UNIVERSITE DE DSCHANG
THE UNIVERSITY OF DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
Département de Vulgarisation Agricole et de
Sociologie Rurale
Department of Agricultural Extension and Rural
Sociology
USAGES LOCAUX DES RESSOURCES FORESTIERES AUTOUR DE
TROIS CONCESSIONS CAMEROUNAISES (1050, 1046 et 1059) : COMPLEMENTARITE OU
COMPETITION ?
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par :
NOUMBISSI Duplex
Matricule : CM04-07ASA0072
Décembre2012
UNIVERSITE DE DSCHANG
THE UNIVERSITY OF DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
Département de Vulgarisation Agricole et de
Sociologie Rurale
Department of Agricultural Extension and Rural
Sociology
USAGES LOCAUX DES RESSOURCES FORESTIERES AUTOUR DE
TROIS CONCESSIONS CAMEROUNAISES (1050, 1046 et 1059) : COMPLEMENTARITE OU
COMPETITION ?
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du Diplôme d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par :
NOUMBISSI Duplex
Matricule : CM04-07ASA0072
Superviseur :
TCHOUAMO Isaac Roger, PhD.
Maître de Conférences
Université de Dschang
Encadreur :
Dr. Patrice LEVANG
Agro-économiste
IRD, UMR GRED CIFOR, Forests and Livelihoods
Program
Décembre2012
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné, NOUMBISSI Duplex,
atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres
travaux effectués au Centre International de Recherche en Foresterie
(CIFOR) sous la supervision duPr.TCHOUAMO Isaac Roger,
enseignantà la Faculté d'Agronomie et des Sciences
Agricoles de l'Université de Dschang et de l'encadrement du
Dr.Patrice LEVANG, chercheur à l'Institut de Recherche
pour le Développement (IRD) et au Centre International de Recherche
Forestière (CIFOR).
Ce mémoire est authentique et n'a pas été
antérieurement présenté pour l'acquisition de quelques
grades universitaires que ce soit.
Signature et nom de l'auteur
NOUMBISSI Duplex
Date :....../....../......
Visa du superviseur
Pr. TCHOUAMO Isaac Roger
Date :....../....../......
Visa du Chef de Département de Vulgarisation Agricole et
de Sociologie Rurale
Date :....../....../......
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Le présent mémoire a été revu et
corrigé conformément aux observations du jury.
Visa du Président du Jury :
Date ..............................
Visa du Superviseur :
Visa du Chef de département :
Date ..............................
Date ..............................
DEDICACE
A
Mes parents GATCHUIESSI Jean Claude et
MAGNE Emilienne, Epouse GATCHUIESSI qui n'ont
ménagé aucun effort pour ma réussite à cette
formation ;
Tous mes frères et soeurs qui m'ont soutenu tant
financièrement que moralement durant les années de formation
à la FASA. Qu'ils trouvent en ce document toute ma reconnaissance.
REMERCIEMENTS
Tout en remerciant Dieu Tout Puissant pour l'aboutissement de
ce travail, je voudrais exprimer ma profonde gratitude aux personnes morales et
physiques qui ont apporté une contributionsignificative à ma
formation et à la réalisation de ce mémoire :
· Pr. TCHOUAMO Isaac, superviseur de cette étude.
Sa disponibilité et son engagement ont été d'une grande
importance pour la réalisation de ce travail. Il a chaque fois
accordé le temps nécessaire pour lire mes textes et me donner des
conseils très utiles.
· Dr. Patrice LEVANG, encadreur de cette étude,
pour sa disponibilité et ses multiples conseils qui m'ont aidé
dans la réalisation de ce travail. Il a aussi accordé le temps
nécessaire pour lire mes textes.
· Dr. TCHATAT Mathurin pour ses multiples conseils qui
m'ont aidé dans la réalisation de ce travail.
· CIFOR pour avoir accepté de m'accueillir dans
son institution et avoir fourni les ressources nécessaires à la
réalisation de ce travail.
· Dr Manu Ibrahim, Chef de Département de
Vulgarisation Agricole et de Sociologie Rurale, pour ses conseils et soutien
moral durant notre formation et stage.
· Pr. Manjeli Yacouba, Doyen de la Faculté
d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang
et à tous les enseignants de cette faculté pour la qualité
des enseignements reçus.
· Tous ceux qui m'ont hébergé, reçu
durant les enquêtes et entretiens.
· Mes camarades de la 15ème promotion
pour l'assistance mutuelle durant notre séjour à Dschang :
Mesdemoiselles TCHOULAHUI Y. Lydie, NGANDOM F. Sabine, NGUM A. Faith, WEKOP
liliane, NGAH Séraphine, TAÏTI M. Brigitte ; Messieurs
TCHOUNJI D. Ghislain, TENE Thierry M., ELOUNDOU Christian, FIFEN M. Aziz,
TAKAMGANG Martial, DEUDJUI T. Alexis, ZEYHBA Nathanaël.
· Mon binôme de stage, Camille DEHU pour les
moments chaleureux passés ensemble et les connaissances
échangées.
AVANT PROPOS
Le présent mémoire résulte du stage
d'insertion professionnelle d'une durée de six (06) mois, qui donne
droit au Diplôme d'Ingénieur Agronome à la Faculté
d'Agronomie et des Sciences Agricoles de l'Université de Dschang. Il est
le fruit d'un travail de recherche mené au Centre International de
Recherche en Foresterie (CIFOR), dans le cadre des premières
activités d'un projet intitulé «Au-delà du
bois : Réconcilier les besoins de l'industrie forestière
avec ceux des populations dépendantes de la forêt».
Ce projet est mené par Bioversity International, en
collaboration avec le CIFOR, l'Institut de Recherche Agricole pour le
Développement (IRAD) auCameroun, l'Institut de Recherche en Ecologie
Tropicale (IRET) au Gabonet l'Université de Kisangani (UNIKIS) en
République Démocratique du Congo, et a pour objectif de
générer des approches novatrices de gestion de la forêt
dans le Bassin du Congo en augmentant sa multifonctionnalité (par le
biais de l'intégration dans l'utilisation des produits ligneux et
non-ligneux) pour maintenir l'intégrité de
l'écosystème tout en améliorant de façon durable le
niveau de vie des populations riveraines.
Les communautés locales ainsi que les concessionnaires
devront donc ensemble être impliqués dans le développement
et la validation des modèles d'aménagement multi-usages. Au
Cameroun, deux concessionnaires la Fabrique Camerounaise de Parquet
(FIPCAM)dans la Région du Sud et la Société Camerounaise
de Transformation du Bois (SCTB) dans la Région de l'Est ont
accepté de prendre part au projet et de partager les informations.
Pour atteindre l'objectif du projet, une attention
particulière devra être portée sur les espèces
forestières qui constituent une importante source de nourriture, de
plantes médicinales, de revenus pour les communautés locales, de
manière à minimiser l'impact de l'exploitation sur cette
importante ressource. C'est dans ce contexte que nous avons mené cette
étude sous le thème «Usages locaux des ressources
forestières autour de trois concessions camerounaises (1050, 1046
et 1059) : complémentarité ou
compétition ? ».
SOMMAIRE
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL
iii
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
iv
DEDICACE......
v
REMERCIEMENTS
vi
AVANT PROPOS
vii
SOMMAIRE....
viii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DES FIGURES
xi
LISTE DES PHOTOS
xii
LISTE DES ANNEXES
xii
LISTE DES ABREVIATIONS
xiii
RESUME.........
xiv
ABSTRACT.....
xv
CHAPITRE 1: INTRODUCTION
1
1.1. Généralités
1
1.2. Problématique
2
1.3. Objectifs de l'étude
4
1.4. Hypothèses
4
1.5. Importance de l'étude
5
1.6. Organisation du mémoire
5
CHAPITRE 2: DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE
DE LA LITTERATURE
6
2.1. Définition des concepts
6
2.1.1. Unité Forestière
d'Aménagement (UFA)
6
2.1.2. Concession forestière
6
2.1.3. Plan d'aménagement
6
2.1.4. Assiette Annuelle de Coupe (AAC)
6
2.1.5. Sciage artisanal
7
2.1.6. Produits Forestiers Non Ligneux
(PFNL)
7
2.1.7. Arbres à usage multiple
7
2.1.8. Ressource naturelle
8
2.2. Cadre réglementaire : la
Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de
la faune et de la pêche
8
2.3. Revue de la littérature
9
2.3.1. Importance des PFNL
9
2.3.2. Les facteurs susceptibles
d'influencer l'exploitation des PFNL
12
2.3.3. Le sciage artisanal
15
2.3.4. Impact de l'exploitation
forestière sur les PFNL
16
CHAPITRE 3: METHODOLOGIE
18
3.1. Présentation de la zone
d'étude
18
3.1.1. Localisation géographique
18
3.1.2. Le milieu physique
18
3.1.3. Le milieu humain
19
3.1.4. Les principales activités
économiques de la zone
21
3.2. Types des sources des données et
instruments de collecte
24
3.2.1. Sources secondaires
24
3.2.2. Sources primaires
24
3.3. Population et
échantillonnage
25
3.3.1. Population de l'étude
25
3.3.2. Technique d'échantillonnage et
taille de l'échantillon
26
3.4. Traitement et analyse des
données
28
CHAPITRE 4: RESULTATS : PRESENTATION,
ANALYSE ET DISCUSSION
29
4.1. Identification et
caractérisation des acteurs impliqués dans l'utilisation des
ressources forestières
29
4.1.1. Présentation des
concessionnaires
29
4.1.2. Caractéristiques
sociodémographiques des enquêtés
30
4.2. Typologie des activités des
populations riveraines
35
4.3. Caractérisation des principales
activités liées aux ressources naturelles
37
4.3.1. L'agriculture
37
4.3.2. La cueillette
44
4.3.3. La chasse
59
4.3.4. Le sciage artisanal
67
4.3.5. Perception des populations
vis-à-vis des activités
72
4.4. Perceptions croisées des
populations riveraines et des concessionnaires vis-à-vis de
l'exploitation forestière
73
4.4.1. Identification des espèces
exploitées par les concessionnaires qui sont à usage
multiple.....
73
4.4.2. Perception de l'impact de
l'exploitation par les populations locales
74
4.4.3. Perception de l'impact de
l'exploitation par les personnes ressources de la compagnie
77
4.5. Discussion
78
4.5.1. Hypothèse 1
78
4.5.2. Hypothèse 2
81
4.5.3. Hypothèse 3
82
CHAPITRE 5: CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET
LIMITES DE L'ETUDE
84
5.1. Conclusion
84
5.2. Recommandations
85
5.3. Limites de l'étude
86
BIBLIOGRAPHIE
87
ANNEXES......
93
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1. Liste des espèces
végétales utilisées par les populations au Sud
3
Tableau 2. Liste des espèces
végétales utilisées par les populations à l'Est
22
Tableau 3. Répartition des
enquêtés par concessions
27
Tableau 4. Répartition des
enquêtés selon l'ethnie
30
Tableau 5. Répartition des
ménages par genre du chef de ménage
33
Tableau 6. Informations statistiques sur la
taille des ménages
33
Tableau 7. Perceptions des principales
cultures vivrières au Sud et à l'Est
37
Tableau 8. Cultures commerciales
38
Tableau 9. PFNL les plus collectés
durant le semestre (mars-septembre) au Sud
45
Tableau 10. PFNL les plus collectés
durant le semestre (mars-septembre) à l'Est
46
Tableau 11. Principales essences fournissant
les chenilles au Sud et à l'Est
51
Tableau 12. Revenu semestriel
(mars-septembre) de la cueillette
55
Tableau 13. Différentes
espèces chassées dans les Régions du Sud et de l'Est
60
Tableau 14. Les 10 espèces les plus
chassées entre mars et septembre 2012
63
Tableau 15. Revenu semestriel
(mars-septembre) de la chasse
65
Tableau 16. Principales essences d'arbres
exploitées au Sud et à l'Est
69
Tableau 17. Revenus moyens du sciage par
catégories d'acteurs locaux
71
Tableau 18. Espèces exploitées
par la SCTB et la FIPCAM ayant un usage de PFNL
73
Tableau 19. Perceptions des populations
locales vis-à-vis de l'impact de l'exploitation forestière
74
Tableau 20. Revenu moyen des
activités liées aux ressources forestières et proportion
des ménages impliqués
79
LISTE DES
FIGURES
Figure 1. Les zones forestières du
Cameroun
3
Figure 2. Localisation des zones
d'étude
20
Figure 3. Répartition des
enquêtés suivant les classes d'âge au Sud et l'Est
31
Figure 4. Proportion des
enquêtés selon leur niveau de scolarisation
32
Figure 5. Répartition des
enquêtés suivant la religion
32
Figure 6. Revêtement du sol,
matériaux du toit et du mur des logements
34
Figure 7. Perception des principales
activités des ménages
35
Figure 8. Contribution des
différentes activités dans les revenus totaux de mars à
septembre 2012...........
36
Figure 9. Distribution du revenu semestriel
agricole entre les ménages
39
Figure 10. Poids des principales cultures
commercialisés dans le revenu agricole total au Sud à l'Est entre
mars et septembre
40
Figure 11. Répartition des cultures
commercialisées par genre au Sud et à l'Est
42
Figure 12. Principales contraintes
liées à la production agricole .....
43
Figure 13. Répartition des PFNL
similaires par ménages les ayant collectés (en %)
46
Figure 14. Types et fréquentation des
espaces de cueillette entre mars et septembre
54
Figure 15. Répartition des principaux
PFNL par lieu de collecte au Sud et l'Est
54
Figure 16. Distribution des revenus de la
cueillette entre les ménages
56
Figure 17. Importance relative des divers
PFNL au revenu total. total de la cueillette au Sud...............
57
Figure 18. Importance relative des divers
PFNL au revenu total de la cueillette à l'Est
57
Figure 19. Principales contraintes
liées à la cueillette selon les cueilleurs (n=11)
58
Figure 20. Différents types de
chasseurs par Régions en mars et septembre
61
Figure 21. Différents types de chasse
par Régions en mars et septembre 2012.
61
Figure 22. Nombre moyen de prises par
ménage des espèces similaires les plus chassées
63
Figure 23. Types et fréquentation des
espaces de chasse entre mars et septembre 2012
64
Figure 24. Répartition des
espèces les plus chassées en fonction des
écosystèmes
64
Figure 25. Différents types
d'acheteurs de gibier dans les deux Régions
65
Figure 26. Distribution des revenus de
chasse
66
Figure 27. Principales contraintes
liées à la chasse d'après les chasseurs (n=14)
66
Figure 28. Distribution des revenus du
sciage artisanal
70
Figure 29. Revenu filet des ménages
(en % des ménages enquêtés)
72
Figure 30. Répartition des revenus
moyens par classes (quintiles)
80
Figure 31. Courbe de Lorenz du Sud et de
l'Est
81
LISTE DES
PHOTOS
Photo 1. Fruit et amande de Irvingia
gabonensis
3
Photo 2. Arbre et fruit de Baillonella
toxisperma
48
Photo 3. Fruit (a), amandes (b) et graines
(c) de Ricinodendron heudelotii
49
Photo 4. Gousses et graine d'ébaye
(Pentaclethra macrophylla)
49
Photo 5. Tricoscypha abut
50
Photo 6. Champignons (Termitomyces
spp.),
50
Photo 7. Escargot (Achatinidae
spp.) et chenilles (Imbrasia spp.)
51
Photo 8. Rotin (Laccosperma
secundiflorum)
52
Photo 9. Nattes (a) et claie (b) à
base de Raphia hookeri
52
Photo 10. Extraction du vin de palme
53
Photo 11. Ecorce de Enantia
chlorantha
53
Photo 12. Sciage artisanal d'un pied de
bubinga (Guibourtia spp.)
70
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1. Protocoles d'enquête
3
Annexe 2. Questionnaire recensement
100
Annexe 3. Fiche trimestrielle de suivi des
ménages
104
Annexe 4. Tableau des espèces de PFNL
au Sud du Cameroun
108
Annexe 5. Tableau des espèces de PFNL
à l'Est du Cameroun
110
LISTE DES
ABREVIATIONS
AAC
|
Assiette Annuelle de Coupe
|
ADD
|
Alternatives Durables pour le Développement
|
CIFOR
|
Centre International de Recherche en Foresterie
|
COCAM
|
Société Nouvelle de Contreplaqués du
Cameroun
|
ECAM-PLACAGE
|
Entreprise Camerounaise de Placages
|
EFC
|
Entreprise Forestière Camerounaise et La
Forestière de Campo
|
FAO
|
Food and Agriculture Organisation of the United Nations
|
FASA
|
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles
|
FCFA
|
Franc des Communautés Financières d'Afrique
|
FIPCAM
|
Fabrique Camerounaise de Parquet
|
GFW
|
Global Forest Watch
|
GTZ
|
Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
|
Ha
|
Hectare
|
ICRAF
|
International Centre for Research in Agroforestry
|
IITA
|
International Institute for Tropical Agriculture
|
IRAD
|
Institut de Recherche Agricole pour le Développement
|
IRET
|
Institut de Recherche en Ecologie Tropicale au Gabon
|
MINAT
|
Ministère de l'Administration Territoriale
|
MINEFI
|
Ministère de l'Economie et des Finances
|
MINEP
|
Ministère de l'Environnement et la Protection de la
Nature
|
MINFOF
|
Ministère des Forêts et de la Faune au
Cameroun
|
MINSANTE
|
Ministère de la Santé
Publique
|
ONEPCAM
|
Organisation Nationale des Exploitants des PFNL du Cameroun
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PFNL
|
Produits Forestiers Non Ligneux
|
RC
|
République du Cameroun
|
RDC
|
République Démocratique du Congo
|
RFA
|
Redevance Forestière Annuelle
|
SCTB
|
Société Camerounaise de Transformation du
Bois
|
SEBC
|
Société d'Exploitation forestière des
Bois du Cameroun
|
SFID
|
Société Forestière et Industrielle de la
Doumé
|
SPSS
|
Statistical Package for Social Science
|
UFA
|
Unité Forestière d'Aménagement
|
UNIKIS
|
Université de Kisangani
|
WRI
|
World Ressource Institute
|
CHAPITRE 1: RESUME
De mars à septembre 2012, une étude
socioéconomique sur les usages locaux des ressources forestières
a été menée dans 12 villages riverains de trois
concessions forestières camerounaises (1050, 1046 et 1059), avec pour
objectif global d'analyser les relations qui existent entre les
concessionnaires et les populations locales.
Les données ont été collectées
auprès de 153 chefs de ménages, 14 chasseurs, 13 scieurs,
5 responsables d'ONG, 3 agents des Eaux et Forêt et 2 chefs
d'exploitation des concessions. Elles ont été analysées
grâce aux logiciels Microsoft Access, Excel et SPSS.
Les résultats révèlent que les
concessionnaires sont des opérateurs privés dontl'objectifest de
maximiser les profits à travers l'exploitation de certaines essences
ligneuses dans leurs UFA. Les populations locales utilisent les ressources
forestières pour satisfaire leurs besoins de subsistance et de revenus
monétaires. Les principales activités qu'elles mènent pour
atteindre ces objectifs sont l'agriculture, la cueillette, la chasse et le
sciage artisanal.L'agriculture est la principale source de revenus
monétaires et de subsistance des populations locales. La cueillette et
la chasse sont des activités secondaires. Le sciage artisanal est
également important en termes de revenus monétaires, mais il
n'est bénéfique qu'à peu de personnes.
Les populations locales et les concessionnaires se heurtent
à des contraintes occasionnées par les activités de l'un
ou de l'autre. Il y a d'une part, des impacts positifs qui mettent l'accent sur
les aspects jugés bénéfiques de l'exploitation
forestière et d'autre part une lecture critiquequi révèle
les limites de l'exploitation forestière et ses incidences
néfastes sur la vie des riverains et de l'écosystème,
à l'instar de la disparition de certains PFNL qui proviennent d'arbres
exploités par les compagnies. De leur côté, les exploitants
forestiers reprochent aux populations locales d'être peu entreprenantes
et irrespectueuses de la loi.
Tout ceci nous a amené à dire que, le
contrôle et l'accès aux ressources forestières est à
l'origine de conflits plus potentiels que réels entre les
concessionnaires et les populations locales.
De ce qui précède, l'étude
recommande :
· aux populations locales de maitriser la loi
n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts, de la
faune et de la pêche ;
· aux concessionnairesde mettre en place une plateforme
de dialogue permettant aux populations locales d'apporter des solutions aux
problèmes de contrôle des ressources forestières, de faire
l'inventaire des espèces multi-usages et allouer certains arbres aux
populations ;
· à l'administrationderéunir les
populations, et les compagnies lors de l'élaboration des clauses des
plans d'aménagement, des cahiers des charges pour qu'ils
définissent clairement la place des PFNL dans la gestion des concessions
et les limites des zones agricoles et dedéfinir des mesures de
compensation des compagnies pour ne pas exploiter tous les arbres ayant une
valeur de PFNL ;
· Mots clés : Ressources
naturelles ; Produits Forestiers Non Ligneux ; Arbre à usage
multiple ; Concession forestière ; Populations locales.
auxONG de sensibiliser et éduquer des populations
locales sur leurs droits et ceux des autres parties prenantes, de mener des
actions de lobbying et de plaidoyer auprès des autorités en vue
d'une meilleure implication des populations locales dans gestion des ressources
forestières.
CHAPITRE 2: ABSTRACT
A socio-economic survey was conducted between the months of
March and September 2012 in twelve villages around three Cameroonian forest
concessions (1050, 1046 and 1059), with the aim of analysing the relationship
existing between the concessionaires and local communities.
Data were collected from a total of 153 households, 14
hunters, 11 gatherers, 13 sawyers, 5 NGOs, 3 forest agents and 2 heads of
logging concessions. It was then analyzed using Microsoft Access, Excel and
SPSS softwares.
The results show that concessionaires are private operators
who aim at maximising their profits through the exploitation of certain timber
species in their UFA. Local population on their part use forest resources to
meet their subsistence needs and cash income. The main activities they
undertake to achieve these objectives include agriculture, gathering, hunting
and artisanal logging. Agriculture is the main source of cash income and
livelihoods for local population. Gathering and hunting are secondary
activities in terms of subsistence. Artisanal logging is also important in
terms of monetary income, but it is only beneficial to some people.
Local populations and logging companies are each faced with
the impact of the activities carried out by the former and the latter. There
are positive impacts that focus on aspects deemed beneficial from logging and
others more critical, which reveal the limits of logging and of its negative
impacts on the lives of local populations and the ecosystem; such as the
disappearance of some NTFPs from trees exploited by companies. On their part,
loggers blame the local population of being indolent and disrespectful of the
law.
All this leads us to conclude that the control and access to
forest resources is a potential source of conflicts between concessionaires and
local populations.
Of the foregoing, the study makes the following
recommendations to stakeholders:
· To the Local population; master the law n° 94/01
of 20th January 1994 on Forestry, Wildlife and Fisheries.
· To logging companies; establish a dialogue platform
with local people to find solutions to the problems of control and access to
forest resources as well as make an inventory of multi-uses trees and allocate
some to local populations.
· To the administration; associate local communities and
companies in the elaboration of management plans and investment agreements
(«cahier des charges»), so as to clearly define the role of NTFPs in
concession's management and the boundaries of agriculture zones. It should also
define measures of compensating the logging companies not to exploit all the
trees with a value of NTFPs.
· Key words: Natural resources; Non
Timber Forest Product; Multi-use Tree; Forest concession; Local populations.
To NGOs; raise awareness and educate local populations about
their rights and those of other stakeholders, conduct lobbying and advocacy to
the authorities for greater involvement of local communities in forest
management.
CHAPITRE 3: INTRODUCTION
Ce chapitre décrit les
généralités, présente la problématique, les
objectifs, l'importance de l'étude ainsi que les principales
articulations du mémoire.
3.1.
Généralités
L'Afrique Centrale est une sous-région fortement
boisée. Environ 57% de son étendue est couverte par des
forêts naturelles. Elle représente la plus vaste superficie
continue de forêts tropicales humides d'Afrique et est la deuxième
plus grande du monde après l'Amazonie. Ce couvert forestier englobe
plusieurs pays : le Gabon, la Guinée Equatoriale, la
République du Congo, la zone humide du Cameroun et la République
Démocratique du Congo (RDC) ainsi qu'une petite partie de la
République Centrafricaine (FAO, 2002 : 121). Avec 47,5 millions
d'hectares de forêts, plus de 20 millions d'hectares de forêts
tropicales humides et 22,5 millions d'hectares de forêts de production
dont 14 millions sont exploitables, le secteur forestier Camerounais contribue
à l'économie nationale, en fournissant des revenus, des emplois,
de la nourriture, des médicaments, de l'énergie, et des services
environnementaux importants (ADD, 2012 ; WRI, 2005 :1).
Depuis 1980, il constitue la deuxième source de recettes d'exportation
du pays après le pétrole, avec 29 % et 26 % des recettes
d'exportation hors pétrole en 2001 et 2004 respectivement. Il offre
près de 13 000 emplois formels et peut-être 150 000 emplois
informels et représente 4,8 % du produit intérieur brut hors
pétrole en 2004, dépassant de loin toutes les autres
matières premières agricoles (Topa et al., 2010 :
17).
En dehors du bois d'oeuvre qui suscite plus l'attention des
pouvoirs publics, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) sont aussi d'une
grande importance car ils contribuent à la réduction de la
pauvreté (Mbolo et al., 2006). Par exemple, « La
valeur totale des produits forestiers pour lesquels des statistiques
commerciales ou des estimations existent à savoir le bois, le charbon,
le Gnetum africanum, la gomme arabique et l'écorce de
Prunus africana, avoisine les 304 milliards de FCFA, avec 63 milliards
de FCFA tirés des Produits Forestiers Non Ligneux et 68 milliards de
FCFA pour l'énergie domestique » (Topa et al.,
2010 : 2).
Sur le plan juridique au Cameroun, plusieurs avancées
ont été faites dans le domaine de la gestion durable des
forêts. En 1994, le Cameroun a adopté la Loi n° 94/01 du 20
janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et des
pêches suivie d'un décret d'application n° 95/531/PM du
23 août 1995. Cette loi et les textes pris pour son application fixent le
régime des forêts, de la faune et de la pêche en vue
d'atteindre les objectifs généraux de la politique
forestière, de la faune et de la pêche, dans le cadre d'une
gestion intégrée assurant de façon soutenue et durable, la
conservation et l'utilisation desdites ressources et des différents
écosystèmes tel que stipulé dans son article 1.
Théoriquement celle-ci met l'accent sur l'implication
des populations locales dans la gestion des ressources forestières
à travers une gestion décentralisée. Elle
concrétise une ouverture, sur une base égalitaire, de tous les
acteurs impliqués dans la gestion des forêts. Elle reconnait par
exemple aux populations riveraines le droit d'usage ou coutumier d'exploiter
tous les produits forestiers, fauniques et halieutiques à l'exception
des espèces protégées en vue d'une utilisation personnelle
et non commerciale (article 8 (1)).
Cette loi n'a pas été vraiment effective
jusqu'à 1998, à cause des textes d'application
règlementaires absents, d'un manque de volonté politique et d'une
faible capacité institutionnelle. Le Gouvernement Camerounais a
entrepris une réforme de cette loi en 1998, cette dernière met
l'accent sur « la reconnaissance des droits des communautés
locales et des populations autochtones d'utiliser les terres
forestières, à profiter de leurs ressources et à
participer aux décisions afférentes »
(Topa et al., 2010 : 77).
Malgré les différentes réformes de la
loi, on observe qu'en pratique l'intérêt des populations locales
qui vivent depuis longtemps autour et à l'intérieur de ce massif
forestier n'est pas toujours pris en compte. Les modalités pratiques
d'une telle participation ne sont pas précises à nos jours. Les
textes réglementaires officiels en vigueur prévoient certes une
grande implication despopulations locales dans la gestion des forêts,
sans pour autant expliquer comment cela doit se faire concrètement.
3.2.
Problématique
Le massif forestier camerounais regorge de nombreuses
ressources qui sont convoitées par plusieurs opérateurs,
notamment les populations locales, les concessionnaires forestiers
engagés dans une gestion durable, à une transformation du bois en
valeur ajoutée et des opérateurs irrespectueux quant au
bien-être des populations locales, des ressources forestières et
des lois et règlements du pays (WRIet al., 2005 :1). A cet
effet, 43 % des 14 millions d'ha qui font l'objet du plan d'affectation des
terres forestières au Cameroun, sont attribués aux concessions
forestières. Ces dernières sont principalement exploitées
par les concessionnaires dans un but de maximisation du profit à travers
la production de bois d'oeuvre. Elles sont aussi utilisées par les
populations locales pour satisfaire leurs besoins de subsistance et pour
améliorer leurs revenus à travers l'exploitation des Produits
Forestiers Non Ligneux (PFNL) qui s'y trouvent comme les plantes
médicinales, les plantes comestibles, les chenilles ou le
gibier(FAO, 2008 : 1).
La loi forestière camerounaise n°94/01 du 20
janvier 1994 dans article 44 stipule que pour exploiter les concessions
forestières, les opérateurs privés doivent obtenir un
titre d'exploitation assorti d'un plan d'aménagement et des cahiers des
charges qui prennent en compte les besoins et les opinions des populations
riveraines.
Cependant, les aspects socio-économiques des plans
d'aménagement sont le plus souvent abordés comme une
formalité. Les contraintes légales étant peu
précises, on retrouve finalement assez peu d'implications
concrètes issues des résultats des enquêtes
socio-économiques (GTZ, 2006 :44).Celles-ci ne se limitent
généralement qu'à une simple description
socio-économique de la zone affectée par le projet sans
évaluer les impacts des activités forestières sur les
populations, ne proposent pas de mesures d'atténuation ou de
renforcement de ces impacts (Lescuyer et al., 2011). Dans le
même sens, la FAO (2008 : 1) affirme que les concessionnaires
forestiers n'accordent pas encore assez d'intérêt à
l'importance et au rôle que jouent les PFNL dans le développement
économique, social et culturel des populations forestières
à travers le monde. Il existe également des ressources
forestières à usages multiples qui sont aussi bien
convoitées par les populations locales comme PFNL que par les
concessionnaires pour le bois d'oeuvre. A ce titre, « dans les
forêts humides du Cameroun, 61% des 23 principales espèces
ligneuses exploitées par les compagnies forestières ont une forte
valeur pour les communautés locales et pour la subsistance, les revenus
et la santé des ménages » (Tieguhong. et Ndoye,
2007 :7). Ceci pourrait notamment créer des conflits d'usage entre
les populations locales et les concessionnaires.
Dans un tel contexte où les parties prenantes ont
parfois des objectifs différents ou similaires, nous nous posons la
question de savoir : dans quelle mesure la vie des populations locales
vivant autour et à l'intérieur des concessions forestières
dépend desressources forestières eten quoi l'activité
des compagnies peut-elle impacter la satisfaction de leurs besoins ?De
cette préoccupation centrale résultent les questions
suivantes :
· quelles sont les espèces de plantes et d'animaux
utilisées par les communautés locales pour lasubsistance et les
revenus ?
· quelles sont les zones de collecte de ces
espèces, les changements qui ont affecté la productivité
et l'accès aux ressources clés avant et après
l'exploitation forestière dans les sites
sélectionnés ?
· quelle est la production actuelle et les techniques
d'extraction des compagnies forestières ainsi que les espèces
pouvant être source de conflits ?
· quels sont les impacts potentiels de l'activité
forestière sur les populations locales et les relations qui en
découlent?
· dans quelle mesure est-il possible de mettre sur pied
des approches novatrices et multi-usages de gestion des produits
forestiers ?
3.3. Objectifs de
l'étude
L'objectif global de l'étude est d'analyser les
relations qui existent entre les concessionnaires et les populations locales
par une caractérisation des usages liés aux ressources
forestières au Cameroun.
Plus spécifiquement, l'étude consistera
à :
· identifier et caractériser les principaux
acteurs impliqués dans l'exploitation des ressources
forestières ;
· identifier et caractériser les principales
activités menées par les populations riveraines pour leur
subsistance et leurs revenus ;
· déterminer les impacts potentiels de
l'activité forestière sur la vie des populations
locales.
3.4.
Hypothèses
Hypothèse 1 : Les ressources
forestières non ligneuses autour et dans les concessions
forestières constituent une source de revenus et de subsistance
importante pour les populations des villages riverains.
Hypothèse 2 : Il existe des
ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien
convoitées par les populations locales que par les exploitants
forestiers.
Hypothèse 3 : le contrôle
des ressources forestières est à l'origine de conflits entre les
populations locales et les compagnies forestières.
3.5. Importance de l'étude
L'importance de cette étude est vue sous deux
angles : théorique et pratique.
Théoriquement, cette étude contribuera à
générer des informations scientifiques susceptibles d'enrichir la
littérature déjà disponible sur les ressources naturelles
autour des concessions forestières. A travers les hypothèses
d'étude, ce travail permettra de confirmer ou d'infirmer certains
résultats de travaux de recherche précédemment
menés. En outre, cette étude pourrait constituer un instrument de
motivation pour les étudiants et les chercheurs intéressés
par la recherche sur la gestion des ressources forestières. Pour les
chercheurs, les résultats de cette étude contribueront au
développement des méthodes de gestion des ressources
naturelles.
Pratiquement elle contribuerait à la réflexion
autour d'un modèle de gestion multi-usages des ressources
forestières autour et dans les concessions forestières à
travers diversesrecommandations. Elle sera utile àplusieurs
catégories d'acteurs : les décideurs politiques, les projets
de développement, les Organisations Non Gouvernementales (ONG)
nationales et internationales, les chercheurs (IRAD, CIFOR, IITA, ICRAF), les
communes et les communautés intéressées par
l'étude.
Les résultats de cette étude contribueront
à sensibiliser les décideurs politiques, les projets de
développement et les ONG sur l'importancedes ressources naturelles pour
les populations. Cela leur permettra de mieux envisager les solutions et les
stratégies appropriées à la prévention et à
la gestion des conflits liés aux ressources naturelles autour des
concessions forestières.
Cette étude va permettre la sensibilisation des
populations locales et des concessionnaires pour qu'ils trouvent des
stratégies participatives afin de résoudre leurs problèmes
et se diriger vers un développement durable de la zone.
3.6. Organisation du
mémoire
Ce mémoire comprend cinq chapitres :
· Le premier chapitre, qui présente le contexte de
l'étude, la problématique, les objectifs et l'importance de
l'étude ;
· Le deuxième chapitre, qui présente la
clarification des principaux concepts qui explicitent le thème de
l'étude et passe en revue la littérature ;
· Le troisième, qui présente la
méthodologie de collecte, et d'analyse des données ;
· Le quatrième chapitre, qui présente,
analyseet discute les résultats ;
· Le cinquième chapitre, qui conclut et fait des
recommandations aux parties prenantes.
CHAPITRE 4: DEFINITION DES CONCEPTS ET REVUE DE LA
LITTERATURE
4.1. Définition des concepts
L'étude s'articule autour des concepts suivants :
Unité Forestière d'Aménagement (UFA), concession
forestière, plan d'aménagement, Assiette Annuelle de Coupe (AAC),
sciage artisanal, Produit Forestiers Non Ligneux (PFNL), arbres à usage
multiple et ressources naturelles.
4.1.1. Unité Forestière d'Aménagement
(UFA)
Une UFA correspond à une fraction ou à la
totalité d'une forêt domaniale définie par un plan de
zonage et attribuée à un exploitant suivant la capacité de
production de ce dernier et devant relever d'une exploitation durable sur la
base de rotations de 30 ans (Topa et al., 2010).
4.1.2. Concession forestière
Une concession forestière estun territoire sur lequel
s'exerce la convention d'exploitation forestière. Elle peut être
constituée d'une ou de plusieurs UFA et est attribuée
après avis d'une commission compétente suivant les
modalités fixées par décret (R.C., 1994).
Les concessions forestières sont des forêts de
production composées d'une ou de plusieurs UFA de superficie
inférieure ou égale à 200 000 ha, et
gérées par un seul exploitant
(WRI et MINEFOF, 2012 : 20).
4.1.3. Plan d'aménagement
Le plan d'aménagement d'une forêt de production
est un document réglementaire et le plus souvent normatif. Il
définit le programme d'actions à mener à long terme au
niveau forestier, socio-économique et écologique afin d'assurer
une gestion et une exploitation durable de la ressource forestière, en
particulier pour la production de matière ligneuse ainsi que les
conditions d'exercice des droits d'usage par les populations locales(Marechal,
2006).
4.1.4. Assiette Annuelle de Coupe (AAC)
Une concession, dont le plan d'aménagement est
approuvé par le MINFOF, est subdivisée en 30 parcelles
d'exploitation, nommée AAC, le tout basé sur une rotation de 30
ans. Les limites de ces AAC sont définies durant le processus
d'élaboration du plan d'aménagement, et pour être
exploité doit ensuite faire l'objet d'un permis annuel de coupe
délivré par le MINFOF (WRI et al., 2005)
4.1.5. Sciage artisanal
Le sciage artisanal est le sciage des produits en forêt
sans utiliser des engins de débardage et sans transporterles grumes vers
des centres de transformation. Il s'agit donc de tous les bois
débités moyennant l'utilisation des tronçonneuses ou scies
mobiles sur le site d'abattage (Plouvier et al., 2002).
4.1.6. Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL)
Selon la FAO (1999), les PFNL sont des biens d'origine
biologique autres que le bois, provenant des forêts, d'autres terrains
boisés ou provenant d'arbres hors forêts. Selon cette
définition, les PFNL peuvent être récoltés dans la
nature, ou produits par des arbres hors forêt comme les plantations, les
périmètres agroforestiersou encore des arbres isolés.
Certains auteurs comme Tchatat et al. (1999 :4)
préfèrent le terme Produits Forestiers Autres que le Bois (PFAB)
pour désigner les PFNL. Selon eux, ce terme est plus complet et plus
proche de son équivalent anglais Non-Timber Forest Product (NTFP) pour
deux raisons : « timber »signifie bois d'oeuvre en Anglais et de
nombreux produits forestiers ligneux sont improprement classés dans les
PFNL à l'instar des écorces et des rotins.
Le concept de PFNL a connu plusieurs évolutions dans le
temps, passant de produits spéciaux, secondaires et mineurs pour arriver
à ces appellations les plus connues aujourd'hui de Produits Forestiers
Non Ligneux ou de produits forestiers autres que le bois (Noubissie et
al., 2008 : 2).
Bikoue et Essomba (2006) distinguent deux catégories de
PNFL :
· la catégorie des biens, qui comprend les PFNL
d'origine végétale (champignons, écorces, feuilles,
fruits, tiges, racines, résines, sève, etc.) et les PFNL
d'origine animale (peaux, plumes, cornes, sang, organes, gibier etc.) ;
· la catégorie des services, qui comprend les PFNL
dits non palpables : séquestration du carbone, l'air, la
stabilisation des sols contre les dégradations et la
recréation.
Dans cette étude, les PFNL vont faire
références aux PFNL d'origine végétale et animales
provenant des forêts et d'autres terrains boisés.
4.1.7. Arbres à usage multiple
Les essences à usage multiple sont des arbres qui ont
la particularité d'intéresser à la fois le secteur du bois
d'oeuvre et celui de la production des PFNL. Le plus souvent, le plus grand
intérêt est porté sur le bois plutôt que sur les
PFNL. Ainsi, l'exploitation du bois (abattage de l'arbre) élimine
totalement le potentiel de récolte des PFNL, quoique plus
bénéfique aux populations locales à long terme aussi bien
pour la consommation que pour la génération des revenus
(Bioversity International, 2011).
4.1.8. Ressource naturelle
Selon Bikoue et Essomba (2006 :22), une ressource
naturelle est une matière première considérée comme
de qualité dans son état relativement non modifié
(naturel). Sont considérées comme ressources naturelles, l'air,
l'eau, la terre, le vent, les minerais et les arbres.
4.2. Cadre réglementaire :
la Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 portant Régime des forêts,
de la faune et de la pêche
La loi n° 94/01 du 20 janvier
1994 divise le domaine forestier national en domaine forestier permanentet
domaine forestier non permanent.Le domaine forestier permanent est
constitué de terres définitivement affectées à la
forêt et/ou à l'habitat de la faune et abrite les aires
protégées et les forêts de production sous forme de
concessions.Il est interdit aux populations locales de défricher ou
d'étendre leurs plantations dans ledomaine forestier permanent. Le
domaine forestier non permanentest constitué de terres
forestières susceptibles d'être converties en terres agricoles, et
abrite des activités forestières non durables, en dehors des
forêts communautaires comme le montre la figure 1.
Domaine Forestier National
Domaine Forestier Permanent
Domaine ForestierNon Permanent
Forêt Domaniales
Forêt Communales
Forêt du Domaine National
Forêt Communautaire
Forêt des Particuliers
Réserves forestières
· Réserves écologiques
intégrées
· Forêts de production
· Forêts de récréation
· Forêts d'Enseignement et de recherche
· Sanctuaires de flore
· Jardins botaniques
· Plantations forestières
Aires protégées de faune
· Parcs nationaux
· Réserves de faune
· Aires de chasse
· Fermes à gibier appartenant à
l'État
· Sanctuaires de faune
· Zones tampon
· Jardins zoologiques appartenant à l'État
Figure 1. Les zones
forestières du Cameroun
Source : WRI et al., 2007
|
L'exploitation des forêts domanialesde productionse
fait, soit par vente de coupe, soit par convention d'exploitation. Une vente de
coupe est une autorisation d'exploiter, pendant une période
limitée, un volume précis de bois vendu sur pied et ne pouvant
dépasser la possibilité annuelle de coupe. La convention
d'exploitation confère aux sociétés
bénéficiaires le droit d'obtenir un volume de bois donné
provenant d'une concession forestière, pour approvisionner à long
terme leurs industries de transformation du bois. Les concessions sont ainsi
attribuées à des sociétés privées à
la suite d'une procédure transparente d'appel d'offre, suivi de
l'élaboration et de la mise en oeuvre des plans d'aménagement
forestier sous la supervision de l'administration chargée des
Forêts. Ces plans d'aménagement tiennent compte des droits d'usage
des populations locales.
Le droit d'usage confère aux populations riveraines le
droit d'exploiter les PFNL dans les forêts de production, à
l'exception des espèces protégées en vue d'une utilisation
personnelle. Le droit d'usage permet donc aux populations de continuer à
prélever dans la forêt les ressources dont elles ont besoin pour
leur survie à l'instar des PFNL. La loi n°94/01 du 20 janvier 1994
fixe toutefois des restrictions dans l'exercice des droits d'usagedans les
aires protégées et, dans certains cas, dans les UFA si
l'accès et l'utilisation des populations dans les forêts du
domaine permanent, vont à l'encontre des objectifs de production des
gestionnaires. Les populations locales peuventexploiter les produits de la
forêt à des fins commerciales uniquement après obtention
d'une autorisation du ministère en charge des forêts et de la
faune. Ceci limite les possibilités de développement
économique des produits prélevés par les populations.
La loi n°94/01 du 20 janvier 1994 et ses
différents textes d'application prévoient aussi une
répartition des taxes forestières versées par les
concessionnaires appelées redevance forestière annuelle (RFA),
entre l'Etat, les communes et les communautés. Organisées par un
arrêté conjoint des ministres en charge des finances et de
l'administration territoriale en 1998, l'Etat perçoit 50% du total, les
communes 40% et les communautés 10%.Les modalités de paiement et
de gestion des montants destinés à la commune et aux
communautés prévoient une décentralisation effective,
autour du maire et sous le contrôle du Sous-préfet.
4.3. Revue de la littérature
4.3.1. Importance des PFNL
Plusieurs études ont montré l'importance des
PFNL, (Nasi et al., 2008 ; Ndoye, 1995; Falconer, 1992 ).
Les PFNL sont importants aussi bien pour les populations en milieu rural qu'en
milieu urbain. Ils procurent plusieurs ressources à ces populations
à savoir : les aliments, les médicaments, les
matériaux de construction, les ressources aux significations
spirituelles et culturelles (Hoare, 2007 : 6). Les PFNL qui entrent dans
l'alimentation, l'artisanat, la construction, la médecine traditionnelle
et la pharmacopée ont joué un rôle déterminant dans
la gestion de la crise économique au Cameroun (Iqbal, 1995).
Ngala (1997) affirme que les revenus que les populations
urbaines et rurales obtiennent des PFNL représentent un filet de
sécurité permettant de réduire les tensions sociales
provoquées par la crise économique. Grâce aux PFNL, on
réussit à avoir une alimentation variée et
équilibrée à moindre coût.Ayuk et al.
(1999) estiment que plus de 300 millions de personnes dans le monde tirent
toutes ou une partie de leur subsistance et de leurs revenus des PFNL.Au
Cameroun, ilexiste des filières organisées pour plusieurs
produits phares comme le njansang (Ricinodendron heudelotii), lamangue
sauvage (Irvingia gabonensis), le gnetum (Gnetum spp.)dont
les chiffres d'affaires dépassent les 325 millions de FCFA par an pour
certaines d'entreelles (Ndoye et Tieguhong, 2004 ; Awono et
al.,2009).
Les PFNL donnent aux ménages en milieu rural des
opportunités de diversification des revenus. Les cultures
vivrières, de rente ne constituent plus la seule source de revenus des
ménages. Au Cameroun, ils sont autoconsommés autantque
commercialisés, par les hommes et les femmes qui participent à
leur récolte (Sven, 2001). Dans certaines zones frontalières des
Régions du Sud et de l'Est du Cameroun, les PFNL sont les produits les
plus consommés tenant lieu d'aliments (Ndoye et Ruiz-Perez, 1997). Ils
constituent des alternatives valables, en termes de création de revenu,
d'appoint alimentaire et de pharmacopée (Tabuna, 1999). En plus,
l'aménagement des PFNL est souvent considéré comme une
solution alternative permettant une gestion durable des forêts et la
préservation du patrimoine forestier (Ndoye, 1994).
2.1.1.1 PFNL comme
source de revenus
Ndoye et al. (1998) rapportent quede nombreuses
personnes dans la région tropicale, spécialement les femmes
dépendent des revenus issus des PFNL. McLeod (1987) estime qu'un tiers
de la population de la région montagnarde d'Oku au Cameroun augmente
leur revenu par la vente des PFNL. Demenou (1996 : 17) estime que
l'exploitation de plusieurs PFNL est une alternative pour générer
les revenus et remplacer les produits de rente tels que le cacao et le
café donc les prix ont connu une chute drastique depuis 1987. Il est
reconnu que l'exploitation commerciale des PFNL contribue efficacement au
revenu des populations rurales (Ndoye, 1995 ; Falconer, 1992).
Les produits qui été reconnus importants en
terme de revenus pour les ménages en milieu rural dans le Bassin du
Congo sont le vin de palme, les champignons (Termitomyces spp.), le
rotin(Laccosperma secundiflorum), les chenilles (Imbrasia
spp.), Irvingia gabonensis, Gnetum spp., Cola acuminata, Garcinia
lucida, Garcinia kola, Strophantus grantus, Coula edulis, et
Dacryodesmacrophylla (Clark et Sunderland, 2004; Dijk, 1999; Ndoye et
al., 1998).
Le Eru (Gnetum spp.), la mangue sauvage (Irvingia
gabonensis) et le njansang (Ricinodendron heudelotii) font partie
des PFNL générateurs des revenus dans le Parc National de Korup
et contribuent à environ 30 % des revenus des ménages (Vabi et
Tchamou, 1999).
Selon Nasi et al. (2008 :13) la chasse est une
activité qui ne nécessite pas de capital, de terre ou d'animaux
et offrirait un meilleur retour sur la main d'oeuvre utilisée
comparativement à l'agriculture et l'élevage. Dijk (1999) a
mené une recherche dans le sud du Cameroun et a trouvé que la
chasse représentait 75% des revenus des PFNL de 11 familles Bagyeli et
19 familles Bantu. Pour ces familles, les PFNL représentent 40% du
revenu total des ménages, le reste provient de l'agriculture.
2.1.1.2 PFNL comme
appoint alimentaire
Les PFNL d'origine végétauxprocurent les
fruits, les feuilles, les écorces, les exsudats, les tiges et les
racines (Ndoye et al., 1997). Ces organes végétaux des
arbres sont des sources importantes de vitamines, de sels minéraux et
d'hydrates de carbone pour les populations locales.
La place des PFNL dans l'alimentation des populations n'est
certes pas équivalente à celle des produits agricoles, mais les
ressources forestières constituent un appoint alimentaire non
négligeable (Dkamela, 2001). Certains sont simplement des fruits
consommés immédiatement.D'autres passent par la cuisine pour
être comestibles. Baillonella toxispermaetIrvingia
gabonensisfont non seulement partie du précédent groupe en
raison de leurs fruits comestibles, mais leur importance est beaucoup plus
marquée dans la confection des sauces. D'autres condiments comme
Ricinodendron heudelotiiservent essentiellement à assaisonner
les sauces (Mapongmetsen, 1994). Irvingia gabonensis,Dacryodes edulis et
Ricinodendron heudelotiisont riches en matières nutritives surtout
grasses. La teneur en lipides des graines de Ricinodendron
heudelotiiest forte et atteint des valeurs de l'ordre de 52,3 g/100 kg
(Tsware et Usman 1998).
Le gibier est un PFNL d'origine animale.Il représente
une importante source de protéines dans les tropiques. Dans au moins 62
pays du monde, le gibier et les poissons constituent auminimum 20% des apports
en protéines des repas en milieu rural (Nasi et al.,
2008 :14). Dans la sous-région d'Afrique Centrale, il existe
plusieurs types de PFNL d'origine animale qui sont consommés. Les
principaux sont les gibiers (mammifères terrestres et aquatiques), les
insectes (chenilles, larves de hanneton, les criquets et les termites) et les
produits apicoles (miel), les escargots géants, les poissons, les
oiseaux et les reptiles. Le gibier est le produit animal le plus important de
cette région, suivi par les produits apicoles, les animaux vivants et
les insectes comestibles (Bikoue et Essomba, 2006 : 31).
2.1.1.3 PFNL en
pharmacopée traditionnelle
Les PFNL fournissent aux populations en milieu forestier
l'essentiel de leurs médicaments. Ndoye et Ruiz-Perez (1997) estiment
que 80% de la population mondiale ont recours à la médecine
traditionnelle pour leurs besoins de santé primaire. L'écorce de
nombreuses espèces est utilisée comme médicament en milieu
urbain et rural et chaque maladie a au moins un médicament provenant de
la forêt. Ainsi, dans certaines zones du Cameroun, le paludisme est
soigné par Alstonia boonei, Picralima nitida ou Rauvolfia
macrophylla. Face à l'anémie, une décoction de
l'écorce de Barteria nigritiana est proposée comme
palliatif. Une diarrhée est arrêtée avec une
décoction de l'écorce d'Irvingia gabonensis,alors que
les soins d'une blessure se font à l'aide de la sève de Panda
oleosa. La lombalgie est soignée par un grand remède :
leBaillonella toxisperma. L'infusion de son écorce est bue ou
purgée pour apaiser les douleurs lombaires et le mal de reins (Dkamela,
2001).
Dans la Lékié, le Haut-Nyong et la Mvila,
l'écorce de lrvingia gabonensisest utilisée comme
médicamentcontre leshernies, la diarrhée, le poison, la
fièvre jaune, la dysenterie et comme cicatrisant (Ayuk et al.,
1997). Les Ewondo utilisent les écorces de Dacryodes
eduliscontre les abcès, et pour le bain de la femme qui vient
d'accoucher (Mapongmetsen, 1994). Les écorces de lrvingia
gabonensis aussi bien que celles de Ricinodendron heudelotii sont
souvent utilisées comme cicatrisant de plaies. L'écorce de
Ricinodendron heudelotiiest aussi utilisée contre les maladies
de nerfs et cardiovasculaires (Tsware et Usman, 1998).
4.3.2. Les facteurs susceptibles d'influencer l'exploitation
des PFNL
Vasquez et Gentry (1989) ont identifié 3 facteurs
susceptibles d'influencer l'exploitation des PFNL. Les facteurs propres
à l'exploitant, les facteurs socioéconomiques et les facteurs
intrinsèques.
Les caractéristiques de l'exploitant concernent
l'âge, le genreet les sources de revenus.
Les facteurs socioéconomiques se rapportent à la
main d'oeuvre, les objectifs d'exploitation (commercialisation,
autoconsommation ou médecine), le droit d'accès non limité
aux ressources à exploiter, la maîtrise des techniques de
transformation et l'accès au marché.
Les facteurs intrinsèques concernent la
profitabilité, le risque, la pénibilité du travail, la
complexité (la haute taille des arbres, la saisonnalité et la
fructification tardive).
2.1.1.4 Les
caractéristiques de 1'exploitant
L'exploitation des PFNL est une activité menée
par différents membres du ménage. Les femmes sont responsables de
la collecte de plusieurs produits. Cette situation change quand les produits
obtiennent une valeur plus importante comme Irvingia gabonensis,
carles hommes s'associent aux femmes pour collecter ces produits (Djik,
1999 : 26). Le commerce des produits tels que les noix de cola
génératrices d'importants revenus en zone forestière
humide du Cameroun a été monopolisé par les hommes. On
retrouve principalement les femmes dans la récolte et la vente des
feuilles de Gnetum africanum et celles de Megaphrynium
ntacrostachyum (Marantaceae) (Ekechi, 1995). Les femmes sont aussi
responsables des cultures agricoles et sur leurs chemins quotidiens, elles
collectent les PFNL dans les champs et les jachères, rarement en pleine
forêt, qui est considéré comme dangereux. Cependant, les
hommes se déplacent en pleine forêt, particulièrement pour
la chasse et sur leurs chemins, ils collectent certains PFNL comme
l'écorce de Garcinia lucida(Djik, 1999 : 26).
Ayuk et al. (1999) ont également montré
que la commercialisation des produits forestiers non ligneux
étaitcontrôlée à 80% par les femmes. Les hommes
s'oriententvers des activités plus lucratives qui sont pour eux une
source de revenu plus importante telle que la chasse. Plusieurs gibiers et
produits animaux nécessaires à l'alimentation humaine peuvent
être obtenus par la chasse, la pêche et la collecte des escargots,
des insectes et du miel. La chasse est une activité exclusivement
réservée aux hommes chez les bantous, mais sa commercialisation
est faite par la femme et l'homme. Les femmes préparent les gibiers pour
les vendre en petits morceaux cuisinés (Djik, 1999 : 28).
2.1.1.5 Facteurs
socioéconomiques
Snyder (1995) estimeque la main d'oeuvre est l'intrant le plus
important pour exploiter les PFNL en zone de forêt. Il spécifie
que dans le Centre, leSud et 1'Est du Cameroun, la main d'oeuvre est le facteur
le plus limitant. Kabuye (2000) rapporte que dans la zone du Centre, du Sud et
de l'Est, les objectifs de production sont la subsistance et la vente, mais il
y existe encore le problème de libre accès à la ressource,
car certaines personnes sont confrontées à des problèmes
de propriété à la fois pour l'arbre et pour la
terre.Franzel et al. (1996) révèlent la
nécessité d'avoir les infrastructures commerciales
(marchés) et routières pour que le paysan développe les
techniques améliorées de transformation des PFNL.
L'exploitation des PFNL reste une pratique complexe,
dès lors que l'arbre présente une compétition avec les
cultures vivrières pour la terre. En plus, la taille souvent haute, la
saisonnalité, la fructification tardive ne permet pas toujours une
exploitation facile de ces fruitiers sauvages (Ayuk et a1., 1999).
Selon Nasi et al. (2008 : 31) la chasse est plus
profitable que l'agriculture à court terme dans les zones isolées
des forêts. Comme le gibier est abondant, la population ne
développe pas une tradition pour l'agriculture commerciale. Les cultures
commerciales prennent plusieurs années pour produire et les coûts
de transport sont plus élevésdans les zones isolées que
dans les zones proches des marchés ou de la route.
Arnold et Townson (1998) estiment que de
nombreuxménages continuent à générer une partie de
leurs revenus des activités liées aux produits forestiers, parce
qu'ils sont incapables d'avoir assez de revenus de l'agriculture ou des
salaires. Pour ces familles, ces activités constituent un
« filet de sécurité » et sont facilement
remplacées quand des opportunités plus
rémunératrices et moins difficiles s'offrent à eux.
2.1.1.6 La
réalité de l'exploitation des PFNL
Etant donné la faible densité des espèces
d'arbres tropicaux, leur dépendance vis-à-vis des animaux pour
leur pollinisation et la difficulté d'installation de leur semis, il est
clair que la récolte d'une partie de la plante, aura des
répercussions sur l'espèce (Peters, 1990). L'équilibre
écologique fragile de la plante caractéristique des forêts
tropicales est très vulnérable aux effets des activités
humaines et même les extractions qui, à première vue,
paraissent avoir un impact minime, peuvent plus tard affecter la structure et
la dynamique des populations d'arbres forestiers. Cet impact qui n'est pas
détectable par un oeil peu averti, est cependant bien réel
(De Beer et McDermott, 1989).
Peters (1990) a montré que l'impact écologique
de l'exploitation des PFNL dépendait généralement du type
de récolte et de son intensité, ainsi que du type de ressource ou
de l'espèce exploitée. La cueillette occasionnelle de quelques
fruits ou la récolte périodique des feuilles peut n'avoir qu'un
faible impact sur la stabilité à long terme d'une population
d'arbres. La récolte annuelle intensive d'un fruit ou d'un type de
graine oléagineuse prisée sur le marché peut
entraîner l'extinction progressive d'une espèce de la forêt.
De même, l'exploitation d'arbres adultes de grande taille peut avoir un
effet semblable beaucoup plus rapidement. Pour Cunningham et Mbenkum (1990),
même lorsqu'on n'utilise pas des méthodes de récolte
destructrices, la cueillette commerciale de grandes quantités de fruits
et de graines peut toujours avoir un impact significatif sur l'environnement.
Les exploitants des PFNL sont souvent en compétition avec des animaux
frugivores et leurs activités réduisent le stock de ressources
disponibles. Tous ces facteurs interagissent sousla forme de synergies et
inhibent le processus de recrutement de nouveaux individus dans une population
donnée (Peters, 1990).
4.3.3. Le sciage artisanal
Le secteur domestique du bois d'oeuvre repose largement sur
des pratiques informelles, allant de l'abattage de l'arbre à la vente
des sciages aux consommateurs finaux (Cerutti et Lescuyer, 2010).
Plouvieretal. (2002) estiment que la production et la transformation
artisanales du bois permettent aux populations locales en milieu rural
d'exercer des droits de propriété sur les ressources
forestières et de les gérer à leur bénéfice,
que ce soit dans le cas des forêts communautaires ou alors des arbres des
exploitations agricoles. Une demande locale pour la construction de maisons et
de meubles, une demande plus récente des marchés urbains proches
ou basés dans les pays limitrophes ainsi que la présence de
scieurs formés explique l'existence de cette activité en zones
rurales (Cerutti et Lescuyer, 2010 : 11).
Les uns pensent que cette exploitation ades impacts
négatifs, alors que d'autres trouvent plutôt le contraire. C'est
ainsi que Mekok (2004) par le calcul du nombre de pieds coupés par mois
a révélé l'impact écologique négatif de
l'exploitation artisanale, ceci par rapport aux ouvertures qu'elle pourrait
laisser sur la canopée. Plouvier et al. (2002) avaient
même déjà relevé que ces pratiques anarchiques ne
respectaient en rien les normes de l'aménagement des forêts qui
sont censées garantir sa gestion durable. Ils continuent en
précisant que c'est une activité faite par des individus ne
recherchant qu'un profit à court terme et prêts à tout pour
court-circuiter les services de l'État. Ils notent enfin que le
résultat est une dégradation rapide des ressources
forestières qui ne profite qu'à une poignée d'individus
peu scrupuleux. D'autres analystes développent au contraire une vision
plus optimiste des impacts du sciage artisanal, tout en restant soucieux de sa
nature informelle : meilleure valorisation de la matière ligneuse
(Fomete, 1997), impacts écologiques moindres sur le site d'abattage et
de transformation, plus large implication des populations locales, ou
réduction de la pression sur les forêts de production (Cerutti et
Lescuyer, 2010). Toujours selon les mêmes auteurs, les populations
locales, vendant leurs arbres selon les règles coutumières ou
travaillant dans ce secteur, tirent des revenus importants de cette
activité.Il apparaît donc que le secteur informel du sciage
artisanal génère un niveau important de revenus, notamment pour
les populations rurales, et de profits en zone rurale comme en ville.
4.3.4. Impact de l'exploitation forestière sur les
PFNL
La présence des compagnies forestières a des
avantages pour les populations locales. Officiellement les compagnies payent
les taxes aux Gouvernements qui sont redistribuées aux populations.
Elles peuvent aussi aider les populations dans la réalisation de
certaines infrastructures sociales comme les dispensaires, les routes, les
salles de classe, les terrains de football. Certaines personnes sont
engagées dans les compagnies et l'arrivée d'employés
étrangers permet d'accroitre le potentiel du marché de
l'agriculture et des produits non agricoles (Djik, 1999 : 61). Selon le
même auteur, la plupart des plaintes venant des populations concernent
les dommages indirects et directs causés par l'exploitation :
· les dégâts causés à la
forêt en général lors de la construction des routes et du
débardage ;
· l'impact négatif sur certains PFNL, à
savoir la chute des arbres produisant les PFNL ;
· la perturbation de certains cours d'eaux et sources
d'eau potablepar les machines utilisées ;
· la fuite de certains animaux sauvages qui ne reviennent
plus, même quand l'exploitation cesse ;
· l'utilisation abusive des ressources comme les gibiers,
les fruits et les noix par les employés de la compagnie.
Rist et al. (2012) distinguent quatre principales
catégories d'impacts de l'activité d'exploitation du bois
d'oeuvre sur les PFNL: les conflits d'usage, la compétition, la
facilitation et les impacts indirects. Les trois premières sont
caractérisées par des impacts négatifs alors que la
dernière peut être négative ou positive.
· Les conflits d'usage
D'après ces auteurs, la majorité des impacts sur
les PFNL en Afrique Centrale sont dus à des conflits d'usage liés
à certaines espèces fournissant à la fois le bois d'oeuvre
et des PFNL (chenilles, médicaments, etc.). Ces conflits d'usage menant
bien souvent à des tensions entre les compagnies d'exploitation
forestière et les communautés locales sont bien connus dans le
bassin du Congo.Plus de la moitié (61%) de la vingtaine d'espèces
exploitées comme bois oeuvre ont également une importance dans
les modes de subsistance des communautés locales. Le
moabi(Baillonella toxisperma)et le sapelli (Entandrophragma
cylindricum) sont les espèces les plus fréquemment
citées pour ce type de conflit dans la région. Leur extraction
affecte en effet la récolte des chenilles (Imbrasia spp.) dont
ils sont les hôtes et qui constituent une source de protéines et
un mets fort apprécié des populations locales (Tieguhong et
Ndoye, 2007).
· Compétition
Elle a lieu lorsqu'un PFNL obtient une grande valeur, du coup
les compagnies forestières commencent à l'exploiter au
détriment des populations locales. C'est le cas de l'Okoumé
(Aucoumea klaineana) au Gabon depuis qu'il a été reconnu
que sa résine avait des propriétés anti-inflammatoires
(Rist et al.,2012).
· Facilitation
L'exploitation forestière peut faciliter l'exploitation
non durable de certains PFNL. Le commerce de la viande de brousse est l'exemple
classique. Les chasseurs utilisent les routes et les véhicules des
compagnies pour transporter la viande des zones enclavées qui
étaient autrefois inaccessibles (Rist et al., 2012). Tieguhong
et Ndoye (2007) ont noté une diminution du nombre de lièvres
(Cephalophus spp), de varans (Varanus spp.), de singes
(Cercopithecus spp)et d'antilopes (Neotragus spp.) et une
diminution de la quantité de Gnetum spp.et de raphia en
forêtsuite à un accès plus facile à la forêt
et à une augmentation de la population locale.
· Impact indirect
L'exploitation forestière contribue à une
modification de la structure, de la fonction et de la composition de la
forêt. Cette modification peut être négative ou positive
pour certains PFNL. A cet effet, Tieguhong et Ndoye(2007)ont
révélé une augmentation de la quantité de tondo
(Afromamum spp.), njansang (Ricinodendron heudelotii),
rotin(Laccosperma secundiflorum) et de certaines espèces
d'ignames due à l'ouverture de la canopée et au changement de
microclimat en sous-bois, une augmentation du nombre d'herbivores (aulocode ou
athérure) due à l'ouverture de la canopée et au
développement de la strate herbacée, une diminution de la
récolte de certains champignons (Termitomyces spp.) due
à des difficultés d'accès à certaines parties de la
forêt causée par l'ouverture de la canopée et à la
densification de la végétation du sous-bois,la destruction de
certains pieds de manguiers sauvages et d'arbres qui fournissent du miel aux
populations locales lors de l'exploitation.
Ce chapitre a définiles concepts autour desquels
s'articule l'étude, présenté le cadre réglementaire
et quelques résultats de recherches menées sur les PFNL et le
sciage artisanal.Au chapitre 4, nous compareronsles résultats de
l'étudeavec ceux qui ontprésentés dans ce chapitre.
CHAPITRE 5: METHODOLOGIE
5.1. Présentation de la zone
d'étude
Cette section décrit la zone d'étude, le milieu
physique, le milieu humain et les principales activités
économiques.
5.1.1. Localisation
géographique
L'étude s'est déroulée autour de trois
concessions forestières :la 1050 dans la Région du Sud, la
1046 et la 1059 dans la Région de l'Est du Cameroun.
La concession forestière 1050 est située dans la
Région du Sud, Département de la Mvila, Arrondissements de
Mvangan, d'Ebolowa II et de Biwong Bulu entre 2°45-3°2 de Latitude
Nord et 9°55-10°34 de Longitude Est. Elle est constituée des
UFA 09017 et 09018 et couvre une superficie de 73 597 ha (Enviro
consulting, 2009).
Quant aux concessions forestières 1046 et 1059, elles
sont situées dans la Région de l'Est, départements de la
Kadey et du Haut-Nyong, Arrondissements de Doumé, Batouri, Mbang et
Abong-Mbang, entre 3°45'- 4°20' de Latitude Nord et
13°-14°02' de Longitude Est. La concession dans son ensemble est
constituée de trois UFA 10046, 10059 et 10060 d'une superficie totale de
163 533 ha (Medinof, 2004).
5.1.2. Le milieu physique
Les différentes concessions sont situées dans la
zone agro-écologique forestière bimodale.
5.1.2.1. Le climat, les sols et la
végétation
Le climat de ces zones est de type équatorial avec deux
saisons des pluies distinctes et des précipitations de l'ordre de 1500
à 2000 mm/an. La température moyenne annuelle est de 25°C
avec une amplitude de 2,5°C.Ce climat permet le développement d'une
gamme variée de cultures (cacao, manioc, maïs, palmier à
huile et ananas) en raison de l'humidité prévalant toute
l'année.
Les sols sont en majorité ferralitiques, acides,
argileux et à faible capacité de rétention des
éléments nutritifs (MINEP et MINSANTE, 2010 : 23).
Les formations végétales sont celles de la
forêt tropicale humide, avec notamment des forêts denses
sempervirentes, des forêts marécageuses inondées
temporaires, des forêts marécageuses à raphias, des
forêts secondaires et d'autres formations végétales comme
les plantations cacaoyères et caféières, les champs et les
jachères (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).
On y retrouve de nombreuses essences appartenant à
plusieurs familles. Les espèces commerciales telles que l'ayous
(Triplochiton scleroxylon), l'iroko (Milicia
excelsa), le sapelli (Entandrophragma
cylindricum)etl'azobé (Lophira alata)y sont bien
représentées.
5.1.2.2. La faune
La faune de ces deux zones est riche et diversifiée.On
y retrouve encore de nombreuses espèces telles que : la civette
d'Afrique (Civettictis civetta) le potamochère
(Potamochoerus porcus), le céphalophe bleu (Cephalophus
monticola), le céphalophe de Peters (Cephalophus
callipygus), les pangolins(Manis triscupis et Manis
gigantea), plusieurs espèces de singes, diverses
espèces de reptiles dont la vipère (Atheris spp.)et le
varan, également des oiseaux comme le perroquet gris à queue
rouge (Psittacus Erithacus), le touraco(Corythacola
cristata)et plusieurs genres de poissons. On note aussi certaines
espèces rares comme le gorille (Gorilla gorilla), le
chimpanzé (Pan troglodytes), le bongo (Tragelaphus
euryceros), l'éléphant de forêt (Loxodonta
africana cyclotis) (Medinof, 2004 ; Enviro consulting, 2009).
5.1.3. Le milieu humain
Le massif forestier des concessions 1046 et 1059 est
habité par environ 25 783 personnes réparties dans 41
villages et hameaux. Ces personnes appartiennent à plusieurs groupes
ethniques, notamment les Maka, les Bakoum, les Pol, les Kako, les Mezimé
et les Baka (Medinof, 2004).
La population riveraine de la concession 1050 est
estimée à 79 353 habitants, répartis dans 29 villages
et hameaux (Enviro consulting, 2009). Selon le même auteur, les
principales ethnies installées dans les villages sont les Bulu (99%) et
les pygmées.
La figure 2 localise les zones d'étude.
Concessions forestières 1046 et 1059
Concession forestière1050
Figure 2. Localisation des
zones d'étude
5.1.4. Les principales activités économiques
de la zone
Elles sont constituées de l'agriculture, de
l'élevage, de la cueillette, de la chasse, du sciage artisanal, de la
pêche et du commerce.
5.1.4.1. L'agriculture
Au Sud comme à l'Est, l'agriculture est la principale
activité des populations riveraines.Elles y consacrent beaucoup de temps
comparativement aux autres activités. Les principales cultures
vivrières cultivées de ces Régions sont le manioc
(Manihot esculenta), le macabo (Xanthosoma sagittifolium), la
banane plantain (Musa spp.), les ignames (Discorea spp.),
l'arachide (Arachis hypogaea), le concombre (Cucumis mani),
la canne à sucre(Saccharum officinarum), le maïs (Zea
mays), la tomate(Lycopersicon esculentum). On y retrouve deux
types de champs : les champs mixtes à base d'arachide en
association avec toutes les autres cultures vivrières établies
sur les vieilles jachères, et les champs mixtes à base de
concombre ou de bananiers plantains en association avec le macabo
établis sur des essarts gagnés sur la forêt primaire ou des
jachères âgées (Medinof, 2004 ; Enviro consulting,
2009).
Ces cultures sont principalement destinées à
l'autoconsommation, le surplus est commercialisé.
On trouve aussi des cultures de rente comme le palmier
à huile (Elaeis guineensis) et le cacao (Theobroma
cacao).AuSud, le cacao reste la principale culture de rente
(Enviro consulting, 2009). A l'Est, on retrouve aussi du cacao et du
café (Coffea spp.),Le cacao connait un regain
d'intérêt à cause de la hausse des prix alors que le
café connait un recul dans cette Région (Medinof, 2004).
5.1.4.2. L'élevage
L'élevage est une activité peuimportante dans la
zone. Il est de type traditionnel et les animaux sont en divagation permanente.
Les principales espèces sont : les volailles, les caprins,
lesovins, et les porcins. Le produit de l'élevage est destiné
à l'auto-consommation (pendant les périodes de fêtes),
à la commercialisation et aux cérémonies traditionnelles
(Enviro, 2009 ; Medinof, 2004). Les pygmées s'intéressent
peu à l'élevage.Ils sont surtout orientés vers la chasse
et la cueillette (Medinof, 2004).
5.1.4.3. La cueillette
La cueillette est une activité inhérente
à toute population forestière.Elle se fait autour des habitations
et parfois en pleine forêt. Les écorces, les racines, les feuilles
et les fruits de plusieurs essences sont récoltées pour
satisfaire les besoins des populations à savoir l'alimentation,
l'artisanat, la construction et la pharmacopée (Medinof, 2004 ;
Enviro consulting, 2009).
Les tableaux 1 et 2présententquelques espèces
végétales utilisées par les populations au Sud et à
l'Est respectivement.
Tableau 1. Liste des
espèces végétales utilisées par les populations au
Sud
Nom commun
|
Nom scientifique
|
Nom local
|
Usage
|
Mangue sauvage
|
Irvingia gabonensis
|
Ndok
|
Aliment et médicament
|
Njansang
|
Ricinodendron heudelotii
|
Ezezang
|
Epice et médicament
|
Noisette
|
Coula edulis
|
Komen
|
Aliment et médicament
|
Cola
|
Cola spp.
|
Abeu
|
Aliment et médicament
|
Cola amer
|
Garcinia cola
|
Onyiè
|
Aliment et médicament
|
Atom
|
Dacryodes macrophylla
|
Atom
|
Cerises
|
Chenilles
|
Imbrisia spp.
|
Minkön
|
Aliment
|
Champignons
|
Termitomyces spp.
|
Viè
|
Aliment et médicament
|
Rotins
|
Laccosperma secundiflorum
|
Minlong
|
Vannerie
|
Vers blanc
|
|
Fos
|
Aliment
|
Okok
|
Gnetum africanum
|
Okok
|
Aliment et médicament
|
Feuilles
|
Maranthocloa spp.
|
Akai
|
Emballage
|
Termites
|
|
Sitik
|
Aliment
|
Source : Adapté d'Enviro consulting, 2009
Tableau 2. Liste des
espèces végétales utilisées par les populations
à l'Est
Nom commun
|
Nom scientifique
|
Nom local
|
Partie utilisée
|
Amvout
|
Trichoscypha arborea
|
Ngoyo, Bouto'o
|
Fruit
|
Mangue sauvage
|
Irvingia gabonensis
|
Andok, Pèkè
|
Pulpe et amande
|
Bilinga
|
Nauclea diderrichii
|
|
Fruit
|
Njansang
|
Ricinodendron heudeloni
|
Essessang
|
Amandes
|
|
Reilschmeidia obscura
|
Kanda
|
Fruits
|
Colatier
|
Cola accuminata
|
|
Amandes
|
Moabi
|
Baillonnella toxisperma
|
Adjap
|
Fruit et amande
|
Biter cola
|
Garcinia cola
|
Anié
|
Ecorce et racine
|
|
Antrocaryon micraster
|
Onzabili
|
Fruits
|
Source : Adapté de Medinof 2004
5.1.4.4. La chasse
La chasse est une activité secondaire pour les
populations. Elle se pratique surtout en saison pluvieuse. Le gibier
attrapé est destiné principalement à
l'autoconsommation.L'excédent est vendu. Malgré le fait qu'elle
soit illégale, cette activité constitue une source de
revenusmonétaires importante pour les ménages. Les techniques de
chasse utilisées sont multiples : les pièges aux
câbles en acier, les fusils et la chasse avec les chiens.
5.1.4.5. Le sciage artisanal
Les populations riveraines coupent les arbres en forêt
pour diverses raisons : la création de nouveaux champs et/ou
l'extension des espaces agricoles existants, la construction des maisons et la
fabrication des objets divers, la création des éclaircies dans
les plantations de cacaoyers, de café ou de palmiers à huile.
Pour le faire, ils utilisent plusieurs outils : la machette, la hache et
la tronçonneuse.
Le sciage artisanal est une activité réelle,
intense dans ces Régions. Mais les populations locales savent bien que
l'exploitation du bois à but lucratif sans autorisation de
l'administration des forêts est interdite. Et cela se passe même
à l'intérieur des concessions forestières. Les principales
essences concernées sont l'ayous(Triplochiton scleroxylon),
l'iroko (Milicia excelsa), le sapelli(Entandrophragma
cylindricum), le moabi(Baillonella toxisperma), le movingui
(Distemonanthus benthamianus), le wengué (Millettia
laurentii), l'ébène (Diopyros crassiflora) et le
bubinga (Guibourtia spp.)(Medinof, 2004 ; Enviro consulting,
2009).
5.1.4.6. La pêche
La présence de nombreux cours d'eau dans les deux
Régions donne lieu à une activité de pêche intense
en saison sèche. Elle reste une activité saisonnière dans
ces Régions, surtout lorsque la chasse n'est pas fructueuse. Les moyens
et les techniques utilisés sont les hameçons, les barrages, les
filets et lesnasses. Les produits de la pêche sont destinés
à l'autoconsommation etde temps en temps à la vente (Enviro,
2009 ; Medinof, 2004).
5.1.4.7. Le commerce
En dehors des activités déjà
citées, quelques villageois dans ces Régions font un petit
commerce de savon, de sel, de pétrole, des cigarettes, du sucre, du vin
de palme, de l'alcool traditionnel (odonol), de beignets et autre nourriture
pour augmenter les revenus monétaires du ménage.
5.2. Types des sources des données et instruments de
collecte
Deux sources de données ont été
utilisées dans cette étude : les sources secondairesetles
sources primaires.
5.2.1. Sources secondaires
Les sources secondaires ont permis d'obtenir des
données déjà existantes mobilisées à partir
de l'analyse documentaire (mémoires, ouvrages scientifiques, les plans
d'aménagements, comptes rendus, les bases de données) disponible
à la bibliothèque centrale de l'Université de Dschang et
au Centre International de Recherche Forestière (CIFOR), sur Internet et
auprès des intervenants dans la zone.
5.2.2. Sources primaires
Les sources primaires sont celles qui ont permis de
générer des données nouvelles au cours de l'étude.
La collecte de ces données a mobilisé plusieurs moyens à
savoir les entretiens, les questionnaires l'observation, le transect social et
les groupes de discussion.
· Les entretiens
Nous avons conduit des entretiens semi structurés avec
des personnes ressources (ONG, concessionnaires, agents des eaux et
forêts et chefs de villages). Ces entretiens avaient pour objectif de
s'informer sur les usages des ressources forestières et les rapports qui
existent entre les populations locales et les exploitants forestiers. Des
entretiens individuels ont aussi été conduits avec des personnes
spécialisées dans les activités de chasse, de cueillette
et de sciage artisanal, afin d'avoir des informations relatives au
fonctionnement de ces activités.
· Les questionnaires
Deux types de questionnaires ont été
administrés aux chefs de ménages :le questionnaire
recensement et le questionnaire de suivitrimestriel.
Le questionnaire recensementa permis d'avoir des
données quantitatives sur les caractéristiques
socioéconomiques, les types de PFNL, les types de produits agricoles
pour chaque ménage des communautés étudiées.Ce type
d'enquête est le plus courant en matière de PFNL (Wollenberg et
Nawir, 1998).Il consiste à récapituler sur une base annuelle les
pratiques et les produits collectés, sans observation directe. Il
présente l'avantage d'être facile à conduire sur un grand
nombre de villages. Les données résultent d'une estimation faite
par le ménage, qui est souvent biaisée. Ambrose-Oji (2003) montre
que les ménages ont tendance à surestimer les revenus annuels
tirés des PFNL, en se focalisant sur les sommes importantes d'argent qui
rentrent en une fois plutôt que sur la série de petits revenus qui
sont étalés sur l'année.
Le questionnaire de suivitrimestriel a permis d'avoir des
données qualitatives et quantitatives sur les tendances
économiques des différents ménages
sélectionnés sur 2 trimestres s'étendant de mars à
septembre 2012.Cette approche utilise deux supports d'enquête, l'un
portant sur les prélèvements effectués en forêt par
tous les membres du ménage et l'autre sur les revenus et les
dépenses occasionnés par trimestre dans le ménage. Elle
présente l'avantage d'être détaillé et plus de
fiable, malgré sa lourdeur.
· L'observation participative
Les observations ont permis de confirmer certaines
informations et de relever certaines informations qui n'avaient pas
été mentionnées, par refus de répondre des
populations ou par oubli.
· Le transect social
Il a permis d'identifier l'ensemble des ménages ainsi
que leur répartition spatiale à l'intérieur du village,
d'établir une pré-typologie des ménages à partir de
la taille et de l'état des maisons, d'identifier les principales
infrastructures collectives et d'estimer leur état de fonctionnement.
· Les groupes de discussion
Cette méthode de recherche participative était
définie sur plusieurs thèmes différents :
1. Un groupe de discussion sur les données
socio-ethnographiques du village, pour comprendre l'historique du village, sa
composition et son organisation sociale.
2. Un groupe de discussion sur l'agriculture a permis
d'identifier les principales espèces cultivées et leurs modes de
culture ainsi que le degré de contribution de ces activités
à l'autosuffisance alimentaire et aux revenus.
3. Un groupe de discussion appelé « Commerce,
développement, exploitation forestière »avait pour objectif
d'examiner les possibilités du développement de la
communauté.
4. Un groupe de discussion a permis d'élaborer une
cartographie et une liste des usages et des pratiques relatives à
l'extraction de ressources forestières.
5.3. Population et
échantillonnage
Cette section consiste à présenter la population
d'étude et à décrire la technique qui a permis d'obtenir
la taille de l'échantillon de l'étude.
5.3.1. Population de l'étude
Dans le cadre de cette étude, la population est
constituée de l'ensemble des personnes impliquées dans
l'utilisation des ressources forestières autour et à
l'intérieur des concessions 1050dans la Région du Sud,1046 et
1060 dans la Région de l'Est. Nous avons eu des discussions de groupe ou
« focus group » avec les membres de certains villages
riverains. Nous avons adressé des questionnaires aux chefs de
ménage et passé des entretiens individuels avec personnes
spécialisées dans les activités de chasse, cueillette et
sciage artisanal. Avec les concessionnaires nous avons eu des entretiens
semi-structurés.Quant aux personnes ressources enquêtées,
nous nous sommes intéressés aux responsables des ONG et aux
agents des eaux et forêts.
5.3.2. Technique
d'échantillonnage et taille de l'échantillon
Afin de choisir les villages à enquêter, nous
avons utilisé une méthode raisonnée. Plusieurs
critères ont guidé notre choix :
· la distance par rapport à la
route : nous avons choisi des villages proches de la route
principale et d'autres pluséloignés ;
· l'ethnie : nous avons choisi les
villages de telle sorte que toutes les ethnies de la zone soient
représentées ;
· la taille du village : notre
choix s'est fait de manière à avoir des villages de petite et de
grande taille.
· la distance par rapport aux différentes
AAC : le choix s'est également fait de façon
à avoir desvillages proches des AAC déjà
exploitées, en cours d'exploitation et non exploitées.
Surla base de ces critères, 5 villages riverains de la
concession 1050 et 7 villages riverains des concessions1046 et 1060 ont
été choisi.
Quant aux choix des ménages à enquêter
dans les villages, il s'est fait de manière aléatoire. A l'aide
des numéros de ménage mentionnés sur le transect social,
nous avons sélectionné les ménages à
enquêter. Le nombre de ménages à enquêter
était fixé à au moins 20% du nombre total de
ménages, avec un minimum de 5 ménages par village.
Nous avons au total enquêté 153 chefs de
ménages soit 66 autour de la concession 1050 et 87 autour desconcessions
1059 et 1060. Le tableau 3 présente la répartition des
enquêtés par concessions.
Tableau 3.
Répartition des enquêtés par concessions
Concession
|
Village
|
|
Nombre d'enquêtés
|
Ethnie
|
Total
|
Nombre de ménage
|
Cueilleurs
|
Chasseurs
|
Scieurs
|
Responsable des concessions
|
Agents des Eaux et Forêts
|
ONG
|
|
|
1050
|
Metylkpwale
|
66
|
1
|
3
|
9
|
1
|
1
|
2
|
Bulu
|
87
|
Ngon
|
Ondondo
|
Bissam
|
Meyos
|
1046 et 1060
|
Bonando
|
87
|
10
|
11
|
4
|
1
|
2
|
3
|
Maka, Pol, Baka, Kako et
Mezimé
|
14
|
Petit-Pol
|
Nkolbikon
|
Ndembo
|
Melambo
|
Kagnol 11
|
Kouédjina
|
Total
|
12
|
153
|
11
|
14
|
13
|
2
|
3
|
5
|
|
213
|
1.1. 5.4. Traitement et analyse des données
Les informations collectées ont été
dépouillées manuellement et codifiées avant d'être
analysées grâce aux logiciels Microsoft Access,Excel, et
Statistical Package for Social Science (SPSS). Les techniques de statistique
descriptive telles que les tableaux, le calcul de fréquence, des
moyennes ont été utilisées. Les graphiques ont
été également utilisés pour montrer la tendance des
phénomènes observés. La triangulation a permis de
recueillir les points de vue des enquêtés et de les regrouper en
points de vue similaires. Les résultats obtenus ont permis de
vérifier ou d'infirmer nos hypothèses de recherche.
Ce chapitre a présenté la zone d'étude,
les types de données et les instruments de collecte. Les
résultats obtenus seront présentés, analysés et
discutés dans le chapitre 4.
CHAPITRE 6: RESULTATS : PRESENTATION, ANALYSE ET
DISCUSSION
6.1. Identification et
caractérisation des acteurs impliqués dans l'utilisation des
ressources forestières
Dans cette étude nous nous sommes
intéressés à deux catégories d'acteurs
impliquées dans l'utilisation des ressources forestières à
savoir :les concessionnaireset les populations riveraines.
6.1.1. Présentation des
concessionnaires
La Fabrique Camerounaise de Parquet (FIPCAM),
créée en juin 2000 et concessionnaire des UFA 09017 et 09018
situées dans la Région du Sud est une société
italienne agréée à la profession forestière par
l'arrêté n° 015/CAB/PM du 17 avril 2000. Elle est
spécialisée dans l'exploitation forestière et la
transformation du bois d'oeuvre etaujourd'hui, elle est engagée dans un
processus de certification. Les principales essences qu'elle exploite sont
l'ayous (Triplochiton scleroxylon), le sapelli (Entandrophragma
cylindricum), l'acajou(Khaya spp.),
l'aniégré (Aningeria spp.), le bété
(Mansonia altissima), le bibolo(Lovoa spp.), le
moabi (Baillonella toxisperma), le movingui(Distemonanthus
benthamianus), le fraké (Terminalia seperba), le bubinga
(Guibourtia spp.). Cette concession à déjà
été exploitée depuis 1998 par plusieurs
sociétés (Enviro consulting, 2009).
· Entre 1998 et 1999, la société
ECAM-PLACAGE a reçu un titre pour exploiterces massifs sur une
superficie de 69 359 ha.
· La COCAM a également eu une licence pour
exploiterentre 1998 et 1999 sur 119 800 ha
· Entre 2001 et 2002 la Wijmaet la COCAM ont obtenu des
ventes de coupes pour exploiter 4 345 m3 et
4 884 m3 respectivement.
Contrairement à la FIPCAM, la Société
Camerounaise de Transformation du Bois (SCTB) est une société
camerounaise spécialisée dans l'exploitation forestière et
la transformation du bois. Elle est attributaire des concessions 1046 et
1059situées dans la Région de l'Est,respectivement depuis juin
2000 et juillet 2001.Avant la SCTB, ces massifs forestiers avaient fait l'objet
de plusieurs licences d'exploitation depuis 1969 (Medinof, 2004).
· Entre 1969 et 1989 une compagnie connue sous le nom d'EFC
a recu une licence d'exploitation pour exploiter 82 280 ha.
· Entre 1971 et 1975 la SFID areçu deux licences pour
exploiter47 685 ha.
· Entre 1969 et 1998 la SEBC areçu trois licences
d'exploitations pour exploiter 104 200 ha.
Les principales essences exploitées parla SCTB entre
2001 et 2004 sont l'ayous (Triplochiton scleroxylon), le fromager
(Ceiba pentandra),le fraké (Terminalia superba), le
tali (Erythrophleum ivorense)et le sapelli (Entandrophragma
cylindricum)(Medinof ; 2004 : 26).
Pour atteindre leurs objectifs, plusieurs activités
sont menées par les compagnies dans leurs concessions:la
matérialisation des AAC, le traçage des layons,l'inventaire
systématique des AAC, l'abattage, le tronçonnage et le
débardage des grumes,la création des parcs à grumes,le
transport des grumes, l'installation des bases-vie à l'intérieur
ou à proximité des villages,l'ouverture et l'entretien des
routes, des pistes et des ponts, l'assistance des populations dans la
réalisation de certaines oeuvres sociales, le paiement des taxes
afférentes à l'exploitation forestière.
6.1.2. Caractéristiques sociodémographiques
des enquêtés
Cette partie porte sur l'analyse des résultats
relatifsaux caractéristiques sociodémographiques des
enquêtés telles que l'ethnie, la structure par âge, le
niveau d'éducation, la religion et le sexe. Il est également
présenté quelques statistiques sur les ménages notamment
la taille et les caractéristiques des logements.
L'objectif de cette partie est de présenter un profil
des enquêtés et un aperçu de l'environnement
socio-économique dans lequel ils vivent.
6.1.2.1.
Répartition des enquêtés selon l'ethnie
Tableau 4.
Répartition des enquêtés selon l'ethnie
Région
|
Ethnie
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
Sud
|
Bulu
|
65
|
99
|
Fang
|
1
|
1
|
Total
|
66
|
100,0
|
Est
|
Baka
|
15
|
17,2
|
Banvele
|
3
|
3,4
|
Bassa
|
1
|
1,1
|
Kako
|
23
|
26,4
|
Maka
|
18
|
20,7
|
Mézimé
|
6
|
7
|
Pol
|
21
|
24,1
|
Total
|
87
|
100,0
|
Du tableau4, il ressort que la disparité ethnique n'est
pas importante dans la Région du Sud. 99 % des
enquêtés dans la Région sont des Bulu et 1% des Fang. Par
contre dans la Région de l'Est on observe une diversité ethnique
importante avec des Kako,des Pol, des Maka, des Baka, des Mézimé,
des Banvele et des Bassa.
6.1.2.2. Répartition des
enquêtés selon l'âge
La figure 3présente la répartition des
enquêtés selon l'âgedans les différentes zones
d'étude.
Figure 3.
Répartition des enquêtés suivant les classes d'âge au
Sud et l'Est
Il ressort de la figure3,que la plupart des chefs de
ménages au Sud ont un âge comprisentre 41 et 60ans (38%).
L'âge moyen dans la Région est de 50 ans, en plus, les chefs de
ménages âgés de plus de 60 ans représentent
près d'un tiers (32%,)de l'échantillon, traduisant une population
vieillissante. Cela peut s'expliquerpar l'exode des jeunes du village vers les
villes en quête d'opportunités d'emplois ou pour la poursuite des
études.
Dans la Région de l'Est, les
enquêtéssontrelativement plus jeunes avecun âge moyen de 42
ans. Les chefs de ménages dont l'âge est compris entre 21 et 40
ans sont majoritaires (46 %). Contrairement au Sud, les chefs de
ménages âgés de plus de 60 ans ne représentent que
14 %. Ceci pourrait s'expliquer par une espérance de vie
réduite dans cette localité.
6.1.2.3.
Répartition des enquêtés selon leur niveaude
scolarisation
La connaissance du niveau d'éducation des chefs de
ménage est un élément importantqui peut contribuer
à mieux expliquer le degré de dépendance des populations
vis-à-vis des ressources forestières.
Figure 4.
Répartition des enquêtés selon leur niveau de
scolarisation
Il ressort de la figure 4, quele niveau de scolarisation des
enquêtés au Sud est plus élevé qu'à l'Est.
Cette différence peut s'expliquer par le fait que dans la Région
de l'Est, les gens n'ont pas la « culture de
l'école ». Ils préfèrent aller aux champs,
à la cueillette ou à la chasse. A cet effet, nous avons eu une
discussion avec un enseignant dans l'un des villages.Il nous a dit que parfois
ils supplient les enfants pour qu'ils viennent à l'école. En
plus, il n'y pas assez d'infrastructures scolaires et d'enseignants dans cette
Région. On y trouve souvent un ou deux enseignants pour un cycle complet
du primaire.L'enclavement de la Régionfait que les enseignants qui y
sont affectés viennent rarement ou ne viennent pas du tout.
6.1.2.4.
Répartition des enquêtés selon la religion
Figure 5.
Répartition des enquêtés suivant lareligion
Il ressort de la figure 5, que les protestants sontdominants
dans la Région du Sud.Plus de 87 % des enquêtés
pratiquant cette religion. Alors que 9% sont des catholiques et 3%
n'appartiennent à aucune religion importée. Cette domination est
vérifiable à travers les infrastructures religieuses protestantes
présentes dans la zone le long des routes.
A l'Est, la tendance religieuse des enquêtés est
beaucoup plus équilibrée avec 49% de catholiques, 44% de
protestants et 7% d'aucune religion importée.
6.1.2.5. Genredu
chef de ménage
Tableau 5.
Répartition des ménages par genredu chef de
ménage
Région
|
Genre
|
Effectifs
|
Sud
|
Féminin
|
10
|
Masculin
|
56
|
Total
|
66
|
Est
|
Féminin
|
7
|
Masculin
|
80
|
Total
|
87
|
Les résultats du tableau5 révèlent que
dans la Région du Sud, surles ménages enquêtés, la
plupart sontdirigés par les hommes. En effet, dans 85% des cas, les
ménages ont à leur tête, un homme. Néanmoins 15% de
ménages ont une femme comme chef dans la même Région.
Dans la Région de l'Est, le nombre de chefs de
ménages homme est toujoursplus élevé.
Quatre-vingt-douzepour cent des ménages ont pour chef de ménage
un homme contre 8% de ménages ayant à leurtête une
femme.
Comparés aux résultats des Enquêtes
Démographiques de la Santé au niveau national de 2004 qui
estiment que 24 % ménages camerounais sont dirigés par lesfemmes,
ces résultats sont bas. Ceci s'expliquerait pas le fait que dans ces
Régions les femmes ne sont pas assez autonomes.
6.1.2.6. Taille des ménages
La taille des ménages est une caractéristique
importante qui permet de déterminer leurs besoins et par
conséquent le niveau d'utilisation et de compétition pour les
ressources naturelles dont dépendent les activités
économiques de la zone.
Tableau 6. Informations
statistiques sur la taille des ménages
Région
|
Statistiques
|
Nombre de membres du ménage
|
Sud
|
Moyenne
|
6,8
|
Ecart-type
|
3,1
|
Minimum
|
1
|
Maximum
|
16
|
Est
|
Moyenne
|
6,7
|
Ecart-type
|
3,8
|
Minimum
|
1
|
Maximum
|
24
|
L'on constate à partir du tableau 6que la taille
moyenne des ménages dans les deux Régions avoisine 7 personnes.
Comparés auxrésultats des Enquêtes Démographiques de
la Santé au niveau national de 2004 (5,7), ces résultatssontplus
élevés.
6.1.2.7. Caractéristiques des
logements
Au cours de l'enquête, le niveau de confort du logement
a été déterminé. Les conditions de vie à
travers lanature des matériaux de construction des maisons ont
été évaluées. La figure 6 présente les
résultats.
Figure 6. Revêtement
du sol, matériaux du toit et du mur des logements
De la figure 6, on observe que dans la Région du Sudil
y a plus de ménages dont les sols sont en ciment.Dans l'ensemble, la
majorité des ménages dans les deux Régions ont des sols en
terre battue.Pour les matériaux de mur,les ménages de la
Région du Sud ont plus de murs en matériaux définitifs. De
même il y a plus de ménages dont les murs sont en planche dans la
Région Sud comparative à l'Est. Concernant les toits, la
totalité des maisons dans la Région du Sud ont des toits en
tôles, contre 38% dans la Région de l'Est.
Sur la base des caractéristiques du logement on
constate que le niveau de vie socioéconomique dans la Région du
Sud est plus élevé que dans la Région de l'Est.
6.2. Typologie des activités des populations
riveraines
Pour obtenir les résultats sur les types
d'activités, il a été demandé aux
enquêtées de citer 5 principales activités
génératrices de revenus, du plus important au moins important.
Ensuite, nous avons attribué des scores variant de 5 à 1 pour
celles ayant obtenu les rangs de 1er à 5e
respectivement.
Figure 7. Perception des
principales activités des ménages
De la figure7, il ressort une grande similarité entre
les perceptions des principales sources de revenus monétaires des
ménages au Sud et à l'Est.Les populations des deux Régions
estiment que l'agriculture, la cueillette et la chasse sont leurs trois
principales sources de revenus monétaires. L'agriculture est
perçue comme étantla première source de revenu
monétaire pour les ménages dans les deux Régions. La
chasse est perçue comme la seconde activité
génératrice de revenus monétaires dans la Région de
l'Est. Par contre la cueillette est perçue comme la seconde source de
revenus monétaires au Sud. D'après ces perceptions les
activités directement liées aux ressources naturelles
(agriculture, chasse, cueillette, pêche et bois) rapportent près
de 84% des revenus monétaires à l'Est et 73% au Sud.Celles
liées aux ressources forestières non ligneuses (chasse,
cueillette et pêche)représentent 39% dans la Région de
l'Est et 31% dans la Région du Sud.
Les résultats des enquêtes trimestrielles ont
permis de classer ces principales sources de revenus, sur la base des
données récoltées auprès des ménages afin de
comparer les perceptions et la réalité. Lafigure 8
présente la contribution desdifférentesactivitésaux
revenus monétaires totauxdes deuxRégions entre mars et septembre
2012.
|
Nombre de ménages suivis à l'Est :
77
|
Nombre de ménages suivis au
Sud :56
|
Figure 8. Contribution des
activités aux revenus monétaires totaux de mars à
septembre 2012
Il ressort de la figure 8,que durant le semestre de
l'enquête, l'agriculture est la principale activité
génératrice de revenu monétaire à l'Est et au Sud
avec respectivement 50et 32 % des revenus.La chasse est ladeuxièmesource
de revenusà l'Est et la septième au Sud. Le sciage artisanal, qui
dans les perceptions ne figurait pas parmi les cinq principales sources de
revenu au Sud est la deuxième source de revenu de la Région. De
même on constate que dans la Région de l'Est, elle est la
troisième source de revenus après l'agricultureetla chasse, alors
que les perceptions l'on classé au cinquième rang. La cueillette
qui était classée en troisième position à l'Est et
deuxième au Sud se retrouve en quatrième et cinquième
position respectivement. La cueillette a été globalement
sur-évaluée dans les perceptions, vu que les enquêtes ont
partiellement couvert la grosse saison de production.
Les perceptions corroborent plus ou moins avec la
réalité. Ceci seraitdû au caractère saisonnier de la
plupart des activités, mais dans l'ensemble les activités
liées directement aux ressources naturelles sont toujours lesplus
importantes. Ellesont rapporté près de 84%du revenu
monétaire total à l'Est et 63% au Sud entre mars et septembre
2012. Les ressources non ligneuses représentent 24% et 13% du revenu
monétaire à l'Est et au Sud respectivement.
Dans les sections suivantes il sera question de
caractériser les principales activités liées aux
ressources naturelles à savoir : l'agriculture, la cueillette, la
chasse et le sciage artisanal dans les deux Régions, afin de ressortir
leurs particularités.
6.3. Caractérisation des principales activités
liées aux ressources naturelles
6.3.1. L'agriculture
L'agriculture est la principale activité dans ces
Régions. Il s'agit d'une agriculture de subsistance,
dontl'excédent est destiné à la commercialisation. Cette
activité est généralement pratiquée par l'ensemble
du ménage.
6.3.1.1. Les principales productions
agricoles
Pour obtenir les résultats, il a été
demandé aux participants desfocus groupsdans chaque village
d'identifier leurs principales cultures vivrières et commerciales, de
les classer par ordre d'importance etde déterminer la part de la
consommation et celle de la vente.
Tableau 7. Perceptions des
principales cultures vivrières au Sud et à l'Est par les
enquêtés
Région
|
Rang
|
Culture
|
Nom scientifique
|
Consommation moyenne (%)
|
Vente moyenne (%)
|
Sud
|
1
|
Plantain
|
Musa spp.
|
36
|
64
|
2
|
Manioc
|
Manihot esculenta
|
64
|
36
|
3
|
Arachide
|
Arachis hypogaea
|
76
|
24
|
4
|
Macabo
|
Xanthosoma sagittifolium
|
23
|
77
|
5
|
Maïs
|
Zea mays
|
87
|
13
|
6
|
Concombre
|
Cucumis mani
|
20
|
80
|
7
|
Patate douce
|
Ipomoea batatas
|
100
|
|
Est
|
1
|
Plantain
|
Musa spp.
|
37
|
63
|
2
|
Manioc
|
Manihot esculenta
|
51
|
49
|
3
|
Maïs
|
Zea mays
|
48
|
52
|
4
|
Macabo
|
Xanthosoma sagittifolium
|
34
|
66
|
5
|
Arachide
|
Arachis hypogaea
|
49
|
51
|
6
|
Concombre
|
Cucumis mani
|
27
|
73
|
7
|
Patate douce
|
Ipomoea batatas
|
84
|
16
|
Il ressort du tableau 7 que, les populations du Sud
perçoivent que, le plantain, le manioc, l'arachide, le macabo, le
maïs, le concombre et la patate douce, classées de la plus
importante à la moins importante sont les principales cultures
vivrièresde la Région.
Les cultures vivrières les plus commercialisées
de la même Région sont : le concombre, le macabo et le
plantain.Les plus consommées sont la patate douce, le
maïs,l'arachide et le manioc.
Tout comme au Sud les principales cultures vivrières
dans la Région de l'Est classées de la plus importante à
la moins importante sont : le plantain, le manioc, le maïs, le
macabo, l'arachide, le concombre et la patate.
Les cultures vivrières les plus commercialisées
à l'Est sont : le concombre, le macabo, le plantain. Le maïs,
l'arachide, le manioc et la patate sont relativement moins consommées
à l'Est qu'au Sud.
Tableau 8. Cultures
commerciales
Région
|
Rang
|
Cultures commerciale
|
Nom scientifique
|
Consommation (%)
|
Vente (%)
|
Sud
|
1
|
Cacao
|
Theobroma cacao
|
0
|
100
|
2
|
Palmier
|
Elaeis guineensis
|
53
|
47
|
Est
|
1
|
Café
|
Coffea spp.
|
0
|
100
|
2
|
Cacao
|
Theobroma cacao
|
0
|
100
|
Les principales cultures commerciales de la Région du
Sud sont le cacao vendu à 100% et le palmier à huile dont les
produits sont consommés(53%) et vendus(47%).
A l'Estle café et le cacao sontles principales cultures
commerciales. Elles sont totalement vendues. Ony retrouve d'anciennes
plantations de café qui sont encore exploitées par
desproducteurs. Avec l'augmentation des prix sur le marché
international, les populations s'investissent de plus en plus dans la
cacaoculture à travers la création de nouvelles plantations.
6.3.1.2. Les systèmes de
culture
Les populations locales pratiquent l'agriculture
itinérante sur brûlis. Après le défrichement de la
végétation, l'abattage des arbres grâce à une
machette, une hache ou une tronçonneuse,suit le brûlis. Les deux
saisons de pluies qui existent dans ces Régions sont propices pour la
création de nouveaux champs.Sur une année, les populations ont
généralement deux champs de cultures vivrières, un pendant
la première saison des pluies (mars-juin) et un pendant la seconde
saison des pluies (août-novembre). L'unde ces champs est établi
sur les jachères et l'autre sur la forêt primaire. A cet effet, on
y retrouve des associations des cultures vivrières à base de
manioc, d'arachide, de maïset les autres cultures établies sur les
jachères, et les champs mixtes à base de concombre ou de
bananiers plantains en association avec le macabo, sur des espaces
gagnés en forêt primaire ou sur desjachères
âgées.
Les cultures commercialessontgénéralement
pratiquées en monoculture sur des espaces de forêts primaires ou
sur des vieilles jachères. Au lieu de détruire
complètement les arbres lors de l'implantation des plantations de cacao,
les populations laissent certaines espèces d'arbre pour maintenir
l'ombrage,pour y collecter les PFNL et pour le sciage artisanal futur.
Une fois que les sols perdent leur fertilité, elles
sont mises en jachère, ceci pour reconstituer leur fertilité. La
durée de jachère dans ces deux Régions varie entre 1 et 10
ans avec une durée moyenne de
6.3.1.3. Les revenus de
l'activité agricole
Les résultats des suivis trimestriels agricoles ont
permis de noter que la totalité des ménages enquêtés
dans leszones d'étude ont mené une activité agricole
durant le semestre (mars à septembre).Quatre-vingt-onze
et 97%des ménages au Sud et à l'Est respectivement ont
perçu un revenu monétaire de cette activité. La figure 9
présente la distribution des revenus monétaires entre les
ménages dans les deuxRégions d'étude.
Figure 9. Distribution du
revenu monétaireagricole entre les ménages
On constate que les revenus monétaires agricoles ne
sont pas normalement distribués.Près de 80% des ménages
dans ces Régions ont un revenu agricole inférieur à
300 000 FCFA. Les revenus moyens par ménage pour le semestre
sont de202 228 #177; 236 359 FCFA au Sud et de
244 746 #177; 355 7989 FCFA à l'Est.Soit 33 705 FCFA
et 40 791 FCFA par mois au Sud et à l'Est respectivement.
Comparé au salaire Minimal Interprofessionnel Garanti (SMIG) qui de
28 216 FCFApar mois au Cameroun (RC, 2008), nous constatons que
ces revenus sont élevés. Ceci pourraitencourager les jeunes
à s'investir dans l'agriculture et pousser ceux qui pensent que la ville
c'est le paradis à rester au village.
6.3.1.4. Les principales cultures
commercialisées
Les principaux acheteurs des produits vivriers sont les
« bayam sellam » qui viennent dans les villages
avec une camionnette pour l'achat des produits. En plus des
« bayam sellam », desvoyageurs de passage
s'arrêtent pour acheter les produits agricolesdans les villages
traversés par la route bituméeAbongMbang-Bonis. D'où
l'adage « Là où la route passe, le
développement suit ».
Dans la Région de l'Est les « bayam
sellam »achètent les produits agricoles pour ravitailler
les villes de Bertoua et de Doumé. AuSud, ils ravitaillent la ville
d'Ebolowa et le marché frontalier d'Abang-Miko'o.
Parmi les cultures commercialisées, certaines sont
particulièrement vendues par les populations ou prisées par les
« bayam sellam ».
|
Total Sud = 10 479 040FCFA
|
Total Est = 18 314 845 FCFA
|
Figure 10. Poids des principales cultures
commercialisés dans le revenu agricole total au Sud à l'Est entre
mars et septembre 2012
La figure10révèle, que des principales cultures
commercialisées pendant le semestre, le plantain est celle qui a
rapporté le plus de revenu agricole au Sud, suivi du macabo, du cacao,
du manioc et des arachides. Ceci témoigne de l'importance que les
populations locales accordent à ces cultures et justifie le fait que
chaque année, elles convertissent davantage de forêt pour la
création de nouveaux champs de plantain, de macabo et de
cacao :« c'est en pleine forêt que la terre est
fertile ». Le cacao est classé au troisième rang
malgré le fait que lors des enquêtes, les récoltes avaient
à peine commencé. Ces proportions risquent d'être
modifiées par les suivis ultérieurs, qui se dérouleront
quand les récoltes du cacao seront achevées. Ceci confirme le
fait que le cacao reste la principale culture pourvoyeuse de revenu dans la
Région sur toute l'année. Le concombre est une culture qui se
cultive une fois tous les deux ans dans la Région et cette année,
elle n'a pas été beaucoup cultivée.Ceci expliquerait
pourquoi elle ne contribue qu'à 1% au revenu agricole du semestre.
Il se dégage aussique, dans la Région l'Est, le
plantain est de loin la principale culture génératrice de revenus
monétaires. Le maïs occupe aussi une place importante dans les
cultures commercialisées à l'Est.Il est la deuxième
culture génératrice de revenu monétaire de
laRégion,alors qu'au Sud elle n'apparait même pas dans les
cultures commercialisées durant le semestre. On constate une faible
contribution du cacao au revenu total de la Région de l'Est (2 %),
comparativement à celui de la Région du Sud (9%). Ceci
s'expliquerait par une faible implication des populations de la Région
de l'Est à la cacaoculture.
Tout comme au Sud, les populations de la Région de
l'Est cherchent à étendre les surfaces cultivables en
convertissant la forêt en espace agricole pour la culture du plantain,du
macabo, et duconcombre.Elles procurent d'énormes revenus
monétaires.
Bien que l'extension des plantations dans les forêts de
production soit interdite par la législation, les populations riveraines
continuent à le faire sans aucune inquiétude, car
disent-elles « c'est notre forêt ».
6.3.1.5. Les acteurs impliqués
dans laproduction agricole
Entre mars et septembre2012, 69% des cultures au Sudont
étéproduites par les femmes,10% par les hommes et 21% par toute
la famille. Dans la Région de l'Est, 56% des culturesont
été produites par les femmes, 23% par les hommes et 20% par toute
la famille. Sur la base de ces informations, nous constatons que durant ce
semestre, les femmes ont été les principales personnes
impliquées dans la productionagricole dans les deux Régions. Ceci
corrobore les travaux de Djik (1999 : 26).
Quant aux produits commercialisés, les femmes sont
toujours les plus impliquées avec 69% des produits vendus au Sud et 61%
à l'Est comme le montre la figure 11.
EST
SUD
Figure 11.
Répartition des cultures commercialisées par genre au Sud et
à l'Est
La figure 11, révèle que certaines cultures
suscitent plus l'attentiondes femmes. C'est le cas du zom (Solanum
scabrum), du riz(Oryza sativa),du gombo (Abelmoschus
esculentus), du macabo(Xanthosoma sagittifolium),du
manioc(Manihot esculenta), de latomate(Lycopersicon
esculentum), de l'arachide(Arachis hypogaea), du folon
(Amaranthus spp.), du maïs(Zea mays), du
plantain(Musa spp.), de l'igname(Discorea spp).Certaines
cultures sont pratiquées par les hommes :le cacao, le piment, le
café, le plantain et le maïs. Excepté le cacao, ces cultures
sont d'une grande importance pour les hommes dans la Région de l'Est,
contrairement à la Région du Sud. Ceci peut être dû
au fait que dans cette Région, les cultures commerciales ne sont pas
trèsdéveloppées. De manière générale,
les hommes sont plus impliqués dans l'agriculture vivrière
à l'Est qu'au Sud.
6.3.1.6. Les contraintes liées
à la réalisation de l'activité agricole
Les populations dans ces Régions ont cité un
certain nombre de contraintes liées à la réalisation de
l'activité agricole comme l'indique la figure 12.
Figure 12. Principales
contraintes liées à la production agricole dans les
Régions du Sud et de l'Est
En effet, le mauvais état de la route entraine un
coût élevé du transport, par ricochet un nombre
réduit d'acheteurs et le monopole du marché par ceux-ci.Les
populations n'ayant pas accès aux Systèmes d'Information des
Marchés (SIM), étant dans le besoin d'argent et possédant
des produits agricoles généralement périssables sont
obligésd'accepter les prix qui leur sont offerts. De même,
l'inaccessibilité des populations aux sources de créditet
l'absence d'assistance financière entrainent un faible capital à
investir dans l'activité et l'incapacité des populations de
s'acheter des tronçonneuses, des semences de bonne
qualitéetd'accroitre la main d'oeuvre. L'absence d'assistance technique
ne permet pas aux populations de bénéficier des nouvelles
techniques mises sur pied par la recherche pour lutter contre les pestes et
pour faire face aux contraintes du marché. La proximité de la
concession a été mentionnée dans quatre villages (Bonando,
Methylkpwale, Bissam et Meyos) comme étant une contrainte
empêchant les populations d'étendre librement leurs plantations.
Les limites des UFA sont proches de leurs villages et certaines
cacaoyères se trouvent même à l'intérieur des
concessions.
Le mauvais état de santé des populations
dû au fait qu'elles n'ont pas accès aux soins de santéles
empêche de consacrer assez de temps et de force à l'agriculture.
En plus de ces contraintes, s'ajoute l'alcoolisme, qui s'empare non seulement
du peu de moyens financiers que ces derniers peuvent investir dans
l'agriculture, mais contribue également à la
détérioration de leur santé.
De manière générale, la politique
agricole, n'est pas favorable pour les populations rurales, dans la mesure
où les intrants agricoles coûtent plus chères en milieu
rurale qu'en milieu urbain.
Malgré les contraintes, l'agriculture reste une
activité importante. L'élimination de
ces contraintes favoriseraitson développement.
6.3.2. La cueillette
La cueillette est une activité dont l'importance est
significative dans la vie économique, sociale et culturelle des
populations locales, aussi bien dans la Région de l'Est que dans la
Région du Sud. Durant l'année, ces populations cueillent ou
ramassent plusieurs PFNL dans leurs environnements pour consommer et/ou
pourcommercialiser. Ces PFNL sont à usages alimentaires,
médicinaux etartisanaux.
6.3.2.1. L'organisation de la
cueillette
La cueillette est une activité inhérente
à toute société forestière. Que ce soit dans la
Région du Sud ou de l'Est, elle est régie par des règles
coutumières particulières qui sont celles du système
foncier traditionnel. Le droit coutumier prévoit des modalités
d'appropriation et de gestion différentes de celles contenues dans la
loin° 94/01 du 20 janvier 1994.En effet, tout comme on n'a besoin d'aucune
permission coutumière pour ouvrir un nouveau champ en forêt,
aucune permission n'est nécessaire pour mener cette activité. La
propriété des espaces emporte généralement les
ressources, dans le cas des forêts appropriées de manière
coutumière. Les PFNL situés dans un champ appartiennent à
son propriétaire. Ils ne sont pas en accès libre. Si quelqu'un
désire collecter dans le champ d'autrui, il a besoin de la permission de
ce dernier. Dans le cas contraire, il est en situation de vol. Cela finit
généralement par des avertissements ou des plaintes chez le chef
du village s'il est attrapé. Ceci s'applique le plus souvent pour les
PFNL comme la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le moabi
(Baillonella toxisperma)et le njansang (Ricinodendron
heudelotii)qui ont plus de valeur pour les populations locales en
général, auxquelles on peut ajouter le ndimba (Afrosturax
lepidophyllus), les champignons et l'igname sauvage (Dioscorea
spp.) chez les Baka. Chaque ménage possède ses pieds de
moabi, de mangue sauvage et de njansang hérité des parents et/ou
grands-parents.
Les PFNL situés en pleine forêt n'appartiennent
à personne en particulier. Ils sont en accès libre pour les
riverains, mais un individu peut s'approprier un arbre en venant constamment
nettoyer les alentours de ce dernier. Les PFNL à usage médicinal
sont aussi généralement en accès libre.
L'accès au « njansang » n'est pas
aussi strict que pour le moabi et la mangue sauvage,car il est très
difficile à exploiter et abondant, du coup peu de personnes sont
impliquées dans sa collecte.
Dans la Région du Sud, les gens se limitent le plus
souvent au niveau de leurs plantations pour la collecte des PFNL. Les distances
de collecte les plus longues varient entre 4-10 km. Dans la Région de
l'Est, les gens vont plus au-delà des plantations, ils utilisent des
campements pourréaliser cette activité. Ils peuvent parcourir des
distances allant de 4-25 km pour collecter les PFNL et faire plusieurs
semaines, voire des mois en forêt.
6.3.2.2. Le degré de
dépendance des ménages vis-à-vis de la cueillette.
Durant le semestre de notre étude, 98%des
ménages enquêtés dans la Région du Sud et90% dans la
Région de l'Est ont collecté au moins un PFNL. Dans ces
deuxRégions, la quasi-totalité des ménages pratiquent la
cueillette. Dans la Région du Sud,42 PFNL différents ont
été collectés contre 44 dans la Région de l'Est.
Les tableaux9 et 10 présentent les principaux PFNL collectés
durant le semestre dans les deux Régions.
Tableau 9. PFNL les plus
collectés durant le semestre (mars-septembre) au Sud
Nom scientifique
|
Nom local
|
% des ménages ayant collecté
|
Rang
|
Alimentation
|
Irvingia gabonensis
|
Mangue sauvage
|
93
|
1
|
Imbrasia spp.
|
Chenilles
|
64
|
2
|
Achatinidae spp.
|
Escargot
|
51
|
3
|
Tricoscypha abut
|
Amvout
|
31
|
4
|
Cola spp.
|
Cola
|
31
|
5
|
Termitomyces spp.
|
Champignons
|
24
|
6
|
Coula edulis
|
Noisette
|
16
|
7
|
Pentaclethra macrophylla
|
Ebaye
|
15
|
8
|
Baillonella toxisperma
|
Moabi
|
13
|
9
|
Ricinodendron heudelotii
|
Njansang
|
9
|
10
|
Médicinal
|
Alstonia boonei
|
Ekouk
|
20
|
1
|
Picralima nitida
|
Ebame
|
13
|
2
|
Enantia chlorantha
|
Moambé jaune
|
9
|
3
|
Artisanat
|
Laccosperma secundiflorum
|
Rotin
|
11
|
1
|
Alimentation et artisanat
|
Elaeis guineensis
|
Palmier*
|
20
|
1
|
Raphia hookeri
|
Raphia**
|
11
|
2
|
*Palmier = noix de palme + vin de palme + feuilles
**Raphia = bambous + vin + feuilles
Tableau 10. PFNL les plus
collectés durant le semestre (mars-septembre) à l'Est
Nom scientifique
|
Nom local
|
% des ménages ayant collecté
|
Rang
|
Alimentation
|
Irvingia gabonensis
|
Mangue sauvage
|
84
|
1
|
Achatinidae spp
|
Escargot
|
67
|
2
|
Baillonella toxisperma
|
Moabi
|
51
|
3
|
Termitomyces spp.
|
Champignons
|
46
|
4
|
Tricoscypha abut
|
Amvout
|
41
|
5
|
Afrosturax lepidophyllus
|
Ndimba
|
29
|
6
|
Imbrasia spp.
|
Chenilles
|
28
|
7
|
Ricinodendron heudelotii
|
Njangsang
|
26
|
8
|
Pentaclethra macrophylla
|
Ebaye
|
23
|
9
|
Apis mellifera
|
Miel
|
14
|
10
|
Médicinal
|
Alstonia boonei
|
Lombo
|
14
|
1
|
Enantia chlorantha
|
Moambe jaune
|
13
|
2
|
Garcinia kola
|
Biter cola
|
6
|
3
|
Artisanat
|
Laccosperma secundiflorum
|
Rotin
|
14
|
1
|
Alimentation et artisanat
|
Raphia hookeri
|
Raphia*
|
29
|
1
|
Elaeis guineensis
|
Palmier*
|
17
|
2
|
*Palmier = noix de palme + vin de palme + feuilles
**Raphia = bambous + vin + feuilles
Les tableaux 9 et 10 révèlent une grande
similitudeentre les principaux PFNL collectés entre mars et septembre
dans nos deux zones d'étude. Il s'agit notamment de la mange sauvage, du
moabi, du njansang, de l'ébaye, des chenilles, des escargots, des
champignons, de l'amvout, du raphia, du palmier, du rotin, de l'ekouk/lombo et
du moambé jaune.
La figure 13 présente la proportion des ménages
impliqués dans la collecte de ses PFNL similaires.
.
Figure 13.
Répartition des PFNL similaires par ménages les ayant
collectés (en %)
Il ressort de la figure 13,que dans la Région du Sud,
il y a plus de ménages impliqués dans la collecte de la mangue
sauvage, des chenilles, de l'ekouket du palmier qu'à l'Est. Tandis qu'il
y a plus de ménages impliqués dans la collecte des autres PFNL
à l'Est qu'au Sud.
6.3.2.3. La description des quelques
PFNL importants
Dans cette partie, nous allons décrire quelques PFNL:
la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le moabi (Baillonella
toxisperma), njansang (Ricinodendron heudelotii), l'ébaye
(Pentaclethra macrophylla), l'amvout (Tricoscypha abut), les
champignons (Termitomyces spp.), les escargots (Achatinidae
spp.) et les chenilles (Imbrasia spp), le rotin(Laccosperma
secundiflorum), le palmier (Elaeis guineensis) et le raphia
(Raphia hookeri), l'ekouk/lombo/emien (Alstonia boonei) et le
moambé jaune (Enantia chlorantha).
· La mangue sauvage (Irvingia
gabonensis)
Photo 1. Fruit et amande de
Irvingia gabonensis
Irvingia gabonensisest un arbre dont les fruits se
consomment directement, mais il est surtout prisé pour son amande.
Durant sa période de production (juinàseptembre), ses fruitssont
ramassés au pied des arbres.Une fois collectés, ils peuvent
être immédiatement consommés ou fendus grâce à
une machette tranchante et les amandes sontextraites. Cette dernière
opération peut s'effectuer sur le lieu de collecte ou à la
maison. Puis les amandes sont épluchées après avoir
ététrempées dans de l'eau et séchées pendant
2 à 4 semaines, le plus souvent sur une claie au soleil ou au-dessus du
feu de cuisine. Lorsqu'on veut en consommer,on les frit dans de l'huile et on
les écrase à la pierre pour en faire une sauce.Après les
avoir frit dans de l'huile, elles peuvent aussi être pilées dans
un mortier pour en faire une pâte.Cette pâte est moulée dans
un récipient et séchée au soleil pendant longtemps.
Ensuite on obtient une boule compacte que l'on utilise pour la sauce en
râpant juste la quantité nécessaire.
Les amandes de Irvingia gabonensis se vendent
fraiches ou séchées.Le prix varie entre 1 000FCFA et
1 500FCA le litre.
Afin d'en avoir pendant une longue durée, les amandes
sont conservées soit sous forme de graines séchées, ou de
pâte séchée. Les deux formes sont attaquées par
lesmoisissures lorsqu'elles ne sont pas
régulièrementexposées à la chaleur. Dans ce cas, la
qualité est affectée. En plus des moisissures, les amandes
séchées et stockées dans les sacs peuvent être
charançonnées.
En dehors de son importance alimentaire, les populations
locales utilisent ses écorces dans la pharmacopée traditionnelle
pour soigner le mal de dents, de ventre et la typhoïde.
· Le moabi (Baillonella
toxisperma)
Photo 2. Arbre et fruit
de Baillonella toxisperma
Baillonella toxispermaest un arbre dont les fruits
sont ramassés entre juillet et septembre,et peuvent être
consommésdirectement. Mais le véritable trésor qui
réside en lui c'est sa graine, qui procure de l'huile
communémentappelée huile de moabi.Pour obtenir cette huile, les
populations ramassent les fruits et les stockent en forêt pour qu'ils
pourrissent afin de faciliter l'extraction des graines. Une fois les graines
extraites, elles sont transportées au village et séchées
surune claie au soleil pendant environ un mois. Ensuite, elles sont
décortiquées à l'aide d'un couteau puis
séchées de nouveau sur une claie pendant deux à trois
jours. Après ce deuxième séchage,elles sont pilées
au mortier.Lapâte obtenue est mise dans une certaine quantité
d'eau bouillie et remuée jusqu'àl'obtention d'une pâte
huileuse. Pour finir, cette pâte est pressée à deux mains
pour y extraire del'huile. Celle-ci est autoconsommée ou placée
dans des récipients et vendue à 1 000FCFA la bouteille de
bière (0,75 litre) et 1 500FCFA le litre.Pour les populations, cet
arbre a aussi des vertus thérapeutiques. Ses écorces soignentle
mal de ventre, de dos et de dents.
· Njansang(Ricinodendron
heudelotii)
a
.
c
b
Photo 3. Fruit (a), amandes
(b) et graines (c) deRicinodendron heudelotii
Le njansang est une graine issue des fruits de l'arbre
Ricinodendron heudelotii.Il est utilisé comme condiment dans
l'alimentation. Les fruits sont ramassés pendant la période de
septembre à décembre. Après le ramassage, les fruits sont
stockés dans un coin en forêt etlaissés pourrir pour se
débarrasser de leurs parties tendres et libérer la graine par la
même occasion. Ces graines dures comme des petits cailloux sont ensuite
apportées au village et bouillies dans une marmite pendant 2 à 3
jours jusqu'à ce que les graines commencent à s'ouvrir. Les
graines sont ensuite cassées à l'aide d'un caillou et les amandes
obtenues sont lavées et séchées au soleil. Pour finir,
elles sont consommées ou vendues généralement entre
1 000 FCFA et 2 000 FCFA le litre.
· L'Ebaye (Pentaclethra
macrophylla)
Photo 4. Gousses et graine
d'ébaye (Pentaclethra macrophylla) (Source :
www.prota.org)
L'ébaye est un PFNL convoité principalement pour
ses graines, qui sont contenues dans de grandes et longues gousses (cf.photo
4). Ces graines sont destinées à la commercialisation.Les
populations locales ne savent pas comment les utiliser. Seuls les Baka
l'utilisent pour la fabrication d'une huile.Son écorce est
utilisée dans la médecine traditionnelle pour soigner le mal de
ventre.
Les recherches menées par l'ICRAF (2012) sur ce PFNL
indiquentque des graines de l'ébaye est extraite une huile comestible.
Ces graines peuvent être consommées bouillies ou grillées,
fermentées elles constituent un condiment ayant un goût de
viande.
· L'amvout (Tricoscypha
abut)
Photo 5. Tricoscypha
abut
C'est un fruit rouge consommé par les populations
etconnu sousplusieurs noms : Boutor (Kako), Ngoyo (Baka), Amvout
(Bulu).Ilest collecté généralement entre le mois de mai et
de juillet. Certains de ces fruits sont acides et d'autres sucrés. Ce
sont les fruits sucrés qui sont généralement
appréciés par les populations.
· Les champignons(Termitomyces
spp.),
Photo 6.
Champignons(Termitomyces spp.),
Ces PFNL alimentairessonttrès appréciés
par les populations locales. Ilsse ramassent pendant les saisons pluvieuses
etsont destinés à l'autoconsommation. Depuis un certain temps,
les « bayam sellam » achètent des mottes de
terre qui sortent de la forêt et sur lesquelles poussent les
champignons.
· Les escargots(Achatinidae
spp.) et les chenilles(Imbrasia spp.),
Photo 7.
Escargot(Achatinidae spp.) et chenilles (Imbrasia
spp.)
Ce sont des sources de protéines animales de la
cueillette qui sont importantes pour les populations.
Les escargots se ramassent généralement pendant
la saison des pluies, ils abondent en forêt après une pluie. Ils
sont destinés à l'autoconsommation. Parfois ils sont vendus au
village. Leprix varie entre 25 FCFA et 50 FCFA l'unité.
En ce qui concerne les chenilles, elles sont principalement
destinées à l'autoconsommation et quelques fois vendues.Elles
sont le plus souvent collectées pendant la saison des pluies,
lorsqu'elles se nourrissent des jeunes feuilles des plantes. Lacollecte est
généralementpratiquée par les femmes et les enfants.Elles
se développent sur des essences d'arbres particulières.Nous avons
pu recenser 6 essences d'arbres au Sud et 8 à l'Est qui fournissent les
chenilles comestibles aux populations locales. Parmi ces arbres, 4 sont
similaires dans les deux Régions.Il s'agit de l'abing, l'ayous, le
sapelli et le raphia comme le présente le tableau 11.
Tableau 11.
Principalesessences fournissant les chenilles au Sud et à
l'Est
Nom scientifique
|
Nom local
|
Nom de la chenille
|
Sud
|
Est
|
Piptadeniastrum africanum
|
Dabema
|
Dabema
|
Oui
|
Non
|
?
|
Essop
|
Chenillle
|
Oui
|
Non
|
Raphia hookeri
|
Raphia
|
Vers blancs/Kanga
|
Oui
|
Oui
|
Peterslanthus macrocarpus
|
Abing/abale
|
Chenillle
|
Oui
|
Oui
|
Triplochiton scleroxylon
|
Ayous
|
Chenillle
|
Oui
|
Oui
|
Entandrophragma cylindricum
|
Sapelli/Assé
|
Assé
|
Oui
|
Oui
|
?
|
Kako
|
Kako
|
Non
|
Oui
|
?
|
Minzi
|
Mbinzi
|
Non
|
Oui
|
?
|
So'o
|
So'o
|
Non
|
Oui
|
Erythropleum spp.
|
Tali/Takou
|
Korfo'o
|
Non
|
Oui
|
· Le rotin (Laccosperma
secundiflorum)
Photo 8. Rotin (Laccosperma
secundiflorum)
Le rotin est utilisé dans l'artisanat pour la
fabrication des paniers et des chaises aussi bien en milieu urbain que rural.
Il se collecte durant toute l'année. D'après les populations pour
obtenir ce PFNL il faut allertrès loin dans la forêt.
· Le palmier(Elaeis
guineensis)et le raphia(Raphia hookeri)
Ces deux PFNL sont particuliers et très importants pour
les populations forestières car, ils ont plusieurs usages. Ils sont
utilisés dans l'alimentation et dans l'artisanat.
Le raphia fournitdes chenilles et du vin qui sont
consommées par les populations. Sa tige, improprement appelée
bambou, est utilisée dans la fabrication des lits, des tabourets, des
claies, descharpentes, et est utilisée comme tuteur. Ses feuilles
entrent aussi dans la fabrication de nattes qui servent de couvertures. A cet
effet, 62% des toits des logements dans la Région de l'Est sont faitsde
matières végétales.
b
a
Photo 9. Nattes (a) et claie
(b) à base de Raphia hookeri
Le palmier est également utilisé pour la
production devin qui est très consommé par les populations
locales. Ce vin est très riche en vitamines.Ses noix sont
utilisées dans la production d'huile de palme et de palmiste. Ses
feuilles sontaussiutilisées dans la construction des toitures et la
fabrication debalais.
Photo 10. Extraction du vin
de palme
· L'ekouk/lombo/emien (Alstonia
boonei)
Alstonia booneiest un arbre appelé
« ekouk » au Sud et « lombo » à
l'Est. Son écorce est utilisée dans la pharmacopée
traditionnelle pour soigner le paludisme, les maux de ventre et de tête.
Il est également utilisé commecontre poison. Les populations
l'introduisent généralement dans les vins de palme et de raphia
avant qu'ils ne soient consommés. Dans la Région del'Est et du
Sud il a été le principal PFNL médicinal collecté
par les populations durant la période d'étude.
· Le moambé jaune (Enantia
chlorantha)
Encore appelée « mfo'o » ou
« po'o », ce PFNL est une essence d'arbre médicinale
dont l'écorce est utilisée pour soigner plusieurs maladies :
la jaunisse,le mal de ventre,les plaies, la gale et le paludisme.
Photo 11. Ecorce de
Enantia chlorantha
6.3.2.4. Les zones de cueillette
La cueillette est une activité qui se déroule
dans plusieurs écosystèmes à savoir les jachères,
les plantations et la forêt. Durant nos enquêtes nous avons
regroupé ces écosystèmes en deux grandes zones à
savoir les espaces agricoles (jachères et plantations) et la
forêt.
En effet, entre mars et septembre, la plupart des PFNL ont
été collectés dans la forêt aussi bien dans la
Région du Sud que dans celle de l'Est. Mais la collecte des PFNL en
forêt est plus importante à l'Estqu'au Sud (Figure 14). Cela
confirme bien ce qui a été relevé plus haut, comme quoi,
au Sud les populations se limitent plus aux espaces agricoles comparativement
à l'Est.
Figure 14. Types et
fréquentation des espaces de cueillette de mars à septembre
2012
En poussant notre analyse plus loin on constate que parmi les
principaux PFNL collectés durant le semestre, certains ont
été collectés uniquement en forêt ou dans les
espaces agricoles, d'autres ont été collectés aussi bien
dans les espaces agricoles que dans la forêt (Figure 15).
Figure 15.
Répartition des principaux PFNL par lieu de collecte au Sud et
l'Est
Il ressort de la figure 15, que parmi les PFNL les plus
importants collectés durant le semestre, le raphia est le seul qui a
été totalement récolté dans la zone agricole au
Sud, contrairement àl'Est, où aucun PFNL n'a été
totalement collecté dans l'espace agricole.
Dans les deux Régions, le moabi a été
uniquement collecté en forêt. Ceci témoigne le fait que ce
PFNL ne se trouve plus à proximité des villages. Quant à
la mangue sauvage, elle a été collectée aussi bienen
forêt que dans la zone agricole, mais la majorité des collectes
s'est faite en forêt.Cinquante pour cent des collectes de njansang dans
la Région du Sud se sont déroulées dans l'espace agricole,
contre 26 % dans la Région de l'Est.
De manière générale, la majorité
des collectes de PFNL dans les deux Régions durant le semestre de
l'enquête s'est effectuée dans la forêt.
6.3.2.5. Les revenus de la
commercialisation des PFNL
La cueillette est une activité qui rapporte des revenus
aux populations des zones forestières. Le tableau 12 présente la
proportion des ménages qui ont perçu un revenu monétaire
de cette activité ainsi que les revenus moyens dans chaque
Région.
Tableau 12. Revenu
semestriel (mars-septembre) de la cueillette
Région
|
Ménages interrogés
|
% des ménages ayant collecté les
PFNL
|
% des ménages collecteurs ayant vendu les
PFNL
|
Médiane (FCFA)
|
Revenu moyen par ménage (FCFA)
|
Ecart type
|
Sud
|
56
|
98
|
72
|
40 500
|
63 771
|
101 480
|
Est
|
77
|
90
|
80
|
37 000
|
53 267
|
49 645
|
Il ressort du tableau 12, que72et 80% des ménages ayant
collecté les PFNLdans lesRégions du Sud et de l'Est
respectivementontperçu un revenu de la cueillette. Il y a donc moins de
ménages qui ont perçu un revenu de cette activité au Sud
comparativement à l'Est.Lerevenu moyen est de 63 771 FCFA par
ménage au Sud et 53 267FCFA à l'Est. La figure 16
présente la distribution des revenus de la cueillette par
ménage.
Figure 16. Distribution
des revenus de la cueillette entre les ménages
La figure 16 révèle que la distribution des
revenus de la cueillette est typiquement log-normale dans les deux
Régions, mais cette hétérogénéité est
plus élevée dans la Région du Sud où 2 % de la
population gagne près 13 fois le revenu de la majorité des
ménages (50 000 FCFA). Ceci se traduit par un écart-type
plus élevé dans la Région du Sud qu'à l'Est.
Tous les PFNL ne contribuent pas à la même
hauteur aux revenus de cette activité. Dela figure 17, il ressort
que les PFNL qui ont le plus généré des revenus durant le
semestre au Sud sont la mangue sauvage, le palmier, le cola, le rotin, le
raphia, le njansang, l'ébaye et les champignons.
Dans la Région de l'Est,il s'agit de : la mangue
sauvage, du raphia,du rotin, du palmier, de l'ébaye, du moabi, du
njansang, du ndimba et d'autres (figure 17).
Donc dans les deux Régions, la mangue sauvage est le
PFNL le plus important du point de vue économique.On constate que le
moabi n'a pas du tout été vendu dans la Région du Sud
durant le semestre alors que dans la Région de l'Est, il a
contribué à hauteur de 5% aurevenu total desPFNL. Ceci pourrait
s'expliquerpar le nombre réduit de ménages (7) qui l'ont
collecté et témoigner de la rareté de cette espèce
dans la Région du Sud comparativement à celle de l'Est.
Figure 17. Importance
relative des divers PFNL au revenu monétaire total de la cueillette au
Sud
Figure 18. Importance
relative des divers PFNL au revenu monétaire total de la cueillette
à l'Est
Des figures 17 et 18, il se dégage aussi que dans la
Région de l'Est il y a plus de PFNL qui sont commercialisés
comparativement au Sud. Ceci peut s'expliquer par une forte dépendance
des habitants de l'Est vis-à-vis de la forêt.
6.3.2.6. Les acteurs de la
commercialisation desPFNL durant le semestre
Tout comme l'activitéde collecte,de manière
généralela commercialisation des produits de la cueillette est
principalement menée par les femmes. En effet,entre mars et septembre,
62% des ventes dans la Région du Sud ont été
réalisées par les femmes, 27 % par les hommes, 6% par les
enfants et 5% par toute la famille. Dans la Région de l'Est 54 % des
ventes ont été réalisées par les femmes, 26% par
les hommes et 20% par toute la famille. Ceci confirme les résultats
trouvés par Djik(1999 : 26), Ayuk et al. (1999)qui ont
également montré que la commercialisation des produits forestiers
non ligneux était contrôlée par les femmes.
Les « bayam sellam » sont les
principaux acheteurs des PFNL dans les deux Régions.78% et 70 % des
PFNL vendus dans la Région du Sud et de l'Est respectivement ont
étéachetés par ceux-ci. L'achat par les populations
riveraines a représenté 22 % au Sud et 30 % à
l'Est.
Parmi les PFNL exploités par les communautés
locales, certains sont convoités par différentes
catégories d'acheteurs.Les PFNL les plus achetés par les
« bayam sellam »au Sud sont principalement la
mangue sauvage (77%), l'ébaye (14%), la cola (7%) et le njansang (3%).
Dans laRégion de l'Est, ce sont la mangue sauvage (41%), l'ébaye
(12%), le moabi (11%), le ndimba (8%), le njansang (7%), et de nombreux
autresPFNL (21%).
Les PFNL qui se vendent le plus localement au Sud sont le
palmier (50%), le rotin (40%). A l'Est ce sont le raphia (24%), les escargots
(17%), le miel (15%), le rotin (10%).
6.3.2.7. Les contraintes liés
à la cueillette
Lors des entretiens avec les cueilleurs, ils nous ont
énuméré quelques difficultésauxquellesils font face
dans la réalisation de cette activité (figure 18)
Figure 19. Principales
contraintes liées à la cueillette selon les cueilleurs
(n=11)
Selon 90% des collecteurs, la première contrainte
liée à l'activité est la distance.Lespopulations estiment
que la plupart des PNFL ont diminué aujourd'hui par rapport au
passé. D'après elles, ceci serait surtoutdû à
l'exploitation forestière de certaines essences qui fournissent les PFNL
et l'accroissement démographique qui augmente le nombre de collecteurs.
Pour collecter les PFNL les populations doivent parcourir de longues distances,
surtout pour le moabi. « Avant on trouvait le moabi à
proximité maintenant il faut aller loin pour la
collecte ».Ceci est dû au fait que certaines essences qui
étaient à proximité des villages ont été
coupées par les exploitants forestiers.
Quarante-cinq pourcent des collecteurs rapportent que
l'absence de marché local de PFNL est une contrainte de la
cueillette. Les populations n'ont pas de marché où elles peuvent
avoir un bon prix pour leurs produits, par conséquent elles sont
obligées d'accepter le prix de l'acheteur qui vient au village.
Quarante-cinq pourcent des collecteurs rapportentaussi que
l'irrégularité de la production de certains
PFNL empêche les populations d'en faire une activité
génératrice de revenus à long terme.
Les risques d'accidents pendant la collecte et la
transformationsont mentionnés par 36% des collecteurs.La collecte se
fait en pleine forêt où on trouve des animaux sauvages comme le
gorille, les scorpions et serpentsqui peuvent attaquer les collecteurs ;
des fruits peuvent également tomber sur leur têteet les blesser.
L'obtention des amandes de la mangue sauvage se faire grâce à un
objet tranchant ce qui provoque souvent des blessures.
Neuf pourcent des collecteurs ont fait mention des
tracasseries des autorités.Les populations au Sud se plaignent du fait
que les agents des eaux et forêts saisissent les
PFNL.« On arrête les villageois avec leurs mangues sauvages
alors que ça pourrit en brousse ». A l'Est par contre,
les populations disent n'avoiraucun problème avec les agents des eaux et
forêts.
Selon les populations,pour que la cueillette constitue une
activité génératrice de revenus il faut que ces
contraintes soient levées.
6.3.3. La chasse
Les PFNL renvoient généralement aux produits de
la cueillette, alors que les produits de la chasse constituent une source
d'approvisionnement en protéines et de revenus pour les populations.
Cette activité est pratiquée par plusieurs ménages. Elle
concerne tous les types d'animaux allant des oiseaux aux grands
mammifères comme les éléphants et les grands singes. Le
tableau13 dresse la liste des animaux chassés par les populations
riveraines des concessions forestières de la Région du Sud et de
l'Estdu Cameroun.
Tableau 13.
Différentes espèces chassées dans les Régions du
Sud et de l'Est
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Mammifères
|
Neotragus spp.
|
Antilope
|
Hyemoschus spp
|
Biche
|
Felis aurata
|
Chat-tigre
|
Pan troglodytes
|
Chimpanzé
|
Viverra civetta
|
Civette
|
Procavia spp.
|
Daman
|
Eutamias spp.
|
Ecureuil
|
Loxodonta africana africana
|
Eléphant
|
Gazella spp.
|
Gazelle
|
Gorilla gorilla
|
Gorille
|
Thyronomys shinderianus
|
Hérisson
|
Cephalophus spp.
|
Lièvre
|
Atilax paludinosus
|
Mangouste
|
Manis tricuspis
|
Pangolin
|
Manis gigantea
|
Pangolin géant
|
Phacochoeries aethiopicus
|
Phacochère
|
Atherurus africanus
|
Porc-épic
|
Cricetomys spp.
|
Rat palmiste
|
Sus scrofa
|
Sanglier
|
Cercopithecus spp.
|
Singe
|
Mus spp.
|
Souris
|
Spalax spp.
|
Taupe
|
Oiseaux
|
Aquila chrysætos
|
Aigle
|
Bucarvus abyssinians
|
Calao
|
Perdrix perdrix
|
Perdrix
|
Agelastes meleagrides
|
Pintade
|
Ramphastos spp.
|
Toucan
|
Reptiles
|
Python sebae
|
Boa
|
Osteolaemus tetrapis
|
Crocodile
|
Dendroaspis polylepis
|
Serpent noir
|
Trionyx spp.
|
Tortue
|
Varanus spp.
|
Varan
|
Atheris spp.
|
Vipère
|
Sur les 33 espèces identifiées, 67%sont des
mammifères, 15%des oiseauxet 18% des reptiles.
6.3.3.1. L'organisation de
l'activité
La chasse est une activité plus pratiquée par les
hommes, il ressort de la figure20 que les hommes ont collecté 91% des
prises au Sud et 98% à l'Est entre mars et septembre 2012.
Figure 20.
Différents types de chasseurs par Région en mars et
septembre
Les produits de la chasse sont destinés à
l'autoconsommation et à la vente. La chassese pratique principalement au
piège et au fusil. Les pièges sont fabriqués avec des
piquets ou des câbles en acier. Ils sont le plus souvent installés
dans les champs situés à proximité du village, afin de
pouvoir les visiter régulièrement. Quant aux fusils, ils sont
fabriqués localement et sont de plus en plus utilisés. Les
chasseurs qui les utilisent pratiquent généralement la chasse de
nuit, car disent-ils, « c'est la nuit qu'on trouve beaucoup de
gibier ». Les chasseurs utilisent beaucoup plus les fusils dans
la Région de l'Est comparativement à la Région du Sud
(Figure 21).Alors que selon l'article 80 de la loi n°94 /01 du
20 janvier 1994 de la forêt et de la faune, sauf autorisation
spéciale, la chasse de nuit et la chasse au fusil sont interdites.Ces
populations se retrouvent donc en situation illégale lors de la
réalisation de ces types de chasse.
Figure 21.
Différents types de chasse par Région de mars à septembre
2012.
Cette activité se pratique toute
l'année.Cependant, c'est en saison de pluies qu'elle est favorable, car
les traces des animaux se voient facilement, et le sol tendre facilite
l'installation des pièges, les feuilles sont fraîches et ne font
pas de bruit lorsqu'on les écrase. Tout comme la cueillette, pour
pratiquer cette activité on n'a besoin d'aucune autorisation
coutumière.La chasse dans les champs est réservée aux
propriétaires de ceux-ci, mais en pleine forêt tout le monde peut
chasser. Les chasseurs utilisent aussi des campements. Les distances parcourues
pour chasser varient entre 15 et 100 km des villages. Dans la Région de
l'Est, les chasseurs vont nettement au-delà des champs, comparativement
à ceux de la Région du Sud qui se limitentle plus souvent aux
environs des cacaoyères.
En fonction des motivations du chasseur on distingue la chasse
personnelle et la chasse pour autrui.
La chasse personnelle,se pratiquelorsqu'un individu
décide tout seul d'aller attraper du gibier et dispose alors de son
butin comme bon lui semble (vente ou consommation).
La chasse pour autrui, intervientlorsqu'un acheteur (un
« bayam sellam ») vient voir un chasseur pour que
ce dernierlui rapporte du gibier. Certains avancent de l'argent aux chasseurs
afin que ceux-ci chassent pour eux. A défaut de l'argent, ils peuvent
offrir des cartouches aux chasseursen contrepartiedu gibier. En
général, sur 25 cartouches, 10 prisesreviennent au chasseur, 15
au fournisseur. Le fournisseur peut venir avec ses porteurs pour participer
à la chasse. Avec ce système si le chasseur manque sa cible alors
c'est le fournisseur qui perd. D'autres fournisseurs ne participent pas
à la chasse,ils donnent juste les munitions et attendent 15 gibiers.Si
le chasseur manque sa cible, il retire une cartouche sur son lot pour
compléter celles du fournisseur.
6.3.3.2. Le degré de
dépendance des ménages de la chasse
Entre mars et septembre, 74 % des ménages
enquêtés à l'Est ont chassé au moins une
espèce animale, contre 79% des ménages enquêtés au
Sud. Ces pourcentages sont inférieurs à ceux de la cueillette
(90% à l'Est et98% au Sud) aussi bien dans la Région de l'Est que
celle du Sud. Ceci montre que la chasse n'occupe pas autant deménages
que la cueillette. Durant la même période, en moyenne 34prisespar
ménages ont été recensées au Sud contre76à
l'Est. Ces différentes prises sont constituées de 22 et 29
espèces animales au Sud et à l'Est respectivement. Le tableau 14
présente les espèces les plus collectées dans les
différentes Régions.
Tableau 14. Les 10
espèces les plus chassées entre mars et septembre 2012 au Sud et
à l'Est
Région
|
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Nombre de prises
|
Nombre de ménages
concernés
|
Rang
|
Sud
|
Cricetomys spp.
|
Rat
|
552
|
40
|
1
|
Atherurus africanus
|
Porc épic
|
389
|
36
|
2
|
Cephalophus spp
|
Lièvre
|
140
|
24
|
3
|
Manis spp.
|
Pangolin
|
132
|
27
|
4
|
Cercopithecus spp
|
Singe
|
52
|
7
|
5
|
Varanus spp.
|
Varan
|
37
|
13
|
6
|
Atheris spp.
|
Vipère
|
29
|
16
|
7
|
Leopardus wiedii
|
Chat-tigre
|
26
|
10
|
8
|
Dendroaspis polylepis
|
Tortue
|
23
|
10
|
9
|
Hyemoschus spp
|
Biche
|
21
|
9
|
10
|
Est
|
Cricetomys spp.
|
Rat
|
913
|
47
|
1
|
Atherurus africanus
|
Porc épic
|
769
|
48
|
2
|
Cephalophus spp.
|
Lièvre
|
558
|
48
|
3
|
Cercopithecus spp
|
Singe
|
384
|
28
|
4
|
Manis spp.
|
Pangolin
|
226
|
36
|
5
|
Hyemoschus spp
|
Biche
|
180
|
34
|
6
|
Atheris spp.
|
Vipère
|
156
|
30
|
7
|
Perdrix perdrix
|
Perdrix
|
153
|
17
|
8
|
Varanus spp.
|
Varan
|
141
|
14
|
9
|
Ramphastos spp.
|
Toucan
|
132
|
17
|
10
|
Figure 22. Nombre moyen de
prises par ménage des espèces similaires les plus
chassées
La figure 22 montre une similitude entre les espèces
les plus chasséesdurant le semestre dans les deux Régions. En
effet, 80% des espèces les plus chassées sont similaires dans les
deux Régions. Cependant, le nombre moyen de prises par ménage est
plus important dans la Région de l'Est comparativement à la celle
du Sud.Cela peut s'expliquer par le fait qu'il y a plus de gibiersà
l'Est qu'au Sud.
6.3.3.3. Les zones de chasse
Durant le semestre de l'enquête, les gibiers ont
été attrapés aussi bien dans l'espace agricole que dans la
forêt. De manière générale, il y aeu moins de prises
dans l'espace agricole qu'en forêt. Le nombre de prises dans l'espace
agricole a été plus élevé dans la Région du
Sud comparativement à celle de l'Est (Figure 23).
Figure 23. Types et
fréquentation des espaces de chasse de mars à septembre
2012
Les figures 24 présentes les espèces les plus
chassés en fonction des écosystèmes dans les
différentes Régions.
Figure 24.
Répartition des espèces les plus chassées en fonction des
écosystèmes au Sud et à l'Est
De la figure 24, il se dégage que les espèces
qui ont été attrapées dans la zone agricole au Sud et
à l'Est sont les rats, les porcs-épics, le pangolin et la
vipère. Mais la vipère est la seule espèce qui a
été majoritairement attrapée en zone agricole dans la
Région du Sud (67%). Par contre dans la Région de l'Est toutes
les espèces ont été majoritairement attrapées en
forêt. Ceci montre bien que les populations desRégions de l'Est
vont chasser bien au-delà des espaces agricoles. Et ça peut
s'expliquer par le fait que le niveau de vie est plus élevé dans
la Région du Sud qu'à l'Est.
6.3.3.4. Les revenus et acteurs de la
commercialisation du gibier
La figure 25 présente les différents types
d'acheteurs de gibier dans les zones d'étude.
Figure 25.
Différents types d'acheteurs de gibier dans les deux
Régions
Les « bayam sellam » ne sont pas
les seuls acheteurs de gibier, il y a aussi les villageois et les passants
(figure 24).Mais, entre mars et septembre 2012, les « bayam
sellam »ont été les principaux acheteurs des
gibiers à l'Est contrairement au Sud où les ventes se sont faites
beaucoup plus entre les villageois. Cette différence pourrait
s'expliquer par le fait que le petit commerce local,notamment la restauration
est plus développée au Sud qu'à l'Est.
D'après le tableau 16, 59et 84% des ménages
ayant attrapé au moins un gibier entre mars et septembre dans
lesRégions du Sud et de l'Est respectivement ont perçu un revenu
de la chasse. Il y a plus de ménages qui vendent du gibier dans la
Région de l'Est que dans la Région du Sud. Le revenu moyen dela
chasse par ménage durant cette période est de
64 981 #177; 106 094 FCFA au Sud
et107 796 #177; 140 849 FCFA à l'Est.
Tableau 15. Revenu
semestriel (mars-septembre) de la chasse
Région
|
% des ménages ayant chassé
|
% des ménages de chasseur ayant vendu du
gibier
|
Médiane (FCFA)
|
Revenu monétaire moyen par ménage
(FCFA)
|
Ecart type
|
Sud
|
79
|
59
|
22 000
|
64 981
|
106 094
|
Est
|
74
|
84
|
75 500
|
110089
|
142584
|
La figure 26 présente la distribution des revenus de la
chasse au Sud et à l'Est.
Figure 26. Distribution
des revenus de chasse
Il ressort de la figure 26 que la distribution des revenus
dans ces Régions n'est pas normale. Ils y a quelques chasseurs
professionnels qui vendent du gibier constamment et gagnent beaucoup d'argent
comparativement aux autres chasseurs qui gagnent de l'argent de manière
sporadique, d'où ces grands écart-types.
6.3.3.5. Les contraintes liées
à l'activité
Les chasseurs ont énuméré un certain
nombre de contraintes liées à l'activité (figure 27)
Figure 27. Principales
contraintes liées à la chasse d'après les chasseurs
(n=14)
Les populations ont leur propre perception du terme
braconnier. C'est une personne qui vient chasser dans leur forêt alors
qu'il n'habite pas dans un village riverain de cette forêt. A cet effet,
86% des chasseurs interrogés estiment que, le nombre accru de
braconniers qui utilisent les pistes forestières pour se rendre dans les
forêtsconduit à une diminution du gibier. Dans le même sens,
71% des chasseurs estiment que le bruit des engins d'exploitation
forestière est à l'origine de la fuite des
animaux.Soixante-quatre pourcentpensent que l'activité en soi est
pénible. Selon eux, cette activité est sujette à des
risques d'accidentssurtout en ce qui concerne la chasse de nuit.Ils peuvent
s'égarer en forêt ou être attaqués par un serpent, un
gorille.Un chasseur peut confondre une personne à un gibier et lui tirer
dessus. Il y a aussi des jours où ils vont à la chasse et ne
ramènent rien. En plus des contraintes mentionnées ci-dessus, 36%
chasseurs disent que les agents des eaux et forêts saisissent leurs
gibiers, lorsque les prises sont nombreuses.
Les populations estiment que cette activité n'est pas
durable ; car selon eux, « les animaux vont finir et ce
n'est qu'une activité complémentaire à
l'agriculture ».
6.3.4. Le sciage artisanal
En dehors de l'agriculture, la cueillette et la chasse, le
sciage artisanal occupe aussi une place de choix dans les différentes
sources de revenus en zones forestières.Les populations locales tirent
des revenus importants de cette activité (Cerutti et Lescuyer, 2010).
Entre mars et septembre 2012, 27%des ménages au Sud et
49% des ménages à l'Est ont tiré un revenu decette
activité.
6.3.4.1. La description de
l'activité
Le sciage artisanal emploie plusieurs catégories
d'acteursau niveau local : les prospecteurs, les vendeurs d'arbres, les
scieurs, les débardeurs, les chargeurs et les superviseurs ou
responsables.
· Les superviseurs ou responsables sont les personnes qui
sont en charge de la gestion de l'activité localement
appelée« chantier ». Ceux-ci sont des habitants du
village et fonctionnent le plus souvent en partenariat avec un entrepreneur
urbain qui finance généralement l'activité, vu qu'elle
nécessite beaucoup d'argent.
· Les prospecteurs sont les individus qui identifientla
position des essences en forêt ou dans les parcelles agricoles et
viennent informer les superviseurs. Ceux-ci sont payés en fonction du
type d'essence, de son état, de sa distance par rapport à la
route et de leur pouvoir de négociation.
· Le vendeur d'arbres est la personne qui vend les
essences qu'il possède sur sa parcelle. Le montant qu'il reçoit
dépend aussi de son pouvoir de négociation. Ce dernier peut
s'autofinancer ou recevoir un financement externe et employer un scieur.
· Le scieur est celui qui abat les arbres et les
débite. Il est payé en fonction du nombre d'arbres abattus et du
nombre de pièces débitées.
· Les débardeurs sont les personnes qui
transportent les pièces débitées de la forêt
à la route. Leurs rémunérations dépendentdu nombre
de pièces transportéeset de la distance par rapport à la
route.
· Les chargeurs sont ceux qui chargent les pièces
dans les camions. Ils sont payés en fonction du nombre de pièces
chargées.
En général, la rémunération des
acteurs de la chaine au niveau local est proportionnelle à la valeur de
l'essence.
Lorsqu'un entrepreneur urbain vient au village, il contacte
une personne (superviseur) avec qui il s'accorde sur le type d'essence, le
nombre de piècesdont il a besoin et le montant à
débourser.Le superviseur peut demander une avance à son
partenaire. Ensuite, il cherche un prospecteur qui identifie les arbres soit en
forêt ou dans les parcelles agricoles. Aussitôt les essences
identifiées, le superviseur vient négocier avec le
propriétaire. Quand c'est en pleine forêt, il paye juste la
prospection.Dès qu'il y a accord entre les différentes parties,
le superviseur engage un ou plusieurs scieurs et leur fournit le
matériel nécessaire (carburant, huile, éventuellement une
tronçonneuse) et une avance de paiement.Une fois l'arbre scié et
débité, le superviseur engage les débardeurs, puis des
chargeurs qui vont mettre les pièces dans un véhicule pour
qu'elles puissent être transportées en ville. Certainssuperviseurs
ne s'occupent pas du transport jusqu'à la ville.Leur travail se limite
au débardage, ceci afin d'éviter les
tracasseriesroutières, c'est le
« parc-brousse ».Dans ce cas, c'est l'entrepreneur qui se
charge des tracasseries routières.
Les scieurs ont révélé que les essences
qu'ils scient proviennent aussi bien de la zone tampon (agricole) que de la
concession.Durant la période de l'enquête, le bubinga est
l'essence qui a été la plus exploitée de manière
artisanale au Sud, alors que dans la Région de l'Est, l'ayous suivi de
l'ébène sont les essences les plus exploitées comme
l'indique le tableau 16.
Tableau 16. Principales
essences d'arbres exploitées au Sud et à l'Est entre mars et
septembre
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Nombre de ménages
concernés
|
Sud
|
Guibourtia spp.
|
Bubinga
|
8
|
Diospyros crassiflora
|
Ebène
|
1
|
Sarcocephalus spp.
|
Bilinga
|
1
|
Afzelia spp.
|
Doussié
|
1
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
1
|
Millettia spp.
|
Wengue
|
1
|
Est
|
Triplochiton scleroxylon
|
Ayous
|
22
|
Diospyros crassiflora
|
Ebène
|
7
|
Entandrophragma cylindricum
|
Sapelli
|
3
|
Erythrophleum gabunense
|
Adoum
|
2
|
Afzelia spp.
|
Doussié
|
2
|
Erythropleum spp.
|
Tali
|
2
|
Terminalia superba
|
Fraké
|
1
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
1
|
Baillonella toxisperma
|
Moabi
|
1
|
Sterculia rhinopetala
|
Nkana
|
1
|
Pterocarpus spp.
|
Padouk
|
1
|
6.3.4.2. Le revenu de
l'activité
Durant le semestre de notre enquête, cette
activité a généré un revenu moyen par ménage
concerné de 408 929 #177; 914 670 FCFAdans la
Région Sud et de 118 471#177; 245 242 FCFA dans la
Région de l'Est. Le revenu moyen du sciage est plus élevé
dans la Région du Sud que dans celle de l'Est, malgré la faible
proportion de ménages qui ont été impliqués dans
l'activité au Sud (27%)comparativement à l'Est (49%). Ceci peut
s'expliquer par le fait que le bubinga (Guibourtia spp.) est une
essence qui a une grande valeur économique sur le marché
camerounais.Selon l'
arrêté
n° 2401/MINFOF/ CAB du 9 novembre 2012 du ministre des Forêts,
l'exploitation du bubinga est suspendue sur l'étendue du domaine
national, vu qu'ellefaisait l'objet de nombreux trafics etqu'elle est
menacée d'extinction.
Photo 12. Sciage artisanal
d'un pied de bubinga (Guibourtia spp.)
La figure 28 présente la distribution des revenus entre
les ménages dans les différentes Régions.
Figure 28. Distribution
des revenus du sciage artisanal
Il se dégage de la figure 28 que la plupart des
ménages impliqués dans cette activité ont un revenu
inférieur à 500 000 FCFA ; et il y a quelques individus
qui se taillent une grande partie des revenus, surtout dans la région de
Sud. Ceci explique ces grands écart-types observés dans ces deux
Régions.Le tableau18 présente les revenus moyens par types
d'acteurs dans les Régions d'étude.
Tableau 17. Revenus
moyensdu sciage par catégories d'acteurs locauxde mars à
septembre 2012
Région
|
Catégorie d'acteur
|
Nombre de ménages concernés
|
Revenu moyen
|
Ecart-type
|
SUD
|
Superviseur
|
5
|
1 018 000
|
1 404 536
|
Débardeur
|
3
|
76 667
|
89 489
|
Prospecteur
|
2
|
121 000
|
111 723
|
Chargeur
|
2
|
21 500
|
19 092
|
Vendeur
|
3
|
120 000
|
10 000
|
EST
|
Superviseur
|
9
|
371 722
|
422 684
|
Débardeur
|
8
|
31 521
|
35 303
|
Prospecteur
|
1
|
20 000
|
-
|
Chargeur
|
8
|
51 888
|
52 355
|
Vendeur
|
12
|
23 333
|
18 396
|
Il ressort du tableau 17 que les superviseurs sont les plus
grands bénéficiaires de cette activité au niveau local au
Sud et à l'Est.Ils ont le revenu moyen le plus élevé de
cette activité.Excepté les chargeurs, les autres
catégories d'acteurs ont un revenu plus élevé dans la
Région du Sud comparativement à la Région de l'Est.Ceci
montre également que cette activité est plus importante en termes
de revenu moyen dans le Sud qu'à l'Est.
6.3.4.3. Contraintes du sciage
artisanal
Les scieurs estiment que cette activité est très
risquée, l'abattage et le débitage des arbres requièrent
beaucoup de dextérité. L'arbre peut changer de direction et venir
tomber sur le scieur. Les débardeurs et les chargeurs estimentque cette
activité est sujette à des risques de maladies comme les
hernies.
Les superviseurs déclarent que cette activité
est risquée car elle est illégale et ne pourrait être
durable que si l'on pouvait la légaliser et leur permettre d'aller au
port vendre leur bois à un bon prix.Ils trouvent en elle une source de
capital qui pourrait leur permettre de se lancer dans d'autres activités
comme l'agriculture et le commerce.
Les vendeurs estiment que les exploitants n'achètent
pas bien leur bois. Ils disent qu'ils n'ont pas le choix, car ils ont besoin
d'argent pour faire vivre leurs familles.Un riverain a déclaré
« et si je meurs aujourd'hui, je dois faire comment ? Je
dois attendre que mon fils en bénéficie et
souffrir ?Non !». Ceci montre que les riverains
veulent satisfaire les besoins immédiats sans tenir compte des
générations futures.
6.3.5. Perception des populations
vis-à-vis des activités
D'une manière générale, les populations
locales estiment que les activités liées aux ressources
forestières ne sont pas durables, comparativement à
l'agriculture. Ce sont des activités complémentaires à
l'agriculture. A cet effet, 96% et 95% des ménages interrogés au
Sud et à l'Est respectivement estiment que l'agriculture est la source
de revenus qui peut augmenter au cours des prochaines années. Selon
elles, les quantités produites aujourd'hui sont supérieures
à celles produites dans le passé. Elles pensent augmenter les
surfaces cultivables et les quantités produites dans les années
à venir. Malgré l'importance de l'agriculture, les populations
locales reconnaissent que les produits forestiers jouent aussi un rôle
non négligeable en termes de subsistance dans leurs vies. Ils
constituent un important filet de sécurité.
Figure 29. Revenu filet
des ménages (en % des ménages enquêtés)
La figure 29, montre que 55% des ménages dans la
Région de l'Est et 38% dans la Région du Sud estiment qu'en cas
de coup dur, ce sont les activités liées aux produits forestiers
(chasse, cueillette et sciage) qui peuvent leur apporter un minimum vital. On
constate également que dans la Région de l'Est, il y a plus de
ménages qui ont cité les activités liées aux
produits forestiers comme revenu filet. Les populations de l'Est sont plus
dépendantes des produits forestiers que celles du Sud. Ceci pourrait
s'expliquer par un niveau de scolarisation et de vie moins élevé
dans cette Région comparativement à celle du Sud.
Ces résultats confirme les travaux d'Arnold et Townson
(1998) qui rapportent que plusieurs ménages continuent à
générer une partie de leurs revenus des activités
liées aux produits forestiers, parce qu'ils sont incapables d'avoir
assez de revenus de l'agriculture ou des salaires. Pour ces familles, ces
activités liées aux produits forestiersconstituent un
« filet de sécurité » et sont facilement
remplacés quand des opportunités plus
rémunératrices et moins difficiles s'offrent à eux.
6.4. Perceptions croiséesdes populations riveraines
et des concessionnairesvis-à-vis de l'exploitation forestière
6.4.1. Identification des
espèces exploitées par les concessionnaires qui sont à
usage multiple
Parmi les essences exploitées par les compagnies
forestières certaines sont utilisées par les populations locales
comme PFNL et pourraient de ce fait être à l'origine de conflits
d'usage entre les deux parties. Le tableau 18présenteles principales
essences identifiées, qui sont exploitées par les compagnies
forestières ayant également un usage de PFNL.
Tableau 18. Espèces
exploitées par la SCTB et la FIPCAM ayant un usage de PFNL
Nom scientifique
|
Nom commercial
|
Produit/usage
|
*Baillonella toxisperma
|
Moabi
|
Alimentation et médicament
|
Afzelia bipindensis harms
|
Doussié
|
Médicament
|
Canarium schweinfurthii
|
Aiélé (encens)
|
Médicament
|
Ceiba pentandra
|
Fromager
|
Médicament
|
Cylicodiscus gabonensis
|
Adoum/Okan
|
Médicament
|
Distemonanthus benthamianus
|
Movingui
|
Médicament
|
Entandrophragma spp.
|
Tiama
|
Médicament
|
Guarea spp.
|
Bossé
|
Médicament
|
Guibourtia spp.
|
Bubinga/oveng
|
Médicament
|
Homalium spp.
|
Amvim
|
Médicament
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
Médicament
|
*Picralima nitida
|
Emien/Ekouk/gouga/lombo
|
Médicament
|
Pterrocarpus soyauxii
|
Padouk
|
Médicament
|
Terminalia superba
|
Akom/limba/fraké
|
Médicament
|
*Entandrophragma cylindricum
|
Sapelli
|
Médicament et chenilles
|
*Erythrophleum ivorense
|
Elone/tali
|
Médicament et chenilles
|
*Peterslanthus macrocarpus
|
Abing/abale
|
Médicament et chenilles
|
*Piptadeniastrum africanum
|
Dabema/tom
|
Médicament et chenilles
|
*Triplochiton scleroxylon
|
Ayous
|
Médicament et chenilles
|
* Essences multi-usages ayant fournis des PFNL entre mars et
septembre 2012
Dix-neuf essences exploitées pour leur bois par les
compagnies et comme PFNL par les populations locales ont été
identifiées. Ces essences sont surtout utilisées dans la
pharmacopée traditionnelle, et comme source de
chenillesalimentaires.Parmi ces 19 essences seulement 7 ont fourni des PFNL aux
populations locales entre mars et septembre 2012. Il s'agit de Baillonella
toxisperma, Picralima nitida, Entandrophragma cylindricum, Erythrophleum
ivorense, Peterslanthus macrocarpus, Piptadeniastrum africanum et de
Triplochiton scleroxylon. L'étude ayant couvert la grande
période de cueillette,cela montre que les autres PFNL sont
utilisés de manière occasionnelle.
Dans certains villages, les populations riveraines abattent ou
vendent eux-mêmes les arbres générant les PFNL dans la zone
agricole et même dans les UFA pour approvisionner le marché des
bois illégaux. Dans ces cas, l'abattage est orienté
principalement vers des essences à forte valeur sur le marché du
bois (bubinga, moabi, ayous et sapelli.) de façon à
récupérer un maximum de profit à court terme.
6.4.2. Perception de l'impact de
l'exploitation par les populations locales
L'exploitation forestière nécessite plusieurs
ressources techniques, financières et humaines. Elle engendre de ce fait
au sein des communautés locales de nouveaux types de rapports sociaux
entre les individus au sein d'un même groupe et entre les
différents groupes sociaux. Elle modifie les modes de vie des
sociétés humaines concernées au point où les
populations locales en perçoivent elles-mêmes les impacts. Il a
été demandé aux différents villages durant
12focus groupde citer les avantages et les inconvénients de
l'exploitation forestière dans leurs localités.Le tableau 19
présente les perceptions des populations locales vis-à-vis de
l'impact de l'exploitation forestière sur leur vie.
Tableau 19. Perceptions
des populations locales vis-à-vis de l'impact de l'exploitation
forestière
Impacts positifs
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Ouverture et entretien des routes
|
8
|
67
|
Développement du petit commerce
|
5
|
42
|
Emploi et formation des jeunes
|
2
|
17
|
Utilisation des pistes et routes forestières
|
2
|
17
|
Satisfaction des doléances
|
2
|
17
|
Augmentation de certains PFNL
|
2
|
17
|
Impactsnégatifs
|
Fréquence
|
|
Diminution de certains PFNL
|
8
|
67
|
Diminution des gibiers
|
7
|
58
|
Problème d'emploi et formation des jeunes
|
6
|
50
|
Non satisfaction des doléances
|
5
|
42
|
Non rétrocession de la RFA
|
4
|
33
|
Modification du climat
|
2
|
17
|
Absence de reboisement
|
2
|
17
|
Dégâts dans la forêt
|
1
|
8
|
Infidélité/abandon des foyers
|
1
|
8
|
Apparition du VIH/SIDA
|
1
|
8
|
Il ressort du tableau 19 que l'exploitation forestière
est perçue comme ayant simultanément des impacts positifs et
négatifs sur la vie des populations locales.
L'exploitation forestière a des impacts négatifs
sur la collecte des PFNL. Certains arbrespourvoyeurs de PFNL diminuent car, ils
sont exploités par les compagnies et les scieurs artisanaux. Ce qui
oblige les populations à fournir davantage d'efforts pour collecter ces
PFNL.Nous avons identifié 19 essences qui sont convoitées par les
compagnies et les populations locales (cf. tableau 18). Parmi, ces essences,
celle la plus mentionnée est le moabi.Les riverains pensent aussi
qu'enexploitant le bois, les différents opérateurscréent
des dégâts dans la forêt, modifiant ainsi le climat de la
Région.Ils détruisent les arbres qui fournissent les PFNL comme
la mangue sauvage et le njansang lors des opérations d'abattage, de
débardage et de construction des pistes et des routes
forestières.En plus de cela, ils disent que les compagniesne reboisent
pas les arbres qu'elles coupent, ce qui va conduire à une disparition
des essencesqui sont exploitées aujourd'hui.
Les populationsse plaignent du fait que l'exploitation
forestièrea conduit à la raréfaction dugibier. Autrefois
elles chassaient derrière les cases, mais aujourd'hui il faut parcourir
plusieurs kilomètres en forêt, voire des jours pour pouvoir
attraper un gibier. Selon elles, ceci serait dû à plusieurs
causes:
· Les bruits des engins qui font fuir les
animaux ;
· La facilitation du braconnage. Les braconniers
utilisent les routes et pistes forestières pour se rendre dans leur
forêt.Certains chauffeurs des compagnies aident les braconniers en les
transportant et en leur fournissant des munitions ;
· La multiplicité des chasseurs, due à un
accroissement de la population locale et au développement du
marché de la viande de brousse.
Les populations se plaignentdu fait qu'il n'y a pas assez de
jeunes qui sont formés et employés dans les compagnies
forestières. Ces dernièresne satisfont pas leurs
doléances. Les villages proches des bases d'exploitation sont plus
satisfaits que ceux quien sont éloignés car leurs jeunes sont
employés.
L'exploitation forestière entraine la
dépravation des moeurs ; abandons de foyer,multiplication et
accroissement des cas d'infidélité conjugale. Les cas
d'infections sexuellement transmissibles ou de VIH/SIDA se multiplient et
fragilisent l'état de santé des populations riveraines.
La non-rétrocession des RFA aux populations est
unimpact négatif indirect de l'exploitation forestière. Les
populations riveraines se plaignent du fait qu'elles ne perçoivent pas
les RFA régulièrement, alors qu'elles savent que les compagnies
s'acquittent du paiement de la RFA. Elles disent que cette RFA est
bloquée au niveau des communes. Dans le cas où unmaire veut
donner cette RFA, il ne réalise pas les projets qui sont prioritaires
pour les populations. Le plus souvent ils offrent des machettes, des houes et
des limes, à ces derniers, alors qu'ils ont besoin d'eau potable ou
d'électricité.A cet effet, les ONG souhaiteraient que la RFA
soitrétrocédée aux populations sous forme d'oeuvres
sociales suite à l'élaboration d'un plan de développement
local par les populations,dans lequel sonpriorisés leurs besoins. Comme
très peu de villages ont un plan de développement local, les
maires ne savent pas comment prioriser les 10% de RFA qui leur reviennent et
réalisent les projets qu'ils jugent importants.
Comme impacts positifs, les populations locales reconnaissent
qu'avec l'exploitation forestière, les compagnies ouvrent et
entretiennent les routes. Il y a une augmentation du nombre de personnes dans
les villages, ce qui crée une grande dynamique dans les villages proches
de la compagnie. Il y a un volume important d'argent qui circule, par ricochet
l'économie locale se développe.Il y a aussi plus de
possibilités de vendre les produits agricoles et les PFNL. Les
populations utilisent les pistes et les routes forestières pour
accéder aux plantations et évacuer leurs produits.Contrairement
aux autres, les populations des villages de Kagnol 11 et Kouédjina
à l'Est proches l'ancienne scierie de la SEBC et loin de la base de la
SCTB, nous ont révélé que depuis que la SEBC est partie,
leurs routes sont devenues mauvaises par manque d'entretien. Les motivations
pour l'agriculture ont diminué car ils y a très peu d'occasions
pour vendre les produits. Le commerce local est progressivement
amenuisé. De même, les populations de Bissam et de Meyos nous ont
rapporté que lorsque la FIPCAM exploitait les AAC proches de leur
village elle entretenait la route et il y avait beaucoup d'acheteurs qui
venaient dans les villages.
Le long des routes et des pistes forestières, il y a
une augmentation des PFNL comme le njansang et l'igname sauvage.Ces
résultats confirment les travaux de Djik(1999 : 61), Tieguhong et
Ndoye (2007) et Rist et al. (2012)
6.4.3. Perception de l'impact de
l'exploitation par les personnes ressources de la compagnie
Après avoir discuté avec les populations
locales, nous avons rencontré les personnes ressources des compagnies,
pour avoir leur point de vue. Il s'en est dégagé qu'il existe
quelques points de discorde entre elles et les populations riveraines.
La croissance rapide des activités agricoles des
populations locales dans les concessions, alors que les compagnies veulent
préserver la forêt pour faire plusieurs rotations. Tout ce que les
compagnies font, c'est de sensibiliser les populations et de renouveler leurs
limites afin de dissuader les populations d'étendre leurs
plantations.
Le sciage illégal se déroule souvent dans la
concession, mais les concessionnairesn'ont pas le droit de saisir le bois. Ils
ne peuventqu'informer l'administration forestière, mais celle-ci est
lente à réagir, ce qui laisse le temps aux scieurs de s'enfuir.
Les agents des eaux et forêtsestiment qu'ils n'ont pas assez d'effectifs
et de moyens pour intervenir rapidement.
Avec l'engagement des compagnies dans le processus de
certification notamment la FIPCAM, les compagniesérigentdes
barrières à l'entrée des concessions, pour contrôler
les entrées et sorties, ce qui n'arrange pas les populations locales.
Ils essaient de satisfaire les doléances des
populations. Cependant l'ignorance de la loi fait que ces dernières
demandent toujours ce qui n'est pas ressort des concessionnaires. La SCTB a
affirmé être en train de trouver un compromis avec les populations
pour satisfaire les doléancesrelatives à unedemande de 5 000
tôles.
Les compagnies ne peuvent pas employer tous les jeunes des
villages. Car non seulement il n'y a généralement pas de main
d'oeuvre qualifiéedans les villages et leur capacitéd'emploi est
limitée comparativement à la demande. Dans certains cas elles
forment les jeunes et ceux-ci ne veulent pas travailler pour cause de paresse.
En effet, la FIPCAM emploie environ 50 personnesdont 20 à 30 sont des
riverains. Elle compte 29 villages riverainspour un total de 79 353
habitants. Quant à la SCTB elle emploie environ 60 personnes dont 30
personnes sont des riverains,et compte 41 villages et hameaux riverains
peuplés d'environ25 783 habitants. Pour faire face ce
problème d'emploi, les compagnies essaient d'employer les jeunes dans
les villages qui sont proches des AAC.
Les concessionnaires sont conscients des dégâts
causés par l'exploitation. Ils évitent autant qu'ils peuvent de
détruire les arbres fournisseurs de PFNL régulièrement
fréquentés par les populations lors des différentes
opérations d'exploitation. Ils causent le moins de dégâts
possibles.
6.5. Discussion
La présente étude c'est proposée de
vérifier trois(03) hypothèses à savoir :
H1 :« Les
ressources forestières non ligneuses autour et dans les concessions
forestières constituent une source de revenus et de subsistance
importante pour les populations des villages riverains ».
H2 :« Il existe
des ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien
convoitées par les populations locales que par les exploitants
forestiers ».
H3 : « Le
contrôle des ressources forestières est à l'origine de
conflits entre les populations locales et les compagnies
forestières ».
6.5.1. Hypothèse 1
« Les ressources forestières non
ligneuses autour et dans les concessions forestières constituent une
source de revenus et de subsistance importante pour les populations des
villages riverains ».
D'après les résultats de l'étude, les
activités liées aux ressources forestières non ligneuses
(chasse, cueillette) sont perçues comme étant les secondes
sources de revenus des populations après l'agriculture. La cueillette
est la seconde source de revenus au Sud et la troisième à l'Est.
Elles sont également les activités qui ont mobilisé le
plus de ménages dans les Régions du Sud et de l'Est après
l'agriculture de mars à septembre 2012. Durant cette période, la
cueillette a été pratiquée par 98 % des
ménages au Sud et 90 % à l'Est. Quant à la chasse
elle est perçue comme la seconde source de revenu à l'Est et la
troisième au Sud. Elle est pratiquée par 79% des ménages
au Sud et 74% à l'Est. Durant l'étude en moyenne34 prisespar
ménages ont été recensées au Sud contre76 à
l'Est.
Lorsqu'on prend en compte les revenus moyens des
différentes activités, le sciage artisanal a été
une source de revenus monétaire, plus importante que l'agriculture, la
chasse et la cueilletteau Sud entre mars et septembre. Mais il faut noter que
durant cette période, les récoltes de cacao qui est la principale
culture commerciale de la Région avaient à peine commencé.
Les résultats changeraient si on incluait les revenus des autres
récoltes. De même, en considérant le nombre de
ménages impliqués dans cette activité, nous constatons que
très peu en ont bénéficié (27%) entre mars et
septembre comparativement à l'agriculture (91%), la cueillette (72%) et
la chasse (59%). Par contre, dans la Région de l'Est le sciage artisanal
est une source de revenu moins importante que l'agriculture, la chasse et la
cueillette. Tout comme dans la Région Sud, très peu de
ménages bénéficient de cette activité
comparativement à l'agriculture, la chasse et la cueillette (tableau
20).
Tableau 20. Revenu moyen
des activités liées aux ressources forestières et
proportion des ménages impliqués
Région
|
Activités
|
% des ménages impliqués
|
% des ménages ayant perçus un
revenu
|
Revenu moyen en FCFA
|
% des revenus
|
SUD
|
Agriculture
|
100
|
91
|
202 228
|
19
|
Cueillette
|
98
|
72
|
63 771
|
6
|
Chasse
|
79
|
59
|
64 981
|
6
|
Sciage artisanal
|
27
|
27
|
408 929
|
39
|
Autres
|
64
|
64
|
303 764
|
29
|
Revenu total
|
|
|
|
1 076 882
|
100
|
EST
|
Agriculture
|
100
|
97
|
244 746
|
37
|
Cueillette
|
90
|
82
|
53 267
|
8
|
Chasse
|
74
|
84
|
107 796
|
16
|
Sciage artisanal
|
49
|
49
|
118 471
|
18
|
Autres
|
56
|
56
|
139 022
|
21
|
Revenu total
|
|
|
|
650 234
|
100
|
Le sciage artisanal est une activité qui non seulement
nécessite beaucoup de capital. Elle a besoin de personnes influentes
pour faciliter l'écoulement et la vente de ses produits. Elle n'est
très bénéfique qu'aux personnesriches de ces
Régions comme l'indique la figure 30.
Ceci corrobore les travaux de Plouvier et al. (2002)
qui avaient relevé, que le sciage artisanal est une activité
pratiquée par des individus ne recherchant qu'un profit à court
terme et prêts à tout pour court-circuiter les services de l'Etat.
Les résultats de cette activité ne profitent qu'à une
poignée d'individus peu scrupuleux.
Figure 30.
Répartition des revenus moyens par classes (quintiles)
La figure 30 montreque, l'agriculture est la principale source
de revenus des ménages comme mentionnée plus haut. Ce qui
explique le fait que chaque année, les populations convertissent les
forêts pour la création de nouvelles plantations. Ces
dernières sont aussi créées dans les UFA, malgré le
fait qu'elle soit proscritepar la loi n°94/01 du 20 janvier 1994.
Dans les deuxRégions, les riches
bénéficient plus du sciage artisanal, contrairement aux pauvres
et ils ont aussi plusieurs autres sources de revenus. Mais au Sud, la part du
sciage artisanal et des autres activités est plus élevée
dans le revenu des riches, contrairement à l'Est où la richesse
provient en majorité de l'agriculture.
La cueillette et la chasse sont des activités
secondaires qui sont plus importantes en termes de subsistance et ne sont que
des sources de revenus complémentaires à l'agriculture dans ces
Régions. La cueillette est une activité saisonnière dont
l'objectif principal est l'autoconsommation. La chasse est le meilleur revenu
filet, car elle se pratique durant toute l'année et elle ne
nécessite pas un grand investissement financier pour être
pratiquée. Elle est une source revenus monétaire plus importante
à l'Est qu'au Sud.
De manière générale les riches sont
impliqués dans toutes les catégories d'activités et y
gagnent plus que les autres. Ce qui est à l'origine des grandes
inégalités dans la répartition des revenus dans ces
Régions. En effet les rapports inter-quintiles sont de 19,59 au Sudet de
13,22 à l'Est, montrant que les riches ont près de 20 fois le
revenu des pauvres au Sud et 13 fois le revenu des pauvres à l'Est. De
la figure 31, on constate que les inégalités sont plus
élevées dans la Région du Sud comparativement à
l'Est où les coefficients de Gini sont respectivement de 0,52 et 0,48.
Ceci serait dû à la grande part du sciage artisanal et des autres
activités dans le revenu des riches au Sud.
*Plus la courbe de Lorenz s'éloigne de la
diagonale, plus la distribution des revenusest inégale.
**Le Coefficient de Gini estune mesure
d'inégalités relatives.Il est obtenu en calculant le ratio de
l'aire entre la diagonale et la courbe de Lorenz, divisée par la surface
du triangle.
Figure 31. Courbe de
Lorenz du Sud et de l'Est
Au vu de ce qui précède, nous pouvons tout de
même accepter l'hypothèse d'importance des ressources
forestières non ligneuses en termes de revenus et de subsistance pour
les populations riveraines, mais en notant que l'agriculture est la principale
source de revenu et de subsistance des populations de ces Régions.
6.5.2. Hypothèse 2
« Il existe des ressources forestières
multi-usage, qui sont aussi bien convoitées par les populations locales
que par les exploitants forestiers. »
Les résultats de nos enquêtes nous ont permis
d'identifier 19 essences exploitées par les compagnies
forestières ayant une valeur de PFNL. Parmi ces essences uniquement 7
ont été utilisées par les populations durant le semestre
de l'enquête. Ces PFNL sont utilisés dans l'alimentation et la
pharmacopée traditionnelle. Cependant, dans certains cas, ce sont les
populations riveraines qui vendent ou abattent ces essences. Ainsi, elles
acceptent elles-mêmes de privilégier l'aspect financier
plutôt que de préserver la récolte de leur propre PFNLet
d'en tirer un profit à court terme.Ceci nous amène tout de
même à accepter l'hypothèse 2.
6.5.3. Hypothèse 3
Enfin, la troisième hypothèse s'articule comme
suit : « le contrôle des ressources
forestières est à l'origine de conflits entre les populations
locales et les compagnies forestières ».
Les résultats des enquêtes sur le terrain
montrent qu'il existe des impacts positifs liés à l'exploitation
forestière tels que : le développement des activités
économiques des villages, la prolifération de certains PFNL le
long des routes, la facilitation des activités agricoles, de cueillette
et de chasse à travers l'utilisation des pistes et des routes
forestières. Mais ces avantages ne sont pas durables. Car une fois que
la compagnie part ou change d'AAC, les populations perdent les avantages
qu'elles avaient.
Il existe également des points de discorde entre les
populations locales et les compagnies forestières.Il s'agit de
différents dus au fait que certaines essences comme le moabi, le sapelli
ou l'ayousqui sont à la fois utilisées par les populations
locales pour leur subsistance, leur revenu,etpar les compagnies
forestières pour le bois d'oeuvre disparaissent. Cette disparition est
surtout l'oeuvre des scieurs illégaux qui avec la complicité des
populations locales vendent les arbres pourvoyeurs de PFNL pour en tirer un
bénéfice à court terme. En plus, malgré le fait que
la plupart des prélèvements des PFNL aient lieu en forêt,
les AAC des compagnies sont situées à près de 25 km du
village le plus proche. Réduisant l'exploitation des arbres
utiliséscomme source PFNL par les concessionnaires. La
compétition existe plus entre le sciage illégal et l'exploitation
des compagnies.
De même, les populations se plaignent du faitque les
compagnies détruisent certains PFNL utiles, comme la mangue sauvage, le
njansang lors des abattages et de l'ouverture des pistes. Les routes et les
pistes forestières facilitent également le braconnage. Les bruits
des engins font fuir les animaux. Avec l'exploitation on assiste à des
cas d'infidélité conjugale et à une recrudescence du
VIH/SIDA. Ces impacts sont inhérents à l'exploitation
forestière. Dans la réalisation de leur activité, les
compagnies essayent de réduire les dégâts mais ne peuvent
pas les annuler.
Les populationsestiment que la compagnie n'emploie pas assez
de jeunes dans les villages et ne satisfait pas leurs doléances.Outre
ces aspects négatifs,les populations se plaignent de
lanon-rétrocession des RFA. Certains villages disent ne pas recevoir les
RFA.D'autres prétendent que les maires ne leur donnent par cette RFA
sous la forme qu'ils désirent.
Selon l'article 61 de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994,
l'exploitation d'une concession forestière est assortie d'un cahier des
charges. Ce dernier comporte des clauses relatives aux aspects techniques et
des clauses relatives aux aspects financiers et socioéconomiques. Selon
les clauses financières les compagnies doivent participer à la
réalisation des infrastructures sociales à travers le payement de
la RFA. Les populations sont conscientes que les compagnies la payent, donc le
problème se trouve au niveau des communes. Toutes les autres
doléances émisespar les populations doivent être
négociées entre les populations, la compagnie et l'administration
et inscrites dans le cahier des charges durant une réunion de
concertation ou d'information.
Pour consolider les relations avec les populations et
être bien vu au niveau national ou international, en plus de la RFA et
des doléances, les compagnies peuvent assister les populations locales
dans la réalisation de certains projets sociaux qui ne sont pas inscrits
dans le cahier des charges. Ils peuventformer et employer les jeunes au niveau
local. A compétence égale, les riverains sont choisis
comparativement aux étrangers. Les compagnies ont
généralement plusieurs villages riverains et elles ne peuvent pas
employer tous les jeunes. Elles essayent donc d'employer les jeunes des
villages proches des AAC en cours d'exploitation.
Quant aux concessionnaires, ils sont mécontents du fait
que les populations étendent les surfaces cultivablesau détriment
des UFA, car ils veulent les conserver pour faire plusieurs rotations. Ils sont
aussi mécontents du fait que certains riverains pratiquent le sciage
artisanal dans les UFA et ils n'ont pas le droit de les arrêter. Lorsque
le contrôle de l'administration forestière arrive dans la
concession et que les compagnies ne peuvent pas justifier les arbres
coupés illégalement, elles endossent la responsabilité et
payent des amendes. Elles n'apprécient pas aussile fait que les
populations locales leur posent des doléances qui ne relèvent pas
de leur ressort et qu'elles ne peuvent satisfaire, à l'instar de
l'emploi des jeunes.
Nous constatons qu'il existe des germes de conflit entre ces
différentes parties. Des conflits plus potentiels que réels
liés au contrôle des ressources forestières existentbien
entre les concessionnaires et les populations.La troisième
hypothèse estdonc acceptée.
CHAPITRE 7: CONCLUSION,RECOMMANDATIONS ET LIMITES DE
L'ETUDE
CHAPITRE 8: Conclusion
A travers cette étude, nous avons voulu analyser les
relations qui existent entre les concessionnaires et les populations locales
par une caractérisation des usages liés aux ressources
forestières autour de trois concessions camerounaises situées
dans les Régions du Sud et de l'Est. Comme objectifs spécifiques,
il s'agissait d'identifier et de caractériser les principaux acteurs
impliqués dans l'exploitation des ressources forestières ;
d'identifier et de caractériser les principales activités
menées par les populations riveraines pour leur subsistance et leurs
revenus ; de déterminer les impacts potentiels de l'activité
forestière sur les populations locales.
Au terme de l'étude, il ressort que :
Les concessionnaires sont des opérateurs privés
qui ont pour objectifs de maximiser leurs profits à travers
l'exploitation de certaines essences ligneuses dans leurs UFA.Ceci à la
suite de l'obtention d'un titre d'exploitation délivré par le
Gouvernement.
Les populations localesutilisent les ressources
forestières pour satisfaire leurs besoinsde subsistance et de revenus
monétaires. Les principales activités qu'elles mènent pour
atteindre ces objectifs sont l'agriculture, la cueillette, la chasse et le
sciage artisanal.
L'agriculture est la principale source de revenus
monétaireset de subsistance des populations locales. La cueillette et la
chasse sont des activités secondaires plus importantes en termes de
subsistance. Néanmoins la chasse est un revenu filet important. Le
sciage artisanal est important en termes de revenus mais il ne
bénéficie qu'à peu de personnes. Ce sont principalement
les riches qui en tirent profit, vu qu'il nécessite beaucoup de capital
et des connections.
Les populations locales et les concessionnairesse heurtent
à des contraintes occasionnéespar les activités de l'un ou
de l'autre.Les perceptions locales des impacts de l'exploitation
forestière sont diversifiées. Il y a d'une part, des impacts
positifs qui mettent l'accent sur les aspects jugés
bénéfiques de l'exploitation forestière et de l'autre une
lecture critique de l'exploitation forestière qui révèle
les limites de l'exploitation forestière et ses incidences
néfastes sur la vie des riverains et de l'écosystème,
à l'instar de la disparition de certains PFNL qui proviennent d'arbres
exploités par les compagnies. De leur côté, les exploitants
forestiers reprochent aux populations locales d'être peu entreprenantes
etirrespectueuses de la loi. Tout ceci nous a amené à dire quele
contrôle et l'accès aux ressources forestières est à
l'origine de conflits potentiels entres les concessionnaires et les populations
locales. Ces conflits sont encore latents et si rien n'est fait pour que les
intérêts de chaque partie soient pris en compte, ils pourront se
transformer en conflit ouvert.
8.1. Recommandations
Suite aux résultats relevés si haut,
l'étude fait des recommandations aux parties prenantes.
Lespopulations locales devraient :
· maitriser la loi n°94/01 du 20 janvier 1994
portant Régime des forêts, de la faune et de la
pêche ;
· privilégier le dialogue et la négociation
à l'amiable pour un règlement pacifique, moins coûteux et
durable des conflits, à travers une communication ouverte entre les
parties opposées, facilitée par des groupes neutres et
indépendants ;
· impliquer les femmes dans les prises de
décision, vu qu'elles sont les principales personnes impliquées
dans l'utilisation des ressources naturelles.
Lesconcessionnaires devraient :
· mettre en place une plateforme de dialogue permettant
aux populations locales d'apporter des solutions aux problèmes de
contrôle des ressources forestières ;
· faire l'inventaire systématique des
espèces multi-usages et allouer certains arbres aux populations.
L'administration devrait :
· réunir les populations et les compagnies lors de
l'élaboration des clauses des plans d'aménagement, des cahiers
des charges qui définissent clairement la place des PFNL dans la gestion
des concessions et les zones agricoles de commun accord avec les
populations ;
· définir des mesures de compensation des
compagnies pour ne pas exploiter tous les arbres ayant une valeur de
PFNL ;
· contrôler effectivement les activités des
compagnies afin de s'assurer que les responsabilités sociales et
d'exploitation sont respectées.
· Accroitre le personnel de l'administration
forestière et leur fournir les moyens afin qu'ils soient plus
efficaces.
Les ONG devraient :
· sensibiliser et éduquer des populations locales
sur leurs droits et ceux des autres parties prenantes ;
· mener des actions de lobbying et plaidoyer
auprès des autorités en vue d'une meilleure implication des
populations locales dans gestion des ressources forestières.
Les nouveaux axes de recherche :
· En quoi les activités riverainessont-elles
contraires à la loi ?
· Dans quelles mesures les ressources multi-usages
peuvent-elles satisfaire les populations et les concessionnaires sans
créer de conflit ?
· Quelles sont les mesures qui peuvent assurer la
durabilitédes impacts positifs de l'exploitation
forestière ?
8.2. Limites de l'étude
La principale limite de l'étude est que la plupart des
données obtenues font appel à la mémoire des
enquêtés. Elle se base sur les déclarations des
enquêtés,etces derniers ne tiennent pas decomptabilité
stricte. Cecipourrait expliquer en partiela variabilité observée
dans les réponses, car les informations obtenues peuvent avoir
été surestimées ou sous-estimées.
Une autre limite de l'étude est que les données
économiques sur les principales activités ne s'étendent
que sur un semestre (mars à septembre 2012), ceci pourrait expliquer une
sous-estimation de la contribution de certaines activités dans le revenu
des ménages vu que celles-ci sont le plus souvent
saisonnières.
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CHAPITRE 9: ANNEXES
Annexe 1. Protocoles
d'enquête
A. Discussions préliminaires
Présentation de l'équipe
L'objectif de la mission : vers des relations
apaisées et productives entre exploitant et populations locales. On fait
le même travail dans plusieurs villages du canton.
Présenter rapidement ce qu'est le processus
d'aménagement forestier au Cameroun, et la place que doivent tenir les
populations locales. L'objectif d'exploiter le bois de manière durable,
mais également les autres ressources de la forêt.
Expliquer le lien avec les Eaux & Forêts et avec le
concessionnaire.
Le travail va consister en une série de discussions,
soit tous ensemble (pour démarrer), puis après en petits groupes.
Après ces discussions, l'équipe travaillera avec des
ménages volontaires pour un suivi d'une année de leurs
prélèvements en forêt. Au total, l'équipe va passer
une journée dans votre village. Et elle reviendra 3 fois en 2012.
On cherche à connaître les pratiques
réelles de terrain ; on se fiche de ce qui est légal ou pas.
Les informations personnelles restent confidentielles.
Toutes les informations collectées feront l'objet d'un
rapport, qui vous sera remis et présenté dans votre village en
2013.
Des questions ou des éclaircissements ?
B. Transect social
- Participant : le chef de village/regroupement ou un
notable du village ou un jeune dynamique connaissant bien le village
- Matériel : une feuille A4
- Objectif : identifier l'ensemble des ménages et
des « familles » ainsi que leur répartition spatiale
(et éventuellement sociale) à l'intérieur du
village ; établir une pré-typologie des ménages
à partir de la taille et de l'état des maisons ; identifier
les principales infrastructures collectives et estimer leur état de
fonctionnement
- Comment procéder :
o Se positionner avec le chef à l'une des
extrémités du village et commencer à le traverser à
pied ;
o Sur la feuille, reporter la route et indiquer sur la feuille
chaque maison que vous croisez en chemin (à droite ou à gauche de
la route, distance par rapport à la route) ;
o Pour chaque ménage, indiquer à quelle grande
famille il appartient. On peut également relever le nombre approximatif
des membres du ménage ;
o Sur la feuille, indiquez également l'emplacement des
infrastructures collectives (case du chef, école, dispensaire, hangar,
boutiques, pompes,...)
o Pour chacune de ces infrastructures, aller voir ou se
renseigner sur son effectivité (présence de l'infirmier et
de médicaments, présence des instituteurs, bon état de la
pompe,...)
o Faire cet exercice jusqu'à l'autre
extrémité du village. C'est aussi l'occasion d'avoir une
discussion libre avec votre accompagnateur sur l'histoire du village, ses
problèmes actuels, les élites,...
C. Groupe de discussion sur les
« données socio-ethnographiques »
- Participants : tous les participants, comprenant au
moins le chef de village/groupement ou les autres notables du village (avec des
âges variés si possible)
- Matériel : une grande feuille blanche pour
relever les informations et les présenter aux yeux de tous.
- Objectif : faire un historique succinct du village,
déterminer la composition sociale et ethnographique du village, obtenir
des éléments indicatifs de son organisation sociale, identifier
les groupes ou organisations constitués
- Comment procéder :
o Demander aux participants de retracer l'histoire de leur
village (avec les évènements marquants) ;
o Faire la liste des ethnies présentes au
village puis classer les ethnies ou les grandes familles par ordre
décroissant ; estimer le nombre total d'habitants ;
o Quelle est l'évolution de la taille du village depuis
10 ans ? Qu'est-ce qui explique l'afflux de nouveaux habitants ou l'exode
rural ?
o Identifier les organisations (formelles ou informelles)
actives en matière de : (1) agriculture, (2) commerce, (3)
crédit, (4) exploitation forestière, (5) religieuse
o Quand a commencé l'exploitation forestière
dans la zone (par rapport à la date de création du village)
? Puis lister les principales étapes de l'exploitation forestière
dans leur zone villageoise
o Qu'est-ce que ça apporté au village :
§ inconvénients passés/présents,
puis inconvénients futurs en plus de ceux présents
§ avantages passés/présents, puis avantages
espérés au futur en plus de ceux présents.
D. Protocole : Focus group
« agriculture »
- Participants : constituer deux groupes de personnes
(max 8 par groupe) comprenant, d'une part, des agriculteurs et, d'autre part,
des agricultrices de toutes les ethnies/familles et d'âge
varié.
- Objectif : Identifier les principales productions
agricoles et voir dans quelle mesure elles contribuent à
l'autosuffisance alimentaire et aux revenus monétaire des
ménages
- Matériel : grandes feuilles blanches +
marqueurs, allumettes ou graviers
- Comment procéder :
o Lister les 5 principales cultures vivrières et
commerciales ; les classer en deux groupes : principales et
secondaires
o Pour chacune des cultures, déterminer la part de la
consommation et la part de la commercialisation
o Pour ces cultures, faire un tableau historique
retraçant l'évolution de la production au passé, au
présent et au futur (en répartissant à chaque
période 20 bouts d'allumette)
o Identifier les types de jachères existants
o Discussion ouverte sur les obstacles à une plus
grande production et commercialisation : lister les obstacles en vrac,
puis les classer par ordre décroissant
o Discuter de l'impact des animaux sauvages sur les
cultures : faire un tableau avec en ligne les espèces
prédatrices, en colonnes les produits ravagés, puis croiser
animaux et espèces (1 croix pour un impact faible, 2 croix pour un
impact moyen, 3 croix pour un impact fort)
o Lister les animaux d'élevage au village, puis les
classer par ordre d'importance décroissant
E. Focus group sur « commerce,
développement, exploitation forestière »
- Participants : conserver les deux groupes
précédents
- Objectif : avoir une idée générale
sur les possibilités de développement collectif pour le
village
- Materiel : grandes feuilles blanches + marqueurs
- Comment procéder :
o Lister les principales sources de revenus du village et puis
les classer en fonction de leur poids dans l'économie des villageois
o Lister les voies de commercialisation des produits du
village puis les classer par ordre décroissant
o Lister les sources d'information de l'extérieur
(journal, radio, télévision, personnes en visite,
téléphone,...) puis les classer par ordre décroissant
o Lister et dénombrer les gros équipements de
production possédés individuellement au village
(tronçonneuses, motos, moulins, groupes électrogènes,
débrousailleuse, moteur hors-bord...)
o Que faire concrètement pour que le village se
développe dans les 10 prochaines années ? Lister ces actions
puis les classer par ordre décroissant
o Pour ces différentes actions, lister les formes de
crédits existantes ou potentielles.
o Pour les deux premières actions de
développement : identifier les acteurs internes (personnes
particulières, groupes, familles, élites,...) et externes
(administration, projet, ONG, élite externe, banques...) au village qui
peuvent y contribuer
F. Focus group sur l'usage des ressources
forestières et Cartographie participative
- Participants : conserver les 2 groupes
précédemment constitués
- Objectif : identifier les principales zones d'usage des
ressources et les pratiques qui y sont associées
- Matériel : carte au 1 : 50 000, carte au
1 : 200 000, grandes feuilles blanches, marqueurs, allumettes
- Comment procéder :
o Lister les principaux usages que les populations font des
ressources forestières (ex chasse, cueillette, sciage, charbon,...)
o Pour chacun de ces usages, lister les 10 principales
espèces animales ou végétales extraites de la forêt.
o Pour chaque PFNL, indiquer la partie exploitée et
à quoi elle sert (s'assurer de couvrir l'alimentation, les
remèdes et l'artisanat). Indiquer aussi à quelle saison on la
prélève le plus.
o Pour chaque usage, classer les 10 espèces retenues
par ordre croissant. Pondérer entre autoconsommation et
commercialisation avec 10 allumettes pour chaque espèce.
o Faire un tableau mettant en ligne chacune de ces
espèces. Rajouter 3 colonnes avec le passé, présent,
futur. Demander aux participants de répartir 10 allumettes par
espèce entre les 3 colonnes. Rajouter une dernière colonne qui
indique la raison essentielle de cette évolution
o Cartographie participative, en utilisant le fond de
carte :
§ Jusqu'où vont-ils faire leurs plantations ?
Des campements (si oui combien) ?
§ Jusqu'où vont-ils faire la chasse ? Combien
de campements les habitants du village possèdent-ils ? Quel type de
chasse (piège, fusil,...) ? Quels moyens de transport (pied,
voiture, pirogue) ? Combien de fusils ? Combien de chasseurs
réguliers au village ?
§ Jusqu'où vont-ils faire la cueillette ? Des
campements (et combien) ? Si possible, identifier où certaines
espèces spécifiques sont particulièrement abondantes et
utilisées
§ Y a-t-il des sites d'orpaillage ou d'extraction de
pierres, de sable ?
§ Jusqu'où vont-ils faire le sciage
artisanal ? Combien de scieurs réguliers au village ?
§ Ont-ils des sites sacrés ?
o Doivent-ils demander l'autorisation (et à qui) pour
aller faire ces différents usages là-bas ? Quelles zones de
chasse/cueillette/sciage/... appartient à leur village ou sont-elles
communes avec les autres villages voisins (et lesquels) ou
appartiennent-elles à d'autres villages (et lesquels) ?
o Est-ce que les Eaux & Forêts facilitent ou
dérangent dans la mise en oeuvre de ces usages ?
o Est-ce que l'exploitant forestier facilite ou
dérange dans la mise en oeuvre de ces usages ?
Pour chaque usage forestier, identifier des personnes
ressources à qui on pourra éventuellement administrer un
entretien individuel.
G. Entretien individuel sur la Chasse
Se présenter et expliquer succinctement ce que vous
faites ici
Nom, âge, famille de l'interviewé, durée
de résidence au village
Depuis combien de temps pratique-t-il la chasse dans ce
village ?
Quel type de chasse : fusil, piège, chien,...
Quelles sont les principales espèces qu'il
chasse ? En quelle saison ?
En fonction des espèces chassées, est-ce surtout
pour la vente ou pour la consommation personnelle ?
Y a-t-il des espèces qui ne sont jamais
chassées et pourquoi ?
Quelles sont les zones où il va principalement
chasser ?
Tout seul ou avec d'autres chasseurs ?
Doit-il demander l'autorisation et à qui ?
Est-ce une zone de chasse réservée à sa
famille ou son village ou y croise-t-on aussi d'autres chasseurs ?
Utilise-t-il des campements de chasse ? A qui
appartient-il ? Qui d'autre l'utilise ?
Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos de la
chasse soit avec les villages voisins et les allogènes, soit entre les
membres du village ou de la famille ?
Comment sont-ils résolus ?
Pense-t-il que le gibier est en train de finir ou que la
chasse peut constituer une activité génératrice de revenus
de manière durable pour les villageois ?
Quels ont été les changements survenus ces
dernières années : (1) pour les espèces
chassées, (2) pour les quantités de gibier rapportées au
village ?
L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions ou
des commentaires à formuler par rapport à ce
travail ?Entretien individuel sur la Cueillette
Se présenter et expliquer succinctement ce que vous
faites ici
Nom, âge, famille de l'interviewé, durée
de résidence au village
Depuis combien de temps pratique-t-il la cueillette dans
ce village ?
Quelles sont les principales espèces qu'il
cueille ? A quelle saison ? Est-il spécialisé dans la
cueillette de certaines espèces ?
En fonction des espèces, est-ce surtout pour la vente
ou pour la consommation personnelle ?
Comment écoule-t-il ses PFNL ? Comment pourrait-il
en vendre plus ou à un meilleur prix ?
Y a-t-il une transformation du produit cueilli ? Qui se
charge de cette transformation ? Valeur ajoutée ?
Quelles sont les zones où il va principalement faire la
collecte des PFNL ?
Tout seul ou avec d'autres cueilleurs ?Doit-il demander
l'autorisation et à qui ?
Est-ce une zone de cueillette réservée à
sa famille ou son village ou y croise-t-on aussi d'autres cueilleurs ?
Dans le 1er cas, est-ce qu'il y a des marques en forêt qui
montrent que ces ressources appartiennent à sa famille ?
Utilise-t-il des campements ? A qui appartient-il ?
Qui d'autre l'utilise ?
Est-ce que ses zones de collecte sont situées dans la
concession forestière ? Est-ce que ça pose un
problème ou est-ce que ça représente une
facilité ? Dans le premier cas, comment est-ce que ces conflits ont
été résolus ou pourraient être résolus ?
Donner des illustrations concrètes
Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos de la
cueillette soit avec les villages voisins et les allogènes, soit entre
les membres du village ou de la famille ?Comment sont-ils
résolus ?
Connaît-il la réglementation sur l'exploitation
des PFNL ? Si oui, est-ce une réglementation
adaptée ?
Y a-t-il eu des initiatives visant à développer
cette activité dans le village ? Si oui, quel en est le
résultat aujourd'hui ?
Pense-t-il que ces espèces de PFNL est en train de
finir ou que la cueillette peut constituer une activité
génératrice de revenus de manière durable pour les
villageois ?
L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions
ou des commentaires à formuler par rapport à ce travail ?
H. Entretien individuel sur le sciage
Se présenter et expliquer succinctement ce que vous
faites ici
Nom, âge, famille de l'interviewé, date
d'installation au village
Quelles sont les principales sources de revenu du
ménage ?
Depuis combien de temps pratique-t-il le sciage
artisanal ?
Qu'est-ce qu'il a incité à se lancer dans cette
activité ?
Quelles sont les principales espèces qu'il abat ?
A quelle saison ? Est-ce surtout pour la vente ou pour la consommation
locale ?
Est-ce que la tronçonneuse lui appartient ? Depuis
combien de temps ?
Sinon, à qui est-elle et combien la loue-t-il ?
Quelles sont les zones où il va principalement
scier ? Doit-il demander l'autorisation et à qui ?
Est-ce une zone réservée à sa famille ou
son village ou y croise-t-on aussi d'autres scieurs ?
Utilise-t-il des campements ? A qui appartient-il ?
Qui d'autre l'utilise ?
Y a-t-il souvent des conflits/disputes à propos du
sciage soit avec les villages voisins ou les allogènes, soit entre les
membres du village ou de la famille ? Comment sont-ils
résolus ?
Quels sont les autres problèmes qu'il rencontre pour
conduire son activité ? Comment améliorer le fonctionnement
général de cette activité ?
Pense-t-il que le sciage peut constituer une activité
génératrice de revenus de manière durable pour les
villageois ?
L'entretien est terminé. Est-ce qu'il a des questions
ou des commentaires à formuler par rapport à ce travail ?
Rappeler que les données personnelles
collectées lors de cette enquête sont confidentielles et ne seront
jamais diffusées.
Annexe 2. Questionnaire
recensement
RECENSEMENT DU VILLAGE DE Date du recensement :
Nom du chef de ménage :
Nom du lignage/famille :
Numéro du ménage (cf.
transect social):
Personnes du ménage (Nom, Prénom)
|
sexe
|
année de naissance
|
ethnie
|
Lien de parenté
(avec chef ménage)
|
Niveau d'éducation
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Date de mariage des couples du
ménage :
Durée de résidence dans ce
village :
Religion(s) du ménage :
Appartenance à des associations, groupements,
coopératives,...
Personne membre
|
Nom du groupement et vocation du groupement
|
Depuis quand ?
|
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Y-a-t-il des personnes du ménage qui ont
résidé hors du village ? (plus de trois mois)
Nom
|
lieu de résidence
|
période
|
pourquoi
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Parmi les personnes du ménage, lesquelles se
considèrent comme :
Quelles sont les personnes du ménage qui
rapportent du gibier ?
Nom
|
Quel type de chasse
(personnel, commercial, pour autrui) ?
|
|
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|
Quelles sont les personnes du ménage qui
rapportent des produits de cueillette (dont les enfants) ?
Nom du cueilleur
|
principaux
produits ramassés
|
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Quelles sont les activités qui rapportent le
plus de l'argent à votre ménage sur une année?
Quelles sont les principales dépenses sur une
année ? A classer en ordre croissant
|
Activités générant des
revenus
|
|
|
Principaux postes de dépenses
|
1
|
|
|
1
|
|
2
|
|
|
2
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|
3
|
|
|
3
|
|
4
|
|
|
4
|
|
5
|
|
|
5
|
|
Quels sont vos revenus qui peuvent augmenter dans les
prochaines années ?
En cas ce coup dur (dévaluation, crise
économique, maladie,...), quelles sont les activités qui peuvent
vous garantir un niveau minimal de revenu ?
Quelles sont vos cultures de rente ?
Produit cultivé
|
depuis quand ?
|
périodes d'arrêt
|
quantité produite en 2011
|
revenu tiré en 2011
|
Acheteur
|
|
|
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|
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|
Liste des cinq principales cultures
vivrières :
Produit cultivé
|
depuis quand ?
|
production en 2011
|
quantité vendue en 2011
|
revenu tiré
|
Type d'acheteur
|
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Y-a-t-il des produits vivriers que vous ne cultivez
pas et que vous achetez ?
produit acheté
|
lieu d'achat*
|
vendeur
|
* lieux d'achat :
|
|
|
|
a - plutôt au
village
|
|
|
|
b - plutôt dans un
autre village
|
|
|
|
c - plutôt sur un
marché
|
Nombre d'animaux d'élevage détenus par
chacun des membres du ménage :
Etat de la maison et des équipements
personnels
· A qui appartient votre maison ? (1)
Propriétaire ; (2) Location ; (3) Fourni par
l'employeur ; (4) Prêt ; (5) Autre :
· En quoi est fait le toit ? (1) Tuile ; (2)
tôles ; (3) matière végétale ; (4)
Autre :
· En quoi sont faits les murs ? (1) Matière
végétale ; (2) Planches ; (3) brique ou
parpaings ; (4) terre (poto poto) ; (5) Autre :
· En quoi est fait le sol ? (1) terre battue ; (2)
ciment ; (3) Autre :
· Comment vous approvisionnez-vous en eau ? (1)
rivière ; (2) robinet dans la maison ; (3) robinet
extérieur chez quelqu'un d'autre ; (4) forage public ; (5)
fontaine publique ; (6) Autre :
· Comment vous éclairez-vous dans votre maison ?
(1) électricité publique ; (2) groupe
électrogène ; (3) lampe à pétrole ; (4)
bougie ; (5) Autre :
· Avec quoi cuisez-vous les aliments ? (1) Bois de
chauffe ; (2) charbon ; (3) pétrole ; (4) gaz ; (5)
électricité ; (6) Autre :
· Equipements : radio ;
télévision ; vélo ; moto
Commentaires divers :
Annexe 3. Fiche trimestrielle de suivi des
ménages
NOM VILLAGE : NOM DE L'ENQUÊTEUR :
N° MÉNAGE (CF. TRANSECT SOCIAL): DATE :
NOM DU CHEF DE MÉNAGE :
LISTE DES MEMBRES DU MÉNAGE (ADULTES ET JEUNES ADULTES)
QUI PARTICIPENT A L'ENQUETE :
Rappeler que les données personnelles
collectées lors de cette enquête sont confidentielles et ne seront
jamais diffusées.
Principales activités sur les 3 derniers
mois
Pour chacun des adultes et jeunes adultes du ménage
présents, quelles ont été les 3 activités
auxquelles il/elle a consacré le plus de temps depuis 3 mois (citer un
événement ou une date marquante pour repère
temporel) ?
Personne interrogée
|
Activité 1
|
Activité 2
|
Activité 3
|
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Principaux revenus sur les 3 derniers
mois
Pour chacun des membres du ménage présents,
quels ont été les principaux revenus depuis 3 mois ?
Indiquer le montant de chaque type de revenu estimé pour le trimestre
[toutes les cases n'ont pas nécessairement à être
remplies]
Personne interrogée
|
Revenu 1
|
Revenu 2
|
Revenu 3
|
Revenu 4
|
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Principales dépenses sur les 3 derniers
mois
Pour chacun des membres du ménage présents,
quelles ont été les principales dépenses depuis 3
mois ? Indiquer le montant de chaque type de dépense estimé
pour le trimestre [toutes les cas n'ont pas nécessairement à
être remplies]
Personne interrogée
|
Dépense 1
|
Dépense 2
|
Dépense 3
|
Dépense 4
|
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Prélèvements de ressources
naturelles sur les 3 derniers mois
· Chasse
Pour chacun des membres du ménage présents,
quels ont été les principaux gibiers chassés au cours des
3 derniers mois ?
Nom du chasseur
|
Nom du gibier
|
Quantité collectée
|
Type de chasse
|
Type écologique de la zone de
chasse
|
% pour auto-consom
|
% pour vente
|
Revenu tiré
|
Type d'acheteur et où ?
|
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·
Cueillette
Pour chacun des membres du ménage présents,
quels ont été les principaux PFNL collectées au cours des
3 derniers mois ?
Nom du cueilleur
|
Nom du PFNL
|
Quantité collectée
|
Type écologique de la zone de
cueillette
|
%autoconsommé
|
% pour vente
|
Revenu tiré
|
Type d'acheteur et où ?
|
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Peut-on dire que certaines espèces de PFNL ont beaucoup
produit ces 3 derniers mois ?
· Sciage artisanal
Pour chacun des membres du ménage présents,
quels ont été les arbres abattus pour le sciage artisanal au
cours des 3 derniers mois ?
Nom du scieur
|
Nom de l'espèce d'arbre
|
Quantité collectée
|
Type écologique de la zone de
sciage
|
% pour auto-consom
|
% pour vente
|
Revenu tiré
|
Type d'acheteur et où ?
|
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· Autre type de ressource naturelle
prélevée en forêt (pierres précieuses ou pas,
charbon,...)
Pour chacun des membres du ménage présents,
quelles ont été les autres ressources naturelles
prélevées en forêt au cours des 3 derniers mois ?
Nom du préleveur
|
Nom de l'espèce
prélevée
|
Quantité collectée
|
Type écologique de la zone
d'extraction
|
% pour auto-consom
|
% pour vente
|
Revenu tiré
|
Type d'acheteur et où ?
|
|
|
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Productions agricoles sur les 3 derniers
mois
Quelle est la quantité et la valeur des cultures que le
ménage a récoltées durant les 3 mois passés ?
Nom du producteur principal
|
Espèce cultivée
|
Quantité récoltée
|
% pour consommation
|
% pour vente
|
Revenu tiré
|
Type d'acheteur et où ?
|
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Commentaires divers :
Annexe 4. Tableau des
espèces de PFNL au Suddu Cameroun
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Partie utilisée
|
Différents usages
|
Autoconsommation/vente
|
Tetrapleura tetraptera
|
akpwae
|
Fruit
|
alim
|
C&V
|
|
Azala
|
|
alim
|
C
|
Tricoscypha abut
|
baies rouges/amvout/raisin
|
fruit
|
alim
|
C
|
Dacryodes macrophylla
|
Atom /cérise
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
|
bassa
|
fruit
|
alim
|
C
|
Duguetia spp
|
ntom
|
Fruit+ecorce
|
Alim et med
|
C
|
Termitomyces spp.
|
champignon
|
plante entière
|
alim
|
C
|
Imbrasia spp.
|
chenille
|
animal antier
|
alim
|
C&V
|
Cola spp.
|
cola
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
|
corossol sauvage
|
fruit
|
alim
|
C
|
Pentaclethra macrophylla Benth
|
ébaye
|
amande + écorce
|
alim et med
|
C&V
|
Colalepidoptera
|
emvoe/bivoe
|
fruit
|
alim
|
C
|
Achatinidae spp.
|
escargot
|
animal antier
|
alim
|
C
|
Parkia bicolor
|
ezeng (fruit sucre)
|
fruit
|
alim
|
C
|
Irvingia gabonensis
|
mangue sauvage
|
fruit+amande
|
alim
|
C&V
|
Maranthocloa spp.
|
marantacées
|
feuilles
|
alim
|
C&V
|
Apis mellifera
|
miel
|
miel
|
alim
|
C
|
Amphima ferrugineus
|
ndji
|
fruit
|
alim
|
C
|
Klainedoxa spp
|
ngong
|
fruit
|
alim
|
C
|
|
ngovo
|
fruit
|
alim
|
C
|
Ricinodendron heudelotti
|
njansang
|
amande+graine
|
alim
|
C&V
|
Coula edulis/Telracarpidium conophorum
|
noisette/ngon/ngong/egom
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
Piptadeniastrum africanum
|
Dabema/tom
|
écorce
|
med
|
C
|
Pseudospondias microcarpa
|
ofos (fruit rouge)/atom koe
|
fruit
|
alim
|
C
|
Gnetum africanum
|
okok (gnetum)
|
feuilles
|
alim
|
C
|
Elaeis guineensis
|
palmier
|
noix+jus + feuilles
|
Alim et art
|
C&V
|
Piper guineensis
|
poivre noir
|
fruit
|
alim
|
C
|
Dacryodes edulis
|
safou/prune
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
Raphia hookeri
|
raphia
|
bambou+feuille+fruits+jus
|
alim et art
|
C&V
|
Terminalia superba
|
Akom/limba/fraké
|
écorce
|
med
|
C
|
Garcinia kola
|
biter cola
|
fruit+écorce
|
alim et med
|
C&V
|
Vernonia amygdalina
|
ndole
|
feuilles
|
alim et med
|
C
|
Baillonella toxisperma
|
moabi
|
fruit+amande+écorce
|
alim et med
|
C&V
|
Laccosperma secundiflorum
|
rotin
|
tige
|
art
|
C&V
|
Peterslanthus macrocarpus
|
abing/abale
|
écorce
|
med
|
C
|
|
abotozok
|
écorce
|
med
|
C
|
Homalium spp
|
Amvim/emvi
|
écorce
|
med
|
C
|
|
anyoe
|
fruit+écorce
|
med
|
C
|
|
ata'a/otu
|
?
|
med
|
C
|
|
atchek
|
feuilles+écorce
|
med
|
C
|
Cylicodiscus gabonensis
|
Awoum/Adoum/okan
|
écorce
|
med
|
C
|
Guibourtia demeusei
|
bubinga/oveng
|
écorce
|
med
|
C
|
Afzelia bipindensis harms
|
doussié
|
eau+écorce
|
med
|
C
|
Picralima nitida
|
ebam
|
fruit+ecorce
|
med
|
C
|
|
ekonozok
|
?
|
med
|
C
|
Alstonia boonei
|
ekouk
|
fruit+ecorce
|
med
|
C
|
Erythrophleum ivorense
|
Elone/tali
|
écorce
|
med
|
C
|
Garcinia lucida
|
essok
|
écorce
|
med
|
C&V
|
|
essussuk
|
écorce
|
med
|
C
|
Enanthia chloranta
|
moambe jaune
|
écorce
|
med
|
C
|
Distemonanthus benthamlanus
|
mouvingui
|
écorce
|
med
|
C
|
Voacanga africana
|
obatone/ebatom
|
écorce+fruit
|
med
|
C
|
|
ondonle
|
feuille
|
med
|
C
|
|
onfo
|
|
med
|
C
|
|
otoundem
|
liane
|
med
|
C
|
Pterrocarpus soyauxii
|
padouk
|
écorce
|
med
|
C
|
Musanga cecroploides
|
parassolier
|
écorce
|
med
|
C
|
Erythrophleum ivorense
|
tali
|
écorce
|
med
|
C
|
Entandrophragma spp
|
Tiama
|
écorce
|
med
|
C
|
|
yololo
|
?
|
med
|
C
|
|
Etedamba
|
|
alim
|
C
|
Alim = alimentation, Med = médicinal, Art
= artisanat, C&V = consommation et vente, C = consommation
Annexe 5. Tableau des
espèces de PFNL à l'Est du Cameroun
Nom scientifique
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Nom commun
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partie utilisée
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Usage
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consommation/vente
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Baillonella toxisperma
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moabi
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Fruit + amande + écorce
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Alim et med
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C&V
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Tricoscypha abut
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boutor/ngoyo/mbambi
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fruit + écorce
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Alim et med
|
C
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Irvingia gabonensis
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mangue sauvage (péké, andok,)
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fruit+amande + écorce
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Alim et med
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C&V
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Rocinodendron heudelotti
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Njansang
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amande+ écorce
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Alim et med
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C&V
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Garcinia kola
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biter cola
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fruit et écorce
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Alim et med
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C&V
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Dacriodes buttneri/Aframomun sp
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atanga
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fruit
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alim
|
C
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Strefonema pseudocola
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bali(baka)
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Fruit/huile
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alim
|
C
|
|
bambo
|
fruit
|
alim
|
C
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Spondias cytherea
|
cassamango
|
fruit
|
alim
|
C&V
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Dacryodes macrophylla
|
cérise
|
fruit
|
alim
|
C
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Termitomyces spp.
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champignon/Toulou/koutou
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plante entière + racine
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alim
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C&V
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Imbrasia spp.
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chenille
|
animal entier
|
alim
|
C&V
|
|
chicha
|
?
|
alim
|
C
|
Cola spp.
|
cola
|
fruit
|
alim
|
C&V
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Annonidium mannii
|
corossol sauvage
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fruit
|
alim
|
C
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Pentaclethra macrophylla Benth
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ébaye
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amande et écorce
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Alim et med
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C* et v
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Egouomolle (mézimé)
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fruit
|
alim
|
C
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Achatinidae spp.
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escargot
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animal entier
|
alim
|
C&V
|
|
fayo/payo (baka)
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fruit
|
alim
|
C
|
|
foor (arachide sauvage)
|
fruit
|
alim
|
C
|
|
ga'ta
|
fruit
|
alim
|
C
|
|
iboude cf, focus bonando
|
?
|
alim
|
C
|
Dioscorea spp.
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igname sauvage
|
tubercule
|
alim
|
C&V
|
Pogo oleosa
|
Kana (arachide sauvage)
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amande
|
alim
|
C
|
|
lomecf, focus bonando
|
?
|
alim
|
C
|
Mangifera indica
|
mangue
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
Maranthocloa spp.
|
marantacées
|
feuilles
|
alim
|
C&V
|
|
mbia
|
?
|
alim
|
C
|
|
mguakogor (condiment)
|
fruit
|
alim
|
C
|
Apis mallifera
|
miel
|
miel
|
alim
|
C
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Afrostyrax lipidophyllus
|
ndimba/timbor/Guimba/Sedzoku/rondelle
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fruit+écorce
|
alim
|
C&V
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Elaeis guineensis
|
Palmier
|
noix+jus+feuilles
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Alim et art
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C&V
|
Piper guineensis
|
poivre sauvage /ndonkol
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fruit
|
alim
|
C&V
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Dacryodes edulis
|
safou/prune
|
fruit
|
alim
|
C&V
|
|
termite
|
animal entier
|
alim
|
C
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Tetrapleura tetraptera
|
Djaka(kako), djakaka (baka)/ talala(mézimé)
|
fruit
|
alim
|
C&V
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Raphia hookeri
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raphia
|
bambou+feuille+fruits+jus
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Alim et art
|
C&V
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Laccosperma secundiflorum
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rotin
|
liane
|
art
|
C&V
|
Canarium schweinfurthii
|
aiélé (encens)
|
sève
|
med
|
C
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Ceiba pentandra
|
doum/fromager
|
écorce
|
med
|
C
|
Picralima nitida
|
amien/akouk/gouga/lombo
|
écorce
|
med
|
C
|
Triplochiton scleroxylon
|
ayous
|
écorce
|
med
|
C
|
|
bare
|
?
|
med
|
C
|
|
bodjinga
|
liane
|
med
|
C
|
|
boloma/bologa (baka)
|
écorce
|
med
|
C
|
Guarea -
|
bossé
|
écorce
|
med
|
C
|
strophantus
|
boulie
|
écorce
|
Alim + med
|
C
|
|
bualgue bualgue
|
?
|
med
|
C
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Afzelia bipindensis harms
|
doussié
|
écorce + eau
|
med
|
C
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Diospyros crassiflora
|
ébène
|
écorce
|
med
|
C
|
|
ebouma
|
écorce
|
med
|
C
|
|
kanda (la glue)/glu
|
feuille
|
med
|
C
|
Terminalia superba
|
frake
|
écorce
|
med
|
C
|
|
fuale
|
écorce
|
med
|
C
|
|
gogologo
|
écorce
|
med
|
C
|
Milicia excelsa
|
Iroko
|
écorce
|
med
|
C
|
Picralima nitida
|
kinkeliba
|
fruit + écorce + feuille
|
med
|
C
|
|
koug gou
|
écorce
|
med
|
C
|
|
kuge
|
sève
|
med
|
C
|
|
langango
|
écorce
|
med
|
C
|
|
loumou
|
écorce
|
med
|
C
|
|
louob
|
écorce
|
med
|
C
|
Landolfia ochracea
|
makpa (fruit de liane)
|
fruit
|
med
|
C
|
|
mbuangue
|
|
med
|
C
|
|
mendi (baka)
|
écorce
|
med
|
C
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Enanthia chloranta
|
moambe jaune/po'o
|
écorce
|
med
|
C
|
|
mudumba
|
écorce
|
med
|
C
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|
nkouamb
|
écorce
|
med
|
C
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Cylicodiscus gabonensis
|
okan
|
écorce
|
med
|
C
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Pterocarpus soyauxii
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padouk
|
écorce
|
med
|
C
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Panda oleosa
|
panda
|
écorce
|
med
|
C
|
|
pin
|
écorce
|
med
|
C
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Entandrophragma cylindricum
|
sapelli
|
écorce
|
med
|
C
|
|
size
|
écorce
|
med
|
C
|
|
sorlia (baka)
|
écorce
|
med
|
C
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Erythrophleum ivorense
|
tali
|
écorce
|
med
|
C
|
|
tioku (mézimé)
|
tige
|
med
|
C
|
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tokoloko
|
écorce
|
med
|
C
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|
tomo
|
écorce
|
med
|
C
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wuka (baka)
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écorce
|
med
|
C
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Alim = alimentation, Med = médicinal, Art
= artisanat, C&V = consommation et vente, C = consommation
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