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INSTITUT FACULTAIRE DES SCIENCES DE L'INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION
« IFASIC »
FACULTE DES SCIENCES DE L'INFORMATION DEPARTEMENT DE
JOURNALISME
B.P. 14.998 Kinshasa/Gombe
DISCOURS DES AUDITEURS DANS LES MAGAZINES
RADIOPHONIQUES INTERACTIFS
Par
Joseph LOKENDANDJALA Okonda
Mémoire présenté et
défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en Sciences de
l'Information et de la Communication
Directeur : Pr. Godefroid ELITE Ipondo Lecteur:C.T.
Claude MUKEBA Kolesha
Août 2012
2
INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique
Cette étude porte sur le discours des auditeurs
à la radio. Elle consiste à analyser le discours produit par les
auditeurs intervenant, en direct, dans les programmes radiophoniques
interactifs.
En effet, l'interactivité est une pratique de plus en
plus courante dans les médias audiovisuels aujourd'hui. Elle consiste
à créer un dispositif d'échange entre le média et
son public. Ce dispositif donne au public la possibilité d'entrer en
contact direct avec l'espace médiatique.
A la radio, média de la parole, l'interactivité
acquiert une importance toute particulière. Brisant la barrière
invisible qui séparait l'auditeur de l'espace médiatique, elle
favorise la participation active et directe de ce dernier au programme
radiophonique. Elle permet d'ouvrir l'antenne aux auditeurs auxquels elle donne
la parole pour exprimer leurs opinions sur les différents
problèmes de la société1.
Cette participation directe aux programmes radiophoniques a
fort modifié la nature de relation entre la radio et son public.
L'auditeur, ayant désormais la possibilité d'intervenir à
l'antenne, acquiert, par ce fait, un nouveau statut. Du simple
écoutant ou auditeur passif, il devient un auditeur actif
capable de s'exprimer à la radio. C'est dire que l'interactivité
fait passer l'auditeur du statut de récepteur à celui de
l'émetteur.
Cette ouverture au public crée une certaine
proximité, mieux une complicité entre la radio et ses auditeurs.
Elle suscite dans le chef des auditeurs un intérêt aigu et
croissant à suivre les programmes radiophoniques. Cette sortie de
l'anonymat crée dans le chef de l'auditeur un sentiment de
considération et de valorisation. Ce qui renforce sa proximité
avec la radio. Cette proximité influe sur la densité de
l'audience des radios qui utilisent ces genres des programmes.
1 DELEU, Christophe, Les anonymes à la radio. Usages,
fonctions et portée de leur parole, p. 35.
3
Si les magazines interactifs ont pu se développer
aujourd'hui, c'est grâce à l'innovation technologique
consacrée par le développement des outils modernes de
communication, en l'occurrence, la téléphonie mobile et
l'Internet. Ces deux technologies numériques constituent des outils
précieux de l'interactivité radiophonique.
Deux logiques caractérisent ces genres de programmes,
à savoir la logique de l'audience et la logique citoyenne. Qu'elles
répondent à l'une ou l'autre logique, ces magazines
relèvent de différents types de contrats médiatiques et
poursuivent des objectifs variés2.
En République Démocratique du Congo, les
programmes interactifs ont surtout fait irruption dans les médias avec
la fin du monopole de l'Etat et la libéralisation du secteur de
l'audiovisuel ainsi que la vulgarisation du téléphone portable et
de l'internet. Aujourd'hui, ces types des programmes sont de plus en plus
présents sur les ondes. Dans un paysage radiophonique pluriel et
diversifié, où la conquête de l'audience est fort
acharnée, les radios marquent une ouverture au public à travers
l'organisation des programmes interactifs3.
Il s'ensuit que ces programmes révèlent de
nouvelles orientations dans les usages du média radiophonique en RDC.
Orientations qui s'inscrivent dans la dynamique de réciprocité
discursive entre la radio et ses auditeurs. Les échanges entre
journaliste et auditeurs se déroulent généralement avec
l'intervention d'un ou des invités dont le rôle consiste à
expliquer et à répondre aux différentes
préoccupations du public.
Quelques chercheurs, avant nous, ont mené des
études dignes d'intérêt sur l'analyse du discours
radiophonique interactif, un domaine de recherche encore peu exploré.
Dans sa thèse de doctorat en SIC présentée en 2010
à l'Université Michel de
2 BECQUERET, Nicolas, Un modèle d'analyse
des discours des émissions interactives
radiophoniques, dans Les recherches en communication, p. 208.
3 Beaucoup de stations de radio de Kinshasa organisent
actuellement des émissions interactives, mais la plupart sont des
émissions religieuses, de service et de divertissement. Il y a
très peu d'émissions d'actualité socio-politique. Nous
n'avons pas pu répertorier systématiquement les magazines
interactifs diffusés à Kinshasa étant donné le
manque de données y afférentes auprès des institutions
publiques chargées du monitoring (CSAC).
4
Montaigne, Bernadette Sonko Fatoumata, s'est
intéressée aux usages paradoxaux de la radio à travers
les émissions interactives au Sénégal4
.
La question principale qui a sous-tendu cette recherche est la
suivante : Les émissions interactives permettent-elles
l'approfondissement de l'expression démocratique ? L'auteure a
émis l'hypothèse selon laquelle les populations utilisent
quotidiennement des outils et des moyens aux conceptions et finalités
exogènes. Une intégration intelligente de ces ressources
technologiques à leurs activités permet aux auditeurs et surtout
aux radios de développer de nouveaux cadres d'expression et de partage
des connaissances.
Recourant à la méthode qualitative, cette
étude s'est appuyée sur la théorie des usages «
détournés » des outils de communication dans les pays
du Sud. Au terme de l'analyse des émissions retenues, l'auteure est
arrivée à la conclusion selon laquelle derrière
l'apparence démocratique des espaces radiophoniques interactifs, se
dévoilent des mécanismes d'exclusion (in)volontaire d'une bonne
partie de la population. C'est dire qu'autant de limites altèrent la
portée démocratique des émissions interactives.
Une autre étude a été entreprise par
Blandine Schmidt dans le cadre d'un Master en SIC. Elle a porté sur
Radiographie de l'interactivité radiophonique5.
L'auteure fait une analyse comparative de trois émissions service
diffusées sur trois radios françaises. Elle démontre, au
travers de cette analyse, que les émissions service
révèlent de nouvelles orientations dans l'usage de la radio en
France. Il s'agit moins de donner l'information que d'assister les auditeurs,
de les aider à résoudre leurs problèmes.
Il s'ensuit que cette assistance sociale empreinte parfois
d'exhibitionnisme et de spectacularisation tend de plus en plus à
détourner les personnes des institutions traditionnelles (pour
résoudre leurs problèmes, les individus ont tendance à
recourir à
4 SONKO Fatoumata, Bernadette, Les usages paradoxaux de la
radio à travers les émissions interactives au
Sénégal. Les exemples de Sud-FM, de RFM et de FM Awagna,
Thèse de doctorat en SIC, Université Michel de Montaigne,
Bordeaux-III, France, 2010.
5 SCHMIDT, Blandine, Radiographie de
l'interactivité radiophonique, Mémoire de Master 2 en SIC,
Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3, 2008.
5
la radio qu'à faire appel à un professionnel).
Ce faisant, la radio devient ainsi un véritable outil de
médiation sociale, mêlant la logique de fidélisation
à l'assistance effective apportée au public.
Une troisième étude a retenu notre attention.
C'est l'ouvrage de Elisa Ravazzolo intitulé Analyse du discours
interactif médiatique. Le rôle de l'animateur d'une
émission radiophonique6. Cet ouvrage se focalise sur le
rôle de l'animateur dans une émission radiophonique interactive.
L'auteure s'appesantit particulièrement sur les modes d'interaction
exploités par l'animateur de l'émission Radiocom,
c'est vous dans la co-construction du discours.
Cette recherche du type analytique s'inscrit dans la
théorie de l'analyse du discours en interaction. L'auteure analyse
minutieusement le fonctionnement des échanges médiatiques. Elle
relève les modalités discursives utilisées par l'animateur
pour gérer et encadrer les échanges entre les partenaires dans la
situation de communication.
Contrairement aux émissions service et celles de
divertissement, sur lesquelles se sont penchées ces études, les
émissions interactives d'actualités sociopolitiques constituent
des programmes sensibles, hautement encadrés et
contrôlés7. En RDC, elles sont objet de
fréquentes mises en garde et des suspensions aussi bien de la part du
pouvoir public que de l'autorité de régulation. L'exemple
récent est celui des dernières élections
législatives et présidentielles de 2011 en RDC. Pendant ces
élections, le CSAC avait décidé de suspendre les
émissions d'actualités à téléphone ouvert
sur toute l'étendue de la RDC. Pourtant, les émissions service et
celles de divertissement continuaient à se produire.
Certes, ce qui est redouté dans ces émissions
d'actualité, ce n'est pas le discours des invités ou celui de
l'animateur de l'émission. C'est plutôt les propos des auditeurs
intervenant en direct par téléphone ou par Internet.
6 RAVAZZOLO, Elisa, Analyse du discours interactif
médiatique. Le rôle de l'animateur d'une émission
radiophonique, Rome, Aracne, 2007.
7 Ces programmes plus que d'autres sont hautement
surveillés par l'autorité publique et l'autorité de
régulation, ils font souvent objet de suspension et d'interpellation.
6
Contrairement à ces études antérieures
qui ont porté respectivement sur le rapport entre interactivité
radiophonique et démocratie, la fonction sociale des émissions
service ainsi que le rôle de l'animateur dans les programmes interactifs,
ce travail se propose d'analyser les interventions des auditeurs dans les
magazines interactifs d'actualité. Il s'agit de déterminer
l'orientation illocutoire du discours des auditeurs dans un magazine
radiophonique d'actualité. D'où notre question de recherche:
Quelle est l'orientation illocutoire du discours des auditeurs dans un
magazine radiophonique interactif d'actualité ?
2. Hypothèse
En guise de réponse, nous postulons que les anonymes,
qui interviennent dans un programme radiophonique interactif, ont tendance
à produire un discours de nature performative.
3. Cadre théorique
Cette étude s'inscrit dans le cadre du courant
pragmatique, en particulier la pragmatique illocutoire. La théorie des
actes de langage nous servira de référent pour analyser le
discours des auditeurs.
En effet la théorie des actes de langage,
initiée par Austin, systématisée par Searle et
complété par Recanati stipule que tous les énoncés
linguistiques n'ont pas uniquement pour rôle de décrire la
réalité ou d'affirmer un état de faits
(énoncé constatif). Il y a des énoncés qui ne
répondent pas à la vériconditionnalité, mais
plutôt expriment une action que l'énonciateur accomplit en parlant
(énoncé performatif). Searle dresse une taxinomie de cinq actes
de langage exprimant chacun une intention particulière. Recanati base sa
classification sur le critère d'ajustement.
Donc, un discours de nature performative porte sur la
volonté du locuteur de changer, de transformer le monde par son
énonciation.
7
5. Méthodes et techniques
Pour mener cette recherche, nous allons recourir aux
méthodes descriptive, analytique et herméneutique. Quelques
techniques seront mises à contribution pour la collecte des
données. Il s'agit de l'observation, la technique documentaire et
l'entretien. Quant aux techniques d'analyse et d'interprétation des
données, nous utiliserons l'analyse de contenu.
6. Délimitation du sujet
Ce travail est délimité dans le temps et dans
l'espace. Par rapport à l'espace, l'étude porte sur le magazine
Dialogue entre congolais, un programme interactif diffusé à la
Radio Okapi émettant. Quant à la limite temporelle, nous
analysons les émissions diffusées pendant la période
allant du 20 février au 07 mars 2012.
7. Division du travail
Cette recherche est articulée autour de trois
chapitres. Le premier chapitre s'attelle à présenter le cadre
conceptuel et théorique de l'étude. Le deuxième chapitre
est consacré à la présentation du programme dans son
contexte. Il s'agira de présenter la Radio Okapi ainsi que le magazine
Dialogue entre congolais. Quant au troisième chapitre, il sera
axé sur l'analyse de discours des auditeurs.
8
CHAPITRE PREMIER:
APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE
Ce premier chapitre entend circonscrire le cadre conceptuel et
théorique de notre étude. Il s'agira, dans la première
section, d'élucider, à la lumière de la littérature
scientifique disponible, les concepts de base de ce travail. La deuxième
section sera essentiellement consacrée au cadre théorique, en
l'occurrence, la pragmatique illocutoire. Examinons-en à présent
le cheminement.
I.1. Approche conceptuelle
Cette section se concentre sur la définition de
différents concepts contenus dans le titre de ce travail. Il s'agit de
définir les concepts discours, auditeur, magazine
interactif.
1.1.1. Discours
Dans ce point, nous allons définir le concept
discours avant de présenter, à la suite de la
littérature scientifique, ses caractéristiques, ses typologies et
ses genres.
1.1.1.1. Définition
Le discours est un substantif dérivé du verbe
discourir. Ce verbe a le sens de parler sur un sujet déterminé,
en le développant de manière méthodique. Discours
signifie alors le développement oratoire, d'un thème
déterminé, de manière méthodique8. La
particularité de cette définition repose sur le fait qu'elle met
en exergue l'aspect oratoire (oral) et méthodique lié au
discours.
La notion de discours reçoit différentes
acceptions selon les domaines de savoir. En philosophie classique, par exemple,
le concept discours est apparenté à la notion de
logos grec9. Cette dernière est une expression de la
raison. Ainsi, la connaissance discursive signifie une connaissance
médiate, celle qui passe par un raisonnement logique. Elle s'oppose
à la connaissance intuitive ou immédiate. Dans
8 Le Petit Larousse illustré. Dictionnaire
encyclopédique, p. 230.
9 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique,
Dictionnaire d'analyse de discours, p. 185.
9
cette logique, le discours constitue un raisonnement
procédant par un enchaînement cohérent des propos.
En linguistique, le discours est défini par opposition
à la phrase ou à la langue. Il est conçu comme une
unité linguistique constituée d'une succession de phrases
ou encore l'usage de la langue dans un contexte
déterminé10. La première acception est
relativisable dans la mesure où la taille n'est pas un
élément déterminant du discours. En évoquant
l'aspect contextuel, la deuxième définition confère au
discours une valeur pragmatique particulière.
Dans son ouvrage Langage et acte de langage, aux sources
de la pragmatique, Gardiner définit le discours comme étant
L'utilisation, entre les hommes, des signes sonores articulés, pour
communiquer leurs désirs et leurs opinions sur les
choses11. Cette définition globalisante a une forte
portée sémiologique. Elle met l'accent sur les signes
linguistiques utilisés dans la communication humaine.
La mise en évidence du sujet parlant dans la
définition du discours est aussi perceptible chez Benveniste pour qui le
discours est La langue en tant qu'assumée par l'homme qui parle, et
dans la condition d'intersubjectivité qui seule rend possible la
communication linguistique12. Cette définition met
l'accent sur la dimension subjective et interactionnelle du discours. Autrement
dit, le discours suppose une source de repérage personnel et une
situation d'interlocution.
Pour Michel de Foucault, le discours est Un ensemble
d'énoncés en tant qu'ils relèvent de la même
formation discursive13. En parlant d'énoncé,
cette approche de Foucault suppose la prise en compte aussi bien du contexte de
production que de la dimension systématique du discours.
Au-delà de son acception usuelle de
développement oratoire, la notion de discours, dans les
sciences de langage, est sujette à une diversité d'acceptions
que
10 Ibidem, p. 186.
11 GARDINER, A., Langage et acte de langage. Aux sources
de la pragmatique, cité par, CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU,
Dominique, Op.cit., p. 186.
12 BENVENISTE, Emile, Problèmes de linguistique
générale, p. 266.
13 FOUCAULT, Michel, L'archéologie du savoir,
p.153, cité par CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique,
Op.cit., p. 186.
10
l'on peut résumer de la manière suivante : le
langage mis en action (c'est-à-dire assumé par le locuteur) ;
l'énoncé de longueur supérieure à la phrase;
l'énoncé envisagé dans sa dimension interactive ;
conversation ; tout système de signe verbal ou
non-verbal14.
Enfin, Sarfati définit le discours comme un
ensemble des textes considérés en relation avec leurs conditions
historiques (sociales, idéologiques) de production15. La
définition de cet auteur prend en compte l'aspect contextuel et les
conditions de production du discours.
Il s'ensuit que le discours est une notion pragmatique dans la
mesure où on ne peut en parler qu'en rapport avec le contexte social,
historique ou idéologique de production. Dans ce travail, nous
considérons le discours comme un développement oratoire
contextualisé en vue de communiquer ses sentiments, ses opinions sur
l'état des choses. En rapport avec les émissions interactives,
objet de notre étude, nous utiliserons indistinctement les concepts
discours, interventions, propos.
Cette approche définitionnelle nous permet maintenant
de passer à la seconde section consacrée aux
caractéristiques du discours.
1.1.1.2. Caractéristiques du discours
Dans ce sous-point, nous présentons, à la suite
de Dominique Maingueneau, les traits caractéristiques et distinctifs du
discours16. Cet auteur caractérise le
discours de la manière suivante :
-C'est une organisation transphrastique,
c'est-à-dire, au-delà de la phrase. Autrement dit, le
discours mobilise une structure d'un autre ordre que celle de la phrase.
-Il est orienté : l'orientation est
d'abord consacrée par sa linéarité. Car le discours est un
développement linéaire. Elle est, ensuite, traduite par sa
vocation
14 SARFATI, Georges, Eléments d'analyse du discours,
p.14.
15 Ibidem, p.16.
16 MAINGUENEAU, Dominique, Analyser les textes de
communication, p.46-48.
11
d'une production toujours finalisée. Toute production
discursive a une visée énonciative.
-Il est une forme d'action dans le sens que
le discours vise à modifier une situation existante. Il y a un rapport
direct entre langage et action, dans la mesure où il y a des
énonciations qui constituent des actes destinés à modifier
une situation. C'est l'objet même de la théorie des actes de
langage qui sera développé plus loin.
-Il est interactif dans la mesure où
il suppose la présence de deux partenaires, un énonciateur et un
co-énonciateur en inter-activité ou interaction dialogale.
D'ailleurs la conversation ordinaire est la forme élémentaire de
l'interactivité discursive.
-Il est contextualisé, car on ne peut
parler de discours que dans un contexte d'énonciation
déterminé. C'est le moi-ici-maintenant, je dis...En
dehors du contexte, il n'y a pas de discours, mieux le discours n'a pas de
sens.
-Il est inévitablement pris en charge par un
sujet. Tout discours est pris en charge par un énonciateur,
source et responsable du message. C'est la dimension subjective
inhérente à toute production discursive.
-Il est toujours régi par des normes :
cela veut dire que la production discursive est sujette aux règles, aux
conventions sociales que les partenaires doivent impérativement
respecter.
-Il est toujours pris dans un interdiscours.
Cela veut dire que tout discours comprend des éléments de
référence provenant d'autres discours. Ainsi pour expliquer un
énoncé, il faut le mettre en rapport avec d'autres
énoncés ou d'autres discours semblables.
Les caractéristiques du discours étant
présentées, il convient maintenant d'aborder la section relative
à la typologie et aux genres de discours.
12
1.1.1.3. Types et genres de discours
La notion de type de discours, à en croire Patrick
Charaudeau et Dominique Maingueneau, est sujette à diverses acceptions,
surtout dans l'analyse des discours francophones. La typologie discursive se
rapporte à un classement de discours établi sur base des
critères aussi multiples que variés17.
Il existe une panoplie de typologie de discours établie
selon les différents critères de classement. Ces critères
dépendent d'un auteur à un autre. Jean Michel Adam, par exemple,
distingue six types de discours. Bronckart, de son côté, en
distingue quatre. Bouchard, en ce qui le concerne, présente neuf types
de discours basés sur trois critères principaux. Georges Elia
Sarfati répertorie six types de discours. En ce qui nous concerne, nous
exploitons la typologie de ce dernier18.
En effet, cet auteur opère sa classification à
travers les différents domaines de l'activité socio-historique et
culturelle. Ce faisant, il distingue six types de discours : discours
littéraire, politique, scientifique, religieux, juridique et
journalistique. Chaque type de discours recouvre, en son sein, une
diversité de genres identifiables. Nous présentons, ici, les
types de discours et les genres correspondants19.
-Discours littéraire : est celui qui se rapporte
à la littérature. Il comprend les genres tels que le
poème, le roman, la pièce de théâtre, etc.
-Discours politique : concerne les activités
politiques. Il comprend le slogan de campagne électorale, le discours
sur l'Etat de nation...
-Discours scientifique : est basé sur des sujets
scientifiques. Parmi les genres correspondant, il y a la conférence
académique, la leçon inaugurale, l'article scientifique, etc.
-Discours religieux : porte sur la religion, les pratiques
religieuses, le sacré. Au registre de ces discours, on compte la
parabole, l'hagiographie, la prière, l'homélie, la
catéchèse, etc.
17 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique,
Op.cit., p.592.
18 SARFATI, Georges Elia, Op.cit., p.79.
19 Idem.
13
-Discours juridique : se rapporte au droit, à la loi,
à la justice. Il comprend les genres suivants : l'article, la loi, le
plaidoyer, le verdict judiciaire...
-Discours journalistique : celui produit par les
médias, lié aux genres journalistiques, à la presse. Il
renferme les genres ci-après : reportage, éditorial,
brève, documentaire, magazine, etc. Ce dernier type de discours est
d'une importance capitale pour nous, étant donné que nos
recherches portent sur l'analyse des discours produits à travers des
médias.
La première section relative à la
définition du discours étant terminée, nous abordons la
seconde section consacrée à l'élucidation du concept
auditeur.
1.1.2. Auditeur
Auditeur est un substantif issu du latin auditor du
verbe audire (écouter). Un auditeur est donc une personne qui
écoute. Il peut s'agir d'écouter un discours, un récit, un
enseignement, une conférence, une exécution
musicale20.
En audiovisuel, un auditeur est une personne qui écoute
les programmes diffusés à la radio, qu'il s'agisse des
émissions d'actualités, des magazines en direct ou en
différé. Dans ce sens, les auditeurs d'une radio ou d'une
émission sont l'ensemble de public qui écoute cette radio ou
cette émission.
Dans ce travail, nous entendons par auditeur, les gens qui
écoutent les programmes de la radio, surtout les magazines interactifs,
objet de notre étude. Tous ceux qui écoutent, mais surtout ceux
qui interviennent en direct, par téléphone ou internet, pour
poser une question ou exprimer une opinion.
Ces auditeurs intervenant à l'antenne sont aussi
appelés des « anonymes », c'est-à-dire des hommes
« ordinaires », qui parlent en leur nom propre et dont le statut est
pour le moins négligé par les médias. Dans les magazines
interactifs, ils sont généralement désignés par le
prénom et le nom contrairement aux invités dont on décline
l'identité et présente le statut
complet21.
20 REY, Alain (dir), Dictionnaire historique de la langue
française, p.256.
21 DELEU, Christophe, Op.cit., p.9.
14
Dans la suite de ce travail, nous utiliserons indistinctement les
concepts auditeur, intervenant, anonyme pour désigner ces personnes
ordinaires qui
interviennent dans les magazines radiophoniques interactifs pour
exprimer leur opinion personnelle.
1.1.3. Magazine interactif
1.1.3.1. Approche définitionnelle
Cette sous-section, va essentiellement consister à
élucider les concepts
magazine et interactivité. Nous définirons d'abord
le concept magazine, ensuite, celui d'interactivité.
? Magazine
Dans la presse écrite, on entend, par magazine, une
publication périodique éditée sur papier couché,
largement illustrée et qui traite, dans un but de vulgarisation, des
thèmes variés. Les magazines sont des périodiques
spécialisés, très souvent à
périodicité mensuelle ou trimestrielle22. Cependant,
il y a des magazines qui obéissent à la périodicité
hebdomadaire. Cette catégorie appelée news magazines
aborde des sujets aussi divers que variés.
De par son étymologie, le concept magazine vient de
l'anglais magazine. Cette origine anglaise est, elle-même, issue
du français magasin venant de l'arabe et signifiant l'endroit où
l'on garde une diversité de produits23. La
variété des rubriques contenue dans ce périodique
(comparée à la variété des produits contenus dans
un magasin) lui a valu par un procédé métaphorique le nom
de magazine.
Contrairement aux journaux, les magazines n'embrassent pas
tous les thèmes et ne s'adressent pas à tous les publics. Ils
possèdent, chacun, une spécialité thématique et
s'adressent à un public bien ciblé.
22 BALLE, Francis, Lexique d'information d'information
communication, p.245.
23 LAMIZET, Bernard et SILEM Ahmed (Dir.), Dictionnaire
encyclopédique des sciences de l'information et de la communication,
p.352.
15
En audiovisuel, un magazine est un programme de radio ou de
télévision basé sur l'information, la vulgarisation ou le
service et inscrit dans les domaines de l'enquête
journalistique24.
Pour sa part, Paul Stéphane Manier, définit le
magazine audiovisuel comme...un programme d'information destiné
à développer un thème d'actualité, une situation ou
un événement25. Ce programme, selon l'auteur,
répond à une variété de traitement. Il peut
être traité sous forme distincte de reportage, de débat ou
d'interviews en studio ou même être un mélange de deux
genres.
Toutefois, la définition de Manier semble assez
réductionniste. Elle réduit le magazine à la seule
dimension informative alors que ce genre journalistique peut
répondre à une variété d'objectifs parmi lesquels :
la sensibilisation, l'information, la démonstration, l'animation. Dans
le cadre de cette étude, nous entendons par magazine, une
émission radiophonique à téléphone ouvert. Les
concepts magazine, émission, programme seront utilisés comme des
synonymes.
? Interactivité
Le concept Interactivité tout comme l'adjectif
interactif sont liés au développement de l'informatique.
Interactif renvoie au support favorisant un échange entre deux
systèmes à travers une interface. On appelle interface, un
dispositif technique permettant l'échange des informations entre deux
systèmes. Dans le cas d'espèce l'échange a lieu entre un
système technique et son utilisateur, entre l'homme et la
machine26.
Cette faculté conversationnelle entre l'homme et la
machine s'appelle interactivité. Josée FOURNIER définit
l'interactivité comme une action réciproque d'un
émetteur à un récepteur ; l'utilisateur agit sur
l'ordinateur et l'ordinateur répond à l'action engendrée
par le geste de l'utilisateur27. Il y a une sorte de
dialogue
24 Ibidem, p.246.
25 MANIER, Paul Stéphane, Le journalisme audiovisuel,
Techniques et Pratiques rédactionnelles, p.129.
26 GUALINO, Jacques, Dictionnaire pratique. Informatique,
Internet, nouvelles technologies de l'Information et de la Communication,
p.261.
27 FOURNIER, Josée, Scénarisation et
multimédia. Processus de scénarisation interactive, p.66.
16
au cours duquel l'utilisateur demande à la machine
d'exécuter une application ou une tâche et cette dernière
répond à travers une interface.
L'interactivité a ceci d'avantageux, qu'elle offre
à l'utilisateur la possibilité d'interagir sur le programme par
des choix et des opérations qu'il aura lui-même
décidés, devenant ainsi maître de sa propre
démarche. Ainsi par exemple, lorsque l'utilisateur par inadvertance
lance la commande `effacer' la machine demande de confirmer si oui ou non il
veut réellement effacer le texte. Il peut alors confirmer ou annuler
l'opération.
En effet, l'interactivité est un concept complexe et
varié. Elle reforme une panoplie d'acceptions. Apparu dans le domaine de
l'informatique pour désigner l'interaction entre l'utilisateur et la
machine, ce concept est entré dans le langage courant avec le discours
sur les télécommunications surtout en rapport avec la
télématique et les réseaux
câblés28.
Aujourd'hui, l'interactivité est passée dans le
domaine des SIC en particulier dans le vocabulaire de mass média (
surtout en audiovisuel). On parle de plus en plus des programmes interactifs
pour signifier les programmes dans lesquels il y a une interaction entre
l'instance médiatique (animateur du programme) et le public, à
travers un dispositif technique tel que le téléphone et
l'internet. Les magazines interactifs sont parmi les plus importants programmes
favorisant l'échange direct et instantané entre le média
et le public29.
Induisant une réciprocité d'action, mieux une
interaction entre l'émetteur et le récepteur, les magazines
radiophoniques interactifs ont apporté une révolution importante
dans la relation entre la radio et le public. En donnant un sauf-conduit aux
auditeurs d'intervenir en direct sur l'antenne, ces types de programmes ont
renversé les fondements de la relation entre la radio et ses auditeurs
30. Ainsi, le paradigme traditionnel de l'unidirectionalité
lié à la communication médiatique cède le pas
à
28 SCHMIDT, Blandine, Op.cit, p.13.
'9 BECQUERET, Nicolas, Les émissions interactives
à la radio : la parole par téléphone, quelle parole ?
, dans Les cahiers du CREDAM, p.88.
30 DELEU, Christophe, Op.cit., p.9.
17
celui de la circularité qui, mettant les partenaires en
position d'équivalence, relativise le statut d'émetteur et de
récepteur31.
Les notions d'interactivité et d'interaction sont
très proches et parfois utilisées l'une pour l'autre, mais en
réalité, elles ne se confondent pas. Alors que l'interaction est
un concept d'origine sociologique, l'interactivité est d'origine
informatique. L'interaction est une action réciproque entre un
émetteur et un récepteur, un échange communicationnel
entre les partenaires physiquement proches l'un de l'autre.
L'interactivité, par contre, est un échange communicationnel
entre deux interactants, à travers un dispositif technique de
connexion.32.
Dans ce travail, nous entendons par interactivité, la
possibilité d'échange en direct entre la radio et les auditeurs.
Les magazines radiophoniques interactifs sont ceux qui favorisent
l'échange entre la radio et ses auditeurs.
1.1.3.2. Magazine dans la contractualisation
audiovisuelle
La notion de contrat de communication est partie du fait que
tout acte de communication, peu importe sa finalité, met ensemble deux
ou plusieurs partenaires. Si les interactants communiquent sans
conformité aux règles connues par eux tous, la communication peut
se solder par un échec33. Raison pour laquelle, pour
éviter l'échec ou le quiproquo, toute situation de communication
doit être régie par un minimum de règles et de conventions.
Et celles-ci doivent être clairement identifiées et
respectées par les protagonistes.
C'est En vertu de ce principe, précisent en
substance Guy Lochard et Henri Boyer, que l'on considère que
l'activité médiatique repose sur un contrat de communication
spécifique34.
31 EKAMBO Duasenge, Jean-Chrétien, Paradigmes de
communication, p.69.
32 VIDAL, Geneviève, Contribution à
l'étude de l'interactivité, les usages du multimédia de
musée, cité par SCHMIDT, Blandine,
Op.cit., p.15.
33 La panique créée en 1938 par
l'émission pseudo-informative de Orson Welles annonçant le
débarquement des martiens pour envahir les Etats-Unis, illustre bien
l'échec de communication par le déficit d'identification et de
respect des conventions. Orson présentait une émission de
fiction, mais les auditeurs croyant à que c'était une
émission d'actualité ont détalé.
34 LOCHARD, Guy et BOYER, Henri, La communication
médiatique, p.11. C'est nous qui soulignons.
18
Proposée initialement par Algirdas Julien Greimas, la
notion de contrat a été développée et enrichie dans
le domaine des sciences du langage par Patrick Charaudeau, puis
systématisée finalement par Lochard et Soulages. Bien que
basés sur la télévision, les travaux de ces deux auteurs
peuvent être appliqués avec succès à la radio.
En effet, la communication étant soumise aux
contraintes situationnelles, chaque situation de communication
médiatique détermine une orientation discursive. Disons-le
autrement, le type de discours produit est toujours fonction des contraintes
situationnelles de production. Ces contraintes sont relatives au contrat de
communication, au but poursuivi, à la visée discursive, au
principe directeur, etc.
Certes, le discours tenu par les protagonistes à
travers les médias (dans un magazine interactif par exemple) est
intrinsèquement lié à ces éléments
situés à quatre niveaux macro-discursifs : le niveau des
contrats, le niveau des buts actionnels, le niveau des visées
discursives, le niveau des principes constitutifs, le niveau des genres
d'émissions35.
Toutefois, ces niveaux ne sont pas uniformes ; ils
obéissent plutôt à une certaine hiérarchisation. Le
contrat est placé au niveau hyper-macro-discursif, les buts et les
visées y prennent place. Sous un même but, l'on peut retrouver un
ensemble varié de visées. A l'intérieur d'une visée
discursive, se retrouvent une diversité de principes. Sous un même
principe, l'on peut identifier plus d'un genre36.
Au niveau contractuel, Guy Lochard et Jean Claude Soulages
distinguent six contrats (ou plutôt sous-contrats) de communication. Il
s'agit des contrats d'information, d'explication, de divertissement,
d'assistance, pédagogique, commercial. Ces contrats permettent aux
interlocuteurs d'identifier la situation communicationnelle dans laquelle ils
se trouvent.
Par ailleurs, chaque contrat de communication comprend des
genres répondant à son profil. Ainsi par exemple, le journal
parlé ou le flash appartiennent au contrat
35 BECQUERET, Nicolas, Op.cit., p.208.
36 Ibidem, p.209.
19
d'information, le magazine répond au contrat
d'explication, les jeux répondent au contrat de divertissement, Reality
show réponde au contrat d'assistance, les émissions pour enfants
répondent au contrat pédagogique, la publicité
répond au contrat commercial.
Au niveau des buts actionnels (intentions des institutions
médiatiques), la communication poursuit quatre buts : faire savoir,
faire comprendre, faire plaisir et faire faire. Ces buts correspondent aux
grandes visées suivantes : informative, explicative, ludique,
marchande.
Les visées sont, à leur tour, portées par
des principes constitutifs dont le principe de sérieux, de
réalité, de vérité, de recréation, de
relation, de médiation, d'interpellation, etc. Disons, toutefois, que
ces visées ne sont pas exclusives, elles sont plus ou moins dominantes,
selon le cas.
Si le magazine répond, de manière
spécifique, au contrat d'explication, il faut dire que de façon
générale il peut se retrouver dans d'autres contrats de
communication. C'est, du moins, ce qu'affirme Nicolas Becqueret lorsque,
parlant des magazines radiophoniques interactifs, il écrit : Les
discours dans les émissions interactives s'organisent, en grande
majorité, autour de quatre contrats de communication correspondant
à des grandes visées proposées par l'instance
médiatique : un contrat d'information, un contrat d'explication, un
contrat de divertissement relationnel et un contrat
d'assistance37
A ces quatre contrats, peuvent se joindre le contrat
commercial et le contrat pédagogique, respectivement pour les magazines
à visée marchande (factitive) et ceux à visée
éducative (explicative).
1.1.3.3. Typologie des magazines
radiophoniques
Les magazines radiophoniques présentent une
diversité de typologie. Nous nous limitons à présenter la
typologie de Becqueret et celle de Christophe Deleu.
37 BECQUERET, Nicolas, Op.cit., p.214.
20
? Typologie de Becqueret :
La typologie de Becqueret est basée sur les contrats
médiatiques. En d'autres termes, l'auteur classe les genres
d'émissions selon les contrats correspondant.
A partir de contrats médiatiques et des visées
discursives susmentionnés, Nicolas Becqueret, distingue quelques grandes
orientations génériques des magazines radiophoniques interactifs.
Ces orientations, constituant du reste, la typologie de Becqueret, sont
présentées dans le tableau ci-dessous38:
Tableau 1. Typologie des magazines
Types de contrats
|
Genres de séquences ou
d'émissions
|
Information
|
Réaction sur l'actualité avec ou sans
expert
|
Explication
|
Témoignage avec expert, Emissions
communautaire,
Programmes de confession
|
Divertissement
|
Jeux, musique,
|
Assistance
|
Programmes de médiation, , Programmes de
confession
|
Cette typologie a l'avantage d'être
détaillée. Mais, elle laisse tomber d'autres contrats, en
l'occurrence, les contrats commercial et pédagogique pourtant
présents dans les magazines radiophoniques interactifs. Ensuite, les
différents genres de magazines ne sont toujours pas bien
définis.
? Typologie de Christophe Deleu:
Christophe Deleu distingue trois types de magazines dont deux
du type interactif. Il s'agit de la parole forum, la parole divan et la parole
documentaire39.
38 Ibidem. p.211. Quelques exemples de magazines
selon les contrats : Information ( la première partie de
l'émission appel sur actualité de la RFI, où les
spécialistes répondent aux questions des auditeurs Cfr
Becqueret), Explication (le magazine Dialogue entre congolais -Radio
Okapi- avec sa dimension intersubjective), Divertissement ( Top
musique sur Top Congo FM ), Assistance (priorité santé
sur RFI, Okapi service sur Radio Okapi).
39 DELEU, Christophe, Op.cit. p.58.
40 Ibidem. p.60.
41 Ibidem, p.114.
21
-La parole forum : c'est une émission
radiophonique interactive consacrée à l'actualité. Dans
les magazines de type forum, l'auditeur est appelé soit à poser
des questions, en direct, à une ou à des personnalités
invitées par la radio soit à donner son avis personnel sur le
sujet de l'émission du jour.
Dans le premier cas, l'auditeur cherche un apport cognitif, un
savoir qu'il ignore. L'émission les auditeurs pour comprendre
l'actualité de la RFI est une illustration. Dans le deuxième
cas, l'auditeur exprime son opinion et la fait valoir auprès des
autres40. Il peut, au besoin, contredire l'invité ou le
journaliste, dénoncer leurs propos, exprimer une préoccupation,
proposer des solutions à un problème, etc. Bref, ici l'auditeur
est plus actif. Ce type de programme répond aux contrats d'information
et d'explication. Les émissions que nous analysons dans ce travail sont
du type forum.
-La parole divan : Ce sont des magazines dans
lesquels l'auditeur intervient pour parler de ses problèmes, de sa vie
privée. Il n'exprime pas son opinion, mais confie, plutôt, son
expérience intime. C'est le cas, généralement, des
personnes qui interviennent à la radio pour poser un problème
pour lequel ils aimeraient trouver une solution41. Les
invités, en majorité des spécialistes (médecin,
psychothérapeute, conseiller conjugal), aident les auditeurs à
résoudre leurs problèmes.
Ces genres de programmes ont une grande utilité sociale
dans la mesure où ils aident les gens à trouver solution à
leurs problèmes à partir de la maison. Les magazines du type
divan répondent aux contrats d'assistance et pédagogique. Car,
ils éduquent les gens et, en même temps, les aident à
résoudre leurs problèmes.
-La parole documentaire : dans ces types de
magazines, le journaliste ou l'animateur donne la parole à une personne
qui raconte son expérience. L'interview de l'anonyme est
enregistrée, puis montée. Le but est de partager les
expériences des interviewés à un public plus vaste. Dans
le récit, il peut s'agir d'une situation d'injustice vécue ou
d'une déception connue. Contrairement aux précédents,
ce
22
dernier type de magazine échappe à
l'interactivité. Ce type répond aux contrats d'explication et
d'assistance.
Parmi ces deux typologies présentées, nous
optons pour la typologie de Deleu à cause de sa clarté. Les
magazines que nous analysons dans ce travail relèvent du type forum, car
ce sont des émissions d'actualité sociale, politique,
économique dans lesquelles les auditeurs expriment leurs opinions.
Après avoir défini les principaux concepts
théoriques de cette étude, nous abordons maintenant la
deuxième section consacrée au cadre théorique, en
l'occurrence la pragmatique illocutoire.
I.2. Pragmatique illocutoire
Cette seconde section est consacrée à la
présentation de la théorie à l'intérieur de
laquelle est circonscrit ce travail. C'est la pragmatique illocutoire ou
illocutionnaire appelée aussi la théorie des actes de langage. La
section s'articule autour de six points suivants : la notion de pragmatique,
les précurseurs de la pragmatique, Austin et la naissance de la
pragmatique illocutoire, approche de Searle, approche de François
Recanati, instance énonciative et polyphonie.
1.2.1. Notion de pragmatique
Le concept pragmatique est apparu bien avant la
formalisation de cette discipline. C'est dans un article publié en 1938,
dans une encyclopédie scientifique, par le philosophe américain
Charles Morris que l'on retrouve pour la première fois ce concept.
En effet, dans cet article, Charles Morris établit une
distinction entre les trois types d'approches de signes ou de disciplines qui
traitent du langage. Il s'agit de la syntaxe, de la sémantique et de la
pragmatique. Si la syntaxe s'occupe des rapports des signes entre eux au sein
de la phrase et que la sémantique étudie les relations
23
entre les signes et leurs référents, la
pragmatique, quant à elle, traite des relations entre les signes et
leurs utilisateurs42.
De son côté, Catherine Kerbrat-Orecchioni
définit la pragmatique comme l'étude du langage en
acte43. L'auteure reconnaît le caractère
polysémique de cette définition. Car, le langage en acte peut
à la fois signifier le langage en situation mais aussi le langage
agissant sur le contexte d'interlocution. Ces deux orientations ont
donné lieu à deux formes de pragmatiques : la pragmatique
énonciative et la pragmatique illocutoire44.
La pragmatique énonciative, appelée aussi
linguistique de l'énonciation, s'intéresse au langage en
situation, c'est-à-dire, le langage actualisé dans une
énonciation. Elle prend en compte les aspects du contexte communicatif.
Il s'agit de la situation d'énonciation (lieu, temps) et des
énonciateurs (émetteur et récepteur, leurs
identités, leurs statuts).
La pragmatique illocutoire, appelée aussi
théorie des actes de langage, étudie le langage en tant que moyen
d'agir sur le contexte et de modifier l'univers de discours. Elle envisage le
langage comme un moyen permettant d'accomplir certains actes
spécifiques. Ces actes réalisés au moyen du langage sont
appelés les actes de langage. C'est à la pragmatique
illocutoire ou la théorie des actes de langage que sera consacrée
le développement de cette seconde section. Mais étant
donné le rôle indispensable des énonciateurs dans la
réalisation des actes de langage, la dernière sous-section
reviendra sur l'instance énonciative.
Mentionnons, en passant, une troisième forme de
pragmatique, c'est la pragmatique interactionniste. Celle-ci s'intéresse
particulièrement à l'analyse des conversations et autres formes
d'interactions verbales.
42 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Pragmatique, dans
SFEZ, Lucien, Dictionnaire critique de la communication, p.257.
Souligné par l'auteure.
43 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage
dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.1.
44 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Pragmatique, dans
SFEZ, Lucien, Dictionnaire critique de la communication, p.258.
45 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage
dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.6-7.
24
1.2.2. Précurseurs de la pragmatique
illocutoire
Le rapport entre parole et action est au coeur de la
pragmatique. En effet, cette discipline confesse le credo selon lequel la
parole est une forme d'action. Si la pragmatique illocutoire est née
à partir des travaux de John Langshaw Austin, l'idée selon
laquelle la parole est une forme d'action n'est pas austinienne. Bien d'autres
courants de pensée, avant Austin, avaient formulé cette
idée dans des perspectives variées.
En effet, la rhétorique classique, depuis Aristote,
vise la persuasion par le discours. Le but de la persuasion étant
d'influencer le comportement de l'auditoire à partir de
l'activité discursive, la rhétorique ambitionne l'accomplissement
des actions par le moyen de la parole.
Cette prise de conscience de la dimension pragmatique de
l'activité langagière est visiblement présente dans les
recherches de Roman Jakobson sur les fonctions du langage. Parmi les six
fonctions énumérées par Jakobson, la fonction conative
comprend une charge pragmatique remarquable. En orientant le message vers le
destinataire, cette fonction constitue une invitation à l'action.
Les travaux de Gardinier et de Malinowski ont constitué
des avancées significatives dans l'émergence de la conscience
pragmatique. Sous l'influence du modèle behavioriste de l'époque,
ces deux auteurs ont mis en évidence le rapport entre langage et action.
Pour eux, le langage n'est pas que miroir de la pensée. Il est aussi et
surtout un moyen d'agir sur autrui, d'influencer sa conduite. Autrement dit,
des énoncés ont un pouvoir d'accomplir par eux-mêmes des
actions spécifiques45.
C'est dans le prolongement de ces recherches qu'interviennent
les douze conférences d'Austin prononcées à partir de 1955
et publiées en 1962 dans un ouvrage posthume intitulé How to
do Things with Words (Quand dire, c'est faire).
25
1.2.3. Austin et la pragmatique illocutoire
La paternité de la pragmatique est reconnue au
philosophe anglais John Langshaw Austin. Ce chercheur de l'Ecole d'Oxford
n'avait au départ aucune intention de fonder la pragmatique. Ses
recherches étaient, plutôt, orientées vers la remise en
cause des fondements de la philosophie analytique anglo-saxonne.
En fait, la philosophie analytique, sous l'influence de Frege,
Carnap et Wittgenstein, a assigné au langage une fonction exclusivement
descriptive (exception faite des énoncés interrogatifs,
exclamatifs et impératifs). Le but essentiel du langage étant de
décrire la réalité, tout énoncé linguistique
constitue une fonction de vérité. Dans cette perspective,
l'énoncé est une entité dont la propriété
consiste à endosser soit la valeur vraie soit la valeur fausse. Donc,
l'énoncé est vrai si la situation décrite s'est
effectivement produite ; il est faux dans le cas contraire.
1.2.3.1. Distinction constatif/performatif
Dans ses conférences regroupées dans l'ouvrage
Quand dire, c'est faire, Austin s'insurge contre le privilège
radical accordé par la philosophie analytique anglo-saxonne aux
énoncés linguistiques descriptifs. En analysant avec minutie le
langage naturel, le philosophe d'Oxford, constate d'emblée l'existence
d'un grand nombre d'énoncés sensés, mais ne
répondant pas au critère de valeur de vérité. Loin
de décrire un état de fait, ces énoncés
accomplissent plutôt un acte par leur simple énonciation.
De cette constatation, Austin infère que parmi les
énoncés déclaratifs, certains ont un caractère
descriptif et sont, par conséquent, soumis à la sanction du vrai
ou du faux. D'autres sans rien décrire, exécutent une action par
leur énonciation. Les premiers sont des énoncés constatifs
(statements) et les seconds sont des performatifs46 (de to
perform : exécuter, produire).
46 AUSTIN, John Langshaw., Quand dire, c'est faire, p.
20.
26
Illustrons-en par un exemple. L'énoncé le
ciel est bleu est constatif, car il est susceptible d'être
évalué après vérification empirique. Par contre,
l'énoncé je te promets de l'argent demain n'est ni vrai
ni faux, ni empiriquement vérifiable ; il exprime plutôt un
engagement du locuteur qui en disant je te promets, accomplit ipso
facto l'acte de promettre. Il est par conséquent performatif,
c'est-à-dire qu'il y a simultanéité entre dire et faire,
en d'autres termes, dire, c'est faire. Les énoncés performatifs
sont ainsi à la base de la théorie des actes de langage.
Pour Austin, la propriété distinctive des
énoncés performatifs réside en ceci qu'ils ne sont pas
évalués en terme de vérité ou de fausseté,
mais plutôt de succès ou d'échec. Les énoncés
performatifs ont une seconde propriété. Ils comportent une classe
de verbes qui, conjugués à la première personne du
singulier de l'indicatif présent, à la voix active, se
caractérisent par la simultanéité entre
l'énonciation d'une proposition et l'exécution d'une action. Ils
sont donc dotés d'une valeur illocutoire.
Au registre des verbes dits performatifs, l'on peut citer :
ordonner, promettre, permettre, accepter, déclarer, nommer, baptiser,
asserter, remarquer, critiquer, approuver, bref, tous les verbes qui
accomplissent l'acte qu'ils énoncent. Toutefois, la réussite de
ces actes, dans la vie de tous les jours, est soumise non seulement au respect
des règles précises et partagées, mais aussi à
certaines conditions linguistiques, sociologiques,
psychologiques47.
1.2.3.2. Tripartition de l'acte de langage
Poursuivant ses recherches, Austin constate que certains
énoncés accomplissent des actions par leur énonciation
sans pourtant comporter de verbe performatif. Les énoncés tels
que La séance est levée ou Chien méchant
en sont une illustration. Cette constatation conduit le chercheur à
relativiser la distinction constatif/performatif.
47 PAVEAU, Marie-Anne et SARFATI, Georges-Elia, Les
grandes théories de la linguistique. De la grammaire comparée
à la pragmatique, p.210. S'agissant des verbes performatifs, Austin
en énumère plus d'un millier en anglais. A titre indicatif :
décrire, asserter, avertir, remarquer, commencer, commander, ordonner,
demander, critiquer, présenter des excuses, blâmer, approuver,
souhaiter, promettre, reprocher, exiger, alléguer, etc.
27
Dans le même ordre d'idées, Austin fait observer
que dans l'énoncé « la terre est ronde », il n'est pas
seulement question de rapporter un fait, mais aussi d'affirmer la
réalité de ce fait. Or, l'affirmation est une action qui engage
la responsabilité du locuteur. Ainsi, dire que la terre est ronde,
c'est vouloir dire j'affirme que la terre est ronde. Ce dernier
énoncé s'inscrit au registre des performatifs.
Ce qui précède amène Austin à
conclure que tout énoncé complet correspond à
l'accomplissement d'au moins un acte de langage. Ce faisant, il abandonne la
distinction constatif/performatif en vue d'une théorie
générale de l'acte de langage. Ce revirement est introduit dans
la huitième conférence où l'auteur affirme qu'un acte de
langage est un processus complexe constitué de trois actes
étroitement liés. Il s'agit de l'acte locutoire, l'acte
illocutoire et de l'acte perlocutoire. Ce sont les trois niveaux de
structuration d'un même acte48.
En effet, l'acte locutoire est celui de dire quelque chose.
L'acte illocutoire tient à ce qui est fait en disant. Et l'acte
perlocutoire est celui réalisé par le fait de dire ce qui est
dit. Concrètement, l'acte locutoire concerne l'aspect linguistique
de l'énoncé et s'exprime à travers une énonciation.
L'acte perlocutoire est lié aux effets produits par l'énonciation
sur le destinataire. Quant à l'acte illocutoire, il met en exergue la
force ou la valeur par laquelle l'énoncé transforme la
réalité.
48. AUSTIN, John Langshaw., Op.cit., p.25.
C'est l'acte que l'on accomplit en disant quelque chose. C'est
ce dernier acte qui sert d'ancrage aux actes de langage et de critère
pour établir leur classification49.
49 Au terme de ses investigations, Austin
établit une typologie des actes de langage basée sur les types
illocutoires en cinq rubriques suivantes : les verdictifs (actes judicaires
tels que acquitter, décréter, condamner...) ; les promissifs
(visant à obliger le locuteur à adopter un certain comportement.
Exemple promettre, consentir) ; les expositifs( servent à exposer une
idée, conduire une argumentation. Exemple : affirmer, conjecturer) ; les
exercitifs (formulent un jugement favorable ou non sur une conduite. Exemple :
exhorter, ordonner, pardonner) ; les comportatifs(expriment une attitude du
locuteur envers la conduite de quelqu'un. Exemple : s'excuser, remercier,
déplorer, critiquer, maudire). Cette classification sera
reformulée par Searle. Cfr. KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Op.cit.,
p.213.
28
1.2.4. Approche pragmatique de Searle
Disciple d'Austin, Searle est le meilleur continuateur de
l'oeuvre de ce dernier. Searle se penche sur les aspects des actes de langage
dont il propose une reformulation rigoureuse.
1.2.4.1 Apport de Searle
En effet, Searle à la suite d'Austin affirme que tout
énoncé linguistique fonctionne comme un acte particulier
visant à produire un certain effet et à modifier la
situation interlocutive. Ce faisant, il place l'illocution au centre des
préoccupations de ses recherches sur les actes de langage. Il retient,
contre son maître, le grief d'avoir confondu le verbe illocutoire et
l'acte illocutoire, deux notions pourtant différentes50.
D'entrée de jeu, Searle réaffirme le
caractère binaire de l'acte de langage. Il comprend deux valeurs, en
l'occurrence, le contenu propositionnel et la force illocutoire. Par contenu
propositionnel, on entend les unités linguistiques indispensables
à la bonne compréhension du sens de l'énoncé, mieux
les éléments de connaissance du contexte nécessaires
à l'élucidation de l'énoncé. La force illocutoire,
c'est l'intention qu'a le locuteur d'accomplir tel ou tel acte à travers
son énonciation. Une force d'ordre, par exemple, correspond à
l'intention d'ordonner51. C'est donc la force illocutoire qui donne
à l'énoncé la valeur d'acte. C'est cette valeur qui,
combinée avec le contenu propositionnel, confère à
l'énoncé le statut d'acte de langage. On le voit bien,
la valeur illocutoire qui détermine la nature de l'acte et fait
la différence entre une affirmation, un ordre ou une promesse.
Il appert que les énoncés peuvent avoir un
contenu propositionnel plus ou moins semblable et s'opposer nettement au niveau
de la valeur illocutoire, donnant lieu aux différents actes de
langage52.
50 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Introduction
aux théories de la communication, analyse sémio-pragmatique de la
communication médiatique, p.102.
51 Ibidem, p.95. les deux auteurs indiquent que les
pronoms personnels, les déictiques, les localisateurs constituent ces
elements contextuels indispensables à la compréhension de
l'énoncé.
52 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Les actes de langage
dans le discours. Théorie et fonctionnement, p.16. L'illustration
de Searle est éloquente. Ces quatre énoncés - Jean fume
beaucoup(1), Jean fume-t-il
29
1.2.4.2. Taxinomie de Searle
Searle examine la taxinomie des valeurs illocutoires en douze
critères qu'il appelle les « dimensions de variation significative
» des actes illocutoires. Trois de ces douze critères sont
considérés comme principaux et déterminants. Il s'agit du
but illocutoire; de la direction d'ajustement des mots avec le monde et du
monde avec les mots ; de l'état psychologie
exprimé53.
Sur base de ces trois critères, Searle propose une
classification des actes illocutoires selon cinq grands types fondamentaux :
les assertifs, les directifs, les promissifs, les expressifs, les
déclaratifs54.
-Les assertifs : ils affirment un état
de fait et se caractérisent par la correspondance de
l'énoncé avec l'état du monde. Concernant la direction
d'ajustement, les assertifs vont des mots au monde. L'état psychologique
exprimé est la croyance que l'énoncé est vrai. Les
assertifs nous disent comment sont les choses. Exemple (constater, affirmer,
nier, répondre, décrire, etc.). Le ciel est bleu est un
assertif.
-Les directifs : ils visent à faire
faire quelque chose à l'interlocuteur, à faire accomplir une
action par l'interlocuteur, par injonction, supplication, prière, etc.
Ces types d'actes tendent à modifier le monde de l'interlocution. La
direction, elle va du monde aux mots. L'état psychologique
exprimé, c'est la volonté que l'interlocuteur accomplisse
l'action énoncée par le locuteur. Exemple de directifs : inviter
à, suggérer, ordonner, réclamer, conseiller, etc. Exemple
: Je te conseille de partir.
-Les promissifs : ici, le locuteur s'engage
à faire quelque chose, il assume l'obligation d'accomplir une action.
Les promissifs obligent le locuteur (à des degrés variés)
à adopter une certaine conduite future. Pour la direction, elle va du
monde aux
beaucoup ?(2), Fume beaucoup, Jean!(3), Plût au ciel que
Jean fumât beaucoup !(4). Ces énoncés ont un contenu
proposition plus ou moins semblable composé de 'attribut du
prédicat 'fumer beaucoup' appliqué au sujet `Jean'. Ils se
diffèrent plutôt ai niveau de la force illocutoire
constituée respectivement de l'assertion(1), de la question(2), de
l'ordre(3), du souhait(4).
53 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,
p.102-103.
54 SEARLE, John, Sens et expression. Etudes de
théorie des actes de langage, p.51-60. Cité par MEUNIER,
Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit., p.104. Voir note 4.
30
mots. Concernant l'état psychologique, les promissifs
expriment l'intention du locuteur d'effectuer l'acte décrit par le
contenu propositionnel. Parmi les promissifs, il y a promettre, jurer,
garantir, s'engager, etc. Je te promets de l'argent demain est un acte
promissif.
-Les expressifs : sont des actes qui
expriment l'état psychologique, l'état affectif du locuteur
vis-à-vis d'un certain état des choses. Par les expressifs, le
locuteur exprime les émotions, les sentiments ou les attitudes face
à un état des faits. Ici, il n'y a pas de direction car la
vérité est présupposée. Font partis des expressifs
les verbes tels que remercier, féliciter, s'excuser, déplorer,
compatir, applaudir, souhaiter, bénir, rendre hommage, etc. Je compatis
à votre souffrance est un acte expressif.
-Les déclaratifs : sont des actes qui
visent à faire advenir la réalité qu'ils énoncent.
Ici, le locuteur provoque un changement, une transformation dans le monde par
son énonciation. Ces actes mettent en correspondance le contenu
propositionnel avec la réalité. La direction d'ajustement : elle
va des mots au monde et du monde aux mots. Il n'ya pas d'état
psychologique exprimé.
Certes, la réussite du déclaratif suppose que le
locuteur possède un statut requis et est investi de l'autorité
nécessaire et reconnue. Le fonctionnement de ces actes repose sur
l'existence, dans le monde extralinguistique, des institutions (telles que
l'église, la loi, la constitution) ainsi que le respect strict des
règles rituelles. Exemple des déclaratifs :
décréter, déclarer la séance ouverte, baptiser,
excommunier, nommer, démettre, etc. Je déclare la séance
ouverte.
Par ailleurs, dans la vie de tous les jours, les actes de
langage ne sont pas toujours conditionnés par l'usage des verbes
performatifs ou des marqueurs illocutoires classiques. Ils sont plutôt
déterminés par le sens de l'énoncé pris dans son
contexte. Disons qu'à propos des actes de langage, il n'y a de
correspondance biunivoque entre le signifiant et le signifié. Un
même acte de langage peut se réaliser de différentes
manières tout comme une même structure linguistique peut exprimer
différentes valeurs illocutoires. Donc, un acte de langage peut se
réaliser, de manière
31
directe, par un verbe performatif ou une structure classique,
et de manière indirecte, par le truchement d'un autre acte de langage.
Les réalisations indirectes peuvent être conventionnelles ou non
conventionnelles55.
Cet exemple peut illustrer ce qui vient d'être dit. Pour
ordonner quelqu'un à fermer la porte(acte d'ordre), on peut utiliser un
verbe performatif : je t'ordonne de fermer la porte. Cet acte d'ordre
peut aussi s'exprimer de manière indirecte par une gamme de formule :
ferme la porte ; peux-tu fermer la porte ? ; J'aimerais
que tu fermes la porte; la porte est ouverte ; il fait
froid. Autant de manière d'utiliser la valeur illocutoire d'ordre.
Ce qui est de l'ordre vaut pour les autres actes. Ainsi l'analyse pragmatique
du discours des auditeurs sera basée aussi bien sur les actes directs
qu'indirects.
1.2.4.3. Conditions de réussite d'un acte de
langage
Le seul fait d'énoncer un acte de langage ne garantit
pas sa réussite. Encore, faut-il que certaines conditions soient
réunies. Les conditions de réussite sont donc celles qui doivent
être réunies pour que la valeur illocutoire de
l'énoncé ait des chances d'aboutir56. Ces conditions
sont surtout en rapport avec la réalisation au niveau perlocutoire.
Certaines conditions sont générales, en
l'occurrence les conditions normales de départ et d'arrivée. Ces
sont des conditions qui rendent toute forme de communication linguistique
possible. On suppose ici l'inexistence, entre locuteur et destinataire, des
obstacles en rapport avec l'audition, la compréhension de la langue, le
canal de communication. D'autres conditions sont en rapport avec l'état
des choses, le locuteur et le destinataire.
- Etat des choses : l'action à
accomplir ne doit pas être déjà accomplie avant ou au
moment de l'énonciation. Le contexte doit être approprié
à l'acte. Ex. Quand on dit à quelqu'un : « ferme la porte
» ; on suppose que la porte en question existe et qu'elle est ouverte,
sinon l'acte est défectueux. On ne peut pas demander à quelqu'un
de fermer une porte déjà fermée.
55 KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, Op.cit., p.52.
56 SEARLES, John R., Les actes de langage. Essai de
philosophie du langage, p.95.
32
-Le locuteur : la réussite de l'acte
du côté du locuteur dépend des conditions de
sincérité et institutionnelle.
La condition de sincérité ou de
prétention à la sincérité signifie que le locuteur
doit adhérer à ce qu'il énonce, qu'il a l'intention de
réaliser l'acte de son énonciation, étant donné que
parler, c'est être sincère. Ainsi, il est non sens de
dire « je te promets de venir demain, mais je n'ai pas l'intention de le
faire ».
La condition institutionnelle signifie que le
locuteur doit être investi d'un statut reconnu institutionnellement pour
pouvoir accomplir l'acte de son énonciation. Ainsi, N'est pas
autorisé qui veut à affirmer, ordonner, répondre ou
pardonner : encore faut-il que «l'illocuteur » possède, au
moment de la prise de parole, une crédibilité et une
autorité suffisantes ; qu'il dispose du « droit de réponse
», ou d'une « position haute » lui permettant la «
condescendance » du pardon57. En vertu de son statut, un
étudiant n'est pas autorisé de dire à un professeur :
« sortez de la salle de classe ».
-Destinataire : l'accomplissement de l'action
suppose que l'interlocuteur a la capacité et les dispositions
psychologiques requises pour s'exécuter.
1.2.5. Approche de François
Recanati
Les recherches de Recanati s'inscrivent dans le prolongement
de Searle. Cet auteur propose une classification arborescente dont la
cohérence se fonde sur le principe d'ajustement. Il catégorise
les actes de langage selon la direction d'ajustement entre les mots et le
monde, critère qui, selon lui, permet de classer aussi bien les
états psychologiques que les buts illocutoires. La taxinomie de Recanati
est basée sur une triple distinction58.
En effet, la première distinction est établie
entre les actes essentiellement représentatifs et non essentiellement
représentatifs. Les premiers possèdent un contenu proposition
explicite (par exemple, je te baptise). Les deuxièmes n'ont pas
de contenu propositionnel explicite, mais expriment simplement une convention
et une
57 SEARLES, John R., Op.cit., p.29-30.
58 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,
p.104-105.
59 Ibidem, p.106. Nous avons complété
ce schéma en ajoutant les éléments de la catégorie
des actes non essentiellement représentatifs(expressifs) et des
constatifs(assertifs).
33
attitude sociale à l'égard du destinataire (par
exemple, bonjour, merci). Cette deuxième catégorie correspond aux
expressifs de Searle.
La deuxième distinction est basée sur les actes
essentiellement représentatifs. Elle se rapporte à la dimension
constative et performative des actes de langage. Les constatifs
présentent l'état des choses comme donné
indépendamment de l'énonciation, tandis que les performatifs
présentent l'état de chose comme virtuellement
réalisé par l'énonciation. La catégorie des
constatifs de Recanati correspond aux assertifs de Searle.
La dernière distinction concerne spécifiquement
la catégorie des performatifs. Leur caractéristique commune,
c'est la volonté du locuteur de transformer le monde, la
réalité par son énonciation. Il s'agit des directifs, des
promissifs et des déclaratifs de Searle. Cette classification est
présentée dans le schéma ci-dessous.
Schéma I59.( taxinomie de
Recanati)
Actes illocutoires
Essentiellement Non essentiellement
représentatifs représentatifs
Performatifs actes constatifs
Déclaratifs Promissifs Prescriptifs ( Assertifs )
(Expressifs)
(Directifs)
34
Comme on le voit, la classification de Recanati
présente un degré de cohérence interne élevé
entre les différentes catégories d'actes. Cette taxinomie rejoint
la distinction austinienne entre les actes constatifs et performatifs. Elle met
l'accent sur la direction d'ajustement et donc sur la volonté du
locuteur de transformer le monde, la réalité par son
énonciation.
L'intérêt de cette taxinomie de Recanati est de
regrouper les actes selon le degré de leur force illocutoire. Les actes
non essentiellement représentatifs (expressifs) ne réalisent ni
une description ni une transformation quelconque du monde. Ils expriment
simplement une convention ou une attitude à l'égard du
destinataire. Les actes constatifs, eux, se limitent à décrire un
état de fait, ils représentent un état de choses comme
donné indépendamment de l'énonciation. Enfin, les
actes performatifs sont portés par la volonté du locuteur de
transformer le monde par l'énonciation. Ces derniers sont
réalisés par le seul fait de leur énonciation.
Cette troisième catégorie nous aidera à
montrer la nature du discours des auditeurs dans les émissions
interactives. Ces locuteurs, par leur énonciation, expriment la
volonté de transformer, de changer la situation de leur
environnement.
1.2.6. Instance énonciative et
polyphonie
La pragmatique, ainsi que nous l'avons indiqué
précédemment étudie le langage en acte. Il s'agit aussi
bien du langage actualisé dans un acte énonciatif particulier que
du langage comme moyen d'agir sur le contexte d'interlocution. Or,
l'actualisation d'un énoncé suppose la présence des
indices linguistiques qui inscrivent le discours dans le cadre
énonciatif de sa production. Cette inscription se réalise par la
présence des traces des énonciateurs dans le
discours60.
En effet, les actes de langage sont contenus dans des
énoncés linguistiques. Ces énoncés contiennent les
traces des énonciateurs ou des protagonistes du discours61.
Ces traces sont perceptibles par la présence, entre autres des marques
de personnes, des indices spatio-temporels, etc. Pour le besoin de cette
étude, nous
60 KERBRAT-ORECOEIONI, Catherine, La pragmatique, dans
SFEZ, Lucien, Op.cit., p.258.
61 COURTES, Joseph, Analyse sémiotique du discours. De
l'énoncé à l'énonciation, p.248.
35
examinons simplement la position énonciative ainsi que
les conditions de polyphonie dans un discours.
1.2.6.1. Position énonciative dans le
discours
Comme l'écrivent Meunier et Peraya, Les marques de
personnes sont certainement un des aspects les plus importants à
considérer dans un discours. Mais, on ne saisira bien leur portée
pragmatique que si, d'une part, on tient compte de leur degré de
présence, et que d'autre part, on tient compte de ce qui les
différencie62
En effet, l'énoncé est toujours produit par un
locuteur désigné par les pronoms et les différentes
marques de la première personne(je)63. « Je »
désigne celui qui parle et qui prend en charge l'énoncé.
Il représente la personne subjective transcendante. L'allocutaire,
à qui s'adresse l'énoncé, est désigné par
les pronoms et les marques de la deuxième personne(Tu). « Tu »
est nécessairement désigné par « Je » ; il ne
peut être pensé en dehors de la situation posée par ce
dernier. « Tu » représente la personne non subjective à
laquelle « Je » s'adresse64.
Contrairement à « Je » et « Tu »
qui désignent les personnes dans leur unité spécifique,
« Il » (ou elle), n'implique aucune personne spécifique. Il
est par conséquent considéré comme la personne sur qui
porte le discours, c'est-à-dire la non-personne. Il est situé en
dehors de la relation par laquelle « Je » et « Tu » se
spécifient65.
Au pluriel, la première personne, c'est le « Nous
». Elle est l'amplification de « Je » auquel elle joint une
globalité d'autres personnes indistinctes. Le « Nous » se
présente sous deux formes : inclusive et exclusive. Le « Nous
» inclusif correspond à « Moi + Vous». Le Nous exclusif
par contre équivaut à « Moi + Eux ». Ce n'est pas tout,
« Nous » comprend aussi d'autres emplois amplifiés de «
Je » tels que le « Nous » de majesté, le « Nous
» d'auteur utilisé pour relativiser une affirmation trop
catégorique.
62 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,
p.82.
63 Ibidem, p.81.
64 BENVENISTE, Emile, Problèmes de linguistique
générale, p.228.
65 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,
p.86.
36
Le pronom « Vous » se présente comme la
manifestation d'un processus de généralisation ou d'extension de
« Tu ». On distingue le « Vous » collectif et le «
Vous » de politesse. Quant au pronom Ils, il désigne l'ensemble
indéfini des êtres non personnels, c'est l'extension
illimitée et indéfinie de la non-personne66.
Il reste le pronom « On ». Celui-ci présente
une généralité indécise d'autant plus qu'il peut se
substituer à tous les autres pronoms. Sa spécificité, par
rapport aux autres pronoms, est de ne porter aucune marque de personne. Ainsi
le pronom « On » vient gommer en quelque sorte les frontières
entre les positions de première, deuxième et troisième
personne. C'est un pronom syncrétiste67.
Cet éclairage théorique sur la position
énonciative, à travers les indicateurs de personnes, met en
évidence la manière dont les protagonistes du discours
structurent leur relation et se positionnent par rapport aux autres.
1.2.6.2. Regard sur la polyphonie
La polyphonie peut désigner la marque ou la trace
d'hétérogénéité des voix dans le discours.
Il y a polyphonie lorsque les protagonistes du discours font résonner
dans leur voix, les voix des autres personnes. Pour Bakhtine, initiateur de ce
concept, le discours est le lieu de manifestation de plusieurs voix
représentatives de discours différents. Abondant dans le
même sens, Meunier et Peraya affirment que Tout texte doit donc
être considéré comme le lieu d'interaction entre
différents discours et analysé comme une instance
énonciative plurielle68.
66 BENVENISTE, Emile, Op.cit., p.233-235.
De son côté, Oswald Ducrot présente une
formulation théorique de la polyphonie comprenant deux pôles de
l'interlocution et quatre rôles de l'énonciation. Les deux
pôles de l'interlocution sont : le pôle de l'émission et le
pôle de la
67 MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit., p.111.
68 MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel, Op.cit.,
p.88.
69 DUCROT, Oswald, Les mots du discours, p.233-236,
cité par MEUNIER, Jean-Pierre et PERAYA, Daniel,
Op.cit.,p.88-90.
37
réception. De ces deux pôles, l'on peut
dégager quatre rôles ou figures de l'énonciation : le
locuteur, l'allocutaire, l'énonciateur et le
destinataire69.
-Le locuteur - ou l'auteur des paroles- désigne la
personne qui produit l'acte illocutoire (qu'il en soit responsable ou non) ;
-Les allocataires sont des personnes à qui l'acte est
adressé ( c'est-à-dire tous ceux qui entendent, écoutent
le message, qu'ils y soient concernés ou non).;
-L'énonciateur est l'agent de l'acte illocutoire, il le
prend en charge et en assume la responsabilité (c'est le responsable du
message, qu'il le produise explicitement ou non);
-Les destinataires sont les patients des actes, ceux à
qui les actes sont destinés ; ils en constituent en quelque sorte la
cible (ceux à qui le message est nécessairement
destiné).
Cette formulation théorique de Ducrot peut se
résumer dans ce tableau proposé par Patrick Charaudeau et
Dominique Maingueneau.
Sujet
|
Position de production
|
Position de réception
|
Externe (au discours)
|
Emetteur
Locuteur
Auteur
|
Récepteur
Interlocuteur Allocutaire Auditeur Lecteur
|
Interne
(au discours)
|
Enonciateur
Narrateur Auteur modèle
|
Destinataire Allocutaire Co-énonciateur
Narrataire Lecteur modèle
|
38
S'agissant de niveau, le sujet parlant peut se situer au
niveau externe ou interne au discours70. Au niveau externe, le sujet
parlant produit un discours dont il n'est pas le vrai responsable. L'instance
productrice des messages peut alors être appelée un
émetteur, un locuteur ou un auteur. Quant à l'instance
réceptrice, elle est constituée par des gens qui écoutent
des messages dont ils ne sont pas les vrais destinataires, la vraie cible.
Cette instance réceptrice peut avoir le statut de récepteur,
allocutaire, auditeur, lecteur, bref ceux qui entendent un discours qui ne leur
est pas adressé.
Au niveau interne, l'instance productrice transmet un message
construit par elle-même, un message dont il est l'agent. Celui qui
produit un message dont il est responsable peut être appelé
énonciateur, narrateur ou auteur modèle. Du côté de
la réception, l'on trouve des personnes qui écoutent les messages
qui leur sont destinés, les messages dont ils sont de vrais
destinataires. Cette instance peut s'appeler destinataire,
co-énonciateur, narrataire, lecteur modèle.
La polyphonie s'applique aussi bien au pôle de
l'émission qu'à celui de la réception. Elle suppose
nécessairement une différence nette entre locuteur et
énonciateur d'une part et entre allocutaire et destinataire d'autre
part. Ainsi, du côté de l'émission, il y a polyphonie
lorsque le locuteur produit un discours venant d'une autre personne ou d'une
autre instance énonciative. Du côté de la réception,
il y a polyphonie lorsque le message destiné aux vrais destinataires
(personnes nécessairement concernées par le message) est entendu
par l'ensemble des allocutaires.
Ce chapitre a consisté non seulement à cerner
les concepts théoriques contenus dans le titre de notre travail, mais
aussi à présenter le cadre théorique de l'étude,
à savoir la pragmatique illocutoire.
Les concepts discours, auditeur, magazine interactif ont
été définis de manière détaillée et
systématique. Le discours est un développement oratoire,
écrit ou verbal, contextualisé. L'auditeur est
considéré comme une personne qui écoute les programmes de
la radio et peut intervenir en direct pour exprimer son opinion. Quant
70 CHARAUDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique, Op.cit.,
p.557.
39
aux magazines interactifs, ce sont programmes radiophoniques
ouverts, constitués d'un dispositif d'échange, en direct, entre
la radio et les auditeurs.
Concernant le cadre de référence, nous avons
recouru à la pragmatique illocutoire. Cette théorie met exergue
la valeur illocutoire des énoncés linguistiques. Elle montre la
capacité qu'ont les énoncés linguistiques de transformer
la réalité par leur énonciation.
Le premier chapitre étant brossé, nous abordons
à présent le deuxième chapitre consacré à la
présentation du champ de notre étude, à savoir la Radio
Okapi.
40
CHAPITRE DEUXIEME :
PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI
ET DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS
Ce chapitre porte sur la présentation de l'objet de
notre étude. Il sera question de présenter la Radio Okapi ainsi
que le magazine Dialogue entre congolais, programme sur lequel porte
spécifiquement cette recherche.
2.1. Présentation de la Radio Okapi
La présentation porte sur les éléments
suivants : le statut juridique et l'historique de la radio Okapi, sa situation
géographique, son objet social, sa structure et son fonctionnement, sa
politique éditoriale, son organigramme.
2.1.1. Statut juridique et Historique
La Radio Okapi est un organe de presse sous la gestion de la
Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation du
Congo(MONUSCO) et de la Fondation Hirondelle. Cette radio vit le jour 25
février 2002 sous l'initiative de la Fondation Hirondelle71
et de la MONUC(Mission d'Observation des Nations Unies au Congo). Mais, cette
naissance a une histoire.
En effet, le 17 mai 1997, les forces de l'Alliance sous la
direction de Laurent Désiré Kabila ont pris le pouvoir d'Etat en
RDC. Le pays a connu une accalmie avant de se replonger, le 02 Août 1998
dans une autre guerre menée d'abord par la rébellion du
RCD(Rassemblement congolais pour la démocratie), puis par le
MLC(Mouvement pour la libération du Congo) ainsi que d'autres petites
rébellions ramifiées.
Ces rébellions ont mis en mal la souveraineté du
pays, l'intégrité territoriale, la sécurité et la
paix en RDC. C'est dans ce contexte que le Conseil de sécurité
de
71 La Fondation Hirondelle est une organisation des
journalistes suisses fondée depuis 1995. Elle dirige les médias
en zone de conflit ou de crise dans le monde. Elle a été
présente au Libéria, à Arusha/ Tanzanie(auprès du
Tribunal Pénal International d'Arusha), au Kosovo, au Timor, au
Népal, etc.
41
l'ONU votera, le 30 novembre 1999, la résolution 1279
autorisant l'envoi d'une mission de maintien de la paix en RDC,
dénommée « Mission d'Observation des Nations Unies au Congo
»(MONUC).
Sitôt mise en marche, cette mission de
sécurité a senti le besoin d'avoir un outil de communication dans
le but de vulgariser l'information sur la paix, la sécurité, la
situation humanitaire sur l'étendue du pays. C'est ainsi que le
département de maintien de la paix des Nations Unies, à New York,
intéressera la Fondation Hirondelle pour participer à la mise en
place d'une radio en RDC.
Après la prise de connaissance de la
réalité locale du pays, la Fondation Hirondelle proposera la
structure d'une radio avec des antennes à l'intérieur du pays. La
proposition présentée en 2001 reçue l'assentiment du
Conseil de sécurité. Ainsi la Radio Okapi verra le jour le 25
février 2002, le jour de l'ouverture des travaux du dialogue
intercongolais organisé, entre les différents belligérants
ainsi que les forces sociales congolaises, à Sun City, en Afrique du
Sud.
2.1.2. Situation géographique
Le siège social de la Radio Okapi est situé au
quartier général de la Monusco, sur l'avenue des Aviateurs,
à côté de l'ambassade des Etats-Unis, dans la commune de la
Gombe. La Radio Okapi assure une couverture médiatique nationale
à travers ses antennes provinciales.
2.1.3. Objet social
La résolution 1355 assigne à la Radio Okapi une
diversité de missions toujours actuelles. Il s'agit de :
-proposer les informations, des magazines et de la musique
pour accompagner le processus de paix sur le territoire national ;
-donner des informations sur l'actualité du pays, les
activités de la Monusco et l'assistance humanitaire.
-accompagner la RDC dans la phase de reconstruction et de
développement.
42
2.1.4. Structure et fonctionnement
La radio Okapi comprend une structure coiffée par une
administration bicéphale, en l'occurrence, la division de l'information
publique de la Monusco d'un côté et la Fondation Hirondelle de
l'autre.
La division de l'information publique a la tâche de
concevoir les stratégies pour le bon fonctionnement de la radio
conformément aux prescrits du Conseil de sécurité. Elle
exécute ce travail par le biais de la direction de la Radio. La
Fondation Hirondelle gère une partie du personnel, elle assure la tenue
des programmes et veille sur leur contenu.
Comme on le voit, la Radio Okapi fonctionne avec deux
administrations conjointes, deux types du personnel et deux types de contrat de
travail. Il y a des travailleurs qui sont pris en charge par l'Administration
des Nations Unies et d'autres par la Fondation Hirondelle.
La Radio Okapi fonctionne 24heures /24 pendant toute la
semaine. Elle émet en modulation de fréquence (FM) et en onde
courte ( sur 11.960 Mhz de 5h à 6h et 18h à 19h). Elle est
captée sur toute l'étendue du territoire national, à
travers les 14 antennes régionales, une vingtaine de stations relai
ainsi que des radios communautaires partenaires. Les émissions de la
Radio Okapi sont disponibles sur le site
www.radiookapi.net .
2.1.5. Politique éditoriale
La Radio Okapi s'efforce d'apporter une contribution
significative au processus de paix et de sécurité dans le pays.
Elle revendique neutralité et impartialité dans la couverture et
le traitement des informations et milite en faveur de l'expression libre des
idées et des opinions.
A travers ses programmes d'information, la Radio Okapi
respecte le pluralisme régional et politique au sein d'une
identité nationale. Pour toute question, surtout controversée,
elle cherche toujours un autre son de cloche avant de diffuser
43
l'information. A ce principe d'équilibre, s'ajoute
celui de l'exactitude qui consiste à distinguer nettement les faits des
commentaires. La Radio Okapi s'attache, afin, au respect des individus et de la
vie privée , elle tient compte de la sensibilité du public dans
l'élaboration de ses programmes72.
72 Cfr Entretien avec Monsieur Julien NYAMWENY,
Rédacteur adjoint chargé des régions et des informations
en langues nationales.
44
2.1.6. Organigramme
45
2.2. Présentation du magazine dialogue entre
congolais
2.2.1. Historique
L'historique du magazine Dialogue entre congolais est confondu
avec celui de la Radio Okapi. Ce magazine a été diffusé
pour la toute première fois le jour de l'inauguration des programmes de
la Radio Okapi qui, d'ailleurs, coïncida avec l'ouverture du dialogue
intercongolais à Sun City, en Afrique du Sud.
Cette émission a connu deux grandes périodes.
Avec la situation de belligérance de 2002 à 2006, elle
était orientée vers les thèmes en rapport avec la
réunification du pays. Depuis 2006, sans abandonner la
préoccupation de pacification, elle aborde des aspects
pédagogiques, de reconstruction et de développement.
2.2.2. Objectif
Le Dialogue entre congolais est une émission
d'actualité qui poursuit un certain nombre d'objectifs, entre
autres73 :
-S'investir dans le processus de pacification du pays. Etant
donné la guerre qui a sévi durant plusieurs années en RDC,
il est nécessaire de vulgariser le discours et la logique de la paix.
-Aider la population à comprendre les enjeux de la
paix. Autrement dit, amener la population à comprendre, à travers
les analyses faites par les acteurs politiques et les forces vives, les
avantages de la paix.
-Favoriser la solution de la crise par le dialogue ou les moyens
pacifiques. -Faciliter la réconciliation nationale
73 Entretien avec Monsieur Alain IRUNG, Coordinateur du
magazine.
74 Cfr. Entretien avec Monsieur Alain IRUNG MUSHINJ,
Coordonnateur et présentateur principal du magazine politique «
Dialogue entre congolais », le 18 juin 2012.
46
2.2.3. Déroulement de
l'émission
L'émission est structurée de la manière
suivante. L'animateur présente le sujet de l'émission du jour
suivi généralement de deux questions principales. Ensuite, l'on
balance un élément sonore (reportage, papier...) servant à
situer le contexte du sujet.
Le présentateur lit en principe une ou deux
réactions écrites des auditeurs, puis pose la première
question à l'un des invités, le débat est ainsi
lancé. Après cette question introductive, on prend quelques
réactions des auditeurs, et l'animateur pose une deuxième
question aux invités, l'un après l'autre. Quelques 10 minutes
avant la fin de l'émission, le présentateur prend les derniers
messages des auditeurs et demande la réaction des invités.
2.2.4. Fonctionnement74
Le magazine est préparé et animé par une
équipe de quatre personnes, dont le Coordonateur qui est aussi le
présentateur principal, le reporter (aussi présentateur adjoint),
le réalisateur et le responsable du desk. Le coordinateur supervise le
magazine et assure la présentation du mardi à jeudi. Le reporter
recherche les éléments sonores d'illustration à
intégrer dans l'émission. Il présente l'émission du
lundi. Le réalisateur garde contact avec les invités
jusqu'à la réalisation de l'émission. Il s'occupe du
conducteur et de la gestion du chrono pendant l'émission. Le
chargé du desk s'occupe du standard, il reçoit et enregistre les
appels des auditeurs et tous les messages écrits envoyé en guise
de réaction au sujet de l'émission.
Le magazine a lieu du lundi à jeudi, de 19h15 à
20h00 heures de Kinshasa et la rediffusion se fait entre 4h15 et 5h00. Le
vendredi est consacré à la tribune de la presse où l'on
invite les journalistes pour débattre sur un sujet d'actualité,
mais sans intervention des auditeurs.
Certes, le choix des sujets est dicté par
l'actualité. Chaque jour de l'émission, l'équipe
animatrice se réunit dans la matinée pour choisir le sujet du
jour. Ce sujet est trié parmi les éléments d'information
importants et actuels diffusés dans les journaux parlés de la
Radio et qui méritent un approfondissement.
47
Une fois le sujet trié, on l'annonce à l'antenne
et sur le web, à partir de 12h55, pour permettre aux auditeurs d'envoyer
déjà leurs réactions. En même temps, on
sélectionne puis contacte les invités convenables en tenant
compte de l'équilibre politique ou idéologique. A part les deux
protagonistes, on invite aussi très souvent un analyste ou une
personnalité neutre pour équilibrer le débat.
La plupart, si pas toutes les réactions des auditeurs
sont pré-enregistrées sur le standard pour. Cela évite des
dérapages et les défections des lignes
téléphoniques en direct de l'émission. Au moment venu, le
présentateur lance l'émission et les invités interviennent
par téléphone ou à partir du studio. La moyenne de temps
de parole par invité est de 12 minutes.
L'auditeur a une place importante dans ce magazine ; il est
considéré dans ce comme le quatrième invité. Et
pour preuve, l'émission commence souvent par les réactions des
auditeurs avant même l'intervention des invités. Les
réactions des auditeurs sont minutieusement filtrées à un
double niveau75. D'abord au niveau du responsable de desk, puis
celui du présentateur de l'émission. On privilégie les
réactions pertinentes tout en respectant le principe d'équilibre.
Autant dire que d'autres réactions ne sont pas prises en compte.
Ce deuxième chapitre était essentiellement
consacré à notre champ d'étude. Il était question
de présenter l'objet de notre e étude, dans son contexte. La
première section a consisté à présenter le contexte
dans lequel fonctionne ce magazine, à savoir la Radio Okapi, et la
seconde section s'est appesanti sur le magazine proprement dit.
Nous avons passé en revue l'historique, l'objet, la
structure, le fonctionnement. Il ressort que ce magazine s'inscrit dans la
dynamique de la politique éditoriale de la Radio Okapi qui consiste
à contribuer à la vulgarisation de l'information auprès de
la population, mais aussi de favoriser l'expression libre des idées et
opinions de tous. Ceci nous permet d'aborder le troisième chapitre
portant sur l'analyse des discours des auditeurs.
75 Selon le Coordonnateur, beaucoup d'interventions des
auditeurs sont enregistrées à l'avance et rediffusées au
moment de l'émission. Le filtrage se fait en rapport avec
l'intérêt de la réaction et la conformité à
la ligne éditoriale qui bannit l'insulte, la xénophobie, le
tribalisme, le racisme, etc.
48
CHAPITRE TROISIEME: ANALYSE DU DISCOURS DES
AUDITEURS
Ce chapitre constitue la partie empirique de notre
étude. Il analyse le discours des auditeurs intervenant dans les
magazines radiophoniques interactifs. L'objectif est de dégager
l'orientation illocutoire de ce discours. Ce chapitre s'articulera autour de
trois points fondamentaux, à savoir le protocole méthodologique,
l'analyse des données et l'interprétation des
résultats.
3.1. Protocole méthodologique
Cette étape va nous permettre d'indiquer la
démarche à entreprendre pour valider l'hypothèse de ce
travail. Il est question de montrer le cheminement à suivre dans
l'analyse des données.
En effet, cette étude est partie de la question
spécifique suivante: Quelle est l'orientation illocutoire du discours
des auditeurs dans un programme radiophonique interactif d'actualité? En
rapport avec cette question, nous avons émis l'hypothèse selon
laquelle les anonymes qui interviennent dans un programme radiophonique ouvert
ont tendance à produire un discours de nature performative.
Au regard de notre hypothèse, nous
opérationnalisons les concepts suivants : anonyme, programme
radiophonique, discours performatif.
Construction des concepts
Concept
|
Dimension
|
Indicateur
|
Anonyme
|
absence d'identité
|
Absence de nom
|
Absence de statut
|
49
Programme radiophonique interactif
Concept
|
Indicateur
|
Programme radiophonique interactif
|
Echange entre animateur et auditeurs
|
Discours performatif
Concept
|
Dimension
|
Indicateur
|
Discours performatif
|
Directif
|
-demande -conseil -recommandation -ordre
|
Déclaratif
|
-changement de statut
|
Promissif
|
-engagement -promesse
|
3.1.1. Présentation de l'analyse de
contenu
En vue de vérifier la validité de notre
hypothèse nous procédons à l'analyse du
corpus. Le procédé que nous utilisons est l'analyse
de contenu.
En effet, l'analyse de contenu est une technique
fréquemment usitée dans l'étude des documents (visuels,
écrits ou sonores)*. La définition de Bernard Berelson
est explicite : C'est une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative, du contenu manifeste des
communications, ayant pour but de les interpréter76. Il
existe divers types d'analyse77. Dans cette étude, nous
* L'analyse de contenu est un concept
générique. Il désigne les procédés d'analyse
des documents tels que des oeuvres littéraires, les articles des
journaux, les documents officiels, les programmes audio -visuels, les
déclarations politiques, les rapports des réunions, etc. Cfr.
MULUMA, Albert, Guide du chercheur en Sciences sociale et humaine,,
p.110-111.
76 BERELSON, Bernard, Content Analysis in communication
research, p.220, cité par GRAWITZ, Madeleine, Méthodes
des sciences sociales, p.606. La description est objective, car elle
procède selon les règles et obéit à des consignes
claires et précises ; elle est systématique parce que le contenu
est ordonné et intégré dans les catégories
choisies, en fonction du but poursuivi ; elle est dite quantitative car elle
vise le
50
utilisons l'analyse quantitative, celle basée sur la
fréquence ou le dénombrement du phénomène à
étudier.
L'analyse de contenu comporte quatre étapes principales
: la préanalyse, le codage et le comptage, la catégorisation,
l'interprétation78.
La préanalyse : c'est l'étape
de l'opérationnalisation et de la systématisation de l'objectif
de départ. Trois missions sont assignées à la
préanalyse, à savoir le choix des documents, la formulation des
hypothèses et l'élaboration des indicateurs sur lesquels devront
s'appuyer l'interprétation. Notons que le choix du corpus est toujours
effectué en rapport avec la question préalable de recherche.
Le codage79 et le comptage des
unités : c'est l'étape du découpage du document
en de petits segments significatifs. Ce sont des unités
d'enregistrement, de numération et de contexte.
En effet, l'unité d'enregistrement est la plus petite
unité de signification. Elle correspond à l'identification des
éléments du document ayant un sens complet en eux-mêmes.
L'unité d'enregistrement utilisé dans ce travail c'est
l'énoncé dans l'intervention de l'auditeur. L'unité de
numération c'est la manière de compter ou de mesurer les
unités d'analyse. Dans cette étude, nous utilisons le nombre
comme unité de numération. Il s'agit de déterminer la
fréquence de chaque acte de langage dans le corpus. Reste maintenant
l'unité de contexte. Elle est immédiatement plus grande que celle
d'enregistrement dont elle permet d'interpréter avec précision la
signification80. L'intervention de l'auditeur est utilisée
ici comme unité de contexte.
En clair, la procédure de découpage des
unités d'analyse se fera de façon suivante : dans chacune des
émissions, nous isolerons les interventions des auditeurs
dénombrement et met en évidence la
fréquence des éléments significatifs ; contenu
manifeste, car l'analyse est basée sur le message
explicitement exprimé et non sur des présomptions.
77 GRAWITZ, Madeleine, Op.cit., p.608-609.
D'après l'auteure, il existe divers types d'analyse de contenu : analyse
d'exploration ou de vérification, quantitative ou qualitative, directe
ou indirecte, dirigée ou non dirigée communication
représentative ou instrumentale.
78 MBIYE, Hilaire, Cours d'Analyse de contenu, L1 FCS,
UCC, 2008-2009, inédit.
79 Le codage est le processus par lequel les données
brutes sont transformées systématiquement et
agrégées dans des unités qui permettent une description
précise des caractéristiques pertinentes du contenu'. Cfr. Ole R.
HOLSTI, Analyse de contenu, dans
http://responsable.unige.ch/AnalyseEtuRispalAnnexe1.pdf
le 10 mars 2012.
80 BONVILLE, Jean de, L'analyse de contenu des
médias : De la problématique au traitement statistique,
p.26.
51
selon l'ordre chronologique de leur passage à
l'antenne. Chaque intervention sera ensuite découpée en des
unités linguistiques d'analyse ou énoncés. Le
caractère oral du discours en analyse a rendu ardu le découpage
des énoncés. Pour surmonter cet obstacle, nous avons
décidé de recourir aussi bien au sens logique des
énoncés qu'aux éléments paralinguistiques contenus
dans le discours -l'intonation montante(/) ou descendante(\), la pause(-),
etc.). Une fois découpés, ces énoncés seront soumis
à l'analyse pragmatique en vue de dégager, pour chaque
unité linguistique, la position énonciative et l'acte de langage
sous-jacent.
La catégorisation : c'est
l'opération de classification des éléments du document
selon les critères préalablement définis. Une
catégorie, à en croire Madeleine Grawitz, est une rubrique
significative, en fonction de laquelle le contenu sera classé et au
besoin quantifié81. Dans l'analyse de notre corpus, les
énoncés seront classés selon la position
énonciative et les actes de langage. La position énonciative
indique la marque de la personne ; elle s'exprime à travers les pronoms
personnels
L'interprétation des résultats
: c'est la dernière et la plus intéressante étape
de l'analyse. Elle permet d'évaluer la fécondité de la
démarche ainsi que l'hypothèse énoncée.
L'interprétation s'appuie sur les éléments mis à
jour par la catégorisation pour fonder une lecture à la fois
originale et objective du corpus. Cette étape consiste à
confronter les résultats obtenus aux hypothèses (à
l'hypothèse) du départ, afin de tirer les conclusions relatives
à la validité ou à l'invalidité de
l'hypothèse.
Cette phase méthodologique nous permet de passer
à la présentation du corpus de notre étude.
3.1.2. Présentation du corpus
Dans un travail scientifique, le corpus est l'ensemble des
données sur lesquelles s'effectue l'analyse et qui permettent de
répondre aux interrogations de la problématique de départ.
La taille du corpus, comme l'indique Suzanne de
81 GRAWITZ, Madeleine, Op.Cit. p.616.
82 CHEVEIGNE, Suzanne de, L'environnement dans les
journaux télévisés : Médiateurs
et Vision du monde, 2000.
52
Chéveigné, dépend des moyens du chercheur
ainsi que de l'importance de l'actualité en rapport avec le
sujet82. Quant au choix, il doit être plus ou moins
représentatif.
Notre corpus est composé de sept émissions du
magazine Dialogue entre congolais, un programme radiophonique interactif
diffusé à la Radio Okapi. Ces émissions ont
été sélectionnées parmi les magazines
diffusés dans la période allant du 20 février au 07 mars
2012. Nous pensons que cette durée est représentative pour une
étude scientifique de ce genre. La sélection était
basée sur la diversité des sujets traités dans les
émissions (politique, social, environnement). Ces émissions ont
été enregistrées à l'aide d'un dictaphone, puis
retranscrites minutieusement pour l'analyse.
Concernant le choix de la période, il se justifie par
le fait que c'était une période de grands enjeux socio-politiques
tels que le refus de l'UDPS et alliés de faire valider le mandat de
leurs députés à l'Assemblée nationale, la
problématique de la réforme de l'armée, la fermeture des
médias appartenant aux opposants, etc. Nous avons pensé voir la
manière dont les auditeurs réagissent d'actualité
socio-politique d'intérêt commun.
Le magazine Dialogue entre congolais est diffusé du
lundi à jeudi de 19h15 à 19h45 (le vendredi est consacré
à la tribune de la presse). La rediffusion a lieu de 4h15 à 5h00.
Le choix de ce magazine est dicté par son ancienneté parmi les
émissions interactives d'actualité diffusées à
Kinshasa, la qualité et la variété des sujets
traités, ainsi que le statut des invités. Les invités
participant aux émissions sélectionnées sont des acteurs
politiques, des analystes politiques, des spécialistes, des cadres
d'entreprise, des membres du clergé, de hauts cadres de
l'armée.
3.1.3. Procédure d'analyse des
données
Nous allons procéder à
l'analyse de sept émissions sélectionnées. Pour chaque
émission, appelée ici texte, il sera mentionné les
éléments suivants: la date de
53
diffusion, le thème, le nom de l'animateur, le nombre
d'invités, nombre d'auditeurs intervenant ainsi que le tableau de
repérage des énoncés.
En effet, le tableau de repérage comportera cinq
colonnes. La première colonne indique l'ordre de succession des
auditeurs pendant l'émission ainsi que le lieu à partir
d'où ils interviennent. La deuxième indique l'ordre continu de
repérage des énoncés pour chaque émission. La
troisième colonne est réservée à l'identification
des énoncés contenus dans chaque intervention de l'auditeur. La
quatrième indique la position énonciative de chaque
énoncé. Quant à la cinquième colonne, elle
détermine l'acte de langage contenu dans l'énoncé.
Après la présentation de chaque tableau, nous
ferons un commentaire explicatif pour définir les tendances
observées, par rapport aux catégories définies (position
énonciative et actes de langage). Nous regrouperons, ensuite, toutes les
données dans deux tableaux : celui de synthèse de repérage
et celui de fréquence. L'observation de la fréquence de chaque
élément de la catégorie par rapport à l'ensemble
orientera l'interprétation des données et permettra de tirer des
conclusions qui s'imposent.
54
3.2. Analyse des données
3.2.1. Repérage des données
Texte n°1
Emission du 20 février 2012
Thème : Où en est-on avec la réforme de
l'armée ?
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant: 6
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1
(Ituri)
|
1
|
2Les réclamations des militaires des FARDC sont
très fondées,
|
(ils)
|
assertif
|
2
|
2Il revient aux autorités militaires d'en tenir
compte
|
(ils)
|
directif
|
3
|
Euh nous félicitons le courage de ces
officiers,
|
nous
|
expressif
|
4
|
4ca, car c'est de cette façon de les traiter qui les
poussent à tracasser la population.
|
(ils)
|
assertif
|
5
|
C'est une alerte pour tous.
|
(ils)
|
Directif
|
Intervenant
2
(Bukavu)
|
6
|
6Cette mutinerie est la résultante de l'impunité
et de l'intolérance de nos dirigeants vis-à-vis des officiers
supérieurs de notre armée
|
(Nous)
|
assertif
|
7
|
qui détournent l'argent destiné à la paie
des policiers et militaires au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune
action en justice ne soit initiée contre eux.
|
(ils)
|
Assertif
|
Intervenant
3
|
8
|
8Je me demande quand est-ce qu'on peut dolor dorloter un
militaire si ce n'est lorsqu'il est au combat,
|
Je,
on(Vous), ils
|
directif
|
9
|
9que les chefs militaires qui tiennent le
commandement sachent qu'un militaire sur le
|
ils
|
directif
|
55
(Uvira)
|
|
champ de bataille agit comme un loup blessé.
|
|
|
|
10
|
1Pour ce faire, ils doivent cesser de les
maltraiter pour éviter une guerre dans une autre.
|
Ils
|
directif
|
Intervenant
4
(Kolwezi)
|
11
|
1C'est Ignace Ngala depuis Kolwezi au
Katanga,
|
Je
|
assertif
|
12
|
2La mutinerie n'est pas un fait à banaliser
comme il est de coutume dans notre gouvernement,
|
(Nous)
|
directif
|
13
|
3euh il s'agit là de la manifestation d'un
malaise,
|
(il)
|
assertif
|
14
|
4c'est le résultat si pas de l'échec alors de
l'inadéquation du management dans la démarche
pour la réforme de l'armée,
|
(il)
|
assertif
|
15
|
5euh eh l'intérêt de bien d'autres avait
été banalisé, curieusement, ils continuent ,
|
Ils
|
assertif
|
16
|
6on peut eh détourner la paie des
fonctionnaires, mais pas de l'armée,
|
On (ils)
|
directif
|
17
|
7il faudrait y penser et d'étendre le problème
aux autres catégories sociales,
|
(ils)
|
directif
|
18
|
vous savez le moment est très très tragique.
|
vous
|
assertif
|
Intervenant
5
(Goma)
|
19
|
9La mauvaise gestion de notre armée finira par retomber
le pays à la case du départ de triste mémoire.
|
(nous)
|
assertif
|
20
|
2Ces mutineries sont un signe avant coureur que
|
Il
|
assertif
|
21
|
2le comandant suprême doit remettre de l'ordre dans ces
troupes.
|
Il
|
directif
|
Intervenant
6
(Bukavu)
|
22
|
2A mon avis, la mutinerie d'Ituri n'est pas un fait nouveau
pour notre armée,
|
Je, (nous)
|
assertif
|
23
|
3car de façon générale, les conditions
dans
lesquelles elle est placée ne sont
pas satisfaisantes.
|
Elle(il)
|
assertif
|
24
|
4 D'où le processus de réforme doit
accélérer et
doit mettre l'accent sur la discipline
et l'amélioration du social de nos militaires...
|
(nous)
|
directif
|
|
|
24 énoncés
|
|
|
56
Six auditeurs ont participé à cette
émission du 20 février. Concernant la position
énonciative, nous avons relevé 27 pronoms personnels selon la
fréquence suivante : 9 pronoms de la première personne (3 pronoms
du singulier(je) et 6 pronoms du pluriel(Nous) ); 1 pronom de la
deuxième personne du pluriel ( 1 Vous); 15 pronoms de la
troisième personne (5 du singulier(Il) et 10 du pluriel (Ils)) ; 2
pronom syncrétistes 83 (On)
Dans les interventions des auditeurs, il ressort 24
énoncés donnant lieu à 24 actes de langage répartis
comme suit : 13 assertifs, 10 directifs et 1 expressif. Les actes promissifs et
déclaratifs sont absents dans les discours des auditeurs.
Texte n°2
Emission du 21 février 2012
Thème : Installation de 11 commissions parlementaires sans
l'UDPS et alliés
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant : 4
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1
(Beni/ Nord- Kivu
|
1
|
1 je ne vois pas comment les députés de
l'UDPS participeraient aux débats
de l'assemblée nationale issue des élections que 90% des
congolais réfutent à cause de la fraude
|
Je
|
directif
|
2
|
2si les députés de l'UDPS participent aux
sessions de l'assemblée nationale, cela prouverait
qu'en RDC on fait eh on ne fait de la politique que pour remplir ses poches.
|
On (ils)
|
assertif
|
|
3
|
2Jean Bernard MIBEKO de Mbandaka en Equateur,
|
(Je)
|
assertif
|
|
4l'analyse qu'on peut faire de la situation est que l'UDPS et
alliés restent toujours dans la
|
On (nous)
|
assertif
|
83 Nous empruntons cette expression à
Dominique Maingueneau. D'après cet auteur, le caractère
syncrétiste de ce pronom réside en ceci qu'il produit ainsi
une sorte d' effacement des frontières entre les positions de la
première, deuxième et troisième personne. Autrement
dit, On peut renvoyer à la première, à la deuxième
ou à la
troisième personne, du singulier ou du pluriel. Cfr.
MAINGUENEAU, Dominique, Op.Cit., p.111.
57
Intervenant
2
(Mbandaka)
|
4
|
logique du refus des résultats publiés par la
Ceni,
|
|
|
5
|
5 l'atmosphère politique ne va pas s'éclaircir
s'éclaircir d'ici là
|
(Il)
|
assertif
|
6
|
6il faut beaucoup d'ingéniosité de la part des
politiciens pour détendre le climat politique en RDC.
|
(ils)
|
directif
|
Intervenant
3
(Mbuji-Mayi
|
7
|
7au nom du principe de la souveraineté
nationale, les députés de l'UDPS
doivent siéger et
|
(ils)
|
directif
|
8
|
8en plus, ils doivent choisir entre le mot
d'ordre de leur leader et le choix fait sur eux par la
population
|
(Ils)
|
directif
|
9
|
9il faut aussi savoir que le boycott de 2006 n'avait rien
changé et celui de 2012 ne changera rien parce la mouvance actuelle a
une majorité à l'Assemblée.
|
(il)
|
directif
|
Intervenant
4 (Beni)
|
10
|
1 j'aimerais que Valentin Mubake nous dise pourquoi la
direction politique de son parti ne veut pas à ce que ses élus
participent aux plénières ?
|
Je, nous
|
Directif
|
11
|
1Sont-ils députés pour défendre
l'intérêt du peuple congolais ou pour défendre
l'intérêt de l'UDPS ?
|
Ils
|
Directif
|
12
|
2 Qui fera le contrepoids si l'opposition est absente ?
|
(il)
|
Directif
|
|
|
12 énoncés
|
|
|
Concernant la position énonciative, nous relevons 13
pronoms personnels selon la fréquence suivante : 4 pronoms de la
première personne (3 du singulier(Je) et 1 du pluriel (Nous) ; 7 pronoms
de la troisième personne (3 du singulier (il) et 4 du pluriel (Ils) ; 2
pronoms On. Nous constatons l'absence des pronoms de la deuxième
personne (singulier et pluriel)
L'émission compte 12 énoncés comprenant
les actes de langage répartis comme suit : 4 assertifs et 8 directifs.
L'on remarque l'absence des expressifs, des promissifs et de
déclaratifs.
58
Texte n°3
Emission du 27 février 2012
Thème : l'Observatoire des médias congolais exige
la réouverture de RLTV et Canal Futur
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant : 5
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1
(Mbandaka)
|
1
|
1nous militons tous pour l'instauration d'un véritable
Etat des droit
|
nous
|
promissif
|
2
|
2mettons quand même en pratique les principes qui
favorisent cet état de droit au lieu de nous verser dans l'arbitraire
|
nous
|
directif
|
Intervenant
2
(Kisangani)
|
3
|
3C'est Pepe Lisungi de Kisangani province oriental :
|
(je)
|
assertif
|
4
|
4je me demande si le CSAC a été
créé pour fermer les chaines de l'opposition et donner des
blâmes aux chaines du pouvoir,
|
je
|
directif
|
5
|
pourquoi toujours les chaines des opposants alors qu'on
constate le dérapage partout ?
|
On(nous)
|
directif
|
Intervenant
3.
(Lubumbashi)
|
6
|
6C'est bien de fermer une chaîne dans le but de
remettre de l'ordre surtout en période tragique,
|
il
|
expressif
|
7
|
7mais je pense qu'il faut essayer de mettre de l'eau dans le
vin en équilibrant l'atmosphère médiatique
|
je
|
directif
|
|
8
|
8C'est Robert Bahome de Bukavu au Sud Kivu :
|
(je)
|
assertif
|
9
|
9les médias doivent normalement travailler en toute
liberté pour informer la population ,
|
(ils)
|
directif
|
10
|
1mais ils ne doivent pas confondre la liberté que leur
reconnaît la loi avec le libertinage
quelles que soit leur tendance politique
|
(Ils)
|
directif
|
59
Intervenant
4
(Bukavu)
|
|
respective,
|
|
|
11
|
1 je pense que sur cela que l'OMEC devrait s'appesantir pour
bien orienter nos médias dans leurs actions quotidiennes.
|
Je, nous
|
directif
|
Intervenant
5
(Mbandaka)
|
12
|
C'est Matembe de Mbandaka à l'Equateur
:
|
(je)
|
assertif
|
13
|
3à mon humble avis la mission principale de CSAC comme
une institution d'appui à la démocratie consiste à veiller
au respect de la déontologie en la matière et donner
l'accès équitable à tous les partis politiques et aux
citoyens euh les moyens euh donner euh le moyens euh [le CSAC devrait]
|
(Je)
|
directif
|
14
|
excusez-moi
|
(je)
|
expressif
|
15
|
5donner l'accès équitable à tous les
partis
politiques et aux citoyens les moyens officiels d'information
et de communication,
|
(ils)
|
directif
|
16
|
6cette structure doit toujours soutenir les
revendications de l'OMEC.
|
il
|
directif
|
17
|
7Dans un Etat démocratique les médias de
l'opposition politique ont ces droits qui sont liés à leur
existence et leur activité pour la conquête démocratique du
pouvoir,
|
ils
|
assertif
|
|
18
|
8donc les revendications de l'OMEC tiennent débout.
|
il
|
assertif
|
|
18 énoncés
|
|
|
En ce qui concerne la position énonciative, l'analyse
relève 19 pronoms. La répartition est la suivante : 11 pronoms
relèvent de la première personne ( 8 du singulier (Je) et 3 du
pluriel (Nous) ; 7 de la troisième personne ( 3 du singulier (Il) et 4
du pluriel (Ils) ; 1 pronom syncrétiste (On). Nous remarquons l'absence
des pronoms de la deuxième personne (singulier et pluriel)
Ce discours comprend 18 énoncés contenant les
actes de langage ci-après : 5 assertifs, 10 directifs et 2 expressifs et
1 promissif. Il n' ya pas de déclaratif.
60
Texte n°4
Emission du 28 février 2012
Thème : Etat des lieux des parcs nationaux de la RDC
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant: 4
Intervenant (localisation)
|
°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1
(Kalemi)
|
1
|
1la protection de nos parcs est un devoir de tous d'en
bénéficier et un droit de tous dans un Etat de droit.
|
Nous
|
directif
|
Intervenant
2
(Butembo)
|
2
|
Je suis Carlos Benga Nord-Kivu/Butembo,
|
(Je)
|
assertif
|
3
|
3la demande toujours croissante de terre, la
pauvreté des populations riveraines contraintes de
vivre de la chasse, cueillette et ramassage, la méconnaissance des
bienfaits immédiats du parc, la persistance des groupes armés
rendent incertain le travail de l'ICCN.
|
(il)
|
assertif
|
Intervenant
3
(Katanga)
|
4
|
4Au Katanga, on a suffisamment dénoncé le
braconnage
|
on(ils)
|
assertif
|
5
|
5et l'ICCN a des rapports sur la présence des
miniers dans les parcs, parce que en même temps qu'il y a
braconnage, en même temps
qu'il y a destruction de l'habitat de ce mammifères,
notamment les éléphants.
|
ils
|
assertif
|
6
|
5Les miniers qui se retrouvent dans les parcs,
comment vous allez protéger les animaux sans protéger leur
habitat ?
|
Vous
|
directif
|
7
|
Donc, ça pose déjà un problème,
donc nous allons faire des actions en justice,
|
Nous
|
promissif
|
|
8
|
nous déplorons quand même le comportement de
l'autorité,
|
nous
|
expressif
|
61
Intervenant
4
(non-précisé)
|
|
9 La société civile dénonce le braconnage
|
(il)
|
expressif
|
10
|
1au-delà de cela, il faut qu'on aille dans des
résolutions concrètes, dans les
mesures pratiques au lieu des voeux politiques.
|
on (ils)
|
directif
|
11
|
Pour quoi ne pas sanctionner ?
|
ils
|
directif
|
12
|
la loi existe, mais on n'applique pas la loi,
|
on (ils)
|
assertif
|
13
|
mais aussi [pour quoi ne pas...] amener le
lobby au niveau international (sic)
|
(il)
|
directif
|
14
|
1parce que les questions des aires protégées
sont des questions locales mais aussi globales,
ça concerne l'ensemble de l'Afrique
ça concerne l'ensemble du monde et surtout pour les aires
protégées du Congo
|
il
|
assertif
|
15
|
1xxx l'autorité locale xxx actuellement elle s'est
révélée comme adversaire de nos aires
protégées du fait qu'elle s'est conduite pour user d'une
démagogie lors des campagnes électorales en incitant à la
destruction de nos ressources xxx
|
(nous)
|
assertif
|
|
|
15 énoncés
|
|
|
Les interventions des auditeurs dans cette émission du
28 février contiennent 15 pronoms personnels selon cette
fréquence : 5 pronoms de la première personne ( 1 du
singulier(Je) et 4 du pluriel (Nous)) ; 1 pronoms de la deuxième
personne du pluriel(Vous) ; 6 pronoms de la troisième personne (4 du
singulier (Il) et 2 du pluriel (Ils)) ; 3 pronoms (On).
Quant aux actes de langage, ils sont répartis de la
manière suivante : 7 assertifs, 5 directifs, 2 expressifs et 1
promissif. Il n'y a aucun acte déclaratif dans ce discours.
62
Texte n°5
Emission du 29 février 2012
Thème : Etat des lieux des routes de desserte agricole
en RDC
Animateur : Alain IRUNG
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant: 7
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1 Beni
|
1
|
1Bonjour, monsieur le journaliste et bon
anniversaire chez vous à l'Okapi (merci)
|
Vous
|
expressif
|
2
|
2 je voulais seulement intervenir et demander d'abord la
première question à notre invité de savoir, d'abord les
engins que le gouvernement avait achetés pour la réhabilitation
des nos routes, où sont ces engins et dans quel sites ces engins sont en
train de travailler aujourd'hui ?
|
Je, (nous)
|
directif
|
3
|
3à présent moi je suis à Kolwezi, nous
avons la route de desserte agricole qui quitte Kolwezi jusqu'à Kinda,
|
Je, nous
|
assertif
|
4
|
4cette route qui quitte Kolwezi -Kinda si vous voulez
pratiquer cette route, il y a à peu près une affaire de 100
quelque chose de km, mais si vous prenez le véhicule, vous faites
à peu près deux semaines pour arriver à une distance de
(...)
|
vous
|
-assertif
|
Intervenant
2
Kolwezi
|
5
|
5 je me demande lorsqu'on met de la terre sur le
chemin à terre battue, est-ce cela
une réhabilitation ?
|
Je, on(ils)
|
directif
|
6
|
6c'est le cas de la route de la route xxx qui euh se
détériore.
|
(il)
|
assertif
|
7
|
7 Ces routes sont indispensables pour la
promotion de l'agriculture,
|
(il)
|
-assertif
|
8
|
8et c'est une honte pour nous avec cette
potentialité en agriculture que nous avons,
|
nous
|
expressif
|
63
|
9
|
9il faut que le gouvernement en tienne compte sinon la RDC
continuera à dépendre des importations
|
(il)
|
-directif
|
Intervenant
3
(sans lieu)
|
10
|
1 je constate que ce sont seulement les
populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec
des maigres moyens,
|
Je
|
assertif
|
11
|
1il faut que le gouvernement se ressaisisse à ce
propos,
|
(il)
|
directif
|
12
|
1le gouvernement peut soutenir ses populations qui se sont
déjà investies
|
(il)
|
directif
|
Intervenant
4
(Sans lieu)
|
13
|
c'est une question de volonté politique du chef de
l'Etat et dans 10 ans tout peut changer, par rapport à ces routes de
desserte agricoles
|
(il)
|
directif
|
Intervenant
5
Kiwanja
|
14
|
1nos routes ne sont pas aménagées et celles qui
tiennent encore datent de l'époque du Zaïre, euh et
|
Nous
|
assertif
|
15
|
1 pourtant, nous payons chaque jour, chaque fois de l'argent
ch chez Foner,
|
Nous
|
assertif
|
16
|
1 nous voulons savoir comment ces fonds sont
gérés ?
|
Nous
|
directif
|
17
|
7Pourtant le président de la République est
passé lui-même euh par cette route là plus de 3 fois avec
sa sa Jeep,
|
il
|
assertif
|
18
|
1 je me demande s'il n'a pas eh
constaté l'état de route.
|
Je, Il
|
directif
|
19
|
7On pensait d'ailleurs pendant ce temps là qu'il
pouvait donner la pousse pour réhabiliter cette route !
|
On(nous), Il
|
expressif
|
20
|
0Dommage !
|
il
|
expressif
|
Intervenant
6
Sans lieu
|
21
|
2J'ai l'impression que le gouvernement
réaménage les routes pour son prestige, surtout
[il] pense aux routes qui sont en ville et ne voit pas l'intérêt
des routes de desserte agricole.
|
Je
|
assertif
|
|
22
|
2Avant d'accuser à tort et à travers, il est
important de préciser si ces routes doivent être
entretenues par le gouvernement central ou
|
(Il)
|
directif
|
64
Intervenant
7
Butembo
|
|
provincial,
|
|
|
23
|
2Cette précision nous permettra de savoir vers qui nous
pouvons présenter nos doléances,
|
nous
|
assertif
|
24
|
2Ici à Butembo, la route Mongoshiba est dans un
état très critique et pourtant elle est d'une importance
capitale.
|
(il)
|
assertif
|
|
|
24 énoncés
|
|
|
Dans le discours des auditeurs intervenant à
l'émission du 29 février, il se dégage 28 pronoms
personnels dont 13 relèvent de la première personne( 6 du
singulier (Je) et 7 du pluriel (Nous)) ; 2 pronoms de la deuxième
personne du pluriel (Vous) ; 12 pronoms de la troisième personne du
singulier (Il) et 2 pronoms (On). Il n'y a pas de pronoms de la deuxième
personne du singulier.
Concernant l'orientation illocutoire, l'analyse relève
24 acte de langage dont voici la fréquence de répartition : 11
assertifs, 9 directifs, 4 expressifs. Nous remarquons l'absence des actes
promissifs et déclaratifs.
Texte n°6
Emission du 01 mars 2012
Thème : Signature d'un contrat de performance entre l'Etat
congolais, la SNEL et la Regideso
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant : 3
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
|
1
|
1Pouvons-nous comprendre que c'est le
gouvernement qui était à la base des multiples
problèmes de ces deux sociétés,
|
Nous
|
directif
|
2
|
2et qu'est-ce qui rassure que le gouvernement s'acquittera
cette fois-ci de ces engagements
|
(il)
|
|
65
Intervenant
1
Bukavu
|
|
pris vis-à-vis de la Snel et de la Régidso ?
|
|
directif
|
3
|
3car notre gouvernement prend souvent des
fermes engagements qui sur papier sont porteurs d'espoir
mais pour l'exécution ça pose problème,
|
(Nous)
|
assertif
|
4
|
ne sera-t-il pas le cas pour cet engagement ?
|
(il)
|
directif
|
5
|
5Et le gouvernement, a-t-il des moyens pour s'en acquitter
?
|
il
|
directif
|
6
|
6Car, c'est devenu une habitude quand il veut
échapper à ses responsabilités il
évoque l'absence de moyens.
|
il
|
assertif
|
Intervenant
2
Baraka
|
7
|
7Nous souhaitons une suite heureuse à ce contrat de
performance conclue entre l'Etat et ces deux sociétés combien
important pour le peuple congolais
|
Nous
|
expressif
|
8
|
8 toutefois, tout en saluant l'éveil de conscience
du gouvernement congolais, le peuple congolais se
réjouira plus si les engagements
réciproques entre partis au contrat
sont exécutés,
|
(il)
|
expressif
|
9
|
9car les congolais sont riches en théorie et moins en
pratique,
|
(ils)
|
assertif
|
Intervenant
3
Kalemi
|
10
|
1 je doute de cet engagement suite à la bonne
santé de corruption dans notre pays xxx
|
Je, (nous)
|
expressif
|
|
10 énoncés
|
|
|
Dans les interventions des auditeurs ayant participé
à l'émission du 1er mars, nous avons relevé 11
pronoms personnels dont : 5 pronoms de la première peronne ( 1 du
singulier(Je) et 4 du pluriel(Nous)) ; 6 pronoms de la troisième
personne (5 du singulier(Il) et 1 du pluriel(Ils)). Les pronoms de la
deuxième personne sont absents.
En outre le discours comprend 10 énoncés
répartis selon les actes de langage suivants : 3 assertifs, 4 directifs
et 3 expressifs. Nous constatons l'absence de promissifs et de
déclaratifs.
66
Texte n°7
Emission du 07 mars 2012
Thème : Les évêques s'entretiennent avec
Kabila, Tshisekedi, Kamerhe et un délégué de Kengo
Animateur : Kelly KUTE
Nombre d'invités : 3
Nombre d'auditeurs intervenant: 4
Intervenant (localisation)
|
N°
|
Intervention
|
Position énonciative
|
Acte de langage
|
Intervenant
1
(sans lieu)
|
1
|
les évêques ne vont-ils pas se trahir ?
|
Ils
|
directif
|
2
|
Pourquoi cette démarche en arrière ?
|
(ils)
|
directif
|
3
|
3car hier, ils soutenaient l'opposition
aujourd'hui, ils cherchent à se racheter en contentant
les acteurs politiques du pays, car leur démarche de soutien à
l'opposition a échoué,
|
ils
|
assertif
|
4
|
demain, on ne sait pas ce qu'ils feront,
|
On(nous), ils
|
directif
|
5
|
5c'est un jeu de cache cache auquel ils se livrent, une
distraction pure et simple car le peuple connaît déjà leur
position, ce qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien
avant.
|
Ils
|
expressif
|
Intervenant
2
(Watsha)
Province- Oriental
|
6
|
à6 mon avis, les évêques sont en train de
chercher à embellir ou couvrir leur attitude affichée,
après la proclamation des résultats par la Ceni.
|
(Je)
|
assertif
|
7
|
7 Ils avaient rejeté les résultats
proclamés, ils avaient fait alliance avec l'opposition et
tenté
d'organiser les marches avec l'opposition pour
réclamer la vérité des urnes ai lieu d'aller à la
Ceni, ils ont refusé.
|
Ils
|
assertif
|
Intervenant
3
Sans lieu
|
8
|
8la seule porte de sortie à cette situation
créée
par la Ceni est la formation d'un
gouvernement transitoire composé
uniquement d'experts sans ambitions politiques et qui aura
pour mission essentielle d'organiser dans un délai court les
élections
transparentes et crédibles après
le recensement de la population, nous verrons à
|
Nous
|
directif
|
67
|
|
ce moment là qui euh à qui réellement le
peuple aura donné le pouvoir
|
|
|
Intervenant
4
Lubumbashi
|
9
|
9nous voulons que ce dialogue puisse avoir lieu pour que
l'opposition puisse se retrouver dans le gouvernement afin de mettre en place
le processus démocratique en marche pour que les élections
prochaines soient crédibles,
|
Nous
|
directif
|
10
|
1sinon, il y aura toujours le chaos pour l'avenir du pays.
|
(il)
|
expressif
|
|
|
10 énoncés
|
|
|
En rapport avec la position énonciative, nous avons
relevé 11 pronoms personnels dont 3 pronoms de la première
personne (1 du singulier(Je) et 2 du pluriel(Nous)) ; 7 pronoms de la
troisième personne(A du singulier(Il) et 6 du pluriel(Ils)) ; A pronom
(On). Le discours ne contient aucun pronom de a deuxième personne.
Quant à l'orientation illocutoire, le discours comprend
10 actes de langage : 3 assertifs, 5 directifs et 2 expressifs. Il n'y a pas de
promissifs ni de déclaratif.
68
3.2.2. Tableaux synthétiques
Après analyse de l'ensemble des textes du corpus, nous
procédons à la synthèse des données
relevées. Les deux premiers tableaux reprennent, respectivement,
l'ensemble des pronoms personnels ainsi que des actes de langage pour chaque
texte (émission). Tandis que les deux derniers tableaux
présentent la fréquence des données pour l'ensemble du
corpus.
1° Tableau de synthèse de
repérage
a) Position énonciative84
Marques de personnes
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
Total
|
1ère personne
|
9
|
4
|
11
|
5
|
13
|
5
|
3
|
50
|
2è personne
|
1
|
0
|
0
|
1
|
2
|
0
|
0
|
4
|
3è personne
|
15
|
7
|
7
|
6
|
12
|
6
|
7
|
60
|
On
|
2
|
2
|
1
|
3
|
2
|
0
|
1
|
11
|
Total
|
27
|
13
|
19
|
15
|
29
|
11
|
11
|
125
|
Ce tableau nous présente, de manière
détaillée, le nombre de pronoms personnels par texte et pour
l'ensemble du corpus. L'on constate que la marque de la troisième
personne vient en tête avec 60 pronoms, suivie de la première
personne (50 pronoms) et du pronom « On »(11). La deuxième
personne est en bas de l'échelle avec 4 pronoms.
84 L'abréviation T= Texte. Ainsi T1=texte1
etc.
69
b) Actes de langage
Actes de langage
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
Total
|
Directifs
|
10
|
8
|
10
|
5
|
9
|
4
|
5
|
51
|
Assertifs
|
13
|
4
|
5
|
7
|
11
|
3
|
3
|
46
|
Expressifs
|
1
|
0
|
3
|
2
|
4
|
3
|
2
|
14
|
Promissifs
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
2
|
Déclaratifs
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
113
|
Au regard de ce tableau, l'on constate la prédominance des
actes directifs et assertifs avec respectivement une moyenne de 51 et 46 sur
113 actes. Viennent les expressifs et les promissifs. Les déclaratifs
sont absents.
Cette synthèse de repérage nous permet de
présenter les tableaux de fréquence des pronoms personnels et des
actes de langage contenus dans notre corpus.
2°) Tableau de fréquence de données a)
Position énonciative
Pronoms personnels
|
Nombre
|
%
|
1ère personne
|
50
|
40%
|
2ème personne
|
4
|
3,2
|
3ème personne
|
60
|
48
|
On
|
11
|
8,8
|
|
125
|
100 %
|
70
Concernant la position énonciative, l'analyse
relève 125 marques de personnes dans le corpus. Dans l'ensemble, les
pronoms de la troisième personne (Il/Ils ainsi que les expressions
corrélatives) prédominent avec une fréquence de 60 sur
125, soit une moyenne de 48% de l'ensemble.
Les pronoms de la première personne (Je/Nous ainsi que
les expressions corrélatives) avec une fréquence de 50 pronoms
sur 125, soit la moyenne 40%. Ces pronoms de la première personne se
présentent sous deux modalités, le singulier (33 pronoms) et le
pluriel (27). Dans la modalité du pluriel, l'on trouve les deux formes
de «Nous » : inclusif et exclusif. La forme inclusive(Moi+Vous)
compte 18 pronoms et la forme exclusive(Moi+Eux) en compte 9. Le (Nous) de
majesté ainsi que celui de la relativisation de l'affirmation
catégorique sont absents.
La marque de la deuxième personne (Tu/Vous) est faible
dans ce discours. Elle ne compte que 4 pronoms sur 125, soit une moyenne de
3,2%. Enfin, le pronom « On » revient 11 fois, avec un pourcentage de
8,8%. Ce pronom se substitue 1 fois à Vous, 4 fois à Nous et 6
fois à Ils.
Comme on le constate, le discours des anonymes contient une
charge subjective élevée. Il regorge un taux important de marque
d'énonciation de la première et de la troisième
personne.
71
b) Actes de langage
Pour les sept émissions sélectionnées, il
y a eu 33 interventions. De ces interventions, nous avons dégagé
113 énoncés correspondant à 113 actes de langage. Les
données du tableau de repérage nous permettent de
présenter ce tableau de fréquence.
Actes de langage
|
Nombre
|
%
|
Directifs
|
51
|
45,13
|
Assertifs
|
46
|
40,71
|
Expressifs
|
14
|
12,39
|
Promissifs
|
2
|
1,77
|
déclaratifs
|
0
|
0
|
|
113
|
100%
|
Ce tableau récapitule la fréquence des actes de
langage contenus dans les interventions des auditeurs. Après examen de
113 actes de langage exploités par les auditeurs, nous sommes
arrivé à ces résultats : les directifs dominent avec 51
sur 113 actes, soit une moyenne de 45,12%. Les assertifs comptent 46 actes,
soit 40,71%. Les expressifs sont au nombre de 14, soit 12,39%. Les promissifs
comptent 2 actes, soit 1,77%. Les déclaratifs sont absents dans le
discours des auditeurs.
Nous constatons, dans ce discours, une forte
prédominance des directifs, suivis des assertifs, des expressifs et des
promissifs. Les actes déclaratifs n'y figurent pas. En effet, les
directifs contenus dans le discours des auditeurs sont présentés
sous forme des questions (Texte 2, n°10-13, Texte 3, n°5, Texte
4,n° 6,11, Texte6,1-2, 4-5, Texte 7, 1-2). -[Exemple : Texte 3 n°5
pourquoi toujours les chaînes des opposants -qui sont
fermées-.alors qu'on constate le dérapage partout ?]. Les
directifs sont aussi utilisés ici pour exprimer une
nécessité, un devoir, une obligation, une recommandation
-souvent
72
avec les verbes falloir et devoir (Texte1, n°10, 17, 21,
Texte3, n°9-11). -[Exemple d'une nécessité (Texte 2,
n°6 : il faut beaucoup d'ingéniosité de la part des
politiciens pour détendre le climat politique en RDC) ; d'un devoir
(Texte 2, n°8: en plus, ils -les députés de l'UDPS-
doivent choisir entre le mot d'ordre de leur leader et le choix fait pour eux
par la
population)].
Les assertifs relèvent de la description de la
réalité locale ou nationale telle qu'elle est perçue par
les anonymes, des déclarations pour critiquer, appuyer ou récuser
les thèses défendues par les invités ou les revendications
de certaines catégories sociales. Voir les références
suivantes : (Texte1, n° 1, 4, 6-7 ; Texte2, 2 ; Texte3, n° 17 ;
Texte4, n°3-5 ; Texte5,n°4). Les assertifs servent à faire le
constat, le diagnostic de la situation et à dégager ce qui ne va
pas. -[Exemple : Texte5, n°10 : je constate que ce sont seulement les
populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec de maigres moyens,
n°14 : nos routes ne sont pas aménagées et celles
qui tiennent encore datent de l'époque du Zaïre].
Les auditeurs recourent aux actes expressifs moins pour louer
les faits constatés ou les actions réalisées que pour les
dénoncer et exprimer une indignation, une déception comme nous le
voyons dans les énoncés suivants : (Texte1,n°2, Texte4,
n°8-9, Texte5, n°9, 19-20). -[Exemple Texte 4, n°8: nous
déplorons quand même le comportement de l'autorité ;
n°9 la société civile dénonce le
braconnage ; Texte5,20 : Dommage!].
Quant aux deux promissifs répertoriés, ils
relèvent moins des promesses que d'un engagement collectif pour la
défense d'une cause populaire. -[voir Texte3, 1 : Nous militons tous
pour l'instauration d'un véritable Etat de droit- ; Texte 4,7
-Donc, ça pose déjà un problème, donc, nous
allons faire des actions en justice].
73
3.4. Interprétation des données
Cette dernière section de notre travail va
essentiellement consister à interpréter les tendances
générales qui se dégagent de l'analyse du corpus, avant de
les confronter à l'hypothèse du départ. Trois
étapes constituent l'essentielle de notre démarche :
présenter les résultats de l'analyse, les justifier, les
confronter à l'hypothèse.
Concernant la position énonciative affichée dans
les interventions des anonymes, l'analyse révèle une large
proportion de pronoms personnels de la première et de la
troisième personne ainsi que le pronom « On ». Ces pronoms
sont aussi bien explicites qu'implicites. Quant à la marque de la
deuxième personne, elle est bien rare.
A propos de l'orientation illocutoire, il est remarquable que
le discours des anonymes est majoritairement dominé par les actes
assertifs et directifs ainsi que quelques expressifs. Les promissifs sont
très rares et les déclaratifs carrément absents. Qu'est ce
qui justifie alors ces résultats de l'analyse ?
Evoquons d'abord la position énonciative. Elle est
dominée par les pronoms de la première et de la troisième
personne. En effet, cette prédominance de la première personne
est révélatrice. Elle montre que les anonymes assument
véritablement leur discours, qu'ils parlent avec responsabilité.
Raison pour laquelle ils inscrivent leur subjectivité personnelle dans
le discours par l'usage abondant des pronoms de la première personne.
D'autre part, la fréquence des marques de la
troisième personne traduit l'orientation discursive des propos des
auditeurs. Leur discours sort du cadre personnel (Je/Tu) pour s'adresser
essentiellement à la non-personne (Il/Ils). En d'autres termes, les
interventions des auditeurs sont plus destinées aux instances absentes
du cadre discursif de l'émission qu'aux personnes qui y prennent part.
Cette tendance à vouloir s'adresser plus aux personnes absentes qu'aux
protagonistes de l'énonciation justifie la rareté des pronoms de
la deuxième personne (Tu/Vous).
74
On le voit bien, le discours des auditeurs accorde autant
d'intérêt à l'instance absente du cadre énonciatif.
Cette attitude s'explique par le fait que ces émissions traitent des
questions de haute portée sociale dont les vrais acteurs,
c'est-à-dire les instances de décision, sont absents. Ainsi par
exemple dans l'émission sur la démarche des évêques
après les élections, au lieu de s'adresser à l'Abbé
qui était invité de l'émission, les intervenants
s'adressaient plutôt aux évêques en
général(Texte7, n°1-7). De même dans l'émission
sur l'état des lieux des routes de desserte agricole, au lieu
d'interpeller les invités, les auditeurs interpellaient le gouvernement
de la République ou le Chef de l'Etat(Texte5, 11-13, 17,19).
De cette constatation, l'on peut inférer que, bien que
s'adressant aux invités, le discours des auditeurs dans les magazines
interactifs est plutôt destiné aux autres instances
considérées comme des destinataires du message. Les
invités ne sont que des allocutaires. Par conséquent, ce discours
est polyphonique.
Evoquons ensuite les proportions des actes de langage contenus
dans le corpus. Au regard de l'analyse, deux types d'actes prédominent:
les assertifs et les directifs. Ils sont suivis de quelques expressifs. En
effet, les sujets des magazines en étude traitent, pour la plupart, des
questions socio-politiques. Ainsi, les auditeurs qui participent à la
tribune publique où l'on débat de ces questions, ont tendance
à commencer par poser le diagnostic, décrire les faits tels
qu'ils se présentent. En cas du constat négatif, ils
déplorent la situation, interpellent les responsables et formulent des
recommandations.
L'on constate que très souvent, les anonymes recourent
aux assertifs pour décrire les faits en rapport avec le sujet de
l'émission du jour ; ils convoquent les expressifs pour évaluer
les faits, pour exprimer un sentiment positif ou négatif par rapport
à la réalité décrite ou au comportement des
acteurs. Ils exploitent enfin les directifs pour formuler des recommandations
ou des requêtes en vue du changement de la situation. Voilà qui
justifie la prédominance de ces trois actes dans les interventions des
auditeurs.
75
Cette interprétation nous permet de postuler la
structure caractéristique du discours des anonymes. De manière
générale, ce discours commence par une constatation ou un
diagnostic de la situation, suivi d'une évaluation en termes de jugement
de valeur ou prise de position morale pour finir par des recommandations. Cette
structure peut être représentée dans le schéma
ci-après :
Constatation/ diagnostic de la situation
Evaluation/
prise de position/ Expression de sentiment
Recommandation/ conseil/ proposition/
Interpellation/ Ordre
Assertifs Expressifs Directifs
Nous pouvons illustrer cette structure du discours des
anonymes dans le texte 5 où l'intervenant (2) de Kolwezi parle de
l'état des lieux des routes de desserte agricole. Il articule son
discours de manière suivante :
- [(n°6) c'est le cas de la route xxx qui se
détériore. (Assertif)
(n°7) Ces routes sont indispensables pour la promotion
de l'agriculture, (assertif)
(n°8) c'est une honte pour nous avec cette
potentialité en agriculture que nous avons,
(Expressif)
(n°9) il faut que le gouvernement en tienne compte
sinon la RDC continuera à dépendre des importations
étrangères.] (Directif)
Cette structure permet de comprendre l'apport des assertifs et
des expressifs à la production des actes performatifs, en l'occurrence
les directifs. Ces actes déblayent le terrain pour les directifs dans le
sens que, avant de faire des recommandations, l'auditeur commence par poser le
diagnostic, faire l'autopsie de la situation, ensuite il procède
à l'évaluation en portant un jugement sur les faits
décrits et, enfin, il fait des recommandations en vue de la
transformation, du changement de la situation. C'est ce qui justifie le fait
que malgré sa nature performative, ce discours contient une gamme
d'assertifs et quelques expressifs qui servent, en fait, de passerelle aux
directifs. Ce rôle des constatifs dans la réalisation des
performatifs constitue un grand apport pour cette étude.
76
Concernant la faible fréquence des promissifs et
l'absence des déclaratifs, elle s'explique par le fait du statut des
locuteurs. Les anonymes, étant des personnes ordinaires, n'ont ni
légitimité, ni pouvoir, ni emprise sur le cours des
événements. Ainsi de par leur statut, les auditeurs n'ont pas de
légitimité sociale ou juridique requise pour convoquer avec
succès ces deux types d'actes susceptibles de modifier la
réalité par leur énonciation.
A titre de rappel, notre hypothèse de recherche affirme
que les anonymes qui interviennent dans un programme radiophonique interactif
ont tendance à produire un discours de nature performative. En effet, au
terme de notre analyse, nous avons relevé la prédominance des
actes directifs, assertifs et expressifs dans le discours des auditeurs. Comme
quoi ces résultats de l'analyse correspondent aux projections de
l'hypothèse.
En somme, ce troisième chapitre, articulé autour
de trois sections, a consisté à l'analyse et à
l'interprétation des données. La première section a
porté sur le protocole méthodologique. Il s'est agi d'indiquer le
cheminement à suivre dans notre analyse. La deuxième section
s'est appesantie sur la description du corpus. L'analyse proprement dite a
constitué l'essentiel de la troisième section. Il était
question de procéder au repérage des données dans un
tableau à cinq colonnes avant de procéder à la
synthèse des éléments analysés. Cette analyse a
révélé l'orientation illocutoire des interventions des
auditeurs à travers les magazines interactifs. Ces interventions sont
dominées par les actes directifs et assertifs et expressifs.
77
CONCLUSION GENERALE
Nous voici au terme de notre étude sur le Discours des
auditeurs dans les magazines radiophoniques interactifs. La
préoccupation principale de cette recherche a été de
connaître l'orientation illocutoire du discours des auditeurs à
travers les magazines interactifs.
Par rapport à cette préoccupation, nous nous
sommes posé la question de savoir quelle est l'orientation illocutoire
du discours des anonymes dans un programme radiophonique interactif
d'actualité ? Pour répondre à cette question, nous avons
émis l'hypothèse selon laquelle les anonymes qui interviennent
dans un programme radiophonique interactif ont tendance à produire un
discours de nature performative.
Le cadre théorique utilisé dans ce travail est
la pragmatique illocutoire. Cette théorie nous a permis d'analyser le
discours des auditeurs et de dégager la prédominance des actes du
langage employés. Il ressort que le discours des auditeurs est
basé, pour une large majorité, sur les actes directifs suivis des
assertifs, des expressifs et quelques promissifs.
Afin de bien vérifier notre hypothèse de
recherche, nous avons recouru aux méthodes analytique, descriptive et
herméneutique. Quant aux techniques de collecte, nous avons
utilisé la technique d'observation, la technique documentaire et
l'entretien. Comme technique d'analyse, nous avons recouru à l'analyse
de contenu.
Pour ce faire, cette étude s'est articulée
autour de trois chapitres. Le premier chapitre a été
consacré au cadre conceptuel et théorique de l'étude. Il
était question de définir et de présenter succinctement
les concepts de discours, d'auditeur et de magazine interactif. Nous avons,
ensuite, présenté le cadre théorique dans la tradition
duquel s'inscrit cette étude.
Dans le deuxième chapitre, il était question de
faire la présentation du champ de notre étude. Nous avons, tour
à tour, présenté la Radio Okapi et le magazine
Dialogue entre congolais sur lequel a porté l'étude.
Enfin, le troisième chapitre était
78
consacré à l'analyse du discours des auditeurs.
Il a consisté à la présentation du protocole
méthodologique, à l'analyse du corpus et à
l'interprétation des résultats. L'objectif assigné
à ce chapitre était de vérifier l'hypothèse de
départ à partir des résultats de l'analyse.
Selon ces résultats, 33 auditeurs ont participé
aux sept émissions sélectionnées. De leur discours, nous
avons relevé, pour le besoin de cette étude, 113 actes de langage
répartis comme suit : 51 directifs (45,13%), 46 assertifs (40,71%), 14
expressifs (12,39%), 2 promissifs (1,77%), 0 déclaratif (0%). L'examen
de la position énonciative a révélé une
fréquence élevée des pronoms de la troisième
personne (Il/Ils), 60 sur 125, soit 48% ; suivie de ceux de la première
personne(Je/Nous), 50 sur 125(40%), du pronom indéfini « On »,
11 sur 125(8,8%). Quasiment absents, les pronoms de la deuxième personne
(Tu/Vous) ne comptent que 4 sur 125, soit 3,2% de l'ensemble de tous les
pronoms utilisés.
La prédominance des directifs dans ce discours traduit
la volonté des intervenants, à ce magazine, de vouloir
transformer le monde par leur énonciation. Ceci montre la nature
performative de ce discours. Ainsi donc, ces résultats confirment notre
hypothèse du départ.
79
BIBLIOGRAPHIE
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Sénégal. Les exemples de Sud-FM, de RFM et de FM Awagna,
Thèse de doctorat en SIC, Université Michel de Montaigne,
Bordeaux-III, France, 2010.
4) Entretiens
Entretien avec Monsieur Julien NYAMWENY, Rédacteur en
Chef adjoint chargé des régions et des informations en langues
nationales, le 18 juin 2012.
Entretien avec Monsieur Alain IRUNG MUSHINJ, Coordonnateur et
présentateur principal du magazine politique « Dialogue entre
congolais », le 18 juin 2012.
5) Webographie
www.histoiredesmedias.com
www.cairn.info/revue-mots
www.patrick-charaudeau.com/discours-journalistique
http://responsable.unige.ch/AnalyseEtuRispalAnnexe1.pdf
(consultés entre janvier et mars 2012).
82
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENT ..II
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE PREMIER: 8
APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE 8
I.1. APPROCHE CONCEPTUELLE 8
1.1.1. Discours 8
1.1.1.1. Définition 8
1.1.1.2. Caractéristiques du discours 10
1.1.1.3. Types et genres de discours 12
1.1.2. Auditeur 13
1.1.3. Magazine interactif 14
1.1.3.1. Approche définitionnelle 14
1.1.3.2. Magazine dans la contractualisation audiovisuelle 17
1.1.3.3. Typologie des magazines radiophoniques 19
I.2. PRAGMATIQUE ILLOCUTOIRE 22
1.2.1. Notion de pragmatique 22
1.2.2. Précurseurs de la pragmatique illocutoire 24
1.2.3. Austin et la pragmatique illocutoire 25
1.2.3.1. Distinction constatif/performatif 25
1.2.3.2. Tripartition de l'acte de langage 26
1.2.4. Approche pragmatique de Searle 28
1.2.4.1 Apport de Searle 28
1.2.4.2. Taxinomie de Searle 29
1.2.4.3. Conditions de réussite d'un acte de langage 31
1.2.5. Approche de François Recanati 32
1.2.6. Instance énonciative et polyphonie 34
1.2.6.1. Position énonciative dans le discours 35
1.2.6.2. Regard sur la polyphonie 36
83
CHAPITRE DEUXIEME : 40
PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI 40
ET DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS 40
2.1. PRESENTATION DE LA RADIO OKAPI 40
2.1.1. Statut juridique et Historique 40
2.1.2. Situation géographique 41
2.1.3. Objet social 41
2.1.4. Structure et fonctionnement 42
2.1.5. Politique éditoriale 42
2.1.6. Organigramme 44
2.2. PRESENTATION DU MAGAZINE DIALOGUE ENTRE CONGOLAIS 45
2.2.1. Historique 45
2.2.2. Objectif 45
2.2.3. Déroulement de l'émission 46
2.2.4. Fonctionnement 46
CHAPITRE TROISIEME: 48
ANALYSE DU DISCOURS DES AUDITEURS 48
3.1. PROTOCOLE METHODOLOGIQUE 48
3.1.1. Présentation de l'analyse de contenu 49
3.1.2. PRESENTATION DU CORPUS 51
3.1.3. PROCEDURE D'ANALYSE DES DONNEES 52
3.2. Analyse des données 54
3.3.2. Tableaux synthétiques 68
3.4. INTERPRETATION DES DONNEES 73
CONCLUSION GENERALE 77
BIBLIOGRAPHIE 79
TABLE DES MATIERES 82
ANNEXE I
84
ANNEXE I
Transcription de 7 émissions
sélectionnées
Conventions de transcription
Les locuteurs sont désignés par des
abréviations suivantes
AN. : Animateur du magazine
INV : Invités (selon l'ordre- INV1, INV2,
etc.)
AUD : Auditeurs : (selon l'ordre - AUD1, AUD2,
etc.)
Hm ou euh : émission vocale du type hm
! : exclamation ou question avec un ton descendant ? : question
avec un ton montant
(...) : indique le saut d'une partie de discours
[...1/2/3...] : indique le saut des discours d'un invité,
de deux ou de trois invités xxx : indique un passage de discours
inaudible
La préoccupation de notre étude étant
d'analyser le discours des auditeurs, nous allons souvent sauter certains
discours des invités tout en veillant à la cohérence de
l'ensemble des propos.
Les fautes contenues dans les propos des locuteurs sont
transcrites telles quelles pour raison d'authenticité.
85
1. Emission du 20 février 2012
Thème : Où en est-on avec la
réforme de l'armée ?
AN. :: Kelly KUTE
INV1: Général Jean Claude, Commandant de la
9è région militaire/ Province Oriental
INV2 : Honorable MOHAMED Bule, député national
de l'opposition
INV3 : René Le Marchand, Professeur
émérite de l'Université de Floride/USA
AUD1(Dieudonné Burunia Ubira/Ituri), AUD2 (Laurent
Ilombe/Bukavu),
AUD3(Prosper Kalombe/Uvira), AUD4Ignace Ngala/
Kolwezi-Katanga), AUD5 Patrice Kambale/Goma-Nord Kivu), AUD6(Raphaël
Kasungu/Bukavu-Sud Kivu)
1.AN. Bonsoir et bon début de semaine à tous, la
situation sécuritaire en Ituri, la
semaine dernière un troupe d'officiers policiers et
militaires FARDC basés à Marabu à 46 km de Bunia se sont
désolidarisés de l'armée nationale, ils dénoncent
notamment le mauvais traitement des militaires, le détournement des
fonds destinés à ces derniers, sur le terrain les
opérations comment analyser cette situation ?
2.AUD1 Les réclamations des militaires
des FARDC sont très fondées,/ il revient aux
autorités militaires d'en tenir compte. /Euh nous
félicitons le courage de ces officiers, /ca car c'est de cette
façon de les traiter qui les poussent à tracasser la population./
C'est une alerte pour tous.
3. AUD2 Cette mutinerie est la
résultante de l'impunité et de l'intolérance de nos
dirigeants
vis-à-vis des officiers supérieurs de notre
armée qui détournent l'argent destiné à la paie des
policiers et
militaires au vu et au su de tout le monde, sans qu'aucune
action en justice ne soit initiée contre eux.
4.AN. Merci de nous suivre à Bunia, dans l la province
oriental...Hon Bule, comment
analysez-vous cette situation au sein des FARDC basées
à Marabu ?
5. INV1 Merci beaucoup euh, j'ai pris connaissance de
certaines de certains journaux parus ce matin et en plus
de ce qui vient dit, d d'être dit je trouve c'est
extrêmement grave car dit-on, il n'y a pas de mauvaises troupes, il n'y a
que de mauvais chefs.
6.AN. Oui le Général Kifwa est en ligne,
Général comment expliquez-vous cette situation ?
7. INV2 Bon, c'est un eh un comportement d'indiscipline, il y
a euh un quiproquo, un
malentendu euh ...il ne s'agit pas des revendications qui
cadrent avec le prescrits de règlement de discipline militaire, euh on
recherche que les militaires soient au parlement, eh eh mais ça c'est
impossible...
8. AN. A ce moment , on va prendre quelques réactions
des auditeurs... Prosper Kalombwe d'Uvira dit ceci :
9. AUD3 Je me demande quand est-ce qu'on
peut dolor dorloter un militaire si ce n'est
lorsqu'il est au combat, que les chefs militaires qui tiennent
le commandement sachent qu'un militaire sur le champ de bataille agit comme un
loup blessé. Pour se faire, ils doivent cesser de les maltraiter pour
éviter une guerre dans une autre.
86
10. AN. :Il ya aussi Laurent Ilombe du Sud-Kivu qui dit :
11. AUD4 (AUD2) Cette mutinerie est la
résultante de l'impunité et de l'intolérance de nos
dirigeants vis-à-vis des officiers supérieurs
de notre armée qui détournent l'argent destiné à la
paie des policiers et militaires au vu et au su de tout le monde, sans
qu'aucune action en justice ne soit initiée contre
eux.(reprise
des propos de AUD2)
12. AN. Professeur René, vous êtes en ligne,
professeur peut-on parler ici de la mutinerie ou d'action d'indiscipline ?
Allô professeur... Professeur ?
13.INV3 Bon je crois qu'il s'agit d'indiscipline et pas d'autres
choses...
14.AN. Général, comment réagissez-vous aux
analyses faites par le professeur René ? 15.INV2Madame, d'abord je
voudrais rappeler à à à mes interlocuteurs que le
thème, les
deux thèmes de ce dialogue d'aujourd'hui ne sont pas
respectés, car là on risque de généraliser tout,
moi je je n je ne suis pas là pour parler de toute l'armée, je
parle seulement de ma juridiction eh.
16. AN. Général, vous restez en ligne, le temps
pour nous de prendre une réaction qui nous du Katanga..
17. AUD4 C'est Ignace Ngala depuis Kolwezi
au Katanga, La mutinerie n'est pas un fait à banaliser comme il est
de coutume dans notre gouvernement, euh il s'agit là de la manifestation
d'un
malaise, c'est le résultat se pas de l'échec
alors de l'inadéquation du management dans la démarche pour la
réforme de l'armée, euh eh l'intérêt de bien
d'autres avait été banalisé, curieusement, ils continuent
, on peut eh détourner la paie des fonctionnaires, mais pas de
l'armée, il faudrait y penser et d'étendre le problème aux
autres catégories sociales, vous savez le moment est très
très tragique..
18.AN. Général Kifwa, votre réaction...
19.INV2Oui, moi je pense qu'il ne faut pas non non eh non plus
dramatiser la situation parce
que les moyens qu'ils ont mis à la disposition des
unités d'Ituri ne sont pas gérés par le commandant
région, ils arrivent directement à la zone opérationnel,
maintenant où est-ce qu'on peut détourner ces moyens-là
?
20. AN. On va maintenant prendre Patrice Kambale de Goma..
21. AUD5 La mauvaise gestion de notre
armée finira par retomber le pays à la case
du départ de triste mémoire. Ces mutineries sont
un signe avant coureur que le comandant suprême doit remettre de l'ordre
dans ces troupes.
22.AN. Réaction professeur René ?
23.INV3Oui madame, je crois que c'est une situation grandissime,
qu'il faut prendre eh au sérieux..
24.AN. Alors, on va prendre la dernière réa..
réaction, pour vous Général Kifwa.. eh c'est une
réaction qui nous de Bukavu au Sud-Kivu de Raphaël Kasungi..
25.AUD6 A mon avis, la mutinerie d'Ituri n'est
pas un fait nouveau pour notre armée, car de
façon générale, les conditions dans
lesquelles elle est placée ne sont pas satisfaisantes. D'où le
processus de réforme doit accélérer et doit mettre
l'accent sur la discipline et l'amélioration du social de nos
militaires...
87
26. AN. Selon l'auditeur, il faut mettre
l'accent sur la discipline et l'amélioration du social des militaires,
votre réaction Général ?
27.INV2Madame, mhm mais mais c'est le souci
même du commandant suprême et président de la
République !
28. AN. Merci, c'est la fin de cette
émission, merci à toute l'équipe de dialogue entre
congolais, Guy Mateso, la supervision de Martin Sebuejangwe, Jean Claude Kalo
à la technique, au micro Kellin Kute, bonne suite de programme sur la
fréquence de la paix (jingle).
2. Emission du 21 février 2012
Thème : Installation de 11 commissions
parlementaires sans l'UDPS et alliés AN.: Kelly
KUTE
INV1: Valentin MUBAKE, conseiller politique d'Etienne Tshisekedi
INV2 : INV3 :
AUD1(Alphonse Waseka/ Nord-Kivu), AUD2 (Jean Bernard
Mibeko/Mbandaka),
AUD3 (Pierre Kongo Kababa de Mbuji-Mayi/au Kasaï
Oriental)
AUD4 (Robert de Béni au Nord Kivu)
1. AN. Bonsoir assemblée nationale, la mise en place de
11 commissions parlementaires
chargées de la validation des mandants des
députés, cependant constate toujours l'absence remarquable d'une
grande partie des députés de l'opposition notamment ceux de
l'UDPS et alliés quelle analyse faire de la non participation de la
grande partie des députés de l'opposition aux travaux de
l'assemblée nationale c'est le thème de dialogue entre congolais
de ce mardi 21 février 2012 pour en parler je reçoit dans cette
émission pour le débat Valentin Mubake, il est cadre de l'UDPS et
conseiller politique d'Etienne Tshisekedi, monsieur Mubake bonsoir, -bonsoir ;
Germain Kambinga, député nationale de l'opposition il est
secrétaire national du MLC chargé de la communication, monsieur
Kambinga bonsoir-bonsoir, professeur André Lubata, vice-doyen
chargé de la recherche à la faculté des sciences sociales
administrative et politique de l'Unikin, professeur Lubanza bonsoir, vous
êtes nombreux à nous envoyer vos réaction, c'est le cas de
Alphonse Waseka au Nord-Kivu
2. AUD1 je ne vois pas comment les
députés de l'UDPS participeraient au x débats de
l'assemblée nationale issue des élections que
90% des congolais réfutent à cause de la fraude. Si les
députés de l'UDPS participent aux sessions de l'assemblée
nationale, cela prouverait qu'en RDC on fait eh on ne de la politique que pour
remplir ses poches.
3. AUD2 Jean Bernard MIBEKO de Mbandaka en
Equateur, l'analyse qu'on peut
faire de la situation est que l'UDPS et alliés restent
toujours dans la logique du refus des résultats publiés par la
Ceni, l'atmosphère politique ne va pas s'éclaircir
s'éclaircir d'ici là il faut beaucoup d'ingéniosité
de la part des politiciens pour détendre le climat politique en RDC
4. AN. Merci de nous suivre à Masisi dans la province du
Nord Kivu sur la 96.0 et pour vous
88
qui êtes à l'étranger, merci de nous
rejoindre sur
www.radiookapi.net.
Bienvenus à tous dans cette émission(jingle).
5. AN. Session extraordinaire de la nouvelle assemblée
nationale en RDC les plénières
commencées depuis samedi dernier sont en ce moment
suspendues et ont laissé place ces jours-ci aux travaux en commissions.
Donat Madimba, vous couvrez cette actualité pour Radio Okapi depuis le
début de cette session extraordinaire, confirmez-vous que les travaux de
la session se déroulent maintenant comme en commission ?
7. REP. Tout à fait, je confirme.
8. AN. Mais c'est quoi alors ces commissions et surtout quelles
sont leurs missions ?
9. REP. Ces commissions sont des commissions mises en place par
la plénière de lundi dernier,
elles sont au nombre de 11 , un peu comme les 11 provinces du
pays. Leurs missions : examiner les dossiers des élus et valider leur
mandat au pouvoir, un travail souhaité pour cinq jours maximum par cette
plénière de lundi dernier. Il s'agit de valider donc 482
députés déjà connus parce qu'officiellement
publiés par la Ceni en attendant le 18 postes qui doivent être
pourvus(...).
10. AN. Et les plénière proprement dites
reprennent quand ?
11. REP. Probablement la semaine prochaine, je dit probablement
parce que si les commissions
épuisent les cinq jours que l'Assemblée
nationale leur a données sans boucler le travail, elle peut au besoin
recourir à une rallonge (...)
12. AN. Donat Madimba, on apprend qu'au deuxième jour de
la tenue de la plénière de la
session extraordinaire, les députés de
l'opposition refusent toujours de siéger à l'Assemblée
nationale.
13. REP. Alors cette affaire est une affaire qui apparaît
comme une épine dans le pied de
l'Assemblée nationale, une centaine de
députés de l'opposition qui depuis de la session extraordinaire,
càd depuis deux plénières déjà n'ont pas
encore été vue à l'hémicycle, il s'agit surtout des
députés de l'UDPS et des partis qui ont soutenu la candidature
d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle, il ne s'agit donc pas
de toute l'opposition, car le MLC de Jean Pierre Bemba et l'UNC de Kamerhe,
eux, ils siègent et confirment qu'ils continueront à
siéger même s'ils contestent toujours en même temps les
élections de novembre dernier(...°)
14. AN. Valenttin Mubake vous être cadre de l'UDPS et
conseiller politique d'Etienne
Tshisekedi l'UDPS a aligné des candidats qui ont
été élus, mais aujourd'hui vous demandez à ces
députés, eh à ces élus de l'UDPS de ne pas
siéger, pourquoi !
6. INV1 je crois qu'il faut d'abord commencer par préciser
le contexte politique actuel du
Congo pour comprendre l'intelligence de cette décision
du parti, qui a été signé par le secrétaire
général, Monsieur Kahungu, et rendu public par le
secrétaire national à l'information. Quel est le contexte
politique actuel du Congo ? En 2006, pour résumer, tout le monde avait
condamné l'UDPS et monsieur Tshisekedi d'avoir refusé de
participer aux élections générales d'alors, quand bien
même l'UDPS avait démontré à la face du monde que
les conditions de transparences n'étaient pas réunies.
Aujourd'hui xxx certains compatriotes de certains parties politiques qui
avaient accepté malgré tout de participer à ces
élections, le
89
RCD, MLC, RCD KML et j'en passe, aujourd'hui donc avec le
recul du temps, tout le monde dit que c'est monsieur Jean Pierre Bemba qui
avait gagné ces élections, je fais allusion aux
déclarations du Cardinal Etsou, paix à son âme, bien les
collègues qui avaient participé aux législatives, eh
à la législature qui vient de prendre fin, pendant cinq ans, ils
ont dit qu'il fallait combattre de l'intérieur, ils n'ont plus rien
changé. La constitution a été tripatouillée en leur
présence, la Loi électorale leur a été
imposée, une inique et injuste et j'en passe. Ce n'est pas qu'ils
étaient incapables, mais dans une Assemblée, c'est la loi du
nombre qui compte. Mais si ce nombre là est celui que je mérite,
je m'incline. Mais il ne fait que ce soit un nombre qu'on a imposé
injustement(...).
AN. Merci Valentin Mubake, Germain Kambinga, député
de l'opposition, vous êtes
secrétaire national du MLC chargé de la
communication, les députés ont été nommés
selon Valantin Mubake, votre réaction.
INV2. Ecoutez, peut être une petite correction, je suis
porte parole du MLC, je ne suis pas
secrétaire national à communication, OK.
Ecoutez, je crois que chaque parti politique eh, xxx je crois que l'UDPS reste
dans sa logique , une logique dans sa démarche, eh le MLC a fait
campagne xxx c'est vrai que les faiblesses structurelles, organisationnelles et
opérationnelles de la CENI profiteraient évidemment à
celui qui aurait les manettes du pouvoir. Tous unanimement avons
considéré qu'il n'était pas possible de faire autrement
que de jouer sur la mobilisation populaire pour contraindre la
vérité des urnes, malheureusement tout ceci n'a pas pu se faire
comme nous l'imaginions. Maintenant nous nous retrouvons tous un tout petit peu
comme responsables et victimes de la situation. Quelle est l'alternative pour
la MLC dit, dans le cas particulier des élections législatives,
notre critique, nos revendications se ferons au cas par cas. Dans la mesure
où il y a plus ou moins une certaine quantité plutôt
importante de circonscriptions où les élections se sont
déroulées plutôt pas mal, il en y a d'autres où
effectivement tout devait être remis en question. Donc la position du MLC
c'est une vérification au cas par cas(...). Annuler l'élection
présidentielle et les élections législatives comme le
réclame l'UDPS c'est bien, mais nous resterons avec quoi ? dans ce grand
pays nous n'avons plus d'institutions, quelle est la démarche, moi je
voudrais peut-être que l'UDPS nous renseigne quant à l'alternative
qu'elle propose, qu'est-ce qui remplacerait l'institution Assemblée
nationale, qu'est-ce qui remplacerait l'institution président de la
république dans le laps de temps où ces deux
échéances seraient annulées ?(...°)
AN. Merci Germain Kambinga,c'est e temps de passer la parole aux
autres invités, c'est un
débat politique. Professeur André Lubanza, je
rappelle que vous êtres analyste et vice doyen chargé de la
recherche à la Faculté des sciences sociales administratives et
politiques, quelle analyse faites-vous de la non participation de
députés l'UDPS et alliés à la session
extraordinaire ?
INV3 Bon merci pour la parole, pour ne pas remonter très
très loin, je pense que ce refus de
participer aux sessions de l'AN constitue une contestation
politique de la part de l'opposition, notamment de l'UDPS et alliés.
Mais que vise cette contestation politique ? est-ce qu'elle cherche à
délégitimer l'Assemblée nationale où l'objectif est
encore plus grand, celui de rendre toutes les élections ? A voir la
position que l'UDPS et alliés ont adoptée, on peut se demander
sur l'efficacité de cette action là. E+En restant à
l'extérieur, est-ce que le message est plus fort qu'en étant
à l'extérieur, c'est à eux de donner de la lumière
là-dessus. Mais quand j'entends ce que dit le représentant du
MLC, je sens un peu beaucoup d'ambiguïté et même de la
résignation, c'est comme si malgré tout ce qu'on a
constaté, on est sans ignoré eh, dans une situation sans issue et
donc on doit accepter, je trouve ça un peu anormal quoi(...) je
90
pense qu'une lutte à l'intérieur serait une
bonne chose, à condition que l'opposition arrive à
s'organiser(...)
AN. Valentin Mubake, vous avez entendu toutes les questions
soulevées ici, finalement que
vise la contestation de l'UDPS, reprendre toutes les
élections ou seulement législative et que sera l'alternative.
INV1 L'UDPS demande la volonté des urnes, car c'est
monsieur Tshisekedi qui a gagné les
élections. Nous sommes dans un contexte où il
faut rompre avec ce passé là. Nous demandons, nous comme le
président tshisekedi d'annuler les élections législative
et l'élection présidentiel c'est lui qui l'a
gagnée(...)
AN. Prenons cette réaction qui vient du Kasaï
oriental.
AUD3 Kongo Kababa Pierre de Mbuji-Mayi au
Kasaï Oriental, au nom du principe de la
souveraineté nationale, les députés de
l'UDPS doivent siéger et en plus ils doivent choisir entre le mot
d'ordre de leur leader et le choix fait sur eux par la population, il faut
aussi savoir que le boycott de 2006 n'avait rien changé et celui de 2012
ne changera rien parce la mouvance actuelle a une majorité à
l'Assemblée.
AN Il y a aussi cette réaction de Robert de Béni au
Nord Kivu, qui aborde aussi dans le même
sens il dit ceci :
AUD4 j'aimerais que Valentin Mubake nous dise
pourquoi la direction politique de son parti ne veut pas à ce que ses
élus participent aux plénières ? Sont-ils
députés pour défendre l'intérêt du peuple
congolais ou pour défendre l'intérêt de l'UDPS ? Qui fera
le contrepoids si l'opposition est absente ?
AN. Votre réaction monsieur Mubake.
INV1. Je dis précise ceci madame, les
députés de l'UDPS ont été élus entre
guillemets par la
Loi actuelle la proportionnelle sur base des listes de l'UDPS.
Ils ne sont pas de candidats indépendants. Par conséquent ils
doivent respecter la discipline du parti.
AN. Merci Valentin Mubake, c'est la fin de cette émission
, merci à toute l'équipe du
Dialogue entre congolais, Guy Mate, Samuel sous la supervision
de Martin Sebuijangwe, merci à , au micro Kelly Kute, vous pouvez
réécoutez cette émission sur
radiookapi.net rediffusion demain
4h15 heure de Kinshasa, bonne soirée chez vous et bonne suite de
programme sur la fréquence de la paix.
AN. Merci beaucoup madame Chantal, on va prendre d'autres
réactions des auditeurs qui viennent de nous parvenir jean Bosco de
Lubumbashi au Katanga
91
3. Emission du 27 février
2012/
Thème : L'Observatoire des medias congolais
exige la réouverture de RLTV et Canal Futur AN. :
INV1: Chantal Kanyimbo, Raporteur du CSAC
INV2 : Polydor Muboyay, Président de l'OMC
INV3 : Rigobert Munkeni, Professeur au Département de
l'Information de l'UPN, de l'UNILU et de l'IFASIC, et Chef de Bureau de
l'Agence panafricaine de l'Information.
AUD1(Bernard Mibeko/Equateur), AUD2 (Pépé
Lisungi/Kisangani),
AUD3(Jean Bosco/Lubumbashi), AUD4(Robert Bahome/Bukavu-Sud
Kivu),
AUD5 (Matembe/Mbandaka),
AN. Bonsoir et bon début de semaine à tous,
situation des médias en RDC, dans un communiqué publié la
semaine dernière l'OMC exige la réouverture des chaînes de
TV RLTV et Canal Futur , deux chaines proches
de l'opposition fermée comment analyser la
recommandation de l'OMC c'est le thème du dialogue entre congolais de
ce lundi 27 fév. 2012, pour en parler je reçois dans cette
émission pour le débat Chantal Kanyimbo elle est rapporteur du
CSAC , la réalisation me signale qu'elle n'est pas encore en ligne,
Polydore Muboyayi président de l'OMC, professeur Munkeni( bonsoir
madame), il est professeur au département d'info à l'UPN, Unilu
et Ifasic et chef de bureau de l'agence panafricaine de l'info, prof bonsoir,
vous êtes nombreux à nous envoyer vos réactions c'est le
cas de Bernard Mibeko de l'équateur
AUD1 : nous militons tous pour l'instauration
d'un véritable état des droit mettons quand même en
pratique les principes qui favorisent cet état de droit au lieu de nous
verser dans l'arbitraire
AUD2 : C'est Pepe Lisungi de Kisangani
province oriental : je me demande si le CSAC a été
créé pour fermer les chaines de l'opposition et donner des
blâmes aux chaines du pouvoir, pourquoi toujours les chaines des
opposants alors qu'on constate le dérapage partout ?
AN. Merci de nous suivre à Kananga au Kasaï
occidental 93.0 et pour vous qui êtes à l'étranger merci de
nous rejoindre sur
www.radiookapi.net bienvenu
à tous dans cette émission. (jingle) l'OMC exige la
réouverture de RLTV et canal Futur , OMC demande à mm tps CSAC de
prendre ses responsabilité(...) le secrétaire exécutif de
l'OMC , le prof Bernard Munsoko wa Bombe joint pat Vivinne mbenga(nous
souhaitons que l'autorité puisse s'assumer, nous souhaitons que les deux
soient réouvertes dans le meilleur délai)
AN. Chantal Kanyimbo vous êtes bonsoir INV1 bonsoir
AN. Comment vous analyser cette recommandation de l'OMC qui
exige la réouverture des chaine de RLTV et c fut
INV1 bon, c'est de c'est de son doit, je pense que l'OMC avec
l'UNPC, les deux organisations professionnel dans le cadre de
l'autorégulation ont pour mission de défendre l'exercice de la
liberté de la presse (...) nous soutenons leur démarche, mais
pouvons discuter sur un certain nombre d'affirmation(...)
92
AUD3 : C'est bien de fermer une chaîne
dans le but de remettre de l'ordre surtout en période tragique , mais je
pense qu'il faut essayer de mettre de l'eau dans le vin en équilibrant
l'atmosphère médiatique
AUD4 : C'est Robert Bahome de Bukavu au Sud
Kivu : les médias doivent normalement travailler en toute liberté
pour informer la population , mais ils ne doivent pas confondre la
liberté que leur reconnaît la loi avec le libertinage quelles que
soit leur tendance politique respective, je pense que sur cela que l'OMC
devrait s'appesantir pour bien orienter nos médias dans leurs actions
quotidiennes.
AN. Professeur Munkeni comment
AUD5 : Matembe de Mbandaka à
l'Equateur : à mon humble avis la mission principale de CSAC comme une
institution d'appui à la démocratie consiste à veiller au
respect de la déontologie en la matière et donner l'accès
équitable à tous les partis politiques et aux citoyens euh les
moyens euh donner euh le moyens euh excusez-moi donner l'accès
équitable à tous les partis politiques et aux citoyens les moyens
officiels d'information et de communication, cette structure doit toujours
soutenir les revendications de l'OMC dans un Etat démocratique les
médias de l'opposition politique ont ces droits qui sont liés
à leur existence et leur activité pour la conquête
démocratique du pouvoir , donc les revendications de l'OMC tiennent
débout.
Madame Chantal Kanyimbo comment garantir la liberté
d'expression en RDC ? INV.1 je pense que le législateur avait raison
4. Emission du 28 février 2012
Thème : Etats des lieux des parcs nationaux de la
RDC
AN. Kelly KUTE
INV1. Cosmas Muyungula, ADG de l'Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature (ICCN)
député national, expert en environnement,
AUD1(Kairi Matembera/ Kalemi- Katangai), AUD2 (Carlos
Benga/Butembo -Nord Kivu), AUD3 (Babet Mande/ Katanga)
AUD4( non identifié),
1. AN. Comment assurez une bonne protection des
parcs nationaux en RDC, c'est le thème du
dialogue entre congolais de ce lundi 28 février
2011 et pour en parler, je reçois dans cette émission pour
le débat Cosmas Muyungula, Administrateur Directeur
Général de l' Institut congolais pour la conservation de la
nature, il va nous rejoindre dans un tout petit moment. Dans ce studio avec moi
François Nzekuye, député national, expert en
environnement, monsieur Nzekuye bonsoir(bonsoir), Muhindo Nzangi,
député national bonsoir(bonsoir madame). Vous êtes
déjà très nombreux à nous envoyer vos
réactions :
2. AUD1 Katanga Kalemi/ Kairi matembera) :
la protection de nos parcs est un devoir de tous d'en bénéficier
et un droit de tous dans un Etat de droit
3. AUD2 Carlos Benga N Kivu, Butembo, la
demande toujours croissante de terre, la pauvreté
93
des populations riveraines contrainte de vivre de la chasse,
cueillette et ramassage, la méconnaissance de bienfait immédiat
du parc, la persistance des groupes armés rendent incertain le travail
de l'ICCN.
4. AN. Des cas de braconnage persiste dans les
réservés naturelles de la RDC et selon
l'Institut congolais pour la conservation de la nature(ICCN
en signle), ce braconnage est pratiqué par des hommes en uniforme
incontrôlés, il menace la survie des espèces
protégées, NUNU Ngoy nous en dit plus (....).
5. REP La RDC compte plusieurs parcs nationaux reconnus par
l'UNESCO comme étant un
patrimoine mondial, mais malheureusement aujourd'hui,
beaucoup d'entre eux sont en péril. Ces parcs et aires
protégées frappés de plein fouet par le braconnage. Ce
phénomène a pris des proportions inquiétantes depuis plus
d'une dizaine d'années à cause de la présence des bandes
armées dans la partie Est du pays. Les animaux qui sont abattus font
partie de la liste des animaux protégés(...). Le parc de virunga
n'est pas à l'abri de cette pratique. Les éléphants sont
abattus à cause de leur pointe d'Ivoire. Selon l'ICCN, environ 500
têtes d'éléphants ont été abattus en 2011 par
principalement des hommes en uniforme incontrôlés (...). Au parc
national de la Garamba, ce sont les Rhinocéros blancs qui payent le
frais. Au parc de Salonga, dans la province de l'Equateur et Bandundu ce sont
les bonobos qui intéressent les braconniers. Ces braconniers sont
lourdement armés. Ils opèrent, d'après les informations
reçues, avec la complicité des hommes en uniforme
incontrôlés qui leur fournissent armes et minutions.
6. AN. Merci Nunu Ngoy pour ces éléments, monsieur
Cosmas Muyungula, vous êtes le
directeur de l'Institut congolais pour la conservation de la
nature, je vous ai pas salué bonsoir (bonsoir merci). Alors bonsoir
l'administrateur comment vous expliquez ce phénomène ? je parle
de braconnage.
7. INV1. En fait, le braconnage en ce jour prend de l'ampleur
telle que vous la vivez et
connaissez, telle que vous l'avez décrit, parce qu'il
y a des raisons qui sont pratiquement des motivations commerciales qui se sont
intégrées. Vous savez aujourd'hui, le prix d'Ivoire sur le
marché au Japon ou en Taïwan est arrivé jusqu'à 850
euros le kilo, et quand vous regardez maintenant ce qui n'existait pas par le
passé, le prix de la peau de l'Okapi pour des raisons d'ornement dans
les milieux orientaux ont aussi pris un prix très très grand et
ça pose de problème. Au niveau des oiseaux vous ajoutez le trafic
des perroquets gris. Tout alimente le braconnage(...).
8. AN. Merci Cosmas Muyungula, François Nzekuye, vous
êtes député national et expert en
environnement comment vous expliquez l'ampleur que prend ce
phénomène en RDC depuis un certain temps ?
9. INV2 oui eh ce phénomène est inquiétant,
eh parce que nous savons que le tourisme au-delà
des parcs, parce que ne faut pas considérer qu'on
conserve pour conserver, car si nous mettons suffisamment des moyens pour que
les parcs existent dans notre pays c'est parce que nous croyons d'abord
à la préservation de la nature. Mais aussi parce que les parcs
constituent des ressources. Un pays comme le Kenya tire plus de 20% de ses
revenus du tourisme lié au bon entretien de leur parcs. La fait que le
braconnage prenne de l'ampleur, c'est un danger pour notre économie
d'abord, au-delà'un danger sur la disparition bien évidemment des
espèces en danger. C'est une question que nous devons examiner avec
sérieux pour doter
94
l'ICCN des moyens de pouvoir préserver nos parcs
nationaux. Mais au-delà de cette thématique, nous devons poser la
question aussi de retombées des parcs nationaux vis-à-vis de la
population locale. Parce que s'il y a une grande acuité de ce
braconnage, c'est aussi parce que la population locale ne retrouve pas de
dividende du fait de vivre à proximité du parce. Un des
intervenants a fait relever le fait que la population environnante vit dans une
extrême pauvreté, pendant que les animaux sont là. Parfois
ils ont de carence alimentaire en viande. Et ils se disent pourquoi nous devons
vivre à côté, à 10 m de la viande et non pas la
consommer dès lors que ça ne nous coûte rien. Et donc
toutes ces questions posent un réel problème de la distribution
des revenus, des retombées venant des parcs nationaux aux populations
locales. Et comment l'ICCN peut distribuer des revenus qu'il ne
génère pas parce que vous savez effectivement que les zones eh
constituées par les parcs particulièrement à l'Et sont
effectivement des zones post-conflits et pour certains cas ce sont des bastions
actuels des mouvements armés non invités. C'est le cas à
Virunga où l'on retrouve des éléments non invités
venant du Rwanda ; c'est le cas dans la réserve d'Okapi dans la Province
Oriental où l'on retrouve la LRA, et donc cette présence
militaire n'encourage pas le tourisme. Un touriste a besoin de voir les animaux
; il n'a pas besoin de perdre sa vie en faisant le tourisme. Donc le premier
élément pour rentabiliser les parcs, c'est d'assurer la
sécurité. Le deuxième élément c'est qu'il y
ait des voies d'accès. Aujourd'hui quand vous quittez Goma pour aller
à la Rundi, ce n'est plus une heure que vous passez comme à la
belle époque. Il faut passer quatre heures sur la route parce que
l'état de route n'est pas praticables. Et le dernier fait c'est les
structures d'accueil. Quand eh il n'y a pas d'hôtels convenables dans le
milieu, et que les services sont plus chers que dans les pays voisins, on
remarque que les touristes préfèrent se loger pour ce qui
concerne encore le parc de Virunga au Rwanda où ça coûte
moins cher, c'est plus sécurisé et il ne font que des
randonnées sur les parcs en donnant pratiquement des miettes à
l'Etat congolais.
10 AN. Si je vous comprend bien François Nzekuye, vous
voulez dire que ce braconnage est
justifié par les éléments que vous venez
d'énumérer là?
11. INV2 Bon je ne dis pas que c'est justifié, on ne peut
pas justifier un méfait. Disons qu'il y a des raisons qui poussent ce
phénomène à prendre de l'ampleur(...)
12. AN. Merci François Nzekuye, eh Muhindo Nzangi, vous
êtes député national, comment vous expliquez ce
phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur ?
13. INV3. Bon, moi d'abord je vais regretter, parce que
l'ampleur que prend ce braconnage c'est
inquiétant pour l'avenir de notre pays. Parce que nous
avons d'abord des espèces qui qui n'existent pas ailleurs, et nous avons
intérêt de les garder. Moi je voudrais dire une chose que je suis
surpris que ça prenne cette ampleur maintenant. Puisque par rapport
à ailleurs, je croyais que les choses étaient en train
d'être maîtrisées. Mais je me retrouve que maintenant les
éléphants ils sont, eh, alors qu'hier on était en guerre,
aujourd'hui on n'est officiellement plus en guerre, on ne devrait plus se
retrouver dans des situations dramatiques comme-ci. Bon moi j'ai une autre
façon d'expliquer la chose, c'est qu'effectivement il y a une question
aussi de marchandage.
14. AN. Merci monsieur Cosmas, je vais aussi vous donner la
parole vous êtes encore là. Cette
situation de braconnage qui persiste dans les réserves
nationales de RDC est aussi dénoncée par la société
civile du Katanga. Pour Maître Sabet Mande, activiste de la
société civile xxx La présence de miniers constitue l'un
des facteurs à la base de braconnage suite à la destruction des
habitats de différents mammifères dont les
éléphants, on écoute Maître Babet Mande au
téléphone de Samuel Katsha
95
15. AUD3 Au Katanga on a suffisamment
dénoncé le braconnage et l'ICCN a des rapports sur la
présence des miniers dans les parcs, parce que en
même temps qu'il y a braconnage, en même temps qu'il y a
destruction de l'habitat de ce mammifères, notamment les
éléphants. Les miniers qui se retrouvent dans les parcs comment
vous allez protéger les animaux sans protéger leur habitat ? Donc
ça pose déjà un problème, donc nous allons faire
des actions en justice, nous déplorons quand même le comportement
de l'autorité. La société civile dénonce le
braconnage, au-delà de cela, il faut qu'on aille dans des
résolutions concrètes, dans les mesures pratiques au lieu des
voeux politiques, pour quoi ne pas sanctionner, la loi existe mais on
n'applique pas la loi, mais aussi amener le lobby au niveau international parce
que les questions des aires protégées sont des questions locales
mais aussi globales, ça concerne l'ensemble de l'Afrique ça
concerne l'ensemble du monde et surtout pour les aires protégées
du Congo.
16. AN. François Nzekuye, l'exploitation minière
aussi est un des facteurs qui favorise le braconnage ?
17. INV2 Eh Non il ne l'a pas dit je ne crois pas que
l'activité minière peut favoriser le braconnage, par contre
contre elle peut éloigner les animaux de leur habitat naturel eh.
18. AN. et lorsque ces animaux s'éloignent et que
quelqu'un qui passe par là tire sur cet animal, est-ce que ce n'est
pas le braconnage ?
19. INV2 Non je ne crois pas que cela en soi constitue euh le
problème lié au braconnage, c'est
vrai...( Est-ce que ça ne préjudicie pas les
parcs ?) suis d'accord que c'est un éléments qui met en danger la
vie des animaux. Et en cette matière, le code minier a prévu des
zones de restrictions où l'activité minière ne doit pas se
dérouler. Et parmi ces zones de restrictions, il est cité
nommément les parcs nationaux et les réserves naturelles. Et donc
aucun permis ne peut ou ne doit être concédé à un
détenteur d'un titre minier dans une zone de restriction. Et si par
malheur cela arrive (...), à ce moment il y a des concertations qui
doivent avoir lieu avec l'ICCN pour régler ce différend.
20. AN. Merci François Nzekuye, Honorable Nzangi , on a
évoqué ici l'exploitation minière et
même pétrolière dans certains parcs de la
RDC, si je me rappelle à une certaine époque vous étiez
favorable à l'exploitation du pétrole dans le parc de le Virunga,
pourquoi ?
21 INV3. Oui bon Je vais le dire, d'abord je vais eh je voudrais
qu'effectivement aussi au niveau
de la loi, qu'on ne crée pas de possibilité de
compromis. S'il est interdit de faire l'exploitation minière dans une
zone, puisque la zone est protégée, il faut qu'il soit ferme
qu'on ne peut pas faire l'exploitation dans cette zone puisque c'est la
possibilité de compromis qui est en train de nous créer des
problème(...) pour les ressources, moi je dis en tant
qu'économiste, on ne peut pas puisque on a par la volonté
à une certaine époque on a demandé qu'une zone soit
déclarée parcs, et qu'on y retrouve une manne, on ne peut pas se
dire, puisqu'on a avait dit que cette zone est déclarée parc
qu'on va laisser cette manne sans l'exploiter. Moi je ne peux pas savoir
expliquer à mon enfant que j'ai faim, il y a du pétrole ici et
qu'en 1925 on avait dit que cette partie ici, il n'y aurait pas des
activités, qu'on laisse ce pétrole là-bas alors que les
gens ont faim autour de cette ressource, non. Au même moment que nous
voulons protéger l'environnement, au même moment notre pays a
besoin de revenu, au même moment notre
96
gouvernement a besoin de ressources. Ce n'est pas pour rien
que nous disons à tout le temps que ça fait quand même 80
années que ces parcs existent là-bas et que les gens continuent
à marcher pied nu. Si le parc était une fin en soi, peut
être qu'il seraient en train de se vêtir, ils ne seraient pas dans
une grande pauvreté comme ils le sont aujourd'hui(...)
22. AUD4. xxx l'autorité locale xxx
actuellement elle s'est révélée comme adversaire de nos
aires
protégées du fait qu'elle s'est conduit pour
user d'une démagogie lors des campagnes électorales en incitant
à la destruction de nos ressources xxx
23. AN. Votre réaction honorable
24. INV2. Oui vous savez, on a toujours utilisé cette
astuce là pour condamner les politiciens
notamment les députés que les
députés marchandent les parcs. Moi personnellement on a
déjà dit que l'honorable Nzangi marchande les parcs pour se faire
élire. Cette fois-ci, je me suis fait élire dans une
circonscription qui n'a même pas de parc. C'est pour dire que pour se
faire élire on n'a pas besoin de parler du parc.
25. AN. Monsieur Cosmas, comment faire pour assurer une bonne
protection de nos parcs nationaux ?
26. INV1 Merci, je crois une chose qu'il faut bien
préciser c'est de connaître ce que c'est
l'ICCN. C'est une institution d'application de la loi. Nous
nous sommes une institution d'application de la loi, nous ne faisons pas de
loi. Heureusement que j'ai deux députés à mes
côtés. (mais est-ce que la loi est appliquée ?).
Voilà, et c'est ça le problème, l'ICCN quand elle applique
la loi ça signifie que les limites des parcs sont là, on me dit
dans les parcs se sont les habitants des animaux et non les habitats des
hommes. Dans un parc on ne peut pas faire ça et ça. Il n'y a pas
de braconnage(...)
27. AN. Merci, c'est la fin de cette émission, merci
à toute l'équipe du dialogue entre congolais
Guy Mate, Samuel Kasha sous la supervision de Martin
Sebuejangwe, merci à Diakala qui était à la technique, au
micro Kelly KUTE, retrouvez cette émission sur notre site internet
www.radiookapi.net, bonne
soirée chez vous et bonne suite de programme sur la fréquence de
la paix. (jingle)
5. Emission du 29 février 2012
Etats des lieux des routes de desserte agricole en
RDC
AN. Alain IRUNG
INV.1 : Fulgence Lobota, DG de Foner
INV2. Tshiatembo Mukanya chef de division des finances et du
budget à la Direction des routes de
desserte agricole.
AUD1. (Ruffin/ Beni) AUD2.( Dieudonné/ Kilwezi-
Katanga)
AUD3.(Thierry) AUD4(Alex Kabeya)
97
AUD5(Guilain de Kiwanja) (...1...)
AN. Ruffin Beni oui effectivement, effectivement monsieur euh
je suis à Beni, eh je regrette beaucoup parce que quand on parle des
route, on ne parle pas de Foner ici à Beni quand vous voyez par exemple
ce qui se passe, euh vous quittez Mombasa au Kenya pour arriver à Bondo
à la frontière du Congo vous voyez que la route est parfaite et
quand vous arriver maintenant ici chez nous à Kasindi et pour arriver
à Beni, c'est vraiment catastrophique, nous demandons à xxx le
gouvernement d'intervenir, mais il y a un responsable de FONER il doit chercher
des partenaires pour financer ces routes au lieu d'attendre seulement vous avez
vu l'état de route quand vous faites cette route là sur 94 km on
dirait vous faites un mois sur la route vous voyez les gens de Foner qui sont
là ils essaient d'arranger la route, mais ce sont des mendiants que vous
faites par exemple la route Beni Butembo, Beni kinsangani, mais c'est vraiment
malheureux bon on attend du gouvernement moi je m'adresse au patron de Foner,
il n'a qu'à aller chercher des partenaires faire des routes
asphaltées, mettre des goudrons comme partout ailleurs, nous avons la
honte quand nous faisons des voyages chez nous on voit ceci, vous voulez qu'on
amène la nourriture , par exemple je vous donne un exemple pour faire
Beni-Kisangani aujourd'hui nous faisons cela avec le transport de bus qui
viennent de Kampala, des bus qui viennent qu'on appelle , mais je te dis, avant
c'était deux jours, mais aujourd'hui nous faisons 4 à 5 jours sur
la route vous connaissez bien nos routes ici quand est-ce que l'Office de route
et les gens de Foner parce que ça fait mal vous passez 4, 5 jours sur la
route ...
AN. On vous a suivi Ruffin, voilà, Ruffin on vous a
suivi , votre souci c'est qu'il ne faudrait pas que Foner vous avez d'ailleurs
adressé personnellement cette demande aux responsables de Foner, vous
dites qu'il na faudrait pas qu'ils attendent seulement le gouvernement, mais
qu'ils cherchent d'autres partenaires ailleurs qui peuvent financer le Foner
plutôt que d'attendre seulement au niveau du gouvernement congolais.
Merci c'est votre point de vue. Quelle est la situation des routes de desserte
agricole dans votre milieu ? vos réactions sont très attendues
nous avons Dieudonné qui est à Kolwezi à au Katanga,
Bonjour Dieudonné
AUD2. Bonjour monsieur le journaliste et bon
anniversaire chez vous à l'Okapi (merci) je voulais seulement intervenir
et demander d'abord la première question à notre invité de
savoir, d'abord les engins que le gouvernement avait achetés pour la
réhabilitation des nos routes, où sont ces engins et dans quel
sites ces engins sont en train d travailler aujourd'hui ? à
présent moi je suis à Kolwezi, nous avons la route de desserte
agricole qui quitte Kolwezi jusqu'à Kinda , cette route qui quitte
Kolwezi Kinda si vous voulez pratiquer cette route il y a à peu
près une affaire de 100 quelque chose de km , mais si vous prenez le
véhicule vous faites à peu près deux semaines pour arriver
à une distance de ...
AN. Voilà désolé, on perdu
Dieudonné qui donnait le témoignage par rapport à la route
qui relie, à la route Kolwezi-Kinda. 100 km pour deux semaines parce
qu'elle est en mauvais état. Nous allons quelques messages avant de
revenir à notre invité. Monsieur vous êtes avec nous en
ligne ?
INV1. Oui, oui, je suis en ligne
AN. Nous allons revenir à vous, lisons d'abord quelques
messages. Eli Bariane dit ceci :
AUD3 : je me demande lorsqu'on met de la
terre sur le chemin à terre battue, est cela une réhabilitation ?
c'est le cas de la route de la route xxx qui euh se détériore.
Ces routes sont indispensables pour la promotion de l'agriculture, et c'est une
honte pour nous, avec cette potentialité en agriculture que nous avons.
Il faut que le gouvernement en tienne compte sinon la RDC continuera à
dépendre des importations.
AN. Thierry Atangi de Rutshuru Nord-Kivu dit ceci
AUD4 je constate que ce sont seulement les
populations locales qui tentent de maintenir ces routes avec des maigres
moyens, il faut que le gouvernement se ressaisisse à ce propos, le
gouvernement peut soutenir ses population qui se sont déjà
investies
AN. Alexe Kabeya dit :
6. Emission du 01 mars 2012
98
AUD5 c'est une question de volonté
politique du chef de l'Etat et dans 10 ans tout peut changer, par rapport
à ces routes de desserte agricoles
AN. Guillain qui est à Kiwanja au Nord-Kivu dit ceci :
AUD6 nos routes ne sont pas aménagées et celles
qui tiennent encore datent de l'époque du Zaïre, euh et et
pourtant, nous payons chaque jour, chaque fois de l'argent ch chez Foner , nous
voulons savoir comment ces fonds sont gérés ! Pourtant le
président de la République est passé lui-même euh
par cette route là plus de 3 fois avec sa sa Jeep, je ma demande s'il
n'a pas eh constaté l'état de route ! on pensait d'ailleurs
pendant ce temps là qu'il pouvait donner la pousse pour
réhabiliter cette route. Dommage.
AN. Samuel Mulimirwa dit ceci :
AUD J'ai l'impression que le gouvernement
réaménage les routes pour son prestige, surtout pense aux routes
qui sont e ville et ne voit pas l'intérêt des routes de desserte
agricole.
AN. Carine Kapitene de Butembo dit ceci: peut-être on va
terminer par lui, qui dit ceci,
AUD8. avant d'accuser à tort et à travers , il
est important de préciser que si ces routes doivent être
entretenues par le gouvernement central ou provincial cette précision
nous permettra de savoir vers qui nous devons présenter nos
doléances, ici à Butembo, la route Mongoshiba est dans un
état très critique et pourtant elle est d'une importance
capitale.
AN. Nous allons revenir à vous monsieur Tshiatembo pour
conclure cette émission, il y a cette question posée par un
auditeur qui voudrait savoir si ces routes de desserte agricole sont sous la
responsabilité directe du gouvernement central ou du gouvernement
provincial.
INV1. Non le Foner est là simplement pour l'entretien
des routes déjà réhabilitées. Alors c'est comme je
vous ai dit là, les routes sont réhabilitées par nos
partenaires, mais nous allons demander au gouvernement congolais de pouvoir
prendre en charge toutes les routes de desserte agricole, même dans le
cadre du budget des investissements. C'est tout ce que je peux dire pour le
moment.
AN. Merci à vous qui avez suivi cette émission,
c'est par là que nous terminons l'émission de ce jour. Retrouver
cette émission sur notre site
www.radiookapi.net.
99
Signature d'un contrat de performance entre l'Etat
congolais, la SNEL et la Regideso AN. Kelly KUTE
INV1. Kabengele, Professeur à
l'Unikin(FSSPA)
INV2. Maître Pathy Lendo, député
national de l'opposition
INV3. Ir Victor Kendi
AUD1. Matumaini Franklin/Bukavu AUD2(Jean Kasunge/ Baraka au
Sud-Kivu
AUD3 (Kaheri Matembera/ Kalemi au Katanga
AN. Le gouvernement congolais promet d'apurer tous les
arriérés de factures qu'il doit à Société
nationale d'électricité (SNEL) et à la Régie de
distribution d'eau (Regideso) et à faire respecter par ses
administrations les délais de règlement des factures,
problème de desserte en eau se pose avec acuité, que faire pour
résoudre ce problème ? Réaction de Matumaini Franklin
Bukavu,
AUD1 : pouvons nous comprendre que c'est le
gouvernement qui était à la base des multiples problèmes
de ces deux sociétés, et qu'est-ce qui rassure que le
gouvernement s'acquittera cette fois-ci de cet s engagements pris
vis-à-vis de la SNEL et de la Régideso car notre gouvernement
prend souvent des fermes engagements qui sur papier sont porteurs d'espoir mais
pour l'exécution ça pose problème ne sera-t-il pas le cas
pour cet engagement ? Et le gouvernement a-t-il des moyens pour s'en acquitter
car c'est devenu une habitude quand il veut échapper à ses
responsabilités il évoque l'absence des moyens.
INV1. Xxx sous constatons que l'entreprise est incapable de
recouvrer comme il le faut, il en est de même de la régideso qui
demande à l'Etat de payer, ce qui est très bien, l'Etat accepte
de payer ses dettes, mais le Regideso insiste sur le tarifs
préférentiels qu'elle ne payera plus, mais n'insiste pas sur le
tarif forfaitaire qu'elle doit complètement abandonner, parce
qu'aujourd'hui la Regideso n'a pas de compteur, pour la regideso, il va falloir
que l'on mettre fin à la tarification forfaitaire(...) Il faut
disponibiliser les compteur et recouvrer les frais de consommation en fonction
de ce qui est réellement consommé. En plus de cela la regideso
doit résoudre le problème de la population. Il y a trop de
réclamations, trop de plaintes, mais la société est
incapable de résoudre le problème (...). Les problèmes de
ces deux entreprises n'est pas de moyen, mais de gestion.
AN. Maître Pathy Joseph Lendo, acteur politique de
l'opposition, vous quelle analyse vous faites des engagement entre l'Etat
congolais d'un côté et de l'autre côte la Snel et la
Regideso ?
INV2 Merci encore une fois, mais sincèrement quand
j'observe certaines choses qui se passent sous le label gouvernement de mon
pays j'ai des larmes aux yeux. Et voyez vous je pleure dans l plus fonction de
mon être et de mon coeur au point de pouvoir me dire, est-ce que dans ce
pays, nous savons d'où venons où nous sommes et nous voulons
aller ? bien nous allons parler du contrat aujourd'hui, mais souvenez-vous
autour de cette même table, nous avons évoqué le
problème de la Snel, il n'ya pas encore une année avec un des
anciens Adg de la Snel où il nous été dit clairement que
le gouvernement avait disposé plus de 50 millions de dollars pour que la
populataion congolaise ou celle de Kinshasa puisse sentir une rupture dans la
manière de rendre l'eau et l'électricité auprès de
cette même population. Mais aujourd'hui, le gouvernement a oublié
cela. C'est quand même très grave pour une gourvernance d'un Etat
qui se dit aussi sérieux comme les autres. Mais aujourd'hui on nous dit
contrat, mais tant mieux (...) mais on ne nous a pas rendu compte de ce qui a
été des millions mis à la disposition de Snel et de
Regideso.
AN. Nous prenons quelques réactions des auditeurs, jean
Kasunge de baraka au Sud Kivu
AUD2 : nous souhaitons une suite heureuse
à ce contrat de performance conclue entre l'Etat et ces deux
sociétés combien important pour le peuple congolais toutefois,
tout en saluant l'éveil de conscience du gouvernement congolais, le
peuple congolais se réjouira plus si les engagements réciproques
entre partis au contrat sont exécutés, car les congolais sont
riches en théorie et moins en pratique,
INV2. xxx Si vous voulez, je peux même
répéter ce que les évêques disaient, ils disaient
à celui qui aura rapporté les élections, on ne savait
même pas qui, selon la vérité des urnes, on l'invitera
à éviter le
100
AN. Une autre réaction nous vient de Kaheri Matembera de
Kalemi eu Katanga
AUD3 je doute de cet engagement suite à
la bonne santé de corruption dans notre pays
INV3 Le problème des nos entreprise est réduit
en ceci, les assainir et avoir une gestion axée sur le résultat,
je crois qu'avec les deux, on l'avoir fait. Par contre si l'on reste dans les
anciens mécanismes je crois qu'il n'y aura rien. La regideso est le
premier client de la Snel. On ne doit seulement voir la ville de Kinshasa,
cette façon de voir les choses est aberrante. Et aujourd'hui, on signe
ce contrat, on va donner à la regideso et à la Snel des moyens,
je crois que ces moyens ne seront plus que les autres moyens que l'on avait
déjà mis à la disposition de ces entreprises. Qu'on exige
d'eux des performances, c'est normal. Mais la première des choses il
faut que l'Etat congolais à s'ingérer dans la gestion courante de
ces entreprises. Il faut que ces entreprises, les gestionnaires soient
sanctionnés en cas de dérapage. Il faudrait qu'on assainisse
systématiquement ces entreprises. Et que la gestion soit axée sur
le résultat.
7. Emission du 7 mars 2012
Thème : Les évêques
s'entretiennent avec Kabila, Tshisekedi, Kamerhe et un
délégué de Kengo
AN. :: Kelly KUTE
INV.1. Abbé Félicien Mwanama,
3è Secrétaire général de Cenco
INV.2. Raphaël LUHULU, conseiller
principal du chef de l'Etat chargé du suivi des activités du
parlement et des institutions d'appui à la démocratie
INV.3 Raymond Kahungu, secrétaire
général adjoint de l'UDPS chargé des questions politiques
et déplomatiques.
AUD1(Justice Kahindo), AUD2 ( Olivier Ngoba de Watsha à la
province Oriental),
AUD3(Eric Crispin Dikiemfu), AUD4(Mupi Constat /
Lubumbashi-Katanga),
AN. Les évêques catholiques
membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco)
ont rencontré lundi 05 mars dernier le président Joseph Kabila,
le président de l'UDPS Etienne Tshisekedi, le président de l'UNC
Vital Kamerhe et le délégué du président de l'UFC
Léon Kengo, tous candida. Que pensez-vous de la démarche des
évêques, c'est le thème du dialogue entre congolais de ce
soir. (jingle) Réaction de deux auditeurs pour vous monsieur
l'abbé, Justice Kahindo dit ceci :
AUD.1 les évêques ne vont-ils
pas se trahir ? Pourquoi cette démarche en arrière, car hier ils
soutenaient l'opposition aujourd'hui ils cherchent à se racheter en
contentant les acteurs politiques du pays, car leur démarche de soutien
à l'opposition a échoué, demain on ne sait pas ce qu'ils
feront, c'est un jeu de cache cache au quel ils se livrent, une distraction
pure et simple car le peuple connaît déjà leur position, ce
qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien avant.
AN. Un autre c'est, euh c'est Olivier Ngoba de Watsha dans la
province Oriental
AUD2.: à mon avis les
évêques sont en train de chercher à embellir ou couvrir
leur attitude affichée, après la proclamation des
résultats par la Ceni ils avaient rejeté les résultats
proclamés ils avaient fait alliance avec l'opposition et tenté
d'organiser les marches avec l'opposition pour réclamer la
vérité des urnes au lieu d'aller à la Ceni, ils ont
refusé.
AN. Monsieur l'abbé, une une réaction
101
triomphalisme et je cite dans une démarche inclusive,
privilégiant les vertus de dialogue au service du bien commun et de
l'intérêt supérieur de toute la nation congolaise. Qu'il
gouverne la RDC de manière à consolider la démocratie.
Pour le dernier message, ils reviennent encore sur le dialogue. Donc ce n'est
pas quelque chose que l'on a inventé aujourd'hui, c'est question
d'être attentif à ce message des évêques , on
comprendra qu'il y a une très grande cohérence qui s'inscrit dans
ce souci du bien commun, dans ce souci d'un congo pacifié, d'un congo
qui se développe et qui développe tout le congolais.
AN. Deux autres auditeurs encore pour vous monsieur l'Abbé
: Justice Kahindo :
AUD.1 les évêques
ne vont-ils pas se trahir ? Pourquoi cette démarche en arrière,
car hier ils soutenaient l'opposition aujourd'hui ils cherchent à se
racheter en contentant les acteurs politiques du pays, car leur démarche
de soutien à l'opposition a échoué, demain on ne sait pas
ce qu'ils feront, c'est un jeu de cache cache au quel ils se livrent, une
distraction pure et simple car le peuple connaît déjà leur
position, ce qu'ils font aujourd'hui devraient le faire depuis euh eh bien
avant
Un autre c'est c'est Olivier Ngoba de Watsha dans la province
Oriental
AUD2.: à mon avis les
évêques sont en train de chercher à embellir ou couvrir
leur attitude affichée, après la proclamation des
résultats par la Ceni ils avaient rejeté les résultats
proclamés ils avaient fait alliance avec l'opposition et tenté
d'organiser les marches avec l'opposition pour réclamer la
vérité des urnes pourtant ils devaient aller par la Ceni et
qu'ils ont refusé.
INV1. Non ça c'est une lecture partiale et partisane
du message des évêques. Evidemment chacun le lit d'après
ses propres intérêts ou bien d'après son idéologie,
mais celui qui revient à une lecture sereine, impartiale et objective il
découvrira que les évêques se battent pour des valeurs.
Qu'on les retrouvent dans la majorité ou dans l'opposition, ils sont
d'accord que les défaillances se trouvent d'un côté ou de
l'autre, ils ne sont pas contre un individu ou contre un camp. Ils sont contre
le mal, ils sont contre le non vérité, donc qu'onaille pas
identifier ou assimiler la position des évêques à celle de
l'opposition ou bine à celle de la majorité. C'est pour le bien
et je pense que tout le monde se retrouve dans ce message lorsqu'on sait ce qui
s'est passé pendant les élections, ce que même la Ceni a
reconnu, ce que même le Président de la République dans son
message quand il dit on va améliorer, ça ne veut rien dire
d'autre que reconnaître les défaillances qu'il y a eues.
AN. Merci monsieur l'Abbé Félicien Mwanama, le
Conseiller principal du Chef de l'Etat chargé de suivi
des activités du parlement et des Institutions d'appui
à la démocratie, Raphaël LUHULU, est dans ce studio bonsieur
le Conseiller. (Bonsoir). Alors au niveau de la présidence de la
République comment on a acceuilli la démarche de Cenco ?
INV2. Eh merci, la démarche de cenco est hm juste
à féléciter, Hmmm, pour nous c'est hm pratiquement sur ce
que le Président de la République Joseph Kabila a eu à le
dire lors de son discours d'investiture que lui il reste ouvert à tout
dialogue, avec les fils et les filles du congo qui aiment le congo et qui
voudraient réfléchir sur le bien-être du peuple congolais.
Dons ce que les évêques de la Cenco ont fait, cette
démarche de contacter les acteurs politiques et surtout de rencontrer le
Président Joseph Kabila, est une démarche que nous saluons (...)
nonobstant le fait que les uns et les autres donnent les avis (...), mais
ça revient aussi, cette démarche de la Cenco, corriger les avis
tout à fait partisans de certains hommes d'église, de l'Eglise
Catholique bien entendu de ceux qui commençaient à donner
l'impression que leur avis personnel était l'avis de l'Egl ise
Catholique ou l'avis de la Cenco. Parce que depuis la déclaration des
évêques de Janvier jusqu'à la démarche entreprise
par les évêques ce lundi 5 mars, nulle part les
évêques n'ont abondé dans le même sens que les avis
ou le discours distillés juste après la proclamation des
résultats des novembre 2011.
AN. Nous prenons encore réactions des auditeurs :
AUD.3. Eric Crispin Dikiemfu : la seule porte
de sortie à cette situation créée par la Ceni est la
formation d'un gouvernement transitoire composé uniquement d'experts
sans ambitions politiques et qui aura pour mission essentielle d'organiser dans
un délai court les élections transparentes et crédibles
après le recensement de la population, nous verrons à ce moment
là qui euh à qui réellement le peuple aura donné le
pouvoir
102
AN. Mupi Constat de lubumbashi au Katanga dit ceci :
AUD4 : nous voulons que ce dialogue puisse
avoir lieu pour que l'opposition puisse se retrouver dans le gouvernement afin
de mettre en place le processus démocratique en marche pour que les
élections prochaines soient crédibles sinon il y aura toujours le
chaos pour l'avenir du pays.
AN. Vous pensez que ça peut faire partie de solution ?
AN. Raymond Kahungu, vous êtes Secrétaire
Général adjoint de l'UDPS chargé de questions politiques
et
diplomatiques. A l'UDPS comment est-ce qu'on reçu cette
démarche de Cenco ?
INV3.eh l'UDPS se réjouit de cette
démarche d'autant plus que c'est un parti de dialogue. Ca fait 30 ans
que nous luttons dans la non-violence et le dialogue reste à l'UDPS
comme une de ses principales armes. Le président Tshisekedi a
salué l'honneur que lui a fait la Cenco à travers cette visite,
donc pour le principe du dialogue, je pense que l'UDPS a salué la
démarche, la question ne se pose pas à ce niveau-là. Mais
au sortir de l'audience, après la visite des évêques, nous
nous sommes mis à réfléchir sur une série de
questions que nous nous sommes posées, c.à.d. le dialogue oui,
mais pourquoi faire ? et avec qui ? nous savons c'est une
spécialité congolaise. On crée des situations, on incite
les acteurs à se retrouver autour d'une table pour essayer de sauver les
meubles, si c'est pour partager le pouvoir ou légitimer les
résultats actuels issus de la fraude électorale, nous attendons
que les évêques définissent les termes de
référence de ce dialogue pour que nous puissions nous prononcer
en connaissance de cause. Le dialogue pour nous servirait justement à
faire rappeler aux uns et aux autres les circonstances dans lesquelles les
élections se sont déroulées. Parce que le peuple congolais
a voté massivement, s'est déplacé et nous à l'UDPS
nous avons beaucoup d'intérêt que toutes les formations politiques
aient réclamer comme diraient les hommes d'Eglise la
vérité des urnes, parce qu'il y a eu des pertes en vies humaines,
il y a eu des victimes dans des hôpitaux jusqu'aujourd'hui, dans des
prisons jusqu'aujourd'hui, pour justement que ces élections se passent
dans la transparence. Cela n'a pas été le cas,(...)
(...1...2...3)
AN.
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