème et 9ème années de
l'enseignement fondamental au Mali.
La différence très significative entre le groupe
témoin et le groupe expérimental en ce qui concerne la
réussite de l'accord des verbes à l'imparfait de l'indicatif nous
permet de confirmer notre hypothèse qui soutient que l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) a un impact positif chez les
élèves dans l'apprentissage de l'orthographe.
Le chapitre suivant présente la synthèse des
analyses et les suggestions susceptibles d'améliorer l'apprentissage de
l'orthographe au second cycle de l'enseignement fondamental au Mali.
150
Chapitre V- Synthèse de l'analyse des
données et suggestions
Suite à nos investigations sur le terrain nous avons
recueilli des données quantitatives et des données qualitatives.
Les données quantitatives sont recueillies grâce à la
technique du questionnaire soumis aux élèves
enquêtés. Ces données ont été soumises
à des analyses quantitatives tandis que les données qualitatives
recueillies grâce au guide d'entretien et à la technique de
l'observation directe des leçons ont été soumises à
des analyses qualitatives.
5.1- Synthèse des analyses
La transmission des connaissances et des compétences,
dans le contexte scolaire, est une activité rigoureuse exercée,
en général, par un professionnel du domaine de
l'éducation. Il est donné à un ou plusieurs apprenants
engagés dans le processus d'apprentissage. Dans le domaine
spécifique de l'acquisition des compétences de l'orthographe
française par les apprenants, il est fondamental de partir des
difficultés réelles de ceux-ci pour asseoir un enseignement
efficace. La transmission théorique des connaissances est certes
importante par le fait qu'elle véhicule un message clair et
compréhensible aux apprenants. Mais ce n'est pas suffisant car elle doit
être fondée, sur le maniement permanent de la graphie des mots par
les apprenants eux-mêmes. Malgré l'évolution de la
didactique de l'orthographe, des difficultés persistantes
d'apprentissage de cette sous-discipline du français nous recommandent
un enseignement progressif des connaissances et des compétences dont les
apprenants ont réellement besoin pour réussir leurs productions
écrites. Dans cet ordre d'idée, la pratique de l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) pourrait contribuer à améliorer
l'acquisition des compétences de l'orthographe par les apprenants du
second cycle de l'enseignement fondamental au Mali.
5.2- Suggestions
Au terme de notre étude sur les difficultés
d'apprentissage de l'orthographe dans le système éducatif malien,
à travers le cas du groupe scolaire de Darsalam, dans le CAP de
Koutiala, les enquêtés ont apporté quelques suggestions en
vue d'améliorer l'enseignement-apprentissage de l'orthographe du
français. Ainsi, les suggestions faites par les enquêtés se
résument comme elles suivent :
? élaborer un programme d'orthographe par objectifs
dans toutes les classes du second cycle. En effet, pour favoriser un
enseignement et un apprentissage efficace et son évaluation juste de
l'orthographe. Le programme doit prévoir des objectifs précis
d'enseignement de cette discipline. Elle doit être évaluée
à travers la pratique de la dictée par objectif dans les classes
et lors de l'examen du DEF. Cela évitera la pratique
151
actuelle de la dictée où l'évaluation de
l'orthographe est devenue un jeu de chat et de la souris entre le maître
et les élèves.
> déterminer un socle commun de connaissances et de
compétences des apprenants en orthographe dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années. Ce cumul de
compétences en orthographe au second cycle pourrait s'articuler en ces
termes :
· identifier et savoir accorder des verbes avec son ou
ses sujets à un temps déterminé en fonction des
classes.
· identifier et savoir accorder le participe
passé employé sans auxiliaire et avec l'auxiliaire être.
· savoir accorder le pluriel des noms et les changements
qu'ils engendrent dans la phrase.
· savoir accorder les substantifs commençant par
: abb-, acc-, add-, agg-, all-, amm-, app-, arr-, ass-, att-.
· identifier et savoir accorder les adjectifs
qualificatifs.
· identifier et savoir accorder les déterminants
de nom.
C'est cet ensemble de connaissances et de compétences
qui sera réparti dans les classes de 7ème, 8ème et
9ème années où il sera effectivement enseigné. Car,
selon Rogiers, 2000, il s'agit de « Mettre l'accent sur ce que
l'élève doit maîtriser à la fin de chaque
année scolaire [...], plutôt que sur ce que l'enseignant doit
enseigner. Le rôle de celui-ci est d'organiser les apprentissages de la
meilleure manière pour amener ses élèves au niveau attendu
107». Cela permettra d'éviter « la
récitation d'interminables analyses logiques et grammaticales qui
remplissent leurs (les élèves) cahiers ou leur mémoire, et
ne disent rien à leur esprit. » et qui constitue une perte de
temps et d'énergie dans le processus d'enseignement-apprentissage du
français en général et de son orthographe en particulier
:
> répartir de façon optimale la conjugaison
des verbes dans toutes les classes du second cycle. Vu l'importance du verbe
dans la phrase, nous suggérons que le programme officiel prévoit
une réparation efficace de la conjugaison des verbes dans les trois
classes du second cycle : les temps simples de l'indicatif en 7ème
année, les temps composés de l'indicatif en
8ème année et les autres modes en 9ème
année. Cela évitera une répartition parcellaire actuelle
des tâches à exécuter, à savoir : les noms et ses
adjoints en 7ème année, les verbes et leur conjugaison
en 8ème année, la phrase et son analyse logique en
9ème année. Le programme de l'analyse logique de la
9ème n'est qu'une perte de temps et abouti à un cul de
sac. Il serait plus utile d'enseigner aux apprenants à mieux accorder
les verbes, les
107 Ouardia Ait Amar Meziane, De la pédagogie par
objectifs à l'approche par compétences : migration de la notion
de compétences, 2014, p.143-153.
152
adjectifs qualificatifs et les noms que de perdre du temps et
de l'énergie à transmettre des notions sur l'analyse des
propositions si complexes et qui suscitent de nombreux débats
contradictoires entre les maîtres de français.
? évaluer les apprenants en orthographe sur la base du
cumul de connaissances et de compétences acquises lors des
enseignements. Avec ce nouveau paradigme de l'enseignement-apprentissage de
l'orthographe, nous parviendrons à une évaluation plus juste,
fondée sur un cumul de connaissances et de compétences.
153
Conclusion
Les nombreuses erreurs commises par les apprenants du second
cycle de l'enseignement fondamental au Mali dans les productions, notamment en
dictée de contrôle, sont consécutives à un ensemble
de lacunes qui entachent le bon déroulement du processus
enseignement/apprentissage. Les erreurs d'orthographe ont un impact
négatif sur le niveau des apprenants qui ne cesse de baisser, ces
dernières années, au second cycle de l'enseignement fondamental.
Les conséquences de ces erreurs d'orthographe d'usage lexical et
grammatical ont pour nom : mauvaises notes, mésestime de la part des
apprenants face une orthographe française complexe et inconsistante et
source d'échec scolaire. Le phénomène est d'une telle
ampleur qu'il remet en cause la qualité de l'enseignement donné
par les enseignants de français. Face à ce constat d'échec
de l'enseignement et de l'apprentissage de l'orthographe de la langue
d'enseignement au Mali, les acteurs et partenaires de l'éducation se
jettent mutuellement la responsabilité. Si les parents remettent en
cause le niveau des enseignants, ces derniers remettent en cause le manque de
volonté des apprenants à fournir des efforts pour réussir.
Quant aux administrateurs des établissements scolaires, ils remettent en
cause le manque de rigueur des enseignants dans la transmission des savoirs.
Dans les multiples raisons avancées par les différents acteurs de
l'éducation pour explication les difficultés d'apprentissage de
l'orthographe au second cycle de l'enseignement fondamental au Mali, il nous
parut important de mener cette étude en vue de comprendre, non
seulement, les difficultés réelles d'apprentissage de cette
discipline capitale dans la maitrise de l'écrit mais aussi d'apporter
notre modeste contribution dans l'apprentissage de cette discipline.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus, au terme
de notre étude, nous amènent à affirmer que l'acquisition
de l'orthographe lexicale passe par la pratique régulière et
constante de la lecture en classe et en dehors d'elle. Cette pratique doit
accorder le maximum de temps afin de permettre aux apprenants de mettre en
oeuvre leur capacité visuelle pour mémoriser l'orthographe de
nouveaux mots en vue de le stoker pour des usages futurs. Tant que cette
activité est exécutée, à la sauvette, pour achever
un programme et au détriment de ceux pour lesquels elle est
dispensée, le désintérêt pour cette discipline
s'installe chez les apprenants entrainant ainsi des difficultés de
prononciation, d'identification et de graphie des mots. Si les bases de la
lecture sont lancées depuis le premier cycle de l'enseignement
fondamental, elles doivent être renforcées par la pratique
courante de cette activité au second cycle.
154
Si la pratique courante de la lecture favorise l'acquisition
de l'orthographe lexicale, la meilleure transmission des règles de
grammaire et de conjugaison fondée sur un objectif précis, celui
de favoriser l'acquisition des compétences orthographiques par les
apprenants, permet un apprentissage efficace de l'orthographe grammaticale. A
ce titre, la stratégie de l'Enseignement de l'Orthographe par Objectif
(EOO), contribuera, dans une certaine mesure, à favoriser l'acquisition
des compétences orthographiques par les apprenants au second cycle de
l'enseignement fondamental.
Les résultats issus des tests de dictée par
objectif réalisée, suite à l'enseignement sur l'accord des
verbes à l'imparfait de l'indicatif, permettent d'affirmer qu'un
enseignement de l'orthographe par objectif fait à partir des erreurs
commises par les apprenants favorise un apprentissage efficace et contribue
à améliorer le niveau des élèves. Ainsi pour,
permettre aux apprenants d'avoir un meilleur niveau en orthographe, il convient
d'élaborer une série d'Enseignement de l'Orthographe par Objectif
(EOO) en fonction des erreurs commises par les apprenants dans leurs
productions. Ce qui demande plus de temps d'enseignement et plus de temps
d'apprentissage, puisque les programmes d'enseignement de français ne
sont pas élaborés en tenant compte des erreurs des apprenants.
Il reste évident que l'élaboration de nouveaux
programmes d'enseignement de l'orthographe par objectifs recommande, de
facto, la conception d'une nouvelle documentation adaptée aux
apprenants dont l'usage sera généralisé au second de
l'enseignement fondamental au Mali. Cette nouvelle documentation prendra en
compte des matières telles que la lecture, la grammaire et la
conjugaison dont l'enseignement par objectifs favorisera l'acquisition des
connaissances et des compétences de l'orthographe lexicale et
grammaticale.
Ces curricula établiront un cumul de
connaissances et de compétences des apprenants à chaque niveau
d'étude d'un bloc unique de l'enseignement fondamental. Les
enseignements seront donnés à travers tout le territoire en
fonction de ce cumul de connaissances et de compétences en
français et particulièrement en orthographe. Les
évaluations en l'orthographe se feront en fonction de ces cumuls de
connaissances et de compétences. Sans ces conditions fondamentales,
l'apprenant sera toujours confronté à cette lancinante question
des difficultés en dictée. Mais avant cela ne serait-il pas
indispensable de recruter et former des enseignants à la hauteur de
leurs tâches ? Si des difficultés d'apprentissage de l'orthographe
constituent un défi majeur pour les apprenants du second cycle de
l'enseignement fondamental, des
155
investigations permettront de comprendre le niveau réel
des enseignants de français en orthographe.
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https://researchgate.net/profile/yousra_abusharifa.
Consulté le 30 Septembre 2018.
161
TABLE DES MATIERES
Introduction p.1
CHAPITRE I : Méthodologie de recherche p9
1.1-La démarche méthodologique p 9
1.1.1- La problématique de la recherche p9
1.1.2-Les questions de recherche p18
1.1.3-Les objectifs de la recherche p19
1.1.4- Les hypothèses de recherche p20
1.2-La construction de la posture de recherche p20
1.2.1- La recherche documentaire p23
1.2.2 -La Recherche sur le terrain p24
1.2.2.1-Le Choix des instruments d'enquête et leur
justification p24
1.2.2.2- Echantillonnage p26
1.2.3 -Les difficultés rencontrées p27
Chapitre II-Présentation des milieux d'étude p29
2.1- Présentation de la commune urbaine de Koutiala p29
2.1.1-Historique de la commune urbaine de Koutiala p29
2.1.2 - Situation géographique de Koutiala p30
2.1.3- Cadre démographique de Koutiala p30
2.2- Population scolaire spécifique de Darsalam p31
CHAPITRE III : Elucidation conceptuelle et revue critique de la
littérature p36
162
3.1- Elucidation conceptuelle p36
3.1.1-Apprenat p36
3.1.2-Apprentissage p37
3.1.3-Conjugaison p40
3.1.4-Dictée p42
3.1.5-Difficultés p47
3.1.6-Enseignement p52
3.1.7-Grammaire p53
3.1.8-Orthographe p57
3.1.9-Temps p62
3.2- Revue critique de la littérature p65
Chapitre IV : Présentation, analyse des données et
interprétation de résultats d'enquête sur le
terrain. p82
4.1- Présentation des données p82
4.1.1-Les données du questionnaire p82
4.1.2-Les données de l'entretien p87
4.1.3-les données de l'observation directe de
leçons p108
4.1.3.1-Les données de la première séance
d'observation directe de
leçons de lecture. p109 4.1.3.2-Les données de
la deuxième séance d'observation directe de
leçons de lecture. p110
4.1.3.3-Les données de l'observation directe de
leçons de grammaire et de conjugaison p111
4.1.3.4-Les données de l'observation directe de la
leçon de grammaire sur les pronoms
possessifs p111
4.1.3.5-Les données de l'observation directe sur la
conjugaison à l'imparfait de
l'indicatif p113
163
4.1.4-Les données du test de la dictée par
objectif p116
4.1.4.1- Les résultats du premier test de la
dictée par objectif p117
4.1.4.2-Les résultats du post test p122
4.2- Analyse des données p124
4.2.1-Analyse quantitative des données p124
4.2.1.1-Analyse quantitative des résultats du
questionnaire p124
4.2.1.2-Analyse quantitative des résultats du test et
du post test p126
4.2.2-Analyse qualitative p127
4.2.2.1- Analyse qualitative de l'observation directe des
leçons de lecture p127
4.2.2.2-Analyse qualitative de l'observation directe de la
leçon de grammaire sur les pronoms
possessifs p129
4.2.2.3-Analyse qualitative de l'observation directe d'une
leçon de conjugaison sur l'imparfait
de l'indicatif p132
4.3 - Interprétation des résultats
d'enquête sur le terrain p133
Chapitre V- Synthèse de l'analyse des données et
suggestions p136
5.1- Synthèse des analyses p136
5.2- Suggestions p136
Conclusion p139
BIBLIOGRAPHIE p141
WEBBOGRAPHIE p145
TABLE DES MATIERES p147
ANNEXE p150
Annexe 1 : le questionnaire p151
Annexe 2 : le guide d'entretien p153
Annexe 3 : la grille d'observation p155
Annexe 4 : Devoir de grammaire sur les pronoms possessifs
p156
Annexe 5 : Devoir de grammaire sur l'accord des verbes
à l'imparfait de l'indicatif p157
Annexe 6 : Dictée de contrôle 1 p158
164
Annexe 7 : Dictée de contrôle 2 : p159
Annexe 8 fiches de préparation sur la conjugaison des
verbes à l'imparfait de l'indicatif p160
Annexe 9 : La dictée par objectif p164
165
Annexe 1 :
QUESTIONNAIRE (destiné aux
élèves)
La présente étude s'inscrit dans le cadre de la
rédaction de notre Mémoire de fin d'études du Master en
Sciences de l'éducation de l'Université Catholique d'Afrique de
l'Ouest(UCAO), Unité Universitaire à Bamako(UUBa). Elle n'est
commanditée par aucune structure.
Ce questionnaire vise à recueillir des données sur
les difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien, cas du groupe scolaire second cycle de Darsalam, CAP de
Koutiala.
Nous vous assurons du respect de la déontologie tout le
long de l'enquête.
Vous marquerez une croix dans la case correspondant à
votre réponse puis vos commentaires dans l'espace suivant la mention
« justifiez vos réponse ».
Identification de l'enquêté
Prénom(s) Nom
Age Sexe : M F
Classe Statut : Régulier Redoublant
Question 1 : Combien d'heure de lecture
disposez-vous en classe par semaine ?
30 mn 1h 1h30
2h Autre ? À préciser
Question 2 : Combien d'élèves,
sur l'effectif de la classe, sont interrogés pour lire au moins une
partie du texte au cours d'une séance d'une heure de lecture ?
5 élèves 10 élèves 20
élèves
Autre nombre, à préciser :
Question 3 : Le temps accordé aux
apprenants lors des séances de lecture est-il :
Suffisant insuffisant très insuffisant
166
Question 4 : comprenez-vous les règles de
grammaire transmises par le maître dans votre classe lors des
leçons de grammaire ?
Oui Non Sans réponse
Question 5 : Vous permettent-elles d'accorder
correctement les mots lors des évaluations, notamment en dictée
de contrôle notée ?
Oui Non Sans réponse
Question 6 : l'incompréhension des
règles de grammaire dans votre classe est-elle une difficulté
d'apprentissage de l'orthographe ?
Question 7 : comprenez-vous les règles de
conjugaison transmises par le maître dans votre classe lors des
leçons de conjugaison ?
Oui Non Sans réponse
Question 8 : Vous permettent-elles d'accorder
correctement les terminaisons des verbes lors des évaluations notamment
en dictée de contrôle notée ?
Oui Non Sans réponse
Question 9 : l'incompréhension des
règles de conjugaison dans votre classe est-elle une difficulté
d'apprentissage de l'orthographe ?
Les informations recueillies suite au questionnaire à
questions fermées sont soumises à une analyse quantitative.
Merci pour votre participation à cette
enquête !
167
Annexe 2 :
GUIDE D'ENTRETIEN
À l'intention des maitres de français, du
conseiller pédagogique de français, des enseignants de
français à la retraite.
Identification de l'enquêté
Quel est votre Nom et votre prénom ?
Quel âge avez-vous ?
Diplôme .
Quelle est votre ancienneté dans la profession ?
Thématique 1 : Insuffisance du temps
accordé aux apprenants lors des heures de lecture dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années
comme difficulté d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien ?
Question 1 : que pensez-vous du temps
accordé aux apprenants lors des heures de lecture dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années
?
Question 2 : en quoi l'insuffisance du temps
accordé aux apprenants lors des heures de lecture dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années est
une difficulté d'apprentissage de l'orthographe?
Thématique 2 : la mauvaise
transmission des règles de grammaire, de conjugaison, d'orthographe
comme difficulté d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien.
Question 1 : que pensez-vous de la
transmission des règles de grammaire aux élèves de
7ème, 8ème et 9ème
années ?
168
Question 2 : cette transmission des
règles de grammaire permet-elle véritablement aux
élèves d'orthographier sans fautes les mots lors des
évaluations de l'orthographe, notamment la dictée de
contrôle notée ? Si oui pourquoi les apprenants commettent-ils de
nombreuses fautes ?
Question 3 : en quoi la mauvaise transmission
des règles de grammaire aux élèves de
7ème, 8ème et 9ème
années est une difficulté d'apprentissage de l'orthographe dans
le système éducatif malien ?
Question 4 : que pensez-vous de la
transmission des règles de conjugaison aux élèves de
7ème, 8ème et 9ème années
?
Question 5 : cette transmission des
règles de conjugaison permet-elle aux élèves
d'orthographier sans fautes les verbes ? Si oui pourquoi les apprenants
commettent-ils de nombreuses fautes de terminaisons des verbes lors des
dictées de contrôle notées ?
Question 6 : en quoi la mauvaise transmission
des règles de conjugaison aux élèves de
7ème, 8ème et 9ème
années est une difficulté d'apprentissage de l'orthographe dans
le système éducatif malien ?
Question 7 : en quoi les mauvais
résultats des élèves en dictée de contrôle
notée sont les conséquences de l'insuffisance du temps
accordé aux apprenants lors des heures de lecture, de la mauvaise
transmission des règles de grammaire et de conjugaison dans les classes
de 7ème, 8ème et 9ème
années ?
Thématique 3 : L'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO) et son évaluation à travers la
pratique de la dictée par le même objectif comme solution aux
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien.
Question 1 : Que pensez-vous de l'Enseignement
de l'Orthographe par Objectif (EOO) ?
Question 2 : en quoi l'enseignement et
l'évaluation de l'orthographe par objectif est une solution aux
difficultés d'apprentissage de cette discipline dans les classes de
7ème, 8ème et 9ème années ?
Les données recueillies au cours de l'entretien seront
soumises à une analyse qualitative.
Merci pour votre participation à notre
enquête.
169
Annexe 3 :
GRILLE D'OBSEVATION
Nous avons adopté la technique de l'observation directe
afin d'observer des comportements susceptibles de confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses. Elle s'articule sur des thématiques suivantes :
1. L'insuffisance du temps accordé aux apprenants lors
des heures de lecture, la mauvaise transmission des règles de grammaire
dans les classes de 7ème, 8ème et
9ème années comme difficultés d'apprentissage
de l'orthographe dans le système éducatif malien, cas du groupe
scolaire second cycle de Darsalam.
Cette thématique nous permet de vérifier si
véritablement, le temps accordé aux apprenants lors des
séances de lecture est suffisant ou insuffisant pour leur permettre de
se familiariser avec le texte de lecture et apprendre par la même
occasion l'orthographe lexicale. L'observation directe des leçons de
grammaire et de conjugaison nos permettra de comprendre l'efficacité des
pratiques in situ des méthodes de transmissions des
règles de grammaire et de conjugaison.
2. Les mauvaises notes obtenues par les élèves en
dictée de contrôle sont des conséquences des
difficultés d'apprentissage de l'orthographe dans le système
éducatif malien. Vérifier les mauvaises notes obtenues par les
apprenants comme conséquences de l'insuffisance du temps accordé
par les apprenants lors des séances de lecture et des mauvaises
transmissions des règles de grammaire et de conjugaison.
3. L'Enseignement de l'Orthographe par Objectif (EOO) et son
évaluation par la pratique de la dictée par le même
objectif comme solution aux difficultés d'apprentissage de l'orthographe
dans le système éducatif malien.
L'observation directe de l'Enseignement de l'Orthographe par
Objectif (EOO) et la pratique de la dictée par le même objectif
nous aidera à comprendre l'efficacité de cette nouvelle approche
dans l'apprentissage de l'orthographe française.
Les données recueillies suite à l'observation
directe des leçons sont soumises à une analyse qualitative.
Annexe 4 :
Devoir de grammaire sur les pronoms
possessifs
Consigne : remplace le nom
répété dans chaque phrase par un pronom possessif
convenable.
Mon quartier est très fréquenté, ton
quartier est calme. Au cours des fêtes, les instruments qui sont nos
instruments résonnent toute la journée. Les enfants aiment cette
ambiance qui est leur ambiance. Tes enfants aiment danser tandis que nos
enfants aiment lire les textes donnés par monsieur Sidibé. Nous
balayons notre classe tandis que votre classe est toujours sale. Les femmes de
notre quartier ont créé une association alors que les femmes de
votre quartier travaillent seules. Je fréquente l'école de
Darsalam depuis trois ans, elle est mon école, elle compte des amis qui
sont mes amis. Nous sommes encadrés par des maîtres qui sont nos
maîtres. Dans ton école, les élèves respectent les
maîtres, dans son école, les élèves ne respectent
pas les maîtres.
Leurs parents les félicitent pour leurs
résultats, nos parents nous grondent parce que nous avons eu de
mauvaises notes. Ma maison est proche de l'école, ta maison est
très éloignée. La bicyclette de mon ami est neuve, ta
bicyclette est usée. Sa tante lui a donné des cadeaux, ma tante
ne m'a rien donné. Mon téléphone est de bonne
qualité, son téléphone est une copie. Mes
élèves ont des livres de lecture, leurs élèves
n'ont pas de livre de lecture. Sa fille est en 9ème année, ma
fille a fini son école.
170
Source : enquête personnelle, Mai 2018.
Annexe 5 :
Devoir de grammaire sur l'accord des verbes à
l'imparfait de l'indicatif
Consigne : Mets les verbes des phrases
suivantes à l'imparfait de l'indicatif
Je (remplir) la marmite de viande de mouton. Tu (gravir) la
côte à pieds pendant que la sirène (retentir) au loin pour
annoncer la cessation ou la reprise du travail. Nous (réussir) notre
devoir de grammaire. Un coq (chanter) de loin dans la ferme. Les voyageurs
(attendre) le train depuis les premières heures de la journée.
Je (fendre) le bois pour ma mère afin qu'elle puisse
préparer le repas.
Les mauvaises herbes (envahir) le champ, elles
(empêcher) les plants de mil de se développer. Les cultivateurs
(travailler) toute la journée au chaud soleil. Ils (lutter) contre les
herbes nuisibles, la chaleur du soleil, les insectes. Parfois, une averse les
(surprendre). Toutefois, ils (poursuivre) leur travail. Ils (travailler) au son
de tam-tam. Le soir venu, ils (retourner) au village.
Lorsque je (finir) mon devoir, mon père (rentrer) du
travail tandis que ma soeur (partir) au marché pour acheter les
condiments de la semaine. Les arbres (fleurir), les abeilles (voltiger) de
fleur en fleur.
171
Source : enquête personnelle, Koutiala, Mai
2018.
Annexe 6 :
Dictée de contrôle 1 :
La longue file moissonneuse s'enfonçait dans le champ.
Ils chantaient, nos hommes, ils moissonnaient, ils chantaient en choeur, ils
moissonnaient ensemble...
La même âme les liait, les reliait, chacun et tous
goûtaient le plaisir, l'identique plaisir d'accomplir une tâche
commune. Lorsque midi approchait, les femmes quittaient le village et se
dirigeaient en file indienne vers le champ, chargées de fumants plats de
couscous. Sitôt que nous les apercevions, nous les saluons à
grands cris. Midi ! Il était midi ! Et sur toute l'étendue du
champ, le travail se trouvait interrompu.
L'appétit était merveilleusement aiguisé.
Nous étions assis autour des plats, et le couscous, brûlant du
fait des épices, disparaissait, s'engouffrait. C'était des
moments de grande joie où la solidarité était
vécue. Je goutais à ces moments de plaisir avec mon jeune
frère qui me tenait la main et me suivait comme son ombre.
172
D'après Camara LAYE : l'enfant
noir.
Annexe 7 :
Dictée de contrôle 2 :
Les grandes chaleurs étaient passées. Les
flamboyants décoraient la nature de jolies fleurs rouges qui indiquaient
aux petits écoliers l'approche des vacances.
L'arrivée des cigognes disait aux paysans que les longs
repos de la saison sèche, les fêtes sans nombre au son du tam-tam
et du balafon, les journées de causeries sur la place du village
étaient terminées.
Le soir, la lourde chaleur humide de la journée se
transformait en une douce fraîcheur qui invitait à dormir dehors,
à moitié nu, sur un tara. Puis un après-midi, alors que
personne ne s'y attendait, tombèrent les premières pluies.
Yoro Diakité : Une main amie
173
Annexe 8 :
Fiche de Préparation de l'Enseignement de
l'Orthographe par Objectif (EOO).
Classe de : Effectif :
174
Matière :
Français
Discipline :
Grammaire/Conjugaison
Thème : l'accord des verbes à l'imparfait
de l'indicatif.
Objectif d'apprentissage à atteindre :
à la fin de la leçon ; les apprenants doivent être capables
d'accorder sans erreurs tous les verbes des différents groupes à
l'imparfait de l'indicatif.
Corpus :
L'hivernage tirait vers sa fin. Les pluies
devenaient rares, d'ailleurs, leur persistance
entrainait des dégâts sur les récoltes. La
brousse sentait bon. Certains paysans finissaient
de récolter le fonio, l'arachide, la patate douce, le haricot,
d'autres se consacraient à la récolte du coton,
« l'or blanc ». Les oiseaux animaient la brousse de
leurs chants de joie. Tôt le matin, les paysans remplissaient
leur charrette de matériels de travail et prenaient
le chemin des champs. Ils travaillaient durant toute
la journée au chaud soleil. L'espoir grandissait, des
efforts de plusieurs mois de travail portaient, enfin, leurs
fruits. La joie était partout. (Source personnelle.)
*Le maître procède à la lecture magistrale du
corpus puis interroge deux élèves qui l'imitent.
Objectifs spécifiques :
Objectifs spécifiques
|
Stratégies
d'enseignement/apprentissage
|
Evaluation formative
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Résultats de l'évaluation
|
O.I. 1. Les apprenants doivent être capables
de relever tous les
verbes du corpus conjugués à l'imparfait de
l'indicatif.
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Le maître
|
L'élève
|
Classe les verbes relevés selon leur groupe.
|
Les verbes
sont classés
selon leur
groupe.
|
|
Relevez tous les verbes du corpus conjugués à
l'imparfait
|
Les élèves, à
tour de rôle
identifient et
copient au
tableau les
|
175
|
de
l'indicatif.
|
verbes du
corpus
conjugués à
l'imparfait de
l'indicatif.
|
|
|
O.I.2. Préciser les
|
Précise les
|
Les élèves, à
|
Précise les
|
Les
|
terminaisons de chaque verbe.
|
terminaisons
des verbes
|
tour de rôle,
précise par écrit
|
terminaisons des
verbes à
|
terminaisons des verbes à
|
|
conjugués à
|
les terminaisons
|
l'imparfait des
|
l'imparfait
|
|
l'imparfait.
|
des verbes.
|
verbes selon leur groupe.
|
de l'indicatif sont copiées
par les apprenants au tableau.
|
O.I.3. Déterminer le
|
Détermine le
|
Les élèves
|
Construis une
|
Les phrases
|
sujet de chaque verbe
|
sujet de
|
déterminent le
|
phrase contenant
|
contenants
|
conjugué à l'imparfait
|
chaque verbe
|
sujet de chaque
|
un verbe à
|
des verbes à
|
de l'indicatif.
|
conjugué à
|
verbe conjugué
|
l'imparfait de
|
l'imparfait
|
|
l'imparfait
|
à l'imparfait de
|
l'indicatif en
|
de l'indicatif
|
|
de
|
l'indicatif.
|
accordant sans
|
sont
|
|
l'indicatif.
|
|
faute le verbe
avec son sujet.
|
construites
|
Résumé : Les verbes conjugués
à l'imparfait de l'indicatif comportent les terminaisons suivantes
:
1-pour les verbes du premier groupe dont la marque de
l'infinitif -er tombe pour les terminaisons : -ais, -ais, -ait,
-ions, -iez, -aient.
Exemples : les élèves
travaillaient en groupe, ils s'exerçaient ensemble.
Travaill (er) = travaillaient. S'exerç
(er)= s'exerçaient.
2-pour les verbes irréguliers du troisième
groupe, la marque irrégulière de l'infinitif tombe pour les
terminaisons : -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient.
176
Exemples : Tôt le matin, les élèves
prenaient le chemin de l'école. Ils venaient
à l'heure et puis repartaient dès que
les activités sont achevées.
Pren (dre)=prenaient. Ven (ir)=
venaient. Repart
(ir)=repartaient.
3-pour les tous les verbes du deuxième groupe dont
la marque de l'infinitif ir tombe pour les
terminaisons : -issais,-issais,
-issait,-issions,-issiez,-issaient.
Exemple : Je finissais mon devoir pendant que
mes camarades franchissaient le portail de la
cour.
Fini(r)=finissais.
Franchi(r)=franchissaient. Evaluation finale
:
1. Emploi les verbes : attendre, grandir, apprendre,
travailler et réussir dans des phases à toutes les personnes.
2. Mets les verbes entre parenthèses à
l'imparfait de l'indicatif (les exercices 2 et 3 sont à faire à
domicile puis à rendre le lendemain)
Les véhicules (franchir) le pont à toute
allure. En cette heure de la journée, c' (être) inhabituel. Mais
au regard des marques de véhicules, on (pouvoir) deviner que les
passagers (être) de grandes personnalités. Ils (se diriger) vers
la cité ministérielle.
Les usagers de cette voie (laisser) le cortège passer.
Ces bolides (rouler) à tombeau ouvert et personne (ne prêter) le
flanc à une mort certaine en se plaçant sur leur route.
Après leur passage, les forces de l'ordre (tenter) de réguler la
circulation dans un bruit infernal de clackson et de crissements de
pneumatique.
3. Même consigne que l'exercice
précédent.
Les paysans (revenir) des champs où ils avaient
travaillé toute la journée. Ils (travailler) en groupe,
(récolter) le mil sous le son du tam-tam. Les femmes (applaudir)
à la suite des travailleurs. Le tas d'épis (augmenter) à
mesure que les femmes (apporter) de nouveaux des paniers. Le tam-tam
(résonner) de plus chaque fois que les hommes (pousser) des cris de
joie.
La brousse (se remplir) des cris, de chants. De loin, l'on
(voir) d'autres moissonneurs en plein mouvement, le torse nu.
177
Annexe 9 :
Dictée par objectif :
Objectif de la dictée : les
apprenants doivent être capables d'accorder sans fautes tous les verbes
de la dictée à l'imparfait de l'indicatif.
NB : Le texte original a été
partiellement adapté dans la forme comme dans le fond avec l'ajout de
certains verbes du 2ème groupe pour obtenir des
éléments de chaque groupe.
La longue file moissonneuse s'enfonçait
dans le champ. Les hommes brandissaient leurs
faucilles, ils chantaient, ils moissonnaient,
ils chantaient en choeur, ils moissonnaient
ensemble.
La même âme les liait, les
reliait, chacun et tous goûtaient le
plaisir, l'identique plaisir d'accomplir une tâche commune. Lorsque midi
approchait, les femmes quittaient le
village
178
et se dirigeaient vers le champ,
chargées de fumants plats de couscous. Sitôt que nous les
apercevions, nous les saluions à
grands cris. Sur toute l'étendue du champ, le travail
s'arrêtait. Nous prenions notre repas
dans la gaité. Le délicieux couscous disparaissait,
s'engouffrait. Le soir, lorsque les hommes finissaient
la récolte, la longue file franchissait le
petit pont au pas de danse sans se soucier de le voir s'effondrer.
D'après CAMARA LAYE ; l'enfant
noir.
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